Le Théâtre Au XXe Siècle
Le Théâtre Au XXe Siècle
Le Théâtre Au XXe Siècle
Théâtre de l’absurde :
Absurde = qui n’a pas de sens. Réfléchit sur le non-sens de l’existence humaine.
→ traumatisme de la seconde guerre mondiale qui repousse les limites de l’humain à l’état
d’objet. Interrogation sur la place de l’Homme dans le monde et la valeur de la vie humaine.
→ par extension : les actions humaines sont remises en question ainsi que le langage
et la communication. Les actes sont vides de sens et inutiles (vains), le destin des
personnages ne dépend plus de ce qu’ils font ou choisissent mais semble hors de contrôle.
On retrouve ici l’idée de tragique.
ex : Dans Fin de Partie de Beckett, (1956) les personnages attendent la fin du monde en se
torturant psychologiquement. Ils sont porteurs de handicaps physiques qui symbolisent les
limites de l’humain. La pièce de Beckett s’ouvre par “Fini, c’est fini, ça va finir, ça va
peut-être finir…”. Une autre pièce de Beckett, En attendant Godot, met en scène deux
hommes qui attendent la mort. (Godot = God?)
La didascalie occupe la moitié du texte écrit, et sur scène énormément de silence (un
temps). Comme si les personnages s’épuisaient à parler pour rien. En effet, la parole est
vide, elle ne fait plus acte, elle n’a aucune influence sur le destin des personnages. La
communication ne passe plus entre eux non plus, elle sert uniquement à combler le vide.
ex : Ionesco La cantatrice chauve. Le titre est trompeur car il ne renvoie à aucun élément de
l’intrigue. La seule référence: "À propos, et la cantatrice chauve? - Elle se coiffe toujours de
la même façon.” (scène XI)
→ Les pièces paraissent vides et dénuées de sens pour illustrer le vide de l’existence
: éléments caricaturaux, humour tragique, personnages maltraités qui perdent leur
identité…
Le théâtre du XXIe siècle s’inspire fortement de toutes ces références et y ajoute une
dimension plus intime. On entre dans le cercle privé et les questionnements personnels des
personnages. Les conflits familiaux sont souvent perçus par le prisme d’un
personnage qui narre l’histoire avec des monologues et des apartés. La fréquence des
apartés qui font participer le spectateur viennent rompre le quatrième mur. C’est une
caractéristique prononcée du théâtre moderne.
ex: L’expérience de Louis dans Juste la fin du monde. Voir aussi la dimension
autobiographique du personnage, malade du Sida comme Jean-Luc Lagarce, et dans une
relation d’incompréhension avec ses proches.
On a l’émergence d’un nouveau tragique: pour rappel, le tragique “traditionnel”, qui vient
de l’Antiquité et a été théorisé par Aristote, puis repris au XVIIe avec Racine, met en scène
des personnages nobles ou mythiques, aux prises avec un destin cruel qui les amène
inévitablement à la mort. Ils doivent lutter contre un dilemme et choisir entre raison et
passion (ex: Titus doit choisir entre son amour pour Bérénice et Rome…)
Ici le tragique est privé du sublime: personnages ordinaires, souvent “loosers” (pas de
registre épique), dont les préoccupations sont banales car ils sont aux prises avec un
quotidien qu’ils ne comprennent pas. L’issue sera de toute façon tragique. Leur destin
est tourné en dérision ce qui rend finalement le propos plus cruel car ils n’ont pas le
grandiose pour se raccrocher.
- Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltès (1990): un tueur en série qui termine sa vie
en s’évadant pour rendre visite à ses proches, régler ses comptes et finir par une
mort acceptée. A noter que l’auteur a le même parcours que Lagarce, il meurt du sida
en 1989 avant que sa dernière pièce soit publiée.
- Ionesco, Rhinocéros, une pièce où tous les gens se transforment en rhinocéros de
leur plein gré, sauf le personnage principal. Elle est adaptée d’une nouvelle du même
nom. Absurde certes, cette pièce est aussi une métaphore de l’obéissance volontaire
et de l’endoctrinement totalitaire. Comment résister à l’idéologie dominante?
- Wajdi Mouawad, Incendies, qui réunit le conflit familial, la quête d’identité et la
réflexion sur la guerre.
- Les réflexions passent parfois par le fait de choquer le public, de lui proposer à voir
un spectacle inhabituel, qui perturbe ses repères, pour mieux construire une réflexion.
Ils s'affranchissent de la tradition pour inciter à l’ouverture d’esprit et l’esprit critique:
Ainsi l’auteur autrichien Peter Handke écrit Outrage au public en 1966 "Une pièce
sans histoire, sans intrigue, sans fil narratif, une pièce qui se raconte elle-même. Pas
d’histoire pour nous accrocher comme à un hameçon, pas d’histoire conçue pour
s’évader, mais seulement la réalité nue du moment dans l’espace”