La Métropolisation Et Ses Effets en France

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G1-2 La France : La métropolisation et ses effets

Introduction : Le territoire français est un espace largement urbanisé puisque plus de 75 % de la population française
vit en ville. La ville (l’unité urbaine) se définit par l’INSEE comme un espace présentant une zone de bâti continu qui
compte au moins 2 000 habitants. Comme le reste du monde, la France est touchée par le phénomène de
métropolisation qui voit la concentration des hommes et des activités dans les métropoles. Or, métropoles ce n’est
pas ville ! On voit se dégager une grande diversité de situations et de dynamiques qui marquent les espaces urbains
français.
Problématique : Comment la métropolisation recompose-t-elle les espaces urbains en France ?

I. La macrocéphalie de Paris renforcée par la métropolisation.

A. Paris, ville globale.

Paris est la capitale de la France mais c’est aussi une ville globale ce qui signifie que son rayonnement s’exerce à
l’échelle mondiale. Sa domination s’appuie sur d’un point de vue historique sur la volonté de construire le territoire
national autour de Paris (réseaux de communication en étoile autour de Paris). La ville a donc bénéficié de plusieurs
siècles de centralisation. Elle concentre les fonctions métropolitaines de commandement et demeure très attractive
(IDE, tourisme). Elle accueille des évènements internationaux comme les congrès et salons (Mondial de l’automobile).
Sa nomination pour l’organisation des JO de 2024 symbolise son classement dans les villes globales.
La mégapole de Paris concentre près de 12 millions d’habitants dans une région urbaine qui regroupe l’Île de France
et dans laquelle on va trouver des espaces de recherches de type technopoles (Paris-Saclay), des espaces de logistiques
(Roissy). Le quartier des affaires de la Défense est considéré comme le 4e quartier d’affaires au monde (attractivité) et
2e d’Europe.

B. Un espace marqué par des recompositions spatiales importantes.

Même si la course à la verticalité épargne Paris, la ville connaît elle aussi le développement de grands projets
architecturaux comme le musée J Chirac-Quai Branly, la Philharmonie de Paris sans oublier la pyramide du Louvre. Ce
dynamisme lui permet d’être très attractive d’un point de vue touristique puisque Paris est la ville la plus visitée au
monde avec 28 millions de touristes en 2018 et 40 millions en prenant en compte l’ensemble de l’aire urbaine.

Pour continuer de lutter à l’échelle mondiale, la métropole du Grand Paris a été créée en 2016. Regroupant 123
communes, cette nouvelle collectivité développe une politique de transports et de spécialisation économique pour
faciliter les mobilités et éviter la saturation des réseaux. C’est dans cette logique qu’a été pensé le projet du Grand
Paris Express avec 200kms de nouvelles lignes de métro et 68 gares.

Du fait des prix très élevés, la mégapole de Paris est touchée par le phénomène de gentrification qui voit les
populations les plus pauvres rejetées dans les quartiers en périphérie au profit de populations aisées qui vont
transformer le quartier. La multiplication des locations privées d’appartements conduit à une accélération de la hausse
des loyers (Paris possède près 60 000 annonces chez Airbnb) et à une baisse des populations dans certains
arrondissements. Plus généralement, la fragmentation socio-spatiale est croissante. Les quartiers défavorisés de
banlieue restent trop souvent à l’écart des dynamiques de métropolisation, malgré les politiques d’aménagement du
territoire (village Olympique de Paris 2024 en Seine Saint Denis).

C. La macrocéphalie parisienne.

L’indice de primatie qui calcule le rapport entre le nombre d’habitants de la ville la plus importante et celui de la
deuxième ville la plus peuplée atteste de la domination de Paris à l’échelle nationale : Paris et l’Île-de-France
concentrent près de 20 % de la population, 30 % du PIB français. Le quartier de la Défense concentre à lui seul près de
20 % des sièges des grandes entreprises françaises. La primatie de Paris est l’une des plus importantes des pays des
Nords. On parle de macrocéphalie (développement disproportionné de la ville la plus peuplée par rapport au reste du
territoire). Le développement de Paris limite le développement des villes les plus proches (Amiens, Rouen par
exemple), malgré les politiques de décentralisation qui se sont multipliées depuis les années 80.

Cependant, l’attractivité parisienne est à nuancer au niveau national. Le solde migratoire de Paris est négatif (-0.9 %)
ce qui signifie que les personnes qui quittent Paris sont plus nombreuses que ceux qui s’y installent. En effet, de
nombreuses personnes vont partir de la mégapole de Paris à la recherche d’un meilleur cadre de vie (moins de temps
de transport, loyers moins élevés donc vie plus facile…).

II. Un renforcement de l’attractivité des métropoles régionales.

A. Le dynamisme des métropoles françaises.

En France, on dénombre 22 métropoles. Une métropole c’est avant tout un statut administratif qui est définit depuis
2010 et qui a été réaffirmé par la Loi MAPTAM de 2014 (modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation
des métropoles) qui leur a confié des compétences accrues afin de contrebalancer la macrocéphalie de Paris et de
lutter dans la compétition avec les autres métropoles européennes. Pour se faire, elles développent des
aménagements de haut niveau :

• Quartiers d’affaires (Euralille, Lyon Part-dieu)


• Aéroports internationaux (Lyon, Nice)
• Technopoles (Nice-Sophia Antipolis, Grenoble)

Les métropoles vont organiser et structurer un réseau urbain de proximité. Elles vont concentrer les dynamiques de
recherche et de croissance et sont connectées entre elles et avec Paris par un réseaux de voies de communication plus
ou moins complet illustré par les lignes TGV.

Ces métropoles sont en concurrence entre elles et avec les autres métropoles européennes et pour être attractives,
elles vont mettre en place des projets de rénovation urbaine et créer des musées très modernes (MUCEM à Marseille).
Ces espaces métropolitains connaissent eux aussi des problématiques d’étalement urbain, de fragmentation socio-
spatiale mais de manière différenciée. Les métropoles les plus dynamiques comme Nantes ou Bordeaux ont beaucoup
de mal à maintenir des espaces de mixité sociale. Marseille et Lille font parties des métropoles avec les plus fortes
inégalités, notamment en lien avec la gentrification et le développement des quartiers résidentiels fermés (20 % à
Marseille).

B. La hiérarchie métropolitaine française.

Derrière la domination de Paris se met en place une hiérarchie des métropoles françaises :

• Lyon, Strasbourg et Lille sont considérées comme des métropoles de niveau européen. Ces trois métropoles
ont un rayonnement qui dépasse les frontières et des équipements complets : quartiers d’affaires, universités,
tissu industriel puissant. Lille et Strasbourg s’étendent au-delà des frontières nationales et Strasbourg est une
des trois capitales européennes (Parlement, Conseil de l’Europe, Cour européenne des droits de l’Homme).
Ces trois métropoles sont connectées au réseau de transport national et européen.
• Aix-Marseille, Nantes et Bordeaux sont des métropoles de rang national. Elles bénéficient d’un dynamisme lié
à l’héliotropisme (attractivité liée aux conditions climatiques ensoleillées), au littoral et plus généralement au
cadre de vie. Mais leur influence ne s’étend que rarement au-delà des frontières.
• Montpellier, Rennes, Nancy-Metz, Grenoble, Clermont-Ferrand voire Dijon sont des métropoles de niveau
régional qui bénéficient d’un dynamisme économique qui leur permet de structurer un réseau urbain et de
concentrer les institutions de commandement régionales. Toulouse est un cas à part, à la fois métropole
européenne (Airbus, activités de recherche) et métropole régionale concurrencée par Bordeaux voire
Montpellier.

III. Les villes moyennes et petites, grandes perdantes de la métropolisation ?

A. Un modèle en crise.

Les petites villes (de 5 000 à 50 000 habitants) et les villes moyennes (50 000 à 200 000 habitants) sont nombreuses
en France et regroupent une part importante de la population (un citadin sur deux habite une ville de moins de 100 000
hab). Ces villes petites et moyennes sont généralement à l’écart de la métropolisation qui va favoriser les emplois de
service de haut niveau alors que leurs activités sont essentiellement industrielles et donc largement impactées par la
désindustrialisation. La métropolisation peut toutefois les dynamiser lorsqu’elles sont dans le réseau urbain des
métropoles.

Ces villes dépendent souvent fortement des services publics (armée, hôpitaux, tribunaux, centre des impôts…) et sont
fortement touchées par leur réorganisation. Leurs centres-villes se dégarnissent au profit des zones périurbaines qui
voient se multiplier les espaces commerciaux et les lotissements. Leur malaise a été symbolisé par la crise des gilets
jaunes qui a particulièrement impacté ces espaces en crise où la présence de l’État semble en recul.
Face à la crise de ces villes, l’État a mis en place des mesures pour renforcer leur dynamisme et leur attractivité. C’est
dans ce contexte qu’il faut comprendre la multiplication des universités dans les villes moyennes depuis les années 90
ou plus récemment le plan « Action cœur de ville » qui concerne environ 200 villes. Ce plan élaboré en 2018 cible la
réhabilitation des logements et la revitalisation des commerces des centres-villes.

B. Des situations et des dynamiques inégales.

Certaines villes sont bien desservies par les réseaux de communication et de transport et sont situées dans les zones
d’influence des métropoles. Elles tirent donc profit de l’économie résidentielle et des aménagements mis en place
(économie résidentielle : ensemble des activités destinées à satisfaire les besoins des populations locales, commerces,
services à la personne, services publics…).

Les villes moyennes situées sur les littoraux atlantique et méditerranéen bénéficient elles aussi du dynamisme lié aux
activités touristiques (Sables d’Olonne, Arles). De plus, le cadre de vie permet l’installation de populations retraitées
et d’emplois associés. D’autres bénéficient d’évènements culturels ou d’un patrimoine qui les rend très attractives au
niveau touristique comme la ville d’Avignon.

Les villes les plus en difficulté se concentrent dans le Centre et le Nord-Est, dans des territoires qui sont en déclin. Dans
ces villes marquées par la dévitalisation des centres (taux de vacance des commerces de plus de 20 %), les collectivités
territoriales se mobilisent pour changer leur image et pouvoir s’appuyer sur leur points forts. Ainsi, la ville de Nevers
dont plus de 20 % des commerces du centre sont fermés, s’appuie sur sa proximité avec Paris et son cadre de vie
(Loire, forêts) pour attirer des entreprises et des populations soucieuses de leur cadre de vie.

Conclusion :

La métropolisation et la compétition mondiale pour les métropoles favorisent Paris qui écrase la hiérarchie urbaine
française. Sa domination est sans partage mais n’exclut pas un réel dynamisme des métropoles européennes comme
Lyon ou Strasbourg, nationales voire régionales qui arrivent à tirer leur épingle du jeu dans l’aménagement du
territoire.

Les villes petites et moyennes sont présentées dans les médias comme les victimes de la métropolisation et leur
situation est souvent problématique. Mais les villes moyennes sont avant tout marquées par une grande diversité de
situation et elles restent partout des acteurs essentiels de l’aménagement du territoire.

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