Introduction
Introduction
Introduction
Les deux arts sont souvent complices, parfois rivaux. Peintres et écrivains ont reproduit
l'échange, emprunté, sujet, forme et procédé. Dans de nombreux cas, ils ont donné des
raisons communes pour rajeunir une culture quand elle s'enlise dans la routine, changer les
habitudes du public, élargir capacité à créer de l'art et à enrichir les connaissances. Ces
relations sont devenues, surtout à partir du XVIIIe siècle, particulièrement nombreuses,
riches et conscientes. Ils offrent un domaine d'étude qui n'est encore que partiellement
exploré.
Du Moyen Âge à nos jours, depuis une quinzaine de siècles, les courants littéraires et
picturaux ont souvent été confrontés aux mêmes problèmes, répondant aux mêmes
questions, puisant à la même source, pourvus de rétroaction parallèle. L'histoire de l'art et
l'histoire des idées se rejoignent dans une histoire globale où littérature et peinture ont
d'innombrables croisements. Au Moyen Âge, la religion chrétienne a fourni l'un des supports
idéologiques les plus importants pour l'échange entre le texte et les images. L'image occupe
alors une place prépondérante dans les cérémonies religieuses. La messe elle-même n'est
pas une représentation symbolique d'une certaine période historique sacrée, mais dans un
cahier plus réaliste, des représentations théâtrales de mystères médiévaux, souvent
données devant la Cathédrale.
Le XIXe siècle semble marquer un tournant dans cette relation d'influence. c'est à une
époque où la peinture ne s'appuyait plus sur les fondements littéraires que la littérature a
volontairement cherché, plutôt qu'avant, son inspiration dans la peinture. En particulier, la
peinture est une source d'inspiration pour les auteurs de lettres. Cette formulation met
l'accent sur la nature interdisciplinaire fondamentale de la littérature plutôt que sur sa
dimension intersectionnelle. La coopération entre littérature et peinture est de plus en plus
évidente, et la littérature prend la peinture comme source d'inspiration. En effet, les
dialogues entre littérature et peinture ne datent pas d'hier. En effet, la pratique de
l'Ekiphrasis remonte à l'Antiquité.
La question de la représentation est sans aucun doute l'une des questions qui a
stimulé une grande partie de la pensée critique du XXe siècle, tant dans les arts visuels que
dans la littérature. Dans le sillage du renouveau de la réflexion autour du concept de
représentation qui a traversé une bonne partie de ce siècle, la nature des rapports entre
peinture et littérature, traditionnellement réunis par le désir de recréer le monde et les
choses, s'en trouve repensée. En effet, ces deux pratiques artistiques se détournent alors du
principe d'imitation sur lequel elles semblaient prendre appui et, ensemble, s'orientent
plutôt vers une autonornisation de l' œuvre par rapport au réel. Si les bouleversements qui
en résultent se font sentir de façon plus sensible dans l'art moderne, par le passage de la
figuration à l'abstraction, la littérature connaît, elle aussi, une remise en question de la
mimèsis. Les écrivains, suivant le mouvement amorcé par la peinture avec un peu de retard,
tentent alors d'intégrer à leur pratique les nouveaux problèmes formels que cet art pose et
remettent en cause les structures figées de la littérature traditionnelle.
L’œuvre littéraire devient donc, un espace de partage entre le textuel et le
pictural .Cette notion de partage participe à la création d’une œuvre hybride comportant les
mots et les images dans unemême sphère pour favoriser un dialogue des genres. Le partage
devient un espace de dédoublement, de filiation, d’intertextualité, d’interférence et de
correspondance. Defait, l’apparition de plusieurs études relevant du domaine d’interférence
entre la littérature et peinture nécessairement sur la place de la peinture dans des œuvres
littéraires :
La description a déjà été considérée comme l’élément littéraire qui se rapproche le
plus d’un tableau, puisque son objet d’étude n’est pas le temps, comme la narration, mais
l’espace, comme la peinture1
Ainsi, on trouve chez Céline une référence remarquable mais explicite à l'art qui
permet toujours d'asseoir un évènement, une progression narrative, une description d'un
fait. Cet art pictural participe à l’élaboration d’une œuvre hétérogène. L’œuvre de Céline
1
www.gerflint.fr, Synergie Brésil, numéro 8 « Description picturale : vers une convergence entre littérature et
peinture », Maria Lucia ClaroCristovao, 2010. Consulté le 18 Avril 2018.
apparaît ainsi comme uneinterférence entre la littérature et la peinture, faisant naître alors
undialogue, une discussion entre les deux domaines artistiques.
Célineest l’un des auteurs majeurs du XXe siècle, l’un des écrivains les plus lus, des
plus critiqués et principalement des plus disputés. Céline a inventé une manière
complétement nouvelle d'écrire le français. Son premier roman, Voyage au bout de la nuit a
été ressenti, comme une révolution littéraire, un écart par rapport aux normes littéraires de
l’époque.
Les indices de la picturalité dans l’œuvre de Céline sont d’une richesse et d’une
complexité importante leur fréquence et leurs diverses manifestationsnous invitent à poser
la question concernant les multiples convergences formelles et esthétiques de lacréation
littéraire Célinienne avec la peinture.
Évidemment, Céline est ici un modèle d'intérêt. Il aconstruit une œuvre totalisante,
mettant en scène des interférences perpétuelles entre deux domaines différents. Comment
percevoir le rapport étroit qu'il fait naître entre la littérature et la peinture ? Comment
comprendre la description de la guerre dans le roman.
Voyage au bout de la nui tn'est pas qu'une œuvre littéraire, elle est un gigantesque
espace imaginaire. Ainsi, il est important de garder à l'esprit que l'œuvre de Céline est avant
tout littéraire : l’espace fictif qui apparaît n'est qu'un musée onirique, spirituel et imaginaire.
Cettecorrespondance entre les différents domaines artistiques est hiérarchisée. Chez Céline,
le roman essaie de faire de la place à la peinture, mais il reste évidemment avant tout un
objet textuel basé sur une fiction.
Dans ce travail, l'enjeu sera ainsi d'évaluer en quoi Céline est un parfait exemple pour
évoquer les liens, les interférences entre la littérature et la peinture.
Enfin, cette recherche s'achèvera sur une sorte de synthèse concernant les liens
entre la littérature et la peinture, à travers l’explication de la thématique de la transposition
d’art. Il s'agira de réfléchir, de manière très pratique, aux différents enjeux d'une
correspondance entre littérature et peinture dans la compréhension et l'interprétation de
plusieurs extraits du Voyage au bout de la nuit .
l a déjà écrit plus de douze romans, un essai sur la création, un livre d’art ainsi qu’un récit à
l’allure autobiographique. Mais si Kokis demeure un écrivain de tout premier plan, il se définit
d’abord comme un peintre. Nous sommes alors autorisés à questionner les liens entre le texte et
l’image dans son oeuvre. Existe-t-il une compLémentarité entre le pictural et le scriptural dans la
pratique artistique de Kokis? L’écrivain et poète portugais Femando Pessoa posait déjà que
«[lJ’essentiel est de savoir bien voir I Savoir bien voir sans se mettre à penser’ ». Il voulait faire
intervenir l’image pour voir ce qui est. Cette conception entre le visible et le dicible est à l’origine de
la double activité de nombreux artistes. Certains ont tenté de réconcilier les deux pratiques pour
rétablir une forme de continuité entre le pictural et le scriptural, pour tenter de «mieux voir par la
parole, mais aussi de mieux s’insérer dans la réalité par le regard2 ». Pour Kokis, la peintre et
l’écriture, l’image et le texte, le langage plastique et le langage discursif sont deux langages de la
création, deux pratiques différentes d’un même processus. La peinture vient en premier. Elle
constitue le seul médium capable de créer des images toujours nouvelles, comme un regard sans
cesse