Droit Parlementaire
Droit Parlementaire
Droit Parlementaire
DROIT PARLEMENTAIRE
Par
Pr Cyrille MONEMBOU
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PLAN
Introduction : L’avènement de l’institution parlementaire
Section 2 : Le Senat
Para1 : Le bureau
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Para 2 : La durée anormale du mandat
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INTRODUCTION
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chambres : - l’Assemblée Nationale ; - le Sénat ». Il est donc évident que les
deux chambres parlementaires au Cameroun sont tour à tour l’AN (Section 1) et
le Sénat (Section 2).
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Section 2: LE SENAT
Le sénat est la seconde chambre parlementaire au Cameroun née sous
l’égide de la libéralisation de la vie politique au Cameroun. Pour justifier sa
création, plusieurs raisons ont été avancées ; d’où la nécessité d’étudier à la fois
le nombre et le mode de désignation des sénateurs (Paragraphe 1), et les
raisons ayant justifié la création du sénat (Paragraphe 2).
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Bien plus, le sénat apparait comme la chambre des CTD ; puisqu’il assure
également leur représentativité.
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1). Mais parce que tous les parlementaires ne peuvent pas siéger dans ces
organes de direction, il leur est trouvé des cadres d’action (paragraphe 2).
A- LE BUREAU
Chacune des chambres parlementaires dispose d’un bureau qui est une
instance collégiale présidée par un président mais organiquement distinct de
celui-ci. Suivant l’article 11 alinéa 1 modifié par la loi n°2014/016 du 09
septembre 2014 (article 11 de la loi n°2002/005 du 02 décembre 2002), le
bureau est clairement précisé. L’article 16 (nouveau) indique clairement que le
bureau définitif de l’AN comprend :
01 président ;
01 premier vice président ;
05 vices présidents ;
04 questeurs ;
12 secrétaires.
Il convient de préciser que le secrétaire général de l’AN est membre ex-officio
du bureau définitif. La composition du bureau doit refléter la configuration de
l’AN. Dans la même optique, il faut préciser que le bureau dispose des pouvoirs
pour organiser les services et représenter l’AN. De manière formelle, il est
constitué pour un mandat d’un an et ses membres sont rééligibles. Le bureau de
l’AN est consulté par le président de la République pour la dissolution de
l’assemblée, la nomination des trois membres par le président de la république
du conseil constitutionnel.
S’agissant du sénat, il faut indiquer que l’article 8 de la loi n°2013/006
du 10 juin 2013 portant règlement intérieur du sénat précise les membres du
bureau. Il s’agit de :
01 président ;
01 premier vice Président ;
04 vices présidents ;
03 questeurs ;
08 secrétaires.
Et comme avec l’AN, le secrétaire général siège ex-officio dans le bureau.
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Qu’il s’agisse du bureau du sénat ou de celui de l’AN, il faut préciser que
les membres ont pratiquement les mêmes missions. Alors que les secrétaires
veillent à la rédaction des procès verbaux, les questeurs sous la direction du
bureau sont chargés du contrôle des services administratifs et financiers.
De la même manière, les deux présidents de chambres exercent à
l’identique les mêmes prérogatives. Ils constituent des autorités politiques et
administratives des chambres parlementaires. Ils représentent les différentes
chambres dans tous les actes de la vie civile et ils sont des ordonnateurs du
budget de leurs institutions. Il est donc évident que tout en étant membre du
bureau, les présidents de chambres bénéficient d’une visibilité institutionnelle
bien plus forte que leurs bureaux respectifs.
Quid de la conférence des présidents ?
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A- LES GROUPES PARLEMENTAIRES
Les groupes parlementaires sont les organes politiques du parlement
regroupant les différentes députés ou sénateurs en fonction de leurs partis
politiques, ou des coalitions qui se constituent au sein de la chambre. Les
groupes parlementaires contribuent à la rationalisation du travail parlementaire.
Il s’agit de permettre aux parlementaires issus du même bord politique ou ayant
des idées proches de ce parti politique de manière indirecte, le groupe
parlementaire peut apparaitre comme un porte voie des parlementaires députés
ou sénateurs ; puisqu’il est membre de plein droit de la conférence des
présidents. L’adhésion à un groupe parlementaire n’implique pas
automatiquement l’adhésion à un parti politique que représente le groupe
parlementaire en question. L’article 20 du règlement intérieur de l’Assemblée
Nationale du 09 septembre 2014 indique que les députés peuvent s’organiser
en groupes parlementaires, mais aucun groupe parlementaire ne doit comprendre
moins de 15 députés.
Pour le cas du sénat, l’article 23 précise que le nombre de sénateurs nécessaires
pour constituer un groupe parlementaire est de 10. Le groupe parlementaire
permet par ailleurs au parti de discipliner ses membres puisqu’il est le canal
adapté pour le parti de donner des consignes de vote.
A côté des groupes parlementaires se trouvent également des commissions
parlementaires.
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La commission de la production et des échanges ;
La commission des résolutions et des pétitions.
Tout projet ou proposition de lois, après sa recevabilité par la conférence des
présidents est affecté à la commission qui traite des questions en lien avec ledit
projet.
Cette architecture organique est illustrative de l’autonomie accordée à
l’institution parlementaire.
Dans l’esprit de la séparation des pouvoirs tel que pensé par Montesquieu,
au-delà de la distinction des organes et de la spécialisation des fonctions, il est
important que tout pouvoir puisse jouir d’une indépendance dans ses rapports
avec les autres pouvoirs lui permettant de s’assumer. Telle est la finalité de
l’autonomie reconnue dans son organisation et son fonctionnement à chacune
des chambres du parlement. Il s’agit d’une part d’une autonomie juridique et
administrative (paragraphe 1) et d’autre part d’’une autonomie financière et en
ressources humaines (paragraphe 2).
A- L’AUTONOMIE JURIDIQUE
L’une des marques de l’autonomie d’une institution parlementaire est la
capacité qui lui est reconnue d’élaborer ses propres règles. Les chambres
parlementaires n’ont donc pas échappé à cette exigence d’un pouvoir
indépendant. En effet, elle dispose de la capacité d’élaborer et d’adopter leurs
propres règlements intérieurs. Les articles 17 alinéa 2 et 22 alinéa 1 disposent à
l’identique que chacune de ces chambres fixe elle-même ses règles
d’organisation et de fonctionnement sous forme de loi portant règlement
intérieur.
Toutefois, pour éviter que sous le prétexte de l’autonomie les chambres
s’octroient des pouvoirs exorbitants au-delà de ce qui est prévu par la
constitution, un contrôle de constitutionnalité obligatoire est opéré avant toute
promulgation par le Président de la République. La juridiction constitutionnelle
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vérifie ainsi le respect par la constitution du règlement intérieur de la chambre
parlementaire.
Après avoir adopté un nouveau règlement intérieur par une loi du 26
novembre 2002 finalement promulguée par le PR le 02 décembre 2002, le
président de l’AN a saisi le président de la Cour Suprême siégeant comme
conseil constitutionnel, comme l’y oblige la constitution pour un contrôle de
constitutionnalité préalable. Le juge constitutionnel transitoire a par une décision
rendue le 28 novembre 2002, une décision déclarant l’article 3 nouveau alinéas
2, 3, 4, 5, 6 et 7 et les articles 4, 5, 6, 7 et 10 contraires à la constitution. Ces
différents articles instituaient une procédure de validation de mandat par le
parlement lui-même après la proclamation des résultats par le conseil
constitutionnel. Nonobstant cette décision, le président de la république a qu’en
même promulgué ce règlement intérieur en l’Etat.
Au-delà de cette autonomie juridique existe une autonomie administrative.
B- L’AUTONOMIE ADMINISTRATIVE
L’autonomie administrative est illustrée par l’existence d’une administration
propre à chacune des chambres parlementaires. Il est clairement établi que
chaque chambre jouit d’une autonomie administrative (article 102 du
règlement intérieur de l’AN et 108 du règlement intérieur du sénat). Cette
autonomie administrative implique l’existence des services administratifs dont
l’organisation est arrêtée sur proposition du secrétaire général par le président de
la chambre après accord du bureau. En réalité, le secrétaire général de la
chambre coordonne l’administration et peut donc être assisté par des secrétaires
généraux adjoints. L’autonomie administrative est le préalable à une autonomie
financière et des ressources humaines.
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gestion des finances aussi bien de l’AN que du sénat est assurée par le
président de l’AN et le président du sénat. Ils sont tous les deux ordonnateurs
des budgets de leurs chambres et peuvent néanmoins faire de leurs secrétaires
généraux des ordonnateurs délégués. Les questeurs, organes propres de la
chambre assurent le contrôle des finances de chacune des chambres. A cet
effet, ils émettent leurs avis sur les engagements des dépenses de l’institution
sous le contrôle du bureau. Ils préparent par ailleurs le projet de budget de la
chambre et le soumettent au bureau avant son examen et son vote par la
commission des finances et du budget fonctionnant comme commission de
comptabilité budgétaire. Après le vote par La commission des finances et du
budget, le budget de la chambre est inscrit par ordre dans le budget général
de l’Etat (voir les articles 104, 105 et 106 de la loi portant règlement intérieur
de l’AN. Pour néanmoins essayer de respecter le principe de la séparation
entre l’ordonnateur et le comptable, un agent comptable est placé auprès de
chacune des chambres.
Il convient néanmoins de préciser que les chambres parlementaires, du fait de
leur autonomie ne sont soumises à aucun contrôle financier de l’extérieur.
Pour couronner cette autonomie, il faut ajouter l’autonomie en ressources
humaines.
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DEUXIEME PARTIE: LE MANDAT
PARLEMENTAIRE
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portant règlement intérieur du sénat précise les différentes fonctions
publiques ne pouvant pas être conciliées avec le mandat de sénateur. Ainsi
entendu, l’exercice du mandat de sénateur est incompatible avec les fonctions de
membre du gouvernement et assimilés, de membre du conseil constitutionnel, de
membre du conseil économique et social, de délégué du gouvernement auprès
d’une communauté urbaine ou de toute fonction publique non élective. Bien
plus, les fonctions de sénateur sont également incompatibles avec les fonctions
de président du conseil d’administration ou de salarié d’un établissement public
ou d’une entreprise du secteur public ou parapublic. C’est également dans cet
esprit que le mandat de député tel qu’indiqué par l’alinéa 2 de l’article 4 de la
loi de 2014 portant règlement intérieur de l’AN s’inscrit clairement. L’on ne
peut être député si on exerce des fonctions publiques rétribuées sur les fonds de
l’Etat. Ces incompatibilités touchent également les fonctions électives.
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Section 2: LE TEMPS DU MANDAT
Au-delà du temps clairement indiqué considéré comme la durée normale
du mandat parlementaire (Paragraphe 1), il peut survenir plusieurs incidents
impactant sur la durée du mandat (Paragraphe 2).
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Paragraphe 2: LES INCIDENTS A LA DUREE DU MANDAT
La durée normale du mandat parlementaire peut connaitre des
perturbations puisqu’elle peut être modifiée. Il peut s’agir d’une modification
provoquée (A) ou d’une modification subie (B).
A- LA MODIFICATION PROVOQUEE
La modification provoquée est liée à l’action de l’homme qui peut décider
par une loi d’agir sur le mandat. L’article 15 alinéas 4 de la constitution
camerounaise autorise le président de la république à modifier par la
prorogation la durée du mandat des députés. Cette prorogation se fera par une loi
adoptée par l’AN elle-même à la demande du PR et après consultation du
président du conseil constitutionnel et des présidents des bureaux de l’AN et du
sénat.
La modification peut aussi raccourcir la durée du mandat. Il peut tout d’abord
s’agir d’une vacance créée à la suite d’une démission du fait des incompatibilités
constatées au moment de la vérification du mandat. La vacance peut également
survenir à la suite de la nomination à une fonction incompatible.
Dans les deux situations, le suppléant accède directement à la fonction.
De manière plus spécifique, il faut évoquer l’hypothèse de l’alinéa 4 de
l’article 15 de la constitution qui accorde au PR la prérogative de dissoudre
l’AN. Il s’agit d’une fin prématurée du mandat ; les députés étant renvoyés
devant les électeurs pour une nouvelle élection. La dissolution concerne donc en
tout état de cause le député titulaire et son suppléant. Tel n’est pas le cas dans
une modification subie.
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incompatible conduit au remplacement du sénateur concerné par un décret du
Président de la République. Autrement dit, la mort d’un sénateur nommé
entraine son remplacement par le PR qui peut décider d’accorder le mandat au
suppléant ou à toute autre personne. Il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire.
Au regard de ce qui précède, il est permis de constater l’encadrement
juridique rigoureux à la fois de l’accès au mandat et de son exercice. Cela
démontre l’importance de la fonction parlementaire ; d’où la nécessité d’assurer
la protection du titulaire du mandat.
Pour exercer efficacement leur mandat, les parlementaires ont droit à une
protection. Il s’agit des immunités assurant la protection pénale (Section 1) et
des avantages assurant la protection financière (Section 2).
A- L’IRRESPONSABILITE PENALE
Elle vise à assurer une protection aux parlementaires contre des pressions qui
pourraient être exercées par le juge instrumentalisé par l’exécutif. Dans
l’exercice de ces fonctions, le parlementaire ne peut être poursuivi, recherché,
arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans
l’exercice de ses fonctions. Il y a donc lieu de noter que cette protection pénale
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ne concerne pas spécifiquement l’individu ; mais plutôt la fonction. D’ailleurs,
elle ne couvre que l’exercice de la fonction.
Il faut néanmoins relever la difficulté de séparer la vie professionnelle et la vie
personnelle du parlementaire et sa vie non parlementaire.
B- L’INVIOLABILITE DU DOMICILE
De manière indirecte, le parlementaire bénéficie également d’une protection
de son domicile ou de ses locaux de travail (cabinet parlementaire) dans le cadre
de l’exercice de ses fonctions. Ils ne peuvent pas dès lors faire l’objet de
perquisitions sans autorisation expresse. Au-delà de la protection de la fonction
parlementaire, il y a lieu d’indiquer que cette inviolabilité rentre également dans
la logique de la séparation des pouvoirs assurant une indépendance du pouvoir
législatif vis-à-vis des autres pouvoirs. Mais le principe de l’immunité n’a pas
valeur absolue puisqu’il connait des limites.
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Depuis l’indépendance, l’immunité parlementaire d’un député n’a été levée
qu’une seule fois le 14 février 2005. Le député en cause était DOH GAH
GWAYIN III député RDPC de la circonscription du Ngo-ketunjia dans la région
du nord-ouest au sujet d’une affaire de meurtre dans laquelle il aurait été
impliqué. Mais il faut indiquer que les procédures engagées même en cas de
flagrant délit peuvent toujours être interrompues par le Ministre de la Justice
pour les juridictions ordinaires, et le Ministre des Forces armées pour les
juridictions militaires.
La protection pénale est nécessairement complétée par la protection
financière.
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peut prétendre à la pension de retraite parlementaire à condition de cumuler
dix annuités de cotisation pour une pension proportionnelle ou 15 annuités pour
la pension d’ancienneté au cours d’un ou de deux mandats.
Mais les indemnités versées à tous les parlementaires sont largement en deçà
des avantages accordés aux membres du bureau.
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se substituent à l’exécutif. Mais dans le fond, il faut appréhender les micros
projets comme des techniques permettant d’améliorer la situation financière des
parlementaires.
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Par contre, la loi référendaire est l’émanation directe du peuple puisqu’elle est
adoptée à la suite d’un référendum. Elle ne connait pas de limites à son champ
d’action et ne peut faire l’objet d’aucun contrôle par le conseil constitutionnel.
Une question demeure, celle de savoir comment sont adoptées les lois
dites ordinaires ?
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simple des voies. Le texte adopté par le sénat est retourné au président de l’AN
qui le transmet sous 48h au PR pour promulgation. Si le sénat décide d’amender
le texte à la majorité simple des sénateurs, le texte amendé est retourné à l’AN
par le président du sénat pour un nouvel examen. Les amendements proposés
par le sénat sont adoptés ou rejetés par l’AN à la majorité simple des députés. Le
texte définitivement adopté par l’AN après acceptation ou rejet des
amendements du sénat est transmis au PR par le président de l’AN pour
promulgation.
Il peut arriver que le sénat rejette tout ou partie du texte adopté par l’AN. Ce
rejet doit être approuvé par le sénat à la majorité absolue des sénateurs. Dans
ce cas, le texte en cause accompagné de l’exposé des motifs du rejet est retourné
par le président du sénat à l’AN pour un nouvel examen. Le texte retourné à
l’AN peut faire l’objet de plusieurs hypothèses d’action :
L’AN adopte le texte après délibération à la majorité absolue des députés
et celui-ci est transmis au PR pour promulgation ;
En cas d’absence de majorité absolue à l’AN, le PR peut provoquer la
réunion d’une commission mixte paritaire chargée de proposer un texte
commun sur les dispositions rejetées par le sénat.
La commission mixte paritaire comprend les représentants des deux chambres.
Le texte élaboré par la commission mixte paritaire est soumis par le président de
la république pour approbation aux deux chambres. Aucun amendement n’est
recevable ; sauf accord du PR ;
Si la commission mixte paritaire ne parvient pas à l’adoption par l’une et
l’autre chambre, le PR peut :
Soit demander à l’AN de statuer définitivement ;
Soit déclaré caduque le projet ou la proposition de loi.
Une fois le texte adopté, le PR doit le promulguer dans un délai de 15 jours à
compté de sa transmission, sauf s’il demande une seconde lecture ou s’il saisit le
conseil constitutionnel. En cas de non respect de ce délai le président de l’AN
ayant constaté la carence du PR peut se substituer à lui et promulguer la loi. Le
texte promulgué est alors publié au journal officiel de la république en français
et an anglais.
En dehors de sa fonction législative, le parlement exerce une fonction de
contrôle.
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Section 2: LA FONCTION DE CONTROLE
Ce contrôle est de deux ordres : un contrôle sans sanction (Paragraphe 1)
et un contrôle sanction (Paragraphe 2).
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A- LES CONDITIONS DE VOTE D’UNE MOTION DE CENSURE
Conformément à l’alinéa 3 de l’article 34, « (3) L’Assemblée Nationale peut
mettre en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de
censure. Pour être recevable, la motion de censure doit être signée par au
moins un tiers des membres de l’Assemblée Nationale. Le vote ne peut
intervenir moins de quarante-huit (48) heures après le dépôt de la motion de
censure. La motion de censure est adoptée à la majorité des deux tiers des
membres composant l’Assemblée Nationale ». Il s’agit donc clairement d’un
instrument visant à sanctionner l’exécutif ; d’où la nécessité de cerner ses effets.
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réglementaires à caractère décisoire (Para 1) et les actes réglementaires non
décisoires (Para 2).
Para 1 : Les actes règlementaires à caractère décisoires
Les actes réglementaires décisoires en droit administratif émanent d’une
autorité administrative et modifient l’ordonnancement juridique en créant les
droits et les devoirs des administrés. Pour fonctionner normalement, les
Assemblées parlementaires édictent ainsi des arrêtés relativement à
l’organisation (A) ou au fonctionnement des chambres parlementaires (B).
A- Les arrêtés parlementaires d’organisation
Il convient d’indiquer d’entrée de jeu que les arrêtés parlementaires peuvent
êtres édictés aussi bien par le Président de la chambre ou encore le bureau. Ces
organes détiennent ainsi le pouvoir réglementaire dès lors qu’ils sont à la tête
d’une administration réelle au Parlement. Ces organes édictent ainsi les arrêtés
relatifs à l’organisation des services (1) et la réorganisation des services des
chambres parlementaires par arrêté (2).
1- L’organisation des services
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B- Les arrêtés parlementaires de fonctionnement
Pour assurer le bon fonctionnement des chambres parlementaires, les
Présidents de l’AN et du Senat édictent des arrêtés relatifs à l’administration
parlementaire (1) et à la police au sein du Parlement (2).
1- Les arrêtés relatifs à l’administration parlementaire
Relativement à l’administration parlementaire, le pouvoir réglementaire
permettant d’édicter les actes décisoires liés à l’administration parlementaire
peut être mis en exergue dans une pluralité de domaine. Il peut tout d’abord
s’agir des délégations de compétence. Tel est par exemple le cas de l’arrêté du
PAN n°067/AP/AN/92 du 24 septembre 1992 accordant délégation de
compétence financière au SG de l’AN. Il peut également se mettre en œuvre
dans la gestion du personnel de l’institution parlementaire précisément la
nomination et les affectations. L’arrêté n°2006/021/AP/AN portant nomination
du conseiller spécial du PAN s’inscrit dans cette logique. Comment ne pas
évoquer l’arrêté du SG n°2009/001/AN/SG portant nomination des chefs de
services au Secrétariat général.
Ce pouvoir réglementaire se met également en œuvre en matière
disciplinaire. Ainsi le Président de l’institution parlementaire ainsi que le SG
peuvent infliger par arrêté des sanctions disciplinaires au personnel
parlementaire. Ces actes peuvent également intervenir pour assurer la police au
sein du parlement.
2- Les arrêtés relatifs à la police au sein du Parlement
Responsable administratif de l’institution parlementaire, le PAN ou le
Senat ont l’obligation d’assurer la sécurité à la fois des membres politiques
(sénateurs et députés) et des membres de l’administration (personnel
parlementaire au sein du Parlement). Cela impose l’adoption des mesures
administratives à caractère décisoire visant à assurer la police pendant les
sessions ou assurer la sécurité des personnes ou de leurs biens dans l’institution.
Ces actes peuvent restreindre les libertés des uns et des autres, restrictions
justifiées par les impératifs de sécurité.
A côté des actes réglementaires décisoires sont édictés par les instances
parlementaires des actes non décisoires.
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des assemblées parlementaires, on peut identifier les avis (A) et les directives et
circulaires (B).
A- Les avis
Ils sont souvent émis dans le cadre de la consultation. Le parlement peut
ainsi être amené à formuler des avis. Il importe de déterminer le champ de ces
avis (1) avant d’indiquer qu’ils constituent de simples actes d’orientation (2).
1- La détermination des champs des avis
Les avis émis par les chambres parlementaires sont de divers ordres et
peuvent provenir de beaucoup de domaines. C’est ainsi que l’AN et le Senat
sont solliciter pour avis par le Président de la République avant de soumettre au
referendum tout projet de réforme. Le parlement émet également un avis avant
tout recours par le PR aux pouvoirs exceptionnel. Bien plus, le PR sollicite
également l’avis des présidents des chambres parlementaires avant toute
abrogation ou prorogation du mandat des parlementaires.
Les différents avis ne constituent nullement les actes contraignants mais
simplement des actes d’orientation.
2- Les actes d’orientation
En droit administratif, il existe trois catégories d’avis, l’avis facultatif,
l’avis obligatoire et l’avis conforme.
L’avis facultatif laisse la possibilité à celui qui doit le demander de le faire
ou pas. Il n’est soumis à aucune contrainte de l’obtenir. Par contre, l’avis
obligatoire doit être impérativement obtenu mais sans que le demandeur ne soit
tenu de le suivre. Mais l’avis conforme implique une double obligation. Non
seulement le demandeur est obligé de le solliciter lais en plus, il est tenu de le
suivre.
En droit parlementaire, les avis sollicités auprès du parlement sont
simplement des avis obligatoires qui ne lient pas le PR. Ils constituent des actes
d’orientation à charge pour lui de prendre la décision qui lui sied. A côté des
avis existent d’autres actes non décisoires.
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indiquer comment exercer leur pouvoir de décision lorsque leur appréciation
n’est pas liée par les textes.
La directive parlementaire est un acte de rationalisation et de facilitation
de l’octroi de l’administration parlementaire. Elle tend à assurer la cohérence
des décisions à prendre dans une série d’affaire et à organiser la façon
d’apprécier ce que doit être le contenu des décisions.
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attribue expressément la compétence au JA pour connaître du contentieux des
actes parlementaires
B- L’affirmation embryonnaire de la compétence du juge
administratif au Cameroun
La compétence du juge administratif relativement aux actes décisoires du
parlement s’affirme progressivement en matière de gestion de carrière et de
sanction disciplinaire. L’article 151 (2) du statut général de la fonction publique
de l’Assemblée nationale de 1975 dispose expressément que « le recours
contentieux éventuellement intenté contre la décision infligeant une sanction
disciplinaire ne suspend pas son exécution ». De l’analyse de ce texte, on peut
considérer que les actes de révocation d’un personnel parlementaire peuvent
faire l’objet d’un recours devant le juge administratif. Bien plus en matière de
gestion de carrière, le juge administratif camerounais précisément la Chambre
administrative a eu à se prononcer favorablement contre un acte du PAN
refusant le reclassement d’une fonctionnaire parlementaire dans l’affaire
DIALLO en 2009. Le caractère atypique de ce jugement nécessite un bref rappel
des faits.
Monsieur DIALLO en service au Parlement a bénéficié d’un stage de
formation à l’étranger au terme duquel il devait logiquement changer de statut
ou plutôt de catégorie. De retour du stage, il introduit une requête après du PAN
pour son reclassement, requête qui est rejetée par acte du PAN. L’intéressé
engage alors une action en justice devant la chambre administrative en
considération qu’il s’agit bel et bien d’un acte administratif, la Chambre
administrative se déclarera compétente pour connaître d’un tel acte en se
reconnaissant d’ailleurs son caractère administratif et procédera à son annulation
pour illégalité.
Si cette espèce s’avère marginale démontrant d’ailleurs l’immunité
accordée aux actes administratifs du Parlement, force est de constater qu’à
l’absence d’un contrôle externe, il existe néanmoins un contrôle interne opéré
par les organes directeurs des chambres parlementaires.
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Conclusion
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L’autonomisation des parlementaires est une condition sine qua none
d’indépendance de l’institution parlementaire vis-à-vis des autres pouvoirs.
Cette autonomisation est à la fois psychologique, politique et financière.
Sur le plan psychologique, le parlementaire doit rompre avec la culture de la
crainte révérencielle vis-à-vis des autorités gouvernementales.
Sur le plan politique, il s’agit d’éviter d’entrer dans une léthargie dans l’optique
d’assurer continuellement sa fidélité et sa loyauté au parti, condition de son
renouvèlement de mandat.
Sur le plan financier, les chambres parlementaires doivent substantiellement
améliorer les avantages accordés aux parlementaires. Cela passe nécessairement
par une meilleure gouvernance des ressources allouées aux deux chambres
parlementaires.
Cette redynamisation doit logiquement porter à la fois sur le pouvoir de
légiférer (A) que sur le pouvoir de contrôler (B).
Il s’agit tout d’abord aux parlementaires d’utiliser à bon escient et à juste titre
le pouvoir que la constitution leur donne. Il s’agit ici du pouvoir d’initier des
lois. Mais au-delà de ce pouvoir d’initiative des lois, les parlementaires doivent
mettre en exergue le droit d’amendement qui leur est reconnu sur les textes
d’origine gouvernementale ; toute chose qui nécessite de solides connaissances
dont la faiblesse peut être compensée par des cabinets parlementaires
suffisamment outillés en ressources humaines.
Les parlementaires doivent utiliser à bon escient toutes les possibilités qui
leur sont offertes par la constitution pour assurer un meilleur contrôle de
l’activité exécutive. Il s’agit par exemple de sortir de leur sommeil des
commissions d’enquête parlementaire. Il s’agit également d’utiliser le vote de la
loi de règlement comme une véritable occasion pour soumettre la gestion
financière de l’exécutif à un contrôle. Bien plus, les séances des questions
écrites et orales doivent cesser d’être de simples rituels pour devenir de vrais
instruments de contrôle parlementaire de l’activité de l’exécutif.
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
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4) NJO MOUELLE (E), député de la Nation ;
5) Bernard MOMO, Le parlement camerounais, lexlata, fevrier-mars 1996 ;
6) MBANDAM joseph, Le mandat impératif et la déchéance en droit
parlementaire camerounais, juridis periodique.
37