MARCHIONI Valentin
MARCHIONI Valentin
MARCHIONI Valentin
par
Valentin MARCHIONI
LE 28 AOÛT 2018
Je tiens tout d’abord à remercier mon directeur de recherche, M. Daniel Forgues, professeur à
l’École de Technologie Supérieure, pour m’avoir guidé et donné l’opportunité de mener à bien
ce projet grâce à ses conseils avisés et au partage de son expertise et de son temps.
Je souhaite exprimer toute ma gratitude envers les intervenants issus des différentes entreprises
ayant participés aux entrevues qui ont acceptés de partager leur expérience et leur temps, sans
qui ce projet n’aurait été possible.
Enfin je remercie toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de ce
projet par leurs conseils, leurs contacts et leurs informations.
ÉVALUATION DU NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT DES MAQUETTES
NUMÉRIQUES DU BIM POUR LES ENTREPRENEURS SPÉCIALISÉS DE LA
CONSTRUCTION AU QUÉBEC
Valentin MARCHIONI
RÉSUMÉ
L’industrie de la construction est décriée pour ses processus inefficaces, les dépassements de
coûts et de budgets fréquents et les relations conflictuelles entre les acteurs des projets. La
modélisation des données du bâtiment (BIM pour Building Information Modeling), avec
l’utilisation d’outils technologiques au centre de pratiques collaboratives, semble s’imposer
comme la solution à l’ensemble de ces problèmes. Cependant, son intégration récente dans un
domaine empreint à la résistance aux changements pose de nombreuses difficultés. Dans ce
mémoire, il est question d’approfondir la notion clé pour la création et le partage
d’informations : les niveaux de développement (LOD pour Level of Development) et de
comprendre quels sont les bénéfices d’une collaboration précoce entre les concepteurs et les
entrepreneurs spécialisés. L’objectif de cette recherche est d’identifier les besoins des
entrepreneurs spécialisés, en termes de contenu des maquettes numériques, pour améliorer les
processus liés au BIM lors de la communication entre les différents acteurs et l’exploitation
des maquettes pour la réalisation de la construction.
L’étude est menée en deux phases. Une première phase exploratoire consiste à rencontrer une
série d’entrepreneurs spécialisés de domaines variés afin de recueillir et d’exposer les enjeux
auxquels ils font face, leurs connaissances sur certains concepts du BIM, leur collaboration
avec les autres parties prenantes et leurs attentes en lien avec les maquettes numériques des
concepteurs. De ce premier volet se dégage dix-huit points clés à approfondir pour avoir une
meilleure compréhension des processus de collaboration et de partage de maquettes
numériques. Pour se faire, la deuxième partie de la recherche consiste à discuter de ses notions
clés avec un architecte, un ingénieur, un entrepreneur général et un entrepreneur spécialisé
reconnus pour leur implication et leur expertise en BIM dans une même discipline : la
mécanique, électricité, plomberie (MEP).
Trois enjeux majeurs sont identifiés à partir de ces discussions : l’absence de contrats adaptés
aux pratiques collaboratives préconisées par le BIM, la difficulté d’adaptation au déplacement
de la charge de travail plus tôt dans le projet et le manque de maturité BIM dans l’industrie de
la construction québécoise. Pour conclure, des pistes de recherche sont proposées pour combler
ces lacunes, identifier d’autres problématiques sur le sujet et combler le manque de
documentation, notamment au niveau du BIM pour les utilisateurs finaux.
Valentin MARCHIONI
ABSTRACT
The construction industry is criticized for inefficient processes, frequent cost and budget
overruns, and conflicting relationships among project stakeholders. Building Information
Modeling (BIM), with the use of technology tools at the center of collaborative practices,
seems to be the answer to all these problems. However, its recent integration in a field marked
by common resistance to change pose many difficulties. In this thesis, it is question of
deepening key concepts for the creation and the sharing of information: the Levels of
Development (LOD) and to understand the benefits of early collaboration between designers
and specialized contractors. The objective of this research is to identify the needs of specialized
contractors, in terms of digital mock-ups content, to improve the processes related to BIM
during the communication between the various actors and the exploitation of the models for
the realization of construction.
The study is conducted in two phases. A first exploratory phase consists of a series meeting
with specialized contractors from various fields in order to gather and expose the issues they
face, their knowledge of BIM concepts, their collaboration with other stakeholders and their
expectations about designers’ digital models. From this first step, eighteen key points to
explore are identified to achieve a better understanding of the processes of collaboration and
digital model sharing. To provide that, the second part of the research involves discussing these
key points with an architect, an engineer, a general contractor and a specialized contractor
recognized for their involvement and expertise in BIM in the same discipline: mechanics,
electricity, plumbing (MEP).
Three significant issues are identified from these discussions: the absence of contracts adapted
to the collaborative practices recommended by the BIM, the difficulty of adapting to the shift
of the workload earlier in the project and the lack of BIM maturity in the Quebec construction
industry. To conclude, some research prospects are proposed to fill these gaps, to identify other
problems about the subject and to fill the lack of documentation, in particular at the level BIM
for end users.
Keywords : BIM, Level of development, Level of detail, LOD, Specialized contractor, Digital
model, Collaboration.
TABLE DES MATIÈRES
Page
INTRODUCTION .....................................................................................................................1
CONCLUSION ........................................................................................................................57
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................................170
LISTE DES TABLEAUX
Page
Tableau 2.1 Entreprises contactées ..........................................................................................32
Page
Figure 1.1 Lien entre les notions de PGB, usages BIM et LOD ................................................9
BIM : acronyme anglais pour Building Information Modeling utilisé couramment pour
désigner la modélisation des données du bâtiment. Cette notion sera développée dans le corps
du mémoire.
DB : acronyme anglais pour Design Build, utilisé couramment pour désigner les projets
réalisés suivant le modèle conception-construction. Il s’agit d’un mode de réalisation dans
lequel les services de conception et de construction sont regroupés contractuellement en une
seule entité.
DBB : acronyme anglais pour Design Bid Build, utilisé couramment pour désigner les projets
réalisés suivant un processus classique d’appel d’offres.
IFC : acronyme anglais pour Industry Foundation Classes qui sont un format de données
neutre (non relié à un éditeur de logiciel) pour échanger des informations via les maquettes
numériques.
IPD : acronyme anglais pour Integrated Project Delivery, utilisé couramment pour désigner
les projets réalisés suivant le modèle de réalisation de projet intégré. Il s’agit d’un mode de
réalisation qui intègre l’ensemble des acteurs dans un processus exploitant leurs points forts
pour optimiser la conception, la fabrication et la livraison du projet.
LOD : acronyme anglais pour Level of Development utilisé couramment pour désigner le
niveau de développement des objets numériques des maquettes du BIM. Ce concept se divise
en deux notions : le niveau de détail (LOd) qui désigne le contenu graphique, ou visible, de
ces objets; et le niveau d’information (LOI), qui décrit le contenu non-graphique, c’est à dire
les informations attachées, de ceux-ci.
MVD : acronyme anglais pour Model View Definition utilisé couramment pour désigner une
Définition de la Vue de Modèle. Il s’agit d’un sous-ensemble d’un modèle au format
interopérable IFC, contenant des informations définies, utilisé pour satisfaire des exigences
spécifiques lors d’échange de modèles.
PGB : Plan de Gestion BIM, notion présentée dans un chapitre consacré en page 8.
XVIII
PPP : acronyme anglais pour Private-Public Partnership, utilisé couramment pour désigner
les projets réalisés suivant un modèle de partenariat public-privé. Il s’agit d’un ensemble de
contrats dans lesquels une autorité publique confie à une entreprise privée la mission de
financer, de construire ou de gérer des ouvrages nécessaires au service public.
TQC : Tel Que Construit, désigne le niveau de précision d’une maquette numérique qui
représente les conditions réelles de mise en œuvre des systèmes d’un bâtiment.
TQC : Tel Que Conçu, désigne le niveau de précision d’une maquette numérique qui
représente l’ouvrage dans les conditions où il a été conçu.
INTRODUCTION
Afin de bien définir les objectifs et les obligations liés à l’utilisation du BIM, des documents
spécifiques doivent être établis. Ils ont pour rôle de préciser les éléments essentiels au travail
collaboratif autour des maquettes numériques, non pris en compte dans les méthodes
contractuelles traditionnelles. En Amérique du Nord, lors de la définition des exigences pour
l’utilisation du BIM, la fiabilité du contenu des maquettes numériques est qualifiée par les
niveaux de développement (LOD). En effet, les LOD représentent le cœur des spécifications
pour l’évolution du modèle et aident les intervenants à définir la portée du BIM ainsi que les
responsabilités pour l’avancement de certains objets numériques à un niveau de détail donné.
Ils sont caractérisés par une échelle définissant les besoins pour une conception
schématique (LOD niveau 100), jusqu'aux requis pour fournir une maquette tel que
construit (LOD niveau 500). Les LOD visent deux objectifs : la définition des résultats attendus
par phase de projet afin d’établir comment l’évolution de la conception sera traduite par
2
l’évolution des LOD et à quel rythme; et l’assignation des tâches de modélisation avec
notamment l’ajout d’informations liées aux éléments du modèle, fournies par différents acteurs
du projet, en plus de l’affinement de la géométrie (Bedrick, 2008)
Si les requis des concepteurs et entrepreneurs généraux sont aujourd’hui mieux connus et
définis pour l’établissement des contrats, très peu de recherches sont menées au sujet des
besoins des entrepreneurs spécialisés alors que ce sont ces derniers qui réalisent la
construction. Le lien entre le contenu des maquettes numériques et les opportunités associées
pour ces entrepreneurs, en regard de leur multiplicité et de leurs capacités, est encore méconnu.
En ajoutant à cela le manque d’expérience de l’industrie dans ce domaine, la tendance à pousser
l’information ainsi que de la dichotomie entre la conception et la construction, les maquettes
se retrouvent paradoxalement surchargées ou présentent des lacunes; et un manque de
cohérence de ces modèles est ainsi relevé. Il existe donc un besoin de définir quelles sont les
conditions à réunir pour que les maquettes de conception puissent être réutilisées par les
entrepreneurs spécialisés, et comment elles doivent être mises à jour pour la fabrication et pour
la livraison des Tels que construits (TQC).
Dès lors, la question de recherche se définit comme suit : « Quels sont les besoins des
entrepreneurs spécialisés, en termes de contenu des maquettes numériques, pour améliorer les
processus liés au BIM lors de la communication entre les différents acteurs et l’exploitation
des maquettes pour la réalisation de la construction ? »
L’objectif principal de ce projet est de définir les requis des entrepreneurs spécialisés pour le
contenu des maquettes numériques fournies par les concepteurs. Pour atteindre cet objectif,
l’étude sera conduite de manière à répondre aux sous-questions suivantes :
• Qu’est-ce que le BIM ?
• Qu’est-ce que le plan de gestion BIM et comment cadre-t-il l’évolution des maquettes ?
• Pourquoi considérer les besoins des entrepreneurs spécialisés et les intégrer au PGB ?
• Quelle est la perception des entrepreneurs spécialisé québécois du BIM ?
• Comment améliorer la production et le partage d’informations ?
3
La recherche se divise en deux phases. Une première phase de collecte de données à l’aide
d’entrevues et d’analyses en collaboration avec la Corporation des Entrepreneurs Généraux du
Québec (CEGQ). Dans cette partie, en plus de documenter dans un rapport les besoins
informationnels des entrepreneurs spécialisés afin de les faire remonter jusqu’aux concepteurs
et donneurs d’ouvrages, le partenaire industriel a ajouté l’objectif de fournir des informations
aux sujets du BIM, des LOD et des nouveaux métiers liés au BIM aux entrepreneurs spécialisés
pour faciliter leur transition dans cette voie. Le rapport fourni à la CEGQ est consigné en
annexe. Suite à cette première partie parcourant la majorité des spécialités des entrepreneurs,
des variables influençant les LOD ont été dégagées afin d’amorcer un approfondissement au
niveau de la mécanique du bâtiment. Cette seconde phase a pour but d’explorer les mécanismes
d’échanges d’informations entre entrepreneurs spécialisés, entrepreneurs généraux, ingénieurs
et architectes pour cette discipline spécifique afin d’en cerner les différents enjeux.
Ce mémoire est structuré en trois chapitres. Dans le premier chapitre, la revue de littérature
présente les concepts de base du BIM ainsi que ses principaux outils technologiques et
pratiques, le besoin conséquent de gérer cette nouvelle approche de la construction par un plan
de gestion BIM (PGB) et les avantages de l’intégration des entrepreneurs spécialisés dans les
processus de partage d’information. Dans le deuxième chapitre, la méthodologie de recherche
employée est développée. Enfin, les enjeux des échanges d’informations pour la mécanique du
bâtiment sont exposés.
CHAPITRE 1
REVUE DE LITTÉRATURE
Ce chapitre présente le contexte et explicite les concepts pertinents à l’étude. Les LOD, notion
centrale de la recherche, sont relatifs au niveau de précision des maquettes numériques
développées et échangées lors de projets menés suivant l’approche BIM. Dans une première
partie, le BIM, conduisant à d’importants changements aussi bien aux niveaux des méthodes
de travail que des outils employés, est présenté. Ces changements sont cadrés par le plan de
gestion BIM (PGB), document de support indispensable à une implantation réussie du BIM,
qui est présenté dans un deuxième temps. Le PGB permet de consigner les objectifs généraux
relatifs au BIM pour un projet de construction. Ces objectifs sont traduits en méthodes
d’application du BIM, ou usages BIM, qui sont utilisés comme base pour la définition des
tâches à accomplir et l’établissement des processus d’échange d’informations. Les LOD sont
par la suite définis pour cadrer ces échanges et représentent la fiabilité des informations
contenues dans les objets numériques à partager. Ils sont déterminés de façon à maximiser les
bénéfices des usages BIM. Une troisième partie est consacrée à l’approfondissement de la
notion de LOD. Enfin le rôle des entrepreneurs spécialisés ainsi que les avantages d’une
implication plus grande de leur part dans la conception de ce processus d’échange
d’informations sont explicités.
projets, avec des interactions en moyenne d’une dizaine de mois, et les faibles marges de profits
limitent également le partage d’information et la coopération entre les parties prenantes
(Brousseau & Rallet, 1995). En raison de ces contraintes, les intervenants priorisent et
optimisent alors les produits de leurs propres disciplines aux dépends de la valeur globale du
projet.
Ceci conduit à de nombreux gaspillages, aussi bien physique, tels que la pollution et les résidus
de matériaux, qu’immatériel, comme les dépassements de délais et de budgets. En effet, la
construction est responsable de 50% de la consommation mondiale des ressources, dont une
grande partie se retrouve sous forme de déchets matériels (Sev, 2009), et souffre d’un manque
d’efficacité et de fiabilité avec des retards et des surcoûts récurrents. Dans le but d’éliminer
ces gaspillages, Nagapan, Rahman, Asmi, Memon, et Latif (2012) recommandent de casser les
silos et d’accentuer la collaboration et la communication entre les acteurs afin de réduire les
incompréhensions à l’origine de ceux-ci. Il s’agit ici de premiers niveaux dans lesquels
s’inscrivent changements apportés par le BIM.
Outre ces gaspillages, les difficultés liées au manque d’innovation, à une absence ou à une
mauvaise utilisation des nouvelles technologies sont un frein à son évolution. En effet, le
développement et l’appropriation de nouvelles connaissances lors de projets se révèlent
difficiles si les systèmes de gestion informatique utilisés ne sont pas appropriés (Zhang, Mao,
& AbouRizk, 2009). Cependant une simple acquisition d’un des nombreux logiciels
disponibles sur le marché n’est pas suffisante pour résoudre ces problèmes. Leur emploi isolé
du système de gestion de l’entreprise et non-intégré dans les pratiques d’affaire dû au manque
de maîtrise lors de leur implémentation limite les bénéfices potentiels de telles technologies
(Kang, O'Brien, & Mulva, 2013). De plus, l’utilisation de systèmes inaptes à échanger des
données compréhensibles et exploitables entre eux occasionnes de nombreuses pertes. En effet
le manque d’interopérabilité coûte 15.8 Milliards de dollars (US) dont 6.8 directement liés aux
activités de construction et 2.2 milliards supportés par les entrepreneurs spécialisés (Coleman
& Jun, 2004). L’utilisation de nouvelles technologies et la maîtrise de leur intégration dans les
projets et les pratiques de l’entreprise est alors un autre niveau auquel le BIM intervient.
7
Ainsi, afin de produire plus rapidement et à moindre coût des ouvrages de meilleure qualité et
plus performants (Staub-French et al., 2011), le BIM a émergé comme une nouvelle approche
de la construction basée sur la collaboration et le partage d’informations sur fond de
représentations numériques de l’ouvrage.
La première apparition de l’acronyme BIM en 1986, utilisé dans un sens proche de celui connu
aujourd’hui, coïncidait avec une amplification de l’écart entre la productivité en construction
et des autres industries (Eastman, Teicholz, & Sacks, 2011). Plus récemment, dans le document
de référence « BIM handbook : A guide to building information modeling for owners,
managers, designers, engineers and contractors » (Eastman et al., 2011), le BIM est qualifié
de nouvelle approche de la construction dans laquelle une représentation numérique de
l’ouvrage est utilisée dans le but de faciliter, d’accélérer et de fiabiliser les échanges
d’informations et comportant d’importants changements organisationnels et de pratiques dans
l’industrie de la construction. En effet, le BIM favorise une modification radicale des
configurations traditionnelles d’entreprise, soit une structure hiérarchisée et organisée par lots,
pour une structure d’entreprise horizontale, cassant ainsi le mode de travail en silo (Forgues,
Staub-French, Tahrani, & Poirier, 2014). Les responsabilités, les modes de coordination, les
processus de travail ainsi que les objectifs à atteindre sont alors revus en conséquence.
De nombreuses études de cas ont démontrés les avantages d’implémentation du BIM dans un
projet. Il s’agit entre autres d’une amélioration de la productivité et de la qualité de l’ouvrage,
d’une diminution des conflits, des reprises de travaux, des coûts, ou encore de la durée du
projet. Cependant, si après 30 ans ces bénéfices devraient être observés dans de nombreux
projets de construction, la constante évolution des termes et des technologies crée toujours de
nombreuses confusions.
(NBIMS) définissait le BIM comme Building Information Model par « une représentation
digitale des caractéristiques physiques et fonctionnelles d’un ouvrage. Comme tel, il sert de
ressource partagée de savoir pour toutes les informations au sujet de l’ouvrage, formant ainsi
une base fiable pour la prise de décision durant son cycle de vie, dès sa conception » (NBIMS,
2007, page 21, traduction libre). Or, il ne s’agit ici que du produit de la modélisation découplée
des aspects organisationnels et procéduraux inhérents au BIM. Dès lors, une vision uniquement
technologique du BIM limite la bonne intégration par l’industrie. De plus la tendance qui
consiste à utiliser les outils technologiques du BIM calqués sur des processus adaptés au DBB
ne peut conduire aux profits annoncés par une refonte des méthodes de travail. En effet, Kang
et al. (2013) introduisaient leur étude au sujet de l’impact des technologies de l’information en
construction par le constat suivant : seulement 3% des acteurs ayants implémenté le BIM
pensent avoir obtenu les bénéfices attendus.
C’est donc en respectant une certaine équité entre les efforts entrepris dans les trois dimensions
: la technologie, l’organisation et les processus, que l’adoption du BIM en tant que Building
Information Modeling doit être amorcée afin d’accéder à tous ses bénéfices (Staub-French et
al., 2011). Ceci entraîne d’importantes modifications des pratiques traditionnellement
employées : il s’agit de remplacer le modèle de lots séparés et linéaires par un système intégré
et itératif. Pour cela, The Computer Integrated Construction Research Program (2011),
propose d’encadrer son implémentation et son utilisation au moyen d’un document de
référence : le Plan de gestion BIM.
Le premier pas essentiel à la mise en place du BIM pour un projet de construction est
l’établissement d’un PGB (Forgues et al., 2011). Il s’agit d’un document définissant les rôles
et responsabilité des intervenants, les utilisations et buts du BIM, tout en cadrant les processus,
procédures et méthodes associés. Le PGB permet ainsi d’anticiper les problèmes dus à une
collaboration inhabituelle en construction, et centralise les informations pertinentes pour le
projet (Ben Hassine, Collot, Dionne, Frenette, & Sert, 2014).
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En accord avec le document de référence « BIM Project Execution Planning Guide » présenté
par The Computer Integrated Construction Research Program (2011), les éléments initiaux du
PGB relatifs à l’identification des buts et des usages BIM seront présentés dans un premier
temps. Puis, l’élaboration des processus d’exécution du BIM et d’échanges d’informations
constituera le deuxième volet. Ces deux parties introduisent les notions d’usages BIM puis de
LOD, formant le cœur de cette revue de littérature. La Figure 1.1 ci-dessous illustre le lien
entre PGB, usages BIM et LOD.
Compétences requises,
outils, technologies, … Autres sorties
Buts du BIM
pour le projet
Atteindre un but Disciplines touchées
Phases concernées
BIM spécifique
Informations à produire
Matrice LOD
Cadrer l’implémentation et l’utilisation du BIM
Figure 1.1 Lien entre les notions de PGB, usages BIM et LOD
La première partie du PGB dresse un portrait des attentes et des objectifs généraux relatifs à
l’emploi du BIM pour le projet. Dans un premier temps, une affectation des rôles
organisationnels au niveau du BIM pour le projet est effectuée. Les personnes ressources, dont
les gestionnaires et coordinateurs BIM, sont identifiés et leurs responsabilités sont définies
(Institute for BIM in Canada, 2013). La deuxième étape consiste à définir les objectifs du projet
qui seront à atteindre via le BIM. Ces objectifs peuvent être aussi bien relatifs à l’amélioration
de la performance générale du projet, tels que la conception d’un ouvrage moins énergivore,
qu’au perfectionnement de tâches spécifiques, comme une amélioration des estimations par
des relevés de quantités automatiques (The Computer Integrated Construction Research
Program, 2011). Les usages BIM sont alors identifiés en adéquation avec les capacités de
l’équipe de projet de façon à correspondre à ces objectifs.
Un usage est une méthode d’application du BIM permettant d’atteindre un ou plusieurs buts
spécifiques, quelle que soit la phase du projet. Leur détermination facilite le développement
des processus d’échanges d’informations, la définition des livrables ainsi que la mise en place
de l’infrastructure du projet (Kreider & Messner, 2013). L’implémentation des usages du BIM
s’effectue selon cinq objectifs principaux : rassembler, générer, analyser, communiquer et
réaliser. Les 25 usages, présentés Figure 1.2 suivant une organisation par phase du projet,
rentrent ainsi dans ces catégories (Kreider & Messner, 2013).
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L’objectif rassembler est employé dans le sens de collecter, quantifier et effectuer un suivi des
informations du projet (Kreider & Messner, 2013). Pour ce faire, des moyens technologiques
tels que les scans laser ou les drones couplés à des logiciels de traitement de données permettent
d’acquérir de l’information sur l’environnement du projet afin de modéliser les conditions
existantes, ou de mesurer son avancement durant la construction (contrôle et planification 3D).
De plus, des relevés de quantités peuvent être effectués directement à partir des maquettes et
fournissent des données utiles à l’estimation des coûts et à la mise en œuvre d’un échéancier.
Puis les usages principalement utilisés lors de la phase de conception (Design) visibles dans la
Figure 1.2 sont employés afin d’analyser les solutions générées. Le respect du cahier des
charges, du programme fonctionnel et technique, des codes et des standards de construction
est ainsi assuré par des études cadrées par ces usages. Cette partie d’analyse comprend
également l’étude de scénarios alternatifs, des coûts, ainsi que la coordination et planification.
Pour cela, les modèles sont confrontés pour des détections d’interférences, des simulations 4D
(intégrant l’échéancier) ou ND (logistique, environnement, etc…) et sont utilisés afin
d’optimiser la phase de construction et résoudre la plupart des problèmes avant même le début
du chantier.
Enfin, l’utilisation de fichiers dans un format permettant la fabrication, sont utilisés dans le but
de produire et préfabriquer directement à partir de la maquette, il s’agit de l’usage « fabrication
digitale ». Ceci s’inscrit dans l’objectif de réalisation, au même titre que le contrôle 3D et la
gestion de l’utilisation du site de construction offrant entre autres la possibilité d’assurer la
logistique de chantier.
13
L’intégration des usages BIM au projet conduit alors à l’emploi de nouvelles technologies ainsi
qu’aux changements organisationnels et procéduraux, essentiels à l’obtention des bénéfices du
BIM (Staub-French et al., 2011). En effet, afin d’apporter une valeur ajoutée conséquente, les
usages doivent être définis en commençant par les derniers à être réalisés. En les identifiant en
premier lieu, l’équipe peut ainsi se concentrer sur la détermination des information qui seront
à valoriser en aval avant d’élaborer les processus d’exécution et d’échanges d’informations
(The Computer Integrated Construction Research Program, 2011). Ceci entraine une évolution
de la structure de gestion de la construction pour une structure horizontale, avec une
implication au plus tôt de toutes les parties prenantes, afin de favoriser une production de
livrable BIM par chaque organisation en fonction des pratiques de l’utilisateur suivant (Staub-
French et al., 2011). Ce sont les outils permettant de cadencer la production des informations
essentielles à ces livrables qui seront présentés dans la prochaine section.
Dans cette partie du PGB, les moyens d’implantation et de réalisation des usages BIM
identifiés sont décrits précisément. À un premier niveau, il s’agit d’expliciter les interactions
entre les différents usages sélectionnés et comment ils sont intégrés au cycle de vie du projet
avant de les détailler un à un. Puis des informations telles que les données à créer et à échanger,
les références ou encore les responsables des processus, sont identifiées. (The Computer
Integrated Construction Research Program, 2011).
Ces processus étant basés sur des échanges de données au travers de maquettes numériques, le
contenu minimum de ces dernières est spécifié (Institute for BIM in Canada, 2013). Ce contenu
est quantifié au Canada au moyen des niveaux de développements (LOD) (Bolpagni &
Ciribini, 2016) et est classifié dans le PGB via une grille d’échange d’informations, ou matrice
LOD. La matrice LOD permet de regrouper les informations nécessaires à la collaboration
autour des maquettes numériques. Elle est établie en fonction des informations à intégrer au
modèle numérique, du découpage de celui-ci, et des requis pour les échanges d’informations.
Ces échanges sont définis en regard de la personne à qui l’information est destinée, du type de
14
fichier à utiliser et de l’information nécessaire à l’usage BIM ciblé (The Computer Integrated
Construction Research Program, 2011). En effet, de nombreux guides statuent explicitement
que les informations contenues dans les LOD sont relatives à des usages BIM spécifiques
(Treldal, Vestergaard, & Karlshøj, 2016).
La matrice, dont un aperçu est fourni Figure 1.3, se divise en lignes horizontales suivant les
objets à modéliser et en colonnes suivant les phases du projet. Pour chaque objet et phase du
projet on affecte une tâche de modélisation à un auteur qui devra créer l’élément et/ou l’amener
au LOD renseigné dans cette matrice. Des jalons y sont également intégrés et permettent de
cadencer et de suivre la production d’informations (BIM Forum, 2015).
Les LOD sont les éléments cruciaux à y renseigner afin de s’assurer de la présence de
l’ensemble des informations pertinentes sans cependant surcharger les maquettes. Étant le
standard en vigueur au Canada (Bolpagni & Ciribini, 2016), il s’agit du concept central sur
lequel est bâtit le protocole d’échange d’informations et de communication au travers des
15
maquettes numériques. Une définition de ce concept sera exposée dans le chapitre suivant,
ainsi que ses limites, critiques, et les enjeux reliés.
La quantification par LOD, développée aux États-Unis, est utilisée ou a inspiré d’autres
standards dans des pays tels que l’Australie, le Canada ou la France (Bolpagni & Ciribini,
2016). Dans cette partie, les acronymes LOD pour niveau de développement (ou Level of
Development) et LOd pour niveau de détail (ou Level of detail) seront utilisés. Dans un premier
temps, le concept de LOD tel que défini par les institutions américaines sera présenté. Puis les
différentes approches et les perspectives des auteurs seront confrontées afin de mettre en
lumière certaines nuances et confusions quant aux termes utilisés pour qualifier le contenu des
objets et des maquettes numériques.
Les LOD sont définis par l’AIA comme un moyen de quantifier l’information minimale requise
pour un usage spécifique (The American Institute of Architects, 2008). Ils permettent aux
créateurs des objets numériques de préciser quelles informations fournies sont fiables et aux
récepteurs de comprendre quelles utilisations sont possibles à partir des informations reçues
(BIM Forum, 2016). Les LOD ont alors pour principaux objectifs de faciliter la planification
des informations à fournir dans les maquettes, faciliter le contrôle et le cadencement de la
production d’informations, statuer sur la fiabilité des informations reçues via les maquettes et
fournir un standard qui peut être utilisé dans les contrats et PGB (BIM Forum, 2016).
Tel que présenté en figure 1.4 ci-dessous, il s’agit d’une catégorisation allant du niveau 100
pour une conception schématique, au niveau 500 pour un objet représenté tel que construit.
Ces définitions sont cumulatives, c’est-à-dire un niveau possède toutes les caractéristiques du
niveau précédent. Elles s’appliquent aux objets numériques et non à la maquette dans sa
globalité (BIM Forum, 2015).
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De nombreux termes, relatifs au même concept, sont proposés dans des papiers visant à
combler les lacunes observées des principaux standards en vigueur. En effet, il n’existe pas de
consensus au niveau international pour définir le contenu d’un modèle numérique. L’industrie
de chaque pays ayant ses particularités des variantes ont été développées pour répondre à des
17
processus et des difficultés spécifiques (Gigante-Barrera, Ruikar, Crunden, & Ruikar, 2017;
Treldal, Vestergaard, & Karlshøj, 2016; Van Berlo & Bomhof, 2014). Cependant Bolpagni et
Ciribini (2016), par un recensement des différents standards en vigueur, affirment qu’il est aisé
de les comparer et de trouver des similitudes, la majorité se basant sur les standards américains,
définis dans la section précédente, et anglais (Treldal et al., 2016). Les LOD tels que
développés aux États-Unis sont ceux utilisés au Canada et sont considérés comme plus
flexibles et moins liés aux phases du projet que les Level of Definition, utilisés au Royaume-
Unis (Gigante-Barrera et al., 2017). De plus, le standard américain est le plus cité dans la
littérature et il sert de base de comparaison à ceux instaurés dans d’autres pays. C’est donc sur
celui-ci qu’un approfondissement sera mené.
Dans le document de référence de BIM Forum, le LOd est défini comme une donnée d’entrée
des LOD qui précise une quantité de détails inclus dans un objet numérique. Le LOD statue
quelles informations sont fiables et peuvent être utilisées. Si la distinction entre ces deux
notions peuvent engendrer des confusions, McPhee (2013) illustre la nécessité de leurs
existences par l’exemple suivant : « la réalité d’un projet entraine l’utilisation d’un important
LOd en début de projet alors que le LOD est au plus bas, ainsi, on peut générer des rendus
architecturaux afin de vendre le concept au client. Par la suite, pour réduire la taille et la
complexité durant la documentation, l’utilisation d’un faible LOd est judicieuse alors que le
LOD est au plus haut. » (McPhee, 2013, traduction libre). La Figure 1.5 donne un aperçu de la
différence entre les niveaux de l’échelle LOD, avec des attributs fiables en rouge, et LOd. En
effet, même si des caractéristiques précises peuvent être relevées sur l’élément à un LOD 100,
seule sa condition, c’est-à-dire « office chair », est vraie.
18
Le LOd définit alors le niveau de précision de l’objet modélisé, sans pour autant assurer que
cette représentation sera définitive. Le LOD y ajoute une dimension de fiabilité. En d’autres
termes, si l’on représente un objet par un LOd 400, il semblera réaliste, au bon emplacement
et des informations telles que ses dimensions ou son fabricant pourront être extraites et
utilisées. Cependant si l’on spécifie que ce dernier à un LOD 200, les données fiables et
exploitables ne seront que son emplacement et ses dimensions approximatives même si sa
représentation semble réaliste. Il est facile de trouver en ligne des objets génériques ou des
produits de fabricant à un LOd 400. Cependant, ces objets ne seront pas forcément définitifs
ou ceux à utiliser lors de la construction, y compris si la maquette dans laquelle ils sont présents
19
semble aboutie. C’est cette notion au-delà de l’apparence, permettant d’éviter les erreurs
d’interprétation, que quantifie le LOD à la différence du LOd (Bedrick & Davis, 2012).
Une autre interprétation courante de la dualité LOD et LOd, conduit à une distinction entre les
données graphiques et non graphiques (Treldal et al., 2016). Même si BIM Forum (2015) ne
définit pas explicitement le LOd comme attribut géométrique, le groupe de travail introduit le
concept de Associate Attribute Information visant à définir les éléments non graphiques. De
plus, dans son document « Level of Development Specification », les différents LOD appliqués
aux objets courants dans les projets de construction sont référencés dans un tableau à deux
colonnes, une montrant une vue graphique et l’autre ses attributs. Cette séparation suggère
également une distinction entre le niveau graphique et informationnel. Différents auteurs
proposent alors d’assimiler la notion de LOd au contenu graphique et de LOI (niveau
d’information) au contenu non-graphique tel que pour les Level of Definition en vigueur au
Royaume-Unis explicitement distingués en Level of Detail ou Grade et Level of Information
(LOI) (Bolpagni & Ciribini, 2016; McPhee, 2013; Prušková & Nývlt, 2017; Tolmer, Castaing,
Diab, & Morand, 2017). Dans ces études les LOD ont alors deux paramètres d’entrée, le niveau
de précision graphique, caractérisé par le LOd et le niveau de précision informationnel,
originellement défini par Associate Attribute Information par BIM Forum, mais souvent
qualifié de LOI.
Même si la définition des LOD par l’AIA a été publiée en 2008, l’existence d’acronymes
semblables et de définitions changeant avec le temps, avec des standards parfois incohérents
entre différents pays, rendent confus sa signification et son application au BIM (Bolpagni &
Ciribini, 2016). Les trois principales difficultés relevées par Hooper (2015) sont : un manque
de compréhension profonde et d’utilisation des LOD en pratique; un scepticisme sur son utilité;
une difficulté d’intégration de la matrice et des LOD dans les processus BIM et son fort besoin
de maintenance.
20
En effet, même si le BIM Forum, auteur du document de référence pour les LOD « Level of
Development Specification », soutient que la définition et l’interprétation des LOD associé à
trois usages BIM autorisés, communs et spécifiques (relevé de quantité, coordination 3D et
contrôle et planification 3D) pourraient être assez complètes pour supporter tous les autres
(Treldal et al., 2016), la définition actuelle des LOD n’est pas assez explicite pour cela (Van
Berlo & Bomhof, 2014). Gigante-Barrera et al. (2017), appuient ce constat en affirmant que
les LOD ne sont pas suffisants pour définir adéquatement les caractéristiques d’un objet. Ils
sont adaptés aux objets courants mais pas à ceux ayant besoins d’attributs spécifiques. De plus
Aksomitas (2017) critique le manque de précision des LOI dont le champ est souvent vide ou
complété par la formule “des informations non-graphiques peuvent être ajoutées”. Cette phrase
est visible dans quatre des cinq niveaux illustrés à la Figure 1.4. L’effet inverse est également
observé dans une étude menée par Bedrick et Davis (2012) qui soutient que certains
concepteurs sont hésitants à l’adoption des LOD par crainte d’emploi d’un cadre trop précis et
rigide.
Dans un article visant à répondre à cette difficulté, McPhee (2013) appuie ce constat via la
question suivante : « Est-il envisageable de rentrer tous les objets dans ces tableaux, quand
bien même ils seraient remplis, qui s’y référerait? » (McPhee, 2013, traduction libre). S’il
apparait évident que le LOD sera plus important au niveau tel que construit qu’au niveau de la
conception pour la majorité des objets, il serait judicieux de renseigner les caractéristiques des
éléments désobéissant à cette règle afin de s’éviter un travail de classification aussi long
qu’inutile. Pour cela, McPhee (2013) recommande de ne pas utiliser les matrices LOD
rigoureusement mais de traiter les LOD comme un concept assez large plutôt qu’un outil
précis. En effet, les LOD doivent être utilisés de manière flexible comme base conceptuelle
d’aide à la définition des protocoles d’échange d’informations plutôt qu’une vérité établie
(Bedrick & Davis, 2012). Dans cet optique, en plus de répondre au manque de précision des
LOI, l’approche américaine semble la bonne approche. En effet, dans la version 2016 du
document « Level of Development Specification » de BIM Forum, des précisions sont
apportées via une Table d’attributs dans laquelle les caractéristiques des objets numériques
sont listées et peuvent être associées à un LOD par l’équipe BIM en début de projet.
Une autre difficulté décrite fréquemment dans la littérature concerne le manque d’études
relatives aux applications des LOD. En effet, Hooper (2015) attribue les obstacles exposés
précédemment à un manque de recherche sur les applications d’un cadre LOD et Treldal et al.
(2016) à un manque de recherche sur l’utilité des LOD au sujet des bénéfices sur les projets.
Même si Gigante-Barrera et al. (2017) soulignent que des études sur des usages BIM ont été
menées, elles n’établissent pas de lien précis entre ces usages et les LOD à produire pour les
servir.
Certains auteurs ont cependant étudié les LOD en parallèle d’autres concepts et ont proposé
des adaptations ou même développé leur propre standard. Lors d’une étude visant à caractériser
l’impact des LOD sur l’effort de modélisation, Leite, Akcamete, Akinci, Atasoy, et Kiziltas
(2011) démontrent que plus de détails dans un modèle ne signifie pas forcément plus de temps
de modélisation mais qu’il n’y a pas de lien évident entre les LOD et ce temps de modélisation.
Hooper (2015) et Van Berlo et Bomhof (2014) se sont penchés sur un parallèle entre les LOD
22
et les Model View Definition (MVD). L’idéal serait de définir une MVD pour chaque tâche car
elles contiennent l’information minimale pour une tâche donnée. En effet, les MVD sont un
regroupement d’informations extraites d’un modèle au format interopérable IFC afin de
permettre des usages comme l’analyse énergétique ou acoustique. Cependant, ce travail est
toujours en développement et la couverture de tous les usages par les MVD s’avère être
chronophage, ne peut traiter tous les objets et ne résout pas la question de quelle information
mettre en amont dans le modèle puisqu’il s’agit d’une extraction de caractéristiques. De plus,
travailler autour des IFC consiste à se concentrer sur des standards orientés logiciels et non sur
leurs applications ou sur les processus BIM intrinsèquement liés à la collaboration entre les
acteurs (McPhee, 2016). Enfin, ces mêmes études soutiennent que la partie graphique n’a que
peu d’importance, contrairement aux informations attachées qui apportent une forte valeur
ajoutée. Au niveau du développement de nouveaux standards, il ne semble pas pertinent
d’introduire de nouveaux termes ajoutant des nuances à une base conceptuelle déjà complexe.
Entre autres, les notions de Set of Information, Level of Accuracy, Level of Completness,
proposent des alternatives répondant à certaines lacunes des LOD mais une amélioration d’un
standard largement utilisé dans l’industrie est une meilleure voie pour limiter les
incompréhensions et favoriser une implémentation dans l’industrie de la construction.
Parmi ces initiatives, on retrouve Van (2012) qui se penche sur le problème du LOD pour la
soumission en cas de DBB avec des spécifications recommandant d’utiliser une liste de
produits alternatifs, ce qui correspondrait paradoxalement à un LOD 200 même si un
composant fourni par un fournisseur spécifique est utilisé. Carrato et Wilson (2016) proposent
un cadre dont le but est d’adapter les LOD à différentes situations car actuellement, ils sont
principalement destinés à la conception. Ils développent alors des alternatives de LOD adaptés
aux achats ainsi qu’à la construction, ces derniers divisés selon six catégories comme les
structures temporaires ou la gestion des matériaux (Carrato & Wilson, 2016). Dans le cas de
la présente étude, si quelques recherches ont été menée au sujet des bénéfices du BIM pour les
entrepreneurs spécialisés (Poirier, Staub-French, & Forgues, 2015), aucune n’est disponible
sur les connaissances et les besoins en information pour un projet BIM de ces mêmes
entrepreneurs.
23
Le manque de compréhension profond des usages, des attributs reliés et du concept même de
LOD de la part de différents acteurs complique l’expression de leurs besoins informationnels
(Leite et al., 2011; Van Berlo & Bomhof, 2014) . Quand bien même ce concept n’est pas utilisé
par manque de connaissances, les utilisateurs en aval se servent du contenu des maquettes à
leur risque. Des décalages entre leurs attentes et les informations fournies apparaissent et
conduisent à des conflits et à des opportunités manquées. Ceci souligne encore un manque de
recherche sur le sujet ainsi qu’un besoin d’études sur les mécanismes qui donneront des
solutions standardisées utilisables et répondant aux besoins de l’industrie (Hooper, 2015). De
plus, Leite et al. (2011) montrent la nécessité de conduire des recherches analysant les besoins
en LOD des parties prenantes pour différentes activités de conception et de construction. Ce
type d’études est inexistant auprès des entrepreneurs spécialisés.
Idéalement, tous les membres du projet devraient connaitre et communiquer les informations
dont ils auront besoin avant le début du projet. Les processus d’échanges d’informations
devraient alors être développés par une équipe composée de toutes les parties, à savoir le
propriétaire et ses représentants, les architectes, les ingénieurs, les entrepreneurs généraux et
les principaux entrepreneurs spécialisés (The Computer Integrated Construction Research
Program, 2011). Pour cela, l’utilisation de modes d’approvisionnement favorisant
l’implication des entrepreneurs spécialisés en amont du projet, tels que la conception-
construction ou contrats relationnels de type « Integrated Project Delivery », permet à ces
derniers d’être parties prenantes à la rédaction des requis pour les échanges informationnels
(Koskela, Howell, & Lichtig, 2006). Cependant, en pratique, les entrepreneurs spécialisés ne
sont pas inclus dans cette équipe avec un mode de travail en conception-soumission-
construction ancré dans le secteur et ne favorisant pas leur implication. Pourtant, les échanges
de données étant les plus intenses et critiques pour le respect des coûts, de la qualité et des
délais au niveau de la construction de l’ouvrage, ce sont les voix de ces entrepreneurs qui
devraient être entendues.
24
Tel qu’indiqué dans la partie précédente, les rares cherches menées auprès des entrepreneurs
spécialisés sont consacrées à l’étude de la mesure des bénéfices du BIM et à l’emploi d’usages
BIM spécifiques. Aucun papier n’est disponible pour l’implication des entrepreneurs
spécialisés dans la définition des LOD ou plus largement, sur leur participation au PGB. Dans
ce qui suit, un parallèle est établi entre la participation de ces entrepreneurs plus tôt dans la
conception de l’ouvrage et leur implication dans le développement des processus d’échanges
d’informations d’un projet BIM. Des résultats issus de recherches sur la coordination et la
modélisation 3D lors de projet BIM sont également utilisés.
Dans les pratiques courantes des projets de construction Nord-Américains, les entrepreneurs
spécialisés ne sont que rarement intégrés à l’équipe au début de projet et ne participent donc
pas aux premières étapes de la conception et de la planification (Gil, Tommelein, Kirkendall,
& Ballard, 2000). Pour la conception, un certain manque d’expérience de terrain de la part des
architectes et des ingénieurs entraine le développement de solutions inefficaces, des problèmes
de coordination ou un manque d’informations dans les documents de construction (Korman,
Simonian, & Speidel, 2008). Ceci donne naissance à de nombreuses demandes d’informations,
des ordres de changements et des modifications tardives de conception dont le coût accroit
avec l’avancement du projet (Pulaski & Horman, 2005). Pour la planification, les concepteurs
n’ont pas connaissance des délais de livraison des matériaux et des équipements ou du
dégagement nécessaire à certaines tâches spécifiques. Ces contraintes ne sont alors pas prises
en compte et allongent les délais de construction. De plus, les processus de modifications de
l’échéancier et de la conception sont séquentiels et itératifs, lents et entrainent donc des retards
et des coûts supplémentaires (Korman et al., 2008). Ces inefficacités apparaissant durant la
construction sont en partie dues à un manque d’interaction au plus tôt entre les concepteurs et
les constructeurs. En effet, dans des processus traditionnels, les connaissances techniques et
pratiques des entrepreneurs spécialisés ne sont prise en compte ni lors de la conception, ni
durant la planification (Gil et al., 2000).
25
Pourtant, l’implication précoce des entrepreneurs spécialisés peut prévenir les concepteurs
contre le développement de solutions inefficaces ou impossibles à construire. Ainsi, afin
d’optimiser les caractéristiques de l’ouvrage et les processus de construction, il est souvent
nécessaire de recueillir des commentaires de la part des entrepreneurs spécialisés (Leicht &
Messner, 2008). Les entrepreneurs spécialisés peuvent apporter des solutions créatives dont
les ingénieurs et les architectes n’ont pas nécessairement connaissance. En effet, du fait de leur
implication continuelle dans les projets conduits par différents concepteurs et clients, ils sont
exposés aux innovations technologiques et à une grande diversité des solutions aux problèmes
de conception. De plus, étant au plus près de la construction, ils ont une meilleure connaissance
des contraintes affectant les processus de construction. Enfin, leur travail est impacté par les
délais de livraison des fournisseurs, les informations transmises par les concepteurs, le
dégagement nécessaire à l’accomplissement de tâches et l’organisation du chantier. Ils ont
donc une meilleure connaissance des actions à prioriser car ils entrent en scène en fin de tous
les processus (Gil et al., 2000).
Dans le cadre du BIM, Korman et al. (2008), lors d’une étude sur l’utilisation de la coordination
3D chez les entrepreneurs spécialisés en MEP, encouragent la communication d’un nombre de
critères de base afin d’informer les concepteurs sur les solutions techniques existantes
permettant de résoudre les problèmes de coordination à l’ingénierie. Les clients, concepteurs
et entrepreneurs généraux devraient ainsi valoriser les connaissances des entrepreneurs
spécialisés en les invitant à jouer un rôle d’assistant à la conception (Gil et al., 2000). Au sujet
de la modélisation 3D, Leicht et Messner (2008) soulignent le problème récurrent d’un manque
de connaissances conduisant à requérir et fournir trop de détails pour les modèles. Ils
recommandent d’aligner la quantité d’information avec les utilisations du modèle des
utilisateurs en aval afin d’éviter de produire des détails non nécessaires, voire même d’en
oublier. En effet, selon Pulaski et Horman (2005), la disponibilité des bonnes informations au
niveau approprié de détail est nécessaire pour valoriser les connaissances des constructeurs.
Dès lors, les auteurs cités démontrent l’importance d’une implication au plus tôt des
entrepreneurs spécialisés dans les projets de construction. Que ce soit pour développer des
26
1.5 Synthèse
Dans ce chapitre, les trois composantes de l’approche BIM : les changements technologiques,
organisationnels et procéduraux, ont été présentés. Le volet technologique comporte
l’accomplissement des usages BIM par l’utilisation de diverses solutions informatiques; il est
le plus connu et le plus simple à mettre en œuvre. En revanche les changements
organisationnels et procéduraux apportent des défis importants qu’il est nécessaire de maîtriser
et de documenter. C’est ce qui est réalisé par l’intermédiaire du PGB. En effet, le PGB
constitue un document essentiel encadrant le travail collaboratif autour des maquettes
numériques afin de faciliter la progression d’une organisation de la construction suivant des
processus traditionnels jusqu’à une approche BIM. Cependant, il reste méconnu des acteurs de
la construction, et surtout de la majorité des entrepreneurs rencontrés lors de ce projet.
De plus, même si le partage d’informations est une composante essentielle du BIM, il est freiné
par un mode de travail en conception-soumission-construction ancré dans le secteur, ne
favorisant pas l’implication de toutes les parties prenantes, mais encourageant la compétition.
Pourtant, de nombreux auteurs recommandent l’intégration de tous les acteurs en amont de la
construction afin d’accéder à d’importants bénéfices. Ceci contribue à une augmentation de la
qualité et de la productivité par une meilleure connaissance des besoins et des contraintes des
27
acteurs au plus proche de la construction : les entrepreneurs spécialisés. Pour cela, une
revalorisation de l’outil LOD utilisé pour définir le contenu des maquettes numériques dans le
PGB, doit permettre de faire remonter leurs besoins en amont de la construction.
En effet, si les LOD sont définis par les personnes auxquelles les informations sont destinées,
ils deviennent alors un outil efficace permettant de contrôler et de cadencer la production
d’informations pertinentes dès la planification. Des LOD établis en fonction des besoins des
entrepreneurs spécialisés, permettraient de se rapprocher des bénéfices d’une collaboration
anticipée même s’ils ne sont pas directement impliqués au plus tôt des processus de définition
des échéanciers et de la conception de l’ouvrage. De plus, les LOD, utilisés comme substitut à
une collaboration directe, permettent d’écarter les difficultés rencontrées sur chantier par une
meilleure connaissance de l’expertise des constructeurs lors d’une pré-construction virtuelle
de l’ouvrage.
Dans le prochain chapitre, la méthodologie de recherche utilisée pour recenser les pratiques,
les attentes, les avantages, les difficultés et les enjeux relevés auprès des entrepreneurs
spécialisés Québécois sera présentée.
CHAPITRE 2
MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE
Comme il a été démontré dans la revue de littérature, il n’y a que peu de recherche et peu de
données sur le sujet développé. Cette recherche a donc été construite de manière à recueillir un
large spectre d’information afin de mieux cerner les enjeux relatifs à l’étude avant d’entamer
une phase d’analyse précise d’une partie du problème. La première partie de la recherche
constitue donc une phase exploratoire au niveau des entrepreneurs spécialisés alors que la
deuxième partie circonscrit le sujet à une spécialité : la mécanique, électricité et plomberie
(MEP), au travers d’une analyse transversale de points de vue des acteurs principaux de la
chaine d’approvisionnement des projets.
La première phase s’est déroulée en partenariat avec la CEGQ. Celle-ci a défini deux objectifs :
amorcer une base d’informations sur les requis des entrepreneurs spécialisés en termes de
contenu des maquettes numériques afin de les faire remonter jusqu’aux concepteurs et
donneurs d’ouvrages; et fournir aux entrepreneurs spécialisés, des informations aux sujets du
BIM, des LOD et des nouveaux métiers liés au BIM, pour faciliter leur transition vers cette
nouvelle approche de la construction. Cette recherche a donc pour but de résoudre un problème
actuel relevé par une organisation de l’industrie de la construction, la CEGQ. Par définition, il
s’agit d’une recherche appliquée. Pour affiner ces objectifs et recueillir les informations
pertinentes à l’étude, une revue de littérature et des entrevues semi-dirigées ont été menées et
consignées dans un rapport destiné à l’industrie (voir Annexe I). Comme dans ce mémoire la
pauvreté de littérature a été relevée et confirme la nature exploratoire de cette première phase
puisqu’elle vise à étudier un sujet méconnu de la part des acteurs industriels et peu documenté
par la communauté scientifique.
théorique dans lequel s’inscrivent les notions principales de cette étude : la définition des LOD,
outil privilégié pour définir le contenu des maquettes numériques, et les relations entre cet
outil, la gestion des informations des projets BIM et les entrepreneurs spécialisés.
Des entrevues semi-dirigées sont menées pour recueillir des informations qui viendront
confirmer ou infirmer les informations présentes dans la littérature et explorer les pratiques,
les connaissances et les besoins informationnels des entrepreneurs spécialisés. L’intérêt des
entrevues semi-dirigées est de laisser une plus grande liberté d’expression aux répondants. Un
questionnaire est alors établi pour mener à bien ces entrevues. Ce questionnaire, présenté en
Annexe III, est rédigé et agencé suivant quatre thèmes :
• pratiques BIM de l’entreprise;
• connaissances théoriques et implication dans le PGB et le LOD;
• méthodes de partage des informations et des maquettes numériques;
• attentes en terme de contenu des maquettes numériques.
2.1.3 Appliquer les actions : Collecte des données, analyse et rédaction du rapport
Afin de couvrir une large gamme de spécialités, des entrepreneurs spécialisés dans sept
domaines différents ont été contactés. De plus, pour avoir une vision plus large de la chaine
32
L’analyse des données, exposées dans le prochain chapitre, suit les trois étapes de l’analyse de
données qualitatives proposées par Miles et Huberman (2003). Dans un premier temps, la
condensation des données permet de sélectionner, simplifier et transformer les données brutes
issues des notes et des enregistrements des entrevues (Miles & Huberman, 2003). Celle-ci est
exposée en détail en annexe II via un résumé des données des entrevues regroupées par
discipline des participants, thèmes du questionnaire et thèmes supplémentaires abordés
pertinents à l’étude. La deuxième partie de l’analyse consiste à présenter les données, c’est-à-
dire les exposer dans un format permettant de tirer des conclusions (Miles & Huberman, 2003).
Des textes narratifs, des diagrammes ainsi que des tableaux ont été utilisés à ces fins et inclus
dans le rapport destiné à la CEGQ. Enfin, les informations présentées conduisent à
l’élaboration des conclusions par l’interprétation des similitudes, des configurations possibles
des liens de causalité et des propositions. Ces conclusions doivent par la suite être vérifiées,
cette étape de validation est présentée dans la prochaine section.
34
La vérification par les membres a été employée pour valider, nuancer et enrichir les résultats.
Selon Miles et Huberman (2003), les personnes interrogées constituent une des sources les plus
logiques d’évaluation car elles font partie intégrante du milieu observé. Une première version
du rapport a été rédigée afin de solliciter un retour de la part des acteurs de l’industrie. La
version finale du rapport intègre leurs commentaires. Sur les douze entreprises ayant
participées aux entrevues, cinq ont retourné des commentaires au sujet du document fourni.
Les retours s’inscrivent dans trois catégories :
• demande de modification dans la partie de condensation des données (1);
• corroboration des résultats issus de l’analyse de ses données et/ou de celles d’autres
intervenants suivant l’expérience propre du participant (4);
• suggestion d’interroger un échantillon plus important d’entrepreneurs généraux et de
concepteurs, clients des entrepreneurs spécialisés, afin de faciliter la compréhension
des attentes bilatéralement (1).
Une exploration plus précise des mécanismes influencés par le BIM a été menée en MEP. Ce
choix a été guidé par deux critères principaux relevés dans la littérature : le pourcentage
d’adoption du BIM est le plus important dans cette spécialité (Kent, 2014) et la MEP compte
à hauteur de 40 à 60% dans le budget des projets de construction complexes (Khanzode, 2010).
35
Á partir des résultats des entrevues menées durant la première phase, des variables ayant une
influence sur l’établissement des LOD ont été dégagées. Elles ont servi de base de discussion
pour la seconde phase d’entrevue menée en Mai 2018 auprès d’un entrepreneur spécialisé en
mécanique, électricité, plomberie (MEP), un entrepreneur général, un ingénieur en MEP et un
architecte reconnus pour leurs compétences en BIM. Les entreprises rencontrées ont été
sélectionnées en raison de leur expertise en BIM construite autour de plusieurs projets et
années d’expérience. Elles sont présentées dans la section suivante. Le même format de
rencontre que lors de la phase précédente a été utilisé, soit un modèle d’entrevue semi-dirigée
d’une durée d’environ une heure appuyé par quatre protocoles adaptés au corps de métier de
la personne rencontrée (voir Annexe V et VI). La méthodologie employée pour cette deuxième
phase est inspirée, comme pour la phase exploratoire, de la recherche-action. La partie de
diagnostique a été réalisée au moyen de la phase exploratoire de même que la construction du
questionnaire. La collecte de données et la validation sont également semblables. Seule la
phase d’analyse n’est pas similaire et sera développée dans une section de ce chapitre.
L’entrepreneur spécialisé compte plus de 500 employés et offre des services de plomberie,
chauffage, ventilation, climatisation, électricité, réfrigération et gaz médicaux pour des projets
industriels, commerciaux et institutionnels de toutes envergures. Il a construit son expertise
BIM sur 4 ans et termine au jour de l’entrevue un projet BIM de grande envergure.
services aussi bien pour l’existant que pour les nouvelles constructions pour des projets
d’envergure.
L’entreprise d’architecture fait partie d’un groupe de professionnels international dont les
bureaux d’architecture à Montréal comptent 200 employés. Elle réalise des projets
commerciaux, institutionnel, résidentiels, aménagement corporatif et de certification LEED.
Fort d’une expérience de nombreux projets BIM, l’entreprise est reconnue comme un chef de
file en matière de BIM avec des membres de l’équipe impliqués dans la recherche.
L’analyse des données repose sur la méthodologie employée lors de la première phase, c’est à
dire : la condensation des données à partir des notes et enregistrements des entrevues; la
présentation les données en les exposant dans un format permettant de tirer des conclusions;
l’élaboration des conclusions; puis la validation par vérification par les membres.
Pour la présentation des résultats, afin de regrouper les 18 thématiques retenues en un nombre
restreint de catégorie, les trois volets du BIM : la technologie, l’organisation et les processus
37
(Staub-French et al., 2011; Staub-French & Khanzode, 2007), introduits dans la revue de
littérature, ont servi de base. Les processus étant le point regroupant le plus de thématiques, il
est scindé en deux, une catégorie concentrée sur les processus de gestion de l’information et
l’autre sur les processus de gestion de la maquette. De plus, le volet technologique ne comptant
qu’une seule thématique et étant intimement liée à la maquette, il a été intégré à la catégorie
gestion de la maquette. Un document regroupant l’ensemble de ces résultats ainsi qu’une
synthèse par thématique est disponible en Annexe VII.
CHAPITRE 3
RÉSULTATS ET DISCUSSION
Les LOD sont actuellement définis en fonction des phases du projet. Or, l’établissement des
LOD uniquement en fonction du temps présente des lacunes. En effet, d’autres paramètres sont
à prendre en compte afin d’optimiser la création et le partage d’informations. Sept paramètres
ont été dégagés à partir des entrevues menées durant la première phase et ont servi de base
pour conduire la seconde phase du projet. La seconde phase, dont les résultats sont présentés
dans ce chapitre, consiste alors en un approfondissement pour une discipline spécifique : la
mécanique, électricité, plomberie (MEP). Elle vise à explorer plus précisément les mécanismes
et les enjeux de la communication et du partage d’informations autour des maquettes
numériques.
Dans un premier temps, les principaux résultats et les variables dégagées lors de la première
phase sont présentées et discutées. Ensuite, les données recueillies durant la deuxième phase
et leur analyse seront présentées suivant les trois catégories exposées dans la partie précédente :
l’organisation, les processus de gestion de l’information et les processus de gestion de la
maquette. Une synthèse mettant en lumière les points saillants relevés ainsi que des
recommandations conclura ce chapitre.
Les résultats de la première partie du projet, la phase exploratoire, sont consignés dans un
rapport destiné à l’industrie. Ce rapport constitue la principale contribution du projet (voir
annexe I). Il est divisé en trois sections : l’état de l’art, la méthode de collecte des données et
la synthèse et l’analyse. Le sous-chapitre suivant expose les principales informations contenues
dans ce rapport. Afin d’obtenir plus de précisions, il est suggéré de se référer aux pages
40
Premièrement, les informations de l’état de l’art à souligner (page 69 à 79, annexe I) sont les
suivantes : le BIM conduit à des changements non maîtrisés par les acteurs de l’industrie, il est
donc nécessaire de les encadrer par un document spécifique : le PGB. Le PGB permet de
définir précisément les objectifs du BIM qui sont traduits en usages, pour déterminer les
différents processus, et plus particulièrement, les processus d’échange d’informations. Les
LOD sont le standard utilisé pour définir les informations à renseigner dans ces échanges.
Cependant ce standard est méconnu, n’est pas universel et est sujet à différentes interprétations
et controverses. L’outil LOD n’est pas utilisé de façon pertinente, il faut une stratégie pour
échanger et gérer les informations. De plus, les entrepreneurs spécialisés ne prennent pas part
à la mise en place de ces outils et la littérature reste pauvre à leur sujet. Pourtant ce sont eux
qui, en bout de chaîne, reçoivent toutes les informations critiques pour l’achèvement du projet.
Enfin, les résultats sont consignés pages 82 à 91 de l’annexe I. Ils sont constitués des pratiques
et des connaissances BIM des participants, des enjeux auxquels font face les entrepreneurs
spécialisés vis-à-vis du BIM, de leurs attentes en termes de contenu des maquettes numériques
et d’un élargissement auprès d’un ingénieur, d’un entrepreneur général et d’un fournisseur. Les
attentes des entrepreneurs spécialisés sont synthétisées selon les points suivants :
• les maquettes des professionnels doivent devenir contractuelles et les modes
contractuels doivent être revus;
• il doit y avoir une adaptation aux besoins en information des acteurs du projet; et
• le LOD attendu varie entre 200, conception en développement, et 400, prêt pour la
fabrication, suivant les objets et acteurs.
Elles sont explicités pages 87 et 88 de l’annexe I.
41
À la lumière des résultats du rapport industriel, la phase exploratoire a permis de dégager des
variables ayant a priori une influence sur les LOD à fournir. Ces variables, extraite d’une
seconde analyse faisant suite à la rédaction du rapport industriel fournit à la CEGQ, sont
présentées dans le Tableau 3.1 suivant :
Les phases du projet sont le seul paramètre prix en compte lors de l’établissement des LOD, il
s’agit d’une approche simple calquée sur la définition des LOD (voir Figure 1.5) et des gabarits
de matrice LOD des PGB. Or, six autres critères ont été identifiés par les entrepreneurs
spécialisés répondants (se référer à l’Annex III).
Les variables « utilité de la modélisation » et « mode contractuel » sont liées au deux difficultés
majeures relevées lors des entrevues : les maquettes des professionnels sont à redessiner et les
contrats sont inadaptés; ainsi qu’a deux des trois exigences communes à l’ensemble des
entrepreneurs : « il doit y avoir une adaptation aux besoins en information des acteurs du
projet » et « les maquettes des professionnels doivent devenir contractuelles et les modes
contractuels doivent être revus ». De même, la variable « temps alloué à la modélisation » est
liée aux deux premières présentées et le manque de temps de modélisation a été un point abordé
par la majorité des répondants. Le problème de manque de maturité des entreprises a été mis
en lumière sur deux principaux points : le faible taux de connaissance et de compréhension des
LOD ainsi que l’absence de document régissant le BIM à l’interne. Ensuite, la variable « objets
numérique » reflète la troisième exigence commune des entrepreneurs spécialisés : « Le LOD
devra varier entre 200, conception en développement, et 400, prêt pour la fabrication, suivant
les objets et acteurs ». En effet ceci relate l’importance du type et de l’emplacement de l’objet
sur les LOD en plus du manque de précision quant aux méthodes d’ajout d’information. Enfin,
les « logiciels utilisés » sont image de deux difficultés relevées : « coût » et « difficultés
logicielles ».
exploratoire du projet a permis de faire ressortir certains enjeux du BIM, non seulement pour
les entrepreneurs spécialisés mais aussi au niveau de la collaboration entre les acteurs, il est
nécessaire d’approfondir l’étude pour outrepasser les limites exposées. Les quatre principales
parties prenantes des projets : l’architecte, l’ingénieur, l’entrepreneur général et l’entrepreneur
spécialisé ont donc été rencontrés afin de répondre au problème d’unilatéralité des réponses
précédentes. De plus, les répondants ayant une expertise bâtie sur plusieurs années et projet,
leur analyse du BIM ne se limite pas à un point de vue biaisé par une faible expérience en
matière de collaboration et d’utilisation de méthodes de travail des technologies.
Les discussions guidées par un protocole d’entrevue construit autour des paramètres issus de
la phase exploratoire ont permis, tel que présentés dans la méthodologie, de faire ressortir dix-
huit thèmes communs aux quatre participants regroupés suivant trois catégories. Les
similitudes et les différences relevées constituent la base de l’analyse exposée dans cette
section. Dans un premier temps les trois catégories ainsi que les thématiques associées sont
explicitées. Puis un résumé des résultats par partie et leur analyse sont présentés. Enfin une
synthèse et des recommandations concluent ce chapitre.
Le Tableau 3.2 suivant représente les différents sujets abordés par les intervenants lors des
entrevues. Ils sont regroupés en trois catégories : organisation, processus de gestion de
l’information et processus de gestion de la maquette.
45
Les 18 thématiques ont été capturés in vivo dans les entrevues avec les répondants et identifiées
à l’aide d’une synthèse des enregistrements et des notes d’entrevues. Les catégories traitent
d’une part des problématiques concernant la mise en place du cadre de travail pour
l’implantation du BIM et des relations entre les différentes parties prenantes; d’autre part les
méthodes de création et de partage d’information ainsi que des outils employés à ces fins; et
enfin le contenu des maquettes numériques, des logiciels employés et des activités de
modélisation. Ces trois catégories sont comparables à celles proposées dans le cadre développé
par Staub-French et al. (2011) pour analyser des projets BIM, tout en se différenciant par ses
thématiques d’analyse.
La prochaine section de ce chapitre consiste en la présentation d’une synthèse des résultats par
catégorie obtenue par croisement des données des quatre entrevues. Elle est suivie de leur
analyse et d’une discussion sur les limites les points clés dégagés. L’ensemble des résultats est
disponible en Annexe VII pour plus de précisions.
3.2.2 Organisation
L’organisation des projets BIM est modifiée par des pratiques collaboratives plus marquées et
l’ajout d’un document à intégrer dans les processus de travail : la maquette numérique. La
production de maquettes débute dès la conception, puis elles sont transmises aux entrepreneurs
spécialisés par le biais de l’entrepreneur général. Afin d’en faciliter la gestion, de les insérer
dans les documents du projet et de cadrer les processus d’échanges, un PGB est rédigé.
Cependant, lors d’un projet de construction réalisé traditionnellement à l’intérieur d’un mode
contractuel fragmenté tel que le DBB, le PGB est généralement produit par l’architecte ou le
client et ne prend donc pas en compte les problématiques spécifiques que rencontrent les
entrepreneurs généraux et spécialisés lors de la construction. De plus, les maquettes de
conception sont généralement produites pour en extraire des plans 2D et accompagnés de devis
qui prévalent au niveau contractuel, la transmission de maquette étant considérée par les
professionnels comme une aide pour les entrepreneurs sans valeur contractuelle. Ceci altère la
qualité des maquettes de conception rendues potentiellement inutilisables pour la construction
et limite l’engagement des entrepreneurs dans l’utilisation des maquettes des professionnels
qui préfèrent redessiner leurs propres maquettes à partir des plans et devis et occasionne donc
du travail en double mais aussi dans une possible implication dans le PGB. Enfin, Si l’ingénieur
et l’entrepreneur général peuvent dans certains cas analyser et amender ce document afin qu’il
cadre mieux avec la réalité du projet, l’entrepreneur spécialisé, bien que sa contribution soit
encouragée par l’entrepreneur général, entre trop tard dans le projet et ne dispose pas des
ressources nécessaires (personnel, formation, temps) pour y participer. « Le PGB est très
complexe et très lourd à analyser, sur le dernier projet des personnes l’ont lu et se sont mises
à paniquer. » (Vice-président des opérations, entrepreneur spécialisé). Les recommandations
et les instructions émises dans le PGB, notamment au niveau des LOD, peuvent donc ne pas
correspondre à ses attentes et ses besoins.
Une différence de points de vue entre entrepreneurs spécialisés et ingénieurs est remarquée au
sujet de l’avancement de la modélisation dans ces types de contrats intégrés. L’entrepreneur
spécialisé souhaiterait avoir accès aux maquettes plus tôt, contenant des objets plus précis, en
affirmant que cela n’ajoute pas de travail aux ingénieurs s’agissant d’objets contenus dans des
bibliothèques; tandis que ces derniers acceptent de partager leurs maquettes incomplètes
contenant des objets de conception, avec des critères permettant aux entrepreneurs spécialisés
de débuter leur modélisation plus tôt. Selon l’ingénieur, ceci peut se faire si les entrepreneurs
spécialisés s’informent du LOD des objets contenus, fréquemment plus bas que leurs attentes,
sans créer de conflits sur cet état d’avancement. « L’entrepreneur veut juste plus de détails :
plus de travail fait par l’ingénieur signifie moins à faire par l’entrepreneur. C’est surtout là
qu’on s’accroche. » (Concepteur chargé de projet, ingénieur). Afin de résoudre les conflits,
l’entrepreneur général recommande de dépasser le cadre contractuel et d’instaurer un mode de
communication direct entre les intervenants qui favoriserait la collaboration. Pour cela, il peut
jouer un rôle de facilitateur entre les concepteurs et les entrepreneurs spécialisés en
coordonnant et en adaptant les maquettes entre la conception et la construction. L’utilisation
de moyens entrant dans le cadre légal, tel que les QRT, doit se limiter aux enjeux majeurs
lorsque la discussion entre les acteurs concernés n’a pas apporté de solution.
Enfin, l’utilisation de maquettes numériques dans le cadre d’un projet BIM ne devrait pas
changer les responsabilités des parties prenantes. Les entrepreneurs spécialisés ne peuvent
demander trop d’efforts de modélisation aux concepteurs et doivent consulter les plans et les
devis car il n’est pas encore envisagé de les délaisser. « Il (l’entrepreneur spécialisé) doit
49
regarder tous les autres documents et pas que la maquette transmise, les données sur les
équipements doivent être ajoutées dans son modèle si elles ne se trouvent pas dans les objets
dessinés par le concepteur. » (Directrice BIM, entrepreneur général). En contrepartie les
concepteurs doivent atteindre un niveau de modélisation minimal incluant les informations
relatives à leur expertise. En cas de mode contractuel intégré une entente doit être établie entre
les acteurs et un climat de confiance instauré dépassant ce cadre. Pour procéder ainsi,
l’ensemble des acteurs doivent avoir un certain niveau de connaissances et d’habiletés en BIM
et entrer dans une dynamique de création de bénéfices communs en dépassant son propre
intérêt. « Le projet n’a pas beaucoup fonctionné en BIM car les entrepreneurs spécialisés ne
sont que très peu à avoir des connaissances et à utiliser le BIM » (Architecte); « Je suis
d‘accord pour laisser à l’entrepreneur spécialisé de la liberté mais il faut s’entendre car si je
ne dessine pas un détail il va dire que je ne l’ai pas fait et il va le charger, il ne faut pas qu’il
joue sur les deux côtés de la médaille sans quoi le BIM ne peut fonctionner. » (Concepteur
chargé de projet, ingénieur).
La principale cause des difficultés exposées dans cette première partie réside dans le manque
de maturité en BIM des acteurs de l’industrie de la construction. En effet, si les quatre
répondants ont développé une expérience du BIM sur plusieurs années, ce n’est pas le cas de
la majorité des entreprises du Québec. De plus l’emploi de contrat fragmentés de type DBB
dans la majorité des projets renforce la frontière entre concepteurs et constructeurs. Ceci limite
les échanges et conduit à des conflits qui pourraient être évités par une communication accrue
entre les deux parties, tel que proposé dans les contrats intégrés (Winch, 2010). Les problèmes
de collaboration et d’incompréhension poussant les répondants à pointer du doigt les autres
parties prenantes pour leurs réticences et leurs erreurs, peuvent donc s’expliquer par ce manque
de connaissances et de communications.
50
L’utilisation de plateformes partagées pour collaborer autour des maquettes numériques est
freinée par les pratiques de travail en silo ancrées dans le secteur, des différents sur la hiérarchie
à respecter entre les acteurs et des désaccords sur les buts et la précision de modélisation à
atteindre. Pour mitiger ces enjeux l’entrepreneur général suggère d’instaurer un climat de
confiance entre toutes les parties prenantes et de s’informer des besoins de chacun au sujet de
la modélisation. « Il faut instaurer un esprit collaboratif car il ne faut pas perdre de vu la
finalité du BIM qui permet de mieux travailler ensemble. »; « Les concepteurs et les
entrepreneurs devraient travailler ensemble pour spécifier les informations qu’ils doivent
ajouter à la maquette. » (Directrice BIM, entrepreneur général). Son avis est partagé par
l’entrepreneur spécialisé qui souhaite apporter ses compétences aux niveaux de la faisabilité,
de la fabrication et de l’installation dès la production de la maquette de conception lorsque le
mode contractuel le permet. Cette volonté est motivée par un problème récurrent de maquettes
de conception produites par les ingénieurs et les architectes afin d’en extraire des plans, qui
prévalent alors sur la maquette au niveau contractuel, et qui ne sont donc pas destinées à la
construction. Les concepteurs interrogés ont également conscience de ce désalignement des
objectifs de modélisation, source de manque à gagner, et ont conscience des bénéfices de
l’intégration des connaissances des entrepreneurs dans les maquettes de conception pour le
projet. Cependant, selon l’architecte, une certaine hiérarchie doit être respectée afin de ne pas
51
La mise en place de cette collaboration et de l’ensemble des processus BIM pourrait être
facilitée par un temps de préparation supplémentaire accordé aux concepteurs et entrepreneurs
par le client, ceci quel que soit le mode contractuel. Les entrepreneurs spécialisés souhaitent
en bénéficier pour modéliser avant le début de la construction et les concepteurs pour la
réflexion, les calculs et le paramétrage nécessaires au bon déroulement du projet BIM, avant
le début de la modélisation. L’entrepreneur général rencontré ajoute ce temps supplémentaire
à l’échéancier dans ses projets au niveau de la construction sous forme d’un plan de
coordination et de modélisation. « Il faut donner du temps aux entrepreneurs spécialisés, il y
a plus de formation et de sensibilisation à faire de notre côté. » (Directrice BIM, entrepreneur
général). Cet ajout est perçu comme un investissement qui permet d’ancrer le BIM lors de la
phase de construction.
ils peuvent avoir une grande influence y compris au niveau dimensionnel. Un compromis est
alors à établir. Selon l’entrepreneur général une bonne solution consiste à développer la
maquette de conception dans les endroits cruciaux, tels que les salles mécaniques, en laissant
une certaine liberté aux entrepreneurs spécialisés pour les parties moins critiques. L’ingénieur
et l’entrepreneur spécialisé doivent communiquer au sujet du LOD des objets insérés dans la
maquette afin d’éviter les erreurs et les conflits.
Cependant, la compréhension des LOD n’est pas uniforme. En effet, la notion semble maîtrisée
par l’entrepreneur général et l’ingénieur mais est ignorée et inutilisée par l’entrepreneur
spécialisé, et est employée sous un terme différent chez l’architecte. Des substituts peuvent
être utilisés et des consignes émises par les firmes les plus matures en BIM pour faciliter
l’intégration de cette notion technique méconnue et incomprise pour la majeure partie de
l’industrie. Un indice de cette incompréhension se reflète chez les firmes étudiées. Même si
ces dernières sont considérées comme des leaders en BIM au Québec, l’évolution du LOD des
maquettes en fonction des phases du projet, telle que précisée dans les matrices LOD utilisées
dans les PGB, n’est suivie que par un des quatre répondants. L’ingénieur relève un
désalignement entre ses besoins et ce que préconise ces matrices.
Les avis des participants diffèrent sur la qualité et la précision des maquettes échangées. La
principale divergence réside entre l’entrepreneur spécialisé et l’ingénieur qui ont des points de
vue opposés. En effet, l’entrepreneur spécialisé aimerait recevoir des maquettes de conception
coordonnées incluant les détails techniques et dans lesquelles les objets de construction
standards sont à un LOD 400, ce qui, selon lui, ne nécessiterait pas de nombreux efforts
supplémentaires de la part de l’ingénieur. « Au niveau de la plomberie c’est facile car tout est
standard et normalisé, il suffit d’intégrer les pièces de fabrication comme famille dans les
maquettes. En ventilation chaque entreprise a ses standards mais finalement cela revient aux
mêmes standards normalisés. » (Vice-président opérations, entrepreneur spécialisé).
L’ingénieur, lui, voit sa maquette comme une aide pour l’entrepreneur mais ne peut effectuer
la fine coordination pour la construction, y ajouter les détails techniques et les objets pour la
construction sans être rémunéré pour cela. « Ce qu’on entend c’est que les soumissions rentrent
presque 10% plus bas lorsqu’on a une maquette. Donc le client est gagnant, l’entrepreneur
est également gagnant donc qu’ils paient et qu’ils fassent quelque chose pour aider à la
cause. » (PDG, ingénieur). Le rôle de l’entrepreneur général comme intermédiaire et
facilitateur pour l’échange de maquette prend alors toute son importance. L’architecte semble
répondre aux besoins des entrepreneurs en intégrant à sa maquette l’ensemble des objets et des
informations permettant d’effectuer des estimations. Il n’est cependant pas impliqué dans les
processus de collaboration avec les entrepreneurs. Encore une fois, les problèmes exposés dans
ce sous-chapitre sont liés à un non-alignement des maturités BIM des intervenants sur un même
projet et à un manque de connaissance des besoins des utilisateurs en aval. Lorsque le mode
contractuel le permet, il est alors bénéfique d’encourager la discussion entre les participants du
projet afin qu’ils puissent s’entendre sur les différents concepts et établir une ligne de conduite
en prenant conscience du niveau de maturité BIM, des besoins et les méthodes de travail de
chacun.
La gestion de la maquette est également impactée par les difficultés logicielles qui résident
essentiellement dans le temps nécessaire à investir dans la création de famille, les limites de
calculs des logiciels de modélisation, des problèmes d’interopérabilité et un frein à la créativité.
« Il ne faut pas que le logiciel nous empêche de faire ce que l’on veut faire, il ne faut pas être
54
3.3 Analyse
Trois problèmes principaux sont à souligner dans l’analyse. Le premier est lié à la faible
utilisation de contrats adaptés aux pratiques collaboratives préconisées par le BIM. La large
utilisation de contrats de type DBB ne permet pas d’utiliser la maquette numérique comme
document contractuel, ce qui annule une grande partie des bénéfices attendus avec une
démarche BIM. Ceci conduit à un travail de re-modélisation et à la volonté de garder des
responsabilités semblables à celle d’un contrat non BIM néfastes au déroulement du projet.
Les entrepreneurs spécialisés ne prennent alors pas le risque de réutiliser des maquettes en
sachant que ces dernières ne correspondent généralement pas à leurs attentes car construites
pour en extraire des vues 2D. En effet, le souci d’emploi des bonnes familles, nomenclatures,
quantités ou de l’insertion de détails non visibles dans les 2D essentiels à la phase de
construction n’est pas respecté dans ce type de document.
coût ciblé. De plus, il a été relevé que les clients sont réticents à investir dans du temps de
préparation supplémentaire en amont, que ce soit pour planifier l’exécution du BIM du projet
ou permettre aux architectes et ingénieurs de développer le concept, pour lequel l’avancement
de l’ouvrage est difficilement mesurable. Il est alors important d’informer l’ensemble des
acteurs des pratiques à mettre en place pour un déplacement efficace de l’effort en amont ainsi
que des retombées globales au niveau du projet.
Enfin, le dernier problème est lié au manque de maturité BIM des entreprises de construction.
Peu d’acteurs ont une expérience suffisante pour comprendre et intégrer les concepts (tel que
les Usages BIM, le PGB ou les LOD) et les pratiques BIM dans leurs processus et dans les
projets. Ceci entraîne les conflits qui ont été relevés lors des entrevues (explicités en Annexe
VII). Les répondants étant généralement les parties prenantes les plus avancées en BIM dans
leurs projets, la faute est rejetée sur les autres entreprises. Dans ce cas, il est difficile de trouver
un accord au sujet du développement et de l’avancement de la modélisation. Encore une fois,
pour pallier à ce problème, il est ici question de sensibiliser et former les entreprises montrant
un intérêt pour le BIM afin de faciliter leur compréhension des points clés du BIM et leur
inclusion dans les pratiques collaboratives.
3.4 Discussion
Les points soulevés dans la phase d’analyse des échanges d’information en MEP rejoignent
deux des trois attentes communes à l’ensemble des entrepreneurs spécialisés rencontrés lors
de la première phase exploratoire et consignées en Annexe I : « les maquettes des
professionnels doivent devenir contractuelles et les modes contractuels doivent être revus » et
« il doit y avoir une adaptation aux besoins en information des acteurs du projet ». En effet, la
première attente est similaire au premier problème ci-dessus et la deuxième correspond au
problème d’interprétation de l’intervention en amont des entrepreneurs spécialisés dans le
projet. Enfin le manque de maturité est également indiqué dans le rapport destiné à l’industrie :
seulement deux des neufs entrepreneurs rencontrés, dont huit ayant une expérience BIM, ont
des connaissances théoriques poussées. Les trois problématiques sont donc redondantes
56
quelques soient les acteurs et un bon aperçu de leur maturité BIM, influençant leurs points de
vue, est décelable lors d’une entrevue.
L’intégration du BIM dans les projets ne doit pas se limiter aux quatre corps de métiers
répondants lors de cette étude. Même s’il s’agit des quatre acteurs principaux, un élargissement
du donneur d’ouvrage jusqu’au fournisseur permettrait de cerner des problématiques qui ont
pu être passées sous silence dans cette étude et pousser les bénéfices du BIM jusqu’au bout de
la chaine d’approvisionnement. En effet, au niveau du client, l’utilisation des TQC est encore
méconnue alors qu’ils sont présentés comme un moyen permettant de faire d’importantes
économies pour la gestion des ouvrages. Pour en bénéficier, les entrepreneurs spécialisés
doivent enrichir la maquette jusqu’à un LOD 500 et être en mesure de préciser dans les contrats
les requis d’information relatifs à ce niveau de développement. Cependant, peu d’entrepreneurs
ont le niveau de maturité suffisant pour définir des exigences quant aux LOD et les clients
n’ont pas la maturité nécessaire pour être en mesure de profiter des bénéfices des TQC dans la
gestion de leurs actifs. Enfin, même si des entreprises impliquées dans la transition vers le BIM
pousse tout de même vers l’utilisation des TQC, l’absence de leur exigence par les clients
renvoie l’image à l’industrie d’un travail supplémentaire de modélisation inutile. De plus,
l’interrogation d’un fournisseur lors de la phase exploratoire expose deux problèmes dont n’ont
pas consciences les autres intervenants : les demandes liées au BIM ne sont jamais relayées
jusqu’au fournisseur ne pouvant alors ni y apporter leur expertise, ni profiter des bénéfices et;
par des pratiques collaboratives, les fournisseurs pourraient conseiller et proposer des produits
optimisés pour l’ouvrage au lieu de fournir des produits au coût de production le plus bas.
Ce projet, par sa vocation exploratoire, soulève des interrogations, des problématiques et met
en avant des besoins d’une variété d’acteurs de l’industrie. Il est nécessaire de poursuivre la
recherche dans cet axe afin de combler les lacunes révélées par ce mémoire, d’identifier des
solutions et de renseigner les points clés encore non documentés.
CONCLUSION
Si le BIM s’avère un moyen efficace de pallier aux difficultés de la construction, des zones
d’ombres sur ses différents concepts persistent. Le processus d’établissement des LOD est
remis en question dans le premier volet de la recherche. En effet, de nombreuses
incompréhensions subsistent pour leur définition et leur interprétation. De plus, les besoins des
utilisateurs finaux, les entrepreneurs spécialisés, ne sont pas pris en compte alors que les
difficultés tardives survenant lors de la construction, entrainent les impacts négatifs les plus
importants sur la qualité, les coûts et les délais. Dans ce contexte, l’objectif principal de ce
projet est de définir les requis des entrepreneurs spécialisés pour le contenu des maquettes
numériques fournies par les concepteurs. Dès lors, une approche en deux temps a été adoptée
afin d’éliminer dès la phase de planification, les problèmes liés aux informations contenues ou
absentes des maquettes numériques.
Premièrement, lors d’une phase exploratoire, des entrevues semi-dirigées menées auprès des
entrepreneurs spécialisés ont permis de prendre connaissance des outils, des méthodes
d’application du BIM, des difficultés rencontrées et des attentes de changement pour la gestion
du BIM. Ces données ont également pour vocation de préciser le problème et de démontrer le
besoin d’intervention. Leur analyse est intégrée dans la principale contribution de projet : un
rapport adressé à l’industrie qui permet de diffuser ce constat aux professionnels et aux
donneurs d’ouvrages. L’implication des entreprises interrogées jusqu’à la production du
rapport et la supervision de la rédaction par un membre de l’entreprise partenaire assurent une
validation de cette première phase tant pour la complétude des informations recueillies chez
les entrepreneurs pour la portée du rapport désiré par la CEGQ. Ainsi, en accord avec la
littérature et les besoins actuels de l’industrie, ce rapport préconise qu’il devrait y avoir une
collaboration entre tous les acteurs du projet dès la phase de planification des exigences BIM.
Un ajustement du transfert d’informations en fonction du destinataire ne peut avoir que des
conséquences bénéfiques pour le projet.
58
Dans un deuxième temps, un ensemble de variables ayant a priori une influence sur la mise en
place des LOD par une prise en compte des besoins des entrepreneurs spécialisés a été identifié.
Ainsi, une deuxième série d’entrevue, sur des thèmes identifiés comme problématiques au
préalable, a été menée auprès de la chaine des acteurs impliqués en MEP : l’architecte,
l’ingénieur, l’entrepreneur général et l’entrepreneur spécialisé. Les données recueillies ont
permis de mettre en évidence les principaux enjeux auxquels sont confrontés les acteurs de
cette discipline aussi bien au niveau des concepts, des produits que des interactions. Ceux-ci
résident essentiellement dans un problème d’alignement de maturités BIM entre les parties
prenantes des projets, une méconnaissance et une mauvaise utilisation des LOD, des contrats
inadaptés, des difficultés de communication et une ignorance des besoins des collaborateurs
conduisant à la définition de protocoles non adaptés dans le PGB.
Les deux phases de la recherche ont pour principale limite la taille réduite de l’échantillon.
Cependant très peu d’entreprises font preuve d’une maturité BIM suffisante pour discuter de
paramètres identifiés liés à des termes tel que le PGB ou le LOD. Les résultats obtenus donnent
donc une image représentative des pratiques et des enjeux auxquels font face quatre des
entreprises parmi les plus avancés en la matière dans leur domaine au Québec. Ce sont leurs
points de vue qui sont à prendre en compte pour établir les lignes directrices afin d’implanter
plus largement le BIM dans l’industrie.
Remerciements
L’équipe de recherche du GRIDD tient à remercier l’organisme Mitacs Accélération ainsi que
la Corporation des Entrepreneurs Généraux du Québec (CEGQ) pour le soutien financier apporté à ce
projet.
L’équipe, remercie également les entreprises ayant donné de leur temps pour cette étude,
ainsi que toutes les personnes qui ont participé à la réalisation de ce projet par leurs conseils, leurs
contacts et leurs informations.
65
BIM : acronyme anglais pour Building Information Modeling utilisé couramment pour désigner la
modélisation des données du bâtiment.
CEGQ : Corporation des Entrepreneurs Généraux du Québec, organisme mandataire du projet et
participant au financement.
CMEQ : Corporation des Maîtres électriciens du Québec, corporation ayant organisé les rencontres
avec les entrepreneurs spécialisés en électricité.
DB : acronyme anglais pour Design Build, utilisé couramment pour désigner les projets réalisés suivant
le modèle conception-construction
DBB : acronyme anglais pour Design Bid Build, utilisé couramment pour désigner les projets réalisés
suivant un processus classique d’appel d’offres.
GRIDD : Groupe de Recherche en Intégration et Développement Durable en milieu bâti, équipe de
recherche du projet.
LOD : acronyme anglais pour Level of Development utilisé couramment pour désigner le niveau de
développement des objets numériques des maquettes du BIM. Ce concept se divise en deux notions :
le niveau de détail (LOd) qui désigne le contenu graphique, ou visible, de ces objets ; et le niveau
d’information (LOI), qui décrit le contenu non-graphique, c’est à dire les informations attachées, de
ceux-ci.
PGB : Plan de Gestion BIM, notion réalisée dans un chapitre consacré en page
PPP : acronyme anglais pour Private-Public Partnership, utilisé couramment pour désigner les projets
réalisés suivant un modèle de partenariat public-privé.
TQC : Tel Que Construit, ou Tel Que Conçu, désigne le niveau de précision d’une maquette numérique
qui représente la réalité telle qu’elle a été construite, ou conçue.
66
Résumé
Les méthodes de travail et les technologies du BIM, dont les bénéfices ont été prouvés sur de
nombreux projets, sont employées dans un nombre grandissant d’entreprises. La transformation de
l’industrie, amorcée par une bonne compréhension de ces avantages par des firmes de concepteurs
et d’entrepreneurs généraux, a conduit à une emphase de la recherche sur la conception et la gestion
générale des chantiers.
Cependant très peu de recherches sont menées au niveau de l’implémentation et des besoins
conséquents au BIM chez les entrepreneurs spécialisés bien qu’ils interviennent lors de la phase la plus
critique des projets : la construction. Leur besoin informationnel est donc méconnu et conduit à des
échanges inefficaces. En effet, de nombreux ordres de changements, extras et incompréhensions sont
en partie dus à un manque de collaboration et de communication avec les destinataires de ces
informations, c’est-à-dire les entrepreneurs.
Pour pallier à ce problème, ce projet a pour objectif d’identifier les attentes des entrepreneurs
spécialisés québécois au niveau des informations transmises via les maquettes numériques dans des
projets comportant des exigences BIM. La nature et la précision de ces informations étant quantifiées
au Canada par les LOD, ce concept est développé et utilisé dans ce projet. Ce rapport a alors pour but
de faire remonter les besoins des entrepreneurs jusqu’aux concepteurs et donneurs d’ouvrages, afin
qu’ils établissent des exigences adaptées.
Afin de recueillir ces données, des entrevues auprès de douze entreprises ont été conduites. Leurs
principales attentes sont :
• Les maquettes des professionnels doivent devenir contractuelles et les modes contractuels
doivent être revus ;
• Il doit y avoir une adaptation aux besoins en information des acteurs du projet ;
• Le LOD devra varier entre 200, conception en développement, et 400, prêt pour la fabrication,
suivant les objets et acteurs.
Ces entrevues ont également permis de mettre en lumière les avantages, les pratiques, les enjeux et
les connaissances du BIM chez ces entreprises.
67
Introduction
Afin de bien définir les objectifs et les obligations liés à l’utilisation du BIM, des documents spécifiques
doivent être établis. Ils ont pour rôle de préciser les éléments essentiels au travail collaboratif autour
des maquettes numériques, non pris en compte dans les méthodes contractuelles traditionnelles. Ils
permettent entre autres de préciser les propriétés intellectuelles des parties prenantes, la
confidentialité des informations et la fiabilité du contenu des maquettes numériques, qualifiés en
Amérique du Nord par les niveaux de développement (LOD). Lors de la définition des exigences pour
l’utilisation du BIM, les LOD représentent le cœur des spécifications pour l’évolution du modèle,
document aidant les intervenants à définir la portée du BIM et les responsabilités pour le
développement de certains éléments à un niveau de détail donné, avec une échelle définissant les
besoins pour une conception schématique (LOD niveau 100), jusqu'aux requis pour fournir une
maquette tel que construit (LOD niveau 500). Les LOD sont dans ce cas utilisés pour deux objectifs : la
définition des résultats attendus par phase de projet afin d’établir comment l’évolution de la
conception sera traduite par l’évolution des LOD et à quel rythme ; et l’assignation des tâches de
modélisation avec notamment l’ajout d’informations liées aux éléments du modèle, fournies par
différents acteurs du projet, en plus de l’affinement de la géométrie. (Bedrick, 2008)
Si les requis des concepteurs et entrepreneurs généraux sont aujourd’hui mieux connus et définis pour
l’établissement des contrats, très peu de recherches sont menées au sujet des besoins des
entrepreneurs spécialisés alors que ce sont ces derniers qui réalisent la construction. Le lien entre le
contenu des maquettes numériques et les opportunités associées pour ces entrepreneurs, en regard
de leur multiplicité et de leurs capacités, est encore méconnu. En ajoutant à cela le manque
d’expérience de l’industrie dans ce domaine, la tendance à pousser l’information ainsi que de la
dichotomie entre la conception et la construction, les maquettes se retrouvent paradoxalement
surchargées ou présentent des lacunes, et un manque de cohérence de ces modèles est ainsi relevé.
68
Il existe donc un besoin de définir quelles sont les conditions à réunir pour que les maquettes de
conception puissent être réutilisées par les entrepreneurs spécialisés, et comment elles doivent être
mises à jour pour la fabrication et pour la livraison des Tels que construits.
On cherchera alors à répondre à la question suivante : Quels sont les besoins des entrepreneurs
spécialisés, en termes de contenu des maquettes numériques, pour améliorer les processus liés au
BIM lors de la communication entre les différents acteurs et l’exploitations des maquettes pour la
réalisation de la construction ?
L’objectif principal de ce projet est de définir les requis des entrepreneurs spécialisés pour le contenu
des maquettes numériques fournies par les concepteurs. Suite à une mise en contexte par une
présentation des principaux concepts liés aux maquettes numériques du BIM, ce rapport a pour but
de présenter les pratiques, attentes, avantages et enjeux relevés auprès d’entrepreneurs spécialisés
québécois utilisant ces dernières dans leurs projets. Ce rapport sera détaillé de manière à répondre
aux sous-questions suivantes :
• Pourquoi échanger des données et quels sont les différents types de logiciels ?
• Qu’est-ce que le BIM ?
• Quel sont les rôles du gestionnaire et du coordinateur BIM ?
• Qu’est-ce que le plan de gestion BIM et comment cadre-t-il l’évolution des maquettes ?
• Quelle est la perception des entrepreneurs spécialisé québécois du BIM ?
Ce rapport s’articulera donc autour de chapitre traitant de ces problématiques secondaires. Dans un
premier temps, via une revue de littérature, on présentera un bref historique de l’évolution des
pratiques et logiciels ayant conduit à l’arrivée du BIM, et, au besoin conséquent de gérer cette nouvelle
approche de la construction par un plan de gestion BIM (PGB). Dans un deuxième temps, on présentera
la méthodologie de recherche employée. On procèdera par la suite à la présentation des résultats
d’une série d’entrevues semi-dirigées menées dans le but de relever les besoins et perceptions actuels
des entrepreneurs spécialisés au Québec, et plus particulièrement dans la région du Grand Montréal.
69
CHAPITRE 1
ÉTAT DE L’ART
Du travail en silo au BIM
Le travail en silo
Historiquement, le modèle de travail dans l’industrie de la construction pousse au travail en silo avec
de nombreux obstacles à la collaboration liés à la nature même de l’industrie composée d’une
multitude de petites entreprises spécialisées dont la sélection pour un projet est basée sur le prix le
plus bas. Les contraintes principales, entre autre liées au caractère éphémère des projets, avec des
interactions en moyenne d’une dizaine de mois (Brousseau & Rallet, 1995), limitent le partage et la
collaboration entre les parties prenantes. En effet, n’étant que temporairement impliqué et ayant des
marges de profits minces, les intervenants priorisent et optimisent les produits de leurs propres
disciplines aux dépends de la valeur globale du projet. De plus la nature informelle des relations
ancrées dans le secteur complexifie le suivi par la maîtrise d’ouvrage. Enfin, les aléas, qu’ils soient
externes comme les conditions climatiques, ou internes, comme les ordres de changement, éloignent
les entreprises du respect de délais serrés. La collaboration entre les intervenants souffre de cette
course contre la montre. (González, González, Molenaar, & Orozco, 2014).
Afin de faciliter et d’améliorer la qualité des documents de planification et de fabrication des
entrepreneurs ainsi que les calculs, plans et devis fournis par les professionnels, des outils
informatiques ont été développés. Ces derniers, comme les logiciels de gestion, de calculs ou les
modeleurs géométriques permettant de dessiner d’abord en 2D, puis en 3D les éléments utiles à
chaque discipline, restaient cependant basés sur un mode de travail en silo ne se souciant ainsi pas
d’un possible échange de données entres logiciels.
Par exemple, pour un projet de bâtiment réalisé dans les années 90, la maitrise d’ouvrage pouvait
agrémenter son appel d’offre de plan et esquisses 3D (Poyet, 1993). Sur la base de ces documents, les
ingénieurs entraient manuellement les données nécessaires dans des logiciels spécifiques à chaque
discipline avant de pouvoir obtenir des résultats. Les entrepreneurs, durant la construction, qui reste
une phase relativement à part de la phase de conception, employaient des logiciels de pilotage
incompatibles entre eux. De plus, les firmes effectuant les contrôles avaient également leurs logiciels,
semblables à ceux des concepteurs, mais sans possibilité d’échange de données entre les deux parties.
Les seuls échanges informatiques possibles se faisaient par des plans DXF entres les architectes et les
ingénieurs avec une nécessité de tout de même ressaisir l’information attachée manuellement (Poyet,
1993). Les pertes de temps occasionnées sont grandes et l’interopérabilité devenait ainsi la prochaine
étape pour améliorer l’efficience de l’industrie.
Une étude du National Institute of Standards and Technology (2004) classifiait les pertes dues au
manque d’interopérabilité en trois catégories. La première quantifie celles dues aux systèmes
informatiques redondants et aux processus associés alors inefficaces, la deuxième inclue les ressaisies
manuelles et les demandes d’informations liées à l’absence d’échanges de données exploitables, la
troisième à la perte de productivité conséquente des employés. Ce même rapport démontre que le
manque d’interopérabilité occasionne une perte de 15.8 Milliards de dollars (US) dont 6.8 directement
liés aux activités de construction et 2.2 milliards supportés par les entrepreneurs spécialisés pour les
grands projets commerciaux, institutionnels et industriels aux États-Unis cette même année. (Coleman
& Jun, 2004)
Malgré la certaine évolution des technologies, et une progression des normes favorisant
l’interopérabilité avec notamment la mise en place de standards d’échanges ouverts comme les IFC,
une étude réalisée en 2007 démontre qu’une même information est rentrée 7 fois au cours d’un projet
de construction (Forgues, Tahrani, & Frenette, 2014).
En regard de cela, les améliorations technologiques centrées au niveau métier, sans possibilité de
partage de données, sont dépassées vis-à-vis des bénéfices à tirer des échanges de données et de la
collaboration entre tous les corps de métiers.
En effet, un logiciel unique répondant aux besoins de tous étant irréaliste, une communication
intelligente entre les différents types de logiciels utilisés s’avère être la direction prise par l’industrie.
L’objectif rassembler est employé dans le sens de collecter, quantifier et effectuer un suivi des
informations du projet (Kreider & Messner, 2013). Pour ce faire, des moyens technologiques tels que
les scan laser ou les drones couplés à des logiciels de traitement de données permettent d’acquérir de
l’information sur l’environnement du projet pour la conception, ou de mesurer son avancement
durant la construction. De plus, des logiciels de relevé de quantités peuvent être utilisés directement
à partir des maquettes et fournissent des données utiles à l’estimation des coûts et à la mise en œuvre
d’un échéancier.
71
À partir de la demande du client et des informations de terrain, les concepteurs amorcent la phase de
génération des données avec la modélisation, le paramétrage et les premiers dimensionnements d’un
concept préliminaire. Les entrepreneurs, et principalement les entrepreneurs spécialisés,
complèteront ce modèle et créeront le plus grand volume d’information. Les logiciels de modélisation
sont utilisés à ces fins. Ils permettent de générer et agencer des objets numériques dans un
environnement 3D en y ajoutant les paramètres et les informations nécessaires aux analyses sans pour
autant effectuer ces dernières. Ces logiciels permettent une exportation au travers de différents
formats d’échanges et sont utilisés afin de produire, modifier et contrôler le ou les modèle(s) qui
serviront de support pour les autres systèmes. Ils permettent alors de limiter le besoin de redessiner
et de ressaisir de l’information.
Les logiciels présentés précédemment ne mettent cependant pas de limites physiques au concept.
Dans le but de l’analyser, des transferts vers des modules d’extension, ou, pour des calculs plus
poussés, vers des logiciels d’analyse spécialisés, sont effectués pour dimensionner et affiner les choix
techniques du projet. Le respect du cahier des charges, des codes et des standards de construction est
ainsi assuré par des études menées via ces types de solutions informatiques. Ces dernières sont
généralement utilisées pour des analyses des systèmes mécaniques et structuraux, des performances
énergétiques et thermiques, d’impacts environnementaux, ou encore pour optimiser des
caractéristiques telles que l’acoustique ou la luminosité naturelle dans les bâtiments. Par la suite, le
modèle est retravaillé dans un logiciel de modélisation, afin de l’ajuster en fonction des résultats
obtenus.
Cette partie d’analyse comprend également l’étude de scenarios alternatifs, des coûts, ainsi que la
coordination et planification. Pour cela, les modèles sont confrontés pour des détections
d’interférences, des simulations 4D (intégrant l’échéancier) ou ND (logistique, environnement, etc…)
et sont utilisés afin d’optimiser la phase de construction et résoudre la plupart des problèmes avant
même le début du chantier.
Enfin, des logiciels de réalisation de dessins d’atelier, ou plus généralement permettant de convertir
les fichiers dans un format permettant la fabrication, sont utilisés dans le but de produire et
préfabriquer directement à partir de la maquette. On peut inscrire ceux-ci dans l’objectif de
réalisation, au même titre que les logiciels de contrôle et pilotage offrant entre autres la possibilité
d’assurer la logistique de chantier.
72
Tout l’enjeu pour l’amélioration de la productivité réside dans la qualité des échanges de données
entre les différents types de logiciels et les différentes parties prenantes. La collaboration par
l’utilisation de modèles contenant des informations exploitables par tous est au cœur de l’approche
BIM.
Le document BIM Best Practice (Staub-French et al., 2011) propose un ensemble de points clés à
considérer afin de maximiser les bénéfices de l’implémentation et le travail en BIM autour des trois
dimensions discutées.
L’utilisation de solutions informatiques permettant de générer, organiser, partager et stocker de
l’information, est à la base du volet technologique. L’étude démontre qu’il est plus efficace pour le
client de définir un ensemble d’exigences claires pour l’application du BIM que d’imposer une gamme
de logiciels. En effet, ces exigences, une fois traduites en usages BIM, se verront liées à des tâches,
elles-mêmes associées à une technologie adaptée. Pour le choix de ces technologies, il est également
important de prendre en compte ce qui sera à souligner lors de la modélisation, c’est-à-dire pouvant
causer des problèmes sur chantier, en considérant le destinataire du modèle.
C’est au niveau organisationnel que le BIM est considéré comme une innovation de rupture. En
pratique, le BIM pousse à une modification radicale des configuration traditionnelles d’entreprise, soit
une structure hiérarchisée et organisée par lot, pour un structure d’entreprise horizontale, cassant
ainsi le mode de travail en silo (Forgues, Staub-French, Tahrani, & Poirier, 2014). De plus, à l’échelle
73
du projet, la structure de gestion de la construction doit être repensée avec une implication au plus
tôt de toutes les parties prenantes, en s’assurant qu’elles possèdent un niveau de maturité suffisant
en BIM tout en favorisant la collaboration. Comme précédemment il faut bien établir à qui les tâches
de modélisation seront affectées. Les personnes en ayant la charge devront modéliser en gardant à
l’esprit les pratiques de l’utilisateur final afin d’apporter une valeur ajoutée conséquente (Staub-
French et al., 2011).
L’aspect processus qui permet de définir les rôles, les responsabilités, les modes de coordination, et
les processus de travail ainsi que les objectifs à atteindre, est basé sur l’établissement du plan de
gestion BIM qui sera présenté dans le prochain sous-chapitre de ce rapport. De plus, les changements
provoqués à ces trois niveaux ont conduit à l’émergence de nouveau rôles dans les projets, dont les
deux principaux sont le gestionnaire et le coordinateur BIM.
Si ces deux rôles, apparus en raison des besoins de gestion conséquents au du BIM, sont désormais
intégrés dans l’industrie, une prise de conscience de l’importance des utilisateurs finaux des modèles
doit être amorcée.
Cette documentation et cette standardisation établies aussi bien au niveau de l’entreprise que du
projet sont formalisées dans l’approche BIM au travers du PGB.
Écriture du PGB
Le PGB de projet devrait être développé par une équipe composée de toutes les parties du projet à
savoir le propriétaire et ses représentants, les architectes, les ingénieurs, les entrepreneurs généraux
et les principaux entrepreneurs spécialisés (The Computer Integrated Construction Research Program,
2011). L’utilisation de modes d’approvisionnement favorisant l’implication des entrepreneurs
spécialisés en amont du projet (conception-construction ou contrats relationnels tels que le
« Integrated Project Delivery ») permet à ces derniers d’être parties prenantes à la rédaction du PGB.
En pratique, le plan de gestion BIM est monté par les architectes, les ingénieurs, le client et les
entrepreneurs généraux en tenant compte de leur besoin et attentes. Les entrepreneurs spécialisés
ne sont alors pas inclus dans cette équipe avec un mode de travail en conception-soumission-
construction ne favorisant pas leur implication et n’étant pas près de disparaitre. Cependant les
échanges de données étant les plus intenses et critiques pour le respect des coûts, de la qualité et des
délais au niveau de la construction de l’ouvrage, ce sont les voix de ces entrepreneurs qui devraient
être entendues. Il apparait alors nécessaire de comprendre quel est le contenu des maquettes
numériques, ou LOD, requis par les entrepreneurs spécialisés car ils n’ont que rarement la chance de
participer à l’établissement du PGB.
Figure 1 :
78
Figure 2 :
79
Figure 3 :
80
CHAPITRE 12
Méthode de collecte des données
Les données présentées en annexe 1 ont été recueillies lors d’entrevues semi-dirigées menées de mai
à août 2017 au sein de 12 entreprises.
Contenu du questionnaire
Les entrevues étaient basées sur un questionnaire suivant quatre thèmes principaux.
• Une première partie consistant en la prise d’information sur l’entreprise et ses pratiques
générales autour de BIM.
• Une deuxième partie ayant pour but de mesurer les connaissances théoriques des participants
sur le PGB et les LOD.
• Une troisième partie visant à capturer les mécanismes et enjeux au sujet des partages
d’informations via les maquettes numériques.
• Une quatrième ayant pour objectif de recueillir les attentes des participants en termes de
contenus attendu des maquettes numériques.
Entreprises rencontrées
Le tableau suivant expose une liste des entreprises contactées.
Code RDV
Spécialité / Discipline entreprise Accepté Personnes présentes
Béton Bét_1 Non
Béton Bét_2 Non
Électricité Elec_1 Oui Directeur du département dessin
Électricité Elec_2 Oui Dessinateur et coordinateur BIM
Électricité Elec_3 Oui Chargé de projet
Entrepreneur général Géné_1 Oui Coordinateur BIM pour l'électromécanique
Fournisseur de béton F.Bét_1 Oui • Directeur qualité et développement de
produits
• Ingénieur béton et responsable de la
documentation technique
• Spécialiste technique et développement d
produits spéciaux
Fournisseur de logiciels Log_1 Non
Structures métalliques Mét_1 Oui Directeur BIM et Services dessins
Murs-rideaux vitrés, Vit_1 Oui Vice-président
fenestration, vitreries
Plomberie, chauffage et Plomb_1 Non
gaz
Ingénierie en mécanique Ing_1 Oui Technicien principal en protection incendie
du bâtiment, anciennement entrepreneur spécialisé
81
Figure 4 :
Figure 5 :
Figure 6 :
83
Figure 7 :
Figure 8 :
Figure 9 :
84
Figure 10 :
85
Électricité
1. Avoir la possibilité de récupérer les maquettes des professionnels et de travailler à partir de
celles-ci constituerait une avancée conséquente. Ceci permettrait de s’organiser autour de
maquettes partagées entre entrepreneurs et professionnels.
2. Il faudrait utiliser des modes contractuels encourageant la communication et le suivi avec les
ingénieurs. Ces derniers devraient travailler à partir d’une maquette faite par les entrepreneurs
lors de la phase de construction.
3. Le travail de modélisation demandé aux entrepreneurs devrait se limiter à ce qui leur est utile.
Leur affecter des tâches de modélisations non nécessaires à la construction ajouterait du travail
superflu et allongerait les délais de cette phase coûteuse.
4. Il serait plus efficace de fournir de l’information dans la maquette plutôt que dans des fichiers
liés. Spécifier les LOD et non seulement les niveaux de détail, qui sont trompeurs, ainsi que fournir
et exiger des documents précis ne laissant pas de place à l’interprétation faciliterait le travail avec
les maquettes.
5. Un LOD 350 pourrait être approprié, mais, se limiter à un LOD 200 permet d’avoir une liberté
d’optimisation pour les emplacements ayant beaucoup de systèmes, les réseaux de conduits, et
le choix de manufacturiers.
6. Modéliser à partir d’éléments génériques proposés par les professionnels et avoir de la flexibilité
pour le passage des réseaux de conduits seraient de bonnes options. L’entrepreneur agencerait
précisément les équipements et fournirait un TQC à partir d’un arrangement global réalisé par
les professionnels.
Structure d’acier
1. Le format d’échange et le contenu à partager dépendent du besoin du destinataire du modèle. Il
faudrait adapter ces informations au cas par cas et les fournir dans un format approprié.
2. Les maquettes des professionnels devraient devenir contractuelles. Les entrepreneurs devraient
pouvoir légalement y avoir accès et avoir l’opportunité de modéliser dans ces dernières afin
d’éliminer le problème de l’existence de deux types de maquettes (tel que conçu et tel que
construit). Dans ce cas, il faudrait valider l’opportunité de revoir le système d’honoraires des
professionnels car cela pourrait requérir des adaptations dans leurs responsabilités et leurs
tâches de modélisation.
3. Recevoir une maquette provenant des ingénieurs avec les éléments de la structure à un LOD 300,
c’est-à-dire où toutes les membrures seraient à une position réelle et finale serait avantageux. Il
faudrait également ajouter au minimum les profilés sur toutes les membrures. Les nuances
d’acier devraient être directement renseignées dans l’objet ou mises en note avec une règle
simple permettant une application limitant le risque d’erreurs.
86
87
88
Il doit y avoir une adaptation aux besoins en information des acteurs du projet.
Les entrepreneurs reçoivent des maquettes et des informations non adaptées à leurs besoins. Ceci
entraine un allongement de la durée du projet par des tâches de modélisation supplémentaires, des
délais inhérents aux demandes d’informations manquantes et du temps passé à produire des
informations inutiles. Prendre connaissance dès le début du projet des besoins des destinataires des
informations et se limiter à ceux-ci offre une bonne piste d’optimisation du partage d’informations.
Le LOD devra varier entre 200, conception en développement, et 400, prêt pour la fabrication,
suivant les objets et acteurs.
Pour les entrepreneurs, un LOD 200 permet d’avoir une certaine liberté d’optimisation et le choix du
fournisseur, alors qu’un LOD 400 permet d’obtenir des éléments déjà coordonnés et prêts à produire.
Un LOD 350 ou 400 pourrait être approprié pour des éléments complexes et LOD 200 pour des objets
dont une partie de la conception peut être réalisée par l’entrepreneur. Ceci est à définir dans le PGB
en collaboration avec les entrepreneurs concernés.
89
Figure 11 :
2
90
91
2. L’ingénieur devrait seulement émettre des concepts avec une coordination minimale.
2. Il ne faudrait pas limiter l’utilisation du BIM au simple calcul du coût minimal de la construction
pour une variante donnée, sans prendre en compte d’autre paramètres tels que les coûts
d’entretien ou l’impact environnemental.
3. Il ne faudrait pas créer une version québécoise isolée au niveau de la formation, des outils et des
standards utilisés pour le BIM, mais travailler en collaboration avec le Canada et l’international.
92
Conclusion
Les entrevues menées, avec une concentration au niveau des entrepreneurs spécialisés, ont permis
de mettre en lumière leurs attentes au niveau du BIM ainsi que les lacunes réduisant les bénéfices de
ces projets. Tel qu’exposé dans la littérature, c’est une prise en compte de ces considérations dès la
planification de l’exécution du BIM pour le projet, c’est-à-dire au niveau du plan de gestion BIM, qui
engendrerait les bénéfices les plus conséquents. Les entrepreneurs spécialisés, aujourd’hui à l’écart,
devraient alors avoir la possibilité de participer à l’établissement de ce document. Les principales
requêtes des entrepreneurs résident en des changements contractuels avec comme point principal la
possibilité de travailler directement à partir des maquettes numériques des professionnels. Pour se
faire, il doit y avoir une adaptation du contenu de ces dernières, ou niveau de développement, en
fonction de leurs attentes. Les honoraires des professionnels devraient alors être revus en
conséquence.
De manière générale, dans l’esprit du BIM, il devrait y avoir une collaboration entre tous les acteurs
du projet dès la phase de planification des exigences BIM et du projet lui-même. La firme d’ingénierie,
l’entrepreneur général et le fournisseur rencontrés ont bien conscience des avantages
qu’apporteraient cette collaboration au niveau du projet, même si leurs activités respectives ne
seraient pas directement touchées. Un ajustement du transfert d’informations en fonction du
destinataire ainsi que l’établissement de normes internationales adaptées à toutes les disciplines
faciliteraient la communication et participeraient au virage du numérique.
93
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ANNEXE II
Elec_1 est une entreprise de 500 employés avec un département dessin comportant une équipe
dédiée au BIM depuis 2014. L’entreprise répond à tous types de contrats pour des clients aussi
bien publics que privés. L’entrevue s’est réalisée en présence du directeur du département
dessin.
Le BIM est vu comme l’avenir de la construction. Pour l’entreprise, les principaux avantages
résident dans la préfabrication et la coordination, ce qui permet d’alléger la tâche du
contremaitre. Ceci donne plus de contrôle, surtout en ajoutant beaucoup de détail, ce qui
diminue alors les imprévus. Le BIM leur permet d’éliminer le plus de problème possible avant
le chantier grâce à la visualisation sur la maquette et la coordination avec les autres
entrepreneurs. Vision
Un plan de gestion BIM et un guide des bonnes pratiques associées ont été créé à l’interne.
L’objectif de l’entreprise est d’implanter un processus uniforme en utilisant des extensions sur
leur logiciel, allant de la conception a la fabrication centrée sur la maquette numérique, afin
d’éliminer les taches de re-modélisation. Le système employé pour le choix des nouveaux
processus et extension est l’essai erreur. Gestion
Expérience
Les dessinateurs utilisent essentiellement Revit, une interface web est ouverte aux gérants de
projet. Les contremaitres sur chantier utilisent des tablettes car le media papier ne bouge pas
assez vite. Même si le papier est encore présent pour certains contremaitres, la visualisation de
la maquette sur tablette donne plus de détail et facilite le travail. Logiciels, moyens
98
Suite aux premiers projets BIM réalisés par l’entreprise, un PGB a été rédigé interne. Celui-ci
Connaissances théoriques
est à appliquer dans le cas d’un PGB non imposé dans le dossier de projet. Si le PGB est imposé
ils ne sont pas consultés. Ils ont cependant un droit de regard dans des projets clés en main.
Les PGB sont imposés dans des gros projets mais pas dans des projets à petite échelle. PGB
L’entreprise s’est attardée sur les LOD pour gérer l’avancement du détail, notamment pour
identifier ce qu’il reste à coordonner. La différence entre niveau de détail et niveau de
développement est bien comprise. L’outil n’a pas encore été utilisé mais le sera comme outil de
gestion de qualité et suivi pour la modélisation. Est intéressé au niveau de détail, pour faciliter
la reconnaissance des équipements sur la maquette. LOD
Il n’y a pas d’accès aux maquettes des professionnels en raison des contrats qui sont mal
rédigés. Pour faire du BIM il faut recréer les maquettes de structures et d’architectures. De
plus, il n’y a pas de lien entre les professionnels et les entrepreneurs mais uniquement par le
biais du client. Sur des projets récents, la coordination interdisciplinaire, gérée par un PGB, ne
se fait qu’entre entrepreneurs. Cependant il serait souhaitable que ce soient les professionnels
et les généraux qui gèrent la coordination interdisciplinaire et les conflits et les assignent aux
entrepreneurs.
Certains clients envisagent d’engager des gestionnaires BIM et ne plus laisser le travail de
coordination à l’entrepreneur général. Cela peut amener des conflits avec une partie de plus
car l’entrepreneur spécialisé demeure toujours engagé par l’entrepreneur général. En
impliquant le client dans l’équation, les négociations se retrouvent élargies entre trois parties,
cependant, le client n’a pas de lien contractuel avec l’entrepreneur spécialisé. Le lien de
confiance et d’affaire demeure entre les entrepreneurs généraux et spécialisés.
Processus de collaboration
Aucune maquette de professionnel n’a été mise à disposition. L’enjeux est d’intégrer une
maquette entrepreneur et une maquette de professionnel. En effet, actuellement on ne peut
pas travailler avec une maquette unique pour séparer les responsabilités de chacun. Il y a alors
deux maquettes électriques dans les projets mais cela créé des problèmes pour les
modifications et échanges.
Il y a beaucoup de définitions difficiles pour beaucoup de concepts difficiles à intégrer pour des
novices. Pour obtenir des bénéfices à l’opération du bâtiment il faut le planifier dès le début du
projet. Les clients ne sont pas au courant de l’intérêt des TQC, certain veulent récupérer
uniquement le data et pas le volume, ce qui entraine une perte de données importante.
Il existe également un problème de liaisons des maquettes avec les dessins d’atelier, pour
l’instant ce sont des PDF qui doivent être reproduits par la suite dans la maquette. Pourquoi ne
pas directement échanger via la maquette BIM qui contient toutes les informations? Le
problème existe aussi avec les fournisseurs. En effet certains ont des grandes lignes des produits
modélisés, mais ils ne sont pas adaptés aux entrepreneurs qui ne doivent alors les remodéliser.
Enjeux
99
100
Elec_2 :
Présentation
Elec_2 est une entreprise de 200 employés. L’entrevue s’est déroulée en présence du seul
dessinateur, et coordinateur BIM, arrivé dans l’équipe en début d’année 2017. Il est membre
d’un département composé d’une centaine de personne travaillant dans la branche
commerciale.
Pour ce chantier, la maquette est utilisée à des fins de coordination et d’installation ainsi que
pour livrer un TQC, cependant sans spécifications précises.
Avant ce dernier chantier il n’y avait pas de BIM dans l’entreprise avec seulement un
dessinateur. Les dessins fait avant ce chantier étaient des essais et ne représentaient pas la
réalité du chantier.
Cas particulier
Aujourd’hui, les vues et mises en plans tirées de la maquette sont affichée et mis à jour dans les
salles électriques. Le dessinateur effectue des visites de chantier quotidiennement et
Expérience
remodélise tel que fait par les ouvriers. Il modélise à un niveau de détail au plus proche de la
réalité du chantier, en y ajoutant même des pièces telles que les ancrages disponibles en ligne
sur le site de leur fournisseur
Ces articles sont alors identifiés et traçables grâce à leur code d’identification qui est également
présent sur les bon de livraisons. Le placement de certain élément est réalisé grâce à des laser.
Il utilise les familles génériques trouvées sur internet mais certaines ont dû être crées. Pratiques
Le dessinateur est le seul à utiliser la maquette. Il travaille tout de même en collaboration avec
le surintendant pour garder la maquette à jour. La modélisation est faite sur Revit et la
coordination avec les autres corps de métiers est réalisée via BIM 360 Glue. Autocad est encore
présent pour effectuer les calculs d’éclairages à partir d’extractions de Revit. Logiciels, moyens
Connaissances
théoriques
Le dessinateur et coordinateur BIM de l’entreprise s’est autoformé sur le tas et par des
recherches en lignes pour ce premier chantier début 2017 lors de son embauche. Il ne
connaît pas, au moment de l’entrevue, les notions de LOD et PGB. PGB et LOD
Toutes les maquettes sont sur une plateforme en ligne sur laquelle on peut effectuer un suivi
des modifications. La première maquette a été faite en partant de celle de l’ingénieur mais en
Processus de collaboration
avançant dans le projet, les différences sont devenues trop importantes pour continuer avec
comme base la maquette de l’ingénieur.
Les détections d’interférences sont faites sur glue avec l’entrepreneur général. Cependant pour
les régler, la communication se fait souvent par téléphone ou de vive voix et non via la
plateforme de partage. Il existe un problème au niveau de la coordination. En électricité, il
modélise avec les maquettes de tous les autres corps de métiers en fond, alors qu’en
ventilation, l’entrepreneur étant entré plus tôt dans le projet, la modélisation n’est faite
rapport aux maquettes architecture et structure. Ceci crée des problèmes d’interférences avec
les autres entrepreneurs spécialisés. Faits
101
Selon le dessinateur, le projet « marche à l’envers ». Il modélise tel que spécifié dans le contrat
avant de revoir sa modélisation en faisant une visite de chantier pour modéliser ce qui a été
construit. Il avise par la suite les ingénieurs par courriel pour avoir une validation. Lorsqu’il
propose des changements il communique avec l’ingénieur par téléphone et courriel.
Il utilise une tablette pour faciliter les relevés des modifications faites sur chantier. Une
modélisation de tous les composants est effectuée pour faciliter la compréhension et la
coordination, et sera livré dans le TQC. En effet le client souhaite pouvoir naviguer dans la
maquette pour connaitre l’emplacement des systèmes. Faits
Le concept des ingénieurs ne peut pas être détaillé en raison des nombreux changements. Une
vision globale avec les équipements et leur localisation suffit, c’est par la suite l’entrepreneur
qui les agencent précisément et fournit un TQC. Maquettes des professionnels
Attentes
Il faudrait revoir les modes contractuels afin de faciliter la communication et le suivi avec les
ingénieurs. Ces derniers devraient travailler à partir d’une maquette faite par les entrepreneurs
lors de la phase de construction. Les avis de changements seraient alors émis à partir de la
maquette coordonnée de l’entrepreneur et représentative de la réalité. Contrats
Elec_3 :
Elec_3 est une entreprise familiale de 22 salariés, effectuant des projets commerciaux, aussi
Présentation
bien pour des clients publics que privés, avec une spécialisation en alarme incendie, intercom,
intrusion, distribution électrique de moyenne et grosse envergure. N’ayant pas d’ingénieurs,
l’entreprise ne soumissionne qu’a des contrats en DBB. La rencontre s’est déroulée avec le
chargé de projet effectuant aussi les estimations et achats.
Expérience
L’entreprise n’a jamais travaillé sur des projets comportant un volet BIM. L’entreprise n’a jamais
eu à faire à des maquettes et n’a pas de dessinateur. Le chargé de projet ne voit pas quels
bénéfices il pourrait tirer avec des soumissions sur des projets ayant un volet BIM.
Connaissances
théoriques
Les notions de LOD et PGB ne sont pas connues. L’entreprise a reçu une séance d’information
sur la BIM et une introduction aux méthodes d’intégration dans les projets lors d’une
rencontre entre professionnels. PGB et LOD
Pour la coordination sur plans 2D, cela fonctionne sur le même principe qu’a avec les
maquettes, c’est l’entrepreneur général qui coordonne le projet. Cependant, l’entrepreneur
rencontré soumissionne pour des projets où il n’y a que de l’électricité, ou comportant une
partie mineure en plomberie et dans ce cas, c’est lui qui coordonne l’ensemble.
Faits
102
Même si une implantation du BIM n’est pas prévue, l’entrepreneur s’est tout de même penché
sur les avantages potentiels pour son entreprise et a retenus celui de la coordination. Dans la
majorité des cas, ce qui est construit ne correspond pas aux plans des professionnels.
Aujourd’hui c’est par négociation sur chantier que la coordination se règle, la pré-coordination
peut être un avantage conséquent. Faits
Processus de collaboration
Dans cette partie, les maquettes n’étant pas utilisées et les LOD inconnus, un parallèle a été
fait avec les plans 2D.
En alarme incendie, intercom, intrusion l’entrepreneur réalise la conception sur plans car les
éléments sont montrés mais pas le réseau de conduits. Ce n’est pas le cas en alimentation
électrique où tous les éléments et réseaux de conduits sont dessinés. Il faudrait des plans avec
des annotations claires et précise ne laissant aucune place à l’interprétation.
L’entrepreneurs préfère travailler à partir d’éléments génériques demandés par les
professionnels et avoir de la flexibilité pour le passage des conduits. En effet, il peut être
Attentes
pratique d’avoir des modèles d’éléments imposés mais cela peut s’avérer problématique si
l’entrepreneur à des relations privilégié avec certains fournisseurs. Précision
Entreprise nord-américaine de grande ampleur travaillant pour des clients aussi bien publics
que privés, avec un plus grand pourcentage de privés, et dans tous types de contrats.
L’entreprise fournis des solutions, services et produit métalliques manufacturés, dans les
Présentation
domaines du bâtiment, des ponts et des charpentes métalliques. Ces services sont entre autres
l’ingénierie, la pré-construction, la gestion de projet, l’installation ou encore le dessin qui vise à
offrir des services de modélisation 3D pour les structures en acier. La rencontre s’est déroulée
en présence du directeur BIM et service dessin qui, pour le volet BIM, parcourt l’entreprise pour
développer et intégrer la stratégie BIM de l’entreprise. C’est un point de contact et de référence
avec son équipe sur le sujet pour l’interne et externe.
L’entreprise travaille depuis la fin des années 1990 sur base de modélisation numérique afin
de produire avec des machines à commande numérique. Suite à cela, dans les années 2000 de
l’intelligence a commencé à être ajoutée aux maquettes pour coordonner les tâches, trouver
les questions et réponses techniques ou gérer les projets. Enfin, depuis 2009, l’entreprise vend
des services BIM, comme des détections d’interférences ou simulations 4D, et est devenue
une référence dans le domaine. Historique
L’entreprise fonctionne à l’aide d’une base de données, qui est « C’est le I (information)
organisée autour de données contenues dans les fichiers stockés
Expérience
Les dessinateurs, l’usine, les ingénieurs, tout le monde utilise des outils reliés au BIM. A l’interne
Blue Beam est utilisé pour collaborer, à l’externe ils doivent s’adapter au système imposé en
raison de leur position dans la chaine d’approvisionnement. Logiciels, moyens
« Il faudrait alors que les mandats de dessin en acier il et en mécanique soient donnés au même
moment avec une coordination entre les deux équipes. »
Directeur BIM et service dessin de Mét_1
104
Les notions de PGB et LOD sont maitrisée par la personne interrogée. PGB et LOD
Connaissances théoriques
Dans la pratique, à l’interne, le PGB n’est pas réel. Il est compris dans la gestion des processus
d’affaire qui est documenté, développé et mis à jour pour toucher tous les employés. A
l’interne, à l’échelle du projet des directives sont émises pour définir les procédures liées aux
BIM. Les équipes se sont adaptées à ce système et travaillent alors efficacement.
Documents internes
Pour l’externe le PGB est imposé par le contracteur général ou le développeur du projet. Avec
la démocratisation du BIM, les spécifications très précises pour le BIM deviennent très
précises dans documents d’appel d’offre. Dans ce cas, une étude doit être faite sur la capacité
de l’entreprise à répondre à ces dernières, notamment en termes d’utilisation de logiciels
spécifiques. Documents externes
Le cas de projet le plus classique débute par la réception de l’ensemble des plans d’ingénierie
de structure. L’entreprise effectue par la suite une demande pour obtenir une maquette. Si
cette demande est acceptée, l’entrepreneur décide d’utiliser ou non cette maquette à ses
risques suivant les résultats d’un audit interne sur la qualité de cette dernière.
Les maquettes reçues ne sont pas directement exploitables. Il faut élaborer une stratégie afin
d’établir les actions qui seront effectuées à partir de la maquette. Elles peuvent être
abandonnées et redessinées, converties et mises à niveau, ou de bonne qualité et utilisées tel
quel. Cependant, pour des projets très complexes où des documents 2D seraient
Processus de collaboration
inexploitables, la soumission se fait directement en 3D. L’entreprise a ainsi déjà reçu des
modèles contractuels, et exploitables dans ces cas de projets.
Dans la majorité des cas l’entreprise travaille pour l’entrepreneur général et entre donc dans
le projet après celui-ci, mais la structure étant la première phase de construction, il n’y a pas
de coordination avec les autres entrepreneurs spécialisés.
De plus, il est difficile de faire un effort pour coordonner la mécanique sans être payé pour
cela. L’entrepreneur travaille alors sur sa partie et quand la mécanique apparait, s’il y a des
problèmes, il effectue des modifications et sera payés pour cela. « Il ne faudrait pas que cela
se passe ainsi mais il s’agit du seul moyen d’être payé car c’est un extra. » Même s’il arrive
qu’une demande de coordination avec la mécanique soit formulée, celle-ci n’est généralement
pas assez détaillée au moment où eux sont en production. Faits
L’équipe cherche à valoriser au maximum l’information et fournis avec beaucoup d’effort pour
la délivrer en Juste à Temps. Une recherche afin d’identifier les besoins en information, et non
de modèle, de chaque intervenant est effectuée afin de la délivrer en fonction de leurs requis.
Enjeux internes
105
Il faut être capable de communiquer et travailler avec des entreprises fournissant des
informations de grande valeur. En effet, l’entrepreneur a la capacité de valoriser une grande
quantité d’information, mais si aucune information n’est fournie, cette capacité de partir d’une
Processus de collaboration
Recevoir une maquette provenant des ingénieurs avec les éléments de la structure à un LOD
300, c’est-à-dire où toutes les membrures seraient à une position réelle et finale serait
avantageux. Il faudrait également ajouter au minimum les profilés sur toutes les membrures.
De plus, les nuances d’acier devraient être directement rentrées dans l’objet ou mises en note
avec une règle simple pour qu’il n’y est plus qu’à les filtrer et les appliquer facilement. LOD
La meilleure manière serait de modéliser un détail avec précision, puis de faire un copié collé
au niveau de tous les emplacements. Une autre solution serait de référencer ou annoter les
membrures comportant des détails pour indiquer leur singularité avec un détail CAD 2D précis
lié. On peut après cela dimensionner et faire un relevé de quantité sur cette base en diminuant
conséquemment le risque d’erreur. Objets
Les éléments de détails devraient être modélisés avec précision, ou non modélisés, mais pas
Attentes
entre les deux. Il arrive que les concepteurs fassent une modélisation des détails approximatives
en 3D, puis la finisse manuellement. Ce sera alors le détail 2D qui sera à respecter et non le 3D.
Dans ce cas, la maquette ne montre pas tous les emplacements et la partie modèle n’est pas
valable. Il est alors nécessaire de rechercher tous ces éléments un par un dans les 2D avec un
risque d’erreurs et d’oublis important pouvant être très couteux lors d’une mauvaise estimation
du temps de production. Détails
Si les ingénieurs fournissent un model a 60% pour soumission ou 80% pour soumission et
demande de permis, il faudrait qu’il y ait un statu par membrure qui précise son état
d’avancement. Ceci permettrait de savoir lesquelles seraient exploitables sans se baser sur une
moyenne où la majorité de la structure pourrait être à 100% sauf une zone à 30% qui fait baisser
cette moyenne. « Il faudrait organiser les membrures selon l’avancer du design, ce serait une
révolution ». Un système de gestion d’avancement par zone restreintes avec 3 ou 4 qui statut
ferait toute la différence. En y ajoutant un champ pour les commentaires sur les raisons du
statut, l’entrepreneur peut gérer son risque et commencer la production des membrures.
Professionnels
106
contractuel. »
même après conversion. On alors trouver
Directeur BIM et service dessin de Mét_1
les changements dans les maquettes
d’ingénieurs, entre les différentes versions,
pour les intégrer dans celles de
construction. Maquettes
107
108
Sur un projet actuel, la première maquette a été fourni via la plateforme de partage par le
client. Cependant, l’entrepreneur a scanné le bâtiment et a refait une maquette pour la
construction. Le modèle scanné a été simplifié pour faire ressortir la structure et pouvoir
modéliser. La maquette a alors été soumise aux autres entrepreneurs pour qu’ils y implantent
la leur. C’est alors l’entrepreneur général qui découpe et met à jour l’information sur la
Processus de collaboration
plateforme de partage à partir de leur maquette, ceci permet de détecter les conflits
facilement.
Selon l’entrepreneur, les professionnels n’ont pas les compétences pour connaitre les
solutions techniques mises en place sur chantier. L’entrepreneur ne se s’est jamais servi de la
maquette de conception, de plus celles-ci ne sont généralement pas fournies. Faits
Le BIM est cher et nécessite des ressources, il faut payer pour « Est-ce que l’on est prêt à
la technologie et la formation. payer pour le BIM ? Est-ce
que le marché est prêt ? On
Il y a un manque de temps et de ressources financières pour
veut du vite, pas cher et BIM :
prévoir pour le virage du BIM. Aujourd’hui on demande de
c’est un problème de
faire des projets de 6 mois en 5 avec une bonne qualité et à
société. »
bas prix, c’est impossible.
Enjeux
Vice-président de Vit_1
Il y a un problème pour avoir accès aux maquettes des ingénieurs, il faut signer des
dérogations, personne ne souhaite avoir de responsabilité. Parfois les fonds de plan ne sont
pas fournis ce qui limite les possibilités de dessiner à partir de cela. Il y a une responsabilisation
des entrepreneurs. Si les professionnels fournissent leurs maquettes, ce sont eux qui prennent
la responsabilité. Il faudrait une solution pour pouvoir partir des maquettes des professionnels.
Attentes
Contrats
Il faut donner plus de temps aux projets pour faciliter le virage du BIM. Politique
Pour un projet de cadre de baies vitrées, toutes les décisions doivent être prises en amont. Pour
du pré-vitré, il faut prévoir 8 à 12 semaines de livraisons, cela donne des délais supplémentaires
en amont du chantier pour obtenir une meilleure qualité du produit. Qualité
109
110
Cependant, ces maquettes ne sont pas complètes. En effet, le manque est vrai pour tous les
projets, les ingénieurs modélisent approximativement, aucune maquette fournie n’est
définitive. Les éléments sont alors modifiés et amenés à un niveau de précision plus fins. Les
informations manquantes sont obtenues par le chargé de projet lors de réunions de
coordination. Le dessinateur s’assure de la qualité de la maquette et ne modélise que ce qui est
garanti par l’ingénieur.
Processus de collaboration
Manques
Le plus gros avantage est le gain de temps apporté et la rapidité de la coordination. Cela réduit
grandement le risque d’erreur de coordination, et généralement les problèmes sont par la suite
dus à des oublis et non des erreurs.
Bénéfices
Pour que tout se passe bien, on doit dessiner avec le plus de détail possible. En effet, il est arrivé
qu’une plaque de renfort d’acier d’une poutrelle, alors non modélisée, entre en conflit avec un
conduit sur le chantier, ce qui a entrainé des retards et extras. Modéliser plus précisément offre
des avantages à tous les intervenants.
A l’interne, il faudrait plus de dessinateurs en BIM. Il n’y a pas de volonté de la part des employés
pour de la formation, ils se servent de la maquette uniquement pour de la consultation.
Enjeux
Même si plus de précision de la part des ingénieurs peut guider, le dessinateur préfère gérer
la précision de son côté et non à partir des maquettes des ingénieurs. Les ingénieurs devraient
fournir la base pour que les entrepreneurs puissent modéliser à un niveau leur permettant
leurs propres usages.
En effet, les LOD à atteindre devraient être définis en fonction de leurs attentes, et non pour
le PGB de l’entrepreneur général, afin de permettre au personnel sur chantier de mieux
comprendre les méthodes d’installation et d’améliorer la communication. Précision
Attentes
Une modélisation avec des objets génériques permettrait alors de récupérer tout ce qui est
équipement, emplacement des équipements, diffuseurs ou grilles, puis de les remplacer par les
modèles des fournisseurs choisis par les entrepreneurs. De plus le dessinateur récupère les
conduits de ventilation, et les finalise, mais il peut aussi les déplacer si c’est plus économique
avant de demander une validation par l’ingénieur.
Une localisation générale suffirait donc, ceci laisserait la possibilité aux entrepreneurs
d’optimiser l’ensemble avec leurs connaissances de terrain. Il peut être cependant intéressant
d’obtenir des équipements modélisés précisément de la part des ingénieurs, même si placés
approximativement, afin de gagner du temps sur les informations à ajouter à ces derniers.
Objets
111
MEC_2 :
Mec_2 est une PME recherchant des projets dans lesquels beaucoup de spécial est demandé,
Présentation
tels que la ventilation soudée, ou les salles mécaniques. L’entreprise travaille sur des projets
commerciaux et institutionnel pour des clients publics et privés, et se démarque dans des projet
spéciaux, pharmaceutique, etc… L’entreprise travaille en DBB et ne cherche pas à obtenir de
contrats en DB pour ne pas entrer en compétitions avec leurs clients, les ingénieurs. L’entrevue
s’est déroulée en présence de quatre membres de l’équipe de direction (Voir tableau 1 page 20)
Le BIM dans l’entreprise consiste en l’intégration d’éléments mécaniques dans le bâtiment par
une coordination géométrique avec les maquettes d’architecture et de structure.
L’entrepreneur s’arrête alors aux limites physiques des objets pour effectuer leur intégration
dans les bâtiments et ne cherche pas à faire des calculs ou optimiser les performances.
Expérience
La coordination avec l’entrepreneur général est faite via BIM 360 Glue. L’entreprise modélise
sur Autocad MEP et Revit. Pour un projet aux Etats-Unis, l’entreprise a travaillé avec un site web
avec accès restreint comme base pour la collaboration, cependant plus aucun document n’a été
accessible pour archive lors de la coupure des accès à la fin du projet. Logiciels, moyens
Connaissances théoriques
La notion de PGB n’est pas connue dans l’entreprise. Elle n’est pas consultée pour
l’établissement des documents et procédure qui lui sont alors imposées.
PGB
La notion de LOD est de même inconnue. Lorsque de la modélisation leur est demandée,
l’équipe n’a pas accès aux grilles des requis définissant le niveau de précision auquel modéliser.
Une modélisation au plus près possible de la réalité est alors effectuée. LOD
Des maquettes sont fournies par les architectes et ingénieurs structure, cependant, aucun
modèle 3D n’a jamais été fournis par les ingénieurs en mécanique. L’entrepreneur modélise
alors lui-même les systèmes, avec la bonne géométrie, afin de pouvoir se coordonner avec les
autres disciplines et ainsi planifier l’intégration des systèmes. Il n’y a pas de cadre clair établi
pour la modélisation mais des requêtes, comme de l’ajout d’information technique, sont
formulées par le client. En effet, aujourd’hui il n’existe pas de cadre défini à grande échèle mais
uniquement vaguement défini par projet.
Faits
112
Le BIM sert principalement aux coordinateurs en leur permettant de s’assurer qu’il n’y ait pas
de conflits. C’est par la suite que les entrepreneurs devraient entrer dans le projet, cependant
cela suppose que les ingénieurs et architectes aient terminés leur conception en 3D avant
coordination. Or, les documents reçus ne sont pas complets, en effet, les contraintes ne sont
pas établies définitivement pour la soumission. Les projets vont trop vite et les entrepreneurs
commencent à travailler avant une conception définitive. Le projet évolue alors avec le chantier
ce qui entraine des extras. La rapidité de la communication permise par l’utilisation des
technologies enlève le temps de réflexion nécessaire à l’humain. Enjeux d’intégration
Le BIM a un coût important, pour un projet d’un milliard, cinq millions étaient des coûts
directement liés au BIM. Pour ce projet, les professionnels et entrepreneurs souhaitaient
travailler en suivant les méthodes du BIM, mais le client n’était pas prêt à investir dans ces coûts.
Plus généralement, les grandes entreprises sont prêtes à prendre le virage du BIM,
contrairement aux entreprises plus modestes, hésitantes, généralement à cause du coût et du
manque de ressources. Cette volonté peut également dépendre de la disponibilité et du support
des sous-traitants pour ces petites entreprises. Coût
Une soumission sans addendas n’existe plus alors, idéalement, il faudrait que les documents
soient le plus complet possible en se donnant plus de temps en début de projet. Les
Attentes
Connaissances L’entreprise a des connaissances mais n’a pas approfondi sur la notion de PGB et n’est pas
théoriques impliquée dans la création de PGB pour les projets.
Il y a également une connaissance des niveaux de détail mais pas de la notion des LOD à
laquelle ils sont reliés. Des informations telles que le matériau ou les méthodes de pose sont
cependant ajoutées. PGB et LOD
Les architectes et ingénieurs structure fournissent leurs maquettes, qui souvent répondent
aux attentes pour les réservations afin de pouvoir compléter les informations contenues dans
les modèles des ingénieurs en mécanique. Cependant les changements ne sont pas
communiqués assez vite.
L’entrepreneur créé sa propre maquette en repartant à zéro pour s’adapter aux contraintes
d’installation à partir de familles de produits existants, en y ajoutant des informations comme
les matériaux, moyens de fixation, suspension, etc... Il est plus difficile d’adapter une maquette
d’ingénierie, et bien plus facile d’en créer une nouvelle à partir du schéma de tuyauterie et
instrumentation et des volumes architecturaux et structuraux. Maquettes
Les maquettes des professionnels de tiennent pas compte des contraintes d’installation,
Processus de collaboration
familles ou librairies utilisées par les entrepreneurs. Ces familles et librairies sont de plus
utilisées par la suite pour l’approvisionnement et la préfabrication. Généralement, ces
maquettes entrent en conflit et il est nécessaire pour l’entreprise de déterminer un chemin de
passage pour les conduits. Enfin, lorsque des informations sont manquantes, l’entrepreneur
effectue une modélisation, établis les contraintes, complète la conception, puis assure une
coordination avec les ingénieurs. Par la suite, une explication sur les raisons de la modification
de la conception initiale est fournie. Faits
L’entreprise cherche à imposer le BIM aux autres entrepreneurs et aux professionnels dans ses
projets. Les clients ne le proposent que très rarement. La communication via BIM 360 Glue est
imposé par l’entrepreneur à l’équipe de construction. Pour l’entreprise, les bénéfices sont
grands par une installation plus efficace, des travaux réalisés en atelier et moins de temps sur
le chantier. Politique
Il existe des problèmes de compatibilité entre les logiciels. La conversion entre différents
formats est un exercice difficile avec des pertes d’information et ajoutant des taches de
vérification. En effet, après conversions entre logiciels n’ayant pas d’extensions communes, il
est nécessaire vérifier manuellement la qualité de la maquette convertie, y compris les
dimensions. Enjeux
114
Le grand nombre de logiciels créé des problèmes de conversion, il faudrait encadrer cela avec
une norme adaptée à tous les corps de métiers. De plus, chaque entreprise fait son propre BIM.
La qualité de la construction dépend de la qualité de la coordination, de l’environnement et de
l’équipe de projet. Il faudrait alors une norme internationale pour l’exportation des documents
de projets afin d’être être capable de communiquer avec un même standard, y compris pour
les projets internationaux. Norme
Attentes
Pour construire, il n’est pas nécessaire de renseigner des informations comme le constructeur
des équipements ou le poseur, mais ces informations sont utiles pour l’exploitation par le client.
Une fois que la géométrie est fournie par les entrepreneurs le client peut faire évoluer la
maquette par la suite en regard de ses besoins puisque toute l’information nécessaire est
disponible dans les documents du projet. L’ajout de ces informations par l’entrepreneur n’est
pas justifié pour la construction. Informations
MEC_3 :
Présentation
Mec_3 est une entreprise de grande envergure qui offre ses services dans des projets
d’électricité, mécanique, plomberie et contrôle complexes. L’entreprise ne travaille que dans
des contrats de DB, pour des clients aussi bien publics que privés. L’entrevue s’est réalisée en
présence du vice-président et du directeur technique.
Connaissances L’entreprise a des connaissances mais n’a pas approfondi sur la notion de PGB et n’est pas
théoriques impliquée dans la création de PGB pour les projets.
Il y a également une connaissance des niveaux de détail mais pas de la notion des LOD à
laquelle ils sont reliés. Des informations telles que le matériau ou les méthodes de pose sont
cependant ajoutées. PGB et LOD
Les architectes et ingénieurs structure fournissent leurs maquettes, qui souvent répondent
aux attentes pour les réservations afin de pouvoir compléter les informations contenues dans
les modèles des ingénieurs en mécanique. Cependant les changements ne sont pas
communiqués assez vite.
L’entrepreneur créé sa propre maquette en repartant à zéro pour s’adapter aux contraintes
d’installation à partir de familles de produits existants, en y ajoutant des informations comme
les matériaux, moyens de fixation, suspension, etc... Il est plus difficile d’adapter une maquette
d’ingénierie, et bien plus facile d’en créer une nouvelle à partir du schéma de tuyauterie et
instrumentation et des volumes architecturaux et structuraux. Maquettes
Les maquettes des professionnels de tiennent pas compte des contraintes d’installation,
Processus de collaboration
familles ou librairies utilisées par les entrepreneurs. Ces familles et librairies sont de plus
utilisées par la suite pour l’approvisionnement et la préfabrication. Généralement, ces
maquettes entrent en conflit et il est nécessaire pour l’entreprise de déterminer un chemin de
passage pour les conduits. Enfin, lorsque des informations sont manquantes, l’entrepreneur
effectue une modélisation, établis les contraintes, complète la conception, puis assure une
coordination avec les ingénieurs. Par la suite, une explication sur les raisons de la modification
de la conception initiale est fournie. Faits
L’entreprise cherche à imposer le BIM aux autres entrepreneurs et aux professionnels dans ses
projets. Les clients ne le proposent que très rarement. La communication via BIM 360 Glue est
imposé par l’entrepreneur à l’équipe de construction. Pour l’entreprise, les bénéfices sont
grands par une installation plus efficace, des travaux réalisés en atelier et moins de temps sur
le chantier. Politique
Il existe des problèmes de compatibilité entre les logiciels. La conversion entre différents
formats est un exercice difficile avec des pertes d’information et ajoutant des taches de
vérification. En effet, après conversions entre logiciels n’ayant pas d’extensions communes, il
est nécessaire vérifier manuellement la qualité de la maquette convertie, y compris les
dimensions. Enjeux
116
L’entreprise modélise pour intégrer les produits au bâtiment, c’est-à-dire pour la coordination
au niveau de la construction, mais aussi pour du relevé de quantité afin de pouvoir l’utiliser
pour l’approvisionnement. La modélisation est alors effectuée à un niveau de détail 400 pour
permettre d’effectuer les calculs de perte de charge et est proche du modèle d’exploitation
sans pour autant être à ce niveau. Les ingénieurs devraient se limiter à faire du conceptuel puis
transférer les documents aux entrepreneurs afin de compléter la conception en regard des
Attentes
composants existants et des contraintes techniques. Cela est moins couteux et diminue le
temps global du projet, et notamment le temps de travail des ingénieurs. Il faudrait ainsi revoir
le mode contractuel actuel avec moins de temps de modélisation des ingénieurs et un
changement de leurs honoraires. Professionnel
Mec_4 :
Présentation :
Mec_4 est une PME de 350 employés spécialisée en fabrication, construction et entretien en
mécanique pours divers champs d’activités de l’industrie tels que le bâtiment, la pétrochimie
ou l’hydroélectricité. L’entreprise travaille aussi bien pour des clients publics que privés et est
Présentation
actuellement en cours de réalisation d’un projet en DB. La rencontre s’est déroulée en présence
du président de l’entreprise, qui dirige les opérations en tuyauterie plomberie, engagé en 1994
comme dessinateur CAD et ayant instaurer un système de d’automatisation et de préfabrication
en tuyauterie. Deux dessinateurs ont également participé à l’entrevue, dont une de leur tâche
consistait à assurer la compatibilité entre les logiciels interne et la plateforme de collaboration
BIM de l’entrepreneur général.
L’entreprise a commencé par dessiner en 3D, dès 1995, avec Autocad et CadPipe jusqu’à ce
qu’il y ait trop d’incompatibilité avec les autres logiciels avant l’acquisition de CadWorks
Expérience
En tuyauterie le logiciel utilisé permet d’obtenir une isométrie de fabrication ainsi qu’une liste
d’achat, des dessins d’arrangement 3D détaillée, le poids des assemblages, la localisation des
joints de chantier, la liste de coupe, etc… Le logiciel fournis les documents nécessaires pour les
fournisseurs et installateurs, qui ont des attentes différentes.
Les derniers ajustements sont cependant faits par le contremaitre au chantier qui donne des
Expérience
préférences pour les assemblages et découpe. La maquette est alors modifiée suivant les
retours du contremaitre, et un TQC est produit.
Cependant pour les projet commerciaux et institutionnel, Revit est largement utilisé par la
majorité des entrepreneurs mais ce logiciel ne permet pas d’effectuer les opérations décrites
précédemment, du moins en tuyauterie. Elles sont alors réalisées à l’interne avant un transfert
de la maquette vers Revit pour effectuer la coordination. Il y a cependant des pertes
d’intelligence comme les familles. Pratiques
Des relevés par scan laser effectués sur chantier permettent d’intégrer l’existant et
l’avancement du chantier sur les maquettes et plans 2D. Ils permettent entre autres de
positionner les manchonnages ou les ouvertures dans dalles de béton. Même si cet outil a un
prix élevé, plus de 30,000$ pour le scan utilisé, son achat est justifié. En effet, pour une tour de
condos le relevé laser a permis de remplacer 100h sur chantier pour 4h de dessin et une phase
de contrôle. Les maquettes et relevés laser peuvent être remis au client à sa demande.
Le logiciel, CadWorks d’Autodesk, est principalement utilisé par les dessinateurs. Il arrive aux
chargés de projet de consulter les maquettes, cependant, les surintendants et le personnel sur
chantier ne souhaitent pas l’utiliser. Logiciels, moyens
L’entrepreneur ne connais pas la notion de PGB. Le PGB du projet BIM sur lequel
Connaissances
théoriques
l’entrepreneur travaille actuellement est présenté mais il n’y porte pas un grand intérêt.
L’entrepreneurs a connaissance la notion de LOD. Cependant, cette notion n’est pas utilisée
dans l’entreprise. PGB et LOD
Les maquettes et plans des ingénieurs sont transmis en début de projet. Tout est alors
Processus de collaboration
redessiné en 3D pour des fins d’intégration, de préfabrication, puis d’installation par processus
automatisés. En DB l’entreprise émet des propositions à l’ingénieur afin d’optimiser les
solutions pour les raccordements et l’arrangement de conduits.
Il faudrait que l’entrepreneur puisse travailler à partir du modèle de l’ingénieur puis le modifier
suivant ses besoins. Cependant il est possible d’optimiser certains paramètres afin de réduire
les coûts, ce qui n’est pas réalisable directement sur le modèle de l’ingénieur. Il faut alors
réaliser du travail en double et adapter la maquette de l’ingénieur aux fonctionnalités du
logiciel de l’entrepreneur, ce qui peut créer des manques de cohésion et erreurs.
Maquettes
118
pence pas avoir l’utilité d’un iPad pour les contremaitres sur le
chantier.
« Le plus gros problème
Avec Revit, en tuyauterie, il est possible d’inventer des produits, or, reste l’incompatibilité
il est plus intéressant d’avoir des produits existants. Les des logiciels ».
professionnels ne se soucient pas de ce point dans leurs maquettes.
Président de Mec_4
Il y a un problème important d’incompatibilité. En effet, les
maquettes extraites du logiciel de l’entrepreneur ne peuvent s’ouvrir
directement sur la plateforme de collaboration imposée par
l’entrepreneur général. De plus, il y a des pertes d’intelligence lors
des conversions de formats.
Enjeux logiciels
Il existe de plus un problème avec les appels d’offre pour les petites entreprises. En effet, tous
les entrepreneurs doivent travailler sur la même base, cependant il est nécessaire d’avoir les
ressources pour vérifier les documents, y compris les maquettes lorsqu’elles sont fournies. Il
devient alors essentiel d’avoir des dessinateurs et ressources financières suffisantes à l’interne
pour pouvoir soumissionner correctement.
L’entrepreneur rencontré a développé des outils de dessin, emploie des dessinateurs à temps
plein et quand il soumissionne pour un projet, il est en concurrence avec des entreprises n’ayant
pas tout cela. Son seuil de profitabilité est alors plus serré car souvent, celui qui a le prix le moins
élevé est celui qui n’a pas fournis de dessins. Même si une présélection est faite sur le porte
folio, le seul paramètre important pour le client reste souvent le prix.
Enjeux appels d’offres
119
« Il faut énormément de précision et de travail pour que tout fonctionne et pourtant le prix compte
beaucoup plus que le porte folio. »
Président de Mec_4
Il faudrait des schémas d’opération les plus précis possibles. Trop d’attentions sont portées sur
les vues en plan et non sur les schémas où il manque des informations, ou sur la coordination
qui est déficiente dans les environnements serrés. Il faudrait de plus vérifier
dimensionnellement les équivalences entre les équipements. En effet, dans les devis il est
précisé que les équivalents sont approuvés, cependant, ils le sont sur le plan techniques mais
pas dimensionnellement. Le devis est alors préparé pour une seule solution technique, ce qui
limite la concurrence et donne des reprises de travail. Professionnels
pas pour les détails secondaires tels que les petits fou à dessiner ça alors que ça ne sert
raccordements. à pas grand-chose mis à part
démontrer que les plans sont
Le cas est cependant différent en ventilation car les complets. »
conduit sont plus volumineux, il est alors
indispensable d’aller plus loin au dessin. Président de Mec_4
Précision
Il faudrait que tous les entrepreneurs en mécanique soient responsables de leurs travaux. En
effet, actuellement la responsabilité des maquettes est attribuée à l’entrepreneur en
ventilation alors qu’il n’a pas de connaissances spécifiques des codes en chauffage ou vapeur
et se laisse diriger par des règles générales ce qui entraine des problèmes tardifs.
Coordination
120
121
La personne interrogée sait ce qu’est un PGB. Un PGB est utilisé à l’interne et a été monté par
l’équipe BIM en consultant les techniciens. Il s’agit d’un document uniquement utilisé pour la
mécanique.
Connaissances théoriques
A l’externe, sur un projet en cours, le donneur d’ouvrage a créé le PGB en collaboration avec
une personne par bureau. Celui-ci est très complet et comporte tous les détails à fournir,
nomenclatures, couleurs, etc… PGB
L’entreprise connais et utilise les niveaux de détails, mais, même s’il y a une connaissance des
LOD, ils ne sont pas utilisés. Le contenu exploitable est défini par des pourcentages
d’avancement.
Les niveaux de détails sont utilisés dans tous les projets en BIM sous forme de gabarit de vue et
pour l’impression. Chaque zone a sa règle, cependant le niveau de détail demandé est le même
durant tout le processus de conception, il n’y a pas d’évolution. L’entreprise fonctionne alors
par pourcentage d’avancement sur une maquette à un niveau de détail global et constant.
LOD
Généralement, l’architecte débute les maquettes et est suivi par les ingénieurs structure. Par
la suite, elles sont intégrées les unes dans les autres. Le technicien ouvre alors ces maquettes
Processus de collaboration
et modélise tout ce qui touche à la protection incendie en prenant soin d’assurer une
coordination. Il y a un réel avantage de travailler 3D sur ce point. Les familles Revit des
principaux fournisseurs sont mises à disposition en début de projet.
Il y a généralement plusieurs remises suivant des pourcentages d’avancement définis. Avant
chaque remise le technicien réalise des détections d’interférences, qui sont effectuées à
nouveau par le client lors des réunions de coordination.
Conception
Suite à la soumission, même si l’entreprise fournit sa maquette, elle lui appartient toujours. Il
n’y a pas de suivis après la soumission. Cependant, pour un projet antérieur, un autre bureau
d’ingénierie a réalisé la conception puis, les entrepreneurs ont engagé l’entreprise rencontrée
comme sous-traitant pour finir la coordination à une fréquence hebdomadaire.
Pour les soumissions l’entreprise ne fournis que les sets de plans. Étant au part avant
entrepreneur, le technicien a bien conscience que fournir la maquette en appel d’offre serait
un vrai avantage pour le projet. Cependant ceci n’est pas dans leurs objectifs actuels de
l’entreprise et aucune demande concrète n’a été formulée à ce sujet.
Soumission
122
En conception, les ingénieurs ont le fardeau de créer la maquette, il serait plus facile pour les
entrepreneurs d’avoir à modifier une maquette que d’en créer une. L’extractions de vues
isométriques et plans est par le suite très simple et il permet un réel gain de temps notamment
Perspectives
pour la production.
Les projets devraient être globalement plus rapide avec le temps gagné en chantier même si le
temps de conception pour les ingénieurs est plus long. Il serait plus avantageux pour les
entrepreneurs de pouvoir consulter les maquettes dès la phase d’appel d’offre.
Le technicien voit pas d’avantage à l’utilisation des LOD pour définir le contenu exploitable en
regard d’un niveau de détail associé à des pourcentages.
« Il va y avoir des besoins futurs pour gérer des équipes BIM car d’ici 5 ans il n’y aura plus de projet
en CAD. »
Technicien principal en protection incendie de Ing_1
123
124
Les ingénieurs et architectes fournissent les maquettes. Il y a alors deux options, partir de la
maquette électromécanique des ingénieurs et remodéliser sur une autre maquette avec des
familles créées par les entrepreneurs. Cela se fait, en se basant sur des copier-coller et
l’emplacement global des éléments. Ou tout remodéliser à partir d’un concept et des espaces
présents dans les maquettes d’architecture et structure.
L’architecte assure la coordination spatiale. La maquette sert de référence pour la
coordination puis la construction, le respect de ce qui est modélisé sur chantier est exigé. Cela
amène plus de rigueur et la maquette sert de règle de base et de référence en cas de conflit.
Processus de collaboration
Pour les intervenants qui ne sont pas équipés de 3D, les plans sont directement émis à partir
de la maquette. Maquettes
Il est important d’intégrer l’échéancier du BIM dans celui de chantier sans dissociation des deux.
Les deux notions sont importantes mais ne sont pas forcément visibles par les entrepreneurs
spécialisés. C’est d’autant plus important car les projets en fast track, c’est-à-dire où les zones
à construire et celles modélisées doivent correspondre car tout n’est pas désigné et modélisé
en début de construction, se font plus nombreux. Planification
Il faudrait que tout ce qui est nécessaire à la compréhension soit présent : a-t-on besoin d’une
ligne ou de 3D pour un conduit ? Les éléments présents ne doivent pas forcement être à leurs
dimensions définitives mais avoir une coordination minimale comme l’accessibilité. L’ingénieur
devrait seulement émettre des concepts tels que les espacements ou les emplacements
indicatifs, et là l’entrepreneur pourrait entrer plus tôt dans le projet et commencer à modéliser
plus rapidement.
Attentes
« Il faudrait recruter les entrepreneurs
Perspectives
Le spécialiste technique connait la notion de PGB et LOD, étudiés lors de sa maîtrise, mais
n’a pas travaillé sur le sujet pour Lafarge. PGB et LOD
Il n’y a pas de connexion entre les outils de gestion d’usine et les outils de gestion de projet de
bâtiment chez les fournisseurs. Ceci existe seulement pour une usine intégrée au site de projet
mais il s’agit un cas très spécifique. De plus les outils et méthodes du BIM facilitent le travail
mais leur mise en place est complexe.
Il manque énormément d’informations dans les standards pour pouvoir valoriser les objets des
fournisseurs car il n’y a pas de fonctionnalités dans le BIM pour les matières première. En effet,
pour le béton, il est impossible de valoriser une chaleur d’hydratation, une rhéologie ou un
temps de prise, la logique est plutôt orientée sur les produits manufacturés. Un outil a été
développé à l’interne pour pouvoir transférer les caractéristiques des matériaux aux maquettes,
mais la gestion de l’information des outils BIM ne permet pas de les exploiter. Elles peuvent
alors uniquement être ajoutées aux objets sous forme de notes.
Difficultés informatiques
127
« Comment peut-on mettre tous les attributs sur le produit brut de manière globale en regard du
transport, du bâtiment cible etc… plutôt que dans l’objet fait de béton? »
Directeur qualité et développement de produits de F.Bét_1
La difficulté avec le béton est qu’il a d’autres « Les choses se sont débloqués en
Europe lorsque des sociétés de services
fonctions que de la mécanique. Il y a alors deux
ont modélisés pour les entrepreneurs,
logiques, fournir des objets finis spécialisés en
les manufacturiers et les fabricants. »
s’assurant qu’il n’y est pas d’interaction, ou des
objets complexes en interaction et à forte valeur Directeur qualité et développement de
ajoutée. Pour cela, il est nécessaire de produits de F.Bét_1
décloisonner les disciplines. Collaboration
Il faudrait qu’un un acteur fort impose la transition vers le BIM. Il ne faudrait cependant pas
Perspectives
d’imposition des logiciels mais opter pour une harmonisation des pratiques. C’est un problème
que l’observe avec l’imposition du BIM par les donneurs d’ordres.
L’échelle d’évolution de l’industrie de la construction est de 30 ans. Il faut des outils, des
règlementations et un renouvellement des ingénieurs pour arriver au niveau de l’aéronautique.
« Il ne faudrait pas créer une version québécoise isolée du reste du monde au niveaux de la
formation, des outils et des standards utilisés pour le BIM. »
Directeur qualité et développement de produits de F.Bét_1
128
ANNEXE III
Problématique : Quel est le niveau de détail requis pour améliorer les processus liés au
BIM lors de la communication entre les différents acteurs et l’exploitations des maquettes
pour la réalisation de la construction ?
Procédures pré-entrevue
• Rappel du projet de recherche, des objectifs et de la durée;
• Lecture du consentement et permission d’enregistrer.
Questions de démarrage
1. Quel est votre nom ? Quel est votre rôle dans l’entreprise?
3. Lorsque les informations fournies dans les maquettes sont incomplètes, comment
procédez-vous pour les compléter ?
a. Le manque d’information est-il récurrent ?
4. Quels sont les processus mis en place pour que le travail autour des maquettes
fonctionne?
5. Quels sont les enjeux d’utilisation de la maquette ?
130
Questions de conclusion
• Aimeriez-vous ajouter d’autres commentaires ?
• Peut-on vous recontacter pour obtenir certaines précisions ?
ANNEXE IV
FORMULAIRE DE CONSENTEMENT
Déroulement de l’entretient
• L’entrevue aura une durée d’environ 30 minutes.
• L’entrevue sera enregistrée pour faciliter la retranscription et l’analyse du contenu des
réponses.
• L’entrevue sera basée sur un questionnaire d’une quinzaine de questions portant sur les
thèmes suivants : Les concepts et définitions utilisés, les échanges de données, et les
attentes de contenu des maquettes numériques
Les inconvénients sont un possible inconfort lié au fait d'être observé durant l’entretien, ainsi
que l'utilisation de votre temps lors des entrevues.
Confidentialité
Durant la recherche, la confidentialité des documents, enregistrements audio et informations
recueillies sera assurée en protégeant les données sous clé dans un local à accès restreint. Les
noms des participants ne paraitront dans aucun rapport. Les données originales qui permettent
(s’il y a lieu) d’identifier les participants seront accessibles uniquement aux membres de
l'équipe mentionnés ci-haut et utilisés dans le cadre exclusif de cette recherche.
133
Si vous en faites la demande, votre nom et tous ceux cités pendant l’entrevue seront codés afin
d’éviter votre identification lors de l’utilisation de vos données durant la recherche. Dans cette
éventualité, la clé de ce code sera conservée séparément durant dix ans pour références et
publications futures, après quoi elle sera détruite.
Remerciements
Votre collaboration est précieuse à la réalisation de ce projet de recherche. C’est pourquoi
l’équipe tient à vous remercier pour le temps et l’attention que vous acceptez d’accorder à votre
participation.
Signatures
Je, soussigné ___________________________ reconnais avoir lu le présent formulaire et
consent librement à participer au projet de recherche intitulé : « Évaluation du niveau de
développement des maquettes numériques du BIM pour les sous-traitants de la construction au
Québec ». Je reconnais avoir disposé de suffisamment de renseignements et du temps
nécessaire pour réfléchir à ma décision. Je comprends que ma participation à cette recherche
est totalement volontaire et que je peux y mettre fin en tout temps, sans pénalité d’aucune
forme, ni justification à donner. Le cas échéant, je m’engage à prévenir le responsable du
projet.
Je souhaite que mon nom et tous ceux cités pendant l’entrevue soient codés afin d’éviter toute
identification durant la recherche : OUI NON (barrer la mention inutile)
S.V.P. fournir une carte d'affaires que nous brocherons à ce formulaire pour référence
future.
134
Un court résumé des résultats de la recherche sera expédié aux participants qui en feront la
demande en indiquant leur adresse courriel ci-dessous.
L’adresse courriel à laquelle je souhaite recevoir un cours résumé des résultats de la recherche
est la suivante : ______________________________________________________________
Renseignements supplémentaires :
Si vous avez des questions sur la recherche, votre participation au projet, ou pour vous en
retirer, veuillez communiquer avec Valentin Marchioni, Étudiant-chercheur en Maîtrise en
Génie de la construction à l’ÉTS, à l’adresse courriel suivante :
valentin.marchioni@gmail.com, ou au numéro de téléphone suivant : (514) 742-9671.
ANNEXE V
Objectif de la rencontre
Amorcer le développement d’une approche permettant d’intégrer les connaissances et
les compétences en conception et en gestion des constructeurs au PGB.
• Mise en contexte
1. Présentation générale de l’étude (contexte, problématique et objectif);
2. Présentation de la deuxième phase :
a. Volonté d’amélioration de la gestion de l’information;
b. Objectifs d’établir des critères de choix des LOD en fonction de paramètres à
prendre en compte lors de leur établissement.
• Participants :
1. Noms et rôles dans l’entreprise;
2. Services offerts par l’entreprise dans le cadre du projet ciblé.
• Questions :
1. Dans les projets pour lesquels vous recevez des maquettes BIM produites par les
professionnels, quels sont les problèmes que vous rencontrez au niveau de la qualité de
l’information fournie (est-elle complète, trop ou insuffisamment détaillée, etc) ? Quand
la maquette est refaite par l’entrepreneur, est-ce que les problèmes sont différents ?
a. Comment sont résolus les conflits entre les informations sur les maquettes et
sur les plans?
b. Exemples de situation où les maquettes sont de bonne et de mauvaise qualité.
136
2. Êtes-vous familier avec les concepts de PGB et LOD (sinon expliquer)? Voyez-vous
un lien entre ces problèmes et la définition des LOD du fait que les sous-traitants ne
participent pas dans la production des PGB ? Est-ce que la situation diffère si c’est un
contrat collaboratif plutôt qu’une soumission traditionnelle sur plans et devis ?
a. Écart au niveau des informations;
b. Degré d’implication des entrepreneurs dans le PGB;
c. Enjeux.
i. Au niveau de l’accès aux informations;
ii. Au niveau des LOD fournis par les ingénieurs en mécanique dans les
maquettes;
d. Utilisez-vous les QRT comme indicateurs ?
i. Influence sur le nombre, question fréquentes.
4. Discussion autour des points soulevés lors de la première phase (voir liste)
a. Ces paramètres sont-ils pertinents pour votre spécialité (voir point par point)?
i. Avez-vous déjà été confronté à ce type d’enjeux ?
ii. Comment sont-ils gérés ?
b. Perspectives :
i. Autres paramètres ?
ii. Comment les prendre en compte ?
137
1. Méthode d’application;
2. Les éléments dégagés sont-ils applicables/réalisables par rapport
à la réalité des projets (influence du mode
d’approvisionnement).
iii. Autres paramètres ?
• Questions de conclusion
1. Que diriez-vous aux professionnels pour faciliter la gestion de l’information ?
a. Requêtes par rapport au PGB;
b. Influence sur les LOD.
ANNEXE VI
Objectif de la rencontre
Amorcer le développement d’une approche permettant d’intégrer les connaissances et
les compétences en conception et en gestion des constructeurs au PGB.
• Mise en contexte
1. Présentation générale de l’étude (contexte, problématique et objectif);
2. Présentation de la deuxième phase :
a. Volonté d’amélioration de la gestion de l’information;
b. Objectifs d’établir des critères de choix des LOD en fonction de paramètres à
prendre en compte lors de leur établissement.
• Participants :
3. Noms et rôles dans l’entreprise, services offerts par l’entreprise.
• Questions :
4. Pouvez-vous décrire comment l’utilisation du BIM change la nature et la séquence
d’échanges d’informations dans un projet particulier entre vous, (l’ingénieur,)
(l’entrepreneur général) et les sous-traitants. Qui joue les différents rôles et comment
se fait la mise à jour des maquettes ? Comment sont gérés les dessins d’ateliers dans ce
processus ?
a. Fourniture des informations;
b. Coordination;
c. Avancement des maquettes.
140
5. Êtes-vous familier avec les concepts de PGB et LOD (sinon expliquer)? Comment
participez-vous à la définition du PGB ?
a. Les processus définis dans le PGB fonctionnent-t-il bien en pratique ?
b. La notion de LOD est-elle claire ? utilisée ? Par vous et les autres parties
prenantes ?
c. A quels niveaux sont les informations que vous ajoutez dans les maquettes?
i. Objets à un LOD 350, ou plus conceptuels ? Pour quels types d’objets
? Pour quelles raisons?
6. Voyez-vous des problèmes du fait que les sous-traitants ne participent pas dans la
production des PGB ? Est-ce que la situation diffère si c’est un contrat collaboratif
plutôt qu’une soumission traditionnelle sur plans et devis ?
a. Connaissez-vous les attentes des sous-traitants pour le modèle ? Avez-vous
relevé un écart au niveau des informations fournies et attendues ?
b. Utilisez-vous le nombre de QRT comme indicateurs pour mesurer la qualité des
documents fournis à l’entrepreneur ?
i. Questions fréquentes, influence…
7. Discussion autour des points soulevés lors de la première phase avec les entrepreneurs
spécialisés (voir liste) :
a. Ces paramètres ont-ils un impact sur la modélisation ? Son cadencement ? (Voir
point par point)
i. Avez-vous déjà été confronté à ce type d’enjeux ?
ii. Comment sont-ils gérés ?
b. Perspectives :
i. Comment les prendre en compte ?
1. Méthode d’application;
141
• Questions de conclusion :
8. Selon vous, comment pourrait-on améliorer la gestion de l’information ? Que diriez-
vous aux entrepreneurs pour faciliter la gestion de l’information ?
a. Requêtes par rapport au PGB;
b. Influence sur les LOD.
ANNEXE VII
1. Organisation :
Séquence de travail :
• Lors d’un projet BIM, l’entrepreneur spécialisé effectue une requête auprès des
professionnels par le biais de l’entrepreneur général afin d’obtenir les maquettes
numériques. Un traitement préliminaire est alors entrepris : soit une adaptation à son
standard de travail, soit la modélisation d’une nouvelle maquette sur base de celles des
professionnels, afin de pouvoir modéliser avec ses familles d’objets pour la fabrication
(LOD 400). Certains objets sont ensuite préfabriqués directement à partir de la
maquette. Lorsque les maquettes de conception sont coordonnées par l’entrepreneur
général avant d’être transmises à l‘entrepreneurs spécialisé, son travail s’en trouve
facilité.
• L’entrepreneur général a pour rôle de coordonner les différents modèles, les taches de
modélisation et d’intégrer les tâches BIM dans l’échéancier général du projet. Les
entrepreneurs spécialisés modélisent à la suite des professionnels, et non
simultanément, lorsque que la maquette a dépassé le stade schématique. Ils utilisent
alors des objets numériques à un LOD 400.
est fournie sur demande à titre de référence pour faciliter le travail des entrepreneurs
spécialisés, notamment pour les estimations lors des soumissions.
Pour un projet effectué suivant un mode contractuel traditionnel, soit conception, soumission,
construction (DBB, pour Design, Bid, Build), le BIM apporte un document supplémentaire à
intégrer dans les processus de travail : la maquette numérique. Cette maquette ne rentre pas
dans le cadre contractuel mais constitue un support pour la coordination et la visualisation,
utile aux entrepreneurs spécialisés. Ces maquettes sont fournies par les professionnels aux
entrepreneurs spécialisés par le biais de l’entrepreneur général. Il a été relevé lors des
entrevues, qu’un entrepreneur général ayant une bonne expérience BIM et adaptant les
maquettes numériques des professionnels pour les entrepreneurs spécialisés avant de les leur
transmettre, facilite le travail de ces derniers. En effet, en effectuant une coordination entre les
différentes maquettes des professionnels, l’entrepreneur général élimine une grande partie des
conflits entre ces maquettes et ajoute un point de vue constructeur aux maquettes de
conception.
• L’entrepreneur général est toujours impliqué dans le PGB. Il peut utiliser son propre
PGB pour le projet mais s’il est fourni par le client, il doit s’y conformer. Cependant,
il peut discuter de certains aspects et demander des modifications dans l’intérêt du
projet. L’écriture du PGB doit soutenir l’esprit collaboratif autour de l’utilisation des
technologies, sans être directif.
145
• L’ingénieur suit son propre PGB à l’interne afin d’arriver à des honoraires jugées
raisonnables. Au niveau du projet, le PGB est fourni par l’architecte ou le client, aidé
d’un consultant BIM. Même si l’ingénieur ne définit pas le PGB de projet, il peut en
discuter certains aspects.
Le PGB, document essentiel pour cadrer les rôles et les responsabilités des intervenants, les
utilisations et buts du BIM, ainsi que les processus de travail associés, est principalement fourni
par le client ou l’architecte. Ce document spécifiant les LOD à utiliser, ce sont donc l’architecte
et le client qui les définissent. L’ingénieur et l’entrepreneur général peuvent toutefois modifier
le PGB afin qu’il cadre mieux avec la réalité du projet, ils sont donc impliqués dans le montage
du PGB. Cependant, l’entrepreneur spécialisé ne dispose pas des ressources nécessaires
(personnel, formation, temps) pour participer au PGB. Les recommandation et instructions
émises dans ce document peuvent donc ne pas correspondre à ses attentes et ses besoins.
• Pour l’entrepreneur spécialisé, le travail en BIM est effectif depuis quatre ans.
Cependant, même si le PGB est présent dans les documents contractuels et si les appels
d’offre sont mieux structurés, son appropriation par l’entreprise demeure difficile.
• Pour l’ingénieur, les entrepreneurs spécialisés arrivent trop tard dans un projet
traditionnel pour participer au PGB. Cela peut être différent dans le cas de projets clé
en main ou en gérance, si les entrepreneurs ont les connaissances requises.
• Pour l’architecte, l’entrepreneur spécialisé peut être impliqué dans le PGB dans le cas
d’un mode contractuel collaboratif. Cependant, peu d’entrepreneurs fonctionnent en
suivant des standards BIM et, leur poids étant plus important avec ces modes
contractuels, le BIM ne peut que difficilement s’intégrer dans l’organisation du projet.
« Les entrepreneurs spécialisés ne sont que très peu à utiliser le BIM. » (Architecte)
Les entrepreneurs spécialisés ne sont que très rarement impliqués dans le PGB. Même un
entrepreneur travaillant suivant les méthodes recommandées par le BIM durant plus de quatre
ans, ne participe pas à sa rédaction et éprouve des difficultés face à ce document. Ceci peut
s’expliquer par leur entrée tardive dans les projets réalisés suivant un mode contractuel
traditionnel, la mise en place récente de ce document et un manque de personnel formé. En
parallèle, une première divergence de points de vue entre l’entrepreneur général, qui soutient
que les entrepreneurs spécialisés doivent s’impliquer dans le PGB, et l’ingénieur, qui affirme
qu’ils ne peuvent pas y participer pour des projets traditionnels, est relevée.
• Le partage d’informations est difficile en DBB car les intervenants ne sont pas habitués
à collaborer. De plus, selon l’entrepreneur spécialisé, les architectes sont les plus
réfractaires à collaborer.
147
• En mode traditionnel, lorsque les entrepreneurs spécialisés ne sont pas connus en début
de projet, l’entrepreneur général émet des consignes de modélisation aux
professionnels afin que leurs maquettes se rapprochent des attentes des entrepreneurs.
Lorsqu’ils sont intégrés au projet, les entrepreneurs spécialisés peuvent alors choisir de
continuer à partir de ces maquettes ou repartir de zéro, mais tous les objets dont ils
auront besoin ne seront pas présents. De plus, ils doivent passer par l’entrepreneur
général et le client pour communiquer avec les professionnels ce qui alourdit les
processus et allonge les délais.
En mode collaboratif, les entrepreneurs spécialisés peuvent travailler plus tôt et avec
les concepteurs. Ils ont donc une influence sur les décisions prises en amont et ayant le
plus d’impact.
• Selon l’architecte, la mise en place du BIM est plus simple pour un projet réalisé en
DBB car il dispose de plus de temps de préparation. En effet, la particularité du BIM
est qu’il demande plus de temps en début de projet pour la mise en place et la
paramétrisation de la maquette, temps qui se trouve réduit en mode collaboratif.
Les modes collaboratifs sont généralement réalisés en procédure accélérée ce qui raccourcit
les échéanciers et place l’entrepreneur spécialisé au premier plan. L’intégration du BIM dans
le projet s’avèrera difficile si l’entrepreneur spécialisé n’en a pas adopté les principes.
Au sujet du mode traditionnel, l’entrepreneur général souligne les difficultés liées au manque
de connaissances des attentes et des besoins des autres intervenants et la lourdeur des processus
de communication. Ce dernier point est appuyé par l’entrepreneur spécialisé qui y perçoit un
frein à la collaboration. Les points de vue des interrogés diffèrent au sujet des modes
contractuels collaboratifs : les entrepreneurs soulignent la facilité de communication et de
collaboration alors que les concepteurs y perçoivent une augmentation de leur charge de travail
dont la rémunération n’est pas garantie. De plus, l’architecte est le seul des quatre interrogés à
soutenir que la mise en place du BIM est plus difficile avec des contrats collaboratifs qu’avec
des contrats traditionnels en raison d’un temps de préparation réduit et de la collaboration avec
des entrepreneurs non formés. Un premier problème d’alignement de maturité entre les parties
prenantes d’un projet est ici mis en avant.
Même s’il y perçoit de nombreux avantages, selon l’entrepreneur spécialisé, les contrats
collaboratifs ne résolvent pas l’ensemble des difficultés de communication, de confiance, de
coopération et de collaboration. En effet, il soutient que les ingénieurs sont réticents à partager
de l’information en début de projet et que le travail sur une maquette commune est proscrit. Or
l’ingénieur affirme insérer des critères de dimensionnement dans sa maquette et la fournir à
l’entrepreneur spécialisé pour qu’il puisse débuter sa modélisation avant la fin de la
149
conception. En lien avec la remarque précédente, cette contradiction qui peut s’expliquer par
une expérience plus avancée en BIM des participants à l’étude que des entreprises avec
lesquelles ils collaborent.
• Afin de permettre aux entrepreneurs spécialisés de débuter leur modélisation plus tôt,
il faut instaurer un climat de confiance avec l’ingénieur. Celui-ci peut transmettre des
maquettes incomplètes à l’entrepreneur spécialisé qui a la possibilité de s’en servir
comme base de modélisation. L’entrepreneur spécialisé doit cependant rester informé
de l’état d’avancement (LOD, si connu) de la maquette et ne pas créer de conflits au
sujet de l’aboutissement du document reçu.
150
• Pour l’architecte, il serait avantageux d’intégrer les ingénieurs en amont dès le début
de son travail car ils auraient plus d’implication dans les enjeux du projet. Lorsqu’ils
sont appelés plus tardivement, ils sont moins responsabilisés et leur rôle n’est pas assez
valorisé dans l’équipe de projet. Ils sont alors perçus comme un appui alors qu’ils font
partie intégrante de l’équipe de conception. Le travail collaboratif tôt dans le projet
avec les entrepreneurs spécialisé n’a pas encore été expérimenté. Mais, dans ce cas,
l’architecte devrait rester aux commandes du projet afin que la conception ne soit pas
redirigée vers une rationalisation, une simplification voire un appauvrissement de la
proposition architecturale. En effet, même si l’entrepreneur spécialisé peut avoir un
apport important en faisabilité, il perçoit le projet d’une manière très rationnelle. Il est
donc nécessaire de bien communiquer les spécificités architecturales du projet et ne pas
les évacuer.
• Pour l’ingénieur, lorsque des éléments sont manquant dans la maquette, les
entrepreneurs doivent se référer aux plans et devis qui sont les seuls documents
contractuels. L’ingénieur peut tout de même aiguiller l’entrepreneur spécialiser à l’aide
de critères pour la modélisation.
visualiser en 3D. « Des entrepreneurs qui n’ont jamais vue de 3D ont été rencontré,
afin de leur montrer un enjeu que l’on voyait en 3D. Quand ils ont vu ça en 3D ils
comprenaient mieux et venaient plus souvent. » (Architecte). Ceci évite ainsi l’ajout
d’extra de la part des entrepreneurs lors d’omissions dans les plans architecturaux dues
à un mauvais paramétrage de la coupe alors que l’objet se trouve dans la maquette.
Pour l’ensemble des interrogés, la communication directe est préconisée pour favoriser la
collaboration. L’utilisation de moyens formels comme les QRT sont réservés à des enjeux
majeurs ne pouvant être réglés directement. De plus, l’ingénieur rappelle que la transmission
de maquette reste une aide offerte aux entrepreneurs et que seuls les plans et devis sont
contractuels.
Responsabilité de la modélisation :
manière collaborative pour que tous puissent être au fait des épargnes et des
optimisations à faire ou de la disponibilité d’une maquette de meilleure qualité.
L’utilisation de maquettes numériques dans le cadre d’un projet BIM ne doit pas changer les
responsabilités des partie prenantes. Les entrepreneurs spécialisés ne peuvent demander trop
d’efforts de modélisation aux concepteurs et uniquement se référer aux maquettes, ils doivent
consulter les plans et les devis. Les concepteurs doivent atteindre un niveau de modélisation
minimal incluant les informations relatives à leur expertise. Il n’est pas encore envisagé de
délaisser les plans et les devis. Un mode contractuel plus collaboratif peut être mis en place
afin de faciliter la collaboration et le partage d’informations, mais une entente doit être établie
entre les acteurs et un climat de confiance instauré. Ceci conduit à la transmission de maquettes
partielles, dont le niveau d’avancement est clairement défini, plus tôt vers les entrepreneurs
pour diminuer la durée du projet, ou au partage d’informations telles que les relevés de
quantités pour fiabiliser les estimations. Pour procéder ainsi, l’ensemble des acteurs doivent
avoir un certain niveau de connaissances et d’habiletés en BIM et entrer dans une dynamique
de création de bénéfices communs.
• L’entrepreneur général remarque que les maquettes des concepteurs ne sont pas bien
structurées et ne peuvent donc pas être réutilisées. Elles doivent être redessinées. Il
observe également une réticence de la part des concepteurs à transmettre leurs
documents car il est possible d’explorer l’ensemble modèle 3D et pas uniquement une
coupe ou une section. Il y a donc plus de vulnérabilité, plus de risque d’erreurs et ils
craignent d’être attaqués ou jugés comme incompétents. « Les concepteurs ne veulent
pas fournir une maquette trop préliminaire de peur que les entrepreneurs spécialisés
se retournent contre eux. » (Directrice BIM, entrepreneur général)
• Pour l’ingénieur, les entrepreneurs spécialisés entrent trop tard dans les projets
traditionnels, la maquette est déjà terminée à 80% et il n’est plus avantageux de
collaborer. Cependant, la maquette est transmise à l’entrepreneur général qui peut
l’utiliser comme base pour valider celles des entrepreneurs spécialisés.
• La maquette de l’architecte est la maquette principale pour la conception car elle abrite
les murs. Elle est partagée avec les ingénieurs pour leur servir de base de modélisation.
Elle contient par la suite toutes celle des professionnels et l’architecte a la responsabilité
de la coordination ultime entre les professionnels. Il y a peu de contact avec les
entrepreneurs.
La collaboration à l’aide de maquette numérique n’est effective que pour les acteurs d’un même
niveau : les entrepreneurs collaborent et se coordonnent à l’aide de leurs maquettes et les
concepteurs font de même à leur niveau. Il n’y a que peu d’échanges entre ces deux groupes.
Les raisons avancées sont principalement liées aux difficultés contractuelles, aux difficultés
liées à la précision de modélisation et aux pratiques de travail en silo ancrées dans le secteur.
• Le client est retissant à laisser du temps à l’ingénieur en début de projet les calculs et
la réflexion, ce qui représente la majeure partie de son travail, car il ne peut en mesurer
l’avancement contrairement à une maquette. Le logiciel de modélisation est utile mais
pas en début de projet. Du côté de l’ingénierie mettre plus d’effort dans le dessin peut
aider à faire des calculs de vérification en fin de projet. Pour l’entrepreneur il n’y a pas
nécessairement de corrélation entre le temps que l’ingénieur investit dans la
modélisation et ce que l’entrepreneur va pouvoir réaliser avec le modèle transmis.
• Selon l’entrepreneur général, la plupart des acteurs comprennent LOD comme niveau
de détail. L’entrepreneur applique des filtres dans les maquettes basées sur des
paramètres permettant de spécifier l’information qui est définie et celle qui ne l’est pas
encore pour les visualiser et ainsi remplacer les LOD. Les LOD ne fonctionnent pas
actuellement car ils sont incompris. Lorsqu’on voit un modèle qui semble bien fait on
peut penser qu’il est final alors qu’il peut ne pas l’être. C’est un problème de perception
et d’un manque de sensibilisation.
• L’ingénieur comprend et utilise les LOD à l’interne, à l’externe ce n’est pas uniforme.
Pour que les autres personnes comprennent à quel niveau on doit modéliser dans un
projet, il faut mieux l’expliciter.
• L’architecte utilise le terme niveau de détail pour s’exprimer au sujet des LOD. Il utilise
les LOD pour définir quels détails donner de manière à comprendre les enjeux de
chaque étape afin de mettre l’énergie de modélisation au bon endroit.
La compréhension des LOD n’est pas uniforme. Si la notion semble maîtrisée par
l’entrepreneur général et l’ingénieur, elle est inconnue de la part de l’entrepreneur spécialisé
et est utilisée sous un terme différent chez l’architecte, ce qui peut porter à confusion. Pour
éviter cela, l’entrepreneur général utilise des substituts pour afficher visuellement le LOD dans
les maquettes et en faciliter la compréhension par les acteurs non formés, majoritaires dans
l’industrie.
158
• L’entrepreneur spécialisé modélise avec les mêmes familles d’objets représentants les
objets tels qu’ils seront installés quel que soit l’avancement du projet. La notion de
LOD et de leur évolution n’est pas prise en compte. « On n’utilise qu’une façon de
mettre de l’information dans une maquette, il s’agit toujours de la même information,
des mêmes blocs, des mêmes familles, des mêmes pièces de fabrication qui seront
insérés dans une maquette qu’elle soit à un niveau préliminaire, intermédiaire ou
avancé. » (Vice-président opérations, entrepreneur spécialisé)
• Selon l’entrepreneur général, il est impossible de faire évoluer un objet a un niveau très
schématique vers un niveau détaillé dans les familles Revit, Revit étant le logiciel le
plus utilisé. Les entrepreneurs spécialisés doivent donc refaire un modèle en utilisant
la maquette de conception comme base en arrière-plan. Les entrepreneurs spécialisés
ont l’habitude de dessiner avec leurs objets prêts à être fabriqués. N’étant pas
responsable de la conception il est logique qu’ils modélisent de cette façon.
• Les projets de l’ingénieurs sont à 95% à un LOD 300 avec un mandat coordination et
des détections d’interférences. Dans 5 % des projets il doit y ajouter une couche
supplémentaire d’informations. Les matrices LOD sont de plus en présentes dans les
projets mais il est difficile de s’y conformer car elles suggèrent de faire évoluer le LOD
d’un niveau 100 à 300 en passant par le niveau 200. Or, lorsqu’il produit un 50%
l’ingénieur ne va pas avoir 100% des éléments à un LOD 200 mais 50% des éléments
à un LOD 300. Les éléments importants vont donc progresser vers un LOD plus élevé
mais des familles LOD 200 ne seront pas créés, la modélisation s’effectuera
directement en LOD 300.
L’évolution des LOD ne semble être respectée que de la part de l’architecte. En effet,
l’ingénieur commence à modéliser à un LOD 100 avant de faire progresser ses objets à un
LOD 300 par ordre de priorité, sans utiliser le LOD 200, vu comme une perte de temps. La
matrice LOD préconisant d’utiliser le niveau 200 ne correspond donc pas à sa réalité. La
rédaction de la matrice par l’architecte ou le client peut expliquer ce décalage. L’entrepreneur
spécialisé ne modélise qu’avec les objets utilisés pour la construction car il n’est pas
responsable de la conception. Enfin, l’entrepreneur général pointe une difficulté logicielle qui
ne permet pas de faire progresser un même objet d’un niveau à un autre sans le remplacer.
• Pour l’entrepreneur général, il s’agit d’une question difficile car les ingénieurs ne sont
pas responsables du passage de la distribution et les entrepreneurs la change car ils ont
d’autres critères d’optimisation. Les concepteurs ne peuvent donc pas contrôler la
qualité de ce qu’ils modélisent car ils ne connaissent pas les exigences des
constructeurs. « Les concepteurs n’ont pas de contrôle qualité, un contrôle qualité
consiste en plusieurs critères avec plusieurs exigences par critère pour vérifier que
160
tout est bien fait suivant l’exigence du prochain utilisateur, qui n’est généralement pas
connu, donc ces critères sont méconnus. » Directrice BIM, entrepreneur
général). L’entrepreneur général recommande d’avoir une maquette de MEP aboutie
aux niveaux de la géométrie, des distributions principales et des équipements afin de
ne pas avoir à faire des modifications structurales et architecturales par la suite. La
maquette doit être assez développée dans des endroits cruciaux pour qu’une une
coordination multidisciplinaire puisse être faite.
• L’ingénieur ne peut pas se permettre de trop modéliser pour respecter ses honoraires.
Il a remarqué que les entrepreneurs spécialisés souhaitent obtenir plus de détail, en effet
plus de travail de modélisation réalisé par l’ingénieur signifie moins à faire par
l’entrepreneur. L’ingénieur ajoute plus de détails dans les endroit critiques. La
maquette de l’ingénieur ne contient pas d’éléments qui seront prêts à construire,
l’entrepreneur ne peut donc pas installer directement avec le document de l’ingénieur.
De la même manière il n’y aura pas d’éléments qui seront seulement conceptuels, les
dimensions les plus pénalisantes seront prises en compte dans la maquette.
L’entrepreneur spécialisé doit alors tout revalider car il achète les équipements qui
peuvent provenir de différents manufacturiers et donc de dimensions différentes.
ajoutent ces détails en annexe. Un compromis est alors à établir en fonction des objectifs du
BIM fixés pour le projet. L’entrepreneur général préconise de développer la maquette de
conception dans les endroits cruciaux en laissant une certaine liberté aux entrepreneurs pour
les parties moins critiques.
• Selon l’ingénieur, ce ne sont les échanges d’informations qui sont problématique mais
le niveau d’implication des acteurs. En effet, jusqu’à récemment les entrepreneurs
spécialisés faisaient une certaine partie du travail et depuis l’emplois de maquettes
numériques, ils souhaitent diminuer leur charge de travail. Il faut donc qu’ils finissent
la maquette et fassent les plans d’érection comme ils le faisaient avant. De plus, il faut
que les parties prenantes ayant des bénéfices importants grâce à l’utilisation du BIM
162
paient pour le travail supplémentaire de l’ingénieur. « Ce qu’on entend c’est que les
soumissions rentrent presque 10% plus bas lorsqu’on a une maquette donc le client est
gagnant, l’entrepreneur est également gagnant donc qu’il paie et qu’il fasse quelque
chose pour aider à la cause. » (PDG, ingénieur). Dans un mode contractuel
collaboratif, le but pour l’ingénieur serait de créer une maquette conceptuelle réfléchie
contenant les principaux éléments dans lesquels il y aurait un niveau d’information
minimal pour l’entrée des entrepreneurs. Á partir de là, ils pourraient la faire évoluer
vers une maquette d’installation et de fabrication sans que l’ingénieur aie à fournir plus
d’effort de modélisation et à faire la fine coordination finale. Ceci n’est cependant pas
réalisable dans un mode contractuel traditionnel. Si les modes contractuels n’étaient
pas limitants, la méthode de travail optimale consisterait à insérer toutes les
informations produites par les ingénieurs dans la maquette de conception, y compris
celles contenues dans les devis.
• Les maquettes des architectes ne sont que très rarement mises à disposition de
l’entrepreneur spécialisé. Lorsque l’ingénieur travail en 3D et que sa maquette est
disponible, elle est généralement incomplète, non coordonnée avec des conflits qu’il
lui serait possible d’éviter. Il y a une amélioration de la qualité des maquettes si
l’entrepreneur général intervient avant les entrepreneurs spécialisés.
• L’ingénieur souhaite faire des calculs de charge avec les maquettes des architectes mais
elles ne sont pas bien structurées en début de projet. Lorsqu’elles deviennent utilisables
les calculs sont terminés. Ici l’ingénieur se rend compte qu’il exprime le même besoin
que l’entrepreneur spécialisé lui exprime. « Là je t’exprime le même besoin que
l’entrepreneur a exprimé, j’aimerais que l’architecte en fasse plus pour me faciliter la
vie et il dit pourquoi moi j’en ferait plus. » (Concepteur chargé de projet, ingénieur).
Il aimerait que l’architecte en fasse plus pour lui faciliter le travail mais pourquoi ce
dernier en ferait-il plus. Selon lui, le mode réalisation des travaux ne correspond pas à
l’utilisation du BIM.
La qualité des maquettes reçues ne correspond généralement pas aux standards de l’entreprise
à laquelle elle a été transmise. Une coordination minimale n’est pas effectuée entre les
concepteurs avant la transmission de leur maquette, mais ce problème peut être atténué si
l’entrepreneur général traite la maquette. Les besoins mal connus des utilisateurs en aval, le
travail en partenariat avec des acteurs ayant différents niveaux dans la maitrise du BIM et dans
la modélisation expliquent ce phénomène. En effet, les entreprises rencontrées ont toute une
expérience de plusieurs années en BIM et les difficultés relatées sont liée à une collaboration
avec des partenaires novices. De plus, il est nécessaire d’établir une discussion entre
participants d’un même projet afin de connaitre et d’adapter les méthodes de travail de chacun,
discussion qui n’est pas toujours possible en raison de contrats inadaptés et d’une réticence à
la collaboration.
Objets modélisés :
• Pour l’entrepreneur spécialisé, le LOD des objets reçu de l’ingénieur n’est pas assez
évolué, car aucun ne correspond à une pièce de fabrication. Or les ingénieurs pourraient
être plus précis, notamment au niveau de la plomberie car tous les éléments sont
standards et normalisés, il suffit d’intégrer les pièces de fabrication comme famille a la
place d’objets génériques dans les maquettes. « Au niveau de la plomberie c’est facile
car tout est standard et normalisé, il suffit d’intégrer les pièces de fabrication comme
famille dans les maquettes. En ventilation chaque entreprise a ses standards mais
finalement cela revient aux mêmes standards normalisés. » (Vice-président opérations,
entrepreneur spécialisé)
concepteurs mais aussi pour les entrepreneurs spécialisés. Lorsque la conception n’est
pas terminée, il n’est pas plus chronophage de faire les réseaux les plus importants avec
plus de détail car ils sont réalisés avec des familles, il n’y a que plus de détail dans ces
objets.
• L’ingénieur transmet des plans pour permettre les soumissions et c’est à l’entrepreneur
de finir le travail. Il fournit des schémas et détails standards qui ne sont pas modélisés.
En effet, le détail est dessiné en 2D et les informations sur ses différents lieux
d’implantation sont précisées. L’ingénieur n’a pas le mandat de modéliser précisément
l’ensemble du réseau et de ses détails.
• L’architecte utilise sa maquette pour ses estimés, il modélise donc en suivant un cadre
strict et en utilisant les bonnes familles. La maquette qu’il transmet aux entrepreneurs
contient l’ensemble des objets leurs permettant de faire une estimation.
L’avis des entrepreneurs et de l’ingénieur au sujet des objets insérés dans la maquettes et de
leur LOD diffère. En effet, les entrepreneurs souhaitent recevoir l’ensemble des composantes
d’un réseau, incluant les détails, et avec des objets à un LOD plus élevé notamment pour les
réseaux principaux. Ils soutiennent que ce travail ne serait pas plus couteux pour les
concepteurs, celui-ci se faisant au travers d’objets numériques que l’on peut préprogrammer
afin qu’ils correspondent aux objets réels standards. Or l’ingénieur voit ceci comme un travail
supplémentaire non rémunéré car son mandat est de fournir les éléments permettant d’évaluer
le prix de l’ouvrage. Au sujet des détail techniques, insérer l’ensemble de ces composants dans
la maquette n’a pas de plus-value pour la conception et représente un coût pour son entreprise.
Cependant, cette tache peut être réalisée par un ingénieur embauché comme sous-traitant en
modélisation par l’entrepreneur spécialisé. L’architecte semble répondre aux besoins des
entrepreneurs puisqu’il intègre à sa maquette l’ensemble des objets permettant d’effectuer des
estimations.
166
• Selon l’entrepreneur général, les entrepreneurs spécialisés réutilisent les maquettes des
ingénieurs comme arrière-plan ou la modifie pour la préciser afin de la rendre utile pour
la phase de construction. Ils doivent utiliser l’ensemble les informations présentes dans
les maquettes, les plans, les devis. Leur maquette doit être représentatives de toutes les
exigences et ils doivent ajouter les données nécessaires aux objets même si celles-ci ne
sont pas présentes dans ceux des concepteurs. « Il doit regarder tous les autres
documents et pas que dans la maquette transmise, les données sur les équipements
doivent être ajoutées dans son modèle si elles ne se trouve pas dans les objets dessinés
par le concepteur. » (Directrice BIM, entrepreneur général)
• Les entrepreneurs spécialisés ne sont que rarement impliqués en BIM et c’est alors
l’ingénieur qui extrait les mises en plan pour les dessins d’atelier. Les informations
pour les dessins d’atelier sont principalement contenues dans les documents de
conception : les plans et devis.
La modification des maquettes de conception par les entrepreneurs spécialisés afin de les
utiliser en construction crée des changements non prévus par les ingénieurs et nécessitant une
coordination entre les deux partis. Cependant, afin de limiter les erreurs, l’entrepreneur
spécialisé doit utiliser les informations présentes dans l’ensemble des documents de conception
pour réaliser la maquette de construction et ne pas se limiter à la maquette de l’ingénieur. S’il
n’est pas capable d’extraire des documents de conception sur la base de la maquette de
l’ingénieur, ce dernier peut l’effectuer. L’architecte se trouve en amont de ce processus et n’est
pas impliqué dans celui-ci.
• Même si un TQC n’est pas demandé pas le client, l’entrepreneur général essaie de
pousser le marché dans le sens de la gestion des actifs via les maquettes. Donc l’ajout
d’informations nécessaires à cette dernière étape par les entrepreneurs spécialisés est
encouragé. Cependant, il ne leur demande pas d’entrer une grande quantité de données
si un TQC n’est pas exigé.
• L’ingénieur peut être responsable de produire des TQC et doit donc affiner sa maquette.
Il y ajoute les éléments dont les clients auront besoin dans le programme de gestion. Si
l’ingénieur est responsable du TQC, n’y a pas de comparaison entre cette maquette et
celles des entrepreneurs spécialisés, c’est l’entrepreneur général qui effectue le travail
d’intégration entre les maquettes des différents acteurs. Seuls les dessins d’ateliers sont
vérifiés par l’ingénieur.
Au niveau contractuel, il n’y a pas de plans clairs et définis sur la question des TQC
pour des projets comportant un volet de gestion d’actifs. Il est nécessaire de préciser à
qui appartient l’information, qui doit l’intégrer à la maquette et sous quel format.
168
L’utilisation des TQC est encore méconnue et peu de clients en font la demande. Des acteurs
impliqués dans la transition vers le BIM poussent cependant l’industrie vers l’utilisation des
TQC mais sont peu nombreux. De plus, l’emploi de TQC étant relativement récent, ce volet
n’est pas clairement défini dans les contrats.
Difficultés logicielles :
• L’entrepreneur général n’a pas fait part de difficultés logicielles majeures lors de
l’entrevue.
• Les modules de calculs en MEP ne sont pas adaptés aux besoins de l’ingénieur. Dans
le logiciel de modélisation il est uniquement possible de vérifier la correspondance
entre les calculs de débits exécutés et les bilans d’air effectués hors logiciels.
L’ingénieur utilise Revit tout au long du projet, il n’est donc pas confronté au problème
d’interopérabilité à l’interne. Cependant le changement de version annuel entraine des
problèmes car tous les éléments ne sont pas compatibles. De plus les logiciels ne
disponibles qu’en location, sont très couteux et le suivis de la part des fournisseurs et
inexistant.
• Il ne faut pas que l’outil limite le travail de l’architecte. « Il ne faut pas que le logiciel
nous empêche de faire ce que l’on veut faire, il ne faut pas être menotté. »
(Architecte). Aller vers Revit signifierait pour certain une perte de créativité mais ceci
s’atténue avec l’évolution du logiciel. Il est nécessaire de garder de la souplesse et ne
169
pas se lier à un seul logiciel. De plus le problème d’interopérabilité entre les différents
logiciels est fréquent, y compris en utilisant des formats d’échange interopérables car
ceux-ci ne traitent pas l’ensemble des objets et informations contenus dans les
maquettes.
Les difficultés logicielles résident essentiellement dans le temps nécessaire à investir dans la
création de familles non disponibles pour l’entrepreneur spécialisé. Les concepteurs sont
confrontés à des limites ne leur permettant pas d’effectuer les calculs nécessaires directement
dans le logiciel, à un frein à la créativité ou à des problèmes d’interopérabilité. De plus, un
coût élevé et un manque de support de la part des fournisseurs a été relevé et peuvent constituer
un frein à l’adoption des logiciels, et donc au BIM, pour les petites et moyennes entreprises.
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