Optimisation Des Paramètres de Production Et de Conservation de La

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AVERTISSEMENT

Ce document est le fruit d'un long travail approuvé par le jury de


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NANCY-UNIVERSITE
INSTITUT NATIONAL POLYTECHNIQUE DE LORRAINE
Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires
Laboratoire de Sciences et Génie Alimentaires
UNIVERSITE DE NGAOUNDERE
Ecole Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles
Laboratoire de Biophysique et Biochimie Alimentaire/Nutrition

THESE EN CO-TUTELLE
Présentée devant l’Université de Ngaoundéré et Nancy-Université
Pour obtenir les grades de

Docteur/PhD de l’Université de Ngaoundéré et de Docteur de l’INPL


Spécialités : Sciences Alimentaires et Nutrition/ Procédés Biotechnologiques et Alimentaires
Par
ABOUBAKAR

OPTIMISATION DES PARAMÈTRES DE PRODUCTION ET DE CONSERVATION DE LA


FARINE DE TARO (Colocasia esculenta)

Soutenue publiquement, le 20 janvier 2009 devant la commission d’examen

Jury

Président du jury :

François-Xavier Etoa Professeur Université de Yaoundé I


Rapporteurs :

Michel PARMENTIER Professeur Nancy-Université


Didier MONTET Docteur HDR INRA-Montpellier
Examinateurs :

M. Carl Moses F. MBOFUNG Professeur Université de Ngaoundéré (Directeur de thèse)


M. Joël SCHER Professeur Nancy-Université (Co-directeur de thèse)
M. Nicolas Y. Njintang Docteur HDR Université de Ngaoundéré (Co-directeur de thèse)
Remerciements
Le présent travail a été réalisé au sein du Laboratoire de Biophysique et de Biochimie

Alimentaire et de Nutrition (département sciences alimentaires et nutrition) de l’Ecole

nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles (ENSAI) de l’universite de Ngaoundéré

et du Laboratoire de Science et Génie Alimentaires (LSGA) de l’Ecole Nationale Superieure

d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) de l’institut national polytechnique

de lorraine (INPL).

Il a bénéficie du concours de la coopération française (Service de la Coopération et

des Activités Culturelles (SCAC)) a qui je voudrais adresser mes sincères

remerciements.

J’exprime mes remerciements à Monsieur Carl Moses F. MBOFUNG,

Professeur à l’ENSAI et Responsable du Laboratoire de Biophysique et de Biochimie

Alimentaire et Nutrition (LBBAN) de l’Université de Ngaoundéré, pour l’intérêt porté à

ce travail. Je lui reconnais l’initiation à la recherche depuis mon mémoire de Maîtrise

en Biologie Appliquée et la diversité de mes sujets.

Je tiens à remercier Monsieur Joël SCHER, Professeur à l’ENSAIA-INPL,

Nancy Université (France), pour la confiance qu’il m’a accordé en acceptant

m’accueillir au sein du Laboratoire de Sciences et Génie Alimentaires et pour avoir

accepté de diriger cette thèse. Je lui suis reconnaissant pour son soutien scientifique

et sa disponibilité durant mes années de thèse. Ses conseils m’ont été très précieux

pour mener à bien ce travail de recherche.

Mes remerciements s’adressent également à Monsieur Nicolas Y. NJINTANG,

Chargé de cours à la Faculté des Sciences de l’Université de Ngaoundéré, pour la

confiance qu’il m’a toujours accordée, pour avoir accepté de faire partie de l’équipe
principale qui m’a encadré depuis la Maîtrise jusqu’aujourd’hui. Je le remercie pour

l’aide matérielle et scientifique apportée à ce travail.

Mes remerciements vont également :

- au Professeur Stéphane DESOBRY, Directeur du Laboratoire de Science et

Génie Alimentaires de l’ENSAIA-INPL (France) pour l’accueil et le soutien à ce

travail.

- au Professeur Robert NDJOUENKEU, Chef du Département de Sciences

Alimentaires et Nutrition, pour sa confiance et ses nombreux conseils.

-aux Professeurs Michel PARMENTIER, Jean-Bernard MILLIERE, Jacques

FANY Michel LINDER, Muriel JACQUOT, Sylvie BANON, pour avoir répondu à mes

préoccupations et l’aide apportée à la réalisation de ce travail.

- à tous les Enseignants de l’ENSAI de Ngaoundéré et particulièrement aux

Professeurs : Clergé TCHIEGANG, Richard KAMGA, Martin NGASSOUM, Jean

Bosco TCHATCHUENG, qui ont tout mis en œuvre pour parfaire notre formation, et

aux Docteurs Léopold TATSADJEU, Auguste MBAWALA, Edith FONBANG, EJOH,

NSO Emmanuel, pour leurs participations à ma formation et aux multiples conseils

qu’ils m’ont prodigué.

-au Professeur Balaam FACHO pour l’accueil, les conseils et le soutien

durant les travaux effectués au Tchad.

-à mon Oncle et son épouse Daniel et Suzanne HAMADJODA. A divers titres

ils ont contribué à la réalisation de ce travail. Qu’ils en trouvent un motif de

satisfaction.

- aux Docteurs Guy Bertrand NOUMI, Hilaire WOMENI, Aboubakar DANDJOUMA,

Ludovic FEUZE, Djouldé DARMAN, Carole Hélène EDIMA, MOHAMADOU, Lili


TCHATCHOUANG, Gilles NKOUAM, Elie Baudelaire NJANTOU pour leurs conseils

et encouragements.

-à Mesdames Marie Noëlle MAUCOURT, Carole JEANDEL, Anne

LAPLACE du LSGA. Affables et disponibles, elles nous ont orienté et formé dans

l’utilisation des équipements pendant notre séjour à Nancy. Notre gratitude leur sera

permanente.

-à ma fiancé Nadège Ingrid KAMGANG GOUANLONG pour tous les efforts

qu’elle n’a cessée de ménager pour me combler d’amour, de joie et pour le soutien

moral.

- à mes camarades de l’Université de Ngaoundéré (Armand ABDOU BOUBA,

Giscard KAPTSO, Désiré MBOUGUENG, Laurette MEZAJOUG, BEKA Robert,

NGUIMBOU Richard, feue Carine NGO OUM, Claudine PASSO TAMO, Jacques

HAFTI, Pogenet PABAME, EYENGUA Christèle, Juvenal, Joseph), à mes

camarades du LSGA de Nancy (KASSEM, ATMANE, CHARBEL, Norbert

AMOUGOU) pour l’ambiance toujours chaleureuse qui a toujours prévalu pendant

nos travaux au laboratoire

-à mes frères et sœurs Emmanuel DALAÏLOU, Adamou DALAÏLOU, Hamadou

TOURAKE DALAÏLOU Jérémie, Eric MBARGA HAMADJODA, Blandine DOUDOU,

Prisca HAOUA, Fanta DALAÏLOU, Anne KONGA, Mariane HADIDJA, Hamadou

HAMADJODA, MOHAMADOU, pour leur soutien et encouragement.

-à Serge Emmanuel DAYIM, Hubert KEMOUE et Christian TCHOULA, Rev.

Jean Henry BALOMOG, DJORET SOUGNABE Viviane, Alain YOUSSOUFA, Jean

BAÏGUELE, Amadou SARKAO, PANYO’O Emmanuel, KEMGANG Stella, pour leurs

soutiens multiformes
- à Martial KAMGANG TALO, Christelle Corine KAMGANG DOMYEUM, Dany

KAMGANG NOUBOUOSSIÉ, feue Levie Mesmine KAMGANG MATEKAM, Larissa

FOYET, Stacy LEMNOU pour leur encouragement.

- à tonton et tata Blaise et Isabelle SE-ONDOUA, pour leur amour et leur

soutien.

- à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail,

qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude.


SOMMAIRE

i
SOMMAIRE

REMERCIEMENTS .................................................................................................... II

SOMMAIRE ................................................................................................................ 1

ABREVIATIONS ......................................................................................................... 7

LISTE DES ABREVIATIONS ...................................................................................... 8

CHAPITRE I : INTRODUCTION ............................................................................... 10

INTRODUCTION ...................................................................................................... 11

CHAPITRE II : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE ........................................................... 15

REVUE DE LA LITTERATURE ................................................................................ 16

II.1-Utilisation du taro ................................................................................................ 16

II.2-Composition chimique du tubercule de taro ....................................................... 17

II.3-Transformations technologiques du taro en farine : aspects fondamentaux....... 22

II.3.1-Procédés culinaires en vue du pré-traitement du tubercule............................. 23

II.3.2-Procédés de séchage et mouture .................................................................... 26

II.4-Conservation des produits alimentaires déshydratés ......................................... 31

II.4.1-Quelques techniques de préservation et susceptibilité à la dégradation ......... 31

II.5-Propriétés rhéologiques des aliments ................................................................ 38

II.6. État des connaissances sur la production et l’utilisation de la farine de taro ..... 41

CHAPITRE III : MATERIEL ET METHODES ............................................................ 51

MATERIEL ET METHODES ..................................................................................... 52

1
III.1-Propriétés physicochimiques, thermiques et microstructure des poudres

alimentaires de six variétés de taro .......................................................................... 52

III.1.1-Echantillonnage et production des poudres alimentaires (farines et

amidons) ................................................................................................ 52

III.1.2-Extraction de l’amidon de taro ............................................................. 52

III.1.3-Analyse chimique et de quelques minéraux ......................................... 55

III.1.3.1-Détermination de la teneur en eau ....................................................... 55

III.1.3.2-Détermination de la teneur en lipides totaux ........................................ 55

III.1.3.3-Détermination de la teneur en cendres ................................................ 56

III.1.3.4-Dosage des protéines totales ............................................................... 56

III.1.3.5-Dosage des sucres disponibles et solubles ......................................... 58

III.1.3.6-Dosage des Minéraux .......................................................................... 59

III.1.4- Analyse thermique Différentielle et détermination de la teneur en

amylose ................................................................................................. 60

III.1.5-Détermination des paramètres de couleur des poudres alimentaires .. 61

III.1.6-Analyse granulométrique des poudres alimentaires (farines et amidons)

de taro et propriétés d'empattage .......................................................... 63

III.1.7-Détermination de l’isotherme de sorption et de désorption des poudres

alimentaires de taro ............................................................................... 64

III.1.8- Analyse microstructurale des granules d'amidon par microscopie

électronique à balayage (MEB) ............................................................. 65

III.1.9-Détermination de la capacité d'absorption d'eau et l’indice de solubilité

dans l'eau des farines et des amidons de taro ...................................... 66

III.1.10-Analyse spectroscopique infrarouge des farines et des amidons de

taro ........................................................................................................ 67

2
III.1.11-Analyse rhéologique des farines et amidons de taro ......................... 67

III.2- Modifications physico-chimiques et fonctionnelles pendant la cuisson des

tubercules de taro (Colocasia esculenta L. Schott) ................................................ 68

III.2-1-Matériel végétal ................................................................................... 68

III.2-2-Préparation des tubercules .................................................................. 69

III.2-3- Production de la farine ........................................................................ 71

III.2-4- Evaluation physicochimique des tubercules de taro pendant la cuisson

.............................................................................................................. 71

III.2-4-1- Evaluation des sucres réducteurs ....................................................... 71

III.2-4-2-Détermination des protéines solubles .................................................. 71

III.2-4-3-Détermination de la teneur en amidons résistants ............................... 72

III.2-4-4- Détermination de la teneur en oxalate ................................................ 72

III.2-4-5- Détermination de l’Indice valeur bleue ................................................ 73

III.2-4-6- Détermination des produits intermédiaires et finaux des réactions de

Maillard .............................................................................................................. 74

III.2-4-7-Détermination du taux de séparation cellulaire (VICS) ........................ 74

III.2-4-8-Analyse de la dureté ............................................................................ 75

III.2-5- Analyses sensorielles ......................................................................... 76

III.3-Etude de l’influence du mode de cuisson des tubercules et du mode de

reconstitution des pâtes sur le profil textural et l’acceptabilité de la pâte de taro ..... 77

III.3.1-Matériel végétal.................................................................................... 77

III.3.2- Production de la farine et préparation du « achu » ............................. 77

III.3.3-Analyses chimiques ............................................................................. 78

III.3.4-Analyses physico-chimiques et microstructurales des farines ............. 79

3
III.3.5-Analyse spectroscopique infrarouge et détermination de la couleur des

farines précuites .................................................................................... 79

III.3.6-Etudes des caractéristiques rhéologiques des farines. ........................ 79

III.3.7-Détermination des caractéristiques texturales ..................................... 80

III.3.8-Evaluation du profil sensoriel ............................................................... 82

III.3.8.1-Analyse descriptive .............................................................................. 82

III.3.8.2-Analyse hédonique ............................................................................... 82

III.4-Prédiction du degré favorable de séchage des tranches de taro par l’utilisation

des marqueurs analytiques et de la courbe de sorption. .......................................... 82

III.4.1-Matériel végétal.................................................................................... 82

III.4.2-Vieillissement accéléré et détermination de la teneur en eau maximale

.............................................................................................................. 83

III.4.3- Détermination de la teneur en eau monomoléculaire par le modèle

théorique de Brunauer-Emmet-Teller (BET) .......................................... 84

III.4.4-Détermination de la teneur en carbonyls ............................................. 84

III.4.5-Détermination de la teneur en malonaldehyde total (MDA) ................. 85

III.4.6 Influence de la teneur en eau de fin de séchage sur l’acceptabilité du

achu et test de consommation de la pâte de taro .................................. 86

III.5-Etude des variations physicochimiques et rhéologiques de la farine de taro au

cours du stockage. ................................................................................................... 86

III.5.1-Matériel ................................................................................................ 86

III.5.2-Méthodes ............................................................................................. 87

III.5.2.1-Préparation des échantillons ................................................................ 87

CHAPITRE IV: RESULTATS ET DISCUSSION ....................................................... 90

4
IV.1- Propriétés physicochimiques, thermiques et microstructure des poudres

alimentaires de six variétés de taro (Colocasia esculenta) ....................................... 91

IV.1.1-Composition chimiques des farines de taro ......................................... 91

IV.1.2-Paramètres de couleur et isotherme de sorption des farines et amidons

de taro ................................................................................................... 96

IV.1.3-L’Analyse thermique Différentielle (ATD) des farines et amidons ...... 100

IV.1.4-Microstructure et répartition granulométrique des farines et amidons de

taro ...................................................................................................... 102

III.3.5-Spectrophotométrie Infra rouge à transformé de Fourrier .................. 105

IV.1.6-Capacité d’absorption d’eau (CAE) et indice de solubilité (ISE) ........ 108

IV.1.7-Viscosité des farines et amidons de taro ........................................... 112

IV.1.8-Conclusion partielle ........................................................................... 114

IV.2-Modifications physico-chimiques et fonctionnelles pendant la cuisson des

tubercules de taro (Colocasia esculenta L.Schott) ................................................. 115

IV.2-1-Variation des caractéristiques physicochimiques .............................. 115

IV.2-2-Changements des paramètres de texture et des caractéristiques

sensorielles.......................................................................................... 123

IV.2.3-Conclusion partielle ........................................................................... 128

IV.3- Etude de l’influence du mode de cuisson des tubercules et du mode de

reconstitution des pâtes sur le profil textural et l’acceptabilité de la pâte de taro ... 129

IV.3.1-Composition chimique et propriétés physicochimiques des différentes

farines précuites de taro. ..................................................................... 129

IV.3.2- Propriétés rhéologiques des farines précuites et des pâtes

reconstituées ....................................................................................... 137

IV.3.3-Conclusion partielle ........................................................................... 157

5
IV.4- Prédiction du degré favorable de séchage des tranches de taro par l’utilisation

des marqueurs analytiques et de la courbe de sorption. ........................................ 158

IV.4.1-Teneur en eau monomoléculaire théorique et expérimentale ............ 158

IV.4.2-Test d’acceptabilité de la farine de taro. ............................................ 163

IV.4.3-Conclusion partielle ........................................................................... 167

IV.5-Etude des variations physicochimiques et rhéologiques de la farine de taro au

cours du stockage. ................................................................................................. 168

IV.5.1-Variation de la composition chimique au cours du stockage ............. 168

IV.5.2-Variation des caractéristiques physiques des farines au cours du

stockage .............................................................................................. 183

IV.5.4-Conclusion partielle ........................................................................... 193

PERSPECTIVES .................................................................................................... 196

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................... 197

6
ABREVIATIONS

7
LISTE DES ABREVIATIONS

A : Surface de contact, perpendiculaire au flux de la chaleur ;

A280: Absorbance à 280 nm

A420: Absorbance à 420 nm

ACP : Analyse en composante principale

AFNOR : Association Française de Normalisation

BET : Brunauer-Emmet-Teller

BVI : Indice Valeur Bleue

CAEa : Capacité d’absorption d’eau apparente

CAEr : Capacité d’absorption d’eau réelle

CE : Country Coco Ekona

CIE: Commission Internationale de l’Eclairage

CN : Country coco Ngaoundere

DJ: Dose journalière

DNS : Acide 3, 5 dinitrosalicylique

DO : Densité Optique

dQ/dt : Intensité du transfert de chaleur

DSC : Differentiel Scanning calorimetry

dW/dt : Vitesse de séchage ;

FAO : Food Agriculture Organisation

ISE : Indice de solubilité dans l’eau

k : Coefficient de transfert de matière ;

Ks : Coefficient de transfert ¨superficiel¨ de chaleur ;

KW : Kwanfré

MDA : Malondialdehydes

8
MEB : Microscope électronique à balayage

MS : Matière sèche

PPO: Polyphénol-oxydases

Pwa : Pression partielle de vapeur d’eau dans l’atmosphère de séchage.

Pws : Pression partielle de vapeur d’eau à la surface du produit ;

RIE : Reb Ibo Coco Ekona

RIN : Reb Ibo Coco Ngaoundere

RS : Amidons résistants

SS: Cuisson tranche à la vapeur

T0: Température initiale de gélatinisation

Ta : Température de l’air (fluide) ;

Tc : Température finale de gélatinisation

Tp: Température de gélatinisation

Ts : Température à la surface du produit ;

VICS : Vortex Induced Cells Separation

WBT: Cuisson tubercule entier dans l’eau du robinet

WBTL: Cuisson tubercule entier dans la solution de citron

WBTT: Cuisson tubercule entier dans la solution de tamarin

9
CHAPITRE I : INTRODUCTION

10
INTRODUCTION

Le taro (Colocasia esculenta) est une plante herbacée largement cultivée en

Afrique centrale pour son tubercule souterrain. L’utilisation de ce tubercule varie

selon les régions. Au Cameroun, il est utilisé à 80% pour la préparation du "achu"

une pâte épaisse obtenue par cuisson du tubercule dans sa peau, suivi du pelage et

pilage dans un mortier (Lyonga, 1979 ; Njintang, 2003). Au Tchad, en plus de son

utilisation pour la préparation d’une pâte cuite appelée «foufou», ce tubercule est

transformé en farine et en cossettes qui servent à la préparation de la bouillie et des

beignets (Njintang et al., 2000). Le tubercule de taro est pauvre en lipides, protéines

et vitamines, mais il est une source importante de glucides (Tagodoe et al., 1994), de

minéraux spécialement le potassium, le magnésium et le calcium (Bradbury &

Holloway, 1988). Environ 10,4% de mucilage ont été rapporté dans le taro et

joueraient un rôle important dans la rhéologie de la pâte (Nip, 1997). L’amidon de

taro a une bonne digestibilité et son utilisation pour la formulation des aliments pour

enfants a été encouragée (FAO, 1991). L’utilisation de cet amidon dans la fabrication

des films de polyéthylène et comme substituant de lipides a également été rapportée

(Jane et al., 1992).

Malgré l’importance nutritionnelle et technologique du taro ainsi que son rôle

dans la sécurité alimentaire des populations, très peu d’études de valorisation

technologique et post-récolte, lui ont été consacrées. A cet effet, le manque de

technologie post récolte du taro au Cameroun a en partie contribué à la baisse de sa

production qui est passée de 1,7x106 tonnes en 1978 à 0,56x106 tonnes en 1999

(Minagri, 1981; 1999; Njintang, 2003), cette baisse de productivité pourrait

s’expliquer par le fait que le tubercule de taro se conserve difficilement à cause de sa

11
haute teneur en eau. Ceci à pour conséquence la perte de la quasi-totalité de la

récolte des cultivateurs. Au Tchad, le manque d’intérêt par les institutions étatiques

aux technologies traditionnelles limite la consommation des sous-produits de taro

(Njintang et al., 2000). D’autres contraintes associées à l’utilisation du tubercule de

taro sont l’irritation du tubercule mal cuit dans la bouche, qui serait liée à la présence

de cristaux d’oxalate de calcium (Bradbury et Nixon, 1998; Njintang, 2003), le temps

de cuisson généralement élevé (2 à 4h) nécessaire pour éliminer l’irritation (Nip,

1997; Njintang, 2003), le temps élevé du pilage des tubercules qui varie de 1 à 4h en

fonction de la quantité. C’est dans cette problématique que depuis 2000, des travaux

conjoints Tchad-Cameroun sont menés en vue de la production de la farine de taro

pour la préparation de produits dérivés comme la bouillie, la pâte de taro (achu) avec

des caractéristiques proches de celles obtenues par la méthode traditionnelle

(Njintang et al., 2000 ; Soudy, 2002 ; Njintang et Mbofung, 2003a, Njintang et

Mbofung, 2003b ; Njintang, 2003; Njintang et Mbofung, 2006 ; Njintang et al., 2007 ;

Njintang et al., 2007, Njintang et al., 2006 ; Mbofung et al., 2007). Ces études ont

visé trois points principaux:

- La couleur : la plupart des variétés de taro étudiées présentaient un

brunissement dont l’intensité a été corrélée à la présence de phénols et

proanthocyanidines (Njintang et al., 2007) ;

- La texture: la pâte de taro est composée en général de cellules non

fragmentées dispersées dans un gel d’amylose, d’amylopectine et de mucilages

provenant de quelques cellules fragmentées (Njintang, 2003; Njintang et al., 2006 ;

Njintang et al., 2007). L’ensemble de la pâte forme un mélange homogène,

viscoélastique, collant et adhésif;

- La flaveur: pendant la cuisson du tubercule de taro dans sa peau, une flaveur

12
spécifique doit partir de la pelure vers la partie comestible (Njintang et al. 2007 ;

2008). Au stade actuel des travaux, il a été identifié une variété, Ibo coco, qui

présente un brunissement faible, qui irrite peu, et cuit vite. Les résultats ont aussi

montré que pour maintenir les caractéristiques de la pâte traditionnelle, il faut cuire le

tubercule dans sa peau avant de le transformer en farine. Les travaux récents de

Njintang et al. (2007 ; 2008) ont montré que le broyage du tubercule précuit et séché

dans un moulin à marteaux doté d’un tamis de mailles 500µm donne une pâte

possédant une fermeté proche de la pâte traditionnelle. Cependant, la pâte de taro

alors obtenue à partir de cette farine présente des caractéristiques d’élasticité

légèrement différentes de la pâte traditionnelle. La méthode de reconstitution de la

pâte utilisée a été incriminée d’une part, suggérant que l’étude de l’effet de la

méthode de reconstitution sur les caractéristiques de la pâte est à envisager. D’autre

part, le temps de cuisson des tubercules (30min) utilisé dans les études antérieures

a été fixé de façon arbitraire. Or, pour une exploitation rentable du procédé qui

voudrait que la cuisson rapide permet d’économiser en énergie entraînant la

réduction des dépenses liées à la production de la farine, ce temps relativement long

devrait être réduit au minimum. Dans cette perspective de réduction du temps de

cuisson, la préparation des tubercules dans des solutions acides comme le citron, le

tamarin et la cuisson des tranches sont à envisager, l’efficacité de ces procédés

dans la réduction du temps de cuisson ayant été démontrée (Soudy, 2002; Njintang

et Mbofung, 2006 ; Njintang et al., 2008). Toutefois, l’effet de leur utilisation pour la

production de farine, matière première pour la préparation d’achu devra être étudiée.

Un autre aspect de la recherche tout aussi important, mais non encore effectué

dans les études sur le taro est la conservabilité de la farine précuite. Ceci est

d’autant plus important que l’amidon est gélatinisé et donc très susceptible à fixer de

13
l’eau. En effet, cette conservabilité dépend non seulement de facteurs internes au

produit comme l’activité de l’eau, mais aussi des conditions environnementales

(température, humidité, etc.). De nombreux travaux ont montré que l’humidité

d’équilibre en fin de séchage influence non seulement les propriétés d’usage de la

farine (Ferrier et Lopez, 1979), mais aussi l’aptitude à la conservation. À cet effet,

notre problématique est orientée sur l’analyse des paramètres physicochimiques et

rhéologiques qui favoriseraient la cuisson de Ibo coco comparativement aux autres

variétés de taro afin de rentabiliser sa production à grande échelle. À cet égard, les

conditions optimales de production et de conservation de la farine exigent de prime

abord la détermination de la valeur optimale de "l’humidité d’équilibre" à la fin de

séchage.

L’objectif général de ce travail est donc multiple:

(1) Implémenter les données existantes sur la caractérisation physicochimique

du tubercule de taro par la détermination des propriétés physicochimiques et

thermiques des farines et amidons de six variétés de taro (nombre utiliser par

Njintang, (2003) dans ses travaux préliminaires).

(2) Étudier l’influence du mode de cuisson sur les caractéristiques

physicochimiques du tubercule.

(3) Étudier l’influence du mode de cuisson des tubercules et du mode de

reconstitution des pâtes sur le profil textural et l’acceptabilité de la pâte de taro.

(4) Déterminer le degré d’humidité favorable pour un meilleur séchage et

stockage des farines de taro.

(5) Étudier l’influence du mode et du temps de stockage sur les propriétés

physicochimiques et rhéologiques des différentes fractions particulaires de la farine

de taro.

14
CHAPITRE II : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

15
REVUE DE LA LITTERATURE

II.1-Utilisation du taro

Le taro (figure 1) est l'aliment de base traditionnel dans les îles du Pacifique, où on le

transforme en une série de produits alimentaires semblables à ceux décrits pour le

manioc et l’igname (Hong et al., 1990). Il peut être bouilli, frit ou pilé en boule. Le poi

est un aliment dérivé du taro, très populaire aux îles Hawaii et en Polynésie. On le

prépare en faisant cuire à la vapeur les tubercules de taro (figure 2), qui sont ensuite

épluchés, pilés jusqu'à ce qu'ils aient une consistance semi-fluide, et la pâte est

passée à travers une série de passoires, dont la dernière a un diamètre d’environ 0,5

mm. On en fait aussi de la bouillie ou du potage, des chips et de la farine. La farine

de taro présente l'avantage supplémentaire d'être très digestible, c'est pourquoi on la

donne aux malades et on l'emploie comme ingrédient dans les aliments pour

nourrissons (Jane et al., 1992).

Dans le sud du Tchad et en particulier dans le Mayo Kebbi, les tubercules sont pelés,

tranchés puis séchés et transformés sous forme de farine (Njintang, 2000). La farine

composée de taro et de riz est utilisée pour la préparation des aliments tels que le

«fufu» ou de la bouillie, qui servent à l’alimentation des enfants et des adultes. Les

cossettes sèches sont préparées et consommées avec du sucre. Les cendres issues

de l’incinération des épluchures de taro sont utilisées comme sels de cuisine

(Njintang, 2000).

Colocasia esculenta est généralement consommé au Cameroun sous forme d’une

pâte homogène appelée achu (figure 4) (Lyonga, 1979). Dans la préparation de cet

aliment, les tubercules sont préparés pendant 2 à 3 heures de temps, pelés et pilés

dans un mortier (figure 5). Cette pâte est consommée accompagnée d’une sauce

16
très épicée appelée sauce jaune. Cet aliment est d’une très grande valeur socio-

culturelle dans les groupes ethniques Bamiléké et Ngemba de l’ouest et du nord-

ouest du Cameroun respectivement. Pendant longtemps, le «achu» a été réservé

pour des grandes cérémonies et pour des personnalités privilégiées.

II.2-Composition chimique du tubercule de taro

La composition chimique du tubercule de taro a été rapportée par de

nombreux auteurs (Bradbury et Holloways, 1988 ; Njintang, 2003).

Dans toutes les variétés étudiées (tableau 1), le tubercule est essentiellement

riche en glucides avec 60 à 90% (en matière sèche). L’amidon représente environ 73

à 80% de ces glucides (Payne et al., 1941 ; Jane et al., 1992). Le taro apparaît ainsi

comme un aliment principalement énergétique.

Le taux d’amylose est variable (18-24 %). Il dépend notamment de la méthode

de détermination. L’amylopectine représente 16,8-18,4% pour les courts

branchements et 37,2-40,5% pour les longs branchements (Jane et al., 1992). Ces

proportions d’amylose et d’amylopectine sont souvent mises à profit dans l’étude des

propriétés fonctionnelles du tubercule, de la farine ou de la fécule de taro,

notamment la gélatinisation dont le pic de température se situe entre 69 et 72 °C (Nip

et al., 1997). Trèche (1989) a rapporté une température de début de gélatinisation

de 73,5°C et le pic de viscosité est atteint à 80°C.

Le diamètre moyen du granule d’amidon est compris entre 2,6 et 3,76 µm de

forme irrégulière et polygonale. Ces propriétés physiques sont favorables à la bonne

digestibilité de l’amidon.

Les lipides et les protéines sont très peu abondants avec des teneurs qui vont

de 0,23 à 0,52 % et 0,09 à 0,16 % respectivement. Toutefois, les lipides sont

17
extrêmement intéressants à cause de la proportion élevée des acides gras

polyinsaturés.

Le taro contient aussi quelques polysaccharides autre que l’amidon comme

les pectines, les hémicelluloses ainsi que les mucilages de l’ordre de 5,02 à 9,01%

(Tagodoe et al., 1994). L’importante quantité de gommes (mucilages) aurait une

influence considérable sur la qualité culinaire et les propriétés technologiques du taro

telles que la durée de cuisson, la couleur et le processus de séchage des cossettes,

et la consistance de la pâte (Lim et al., 1992).

18
Figure 1: Le taro (Colocasia esculenta)

Figure 2: Tubercules du taro

Figure 3: Feuille du taro

19
Figure 4: Achu (pâte cuite de taro).

Figure 5: Mortier contenant du achu.

20
Tableau 1: Valeur nutritive du poi* cuit, du taro chinois cuit, du poi frais
d’Hawaii et d’Ibo coco du Cameroun
Nutriments
Poi cuit Taro chinois Poi frais Ibo coco
cuit
Teneur en eau (g) 65 62 72 67,81

Calories (kJ) 130 130 120 189,72

Calories lipidiques 4 4 4 2,12

(kJ)

Lipides totaux (g) 1 1 1 0,53

Lipides saturés (g) 0 0 0 0

Cholestérol (mg) 0 0 0 0

Sodium (mg) 10 10 10 110

Glucides totaux (g) 36 36 31 47,78

Sucres (g) 2 2 2 33,4

Fibres (g) 4 4 4 0,35

Protéines (g) 1 1 1 2,66

Vitamine A (% DJ) 0 0 0 /

Vitamine C (% DJ) 14 14 12 /

Calcium (% DJ) 4 4 4 /

Fer (% DJ) 4 4 4 /

Source : Huang (1992); Njintang (2003).

DJ : Dose Journalière (pourcentage)

*poi : pâte fraîche de taro obtenu après pilage et fermentation du tubercule de taro

21
II.3-Transformations technologiques du taro en farine : aspects
fondamentaux

Le taro est un produit très apprécié en zones tropicale et subtropicale, mais sa

consommation sous forme de tubercule frais présente pour les consommateurs

urbains des contraintes fortes liées au caractère saisonnier et périssable du produit.

Ces contraintes le rendent souvent beaucoup plus cher que les autres aliments

amylacés. Dans certains pays, il s’est développé en complément une filière originale

de farine de taro, obtenue à partir de tubercules précuits, séchés et moulus (Vernier

et al., 2000).

En Asie, une large proportion de tubercules de taro est convertie en farine,

utilisée pour l’élaboration des boissons traditionnelles et macaronis (Yen, 1974). En

Inde, les tubercules sont transformés en farine après être blanchis et additionnés au

bisulfate 2,5% (Nip, 1997).

En Afrique, où le fonctionnement de cette filière est resté longtemps mal

connu (Onwueme, 1978), les tubercules frais ou précuits, entiers ou coupés en

morceaux, sont davantage séchés au soleil ou fumés. Pour l’utilisation finale, ils sont

transformés par mouture fine en farine, pouvant servir à la préparation de divers

plats. Cette pratique a été identifiée au Bénin, au Nigeria occidental, au Togo et s’est

approchée progressivement des autres pays de la sous-région d’Afrique centrale,

moyennant les transferts de technologies appropriées. Au Tchad par exemple, la fine

farine obtenue après mouture des cossettes est mélangée à du riz et du sucre pour

la préparation d’une boule appelée «fufu» ou d’une bouillie (Njintang, 2003). Au

Cameroun où la production de la farine de taro est encore peu développée, elle fait

suite aux travaux préliminaires effectués à l’ENSAI de l’Université de Ngaoundéré

(Njintang, 2003 ; aboubakar, 2002 ; Njintang et al., 2006a ; Njintang et al., 2006b ;

22
Njintang et al., 2007a ; Njintang et al., 2007b). Dans tous les cas, trois opérations

fondamentales regroupées en deux procédés généraux régissent la technique de

production de la farine précuite de taro. Ce sont : la cuisson, le séchage et la

mouture.

II.3.1-Procédés culinaires en vue du pré-traitement du tubercule

La cuisson est l'opération par laquelle un aliment est transformé sous l'effet de

la chaleur. Elle a pour objet de rendre digestible une grande variété de produits

naturels (fruits, légumes, racines et tubercules, viandes et poissons, etc…). La

transformation de l’aliment au niveau moléculaire ainsi opérée permet de modifier

l’aspect, la couleur, l’odeur, le goût, la texture, la toxicité ou les qualités nutritives de

l’aliment (Jean, 1994). Elle permet également de détruire les enzymes, les germes et

les parasites susceptibles de détériorer le produit (Fellows, 1988). Le transfert de

chaleur peut se faire par conduction, par convection ou par rayonnement. Les

transformations subies par les aliments peuvent être de nature physique

(évaporation, dilatation, dénaturation des protéines) ou chimiques (ruptures de

liaisons, formation de nouvelles liaisons, caramélisation, réactions de Maillard, etc.)

(Fellows, 1988). En matière de pratiques culinaires, il existe plusieurs modes de

cuisson pouvant être regroupés en deux catégories :

-La cuisson humide qui peut se dérouler à la vapeur ou par ébullition. Dans ce

cas, la solution est la source de chaleur ;

-La cuisson sèche où l’air assure la cuisson.

23
II.3.1.1 Cuisson humide

La cuisson humide consiste en l’immersion du produit dans un grand volume

de solution bouillante. Le temps d’ébullition est variable. Il est court pour les

traitements tels que le blanchiment et long pour la cuisson. La cuisson humide peut

se faire dans l’eau ou dans une autre solution telle que les solutions acides (Soudy,

2001).

Dans le cas de cuisson dans l’eau, les aliments les plus concernés sont les

légumes, les pâtes alimentaires, les céréales, légumineuses, viandes, poissons et

quelques fois les racines et tubercules. Au cours du traitement, on assiste à une

perte de substances solubles de l’aliment vers l’eau de cuisson. En effet, pendant

l’opération, en même temps que l’eau de constitution diffuse, il se produit une

diffusion des solutés propres à l’aliment tels que les vitamines, les sucres, les acides

ou de la matière grasse dans le cas des produits initialement riches en graisses

(Cheftel et Cheftel, 1977). On assiste également à une diffusion des composés

phénoliques, substrat du brunissement enzymatique. Ce qui permet de limiter les

pertes de couleur. Du fait de son action sur l’élimination de la microflore aérobie de

surface, la cuisson dans l’eau a aussi un rôle anti-microbien. Ce qui justifie son

utilisation dans le pré-traitement des tubercules pour la production des cossettes et

farines de bonne qualité, à condition de limiter la durée de traitement pour le

maintien de l’intégrité chimique et structurale de la denrée (Linsinska et Leszczynski,

1989).

La cuisson en milieu acide est un traitement couramment utilisé dans la partie

septentrionale du Cameroun et au Tchad où les tubercules et plusieurs autres

denrées sont généralement cuits dans une infusion de tamarin ou de citron. Cette

24
technique de cuisson présente l’avantage de neutraliser plus rapidement l’âcreté et

l’irritation, par réduction des oxalates en présence d’acide (Soudy, 2001).

II.3.1.2-Cuisson à la vapeur

La cuisson à la vapeur d’eau est un traitement thermique couramment

appliqué aux denrées alimentaires. Elle consiste ordinairement à immerger le produit

pendant un temps (variable avec la nature du produit) dans de la vapeur d’eau au

voisinage de 100°C (Philipon, 1984). Cette technique de cuisson concerne tous les

aliments traditionnellement pochés ou cuits à l’anglaise. Mais elle s’applique aussi à

la décongélation, à la remise et au maintien en température des plats cuisinés à

l’avance, à la cuisson des aliments conditionnés sous vide, au blanchiment de

certaines viandes et de certains légumes. De même, la peau des petits oignons est

facilement enlevée grâce à une simple montée en pression dans un cuiseur à

vapeur. Au regard de la nécessité de limiter les risques de brunissement des

tranches avant séchage, voir du produit séché lui-même, la cuisson à la vapeur a

pour objet de détruire, par la chaleur, les systèmes enzymatiques des denrées

alimentaires notamment les polyphénol-oxydases (PPO). De ce fait, ce mode de

cuisson permet de ralentir fortement les pertes de qualité, notamment de la couleur.

En outre, cette technique de traitement favorise une diffusion modérée des sucres

libres dans la vapeur d’eau. En effet, une forte teneur en sucres réducteurs provoque

un brunissement des tranches au séchage suite aux réactions de Maillard. Les

sucres les plus impliqués sont le glucose et le fructose (Lisinska et Leszczynski,

1989).

25
II.3.2-Procédés de séchage et mouture

II.3.2.1-Le séchage

Le séchage est l’une des plus anciennes méthodes de conservation des

denrées alimentaires. La technique consiste à éliminer par évaporation partiellement

et progressivement l’eau contenue dans les produits (Okos et al., 1992). L’objectif

majeur du séchage est de réduire la teneur en eau du produit. Cette réduction de la

teneur en eau va rendre le produit stable sur une longue période. De même, le

séchage permet la réduction de la masse, du volume, minimisant ainsi que le coût de

l’emballage, du stockage et du transport.

Les mécanismes de séchage sont complexes à décrire car les transferts de

chaleur et de masse y sont étroitement imbriqués. L’apport d’énergie va servir à

augmenter la température du produit et à évaporer l’eau. Il peut être généré par

séchage avec un gaz chaud, par contact avec une surface chauffée ou par

rayonnement. L’eau migre de l’intérieur vers l’extérieur du produit où elle est évacuée

par convection naturelle ou forcée vers le milieu ambiant. Plusieurs théories et

modèles ont été élaborés pour rendre compte de la cinétique de séchage et

appréhender les lois physiques qui contrôlent les transferts. La complexité des

mécanismes mis en jeu et le caractère variable des produits (nature, forme,

propriétés physiques) empêchent de trouver un modèle unique digne de représenter

toutes les situations. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les courbes

caractéristiques de la cinétique des séchages présentent plusieurs étapes qui,

individualisent et au cours d’une même opération, sont contrôlées par différents

phénomènes de transfert. Il est habituel de considérer l’existence d’une succession

d’étapes au cours de l’opération de séchage. Après une période de mise en régime

dite période d’initiation, on observe souvent une période de séchage à vitesse

26
constante, puis une ou deux périodes à allure décroissante.

• Les cossettes de taro

La transformation du taro en cossettes donne un produit intermédiaire

stabilisé, plus facile à conserver que les tubercules frais. Avant consommation, les

cossettes sont concassées puis broyées en farine. Pour la fabrication des cossettes

de taro, les tubercules cuits ou non cuits sont épluchés, découpés et séchés au soleil

ou en utilisant un séchoir électrique (Nip et al., 1997; Njintang, 2003).

Les procédés de séchage peuvent être classés en trois catégories

principales :

- le séchage sous vide : L’évaporation de l’eau est facilitée à pression réduite.

La vapeur d’eau est généralement enlevée par condensation à l’état liquide ou par

aspiration (éjecteur de vapeur).

- la cryo-dessiccation ou lyophilisation : La vapeur d’eau est enlevée le plus

souvent par condensation à l’état de glace.

• La vitesse de séchage

La vitesse de séchage varie pendant le cycle de séchage et reflète les

modifications qui interviennent dans la composition de l’aliment. Au début du

séchage, le transfert de masse est suffisamment rapide et la vitesse de séchage

dépend de la vitesse d’évaporation de l’humidité superficielle. La teneur en eau

critique est atteinte lorsque le flux de liquide de l’intérieur vers la surface n’est plus

suffisant pour maintenir la surface humide. L’aliment atteint un degré hygrométrique

d’équilibre lorsque sa teneur en eau tombe à un niveau où il n’y a plus d’échange

entre l’air et la surface.

27
La vitesse de chacune des phases du séchage dépend en grande partie des

caractéristiques propres de l’aliment.

Une teneur élevée en eau accélère la vitesse initiale de séchage. Une

concentration élevée en constituants polymériques tels que protéines, amidons

(surtout gélatinisé) et en sucres amorphes augmente la proportion d’eau liée et

prolonge la deuxième phase du séchage (Cheftel et Cheftel, 1977). Avec les

pommes de terre par exemple, on n’observe pratiquement pas de phase de

déshydratation à vitesse constante. Au contraire, les sels, les sucres cristallins, et les

lipides n’absorbent que très peu d’eau : la première phase du séchage (phase à

vitesse constante) peut alors prendre proportionnellement plus d’importance. Le

transfert de vapeur d’eau pendant la première phase du séchage est proportionnel à

l’étendue de la surface de l’aliment. Deux demi-tranches sécheront donc environ

1,33 fois plus vite qu’une tranche unique de même poids (Cheftel et Cheftel, 1977).

Le fractionnement des aliments favorise encore plus vite la vitesse de séchage.

Toutefois, une vitesse raisonnable de séchage ne peut être obtenue que pour une

épaisseur de produit inférieure à environ 5 cm, étant donnée la sensibilité thermique

des aliments et la température maximale utilisable.

Par ailleurs, les paramètres du séchage influencent de façon notable la qualité

des aliments déshydratés.

- La perte par évaporation des substances aromatiques volatiles dépend non

seulement de la faible masse moléculaire et de la pression de vapeur d’eau de ces

substances, mais surtout de leur solubilité dans l’eau.

- La diminution de la capacité de rétention d’eau qui se manifeste à la

réhydratation peut être due à une dénaturation et à une agrégation des constituants

polymériques (protéines en particulier) sous l’effet de la chaleur, de l’augmentation

28
de la concentration en sels et de la désorption d’eau ou encore de la destruction des

gels (pectines, amidons).

- La perte de valeur nutritionnelle : certaines vitamines (A et C) peuvent être

partiellement détruites par oxydation au cours du séchage par l’air chaud. L’addition

de sulfites ou d’acides peut provoquer une baisse de cette oxydation.

- La réduction du nombre de micro-organismes résultant des opérations de

déshydratation est faible. Dans certains cas, la température de séchage favorise

même la croissance de micro-organismes. L’inactivation des enzymes n’est

également que partielle. Pour ces raisons, on effectue souvent un broyage ou une

mouture fine des tranches séchées préalables au stockage.

II.3.2.2-La mouture

Un programme de farines instantanées n'est viable que si l'industrie meunière

est capable de produire des quantités suffisantes de farines de haute qualité à partir

des productions végétales locales. Les différentes céréales sont moulues de manière

différente. La farine de blé est normalement obtenue à l'aide de cylindres, le taux

d'extraction se situant entre 73 et 85% (Bricas et al., 1997). La farine de riz destinée

à l’utilisation ménagère est généralement obtenue en broyant des grains blanchis ou

des brisures de riz blanchies dans des moulins à percussion ou à cylindres.

Contrastant avec ces procédés relativement sophistiqués, les procédés actuels de

mouture mis en oeuvre pour obtenir des farines ménagères de maïs, de sorgho ou

de mil font normalement appel aux moulins à percussion. Ces appareils n'autorisent

qu'un décorticage et un dégermage partiel. Les farines ainsi obtenues sont impropres

à la confection de pain, de pâtes ou de biscuits. De nombreuses tentatives ont été

envisagées en vue d'améliorer la technologie de mouture des mils, des sorghos et

29
des cossettes de tubercules séchés. Des progrès considérables ont été obtenus à

l'échelon pilote, permettant l'obtention de farines de haute qualité.

La farine de cossette ou «télibo-lifin» au Bénin est obtenue par concassage

puis mouture fine des cossettes d’igname séchées. Les concasseurs mécaniques

utilisés au Bénin sont des broyeurs à marteaux mobiles de fabrication artisanale et

donnant des morceaux de la taille maximum d’un grain de maïs. Des essais

concluants de concassage dans des broyeurs industriels, identique à ceux

classiquement utilisés pour la mouture des céréales, mais équipés de tamis à très

gros trous ont été réalisés au Nord-Cameroun. Les morceaux de cossettes issus de

ce concassage sont ensuite réduits en farine à l’aide d’un moulin à meules ou d’un

broyeur à marteau équipé d’un tamis fin (Bricas et al., 1997).

Les farines précuites de taro ont également été reportées au Nigeria. Dans ce

cas, les cossettes ou « achicha » sont pilées dans un mortier pour obtenir des

morceaux de faible taille. Ces morceaux sont par la suite réduits en farine à l’aide

d’un broyeur à marteau doté d’un tamis fin. Le rendement est de 24% avec une

teneur en eau de 11% (Nip, 1997).

La première caractéristique importante d'une farine est sa granulométrie, qui

doit être voisine de celle de la farine de blé, de préférence inférieure à 130 microns,

de façon à empêcher une séparation durant le transport et le stockage. Les farines

obtenues sont bien entendu périssables.

30
II.4-Conservation des produits alimentaires déshydratés

La conservation des aliments déshydratés dépend de plusieurs facteurs, dont

le principal est l’étalement de la consommation des produits récoltés ou transformés

ponctuellement dans l’année. En plus de l’étalement s’ajoutent de nombreux facteurs

socio-économiques dont l’importance pour le revenu des paysans est énorme.

Lorsqu’on regarde ces phénomènes de plus près, on constate qu’entre une

production localisée sur un laps de temps très court, et une consommation annuelle,

une partie non négligeable (certains auteurs parlent de plus de 30%) de produits

disparaît à la suite de diverses dégradations (Bradbury and Holloway, 1988) Le

stockage des produits alimentaires déshydratés n’est donc pas une opération neutre.

II.4.1-Quelques techniques de préservation et susceptibilité à la

dégradation

Diverses réactions de détérioration peuvent se produire au cours du stockage

des aliments à l’état déshydraté : développement d’insectes, en premier lieu, contre

lequel des précautions générales d’hygiène, ainsi qu’un emballage protecteur, sont

nécessaires ; croissance de certains microorganismes, ensuite, qui ne peut se faire

qu’à l’occasion d’une reprise d’humidité. Un emballage imperméable à la vapeur

d’eau, ou la conservation dans des conditions hygrométriques convenables, sont

donc nécessaires, du fait de l’hygroscopicité des aliments déshydratés (Cheftel et

Cheftel, 1977). Avec les grains de céréales et les farines stockées en silos, un

transfert localisé d’humidité peut entraîner le développement de moisissures. Pour

empêcher de tels transferts, les silos sont souvent isolés thermiquement.

À l’état déshydraté, les réactions enzymatiques, le brunissement non

enzymatique, diverses réactions d’hydrolyse, la recristallisation des sucres avec

31
prise en masse (cas courant de certaines poudres), ne se produit que très lentement,

à condition bien entendu que le bas niveau de l’aw atteint à la fin du séchage soit

maintenu à l’aide d’un emballage approprié. Il est important également que la

température d’entreposage reste inférieure à 25°C pour la conservation sous

atmosphère ambiant ou proche de 4°C pour la conservation froide (Cheftel et

Cheftel, 1977).

En raison de leur fragilité, les aliments déshydratés, notamment les poudres

doivent être protégées aussi contre les chocs. Mais ce sont surtout les facteurs

physico-chimiques et microbiologiques qui gouvernent la stabilité des aliments

pendant la conservation.

II.4.2-Facteurs physicochimiques influençant la stabilité des aliments au

cours du stockage

Plusieurs facteurs influencent la stabilité des aliments au cours de leur

conservation, aussi bien chez les paysans qu’à l’industrie alimentaire. Ces facteurs

sont généralement liés à l’aliment ou à son environnement.

II.4.2.1-Les facteurs liés à l’aliment

• L’activité de l’eau

L'activité de l'eau (aw) indique la disponibilité de l'eau d'un milieu pour des

réactions chimiques, biochimiques, un changement d'état ou un transfert au travers

d'une membrane semi perméable.

L’activité de l’eau (aw) correspond au rapport entre la pression de vapeur

d’eau de l’aliment (pression de vapeur d'eau à la surface du produit) et la pression de

vapeur de l’eau pure à la même température Ø° :

Pression de l’eau dans l’aliment à Ø°


aW = 32
Pression de l’eau dans l’aliment à Ø°
(1)

La valeur de l'activité varie entre 0 (produit sec au point que toute l’eau est liée

à l’aliment, et donc sans qualité réactive) et 1 (eau pure et sans soluté, difficile à

atteindre et surtout à maintenir).

L'aw d'une solution peut être calculée par la formule de RAOULT :

aw = n1/(n1 + n2) (2)

n1 est le nombre de moles du solvant (eau);

n2 est le nombre de moles du soluté.

L'activité de l'eau d'un aliment dépend de la température. Un changement de

10°C peut causer un changement dans l'aw de 0,03 à 0,2 dépendant du type du

produit. Ainsi, la modification de la température peut avoir un effet sur la stabilité

d'un produit et joue un rôle important dans la conservation d'un produit dans un

emballage hermétique. La notion d’activité de l’eau revêt une importance

considérable dans la détermination de la vitesse des réactions d’altération des

aliments au cours de la conservation. De nombreux chercheurs ont montré

l’influence de ce paramètre sur les réactions enzymatiques (Acker, 1969), les

oxydations lipidiques des aliments (Quast et Karel, 1972), le brunissement non

enzymatique (Eichner et Karel, 1972), etc. La plupart de ces réactions ont tendance

à diminuer de vitesse en dessous d’une gamme intermédiaire d’aw allant de 0,75 à

0,85 (Owen et Steven, 1996). En général, les farines tirées des céréales et

33
tubercules séchés ont une aw très faible pour permettre un développement

microbien. Toutefois, de mauvaises conditions de stockage (locaux humides,

denrées exposées à fortes variations de température, et par conséquent à des

condensations d’humidité, voisinage avec des produits pouvant céder de l’humidité)

peuvent amener l’aw au dessus de 0,70 et rendre possible le développement des

moisissures. On observera par exemple la prolifération de Staphylococcus aureus et

de plusieurs moisissures sur la farine de riz et des légumes secs, une fois que l’aw

est ramenée à 0,80-0,87 (Mossel, 1975).

Une humidification encore plus forte va permettre le développement de

levures et des bactéries; mais il faut des circonstances exceptionnelles : par

exemple, aux aw les plus élevées, ce sont toutefois les bactéries qui prennent en

général le dessus, car elles prolifèrent plus vite que les levures et les moisissures

(excepté aux pH acides) (Cheftel et Cheftel,1977). Pour une espèce donnée,

l’intervalle de l’ aw permettant le développement est plus étendu lorsque les autres

conditions du milieu sont optimales.

• Teneur en eau

La teneur en eau, ou l'humidité, d'un aliment est la quantité d'eau perdue par

la substance lorsqu'on l'amène en équilibre vrai avec une pression de vapeur nulle

(Humidité relative égale à 0%). La quantité d'eau perdue est constituée de l'eau fixée

par des liaisons hydrogènes (eau de sorption, eau retenue par effet capillaire ou

osmotique, eau des solutions, eau occluse dans des mailles cristallines et eau de

cristallisation (hydrate); l'eau chimiquement liée par des liaisons covalentes est

exclue. La teneur en eau d'un échantillon d'aliment s'exprime en % de la masse

34
d'eau rapportée, soit à la masse de matière sèche contenue dans l'échantillon, soit à

la masse totale de la matière humide de l'échantillon.

Il existe une relation mais non parfaite entre la teneur en eau des aliments à

une température transitoire précise et leur périssabilité au cours de la conservation.

Ainsi, les processus de concentration et de déshydratation sont souvent menés dans

le but de baisser la teneur en eau de l’aliment tout en augmentant simultanément la

concentration des solutés et par là diminuer son caractère périssable (Owen et

Steven, 1996). Ce paramètre renseigne par ailleurs sur les propriétés physiques des

aliments congelés ou séchés, sur les conditions appropriées de séchage, sur les

changements physiques entraînant la cristallisation, la recristallisation, la

gélatinisation et la rétrogradation de l’amidon, sur d’autres réactions chimiques telles

les hydrolyses et sur la sécurité microbiologique des aliments.

En pratique, la teneur en eau des graines de céréales ou des cossettes

d’igname la plus favorable au stockage est de 10-15% (Cheftel et Cheftel, 1977 ;

Vernier et al., 2000). Une teneur en eau inférieure à 9% peut être nécessaire pour un

entreposage prolongé à une température supérieure à 20°C (Cheftel et Cheftel,

1977). Vernier et al. (2000) rapportent qu’en général, la conservation des farines

requiert une teneur en eau idéale de 13%. Au dessus de ce seuil, il peut y avoir

développement des moisissures, en dessous, c’est l’oxydation des lipides qui

pourrait être favorable.

Dans tous les cas, la stabilité de l’aliment et sa sécurité ne peuvent être

prévisibles à partir de la seule notion de teneur en eau, car il a été observé que

plusieurs types d’aliments ayant la même teneur en eau diffèrent significativement

par leur degré d’altération (Owen, 1996). Cette situation est due en partie à l’état de

l’eau présente dans l’aliment. En effet, les constituants chimiques présents dans

35
l’aliment peuvent fixer partiellement l’eau et diminuer sa capacité à se vaporiser et

probablement sa réactivité chimique, augmentant parallèlement sa capacité à

supporter les activités dégradatrices telles que la prolifération des moisissures et les

réactions chimiques hydrolytiques (Cheftel et Cheftel, 1977). Ainsi, le fait que l’aw

soit utilisée dans la régulation des bonnes pratiques manufacturières des aliments

aux Etats-Unis atteste son utilité et sa crédibilité (Johnson et Lin, 1987).

• La composition de l’aliment

La composition du produit est un important facteur de stabilité car elle

détermine les réactifs disponibles pour les transformations chimiques et/ou

enzymatiques. Son importance du point de vue de la qualité des produits relève de la

relation qui existe entre la composition du matériel brut (matière première) et celle du

produit fini. Par exemple, la manière par laquelle les tubercules sont traités

(blanchiment, cuisson, séchage) ou tenus après la récolte (exposition aux

températures élevées qui entraînent des modifications physiologiques telles que la

perte d’eau causée par la respiration et la transpiration, le durcissement et la

décoloration) peut influencer la teneur en sucres et groupements aminés et par

conséquent, le degré de brunissement de la farine dérivée (Njintang et Mbofung,

2003). De même, la manière par laquelle la farine est produite (par exemple la

cuisson et le séchage prolongés aux températures élevées qui modifient

profondément l’amidon) peut également influencer la stabilité au stockage et à la

conservation notamment en modifiant la capacité d’absorption de l’eau, la résistance,

la flaveur et la couleur de celle-ci. De plus, le mélange d’agents conservateurs

comme le sel et le sucre cause des interactions inattendues dans l’aliment. Par

36
exemple, la vitesse d’oxydation peut augmenter ou diminuer selon le taux de sel

présent (Owen et Steven, 1996).

La plupart des germes qui interviennent dans l’altération des aliments trouvent

en général dans ceux-ci tous les nutriments nécessaires pour leur croissance

(sources d’énergie, source d’azote, facteurs de croissance, sels apportant divers

éléments chimiques indispensables). Glucides, lipides et protides peuvent tous servir

comme sources d’énergie et les facteurs de croissance indispensables sont surtout

les vitamines du groupe B, et des acides aminés que certaines espèces sont

incapables de synthétiser (Cheftel et Cheftel, 1977).

• Le pH

Le pH est une autre variable qui influence les vitesses de plusieurs réactions

chimiques et enzymatiques dans les aliments conservés. Les valeurs extrêmes de

pH sont souvent requises pour inhiber la croissance microbienne ou les processus

enzymatiques (Owen et Steven, 1996). De nombreuses moisissures se développent

à des pH de 2,0 ou supérieurs à 9,0 ; les levures entre pH 2,5 et pH 8,5 ; rares sont

en revanche les bactéries capables de proliférer à des pH inférieurs à 4,5 ou proches

de 4,0 (Cheftel et Cheftel, 1977). Dans les processus enzymatiques, les conditions

de pH extrêmes peuvent induire une accélération des réactions catalysées par des

bases ou par des acides. D’autre part, une moindre variation de pH pourrait causer

de profonds changements de la qualité de certains aliments. À titre d’illustration, les

aliments pauvres en protéines tels que les légumes verts, sont moins tamponnés que

la viande et le poisson, et se laissent acidifier plus facilement. A côté de ces facteurs

liés aux produits, l’environnement de celui-ci n’est pas à négliger.

37
II.4.2.2-Les facteurs liés à l’environnement

• La température

La température semble être le facteur extrinsèque le plus important pendant le

stockage des aliments à cause de son large spectre d’influence sur tous les types de

réactions chimiques et les altérations pouvant survenir à l’aliment (Cheftel et Cheftel,

1977). L’effet de la température sur une réaction de détérioration (représentée par sa

constante de vitesse K) peut être estimé à partir de l’équation d’Arrhenius (K=K0 xe-
E/RT
) (3) (Mc Weeny, 1968). À une certaine température, l’enzyme peut perdre son

activité, ou la voie de la réaction peut changer ou être influencée par d’autres

réactions. De même, l’état physique du système peut changer ou encore, plusieurs

réactifs peuvent devenir défectueux. Ce changement d’état varie en fonction des

matériaux qui constituent l’aliment. D’où la nécessité de connaître le comportement

ou la rhéologie des aliments.

II.5-Propriétés rhéologiques des aliments


La rhéologie est la science qui étudie et décrit l’écoulement, la déformation et

la rupture d’un corps sous l’effet d’une contrainte. Un aliment est un matériau sur

lequel on peut mesurer les propriétés rhéologiques (Sherman, 1979; Prentrice,

1984).

II.5.1-Intérêts des mesures rhéologiques

La mesure des propriétés rhéologiques d’un aliment permet de prévoir le

comportement mécanique de l’aliment au cours des différentes étapes de

transformation. Les propriétés rhéologiques sont également à l’origine des

38
comportements perçus lors de l’évaluation sensorielle de la texture (Sherman, 1979;

Prentrice, 1984).

II.5.2-Texture des aliments

La texture est l’ensemble des propriétés rhéologiques et de structures

perceptibles par les mécanorécepteurs, les récepteurs tactiles, visuels et auditifs.

Elle représente une propriété de l’aliment perçue sur le plan sensoriel et qui évolue

depuis la mise en bouche jusqu’à la formation du bol alimentaire propice à la

déglutition (AFNOR, 1995). Les mesures des caractéristiques texturales de la pâte

peuvent se faire de manière mécanique ou sensorielle.

II.5.3- Méthodes mécaniques de mesure des propriétés rhéologiques des

aliments

Pour caractériser le comportement rhéologique des aliments solides, on

soumet généralement ceux-ci à une contrainte (force par unité de surface) et l’on

enregistre la manière dont ils se déforment. Les profils obtenus permettent de

caractériser le comportement rhéologique de l’aliment en fonction des conditions

expérimentales. Les principales techniques mécaniques de mesure des propriétés

rhéologiques des aliments sont : la pénétrometrie, la compression, la flexion,

l’étirement, et le cisaillement. Les machines les plus utilisées pour les réaliser sont :

General Food Texturometer (General Food); Machine Universelle d’Essais

(INSTRON); Food Technology Corporation Texture Press (Food Technology

Corporation) et Ottawa Texture Measuring System (Ottawa) (Sherman, 1979;

Prentice, 1984).

39
II.5.3.1-Test de pénétration

La pénétration est la résistance à l’enfoncement d’une matière par un corps

pénétrant. Le test de pénétration est certainement le plus ancien test de mesure de

la texture. Il consiste à faire pénétrer dans l’aliment une sonde ou une aiguille et à

mesurer la force nécessaire pour atteindre une certaine profondeur. Ce test est très

utilisé pour évaluer les propriétés mécaniques des fruits et légumes (Sherman, 1979;

Prentice, 1984). Le graphe enregistré présente la force (exprimé en N) nécessaire

pour atteindre une certaine profondeur en fonction du temps.

II.5.3.2-Test de compression

Le test de compression consiste à mesurer la résistance que présente un

aliment à la compression qui lui est appliquée. Il permet également de déterminer le

module d’élasticité qui correspond au rapport de la contrainte appliquée à la

déformation de l’échantillon. La compression peut s’effectuer entre deux plaques, par

l’air comprimé ou par une bille (Sherman, 1979; Prentice, 1984).

II.5.3.3-Analyse instrumentale du profil de texture

L’analyse instrumentale du profil de texture d’un aliment permet d’obtenir

plusieurs paramètres texturaux ayant une corrélation avec certains paramètres

d’appréciations sensorielles. Le test à deux morsures est très utilisé dans le cas des

fruits et légumes. Pour cela, un échantillon est soumis à deux déformations. Il est

bien adapté à l’étude de la simulation de la morsure des canines (pénétration) ou de

la morsure des molaires ou encore du sens du toucher (compression).

40
II.6. État des connaissances sur la production et l’utilisation de la farine de

taro

Les travaux de recherche, menés entre 1999 et aujourd’hui, ont été

développés dans une thématique liée à la mise au point d’une poudre alimentaire

pour la préparation d’un aliment local. Au stade actuel, une denrée alimentaire (le

taro, Colocasia esculenta) a été visée pour la préparation d’un aliment de grande

consommation au Cameroun, le achu (tubercule de taro cuit et pilé). Ces travaux ont

permis de développer un procédé de production de farine dont le produit est non

seulement bien accepté par les consommateurs, mais aussi a des caractéristiques

qui ne sont pas significativement différentes de celles des aliments faits par les

ménagères. Sur un plan plus fondamental, ces travaux ont permis de comprendre les

mécanismes de brunissement et d’irritation du tubercule de taro, la fonctionnalité des

farines notamment en réhydratation, les comportements viscoélastiques et

l’acceptabilité du achu, ainsi que leur relation avec les facteurs comme la taille

particulaire, la température de séchage des tubercules et des graines, la quantité

d’eau à la réhydratation, le mode de réhydratation, et le comportement des

consommateurs.

En somme, ces travaux se sont orientés vers le développement et l’étude des

propriétés physicochimiques de la poudre de taro et de niébé et du produit

alimentaire (achu) élaboré à partir de cette poudre. L'objectif principal de ces travaux

a été d'étudier l’influence des procédés sur les propriétés physicochimiques,

biochimiques et nutritionnelles de la poudre, et de relier ces grandeurs aux propriétés

d'usage recherchées. Plus spécifiquement, les sujets de recherche suivants ont été

menés:

41
II.6.1. Étude des caractéristiques du achu et des contraintes liées à la

production et l’utilisation de la farine de taro pour sa préparation

II.6.1.1. Etude du brunissement

Ce travail mené sur 6 écotypes de taro en provenance de 4 localités du

Cameroun et du Tchad a permis de relever que le degré et le type de brunissement

dans le taro dépend de l’écotype utilisé avec en général, une implication forte des

proanthocyanidines. Ainsi, il a été montré que les écotypes Kwanfre, country

Ngaoundéré et sosso Tchad présentent les brunissements les plus élevés alors que

les écotypes Ibo Ngaoundéré, Ibo Ekona et country Ngaoundéré ont les

brunissements les plus faibles. L’écotype Kwanfre qui a le taux de brunissement le

plus élevé a présenté principalement un brunissement de type enzymatique qui s’est

observé pendant le pelage et accentué pendant le séchage des tranches; l’écotype

Sosso du Tchad a présenté un brunissement de type non enzymatique

(probablement à médiation phénolique) qui s’est observé après la cuisson du

tubercule dans sa peau, pelage et pilage. Les autres types de brunissement (réaction

de type maillard) ont été observés pendant la cuisson des farines. L’analyse

biochimique a montré que l’écotype Kwanfré présente le taux de phénols totaux le

plus élevé (70,3 mg d’acide gallique/100g) alors que l’écotype Sosso du Tchad

présente les taux d’amines libres et de sucres réducteurs les plus élevés. Une

corrélation linéaire significative (r=0.86 ; p<0,05) a été observée entre la teneur en

phénols totaux et le degré de brunissement de la farine pendant la reconstitution. Par

ailleurs, une corrélation significative a été observée entre les groupements amines et

le degré de brunissement. D’autre part, il a été observé une corrélation linéaire

significative (r=0,91 ; p<0,05) entre le degré de brunissement et la teneur en

proanthocyanidine. Quel que soit les cas, il est apparu de ces travaux que le

42
brunissement est très faible dans les écotypes Country Ekona, ibo coco Ngaoundéré

et ibo Coco Ekona. Ainsi, il apparaît que le brunissement de la farine de taro résulte

de multiples mécanismes qui sont d’ordre enzymatiques et non enzymatiques. Ces

brunissements surviennent à plusieurs niveaux :

- pendant le pelage et tranchage, et observé dans l’écotype kwanfré, le

brunissement est essentiellement d’ordre enzymatique; pendant le séchage des

tranches non cuites, le brunissement enzymatique continue, mais est renforcé par la

réaction de Maillard entre les groupes amines libres et les sucres réducteurs. Ce

dernier type a été observé de façon plus ou moins intense dans les différents

écotypes de taro. Pendant le séchage, l’oxydation à médiation non enzymatique des

composés phénoliques suivie de leur polymérisation pourrait également être

impliquée dans le brunissement. Bien évidemment, le brunissement enzymatique

serait également incriminé dans le changement de couleur des tranches ;

- Pendant le pilage des tubercules cuits, on a observé un brunissement intense,

particulièrement dans la variété Sosso Tchad. Ce type de brunissement souvent

observé dans la pomme de terre résulterait de la réaction entre les composés

phénoliques et les ions métalliques comme le Fe. D’autre part, l’oxydation et la

polymérisation des phénols une fois en contact avec l’oxygène pourront également

être envisagées.

Le brunissement constitue un problème à l’utilisation de la farine de taro dans

ce sens que la pâte de taro doit avoir une couleur d’un blanc à beige. À cet effet, il a

été montré une corrélation significative négative entre le degré de brunissement et

l’acceptabilité de la pâte. C’est à ce titre que l’écotype de taro Ibo coco qui présente

un brunissement faible a été sélectionné comme matière première pour la production

de la farine de taro. Toutefois, des études sont actuellement envisagées afin de

43
comprendre les mécanismes de brunissement dans les variétés de taro. Cette étude

est d’une importance capitale dans ce sens que l’écotype de taro Sosso cultivé au

Tchad est sujet à des brunissements qu’il est important de maîtriser et de résoudre

afin de mettre à la disposition des populations tchadiennes une farine acceptée. Une

enquête menée en 2000 au Tchad a en effet montré que le Tchad est un grand

producteur de taro, et que dans toute la partie sud du Tchad, le taro aurait supplanté

la culture de coton. En outre, le taro est transformé par les populations locales en

multiples produits que sont les cossettes, la farine qui sert à la préparation des

bouillies et de la boule. Cependant, ces aliments de couleur sombre sont très peu

acceptés. C’est à ce titre que la farine de taro développée sur l’écotype Ibo coco par

notre laboratoire et soumise à la population tchadienne a été acceptée à 100%.

II.6.2. Étude de l’irritation

L’irritation est un des problèmes majeurs associés à l’utilisation de la farine de

taro. Selon les données de la littérature (Nip, 1997), l’irritation qui résulte du toucher

ou de la consommation du tubercule de taro frais serait due à la présence de cristaux

d’oxalate de calcium. Les cristaux d’oxalate de calcium responsables de l’irritation

sont sous la forme d’aiguilles appelées raphides. Ces cristaux sont empaquetés dans

des cellules appelées idioblastes. Il a également été montré que les cristaux

d’oxalate existent sous forme de rosettes. Les travaux de Njintang (2003) ont

confirmé ces résultats de la littérature et ont montré d’avantage que les raphides

peuvent être éjectés d’une ou des extrémités des idioblastes lorsqu’une simple

pression est exercée sur cette cellule. Ces idioblastes dits défensifs sont différents

des idioblastes dits non défensifs qui n’éjectent pas de raphides. D’autre part, la

cuisson inhibe l’éjection des raphides, mais le pilage peut détruire l’idioblaste et

44
libérer les raphides. L’analyse infra rouge a confirmé la nature carbonatée des

oxalates, avec la présence de structure aminée suggérant la présence d’amine. Ceci

semble confirmer les analyses d’autres auteurs qui ont indiquées la présence de

protéase dans les idioblastes défensives, et qui serait responsable de l’éjection. Le

séchage et le broyage des tranches entraînent une libération des raphides dans la

pâte, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la texture. À l’opposé, une cuisson

préalable des tubercules avant séchage et broyage limite l’éjection des raphides et

garantie probablement la bonne texture de la pâte. À côté des cristaux d’oxalate de

calcium qui sont insolubles, l’on rencontre également dans le taro l’oxalate sous

forme soluble. Les taux élevés d’oxalate de calcium solubles sont susceptibles

d’augmenter chez le consommateur l’apport exogène d’oxalate et par conséquent, la

formation de calculs urinaires.

Une étude spectroscopique infra rouge des oxalates de calcium en rosette,

des raphides isolées des idioblastes défensifs et non défensifs est envisageable. De

même, une étude de la variation d’oxalate soluble et insoluble pendant les processus

de préparation de la pâte est envisagée.

II.6.3. Contrainte texturale et élaboration de la stratégie de production de

la poudre de taro

La texture du achu représente un des paramètres déterminants pour son

acceptabilité. Une analyse microscopique du achu a montré que le tubercule de taro

est un ensemble de cellules contenant des granules d’amidon entre lesquelles sont

dispersées les protéines. Les idioblastes apparaissent dans l’espace intercellulaire.

Lorsque le tubercule est cuit, les granules absorbent de l’eau et remplissent toute la

45
cellule. Cependant, le poids du tubercule est relativement stable pendant la cuisson

et toute augmentation ne dépasse pas les 3%. Lorsque le tubercule cuit est pilé, les

cellules contenant l’amidon gélatinisé sont séparées, on obtient alors une sorte

particules cellulaires mouillées. En effet, la cuisson dans l’eau fragilise le ciment

intercellulaire et facilite la séparation des cellules. C’est cette propriété qui a été

utilisée par le Institute of Food Research (IFR, Norwich, UK) pour développer la

technique de Vortex Induced cell separation (VICS) qui détermine le degré de

séparation cellulaire proportionnel au temps de cuisson. Lorsque le pilage est

prolongé, certaines cellules libèrent leur contenu de granule d’amidon, les amidons

sont par la suite détruits et leur contenu en amylose et amylopectine libéré. Le achu

en fin de pilage est alors un gel d’amylose et d’amylopectine dans lequel sont

dispersées les cellules contenant les cellules d’amidon gélatinisé. L’analyse

rhéologique a montré que le achu décrit un comportement viscoélastique. Lorsque la

farine est utilisée pour préparer la pâte par cuisson dans l’eau bouillante, le gel qui

en résulte est constitué de cellules entières détruites. Dans ce cas, le achu est un gel

d’amylose et d’amylopectine contenant des fragments de parois cellulaires. La

conservation de l’intégrité de la cellule dans le cas de la cuisson du tubercule est liée

à la contrainte physique qui s’impose dans le tubercule. En effet, dans le tubercule,

les amidons ne peuvent gonfler et avoir une taille au-delà de celle de la cellule,

contrairement aux granules exposées dans la farine qui gonflent et éclatent pendant

la cuisson. Sur le plan physicochimique, les pâtes résultant des deux modes de

cuisson montrent des différences significatives. C’est à ce titre que les farines

obtenues par séchage et broyage de ces pâtes ont montré une capacité d’absorption

d’eau, une densité massique, un indice de solubilité et une indice valeur bleue

significativement plus élevée pour la pâte faite à partir de la farine comparée à la

46
pâte obtenue par la méthode traditionnelle. Ces observations ont permis de tirer

quelques conclusions quant à la production de la farine de taro pour la préparation

du achu :

- Le tubercule peut être tranché et séché et les tranches sèches peuvent alors

être cuites et pilées (procédé de séchage avant cuisson). Dans ces conditions, la

gélatinisation des amidons dans les tranches pourrait être similaire à celle observée

dans le tubercule. D’autre part, les tranches peuvent être cuites avant d’être séchées

(procédé de cuisson avant séchage).

- Le tubercule peut être cuit entièrement, tranché, séché et broyé. La farine

précuite qui en résulte est simplement reconstituée dans l’eau bouillante pour obtenir

le achu.

Ces études ont été menées dans le but de définir le procédé le mieux adapté

à la production de la farine de taro, matière première pour la préparation du achu.

II.6.4. Étude de l’utilisation des tranches de taro pour la préparation du

achu

II.6.4.1. Procédé de cuisson des tranches avant séchage

La cuisson des tranches a été suivie par la détermination du degré de

gélatinisation par la méthode de l’indice valeur bleue. Selon les courbes de

gélatinisation obtenues, il apparaît que le degré de gélatinisation de l’amidon des

tranches de taro varie avec le temps suivant un modèle de cinétique d’ordre 1. La

constante de vitesse de gélatinisation augmente avec la température de cuisson et

baisse avec l’épaisseur de la tranche. De même, cette constante varie avec la

température selon le modèle mathématique d’arrhénius. C’est à ce titre que l’énergie

d’activation de la gélatinisation des tranches de taro a été déterminée et les résultats

47
obtenus ont montré qu’elle augmente avec l’épaisseur de la tranche. Ceci est

évident, d’autant plus que les tranches de grande épaisseur ont besoin d’énergie

plus élevée pour atteindre les granules d’amidon au cœur de la tranche. Il a par

ailleurs été observé une corrélation linéaire parfaite entre l’épaisseur de la tranche et

l’énergie d’activation. Si la gélatinisation de l’amidon représente la principale

modification que l’on observe pendant la cuisson des produits amylacés, il n’en

demeure pas moins que d’autres modifications notamment le transfert de matières

des tranches vers l’eau de cuisson se déroule et sont très susceptibles d’affecter la

qualité des farines. C’est à ce titre que la variation de la teneur en sucres réducteurs

et composés phénoliques, deux composés impliqués dans le brunissement de la

pâte de taro a été étudiée. Il en est ressorti que la diffusion des composés

phénoliques et des sucres réducteurs suit une cinétique d’ordre 1. Bien évidemment,

la constante de diffusion augmente avec la température de cuisson et baisse avec

l’épaisseur des tranches. Dans le cas des composés phénoliques, on a observé que

la teneur initiale en composés phénoliques générée par le model ne varie pas

significativement, ni avec la température de cuisson, ni avec l’épaisseur des

tranches. À l’opposé, la teneur initiale en sucres réducteurs générée par le model de

diffusion utilisé a été élevé à la température 90°C pour les tranches d’épaisseur

0,5cm. Ceci suggère pour ces tranches, une production des sucres réducteurs

pendant la cuisson et par conséquent, une constante de diffusion anormalement

élevée.

Après la cuisson, les tranches doivent être séchées avant le broyage pour obtenir

la farine. Du fait que la gélatinisation induite par la cuisson est susceptible

d’influencer le séchage et les caractéristiques de la farine, une étude de l’influence

du degré de gélatinisation a été menée. La cinétique de séchage des tranches ainsi

48
obtenue a été effectuée dans un séchoir à convection. La cinétique de séchage a été

suivie par la mesure de la perte de masse et le calcul du coefficient de transfert

d’eau. Il est apparu que le séchage des tranches de taro suit un modèle de cinétique

présentant 2 phases de vitesse décroissante. La rupture entre les deux phases se

situe à la teneur en eau 1-2 g/100g et le temps pour atteindre cette zone de rupture

varie avec le degré de gélatinisation et la température de séchage. Il a été observé

globalement une réduction de la constante de vitesse de séchage avec le degré de

gélatinisation quelque soit la phase de séchage utilisée. Toutefois, avec

l’augmentation du degré de gélatinisation, on a observé une diminution de la

constante pour les gélatinisations < 45%, et une augmentation de la constante pour

les gélatinisations >45%. Pour ce qui est de l’effet de la température de séchage, on

a observé une augmentation de la constante avec la température, selon le modèle

d’arrhénius. L’énergie d’activation, les valeurs Z et Q10 calculées n’ont pas montré de

relation linéaire avec le degré de gélatinisation. Ceci suggère que la cuisson des

tranches dans l’eau aurait facilité la dissolution dans l’eau de cuisson de l’amylose à

la suite de la gélatinisation. D’autre part, l’indice valeur bleue des farines qui en ont

résulté a permis de mettre en évidence la formation d’amidon résistant dans les

farines gélatinisées comparativement aux farines crues. Enfin, cette étude a révélé

un effet de la gélatinisation sur le brunissement alors qu’aucun effet significatif de la

température n’a été observé sur la couleur des farines.

Il a été observé qu’une reconstitution de la farine gélatinisée donnait une pâte

brune et dure. L’essai de réhydratation des tranches précuites suivi du pilage n’a pas

permis d’obtenir une pâte homogène du fait de la forte dureté des tranches. L’objectif

initial à travers ce procédé qui était celui de réduire le brunissement en facilitant la

diffusion des initiateurs comme les sucres réducteurs et les composés phénoliques

49
n’a pas été atteint, d’autant plus qu’en plus de la perte de molécules comme

l’amylose et les mucilages dans l’eau de cuisson, le brunissement a augmenté avec

le degré de gélatinisation. Selon Nip (1997), les mucilages de taro, composés très

solubles dans l’eau, joueraient un rôle important dans la texture de la pâte.

II.6.4.2. Procédé de séchage des tranches avant cuisson

Dans cette étude, les tranches ont été utilisées pour préparer la boule qui a

été comparée à la boule faite par la méthode traditionnelle. Il est ressorti des

résultats que le brunissement représente un problème majeur d’utilisation des

tranches. La pâte résultant des tranches a montré une texture fibreuse caractérisée

par une capacité d’absorption d’eau, un indice valeur bleu et une densité de farine

plus faible. Ce résultat a montré que le séchage avant cuisson induit également une

perte de l’aptitude à absorber de l’eau, et donc à gélatiniser. À ce titre, une

acceptabilité faible de la pâte a été obtenue pour la pâte faite à partir des tranches.

50
CHAPITRE III : MATERIEL ET METHODES

51
MATERIEL ET METHODES

III.1-Propriétés physicochimiques, thermiques et microstructure des

poudres alimentaires de six variétés de taro

III.1.1-Echantillonnage et production des poudres alimentaires (farines et

amidons)

Les farines et les amidons de taro ont été produits suivant la figure 6. Six

variétés de tubercules de taro codées (WCN=White Country Coco Ngaoundéré,

WCE= White Country Coco Ekona, RIE=Red Ibo Coco Ekona, RIN=Red Ibo coco

Ngaoundéré, KW1=Kwanfré 1, KW2=Kwanfré 2) ont été utilisées pour l'étude. Ils ont

été récoltés entre 8 et 9 mois de maturité dans un champ paysan à proximité de

l’Université de Ngaoundéré. Les tubercules ont été lavés à l’eau du robinet, épluchés

et calibrés pour enlever les échantillons défectueux. Les tubercules ont été découpés

en tranches de 0,3 cm en utilisant un couteau de cuisine inox (Stainless steel) et

séchés dans un séchoir électrique à convection air forcé de type CK-2000 à 50°C ±

2°C. Les tranches sèches ont été d'abord broyées par un moulin à marteau (polymix

de Culatti, France) doté d’un tamis de 500µm. Les farines ont ensuite été divisées en

deux lots : un premier lot a été conditionné dans des sachets en polyéthylène et

maintenue dans un réfrigérateur à 4°C avant l'utilisation tandis que le deuxième lot a

été utilisé pour l'isolement de l'amidon.

III.1.2-Extraction de l’amidon de taro

L’extraction des amidons a été effectuée par la méthode de Singh et al. (1989).

Pour ce faire, la farine de taro (100g) a été trempée dans de l'eau (3L) à 35°C pendant

12h. La pâte obtenue a été homogénéisée pendant 30 min à l'aide d'un mixeur

52
commercial (moulinex modèle, France). La suspension obtenue a été filtrée à travers un

tamis de 150 µm de maille et le surnageant a été laissé au repos pendant 12h pour

décantation. L'amidon brut a été alors collecté après deux rinçages. Le culot a été

séché pendant 48h à 50°C et l’amidon obtenu a été soigneusement conditionné dans

des sachets en polyéthylène secs et stockés à 4°C jusqu'à utilisation. Le rendement de

l'extraction de l'amidon a été évalué par la méthode gravimétrique de Singh et al.

(1989).

53
Tubercule de taro
(Six variétés)

Parage + Lavage
(eau du robinet)

Pélage + Tranchage
(Couteau Inox)

Séchage à 45°C
24 h

Cossettes séchées

Broyage 500µm
(Culatti polimix)

Farines

Amidons

Figure 6: Schéma de production des farines et amidons de taro.

54
III.1.3-Analyse chimique et de quelques minéraux

III.1.3.1-Détermination de la teneur en eau

La détermination de la teneur en eau a été effectuée par la méthode AOAC

(1990) basée sur la mesure de la perte en masse des échantillons après étuvage à

105 ± 2°C jusqu’à élimination complète de l’eau libre et des matières volatiles. Le

creuset séché à l’étuve a été refroidi dans un dessiccateur et taré (M0). Une masse

d’échantillon de 1g a été introduite dans le creuset (M1) et séchée à l’étuve à 105 ±

2°C pendant 24h jusqu’à obtention d’une masse constante. L’échantillon a été

refroidi dans le dessiccateur et pesé (M2).

La teneur en eau a été calculée suivant la relation :

Taux d’humidité (TH)= ((M1-M2)/(M1-M0)) x 100

M0 : poids du creuset à vide

M1 : poids du creuset contenant le matériel à sécher

M2 : Poids de l’ensemble creuset et produit après étuvage

III.1.3.2-Détermination de la teneur en lipides totaux

La teneur en lipides totaux a été déterminée par la méthode utilisant

l’extraction à chaud au soxhlet décrite par Bourely (1982).

• Mode opératoire

Les farines et les amidons séchés à l’étuve à 105 °C ont été introduits dans

les sachets de papier filtre numérotés, séchés et tarés. L’extraction de l’huile est faite

au soxhlet avec l’hexane pendant une durée de 12h. La teneur en lipides totaux est

calculée par rapport à la matière sèche par la différence de poids du sachet avant et

après l’extraction complète. La teneur en lipides pour 100g d’échantillon sec est

donnée par la formule suivante :

55
Lipides (%) = [(P1 - P)/(P1 –P2)] x 100. (4)

D’où P1 est le poids du sachet plein renfermant la prise d’essai avant extraction;

P est le poids du sachet plein renfermant la prise d’essai après extraction d’huile;

P1 est le poids du sachet de papier filtre vide ;

M2 est la masse en gramme de la capsule contenant la prise d’essai après étuvage.

III.1.3.3-Détermination de la teneur en cendres

Pour déterminer la teneur en cendres des farines et des amidons de taro, la

matière sèche des farines est incinérée dans un four à moufle à 550°C jusqu’à

obtention des cendres blanches après 48h (Wolff, 1972). Le taux de cendres est

exprimé par rapport à 100g de produit sec par la relation :

Cendres (%) = [(M3 – M1) / (M2- M1)] x 100 (5)

D’où M1 est la masse en gramme de la capsule vide;

M2 est la masse de la capsule + masse de la prise d’essai séchée à 105 °C à l’étuve;

M3 est la masse de la capsule contenant le résidu après incinération.

III.1.3.4-Dosage des protéines totales

Les échantillons secs de farines et d’amidons sont minéralisés dans des

matras de Kjeldahl (AFNOR, 1984) et l’azote est dosé à l’aide d’un appareil semi-

automatique GEHARDT (Paris, France). La teneur en protéines brutes est obtenue

en multipliant la teneur en azote par le facteur conventionnel de 6,25 (FAO / WHO,

1978).

56
• Mode opératoire

Un gramme d'échantillon est introduit dans un matras de Kjeldahl, puis 2mL

d'acide sulfurique concentré et une pincée de catalyseur de minéralisation (Na2SO4 +

CaSO4+ Se) y sont ajoutés. La minéralisation se fait sur une rampe électrique à

400°C. Le liquide de minéralisation devient incolore au bout de 2h.

Dans l'appareil à distiller semi-automatique Gerhardt (Vapodest 4S, Paris

France), le contenu du matras de Kjeldahl est additionné de lessive de soude (soude

10 N). Il se produit la réaction suivante :

(NH4)2SO4 + 2 NaOH Na2SO4 + 1/2H2O + 2NH3

L'ammoniac dégagé se combine instantanément avec la vapeur d'eau pour

donner l'hydroxyde d'ammonium. Celui-ci, entraîné par la vapeur, se condense dans

le réfrigérant et est finalement récupéré dans une solution d'acide borique contenant

un indicateur coloré (vert de bromocrésol et rouge de méthyle (3%; p/v)), vert en

milieu alcalin et rose en milieu acide. Il se forme le borate d'ammonium selon la

réaction :
+ -
NH3 + 2H3BO3 NH4 + H2BO3 + H3BO3

La solution vire au vert à cause du caractère alcalin du borate. Lors du dosage

semi- automatique, ce sel est déplacé par un acide fort (H2SO4, 0,01 N), et le sulfate

d'ammonium est alors reformé selon la réaction:


-
2NH4+ H2BO3 + 2H2SO4 H2SO4+ (NH4)2SO4+ 2H2BO3

Le moindre excès d'acide sulfurique provoque le virage au rose de la solution.

Le volume de H2SO4 (0,01N) versé correspond à l'ammonium contenu dans le tube

de départ. Un essai à blanc (sans échantillon) est effectué dans les mêmes

conditions.

57
Le pourcentage d’azote dans la matière sèche est déduit de la formule :
-3
% N = [(V1-V0) x 0,14 x 10 x 100] x 100 / m. (6)

Avec : V1 = volume de H2SO4 utilisé pour la titration de l’échantillon;

V0 = volume de H2SO4 utilisé pour la titration de l’essai à blanc;

m = masse de l’échantillon.

La teneur en protéines brutes (totales) est calculée en utilisant le facteur de

conversion de l’azote en protéines qui est de 6,25 (FAO / WHO, 1978).

Trois essais sont réalisés sur un même échantillon.

III.1.3.5-Dosage des sucres disponibles et solubles

Les sucres disponibles et les sucres solubles des farines et amidons de taro

ont été extraits après hydrolyse sulfurique de la matière sèche délipidée, et dosés

par la méthode colorimétrique utilisant le DNS (Acide 3, 5 dinitrosalicylique) selon

Miller, Blum, Glennon & Burton (1960) améliorée par Bailey et al. (1992) et par

Njintang et al. (2003).

• Principe du dosage des sucres par le DNS

Les sucres solubles ont été extraits dans de l’eau distillée et dosés par la
méthode de Fisher et Stein (1961), utilisant l’acide 3, 5 dinitrosalicylique (DNS).
Principe
L’acide 3, 5 dinitrosalicylique (DNS) forme par réduction en milieu alcalin un
complexe marron lorsqu’il est chauffé en présence des sucres solubles. L’intensité
de la coloration développée à 540nm est utilisée pour quantifier les sucres présents.

58
COOH COOH

OH OH

O2N NO2 O2N HN2

Acide dinitrosalicylique oxydé Acide dinitrosalicylique réduit


(jaune) (marron)

• Extraction et dosage

Une prise d’essai de 100mg de farine a été dispersée dans 20mL d’eau

distillée et agitée vigoureusement pendant 30min à température ambiante. Après

centrifugation (3000 trs/min), le surnageant a été récupéré dans une fiole jaugée de

50mL. Le volume a été ajusté à 50mL avec de l’eau distillée. L’étalonnage a été

préparé à partir du glucose.

Les résultats ont été exprimés en gramme de glucose pour 100g de produits

secs (g/100g M.S) à partir de l’équation de régression établie avec la gamme de

glucose de 0 à 2 mg/mL.

III.1.3.6-Dosage des Minéraux

La teneur en minéraux (Ca, Na, Mg, K, Mn, Fe) a été déterminée par

spectroscopie d’absorption atomique après solubilisation des cendres de 1g de farine

en milieu acide. Les cendres sont traitées avec 10mL d’acide chlorhydrique puis

complétées avec 100 mL d’eau. L’appareil utilisé est un spectromètre d’absorption

atomique AAS 1100 (Perkin-Elmer, USA) alimenté par une flamme air-acétylène.

Pour l’extraction du Ca et du Mg, on ajoute 10mL de chlorure de lanthane (18g

d’oxyde de lanthane + 250 mL d’HCl concentré dans 100 mL d’eau distillée) avant de

compléter la fiole jusqu’au trait de jauge avec de l’eau distillée.

59
III.1.4- Analyse thermique Différentielle et détermination de la teneur en

amylose

La teneur en amylose a été analysée selon la méthode utilisant l’analyse

thermique différentielle décrite par Mestre et al. (1996). L’analyse thermique

Différentielle (ATD ou DSC : « Differential Scanning Calorimetry ») permet de

déterminer les variations d’énergie liées à un changement d’état. L’analyse est dite

« différentielle » car le flux énergétique mesuré au niveau de l’échantillon est

soustrait à celui d’un point de référence constitué par une capsule vide. Un balayage

de température permet donc de déterminer la température correspondant aux

changements d’état, ainsi que la quantité d’énergie dégagée (transformation

exothermique) ou consommée (transformation endothermique) lors du changement

d’état.

Les thermogrammes de DSC des amidons et les farines de taro ont été

enregistrés sur un Perkin-Elmer Pyris1 modèle (Perkin-Elmer Corp Norwalk, USA)

avec une vitesse de chauffage de 5°C/min et un balayage de température de 25-

98°C. Les amidons, les farines ou de l'amylose ont été dispersés dans de l’eau

distillée (1:3, w/v) dans une capsule d'aluminium hermétiquement scellé. L’appareil a

été calibré pour la température et la mesure d'enthalpie avec de l'indium, et une

capsule vide a été utilisée comme référence. Le logiciel Pyris 1 a été employé pour

calculer la capacité de chaleur et pour intégrer les pics. Les températures de début et

de fin de gélatinisation ont été déterminées par l'intersection des tangentes adaptées

aux flancs principaux et secondaires du pic avec la ligne de base.

60
Les analyses ont été réalisées avec un colorimètre différentiel Perkin-Elmer,

modèle Pyris I (Perkin-Elmer Corp., Norwalk, USA), commandé par le logiciel Pyris 1.

Le calibrage a été effectué avec l’indium (∆H = 28,43 J/g).

Une masse d’échantillon d’environ 3mg est placée dans une capsule en

aluminium de 50µL, puis mélangée à 9mL d’eau distillée. L’ensemble est scellé et

maintenue à la température ambiante à 25°C pendant 15min, pour permettre une

bonne homogénéisation. La capsule ainsi scellée est placée et maintenue pendant

15 minutes, puis chauffée jusqu’à 95°C à une vitesse de 5°C/min.

Les enthalpies de fusion (∆H) ont été calculées par intégration de l’aire totale
du pic de fusion.

La teneur en amylose a été calculée en utilisant l'équation :

A × ∆Η 1
Amylose(%) = 100 × (6)
∆Η 2 × S

où A et S sont respectivement les poids de l'amylose et de l'échantillon standard

utilisés dans l'expérience, ∆H1 et ∆H2 leur changement respectif d'enthalpie.

III.1.5-Détermination des paramètres de couleur des poudres

alimentaires

La blancheur d’une farine est une caractéristique essentielle de sa qualité.

Pour cette raison, les mesures de la couleur de l'amidon ont été effectuées en

utilisant un Chromamètre CR210 (Minolta, France). La couleur est un attribut

perceptif, subjectif, élaboré dans notre système visuel à partir de la lumière renvoyée

par les objets et par leur environnement. La colorimétrie consiste en un ensemble de

données et de méthodes permettant de quantifier la couleur objective. L’espace

61
chromatique CIE L, a*, b*, définit par la Commission Internationale de l’Eclairage

(CIE) est un espace à trois dimensions approximativement uniforme du point de vue

des écarts chromatiques (Robertson, 1977). Les trois coordonnées de CIELAB sont

des correspondants approximatifs de la luminance (L*), de la balance «rouge-vert»

(a*) et de la balance «jaune-bleu» (b*) (Figure 7).

Blanc
L = 100
Vert (a-)
Jaune (b+)

Bleu (b-)

Rouge (a+)

Noir
L=0

Figure 7: Espace chromatique CIE L*a*b*

62
III.1.6-Analyse granulométrique des poudres alimentaires (farines et

amidons) de taro et propriétés d'empattage

La taille des particules a une influence sur ses propriétés d’hydratations et


thermiques. Il est donc important de bien connaître les caractéristiques
granulométriques des farines et amidons pour comprendre et maîtriser tous leurs
paramètres d’hydratation et de gélatinisation.

• Principe

La taille moyenne et la distribution granulométrique des particules ont été

déterminées à l’aide d’un granulomètre laser. La granulométrie laser repose sur la

diffusion statique de la lumière. D’après la théorie de Fraunhofer, une telle diffusion

est observée lorsque le diamètre des particules est cinq fois supérieur à la longueur

d’onde du faisceau incident. La quantité de lumière diffusée et l’importance de l’angle

de déviation dépendent de la taille des particules. Ainsi, les grosses particules

dévient des quantités importantes de lumière aux petits angles, alors que les petites

particules dévient les quantités infimes de lumière aux grands angles. En assimilant

les particules à des sphères lisses, l’angle de diffusion θ est relié aux diamètres des

particules d par les équations proposées par la théorie de Mie. L’intensité des

photons détectés aux différentes tranches d’angle de diffusion permet de déduire le

nombre de particules correspondant à chaque classe de taille.

63
• Mode opératoire

La mesure de la distribution de taille des farines et des amidons a été réalisée

avec un granulomètre de type Mastesizer modèle S (instruments de Malvern, Orsay).

Cet appareil permet de mesurer le pourcentage de particules de farine et d'amidon

distribuées dans les classes de grandeur choisies pour la mesure de poudre

sèche/distribution de particules comme décrit par Njintang et al. (2006a). L’utilisation

de la lentille 300RF permet de mesurer des tailles comprises entre 0,05 et 900µm. Le

faisceau laser, issu d’un tube à gaz Hélium Néon, a une puissance de 5mW et une

longueur d’onde de 632,8nm. Les données brutes provenant de l’unité optique sont

traitées par le logiciel Sizer Sv2.17(Malvern Instrument, Orsay) afin de calculer la

taille des particules. Cinq mesures par dispersion sont réalisées à une minute

d’intervalle et deux dispersions sont utilisées par échantillon.

III.1.7-Détermination de l’isotherme de sorption et de désorption des

poudres alimentaires de taro

Les isothermes de sorption-désorption d’eau sont des données majeures de la

technologie alimentaire. Ces courbes traduisent macroscopiquement les états

thermodynamiques de l’eau (eau solvant, eau non solvant). Les isothermes de

sorption et de désorption de l'amidon de taro ont été déterminées à 20°C selon la

méthode gravimétrique statique de Wolf et al. (1985). Les isothermes de désorption

ont été déterminées sur des échantillons approximativement hydratés jusqu’à 30% à

température ambiante. Des échantillons de 1 ± 0,02g ont été pesés dans les bocaux

pesés au préalable. L’ensemble a été mis dans des hygrostats avec sept solutions

de sel saturées (LiCl, Mgcl2, K2CO3, NaBr, NaCl, KCl) employées pour obtenir les

environnements constants d'activités de l'eau entre 0,1 et 0,9 (Bell et Labuza, 2000).

64
Tous les sels utilisés étaient dans la gamme choisie. Aux activités de l’eau élevée

(aw > 0,70), l’azide de sodium (0,2g.L-1) a été augmentée dans les hygrostats pour

empêcher la détérioration microbienne des farines et des amidons. Les hygrostats

ont été maintenus dans un milieu thermostaté à 20 ± 0,2°C. Les échantillons ont été

pesés tous les trois jours. L'équilibre a été reconnu quand trois mesures

consécutives de poids ont montré à une différence de moins de 0,001g. La teneur en

humidité de chaque échantillon a été déterminée par la méthode du four (AACC,

1990) (105°C pour 24h) et a été exprimée comme la moyenne de trois répétitions. La

courbe résultante d'adsorption a été examinée selon le modèle d'Oswin de

l'adsorption donc la forme générale est :

M (g/g) =A. [aw (1-aw)]c (7)

Les constantes A (g.g-1) et C ont été déterminées selon Chetana et al. (2005).

III.1.8- Analyse microstructurale des granules d'amidon par microscopie

électronique à balayage (MEB)

Principe

Un faisceau très fin d’électrons accélérés à une tension de 10 à 30 kV balaie

la surface d’un échantillon où se produisent des interactions détectées par un

capteur. Les électrons secondaires et/ou rétrodiffusés sont recueillis, en

synchronisant la détection (mesure d’une intensité) au balayage du faisceau incident.

On obtient ainsi une image de la surface. Le contraste dépend du type d’électrons

sélectionnés, de la tension d’accélération choisie et de la nature des atomes

présents.

On distingue les contrastes suivants :

65
-Le contraste topographique est lié aux taux d’électrons secondaires et à

leur accès au détecteur, en fonction de la topographie. On parle de «contraste

d’angle», pour distinguer par exemple, les bords d’une sphère où les pointes

apparaissent plus brillants et où les trous apparaissent sombres.

-Le contraste chimique est lié au facteur de diffusion de l’atome et donc au

numéro atomique. Plus l’atome est lourd, plus le nombre d’électrons rétrodiffusés

augmente et plus la zone correspondante sera brillante.

Protocole expérimental

La morphologie de granule a été examinée à l'aide du microscope

électronique à balayage (MEB). Pour se faire, une couche mince de granule

d'amidon a été montée sur le support de spécimen d'aluminium. Le support de

spécimen a été chargé dans un Emitech K550 pulvérisant le dispositif d'enduction

(Emitech, Ashford, R-U). Il a été enduit du palladium d'or, avec une épaisseur

environ de 30nm. La microscopie électronique à balayage a été effectuée en utilisant

un Hitachi S2500 actionné à une tension d’accélération de 10 kV.

III.1.9-Détermination de la capacité d'absorption d'eau et l’indice de

solubilité dans l'eau des farines et des amidons de taro

Pour la détermination de la capacité d’absorption d’eau et l’indice de solubilité,

0,5g d'échantillon a été mélangé à 10 mL d'eau distillée et incubé pendant 15min

dans un bain marie à agitateur (Kottermann, Allemagne) et maintenu à une

température variant entre 20 et 90°C. L’ensemble a été centrifugé à 5000 trs/min

pendant 30min. Le culot et le surnageant ont été séchés à 105°C pour 12h. La

capacité d'absorption d'eau et l'indice de solubilité dans l'eau ont été respectivement

évalués selon Phillips et al. (1988), et Anderson et al. (1969).

66
III.1.10-Analyse spectroscopique infrarouge des farines et des amidons

de taro

La spectroscopie infrarouge est une technique d’analyse physico-chimique

qui sonde les liaisons covalentes entre les atomes et leurs arrangements. Cette

méthode permet d’accéder directement à l’information moléculaire, à la nature

chimique et à l’organisation structurale du matériau (Pelletier, 1999). La

spectroscopie infrarouge à transformé de Fourier (FT-IR) a été employée pour

évaluer des différences structurales dans des échantillons. Les spectres de FT-IR

ont été enregistrés en mode d'absorbance de 4000 à 400cm-1. Le détecteur utilisé

est de type DTGS (Sulfate de Triglycine Deutérée). Une accumulation de 32 spectres

est réalisée par échantillon et la résolution est de 4cm-1. Les échantillons sont dilués

dans des pastilles de KBr (transparentes aux infrarouges), dans les proportions des

5 mg d’échantillon pour 95 mg de KBr. Dix répliques ont été rassemblées pour

chaque échantillon. Les spectres obtenus ont été transférés dans un paquet

d'analyse de données. Le logiciel utilisé pour cette analyse est OPUS NT 3.2 de

Brüker.

III.1.11-Analyse rhéologique des farines et amidons de taro

Au cours du phénomène de gélatinisation, l’amidon absorbe de l’eau, gonfle et

éclate. Son contenu en amylose se verse dans le milieu extracellulaire et forme un

gel qui possède des propriétés d’écoulement. Ces propriétés d’écoulement varient

en fonction de la température. Les propriétés d’écoulement ont été ainsi

déterminées. A cet effet, 2,5 mg de farine ou d’amidon ont été mélangés à 100 mL

d’eau distillée. L’ensemble a été mélangé et chauffé à 80°C pendant 10 min. Après

incubation à température ambiante pendant 1h, la solution a été placée entre deux

67
plaques d’un rhéomètre rotatif à contrainte imposée (Rheologica Stresstech, UK). La

plaque supérieure étant caractérisée par un cône de 40 mm de diamètre et 4° de

dénivellation (c40/4). Un temps de 5 min a été observé pour permettre un équilibrage

en température à 25°C. Après ce temps d’équilibre, l’écoulement de la solution a été

analysé en fixant un gap de 1mm. Une contrainte de 0 à 200s-1 a été imposée

pendant 300s.

III.2- Modifications physico-chimiques et fonctionnelles pendant la

cuisson des tubercules de taro (Colocasia esculenta L. Schott)

III.2-1-Matériel végétal

La variété de tubercule localement appelée « Ibo coco », utilisée dans cette

étude a été récoltée dans un champ de paysan à proximité de l’Université de

Ngaoundéré (Adamaoua-Cameroun). Les tubercules ont été lavés à l'eau du robinet

avant utilisation. Les tubercules utilisés présentent les caractéristiques physiques

suivantes telles que déterminées selon Baryeh (2001):

-La masse : 85,2±12,9 g ;

-La longueur : 7,6±1,2 cm ;

-La largeur et l’épaisseur : 4,7±0,7 cm ;

-Le diamètre géométrique : 5,4± 0,7 cm ;

-La sphéricité : 0,70±0,10.

Le schéma général du travail est donné à la figure 14.

68
III.2-2-Préparation des tubercules

La préparation des tubercules a été effectuée dans une marmite à pression

d’une capacité de 12 L. Les tubercules ainsi nettoyés ont été divisés en 4 groupes.

Les trois premiers groupes ont été cuits pendant 0, 5, 10, 15, 20 et 25 minutes dans

trois types de solution. Le premier processus a été effectué dans 1500 mL d'eau, le

second dans une solution de citron (Citrus sp) à la proportion de 1:3 (w/v) et le

troisième dans une solution de tamarin (Tamarindus indica) à la proportion de 1:3

(w/v). Le dernier groupe a été découpé en tranches et cuit à la vapeur.

69
Tubercules frais de taro

Parage et lavage

Cuisson solution Cuisson solution Cuisson eau Cuisson vapeur


Tamarin (Tamarindus Citron (Citrus sp) Robinet (0-25 (0-25 min)
indica) (0-25 min) (0-25min) min)

Tubercules cuits

Tranchage

Séchage solaire

Cosettes séchées

Broyage (500µm)

Farine de taro

Figure 8: Production des farines précuites de taro à partir des tubercules cuits
dans différentes solutions.

70
III.2-3- Production de la farine

Après prétraitement des tubercules tel que présenté à la figure 14, les

différentes farines ont été produites. Dans la procédure de production des farines,

tous les tubercules cuits aux différents temps suscités ont été épluchés et découpés

en tranches. Les tranches issues de tous les prétraitements ont alors été séchées

dans un séchoir solaire, broyées à l’aide d’un moulin à marteaux (Culatti polymix)

équipé d’un tamis de 500 µm, et les farines obtenues ont été emballées et stockées

pour des analyses ultérieures.

III.2-4- Evaluation physicochimique des tubercules de taro pendant la

cuisson

III.2-4-1- Evaluation des sucres réducteurs

Les sucres réducteurs ont été extraits dans l’eau distillée et la teneur

déterminée selon le protocole décrit au paragraphe III. 1.3.5

III.2-4-2-Détermination des protéines solubles

La solubilité des protéines a été déterminée suivant la méthode d’Oshodi et

Ekperigin (1989). Selon cette méthode, à 0,5 g de farine, nous avons ajouté 9 mL

d’eau distillée et l’ensemble a été maintenu sous agitation pendant 30 minutes.

Après 45 minutes, le volume de la solution a été complété à 10 mL avec de l’eau

distillée. La solution ainsi obtenue a été centrifugée à 5600 trs/min pendant 30

minutes à l’aide d’une centrifugeuse de type Bioblock Compsas. Le surnageant a été

récupéré et les protéines dosées par la méthode colorimétrique modifiée de Lowry et

al. (1951).

71
III.2-4-3-Détermination de la teneur en amidons résistants

La teneur en amidon résistant dans les farines a été déterminée par la

méthode de Goni et al. (1996). Une masse d’échantillon de 100 mg a été dispersée

dans une solution de pepsine (1 mg/mL) et incubée pendant 60 min à 40°C pour

éliminer les protéines. L’amidon a été hydrolysé par addition de 40 mg d’alpha-

amylase suivie d’une incubation à 37°C pendant 16 h. Les hydrolysats ont été

centrifugés et les surnageants rejetés. L’amidon résistant a été déterminé dans le

culot par dispersion de celui-ci dans 6 mL de KOH 2M et agitée vigoureusement

pendant 30 min à température ambiante. L’amidon solubilisé a été ensuite hydrolysé

par addition de 60 µL d’amyloglucosidase d’Aspergillus niger et une incubation à

60°C pendant 45 min dans un bain-marie agité. Après centrifugation (3000 g, 10

min), la concentration de glucose dans le surnageant a été déterminée par la

méthode de Fischer et Stein (1961) utilisant l’acide 3, 5 dinitrosalicylique (DNS).

L’absorbance a été lue à 540 nm et la concentration en glucose a été convertie en

teneur en amidon grâce au facteur de multiplication 0,9.

III.2-4-4- Détermination de la teneur en oxalate

La teneur en oxalates totaux a été déterminée par titrassions à chaud d’extrait

d’échantillon à l’aide d’une solution de KMnO4 (0,01 M) (Ukpabi et al., 1989). Dans la

procédure, environ 0,5g d’échantillon sec et broyé a été introduit dans une fiole de

100 mL contenant 76 mL d’eau distillée et 4 mL de HCl 6 N. Le mélange a été

chauffé au bain-marie bouillant pendant 1 h, refroidi dans un bain de glace et le

volume ajusté jusqu’au trait de jauge avec de l’eau distillée. Après une première

72
filtration, 2 aliquotes de 40 mL ont été introduits dans 2 béchers qui ont reçu chacun

20 mL de HCl 6 N. Le mélange a été évaporé jusqu’à la moitié du volume initial et

filtré. Le précipité retenu sur le papier filtre a été lavé plusieurs fois à l’eau chaude

jusqu’à obtention d’un volume d’environ 60 mL. Le filtrat obtenu a ensuite reçu 3

gouttes de rouge de méthyle et de l’ammoniaque 25% jusqu’à l’obtention d’une

coloration faiblement jaune. La solution a par la suite été portée à ébullition dans un

bain-marie, refroidie dans un bac à glace et filtrée pour enlever le précipité d’ions

ferreux. Le filtrat obtenu a été bouilli, puis 5 mL de CaCl2 5% y ont été ajoutés sous

agitation constante et laissé au repos pendant une nuit. Il a ensuite été filtré et le

précipité d’oxalate de calcium retenu sur le papier a été transféré dans un bécher

avec de l’eau distillée et de l’acide sulfurique 25% jusqu’à dissolution complète. Pour

précipiter les métaux lourds, 5 mL du réactif tungstophosphonate ont été ajoutés

dans les extraits acidifiés et le mélange a été centrifugé à 5000 trs/min pendant 15

min. Le surnageant a par la suite été titré à chaud sous agitation constante avec une

solution de permanganate de potassium 0,05 M. Un témoin a été réalisé

parallèlement et l’étalonnage s’est fait au moyen d’une solution d’acide oxalique 0,2

M.

III.2-4-5- Détermination de l’Indice valeur bleue

L’indice valeur bleue a été déterminé selon la procédure décrite par Njintang

et al. (1999). Dans cette méthode, 0,5 g de farine a été suspendu dans 10 mL d’eau

distillée contenue dans des tubes à centrifuger et l’ensemble agité pendant 15 min

avant d’être centrifugé à 5000 trs/min pendant 15 min. Un volume du surnageant (1

mL) a été mélangé à 2 mL d’une solution d’iode (préparée comme suit : 50 mg d’iode

et 500 mg d’iodure de potassium dans 1 L d’eau distillée) et l’absorbance lue à 640

73
nm. L'indice valeur bleue a été calculé en équivalent de D.O pour 100g de matière

sèche.

III.2-4-6- Détermination des produits intermédiaires et finaux des

réactions de Maillard

La formation des produits intermédiaires de la réaction Maillard sur la farine

faite à partir des tubercules cuits a été contrôlée par absorbance à 280 nm (A280)

tandis que la formation des produits dérivés de la réaction de maillard a été analysée

par des mesures de l'absorbance à 420 nm (A420). Les mesures ont été faites sur

un extrait obtenu en mélangeant 0,5 g de farine de taro à 10 mL d'eau distillée

pendant 10 min. La suspension a été agitée pendant 15 min à l’aide d’un agitateur

mécanique de type KS 10 et centrifugée à 5000rpm pendant 15min à l’aide d’une

centrifugeuse Bioblock MLWT scientifique. 62.1. Les surnageants ont été récupérés

et les absorbances à 280 (A280) et 420 nm (A420) ont été lues sur un

spectrophotomètre type Spectronic Genesys 2 PC.

III.2-4-7-Détermination du taux de séparation cellulaire (VICS)

Le taux de séparation cellulaire (VICS) qui permet d’évaluer le degré de

cuisson ou de ramollissement à la cuisson des tubercules a été mesuré suivant la

méthode de Parker et al. (1995) avec des modifications. Après chaque temps de

cuisson, les tubercules ont été découpés en cubes de 1 cm de coté à l’aide d’un

couteau inoxydable. 10 g d’échantillon ainsi traités (P1) ont été mélangés à 30 mL

d’eau distillée et agités à 1100 tr/min pendant 25 min à l’aide d’un agitateur

magnétique (Heidolph, AM 3000 D). Le mélange obtenu a par la suite été décanté et

74
sa teneur en matières solubles (P2) évaluée après séchage à l’étuve à 105°C. Le

taux de séparation cellulaire (VICS) a été calculé par la formule suivante :

P2 (7)
VICS = *100
P1* MS

où MS est la teneur en matière sèche du taro cuit.

III.2-4-8-Analyse de la dureté

La dureté des tubercules au cours de la cuisson a été déterminée par simple

compression en utilisant un texturomètre de type Llyod (Llyod instrument LRX-2500

N, Fareham, Hans, UK). Au cours des différents temps de cuisson, les tubercules

ont été prélevés et soumis à la compression. Le principe de cette mesure a consisté

en la détermination de la force du capteur nécessaire pour avoir des déformations du

tubercule à 1mm de compression à une vitesse de 0,167mm.s-1 suivie d’un

relâchement à la position initiale à la même vitesse. Chaque tubercule a été soumis

à 3 déformations et les données ont été enregistrées. La valeur moyenne a été prise

pour représenter la texture moyenne de l’échantillon. Sur le profil obtenu (Figure 15),

la dureté a été définie comme étant la force au pic de la courbe de compression.

75
60
Dureté

50 Eau robinet
Tamarin
Citron
40 Tranche
Force (N)

30

20

10

0
0 20 40 60 80 100

Temps de Compression (s)

Figure 9: Courbe typique de compression des tubercules cuits en fonction du type


cuisson (Après 15 min de cuisson).

III.2-5- Analyses sensorielles

Les analyses sensorielles de la farine précuite ont été étudiées par un panel

de 6 femmes issues de la communauté d'étudiants de l’université basée sur leur

expérience à faire cuire le taro. Dans un premier temps de formation des panélistes

qui a duré 2 heures, le panel a choisi 3 attributs principaux qui ont été utilisés pour la

caractérisation des tubercules cuits : l’aspect irritant, les goûts amer et acide. Elles

ont été alors invitées à examiner manuellement la texture et à vérifier si les

tubercules étaient cuits ou non. Quand les membres du jury ont obtenu un tubercule

cuit, ils ont été alors invités à vérifier dans la bouche le degré d'irritation, d'amertume

et d'acidité. Plus de trois sessions ont été effectuées.

76
III.3-Etude de l’influence du mode de cuisson des tubercules et du mode

de reconstitution des pâtes sur le profil textural et l’acceptabilité de

la pâte de taro

III.3.1-Matériel végétal

La variété de tubercule « Ibo coco » utilisée dans cette étude a été récoltée

dans un champ expérimental dans les alentours de l’Université de Ngaoundéré

(Adamaoua-Cameroun). Les tubercules ont été lavés dans l'eau du robinet puis

conservés à 4°C jusqu’à leur utilisation.

III.3.2- Production de la farine et préparation du « achu »

Les tubercules de taro frais ont été cuits dans une marmite en aluminium sous

pression (SEB, France) pendant 15 min selon 4 modes (cuisson dans l’eau du

robinet, le tamarin, le citron et à la vapeur) selon la procédure décrite au chapitre

précédent. Les tubercules cuits ont été pelés et découpés en tranches de 0,3 cm, en

utilisant un couteau inox (Stainless Steel, Japan) avant d’être séchés dans un

séchoir solaire à coquille pendant 36 h. Les cossettes ainsi obtenues ont été broyées

en utilisant un moulin à marteaux (Culatti, polymix) équipé d’un tamis de 500 µm, et

les farines obtenues ont été emballées dans des films en polyéthylène et stockées à

4°C pour les analyses ultérieures.

Le «achu» a été préparé selon deux méthodes : premièrement suivant la

méthode traditionnelle, et deuxièmement par reconstitution de la farine et pilage en

«achu». Pour la cuisson traditionnelle du «achu», les tubercules de taro, variété Ibo

coco, ont été cuits dans une cocotte minute (SEB, France) pendant 15min, pelés

77
puis pilés dans un mortier jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène. Pour ce qui

concerne le «achu» reconstitué, les farines de taro précuit, obtenues de chacun des

4 modes de cuisson, ont été mélangées à l’eau bouillante pour atteindre une

humidité finale de 68 ou 75%. L’ensemble a été soigneusement mélangé dans une

marmite hors de la plaque (traitement O) ou sur la plaque chauffante (traitement H) à

l’aide d’un pilon jusqu’à l’obtention d’une pâte homogène. Les pâtes obtenues ont été

sujettes aux analyses sensorielles et de double compression.

III.3.3-Analyses chimiques

Les protéines totales, la teneur en eau, les cendres, les oxalates totaux et les

amidons résistants des différentes farines ont été déterminés selon les procédures

décrites au paragraphe III.2.

Les sucres disponibles ont été évalués en utilisant la méthode décrite par

Njintang et Mbofung, (2003). Dans cette méthode, 1,5 g de farine a été mélangé à 10

mL d’acide sulfurique (1,5 N). L’ensemble a été chauffé pendant 20min, 10 mL de

NaOH (10%) a été ajouté à la solution, transféré dans une fiole de 100 mL et le

volume ajusté au trait de jauge avec de l’eau distillée. La solution ainsi obtenue a été

utilisée pour la détermination spectrophotométrique des sucres réducteurs selon la

méthode utilisant le DNS décrite précédemment.

Les protéines solubles ont été déterminées selon la méthode de Oshodi et

Ekperigin (1989) décrite dans le chapitre précédent (Paragraphe III.1).

Les teneurs en amidons résistants et en oxalates totaux ont été déterminées par les

méthodes Goni et al. (1996) et (Ukpabi et al., 1989), décrites au paragraphe III.2.

Les minéraux (Ca, Mg, Na, Al, Fe, Mn, Zn, Cu) ont été déterminés en utilisant un

spectrophotomètre à absorption atomique telle que décrite au paragraphe III.

78
III.3.4-Analyses physico-chimiques et microstructurales des farines

Les isothermes d’adsorption et de désorption des farines précuites ont été

déterminés à 20°C selon la méthode gravimétrique statique de Bell et Labuza,

(2000). La capacité d’absorption d’eau réelle (CAEr) et l’indice de solubilité dans

l’eau (ISE) ont été déterminés respectivement par les méthodes de Phillips et al

(1988) et Anderson et al. (1969) telles que décrites au paragraphe III.1.

Les composés phénoliques ont été extraits dans l’éthanol à 70 % et dosés par

la méthode de Marigo (1973) utilisant le réactif de Folin – Ciocalteu

III.3.5-Analyse spectroscopique infrarouge et détermination de la couleur

des farines précuites

La spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (FT-IR) employée pour

évaluer des différences structurales dans les échantillons a été effectuée selon la

procédure décrite au chapitre III. De même les mesures de la couleur des farines ont

été effectuées en utilisant un Chromamètre CR210 (Minolta, France).

III.3.6-Etudes des caractéristiques rhéologiques des farines.

La manipulation et la vibration de matériaux pulvérulents permettent aux

particules les plus petites de se glisser parmi les plus grosses. Ainsi, l’espace

géométrique occupé diminue et la densité augmente. Ce principe est mis en exergue

pour la caractérisation rhéologique des farines. À cet effet, L'angle de repos, l'angle

de spatule, la compressibilité, la densité et la cohésion des farines précuites, ont été

déterminés en utilisant l'appareil de contrôle de caractéristiques rhéologiques des

poudres (PT-N modèle, Hosokawa Mi-cron Corporation, Japon). Ces cinq

79
paramètres ont été alors convertis en index de fluidité pour des évaluations

numériques des propriétés d'écoulement des farines.

III.3.7-Détermination des caractéristiques texturales

Le suivi des caractéristiques de texture des pâtes a été faite en soumettant

chaque échantillon à un test de double compression en utilisant la machine

universelle Lloyd (Lloyd instrument LRX, Allemagne) commandé par le logiciel

Nexygen. Le principe de mesure du test de double compression a consisté à

déterminer la force du capteur nécessaire pour avoir des compressions de la pâte à

80% de son épaisseur (2,5 ± 0,02cm) soit 20 mm. Pratiquement, chaque pâte est

soumise à 2 déformations de 20 mm chacune, à une vitesse de 10 mm/min, à l’aide

du capteur muni d’une tige cylindrique de section circulaire avec 10 mm de diamètre


2
soit 78,54 mm de surface. La force maximale du capteur est de 500 N, avec une pré

charge de 0,5N. La pré charge ou le zéro de la force est la force minimale de contact

entre la tige et la surface de la pâte marquant le début de l’expérience.

La détermination des paramètres du profil de texture fait référence aux travaux

de Szczesniak (1963), Sherman (1979), Bourne (1983), Prentice (1984) et

Ratnakaye et al. (1999). À partir courbes de double compression illustrées par la

figure 26, les paramètres physiques suivants ont été définis:

- la dureté en Newton (N) : elle exprime la force maximale obtenue à la première

déformation ou morsure;

- la cohésion est le rapport entre l’aire 2 et la deuxième déformation ou morsure et

l’aire 1 à la première déformation. Elle représente la force qui unit les molécules

constituant l’échantillon;

80
- l’élasticité (1/L) représente la distance sur laquelle un matériel déformé tend à

revenir à sa condition non déformée après que la force déformante (appliquée par la

tige du capteur) ait été soulevée;

- le gumminess (N) ou consistance qui est le produit de la dureté et la cohésion;

- la masticabilité exprimée en mJoule (mJ) indique le produit du gumminess et de

l’élasticité. Elle exprime l’aptitude du produit à former un bol alimentaire approprié à

la dégustation.

3 Dureté

1
Force (N)

Aire 1 Aire 2
0
0 L 50 100 150 200 250 300
Aire 3 Temps (s)
-1

-2

Figure 25: Courbe typique de profil de texture de la pâte de taro.

81
III.3.8-Evaluation du profil sensoriel

III.3.8.1-Analyse descriptive

L'analyse descriptive a été effectuée par un panel de 15 personnes composé

d’étudiants et des employés de l'Ecole Nationale des Sciences Agro-Industrielles

(ENSAI) de l'Université de Ngaoundéré (8 femmes et 7 hommes). Les panélistes ont

été choisis en fonction leur motivation et de leur disponibilité et ont suivi une

formation de 2 jours sur l’analyse. 17 échantillons de « achu » leur ont été présentés

et chaque panéliste devait générer des descripteurs de texture, de l’aspect, de la

couleur et de l’odeur. Les descripteurs ayant eu une fréquence supérieure ou égale à

deux ont été sélectionnés et utilisés pour les analyses hédoniques.

III.3.8.2-Analyse hédonique

15 panélistes ont été invités à évaluer l’acceptabilité globale et les différents

descripteurs en utilisant une échelle structurée de 0 à 10, où 0 signifie déteste

extrêmement et 10 aime extrêmement. Les panélistes ont eu la possibilité d’ajouter

des remarques ou observations à leur évaluation. La présentation des échantillons a

été faite de manière randomisée.

III.4-Prédiction du degré favorable de séchage des tranches de taro par

l’utilisation des marqueurs analytiques et de la courbe de sorption.

III.4.1-Matériel végétal

La variété de tubercule Colocasia esculenta, localement appelée « Ibo coco»

utilisée dans cette étude a été récoltée dans un champ dans la localité de Bini

82
(Ngaoundere-Cameroun). Les tubercules ont été lavés dans l'eau du robinet puis

conservés à 4°C jusqu’à utilisation.

Les tubercules ont été cuits pendant 15 min dans l’eau du robinet en utilisant

une marmite à pression (SEB, France). Les tubercules cuits ont été pelés puis

découpés sous formes cubiques (approximativement 1x1x1cm). Chaque cube a été

introduit dans un ballon de 500 mL puis placé dans un bain marie ultracryostats

compacts (Julabo) à -60°C pendant 30 min. Après congélation totale des cubes, les

ballons ont ensuite été fixés sur les différents becs du lyophilisateur (Christ ALPHA

1-2 D, Allemagne) et les échantillons ont été lyophilisés pendant 18 h.

III.4.2-Vieillissement accéléré et détermination de la teneur en eau

maximale

Pour cette étude, 2 g de farine de taro sont déposés sur une boîte de pétri qui

est placée dans une enceinte hermétique contenant une solution de sel saturéé. Des

essais ont ainsi été effectués pour 5 solutions saturées différentes à savoir la silice

(Si), le chlorure de lithium (ClLi), l’acétate de potassium (C2H3KO2) et le nitrate de

magnésium (Mg(NO3)2). Ces solutions de sel saturées permettent de créer dans

l’enceinte des humidités relatives de 0,07; 0,11; 0,23; 0,33 et 0,53 respectivement

(Stapelfeidt et al., 1997). Les enceintes sont en effet des boîtes fermées

hermétiquement qui ont été déposées dans une étude maintenue à 45±1°C pendant

20 jours. Les mesures de poids et le dosage des marqueurs moléculaires (carbonyls

et malonaldéhyde) ont été effectués après 10 jours et 20 jours de stockage.

83
III.4.3- Détermination de la teneur en eau monomoléculaire par le modèle

théorique de Brunauer-Emmet-Teller (BET)

La méthode théorique BET est représentée par l’équation :

aw/ E(1 – aw) = 1 / MC + aw(C – 1) / MC (8)

M est la teneur en eau monomoléculaire, C est une constante qui varie avec la

température selon l’équation C=K.eQS/RT (9)

Avec QS qui est la chaleur d’absorption.

Ce modèle a été choisi pour sa fiabilité pour des activités en eau inférieur à 0,5

(O’Connor & O’Brien, 1994).

III.4.4-Détermination de la teneur en carbonyls

La masse d’échantillon (1g) de farine a été mélangée à 100 mL d’eau distillée.

Le mélange a été homogénéisé à l’aide d’un barreau aimanté pendant 10 min. 1 mL

de la solution a été placé dans un tube à essai de 20 mL et mélangé à 1 mL de 2.4

dinitrophenylhydrazine (2.4 DNPH). La solution du tube à essai a été

vigoureusement agité à l’aide d’un vortex pendant 30 s et laissée au repos pendant 5

min. Cette phase a été répétée deux fois. 1,1 mL d’acide trichloroacétique 10%(TCA)

a été ajouté à la solution afin de permettre la précipitation du complexe jaune formé

par les carbonyls et le 2.4 dinitrophenylhydrazine. Après centrifugation à 1000 rpm à

température ambiante, le surnageant a été éliminé et le résidu a été repris dans 10

mL d’urée (8 mol.L–1.). L’absorbance du mélange a été lue à 370 nm en utilisant des

tubes en quartz avec comme référence une solution d’urée (8 mol.L–1.).

84
III.4.5-Détermination de la teneur en malonaldehyde total (MDA)

L’analyse des substances réactives avec l’acide thiobarbiturique a été

effectuée par la méthode de Genot (1996). L’acide thiobarbiturique réagit avec les

malonaldehydes (MDA) pour donner un complexe de couleur rose violacée détectée

à un maximum d’absorbance de 532 nm. Le complexe est formé suivant l’équation

ci-après:
H

H
S

O
H
+
2

N
O

O
M
a
l
o
nM
d
i
aD
l
dA
e
h
y
d
e

Oa
Hr
蔕 蔔

A
c
i
d
e
t
h
i
o
bT
bA
i
t
u
r
i
q
u
e
B
蔕 蔔
N

O
H
H
O

S
H
S

N
N

N
O
H

O
H
D
é
r
i
v
é
M
D
A
-
T
B
A
2

蔕 蔔

Pour le dosage du malonaldéhyde, 2 g de farine de taro ont été placés dans

un tube à essai de 25 mL et 100 µL d’une solution éthanolique de TBH (1mg/mL)

puis 16 mL de TCA (5% p/v) ont été ajoutés. Le mélange a été homogénéisé trois

fois en utilisant un homogénéisateur (Janke & Kunkel, Germany) à la vitesse de 2000

trs/min, pendant 15 min. Après l’homogénéisation, le surnageant a été collecté. 2 mL

du surnageant ont été additionnés à 2 mL d’acide thiobarbiturique. La référence a été

effectuée en mélangeant l’acide thiobarbiturique et le TCA. Les différents tubes ont

été incubés dans le bain marie à 70°C pendant 30 min avant d’être refroidis dans de

l’eau froide. L’absorbance a été lue à la longueur d’onde de 532 nm et la teneur en

malonaldehyde total a été calculée suivant la formule:

équivalent MDA= (A532x VTCA x2 x M.10-2)/(1,56 x m) (10)

85
dans cette relation, VTCA est le volume de TCA (16 mL), m est la masse de

l’échantillon (g) et M est la masse moléculaire de malonaldehyde (72 g.mol-1)

III.4.6 Influence de la teneur en eau de fin de séchage sur l’acceptabilité

du achu et test de consommation de la pâte de taro

Sur la base des conditions optimales dé séchage déterminées par les

mesures de sorption, les tranches précuites de taro ont été séchées à 3 humidités

différentes (10-12%, 7-8% et 5-6%), broyées dans un moulin à marteaux doté d’un

tamis de 500µm. la pâte de taro a été préparée en reconstituant 100 g de farine dans

l’eau bouillante pour atteindre une teneur en eau de 80% (base humide) suivie d’un

pétrissage pendant 10 min. Une étude d’acceptabilité de l’aspect, texture, odeur,

goût, et acceptabilité générale, a été effectuée par un panel de 13 étudiants sur les

pâtes servies avec ou sans la sauce dans un ordre aléatoire.

La farine produite à 7-8 % d’humidité a été produite, emballée en sachet de 500 g et

servie à 20 familles pour un test de consommation.

III.5-Etude des variations physicochimiques et rhéologiques de la farine de taro

au cours du stockage.

III.5.1-Matériel

La variété de tubercule de taro (Colocasia esculenta), localement appelée

« Ibo coco » utilisé dans cette étude, a été fraîchement récoltée dans un champ

expérimental à proximité de l’Université de Ngaoundéré. Ces tubercules ont été

complètement lavés à l’eau du robinet et maintenus à 4°C jusqu'à utilisation dans les

4 jours qui suivent.

86
III.5.2-Méthodes

III.5.2.1-Préparation des échantillons


III.5.2.1.1-Cuisson des tubercules
La cuisson a été effectuée pendant 15 minutes dans une cocotte minute (SEB,

France) ayant une capacité de 12L. Les tubercules ont été plongés dans l’eau du

robinet (1/3 w/v) et cuit à la pression. Les études aux chapitres précédents ont

montré que le temps de 15 min était suffisant pour la cuisson du taro sous pression.

Les tubercules cuits obtenus ont été alors épluchés puis découpés en tranches. Les

tranches ont été séchées dans un séchoir solaire à coquille.

III.5.2.1.2-Production de la farine
Après séchage, les tranches ont été broyées dans un moulin à marteaux

(Culatti, France) équipé d’un tamis ayant une maille de 500µm. Les farines obtenues

ont été tamisées en utilisant trois tamis de maille respective 75, 150, 250µm. Après

chaque tamisage, les particules qui traversent les mailles sont collectées et

étiquetées selon la taille de maille du tamis. À cet effet, trois groupes des particules

ont été obtenus 75, 150 et 250 µm. Les farines de chaque dimension particulaire ont

été conditionnées dans des sachets de polyéthylène et stockées selon trois modes:

1-non scellé et stocké à la température ambiante (SOBAT) ; 2- sachet en

polyéthylène scellé et stocké à la température ambiante (SSBAT) ; 3-sachet en

polyéthylène scellé et stocké dans un réfrigérateur à 4°C (SSBRT). 5 lots de farines

de chaque dimension particulaire et de chaque régime de stockage ont été préparés,

l’ensemble selon un dispositif factoriel 4X3X6 ; soient 4 modes de stockage, 3

granulométries et 5 temps (0, 1, 2, 3, 4 et 5 mois) de stockage. Après chaque mois le

sachet est utilisé pour les analyses et la préparation du achu.

87
III.5.2.2-caractéristiques chimique des farines

Les analyses chimiques à savoir, la teneur en eau, les cendres, les protéines,

les glucides totaux, les amidons résistants des différentes farines ont été effectuées

sur les farines de différentes granulométries selon les méthodes décrites dans le

paragraphe III.1.

III.5.2.2.1-Préparation du Achu

Le Achu a été préparé à partir des farines pour la détermination du profil

textural. Pour se faire, les farines ont été mélangées à l'eau distillée bouillante (25 g

pour 75 mL). L’ensemble a été malaxé pendant 15min dans un mortier afin d’obtenir

une pâte homogène et viscoélastique.

III.5.2.2.2-Détermination des caractéristiques texturales de la pâte

Les caractéristiques de texture des pâtes ont été évaluées en soumettant

chaque échantillon à un test de double compression en utilisant la machine

universelle LLYOD Instruments (LRX, Allemagne) commandé par le logiciel

Nexygen, tel que décrit dans le paragraphe III.2.

III.5.2.3-Détermination des propriétés fonctionnelles des farines de taro

La capacité d’absorption d’eau et l’indice de solubilité dans l’eau ont été

déterminés par les méthodes de Phillips et al. (1988) et Anderson et al.(1969)

respectivement; l’indice valeur bleue a été déterminé selon la méthode décrite par

Birch & Prietly (1973). Toutes les procédures sont décrites aux paragraphes

précédents.

88
III.5.2.4. Caractéristiques rhéologiques des farines de taro

Les caractéristiques de rhéologiques ont été effectuées en utilisant un appareil

de type Hosokawa (model PT-N, Hosokawa Mi-cron Corporation, Osaka, Japan).

III.6-Analyses statistiques

Toutes les analyses physicochimiques ont été effectuées en triple. La

moyenne et l’écartype ont été calculées. L’analyse de variance a été effectuée pour

calculer les différences significatives entre les moyennes de traitement, et le test de

classement multiple de Duncan a été employé pour classer les moyennes en utilisant

le logiciel Statgraphics (1997).

Le modèle d'adsorption d’Oswin a été appliqué en utilisant l'analyse non

linéaire à l’aide du logiciel de Microcal.

Une corrélation simple de Pearson et une corrélation linéaire multiple des

propriétés mesurées de tubercules ont été effectuées.

L’analyse en composante principale (ACP) a été effectuée sur les moyennes

grâce au logiciel statbox (France).

Les tracés des courbes ont été effectués en utilisant le logiciel Sigma plot.

8.02 (Systat software, C.A. USA)

Le tracer des courbes de cinétique de dégradation des produits selon l’allure

générale de cinétique d’ordre 1 décrite par Labuza & Riboh, (1982) Van Boekel,

(1996).

89
CHAPITRE IV: RESULTATS ET DISCUSSION

90
IV.1- Propriétés physicochimiques, thermiques et microstructure des

poudres alimentaires de six variétés de taro (Colocasia esculenta)

L’objectif de cette partie est de caractériser les poudres alimentaires six

variétés de taro d’un point de vue physicochimique, thermique, microstructurale et

rhéologique, dans le but de pouvoir de pouvoir relier ces caractéristiques à

l’aptitude des tubercules à cuire vite.

IV.1.1-Composition chimiques des farines de taro

La composition chimique des différentes variétés de farine de taro est donnée

dans le tableau 2. La teneur en humidité des farines se situe entre 8 et 10%, valeurs

couramment observées pour couvrir une durée de conservation de plus de six mois

(Swinkels, 1985). Comme indiqué dans le tableau 2, on note une variation

significative (p<0,05) des teneurs en eau entre les différentes farines. La valeur la

plus élevée est observée pour la variété CE (9,6±0,1 g/100g), tandis que la plus

faible est observée pour la variété RIE (8,2±0,2 g/100g). Ces valeurs de teneur en

eau des farines de taro se situent dans la gamme de ceux obtenus par Njintang

(2002) sur six variétés de taro du Cameroun et du Tchad. Comme pour la teneur en

eau, on a observé une variation significative (p<0,05) de la teneur en cendres des

farines. La teneur en cendres varie entre 1,6 et 5,5%, valeurs qui se rapprochent de

celles de la plupart des tubercules tropicaux (Swinkels, 1985). Toutefois, nous

devons remarquer que ces valeurs sont nettement plus élevées que celles des

céréales. Les gammes de variation de potassium, le magnésium, le calcium et le

sodium dans les farines de taro sont respectivement de 3,5-59,7; 32-392 ; 25,4-192

et <0,5-5,6 mg/100g. Ces résultats montrent qu'indépendamment de la variété, le

91
magnésium et le calcium sont les minéraux les plus abondants dans les farines de

taro. Comme on pourrait s’y attendre, les teneurs en calcium sont relativement

élevées dans le taro, probablement du fait de son appartenance à la famille des

Araceaes. En effet, cette famille est très riche en cristaux d’oxalate de calcium

responsable de l’irritation. À cet effet, Sira (2000) a associé les teneurs élevées en

calcium à la présence d’oxalate. Ainsi, une corrélation positive (R=0,69, p<0,05) a

été trouvée entre le Ca et le Mg. S’il est accepté que la présence du Ca soit liée à la

présence d’oxalate, il est très probable que le Mg aurait un rôle dans la formation des

cristaux d’oxalate, mais ceci reste à vérifier. De façon comparative, les variétés KW1

et KW2 ont les teneurs les plus élevées en Ca et Mg (91-192 mg/100g et 106,7-382

mg/100g respectivement) tandis que la variété RIN contient les teneurs les plus

basses (25,4 et 61,9 mg/100g). Ces observations sont en accord avec les

observations microscopiques rapportées par Njintang (2003) qui a montré l'absence

des cristaux d'oxalate dans les variétés RIE et RIN. Parmi les minéraux ci-dessus

cités, quelques éléments en trace sont présents dans les farines de taro. On peut

distinguer le Fer, Mn, Cu et le Zn. La teneur en Fe dans les farines varie de 2,4 ppm

(RIE) à 41,7 ppm (RIN). Ces valeurs supérieures à la normale (2,3-19,9ppm) (FAO,

1988b) s’expliqueraient par le fait que les tubercules faisant partie de la racine de la

plante sont le site où l’absorption du fer a lieu.

92
Tableau 2: Composition chimiques des farines et des amidons de six variétés de
taro (Colocasia esculenta).
Variétés
Paramètres
RIE RIN CE CN KW1 KW2
a c c ab ab b
Teneur en eau 8,2±0,2 9,0±0.4bc 9,6±0,1 8,5±0,4 8,5±0,1 8,8±0,2

(g/100g)

Protéines 8,57±0,13c 11,62±0,90e 7,29±0,30a 11,39±0,20d 11,83±1,80e 7,58±0,80b

(g/100g)
cd c a b d b
Glucides totaux 94,8±0,12 93,9±0,14 90,5±0,1 91,0±0,09 95,5±0,6 90,8±0,4

(g/100g)
f e d c b a
Amidon (g/100g) 86,6±0,3 84,36±0,1 82,12±0,1 79,85±0,2 68,8±0,24 66,5±0,12
d c a a a
Lipides (g/100g) 0,50±0,10b 1,17±0,32 0,53±0,15 0,30±0,07 0,33±0,06 0,37±0,06
b a d e b c
Sucres réducteurs 13,8±0,1 13,5±0,1 19,5±0,4 26,7±0,1 14,6±0,1 15,5±0,2

(g/100g )
a a b b a c
Cendres (g/100g) 1,6±0,35 1,5±0,4 4,4±0,3 3,8±0,9 1,3±0,6 5,5±1,1

Ca (mg/100g) 25,4 55,9 111 30,7 91 192

Na (mg/100g) <0,5 4,8 4,6 4,8 <0,5 5,6

Mg (mg/100g) 61,9 32,9 88,9 90,4 106,7 382

K (mg/100g) 5,2 27,5 59,7 23,7 3,5 11,4

Mn (ppm) 6,4 13,1 62,4 130,3 127,3 85,6

Fe (ppm) 41,7 2,4 17,6 15,0 13,1 21,8

Zn (ppm) 42,8 0,4 1,1 1,0 1,3 1,8

Cu (ppm) 1,2 0,4 1,1 1,0 1,3 1,8

Moyenne ± écartype; les données en lignes suivies par une lettre sont significativement différentes

(p<0,05).

93
En effet, l'activité des racines permet la solubilisation et l'absorption du fer. Les

racines acidifient les parois de leurs cellules et un petit volume de sol autour de

celles-ci (rhizosphère). Le fer est plus soluble et assimilable en milieu acide. De plus,

en milieu acide, le fer se combine avec des molécules organiques pour créer un

complexe chélaté. Le fer ainsi protégé de l'oxydation se maintient en solution. Ces

teneurs élevées en fer contribueraient d’avantage aux apports alimentaires de fer,

notamment pour les enfants et les femmes dont les besoins sont élevés (FAO,

1988b).

Les glucides totaux, composés principalement d'amidon, sont les composants

chimiques les plus importants dans les farines, tandis que les protéines et les lipides

sont très limités. Les teneurs en glucides totaux varient de 90,5% à 95,5% tandis que

le rendement d’extraction d'amidon varie de 66,5 à 86,6%. Les teneurs en amidon

obtenues dans cette étude ne sont pas en accord avec celles (70-80%) et (52-58%)

rapportées par Jane et al. (1992) respectivement pour les teneurs en amidon et le

rendement. Les teneurs en sucres réducteurs quant à eux varient significativement

(p<0,05) ; La variété CN a la valeur la plus élevée (26,7g/100g) alors que les

variétés RIN, RIE (13,5-13,8g/100g) ont les valeurs les plus faibles. La différence

dans la teneur en sucres réducteurs doit refléter la fragilité de l'amidon des

différentes variétés.

L’habilité de l'amidon de taro natif à l'hydrolyse par l'amyloglucosidase est

présentée dans le tableau 3.

94
Tableau 3: Teneur en amylose, phosphore et amidon hydrolysable dans les farines
et amidons de six variétés de taro (Colocasia esculenta).

Variété Echantillon Amylose (%) Amidon Hydrolysable Phosphore (mg/100g


(%) M.S)
b a ns
RIE Amidon 30,85±0,63 43,14±2,54 0,83±0,08
c a c
Farine 26,05±0,27 45,07±1,30 1,97±0,02
a b ns
RIN Amidon 16,65±0,15 51,23±1,27 0,88±0,08
b c c
Farine 14,70±1,64 58,87±2,60 1,96±0,03
b bc ns
CE Amidon 26,77±2,47 54,83±1,27 0,76±0,18
b bc bc
Farine 18,53±1,92 56,11±3,90 1,76±0,09
b a ns
CN Amidon 28,38±2,86 37,75±2,54 0,82±0,16
b a abc
Farine 16,07±1,96 46,91±1,30 1,66±0,33
b bc ns
KW1 Amidon 25,43±0,42 56,63±1,27 0,77±0,22
ab ab ab
Farine 19,40±0,04 50,59±1,30 1,44±0,09
b c ns
KW2 Amidon 29,21±1,50 58,43±1,27 1,43±0,27
bc c a
Farine 24,10±1,56 61,63±1,30 1,36±0,03

Moyenne ± écartype; les données en colonnes, pour un même type d’échantillon (amidon ou farine),

suivies par des lettres ideniques ne sont pas significativement différentes au seuil p<0.05.

La teneur de l'amidon hydrolysable varie de 37,75 (CN) à 58,43% (KW2) pour

les amidons et de 45,07 (RIE) à 58,87% (RIN) pour les farines. On observe une

corrélation significative (R=-0,32 ; p<0,05) entre la teneur en sucres réducteurs et le

degré d’hydrolyse. Parallèlement, une corrélation linéaire négative (R=-0,45, p<0,05)

a été établie entre le niveau d'hydrolyse et la teneur en amylose de l'amidon. Ce

résultat suggère que l'amidon ayant la teneur en amylose la plus élevée est

hydrolysé plus lentement que celui ayant la teneur la plus basse. Ceci serait lié au

fait que l'amylose est la partie d'amidon qui existe sous forme de double chaîne et

qui est difficilement accessible par des enzymes. D’autre part, il a été également

observé une corrélation linéaire négative (R=-0,43 ; p<0,05) entre l’amidon

hydrolysable et la teneur en phosphore de l'amidon. Le phosphore est l’un des

95
composés non glucidique présent dans les granules d’amidon. Le phosphore est

présent dans l’amidon sous forme de phosphate mono-esters et de phospholipides.

Les phosphates mono-esters sont liés de manière covalente aux chaînes

d’amylopectines. Ils permettent d’améliorer la clarté et la viscosité de la pâte (Craig

et al., 1989). Suivant les indications du tableau 3, la teneur en phosphore de l'amidon

varie de 0,76 (CE) à 1,36 mg/100g (KW2). Les valeurs de phosphore obtenues dans

cette étude sont élevées comparativement à celles obtenues par Pérez et al. (2005)

sur Colocasia esculenta (0,01mg/100g), Xanthosoma sagittifolium (0,07mg/100g) et

Manihot esculenta (0,05 mg/100g). Une corrélation linéaire négative (r=-0,43;

p<0,05) a été observée entre la fraction hydrolysable de l’amidon et la teneur en

phosphore. Ceci indique que, l’amidon natif ayant une teneur élevée en phosphore

sera moins digestible. Une explication possible de cette observation serait qu’une

faible teneur en phosphore entraînerait la formation d’une teneur élevée en amidons

résistants (Liu et al., 2007). La teneur en phosphore des amidons de tubercule est

typiquement inférieure à 500mg/100 g et est habituellement rapportée à la cendre

(Thomas et Atwell, 1999). À cet égard, une corrélation linéaire positive (R=0,69 ;

p<0,05) a été observée entre la teneur en phosphore et la teneur en cendres des

farines.

IV.1.2-Paramètres de couleur et isotherme de sorption des farines

et amidons de taro

Les paramètres de couleur (L*, a*, b*) sont représentés dans le tableau 4.

Toutes les caractéristiques de couleur sont dans le même ordre des valeurs : L*

(83,2-94,9), a* (1,5-5,7) et b* (3,0-13,8). Ces résultats ont montré que les farines ont

une blancheur appréciable (valeur élevée de L*), moins rouge (valeurs faible de a*)

96
et moins jaune (valeur faible de b*). Certaines études ont présumé que la variation

de la valeur de b* parmi les espèces serait liée à leur teneur en sucres et en

protéines à cause de leur rôle dans le brunissement non enzymatique (Jamin et

Flores, 1998). Dans le présent travail, on a observé une relation linéaire non

significative entre les protéines ou les sucres avec les paramètres a* (R=0,44) ou b*

(R=0,24). Cette relation non linéaire révèle que la composition de la farine aurait une

certaine contribution sur la couleur de la farine.

La capacité de l'amidon et de la farine de taro à absorber de l'eau à 20°C est

présentée sur la figure 8. Cette figure correspond à l’isotherme de sorption de l’eau

et décrit la variation de la teneur en eau d’un produit en fonction de l’activité de l’eau

(aw). Les courbes montrent que la variation de la teneur en eau des farines et des

amidons dépend de l'humidité relative (HR) de l'atmosphère dans laquelle ils ont été

stockés. Si l’ HR diminue, les amidons et les farines rejettent l'eau ; par contre, si

l’HR augmente, ils absorbent l'humidité (Swinkels, 1985). Les courbes obtenues

dans le présent travail sont de forme sigmoïdale car montrant un point d’inflexion qui

caractérise les composés riches en sucres (Maskan et Gögüs, 1997). Cette

caractéristique est semblable à celle observée par nombreux d'autres auteurs sur les

amidons (Chungcharoen et Lund, 1987). Ces auteurs ont montré que chaque

isotherme de sorption présente en général trois zones. Chacune de ces zones

correspond à un mode de fixation particulier de l’eau sur le produit : la région A

correspondant à aw<0,2, caractérise la monocouche moléculaire à la surface du

produit ; la région B pour la gamme d'aw de 0,22-0,7 correspondant à l'adsorption

des couches additionnelles d’eau au-dessus de la monocouche, et la région C pour

la gamme de 0,7-0,99 d'aw correspondant à la condensation de l'eau dans les pores

du produit suivi de la dissolution du matériau soluble (Benado et Rizvi (1985). En

97
général, la teneur en eau augmente rapidement aux activités en eau faibles (0-0,13),

ensuite elle monte alors lentement entre les aw de 0,15 et 0,7 ; suivie d'une forte

élévation au-dessus d'aw 0,7. Les résultats obtenus ont montré que la variation de la

teneur en eau en fonction de l’activité (aw) en eau suit le modèle d’Oswin (R2>0,95;

p<0,01). Les constantes A et B du modèle présentées dans le tableau 4 ont montré

une variation significative.

Tableau 4: Paramètres de Couleur et constante d’Oswin (A) des farines et amidons


de taro

Variété Echantil- constante constante Paramètres de couleur


-
lons d’Oswin d’Oswin (A°)(10
-1 2 -1
(B)(10 ) .g.g )
L* a* b*
ab a d a a
RIE Amidon 6,38±0,68 3,99±0,51 94,9± 0,3 1,5±0,1 3,0 ±0,25
ns ns a a a
farine 8,49±1,38 3,16±0,86 87,7±6 1,45±0,14 6,98±0,31
abc ab d b b
RIN Amidon 7,44±1,0 3,18±0,61 93,9± 0,5 2,1±0,1 4,7 ±0,34
ns ns a b
farine 6,20±0,8 5,19±0,76 93,63±0,4 2,20±0,07 8,86±0,11
c
1
d a b e d
CE Amidon 11,05±0,78 1,93±0,71 88,7±0,3 5,1±0,1 9,1± 0,1
ns ns a b
farine 6,55±1,63 5,44±1,6 92,24±0,5 1,92±0,02 9,36±0,13
abc
9
cd ab c c c
CN Amidon 10,63±1,63 2,20±0,52 90,8± 0,7 3,5±0,2 7,2± 0,5
ns ns b a
farine 9,19±0,89 3,10±0,55 93,36±0,4 1,92±0,04 9,31±0,16
bc
7
bcd ab b a b
KW1 Amidon 9,76±0,9 2,69±0,49 93,5±0,5 2,5±0,2 5,2 ±0,3
ns ns b
farine 10,21±0,85 2,41±0,41 88,30±0,4 4,20±0,1
ab c
2 11,85±0,16
a ab a f e
KW2 Amidon 5,75±0,62 3,18±0,36 83,2± 0,5 5,7±0,2 13,8±0,2
ns ns a b c
farine 6,30±0,8 5,09±0,75 84,40±4 5,67±0,23 13,91±0,3
Moyenne±écartype ; p<0,05. Les données en colonnes, pour un même type d’échantillon (amidon ou

farine), suivies par des lettres identiques ne sont pas significativement différentes au seuil p<0.05

98
0,30

RIN
0,25
CN
RIE
KW2
0,20
Teneur en eau (g/g)

KW1
CE
0,15

0,10

0,05

0,00

A 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0

Activite de l'eau (aw)

0,25

0,20

RIN
Teneur en eau (g/g)

0,15 CN
RIE
KW2
0,10 KW1
CE

0,05

0,00

0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0


B
Activité de l'eau (aw)

Figure 10: Isothermes de sorption des farines (A) et amidons (B) de taro.

99
Dans l’ensemble, les farines ont des valeurs de A élevées comparativement à

celles des amidons. Cette observation explique le rôle des autres constituants non

glucidiques dans l’absorption de l’eau des farines. A l’inverse la constante B est

faible pour les farines et élevée pour les amidons. À cet effet, une corrélation

négative a été établie entre les constantes A et B. Les valeurs de A sont comprises

entre 0,019 (variété CE) et 0,039 (variété RIE) pour les amidons et de 0,024

(variété KW1) à 0,054 (variété CE) pour les farines. Dans le cas des valeurs de B,

les valeurs sont comprises entre 0,57 et 1,10 pour les amidons et 0,62 à 1,02 dans le

cas des farines. Les valeurs de A et B sont systématiquement supérieure (A) et

inférieure (B) à celles rapportées pour le maïs (A=0,079, B=0,32) (Al-Muhtaseb et al.,

2004) et pour l’amidon de pomme de terre (A=0,069 ; B=0,39) (Peng et al., 2007).

IV.1.3-L’Analyse thermique Différentielle (ATD) des farines et


amidons
Les transitions thermiques des six farines et amidons de taro déterminées par

analyse thermique différentielle sont rassemblées dans le Tableau 5. Tous les

échantillons d'amidon montrent un thermogramme avec une transition

endothermique simple typique du procédé de gélatinisation (Biliaderis, 1990 ;

Iturriaga et al., 2004). Aussi bien pour les farines que pour les amidons, Il n’existe

aucune différence significative entre les températures de début de gélatinisation (T0

comprise entre 48,08 et 65,49°C) d’une part, et les températures de pic de

gélatinisation (Tp comprise entre 54,40 et 74,54°C) d’autre part. Par contre, une

variation significative (p<0,001) a été observée sur l'enthalpie (∆HG), avec des

valeurs qui varient de 8,43J/g (RIN) à 14,95J/g (RIE) pour les farines et de 11,04J/g

(RIN) à 16,93 J/g (RIE) pour les amidons. Ces résultats sont semblables à ceux

obtenus par Ahmed, Ramaswamy et al. (2008) qui ont rapporté des valeurs

d’enthalpies élevées pour l’amidon du riz et des valeurs faibles pour les farines de

100
riz. Cette observation montre clairement que l’enthalpie de gélatinisation n’est pas

uniquement influencée par la composition de l’amidon (le ratio amylose et

amylopectine) mais aussi par, l’architecture des granules (le ratio cristallin et

amorphe) et la structure de l’amylopectine (la longueur de la chaîne, le nombre de

résidus de la chaîne) (Gunaratne & Hoover, 2002). En outre, une teneur élevée en

amylose ayant des longues chaînes donne des valeurs élevées d’enthalpie (Jane et

al., 1992).

Tableau 5: Profil de gélatinisation des farines et amidons de taro.

Paramètres de DSC
Variétés Echantillo
T0 Tp Tc ∆H (J/g)
ns
b c b a
RIN Amidon 60,93±2,36 64,764,77±2,77 66,42±1,27 8,43±0,21
c b ab a
farine 63,41±2,38 67,24±3,21 70,27±3,61 11,04±0,86
a abc b d
RIE Amidon 55,20±1,2 61,27±0,71 64,96±0,7a 14,95
b a ab c
farine 54,93±2,64 56,48±1,76 60,78±2,51 16,93±1,34
a bc b b
CE Amidon 57,47±0,97 62,78±2,89 67,05±2,67 11,41±0,89
b c b bc
farine 57,85±3,14 74,54±2,20 68,81±3,5 15,37±0,82
a ab a a
CN Amidon 56,80±1,57 59,42±0,61 61,78±0,87 9,22±0,87
c b ab bc
farine 62,91±2,82 64,29±3,41 66,4±2,25 15,19±2,21
c d c b
KW1 Amidon 65,49±1,53 69,75±2,34 73,33±3,13 11,13±0,01
c b b b
farine 64,37±2,35 67,64±1,67 69,53±2,6 14,59±0,24
a a a c
KW2 Amidon 56,14±1,23 58,99±1,11 61,24±3,12 13,36±0,66
a a a c
farine 48,08±2,46 54,40±3,16 57,91±2,50 16,75±0,84
Moyenne±écartype ; T0 = Température de début de gélatinisation ; Tp = Température

de pic de gélatinisation ; Tc = Température de fin de gélatinisation. Les données en

colonnes suivies par des lettres ideniques ne sont pas significativement différentes

au seuil p<0.05

101
Les profils de gélatinisation des amidons présentés dans le tableau 5 sont tout à fait

semblables à ceux rapportés par Jane et al., (1992) sur la farine et l’amidon de taro.

Cependant, les températures initiales de mi et de fin de gélatinisation sont inférieures

à celles rapportées par Sira (2000) pour la farine et l'amidon de taro. De plus, Sira

(2000) a établi une corrélation significative entre la température de gélatinisation (Tp)

et la teneur en amylose des amidons de taro. Une observation similaire a été faite

dans le présent travail, bien que la corrélation observée ne soit pas significative (R=

0,37).

IV.1.4-Microstructure et répartition granulométrique des farines et

amidons de taro

Les microscopies électroniques à balayage (MEB) ont montré que les granules

d’amidons de taro ont des formes polygonales irrégulières de taille inférieure à 5 µm

(figure 9). La répartition granulométrique (Figure 10) a montré une distribution des

particules de manière monomodale, avec une moyenne de taille comprise entre 3 et

20 µm. Ces valeurs sont supérieures à celles obtenues par d’autres auteurs (1-5 µm)

sur l’amidon de taro (Jane et al., 1992; Sugimoto et al., 1986). Les résultats de nos

études sur la répartition granulométrique ont montré que les granules d’amidon de

taro sont soit sous forme d’amas ou sous forme de complexes. Ceci s’expliquerait

par le fait qu’au cours de l’extraction des amidons, la phase du passage alcalin a été

brève. Ceci n’a pas permis la dissociation des granules de manière individuelle. Les

observations microscopiques des échantillons d'amidons confirment cette

association. Les observations minutieuses de la taille des particules donnent des

diamètres de chacun des échantillons d'amidon variant de 1 à 5µm, ceci est en

accord avec la taille de granule d'amidon de taro rapportée dans la littérature.

102
B

A B C

E
D E

Figure 11: Microscopie électronique à balayage (MEB) des amidons isolés de la


farine de taro des variétés KW1 (A), RIE (B), RIN (C), CN (D) et CE (E).

103
8

RIE
6 RIN
CE
CN
Pourcentage (%)

KW1
4 KW2

0 20 40 60 80 100 120
A
Taille des particules (µm)

10

RIE
Pourcentage (%)

6
RIN
CE
CN
4 KW1
KW2

0 20 40 60 80 100 120 140


B
Taille des particules (µm)

Figure 12: Distribution granulométrique des farines (A) et amidon (B) de taro.

104
III.3.5-Spectrophotométrie Infra rouge à transformé de Fourrier

Pour obtenir les informations sur la différence possible des structures entre les

granules d'amidon des échantillons de taro et l’aptitude de leur différents constituants

à absorber de l’eau, la spectrophotométrie infra rouge à transformé de Fourrier a été

effectuée. Les spectres obtenus pour les six échantillons étaient semblables en ce

qui concerne leurs formes, mais étaient différents dans l'intensité des crêtes

principales (figure 11). Les spectres montrent l'absorption élevée aux numéros de

vague 574, 1020-1026, 1056, 1151, 1365, 1631, 2922 et 3400 cm-1 confirmant la

nature glucidique des échantillons. Selon Van soest et al. (1995), les bandes à 1047

et 1022 cm-1 décrivent les propriétés cristallines et amorphes de l'amidon,

respectivement, et leurs rapports respectifs indiquent le degré d’organisation de

l’amidon (Sevenou et al., 2002 ; van Soest et al., 1995). Dans cette étude, de telles

bandes apparaissent, mais celle à 1047 cm-1 n’était pas précise, et nous avons utilisé

celle à 1056 cm-1. Le tableau 7 présente les valeurs des indices résultant des

spectres. En général, les indices cristallin et amorphe varient respectivement de

1,7 (KW2) à 2,7 (RIE) et de 1,7 à 2,3 pour les farines, tandis que pour les amidons

elles varient respectivement de 1,3 (KW2) à 3,5 (RIE) et 1,2 à 2,6. Les valeurs du

rapport d’indices, I1022/I1056, qui varient de 0,74 (RIE) à 0,93 (KW1), suggèrent en

général que, l'amidon de taro serait plus amorphe que cristallin. Les valeurs du

rapport obtenues dans le présent travail se rapprochent de la valeur 0,8 rapporté par

Olkku et Rha (1978) et Van Soest et al. (1995) pour le dolique de Chine et les

fécules de pommes de terre. De façon comparative, les valeurs du rapport obtenues

pour les amidons ne sont pas significativement différentes de leurs farines

respectives, justifiant ainsi que l’amidon est le composant le plus important de la

farine de taro.

105
Tableau 6: Indices de Cristalline (I1020), d’Amorphe (I1056), d’organisation structurale
(I1056/ I1020) des farines et amidons de taro.

Variétés
Caractéristiques FTIR Échantillons
RIE CE CN RIN KW1 KW2
Indice cristalline Farine 2,7 1,9 1,8 2,1 1,7 2,0
Amidon 3,5 1,4 1,7 2,0 1,5 1,3
Indice amorphe Farine 2,3 1,6 1,5 1,8 1,5 1,7
Amidon 2,6 1,3 1,3 1,7 1,4 1,2
Indice d’organisation structurale Farine 0,85 0,84 0,83 0,86 0,88 0,85
Amidon 0,74 0,93 0,76 0,85 0,93 0.92

106
3,0

KW1
2,5 KW2
CE
CN
2,0 RIE
Absorbance

RIN

1,5

1,0

0,5

0,0
4000 3000 2000 1000 0
A
Longueur d'onde (cm-1)

3 CE
KW2
RIE
RIN
Absorbance

2 KW1
CN

-1
4000 3000 2000 1000 0
B
Longueur d'onde (cm-1)

Figure 13: Courbes de la spectrophotométrie infra rouge des farines (A)


et amidons (B).

107
IV.1.6-Capacité d’absorption d’eau (CAE) et indice de solubilité

(ISE)

La capacité d’absorption d’eau (CAE) des échantillons de farine et d’amidon

est représentée par la figure 12. En général, on observe une augmentation de la

CAE en fonction de l’augmentation de la température jusqu’à une température seuil

(50-60°C) au-delà de laquelle on n’observe plus de variation significative, sinon une

baisse relative. L’hydratation faible de la farine ou des amidons à basse température

a été rapportée par de nombreux auteurs (Agunbiade & Longe, 1999). L’hydratation

des amidons est largement affectée par les arrangements structuraux de leur

amylose et amylopectine constitutives (Schoch et Mayfield, 1956). Les valeurs plus

élevées de CAE pour les variétés RIE, KW2 et CN, montrent que ces variétés ont

une plus grande capacité à fixer l’eau comparativement aux autres. Ainsi, il est

probable que les arrangements granulaires de RIE, de KW2 et de CN soient moins

compacts et en conséquence, leurs granules peuvent, avoir des espaces

intermoléculaires plus élevés que les trois autres variétés. Lorsque la température de

gélatinisation est atteinte, il y a pertes des liaisons hydrogènes et l’espace

intermoléculaire est rapidement modifié par l’hydratation, aboutissant à

l’augmentation de l’hydratation de la granule (Biliaderis, 1992). Des observations

faites sur la figure 12 ont montré que les farines et amidons des variétés RIE, KW2

et CN ont absorbé légèrement plus d'eau que les variétés RIN, KW1 et CE (10,06g

H2O g-1). De plus, il s’avère que la capacité d'absorption d'eau des farines de taro est

systématiquement plus haute que celle de leurs amidons (Figure 12). Ces résultats

suggèrent que d’autres composés différents de l’amidon des farines tels que le

mucilage contribueraient fortement à l'absorption d’eau de la farine. En effet il a été

suggéré que les mucilages dans les aliments joueraient un rôle dans la balance

108
hydrique et contre la déshydratation des plantes (Charles, Huang, & Chang 2008).

La variation de CAE des amidons pourrait être due à la différence du degré

d’organisation des groupes d'hydroxyle pour former des liaisons hydrogènes et

covalentes entre les chaînes d'amylose et d’amylopectine (Hoover et Sosulski,

1986).

Des observations similaires, de l’effet de la température sur la capacité

d’absorption d’eau, ont été observées sur l’indice de solubilité (Is) dans l’eau. En

effet, on observe un faible indice de solubilité à des températures basses (20°C),

particulièrement pour les farines et amidons des variétés CE, CN, KW1 et KW2. Au

fur et à mesure que la température augmente, on observe une augmentation de l’Is.

Lorsque la température a dépassé une valeur seuil, probablement la température de

pic de gélatinisation, on observe une baisse de la solubilité. .La basse solubilité des

amidons à température faible a longtemps été attribuée à la structure semi cristalline

de la granule d'amidon et des liens d'hydrogène formés entre les groupes

d'hydroxyle dans les molécules d'amidon (Eliasson, 1992). À température élevée

égale à la température de gélatinisation, la solubilité augmente à cause de la rupture

des granules d’amidon, de l’exposition des groupements hydrophiles et la

solubilisation des molécules d’amylose. L’augmentation de température au-delà de la

température de gélatinisation se traduirait probablement par une agitation élevée du

gel, une réassociation des molécules d’amylose et par conséquent une baisse de

l’indice de solubilité.

109
36

34

Indice de solubilité (ISE) 32

30
(g/100g farine)

28

26

24
RIE
22 RIN
CE
20 CN
KW1
18 KW2

16
0 20 40 60 80 100
A
Temperature (°C)

40

RIE
RIN
35 CE
CN
Indice de solubilité (ISE)

KW1
KW2
(g/100g amidon)

30

25

20

15
0 20 40 60 80 100
B
Temperature (°C)

Figure 14: Indice de solubilité dans l’eau des farines (A) et amidons (B)

110
500

Capacité d'absorption d'eau (CAE)


450

(gH20/100g farine)
400

350

RIE
300 RIN
CE
CN
250 KW1
KW2

200
0 20 40 60 80 100

Temperature (°C)

300

250
Capacité d'absorption (CAE)
(gH20/100g amidon)

200

150

RIE
RIN
CE
100
CN
KW1
KW2
50
0 20 40 60 80 100

Temperature (°C)

Figure 15: Capacité d’absorption d’eau des farines et des amidons de taro.

111
IV.1.7-Viscosité des farines et amidons de taro

La viscosité des farines et amidons a été étudiée dans la gamme de

cisaillement comprise entre 100 et 500 Pa. Les résultats de cette analyse sont

reportés dans le tableau 7. Tous les échantillons analysés se sont

approximativement (R2=0,96–1,00) bien comportés comme des liquides dont les

variations suivent une loi de puissance. L’analyse des pâtes de farines et d’amidons

a montré que la farine RIN et l’amidon KW1 ont un comportement pseudoplastique.

Ces échantillons présentent un indice d’écoulement (n) faible, soient 0,16 pour la

farine RIN et 0,13 pour l’amidon KW1. Par contre, les variétés RIE et CE présentent

des valeurs élevées (0,38 et 0,86 respectivement). Toutefois, l’indice de consistance

(K) a montré des valeurs faibles pour la farine et l’amidon de CE (1,0 et 0,06 Pa.sn

respectivement). Tandis que la farine et l’amidon de RIE ont montré des valeurs

élevées (19,6 Pa.sn). La viscosité de la pâte a été liée à la capacité des ingrédients

à fixer de l’eau (Dogan, Sahin et Sumnu, 2005). Selon ces auteurs, l’échantillon qui

fixera le plus d’eau aura une viscosité élevée. À cet effet, une corrélation significative

a été observée entre la constante de consistance et la capacité d’absorption d’eau

(R=0,9 ; p=0,01). De plus, il a été établi que les valeurs élevées de consistance ont

été associées à des teneurs élevées en indice de solubilité (R=0,78 ; p<0,05). Ces

résultats sont similaires à ceux obtenus par Dogan et al. (2005) sur les farines de

soja et du riz. Selon ces auteurs, dans une solution contenant une farine à faible

capacité d’absorption d’eau, et donc une faible viscosité, il existe en quantité élevée

d’eau libre pour faciliter le transfert de chaleur. En plus, Singh et al. (2003) montre

que lorsque la viscosité augmente avec la baisse de la température, ceci suggère

une tendance des différents constituants présent dans la pâte chaude à se

réassocier ou à rétrograder.

112
Tableau 7: Constante de consistance (K) et indice d’écoulement (n), des différentes
farines et amidons de taro

Echantil Variétés
Paramètres
lons RIE RIN CE CN KW1 KW2
n
K (Pa.s ) Farine 19,6±0,7 14,8±0,4 1,0±0,00 1,6±0,05 9,9±0,3 9,9±0,3

Amidon 10,6±0,3 4,20±0,1 0,06±0,0 8,78±0,2 10,44±3,9 52,3±0,5

3 1 7

N Farine 0,23±0,0 0,16±0,0 0,86±0,0 0,61±0,0 0,39±0,01 0,39±0,0

1 0 5 1 1

Amidon 0,38±0,0 0,42±0,0 0,35±0,0 0,17±0,0 0,13±0,05 0,30±0,0

1 1 1 1 1

Moyenne±écartype, n=3.

113
IV.1.8-Conclusion partielle
Les résultats obtenus ont révélé des différences sur la structure et les

propriétés physicochimiques des farines et des amidons de taro. L’étude a montré

que les échantillons Ibo coco ont des valeurs faibles en teneur en eau, et calcium

comparativement à d’autres échantillons. Les températures de début et de pic de

gélatinisation sont respectivement de 55 et 65°C. Les enthalpies de gélatinisation

sont élevées pour la farine et l’amidon de RIE (14,9 farine et 16,9 pour les amidons)

et faibles pour RIN (8,43 pour la farine et 11,04 pour l’amidon). L’indice amorphe, la

capacité d’absorption d’eau, l’indice de solubilité dans l’eau varient de manière

significative entre les variétés. La variété Ibo coco a une bonne aptitude à

l’absorption en eau. Cette aptitude à l’absorption d’eau expliquerait le fait qu’elle cuit

vite, eu égard au fait que l’eau est un bon caloporteur. Bien plus cette variété ayant

un indice de solubilité élevé forme un gel avec un indice de consistance élevé. Ibo

coco est la variété qui nous permettra facilement d’atteindre l’objectif qui est de

réduire le temps de cuisson du tubercule et une pâte ayant les propriétés proches de

la pâte traditionnelle. A cet effet, il est impératif de connaître le comportement de

cette variété pendant la cuisson des tubercules. Ce comportement varie t-il avec le

type de solution de cuisson ?

114
IV.2-Modifications physico-chimiques et fonctionnelles pendant la

cuisson des tubercules de taro (Colocasia esculenta L.Schott)

Il a été montré que la cuisson dans la solution de tamarin (solution acide)

réduirait l’irritation et le temps de cuisson (Soudy, 2002).

L’objectif de cette partie est d'étudier les modifications des caractéristiques de

texture, de l'irritation et les propriétés physicochimiques des tubercules de taro

pendant la cuisson dans différentes solutions en fonction du temps, le but est de

rechercher la meilleure technique de préparation qui réduirait le temps de cuisson.

IV.2-1-Variation des caractéristiques physicochimiques

La figure 16 montre la variation des sucres réducteurs en fonction du temps et

du type de cuisson. En général, indépendamment du mode de cuisson on observe

une augmentation de la teneur en sucres réducteurs. Les valeurs les plus élevées en

sucres réducteurs ont été observées dans les cuissons en solutions acides. La

valeur élevée en sucres réducteurs des tranches cuites à la vapeur comparativement

à la cuisson du tubercule dans l’eau du robinet pourrait s’expliquer par la taille

réduite des tranches qui favorise un fort échange de chaleur et par ricochet une

vitesse élevée des réactions qui s’y produisent. Ce résultat témoigne de l’hydrolyse

de l’amidon pendant la cuisson. Ces résultats confirment les observations de

Njintang et al. (2003) qui ont montré l’hydrolyse de l’amidon de taro pendant la

cuisson des tranches dans l’eau de robinet.

La gélatinisation et l'hydrolyse influencent généralement la digestibilité de l’amidon

des aliments. De même, les traitements thermiques contribuent à la perte de la

structure cristalline de l’amidon qui peut se réorganiser au cours du séchage pour

115
former les amidons résistants. Vu l’importance de ces derniers dans le management

de certaines maladies, la teneur en amidon résistant a été déterminée pendant la

cuisson. Elle est définie comme étant la capacité de l’amidon à résister à l'hydrolyse

par l'amyloglucosidase. Les résultats ont montré qu'indépendamment de la méthode

de cuisson, l'amidon résistant diminue en fonction du temps de cuisson. Les

échantillons obtenus par cuisson des tranches ou dans l’eau du robinet ont montré

des valeurs les plus élevés et les échantillons provenant des solutions acides

présentent les teneurs les plus faibles (Figure 17). Ces résultats certifient que

l'amidon est hydrolysé par la solution acide pendant l'ébullition.

Une autre modification non négligeable pendant la cuisson du taro est celle des

protéines solubles (Figure 18). En général les protéines solubles diminuent pendant

la cuisson et cette réduction est faible pour la cuisson des tranches à la vapeur et

importante pour les autres traitements.

40 Eau robinet
Tranche
Tamarin
Citron
Courbes
30
Sucres solubles (g/100g M.S)

20

10

0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 16: Variation des sucres réducteurs en fonction du temps et du mode de


cuisson.

116
25
Eau robinet
Tranche
20 Tamarin
Amidon résistants (g/100g M.S)

Citron

15

10

0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 17: Variation des amidons résistants en fonction du temps et du mode de


cuisson.

5 Tamarin
Protéines solubles (g/100g M.S)

Citron
Tranche
4 Eau robinet

0
0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 18: Variation des protéines solubles en fonction du temps et du type de


cuisson.

117
Dans l’ensemble on observe une baisse de la teneur en protéines solubles pendant

les différentes cuissons. Ce résultat s’explique par une augmentation du lessivage

des protéines au cours de la cuisson. Ce lessivage est plus important dans les

solutions acides ou dans les solutions à pH alcalins. Une baisse similaire des

protéines a été observée par Ohishi, Kasai, Shimada & Hatae (2003), qui ont montré,

dans une étude sur l’effet de l’ajout de l’acide acétique dans la solution de cuisson

sur la dissolution des protéines, que les protéines sont plus extraites dans le riz à

0,2M d’acide acétique (pH=2,6) que dans l’eau (pH=6,8). De plus, ces auteurs ont

montré que l’effet de l’acide acétique sur la dissolution des protéines augmente avec

l’augmentation de la température.

Tandis que la gélatinisation et l'hydrolyse sont des réactions importantes qui se

produisent dans la plupart des produits féculents pendant la cuisson, l'irritation est

une autre caractéristique importante en ce qui concerne le taro. En effet la

consommation ou le contact du taro non bouilli avec le peau induit l'irritation des

tissus et il a été démontré que l’irritation est inactivée essentiellement par la cuisson

humide (Nip, 1997; Njintang 2003). La présente étude a indiqué que l'irritation due à

la consommation du taro est totalement réduite après 10 minutes de cuisson (Figure

19). Le court temps nécessaire pour éliminer totalement l'irritation pourrait être dû au

fait que la variété Ibo coco contient les teneurs très faibles des cristaux d'oxalate de

calcium comparés à d'autres variétés de taro (Njintang et al., 2003).

118
0,14 Eau robinet
Tranche
0,13 Tamarin
Citron
Oxalates totaux (g/100g M.S)

0,12

0,11

0,10

0,09

0,08

0,07

0,06
0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 19: Variation de la teneur en oxalates totaux des tubercules de taro en


fonction de temps et du mode de cuisson.

Eau robinet
400 Tranche
Tamarin
Citron
Indice valeur bleue (%D.O/100g M.S)

300

200

100

0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 20: Variation de l’Indice Valeur Bleue en fonction du temps et du type de


cuisson.

119
Etant donné que de nombreux études ont attesté que les raphides d’oxalate

de calcium sont responsables de l'irritation en taro (Bradbury & Holloway, 1988;

Bradbury & Nixon 1998). Une évaluation de la teneur en oxalate de calcium pendant

la cuisson a montré une réduction significative pour tous les modes de cuisson

excepté la cuisson des tranches à la vapeur qui a montré une valeur constante. Des

réductions semblables du taux d'oxalate de calcium pendant la cuisson ont été

rapportées pour d’autres produits alimentaires (Savage et al., 2000). Les résultats

ainsi obtenus indiquent bien que la réduction de la teneur en oxalate ne justifie pas

nécessairement l’inactivation de l’irritation.

La variation de l'indice valeur bleue (BVI) du taro pendant la cuisson est

donnée sur la figure 20. Indépendamment des conditions de cuisson, le BVI de taro

augmente de manière significative (p<0,05) pendant les 25 minutes de cuisson.

L'augmentation de l'affinité pour l'iode de l'amidon pendant la cuisson a été rapportée

dans plusieurs travaux (Njintang et al., 2003a; Iwuoha, 2004). Pendant les 5

premières minutes de cuisson, le BVI augmente rapidement dans le cas des

tranches, suivi d’une stabilisation. Pour les autres modes de cuisson la valeur initiale

de BVI est faible probablement à cause de l'épaisseur qui est élevée pour les

tubercules comparée aux tranches et par conséquence un transfert de chaleur plus

faible. À 25 minutes de cuisson, le BVI des tranches cuites et des tubercules cuits

dans l'eau ont tendance à se rapprocher, comparativement aux tubercules cuits dans

la solution acide qui présentent des valeurs de BVI plus faibles. Le BVI est un

indicateur du degré de gélatinisation de l’amidon (Njintang et al., 2003a) et comme

tel les valeurs de BVI plus faibles observées dans le présent travail pour des

tubercules cuits dans la solution acide suggèrent un degré de gélatinisation des

120
amidons faibles. On pourrait également penser que l'acide dans les solutions de

tamarin et de citron aurait induit une hydrolyse de l'amidon menant à la diminution de

l’indice BVI.

Les variations des indices des produits intermédiaires de la réaction de

maillard (A280) et des indices des produits de réaction avancée de maillard (A420)

sont présentées sur les figures 21 et 22 respectivement. Indépendamment de la

méthode de cuisson, A280 et A420 augmentent linéairement et de manière

significative (r>0,76, p<0,001) avec le temps de cuisson. On a observé une

corrélation linéaire significative (r=0,60, p<0,01) entre A280 et A420 suggérant qu’à

un niveau élevé des produits intermédiaires est associé une teneur élevée des

produits de réaction avancés de maillard. Une observation importante à relever est la

corrélation linéaire significative obtenue entre la teneur en protéines solubles et A280

(r=-0,62, p<0,01) ou A420 (r=-0,81, p<0,001). Ceci indique clairement l'implication

des acides aminés ou des protéines dans le brunissement de maillards des

tubercules de taro pendant la cuisson. L’implication des protéines dans le

développement de la couleur pendant la cuisson a également été démontrée dans

un système modèle fait de sucres et quelques acides aminés en solution chauffée à

température élevée (Carabasa-Giribet et Ibarz-Ribas, 2000). Pendant les 15

premières minutes de cuisson, A280 augmente rapidement tandis que A420

présente une période de latence. Ceci semble évident puisque A280 est un indice de

la réaction intermédiaire de maillard tandis que A420 est celui des produits avancés

de la réaction de maillard. Carabasa-Giribet et al., (2000) et Davies, Wedzicha, &

Gillard (1997) dans leurs systèmes modèles ont trouvés un temps d'induction pour

les deux absorbances A280 et A420 et selon ces auteurs, le temps d'induction

dépend de la concentration et du type des sucres et d'acides aminés impliqués.

121
Eau du robinet
0,5 Tamarin
Citron
Tranche

0,4

0,3
A280

0,2

0,1

0,0
0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 21: Variation de l’absorbance à 280 nm (A280) en fonction du temps et du


type de cuisson.

0,55

0,50 Eau du robinet


Tamarin
Citron
0,45 Tranche

0,40
A420

0,35

0,30

0,25

0,20
0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 22: Variation de l’absorbance à 420 nm (A420) en fonction du temps et du


mode de cuisson.

122
IV.2-2-Changements des paramètres de texture et des
caractéristiques sensorielles
Les changements des caractéristiques physico-chimiques des tubercules ou

des tranches de taro pendant la cuisson ont nécessairement pour conséquences des

changements de dureté. La dureté étant le paramètre ultime qui est évalué pour

décider du degré de cuisson du tubercule. L'effet du temps de cuisson sur la dureté

est présenté sur la figure 23 pour les quatre modes de cuisson. Dans tous les cas,

une diminution de la dureté avec le temps de cuisson a été observée, avec des

variations significatives (p<0,05) entre les modes de cuisson. En général, une

diminution rapide de la dureté des tubercules apparaît entre 0 et 5 min de cuisson.

Au delà de cette période, une variation faible de la dureté avec une tendance à la

constance a été observée. Le taux de diminution de la dureté est relativement élevé

pour la cuisson des tranches et faible pour la cuisson dans l'eau. La diminution

générale de la dureté avec le temps de cuisson a été attribuée par quelques auteurs

à la gélatinisation de l'amidon pendant la cuisson (Taiwo et al., 1997). Ceci semble

se vérifier dans le présent travail, du fait qu’une corrélation linéaire significative (r=-

0,62, p<0,001) a été observée entre l'indice de gélatinisation (BVI) et la dureté. En

plus Sefa-Dedeh et al., (1978, 1979) ont démontré que pendant la cuisson, la

gélatinisation conduit généralement à une hydrolyse de l’amidon d’une part, et

d’autre part que l’hydrolyse de l’amidon est associée au ramollissement des graines

de haricot. Ceci semble être le cas dans le présent travail d’autant plus q’une

corrélation significative (r=-0,75; p<0,001) a été observée entre la teneur en sucres

réducteurs dans tubercules et la dureté. Par ailleurs, l’augmentation de la teneur en

protéines solubles a été corrélée à la dureté (r=0,51, p<0,01). Cette observation est

en conformité avec les travaux de Nisha et al. (2006) qui ont suggéré que,

123
1,2

1,0
Eau robinet
Tamarin
Citron
0,8
Tranche
Dureté rélative

0,6

0,4

0,2

0,0
0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 23: Variation de la dureté de différents modes de cuisson des tubercules de


taro en fonction du temps de cuisson.
.

124
Eau robinet
70 Tamarin
Citron
60 Tranche

50

40
VICS (%)

30

20

10

0 5 10 15 20 25

Temps de cuisson (min)

Figure 24: Variation des cellules séparées en fonction du temps et du type de


cuisson.

la dénaturation des protéines pourrait être à l’origine de la tendreté des

tubercules pendant la cuisson.

Un autre paramètre impliqué dans la modification de la texture pendant la

cuisson est la séparation cellulaire (figure 24). En général le taux de séparation

cellulaire (VICS) augmente significativement avec le temps de cuisson (r=0,89,

p<0,001). La cuisson dans l’eau a montré une faible valeur de VICS, tandis que la

cuisson à la vapeur a la valeur la plus élevée. La différence entre le VICS des

tubercules cuits et celui des tranches cuites à la vapeur serait due probablement à la

différence des épaisseurs, qui est plus élevée dans le cas des tubercules.

Cependant, la différence entre les solutions de cuisson a montré que la cuisson dans

l’eau permettait de conserver l’intégrité des tubercules comparativement aux

125
solutions acides. Ceci semble être en contradiction avec les rapports de BeMiller et

Kumari (1972) qui pensent que la cuisson est généralement améliorée dans les

conditions basiques dans la quelle la β-élimination des pectines (impliqué dans le

ramollissement des tissus cuits) conduit à une rupture des liaisons glycosidiques.

Selon ces auteurs une telle dépolymérisation est fortement favorisée par les pH

alcalins, ce qui n'est pas le cas dans la présente étude qui a indiqué un

ramollissement en solution acide. À l’opposé, l’augmentation du taux de séparation

cellulaire élevé est en concordance avec les travaux de Parker, Waldron et Smith

(2003) qui ont rapporté que les cuissons en solution acides favorisent la rupture des

liaisons glycosidiques entre les polysaccharides dans l’espace intercellulaire.

Globalement les modifications structurales majeures pendant la cuisson, rapportées

Sefa-dedey et al., (1979) et Waldron et al., (2003), sont généralement dues à la

rupture des liaisons intercellulaires conduisant à la séparation des cellules, et le

ramollissement. À cet égard, la corrélation linéaire significative observée dans ce

travail entre le VICS et la dureté des tubercules (r =-0,92; p<0,001) est complètement

en accord avec ces derniers travaux.

En général, les présents résultats ont montré que plusieurs phénomènes sont

impliqués dans le ramollissement du tubercule pendant la cuisson : la gélatinisation,

l’hydrolyse de l’amidon et la dénaturation des protéines, la séparation cellulaire. Une

analyse de corrélation linéaire multiple a été effectuée entre la dureté relative et les

autres caractéristiques, telles que les sucres réducteurs, le BVI, les protéines

solubles, les amidons résistants et le VICS tels que démontré par la corrélation

linéaire multiple significative avec un coefficient de détermination r2=92, 7%

(p<0.001).

126
Dureté = 0,84 + 0,00587*Sucres – 0,00140*BVI – 0,0789*Protéines +

0,0275*Amidon résistants– 0.010109*VICS.

Dans cette relation, le coefficient associé aux sucres réducteurs n’est pas

significatif suggérant que les sucres solubles joueraient un rôle moindre dans ce

processus de cuisson.

Les analyses sensorielles ont montré qu’après 15 min de cuisson, la totalité des

tubercules sont cuits. Les tranches par contre, sont cuites après 12 min. A ce temps

spécifique de cuisson, les tubercules cuits dans les solutions de citron et de tamarin

ont présenté un goût acide. De plus, les tubercules obtenus de ces deux modes de

cuisson ont montré un arrière goût amer à 25 min de cuisson. En définitive, les

tubercules obtenus par cuisson dans les solutions acides ont été moins acceptés par

le panel suggérant que ces modes de cuisson seraient à proscrire dans le

développement des farines.

127
IV.2.3-Conclusion partielle

La présente étude a montré que pendant la préparation des tubercules de

taro, les propriétés physicochimiques et texturales varient en fonction du type de

cuisson. La tendreté du tubercule résultant de la cuisson est une conséquence de

mécanismes multiples impliquant la gélatinisation de l’amidon, la séparation cellulaire

et la solubilisation des protéines. 12 min sont suffisantes pour atteindre la cuisson

des tranches alors que ce temps est de 15 min pour la cuisson des tubercules. Les

cuissons dans les solutions acides induisent des goûts acides et amers aux

tubercules, montrant les limites de leur utilisation pour la production des farines de

taro, matière première pour la préparation du «achu». La question que l’on se pose à

l’issue de ce travail est de savoir quelle est l’influence de ces différents modes de

cuisson sur les propriétés des pâtes. Est-ce que les différentes pâtes peuvent se

rapprocher les unes des autres par leurs modes de reconstitutions ?

128
IV.3- Etude de l’influence du mode de cuisson des tubercules et du mode

de reconstitution des pâtes sur le profil textural et l’acceptabilité de

la pâte de taro

Le présent travail a été effectué avec pour objectif de caractériser les

changements texturaux et sensoriels qui ont lieu dans le taro pendant la

reconstitution de la pâte en achu sous l’influence des conditions de production de la

farine (mode de cuisson) et les conditions de reconstitution de la pâte (cuisson sur la

plaque chauffante, hors de la plaque chauffante, le but est de rechercher le meilleur

mode de reconstitution de la pâte qui donne une pâte ayant des caractéristiques

proches de la pâte traditionnelle.

IV.3.1-Composition chimique et propriétés physicochimiques des

différentes farines précuites de taro.

La composition chimique des farines obtenues à partir des 4 méthodes de

cuisson est présentée dans le tableau 8. En général l'analyse de variance montre

une variation significative (p<0,05) des différents paramètres analysés, à l’exception

de la teneur en protéines qui ne varie pas de manière significative. La teneur en

protéines se situe entre 3,35 et 4,45%. Les valeurs des protéines obtenues dans

cette analyse sont inférieures à celles obtenues par Agbor-Egbe & Rickard (1990a)

et Njintang (2003) sur les variétés similaires de taro. Cette valeur faible de la teneur

en protéines pourrait s’expliquer par les provenances variées, et aussi la différence

entre les méthodes d’analyses utilisées.

129
Tableau 8: Composition chimique et propriétés physicochimiques des différentes
farines précuites de taro.
Echantillons Eau robinet Tranches Citron Tamarin
Protéines 3,52±0,37 4,45±0,45 3,62±0,5 3,35±0,5
(g/100g M.S)
Cendres (g/100g 4,57±0,09c 1,2±0,05a 1,55±0,3b 6,2±0,1d
M.S)
Sucres 17,71±0,48a 23,45±0,45bc 22,02±0,95b 25,37±0,48c
disponibles
(g/100g M.S)
Lipides (g/100g 1,58±0,2c 0,413±0,05b 0,26±0,04ab 0,263±0,012ab
M.S)
Teneur en eau 7,86±0,09ab 6,59±0,85a 7,09±0,02ab 7,88±0,12b
(g/100g M.S)
Amidons 7,40±0,63c 7,93±0,08c 4,51±0,4b 1,72±0,5a
résistants
(g/100g M.S)
Protéines 2,53±0,03c 1,95±0,02a 1,92±0,02a 2,49±0,001b
solubles (g/100g
M.S)
Sucres 5,05±0,39a 4,89±0,13a 8,09±0,39b 9,03±0,48b
réducteurs
(g/100g M.S)
Oxalates totaux 1,1±0,1ab 0,86±0,1a 1,4±0,2b 1,0±0,1a
(mg/100g M.S)
Les valeurs ayant les mêmes lettres en exposant sur la même ligne ne sont pas

significativement différents au seuil de 5 %

130
La teneur en eau quant à elle varie significativement d’un traitement à un autre

avec la cuisson des tranches présentant la teneur en eau la plus faible. Les teneurs

en eau obtenues sont très faibles, ce qui est favorable à la conservation. La teneur

en eau faible obtenue dans le cas de la cuisson des tranches serait liée à la faible

hydroscopicité des farines qui en résultent, conduisant ainsi à un équilibre d’humidité

relativement plus bas. L’explication la plus probable est la gélatinisation qui serait

plus faible dans ce traitement comparé à d’autres qui ont une quantité nécessaire

pour assurer une gélatinisation plus importante de l’amidon dans le tubercule

pendant la cuisson.

Les teneurs en cendres varient de manière significativement entre les différentes

farines. La valeur la plus élevée est observée pour la cuisson du tubercule dans la

solution de tamarin (6,2 g/100g M.S) tandis que la valeur la plus faible est observée

dans la farine obtenue à partir des tranches. La valeur faible de la teneur en cendre

observée dans la farine obtenue à partir des tranches pourrait s’expliquer par un

transfert de minéraux de la pelure vers le tubercule. Cet effet serait d’autant plus

important que l’eau contient des minérauux comme dans le cas des cuisson en

solution tamarin et citron. De façon comparative les teneurs observées dans le

présent travail sont supérieures à celles rapportées par Njintang (2003) sur le taro.

La teneur en sucres disponibles présentée dans le tableau 8 montre une variation

significative (p<0,05) d’un mode cuisson à un autre. La valeur la plus élevée (25,37

g/100g M.S) est observée dans la farine obtenue de la cuisson dans le tamarin

tandis que la valeur la plus faible (17,71 g/100g M.S) est observée dans la farine

obtenue par cuisson des tranches. Les valeurs élevées en sucres disponibles dans

la farine obtenue à partir de la cuisson dans le tamarin pourraient s’expliquer par le

fait que l’hydrolyse de l’amidon pendant la cuisson acide serait plus élevée tel qu’il a

131
été démontré au chapitre précédent à travers l’augmentation des sucres réducteurs.

Il est également possible que l’augmentation des sucres disponibles se fasse à

travers la diffusion des sucres de la solution de tamarin au tubercule, d’autant plus

que cette solution présente un goût sucré. Cette observation est confortée par les

travaux antérieurs (Soudy, 2002) qui ont montré une augmentation de la teneur en

sucres disponibles des tranches de taro suite au trempage dans une solution de

tamarin.

La teneur en lipides reste dans l’ensemble relativement basse, même si de

variations notables sont observées entre les traitements avec la cuisson dans l’eau

donnant une farine à la teneur en lipides la plus élevée et la cuisson en solutions

acides les plus faibles. Ceci s’expliquerait encore par l’acide qui attaquerait les

structures du tubercule et libérerait les lipides, dont le rôle essentiellement structural

dans le tubercule de taro a été montré. Il est possible que ces lipides puissent jouer

un rôle dans la structure de l’amidon par la formation de complexes lipides-amidon.

En effet il a été observé une corrélation négative (r=-0,52 ; p<0,05) entre la teneur en

lipides et la teneur en amidon résistant, montrant que la formation des amidons

résistants est limitée par la présence de lipides. La teneur élevée en amidons

résistants dans la farine produite à partir des tranches serait due à l’hydratation faible

des molécules d’amidon conduisant à une gélatinisation faible. Il a en effet été

démontré que la gélatinisation de l’amidon a lieu lorsqu’un seuil d’humidité est atteint

(Njintang et Mbofung, 2003).

L’effet hydrolytique de l’acide sur l’amidon est sans aucun doute l’augmentation

de la teneur en sucres réducteurs dans le tubercule. Malgré l’augmentation probable

de lessivage qui pourrait survenir pendant la cuisson dans les solutions acides, on a

observé que les farines qui en résultent présentent le taux de sucres réducteurs le

132
plus élevé. Il va de soi que l’augmentation de la teneur en sucres réducteurs entraîne

une baisse de l’amidon résistant. A ce titre une corrélation négative (r=-0,96 ;

p<0,01) a été observée entre la teneur en amidon résistant et la teneur en sucres

réducteurs. Ce résultat déjà élucidé au chapitre précédent témoigne de l’effet

hydrolytique de l’acide sur l’amidon dans les traitements au tamarin et au citron.

Quelque soit le type de farine, on a observé une influence du mode de cuisson

sur la teneur en sucres réducteurs (p<0,05). La valeur la plus élevée (9,03 g/100g) a

été observée dans la farine produite à partir de la cuisson dans le tamarin. Tandis

que la valeur la plus faible (4,89 g/100g) a été observée dans la farine produite à

partir des tranches. Ces observations corroborent avec les analyses faites

précédemment sur les sucres disponibles. Toute fois ces valeurs restent supérieures

dans l’ensemble à celles obtenues par Njintang (2003). La présence des sucres

réducteurs pourrait être due aux phénomènes simultanés d’hydrolyse et de

gélatinisation qui se produisent dans le tubercule pendant la cuisson (BeMiller &

Whistler, 1997).

La teneur en oxalates totaux quand à elle ne varie pas significativement d’un

traitement à un autre. Ces valeurs restent cependant dans la gamme de valeurs

rapportées pour le taro (0,33-0,48 mg/100g matière fraîche) par Sefa-dedeh et Agyir-

Sackey (2004).

133
Tableau 9: Composition en quelques minéraux des différentes farines de taro.

Echantillon Ca (mg/100g Mg (mg/100g Na (mg/100g Al (mg/100g Fe (mg/100g Mn (mg/100g Zn (mg/100g Cu

M.S) M.S) M.S) M.S) M.S) M.S) M.S) (mg/100g

M.S)

Tamarin 6,76±0,4ns* 59,69±0,1c 27,03±0,09d 1,2±0,02d 2,76±0,04cd 4,16±0,03d 24,87±1,1c 1,2±0,02c

Citron 5,5±0,3ns 60,36±0,2d 23,08±0,1b 0,9±0,04b 2,3±0,06b 0,95±0,01b 20,95±2,1b 1,17±0,04b

Tranche 5,75±0,2ns 55,4±0,1b 16,15±0,2a 0,7±0,02a 1,9±008a 0,76±0,01a 16,15±1,2a 1,13±0,05a

Eau 6,6±0,5ns 51,7±0,1a 25,33±0,1c 1,05±0,03c 2,7±0,01c 4,09±0,02c 22,9±0,1b 1,19±0,03b

robinet

Les moyennes ayant les mêmes lettres en exposant sur la même ligne ne sont pas significativement différents au seuil de 5 %

*ns= non significative

134
Le tableau 9 présente la teneur en quelques minéraux des différentes farines

de taro. On observe de manière générale un effet significatif (p<0,05) du mode de

cuisson sur la teneur en éléments minéraux. Dans cette étude le Magnésium est le

minéral le plus abondant dans les farines, avec une teneur qui se situe entre 51,7 et

60,36mg/ 100g M.S tandis que l’aluminium est le minéral le moins représenté (0,7–

1,2mg/ 100g M.S). Il faut cependant relever que l’élément le plus abondant dans le

taro est le potassium qui n’a pas fait l’objet d’analyse dans le présent travail et dont

la concentration est près de 20 fois supérieure à celle du magnésium (Sefa-Dedeh

& Agyir-Sackey, 2004). Les analyses de variances ont montré en général une

influence significative du mode de cuisson sur la teneur en minéraux, sauf le Ca qui

ne varie pas significativement entre les différentes farines. Pour la quasi-totalité des

minéraux analysés, la cuisson dans le tamarin donne des farines possédant les

teneurs les plus élevées. Par exemple pour ce qui concerne Mg les valeurs les plus

élevées ont été observées dans les farines obtenues par cuisson dans le citron et le

tamarin alors que la valeur la plus faible a été observée dans la farine obtenue par

cuisson dans l’eau du robinet. Il avait déjà été observé que le traitement dans le

tamarin conduit à une augmentation significative de la teneur en cendres brutes. Il

est donc très probable que ces minéraux représentent une fraction importante de

cendres dans le tamarin, ce qui aurait conduit par diffusion à une augmentation de

leurs teneurs dans les farines. De façon comparative, les teneurs en Ca, Mg, Na, Fe

et Zn observées dans le présent travail sont dans la gamme de valeurs rapportées

par Sefa-Dedeh & Agyir-Sackey (2004). Elles sont cependant faibles

comparativement à celles obtenues par Agbor-Egbe & Rickard (1990a) sur Colocasia

spp.

135
La Figure 19 représente l’isotherme de sorption des différentes farines. On

peut observer sur cette figure que les isothermes de sorption des farines de taro ont

montré des allures sigmoïdes typiques des formes des constituants alimentaires

(isotherme de type II) (Iglesias and Chirife, 1982; Samaniego-Esguerra et al, 1991).

La plupart des échantillons analysés ont montré une hystérésis entre la courbe

d’adsorption et de désorption (Figure 26). À une humidité relative donnée, la teneur

en eau à l’équilibre pendant la désorption est supérieure à celle pendant l’adsorption.

Plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer cette hystérésis. Al Hodali

(1997) a expliqué ce phénomène en considérant un matériau solide entouré de

multiples orifices capillaires. Pendant l’adsorption, les capillaires commencent par se

remplir à cause de l’augmentation de l’humidité relative, pendant que les pores sont

encore vides. Lorsque la pression de vapeur de l’air devient supérieure à la pression

de vapeur du liquide dans les capillaires, l’humidité entre dans les pores. Pour la

désorption, les pores sont au départ, saturés en liquide. Ce liquide ne peut

s'échapper que lorsque la pression d'air environnant devient plus basse que la

pression de vapeur du liquide à l'intérieur du capillaire. Les résultats de l’analyse de

régression non-linéaire pour adapter l’équation du modèle d’Oswin (Figure 27) à

l’adsorption et la désorption, sont regroupés dans le tableau 10. Ces résultats

montrent que, les paramètres A et B varient de manière significative (p<0,05) avec le

mode de cuisson. En général les paramètres A et B en désorption ne sont pas

significativement différents de ceux en adsorption. En revanche on a observé un effet

significatif du mode cuisson sur les paramètres avec la farine obtenue de la cuisson

des tranches présentant la valeur A la plus élevée, et le traitement cuisson dans

l’eau montrant le paramètre B (particulièrement en désorption) le plus élevé. Ce

résultat suggère que la farine obtenue à partir de la cuisson des tranches est plus

136
hygroscopique comparativement aux autres farines. Ceci s’explique par le fait que

du fait de leur épaisseur réduite les tranches ont pu bien gélatinisées.

IV.3.2- Propriétés rhéologiques des farines précuites et des pâtes

reconstituées

Le tableau 10 montre aussi les variations des propriétés d’écoulement des

farines. On peut y relever que la cuisson dans l’eau et à la vapeur donne des farines

de cohésivité, compressibilité, angle de chute et densité aérée élevés

comparativement aux cuissons dans le tamarin et le citron. La cohésion élevée pour

les farines issues du traitement à l’eau de robinet se rattacherait aussi à la taille fine

de leurs particules. Car pour certains auteurs (Lam et Newton, 1992), en dessous

d’une certaine taille critique les particules ont tendance à se coller entre elles ou à

adhérer à la surface qui les supporte, probablement à cause des forces d’attraction

qui deviennent plus importantes par rapport à la pesanteur (Cheng et al., 1968). Les

différences observées dans l’écoulement des différentes farines traduisent ainsi les

effets quasi-similaires du tamarin et du citron sur le tubercule au cours de la cuisson.

Notamment nous avons montré au chapitre précédent que la cuisson dans les

solutions acides entraînait un indice de gélatinisation faible. Or les travaux récents de

Njintang et al., (2006) ont relevé la relation positive entre le taux de gélatinisation et

la densité des farines. Cela semble être le cas dans ce travail où les farines de degré

de gélatinisation élevé (cuisson eau) présentent la densité la plus élevée. La

cohésion plus faible dans les traitements acides traduirait également la rupture des

liaisons entre les molécules (hydrolyse) dans la farine.

137
0,5

0,4
Teneur en eau à l'équilibre

Eau robinet
Citron
Tamarin
0,3
(gH2O.g-1)

Tranche

0,2

0,1

0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0

Aw

Figure 26: Isotherme de sorption des différentes farines de taro.

0,5

0,4
Teneur en eau à l'équilibre

0,3
(gH2O.g-1)

Eau robinet
0,2 Citron
Tranche
Tamarin
Modèle
0,1

0,0
0 5 10 15 20

Aw/(1-Aw)

Figure 27: Modèle d’oswin Xe=a(Aw/(1-Aw)b des différentes farines de taro.

138
50
Teneur en eau (gH2O/100g M.S)

40
Sorption
Desorption

30

20

10

0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0

aW

Figure 28: Isotherme de sorption et désorption de la farine obtenue par cuisson dans
l’eau du robinet.

139
Tableau 10: Quelques paramètres rhéologiques et de sorption des farines de taro
obtenues de différents modes de cuisson.

Type de cuisson

Paramètres Eau

Sorption cinétiques robinet Tranche Citron Tamarin

Adsorption A 0,12±0,01b 0,16±0,01a 0,12±0,01b 0,12±0,01b

B 0,37±0,01a 0,36±0,01a 0,35±0,01a 0,35±0,01a

Désorptio

n A 0,13±0,01c 0,17±0,01a 0,13±0,01c 0,13±0,01c

B 0,39±0,01a 0,35±0,01c 0,34±0,01c 0,33±0,01c

Angle de repos 17,8±0,2c 19,6±0,2a 18,4±0,1b 16,3±0,3d

Angle de chute 66,3±0,2a 57,3±0,2b 52,0±0,0c 50,6±0,2d

0,66±0,01 0,52±0,00

Densité aérée 0,69±0,00a b d


0,63±0,00c

0,89±0,01 0,89±0,01

Densité comprimée 0,93±0,01a b


0,72±0,01c b

Compressibilité (%) 25,6±0,4a 25,1±0,2a 24,8±0,2a 25,0±0,2a

Cohesivité 89,6±0,3a 83,7±0,1b 80,7±0,4c 81,4±0,1c

Les moyennes sur la même ligne ayant les mêmes lettres en exposant ne sont pas

significativement différentes au seuil de probabilité 5 %

140
Les spectres infrarouges des différentes farines précuites de taro sont représentés

sur la figure 29. Des pics remarquables sont observés dans les environs de 1649,

1550, 1456, 1417, 1240, 1157, 1080, 1022, 929, 852, 763, 707, 667, 576 et 526 cm-1.

Une bande extrêmement faible est apparue à 1722cm-1. Selon Silverstein et al.

(1998), cette bande correspond aux groupements carboxyliques acides non ionisés

COOH. Il a été montré que les ions carboxyliques présentent une forte bande entre

1635 et 1600 cm-1, ce qui permet de distinguer les anions carboxylates des esters

qui eux, présentent une bande moyenne entre 1420 et 1300 cm-1. Les groupements

de l’acide carboxylique exhibent aussi des petites bandes aux alentours de 1440-

1210 cm-1. La présence de ces bandes peut être associée à la présence l’acide

uronique qui a été identifiée dans la structure des mucilages. Ces observations

confirment la nature glucidique des farines qui a déjà été rapportée par de nombreux

auteurs (Lin & Huang, 1993; Jiang & Ramsden, 1999; Njintang, 2003). En outre, il a

été montré que les bandes situées entre 1649cm-1 et 1550cm-1 correspondent aux

groupements amines primaires de déformation N-H, qui en association avec les

fortes vibrations situées aux alentours de 1157 et 1080cm-1, correspondraient à

celles des protéines. Les bandes à 1047 et 1022 cm-1 sont connues comme étant

des bandes indicatrices des propriétés cristallines et amorphes de l’amidon

respectivement. De plus, leur ratio a été indiqué pour la détermination du degré

d’organisation de la structure de l’amidon dans la farine (Sevenou et al., 2002; van

Soest et al., 1995). Nos résultats suggèrent que le degré d’organisation de la

structure de granule d'amidon (cristallinité) a été affecté par le mode de cuisson,

d’autant plus que le rapport des valeurs d'absorbance à 1047 et 1022 cm-1 varie de

manière significative (p<0,05) avec le mode de cuisson (Tableau 11). La farine

obtenue par cuisson des tranches ont des faibles ratios (0,955) tandis que la farine

141
obtenue à partir de la cuisson dans l’eau du robinet a des valeurs les plus élevées

(0,973). Entre ces deux extrêmes se trouvent les traitements acides qu’on peut

encore visualiser sur les spectres infrarouges. Il est probable que le degré de

crystalinité de ces poudres soit lié à leur degré d’hydratation (leur teneur en eau), et

donc à leur hydroscopicité.

Eau robinet
1,8
Tamarin
Citron
1,6
Tranche
1,4

1,2
Unité d'absorbance

1,0

0,8

0,6

0,4

0,2

0,0

-0,2
4000 3000 2000 1000

Longueur d'onde (cm-1)

Figure 29: Spectres infra rouge des farines de taro.

142
Tableau 11: Effet de la cuisson sur des bandes sélectionnées et le rapport des
bandes déterminé par la spectroscopie infrarouge de transformée de Fourier (FTIR)
des farines de taro.

Echantillons bandes infra rouges Ratio des bandes

1047 cm-1 1022 cm-1 1047/1022

Tranche 1,143±0,001d 1,186±0,001c 0,955±0,001a

Citron 1,142±0,001c 1,171±0,001c 0,968±0,002b

Eau robinet 1,097±0,001a 1,127±0,001b 0,973±0,001c

Tamarin 1,084±0,001b 1,133±0,001a 0,957±0,001a

Les moyennes ayant les mêmes lettres en exposant sur la même colonne ne sont pas

significativement différents au seuil de 5 %

La capacité d’absorption d’eau (CAEa) définit souvent le caractère hydrophile de la

farine. Comme on s’y attendait notamment à travers l’étude du spectre IR et des

rapports I1047/I1022, les résultats ont montré que la farine obtenue à partir de la

cuisson dans l’eau du robinet a une valeur de CAEa élevée (614g H2O/100 g M.S),

tandis que la farine obtenue par cuisson des tranches possède la valeur la plus faible

(487,22gH2O/100 g M.S). La valeur de CAEa élevée dénote de la plus grande

aptitude de la farine issue de la cuisson dans l’eau à fixer de l’eau. Comme nous

l’avons bien relevé plus haut, ceci serait la conséquence d’une plus grande

gélatinisation des amidons dans ce traitement. L’indice de solubilité (ISE) quant à lui

est plus élevée dans la farine obtenue par la cuisson des tranches comparativement

aux autres cuissons, avec une valeur de 22,14 g /100 g M.S. On se serait attendu,

au regard du développement mené plus haut indiquant que le traitement à la vapeur

conduit à une gélatinisation plus réduite, que le traitement à la vapeur donne un

143
indice de solubilité plus faible. En effet les travaux récents de Njintang et al., (2006)

ont montré que l’indice de gélatinisation du taro augmente avec la gélatinisation.

Cette différence peut se justifier par la diffusion des molécules solubles (amylose) qui

se serait effectuée dans l’eau de cuisson.

La teneur en phénols totaux montre une variation significativement avec le mode de

cuisson avec le traitement au tamarin donnant la teneur la plus élevée et le

traitement à la vapeur la valeur la plus faible. Trois cas de figures peuvent être

responsables de la variation observée sur la teneur en phénols. Le premier est celui

ou le tubercule a une teneur qui ne varie pas, ceci suppose qu’aucun échange n’a

lieu entre le tubercule et le milieu extérieur. Ceci peut être le cas pour les tranches

même si dans certaines conditions il a été montré que le chauffage induit des

modifications sur la teneur en phénols (Walters et al 1996). Le second cas est la

diffusion des phénols de l’intérieur du tubercule vers la solution de cuisson, si cette

dernière a une teneur en phénols plus élevée que le tubercule de taro. Ce cas est

probable dans le traitement au citron qui a induit une réduction significative de la

teneur en phénols. Le dernier cas est celui où les phénols migrent de l’extérieur vers

l’intérieur du tubercule. A cet effet la teneur en phénols a été élevée dans la cuisson

à l’eau et au tamarin. La farine obtenue de la cuisson dans la solution de tamarin a

une teneur de phénols particulièrement élevée du fait de la teneur de phénols élevée

dans la solution. L’augmentation observée dans le traitement à l’eau de robinet serait

liée à la pelure qui non seulement constitue une barrière à la sortie de composés,

mais aussi en est une source. Dans ce contexte cette pelure serait fragilisée par les

acides, notamment ceux du citron, conduisant ainsi à une baisse dans le traitement

au citron. La diffusion des phénols vers la partie comestible du tubercule a

l’inconvénient de colorer cette dernière. C’est probablement à ce titre qu’on a

144
observé une luminance (L) plus faible pour la farine issue tu traitement au tamarin,

même si globalement les farines ont des couleurs proches. Une corrélation positive

(R=0,82 ; p<0,05) a été établie entre le paramètre b et la teneur en composés

phénoliques, ce qui témoigne du rôle des composés phénoliques dans la couleur des

farines. Des résultats négatifs du trempage dans la solution de tamarin sur la couleur

des tranches de taro ont également été observés par Soudy (2000).

Tableau 12: Effet du mode de cuisson sur quelques propriétés physicochimiques de


la farine de taro

Paramètres Eau robinet Vapeur Citron Tamarin


CEAr (%M.S) 614,04±5c 487,22±18 a
535,53±10 b
534,77±10b
ISE (% M.S) 12,18±0,2b 22,14±0,1d 9,69±0,4a 14,66±0,1c
Phénols totaux (% M.S) 176,9± 2,5b 140,8±2,5a 135,9±2,3a 264,8±3,7c
L* 87,57±0,24b 88,32±1,04b 86,3±0.34ab 85,69±0,4a
a* -0,86±0,18b -0,7±0,1b -1,05±0,05a -0,83±0,02b
b* 8,64±0,18a 8,69±0,34a 9,55±0,2b 11,1±0,1c
P<0,05 ; Les moyennes ayant les mêmes lettres en exposant sur la même colonne ne

sont pas significativement différents au seuil de 5 %

Les propriétés d’écoulement des poudres conditionnent généralement les

proriétés d’hydratation comme l’aptitude à absorber de l’eau ou à se solubiliser. C’est

à ce titre que des corrélations significatives ont été observées entre d’une part l’ISE

et d’autres parts la densité (r=0,78), la compressibilité (r=0,73), l’angle de chute

(r=0,80), et la cohésivité (r=0,90). Toute fois, aucune corrélation entre la CAEa et ces

paramètres n’a été observée. Toutes ces propriétés sont aussi déterminantes pour

145
les caractéristiques des produits qui en dérivent. Ainsi des effets significatifs aussi

bien du mode de cuisson que du mode de reconstitution ont été observés sur les

caractéristiques texturales des pâtes de taro faites à partir des farines qui sont la

dureté, la cohésion, le gumminess, le modulus, la force de fracture, la consistance, la

force d’adhésion et l’adhésivité. Ces variations rattachées à une analyse en

composante principales ont permis de présenter une vue d’ensemble des similitudes

et des différences entre les pâtes, et de ressortir des corrélations entre les propriétés

de texture mesurées. La première composante principale (PC1) contribue pour 80%

d’inertie tandis que la seconde composante principale (PC2) contribue pour 12%.

PC1 est corrélée négativement à la plupart des variables mesurées sauf la cohésivité

qui est elle corrélée à PC2. Le cercle de corrélation présenté à la figure 30 montre le

rapprochement (indiquant une similitude) entre les paramètres cohésivité, modulus,

force de fracture, consistence et force d’adhésion. Ceci montre qu’en réalité sur les

7 paramètres utilisés pour caractériser les pâtes, 3 seulement sont nécessaires à

savoir la dureté, le gumminess et la cohésivité. Les deux premières permettent à

elles seules d’exxpliquer près de 80% des variations observées dans les pâtes alors

que l’adhésivité permet d’expliquer environ 12% de variation des pâtes. Lorsque les

achus sont représentés dans ce système d’axe PC1xPC2, ils se regroupent en 3 lots

distincts (figure 31). Le premier constitué du achu traditionnel, S68H, S68O, T68O,

W68O et L68O présente la caractéristique de dureté élevée; le deuxième groupe

constitué de la pâte W75H présente une cohésivité et une dureté très faible, enfin les

autres pâtes présente une cohésivité faible. Au regard de cette structuration des

pâtes, on peut relever que les pâtes reconstituées à partir de n’importe quelle farine

(indiqué dans le code par L=citron, T=tamarin, W=eau et S=vapeur) hors de la

plaque (indiqué O dans le code), à la teneur en eau 68 % (indiqué 68 dans le code)

146
se rapprochent de la pâte traditionnelle. Cette figure montre aussi que les pâtes de

teneur en eau 68% se déplacent vers la gauche de l’axe CP1 témoignant de leur

forte dureté. Ceci est évident et d’ailleurs démontré par de nombreux travaux

(Njintang et al., 2007, 2008), que plus une pâte est riche en eau moins elle est dure.

Cette dureté ne semble pas être une caractéristique primordiale pour le taro d’autant

plus que la teneur en eau du tubercule varie avec la saison, le temps de récolte et

même la variété. Toute fois cette étude montre que la dureté est le paramètre qui

varie le plus dans les conditions définies par ce travail. Parlant des conditions, la

cuisson sur la plaque donne des pâtes qui se déplacent vers la droite de l’axe CP1,

c'est-à-dire des pâtes de dureté faible. Ceci est aussi évident d’autant plus que la

cuisson sur la plaque chauffante entraîne d’autres chauffages de la pâte, et donc une

gélatinisation plus poussées tel qu’il a été démontré par Njintang (2003) dans sa

thèse. Selon cet auteur, les amidons dans les farines sont plus exposées à la

chaleur, gonflent plus sans contraintes texturale qui existe pour les amidons dans les

tubercules, et donc éclatent en cas d’absorption d’eau importante. Ceci n’est pas le

cas pour la reconstitution hors de la plaque ou le degré de gélatinisation de l’amidon

est plus ou moins invariable. Il faut toutefois noter la particularité du traitement à

l’eau, reconstitué à 75% d’eau sur la plaque qui présente une cohésivité

particulièrement faible comparée à presque tous les autres qui ont une cohesivité

moyenne. En particulier le achu traditionnel a une texture moyennement dure et

gommeuse, très peu cohésive. De cette étude il ressort en définitive que les

traitements sur la plaque doivent être évités et la teneur en eau à la reconstitution

doit être de 68% voire 70% pour la cuisson dans l’eau.

147
Figure 30: Coordonnée des descripteurs sur les axes F1-F2

Figure 20: Différents échantillons de achu sur les axes PC1 PC2 W, S, L et T
représentent les codes de cuisson dans l’eau, à la vapeur, dans le citron et dans le
tamarin respectivement; sur (H) ou hors (O) de la plaque chauffante. 68 et 75, sont
des teneurs en eau de reconstitution

148
Les paramètres de texture semblent être définis par les propriétés des farines,

et c’est à ce titre qu’une forte corrélation a été observée entre l’ISE et les paramètres

texturaux des pâtes. Plus précisément, l’ISE a montré une corrélation positive avec

la dureté (r=0,85; p<0,01) et une corrélation négative avec la cohesivité (r=-0,76 ;

p<0,01). Cette corrélation témoigne du lien qui existe entre le traitement utilisé et les

paramètres texturaux du achu.

Le rapprochement entre le achu standard et certaines pâtes reconstitués, sur la base

des paramètres de texture mesurés instrumentalement ne sauraient à eux seuls

suffire pour dire que les objectifs ont été atteints. La perception du consommateur et

son acceptabilité restent les derniers paramètres qui comptent et à ce titre une étude

sensorielle descriptive et d’acceptabilité des pâtes a été effectuée. L’étude préalable

qui visait à générer les paramètres descriptifs du achu a permis de produire 90

attributs différents avec 42 attributs liés à l'aspect, 10 à l'odeur, 14 à la flaveur et 23

liés à la texture (Tableau 13). Les descripteurs ont été sélectionnés après discussion

avec les panélistes et en considérant seulement ceux cités par au moins deux des

14 panélistes. Une liste de 12 descripteurs a donc été choisie pour l’analyse

descriptive du achu. L’ACP appliquée à ces données a permis de générer le cercle

de corrélation présenté à la figure 32. Cette figure montre comme dans l’analyse de

texture instrumentale deux composantes principales qui permettent de distinguer les

achus. La première qui représente 71% de variation est constituée de la plupart des

variables sauf fermeté et translucide qui sont quant à eux corrélés à la deuxième

composante principale (10,17% d’inertie). Comme on peut bien le noter, le

descripteur dureté, comme cela avait été le cas dans les analyses instrumentales,

tient une part importante dans ces composantes et est significativement corrélée aux

149
autres paramètres de forces que sont, cohésion (r=0,73), élasticité (0,87), adhésivité

(r=1,00). La dureté est aussi corrélée aux autres paramètres notamment granuleux

(r=0,57), amertume (r=0,94), acidité (r=0,91), flaveur de taro (r=0,83), etc... Ces

corrélations significatives justifient leurs rapprochements dans le cercle de

corrélation.

150
Tableau 13: différents attributs générés à l’issu du profil sensoriel
Aspects Odeurs Flaveurs Textures
Amorphe Odeur du maïs Peu salée Pâteuse
Blanc brillant Odeur Manioc Un peu sucrée
fermentée
Blanc pâteux Pâte cuite Sucrée Gommeuse
Blanc sale Farine taro Filant Grumeuse
Blanc translucide salée Arrière goût sucré Pas lisse
gris Peu salée Un peu bon Bonne
Gris clair inodore Apre Moins sucrée
Gris fin Odeur du taro Peu sucrée Peu compact
Grisâtre dur Farine cuite Légèrement amer Lisse
Grisâtre mou Farineuse Taro Consistante
Grumeux Arrière goût acide Trop molle
Légèrement brun Taro cuit Moyennement
salée
Légèrement compact Légèrement Acre
sucrée
Légèrement Fade Visqueuse
granuleux
Légèrement lisse Gluante
Moyennement Compacte
sombre
Peu sombre Ferme
Rigueux Granuleuse
Très sombre Tendre
Vitreux Elastique
Brun Collante
compact Molle
Cristallin Dure
Ferme
Jaunâtre
Blanc laiteux
Blanc vitreux
Blanchâtre
Clair
Granuleux
Translucide
Blanc
Sombre
Blanc sombre
Brillant
Brillant gris
Gris foncé
Légèrement sombre
Grisâtre
Noir
Noirâtre

151
1

0,8 Fermete

Translucide
0,6

0,4

0,2
Cohesion
Durete
A cide
Adhesivete
0
Amer
Sucre
B lancheur
-0,2 Flaveur de taro
Elasticite
Granuleux
cuit
-0,4

-0,6

-0,8

-1
-1 -0,5 0 0,5 1
- - C P 1 ( 71 %) -- >

Figure 32: Cercle de corrélation des descripteurs des différents achu.

Lorsqu’on représente les différents échantillons de achu dans le système d’axes

CP1xCP2, on obtient une organisation avec un démarcage net du achu traditionnel

vers la droite de l’axe CP1, indiquant ainsi son caractère de dureté (et toutes les

variables qui lui sont corrélées) élevée. On peut aussi remarquer que la plupart des

pâtes s’alignent le long de l’axe CP2 montrant ainsi que les facteurs pris en compte

dans la présente étude influencent particulièrement la fermeté et le translucide des

pâtes. L’analyse de classification des achus par K-means a permis de définir 4

classes (tableau 14) dont les achus au centre des classes ont les caractéristiques

présentées sur la figure 33. On peut y relever que le achu traditionnel est seul dans

sa classe (classe2) et présente la particularité d’avoir les notes les plus élevées pour

tous les descripteurs. En revanche les autres achus montrent des caractéristiques

152
assez proches avec des différences nettes pour les descripteurs fermeté et

translucide, ces derniers étant élevés pour le achu classe 1 (très proche du

traditionnel).

2,5
R68F
2

1,5
V75F R75F
1
T75PV75P
T68P
V68F
0,5 C75P

0
C68F TRA D
C75F
-0,5 T68F

C68PT75F
-1
V68P
-1,5
R75P
-2
R68P
-2,5
-5 0 5 10 15
- - C P 1 ( 7 1 %) - - >

Figure 33: Différent échantillons de achu sur les axes CP1 et CP2, C, R, T, V,
représentent les codes de cuisson dans le citron, l’eau du robinet, tamarin, à la
vapeur respectivement; sur feu (F) ou sur paillasse (P). 68 et 75 sont des teneurs en
eau de reconstitution.

Tableau 14: Différentes classes de achu sur la base de l’analyse K-means.


Classe Classe 1 Classe 2 Classe 3 Classe 4
R68F TRAD T68F V68F
V75F R68P T75P
R75P V75P
V68P T75F
T68P
R75F
C75F
C68P
C75P
C68F

153
Blancheur
10,00
Elasticite Translucide
8,00

6,00
Adhesivete Flav taro cuit
4,00

2,00

Fermete 0,00 Sucre

Cohesion Amer

Granuleux Acide

Durete
Classe 1 (TRAD) Classe 2 (R68F) Classe 3 (R68P) Classe 4 (C68F)

Figure 34: Caractéristiques des achus au centre des classes.

Il apparaît donc clairement de ces études que le achu fait à partir des farines n’a pas

les caractéristiques sensorielles similaires à celles du achu traditionnel. Ceci ne veut

certainement pas dire que le achu reconstitué n’est pas intéressant d’autant plus que

les travaux antérieurs de Njintang et al. (2001) ont montré que les caractéristiques du

achu traditionnel varient avec la variété, la saison, le temps de récolte et de

stockage, alors que tous ces achus sont bien acceptés par les consommateurs.

154
L’analyse sensorielle a révélé que l’acceptabilité des achu varie d’un traitement à un

autre avec le achu traditionnel montrant l’acceptabilité la plus élevée. Nous avons

trouvé que l’acceptabilité générale dépend de l’acceptabilité de l’odeur, de la couleur

et de la texture ; à cet effet, une corrélation significative a été observée entre

l’acceptabilité générale et la couleur (r=0,91), l’odeur (r=0,91) et la texture (r=0,93).

Les scores des différents achus présentés sur la figure 35 permettent de voir la

spécificité du achu traditionnel qui est extrêmement aimé par le panel alors que les

autres achus en général sont moyennement acceptés. Selon le panel, on peut

améliorer la qualité des autres achus en éliminant les particules dures qui y sont

présentes, l’amertume et l’acidité.

7,5

6
Note (/9)

4,5

1,5

0
T68F R68P R68F V75F V68F R75P V68P T75P V75P T75F T68P TRAD R75F C75F C68P C75P C68F

Achu

Figure 35: Acceptabilité des différents achu.

La présence de ces particules dures suggère que certains fragments n’ont pas cédé

au broyage, probablement par ce que le broyage n’était pas fin ou encore que le

séchage a favorisé le durcissement des cosettes en surface. L’amertume et l’acidité

seraient plus liées à la solution utilisée (tamarin et citron). Il est judicieux d’éviter la

155
cuisson dans les solutions acides, et de définir les meilleures conditions de séchage.

Il est très probable que les farines fines reconstituées à 75% d’eau donnent un achu

bien accepté, ou mieux un achu aux propriétés proches du achu traditionnel.

156
IV.3.3-Conclusion partielle

Le présent travail montre que les différents modes de préparation ont une

influence sur la composition des farines précuites. La farine obtenue à partir de la

cuisson des tranches présente des valeurs les plus faibles en cendres, sucres

disponibles et réducteurs, en minéraux. De même cette farine absorbe le plus d’eau

(valeurs des constantes d’oswin élevées). Par contre la farine obtenue par cuisson

dans l’eau du robinet est la plus dense et la plus cohésive. Le achu obtenu par

reconstitution de la pâte à 75% d’eau, donne des caractéristiques texturales proches

de la pâte traditionnelle. Mais l’analyse sensorielle a montré que toutes les pâtes

reconstituées étaient granuleuses tandis que celles issues de farines cuites dans les

solutions acides avaient des goûts acides ou amers. La présence des granules dans

les pâtes reconstituées suggère que ces particules ont durcis pendant le séchage du

à une mauvaise maîtrise des conditions de séchage. Il serait judicieux de déterminer

les conditions favorables de séchage des tranches de taro pour obtenir une bonne

pâte de « achu ».

157
IV.4- Prédiction du degré favorable de séchage des tranches de taro par

l’utilisation des marqueurs analytiques et de la courbe de sorption.

Pendant les traitements de séchage et stockage, la réaction de maillard et

l’oxydation des lipides ont été révélées comme des réactions majeures qui

influencent aussi bien les qualités texturales qu’organoleptiques (couleur, la flaveur,

et les modifications texturales) et nutritionnelles (Garned, 1979).

Dans l’optique d’optimiser les conditions de séchage pour avoir une bonne qualité

et stabilité de la farine de taro, il et judicieux de déterminer la teneur en eau à

laquelle le produit présente le moins de réaction de maillard.

Le présent travail consiste premièrement en la détermination de la teneur en eau

monomoléculaire par l’utilisation des marqueurs moléculaires, ensuite de la

comparer à celle obtenue par le modèle de sorption de BET, et enfin d’évaluer

l’acceptabilité de la poudre obtenue dans ces conditions de séchage. Le but ici est

de déterminer les conditions optimales de séchage et conservation de la farine de

taro.

IV.4.1-Teneur en eau monomoléculaire théorique et expérimentale

La figure 36 présente l’isotherme de sorption des farines lyophilisées après 10

jours et 20 jours de vieillissement. Cette figure montre que les valeurs de teneur en

eau après 10 jours et après 20 jours ne sont pas significativement différents. Ceci

suggère que le temps d’incubation de 10 jours permet d’atteindre la saturation à

l’humidité donnée. On peut également noter de ces courbes que entre les activités

de l’eau 0,07 et 0,33, les teneurs en eau des farines augmentent de manière quasi

linéaire pour atteindre la valeur de 7,2g H2O/100g M.S. Après cette période on

158
observe une phase de stabilité pendant laquelle l’augmentation de l’aw n’entraîne

pas une augmentation de la teneur en eau. Cette valeurs critique de 7,2 gH2O/100g

M.S est supérieure à la valeur (4gH2O/100 g M.S) déterminée antérieurement sur la

farine obtenue après séchage à l’étuve (Aboubakar, 2007). Cette observation

pourrait se justifier par le fait que pendant le séchage par lyophilisation, le produit est

très peu altéré comparé à l’étuvage.

La figure 37 présente la courbe de sorption suivant le modèle de BET. Dans la

même optique, la teneur en eau monomoléculaire a été analysée par le model

théorique BET. L’équation du modèle est représentée sur la figure 38. L’exploitation

de cette équation a permis de déterminer la valeur de la teneur en eau

monomoléculaire M1th égale à 6,9 g H2O/100g M.S.

8,0
Stockage 10 jours
Stockage 20 jours
7,5
Teneur en eau (g H2O/100g M.S)

7,0

6,5

6,0

5,5

5,0

4,5
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5

Activité de l'eau (aW)

Figure 36: Isotherme de sorption de la farine de taro lyophilisée stockée après 10 et


20 jours de stockage.

159
0,12

y = 0,1085x + 0,0417
0,1
R2 = 0,9918
0,08
aw/1-aw

0,06

0,04

0,02

0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
aw

Figure 37: Forme linéaire de la variation de la teneur en eau avec aw pour la


détermination des constantes de sorption.

Lorsque l’on trace la variation de la teneur en carbonyls avec l’activité de l’eau (figure

38), on se rend compte que la teneur en carbonyls est minimale pour aw=0,26, ce

qui correspond à une teneur en eau de 7,2 g/100g. La variation de la teneur en

malonaldéhyde présente quand à elle un minimum à l’aw = 0,36, ce qui correspond à

la teneur en eau de 7,6 g/100g. La figure 39 a permis de ressortir une comparaison

entre le marqueur analytique (carbonyls) choisi avec l’un de ceux habituellement

utilisé (malondialdehyde) après 20 jours de stockage à 45°C. les minima de variation

observés permettent de penser que lorsque l’activité de l’eau est faible, la

détérioration liée à l’action des glucides est plus importante. Par contre à des

activités de l’eau élevées, l’action des lipides est plus importante. Ainsi, eu égard au

fait que la farine de taro est faible en lipide et très riche en glucide, sa conservation

se fera de manière plus aisée dans les activités de l’eau réduite. L’oxydation liée à

l’action des malonaldéhydes n’aura pas un grand impact sur la qualité biochimique

de la farine.

160
Les variations en carbonyls et malonaldéhydes montrent que les conditions de

séchage meilleures se situent entre 7,2 et 7,6 g d’eau/100g de farines. Au-delà de

ces valeurs, les teneurs en ces produits de dégradation des protéines, glucides et

lipides augmentent de façon significative. Lorsque l’on compare la valeur

expérimentale de variation de carbonyls à la valeur théorique déterminée par la

méthode de sorption, on observe un rapprochement, ce qui indique que les

carbonyls représentent assez bien un marqueur moléculaire de dégradation du taro

pendant le séchage et le stockage.

Teneur en eau
8,0 Teneur en carbonyls 7,4

Teneur en Carbonyls (Unité DO/100g protéines)


7,5 7,2
Teneur en eau (g H2O/100g M.S)

7,0 7,0

6,5 6,8

6,0 6,6

5,5 6,4

5,0 6,2

4,5 6,0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5

Activité de l'eau (aW)

Figure 38: Détermination expérimentale de la teneur en eau monomoléculaire de la


farine lyophilisée de taro :(→) aW optimale, (……←) teneur en eau optimale

161
7,4 25
Teneur en carbonyls (Unité DO/100 g protéines)

Carbonyls
Malondialdehydes

Teneur en malondialdehydes (µg/100 g M.S)


7,2
24

7,0
23

6,8
22
6,6

21
6,4

20
6,2

6,0 19
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5

Activité en eau (aW)

Figure 39: Comparaison du marqueur analytique (carbonyls) choisi avec l’un de


ceux haituellement utilisé (malondialdehyde).

162
IV.4.2-Test d’acceptabilité de la farine de taro.

Les résultats de l’analyse sensorielle présenté dans le tableau 15, montrent

que la teneur en eau influence de façon significative l’acceptabilité de l’aspect,

(p=0,010), la flaveur (p=0,04) et la texture (p=0,003) alors que l’acceptabilité de la

couleur, l’acceptabilité générale avec ou sans la sauce ne varient pas

significativement. En général le achu préparé à partir de la farine à 7-8% d’humidité

est plus accepté pour son aspect, sa flaveur et assez bien pour sa texture. Lorsque

l’on compare l’acceptabilité du achu reconstitué au achu fait par la méthode

traditionnelle, on se rend compte que le achu fait à partir de la farine à 7-8%

d’humidité se rapproche le mieux. Le panel a conseillé d’effectuer un tamisage de la

farine afin d’éliminer certaines particules et fibres.

Le test de consommation a touché la plupart des couches sociales. Les

caractéristiques socio économiques des consommateurs sont présentées dans le

tableau. On peut y relever tous les niveaux académiques et catégories

socioprofessionnelles sont équilibrées.

De tous les consommateurs qui ont participé au test, tous connaissent le

tubercule de taro et l’aiment bien. 52,6% consomment le taro moins de 7 fois par

mois, 15,8% en consomment 7-10 fois par mois alors que 31,6% en consomment

plus de 10 fois par mois. Ces observations permettent de dire que le panel choisis

est habitué à ce tubercule. Pour ce qui est du achu, tous les panélistes connaissent

et le préparent. Ce panel est d’autant plus intéressant que l’acceptation de la farine

se fera comparativement à ce qu’ils aient l’habitude de préparer et consommer.

163
Tableau 15 : influence de la teneur en eau de fin de séchage sur l’acceptabilité du
achu.
Acceptabilité Acceptabilité
générale générale
Achu Aspect Couleur Texture Flaveur sans sauce avec sauce
5-6% 5,00±1,78 ab 4,92±1,04 ab 5,62±1,71c 3,54±1,66c 3,62±2,26 b 4,77±2,74 b
a a bc b b
7-8% 6,00±1,58 5,69±1,70 5,69±1,38 5,31±1,65 4,85±2,15 5,75±2,27b
Achu traditionnel 5,85±2,00 a 4,00±1,35b 6,92±1,93 ab 6,92±1,32a 6,73±1,36 a 7,69±1,38 a
10-11% 3,46±2,54 b 5,46±1,71 a 7,54±1,33a 4,92±2,06b 5,00±2,24 b 5,50±1,80 b
Les moyennes sur une même colonne, suivies d’une même lettre en puissance ne sont pas

significativement différentes au seuil 0,05.

Tableau 16: Caractéristiques socio économiques des consommateurs


Age Niveau Statut Revenu Catégorie
académique matrimonial mensuel socioprofessionnelle
age<35 Primaire 10,5% Marié 84,2% <100 000 Ménagère 47,4%
52,6% 78,9%
age<55 Secondaire Non marié <200 000 Employer 31,6%
47,8% 57,9% 15,8% 5,3%

Universitaire >200 000 Cadre 21,1%


31,6% 15,8%

164
Quand aux problèmes de préparation du achu, 84,2% pensent que le problème

majeur est lié à la pénibilité de la préparation, 10,5% pensent que c’est le temps

alors que 5,3% pensent à d’autres problèmes. Ces observations confortent encore

d’avantage la problématique initiale qui a conduit aux recherches sur la farine

actuellement en cours. En effet tous les consommateurs sont unanimes qu’une

alternative de préparation de taro moins pénible et de courte durée favoriserait sa

consommation.

Lorsque les farines ont été proposées aux consommateurs pour la préparation du

achu à partir de la farine et de la notice d’utilisation, plus des 3/4 ont reconnu n’avoir

aucun problème pour son utilisation (Figure 40A). Ce résultat permet de penser que

l’utilisation de la farine de taro par certains ménages sera facilitée par des séances

d’apprentissage. Des résultats sur l’acceptabilité du achu (Figure 40 B), il est apparu

que plus de la moitié aiment très bien le achu reconstitué alors que 47% l‘aiment

bien. Ce résultat obtenu d’un panel qui connaît et consomme fréquemment le achu

témoigne de sa bonne qualité et de bonnes propriétés de la poudre qu’il faut

standardiser. Bien évidemment la plupart (95%) des consommateurs seraient prêts

à acheter la farine si elle est commercialisée (Figure 40 C). La réticence des 5% de

consommateurs est lié à la dénaturation de leur met qui représente un symbole. Mais

il est probable qu’avec le développement social, ces produits s’intégreront bien

également parmi les plus réticents. Mais un problème majeur qui pourrait être

associée à la commercialisation de la farine est le prix psychologique (Figure 40 D)

proposé par les consommateurs, à savoir 300-500 fcfa le sachet de 250 g. en effet

au regard du compte d’exploitation d’une unité de production de 10,5 Kg de farine, il

a été évalué un prix de revient de 2180 fcfa/kg soit environ 550 fcfa pour le sachet de

250 g (Azangue, 2007). Ce résultat montre que le pouvoir d’achat faible des

165
consommateurs est un point qui pourrait entraver le développement du marché de la

farine de taro.

90
78,94737 54
80 52,63158
53
70 52
60 Fréquences (%) 51
Frequences (%)

50
50
49
40
48 47,38842
30 47
21,05263
20 46

10 45
44
0
Oui Non Bon Très bon
Aucun problème Acceptabilité

A B

50 47,36842
94,73884
100 45 42,10526
90 40
80
Fréquences (%)

35
Fréquence (%)

70
30
60
25
50
40 20
30 15
20 10 5,26316 5,26316
10 5,26316 5
0 0
Oui Non 300 500 750 Autres
Prêt pour l'achat Prix psychologiques (FCFA)
C D

Figure 40: Tests de consommation au près des ménages.

166
IV.4.3-Conclusion partielle

La détérioration de la farine peut être analysée par la détermination des

indicateurs biochimiques globaux. La méthode utilisant les carbonyls comme

indicateur de détérioration de la farine de taro permet de déterminer la valeur de la

teneur en eau où le produit présente un degré de dégradation faible. Cette teneur en

eau est proche de la teneur en eau monomoléculaire déterminée par la méthode de

BET. A cette teneur en eau, la farine montre une bonne acceptabilité auprès des

consommateurs. Les consommateurs sont près à acheter la farine si elle est

commercialisée. Mais toute fois, les facteurs limitant à cette commercialisation

pourraient être le prix psychologique et faible pouvoir d’achat des consommateurs.

La teneur en eau monomoléculaire ainsi déterminée permettrait-elle une

conservation de la farine pendant une longue durée ?

167
IV.5-Etude des variations physicochimiques et rhéologiques de la farine

de taro au cours du stockage.

Le présent travail a été effectué dans le but d’optimiser les paramètres de

conservation de la farine de taro. Plus spécifiquement, il est question d’évaluer des

variations physico-chimiques et rhéologiques des farines de granulométrie variable et

des pâtes au cours du stockage.

IV.5.1-Variation de la composition chimique au cours du stockage

La composition des farines est donnée dans le tableau 17 . Aucune différence

significative n’a été observée entre les différentes fractions de farines en ce qui

concerne la teneur en eau, les cendres et les glucides totaux. La teneur en eau est

proche de la teneur en eau mono moléculaire, favorable à la conservation. En

revanche, on a observé une baisse significative (p<0,05) de la teneur en protéines

contre une augmentation significative de la teneur en lipides et amidons résistants

avec l’augmentation de la fraction granulaire. A cet effet la fraction granulaire de

farine <75µm a montré une teneur élevée en protéines (1,47±0,01%) tandis que la

fraction granulaire <250µm a montré une valeur faible (1,28±0,02%). Ces résultats

dénotent de la compartimentation intracellulaire importante des protéines de taro,

contrairement aux protéines de structure qui se retrouvent généralement dans les

grosses particules. Des teneurs élevées en protéines ont également été observées

par Wang et Flores (1999) dans les fractions fines de farine de tortilla. D’autres

auteurs (Lamberts, De Bie et al., 2005) travaillant sur le riz ont reporté des variations

similaires des taux de protéines. Ces derniers auteurs ont conclu par ces

observations que les protéines ne sont pas distribuées de manière homogène dans

l’endosperme du riz. Toute fois, il n’existe pas une relation linéaire entre la teneur en

168
lipides et la fraction particulaire des farines. En effet les fractions <150µm possèdent

la teneur la plus élevée en lipides (0,22±0,001%), tandis que celles à 75µm

possèdent la valeur la plus basse (0,146±0,002%). La teneur en amidons résistants

quant à elle décroît en fonction de la taille de la farine de 2,26±0,09 pour la fraction

<250µm à 1,99±0,09 pour la fraction <75µm. Cette variation de la teneur en amidons

résistants se justifierait par la formation de croûte sur la surface des tranches

pendant le séchage, résultant de la déshydratation des sucres, et leur interaction

avec les protéines. Pendant cette déshydratation on assiste généralement à une

complexation et rétrogradation de l’amylose. En outre les interactions connues sous

le nom de réaction de maillard entraîneraient la formation de complexes de haut

poids moléculaires. Ces complexes se trouvent généralement dans les fractions

particulaires élevées et résistent généralement au broyage et à l’absorption d’eau. Il

faut toutefois noter que la présence des lipides, à travers la formation des complexes

lipide-amylose, est connue pour limiter les réactions de complexation et

rétrogradation des amyloses. À cet effet, on a observé une corrélation linéaire

négative et significative (r=-0,52 ; p<0,05) entre la teneur en amidon résistants et la

teneur en lipides. Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus par Wang &

Flores (1999), qui ont montré que la teneur en amidons résistants de la farine de

tortilla décroissait avec l’augmentation de la taille des particules. Toute fois la

présence de l’amidon résistant à travers l’accélération du transit intestinal joue un

rôle important dans le contrôle et la prévention de certains désordres métaboliques

comme l’obésité, le diabète et le cancer du côlon (Qiang, Guelph, 2006).

Pendant le stockage, on a observé pour chaque fraction particulaire une variation

significative des différentes caractéristiques de la farine. Pour ce qui est de la teneur

en eau des farines, la courbe typique de variation est présentée à la figure 41.

169
Tableau 7 : Composition chimique des différentes farines de taro
Taille (µm)

75 150 250

Eau (%) 7,56±0,18 7,42±0,33 7,99±0,07

Cendres (%) 5,37±0,03 5,46±0,03 5,52±0,01

Protéines (%) 1,47±0,01b 1,31±0,02a 1,28±0,02a

Glucides (%) 92,31±0,56 89,67±0,92 89,71±0,7

Lipides (%) 0,146±0,01a 0,224±0,01b 0,221±0,003b

Amidon resistant (%) 1,99±0,09a 2,11±0,3a 2,26±0,09b

Moyenne ± écartype; n=3 ; les valeurs sur une même ligne suivies d’une lettre en puissance ne sont pas
significativement différents au seuil p<0.05.
.

16
Teneur en eau (gH2O/100 g M.S)

14

12

10

0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)

Figure 41: Variation de la teneur en eau des farines au cours du stockage.

170
On peut y noter que la variation de la teneur en eau avec le temps de stockage a une

allure hyperbolique avec une augmentation rapide durant les 2 premiers mois, suivie

d’une saturation (humidité 15%). L’augmentation rapide de la teneur eau en début de

stockage serait due au fait que ces farines ont été prégélatinisées avant le stockage,

ce qui la rend plus hydrophile. Il est évident que cette variation dérive de l’équilibre

qui cherche à s’établir entre la farine (activité de l’eau faible) et l’environnement

(humidité et température variant avec les conditions). La variation de la teneur en

eau s’applique bien à la cinétique d’ordre 1, à en croire les coefficients de corrélation

obtenus (tableau 18). La constante cinétique d’absorption d’eau (k) et le temps de

demi saturation (t1/2) varient significativement avec le mode de stockage et la fraction

granulaire. La constante cinétique, k, augmente lorsque la fraction particulaire

baisse, alors que le temps de demi-saturation, t1/2, baisse lorsque la fraction

particulaire baisse. L’augmentation de la vitesse d’absorption d’eau avec la réduction

de la taille particulaire pourrait s’expliquer par l’augmentation de la surface

d’échange (Hogan et al., 1968). Tous ces deux paramètres, k et t1/2, varient de façon

opposée avec le mode de stockage. En effet la constante, k, est systématiquement

plus élevée pour les produits emballés et stockés en température de réfrigération et

plus faible pour les farines non ensachées et laissées en température ambiante alors

qu’un effet inverse est observé avec t1/2. Cette variation opposée des deux

paramètres s’explique simplement par le fait que plus la vitesse d’absorption d’eau

est élevée, plus le temps pour atteindre la saturation est faible. Sur la base de ceci

on constate aisément que l’emballage sous film de polyéthylène et stockage à la

température ambiante et l’emballage sous film de polyéthylène et stockage à 4°C

limitent la réhydratation des farines.

171
Tableau18: Constantes cinétiques d’absorption de l’eau des différentes farines de
taro en fonction du stockage
Constantes

Stockage Taille (µm) k(mois-1) t1/2 (mois) R2

SOBAT 75 0,809±0,083 0,81 0,84

150 0,667±0,029 1,04 0,96

250 0,634±0,038 1,09 0,98

SSBAT 75 0,462±0,1 1,5 0,86

150 0,332±0,1 2,08 0,84

250 0,296±0,073 2,34 0,77

SSBRT 75 0,287±0,07 2,41 0,99

150 0,21±0,027 3,3 0,97

250 0,179±0,013 3,87 0,97

SOBAT=stockage en température ambiante; SSBAT = emballage sous film de polyéthylène et


stockage à la température ambiante; SSBRT= emballage sous film de polyéthylène et stockage à 4°C.

172
La variation de la capacité d’absorption d’eau réelle (CAEr) des farines, pendant le

stockage, est représentée sur la figure 42. La courbe est d’allure gaussienne avec un

maximum d’absorption entre le 2ème et le 3ème mois (figure 42). Après cette période,

on note une baisse totale de CAEr. Comme dans le cas de la teneur en eau des

farines, les farines ayant de petites particules (75 µm) absorbent beaucoup d’eau

comparativement aux farines de grande taille (150µm et 250µm). Des courbes

similaires ont été observées pour ce qui concerne l’indice de solubilité dans l’eau

(ISE). Des variations similaires de la CAEa et de l’ISE avec la taille particulaire ont

été obtenus par Hogan et al., (1968), qui ont expliqué ce phénomène par

l’augmentation de la surface spécifique de fixation d’eau des petites particules.

La figure 43 montre la variation type de la teneur en amidons résistants au cours du

stockage. Elle indique que la formation des amidons résistants augmente en fonction

du temps de stockage avec des valeurs systématiquement élevées pour les grandes

fractions particulaires. Cette élévation est accentuée dans le cas des farines SOBAT

(2,05±0,134 mois-1) que dans le cas des farines SSBRT et SSBAT (0,223±0,04 et

0,389±0,2 mois-1). Mais toute fois, la valeur élevée en amidons résistants a été

observée dans la farine SOBAT (5,78±0,15 g/100 g M.S). Cette valeur élevée serait

liée à la technique de cuisson et aux conditions de stockage de la farine par le biais

de la rétrogradation. Ce résultat est comparable à ceux obtenus par plusieurs

auteurs Asp, (1995); Englyst & Hudson, (1996); Englyst, Kingman, & Cummings,

(1992); Goni et al., (1996); Siljestrom et al., (1989); Muir & O’Dea, (1992) sur la

farine du blé, les céréales du petit déjeuné, le riz précuit, la farine composé de blé et

du parota, l’avoines et la banane respectivement.

173
1000

250µm
800 150 µm
75 µm
CAEr (gH2O/100g M.S)

600

400

200

0
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


A

1200

250 µm
1000 150 µm
75 µm
CAEr (gH2O/100g M.S)

800

600

400

200
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


B

174
1000

900 250 µm
150 µm
800 75 µm
CAEr (gH2O/100g M.S)

700

600

500

400

300

200
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


C

Figure 42: Variation de la CAEr en fonction du temps de stockage et en fonction du


mode de stockage (A-non scellé et stocké à la température ambiante (SOBAT) ; B-
sachet en polyéthylène scellé et stocké à la température ambiante (SSBAT); C-
sachet en polyéthylène scellé et stocké dans un réfrigérateur à 4°C (SSBRT).

175
7
Amidons resistants (g/100g M.S)

2
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)

Figure 43: Variation des amidons résistants en fonction du temps de stockage.

Tableau 19: Constantes cinétiques de formation des amidons résistants des


différentes farines de taro en fonction du stockage.

Conditions de stockage Caractéristiques cinétiques

Taille (µm) k(mois-1) t1/2 (mois) R2

SOBAT 75 0,818±0,19 0,847 0,98

150 0,913±0,07 0,759 0,86

250 2,05±0,13 0,338 0,98

SSBAT 75 0,389±0,2 1,78 0,87

150 0,454±0,1 1,526 0,88

250 0,523±0,1 1,325 0,92

SSBRT 75 0,223±0,09 3,107 0,81

150 0,396±0,12 1,75 0,85

250 0,572±0,1 1,21 0,89

176
Plusieurs facteurs influencent la transformation des amidons digestibles en amidons

résistants. Les facteurs les plus importants sont : la source de l’amidon, la structure

granulaire de l’amidon, le degré de cuisson et la présence d’autres nutriments tels

que les protéines, les lipides et les fibres alimentaires (Annison & Topping, 1994;

Muir & O’Dea, 1992; Siljestrom et al., 1989). Les teneurs en amidons résistants

renvoient à la présence des structures cristallines de type A et B résistantes à la

digestion enzymatique (Annison & Topping, 1994). Ainsi donc, il serait possible que

la technique de cuisson (pré cuisson) utilisée dans le présent travail favorise la

formation des amidons rétrogradés. Ceci aurait une implication directe sur l’indice

valeur bleue (IVB). La variation de l’indice valeur bleue est représentée sur la figure

44 L’allure des courbes montre une baisse de l’IVB pendant les deux premiers mois

de stockage pour toutes les farines. Cette baisse est intense (320% DO/100 g) pour

les farines ayant des grandes tailles (150 et 250µm) et modérée pour les petites

tailles (75µm). Des corrélations (R=0,82; p<0,005) ont été établit d’une part entre

l’IVB et la taille des particules de farine et d’autre part entre l’IVB et le temps de

stockage (R=0,85, p<0,05). En effet, les particules de grande taille se cristallisent

rapidement sous l’effet de la rétrogradation pour donner des complexes

glycolipidiques ou des amidons résistants. À cet effet, une corrélation positive

(R=0,59, p<0,05) a été établit entre l’IVB et les amidons résistants. Ceci est en

accord avec les résultats obtenus par Njintang & Mbofung (2003) sur la farine de

taro.

177
480

460 75 µm
Indice Valeur bleue (% DO/100g M.S)

150 µm
250 µm
440

420

400

380

360

340

320

300
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


A

480

460
Indice Valeur Bleu (% DO/100g M.S)

75 µm
440 150 µm
250 µm

420

400

380

360

340

320

300
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


B

178
460
Indice Valeur Bleue (%DO/100g M.S)

440

420

400

75 µm
380
150 µm
250 µm

360
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


C

Figure 44: Variation de l’indice valeur bleue en fonction du temps de stockage (A-
non scellé et stocké à la température ambiante (SOBAT) ; B- sachet en polyéthylène
scellé et stocké à la température ambiante (SSBAT); C-sachet en polyéthylène scellé
et stocké dans un réfrigérateur à 4°C (SSBRT).

179
La teneur en sucres réducteurs est en général élevée à la fin de la période de

stockage (5mois) pour toutes les farines. La figure 45 montre l’allure de la variation

des sucres réducteurs en fonction du temps de stockage. Ces résultats montrent une

influence de la taille des particules sur la teneur en sucres réducteurs (p<0,05). Les

farines de petite taille (75 µm) ont une teneur élevée comparativement à celles de

grandes tailles (250 µm). Cette observation suggère que les farines ayant les petites

particules absorbent beaucoup d’eau pendant le stockage. Cette absorption a

entraînée l’hydrolyse des longues chaînes de sucre. Shaller (1978) a observé des

augmentations de la teneur en sucre réducteur en fonction de la fraction particulaire

au cours du stockage des denrées alimentaires américaines. Dans le même ordre

d’idée, le type de stockage influence aussi la teneur en sucres réducteurs. La farine

SOBAT a montré une augmentation de l’ordre de 20%. Ceci signifie que les farines

stockées dans ces conditions s’hydrolysent rapidement. Ce taux d’augmentation des

sucres réducteurs est inférieur à celui obtenu par Rasiklal et al., (1970). Ces auteurs

ont montré une augmentation de l’ordre de 18% après 4 mois de stockage des

farines de blé à 23, 30 et 37°C. Par ailleurs le rôle des sucres réducteurs étant

primordial dans le brunissement de la farine (Njintang, 2003), il serait impératif de

déterminer la couleur des farines pendant le stockage. Ainsi, les paramètres de

couleur des farines mesurée en utilisant l’espace L*a*b ont été représenté sur les

figures 46 et 47.

180
20

75 µm
18
150 µm
Sucres réducteurs (g/100g M.S)

250 µm
16

14

12

10

6
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)

16
Sucres réducteurs (g/100g M.S)

14
75 µm
150 µm
250 µm
12

10

6
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


B

181
10,5

10,0
Sucres réducteurs (g/100g M.S)

75 µm
9,5 150 µm
250 µm

9,0

8,5

8,0

7,5

7,0
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


C

Figure 45: Variation de la teneur en sucres réducteurs en fonction du temps de


stockage.

182
La différence entre les couleurs des farines est significative (p<0,05). Les

valeurs des paramètres L* décroisent avec le temps de stockage. Cette baisse est

importante dans les farines à grosses particules (2,65%) comparativement à celles

de petite particule (2,35%). La baisse du paramètre L* serait liée au noircissement de

la farine. Ceci contribue à l’augmentation des paramètres a*(rouge) et b*(jaune). En

plus, les analyses statistiques ont montré l’influence combinée du stockage et de la

taille des particules sur les paramètres a* et b* (p <0,05). Les paramètres a* et b*

augmentent avec le temps de stockage. Une corrélation positive (R=0,87, p<0,05) a

été observée entre le paramètre a* et les sucres réducteurs. Les sucres réducteurs

et les amines libres sont des éléments importants lors des phénomènes de

brunissement. En faite, ces résultats sont en accords avec ceux obtenus par Jamin &

Flores (1998), qui ont montré l’augmentation du paramètres a* avec celui des sucres

réducteurs et des protéines dans la farine de maïs. Ce constat justifie clairement

l’implication de ces paramètres dans le brunissement non enzymatique lors de la

décoloration de la farine. Kerr et al.,(2000), ont eu des résultats similaires sur la

farine de Vigna unguiculata.

IV.5.2-Variation des caractéristiques physiques des farines au

cours du stockage

Les caractéristiques physiques des farines ont été ont été évalués par

l’appareil Hosokawa (Figure 48 a, b, c). L’analyse de variance cumulée a montré que

les valeurs de l’angle de repose varient de manière significative (p<0,05) en fonction

du temps, du mode de stockage et de la granulométrie. En ce qui concerne le temps

de stockage, la valeur la plus élevée est observée pour les échantillons stockés

pendant le premier mois, tandis que les valeurs les plus faibles sont observées dans

183
l’échantillon stocké pendant 5 mois. Pour la taille des particules on observe une

variation significative la valeur la plus élevée (18°) a été obtenue dans les farines à

250µm, tandis que la valeur la plus faible (17,69°) a été observée dans les farines qui

possèdent des petites tailles (75µm). Dans le cas du mode de stockage, il existe une

variation significative de l’angle de repos entre les différentes farines à partir du

troisième mois de stockage. Ce qui nous a fait penser que les farines de taro ont des

comportements physiques différents et pourraient donner des pâtes aux

caractéristiques différentes pendant la reconstitution.

Les résultats de compressibilité des farines montrent que celles-ci varient de

manière significative en fonction de la granulométrie de mouture des farines, de la du

mode de stockage et du temps de stockage. Les valeurs les plus élevées (26,07)

sont observées pour des farines ayant 75 µm stockées et non scellées, tandis que

les valeurs les plus faibles sont observées dans les particules de grosse taille (250

µm). Ces observations sont similaires aussi bien pour les farines scellées et stockées

à l’air ambiante que dans le réfrigérateur. Ces observations nous laissent penser que

la compressibilité diminue en fonction de l’augmentation de la taille des particules.

Cette augmentation ne saurait expliquer l’augmentation de la cohésion des farines.

En effet, une élévation de la cohésion avec le temps de stockage a été déterminée

(Fig. 49 a, b, c). Cette observation pourrait s’expliquer par le fait qu’au cours du

stockage, les farines absorbent de l’eau et leurs particules gagnent en volume. À cet

effet, une corrélation (R=0,65, p<0,05) a été établit entre la teneur en eau et la

cohésion des farines. Ce phénomène est similaire à celui observé par Richefeu

(2005) qui, en travaillant sur les matériaux granulaires a montré une augmentation de

la cohésion avec la teneur en eau des granules. L’augmentation de la cohesion

aboutit à la baisse de l’écoulement de la farine.

184
94

92

75 µm
90 150 µm
250 µm

88
L*

86

84

82

80
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)

91

90
75 µm
150 µm
89 250 µm

88
L*

87

86

85

84

83
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)

185
93

92 75 µm
150 µm
250 µm
91

90
L*

89

88

87

86

85
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)

Figure 46: Variation du paramètre L* en fonction du temps de stockage : A -


(SOBAT) ; B-(SSBAT) ; C-(SSBRT).
.

186
0,6

0,4

0,2 75 µm
150 µm
0,0 250 µm

-0,2
a*

-0,4

-0,6

-0,8

-1,0

-1,2

-1,4
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


A

1,5

1,0 75 µm
150 µm
250 µm

0,5
a*

0,0

-0,5

-1,0

-1,5
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


B

187
0,8

0,6

75 µm
0,4 150 µm
250 µm

0,2
a*

0,0

-0,2

-0,4

-0,6
0 1 2 3 4 5

Temps de stockage (mois)


C
Figure 47: Variation du paramètre a* en fonction du temps de stockage : A -
(SOBAT) ; B-(SSBAT) ; C-(SSBRT).
.

IV.5.3-Variation du profil textural au cours du stockage

Le profil textural des pâtes est caractérisé par une courbe ayant deux aires

positives et deux aires négatives. Le pic de la première aire caractérise la dureté de

la pâte. Ainsi donc, Les figures 50 (a, b, c) montrent que la valeur de dureté la plus

élevée (3,03N) a été observé dans les farines de 250µm. En général la dureté de

toutes les pâtes diminuent considérablement avec le temps de stockage. Cette

baisse commence faiblement les trois premiers mois et s’accentue au-delà de cette

période. La structure plastique change graduellement en une structure rigide de

faible dureté. Cette transformation est intense dans les pâtes produites à partir de la

188
farine SOBAT comparativement à celles issues de la farine SSBAT. Rahman & Al-

Farsi (2005) qui ont travaillé sur les farines des dates, ont eu à obtenir des résultants

similaires. Bien que la pâte du taro n’ait pas une structure rigide, il serait plus

important de mesurer l’énergie nécessaire pour la transformer en une structure prête

à être avalée. Cette structure est le gumminess (Figure 51a, b, c). Ainsi donc, la

valeur la plus élevée en gumminess (2,788N) a été observé dans les pâtes produites

à l’aide des farines à 250µm. Tandis que la valeur la plus faible (1,377N) a été

observée pour la pâte traditionnelle. L’adhésivité est aussi un paramètre important

des produits gommeux. Il mesure le travail nécessaire pour surpasser la force

gravitationnelle entre la surface de la pâte et celle du récipient au quel la pâte est

mise en contact. À l’issu de son évaluation, il ressort que la pâte traditionnelle

possède la valeur la plus élevée (-76,895 N.s) comparativement aux pâtes

reconstituées où la valeur la plus élevée est de -155,3 N.s (250µm). Il a été aussi

observé que la taille des particules n’avait aucune influence sur l’adhésivité. Les

figures 52 (a, b, c) montrent une augmentation de l’adhésivité avec le temps de

stockage. Cette augmentation est beaucoup accentuée après trois de stockage.

Cette augmentation serait due à un phénomène d’hydrolyse des granules d’amidon

pendant le stockage. En effet il a été montré qu’au cours du stockage les grosses

molécules de sucre s’hydrolysaient en des petites chaînes.

189
250 µm
150 µm
17,9 75 µm
75 µm
150 µm

Angle de repos (°)


18,0
250 µm
17,8
17,9
Angle de repos (°)

17,8
17,7
17,7

17,6 17,6

17,5

17,5
17,4
0 1 2 3 4 5
0 1 2 3 4 5

A Temps de stockage (mois) B Temps de stockage (mois)

18,1 75 µm
150 µm
250 µm
Angle de repos (°)

18,0

17,9

17,8

17,7

17,6
0 1 2 3 4 5

C Temps de stockage (mois)

Figure 48 : Variation de l’angle de repos des farines SOBAT (A), SSBAT(B) et


SSBRT (C) pendant le stockage.

91,0

90,8 75 µm
250 µm
90,6 150 µm
Cohesion (%)

90,4

90,2

90,0

89,8

89,6

89,4

89,2
0 1 2 3 4 5

A Temps de stockage (mois)

190
90,6
91,0
90,4

90,5
75 µm 90,2
150 µm 75 µm
250 µm 150 µm

Cohesion (%)
90,0 90,0
250 µm
Cohesion (%)

89,8
89,5

89,6
89,0
89,4

88,5
89,2

88,0 89,0
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5

B Temps de stockage (mois) C Temps de stockage (mois)

Figure 49 (A, B, C): Variation de la cohésion des farines SOBAT, SSBAT et SSBRT
pendant le stockage respectivement.
3,2 3,4
75 µm
75 µm
150 µm
3,2 150 µm
3,0 250 µm
250 µm

3,0
2,8

2,8
Dureté (N)

Dureté (N)

2,6
2,6
2,4
2,4

2,2
2,2

2,0 2,0

1,8 1,8
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5

A Temps de stockage (mois) B Temps de stockage (mois)

3,4

75 µm
3,2
150 µm
250 µm
3,0

2,8
Dureté (N)

2,6

2,4

2,2

2,0

1,8
0 1 2 3 4 5

C Temps de stockage (mois)

Figure 50 (A, B, C): Variation de la dureté des pâtes issues des farines SOBAT,
SSBAT et SSBRT pendant le stockage respectivement.

191
3,2
75 µm
150 µm 3,2
3,0
250 µm
75 µm
3,0
2,8 150 µm
250 µm
2,8
2,6
Gumminess (N)

2,6

Gumminess (N)
2,4 2,4

2,2 2,2

2,0
2,0
1,8
1,8
1,6
1,6
1,4

1,4 1,2
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5

A Temps de stockage B Temps de stockage (mois)

3,0

2,8 75 µm
150 µm
250 µm
2,6

2,4
Gumminess (N)

2,2

2,0

1,8

1,6

1,4

1,2
0 1 2 3 4 5

C Temps de stockage (mois)

Figure 51 (A, B, C): Variation du gumminess des pâtes issues des farines SOBAT,
SSBAT et SSBRT pendant le stockage respectivement.

-130 -125

75 µm
75 µm -130 150 µm
-135
150 µm 250 µm
250 µm
-135
-140
Adhésiveté (N.s)

Adhésiveté (N.s)

-140
-145
-145

-150
-150

-155
-155

-160 -160
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5

A Temps de stockage (mois) B Temps de stockage (mois)

192
-130

75 µm
150 µm
-135
250 µm
Adhésiveté (N.s)

-140

-145

-150

-155
0 1 2 3 4 5

C Temps de stockage (mois)

Figure 52 (A, B, C): Variation de l’adhésivité des pâtes issues des farines SOBAT,
SSBAT et SSBRT pendant le stockage respectivement.

Toute fois, contrairement à ces résultats, Njintang, Mbofung & Kesteloot (2007) ont

eu à observer une baisse de l’adhésivité lorsque la taille des particules de farine

baissait.

IV.5.4-Conclusion partielle

Les résultats ont montré quelques modifications physicochimiques et

rhéologiques des farines et des pâtes. L’étude a montré que pendant les 5 mois de

stockage, les variations de la teneur en eau des farines ont été observées. En plus, il

y a une augmentation de la teneur en amidons résistants. La capacité d’absorption

d’eau et l’indice de solubilité dans l’eau augmentent les trois premiers mois puis

décroissent par la suite. La couleur des farines aussi varie. La luminance (L*) décroît

tandis que les paramètres a* et b* croissent. L’angle de repos augmente alors que la

cohésivité diminue La dureté de toute les pâtes diminue considérablement avec le

temps de stockage. La valeur la plus élevée du gumminess a été observée dans les

pâtes à grosses particules. L’adhésivité la plus élevée a été notée pour la pâte

traditionnelle comparativement aux pâtes reconstituées.

193
V- CONCLUSION GÉNÉRALE

Les résultats obtenus dans le présent travail ont montré que les farines et

amidons de taro présentent des différences structurales et sur les propriétés

thermiques et rhéologiques. L’étude a montré que les farines et amidons de taro ont

une teneur faible en protéine et lipide. La taille des granules d’amidon (<5 µm) varie

de manière significative entre les variétés. Les températures moyennes initiales et de

gélatinisation sont de 55 et 65°C respectivement. L’indice amorphe, la capacité

d’absorption d’eau, l’indice de solubilité dans l’eau varient de manière significative

entre les variétés. Ces analyses ont permis de sélectionner la variété Ibo coco

comme la variété ayant des bonnes caractéristiques thermiques. Pendant la cuisson

des tubercules de taro, les propriétés physicochimiques et texturales varient en

fonction du type de cuisson. La tendreté du tubercule résulte de l’action des

protéines solubles, du degré de gélatinisation, du degré de séparation cellulaire et

des amidons digestibles. Le degré de gélatinisation, les amidons digestibles, les

protéines solubles ont une influence négative sur la dureté des tubercules. La

cuisson dans les solutions acides induit des goûts amères et acides. Les farines

issues des cuissons dans les solutions de citron et de tamarin ne sont pas

appréciées à cause de leur arrière goût. Ceci permet de choisir la cuisson dans l’eau

de robinet comme meilleur mode de cuisson et les différents temps de cuisson sont

de 15 min dans les cuisson dans les solution et 12 min pour la cuisson par la vapeur.

Dans les différentes farines, l’analyse des minéraux a montré que le magnésium est

l’élément le plus abondant. Tous les échantillons analysés montrent une légère

hystérésis entre la courbe de sorption et celle de la désorption. La farine SS a la

valeur la plus élevée de la constante d’oswin (A). De plus, le degré d’organisation

194
structurale de granules d’amidon est significativement influencé par le mode de

cuisson. En général, il existe une inter-corrélation entre les différentes propriétés

physicochimiques des farines. Le achu obtenu par reconstitution de la farine à 78%

d’eau, donne des caractéristiques texturales proches de la pâte traditionnelle. Mais

toute fois, l’analyse sensorielle a montré que toutes les farines reconstituées étaient

granuleuses. La détérioration de la farine peut être analysée par la détermination des

indicateurs biochimiques globaux. La méthode utilisant les carbonyls comme

indicateur de détérioration permet de déterminer la valeur de la teneur en eau

monomoléculaire M1théorique et expérimentale. L’activité de l’eau de formation des

carbonyls (0,26) est inférieure à celle de la formation des malondialdéhydes (0,32).

Pendant 5 mois de stockage, il y a une augmentation de la teneur en amidons

résistants. La capacité d’absorption d’eau et l’indice de solubilité dans l’eau

augmentent les trois premiers mois puis décroissent par la suite. La couleur des

farines aussi varie. La luminance (L*) décroît tandis que les paramètres a* et b*

croissent. L’angle de repos augmente alors que la cohésivité diminue. La dureté de

toutes les pâtes diminue considérablement avec le temps de stockage. La valeur la

plus élevée du gumminess a été observée dans les pâtes à grosses particules.

L’adhésivité la plus élevée a été notée pour la pâte traditionnelle comparativement

aux pâtes reconstituées. En bref, l’optimisation des paramètres de production et de

conservation de la farine passe par le choix de la variété Ibo coco. Cette variété doit

être cuite pendant 15 min dans l’eau du robinet, pelé puis séchée jusqu’à obtention

d’une teneur en eau de fin de séchage comprise entre 7 et 8%. Les farines doivent

être fine (75 et 150 µm) et conservées à 4°C dans les sachets scellés pendant 4 à 5

mois.

195
PERSPECTIVES

Il serait nécessaire pour compléter l’étude sur la texture de la pâte

reconstituée en analysant l’influence des autres sources amylacées sur les

caractéristiques rhéologiques et organoleptiques de la pâte.

Il serait aussi nécessaire d’optimiser le processus de broyage des cossettes

afin d’obtenir une farine ayant des fines particules.

Enfin il serait nécessaire de faire une production des farines aux activités en

eau proche de celle correspondante à la teneur en eau monomoléculaire et d’étudier

les modifications physicochimiques et rhéologiques des pâtes qui en résulteront.

196
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OPTIMISATION DES PARAMÈTRES DE PRODUCTION ET DE CONSERVATION DE
LA FARINE DE TARO (Colocasia esculenta)

RESUME

L’étude de l’optimisation des paramètres de production et de conservation de la


farine de taro (Colocasia esculenta) a permis de mieux comprendre le processus
cuisson des tubercules et de conservation des farines. Les études de cuisson des
tubercules de six variétés ont montré que la variété Ibo coco est celle qui cuit vite eu
égard à ses bonnes propriétés thermiques. La cuisson des tubercules dans l’eau du
robinet est la meilleure technique de cuisson comparativement aux cuissons, à la
vapeur, dans les solutions acides de citron et de tammarin. Les études de
détermination des conditions optimales de séchage et conservation de la farine de
taro, en utilisant un vieillissement accéléré à 10 et 20 jours de stockage à 45°C à des
activité en eau de 0,07 ; 0,11 ; 0,23 ; 0,33 ; 0,53 ont permis de montrer que le
vieillissement après 10 jour de stockage était suffisant pour les analyses. De plus
l’application du modèle BET lors des mesures des isothermes de sorption, a permis
de déterminer les teneurs en eau monomoléculaires théorique et expérimentale. Les
farines produites à la teneur en eau monomoléculaire, donnent une pâte ayant des
caractéristiques texturales proches de celles de la pâte traditionnelle. Toutefois, la
conservation de ces farines à différent fractions particulaires (75, 150 et 250 µm)
montre que les petites fractions particulaires (75 µm) absorbent plus vite de l’eau que
les autres fractions particulaires et sont de ce fait plus susceptibles à la détérioration.
Mots clés : tubercules de taro, farines, activité en eau, fractions particulaires,
conservations

OPTIMIZATION OF THE PARAMETERS OF PRODUCTION AND STORAGE OF


TARO FLOUR (Colocasia esculenta)

ABSTRACT

Study on optimization of production and storage parameters of the taro (Colocasia


esculenta) flour permitted to better understanding the cooking process of taro tubers
and storage of taro flours. Studies of cooking of six varieties of tubers showed that
the variety Ibo coco had high rate of cooking, due to his good thermal properties. The
cooking of tubers in the faucet water is the best technique of cooking compared to,
steam cooking, lemon and tammarin cooking. Studies of determination of the optimal
conditions of drying and storage of the taro flour, using an accelerated ageing to 10
and 20 days of storage at 45°C to the activity in water of 0,07; 0,11; 0,23; 0,33; 0,53,
showed that the ageing after 10 day of storage was sufficient for analyses. Besides
the use of the BET model on sorption isotherms, permitted to obtain values of
theorical and experimental monolayer water. Flours produced at this monolayer
water, give dough with the textural characteristics near of those of traditional dough.
However, the storage of these flours with different particle sizes (75, 150 and 250
µms) shown that the small particle size (75 µms) absorb water quickly than other
flours, and they are more susceptible to the deterioration.
Keys words: taro flour, water activity, particle sizes, storage

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