These - 3 Sur L'essai de Fatigue Sur Les Enrobés
These - 3 Sur L'essai de Fatigue Sur Les Enrobés
These - 3 Sur L'essai de Fatigue Sur Les Enrobés
Thèse de Doctorat
présentée devant
L’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
réalisée au
Laboratoire DGCB (Département Génie Civil et Bâtiment)
CNRS – Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat,
membre de l’Université de Lyon
pour obtenir
le grade de docteur
par
Mai Lan NGUYEN
(Ingénieur des Ponts et Chaussées de l’Ecole Supérieure de Communication et de
Transport - Hanoi)
Jury
Sommaire
Sommaire.................................................................................................. 1
Avant-propos ............................................................................................7
Résumé ..................................................................................................... 9
Abstract.................................................................................................. 11
Principaux symboles ............................................................................... 13
Introduction............................................................................................ 15
1 Etude bibliographique.......................................................................... 19
1.1 Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants .................................................. 21
1.2.4 Généralités sur les essais mécaniques de laboratoire et leur interprétation .............. 35
1
Sommaire
1.5 Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux ........ 67
-2-
Sommaire
2.2 Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure ........... 112
3.1.2 Courbes dans le plan Cole-Cole et dans l’espace de Black ..................................... 126
3.2 Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D 131
4.3.5 Influence de l’additif pour les enrobés semi-tièdes de même procédé de fabrication
(LEA2).................................................................................................................... 175
4.3.6 Influence des procédés de fabrication des enrobés semi-tièdes de même additif (C)
176
3
Sommaire
5.1.2 Calcul des déplacements correspondant aux mesures expérimentales .................... 183
5.2.3 Détermination de la hauteur de fissure grâce aux jauges de fissuration ................. 203
Annexe 2. Représentation graphique des essais de fatigue dans les axes |E*/E0| – log(N) des ........
enrobés de l’Université de l’Illinois............................................................................. A-4
-4-
Sommaire
Annexe 7. Superposition des courbes dans les axes (P – u) des essais sur chaque plaque ...............
d’enrobés BBC ......................................................................................................... A-30
Annexe 8. Variables caractéristiques pour l’analyse de l’essai de flexion 4 point ..................... A-31
5
Sommaire
-6-
Sommaire
Avant-propos
Je désire en avant-propos adresser mes remerciements aux personnes qui ont permis
l’aboutissement de ce travail de thèse.
J’exprime mes sincères remerciements à mon co-directeur de thèse, Cédric Sauzéat, qui a
suivi de très près l’évolution de ce travail, pour son dévouement et sa patience.
Je remercie la professeur Irini Djeran-Maigre de l’INSA de Lyon qui m’a fait l’honneur
d’accepter la présidence du Jury.
Mes remerciements vont également à François Olard de la société Eiffage Travaux Publics
pour avoir examiné ce travail et participé au Jury.
7
Sommaire
Clec’h, Julien Van Rompu, Quang Tuan Nguyen, Simon Pouget et Noufou Tapsoba pour les
discussions que nous avons eues au cours de cette thèse. Je remercie particulièrement Noufou
Tapsoba pour la relecture de ce mémoire.
Enfin, je voudrais dédier cette thèse à l’ensemble de ma famille : à mes parents et mes
grands-parents pour leur soutien et leur confiance, et particulèrement à mon amie Thu Trang
Hoang pour m’avoir accompagné pendant les trois années de cette thèse. Ainsi, je les
remercie tous d’avoir contribué de près ou de loin à l’accomplissement de ce travail.
-8-
Résumé
Résumé
Enfin deux grandes campagnes expérimentales ont été réalisées pour étudier le
comportement à la fissuration des enrobés bitumineux. L’essai de flexion 4 points, sur
éprouvette parallélépipédique pré-entaillée, conçu au laboratoire a été utilisé pour ces études.
Un premier résultat intéressant est la mise en place d’une méthode de détermination de la
hauteur de fissure, valable aussi bien pour le comportement élastique linéaire isotrope (ELI)
que pour le comportement viscoélastique linéaire isotrope (VELI), par une analyse inverse. La
9
Résumé
- 10 -
Abstract
Abstract
In the LVE domain, the complex modulus of one asphalt mixture was measured in a wide
range of temperatures and frequencies thanks to the tension - compression test on cylindrical
specimen which was developed at the DGCB of the ENTPE. The time - temperature
superposition principle (TTSP) in LVE domain was verified for the considered materials. The
analogical model 2S2P1D (2 Springs, 2 Parabolic elements, 1 Dashpot), developed at the
ENTPE, is used to simulate the LVE behavior of bituminous mixtures.
The fatigue behavior of half-warm asphalt mixtures (or LEA – Low Energy Asphalt),
which are manufactured and applied at a temperature below 100°C, was then studied thanks
to the same experimental device used to measure the complex modulus. The results show
that fatigue characteristics of this new generation of asphalt mixtures are comparable with
the hot mix asphalt tested as reference.
Finally, two experimental campaigns were realized to investigate the fracture behavior of
asphalt mixtures. The four points bending test on pre-notched specimen, designed at the
DGCB, was used. A first interesting result is the establishment of a method for determining
of the crack length valid for both the isotropic linear elastic behavior and the isotropic linear
viscoelastic behavior by a back analysis. During the first experimental campaign, fracture
characteristics of two different asphalt mixtures (with pur bitumen and with polymer
modified bitumen) were determined and could be compared. The second campaign, which is
part of an international study of the RILEM TC CAP (Cracking in Asphalt Pavement),
11
Absstract
concerns on one asphalt mixture from the United States. During this second experimental
campaign, the TTSP in a field of small-strain until cracking was observed. The study was
completed by a fatigue facture test. A numerical analysis of the four points bending test in
the framework of linear fracture mechanics using the finite element code "COMSOL"
completes developments.
- 12 -
Abstract
Principaux symboles
C complaisance compliance
f fréquence frequency
k rigidité stiffness
t temps time
T température temperature
13
Absstract
η viscosité viscosity
- 14 -
Introduction
Introduction
La route est une voie terrestre de communication qui permet de relier les lieux, de
favoriser le développement économique d’une région et de faciliter les opportunités d’échanges
et d’écoulement des produits. Elle permet en outre de réduire de façon substantielle, les coûts
de transport et le temps de parcours. Les routes jouent donc un rôle important dans le
développement socioéconomique.
Comme l’impose l’évolution de notre société, la route se met, elle aussi, à l’heure du
développement durable. Ce dernier nécessite de construire des chaussées à longue durée de
vie, qui exigent des matériaux performants et requière également de développer des
matériaux à basse consommation d’énergie, tout en préservant les matières premières (à base
de matériaux recyclés par exemple).
Parmi les matériaux utilisés pour la construction routière, ceux à base de liant bitumineux
occupent une place importante. Les principaux modes de dégradation des chaussées
bitumineuses sont l’orniérage, la fatigue et la fissuration. Ces dégradations résultent de
sollicitations complexes telles que la répétition des contraintes liées à l’application de charges
roulantes ou à des conditions climatiques variées. Une meilleure connaissance du
comportement thermomécanique des mélanges bitumineux paraît nécessaire pour permettre à
terme de fabriquer des enrobés performants susceptibles de résister de manière pérenne aux
contraintes externes. En outre, afin de conserver l’intégrité structurelle de la structure de
chaussée, il faut éviter que la fissuration des matériaux ne se propage et compromette la
fonction d’étanchéité qui pérennise le support de la chaussée fortement sensible à l’eau.
La présente étude a été menée de manière à répondre aux trois objectifs suivants :
15
Introduction
Cette thèse a été réalisée au sein du laboratoire DGCB (Département Génie Civil et
Bâtiment) de l’ENTPE. Les campagnes expérimentales réalisées au cours de cette thèse ont
fait l’objet de collaborations avec les partenaires extérieurs (LRPC d’Autun, Eiffage Travaux
Publics) et d’une participation à une étude internationale de la RILEM TC CAP
(« Cracking in Asphalt Pavement »).
Le premier chapitre est consacré à une étude bibliographique qui présente les principaux
aspects de la rhéologie et des propriétés thermomécaniques des enrobés bitumineux. Il permet
d’établir le cadre général de cette étude.
Le deuxième chapitre décrit les dispositifs expérimentaux utilisés et les essais effectués lors
de la campagne expérimentale. Le premier dispositif expérimental développé au laboratoire
est celui de l’essai de traction – compression sur éprouvette cylindrique. Il permet de mesurer
le module complexe et le coefficient de Poisson complexe des enrobés bitumineux sur une
gamme de températures et de fréquences lors d’essais en petites déformations et à faible
nombre de cycles. Ce dispositif permet également de mesurer l’évolution de
l’endommagement à la fatigue des enrobés bitumineux lors des essais de fatigue pour lesquels
un très grand nombre de cycles est appliqué. Le deuxième dispositif expérimental est un banc
de flexion 4 points qui permet de mener des investigations sur la propagation de fissure dans
les matériaux bitumineux. Quelques exemples de résultats typiques issus des campagnes
expérimentales sont également présentés.
Le troisième chapitre détaille les résultats de l’essai de module complexe sur un enrobé
bitumineux. Ce dernier est utilisé pour une campagne expérimentale sur les matériaux utilisés
lors des essais de propagation de fissure présentée dans le chapitre 5. Ensuite, le modèle
analogique 2S2P1D développé au DGCB est introduit et utilisé pour simuler le comportement
visco-élastique linéaire tridimensionnel de l’enrobé testé.
Le quatrième chapitre présente une étude du comportement en fatigue des enrobés semi-
tièdes. Le dispositif utilisé permet non seulement de mesurer l’évolution du module complexe
- 16 -
Introduction
17
Introduction
- 18 -
1. Etude bibliographique
Etude bibliographique
1.2.4 Généralités sur les essais mécaniques de laboratoire et leur interprétation .............. 35
19
1.1. Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants
1.5 Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux ........ 67
- 20 -
1. Etude bibliographique
Ce chapitre résume les connaissances acquises sur les propriétés des enrobé bitumineux
afin d’établir le cadre général de cette étude.
Nous présentons tout d’abord une généralité sur l’enrobé bitumineux et de ses composants.
Une nouvelle génération d’enrobés, les enrobés bitumineux semi-tièdes, parmi les matériaux
étudiés est également introduite.
Enfin, trois types de comportement étudiés au cours de cette thèse sur les enrobés
bitumineux sont présentés en détails : le comportement dans le domaine viscoélastique
linéaire, le comportement en fatigue et le comportement à la fissuration.
Figure 1-1. Coupe et aspect de surface d’un enrobé de type béton bitumineux semi-grenu 0/14 (BBSG)
selon la norme NF EN 13108-1 ou NF P 98-130 [Di Benedetto et Corté 2005].
21
1.1. Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants
Comme pour les sols, les granulats font l’objet d’une classification basée sur un certain
nombre d’essais de laboratoire. Dans le cadre de cette étude, nous résumons quelques
caractéristiques principales des granulats.
1.1.2.1 La granularité
La granularité est la distribution dimensionnelle des grains d’un granulat. Elle traduit la
distribution pondérale des granulats élémentaires dans les matériaux étudiés, en portant en
abscisse les ouvertures de mailles de tamis et en ordonnée les pourcentages de tamis cumulés.
On obtient ainsi un courbe dite courbe granulométrique (Figure 1-2).
100,0
Tamisats cumulés (%)
80,0
60,0
40,0
20,0
0,0
0,01 0,10 1,00 10,00 100,00
Mailles des tamis (mm)
Figure 1-2. Exemple de courbe granulométrique : courbe granulométrique des enrobés GB 0/14
Tarmac Creuzeval utilisés pour l’étude du comportement à la fatigue pendant cette thèse (cf. chapitre
4).
Les granulats sont désignés par d et D, qui représentent respectivement la plus petite et la
plus grande des dimensions demandées.
On distingue :
• Les granulats de type 0/D dont la grosseur des grains est comprise entre 0 et D
mm (par exemple 0/20).
• Les granulats constitués par une classe granulaire d/D (par exemple : gravillons
6,3/10).
- 22 -
1. Etude bibliographique
Les contraintes auxquelles sont soumises les couches de chaussée se concentrent dans les
granulats ; leur résistance mécanique est donc un paramètre très important. Nous citons ci-
dessous les essais les plus couramment utilisés pour déterminer les caractéristiques
mécaniques des granulats.
- L’essai Los Angeles (L.A.) ou l’essai de résistance aux chocs permet d’évaluer la
résistance des granulats à la fragmentation sous l’action du trafic.
- L’essai de résistance au polissage des granulats utilisés pour les couches de surface.
Les granulats doivent présenter des caractéristiques spécifiques selon leur emploi et les
performances attendues. Le type d’enrobé bitumineux (enrobé, béton, enduit…), la position
et la fonction de la couche de revêtement (fondation, base, liaison, surface ou roulement), le
type de trafic (fort, moyen, faible) et les sollicitations (zones d’arrêt, forte sinuosité du tracé,
etc…) qu’il engendre, les effets du climat (chaud, tempéré ou froid) sont autant de
paramètres qui imposent le choix d’un granulat spécifique.
Notons que les propriétés physiques générales des granulats ne sont que très difficilement
modifiables ne serait-ce que pour des raisons économiques. Des précautions lors de
l’extraction et du transport, le concassage et le lavage peuvent améliorer ou préserver
23
1.1. Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants
- Les liants naturels, que l’on trouve en l’état dans la nature, le plus souvent associés à
des matières minérales, et qui sont utilisés depuis des temps très anciens. Il s’agit des roches
asphaltiques qui, après broyage, donnent la poudre d’asphalte ainsi que des bitumes naturels.
Pour des raisons principalement économiques mais aussi liées au comportement général de
ces matériaux ou à des considérations d’environnement, les goudrons de houille ne sont plus
guère utilisés en technique routière. En France, lorsqu’on parle de liant hydrocarboné, il
s’agit pratiquement toujours de bitume.
Les bitumes sont caractérisés conventionnellement par une liste d’essais tels que la
pénétrabilité, le point de ramollissement bille et anneau, le comportement à basse
température (Fraass), l’essai de vieillissement, l’essai de fluage en flexion qui permettent
d’apprécier leur consistance.
Nous nous intéressons principalement à l’essai de pénétrabilité, très utilisé pour qualifier
rapidement les bitumes purs. Cet essai normalisé (NF EN 1426 T66-004) mesure la
pénétration à 25°C d’une aiguille dont le poids est de 100g.
- 24 -
1. Etude bibliographique
Il s’agit d’une mesure de la consistance : plus le bitume est dur, plus la valeur de la
pénétrabilité est faible. La pénétrabilité exprimée en 1/10ème de millimètre permet
directement de caractériser la consistance (Tableau 1-2).
25
1.1. Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants
L’essai développé par Fraass permet de décrire les performances du bitume aux très basses
températures (jusqu’à -30°C). Il fournit la température pour laquelle un film mince de bitume
atteint une rigidité critique à laquelle il se rompt sous l’effet d’une flexion (Figure 1-5). Dans
cet essai, le bitume à tester est étalé en une couche de 0,5 mm sur une plaque d’acier flexible.
Le dispositif fléchit l’ensemble plaque + bitume de manière lente et répétée pendant que la
température est abaissée de 1°C/minute. La température à laquelle apparaît la première
fissure est la température de fragilité Fraass.
Le bitume est placé dans des cylindres en verre dont l’axe est horizontal (Figure 1-6). Ces
cylindres sont eux-mêmes fixés sur un tambour tournant horizontalement sur son axe. Le
bitume est exposé en étuve à des courants d’air chaud à 163°C pendant 90 minutes.
- 26 -
1. Etude bibliographique
a) b)
Figure 1-6. Essai RTFOT (« Rolling Thin Film Oven Test ») : a) Photo d’appareillage; et b) Schéma
de principe.
Dans le domaine des basses températures, la courbe de fluage est obtenue par la mesure de
la flexion d’un barreau de bitume posé sur deux appuis et soumis à une charge centrale
(Figure 1-7). Le matériel d’essai spécifique appelé « Bending Beam Rheometer » (BBR) a été
développé dans le contexte du programme américain SHRP-Superpave en vue de proposer
des critères de performance à basse température [Bahia et al. 1992].
Pour conduire l’essai, le barreau de bitume est immergé dans un bain dont la température
est maintenue au niveau requis pour l’essai. Une charge constante de 100 grammes est
appliquée sur la poutre pendant 240 secondes, période pendant laquelle la déflexion est
mesurée.
m = 100 g
Figure 1-7. Essai « Bending Beam Rheometer » – fluage par flexion sur barreau de bitume.
27
1.1. Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants
Suivant les conditions d’emploi et les propriétés recherchées, le bitume peut être utilisé
pur ou en association avec d’autre composants (modificateurs, fluidifiants, fluxants, eau et
émulsifiants). On définit ainsi différentes catégories :
Les deux premiers ensembles de produits s’utilisent à chaud, c’est-à-dire qu’ils nécessitent
des températures relativement élevées pour être mis en œuvre (supérieures à 100 °C pour
fixer les idées).
Lorsqu’il est nécessaire d’abaisser la viscosité du bitume de façon importante, en allant au-
delà des bitumes les plus mous considérés précédemment (pénétrabilité 200 par exemple), on
a recours à des produits appelés fluidifiants ou fluxants.
Nous présentons dans le paragraphe suivant une introduction sur les bitumes modifiés.
Les bitumes modifiés sont obtenus le plus souvent en usine, en raffinerie ou dans un dépôt
par addition de polymères. Il peut s’agir d’un polymère ou de deux polymères (voire d’un
mélange préalable de ceux-ci). L’addition est réalisée par malaxage mécanique et se fait
progressivement.
Les polymères les plus couramment utilisés en construction routière pour la modification
des bitumes sont les SBS faisant partie des élastomères, et les EVA (Ethylène-Vinyle-
Acétate) faisant partie des plastomères. Certains bitumes sont modifiés par un mélange de
polymères éventuellement des deux types précédents ou bien d’une résine associée à un
polymère. D’autres agents modificateurs du bitume existent encore, en particulier les SB
(Styrène Butadiène) dans la catégorie des élastomères ainsi que les PIB (polyisobutylènes) et
le caoutchouc (naturel ou synthétique).
Les Figure 1-8 donnent une représentation schématique de certaines des structures types
observées en microscopie de fluorescence.
- 28 -
1. Etude bibliographique
Figure 1-8. Observation microscopique d’un bitume polymère de type plastomère (à gauche : à matrice
bitume continue ; au milieu : à matrice polymère continue ; à droite : à matrice mixte) [Di Benedetto
et Corté 2005].
Les PIB ont une bonne compatibilité avec les bitumes routiers. Ils permettent
principalement de diminuer leur fragilité à basse température. D’où l’idée d’associer le PIB et
l’EVA pour améliorer simultanément les propriétés à basse et à haute température du
bitume. Un choix judicieux des constituants permet par ailleurs d’assurer une bonne stabilité
au stockage du liant bitumineux résultant.
Le développement durable est devenu un enjeu important dans l'économie. Dans le secteur
des chaussées, parmi les solutions envisagées, les nouvelles méthodes de production
apparaissent. Ils visent à réduire les énergies nécessaires et les émissions polluantes dans
l'atmosphère, par exemple, ou à préserver les ressources en utilisant des matériaux recyclés.
Dans ce paragraphe, nous présentons une introduction sur les enrobés semi-tièdes LEA®
(Low Energy Asphalt) - brevetés respectueux de l'environnement dans les processus afin de
réduire la température au cours de la production – qui sont proposés par les sociétés
EIFFAGE Travaux Publics et FAIRCO, et leur filiale commune société LEA-CO [Sauzéat et
al. 2008]. Ils sont issus de deux procédés brevetés EBE® - Enrobés Basse Energie - et EBT® -
29
1.1. Présentation de l’enrobé bitumineux et de ses composants
Les enrobés semi-tièdes LEA® fabriqués à 95°C environ et mise en œuvre à 70-90°C, sont
une nouvelle génération d'enrobés présentant à la fois le caractère environnemental de
l'enrobé à froid (très forte diminution des impacts sur l'environnement de la centrale
d'enrobage au chantier) et la performance de l'enrobé à chaud [Olard et al. 2007; Romier et
al. 2004; Romier et al. 2006].
La Figure 1-9 illustre les différentes familles d’enrobés classées en fonction de leur
température d’enrobage telles que décrites dans la littérature technique :
• les enrobés à froid (« Cold Mix Asphalt »), fabriqués à température ambiante,
• les enrobés semi-tièdes (« Half-Warm Mix Asphalt »), fabriqués en deçà du point
d’ébullition de l’eau, entre 60 et 100°C,
• les enrobés tièdes (« Warm Mix Asphalt »), fabriqués entre 120 et 140°C selon le
procédé de fabrication retenu,
• les enrobés à chaud (150 à 180°C) traditionnels (« Hot Mix Asphalt »).
Les enrobés tièdes et semi-tièdes sont tous deux économes en énergie, mais dans des
proportions différentes : les enrobés tièdes –fabriqués à 130°C– permettent des économies
d’énergie de l’ordre de 20 %, tandis que les enrobés semi-tièdes –fabriqués en deçà de 100°C–
permettent des économies d’énergie d’environ 40-50 %. Le bilan énergétique, calculé selon les
principes théoriques, est confirmé après la fabrication par le relevé de consommation en
centrale.
- 30 -
1. Etude bibliographique
Le revêtement à basse température par le biais du processus LEA® signifie également une
réduction des émissions polluantes et de gaz à effet de serre. Les enrobés LEA® sont
compatibles avec l'amélioration de la régénération de chaussée en enrobé. Par l'effet de
substitution, le recyclage permet d'économiser les ressources naturelles des matériaux et
participe à la réduction des émissions. Par conséquent, le processus de LEA® réduit
considérablement les perturbations environnementales et, au-dessus d'elle, améliore la sécurité
du personnel puisque la température d'application est environ de 70 à 90°C.
• LEA1: l'étape de séchage affecte une première partie des agrégats, puis enrobés par
l'ensemble de bitume. La partie froid restante qui a conservé son humidité initiale
est ensuite ajoutée (la deuxième fraction correspond habituellement à la fraction de
sable froide et humide ou à des agrégats RAP froids et humides). Tous les
éléments constitutifs du mélange sont ensuite mélangés,
• LEA2: l'étape de séchage sur une première partie des agrégats, qui est ensuite
mélangée, avant l'étape d'enrobage, pour la partie restante qui a conservé son
humidité initiale,
• LEA3: l'étape de séchage s'applique à tous les agrégats et est effectué de manière à
ce qu'il permette de rester à une fraction de l'humidité initiale. Cette étape est
suivie par l'étape d'enrobage.
31
1.2. Propriétés mécaniques et thermomécaniques des enrobés bitumineux
Dans les paragraphes qui suivent, les sollicitations, auxquelles sont soumises les couches en
matériaux liés dans les structures de chaussées, sont tout d’abord présentées. A partir de
l’analyse de ces sollicitations, des aspects différents du comportement thermomécanique des
enrobés bitumineux sont considérés. Une description de ces comportements est introduite
dans la suite. Dans le cadre de cette thèse, nous nous intéressons aux trois types de
comportement principaux (VEL, fatigue et fissuration) qui sont détaillés dans les sections 1.3
à 1.5.
Les principales sollicitations auxquelles sont soumises les structures routières sont liées aux
contraintes imposées par le passage des véhicules (effet du trafic) et aux effets crées par les
changements climatiques, principalement en raison des variations de température (effets
thermiques).
Chaque couche de chaussée subit des écrasements et des flexions sous l’effet du trafic
(Figure 1-10). Le calcul des efforts et des déformations s’effectue traditionnellement en
considérant un modèle multicouche élastique linéaire isotrope, ce qui nécessite la
détermination des valeurs du module d’Young et du coefficient de Poisson.
Figure 1-10. Schématisation des sollicitations induites par le trafic [Di Benedetto et Corté 2005]
Soulignons qu’en raison des propriétés particulières apportées par le bitume, les enrobés
bitumineux ont un comportement (donc un module) fortement dépendant de la vitesse de
- 32 -
1. Etude bibliographique
En outre, les « petites » tractions répétées à la base des couches, sous l’effet du passage
des véhicules, créent des « microdégradations » qui s’accumulent et peuvent entraîner la
ruine du matériau. C’est un phénomène de fatigue qui s’observe pour de nombreux autres
matériaux. Ceci conduit généralement à la formation de fissures se propageant au travers de
la chaussée.
Figure 1-11. Schématisation des sollicitations induites par la température [Di Benedetto et Corté 2005]
Le premier effet, en général, est caractérisé par la dépendance du module de rigidité vis-à-
vis de la température (thermo-susceptibilité).
- lorsque des températures très basses sont appliquées, des fissures peuvent apparaître et
se propager avec les cycles thermiques (journaliers ou autres) ;
- lorsqu’une couche de base traitée aux liants hydrauliques existe dans la chaussée
(structures semi-rigides), cette couche est sujette au retrait thermique, de prise et de
dessiccation. Le retrait empêché par le frottement à l’interface peut provoquer une fissure
33
1.2. Propriétés mécaniques et thermomécaniques des enrobés bitumineux
dans le revêtement en enrobé bitumineux. Cette fissure évolue avec les cycles thermiques et
peut traverser la couche. Ce phénomène est connu sous le nom de « remontée de fissure »
(« reflective cracking » en anglais).
La figure 1-12 fournit un ordre de grandeur des différents domaines de comportement type
pour une température fixée. Les frontières indiquées, pour les différents comportements, sont
des ordres de grandeur qui peuvent varier sensiblement selon le matériau, la température et
la direction du chemin de sollicitation (compression, cisaillement, etc.)
Figure 1-12. Comportement « types » des enrobés bitumineux à température fixée. (N : nombre de
chargements) [Di Benedetto et Corté 2005].
Dans ces conditions, les quatre propriétés mécaniques pour les matériaux bitumineux
utilisés dans le domaine routier sont [Olard 2003]:
- 34 -
1. Etude bibliographique
• le comportement en fatigue,
Selon [Di Benedetto et Corté 2005], pour le dimensionnement d’une structure routière, il
convient principalement de prendre en compte et de caractériser quatre propriétés
thermomécaniques :
Ces essais, souvent normalisés, sont effectués dans des conditions bien définies de
température et de sollicitation, sur des éprouvettes confectionnées en laboratoire ou
éventuellement prélevées sur la chaussée. Il est possible de les classer en différentes
catégories. Une première classification en trois catégories est plus liée à l’interprétation de
l’essai qu’à sa nature. Une seconde classification introduit deux grandes classes selon
l’homogénéité des sollicitations dans l’éprouvette lors de l’essai.
35
1.2. Propriétés mécaniques et thermomécaniques des enrobés bitumineux
La première catégorie est celle des essais empiriques pour lesquels le mode de sollicitation
peut être très différent de celui existant dans l’ouvrage, et qui ne permettent pas de
déterminer une propriété intrinsèque du matériau. La relation entre la propriété d’usage et le
résultat de l’essai ne peut pas être déterminée de façon théorique mais est obtenue au travers
de corrélation avec l’expérience tirée du terrain. L’exemple type d’essai de cette catégorie est
l’essai Marshall (norme NFP–98–251–2). Ces essais ne peuvent être considérés comme
valables que si on a l’assurance que la caractérisation obtenue reflète la réaction du matériau
dans l’ouvrage sous l’effet des sollicitations réelles, au moins dans une gamme donnée de
sollicitations. Cette assurance n’est pas, en général, acquise.
La troisième catégorie est celle des essais de détermination qui correspond à une voie toute
différente pour assurer la représentativité des essais. Elle consiste à choisir des essais tels que
l’on soit capable de passer, par une méthode théorique, de leurs résultats à la propriété
d’usage désirée. Ceci nécessite une modélisation de la structure de l’ouvrage et l’utilisation
des lois de comportement de l’enrobé. Cette modélisation et ces lois peuvent d’ailleurs être
seulement approchées. Ces essais utilisent des sollicitations simples, parfaitement définies,
pour déterminer des propriétés intrinsèques des matériaux, c’est-à-dire indépendantes des
conditions d’essai. Cette catégorie d’essais permet d’obtenir l’état de contrainte et de
déformation du matériau considéré en suivant directement le schéma de la mécanique des
milieux continus. La solution est calculée par la résolution des équations obtenues en
associant les équations de conservation (EC) qui sont générales pour tous les milieux, les lois
- 36 -
1. Etude bibliographique
de comportement (LC), propres au corps étudié, et les conditions aux limites (CL) du
problème.
La voie ouverte par la troisième catégorie d’essais semble la plus prometteuse et il faut
encourager les efforts faits pour transformer les essais de cette catégorie en essais pratiques de
formulation.
Une deuxième classification des différents essais mécaniques ainsi que leurs utilisations
pour les mélanges bitumineux considère deux grandes catégories : les essais non homogènes et
les essais homogènes.
Figure 1-13. Exemple d’essais : a) essai de traction - compression (homogène) ; b) essai de flexion de
poutre (non homogène).
Les essais non homogènes correspondent à des essais de structure. Ces essais sont
interprétés de manière totalement empirique ou déterminent une caractéristique de l’ouvrage
grâce à l’utilisation de lois de similitude (modèle réduit). Cette détermination s’effectue, en
général, en considérant une propriété d’usage donnée. Pour les essais homogènes, l’état de
contrainte et de déformation est le même en chaque point de l’éprouvette testée. Cet état est
différent pour les essais non homogènes.
Un exemple d’essai homogène et d’essai non homogène ainsi qu’une interprétation possible
dans le cas d’un comportement élastique linéaire est fourni dans la Figure 1-13.
Les comportements types, présentés dans la Figure 1-12, peuvent être caractérisés à l’aide
de chacune des deux catégories d’essais. Cependant ces caractéristiques sont plus facilement
quantifiables si des essais homogènes sont considérés.
37
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
Dans tous les cas, il faut noter que tous les essais, homogènes ou non, doivent faire l’objet
d’un soin tout particulier de réalisation. En effet, leurs résultats ne pourront s’avérer
pertinents que dans la mesure où les conditions de leur réalisation sont bien connues et
maîtrisées (homogénéité de température, conditions d’encastrement, etc.).
1.3.1 Introduction
ε σ
(a) (b)
ε0
σ∞
t t
t0 t1 t0 t1
Figure 1-14. Expérience d’effacement : (a) créneau de déformation ; (b) réponse du matériau en
contrainte.
- 38 -
1. Etude bibliographique
Sollicitation Réponse
ε1(t) p σ1(t)
ε2(t) p σ2(t)
σ ε
σ0
ε0
t0 t t0 t
H (t − t0 ) = 0 si (t − t0 ) < 0
H (t − t0 ) = 1 si (t − t0 ) ≥ 0
Pour une contrainte qui varie dans le temps (figure 1-16), on utilise la notation
incrémentale. A l’instant t, la réponse à l’incrément de contrainte dσ(τ) effectué à l’instant τ
vaut :
39
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
dσ(τ)
t
t0 τ
.
Lorsque σ est dérivable, sauf à 0 : d σ(τ ) = σ d τ
Pour un solide, la fonction de fluage tend vers une limite finie lorsque t p ∞. Pour un
liquide, elle croît sans limite.
La relaxation est la diminution des contraintes en fonction du temps d’un matériau soumis
à une déformation maintenue constante dans le temps (figure 1-17). A une température fixée,
on impose une déformation échelon à partir de l’instant t0 selon l’équation (1.5) :
ε σ
ε0 σ0
t0 t t0 t
- 40 -
1. Etude bibliographique
Pour un matériau non vieillissant et une déformation qui varie dans le temps à
température constante, la contrainte peut s’écrire :
t
.
Lorsque ε est dérivable, sauf à 0 : d ε(τ ) = ε d τ
(p) ε(p)
σ(p) = R (1.10)
ε , σ , F et R
sont les transformées de Carson respectives de la déformation, de la
contrainte, de la fonction de fluage et de la fonction de relaxation.
Comme σ (t ) = ε ⊗ R et ε (t ) = σ ⊗ F
41
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
σij (t ) = Rijkl (t ) ε0kl pour l’expression de la relaxation (avec εmn = 0 si mn ≠ kl) (1.12)
εij (t ) = Fijkl (t ) σ0kl pour l’expression du fluage (avec σmn = 0 si mn ≠ kl) (1.13)
Si on applique, dans le cas général, une déformation εij(t) (ou une contrainte σij(t)) à un
corps viscoélastique linéaire, sa réponse en contrainte (ou en déformation) est respectivement:
t
Dans le cas où le matériau est viscoélastique linéaire isotrope (VELI), les fonctions Rijkl(t)
(ou Fijkl(t)) dépendent seulement de deux fonctions indépendantes :
ε ij ⊗ E = (1 +ν ) ⊗ σ ij −ν ⊗ tr (σ )δ ij (1.16)
σ ij = 2 μ ⊗ ε ij − λ ⊗ tr (ε )δ ij (1.17)
1
εij = ((1 +ν )σ ij −νtr (σ )δ ij ) (1.18)
E
σij = 2μ εij + λ tr ( ε)δij (1.19)
- 42 -
1. Etude bibliographique
Considérons la notation complexe où i est le nombre complexe, défini par i2 = -1, les
valeurs mesurées peuvent être écrites sous la forme : σ * (t)= σ 0 .eiω t et ε * (t ) = ε 0 .ei (ωt −ϕE ) .
σ (t )
*
R (iω ) = * = E * (ω ) (module d’Young complexe) (1.22)
ε (t )
Le module d’Young complexe E*, souvent appelé module complexe, peut également
s’exprimer sous la forme :
σ0 e iωt σ0 iϕE
*
E (ω) = i ( ωt −ϕE )
= e = E * e iϕE (1.23)
ε0 e ε0
|E*| est la norme (ou module) du module complexe, souvent appelé module de rigidité.
E * = E1 + iE 2 (1.24)
Le module complexe permet d’obtenir un même formalisme pour les corps viscoélastiques
linéaires et élastiques linéaires.
Dans le domaine viscoélastique linéaire, on pratique sur enrobés les essais de module
complexe. Les éprouvettes sont soumises à des sollicitations répétées sous un chargement
sinusoïdal centré à zéro. Le module complexe de l’échantillon est mesuré à différentes
fréquences et à différentes températures. Ces deux paramètres sont donc fixés pour chaque
43
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
mesure élémentaire. Les fréquences et les températures habituellement testées dépendent des
capacités de l’appareillage d’essai et des matériaux testés ; elles varient entre 0,01 et 40 Hz
pour la fréquence et –20°C et 60°C pour la température.
Nous présentons par la suite un essai homogène qui permet de mesurer le module
complexe e tle coefficient de Poisson complexe de l’enrobé bitumineux.
C’est un essai de type homogène (cf. paragraphe 1.2.4.2). Il est développé au laboratoire
DGCB de l’ENTPE [Ashayer Soltani 1998; Baaj 2002]. L'éprouvette cylindrique est soumise à
des sollicitations axiales de type traction-compression alternée et centrées à zéro. L’essai est
homogène dans la partie centrale de l’éprouvette. Il peut être réalisé en contrôle de
déformation ou de contrainte. La Figure 1-18 présente le montage de l’essai de module
complexe de type traction - compression sur éprouvette cylindrique utilisé pendant cette
thèse.
Figure 1-18. Essai de module complexe de type traction - compression sur éprouvette cylindrique
(développé au laboratoire DGCB de l'ENTPE).
- 44 -
1. Etude bibliographique
Avec l’essai de traction - compression sur éprouvette cylindrique, on peut mesurer non
seulement le module complexe du matériau testé, mais aussi le coefficient de Poisson
complexe et d’autres caractéristiques mécaniques.
Si on applique sur une éprouvette cylindrique d’enrobé une contrainte sinusoïdale dans la
direction axiale (direction 1, Figure 1-19) σ1(t)=σ01.sin(ωt), alors la réponse en déformation
axiale dans cette direction est sinusoïdale en régime établi de la forme ε1(t)=ε01.sin(ωt-ϕE) et
vice-versa. La réponse en déformation radiale (direction 2) est établi de la forme
ε2(t)=ε02.sin(ωt-ϕE+π+ϕν)=-ε02.sin(ωt-ϕE+ϕν). ϕE est l’angle de phase (déphasage) entre la
contrainte et la déformation dans la direction 1, ϕν est le déphasage entre la déformation
axiale (direction 1) et la déformation radiale (direction 2).
σ ou ε
1
(1.23) et (1.26) :
ν* = − = − = ν * eiϕν (1.26)
ε1* ε 01.ei (ωt −ϕ )
E
Dans la littérature, le coefficient de Poisson complexe est considéré en général comme réel
et il est pris égal à 0,35 pour les enrobés bitumineux dans les calculs de dimensionnement
([LCPC et SETRA 1994]). Cependant, quelques études [Di Benedetto et al. 2008; Tapsoba
2008] ont montré que, comme le module, le coefficient de Poisson d’un enrobé bitumineux est
de nature complexe et varie entre 0,2 à 0,5 avec la fréquence et la température (|ν*| diminue
lorsque la fréquence augmente, et augmente lorsque la température augmente).
45
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
Outre les valeurs de module directement utilisables pour les calculs de dimensionnement,
la pente des isothermes permet d’estimer la susceptibilité cinétique du matériau bitumineux
(c’est-à-dire la variation de module avec la vitesse de la sollicitation).
Il s’agit du même type de représentation que celle des courbes isothermes toujours
exprimée en coordonnées semi-logarithmiques en inversant les paramètres fréquence et
température.
A l’instar des courbes isothermes, cette représentation permet cette fois d’estimer la
susceptibilité thermique de l’enrobé bitumineux (variation du module pour une variation de
température).
- 46 -
1. Etude bibliographique
Le module complexe E* est une fonction des deux variables indépendantes : fréquence f (ou
pulsation ω) et température (T), E*(ω,T). La propriété d’équivalence temps (ou fréquence)
température suppose que l’on peut introduire une seule variable réduite pour décrire la
variation du module avec le temps (ou la fréquence) et la température : E*(ωf(T)). Les
matériaux vérifiant cette propriété sont appelés thermorhéologiquement simples.
Cette propriété implique également les relations particulières suivantes entre les fonctions
de fluage (resp. relaxation) obtenues à différentes températures :
t
FT (t ) = FTR ( ) (1.27)
aT
t
RT (t ) = RTR ( ) (1.28)
aT
où TR est une température arbitraire de référence et aT, une fonction qui dépend de TR et
de T, appelée coefficient de translation entre les températures T et TR.
Pour les valeurs de module complexe, cette propriété se traduit en particulier par
l’existence d’une courbe unique dans les représentations du plan de Cole-Cole et de l’espace
de Black. Une même valeur de module du matériau peut donc être obtenue pour différents
couples (fréquence ou pulsation ω, température T) :
Il est possible, en utilisant cette propriété d’équivalence, de construire une courbe unique
(log|E*|, log(f)) avec f=2π/ω pour une température de référence (TR) choisie arbitrairement.
Cette courbe est obtenue par translation parallèle à l’axe des fréquences (en logarithme), de
chaque isotherme par rapport à l’isotherme correspondant à la température de référence
jusqu’à superposition des points de même ordonnée (figure 1-20). En abscisse logarithmique,
le coefficient de translation de l’isotherme T par rapport à l’isotherme TR de référence choisie
est log(aT) tel que
f (T )
aTR = 1 et aT = (1.29)
f (TR )
Les courbes obtenues (norme et angle de phase) sont appelées courbes maîtresses. Elle
permet d’obtenir des valeurs de module (ou d’angle de phase) pour des fréquences
inaccessibles par l’expérimentation.
47
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
Un exemple de construction est illustré sur la figure 1-20. Il s’agit des courbes maîtresses
obtenues sur un enrobé bitumineux M507032 [Di Benedetto et al. 2007a] avec l’essai de
traction - compression sur éprouvette cylindrique.
5
10
Courbe maîtresse de
|E*| à TR= 10°C
4
10
-22,3°C
|E | (MPa)
-12,5°C
3 -2,1°C
10 8,5°C
*
19,8°C
30°C
2
10 40,8°C
aT 49,4°C
60,5°C
1
71,1°C
10
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
a) Fréquence (Hz)
70
Courbe maîtresse de ϕΕ -22,3°C
60 -12,5°C
à TR= 10°C
-2,1°C
50 8,5°C
19,8°C
40 30°C
40,8°C
ϕE (°)
30 49,4°C
60,5°C
71,1°C
20
10
aT
0
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
b) Fréquence (Hz)
Figure 1-20. Construction des courbes maîtresses de l’enrobé M507032 [Di Benedetto et al. 2007a] par
la méthode des translations à la température de référence TR = 10°C. Norme (a) et angle de phase (b).
−C 1(T − TR )
log(aT ,TR ) = (1.30)
C 2 + T − TR
- 48 -
1. Etude bibliographique
⎧
⎪ C 1.C 2 = C 1' .C 2'
⎪
⎪
⎨ (1.31)
⎪
⎪(T − C 2 ) = (TR' − C 2' )
⎪
⎩ R
Enfin, il est seulement nécessaire de déterminer C1 et C2 à une température de référence
TR pour pouvoir construire des courbes maîtresses à une autre température de référence.
8
10
aT expérimental
6
10 aT WLF
4
Coefficient de translation aT
10
2
10
0
10
-2
10
-4
10 TR=10°C
-6 C1 = 26
10
C2 = 180
-8
10
-30 -20 -10 0 10 20 30 40 50 60 70 80
Température (°C)
Figure 1-21. Evolution du coefficient de translation en fonction de la température (même essai que
celui dans la Figure 1-20). TR = 10°C. Valeurs aT(WLF) obtenues par la loi WLF [Ferry 1980].
- l’équation d’Arrhénius :
δH ⎛1 ⎞
log(aT ) = ⎜⎜ − 1 ⎟⎟ (1.32)
R ⎜⎝T TR ⎠⎟⎟
49
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
Toute combinaison de ressorts (de raideur E) (Figure 1-22) et d’amortisseurs (de viscosité
η) (Figure 1-23) constitue un modèle analogique viscoélastique linéaire (modèle rhéologique
simple). De nombreuses combinaisons particulières sont utilisées pour tenter de décrire le
comportement viscoélastique linéaire des matériaux bitumineux.
Le ressort
σ = Eε
F(t)=1/E et R(t)=E
L’amortisseur
σ = η (d ε / dt )
Le modèle de Maxwell
E η
i ωτ
Le module complexe : E * (ω) = E
1 + i ωτ
- 50 -
1. Etude bibliographique
Le modèle de Kelvin-Voigt
1 ⎛⎜ − ⎞
t
τ⎟
La fonction de fluage est : F (t ) = ⎜1 − e ⎟
E ⎜⎝ ⎠⎟
Le modèle de Burgers
E2 η2
E1 η1
Fonction de relaxation :
t t
−
τ1
−
τ2 η1 η
R(t ) = E1 e + E2 e avec τ1 = et τ2 = 2
E1 E2
E1 E2
E * (ω) = −1 + −1
1 + (i ωτ1 ) 1 + (i ωτ2 )
51
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
Ces modèles sont constitués respectivement d’un nombre n de modèles de Maxwell (ressort
Ei et amortisseur ηi en série) ou de Kelvin Voigt (Ej et ηj en parallèle). Ils permettent de
décrire tout type de comportement viscoélastique lorsque n tend vers l’infini.
E1 E2 Ei En
E0 η`∞
η1 η2 ηi ηn
Le modèle de Maxwell généralisé est constitué d’un nombre fini n de modèles de Maxwell
placés en parallèle et caractérisés chacun par un temps de relaxation τi = ηi/Ei et
éventuellement d’un ressort et/ou d’un amortisseurs également placé en parallèle. La fonction
de relaxation de ce modèle s’exprime alors sous la forme d’une série de Prony (i.e. une série
n
dont sa forme est ∑ α .e
i =1
i
− t /τ i
):
n t
−
R(t ) = E 0 + η∞δ + ∑ Ei e τi
i =1
E1 E2 En
E∞
η0
η1 η2 ηn
- 52 -
1. Etude bibliographique
1 n
1 ⎛ t
⎞
F (t ) = +∑ ⎜⎜1 − e − τi ⎟⎟
⎜⎜ ⎟
E0 i =1 E i ⎝ ⎠⎟
Elément parabolique
Un élément parabolique de paramètre h est un modèle analogique possédant une fonction
de fluage de type parabolique s’écrivant selon l’équation (1.33) :
h
⎛t ⎞
J (t ) = a ⎜⎜ ⎟⎟ (1.33)
⎝τ ⎠
Où
L’expression du module complexe correspondant à cet élément parabolique est donnée par
l’équation (1.34) :
h
* (i ωτ )
E (i ωτ ) = (1.34)
a Γ(h + 1)
Où
53
1.3. Comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire des enrobés bitumineux
∫t
n −1
Γ(n ) = e −t dt avec n > 0 (1.35)
0
modèle de Huet
Le modèle de Huet [Huet 1963] est un modèle analogique à 4 paramètres qui associe en
série un ressort de raideur E∞ (qui représente le module instantané) et 2 éléments de fluage
parabolique de paramètres h et k (cf. figure 1-30).
E∞E-∞E0 k h
Le modèle d’Huet est à spectre continu c’est-à-dire que sa représentation par un modèle de
Maxwell généralisé ou un modèle de Kelvin-Voigt généralisé nécessite une infinité de corps
élémentaires. Le module complexe du système s’exprime à partir des paramètres du modèle
sous la forme suivante :
E∞
E * (ω) = (1.36)
1 + δ(i ωτ )−k + (i ωτ )−h
Où :
k, h sont les paramètres des éléments paraboliques du modèle. Ils vérifient 0 < k < h <
1 pour les matériaux bitumineux.
E∞ est le module instantané du modèle obtenu lorsque ωτ tend vers l’infini (pour les
fréquences élevées et/ou les basses températures).
() ()
⎛ t k t h ⎞⎟
⎜⎜ ⎟⎟
1 ⎜⎜ τ τ ⎟⎟
F (t ) = ⎜1 + δ + ⎟ (1.37)
E ∞ ⎜⎜ Γ(k + 1) Γ(h + 1)⎟⎟
⎜⎜ ⎟
⎝ ⎠⎟⎟
modèle de Huet-Sayegh
Le modèle d’Huet a été adapté par Sayegh [Sayegh 1967] car il n’était pas satisfaisant aux
basses fréquences. Un ressort de rigidité E0 faible devant E∞ est ajouté en parallèle, comme il
est indiqué sur la figure 1-31.
- 54 -
1. Etude bibliographique
E0
E∞ - E0 k h
E∞ − E 0
E * (ω) = E 0 + (1.38)
1 + δ(i ωτ )−k + (i ωτ )−h
avec les mêmes notations que celles pour le modèle de Huet et E0 est le module statique
lorsque ωτ tend vers 0.
EE00
0
EE0∞ -- E
E0 k h η
00
Figure 1-32. Représentation du modèle 2S2P1D [Di Benedetto et al. 2004b; Olard 2003].
55
1.4. Phénomène de fatigue des enrobés bitumineux
E 0 − E 00
E *2S 2P 1D = E 00 + −k
(1.39)
1 + δ(i ωτE ) + (i ωτE )−h + (i ωβτE )−1
ν 0 − ν 00
ν2*S 2P 1D = ν 00 + τE −k τ τ (1.40)
1 + δ(i ω ) + (i ω E )−h + (i ωβ E )−1
γE ν γE ν γE ν
avec les mêmes notations que celles pour le modèle de Huet-Sayegh et β, une constante
sans dimension, qui est reliée à η, la viscosité newtonienne, avec : η = (E0 − E00)βτ.
1.4.1 Introduction
Les enrobés bitumineux sont soumis, sur la chaussée, à des sollicitations de courtes durées
et répétées dans le temps. Ils correspondent aux passages successifs des essieux des véhicules.
Un phénomène de traction par flexion se produit alors à la base des différentes couches de la
chaussée (Figure 1-33). Les contraintes induites n’aboutissent pas à une rupture immédiate,
mais leur répétition dans le temps est à l’origine d’une fissuration par fatigue.
L’endommagement des enrobés bitumineux par fatigue a été étudié par de nombreux
auteurs ([Ashayer Soltani 1998; Baaj 2002; Bodin 2002; De La Roche 1996].
- 56 -
1. Etude bibliographique
L'origine des essais de fatigue sur enrobés se trouve dans la comparaison des valeurs de
déformations en traction par flexion, calculées à la base des couches d'enrobé, avec les valeurs
de déformations maximales supportées par une éprouvette d'enrobé en laboratoire lors d'un
essai de fatigue (Figure 1-33).
En France, l'essai de fatigue s'effectue sur une éprouvette de forme trapézoïdale qui est
testée en flexion deux points (cf. paragraphe 1.4.2.2). La déformation considérée est la
déformation maximale subie par la fibre extrême de l'éprouvette lors d'une sollicitation
sinusoïdale à amplitude de flèche constante. Cette déformation est calculée à partir de la
flèche en tête en supposant le matériau linéaire et homogène.
Figure 1-33. Principe de la modélisation d'une chaussée : logique des essais de fatigue sur enrobés ([Di
Benedetto et Corté 2005])
Une déformation admissible εadmissible est calculée à partir de cette valeur ε6. Elle tient
compte du décalage existant entre les conditions d'essais de laboratoire et la réalité
(chargement, température ...) à travers un certain nombre de coefficients correctifs. Cette
valeur εadmissible est ensuite comparée aux valeurs calculées à l'aide de la modélisation.
57
1.4. Phénomène de fatigue des enrobés bitumineux
Cette courbe est habituellement caractérisée par l’une ou l’autre des relations suivantes :
Ou
Avec :
- 58 -
1. Etude bibliographique
En ce qui concerne les températures d’essais, en France, elles sont classiquement égales à
10°C qui est la température moyenne observée dans les structures de chaussées.
Dans la réalité, les essais de fatigue donnent des résultats dispersés en raison des
hétérogénéités des matériaux et du phénomène de fatigue lui-même. Aujourd’hui, la durée de
vie d’un matériau bitumineux peut varier de 1 à 10. Il faut donc réaliser un grand nombre
d’essai pour obtenir finalement une bonne évaluation du phénomène à la fatigue pour un
même matériau.
L’essai de fatigue peut être réalisé suivant deux modes de sollicitations distincts :
Les schémas (a), (b) et (c) de la figure 1-35 représentent les chemins de sollicitation
pouvant être utilisés pour caractériser le comportement en fatigue des matériaux bitumineux.
Le chemin (d) introduit des déformations permanentes qui masquent la fatigue. La rupture
est atteinte par l’accumulation des déformations permanentes et non par le phénomène de
fatigue du matériau.
59
1.4. Phénomène de fatigue des enrobés bitumineux
Sollicitation
cycles cycles
cycles cycles
temps
Réponse
cycles
cycles
cycles
Figure 1-35. Chemins de sollicitation possibles (en haut) et courbes enveloppes des cycles de réponse
obtenus (en bas) en déformation imposée (a & b) et contrainte imposée (c & d) [Di Benedetto et De
La Roche 1998].
Dans un essai de fatigue, quelle que soit la sollicitation imposée, on distingue trois phases
dans l'évolution du module en fonction du temps ou de nombre de cycles [De La Roche 1996;
Di Benedetto et al. 2004a].
La première phase (phase d’adaptation) est marquée par une chute rapide du module à
vitesse décroissante au début de l’essai. Cette décroissance n’est pas considérée
exclusivement comme de la fatigue. L’échauffement du matériau et la thixotropie jouent
des rôles importants. La perte de module liée à ces phénomènes « parasites » est
quasiment réversible lorsque l’essai de fatigue est arrêté [Di Benedetto et al. 2004a].
La deuxième phase est caractérisée par une décroissance du module plus modérée et quasi
linéaire. Le rôle de la fatigue sur la chute de module est alors prédominant. Bien que
l’influence des phénomènes biaisant (échauffement et thixotropie) soit faible pendant
cette phase, ils doivent être considérés.
Lors de la troisième phase, la valeur du module subit de nouveau une chute rapide. Elle
correspond à l’apparition de macro-fissures localisées par accumulation des microfissures
lors des phases 1 et 2.
- 60 -
1. Etude bibliographique
Figure 1-36. Distinction des trois phases dans un essai de fatigue [Di Benedetto et al. 2004a].
Dans la suite, trois types d'essai de fatigue les plus utilisés sont présentés. Il s'agit de
l'essai de traction - compression, l’essai de flexion 2 points sur éprouvette trapézoïdale, et
l’essai de flexion 4 points.
C’est le même essai utilisé pour la mesure du module complexe (présenté dans le
paragraphe 1.3.6.2.a) en augmentant le nombre de cycles de sollicitation appliquée (jusqu’à
plusieurs milliers de cycles).
L’avantage de cet essai est qu’il peut être réalisé en contrôle de déformation ou de
contrainte, ce qui est rarement le cas des autres essais de fatigue. Le module de rigidité, le
coefficient de Poisson et d’autres caractéristiques mécaniques peuvent être tirées de
l’expérience.
C'est le type d’essai de fatigue normalisé en France (NF P 98-261-1). Il est utilisé pour le
dimensionnement des chaussées en France [LCPC et SETRA 1994]. Comme tous les essais de
flexion, il s’agit d’un essai non-homogène.
L’éprouvette trapézoïdale est encastrée à sa grande base et sollicitée à son sommet. Les
sollicitations peuvent être exercées en force ou en déplacement.
La forme trapézoïdale de l'éprouvette est choisie pour obtenir une déformation maximale
en dehors de la zone d'encastrement de l'échantillon sollicité en poutre console. La rupture
s'effectue généralement au voisinage de 1/5 de la hauteur totale (h) de l'éprouvette. Une
grande disparité expérimentale existe sur les valeurs de cette hauteur. Selon [Bodin 2002],
elles peuvent être comprises entre h/10 et h/2 compte tenu de l'hétérogénéité du matériau.
61
1.4. Phénomène de fatigue des enrobés bitumineux
Figure 1-37. Essai de flexion 2 points sur éprouvette trapézoïdale (NF P 98-261-1)
Cet essai est largement utilisé aux Etats Unis. Il a été choisi suite au programme SHRP
pour l'étude de la fatigue des enrobés bitumineux. Cet essai a été conçu pour éviter la
concentration des dommages au centre de la poutre observée lors de l’essai de flexion trois
points. La sollicitation est exercée sur deux points symétriques, partageant l’éprouvette en
trois travées. La zone de sollicitation maximale s'étend sur la zone entre les points de
chargement. L’avantage de l’appareil présenté dans la Figure 1-38 est qu’il permet
d’appliquer des efforts de compression ou de traction.
- 62 -
1. Etude bibliographique
Quel que soit le mode de sollicitation ou le type d’essai, au cours d’un essai de fatigue
ininterrompu, la raideur de l’éprouvette diminue. Si on impose une amplitude de déplacement
(u), alors l’amplitude de la force mesurée (F) diminue en cours d'essai jusqu'à devenir
quasiment nulle. Au contraire, si on impose une amplitude de force, alors l’amplitude de
déplacement mesuré augmente avec les cycles de sollicitation jusqu'à la rupture de
l'éprouvette.
Un critère arbitraire de durée de vie en fatigue des éprouvettes a été défini, il correspond à
la chute de moitié de la raideur de l’éprouvette (Figure 1-39). En désignant Nf le nombre de
cycles obtenus pour la durée de vie de l’éprouvette, on a :
K N* f
= 0,5 (1.42)
K 0*
Avec :
K*N
0,5
Déplacement u(t) Nf N
Figure 1-39. Définition du critère classique de détermination de la durée de vie Nf [Bodin 2008b].
La durée de vie déterminée avec ce critère classique est utilisée pour le dimensionnement
des chaussées routières en France.
Il est à noter que les sollicitations appliquées lors d’essais en contrôle de force et d’essais
en contrôle de déplacement sont très différentes même si le premier cycle est identique en
amplitude de force et de déplacement (F0, u0). En effet, le cycle de rupture pour un essai en
contrôle de force est caractérisé par le couple (F0, 2u0) et celui en contrôle de déplacement
par le couple (F0/2, u0).
De plus, pour les essais à force constante, la rupture se produit très rapidement après
l’initiation de la fissuration dans le matériau car la phase de propagation de fissure dans
63
1.4. Phénomène de fatigue des enrobés bitumineux
l’éprouvette est très rapide. Par contre, dans les essais à déplacement imposé, l’initiation de
la fissuration est suivie par une longue phase de propagation.
Ces constats expliquent, en grande partie, les différences de comportement observées entre
les deux modes de sollicitation.
Soulignons que les analyses classiques ne permettent pas d’obtenir les résultats d’un mode
en considérant ceux de l’autre mode. Seules certaines analyses plus rationnelles (voir
paragraphes 1.4.3.2) permettent d’approcher une loi intrinsèque de fatigue, indépendante du
mode de sollicitation.
En dehors du critère classique, il existe un autre critère de rupture qui considère que la
durée de vie est atteinte quand la "rupture totale" de l'éprouvette est produite. Ce critère est
moins utilisé que le critère classique car il n'est utilisable que pour les essais en mode de
force. Pour ces essais, la rupture de l'éprouvette est toujours atteinte à la fin de l'essai. En
revanche, pour les essais en mode de déplacement, il est possible que l'éprouvette ne casse
jamais.
Il est à noter que cette remarque est valable pour les essais de flexion et plus
particulièrement l'essai de flexion deux points. Pour l'essai de traction-compression, la rupture
de l'éprouvette est atteinte pour la majorité des essais et dans les deux modes [Baaj 2002].
Selon l'étude bibliographique du même auteur, on a constaté que pour les essais de flexion
deux points en mode de force, les durées de vie obtenues par le critère de rupture sont très
proches de celles obtenues par le critère classique.
L'application de cette méthodologie sur les essais de fatigue de type traction - compression
sur éprouvette cylindrique a permis de démontrer, pour la première fois, que le comportement
en fatigue des enrobés bitumineux est indépendant du mode de sollicitation. Il est donc
- 64 -
1. Etude bibliographique
La procédure consiste à considérer les intervalles de cycles dans la phase II (cf. paragraphe
1.4.1.1) de l’essai. Notre analyse est effectuée sur les intervalles suivants :
Pour chacun de ces trois intervalles et à partir des résultats expérimentaux, nous calculons
plusieurs paramètres afin de déterminer le taux d’endommagement par cycle de chargement
sur l’intervalle considéré.
Les Figure 1-40 et Figure 1-41 montrent les paramètres calculés pour l’intervalle i (i = 0,1
ou 2). N1i et N2i représentent le nombre de cycles au début et à la fin de l’intervalle i.
Figure 1-40. Définition des paramètres obtenus de la courbe d’évolution du module en fonction du
nombre de cycles [Baaj 2002].
Figure 1-41. Définition des paramètres obtenus de la courbe d’évolution d’énergie dissipée en fonction
du nombre de cycles [Baaj 2002]. (L’évolution de l’énergie dissipée représentée est celle d’un essai en
contrainte imposée).
65
1.4. Phénomène de fatigue des enrobés bitumineux
Avec :
(E0) : Module initial de l’éprouvette : il est calculé à partir des valeurs du module
des cycles 50 à 300 à l’aide d’une extrapolation linéaire (Figure 1-40).
(εi0, εi1, εi2) : Amplitude de la déformation dans les intervalles 0,1 et 2 : chaque valeur
est calculée comme la moyenne des amplitudes de déformation de l’intervalle
considéré.
Ci .ΔEi
aF = aT + aW . (1.43)
E00i
4
L’intervalle 0 : C 1 =
5
3
L’intervalle 1 : C 2 =
4
2
L’intervalle 2 : C 3 =
3
- 66 -
1. Etude bibliographique
Le catalogue des dégradations de surface des chaussées [LCPC 1998] définit une fissure
comme une ligne de rupture apparaissant à la surface de la chaussée. L’apparition de fissure à
la surface de la chaussée peut avoir plusieurs origines :
Figure 1-42. Schéma d’une fissuration longitudinale dans les bandes de roulement et exemple d’une
fissuration grave ramifiée avec départ de matériaux [Di Benedetto et Corté 2005]
67
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
Ce type de dégradation peut être observé sur les structures souples traditionnelles, les
chaussées bitumineuses épaisses et les structures à assise traitée aux liants hydrauliques et
mixtes.
Figure 1-43. Schéma d’une fissuration transversale et exemple d’une fissuration grave ramifiée avec
départ de matériaux [Di Benedetto et Corté 2005]
Ce type de fissuration est caractéristique d’une remontée en surface d’une fissure de prise
ou de retrait thermique ou d’un joint transversal de mise en œuvre de l’assise traitée.
Ce type de dégradation peut être observé sur les structures bitumineuses épaisses et
principalement sur les structures à assise traitées aux liants hydrauliques.
- 68 -
1. Etude bibliographique
Figure 1-44. Schéma d’une fissuration longitudinale non spécifique aux bandes de roulement et
exemple d’une fissuration significative, ramifiée [Di Benedetto et Corté 2005]
Ce type de dégradation peut être observé sur les structures souples traditionnelles, les
chaussées bitumineuses épaisses et les structures à assises traitées aux liants hydrauliques et
mixtes.
Figure 1-45. Schéma d’un faïençage non spécifique aux bandes de roulement et exemple d’une
fissuration significative [Di Benedetto et Corté 2005]
- son vieillissement.
- les conditions de fabrication de l’enrobé.
- sa trop grande dureté d’origine.
L’objectif de ce paragraphe et de celui qui suit (paragraphe 1.5.3) n’est pas de fournir une
description détaillée de la mécanique linéaire de la rupture (MLR) et de la mécanique non
linéaire de la rupture (MNLR) mais de donner une introduction générale de ces théories. Des
69
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
développements complets peuvent être obtenus dans les ouvrages tels que [Besson 2004; Bui
1978; Fantozzi et al. 1988; Janssen et al. 2002; Leblond 2003; Miannay 1995].
• la fissure est plane et possède un front rectiligne. La Figure 1-46 précise les notions
adoptées.
Figure 1-46. Représentation d’une fissure : plan perpendiculaire au plan de fissure [Di Benedetto et
Corté 2005].
Irwin a montré qu’il existe trois mouvements cinématiques indépendants des surfaces (ou
lèvres) supérieure et inférieure de la fissure l’une par rapport à l’autre. Ce sont les trois
modes principaux de rupture Figure 1-47 :
- Mode I : mode d’ouverture, est considéré comme étant le plus fréquent en mécanique de
la rupture.
Lorsque les trois ou deux modes, dont le mode I, sont simultanément présents on dit qu’il
s’agit du mode mixte.
- 70 -
1. Etude bibliographique
La forme générale obtenue pour la contrainte « σ » est décrite par l’équation (1.45) qui
s’applique dans la zone située en pointe de fissure :
Kα α
σ ij = fij (θ ) + 0 ⎡⎣1/(r )0,5 ⎤⎦ (1.45)
2π r
Où :
Le symbole 0(x) signifie que les termes sont négligeables devant x quand r tend vers 0
KI, KII, KIII sont appelés les facteurs d’intensité de contrainte, correspondant aux modes
I, II et III respectivement.
Le facteur d’intensité de contrainte est déterminé par les conditions aux limites. Il dépend
de :
• sollicitation appliquée
• géométrie de la fissure.
K I = f ( F , a, Y ) (1.46)
où :
F : la sollicitation appliquée.
a : la hauteur de fissure.
Dans le cas de l’éprouvette de flexion 4 points entaillée (Figure 1-48), une formule
analytique est donnée permettant de déterminer le facteur d’intensité de contrainte en mode I
[Fantozzi et al. 1988] :
3 P(L −l)
KI = Y ( x) a (1.47)
2 BW 2
71
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
Où :
P : charge de rupture
Deux formules analytiques ont été données dans la littérature dans le cas de l’essai de
flexion 4 points:
3, 99 − 12 3
x (1 − x ) 2
−
Y (x ) = (1.49)
6
Tracer la courbe d’étalonnage C = f(x) et d’en déduire le facteur de forme Y.
Cette méthode est présentée dans le paragraphe 5.1.4 grâce à un calcul aux
éléments finis.
Dans [Griffith 1920], Griffith a abordé le problème de la rupture des corps fissurés d’un
point de vue énergétique. Selon Griffith, la fissure initiale peut se propager à condition que le
système composé des forces extérieures et du corps fissuré fournisse l’énergie nécessaire à un
accroissement de fissure.
- 72 -
1. Etude bibliographique
Soit un solide élastique avec une surface de fissure A. Lorsque la propagation de fissure a
lieu, la géométrie de celle-ci a un changement de surface dA. On écrit la conservation de
l’énergie totale du système (1er principe de la thermodynamique) sous la forme suivante :
dU t = dU - dW + dΓ + dT = 0 (1.50)
Où :
d
(W − U ) − 2γ S ≥ 0 (1.51)
dA
On définit le paramètre G, appelé « Taux de restitution d’énergie » (en anglais : « strain
energy release rate ») :
d
G= (W − U ) (1.52)
dA
Où :
G est l’énergie disponible pour faire progresser la fissure. G ne dépend que des constants
élastiques du matériau, de la géométrie de l’éprouvette et de l’effort, mais pas de la façon
dont le système évolue ultérieurement.
G ≥ 2γ S (1.53)
73
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
géométries de la fissure et de l’éprouvette. Dans le cas des matériaux fragiles, GC est égal à
deux fois l’énergie de surface thermodynamique.
GC = 2γ S (1.54)
Où :
Lorsque G est supérieur à GC, une partie seulement de l’énergie sert à propager la fissure,
l’excédent est transformé en énergie cinétique. On dit que la propagation est instable. En
mode I, GC devient GIC.
P1 = cte ; u2 = u1 + Δu u1 = cte ; P2 = P1 - ΔP u2 = u1 + Δu ; P2 = P1 - ΔP
Quelle que soit la configuration, la variation de l’énergie potentielle totale est toujours
représentée par l’aire (OAB). Cette aire représente l’énergie dissipée pour faire avancer la
fissure de l’incrément da
P 2 dC
G =
2B da
u
Avec C = la complaisance de l’éprouvette
P
Tableau 1-4. Détermination de l’énergie G.
- 74 -
1. Etude bibliographique
P 1
k = = (1.55)
u C
1 P 2 dk u 2 dk
G =− = − (1.56)
2B k 2 da 2B da
C’est à partir de cette analyse que découle la désignation de « Taux de restitution
d’énergie ». Cette dénomination est plus liée à une méthode de mesure qu’à la notion de
force motrice du processus.
Irwin [Irwin 1957] a établi une équivalence entre le facteur d’intensité de contrainte KI et
l'énergie de propagation GI, dans le cas d'une fissure se propageant dans un milieu homogène,
en mode I:
K I2
GI = (1.57)
E'
Avec :
La MLR demeure une approche valable tant que le comportement du matériau est
élastique linéaire, mais aussi lorsque la plastification en fond de fissure reste confinée dans
une zone de faible taille par rapport à la fissure et à la structure fissurée. Il est quasiment
impossible dans beaucoup de matériaux de respecter les deux conditions précédentes et de
décrire le comportement avec la MLR. Une approche alternative s'avère nécessaire dans ce
cas.
La mécanique non linéaire de la rupture (MNLR) s'applique aux matériaux ductiles dont
le comportement reste toutefois indépendant du temps (pas d'effets dynamiques ou de
viscosité, absence de fluage...). Dans ce cas, un des paramètres pouvant être utilisés et
introduits est l’intégrale J.
Rice [Rice 1967] a défini une intégrale curviligne le long d’un contour non fermé Γ
entourant le front de fissure (Figure 1-49) de la façon suivante :
⎛ G ∂uG ⎞
J = ∫ ⎜Wdy − T ds ⎟ (pour le mode d’ouverture) (1.58)
Γ⎝ ∂x ⎠
75
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
où :
dπ
J = ∫
Γt
Wdx = −
dA
(1.59)
K2
J =G = (1.60)
E'
Pour les matériaux quasi-fragiles comme les enrobés bitumineux, l'énergie dissipée pendant
l'essai de propagation de fissure est une combinaison de l'énergie dissipée due au fluage et de
l'énergie dissipé due à la rupture seule. Cependant pour les essais à très basses températures,
l'énergie dissipée par la rupture seule est prédomiante [Song et al. 2006]. Toutefois, la partie
de l'énergie dissipée due au fluage devient de plus en plus considérable avec l'augmentation de
la température de l'essai [Li et al. 2008].
- 76 -
1. Etude bibliographique
Les essais de propagation de fissure de cette thèse ont été effectués aux températures
relativement basses. L'énergie de rupture correspond principalement à l'énergie dissipée due à
la rupture seule. Elle est définie comme l’énergie pour créer une unité de surface d’une
fissure.
Dans notre étude, nous déterminons l’énergie de rupture selon deux méthodes. La
première détermine l’énergie de rupture totale correspondant à l’aire sous la courbe de
chargement complet d’un essai dans les axes (P – u). La deuxième détermine l’énergie de
rupture par accroissement de fissure.
Selon les recommandations de la Rilem TC-50 FMC [RILEM 1985], l’énergie de rupture
totale, notée GF, d’une poutre en flexion est calculée par l’équation suivante :
W0 + mgu0
GF = (1.61)
Alig
Où :
m : masse propre de la poutre entre deux appuis inférieurs, calculée comme la masse
totale multipliée par le rapport L/55, avec L : distance entre deux appuis inférieurs
(cm) ; et 55 est la longueur de la poutre en centimètre.
Le deuxième terme de la formule (1.61) (mgu0) représente l’énergie fournie par le poids
propre de la partie de l’éprouvette sous sollicitation. Bien que cette énergie soit négligeable
pour les poutres de taille raisonnablement petites, elle peut être importante pour les
éprouvettes de très grandes dimensions [Reis et Ferreira 2004]. Dans notre cas, cette partie
est très petite devant W0 et peut être négligée. Nous obtenons donc la formule (1.62).
W0
GF = (1.62)
B(W − a0 )
Cette énergie GF est alors l’énergie totale pour la fissuration d’un ligament de hauteur (W-
a0). L'énergie de rupture totale déterminée selon la méthode recommandée par la Rilem TC-
50 FMC [RILEM 1985] dépend de la taille de l’éprouvette [Planas et al. 1986; Reis et
Ferreira 2003].
77
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
W0
u
Figure 1-50. Détermination de l’aire sous la courbe de chargement dans les axes (P – u).
*Méthode de Sakai
Cette méthode, présentée dans [Sakai et Bradt 1986], est basée sur une procédure des
cycles de charge - décharge, qui permet de distinguer la contribution élastique et la
contribution irréversible. L’énergie totale, notée R, est la somme d’une énergie élastique et
d’une énergie plastique. La première contribution, notée J, est liée à la variation de
complaisance de l’éprouvette lorsque la fissure se propage. La seconde contribution, notée Φ,
est associée à des phénomènes irréversibles qui absorbent de l’énergie et, ce faisant, créent un
mécanisme de résistance à la propagation de fissure.
R=J+ Φ (1.63)
- 78 -
1. Etude bibliographique
Sur la Figure 1-51a, la charge de la courbe P – u atteint le point B après une extension de
la fissure. Ensuite, la décharge descend à partir du point B qui peut former une droite
passant par le point C situé sur l’abscisse.
Δπ R Δπ R
R= = (1.64)
BΔa ΔA
En translatant la droite de décharge CD vers la gauche de Δuir (déformation plastique
additionnelle), la surface ΔπR peut être séparée en deux sections distinctes. L’une est l’aire
ΔπJ (BCF). L’autre est l’aire Δπir (BFCED). Notons que les triangles CBQ et EDX dans la
Figure 1-51b sont respectivement l’énergie élastique stockée (Ue) aux points B et D, et ainsi
que les aires de CFY et EDX sont égales. Les aires ΔπJ et Δπir peuvent être relatives à des
paramètres caractéristiques de la rupture :
Δπ J
J= (1.65)
BΔa
Δπ ir
Φ= (1.66)
BΔa
79
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
C’est une méthode permettant de déterminer l’intégral J. Elle est normalisée et présentée
dans plusieurs documents de la norme ASTM (American Society for Testing Materials)
[ASTM-E813-05 2005; ASTM-E1737-96 1996; ASTM-E1820-01 2001].
Selon la norme ASTM, c’est la notation J qui est définie comme la résistance totale et qui
correspond aux termes R de la méthode de Sakai et JG de la méthode de Garwood. Pour ne
pas se confondre avec le terme J (partie élastique) de la méthode de Sakai, nous utilisons ici
la notation Jep (e : élastique ; p : plastique) comme le terme d’énergie totale. Elle est
décomposée en deux parties élastique (Je) et plastique (Jp) :
J ep = J e + J p (1.67)
Avec J e =G=
(1 − υ ) K 2
2
(en déformation plane) (1.68)
IC
E
Où :
KIC est calculé par la formule (1.47), avec Pi = PQi déterminée comme dans le
paragraphe 5.2.5.
Selon les normes ASTM au dessus, η(i-1) = 2 et γ(i-1) = 1 pour a/W ≥ 0,282. Dans le cas
de l’essai de flexion 4 points présenté dans le paragraphe 2.2, où a0 = 2cm et W = 7cm,
alors a/W = 0,285 satisfait cette condition.
- 80 -
1. Etude bibliographique
Figure 1-52. Définition de l’aire plastique pour le calcul de la partie plastique Jp.
⎡ ⎛ 2 ⎞ ⎛ U p( i ) − U p( i −1) ⎞ ⎤ ⎡ a( i ) − a( i −1) ⎤
J p ( i ) = ⎢ J p( i −1) + ⎜ ⎟⎜ ⎟⎟ ⎥ ⎢1 − ⎥ (1.71)
⎢⎣ ⎜ b( i −1) ⎟ ⎜⎝ ⎥ ⎢
⎝ ⎠ B ⎠⎦ ⎣ b( i −1) ⎦⎥
Le Tableau 1-5 présente l’équivalence des termes d’énergie (le terme global et ses parties
élastique et plastique) entre les deux méthodes : Sakai et ASTM.
Afin de déterminer l’énergie de rupture par accroissement de fissure, il faut tout d’abord
déterminer la courbe de décharge supposée linéaire élastique en différents points suffisament
« proches ». Cette courbe est appelée « droite de décharge élastique », permettant de diviser
la courbe de chargement en différents accroissements d'aire ΔA (droites BC, DE - Figure
1-51). Ces doites correspondent à la rigidité en décharge au point considéré de la poutre
supposé élastique.
Cette méthode consiste à effectuer des cycles de charge – décharge au cours d’un essai de
propagation de fissure afin de déterminer les accroissements de fissure en fonction de
l’avancement de l’essai.
Dans la Figure 1-51, les cycles de charge – décharge correspondent aux droites BC, DE.
Ces droites permettent de déterminer l’accroissementss d’aire ΔA (limité par la surface
BDEC) correspondant à un accroissement de fissure Δa. Par contre, la détermination des
81
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
droites BC, DE n’est pas évidente car il existe des hystérésis dans les cycles de charge –
décharge. Ce phénomène devient plus significatif pour la pluspart des matériaux composites.
Cette méthode peut être une alternative pour contourner la difficulté de la méthode de
charge – décharge. Dans la Figure 1-51, si les valeurs de hauteur de fissure aux points B et D
peuvent être déterminées (par exemple, à partir des jauges de mesure de résistance électrique,
des mesures acoustiques, etc…), les doites BC et DE, ainsi que les déplacements résiduels OC
et OE peuvent être estimés graphiquement en utilisant une relation entre la complaisance (ou
la rigidité) de l’éprouvette et la hauteur de fissure.
*Méthode de Sakai IV
Cette méthode, présentée dans [Sakai et Bradt 1986], permet de déterminer les paramètres
de l’énergie de rupture à partir d’une seule courbe expérimentale dans les axes (P – u) sur
une seule éprouvette. Elle est basée sur la considération théorique de la mécanique linéaire
élastique de la rupture (MLER). Elle consiste à comparer le « comportement réel » d’un
matériau au comportement du même matériau considéré comme « parfaitement élastique »
ayant KIC constante. L’écart entre les deux comportements conduit à une estimation de
l’énergie associée aux phénomènes irréversibles.
2 1
PC = K IC BW 2 (1.72)
3( L − l ) Y ( x) a
De même, le déplacement u associé à la charge PC s’exprime simplement à partir de la
complaisance de l’éprouvette :
u = C.PC (1.73)
Posons :
λ ( x) a = BE ' C ( x) (1.74)
E
E'= (déformation plane), avec E : module d’Young.
1−υ 2
A partir de la relation (1.74), la relation (1.73) peut s’écrire :
λ ( x) aPC
u= (1.75)
BE '
En substituant la valeur de PC de l'équation (1.72) dans l’équation (1.75), il vient :
- 82 -
1. Etude bibliographique
2W 2 λ ( x)
u = K IC (1.76)
3E '( L − l ) Y ( x)
Il est intéressant d’associer aux deux grandeurs P et u, les grandeurs sans dimensions Pr et
ur comme suivant :
PC 3( L − l )
Pr = (1.77)
K IC 2 BW 2
Et
uE ' 3( L − l )
ur = (1.78)
K IC 2W 2
1
Pr = (1.79)
Y ( x) a
λ ( x)
ur = (1.80)
Y ( x)
La Figure 1-53 présente la courbe sans dimension pour un matériau élastique linéaire
ayant KIC constante et celle du même matériau au comportement réel. En translatant les
droites de la courbe du matériau élastique linéaire (BO, DO) vers la courbe du matériau réel
(B’C, D’E) respectivement, nous obtenons les droites de décharge élastique à un point donné
sur la courbe du matériau réel. Les écarts obtenus (BB’, DD’) sont les déplacements résiduels
correspondant au point sur la courbe du matériau réel.
Une fois le déplacement résiduel pour chaque hauteur de fissure est obtenu graphiquement
comme dans la Figure 1-53, il est simple d'évaluer l'énergie de rupture par accroissement de
fissure en utilisant les mêmes procédures selon les trois premières méthodes.
83
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
Pr
A A’
B B’
D D’
Réelle
ΔπR
Elastique
linéaire
O E
C ur
Figure 1-53. Courbe sans dimension d’un matériau en « comportement réel » et celle du même
PC 3( L − l )
matériau en comportement élastique linéaire (pointillée). (Ici, Pr = et
K IC 2 BW 2103
uE ' 3( L − l )
ur = sont les termes sans dimensions).
K IC 2W 2
Cependant, il convient de noter qu'il existe des différences essentielles entre les termes
d’énergie déterminés par les deux premières méthodes et la dernière. Dans les deux premières
méthodes, les parties élastique et irréversible (Tableau 1-5) peuvent être interprétées par les
équations (1.81) et (1.82) :
ΔΓ accroissement
partieélastique = GC + (1.81)
ΔA
Δπ ir
partieirréversible = (1.82)
ΔA
Où :
ΔΓ accroissement Δπ ir
partieirréversible = + (1.84)
ΔA ΔA
Le changement de la complaisance de l’éprouvette accompagné par la création de
microfissures est intégré dans la « partie irréversible » même le terme ( ΔΓ accroissement / ΔA )
représente une variation de l’énergie élastique.
- 84 -
1. Etude bibliographique
Les études de fissuration en mode I sont très étendues. Par contre celles en mode II
concernant les enrobés bitumineux sont très rares bien que ce type de sollicitation soit
toujours présent sur chaussée lors du passage d’un véhicule. Des travaux complémentaires sur
la sensibilité de la propagation de la fissure pour ce mode de cisaillement semblent donc
nécessaires.
Les mesures et observations montrent qu’il n’y a pas de propagation régulière des fissures
dans un plan. En fait, le processus de propagation dans les mélanges bitumineux peut être dû
à trois phénomènes :
Enfin, il faut prendre en compte les caractéristiques suivantes des enrobés bitumineux :
- la taille des hétérogénéités est grande par rapport aux dimensions de la fissure. La
fissure ne se développe donc pas de manière régulière dans un milieu continu
- le comportement du matériau est non linéaire à partir d’un niveau de déformation (ou
de contrainte) qui est largement atteint dans la zone située en pointe de fissure
- le comportement possède une composante visqueuse très marquée sauf à très basse
température.
85
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
Figure 1-54. Différents essais de propagation de fissures sur les mélanges bitumineux (liants ou
enrobés) [Di Benedetto et Corté 2005].
- 86 -
1. Etude bibliographique
Nous présentons par la suite quelques exemples des essais de propagation de fissuration
sur les matériaux bitumineux.
L’essai de flexion 3 points (dans la littérature, souvent appelé en anglais « Single Edge
Notched Beam » - SENB) permet de solliciter en flexion une éprouvette reposant sur deux
appuis en appliquant une charge à équidistance des deux appuis. L’étude bibliographique de
cette thèse permet d’accéder aux différentes études où les auteurs utilisent ce type d’essai sur
les matériaux bitumineux (sur bitume comme sur enrobé bitumineux) : [Artamendi et Khalid
2004a; Buttlar et al. 2005; Hesp et al. 2000; Kim et El Hussein 1997; Marasteanu et al. 2002;
Olard et Di Benedetto 2004; Portillo et Cebon 2008; Wendling et al. 2004].
Un facteur essentiel dans le choix de l’essai de type SENB est que la taille de la poutre
permet d’avoir un ligament important, i.e. zone de propagation de fissure importante.
Un autre facteur important dans le choix de l’essai SENB est la possibilité de provoquer la
rupture en mode mixte. La configuration de l’essai SENB classique peut être facilement
modifié pour tester les matériaux en mode mixte (mode I et mode II) par simple
compensation de l’entaille initiale de la ligne médiane de la poutre. La rupture en mode mixte
peut être importante pour l’analyse des chaussées en matériaux bitumineux puisque le
chargement critique apparaît plus souvent par une combinaison du chargement thermique
(tension) et du chargement sous les roues des véhicules (tension par flexion et par
cisaillement). Ainsi, la capacité de l’essai en mode mixte est souhaitable pour les études des
chaussées et sera étudiée dans de futures recherches.
La Figure 1-55 présente la configuration d'un essai de flexion 3 points utilisé par [Buttlar
et al. 2005; Wagoner et al. 2005a]. Plusieurs paramètres peuvent être étudiés comme : le type
du bitume, la température d'essai, l'épaisseur de l’éprouvette, la vitesse de chargement, etc.…
La Figure 1-56 montre la rupture en mode mixte sur l’éprouvette en utilisant l’essai SENB.
Figure 1-55. Configuration d’un essai de flexion 3 points sur enrobé bitumineux [Buttlar et al. 2005]
87
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
Figure 1-56. La rupture en mode mixte sur éprouvette testée en flexion 3 points [Buttlar et al. 2005]
L’essai de flexion 4 points, désigné FBNFT (Four Points Bending Notched Fracture Test),
permet de solliciter en flexion une éprouvette reposant sur deux appuis en appliquant une
charge égale en deux points symétriques par rapport au point médian entre ces deux appuis.
Comme l’essai de flexion 3 points (SENB), l’essai de flexion 4 points permet d’avoir une zone
de propagation de fissure importante et la possibilité de provoquer la rupture en mode mixte.
La principale différence entre l’essai de flexion 4 points et l’essai de flexion 3 points est qu’il y
a un moment constant entre les deux appuis supérieurs. Cela permet d’avoir une propagation
plus stable de la fissure.
Figure 1-57. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée de l’ENTPE [Nguyen et al. 2008b].
- 88 -
1. Etude bibliographique
La Figure 1-58 présente l’essai CT sur éprouvette en bitume utilisé par [Edwards et Hesp
2006]. La Figure 1-59 présente l’essai CT sur éprouvette en enrobé bitumineux utilisé par
[Collop et al. 2004]
89
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
a) b)
Figure 1-59. Essai CT sur enrobé bitumineux : a) Schéma de l’essai, et b) Photo de l’essai [Collop et
al. 2004].
L’essai SCB (« Semi-circular Bending » en anglais) a le même principe que celui de l’essai
de flexion 3 points. Il est utilisé dans plusieurs études [Bayomy et al. 2006; Li et Marasteanu
2005; Mohammad et al. 2004; Molenaar et Molenaar 2000] pour étudier la résistance à la
rupture des matériaux bitumineux. L'intérêt principal de la géométrie de ce modèle est que
l’éprouvette peut être obtenue sur place par carottage directement sur la chaussée ou par la
procédure de compactage giratoire des éprouvettes fabriquées en laboratoire.
Figure 1-60. Essai SCB sur enrobé bitumineux [Mohammad et al. 2004].
L’essai DC(T) (“Disk-Shaped Compact Tension” en anglais) a été utilisé pour les
matériaux métalliques et a été récemment appliqué pour les matériaux bitumineux [Kim et
al. 2008c; Wagoner et al. 2005b; Wagoner et al. 2005c]. Comme l’essai SCB, les éprouvettes
- 90 -
1. Etude bibliographique
Figure 1-61. Dimensions recommandées de l’éprouvette pour l’essai DC(T) [Wagoner et al. 2005c].
a) b)
Figure 1-62. a) Configuration expérimentale de l’essai DC(T) ; b) Rupture typique de l’éprouvette
[Kim et al. 2008b].
91
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
L’essai sur l’éprouvette dite ETS (Ecole de Technologie Supérieure, Université du Québec)
[Perraton et al. 2008] permet d’étudier la remontée de fissures dans les sytèmes de
rechargement. L’essai peut être effectué sur des éprouvettes fabriquées au laboratoire ou
prélevées in situ. Il est constitué de deux plateaux horizontaux supportant le corps d’épreuve,
l’un mobile dans le plan horizontal (mode I) et l’autre mobile dans le plan vertical (mode II)
(Figure 1-63). Le mouvement horizotal sert à simuler l’action du passage des véhicules au
droit des fissures, et le mouvement vertical sert à simuler les effets thermiques.
Mouvement
vertical imposé
par un vérin
hydraulique
Resurfaçage
Capteur de
force
horizontal
Capteur de
force vertical
Figure 1-63. Schéma de l’essai ETS au laboratoire LUCREB [Perraton et al. 2008].
L’essai DST est réalisé sur une éprouvette composée de trois couches, deux à deux collées
par une couche d’accrochage. Deux couches latérales sont fixées au cours de l’essai, tandis
que la couche centrale peut être sollicitée (monotone ou cyclique) Figure 1-64. Le dispositif
expérimental de l’essai DST est illustré dans la Figure 1-65.
- 92 -
1. Etude bibliographique
sollicitation monotone
ou cyclique
sollicitation monotone
ou cyclique
Figure 1-64. Schéma de l’éprouvette pour l’essai DST [Diakhaté et al. 2008].
Dans le livre « Advances in Crack Measurement » [Beevers 1982], Beevers présente les
travaux de différents auteurs sur les méthodes existantes en vue de déterminer la propagation
de fissure au cours de l’essai. Ces méthodes sont basées sur les principes suivants :
• Observation directe
93
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
• Méthode automatique
• Méthode de la complaisance
• Méthode acoustique
Nous présentons par la suite quelques techniques actuellement utilisées pour déterminer la
propagation de fissure dans les matériaux bitumineux.
Cette technique expérimentale est largement connue dans la littérature [Jiang et al. 2004;
Lemaistre 1998; Wendling et al. 2004], mais coûteuse. Elle est basée sur la mesure de la
variation de la résistance électrique d’une jauge de fissuration collée sur l’éprouvette. Cette
technique est utilisée pendant cette thèse. Au cours de l’essai de flexion 4 points, pour
mesurer la propagation de la fissure, nous avons utilisé deux jauges de fissuration
«PHIMESURE» collées sur deux faces latérales de l’éprouvette (Figure 1-66).
Une jauge de fissuration est constituée de 21 fils parallèles séparés l’un de l’autre par une
distance de 2,5 mm. Ces fils sont supposés de se couper l’un après l’autre afin de détecter le
passage de la fissure.
Figure 1-66. Jauge de fissuration reliée avec un système de mesure de la variation de résistance (une
jauge identique est collée sur la face opposée). (Système utilisé pour l’essai de flexion 4 points à
l’ENTPE).
Au bout des 21 fils de chaque jauge, une résistance est soudée. La résistance totale de la
jauge est ensuite mesurée à l’aide d’un montage « diviseur de tension ».
Le fonctionnement du système de jauge est le suivant : chaque fois qu’un fil de jauge est
coupé par la propagation de fissure, la résistance change et fait varier la tension à la borne du
diviseur de tension (Figure 1-67), qui est enregistrée dans le programme d’acquisition. Les
valeurs enregistrées permettent de calculer l'avancement de la fissure.
- 94 -
1. Etude bibliographique
10V
(21)
Tension (V)
(i)
Coupure du fil i
(2)
(1)
Coupure du fil 1
Temps (s)
Cette technique est basée sur la mesure de la variation des événements acoustiques
apparaissant au cours de la propagation de fissures. Les émissions acoustiques (en anglais
«Acoustic Emission» - AE) sont produites à partir de dislocations, microfissuration, et
d'autres changements irréversibles dans le matériau. Le suivi de cette vague macroséismique
est accompli par des capteurs piézo-électriques (Figure 1-68), qui convertissent les ondes
mécaniques en signaux électriques.
La technique de mesure des émissions acoustiques est largement utilisée pour l'évaluation
non-destructive des matériaux métalliques et les matériaux non métalliques (pierre, béton).
Récemment, cette technique a également été appliquée à des études sur les propriétés à la
propagation des fissures des matériaux bitumineux [Li et Marasteanu 2006; Nesvijski et
Marasteanu 2006; Wendling et al. 2004].
Figure 1-69. Mesure d’émission acoustique sur une éprouvette semi-cylindrique en flexion 3 points (1 :
éprouvette, 2 : capteurs piézo-électriques, 3 : entaille initiale) [Nesvijski et Marasteanu 2006].
95
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
C’est une méthode moderne basée sur le principe d’observation directe. Elle est de plus en
plus utilisée pour déterminer l’avancement de la fissure sur les matériaux bitumineux [Collop
et al. 2004; Khalid et Artamendi 2008; Portillo et Cebon 2008; Tebaldi 2005].
a) b)
Figure 1-70. a) Schéma du dispositif de mesure de la propagation de fissure par la méthode d’analyse
d’image ; et b) Exemple de photo de l’éprouvette fissurée pour l’analyse d’image [Tebaldi 2005].
Une méthode courante [ASTM-E813-05 2005; Gomina et al. 1988; Lemaistre 1998; R'Mili
1987] permettant de calculer la hauteur de fissure à partir de la complaisance est basée sur
l’approche de Tada [Tada et al. 1973]. Elle conduit à une hauteur de fissure effective qui
tient compte de la zone endommagée en pointe de fissure.
[Lemaistre 1998] a proposé de prendre des pentes superposant le domaine linéaire des
remontées en charge de la courbe charge – déplacement (au-delà d’une certaine force).
- 96 -
1. Etude bibliographique
4,5
di droite extrapolant la
4,0 partie linéaire de la
d1
di recharge de chaque cycle
3,5
P- u
3,0
1
P (kN)
2,5
Ci
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5
u (mm)
W − ai −1 Ci − Ci −1
ai = ai −1 + . (1.85)
ηi − 1 Ci
où :
ui
Ci = (1.86)
Pi
ui : déplacement du piston
La formule itérative (1.85) proposée par [Tada et al. 1973] requiert de connaître la valeur
initiale de la hauteur de fissure a0. Il faut noter que cette méthode ne donne pas forcément la
hauteur que l’on mesurerait par observations directes, mais elle conduit à la détermination
d’une hauteur effective, équivalente à une entaille.
97
1.5. Phénomène de fissuration et de propagation de fissures dans les enrobés bitumineux
- 98 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
2.1 Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et .
essai de fatigue..................................................................................................................... 100
2.1.1 Principe de l’essai de traction - compression sur éprouvette cylindrique ............... 100
2.2 Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure ........... 112
99
2.1. Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et essai de
fatigue
Ce chapitre est consacré à la présentation des deux types d’essai utilisés pendant cette
thèse au laboratoire DGCB de l’ENTPE.
L’essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée (FPBNF - [Nguyen et al. 2008b]) en
enrobé bitumineux a été utilisé au laboratoire DGCB pour étudier la propagation de fissure
dans les enrobés bitumineux. L’essai est non homogène. Pendant cette thèse, le dispositif
expérimental a été amélioré, notamment le dispositif de détection de la fissuration.
σ ou ε
σ ou ε
temps
0
Le nombre de cycles de sollicitation est fonction du type d'essai. Dans un essai de module
complexe, un nombre faible de cycles est effectué à différentes fréquences (de 0,03Hz à 10Hz).
- 100 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
Tandis que dans un essai de fatigue, un nombre important de cycles est effectué (jusqu’à
quelques millions de cycles à une seule fréquence de 10Hz selon la durée de vie du matériau.
La température d'un essai dépend également du type d'essai. Le module complexe est
mesuré dans une large gamme de température (et de fréquence). Tandis que l'essai de fatigue
est réalisé à une seule température de 10°C (et une seule fréquence de 10Hz).
Nous avons utilisé une presse Instron qui est installée au laboratoire DGCB de l’ENTPE.
C’est une presse hydraulique pilotée par un système électronique, série 8800. La cellule de
force utilisée a une capacité de 10 kN.
Capteur
de force
Enceinte
Eprouvette
thermique
Piston
• en mode de force sur le capteur de force. L’essai étant homogène, on parle aussi de
pilotage en contrainte.
Pour nos essais de module complexe et essais de fatigue, le pilotage est effectué en mode
de déformation sur la moyenne des trois capteurs axiaux.
101
2.1. Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et essai de
fatigue
Pour contrôler la température au cours de l’essai, nous avons installé une enceinte
thermique sur la presse. Cette enceinte permet d’augmenter la température jusqu’à 80°C et
de la diminuer jusqu’à -30°C. La régulation est assurée à l’aide d’une sonde mesurant la
température d’ambiance dans l’enceinte.
Le dispositif qui équipe l'éprouvette est présenté sur le schéma de la Figure 2-4. Il permet
de mesurer les déplacements relatifs dans la partie centrale de l’éprouvette. Ce système est
composé de :
- le système de fixation des capteurs de mesure des déplacements axiaux comprend deux
petits anneaux et six clinquants. Chaque anneau est fixé à un niveau différent sur
l’éprouvette par trois clinquants placés à 120°. Le point de liaison de chaque clinquant à
l’éprouvette est composé d’une petite vis, qui est fixée à l’extrémité du clinquant, et dont la
tête est collée sur l’éprouvette. Trois capteurs sans contact fixés sur l’anneau supérieur visent
trois cibles qui sont fixées sur l’anneau inférieur. Le déplacement mesuré est donc le
déplacement relatif de ces deux anneaux. Il est ensuite divisé par la distance entre ces deux
anneaux (7,5 cm) pour obtenir la déformation axiale.
- le système de fixation des capteurs de mesure des déplacements radiaux comprend trois
tiges verticales et quatre anneaux. Le premier anneau est fixé sur le casque supérieur par
- 102 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
trois vis placées à 120°. Trois tiges placées à 120° sont tenues par le deuxième anneau qui est
fixé au premier anneau par trois vis à travers trois trous oblongs qui permettent une rotation
de ce système pendant le montage. Deux capteurs de mesure sans contact des déplacements
radiaux sont fixés diamétralement opposés sur le troisième anneau qui peut se déplacer
verticalement le long des tiges droites pour viser les cibles collées sur l’éprouvette. Le
quatrième anneau joue le rôle de raidisseur de ce système.
3 clinquants de b)
a)
suspension
Vers le capteur
3 capteurs
de force
sans contact à
Anneau pour fixer
120° pour
les capteurs axiaux
déplacements
axiaux
Anneau raidisseur
pour limiter les
vibrations
Plusieurs capteurs ont été utilisés afin d’enregistrer l’évolution de la force, des
déplacements et de la température au cours de l’essai :
103
2.1. Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et essai de
fatigue
Les différentes étapes pour effectuer la mise en place d’un essai de traction - compression
sont présentées dans ce paragraphe.
Un bon centrage est très important pour éviter la flexion de l’éprouvette et permettre la
réalisation d’un essai homogène en traction et en compression axiale.
a) b)
Figure 2-5. Collage des casques sur l’éprouvette : a) Collage du premier casque avec le système de
fixation ; b) Collage du deuxième casque avec le banc de collage.
Afin d’améliorer la procédure de collage, les deux casques sont collés sur l’éprouvette en
même temps en utilisant un banc de collage amélioré (Figure 2-6). L’opération consiste tout
d’abord à visser les casques au banc de collage. Ensuite l’éprouvette se place sur quatre vis
réglables du dispositif. Le réglage de ces vis permet de centrer l’éprouvette par rapport à
deux casques et d’assurer la verticalité de l’éprouvette lors de sa mise en place sur la presse.
Le dispositif maintient les casques appuyés contre l’éprouvette pendant le durcissement de la
colle.
- 104 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
• Eviter toute torsion de l’éprouvette lors du serrage des pièces de liaison sur les
casques.
Le montage de l’éprouvette est réalisé tout d’abord en reliant le casque supérieur à l’axe
qui permet la connexion au capteur de force. Puis l’axe qui fait la liaison avec le piston est
vissé au casque inférieur.
Après la calibration de la cellule de force, l’éprouvette est fixée à celle-ci dans l’enceinte
thermique en respectant les précautions ci-dessus. Le piston est ensuite approché en mode de
pilotage en « position » jusqu’à ce qu’il arrive au contact de la pièce « base ». Le mode de
pilotage est alors passé en mode de force en appliquant une force nulle.
Une fois l’éprouvette solidarisée avec la presse, les capteurs sont positionnés : trois
capteurs de mesure des déplacements axiaux, deux pour les déplacements radiaux, deux
sondes de température (Figure 2-7).
*Remarque :
105
2.1. Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et essai de
fatigue
• Par expérience, pour éviter tout problème de fluage (en traction) de l’éprouvette
pendant la période de mise en température, il est nécessaire de maintenir (pour des
températures inférieures à 20°C) une petite compression sur l’éprouvette, environ
0,1kN.
- 106 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
la force (F) exercée sur l’éprouvette. La contrainte σ1 dans le matériau est calculée par le
rapport entre la force mesurée et la section de l’éprouvette selon l’équation (2.1):
F
σ1 = (2.1)
π(D / 2)2
60 62 64 66
100 0,010
ϕΕ /ω (π−ϕ )/ω
ε1 ε2 ν
50 0,005
Déformation (10 m/m)
Contrainte (MPa)
-6
0 0,000
-50 -0,005
σ1
-100 -0,010
60 62 64 66
Temps (s)
Figure 2-8. Déformation axiale, déformation radiale et contrainte axiale (essai de module complexe
MCE1 à T = 35°C et f = 0,3 Hz).
107
2.1. Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et essai de
fatigue
Il est rappelé que notre essai de module complexe est réalisé en mode de déformation.
L’amplitude de la sollicitation appliquée doit être inférieure à 10-4 m/m pour rester dans le
domaine linéaire (ou proche) et ne pas endommager l’éprouvette.
L’essai de fatigue consiste à solliciter l’éprouvette à une température fixée (10°C) et une
fréquence fixée (10Hz). L’essai de fatigue est également réalisé en mode de déformation. Un
grand nombre de cycles est appliqué jusqu’à atteindre la « rupture » de l’éprouvette.
- 108 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
Les données sont enregistrées de façon que chaque acquisition comporte deux cycles
successifs échantillonnés sur 200 points. Ces points expérimentaux ne sont pas situés
exactement sur une courbe sinusoïdale en raison des imperfections expérimentales et de la
faible non-linéarité du comportement. Les données expérimentales liées à la force et aux
déplacements mesurés par trois capteurs sans contact axiaux et deux capteurs sans contact
radiaux sont assimilées à une courbe sinusoïdale d’équation :
Ainsi, à part la fréquence qui reste constante et fixée, les autres paramètres de cette
équation sont calculés par la méthode des moindres carrés.
109
2.1. Essai de traction - compression sur éprouvettes cylindriques : essai de module complexe et essai de
fatigue
1
Force (kN)
0
18.75 18.80 18.85 18.90 18.95 19.00 19.05
-1
-2
-3
-4
Temps (s)
Figure 2-9. Signal de force mesuré et son signal approché (essai de fatigue E3-20-D50, T=10°C,
f=10Hz).
- Signal de contrainte :
εiAax, εi0ax, ϕεiax (l’amplitude, la valeur moyenne, l’angle de phase pour les trois
déformations axiales : i=1,2 ou 3)
εAax, ε0ax, ϕεax (l’amplitude, la valeur moyenne, l’angle de phase pour la déformation
moyenne qui correspond à la moyenne calculée des trois mesures axiales précédentes)
εiArad, εi0rad, ϕεirad (l’amplitude, la valeur moyenne, l’angle de phase pour les deux
déformations radiales : i=1,2)
εArad, ε0rad, ϕεrad (l’amplitude, la valeur moyenne, l’angle de phase pour la déformation
moyenne qui correspond à la moyenne calculée des deux mesures radiales précédentes)
- 110 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
σA
E* = (2.5)
ε Aax
Les composantes E1 et E2 du module complexe sont calculées à partir des équations
(2.6) et (2.7) :
E1 = E * .cos ϕ E (2.6)
E2 = E * .sin ϕ E (2.7)
ϕ E = ϕσ − ϕε ax (2.8)
ε Arad
ν* = (2.9)
ε Aax
Les composantes ν1 et ν2 du coefficient de Poisson complexe sont calculées à partir des
équations (2.10) et (2.11) :
ν 1 = ν * .cos ϕν (2.10)
ν 2 = ν * .sin ϕν (2.11)
L’énergie dissipée par cycle de chargement sinusoïdal est calculée pour le signal de la
déformation axiale moyenne à partir de l’équation suivante (ce paramètre n’est utilisé
que pour l’étude des essais de fatigue) :
Une campagne expérimentale sur les essais de fatigue a été réalisée pendant cette thèse.
Les résultats et les analyses sont présentés dans le chapitre 4.
111
2.2. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure
Ici, un exemple de résultat d’un essai de fatigue (E6-62-D50) est présenté dans la Figure
2-10.
15000 0,4
|E*| (MPa)
|ν∗|
Phase II Phase III
0,3
10000
Phase I
0,2
5000
0,1
Nf30% Nf50%
0 0,0
0 250000 500000 750000 1000000 0 250000 500000 750000 1000000
N (cycles) N (cycles)
ϕν∗ (°)
20 2
ϕ (°)
18 0
16 -2
14 -4
0 250000 500000 750000 1000000 0 250000 500000 750000 1000000
N (cycles) N (cycles)
Figure 2-10. Exemple des résultats de l’essai de fatigue E6-62-D50 : (gauche) évolution de la norme du
module complexe et son angle de phase en fonction du nombre de cycles et sa courbe dans l’espace de
Black ; (droite) évolution de la norme du coefficient de Poisson complexe et son angle de phase en
fonction du nombre de cycles et sa courbe dans l’espace de Black.
- 112 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
La propagation de fissure dans les enrobés bitumineux est étudiée avec l’essai de flexion 4
points au laboratoire DGCB de l’ENTPE (Figure 2-11). Les échantillons sont des barreaux
d’enrobés bitumineux, dont les dimensions de référence sont : 55cm de long, 7cm de haut et
6,5cm de large. Une entaille initiale est créée au milieu de la poutre avec une largeur en fond
d’entaille inférieure à 2mm. Sa profondeur peut être choisie et fait partie des paramètres
étudiés. La préparation de l’éprouvette et la création de l’entaille initiale sont présentées dans
les paragraphes 5.2.1.
CMOD
Le système des appuis du banc de flexion 4 points a été fabriqué par le personnel de
l’atelier de l’ENTPE :
- appuis inférieurs : 2 rouleaux (diamètre de 3cm) libre en rotation autour de leur axe.
L’écart entre deux appuis inférieurs est de 36cm.
113
2.2. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure
a) b)
Figure 2-12. Système d’appuis du banc de flexion 4 points : a) appuis inférieurs ; b) appuis supérieurs
Une presse hydraulique INSTRON est utilisée pour appliquer les chargements (Figure
2-13). Les essais de la campagne sont effectués en mode de déplacement imposé à une vitesse
constante à l’aide du capteur de déplacement du piston. Néanmoins, d’autres capteurs
peuvent être utilisés pour effectuer l’essai (capteur de force, capteur d’ouverture de fissure ou
autres). Des essais de chargement monotone et avec des cycles de charge – décharge ont été
réalisés. Le capteur de force permet de mesurer la charge appliquée (P).
Afin de contrôler la température au cours de l’essai, une enceinte thermique est utilisée.
La grande taille de l’éprouvette impose d’utiliser une enceinte thermique de grande dimension
spécialement conçue. La température à l’intérieur de l’enceinte au cours de l’essai peut être
- 114 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
régulée de -50°C à 80°C. Une sonde de température est fixée sur l’éprouvette pour mesurer sa
température de surface.
2.2.2 Instrumentation
Plusieurs capteurs ont été utilisés afin d’enregistrer l’évolution de la force, des
déplacements en plusieurs points de l’éprouvette et l’avancée de la fissure au cours de l’essai.
Ils sont détaillés dans les paragraphes suivants.
La presse hydraulique permet d’utiliser une large gamme de capteurs de force, de 5kN à
250kN. Toutefois nous avons utilisé, pour les premières campagnes expériementales, le
capteur de force de 50kN. Ensuite un nouveau capteur de force de capacité de 10kN a été
utilisé pour la dernière campagne expérimentale.
Dans le cas idéal (pas d’effets biaisants), le déplacement mesuré par le capteur de
déplacement du piston de la presse correspond au déplacement entre les points d’appui de la
surface supérieure et ceux de la surface inférieure de l’éprouvette (cf. Figure 2-11). Mais, en
réalité ce déplacement comprend non seulemnt le déplacement entre les points d’appui de
l’éprouvette mais aussi les déplacements complémentaires engendrés par les phénomènes
biaisants. Il y a deux phénomènes biaisants qui peuvent être pris en compte :
ucomplaisance
C= (2.14)
P
115
2.2. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure
Le déplacement mesuré par le capteur du piston de la presse peut être donc corrigé pour
éliminer ces deux phénomènes biaisants. Ce calcul est présenté dans le paragraphe 2.2.2.2.
Pour mesurer les déplacements sur la poutre, trois capteurs LVDT (Linear Variable
Differential Transformer) sont positionnés sur la face supérieure de l’éprouvette : à la
verticale de la fissure (LVDT2), et à la verticale des appuis inférieurs (LVDT1 et LVDT3)
(Figure 2-11).
Nos capteurs LVDT ont été étalonnés de telle sorte qu’ils fonctionnent correctement
(comportement linéaire) pour un intervalle de distance de –2,5mm à +2,5mm qui correspond
à un intervalle de tension de –10V à +10V à la sortie du conditionneur électronique.
LVDT 1 + LVDT 3
f = LVDT 2 − (2.15)
2
LVDT 1 + LVDT 3
u poinçonnement = 2. = LVDT 1 + LVDT 3 (2.16)
2
Ainsi, le déplacement corrigé (ucor) de l’éprouvette aux points d’appui (hors phénomènes
biaisants) peut être déterminé par la formule :
Où :
- 116 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
upiston : déplacement aux points d’appui mesuré par le capteur de déplacement du piston
de la presse.
Un extensomètre (désigné CMOD – Crack Mouth Opening Displacement) est utilisé pour
mesurer l’ouverture de fissure au bout de l’entaille. Il est placé sur la face inférieure de
l’éprouvette, au bout de l’entaille, grâce à deux lames en acier collées sur l’éprouvette, qui le
maintiennent comprimé (Figure 2-14). La plage de mesure de ce capteur est de 6mm.
Figure 2-14. Exemple de capteur de type CMOD permettant de mesurer l’ouverture de fissure.
117
2.2. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure
est largement connue dans la littérature [Jiang et al. 2004; Lemaistre 1998; Wendling et al.
2004], mais coûteuse.
Une jauge de fissuration est constituée de 21 fils parallèles séparés l’un de l’autre par une
distance de 2,5 mm. Ces fils sont supposés se couper l’un après l’autre afin de détecter le
passage de la fissure. La jauge de fissuration a 8 cm de long et 5 cm de haut environ. Le fond
de l’entaille initiale de l’éprouvette se trouve entre le premier et le deuxième fil de la jauge
(Figure 2-15).
21 fils
Figure 2-15. Jauge de fissuration (une jauge identique collée sur la face opposée)
Pour coller les jauges de fissuration sur l’éprouvette, nous avons utilisé la colle adhésive
instantanée « LOCTITE 495 ». Le collage des jauges de fissuration est réalisé selon une
procédure bien définie [Maguet 2005a].
Pour éviter le phénomène de fluage des éprouvettes, nous les avons stockées à plat sur des
supports rigides dans une salle climatisée à température de 20°C environ. Le phénomène de
fluage est très connu pour les matériaux bitumineux. Un premier essai a été ainsi effectué
comme essai préliminaire. A cause du temps passé à préparer tous les systèmes d’essai, et
comme l’éprouvette avait été mise sur le banc de flexion à la température ambiante, elle s’est
déformée à cause du phénomène de fluage. C’est pourquoi, avant le montage de chaque essai,
nous avons mis les éprouvettes dans un congélateur à -5°C pendant au moins quatre heures.
Nous avons également bien organisé tout le système d’essai pour que la mise en place de
l’essai soit rapide.
- 118 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
Figure 2-16. Mise en place de l'essai de flexion 4 points dans l'enceinte thermique.
- WaveEdit sert à définir complètement l’essai qui sera réalisé (mode de pilotage, vitesse
de pilotage, direction de chargement etc…). Les fichiers de bloc (*.blk) créés par ce
programme sont exécutés par WaveRunner.
- « cycles.blk » : utilisé pour les essais avec des cycles de charge – décharge.
119
2.2. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure
Les données des essais sont enregistrées dans un fichier *.csv qui peut être ouvert par le
logiciel Excel pour le calcul de différents paramètres. Les données mesurées donnent accès
direct à des valeurs du temps, de la charge, et du déplacement. A partir de ces mesures, nous
pouvons calculer directement les paramètres nécessaires.
Deux grandes campagnes expérimentales sur les essais de propagation de fissure ont été
réalisées pendant cette thèse. Les résultats et les discussions sont présentés dans le chapitre 5.
Ici, deux exemples de résultats d’un essai de propagation de fissure de chaque campagne sont
présentés dans les Figure 2-17 et Figure 2-19 respectivement.
Les essais de la première campagne (présentés dans le paragraphe 5.2) sont effectués
principalement avec des cycles de décharge –recharge (environ une dizaine de cycles).
4
1
3
P (kN)
0
-0,1 0,0 0,1 0,2 0,3
2
0
-1 0 1 2 3 4
Déplacement du piston u (mm)
Figure 2-17. Courbe de chargement en fonction du déplacement du piston avec des cycles de décharge -
recharge (essai ME1 : v=1mm/min; T=-5°C).
1,2
0,9
CMOD (mm)
0,6
0,3
0,0
0,0 0,3 0,6 0,9 1,2 1,5 1,8
Flèche f (mm)
Figure 2-18. Evolution de l’ouverture de fissure (CMOD) en fonction de la flèche (calculée selon
l’équation (2.15)) (essai ME1 : v=1mm/min; T=-5°C).
- 120 -
2. Présentation des essais réalisés et dispositifs expérimentaux utilisés
Les essais de la deuxième campagne (présentés dans le paragraphe 5.3) sont effectués
principalement en sollicitation monotone.
3,0 3
2,5 2
2,0 1
P (kN)
1,5
0
-0,25 0,00 0,25 0,50
1,0
P-u
0,5 P - u linéaire
0,0
-1 0 1 2 3 4 5 6
Déplacement du piston u (mm)
Figure 2-19. Courbe de chargement monotone en fonction du déplacement du piston (essai ENTPE7 :
v=0,2mm/min ; T = -10,3°C).
1,2
0,9
CMOD (mm)
0,6
0,3
0,0
0,0 0,3 0,6 0,9 1,2 1,5 1,8
Flèche f (mm)
Figure 2-20. Evolution de l’ouverture de fissure (CMOD) en fonction de la flèche (calculée selon
l’équation (2.15)) (essai ENTPE7 : v=0,2mm/min ; T = -10,3°C).
121
2.2. Essai de flexion 4 points sur éprouvette entaillée : essai de propagation de fissure
- 122 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
Résultats de l’essai de
module complexe et
modélisation du
comportement VEL à l’aide
du modèle 2S2P1D
3.1.2 Courbes dans le plan Cole-Cole et dans l’espace de Black ..................................... 126
3.2 Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D 131
123
3.1. Résultat de l’essai de module complexe
La première partie présente les résultats de l'essai de module complexe sur un enrobé
bitumineux fourni par l’Université de l’Illinois à Urbana Champaign. Il est à noter que cet
enrobé est également utilisé pour interpréter les essais de propagation de fissure de la
deuxième campagne expérimentale présentée dans le paragraphe 5.2. La formulation et la
courbe granulométrique de cet enrobé ainsi que la procédure de fabrication des éprouvettes
sont alors présentées dans le paragraphe 5.2.1 du chapitre 5 de cette thèse.
Un seul essai de module complexe a été réalisé sur l’éprouvette MCE1 dont les
caractéristiques sont présentées dans le Tableau 3-1.
Tableau 3-1. Caractéristiques de l’éprouvette cylindrique MCE1 pour l’essai de module complexe.
L’essai MCE1 a été mené pour des températures comprises entre -20°C et 35°C (8
températures), à des sollicitations de fréquence allant de 0,03Hz à 10Hz (6 fréquences) (cf.
Tableau 3-2). Les essais élémentaires (à différentes températures et différentes fréquences)
sont effectués à déformation imposée qui est la moyenne des trois déformations mesurées par
les trois capteurs axiaux.
Températures (°C) -20,1 ; -8,5 ; -2,8 ; 0,3 ; 1,7 ; 10,5 ; 20,1 ; 35,7
Fréquences (Hz) 0,03 ; 0,1 ; 0,3 ; 1 ; 3 ; 10
Tableau 3-2. Températures et fréquences utilisées pendant l’essai de module complexe MCE1.
- 124 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
4
10
|E*| (MPa)
3
10 -20,1°C
-8,5°C
-2,8°C
0,3°C
2
10 1,7°C
10,5°C
20,1°C
35,7°C
1
10
-2 -1 0 1 2
10 10 10 10 10
a) Fréquence (Hz)
5
10
4
10
|E*| (MPa)
3
10
0,03Hz
0,1Hz
2
10 0,3Hz
1Hz
3Hz
1
10Hz
10
-20 -10 0 10 20 30 40
b) Température (°C)
Figure 3-1. Courbes isothermes (a) et isochrones (b) de la norme du module complexe en fonction de la
fréquence et de la température respectivement (essai MCE1).
Les Figure 3-2a et Figure 3-2b présentent respectivement les courbes isothermes et
isochrones de la norme du coefficient de Poisson en fonction de la fréquence et de la
température.
125
3.1. Résultat de l’essai de module complexe
0,40
-20,1°C
-8,5°C
-2,8°C
0,35 0,3°C
1,7°C
10,5°C
0,30 20,1°C
|ν |
∗
35,7°C
0,25
0,20
0,15
-2 -1 0 1 2
10 10 10 10 10
a) Fréquence (Hz)
0,40
0,03Hz
0,1Hz
0,35 0,3Hz
1Hz
3Hz
0,30 10Hz
|ν |
*
0,25
0,20
0,15
-20 -10 0 10 20 30 40
b) Température (°C)
Figure 3-2. Courbes isothermes (a) et isochrones (b) de la norme du coefficient de Poisson complexe en
fonction de la fréquence et de la température respectivement (essai MCE1).
Nous pouvons observer que la norme du coefficient de Poisson n’est pas constante égale à
0,35 comme supposée dans la littérature. Dans cet essai, |ν*| varie entre environ 0,18 à haute
fréquence et/ou basse température, et 0,35 à basse fréquence et/ou haute température. Elle
diminue lorsque la fréquence augmente, et augmente lorsque la température augmente.
Les courbes du module complexe dans le plan Cole-Cole et dans l’espace de Black sont
présentées dans les Figure 3-3a et Figure 3-3b respectivement.
- 126 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
2500
-20,1°C
-8,5°C
-2,8°C
2000
0,3°C
1,7°C
10,5°C
1500 20,1°C
E2 (MPa)
35,7°C
1000
500
0
0 5000 10000 15000 20000 25000
E1 (MPa)
a)
5
10
-20,1°C
-8,5°C
-2,8°C
10
4 0,3°C
|E*| (MPa)
1,7°C
10,5°C
20,1°C
10
3 35,7°C
2
10
1
10
0 10 20 30 40 50 60 70
ϕE (°)
b)
Figure 3-3. Courbes du module complexe: a) dans le plan de Cole-Cole; et b) dans l’espace de Black
(essai MCE1)
Les courbes uniques obtenues dans le plan de Cole-Cole et dans l’espace de Black
montrent que le principe de superposition temps – température (PSTT) dans le domaine
VEL de l’enrobé testé est vérifié.
Les courbes uniques du coefficient de Poisson dans le plan Cole-Cole et dans l’espace de
Black sont présentées dans les Figure 3-3a et Figure 3-3b respectivement.
127
3.1. Résultat de l’essai de module complexe
0,000
-0,005
-0,010
-0,015
-20,1°C
ν2
-0,020 -8,5°C
-2,8°C
-0,025 0,3°C
1,7°C
-0,030 10,5°C
20,1°C
35,7°C
-0,035
0,16 0,20 0,24 0,28 0,32 0,36 0,40
ν1
a)
0,40
-20,1°C
-8,5°C
-2,8°C
0,35 0,3°C
1,7°C
10,5°C
0,30 20,1°C
|ν |
35,7°C
*
0,25
0,20
0,15
0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8
ϕν (°)
b)
Figure 3-4. Courbes du coefficient de Poisson complexe : a) dans le plan de Cole-Cole; et b) dans
l’espace de Black (essai MCE1)
Nous observons dans la Figure 3-4a que la partie imaginaire du coefficient de Poisson (ν2)
est négative quelle que soit la température et la fréquence. Ce résultat est raisonnable car
l'angle de phase du coefficient de Poisson est également négatif (Figure 3-4b).
Les courbes obtenues dans le plan de Cole-Cole et dans l'espace de Black sont
caractéristiques de l'enrobé étudié. Elles seront utilisées pour caler un modèle de
comportement rhéologique (cf. paragraphe 3.2.2). Lorsque le matériau obéit au principe
d’équivalence temps-température [Di Benedetto et Corté 2005], les points expérimentaux
permettent de définir une courbe unique, caractéristique du matériau testé.
- 128 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
chaque isotherme. Les courbes isothermes translatées doivent se superposées avec les valeurs
correspondant à la température de référence (Figure 3-5a). La courbe maîtresse de la norme
du module complexe permet d’obtenir des valeurs de module pour des fréquences
inaccessibles par l’expérimentation. Dans la Figure 3-5a, elle est tracée pour la température
TR de -8,5°C.
3 -20,1°C
10
-8,5°C
-2,8°C
0,3°C
2
10 1,7°C
10,5°C
aT 20,1°C
1
35,7°C
10
-9 -7 -5 -3 -1 1 3 5
10 10 10 10 10 10 10 10
a) Fréquence (Hz)
70
Erreur de -20,1°C
60 mesure à haute -8,5°C
température -2,8°C
50 0,3°C
1,7°C
40 10,5°C
20,1°C
ϕE (°)
30 35,7°C
20
10 Courbe maîtresse de ϕΕ
à TR= -8,5°C
0
-9 -7 -5 -3 -1 1 3 5
10 10 10 10 10 10 10 10
b) Fréquence (Hz)
Figure 3-5. Courbes maîtresses de |E*| (a) et de de ϕE (b) à TR = -8,5°C (essai MCE1).
129
3.1. Résultat de l’essai de module complexe
Plusieurs études ont confirmé que le comportement VEL monodirectionnel (1D) (module
complexe) du matériau bitumineux est thermorhéologiquement simple, i.e. le PSTT est
vérifié, en première approximation [De La Roche 1996; Di Benedetto et al. 2004b]. Dans de
récentes études [Di Benedetto et al. 2007a; Di Benedetto et al. 2008], les auteurs ont montré
que le PSTT est également vérifié dans le cas tridimensionnel (3D). Le résultat montre
qu’une courbe maîtresse peut également être obtenue pour le coefficient de Poisson.
Les Figure 3-6a et Figure 3-6b montrent les courbes maîtresses du coefficient de Poisson et
de l’angle de phase du coefficient de Poisson.
On remarque que l’angle de phase du coefficient de Poisson varie peu et reste dans
l’intervalle [-7° : 0°], donc proche de 0. La déformation radiale est donc légèrement en retard
par rapport à la déformation axiale.
0,40
-20,1°C
-8,5°C
0,35 -2,8°C
0,3°C
1,7°C
0,30 10,5°C
20,1°C
35,7°C
|ν |
∗
0,25
0,20 *
Courbe maîtresse de ν
à TR=-8,5°C
0,15
-9 -7 -5 -3 -1 1 3 5
10 10 10 10 10 10 10 10
a) Fréquence (Hz)
0
Courbe maîtresse de ϕν
-1 à TR=-8,5°C
-2
-3
ϕν (°)
-20,1°C
-4 -8,5°C
-2,8°C
-5 0,3°C
1,7°C
10,5°C
-6 20,1°C
35,7°C
-7
-9 -7 -5 -3 -1 1 3 5
10 10 10 10 10 10 10 10
b) Fréquence (Hz)
- 130 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
La méthode de translation a également été utilisé pour obtenir les courbes maîtresses de
ν . De plus, les valeurs obtenues du coefficient de translation pour ν* (aTν) sont identiques à
*
celles pour le E* (aTE). Les mêmes résultats ont été observés dans de récentes études [Di
Benedetto et al. 2007a; Di Benedetto et al. 2008; Nguyen et al. 2008a]. On considère donc un
coefficient de translation unique aT :
D’une manière analogue à celle adoptée dans le cas monodimensionnel, ce coefficient peut
être approché par une loi de type WLF (cf. paragraphe 1.3.7) dont les constantes C1 et C2
sont déterminées par la méthode des moindres carrés (Figure 3-7).
4
10
aT points expérimentaux
2 aT loi WLF
10
Coefficient de translation aT
10
0 TR= -8,5°C
C1= 42,8
-2
10 C2= 249,2
-4
10
-6
10
-8
10
-30 -20 -10 0 10 20 30 40
Température T (°C)
Figure 3-7. Coefficients de translation aT obtenue lors de la construction des courbes maîtresses du
module complexe E* et du coefficient de Poisson complexe ν* (essai MCE1).
131
3.2. Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D
1.3.8. Ce modèle peut être utilisé pour simuler le comportement viscoélastique linéaire
(modules complexes E*) des liants bitumineux, mastics ou enrobés.
EE00
0
EE0∞ -- E
E0 k h η
00
Figure 3-8. Représentation du modèle 2S2P1D [Di Benedetto et al. 2004b; Olard 2003].
E 0 − E 00
E *2S 2P 1D = E 00 + −k
(3.3)
1 + δ(i ωτE ) + (i ωτE )−h + (i ωβτE )−1
où
δ : constante,
E0 : module instantané du modèle obtenu lorsque ω tend vers l’infini (pour les
fréquences élevées et/ou les basses températures),
E00 : module statique obtenu lorsque ω tend vers 0 (pour les fréquences faibles et/ou les
hautes températures),
- 132 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
le coefficient de Poisson ν00 associé aux basses fréquences ; il est lié au module E00
associé au comportement à haute température.
E2*S 2P 1D (ω) − E 00
ν2*S 2P 1D (ω) = ν 00 + (ν 0 − ν 00 ). (3.4)
E 0 − E 00
Où :
De nombreuses mesures expérimentales récentes ont montré que τν n’est pas égal à τΕ,
mais le rapport entre ces deux paramètres est constant. Un paramètre est introduit pour
exprimer cette relation entre τν et τΕ :
τE
γEν = (3.6)
τν
133
3.2. Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D
Concernant la calibration du modèle 2S2P1D sur les résultats de module complexe, elle
consiste à déterminer, à une température T donnée, les 7 paramètres E00, E0, k, h, δ, β et τΕ
pour que le module complexe du modèle soit le plus proche possible de celui des données
expérimentales, quelle que soit la fréquence. L’effet de la température est ensuite pris en
considération grâce au paramètre τΕ(T). Ce paramètre est par ailleurs le seul qui varie en
fonction de la température.
E0 est déterminé dans le plan de Cole-Cole (Figure 3-9); sa valeur correspond à la valeur
limite atteinte par le module lorsque la fréquence tend vers l’infini. A fréquence très
élevée, le module tend vers un nombre réel (angle de phase nul) c’est-à-dire vers un
matériau purement élastique.
E00 est paramétré dans le domaine des basses fréquences. C’est la limite du module
lorsque ω tend vers 0. E00 > 0 pour les enrobés bitumineux. Le comportement tend alors
vers celui d’un matériau purement élastique. Dans le cas des bitumes, cette constante est
nulle. L’amortisseur linéaire η joue alors un rôle prépondérant à haute température et le
comportement tend vers celui d’un matériau visqueux pur (ou newtonien) lorsque la
fréquence tend vers zéro.
Les constantes k, h et δ des éléments à fluage parabolique sont calibrés dans le plan de
Cole-Cole principalement. Leurs valeurs ont un effet sur la forme de la courbe comme
indiqué sur la Figure 3-9. k est la pente à basse température. h est la pente à haute
température. δ est le facteur de forme influençant sur le maximum de la courbe.
Figure 3-9. Influence des paramètres du modèle 2S2P1D sur le module complexe représenté dans le
plan de Cole-Cole.
- 134 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
vers 0. Ainsi, dans une gamme de fréquences « faibles », la pente de log|E*|=h[log(ω)] est
proche de 1. En changeant la valeur de β, cette gamme de fréquences est modifiée. Si β1 <
β2, alors la pente du module E1* calculé avec β1 tend plus rapidement vers 1 que la pente
du module E2* (calculé avec β2) lorsque la fréquence tend vers 0 (Figure 3-10). En outre,
plus β est élevée, plus la viscosité η du modèle est élevée, et donc plus le module
complexe est élevé.
La constante de temps τΕ est liée à la température. Elle est ajustée à chaque isotherme T.
L’évolution de τΕ en fonction de la température peut être approchée par une loi de type
WLF lorsque le principe de superposition temps température est vérifié. Dans cette
situation, τΕ est entièrement déterminé par les constantes C1 et C2 de la loi WLF et par le
paramètre τ0 (équation (3.8)). On a alors τ(TR ) = τ 0 .
⎛τ ⎞ C (T − TR )
log ⎜⎜ E ⎟⎟⎟ = − 1 (3.8)
⎜⎝ τ 0 ⎠⎟ C 2 + T − TR
Figure 3-10. Influence de la constante β du modèle 2S2P1D sur la norme du module complexe.
Le calage de deux constantes (ν00 et ν0) est rapide puisque qu’elles correspondent aux
valeurs limites du coefficient de Poisson complexe lorsque la fréquence tend vers l’infini (ν0)
et lorsqu’elle tend vers zéro (ν00).
135
3.2. Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D
0,5
|ν*|
ν0
γEν
ν00
0
fréquence
équivalente
Figure 3-11. Calage des paramètres du modèle 2S2P1D sur la norme du coefficient de Poisson
complexe.
4
10
3
10
|E*| (MPa)
2
10
1
10
Expérimental
Modèle 2S2P1D
0
10
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
10 10 10 10 10 10 10 10 10
Fréquence (Hz)
Figure 3-12. Courbe maîtresse de la norme du module complexe |E*| de l'enrobé MCE1. Simulations
avec le modèle 2S2P1D (TR = -8,5°C).
- 136 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
70
Expérimental
60
Modèle 2S2P1D
50
40
ϕE (°)
30
20
10
0
-12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
Fréquence (Hz)
Figure 3-13. Courbe maîtresse de φE de l'enrobé MCE1. Simulations avec le modèle 2S2P1D (TR = -
8,5°C).
2500
Expérimental
Modèle 2S2P1D
2000
1500
E2 (MPa)
1000
500
0
0 5000 10000 15000 20000 25000
E1 (MPa)
Figure 3-14. Module complexe de l'enrobé MCE1 dans le plan de Cole-Cole. Simulations avec le modèle
2S2P1D.
5
10
Expérimental
Model 2S2P1D
4
10
|E*| (MPa)
3
10
2
10
1
10
0
10
0 10 20 30 40 50 60 70
ϕ (°)
Figure 3-15. Module complexe de l'enrobé MCE1 dans l'espace de Black. Simulations avec le modèle
2S2P1D.
137
3.2. Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D
Ces figurent mettent en évidence les bonnes performances du modèle 2S2P1D pour simuler
le comportement viscoélastique de l'enrobé (MCE1) sur toute la gamme de fréquences et de
températures testées. En particulier, la norme de E* est très bien modélisée sur toute la
gamme de température et/ou de fréquences. En ce qui concerne l’angle de phase, le modèle
fournit de bons résultats à basse température. A haute température, on observe des écarts
atteignant 8° entre l’angle de phase mesuré et celui qui est modélisé. En outre, le plan de
Cole-Cole met en évidence une très bonne qualité de modélisation à basse température.
0,40
Expérimental
Modèle 2S2P1D
0,35
0,30
|ν |
∗
0,25
0,20
0,15
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
10 10 10 10 10 10 10 10 10
Fréquence (Hz)
Figure 3-16. Courbe maîtresse de la norme du coefficient de Poisson de l'enrobé MCE1. Résultats
expérimentaux et simulations avec le modèle 2S2P1D (TR = -8,5°C).
- 138 -
3. Résultats de l’essai de module complexe et modélisation du comportement VEL à l’aide du modèle
2S2P1D
2
Expérimental
Modèle 2S2P1D
0
-2
ϕν (°)
-4
-6
-8
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
10 10 10 10 10 10 10 10 10
Fréquence (Hz)
Figure 3-17. Courbe maîtresse de l'angle de phase du coefficient de Poisson de l'enrobé MCE1.
Résultats expérimentaux et simulations avec le modèle 2S2P1D (TR = -8,5°C).
0,000
-0,005
-0,010
-0,015
ν2
-0,020
-0,025
-0,030
Expérimental
Modèle 2S2P1D
-0,035
0,16 0,20 0,24 0,28 0,32 0,36 0,40
ν1
Figure 3-18. Coefficient de Poisson de l'enrobé MCE1 dans le plan de Cole-Cole. Simulations avec le
modèle 2S2P1D.
0,40
Expérimental
Modèle 2S2P1D
0,35
0,30
|ν |
∗
0,25
0,20
0,15
0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8
ϕν (°)
Figure 3-19. Coefficient de Poisson de l'enrobé MCE1 dans l'espace de Black. Simulations avec le
modèle 2S2P1D.
139
3.2. Modélisation du comportement VEL des enrobés bitumineux à l’aide du modèle 2S2P1D
Le Tableau 3-3 présente les paramètres du modèle calibrés pour l'enrobé MCE1 à TR = -
8,5°C. Les constantes C1 et C2 de la loi WLF figurent également dans le Tableau 3-3.
E* ν∗ WLF
10 2,25E+4 0,2 0,6 3 210 100 0,36 0,17 2E-3 42,8 249,2
Tableau 3-3. Constantes du modèle 2S2P1D calibrées pour l'enrobé MCE1 (7 constantes pour E*, 3
constantes pour ν∗, et 2 constantes de la loi WLF).
- 140 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Campagne expérimentale
et analyses des résultats
des essais de fatigue sur les
enrobés semi-tièdes
4.3.5 Influence de l’additif pour les enrobés semi-tièdes de même procédé de fabrication
(LEA2).................................................................................................................... 175
4.3.6 Influence des procédés de fabrication des enrobés semi-tièdes de même additif (C)
176
141
4.1. Matériaux
Ce chapitre présente la campagne expérimentale sur les essais de fatigue des enrobés
semi-tièdes. Cette étude a été réalisée dans le cadre d’une coopération avec la société Eiffage
Travaux Publics. Les matériaux de cette campagne ont été fournis par cette société.
Ce chapitre regroupe les résultats des essais de fatigue pour les six enrobés testés. Il
comporte trois parties. La description des éprouvettes fournies constitue la première partie.
Le dispositif expérimental et la procédure de l’essai de fatigue sont présentés dans le chapitre
2, paragraphe 2.1. Ensuite, la deuxième partie résume la campagne expérimentale. La
troisième partie est consacrée à la présentation des résultats et des analyses. Une conclusion
rapide du chapitre constitue la dernière partie.
L’étude du comportement en fatigue des enrobés semi-tièdes, telle qu’elle est abordée dans
ce travail, présente deux intérêts :
le dispositif expérimental utilisé (cf. paragraphe 2.1), à savoir celui pour l’essai traction –
compression sur éprouvette cylindrique, permet de réaliser des essais homogènes. Notre
dispositif avec des capteurs radiaux permet en outre de mesurer l’évolution du coefficient
de Poisson au cours d’un essai de fatigue.
4.1 Matériaux
Dans cette étude, six enrobés bitumineux ont été testés. Les enrobés diffèrent uniquement
par le procédé de fabrication et les additifs employés. La même formulation a été utilisée
pour fabriquer ces enrobés, qui sont de type grave bitume [NF-EN-13108-1 2007], de
granulométrie 0/14, avec des granulats de la carrière Tarmac Creuzeval. La formulation est
présentée dans le Tableau 4-1. La courbe granulométrique est présentée dans la Figure 5-55.
- 142 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
100,0
Tamisats cumulés (%)
80,0
60,0
40,0
20,0
0,0
0,01 0,10 1,00 10,00 100,00
Mailles des tamis (mm)
Parmi les six enrobés testés, un enrobé « à chaud » (HMA : Hot Mix Asphalt) sert
d’enrobé de référence. Les cinq autres enrobés sont les enrobés semi-tièdes. Ces mélanges sont
fabriqués à partir de trois procédés LEA (Low Energy Asphalt) (appelés ici LEA1, LEA2 et
LEA3) visant à réduire la consommation d’énergie (voir le paragraphe 1.1.4). Trois types
d'additifs ont également été utilisés afin d'augmenter la capacité de la mousse et de
l’enrobage de bitume. Pour les distinguer, les lettres C, G et O sont ajoutés au type de
mélange.
Les six enrobés testés sont donc : un enrobé à chaud de référence et cinq enrobés semi-
tièdes dénommés « LEA2 C», « LEA1 C », « LEA2 O», « LEA2 G» et « LEA3 C» que
nous numérotons de E1 à E6 respectivement (Tableau 4-2). Pour chaque enrobé, au moins
six éprouvettes sont disponibles.
Le Tableau 4-2 présente les caractéristiques des éprouvettes des six enrobés.
143
4.1. Matériaux
Les éprouvettes ont pour dimension 140mm de hauteur et 80mm de diamètre environ pour
les trois premiers enrobés (E1, E2 et E3) et pour dimension 130mm de hauteur et 80mm de
diamètre environ pour les trois enrobés suivants (E4, E5 et E6). Des mesures de taille et de
poids ont été réalisées pour chaque éprouvette et permettent de calculer la compacité des
éprouvettes. Elles sont indiquées dans le Tableau 4-2. La hauteur et le diamètre
- 144 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
La teneur en vide des éprouvettes mesurée par gammadensimétrie et celle calculée à partir
de la composition de l’enrobé sont présentées dans les Figure 4-2 et Figure 4-3. Nous avons
remarqué que, selon les mesures au banc γ, la teneur en vide de ces éprouvettes est élevée, de
4,8% à 8,6%, surtout avec les enrobés « semi - tièdes ». Cette teneur en vide élevée
correspond à une faible compacité qui est de 91,4 % à 95,2%. Par contre, les teneurs en vide
de ces éprouvettes calculées à partir de la composition de l’enrobé sont de l’ordre de 0,7% à
5,9%. Malgré ces différences, les tendances générales entre les enrobés sont respectées. La
compacité des enrobés « semi-tièdes » est toujours plus faible que celle de l’enrobé à chaud
de référence.
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
1 3 6 7 8 9 10 12 13 16 17 18 20 21 23 24 25 27 41 43 44 45 46 47 48 50 51 52 53 54 55 60 61 62 63 64 65
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 G
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA2 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA1 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
LEA3 C
1 3 6 7 8 9 10 12 13 16 17 18 20 21 23 24 25 27 41 43 44 45 46 47 48 50 51 52 53 54 55 60 61 62 63 64 65
Figure 4-3. Teneur en vide des éprouvettes d’enrobé calculée à partir de la composition de l’enrobé.
145
4.1. Matériaux
D’ailleurs, dans le Tableau 4-2, l’éprouvette numéro 46 qui est marquée « mal malaxée »
a été cassée lors du montage sur la presse. Nous avons observé sur le faciès de rupture
(Figure 4-5), des granulats qui ne sont pas bien enrobés de bitume.
Côté mieux
Côté moins
compacté
compacté
Figure 4-5. Eprouvette avec répartition non uniforme du liant (N°46 - Tableau 4-2).
- 146 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Les essais des six enrobés sont résumés dans le Tableau 4-3. Compte-tenu des problèmes
expérimentaux rencontrés, certaines éprouvettes se sont cassées avant de pouvoir être testées.
La nomenclature utilisée pour nommer les essais permet d’informer sur les paramètres
importants des essais (Figure 4-6). Ainsi, le nom est composé de quatre parties. La première
147
4.3. Résultats et analyses
Mode
de
sollicitation
E1-7-D50
Type
d'enrobé Numéro Niveau
de de
l'éprouvette sollicitation
La même procédure a été utilisée pour calculer la valeur initiale du coefficient de Poisson
complexe. Par contre, cette valeur n’est pas présentée dans le Tableau 4-3.
Pour chaque enrobé, au moins quatre éprouvettes ont été testés. Afin de déterminer la
résistance à la fatigue, différentes amplitudes de déformation ont été appliqués à chaque
essai, sélectionnées entre 40 et 100μm/m (Tableau 4-3), ce qui conduit à des durées de vie
entre 2.104 et 3.106 cycles.
Nous présentons dans ce paragraphe les résultats obtenus pour l’essai E3-20-D50. Dans
certains cas, nous avons également présenté le graphique d’un autre essai pour interpréter le
phénomène observé.
- 148 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
(εi0ax – N) et (ε0ax – N) : les courbes d’évolution du centre de déformation pour les trois
capteurs de déplacement axial et la déformation axiale moyenne en fonction du
nombre de cycles.
(Ecarts des déformations axiales – N) : les courbes d’évolution des écarts moyens de
l’amplitude de déformation des trois capteurs de déplacement axial par
rapport à l’amplitude de déformation axiale moyenne en fonction du nombre
de cycles.
149
4.3. Résultats et analyses
(εi0rad – N) et (ε0rad – N) : les courbes d’évolution du centre de déformation pour les deux
capteurs de déplacement radial et la déformation radiale moyenne en fonction
du nombre de cycles.
16000
14000
12000
10000
E* (MPa)
8000
6000
Phase I Phase II
4000
2000
0
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Pour certains de nos essais de fatigue, nous observons seulement deux phases dans
l’évolution du module. En réalité, il y en a trois [Baaj 2002]. Dans la Figure 4-8 pour l’essai
E2-12-D44, nous obtenons nettement une évolution du module avec trois phases. Dans la
troisième phase, la valeur du module subit de nouveau une chute.
- 150 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
14000
12000
Phase III
10000
E* (MPa)
8000
6000
Phase I Phase II
4000
2000
0
0 500000 1000000 1500000 2000000
N (cycles)
Sur la Figure 4-9, nous constatons que le déphasage du module complexe croît rapidement
de quelques degrés au début de l’essai, puis il continue à augmenter légèrement. Dans
certains essais, des variations négligeables de 0,2 degré de l’angle de phase sont observées.
19
18
17
16
ϕ (°)
15
14
13
12
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Figure 4-9. Evolution de l’angle de phase du module complexe en fonction du nombre de cycles (essai
E3-20-D50).
Nous avons également présenté le module complexe obtenu à chaque essai dans l’espace de
Black modifié. Pour avoir un meilleur aperçu des variations des paramètres (module et angle
de phase), nous avons adopté la modification proposée par Ashayer Soltani [Ashayer Soltani]
sur l’espace de Black. Cette modification consiste à présenter les valeurs du module en échelle
normale et non en échelle logarithmique.
Les Figure 4-10 et Figure 4-11 correspondent à l’espace de Black modifié respectivement
pour les essais E3-20-D50 et E6-62-D50.
151
4.3. Résultats et analyses
15000
13000
E* (MPa)
11000
9000
7000
5000
20 18 16 14 12 10
ϕ (°)
15000
Phase I
13000
11000
E* (MPa)
9000
Phase II
7000
5000
Phase III
3000
1000
20 19 18 17 16 15 14 13
ϕ (°)
- 152 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
100
90
80
εA axiaux (µm/m)
70
60
50
40
30
20
10
0
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
esp_Ax esp_ax 1 esp_ax 2 esp_ax 3
Les différences entre les déformations mesurées par les capteurs axiaux sont dues
généralement à la non homogénéité de l’échantillon et (ou) à l’excentration de la force
appliquée.
La non homogénéité des échantillons d’enrobés bitumineux est une caractéristique propre
à ces matériaux. Lors de la fabrication des plaques d’enrobé, une bonne préparation et un
bon malaxage des granulats ainsi qu’un plan de compactage bien étudié peuvent diminuer la
non homogénéité de la plaque d’enrobé préparée. Il est très important également de faire le
carottage des éprouvettes selon un plan bien étudié et qui élimine les bords des plaques.
Dans la Figure 4-13, les courbes d’écart des amplitudes de déformation (correspondant aux
trois capteurs axiaux) par rapport à la déformation moyenne sont présentées en fonction du
nombre de cycles. Ces courbes ont une grande importance car elles déterminent l’état
d’homogénéité ou non homogénéité du champ de déformation dans l’échantillon au cours de
l’essai. Plus les valeurs de ces écarts sont élevées, plus le champ de déformation est devenu
non homogène. Avec l’avancement de l’essai, les écarts deviennent plus importants.
[Baaj 2002] a proposé un critère pour vérifier la validité de l’essai de fatigue. Le critère de
rejet est fixé à un écart de ±25%, au-delà de cette valeur, l’essai est exclu de l’analyse.
Par contre, nos essais de fatigue présentent souvent des écarts assez élevés même au début
de l’essai. Nous ne pouvons donc pas appliquer ce critère pour vérifier si l’essai est valable
pour l’analyse.
153
4.3. Résultats et analyses
100 %
Dans quelques uns de nos essais de fatigue, nous avons observé un phénomène que nous
appelons « effet d’accordéon » (essai E4-45-D50 par exemple). Dans la Figure 4-14, on peut
observer que la déformation axiale mesurée par le capteur 2 diminue jusqu’à une valeur nulle
puis remonte.
Ce phénomène peut être expliqué par la non homogénéité de l’échantillon. Ce dernier est
déformé différemment d’un côté à l’autre. Le côté le mieux compacté se déforme moins que
les autres côtés (dans la Figure 4-14, c’est le côté proche du capteur 2). A partir d’un
moment, la valeur de déformation mesurée par le capteur 2 devient nulle, l’éprouvette se
comporte comme l’accordéon dans la Figure 4-15b. Après, cette déformation continue à
évoluer mais dans le sens inverse. En fait, le signal de cette déformation est déphasé par
rapport aux deux autres signaux (Figure 4-15a).
120
100
εA axiaux (µm/m)
80
60
40
20
0
0 500000 1000000 1500000 2000000 2500000
N (cycles)
esp_Ax esp_ax 1 esp_ax 2 esp_ax 3
- 154 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
a) b)
Figure 4-15. Effet d’accordéon : a) Signaux de trois capteurs axiaux au moment que l’effet d’accordéon
apparaît ; b) Image d’un accordéon.
Le centre du signal de consigne est maintenu par la presse à une valeur nulle tout au long
de l’essai. Ce sont les valeurs moyennes des signaux de déformation des trois capteurs axiaux
qui évoluent pendant l’essai (Figure 4-16). Les capteurs axiaux 1 et 2 mesurent des
contractions qui atteignent 2,85 et 0,825 microns de contraction. Ces valeurs correspondent à
des déformations de 38 et 11 μdef respectivement. Le capteur axial 3 mesure une extension
équivalente à la contraction des deux autres capteurs axiaux et qui atteint 49 μdef à la fin de
l’essai, soit 3,675 microns. Ces valeurs de contraction et d’extension sont relativement faibles.
60
50
40
e0 Axiaux(µm/m)
30
20
10
0
-10
-20
-30
-40
-50
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
esp0 esp0_ax1 esp0_ax2 esp0_ax3
Figure 4-16. Evolution du centre de la déformation axiale en fonction du nombre de cycles (essai E3-
20-D50).
155
4.3. Résultats et analyses
Sur la Figure 4-17, deux valeurs mesurées par les capteurs radiaux évoluent de façon
opposée. Mais la moyenne, donc la déformation radiale évolue légèrement en diminution.
20
εA radiaux (µm/m)
15
10
0
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
eps rad dépl rad1 dépl rad2
Figure 4-17. Evolution de l’amplitude de deux déplacements radiaux et celle de la déformation radiale
en fonction du nombre de cycles (essai E3-20-D50)
Les centres de la déformation radiale et des deux déplacements mesurés par les capteurs
radiaux diminuent pendant l’essai (Figure 4-18). Ces valeurs sont nettement élevées par
rapport à la déformation radiale, de 130 à 250 μdef, et traduisent une contraction radiale de
l’éprouvette.
100
50
ε0 radiaux(µm/m)
0
-50
-100
-150
-200
-250
-300
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
esp0_Rad esp0_rad1 esp0_rad2
Figure 4-18. Evolution du centre de déformation radiale en fonction du nombre de cycles (E3-20-D50).
- 156 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Notre système de mesure permet de mesurer à la fois les déformations axiales et aussi la
déformation radiale. C’est pourquoi, nous pouvons déterminer l’évolution du coefficient de
Poisson pendant l’essai de fatigue. Sur la Figure 4-19, nous observons une diminution du
coefficient de Poisson au cours de l’essai. En effet, ce phénomène est raisonnable parce que la
déformation radiale diminue au cours de l’essai tandis que la valeur moyenne des
déformations axiales est maintenue constante.
0,27
0,26
0,25
0,24
0,23
ν
0,22
0,21
0,20
0,19
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Figure 4-19. Evolution du coefficient de Poisson en fonction du nombre de cycles (essai E3-20-D50).
L’évolution de l’angle de phase du coefficient de Poisson est présentée dans la Figure 4-20.
L’angle de phase du coefficient de Poisson a des valeurs très modestes en comparaison avec
celles de l’angle de phase du module complexe. Il augmente légèrement au cours de l’essai.
157
4.3. Résultats et analyses
-1
ϕν (°)
-2
-3
-4
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
0,35
0,30
0,25
0,20
ν
0,15
0,10
0,05
0,00
0 -1 -2 -3 -4
ϕν (° )
Figure 4-21. Evolution du coefficient de Poisson en fonction de son angle de phase (essai E3-20-D50).
0.35
Phase I
0.30
Phase II
0.25
0.20
ν
0.15
Phase III
0.10
0.05
0.00
1 0 -1 -2 -3 -4
ϕν (° )
Figure 4-22. Evolution du coefficient de Poisson en fonction de son angle de phase (essai E6-62-D50).
- 158 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
0,70
0,65
0,60
0,55
σA (MPa)
0,50
0,45
0,40
0,35
0,30
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Figure 4-23. Evolution de l’amplitude du signal de contrainte en fonction du nombre de cycles (essai
E3-20-D50).
0,05
0,04
0,03
0,02
σ0 (MPa)
0,01
0,00
-0,01
-0,02
-0,03
-0,04
-0,05
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Figure 4-24. Evolution du centre du signal de contrainte en fonction du nombre de cycles (essai E3-20-
D50).
159
4.3. Résultats et analyses
Pour les essais en mode de déformation, l’angle de phase augmente au cours de l’essai
(Figure 4-9). L’amplitude moyenne de la déformation est généralement maintenue constante
par la presse. L’amplitude de la contrainte ne cesse pas de diminuer durant l’essai et avant la
phase de rupture.
On peut rencontrer une courbe croissante de l’énergie dissipée dans le cas où la diminution
de l’amplitude de contrainte serait très faible par rapport à l’augmentation de l’angle de
phase. Autrement et dans une configuration plus modérée la dissipation d’énergie reste
stable. L’augmentation de l’angle de phase compense la variation de contrainte.
La courbe de l’énergie dissipée par unité de volume et par cycle est présentée dans la
Figure 4-25. Cette courbe obéit à la règle générale suivante : l’énergie dissipée est une
fonction décroissante du nombre de cycles.
29
27
Energie dissipée (J/m3)
25
23
21
19
17
15
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Selon l’approche énergétique décrite dans [Baaj 2002], l’essai est présenté dans les axes :
somme de l’énergie dissipée jusqu’au cycle N normalisée par l’énergie dissipée au cycle N en
fonction de nombre de cycles (Figure 4-26). L’évolution de la courbe obtenue est
généralement linéaire pour une grande partie de l’essai. A l’aide de cette présentation, la
durée de vie N1 du matériau basée sur l’approche énergétique peut être déterminée. Cela n’a
pas été fait dans ce travail.
- 160 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
1200000
1000000
800000
Σ Wi/Wn
600000
400000
200000
N1
0
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Figure 4-26. Evolution de la somme normalisée de l’énergie dissipée en fonction du nombre de cycles
(essai E3-20-D50).
Sur la Figure 4-27, un échauffement rapide de 0,2°C a été remarqué au début de l’essai
jusqu’au cycle 50000. Par la suite, la température se stabilise durant la deuxième phase de
l’essai.
12,1
12,0
Température Sonde2 (°C)
Régulation
11,9
de
11,8
l’enceinte
11,7
11,6
11,5
11,4
0 200000 400000 600000 800000 1000000
N (cycles)
Selon [Baaj 2002], l’évolution thermique dans les essais de fatigue est une conséquence
directe de la dissipation d’énergie. Ainsi, la courbe d’évolution de l’énergie dissipée est
souvent une courbe décroissante conduisant à un refroidissement dans la deuxième phase.
161
4.3. Résultats et analyses
Comme expliqué dans le paragraphe 4.2.1, les valeurs initiales du module complexe et du
coefficient de Poisson complexe ne sont pas mesurées directement. Elles sont obtenues par
extrapolation, en prenant en compte les valeurs de ces paramètres sur un intervalle de cycles
[50-300].
La Figure 4-28 présente le module complexe initial et son angle de phase (gauche), et le
coefficient de Poisson complexe initial et son angle de phase (droite) pour les six enrobés
considérés. Pour chaque enrobé, ces valeurs sont la moyenne des valeurs de toutes les
éprouvettes testés (cf. Tableau 4-3). Les écarts-types sont également indiquées. La Figure
4-28 montre que les valeurs moyennes du module complexe initial sont différentes d'un enrobé
à l'autre et varient entre 11000 et 15000 MPa. Les valeurs moyennes de l’angle de phase du
module complexe initial de différents enrobés varient relativement entre 13° et 19°. Les
valeurs moyennes du coefficient de Poisson complexe initial sont différentes pour chacun des
six enrobés et varient entre 0,21 et 0,27. Les valeurs moyennes de l’angle de phase du
coefficient de Poisson complexe initial varient entre -2° et -6°.
Figure 4-28. (gauche) : module complexe initial et son angle de phase, et (droite) : coefficient de
Poisson complexe initial et son angle de phase pour les 6 enrobés testés.
4.3.2.2 Comparaison des essais de fatigue effectués sur le même enrobé à différents
niveaux de déformation
Dans ce paragraphe, nous comparons les résultats de différents essais réalisés sur le même
type d’enrobé afin d’étudier l’influence du niveau de déformation sur la fatigue. Cette
influence est analysée en traçant l’évolution du module complexe normalisé par le module
- 162 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
1.25
44µdef
50µdef
1.00 55µdef
0.75
|E*/E0|
80µdef
60µdef
0.50 ligne 50% de réduction du module
E2-12-D44
E2-16-D50
0.25 E2-13-D55
E2-18-D60
E2-10-D80
0.00
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-29. Evolution du rapport |E*/E0| en fonction du nombre de cycles (log) à différents niveaux
de déformation pour l’enrobé E2 (LEA2 C).
La même comparaison est effectuée avec les évolutions du coefficient de Poisson complexe
normalisé par le coefficient de Poisson complexe initial |ν*/ν0| en fonction du nombre de
cycles en coordonnées logarithmiques (Figure 4-30). La même tendance que celle observée sur
les évolutions du module complexe peut être observée sur les évolutions du coefficient de
Poisson complexe : plus la déformation est importante, plus vite le coefficient de Poisson
complexe diminue. Ce résultat correspond à celui observé dans [Lundström et al. 2003].
163
4.3. Résultats et analyses
1.25
44µdef 55µdef 50µdef
1.00
80µdef
0.75
|ν /ν0|
∗
60µdef
0.50
E2-12-D44
E2-16-D50
0.25 E2-13-D55
E2-18-D60
E2-10-D80
0.00
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-30. Evolution du rapport |ν*/ν0| en fonction du nombre de cycles (log) à différents niveaux de
déformation pour l’enrobé E2 (LEA2 C).
4.3.2.3 Comparaison des essais de fatigue au même niveau de déformation pour les
différents enrobés
Les Figure 4-31 à Figure 4-33 présentent les résultats de trois essais de fatigue à même
amplitude de déformation, à savoir 50μdef, 60μdef et 80μdef respectivement pour les 6
enrobés dans les axes (|E*/E0| – log(N)).
1.25
E4
E5
E3
1.00
0.75 E2
|ν /ν0|
E6
E1
*
0.50 E1-6-D50
E4-45-D50
E5-51-D50
0.25 E3-20-D50
E2-16-D50
E6-62-D50
0.00
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-31. Comparaison d’un essai de fatigue à même déformation imposée de 50μdef pour les 6
enrobés dans les axes (|E*/E0| – log(N)) (E1-Chaud,E2-LEA2 C,E3-LEA1 C,E4-LEA2 O,E5-LEA2 G,
E6-LEA C).
- 164 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
1.2
E4 E5
E6
1.0 E3
E2
0.8
|E /E0|
0.6
*
0.4 E4-43-D60
E5-54-D60
E6-60-D60
0.2
E3-27-D60
E2-18-D60
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-32. Comparaison d’un essai de fatigue à même déformation imposée de 60μdef pour les 5
enrobés dans les axes (|E*/E0| – log(N)) (E2-LEA2 C,E3-LEA1 C,E4-LEA2 O,E5-LEA2 G,E6-LEA3 C)
1.2
E1
1.0 E3
E4
0.8 E2
|E /E0|
0.6 E6
*
E1-3-D80 E5
0.4 E4-41-D80
E5-50-D80
E3-25-D80
0.2
E6-63-D80
E2-10-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-33. Comparaison d’un essai de fatigue à même déformation imposée de 80μdef pour les 6
enrobés dans les axes (|E*/E0| – log(N)) (E1-Chaud, E2-LEA2 C, E3-LEA1 C, E4-LEA2 O, E5-LEA2
G, E6-LEA3 C).
165
4.3. Résultats et analyses
meilleurs résultats. L’enrobé E3 (LEA1 C) présente les valeurs les plus faibles en terme de
durée de vie.
Une comparaison dans les axes (|ν*/ν0| – log(N)) des résultats pour les 6 enrobés peut être
réalisée à l’amplitude de déformation de 50μdef (Figure 4-34). Les mêmes évolutions que
celles du module complexe à l’amplitude de déformation de 50μdef (Figure 4-31) peuvent être
observées sur les courbes du coefficient de Poisson complexe (Figure 4-34).
1.25
E4
E5
E3
1.00
0.75 E2
|ν /ν0|
E6
E1
*
0.50 E1-6-D50
E4-45-D50
E5-51-D50
0.25 E3-20-D50
E2-16-D50
E6-62-D50
0.00
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-34. Comparaison d’un essai de fatigue à même déformation imposée de 50μdef pour les 6
enrobés dans les axes (|ν*/ν0| – log(N)) (E1-Chaud, E2-LEA2 C, E3-LEA1 C, E4-LEA2 O,E5-LEA2 G,
E6-LEA C).
Deux critères ont été utilisés pour déterminer la durée de vie des enrobés bitumineux
testés :
• Critère classique (Critère Nf50%) : nous avons déterminé le nombre de cycles Nf50%
correspondant soit à la diminution du module de 50%, soit à la rupture brutale de
l’éprouvette si cette rupture a lieu avant une chute de module de 50%.
Le Tableau 4-4 présente les résultats obtenus pour l’analyse selon deux critères : critère
classique Nf50% et critère Nf30%.
- 166 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Amplitude
Compacité Module initial E0 (Mpa)
Nom de Date de de déf Nf50% ε6-50% Nf30% ε6-30%
(au banc γ)
l'essai l'essai moyenne (cycles) (µdef) (cycles) (µdef)
(%) Moyenne Ecartype
(µdef)
E1-1-D100 95.1 19/12/2006 14800 100 65000 64000
E1-3-D80 95.0 01/01/2007 14900 80 126800 86200
E1-6-D50 95.2 27/12/2006 14500 14840 251 50 1283000 52.5 830400 46.4
E1-7-D85 94.1 10/01/2007 15200 85 117600 74200
E1-8-D100 94.3 21/12/2006 14800 100 41800 41800
E2-10-D80 93.5 16/04/2007 11500 80 206000 79400
E2-12-D44 93.5 02/02/2007 12400 44 1530000 1135000
E2-13-D55 93.1 01/02/2007 11800 11800 524 55 209000 45.4 195000 40.4
E2-16-D50 92.7 25/01/2007 12200 50 1065000 357500
E2-18-D60 92.5 22/01/2007 11100 60 352500 131000
E3-20-D50 92.9 16/01/2007 13800 50 865000 462500
E3-21-D55 92.5 14/01/2007 14700 55 129400 129400
E3-23-D90 92.2 08/01/2007 14400 90 35600 21400
13817 714 40.5 38.5
E3-24-D70 91.9 09/01/2007 12700 70 88200 69400
E3-25-D80 92.5 02/05/2007 13900 80 25200 25200
E3-27-D60 91.7 12/01/2007 13400 60 87000 87000
E4-41-D80 91.4 23/07/2007 13700 80 100000 100000
E4-43-D60 92.4 30/05/2007 13800 60 660000 490000
14225 640 52.1 50.1
E4-44-D40 92.8 03/06/2007 15100 40 3470000 3470000
E4-45-D50 92.0 08/06/2007 14300 50 1720000 967500
E5-50-D80 92.1 19/06/2007 10400 80 165000 76200
E5-51-D50 92.1 22/06/2007 10600 50 937500 755000
E5-52-D70 91.8 02/07/2007 10700 11100 752 70 126000 45.6 119000 46.1
E5-54-D60 91.4 28/06/2007 11700 60 243000 243000
E5-55-D64 92.1 03/07/2007 12100 64 286000 190000
E6-60-D60 91.8 08/05/2007 11500 60 287000 287000
E6-62-D50 92.5 20/04/2007 13100 50 547500 284000
12350 676 45.1 40.7
E6-63-D80 92.8 16/05/2007 12600 80 56400 56400
E6-65-D40 91.8 12/05/2007 12200 40 1800000 1215000
Tableau 4-4. Résultats des essais réalisés pour l’analyse selon le critère classique Nf50% et selon le critère
Nf30%.
La Figure 4-35 présente les valeurs des durées de vie déterminées avec le critère Nf50% pour
les six enrobés testés en fonction de l’amplitude de la déformation de l’essai. De la même
façon, les valeurs des durées de vie déterminées avec le critère Nf30% sont représentées en
fonction de l’amplitude de la déformation sur la Figure 4-36.
Pour les valeurs correspondant à chaque enrobé, nous avons tracé la droite de régression
dans les axes (log(N) –log(ε)) et nous avons déterminé la valeur du coefficient de
détermination R2. En extrapolant la droite de régression de chaque enrobé, il est possible de
déterminer la déformation pour laquelle la durée de vie de l’enrobé est de 1 millions de cycles.
La valeur obtenue est classiquement dénommée ε6 qui est utilisée dans la méthode française
de dimensionnement des chaussées [LCPC et SETRA 1994].
Les valeurs de ε6 de chaque enrobé selon les valeurs obtenues par le critère Nf50% (ε6-50%) et
par le critère Nf30% (ε6-30%) sont également fournies dans le Tableau 4-4.
Concernant le critère classique Nf50%, sur la Figure 4-35, les droites de régression des six
enrobés sont différentes les unes des autres. La droite de régression correspondant à l’enrobé
E1 est la plus élevée, c’est-à-dire à un même niveau de sollicitation, la durée de vie de
167
4.3. Résultats et analyses
l’enrobé E1 est la plus élevée. L’enrobé E4 a toutefois une valeur ε6 très proche de celle de
l’enrobé de référence E1. Les enrobés E5, E2, E6 ont ensuite des valeurs ε6 proches. Celle de
l’enrobé E3 est la plus faible. Les coefficients de détermination de la droite de régression
correspondant aux enrobés E1, E4, et E6 sont très élevés, supérieurs à 97%. Tandis que ceux
des trois autres droites (E2, E3 et E5) sont plus faibles (65%, 76% et 78% respectivement),
avec des résultats plus dispersés. En fait, pour ces trois enrobés, il y a des points éloignés de
la droite de régression correspondant aux essais qui se sont arrêtés relativement tôt.
Cependant, ces résultats donnent des comportements à la fatigue relativement « proches ».
Selon le critère Nf50%, la valeur ε6-50% de l’enrobé E1-Chaud est de 52,5μdef, de l’enrobé E4-
LEA2 O est de 52,1 μdef, de l’enrobé E5-LEA2 G est de 45,6μdef, de l’enrobé E2-LEA2 C est
de 45,4μdef, de l’enrobé E6- E6-LEA3 C est de 45,1μdef, et de l’enrobé E3-LEA1 C est de
40,5μdef. Rappelons que ces valeurs ne doivent pas être comparées aux valeurs fournies par
l’essai de fatigue de flexion 2 points. En effet, l’essai de traction-compression, qui a l’avantage
d’être homogène, fournit des valeurs plus faibles. Cependant les valeurs des enrobés semi-
tièdes peuvent être comparées à la valeur obtenue pour l’enrobé « chaud ».
- 168 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Critère Nf50% E1 E2 E3
E4 E5 E6
7.0
E4 y = -5.18x + 14.94
6.5 R2 = 0.97
y = -4.61x + 13.93
6.0 E6 E1 R2 = 0.98
log(N (cycles))
y = -4.91x + 14.12
E5 y = -3.89x + 12.46
5.5 R2 = 0.99
R2 = 0.78
E2
5.0 y = -3.34x + 11.54
R2 = 0.65 E3
4.5 y = -4.79x + 13.69
R2 = 0.76
4.0
1.5 1.7 1.9 2.1
log(ε (µm/m))
Critère Nf50% E1 E2 E3
E4 E5 E6
1,0E+07
E4 y = 9E+14x-5,1792
R2 = 0,9744
-4,6079
E1 y = 8E+13x
1,0E+06 E6 R2 = 0,9828
-4,9096
y = 1E+14x
N (cycles)
R2 = 0,9942 E5
y = 3E+12x-3,8939
E2
R2 = 0,7809
y = 3E+11x-3,3422
1,0E+05
R2 = 0,6506
E3
-4,7853
y = 5E+13x
R2 = 0,7603
1,0E+04
10 100
ε (µm/m)
Figure 4-35. Durées de vie des six enrobés (E1-Chaud, E2-LEA2 C, E3-LEA1 C, E4-LEA2 O, E5-
LEA2 G, E6-LEA3 C) déterminées avec le critère classique (Nf50%) et les droites de régression
correspondantes dans les axes logarithmiques logN - logε (en haut) et N – ε (en bas).
Puisque pour certains essais, la rupture des éprouvettes intervient avant que le module
diminue de 50%, nous avons également déterminé la durée de vie des six enrobés
correspondant à une diminution du module de 30% (ou à la rupture brutale si l’essai s’est
déjà arrêté avant), appelé critère Nf30%. Nous obtenons des droites de régression qui ont des
169
4.3. Résultats et analyses
coefficients de détermination assez élevées (Figure 4-36). Les valeurs de ε6-30% de chaque
enrobé sont également fournies dans le Tableau 4-4.
Critère Nf30% E1 E2 E3
E4 E5 E6
7.0
y = -5.03x + 14.58
E4
6.5 R2 = 1.00
y = -4,04x + 12,74
E1
6.0 R2 = 0,96
log(N (cycles))
E6
5.5 y = -4.13x + 12.65
E5 y = -4.90x + 14.15
R2 = 0.93
E2 R2 = 0.98
5.0
y = -4.21x + 12.76
R2 = 0.85 E3
4.5
y = -4.77x + 13.57
R2 = 0.91
4.0
1.5 1.6 1.7 1.8 1.9 2.0 2.1
log(ε (µm/m))
E1 E2 E3
Critère Nf30% E4 E5 E6
1E+07
y = 4E+14x-5,0264
E4
R2 = 0,9954
-4,0439
E6 E1 y = 5E+12x
1E+06
R2 = 0,9583
y = 4E+12x-4,1329
N (cycles)
R2 = 0,9332
-4,9
E2 E5 y = 1E+14x
-4,2063 2
y = 6E+12x R = 0,9819
1E+05 R2 = 0,8529
y = 4E+13x-4,7725 E3
R2 = 0,9119
1E+04
10 100
ε (µm/m)
Figure 4-36. Durées de vie des six enrobés (E1-Chaud, E2-LEA2 C, E3-LEA1 C, E4-LEA2 O, E5-
LEA2 G, E6-LEA3 C) déterminées avec le critère à 30% de réduction du module et les droites de
régression correspondantes dans les axes logarithmiques logN - logε (en haut) et N – ε (en bas).
- 170 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Les Figure 4-37 et Figure 4-38 présentent les valeurs de ε6, i.e. la déformation
correspondant à la durée de vie à un million de cycles selon les critères classique Nf50% et
critère Nf30% des six enrobés testées. Ici, nous classons les enrobés selon l’ordre décroissant des
valeurs de ε6. Le classement des enrobés diffère légèrement suivant le critère utilisé.
Néanmoins, sur la base de ces critères, des tendances se dégagent :
- l’enrobé E5- LEA2 G vient ensuite avec des performances plus ou moins
supérieures selon le critère considéré
ε6
60
Amplitude de déformation (µdef)
52,5 52,1
50 45,6 45,4 45,1
40,5
40
Nf50%
30
20
10
0
E5-LEA2 G
E2-LEA2 C
E6-LEA3 C
E3-LEA1 C
E1-CHAUD
E4-LEA2 O
Figure 4-37. Valeurs de ε6 de six enrobés testés déterminées avec le critère à 50% de réduction du
module.
171
4.3. Résultats et analyses
ε6
60
20
10
E6-LEA3 C
E2-LEA2 C
E3-LEA1 C
E4-LEA2 O
E1-CHAUD
E5-LEA2 G
Figure 4-38. Valeurs de ε6 de six enrobés testés déterminées avec le critère à 30% de réduction du
module.
Les Tableau 4-5, Tableau 4-6 et Tableau 4-7 présentent les valeurs des paramètres de
l’analyse de l’endommagement dans les trois intervalles considérés sur l’enrobé E2.
Nom de
εi0 ε40000 ϕ000 E000 aT0 W000 aw0 aF0
l'essai
(με) (με) (°) Mpa J / m3
E2-12-D44 4,41E+01 4,40E+01 2,04E+01 1,17E+04 -5,03E-07 2,48E+01 -1,30E-07 -5,09E-07
- 172 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
Nom de
εi1 ε50000 ϕ001 E001 aT1 W001 aw1 aF1
l'essai
(με) (με) (°) Mpa J / m3
E2-12-D44 4,40E+01 4,40E+01 2,06E+01 1,16E+04 -3,74E-07 2,48E+01 -1,33E-07 -3,81E-07
Nom de
εi2 ε150000 ϕ002 E002 aT2 W002 aw2 aF2
l'essai
(με) (με) (°) Mpa J / m3
E2-12-D44 4,40E+01 4,40E+01 2,10E+01 1,14E+04 -2,67E-07 2,50E+01 -1,66E-07 -2,76E-07
E2-10-D80
aF1 [50000-150000]
y = -4E-08x + 2E-06
-5,0E-07 R2 = 0,9846 aF2 [150000-300000]
-1,0E-06
y = -4E-08x + 1E-06
aF
R2 = 0,8887
-1,5E-06
y = -4E-08x + 1E-06
-2,0E-06
R2 = 0,8933
-2,5E-06
0 20 40 60 80 100
ε (µm/m)
Figure 4-39. Taux d’endommagement par cycles de chargement dans les trois intervalles considérés en
fonction de l’amplitude moyenne de déformation sur l’intervalle (enrobé E2- LEA2 C).
173
4.3. Résultats et analyses
aF0 [40000-80000]
0,0E+00
aF1 [50000-150000]
aF2 [150000-300000]
-2,0E-07
Figure 4-40. Taux d’endommagement par cycles de chargement dans les trois intervalles considérés en
fonction de l’amplitude moyenne de déformation sur l’intervalle (enrobé E4-LEA2 O).
Sur la Figure 4-39 et sur la Figure 4-40, les valeurs des pentes de fatigue pour l’enrobé E2
et pour l’enrobé E4 sont présentées en fonction de la déformation pour chaque intervalle.
Nous avons tracé les droites de régression des pentes de fatigue pour chaque intervalle.
Les valeurs des coefficients de détermination R2 de ces droites sont assez élevées (supérieures
à 88% pour les trois droites). Pour la pente de fatigue correspondant à l’intervalle 2 [cycles
150000 – 300000], il n’y a pas de point correspondant aux niveaux de déformations de 55μdef
et de 80μdef (Tableau 4-7) car ces essais n’atteignent pas le nombre de cycles suffisants. Nous
pouvons constater que le taux d’endommagement par cycle augmente avec le niveau de
sollicitation et diminue avec le nombre de cycles pendant l’avancement de l’essai. De plus,
l’enrobé E2 présente des taux d’endommagement supérieurs à ceux de l’enrobé E4, ce qui
confirme les classements précédents.
Pour les autres enrobés E1 (Chaud), E3 (LEA1 C), E5 (LEA2 G) et E6 (LEA3 C), en
raison du nombre de cycles insuffisants nous avons seulement les droites de régression de la
pente de fatigue dans l’intervalle 0 et (ou) dans l’intervalle 1 (Figure 4-41).
- 174 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
E1 E3 aF0
0,0E+00 0E+00
aF0 aF1
-1,0E-06 aF2
-1E-06
-2,0E-06
aF
aF
-2E-06 y = -8E-08x + 3E-06
-3,0E-06 y = -8E-08x + 4E-06
R2 = 0,9844 R2 = 0,9874
-4,0E-06 -3E-06
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80
ε (µm/m) ε (µm/m)
E5 aF0 E6 aF0
0,0E+00 0,0E+00
aF1
aF1
-1,0E-06 aF2
-5,0E-07
y = -8E-08x + 4E-06 aF2
-2,0E-06 R2 = 0,9433 aF y = -3E-08x + 6E-07
aF
R2 = 0,6345
-1,0E-06
-3,0E-06 y = -8E-08x + 3E-06
y = -3E-08x + 7E-07
R2 = 0,9436
R2 = 0,644
-4,0E-06 -1,5E-06
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80
ε (µm/m) e (µm/m)
Figure 4-41. Taux d’endommagement par cycles de chargement en fonction de l’amplitude moyenne de
déformation sur les intervalles considérés : aF0 - intervalle 0 [40000-80000] ; aF1 - intervalle 1 [50000-
150000] ; aF2 - intervalle 2 [150000-300000] de quatre enrobés : E1-Chaud ; E3-LEA1 C ; E5-LEA2 G ;
E6-LEA3 C.
Trois additifs différents ont été utilisés pendant la fabrication de nos éprouvettes d’enrobé
semi-tiède. Ce sont les additifs C, O et G. Une comparaison des essais de fatigue à 80μdef de
trois enrobés de même procédé de fabrication (LEA2) mais de différents additifs (E2-LEA2
C ; E4-LEA2 O ; E5-LEA2 G) est présentée dans la Figure 4-42. Nous pouvons observer
qu’en terme de durée de vie, l’enrobé E5 ayant l’additif G est le meilleur. L’enrobé E4 ayant
l’additif O a la durée de vie la plus faible. Mais en terme de chute de module, c’est l’enrobé
E4 qui présente le meilleur résultat par rapport aux deux autres enrobés.
La Figure 4-43 présente les résultats des essais de fatigue pour les trois enrobés considérés.
Concernant la détermination de la droite de régression, seul le critère Nf30 est considéré (les
coefficients de détermination R2 pour les résultats obtenus avec le critère Nf50 sont différents).
Les valeurs de ε6 obtenus à partir de deux critères sont également présentées. Ces résultats
montrent que l’enrobé E4-LEA2 O possède la meilleure résistance à la fatigue quelque soit le
critère choisi. Les deux autres enrobés peuvent être distingués seulement par le critère Nf30.
175
4.3. Résultats et analyses
1.2
1.0 O
|E*/E0| 0.8
0.6 C
G
0.4
E5-50-D80
0.2 E2-10-D80
E4-47-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-42. Influence de l’additif (G, C, O) sur les essais de fatigue (80μdef) des enrobés semi-tièdes
de même procédé de fabrication (LEA2) : E2-LEA2 C ; E4-LEA2 O ; E5-LEA2 G.
46,1
E5-LEA2 G 50 52,1 40,4
E4
1E+06 40 45,6 45,4
y = 4E+14x -5,02
Nf30 (cycles)
30
R² = 0,995
E5 20
y= 1E+14x -4,9 10
1E+05 R² = 0,981 0
y = 6E+12x -4,20
R² = 0,852 E2
1E+04
10 ε (µm/m) 100
Figure 4-43. Influence de l’additif pour les enrobés semi-tièdes de même procédé de fabrication
(LEA2) : E2-LEA2 C ; E4-LEA2 O ; E5-LEA2 G : (gauche) durées de vie correspondant au critère Nf30
et, (droite) valeurs de ε6 correspondant aux critères Nf50 et Nf30.
4.3.6 Influence des procédés de fabrication des enrobés semi-tièdes de même additif
(C)
Trois procédés de fabrication différents ont été utilisés pour fabriquer nos éprouvettes
d’enrobés semi-tiède. Ce sont « LEA1 », « LEA2 » et « LEA3 » (cf. paragraphe 1.1.4).
Dans la Figure 4-44, nous comparons les essais de fatigue à 80μdef des enrobés semi-tièdes de
différents procédés de fabrication mais de même additif C (E2-LEA2 C, E3-LEA1 C, E6-
LEA3 C). En terme de durée de vie, l’enrobé E2 ayant le procédé de fabrication LEA2
- 176 -
4. Campagne expérimentale et analyses des résultats des essais de fatigue sur les enrobés semi-tièdes
présente le meilleur résultat, ensuite c’est l’enrobé E6 ayant le procédé de fabrication LEA3,
enfin c’est l’enrobé E3 qui a le procédé de fabrication LEA1.
En considérant les résultats de tous les essais de fatigue pour ces trois enrobés (Figure
4-45), il apparaît que les enrobés E2-LEA2 C et E6-LEA3 C possèdent des performances
similaires. Les pentes des deux droites de régression selon le critère Nf30 sont les mêmes. Les
valeurs de ε6 de ces deux enrobés sont proches l’une de l’autre et plus élevées que celle de
l’enrobé E3-LEA1 C.
1.2
1.0 LEA1
0.8 LEA2
|E*/E0|
0.6 LEA3
0.4
E2-10-D80
0.2 E6-63-D80
E3-25-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
N (cycles)
Figure 4-44. Influence des procédés de fabrication des enrobés semi-tièdes de même additif (C): E2-
LEA2 C, E3-LEA1 C, E6-LEA3 C.
30
R² = 0,933
20
y = 6E+12x -4,20 10
1E+05 R² = 0,852 E2 0
y = 4E+13x -4,77
R² = 0,911 E3
1E+04
10 ε (µm/m) 100
Figure 4-45. Influence des procédés de fabrication des enrobés semi-tièdes de même additif (C) : E2-
LEA2 C, E3-LEA1 C, E6-LEA3 C : (gauche) durées de vie correspondant au critère Nf30 et, (droite)
valeurs de ε6 correspondant aux critères Nf50 et Nf30.
177
4.4. Conclusion du chapitre
Les résultats obtenus montrent que dans un essai de fatigue en mode de déformation
imposée, le coefficient de Poisson diminue au cours de l’essai. L’angle de phase du coefficient
de Poisson qui est négatif a des valeurs très faibles en comparaison avec celles de l’angle de
phase du module complexe.
- 178 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Campagnes expérimentales
et analyses des résultats
des essais de propagation
de fissure
5.1.2 Calcul des déplacements correspondant aux mesures expérimentales .................... 183
179
4.4. Conclusion du chapitre
- 180 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Nous présentons dans ce chapitre tout d’abord une analyse numérique de l'essai de flexion
4 points utilisé. Cette analyse est effectuée dans le cadre de la mécanique linéaire de la
rupture (MLR) à l’aide du code d'éléments finis COMSOL. Elle permet de déterminer
différents paramètres utilisés pour les analyses : déplacements à différents points sur la
poutre en flexion 4 points, rigidité de la poutre, facteur de forme, etc.
Ensuite, nous présentons les résultats et les analyses de deux campagnes expérimentales
sur les essais de propagation de fissure réalisées au cours de cette thèse. La première
campagne est la suite de l’étude au cours de mon stage de Master Recherche en été 2005. Elle
a fait l’objet d’une collaboration entre le Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées
(LRPC) d’Autun et le laboratoire DGCB de l’ENTPE. Les éprouvettes de cette campagne
ont été fournies par le LRPC d’Autun.
181
5.1. Analyse numérique de l’essai de flexion 4 points utilisé
Le logiciel de calcul par éléments finis COMSOL a été utilisé pour simuler l’essai de
flexion 4 points.
La géométrie choisie pour la simulation est identique à celle des éprouvettes utilisées au
cours des études expérimentales (cf. paragraphes 5.2 et 5.3) :
Avec :
• a : la hauteur de l’entaille.
La forme de l’entaille est rectangulaire (cf. Figure 5-11). Sa largeur a été fixée à 2mm pour
se rapprocher des conditions expérimentales. L’influence de la forme d’entaille est étudiée et
présentée dans le paragraphe 5.1.6.3.
LVDT2 P LVDT3
y ux=0
hauteur de l’entaille a
CMOD uy=0
Figure 5-2. Simulation en 2D d’une demi-poutre de flexion 4 points grâce au logiciel COMSOL.
- 182 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
le module d’Young E=10GPa. Cette valeur est proche de celle de nos enrobés.
Soulignons que les résultats obtenus (déplacements, rigidité) sont proportionnels à
cette valeur.
le coefficient de Poisson ν=0,33 (à noter qu’il n’est pas utilisé par le logiciel pour
nos calculs, compte tenu de l’hypothèse de déformation plane).
Les différents déplacements (correspondant aux mesures expérimentales) (cf. Figure 5-2)
ont été déterminés pour chaque hauteur d’initiale prédéfinie. Il s’agit :
Pour plus de détails sur les systèmes de mesure des déplacements, il convient de lire les
paragraphes 2.2.1 et 2.2.2 relatifs à la présentation de l'essai de flexion 4 points et son
instrumentation.
Le calcul des déplacements est réalisé pour chaque hauteur d’entaille en considérant une
force (Pr) correspondant à la charge de rupture, calculée à partir de l’équation (5.5), pour un
matériau ayant une ténacité constante de 1MPa√m.
183
5.1. Analyse numérique de l’essai de flexion 4 points utilisé
Il est souligné que le déplacement utilisé pour déterminer la rigidité de la poutre est le
déplacement corrigé (ucor) calculé selon l’équation (5.2).
Il est souligné également que la charge appliquée sur la demi-poutre pour le calcul par
éléments finis est égale à la moitié de la charge totale (P) appliquée sur la poutre.
P
k= (5.3)
ucor
Ce calcul est répété pour chaque hauteur d’entaille prédéfinie (a). Le résultat est présenté
dans la Figure 5-3. Nous avons ensuite approché les valeurs (k) obtenues avec le calcul par
éléments finis par un polynôme d’ordre 6. Ce polynôme sert à déterminer les valeurs de
kapproché en remplaçant le paramètre a dans ce polynôme (5.4).
- 184 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
3,0E+04
2,5E+04 k
2,0E+04
Rigidité k (kN/m)
Polynomial (k)
1,5E+04
1,0E+04
5,0E+03
0,0E+00
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
-3
2,5x10
-3
2,0x10
-3
1,5x10
k/E'
-3
1,0x10
-4
5,0x10
0,0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
a (m)
Figure 5-4. Valeurs de rigidité calculée (k) normalisées par le module E’ (donc indépendantes de la
valeur du module et de l’hypothèse de calcul « contrainte plane » ou « déformation plane »).
Pour l’éprouvette en flexion 4 points, la ténacité est calculée par la formule (5.5):
3 Pr ( L − l )
K IC = Y (x ) a (5.5)
2 BW 2
185
5.1. Analyse numérique de l’essai de flexion 4 points utilisé
Où :
Utiliser les formules analytiques proposées par certains auteurs. Deux formules
analytiques ont été données dans le paragraphe 1.5.2.1 dans le cas de l’essai de
flexion 4 points (les équations (1.48) et (1.49)).
⎛ W ⎞ 2E ' B dC
Y (x ) = ⎜ ⎟ (5.6)
⎝ 3 (L − l ) ⎠ x dx
Avec
En remplaçant C par 1/k (k étant la rigidité de la poutre) et x par a/W, la formule (5.6)
devient :
- 186 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
⎛ W 2 ⎞ 2E ' B ⎛ 1 ⎞ dk
Y (a ) = ⎜ ⎟ ⎜− ⎟ (5.7)
⎝ 3 (L − l ) ⎠ a ⎝ k 2 ⎠ da
⎛ W 2 ⎞ 2 B ⎛ 1 ⎞ dknor
Y (a) = ⎜ −
⎜ 3 ( L − l ) ⎟⎟ a ⎜ k 2 ⎟ da
(5.8)
⎝ ⎠ ⎝ nor ⎠
Avec :
k
knor = : la rigidité normalisée (cf. Figure 5-4) (5.9)
E'
La Figure 5-5 présente les résultats obtenus par trois formules étudiées : (1.48), (1.49) et
(5.8). Elle montre une bonne corrélation entre les formules proposées dans la littérature, dans
leur domaine de validité, et le calcul direct par éléments finis.
45
20
15
10
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
a (m)
Figure 5-5. Evolutions du facteur de forme (Y) en fonction de la hauteur d’entaille (a) déterminées
selon trois formules (1.48), (1.49) et (5.8) (Pour éprouvette en flexion 4 points, avec la géométrie
suivante : W = 7cm ; B = ; L = 36cm et l = 12cm).
Comme nous l’avons présenté, le calcul par éléments finis a permis de déterminer le
déplacement corrigé vertical du point sous la charge (ucor) pour différentes hauteurs d’entaille
(a) et de calculer la rigidité d’ensemble (k) de l’éprouvette.
187
5.1. Analyse numérique de l’essai de flexion 4 points utilisé
3,5 a=20mm
3,0 a=25mm
a=30mm
2,5
a=35mm
P/K1c (m√m)
2,0
a=40mm
1,5 a=45mm
1,0 a=50mm
a=55mm
0,5
a=60mm
0,0
a=65mm
0,0E+00 2,0E-04 4,0E-04 6,0E-04
Déplacement u (m) Courbe
Figure 5-6. Courbe charge – déplacement pour différentes hauteurs d’entaille déterminée par le calcul
aux éléments finis sous COMSOL (avec le facteur de forme Y est déterminé par le calcul en
déformation plane selon la formule (5.8)).
3,5
Brown & Strawley
3,0
Wilson
2,5 Calcul def plane
P/K1c (m√m)
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
0,0E+00 3,0E-04 6,0E-04 9,0E-04 1,2E-03 1,5E-03
Déplacement u (m)
Figure 5-7. Courbes charge – déplacement avec le facteur de forme Y déterminé selon trois formules
(1.48), (1.49) et (5.8).
- 188 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
4
a=2cm Points correspondant à la rupture
pour différentes hauteurs de
3 fissure
Courbe d'essai pour entaille
initiale de 2cm)
2
P/KIC
a=6,5cm
0
0,E+00 1,E+11 2,E+11 3,E+11 4,E+11 5,E+11
u*E/KIC
Figure 5-8. Courbe charge – déplacement normalisée, indépendante du matériau considéré (calcul aux
éléments finis).
Afin de valider les résultats de calcul par le logiciel COMSOL, quelques calculs
préliminaires ont été réalisés:
Les déplacements à différents points de la poutre obtenus par COMSOL ont été
comparés avec les formules analytiques de la Résistance des Matériaux
5.1.6.1 Vérification de la déformée d’une poutre non entaillée à l’aide des formules de
Résistance des Matériaux
Nous avons effectué les calculs sur une poutre non entaillée. Nous avons ensuite comparé
les déplacements verticaux obtenus à l’aide du logiciel à 3 niveaux de hauteur (pour la fibre
haute, la fibre moyenne et la fibre basse) avec ceux donnés par les formules analytiques de la
RDM.
189
5.1. Analyse numérique de l’essai de flexion 4 points utilisé
Les formules analytiques pour une poutre sur deux appuis simples sont :
Pour x = a
Pa 2b 2
y=− (5.10)
3EIl
Pour x = l/2
Pa ( 3l 2 − 4a 2 )
yo = − (5.11)
48EI
Sur la Figure 5-10 sont présentés :
-4
4x10
yRDM
-4 yComsol bas Appuis
2x10 inférieurs
yComsol milieu
yComsol haut
0
y (m)
-4
-2x10
-4
-4x10
-4
-6x10
0,00 0,11 0,22 0,33 0,44 0,55
x (m)
Figure 5-10. Déplacements verticaux à trois niveau (surface inférieure, niveau milieu, surface
supérieure) selon la hauteur de la poutre sans fissure calculés sous COMSOL et celui calculé par la
formule analytique de la RDM.
- 190 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Une différence apparaît au niveau des appuis inférieurs, ce qui engendre un déplacement
vertical plus important calculé par le logiciel COMSOL. Ceci s’explique par le poinçonnement
au niveau des appuis inférieurs (ponctuels) lors des calculs avec le logiciel COMSOL. Il faut
noter que ces poinçonnements apparaissent également sur la surface supérieure aux points
d’application de la charge.
Les formules de la RDM corroborent de façon satisfaisante les résultats obtenus à l’aide de
COMSOL.
Afin d’estimer l’influence de la largeur d’entaille sur les résultats du calcul, des calculs sur
une poutre entaillée avec trois hauteurs de fissure (a = 2 cm, 4 cm et 6 cm) ont été réalisés
en considérant 3 largeurs de fissure : 1mm, 2mm et 3mm. Pour comparer les résultats, les
rigidités k des poutres correspondant au point d’application de la charge ont été calculées (le
calcul de la rigidité est expliqué dans le paragraphe 5.1.3).
Les valeurs des rigidités obtenues sont données dans le Tableau 5-1.
Nous trouvons que la largeur de la fissure n’influence que très peu le comportement de la
structure (la rigidité) pour une hauteur de fissure de 2 cm. Des différences apparaissent
lorsque la hauteur de fissure augmente. Elles restent cependant faibles (autour de à 6% pour
des fissures de 1mm et 3mm de largeur). Les résultats obtenus peuvent donc différer
légèrement de l’expérience, puisque la fissure ne conserve pas une largeur constante en se
propageant.
Cette fois, les calculs sont réalisés sur une poutre entaillée avec des entailles de forme
différente mais de même largeur (Figure 5-11) pour trois hauteurs de fissure (a = 2 cm, 4 cm
et 6 cm). Pour comparer les résultats, les rigidités k des poutres correspondant au point
d’application de la charge ont été calculées (le calcul de la rigidité est expliqué dans le
paragraphe 5.1.3).
191
5.1. Analyse numérique de l’essai de flexion 4 points utilisé
e e e e
a
rectangulaire chanfrein triangulaire filet
Figure 5-11. 4 formes d'entaille différentes pour la vérification de leur influence sur le calcul par
COMSOL (a est la hauteur d'entaille, e est la largeur d'entaille). C’est l’entaille de forme
« rectangulaire » qui a été utilisée lors de nos analyses numériques de l’essai de flexion 4 poins.
Les valeurs des rigidités obtenues au point d'appui supérieur de l’éprouvette sont données
dans le Tableau 5-2.
Nous trouvons que la forme d’entaille influence peu le comportement de la structure (la
rigidité) pour une hauteur de fissure de 2 cm. Des différences apparaissent lorsque la hauteur
de fissure augmente. Pour une hauteur d’entaille, l’entaille avec la forme « chanfrein » a le
moins de différence par rapport à celle avec la forme « rectangulaire ». Puis l’entaille avec la
forme « triangulaire » a plus de différence. Et l’entaille avec la forme « filet » a le plus de
différence.
Nos calculs pour l’analyse numérique sont réalisés en « déformation plane ». Nous avons
également réalisés les calculs de la rigidité de l’éprouvette avec l’hypothèse de « contrainte
plane » pour comparer avec ceux en « déformation plane ». Sur la Figure 5-12, le rapport
des rigidités obtenues sur la base des deux hypothèses est présenté en fonction de la hauteur
d’entaille a.
- 192 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
1,20
1,15
1,12 = E’/E
1,10
kε/kσ 1,05
1,00
0,95
0,90
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
a (m)
Figure 5-12. Rapport des rigidités calculées sous l’hypothèse de déformation plane (indice « ε ») et
l’hypothèse de contrainte plane (indice « σ ») avec le logiciel COMSOL selon la hauteur de l’entaille.
Un écart de 12% environ entre les deux calculs peut être noté. Cet écart provient du
rapport entre les modules d’Young à considérer dans les deux approches : le module d’Young
E=10GPa pour l’hypothèse de déformation plane et le module œdométrique E’=E/(1-ν2)
=11,2GPa (ν=0,33) pour l’hypothèse de contrainte plane. Les résultats réalisés pour l’analyse
numérique de l’essai de flexion 4 points sont donc identiques pour les deux hypothèses, dès
lors qu’ils sont normalisés par le module E’.
193
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
100
F11 LCPC
Tamisats cumulés (%)
80
60
40
20
0
0,01 0,10 1,00 10,00 100,00
Mailles des tamis (mm)
Nous avons réalisés des essais de fissuration sur des éprouvettes provenant de 3 plaques :
PA et PB (liant pur 35/50) et ME (liant modifié aux polymères Styrelf 13/40) (Tableau 5-4).
Les éprouvettes ont été fournies par le Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées (LRPC)
d’Autun. Les plaques ont été compactées par le compacteur LPC selon la norme française
[NFP98-250-2]. Les dimensions d’une plaque sont 595 x 395 x 120mm. Chaque plaque a été
sciée en 5 éprouvettes qui ont été numérotées selon leur position dans la plaque de 1 à 5. Les
bords de chaque plaque ont été éliminés afin d’obtenir des éprouvettes plus homogènes. La
Figure 5-15 présente la teneur en vide des éprouvettes mesurée au banc γ (la valeur moyenne
des lignes milieux).
N° de % bitume/
Plaque Bitume Granulat
l’éprouvette Granulat
PA pure 35/50
La Noubleau
PB pure 35/50 1; 2; 3; 4; 5 6,85
Airvault
ME Styrelf 13/40
Tableau 5-4. Plaques d’enrobés bitumineux (La première lettre : P bitume pur, M bitume modifié - La
lettre (A, B, E) indique la plaque considérée - Le chiffre indique la référence de l’éprouvette dans la
plaque, de 1 à 5).
- 194 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Sens de compactage
7cm
55
Figure 5-14. (gauche) : plaque à partir du compacteur LPC ; (droite) : éprouvettes sciées à partir de la
plaque (l’orientation est conservée).
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0,0
PA1 PA2 PA3 PA4 PA5 PB1 PB2 PB3 PB4 PB5 ME1 ME2 ME3 ME4 ME5
Figure 5-15. Teneur en vide des éprouvettes d’enrobé mesurée au banc γ (la valeur moyenne des lignes
milieux).
Les essais ont été réalisés sur les éprouvettes pré-entaillées. L’entaille initiale des
éprouvettes a été réalisée au laboratoire DGCB de l’ENTPE (Figure 5-16). Elle se situe en
bas de l’éprouvette (Figure 5-14 droite). Comme l’énergie nécessaire pour amorcer et
propager la fissure dépend beaucoup de la qualité de l’entaille initiale, la création de l’entaille
a été réalisée de façon soigneuse. La hauteur totale de l’entaille est de 2cm (sur une hauteur
de l’éprouvette de 7cm), ce qui assure une propagation stable de la fissure au cours des essais.
Pour atteindre ces 2cm, l’entaille a été effectuée en deux étapes. Une première entaille a été
réalisée à la scie circulaire (Figure 5-16a), sur une profondeur de 1,5cm environ, l’épaisseur de
la coupe est de 5mm environ. Afin d’obtenir l’entaille la plus fine possible en fond de fissure,
les derniers millimètres ont été sciés à la main avec une scie équipée de lame à métaux et un
dispositif assurant le guidage de la lame (Figure 5-16b). En fond d’entaille, la fissure a une
largeur de l’ordre de 1mm. Dans le Tableau 5-5, la hauteur d’entaille a été mesurée après le
sciage (la valeur présentée est la moyenne de trois valeurs mesurées à trois positions de
l’entaille).
Dans le Tableau 5-5, seule éprouvette PA5 a une entaille de 3,25cm environ.
195
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
Figure 5-16. Sciage de l’entaille de l’éprouvette: a) 1,5cm réalisée à la scie circulaire (5mm de large); b)
0,5cm en fond d’entaille réalisée par un montage équipé d’une scie à métaux (1mm de large).
Dix éprouvettes d’enrobé à base de liant pur provenant de deux plaques (PA et PB) et
cinq éprouvettes d’enrobé à base de liant modifié (ME) on été testées (cf. Tableau 5-5).
Les essais sont effectués à une vitesse constante de déplacement du piston de la presse (en
charge et en décharge), fixée à 1mm/min. La température est également maintenue constante
durant l’essai, à -5°C.
Le premier essai (essai PA1, cf. Tableau 5-5) a été réalisé sous sollicitation monotone
jusqu’à la rupture finale pour s’assurer de la faisabilité et fournir une référence. Nous avons,
ensuite, réalisé 14 essais avec des cycles de charge – décharge avant ou après le pic en charge.
- 196 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Tableau 5-5. Récapitulatif des essais de la campagne expérimentale sur les enrobés BBC.
Nous observons qu’au début de l’essai, il existe une période de mise en place du système
de chargement. En effet, l’essai débute alors que l’appui supérieur n’est pas encore au contact
de l’éprouvette. Il convient donc de positionner l’origine à partir de la montée de la courbe de
charge-déplacement (Figure 5-18). Cette détermination s’applique également pour les autres
déplacements mesurés. Un premier point a ainsi pu être déterminé (point A sur la Figure
5-18) : les mesures réalisées avant ce point ne correspondent pas au comportement réel de la
poutre mais à une mise en place du système de chargement. Ce biais expérimental est
inévitable.
3
P (kN)
0
0 1 2 3 4 5 6
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-17. Courbe brute de charge – déplacement du piston pour l’essai de chargement monotone
(essai PA1: v=1mm/min, T=-5°C).
197
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
Au cours de l’essai présenté (Figure 5-18), la charge appliquée au point A est relativement
élevée en raison d’un frottement parasite du système de chargement. Ce point a été amélioré
pour les autres essais et la partie linéaire des courbes charge-déplacement débute pour une
valeur de la charge plus proche de zéro.
3
P (kN)
2 partie linéaire
A
1
0
-1 0 1 2 3 4 5
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-18. Méthode de détermination de l’origine du déplacement du piston, et estimation du
comportement linéaire initial de la poutre pour l’essai de chargement monotone (essai PA1:
v=1mm/min, T=-5°C).
Selon les recommandations de la RILEM TC-50 FMC [RILEM 1985], dans le cas où le
déplacement n’est pas mesuré directement sur l’échantillon, il est recommandé qu’avant
l’enregistrement de la courbe charge – déplacement, la charge soit cyclée trois fois entre 5 et
25% de la charge maximale escomptée. Dans la deuxième campagne expérimentale (présentée
dans le paragraphe 5.3), nous avons systématiquement réalisé 2 cycles jusqu’à 30% de la
charge maximale avant d’effectuer le chargement complet. Cette procédure permet de limiter
l’influence de la période de mise en place du système de chargement au début de l’essai. Par
contre, cela n’a pas été fait pendant la première campagne.
Pour chacun des quatorze autres essais, une dizaine de cycles ont été appliqués (Tableau
5-5). Pour certains essais, un cycle a été réalisé avant d’atteindre la valeur maximale au pic.
La Figure 5-19 montre la courbe de chargement dans les axes (P – u) de l’essai ME1 avec
cycles de décharge - recharge. La procédure de cet essai est la suivante: réalisation de
chargement monotone jusqu’à la charge maximale ; pour chaque cycle, le déchargement est
effectué jusqu’à une valeur minimale d’environ 0,2kN. Le rechargement est ensuite déclenché
automatiquement par le système de pilotage de la presse. Il est rappelé que la vitesse de
déplacement du piston de la presse en décharge et en recharge est constante et égale à
1mm/min.
- 198 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
4
1
3
P (kN)
0
-0,1 0,0 0,1 0,2 0,3
2
0
-1 0 1 2 3 4
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-19. Courbe de chargement en fonction du déplacement du piston de la presse (essai ME1:
v=1mm/min, T=-5°C).
La Figure 5-20 présente les évolutions des déplacements mesurés par les capteurs LVDT1,
LVDT2 et LVDT3 (cf. Figure 2-11). On observe que les deux déplacements à la verticale des
appuis inférieurs mesurés par les capteurs LVDT1 et LVDT3 varient très peu au cours de
l’essai. Ces variations de déplacement correspondent aux effets de poinçonnement aux appuis
inférieurs. La flèche f calculée selon la formule (2.15) (cf. paragraphe 2.2.2.2) est donc le
déplacement du point supérieur au milieu de la poutre hors poinçonnement engendré aux
appuis inférieurs.
6
P
LVDT1 LVDT3
5
LVDT2
4
LVDT1, 2, 3 (mm)
2 LVDT1
LVDT2
1 LVDT3
0
-1
0 100 200 300 400 500
Temps (s)
Figure 5-20. Evolution des déplacements mesurés par les capteurs LVDT1, LVDT2 et LVDT3 en
fonction du temps (essai ME1: v=1mm/min, T=-5°C).
199
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
Nous présentons dans la Figure 5-21 les courbes du chargement (P) et de l’ouverture de
fissure au bout de l’entaille (CMOD) en fonction de la flèche f.
3
P (kN)
2,5
2,0
CMOD (mm)
1,5
1,0
0,5
0,0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Flèche f (mm)
Figure 5-21. Courbe P – f et CMOD - f d’un essai de flexion 4 points avec cycles de charge – décharge
(essai ME1: v=1mm/min, T=-5°C). Ici, la flèche f est calculée par la formule (2.15).
Nous déterminons également le déplacement du piston corrigé (ucor) selon l’équation (2.18)
en tenant compte deux phénomènes biaisants : la complaisance du système de chargement et
le poinçonnement aux appuis de l’éprouvette (cf. paragraphes 2.2.2.1 et 2.2.2.2).
Nous avons réalisé un essai de flexion 4 points sur une éprouvette en acier avec le même
système de chargement utilisé pour les éprouvettes en enrobé bitumineux. L’essai est réalisé
en mode de déplacement imposé à une vistesse constante de 1mm/min.
- 200 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Nous avons ajouté deux capteurs de déplacement LVDT4 et LVDT5 (Figure 5-22).
LVDT4 LVDT5
Le déplacement mesuré par ces deux capteurs LVDT4 et LVDT5 (la moyenne) comprend
le déplacement entre les points d’appuis sur la surface supérieure et ceux sur la surface
inférieure de l’éprouvette (i.e. le déplacement corrigé ucor) et le déplacement engendré par le
phénomène de poinçonnement (upoinçonnement). Selon l’équation (2.17), nous obtenons :
LVDT 4 + LVDT 5
= ucor + u poinçonnement = u piston − ucomplaisance (5.12)
2
Nous pouvons donc déterminer le déplacement ucomplaisance grâce à la formule (5.13) :
LVDT 4 + LVDT 5
ucomplaisance = u piston − (5.13)
2
La Figure 5-23 présente la courbe de charge en fonction du déplacement engendré par le
phénomène de complaisance du système de chargement. La pente sur une partie linéiare de la
courbe permet de déterminer la rigidité du système de chargement, c’est-à-dire l’inverse de la
complaisance C.
201
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
3,5
y = 22,70x - 0,13
3,0
2,5 1/C
Charge P (kN)
2,0
1,5
1,0
P - ucomplaisance
0,5
P - ucomplaisance(linéaire)
0,0
0,00 0,04 0,08 0,12 0,16 0,20
ucomplaisance (mm)
Nous pouvons observer dans cette figure qu’à une valeur de charge P = 3kN, le
déplacement engendré par le phénomène de complaisance du système de chargement atteint
une valeur ucomplaisance d’environ 0,14mm. Ce phénomène n’est donc pas négligeable.
P-u
3 P - ucor
Charge P (kN)
0
-1 0 1 2 3 4 5
Déplacement u et ucor (mm)
Figure 5-24. Courbe de chargement en fonction des déplacements u et ucor (essai ME1 : v=1mm/min,
T=-5°C) (u est le déplacement mesuré par le capteur LVDT du piston de la presse ; ucor est le
déplacement corrigé calculé par l’équation (2.18) dans le paragraphe 2.2.2.2).
- 202 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
21 fils
Figure 5-25. Jauge de fissuration (une jauge identique est collée sur la face opposée).
Comme une jauge est collée sur chaque face latérale de l’éprouvette, nous obtenons deux
valeurs différentes de hauteur de fissure, notées ajauge1 et ajauge2. L’exemple pour l’essai ME1,
présenté dans la Figure 5-26, montre qu’il existe des différences entre les deux valeurs ajauge1
et ajauge2.
La hauteur de fissure obtenue par les jauges de fissuration est légèrement différente sur
chaque côté. La Figure 5-27 présente un exemple de fissure obtenue sur chaque côté de
l’éprouvette ME1. Nous pouvons observer que la fissure ne se développe pas selon un plan,
mais elle suit un chemin en « zigzag » contournant les granulats. Cette observation peut
expliquer que parfois le fil de la jauge au niveau supérieur se coupe avant celui au niveau
inférieur.
Nous présentons également dans l’annexe 5 les facières de rupture des éprouvettes testées.
203
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
0,07
0,06
0,05
0,04 agauge1
a (m)
0,03 agauge2
0,02
0,01 C1 C2
0,00
4
Charge P (kN)
P-f
3 Pfail-gauge1
C2 Pfail-gauge2
2
C1
1
0
0 1 2 3 4 5
Flèche f (mm)
Figure 5-26. Mesures expérimentales de la hauteur de fissure par les deux jauges de fissuration (essai
ME1: v=1mm/min; T=-5°C).
Figure 5-27. Exemple de fissure obtenue sur chaque côté de l’éprouvette ME1.
Un des inconvénients de cette méthode est que la détection de la fissure est sans doute
retardée en raison de la déformabilité des fils de jauge. Seule la macrofissure peut être
détectée. La Figure 5-26 montre que la détection de macrofissure par les mesures des jauges
(points C1, C2) apparaît après le pic de la courbe charge – déplacement. L’endommagement se
produisant avant le pic de la charge n’est pas observé et nécessite une autre méthode pour
être détecté.
Dans cette partie, une nouvelle méthode pour calculer la hauteur de fissure au cours de
l’essai de propagation de fissure est présentée. Notre méthode est fondée sur le rapport entre
deux déplacements mesurés : l'ouverture de fissure (CMOD) et la flèche (f). Elle est nommée
- 204 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
par la suite méthode DRCL (Displacement Ratio method for predicting Crack Length). Le
rapport entre le CMOD et la flèche f est appelé rd :
CMOD
rd = (5.14)
f
Premièrement, cette méthode tient compte de l’observation des mesures expérimentales.
Dans la Figure 5-28, une relation particulière entre le CMOD et la flèche au cours de l’essai
peut être constatée. En effet, en extrapolant la partie linéaire de la recharge dans un cycle de
décharge – recharge, la droite obtenue passe par l’origine (Figure 5-28). Cette observation est
systématique pour tous les essais. Un comportement élastique ou viscoélastique linéaire, sans
propagation de la fissure au cours de cette période de recharge, peut donc être
raisonnablement adopté pour l’enrobé bitumineux.
0,8 er
Droite extrapolant la partie linéaire du 1 chargement
- - - - - Droites passant par les recharges
0,6
COD (mm)
0,4
0,2
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
Flèche f (mm)
Figure 5-28. Courbe d’évolution de l’ouverture de fissure (mesurée par CMOD) en fonction de la flèche
au cours de l’essai ME1. Les droites extrapolant les recharges passent par l’origine.
Deuxièmement cette méthode repose sur un calcul numérique par éléments finis en
considérant le comportement élastique linéaire isotrope. Ce calcul numérique fournit le champ
de déplacements dans la poutre au cours de l’essai. En considérant les conditions aux limites
imposées à la poutre, les développements théoriques de [Mandel 1955] montre que les champs
de déplacements pour un matériau élastique ou viscoélastique sont les mêmes dans le cas
considéré. Ils sont indépendants du module du matériau et ne dépendent pour une flèche
donnée que de la hauteur de fissure (a) de l’éprouvette.
Le logiciel COMSOL a été utilisé pour effectuer ce calcul numérique. Lors de la simulation
sur COMSOL, nous déterminons les déplacements : CMOD, f (cf. paragraphe 5.1.2). Ce
calcul est réalisé pour chaque hauteur de fissure prédéfinie (de 0,02 à 0,069m).
205
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
a Polynomial (a)
0,07
0,06
0,05
a (m)
0,04
0,03
0,02
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
rd = CMOD/f
0,9 a0=5,47
aDRCL
CMOD (mm)
a0=5,03
0,6
lE
lcu
Ca
a0=3,86
0,3 1
rd
a0=1,99 Flèche f (mm)
0,0 0
0,0 0,3 0,6 0,9 1,2 1,5 1,8 f
a) b)
Figure 5-30. Calcul de la hauteur de fissure ai selon la méthode DRCL grâce au rapport rd déterminé
sur la courbe CMOD - f (essai ME1): a) Courbe avec des cycles de charge – décharge (les valeurs de ai
sont en centimètre); b) Courbe lors d’essai monotone.
Il est à souligner que cette méthode peut aussi être appliquée dans le cas d’un essai
monotone (aucun cycle de décharge – recharge est réalisé). Dans ce cas, la hauteur de fissure
a est calculée pour chaque point de la courbe monotone CMOD – f en considérant que rd est
la pente du ségment reliant l’origine et le point considéré (Figure 5-30b).
- 206 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
4 1,0
CMOD (mm) f
amax 0,5 amax = W
3
tt e
a0 ve
ou
r
0,0
e l'ép CMOD
20,0 0,5 1,0 1,5
urd
u te f
: ha
=W
1 a ma x a0
initiale
d e l 'entaille CMOD
teu r
a 0 : hau ME1
0
0 1 2 3 4 5
Flèche f (mm)
Figure 5-31. Gamme de variation de la pente rd permettant de calculer une valeur de la hauteur de
fissure selon la méthode DRCL (essai ME1).
La Figure 5-31 présente la gamme de variation de la pente rd limité par une première
pente donnant la valeur de l’entaille initiale (a0) et une deuxième pente donnant la valeur de
la hauteur de fissure maximale (amax) égale à la hauteur de l’éprouvette (W).
La Figure 5-32 présente une comparaison des valeurs de hauteur de fissure obtenues par
les mesures expérimentales (ajauge) et par la méthode DRCL (aDRCL) pour l’essai ME1.
L’évolution de la hauteur de fissure calculée par la méthode DRCL aDRCL est assez proche de
celle obtenue expérimentalement par les mesures des jauges (ajauge1 et ajauge2). Une différence
peut cependant être observée au début de l’essai.
207
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
le déplacement augmente, mais la hauteur de fissure reste constante égale à a0. Dans la
Figure 5-30a, à partir de la pente du premier chargement de la courbe CMOD – f, nous
obtenons a0 DRCL = 1,99cm. La très bonne entente cette valeur calculée selon la méthode
DRCL et celle de l’entaille initiale mesurée sur l’éprouvette (a0 mesure = 2cm) prouve la
pertinence de notre nouvelle méthode.
0,07
Hauteur de fissure a (m)
0,06
0,05
0,05
0,04 aDRCL
0,04
0,03 B agauge1
0,03
0,02 A agauge2
0,02
0,01 C1 C2
0,01
0,00 0,00
4
4 A B
C2
C1
Charge P (kN)
3 2 P-f
Pfail-gauge1
2 C2
C1 0 Pfail-gauge2
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8
1
0
0 1 2 3 4 5
Flèche f (mm)
Figure 5-32. (haut) : évolution de la hauteur de fissure déterminée par les mesures des jauges de
fissuration (ajauge1 et ajauge2) et par la méthode DRCL (aDRCL) en fonction de la flèche ; (bas) : courbe
charge – flèche (P-f), Pfail-jauge1 et Pfail-jauge2 : points se situant sur la courbe charge – flèche correspondant
au point interrompu du fil de la jauge1 et jauge2 respectivement (essai ME1). Point A : début de la
propagation de fissure calculée par la méthode DRCL ; point B : charge maximale ; points C1 et C2 :
début de la propagation de fissure selon les mesures expérimentales par les jauges.
La différence principale entre aDRCL et ajauge est située dans la partie initiale du chargement.
D’ailleurs, les jauges de fissuration détectent l’amorçage de la fissure (point C1 et C2 dans la
Figure 5-32) après le pic de la charge (point B dans la Figure 5-32). Ce dernier phénomène a
été observé par d’autre auteur [Lemaistre 1998], qui a utilisé le même système de mesure par
jauge de fissuration. Ce retard est dû à l’éventuelle élongation des fils de jauge avant de se
rompre. Un calcul est proposé pour quantifier cette élongation dans la partie plus loin.
La méthode DRCL prévoit l’existence de la fissure avant sa détection par les jauges.
L’initiation de la fissure calculée aDRCL (point A dans la Figure 5-32) apparaît clairement
avant la valeur maximale de la charge P (point B dans la Figure 5-32). Quelques études ont
montré que l’endommagement apparaît avant le pic de la charge et avant la propagation de
la fissure [Birgisson et al. 2008; Simonin 2000; Wendling et al. 2004]. En fait, au début de la
- 208 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
propagation de fissure, il existe une phase d’initiation (ou d’amorçage) durant laquelle aucune
dégradation apparente n’est «visible» [Di Benedetto et Corté 2005]. Seulement les
microfissures se développent.
Nous interprétons dans la Figure 5-33 ce qui se passe au cours de la propagation de fissure
lors de l'essai présenté dans la Figure 5-32:
Jusqu'au point A: aucun endommagement n'apparaît, la fissure ne propage pas et est égale
à l’entaille initiale.
La méthode DRCL donne donc une fissure qui est la somme de la macrofissure et d’une
fissure fictive représentant la zone endommagée en pointe de fissure (5.15).
Jusqu’à A
LVE
Interprétation par
physique
A Æ B la méthode DRCL
Macro-fissure
Figure 5-33. La fissure calculée par la méthode DRCL étant la somme d'une macrofissure et d'une
fissure fictive représentant la zone endommagée microfissurée en pointe de la fissure. (Les points A, B
correspondent à ceux indiqués dans la Figure 5-32).
209
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
En se fondant sur les résultats du calcul de la hauteur de fissure, nous pouvons estimer la
taille de la zone endommagée en pointe de fissure à une valeur de 1,6cm environ.
L’explication de cette estimation vient premièrement de la différence entre la hauteur de
fissure calculée par la méthode DRCL lorsque la valeur maximale de la charge est atteinte
(point B dans la Figure 5-32, aDRCL(Pmax) = 2,8cm) et la valeur de l’entaille initiale (a0 = 2cm).
Il est supposé que la macrofissure commence à se propager réellement à partir du pic de la
charge. La taille de la fissure fictive est donc environ 0,8cm, et la taille de la zone
endommagée est estimée au double de cette dernière, c’est-à-dire environ 1,6cm.
Deuxièmement, les résultats de la ténacité et de l’énergie de rupture (voir paragraphes 5.2.5
et 5.2.6) fournissent une autre évolution de cette zone endommagée. Dans les Figure 5-38,
Figure 5-39, et Figure 5-52, nous pouvons observer qu’à partir d’une certaine valeur de la
hauteur de fissure (a = 5,5cm environ), les valeurs de la ténacité et de l’énergie de fissure
deviennent dispersées. Cette dispersion pourrait s’expliquer par le fait que la zone
endommagée atteint le bord supérieur de l’éprouvette (avec hauteur de l’éprouvette W =
7cm). On retrouve la valeur d’environ 1,5cm.
1,6cm 0,8cm
macro-fissure
0,05
aDRCL= amacro-fissure+ hfissure-fictive
0,04 hff
B
0,03 A
a (m)
A
2
0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8
Flèche f (mm)
Figure 5-34. Détermination de la taille de la fissure fictive représentant la zone endommagée en pointe
de fissure.
- 210 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Dans la partie précédente, nous avons montré l’existence d’une élongation des fils de jauge
de fissuration avant que ces derniers ne se rompent. Nous avons effectué une simulation
numérique à l’aide du code d’éléments finis COMSOL pour estimer cette élongation.
a gauge Δa
crack wire of
cracking
gauge
e
a rd
Figure 5-35. Schéma expliquant le calcul de l’élongation du fil de la jauge de fissuration (e) lorsqu’il se
rompt.
egauge1 egauge2
0,4
Elongation e (mm)
0,3
0,2
0,1
0,0
0,0 0,4 0,8 1,2 1,6
Flèche f (mm)
Figure 5-36. Evolution de l’élongation calculée des fils des jauges de fissuration à la rupture en fonction
de la flèche (essai ME1).
211
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
Le facteur de forme Y(x) a été calculé par éléments finis pour chaque hauteur de fissure et
présenté dans le paragraphe 5.1.4 (voir Figure 5-5).
Dans notre étude, quatre méthodes sont appliquées pour déterminer le facteur d’intensité
de contrainte et la ténacité.
*Valeurs discrètes :
La première méthode détermine une valeur de ténacité, notée KIC(PQ). Cette valeur est
calculée selon la formule (1.47) avec a = a0 DRCL (Figure 5-30a) et P = PQ. La valeur de PQ est
obtenue dans la première montée de la courbe de chargement dans les axes (P – f) selon la
procédure présentée dans la Figure 5-37. La norme [ASTM-E399-05 2005], appliquée pour les
matériaux métalliques, présente la méthode pour obtenir la valeur de PQ. [Molenaar et
Molenaar 2000] ont proposé une légère modification pour tenir compte de l’hétérogénéité de
l’éprouvette d’enrobé bitumineux. Nous avons appliqué cette modification dans notre calcul
de la valeur de PQ (Figure 5-37).
Load P A A A
Pmax Pmax
PQ Pmax = PQ
PQ = P10 P10 P10
O O O Deflection f
Figure 5-37. Détermination de la valeur PQ selon une légère modification de la norme [ASTM-E399-05
2005] compte tenue de l’hétérogénéité de l’éprouvette d’enrobé bitumineux : premièrement, la droite
sécante OP10 est tracée à travers l’origine de la courbe P – f avec 10% de déviation à partir de la
droite tangente OA. Si la charge à n’importe quel point précédant P10 est inférieure à P10, alors P10 =
PQ (Type I); cependant, s’il y a une valeur de charge maximale précédant P10, alors Pmax = PQ (Type
II et III). La condition suivante est demandée pour s’assurer que la MLER peut être utilisée en
première approximation : Pmax/PQ < 1,10.
- 212 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
même manière que la valeur PQ en considérant chaque recharge des cycles de décharge -
recharge. La valeur de la ténacité obtenue est notée KIC(ai).
*Valeurs continues :
La quatrième méthode détermine une valeur continue de la ténacité, notée KIC(a). Cette
valeur est également déterminée pour chaque point de la courbe de chargement dans les axes
(P - f), mais après le point A (Figure 5-32) (sans prendre en compte les périodes des cycles de
décharge – recharge), c’est-à-dire lorsque la propagation visible de la fissure déterminée par la
méthode DRCL. La valeur de la hauteur de fissure aDRCL (cf. le Tableau 5-6 et la Figure
5-32haut) est également utilisée dans ce calcul.
5
KIC(PQ) ME1
4 KIC(ai)
KI et KIC (MPa√m)
KI(a)
3 KIC(a) B
2 A
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m)
Figure 5-38. KI et KIC déterminée selon différentes méthodes : KIC(PQ) : formule (1.47) avec la P = PQ
(Figure 5-37) et a = a0 DRCL (Figure 5-30a); KI(a) : formule (1.47) avec P = Pi et a = aDRCL avant le
point A (Figure 5-32); KIC(a) : formule (1.47) avec P = Pi (les cycles ne sont pas considérés) et a =
aDRCL après le point A (Figure 5-32); KIC(ai) : formule (1.47) appliquée au cycle de décharge - recharge
avec P = PQi et a = ai DRCL (Figure 5-30a). Les points A et B correspondent à ceux de la Figure 5-32
(essai ME1).
La Figure 5-38 montre que la ténacité augmente avec la hauteur de fissure. Ce résultat a
été observé par [Marasteanu et al. 2002]. Nous trouvons bien sur la Figure 5-38 qu’à partir
du moment où une propagation visible de la fissure est observée (à partir du point A),
213
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
5
KIC(PQ) PA2
4 KI(a)
KI et KIC (MPa√m)
KIC(a)
3 KIC(ai)
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m)
a)
5
KIC(PQ) PB1
4 KI(a)
KI et KIC (MPa√m)
KIC(a)
3 KIC(ai)
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m)
b)
Figure 5-39. KI et KIC déterminée selon différentes méthodes pour l’éprouvette PA2 (a) et l’éprouvette
PB1 (b). Les notations sont les mêmes que la Figure 5-38.
- 214 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
1,6
1,4 1,23
1,15 1,14
KIC (P Q) (MPa√ m) 1,2
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
PA PB ME
Figure 5-40. Valeurs moyennes (pour chaque plaque d’enrobé) de KIC(PQ) et ses écart types.
Il est souligné que lors du calcul de l’énergie de rupture, c’est la courbe charge -
déplacement corrigé (P – ucor) qui est utilisé pour déterminer l’énergie sous la courbe de
chargement ou l’énergie par accroissement de fissure (cf. paragraphe 1.5.4).
Cette énergie de rupture est calculée selon l’équation (1.62). La Figure 5-41 présente la
détermination de l’aire W0 sous la courbe enveloppe de la courbe de chargement dans les axes
(P – ucor). Il est à noter que cette aire (W0) est limitée jusqu’à une valeur de déplacement
choisie égale à 4mm, car la queue de la courbe (P – ucor) est différente d’un essai à l’autre.
215
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
P - ucor
4
Courbe d'enveloppe
Charge P (kN)
W0
2
1
queue
0
0 1 2 3 4
Déplacement ucor (mm)
Figure 5-41. Courbe charge – déplacement corrigé et sa courbe enveloppe pour l’essai ME1. W0 est
l’aire sous la courbe d’enveloppe. La partie éliminée (la queue) est déterminée à partir de la droite
verticale passant par une valeur de déplacement égale à 4mm.
Nous obtenons les résultats moyens pour les éprouvettes de trois plaques d’enrobés
bitumineux (Figure 5-42).
1600
1092
1200
834
817
GF (J/m )
2
800
400
0
PA PB ME
Figure 5-42. Valeurs moyennes de l’énergie de rupture totale (GF) des éprouvettes de trois plaques
d’enrobé BBC (PA, PB et ME) selon la recommandation de la Rilem TC-50 FMC [RILEM 1985].
Avant de déterminer l’énergie de rupture par accroissement de fissure, il faut tout d’abord
déterminer la courbe de décharge supposée linéaire élastique en différents points suffisament
« proches ». Cette courbe est appelée « droite de décharge élastique », permettant de diviser
la courbe de chargement en différents accroissements d'aire ΔA (droites BC, DE - Figure
5-49). Ces doites correspondent à la rigidité en décharge au point considéré de la poutre
supposé élastique.
- 216 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Dans ce travail, nous utilisons deux méthodes pour déterminer les accroissements de
fissure
k0exp (a0 )
Ematériau = EF EEF (5.16)
k0 (a0 )
k0exp (a 0 )
kicalcul (a ) = kiEF (a ). (5.17)
k0EF (a 0 )
217
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
2,0
1,5
CMOD (mm)
1,0
0,5
CMOD - ucor
0,0
0,07
0,06
0,05
a (m)
0,04
0,03
0,02
aDRCL
0,01
0,00
4 P - ucor
droiteDRCL correspondant
3 à a = 4,5cm
P (kN)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
ucor (mm)
- 218 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
4 P-u
droitesDRCL
P (kN) 2
0
0 1 2 3 4
ucor (mm)
Figure 5-44. Résultat de détermination des droitesDRCL (ces droites correspondent à aDRCL = 2,5cm à
6,5cm, avec un intervalle d’environ Δa = 0,5cm).
La méthode de Sakai IV, présentée dans le paragraphe 1.5.4.2.b, est appliquée dans le cas
de nos essais de propagation de fissure sur les éprouvettes en enrobés bitumineux.
3
deux points : Δa = 0,5cm)
2
0
0,0 4,0x10
11
8,0x10
11
1,2x10
12
1,6x10
12
2
3/2*(L-l)*ucor*E'/(KIC*W )
Figure 5-45. Courbe de chargement sans dimension d’un matériau élastique linéaire fragile et celle du
PC 3( L − l ) uE ' 3( L − l )
ME1 ( y = 2 3
et x = sont les termes sans dimensions) et les droitesSakaiIV.
K IC 2 BW 10 K IC 2W 2
219
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
La Figure 5-46 présente les droitesSakaiIV déterminées à différents points sur la courbe de
chargement dans les axes P – ucor.
P - u (réelle)
4 P - u (élastique linéaire)
droitesSakaiIV (écart entre
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
ucor (mm)
Figure 5-46. Courbe de chargement d’un matériau élastique linéaire fragile et celle du ME1 dans les
axes (P – ucor) et les droitesSakaiIV (essai ME1).
Nous observons que les droitesSakaiIV reflètent assez bien les cycles de décharge – recharge.
*Note : selon méthode de Sakai IV, chaque point de la courbe de chargement du matériau
au comportement réel correspond à un point sur la courbe du même matériau au
comportement élastique linéaire qui correspond à une hauteur de fissure, notée aSakaiIV.
L’évolution de cette hauteur de fissure (aSakaiIV) est présentée et comparée avec celles
determinées par la méthode DRCL (aDRCL) et par les mesures des jauges (ajauge) dans la Figure
5-47.
4 0,08
3 0,06
P (kN)
P-u
a (m)
2 aDRCL 0,04
aSakaiIV
ajauge1
1 0,02
ajauge2
0 0,00
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
ucor (mm)
Figure 5-47. Evolutions de la hauteur de fissure déterminée par les méthodes : DRCL, Sakai IV et les
mesures par les jauges de fissuration (essai ME1).
- 220 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
La Figure 5-48 présente une comparaison entre les droites déterminées par les deux
méthodes : droitesDRCL et droitesSakaiIV.
P-u
4
droitesDRCL
droitesSakaiIV
P (kN) 3
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5
ucor (mm)
Figure 5-48. Comparaison des droites de décharge élastique obtenues par 2 méthodes : droiteDRCL et
droiteSakaiIV (essai ME1).
Nous observons que les droites de décharge élastique déterminées par ces deux méthodes
sont différentes.
Nous résumons ici les deux méthodes : Sakai et ASTM, présentées dans les paragraphes
1.5.4.2a et b, permettant de déterminer la variation de l’énergie de rupture en fonction de
l’accroissement de fissure.
*Selon la méthode de Sakai (cf. paragraphe 1.5.4.2.a), l’énergie de rupture totale est la
somme d’une partie élastique et une partie associée aux phénomènes irréversibles :
R=J+ Φ (5.18)
221
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
Avec :
Δπ R Δπ R
R= = (5.19)
BΔa ΔA
Δπ J
J= (5.20)
BΔa
Δπ ir
Φ= (5.21)
BΔa
*Selon la méthode proposée par la norme ASTM (cf. paragraphe 1.5.4.2.b), l’énergie de
rupture totale Jep (e : élastique ; p : plastique), correspondant au terme R de la méthode de
Sakai, est décomposée en deux parties élastique (Je) et plastique (Jp) :
J ep = J e + J p (5.22)
Avec :
Je =G=
(1 − υ ) K 2
2
(5.23)
IC
E
⎡ ⎛ 2 ⎞ ⎛ U p( i ) − U p( i −1) ⎞ ⎤ ⎡ a( i ) − a( i −1) ⎤
J p ( i ) = ⎢ J p( i −1) + ⎜ ⎟⎜ ⎟⎟ ⎥ ⎢1 − ⎥ (5.24)
⎢⎣ ⎜ b( i −1) ⎟ ⎜⎝ ⎥ ⎢ ⎦⎥
B ⎠⎦ ⎣ b
⎝ ⎠ ( i −1)
Figure 5-50. Définition de l’aire plastique pour le calcul de la partie plastique Jp selon la norme ASTM.
- 222 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Le Tableau 5-7 présente l’équivalence des termes d’énergie (le terme global et ses parties
élastique et plastique) entre les deux méthodes : Sakai et ASTM.
2500 2500
R Sakai Sakai R
2000 Φ Φ
2000
J J
R, Φ, J (J/m )
R, Φ, J (J/m )
2
2
1500 1500
1000 1000
500 500
0 0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m) aSakaiIV (m)
2500 2500
ASTM Jep
Jep ASTM
2000 Jp 2000 Jp
Jep, Jp, Je (J/m )
Jep, Jp, Je (J/m )
Je
2
Je
1500 1500
1000 1000
500 500
0 0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m) aSakaiIV (m)
Figure 5-51. Valeurs des termes d’énergie de rupture (définies dans le paragraphe 1.5.2.4.a et b), en
fonction de l’accroissement de fissure, calculées selon deux méthodes : Sakai et ASTM; avec la hauteur
de fissure déterminée selon : (gauche) méthode DRCL, et (droite) méthode de Sakai IV (essai ME1).
La méthode proposée par la norme ASTM permet d’obtenir les valeurs des termes
d’énergie de rupture plus stables que celles obtenues par la méthode de Sakai. En effet, la
méthode de Sakai est une méthode différentielle, où l’on divise l’énergie calculée par
l’accroissement d’aire de fissure. Cet accroissement correspond au produit de la largeur de
l’éprouvette avec l’accroissement de la hauteur de fissure (ΔA =B*Δa).
Par contre, les valeurs des termes d’énergie déterminées selon les deux méthodes
présentées ont les mêmes ordres de grandeur et sont comparables.
223
5.2. Campagne expérimentale sur les matériaux BBC
La Figure 5-52 présente les courbes R et Jep (termes d’énergie de rupture totale : partie
élastique + partie associée aux phénomènes irréversibles) en fonction de la hauteur de fissure
pour l’essai ME1.
2500 2500
R (Sakai) R (Sakai)
Jep (ASTM) Jep (ASTM)
2000 2000
moyenne sur a=[0,035 à 0,055] moyenne sur a=[0,035 à 0,055]
R, Jep (J/m )
R, Jep (J/m )
1500
2
1500
2
1000 1000
500 500
0 0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m) aSakaiIV (m)
Figure 5-52. Comparaison des termes d’énergie de rupture totale par accroissement de fissure selon
deux méthodes : Sakai et ASTM avec la hauteur de fissure déterminée selon : (gauche) méthode
DRCL, et (droite) méthode de Sakai IV (essai ME1).
Ainsi, les résultats obtenus assez proches du terme d’énergie de rupture totale entre les
deux méthodes de détermination de la hauteur de fissure (DRCL et Sakai IV) nous
permettent de choisir la méthode Sakai IV pour évaluer et comparer le terme d’énergie de
rupture totale des matériaux testés.
Sur la Figure 5-52, il est possible de calculer les valeurs moyennes (Rmoy, Jep moy ) sur
l’intervalle 0,035m < a < 0,055m. Ces valeurs peuvent être comparées à la valeur de GF
calculée dans le paragraphe 5.2.6.1. Cette comparaison est illustrée dans la Figure 5-53.
Nous trouvons que les valeurs du terme d’énergie de rupture totale des éprouvettes des
deux plaques PA et PB sont proches. Mais elles sont inférieures à celle des éprouvettes du
plaque ME.
- 224 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
1600
SakaiIV PA PB ME
800
400
]
)
o)
ai
M
ak
-a
ST
(W
(S
(A
[B
R
o/
Je
W
=
F
Figure 5-53. Valeurs moyennes de Rmoy et de Jep moy des éprouvettes de trois plaques d’enrobé BBC G
(PA, PB et ME) calculées par les méthodes de Sakai et de ASTM avec la hauteur de fissure
déterminée selon la méthode de Sakai IV; en comparaison avec la valeur moyenne de GF calculée selon
[RILEM 1985].
La Figure 5-54 présente les courbes J (Sakai) et Je (ASTM) (termes d’énergie élastique) en
fonction de la hauteur de fissure pour l’essai ME1.
2500 2500
J (Sakai) J (Sakai)
2000 Je (ASTM) 2000 Je (ASTM)
J, Je (J/m )
2
J, Je (J/m )
1500 1500
2
1000 1000
500 500
0 0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m) aSakaiIV (m)
Figure 5-54. Comparaison des termes d’énergie élastique par accroissement de fissure déterminés par
deux méthodes Sakai et ASTM avec la hauteur de fissure déterminée selon : (gauche) méthode DRCL,
et (droite) méthode de Sakai IV (essai ME1).
Nous observons que les valeurs du terme d’énergie élastique sont stables. En particulier,
celles déterminées avec aSakaiIV sont constantes au cours de l’essai, ce qui correspond à
l’hypothèse de KIC égale constante de la méthode Sakai IV.
225
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
L’enrobé étudié a été fourni par l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign aux Etats-
Unis. C’est un enrobé dont la formulation est présentée dans le Tableau 5-8. Sa courbe
granulométrique est présentée dans la Figure 5-55.
80,00
60,00
40,00
20,00
0,00
0,01 0,10 1,00 10,00 100,00
Mailles des tamis (mm)
Figure 5-55. Courbe granulométrique de l’enrobé de l’Université de l’Illinois.
La fabrication de l’enrobé testé a été réalisé sur un terrain dont les dimensions sont de
7,5m de longueur et de 3,9m de largeur. Le prélèvement du matériau a été effectué sur place.
Des plaques d’enrobé ont été ensuite envoyées à différentes équipes. La Figure 5-56 montre la
procédure pour obtenir l’enrobé à tester.
- 226 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Figure 5-56. Procédure de fabrication des éprouvettes d’enrobé pour l’étude internationale de la
RILEM TC CAP.
Module
MCE1 7,6 12 1,275 2,341 2,488 5,9 94,1
complexe
ENTPE1 FPBNF 55,5 6,57 6,93 5,671 2,244 2,488 9,8 90,2
ENTPE2 FPBNF 55,6 6,63 7,80 6,582 2,289 2,488 8,0 92,0
ENTPE3 FPBNF 55,5 6,63 7,53 6,411 2,314 2,488 7,0 93,0
ENTPE4 FPBNF 55,4 6,73 7,20 6,015 2,241 2,488 9,9 90,1
ENTPE5 FPBNF 55,6 6,63 7,17 5,999 2,270 2,488 8,8 91,2
ENTPE6 FPBNF 55,4 6,77 7,17 6,331 2,354 2,488 5,4 94,6
ENTPE7 FPBNF 55,5 6,60 7,27 6,016 2,259 2,488 9,2 90,8
ENTPE8 FPBNF 55,6 6,60 7,53 6,355 2,300 2,488 7,6 92,4
ENTPE9 FPBNF 55,4 6,43 7,83 6,515 2,336 2,488 6,1 93,9
ENTPE10 FPBNF 55,5 6,50 7,20 5,768 2,221 2,488 10,7 89,3
Tableau 5-9. Caractéristiques des éprouvettes envoyées de l’Université de l’Illinois à l’ENTPE.
227
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
Avec
Cp : compacité de l’éprouvette
Une légère différence de dimension entre les éprouvettes parallélépipédiques peut être
notée. Cette légère différence est due au sciage des éprouvettes à partir de la plaque d’enrobé.
L’entaille initiale de chaque éprouvette est donc légèrement différente d’une éprouvette à
l’autre. Toutefois, une largeur de 1mm sur une hauteur de 5mm au fond d’entaille est
toujours respectée afin d’obtenir une pointe de fissure assez « fine ».
Dans la littérature, plusieurs études ont montré que, dans le domaine viscoélastique
linéaire (VEL), le matériau bitumineux en général et l’enrobé bitumineux en particulier est
un matériau thermorhéologiquement simple [De La Roche 1996; Delaporte et al. 2007; Di
Benedetto et al. 2007a; Di Benedetto et al. 2004b]. Cela signifique que le principe de
superposition temps – température (PSTT) est vérifié pour les enrobés bitumineux dans le
domaine VEL. L’application de ce principe permet de construire, à partir des mesures de
l’essai de module complexe, une courbe unique (ou courbe maîtresse) pour différents
paramètres comme le module complexe et son angle de phase ainsi que le coefficient de
Poisson et son angle de phase en fonction de la fréquence à une température de référence. La
construction de ces courbes est réalisée en utilisant la méthode de translation avec les
coefficients de translation aT. Ce résultat a été vérifié et présenté dans le paragraphe 3.1 du
chapitre 3 de cette thèse.
- 228 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Les propriétés spécifiques du PSTT sont schématisées dans la Figure 5-57. Considérons
deux essais (1 et 2) à deux températures différentes, si les chemins de chargment en temps
équivalent (éq. (5.25)) de ces deux essais sont identiques, le respect du TTSP impose que les
réponses de deux essais sont également identiques dans l'échelle de temps équivalent.
t
teq = (5.25)
aT
Sollicitation (σ ou ε)
Sollicitation (σ ou ε)
45°
Temps équivalent teq = t/aT
Ainsi, une série d’essais ont été effectués qui se compose d'un essai de module complexe
(domaine VEL) suivi par un nombre d’essais de flexion 4 points (essai de propagation de
fissure) à différentes températures (T) et à différentes vitesses de déplacement imposé (v).
Les coefficients de translation aT utilisés pour la construction des courbes maîtresses dans le
domaine VEL sont ensuite appliqués dans le cas des essais de propagation de fissure pour
déterminer une courbe unique du déplacement imposé en fonction du temps équivalent.
Dans cette campagne expérimentale, six essais de propagation de fissure ont été réalisés en
mode de déplacement du piston imposé sur l’enrobé de l’Université de l’Illinois. Il est rappelé
que le résultat de l’essai de module complexe sur le même enrobé bitumineux (essai sur
l’éprouvette MCE1 - Tableau 5-9) est présenté dans le paragraphe 3.1 du chapitre 3.
D’ailleur, les résultats obtenus lors de la première campagne expérimentale sur les essais
de propagation de fissure des enrobés BBC (paragraphe 5.2) nous permettent de retenir les
points suivants :
229
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
• Il faut appliquer des cycles de mise en place au début de l’essai pour éviter
l’influence de la période de mise en place du système de chargement.
• Avec les méthodes DRCL et Sakai IV (cf. paragraphe 5.2.6.2.a), on n’a pas besoin
d’effectuer des cycles de décharge – recharge au cours de l’essai pour déterminer les
droites de décharge élastique afin de diviser la courbe de chargement en différents
accroissements d’aire pour déterminer l’énergie de rupture par accroissement de
fissure.
Nous avons donc pris en compte de ces points lors de la deuxième campagne
expérimentale. Concrètement, nous avons :
• Un essai de fissuration par fatigue a été également réalisé afin de comparer avec les
essais monotones.
Le Tableau 5-10 résume les six essais réalisés au cours de la campagne expérimentale sur
l’enrobé de l’Université de l’Illinois.
Il est rappelé que toutes les éprouvettes testées pendant cette campagne expérimentale ont
le même ligament environ de 5cm (Tableau 5-10).
- 230 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Il est également remarqué que les deux essais ENTPE5 et ENTPE6 ne font pas partie de
la procédure expérimentale pour vérifier le PSTT. Car les vitesses de déplacement imposé au
cours de ces deux essais sont différentes en temps équivalent.
Afin de vérifier le PSTT, les vitesses du déplacement du piston imposé choisies pour les
quatre essais : ENTPE4, ENTPE7, ENTPE8 et ENTPE2 (Tableau 5-10) sont déterminées en
fonction de la température d’essai selon la procédure présentée dans la parite suivante.
Puis, comme les valeurs expérimentales des coefficients de translation aT dans de l’essai de
module complexe MCE1 ont été déterminées pour la construction des courbes maîtresses à la
température de référence TR = -8,5°C (cf. paragraphe 3.1.3), il faut déterminer les valeurs de
aT à la nouvelle température de référence TR’=-10,3°C (température de l’essai de référence
ENTPE4). Les valeurs expérimentales de aT à TR = -8,5°C ont été approchées par la loi WLF
(5.26) dont les constantes associées sont : C1 = 42,8 ; C2 = 249,2 (cf. Figure 3-7 et Figure
5-58).
C1 (T − TR )
log(aT ) = − (5.26)
C2 + (T − TR )
Nous déterminons ensuite la relation approchée des valeurs de aT selon la même loi WLF à
la nouvelle température de référence TR’ = -10,3°C dont les constantes associées sont C1’ et
C2’. Ces dernières peuvent être déterminées grâce aux équations (5.27) [Jongepier et Kuilman
1969] :
⎧
⎪ C 1.C 2 = C 1' .C 2'
⎪
⎪
⎨ (5.27)
⎪
⎪(T − C 2 ) = (TR' − C 2' )
⎪
⎩ R
Avec TR’ = -10,3°C, nous obtenons : C1’ = 43,1 ; C2’ = 247,4.
La même loi WLF (5.28) avec la température de référence TR’ et les constantes associées
C1’ et C2’ permet de déterminer les valeurs de aT à des températures T des autres essais de
propagation de fissure (Figure 5-58).
C1' (T − TR ')
log(aT ) = − (5.28)
C2' + (T − TR ')
231
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
ENTPE4
-4
10 ENTPE2
ENTPE7
-6
10
-8
10
30 20 10 0 10 20 30 40
T (°C)
Figure 5-58. Coefficients de translation aT des essais de propagation de fissure (correspondant à TR’ =
-10,3°C) et ceux de l’essai de module complexe MCE1 (correspondant à TR = -8,5°C) ainsi que leurs
valeurs approchées déterminées selon la même loi WLF.
aT (TR ')
vT (T ) = vT (TR ') . (5.29)
aT (T )
Où :
Le Tableau 5-11 résume les couples de (v, T) des essais de propagation de fissure utilisés
pour vérifier le PSTT ainsi que les valeurs du coefficient de translation correspondantes.
- 232 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Nous présentons dans les deux paragraphes suivants le résultat de l’essai monotone sur
éprouvette ENTPE7 et celui de l’essai de fissuration par fatigue sur l’éprouvette ENTPE2.
Les superpositions des résultats de différents essais pour vérifier le PSTT sont présentées
dans le paragraphe 5.3.5.
La Figure 5-59 montre la courbe de charge en fonction du temps de l’essai ENTPE7. Nous
pouvons observer qu’au début de l’essai, l’influence du système de chargement dans la
période de mise en place (cf. paragraphe 5.2.2.1) a été bien éliminée grâce à deux cycles dont
la valeur maximale en charge est de 0,8kN, i.e. 1/3 du pic de la charge (2,4kN environ), et la
valeur minimale est de 0,2kN.
3,0
P-t
P - t linéaire
2,5
2,0
P (kN)
1,5
1,0 0,8kN
0,5
0,2kN
0,0
-10 0 10 20 30 40 50 60
temps (s)
Figure 5-59. Courbe de chargement en fonction du temps (essai ENTPE7 : v=5,9mm/min, T=-1,5°C).
233
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
3,0 3
2,5 2
2,0
P (kN) 1
1,5
0
-0,25 0,00 0,25 0,50
1,0
P-u
0,5 P - u linéaire
0,0
-1 0 1 2 3 4 5 6
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-60. Courbe de charge en fonction du déplacement du piston (essai ENTPE7 : v=5,9mm/min,
T=-1,5°C).
Nous déterminons également le déplacement du piston corrigé (ucor) selon l’équation (2.18)
en tenant compte de deux phénomènes : le poinçonnement aux appuis et la complaisance du
système de chargement (cf. paragraphes 2.2.2.1 et 2.2.2.2).
3,0
P-u
2,5
P - ucor
2,0
P (kN)
1,5
1,0
0,5
0,0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Déplacements u et ucor (mm)
Figure 5-61. Courbes de chargement en fonction des déplacements u et ucor (essai ENTPE7 :
v=5,9mm/min, T=-1,5°C) (u est le déplacement mesuré par le capteur LVDT du piston de la presse ;
ucor est le déplacement corrigé calculé par l’équation (2.18) dans le paragraphe 2.2.2.2).
- 234 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Les évolutions de la hauteur de fissure mesurées par deux jauges collées sur chaque face
latérale de l’éprouvette sont présentées dans la Figure 5-63 : ajauge1 et ajauge2. On peut observer
que la hauteur de fissure est légèrement différente sur chaque côté et peut avoir des
évolutions différentes à l’intérieur de la poutre.
Comme dans le cas des essais de propagation de fissure de la première campagne sur les
enrobés BBC, nous trouvons également que les jauges de fissuration détectent l’amorçage de
la fissure (point C1 et C2 dans la Figure 5-63) après le pic de la charge (point B dans la
Figure 5-63). Ce retard est dû à l’éventuelle élongation des fils de jauge avant de se rompre
comme l’analyse précédente (cf. paragraphe 5.2.4).
5 0,45
ENTPE7: a0(mesure)=2,27cm
0,30 1
4
rd
0,15
CMOD (mm)
3 a0(DRCL)=2,29cm
0,00
0,0 0,2 0,4 0,6
2
m
Calcul
zoo
rd=CMOD/f aDRCL
1 inverse
0
0 1 2 3 4 5 6
Flèche f (mm)
Figure 5-62. Evolution de l’ouverture de fissure (CMOD) en fonction de la flèche (f) de la poutre (essai
ENTPE7 : v=5,9mm/min, T=-1,5°C).
Sur la Figure 5-62, la pente initiale de la courbe CMOD-f permet de calculer la valeur de
l’entaille initiale de l’éprouvette ENTPE7 : a0(DRCL) = 2,29cm. Tandis que la valeur de
l’entaille initiale mesurée directement sur l’éprouvette est de a0(mesure) = 2,27cm. Ces deux
valeurs sont très proches.
235
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
La méthode DRCL prévoit l’existence de la fissure avant la détection par les jauges.
L’initiation de la fissure calculée aDRCL (point A dans la Figure 5-63) apparaît clairement
avant la valeur maximale de la charge P (point B dans la Figure 5-63). D’ailleurs, les jauges
de fissuration détectent l’amorçage de la fissure (point C1 et C2 dans la Figure 5-63) après le
pic de la charge (point B dans la Figure 5-63).
0,08
0,06
0,05
ajauge1
a (m)
0,04 0,04 B
A C2 ajauge2
0,03
0,02 0,02
aDRCL
0,01 C1
0,00 0,00
3 3
C1
2 B
P-f
2 A C2
Pfail-jauge1
1
P (kN)
Pfail-jauge2
0
1 0,00 0,15 0,30 0,45
0
0 1 2 3 4 5 6
f (mm)
Figure 5-63. Comparaison de la hauteur de fissure mesurée par les jauges de fissuration et
celle calculée par la méthode DRCL (essai ENTPE7 : v=5,9mm/min ; T=-1,5°C).
- 236 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
5
KI(a)
4 KIC(PQ)
KIC(a)
KI et KIC (MPa√m)
3
2
B
A
1
0
0,00 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m)
Figure 5-64. KI et KIC déterminée selon différentes méthodes : KIC(PQ) : formule (1.47) avec la P = PQ
(Figure 5-37) et a = a0 DRCL (Figure 5-62) ; KI(a) : formule (1.47) avec P = Pi et a = aDRCL avant le
point A (Figure 5-63); KIC(a) : formule (1.47) avec P = Pi et a = aDRCL après le point A (Figure 5-63).
Les points A et B correspondent à ceux de la Figure 5-63 (essai ENTPE7).
Le Figure 5-65 présente les valeurs de KIC(PQ) des éprouvettes d’enrobé de l’Université de
l’Illinois.
1,0
0,6
0,4
0,2
0,0
-1,5°C -6,2°C -10,3°C -15,5°C
ENTPE7 ENTPE2 ENTPE4 ENTPE8
Figure 5-65. Valeurs de KIC(PQ) des éprouvettes d’enrobé de l’Université de l’Illinois considérées.
237
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
Deux types de l’énergie de rupture ont été déterminés. Le premier est l’énergie de rupture
totale sous la courbe de chargement complète de l’essai. Le deuxième est l’énergie de rupture
par accroissement de fissure.
Il est rappelé que lors du calcul de l’énergie de rupture, c’est la courbe charge -
déplacement corrigé (P – ucor) qui est utilisé pour déterminer l’énergie sous la courbe de
chargement.
L’énergie de rupture totale, notée GF, de l’éprouvette ENTPE7 en flexion 4 points est
égale à l’aire sous la courbe de chargement W0 (Figure 5-66) divisé par l’aire du ligament de
l’éprouvette. Elle est calculée par l’équation (1.62).
2,5
2,0
1,5
P (kN)
1,0
0,5 W0
queue
0,0
0 1 2 3 4
Déplacement ucor (mm)
Figure 5-66. Calcul de l’énergie totale sous la courbe de chargement (essai ENTPE7 : v=5,9mm/min ;
T=-1,5°C). W0 est l’aire sous la courbe monotone. La partie éliminée (la queue) est déterminée à
partir de la droite verticale passant par une valeur de déplacement ucor égale à 4mm.
Comme les éprouvettes parallélépipédiques testées ont le même legament, les énergies de
rupture totales sont comparables entre elles et comparables également avec celles des
éprouvettes d’enrobé BBC de la première campagne.
La Figure 5-67 présente les valeurs de l’énergie de rupture totale des éprouvettes d’enrobé
de l’Université de l’Illinois (ENTPE). L’essai ENTPE2 est un essai cyclique. L’énergie de
rupture n’est pas déterminée pour cet essai.
- 238 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
800
622
579
528
600
GF (J/m )
2
400
200
0
-10,3°C -1,5°C -15,5°C
Figure 5-67. Energies de rupture totale GF selon la recommandation de la Rilem TC 50-FMC [RILEM
1985] des éprouvettes d’enrobé de l’Université de l’Illinois avec les températures d’essai
correspondantes.
1600
1092
1200
834 817
GF (J/m )
2
800 577
400
0
PA PB ME ENTPE
Figure 5-68. Comparaison des valeurs moyennes de l’énergies de rupture totale GF selon la
recommandation de la Rilem TC 50-FMC [RILEM 1985] des éprouvettes d’enrobé BBC (PA, PB, ME)
et celle des éprouvettes d’enrobé de l’Université de l’Illinois (ENTPE).
Avec les méthodes DRCL et Sakai IV (cf. paragraphe 5.2.6.2.a), nous pouvons déterminer
les droites de décharge élastique permettant de diviser la courbe de chargement d’un essai
dans les axes (P – ucor) en accroissements d’aire. Ensuite, grâce aux méthodes Sakai et ASTM
(cf. paragraphe 1.5.4.2), nous pouvons calculer l’énergie par accroissement de fissure.
Les Figure 5-69 et Figure 5-70 présentent les résultats des droites de chargement :
droitesDRCL et droitesSakaiIV respectivement
239
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
3
P-u
droitesDRCL
P (kN)
0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
ucor (mm)
3
P - u (réelle)
P - u (élastique linéaire)
droitesSakaiIV (écart entre
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
ucor (mm)
La Figure 5-71 présente les courbes R et Jep (termes d’énergie de rupture totale : partie
élastique + partie associée aux phénomènes irréversibles) en fonction de la hauteur de fissure
pour l’essai ENTPE7.
- 240 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
1600 1600
R (Sakai) R (Sakai)
Jep (ASTM) Jep (ASTM)
1200 moyenne sur a=[0,038 à 0,058] 1200 moyenne sur a=[0,038 à 0,058]
R, Jep (J/m )
R, Jep (J/m )
2
2
800 800
400 400
0 0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m) aSakaiIV (m)
Figure 5-71. Comparaison des termes d’énergie de rupture totale par accroissement de fissure selon
deux méthodes : Sakai et ASTM ; la hauteur de fissure déterminée selon : (gauche) méthode DRCL, et
(droite) méthode de Sakai IV (essai ENTPE7).
Les résultats de l’énergie de rupture totale avec la hauteur de fissure déterminée selon la
méthode Sakai IV ont été utilisés pour comparer les matériaux testés.
Il est possible de calculer les valeurs moyennes (Rmoy, Jep moy) sur l’intervalle 0,038m < a <
0,058m (pour la famille d’éprouvettes de l’Université de l’Illinois). Ces valeurs peuvent être
comparées à la valeur de GF calculée dans le paragraphe 5.3.3.4.a. Cette comparaison est
effectuée sur trois éprouvettes (ENTPE4, ENTPE7 et ENTPE8) et illustrée dans la Figure
5-72.
1000
ENTPE4 -10,3°C
SakaiIV
ENTPE7 -1,5°C
Energie de rupture totale (J/m2
ENTPE8 -15,5°C
750
500
250
0
]
)
o)
ai
M
ak
-a
ST
(W
(S
(A
R
[B
p
o/
Je
W
=
F
G
Figure 5-72. Valeurs de Rmoy et Jep moy des éprouvettes d’enrobé de l’Université de l’Illinois (ENTPE)
calculées par les méthodes de Sakai et d’ASTM avec la hauteur de fissure déterminée selon : (gauche)
méthode DRCL, et (droite) méthode de Sakai IV; en comparaison avec la valeur de GF calculée selon
[RILEM 1985].
241
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
1600
PA PB
SakaiIV
ME ENTPE
800
400
]
)
o)
ai
M
ak
-a
ST
(W
(S
(A
[B
R
o/
Je
W
=
F
G
Figure 5-73. Comparaison des valeurs moyennes de Rmoy , Jep moy et GF des éprouvettes de trois plaques
d’enrobé BBC (PA, PB et ME) et des éprouvettes d’enrobés de l’Université de l’Illinois (ENTPE).
La Figure 5-54 présente les courbes J (Sakai) et Je (ASTM) (termes d’énergie élastique) en
fonction de la hauteur de fissure pour l’essai ME1.
1600 1600
J (Sakai) J (Sakai)
Je (ASTM) Je (ASTM)
1200 1200
J, Je (J/m )
2
J, Je (J/m )
2
800 800
400 400
0 0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07
aDRCL (m) aSakaiIV (m)
Figure 5-74. Comparaison des termes d’énergie élastique par accroissement de fissure déterminés par
deux méthodes Sakai et ASTM avec la hauteur de fissure déterminée selon : (gauche) méthode DRCL,
et (droite) méthode de Sakai IV (essai ENTPE7).
Cette partie de notre étude consiste à réaliser un essai de fissuration par fatigue sur
l’éprouvette ENTPE2. Les principaux objectifs de cet essai sont les suivants :
- 242 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
• Comparer les résultats avec les essais monotones présentés dans le paragraphe
5.3.3.
Cet essai fait également partie de l’étude vérifiant le PSTT dont les paramètres de
références sont ceux de l’essai ENTPE4 : v = 0,2mm/min et T = -10,3°C.
• Premièrement, deux cycles de mise en place sont effectués pour éviter les effets de
la phase de mise en place du système de chargement comme dans le cas des essais
monotones (Figure 5-75). La valeur de la charge maximale de ces deux cycles est :
P1max = 0,8 kN, i.e. un tier de la valeur du pic escompté de la courbe de
chargement (Pmax ≈ 2,4kN). La décharge va jusqu’à une valeur minimale de Pmin =
0,1kN.
• La dernière étape (à partir du point E - Figure 5-75) consiste à effectuer des cycles
de charge – décharge jusqu’à une rupture totale de la poutre d’enrobé. La charge
maximale de ces cycles est constante et égale à P2max = 0,6kN, soit un quart de la
valeur du pic de la courbe de chargement. Et la valeur minimale de la décharge est
Pmin = 0,1kN. Cette étape est exécutée automatiquement jusqu’au point F (Figure
5-75) où la valeur de charge n’atteint plus la valeur de P2max = 0,6kN. L’éprouvette
rentre alors en rupture.
La Figure 5-75 illustre la procédure expérimentale de cet essai de fissuration par fatigue.
243
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
3,0
P-t
P - t linéaire
2,5
2,0
Déchargement après les
P (kN)
1,0
P1max=0,8kN P2max=0,6kN F
0,5
Pmin=0,1kN E
0,0
-50 0 50 100 4500 4600 4700 4800 4900 5000
temps (s)
Figure 5-75. Protocole de l’essai de fissuration par fatigue (essai ENTPE2 : v = 1mm/min ; T = -
6,2°C).
3,0 3
2,5 2
2,0
1
P (kN)
1,5
0
-0,25 0,00 0,25 0,50
1,0
303 cycles
P-u
0,5 P - u linéaire
0,0
-1 0 1 2 3 4 5 6
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-76. Courbe de charge en fonction de du déplacement du piston (essai ENTPE2 : v =
1mm/min ; T = -6,2°C).
Un zoom présenté dans la Figure 5-77 permet de voir plus de détailles pour les premiers
cycles de fatigue. Sur cette figure, nous observons qu’après la première décharge, 18 cycles de
recharge – décharge se trouvent avant cette décharge. Ce phénomène est analysé dans la
partie de détermination de la propagation de fissure au cours de l’essai présentée ci-après.
- 244 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
0,8
zoom 18 cycles
0,6
P (kN)
0,4
0,2
0,0
0,20 0,25 0,30 0,35 0,40
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-77. Zoom sur les premiers cycles de décharge – recharge de la courbe de charge en fonction de
du déplacement du piston (essai ENTPE2 : v = 1mm/min ; T = -6,2°C).
La Figure 5-78 présente la hauteur de fissure déterminée par le système des jauges et par
la méthode DRCL.
0,08
0,06
0,05 ajauge1
a (m)
0,04 ajauge2
0,04 B
A aDRCL(monotone)
0,02 0,03 aDRCL(cycles)
0,00 0,02
2,5
2 B C1 C2
2,0 A
P-f
D
1 Pfail-jauge1
1,5
P (kN)
Pfail-jauge2
1,0 F 0
0,00 0,15 0,30 0,45
0,5
0,0
0 1 2 3 4 5 6
f (mm)
Figure 5-78. Evolution de la hauteur de fissure mesurée par les jauges de fissuration et celle calculée
par la méthode DRCL (essai ENTPE2 : v = 1mm/min ; T = -6,2°C). Le résultat de aDRCL(cycles) sont
tracés pour tous les 50 premiers cycles et puis tous les 10 cycles jusqu’à cycle 300. Les points D et F
correspondent à ceux de la Figure 5-75.
245
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
*Avec les mesures par le système des jauges de fissuration, nous obtenons le résultat
suivant :
La fissure commence à se propager à partir des points C1 et C2 (Figure 5-78) après le pic
de la charge (point B - Figure 5-78). Ensuite, la propagation de fissure dans le période des
cycles de décharge - recharge (entre point D et point F – Figure 5-78) se produit très
lentement. Nous avons également noté dans un premier temps de cette phase que la fissure a
tendance à se refermer. Ce phénomène est aperçu visuellement au cours de l’essai par le ré-
allumage de certaines LED du système de jauge. A la fin des 303 cycles (à partir du point F -
Figure 5-78), la fissure se propage très rapidement.
Du début de l’essai jusqu’à la première décharge après le pic (jusqu’au point D - Figure
5-78) et à partir du point F (Figure 5-78) jusqu’à la fin de l’essai, nous pouvons déterminer
l’évolution de la hauteur de fissure comme dans le cas d’un essai monotone (aDRCL(monotone)
- Figure 5-78).
Dans les 50 premiers cycles après la première décharge, sur la courbe CMOD – f, les
droites extrapolant la recharge de chaque cycle ne passent pas par l’origine. La Figure 5-79
(du haut) montre que la doite extrapolant le recharge du cycle 1 ne passe pas par l’origine.
Toutefois à partir de cette pente, le calcul par la méthode DRCL donne une valeur de a1 =
5,74cm.
- 246 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
0,4
D
0,3 point de la
cycle 1 ère
CMOD (mm)
a1=5,74 1 décharge
0,2
0,1
a0=3,13
0,0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
0,4
cycle 60
a60=5,93
0,3
CMOD (mm)
cycle 1
0,2
0,1
0,0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
f (mm)
Figure 5-79. Courbes CMOD – f du début jusqu’au cycle 1 (haut) et du cycle 60 (bas) (les autres
cycles sont supprimés afin de mieux analyser). Les valeurs de a sont en centimètre (essai ENTPE2 : v
= 1mm/min ; T = -6,2°C).
A partir du cycle 60 jusqu’à la fin de l’essai, les droites extrapolant la recharge des cycles
passent par l’origine. La Figure 5-79 (du bas) montre que la doite extrapolant le recharge du
cycle 60 passe par l’origine. A partir de ces droites, nous obtenons des valeurs de hauteur de
fissure qui diminuent dans un premier temps puis réaugmentent. Cela veut dire que la fissure
se referme puis se réouvert jusqu’à la valeur correspondant à la première décharge. Elle
continue ensuite à avancer jusqu’à la rupture totale de l’éprouvette. La Figure 5-80 illustre
l’évolution de la hauteur de fissure dans le période des cycles.
247
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
0,060
0,069 0,058
0,066 0,056
0,054
0,063 0 20 40 60
a (m)
0,060
D
0,057 aDRCL(cycles)
ère
aDRCL(point de 1 décharge)
0,054
0 50 100 150 200 250 300
N (cycles)
Figure 5-80. Evolution de la hauteur de fissure en fonction du nombre de cycles déterminée par la
méthode DRCL dans le période des cycles (ici, le point D correspond au point D de la Figure 5-78)
(essai ENTPE2 : v = 1mm/min ; T = -6,2°C).
5
KI(a)
4 KIC(PQ) F
KIC(a)monotone
KI et KIC (MPa√m)
cycle303
KIC(a)cycles
3 D
2 B cycle260
A cycle1
1
cycle18
cycle58
0
0,02 0,03 0,04 0,05 0,06 0,07 0,08
aDRCL (m)
Figure 5-81. KI et KIC déterminés selon différentes méthodes : KIC(PQ) : formule (1.47) avec la P = PQ
et a = a0 DRCL = 3,13cm; KI(a) : formule (1.47) avec P = Pi et a = aDRCL(monotone) avant le point A;
KIC(a)monotone : formule (1.47) avec P = Pi et a = aDRCL(monotone) après le point A; KIC(a)cycles : formule
(1.47) avec P = PQi et a = aDRCL(cycles). Les points A, B, D, F correspondent à ceux de la Figure 5-78
(essai ENTPE2).
Sur la Figure 5-81, nous observons également une augmentation de la ténacité en fonction
de la hauteur de fissure. A partir du point de changement de la hauteur de fissure (point A),
l’évolution de la ténacité KIC(a)monotone change clairement la tendance initiale de celle du
facteur d’intensité de contrainte KI(a) qui augmente de façon verticale correspondant à une
- 248 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
Après le point D (Figure 5-81), c’est le période des cycles de fatigue. Nous observons que
les valeurs obtenues de KIC(a)cycles recommencent à augmenter à partir d’une certaine valeur
qui est inférieure à celle au point D. Quelque valeurs de KIC(a)cycles avec le numéro du cycle
sont également identifiées dans la Figure 5-81. Toutefois, l’évolution des valeurs de KIC(a)cycles
rejoint celle de KIC(a)monotone au point F.
Nous pouvons trouver qu’à partir d’une certaine valeur de hauteur de fissure (a =
0,065m), la ténacité augmente très vite car la zone endommagée arrive près du bord
supérieur de l’éprouvette.
Quatre essais de propagation de fissure ont été comparés entre eux. Les conditions
expérimentales de ces essais sont résumées dans le Tableau 5-11.
Dans les Figure 5-82a et b, le déplacement du piston (u) imposé au cours de chaque essai
est tracé en fonction du temps (t) et du temps équivalent (téq) respectivement. Le temps
équivalent est calculé selon l’équation (5.25) en utilisant les valeurs de coefficient de
translation aT données dans le Tableau 5-11.
249
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
1,0
ENTPE8 (v=0,024mm/min; T=-15,5°C)
ENTPE4 (v=0,2mm/min; T=-10,3°C)
ENTPE2 (v=1mm/min; T=-6,2°C)
0,8
ENTPE7 (v=5,9mm/min; T=-1,5°C)
Déplacement u (mm)
-1,5°C
Etape de décharge
0,6
pas présentée dans
cette figure
0,4 -10,3°C
-6,2°C
0,2
-15,5°C
0,0
0 50 100 150 200 250 300
a) Temps (s)
1,0
ENTPE8 (v=0,024mm/min; T=-15,5°C)
ENTPE4 (v=0,2mm/min; T=-10,3°C)
ENTPE2 (v=1mm/min; T=-6,2°C)
0,8
ENTPE7 (v=5,9mm/min; T=-1,5°C)
Déplacement u (mm)
0,6
0,0
0 50 100 150 200 250 300
Temps équivalents téq (s)
b)
Figure 5-82. Evolutions du déplacement du piston imposé en fonction du temps (a) et du temps
équivalent (b) pour les quatre essais de fissuration considérés.
La Figure 5-82a montre une large étendue des conditions expérimentales des essais
considérés : T = -15,5°C à -1,5°C ; v = 0,024mm/min à 5,9mm/min (vmax ≈ 245vmin).
Dans la comparaison des essais considérés, la partie cyclique de l’essai ENTPE2 n’est pas
utilisée, seulement la partie du début jusqu’à la décharge est utilisée.
- 250 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
3,0
ENTPE8 (v=0,024mm/min; T=-15,5°C)
ENTPE4 (v=0,2mm/min; T=-10,3°C)
2,5 ENTPE2 (v=1mm/min; T=-6,2°C)
ENTPE7 (v=5,29mm/min; T=-1,5°C)
2,0 3
Etape de décharge
pas présentée dans
P (kN)
2
1,5 cette figure
1
1,0
0
0,5 -0,15 0,00 0,15 0,30 0,45
0,0
-1 0 1 2 3 4 5 6
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-83. Superposition des courbes de charge en fonction du déplacement du piston des essais de
fissuration considérés.
Nous observons que les courbes de la Figure 5-83 se superposent bien dans la première
montée du chargement jusqu’à la valeur maximale de la charge ainsi qu’au début de la
redescente en force. Les valeurs du pic de la charge de ces essais sont comprises entre 2,3kN
et 2,5kN. Les valeurs du déplacement correspondant à ces valeurs du pic de la charge sont
très proches, environ de 0,35mm. Nous observons également qu’après le pic de la charge, les
courbes de chargement des essais diffèrent légèrement entre elles. Ces légères différences
peuvent être expliquées par une dispersion inévitable par ce type d’essai. Cette dispersion se
retrouve, par exemple, pour les essais de la première campagne expérimentale réalisés à même
vitesse de déplacement imposé et même température sur des éprouvettes provenant d’une
même plaque comme la montre la Figure 5-84 (plaque ME).
5
ME1
ME2
4 ME3
ME4
ME5
Charge P (kN)
0
-1 0 1 2 3 4 5
Déplacement u (mm)
Figure 5-84. Exemple des courbes de charge en fonction du déplacement du piston des essais sur les
éprouvettes de la même plaque d’enrobé BBC avec les mêmes conditions expérimentales (essais sur
plaque ME : T = -5°C, v = 1mm/min).
251
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
Les légères différences après le pic de la charge peuvent également être expliquées par la
non maîtrise de la vitesse de propagation de fissure lors de la décharge.
La Figure 5-85 présente une superposition des courbes de chargement dans les axes :
charge - temps équivalent. Cette figure montre que la superposition de différentes courbes est
très bonne dans la première montée, puis légèrement moins bonne après les pics de la charge.
3,0
ENTPE8 (v=0,024mm/min; T=-15,5°C)
ENTPE4 (v=0,2mm/min; T=-10,3°C)
2,5 ENTPE2 (v=1mm/min; T=-6,2°C)
ENTPE7 (v=5,29mm/min; T=-1,5°C)
2,0 3
Etape de décharge
pas présentée dans
P (kN)
cette figure 2
1,5
1
1,0
0
0,5 -100 0 100 200 300
0,0
-200 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600
Temps équivalents téq (s)
Figure 5-85. Superposition des courbes de charge en fonction du temps équivalent des essais de
fissuration considérés.
0,8
ENTPE8 (v=0,024mm/min; T=-15,5°C)
ENTPE4 (v=0,2mm/min; T=-10,3°C)
ENTPE2 (v=1mm/min; T=-6,2°C)
0,6 ENTPE7 (v=5,9mm/min; T=-1,5°C)
CMOD (mm)
Etape de décharge
0,4 pas présentée dans a0=2,63cm
cette figure 0,06
a0=3,1cm
0,04
0,2
0,02
a0=2,27cm
a0=1,9cm
0,00
0,00 0,05 0,10 0,15
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
f (mm)
Figure 5-86. Evolutions de l’ouverture de fissure (CMOD) en fonction de la flèche (f) au cours des
essais considérés.
- 252 -
5. Campagnes expérimentales et analyses des résultats des essais de propagation de fissure
0,06
Avancement de fissure Δa = a - a0 (m) Etape de décharge
0,05 pas présentée dans
cette figure
0,04
3,0
ENTPE8 (v=0,024mm/min; T=-15,5°C)
ENTPE4 (v=0,2mm/min; T=-10,3°C)
2,5 ENTPE2 (v=1mm/min; T=-6,2°C)
ENTPE7 (v=5,29mm/min; T=-1,5°C)
2,0 3
P (kN)
2
1,5
1
1,0
0
0,5 -0,15 0,00 0,15 0,30 0,45
0,0
-1 0 1 2 3 4 5 6
Déplacement du piston u (mm)
Figure 5-88. Comparaison des évolutions de l’avancement de la fissure (Δa = a – a0) déterminé par la
méthode DRCL et par le système des jauges en fonction du déplacement de piston (u).
Nous pouvons observer qu’en effectuant les cycles, la partie à la fin de la courbe de
chargement de l’essai ENTPE2 ne rejoint pas l’allure des courbes monotones. Mais elle
253
5.3. Campagne expérimentale sur le matériau de l’Université de l’Illinois
dépasse jusqu’à une certaine valeur en charge avant de diminuer avec une même évolution
par rapport aux autres essais.
- 254 -
Conclusion
Conclusions et Perspectives
Le comportement mécanique des enrobés bitumineux, dans les domaines des petites
déformations, de la fatigue et de la fissuration, a été étudié lors de cette thèse. Trois grandes
campagnes expérimentales ont été réalisées. Elles ont fait l’objet de collaborations entre le
laboratoire DGCB de l’ENTPE et les partenaires extérieurs (LRPC d’Autun et Eiffage
Travaux Publics) et d’une participation à une étude internationale de la RILEM TC CAP
(« Cracking in Asphalt Pavement »).
Les résultats présentés tout au long de ce mémoire conduisent aux principales conclusions
suivantes :
255
Conclusion
2. Le comportement en fatigue de six enrobés différents a été étudié. Cette étude présente
l’avantage d’exploiter un essai de fatigue homogène, à savoir l’essai de traction – compression
sur éprouvette cylindrique. Notre dispositif expérimental avec des capteurs radiaux permet en
outre de mesurer l’évolution du coefficient de Poisson au cours des essais de fatigue. De plus,
une nouvelle génération d’enrobés, les enrobés semi-tièdes, qui sont fabriqués et mis en place
à des températures inférieures à 100°C, a été étudiée. L’analyse des résultats mène aux points
suivants :
• Les résultats des essais de fatigue sur des enrobés « semi-tièdes » ont permis
d’analyser l’influence de l’additif utilisé et celle des procédés de fabrication de ces
enrobés. Les résultats montrent que les caractéristiques à la fatigue de cette
nouvelle génération d’enrobés sont comparables avec celles de l’enrobé à chaud
traditionnel.
- 256 -
Conclusion
3. L’étude sur la fissuration des enrobés bitumineux a constitué une partie importante de
notre travail.
Une analyse numérique de l'essai de flexion 4 points utilisé pour les campagnes
expérimentales a tout d’abord été effectuée dans le cadre de la mécanique linéaire de la
rupture (MLR) à l’aide du code d'éléments finis COMSOL. Elle a permis de mener des études
paramétriques sur les différentes variables (hauteur, largeur et forme de la fissure ;
comparaison entre déformation plane et contrainte plane) et de déterminer le champ des
déplacements de la poutre en flexion 4 points. Les résultats obtenus ont permis d’établir les
relations servant à l’analyse inverse pour déterminer l’évolution de la hauteur de fissure selon
la nouvelle méthode développée (DRCL).
Au cours de cette thèse, deux campagnes expérimentales sur les essais de propagation de
fissure ont été réalisées.
257
Conclusion
• Les paramètres classiques, que sont la ténacité et l’énergie de rupture, ont été
déterminés grâce aux méthodes proposées dans la littérature. Les méthodes
utilisées ont permis de suivre l’évolution de ces paramètres en fonction de
l’avancement de la fissure. Les résultats obtenus lors de la première campagne ont
montré que l’enrobé à base de liant modifié aux polymères possède des
caractéristiques à la fissuration légèrement meilleures que celles de l’enrobé à base
de liant pur.
Dans la deuxième campagne expérimentale, qui fait partie d’une étude internationale de la
RILEM TC CAP (« Cracking in Asphalt Pavement »), les essais à différentes températures
et à différentes vitesses de déplacement imposé ont été réalisés. L’analyse des données
expérimentales a permis de mettre en évidence les points suivants :
• Les valeurs obtenues pour la ténacité et l’énergie de rupture sont également très
proches aux différents couples équivalents vitesse – température effectués. Ce qui
confirme la validité du PSTT dans le domaine de la fissuration.
• Un essai de fissuration par fatigue a été également réalisé. Les résultats obtenus
ont montré que la propagation de fissure dans la phase des cycles de fatigue se
produit très lentement. Grâce à la méthode DRCL, il a été possible de montrer que
dans un premier temps, la fissure a tendance à se refermer. Puis la fissure s’ouvre à
nouveau et continue à avancer jusqu’à la rupture totale de l’éprouvette.
Au regard des résultats obtenus lors de cette thèse, des perspectives peuvent être
envisagées :
- 258 -
Conclusion
• Il convient de compléter les essais de fissuration par fatigue qui n’ont été qu’initiés
dans ce travail.
259
Conclusion
- 260 -
Références bibliographiques
Références
bibliographiques
[Ashayer Soltani 1998] Ashayer Soltani, M. A., "Comportement en fatigue des enrobés
bitumineux". Thèse. Institut National des Sciences Appiquées de Lyon; Ecole Nationale des
Travaux Publics de l'Etat. Lyon. 1998. 293p.
261
Références bibliographiques
[ASTM-E399-05 2005] ASTM Standard E399-05. "Standard Test Method for Linear-
Elastic Plane-Strain Fracture Toughness KIC of Metallic Materials". Annual Book of ASTM
Standards. Vol. 03.01, 2005. 462-495.
[ASTM-E813-05 2005] ASTM Standard E813-05. "Standard Test Method for JIC, A
Measure of Fracture Toughness". Annual Book of ASTM Standards. Vol. 03.01, 2005. pp.
633-647.
[ASTM-E1737-96 1996] ASTM Standard E1737-96. "Standard Test Method for J-Integral
Characterization of Fracture Toughness". Annual Book of ASTM Standards. Vol. 03.01,
1996. pp. 968-991.
[Baaj 2002] Baaj, H., "Comportement des matériaux granulaires traités aux liants
hydrocarbonés". Thèse. Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat. Lyon. 2002. 248p.
[Beevers 1982] Beevers, C. J., "Advances in Crack Length Measurement". EMAS Ltd,
1982.
[Besson 2004] Besson, J., "Local approach to fracture". Les Presses de l'Ecole des Mines,
Paris, 2004. 428p.
- 262 -
Références bibliographiques
[Bodin 2002] Bodin, D., "Modèle d'endommagement cyclique: Application à la fatigue des
enrobés bitumineux". Thèse. Ecole Centrale de Nantes. 2002. 189p.
[Bodin 2008a] Bodin, D., "Cyclic Bending Tests at LCPC - First results". RILEM TC
CAP - Cracking in Asphalt Pavements: Task Group 2 - Experimental Investigations.
ENTPE-Lyon, 2008a. 26.
[Bodin 2008b] Bodin, D., "Essai de fatigue sur matériaux bitumineux : Modèle
d'endommagement". Séminaire durabilité structurelle des chaussées: pathologies et entretien.
LCPC Nantes, 2008b. 17p.
[Bui 1978] Bui, H. D., "Mécanique de la rupture fragile". Masson, Paris, 1978. 215p.
[Clec'h 2006] Clec'h, P., "Comportement des enrobés bitumineux sous sollicitations
multidirectionnelles – Essais de module complexe sur éprouvettes cylindriques et
parallélépipédiques". Master Génie Civil. ENTPE. Lyon. 2006. 160.
263
Références bibliographiques
[De La Roche 1996] De La Roche, C., "Module de rigidité et comportement en fatigue des
enrobés bitumineux". Thèse. Ecole Centrale de Paris. 1996. 188p.
- 264 -
Références bibliographiques
[Domec 2005] Domec, V., "Endommagement par fatigue des enrobés bitumineux en
condition de trafic simulé et de température". Thèse. Université Bordeaux I. 2005. 277p.
[Doubbaneh 1995] Doubbaneh, E., "Comportement mécanique des enrobés bitumineux des
petits aux grandes déformations". Thèse. Institut National des Sciences Appliquées de Lyon.
Lyon. 1995. 217p.
[Fantozzi et al. 1988] Fantozzi, G., G. Orange et M. R'Mili, "Rupture des matériaux".
GEMPPM, INSA, Lyon, 1988.
[Ferry 1980] Ferry, J. D., "Viscoelastic Properties of Polymers". John & Sons, 1980.
265
Références bibliographiques
[Griffith 1920] Griffith, A., "The phenomena of rupture and flow in solids". Philos. Trans.
Roy. Soc. London Ser. A CCXXI, 1920. pp. 163–198.
[Huet 1963] Huet, C., "Etude par une méthode d'impédance du comportement
viscoélastique des matériaux hydrocarbonés". Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
Paris, 1963. 69p.
[Irastorza-Barbet et al. 2006] Irastorza-Barbet, D., M.-F. Ossola et I. Mariet, "Les enrobés
bitumineux". Vol. 2. USIRF - Routes de France, 2006. 381p.
[Irwin 1957] Irwin, G. R., "Analysis of Stresses and Strains Near the End of a Crack
Traversing a Plate". Trans. ASME, J. Appl. Mech., Vol. E24, 1957. 361.
- 266 -
Références bibliographiques
[Jenq et Shah 1985] Jenq, Y. et S. P. Shah, "Two parameter fracture model for concrete".
Journal of Engineering Mechanics, 111, 1985. pp. 1227-1241.
[Khalid 2000] Khalid, H. A., "A comparison between bending and diametral fatigue tests
for bituminous materials". Materials and Structures, Vol. 33, 2000. pp. 457-465.
267
Références bibliographiques
[Koenders et al. 2000] Koenders, Stockes, Bowen, d. Groot, Larsen, Hardy et Wilm,
"Innovative processes in asphalt pro-duction and application to obtain lower operating
temperature". 2nd Eurobitume & Eurasphalt Congress. Barcelona, 2000.
[LCPC 1998] LCPC, "Catalogue des dégradations de surface des chaussées". Laboratoire
Central des Ponts et Chaussées, Ministère de l'Equipement, 1998.
[Lee 1996] Lee, H.-J., "Uniaxial Constitutive Modeling of Asphalt Concrete Using
Viscoelasticity and Continuum Damage Theory". Dissertation. North Carolina State
University. Releigh. 1996. 227p.
[Li et Marasteanu 2005] Li, X. et M. O. Marasteanu, "The role of temperature and binder
type on the fracture resistance of asphalt mixtures at low temperatures". International
Journal of Road Materials and Pavement Design, Vol. 7 (N° 3), 2005. pp. 331-348.
- 268 -
Références bibliographiques
[Maguet 2005a] Maguet, E., "Collage des jauges de fissuration pour utilisation ENTPE".
LRPC d'Autun. 2005a. 6p.
[Maguet 2005b] Maguet, E., "Mélange BBC 0/6 Liants pur, modifié, avec des matériaux de
La Noubleau". Rapport. LRPC d'Autun. Autun, 2005b. 53p.
[Maillard 2005] Maillard, S., "Fissuration et autoréparation des liants bitumineux - Apport
de l'essai de Rupture Locale Répétée sur bitume". Thèse. Ecole Centrale de Nantes. 2005.
223p.
[Malvar et Warren 1987] Malvar, L. J. et G. E. Warren, "Fracture energy for three point
bend tests on single edge notched beams : proposed evaluation". Materials and Structures,
Vol. 20, 1987. pp. 440-447.
[Mandel 1955] Mandel, J., "Sur les corps visco-élastiques à comportement linéaire".
Comptes rendus de l'Académie des Sciences, Vol. 241, 1955. pp. 1910-1912.
269
Références bibliographiques
[Neji 1992] Neji, J., "Fissuration des chaussées semi-rigides. Expériences et Modélisation".
Thèse. Ecole Centrale Paris. 1992. 194.
[Nguyen 2005] Nguyen, M. L., "Etude de la propagation de fissure dans les enrobés
bitumineux". Master Génie Civil. ENTPE. Lyon. 2005. 140p.
- 270 -
Références bibliographiques
[Olard 2003] Olard, F., "Comportement thermomécanique des enrobés bitumineux à basses
températures". Thèse. Institut National des Sciences Appliquées de Lyon. Lyon. 2003. 221p.
[Olard et al. 2006] Olard, F., C. Le Noan et P. Huon, "E.B.T.®: les Enrobés à Basse
Température. Une nouvelle géné-ration d’enrobés dans la gamme des produits routiers
Appia". Revue Générale des Routes et des Aérodromes (RGRA), N° 846, 2006.
[Olard et al. 2007] Olard, F., C. Le Noan et A. Romier, "Les enrobés basse énergie EBE®
et basse température EBT®, Bilan des chantiers réalisés en 2005 et 2006". Revue Générale
des Routes et des Aérodromes (RGRA), N° 854, 2007.
271
Références bibliographiques
[Perraton et al. 2008] Perraton, D., G. Guissi, P. Pierre et G. Doré, "A new laboratory
test for reflective cracking in mode I and/or mode II". 6th RILEM International Conference on
Cracking in Pavements. Chicago, 2008. pp. 447-456.
[Petit et al. 2002] Petit, C., D. Laveissière et A. Millien, "Modelling of Reflective Cracking
in Pavements : Fatigue under shear stresses". 3rd International Symp. on 3D Finite Element
for Pavement Analysis, Design and Research. Amsterdam, 2002. pp. 111-124.
[Pouget 2007] Pouget, S., "Comportement à l'orniérage des mélanges bitumineux". Master
Mécanique et Ingénierie. ENTPE. 2007. 180p.
[Pronk 2007] Pronk, A., "Theory of the four point dynamic bending test". Revised Version
- Report for the 1st European 4PB Workshop. Delft, 2007.
- 272 -
Références bibliographiques
[Rice 1967] Rice, J. R., "A Path Independent Integral and the Approximate Analysis of
Strain Concentration by Notches and Cracks". Division of Engineering - Brown University.
1967. 47p.
[Rice et al. 1973] Rice, J. R., P. C. Paris et J. G. Merkle, "Some Further Results of J-
Integral Analysis and Estimates". Progress in Flaw Growth and Fracture Toughness Testing,
ASTM STP 536, American Society for Testing and Materials, 1973. pp. 231-245.
[RILEM 1985] RILEM TC-50 FMC. "Determination of the fracture energy of mortar and
concrete by means of three-point bend tests on notched beams". Materials and Structures.
Vol. 18, 1985. pp. 287-290.
[Romier et al. 2004] Romier, A., M. Audéon, J. David et Y. Martineau, "Low energy
asphalt (LEA) with performance of hot mix asphalt (HMA)". European Roads Review
(special issue RGRA 2), 2004.
[Romier et al. 2006] Romier, A., M. Audéon, J. David, Y. Martineau et F. Olard, "Low-
energy asphalt (LEA) with the performance of hot-mix asphalt". 85th Annual Meeting of the
Transportation Research Board. Published in the Journal of the TRB, Transportation
Research Record N°1962, 2006.
[Sakai et Bradt 1986] Sakai, M. et R. C. Bradt, "Graphical methods for determining the
nonlinear fracture parameters of silica and graphite refractory composites". Fracture
Mechanics of Ceramics, Vol. 7, 1986. pp. 127-142.
[Salençon 2002] Salençon, J., "De l'Elasto-plasticité au Calcul à la rupture". Les Editions
de l'Ecole Polytechnique, Paris, 2002. 262p.
[Savary 2008] Savary, M., "Propagation d'ondes dans les enrobés bitumineux". Master
Génie Civil. ENTPE. Lyon. 2008. 159p.
273
Références bibliographiques
[Seo 2003] Seo, Y., "A comprehensive study of crack growth in asphalt concrete using
fracture mechanics". Thesis. North Carolina State University. Raleigh, North Carolina. 2003.
151p.
[Song 2006] Song, S. H., "Fracture of asphalt concrete: A cohesive zone modeling approach
considering viscoelastic effects". Thesis. University of Illinois. Urbana, Illinois. 2006. 220p.
[Song et al. 2006] Song, S. H., G. H. Paulino et W. G. Buttlar, "A bilinear cohesive zone
model tailored for fracture of asphalt concrete considering viscoelastic bulk material".
Engineering Fracture Mechanics, Vol. 73 (N° 18), 2006. pp. 2829-2848.
[Tada et al. 1973] Tada, H., P. C. Paris et G. R. Irwin, "The Stress Analysis of Crack
Handbook". Del research Corporation, Hellertown, 1973. 677p.
[Tapsoba 2008] Tapsoba, N., "Fissuration des enrobés bitumineux". Master Génie Civil.
ENTPE. Lyon. 2008. 115p.
[Tebaldi 2005] Tebaldi, G., "Asphalt image sistem analyzer". Summary of Candidate Tests:
RILEM Cracking in Pavement (CAP) Committee - Task Group (TG) 02 - Laboratory
Testing, 2005.
[Tran 2006] Tran, T. M. D., "Comportement en fatigue des enrobés bitumineux". Rapport
de Master Recherce. Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat. Lyon, 2006. 128p.
- 274 -
Références bibliographiques
[Van Rompu 2006] Van Rompu, J., "Etude du comportement mécanique des mastics
bitumineux à l'aide d'un rhéomètre à cisaillement annulaire". Master en Génie Civil. ENTPE.
2006. 171p.
[Wagoner 2006] Wagoner, M. P., "Fracture test for bituminous aggregate mixtures".
Thesis. University of Illinois. 2006. 239p.
275
Références bibliographiques
- 276 -
Annexes
Annexes
100000
-26,3°C
-21,8°C
-15,7°C
10000
-13,2°C
Module complexe E (Mpa)
-5,4°C
*
1000 -4,2°C
6,2°C
15,6°C
100
24,7°C
40,3°C
50,4°C
10
1,E-06 1,E-04 1,E-02 1,E+00 1,E+02 1,E+04 1,E+06 1,E+08 1,E+10 56,6°C
Fréquence (Hz)
Figure 89. Courbe maîtresse de module complexe de l’enrobé BBC à base de liant pur (cf. paragraphe
5.2.1) [Clec'h 2006].
A- 1 -
Annexes
70
-26,3°C
60 -21,8°C
Angle de phase de modulecomplexe (°)
-15,7°C
50
-13,2°C
40 -5,4°C
-4,2°C
30
6,2°C
20
15,6°C
10 24,7°C
40,3°C
0
50,4°C
1,E-06 1,E-03 1,E+00 1,E+03 1,E+06 1,E+09
-10 56,6°C
Fréquence (Hz)
Figure 90. Courbe maîtresse de l’angle de phase de module complexe de l’enrobé BBC à base de liant
pur (cf. paragraphe 5.2.1) [Clec'h 2006].
b) Résultat de module complexe mesuré par [Bodin 2008a] au LCPC sur l’enrobé de
l’Université de l’Illinois utilisé pour la campagne expérimentale présentée dans le paragraphe
5.3 de cette thèse :
3000
2500
2000
E2 (MPa)
1500
Ep1122-7,3% de vides
1000 Ep5124-12,8% de vides
Ep4122-10,2% de vides
Ep5123-11,1% de vides
500 Moy des 4ep-10,3% de vides
ENTPE MCE1
0
0 5000 10000 15000 20000 25000
E1 (MPa)
Figure 91. Courbe de module complexe dans le plan Cole-Cole de l’enrobé de l’Université de l’Illinois :
comparaison entre les mesures réasliées par [Bodin 2008a] au LCPC et celle de l’ENTPE réalisée
pendant cette thèse.
A- 2 -
Annexes
c) Mesure de module complexe par propagation d’ondes réalisé par [Savary 2008] sur
l’enrobé de l’Université de l’Illinois utilisé pour la campagne expérimentale présentée dans le
paragraphe 5.3 de cette thèse :
Figure 92. Courbe maîtresse de module complexe de l’enrobé de l’Université de l’Illinois : point de
mesure par propagation d’ondes réalisé par [Savary 2008] comparé avec les mesures réslisées pendant
cette thèse.
A- 3 -
Annexes
1.0
0.8
|E*/E0|
0.6
0.4 E1-6-D50
E1-3-D80
E1-7-D85
0.2
E1-1-D100
E1-8-D100
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
Log(N) (cycles)
1.2
44µdef
1.0 50µdef
55µdef
0.8
|E*/E0|
0.6
60µdef
80µdef
0.4 E2-12-D44
E2-16-D50
E2-13-D55
0.2
E2-18-D60
E2-10-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
Log(N) (cycles)
1.2
1.0
0.8
|E*/E0|
0.6
E3-20-D50
0.4 E3-21-D55
E3-27-D60
E3-24-D70
0.2
E3-25-D80
E3-23-D90
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
Log(N) (cycles)
A- 4 -
Annexes
1.2
1.0
0.8
|E*/E0|
0.6
0.4 E4-44-D40
E4-45-D50
0.2 E4-43-D60
E4-41-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
Log(N) (cycles)
1.2
1.0
0.8
|E*/E0|
0.6
0.4 E5-51-D50
E5-54-D60
E5-55-D64
0.2
E5-52-D70
E5-50-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
Log(N) (cycles)
1.2
1.0
0.8
|E*/E0|
0.6
0.4
E6-65-D40
E6-62-D50
0.2
E6-60-D60
E6-63-D80
0.0
2 3 4 5 6
10 10 10 10 10
Log(N) (cycles)
A- 5 -
Annexes
On a montré que l’énergie pour faire avancer la fissure par unité de surface GI est une
fonction de la charge et de la profondeur relative de la fissure et s’exprime comme :
1 P 2 dC
GI = . . (A-1)
2 B.W dx
où :
P : charge appliquée.
B : épaisseur de l’éprouvette.
u : déplacement
1. Tracer la courbe d’étalonnage C = f(x) avec 0,1 ≤ x ≤ 0,8 pour un nombre suffisant
d’éprouvettes de même tailles comportant des longueurs de fissures différentes (12 éprouvette
minimum). Et pour plus de précision, on est amené à approcher les points expérimentaux par
un polynôme de degré n ().
A- 6 -
Annexes
Remarques :
2. Une fois la courbe d’étalonnage établie : on charge l’éprouvette entaillée (la longueur
initiale de la fissure pourra être déterminée à partir de la courbe d’étalonnage) jusqu’à
rupture et ensuite on mesure la charge critique PC = Pf. De même que la complaisance C
(Figure 94). La connaissance de la valeur de la complaisance de l’éprouvette permet d’accéder
facilement à la longueur de la fissure au point d’instabilité et au facteur dC/dx à partir de la
courbe d’étalonnage suivant la . Il suffit de reporter ces valeurs (PC et dC/dx) dans la
relation (A-1) pour obtenir le paramètre GIC.
A- 7 -
Annexes
Le facteur d’intensité des contraintes critique KIC est calculé selon la formule :
3 Pf ( L − l )
K IC = Y a (A-2)
2 B.W 2
On a une relation entre GIC et KIC :
K IC2
GIC = (A3)
E'
avec :
dC ⎛ 3 ( L − l ) ⎞ x.Y ( x )
2 2
=⎜ ⎟. (A-4)
dx ⎜⎝ W ⎟ 2.E '.B
⎠
Il vient :
⎛ 3. ( L − l ) ⎞ x.Y 2 ( x )
2
⎛ W ⎞ 2.E '.B dC
Y ( x ) = ⎜⎜ ⎟⎟ . (A-6)
⎝ 3. ( L − l ) ⎠ x dx
A- 8 -
Annexes
Ainsi, au bout des 21 fils de chaque jauge une résistance est soudée. La résistance totale de
la jauge est ensuite mesurée à l’aide d’un montage « diviseur de tension ».
Figure 96. Schéma électrique des diviseurs de tension utilisés pour les jauges de fissuration.
Le fonctionnement du système de jauge est le suivant : chaque fois qu’un fil de jauge est
coupé par la propagation de fissure, la résistance change et fait varier la tension au borne du
diviseur de tension, qui est enregistrée dans le programme d’acquisition (Figure 98).
A- 9 -
Annexes
10V
(21)
Tension (V)
(i)
Coupure du fil i
(2)
(1)
Coupure du fil 1
Temps (s)
Figure 98. Schéma de mesure de la tension au bord du système de jauge.
Nous avons amélioré le premier système de détection de fissure pour pouvoir connaître
l’ordre de coupure de chaque fil de jauge au cours de l’essai. Au bout de chaque des 21 fils de
chaque jauge, une résistance et un LED sont soudés en série. La résistance totale de la jauge
est mesurée à l’aide d’un montage de diviseur de tension (Figure 99). Un fil de jauge de
fissuration coupée est visible sur le système de mesure car le LED s’éteint. Une caméra
permet d’enregistrer le moment et l’ordre de coupure de chaque fil de jauge (Figure 100).
21 LED + LED
21 résistances
21 jauges
Résistances
Umesurée
Alimentation
stabilisée à environ
~20 V
Figure 99. Schéma électrique du 2è système de mesure de tension des résistances des jauges.
A- 10 -
Annexes
Figure 100. Système de détection de la fissuration amélioré avec les LEDs et caméra.
A- 11 -
Annexes
A- 12 -
Annexes
A- 13 -
Annexes
A- 14 -
Annexes
A- 15 -
Annexes
A- 16 -
Annexes
A- 17 -
Annexes
A- 18 -
Annexes
A- 19 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PA1
A- 20 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge2
0,02 0,02
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3
Pfail-gauge2
2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PA2
0,07
0,06
0,05
0,04 0,04
aDRCL
a (m)
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
P-f
4
4 Pfail-gauge1
3
2
Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PA3
A- 21 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04 0,04
a (m) aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
P-f
4
4 Pfail-gauge1
3
2
Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PA4
0,07
0,06
0,05
0,04 0,06
aDRCL
a (m)
0,03 0,05
agauge1
0,02 0,04
agauge2
0,01 0,03
0,00 0,02
2,5 2,5
P-f
2,0
2,0 Pfail-gauge1
1,5
1,0 Pfail-gauge2
P (kN)
1,5
0,5
1,0 0,0
0,0 0,2 0,4 0,6
0,5
0,0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PA5
A- 22 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
a (m) 0,04 0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PB1
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
P-f
4
4 Pfail-gauge1
3
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PB2
A- 23 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PB3
0,07
0,06
0,05
0,04 0,04
aDRCL
a (m)
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
P-f
4
4 Pfail-gauge1
3
Pfail-gauge2
2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PB4
A- 24 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04 0,04
aDRCL
a (m)
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
P-f
4
4 Pfail-gauge1
3
2
Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
PB5
A- 25 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
ME1
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
ME2
A- 26 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
ME3
0,07
0,06
0,05
0,04
a (m)
0,04
aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
ME4
A- 27 -
Annexes
0,07
0,06
0,05
0,04 0,04
a (m) aDRCL
0,03 0,03
agauge1
0,02 0,02
agauge2
0,01 0,01
0,00 0,00
5 5
4 P-f
4 3 Pfail-gauge1
2 Pfail-gauge2
P (kN)
3
1
2 0
0,0 0,2 0,4 0,6
1
0 f (mm)
0 1 2 3 4 5
ME5
A- 28 -
Annexes
0,07
0,06 aA1
ajauge1A1
0,05 ajauge2A1
aA2
0,04 ajauge2A2
a (m)
aA3
0,03 ajauge1A3
ajauge2A3
0,02 aA4
ajauge1A4
0,01 ajauge2A4
0,00
0 1 2 3 4 5 6
Flèche f (mm)
aB1
0,07 ajauge1B1
ajauge2B1
0,06
aB2
0,05 ajauge1B2
ajauge2B2
0,04 aB3
a (m)
ajauge1B3
0,03 ajauge2B3
aB4
0,02 ajauge1B4
ajauge2B4
0,01 aB5
ajauge1B5
0,00 ajauge2B5
0 1 2 3 4 5 6
Flèche f (mm)
aE1
0,07 ajauge1E1
ajauge2E1
0,06
aE2
0,05 aJauge1E2
aJauge2E2
0,04 aE3
a (m)
aJauge1E3
0,03 aJauge2E3
aE4
0,02 aJauge1E4
aJauge2E4
0,01 aE5
ajauge1E5
0,00 ajauge2E5
0 1 2 3 4 5 6
Flèche f (mm)
A- 29 -
Annexes
0
0 1 2 3 4 5
Déplacement u (m)
4 PB1
PB2
PB3
3 PB4
Charge P (kN)
PB5
2
0
0 1 2 3 4 5
Déplacement u (m)
5
ME1
4 ME2
ME3
ME4
Charge P (kN)
3
ME5
0
0 1 2 3 4 5
Déplacement u (mm)
A- 30 -
Annexes
Cracking gauges
1 2
M or C Cracking gauges
(experimental)
0,8
- - - - - lines containing
the reloading part
0,6
Crack,
CMOD (mm)
DRCL CMOD, Deflection, COD a(rd)
FEM back r 1
M or C rd = 0,4 calculation d
3 4 f
(calculation) LE or LVE Back calculation 0,2
Deflection f (mm)
0,0
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2
Charge P (kN)
W0
5 GF = W0
GF LE or EP B (W − a 0 ) 2
1
queue
0
0 1 2 3 4
Déplacement u (mm)
A- 31 -
Annexes
p ( )
Δπ J
J=
B Δa
Sakai Δπ ir
EP M or C aDRCL R=J+ Φ Φ=
(J, Φ, R) BΔa
Δπ R Δπ R
R= =
B Δa ΔA
J ep (i ) = J e ( i ) + J p (i )
ASTM J e (i ) = G( i ) =
(1 − υ ) K
2
2
EP M or C aDRCL E
IC ( i )
a (m)
0,04
0,03
0,02 aDRCL
0,01
exp 0,00
k (a 0 )
DRCL LE or LVE M or C curve P - u kicalcul (a ) = kiEF (a ). 0
EF
4 P - ucor
k 0 (a 0 ) 3 penteDRCL correspondant
P (kN)
à a = 4,5cm
2
1
0
0 1 2 3 4
ucor (mm)
3/2*(L-l)*P/(KIC*B*W *10 )
pentesSakaiIV (écart entre
3
K IC 2 BW 2 3
deux points : Δa = 0,5cm)
2
LE, 2
Sakai IV M or C curve P - u
KIC=cst uE ' 3( L − l )
ur = 1
K IC 2W 2
0
0,0 4,0x10
11
8,0x10
11
1,2x10
12
1,6x10
12
2
3/2*(L-l)*u*E'/(KIC*W )
A- 32 -
FOLIO ADMINISTRATIF
Ecole doctorale : Ecole Doctorale MEGA (Mécanique, Energétique, Génie Civil, Acoustique)
RESUME :
Au cours de cette thèse, différents domaines du comportement thermomécanique des enrobés bitumineux ont été étudiés, parmi
lesquels le comportement en petites déformations – viscoélastique linéaire (VEL), le comportement en fatigue et le comportement à la
fissuration. Ce travail a été réalisé au sein du Département Génie Civil et Bâtiment (DGCB) de l’ENTPE.
Dans le domaine de comportement VEL, l’évolution du module complexe d’un enrobé bitumineux est mesurée sur une large gamme
de températures et de fréquences grâce à l’essai de traction – compression sur éprouvette cylindrique développé au DGCB de l’ENTPE. Le
principe de superposition temps – température (PSTT) dans le domaine VEL a été vérifié pour les matériaux considérés. Le modèle
analogique 2S2P1D (2 « Springs », 2 « Parabolic elements », 1 « Dashpot »), développé à l’ENTPE, est utilisé pour simuler le
comportement VEL des mélanges bitumineux.
Ensuite le comportement à la fatigue d’enrobés semi-tièdes, dont les températures de fabrication et d’application sont inférieures à
100°C, est étudié grâce au même dispositif expérimental que celui utilisé pour la mesure du module complexe. Les résultats montrent que
les caractéristiques à la fatigue de cette nouvelle génération d’enrobés sont comparables à celles de l’enrobé à chaud de référence.
Enfin deux grandes campagnes expérimentales ont été réalisées pour étudier le comportement à la fissuration des enrobés
bitumineux. L’essai de flexion 4 points, sur éprouvette parallélépipédique pré-entaillée, conçu au laboratoire a été utilisé pour ces études.
Un premier résultat intéressant est la mise en place d’une méthode de détermination de la hauteur de fissure, valable aussi bien pour le
comportement élastique linéaire isotrope (ELI) que pour le comportement viscoélastique linéaire isotrope (VELI), par une analyse inverse.
La première campagne expérimentale permet de comparer les caractéristiques à la fissuration de deux enrobés différents (à base de liant pur
et de liant modifié aux polymères). La deuxième étude, qui fait partie d’une étude internationale de la RILEM TC CAP (« Cracking in
Asphalt Pavement »), porte sur un enrobé venant des Etats-Unis. Lors de cette deuxième campagne expérimentale, le principe de
superposition temps – température (PSTT) dans un domaine des petites déformations jusqu’à la fissuration a été observé. Cette étude a été
complétée par un essai de fissuration par fatigue. Une analyse numérique de l’essai de flexion 4 points dans le cadre de la mécanique
linéaire de la rupture à l’aide du code d’éléments finis « COMSOL » complète les développements.
MOTS-CLES : fissuration, propagation de fissures, fatigue, enrobés bitumineux, enrobés semi-tièdes, essai de flexion 4 points, essai de
fatigue, essai de module complexe, viscoélasticité linéaire, principe de superposition temps – température.