Économie Verte
Économie Verte
Économie Verte
Mémoire soumis à la
Faculté des études supérieures et postdoctorales
en vue de l’obtention du grade de maîtrise en
Mondialisation et développement international (M.A.)
Remerciements
Dédicace
1. Introduction
nos jours, représente une préoccupation majeure à l’échelle mondiale. À l’origine du concept
dans les années 1980, l’idée poursuivie était de trouver un modèle de développement équilibré
monde est aujourd’hui confronté à une triple crise : économique, écologique et sociale. Ainsi, le
rêve du développement durable est encore loin de devenir une réalité puisque ses trois piliers
sont ébranlés.
Mise à part la récente crise économique déclenchée en 2008, les crises écologique et
sociale existaient bien avant l’invention du développement durable et ont même contribué à son
émergence. De ces deux crises persistantes, la crise écologique a attiré l’attention du monde
scientifique, mais aussi du monde politique à l’échelle de la planète. Elle est imputée aux
activités économiques anthropiques polluantes. Celles-ci sont responsables, non seulement d’une
production à grande échelle des gaz à effet de serre (GES) qui conduisent au phénomène du
leur surexploitation. Les résultats de recherche attribuent « le réchauffement récent avec une
probabilité supérieure à 90% à l’impact anthropique » (Mélières et al., 2010, p.269). Selon le
GIEC (2007, p.5), la contribution de l’activité humaine dans les émissions mondiales a connu
une hausse de 70% entre 1970 et 2004, mais, durant la même période, « [l]es rejets annuels de
dioxyde de carbone (CO2) – le plus important gaz à effet de serre anthropique – ont progressé de
80 % ».
les menaces sérieuses qui mettent en péril des biens communs fondamentaux qui garantissent la
survie même de l’humanité : l’eau, l’air, les sols et les écosystèmes (Badie et al., 1999). Malgré
le débat controversé sur les enjeux climatiques durant les dernières années, aujourd’hui, « les
scientifiques sont quasi unanimes : les changements climatiques sont réels, et ils sont en cours »
(Sénat du Canada, 2010, p.19). Selon les climatologues, le danger du réchauffement planétaire
atteint le point critique : le « point de non-retour climatique » (Hari, 2011, p.191). En effet, le
réchauffement climatique global implique deux grandes conséquences qui menacent l’espèce
réchauffement se situant entre 0,6 et 0,8 °C sur l’ensemble du 20e siècle (GIEC, 2007). Cette
tendance est inquiétante car, « un accroissement de température de 2°C de la planète, par rapport
au niveau préindustriel, constitue un seuil fatidique au-delà duquel la capacité des sociétés et des
écosystèmes à s’adapter est menacée » (Poulin, 2011, p.12-13). Outre cette augmentation
niveau de la mer, en concordance avec le réchauffement planétaire, qui a atteint en moyenne 1,8
mm/an depuis 1961 et de 3,1 mm/an depuis 1993. Cela, « sous l’effet de la dilatation thermique
3
et de la fonte des glaciers, des calottes glaciaires et des nappes glaciaires polaires » (Ibid.). Au
vue de cette tendance, Giraud (2010, p.24) présume que l’« élévation du niveau des océans de 1
à 2 m d’ici la fin du siècle [occasionnerait] 250 millions de réfugiés climatiques avant 2050
». À la suite des effets irréversibles dus aux dégâts causés à l’environnement par l’activité
humaine, « la crise écologique met en danger la vie de millions de gens et peut-être même la vie
sur terre, du moins dans plusieurs régions » (Poulin, 2011, p.14). Par ailleurs, la modification
profonde des conditions d’existence sur la planète Terre due à la détérioration environnementale
affecte tous les êtres vivants, tant les espèces humaine, animale que végétale. Selon Jurgensen
la crise de 1929 ou d’une guerre mondiale » et le coût de la facture écologique atteindrait « une
somme colossale de 5 500 milliards ». Les estimations prétendent « les pertes moyennes de
détérioration de l’environnement, l’équité sociale en est tout autant affectée. Selon l’OIT (2011),
l’ère de la mondialisation est dépourvue d’une dimension sociale et génère des rapports sociaux
asymétriques et des opportunités inégales, ainsi que des écarts de revenus au sein des pays et des
écarts de développement entre les pays. Les inégalités grandissantes qui en découlent engendrent
disparités sociales, l’étendue du défi social mondial est importante : Environ 1,4 milliard de
personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. Jusqu’à 2,6 milliards, soit 37% de la
population mondiale, sont dépourvus de système de latrine basique dont 1/3 sans accès à l’eau
4
multidimensionnelle » dont 925 millions souffrant de famine chronique. Sur ce, Ziegler (2011)
déplore qu’il y ait un mort de faim toutes les cinq secondes pendant que la production agricole
mondiale est capable de nourrir 12 milliards d’humains. Nous ne sommes pourtant que 7
milliards aujourd’hui sur terre. Parmi les facteurs causaux, l’on reproche au système dominant
libéral, l’absence d’une répartition équitable de la richesse. Pour Guay (2011, p.145), « [à]
l’échelle mondiale, une part croissante de la valeur ajoutée créée dans les entreprises a été
accaparée par les actionnaires [et les gestionnaires] au détriment des travailleuses et
travailleurs ». De là, les richesses mondiales se trouvent concentrées aux mains d’une poignée de
« 50% de l’humanité n’en détient que 1% ». La fortune des trois personnes les plus riches a une
valeur nette excédant le PIB des 50 pays les plus pauvres (Poulin, 2011).
Concernant la crise économique actuelle déclenchée en 2008, elle est considérée comme
la pire crise économique depuis la Deuxième Guerre mondiale (Keeley et Love, 2010). Comme
l’ont constaté ces auteurs, en 2009, elle a laissé derrière elle de multiples conséquences : la
contraction économique a atteint un sommet inégalé depuis 1945, avec récession de 2,1% dans la
zone de l’OCDE. À l’échelle mondiale, au cours de la même année, le volume des flux
commerciaux a connu une baisse remarquable de 12% (Ibid.). La crise économique a également
affecté le marché de l’emploi dont le taux de chômage est passé de 5.8%, avant la crise en 2007,
à 8.7% en 2011 (Nations Unies, 2012). Elle a été responsable d’une chute drastique des flux des
capitaux. Par exemple dans les pays de l’OCDE, le volume des IDE entrants a baissé de 35 % et
les flux sortants de 19 % entre 2007 et 2008 (OCDE, 2009). Dans le monde en développement,
en 2009, les IDE entrants ne représentaient que 30% de ce qu’ils étaient l’année précédente
5
(Keeley et Love, 2010). Aux effets de la récession, l’on ne peut oublier l’héritage d’un
endettement important grâce auquel les gouvernements ont mené le sauvetage des institutions
financières afin de relancer l’activité économique. Dans les pays de l’OCDE, en 2011, la dette
publique s’estimait aux environs de 100% du PIB (Ibid.). L’on ne peut s’empêcher de
mentionner l’impact de cette crise sur la flambée des prix des denrées alimentaires dans le
monde, associée à la hausse du prix du carburant (PAM, 2009). Selon le FMI (2011), avec la
persistance de la crise dans la zone euro, la sortie de la crise pourrait se prolonger au risque
d’une nouvelle dégradation économique. Bien que le déclenchement de la crise fût constaté aux
États-Unis, elle s’est rapidement transformée en une grande crise économique mondiale suite au
contexte actuel de la globalisation marquée par des interdépendances des marchés et des
financier donne lieu à la spéculation qui risque d’ignorer la prise en compte de l’économie réelle
et conduire à une crise (Ibid.). Cette crise a renforcé la remise en question du modèle
économique actuel hérité du Consensus de Washington (Hakim et al., 2010) qui en a défini les
convergent sur la nécessité d’un changement du modèle actuel de développement, bien qu’ils
divergent sur les voies et moyens à emprunter. De là, le compromis autour du développement
durable devient plus que jamais irrépressible. C’est un modèle de développement capable
garantissant l’équité sociale aussi bien dans le processus de production que dans le partage du
fruit de ce travail.
6
approche gagne du terrain, se voulant une meilleure stratégie pour atteindre le développement
durable. Il s’agit du concept d’« économie verte », lancée en 2008 par le PNUE, pour lequel une
Le contexte de triple crise rapidement décrit ci-dessus révèle la fragilité du modèle actuel
Bien que la perception de durabilité soit loin d’être unanime, la tendance émergente à l’échelle
globale privilégie la stratégie d’« économie verte » communément appelée « croissance verte »
pour atteindre le développement durable. Notons néanmoins que, en marge de cette stratégie
des positions diamétralement opposées sur la durabilité et ses stratégies de mise en œuvre.
Malgré tout, l’économie verte s’est récemment imposée à Rio lors de la conférence des Nations
Unies sur le développement durable (Rio+20) tenue en juin 2012 (Nations Unies, 2012). Ainsi, le
Notre travail de recherche aura donc pour but de répondre à cette question.
Considérant que l’hypothèse est « une prédiction concernant une relation entre deux ou
plusieurs variables » (Lefrançois, 1992, p.46) , et en nous référant à notre question de recherche
d’où se dégagent deux variables, économie verte en tant que « variable dépendante » et
« développement durable en tant que « variable indépendante » (Ibid., p.159), nous pensons, en
termes d’hypothèse de recherche, que l’économie verte nous permettrait de cheminer vers
7
la mise en œuvre du développement durable. Cela suppose que la stratégie d’économie verte
validité de cette hypothèse, le seul et unique indicateur effectif qui prouverait que l’économie
verte est susceptible de conduire à la mise en œuvre du développement durable est la présence
d’une approche englobant les trois dimensions du développement durable dans la stratégie de
mise en œuvre de l’économie verte. Dans l’espoir que l’économie verte puisse permettre la mise
en œuvre du développement durable, il faut qu’elle reflète impérativement une approche intégrée
caractérisée par une considération des trois dimensions du développement durable de façon
simultanée. Le manque d’équilibre dans les mesures visant chacune de ces dimensions
représenterait un modèle sectoriel ou étapiste sur lequel repose le statu quo où elles subissent un
traitement différencié en priorisant les unes aux autres, comme c’est le cas actuellement avec la
n’implique pas forcement l’atteinte du développement durable, du fait que l’existence formelle
théorique d’une approche est une chose, et sa concrétisation pratique en est une autre.
introductive comporte, comme nous l’avons mentionné plus haut, l’analyse contextuelle du
partie, nous allons dans un premier temps définir deux concepts clés pour notre étude, à savoir
8
les concepts de développement durable et d’économie verte. Dans un second temps, nous verrons
les approches théoriques interprétatives du développement durable qui serviront dans l’analyse
du concept d’économie verte en tant outil privilégié pour atteindre le développement durable. En
troisième lieu, nous décrirons la démarche méthodologique de l’analyse de contenu que nous
s’effectuera à travers un processus de cinq étapes d’analyse de contenu et sera close par une
phase de validation de l’hypothèse. Enfin, la quatrième et dernière partie concluante fournira une
synthèse des principaux éléments issus de la recherche, les recommandations et une ouverture
développement durable et l’économie verte, dont les définitions choisies et données ci-dessous
Apparu en 1987, le développement durable est un concept qui a émergé d’un long
processus de réflexions et de débats autour d’un modèle de développement qui soit à la fois
quantitatif et qualitatif, et bâti sur trois piliers : écologique, économique et social (Lévêque et al.,
2008). Selon sa définition célèbre, telle que formulée dans le rapport dit Brundtland de la
durable, c’est s’efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de satisfaire les leurs » (Smouts, 2005, p.1). Le concept de développement
durable est conçu pour corriger les insuffisances du paradigme dominant de développement
ayant pour seul critère principal la croissance économique. Sa préoccupation est d’intégrer les
socialiste. Ainsi, il s’est imposé en tant qu’un compromis devant établir un équilibre entre trois
Selon le concept, ces trois piliers sont accompagnés et complétés par trois principes :
entre les peuples et les générations » avec laquelle le développement deviendrait profitable à
tous, aujourd’hui et dans l’avenir. Beaumais et al. (2001) rejoignent ce principe en notant que
qui la conditionne. Le second principe est en rapport avec la prudence dont doivent faire preuve
les acteurs dans le domaine du développement pour limiter les conséquences sur
l’environnement. Le dernier principe de participation veut que la population soit associée aux
a le « concept des besoins » qui met l’accent sur les besoins fondamentaux des plus démunis
auxquels la priorité doit être accordée pour leur assurer les besoins essentiels. Ensuite, il évoque
« l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur
1995, p.289).
Pour le PNUE (2011, p.2), l’économie verte est « une économie qui entraîne une
les risques environnementaux et la pénurie de ressources. Sous sa forme la plus simple, elle se
caractérise par un faible taux d’émission de carbone, l’utilisation rationnelle des ressources et
moins dépendant des énergies carbonées, mais sans pour autant renoncer aux modes de vie et
11
habitudes de consommation qui les caractérisent ». Ce type d’économie traduit une parfaite
Jurgensen (2009, p.101) appelle « l’éconologie ». Selon Perret (2010), l’économie verte repose
sur six principaux principes: privilégier les ressources renouvelables; utiliser les ressources rares
de manière efficiente; réutiliser, réparer, recycler; utiliser en priorité les ressources locales pour
éviter les dépenses d’énergie associées au transport; maintenir la diversité en évitant « du one
la coopération. Ce concept, promu par le PNUE, est aujourd’hui présenté comme une stratégie de
mise en œuvre du développement durable, la plus adéquate pour répondre aux défis de nourrir 9
Ce premier travail de réflexion sur nos deux concepts clés, nous permet déjà de
remarquer que l’un, le développement durable, se présente comme une finalité alors que l’autre,
l’économie verte, comme un moyen de l’atteindre. Les deux sont si intimement liés que le cadre
théorique les englobant n’est pas distinct. Nous nous référerons principalement à deux approches
durable est un concept assez large et aux « contours flous ». Le manque de précision dans son
contenu normatif, tel qu’il est conçu dans le rapport Brundtland, fait qu’il est sujet à diverses
ne pouvant faire l’unanimité, l’analyse théorique peut différer selon l’angle priorisé :
12
économique, écologique ou éthique (Vallée, 2002). C’est dans cet esprit qu’ont émergé les deux
Selon Blaise (2011), l’approche dite de « durabilité faible » est axée sur la logique de
considérée à travers l’équité intergénérationnelle que les tenants de cette approche conçoivent de
façon singulière. En effet, cette vision préconise que « les facteurs de production sont totalement
substituables » (Abdelmalki et al., 2010, p.76). Cela signifie que pour l’approche de la durabilité
faible, la règle veut que « la somme du capital naturel et du capital construit doit être maintenue
(Mancebo, 2008, p.54). Ainsi, la génération actuelle doit faire preuve d’utilitarisme, de
rente réalisée dans un « capital reproductible » profitable pour les générations futures (Vallée,
2002). Donc, il n’est pas question d’épuisement des ressources naturelles et de dégradation de
l’environnement car les acquis du progrès technologique accompagnés par les investissements
sont susceptibles de produire des substituts. Sur ce, il importe de mettre l’accent sur la recherche
carrément l’existence des contraintes écologiques (Bontems et al., 2007). Leur foi dans les vertus
innovantes et salvatrices de la technologie fait que cette vision ne se soucie pas des limites de la
nature et considère que les ressources naturelles doivent être mises à la disposition de la
13
croissance économique. Cette approche de durabilité faible a été critiquée par Blaise (2011) qui
estime qu’avec des enjeux de changement climatique, l’on ne peut se fier sur le rapport coût-
bénéfice pour guider le comportement des agents économiques. Mancebo (2008) remarque
également que l’équité intergénérationnelle ne peut être assurée par le marché étant donné les
défaillances de celui-ci à assurer une allocation efficiente des ressources et son impuissance à
Quant à l’approche de « durabilité forte », elle est prônée par les tenants de
non seulement des enjeux environnementaux, mais aussi sociaux (Bontems et al., 2007). Donc,
contrairement aux tenants de la durabilité faible, les défenseurs de la durabilité forte privilégient
substituabilité totale entre capital technique et capital naturel reconnue par la durabilité faible est
quasiment réfutée par la durabilité forte. « Alors que le capital technique reproductible peut
toujours être modifié en hausse ou en baisse, la diminution du capital naturel est, elle, souvent
irréversible » (Ibid.). Cette approche reconnait l’existence d’un seuil de préservation obligatoire
du capital naturel pour s’assurer de la fourniture des biens et services irremplaçables (Mancebo,
et l’écologie (Vallée, 2002). Néanmoins, bien que l’approche de durabilité forte se montre
14
appropriée à la mise en œuvre du développement durable, force est de constater que la dimension
sociale requiert ou prend moins d’importance dans le débat par rapport aux deux autres
Enfin, l’analyse comparative de Mancebo sur les deux formes de durabilité se résume de
la façon suivante :
du capital naturel, dont on reconnait les limites irréversibles, et la prise en compte des facteurs
sociaux. Bref, nous nous servirons de ces deux approches théoriques pour analyser et situer le
concept d’économie verte dans l’univers de la durabilité afin de pouvoir évaluer son impact dans
démarche méthodologique à suivre. Celle-ci indique le cheminement qui permet de mener notre
déductive et qualitative va reposer sur la méthode de l’analyse de contenu avec laquelle nous
aurons à analyser en profondeur trois principaux documents qui relatent la mise en action de
l’absence d’une caractéristique ou la manière dont les éléments du ‘‘discours’’ sont articulés les
uns aux autres » (Ibid.). Pendant que dans une recherche quantitative, l’analyse de contenu
la valeur d’un thème […] » (Grawitz, 1993, p.536). Concernant notre recherche, nous allons
2.3.2. Échantillonnage
verte que nous avons jugés pertinents et objectivement acceptables compte tenu de leur légitimité
16
internationale liée à l’identité des organisations qui en sont les auteurs. Le choix de trois
documents plutôt qu’un seul s’inscrit, non seulement dans une logique d’échantillonnage
recherche qualitative, mais aussi dans une démarche de triangulation d’informations pour la
fiabilité des résultats de recherche (Rongère, 1975, p.60). Leur choix s’inspire de la méthode
non probabiliste des choix raisonnés du fait de la nature et de la spécificité de l’objet d’analyse
(Lefrançois, 1992, p.221). De là, nous avons retenu les trois documents suivants :
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a publié, en 2011, un document
ayant pour titre : « Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication
de la pauvreté ». Ce rapport est centré sur la promotion du concept d’économie verte pour relever
les défis auxquels est confronté le développement durable. Ce fut le premier document officiel de
vulgarisation du concept d’économie verte, d’où la considération du PNUE comme étant son
initiateur. Ce document de 44 pages nous est absolument indispensable pour notre recherche
puisqu’il porte sur les deux concepts dont nous voulons analyser le lien relationnel. Notons aussi
au centre duquel étaient placés les concepts d’économie verte et de développement durable
comme nous allons le voir dans les pages qui suivent. Bref, ce document constitue une « feuille
développement économique dont la mission est de mener des études thématiques visant
l’amélioration du bien-être économique et social et de les mettre à la disposition des États pour
leur mise en application. Ses 34 pays membres comptent les plus grandes économies nationales
du monde et l’organisation entretient des relations de partenariat avec les économies émergentes
non membres, ce qui témoigne de l’ampleur de son influence sur les politiques gouvernementales
à travers le monde. Lors de son 50e anniversaire, en 2011, elle a publié le document « Vers une
croissance verte » qui donne un cadre stratégique d’action pour une nouvelle économie dite
verte. Elle le considère comme une contribution à la réalisation des objectifs de Rio+20 (OCDE,
2011). Ainsi, ce document de 160 pages est déterminant dans l’orientation du concept et mérite
C’est un document de 60 pages ayant comme titre « L’avenir que nous voulons », qui constitue la
Déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20)
qui s’est tenue à Rio de Janeiro au Brésil du 20 au 22 juin 2012. Ce document constitue le plus
cette déclaration s’explique non seulement par le fait qu’elle est d’actualité et qu’elle émane des
pays du globe, mais également par le fait que le thème de la conférence coïncide parfaitement
À travers l’analyse de contenu de ces trois documents qui forment notre corpus
d’enquête, le but de notre recherche est de retracer et d’évaluer si les tenants de l’économie verte
modèle traditionnel de développement. Donc, nous aurons, d’une part, à retracer la présence
(existence) du lien entre l’économie verte et chacune des trois dimensions du développement
durable, et d’autre part, à évaluer le contenu pour le qualifier soit d’approche intégrée, soit
d’approche sectorielle ou étapiste afin de valider notre hypothèse. Seule la perspective intégrée
pourra confirmer notre hypothèse. Pour faire preuve d’objectivité dans notre analyse, nous serons
tenus d’adopter un comportement d’« innocence de l’état d’esprit » qui exige au chercheur de se
placer au-delà de ses opinions personnelles afin d’observer la rupture épistémologique (Leray,
2008).
19
contenu. Cette technique « s’est construite contre les risques d’interprétation subjective des
textes, par les opérateurs » (Mucchielli, 2006, p.37), d’où sa capacité d’exploiter totalement et
(1975, p.55), « analyser c’est décomposer le contenu d’un ensemble complexe en éléments plus
simples, pour classer ces éléments, puis éventuellement en mesurer », le sens et la valeur
relative, dans le cas d’une recherche qualitative. En s’inspirant du modèle général des étapes de
l’analyse de contenu proposé par L’Écuyer (1990), notre démarche méthodologique va reposer
sur cinq étapes, lesquelles traduisent la rigueur objective et méthodique requise pour toute
recherche scientifique. Par ordre successif, ces étapes sont : (1) lectures préliminaires et
repérage des énoncés ; (2) identification des catégories d’analyse ; (3) choix et classification des
Cette première étape est essentielle pour plusieurs raisons. Elle permet l’acquisition du
« sens général » et la familiarisation avec les concepts clés du document à analyser. Elle vise
également le repérage des « principales particularités » sur lesquelles les analyses subséquentes
vont reposer. Il s’agit en quelques sortes d’identification des « idées forces » (L’Écuyer, 1990,
p.57-58). Ainsi, cette étape prépare particulièrement les suivantes, celles relatives à la
les trois documents du corpus. Ainsi, le processus d’exploitation des documents suit une
approche itérative tant que l’analyse de contenu n’est pas encore arrivée à terme.
catégories d’analyses qui « servent à ranger les éléments du contenu du texte à analyser »
(Rongère, 1975, p.55). Autrement dit, les catégories représentent « des rubriques significatives »
p.543). L’identification des catégories d’analyses constitue une étape cruciale de la technique
d’analyse de contenu car, « dans l’analyse documentaire, c’est par le moyen des catégories, que
l’analyste va recueillir les données » (Ibid.). De ce fait, la détermination des catégories doit
1975, p.56). L’objectivité renvoie à la clarté des caractéristiques des catégories dont chacune des
définitions doit être « univoque ». Pour l’exhaustivité, la démarche exige le traitement intégral
du contenu du document analysé afin de repérer tous les éléments significatifs à catégoriser.
Quant à l’exclusivité, aucun élément ne peut être classé dans plus d’une catégorie, ce qui
implique la distinction nette des catégories de manière à ce que les ambiguïtés et les
catégories d’analyse axées sur les trois dimensions du développement durable dont nous
- Catégorie économique : Dans cette catégorie, seront classées toutes les stratégies
social et à l’équité sociale, contenus dans l’économie verte seront classés dans cette
rubrique.
Ainsi, l’on peut se demander sur quelle base s’est faite la détermination de ces trois
proposé par L’Écuyer (1990, p.66). Selon cet auteur, il existe trois types de modèle de
modèle mixte (Ibid., p.65-66). Le modèle B ou fermé dont nous nous sommes servi consiste « en
ce que les catégories sont prédéterminées, c’est-à-dire fixées par le chercheur dès le départ; il
s’agit alors pour ce dernier de vérifier le degré avec lequel ces catégories peuvent être retrouvées
ou non dans le matériel analysé; ces catégories sont habituellement immuables, c’est-à-dire
qu’elles ne peuvent être modifiées en cours de route » (Ibid., p.66). Étant donné qu’une catégorie
est assez large, pour faciliter la clarification et la compréhension des éléments d’analyse, la
technique d’analyse de contenu appelle au choix des unités qui doivent être classées au sein
d’une catégorie.
Dans chacune des catégories, sont classées « des unités de sens » communément appelées
des « des unités de contexte » (L’Écuyer, 1990, p.60). En recherche quantitative, elles prennent
recherche qualitative, « l’essentiel est le sens, non la forme » (Mucchielli, 2006, p.42). Il s’agit
22
« des thèmes, mots, … reconnus comme significatifs » dont l’analyse qualitative « se borne à
relever la présence ou l’absence » (Rongère, 1975, p.56). Ces unités de signification aussi
reconnues sous le nom d’« énoncés » ont « le grand mérite de demeurer constamment et
exclusivement liées à l’identification des éléments du texte possédant un sens complet en eux-
mêmes » (L’Écuyer, 1990, p.61). Et comme l’indique le même auteur « [l]es critères du choix
d’un type d’unité plutôt qu’un autre reposent sur des impératifs bien précis dictés par les
objectifs mêmes de la recherche » (Ibid., p.59). Ainsi donc, à travers les lectures des documents,
nous avons procédé à la classification des unités de sens rencontrées en fonction « du degré
Cette phase procède à une analyse descriptive qui a pour but de compiler les unités de
sens dans les catégories d’analyse correspondantes. En effet, « [l]’analyse qualitative consiste à
décrire les particularités spécifiques des différents éléments regroupés sous chacune des
catégories et qui se dégagent en sus des seules significations quantitatives » (L’Écuyer, 1990,
p.107). Ainsi, les unités de sens retracées marquent la preuve de présence de chacune des
dimensions du développement durable dans la stratégie d’économie verte, à travers chacun des
l’importance de la dimension, et d’autre part, elles rendent compte si les mesures ou les
la pénurie de ressources et
de la nécessaire limitation
des émissions de carbone »
(p.16).
* « La lutte contre le
gaspillage alimentaire
constitue une stratégie
importante et négligée
pour atteindre l’objectif de
nourrir une population
mondiale à la démographie
galopante sans alourdir le
fardeau environnemental
de la production » (p.20).
* « L’économie verte
assure une mobilité à
faible taux d’émission de
carbone » (p.21).
*Construction des
bâtiments verts pour
« l’environnementalisation
des villes » étant donné
que « le secteur de la
construction est l’émetteur
de gaz à effet de serre
numéro un dans
le monde » (p.21).
*Mise en place des
« politiques
d’environnementalisation
du transport » pour
contribuer à la réduction
des émissions (p.23).
* « Le verdissement de la
plupart des secteurs
économiques permettrait
de réduire de façon
significative les émissions
de gaz à effet de
serre » (p.26).
* « Réduire les dépenses
publiques dans les
domaines qui épuisent le
capital naturel » (p.30) et
réorientations des
subventions dans le
27
En se référant au principe d’exclusivité dans la catégorisation des unités de sens tel que
nous l’avons évoqué à l’étape 2, notre exercice de classification s’est révélé assez exigeant
compte tenu de l’interrelation dont font preuve les trois piliers du développement durable sur
lesquels reposent nos catégories d’analyse. À plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés
dans une situation d’hésitation pour la classification des unités de sens lorsque celles-ci
marquaient une double connotation ou une signification transversale. À titre illustratif, l’objectif
32
d’élimination de la pauvreté poursuivi par l’économie verte était présenté à la fois au sens
économique dans le cadre d’accroissement de revenus et au sens social dans la logique d’assurer
l’équité sociale. De même pour le verdissement de l’agriculture, la tendance allait dans le sens
triple : économique en termes d’augmentation des rendements, environnemental pour ce qui est
des nouvelles pratiques écologiques utilisées et social en matière de valorisation des petits
exploitants agricoles. Ainsi, cela pouvait occasionner des chevauchements et les ambiguïtés que
la qualité du principe d’exclusivité cherche à éviter. Pour y faire face, à chaque fois qu’un tel cas
L’Ecuyer (1990) fait remarquer que l’étape d’interprétation est sujette à débat. Certains trouvent
cette étape injustifiée en estimant qu’une fois la précédente étape d’analyse descriptive faite,
l’analyse de contenu est complète. Dans leur logique, « à trop vouloir interpréter on néglige
parfois de considérer vraiment l’objet même de l’analyse de contenu, c’est-à-dire les contenus
eux-mêmes » (Ibid., p.109). Par contre, d’autres soutiennent l’ajout de l’étape interprétative pour
compléter l’analyse descriptive en approfondissant « les relations entre les diverses composantes
du matériel obtenu pour en arriver à joindre finalement le sens le plus profond et caché du
phénomène analysé » (Ibid.). Selon la même conception, cette étape permet une recherche
compréhensive et explicative sur « les causes des résultats et leur signification », ce qui exige de
pousser au-delà d’une simple analyse descriptive (Ibid.). Mucchielli (2006, p.103) abonde dans
le même sens en expliquant que, lors de cette étape, l’analyse de contenu dans son approche
33
atteindre, par une analyse de second degré […], un sens implicite, non immédiatement donné à la
lecture ».
Au terme du processus de choix des unités de sens lors de l’étape précédente, nous
postulons que des unités de sens correspondantes à une catégorie d’analyse donnée représentent
en quelques sortes des indicateurs de la présence du lien relationnel entre l’économie verte et la
dimension du développement durable concernée. Rappelons aussi que ces unités de sens
constituent les données de recherche soumises à l’interprétation analytique ayant pour finalité la
validation de l’hypothèse de recherche. Ainsi, pour la suivante analyse interprétative, nous allons
développement durable, nous pouvons croire, à première vue, que le document du PNUE
promouvant l’économie verte reflète l’approche intégrée recherchée. Sur ce, le PNUE note
explicitement que l’avenir durable « ne sera possible que si les piliers environnementaux et
sociaux du développement durable sont traités sur un pied d’égalité avec le pilier économique »
(PNUE, 2011, p.iv). Cependant, derrière cette image de perspective équilibrée au sein de
l’économie verte, force est de constater une suprématie flagrante des dimensions économique et
environnementale sur la dimension sociale telle que le prouve l’analyse des unités de sens
des dimensions environnementale et sociale à la dimension économique. C’est pour cela que les
premier plan les retombées économiques pour prouver de leur pertinence. Toute stratégie verte
doit donc garantir la croissance économique comme l’affirme, rassurant, le PNUE (Ibid., p.3) : «
Le verdissement des économies ne fait pas obstacle à la création de richesses et d’emplois » dits
« verts ». Ainsi, le verdissement des secteurs clés de l’économie doit, a priori, faire preuve
d’accroissement des gains économiques avant d’en évaluer les avantages écologiques et sociaux.
Dans cette optique, l’agriculture verte a le potentiel d’accroître la productivité jusqu’à des
hausses de rendements pouvant atteindre 79%, selon certaines études (Ibid., p.10). De même, le
(Ibid., p.10-23). De plus, l’économie verte, selon le PNUE, met un accent particulier sur les
énergétique et d’utilisation des facteurs de production d’origine naturelle (PNUE, 2011, p.15 et
p.22).
capital naturel dans cette nouvelle forme d’économie. Pour le PNUE (2011, p.6), le verdissement
consiste à corriger la mesure du PIB traditionnel qui ignore le capital naturel (Ibid., p.5).
Plusieurs autres stratégies sont proposées par le PNUE dans le but de réduire l’empreinte
du PIB entre 2011 et 2050 ». Ensuite, nous avons le verdissement de l’agriculture par l’adoption
des pratiques écologiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre afin d’atténuer les
changements climatiques par la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles
transport (Ibid.), le recours aux instruments de marché en l’occurrence la taxation pour limiter la
l’environnement (Ibid.).
partisans de cette approche, la taxe présente l’avantage d’influer directement sur les signaux
donnés par les prix. Son objectif est de modifier ces signaux en internalisant les externalités,
facteurs de production, en particulier le capital naturel pour inciter des actions limitatives des
dommages environnementaux (de Perthuis, 2010). Ainsi, pour stimuler cette incitation, la taxe
permet de donner un prix aux émissions, ce qui encourage le pollueur à les limiter « jusqu’au
point où le coût marginal de la dépollution égalise le prix de la taxe » (Ibid., p.50). Pour assurer
l’efficacité de la taxe, elle doit s’appliquer directement sur les activités polluantes comme les
naturelles. Cela est appuyé par l’OCDE (2011, p.43) qui note que « l’efficience économique
exige que la fiscalité cible l’externalité, ce qui implique que la priorité devrait être accordée à la
taxation directe des émissions polluantes ». C’est le principe du pollueur-payeur inspiré par
l’économiste britannique Arthur Pigou et des écotaxes qui ont d’ailleurs pris pour qualificatif son
nom, « les taxes pigouviennes » (Rebillard, 2008). Selon une étude de l’OCDE en 2010, une taxe
bien réfléchie est susceptible de produire de bons résultats, comme ce fut le cas avec la taxe
suédoise sur les émissions de NOx qui a incité les entreprises à adopter des stratégies
succès de cette taxe est confirmé par Wendling (2008, p.150) qui réalise que la condition de
succès est la fixation d’une taxe environnementale égale « au coût marginal des dommages
Néanmoins, d’autres arguments sont avancés pour nuancer les effets de la taxe
mondiale, ce qui n’est pas facile à réaliser (Blaise, 2011). En effet, la fixation de taxes
homogènes est susceptible d’apaiser les craintes de perte de compétitivité entre les pays et de
favoriser une convergence des efforts internationaux visant le contrôle des émissions polluantes.
climatique, une convergence vers un prix minimum des émissions de gaz à effet de serre dans
tous les pays du monde constituerait un résultat idéal qui permettrait de faire face aux
pollution dans un monde économiquement libéralisé risque de connaitre les «fuites de carbone» à
la suite de la délocalisation (Aghion, 2009). L’efficacité exige aussi que tous les pays aient des
37
systèmes institutionnels de fiscalité efficients et cela n’est pas non plus le cas aujourd’hui. Il
s’avère aussi important de souligner que la taxe environnementale peut avoir un impact négatif
social dans la mesure où elle risque de provoquer la modification des prix à la hausse, affecter le
pouvoir d’achat des populations et par conséquent poser un problème social (Jurgensen, 2009).
De façon générale, les instruments de marché sont insuffisants comme stratégie d’incitation aux
principal outil des politiques environnementales nationales (Ibid.). Comme l’explique l’OCDE
(2011, p.50), « les initiatives réglementaires permettent à la fois d’encourager la croissance verte
et d’améliorer les dispositifs en place. Elles viennent aussi compléter et soutenir les instruments
de marché ». Elle peut contribuer à promouvoir une économie verte en fixant les normes de
référence pour exercer les activités économiques afin d’observer la dimension verte de la
croissance.
Cependant, il faut remarquer que le cadre réglementaire exerce une influence qui peut
être aussi positive que négative sur la croissance verte. Dans la logique du recours à la
lorsque la réglementation impose rigidement des pratiques aux agents économiques, cela risque
d’entraver les incitations à l’innovation. Ainsi, « le cadre réglementaire doit aussi favoriser les
initiatives spontanées du secteur privé » sans ignorer cependant que l’imposition de certaines
normes, notamment technologiques, peut se révéler pertinente dans certains cas pour encourager
le verdissement. Un bon dosage de la norme est indispensable car, l’absence du caractère incitatif
dans la norme n’amène les agents économiques qu’à se limiter aux prescriptions, sans efforts
38
supplémentaires (Ibid.). Par ailleurs, cette réglementation doit s’inscrire dans un cadre politique
reconnaissance formelle des effets sociaux désastreux du modèle de l’« économie brune », il n’y
a pas de stratégies concrètes proposées pour réaliser l’inclusion sociale, bien que le PNUE
affirme que l’économie verte « se caractérise par l’inclusion sociale » (Ibid., p.2). En général, les
unités de sens reliées aux aspects sociaux montrent que la dimension sociale s’inscrit dans les
impacts indirects ou induits de l’économie verte. Pour preuve, les énergies renouvelables qui
constituent une composante importante de la stratégie verte sont prioritairement privilégiées pour
la cause environnementale et un nouveau marché économique avant les bénéfices sociaux qui
peuvent en découler. Dans le même ordre d’idées, les infrastructures vertes préconisées par
l’économie verte sont avant tout conçues dans une perspective économico-environnementale
pour laquelle on espère tirer les avantages sociaux en tant externalités positives (Ibid., p.11).
L’on peut aussi relever quelques incohérences ou contradictions dans les unités de sens qui
pour ses gains de productivité (Ibid., p.10) pour lesquels le gaspillage peut-être aussi réduit de
50% en vue d’assurer la sécurité alimentaire (Ibid., p.20). De l’autre côté, le PNUE remarque que
la nourriture aux populations affamées » (Ibid., p.8). De même avec la création des emplois
verts, ceux-ci sont listés dans les bénéfices sociaux sous prétexte des conditions décentes qu’ils
peuvent offrir. Or, aucun mécanisme pratique n’est suggéré en la matière. Qu’un emploi soit
39
qualifié de vert ne garantit en rien ni le salaire juste ni les conditions de travail favorables sans
mondialisé caractérisé par une forte pression de compétitivité des entreprises, la logique de
rationalisation des coûts de production en tant qu’avantage concurrentiel amène les employeurs à
adopter des comportements qui vont à l’encontre des intérêts sociaux tant de leurs employés que
diminution des conditions de travail et d’une plus grande précarisation du travail » (Guay, 2011,
p.145). Il faut rajouter à cela, la tendance généralisée des entreprises de vouloir « remplacer les
travailleurs par les machines plus productives, afin de gagner un avantage par rapport à ses
concurrents » (Tanuro, 2012, p.14). Dans la même perspective, le manque d’équité sociale
s’observe dans la répartition des gains de la chaîne des valeurs mondialisées, tel que le constate
le même auteur : « [à] l’échelle mondiale, une part croissante de la valeur ajoutée créée dans les
entreprises a été accaparée par les actionnaires [et les gestionnaires] au détriment des
travailleuses et travailleurs » (Ibid.). Pour Ziegler (2011, p.269), ces pratiques dont la
Cette forme d’inégalité dans le partage de la richesse créée s’appliquerait aussi sur le
marché international des produits agricoles écologiques que l’économie verte promeut en faisant
miroiter des gains sociaux pour les petits producteurs (PNUE, 2011). En effet, rien n’est
envisagé pour corriger les rapports asymétriques qui caractérisent les échanges commerciaux
afin d’assurer un commerce équitable. L’asymétrie dans les échanges demeure car, « les prix
d’achat aux producteurs sont la plupart du temps très faibles, la plus-value de ces échanges étant
captée principalement par les intermédiaires et les distributeurs » (Rebillard, 2008, p.117). Plutôt
40
que d’insérer les marginalisés dans le processus de production de l’économie verte ou modifier
les rapports d’échanges asymétriques en vue d’une perspective d’autonomisation des perdants,
l’économie verte ne se contente que des propositions d’actions palliatives ou de soulagement des
victimes du modèle à travers l’aide pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le
conscience de l’utilité d’une approche intégrée axée sur les trois piliers pour la mise en œuvre du
développement durable, la démarche proposée pour l’application de l’économie verte est loin de
refléter cette approche intégrée. En effet, la vision de l’économie verte à travers le document du
PNUE est d’intégrer la dimension environnementale dans le processus productif pour une
poursuite de la croissance économique pérenne. Même en supposant que ces deux dimensions
soient intégrées, cela représenterait une intégration en binôme alors que le développement
À travers le document de l’OCDE, les unités de sens retracées font preuve de la présence
des trois dimensions du développement durable, mais n’ayant pas la même importance en termes
de priorité dans leur mise en œuvre. La dimension économique prime largement sur les deux
autres avec la croissance comme priorité absolue. D’ailleurs, l’OCDE préfère employer le terme
« croissance verte » à la place de l’« économie verte ». Pour elle, la croissance verte est
primordiale parce qu’elle est « susceptible d’apporter des réponses aux défis économiques et
canaux axés sur la productivité, l’innovation et les nouveaux marchés stimulés par les
41
technologies vertes (OCDE, 2011, p.9). Selon cette institution, il importe d’encourager
l’innovation de manière à pouvoir susciter « une croissance forte et équilibrée » (Ibid., p.22).
Dans un contexte de crise économique, l’OCDE exhorte les gouvernements à placer la croissance
verte « au cœur de leur stratégie économique » (Ibid., p.139). De cette perspective, la croissance
verte devient une réponse à la crise économique qui est alors de fait priorisée par rapport aux
environnementale qui servirait à atténuer aux contraintes budgétaires exacerbées par la crise
économique actuelle (Ibid., p.46). De plus, avec la croissance verte, l’accent est mis sur la
Pour la dimension environnementale, les unités de sens afférentes illustrent bien que la
question écologique se trouve aussi à l’agenda de la croissance verte. Selon l’OCDE, celle-ci
représente une stratégie indispensable permettant de s’attaquer aux enjeux environnementaux tels
l’efficience prônée par le verdissement de la croissance dans l’utilisation des ressources, les
croissance verte, à travers ses stratégies, vise aussi à inciter les entreprises et les consommateurs
à adopter des comportements respectueux de l’environnement. Parmi ces stratégies, figure celle
du recours aux instruments de marché, en l’occurrence la taxation, pour « rendre la pollution plus
coûteuse » (Ibid., p.12). Dans la même optique, il est important de mentionner que la croissance
verte plaide pour l’environnement en misant sur l’innovation comme source de nouvelles
technologies vertes qui vont permettre de réduire les émissions de GES. Elle propose enfin la
conscience environnementale de l’OCDE, force est de constater, comme chez le PNUE, que des
effet, il devient nécessaire de verdir l’économie car, « les incidences des activités économiques
sur les systèmes environnementaux engendrent des déséquilibres qui menacent la croissance
(Ibid., p.28). Dans ce cadre, la problématique d’épuisement des ressources est très préoccupante
non seulement en matière d’environnement, mais aussi en termes de défis économiques par
d’exploitation des ressources par l’économie « brune » accélère l’épuisement des ressources,
rareté des ressources car, il ne resterait, au niveau mondial, que des réserves de cuivre pour 40
ans, 28 ans de plomb, 17 ans d’étain, 220 ans pour l’aluminium et 440 ans pour le fer. En termes
de besoins énergétiques, 45% à 70% de pétrole seraient déjà consommés et la quantité de gaz
important d’y apporter un regard analytique et critique pour en souligner les paradoxes et les
limites.
réaliser une croissance verte, et par conséquent mettre en œuvre le développement durable, paraît
verdissement de l’économie s’explique par ses moyens non seulement financiers, mais aussi et
concurrentiel, toute entreprise est censée s’investir en recherche et développement pour acquérir
stratégie de « 3R » : Recycler, Réutiliser et Réduire dans leur nouveau « business model » pour
une économie durable. Cette approche s’inscrit dans un modèle d’« économie circulaire » à
promouvoir pour ses performances environnementales (Jurgensen, 2009). Avec ce modèle, les
opérateurs privés doivent rompre avec le schéma classique du cycle de vie des biens industriels
afin de minimiser le gaspillage des ressources en remettant dans le circuit productif les biens
usagés (Rebillard, 2008). Ils peuvent aussi explorer l’idée de « matérialisation des biens et des
services », argumentée par Suren (2004), pour sa pertinence en termes des avantages non
seulement économiques, mais aussi écologiques. Ce concept veut que l’on obtienne « plus de
services et de biens à partir d’une quantité de matière identique, voire moindre » (Ibid., p.110). Il
p.15) rappelle que la croissance ne doit pas être confondue obligatoirement avec une quantité
plus grande de biens, mais peut signifier aussi « plus de valeur ajoutée pour chaque bien
produit ». C’est donc grâce à l’innovation que les privés peuvent contribuer à la protection de
Cependant, bien que le secteur privé soit un acteur important vue son pouvoir
économique et technologique ainsi que son rôle dans le système productif très déterminant dans
le cadre des émissions, il apparaît illusoire d’attendre un apport considérable de la part des
44
acteurs privés. Les raisons en sont multiples. D’abord, il y a le caractère hétérogène du milieu
des affaires qui ne peut leur permettre de développer une vision commune pro-environnementale.
Les acteurs économiques non seulement ne peuvent partager une même idéologie, mais
également leurs intérêts sont divergents, ce qui les amène à l’adoption de stratégies concurrentes
(Chartier et Foyer, 2012). Ces auteurs rendent compte que les différences idéologiques chez les
entreprises ont été observées même à Rio+20 où la Chambre internationale de commerce semble
camper sur « une ligne idéologique ultralibérale classique », pendant que « le WBCSD (World
Ambec et Lanoie (2009) rassurent que l’économique et l’écologique peuvent converger pour la
durabilité, l’on ne peut nier que la recherche de profits économiques maximums chez les
entreprises peut constituer une entrave majeure aux efforts communs environnementaux.
transfert technologique. Étant donné que les acquis de l’innovation sont soumis aux règles
relatives aux principes de la propriété intellectuelle, le transfert des nouvelles technologies vertes
devient sujet de marchandisation puisque les entreprises innovantes cherchent à en accumuler les
profits, ce qui en entrave la diffusion. Pour les énergies vertes, Sterner (2011) signale le paradoxe
entre la croissance infinie poursuivie par l’économie verte et la substitution des énergies fossiles
en déplorant que la poursuite de la croissance sans fin implique des besoins énergétiques accrus
dont le charbon demeure la ressource bon marché. Concernant le recours aux biocarburants, il
apparaît aussi contradictoire de prétendre résoudre la crise environnementale par notamment les
agro-carburants avec le risque d’aggraver la crise alimentaire. Sur ce, l’industrie de l’éthanol est
mise en cause pour son potentiel dévastateur en matière de pauvreté et d’insécurité alimentaire
45
dans le monde. Selon Nora (2009, p.232) « Remplir le réservoir d’un SUV de 95 litres d’éthanol
pur requiert plus de 204 kilos de maïs – soit assez de calories pour nourrir une personne pendant
verdissement de l’économie semblent assurer une garantie douteuse. À cet égard, les enjeux de
l’économie verte fait douter de sa faisabilité. Les besoins de financement estimés par le PNUE
par an sur la période allant de 2010 à 2050 (PNUE, 2011). Il est difficile d’espérer que les
supporter ce coût, particulièrement dans le contexte actuel de crise économique marqué par une
crise de la dette publique qui menace de nombreux pays dits développés et qui sont aussi les
principaux bailleurs de fonds de ces mesures. Évidemment, cette menace se répercute sur les
pays pauvres du Sud qui ne peuvent que compter sur ces derniers pour financer le « fonds vert »
initié lors de la conférence de Cancún, au mois de décembre 2010, pour épauler les pays en voie
de développement dans la perspective verte. Ce fonds a pour objectif de mobiliser 100 milliards
de dollars chaque année jusqu’en 2020 (PNUE, 2011). Quant au détournement de l’APD pour
assurer la durabilité environnementale tel que suggéré par l’OCDE, il aurait pour sévère
que les engagements financier pris par les bailleurs de fonds sont rarement honorés, à l’instar de
l’objectif du 0,7% du RNB consacré à l’APD qui n’a jamais été atteint après avoir été adopté par
46
les Nations Unies il y a quatre décennies. Par ailleurs, à la proposition de l’OCDE de réorienter
les subventions publiques vers la durabilité environnementale, aussi suggérée par le PNUE, elles
sont d’une grande utilité comparativement aux « effets d’aubaine et l’aléa moral » qu’elles
peuvent engendrer (Blaise, 2011, p.107). Pour éviter tout inconvénient, les subventions étatiques
et pour faciliter l’accès aux produits verts souvent chers à la consommation du grand public. À
défaut des investissements publics, le verdissement de l’économie aurait besoin de recourir aux «
fonds de capital-risque » appliquant le même taux de rentabilité financière que pour l’économie
classique, ce qui rendrait chers les emprunts de verdissement et par conséquent découragerait la
mise en œuvre des projets verts. De même, le financement des institutions financières suit la
Concernant la dimension sociale, bien que le degré d’importance accordé aux enjeux
l’OCDE se montre tout de même attentif à ce sujet. La dimension sociale est prise en compte
d’élaboration des politiques de la croissance verte. Cette implication des pauvres aurait pour but
d’atténuer les effets sociaux pervers de la croissance verte et de rendre celle-ci plus équitable
(Ibid., p.12). Dans cette perspective, « les stratégies doivent être appliquées parallèlement à des
initiatives centrées sur le pilier social plus général du développement durable » (Ibid.). Ainsi,
pour assurer l’équité sociale de la croissance verte, « [i]l y a lieu de mettre en place des
programmes bien ciblés pour compenser les effets préjudiciables subis par les ménages pauvres,
» (p.95). L’on peut aussi apprécier que la taxe environnementale proposée pour inciter à la bonne
47
gestion des ressources naturelles prenne en considération les répercussions sévères à l’égard des
l’impôt sur le revenu, crédits d’impôt ou relèvement des prestations sociales » (Ibid., p.112).
être ambigües ou contradictoires. Par exemple, la suggestion de « [v]eiller à ce que tous les pays
puissent tirer profit de la croissance verte » (Ibid., p.95) paraît ambigüe en l’absence des
s’observe également lorsque l’OCDE note que « [l]a prise en compte des effets redistributifs du
verdissement de la croissance sera déterminante pour le faire accepter par la population » (Ibid.,
p.14). Cela donne lieu à une interprétation selon laquelle la considération de la dimension sociale
ne représente pas un objectif en tant que tel à atteindre, mais plutôt un moyen utilisé dans le but
d’assoir une dimension économique verdie dans un climat social paisible. Cette subordination de
la dimension sociale se confirme par l’abstraction des aspects sociaux parmi les quatre groupes
d’indicateurs interdépendants de la croissance verte établis par l’OCDE (2011, p.131), à savoir :
des indicateurs du stock d’actifs naturels ; des indicateurs de suivi de la qualité environnementale
de la vie et des indicateurs décrivant les réponses apportées et les opportunités économiques ».
La négligence de la dimension sociale par l’OCDE se lit aussi de façon flagrante dans sa
« Pour l’OCDE, la croissance verte repose sur une approche concrète et souple
permettant d’accélérer les progrès dans les dimensions économiques et
environnementales du développement durable tout en tenant pleinement compte
des conséquences sociales du verdissement de la dynamique de croissance des
économies. L’objet des stratégies de croissance verte est de veiller à ce que les
actifs naturels donnent leur plein potentiel économique sur une base durable »
(OCDE-Rio+20, 2012, p.1).
48
À l’issue de cette analyse, le document de l’OCDE est loin de refléter l’approche intégrée
dimension économique.
Les données recueillies dans la déclaration finale de Rio+20, « l’avenir que nous
voulons », illustrent bien que finalement celle-ci ne représente aucunement un plan de mise en
œuvre de l’économie verte pour atteindre le développement durable. Plutôt que de passer en
revue des actions concrètes devant être menées pour construire l’économie verte dans une
des principes de Rio et les plans d’actions passés ; le processus évolutif du développement
durable ; les acteurs concernés et le cadre institutionnel du développement durable. Il est aussi à
déplorer que la déclaration ne réserve qu’une partie minimale au sujet de l’économie verte, alors
que celle-ci était l’un des thèmes clés de la conférence. En effet, sur 60 pages de la déclaration
finale, seulement quatre pages et demi, de la page 11 à la page 15, ont été consacrées à
travers cette partie, les unités de sens repérées montrent que les éléments reliés à la dimension
progrès technologique (Ibid., p.12). Enfin, l’économie verte se montre soucieuse de la précarité
des groupes vulnérables et de l’égalité des sexes pour lesquelles les politiques sociales ciblées
deviennent impératives « pour compenser les effets préjudiciables subis par les ménages
49
pauvres » en vue d’assurer l’équité de la reforme (Ibid., p.95). Néanmoins, au regard de ces
prétentions sociales, nous nous rendons compte qu’elles restent irréalisables tant que les voies et
moyens de les mettre en œuvre font défaut. Lorsque la déclaration exhorte le partage « d’une
contraires au statu quo pour y arriver, on se demande quelle est la nouveauté en matière d’équité
de la part de l’économie verte. Donc, il n’est pas convainquant de suggérer l’équité sociale sans
évoquer de nouveaux mécanismes qui peuvent la concrétiser. Pour résumer le bilan de la grande
conférence, Chartier et Foyer (2012, p.118) notent que « rien de concret et d’ambitieux ne
en parle très sommairement en affirmant, d’une part, le potentiel économique que représente
l’économie verte pour une croissance soutenue et une contribution à l’élimination de la pauvreté,
et, d’autre part, l’impact écologique de l’économie verte pour la gestion rationnelle des
pas avoir mis en exergue la dimension économique n’empêche pas de souligner son poids
prépondérant : « Nous savons que la croissance économique durable et équitable pour tous dans
2012, p.24). Une remarque similaire sur la prépondérance de la dimension économique est faite
par Chartier et Foyer (2012, p.118) qui voient en Rio+20, « un retour de la realpolitik,
d’un ‘‘réalisme’’ diplomatique et politique basé essentiellement sur les rapports de forces entre
nations, sur les intérêts à court terme et sur des considérations économiques bien plus que
morales ».
50
affronter les défis environnementaux (Ibid., p.12). Dans la logique, cela est pertinemment la
meilleure option car, pour une problématique d’une ampleur planétaire, il faut une réponse de
portée globale qui inclut tous les acteurs à tous les échelons. Or, il semble illusoire d’espérer que
cela ait un impact écologique à la hauteur des enjeux, étant donné la crise actuelle du
environnemental » dure depuis des décennies malgré de multiples « grandes messes » organisées
pour les négociations internationales, cela à cause principalement des « facteurs liés […] à une
situation géoéconomique plus générale » (Chartier et Foyer, 2012, p.119-120). Étant donné que
les conditions initiales des pays sur le plan économique diffèrent, alors que les négociations
internationales sur la stabilisation du climat impliquent les mesures de limitation des émissions
qui affecteraient différemment les économies nationales, il devient difficile d’arriver à un accord
consensuel qui soit à la hauteur des enjeux environnementaux. Comme le témoigne Le Cacheux
s’accordent ni sur les instruments de la politique climatique ni sur les stratégies de négociation ».
Les pays en développement voient dans les plafonds d’émissions de GES une entrave potentielle
à leur rattrapage économique (Sterner, 2011). Pour eux, les pays développés devraient
compenser pour « les préjudices qu’ils ont causés ces dernières décennies au climat mondial »
avec leurs anciennes émissions (Ibid., p.117). Cette responsabilité des pays industrialisés dans
l’impasse climatique actuelle fut amplifiée par le mouvement pour la justice climatique qui s’est
rassemblé à Cochabamba en Bolivie, dans le cadre de la Conférence mondiale des peuples contre
Copenhague, pour qui, « le Nord doit reconnaître sa dette climatique/écologique à l’égard des
pays du Sud et mettre en place un système de réparations pour la régler » (Müller, 2010, p.79).
Selon la même source, il faudrait que les gouvernements du Nord remboursent cette dette qui
équivaudrait à 6% de leur PIB annuel (Ibid.). « Par contre, les pays développés reprochent aux
pays émergents d’être actuellement grands pollueurs et en font un prétexte pour ne pas agir. Leur
réticence s’illustre par le fait que les États-Unis n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto alors que
le Canada s’en est récemment retiré. Par ailleurs, il est clair que les pays de l’OPEP, dans une
perspective de rationalité nationale, soient réticents lors des négociations afin de maintenir leur
base économique axée sur l’exploitation des énergies fossiles malgré leurs grandes émissions des
gaz à effet de serre. Sur ce, Combes (2010) déplore que dans la recherche de substitution aux
de prendre en compte l’influence décisive des acteurs privés qui profitent du statu quo,
élaborant les politiques d’économie verte en fonction de « ses ressources naturelles […], de ses
décisionnelle dont il dispose en ce qui concerne les trois dimensions du développement durable »
sociale dans la déclaration finale, nous pouvons de fait penser à une influence de la pression de
l’action mobilisatrice des mouvements sociaux qui avaient organisés une conférence parallèle, le
52
vie et pour la défense des biens communs, qui s’est déroulé à Rio du 15 au 23 juin 2012. Cela est
confirmé par Chartier et Foyer (2012, p.129) qui expliquent le rôle joué par « les syndicats,
notamment à travers la Confédération syndicale internationale (CSI), qui ont réussi à pousser
leurs principales revendications dans le texte ». Ce succès relatif s’explique par « un long travail
de suivi des négociations autour du texte et une culture politique du consensus largement
éprouvée » (Ibid.). Tout compte fait, cela n’a qu’un effet d’apaisement de la revendication
sociale de la société civile puisque aucun engagement palpable n’a été réellement pris. Bref,
Rio+20 n’a pas marqué une nouvelle ère du développement durable comme on s’y attendait et
Chartier et Foyer l’expriment ainsi : « Pas de transitions, pas de limites, pas de changements de
modes de vie, on l’aura compris, la conception de l’économie verte que porte le texte tend à un
développement dans un marché mondial dérégulé » (Ibid., p124). Malgré tout, comme l’a
recommandé le sommet des peuples de Cochabamba sur le climat et les droits de la Terre-mère,
la mobilisation populaire est un outil indispensable pour pousser les acteurs politiques à prendre
les décisions qui s’imposent (Houtart, 2010). Toutefois, malgré toutes ces controverses qui
traversent la déclaration de Rio+20, elle réitère que la réalisation de l’économie verte est « un
des moyens précieux dont nous disposons pour parvenir au développement durable » (Nations
Unies, 2012, p.11). Et son approche marque la nécessité de l’intégration des trois dimensions du
développement durable :
documentaire, il est maintenant question de comparer les résultats issus de cette précédente
de rappel, notre hypothèse présume que l’économie verte nous permettrait de cheminer vers la
mise en œuvre du développement durable, et pour ce faire doit refléter une approche intégrée des
trois dimensions du développement durable. C’est cette intégration, traduite par la simultanéité
de mise en œuvre de ces dimensions, qui fait l’objet d’indicateur de mesure de l’hypothèse, à
travers chacun des trois documents de promotion de l’économie verte ciblés lors de la
À cet effet, il ressort de notre analyse empirique qu’aucun document de notre échantillon
ne reflète une approche intégrée des trois dimensions du développement durable. Comme l’ont
démontré les unités de sens au premier degré lors de l’analyse descriptive et l’a aussi révélé, au
second degré, l’analyse interprétative, la supériorité de la dimension économique sur les deux
particulièrement dans les documents du PNUE et de l’OCDE, mais se justifie davantage par
Or, le maintien de l’intégrité écologique veut que la préservation de l’environnement ait la même
priorité que l’efficience économique pour ses avantages éco-systémiques et les limites même de
la capacité de la nature. De là, on se rend compte que le « principe de précaution » poursuivi par
le développement durable n’est pas respecté. Enfin, c’est particulièrement la dimension sociale
54
qui est le parent pauvre de l’intégration des trois piliers par l’économie verte dans sa tentative de
afficher une considération significative pour l’équité sociale, l’analyse approfondie démontre
qu’il s’agit d’un discours « politiquement correct », vide de mesures concrètes, qui vise à plaire
durable, ne trouve pas sa place dans le modèle d’économie verte et la satisfaction des besoins
À l’image de cette inégalité des piliers du développement durable, nous considérons que
l’économie verte est dotée d’une approche sectorielle ou étapiste qui ne peut cheminer vers le
développement durable puisque celui-ci prône une approche intégrée permettant la réalisation
Dans les faits, l’économie verte n’incarne pas la stratégie de mise en œuvre du développement
durable, mais plutôt, elle s’avère une stratégie de continuité et de renforcement du capitalisme en
particulier en cette période de crise économique (Tanuro, 2012). Cette analyse est partagée par
Chartier et Foyer (2012), qui, suite à la conférence de Rio+20, constatent un risque de recul de la
croissance économique reste l’horizon indépassable, pour les États comme pour
les entreprises » (Ibid., p.125.).
La suprématie économique est également confirmée par Gleizes (2012, p.104) qui
déplore que « l’économie verte se limite à concilier emploi et croissance », d’où le dépérissement
l’avenir des générations futures ». Telle qu’elle est analysée à travers cette étude, l’économie
l’environnement pour le bien-être social de tous à l’image du développement durable, mais elle
p.14). Elle tente l’intégration de l’impératif environnemental dans le modèle capitaliste sans
surexploitation des ressources naturelles. Pourtant, ce n’est que leur remise en question qui peut
conduire à un réel dépassement de l’économie « brune » fondé sur une parfaite intégration des
trois dimensions du développement durable. Or, comme l’ont montré les résultats de recherche,
la dimension économique est privilégiée par l’économie verte, tandis que l’impératif
environnemental est avant tout pensé pour pérenniser l’économie, et que l’impératif social ne fait
que bonne figure malgré le risque d’« approfondissement des inégalités qui existent déjà dans les
échanges entre Nord et Sud » (Salleh, 2012, p.87). Dans cette perspective, l’économie verte
s’apparente à l’approche théorique de durabilité faible. Cela est d’autant plus vrai qu’elle
demeure guidée par la vision néolibérale dans sa logique marchande et de croissance sans fin, et
sous l’emprise de la régulation du marché, puisque l’approche de durabilité forte « privilégie les
contrôles directs qui sont le résultat d’une approche normative et juridique de la politique de
4. Conclusion et recommandations
environnementale et sociale, fut porteur d’un optimisme immense pour les partisans du
développement. Toutefois, après plus de deux décennies, cette vision limitative et simpliste du
toujours à la recherche d’une approche stratégique pouvant réellement permettre sa mise œuvre.
Récemment, un nouveau concept d’économie verte a émergé pour définir une stratégie
nouvelle stratégie d’économie verte qui a incité à la présente recherche dont l’objet est de
vérifier l’hypothèse selon laquelle l’économie verte peut nous faire cheminer vers le
développement durable. L’étude s’est basée sur un échantillon de trois principaux documents
équilibrage des piliers du développement durable bien que les trois documents reconnaissent la
nécessité de leur parité. L’économie verte s’avère une nécessité et un pas positif pour relancer
l’économie en tenant en compte de l’environnement, néanmoins, elle est loin d’une solution
finale ni pour l’environnement ni pour assurer une économie socialement équitable comme le
dimension économique par rapport aux autres dimensions. Néanmoins, l’économie verte est
marquée par une conscience environnementale non négligeable, mais demeure motivée dans une
57
certaine mesure par le souci de la pérennité économique. Cette constatation est similaire à celle
de Perret (2010, p.52), selon laquelle « il n’existe pour l’instant aucun scénario crédible,
socialement juste et écologiquement soutenable […], les assertions simplistes selon lesquelles la
propension du capitalisme à l’efficacité peut permettre de stabiliser le climat et nous protéger des
pénuries sont lourdes de désillusions ». Ainsi, l’économie verte est loin de refléter un modèle à la
hauteur des enjeux sociaux et environnementaux pour lesquels une transformation profonde des
Or, ce changement radical ne peut émaner de cette économie verte qui demeure ancrée dans la
l’ont démontré les résultats de recherche, l’économie verte privilégie une approche sectorielle
l’hypothèse qui espérait que l’économie verte puisse cheminer vers le développement durable.
climatique plus ambitieux et de plus long terme que les scénarios actuels, dont le protocole de
Kyoto. À cet effet, la réduction des émissions de GES devrait atteindre un niveau se situant de
25% à 40% d’ici l’an 2020 afin de s’assurer de limiter la hausse de la température moyenne à
moins de 2°C supportable pour la vie sur terre. Les stratégies d’atténuation nécessaires font appel
Dans ce cadre, les stratégies innovatrices doivent miser sur le secteur énergétique du fait que «
énergétique ainsi que des procédés industriels » (GIEC, 2007, p.22). Peu importe le coût, la
substitution de l’énergie fossile par l’énergie renouvelable est impérative, cependant, en prenant
soin de limiter les contradictions sociales qui peuvent en résulter notamment les problèmes
planification climatique cohérente, une rigoureuse régulation publique s’impose, tant à l’échelle
développement durable, pour la hisser à la parité, différents auteurs tracent certaines pistes à
Lacarrière soutient l’avis des tenants de l’anti-productivisme et des courants écologistes pour
engendre par nature des inégalités et que les conditions d’un monde solidaire, où l’accès aux
ressources serait équitable, passe par une émancipation par rapport aux besoins marchands et aux
techniques industrielles pour en revenir aux fondamentaux des besoins de subsistance et à une
relocalisation des activités économiques » (Lacarrière, 2011, p.184). En effet, selon l’auteure, le
qui aveugle les gens avec des préoccupations matérielles et débouche sur une perception faussée
59
du bonheur. Dans cette perspective, la lutte pour le pouvoir d’achat représente une « dérive
consumériste ». Il est plutôt préférable de lutter pour « le pouvoir de vivre » qui implique le
changement radical des modes de vie et de pensée, ce dont l’économie verte n’est pas porteuse
consommation qui se traduit par une situation inégalitaire entre le Nord et le Sud, à l’intérieur
des nations et à l’égard des générations futures. Enfin, seule une transformation profonde peut
tendre vers une société plus égalitaire, et un changement qui serait aussi l’occasion de retisser le
précisent Mathieu et Sterdyniak (2008), les questions sociales restent, pour l’essentiel, du
pour que l’économie puisse assurer l’inclusion sociale. L’analyse comparative de quatre modèles
par ces auteurs démontre l’efficacité du modèle scandinave en termes de préoccupations sociales
grâce à l’intervention de l’État. Inspiré par la social-démocratie, le modèle scandinave offre une
protection sociale uniforme et de niveau élevé à tous les citoyens. Dans ce modèle, l’inclusion
sociale est une norme accompagnée par une politique active de réinsertion par l’emploi. Le
niveau de fiscalité y est très élevé et l’État assure une redistribution par les prestations publiques
de protection sociale de bonne qualité dont la part des dépenses publiques s’élève à 33% dans les
pays comme la Suède, Danemark et la Finlande. Ce modèle réduit nettement les inégalités de
revenus, mais il peut être confronté à l’affaiblissement des incitations individuelles au travail
(Ibid.). L’importance de la régulation par l’État plutôt que par le marché est réitérée par Clerc
(2010, p.36) qui propose un modèle à capitalisme régulé « où les actionnaires et les détenteurs du
60
capital ne seront plus les acteurs principaux, ceux qui organisent le système en fonction de leurs
seuls intérêts ». Selon l’auteur, cette régulation permettrait d’atténuer les externalités négatives
du système actuel afin de construire le lien social et limiter la course à l’accumulation (Ibid.,
p.38). Pour Maréchal et Quenaut (2005), l’interventionnisme de type keynésien permet le « ré-
des règles sociales et des cadres institutionnels contenant l’économie et déstructurant les
Cette régulation publique fut aussi appuyée par le sommet de Cochabamba de 2010 qui proposa
de l’élargir à l’échelle internationale en créant un tribunal international pour sanctionner les États
qui ne respecteraient pas les règles strictes qu’il faut fixer pour promouvoir les impératifs social
une plus grande équité sociale (Crétiéneau, 2009). C’est une approche de développement au
service de l’Homme comme l’a noté Perroux, semblable au développement humain au sens de
Sen, par et pour la liberté des hommes, ou similaire du développement endogène prôné par les
(Ibid.). Il préconise une « économie enchâssée dans le social » et dans un espace de solidarité,
plutôt que d’échanges économiques au sens marchand (Ibid., p.172). Cette forme d’économie est
réciprocitaire désignant le lien social volontaire entre citoyens libres et égaux, [et] une face
redistributive désignant les normes et les prestations établies par l’État pour renforcer la cohésion
sociale et corriger les inégalités » (Maréchal et Quenaut, 2005, p.324). Il en découle une grande
61
intensité du capital social au service d’un intérêt mutuel ou collectif à travers les organisations
sociales coopératives (Ibid., p.345). Cette forme d’organisation de la production localisée doit
être accompagnée par un système de commerce équitable dans les échanges régionaux et
internationaux. L’approche de commerce équitable réduit les inégalités dans les rapports
commerciaux puisque « [l]es prix ne sont plus fixés par un rapport de force, mais par un système
solidaire qui, en quelques sortes, renferme les mêmes normes sociales que ces derniers modèles.
Il a une ambition noble de créer une nouvelle forme d’économie fondée sur des manières
valorisant la « valeur ajoutée sociale » au même titre que la valeur ajoutée économique (Perrot,
2006). Contrairement à l’économie classique et à l’économie verte, l’accent particulier est mis
sur l’intégration des exclus au sein du marché de l’emploi et sur le comblement des lacunes
production et d’échange à travers les coopératives ou les associations favorise, outre les
interactions économiques, le tissage des liens sociaux axés sur la solidarité, la réciprocité,
pose est l’avenir de celui-ci. Y aurait-il possibilité d’améliorer l’économie verte en lui
reflète l’approche intégrée recherchée par le développement durable? Ou bien, faudrait-il tenter
62
développement durable, y aurait-il lieu d’explorer le modèle d’économie plurielle promu par
changement de la part de l’économie classique, « [i]l serait urgent d’imaginer une pluri-
non marchandes – puissent coexister de façon durable, chacune acceptant les limites
réglementaires rendant possible cette coexistence » (Ibid., p.74). Pour quiconque qui se trouve
interpelé par la question du développement durable, de tels scénarios méritent de faire l’objet
d’une analyse ultérieure à la recherche d’une stratégie plus adéquate reflétant une durabilité
forte.
63
Bibliographie
AGHION, Philippe et al. (2009), « Quelles politiques pour encourager l'innovation verte ? »,
Regards croisés sur l'économie, 2009/2 n° 6, p. 165-174.
AMSPERGER, Christian (2011). « Dépasser le capitalisme, mais par étapes », Projet, 2011/5 n°
324 - 325, p. 73-81.
BADIE, Bertrand et SMOUTS, Marie-Claude (1999). « L’émergence des biens communs », dans
Le retournement du monde. Sociologie de la scène internationale, Paris, Presses de la
FNSP, p.205-225.
BRABEC, Maximilien (2010). Business Model Vert: L’économie durable comme stratégie
gagnante, Dunod, Paris, 243p.
64
CASELLA, Henri et al. (2010). Cancun : L’an un de l’après Copenhague, Les Cahiers de la
Chaire Économie du Climat, No8, 25p.
COMBES, Maxime (2010). « Réflexions sur le « capitalisme vert » », Mouvements 3/2010 (n°
63), p. 99-110.
EJIGU, Mersie (2011). « Cadre des indicateurs du développement durable en Afrique et liste
d’indicateurs préliminaire », Rapport établi pour la Commission économique pour
l’Afrique (CEA), 78p.
GADREY, Jean (2010). Adieu à la croissance : Bien vivre dans un monde solidaire, Les petits
matins / Alternatives Économiques, paris, 189p.
65
GIEC (2007). Bilan 2007 des changements climatiques : Rapport de synthèse, Contribution des
Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat, Sous la direction de l’Équipe de rédaction
principale, Pachauri, R.K. et Reisinger, A., Genève, 103 p.
GLEIZES, Jérôme (2012). « De 1992 à 2012, les sommets de la Terre à Rio ou l'extension de la
marchandisation du monde », Mouvements, n° 70, p. 99-106.
HAKIM, Ben Hammouda et al., (2010). « De Washington à Pittsburgh : d'un consensus subi à un
consensus nouvellement établi ? », Mondes en développement, 2010/2 n° 150, p. 69-86.
HARI, Johann (2011). « Vert pâle. Ces groupes écologistes qui marchandent notre avenir », dans
JURGENSEN, Philippe (2009). L’économie verte : Comment sauver notre planète, Odile Jacob,
Paris, 313p.
LAURENT, Éloi (2011). « Quelle crédibilité économique et écologique pour la gauche en 2012 ?
», Multitudes, 2011/3 n° 46, p. 110-121.
NATIONS UNIES (2012). Situation et perspectives de l’économie mondiale pour 2012 et 2013,
16p.
http://www.un.org/en/development/desa/policy/wesp/wesp_current/2012wesp_es_fr.pdf,
consulté le 3 février 2013.
NATIONS UNIES, (2012). « L’avenir que nous voulons », Résolution adoptée par l’Assemblée
générale, Soixante-sixième session, Rio de Janeiro, 60p.
OCDE (2009). L’OCDE en chiffres, L’Observateur de l’OCDE, Les éditions de l'OCDE, Paris,
93p.
OCDE (2011). Vers une croissance verte, Éditions OCDE, Paris, 160p,
http://dx.doi.org/10.1787/9789264111332-fr, consulté 08 février 2013.
OIT (2011). Le socle de protection sociale pour une mondialisation juste et inclusive, Rapport du
groupe consultatif présidé par Michelle Bachelet, mis en place par le BIT avec la
collaboration de l’OMS, Genève, 98p.
PAM (2009). Le rapport annuel du Programme alimentaire mondial 2009, Rome, 56p.
PERRET, Bernard (2010). « Croissance verte ou développement humain ? », Projet, 4/2010 (n°
317), p. 49-55.
PERRET, Bernard (2011) « Y a-t-il une vie après la croissance ? », Projet, 2011/5 n° 324 - 325,
p. 118-123.
PERROT, Pascal 2006. Définition et mesure de la «valeur ajoutée sociale» dans les associations,
Revue internationale de l`économie sociale, no301, pp.42-60.
PNUE (2011), « Vers une économie verte : Pour un développement durable et une éradication
de la pauvreté – Synthèse à l’intention des décideurs », 44p,
www.unep.org/greeneconomy, consulté le 02 février 2013.
RONGERE Pierrette (1975). Méthodes des sciences sociales, deuxième édition, Édition Dalloz,
Paris, 118p.
SALLEH, Ariel (2012). « Rio +20 et l'économie verte : les technocrates, les méta-industriels, le
Forum social mondial et Occupy », Mouvements, 2012/2 n° 70, p. 83-98.
SCIAMA, Yves (2010). Le changement climatique : une nouvelle ère sur la Terre, Petite
encyclopédie Larousse, Paris, 128p.
SÉNAT DU CANADA (2010). « Attention Canada! En route vers notre avenir énergétique :
Vers une stratégie canadienne de l’énergie durable »,
http://celarc.ca/cppc/224/224237.pdf, consulté le 22/01/2013.
STERNER, Thomas (2011). « Engagements volontaires et croissance verte dans l'ère d'après
Copenhague » Voluntary Pledges and Green Growth in the Post-Copenhagen Climate,
Revue d'économie du développement, 2011/4 Vol. 25, p. 115-151.
SUREN, Erkman (2004). Vers une écologie industrielle : comment mettre en pratique le
développement durable dans une société hyper-industrialisée, Éditions Charles Léopold
Mayer, Paris, 252p.
SUREN, Erkman (2004). Vers une écologie industrielle : comment mettre en pratique le
développement durable dans une société hyperindustrialisée, Éditions Charles Léopold
Mayer, Paris, 252p.
ZIEGLER, Jean (2011). Destruction massive, Géopolitique de la faim, Éditions du Seuil, Paris,
344p.