Manuel Pinch OFEN 2017
Manuel Pinch OFEN 2017
Manuel Pinch OFEN 2017
Élaboré par
Florian Brunner, Brunner Energieberatung GmbH
Flüelastrasse 31A, CH-8047 Zürich, [email protected], www.br-energie.ch
Dr. Pierre Krummenacher, HEIG-VD / IGT, www.pinch-analyse.ch
Avenue des Sports 20, CH-1401 Yverdon-les-Bains, [email protected]
Accompagnement, rédaction du chapitre 4, graphiques
Prof. Dr. Beat Wellig, Peter Liem, Donald Olsen, Hochschule Luzern – Technik & Architektur
Technikumstrasse 21, CH-6048 Horw, [email protected], www.pinch-analyse.ch
Accompagnement
Daniel Scharfegger, Damian Hodel, Raymond Morand, Helbling Beratung + Bauplanung AG
Hohlstrasse 614, CH-8048 Zürich, [email protected], www.helbling.ch
Traduction française
Stéphanie Perret (Planair SA), Pierre Krummenacher & Gabriel Chauvet (HEIG-VD)
Document élaboré sur mandat de l'Office fédéral de l'énergie, Section Industrie et Services
Mühlestrasse 4, CH-3063 Ittigen
Adresse postale: CH-3003 Bern
Tél. +41 58 462 56 11, Fax +41 58 463 25 00
www.bfe.admin.ch
Erich Bötsch, [email protected]
2ème édition janvier 2017 (version originale allemande / traduction française août 2017). Par rapport à
la 1ère édition juillet 2015, la présente édition a été adaptée en fonction des derniers développements du
logiciel PinCH 3.0 focalisés sur le stockage de chaleur: réécriture du chapitre 16 et ajout du chapitre 17.
Le contenu et les conclusions du présent document n’engagent que ses auteurs.
Préface
Environ 20% de la consommation d’énergie en Suisse revient au secteur industriel, dont plus de la moi-
tié est utilisée pour les besoins de chaleur des procédés. Cette proportion est significativement plus
élevée dans de nombreuses entreprises industrielles, comme par ex. celles des secteurs de la chimie,
de l’alimentaire ou du papier. Pour ces secteurs à forte intensité énergétique, la réduction des besoins
en énergie et des émissions de CO2 revêt un intérêt majeur dans le contexte général d’augmentation
des prix des énergies et les exigences écologiques.
Les approches classiques d’optimisation énergétique se concentrent souvent sur l’amélioration de
l’efficacité des équipements individuels, ou celle des infrastructures énergétiques. L’expérience montre
pourtant que la combinaison optimale des flux thermiques du système global apporte le plus souvent un
gain en efficacité énergétique supérieur à l’amélioration souvent coûteuse du rendement de composants
ou d'équipements individuels. C’est ici que l’intégration énergétique des procédés entre en jeu, avec
pour objectif l’optimisation des procédés du point de vue global. L’Analyse Pinch est elle-même un outil
précieux de l’intégration énergétique. Dans le cadre imposé de la minimisation des coûts totaux an-
nuels, l’Analyse Pinch permet de déterminer le concept d’installation optimal, d’optimiser la conversion
et l’utilisation des énergies, et d’améliorer la rentabilité. Grâce à l’Analyse Pinch, les besoins énergé-
tiques des procédés industriels peuvent typiquement être réduits de 10 à 40%. D’un point de vue éco-
nomique, les temps de retour sur investissement des mesures d’amélioration sont particulièrement at-
tractifs, le payback simple étant souvent de l’ordre de deux à trois ans.
L’Offensive Pinch de l’Office Fédéral de l’Energie (OFEN) est une mesure de soutien pour accroître
l’efficacité énergétique et réduire les émissions de CO2 dans l’industrie suisse. L’objectif de l’Offensive
Pinch est d’identifier de manière systématique les potentiels insoupçonnés d’économies d’énergie ren-
tables dans les entreprises de production et de les transformer en mesures concrètes. L’OFEN, dans le
cadre de SuisseEnergie, soutient différentes activités du domaine de l’Analyse Pinch
(www.suisseenergie.ch). L’outil d’ingénierie PinCH de la Hochschule Luzern est un élément important
de l’Offensive Pinch. Cet outil logiciel permet de se familiariser rapidement avec la méthode et de réali-
ser de manière ciblée et rentable des analyses Pinch dans l’industrie. Les centres d’appui en intégration
énergétique de procédés et Analyse Pinch de la Hochschule Luzern et de la HEIG-VD à Yverdon-les-
Bains offrent un soutien complet lors de la réalisation d’analyses Pinch ainsi que des cours, du coa-
ching, des conseils et du support technique à l’utilisation de l’outil PinCH (www.pinch-analyse.ch).
Ce manuel introduit la lectrice / le lecteur pas à pas à la méthodologie de l’Analyse Pinch et prépare à la
mise en pratique par de nombreux exemples issus de l’industrie suisse. Le manuel Prozessintegration
mit der Pinch-Methode a été publié une première fois en 1998, puis retravaillé en 2006 (les deux fois en
allemand uniquement). Le manuel, en tant que matériel pédagogique en langue allemande, avait trouvé
de nombreux utilisateurs, même au-delà des frontières. En lien avec l’Offensive Pinch en cours et le
lancement du logiciel PinCH version 2.0, le manuel a été complètement revu en 2013-2014 et mis à
niveau. Le manuel a en particulier été complété par les chapitres traitant de l’optimisation de procédés
avec cas de fonctionnement multiples et de procédés batch. En complément à l’édition précédente du
manuel, le support de cours Energie-Optimierung mit Pinch-Analyse [1] de la Hochschule Luzern (2014)
a constitué une base importante pour le présent manuel, en particulier pour les chapitres 2 à 8.
Ce manuel a été rédigé par des experts reconnus du domaine de l’Analyse Pinch : Florian Brunner
(Brunner Energieberatung GmbH – Zürich) et Pierre Krummenacher (HEIG-VD – Yverdon-les-Bains).
L’équipe de rédaction comprenait aussi des collaborateurs de la Hochschule Luzern et de Helbling Be-
ratung + Bauplanung AG. Par le présent manuel, les auteurs transmettent leur savoir et leur expérience
sur la méthode et son application. Tout retour sur le manuel ou sur des expériences relatives à l’utili-
sation pratique les intéresse vivement - ils se réjouissent de toute forme de prise de contact !
Erich Bötsch, Office fédéral de l‘énergie
Beat Wellig, Hochschule Luzern – Technik & Architektur
4
1 Introduction
Les entreprises industrielles doivent désormais Les approches classiques d'optimisation énergé-
satisfaire à de multiples exigences. Les procédés tique se concentrent habituellement sur l'améliora-
doivent non seulement présenter une rentabilité tion de l'efficacité des équipements individuels.
maximale, mais également consommer le moins L'expérience montre, cependant, que la combinai-
possible d’énergies et de ressources, et générer son optimale des flux thermiques du système glo-
très peu d'émissions. A cela s’ajoute la hausse des bal apporte généralement un gain en efficacité
prix des énergies et des taxes d'incitation, qui ren- énergétique supérieur à l’amélioration souvent
dent indispensable l’augmentation de l'efficacité coûteuse des rendements individuels par des me-
énergétique afin de maintenir la compétitivité. sures purement techniques.
En Suisse, le secteur industriel absorbe environ un L'intégration des procédés est le terme géné-
cinquième de la consommation d'énergies. 55 % rique usuel pour de telles méthodes intégrales et
de cette part reviennent à la catégorie chaleur systémiques. L’Analyse Pinch est elle-même un
industrielle. Il existe cependant de nombreuses outil précieux de l’intégration énergétique de pro-
industries, dans lesquelles la proportion de chaleur cédés. Dans le cadre imposé de la minimisation
industrielle est significativement plus élevée, par des coûts totaux annuels, l’Analyse Pinch permet
exemple, dans les industries chimiques, alimen- de déterminer le concept d’installation optimal,
taires et du papier. Pour ces industries à forte in- d’optimiser la conversion et l’utilisation des éner-
tensité énergétique, la réduction des besoins gies, et d’améliorer la rentabilité.
énergétiques et des émissions de CO2 est d'un Les fondamentaux les plus importants de cette
grand intérêt. méthode sont décrits dans le présent manuel.
Situation initiale
La Fig. 1-1 présente un schéma de procédé (diagramme d'écoulement) simplifié pour la production
d’arômes par séchage par atomisation. Parallèlement, une unité d’oxidation thermique régénérative
(OTR) est exploitée, dans laquelle les composants odorants sont détruits. De l’eau de nettoyage (EN) est
également produite pour nettoyer le système.
Le schéma présente une proposition de concept comprenant trois échangeurs de chaleur pour la récupé-
ration de chaleur, avec une puissance totale d'environ 1‘300 kW.
Questions clés
- Quelle est la récupération de chaleur maximale possible pour ce procédé ?
- Quels sont les besoins énergétiques minimaux correspondants ?
- La fourniture d'énergies est-elle adaptée ?
- Où se trouve l'optimum de rentabilité entre coûts d'investissement et coûts d'énergies ?
- Quel est le potentiel de récupération de chaleur rentable 1) ?
- Quelles mesures rentables permettent de concrétiser ce potentiel ?
L’Analyse Pinch répond aux questions ci-dessus par une approche systématique et ciblée.
1)
La récupération de chaleur économiquement optimale est d'environ 3‘300 kW et peut être réalisée avec 4 échangeurs de chaleur
(voir la solution au chapitre 10). Trouvez-vous facilement cette solution "à la main" ?
8
B
A Air auxiliaire Filtre
Lit fluidisé 2
6 t/h, 30°C
Echangeurs vapeur
(24 bar(a))
Lit fluidisé 3
atomiseur. "Droite" : oxydation thermique régénérative (OTR) et chauffage de l'eau de nettoyage (EN)
5 t/h, 20°C Récupération de
chaleur
40°C
98% MS Séchage par
B Air de transport SD
atomisation
Fig. 1-1 Schéma de procédé simplifié de la production d’arômes par séchage par pulvérisation. "Gauche" : sécheur-
9
Intégration de procédés
Les potentiels d'économie d'énergies identi-
fiés par les analyses Pinch se situent, selon les
experts, en règle générale entre 10 et 35%.
Optimisation
Matières des procédés Traitement des
premières (très spécifique déchets
au secteur) 2.4 Pourquoi l’Analyse Pinch est-elle
unique?
Valeurs cibles absolues physiquement fondées mentaires faibles. Les coûts d'énergie sur la durée
de vie du système sont ainsi nettement réduits.
L’Analyse Pinch permet, à partir des exigences
des procédés, de déterminer des valeurs cibles Systématique et sans hésitation
absolues (Targets), physiquement fondées, con-
Déjà avec un petit nombre de fluides à chauffer et
cernant les besoins énergétiques d’une installa-
à refroidir, il existe de nombreuses variantes pour
tion. A partir de la consommation d'énergie mini-
le placement d'échangeurs de chaleur. L'approche
male, il est possible d'élaborer le concept optimal
traditionnelle développe souvent quelques va-
des installations satisfaisant à la contrainte des
riantes par tâtonnements et/ou met en place les
coûts totaux annuels minimaux.
échangeurs de chaleur localement les plus évi-
Grâce à la détermination de valeurs cibles énergé- dents.
tiques absolues, la méthode est un instrument
Au contraire, l'Analyse Pinch constitue à la fois une
d’évaluation approprié pour les démarches
carte et une boussole. Elle fournit l'ensemble des
d’autorisation (telles que l’exonération de la taxe
règles nécessaires pour la détermination des va-
CO2 par ex.).
leurs cibles de coûts et d'énergie ainsi que pour
"Target before design" et "First time right" l'élaboration des mesures.
La Fig. 2.2 illustre l'effet d'apprentissage au cours Les données élaborées de manière systèmatique
du temps conduisant, étape par étape, à une ré- dans le cadre d'une analyse Pinch peuvent fré-
duction de la consommation d’énergies [2]. Les quemment servir de base pour des systèmes de
étapes d'apprentissage impliquent toujours des management de l'énergie.
investissements en temps et en argent. La réduc-
Réduction des consommations thermique et
tion de la consommation énergétique n'est quanti-
électrique
fiable que par rapport à son niveau antérieur et le
minimum réalisable n'est pas connu. Même si l'Analyse Pinch constitue avant tout une
méthode d'optimisation de systèmes énergétiques
thermiques, elle se révèle également intéressante
Consommation d’énergies
2.5 A quelles questions répond une analyse - énergies thermiques principalement utilisées
Pinch ? pour les besoins des procédés et non pas
pour le chauffage des bâtiments ;
En bref, une analyse pinch répond aux questions
suivantes : - existence de plusieurs besoins de chauffage,
à des niveaux de température différents (par
- quels sont les besoins d'énergies minimaux
ex. pasteurisation à 75°C, production d'eau
nécessaires pour un procédé entièrement
chaude, préchauffage à 40°C, chauffage de
optimisé ?
l'air à 30°C, etc.);
- où se situe l'optimum économique entre
- existence de plusieurs sources de rejets de
coûts d'investissement et coûts de l'énergie ?
chaleur ou besoins de refroidissement (par
- avec quelles mesures les valeurs cibles ex. refroidissement de produits de 50°C à
énergétiques peuvent-elles être atteintes ? 20°C, eaux usées à 25°C, rejets d'air à 50°C,
chaleur résiduelle de compresseurs d’air à
- quel système de fourniture d’énergies est
60°C, rejets de chaleur de la production de
optimal pour l'ensemble du système (chau-
froid à 45°C, etc.);
dière, cogénération, pompe à chaleur) ?
- en résumé, s'agissant des deux derniers
- comment la fourniture d’énergies s'intègre-t-
points: il existe une offre (ou sources) de
elle au système ?
chaleur et un besoin (ou puits) de chaleur.
Mais à première vue, il n'est pas évident de
2.6 Quand faut-il recourir à l'Analyse Pinch ? déterminer si et comment un système de ré-
cupération de chaleur (RC) peut être mis en
L'Analyse Pinch est appliquée pour l'optimisation place de manière rentable.
d'installations ayant des besoins de chauffage et
de refroidissement. Jusqu’à présent la méthode de l'Analyse Pinch a
été utilisée en pratique principalement pour des
Le plus grand potentiel se trouve dans les ana- procédés continus. Cela s’explique par la collecte
lyses en phase de conception de nouvelles ins- de données simplifiée dans le cas de procédés
tallations, où déjà pour de petites installations continus, mais également par le manque de logi-
avec des coûts d’énergies thermiques d’environ ciel adapté aux procédés batch. L'OFEN a identifié
100'000 CHF/an des économies considérables cette lacune et soutenu par conséquent le déve-
peuvent être atteintes. loppement du logiciel PinCH, grâce auquel les
Pour les installations existantes, la mise en modes de production par charge (batch) bénéfi-
œuvre des mesures est plus coûteuse et davan- cient d'un meilleur accès à la méthode.
tage liée aux conditions cadres du projet. Néan-
moins, les potentiels d’économies obtenus (typi-
2.7 Success stories dans l'industrie
quement entre 10 à 30%) parlent clairement en
faveur de cette démarche pour l'assainissement L’industrie du papier est l'un des plus grands con-
d’installations existantes. sommateurs d’énergie de Suisse ; d'ailleurs, pour
L'Analyse Pinch est particulièrement prometteuse des raisons de coûts principalement, cette indus-
pour l'optimisation d’installations existantes dans trie travaille continuellement à la réduction de
les conditions suivantes : l'intensité énergétique (les coûts d'énergies y sont
plus élevés que les coûts de personnel). Par une
- coûts d'énergies thermiques idéalement su- analyse systémique basée sur l'Analyse Pinch,
périeurs à 200'000 CHF/an1 ; une réduction significative des consommations
d'énergie peut être atteinte même dans le cas
d'installations déjà optimisées. L’analyse Pinch
1 Ce chiffre est une indication approximative et dépend commandée en 2013 par l'entrepise Model AG le
fortement des données de base, de la complexité et du montre bien : les mesures identifiées conduisent à
nombre de procédés, de leurs heures d'exploitation et des économies d’énergies d’env. 10%, correspon-
de la simultanéité, de la souplesse nécessaire à la pro- dant à une réduction des coûts annuels de
duction, des contraintes spatiales, etc.
12
1.5 MCHF/an et un temps de retour sur investis- A la différence des exemples précédents, l’analyse
sement de 2 ans. Entretemps, la mise en œuvre énergétique a dans ce cas été intégrée dès le
d'une des mesures les plus importantes s'est stade du projet. La valorisation optimale des rejets
achevée et les résultats obtenus répondent bien de chaleur a permis d'économiser 20% d’énergie
aux attentes. D'autres mises en oeuvre sont ac- thermique, soit 3'500 to CO2/an. Karl Gschwend, le
tuellement en phases d’étude ou de planification. directeur de Hochdorf Nutritec AG est convaincu
par la méthode Pinch : « l’Analyse Pinch s’est ré-
L’entreprise Givaudan SA, fabricant d'arômes et de
vélée être un instrument exceptionnel ».
parfums, a également fait réaliser une analyse
énergétique globale basée sur l'Analyse Pinch. Ce De la même manière, pour les procédés batch
cas a montré qu’au-delà de la production elle- largement répandus dans le secteur alimentaire,
même, les installations de nettoyage (Cleaning-In- l'Analyse Pinch s’est avérée être un outil efficace
Place, CIP) présentent aussi des besoins énergé- et ciblé, même si la variabilité temporelle des pro-
tiques considérables, et donc des potentiels d'éco- cessus de production impose des exigences parti-
nomies correspondants. Les mesures identifiées culières pour l’analyse énergétique et
en matière d'énergies thermiques représentent un l’optimisation. Une analyse Pinch de la brasserie
potentiel d'économie d'env. 20% (soit 8 GWh/an) Heineken à Coire s'est achevée en 2013. Deux
avec un temps de retour sur investissement de des mesures issues de l’étude sont déjà en cours
moins de 3 ans. En outre les économies d’eau se de réalisation. Chez Haco AG, connu comme fa-
chiffrent à 17%. bricant de café, la production s'effectue aussi par
batch. Une analyse Pinch a permis d’identifier un
Le secteur alimentaire, d’un point de vue énergé-
potentiel d’économies de plus de 650 kCHF/an,
tique, fait partie des plus importantes industries
avec un temps de retour sur investissement de
suisses. Dans ce secteur également, des écono-
4 ans. La mise en œuvre des premières mesures
mies d’énergies élevées sont possibles, comme
est en cours, les suivantes sont déjà planifiées.
l'atteste par ex. une analyse Pinch pour la cons-
truction d’une nouvelle installation de fabrication
lait en poudre mandatée par Hochdorf Nutritec AG.
13
3 Utilisation du manuel
Le présent manuel fournit une introduction à l'Ana- Ce chapitre présente ci-dessous un aperçu des
lyse Pinch et explique la méthode et ses principes différents thèmes abordés dans les chapitres res-
étape par étape, sur la base d’exemples simples et pectifs.
pratiques.
Procédés continus
T1
fluide 2
Le chapitre 4 rappelle les principes fondamentaux a1
fluide 1
Ces principes sont essentiels tant pour la compré- a2
hension théorique que pour l'application pratique T2
Procédés continus
T* Q& HU
8. Optimisation de l'approvisionnement en
énergies
Le chapitre 8 décrit l'optimisation de l'approvision-
nement en énergies et l'intégration des systèmes PAC
de conversion d'énergies tels que pompes à cha- Q& 0 + Pel
leur ou compresseurs de vapeur. La représentation
sous forme de Grand Composite Curve (GCC)
constitue la base pour les analyses de ce chapitre. Q& 0
H&
9. Modélisation énergétique Τ / °C
La table de flux modélise les exigences du pro-
cédé et constitue la base de toute analyse Pinch.
La qualité / pertinence de cette modélisation in-
fluence de manière déterminante la qualité de
l’optimisation, notamment le potentiel d'économies.
flux linéarisé
Ce chapitre décrit les principes de base de la mo-
délisation énergétique et donc l’établissement de la
table de flux, sur la base d'une multitude
d'exemples pratiques.
flux réel
La détermination des exigences du procédé et leur
modélisation nécessitent de comprendre le procé-
dé et de connaître les bases les plus importantes
des chapitres 4 à 8. H& / kW
15
Procédés continus
96 % MS
110°C
Lit fluidisé 1 Lit fluidisé
10 t/h, 100°C
B
A Air auxiliaire Filtre
Lit fluidisé 2
6 t/h, 30°C
4 0°C
98 % MS
Lit fluidisé 3
5 t/h, 20°C
20 °C
B Air de transport SD
Procédés discontinus
Produit 1
Produit 2 35°C
85°C
L’Analyse Pinch étudie les procédés dans leurs sants (N-1 équations de bilan indépen-
dimensions énergétiques. C'est pourquoi ce cha- dantes) et la conservation de l'énergie. Les
pitre rappelle plusieurs notions fondamentales. Au équations de bilan permettent de déterminer
centre de celles-ci se trouvent : (en quantité) les flux inconnus et des proprié-
tés inconnues (concentrations par ex.). A no-
- les bilans de masse, de matières, et ter que le nombre d'équations de bilan est
d’énergie, ainsi que souvent inférieur au nombre d'inconnues.
- la transmission de chaleur et les échangeurs 4.2 Équations de bilan
de chaleur.
Les équations de bilan constituent la base de toute
La connaissance de quelques relations fonda- conception et optimisation de procédés. A l'aide
mentales permet d’aller déjà bien loin. des bilans massique, matières, et d'énergie, des
4.1 Lois de conservation et équations de données manquantes pour l'analyse Pinch sont
bilan générales calculées ou la plausibilité de données mesurées
est vérifiée.
Les lois de conservation sont d'une grande impor-
tance pour les sciences naturelles et la technique. 4.2.1 Bilan de masse
Elles s'appliquent généralement à la conservation L'équation de bilan appliquée à la conservation de
de la masse (aussi longtemps qu'aucune réaction
la masse totale donne le bilan massique.
nucléaire n'existe), de l'énergie et de la charge
électrique. En outre, la conservation de l'entropie
Domaine de bilan
s’applique pour les systèmes réversibles et la con- (frontière du système, volume de contrôle)
servation de quantité de mouvement pour les sys-
tèmes sans force extérieure. & 1 (t )
m
Chacune des lois de conservation mentionnées ci-
dessus conduit, pour une zone de bilan donnée, à P1
une équation générale de bilan de la forme : LICH
dE
= å E& in - å E& out (4.8) cp désigne la chaleur spécifique à pression
dt in out constante (isobare) [J/kgK]. Dans de nombreux
cas pratiques (en particulier si la variation de tem-
Si la variation temporelle dans la zone de bilan est
pérature est limitée) cp peut être admise cons-
non-nulle (dE/dt ¹ 0), il s'agit d'un processus insta-
tante :
tionnaire (p. ex. chauffage lors du démarrage d'une
installation). E désigne l'énergie contenue dans un
h2 - h1 = c p × (T2 - T1 ) (4.11)
système. Pour un système au repos, l'énergie E
correspond à l'énergie interne U (pour des liquides
incompressibles et des gaz parfaits, Dans le bilan énergétique interviennent des varia-
U - U0 = m × cv × (T - T0 ) , avec c v la chaleur spéci- tions d'enthalpie. Les températures de référence
fique isochore (volume constant) en J/kgK. (point zéro) des enthalpies massiques des diffé-
rentes substances doivent être harmonisées les
Les flux énergétiques entrants et sortants E& dans
unes avec les autres d'une manière adéquate. On
une zone de bilan se composent des éléments
définit fréquemment h = 0 J/kg à 0°C. Les chaleurs
suivants :
spécifiques de certains liquides et gaz sont men-
- énergies transportées par les débits mas- tionnées ci-dessous :
siques entrants et sortants : débit enthalpique
Eau, 20°C cp = 4.185 kJ/kg K
H& = m
& × h [kJ/s = kW] avec l'enthalpie mas-
Lait, 20°C cp = 3.940 kJ/kg K
sique h [kJ/kg]
Éthanol, 20°C cp = 2.398 kJ/kg K
- énergies cinétique et potentielle (souvent né- Acétone, 20°C cp = 2.160 kJ/kg K
gligeables par rapport à l'énergie thermique en Huile thermique
technique des procédés) : m& × c 2 / 2 et m& × g × z Dowtherm A, 200°C cp = 2.107 kJ/kg K
[kW] Mélange Ethylène glycol/Eau
X= 30%, -10°C cp = 3.561 kJ/kg K
- puissance mécanique (par ex. axe de rotation,
Air, 20°C cp = 1.007 kJ/kg K
agitateur) : Pméc [kW]
Air, 200°C cp = 1.026 kJ/kg K
- puissance électrique (par ex. chauffage ou Vapeur (eau) saturée, 100°C cp = 2.077 kJ/kg K
moteurs électriques) : Pél [kW] Méthane, 25°C cp = 2.219 kJ/kg K
- le flux de chaleur (chauffage, refroidissement, Gaz de combustion
pertes de chaleur) : Q& [kW] (gaz naturel), 450°C cp = 1.213 kJ/kgK
vapeur Q& ch
& vap =
m = 480 kg/h
m& vap , hvap DhV vap
& ah1 , m
& as constante (has2 = has3). Sachant que l'air présente à
m
X e ,as1, Ta1, has1 1 FS 1 la sortie une humidité relative de 95%, le rapport
vap massique (humidité absolue) est obtenu à l'aide du
FS 2 diagramme h,X : Xe,as3 = 34.6 g/kg. Ainsi, le débit-
m& vap
masse d'air sec peut être déterminé à partir du
X e ,as 2 , Ta 2 , has 2 2 cd bilan d'eau du système FS 1 :
& mh1, m
m & ms
w e1 , X e ,ms 1 & ms × ( X e ,ms 1 - X e ,ms 2 )
m
& as =
m = 334'170 kg/h
Tm1 , hms 1 X e ,as 3 - X e ,as1
j e ,as 3 j e ,as = 1
Fig. 4-3 Séchage de sciure de bois dans un séchoir 3
Tas3
à bande monocouche j e ,as 1
1
Tas1 has2 = has3
Dans les processus de séchage, il est avantageux
d'utiliser les rapports massiques parce que les
has1
débits-masse de la matière sèche m & ms et d'air sec
m& as demeurent constants. Le débit-masse de ma- X e,as1 = X e,as2 X e,as3 X e ,as
tière sèche m & ms peut être calculé facilement à
partir des conditions d'entrée : Fig. 4-4 Processus de séchage dans un diagramme
h,X (mélange air sec (as) et vapeur d'eau (e))
& ms = (1 - we1 ) × m
m & mh 1 = 10‘000 kg/h
Les fractions massiques en eau peuvent être con- Le besoin de vapeur est déterminé par le bilan
verties en rapports massiques (kg eau/kg de ma- d'énergie du système 2 (FS 2) :
tière sèche) comme suit : m& as × has1 + m& vap × hvap = m& as × has 2 + m& cd × hcd
m&
X e ,ms 1 = e1 =
m& mh 1 × w e1
=
w e1
= 1 kg/kg m& vap × (hvap - hcd ) = m& vap × Dhv vap = m& as × (has 2 - has1 )
m& ms m& mh 1 × (1 - w e1 ) 1 - w e1
m & w e2 m& × (h - h ) Q&
X e ,ms 2 = e 2 = = 0.11kg/kg Þ m& vap = as as 2 as1 = vap
m ms 1 - w e 2
& DhV vap DhV vap
Inversement, les fractions massiques pourraient Les enthalpies massiques de l'air humide par kg
être calculées à partir des rapports massiques, par d'air sec peuvent être lues sur le diagramme h,X
ex. pour w e1 à l'entrée : (Fig. 4-4) : has1 = 30.1 kJ/kg, et has2 = 121.9 kJ/kg.
La puissance de chauffage est donc :
we1 = X e ,ms 1 /( 1+ X e ,ms 1 )
& as × (has 2 - has1 ) = 8' 520 kW
Q&vap = m
Le bilan d'eau du système défini par la frontière
FS 1 s'écrit : et le débit-masse de vapeur requis :
& ms × X e,ms 1 + m
m & as × X e,as1 = m
& ms × X e,ms 2 + m
& as × X e,as 3
Q& vap
& ms × (Xe,ms 1 - X e,ms 2 ) = m
m & as × (Xe,as3 - Xe,as1 ) m& vap = = 13' 940 kg/h.
DhV vap
Le processus est représenté qualitativement dans
un diagramme h,X à la Fig. 4-4. Le chauffage de
l'air a lieu à rapport massique (=humidité absolue)
constant (Xe,as1 = Xe,as2); le séchage (adiabatique)
fonctionne de manière approchée à enthalpie
24
σS est le coefficient de rayonnement (constante de La puissance Q& à travers la paroi plane s'écrit
Stefan-Boltzmann) et ε le facteur d'émittance. Le donc :
rayonnement thermique est techniquement très
important (pour les processus de combustion par Q& = k × A × (T1 - T2 ) (4.22)
ex.), mais n'est pas abordé dans ce document.
4.4.5 Transmission de chaleur
fluide 2
couche ou multicouche (ou l'interface entre deux a1
phases) vers un deuxième fluide, par ex. d'un
fluide 1 à travers la paroi d'un échangeur de cha- TS 1
TS 2 Q&
leur (Heat Exchanger, HEX) vers un fluide 2.
fluide 1
a) Paroi plane
Sur la Fig. 4-7, le profil de température est repré- a2
senté perpendiculairement à l'écoulement, pour T2
une transmission de chaleur à travers une paroi
plane.
La transmission de chaleur se compose de deux
transferts par convection (fluide 1 => paroi et pa- Conduction
transfert à travers transfert
roi => fluide 2) et de la conduction de chaleur à la paroi
fluide1 䊻 paroi paroi 䊻 fluide2
travers la paroi. L'analogie avec la loi d'Ohm per-
met de dériver facilement les relations ci-dessous transmission de chaleur du
(équation 4.19) : la résistance au transfert de cha- fluide 1 au fluide 2
leur Rtot se compose des deux résistances au
transfert par convection Ra1 et Ra2 et de la résis- Analogie électrique (loi d’Ohm):
tance thermique à la conduction Rl. La différence Q& Q& Q& Q&
Ra 1 Rl Ra 2
de température T1 – T2 (correspondant à la "ten-
sion") s'écrit : T1 – T S 1 TS1 – TS 2 TS 2 – T 2
U = Rtot × I T1 - T2
T1 - T2 = (Ra 1 + Rl + Ra 2 ) × Q& U = R ×I
(4.19)
1 æ 1 d 1 ö & 1
T1 - T2 = ×ç + + ÷ ×Q T 1T–– -T = × Q&
A çè a1 l a 2 ÷ø 1 T SW11
a1 × A
d
TTSW11–-TTSW22 = × Q& +
La somme entre les parenthèses est l’inverse du l×A
coefficient de transfert thermique (global) k en 1
TTSW2 2–-T 22 = × Q&
W/m2K: a2 × A
1 1 d 1 æ 1 d 1 ö &
= + + (4.20) T1 - T2 = çç + + ÷÷ × Q
k a1 l a 2 a
è 1 × A l × A a 2 × Aø
Pour une paroi plane multicouche : Fig. 4-7 Transmission de chaleur du fluide 1 au fluide
2 à travers une paroi plane
1 1 n
d 1
= +å i + (4.21)
k a1 i =1 li a 2
T1 = 100°C A = 1 m2
La transmission de chaleur du fluide 1 au fluide 2
TS 1 peut être calculée comme suit :
TS 2
fluide 2
gaz
p × L × (T1 - T2 )
Q& Q& =
æ 1 1 de 1 ö (4.24)
çç + × ln + ÷
d i a e × d e ÷ø
fluide 1
T2 = 50°C
è a i × di 2 × l
liquide
contre-courant 2 T2 a co-courant 2 T2 w
1 1 1 1
Q& Q&
T1a T1w T1a T1w
2 T2 w 2 T2 a
T T
T1a T1a
DTx
T1w T1w
DTx DT y
T2 w
T2 w
DT y
T2 a
T2 a
A A
Fig. 4-9 Profils de température le long de la surface d'un échangeur de chaleur, à contre-courant et à co-courant
29
mériquement indéfinie, et DTlm ≡ DTm = DTx = DTy Il est intéressant de représenter les profils de tem-
pératures dans un diagramme Température-
Exemple : comparaison entre un échangeur à co-
Enthalpie (diagramme T, H& Fig. 4-10). Ce dia-
courant et un échangeur à contre-courant
gramme est un élement clé de l’Analyse Pinch. Il
Les températures d'entrée et de sortie des flux et permet de déterminer facilement la différence de
les coefficients de transfert de chaleur globaux k température moyenne logarithmique.
sont les mêmes pour les deux échangeurs de cha-
Pour des chaleurs spécifiques cp1 et cp2 cons-
leur. Le fluide chaud avec CP1 = 10 kW/K se re-
tantes, les profils de température dans le dia-
froidit de 70°C à 45°C et à l'inverse le fluide froid
gramme T, H& sont des droites de pente 1/ CP1 ,
avec CP2 =12.5 kW/K se réchauffe de 20°C à
resp. 1/ CP2 (inverses des débits de capacité
40°C. Comment se comportent les surfaces des
thermique). Par exemple pour le flux chaud 1 :
échangeurs de chaleur Acontre-c et Aco-c l'une par
rapport à l'autre ? DT1 T1a - T1w 1
Q& = CP1 × (T1a - T1w ) Þ = =
DQ& &
Q CP1
& = CP × (T - T ) = CP × (T - T ) = 250kW
Q 1 1a 1w 2 2w 2a
Le transfert de chaleur s'écrit : Le profil de DT est également une ligne droite dont
la pente peut être facilement déterminée :
Q& = k × Acontre-c × DTlm contre-c = k × Aco-c × DTlm co-c
d( DT ) DTx - DTy
=
Il s'ensuit le rapport des surfaces des échangeurs dQ& Q&
de chaleur à co-courant et contre-courant :
DTlm contre- c 27.42 K En introduisant le flux de chaleur élémentaire
Aco - c
= = = 1.4 dQ& = k × dA × DT transféré par l'élément de surface
Acontre- c DTlm co - c 19.54 K
dA, puis par intégration de l’équation, on obtient la
La surface de l’échangeur de chaleur à co-courant puissance chaleur transférée Q& :
doit être 40% plus grande que celle de l’échangeur
DTx - DTy
= k × A × DTlm
de chaleur à contre-courant.
Q& = k × A ×
DTx (4.32)
ln
2 DTy
P est la variation adimensionnelle de la tempéra- pour un échangeur de "type" 1-1 à tubes et ca-
ture ("efficacité" de l’échangeur de chaleur) : landre utilisé à contre-courant ;
- tous les autres "types" (arrangements ou con-
DTTu T1a - T1w
P= = (4.35) figuration d'écoulement) présentent des com-
DTCa T1a - T2 a
posantes d'écoulement à co-courant, de sorte
que la différence de température moyenne
ΔTm est réduite.
échangeur 1-2 à tubes et calandre Remarque importante : plus P est grand pour une
T2 w T1a
valeur constante de R, plus FT est faible et plus la
surface A de l’échangeur de chaleur nécessaire
est grande. Plus FT est petite, moins l’échangeur
de chaleur sera efficace. Conclusion : les zones du
diagramme avec des pentes raides pour FT doivent
être évitées ! Règle empirique : ne pas "des-
T2 a T1w cendre" en-dessous de la valeur limite FT = 0.75 !
T
T1a Facteur de correction pour échangeur à 1
CP1 passe côté calandre et 2 passes côté tubes
calandre (Ca) 1
T2 w
T1w
0.9
Facteur de correction FT [-]
R = 0 .2
0.8
CP2
tube (Tu)
0.7
T2 a
R=4 R=2 R =1 R = 0 .4
0.6
A
T
T1a
0.5
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
DTCa Variation de température adimensionnelle P [-]
1=Ca 1/ CP1 T2 w
T1w
DTmax Fig. 4-12 Facteur de correction FT pour le "type" 1-2
DTTu
2=Tu 1/ CP2
4.4.7 Valeurs estimatives du coefficient k
T2 a
Pour une conception grossière des échangeurs de
H& chaleur, des valeurs approximatives du coefficient
de transfert global k pour différents modèles et
Fig. 4-11 Echangeur 1-2 tubes et calandre types d’échangeurs peuvent être utilisées. Le ta-
bleau suivant (Tab. 4-1) fournit quelques
FT dépend ainsi exclusivement des débits de ca- exemples. D’autres "types" peuvent être trouvés
pacité thermique et des températures d’entrée et dans VDI-Wärmeatlas par ex.
de sortie des deux fluides. Les facteurs FT pour
différents arrangements d'écoulement peuvent être L'exemple simple d'un échangeur à faisceau de
trouvés par ex. dans VDI-Wärmeatlas. Pour un tubes, avec de l'eau à l'intérieur et à l'extérieur des
échangeur de "type" 1-2, le facteur FT peut être tiré tubes, "illustre" la vraisemblance des valeurs du
du diagramme de la Fig. 4-12. A noter : Tab. 4-1. Conformément aux données de la sec-
tion 4.4.3, l'ordre de grandeur du coefficient de
- pour une puissance thermique donnée, la sur- convection est de 1'000 W/m2K. En négligeant la
face de transfert requise sera la plus faible résistance à la conduction de la paroi du tube et
31
Évaporateur
Vapeur à l'extérieur des tubes
vapeur
Liquide à l'intérieur des tubes:
vapeur de
chauffage · en circulation naturelle:
a) liquide "épais" (visqueux) 300 à 900
condensat b) liquide léger (peu visqueux) 600 à 1'700
Condenseur
Eau de refroidissement à l'intérieur et vapeurs 300 à 1'200
vapeur organiques ou ammoniac à l'extérieur des tubes
condensat (en général sous-refroidi) A noter : la valeur k diminue rapidement avec une
proportion croissante de gaz inerte
Réchauffeur de gaz
Vapeur d'eau ou eau chaude dans les tubes à ailettes et
caloporteur gaz à l'extérieur des tubes à ailettes:
a) écoulement libre (radiateur) 5 à 12
b) écoulement forcé 12 à 50
gaz gaz
froid réchauffé
Tab. 4-1 Ordres de grandeur du coefficient de transfert global k pour divers types d'échangeurs de
chaleur (VDI-Wärmeatlas)
avec le calcul de la valeur k pour une paroi plane, 4.4.8 Encrassement (fouling)
on obtient :
1 1 1 1 1
Au cours de l'exploitation, encrassement, dépôts,
» + = + Þ k » 500 W/m 2K corrosion, etc. peuvent apparaître sur les surfaces
k a1 a 2 1' 000 1' 000
de transfert de chaleur. Ces phénomènes indési-
Dans le Tab. 4-1, la plage de valeurs k s'étend de rables altèrent la transmission de chaleur et sont
150 à 1'200 W/m2K, plage qui contient bien la va- regroupés sous le terme de fouling. Différentes
leur ci-dessus. Cela confirme la pertinence de ces solutions permettent de traiter les problèmes de
valeurs estimatives pour des calculs préliminaires. fouling :
32
- dans tous les processus irréversibles (réels), il Pour une pompe à chaleur idéale (PAC, système
y a perte d'exergie. La diminution de l'exergie "inverse" du moteur thermique) : le besoin exergé-
est dénommée perte exergétique. tique minimal pour une demande en chauffage
correspond à l'exergie de la chaleur à la tempéra-
ture souhaitée. Conclusion: plus la variation (élé-
Moteur thermique idéal Moteur thermique réel vation) de température est grande, plus le besoin
Q& Q& exergétique est grand.
T T
Les pertes exergétiques peuvent être déterminées adaptés, tant que cela reste économiquement
par l'équation de bilan exergétique : rentable, pour tendre vers des procédés réver-
sibles. En d'autres termes, l'ampleur des pertes
L& = å E& in - å E& out = exergétiques inévitables devrait être minimisée,
in out resp. optimisée.
(4.40)
= å P + å E&Q + å m& in × ein - å m& out × eout
4.5.3 Perte exergétique lors de transfert de
in out
chaleur
Le débit de pertes exergétiques L& est égal à la & à travers
Le transfert d'une puissance chaleur Q
différence entre tous les flux exergétiques entrants
une paroi de la surface A nécessite un gradient de
et sortants.
température DT (Fig. 4-14).
L'objectif principal de l'analyse exergétique est la
Ce DT est responsable d'une perte exergétique L& ,
détermination des pertes exergétiques. La somme
qui dépend de la température T, du gradient de
des pertes exergétiques donne une information sur
température DT et de la température ambiante Ta :
la qualité du procédé. Plus les pertes exergétiques
sont petites, meilleur est le procédé. L'optimisation dT
d'un système débute, en général, là où les pertes dL& = Ta × 2 × dQ&
T
exergétiques les plus importantes se produisent.
T -T
Le rendement d'un moteur thermique ( hm ) et le L& = E& Q1 - E& Q 2 = Ta × 1 2 × Q& (4.44)
T1 × T2
coefficient de performance (COP) d'une pompe à
chaleur font intervenir "des pommes et des poires“: DT
approximativement : L& » Ta × 2 × Q&
T
P Q&
hm = & et COP = H (4.41)
Q P L’exergie se calcule avec la température exprimée
en Kelvin (0°C = 273.16 K). Cette équation conduit
En effet, travail (P) et chaleur ( Q& ) n'ont pas la au résultat important suivant : le débit (puissance)
même qualité ! Ainsi, ni le rendement hm , ni le de pertes exergétiques du transfert de chaleur est
COP ne constituent une mesure de la qualité des proportionnel au gradient de température DT et
procédés. Par contre, le rendement exergétique, inversement proportionnel au carré de la tempéra-
permet une évaluation thermodynamique appro- ture T (si DT est petit par rapport à T). En d'autres
priée. Pour un moteur thermique, il s'agit du rap- termes : un DT donné est moins "dommageable" à
port de la puissance générée et de l’exergie du flux des températures élevées (par ex. processus de
de chaleur fourni. Pour la PAC, le rendement combustion) qu’à basse température (par ex. ins-
exergétique est le rapport de l’exergie de la puis- tallations de réfrigération).
sance de chauffage et de la puissance absorbée.
Rendement exergétique d'un moteur thermique :
paroi
hex MT = & = 1 - å
L&
= 0 ... 1
P T1 = T + DT
(4.42)
E Q E& Q
DT
T2 = T
Rendement exergétique d'une PAC :
hexPAC =
E&QH
= 1-
å L& = 0 ... 1 (4.43) Q&
E& Q1
L& Q&
P P E& Q 2
hC 2w
T ®¥
1
1w Q& 1a
Anergie
1a 2a
Tlm 1 T
T1a = 80° C
1w Exergie E& Q 1/ CP1
T = Ta T2w = 60° C
0 T1w = 50 ° C
0 Q& 12 Q& DT 1/ CP2
hC &b
m Tb 1
T ®¥ état bouillant f: feed
1
115° C b: buées
0 .3 cc: concentrat
Pertes exergétiques L&12 cb: condensat des buées
1a vc: vapeur de chauffage
2w cd: condensat
1w
Tcc
T =?
2a m& cc
T = Ta HEX2 HEX1
0 VC 70° C Tb 2
0 120 kW Q& BC
F 40° C
CD
Fig. 4-17 Pertes exergétiques de l'échangeur & f = 1 kg/s
m
coaxial
Fig. 4-18 Schéma de principe de l'évaporation flash
de concentré de jus de fruits
4.6 Exemple d'application: évaporation flash
de jus de fruits concentré T b1
FS1
Ce chapitre se termine par une étude de cas (Fig.
4-18). Après une étape de pasteurisation, un con-
centré de jus de fruit entre à l'état bouillant à
115°C dans un évaporateur flash pour un refroidis-
sement rapide. L’élévation du point d'ébullition est
de 5 K (la température d'ébullition du jus de fruits Tf 3
T cc
est de 5 K plus élevée que celle de l'eau pure à la CC
même pression). La condensation des buées dans FS3
HEX2 HEX1
l'échangeur HEX1 préchauffe le jus de fruit de VC Tf 2 Tb 2
BC
40°C à 70°C. La température ambiante est de
20°C. Les grandeurs suivantes sont calculées : FS2
CD F Tf 1
- température après détente flash ;
- puissance chaleur récupérée des buées,
Fig. 4-19 Schéma de principe avec les limites des
resp. pourcentage de chaleur économisée différents systèmes
par rapport au cas sans préchauffage ;
- surface de transfert de l'échangeur de pré- Solution
chauffage du flux d’alimentation (HEX1),
pour des valeurs a de 1'600 W/m2K pour le La Fig. 4-19 représente les limites des différents
Feed et 5'000 W/m2K pour les buées en con- systèmes considérés. Les bilans pour FS 1 sont :
densation ; &f = m
m & cc + m
&b
- puissance des pertes exergétiques du pré-
chauffeur du flux d’alimentation (HEX1). & f × hf 3 = m
m & cc × hcc + m
& b × hb1
Þ Q& HEX 1 = m & b × (DhV + c pb × DTS ) = Le coefficient de transfert global k peut être estimé
=m& f × c pe × (Tf 2 - Tf 1 ) = 126 kW sur la base des coefficients de transfert par con-
vection af et ab connus. Le calcul suppose une
A partir de l'équation ci-dessus, le débit massique paroi plane et une résistance thermique de la paroi
de buées m& B peut être calculé : négligeable :
Un débit-masse nécessitant un apport de chaleur La somme de tous les flux d’une installation est
(c-à-d qui doit accroître son enthalpie) est appelé appelée sa table (ou tableau) de flux. Cette table
flux froid ou Cold Stream (il démarre "froid"). modélise les exigences énergétiques, autrement
dit le cahier des charges (énergétique) du procédé.
Dans une fromagerie par ex., le chauffage de lait
de 10°C à 45°C dans un échangeur à plaques est Outre les flux chauds et froids du procédé, il existe
un flux froid. également des flux d’utilités chaude et froide (Hot
and Cold Utility Streams), lesquels définissent la
Un débit-masse nécessitant un retrait de chaleur
fourniture d’énergies. Ils décrivent les fluides des
(c-à-d qui doit diminuer son enthalpie) est appelé
agents énergétiques de la fourniture d’énergies
flux chaud ou Hot Stream (il démarre "chaud").
comme par exemple la vapeur, l’eau chaude, les
Note : la distinction entre flux froid et flux chaud gaz d’échappement, l’eau glacée, etc. Dans
dépend seulement du signe de la variation l’exemple précédent, si le chauffage du jus de
d’enthalpie du débit-masse considéré (sens du fruits est assuré par de l’eau chaude, l’eau chaude
transfert de chaleur, voir Fig. 5-1), et non des ni- est alors définie comme flux d’utilité chaude (Hot
veaux de température respectifs des flux ! Utility Stream). Le système de fourniture de cha-
leur et de froid pour le procédé est généralement
Les flux d’un procédé découlent des exigences
appelé utilités.
(énergétiques) de procédé. Ils décrivent les be-
soins de chauffage ou de refroidissement requis
par un procédé, et sont définis pour les fluides
5.4 Diagramme Température-Enthalpie
concernés, qu’il s’agisse par ex. d’air, d’eau, d’air
vicié ou de jus de fruits, de chocolat ou de bière. Si Pour la détermination des valeurs cibles énergé-
par ex. du jus de fruits avec un débit-masse m & de tiques, une représentation graphique des flux
1.5 kg/s et une chaleur spécifique cp de chauds et froids dans un diagramme Température
4.0 kJ/kgK doit être chauffé de 15°C à 75°C, le – Enthalpie (en abrégé diagramme T ,H& ) selon la
chauffage est une exigence de procédé qui se Fig. 5-1 est utilisée.
traduit par un flux froid selon le Tab. 5-1.
Sur la Fig. 5-1, Tin dénote la température initiale ou
&
m cp Tin Tout source (Tsupply) d’un flux et Tout sa température
[kg/s] [kJ/kg K] [°C] [°C] finale ou cible (Ttarget). Dans le contexte d’un
1.5 4.0 15 75
échangeur de chaleur, Tin et Tout sont parfois dé-
crites comme les températures d’entrée et de sor-
Tab. 5-1 Exemple de flux froid correspondant au tie. Comme seules les variations d’enthalpie du
chauffage de jus de fruits flux sont pertinentes et non les valeurs absolues
d’enthalpie, un flux donné peut être positionné
T T
Q& = CP × (Tin - Tout ) Q& = CP × (Tout - Tin )
Tin Tout
Q&
Tout Tin Tin Tout
1 Q& 1
CP CP
Tout Tin
H& H&
DH& DH&
Fig. 5-1 Représentation des besoins de refroidissement d’un flux chaud (à gauche) et des besoins de chauffage
d’un flux froid (à droite) dans un diagramme T , H&
40
n’importe où sur l’axe enthalpique, tant qu’il est tion. La condensation de vapeur, en tant que flux
caractérisé par la même pente, et les mêmes tem- d’utilité, est ainsi toujours représentée par un flux
pératures Tin et Tout. Le flux peut donc être transla- chaud horizontal de droite à gauche.
té horizontalement.
Il n’est pas toujours évident à première vue de
Un flux froid dans un diagramme T , H& est repré- savoir si une exigence de procédé doit être repré-
senté de gauche à droite, un flux chaud de droite à sentée comme un flux chaud ou un flux froid. A
gauche. La couleur conventionnelle des flux froids titre d’exemple, les deux exigences de procédé
est le bleu ; celle des flux chauds le rouge. suivantes sont souvent incorrectement définies par
des débutants en Analyse Pinch :
La puissance chaleur Q& qui doit être ajoutée /
retirée à un flux pour le chauffer / refroidir de Tin à 1. un local est chauffé par un circuit de chauf-
Tout est définie selon l’équation 5.1 : fage de température aller 45°C et tempéra-
ture de retour 30°C. Le local a ainsi un be-
& × c p × (Tout - Tin )
Q& = m soin de chaleur est doit être défini comme
(5.1) flux froid. L’exigence de procédé est alors le
& × c p × (DT ) = DH&
Q& = m
chauffage de l’eau chaude de 30°C à 45°C;
Q& [kW] puissance chaleur
2. une réaction exothermique (par ex. la fer-
&
m [kg/s] débit-masse
mentation d’un fluide sucré) dégage de la
cp chaleur spécifique à pression chaleur. Dans le cas de la production de
[kJ/kg K]
constante
bière par ex., le procédé de fermentation doit
DH& [kW] variation du débit enthalpique être maintenu pendant environ 14 jours à
une température d’environ 9 à 11°C. La cha-
Dans l’exemple du Tab. 5-1, la puissance chaleur
leur produite par le procédé de fermentation
Q& pour le chauffage du jus de fruit s’élève à
pendant ce temps doit être évacuée. La fer-
360 kW.
mentation est ainsi un procédé avec un be-
L’équation 5.1 présuppose un débit de capacité soin de refroidissement, représenté par un
thermique CP constant. Il se définit comme suit : flux chaud.
CP = m& × c p (5.2)
CP [kW/K] débit de capacité thermique
DT 1
= (5.3)
&
DH CP
Exemple à deux flux Les utilités chaude (HU) et froide (CU) sont indi-
quées par leurs puissances respectives seule-
La représentation dans un diagramme T , H& d’un
ment, et non représentées comme des flux d’utilité
échangeur de chaleur avec en aval un refroidis-
(avec les niveaux de température adéquats).
seur et une chaudière donne les profils des Fig.
5-2 ou Fig. 5-3. Pour transférer de la chaleur du flux chaud au flux
froid, au moins une partie du flux chaud doit pré-
Le refroidissement du flux chaud correspond à la
senter une température plus élevée que le flux
flèche rouge dirigée d’en haut à droite vers en bas
froid. Dans la zone où le flux chaud et le flux froid
à gauche de 200°C à 70°C. Le chauffage du flux
se "chevauchent", une récupération de chaleur
froid se déroule de gauche à droite selon une
(RC) est possible. Cette zone de chevauchement
pente plus faible (1/CPCold < 1/CPHot). Il est chauffé
indique le potentiel de RC d’un procédé.
de 100°C à 135°C.
Τ / °C
Q& CU RC Q& HU HU
200 200°C (vapeur)
500 kW
125°C 200 kW
100°C 135°C
135
125
100°C
CU
100 150 kW
(eau de
refroidis-
70 sement)
Fig. 5-2 Echangeur de chaleur dans un diagramme T , H& avec ΔTmin = 0 K et une surface de transfert infinie
Τ / °C
Q& CU RC Q& HU HU
200 200°C (vapeur)
400 kW
120°C 300 kW
100°C 135°C
135
120°C
120 120
DTmin CU
(eau de 250 kW
100 refroidis-
sement)
70
Fig. 5-3 Echangeur de chaleur dans un diagramme T , H& . Depuis sa position limite en traitillé correspondant à
ΔTmin = 0 K , le flux froid est translaté vers la droite jusqu'à atteindre ΔTmin = 20 K
42
Selon la Fig. 5-2, le flux froid peut être chauffé de d’une quantité X donnée, le besoin en utilité
100°C à 125°C par la RC. Le besoin de chaleur froide CU augmente de la même quantité X :
résiduel (200 kW) est fourni par la chaudière (HU). the more in, the more out !
En face, le flux chaud est refroidi par la RC de
200°C à 100°C. Le besoin de refroidissement rési-
duel (150 kW) est couvert par l'eau de refroidisse- 5.5 Construction d’une courbe composite
ment (CU). La Fig. 5-2 représente un cas limite de
Considérons maintenant un procédé ou une instal-
transfert de chaleur, avec une différence de tem-
lation avec une multitude de flux chauds et froids ;
pérature de 0 K à une extrémité de l’échangeur de
il est alors possible de cumuler les flux chauds en
chaleur. Ceci n’est en théorie possible qu’avec un
un "macro flux" chaud, appelé courbe composite
HEX infiniment grand.
chaude (CC chaude), respectivement cumuler les
Si une différence de température minimale flux froids en un "macro flux" froid, appelé courbe
∆Tmin > 0 entre les flux chaud et froid est souhai- composite froide (CC froide).
tée, alors le flux froid doit être translaté horizonta-
Sur la Fig. 5-4 (a), trois flux chauds sont représen-
lement vers la droite (voir Fig. 5-3). Il est évident
tés avec des débits de capacité thermique diffé-
qu’ainsi la différence de température moyenne de
rents CP1, CP2 et CP3 et les valeurs correspon-
l’HEX est plus grande et que le potentiel de RC est
dantes des températures initiales et finales. Les
plus faible, ce qui correspond à une plus petite
quatre intervalles de température entre T1 et T5
surface de transfert et des coûts d’investissement
contiennent chacun différents flux. Dans l’intervalle
plus faibles.
de T1 à T2 se trouve le flux 2), entre T2 et T3 il y a
En parallèle, les besoins en utilité chaude (va- les 3 flux, entre T3 et T4 les flux 1) et 3), et entre T4
peur, HU) et en utilité froide (eau de refroidisse- et T5 seulement le flux 1). Les contributions de
ment, CU) s'accroissent d’autant : les frais débit enthalpique des flux individuels présents
d’énergies augmentent ! dans chaque intervalle de températures sont addi-
tionnées. La pente du segment de droite résultant
En résumé :
est donc plus faible si l’intervalle de température
- il existe un lien étroit entre la valeur ∆Tmin, le contient plusieurs flux. Ensuite les segments de
potentiel de RC et les besoins totaux droite de chaque intervalle de températures sont
d’utilités du système. représentés bout à bout pour former un flux global
appelé CC (chaude dans le cas de la Fig. 5-4 (b)).
- si le besoin d’utilité chaude HU augmente
T T
Intervalles de
2) température
T1 T1
1) 3) 1
T2 T2
2
T3 T3
T4 T4
4
T5 T5
H& H&
(a) (b)
Fig. 5-4 Construction de la courbe composite chaude dans un diagramme T , H& : (a) trois flux individuels; (b) courbe
composite chaude obtenue par "superposition" des flux chauds individuels
43
La CC chaude (resp. CC froide) montre, pour rence de température minimale "autorisée" (tolé-
l’installation considérée, quelle puissance de re- rable) entre les flux chauds et froids pour le procé-
froidissement (resp. de chauffage) est nécessaire dé ou pour l’installation.
dans chacun des intervalles de température. La
Le point exact entre les CCs chaude et froide au
puissance de refroidissement (resp. de chauffage)
pincement est appelé point de pincement ou
peut être lue sur l’axe de débit enthalpique.
température de pincement. Il se situe à ∆Tmin/2
au-dessus de la température de la CC froide au
5.6 Les courbes composite pincement et à ∆Tmin/2 en dessous de la tempéra-
ture de la CC chaude au pincement.
En représentant maintenant les courbes compo-
A chaque valeur ∆Tmin choisie correspond un be-
sites (CCs) chaude et froide sur le même dia-
soin différent en utilité chaude (par ex. vapeur) et
gramme, le profil de la Fig. 5-5 est obtenu.
en utilité froide (par ex. eau de refroidissement). A
∆Tmin donnée, les besoins en utilités sont les puis-
T Q& CU RC Q& HU
sances chaleur et froid minimales requises pour
Pincement résoudre le problème de transfert de chaleur con-
sidéré (concrétisé par un réseau d’échangeurs de
chaleur respetant la contrainte∆T ≥ ∆Tmin – voir
Temp. de chapitre 7).
pincement DTmin
Le ∆Tmin optimal, ∆Tmin,opt, désigne le ∆Tmin corres-
pondant aux coûts totaux annuels minimaux. Le
calcul de ces coûts totaux annuels résulte du Su-
pertargeting, décrit au chapitre 6.
Fig. 5-6 Séparation des CCs au pincement en sous- Les 3 règles d’or du pincement
systèmes en dessous et au-dessus du pincement 1. Apporter de la chaleur (= utilité chaude)
uniquement au-dessus du pincement (car
T le sous-système au-dessus du pincement
Pincement
Q& HU + f
présente un déficit de chaleur)
Par ex. gaz de 2. Extraire de la chaleur (= utilité froide) uni-
fumée quement en dessous du pincement (car le
sous-système en dessous du pincement
Par ex. présente un surplus de chaleur)
refroidissement 3. Ne pas transférer de la chaleur de flux
d’un produit
chauds à travers le pincement pour des
f
besoins de chaleur sous le pincement !
Exemple d‘application
Les gaz de fumée des chaudières sont souvent
utilisés dans l’industrie à travers un économiseur
pour la production d’eau chaude sanitaire (ECS)
ou le chauffage des bâtiments. Les gaz de fumée
se trouvent en général au-dessus du pincement,
tandis que le chauffage de l’ECS (par ex. de 10°C
à 60°C) ou le chauffage des bâtiments (par ex.
eau/glycol de 28°C à 47°C) se trouvent le plus
souvent en dessous du pincement. Ce cas, dans
lequel de la chaleur de flux chauds située au-
dessus de la température de pincement de la
45
Le chapitre 5 a montré qu’il existe un lien étroit leur (aussi appelé Heat Exchanger Network, ou
entre la valeur ∆Tmin, le potentiel de RC et les be- HEN). Cette démarche s’inscrit dans la philosophie
soins en utilités. Cette relation peut être mise en de base de l’Analyse Pinch (Target before Design
évidence sur les CCs, comme celles de la Fig. 6-1 = définition des valeurs cibles avant conception) et
(à gauche) par exemple. en est un avantage important par rapport à
d’autres méthodes d’optimisation énergétique.
Quelle valeur ∆Tmin doit être utilisée comme base
pour le réseau d’échangeurs de chaleur? La ré- Le Supertargeting nécessite quelques méthodes
ponse conditionne la rentabilité, qui est le critère de base de calcul de rentabilité ; celles-ci sont
d’évaluation décisif pour des procédés industriels. développées dans les sections suivantes. Pour
Ainsi l’Analyse Pinch définit comme ∆Tmin optimal simplifier, il n’est traité que des calculs des fac-
ou ∆Tmin,opt la valeur de ∆Tmin conduisant aux teurs de coûts les plus importants pour l’Analyse
coûts totaux annuels minimaux. Pinch : les coûts d’investissements (et les annui-
tés correspondantes) liés au HEN et les coûts
Sur la Fig. 6-1 (à droite), les coûts totaux annuels d’exploitation annuels liés aux utilités chaude et
sont représentés en fonction de ∆Tmin. Ils se com- froide consommées (les autres facteurs de coûts
posent de la somme des coûts d’exploitation an- éventuels sont essentiellement indépendants du
nuels et des annuités (charges d'amortissement niveau de RC et n’influencent donc pas la valeur
des investissements). La valeur ∆Tmin,opt pour la ∆Tmin,opt).
courbe de coûts représentée ici correspond à
l’emplacement où les coûts totaux annuels sont
minimaux : soit 20 K pour cet exemple. La déter-
mination simultanée de valeurs cibles énergé-
tiques et économiques est appelée Supertarge-
ting.
A noter: le Supertargeting s’effectue avant la con-
ception détaillée du réseau d’échangeurs de cha-
DTmin
DTmin
H& / kW DΤ min / K
Fig. 6-1 CCs avec valeurs cibles énergétiques (à gauche) et courbes de coûts du Supertargeting (à droite) : vert =
annuités (charges d'amortissement des investissements) ; rouge = coûts d’exploitation annuels ; noir = somme des
annuités et des coûts d’exploitation annuels (= coûts totaux annuels)
46
6.2 Valeurs cibles des coûts totaux annuels 6.2.2 Coûts d’investissement du HEN
6.2.1 Coûts totaux annuels a. HEX isolé
Les coûts totaux annuels d’une installation, d’une Pour faciliter la compréhension du calcul des coûts
partie d’installation, ou d’un HEX se composent d’investissement CHEN pour un HEN, les coûts
des coûts d’investissements annuels et des coûts d’investissement CHEX pour un échangeur isolé
d’exploitation annuels selon l’équation 6.1. sont tout d’abord présentés par la fonction de coût
de l’équation 6.3.
Ctot = a × CHEN + COp (6.1)
m
æ AHEX ö
Ctot [CHF/a] coûts totaux annuels CHEX = C0 + CHEX , REF × ç ÷ (6.3)
ç AHEX , REF ÷
a [1/a] facteur d'annuité è ø
CHEN [CHF] coûts d’investissement du HEN
tions cadres d’exploitation de chaque nouveau cCU [CHF/kW] prix de l’utilité froide UF
projet. Les besoins en utilités chaude et froide découlent
b. HEN (plusieurs HEXs) directement des CCs et de ∆Tmin.
Les coûts d’exploitation annuels pour les utilités - Augmentation des coûts de transfert de cha-
chaude et froide se calculent comme suit : leur (coûts des échangeurs) :
48
CPout
Sous-système au-
7.3.1 Stream Splitting Algorithm ture de pincement par des flux chauds (flux
OUT), et par eux seulement.
L’algorithme de division des flux (Stream Splitting
Algorithm) garantit la faisabilité du MER HEN. Il est Ces principes ne peuvent être atteints dans un
décrit dans la Fig. 7-3. Les abbréviations utilisées MER HEN que si la règle du N est satisfaite au
signifient : pincement: Nout ≥ Nin. Cette règle assure que
chaque flux IN, qui doit être amené à la tempéra-
Nout nombre de flux "sortant" du pincement (flux
ture de pincement, dispose d'un flux OUT appro-
OUT). Les flux qui ne commencent pas
prié pour le transfert de chaleur requis.
exactement au pincement ne comptent
pas ! Dans le sous-système au-dessus du pincement de
la Fig. 7-2, on peut voir que Nout = 2 et Nin = 3. La
Nin nombre de flux "entrant" dans le pincement
Règle du N n’est ici pas respectée et il manque un
(flux IN). Les flux qui se terminent avant la
flux froid pour permettre le refroidissement d’un
température de pincement ne comptent
flux chaud à la température de pincement de 90°C.
pas !
Le problème se solutionne en dédoublant un flux
CPout débit de capacité thermique d’un flux OUT, OUT en deux sous-flux. Le dédoublement (split)
resp. s’éloignant du pincement. est représenté sur l’exemple de la Fig. 7-4. La
répartition 50:50 n’est pas obligatoire. D’autres
CPin débit de capacité thermique d’un flux IN,
proportions peuvent être choisies.
resp. se rapprochant du pincement.
Début de la
conception du
HEN dans le
sous-système
T T
Au-dessus du pincement Au-dessus du pincement
1
CPin
1
CPin
DTmin DTmin
1 1
CPout CPout
H& H&
CPout < CPin CPout ³ CPin
T T
En dessous du pincement En dessous du pincement
1 DTmin 1 DTmin
CPout CPout
1
CPin 1
CPin
H& H&
Fig. 7-5 Dédoublement de flux (stream-splitting) en dessous et au-dessus du pincement – profils d’HEXs dans le
diagramme T , H& (à gauche : ne respectant pas le ∆Tmin ; à droite : satisfaisant la règle du ∆Tmin)
flux froid 4 est plus "plat" dans le diagramme T , H& respect de la règle CPout ≥ CPin garantit que les
que les flux chauds existants à disposition. En profils de température des flux chauds et froids
partant de ∆Tmin au pincement, la valeur de ∆Tmin soient parallèles ou "divergents" dans le dia-
ne serait plus respectée dans ce HEX. Or, cette gramme T , H& . La Fig. 7-5 (en haut) illustre la règle
"infraction" n'est pas nécessaire selon les CCs, des CP pour le sous-système au-dessus du pin-
puisque globalement et par définition du pince- cement, où elle s’applique par analogie.
ment, les profils de température des CCs chaude
et froide s'écartent l'un de l'autre en s'éloignant du
pincement.
La Fig. 7-6 montre un exemple de split du flux 4, de son énergie soit transferée au flux 5. Le flux 2
permettant de respecter la règle des CP. est alors "coché". Ensuite, les flux 1 et flux 4 sont
connectés et le flux 1 "coché", puis les flux 3 et 4.
Attention : le respect de la règle des CP est impé-
ratif pour les HEXs directement au pincement et Ensuite, le sous-système inférieur est résolu en
pour tous les HEXs qui "démarrent avec ∆Tmin d’un connectant les deux branches du flux 4 avec le flux
côté" (c.-à-d. les HEXs au-dessus du pincement 1 et avec le flux 2.
dont le côté "froid" présente une différence de
température de ∆Tmin, resp. les HEXs en dessous
du pincement dont le côté "chaud" a une différence
de température de ∆Tmin) !
Pour tous les autres HEXs, la règle des CP peut
être enfreinte, tant que le ∆Tmin est bien respecté.
7.3.2 Débuter au pincement
matique. Par ailleurs, cette règle entre en contra- té(s) chaude(s) inclue(s)), et la CC froide (utilité(s)
diction avec l’objectif de minimisation de la surface froide(s) inclue(s)), en fonction de la température
totale de transfert du HEN, objectif qui peut être de la CC froide, utilité(s) froide(s) inclue(s) (en axe
visé à l’aide du "Driving Force Plot". x).
Il revient à l’ingénieur(e) de définir les critères et La Fig. 7-8 (a) illustre la construction du Driving
d’utiliser les outils appropriés pour concevoir un Force Plot.
MER HEN initial répondant au mieux aux objectifs.
Les contraintes d’exploitation ou les limitations Un HEX parfaitement aligné sur le Driving Force
techniques jouent également souvent un rôle im- Plot satisfait au transfert de chaleur vertical con-
portant. formément aux CCs (b). Au contraire, un HEX qui
s’écarte du Driving Force Plot en une extrémité (c)
7.3.5 Driving Force Plot
ou même à ses deux extremités (d) réalise un
Le "Driving Force Plot" est un diagramme d’aide à transfert de chaleur en "criss-cross" : le transfert
la conception d’un HEN de surface totale mini- de chaleur du HEX exploite trop ou trop peu de la
male. Il est déduit des CCs et représente, en axe différence de température (driving force) disponible
y, la différence de température disponible vertica- verticalement entre CC chaude et CC froide. Un
lement (Driving Force) entre la CC chaude (utili- HEX dont le profil s’écarte du Driving Force Plot
engendre toujours d’autres transferts en criss-
T DT
DTmin
b
a
a DTmin
H& (a) Tc
DT DT DT
Tc Tc Tc
(b) (c) (d)
Fig. 7-8 (a) : construction du Driving Force Plot ; (b) à (d) : utilisation du Driving Force Plot pour évaluer la "qualité"
du transfert de chaleur des échangeurs ; (b) : échangeur transférant la chaleur "verticalement" conformément aux
CCs ; (c) et (d) : échangeurs transférant la chaleur sous une différence de température supérieure (transfert non-
vertical, dégradation potentiellement pénalisante du niveau de température)
55
cross pour "compenser", et conduit dans le pire coûts fixes associés à chaque échangeur, la mini-
des cas à un HEN qui ne peut plus respecter, pour misation du nombre d’échangeurs est prioritaire
un ou plusieurs HEXs, le ∆Tmin. Dans la plupart des sur la minimisation de la surface de transfert.
cas, un système avec de nombreux HEXs
La manière économiquement la plus efficace de
s’écartant du Driving Force Plot conduit à une sur-
concevoir le réseau revient à l’ingénieur(e) et tient
face totale de transfert plus grande.
aussi compte des conditions cadres de
Considérons encore une fois le sous-système en l’installation. Il existe souvent différentes solutions.
dessous du pincement de la Fig. 7-7. Un coup
d’œil sur le Driving Force Plot de l’HEX entre le
flux 1 et le flux 4 montre que l’HEX n’est pas placé
de façon optimale : à son extrémité "froide", une
différence de température de 20 K uniquement est
utilisée, alors qu’env. 24 K seraient disponibles (cf.
Fig. 7-9).
Par un split approprié, la différence de température
peut être mieux exploitée. Si le flux 4 en dessous
du pincement est dédoublé proportionnellement
(en terme de valeurs CP) aux flux 1 et 2, alors les
deux flux chauds atteignent 74°C et le transfert de
chaleur s’effectue verticalement (cf. Fig. 7-10),
avec un ∆T de 24 K à l’extrémité froide de l’HEX.
DΤ / K
Pincement
être relativisée au cas par cas. Dans les zones où tion des valeurs cibles (Targeting) : transfert de
ΔT > ΔTmin, un HEX entre flux présentant des coef- chaleur vertical, répartition égale de la surface
ficients de transfert plus faibles que la moyenne d’échange entre tous les HEXs, etc. Ces hypo-
devra plutôt exploiter une différence de tempéra- thèses ne sont en effet pas toujours valables dans
ture plus grande que disponible verticalement la pratique.
entre les CCs. A l’inverse, un HEX entre flux dont 7.4.1 Loops & Paths
les coefficients de transfert sont plus élevés que la
moyenne devra plutôt exploiter une différence de La méthode des boucles et des trajectoires de
température réduite. relaxation (Loops & Paths) peut être utilisée pour
la redistribution des puissances dans le HEN.
L’objectif est une réduction du nombre d’HEXs
7.4 Optimisation du réseau HEN et/ou une réduction de la surface du HEN.
Comme cette méthode conduit à des infractions
Même lorsqu'un HEN atteint toutes les valeurs
("violations") des règles des MER HEN, elle est
cibles du Supertargeting, il peut encore, le cas
échéant, présenter un potentiel de réduction des employée dans la plupart des outils avec le mode
appelé Relaxed HEN. Le mode Relaxed HEN est
coûts totaux annuels. C’est le cas en raison des
décrit dans la section suivante.
hypothèses simplificatrices prises lors de la défini-
+7.5 kW
HEXnouveau
-7.5 kW
+7.5 kW
Τ / °C Τ / °C Τ / °C
Fig. 7-11 En haut : identification d’une boucle dans le HEN (à gauche). Ouverture de la boucle en reportant la puis-
sance du plus petit HEX (au milieu). Respect du ∆Tmin en reportant la puissance X le long d’une trajectoire de relaxa-
tion (Path) (à droite) En bas : profils de température du transfert de chaleur entre les flux 1 et 4 au pincement
57
Considérons un MER HEN de quatre flux de pro- L’HEX résultant apparaît sur la Fig. 7-11 (en haut à
cédé avec ∆Tmin = 10 K (Fig. 7-11, en haut à droite). L’HEXnouveau a une puissance inférieure de
gauche) : une boucle (Loop) apparaît entre les flux 7.5 kW à la somme des puissances des deux
1 et 4. La conception du HEN avec deux HEX sé- HEXs initiaux de la boucle et le besoin en utilités
parés pour les sous-systèmes au-dessus et en chaude et froide augmente respectivement de
dessous du pincement est certes optimale du point 7.5 kW. Le ∆Tmin est respecté et en comparaison
de vue des profils de température, mais dans la avec la Fig. 7-11 (en haut à gauche) un HEX a été
pratique souvent difficile à réguler et coûteuse au supprimé. Le HEN est maintenant un réseau re-
regard des deux HEXs séparés. laxé (Relaxed HEN), étant donné que l'HEXnouveau
traverse légèrement le pincement. Le Relaxed
Il est expliqué ci-après comment ouvrir la boucle
HEN est décrit plus en détails dans la section sui-
entre les flux 1 et 4 et la remplacer par un seul
vante.
HEX (avec une puissance légèrement inférieure),
nommé ici HEXnouveau. La Fig. 7-11 (c) illustre le Driving Force Plot du
HEXnouveau. En comparaison avec la Fig. 7-11 (b),
Dans la Fig. 7-11 (au milieu, en haut), les 30 kW
le flux chaud 4 a été translaté horizontalement vers
de l’HEX entre les flux 1 et 4 sont déplacés du
la gauche et le ∆Tmin est à nouveau respecté.
sous-système inférieur vers l’HEXnouveau du sous-
système supérieur. En raison des 30 kW supplé- 7.4.2 Relaxed HEN
mentaires sur l‘HEXnouveau, les températures à son
Lorsque la transposition directe dans une installa-
extrémité froide valent alors respectivement 65°C
tion est complexe techniquement ou économique-
et 70°C pour les flux 1 et 4.
ment non optimale, un MER HEN doit alors être
Le nouveau ∆T de 5 K est plus petit que le ∆Tmin simplifié et rendu apte à être mis en œuvre.
de 10 K. Cela apparaît clairement par la comparai-
Simplifier signifie dans ce cas : réduire la com-
son des flux dans le diagramme T , H& (Fig. 7-11 (a)
plexité et le nombre d’HEXs en supprimant et re-
et (b)). La puissance transférée augmente de
groupant, resp. en agrandissant les HEXs, et par
30 kW ; en conséquence l’extrémité froide de
des ajustements locaux de ∆Tmin de certains HEXs.
l’HEX se translate vers la gauche et le ∆Tmin n’est
Ce HEN simplifié est appelé Relaxed HEN. Re-
plus respecté.
laxed, parce que les principes stricts convenus lors
Cette violation peut être corrigée à l’aide d’une de la conception du MER HEN (par ex. pas de
trajectoire de relaxation (Path). Une trajectoire transfert de chaleur à travers le pincement, respect
de relaxation est une liaison énergétique, le long absolu du ∆Tmin) sont "allégés".
d'un ou plusieurs flux et par l’intermédiaire de
La première priorité lors de la simplification est la
HEX(s), entre l’utilité chaude et l’utilité froide,
réduction de la complexité et du nombre d’HEXs,
comme représenté sur la Fig. 7-11 (en haut à
avec le maintien du ∆Tmin. L’exploitation des
droite). Si l’utilité froide est augmentée de X kW,
boucles et des trajectoires de relaxation (Loops &
l’HEXnouveau transfère X kW de moins et le flux 4
Paths), décrite précédemment, est une méthode
doit finalement être chauffé de X kW supplémen-
appropriée.
taires. Il s’agit donc de déterminer la valeur X per-
mettant de corriger la violation en rétablissant le La deuxième priorité lors de la simplification est
∆Tmin à l’extrémité froide de l’HEX. l’ajustement local du ∆Tmin. Lorsque la table de flux
contient des fluides dont les coefficients de trans-
Le calcul de la puissance X est simple: l’extrémité
fert de chaleur respectifs diffèrent d’un ou plu-
froide de HEXnouveau est fixée à 65°C par le flux 1.
sieurs ordres de grandeur, un report de puis-
L’extremité froide du flux 4 doit alors, pour respec-
sances entre HEXs peut être rentable.
ter le ∆Tmin, être de 75°C, autrement dit doit "re-
monter" de 5 K en comparaison de la situation Exemple
représentée à la Fig. 7-11 (au milieu en haut).
De l’eau froide (a » 2'000 W/m2K) est chauffée par
Pour une valeur CP de 1.5 kW/K (flux 4), ces 5 K
un HEX 1 (par ex. un produit aqueux,
donnent exactement 5 x 1.5 = 7.5 kW : La puis-
a » 2'000 W/m2K) et un HEX 2 (par ex. gaz de
sance X recherchée vaut donc 7.5 kW.
fumée, a » 50 W/m2K) connectés en série. Les
58
deux HEXs ont les mêmes différences de tempéra- peuvent très rapidement réduire à néant la
ture. L’HEX 1, de par sa valeur k (coefficient de rentabilité d’une mesure ;
transfert global) élevée, requiert une surface de
- sécurité : une huile thermique combinée à
transfert par unité de puissance cédée (m2/kW)
un fluide chimique réactif au-dessus de
plus faible que l’HEX 2 sur les gaz de fumée. En
200°C ;
conséquence, il peut être rentable d’augmenter la
puissance de l’HEX 1 (et de diminuer le ∆T), en - statique : un HEX trop lourd pour la toiture
diminuant du même coup la puissance de l’HEX 2. de la halle ;
Il existe différents outils qui permettent - flexibilité : le couplage de deux flux d’une
l’établissement d’un Relaxed HEN à partir d’un même installation complique le démarrage et
MER HEN. C’est le cas par exemple du logiciel l’arrêt de l’installation ou restreint la flexibilité
PinCH 2.0. lors de changements de production et/ou
d’extensions futures ;
- matériaux : une association de substances
7.5 Limitations et contraintes
corrosives, par ex. de l’acide chlorydrique et
Les restrictions à la mise en œuvre des HEXs l’acide fluorhydrique, pour lesquelles il est
conçus selon les principes décrits dans ce chapitre difficile de trouver un matériau de l’HEX ré-
peuvent être de différents types : sistant à la corrosion.
- distance : les flux à combiner (par ex. air Les problèmes courants ci-après peuvent être
extrait et eau d’appoint) sont éloignés l’un de évités par une définition intelligente de la table de
l’autre ; flux :
- contraintes d’espace disponible : un grand - encrassement (Fouling) : un HEX prévu
HEX air/air avec les gaines d’air correspon- pour les eaux usées requiert une surface de
dantes dans une fabrique de papier caracté- transfert nettement plus grande que celle
risée par un manque d’espace libre entre les calculée lors de l'analyse Pinch en raison de
installations existantes ; l’encrassement (Fouling) : la valeur a prise
en compte dans la table de flux doit déjà en
- hygiène : dans l’industrie alimentaire, un
tenir compte et être diminuée ;
HEX à condensation, placé après un sé-
cheur-atomiseur, peut engendrer une conta- - HEXs impossibles : par ex. le préchauffage
mination des condensats dans le sécheur en de fèves de cacao dans un torréfacteur par
cas de perturbations d’exploitation (dépres- des eaux usées. Les flux doivent toujours
sion) ; être modelisés de sorte que leur combinai-
son dans un HEX soit techniquement pos-
- pression (pertes de charge) : les pertes de
sible. Dans cet exemple, le flux inscrit dans
charge dans l’économiseur prévu (récupéra-
la table de flux doit être l’air de torréfaction et
tion de chaleur sur les gaz de fumée) sont
non les fèves de cacao (l’établissement de la
trop élevées pour le brûleur existant de la
table de flux est décrit plus en détails dans le
chaudière à vapeur et un ventilateur supplé-
chapitre 9) ;
mentaire de tirage sur les fumée est trop
cher ; - non simultanéité : deux flux, considérés
dans l’analyse Pinch comme simultanés,
- coûts de transformation : dans des installa-
n’existent dans la réalité pas toujours simul-
tions existantes, le démantèlement d’anciens
tanément. Dans ce cas, la combinaison des
HEXs peut représenter un investissement
flux dans un HEX peut être difficile à réguler
conséquent et dégrader fortement le temps
et le potentiel d’économies est alors suresti-
de retour d’un HEX ;
mé. Solution : définition temporelle exacte de
- arrêt de production : si le montage de l’HEX l’existence des flux dans un procédé ou op-
doit avoir lieu en dehors des arrêts de pro- timisation du transfert de chaleur à l’aide d’un
duction programmés, des heures de produc- stockage de chaleur.
tion précieuses sont perdues. Ces pertes
59
Les restrictions peuvent être à chaque fois condi- Les contraintes diminuent en pratique la RC at-
tionnelles ou impératives. Elles sont impératives teignable et la valorisation des rejets de chaleur,
lorsqu’elles représentent un problème de sécurité en comparaison des valeurs cibles énergétiques.
ingérable ou qu’elles rendent impossible techni-
Lors de la planification d’installations, il est impor-
quement la mise en place de l’HEX. La majorité
tant de garder à l’esprit les différents types de con-
des contraintes sont cependant conditionnelles :
traintes afin de ne pas être confronté, lors de la
une solution technique est théoriquement possible,
phase de réalisation, à des surcoûts conséquents
mais des surcoûts pour la mesure sont à prévoir,
ou même à des problèmes de sécurité.
resp. seraient trop élevés.
60
Ce chapitre est dédié à l’optimisation de Dans les faits, le ∆T de chaque intervalle est ce-
l’approvisionnement en énergies, resp. aux utilités pendant suffisamment grand pour qu’au moins une
chaudes et froides. Les niveaux de température partie de la chaleur puisse être transférée en biais
des utilités ainsi que leurs puissances sont déter- vers l’intervalle d’enthalpie immédiatement supé-
minés avec l’Analyse Pinch. L’objectif de l’optimi- rieur (par ex. de l’intervalle C vers l’intervalle 1).
sation est toujours une fourniture d’énergies aussi Par suite, le niveau de température de chauffage
bon marché que possible et adaptée aux besoins. peut être abaissé et le niveau de refroidissement
augmenté.
Les principes fondamentaux suivants pour la four-
niture d’énergies découlent de raisons exergé- T
Q& HU
tiques :
H
Principes fondamentaux pour le positionne- DTmin
5
ment des utilités : 4
DTmin
1. Energie de chauffage au niveau de tempé-
3
rature le plus bas possible
2
2. Energie de refroidissement au niveau de
température le plus élevé possible 1
DTmin
Exemple pour le chauffage : si un réseau vapeur C
est exploité à 12 bar(a) au lieu de 9 bar(a), les
pertes de distribution et les pertes exergétiques
Q& CU
dans les HEXs sont augmentées.
Exemple pour le refroidissement : si un réseau H&
de froid est exploité à 0°C au lieu de 5°C, la ma- Fig. 8-1 CCs et première hypothèse de niveaux de
chine frigorifique doit être exploitée avec une tem- température de la fourniture d’énergie
pérature d’évaporation inférieure. Le COP est alors
réduit et les coûts d'électricité pour le refroidisse- La seule exception est évidemment l’intervalle 3 :
ment plus élevés. Les pertes exergétiques dans celui-ci est situé immédiatement au-dessous du
les HEXs sont ici aussi augmentées. pincement et est ainsi séparé de l’intervalle 4 au-
Une première indication sur le niveau de tempéra- dessus du pincement par la différence de tempéra-
ture nécessaire pour les utilités est fournie par les ture minimale.
CCs. Partant de transferts de chaleur verticaux, et Les HEXs "en biais", établis sur le respect précis
donc avec une utilisation maximale de la différence du ∆Tmin (et non sur la différence de température
de température disponible, il est possible de sub- maximale disponible), sont indiqués avec des
diviser les CCs de l’exemple ci-dessous en un flèches sur la Fig. 8-1. Ils ne peuvent pas systéma-
intervalle de refroidissement C (cooling), 5 inter- tiquement être analysés avec les CCs. Une nou-
valles de RC et un intervalle de chauffage H (hea- velle méthode d'analyse est nécessaire : la courbe
ting) (voir Fig. 8-1). grande composite (GCC).
Il est alors possible d’admettre, en première ap- Information pour les chapitres suivants : les
proximation, que le niveau de refroidissement op- principes du transfert de chaleur vertical selon les
timal se situe à ∆Tmin en dessous de l’exigence de CCs et du transfert de chaleur "en biais" selon la
refroidissement la plus basse. Symétriquement, le GCC sont importants, notamment pour la compré-
niveau de chauffage optimal peut être présumé à hension des chapitres 12 et suivants, et doivent
∆Tmin au-dessus de l’exigence de chauffage la plus donc être bien assimilés !
haute.
61
8.2 Principes de base de la courbe grande de température égale à ∆Tmin . En effet, par la
composite (GCC) translation, une différence de température ∆Tmin
existe entre tout point de la CC chaude translatée
8.2.1 Construction de la courbe grande com-
et le point correspondant de la CC froide translatée
posite
situé à la même température translatée (c’est-à-
dire à l’horizontale du point de la composite
T
Q& HU chaude translatée).
Par définition, les CCs translatées présentent un
écartement horizontal nul au pincement.
DTmin
- La GCC représente le cumul des besoins de cha-
2
leur (au-dessus du pincement) ou des besoins de
DTmin
+ refroidissement (en dessous du pincement) en
2 fonction de la température (translatée). Aux "ex-
trémités" de la GCC (c-à-d aux températures
maximale et minimale), le cumul des besoins cor-
respond bien aux besoins en utilités chaude et
froide ( Q& HU et Q& CU ) définis par les CCs.
Q& CU Contrairement à la représentation des CCs, sur
laquelle les transferts de chaleur (verticalement de
H&
la CC chaude à la CC froide) sont "visibles", les
Fig. 8-2 Construction des courbes composites tran- transferts de chaleur sous ∆Tmin dans chaque in-
slatées tervalle de température n’apparaissent plus sur la
GCC, seul le bilan net est représenté. Les seg-
La courbe grande composite (GCC) est construite ments de la GCC ne sont plus interprétables
à partir des CCs. Elle n’est valable que pour un comme une composition de flux, ce qui rend la
∆Tmin déterminé, défini au préalable GCC une peu "abstraite" et difficile à "interpréter".
La construction de la GCC comporte deux étapes : Comme le montrent les sections suivantes, la GCC
1. translation verticale des CCs (Fig. 8-2) : la permet d’identifier les solutions prometteuses
CC chaude est translatée de -∆Tmin/2, et la d’approvisionnement énergétique du procédé et de
CC froide de +∆Tmin/2, de sorte qu’elles se les optimiser. Une fois celles-ci dimensionnées, la
touchent au point de pincement. Ces courbes suite de l’analyse se déroule à nouveau dans le
sont appelées courbes composites transla- domaine plus "concret" des CCs et du HEN (voir
tées (Shifted Composite Curves) ; section 8.5).
2. report, dans un diagramme T , H& , de la diffé-
rence horizontale entre les deux composites
translatées. La courbe résultante est la GCC
(Fig. 8-3).
Explications
Les courbes composites translatées permettent de
déterminer, pour chaque intervalle de température,
le bilan net (différence) entre les apports de cha-
leur des flux chauds et les besoins de chaleur des
flux froids. Lors du bilan, la chaleur est supposée
transférée "horizontalement" sous une différence
62
T *1) T*
Q& HU
E Q& HU
T *5
T *4
D
T *3
Zones
C neutres
T *2 (Pockets)
B
*
T 1
A
T *0
Q& CU
Q& CU
H& H&
Courbes composites translatées Courbe grande composite
1) température
Fig. 8-3 Des courbes composites translatées à la grande composite (GCC) translatée
63
T* Q& HU
Q& CU 1
Q& utile
H&
Q&CU + Q& utile G Pél
Fig. 8-4 Définition de plusieurs utilités grâce à la
GCC (a)
sont par ex. la vapeur (la part condensante) ou des Q& utile
fluides tels que les eaux usées, les eaux souter-
raines ou l’air, qui sont disponibles en grandes G Pél
quantités et dont les températures restent quasi
gf = gaz de fumée
inchangées lors de processus de refroidissement Q& comb = chaleur du combustible
ou de chauffage. Q& dépth = déperditions thermiques
Q& CU Q& = chaleur utile
Cette hypothèse simplificatrice n’est souvent pas utile
Pél = puissance électrique
valable. Ainsi, par exemple pour des petits débits,
(b)
la variation de température peut être significative
(gaz de fumée, boucle d’eau glycolée, circuit d’eau
Fig. 8-5 Intégration de couplages chaleur-force. (a)
chaude, huile thermique, etc.). Cette variation doit
Intégration erronée de la chaleur utile dans le sous-
être prise en compte lors de la définition du niveau
système en dessous du pincement, présentant déjà
de température des utilités. un excédent de chaleur (b) Intégration correcte de la
Par analogie avec la Fig. 8-4, le débit massique de chaleur utile dans le sous-système au-dessus du
ces vecteurs énergétiques peut être optimisé à un pincement, présentant un déficit de chaleur
procédé donné à l’aide de la GCC. Un exemple est
fourni avec la section 8.3.4 (intégration de turbines La Fig. 8-5 (b) montre l’intégration correcte du
à gaz). CCF dans le procédé. Selon la première règle d’or
du pincement, la chaleur utile alimente le sous-
8.3.2 Intégration de couplages chaleur-force
système au-dessus du pincement.
La Fig. 8-5 présente deux manières d’intégrer Pour l’évaluation plus précise de l’intégration de la
&
dans un procédé la chaleur valorisable Q des
utile chaleur de systèmes CCF dans un procédé, la
gaz de fumée et du refroidissement du moteur d’un GCC doit être prise en compte. L’intégration de la
couplage chaleur-force (CCF). chaleur de ces systèmes dans un procédé est à
La Fig. 8-5 symbolise un procédé séparé au pin- traiter de la même manière que l’optimisation de la
cement en deux sous-systèmes. Le sous-système fourniture d’énergies resp. des utilités.
en dessus du pincement présente un déficit de Conseils pratiques
chaleur, le sous-système en dessous du pince-
ment un excédent de chaleur. Si le CCF est inté- La température de pincement constitue un premier
gré selon la Fig. 8-5 (a), la chaleur utile est fournie indicateur très utile pour l’intégration d’un groupe
dans le sous-système avec excédent de chaleur. de cogénération basé sur un moteur à combustion
interne. En effet, la plus grosse partie de la chaleur
64
Gaz de
T* T* Q& HP
Vapeur haute pression fumée
Q& comb
Q& HP Pméc Q& dépth Pméc Q& BP
Chaudière
vapeur
Q& BP
Condensat
Fig. 8-6 Intégration de turbines à vapeur. (a) Structure schématique d’une turbine à vapeur et son intégration dans le
sous-système au-dessus du pincement (b) Dimensionnement de la turbine à vapeur à l’aide de la GCC
valorisable étant constituée par l’eau de refroidis- être fourni à haute pression. Les caractéristiques
sement du moteur, typiquement à 80-95°C, excep- de la turbine à vapeur en découlent. L’allure de la
tionnellement jusqu’à 105°C, le procédé doit impé- GCC (plus précisément la variation du besoin en
rativement présenter une température de pince- fonction de la température) permet de pré-
ment inférieure à 90°C pour qu’une cogénération optimiser le choix du (voire des) niveau(x) de pres-
de ce type soit pertinente. sion selon différents critères (exergétique, etc.).
Il faut donc d’abord optimiser la RC interne du 8.3.4 Intégration de turbines à gaz
procédé et par là connaitre le pincement, puis seu-
lement envisager, le cas échéant, une cogénéra- La Fig. 8-7 (a) montre la structure schématique
tion, et non le contraire ! Malheureusement, trop d’une turbine à gaz. La machine se compose d’un
souvent, c’est la démarche inverse qui est prati- compresseur et d’une turbine, montés sur le même
quée, qui peut conduire au paradoxe suivant : arbre. La turbine entraine le compresseur. L’air est
système de cogénération surdimensionné, voire comprimé dans le compresseur avant d’entrer
incompatible avec les mesures de RC interne, dans la chambre de combustion. Le mélange d’air
c’est-à-dire gaspillage d’énergie et de capital ! comprimé et de gaz de combustion est ensuite
détendu dans la turbine, générant ainsi la puis-
8.3.3 Intégration de turbines à vapeur sance mécanique pour l’entrainement du com-
presseur d’une part, et celui du générateur élec-
La détente de vapeur haute pression dans une
trique d'autre part. Les caractéristiques de fonc-
turbine à vapeur génère une puissance méca-
tionnement d’une turbine à gaz sont les suivantes :
nique. Comme en général le prix de l’électricité est
puissance électrique à produire, débit d’air à tra-
nettement plus élevé que celui de la vapeur, la
vers la machine, efficacité de conversion de la
production d’électricité peut être intéressante, non
chaleur en puissance mécanique, et température
seulement d’un point de vue exergétique, mais
du mélange de gaz sortant. La Fig. 8-7 (b) repré-
aussi et surtout d’un point de vue financier.
sente une GCC et illustre comment ajuster le débit
La Fig. 8-6 montre comment une turbine à vapeur de gaz d’échappement d’une turbine à gaz au
peut être dimensionnée à l’aide de la GCC. En procédé considéré. Pour une température donnée
effet, la GCC indique que la part Q& de la puis- des gaz en sortie de turbine, la puissance de la
BP
sance d’utilité chaude totale peut être fournie à turbine doit être choisie de sorte que la part de la
basse pression, le solde de puissance Q& HP devant puissance thermique des gaz d’échappement valo-
65
*
T* T* Téchap
Q& comb
Q& HU _ Q& utile
Pméc
Téchap Air
Pincement
TPinch
Ta
Fig. 8-7 Intégration de turbines à gaz. (a) Structure schématique d’une turbine à gaz et son intégration dans le sous-
système en dessus du pincement. (b) Dimensionnement de la turbine à gaz à l’aide de la GCC
risée pour les procédés soit maximisée. C’est le utilités classiques (par ex. vapeur, gaz de fumée,
cas lorsque le profil du refroidissement des gaz est eau chaude, réfrigérant, eau de refroidissement,
tangent en un point à la GCC (idéalement, comme etc.), qui prélèvent ou fournissent de la chaleur
dans cet exemple, le point de pincement), afin de “seulement d’un côté" du pincement.
minimiser les pertes à la cheminée (stack, Q& st ).
Les ECUs sont intégrées et dimensionnées de
Cette condition détermine le débit de gaz
manière rigoureuse selon les 3 règles d’or de
d’échappement et dimensionne la turbine à gaz.
l’Analyse Pinch. Les sections suivantes traitent des
Dans l’exemple de la Fig. 8-7 (b), le dimensionne-
pompes à chaleur, ainsi que des systèmes de
ment de la turbine à gaz est optimal. Le choix
compression mécanique et thermique de vapeur.
d’une turbine à gaz de puissance supérieure aug-
menterait certes la puissance électrique produite, 8.4.2 Pompes à chaleur
mais dégraderait son rendement thermique en
Positionnement erroné
raison de l’accroissement sur-proportionnel des
pertes à la cheminée. Les pompes à chaleur (PAC) transfèrent de la
chaleur d’un “bas niveau" de température à un
niveau de température plus élevé, afin que la cha-
8.4 Unités de conversion d’énergie - Energy leur puisse être valorisée.
Conversion Units (ECUs)
La Fig. 8-8 illustre une intégration de pompe à
8.4.1 Définition du concept d’unité de conver- chaleur fréquemment rencontrée en pratique.
sion d’énergie Dans cet exemple, la PAC est intégrée exclusive-
ment dans le sous-système en dessous du pince-
Une unité de conversion d’énergie (Energy Con-
ment. Avec cet arrangement, le condenseur en-
version Unit, ECU) est un système de conversion
freint la première règle d’or du pincement (apport
d’énergie. Ce terme est employé dans le présent
de chaleur externe uniquement au-dessus du pin-
manuel en lieu et place des systèmes de conver-
cement) et de fait la PAC n’est pas placée correc-
sion qui interagissent avec le procédé. Cela signi-
tement. Comme le sous-système en dessous du
fie que les ECUs revalorisent (autrement dit, ren-
pincement présente un excédent de chaleur, la
dent utilisable) de la chaleur mal ou pas utilisable
chaleur supplémentaire apportée par l’énergie
telle quelle. Les ECUs contrastent ainsi avec les
66
électrique doit être compensée par un besoin sup- chaude par de l’énergie électrique. Il en résulte
plémentaire en utilité froide. Au final, cette intégra- des pertes exergétiques importantes et une aug-
tion n’apporte aucun bénéfice : surcoût d’investis- mentation des coûts.
sement pour la PAC, surcoûts énergétiques (utilité
Positionnement correct
froide accrue, coût d’électricité pour la PAC).
La Fig. 8-10 illustre le positionnement correct
T *
Q& HU d’une pompe à chaleur : l’évaporateur prélève
l’excédent de chaleur du sous-système en des-
sous du pincement et le condenseur restitue la
chaleur dans le sous-système au-dessus du pin-
cement. De cette manière, les besoins en utilités
Q& 0 + Pméc tant chaude que froide sont réduits ! La PAC
respecte les trois règles d’or du pincement.
Pméc
La Fig. 8-10 (b) montre comment la GCC permet
Q& 0 de définir le positionnement et le dimensionnement
optimaux d’une PAC dans un procédé donné : non
seulement les niveaux de température de
Q& CU + Pméc Q& 0 = chaleur absorbée
à l’évaporateur l’évaporateur et du condenseur sont déterminés,
mais les puissances peuvent aussi être quantifées.
Fig. 8-8 Positionnement erroné d’une pompe à cha- Rappelons à ce sujet que le coefficient de perfor-
leur exclusivement dans le sous-système en dessous mance d’une pompe à chaleur est d’autant plus
du pincement élevé que l’écart de température entre
l’évaporateur et le condenseur est faible.
La Fig. 8-9 présente une pompe à chaleur intégrée
exclusivement dans le sous-système en dessus du Cas particulier : pompe à chaleur dans une
pincement. zone neutre
La Fig. 8-11 (a) représente une GCC avec des
_
T* Q& HU Pméc zones neutres (pockets). Comme décrit à la sec-
Q& 0 + Pméc tion 8.2.2, les zones neutres sont des intervalles
de température en équilibre énergétique,
Pméc l’excédent de chaleur des intervalles “supérieurs"
pouvant être "cascadé" vers les intervalles de tem-
pérature "inférieurs" pour combler le déficit de
Q& 0
chaleur de ces derniers. Pour ce type de GCC, la
fourniture de chaleur au procédé sous forme de
Q& 0 = chaleur absorbée
à l’évaporateur vapeur à trois niveaux de pression (HP, MP, et BP)
constitue une solution appropriée. Dans le cas
présent, il apparait cependant :
Q& CU
1. la puissance fournie en vapeur BP étant limi-
Fig. 8-9 Positionnement erroné d’une pompe à cha- tée, la génération d’électricité par détente de
leur exclusivement dans le sous-système au-dessus vapeur HP à BP est également limitée ;
du pincement 2. la zone neutre est "haute" ou "étendue", au-
trement dit présente une grande différence
L’évaporateur enfreint ici la deuxième règle d’or du de température entre les intervalles "supé-
pincement (extraction de chaleur uniquement en rieurs" excédentaires et les "inférieurs", défi-
dessous du pincement) et la PAC n’est de fait pas citaires. Cette situation correspond, sur les
placée correctement. Le système représenté trans- CCs, à des transferts de chaleur sous une
forme uniquement l’énergie électrique Pél en cha- grande différence de température, cause de
leur, ce qui ne conduit pas à une économie nette pertes exergétiques significatives.
d’utilité, mais à un remplacement partiel de l’utilité
67
T* T* Q& HU
Q& HU _ (Q& 0 + Pméc )
Q& 0 + Pméc
Q& 0 + Pméc
Pméc PAC
Q& 0
Q& 0
Q& CU
Q& CU _ Q& 0
H&
(a) (b)
Fig. 8-10 Positionnement correct d’une pompe à chaleur. (a) Positionnement correct d’une pompe à chaleur avec le
condenseur dans le sous-système en dessus du pincement et l’évaporateur dans le sous-système en dessous du
pincement. (b) Dimensionnement de la pompe à chaleur à l’aide de la GCC
T* HP T* HP
MP MP′
Q& 0 + Pméc
Pincement
d’utilité PAC
(CMV) Q& 0
BP BP'
Pincement
de procédé
Q& CU Q& CU
H& H&
(a) (b)
Fig. 8-11 Placement d’une pompe à chaleur dans une zone neutre. (a) Fourniture des besoins d’utilité chaude avec
les trois niveaux de vapeur HP (haute pression), MP (moyenne pression), BP (basse pression). (b) Augmentation du
besoin en vapeur BP (=> BP') et réduction du besoin de vapeur MP (=> MP') par intégration d’une pompe à chaleur
à cycle ouvert (à compression mécanique de vapeur, CMV) avec un évaporateur prélevant une puissance Q& 0 de la
zone neutre et restituant Q& 0 + Pméc au-dessus de celle-ci
vert (à compression mécanique de vapeur (CMV), Avec une élévation du point d’ébullition ∆TS ad-
présentée à la section suivante) est introduite pour mise de 5 K, le mélange s’évapore à 105°C et non
revaloriser la chaleur devenue excédentaire des à 100°C. Des buées surchauffées se forment ainsi
intervalles de température "supérieurs" ( Q& 0 ) pour à 105°C et 1.0 bar(a), et pourraient, au lieu d'être
substituer une puissance Q& 0 + Pméc correspon- rejetées à l'atmosphère, être condensées à 100°C,
dante de vapeur MP. puis sous-refroidies jusqu'à env. 75°C au sein du
procédé. Les 100°C ne suffisent cependant pas
Il en résulte une augmentation de la puissance
pour une utilisation directe en tant que vapeur de
électrique associée à la détente de la vapeur HP
chauffage dans l’évaporateur. Un ∆Tmin = 5 K est
en BP, dont une partie est consommée par le
considéré.
compresseur de la PAC, ainsi qu’une réduction
(voire suppression) de la vapeur MP consommée. Des CCs de la Fig. 8-13 (a), il ressort que
Conclusions : l’enthalpie des buées est suffisante pour le chauf-
fage, mais que le niveau de température est trop
Une pompe à chaleur peut dans de rares cas être bas. Les CCs ne peuvent en conséquence pas se
positionnée intégralement dans le sous-système superposer et une RC n’est alors pas possible (la
en dessus ou en dessous du pincement pour opti- chaleur nécessaire à l'évaporation est fournie par
miser les niveaux des utilités. Contrairement à une de vapeur). La Fig. 8-13 (a) illustre à droite la GCC
situation de pompe à chaleur au travers du pince- correspondante.
ment (selon la Fig. 8-10), dans ce cas particulier
de positionnement de la PAC, les besoins nets en buées – vapeur surchauffée
utilités chaude et froide restent essentiellement 0.6 kg/s
1 bar(a) 105°C
inchangés !
DTS = 5K
Selon l’importance des pertes exergétiques de la
zone neutre concernée et les températures Feed 1.0 kg/s
d’évaporation et de condensation de la PAC, il 70°C 105°C 105°C vapeur
peut en résulter un bénéfice économique net, ainsi 2 bar(a)
qu’une amélioration de la conversion d’énergie température de
condensation
(réduction des pertes exergétiques). 120°C
buées (partie en traitillé sur les CCs de la Fig. de transfert, voire le remplacement complet de
8-13 (b)) à une température de condensation de l'évaporateur. Ainsi, concevoir le système MVR
120°C permet de substituer, en régime établi, pour satisfaire aux conditions de fonctionnement
l'intégralité du besoin de vapeur de chauffage. Une actuelles de l'évaporateur évite des investisse-
MVR est donc une "pompe à chaleur à cycle ou- ments supplémentaires importants au niveau de
vert" avec un coefficient de performance élevé l'évaporateur lui-même.
(env. 14 dans les conditions considérées).
La Fig.8-14 représente schématiquement l’évapo-
Un fonctionnement à une température et une pres- rateur avec le compresseur de buées intégré.
sion de condensation inférieures réduirait certes la Dans les exemples simplifiés mentionnés, les
puissance mécanique de compression et augmen- buées comprimées sont valorisées directement
terait le coefficient de performance, mais ne per- pour le même procédé. Selon la GCC, une utilisa-
mettrait pas de fournir la puissance d'évaporation tion pour un autre procédé est également envisa-
requise sans un redimensionnement de la surface geable.
Fig. 8-13 CCs et GCC d’un évaporateur à un étage sans (a) et avec (b) compression mécanique de buées
70
- aspiration (pompage) de grands débits volu- Pour les calculs empiriques d’une TVR, consulter
miques, en particulier dans le domaine du [5].
vide poussé ;
71
Fig. 8-16 CCs et GCC d’un évaporateur à un étage sans (a) et avec (b) compression thermique des buées
72
8.5 Optimisation des utilités et consé- L’exemple de la Fig. 8-17 montre la GCC (à
quences pour la conception du HEN gauche) avec les utilités chaude et froide optimi-
sées, les courbes composites translatées équili-
Les utilités optimisées à l’aide de la GCC doivent
brées (au milieu) et les courbes composites équili-
impérativement être prises en considération dans
brées (à droite). Il apparaît clairement que chaque
le HEN. Il est donc nécessaire de concevoir le
point de "contact" d’une utilité avec la GCC en-
HEN sur la base sur des CCs avec les utilités
gendre un nouveau pincement, appelé pincement
inclues !
d’utilité. En effet, un point de "contact" sur la GCC
Dans l’Analyse Pinch, les CCs incluant les utilités correspond, ponctuellement, à un transfert de cha-
sont appelées courbes composites équilibrées leur sous ∆Tmin entre l’utilité et le procédé.
(Balanced Composite Curves, BCC). "Equili-
Lors de l’établissement du HEN, ces pincements
brées", parce que dans la BCC les sous-systèmes
d’utilité sont aussi critiques que le pincement de
tant inférieur que supérieur sont, chacuns, en équi-
procédé, et doivent en conséquence être pris en
libre.
compte.
DTmin
-
Q& CU 1 2
Q& CU 2
Q& CU 2 Q& CU 1
Q& CU
Fig. 8-17 GCC avec placement des utilités (à gauche) ; mise en place des utilités dans les courbes composites tran-
slatées équilibrées (au milieu), et représentation des courbes composites équilibrées (à droite)
73
9 Modélisation énergétique
9.1 Introduction
La base de toute analyse Pinch est une table de - remise en question des conditions du pro-
flux, c.-à-d. la liste de toutes les exigences de cédé (voir section 9.2),
chauffage et de refroidissement, sous forme de - définition des exigences du procédé (c.-à-d.
débit-masse, valeur cp, températures initiale et la table de flux, voir section 9.3).
finale, et valeur a (voir section 5.3).
9.2 Remise en question des conditions du
Lors de l’élaboration de la table de flux, l’ingénieur procédé
prend du recul par rapport à l’installation existante
et se concentre seulement sur les exigences du La remise en question des conditions du procédé
procédé (process requirements) et donc sur les est, indépendamment de l’analyse Pinch, une par-
exigences de chauffage et de refroidissement né- tie essentielle de chaque analyse énergétique.
cessaires au bon déroulement du procédé. Les Cette approche recèle d’un grand potentiel
exigences du procédé peuvent différer des condi- d’économies et est en même temps l’étape néces-
tions du procédé, autrement dit les conditions sitant le plus de connaissances du procédé. Une
dans lesquelles le procédé est exploité ! collaboration étroite avec les exploitants de
l’installation et/ou les fabricants est pour cette rai-
Exemple : dans une machine à papier, l’air entrant son absolument nécessaire.
dans le capot est chauffé de 20°C à 60°C avec
une RC (air extrait), puis de 60°C à 120°C dans un Ci après, on distingue entre l’optimisation de pro-
HEX avec de la vapeur. Le chauffage à 120°C en cédés individuels et l’augmentation du potentiel de
deux étapes décrit les conditions du procédé et transfert de chaleur entre différents procédés.
donc la "solution" actuelle. Des clarifications indi- 9.2.1 Optimisation de procédés individuels
quent cependant qu’une température de 110°C
pour l’air entrant dans le capot est suffisante. Lors de l’optimisation de procédés individuels, il
L’exigence du procédé et donc la situation de s’agit notamment de répondre aux questions sui-
départ de l’analyse Pinch est en conséquence le vantes :
chauffage l’air entrant dans le capot de 20°C à - quel est l’objectif effectif de l’étape du procé-
110°C. L’analyse Pinch montrera si et comment dé ?
cette exigence du procédé doit être satisfaite, avec
RC et/ou par ex. de la vapeur. - dans ce but, les températures sont-elles réel-
lement nécessaires ?
La qualité de la table de flux est logiquement déci-
sive pour la qualité de l’optimisation. A l’inverse, - les débits-masses sont-ils vraiment néces-
une définition des exigences trop "proche" des saires ?
conditions actuelles peut conduire à ne pas ré- - qu’est-ce qui engendre le besoin de chauf-
soudre le "vrai" problème, et passer à côté du po- fage / refroidissement ?
tentiel d’optimisation ! Une "bonne" modélisation
- comment le besoin de chauffage / refroidis-
énergétique augmente les chances d’une intégra-
sement peut-il être réduit ?
tion des procédés économiquement intéressante.
Des changements de production ou les transfor-
Il existe parfois différentes variantes pour définir
mations opérés par le passé sont souvent un in-
les exigences du procédé. Les sections suivantes
dice pour un fonctionnement inefficace du procé-
présentent, sur la base d’exemples, différents prin-
dé.
cipes, fondements et aides qui facilitent la modéli-
sation énergétique et par là l’établissement de la Exemple 1 : chauffage d’un bain de passivation
table de flux.
Un bain de passivation de l’industrie galvanique
La démarche comporte deux étapes principales : requiert une puissance de chauffage de 30 kW
pour son maintien à une température de 60°C. Le
chauffage est réalisé par des corps de chauffe
électriques immergés.
74
La discussion avec l’exploitant de l’installation deur pertinente pour définir la quantité d’eau utile
confirme rapidement que la température de 60°C par bouteille. Avec le passage aux bouteilles en
est l’exigence de procédé à considérer. La ques- PET (dont la chaleur spécifique est nettement plus
tion du débit-masse ne se pose pas dans ce cas faible), la quantité d’eau pourrait sans inconvénient
(chauffage électrique, liquide du bain "immobile"). pour le procédé être réduite au minimum hygié-
nique de 300 ml par bouteille.
Il reste donc à résoudre les deux questions sui-
vantes : 9.2.2 Augmentation du potentiel de transfert
de chaleur au sein de l’installation
- d’où provient le besoin de chauffage ?
- comment le besoin de chauffage peut-il être Après le questionnement et l’optimisation des con-
réduit ? ditions de production des flux considérés indivi-
duellement, la remise en question des exigences
Voici les esquisses de réponse : du procédé, en ce qui concerme le potentiel de
D’où vient le Comment le besoin de
transfert de chaleur, doit être élargie à l’installation
besoin de chauffage peut-il être réduit?
complète.
chauffage ? Le potentiel de transfert de chaleur peut en géné-
ral être amélioré lorsque les exigences de chauf-
Pertes par Réduction de la vitesse de l’air à la
fage et de refroidissement des procédés sont défi-
évaporation à la surface de l’eau au moyen de :
nies comme suit 4 :
surface de l‘eau - billes flottantes
- définition du besoin de chauffage (flux froid)
- réduction de l‘aspiration
à son niveau de température le plus bas
Appoint d’eau Préchauffage de l’eau d’appoint possible (voir exemple 1 ci-après) ;
par RC -> à intégrer dans la
- définition du besoin de refroidissement (flux
modélisation
chaud) à son niveau de température le plus
Chauffage du - amélioration du planning élevé possible (voir exemple 2 ci-après).
bain après d’utilisation du bain
Pour une optimisation réussie au niveau de
refroidissement - utilisation du bain comme l’installation complète, les questions suivantes
stockage tampon de chaleur doivent être abordées :
(stockage des rejets de chaleur)
- quelles variantes existe-t-il pour le chauffage
Déperditions Calorifugeage / refroidissement d’un flux ?
thermique du
bassin - quelles influences le mode de chauffage /
refroidissement a-t-il sur les opportunités de
Tab. 9-1 Remise en question des conditions du pro- transfert de chaleur entre des flux et sur
cédé à l’aide d’une analyse ciblée des besoins en l’approvisionnement en énergie ?
énergie
Il n’est pas évident, au stade de la modélisation
énergétique, de savoir quelle variante se révélera
Exemple 2 : exploitation conforme aux besoins
la plus avantageuse. En règle générale, les béné-
effectifs dans l’industrie des boissons
fices énergétiques respectifs des différentes va-
Dans l’industrie des boissons, une laveuse de riantes de chauffage / refroidissement se dégagent
bouteilles consomme 500 ml d’eau fraîche par clairement seulement lors de l’analyse des CCs
bouteille pour le lavage de bouteilles en PET. durant le targeting. Une analyse itérative peut donc
Cette machine était dimensionnée originellement
pour le nettoyage de bouteilles en verre. Les con-
ditions d’exploitation n’ont pas été modifiées. 4 Dans certains cas il est également pertinent de choisir
consciemment de ne pas exploiter les procédés selon
Une discussion avec l’exploitant de l’installation a ces deux principes. Ainsi par ex. l’évaporation du lait en
révélé que l’eau fraîche remplit tant un but de re- trois étages est exploitée avec trois niveaux de pression
froidissement qu’un but de nettoyage. Lorsque (et de température) distincts, afin de pouvoir utiliser les
rejets de chaleur (c-à-d l’eau évaporée issue du lait) d’un
l’installation fonctionnait avec des bouteilles en évaporateur pour l’étage d’évaporation suivant.
verre, l’exigence de refroidissement était la gran-
75
Le chauffage électrique ne permet pas de RC, Fig. 9-2 Représentation des exigences du procédé
présente de grandes pertes exergétiques et est des variantes (a) et (b) dans le diagramme T , H&
relativement cher. C’est pourquoi un chauffage par
un fluide caloporteur devrait être investigué. Les
Dans la variante (a), le transfert de chaleur du
figures suivantes montrent les deux concepts pos-
registre de chauffage immergé vers le bain n’est
sibles pour le chauffage par un fluide caloporteur.
pas particulièrement efficace (liquide du bain "im-
mobile", transfert par convection naturelle). D'où la
bain nécessité d'une différence de température suffi-
a) 75°C samment grande entre le circuit intermédiaire et le
60°C
bain afin que les 30 kW requis puissent être trans-
65°C férés au bain. L’exigence du procédé est dans ce
cas un flux froid qui doit par exemple être chauffé
de 65°C à 75°C.
Dans la variante (b), le contenu du bain peut être
bain circulé directement dans un HEX à plaques à
b) 65°C
60°C contre-courant. L’exigence du procédé est dans ce
cas un flux froid qui doit par exemple être chauffé
60°C de 60°C (température du bain) à 65°C. La tempé-
rature finale peut être modifiée en fonction du be-
Fig. 9-1 Possibilités de mise en œuvre du chauffage soin par ajustement du débit-masse en circulation
d’un bain par un fluide caloporteur : (a) chauffage par (par ex. à 62.5°C avec un doublement du débit-
HEX immergé et circuit intermédiaire et (b) chauffage masse ou à 70°C avec un débit-masse réduit de
direct par circulation forcée du liquide du bain dans moitié), tant que la puissance transférée est bien
un HEX externe de 30 kW.
Le niveau de température de l’exigence du procé-
Dans la variante (a), le bain est chauffé par un
dé peut être décisif pour une possibilité de RC ou
HEX immergé et un circuit intermédiaire. Dans la
pour le type de fourniture d’énergie. Ainsi par ex. la
variante (b), le liquide du bain est constamment
mise en place d’une pompe à chaleur pour le
pompé et chauffé dans un HEX externe.
chauffage du bain est ici nettement plus réaliste
2. Quelles influences le type de chauffage a-t-il sur pour la variante (b) que pour la variante (a).
les opportunités de transfert entre des flux ?
Exemple 2 : exploiter les sources de rejets de
Les exigences du procédé selon les variantes (a) chaleur
et (b) sont représentées dans le diagramme T , H&
Un problème fréquent concernant les sources de
ci-dessous. L’exigence du procédé théorique (flux
rejets de chaleur est leur bas niveau de tempéra-
froid inférieur) illustre le besoin réel de température
ture. Les conditions du procédé peuvent parfois
– le maintien du bain à 60°C.
76
être modifiées afin de rendre ces sources utili- 9.3 Définition des exigences du procédé
sables pour la récupération de chaleur.
9.3.1 Principes de l’extraction des données
Dans l’industrie sidérurgique notamment, des fours
Après le questionnement des conditions du procé-
à haute température sont utilisés. A plein régime
dé, les exigences du procédé et donc la table de
de fonctionnement, la température de certaines
flux peuvent être établies.
parties du four peut dépasser 300°C, nécessitant
leur refroidissement pour garantir leur tenue mé- Les principes d’extraction des données suivants
canique et/ou leur bon fonctionnement (exigence permettent de déterminer la table de flux :
du procédé selon la Fig. 9-3).
Principes d’extraction des données
Pour cela, de l’air frais "froid" est aspiré de 1. "Faire abstraction" des HEXs et des accu-
l'ambiance et continuellement soufflé sur ces par- mulateurs (stockages)
ties critiques, où il se réchauffe en moyenne à env. 2. Maintenir chaud les flux chauds et froid les
60°C, avant de se dissiper dans l'ambiance (tem- flux froids (Keep Hot Streams Hot and Cold
pérature ambiante de 20°C). Ce débit d'air est
Streams Cold)
théoriquement utilisable pour la RC (voir valeur
3. Modéliser du côté sûr (on the safe side)
réelle air refroidissement sur la Fig. 9-3).
4. Modéliser au moyen d’un flux de substitu-
Τ / °C tion si besoin
5. Identifier les flux non obligatoires (opportu-
300 du procédé nités de RC = Soft Streams).
exigence
6. Regrouper les flux
250
Ces principes sont expliqués séparément dans les
200 prochaines sections.
150 nt Avant d’appliquer ces six principes, il faut encore
seme
o idis clarifier pour chaque procédé si et jusqu’où les
100 refr
e air conditions du procédé doivent être considérées
s i gn
50 con t comme modifiables ou non. Le bon choix de la
issemen
elle air refroid profondeur d’analyse nécessite la connaissance
valeur ré
des principes d’extraction des données et est dé-
250 500 750 1000 H& / kW
crit dans la section 9.3.2 pour des raisons didac-
tiques.
Fig. 9-3 Représentation de l’exigence du procédé et
du flux d’air de refroidissement correspondant (soft PRINCIPE 1 Faire abstraction des HEXs et
stream) des accumulateurs
Dans cette étape, l’ingénieur(e) prend dans un
La chaleur de l’air de refroidissement à 60°C n’est premier temps de la distance par rapport à
pas utilisable dans l’installation. Des températures l’installation existante et se concentre uniquement
plus élevées, de l’ordre de 150°C (voir consigne air sur les exigences du procédé indispensables au
refroidissement sur la Fig. 9-3), sont requises pour procédé de production.
permettre une valorisation.
Les étapes suivantes doivent être suivies :
Dans le procédé, les "surfaces de transfert de cha-
leur" (la surface des parties critiques à refroidir) et 1. "faire abstraction" des HEXs déjà en place
les puissances à évacuer sont données. Afin de dans l’installation ;
pouvoir atteindre de plus hautes températures de 2. "faire abstraction" des accumulateurs qui ne
l’air de refroidissement, la quantité d’air frais doit sont pas pertinents pour le procédé et ne pré-
être réduite et simultanément le coefficient de sentent pas d’exigence de température (voir
transfert de chaleur de l’air à la surface doit être l’exemple ci-dessous) ;
augmenté. Cela peut être obtenu par ex. à l'aide 3. représenter toutes les étapes du procédé en
d'un guidage de l'air ciblé sur les surfaces à refroi- un flux unique, si la composition du flux ne va-
dir (pas de débit d'air "parasite" non réchauffé). rie pas et que les exigences du procédé peu-
77
vent théoriquement être considérées en une A l’étape 1, l’installation est considérée sans aucun
seule étape de procédé (voir l’exemple ci- des HEXs existants (les échangeurs représentés à
dessous). la Fig. 9-4 font partie de la solution de RC exis-
tante et non du cahier des charges. Il s’agit, dans
Pour les procédés suivants, la composition du flux
un premier temps au moins, de "repartir à zéro", de
ne varie pas et les exigences du procédé peuvent
s’affranchir du schéma actuel de la RC, afin de
théoriquement être définies en un flux :
permettre, par l’analyse Pinch, de faire émerger
- chauffage/refroidissement simple, d’autres solutions plus optimales, ou de confirmer
- évaporateur de mono-substance, le schéma actuel si celui-ci devait correspondre à
- condenseur. la meilleure solution). Les exigences de production
peuvent alors être définies selon le Tab. 9-2.
A contrario, dans les procédés suivants, la compo-
sition du flux varie et par conséquent les exigences &
m cp Tin Tout H&
H/C Fluide
thermiques doivent être représentées par plusieurs [kg/h] [kJ/kgK] [°C] [°C] [kW]
flux :
C1 Eau fr. 1‘200 4.18 12 40 39
- colonne d‘absorption,
C2 Sirop 3‘000 2.4 40 75 70
- laveur,
H1 Sirop 3‘000 2.4 75 12 126
- mélange réactif dans un réacteur,
Tab. 9-2 Table des flux pour la pasteurisation de
- colonne de distillation. sirop selon la Fig. 9-4
Exemple : pasteurisation de sirop de sucre
A l’étape 2, il est maintenant vérifié si le tank de
La Fig. 9-4 illustre un exemple de pasteurisation
dissolution est pertinent pour le procédé et s’il a
de sirop de sucre, comme utilisée par ex. dans
une exigence de température. C’est bien le cas, le
l’industrie des boissons. Le sucre est ajouté à l’eau
tank de dissolution ne peut ainsi pas être supprimé
dans un tank de dissolution ; l’eau s’y trouve à une
de la modélisation.
température de 40°C, sans quoi la solubilisation du
sucre ne serait pas complète. La solution est ré- Si le tank de dissolution était facultatif, il faudrait
glée à env. 60 Brix, ce qui correspond à env. alors encore vérifier à l’étape 3 si la composition
0.6 kg de sucre par kg de sirop. Pour simplifier, il du flux entre C1 et C2 a été modifiée. C’est le cas
est admis que la solubilisation à la température de (le sucre est ajouté).
40°C est une exigence du procédé, et que la tem- Les étapes 2 et 3 confirment ainsi que les flux C1
pérature dans le tank de dissolution reste cons- et C2 ne peuvent pas être regroupés en un flux –
tante pendant l’ajout de sucre. La pasteurisation a la table des flux du Tab. 9-2 est ainsi bien correcte.
lieu en continu.
0°C 2°C
c p = 2.4 kJ/kg K
m& = 3000 kg/h tank de
dissolution
40°C
PRINCIPE 2 Keep Hot Streams Hot and Cold pincement à la zone au-dessus du pincement (au-
Streams Cold trement dit si la température de pincement pour les
flux chauds se situe entre 50°C et 100°C), le po-
Des flux présentant des niveaux de température
tentiel de RC sera alors augmenté.
différents ne doivent pas être mélangés (autrement
dit : pas de mélange non isothermes). Eviter autant
Τ / °C
que possible la dégradation du niveau de tempéra-
100 b)
ture des flux chauds. De manière symétrique,
maintenir les besoins de chaleur des flux froids à
leur niveau de température le plus bas possible.
75 a)
La Fig. 9-5 illustre cette règle. Deux flux doivent
être refroidis de 100°C, resp. 50°C, jusqu’à 25°C. Il
est admis que les deux flux ont un débit-masse 50
identique et la même chaleur spécifique.
100°C 25
75°C 25°C
(a)
50°C
H& / kW
ment dit majorer le profil de température réel. PRINCIPE 4 Modélisation par flux de substi-
Cette manière prudente (conservative) tution si nécessaire
d’approximer les flux évite des valeurs cibles de
Dans certains cas, il n’est pas judicieux de modéli-
RC trop optimistes et non atteignables en pratique.
ser l’exigence du procédé elle-même. C’est en
Τ / °C particulier le cas lorsque l’exigence thermique est
étroitement liée à une technique de procédés don-
née, et que cette dernière n’est pas remise en
question.
Principes de base de modélisation par flux
de substitution
tion mentionné ci-dessus, une paire de substances Les soft streams froids sont modélisés de manière
théoriquement combinables devait en résulter lors analogue aux soft streams chauds. Ils sont cepen-
de la conception de l’HEN (par ex. des fèves de dant bien plus rares dans l’industrie suisse.
cacao et de l’air chaud), la modélisation énergé-
Il existe aussi de soi-disant soft streams, comme
tique serait pourtant encore fausse : le chauffage
par exemple l’évaporation du CO2 dans l’industrie
des fèves avec de l’air chaud (par ex. dans un lit
des boissons. L’évaporation s’effectue essentiel-
fluidisé ou dans le torrréfacteur lui-même) ne peut
lement en dessous de 0°C et en régle générale
pas être représenté avec les fonctions de coûts
s’effectue au travers d’un HEX, qui utilise la cha-
des HEXs utilisée par l’Analyse Pinch.
leur ambiante. Un lieu d’implantation classique
PRINCIPE 5 Identification des Soft Streams pour un tel HEX est par ex. un local à proximité de
(flux non obligatoires) la chaufferie ou un mur de bâtiment ensoleillé.
Comme une puissance effective de chauffage
Les soft streams sont des flux dont le potentiel
n’est pas associée, de telles exigences de procédé
thermique peut être utilisé, sans pour autant être
sont souvent oubliées. L’évaporateur pourrait ef-
une obligation. Des soft streams chauds courants
fectivement être utilisé comme source froide, par
sont les eaux usées ou l’air extrait.
exemple pour refroidir un circuit eau/glycol.
Si par exemple des eaux usées sont disponibles à
PRINCIPE 6 Regrouper les flux
25°C, elles peuvent être définies comme un soft
stream dans la table de flux. La température finale Les flux concernant un même fluide présentant
Tout dans la table de flux sera fixée en première des exigences de températures identiques ou se
approximation à la température de l’eau fraîche chevauchant peuvent être regroupés, si cela est
(env. 12°C). La température de l’eau fraîche est envisageable d’un point de vue technique des
pour ainsi dire le point de référence d’enthalpie procédés, resp. si cela est déjà en place dans le
nulle et un refroidissement des eaux usées en- procédé existant. Ainsi, la complexité de la modéli-
deçà de cette température ne permet plus de RC. sation peut le cas échéant être réduite et le HEN
réalisé avec moins de HEXs.
Dans le cas d’air extrait "humide", l’approche est la
même. La température cible Tout choisie pour la Le regroupement de soft streams (par ex. de l’air
table de flux est ici la température ambiante. extrait) peut aussi être pertinent dans la mesure où
les températures et/ou les humidités absolues
Les soft streams ne doivent être utilisés que s’ils
(dans le cas d’air extrait) ne diffèrent pas significa-
ne sont pas en concurrence avec une exigence du
tivement.
procédé. Autrement dit, les flux de procédé, qui
représentent des exigences (obligatoires) du pro- La Fig. 9-8 reprend l’exemple de la Fig. 9-5. Dans
cédé, doivent être satisfaits en priorité. Ainsi, la variante (c), les deux flux de la variante (b) sont
l’interprétation stricte des règles d’or du pincement regroupés à partir de 50°C. Contrairement à la
consisterait à ne pas utiliser la chaleur des soft variante (a), le mélange s’effectue ici de manière
streams chauds en dessous du pincement (car isotherme, compatible avec le principe 3 (Keep Hot
cette zone présente déjà un excédent de chaleur Streams Hot and Cold Streams Cold). Du point de
avec les seuls flux de procédés obligatoires). Dans vue de la CC chaude, des variantes (b) et (c) sont
la pratique cependant, il est souvent pertinent de identiques. Selon le(s) flux froid(s) concerné(s) par
considérer ces soft streams, car les HEXs entre la RC, la variante (c) peut éventuellement être plus
flux de procédé obligatoires (selon le MER HEN) économe en place et en coûts. Ceci en raison de
peuvent rarement tous être mis en place. l’utilisation possible de l’entier de la chaleur rejetée
en dessous de 50°C dans un seul HEX.
La part utilisable des soft streams est définie lors
du targeting, en ajustant de manière itérative la
température cible Tout du (ou des) soft stream(s)
conformément aux CCs, afin de ne pas concurren-
cer les exigences effectives (obligatoires) du pro-
cédé et de ne pas engendrer des coûts de chauf-
fage ou de refroidissement fictifs.
81
0°C 2°C
c p = 2.4 kJ/kg K
m& = 3000 kg/h Tank de
dissolution
40°C
Fig. 9-9 Définition de la profondeur d’analyse pour l’établissement de la table de flux d'un pasteurisateur de sirop de
sucre. Boîte blanche : pas de limite, le procédé entier est modélisé en détails. Boîte grise : limite intérieure (ligne
traitillée), une partie du procédé n’est pas modifiable (dans ce cas la RC). Boîte noire : limite extérieure (ligne conti-
nue), seuls les besoins en utilités sont modélisés
82
Le diagramme d’écoulement simplifié de la Fig. - l’air extrait de l’OTR peut, mais ne doit pas
10-1 montre une première proposition de concept impérativement, être refroidi. Dans le présent
pour une nouvelle installation de production concept, il est utilisé pour réchauffer la totali-
d’arômes au moyen de la technique de séchage té du volume d’eau de nettoyage jusqu’à la
par atomisation. Outre le sécheur-atomiseur, une température de consigne de 85°C ;
installation d’oxydation thermique régénérative - comme le sécheur-atomiseur et le procédé
(OTR) est exploitée (voir Fig. 10-1, à droite), dans
OTR/EN sont situés à proximité l’un de
laquelle les composés organiques (substances
l’autre, ils peuvent, au sens de l’Analyse
odorantes) sont détruits. Le nettoyage du sécheur- Pinch, être examinés comme un seul procé-
atomiseur requiert une grande quantité d’eau de
dé, avec une table de flux commune et des
nettoyage (EN), qui doit aussi être chauffée dans
CCs correspondantes.
l’installation. Le sécheur-atomiseur et le procédé
OTR/EN ne se trouvent pas dans le même local,
mais sont situés à proximité l’un de l’autre. Ce
concept initial atteint globalement env. 1'300 kW
de RC avec une boucle de récupération de chaleur
indirecte pour le sécheur-atomiseur (voir HEXs 1.1
et 1.2 de la Fig. 10-1) et avec un HEX entre l’air
extrait de l’OTR et l’eau de nettoyage (voir HEX 2
de la Fig. 10-1).
Ce concept initial doit être optimisé par une ana-
lyse Pinch. Les hypothèses suivantes peuvent être
5 Le mélange non isotherme de l’air extrait du sécheur-
faites :
atomiseur et de l’air extrait du lit fluidisé n’est pas opti-
- le chauffage de la totalité de l’air frais à 20°C mal selon le principe 2 de l’extraction des données (voir
section 9.3.1). Pour exploiter ces sources de chaleur à
fonctionne en hiver et à la mi-saison. Il est
leur niveau de température effectif, l’air extrait du sé-
déjà réalisé avec une RC et doit en consé- cheur-atomiseur et l’air extrait du lit fluidisé devraient
quence être négligé dans le présent être modélisés séparément. Un HEX ne peut être placé
exemple ; qu’après le filtre en raison de la forte teneur en poudre
de l’air extrait. Par suite, deux filtres (avec débit d’air
- le sécheur-atomiseur, le lit fluidisé et le filtre frais auxiliaire correspondant) seraient nécessaires pour
dans le périmètre de la Fig. 10-1 doivent res- l’utilisation maximale des deux profils de température et
l’analyse Pinch devrait dans ce cas prendre en compte
ter inchangés (selon discussions avec le les flux d’air extrait après les deux filtres. Cette variante
client). Le procédé du sécheur-atomiseur doit (démarche boîte blanche) pourrait être évaluée en ac-
cord avec le maître d’ouvrage et le fabriquant de
l’installation.
Air frais à température Air extrait total
extérieure
136 t/h 64°C 70.5°C
541 kW
Eau 45°C
glycolée Produit 1.1
concentré 7.5 t/h @ 50% MS 136 t/h A
50°C c p = 3.1 kJ/kg K 84°C OTR/EN
32 g/kg
1.2 OTR-Air extrait
3'294 kW 80 t/h, 190°C 75°C 56 t/h
Air extrait SD
105°C
107 t/h, 86°C 8 t/h, 70°C
20°C Air principal SD 44°C
38.5 g/kg Filtre
Sécheur- Air extrait Eau de 2
atomiseur lit fluidisé nettoyage 85°C
(SD) 9 t/h
21 t/h
79°C 12°C 763 kW 150°C
8.8 g/kg 50 g/kg
B
A Air auxiliaire Filtre
Lit fluidisé 2
6 t/h, 30°C
Echangeurs vapeur
(24 bar(a))
Lit fluidisé 3
5 t/h, 20°C
atomiseur A droite: oxidation thermique régénérative (OTR) et chauffage de l’eau de nettoyage (EN)
Récupération de
chaleur
40°C
98% MS Séchage par
B Air de transport SD
atomisation
Fig. 10-1 Flowsheet simplifié pour la production d’arômes au moyen d'un sécheur-atomiseur. A gauche: sécheur-
89
90
a)
b)
Tab. 10-1 (a) Table de flux pour la production d’arômes selon la Fig. 10-1. (b) Table de flux d’utilités pour la produc-
tion d’arômes selon la Fig. 10-1. x1: vapeur saturée (env. 222°C). x0: condensat (env. 222°C)
91
Indication : les flux chauds associés au débit total fés de 20°C jusqu’à la température de pincement
d’air extrait et à l’air extrait de l’OTR sont segmen- de 64°C.
tés et présentent des valeurs CP variables, qui
Ces flux pourraient dans la pratique être regroupés
découlent du refroidissement de l’air extrait
en un seul flux !
jusqu’au point de rosée et du refroidissement ulté-
rieur le long de la courbe de saturation. La valeur Indication : selon le principe 6 de la modélisation
CP indiquée sur la Fig. 10-7, en dessous du flux énergétique ("regroupement des flux", voir section
chaud de l’air extrait de l’OTR (36.2 kW/K), corres- 9.3.1), le regroupement des flux d’air frais jusqu’à
pond à la valeur CP moyenne entre 84°C et 25°C. une température commune de 70°C aurait déjà pu
Pour les HEXs au pincement et l’utilisation de la être appliqué lors de la modélisation énergétique.
règle des CP (voir section 7.3, Règles de concep-
Avec cette connaissance et les avantages pra-
tion du HEN), ce n’est pas la valeur moyenne du tiques qui en découlent, soit la table de flux peut
CP de l’air extrait, mais la valeur CP du flux chaud
être redéfinie, soit la conception du HEN est finali-
au pincement qui est pertinente. Celle-ci vaut
sée avec les flux établis jusqu’ici et la solution est
17.06 kW/K (jusqu’au point de rosée de 40.1°C). "transcrite" manuellement vers la pratique. Pour
Afin que la règle CPout ³ CPin soit respectée entre
des raisons didactiques, la table de flux du sé-
l’air extrait de l’OTR et l’eau de nettoyage, la va-
cheur-atomiseur est redéfinie selon le Tab. 10-2 et
leur CP de l’air extrait doit être supérieure ou égale le Supertargeting est de nouveau effectué.
à 10.5 kW/K au point de pincement. La valeur CP
moyenne minimale (entre 85°C et 25°C) de l’air
extrait de l’OTR, sur la base de laquelle le dédou-
blement est défini, se calcule donc comme suit :
36.2 x (10.5 / 17.06) = 22.3 kW/K.
Les 4 dédoublements de la Fig. 10-7 sont inévi-
tables compte tenu des 6 flux froids au pincement.
Cette solution est cependant difficilement réali-
sable en pratique et ne correspond pas non plus
aux exigences du client. Une analyse plus précise
des différents flux froids en dessous du pincement
montre que l’air primaire et l’air secondaire du
sécheur-atomiseur, ainsi que l’air frais pour le lit
fluidisé et l’air frais du filtre doivent tous être chauf-
Tab. 10-2 Table de flux du sécheur-atomiseur après le regroupement des flux d’air frais de 20°C à 64°C
La valeur ∆Tmin,opt actualisée change peu de sorte Le premier point est particulièrement central pour
que les 20 K utilisés précédemment peuvent être la méthodologie de l’Analyse Pinch : le système
conservés. Le HEN est ainsi finalisé selon la Fig. global est toujours examiné ! De cette manière, il
10-8. Il atteint approximativement les 3‘300 kW de est souvent possible d’atteindre de plus grands
RC obtenus par supertargeting et se situe ainsi potentiels d’économies qu’avec une optimisation
environ 2'000 kW au-dessus de la RC du concept locale des procédés isolés.
initial.
Conseils d’exercice : essayez de concevoir un
Le flowsheet simplifié correspondant au HEN de la MER HEN avec une surface minimale et un MER
Fig. 10-8 est représenté sur la Fig. 10-9. D’entente HEN avec un nombre minimal d’HEXs. Comparez
avec le client, et éventuellement le fabriquant de les solutions avec le schéma de procédés simplifié
l’installation, il est finalement décidé quels HEXs de la Fig. 10-9 et réfléchissez à la manière dont
peuvent être intégrés à l’installation. De nouvelles chaque solution pourrait être réalisée.
conditions cadres apparaissent alors souvent (par
ex. que l’air extrait de l’OTR ne devrait pas con-
denser) et quelques itérations du flowhsheet vers
le HEN et retour sont à attendre.
Une comparaison de la situation initiale de la Fig.
10-1 et de la solution de la Fig. 10-9 montre les
principales différences conduisant à une forte
amélioration de la RC :
- optimisation conjointe du sécheur-atomiseur,
de l’OTR et de l’eau de refroidissement ;
- meilleure exploitation du gradient de tempé-
rature dans le sécheur-atomiseur grâce au
regroupement de différents flux ;
- meilleure exploitation du gradient de tempé-
rature dans le sécheur-atomiseur grâce aux
échanges de chaleur directs à la place
d’échanges de chaleur indirects.
96
1 4 2
Fig. 10-8 Conception d’un HEN avec prise en compte des conditions cadres. La numérotation des HEXs correspond
à celle du flowsheet de la Fig. 10-9
Pinch
Air frais à Air extrait total OTR-Air extrait
température ext. Air frais 1 34.5 t/h
136 t/h 123 t/h, 20° C 46°C 39°C
1526 kW 45 g/kg 85°C
Eau
50 % MS Produit concentré 64°C 1
glycolée Eau de
7. 5 t/h 64°C 136 t/h
A nettoyage OTR-Air extrait
84°C 64°C
Air frais 2 5 0°C 9 t/h 21.5 t/h
cp = 3. 1 kJ/kgK 4 32 g/kg 7 0°C
13 t/h 12 °C 2 543 kW
20 °C Air principal SD 114°C 80 t/h, 1 90 °C 75°C
Air extrait SD Produit
107 t/h, 86°C concentré 64°C
1126 kW 1716 kW 7. 5 t/h
38. 5 g/kg Filtre 8 t/h, 70 °C
3 Sécheur- Air extrait 5 0°C 90 kW
4
atomiseur SD lit fluidisé
21 t/h
79°C 84°C
8. 8 g/kg Air principal SD 3
64°C
Air secondaire SD 80 t/h 114°C
2 t/h, 20 °C
25 t/h, 100°C 64°C 1126 kW 56 t/h
150°C
96 % MS
110°C 50 g/kg
Lit fluidisé 1 Lit fluidisé
10 t/h, 100°C
Oxydation
B thermique
A Air auxiliaire Filtre régénérative
Lit fluidisé 2
6 t/h, 30°C
4 0°C
98 % MS
Lit fluidisé 3
5 t/h, 20°C Echangeurs vapeur
20 °C (24 bar(a))
Récupération de
B Air de transport SD chaleur
Fig. 10-9 Flowsheet simplifié de la production d’arômes par un sécheur-atomiseur, après optimisation par l’analyse
97
98
C’est utilisée lors de la phase de définition du con- 11.2 Pourquoi le retrofit de HENs existants?
cept (conceptual design phase) d’une nouvelle Le retrofit d’un HEN existant peut être pertinent
installation que l’analyse Pinch est la plus ren- pour différentes raisons et sous diverses condi-
table et efficace. tions cadres :
Dans le cadre d’une nouvelle installation : - suite à la modification, l’extension, ou la sup-
- il existe peu de limitations en termes pression de procédés, la situation initiale
d’espace ; d’un procédé est modifiée, ce qui libère de
nouveaux potentiels de RC et/ou permet
- aucun démontage d’HEXs ou de conduites d’optimiser la fourniture d’énergies (celle-ci
existants n’est nécessaire ; n’étant alors plus adaptée aux besoins) ;
- il n’y a pas de surface de transfert d’HEXs - lors de modifications significatives des condi-
existants à prendre en compte ; tions cadres économiques (par ex. accrois-
- il n’est pas nécessaire de consentir à des sement du prix des utilités et/ou augmenta-
arrêts de production , tion des durées d’exploitation, etc.), le
∆Tmin,opt peut devenir nettement plus petit
- les HEXs sont meilleur marché puisqu’ils font
que le ∆Tmin du HEN existant. Il est alors ren-
alors partie de l’offre globale du fabricant ;
table d’investir dans davantage de surface de
- et enfin les coûts d’ingénierie par HEX sont transfert – le cas échéant, la température de
nettement plus bas par rapport à des me- pincement peut même changer et le HEN
sures isolées identifiées après coup ; devrait être adapté ;
- de plus, les paramètres des procédés sont - les installations n’ont pas été conçues avec
en général connus lors de la phase concep- une méthode systématique d’optimisation ;
tuelle et la table de flux peut ainsi être établie au contraire, chaque procédé a été optimisé
avec peu d’effort ; séparément, en recourant à la RC locale ou
par tâtonnements.
- les conditions des procédés peuvent de
même être optimisées directement en colla- Le retrofit d’un HEN existant vise la recherche,
boration avec le fabriquant de l’installation, l’évaluation et l’identification des modifications
sans devoir intervenir dans un système com- rentables d’un HEN, le plus souvent dans le but
plet existant. d’accroître la RC.
Pour toutes ces raisons et selon le principe "Juste Il s’agit notamment de passer en revue les trans-
du premier coup" ou First Time Right, une ana- ferts de chaleur existants (par HEX ou mélange
lyse Pinch est très recommandée pour le concep- non isotherme) afin d’identifier les infractions aux 3
tual design d’installations énergétiquement inten- règles du pincement (voir section 5.7), à savoir :
sives. 1. refroidissement au-dessus du pincement
2. chauffage en dessous du pincement
Dans l’industrie suisse, la modernisation ou le
3. transfert de chaleur à travers le pincement
retrofit d’installations existantes est cependant la
règle. Dans ce cas, les possibilités d’optimisation Le pincement est dans ce cas défini par les CCs
des procédés et de transfert de chaleur sont limi- du procédé existant et avec les conditions cadres
tées, étant donné que le système existant doit être économiques actuelles (c.-à-d. le ∆Tmin,opt avec les
pris en compte dans une certaine mesure. prix actuels des énergies). Outre les infractions
aux trois règles d’or du pincement, une proportion
significative de transferts de chaleur en criss-
99
cross8 peut réduire l’efficacité des surfaces de 11.4 Aperçu des méthodes de retrofit de HEN
transfert de chaleur (kW/m2).
Différentes méthodes ont été développées, princi-
palement pour le retrofit de HENs complexes. Les
11.3 Types de modifications lors du retrofit approches de retrofit sont, en gros, de deux types :
- les méthodes automatiques,
Les modifications suivantes peuvent être effec-
tuées pour remédier ou atténuer les problèmes - et les approches manuelles.
décrits ci-dessus :
L’optimisation automatisée de systèmes exis-
- installation de surface de transfert supplé- tants est réalisée par des outils tels que SuperTar-
mentaire (par ex. des plaques supplémen- get™ ou INTEGRATION de CanmetENERGY (voir
taires pour un HEX à plaques) ; [6]). Quelques-unes des méthodes utilisées sont
expliquées en détails dans [7]. La méthode appe-
- augmentation du coefficient de transfert α par
lée Pinch Network Approach (proposée dans [8]),
ex. par l’augmentation de la turbulence dans
permet d’identifier l’HEX qui limite les tranferts de
les HEX tubulaires (les pertes de charge
chaleur dans le système global. Cette méthode,
augmentent en conséquence) ;
qui a été encore affinée, est utilisée dans différents
- repiping d’un HEX de procédé et/ou d’un outils. Ces méthodes ne sont pas expliquées plus
HEX d’utilité, c.-à-d. modifier un ou les deux en détails dans ce manuel.
flux de l’HEX ;
Les objectifs de l’optimisation sont :
- resequencing d’un HEX, c.-à-d. déplacer un
- éliminer les HEXs à travers le pincement,
HEX pour réordonner la séquence des HEXs
sur un flux ; - augmenter l’efficacité des surfaces des HEXs
(c.-à-d. utiliser les surfaces existantes plus
- splitting d’un flux, c.-à-d. modifier le débit-
efficacement),
masse à travers l’HEX ;
- et si possible ajouter de nouveaux HEXs.
- implantation de nouveaux HEXs.
L’optimisation automatisée s’effectue au moyen
Les deux premières approches interfèrent le moins
d’algorithmes de calcul complexes et présuppose
avec le système existant, les quatre dernières
que l’état actuel du procédé existant (y compris les
engendrent souvent des coûts de tuyauterie et de
HEXs en place) soit complètement connu. L’effort
transformation significatifs, qui doivent alors être
pour la détermination des données de base est
pris en compte dans les calculs de rentabilité.
proportionnellement élevé et ne se justifie dans la
Il arrive parfois que les HEXs d’un procédé (par ex. pratique que pour de grandes industries (comme
une RC interne au procédé) ne peuvent pas être par ex. la pétrochimie). La collecte des données
modifiés pour des raisons techniques ou écono- peut alors être couplée aux modèles de simulation
miques. Il est alors possible de définir les utilités existants.
de ce procédé comme exigences du procédé (mo-
Pour de plus petites installations, comme on les
délisation boîte noire, voir section 9.3.2). Dans ces
rencontre plus fréquemment en Suisse, seule une
cas, il peut être pertinent, pour le retrofit, d’utiliser
optimisation manuelle entre en ligne de compte.
les utilités existantes (ou d’installer de nouveaux
Avec cette approche, la décision de maintenir ou
réseaux intermédiaires d’utilités), pour y injecter
d’optimiser un procédé existant (ou une étape de
chaleur ou froid des autres procédés (transfert de
procédé) ou un HEX revient à l’utilisateur/trice et
chaleur indirect, voir chapitre 12).
non à un algorithme. La définition de la profondeur
d’analyse est aussi un enjeu de taille pour le retro-
fit. Elle est décrite dans la section 9.3.2 sur la base
de l’exemple de la pasteurisation de sirop de sucre
(boîte blanche, boîte grise, boîte noire).
8 C’est-à-dire s’écartant significativement du transfert de
11.5 Méthodes et conseils pour un retrofit bien dimensionnés dans un procédé isolé, mais
manuel qui au regard du système global transfèrent de la
chaleur à travers le pincement, et augmentent
Une installation existante doit si possible être ana-
ainsi les besoins en utilités.
lysée et modélisée comme une nouvelle installa-
tion, sans prendre en compte les HEXs et accumu- La conception du nouveau HEN s’inspirera, autant
lateurs déjà en place. En effet, plus l’analyse que possible, de la structure du HEN existant, afin
s’efforce d’emblée d’intégrer le concept énergé- de minimiser les différences structurelles.
tique existant, plus elle risque d’aboutir à la solu-
Le nouveau HEN et le HEN existant devront en-
tion existante comme résultat final. Il est ainsi re-
suite être transformés petit à petit pour converger
commandé de s’affranchir des conditions cadres et
l’un vers l’autre. Plus précisément, le retrofit con-
de considérer le problème de base avec un regard
sistera à modifier, par étapes, le HEN existant pour
nouveau, et d’élaborer un nouveau HEN.
s’approcher autant que possible du nouveau HEN
La qualité du HEN existant peut être vérifiée à (compte tenu des contraintes existantes et en mi-
l’aide des CCs de la nouvelle installation (c.-à-d. nimisant le nombre de modifications). Dans cette
les CCs sans considération des HEXs et accumu- démarche, la réaffectation de quelques gros HEXs
lateurs en place). Celles-ci doivent être représen- à travers le pincement est à préférer à la correction
tées avec le ∆Tmin,opt correspondant aux conditions de nombreuses petites infractions aux règles du
cadres économiques actuelles (coûts des HEXs, pincement.
coûts des utilités, etc.). Les domaines de tempéra-
Des méthodes complémentaires et en partie plus
ture des HEXs existants peuvent être esquissés
complexes sont décrites dans [7]. Cette référence
sur ces CCs. Une manière plus quantitative (mais
présente notamment les Advanced Composite
aussi plus chronophage) consiste à représenter le
Curves for Retrofit, qui permettent une analyse
réseau HEN existant sous forme de relaxed HEN
quantitative avec définition de valeurs cibles, et qui
(voir section 7.4.2). Cette démarche permet
peuvent être utilisées non seulement pour
d’identifier les HEXs placés à travers le pincement,
l’analyse, mais aussi pour l’optimisation de HENs.
à savoir des HEXs, éventuellement bien placés et
101
Les chapitres précédents ont présenté l’Analyse l’Energy Targeting déjà, d’identifier une (des) solu-
Pinch pour un procédé isolé fonctionnant en conti- tion(s) techniquement faisable(s) et énergétique-
nu. Ce chapitre décrit la détermination des valeurs ment prometteuse(s), compte tenu des conditions
cibles énergétiques (Energy Targeting) de plu- cadres d’exploitation. Cette recherche de la ou des
sieurs procédés continus exploités simultané- solutions les plus prometteuses doit également
ment. intégrer une estimation approximative de la renta-
bilité. Il est vrai que les coûts ne seront connus
Un procédé continu, au sens de l'Analyse Pinch, qu’au stade du Supertargeting, cependant une
est défini de la manière suivante (voir section 5.2) : évaluation grossière est aussi possible dans la
Procédé continu phase d’Energy Targeting, par ex. estimer si un
potentiel d’économie de 100 MWh/an justifie une
Un procédé continu au sens de l’Analyse Pinch boucle intermédiaire avec deux HEXs éloignés de
comporte au minimum un flux, et décrit autre- 200 mètres.
ment un groupement de flux existant simulta-
nément et pouvant transférer de la chaleur Les sections suivantes présentent les différences
directement entre eux. entre les modes de transfert de chaleur direct et
indirect. La détermination des valeurs cibles éner-
Ainsi, les flux inclus dans un procédé peuvent gétiques (Energy Targeting) de plusieurs procédés
représenter plusieurs étapes de procédé, voire est également expliquée.
décrire une installation technique complète.
Les conditions cadres opérationnelles les plus a été choisi pour le sécheur-atomiseur (à gauche).
importantes pour un transfert de chaleur direct Les CCs du procédé OTR / EN (au milieu) illustrent
entre des procédés sont listées ci-après. Les diffé- un cas particulier, fréquemment rencontré en pra-
rents procédés devraient (les critères sont cumula- tique, lorsqu’un procédé comporte uniquement
tifs) : deux flux : la RC est constante sur une grande
plage de ∆Tmin, puisque la CC froide se situe com-
- toujours être exploités simultanément (ou
plètement "en dessous de la CC chaude". En con-
presque) dans la situation actuelle ;
séquence, un ∆Tmin de 66 K suffit pour atteindre le
- toujours être exploités simultanément (ou maximum de 763 kW de RC directe interne au
presque) dans un avenir prévisible (c.-à-d. procédé. Pour les CCs du procédé complet de
absence de contrainte particulière nécessi- production d’arômes (à droite) un ∆Tmin de 20 K est
tant l'exploitation des procédés selon des ho- choisi. Il en résulte les potentiels de RC suivants :
raires différents) ;
- sécheur-atomiseur seul: 1'620 kW
- se trouver proches les uns des autres ;
- OTR / EN seul: 763 kW (voir aussi l’HEX 2
- être "combinables" du point de vue technique de la Fig. 10-1)
de régulation (c.-à-d. que les systèmes de
- sécheur-atomiseur & OTR / EN: 3‘303 kW.
régulation doivent pouvoir "communiquer"
entre eux) ; En comparaison du cas des deux procédés inté-
grés séparément, un transfert de chaleur direct
- être "compatibles" des points de vue qualité
entre les procédés permet d’augmenter le potentiel
et sécurité (c.-à-d. par ex. pas de refroidis-
de RC d’env. 920 kW (= 3'033 – (1’620+763)) ! Au
sement d’huile hydraulique avec du lait, pas
moins d’un point de vue énergétique, cette ap-
de combinaison de substances corrosives,
proche est pertinente et devrait être approfondie,
etc.).
dans la mesure où les conditions cadres opéra-
La pertinence énergétique d’un transfert de cha- tionnelles sont bien satisfaites.
leur direct peut être clarifiée à l’aide des CCs et
Cas particulier d’un flux seul
par comparaison des RC. La comparaison doit
s’effectuer sur la base d’une valeur ∆Tmin réaliste. Pour être complet, la Fig. 12-3 représente un cas
particulier de transfert de chaleur direct: le "dépla-
La Fig. 12-2 montre les CCs du sécheur-
cement" ou "report" d’un flux unique par ex. d’un
atomiseur, du procédé OTR / EN et du procédé
procédé A à un procédé B.
complet de production d’arômes. Un ∆Tmin de 20 K
Production d’arômes =
Τ / °C Sécheur-atomiseur Τ / °C OTR/EN Τ / °C sécheur-atomiseur & OTR/EN
RC RC RC
Fig. 12-2 Estimation du potentiel de transfert de chaleur direct entre des procédés, par regroupement des CCs. A
gauche : CCs du procédé de sécheur-atomiseur avec 1'620 kW de RC pour un ∆Tmin de 20 K. Au milieu : CCs du
procédé OTR / EN avec 763 kW de RC pour un ∆Tmin de 66 K. A droite : CCs du procédé complet de production
d’arômes avec 3'303 kW de RC pour un ∆Tmin de 20 K
103
A ∆Tmin global entre CCs identique, les coûts Les sections suivantes décrivent l’analyse et
d’investissement pour le transfert de chaleur l’optimisation du transfert de chaleur indirect pour
indirect sont plus élevés que pour le transfert deux procédés ou plus.
de chaleur direct (deux HEXs au lieu d’un seul, 12.3.1 Split Grand Composite Curves:
∆T de flux chaud à IL, et de IL à flux froid, réduit
analyse de 2 procédés
d’un facteur 2 et en conséquence de plus grandes
surfaces de transfert sont requises pour les Considérons à nouveau l’exemple du sécheur-
mêmes puissances, pompes et conduites, etc.) et atomiseur et de l’OTR / EN. Il s’agit cette fois de
la mise en œuvre peut devenir complexe du point clarifier le potentiel de transfert de chaleur indirect
de vue régulation. entre le procédé OTR / EN et le sécheur-
atomiseur.
Pour cette raison, le transfert de chaleur indirect
est avant tout mis en place lorsque les conditions Pour des raisons de coûts d‘investissement et de
cadres d’un transfert de chaleur direct entre les faisabilité technique, le transfert de chaleur direct
procédés ne sont pas satisfaites (voir section 12.2) interne aux procédés doit toujours être examiné en
ou si pour d’autres raisons aucun transfert de cha- première priorité. Il est représenté sur la Fig. 12-5
leur direct n’est à priori souhaité. pour les deux procédés avec les CCs et GCC.
Sécheur-atomiseur OTR/EN
Τ / °C Τ / °C
Source Source
CC CC
1730 kW RC 770 kW
Source
CC
1800 kW RC
CC
Sink CC
3250 kW
H& / kW H& / kW
T * / °C T * / °C
GCC
Source GCC
1800 kW
Fig. 12-5 CCs et GCC des deux procédés sécheur-atomiseur et OTR / EN. En haut : l’extraction des puits et
sources sur la base des CCs. En bas : la même extraction sur la base de la GCC
105
Remarque: lorsqu’un refroidissement au-dessus en haut) et à l’aide de la GCC (voir Fig. 12-5, en
du pincement est nécessaire (voir Fig. 12-5, en bas).
haut à droite) et/ou un chauffage en dessous du
Rappel : les CCs constituent un modèle idéalisé
pincement, il s’agit alors d’un problème d'utilités
d’un procédé permettant le targeting et
inversées. La GCC présente dans le cas présent
l’optimisation du ∆Tmin, considérant des transferts
des valeurs négatives au-dessus du pincement
de chaleur verticaux (c.-à-d. exploitant les diffé-
(correspondant à un besoin de refroidissement au-
rences de température maximales et résultant en
dessus du pincement ; dans le cas d’un besoin
une surface de transfert minimale). Au contraire,
d’utilité chaude en dessous du pincement, la GCC
par construction, la GCC postule des transferts de
présenterait des valeurs négatives en dessous du
chaleur "en biais" sous une différence de tempéra-
pincement). Une situation d'utilités inversées,
ture égale à ∆Tmin (impliquant une surface de
comme par ex. un excédent de chaleur au-dessus
transfert plus grande que pour des transferts verti-
du pincement, ne se justifie que si en dehors du
caux) – voir par ex. la Fig. 8-1.
procédé considéré (dans l’installation complète) il
existe d’autres procédés qui pourraient utiliser Les puissances sont équivalentes pour les deux
l’excédent de chaleur disponible à une tempéra- approches d’extraction des puits et des sources,
ture suffisamment élevée. Sinon la situation les niveaux de température ne le sont par contre
d’utilités inversées conduit simplement à une aug- pas 9:
mentation de la surface de transfert de chaleur.
- les puits et les sources issus de la GCC dé-
En deuxième priorité, il s’agit de quantifier les crivent les déficits et excédents de chaleur
excédents et les déficits de chaleur, après prise en résiduels d’un procédé après optimisation du
compte du transfert de chaleur direct interne entre ∆Tmin10. Ils définissent ainsi le meilleur cas en
les procédés. Les excédents et déficits de chaleur ce qui concerne le niveau de température
peuvent être utilisés pour un éventuel circuit inter- (puits à "basse température", sources à
médiaire. Pour cela (plus particulièrement pour des "haute température"), pour un ∆Tmin donné ;
utilités inversées), le ∆Tmin des procédés doit être
- les puits et les sources issus des CCs décri-
ajusté de sorte que la somme des transferts de vent les déficits de chaleur, resp. les excé-
chaleur directs (au sein du procédé sécheur-
dents de chaleur, résiduels d’un procédé
atomiseur et au sein du procédé OTR / EN) et des
après optimisation du ∆Tmin selon l’hypothèse
transferts de chaleur indirects (entre les deux pro- d’un transfert de chaleur vertical. L’extraction
cédés) soit la plus grande possible.
sur la base des CCs décrit le pire cas d’un
Contrairement au cas de transfert de chaleur di- point de vue du niveau de température (puits
rect, le ∆Tmin doit ici être choisi pour chaque procé-
dé aussi dans la perspective du circuit intermé-
diaire. Pour les CCs du procédé OTR / EN, un 9 Les niveaux de températures des puits et des sources
∆Tmin de 20 K est volontairement choisi (voir Fig. définis sur la base des CCs ou sur la base de la GCC
12-5, en haut à droite). Ce faisant, pour un même sont identiques uniquement si les CCs sont parallèles.
transfert de chaleur direct interne aux procédés, 10 Les puits et les sources déduits de la GCC ne corres-
les coûts d’investissement pour les HEXs augmen- pondent pas aux flux réels, mais, par définition de la
GCC, au bilan net, dans chaque intervalle de tempéra-
tent en comparaison à la Fig. 12-2 (au milieu) (en
ture translatée, de la chaleur fournie par les flux chauds
raison du gradient de température réduit). Mais un et celle absorbée par les flux froid correspondants (diffé-
excédent de chaleur de 770 kW est ainsi rendu rence de flux). Cela ne doit pas cependant être vu
disponible à haute température. Cet excédent de comme un problème de conception, étant donné que les
puits et les sources ne sont utilisés que pour définir les
chaleur peut éventuellement être utilisé de ma-
circuits intermédiaires (températures et puissances en
nière rentable par le sécheur-atomiseur. entrée et sortie des procédés). Lors de la conception du
HEN, le circuit intermédiaire, ou plutôt les flux résultant
Excédent(s) et déficit(s) de chaleur résiduels après du circuit sont considérés avec leurs températures effec-
transferts de chaleur directs internes aux procédés tives et leurs puissances conjointememt avec tous les
sont appelées sources (sources) et puits (sinks). autres flux, comme s’ils étaient de vrais flux. Le circuit
Les sources et les puits peuvent être extraits de intermédiaire peut être vu comme une "utilité interne",
froide pour un procédé "source" ou "donneur", et chaude
deux manières : à l’aide des CCs (voir Fig. 12-5, pour le procédé "puits" ou "accepteur".
106
T * / °C (a) T * / °C (b)
HU Procédé HU
OTR/EN
avec
ΔTmin = 20 K
Sink
ΔTmin,OTR/EN / 2
Source 118°C
ΔTmin = 20 K circuit intermédiaire:
entre GCCs températures réelles
Procédé Procédé 85°C ΔTmin,sécheur atomiseur / 2
OTR/EN sécheur-atomiseur
RC 788 kW
Procédé sécheur
Source atomiseur avec
CU CU ΔTmin = 20 K
Fig. 12-6 Split GCC. GCC du procédé du sécheur-atomiseur (à droite) et du procédé OTR / EN (à gauche). La GCC
du procédé OTR / EN est représentée en miroir. (a) illustre la situation initiale sans récupération de chaleur indirecte
entre les procédés. (b) illustre le recouvrement maximal des deux procédés avec un ∆Tmin de 20 K entre les GCCs
(c.-à-d. la somme de ∆Tmin/2 du procédé du sécheur-atomiseur et ∆Tmin/2 du procédé OTR / EN)
à "haute température", sources à "basse ternes à chaque procédé. Ainsi, une puissance
température"), pour un ∆Tmin donné. maximale de 788 kW peut être transférée du pro-
cédé OTR / EN au sécheur-atomiseur (au-dessus
Afin de pouvoir estimer le potentiel maximal de
du pincement). Pour rappel : le transfert de chaleur
transfert de chaleur indirect entre deux procédés,
direct entre les deux procédés donne, pour le
les sources et les puits issus des GCCs sont com-
même ∆Tmin, un potentiel supplémentaire de
parées les unes aux autres. Cela peut être effec-
920 kW par rapport à une optimisation individuelle
tué par ex. à l’aide de la Split Grand Composite
des deux procédés.
Curve (Split GCC).
La situation de recouvrement maximum des deux
La Split GCC est une représentation de deux
GCCs est rarement la variante la plus rentable :
GCCs "dos à dos" ; la Fig. 12-6 (a) illustre les
les coûts pour le circuit intermédiaire IL (conduites,
GCCs des procédés sécheur-atomiseur (à droite)
pompes, coûts de fonctionnement des pompes,
et OTR / EN (à gauche, en miroir).
etc.) et pour les HEXs correspondants sont en
Le potentiel de récupération de chaleur indirect général élevés. Dans l’exemple suivant de Super-
découle du recouvrement des deux GCCs. Un targeting, il s’agit d’ajuster l’ampleur du recouvre-
potentiel existe lorsque les deux GCCs peuvent se ment afin que le transfert de chaleur résultant cor-
recouvrir de manière significative. Il n’y pas de responde à un optimum économique.
potentiel si les deux GCCs ne permettent pas de
recouvrement (autrement dit si les "pointes" des La définition des températures du circuit intermé-
GCCs se touchent au même niveau de tempéra- diaire IL est décrite ci-après11. Pour commencer :
ture – c’est notamment le cas lorsque la tempéra- les températures de l’IL lues sur la Split GCC cor-
ture de pincement est identique pour les deux pro- respondent aux températures réelles. Par contre,
cédés). les deux GCCs représentent les températures des
La Fig. 12-6 (b) représente le recouvrement maxi-
mal des GCCs considérant que la valeur ∆Tmin de
chaque procédé s’applique aussi bien au transfert 11 Dans cet exemple, un seul circuit intermédiaire est
avec le circuit intermédiaire qu’aux transferts in- nécessaire. Cependant, selon le profil des GCCs, plu-
sieurs circuits intermédiaires peuvent être requis.
107
procédés translatées de +/- ∆Tmin/2, c’est pourquoi La Fig. 12-7 illustre la récupération de chaleur du
les règles suivantes s’appliquent lors de la défini- procédé OTR / EN vers le procédé du sécheur-
tion d’un IL: atomiseur, selon la Fig. 12-6.
- TIL est au minimum à ∆Tmin OTR/ EN/2 sous la Le transfert de chaleur entre l’IL et le procédé du
GCC du procédé OTR / EN (ligne traitillée), sécheur-atomiseur est élaboré lors de la concep-
tion du HEN du procédé du sécheur-atomiseur (y
- TIL est au minimum à ∆Tmin sécheur-atomiseur/2 au-
compris le flux IL).
dessus de la GCC du procédé du sécheur-
atomiseur (ligne traitillée).
Procédé Procédé
Ainsi, le ∆T entre les deux GCCs ne peut pas OTR/EN sécheur-atomiseur
être plus petit que la somme des ∆Tmin/2 des 118 °C 118 °C
deux procédés.
découplage
hydraulique
788 kW
788 kW
Le circuit intermédiaire peut être placé librement
(représenté par une droite) entre les deux lignes
traitillées de la Fig. 12-6 (b). La position choisie 85 °C 85 °C
doit cependant suivre deux principes de base, qui
se concurrencent mutuellement : d’une part la
Fig. 12-7 Transfert de chaleur indirect au moyen d’un
plage de température de l’IL doit être aussi grande
circuit intermédiaire (IL)
que possible, afin que le débit-masse et par suite
les coûts des conduites et des pompes soient les
Important :
plus faibles possibles. D’autre part, la différence de
température entre le procédé OTR / EN et le circuit - les nouveaux flux représentant l’IL ne valent
intermédiaire, et entre ce dernier et le procédé du que pour les valeurs ∆Tmin fixées pour les
sécheur-atomiseur, devrait être aussi grande que deux procédés ainsi que pour le recouvre-
possible, afin de réduire les coûts des HEXs. Sur ment des GCCs ! Il est possible, en appli-
la Fig. 12-6 (b), la température basse de l’IL est quant de manière itérative la démarche de
fixée par la position des GCCs à 85°C. Le choix de placement du circuit intermédiaire présentée
la température haute de l’IL présente une certaine ci-dessus, d’"optimiser manuellement" les
liberté et est fixé à 118°C pour l’exemple considé- degrés de liberté suivants : ∆Tmin de chaque
ré, c’est-à-dire entre les deux GCCs. procédé, recouvrement des GCCs et position
du circuit intermédiaire IL. Les coûts annuels
Le circuit intermédiaire est intégré à la table des
d’utilités et pour les HEXs seront déterminés
flux sous la forme de deux flux (voir Tab. 12-1).
par Supertargeting, tandis que les coûts as-
sociés au circuit intermédiaire devront être
estimés ;
Chaud/ Type Tin Tout H&
Procédé
froid [°C] [°C] [kW] - après l’attribution des flux de l’IL aux procé-
RTO / EN froid IL 85 118 788 dés, les HENs sont conçus pour chaque pro-
cédé séparément !
Sécheur-
chaud IL 118 85 788
atomiseur
12.3.2 Indirect Source & Sink Profiles (ISSPs): posés en un Indirect Sink Profile, respectivement
analyse de 2 procédés ou plus un Indirect Source Profile pour former les ISSPs.
La Split GCC peut être utilisée pour l’analyse du Dans l’exemple de la Fig. 12-8, les procédés
transfert de chaleur indirect entre deux procédés OTR / EN et sécheur-atomiseur ont le même ∆Tmin.
seulement. Comment procéder lorsque plus de Si ce n’est pas le cas, le ∆Tmin de chaque procédé
deux procédés doivent être considérés ensemble ? devrait être pris en compte lors de l’élaboration
des ISSPs.
La solution s’appuie sur la représentation de
"courbes composites indirectes" appelées Indirect Le potentiel de transfert de chaleur indirect peut
Source and Sink Profile (ISSPs)12. Les ISSPs être déterminé par le déplacement du profil des
sont construites, comme pour la Split GCC, sur la puits vers la gauche (voir Fig. 12-8, en bas). Le
base des sources et des puits. Ceux-ci peuvent potentiel maximum est atteint lorsque les profils
être extraits de la GCC ou des CCs, comme illus- des puits et des sources se touchent. Le circuit
trés par la Fig. 12-5. intermédiaire (représenté par une droite) est placé
dans le domaine de recouvrement des profils des
La démarche conceptuelle pour le placement des
puits et des sources.
ILs est la même pour les deux variantes
d’extraction des puits et des sources. L’exemple ci- Dans le cas maximum, il débute au point où les
après représente les ISSPs issus de la GCC pour deux profils se touchent (à 85°C) et se termine
les deux procédés OTR / EN et sécheur- selon l’illustration de la Fig. 12-8 14. Pour atteindre
atomiseur, afin de pouvoir comparer cette méthode une différence de température la plus élevée pos-
avec la Split GCC. Puis, sur cette base, l’analyse sible entre le profil des sources et l’IL, de même
de 3 procédés simultanés sera présentée. qu’entre l’IL et le profil des puits, l’extrémité
chaude de l’IL est placée précisément entre les
La Fig. 12-8 illustre l’établissement des ISSPs.
puits et les sources sur l’exemple de la Fig. 12-8.
Toutes les sources (en rouge) ont été translatées
vers le bas de ∆Tmin/2 spécifique au procédé con- Les températures de l’IL, définies sur les ISSPs,
sidéré, et tous les puits (en bleu) ont été translatés peuvent être lues sur l’axe des températures tran-
vers le haut d’un ∆Tmin/2 spécifique au procédé slatées et correspondent, comme pour la Split
considéré. Les sources et les puits sont ainsi tran- GCC, aux températures réelles. Attention : dans le
slatés vers le bas ou vers le haut d’un ∆Tmin com- cas d’une Split GCC vu précédemment, l’IL dessi-
plet du procédé considéré, par rapport aux flux né ne peut pas toucher la Split GCC, ce qui n’est
réels13. Les puits et les sources sont ensuite com- pas le cas pour les ISSPs pour lequels l’IL peut
toucher les ISSPs et même s’y superposer (par
construction, le ∆Tmin de chaque procédé est ga-
12 Les ISSPs (également appelées Residual Composite ranti).
Curves) sont similaires au concept bien établi et connu
dans la littérature sous le nom de Total Site Profiles, Il apparaît que l’IL correspond précisément à celui
comprenant le Site Source Profile et le Site Sink Profile identifié avec la Split GCC (voir Fig. 12-6 (b)). Les
[19]. Si la construction des courbes est identique, leur principes des ISSPs, de la Split GCC et des cir-
domaine d’application préférentiel et la manière de les
utiliser diffèrent. Les Total Site Profiles ont été dévelop-
cuits intermédiaires résultants sont bien les
pés pour étudier les transferts de chaleur indirects entre mêmes. Seule la démarche est différente.
les divers procédés d’un site industriel par le biais des
utilités (existantes) (Total Site Analysis) [19]. Dans ce
contexte, il s’agit notamment d’optimiser tant la RC (par
transfert indirect) entre les procédés que la conversion
d’énergie primaine par l’optimisation du niveau de pres-
sion des utilités vapeur. Les Total Site Profiles peuvent
également être utilisés pour définir les circuits intermé-
diaires ; mais contrairement aux ISSPs, les Total Site
Profiles ne sont pas analysés par le biais de leur recou-
vrement, ce qui rend l’analyse et la conception de cir-
cuits intermédiaires moins aisées qu’avec les ISSPs. 14 Remarque: le cas maximum ne correspond pas for-
13 Lors de l’élaboration des ISSPs à partir des CCs, les
cément à l’optimum économique. Le recouvrement entre
puits/sources sont directement translatés d’un (+/-) ∆Tmin le profil des sources et le profil des puits peut aussi être
entier du procédé considéré (voir Fig. 12-5, en haut). réduit.
109
Trois procédés, deux circuits intermédiaires représentée sur la Fig. 12-9 (à gauche) et présente
une température de pincement élevée. Les zones
Un troisième procédé (P3), exploité en continu
neutres (voir la section 8.3) sont en principe négli-
simultanément aux procédés OTR / EN (P1) et
gées lors de l’extraction des puits et des sources à
sécheur-atomiseur (P2), est ajouté. Sa GCC est
Sécheur-atomiseur OTR/EN
T * / °C T * / °C
DTmin
+
Sink GCC 2
3250 kW
Source GCC
2500 kW
T / °C
HU
2480 kW
200
160
Source Profile Sink Profile
4300 kW 3250 kW
120
80
40
RC
CU
770 kW
3530 kW
-5000 -4000 -3000 -2000 -1000 1000 2000 3000 4000 5000
Net Heat Rate / kW
Fig. 12-8 Construction des Indirect Source and Sink Profiles (ISSPs) à partir des GCCs des procédés OTR / EN et
sécheur-atomiseur
110
partir de la GCC15, autrement dit les sources et les Configuration 2 : si un chauffage de l’IL en série
puits ne pénètrent pas dans une zone neutre (la n’est pas souhaité, pas possible ou pas rentable,
zone neutre est remplacée par une ligne verticale deux ILs sont nécessaires pour pouvoir transférer
correspondant à sa "frontière"). Les ISSPs résul- de manière indirecte la même puissance. La zone
tant des trois procédés sont représentés sur la Fig. grisée entre les profils des puits et des sources
12-9 (à droite). représente la région au sein de laquelle les tempé-
ratures Thigh de lL1 et Tlow de IL2 peuvent être pla-
Bien que toutes les sources et tous les puits exis-
cées. Si la température Thigh de lL1 est choisie au-
tent simultanément (comme admis jusqu’ici dans
dessus la "température de départ" des sources de
ce chapitre), il est important de représenter les
P1 (marquée par l’étoile) et ainsi hors de la zone
"températures de départ" de chaque procédé qui
grisée, alors le chauffage de l’IL par P1 n’est plus
contribue aux ISSPs (voir les symboles Ü Ï o), à
possible. Si la "frontière" (limite verticale) entre IL1
savoir :
et IL2 est choisie à l’intérieur de la zone grisée,
- la température la plus basse des puits de alors la condensation du procédé 3 doit s’effectuer
chaque procédé, avec 2 HEXs (pour IL1 et IL 2), ce qui n’est pas
pertinent.
- la température la plus haute des sources de
chaque procédé. La "frontière" techniquement et économiquement
Les ISSPs de la Fig. 12-9 permettent deux confi- la plus pertinente entre IL1 et IL2 se situe sur la
verticale passant par Thigh de P1 (désignée par Ü
gurations et différentes options de transfert de
sur le profil des sources). Dans ce cas, IL1 est
chaleur indirect entre les trois procédés. Ci-après
Tlow et Thigh désignent respectivement la tempéra- chargé par P1 et IL2 par P3. Pour le placement
des ILs il existe également différentes options :
ture basse (état déchargé) et la température
haute (état chargé) de l’IL. - Option 1 (lignes oranges) : la partie horizon-
Configuration 1 : un seul IL, selon la ligne conti- tale de la source à 175°C (température tran-
slatée) est adaptée pour la production d’env.
nue verte. L’IL est chargé par P3 et P1 et déchar-
1'100 kW de vapeur à env. 8 bar(a) (IL2,
gé par P2. Comme la température la plus haute de
P1 (le point Ü) est plus basse que Thigh de l’IL, P1 ligne horizontale en raison du changement
de phase, Thigh = Tlow). IL1 peut être définie
peut uniquement préchauffer l’IL. Le chauffage
comme un circuit d’eau sous pression de
jusqu’à Thigh doit s’effectuer en série avec le pro-
cédé P3. Un chauffage en parallèle de l’IL (de Tlow env. 90°C à 105°C ;
à Thigh tant par P3 que par P1, avec la puissance - Option 2 : IL1 et IL2 sont tous deux définis
correspondante) n’est pas possible. avec variation de température (c.-à-d.
Thigh > Tlow). Les fluides caloporteurs des ILs
peuvent être choisis indépendamment l’un de
l’autre, afin de répondre au mieux tant aux
exigences techniques spécifiques de l’IL
(température de travail => eau sous pression
15 Par définition, une zone neutre (pocket) de la GCC ou de l’huile thermique, etc.) qu’économiques
représente un domaine de température du procédé avec (prix du fluide, pression de travail requise,
un bilan de chaleur équilibré, pour lequel un excédent de matériau des conduites, etc.). Thigh de l’IL1
chaleur (source) peut être transféré à un déficit de cha- peut être choisie aussi haute que Tlow de l’IL2
leur (puit). Ainsi une zone neutre n’est ni un puit, ni une
source à prendre en compte dans les ISSPs. Les seules
(ligne violette), mais les températures peu-
exceptions sont les zones neutres très "profondes" vent aussi être différentes (lignes bleues).
(grande puissance) et très "hautes" (grande différence
de température, par ex. plus grande que 2 fois le ∆Tmin
du procédé) : dans ces cas (plutôt rares), la prise en
compte dans les ISSPs de segments de sources à haute
température et de segments de puits à basse tempéra-
ture peut conduire à une augmentation significative de la
RC. Cette démarche requiert toutefois deux circuits
intermédiaires (au lieu d’un seul) et est rarement ren-
table.
111
*
1150 kW 120
Températures de départ
´ * P1
80
´ ´ P2
Source Profile IL 2
DTmin RC o P3
- 40
2 IL 1
185 kW
RC
1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
Net Heat Rate / kW Net Heat Rate / kW
Fig. 12-9 A gauche : GCC d‘un troisième procédé (P3), en plus des procédés OTR / EN (P1) et sécheur-atomiseur
(P2). Extraction des puits et des sources de P3 sans les zones neutres. A droite : placement de différents circuits
intermédiaires entre les ISSPs des trois procédés P1, P2 und P3
Recommandations
Les degrés de liberté les plus importants pour la
Pour les ILs avec variation de température, pour
sélection et l'optimisation des ILs sont :
lesquels le chauffage (resp. refroidissement) du
fluide caloporteur ne peut pas s’effectuer par circu- - décisions structurelles (lors de l‘Energy
lation au travers de plusieurs procédés connectés Targeting) :
en série, et pour lesquels plus de deux procédés
o nombre d’ILs (en considérant la possibili-
contribuent au transfert de chaleur indirect, les
té d’une charge/décharge en série selon
règles suivantes doivent être respectées :
la configuration 1 – voir plus haut) ;
- les puits de chaque procédé impliqué doivent
o type de chaque IL (à changement de
permettre d’atteindre Tlow, autrement dit Tlow
phase, ou avec variation de tempéra-
doit être plus élevée que toutes les "tempéra-
ture) ;
tures de départ" des puits (courbe bleue) au
sein d’un IL ; o choix des procédés, qui doivent ou non
être pris en compte pour l’IL (par ex. ex-
- les sources de chaque procédé impliqué
clusion de procédés qui ne contribuent
doivent permettre d’atteindre Thigh, autrement
que très peu à la puissance de l’IL et/ou
dit Thigh doit être plus basse que toutes les
qui augmenteraient le nombre d’ILs par
"températures de départ" des sources
des "températures de départ" contrai-
(courbe rouge) au sein d’un IL.
gnantes, pour un même recouvrement
Une approche basée sur les Limiting Supply Tem- des puits et des sources) ;
perature Profiles (LSTPs) permet la détermination
systématique du nombre minimum d’ILs, et du
domaine de définition possible de la puissance de - optimisations paramétriques (lors du Tar-
transfert et des valeurs Tlow et Thigh de chaque IL. geting / Design) :
Pour plus de détails sur les LSTPs, voir [9] 16.
o recouvrement des ISSPs, c.-à-d. la
somme des puissances des ILs
(l’optimum économique ne correspond
16 La démarche proposée est expliquée sur la base d’un pas obligatoirement au recouvrement
transfert de chaleur indirect (avec stockage) pour des maximum pour un nombre d’ILs donné) ;
procédés batch – mais la démarche peut aussi être
appliquée pour des procédés continus.
112
o puissance transférée par chaque IL (plage ou les difficultés de mise en œuvre. Cela permet
de la zone de recouvrement des ISSPs de limiter le nombre de variantes.
associée à chaque IL) ;
Par ailleurs la variante pouvant être mise en
o Tlow et Thigh de chaque IL. œuvre de la manière la plus économique
n’apparaît pas manifestement au stade de l’Energy
Remarques : lors de l’analyse des ISSPs et de
Targeting. Il est donc recommandé de comparer
l’ajustement des degrés de liberté, il est recom-
les variantes les plus prometteuses lors du Targe-
mandé de garder en mémoire la localisation des
ting / Design pour pouvoir effectuer le choix final.
procédés d’une installation, afin de pouvoir identi-
fier les possibilités de transfert de chaleur indirect
113
Un procédé peut être exploité avec différents cas Tab. 13-1 Affectation des flux aux deux OCs du pro-
cédé sécheur-atomiseur. En gras : paramètres des
de fonctionnement (Operating Cases), si par ex. il
flux différents entre OC1 et OC2
est employé pour la production de différents pro-
duits.
La Fig. 13-1 représente un exemple de diagramme
Operating Case (OC) de Gantt des deux OCs pour le procédé du sé-
cheur-atomiseur. Il est ici admis que la poudre de
Un Operating Case est un cas de fonctionne-
vanille est produite pendant 2'500 h/an et la
ment d’un procédé ou d’une installation. Il est
poudre de fraises pendant 2'500 h/an.
défini par l’existence simultanée d’un ou plu-
sieurs flux. Un cas de fonctionnement (OC)
Sécheur-atomiseur
peut exister à différentes périodes au cours de
Vanille Fraises
l’année, mais comprend toujours les mêmes
flux et des paramètres de flux17 identiques. OC1 OC2
Dans l’exemple de la Fig. 10-1, il est par ex. envi- 1000 2000 3000 4000 5000 h/an
sageable que de la poudre de vanille et de la
poudre de fraises soient produites dans le même Fig. 13-1 Diagramme de Gantt du procédé sécheur-
atomiseur avec deux OCs
conjointement pour les deux OCs. La surface réuti- Il en résulte deux OCs. Dans l’OC1, les deux pro-
lisable entre les différents OCs peut être optimisée cédés sont exploités simultanément (de 0 à
au stade du Supertargeting par le Multiple Opera- 5'000 h). Dans l’OC2, seul le procédé OTR / EN
ting Case (MOC)18 Supertargeting (voir chapitre fonctionne (de 5'000 à 7000 h).
18).
Le transfert de chaleur direct entre les deux procé-
Indications pratiques dés pendant OC1 est traité avec des CCs com-
munes (voir section 12.2). Comme il est vraisem-
Afin de réduire la complexité de l’optimisation (Su-
blable que la surface de transfert de chaleur de
pertargeting et conception du HEN), l’analyse
l’OC1 soit réutilisée dans l’OC2 (voir par ex. HEX2
Pinch considère autant que possible un seul OC
sur la Fig. 10-9), la durée d’exploitation de cette
par procédé. Cet OC correspond en général au
surface augmente de 5'000 à 7'000 h/an. En raison
produit le plus fabriqué ou aux exigences de pro-
de ce temps de fonctionnement plus long, il est
cédé "moyennes" ou représentatives. L’unique OC
alors pertinent d’installer une surface de transfert
est alors le cas de référence, sur la base duquel
plus grande (afin de réduire le ∆Tmin).
l’analyse Pinch est effectuée.
Le ∆Tmin optimum pour chaque OC, compte tenu
Le HEN élaboré doit être contrôlé après l’analyse
de la surface de transfert réutilisable, est détermi-
Pinch notamment pour les phases de démarrage,
né par le MOC Supertargeting (voir chapitre 18).
arrêt, pour des exigences de procédé fluctuantes,
ou pour de nouveaux produits. Des adaptations de
la régulation, ou un léger redimensionnement des 13.3 Transfert de chaleur indirect
HEXs, suffisent souvent pour pouvoir répondre aux
différentes exigences de procédé à partir du HEN Un transfert de chaleur indirect entre les deux
établi pour un OC. procédés selon la Fig. 13-2 (durant OC1) peut être
analysé et mis en oeuvre comme suit :
13.2.2 Cas de fonctionnement multiples pour
une installation 1. analyse du potentiel de transfert de chaleur
indirect dans OC1 selon les principes du
Un recouvrement temporel partiel des différents transfert de chaleur indirect de la section
procédés d'une installation peut "créer" plusieurs 12.3 (avec la Split GCC ou les ISSPs) ;
cas de fonctionnement (OCs) pour cette installa-
tion. 2. analyse des coûts du transfert de chaleur
indirect avec variation des degrés de liberté
Dans la Fig. 13-2, il est supposé à titre d'exemple suivants 19 : valeur ∆Tmin des procédés, re-
que le sécheur-atomiseur (avec un produit, selon couvrement de la Split GCC, resp. des
l’exemple du chapitre 10) est exploité pendant ISSPs, températures des flux de la boucle in-
5'000 h/an et que le procédé OTR / EN est exploité termédiaire de récupération lL ;
7'000 h/an.
3. définition des flux de l’IL dans OC1 ;
Sécheur-atomiseur 4. calcul, par MOC Supertargeting, des sur-
faces de transfert minimales pour OTR / EN
OTR/EN avec ∆Tmin de OC1 (y compris l’IL) fixée à
OC1 OC2 l'étape 2 et ∆Tmin d’OC2 (sans l’IL) variable ;
5. conception du HEN pour le procédé du sé-
2000 4000 6000 8000 h/an
cheur-atomiseur (y compris le flux de l’IL) ;
14 Procédés batch
14.1 Introduction
Le mode de production batch, aussi appelé par pas mutuellement, et peuvent bien entendu être
charge ou par lot, décrit une exploitation au dérou- analysés et optimisés conjointement.
lement non stationnaire. Les grandeurs d’état des
Des productions par batches répétés cyclique-
produits dépendent du temps, contrairement au
ment, avec des équipements spécifiques pour
mode d’exploitation continu traité jusqu’ici.
chaque produit, offrent en général plus de possibi-
Des procédés de traitement par batch (appelés ici lités de transfert de chaleur direct que les installa-
procédés batch) sont spécifiquement utilisés : tions multi-produits ou polyvalentes, pour les-
quelles la flexibilité joue le rôle clé. Les premières
- pour des transformations très lentes (long
se rencontrent principalement dans l’industrie ali-
temps de résidence),
mentaire et celle des boissons. Les secondes sont
- pour de petites quantités de produits à haute notamment utilisées dans l’industrie pharmaceu-
valeur ajoutée, tique ou des spécialités chimiques.
- si une modification flexible du produit et/ou Malgré les difficultés mentionnées ci-dessus, les
du procédé de fabrication est importante (ins- projets réalisés dans des entreprises industrielles
tallation multi-produits resp. installation poly- avec des procédés batch ont montré que le poten-
valente), tiel d’économie, en pourcents des coûts énergé-
- si une exploitation en continu est technique- tiques annuels totaux, est souvent plus significatif
que pour des procédés continus. Cela s’explique
ment difficile.
entre autres par le fait que les entreprises indus-
Une étape de production par batch se trouve sou- trielles avec des procédés batch ont jusqu’ici ac-
vent entre deux étapes de production semi- cordé une place trop limitée à l’approche systéma-
continues. A chaque interface entre ces deux tique d'optimisation des transferts de chaleur et
modes (batch ó semi-continu), une cuve (réser- l’ont rarement mis en pratique.
voir tampon) assure le stockage intermédiaire des
produits.
14.2 Procédé batch isolé
Comparés aux procédés continus, les procédés
batch nécessitent la prise en compte de la dimen- 14.2.1 Exemple introductif
sion temporelle, en complément de la température.
Les transferts de chaleur des procédés batch sont L’exemple suivant décrit, pour le procédé batch
pour cela plus complexes, mais offrent par ailleurs typique qu'est la fabrication de la bière, la partie
plus de liberté et par là de potentiels production du moût dans la salle de brassage.
d’optimisation. La modification du déroulement Pour simplifier, les étapes qui suivent la production
temporel des flux (aussi appelée Rescheduling) de moût ne sont pas traitées ici: fermentation, pas-
peut être utilisée pour améliorer le transfert de teurisation, conditionnement et autres procédés
chaleur direct, pour augmenter la capacité de pro- annexes.
duction ou pour lisser les pics de puissance des La Fig. 14-1 illustre les étapes de production du
utilités. Comme l’augmentation de la capacité de moût sur la base d'un schéma de procédé simplifié
production des procédés batch est souvent plus et un diagramme de Gantt simplifié des équipe-
importante que la récupération de chaleur, le ments utilisés. Les HEXs en place dans
Rescheduling trouve ici tout son sens. Le Resche- l’installation et les conditions d’exploitation exis-
duling et la récupération de chaleur ne s’excluent tantes sont représentées.
118
93°C
76°C eau bac à
75°C réchauffeur cuve de
cuisson moût
cuve- de moût 2x
filtre 2x
drêches
95°C
97°C
malt + eau refroidisseur 7.5°C
de moût
cuve 2/3
d’empâtage
trempe
cuve de
trempe eau vers la
1/ 3
fermentation
cuve-filtre
filtration rinçage
réservoir
tampon
évaporation
cuve de
cuisson
refroidissement
bac à
moût
0h 1h 2h 3h 4h 5h 6h 7h 8h 9h 10 h 11 h 12 h
Fig. 14-1 Production de bière: flowsheet simplifié et diagramme de Gantt simplifié pour un brassin (une charge de
moût)
Les principales étapes de la production de moût mélange de 75°C20. Ces procédés thermiques
sont décrites ci-dessous. Celles-ci permettent de par étapes développent des réactions biochi-
comprendre, dans les grandes lignes, la table de miques complexes, qui dissolvent l’amidon et
flux. Les temps de début et de fin tstart et tstop, ainsi le divise en sucres plus simples et fermen-
que les durées de préparation et de libération des tables.
équipements avant et après l'existence des be- 3. Le moût est ensuite transféré dans la cuve-
soins thermiques dpre et dpost, sont fixés par le pro- filtre où les drêches sont séparées (filtrées) du
cédé et l’exploitant de l’installation. liquide, appelé le moût. Après la filtration pro-
1. L’eau de brassage (chauffée à 58°C – flux C1) prement dite, le moût est aspergé avec l’eau
et le malt concassé (à température ambiante) de rinçage à 76°C, afin de dissoudre les
sont mélangés et donne une préparation appe- sucres restant dans les drêches (flux C7). La
lée salade. La salade à 53°C est pompée dans chaleur des drêches peut théoriquement être
la cuve d’empâtage. récupérée (flux H4).
2. 1/3 du moût est transféré dans la cuve de 4. Du réservoir tampon, le moût est préchauffé
trempe, où il est chauffé selon un profil tempé- dans un échangeur puis pompé dans la cuve
rature-temps bien défini (flux C2, C3, C4). Les de cuisson où il est chauffé à la température
2/3 restant dans la cuve d'empâtage subissent d’ébullition atmosphérique par un HEX externe
un procédé thermique spécifié par un profil (flux C8). Il est ensuite partiellement évaporé
température-temps distinct (flux C5 et C6). (flux C9). Environ 7% du moût est évaporé
L'empâtage se termine par le pompage du dans le procédé de cuisson. La cuisson se dé-
contenu de la cuve de trempe et vers la cuve
d'empâtage, résultant en une température de 20 Théoriquement 78°C, en pratique 75°C en raison des
effets d'inertie de la cuve et des déperditions ther-
miques. A noter: le mélange non isotherme dans la cuve
de trempe pourrait théoriquement être modélisé comme
un flux à réchauffer de 68°C à 78°C et un flux à refroidir
de 98°C à 78°C.
120
roule plus précisément en 5 étapes : peur") décrit ensuite le chauffage du manteau (ou
1. cuisson à pression atmosphérique, 2. chauf- double-enveloppe).
fage jusqu’au point d’ébullition sous pression,
Important à savoir: les transferts de chaleur étant
3. cuisson sous pression, 4. réduction de la
au centre de l’Analyse Pinch, seuls les équipe-
pression, 5. cuisson à pression atmosphé-
ments avec une exigence de procédé sont pris en
rique, jusqu’à atteindre un taux de sucre spéci-
compte ici pour simplifier.
fié.
Ces étapes sont regoupées dans une unique Pour rappel, pour des procédés continus, les équi-
exigence de procédé "moyennée" (flux 9). Les pements sont définis pour tenir compte de la ré-
buées ont une haute valeur énergétique qui duction des coûts d'investissement résultant de la
peut être valorisée par la condensation (par ex réutilisation des surfaces de transfert lors du MOC
dans le condenseur des buées) et le refroidis- Supertargeting. Dans l’analyse de procédés batch,
sement (flux H2 et H3). les équipements remplissent les mêmes fonctions
– ainsi la surface du manteau de la cuve
5. Le moût est finalement conduit dans le bac à
d’empâtage par ex. ne doit pas être calculée sépa-
moût, où il se décante pendant un moment.
Avec le refroidissement à 7.5°C (flux H1), le rément pour chaque palier de chauffage. Les équi-
pements jouent aussi un rôle significatif dans la
moût est ensuite prêt pour la fermentation.
planification temporelle des procédés batch avec
14.2.2 Equipement recouvrement temporel (batches superposés). La
section suivante traite ce thème plus en détails.
Un équipement a été défini à la section 13.5 de la
manière suivante.
Equipement 14.3 Répétitions cycliques de procédés batch
Un équipement désigne une conduite, un ca- 14.3.1 Batch Processing Duration (BPD) et
nal ou une cuve, dans lequel un flux, resp. une Batch Cycle Duration (BCD)
exigence de procédé, "existe".
La durée totale nécessaire à la production d’un
Plusieurs flux peuvent "exister" dans un même seul batch est appelée Batch Processing Dura-
équipement, mais jamais simultanément. tion (BPD, voir Fig. 14-2). Dans l’exemple de la
Un échangeur de chaleur décrit la combinai- production de moût, la BPD vaut 683 minutes, soit
son de deux équipements. un peu plus de 11 heures. La BPD commence
avec le démarrage du premier équipement resp.
Selon la définition ci-dessus, un transfert de cha- du premier flux (par ex. le chauffage de l’eau de
leur a toujours lieu entre deux équipements, pen- brassage C1 dans l’équipement "eau de bras-
dant que les flux sont présents dans ces équipe- sage/eau de rinçage". Elle se termine avec la fin
ments. de l’exploitation du dernier équipement, resp. du
dernier flux (par ex. le refroidissement du moût H1
Un équipement typique pour les procédés batch dans l’équipement "refroidisseur de moût". En plus
est le réacteur (aussi appelé chaudière). Il peut des exigences thermiques, la BPD prend égale-
effectuer un grand nombre d’étapes de produc- ment en compte les étapes pré- et post-
tion : chauffer, refroidir, avec ou sans un profil opératoires (remplissage, lavage, vidange, etc)
température-temps prescrit, évaporer/distiller, mé- des équipements utilisés à des fins énergétiques.
langer, stocker, etc. Comme ces étapes sont en général associées à
Sur la Fig. 14-1, la cuve d’empâtage et la cuve de un équipement et non à un flux (par ex. à la cuve
trempe constituent chacune un équipement. Dans d’empâtage et son remplissage), les durées res-
ces deux équipements "ont lieu" plusieurs flux (C5 pectives de ces étapes sont définies en lien avec
et C6 dans la cuve d’empâtage, C2 à C4 dans la l’équipement par dpre et dpost.
cuve de trempe). L’association de la cuve La durée d’utilisation de chaque équipement est
d’empâtage et la cuve de trempe avec par ex. de nettement plus courte que la durée d’un batch
la vapeur (dans l’équipement "alimentation va- complet BPD. Pour augmenter le taux d’utilisation
de l’équipement et la capacité de production, un
121
nouveau batch peut éventuellement débuter avant sont doublés dans la production de moût considé-
que le précédent se termine. Les équipements rée ici. Le dégoulottement (debottlenecking) d’un
avec les plus longues durées d’utilisation consti- procédé batch à l’aide du diagramme de Gantt des
tuent le chemin critique et déterminent la période équipements et de la table de flux peut apporter
de répétition minimale ou Batch Cycle Duration les premiers éléments clés pour une augmentation
(BCD). La BCD est la durée depuis le démarrage de la capacité de production. Mais une réduction
d’un batch jusqu’au démarrage du batch suivant. de la durée BCD doit bien prendre en compte tous
Elle est de 160 minutes dans le présent exemple. les équipements nécessaires.
Dans le cas de la production de moût, la cuve
La Fig. 14-2 représente le diagramme de Gantt
d’empâtage qui fonctionne avec une durée
correspondant à une production par batches répé-
d’utilisation de 184 minutes engendre un point
tés cycliquement, démarrant chaque semaine le
critique (bottleneck). Dans la brasserie considérée,
lundi matin. Chaque batch est identifié par une
cette cuve est doublée pour accroitre le taux d'utili-
couleur (batch 1 : rouge; batch 2 : orange; etc…).
sation de chaque équipement et ainsi augmenter
La durée des exigences de procédé (flux) est mar-
la capacité de production.
quée dans les équipements dans le premier batch.
Les flux existent au sein des équipements et du-
Attention: la cuve-filtre, le réservoir tampon et le
rent en règle générale nettement moins longtemps
bac à moût figurant sur la Fig. 14-1 ne sont pas
que les durées d'activité de leurs équipements
pris en compte dans la table de flux car ils ne
respectifs. Pour être complet, les équipements
comportent pas d’exigences de procédés (ther-
sans exigence de procédé sont également repré-
miques). Avec une durée d’utilisation totale de 274
sentés (cuve-filtre, réservoir tampon, bac à moût).
et 276 minutes par batch, ces équipements consti-
tuent le chemin critique, c’est pourquoi ceux-ci Note : le diagramme de Gantt illustre les durées de
Fig. 14-2 Diagramme de Gantt des équipements d'une production de moût cyclique par batches superposés, avec
une Batch Cycle Duration BCD de 160 min. Chaque couleur correspond à un batch (brassin). Le chauffage de l’eau
de brassage / eau de rincage peut théoriquement avoir lieu à tout moment (flux flexible, adapté au rescheduling)
122
fonctionnement des équipements (y c. préparation, successifs (soit BCD ≥ BDP), alors la phase de
remplissage, vidange) et les temps de démarrage fonctionnement cyclique commence avec le pre-
et d’arrêt des équipements correspondants, qui ne mier batch et se termine avec le dernier batch (il
correspondent cependant pas toujours aux durées n’y a ni phase de démarrage, ni phase d’arrêt).
d'existence des flux eux-mêmes.
Pour le transfert de chaleur dans les procédés
14.3.2 Démarrage (startup), arrêt (shutdown), batch répétés cycliquement, l’analyse se concentre
phase de fonctionnement cyclique sur la phase de fonctionnement cyclique entre le
démarrage (startup) et l’arrêt (shutdown). Dans
La Fig. 14-2 montre bien que la phase de fonction-
l’exemple ci-dessus cette période démarre avec le
nement cyclique s'établit seulement après une
5ème batch. En considérant exclusivement les exi-
phase de démarrage (startup phase) déterminée.
gences de procédé (et donc les flux listés), il appa-
La durée de la phase de démarrage dstartup est
raît que la période de répétition de base de la
définie par :
phase de fonctionnement cyclique vaut une BCD.
En raison de sa référence aux flux, elle est appe-
d startup = BCD × INT [BPD / BCD] (14.1)
lée stream-wise repeat operation period ou
durée de la phase de démarrage SROP (voir aussi Fig. 14-3).
dstartup [h]
Startup Phase
La Fig. 14-3 représente la période de répétition sur
BCD [h] Batch Cycle Duration la base des équipements avec des exigences de
Fonction Partie entière (= plus procédé (c.-à-d. sans cuve filtrante, réservoir tam-
INT[x] [-]
grand entier £ au nombre x) pon et bac à moût). L'analyse détaillée de la Fig.
BPD [h] Batch Processing Duration 14-3 montre que les exigences de procédé, resp.
les flux au sein d’une SROP correspondent exac-
Dans l’exemple de la Fig. 14-2, dstartup vaut tement à ceux de la SROP suivante. La seule dif-
160 x INT[683/160] = 160 x 4 = 640 minutes, soit férence est l’utilisation de la cuve d’empâtage 1
jusqu’au démarrage du 5ème batch. Par analogie à dans la première SROP et de la cuve d’empâtage
la phase de démarrage, il existe aussi une phase 2 dans le seconde SROP. La période de répétition
d’arrêt (Shutdown Phase) par laquelle la produc- relative aux équipements est appelée equip-
tion se termine (non représentée sur la Fig. 14-2). ment-wise repeat operation period ou EROP.
La phase d’arrêt dure BPD – BCD. Si aucun re-
La durée dEROP d’une EROP vaut toujours un mul-
couvrement temporel n'existe entre deux batches
tiple entier de BCD. Elle dépend de la multiplicité
EROP
SROP
Fig. 14-3 Equipment-wise repeat operation period EROP et stream-wise repeat operation period SROP pour la pro-
duction de moût selon la Fig. 14-1. Les flux C5 et C6 entourés de jaune ont lieu dans la cuve d'empâtage 1, ceux
entourés de mauve dans la cuve d'empâtage 2. A noter que les flux C2, C3, C4 ne sont pas visibles à cette échelle
123
des équipements selon l’équation suivante : L’analyse des transferts de chaleur durant les dif-
férentes tranches de temps s’effectue de la même
dEROP = PPCM M _ Equ × BCD (14.2) manière que l’analyse des MOCs (voir chapitre
13). Mais contrairement aux procédés continus
dEROP [h] durée EROP
avec recouvrement temporel (générant seulement
Plus petit commun multiple des quelques OCs), le nombre de TSs peut, selon le
PPCMM_Equ [-] multiplicités (M_Equ) des procédé batch, devenir très grand. Pour la produc-
équipements
tion de moût selon la Fig. 14-2, une EROP com-
BCD [h] Batch Cycle Duration porte 32 TSs.
Lors du calcul de PPCMM_Equ, seuls les équipe- Pour cette raison, un procédé batch plus simple,
ments utilisés pour un transfert de chaleur sont représenté à la Fig. 14-4, est introduit. Ce procédé
pris en compte. Dans l’exemple précédent, seule (adapté de [10]) est utilisé dans le secteur des
la cuve d’empâtage, doublée, est concernée (sa spécialités chimiques.
multiplicité M_Equ=2). Ainsi PPCMM_Equ vaut 2 et
l‘EROP dure 2xBCD, soit 2xSROP (voir Fig. 14-3). Feed 111°C 110°C
Si une installation ne comporte que des équipe-
10°C
ments installés chacuns à un seul exemplaire, R1
alors les durées EROP = SROP = BCD.
D1
L’EROP selon la Fig. 14-3 représente la vue 115°C
50°C
d’ensemble requise pour le Supertargeting : con-
trairement à la SROP, l’EROP permet l’analyse Résidu AB1
des surfaces des échangeurs effectivement né-
cessaires, du nombre d’échangeurs et de leur Feed A 135°C
utilisation multiple, etc.
R2
Par contre, pour la conception du HEN, la SROP Feed B 15°C 134°C
est suffisante, puisque les conditions de fonction- Feed C 65°C
nement des échangeurs ne varient pas d’une
SROP à la suivante.
Produit 1
Produit 2 35°C
14.4 Décomposition en tranches de temps 85°C
(Time Slices)
Fig. 14-4 Flowsheet d'une installation batch mono-
Le chapitre 13 explique comment déterminer les
produit
OCs et MOCs pour les procédés avec recouvre-
ment temporel. Par analogie, des tranches de
La ligne de production comporte deux réacteurs
temps (Time Slices TS) sont définies pour les flux
batch (R1 et R2) et une colonne de distillation
avec recouvrement dans un procédé batch.
(D1), qui est également exploitée en batch. Le
Tranche de temps (Time Slice) processus de production se compose des phases
suivantes :
Une tranche de temps (Time Slice ou TS) est
un cas de fonctionnement au sein d’une pé- 1. Les matières premières (Feed) sont chargées
riode de répétition d’un batch (en général à 10°C dans le réacteur R1.
EROP). Elle est déterminée par l’existence 2. Les matières premières dans le réacteur agité
simultanée d’un ou plusieurs flux. Elle peut sont chauffées par le double manteau à une
aussi être "vide" (c.-à-d. sans flux). Un même température de 60°C, température à laquelle
cas de fonctionnement (et donc la TS) peut elles réagissent.
exister à différents moments pendant l’EROP. 3. La réaction dans R1 est légèrement exother-
mique et la température monte à 115°C.
124
4. Le produit à 115°C est transféré dans la co- viduel, des TSs de la phase de démarrage et des
lonne de distillation D1. TSs de la phase d’arrêt.
5. La distillation s'opère à une température de Tant que la durée de l’EROP est bien supérieure
115°C. aux durées des phases de démarrage ou d’arrêt,
6. Le distillat est condensé à 111°C, puis sous- l’analyse des transferts de chaleur se concentre
refroidi jusqu'à 50°C, et récolté dans le collec- presque toujours sur l’EROP. De cette manière,
teur de distillat de tête AB1.
non seulement l'essentiel du potentiel de récupéra-
7. Le produit de AB1 (Feed A, 50°C) et d’autres
tion de chaleur est couvert, mais cela simplifie
substances (Feed B à 15°C et Feed C à 65°C)
aussi la conception du HEN et les coûts des
sont chargés dans le réacteur R2.
échangeurs sont également réduits (par une utili-
8. Le mélange dans R2 est chauffé à une tempé- sation multiple dans les EROPs répétées).
rature de 95°C, à partir de laquelle une réac-
tion fortement exothermique démarre. Si le but premier de l’analyse est par ex. la maitrise
9. Le solvant s’évapore à 135°C, se condense ou la réduction des pointes de puissance des utili-
dans le condenseur à reflux et revient dans tés, la prise en compte des phases de démarrage
R2. et d’arrêt peut éventuellement faire sens. Cet as-
pect n’est pas approfondi dans ce manuel.
10. La réaction se termine et le produit dans R2
est refroidi de 140°C à 75°C par le double Le Time Slice Model de la Fig. 14-5 (c) illustre
manteau de R2, puis se refroidit de 3 K sup- différentes caractéristiques typiques des procédés
plémentaires pendant un court temps de repos batch :
dans R2.
- TS 1 présente une durée nettement plus
11. Le produit dans R2 est à nouveau chauffé à courte que TS 5 par exemple ;
88°C, puis se refroidit de 3 K pendant un court
temps de repos dans R2. - TS 2 est "vide" car elle ne contient aucun
flux ;
12. Une partie du contenu de R2 (Produit 1) est
directement déchargé à 85°C et traité dans - TS 3 et TS 4 ne comportent qu’un flux froid
une autre étape de procédé. et TS 5 qu’un flux chaud ;
13. Le solde du contenu (Produit 2) est refroidi à - TSs 1, 7, 9, et 11 contiennent exactement les
35°C dans le réacteur R2, puis vidangé. mêmes flux 21 ;
La production est repétée par cycles de 335 mi- - TSs 6, 8, et 10 sont très similaires 22 et
nutes (BCD). Les différents batches se recouvrent d'assez courte durée.
selon la Fig. 14-5 (a). La Fig. 14-5 (b) illustre
l‘equipment-wise repeat operation period EROP. D’autres caractéristiques spécifiques aux procé-
Puisque dans cet exemple chaque équipement dés batch sont par ex. des flux chauds et froids
avec exigence de transfert (R1, D1, R2 ainsi que en cuve et des flux qui varient avec le temps (par
leurs condenseurs associés) n'est utilisé qu'à un ex. la distillation sous la forme du flux froid C1).
seul exemplaire (multiplicité = 1), l’EROP dure 335 Ces caractéristiques sont décrites au chapitre 15.
minutes et correspond à la stream-wise repeat
operation period SROP et donc à une BCD. Pour
21 La numérotation individuelle des TS sur la Fig.
simplifier, il est admis ici que les valeurs de Tin, Tout
et CP de chaque flux sont constantes. La Fig. 14-5 (c) est volontairement encore "brute": la renuméro-
tation des TS selon la définition de l'encadré de la page
14-5 (c) représente les tranches de temps TSs précédente n'est pas encore appliquée. L'EROP com-
résultantes, déterminées par les tstart et tstop de prend donc en réalité 7 cas de fonctionnements diffé-
chaque flux et la BCD (lorsque le début et la fin de rents (non vides et abstraction faite de la similarité des
la période de répétition sont choisies sans corres- TSs 6, 8, et 10), ou 5 cas de fonctionnement compte
tenu de cette similarité (voir note de bas de page sui-
pondance (= de manière non synchrone) avec les vante).
tstart et tstop. Dans cet exemple, les 11 TSs incluent 22 Similaires dans le sens où elles impliquent les mêmes
des flux de 3 batches (voir Fig. 14-5 (a)) et sont équipements et donc les mêmes échangeurs, en dépit
complètement différentes des TSs d’un batch indi- du fait que TS 8 comprend un chauffage par le double
manteau de R2, contrairement à TS 6 et TS 10 durant
lesquelles celui-ci refroidit R2.
125
(a) BCD
335 min
225 min
R1
190 min
D1
335 min
R2
Temps
BPD
690 min
(b) Feed
R1 Chauffage
D1 Evaporation
Condensation
Refroidissement
R2 Chauffage
Condensation
Refroidissement 1
Chauffage interm.
Refroidissement 2
TS n°: 1 2 3 4 5 6 78 9 10 11
135 min
30 min
70 min
260 min
265 min
275 min
285 min
20 min
225 min
315 min
335 min
0 min
Fig. 14-5 Dérivation du Time Slice Model. (a) Diagramme de Gantt d’une production par batches répétés avec re-
couvrement temporel (BCD = 335 min). (b) Détails d'une période de répétition : EROP, resp SROP (dans ce cas
EROP = SROP car il n’y a pas d’équipements multiples). (c) Time Slice Model de la période de répétition
126
sons purement énergétiques. La cuve d’empâtage près que possible du procédé de la section 9.3 est
et la cuve de trempe (voir Fig.14.1) en sont des respecté.
exemples.
D’un point de vue énergétique, le chauf-
Dans le second cas, la surface de transfert est fage/refroidissement externe est toujours pré-
définie par la surface du serpentin de chauf- férable, étant donné qu’il permet une meilleure
fage/refroidissement. Une extension de cette sur- utilisation des gradients de température (par ex.
face est rarement faisable et rentable. dans un échangeur à plaques à contre-courant) et
s’adapte avec davantage de flexibilité.
Pour ces deux cas, les spécifications des installa-
tions et les fluides caloporteurs (par ex. eau La cuve de cuisson (voir Fig.14-1) illustre le troi-
chaude) sont donc imposés. Une modification des sième cas. Afin d’éviter l'ébullition locale dans
conditions du procédé au niveau du fluide calopor- l’HEX, le moût est mis en surpression avant l’HEX,
teur (par ex. abaissement des températures de puis la pression est réduite au retour dans la cuve
chauffage, accroissement des températures de de cuisson.
refroidissement, modification du débit) n'est pos-
sible que si 1) le mélange dans la cuve peut être
amélioré (et donc la valeur a à la surface inter- 15.3 Règles supplémentaires spécifiques aux
nedu manteau) et/ou 2) une adaptation de la puis- procédés batch
sance, de la température ou de la durée du trans-
Dans les procédés continus, un flux, resp. un
fert de chaleur n’est pas critique d’un point de vue
segment de flux, est caractérisé par sa tempéra-
du produit. Sinon, dans le cas d’une rénovation,
ture initiale Tin, sa température finale Tout et une
ces conditions doivent être maintenues.
puissance de chauffage/refroidissement constante.
Si le fluide caloporteur et ses conditions sont Ces conditions restent constantes pendant
indispensables, celui-ci représente l'exigence de l’existence du flux.
procédé à intégrer dans la table de flux à la place
Par analogie, les paramètres des flux C1, C7, C8,
de l’exigence de procédé proprement dite (c.-à-d.
H1, H2, H3 du Tab.14-1 sont également constants
par ex. le chauffage du produit dans la cuve).
pendant leur existence (tstart à tstop) (voir aussi Fig
Ainsi, le principe de base du flux de substitution
14-1).
défini à la section 9.3 est respecté : si le produit
dans la cuve était directement considéré dans la Au contraire, les exigences de procédé de la sec-
modélisation à la place du fluide caloporteur, il tion précédente sont des flux temporellement
serait fort probable qu’un flux chaud serait utilisé variables, dont les paramètres (température et/ou
pour le chauffage du produit lors de la conception puissance de chauffage/refroidissement) varient
du réseau. L'HEX correspondant ne serait pas pendant leur existence (c.-à-d de tstart à tstop). Le
compatible avec la double enveloppe existante. chauffage d’un produit dans un réacteur / une
cuve constitue un exemple-type (voir par ex. Fig.
La modélisation au moyen d'un flux de substitution
15-2). Que ce soit par circulation externe dans un
réduit dans tous les cas le gradient de température
HEX, par un double manteau ou par un serpentin
pour le transfert de chaleur, et diminue générale-
intégré : la température dans le réacteur, et donc
ment aussi le potentiel de récupération.
la "température d'entrée" Tin, varie avec le temps
Dans le troisième cas, le produit peut directement et selon les exigences de procédé, la "température
être intégré comme exigence du procédé. Selon de sortie" et/ou la puissance de chauffage peuvent
l’exigence, il se peut qu’une différence de aussi être variables.
température maximale entre le produit et le fluide
Sur la Fig.14-1, resp. le Tab. 14-1 par ex., les flux
caloporteur doive être respectée (par ex. pour que
C2, C3, C4, C5 et C6 varient au cours du temps
le produit ne "brûle" pas à la surface) – ces enjeux
alors que le flux C9 est, pour simplifier, considéré
peuvent le plus souvent être solutionnés par la
comme constant. De même, sur la Fig 14-4, les
régulation ou le dimensionnement de l’HEX. Avec
températures et/ou les puissances des étapes de
la définition du chauffage du produit comme
chauffage et de refroidissement dans R1, C1 et R2
exigence du procédé, le principe de base aussi
varient au cours de leur durée d’existence.
129
T2
Tout
T4
TM (t )
Tin T1
t1 = t = t M t M = t = t 2
t1 tM t2 t H& / kW
Fig. 15-2 (a) chauffage d’un produit dans un réacteur avec une circulation externe dans un HEX (b) profil tempéra-
ture-temps dans le réacteur selon (a) (c) discrétisation temporelle du flux froid en deux intervalles de temps. Le flux
chaud de T3 à T4 dans (c) illustre un exemple de CC chaude
Une modélisation constante dans le temps d’un Afin de décider si et combien d’intervalles tempo-
flux selon la Fig. 15-2 (b) peut engendrer des rels sont nécessaires, T1 et T2 peuvent être com-
résultats impossibles : si l’exigence de procédé parées aux températures disponibles sur les CCs.
durant toute la durée de t1 à t2 est définie par un La CC chaude est représentée sur la Fig. 15-2 (c)
besoin de chauffage constant de T1 à T2, alors une de T3 à T4. Si T3 et T4 sont significativement plus
part du contenu du réacteur devrait théoriquement élevées que T1 et T2 alors une discrétisation n’est
encore être à température T1 au cours des pas absolument nécessaire et les valeurs cibles de
dernières secondes de l’étape de chauffage. Cela surface calculées sont aussi raisonnablement pré-
n’est bien entendu pas le cas. Dans l’exemple de cises. Si T4 est représentée plus basse que T2,
la Fig. 15-2 (c), la CC chaude ne pourrait par suite une discrétisation est dans ce cas nécessaire, afin
pas transférer l’entier de sa chaleur au flux froid à d’éviter des résultats incohérents. En cas de
la fin de l’étape, et il ne pourrait pas non plus être doute, une modélisation "du côté sûr" est recom-
refroidi jusqu’à T4. mandée.
Outre des températures initiales et/ou finales va-
C’est pourquoi, pour des flux temporellement va-
riables, une puissance variable (avec des tempéra-
riables, une discrétisation temporelle appropriée
tures constantes) peut aussi nécessiter une discré-
doit être effectuée, comme par ex. sur la Fig.
tisation (par ex. l’évaporation dans C1 sur la Fig
15-2 (c) : le flux froid initial est réparti sur deux
14-4). De plus amples détails sur cet exemple sont
intervalles de temps et ses températures Tin et Tout
disponibles dans [2], page 263 et suivantes.
augmentées de telle manière que le besoin de
chaleur modélisé soit, du point de vue du niveau
de température, toujours supérieur au niveau de 15.4 Degrés de liberté supplémetaires par
température du besoin réel sur toute la durée de
rapport à des procédés continus
l’intervalle de temps. La discrétisation respecte
ainsi la 3ème règle d’extraction des données, à sa- Le planning temporel de certains flux batch n'est
voir la modélisation "du coté sûr" (voir chapitre 9). pas complètement figé et constitue des degrés de
La répartition temporelle du flux froid initial en- liberté supplémentaires. Le planning de tels flux
gendre le temps fictif intermédiaire tM (temps final (rescheduling) peut être optimisé pour accroitre les
du 1er intervalle, temps initial du 2ème intervalle), ce transferts de chaleur ou augmenter la capacité de
qui peut conduire, notamment en cas de recou- production (debottlenecking). L'extension de par-
vrement entre les batches, à des TSs supplémen- ties d’installations qui limitent la capacité de pro-
taires indésirables. Le temps tM devrait idéalement duction est également une stratégie d’optimisation
être défini seulement après la définition du plan- possible (debottlenecking).
ning du batch, lors de l’analyse de l’EROP. Le
Pour les procédés batch, le potentiel d’optimisation
temps tM devrait être choisi de manière à corres-
rentable par augmentation de la capacité de pro-
pondre au début ou à la fin d’une TS.
duction est bien souvent plus élevé que celui de
130
réduction des coûts énergétiques par intégration Les deux dernières stratégies modifient également
des procédés. Le rescheduling requiert une con- les débits-masse en plus de la planification tempo-
naissance approfondie des procédés, tandis que la relle. Cela modifie donc les CCs des flux écourtés
qualité des produits doit rester la priorité n°1. Car ou prolongés.
les pertes économiques résultant de lots hors spé-
La Fig. 15-3 représente l’optimisation d’un transfert
cifications peuvent être bien supérieures aux béné-
de chaleur direct par retardement d’un flux. En
fices des économies d'énergie prévisibles. Dans
comparaison au procédé initial selon la Fig 14-4, le
certains cas pourtant, les deux objectifs ci-dessus
refroidissement du produit 2 est retardé, pour per-
sont atteignables.
mettre le préchauffage du Feed B. Le rescheduling
Dans la pratique, la planification temporelle des peut nécessiter un réservoir tampon (dans le cas
procédés peut être étroitement liée à l'organisation présent le réservoir AB2).
des cycles et des horaires de travail des collabora-
La synchronisation par écourtement / prolonga-
teurs. Dans ce cas, il est fort probable que le po-
tion peut par exemple être utilisée pour mieux
tentiel d’intégration ne soit pas totalement exploité
synchoniser sur une durée donnée la puissance-
– les conditions cadres de la planification tempo-
chaleur d’un flux chaud avec celle d’un flux froid
relle sont toutefois souvent difficiles à adapter.
(voir Fig. 15-4 et Fig. 15-5).
Les sections suivantes présentent deux stratégies
d’optimisation des procédés batch (voir aussi [2]) : Feed 111°C 110°C
- le rescheduling de flux dont la planification 10°C
temporelle est flexible, y compris le cas parti- R1
culier de l’eau chaude ; D1
115°C
- la transformation d’un flux temporellement 50°C
variable en un flux constant dans le temps
Résidu AB1
(par ex. grâce à un nouvel accumulateur).
15.4.1 Rescheduling de flux temporellement Feed A 135°C
variables
C1 80 TS 1 = 1h
(a)
H1
60
C1
(b)
H1
40
C1
(c)
H1 20 1h × 50 kW = 50 kWh
0.5 1 1.5 2 t /h
Fig. 15-4 Diagrammes de Gantt de 2 flux pour illus- 50 100 150 200 H& / kW
trer la synchronisation par écourtement ou prolonga- Τ / °C (c)
tion : (a) procédé initial, (b) flux froid C1 écourté à
80 TS 2 = 2 h
une durée 1 h, (c) flux chaud H1 prolongé à 2 h
Fig. 15-5 CCs pour les 3 cas (a), (b) et (c) de la Fig.
15-4
132
Cas particulier de l’eau chaude (de brassage) Principe de base du transfert de chaleur
pour des procédés batch
Dans la production de moût définie à la Fig. 14-1,
le planning temporel (défini par tstart et tstop) pour Le transfert de chaleur pour des procédés
l'empâtage, la filtration et la cuisson du moût peut batch doit autant que possible avoir lieu pen-
être considéré comme imposé. En revanche, le dant un transfert de produit (remplissage,
chauffage de l’eau de brassage est en pratique vidange).
temporellement flexible à volonté (flux C1 et C7).
Ce faisant, le procédé peut être accéléré (ré-
Comment faut-il modéliser l’eau de brassage et
duction du BPD et du BCD) et le gradient de
quelle signification cela a-t-il pour le procédé réel ?
température mieux exploité.
Le chauffage de l’eau de brassage directement
avant et pendant l'empâtage et le rinçage (après la Grâce au transfert de chaleur pendant le transfert
filtration) nécessiterait une grande puissance- du produit, des flux temporellement variables peu-
chaleur. De plus, au moment de l'empâtage ou du vent être transformés en flux constants dans le
rinçage, aucune source de rejets de chaleur per- temps. Des flux constants dans le temps sont
mettant de (pré-)chauffer l'eau de brassage n’est mieux adaptés au transfert de chaleur.
disponible. Le planning du chauffage de l’eau de
La Fig. 15-2 représente un exemple de flux froid
brassage peut être défini tel que a) le plus possible
temporellement variable. Il doit être discrétisé et ne
d’excédent de chaleur des TSs puisse être utilisé
peut pas être entièrement chauffé de T3 à T4 avec
et b) aucune pointe importante de puissance ne
le flux chaud. Si le transfert de chaleur a lieu pen-
soit nécessaire. Les TSs n'étant définies qu'après
dant le transfert de produit, comme illustré par la
examen de l’EROP, le rescheduling est dans ce
Fig. 15-6, alors le flux froid peut être traité comme
cas itératif (table de flux => TSs => table de flux).
un flux constant (pendant toute l'étape du procédé,
Comme décrit précédemment à la section 15.3,
une puissance-chaleur constante chauffe le débit
tstart et tstop doivent autant que possible être choisis
de produit transféré de T1 à T2). Un chauffage avec
de sorte à ne pas générer de TS supplémentaire.
le flux chaud (de T3 à T4) selon la Fig. 15-2 (c) est
Dans la pratique, cette approche de la modélisa- alors possible.
tion énergétique signifie qu’un stockage intermé-
diaire de l’eau de brassage doit être prévu.
Comme ce stockage à court terme ne pose pas de T2
problème pour la qualité de l’eau et que de
grandes quantités de chaleur peuvent ainsi être
récupérées, cette solution est mise en œuvre de T1
manière rentable dans la plupart des brasseries.
15.4.2 Transformation d’un flux temporellement
variable en un flux constant Fig. 15-6 Transfert de chaleur pendant le transfert du
produit : transformation d’un flux temporellement
Dans une production par batches, les étapes de variable (voir Fig. 15-2) en un flux constant dans le
chauffage ou de refroidissement sont générale- temps
ment effectuées dans une cuve ou un réacteur, car
lors de la transposition du laboratoire à la produc- Grâce au transfert de chaleur pendant le transfert
tion industrielle, aucune modification de procédé du produit, la durée d’utilisation de la cuve est
n'a été apportée, ou simplement parce qu’une réduite. Si la cuve constitue un goulot d'étrangle-
cuve est un équipement très polyvalent et qu’un ment (bottleneck) pour le procédé batch global, la
échangeur externe n’est pas nécessaire au pre- Batch Processing Duration BPD et la Batch Cycle
mier abord. Toutefois tant que l’étape de chauf- Duration BCD peuvent alors être raccourcies et la
fage / refroidissement en cuve n’a pas d’effet spé- capacité de production augmentée de manière
cifiquement désiré sur le produit, le principe sui- correspondante (voir Fig. 15-7).
vant s’applique :
133
Tab. 15-1 Table de flux de la production par batch selon la Fig. 14-4, après optimisation du déroulement du procédé
16.2 Décision de principe de recourir au Pour les procédés batch, le mode de transfert de
stockage de chaleur chaleur direct est analysé sur une période de répé-
tition. Si les batches se superposent temporelle-
S'agissant de l'optimisation des procédés batch, ment, la période de répétition considérée corres-
une distinction fondamentale doit être faite entre le pond en général à une SROP (voir paragraphe
mode de transfert de chaleur direct et le mode 14.3.2). Lorsque qu'il n'y a pas superposition tem-
de transfert indirect avec stockage de chaleur. porelle, il s'agit de considérer un seul batch (répété
Le présent chapitre traite le mode de transfert di- N fois par an). Le fait de se focaliser sur les pé-
rect ; ce mode définit, comme pour les procédés riodes de fonctionnement répétées assure aux
continus, le transfert instantané entre deux flux. Le HEXs placés des durées d'exploitation relative-
transfert direct est analysé pour chaque tranche de ment élevées, puisque qu'ils sont utilisés N fois par
temps (Time Slice, TS; voir section 14.4). Le trans- an dans les mêmes conditions.
fert de chaleur indirect avec stockage de chaleur
est expliqué au chapitre 17 ; ce mode de transfert
est analysé à l'aide des ISSPs construits sur la
base des flux. 23 Le Time Slice Model peut dans ce cas être utilisé pour
La décision de savoir si le transfert de chaleur évaluer l'effet des variations du schedule sur le potentiel
de transfert de chaleur direct. Le cas échéant, il peut
direct entre en ligne de compte pour l'optimisation
exister certains flux présentant un potentiel significatif de
d'un procédé batch doit être prise aussi tôt que transfert de chaleur direct et relativement peu influencé
possible. Les critères suivants plaident en fa- par les variations temporelles (par ex. évaporateur /
veur d'un transfert exclusivement indirect avec condenseur). Ces flux peuvent être optimisés pour le
transfert direct, pourvu qu'il n'en résulte pas de transfert
stockage de chaleur :
de chaleur à travers le pincement de l'installation cons-
sidérée globalement (voir section 16.4.2 TAM).
136
Le MOC Supertargeting requiert un temps de cal- la table de flux du Tab. 15-1. La période de calcul
cul important ; ce dernier augmente d'ailleurs de du TAM correspond à la durée de 1 batch.
manière sur-proportionnelle avec le nombre de
TSs, et la convergence vers l'optimum global n'est Τ / °C
pas toujours numériquement garantie. Un nombre
élevé de TSs augmente également la complexité
de conception du HEN. Pour ces raisons, il est
judicieux de simplifier le TSM lors de l’Energy Tar-
geting. DTmin
Simplification du TSM
La simplification du TSM a pour but de pouvoir se
focaliser sur les flux et les TSs présentant un
grand potentiel de transfert de chaleur direct.
Si une des conditions suivantes est remplie, la TS
en question peut être exclue du transfert de cha-
leur direct :
- une TS ne comporte que des flux chauds ou
que des flux froids, Energie / kWh
- le potentiel de transfert de chaleur au sein
d’une TS est très faible (en kWh/TS, resp. Fig. 16-2 CCs selon le Time Average Model (TAM)
kWh/an), avec un ∆Tmin de 20 K
- la durée de la TS est très (trop) courte (par Le TAM considère la période de répétition cyclique
ex. inférieure à quelques minutes), d'un batch (SROP) et représente l'énergie (kWh)
- la CC chaude au sein d’une TS est plus au lieu de la puissance (kW) des flux impliqués. Il
froide que la CC froide. répartit l'énergie de chaque flux sur la période con-
sidérée, transformant le procédé en un "pseudo-
La prise en compte de ces règles permet souvent procédé" continu énergétiquement équivalent. Ce
de réduire de moitié le nombre de TSs à analyser faisant, il "fait comme si" les flux coexistaient, ce
du point de vue du transfert de chaleur direct. qui n'est naturellement pas le cas (mis à part pour
Les flux ou TSs exclus de l'analyse du transfert les flux intervenant dans chacune des TSs). Les
de chaleur direct peuvent être soit utilisés lors valeurs cibles énergétiques du TAM peuvent théo-
de l’analyse du potentiel de transfert de chaleur riquement être atteintes avec transfert de chaleur
indirect, soit directement comptés comme be- indirect et stockage. Le TAM ne fournit ni valeur
soin d’utilité. cible de surface de transfert, ni valeur cible de
coût, et ne considère pas plus la faisabilité tech-
16.4.2 Time Average Model (TAM)
nique.
Le Time Average Model (TAM) est l’approche la Le TAM applique pour chacun des flux impliqués la
plus simple pour analyser le potentiel de transfert même valeur "globale" ∆Tmin. La valeur choisie
de chaleur maximal théorique (idéal) d‘un procédé ∆Tmin correspond en première approximation au
batch. Les valeurs cibles énergétiques obtenues double de la valeur choisie pour le transfert de
avec le TAM sont essentiellement utilisées à titre chaleur direct 24. L'utilisation d'un ∆Tmin "global" est
de comparaison avec celles obtenues avec le justifiée pour le calcul des CCs d'un procédé conti-
TSM : plus la différence est grande, plus une ana-
lyse détaillée du transfert de chaleur indirect avec
stockage vaut la peine.
24 La cible énergétique du TAM ne peut être atteinte
La Fig. 16-2 illustre les CCs TAM du procédé
qu'avec stockage de chaleur. C'est pourquoi un ∆T est
batch décrit au chapitre 14 (Fig.14-4) et défini par nécessaire des flux chauds au stockage intermédiaire et
du stockage aux flux froids.
138
nu, puisque tous les flux existent simultanément. Utilities 25) notamment, il faudrait considérer diffé-
Par contre, pour les procédés batch, il est intuiti- rentes valeurs ∆Tmin et vérifier l'effet sur le potentiel
vement compréhensible qu'un flux ayant, par ex., de transfert de chaleur direct et indirect.
une courte durée d'existence au cours d'une
La comparaison des valeurs cibles énergétiques
SROP devrait avoir moins d'importance qu'un flux
du TSM avec celles du TAM fournit des indications
existant pendant toute la durée de celle-ci.
sur l'importance de la récupération de chaleur sans
Malgré les limitations mentionnées ci-dessus, les ou avec stockage de chaleur. Complétée par des
valeurs cibles énergétiques du TAM fournissent considérations de coûts, de complexité et de con-
une première indication utile sur l'importance du traintes techniques (contrôle, technique de régula-
transfert de chaleur direct ou indirect avec stock- tion, place pour les accumulateurs de chaleur,
age. La forme des CCs TAM permet, pour un re- etc.), cette comparaison permet de définir les stra-
trofit par ex., d’identifier directement quels HEXs tégies d'optimisation les plus prometteuses.
(peut-être bien placés au sein d’une TS) transfè-
rent de la chaleur à travers le pincement du procé- Transfert direct/indirect
de chaleur direct (TS)
dé batch complet (pincement des CCs TAM). Les (TAM)
CCs TAM apportent en outre des indications sur le 100 %
potentiel de rescheduling, sur les températures
[MWh/a]
aussi être inclus dans l'analyse subséquente du tion des pointes de consommation d’utilités, par
transfert de chaleur indirect. ex. lorsqu'une pointe de puissance d’une utilité (en
kW) ralentit la production, réduit l’efficacité de la
Le Pinch Temperature Diagram (voir Fig. 16-4)
production d’utilités ou nécessite une extension de
fournit des informations qualitatives sur l'adéqua-
la production d’utilités (par ex. une nouvelle chau-
tion d’une TS pour un transfert de chaleur indirect.
dière).
Les TSs 2 et 5 par ex., avec une température de
pincement "élevée", correspondent plutôt à des Si une pointe de consommation d’utilité chaude est
sources, tandis que les TSs 3 et 6, avec leur tem- identifiée, comme par ex. durant la TS 4 du dia-
pérature de pincement "basse", représentent plutôt gramme de la Fig. 16-5, il est alors possible
des puits potentiels. L'examen de chaque TS dé- d'examiner de manière ciblée si les flux chauds de
pend bien sûr de la valeur ∆Tmin choisie pour celle- TS 4 peuvent être anticipés, retardés ou prolongés
ci. (Rescheduling), ou si la pointe de puissance peut
par ex. être réduite grâce à une meilleure RC.
Remarque : bien que dans certains cas une pointe
de puissance d’utilité puisse être réduite par un
accroissement de la RC, le Utility Time Graph ne
fournit cependant aucune information sur le poten-
tiel de transfert de chaleur dans les différentes
TSs.
Hot Utility
350 Cold Utility
Fig. 16-4 PinchTemperature Diagram permettant 300
besoins d’utilités [kW]
Dans de nombreuses entreprises, le planning concept de stockage et d'un HEN de transfert indi-
d'exploitation des différents procédés est très va- rect, ainsi que des réflexions économiques perti-
riable, ou les exigences en matière de flexibilité nentes, sont en général possibles sur la base des
temporelle sont tellement élevées que le mode de données disponibles et des estimations. Si néces-
transfert de chaleur indirect avec stockage consti- saire, des mesures peuvent être faites ultérieure-
tue la seule stratégie d'optimisation possible 26. ment, lors de l'approfondissement de l'ébau-che de
concept au stade de l'ingénierie de détails.
Les coûts d'investissement du transfert de chaleur
indirect avec stockage sont plus élevés que ceux L'existence d'une période de répétition (même
pour le transfert direct. Pourtant, lorsque les condi- approximative) est un prérequis pour l'utilisation
tions suivantes sont réunies, des durées de pay- des ISSPs. Cela peut être un procédé batch répété
back acceptables entre 2 et 7 ans peuvent être (SROP), mais aussi un "jour d'exploitation repré-
atteintes : sentatif", ou même une "semaine représentative".
1. le système de stockage de chaleur prévu La méthode des ISSPs sert en priorité à étudier les
peut être exploité avec un nombre important ILs de récupération avec accumulateurs de ré-
de cycles de charge et de décharge (volume cupération de chaleur pour la valorisation des
de stockage et coûts d’investissement limités sources de chaleur (rejets de chaleur, besoins de
pour une RC cumulée élevée) ; refroidissement) pour des puits (besoins de cha-
leur). Cette méthode permet de répondre aux
2. un potentiel d’économies significatif peut être questions suivantes :
atteint (en plus du transfert de chaleur di-
rect), justifiant des coûts d’investissement - un stockage de chaleur économique est-il
tendanciellement élevés ; possible ?
Les accumulateurs-tampons (par ex. les accumu- (quelques K) et constante, ou/et en cas de besoin
lateurs à eau chaude pour système de cogénéra- d'une haute densité de stockage d'énergie.
tion) peuvent en principe aussi être analysés avec
Trois variantes d'accumulateurs de chaleur latente
les ISSPs. Mais ces systèmes ont plutôt pour but
sont présentées ci-dessous à titre d'exemple.
l'amélioration du fonctionnement en charge par-
tielle et l'écrêtage des pointes. Leur rentabilité ne L'accumulateur de glace de la Fig. 17-1 a) est le
dépend pas de la récupération de chaleur, mais de représentant le plus connu de l'accumulateur à
la réduction des investissements et/ou de l'ac- PCM solide/liquide. L'eau y est à la fois le médium
croissement de la sécurité de fourniture d'énergie. de stockage et médium de transfert de chaleur. Le
gel de l'eau dans l'accumulateur est produit par
Le stockage saisonnier de chaleur, qui gagne en
extraction de chaleur par un fluide à température
importance principalement en technique CVC, sort
négative (eau glycolée, saumure, etc.) ou par éva-
du domaine d'application de la méthode des
poration d'un réfrigérant. Il reste néanmoins tou-
ISSPs. D'une part, les durées typiques de paypack
jours une certaine quantité d'eau à 0°C sous forme
de ce type de stockage (en général nettement
liquide. Celle-ci est pompée dans un circuit ex-
supérieures à 10 ans) sont trop élevées pour
terne, est réchauffée par une source de chaleur
l'industrie. D'autre part, tant les sources de chaleur
(flux à refroidir), puis à nouveau refroidie dans
(chaleur solaire, chaleur de l'environnement, etc.)
l'accumulateur de glace. L'utilisation du change-
que les puits de chaleur (besoins de chauffage et
ment de phase glace/eau liquide permet d'at-
d'eau chaude sanitaire par ex.) sont statistique-
teindre une densité de stockage (en kWh/m 3 de
ment prévisibles / modélisables et des simulations
volume actif) 40 fois plus élevée que celle d'un
annuelles sont plus appropriées qu'une analyse
accumulateur d'eau froide avec une variation de
par les ISSPs. Néanmoins, la méthode Pinch peut
température de 2 K (entre T1 et T3).
par ex. être utilisée pour déterminer les tempéra-
tures de production de la chaleur solaire les plus La Fig. 17-1 b) illustre un accumulateur à Phase
proches possibles des températures des besoins. Change Dispersion (PCD) : une matière à chan-
gement de phase finement dispersée dans l'eau
(par ex. paraffine) capte de la chaleur en fondant,
17.2 Stockage de chaleur et cède de la chaleur en se solidifiant. Le stockage
de chaleur fonctionne comme avec un accumula-
Avant de décrire les ISSPs de manière détaillée
teur de chaleur à eau conventionnel, mais pré-
(Section 17.3), la présente section décrit les types
sente une densité de stockage supérieure grâce à
les plus importants et les principes du stockage de
la contribution du matériau à changement de
chaleur. Seuls les accumulateurs de chaleur avec
phase (à la température de changement phase
médiums caloporteurs pompables sont considérés.
correspondante).
En matière de stockage de chaleur, on peut dis-
La Fig. 17-1 c) montre un accumulateur à "empi-
tinguer les deux principes physiques suivants :
lement de PCM", constitué de nodules remplis d'un
- stockage de chaleur latente avec des ma- matériau PCM solide/liquide. Contrairement au cas
tériaux à changement de phase (Phase b), la capacité de stockage et les puissances de
Change Materials, PCMs) solide / liquide (par transfert en charge/décharge ne peuvent pas être
ex. paraffine, eau) ou liquide / gaz (par ex. dimensionnées indépendamment (pour des tempé-
accumulateur de vapeur), voir Section ratures des circuits de charge et de décharge spé-
17.2.1 ; cifiées). La solidification du PCM à puissance éle-
vée constitue souvent un défi.
- stockage de chaleur sensible avec des
matériaux liquides ou solides, voir Section Pour chaque cas, la Fig. 17-1 représente à droite,
17.2.2. à titre d'exemple, le profil Température – Enthalpie
17.2.1 Accumulateur de chaleur latente des sources, des puits, et des circuits intermé-
diaires. Dans les cas a) et b), la température des
Les accumulateurs de chaleur latente sont priori- circuits intermédiaires correspond approximative-
tairement utilisés pour le stockage de chaleur ou ment à la température du changement de phase.
de froid dans une plage de température restreinte Dans le cas c), un gradient de température sup-
142
Les accumulateurs de chaleur sensibles sont ap- Pour bien comprendre les particularités des diffé-
propriés pour le stockage de chaleur "sous" une rentes variantes d'accumulateurs, un scénario de
différence de température significative (par ex. récupération de chaleur est considéré à titre
10 K ou plus). Il existe deux principaux types de d'exemple (Fig. 17-2). Chacune des variantes
stockage de chaleur sensible : comprend un compresseur d'air comme source de
chaleur, et un chauffage de produit de 20 à 45°C
- accumulateur fermé, avec ou sans stratifica-
comme puit (flux froid). Le compresseur d'air peut
tion,
délivrer la totalité de sa chaleur à 60°C dans le
- accumulateur "ouvert" (à pression atmosphé- circuit de refroidissement, pour autant que la tem-
rique) à température fixe et masse variable pérature aller (d'entrée) vers le compresseur ne
(appelé accumulateur FTVM). dépasse pas 35°C. Lorsque la température d'en-
trée dépasse 35°C, un refroidissement supplémen-
taire par air intervient automatiquement. La tempé-
143
rature à l'instant initial de la charge (=apport de rentes températures s'établissent dans l'accumula-
chaleur) est uniforme à 30°C dans chacun des teur (voir Fig. 17-2 cas 1) à droite). Cela rend diffi-
accumulateurs, correspondant à un état complè- cile un réchauffage constant du produit.
tement déchargé. Une "demi-charge" a lieu pour
Dans le cas de la variante 2), l'accumulateur est
commencer (à gauche), suivie d'un "quart de dé-
chargé par un échangeur immergé (disposé sur
charge" (au milieu), puis à nouveau un "quart de
toute la hauteur de l'accumulateur). Cela permet
charge" (à droite). "Demi", resp. "quart", signifie ici,
certes d'atteindre une température de charge plus
que le temps / l'énergie / la puissance suffit pour
élevée dans la partie supérieure de l'accumulateur.
50%, resp. 25%, d'une charge / décharge com-
Mais la température diminue de manière continue
plète de l'accumulateur. Les couleurs dans les
vers le bas, résultant en un profil de température
accumulateurs correspondent aux températures
linéaire. Le chauffage du produit de 20 à 45°C est
après chaque charge / décharge.
ainsi possible au début de la décharge. Mais la
Les variantes (1 / 2 / 3a / 3b) sont classées ici par température de l'eau sortant de l'accumulateur
ordre croissant de potentiel de récupération de diminue ensuite continuellement et tombe rapide-
chaleur, resp. de potentiel de stockage à volume ment au-dessous de 45°C, ne permettant plus de
d'accumulateur fixé. chauffer intégralement le produit.
Dans les variantes 1), 2) et 3a), le circuit de refroi- Le "couplage direct" entre l'échangeur (immergé)
dissement du compresseur d'air et l'accumulateur et l'accumulateur des variantes 1) et 2) rend le
de récupération de chaleur sont hydrauliquement système de stockage et sa régulation peu flexibles,
séparés l'un de l'autre. Ces variantes conviennent voire rigides, ce qui constitue un désavantage
ainsi notamment pour le chauffage d'eau chaude sérieux dans l'industrie où les exigences évoluent
sanitaire. Au contraire, la variante 3b) nécessiterait constamment.
un échangeur de chaleur de sécurité avec fluide
intermédiaire de séparation.
Dans le cas de la variante 1), la totalité de l'accu- Principe important pour un stockage de chaleur
mulateur est chargé par l'échangeur de chaleur à efficace et flexible : pas d'échangeur immergé
faisceau de tubes immergé dans la partie infé- dans l'accumulateur!
rieure de l'accumulateur. L'ascension de l'eau
chaude dans l'accumulateur provoque rapidement
un mélange complet ("accumulateur à mélange"),
Les variantes 3a) et 3b) comprennent un accu-
ce qui est exergétiquement, et par conséquent
mulateur stratifié, pour lequel la charge s'effectue
aussi énergétiquement, défavorable. L'accumula-
au travers d'un échangeur de chaleur externe
teur présente ici, après une demi-charge, une
dans une boucle intermédiaire (IL). L'échangeur
température uniforme d'env. 45°C. Cette situation
de chaleur externe peut être exploité à contre-
comporte deux inconvénients majeurs : première-
courant et permet ainsi une utilisation maximale du
ment, une partie de la chaleur du compresseur
gradient de température (c-à-d un transfert de
d'air est rejetée à l'aérorefroidisseur (intégré dans
chaleur avec dégradation minimale du niveau de
le compresseur) et la puissance récupérée dimi-
température). Ces variantes peuvent donc garantir,
nue 27. Deuxièmement, la chaleur accumulée est
lors de la charge, une température d'entrée (dans
disponible à 45°C seulement. Ce niveau de tempé-
l'accumulateur) élevée et constante. Simultané-
rature ne permet pas de chauffer le flux froid jus-
ment, la partie inférieure de l'accumulateur reste à
qu'à la température de consigne de 45°C et le
la température de 30°C. La différence de tempéra-
potentiel de récupération de chaleur est réduit.
ture engendre une stratification du fluide dans
Selon la cadence de charge et de décharge, diffé-
l'accumulateur, avec une zone de transition bien
marquée (thermocline). Cette configuration pré-
sente dans le cas présent deux avantages déci-
27 Si la source de chaleur était une machine froid au lieu sifs : d'une part, le compresseur peut être cons-
d'un compresseur d'air, la température aller (entrée du
compresseur) plus élevée pourrait même pénaliser l'effi-
tamment refroidi par le fluide à la température la
cacité énergétique de la machine (température de con- plus basse possible (refroidissement efficace), et
densation plus élevée).
144
ceci encore lorsque l'accumulateur stratifié est leur récupérée est toujours disponible à la tempé-
presque chargé (transfert maximal d'énergie à rature maximale et la température cible du produit
l'accumulateur). D'autre part, l'intégralité de la cha- (ici 45°C) peut être atteinte à tout moment.
Fig. 17-2°°Représentation de différentes variantes d'accumulateur pour la valorisation des rejets de chaleur d'un
compresseur d'air pour le chauffage d'un produit. Gauche : profils de température dans l'accumulateur après une
"demi-charge". Milieu : profils de température résultants après un "quart de décharge" subséquent. Droite : profil de
température résultant après un "quart de charge" subséquent
145
les sources de chaleur, et l'eau à Thigh est utilisée férents moyens techniques peuvent contribuer à
pour le chauffage des puits de chaleur. A cause de réaliser une charge/décharge à température idoine
l'asynchronisme de la charge et de la décharge, le autant que possible sans brassage du fluide dans
niveau dans les bassins est variable. C'est pour- l'accumulateur. Ces différents moyens sont illus-
quoi ces accumulateurs sont aussi appelés accu- trés à la Fig. 17-5; ceux-ci ne sont, en général, pas
mulateurs Fixed Temperature Variable Mass ou tous appliqués ensemble.
FTVM.
• Canne d'injection pour une stratification automa-
Comparés aux accumulateurs stratifiés, les accu- tique et progressive en température (sans thermo-
mulateurs FTVM nécessitent un volume de stock- cline), si la température d'entrée de consigne dans
age plus important (env. double). Mais ils sont plus l'accumulateur lors de la charge ne peut pas tou-
faciles à exploiter et sont aussi adéquats pour de jours être maintenue constante.
grands débits de circulation d'ILs et/ou pour de
‚ Canne d'injection pour une stratification automa-
faibles différences (Thigh – Tlow) de température.
tique et progressive en température (sans thermo-
Exploités à pression atmosphériques, les tempéra-
cline), si la température de retour de consigne
tures de stockage ne peuvent pas excéder 100°C
dans l'accumulateur après la décharge ne peut pas
(pour l'eau tout au moins). Voir la référence [12]
toujours être maintenue constante.
pour plus de détails.
ƒ Stratification automatique et progressive en
température (sans thermocline) à l'aide d'une
cheminée de stratification. Il existe différentes réa-
lisations pratiques de ce principe.
„ Stratification par vannes de commutation
(on/off) en fonction de la température d'entrée et
des températures dans l'accumulateur stratifié.
Même sans température variable, les dispositifs •,
‚,ƒ et „ peuvent s'avérer nécessaires, par ex.
lorsque l'accumulateur contient plusieurs couches
(niveaux) de température et que celles-ci se dé-
placent beaucoup vers le haut ou le bas lors de la
charge / décharge.
Source de chaleur
6
maintenues constantes, il est encore possible de
recourir à la compensation par les utilités pour
4
rééquilibrer les surplus ou déficits de chaleur. Les
solutions les plus répandues sont : 2
en partie basse ; 3
être réalisé avec 2 niveaux de température seule- de chaleur "couverte" par chaque IL sont définis, la
ment et plusieurs ILs sont nécessaires. Soit des contribution de chaque flux à chaque IL est connue
simplifications ciblées du système de stockage – et par conséquent le volume de stockage et tous
sont nécessaires, sans réduire significativement le les échangeurs de chaleur nécessaires. Ainsi,
potentiel d'économies. Dans les deux cas, une l'étape de conception proprement dite du HEN
démarche systématique est nécessaire pour ré- disparait et les ISSPs constituent un excellent outil
pondre aux questions suivantes : à la fois pour l'analyse rapide, le dimensionnement
préalable, et pour les considérations économiques
- quels flux doivent être considérés ? quelles
d'accumulateurs de chaleur.
sont leurs contributions énergétiques respec-
tives à chaque IL et quels échangeurs de 17.3.2 Des ISSPs au système de stockage
chaleur sont nécessaires à cette fin ?
La Fig. 17-6 gauche représente les ISSPs pour le
- quel fluide de stockage est approprié ? cas simple comprenant une source de chaleur (H1
- combien d'accumulateurs, resp. combien de de 80 à 20°C) et un puit de chaleur (C1 de 30 à
niveaux de température dans les accumula- 60°C). Le Source Profile (soit H1) présente un
teurs sont nécessaires ? Comment le sys- potentiel de refroidissement de 2‘400 kWh par
tème peut-il être simplifié au mieux ? période de répétition (par ex. 1 jour), le Sink Profile
(soit C1) un besoin de chaleur de 1‘610 kWh. Les
- quels types d'accumulateurs sont applicables profils de puissance des flux au cours de la pé-
et quel volume de stockage est nécessaire ? riode de temps considérée ne sont pas visibles sur
- quels sont les coûts d'investissement et les les ISSPs, mais ont été définis dans la table de
économies d'énergie possibles ? flux et sont, au moins approximativement, connus.
Les deux flux sont translatés de ∆Tmin s de (+/-) 5 K
La méthode des ISSPs permet de répondre aux (voir les flèches grises sur la Fig. 17-6 gauche). La
questions précédentes. En respectant différentes ligne noire continue entre le Source Profile et le
lignes directrices, les ILs peuvent être définies Sink Profile représente un exemple d'IL possible,
directement sur les ISSPs, permettant également qui reçoit 1‘000 kWh de H1, le transfère à l'accu-
la sélection et le dimensionnement des accumula- mulateur, et cède 1‘000 kWh à C1. La Fig. 17-6
teurs appropriés. Lorsque les niveaux de tempéra- droite représente le système à accumulateur strati-
ture des accumulateurs et la zone de récupération fié correspondant.
CU RC HU
H1 C1
Accumulateur stratifié
80°C
70 °C
70 °C
55°C
48.6°C
40°C
40 °C
30°C
Fig. 17-6 Des Indirect Source and Sink Profiles (ISSPs) (à gauche) au système de stockage (à droite)
149
Les températures d'entrée et de sortie des échan- Les droites vertes verticales (aux deux extrémi-
geurs de chaleur sur H1 et C1 se déduisent du tés de la zone de récupération de chaleur) et les
recouvrement (vertical) du Source Profile et du surfaces vertes du cas b) représentent les do-
Sink Profile (voir Fig. 17-6 gauche). Connaissant maines à l'intérieur desquels Tlow, Thigh, ainsi que
de plus le profil de puissance de chaque flux défini l'abcisse d'énergie 31 entre les ILs peuvent être
dans la table de flux, les surfaces de transfert des définies indépendammnent les unes des
échangeurs de chaleur peuvent être immédiate- autres. Il en résulte toujours un système de stock-
ment calculées. De plus, il est possible de déter- age inconditionnellement réalisable avec un
miner à tout instant l'état énergétique de l'accumu- nombre minimal d'ILs (numérotés ici de (1) à
lateur, et avec quelle puissance celui-ci est chargé (3)) 32.Ces domaines verts sont appelés domaines
ou déchargé. Connaissant la différence de tempé- (T-H) des ILs.
rature entre le côté "chaud" et le côté "froid" de
Les droites jaunes (aux deux extrémités de la
l'accumulateur, le volume de l'accumulateur peut
zone de récupération de chaleur) et les surfaces
aussi être calculé.
jaunes représentent des extensions des domaines
17.3.3 Interprétation des ISSPs ILs verts. Le placement de Tlow, Thigh, et de
l'abcisse d'énergie dans ces domaines étendus est
La Fig. 17-7 a) montre les ISSPs du procédé défini
conditionnellement possible, c-à-d requiert cer-
par le Tab. 15-1, avec une valeur minimale
tains placements appropriés.
∆Tmin best = 3 K et un exposant y égal à 0.5. La
table de flux et les valeurs ∆Tmin s spécifiques cor- Les points rouges sur le profil des sources et les
respondantes se trouvent à l'Annexe B. points bleues sur le profil des puits dans le cas b)
repèrent les températures de départ Tin* des flux
La Fig. 17-7 a) illustre le recouvrement maximal
impliqués (Tin translatées de ∆Tmin s). Ces tempéra-
des ISSPs, qui se touchent à 118°C. Il en résulte
tures sont responsables de la création et de la
un potentiel de transfert de chaleur maximum de
délimitation des domaines ILs 33. Le flux H1 par ex.
3‘343 kWh par période de répétition (dans ce cas
est responsable de l'apparition du domaine IL (1),
un batch). La représentation des ISSPs incluant
et le flux C2 pour le domaine IL (2).
déjà la translation de chacun des flux par sa valeur
∆Tmin s spécifique, un transfert de chaleur reste Les points colorés au début et à la fin des droites
garanti même lorsques les deux profils se touchent représentant les ILs indiquent les différents ni-
(bien que cela ne soit pas nécessairement optimal veaux de température du système de stockage.
économiquement). Ces températures sont lisibles sur l'axe y (en tem-
pérature réelle !).
Les Fig. 17-7 b), c) et d) représentent les mêmes
ISSPs, mais leur recouvrement est réduit à Les "flux" représentés horizontalement au-dessus
2‘500 kWh/batch. du profil des sources (H1-H5), resp. en dessous du
profil des puits (C1-C6), visent à faciliter la com-
Les lignes noires du cas b) entre les ISSPs repré-
sentent un exemple de "placement" des ILs (numé-
rotés de 1.1 à 1.3). "Placement" signifie ici : défini-
tion des températures et des quantités de chaleur 31 Déterminant le domaine de travail de chaque IL et
(lisibles sur l'axe x). Autrement dit, le positionne- donc la chaleur transférée par chaque IL.
32 Unique restriction : le "contenu" énergétique (dési-
ment des extrémités de la droite représentant
chaque IL sur le diagramme T*-DH des ISSPs. Le gnant la chaleur transférée) de chaque IL doit être ≥0
(autrement dit la pente des droites représentant chaque
bilan énergétique de chaque IL est équilibré sur la IL doit être positive).
période de répétition considérée pour les ISSPs, c- 33 Les températures de départ des flux ne sont pas tou-
à-d l'énergie cumulée de charge correspond exac- jours toutes déterminantes. Ces cas particuliers sont
tement à l'énergie cumulée de décharge. Pour décrits dans la référence [9], section 4.4.1. A l'inverse,
en cas de flux segmentés dont le segment à la plus
l'IL1.1 par ex., 1'100 kWh de chaleur sont transfé- grande valeur CP (par ex. condensation d'une vapeur,
rés "verticalement" du profil des sources à l'IL, et évaporation d'un liquide, condensation d'air humide)
l'IL transfère "verticalement" 1'100 kWh de chaleur n'est pas le premier segment du flux, il peut être néces-
au profil des puits. saire de tenir compte de la température de départ de ce
segment pour garantir la faisabilité du système de
stockage.
150
préhension des ISSPs. Reportées verticalement le domaine (1) en vert peut être délimité, dans
sur le profil correspondant, les extrémités de ces lequel Thigh de l’IL1.1 peut être placée.
lignes indiquent les températures de départ et de
Le domaine (1) est limité "à droite" (abscisse
fin de chaque flux impliqué (lisible sur l'axe y, en
d'énergie) par le flux C4, lequel débute à une tem-
température translatée). Reportées verticalement
pérature translatée de 80°C. Le flux C4 ne peut
sur les ILs, il est possible de voir immédiatement
pas contribuer à la décharge de IL1.1, puisque C4
quels flux contribuent à quels ILs : le flux H4 par
ne peut pas refroidir le fluide jusqu'à la tempéra-
ex. contribue dans le cas a) à la charge de toutes
ture Tlow de 30°C. Mais un placement judicieux de
les ILs, et le flux H2 à la charge de IL1.2 et IL1.1.
Tlow de IL1.1 permet d'accéder au domaine étendu
17.3.4 Placement des ILs et des accumulateurs (1) représenté en jaune. Ce cas est illustré à la
Fig. 17-7 c): Tlow de IL1.1 se situe au-dessus de la
ILs liées hydrauliquement
température translatée des flux C4, C6 et C5. Par
Le placement des ILs est expliqué ci-après sur la conséquent, l'abscisse d'énergie de IL1.1 peut être
base des ISSPs de la Fig. 17-7 b). Les différentes déplacé "à droite" (augmentation de l'énergie
ILs sont liées hydrauliquement, ce qui implique transférée par IL1.1).
notamment que Thigh de IL1.n et Tlow de IL1.n+1
IL1.2, Tlow : la température du "volume froid" Tlow
sont identiques. Ainsi, le volume de stockage peut
de IL1.2 correspond à Thigh de IL1.1, lorsque les
être réduit par le fait que les accumulateurs aux
deux ILs sont liées hydrauliquement.
températures communes peuvent être utilisés "à
double" (voir section 17.5.2). IL1.2, Thigh : la température du "volume chaud"
Thigh de IL1.2 doit être choisie à l'intérieur du do-
IL1.1, Tlow : la droite verticale (0) sur la Fig. 17-7 b)
maine (2) représenté en vert.
délimite la plage de température dans laquelle Tlow
de IL1.1 peut être choisie. Les températures de l’IL Le domaine (2) vert de la Fig. 17-7 b) est limité
lues sur le diagramme des ISSPs sont des tempé- vers le "haut" (température) par le Source Profile,
ratures réelles et Tlow de l’IL1.1 peut ainsi être défi- vers le "bas" (température) par le flux C2, et à
nie entre 25°C et 107°C. Le domaine de tempéra- "droite" (abscisse d'énergie) par le flux C6. La limi-
ture (0) est délimité vers le haut par le profil des tation imposée par C2 est impérative: peu importe
sources et vers le bas par la température initiale comment IL1.2 est placé, le flux C2 (température
du flux C3. translatée=118°C) ne permet pas de refroidir IL1.3
en-deçà de cette température (lorsque IL1.2 et
IL1.1, Thigh : la position (température de travail Thigh
IL1.3 sont liées hydrauliquement). La limitation
et abscisse d'énergie) du "volume chaud" de IL1.1
associée à C6 peut être "levée" en augmentant
peut être choisie librement dans le domaine (1)
Tlow de IL1.2. Sur la Fig. 17-7 c), Tlow de IL1.2 est
(surface en vert). Dans cet exemple, l'abscisse
choisie supérieure à 90°C (c-à-d supérieure à la
d'énergie correspond à 1'100 kWh/batch (lisible sur
température translatée de départ des flux C5 et
l'axe x). Le domaine (1) est délimité "à gauche"
C6), permettant une extension du domaine vert (2)
(abscisse d'énergie) et "en haut" (température) par
sur la "droite".
le flux H1, qui débute à 108°C (température tran-
slatée). Contrairement aux ISSPs de procédés IL1.3, Tlow : la température Tlow du "volume froid"
continus, il n’est pas possible de chauffer IL1.1 par de IL1.3 correspond à Thigh de IL1.2, lorsque les
plusieurs HEXs en série, par ex. par H1 puis H4, deux ILs sont liées hydrauliquement.
ces flux n'étant pas présents simultanément. Si IL1.3, Thigh : la température Thigh du "volume
Thigh de IL1.1 était choisie supérieure à 108°C, le chaud" de IL1.3 doit être placée sur la droite verte
fluide de IL1.1 ne pourrait pas être suffisamment du domaine (3). Cette droite est limitée vers le
chauffé par H1 et la température Thigh ne pourrait "bas" par Tlow de IL1.3 et vers le "haut" par le flux
pas être atteinte. Il est par contre possible d'utiliser H3. La ligne jaune (3) s'étend jusqu'au Sink Profile,
tant H1 que H4 pour chauffer ("charger") IL1.1, à et Thigh de IL1.3 peut y être placée si Tlow de IL1.3
condition que cela ait lieu en parallèle et non en est abaissée.
série et que chacun des deux flux puisse chauffer
IL1.1 de Tlow à Thigh. Sur la base de ces réflexions,
151
a) b)
H4 H4
H1 H3 H1 (2) 1.3 H3
H5 H2 (5) H5 H2 (3)
1.4 (4) 1.5 H1 C2
1.3 1.2
(3) (1)
(2)
C6 (T*in = 87°C)
1.2 1.1 C4 (T*in = 80°C)
(1)
(0)
(0) 1.1
C5
C6 C2 C2
C3
C3 C4 C5
C1 C1 C6
C4
1100
c) d)
H4 T* (130.1°C)
H4
H1 H3 H1 H3
H5 H2 (2) 1.3 2
(3) (2) (3)
H1 C2
1.2 T* (107°C) (1)
(1)
1.1 C5 (T*in = 90°C) 1
C4
(0) T* (77.5°C)
(0)
C2 C2
C3 C3
C5 T* (21°C) C5
C1 C6 C1 C6
C4 C4
Fig 17-7 Indirect Source and Sink Profiles (ISSPs) du procédé batch Tab. 15-1. a) recouvrement maximal des ISSPs
(3‘340 kWh/batch), nécessitant 5 ILs. b), c) et d) : recouvrement des ISSPs de 2‘500 kWh/batch. b) et c) : exemple
de placement de 3 ILs hydrauliquement liées (connected ILs). d) exemple de placement de 2 ILs hydrauliquement
séparées (disconnected ILs). Axe X : kWh/batch
152
liberté supplémentaires en ce qui concerne la défi- stratifiés pour réaliser les 2 ILs. Dès que les abs-
nition des températures des ILs, le choix des cisses d'énergie et les températures des ILs (et
fluides de stockage de chaleur, et les types d'ac- donc des accumulateurs) sont fixées, la contribu-
cumulateurs. tion de chaque flux (source ou puit) à chaque IL
est déterminée, comme illustré ci-dessous pour
Le logiciel PinCH 3.0 permet de définir des ILs
IL1.1.
séparées. La Fig. 17-7 d) est un "prolongement" de
la Fig. 17-7 c) : aux abcisses d'énergie définis, les
Le Source Profile situé verticalement au-dessus de
températures Tlow de IL1.n+1 et Thigh de IL1.n peu-
IL1.1 commence à une température de 130.1°C et
vent être choisis indépendamment l'un de l'autre. A
se termine à 107°C (voir Fig. 17-7 d)). Une partie
noter que la Fig. 17-7 d) représente un cas particu-
du flux H4, un petit "reliquat" du flux H3, et la qua-
lier : comme les domaines (1) et (2) de définition
si-totalité du flux H1 contribuent à la charge de
des températures des ILs se superposent vertica-
IL1.1 (voir les lignes grises verticales au-dessus de
lement, le recours à des ILs hydrauliquement sé-
IL1.1 sur la Fig. 17-7 d)). Comme il s'agit, sur les
parées permet de réduire d'une unité le nombre
Source et les Sink Profiles, de températures tran-
d'ILs nécessaires.
slatées, les flux impliqués doivent être corrigés de
17.3.5 Réseau de transfert indirect leurs ∆Tmin s respectifs pour obtenir les conditions
réelles dans les échangeurs de chaleur. Le flux H1
Le réseau de transfert indirect (Heat Exchanger &
par ex. (∆Tmin = 8 K) contribue à la charge de IL1.1
Storage Network, abrégé HESN-Schema) de la
par un refroidissement de 130.1+8=138.1 à
Fig. 17-8 découle directement des ISSPs de la
107+8=115°C. Le flux H3 (∆Tmin = 4 K) contribue
Fig. 17-7 d), en choissisant des accumulateurs
par son "refroidissement" (condensation partielle)
Fig. 17-8 Heat Exchanger & Storage Network (HESN-Schema) résultant du placement des ILs selon Fig. 17-7 d)
153
3
17.4 Amélioration de la faisabilité et de la
rentabilité 2
A la Fig. 17-7 d) comme sur le HESN-Schema de 1. Comparaison du coût global des HEXs avec
la Fig. 17-8, on constate que la contribution des le coût global des accumulateurs :
flux C4, C6 et C5 est relativement faible à l'IL 2. o le coût global des HEXs est dominant :
Même en retirant ces puits, un recouvrement de identifier les ILs présentant les coûts de
2‘500 kWh/batch reste possible avec 2 ILs. HEXs les plus élevés et augmenter les
17.4.4 Translation de flux contraignants gradients de température entre le Source
Profile et ces ILs, resp. entre ces ILs et le
Afin de réduire le nombre d'ILs (ou le nombre de Sink Profile (par ajustement de Thigh, Tlow et
HEXs), il est aussi possible de translater les flux de l'énergie transférée par les ILs) ;
présentant une forte contribution énergétique au
o le coût global des accumulateurs est
lieu de les retirer des ISSPs. Le flux H4 par ex.
dominant : identifier les ILs nécessitant
contribue peu à la charge de IL2.1 (son refroidis-
les plus grands volumes de stockage, et
sement de 140 à 138.1°C fournit seulement
accroître les écarts de température de ces
22 kWh/batch – voir Fig. 17-8). Si son ∆Tmin s était
ILs (par ajustement de Thigh, Tlow et de
augmenté de -8 K à -10 K par ex., H4 se déplace-
l'énergie transférée par les ILs).
rait "vers le bas" du Source Profile et ne transfére-
rait de la chaleur plus qu'à IL1.1. 2. Analyse des volumes de stockage néces-
saires en fonction de la récupération de cha-
leur, et éventuellement réduction du volume
155
Fig. 17-10 Version améliorée du HESN-Schema de la Fig. 17-8, découlant du placement des ILs selon la
Fig. 17-7 d)
de stockage (voir section 17.4.3 pour plus de cept. Il peut maintenant être optimisé à l'aide de
détails). différentes lignes directrices.
L'ajustement des niveaux de température des ILs 17.4.7 Simplification du HESN-Schema
doit s'effectuer du "bas vers le haut" (c-à-d en
commençant par IL1). En effet, selon la tempéra- Cette section décrit différentes méthodes pour
ture et l'énergie transférée par ILn, le domaine de poursuivre la simplification et accroître la faisabilité
définition de l'ILn+1 adjacent supérieur peut changer du HESN-Schema. Elles doivent être appliquées
(domaine de définition étendu représenté en jaune, en dehors du logiciel PinCH 3.0 et doivent abso-
voir section 17.3.3). lument tenir compte des conditions cadres in situ
(distances, pertes de charge, régulation, variabilité
La Fig. 17-10 représente un exemple de HESN-
des flux, démarrage, mise à l'arrêt, etc.).
Schema obtenu après diverses simplifications et
améliorations sur la base du cas d'étude de la Attention : la plupart des modifications du HESN-
Fig. 17-7 d). Comme pour le HESN-Schema de la Schema ont une influence directe sur les profils de
Fig. 17-8, la récupération de chaleur s'élève à charge/décharge des accumulateurs ainsi que sur
2‘500 kWh/batch. Mais le nombre de HEXs a pu leur bilan énergétique !
être réduit de 12 à 8. Ce HESN-Schema doit être
considéré comme une première esquisse de con-
156
duire à une réduction des volumes de stock- 1. Au début de la période de répétition considé-
age (par un meilleur synchronisme des rée, la masse dans chaque cuve est fixée ar-
sources et des puits des ILs) et/ou une ré- bitrairement à zéro (cuve vide).
duction des surfaces de transfert (par une
2. Les températures de l’IL (Tlow et Thigh) étant
augmentation des gradients de température
fixées, le débit-masse net (fourni ou soutiré)
sources – ILs et ILs – puits) ;
dans la cuve est calculé, pour chaque TS, en
- lorsque les gradients de température pour les fonction des puissances des flux existants
transferts sont suffisants, le système peut durant cette TS. La variation de masse cor-
être exploité en températures de stockage respondante à la fin de chaque TS découle
variables afin de réduire le volume de stock- du débit-masse net et la durée de la TS. Il en
age – ceci au prix d'une complexité accrue résulte la masse et le volume théoriques
de la régulation (consulter la référence [13] dans chaque cuve à la fin de chaque TS.
pour plus de détails).
3. Les valeurs minimales et maximales sont
identifiées pour les deux cuves. La capacité
17.5 Volume de stockage, profil de minimale d’accumulation requise correspond
à la différence entre les valeurs maximale et
charge/décharge
minimale (1'750 kg d’eau, resp. env. 1.75 m3
17.5.1 Une boucle intermédiaire (1 IL) pour chacune des deux cuves FTVM de la
Fig. 17-11).
La capacité minimale de stockage dépend de la
séquence des phases élémentaires de charge 4. Dans la pratique, la capacité d’accumulation
(somme des débits de charge > somme des débits installée doit être supérieure à la valeur mi-
de décharge) et de décharge (somme des débits nimale identifiée au point 3, car a) une ex-
de décharge > somme des débits de charge). ploitation fiable des pompes demande
Cette séquence découle de la table de flux et de la d’éviter les cas de vidange complète ou de
Batch Cycle Duration BCD. débordement de l’accumulateur et b) un sur-
dimensionnement permet de mieux maîtriser
Conformément à la méthode des ISSPs, il est
des variations de schedule et / ou des modes
supposé que chaque source (resp. puit) intégrée
d’exploitation inattendus. Ainsi, en général,
dans le système de stockage fournit (resp. soutire)
une certaine capacité (volume) de réserve
de la chaleur aux ILs durant toute sa durée d'exis-
(marge de sécurité) est prise en compte
tence. Mais il peut aussi être pertinent de limiter la
(par ex. 250 kg resp. 0.25 m3 sur la Fig. 17-
durée de charge/décharge (afin de limiter le vo-
11).
lume de stockage), comme décrit à la section
17.5.3. 5. La capacité nécessaire dans le "cas le
plus défavorable" correspond au cas parti-
La Fig. 17-11 montre un exemple de processus de
culier théorique où toutes les charges puis
charge/décharge, en haut pour la cuve FTVM à la
toutes les décharges se suivent (2'750 kg
température Thigh et en bas, pour la cuve FTVM à
resp. env. 2.75 m3, voir la ligne en traitillé
la température Tlow.
dans l’exemple de la Fig. 17-11). Le facteur
La capacité de stockage d'un système de stock- de surdimensionnement doit être défini pour
age comprenant deux cuves FTVM (pour une IL) le cas concrêt et doit notamment prendre en
peut être calculé par le processus décrit ci-après. Il compte les variations prévisibles du sche-
est admis que la masse totale de fluide caloporteur dule.
dans le système est constante (il n’y a ni perte ni
La quantité initiale (à t = 0) minimale requise de
apport de masse durant la période considérée).
fluide caloporteur est définie, pour chaque cuve
Ainsi, par définition de la période de répétition,
FTVM, par la valeur la plus négative (c-à-d
l'évolution de la masse dans chaque stockage est
1'000 kg pour la cuve à Thigh et 750 kg pour celle à
cyclique et de périodicité égale à celle de la pé-
Tlow, le tout majoré par le facteur de sécurité). Elle
riode de répétition.
peut avoir une incidence sur les coûts, par ex. pour
les accumulateurs à huile thermique.
158
(a)
cuve FTVM à Thigh
2750
Etat à t=0
capacité de
2000 stockage requise
fluide dans la cuve [kg]
dans le cas le
plus défavorable
1000
0 capacité de Thigh
t [min] stockage
minimale
-1000 réserve (facteur
de sécurité)
1000
capacité de
0 stockage Tlow
t [min] minimale
-750 réserve (facteur
de sécurité)
Fig. 17-11 Détermination de la capacité de stockage minimale et de la quantité minimale de fluide caloporteur à
partir du profil de charge/décharge d’une IL pendant une période d'exploitation cyclique. (a) profil de
charge/décharge de la cuve FTVM à la température Thigh. (b) profil de charge/décharge de la cuve FTVM dans la
même boucle intermédiaire, à la température Tlow . A droite : accumulateur FTVM correspondant, état au temps t=0
Remarque : pour une IL avec deux cuves FTVM, requise de fluide caloporteur vaut également
les profils de charge/décharge des deux cuves 1'750 kg. Par contre, l'accumulateur stratifié per-
évoluent évidemment de manière opposée (symé- met d'économiser la moitié du volume cumulé des
trie en miroir), en vertu de la conservation de la deux cuves FTVM.
masse du caloporteur du système de stockage.
Les deux cuves ont une capacité de stockage (vo- 17.5.2 Deux ILs ou plus
lume, resp. masse) identique et la quantité totale
Dans le cas d'un système de stockage dont les ILs
de fluide caloporteur correspond au volume mini-
sont définies "adjacentes" (c-à-d pour lequelles
mal d’une des deux cuves.
Thigh ILn = Tlow ILn+1, voir Fig. 17-12 pour le cas de 2
La capacité de stockage (volume, resp. masse) ILs), le volume total de stockage peut être réduit
minimale d’un accumulateur stratifié selon la en interconnectant hydrauliquement les ILs (qu’il
Fig. 17-3 est également calculée selon l’approche s'agisse d'accumulateurs FTVM ou stratifiés).
décrite ci-dessus et donne 1'750 kg pour le présent
Dans un premier temps, le calcul de la capacité de
exemple. Un seul accumulateur étant nécessaire,
stockage minimale et de la quantité minimale de
celui-ci étant toujours plein, la quantité minimale
fluide caloporteur dans la cuve s'effectue comme
159
50°C
IL1.2 IL1.2
30°C
Etat
IL1.1 IL1.1
10°C
t0 t [min]
50°C
IL1.2 IL1.2
Etat
30°C
IL1.1 IL1.1
10°C
t0 t [min]
10 °C 30 °C 50 °C
(Tlow IL1.1) (Tlow IL1.2 = (Thigh IL1.2)
Thigh IL1.1)
Fig. 17-12 Profil de charge/décharge de 2 ILs hydrauliquement liées durant une période de répétition. a) 3 cuves
FTVM b) 1 accumulateur stratifié à 3 niveaux de température. A droite : cuves / accumulateur correspondants avec
représentation de leur état (niveau de remplissage) au temps t0.
décrit ci-dessus pour chaque IL séparément. En- se situe pas toujours "au milieu" de l'accumulateur.
suite, pour le niveau intermédiaire de température Par conséquent, l'accumulateur stratifié doit être
commun aux 2 ILs, les profils de charge/décharge équipé de raccords de charge et de décharge à
de ILn et ILn+1 sont "superposés" pour déterminer la différentes hauteurs, contrôlés par des sondes de
capacité de stockage minimale et la quantité de température. Ce qui est relativement complexe et
fludie caloporteur minimale requise. coûteux. De plus, en pratique, des mélanges indé-
sirables des différentes couches (niveaux de tem-
La Fig. 17-12 représente les profils de charge/
pérature) sont fréquemment constatés. Par souci
déchage de 2 ILs hydrauliquement liées. La
de simplification et de sécurité, un système consti-
Fig. 17-12 (a) illustre le cas de 3 accumulateurs
tué de plusieurs accumulateurs stratifiés indépen-
FTVM (3 niveaux de température, avec niveau
dants (hydrauliquement séparés), 1 pour chaque
intermédiaire Tlow IL1.2 = Thigh IL1.1 utilisé par les deux
IL, est souvent préféré à un accumulateur multis-
ILs. Le schéma à droite représente le niveau des
tratifié. Cette solution pratique tend à augmenter le
cuves à l'instant t0.
volume total, mais l'accroissement peut parfois
La Fig. 17-12 (b) représente la même situation être atténué en choissisant pour chaque IL une
initiale pour un accumulateur stratifié unique avec différence de température de travail (Thigh-Tlow)
3 niveaux de température. Les thermoclines à supérieure au cas de l'accumulateur multistratifié.
l'instant t0 sont representées à droite. Comparé
aux cuves FTVM, l'accumulateur stratifé permet de 17.5.3 Potentiel de RC vs volume de stockage
réduire considérablement le volume de stockage
La Fig. 17-13 a) représente le profil de charge/
(d'accumulation) nécessaire ! Toutefois, il apparait
décharge au cours d'un cycle de stockage arbi-
clairement que la couche intermédiaire à 30°C ne
traire pour un accumulateur stratifié de volume
160
volume [m3]
de l'accumulateur à 10 m3, pour lequel la totalité 4 m3
de la chaleur peut être fournie à l'accumulateur,
stockée, puis retirée.
6 m3
Sur la Fig. 17-13 b), les lignes continues représen- Tlow
tent les économies cumulées en kWh au cours
d'un cycle de travail du stockage. Les énergies de t1 t2 t [min]
b)
charge (économies de CU) et de décharge (éco-
charge = économies de CU
nomies de HU) correspondent.
25%
Comment varie la récupération de chaleur (RC) si
[kWh/cycle]
le volume de l'accumulateur stratifié est réduit ? t2 75%
Sur la Fig. 17-13 a), la ligne pointillée représente la
t1 t [min]
thermocline de l'accumulateur stratifié dans le cas
où le volume de l'accumulateur est limité à 4 m3.
Jusqu'à l'instant t1, le profil correspond au profil de
l'accumulateur de 10 m3, c-à-d la réduction de décharge = économies de HU
volume ne pénalise pas (encore) le potentiel de
c)
RC. A partir de t1 l'accumulateur de 4 m3 est com-
100%
RC [kWh/cycle]
implémente un tel calcul. A partir de 2 ILs hydrau- assez limitée en raison du couplage de l'échan-
liquement liées, le calcul n'est plus possible sans geur de chaleur avec l'accumulateur. D'autre part,
définition complémentaire de stratégies de gestion. du point de vue de l'efficacité de stockage et de la
mise à profit des différences de température, ces
variantes sont moins performantes qu'un accumu-
17.6 Cas particulier: production d'eau chaude lateur stratifié avec ILs externes (voir aussi la sec-
tion 17.2.2).
L'eau chaude soumise à de hautes exigences hy-
giéniques/microbiologiques (eau chaude sanitaire, Les variantes 2a) (avec échangeur-réchauffeur
eau de nettoyage, eau chaude de procédé, etc.) instantané, sans accumulation d'eau chaude) et
peut d'une part être produite de manière flexible 2b) (avec accumulation d'eau chaude) sont plus
dans le temps puis être stockée, et d'autre part doit performantes, mais nécessitent des régulations
faire l'objet de précautions particulières lors du plus complexes.
stockage en rapport avec le développement des
Avec la variante 2a), la production de chaleur s'ef-
légionelles. L'eau chaude constitue alors un cas
fectue de manière instantanée, lors du soutirage.
particulier pour l'analyse des ISSPs.
De cette manière, les problèmes de légionelles
Les variantes 1a), 1b), et 1c) de la Fig. 17-14 re- peuvent en grande partie être évités. Par contre,
présentent la production d'eau chaude comme elle les puissances de transfert de chaleur (et le cas
est fréquemment réalisée en technique du bâti- échéant la capacité du traitement d'eau en amont)
ment. La variante 1a) décrit le chauffe-eau clas- doivent être dimensionnés pour le débit de pointe
sique avec échangeur intégré. La variante 1b) soutiré. La variante 2b) rend possible une produc-
correspond pratiquement à un chauffe-eau instan- tion d'eau chaude continue avec une puissance
tané avec un petit volume d'accumulation (le ser- réduite.
pentin). La variante 1c) représente le système
appelé "Rossnagel", courant avant tout dans les Le graphique en bas à droite illustre ces cas : sans
installations solaires thermiques. La capacité de accumulation, le besoin maximal d'eau chaude
production d'eau chaude de ces 3 variantes reste (ligne –––) de t1 à t2 détermine la puissance de
40°C
EF
EF EF EF
EC
2b)
besoin d’eau chaude (décharge)
production continue d’eau
60°C
m3 cumulés
t1 t2 t [min]
EF
Tab. 17-1 Table de flux d'une production d'eau chaude sanitaire avec profil de consommation réel (ECS1 à ECS4) et
pour une production constante moyennée sur la période d'exploitation totale (ECS). Eq: Equipment
charge, et donc la puissance thermique à installer. Pour des températures de stockage en-dessous
Avec accumulation (ligne - - -), la production d'eau de 60°C, il faut de plus, selon le temps de séjour
chaude peut s'effectuer en continu et à une puis- de l'eau dans l'accumulateur, prévoir une protec-
sance de charge significativement réduite. Le vo- tion contre les légionelles (par ex. chauffage à
lume d'accumulation minimal nécessaire pour ce 60°C 1x/jour). La protection anti-légionelles doit
mode de production à puissance constante cor- éventuellement être réalisée avec de l'utilité
respond à la différence verticale (en m 3) entre la chaude ; dans ce cas, le potentiel de récupération
ligne de charge (- - -) et la ligne de décharge (–––). de chaleur est réduit.
Le logiciel PinCH 3.0 permet de calculer les accu-
Le Tab. 17-1 illustre la table de flux correspon-
mulateurs de récupération de chaleur et HEXs
dante aux variantes 2a) et 2b), supposant une
dans les ILs, le volume de l'accumulateur d'eau
consommation d'eau chaude durant la journée
chaude résulte de la différence entre les profils de
entre 08:00 et 18:00 à différents débits. Les flux
charge et de décharge et peut se calculer de ma-
ECS1 à ECS4 représentent le besoin effectif entre
nière simple avec un logiciel tableur.
08:00 et 18:00 (variante 2a)). La discrétisation
temporelle peut bien sûr être affinée à volonté. Le
L'accumulateur stratifié de récupération de chaleur
flux ECS définit la production d'eau chaude comme
de la variante 2a) présente une capacité d'accu-
un ruban de charge constante, pour autant qu'un
mulation spécifique de 35 kWh/m3 (pour la diffé-
accumulateur de volume suffisant soit possible ou
rence de température de 30 K), et celle de l'accu-
déjà existant (variante 2b)). Le volume d'eau cu-
mulateur d'eau chaude de la variante 2b) atteint
mulé et l'énergie totale des deux variantes de mo-
pratiquement 58 kWh/m3 (pour la différence de
délisation énergétique sont identiques.
température de 50 K). Indépendamment de la ca-
pacité d'accumulation spécifique, le volume d'ac- Dans le logiciel PinCH 3.0, les différentes occu-
cumulation requis par chaque variante dépend rences de la production de l'eau chaude sanitaire
avant tout du degré de "synchronisation" entre les (ECS1 à ECS4) doivent être assignées à un équi-
rejets de chaleur et les besoins de chaleur. pement commun (voir "Eq" dans le Tab. 17-1).
Ainsi le logiciel reconnait automatiquement que
La variante 2b) requiert une régulation plus com-
tous les chauffages de l'eau sanitaire peuvent utili-
plexe (selon les conditions d'exploitation, les tem-
ser le même échangeur de chaleur.
pératures peuvent ne pas toujours être respec-
tées) et un accumulateur en acier inoxydable pour
l'eau chaude sanitaire.
163
Le MOC Supertargeting et le MOC HEN Design [15] définit trois types de design en fonction du
sont utilisés pour l’optimisation du transfert de "niveau de restriction" 35 :
chaleur direct au sein de différents Operating - Conventional Design: c’est le type de de-
Cases (OCs) (voir définition au chapitre 13). Grâce sign le plus contraignant. Aucune modifica-
à l’analogie entre les OCs des procédés continus tion structurelle du HEN n’est possible entre
et les TSs des procédés batch, les méthodes de les OCs. Les HEXs réutilisables sont ceux si-
MOC Supertargeting et MOC HEN Design peuvent tués, dans chaque OC, entre les mêmes flux
aussi être employées pour l’optimisation du trans- et dans le même ordre (ou séquence) de
fert de chaleur direct au sein de procédés batch. HEXs. Le nombre de HEXs réutilisables dé-
Dans ce chapitre, il n'est fait mention pour simpli- pend notamment de la similitude des HENs
fier que de MOC et d'OCs, mais les procédés des différents OCs. Le degré de similitude
batch et lesTSs sont bien sûr aussi toujours sous- des HENs n'est pas aisément prévisible;
entendus. c'est pourquoi l'hypothèse la plus défavo-
Comparé à l’Analyse Pinch "classique" d’un procé- rable – 1 seul HEX réutilisable par flux – est
dé continu unique, le MOC Supertargeting / HEN faite. Cette hypothèse pessimiste permet par
Design considère également la maximisation de ailleurs de simplifier la résolution mathéma-
la réutilisation des surfaces des échangeurs tique du problème ;
durant les différents OCs. - Resequence Design: contrairement au
La réutilisation des surfaces de transfert durant Conventional Design, ce type de design
différents OCs engendre des liens entre les OCs permet de modifier l’ordre (resequence) des
qui modifient les compromis (trade-off) éner- HEXs dont les surfaces sont réutilisées entre
gies/coûts individuels des OCs. Le MOC Supertar- les OCs. Ainsi la réutilisation de surface de
geting vise à déterminer le "jeu" (set) de valeurs plusieurs HEXs est potentiellement possible
∆Tmin (1 par OC) conduisant aux coûts totaux an- pour chaque flux ;
nuels les plus bas 34. - Repipe Design: il n'y a aucune restriction
Les principes théoriques et les méthodes pratiques quant à la réutilisation des HEXs. Il est po-
du MOC Supertargeting / HEN Design ont été dé- tentiellement possible d’utiliser un HEX au
veloppés par P.S. Jones [15]. Ce chapitre se limite sein de différents OCs dans la séquence
à la description des principes les plus importants souhaitée et entre n'importe quelle paire de
nécessaires à l’utilisation de la méthode. Les fon- flux.
dements théoriques sont volontairement omis. Moins le type de design comporte de restrictions,
Pour de plus amples détails, se reporter à [9], [15], plus grand est le potentiel de réutilisation des sur-
et [16]. faces des échangeurs pour les différents OCs et
plus grand sont les investissements pour les con-
duites, les vannes et la régulation. Le Repipe De-
18.2 Types de design
sign n’est que très rarement utilisé en pratique et
La réutilisation des surfaces des échangeurs est n’est donc pas décrit dans ce chapitre.
un exercice d’optimisation particulièrement com-
plexe tant que des restrictions claires sur les "dé-
placements" possibles des HEXs entre les diffé-
rents OCs ne sont pas définies. A cette fin Jones
35 Dans ce chapitre, les restrictions décrites pour les
différents types de design et pour les Area Matrices
(décrites dans les sections suivantes) se refèrent à des
34 Les liens entre les OCs (ou les TSs) créés par la flux, afin que les explications soient plus simples à
réutilisation des surfaces de transfert font de la détermi- comprendre et cohérentes avec la publication de Jones
nation du set de valeurs ∆Tmin pour n OCs, un problème [15]. Dans le logiciel PinCH [4] les contraintes et les
à n dimensions. Area Matrices se rapportent à des équipements.
165
Comme les règles de réutilisation de la surface Programming, LP). Le problème est résolu par un
des HEXs sont différentes selon les types de de- solveur utilisant l’algorithme du Simplex. Les prin-
sign, il existe une méthode propre de Supertarge- cipes sont expliqués dans les sections suivantes.
ting et de HEN Design propre à chaque type de 18.3.2 Maximisation des surfaces d’HEXs réuti-
design. Plusieurs OCs peuvent aussi être optimi-
lisables
sés indépendamment les uns des autres, sans
HEXs. Le type de design correspondant est appelé Dans le cas d’un procédé continu individuel, la
Separate Design. valeur cible de surface AHEN,Target d’un HEN est
déterminé selon l’équation A3 en annexe („Bath
Formula“), sous l’hypothèse d’un transfert de cha-
18.3 Bases de calcul leur vertical.
18.3.1 Deux étapes de calcul du MOC Super- C’est également le cas pour le calcul des valeurs
targeting cibles de surface des HENs de chaque OC, avant
prise en compte de la réutilisation des surfaces de
Le Conventional et le Resequence Supertargeting
transfert. Afin de trouver quels HEXs et quelles
se déroulent selon deux boucles (ou niveaux) :
surfaces peuvent être réutilisées, une matrice est
- boucle d’itération externe: recherche du set établie pour chaque OC, dont les éléments sont
de valeurs ∆Tmin par OC, conduisant aux les surfaces entre les différents flux chauds et flux
coûts totaux annuels les plus bas ; froids. La matrice d’un OC est appelée Area Ma-
trix. Dans un exemple comportant deux flux
- boucle d’itération interne: recherche, pour
chauds et deux flux froids, l’Area Matrix comporte
des valeurs données de ∆Tmin par OC, d'une
les éléments: H1/C1, H1/C2, H2/C1 et H2/C2. La
réutilisation maximale de la surface de trans-
valeur cible de surface de l’HEN global "couvrant"
fert et donc d'une surface de transfert requise
tous les OCs peut alors être déterminée. Elle se
pour tous les OCs (à acheter) minimale.
calcule comme la somme des valeurs cibles de
Boucle externe : la valeur ∆Tmin optimale pour un surface de tous les OCs, diminuée de la somme
procédé continu unique (indépendant) est recher- des surfaces d’HEXs réutilisables au cours des
chée en calculant les coûts totaux annuels suc- différents OCs (déterminées par optimisation des
cessivement pour des valeurs ∆Tmin croissantes. Area Matrices et selon le type de design choisi).
Puis la valeur ∆Tmin optimale correspondant aux
A ∆Tmin inchangé et en respectant le modèle de
coûts totaux annuels minimum est identifiée. Lors
transfert vertical, la surface de transfert totale né-
du MOC-Supertargeting, les coûts totaux annuels
cessaire au sein d’un OC reste constante, indé-
minimaux sont recherchés dans un espace multi-
pendamment des surfaces réutilisables. Par
dimensionnel (avec autant de dimensions que de
contre, la répartition de la surface totale entre les
OCs). Le temps de calcul par évaluation des coûts
différents éléments de surface de la matrice n’est
pour toutes les combinaisons de ∆Tmin (balayage
en général pas unique et peut être optimisée en
intégral) est déjà si long pour deux OCs qu’une
lien avec les autres OCs.
recherche de l'optimum global par cette approche
n'est pas pertinente. Afin de réduire le temps de L’hypothèse d’un transfert de chaleur vertical per-
calcul pour atteindre l’optimum global, des algo- met notamment de maximiser la surface réutili-
rithmes mathématiques tels que ceux de la mé- sable par programmation linéaire (Linear Pro-
thode Hooke-Jeeves Pattern Search Method ou gramming) : la surface maximale est placée
GRC sont utilisés avec succès. Ces méthodes chaque fois entre les flux (resp. entre les éléments
minimisent le nombre d’itérations en spécifiant de de la matrice) qui existent dans le plus grand
manière optimale la direction du prochain point à nombre d’OCs.
évaluer.
De cette manière, les surfaces qui n’existent que
Boucle interne: la boucle d’itérations interne défi- dans peu d’OCs (et pour lesquels il faut donc in-
nit la maximisation de la surface de transfert réuti- vestir pour chaque OC) sont en même temps mi-
lisable pour le set de valeurs ∆Tmin fixées comme nimisées.
un problème de programmation linéaire (Linear
166
18.4 Workflow du MOC Supertargeting / HEN 5. "Fusion" des HENs de tous les OCs en un
Design HEN global :
comme la surface d’un HEX n’est en général
Le choix du type de design qu’il est possible
pas utilisée de la même identique (position
d’employer pour une installation dépend princi-
dans la séquence, surface active effective)
palement des paramètres de procédé (par ex.
dans tous les OCs, des bypass et des
fluides utilisés, pression, contraintes de place et
vannes sont ajoutés pour que les HEXs puis-
distances, etc.). En pratique, la catégorisation en
sent répondre aux exigences de procédés
Conventional Design et Resequence Design n’est
pour tous les OCs.
souvent pas évidente, et dans une installation il
existe des flux et des procédés qui par ex. peuvent Indications concernant le point 2: si par ex. les
être optimisés selon le Resequence Design, alors valeurs cibles obtenues avec le Separate Design
que d’autres sont soumis à de plus fortes re- correspondent à celles du Conventional Design ou
strictions. De tels Designs mixtes (Conventional et du Resequence Design, cela indique qu’il n’y a pas
Resequence) ne peuvent pas être optimisés avec de potentiel de réutilisation des surfaces des
le MOC Supertargeting car les modèles mathéma- échangeurs. Dans le cas contraire, il est intuiti-
tiques nécessaires, qui peuvent efficacement être vement facile à comprendre que les coûts
résolus par Linear Programming (LP) (avec des d’investissement totaux pour les HEXs (à ∆Tmin
temps de calcul courts) ne fonctionnent qu’avec un pour chaque OC inchangés, resp. à RC inchan-
seul type de design. gée) pour tous les OCs baissent avec
l’augmentation des surfaces d’HEXs réutilisées.
La démarche d’analyse (workflow) suivante est
Avec des coûts d’investissement réduits, une RC
recommandée pour le MOC Supertargeting et le
accrue est en principe rentable et le ∆Tmin,opt de
MOC HEN Design :
chaque OC est tendanciellement plus petit. Le
1. MOC Supertargeting : ∆Tmin,opt sera tendanciellement d'autant plus petit
réalisation du MOC Supertargeting pour le que les contraintes restreignant la réutilisation de
Separate Design, le Conventional Design et, surface d’HEXs seront moindres.
si le temps disponible le permet, le Rese-
Indications relatives au point 4: s’il n’est pas
quence Design.
certain qu’un Resequence Design conduise à des
2. Estimation du potentiel de réutilisation
résultats réalisables en pratique, il est alors re-
des surfaces des HEXs :
commandé de débuter le HEN Design de manière
comparaison, pour les différents types de
prudente sur la base des valeurs ∆Tmin du Conven-
design, des valeurs ∆Tmin de chaque OC, des
tional Design. S’il apparaît que pour plusieurs
valeurs cibles de surface, du nombre mini-
OCs / TSs, des structures de HEN très similaires
mum d’HEXs et des coûts totaux annuels.
sont obtenues (et donc que plus d’un HEX par flux
Les différences donnent des indications sur
pourraient être réutilisés dans différents
le potentiel de réutilisation de surface des
OCs / TSs), alors le HEN peut éventuellement
HEXs.
aussi être conçu sur la base des valeurs ∆Tmin du
3. Choix du type de design
Resequence Design.
4. MOC HEN Design, sur la base des valeurs
∆Tmin du type de design choisi (pour
chaque OC)
167
Durée de l’analyse Pinch: 3-6 mois, effort ingénieur: 10-70 jours, effort entreprise: 4-10 jours
1 Collecte de données
Définition des conditions de fonctionnement (cas de référence)
Pratique
Analyse des procédés et modélisation
Etablissement des bilans de masse et d’énergie, validation
Eventuellement mesurages
Théorie
Modélisation énergétique et analyse Pinch
Elaboration du réseau d’échangeurs de chaleur maximum energy recovery (MER),
optimisation de la fourniture d’énergies (utilités)
Pratique
3 Examen de la faisabilité de mise en œuvre sous les angles technique et économique
(démarrage, arrêt, divers cas de fonctionnement, hygiène, espace disponible, etc.)
Liste des mesures (actions) avec coûts / bénéfices et priorisation, par ex. selon la
rentabilité, respectivement les effets sur la production
Le déroulement d’une analyse Pinch peut être "bottom-up". La puissance, resp. la consommation
subdivisé en trois étapes fondamentales (voir Fig. d’une étape de procédé peut par ex. être estimée
19-1) : sur la base du produit, de l’utilité, ou du dimen-
sionnement de l’HEX. En fonction des liens entre
Etape 1
les procédés et la fourniture d’énergie, la frontière
La première étape requiert en général 60 à 70% du système peut être étendue pour établir d'autres
de l'effort total. Le temps requis dépend fortement bilans et vérifier la plausibilité.
de la disponibilité des données de base. Les do-
Des mesurages peuvent être réalisés en continu
cuments suivants doivent entre autres être exami-
pour les flux d’énergie critiques. Le point de mesu-
nés :
rage exact ne peut souvent être défini qu’après un
Schémas eau chaude, vapeur/condensat, ventila- premier examen approfondi de l’installation. Afin
tion ; offres des fournisseurs ; données de dimen- de gagner du temps et économiser de l'argent, un
sionnement des procédés, des alimentations en mesurage ponctuel de contrôle après un premier
énergies et en air comprimé, et des HEXs ; orga- cycle de bilan d’énergies et de matières est à pré-
nigramme des procédés (contrôle qualité), extraits férer à une campagne de mesurages exhaustive.
du système de commande / supervision, statis-
Même en consacrant beaucoup de temps, des
tiques des énergies, statistiques des matières
bilans parfaits ne sont pas atteignables. Il est im-
premières et de la production, comptabilité mar-
portant de ne pas perdre de vue l'objectif (des
chandises, documentation et références bibliogra-
températures et des débits-masse corrects consti-
phiques, etc.
tuent l’objectif premier – les heures d’exploitation
Les données doivent systématiquement être calcu- annuelles peuvent être moins précises) et de s'ar-
lées et validées par des approches "top-down" et rêter de temps à autre pour vérifier que les valeurs
168
20 Notation
20.1 Liste des symboles et unités les plus importants
Pr Nombre de Prandtl -
Q& Puissance chaleur (d’un flux chaud ou d’un flux froid) W
Q& CU
Puissance chaleur d’utilité froide W
Q& CU,opt Puissance chaleur d’utilité froide à ∆Tmin optimale W
Q&HU
Puissance chaleur d’utilité chaude W
Q& HU,opt Puissance chaleur d’utilité chaude à ∆Tmin optimale W
q& Puissance rayonnée surfacique W/m2
Q& s ,n
Puissance chaleur d’un flux s dans l’intervalle d’enthalpie n W
R Résistance thermique K/W
R Résistance électrique Ω
Rf Résistance spécifique d‘encrassement (fouling resistance, fouling factor) m2 K/W
Re Nombre de Reynolds -
ra Facteur d’actualisation pour le calcul des coûts des échangeurs de chaleur
(rapport de l'index de coût actuel sur l'index de coût de l’année de référence) -
s Entropie massique J/(kg K)
T Température (réelle) °C
T* Température translatée °C
Tin Température de départ ou d‘entrée °C
Tout Température finale ou de sortie °C
∆Tlm Différence de température moyenne logarithmique K
∆Tmin Différence de température minimale K
∆Tmin,opt Différence de température minimale économiquement optimale K
U Energie interne J
wi Fraction massique de la substance i (référée à la masse totale) kg/kg
xi Fraction molaire du constituant i (référé au nombre total de moles – pour la
phase liquide) mol/mol
Xi Rapport massique du constituant i (référé au constituant choisi comme
référence – pour phase liquide) kg/kg
Xi Rapport molaire du constituant i (référé au constituant choisi comme
référence – pour phase liquide) mol/mol
y Exposant contrôlant l'étendue de la plage de variation des ∆Tmin s (pour ISSPs) -
yi Fraction molaire du constituant i (référé au nombre total de moles – pour la
phase gaseuse) mol/mol
Yi Rapport massique du constituant i (référé au constituant choisi comme
référence – pour phase gazeuse) kg/kg
Yi Rapport molaire du constituant i (référé au constituant choisi comme
référence – pour phase gazeuse) mol/mol
Lettres grecques
α Coefficient de transfert de chaleur (=h : heat transfer film coefficient) W/(m2 K)
α Etat initial d’un procédé ou d’une modification d‘état -
d Epaisseur de paroi m
e Facteur d’émittance -
h Rendement -
l Conductivité thermique W/(m K)
r Densité kg/m3
ss Coefficient de rayonnement W/(m2 K4)
t Heures d’exploitation annuelles h/a
n Viscosité cinématique d’un fluide m2/s
w Etat final d’un procédé ou d’une modification d‘état -
171
20.3 Glossaire
Equipement Conduite, canal ou cuve, dans lequel un flux, resp. une contrainte du procédé existe. Plu-
sieurs flux peuvent exister dans un même équipement, mais jamais simultanément. Un échangeur de
chaleur décrit la combinaison de deux équipements.
Equipment-wise Repeat Operation Period (EROP) Période de répétition (du point de vue de
l’occupation des équipements) dans le cas de procédés batch répétés : les installations se retrouvent,
après une durée EROP, exactement dans la même configuration (existence des flux dans les mêmes
équipements). EROP est un multiple de SROP en cas d’équipement(s) dupliqué(s) (multiplicité > 1).
Indirect Source and Sink Profiles Représentation, dans un diagramme Température translatée (T*) –
Enthalpie (D H& [kW] ou DH [kWh/…]), du profil (composite) des sources de chaleur et du profil (composite)
des puits de chaleur pour analyser le potentiel de récupération de chaleur indirecte. Aussi connu dans la
littérature comme Total Site Profiles (pour l’intégration énergétique indirecte des différents procédés (conti-
nus) notamment par l’intermédiaire des utilités) ou courbes composites résiduelles (RCC, pour les procédés
batch).
Installation Installation technique de procédé avec un ou plusieurs procédés.
Paramètres de flux Propriétés d’un flux, c.-à-d. Tin, Tout, m& (kg/h) valeur cp (kJ/kg K) ou changement de
phase (kJ/kg) et valeur a (W/(m2K). L’équipement associé à un flux est aussi un paramètre du flux.
Pincement Lieu où les courbes composites sont les plus rapprochées (différence de température verticale
minimale). Il partage un problème thermique en deux sous-systèmes (sous-système en dessous du pince-
ment, caractérisé par un excédent de chaleur non récupérable ; sous-système au-dessus du pincement,
caractérisé par un déficit de chaleur).
Procédé batch Procédé de traitement par batch (charge, ou lot), dans lequel les caractéristiques des flux
(débit-masse, températures, chaleur spécifique, etc.) évoluent durant leurs durées d’existence respectives
(flux batch associés des équipements de traitement batch), et/ou les périodes d’existence des flux ne sont
pas synchrones (procédé et flux discontinus)
Procédé continu Comprend au minimum un flux et est autrement un regroupement de flux existant simul-
tanément et qui peuvent transférer de la chaleur entre eux de manière directe par un échangeur de chaleur
(sans fluide de transfert intermédiaire). Un procédé peut se composer de plusieurs étapes de procédé, et
décrire au plus une installation complète de génie des procédés.
Procédé (fonctionnement batch) Voir procédé batch.
Profil de puits - Sink Profile Représentation cumulée (composée) des puits a) de différents procédés
continus d’une installation, sur un diagramme Température (T*) - Enthalpie (D H& [kW]) ou b) de différents
intervalles de temps, ou de flux d’un procédé batch, sur un diagramme Température (T*) - Enthalpie (DH
[kWh/..]). Les températures sont représentées translatées vers le haut de la valeur ∆Tmin s définie (valeur en
principe spécifique à chaque puit).
Profil des sources - Source Profile Représentation cumulée (composée) des sources a) de différents
procédés continus d’une installation, sur un diagramme Température (T*) - Enthalpie (D H& [kW]) ou b) de
différents intervalles de temps, ou de flux d’un procédé batch, sur un diagramme Température (T*) - Enthal-
pie (DH [kWh/..]). Les températures sont représentées translatées vers le bas de la valeur ∆Tmin s définie
(valeur en principe spécifique à chaque source).
Puit – Sink Déficit(s) de chaleur (dans une ou plusieurs plage(s) de températures) restant après le transfert
de chaleur direct. Le puit peut être "extrait" à partir de la grande composite ou des composites. Pour des
procédés continus, le puit est calculé pour un cas de fonctionnement. Pour des procédés batch, le puit est
calculé par intervalle (tranche) de temps (lorsque l’analyse d’intégration énergétique envisage un transfert
de chaleur indirect en complément du transfert direct entre flux coexistant durant les différentes tranches de
temps) ou pour chaque flux (lorsque l’intégration énergétique doit s’effectuer exclusivement de manière
indirecte).
174
Récupération de chaleur Transfert de chaleur entre les composites chaudes et froides (au stade targe-
ting), concrétisé par un réseau d’échangeurs de chaleur entre flux de procédé chauds et froids (au stade
design).
Récupération d’énergie maximale (MER) Récupération de chaleur maximale possible par un réseau
d’échangeurs de chaleur respectant les règles d’or du pincement pour une valeur ∆Tmin donnée. Aussi con-
nue comme Demande minimale d’énergie.
Réseau d’échangeurs de chaleur Ensemble d’échangeurs de chaleur réalisant les besoins de transfert
de chaleur d’un procédé ou groupe de procédés.
Retrofit Réaménagement / modification d’une installation ou réseau d’échangeurs existants dans le but
d’en améliorer / optimiser les performances (par opposition à une nouvelle construction, souvent désignée
Grassroot design).
Split Grand Composite Curve (Split GCC) Représentation de deux grandes composites "dos à dos"
(l’une des deux étant représentée "en miroir", par symétrie d’axe vertical). Représentation utilisée notam-
ment pour analyser le potentiel de transfert de chaleur indirect entre deux procédés existant simultanément,
ou pour choisir un nouvel d’équipement de procédé en adéquation (du point de vue des synergies énergé-
tiques) avec les caractéristiques du site / des procédés dans lequel il doit venir s'intégrer).
Source Surplus de chaleur (dans une ou plusieurs plage(s) de températures) restant après le transfert de
chaleur direct. La source peut être "extraite" à partir de la grande composite ou des composites. Pour des
procédés continus, la source est calculée pour un cas de fonctionnement. Pour des procédés batch, la
source est calculée par intervalle (tranche) de temps (lorsque l’analyse d’intégration énergétique envisage
un transfert de chaleur indirect en complément du transfert direct entre flux coexistant durant les différentes
tranches de temps) ou pour chaque flux (lorsque l’intégration énergétique doit s’effectuer exclusivement de
manière indirecte).
Stockage de chaleur FTVM Système de stockage de chaleur à température fixe et masse variable.
Stream-wise Repeat Operation Period (SROP) Période de répétition (du point de vue des flux) dans le
cas de procédés batch répétés, SROP = BCD ≤ EROP. Voir EROP.
Supertargeting Targeting prenant en compte les aspects économiques, recherchant le compromis optimal
entre coûts d’énergie et coûts d’investissement.
Target Valeur cible représentant une limite de performance de conception, déterminée avant la conception
de l’installation.
Targeting Détermination de valeur(s) cible(s) / objectif(s) (récupération d’énergie maximale, surface de
transfert minimale, nombre minimum d’échangeurs, coûts minimum, etc.), avant la conception de
l’installation.
Température de pincement (ou point de pincement) Température moyenne, au pincement, entre la
température de la composite chaude et celle de la composite froide, soit ∆Tmin/2 en dessous de la compo-
site chaude, resp. ∆Tmin/2 au-dessus de la composite froide.
Températures translatées Températures d’un flux après correction (translation) pour satisfaire au ∆Tmin.
Tick-Off Rule Règle heuristique pour la conception de réseaux d’échangeurs MER à nombre minimum
d’échangeurs.
Time Average Model (TAM) Modèle simplifié, consistant à représenter chaque flux d’un procédé dépen-
dant du temps par un flux continu de puissance moyennée sur la période considérée (en règle générale la
période EROP). Ainsi, l’énergie de chaque flux du TAM est égale à l’énergie du flux discontinu correspon-
dant. Les compostites TAM sont représentées dans un diagramme Température (T) - Enthalpie (DH
[kWh/..]).
175
Time Slice Model (TSM) Décomposition temporelle d’un procédé batch (ou plus généralement discontinu)
en tranches de temps, et calcul des valeurs cibles énergétiques pour chaque tranche de temps (à l’aide des
courbes composites par tranche de temps).
Tranche de temps - Time Slice (TS) Intervalle (ou tranche) de temps au sein d’une période de répétition
d’une production batch (en règle générale une période EROP). Il est défini par l’existence simultanée d’un
ou plusieurs flux, mais peut aussi être "vide" (c.-à-d. ne contenir aucun flux). La même configuration (le
même sous-ensemble de flux) peut exister dans différentes tranches de temps au cours d’une période
EROP.
Utilité Sytème de fourniture de chaleur ou de froid aux procédés.
Utilité chaude Système de fourniture de chaleur "externe" au procédé (par ex. vapeur, eau chaude, etc.).
Utilité froide Système de fourniture de froid "externe" au procédé (par ex. eau froide ou réfrigérant).
Zone neutre – Pocket Région (plage de température) de la grande composite dont le bilan thermique est
équilibré – le déficit de chaleur de la grande composite dans la partie inférieure de la plage de température
de la zone étant exactement compensé par l’excédent de chaleur existant à plus haute température dans la
plage de température de la zone neutre.
176
21 Bibliographie
[1] B. Wellig et D. Olsen, «Energie-Optimierung mit Pinch-Analyse,» Hochschule Luzern – Technik &
Architektur, Horw, 2014.
[2] I. C. Kemp, «Pinch Analysis and Process Integration - A User Guide on Process Integration for the
Efficient Use of Energy, Second Edition,» Elsevier Ltd., Oxford, 2007.
[3] Prognos AG, Infras AG, TEP Energy GmbH, «Analyse des schweizerischen Energieverbrauchs 2000 -
2011 nach Verwendungszwecken,» Bundesamt für Energie, Bern, 2012.
[4] Hochschule Luzern – Technik & Architektur, «Pinch Analyse,» 2012. [Online]. Available:
http://www.pinch-analyse.ch/.
[7] R. Nordman, «New process integration mehtods for heat-saving retrofit projects in industrial systems,»
Chalmers University of Technology, S-Göteborg, 2005.
[8] N. D. K. Asante und X. X. Zhu, «An automated approach for heat exchanger network retrofit featuring
minimal topology modifications,» Comp. Chem. Eng., Nr. 20, pp. 7-12, 1996.
[9] P. Krummenacher, «Contribution to the heat integration of batch processes (with or without heat
storage),» École Polytechnique Fédérale de Lausanne, Lausanne, Switzerland, 2001.
[10] I. D. Gremouti, «Integration of Batch Processes for Energy Savings and Debottlenecking,» Manchester,
UK, 1991.
[11] J. Klemes, «Design and Operation of Energy Efficient Batch Processes,» Commisssion of the European
Communities, 1994.
[12] I. Dinçer et M. A. Rosen, «Thermal Energy Storage: Systems and Applications, 2nd edition,» Wiley,
Chichester, 2010.
[13] T. Walmsley, «Integration of industrial solar and gaseous waste heat into heat recovery loops using
constant and variable temperature storage,» Energy, n°75, pp. 53-67, 2014.
[14] T. Eiholzer, «Indirect Heat Integration in Batch Processes with Variable Schedules,» Hochschule
Luzern – Technik & Architektur, Horw, 2014.
[15] P. S. Jones, «Targeting and design for heat exchanger networks under multiple base case operation,»
UMIST, Manchester, UK, 1991.
[16] R. Kislig, «Batch Supertargeting Analysis – Conventional Design and Resequence Design,»
Hochschule Luzern – Technik & Architektur, Horw, 2012.
[17] B. Linnhoff et W. D. Townsend, «Surface Area Targets For Heat Exchanger Networks,» IChemE 11th
Annual Res Meeting, Bath, UK, 1984.
[18] D. W. Townsend, «Surface Area Targets For Heat Exchanger Networks,» UMIST, Manchester, UK,
1989.
[19] V. R. Dhole et B. Linnhoff, «Total site targets for fuel, co-generation, emission and cooling,» Comp.
Chem. Eng., n°17, Supplement 1, pp. 101-109, 1993.
177
22 Annexe A
Targeting du nombre d’échangeurs et de la surface totale du HEN
1. Targeting du nombre d‘échangeurs Le calcul de la surface totale de l’HEN en dé-
coule.
HEN quelconque
Une formule simple de prévision de la surface du
La règle d‘Euler donne pour un HEN quelconque :
HEN directement à partir des CCs a été dévelop-
NHEX,HEN = Ns + NLoops,HEN - NSub,HEN (A1) pée par [17] et [18]. Elle s’appuie sur l’hypothèse
du transfert de chaleur "vertical" et donc de
NHEX,HEN [-] nombre d’HEXs dans un HEN
l’exploitation optimale de la différence de tempé-
nombre de flux dans un HEN rature. Les CCs sont d'abord divisées en inter-
Ns [-]
(y compris les utilités) valles d’enthalpie verticaux (voir aussi Fig. 8-1),
NLoops,HEN [-] nombre de Loops dans un HEN puis la contribution de surface de chaque flux au
nombre de sous-systèmes dans un sein d'un intervalle d’enthalpie est sommée.
NSub,HEN [-]
HEN
1 Q& (A3)
AHEN ,T arg et = å × å s ,n
MER HEN selon les CCs n DTlm,n s a s
Dans un MER HEN, pour lequel les valeurs cibles AHEN,T arg et [m2] cible de surface du HEN
énergétiques issues des CCs doivent être at-
teintes, il est interdit de transférer de la chaleur différence de température
DTlm,n moyenne logarithmique
du sous-système au-dessus du pincement à celui [K]
dans l’intervalle d'enthalpie
en dessous du pincement. Les deux sous- n
systèmes peuvent être traités comme des HENs puissance chaleur d’un
individuels séparés. flux s (chaud ou froid)
Q& s ,n [W]
dans l’intervalle d'enthalpie
Tant qu’aucun point de pincement supplémen- n
taire n‘apparaît dans les deux sous-systèmes, le
coefficient de transfert de
nombre de sous-systèmes NSub,HEN s’élève à 1 as [W/(m2K)] chaleur par convection du
pour chacun des deux sous-systèmes au-dessus flux s
et en dessous du pincement.
Le transfert de chaleur vertical idéal conduit sou-
Les boucles (Loops) sont décrites dans la section vent à des HENs avec de nombreux splits et donc
7.4.1. En règle générale, on essaie de construire de nombreux échangeurs de chaleur (appelés
un HEN sans boucle pour minimiser le nombre Spaghetti-Design). Il est ainsi rare de trouver un
d’HEXs. Le nombre minimal de boucles NLoops,HEN HEN dont le nombre d’HEXs et la surface sont
peut ainsi être fixé à 0. simultanément minimaux.
Par suite, la valeur cible NHEX,Target du nombre Toutefois, dans la plupart des cas pratiques, une
minimal d’HEXs dans un HEN est calculé comme estimation de la valeur cible de surface du HEN
la somme des deux sous-systèmes : selon l’équation A3 est suffisante. Pour plus de
NHEX ,T arg et = (Ns ,above - 1) + (Ns ,below - 1) (A2) détails, se reporter à [15].
23 Annexe B
∆Tmin s spécifique à chaque flux
Comme mentionné précédemment dans la sec- "facteur de proportionnalité"
tion 16.4.2, le TAM (également basé sur les flux) PF permettant de calculer les
est limité par un ∆Tmin "global" pour tous les flux. ∆Tmin s à partir de ∆Tmin best
Il ne permet alors pas de définir une situation translation (décalage) de
initiale réaliste et rentable pour le placement des température du flux le plus
ILs, étant donné que les durées des flux d’un propice pour le transfert de
batch peuvent souvent varier d’un facteur 10. Il ∆Tmin best [K] chaleur (c-à-d. celui présen-
tant le plus grand produit
est alors intuitivement raisonnable que des flux (coeff. de transfert (ksk) x
de durée très courte et avec des valeurs a faibles durée (ds))
soient associés à des valeurs ∆Tmin tendencielle-
coefficient de transfert de
ment plus grandes que ceux présentant des va- ksk [W/(m2 K)] chaleur global entre le flux s
leurs a élevées existant pendant toute la durée et l'IL k
du batch. durée d'existence du flux s
ds [h/a] au sein d’une période de
La limitation du TAM propre au ∆Tmin "global" peut répétition SROP, annualisée
être solutionnée, avec les ISSPs, par un ∆Tmin s
exposant (par ex. 0.5) con-
spécifique à chaque flux. Le ∆Tmin s "pondère" la
trôlant l'étendue de la plage
pertinence (ou la "priorité") du flux s pour un y [-] de variation des ∆Tmin s: plus
transfert de chaleur indirect : plus le décalage de y est petit, plus la plage de
température (défini par le ∆Tmin s du flux) est variation est petite (étroite)
grand, plus un flux chaud sera translaté vers l'ex- ∆Tmin s [K]
translation (décalage) de
trémité inférieure du profil de source (Source température du flux s
Profile), resp. plus un flux froid sera repoussé
vers la droite (en direction de l'extrémité supé-
Le coefficient de transfert de chaleur global ksk
rieure) du profil des puit (Sink Profile).
est déterminé comme suit à l’aide des valeurs a
Plus précisément, le décalage de chaque flux par des flux et des ILs.
sa valeur ∆Tmin s spécifique a pour but d'imposer,
1
lors de la définition des ILs sur les ISSPs, un k sk =
pincement (spécifique à chaque flux) raisonna- æ1 + 1 ö (B3)
ç a a k ÷ø
blement proche de l'optimum économique (com- è s
promis entre coûts d'amortissement et coûts
coefficient de transfert par
d'énergie). Ce faisant, cette méthode tend à "éga- as [W/(m2 K)]
convection du flux s
liser" ou "répartir", approximativement, l'investis-
coefficient de transfert par
sement pour les surfaces de transfert de chaleur ak [W/(m2 K)]
convection de l’IL k
des différentes sources aux ILs, respectivement
des ILs aux différents puits.
L’ensemble des valeurs ∆Tmin s est "contrôlé" par
La valeur ∆Tmin s par flux peut être calculée de les conditions suivantes : 1) définition d'une va-
manière simple par l’équation suivante : leur ∆Tmin best minimale (par ex. 3 K) pour le flux le
y plus prometteur (celui présentant la plus grande
æ 1 1 ö
DTmins = PF × çç × ÷÷ (B1) valeur a et la durée la plus longue) 2) définition
è k sk d s ø de l’exposant y (valeurs réalistes entre 0.0 et 0.9)
DTminbest [14]. y définit la plage de variation des valeurs
Où PF = (B2) ∆Tmin s. De manière alternative, il est aussi pos-
y
æ æ öö
ç minç 1 × 1 ÷÷ ÷ sible de fixer directement la plage de variation à
ç çk ÷
è è sk d s øø 15 K par ex. (et d’en déduire l’exposant y).
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