1 Plan Séquence 2021 Apologos
1 Plan Séquence 2021 Apologos
1 Plan Séquence 2021 Apologos
« Nous nous sommes dit ça, que nous l’appelions Louis, comme
votre père, donc, comme vous, de fait. »
Captation de la pièce (mise en scène : François Berreur) :
https://www.cyrano.education/content/juste-la-fin-du-monde-
31140
Document n°3 : Jean-Luc Lagarce, Journal Vidéo, 1992. Editions Solitaires intempestifs. URL :
https://www.theatre-contemporain.net/video/Jean-Luc-Lagarce-Journal-video-extrait-n-
2?autostart
L’œuvre naît, explique Lagarce dans le texte qui ébauche son projet, du désir de revenir sur les jours qui ont suivi
l’annonce de sa maladie. « Je suis allé boire un café comme je le ferais en d’autres circonstances et pour d’autres
événements, mais, et c’est de cet instant-là que cela date, je regardai le Monde et ses habitants autrement. »
❶ L’influence d’Aristote.
Document n°4 : Aristote, La Poétique, Extraits des chapitres XIII-XIV, 322 avant Jésus-Christ,
Paris, éd. J. Delalain, 1874, traduction Charles Batteux.
Il reste le milieu à prendre : c'est que le personnage ne soit ni trop vertueux ni trop juste, et qu'il tombe dans le malheur
non par un crime atroce ou une méchanceté noire, mais par quelque faute ou erreur humaine, qui le précipite du faite
des grandeurs et de la prospérité, comme Œdipe, Thyeste, et les autres personnages célèbres de familles semblables.
[…]
Apologos.org / N. Soubrier / Mars 2021.
On peut produire le terrible et le pitoyable par le spectacle, ou le tirer du fond même de l'action. Cette seconde manière
est préférable à la première, et marque plus de génie dans le poète : car il faut que la fable soit tellement composée,
qu'en fermant les yeux, et à en juger seulement par l'oreille, on frissonne, on soit attendri sur ce qui se fait ; c'est ce
qu'on éprouve dans l'Œdipe. Quand c'est l'effet du spectacle, l'honneur en appartient à l'ordonnateur du théâtre plutôt
qu'à l'art du poète. Mais ceux qui, par le spectacle, produisent l'effrayant au lieu du terrible ne sont plus dans le genre
; car la tragédie ne doit point donner toutes sortes d'émotions, mais celles-là seulement qui lui sont propres. Puisque
c'est par la pitié et par la terreur que le poète tragique doit produire le plaisir, il s'ensuit que ces émotions doivent sortir
de l'action même. Voyons donc quelles sont les actions les plus capables de produire la terreur et la pitié. Il est
nécessaire que ces actions se fassent par des personnes amies entre elles, ou, ennemies ou indifférentes. Qu'un ennemi
tue son ennemi, il n'y a rien qui excite la pitié, ni lorsque la chose se fait, ni lorsqu'elle est près de se faire ; il n'y a que
le moment de l'action. Il en est de même des personnes indifférentes. Mais si le malheur arrive à des personnes qui
s’aiment ; si c'est un frère qui tue ou qui est au moment de tuer son frère, un fils son père, une mère son fils, un fils sa
mère, ou quelque chose de semblable, c'est alors qu'on est ému et c'est à quoi doivent tendre les efforts du poète. Il
faut donc bien se garder de changer les fables reçues ; je veux dire qu'il faut que Clytemnestre périsse de la main
d'Oreste, comme Eriphyle de celle d'Alcméon. C'est au poète à chercher des combinaisons heureuses, pour mettre ces
fables en œuvre. […] C'est par cette raison, comme on l'a dit il y a longtemps, que les tragédies sont renfermées dans
un petit nombre de familles. […]
⇨ Définissez les caractéristiques de la tragédie qu’identifie Aristote :
1)
2)
3)
4)
5)
❷ L’influence de Sophocle.
Document n°5 : Sophocle, Œdipe-Roi, Traduction de Leconte de Lisle.
LE CHOEUR.
Strophe I.
Ô générations des mortels, je vous compte pour rien, aussi longtemps que vous viviez ! Quel homme n'a pour plus grand
bonheur que de sembler heureux et ne déchoit ensuite ? En face de ton démon et de ta destinée, ô malheureux Œdipe,
je dis qu'il n'est rien d'heureux pour les mortels.
Antistrophe I.
Tu as poussé ton désir au-delà de tout et tu as possédé la plus heureuse richesse. Ô Zeus ! ayant dompté la vierge aux
ongles recourbés, la prophétesse, tu as été le mur de la patrie et tu as défendu les citoyens contre la mort, et tu as été
nommé roi et revêtu de très hauts honneurs, et tu commandes dans la grande Thèbes.
Strophe II.
Et maintenant, si nous avons compris, qui est plus misérable que toi ? Qui a été plongé, par les changements de la vie,
dans un désastre plus terrible ? Ô tête illustre d'Œdipe, à qui un seul sein a suffi comme fils et comme mari, comment
celle que ton père a fécondée a-t-elle pu te subir en silence et si longtemps ?
Antistrophe II.
Le temps qui voit tout t'a révélé contre ton gré et condamne ces noces abominables par lesquelles tu es à la fois père
et fils. Ô fils de Laïus, plût aux dieux que je ne t'eusse jamais vu, car je gémis violemment et à haute voix sur toi.
Cependant, je dirai la vérité : c'est par toi que j'ai respiré et que mes yeux se sont assoupis.
LE MESSAGER.
Ô vous, les plus grandement honorés de cette terre, quelles actions vous allez apprendre et voir, et que de
gémissements vous pousserez, si, comme il convient à ceux de même race, vous avez encore souci de la maison des
Labdacides ! Je pense, en effet, que ni l'Istros ni le Phasis ne pourraient laver les souillures inexpiables que cache cette
maison et celles qui vont paraître d'elles-mêmes à la lumière. Or, les maux les plus lamentables sont ceux qu'on se fait
à soi-même.
Vous pourrez vous inspirer de la lecture de la définition ci-dessous pour trouver le plan plus
facilement :
Des obsèques toutes simples, avec ses pairs et ses proches. Malgré ses titres et ses engagements politiques, Foucault
n'est pas un héros national. Plutôt un marginal célèbre, un réfractaire, à la manière de Gide. Comme lui, Foucault est
discrètement enseveli dans un cimetière de campagne. Et comme Gide, sa fin est l'occasion d'une polémique. Les amis
de Foucault s'indignent d'un entrefilet publié dans Libération pour démentir que Foucault soit mort du sida. Quelle
honte y a-t-il à mourir du sida - c'est-à-dire à afficher son homosexualité ?, protestent-ils . « On lui vola sa mort, lui qui
avait voulu en être le maître, et on lui vola jusqu'à la vérité de sa mort, lui qui avait été le maître de la vérité. Il ne fallait
surtout pas prononcer le nom de la lèpre... », écrit Hervé Guibert, dans une nouvelle, Les Secrets d'un homme, figurant
dans le recueil Mauve le vierge, publié en 1988. Quatre ans plus tard, Guibert, lui aussi, meurt du sida. Mais lui, ne s'est
pas fait voler sa mort. Il l'a orchestrée, l'a mise en scène.
Sur la bière contenant le corps de Michel Foucault se trouve une gerbe de roses portant trois prénoms : Mathieu, Hervé,
Daniel - c'est-à-dire Mathieu Lindon, Hervé Guibert et Daniel Defert. Daniel Defert est depuis longtemps le compagnon
de Foucault. Mathieu Lindon et Hervé Guibert sont deux jeunes gens devenus de très proches amis du philosophe. Dans
les dernières années de sa vie, Foucault se retranchait de plus en plus, vivant dans une relative solitude. En revanche, il
aimait la compagnie de jeunes artistes qui n'étaient ni des confrères ni des compagnons de plaisir. « Il préférait les
soirées entre hommes, raconte l'écrivain américain Edmund White, tous romanciers, tous gays, tous séduisants à leur
manière svelte et ambiguë, un peu comme les graciles éphèbes qui entourent Platon dans le tableau de Théodore
Chassériau (...). » La référence à Platon n'est pas fortuite : c'est l'époque où Foucault travaille à son Histoire de la
sexualité et s'intéresse à l'amitié entre garçons dans la société grecque.
Document n°8 : Bernard Pivot, Apostrophes, Entretien avec Hervé Guibert, 16 mars 1990. URL :
https://www.youtube.com/watch?v=en9OWEvf_Cw
Ecoute des 3 minutes 30 de l’entretien.
Document n°9 : Bernard Pivot, Bouillon de culture, Entretien avec Cyril Collard, 18 octobre 1992. URL :
https://www.youtube.com/watch?v=FSmrmfWKr30
Document n°11 : Martine Laronche, « Le difficile aveu de son homosexualité à ses parents »,
in Le Monde, 15 mai 2010.
Pour Félix, 20 ans, qui préfère ne donner que son prénom, l'annonce à ses parents a pris la tournure "d'un drame
antique". Ils étaient attablés tous les trois à l'occasion de l'anniversaire de sa mère - son frère était absent. "Mon aveu
a eu un effet dévastateur. Il y a eu un silence de mort. Le ciel s'est écroulé sur leur tête." Sa mère l'a questionné d'un
ton agressif, s'est mise à pleurer, lui a même proposé les services d'un psychiatre mettant son homosexualité sur le
compte des troubles de l'adolescence.
Trois ans plus tard, Félix a toujours le sentiment que ses parents espèrent qu'il changera. "J'ai compris que je ne pouvais
pas m'appuyer sur eux et cela a creusé un fossé." Ses parents ont tendance à occulter le sujet, ce qui est insupportable
pour le jeune homme. "Ma mère a un cortège de représentations très négatives sur les homosexuels. Elle pense que je
risque d'avoir le sida, que je vais peut-être changer de sexe, elle associe homosexualité et pédophilie, craint que je me
prostitue auprès de vieillards." Pour tenir, Félix est passé dans une "logique guerrière" et est devenu "férocement
antihomophobe".
Difficile, l'aveu de son homosexualité s'accompagne souvent d'un vif soulagement quand l'entourage est bienveillant.
Romain, 22 ans, qui requiert aussi l'anonymat, a pensé, dans ses périodes les plus noires, à mettre fin à ses jours. "J'ai
fait une bonne dépression à 17 ans, se souvient-il. J'ai vu un psy pendant plusieurs mois mais je n'ai pas osé lui parler
de mon homosexualité." L'annonce de son orientation sexuelle à ses parents lui a ôté un poids énorme. "J'ai de la
reconnaissance pour eux de m'avoir accepté comme je suis. Ç'a été un immense coup de pouce. Je sais qu'ils me
défendront toujours."
LECTURE DE L’ŒUVRE : Recherchez des extraits de l’œuvre illustrant cet état de crise dont il
est question dans la pièce Juste la fin du monde. Classez vos remarques.
Séance n°6 : Etude linéaire n°1 : Première partie, scène 3, depuis « Parfois, tu nous envoyais des
lettres » jusqu’à « C’est pour les autres ».
Document n°13 : Jean-Pierre Sarrazac, Préface, Juste la fin du monde, Les Solitaires
Intempestifs, 2020.
Dans Juste la fin du monde‚ le père‚ décédé‚ n’est pas là pour accueillir Louis (c’est précisément sous la figure du « Père‚
mort déjà » qu’il fera sa réapparition dans Le Pays lointain‚ pièce ultime résultant d’une profonde réécriture de Juste la
fin du monde). En outre‚ Louis n’est pas le cadet mais l’aîné des fils. Mais la principale distorsion se trouve ailleurs : dans
le fait qu’au lieu de « revenir à la vie »‚ comme il est dit chez Luc‚ le Fils prodigue de Jean-Luc est voué à une mort
prochaine‚ une mort dont‚ une fois dans le cercle familial‚ il s’interdira d’annoncer la nouvelle. D’une certaine manière‚
Louis est un mort (« déjà ») qui revient parmi les vivants‚ et ceux‑ci ne cessent de ressentir son étrangeté‚ sans pour
autant savoir d’où elle procède. Peut-être même ont-ils fait de son vivant le deuil du Fils prodigue. […]
On pourrait aussi avancer le contraire : que Louis, malgré le mal qui le ronge, se considère comme le seul vivant face à
cette assemblée des spectres familiaux. Mais ce serait méconnaître la tendresse infinie qu’il éprouve pour les membres
de sa famille et oublier ce souci de ne pas leur « faire de mal » qui, au moins en partie, explique son renoncement à dire
son attente d’une mort prochaine.
Séance n°8 : Lecture cursive de deux scènes : Première partie, Scènes 9 et 10.
Séance n°9 : Etude linéaire n°2 : Seconde partie, scène 3, depuis « Nous nous surveillions » jusqu’à
« tu l’as conservé ».
Document n°16 : Article « L’intermède de Juste la Fin du monde ou l'espace dramatique repensé », in
Site Eduscol, URL : https://eduscol.education.fr/odysseum/lintermede-de-juste-la-fin-du-monde-ou-
lespace-dramatique-repense
Loin de se présenter comme une rupture, un entracte en spectacle, l’intermède de Juste la Fin du monde semble
s’inscrire dans la continuité du drame, tant il multiplie les références à la scène précédente, entre les deux frères. Le
ballet verbal entre les cinq personnages s’y poursuit, sous une forme accélérée, en scènes brèves. Sa singularité est
ailleurs, scandée par les appels entre personnages et la déclinaison de la question « Où es-tu ? ».
Le ballet se fait spatial : La Mère appelle Louis, Catherine cherche Antoine, les demandes fusent dans tous les sens, « je
vous cherchais », « Où est ce qu’ils sont ? » « Où est-ce que vous allez ? » « Reviens ». Plus aucun repère, sinon peut
être le montage entre scènes paires et impaires, ces dernières présentant Antoine et Suzanne. D’autant moins de repère
que l’amorce de l’intermède semble reprendre celle de la pièce : l’esquisse d’un monologue de Louis suscite la demande
maternelle et la parole des autres personnages ; et que ce monologue pourrait être la narration d’un rêve : « Et ensuite
dans mon rêve encore, /toutes les pièces de la maison étaient loin les unes des autres. » Dans cette partie de cache-
cache, onirique ou domestique, l’économie du rêve prend le rythme du vaudeville. Où sommes-nous ? Dans la maison
familiale ? Dans la rêverie de Louis ? Dans un espace théâtral qui n’existe que par la parole ?
Espace mental, quoi qu’il en soit, et sentimental. Labyrinthe relationnel, où l’ironie dramatique, quand tous se
cherchent, se perdent et s’égarent, les conduit à ne parler que retrouvailles : « vous vous êtes retrouvés », dit Suzanne
des frères, « Vous me retrouvez toujours », reprendra Antoine, qui insistera : « Ce que je disais : « Retrouvé », dans le
même temps où Louis s’évoque en petit poucet rêveur, égrenant une chanson.
Sur scène les personnages sont présents et absents, Louis notamment, qui répond in fine à sa mère « j’étais là ». Il est
clair que le jeu qui se dessine ainsi, dans cet espace cloisonné, labyrinthique, reproduit l’enjeu même de la pièce : se
retrouver, toucher ou atteindre l’autre, être entendu. « Qu’est-ce que tu as dit ? Je n’ai pas entendu », est bien la
formule de la pièce, celle qui consacre l’échec de Pierre.
Raconter le Monde, ma part misérable et infime du Monde, la part qui me revient, l'écrire et la mettre en scène, en
construire à peine, une fois encore, l'éclair, la dureté, en dire avec lucidité l'évidence. Montrer sur le théâtre la force
exacte qui nous saisit parfois, cela, exactement cela, les hommes et les femmes tels qu'ils sont, la beauté et l'horreur de
leurs échanges et la mélancolie aussitôt qui les prend lorsque cette beauté et cette horreur se perdent, s'enfuient et
cherchent à se détruire elles-mêmes, effrayées de leurs propres démons. Dire aux autres, s'avancer dans la lumière et
redire aux autres, une fois encore, la grâce suspendue de la rencontre, l'arrêt entre deux êtres, l'instant exact de l'amour,
la douceur infinie de l'apaisement, tenter de dire à voix basse la pureté parfaite de la Mort à l'œuvre, le refus de la peur,
et le hurlement pourtant, soudain, de la haine, le cri, notre panique et notre détresse d'enfant, et se cacher la tête entre
les mains, et la lassitude des corps après le désir, la fatigue après la souffrance et l'épuisement après la terreur.
Inspirez-vous des grandes idées que développe Lagarce au cours de cet article pour construire
des § de dissertation expliquant la crise que traversent les personnages de Juste la fin du
monde.
❶ Lagarce évoque la « part misérable et infime du Monde » que constitue plus ou moins
chaque vie : il veut décrire la condition humaine et les crises existentielles que les hommes
peuvent vivre (en effet, les hommes sont sensibles à leur finitude et à leur insignifiance).
❷ Lagarce décrit « la beauté et l’horreur [des] échanges » des hommes. Il veut décrire
les tensions qui minent les rapports humains. Il décrit l’ambivalence de ces affrontements
mêlant amour et haine. Au théâtre, il est question plus spécifiquement de ce « moment où le
conflit des passions atteint son paroxysme. »
❸ Lagarce décrit « la mélancolie aussitôt qui prend [les hommes] lorsque cette beauté
et cette horreur se perdent, s’enfuient et cherchent à se détruire elles-mêmes, effrayées de
leurs propres démons ». Il sent également que ces tensions sont souvent ambivalentes et
qu’elles génèrent parfois un sentiment de culpabilité très violent.
❹ Lagarce n’hésite pas également à décrire une crise physique et nerveuse. Il veut
« tenter de dire à voix basse la pureté parfaite de la Mort à l'œuvre, le refus de la peur, et le
hurlement pourtant, soudain, de la haine, le cri, notre panique et notre détresse d'enfant ». Il
verbalise les moments douloureux de l’existence et ose dire, en quelque sorte, la mort, rendre
compte de moments de désarroi profonds.