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Iliade
Préface de Pierre Vidal-Naquet
folio classique
COLLECTION
FOLIO CLASSIQUE
Homère
Iliade
Préface de
Pierre Vidal-Naquet
Traduction de
Paul Magon
Gallimard
Cette traduction a été publiée par la Société d'édition
Les Belles Lettres dans la collection des Universités de
France, sous le patronage de l'Association Guillaume
Budé.
II. L'HISTOIRE
III. LE POÈTE
IV. LA GUERRE
V. LES HÉROS
sais être l'arrêt des dieux. Non, par Apollon cher à Zeus, à
qui, Calchas, va ta prière, lorsque tu veux aux Danaens
révéler les arrêts du Ciel, non, tant que je vivrai, tant
qu'ici-bas j'aurai les yeux ouverts, nul, près de nos nefs
creuses, ne portera sur toi sa lourde main, nul entre tous
les Danaens, quand tu nommerais même ici Agamemnon,
qui aujourd'hui se flatte d'être de beaucoup le premier
dans ce camp. »
Le devin sans reproche lors se rassure et dit :
« Ce n'est pas pour un voeu, une hécatombe omise,
qu'ici se plaint le dieu. C'est pour son prêtre, à qui
Agamemnon a fait affront naguère, en refusant de délivrer
38 Iliade, I, 95-129
sa fille et d'agréer une rançon. Voilà pourquoi l'Archer
vous a octroyé des souffrances et vous en octroiera encore.
Des Danaens il n'écartera pas le fléau outrageux, avant
qu'ils n'aient à son père rendu la vierge aux yeux vifs, sans
marché, sans rançon, et mené à Chrysé une sainte
hécatombe. Ce jour-là seulement, nous le pourrons apaiser
et convaincre. »
Il dit et se rassied. Et voici que se lève le héros, fils
d'Atrée, le puissant prince Agamemnon. Il est des plus
chagrins; terriblement ses entrailles se gonflent d'une
noire fureur; ses yeux paraissent un feu étincelant. Et,
d'abord, sur Calchas dardant un oeil mauvais, il dit :
Prophète de malheur, jamais tu n'as rien dit qui fût
fait pour me plaire. En toute occasion, ton coeur trouve sa
joie à prédire le malheur. Mais, de bonheur, jamais tu
n'en annonces, jamais tu n'en amènes. Et tu viens encore
aujourd'hui déclarer, au nom des dieux, à la face des
Danaens, que, si l'Archer leur cause des souffrances, c'est
parce que j'ai, moi, refusé d'agréer la splendide rançon de
cette fille, Chryséis. Il est vrai : j'aime mieux, de
beaucoup, la garder chez moi. Je la préfère à Clytemnestre
même, ma légitime épouse. Non, elle ne lui cède en rien,
pour la stature ni le port, pour l'esprit ni pour l'adresse.
Et, malgré tout cela, je consens à la rendre, si c'est le bon
parti : j'aime mieux voir mon armée saine et sauve que
perdue! Mais alors, sans retard, préparez-moi une autre
part d'honneur, pour que je ne sois pas, seul des Argiens,
privé de telle part : ce serait malséant. Et — vous le voyez
tous — ma part, à moi, s'en va ailleurs. »
Lors le divin Achille aux pieds infatigables dit :
« Illustre fils d'Atrée, pour la cupidité, tu n'as pas ton
pareil! Et comment les Achéens magnanimes pourraient-
ils te donner semblable part d'honneur? Nous n'avons
pas, que je sache, de trésor commun en réserve. Tout ce
que nous avons tiré du sac des villes a été partagé : sied-il
que les gens de nouveau le rapportent à la masse? Quitte,
pour l'instant, cette femme au dieu, et nous, les Achéens,
nous te la revaudrons au triple et au quadruple, si Zeus
nous donne un jour de ravager Troie aux bonnes
murailles. »
Iliade, I, 130-166 39
Le roi Agamemnon en réponse lui dit :
« Non, non, ne cherche pas, pour brave que tu sois,
Achille pareil aux dieux, à me dérober ta pensée : je ne me
laisserai surprendre ni séduire. Prétends-tu donc, quand
toi, tu garderas ta part, qu'ainsi je me morfonde, moi,
privé de la mienne? et est-ce là pourquoi tu m'invites à
rendre celle dont il s'agit? Si les Achéens magnanimes me
donnent une part d'honneur en rapport avec mes désirs et
égale à ce que je perds, soit ! Mais, s'ils me la refusent,
c'est moi qui irai alors prendre la tienne, ou celle d'Ajax,
ou celle d'Ulysse — la prendre et l'emmener. Et l'on verra
la fureur de celui chez qui j'irai... Mais à cela nous
songerons plus tard. Pour l'instant, allons ! à la mer divine
tirons la nef noire; formons une équipe choisie de
rameurs; puis embarquons une hécatombe; faisons mon-
ter à bord la jolie Chryséis ; enfin qu'un chef soit pris
parmi ceux qui ont voix au conseil, Ajax, Idoménée, ou le
divin Ulysse — ou toi-même, toi, le fils de Pélée,
l'homme entre tous terrible, pour accomplir le sacrifice
par lequel tu sauras apaiser le Préservateur. »
Achille aux pieds rapides sur lui lève un oeil sombre et
dit :
« Ah! coeur vêtu d'effronterie et qui ne sais songer
ILIADE
Chant I 35
Chant II 53
Chant III 79
Chant IV 93
Chant V 109
Chant VI 135
Chant VII 151
Chant VIII 165
Chant IX 183
Chant X 205
Chant XI 223
Chant XII 249
Chant XIII 263
Chant XIV 287
Chant XV 303
Chant XVI 325
Chant XVII 351
Chant XVIII 373
Chant XIX 391
Chant XX 405
Chant XXI 421
Chant XXII 439
Chant XXIII 455
Chant XXIV 481
Impression Mailly-Imprimeur
à Malesherbes, le 7 février 2008
Dépôt légal : février 2008
1" dépôt légal dans la collection : décembre 1975.
N° d'imprimeur : 135393
ISBN 978-2-07-036700-9 / Imprimé en France.
156367
Homère
Iliade
Traduction de Paul Mazon
Texte intégral
classique ISBN 978-2-07-036700-9 A 36700 * catégorie F9