Auxiliaires Communs Aux Cultures Légumières Biologiques - Fiche ITAB
Auxiliaires Communs Aux Cultures Légumières Biologiques - Fiche ITAB
Auxiliaires Communs Aux Cultures Légumières Biologiques - Fiche ITAB
en cultures légumières
m a r a î c h a g e
biologiques
Les cultures légumières sont régulièrement la cible de maladies et de ravageurs. Néanmoins, les
dégâts occasionnés peuvent être réduits grâce à l'intervention d’auxiliaires. Ce sont des
organismes vivants, prédateurs, parasitoïdes ou micro-organismes soit présents naturellement
dans l'écosystème, soit introduits par l’homme comme agents de lutte biologique. Cette fiche
présente quelques pistes et informations pour apprendre à reconnaître les principaux auxiliaires
rencontrés en production légumière biologique, détecter les traces de leur présence et connaître
leur potentiel d'action.
assurer une protection efficace. Dans cer-
taines conditions, en culture sous abri
Trois types d’auxiliaires
Généralités notamment, l'introduction d'auxiliaires de Les auxiliaires, peuvent être :
lutte biologique peut s'avérer nécessaire et - des vertébrés (oiseaux, batraciens,
très efficace. reptiles, petits mammifères insectivores),
En plus de l'observation des ravageurs et des - des invertébrés (insectes, arachnides,
dégâts qu'ils causent aux cultures, l'observa- Lutte biologique nématodes),
tion directe des auxiliaires ou des différents En agriculture biologique, l’origine et la - des micro-organismes (champignons,
signes de leur activité doit permettre à nature des auxiliaires utilisés doivent faire virus, bactéries, protozoaires...).
l'agriculteur de décider dans quelle mesure l’objet d’une attention particulière. Les principaux auxiliaires rencontrés en
une intervention est nécessaire ou s'il faut, Les auxiliaires, multipliés en laboratoire, cultures légumières sont des arthropodes
au contraire, laisser le temps à la nature sont introduits dans la culture par lâchers entomophages (insectes et acariens).
d’agir pour limiter le développement de inondatifs successifs ou sur des plantes- Les pollinisateurs, essentiellement les
populations de ravageurs. relais, dans le but d'installer dans la serre abeilles et bourdons, sont parfois classés
une population suffisante pour limiter l'ap- parmi les auxiliaires des cultures.
Régulation naturelle des parition et le développement des rava- Si cette fiche aborde principalement
ravageurs geurs. Les méthodes de lutte biologique l'action des invertébrés et des micro-
Il n'est pas rare, en production biologique, nécessitent cependant une certaine antici- organismes, l'action des vertébrés ne doit
d'observer la régulation naturelle des pation pour installer de façon précoce dans pas être négligée.
populations de ravageurs grâce à l'inter- l'abri une population d'auxiliaires capable
vention d'auxiliaires indigènes. Les popula- de juguler rapidement le développement (Dans le texte les auxiliaires de lutte
tions de ravageurs et d'auxiliaires ont en des ravageurs dès leur apparition. biologique sont marqués d'un astérisque*.)
effet une évolution parallèle dans le
temps. L'auxiliaire (ou plusieurs auxiliaires
agissant en synergie) se développe après le
ravageur, et de façon progressive, jusqu'à
ce que la population de ravageurs diminue.
Quand une telle régulation se crée, un
équilibre (dit dynamique) se met en place
entre auxiliaires et ravageurs, et le seuil de
nuisibilité (voir encadré) n’est souvent pas
atteint. Attention, ce n’est pas le cas
lorsque le ravageur est vecteur de virus
pathogènes, comme certains pucerons
notamment.
Colonie de pucerons attaquée par une larve de Syrphe pyrastre (Scaeva Pyrastri)
Remarque : il existe aussi des coccinelles
aleurodiphages et d’autres mycophages.
Les insectes
(adulte possédant Les staphylins (Staphylinidae)
trois paires de Les staphylins sont des Coléoptères au
pattes) corps allongé ; les élytres, réduites, ne
couvrent pas tout l'abdomen. Leur corps
Tous les stades (œuf, larve, nymphe, adul- est généralement noir et/ou brun et parfois
te) d'un ravageur sont susceptibles d'être la velu. Ils mesurent de 0,5 à 3 cm. Les staphy-
proie ou l'hôte d'une ou plusieurs espèces lins adultes sont des prédateurs qui chassent
d'auxiliaires. On distingue ainsi parmi les les larves (asticots) de Diptères ; au stade lar-
auxiliaires : vaire, ils en sont parasitoïdes. En effet, la
• les prédateurs : le stade prédateur est femelle pond ses œufs dans le sol et, à l’éclo-
souvent le stade larvaire, l'adulte peut sion, les larves cherchent des pupes de
soit avoir le même régime alimentaire Diptères à parasiter. Parmi leurs hôtes, on
que la larve (il est aussi prédateur), soit trouve principalement des mouches (du
être polliniphage, nectariphage, ou enco- chou, de l'oignon, des semis). Des essais de
©IBB
re se nourrir de miellat (produit par les lutte biologique sont en cours avec
Coccinelle et punaise
pucerons) ; Aleochara sp.* pour lutter contre la mouche
du chou.
• les parasitoïdes : l'adulte pond dans ou à Les Coléoptères
proximité d'un insecte (l'hôte) aux dépens Les carabes (Carabidae)
Les Coléoptères ont des ailes antérieures
duquel une ou plusieurs larves vont se
rigides (= élytres) qui protégent les ailes Les carabes sont des Coléoptères dont les
développer. On distingue ainsi les para-
postérieures membraneuses. Parmi les élytres couvrent la quasi-totalité du
sites externes (ectoparasitoïdes) des
Coléoptères auxiliaires on distingue plu- corps. Les plus grands mesurent plusieurs
parasites internes (endoparasitoïdes).
sieurs familles : centimètres. Leur corps svelte est caractéri-
Dans le second cas, l'adulte pond dans
sé par un écusson trapézoïdal (à la face
l’œuf, la larve, la nymphe ou l'adulte de Les coccinelles (Coccinellidae) supérieure du thorax) nettement distinct
son hôte, et ses larves (une ou plusieurs Ce sont des Coléoptères dont les élytres de la tête et des élytres. Les adultes vivent
par hôte) s'y développent. La nymphose couvrent la totalité de l'abdomen, et essentiellement au sol. Les carabes sont
peut se faire dans l'hôte ou à l'extérieur dont le corps très bombé est hémisphé- pour la plupart des prédateurs polyphages,
de sa dépouille. rique ou ovale. qui s'attaquent à des proies diverses telles
Remarque : contrairement aux parasi- que limaces, larves d'insectes et autres
toïdes, les parasites n’entraînent pas petits invertébrés.
obligatoirement la mort de l’hôte.
Les Dermaptères
© C.SLAGMULDER - INRA
©IBB
micro-Hyménoptères qui pondent dans
Larve de Syrphe ceinturé (Episyrphus balteatus)
les larves d'aleurodes. Les larves parasi-
orangée, peut tuer jusqu'à vingt pucerons Les mirides (Miridae) tées ont une couleur différente (généra-
par jour, mais ne les consomme pas tous. lement plus foncée) des larves saines.
Ce sont des punaises filiformes de quelques
Dans cette famille, on trouve également • Les parasitoïdes de Lépidoptères
millimètres dont l'axe de la tête fait un
Feltiella acarisuga*, une cécidomyie prédatri- Il y a dans ce cas deux types de parasitis-
angle avec le corps, et ne possède pas
ce d'acariens. me (interne et externe). L'Hyménoptère
d'ocelle. Les mirides sont très fréquentes
Les syrphes (Syrphidae) sur les plantes herbacées. Certaines adulte (micro-guêpe d'un millimètre ou
espèces sont phytophages, mais d'autres Ichneumon pouvant mesurer plusieurs
Les syrphes sont des Diptères de 8 à 15
sont des prédateurs polyphages très effi- centimètres) pond dans l'hôte ou à
mm selon les espèces, dont les larves
caces. C'est le cas de Macrolophus caligino- proximité de celui-ci. L'hôte est le plus
apodes mesurent 1 à 2 cm. Les adultes souvent une chenille de Lépidoptère qui
sont souvent confondus avec des sus*, prédateur aux stades larvaires et
adulte d'aleurodes, de pucerons, d'acariens peut être parasitée par une ou plusieurs
Hyménoptères, notamment des guêpes, larves qui se nymphosent dans ou à
du fait de leur mimétisme de couleur et qui se nourrit parfois d'œufs de
proximité de la dépouille de celle-ci. Les
(abdomen jaune et noir) et de forme avec Lépidoptères.
populations de piérides subissent natu-
celles-ci. Ces mouches sont caractérisées Les anthocorides rellement un taux de parasitisme assez
pour certaines par un stade larvaire aphi- élevé en agriculture biologique, du fait
diphage non spécifique. Certaines espèces
(Anthocoridae)
de la présence, sur les parcelles, d'un
peuvent se nourrir de près de 40 espèces La tête des anthocorides fait un angle
micro-Hyménoptère : Apanteles glomera-
avec le corps, et porte des ocelles. Ces
de proies différentes, comme c'est le cas tus. Les larves de cet auxiliaire (jusqu'à
punaises ont un corps aplati, allongé ou quinze par chenille) se développent dans
pour Episyrphus balteatus, espèce répan-
ovale, de 5 mm de long en moyenne, de les chenilles de piérides dont la partie
due dans nos régions. L'adulte est pollini-
couleur brune ou noire tachetée. L'adulte postérieure s’enfle. A maturité, les larves
phage et nectariphage et pond ses œufs à
et la larve sont polyphages (thrips, psylles, sortent pour se nymphoser. Elles tissent
proximité de colonies de pucerons. Une
acariens, pucerons, etc). Dans cette famil- ensuite un cocon jaune à proximité de la
larve peut manger 250 à 400 pucerons en
le, on distingue principalement deux dépouille de leur hôte.
deux semaines. Il y a une à cinq généra-
genres d'auxiliaires : le genre Orius spp. Il existe aussi des parasitoïdes d'œufs de
tions par an selon les espèces. Les syrphes
mesurant moins de 3 mm, et le genre Lépidoptères. Ce sont principalement des
sont présents pendant une grande partie
Anthocoris spp. qui regroupe des punaises micro-Hyménoptères, tels que les tricho-
de l'année dans les cultures. Leur taille
de plus de 3 mm. Ces espèces, actives en grammes, dont la femelle adulte pond
(jusqu'à 1,5 cm), leur vol stationnaire, et
été, au régime polyphage, sont présentes dans les œufs de papillons (pyrales, pié-
leur couleur, permettent de les détecter
sur de nombreuses cultures. rides et noctuelles). Une ponte peut ainsi
aisément, tout comme la présence de
détruire une centaine d'œufs de
pupes et de miconium (unique déjection Les nabides (Nabidae) Lépidoptères.
de la larve) dans les cultures. Leur pré- Ces punaises dont l'axe de la tête est dans
sence dans une colonie aboutit de façon le prolongement de celui du corps, sont
générale à la destruction de celle-ci. Leur prédatrices à tous les stades de leur déve-
action est précoce au printemps et leur loppement. Leur corps svelte de 5 à 12
apparition favorisée par la présence de mm, est généralement de couleur brun
plantes à floraison précoce dans l’envi- jaunâtre à brun roux. Elles sont polyphages
ronnement de la parcelle. (pucerons, acariens, larves de mirides phy-
tophages) et actives en été.
2 cm. Les larves ressemblent beaucoup aux Pour simplifier, les auxiliaires appartenant
adultes mais sont dépourvues d'ailes. On à cet ordre sont ici regroupés en fonction
distingue plusieurs familles de punaises : de leur proie ou de leur hôte. Eclosion d’Apanteles
contre les acariens phytophages et lutter contre les chenilles de Noctuelle du
Les Névroptères Amblyseius cucumeris* contre les thrips en chou, sont disponibles dans le commerce.
(chrysopes et hémérobes) culture sous abri.
Ces insectes ont des ailes membra-
neuses très nervurées qui forment, au
repos, un toit sur l'animal (elles ne se Conclusion
superposent pas). Les chrysopes sont de
couleur verte, les hémérobes sont bruns.
Les micro-
Leurs larves sont des prédateurs au corps
organismes
trapu et portant de puissantes mandibules La plupart de ces auxiliaires sont actifs dans
en forme de croissant. Leur mobilité en fait
de redoutables prédateurs de pucerons. Les Les champignons toutes les régions de France. Leur action isolée
Les champignons entomopathogènes ont peut mener à la disparition de ravageurs,
œufs de couleur blanche sont pondus au bout notamment sous abris, mais de manière
des effets visibles et identifiables sur les
d'un frêle pédicelle fixé au végétal.
ravageurs infestés. Ils provoquent en effet générale, c'est l'action conjuguée de plusieurs
des mycoses blanches, grises ou brunes sur types d'auxiliaires qui permet d'endiguer la
leurs hôtes. Ces champignons nécessitent prolifération de ravageurs. En plus de l'action
généralement un climat doux et humide des agents auxiliaires cités précédemment, il
© POITOUT H.S - INRA
pour se développer et limitent particulière- ne faut pas négliger l'effet des araignées, et
ment bien les infestations de pucerons. des vertébrés (oiseaux, batraciens, reptiles,
Ainsi, Beauveria spp. s'attaque entre autres petits mammifères, etc.) qui peuvent égale-
aux Diptères, les espèces du genre ment participer à la lutte biologique sur les
Chrysope Entomophthora s'attaquent aux pucerons,
parcelles cultivées.
Verticillium lecanii prend pour cible les aleu-
L’adulte de chrysope mesure environ 2 cm Les auxiliaires, comme les ravageurs, sont
rodes et les pucerons. Il est commercialisé.
et possède des yeux dorés. Principalement généralement inactifs en hiver (période d'hi-
Il détruit les foyers d'aleurodes sous serre
aphidiphages, les larves peuvent aussi, en vernation). Il convient donc de leur ménager
en les recouvrant d'un feutrage blanc
l'absence de pucerons, s'attaquer à des aca- des abris (haies et talus) et de favoriser leur
caractéristique.
riens ou à des oeufs et jeunes larves de venue très précocement au printemps afin
Un insecte mycosé devient infectieux, les
Lépidoptères. Très efficaces en été, les chry-
climats doux et humides favorisent le déve- qu'ils limitent la pullulation de certains rava-
sopes consomment une trentaine de puce-
loppement du champignon (et sa sporula- geurs qui peuvent apparaître très tôt dans
rons par jour (jusqu'à 500 au cours du cycle
tion) qui agit par contact. l'année. Le maintien de talus enherbés (entre-
de croissance larvaire), et jusqu'à 10000 aca-
riens tétranyques en une quinzaine de jours. Chez les champignons, il existe également tenus mais pas tondus trop fréquemment) et
des espèces antagonistes d’autres champi- la favorisation de plantes à floraison précoce
gnons parasites comme Caniothyrium minis- au printemps et tard en automne à proximité
Les Thysanoptères trans* antagoniste du Sclerotinia. Leur de végétaux à feuillage persistant, pour y atti-
(Thrips) développement empêche la prolifération rer les auxiliaires (ex : lierre), sont de bons
des maladies fongiques. moyens pour permettre leur mise en place
Les thrips sont des insectes de très petite
taille (moins de 2 mm), de forme allongée rapide et la régulation naturelle des popula-
et cylindrique, caractérisés par des ailes
Les nématodes tions de ravageurs.
plumeuses. Certaines espèces sont des rava- En plus des auxiliaires dont la présence ou Pour en savoir plus, vous pouvez commander
geurs difficiles à combattre, notamment en les effets sont directement visibles, il exis- le livre “Les auxiliaires entomophages”
culture sous abri, mais d'autres ont la pro- te des auxiliaires (invertébrés ou micro- auprès de l’ACTA (22,87€). L’ACTA édite aussi
priété de se nourrir de larves de thrips phyto- organismes) dont la présence n'est pas chaque année un guide phytosanitaire
phages, de larves de pucerons et de détectable mais dont l'action peut être recensant tous les organismes de lutte biolo-
cicadelles, ou encore d'œufs d'acariens tétra- néanmoins efficace. Il s'agit de néma- gique et microbiologique commercialisés
nyques. todes (vers microscopiques) dont certains aujourd’hui en France.
naturellement présents dans le sol, sont
parasites des larves de Coléoptères et de
Lépidoptères. Steinernema feltiae* est pro-
Les acariens duit et commercialisé à cet effet.
Bibliographie
Les acariens sont des Arachnides, Les bactéries
comme les araignées, mais se différen- Il y a aussi des bactéries : la plus connue et - www.fruits-et-legumes.net
cient de celles-ci par leur taille réduite la plus utilisée est Bacillus thuringiensis, - les haies composites, réservoirs
(généralement inférieure à 1 mm) et par le dont plusieurs souches spécifiques sont d'auxiliaires ; O. Baudry ; 2000 ;
fait que leur tête, thorax et abdomen sont efficaces contre différentes espèces de éditions CTIFL
soudés. De nombreuses espèces d’acariens Lépidoptères. -www.inra.fr/Internet/Produits/HYPPZ/
sont phytophages, et ravageurs des cul-
tures, mais d’autres sont prédatrices et site internet recensant les ravageurs
sont utilisées comme auxiliaires. Elles sont Les virus de cultures
peu voraces, mais ceci peut être compensé Des virus spécifiques eux aussi, dont le Virus - Insectes de france et dEurope
par leur nombre et leur reproduction rapi- de la Polyédrose nucléaire utilisable pour Occidentale ; M. Chinery ; 1988 ;
de. Phytoseiulus persimilis* est ainsi efficace éditions Arthaud
Réalisation FLASHMEN - GAP
ITAB : 149, rue de Bercy Fiche rédigée par : Mathieu Conseil (PAIS -*IBB) Inter Bio Bretagne
75595 Paris CEDEX 12 33 av. Winston Churchill
Tél : 01 40 04 50 64 Remerciements à J.P Sarthou (ENSA Toulouse), Claire BP 71612 - 35016 Rennes Cedex Prix : 3
Halgand-Minost (ITAB), Catherine Mazollier (GRAB),
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[email protected] (ITAB) pour la relecture de cette fiche. [email protected]