Mémoire de Conseiller Technique en Risques Radiologiques: C Sdis
Mémoire de Conseiller Technique en Risques Radiologiques: C Sdis
Mémoire de Conseiller Technique en Risques Radiologiques: C Sdis
risques radiologiques
D
DES PERSONNES QUI FREQUENTENT CES
ETABLISSEMENTS.
4 CONTRAINTES ET ENJEUX POUR LES SDIS ?
2
0
1
9 Référents :
- Lieutenant-Colonel Raphaël DOUET SDIS 67
. Rédacteurs :
- Commandant Stéphane KNOEPFFLER SDIS 35
1 - Capitaine Anthony NICOL SDIS 50
Service des risques technologiques et naturels
ENSOSP
2
RAD4
2
Auteurs :
Commandant Stéphane KNOEPFFLER (SDIS 35)
Capitaine Anthony NICOL (SDIS 50)
Référent :
Lieutenant-Colonel Raphaël DOUET (SDIS 67)
3 3
Nous tenons également à remercier toutes les personnes qui ont accordé de leur temps afin de
répondre à nos interrogations et partager leur expérience :
de Bretagne,
35,
Bretagne,
Madame Céline VILLE, adjointe au chef de bureau, Division Territoriale de Nantes – Autorité
de Sureté Nucléaire,
Enfin, nous tenons à remercier plus largement toutes celles et tous ceux qui ont porté un intérêt
particulier à notre démarche.
Abstract
Main agent of our exposure to natural radioactivity, radon, this invisible and odorless gas, has
the capability, through the commonly known exhalation phenomenon, to be transferred from a
material or a rock to the surface. Carcinogenic element, it can be found absolutely everywhere
and can create, by concentrating in buildings, areas potentially dangerous for health.
An order dated from February 26, 2019 has recently been added to the numerous relevant
regulations in order to give a framework to the management of the risk associated with radon in
premises open to the public and the information to be given to such public. This text leads to a
new way of taking into account the threshold concentrations factor, requiring the ERP operators
to take actions in the regulation or even the reduction of the detected volumetric activities.
Commonly sought on the radiological risk operational aspect, SDIS are led to wonder about
potential additional impacts and obligations as the risk has now to be studied from a prevention
perspective. However, the oder above mentionned, due to its real regulatory scope, the radon
measurement inherent technicity and the CMIR intervention framework, needs to be relativized
in terms of solicitations for SDIS.
Conversely, if the changes linked to public health regulation is to have a very limited impact on
SDIS, the question remains about the Labor Code’s evolutions in this area.
Le sapeur-pompier est un technicien du risque, un sachant en la matière … qu’il soit sollicité sur un
aspect règlementaire, un aspect opérationnel ou même à la croisée de ces chemins, l’avis de l’expert
qu’il peut représenter est régulièrement sollicité.
Les seules limites que celui-ci peut rencontrer sont donc celles qui sont fixées par le cadre
réglementaire ou celles de ses capacités à intervenir.
En février 2019, lorsque la réglementation sur le radon, déjà dense, évolue vers un nouvel arrêté
relatif « aux modalités de gestion du radon dans certains établissements recevant du public et de
diffusion de l'information auprès des personnes qui fréquentent ces établissements », les SDIS
peuvent légitimement s’interroger sur les contraintes et enjeux susceptibles d’apparaitre.
Nous avons tenté de répondre à cette interrogation en s’appuyant sur le plan suivant :
- Nous avons ensuite précisé le cadre réglementaire inhérent à cette prise en compte et
notamment les seuils d’activité volumique à retenir.
- Les mesurages de radon étant au cœur de la gestion du radon dans les bâtiments, la 7
troisième partie s’attarde sur les normes ainsi que la capacité de mesurage à obtenir pour
qualifier le niveau d’exposition au radon et évaluer la nature du risque,
- La quatrième partie confrontera effectivement la position éventuelle d’un SDIS aux différentes
attentes et possibilités des textes sur les modalités de gestion du « risque radon » que celui-ci
soit en position de conseiller technique ou potentiel intervenant.
Fig.1 Exposition moyenne annuelle de la population aux rayonnements ionisants – Bilan IRSN 2015 – Source : IRSN
En France, la dose d'exposition moyenne annuelle aux rayonnements ionisants s’élève à 4,5
millisieverts (mSv) par an et par habitant, dont 3 mSv pour les rayonnements naturels, quand les
examens médicaux (rayonnements artificiels) représentent environ 1,5 mSv.
Ces chiffres représentent des moyennes, et les expositions peuvent varier d'une personne à l'autre en
fonction de l'altitude, de la nature des sols, de l'habitation, de la façon de l'aérer, ou encore de la
fréquence des vols en avion.
La radioactivité naturelle peut-être d’origine cosmique ou terrestre, avec, par ordre croissant 8
d’apparition :
1.1 Caractéristiques
Le radon est l'élément chimique de numéro atomique 86 et de symbole Rn.
Gaz noble radioactif, inodore, incolore et inerte, c'est l'une des substances les plus denses capables de
persister sous forme de gaz dans les conditions normales de température et de pression.
Le radon n'existe pas sous forme de corps stable et possède 3 isotopes naturels, produits par les
radionucléides présents dans l’écorce terrestre. Leur abondance respective dépend par conséquent de
la nature du sous-sol (teneur en 235U, 238U et 232Th) et de leur période.
Le radon 222, un descendant de l’238U, émane en quantité plus faible que le radon 220 (en moyenne
100 fois moins). Il est cependant l’isotope le plus répandu dans l’atmosphère à cause de sa période
suffisamment longue – 3,8235 jours – pour lui permettre de migrer de la roche qui lui a donné
naissance jusqu’à l’air libre, en passant par le sol.
Le radon 220 (thoron), un descendant du 232Th, est le plus abondant des 3 isotopes relâchés par le
sol. Il disparait cependant très vite en raison de sa courte période (55,8 sec.).
Le radon 219 (actinon), un descendant de l’235U, est le moins abondant des isotopes. La teneur en
235
U dans les roches et les sols représente environ 0,73% de celle de l’238U. Du fait de sa courte
période (3,96 s), il n’est quasiment pas détecté dans l’atmosphère et les eaux souterraines.
La constante de désintégration, λ, du 222Rn est égale à 2,1.10-6 s-1, et celle du 220Rn à 1,25.10-2 s-1.
Une activité d’1 Bq correspond donc à 476 600 atomes de 222Rn et 80 atomes de 220Rn.
9
Il est émetteur alpha (α ).
232
Fig. 2 Chaines de filiation du Th, l’235U et de l’238U – Source : Wikipedia
L’émanation est le mécanisme par lequel un atome de radon quitte le matériau solide dans lequel il 10
a été produit et parvient jusqu’à l’espace libre des pores.
La désintégration d’un atome de radium conduit à la formation d’un atome de radon doté d’une
énergie cinétique, dite énergie de recul. Celle-ci va permettre à l’atome de radon de parcourir de
quelques dizaines de nanomètres à quelques dizaines de micromètres.
Le radon a peu de mobilité propre, de par sa densité, son absence de réaction chimique et sa
concentration infime. Il est donc transporté, d’une part, par les autres gaz du sol et, d’autre part, par
l’eau du sol.
Les vitesses de transport varient entre plusieurs dizaines de centimètres à plusieurs dizaines de
mètres par heure.
A noter que le temps nécessaire au transport induit une perte de radon par désintégration radioactive
significative (la diffusion du radon à travers 5 m d’air entraine une perte de 90% tandis que 5 cm
d’eau suffisent à générer une perte identique).
11
Un atome de 218Po libère une particule α d’énergie 6,11 MeV en devenant du plomb. Le 214Po lui,
libérera ensuite une autre particule α d’énergie 7,83 MeV pour aboutir au 210Pb et avec une période de
plus de 21,4 ans. La somme de ces deux énergies α, soit 13,94 Mev, est l’énergie potentielle alpha de
l’atome de 218Po. 12
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le radon comme cancérigène
certain pour le poumon en 1987. A long terme, l'inhalation de radon conduit à augmenter le risque de
développer un cancer du poumon. Cette augmentation est proportionnelle à l'exposition cumulée tout
au long de sa vie.
En France, le radon est la seconde cause de cancer du poumon (environ 3 000 morts par an), derrière
le tabagisme. Cela représente entre 5% et 12% des décès par cancer du poumon en France, le risque
étant fortement aggravé pour les fumeurs. En effet, les fumeurs exposés au radon encourent un
risque majoré, car les substances cancérigènes contenues dans la fumée du tabac et les
rayonnements alpha émis par le radon renforcent mutuellement leurs effets nocifs.
Aux États-Unis, selon l’USEPA (Agence américaine de protection de l'environnement), il est également
la seconde cause la plus fréquente de cancer du poumon, après le tabagisme, causant 21 000 morts
par cancer du poumon par an aux États-Unis.
À fortes doses, son caractère cancérigène sur les populations exposées de mineurs est
statistiquement bien établi, avec ainsi une surmortalité par cancer pulmonaire qui croît linéairement
avec l’exposition cumulée du poumon au radon et à ses descendants. Les études ayant porté sur des
cohortes de mineurs non-fumeurs laissent penser qu'il est un cancérigène pulmonaire humain, même
à des taux couramment rencontrés dans l'air intérieur des maisons.
Enfin, pour l'Organisation Mondiale de la Santé : « L’exposition au radon présent dans le sol et les
matériaux de construction cause, selon les estimations, entre 3 % et 14 % de l’ensemble des cancers
pulmonaires, ce qui en fait la deuxième cause de cancer pulmonaire après la fumée du tabac. »
Le coefficient de dose efficace par unité d’exposition adopté pour le radon est issu de la
publication 65 de la CIPR, et est égal à 2,46 × 10−9 Sv par Bq.h.m-3 .
A titre d’exemple, respirer en permanence un air chargé de radon à 3 000 Bq/m3 conduit donc à une
irradiation de 65 mSv/an, ce qui équivaut, en termes de risque cancérigène comparé, à fumer 20
cigarettes par jour.
D'autres unités sont également utilisées en pratique : le Working Level (WL) est un niveau
opérationnel et donne une indication de l'énergie potentielle alpha par litre d'air.
Par définition, 1 WL est équivalent à 1,3 × 105 MeV en rayonnement alpha par litre d’air et se rapporte
à une teneur en radon dans un environnement intérieur type.
Le Working Level Months (WLM) – niveau opérationnel-mois - est une référence étroitement liée, se
référant à l'exposition à un niveau de travail par mois (ex : 170 h au Canada). 1 WLM correspond à
peu près à l'exposition domestique pendant un an à une atmosphère où l'activité du radon serait de
230 Bq/m3.
Des concentrations très élevées de radon (>1000 Bq/m3) ont été mesurées dans certaines
maisons construites au-dessus de mines d'uranium ou sur des sols uranifères ou sur un sol très
perméable.
1 000 Au Canada, il y a 20 ans, des mesures étaient recommandées à partir de 800 Bq/m3, mais on
considère maintenant que des actions d'assainissement doivent être entreprises dès
200 Bq/m3 pour ce qui concerne l’air intérieur.
NB : L’OMS préconisait le seuil de 1000 Bq/m3 dans les habitations en 1996
La concentration dans l'air d'une galerie non ventilée d’un centre anti-douleur situé en Autriche
10 000
approche les 43 kBq/m3 avec un maximum de 160 kBq/m3.
Environ 100 000 Bq/m3 ont été mesurés dans les parties basses de la maison d'un ingénieur
100 000 américain d’une centrale nucléaire (Stanley Watras).
Des émissions de 106 Bq/m3 peuvent être mesurées dans les galeries de mines d'uranium non
1 000 000
ventilées.
14
222
Fig. 8 Carte des flux de Rn en Europe - Source : Université de Bâle - Suisse
Pour rappel, les deux facteurs principaux influençant les niveaux de concentrations mesurées dans les
bâtiments sont : la géologie, (en particulier la teneur en uranium des terrains), et les caractéristiques
des constructions, (l’étanchéité de l'interface avec le sol et les taux de renouvellement de l'air intérieur
notamment).
Ainsi, pour obtenir une cartographie nationale précise, les premières campagnes de mesure du radon
dans les bâtiments ont été lancées au début des années 1980 et se sont poursuivies jusqu’au début
des années 2000. Mises en œuvre par l'IRSN (IPSN) et la Direction Générale de la Santé (DGS), elles
ont conduit à la réalisation d’un total d’environ 13000 mesures sur l’ensemble du territoire
métropolitain.
La concentration arithmétique moyenne en radon dans les habitations, estimée sur la base de ces
mesures, s’élève à 90 Bq/m³ pour l’ensemble de la France, avec des disparités importantes d’un
département à l’autre et, au sein d’un département, d’un bâtiment à un autre. La moyenne obtenue à
Paris est ainsi de 22 Bq/m³ seulement, alors qu’elle est de 264 Bq/m³ en Lozère.
15
Fig. 10 Concentration moyenne dans les bâtiments par département – Edition 2010 - Source : IRSN
La moyenne, corrigée pour le type d’habitat et la saisonnalité, et pondérée par la densité d’habitation
(sur la base de données INSEE par département), est égale à 68 Bq/m³. C’est cette valeur qui, à
l’heure actuelle, reflète le mieux l’exposition moyenne de la population française. Elle est inférieure à
la moyenne arithmétique (90 Bq/m³) car les départements les plus peuplés présentent, en général,
des moyennes plus basses.
16
Fig. 11 Classification des communes en fonction du potentiel radon des formations géologiques - Source : IRSN
C’est à travers cette connaissance consolidée que l’on a pu voir se dessiner dans le temps des
politiques de santé publique en fonction des régions, des risques induits et de la capacité de
l’homme à mesurer ce fameux risque.
Dans cet esprit, les récentes évolutions réglementaires reconsidèrent une nouvelle fois les seuils à
prendre en compte, et la nécessité de communiquer, voire vulgariser, le risque lié à l’exposition du
radon vers le public concerné (exploitants, propriétaires, public, …)
2.1.1. L’A.I.E.A.
2.1.2 L’UNSCEAR
18
Le Comité scientifique des nations-unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants
(UNSCEAR) est un organisme international formé de scientifiques.
Son objectif n'est pas de définir des normes mais de « définir précisément
l'exposition actuelle des populations aux rayonnements ionisants ».
Son rôle est « d’établir et d’actualiser les connaissances sur les niveaux
d’exposition et les effets des rayonnements ionisants ».
Sur ce point, l’UNSCEAR définit des facteurs de conversion permettant
d’évaluer des doses efficaces liées à une exposition au radon. Or, ces
coefficients de conversion d’une exposition au radon font l’objet de débats, notamment entre
l’UNSCEAR et la CIPR. Ainsi, à partir par exemple d’un même niveau d’exposition (ex : 300 Bq/m3), la
dose efficace estimée diffère de 10% à 30%.
En milieu professionnel, et à partir du même objectif de dose efficace, la plage s’étend de 500 à 1500
Bq/m3.
L’hypothèse retenue par la CIPR dans le cadre de ces recommandations successives est une durée
d’exposition approximativement de 2000 heures/an en milieu professionnel et 7000 heures à domicile.
Après réévaluation, cette exposition génère une dose efficace reçue de 4 mSv au travail et de 14 mSv
au domicile.
Les recommandations de la publication 103, datées de 2007, puis réaffirmées en 2014 (CIPR 126) ont
confirmé que les autorités devraient établir un niveau de référence (et non plus niveau d’action) aussi
bas que raisonnablement possible dans la plage de 100 à 300 Bq/m3.
En 2010, la CIPR a publié une nouvelle étude établissant un lien entre le cancer du poumon et
l’exposition au radon (Publication 115 de la CIPR, « Risque de cancer du poumon dû au radon et aux
descendants solides du radon ») : apparaît la notion de niveau de référence maximum de 300
Bq/m3.
L’art. L. 1333-6 indique que les estimations de doses dues aux rayonnements ionisants auxquels la
population est exposée sont mises à disposition du public.
L’art. L. 1333-22 expose que les propriétaires ou exploitants de certaines catégories d'immeubles bâtis
situés dans les zones à potentiel radon où l'exposition est susceptible de porter atteinte à la santé,
mettent en œuvre une surveillance de cette exposition, des mesures nécessaires à sa réduction afin
de préserver la santé des individus.
Les zones à potentiel radon, doivent, quant à elles, être définies par arrêté interministériel.
Le Décret 2018-434 du 04 juin 2018 portant diverses dispositions en matière nucléaire - Section 2
« Protection contre l’exposition à des sources naturelles de rayonnements ionisants » - Sous-section
« Réduction de l’exposition au radon », est entré en vigueur le 1er juillet 2018.
Le paragraphe 2 traite quant à lui exclusivement de la gestion du radon dans les ERP et définit les
ERP concernés à savoir :
- Les établissements d’enseignement (dont les internats)
- Les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de 6 ans
- Les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux avec capacité d’hébergement
- Les établissements thermaux,
- Les établissements pénitentiaires.
Ainsi les règles applicables à ces établissements sont liées soit à la sensibilité du public à la
radiotoxicité du radon (enfants de moins de 6 ans) cumulée au temps passé dans ces établissements,
soit au temps d’exposition particulièrement long, voire permanent, ou bien à l’effet cumulatif d’une
double exposition au radon issue du sol ou bien de l’eau (établissements thermaux).
Le propriétaire, ou l’exploitant de l’ERP, est tenu de réaliser ces mesures lorsque l’établissement se
situe en zone 3 (potentiel significatif) et en zone 1 et 2 si une mesure précédente dépasse le niveau
de référence de 300 Bq/m3 (Art R1333-33).
De même, ces mesures doivent être réalisées soit par l’IRSN, soit par des organismes agréés par
l’ASN. (Art R1333-33 et 36).
Le résultat de la mesure est valable 10 ans ou caduque dès lors que des travaux modifient de façon
significative la ventilation ou l’étanchéité du bâtiment.
Dans ces 2 cas, pour obtenir des mesures en dessous du niveau de référence, le propriétaire dispose
de 36 mois.
Les résultats des deux dernières mesures doivent être affichés et annexés au registre de sécurité, ce
dernier étant tenu entre autres à disposition de la commission de sécurité (alinéa 8°) présidée par
l’autorité de police administrative.
Le Décret 2018-437 du 04 juin 2018 relatif à la protection des travailleurs contre les rayonnements
ionisants vient quant à lui modifier le code du travail.
Il impacte les activités professionnelles exercées en sous-sol et rez-de-chaussée dans les zones
d’exposition au radon (Art R4451-1).
Il réaffirme du point de vue des travailleurs, la valeur de référence de concentration de radon dans
l’air de 300 Bq/m3 en moyenne annuelle (Art R4451-10).
21
Ses articles R4451-13 et 14 précisent que l’employeur doit procéder à une évaluation des risques liés
à l’exposition au radon.
A cet effet, l’employeur est tenu de procéder à des mesurages sur le lieu de travail dès lors que le
niveau de référence est susceptible d’être dépassé.
Si, malgré des mesures de prévention identifiées, le niveau de référence ne peut être respecté, les
résultats de mesurages sont transmis à l’IRSN et à l’ASN.
Les travailleurs exposés au radon sont classés selon les même critères dosimétriques que tout autre
travailleur soumis au rayonnement ionisant (catégories A ou B). Par conséquent, lorsque l’évaluation
dosimétrique « radon » est susceptible de dépasser les 6 mSv/an, la surveillance se fait au moyen
d’un dosimètre à lecture différée. Les caractéristiques de suivi médical, de formation et d’information
restent identiques.
Enfin, une exigence nouvelle est introduite, à savoir celle de la mise en place d’une « zone radon »
lorsque l’évaluation de dose efficace exclusivement liée à ce gaz est susceptible d’être supérieure à 6
mSv par an, en tenant compte d’une durée d’occupation de 2 000 h (art R4451-23).
A titre d’exemple, être exposé sur son lieu de travail annuellement à 300 Bq/m3 engendre une dose
efficace de près de 5 mSv/an.
L’arrêté du 26 février 2019 n’est que l’application réglementaire des recommandations internationales,
retranscrites à travers la directive 2013/EURATOM, elle-même traduite en droit national par les
décrets du 04 juin 2018 susmentionnés.
Il abroge l’arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux modalités de gestion du risque radon dans les lieux
ouverts au public.
A travers les informations synthétisées dans le tableau ci-dessous, il est possible de prendre la mesure
de l’évolution de la réglementation nationale sur le sujet.
Arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux Arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des
modalités de gestion du risque lié au radon zones à potentiel radon
dans les lieux ouverts au public
Liste de 31 départements prioritaires dans Liste exhaustive selon le potentiel radon (PR) de
lesquels les propriétaires ou exploitants des lieux chaque commune établie par l’IRSN sur demande
ouverts au public doivent procéder à un ASN fonction des formations géologiques et classées en
mesurage de l’activité volumique du radon 3 catégories
Liste établie à partir des campagnes de Code de la Santé publique (CSP) : Art 1333-29
mesurage menées par l’IRSN de 1982 à 2000. Le territoire national est divisé en trois zones à
potentiel radon définies en fonction des 22 flux
d’exhalation du radon des sols
Catégorie/zone 1 : PR Faible
Communes localisées sur les formations géologiques
présentant les teneurs en uranium les plus faibles
Catégorie/zone 2 : PR faible/facteurs
géologiques Communes situées sur des formations
géologiques présentant des teneurs en uranium faibles,
mais sur lesquelles des facteurs particuliers peuvent
faciliter le transfert du radon vers les bâtiments.
Catégorie/zone 3 : PR Significatif
Communes qui sur au moins une partie de leur
superficie, présentent des formations géologiques dont
Chevauchement entre les 31 départements prioritaires (2004) les teneurs en uranium sont estimées plus élevées
et les zones d’exhalation du radon à l’échelle communale comparativement à d’autres formations
(2018)
Personnes concernées
Propriétaires de lieux ouverts au public situés Mesurage à la charge du propriétaire ou exploitant des
dans les 31 départements prioritaires ERP concernés
Périodicité
Décennale Décennale
+ suite à travaux modifiant significativement la
ventilation/étanchéité du bâtiment
Niveau d’action < 400 Bq/m3 Niveau de référence > 300 Bq/m3 et < 1000
- Pas d’action correctrice spécifique Bq/m3 :
- Consignes d’aération/ventilation permettant => Mise en œuvre d’actions correctives :
d’améliorer la qualité de l’air intérieur par dilution
- Limiter les remontées de radon (étanchéité)
de la concentration de radon
- Renouveler l’air (Ventilation/aération)
Niveau d’action entre 400 et 1000 Bq/m3 : + Obligation de réalisation d’une contre-mesure sous
- Obligations d’entreprendre des actions 36 mois après réception du rapport
correctrices simples afin d’abaisser l’activité
volumique du radon <400 Bq/m3 et aussi bas
que possible Niveau de référence > 1000 Bq/m3 ou si action
- Si après contrôle, ces actions sont insuffisantes correctives insuffisantes :
=> diagnostic du bâtiment et travaux préconisés
- Réalisation d’une expertise et transmission sous 1
Niveau d’action > 1000 Bq/m3 : mois au préfet
- Mise en œuvre d’action simple sans délais - Réalisation des travaux préconisés par l’expert
- Réalisation immédiate d’un diagnostic du + Obligation de réalisation d’une contre-mesure sous
bâtiment et des mesures correctrices à l’issue 36 mois après réception du rapport
(travaux)
Informations
24
Arrêté du 22 juillet 2004 Art. R 123-51 du code de la construction et de
3
l’habitation
En cas de mesures > 400 Bq/m , le propriétaire
(ou exploitant) transmet au préfet, un rapport - Mise à jour du registre de sécurité avec annexion des
d’intervention, lequel s’assurera de la mise en 2 derniers rapports de mesures
œuvre des actions correctrices Ces documents sont tenus à disposition de tiers
identifiés
Transmission au futur propriétaire en cas de session
Information du public :
Affichage permanent, visible et lisible à l’entrée
principale de l’établissement sous 1 mois
Information de l’Etat :
En cas d’expertise (Act. Vol. > 1000 Bq/m3),
transmission du rapport au préfet sous 1 mois
25
Fig. 13 Schéma synthétique des modalités de gestion du radon dans les ERP – Source : ASN
Les facteurs influents sur l’activité volumique du radon se trouvent en premier lieu, directement au
niveau de l’environnement dans lequel ce gaz se libère et se diffuse, c’est-à-dire la roche, puis au
niveau de l’interface sol/air ambiant (atmosphère ou milieu bâti) et enfin des propriétés intrinsèques
du milieu ambiant.
Ensuite, l’activité volumique de ce gaz, à l’intérieur des bâtiments, est également très variable selon
les propriétés bâtimentaires ou les habitudes des occupants.
Cependant, seule une fraction de 222radon réussit à s’échapper du sol, et à atteindre la surface 26
sol/atmosphère puisque la majorité des atomes restent prisonniers du minéral dans lequel ils se
désintègrent.
Cette fraction s’échappant de la roche et atteignant la surface est qualifiée de taux d’émanation du
radon. Ce taux est très variable et peut aller de quelques dixièmes à environ 30%, ceci en fonction
des caractéristiques même du sol (nature, porosité et perméabilité de la roche affleurante, taille des
grains minéraux, humidité du sol etc…) ou bien des conditions météorologiques.
La quantité de 222radon qui s’échappe à l’air libre, rapporté à un temps donné et à une surface donnée
permet de définir le flux surfacique d’exhalation.
Ce flux surfacique d’exhalation du 222radon augmente par exemple avec l’humidité du sol, diminue
avec la pression atmosphérique, varie selon la température etc… par exemple, avec un sol gelé,
recouvert de neige ou couvert d’un film d’eau, le flux d’exhalation peut devenir très faible.
Les graphiques ci-après mettent clairement en évidence la variabilité de l’activité volumique du radon
dans l’atmosphère extérieure sur 2 intervalles de temps (3.5 jours et une année).
On y constate l’extrême variabilité de l’activité volumique, fonction de multiples facteurs liés aux
caractéristiques atmosphériques: saison, météorologie associée, températures, période
diurne/nocturne etc…
Aussi, peut-on passer d’une activité volumique quasi-nulle à 400-500 Bq/m3, selon la variabilité des
propriétés du milieu atmosphérique.
27
Fig. 15 Exemple de variation sur un intervalle d’un an de l’activité volumique du radon dans l’air extérieur
Source : le radon, de l’environnement à l’homme – IPSN - Pirard/Robé/Roy - 1998
Outre les propriétés du milieu atmosphérique, l’activité volumique radon à l’intérieur d’un milieu
fermé, comme un bâtiment, est également variable en fonction de facteurs très divers.
Ainsi et pour rappel, à l’intérieur d’un bâtiment la concentration de radon peut être fonction :
- de la nature du sous-sol en contact avec le bâtiment (c’est-à-dire des formations géologiques
présentant du 226radium)
- du mode de vie des occupants (habitude de ventilation par les ouvrants influençant le taux de
renouvellement de l’air intérieur)
Fig. 16 Exemple d’activité volumique du radon à l’intérieur d’un bâtiment sur une période de 24h
Source : le radon, de l’environnement à l’homme – IPSN - Pirard/Robé/Roy - 1998
28
Fig. 17 Variations de l’activité volumique du radon – Mise en évidence de l’effet de la ventilation naturelle par les ouvrants
Source : le radon, de l’environnement à l’homme – IPSN - Pirard/Robé/Roy - 1998
Fig. 18 Exemple d’activité volumique du radon à l’intérieur d’un bâtiment sur une période de 3 ans
Source : le radon, de l’environnement à l’homme – IPSN - Pirard/Robé/Roy - 1998
La procédure de mesure du 222radon dans l’air est encadrée par une norme internationale: ISO 11665
« Mesurage de la radioactivité dans l’environnement – Air : 222radon» - Janvier 2016
Cette norme est structurée en 10 parties qui traitent des aspects suivants :
Chacune des normes européennes précitées est classée en norme française selon la nomenclature
suivante : NF M60-763- suivie du numéro européen (ex : NF M60-763-1, NF EN ISO 11665-1).
Pour ce qui nous concerne, nous ne nous intéresserons qu’à certaines méthodes de mesure du radon
et de ses descendants à vie courte.
29
222
L’ISO 11665-1 Mesurage de la radioactivité dans l’environnement – Air : radon indique qu’il existe 3
méthodes pour le mesurage de l’activité volumique du 222radon et de ses descendants :
La mesure ponctuelle est un mesurage fondé sur un prélèvement effectué sur une période
inférieure à 1 heure, en un point donné de l’espace, associé à une analyse (comptage) effectué
simultanément ou de façon postérieure.
La mesure continue est un mesurage par prélèvement continu d’un volume d’air sur une
période donnée (ou par pas d’intégration de 1 min. à 120 min.) associé à une analyse simultanée ou
différée.
La mesure intégrée est un mesurage par prélèvement continu d’un volume d’air par
accumulation au cours d’une période donnée de grandeurs physiques (désintégrations, traces
nucléaires…) associé à une analyse postérieure à la période d’accumulation.
Pour ce qui nous concerne, nous ne nous intéresserons qu’aux méthodes de mesurages ponctuels et
continus de l’activité volumique du 222radon.
En effet, les méthodes de mesurages intégrés ont essentiellement une utilité afin de calculer et
d’extrapoler à long terme l’exposition d’un individu ou groupe donné.
Les méthodes de mesures ponctuelles sont détaillées dans l’ISO 11665-6 datée de janvier 2016. 30
Le mesurage de l’activité volumique ponctuelle moyenne du 222radon repose sur 2 phases :
Le protocole de mesure (volume, lieu et positionnement de la mesure) est détaillé et ses paramètres
sont systématiquement définis en fonction de l’objectif de la mesure.
Parmi les sept types de mesures qui satisfont aux exigences de la norme ISO 11665, seules deux
méthodes sont compatibles avec une mesure ponctuelle et présentées au sein de l’ISO 11665-6, que
nous détaillons ci-après.
Cette méthode repose sur le principe de la scintillation, c’est-à-dire la propriété d’un milieu
scintillant, ici en l’occurrence le sulfure de zinc activé à l’argent, d’émettre des photons après avoir été
excité par une particule alpha en retournant à son état fondamental.
Ces photons alors émis sont ensuite détectés par un photomultiplicateur et convertis en signal
électrique mesurable.
Ce phénomène de scintillation peut également être exploité pour la détection des descendants solides
du radon qui pourraient être collectés préalablement sur un filtre.
Par exemple, l’ISO 11665-6 présente l’utilisation des fioles scintillantes pour cette mesure ponctuelle
de l’activité volumique.
Cette méthode consiste à adsorber le 222radon sur du charbon actif placé dans un conteneur et sur
lequel est réalisée une spectrométrie gamma de ses descendants (214Bismuth et 214Plomb)
La norme précise clairement que le résultat de la mesure ne peut être interprété qu’au regard de la
durée de la mesure en un lieu donné rapporté aux variations importantes que peut présenter l’activité
volumique du radon.
Cette méthode traditionnelle consiste à mesurer la différence de potentiel sous tension électrique des
paires d’électrons-ions crées par la particule ionisante.
En fixant les descendants solides sur un filtre, seul le radon se diffuse au sein de la chambre
d’ionisation. Le signal électrique alors détecté est proportionnel à l’activité volumique du radon, qui
devient alors mesurable. 31
Cette méthode utilise un matériau semi-conducteur (ex : diode de silicium) qui va convertir l’énergie
reçue d’une particule alpha en charges électriques. Ces charges électriques sont converties en
impulsions dont l’amplitude est proportionnelle à l’énergie des particules incidentes émises par le
radon et ses descendants.
Une recherche auprès de de fournisseurs possédant une certaine expertise dans le domaine de la
mesure de l’activité volumique du radon et une interview d’un agent de radioprotection d’ORANO nous
ont permis d’identifier les principaux appareils sur le marché et dont voici à suivre le tableau
synthétique et non exhaustif.
Surveillance
continue des Chambre
BERTIN- ALPHAGUARD concentrations en d’ionisation
INSTRUMENT Moniteur radon radon Spectrométrie
Mesure continue alpha
Surveillance
continue des
concentrations en Chambre
radon par mesure d’ionisation
ALGADE de radioactivité du
RadHome HR3 218
Spectrométrie
Plomb et alpha
extrapolation
Mesure continue
Fioles scintillantes
Kits pour
associées à un Scintillation avec
ALGADE mesures
photomultiplicateur photomultiplication
ponctuelles du
Mesure ponctuelle
radon
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Mesure ponctuelle
de l’énergie alpha
potentielle
volumique (EAPv) Spectrométrie
ALGADE MEAP V des descendants alpha
du 222radon
Mesure ponctuelle
L’AlphaGuard est un appareil portable, assurant une mesure en continu du 222radon, grâce à une
spectrométrie alpha en utilisant le principe de la chambre d’ionisation. Les descendants solides du
radon fixés sur des aérosols sont bloqués par un filtre. Seule l’activité volumique du 222radon est ainsi
détectée et mesurée.
Son intérêt est qu’il permet de montrer les variations des concentrations 222radon pendant la durée
des cycles de mesures qui peuvent être cadencés toutes les 1 à 60 minutes.
Il est particulièrement sensible puisque sa plage de mesure s’étend de 2 Bq/m3 à 2 MBq/m3.
Ses mesures en continu permettent de procéder à des diagnostics sur l’influence de paramètres variés
impactant la concentration de radon : portes et fenêtres fermées, VMC à l’arrêt, en fonctionnement,
aération importante, pièce habitée...
A titre d’exemple, cet appareil a été utilisé pour une mesure de l’activité volumique du radon durant
l’été 2019 dans l’école de la commune de Sainte-Pazanne (44) par l’IRSN (comité de suivi du 29 août
2019).
Sa gamme de mesure va de 20 Bq/m3 à 10 MBq/m3 pour des plages de mesures allant de 1 min. à 12
heures. Il permet donc des mesures de concentration relativement fines et exploitables, eu égards aux
valeurs de références nationales ou internationales.
Malgré tout, ces plages de mesure rendent ces mesures moins fiables.
Ce kit est destiné à des mesures ponctuelles, donc en un point donné à un moment donné.
Il est constitué de fioles en verre avec à l’intérieur un revêtement en sulfure de zinc dans lequel est
aspiré un volume précis d’air. Outre divers accessoires, la mesure se fait au moyen d’un compteur
disposant d’un photomultiplicateur associé à un compteur d’impulsions.
Il s’agit après aspiration sur un filtre de mesurer, par spectrométrie alpha, l’Energie Alpha Potentielle
volumique (EAPv) des descendants solides à vie courte du 222radon. Il s’agit donc d’une mesure
ponctuelle.
Si par reflexe nous faisons naturellement un rapprochement entre la sécurité au sein des ERP avec les
SDIS et leurs services prévention, l’absence de traduction dans le Règlement de Sécurité Contre
l’Incendie relatif aux Etablissements Recevant du Public (arrêté du 25 juin 1980 modifié) relativise
directement la responsabilité du préventionniste en la matière.
des SSI A et B,
des installations d’extinction automatique de type sprinkleur,
34
des installations électriques,
des installations de désenfumage,
des moyens de secours.
Cependant, pour faire un parallèle sur les risques liés à une exposition à l’amiante dans un ERP, pour
prendre l’exemple d’un risque sanitaire potentiel à long terme, le SDIS, sans être habilité à émettre un
avis sur le risque « radon », pourrait cependant être sollicité.
Ainsi, dans cette optique de pédagogie et d’accompagnement, il peut être proposé aux services
prévention des SDIS de se prémunir des différentes interrogations en adressant aux préventionnistes
une fiche d’information relative au risque « radon ». Cette fiche aura pour objectif simple de
vulgariser, mais également de relativiser, une problématique sanitaire de long terme.
L’information d’un établissement soumis au risque « radon » avec mise en place de « zone radon »
peut être considérée comme une caractéristique d’une potentielle zone d’intervention.
En effet, l’intégrer sur un plan d’établissement répertorié permet au Commandant des Opérations de
Secours et/ou au conseiller technique risque radiologique d’adapter la prise en compte de
l’intervention. Sur cette base, ils auront la possibilité :
Cette donnée peut également servir de base à l’information et à la formation de nos équipes « risques
radiologiques ». Des séances de formation de maintien et de perfectionnement des acquis (FMPA RAD
2 – RAD 3) peuvent tout à fait s’envisager sur la prise en compte du risque « radon », à travers
notamment des travaux pratiques sur la base d’établissements répertoriés, identifiés comme
présentant des activités volumiques significatives.
Ces séances auraient l’avantage de concrétiser la notion de radioactivité naturelle à travers des zones 35
d’intervention qui constituent le quotidien des intervenants et de travailler sur les conséquences que
pourraient induire des interventions en zone « radon ».
En s’appuyant une nouvelle fois sur le parallèle qu’a constitué la problématique amiante pour les
intervenants, nos FMPA en la matière pourraient aussi être l’occasion de faire le lien, et donc d’être
proactifs, avec des sujets d’actualités comme la prise en compte de la toxicité des fumées et la
décontamination des EPI.
Au vu des différents éléments exposés précédemment, quelles interrogations peuvent faire jour aux
intervenants sapeurs-pompiers qualifiés RAD en cellule mobile d’intervention radiologique constituée
(CMIR) :
Le SDIS, à travers sa CMIR, peut-il être sollicité par un exploitant pour effectuer
un mesure d’activité volumique ?
Une mesure effectuée par une CMIR peut-elle être perturbée par la présence de
radon dans une pièce ?
L’intérêt d’un tel mesurage peut bien évidemment se situer dans la qualification du risque radiologique
et la confirmation de présence de radioélément(s). Or, mis à part le cadre d’une intervention dans un
ERP qui n’aurait jusque-là pas été identifié, la mesure ponctuelle ne saurait être justifiée pour
constituer un diagnostic, pour deux raisons essentielles.
La première relève du champ de compétence des équipes spécialisées RAD qui ne retient pas le
diagnostic comme une action entrant dans le cadre des missions (Titre 2 – Chapitre 2 du Guide
National de Référence Risques Radiologiques).
La seconde raison est une problématique d’agrément : les SDIS, à travers leurs équipes spécialisées
RAD, ne sont pas des organismes agréés avec l’ensemble des réponses normatives qui sont à assumer
en la matière (cf. Partie III-1° du mémoire). Ils n’ont donc tout simplement pas l’habilitation pour
établir un diagnostic en lieu et place d’un organisme agréé ou de l’IRSN.
Fondamentalement, oui. Une CMIR est réglementairement constituée pour qualifier le risque
radiologique, en déterminant ou confirmant la nature du risque radioactif à travers des mesurages
d’irradiation ou de détection de la contamination, et en détectant une contamination atmosphérique
(Titre 2 – Chapitre 2 du Guide National de Référence Risques Radiologiques). En cela, elle a
effectivement la possibilité de caractériser les rayonnements α et β du radon et de ses descendants.
Cependant, les appareils abordés dans la partie III de ce mémoire ne correspondent pas aux capacités 36
opérationnelles des CMIR (Titre 2 – Chapitre 3 – 3-3 du Guide National de Référence Risques
Radiologiques), notamment à travers le mesurage de l’activité volumique ou de l’énergie alpha
potentielle volumique (EAPv).
Les appareils de spectrométrie gamma, que l’on voit progressivement armer les CMIR, ne sont pas
adaptés à de tels mesurages. Or, c’est la spectrométrie alpha, aujourd’hui absente des dotations
CMIR, qui est aujourd’hui requise pour ce type d’analyse.
Ensuite, la démonstration effectuée en partie III de ce mémoire sur la forte variabilité de l’activité
volumique, en fonction du temps, du lieu et du bâtiment concerné, nous amène à considérer un
éventuel mesurage effectué par une CMIR comme une mesure ponctuelle. Or, la mesure ponctuelle
de l’activité volumique du radon est, par définition, non significative donc inexploitable, en terme de
résultat.
Pour rappel, seul le mesurage intégré de longue durée (plusieurs mois) est utilisé pour estimer la
valeur moyenne annuelle de l’activité volumique et ainsi évaluer l’exposition de l’homme au radon.
Une mesure effectuée par une CMIR peut-elle être perturbée par la présence de
radon dans une pièce ?
La présence de radon dans une pièce pourrait difficilement biaiser un mesurage puisque, pour rappel,
le coefficient de dose efficace par unité d’exposition adopté pour le radon est égal à
2,46 × 10−9 Sv par Bq.h.m-3.
Ainsi, pour prendre l’exemple d’une pièce avec une activité volumique* de 300 Bq/m3 dans laquelle un
mesurage pourrait être effectué, le débit de dose ambiant théorique serait de 300 x 2,46.10-9 soit
environ 0,75 μSv/h
Le biais que l’on pourrait rencontrer sur un mesurage dépendra bien évidemment du volume dans
lequel s’effectue la démarche : activité volumique, fonctionnalité, débit de ventilation de la pièce …
Ainsi, une activité volumique supérieure ou égale à 1000 Bq/m3** correspondrait au débit de dose
retenue pour définir le périmètre de sécurité, à savoir 2,5 μSv/h.
Il reste difficile d’évoquer un biais à la mesure sans mentionner celui que pourrait représenter la
détection à la sonde α sur une cartouche ARF lors d’une intervention ou d’une manœuvre en « zone ».
Intéressante en terme de qualification du risque radiologique, la mesure du rayon α ne se faisant
qu’en surface, il nous sera impossible de quantifier la quantité absorbée par le filtre (plus épais qu’un
filtre pour prélèvement d’air). L’impact réel, à travers cette mesure, aura été obligatoirement minoré.
Des mesures d’irradiation auront donc une faible probabilité d’être perturbées à hauteur des activités
volumiques pouvant être rencontrées dans les ERP.
Quant à des mesures de contamination surfacique et en l’absence d’appareil de spectrométrie alpha, il
nous parait difficile de discriminer l’origine du rayonnement qu’il soit artificiel ou naturel.
* : la concentration moyenne française dans les bâtiments est de 90 Bq.m-3 (moyenne arithmétique) et de 68
Bq.m-3 (moyenne pondérée par la densité d’habitation)
** : moins de 550 mesurages ont été effectués à plus de 1000 Bq.m-3 lors des campagnes de mesure dans les
lieux ouverts au public entre 2005 et 2015. Ces campagnes représentaient plus de 14000 mesurages.
37
Si ce mémoire s’est focalisé sur les éventuelles contraintes liées à l’évolution de la réglementation en
terme de prise en compte du radon dans certains ERP, il est difficile de ne pas évoquer les contraintes
émergentes dans les lieux de travail.
En effet, on peut noter deux évolutions réglementaires récentes et complémentaires faisant évoluer le
code du travail : le décret n° 2018-437 du 4 juin 2018 relatif à la protection des travailleurs contre les
risques dus aux rayonnements ionisants et l’instruction DGT/ASN/2018/229 du 2 octobre 2018 relative
à la prévention des risques d’exposition aux rayonnements ionisants.
D’abord une application du texte pour les employeurs susceptibles d’avoir des « activités
professionnelles exercées au sous-sol ou au rez-de-chaussée de bâtiments situés dans les
zones où l'exposition au radon est susceptible de porter atteinte à la santé des travailleurs
définies en application de l'article L.1333-22 du code de la santé publique, ainsi que dans
certains lieux spécifiques de travail ».
Un niveau de référence de la concentration d'activité du radon dans l'air revu de 400 à 300
Bq/m3 en moyenne annuelle.
Délimiter et signaliser les zones radon dans lesquelles les travailleurs seraient exposés au-delà
de 6 mSv/an en dose efficace en considérant une occupation à temps complet.
Les différents échanges en la matière, et notamment notre entrevue du 19 septembre 2019 avec Mme
VILLE de l’ASN, ont confirmé que la mise en place du cadre réglementaire sur la question était loin de
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signifier une application à court terme par les différents acteurs.
Un nouveau guide à destination des employeurs est en cours de rédaction au sein du ministère du
travail. Ce document pour la gestion du risque lié au radon évoque la possibilité d’auto-mesurages
post-travaux en lien avec le nouveau texte.
Il est peut-être d’ailleurs significatif de noter que l’actuel guide mis en ligne sur le site internet du
ministère du travail évoque toujours un niveau de référence à 400 Bq/m3 , et ne fait qu’évoquer dans
son éditorial ou sa rubrique « perspectives » un prochain abaissement du niveau d’activité volumique
en radon à 300 Bq.m-3 , selon les nouveaux critères prévus par la directive 2013/59/EURATOM.
Le déploiement à court terme reste lui aussi à relativiser dans la mesure où, selon les retours de notre
interlocutrice à l’ASN, l’inspection du travail n’a pas déterminé comme prioritaire un sujet en cours de
réécriture. Il n’en demeurera pas moins que la réglementation est en vigueur, et qu’à ce titre, tout
employeur, et donc tout SDIS, pourra potentiellement être confronté à ces problématiques.
Bien que la manœuvre sur un plan opérationnel ait été parfaitement gérée, ce sont bien les
conséquences qui ont pris des proportions insoupçonnées, puisqu’après un signalement en CHS, des
campagnes de mesures par organisme agréé ont été lancées, et ont permis de mettre en évidence
une cartographie avec des points à 1000 Bq/m3 maximum.
Après des travaux de ventilation, un apport dans le dossier médical d’une dizaine d’agents exposés et
l’achat d’appareil de mesure en continue de type ALPHAGUARD (cf. partie III), l’approche radon dans
les bâtiments devient aujourd’hui une servitude au sein du SDIS 89.
La finalisation de ce prochain retour d’expérience à travers une diffusion à l’ensemble des CTZ et CTD
RAD de France (accompagné d’un prochain sujet de mémoire RAD 4 ?) pourrait offrir à l’ensemble des
SDIS, une première approche quant au traitement d’une problématique en devenir.
En premier lieu, ce mémoire s’est attaché à répondre de manière presque brute à l’impact d’un texte
sur nos missions en lien avec les établissements recevant du public. En effet, cette réglementation ne
semble pas impacter directement les SDIS dans leur cœur de métier qu’est la prévention contre les
risques d’incendie et de panique dans les ERP.
Ensuite, et pour poursuivre l’ouverture de la réflexion, ce mémoire s’est orienté du point de vue des
équipes spécialisées en risques radiologiques. Et pour parler « technique », rien ne nous indique
qu’un chef de CMIR non averti ne soit pas induit en erreur par la présence de radon et de ses
descendants solides lors d’un contrôle de contamination courant. Une intervention, une manœuvre,
une démonstration pourraient révéler la présence d’une contamination alpha, supposée tierce, alors
que liée au phénomène d’exhalation de radon dans un local. En cela, les différents retours
d’expériences collectés nous ont confirmé le potentiel trouble que pourrait générer la découverte de
contamination alpha insoupçonnée lors de la mise en œuvre de nos « moyens RAD ».
A l’inverse, la contamination alpha, liée à la présence de radon, ne semble pas suffisante pour 39
« masquer » une contamination alpha autre, qui pourrait être liée à la présence d’une source
radioactive, eu égard à sa faible activité. Tandis que sur un aspect matériel, nous avons pu constater
que ces équipes ne disposent, à ce jour, pas de moyen de spectrométrie alpha leur permettant de
discriminer une contamination alpha liée au radon d’une autre contamination alpha liée à un
radioélément exogène, renforçant ainsi la confusion des intervenants sur un rayonnement redouté.
Au-delà de ces troubles possibles, il convient de relativiser l’impact sanitaire auprès de nos
intervenants, puisque, la présence de radon ne présente, la plupart du temps, pas de risque d’un
point de vue de la protection des personnels (temps d’exposition très réduit), et ne nécessite pas de
protection autre que celles employées traditionnellement dans des situations et milieux similaires.
N’oublions pas que le radon représente un enjeu sanitaire, certes, mais dont l’aspect majeur
s’explique par des durées d’exposition de long terme.
Ainsi, et de manière à pouvoir aborder ce risque à l’enjeu croissant, il semble opportun de proposer
une formation à l’adresse des équipiers, jusqu’aux conseillers techniques en risques radiologiques,
visant à faire prendre conscience de cette problématique sanitaire, pouvoir la dimensionner, et enfin
d’en comprendre les enjeux opérationnels (analyse de la localisation – R-1/Rdc, connaissance des
potentiels radon locaux, etc….)
En revanche, et pour conclure, les SDIS risquent de se voir confronter au risque « radon », non pas
dans le cadre de leur cœur de métier, mais plutôt en qualité d’employeur. A ce titre, la
réglementation, issue de décret n°2018-437 visant la protection des travailleurs contre les
rayonnements ionisants, impose au SDIS les mêmes obligations que tout employeur vis-à-vis du
radon. A ce titre, et notamment dans les départements les plus exposés, il conviendrait d’assurer un
dépistage afin d’éviter une exposition des personnels dans le cadre de leur activité professionnelle.
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Art. L. 1333-3.-Doivent être justifiées, en ce sens qu'elles doivent présenter plus d'avantages
que d'inconvénients, les décisions d'engager les actions destinées à :
… 3° Prévenir ou réduire un risque lié à une exposition à une source naturelle de
rayonnements ionisants.
Sont exclues des expositions à des sources naturelles de rayonnements ionisants
mentionnées au 3° celles résultant de la présence de radionucléides naturels dans le corps
humain, des rayonnements cosmiques au niveau du sol, et des rayonnements provenant de
radionucléides, autres que le radon, présents dans la croûte terrestre non perturbée.
« Art. L. 1333-6.-Les estimations de doses dues aux rayonnements ionisants auxquelles la
population est exposée ou susceptible de l'être sont mises à disposition du public.
« Section 4
« Réduction de l'exposition de la population au radon
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Les niveaux de radon et leurs déterminants dans les logements de France métropolitaine
continentale - Institut de Veille Sanitaire - Avril 2014
« Le radon : qui, quand, comment ? » - Association Lorraine pour le Qualité de l’Air - Octobre 2015
Circulaire conjointe DGS 99-46 et DGUHC UHC/QC/10 du 27 janvier 1999 relative à l’organisation
de la gestion du risque radon
Arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux modalités de gestion du risque lié au radon dans les lieux
ouverts au public
Arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français
Les techniques de mesure du radon – Roselyne AMEON – IRSN – Journée thématiques sur le radon
– 2011
Nouveau coefficients de dose pour le radon recommandés par la CIPR 137 – IRSN – pôle Santé
Environnement – 2018
Normes de mesure :
- NF M60-763-1, NF EN ISO 11665-1 « Origine de la radioactivité dans l’environnement – Air –
radon222 : origine du radon et de ses descendants à vie courte, méthodes de mesures associées »
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