Rome Le Pantheon

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Panthéon (Rome)

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41° 53′ 55″ nord, 12° 28′ 37″ est
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Pour les articles homonymes, voir Panthéon (homonymie).

Panthéon de Rome
Image illustrative de l’article Panthéon (Rome)
Vue d'ensemble du Panthéon.
Lieu de construction Regio IX Circus Flaminius
Piazza della Rotonda, Rome
Date de construction 1. 27 av. J.-C.
2. 125 apr. J.-C.
Ordonné par 1. Agrippa
2. Hadrien
Type de bâtiment Temple romain
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Planrome3.pngPanthéon de Rome
Localisation du Panthéon dans la Rome antique (en rouge)
Coordonnées 41° 53′ 55″ nord, 12° 28′ 37″ est
Géolocalisation sur la carte : Rome
(Voir situation sur carte : Rome)Panthéon de Rome
(Voir situation sur carte : Rome)
(Voir situation sur carte : Italie)
Liste des monuments de la Rome antique
modifier Consultez la documentation du modèle
Le Panthéon de Rome est un édifice religieux antique situé sur la piazza della
Rotonda (Rome), bâti sur l'ordre d'Agrippa au ier siècle av. J.-C. . Endommagé par
plusieurs incendies, il fut entièrement reconstruit sous Hadrien (début du iie
siècle). À l’origine, le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de
la religion antique. Il fut converti en église au viie siècle par le pape Boniface
IV et aujourd'hui elle est la basilique de la Sainte Vierge et de tous les Martyrs.
C’est le plus grand monument de la Rome antique qui nous soit parvenu en état
pratiquement intact, du fait de son utilisation ininterrompue jusqu'à nos jours. Il
a donné son nom à un quartier de Rome.

Le nom du Panthéon est issu de l'adjectif grec πάνθειον / pántheion, qui signifie «
de tous les dieux ». La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme
grécisante Pantheon. La forme latinisée Pantheum est attestée chez Pline l'Ancien.

Le Panthéon supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité avec 150 pieds
romains soit 43,30 m de diamètre à l'intérieur1,2 (ou 43,44 m3), qui reste la plus
grande du monde en béton de ciment non armé. Après presque deux millénaires, cette
construction remarquable ne présente pas de signe de faiblesse de sa structure en
dépit des mutilations volontaires et des mouvements telluriques répétés4.

Construction
La construction du Panthéon fut menée en deux temps.
Marcus Agrippa, Louvre
Le Panthéon d’Agrippa

Intérieur du Panthéon au xviiie siècle, avec le décor d'origine, par Giovanni Paolo
Panini.
Le Panthéon original fut construit en 27 av. J.-C., au début du règne d’Auguste,
par Agrippa, compagnon d’Auguste5, qui participait ainsi à la politique
d’embellissement de la Ville, encouragée par l'empereur6.

Il édifia le Panthéon et les thermes d’Agrippa en marge de la partie urbanisée de


Rome, près du Champ de Mars, région propice aux grands aménagements urbains.

La date de cette construction correspond au troisième mandat de consul d’Agrippa,


dont le nom est gravé sur le portique d’entrée. Sur cette inscription, on peut lire
:

M.AGRIPPA L.F.COS.TERTIVM FECIT7


ce qui signifie M[arcus] Agrippa L[uci] f[ilius] co[n]s[ul] tertium fecit (« Marcus
Agrippa, fils de Lucius, consul pour la troisième fois, le fit construire »). Ce
troisième consulat date de 27 av. J.-C.. Toutefois, une date légèrement différente
est parfois avancée, 25 av. J.-C., à laquelle Dion Cassius dresse la liste des
ouvrages achevés par Agrippa sur le Champ de Mars.

D’après des fouilles menées à la fin du xixe siècle, le premier temple était
rectangulaire, avec un pronaos (partie antérieure du temple) ouvert vers le sud, et
une cella (partie intérieure et fermée du temple) transversale plus large (environ
40 mètres) que longue. Il était construit en blocs de travertin et revêtu de
plaques de marbre. Selon l’usage, il était entouré d’un espace libre, aujourd’hui
en partie occupé par le temple d’Hadrien, et bordé au sud par la basilique de
Neptune :

C’est également en airain de Syracuse que sont les chapiteaux des colonnes du
Panthéon placés par M. Agrippa8
Le Panthéon d’Agrippa a été décoré par Diogène d’Athènes, et les Cariatides qui
sont aux colonnes de ce temple passent pour des chefs-d’œuvre, ainsi que les
statues posées sur le faîte8
Le grand incendie de Rome de l’année 80 détruisit plusieurs temples, dont le temple
d’Agrippa. L’empereur Domitien les restaura, et selon Suétone, y fit graver son
nom9.

L'intérieur du Panthéon.
Le Panthéon d'Hadrien

L'intérieur du Panthéon vu depuis l'entrée. Reconstruction hypothétique de l'état


du iie siècle10.
Le Panthéon d’Agrippa fut détruit par un nouvel incendie en 110, sous Trajan. Il
fut entièrement reconstruit sous le règne de l’empereur Hadrien11, vers l’an 125,
comme le révèlent les dates imprimées dans les briques, comprises entre 123 et 125.

On peut supposer qu'Hadrien l’ait inauguré lors de son séjour prolongé à Rome entre
125 et 128. Il en fit même usage occasionnellement comme tribunal, rendant la
justice en compagnie de quelques sénateurs12.

Le plan du nouvel édifice est exceptionnel, sans précédent dans l’architecture


romaine.

L’influence même d’Hadrien sur la conception du bâtiment est envisageable, si l’on


considère l’originalité de l’architecture de la villa qu’il se fit bâtir près de
Rome, à Tivoli. Le visiteur qui franchit le classique pronaos à colonnes du
Panthéon, placé face au nord, quitte un monde rectiligne et lumineux pour se
trouver enveloppé dans la pénombre d’une cella circulaire et non plus
rectangulaire, surmontée d’une coupole immense, et éclairée uniquement par un grand
oculus central. Des temples à cella ronde avaient été édifiés à l’époque archaïque
à Rome, comme le temple de Vesta ou le temple d’Hercule Victor, mais dans des
dimensions beaucoup plus modestes, et jamais accolés à un porche classique.

Symbolisme du monument
Selon Dion Cassius, le temple abritait de nombreuses statues, dont celles d’Arès
(Mars), père de Romulus, celle de Vénus, divinité ancestrale de la gens Iulia,
ainsi que celle du divin Jules César.

Toujours selon Dion Cassius, l’Empereur Auguste aurait repoussé la suggestion


d’Agrippa d’ajouter sa propre statue aux trois précédentes13, acceptant seulement
de figurer dans le pronaos.

L’entrée du lieu était donc gardée de part et d’autre par les statues d’Auguste et
d’Agrippa, tous deux consuls en 27 av. J.-C., ce qui respectait en apparence la
parité républicaine des pouvoirs et confirmait l’ascension d’Agrippa comme héritier
potentiel d’Auguste.

Plutôt qu’un culte impérial qui n’osait alors s’afficher comme tel, les dirigeants
romains proposèrent un culte plus vaste et plus neutre, celui de tous les dieux, «
Panthéon », ainsi nommé par Pline l'Ancien.

Hadrien fut un empereur cosmopolite qui voyagea beaucoup en Orient, et qui était un
grand admirateur de la culture grecque. Il semble que, pour lui, le Panthéon devait
être le temple de tous les dieux, une sorte de geste œcuménique ou syncrétique à
l’adresse de tous ceux qui, dans l’empire romain, n’adoraient pas les anciennes
divinités de Rome, ou qui les adoraient sous d’autres noms.

Toutefois, selon Henri Stierlin et de façon plus évidente, en combinant la sphère


et le cercle, symboles helléniques de perfection, à la présence solaire, Hélios,
divinité incarnée par les rois en Orient, Hadrien amplifiait implicitement le culte
impérial, suivant une tendance orientalisante que poursuivront ses successeurs.

Dès lors, quand Hadrien rend des décisions de justice dans son Panthéon, usage
exceptionnel pour un temple, il se mettrait en scène comme une émanation de
l’Hélios royal14.

Dans les Mémoires d'Hadrien, Marguerite Yourcenar place dans la bouche d’Hadrien
cette vision du Panthéon, compatible avec ce que nous connaissons de la pensée
romaine :

Les heures tournaient en rond sur ces caissons...


« J'étais remonté pour la structure même de l’édifice aux temps primitifs et
fabuleux de Rome, aux temples ronds de l’Étrurie antique. J’avais voulu que ce
sanctuaire de tous les Dieux reproduisît la forme du globe terrestre et de la
sphère stellaire, du globe où se renferment toutes les semences du feu éternel, de
la sphère creuse qui contient tout15. C’était aussi la forme de ces huttes
ancestrales où la fumée des plus anciens foyers humains s’échappait par un orifice
situé au faîte. La coupole, construite d’une lave dure et légère, qui semblait
participer encore au mouvement ascendant des flammes, communiquait avec le ciel par
un grand trou alternativement noir et bleu. Ce temple ouvert et secret était conçu
comme un cadran solaire. Les heures tournaient en rond sur ces caissons
soigneusement polis par les artisans grecs ; le disque du jour y resterait suspendu
comme un bouclier d’or ; la pluie formerait sur le pavement une flaque pure ; la
prière s’échapperait comme une fumée vers ce vide où nous mettons les dieux. »

— Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951, Plon

Architecture de l’édifice
Contexte technique

Disposition extérieure : le pronaos avec son fronton et sa colonnade, le bâtiment


de transition, la rotonde.
La conception du nouvel édifice pourrait être l’œuvre de l'architecte Apollodore de
Damas, contemporain d’Hadrien, déjà auteur probable des grandes réalisations de
Trajan : forum, thermes et marchés de Trajan. Malheureusement, aucun document ne
vient conforter cette hypothèse.

Après l’impulsion apportée par les projets novateurs de Néron, suivis des
réalisations colossales des Flaviens et de Trajan, les Romains maîtrisaient
parfaitement les techniques de l’art du bâtiment, comme en témoignent les vastes
coupoles de la domus aurea de Néron et des thermes de Baïes : celle du prétendu «
temple de Vénus » a un diamètre de 26 m, celle du « temple de Diane » atteint 29,5
m et celle du temple d’Apollon, près de Baïes, parvient à un diamètre de 38 m.
Elles sont toutes antérieures au règne d’Hadrien14.

Les connaissances techniques et le savoir-faire des bâtisseurs romains se


déployèrent pour cette reconstruction du Panthéon : leur capacité à mobiliser
efficacement une main-d’œuvre nombreuse, l’usage combiné de la pierre, de la brique
et du mortier, la maîtrise des techniques du béton16 de chaux coulée sur coffrage,
contribuèrent au succès de la réalisation du nouveau temple.

L’esthétique ne fut pas en reste, comme le montrent les effets géométriques, le


choix décoratif des matériaux et le travail sur l’éclairage intérieur.

Façade et coupe du Panthéon de Rome.


Plan d’ensemble
La reconstruction du Panthéon conserva l’axe nord-sud de l’édifice, mais inversa
l’orientation de l’entrée et la dirigea vers le nord. Le pronaos et le bâtiment de
transition avec la rotonde occupèrent l’emplacement de l’ancien édifice, et la
rotonde remplit l’espace entre l’ancienne entrée et la basilique de Neptune. Le
nouveau temple fut entouré d’un portique sur trois côtés d’environ 60 m sur 120 m,
et précédé d’une cour pavée de travertin17.

Le pronaos
Le pronaos, qui mesure 33,1 m de large pour 15,6 m de profondeur18, était surélevé
par un podium de 1,3 m et accessible par un escalier de cinq marches. Au fil des
siècles, le sol environnant s’est exhaussé, et la place qui entoure le Panthéon
atteint maintenant le niveau du podium.

Le portique de façade comporte 16 colonnes corinthiennes monolithes de granite, à


chapiteaux de marbre, disposées sur trois rangs : huit colonnes en façade suivies
de deux rangs de quatre colonnes. Les colonnes extérieures sont en granite gris
clair, les quatre colonnes intérieures sont en granite rose plus sombre. Toutes
proviennent des carrières d'Égypte. Les fûts de 12,5 m de hauteur pour un diamètre
à la base de 1,5 m pèsent environ 69 tonnes. Innovation architecturale à noter, le
fût des colonnes n’est pas cannelé, mais lisse. Deux colonnes ont été retirées au
Moyen Âge à gauche et remplacées par des colonnes des thermes de Néron au xviie
siècle19.

La colonnade ainsi disposée délimite trois nefs, la nef centrale conduit à la


grande porte du temple, les deux nefs latérales donnent sur deux niches en demi-
cercle qui devaient abriter des statues, probablement celles d’Auguste et
d'Agrippa. La couverture du pronaos était en poutres et tuiles de bronze,
aujourd’hui remplacées par des tuiles classiques, le pape Urbain VIII ayant fait
fondre le bronze pour la construction du baldaquin de la basilique Saint-Pierre20.

Le temple possède deux frontons surhaussés, le principal sur le portique, l'autre


contre le mur massif qui fait la transition entre le pronaos et la rotonde.
L’architrave porte deux inscriptions, celle de la fondation par Agrippa, et une
seconde plus petite, mentionnant une restauration sous Septime Sévère. Le fronton,
actuellement nu, était orné de décors en bronze fixés par des crampons.

D’après la position des trous de fixation et notre connaissance du répertoire


décoratif impérial, on suppose la présence d’un aigle de bronze aux ailes
déployées19.

Plan du Panthéon de Rome (le pronaos est au sud).


Plan du Panthéon de Rome (le pronaos est au sud).

Couverture du pronaos, anciennement en tuiles de bronze.


Couverture du pronaos, anciennement en tuiles de bronze.

Colonnade intérieure du pronaos : différences de teinte des colonnes.


Colonnade intérieure du pronaos : différences de teinte des colonnes.

Aspect latéral du portique.


Aspect latéral du portique.

Le bâtiment de transition

Côté droit du bâtiment intermédiaire, avec d'importants vestiges de la décoration


de marbre.
Entre le pronaos et la rotonde un bâtiment intermédiaire, aussi large que le
pronaos qu’il prolonge, soit 34 m, mais plus haut que lui, culmine au même niveau
que la rotonde. Il forme le fond du pronaos et relie ce dernier à la cella, livrant
passage de l’un à l’autre par son portail central. Sa couverture est en terrasse.

Les actuelles portes de bronze, de proportion différente de celles de l’entrée,


proviennent d’un autre édifice antique, et sont les plus grandes que l’Antiquité
nous ait léguées. Les placages de marbre blanc qui couvraient les parois
extérieures et les décoraient de pilastres cannelés sont partiellement en place.

Le Panthéon est donc articulé en trois blocs architecturaux aux volumes


différenciés, pronaos en prisme, bâtiment de transition cubique et rotonde
circulaire. L’unité visuelle et esthétique s’établit d’une part grâce au
prolongement des corniches médiane et supérieure qui ceinturent le haut de la
rotonde et du bâtiment de transition, d’autre part par le dessin d’un second
fronton sur la façade du bâtiment de transition, en écho du fronton du pronaos.

La rotonde

Le mur circulaire, vue intérieure. Au niveau inférieur, alternance des niches à


colonnes et des petits édicules. Au niveau supérieur, décor du xviiie siècle en
fausses fenêtres.
La rotonde est un mur parfaitement circulaire de 58 m de diamètre extérieur qui
forme une double paroi de près de 7 m d’épaisseur. Elle repose sur une fondation
puissante, large de 7,30 m et profonde de 4,5 m18.

Sa partie intérieure, d’un rayon de 21,7 m égal à sa hauteur intérieure, assure un


double rôle : elle forme le décor de la cella, et elle soutient le poids de la
coupole.

Ce mur intérieur est subdivisé en deux niveaux horizontaux :

Restitution du décor d’origine du niveau supérieur : fenêtres à claustras, faux


pilastres de porphyre.
Le niveau inférieur est évidé par sept exèdres, alternativement semi-circulaires et
trapézoïdales (voir plan). L’entrée constitue la huitième exèdre. Chaque exèdre est
bordée par deux colonnes corinthiennes cannelées et deux pilastres de marbre jaune.
L’exèdre qui fait face à l’entrée adopte une structure différente : les colonnes y
sont remplacées par un arc de décharge qui mord sur le niveau supérieur et qui
renvoie les forces verticales sur deux pilastres latéraux. La décoration du niveau
inférieur est complétée par une série de petits édicules en légère saillie au
fronton alternativement triangulaire ou curviligne. Chaque édicule placé entre deux
exèdres en allège le caractère massif créé par les colonnes de soutien. Ces
édicules abritaient des statues sur piédestal17.

Le dallage, un jour de pluie : reflets de la coupole dans les parties sombres,


quatre petites évacuations de drainage au milieu du carré central.
Le niveau supérieur, délimité par deux corniches circulaires, est un décor de
transition, alternant de fausses fenêtres carrées, des plaques de marbre de couleur
et des rectangles de porphyre. Cette décoration réalisée en 1747 par Luigi
Vanvitelli remplace la décoration romaine d’origine.

Dans l’Antiquité, de vraies fenêtres grillagées laissaient passer une lumière


diffuse, indirectement captée de l’extérieur par les petites ouvertures du mur
extérieur. Ces ouvertures engendraient une lueur quasi crépusculaire à la base de
la coupole, renforçant l’effet de voûte céleste. Elles ont été partiellement
reconstituées en 1930, sur une petite portion à droite de l’abside1.

Le dallage du sol, parfaitement restauré, est en « marqueterie » de dalles de


pierres colorées (opus sectile). Il dessine un quadrillage où alternent des plaques
de porphyre et de granite gris formant des motifs alternativement ronds et carrés.
Pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie qui pénètrent par l’oculus de la
coupole, ce dallage est légèrement convexe, avec une surélévation de 30 cm à
environ 2 m du centre de la rotonde.

La coupole

Détail des caissons, montrant le décentrage des alvéoles.


Intérieurement, la voûte s’inscrit dans une sphère parfaite de 150 pieds romains,
soit 43,30 m de diamètre, d’une hauteur égale de 43,30 m1,2. Cette sphère théorique
est donc tangente à la surface du sol. Elle est nervurée par 140 caissons en stuc,
disposés sur cinq rangées (anneaux concentriques de béton de pouzzolane et de
calcaire) de taille décroissante qui laissent libre la calotte du sommet. Cette
calotte est percée d’un oculus central de 8,7 m de diamètre. La technique des
caissons permet d'alléger la coupole, de même que le matériau. Les anneaux
inférieurs plus épais sont en effet en béton mélangé à des briques et blocs de tuf
lourd, tandis que les anneaux supérieurs sont de béton mélangé aux tuf léger et
pierres volcaniques poreuses21.

Une observation attentive des caissons montre que les rectangles qui les modèlent
sont légèrement décentrés vers le haut. En effet, ces moulures ne sont pas centrées
sur le milieu de la sphère inscrite dans la coupole, mais sur la base de cette
sphère, qui correspond au centre du sol de la rotonde. Cette subtile correction
crée un effet de perspective rayonnante pour l’observateur qui se tient au centre
du temple17.

Les trous présents dans les caissons et dans la calotte laissent supposer la
fixation d’éléments décoratifs en bronze. Certains dessins modernes de
reconstitution proposent des étoiles de bronze, en symbolisme de la voûte
céleste22.

L’oculus sommital, renforcé par un cerclage de bronze, est l’unique source de


lumière directe, car l’entrée de la cella, tournée vers le nord, est protégée par
le pronaos. Il projette un ovale de lumière qui défile lentement sur les caissons
de la coupole, ajoutant à la magie du lieu.

Extérieurement, la partie supérieure de la coupole était couverte de tuiles de


bronze doré.

La structure du bâtiment

Arrière de la rotonde. Les ouvertures antiques sont visibles au-dessus de la


corniche médiane.
La structure interne de la construction centrale (rotonde et coupole), pour
résister à tous les types de contraintes, doit tout à la fois compenser les forces
d’enfoncement vertical au sommet de la voûte et les forces d’écartement à la base
de la coupole.

Les constructeurs romains ont résolu ces problèmes par deux moyens principaux : la
recherche des matériaux les mieux adaptés et la maîtrise de l'orientation des
poussées22.

Le choix des matériaux de construction


L’emploi massif du béton (opus caementicium), coulé entre des parements de briques
(opus latericium), fait du bâtiment un bloc cohérent dont la rigidité assure une
bonne résistance aux forces de déformation. Selon le niveau du bâtiment, ce béton
inclut un granulat différent, adapté aux besoins de résistance ou de légèreté.

Partant du pied du bâtiment, on trouve successivement cinq qualités de bétons : le


mur de la rotonde, jusqu’à la première corniche extérieure, est constitué d'un
béton laissant apparaître des éclats de tuf et de travertin, mais, entre les
première et deuxième corniches, ce mur est fait d'un béton de tuf et de briques. Le
premier anneau de la coupole et le mur extérieur au-dessus de la seconde corniche
sont en béton de briques concassées (mortier au tuileau), tandis que le second
anneau de la coupole est fait d'un béton de tuf et de briques concassées. La
calotte de la coupole a fait l'objet de soins tout particuliers, puisqu'elle est
constituée d'un béton allégé en granulat de pierre ponce et tuf, d'épaisseur
décroissante, de 5,90 m à la base jusqu'à 1,5 m seulement au niveau de l’oculus,
recouvert d’une couche d'enduit d’étanchéité de 15 cm22.

Le mortier du béton romain est un mélange de sable et de chaux23. Il tend à se


calcifier toujours davantage en vieillissant, ce qui lui assure une excellente
tenue au fil des siècles. Ainsi coulée, la coupole constitue un dôme monolithe
appelé voûte concrète, c'est-à-dire fait de matière « durcie » (« concreta » : cf.
le mot français « concrétion »).

La réorientation des poussées

Coupe du mur de la rotonde 1) extérieur 2) intérieur 3) exèdre et colonne alternant


avec les piliers pleins 4) base de la coupole 5) surélévation du mur 6) anneaux de
charge.
Les contraintes statiques sont multiples : la base de la coupole (4) tend à pousser
le mur qui la supporte vers l’extérieur. Ce cylindre n’est pas plein, mais évidé
par les sept exèdres (3) et l’entrée du temple, et aussi par une enfilade de
sections vides au niveau supérieur. Le poids de la coupole est ainsi supporté par
les huit piliers massifs de maçonnerie qui séparent ces intervalles. Il a donc
fallu à la fois compenser les poussées centrifuges et orienter les poussées
verticales sur les huit piliers.

Pour parvenir à ce résultat, les bâtisseurs romains ont mis en œuvre plusieurs
solutions :

le mur extérieur (1) dépasse de 8,40 m (5) le pied de la coupole et agit comme un
contrefort ;
la base de la coupole est surchargée d'une série de sept anneaux de béton disposés
en escalier (6), visibles de l’extérieur, qui redirigent les poussées latérales
centrifuges par une poussée verticale ;
dans l’épaisseur de la coupole sont inclus de grands arcs de décharge en brique qui
dirigent les poussées sur les piliers de la rotonde ; d’autres arcs de briques
inclus dans le mur de la rotonde, mais visibles de l’extérieur, renvoient les
poussées vers les piliers ;
la partie porteuse du mur cylindrique est renforcée par une série de petits arcs
radiaux inclus entre les niveaux supérieurs du mur intérieur et du mur extérieur.
Anneaux de charge en escalier, ceinturant la coupole.
Anneaux de charge en escalier, ceinturant la coupole.

Rotonde, parement de briques, ouverture de l’espace entre murs et arcs de décharge.


Rotonde, parement de briques, ouverture de l’espace entre murs et arcs de décharge.

Gravure de Piranèse, montrant les arcs de décharge qui structurent la rotonde.


Gravure de Piranèse, montrant les arcs de décharge qui structurent la rotonde.

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