Guide de Survie À L'usage Des Journalistes
Guide de Survie À L'usage Des Journalistes
Guide de Survie À L'usage Des Journalistes
À L’USAGE DES
JOURNALISTES
LIVE
NEWS
Photo de couverture:
Un photographe de presse noyé dans un nuage de gaz lacrymogène lors d’une émeute à Lima (Pérou)
en mai 2000.
Photo: AP / Martin Mejia
Ce document a été produit avec l’assistance financière de l’Union Européenne. Les propos présentés
dans cet ouvrage n’engagent que la Fédération Internationale des Journalistes et ne
peuvent en aucun cas refléter la position officielle de la Commission Européenne
LIVE
NEWS
GUIDE DE SURVIE
À L’USAGE DES
JOURNALISTES
Écrit et produit pour la FIJ par Peter McIntyre
Publié par la Fédération internationale des journalistes, Bruxelles
Mars 2003 Avec le soutien de l’Initiative européenne pour la démocratie et les droits de l’homme.
(i)
Live News - Guide de survie à l’usage des journalistes
Publié par la Fédération internationale des journalistes
Mars 2003.
Rédacteur en chef
Aidan White, Secrétaire général, FIJ
Éditrice responsable
Sarah de Jong, responsable de la campagne pour les droits de l’homme, FIJ
[email protected]
Directeur des projets
Oliver Money-Kyrle
Rédigé et conçu par
Peter McIntyre, Oxford (Royaume-Uni)
[email protected]
Remerciements
La FIJ remercie:
Associated Press Photos et Reuters, pour l’autorisation d’utilisation des photos;
AKE Ltd, Hereford (Royaume-Uni), pour les conseils, les informations,
l’infrastructure et le soutien;
Mark Brayne (Dart Centre Europe) pour les conseils sur le stress post-
traumatique;
Rodney Pinder, pour les commentaires sur les premières versions;
Tous les journalistes qui ont contribué au ou ont été interviewés dans l’optique
du présent ouvrage.
(ii)
Table des matières
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iv)
Introduction L’importance de la sécurité, Le rôle des gouvernements, Vers un institut international
pour la sécurité de l’information, Aider les journalistes à prendre des décisions . . . . . . . . . . . . . .1
Partie 1 Soyez préparé
Chapitre 1 La préparation au travail dans des environnements hostiles . . . . . . . . . . . . . . . .9
Veillez à être physiquement prêt, La connaissance de la situation locale, Connaissez vos droits, La
protection sociale, Les risques de maladie, Clarifiez les voies de communication, Le bon équipement,
Préparez votre véhicule, La tenue appropriée
Annexes
Annexes 1 Les principaux contacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .118
Annexes 2 Les statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des médias
pour la période 1990-2002 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .121
Annexe 3 Le code international de pratique pour l’exercice d’un journalisme
en toute sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .138
(iii)
Préface
Des étapes essentielles
sur la voie de la sécurité
par Aidan White, Secrétaire général,
Fédération internationale des journalistes
L
a guerre et la violence sont rarement la réponse à un problème, mais
quand elles frappent, les journalistes et les autres travailleurs des
médias jouent un rôle crucial dans la levée du voile de déception, de
mensonge et de manipulation de l’information qui tombe inévitablement.
Leur tâche consiste à montrer l’impact sur la vie des citoyens ordinaires.
En assumant ce rôle, les journalistes et professionnels apparentés mettent
leur vie et leur sécurité en danger.
La FIJ mène depuis de nombreuses années une campagne pour le ren-
forcement de la sécurité et pour la défense des journalistes autochtones et
des freelances, car ce sont eux qui sont exposés aux risques les plus impor-
tants et qui bénéficient du moins de protection. Les choses commencent
à bouger avec la création de l’International News Safety Institute (voir
pages 103-105). Le présent ouvrage s’inscrit dans ce processus. Il collecte
les expériences de ceux qui ont couvert et filmé les événements dans des
environnements hostiles et tente d’en tirer les leçons afin de sauver des
vies. Mais la sécurité, ce n’est pas seulement éviter les balles. C’est aussi
créer une culture de conscientisation des risques sous tous les aspects du
journalisme, qu’il soit de guerre, d’investigation ou de rue.
Nous avons voulu mettre en exergue les besoins des journalistes locaux,
mais une grande partie des informations disponibles provient de corre-
spondants internationaux et des cours de formation conçus pour les géants
des médias électroniques. La FIJ utilisera le présent ouvrage pour diffuser
le message de la sécurité, mais aidera également ses bureaux régionaux à la
production de versions locales. La richesse du savoir et de l’expérience des
journalistes qui vivent et travaillent sur la ligne de front et qui ont appris
à survivre tout en faisant leur travail est incommensurable. Ce savoir et
cette expérience doivent être rassemblés et le courage et la ténacité de ces
journalistes doivent être loués. C’est une petite étape dans cette direction,
et nous dédions ce livre à ces véritables héros de la profession.
(iv)
Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
Partie 1
Soyez préparé
Des journalistes participent au cours de formation à la survie dans des environnements hostiles organisé par AKE dans le comté de
Herefordshire (Royaume-Uni). Photo: Rob Judges
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Chapitre 1
La préparation au
travail dans des
environnements
hostiles
L
es risques les plus marquants courus par les journalistes pendant
une guerre viennent des fusils, bombes, mines, missiles et autre
artillerie. Mais les environnements hostiles ne se trouvent pas
que sur les champs de bataille. Les risques physiques pour les journalistes
sont probablement plus importants lors d’émeutes et de troubles civils
que pendant une guerre traditionnelle menée entre des armées régulières.
Un journaliste travaillant loin de chez lui, sans bénéficier du soutien
habituel, est également exposé aux risques suivants:
maladie
accidents de la circulation et autres
violence, y compris attaques ciblées contre les médias
exposition
épuisement
détresse affective et faible moral
9
Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
L’objectif est de lui faire prendre conscience des risques, de prendre les
précautions qu’il peut et de conserver le plus possible le contrôle de la
situation, plutôt que de s’en remettre à la bonne fortune. Un journaliste
ne contrôle presque jamais complètement la situation, et le risque zéro
n’existe pas, mais tout journaliste peut évaluer les risques et prendre
conscience des dangers.
Même les situations qui ne semblent pas particulièrement dangereuses
peuvent l’être pour un reporter ou un preneur de vue non préparés, tandis
que les situations les plus dangereuses peuvent être rendues plus sûres
par une évaluation des risques, une bonne préparation et une application
des connaissances. Une bonne planification peut non seulement assurer
un voyage sans problèmes, mais aussi aider à identifier les éléments clés
de votre reportage, vous donner des informations de fond sur votre situ-
ation et sur votre environnement et renforcer l’efficacité de la collecte
d’informations ou d’images.
REPÉREZ-VOUS SUR LA
CARTE b) La connaissance de la situation locale
Si vous ne connaissez pas bien Que savez-vous de la situation politique et sociale dans laquelle vous
la région, veillez à avoir une carte pénétrez? Qui sont les principaux acteurs? Êtes-vous suffisamment au
mise à jour et de bonne qualité. courant des derniers développements? Quelles langues parle-t-on? Quelle
DES DOUTES? DEMANDEZ À
est l’attitude des gens à l’encontre des médias en général et de votre com-
UN JOURNALISTE
pagnie ou journal en particulier? Votre origine ethnique vous fait-elle
Contactez des journalistes locaux
courir des risques supplémentaires? Des groupes ont-ils une tradition de
quand vous vous déplacez dans
violence vis-à-vis des journalistes ou un passé émaillé d’atrocités contre
une région inconnue. Écoutez
les civils? Quelles sont les limites à ne pas franchir? Y a-t-il des « zones
ce qu’ils ont à vous dire sur les
interdites »? De quelles autorisations avez-vous besoin, et de qui? Ces
sources de dangers.
autorisations auront-elles un certain poids sur le terrain?
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
« ont été sur place et fait ça ou ça » peuvent vous donner des informa-
tions cruciales et partager des expériences qui vous aideront à apprendre
rapidement. Certains journalistes expérimentés versent toutefois parfois
dans le cynisme et adoptent une attitude corrosive qui limite la capacité
de jugement. Cherchez des professionnels des médias qui ont gardé un
respect de base pour les gens parmi lesquels ils travaillent. Les journal-
istes qui décrivent les endroits et les gens dont ils traitent en termes
insultants et dénigrants ne vous aideront pas à mieux appréhender la
situation locale.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
une arme à feu ou s’ils se comportent comme des espions. S’ils se retrouvent LA CONFIANCE ENTRE
dans un de ces cas, ils n’agissent plus comme des journalistes. LA RÉDACTION ET LE
PERSONNEL SUR LE TERRAIN
Rédactions, faites confiance à vos
d) La protection sociale reporters et caméramans; ils sont
Que faire si quelque chose tourne mal? Quelle assurance avez-vous et vos yeux et vos oreilles.
qu’adviendra-t-il de votre famille? Votre besoin le plus immédiat est sans Reporters et caméramans,
doute celui de soins médicaux et de rééducation. Vous pouvez également prenez avec votre rédaction des
avoir besoin d’une réhabilitation à plus long terme à la suite de blessures engagements au sujet de l’arrivée
physiques ou de traumatismes psychologiques. à l’hôtel et de l’autorisation
Les journalistes doivent savoir que leur revenu ne diminuera pas s’ils préalable, et respectez-les.
sont dans l’incapacité de travailler et que leur famille sera indemnisée Équipes d’information, mettez
s’ils sont tués. Les groupes de médias pourront arguer qu’ils n’ont pas les au point un ensemble de lignes
moyens de contracter une telle assurance, mais quelqu’un doit assumer directrices basées sur l’expérience,
le coût, et ce ne peut être le travailleur. Les organisations de journal- maintenez-les à jour et permettez à
istes doivent veiller à ce que cette demande essentielle soit satisfaite. tout le monde de contribuer à leur
L’assurance et la couverture médicale doivent protéger indifféremment enrichissement.
les journalistes indépendants et les travailleurs salariés et englober toute
l’équipe.
Dans de nombreuses régions, les organisations de médias reçoivent
leurs informations à un bon prix en recourant à des employés locaux
ou à des indépendants sans étendre l’assurance et les droits sociaux aux
journalistes et preneurs de vue qui risquent leur vie. Cette pratique doit
être éradiquée sous l’action de la pression exercée par les syndicats de
journalistes et de médias.
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Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
g) Le bon équipement
Il n’y a virtuellement aucune limite à l’équipement qui pourrait s’avérer
utile, du véhicule blindé aux barres chocolatées servant au troc, en pas-
sant par le téléphone par satellite et les allumettes résistant à l’eau. Les
journalistes, photographes et caméramans doivent déjà emporter pas mal
de matériel. La quantité d’équipement que vous pouvez prendre dépend
de l’endroit où vous vous trouvez et de vos moyens. Voici un aperçu des
choses les plus importantes:
Carte de presse
Une carte de presse vous identifie clairement et porte votre photo. Elle
peut vous être remise par votre organisation professionnelle ou syndicat
ou par votre employeur. Le poids d’une carte standard émise par une
organisation professionnelle réside dans le fait qu’il renforce l’idée que
les journalistes appartiennent à une profession collective. La carte de
votre employeur peut être une aide ou un obstacle selon sa réputation
auprès des acteurs d’un conflit. Vous pouvez aussi emporter des lettres
ou des laissez-passer signés par des officiers militaires ou de police vous
reconnaissant en tant que journaliste et demandant à leurs troupes de
vous assurer d’une coopération raisonnable. C’est à vous de comparer la
valeur de ces documents par rapport aux dangers éventuels. Un laissez-
passer émis par un commandant rebelle pourrait vous envoyer dans les
prisons gouvernementales. Réfléchissez aux informations que vous trans-
portez et qui pourraient vous être préjudiciables. Même des coupures de
journaux critiques vis-à-vis de l’une ou l’autre partie d’un conflit peuvent
créer des problèmes lors du passage à un point de contrôle.
Numéros d’urgence
Emportez une liste de numéros d’urgence et un document indiquant qui
appeler si vous êtes blessé. Si vous procédez à des interviews délicates
qui pourraient causer des ennuis aux personnes interrogées, arrangez-
vous pour assurer la confidentialité. Séparez les noms et les propos ou
changez les noms. Veillez à ce que votre système de cryptage des noms
ne ressemble pas à un code.
Un portefeuille factice
Gardez toujours votre argent et vos documents essentiels dans un endroit
sûr et non visible. Cependant, vous devez toujours avoir accès à de petites
sommes d’argent et à quelque chose à remettre en cas d’agression. Portez
un autre portefeuille contenant un peu d’argent et de vieilles cartes de
crédit. Si vous êtes victimes d’une agression, remettez ce portefeuille-ci.
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Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
Résumé
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) impose aux États:
de prendre le même soin des alliés et des ennemis;
de respecter les êtres humains, leur dignité, leurs droits familiaux, leurs convictions religieuses et les droits
particuliers des enfants;
d’interdire les traitement inhumains ou dégradants, les prises d’otages, les exterminations de masse, la torture,
les exécutions sommaires, les déportations, les pillages et les destructions gratuites de biens.
L’article le plus important est l’article 3, qui s’applique à toutes les conventions et stipule:
1) Les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, y compris les membres de forces armées
qui ont déposé les armes et les personnes qui ont été mises hors de combat par maladie, blessure, détention,
ou pour toute autre cause, seront, en toutes circonstances, traitées avec humanité, sans aucune distinction
de caractère défavorable basée sur la race, la couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la naissance ou la
fortune, ou tout autre critère analogue.
À cet effet, sont et demeurent prohibés, en tout temps et en tout lieu, à l’égard des personnes mentionnées ci-
dessus:
a) les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les
mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices;
b) les prises d’otages;
c) les atteintes à la dignité des personnes, notamment les traitements humiliants et dégradants;
les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable, rendu par un tribunal
régulièrement constitué, assorti des garanties judiciaires reconnues comme indispensables par les peuples
civilisés.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
1. Les journalistes qui accomplissent des missions professionnelles périlleuses dans des zones de conflit armé
seront considérés comme des personnes civiles au sens de l’article 50, paragraphe 1.
2. Ils seront protégés en tant que tels conformément aux Conventions et au présent Protocole, à la condition
de n’entreprendre aucune action qui porte atteinte à leur statut de personnes civiles et sans préjudice du droit
des correspondants de guerre accrédités auprès des forces armées de bénéficier du statut prévu par l’article 4
A. 4), de la IIIe Convention.
3. Ils pourront obtenir une carte d’identité conforme au modèle joint à l’Annexe II au présent Protocole. Cette
carte, qui sera délivrée par le gouvernement de l’État dont ils sont les ressortissants, ou sur le territoire duquel
ils résident ou dans lequel se trouve l’agence ou l’organe de presse qui les emploie, attestera de la qualité de
journaliste de son détenteur.
Les conventions couvrent les guerres civiles mais pas les émeutes
Le protocole II étend la portée des conventions de Genève aux conflits internes entre les forces armées d’un État et des
forces armées dissidentes ou d’autres groupes armés organisés sur son territoire.
Il étend effectivement les conventions aux conflits civils à grande échelle. Cependant, il exclut spécifiquement des
conventions les « situations de tensions internes, de troubles intérieurs, comme les émeutes, les actes isolés et
sporadiques de violence et autres actes analogues, qui ne sont pas considérés comme des conflits armés. »
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Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
Eau
Dans les situations de conflit, les sources d’approvisionnement fiables en
eau potable peuvent cesser de fonctionner ou être contaminées. Vous pou-
vez survivre plusieurs jours sans manger, mais pas sans eau. Emportez
si possible des bouteilles d’eau ou des filtres et agents chimiques de
purification.
Kit de secours
Un kit de secours est vital pour tout journaliste susceptible de se retrou-
ver éloigné des infrastructures de soins médicaux traditionnelles. Si pos-
sible, emportez deux kits, un sur vous et un plus complet dans le véhicule.
Le chapitre 5 aborde ce sujet dans les détails.
Téléobjectifs
Une manière pour les caméramans et photographes d’améliorer leur
sécurité est d’utiliser des téléobjectifs qui les rapprochent de l’action.
Des objectifs moins puissants exigent des utilisateurs qu’ils prennent
plus de risques pour les mêmes images. De nouveau, le journaliste local
qui dispose de moins de moyens est désavantagé. Assurez-vous que votre
société de médias est consciente des avantages pour la sécurité d’investir
dans des téléobjectifs et des caméras légères.
Alerte d’urgence
Portez un sifflet au cas où vous devriez attirer l’attention ou donner
l’alerte. Portez un bracelet Medic-alert indiquant votre groupe sanguin
et votre état médical ou vos allergies.
Confort personnel
Si vous travaillez loin de votre base, veillez à emporter des effets person-
nels pour rester propre et garder le moral. Emportez du savon, un gant de
VOTRE VÉHICULE EST-IL toilette et des serviettes. Emportez du papier toilette et une petite pelle à
CAPABLE DE SUPPORTER LA usage sanitaire. Faites attention à vos dents et à vos pieds.
PRESSION?
Veillez à ce que votre véhicule soit
en bon état. h) Préparez votre véhicule
Vérifiez la pression des pneus, en Si vous vous absentez de votre base pour une longue période, vous
particulier en cas de températures devez si possible posséder votre propre véhicule, non seulement pour
extrêmes. Les éclatements sont vous déplacer plus rapidement et pour vous mettre en sécurité, mais
plus probables dans des conditions aussi parce qu’il vous faut un lieu pour conserver le matériel difficile à
de forte chaleur. Assurez-vous emporter. Le chauffeur sera de préférence un membre de votre équipe
d’avoir une bonne roue de secours. désigné à ce poste.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Chapitre 1
La préparation au travail dans des
environnements hostiles
i) La tenue appropriée
Les vêtements dont vous avez besoin dépendent du climat, de la saison et
de la durée de votre séjour loin de votre base.
Chaussures
Il est important de conserver votre mobilité et de pouvoir marcher
longtemps si nécessaire. Une paire de bottines légères et étanches est
l’idéal. Elles doivent être confortables. Ne les achetez donc pas juste avant
de partir! Elles doivent être suffisamment grandes pour vous permettre
de porter deux paires de chaussettes en coton, qui garderont vos pieds au
chaud et réduiront les frictions. Les chaussures peuvent être le vêtement
le plus important.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Partie 2
La zone dangereuse
Un caméraman saute lors de l’explosion d’un grenade paralysante dans la ville assiégée de Ramallah
(Cisjordanie) le 5 avril 2002. Les journalistes tentant de couvrir une réunion entre Yasser Arafat et l’émissaire
américain Anthony Zinni furent repoussés par l’armée israélienne. Photo: AP / Nasser Nasser
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
Chapitre 2
Les zones de guerre et de
conflit
Q
uand les balles commencent à siffler, il n’y a pas de méthode universelle
pour ne pas être blessé, et les journalistes peuvent devenir, par erreur
ou par choix délibéré, des cibles. Des travailleurs des médias opérant
en première ligne ont été blessés ou tués par des balles, des éclats ou des obus de
mortier tirés à distance. Les balles perdues et les ricochets causent de nombreuses
victimes. Des journalistes ont été visés par des tireurs embusqués et tués dans
des embuscades.
Dans les situations où plusieurs forces différentes sont impliquées dans un
conflit et où les lignes de front se déplacent rapidement, il est difficile de savoir où
une zone de conflit commence et où elle finit. Cependant, un journaliste conscient
des dangers et prévoyant a de grandes chances de rester en vie et d’échapper aux
blessures.
La meilleure défense qu’un journaliste puisse déployer réside dans la réflex-
ion. En essayant de comprendre l’état d’esprit des combattants d’une zone de
guerre et le potentiel des armes utilisées, un journaliste peut limiter les risques
d’être blessé ou tué. Les journalistes doivent être capables d’évaluer les risques,
y compris ceux induits par les actions qui les mettent dans la ligne de mire, ainsi
que la manière la plus rapide de sortir d’une zone dangereuse. Ils doivent garder
à l’esprit la carte de la région et la situation militaire. Comme les autres person-
nes présentes dans les zones de combat, un journaliste doit opter pour la moins
mauvaise solution, parce qu’aucune n’est totalement sûre.
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LIVE NEWS - G
Live
UIDE DE S—
News URVIE À L’USAGE
A Survival Guide JOURNALISTES
DES for Journalists
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
NE SOYEZ PAS PRIS POUR quelqu’un qui a l’expérience de la zone et uniquement si vous savez que vous ne
CIBLE PAR ERREUR serez pas pris pour cible. Identifiez-vous en tant que représentants de la presse.
Veillez à ce que vos vêtements Certains journalistes peignent MEDIA ou PRESS en grands caractères sur le
ne soient pas de style militaire. côté et sur le toit de leur véhicule. Avant de le faire, assurez-vous que cela con-
Ne portez pas de camouflage. stituera un dissuasif efficace. Dans certains cas, cela fera de vous une cible facile.
Rappelez-vous que les caméras En cas de problème, identifiez-vous en tant que journaliste.
peuvent être confondues avec Essayez de veiller à pouvoir faire la différence entre les camps opposés, selon
des fusils. l’uniforme porté ou le type de véhicule ou de matériel utilisé. Ce n’est pas néces-
Les flashes peuvent être pris sairement facile. Les forces mal équipées ne portent pas toujours de marques dis-
pour des éclairs dus aux armes. tinctives claires. Dans certains conflits, les soldats récupèrent même les uniformes
Les objectifs des caméras, des morts ou des prisonniers s’ils sont meilleurs que le leur.
les boucles de ceinture, les Si vous filmez ou photographiez des troupes ou sites militaires sans autorisa-
vêtements brillants en cuir, les tion, vous risquez d’être arrêté et de vous faire confisquer votre matériel et vos
cadrans des montres (tournez- pellicules. Vous pourriez même être emprisonné, voire pire.
les sur votre poignet) peuvent
causer des reflets. Devenir une cible
Les lumières des caméras Vous pouvez être visé pour une de ces trois raisons:
attirent l’attention de loin, en vous vous trouvez au mauvais endroit au mauvais moment (malchance),
particulier la nuit. vous être pris à tort pour une menace militaire,
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Vous pouvez réduire les risques d’être pris pour une cible militaire en évitant
d’y ressembler. Portez des vêtements civils de couleur vive et contrastant entre le
haut et le bas. Soyez prudent lors que vous filmez parce qu’une caméra peut être
confondue avec une arme et que votre position peut sembler menaçante. Dans
certains circonstances, une caméra vidéo et un lance-missiles SAM 7 peuvent
paraître similaires. La réverbération du soleil sur un objectif de caméra peut être
prise pour les flammes sortant d’une arme antichar ou du canon d’une arme à feu.
Vous pouvez aussi être visé parce que vous être proche d’une cible stratégique.
Cela pourrait vous exposer aux tirs d’artillerie ou aux attaques aériennes. Depuis le haut: un fusil mitrailleur
Sterling 9 mm, une mitraillette légère
La connaissance des armes Sterling 5.56 et une mitraillette AK47.
Les correspondants de guerre doivent développer une connaissance de base des Photo: Rob Judges
différents types d’armes, de leur portée et de leur capacité. Cela peut vous aider
à prendre des décisions cruciales pour votre survie. La précision des pistolets
et des fusils est généralement déterminée par le type d’arme et la qualité de la
fabrication, par les conditions météorologiques et par l’habilité (et l’état d’esprit,
de fatigue, etc.) du tireur. À 1 000 mètres, un vent d’à peine 16 km/h déviera une
balle de quatre mètres de sa cible.
Les armes à basse vitesse sont les pistolets et les fusils de petite taille qui tirent
des balles en dessous de la vitesse du son. Un gilet pare-balles protège efficace-
ment contre ces armes.
Les armes semiautomatiques capturent une partie de l’énergie de la mise à
feu pour réarmer la détente. Les pistolets et fusils automatiques et semiau-
tomatiques ont tendance à tirer en l’air et vers la droite. Avec un pistolet, un
soldat bien entraîné atteindra efficacement une cible humaine à tout au plus
20 mètres. Un soldat mal entraîné n’a aucune chance à cette distance. Cette
information peut vous aider à décider s’il faut vous retirer d’une situation qui
vous semble hostile.
Les armes à haute vitesse (fusils ou mitraillettes) tirent des balles au-delà de Depuis le haut, de gauche à droite: un
la vitesse du son. Si vous entendez la balle, c’est qu’elle vous a déjà raté. Si lance-missiles antichar 66 mm à usage
vous entendez comme un craquement bien distinct, c’est que les armes sont unique, un pistolet Colt 45, un pistolet
tout près. Sig 9 mm, un fusil mitrailleur Mach
Dans les mains d’un soldat entraîné, une mitraillette est précise à 70-100 10 Ingram 9 mm, un pistolet Tokarev
mètres, tandis qu’un fusil d’assaut à haute vitesse le sera à 200-300 mètres. 9 mm de fabrication russe, un masque à
Dans des mains peu expertes, tous les fusils sont hautement imprécis. gaz SR6 et une mine antichar de 5 kg
Néanmoins, un soldat mal entraîné pourra toujours vous atteindre par de fabrication yougoslave.
erreur. Photo: Rob Judges
Low-velocity weapons are pistols or small rifles which fire a bullet below the
speed of sound. Body armour will protect against these.
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
manifeste. Si des obus tombent des deux côtés, il se peut que vous soyez encadré.
Vous devez alors vous enfuir au plus vite.
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
C’est alors qu’arriva la rumeur que les corps de sept casques bleus de
l’ONU avaient été retrouvés dans des tranchées. Le mercredi 24 mai,
l’équipe de Reuters tomba par hasard sur Miguel à Rogberi Junction.
L’armée avait opéré une percée sur la route menant à Lunsar, près des
mines de diamant, et un officier leur dit qu’ils pouvaient filmer l’avancée.
Les chauffeurs refusèrent d’y aller, et les journalistes prirent le volant,
Kurt conduisant l’équipe de Reuters dans une voiture, Miguel prenant
place dans l’autre. Un lieutenant et d’autres soldats les accompagnèrent
pour les protéger et les aider à franchir les postes de contrôle.
Mark Chisholm, qui était assis à côté de Kurt, dit que les équipes «
rivales » avaient beaucoup de respect l’une pour l’autre et n’aurait pris
aucun risque pour faire la nique à l’autre. Il raconta à Tvnewsweb: «
Tous les quatre, nous avons trouvé que c’était intéressant. Il n’y a pas eu
de discussion. C’était la première fois que nous décidions d’aller au-delà
Kurt Schork dans une tranchée
de la ligne de front, mais nous étions tous satisfaits de cette décision. »
à Vitez (centre de la Bosnie) en
Ils furent pris dans une embuscade après trois kilomètres, sous un
septembre 1993. Il fut tué dans
déluge de balles. Kurt Schork fut atteint par une des premières balles
une embuscade en Sierra Leone
et tué sur le coup. Miguel fut abattu et tué. Quatre soldats moururent
le 24 mai 2000.
dans l’attaque. Mark Chisholm fut blessé à la main en s’échappant de
la voiture. Le photographe de Reuters Yannis Behrakis et lui fuirent
séparément dans la forêt et se cachèrent, aucun des deux ne sachant si
l’autre était encore en vie. Ils furent récupérés par une patrouille de l’armée.
La mort de Kurt Schork et de Miguel Gil Moreno suscitèrent l’angoisse parmi les autres reporters et collègues,
et pas seulement parce que tous deux étaient appréciés et respectés. Les quatre journalistes qui avaient
répondu à cette mission comptaient parmi les plus expérimentés des zones de guerre et si deux d’entre eux
pouvaient mourir, il en allait de même pour tout le monde. Bien sûr, ces décès pouvaient être imputés à la
malchance et aux risques inhérents au métier. Il subsiste toutefois l’impression dérangeante qu’ils avaient
violé leurs propres règles tacites en faisant ce déplacement, même après mûre réflexion. L’équipe de Reuters
y serait peut-être allée de toute façon vu qu’ils étaient trois et qu’on leur avait dit que la route était sûre, mais
Miguel ne se serait sans doute jamais déplacé seul. Parfois, même les meilleurs journalistes ont du mal à
trouver l’équilibre entre l’instinct de survie et l’envie de faire leur boulot.
Mark Chisholm expliqua à TVnewsweb: « À aucun moment, les dirigeants de Reuters ne m’ont demandé
pourquoi nous nous étions engagés sur cette route. Ils savaient que nous étions tous des journalistes
expérimentés et avaient confiance en notre jugement. Ils ont juste demandé ce qu’ils auraient pu faire de plus.
(Sources: site web de Reuters, BBC online, interview de Mark Chisholm pour TVnewsweb - http://www.
ksmemorial.com/chisTVNW.htm - et Peter Maass, « Deadly Competition », in: Brill’s Content, septembre 2000.
L’article de Peter Maass est disponible en ligne à l’adresse www.petermaass.com, dans la section « magazine
articles ».)
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
zone sera une cible active. Pour être efficace, un abri doit arrêter les balles et pas
seulement vous protéger des regards. Un petit arbre, une barrière en bois ou une
La formation a
carcasse de voiture ne vous protégeront pas. Il n’y a que dans les séries policières aidé Snezana
qu’une porte de voiture arrête les balles. La terre excelle dans l’absorption des à rester
balles; c’est pour cette raison qu’on l’utilise pour remplir les « sacs de sable ». Un
trou ou une déclivité dans le terrain vous protégeront contre les regards et contre
calme sous la
les balles. Si des journalistes disposent d’un véhicule blindé, utilisez celui-ci pour pression
vous mettre à l’abri. Si vous devez vous cacher derrière une voiture normale, La correspondante de télévision
essayez de mettre le bloc moteur entre vous et le tireur. Évitez le réservoir. Les Snezana Lupevska participa
murs de briques semblent apporter une certaine protection, mais ils sont de peu au premier cours de formation
d’utilité face aux armes modernes. À l’intérieur d’un bâtiment, cherchez une pièce à la sécurité en Macédoine,
sans murs extérieurs; une salle de bain d’hôtel peut faire l’affaire. organisé par la FIJ et le Centre
Ne sortez pas la tête. Si vous devez regarder, faites-le sur le côté et le plus de la presse macédonienne en
près possible du sol plutôt que par le haut. Même si vous êtes derrière un mur, octobre 2000.
couchez-vous sur le sol et offrez la plus petite zone de visée possible. Quand Quatre mois plus tard, elle se
vous cherchez un abri, évaluez immédiatement votre position et envisagez votre rendit avec une équipe de la
retraite vers un endroit plus sûr. Quand vous en sortez, courez et restez plié. Si chaîne de télévision A1 dans
vous êtes plusieurs, traversez la zone dangereuse à intervalles irréguliers. Ne le village de Tanusevci, à la
bougez pas tous en même temps. Essayez de mettre le terrain, la végétation et frontière avec le Kosovo.
les bâtiments entre vous et le tireur. Gardez vos réserves d’énergie. Si vous êtes Snezana et son équipe furent
épuisé, laissez tomber votre matériel et sauvez votre vie. arrêtés et interrogés par
Si vous vous trouvez dans un bâtiment pris sous le feu, cassez les vitres et des miliciens albanais, dont
évacuez tout ce qui est inutile. Tout ce qui n’est pas fixé au sol volera avec la force certains portaient les insignes
d’une explosion. Si possible, mouillez les matelas et mettez-les contre les murs et de l’Armée de libération du
les portes pour vous protéger contre les balles et les éclats. Gardez l’eau dans des Kosovo.
seaux couverts de sorte à avoir de l’eau propre pour boire et vous laver. Snezana raconte: « Ils étaient
armés, ont tiré en l’air et nous
Le bon sens dans les zones de combats ont encerclés. La chose positive
Savez-vous où sont les combattants? D’où les tirs risquent-ils de venir? est que mon équipe et moi
Relevez votre position et essayez de savoir comment vous sortir d’une situation sommes restés très calmes
d’urgence. et avons essayé de paraître
Ne versez pas dans l’excès de confiance. Connaissez vos propres limites. aussi amicaux que possible et
Assumez la responsabilité de vos propres décisions. Ne vous laissez pas de parler avec les membres de
attirer contre votre instinct dans des situations mortelles par d’autres jour- l’UCK. Heureusement, ils ne
nalistes. s’en sont pas pris à nous.
Se rapprocher ne constitue pas toujours une bonne chose. Pensez à une posi- Le séminaire sur la sécurité
tion plus élevée, plus distante. Les images explicites sont rarement diffusées. nous a été d’une grande aide.
N’emportez jamais de souvenirs. Les mines peuvent être déguisées en toutes C’est malheureusement dans
sortes d’objets attirants. mon pays que j’ai eu l’occasion
Ne portez jamais d’arme, vous perdriez votre statut de civil. de mettre en pratique ce que
Restez propre et gardez un moral élevé. Veillez à votre condition physique. j’avais appris. »
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Des photographes passent devant des voitures et des maisons détruites à Orahovac
DANS LA ZONE DE COMBATS
(Kosovo) après le retrait des rebelles albanais en juillet 1998. Photo: AP / Srdjan
Ne soyez pas trop confiant.
Ilic Respectez vos propres limites.
Assumez la responsabilité de vos
Souvenez-vous que vous pourriez devoir courir pour sauver votre peau. décisions propres.
Soyez conscient du potentiel d’erreur quand vous observez des tirs d’artillerie Plus près n’est pas toujours mieux.
ou des bombardements sur des positions proches. Vous risquez d’être touché Ne portez jamais d’arme.
par les « tirs amis ». Restez propre et gardez le moral.
Si d’autres journalistes commencent à quitter l’endroit, c’est qu’ils sont au Ne vous approchez pas trop des
courant de quelque chose que vous ne savez pas. Faites attention aux civils. bombardements, même s’il s’agit
Si des rues animées se vident soudainement, envisagez une retraite rapide. de « tirs amis ».
Prêtez de l’attention à ce les autres
Après la bataille font.
Si vous vous rendez sur les lieux d’une bataille, sachez qu’il peut y avoir des N’emportez pas de souvenirs de la
mines ou des obus qui n’ont pas explosé et que des bâtiments peuvent être bataille, ils peuvent exploser.
dangereux. Ce qui monte doit nécessairement
Ce qui monte doit nécessairement redescendre. Les miliciens célèbrent redescendre. Faites attention aux
souvent la fin d’une bataille en tirant en l’air. Ces balles redescendent à tirs de joie
une vitesse d’environ 190 km/h. De nombreuses victimes ont été tuées ou Même des détails comme la portée
des fusils sont des informations
blessées après ces célébrations.
utiles et des connaissances de
base essentielles. »
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
caméras couvertes. Les soldats sont de plus en plus conscients des risques d’être
poursuivis pour crimes de guerre et, s’ils se sentent compromis, voudront détru-
ire les preuves et, dans les cas extrêmes, éliminer les témoins, surtout ceux pos-
sédant une caméra ou un magnétophone. Donnez l’impression que vous n’avez
rien vu et éloignez-vous le plus vite possible.
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
mois séparant septembre 2000 d’avril 2002. Ce rapport conclut que 81% des
violations de la liberté de la presse avaient été perpétrées par des Israéliens,
généralement par les FDI. La majorité des journalistes qui en ont été victimes
étaient des Palestiniens. Les autorités palestiniennes se sont elles aussi rendues
coupables de telles violations.
L’IIP a conclu que, depuis le début de la crise en Israël et dans les territoires
occupés le 28 septembre 2000, les journalistes ont été à plusieurs reprises visés,
frappés, arrêtés, menacés et intimidés par les soldats, la police, les politiciens, les
colons et les civils israéliens, ainsi que par la police, les politiciens et les civils
palestiniens. Sur un total de 220 incidents, il y a eu six morts. Des journalistes
et travailleurs des médias ont été blessés par des tirs, des éclats ou des balles en
caoutchouc, et harcelés et physiquement agressés d’autres manières.
Au moins 165 violations de la liberté de la presse ont été perpétrées par les
autorités israéliennes. Douze violations ont été commises par des colons israéliens
et une conjointement par des soldats et des colons. Quinze violations ont été le
fait des autorités palestiniennes, quatre de paramilitaires palestiniens et cinq de
civils palestiniens Cinquante-deux travailleurs des médias palestiniens ont été
agressés, 17 frappés, 29 blessés par balle et 8 autres visés. Sur les six journalistes
tués, six étaient palestiniens et un italien. Quatre d’entre eux ont été abattus par
des Israéliens un par des paramilitaires palestiniens; les responsables du sixième
décès n’ont pas été identifiés.
Le 17 décembre 2001, les FDI ont publié un rapport sur les tirs des soldats
israéliens visant des journalistes. Un seul soldat a été jugé coupable d’avoir tiré
sur un journaliste. Son officier supérieur a fait l’objet d’un blâme. Le rapport ne
s’est intéressé qu’à sept cas, dont aucun ne concernait des journalistes pales-
tiniens.
Le 29 septembre 2000, jour où tombèrent les premières victimes de l’Intifada,
le journaliste indépendant Khaled al-Zeghary fut tabassé par des soldats
israéliens et atteint d’une balle en caoutchouc dans la jambe alors qu’il couvrait les
affrontements sur l’Esplanade des mosquées à Jérusalem. Zeghari raconte: « Je
filmais, couché sur le sol. Soudain, les soldats se sont approchés et ont commencé
à me frapper la tête et les épaules avec des matraques et des bâtons. » Zeghari ne
réalisa pas qu’il avait également été atteint par une balle en caoutchouc jusqu’à ce
que des médecins l’auscultent. Il déclara que c’était la vingtième fois qu’il se faisait
agresser par des soldats israéliens.
Le 21 octobre, Ibrahim Al Husary, travaillant pour la télévision Al Wattan;
Jamal Ismail Al-Arouri, photographe pour l’Agence France Presse (AFP); et
Jacques-Marie Bourget, reporter à Paris Match, furent touchés par un sniper
israélien alors qu’ils couvraient des affrontements à Al Bireh, dans les faubourgs
de Ramallah. Al Husary déclara qu’ils étaient facilement identifiables en tant que
représentants de la presse grâce à leurs caméras. Bourget fut rapatrié en France
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
pour y être opéré. Son éditeur adjoint était formel: « Un homme de 57 ans peut
difficilement être pris pour un lanceur de pierres de 15 ans. »
Le 11 novembre, Yola Monakhov, une photographe américaine travail-
lant pour AP, fut atteinte par des tirs directs de soldats israéliens à Bethléem
(Cisjordanie), qui lui causèrent de graves blessures à la vessie, aux organes
internes et au bassin. Monakhov était avec un petit groupe de jeunes Palestiniens
qui cassaient des pierres pour les lancer avec leur fronde. Quand un soldat israél-
ien apparut et les visa, Monakhov s’enfuit avec les jeunes, qui s’abritèrent dans
un petit recoin. Son sac à dos l’empêcha de se mettre complètement à l’abri. Au
début, l’armée nia avoir tiré sur une journaliste mais elle présenta par après ses
excuses à Monakhov. Le rapport officiel établit que le soldat avait violé les règles
d’engagement des FDI mais n’avait pas visé intentionnellement la journaliste.
Le 12 novembre 2000, des soldats israéliens arrêtèrent le caméraman de
Reuters Mazen Dana près de la colonie juive de Kiryat Arba, et l’empêchèrent
de pénétrer dans Hébron. Dana voyageait avec Mary Robinson, la Haute com-
missaire des Nations unies aux droits de l’homme. À la suite des protestations
de Mme Robinson, Dana fut autorisé à poursuivre sa route. Des colons juifs
attaquèrent la voiture de Dana à l’aide de pierres et de barres de métal. Le jour-
naliste fut emmené au poste de police local et interrogé.
Les autorités palestiniennes se sont elles aussi rendues coupables de harcèle-
ment et de menaces à l’encontre de journalistes. Le 12 octobre 2000 à Ramallah
(Cisjordanie), une équipe de la télévision italienne RAI filma l’assassinat de deux
Israéliens par des civils palestiniens qui avaient pris d’assaut un commissariat de
police. L’Autorité nationale palestinienne (ANP) tenta de confisquer la bande,
frappant le caméraman et agressant les membres de l’équipe. La RAI retira son
personnel du Moyen-Orient après avoir reçu des menaces.
Le 15 novembre, les forces de sécurité palestiniennes débarquèrent dans les
locaux de la chaîne de télévision Al-Roa, basée à Bethléem, tabassèrent le direct-
eur Hamdi Farraj et menacèrent de tuer les membres du personnel. Les militaires
fermèrent les portes de la station et confisquèrent les clés. La chaîne fut frappée
d’une interdiction d’émettre mais put reprendre ses émissions plus tard. En jan-
vier 2001, l’ANP arrêta Majdi al-Arbid, un caméraman possédant une société de
production dans la Bande de Gaza, en relation avec la diffusion d’images d’une
exécution menée par l’ANP sur Channel 2, une télévision israélienne.
Le 17 janvier 2001, des tueurs masqués abattirent dans la Bande de Gaza
Hisham Mekki, le directeur de la radiotélévision publique palestinienne et mem-
bre du Fatah. Les Brigades palestiniennes Al Aqsa revendiquèrent l’assassinat.
Tout au long de 2001 et de 2002, la majorité des attaques contre des médias
continuèrent à être l’œuvre des FDI. Le 28 janvier 2001, le caméraman Ashraf
Kutkut et les journalistes Mas’adah Uthman et Duha Al Shami, travaillant pour
Al Wattan, furent attaqués par les troupes israéliennes à Ein Kenia, un village
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CHAPTER 2
Les zones de guerre et de conflit
situé près de Ramallah, et ce, bien qu’ils étaient tous en possession de cartes de
Un indépendant
presse valables. Al Shami fut frappé et les caméras et cassettes rendues unique-
ne peut pas se ment après avoir été contrôlées par les autorités israéliennes.
payer un gilet Khalid Jahshan, un photographe de la télévision palestinienne; Husam Abu-
Allan, un photographe de l’AFP, et Lu’ay Abu-Haykal, un photogrape de Reuters
pare-balles ou furent passés à tabac par des soldats israéliens alors qu’ils couvraient les affron-
une assurance tements entre des jeunes Palestiniens et les FDI à Hébron le 11 février. Quand
Roddy Scott, un journaliste les journalistes essayèrent de se défendre, un soldat israélien asséna un coup de
indépendant travaillant pour crosse à l’un d’entre eux, tandis qu’un autre pointa son canon sur la tête d’un
Frontline Television News, fut tué journaliste. Leurs cartes d’identité furent temporairement confisquées.
alors qu’il tournait un film sur la Al-Jazira, la chaîne de télévision qatariote, est fort regardée par les Palestiniens
guerre pour l’indépendance de la en Cisjordanie, à Gaza et en Israël. Ses envoyés ont été harcelés tant par les
Tchétchénie. autorités israéliennes que par les autorités palestiniennes. En décembre 2001, son
Il était en train de filmer des correspondant Saif Shahin fut passé à tabac par les forces de sécurité palestini-
combats entre les forces ennes à la sortie de son bureau à Gaza. En mars 2002, les bureaux d’Al-Jazira à
tchétchènes et russes en Ramallah furent la cible des tirs de mitrailleuse d’un char israélien peu après que
Ingouchie en septembre 2000 des correspondants eurent terminé l’interview d’un ministre palestinien.
quand il mourut. Le 20 avril, des troupes israéliennes touchèrent Laila Odeh, responsable du
Scott, 31 ans, travaillant en tant bureau local de la télévision d’Abu Dhabi, à la jambe, pendant que son équipe
que freelance sur un projet à tournait dans le camp de réfugiés de Rafah à Gaza. Odeh s’identifia en tant que
long terme sur la campagne en journaliste auprès des soldats israéliens tout proches et quitta immédiatement
Tchétchénie. la zone quand elle en reçut l’ordre. Elle fut blessée alors qu’elle s’en allait. Après
Dans un article pour Guardian avoir essuyé des critiques, l’armée israélienne déclara que « la présence de jour-
Media, Vaughan Smith, le nalistes parmi les émeutiers et à des points de friction constitue un danger pour
directeur de Frontline, écrivit que leur bien-être ».
les indépendants comme Roddy Le journaliste de la télévision française TF1 Bertrand Aguirre fut touché
passaient des mois à tourner alors qu’il couvrait des affrontements près de Ramallah (Cisjordanie) le 15 mai,
des films à leurs propres frais. « en compagnie d’un groupe de caméramans. Des images tournées par la télévi-
Roddy a dû attendre un paiement sion AP montrèrent un garde-frontière israélien, la cigarette pendante, sauter
de 500 livres avant de pouvoir d’une jeep vert foncé, pointer calmement son M-16 en direction des équipes de
faire ce voyage, et ne possédait télévision et tirer un seul coup. « Si je n’avais pas porté cette veste, je serais mort
ni assurance ni gilet pare-balles. », déclara Aguirre par la suite. La police israélienne décida de ne pas entamer de
Roddy a évalué lui-même mes poursuites, « par manque de preuves ».
risques et décidé que cela valait En juillet 2001, les autorités militaires israéliennes ordonnèrent aux offi-
la peine de les courir. Il pensait ciers supérieurs de protéger les journalistes couvrant les combats de rue en
que les médias internationaux Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Quelques jours plus tard, des soldats
manquaient à leurs obligations israéliens attaquèrent sept journalistes observant des affrontements après qu’un
en ne prenant pas les risques groupe religieux juif eut voulu gravir le Mont du Temple, appelé « Esplanade
nécessaires pour couvrir les des mosquées » par les musulmans. Le photographe de Reuters Ammar Awad
événements de Tchétchénie. » déclara qu’un soldat lui avait donné un coup de pied dans les dents et avait con-
tinué à l’attaquer après qu’il se fut enfui.
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Les zones de guerre et de conflit
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Chapitre 3
Les émeutes et troubles civils
QUELQUES TRUCS DE
Chapitre 3
SURVIE
Portez votre carte de presse...
mais ne la montrez que si cela
n’implique pas de risques.
Réglez votre téléphone portable
pour pouvoir appeler rapidement
Les émeutes et troubles
un numéro d’urgence.
Ne vous mettez pas dans le vent
si des gaz lacrymogènes sont
civils
utilisés.
Emportez une serviette humide,
de l’eau et quelques agrumes.
L
Portez des lunettes de sécurité.
Portez des vêtements de
es émeutes, les troubles civils violents et même les manifestations dans
protection si l’usage d’armes à feu le centre de votre ville peuvent être aussi dangereux qu’une zone de
n’est pas exclu. combats. Certains événements sont imprévisibles, les risques ne sau-
Emportez des kits de secours... et tent pas aux yeux et la situation peut dégénérer à une vitesse effrayante. Même
apprenez comment les utiliser.
Portez des vêtements amples en
une foule tranquille peut devenir dangereuse quand les individus qui la com-
fibres naturelles. posent prennent peur ou sont frustrés. Les manifestations pacifiques peuvent
Couvrez vos bras, vos jambes et rapidement se transformer en émeutes. En présence d’un conflit ethnique ou
votre cou. d’une communauté divisée, les journalistes doivent être au courant des zones
Emportez de la nourriture et de
l’eau pour un jour.
sûres et peu sûres et connaître les comportements adaptés et à éviter. Les cam-
pagnes de terreur impliquent souvent des cibles civiles, et visent dans certains
pays les médias et les journalistes. Les caméramans, reporters et photographes
couvrant des attentats terroristes doivent être conscients des risques immédi-
ats de représailles ou d’attaques secondaires sur les lieux du premier attentat.
Le but du journaliste est le même dans ces situations que dans les zones de
guerre: assurer une bonne couverture des faits en prenant des risques minimes.
Les mêmes principes de planification et de maintien du contrôle s’appliquent.
Ce sont les équipes plongées dans des situations où elles ne sont pas au courant
Paul Banoti, de l’agence de presse des endroits à fréquenter ou non, des dangers préalables et de la mesure dans
Public Media Center (San Francisco), laquelle elles peuvent devenir une cible qui courent les plus grands risques.
explique à des collègues journalistes à Les journalistes peuvent également courir des risques supplémentaires si leur
Lima (Pérou) comment il a été blessé. organisation est aux yeux des personnes impliquées dans les troubles civils,
Banoti couvrait une manifestation con- assimilée à l’une ou l’autre partie du conflit. Il est parfois judicieux de remplacer
tre le gouvernement en juillet 2000 les autocollants ou logos qui les identifient comme étant d’une société ou d’une
quand il fut atteint à l’œil par une autre.
grenade de gaz lacrymogène. Des mil- Les forces de sécurité et la police affirment souvent que la présence de
liers de manifestants affrontèrent la caméras crée ou aggrave les émeutes, et essaient donc d’empêcher de filmer
police lors d’émeutes qui firent au moins leurs activités. Les journalistes peuvent devenir la cible des émeutiers ou de la
six victimes. Banoti pense que la police police si ces derniers pensent que la couverture des événements peut les identi-
anti-émeutes l’a visé délibérément parce fier en tant que responsables de la violence. Les photographes et caméramans
qu’il n’y avait pas de manifestants près courent des risques accrus si les participants à une émeute croient que leurs
de lui lors du tir. Photo: Reuters / Pilar images seront transmises à la police.
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Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
Ailleurs, elle éclatera quand la police décidera de disperser les manifestants par
la force. Aucun des deux côtés ne lancera beaucoup d’avertissements. Les forces
de sécurité peuvent passer très rapidement des matraques et boucliers aux gaz
lacrymogènes et balles en caoutchouc, voire aux balles réelles. Si vous être pris
dans une masse, il peut être difficile de retrouver rapidement vos collègues et
de vous mettre à l’abri.
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Chapitre 3
Les émeutes et troubles civils
UN PHOTOGRAPHE
TUÉ DANS DES L’émeute a échappé à tout
AFFRONTEMENTS AU
VENEZUELA contrôle... On commençait à
Jorge Tortoza, 48 ans, fut touché
par des tirs et tué alors qu’il prenait
des photos des affrontements
avoir du mal à respirer
qui agitèrent Caracas lors de la
crise politique d’avril 2002. Bien
Ram Ramgopal était le producteur d’une équipe
que portant une veste de presse, de télévision couvrant les émeutes à Ahmedabad
Tortoza fut abattu par des tireurs
postés sur les toits des bâtiments « À 22 h 30, nous avons reçu un appel disant qu’une émeute venait
des alentours, qui faisaient sans d’éclater à Gomtipur. Quatre d’entre nous, le caméraman, le producteur, le
doute partie des forces de sécurité. correspondant et le preneur de son, sont montés dans la voiture, portant
leurs protections personnelles et des casques de style militaire. La police et
UN ÉTUDIANT EN la police d’État étaient déjà là, de même que la force d’action rapide.
JOURNALISTE TUÉ LORS Nous nous sommes installés au milieu d’une petite zone proche du
D’UNE MANIFESTATION commissariat de police et de la caserne des pompiers, émaillée de ruelles.
Jimmy Higenyi, un étudiant en Aussi longtemps que nous sommes restés ensemble, nous nous sentions
journalisme, fut tué lorsque la police relativement en sécurité. L’émeute se déroulait face à nous, et derrière
ougandaise ouvrit le feu sur une nous se trouvait la place principale de la ville. Les vrais problèmes ont
manifestation qu’il couvrait dans le commencé quand l’émeute a échappé à tout contrôle et que la police s’est
cadre de ses cours.
mise à utiliser des gaz lacrymogènes. Nous avons commencé à avoir du
Ses maîtres de stage de United
mal à respirer.
Media Consultants et ses
professeurs l’avaient envoyé relater Nous avions laissé les serviettes et l’eau dans la voiture, et j’ai dit que
une manifestation organisée par je ferais le kilomètre qui nous en séparait et les ramènerais. Il n’y avait
le Congrès du peuple ougandais à pas d’éclairage. Tous les 50 mètres, on trouvait un poste de police. Une
Kampala le 12 janvier 2002. patrouille en voiture s’est approchée mais a dû rebrousser chemin sous les
Le gouvernement avait interdit la jets de pierres. J’ai réalisé que j’avançais trop lentement et je me suis mis
manifestation et la police fit feu
à courir. J’ai réalisé que j’avançais trop lentement et je me suis mis à courir.
sur la foule qui s’était rassemblée.
J’ai été atteint par une pierre. J’étais blessé superficiellement.
Jimmy fut touché et tué sur le coup.
Source: Committee to Protect Journalists J’étais coupé et gonflé. J’ai dit au chauffeur d’avancer mais il hésitait. Des
(CPJ) manifestants jetaient des bouteilles d’acide. Nous nous sommes frayé un
chemin et avons rejoint les autres.
Par après, je me suis dit que nous devions tous toujours avoir notre kit de
IMPROVISEZ
Un magazine ou un journal secours sur nous, que nous devions emporter de l’eau pour supporter les
peut être inséré sous un pull gaz lacrymogènes et ainsi ne pas devoir nous séparer. Mon journaliste avait
pour faire un gilet de fortune vraiment des haut-le-cœur.
protégeant contre les coups de En tant que jeune père, je me suis demandé si tout cela en valait la peine.
poignard. »
Une casquette de baseball dure
peut protéger votre tête.
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Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
La planification
Quand vous couvrez un événement planifié, comme une manifestation, récoltez J’aurais dû me
des renseignements à l’avance sur les mouvements de foule probables, les retirer plus tôt...
points chauds et les routes sûres. Reconnaissez les lieux afin de sélectionner les
points intéressants et une voie d’issue alternative. Savoir où des gens apparte-
nant à des communautés ethniques ou religieuses différentes habitent peut
aider à déterminer votre route.
Gary
Si votre équipe se sépare, convenez de points et d’heures de rassemblement Thomas
et essayez d’avoir un moyen de communication direct. couvrit des
Portez un moyen vous identifiant comme étant de la presse. Cependant, si émeutes à
vous pensez qu’elle peut attirer une attention indésirable, cachez-le.
Peshawar
Portez un téléphone cellulaire dont le numéro d’appel rapide sert à con-
tacter les services de secours en cas d’urgence. « J’étais le seul journaliste
Si des gaz lacrymogènes risquent d’être utilisés, placez-vous hors du vent et
sur place et les rues étaient
ayez une serviette humide et de l’eau à votre disposition pour vous couvrir
noires de monde. La foule
le visage. Si vous ne pouvez pas porter un masque à gaz, un agrume (par
s’est approché de moi à toute
exemple, un citron ou un citron vert) pressé sur la zone touchée aidera à
allure. Ils ont commencé
neutraliser l’effet des agents irritants.
à hurler dans le micro et à
Ayez également un moyen d’extinction des flammes si vous êtes touché par
me pousser et à me donner
de l’essence provenant d’un cocktail Molotov.
des coups de poing et de
Si l’usage de gaz lacrymogènes n’est pas exclu, emportez une protection
oculaire. Des lunettes de plongée ou de soudeur devraient faire l’affaire. pied. Je portais une veste
Si des armes à feu sont susceptibles d’être utilisées, portez les mêmes vête- de photographe; elle était en
ments de protection que dans les zones de guerre. lambeaux.
Emportez un kit de secours et sachez comment l’utiliser. Deux personnes m’ont extirpé
Portez des vêtements amples en fibres naturelles, qui ne brûlent pas aussi de la foule et m’ont dit de courir.
vite que des matériaux synthétiques. Ces deux-là m’ont sauvé la vie.
Portez des manches longues, un long pantalon et un col relevé. Cela J’aurais dû me retirer plus tôt.
diminuera les zones d’exposition aux effets des agents irritants des gaz Quand les manifestants se
lacrymogènes. sont approchés de moi, j’ai
Portez un petit sac à dos contenant assez de nourriture, d’eau et de matériel commencé à enregistrer et
pour tenir au moins une journée au cas où les troubles s’étendraient et où je n’avais pas de plan pour
vous rencontreriez des difficultés à retourner à votre bureau. m’échapper. Nous ne devons
pas prendre les mêmes
Le placement risques que les caméramans.
Réfléchissez à la manière de placer les caméras et les reporters afin d’avoir une On peut très bien être hors
vue globale de la scène. Une position plus élevée est préférable. Essayez égale- de vue et obtenir un son plus
ment d’avoir plusieurs voies d’issue. Si vous filmez, cela peut constituer un désa- qu’acceptable. »
vantage positif de vous mêler à la foule et d’être trop proche de l’action. Si vous
ne filmez pas et ne prenez pas de photos, vous n’avez nul besoin d’être dans la
foule pour autant que vous voyiez clairement ce qui se passe et captiez le son.
47
Chapitre 3
Les émeutes et troubles civils
Vous pouvez interviewer des participants avant et après l’événement, mais vous
Même les devez avoir une vision d’ensemble de ce qui se passe pendant l’événement.
rassemblements
pacifiques peuvent Pendant l’événement
être dangereux Si vous faites partie d’une équipe, travaillez ensemble. Restez groupés ou
Le correspondant
retirez-vous en groupe. Il vaut mieux reculer trop tôt que trop tard. Si
de Newsweek
vous travaillez seul, assurez-vous que vous avez de bons moyens de com-
Babak
munication avec quelqu’un qui peut vous aider si nécessaire. Réglez votre
ehghanpisheh
téléphone de sorte que la touche de rappel serve à contacter une source
couvrait l’arrivée de
d’aide immédiate.
réfugiés à Maslakh
Essayez de garder à l’esprit la carte des voies d’issue, des endroits principaux,
(Afghanistan) en
de l’emplacement des postes de police et de l’hôpital le plus proche; à l’occasion,
novembre 2001.
arrêtez-vous et vérifiez que ces informations sont toujours fraîches.
Si vous craignez que votre bande ou votre pellicule ne soient saisies, ayez
dans votre poche un film ou une cassette exposés et cachez le matériel utilisé le
« Il faisait froid et les gens plus vite possible quand vous le sortez de l’appareil. Si vous utilisez un équipe-
cherchaient désespérément de ment numérique, ayez à votre disposition un disque ou une carte mémoire
l’eau. De nouveaux réfugiés factices au cas où vous devriez en remettre un. Dans les situations à haut risque,
arrivaient chaque jour. La plupart regroupez-vous avec un autre photographe de sorte à pouvoir veiller l’un sur
des organisations d’aide n’étaient l’autre. Vous êtes peut-être des concurrents, mais vous restez avant tout des
pas encore revenues. J’avais été confrères.
séparé des autres journalistes. Si vous travaillez seul, que ce soit comme reporter ou comme photographe,
Je parlais aux gens dans la foule. essayez de rester attentif au moment où vous devenez le centre d’intérêt d’une
Comme je parle farsi, ils pouvaient foule et plus seulement un de ses composants. Vous pouvez courir des risques
me raconter leur histoire. La foule même si la foule n’est pas hostile. Ne soyez pas tenté de prendre des risques
est alors devenue agressive et a déraisonnables juste pour obtenir les mêmes images que quelqu’un d’autre.
commencé à tirer mes vêtements.
J’ai pris peur. Les gardes ont Après l’événement
repoussé la foule à coups de Organisez un débriefing à la rédaction afin de tirer les leçons en vue de la
crosse. Après une demi-heure, prochaine occasion.
j’ai enfin pu rejoindre ma voiture. Protégez l’intégrité de votre matériel. Quelle est la législation en vigueur
J’étais vraiment effrayé et dans votre pays sur le droit des forces de sécurité de vous demander vos pelli-
physiquement vidé. cules et vos cassettes? Vous devez comprendre les implications légales de votre
J’aurais dû rester plus près de la travail de journaliste dans la zone, la région ou le pays où vous vous trouvez.
voiture et essayer de demander Quelle est la politique de votre organisation? S’il n’est pas possible de protéger
aux gens de venir me parler le matériel dans le pays même, est-il possible d’instaurer un système permet-
là. J’aurais dû me mettre en tant de conserver les images de troubles civils dans un autre pays?
contact avec les ONG et leur Rappelez-vous que votre capacité à faire votre travail en toute sécurité sera
demander d’amener quelqu’un affectée si la police a accès à votre matériel après une manifestation ou des trou-
à la voiture. » bles civils. Vous courrez de grands risques si les parties impliquées dans une
émeute voient en vous un acteur du processus de collecte de preuves.
48
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
La connaissance
est la meilleure
protection possible!
En 2001, Peter
Williams couvrit les
émeutes qui secouèrent
Bradford (Royaume-Uni)
pour CNN.
« Nous sommes arrivés à Bradford
après que l’émeute eut quitté le
centre-ville. Nous devions décider
tard le soir, dans le noir, si nous
allions quitter les sentiers battus.
En tant que caméraman, vous
voulez toujours obtenir des images
intéressantes et ne pas rentrer
les mains vides. Nous sommes
arrivés dans un quartier où les
Le photographe indépendant Juan Castillo fut roué de coups et se vit confisquer son émeutiers étaient en train de piller
matériel par la police anti-émeutes alors qu’il couvrait une manifestation à Mexico le un magasin. Nous avons décidé
11 décembre 1999. Des étudiants demandaient la libération de contestataires arrêtés ensemble qu’il serait risqué de
lors du sommet de l’Organisation mondiale du commerce de Seattle. La foule lança nous approcher. Je pense que
des pierres et des fusées, ce qui déboucha sur des affrontements avec la police anti- c’était la bonne décision.
émeutes dans le district de Zona Rosa. Au moins trois photographes furent blessés par Je regarde toujours derrière moi
des pierres ou par la police et 40 personnes furent arrêtées. Photo: AP /David de la pour voir d’où je suis venu et
Paz savoir par où m’enfuir en cas de
Les attentats terroristes nécessité. Si vous vous retrouvez
Les journalistes sont autant exposés que les civils aux attentats terroristes, en pleine émeute, vous n’avez
mais ils courent plus de risques si les bureaux des médias et les membres du pas envie de vous perdre!
personnel deviennent eux-mêmes la cible des bombes ou des tirs. La présence Le cours sur la sécurité
sur les lieux d’un assassinat ou d’un attentat à la bombe entraîne également des m’a fait réfléchir à bien des
risques. Les foules vindicatives peuvent se retourner contre les photographes choses. J’ai ainsi appris que la
et caméramans parce qu’elles les croient insensibles ou veulent empêcher les connaissance est la meilleure
auteurs de bénéficier de publicité. Parfois, un incident initial est créé pour que protection possible. Plus on
des policiers ou des militaires se rassemblent et tombent dans une embuscade. organise de briefings et plus
Une bombe peut être actionnée, faisant arriver les services d’urgence, et être on entre en contact avec des
suivie d’une explosion plus importante. Tous ceux qui opèrent derrière les cor- gens, plus on garde le contrôle
dons de police, qu’il s’agisse d’officiers de police, de médecins ou de journalistes, de la situation. »
courent le risque d’être blessés ou tués dans un attentat secondaire.
49
Chapitre 3
Les émeutes et troubles civils
50
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
Chapitre 4
Les enlèvements, les
prises d’otages et
les actes visant les
journalistes
L
es enlèvements sont des événements relativement rares mais
dramatiques et traumatisants. La plupart sont à court terme
et ne durent que quelques heures, et la majorité des personnes
kidnappées survivent à l’expérience. Être pris en otage est un événe-
ment effrayant et très dangereux dans lequel vous perdrez le contrôle Nebojsa Radosevic, reporter pour
de votre personne et de votre avenir. Une fois qu’il vous a pris en otage, l’agence de presse nationale yougo-
votre ravisseur peut physiquement vous faire ce qu’il veut. Environ 80% slave Tanjug, entouré par les miliciens
des otages sont libérés sains et saufs mais en tant qu’otage, vous risquez cagoulés de l’Armée de libération du
d’être mis en marge du processus de négociation et de voir dépendre votre Kosovo (UCK) avant sa libération dans
sécurité dépendre des autres. Le niveau de violence suivant les enlève- le village de Dragobilj le 27 novembre
ments est probablement en hausse. 1998. Radosevic était un des deux
Ce chapitre se penche sur ce que les journalistes peuvent faire pour journalistes serbes enlevés et ensuite
réduire le risque d’être enlevés et pour augmenter leurs chances de sur- relâchés en guise de « geste de bonne
vie en cas d’enlèvement. Certains conseils relatifs à la conservation de volonté ».
l’espoir et de la dignité lors d’un enlèvement s’appliquent également lors Photo: Reuters / Oleg Popov
de la détention par l’armée ou la police, fait relativement courant dans les LES MOTIVATIONS DES
pays où la liberté de presse est marginalisée voire inexistante. PRISES D’OTAGES
Des personnes sont prises en
Les motivations des prises d’otages otage:
Des gens sont pris en otages pour les raisons suivantes: parce qu’elles peuvent induire un
profit politique,
Profit politique
parce qu’elles peuvent induire un
L’enlèvement d’un journaliste renommé ou d’une personne travaillant profit économique,
pour une société de médias de premier plan procure une excellente public- par vengeance,
ité. Les kidnappeurs peuvent alors demander la libération de prisonniers pour servir de police d’assurance,
liés à leur cause. ou
à cause d’une confusion
d’identité.
51
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
Profit économique
Les kidnappeurs peuvent enlever un journaliste employé par une organi-
sation ou appartenant à une famille qu’ils croient susceptible de payer de
fortes sommes d’argent pour assurer sa libération.
Vengeance
Vous êtes associé à un pays ou un groupe considéré par les ravis-
seurs comme un ennemi. Négocier votre libération n’est peut-être pas
l’intention de vos ravisseurs.
Assurance
Les ravisseurs vous enlèvent pour garantir la sécurité de leur retraite ou
pendant une période de tension ou de négociation.
Confusion d’identité
Les ravisseurs vous enlèvent par erreur ou parce qu’ils pensent à tort que
vous entrez dans une des catégories précitées.
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Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
53
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
LES INTERVIEWS RISQUÉES de votre ravisseur. En cas d’attaque surprise, le succès de l’entreprise du
Évaluez les risques avec un ravisseur dépend de la surprise et de la non-préparation de sa cible. Crier
collègue, en tenant compte: augmentera votre niveau d’adrénaline, ce qui permet de mieux résister.
du passé de la personne à Résister implique évidemment des risques, mais les risques courus ne
interviewer, diminuent pas une fois que vous avez été enlevé.
de l’étroitesse de vos liens avec
votre contact, L’enlèvement par étapes
de la raison qui vous a fait Cependant, un enlèvement n’est pas toujours un événement soudain et
choisir pour l’interview. violent dans lequel il est manifeste que vous êtes emmené quelque part
Ne soyez pas tenté de prendre des contre votre volonté. Bien des enlèvements sont d’un type différent, où la
risques inconsidérés. psychologie du journaliste est utilisée pour le piéger. C’est peut-être ce
qui est arrivé à Daniel Pearl, le reporter du Wall Street Journal enlevé et
assassiné au Pakistan début 2002.
Le journaliste s’est peut-être vu proposer une interview très intéres-
sante et offrir un accès sûr à un dirigeant de la guérilla ou à une personne
recherchée par la police. Les arrangements peuvent être complexes et
faire l’objet de nombreux changements, « pour des raisons de sécurité ».
Un journaliste se sentira relativement en sécurité aussi longtemps qu’il
sera avec un intermédiaire en qui il a confiance et entendra des promesses
de bonne conduite. Ensuite, l’intermédiaire remet le journaliste à un «
ami », avec une explication plausible, éventuellement quand ils changent
de voiture. Le journaliste est maintenant dans une voiture avec des gens
qu’il ne connaît pas, dans un endroit inconnu et à destination d’un lieu
qu’il ne peut que supposer. Il a perdu tout contrôle de la situation et son
sort - enlèvement ou retour à bon port - n’est plus qu’une question de
chance.
Personne ne peut juger pour vous. C’est vous qui devez mettre en
balance l’envie d’obtenir l’interview et les risques. Un journaliste qui ne
prend aucun risque n’accomplira qu’un travail de routine et ne décro-
chera jamais l’interview qu’il recherche. Il est toutefois ridicule d’insister
en partant du principe que vous ne risquez pas d’être enlevé. Parmi les
choses dont vous devez tenir compte, citons:
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Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
55
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
56
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
La faculté de contrôle
psychologique de Shampsa
lui sauve la vie
Ses ravisseurs avaient sans doute
remarqué la caméra et le carnet de
Shampsa Paybuck
notes de Shampsa Paybuck alors
travaillait pour BBC World
qu’elle marchait le long de la route Service en Somalie. Trois
avec son oncle et la famille de mois après avoir participé à
celui-ci. Ils l’appelèrent par son nom un cours de formation à la
et commencèrent à la tirer par les sécurité, elle fut enlevée...
cheveux. Quand des membres de sa
famille tentèrent d’intervenir, ils furent
repoussés, frappés et reçurent des
coups de crosse.
Shampsa fut amenée près de l’eau
et forcée à s’agenouiller, la tête dans un sac plastique. Elle avait du mal
à respirer et le sac était sale et sentait mauvais. Son oncle et sa sœur
essayèrent de la libérer, mais furent repoussés. Les autres personnes
présentes avaient peur d’être impliquées. Shampsa entendait ses
ravisseurs - mécontents d’un de ses articles - crier: « Violons-la! »
La formation qu’elle avait suivie avait couvert ce genre de situation.
Les instructeurs lui avaient conseillé de rester calme et de ne rien faire
pour s’opposer à ses ravisseurs. Elle essaya de contrôler sa respiration
tandis que ses ravisseurs discutaient pour savoir s’ils allaient la tuer ou
la violer. Le « procès » dura une heure et quart, au cours desquelles elle
se demanda si elle reverrait sa famille.
Puis, quelqu’un dit: « Nous devons la laisser partir. ». Quand ils
retirèrent le sac de sa tête, elle remplaça dans son esprit les visages
hostiles par ceux, amicaux, des instructeurs, de sorte à tenir le coup si
elle voyait un fusil pointé sur elle et de réagir calmement.
Ses ravisseurs lui prirent tout son matériel mais la libérèrent.
Plus tard, Shampsa retourna au cours Centurion sur la sécurité et relata
son expérience. Elle dit aux autres journalistes que sa formation lui avait
permis de penser à la manière de réagir à la situation et que cela avait
contribué à lui sauver sa lie.
Source: Centurion Risk Assessment Services (où Shampsa Paybuck suivit sa formation).
57
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
58
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
en cours, elles peuvent durer. Vos ravisseurs peuvent faire preuve de Un journaliste
faux optimisme ou jouer avec vous. Comportez-vous comme si vous récompensé
alliez rester captif pendant longtemps. Cela vous aidera à mainte-
nir l’autodiscipline et à atténuer les déceptions. Étouffer les faux
assassiné au
espoirs est une des manières les plus rapides de briser la volonté de Brésil
quelqu’un. Le célèbre journaliste brésilien
Tim Lopes fut enlevé et
Une évasion? assassiné alors qu’il enquêtait
sur la criminalité liée au trafic
Devez-vous essayer de vous évader? Si vos ravisseurs sont compétents,
de stupéfiants à Rio de Janeiro.
ils prendront leurs dispositions pour vous en dissuader. Toute tentative
Son corps fut retrouvé dans
de votre part échouera sauf si des facteurs extérieurs interviennent ou si une grotte près de Vila do
vous pouvez profiter de l’effet de surprise. La question de savoir si vous Cruzeiro, un faubourg de
devez tenter une évasion dépend de votre condition physique, de votre Rio. Lopes avait été blessé
force mentale et des circonstances. Si vous êtes en bonne forme physique, par balle, torturé et tué à la
vous devez toujours chercher les failles dans le dispositif d’incarcération. machette.
Sachez toutefois qu’une tentative manquée peut aggraver vos conditions Lopes, reporter pour TV
de détention. D’un autre côté, si vous vous sentez en grand danger, vous Globo, enquêtait sur la vente
n’avez rien à perdre. Les signes indiquant que vous êtes en péril peuvent de drogues aux mineurs. Il
être les suivants: disparut le 2 juin 2002.
Des articles de presse dirent
d’autres otages, peut-être employés par des organisations différentes,
que Lopes avait été kidnappé et
sont libérés, mais aucun signe ne laisse penser que votre libération est
amené chez un trafiquant local.
imminente; Ses ravisseurs le frappèrent
vos gardiens adoptent une attitude différente vis-à-vis de vous, vous et lui tirèrent une balle dans
traitant de plus en plus durement et vous « déshumanisant »; le pied pour l’empêcher de
vos ravisseurs cessent de vous nourrir et votre état physique se détéri- s’enfuir.
ore. Il fut condamné à mort après
Des gens se sont échappés quand l’attention de leurs ravisseurs s’est un semblant de « procès ». Le
détournée, notamment lors d’une attaque. Si vous êtes plusieurs à être trafiquant aurait tué Lopes avec
détenus, il est évidemment important de vous accorder sur une stratégie une machette avant de brûler
d’évasion. Si vous estimez que votre vie est en péril et décidez de tenter et de larguer son corps. Au
moment où le présent ouvrage
de vous évader, tenez-vous à cette stratégie jusqu’au bout de vos forces.
était mis sous presse, le
Gardez à l’esprit que si vous avez été détenu dans un endroit confiné, vous
trafiquant attendait son procès.
aurez du mal à courir et votre endurance sera moindre. Si vous parvenez
En décembre 2001, Lopes
à vous échapper de votre prison immédiate, les options qui s’offrent à avait reçu une prestigieuse
vous consistent soit à vous diriger vers le lieu fréquenté le plus proche et récompense pour un reportage
faire le plus de bruit possible, soit à vous cacher et à assurer petit à petit passé sur TV Globo, filmé avec
votre sécurité. Le choix dépendra de l’environnement dans lequel vous une caméra cachée, sur le
êtes détenu. trafic de stupéfiants.
Source: IFJ
Les actes visant les journalistes
Les journalistes peuvent être visés dans le feu de l’action ou, comme
59
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
Au fil des vingt-cinq dernières années, j’ai toutefois assisté à la lente et douloureuse érosion du respect pour notre
travail. Généralement, nous risquions notre vie pendant les guerres - c’est toujours le cas - mais les journalistes
étaient rarement des cibles délibérées. Nous étions les témoins impartiaux des conflits, souvent les seuls témoins, les
premiers à écrire l’histoire. Même les milices les plus violentes le comprenaient. « Protégez-le, prenez soin de lui, c’est
un journaliste », ordonna un combattant palestinien quand je pénétrai en 1983 dans la ville libanaise de Bhamdoun en
flammes.
Mais au Liban, en Algérie et ensuite en Bosnie, cette protection commença à se désintégrer. Des journalistes furent
enlevés à Beyrouth - Terry Anderson, d’Associated Press, fut détenu pendant près de sept ans -, tandis que des
collègues algériens furent chassés et décapités par des groupuscules islamistes tout au long des années 1990. Olivier
Quemener, un caméraman français, fut cruellement abattu dans la Casbah d’Alger alors que son collègue blessé
pleurait à ses côtés. À Sarajevo, apposer des autocollants « TV » sur votre voiture était plus une invitation lancée aux
snipers serbes de tirer sur des journalistes qu’une (forme de) protection.
Où avons-nous commis l’erreur? Je pense que tout débuta au Vietnam. Pendant des décennies, les reporters
s’identifièrent à des armées. Lors des deux guerres mondiales, les journalistes travaillèrent en uniforme. Être largué
derrière les lignes ennemies avec des commandos américains ne protégeait pas le journaliste d’Associated Press des
balles nazies, mais il s’agissait de pays en conflit ouvert, de reporters dont les pays s’étaient officiellement déclaré la
guerre. Le port d’un uniforme autorisait les journalistes à revendiquer l’application de la Convention de Genève; avec
des vêtements civils, ils pouvaient être fusillés comme des espions. C’est au Vietnam que les reporters commencèrent
à porter des uniformes et des armes - et à utiliser ces armes contre les ennemis de l’Amérique - et ce, même si leur
pays n’était pas officiellement en guerre et même s’ils auraient pu accomplir leur devoir sans cela. Au Vietnam, des
journalistes furent assassinés parce qu’ils étaient journalistes.
60
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
Cette étrange habitude des journalistes de faire partie de l’histoire, de jouer un rôle presque théâtral dans les guerres se
répandit lentement. Quand les Palestiniens évacuèrent Beyrouth en 1982, je remarquai que plusieurs collègues français
portaient le keffieh. Les reporters israéliens revinrent au Sud-Liban occupé armés de pistolets. Lors de la Guerre du
Golfe en 1991, les journalistes de télévision américains et britanniques commencèrent à s’habiller comme des militaires,
apparurent à l’écran en casque et en tenue camouflée, comme s’ils faisaient partie de la 82e division aéroportée ou
des Hussards. Un journaliste américain débarqua même avec les bottines peintes en couleur feuillage, même si un tel
« camouflage » ne lui aurait été d’aucune utilité dans le désert.
Lors du retrait des Kurdes dans les montagnes du nord de l’Irak, on vit de nombreux reporters porter des vêtements
kurdes. Au Pakistan et en Afghanistan l’année dernière, le même phénomène se produisit. On vit des journalistes porter
des coiffes pashtouns dans les rues de Peshawar. Pourquoi? Personne n’a jamais pu me donner une explication.
Que faisait donc Walter Rodgers de CNN en uniforme des Marines dans le camp américain près de Kandahar?
Généreusement, quelqu’un lui conseilla de le retirer après son premier passage sur antenne. Puis, Geraldo Rivera de
Fox News arriva à Jalalabad avec un fusil. Il avait, déclara-t-il, la ferme intention de tuer Oussama Ben Laden. C’était
le comble. Le reporter était désormais devenu un combattant.
Peut-être ne nous soucions-nous plus de notre métier? Peut-être allons-nous trop vite pour dénaturer notre travail, pour
nous moquer les uns des autres, pour utiliser le terme ridicule de « journaleux » alors que nous devrions considérer
le métier de correspondant étranger comme une profession décente et honorable? En décembre dernier, je m’étonnai
de voir un quotidien américain titrer que j’avais mérité les coups que m’avaient assénés les Afghans. J’avais presque
perdu la vu, mais l’article portait le titre « Multiculturalist(me) Gets His Due » (« Le multiculturalist(m)e n’a que ce qu’il
mérite »). Mon pêché avait été d’expliquer que des gens avaient perdu des êtres chers dans les raids des B-52 et que
j’aurais fait la même chose à leur place. Ce titre honteux, contraire à l’éthique, apparut dans le journal qui avait employé
Daniel Pearl, le Wall Street Journal.
Pouvons-nous faire mieux? Je pense que oui. Ce ne sont pas les journalistes en uniforme - Rodgers et son ridicule
casque de Marine, Rivera paradant avec un fusil, ou même moi dans ma combinaison protectrice contre les gaz il y a dix
ans - qui ont contribué à tuer Daniel Pearl; il fut assassiné par des hommes vicieux. Mais tous - en nous habillant comme
des combattants ou en adoptant le costume national d’un peuple -, nous concourons à éroder le bouclier de neutralité et
de décence qui nous a sauvé la vie par le passé. Si nous n’arrêtons pas tout de suite, comment pourrons-nous protester
quand des collègues seront capturés par des individus sans merci clamant qu’il s’agit d’espions?
Cet article parut pour la première fois dans le quotidien The Independent le 23 février 2002.
© Independent
61
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
Les journalistes sont souvent visés parce qu’ils sont considérés être du « mauvais »
côté. Ici, un contestataire casse le pare-brise d’un véhicule de presse lors des émeutes
qui émaillèrent le Sommet des Amériques de Québec, le 20 avril 2001.
Photo: AP/CP, Paul Chiasson
62
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
Algérie
L’Algérie fut un pays particulièrement à risques entre 1993 et 1996,
périodes qui vit l’assassinat de 108 journalistes ou éditeurs. Des « listes
noires » circulaient, portant le nom de journalistes dont la mort avait été
ordonnée par le Groupe islamique armé (GIA). Ce groupe considérait les
médias comme des alliées du gouvernement, qui avait refusé d’accepter
une victoire des islamistes aux élections. Le GIA publia une déclaration
disant: « Ceux qui luttent par le stylo périront par l’épée. »
L’État est toutefois soupçonné de complicité dans certains assassinats.
Les arrestations furent peu nombreuses et le gouvernement refusa toute
enquête indépendante. Certains journalistes déclarèrent s’être vu propos-
er de faux témoins à interviewer après des assassinats, tandis que d’autres
furent harcelés alors qu’ils tentaient de relater de massacres. À l’époque
des tueries, des centaines de journalistes et leurs familles habitèrent pen-
dant plusieurs années à l’hôtel, sous la protection de gardes armés, vivant
et travaillant dans la peur permanente.
Colombie
En Colombie, le journalisme est une activité risquée en raison du conflit
armé intérieur, et 84 reporters furent assassinés au cours de la dernière
décennie. Álvaro Uribe Vélez fut élu en août 2002 sur son programme
de fermeté vis-à-vis des Forces armées révolutionnaires colombiennes
(FARC) et des autres groupes de guérilla. Les journalistes sont la cible
des différentes factions armées, des « groupes d’autodéfense » et des
politiciens corrompus. Des forces de droite ont revendiqué l’assassinat de
plusieurs journalistes et accusé la presse d’avoir un « esprit empoisonné
». D’autre part, les groupes de guérilla ont déclaré que « les médias sont
notre cible ». Les journalistes sont tués en toute impunité, les auteurs ou
commanditaires des meurtres n’étant condamnés que dans 5% des cas.
Le Président estime quant à lui qu’il est « fâcheux que des journalistes
peuvent arriver dans des endroits où des terroristes se tapissent, alors
que le gouvernement n’y a pas accès. Il est fâcheux qu’un journaliste soit
au courant de l’organisation d’un attentat qui prend le gouvernement par
surprise. » Cependant, en janvier 2003, il promit que son gouvernement
n’imposerait plus de restrictions à la liberté de la presse.
Sierra, rédacteur en chef adjoint et éditorialiste au journal La Patria de
Manizales, une ville située dans la région productrice de café de Colombie,
fut abattu alors qu’il se rendait au travail le 30 janvier 2002 et mourut
le surlendemain. Dans ses éditoriaux, Sierra stigmatisait fréquemment
la corruption et les violations des droits de l’homme perpétrées par la
guérilla de gauche, par les paramilitaires de droite et par les agents de
63
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
Philippines
Dans certains pays, les enlèvements sont devenus une source de revenus.
En 2000, la FIJ invita le gouvernement philippin à se montrer plus actif
dans la protection des journalistes après une vague d’enlèvements sur l’île
de Jolo, dans le sud du pays. « Ces kidnappings visent le cœur des droits
64
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
démocratiques et font des Philippines une zone interdite pour les médias
», déclara Aidan White, Secrétaire général de la FIJ.
Les rebelles combattant pour un État musulman indépendant ont
adopté une tactique d’enlèvement et de détention de touristes pendant
de longues périodes, demandant des rançons énormes pour leur libéra-
tion. Les actes visant les journalistes débutèrent en mai 2000, quand
huit Français et un Norvégien furent pris en otages pendant plus de 24
heures par des membres du groupe Abu Sayyaf sur l’île de Jolo. Ils furent
dépouillés et obligés de verser une rançon. Plus tard dans le moins, dix
journalistes - allemands, français, australiens et danois - furent enlevés
alors qu’ils suivaient un convoi médical gouvernemental vers un camp
où des touristes occidentaux étaient détenus. Quatre journalistes furent
forcés de retourner à Jolo et d’obtenir 25 000 euros, sinon leurs six col-
lègues auraient été décapités. Ces derniers furent finalement libérés le
lendemain, après avoir été délestés de leur argent, de leurs téléphones
portables, de leurs montres et de leurs chaussures par les hommes du
commandant Robot, un des cinq leaders du groupe Abu Sayyaf. Les
autorités philippines demandèrent par la suite aux journalistes occiden-
taux de s’abstenir d’essayer de rencontrer des otages et d’éviter de com-
promettre leurs chances de garantir leur libération.
Le 2 juillet de cette même année, Andreas Lorenz, reporter à
l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, fut kidnappé pour la deuxième
fois par le même groupe alors qu’il tentait d’établir le contact avec les
otages. Il fut détenu 25 jours. Le groupe Abu Sayyaf déclara que les jour-
nalistes n’étaient plus autorisés à rencontrer les otages. Le 9 juillet, des
rebelles demandèrent une rançon pour la libération de trois journalistes TLe groupe Abu Sayyaf enleva en
de France 2. mai 2001 des touristes sur l’île de
Plus tard dans le mois, l’Agence France Presse cita des sources locales Palawan et prit d’autres otages lors
disant que, vu qu’il ne restait plus de journalistes étrangers sur l’île, les d’une opération militaire visant à
rebelles envisageaient de kidnapper des journalistes locaux. Quelques les libérer. Plusieurs otages, dont
jours plus tard, deux journalistes d’ABS-CBN, la plus importante chaîne l’Américain Guillermo Sobero,
de télévision des Philippines, furent enlevés près de Patikul. Le caméra- furent tués, mais la plupart furent
man Val Cuenca et le chercheur et écrivain Maan Macapagal étaient à libérés. Après novembre 2001,
Jolo pour couvrir la crise des otages. seuls le couple de missionnaires
Martin et Gracia Burnham et
Les journalistes philippins continuèrent à être visés. En janvier 2002,
l’infirmière philippine Ediborah Yap
Arlyn de la Cruz, reportrice pour la chaîne câblée de Manille Net 25 et
restèrent en captivité. Le 7 juin
rédacteur pour le journal philippin Daily Inquirer, fut enlevée et détenue
2002, l’armée tenta de les délivrer.
pendant plus de deux mois avant d’être libéré, un généreux donateur étant Martin Burnham et Ediborah Yap
apparemment intervenu pour payer la rançon. De la Cruz fut enlevée le furent tués. Gracia Burnham fut
19 janvier par l’ancien Front national de libération Moro (MNLF), qui blessée mais libérée.
avait alors été « intégré » dans les forces armées philippines. Elle se
65
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
Sri Lanka
Au Sri Lanka, les journalistes se virent longtemps interdire de parler
des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), qui luttaient pour
un État indépendant pour la minorité ethnique tamoule. La guerre civile
dure depuis près de vingt ans. Bien que l’interdiction ait été levée en 2001
et qu’en 2002 des signes indiquant qu’une fin du conflit était proche aient
été enregistrés, le gouvernement applique toujours une politique de non-
contact entre les médias et les LTTE.
En avril 2001, Marie Colvin, une journaliste américaine travaillant
pour le Sunday Times britannique, fut touchée par les éclats d’une gre-
66
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
Autres pays
De nombreux journalistes sont attaqués ou tués parce qu’ils relatent des
crimes ou des faits de corruption.
Au Bangladesh, Harunur Rashid, reporter pour le journal en bengali
Dainik Purbanchal, fut pris dans une embuscade et abattu alors qu’il se
rendait en moto à son travail à Khulna. Trois hommes l’emmenèrent à
l’hôpital, expliquèrent au personnel médical qu’il avait été victime d’un
accident de la circulation et disparurent. Rashid était chroniqueur judi-
ciaire et avait parlé de la corruption et des liens entre les syndicats du
crime et les groupes de guérilla. Il avait reçu des menaces de mort et
bénéficiait d’une protection policière.
Nava Raj Sharma, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Kadam, fut
67
Chapitre 4
Les enlèvements, les prises d’otages et les actes visant les journalistes
kidnappé par des rebelles maoïstes le 1er juin 2002 à Kalikot (Népal) et
tué brutalement. Sharma, connu pour son indépendance, avait résisté aux
tentatives visant à rendre son journal plus conciliant envers les troupes
maoïstes qui contrôlent certaines parties de Kalikot. La police retrouva
son corps atrocement mutilé à la mi-août. Les rebelles lui avaient arraché
les yeux, ligoté les mains et les pieds et tiré dans la poitrine, déclara la
police à la commission nationale des droits de l’homme.
En Russie et dans d’autres républiques ex-soviétiques, les journalistes
enquêtant sur la corruption courent de grands risques. Natalya Skryl,
journaliste commerciale pour le titre Nashe Vremya de Rostov-sur-le-
Don, fut attaquée et frappée à plusieurs reprises à la tête avec un objet
contondant en rentrant chez elle tard le 8 mars. Elle mourut le lendemain.
Avant son décès, Skryl, 29 ans, avait dit à des collègues qu’elle détenait de
nouvelles informations sur la lutte pour le contrôle de Tagmet, une usine
métallurgique de la région. Le ministère public tenta de ne pas enquêter
sur cette piste et ce, bien que Skryl n’ait pas été délestée de ses bijoux et
de son argent par ses agresseurs.
En Ukraine, un des plus célèbres assassinats de journalistes reste «
irrésolu » plus de deux ans après les faits. Georgy Gongadze, 31 ans, édi-
teur du journal sur l’Internet Ukrainska Pravda, disparut le 16 septembre
2000. Son corps décapité fut retrouvé dans un fossé dans un faubourg
de Kiev. Gongadze enquêtait sur la corruption au sein du gouvernement
ukrainien. Des cassettes audio remises par un ancien garde du corps du
Président ukrainien Leonid Koutchma impliquent apparemment celui-
ci et d’autres ministres dans un complot contre Gongadze. Mykhailo
Kolomiets, fondateur et directeur d’Ukrainsky Novyny, une agence
spécialisée dans les informations économiques objectives, disparut le 21
octobre 2002. « Les journalistes s’inquiètent à raison de l’écho donné par
la disparition de Kolomiets à l’affaire Gongadze », déclara Aidan White,
Secrétaire général de la FIJ.
En Tchétchénie, de nombreux journalistes ont été détenus pendant
des mois avant d’être libérés contre une rançon ou échangés contre des
prisonniers tchétchènes. Les rebelles tchétchènes ont également tué plu-
sieurs journalistes. Vladimir Yatsina, photographe pur l’agence de presse
russe Itar-Tass, fut enlevé en juillet 1999 et finalement tué parce que ses
blessures ralentissaient le groupe tchétchène qui le détenait. Le photog-
raphe indépendant Brice Fleutiaux fut détenu en otage en Tchétchénie
d’octobre 1999 au 12 juin 2000, après avoir été enlevé dès son arrivé dans
la capitale Grozny. Il fut traité tantôt avec dureté, tantôt avec gentillesse,
étant parfois enchaîné et parfois autorisé à travailler et à téléphoner à sa
famille. Quand il fut libéré, l’affaire sembla connaître une fin heureuse.
68
Live News - Guide de Survie à l’usage des Journalistes
Mais Fleutiaux, qui avait écrit un livre en captivité, était perturbé par L’ex-otage Brice Fleutiaux enlace sa
son expérience, conscient du contraste énorme entre la vie quotidienne fille Sarah, 4 ans, et sa mère Monique
en Europe et en Tchétchénie. Comme cela arrive souvent après de telles à son arrivée sur l’aérodrome de
périodes de séparation forcée, son mariage avec Dana, qui s’était déplacée Villacoublay (sud-ouest de Paris) le
en Tchétchénie pour mener la campagne en faveur de sa libération, se 13 juin 2000, un jour après sa libéra-
solda par un échec. tion. À droite, le ministre français de la
En avril 2001, dix mois à peine après son retour à la maison, Brice Coopération Charles Josselin.
Fleutiaux se suicida. Photo: AP / Michel Lipchitz
Photo: AP / Michel Lipchitz
69
Partie 3
La zone de récupération
La photographe Susana Gonzalez est aidée par des collègues après avoir été touchée par une pierre lancée lors d’affrontements
opposant des hooligans à la police à Mexico en 1998. Ce qui avait commencé comme une célébration de la qualification du Mexique
pour les 1/8 de finale de la Coupe du monde dégénéra rapidement en véritable émeute. Photo: AP/Jose Luis Magana
70
Chapitre 5
L’aide médicale
d’urgence
L
es journalistes travaillant loin de leur base ou dans des zones
dangereuses doivent savoir quand et comment apporter une aide
médicale d’urgence à un collègue malade ou blessé. Ils doivent
savoir comment prodiguer une aide d’urgence plutôt que les premiers
soins.
Les premiers soins servent à maintenir un patient jusqu’à ce qu’il
arrive à l’hôpital ou à la clinique, en supposant qu’une telle infrastruc-
ture puisse être atteinte rapidement. Dans des environnements hostiles,
on peut mettre des heures avant de trouver un lieu sûr. Les journalistes
doivent viser à fournir des soins d’urgence pouvant aider une victime à
survivre plusieurs heures, voire plus longtemps. Le but consiste à stabi-
liser l’état de la victime jusqu’à ce qu’elle reçoive une aide médicale de la En haut: une partie du kit médical
part de personnel qualifié. emporté par les journalistes dans les
De telles connaissances ne s’acquièrent pas seulement en lisant les zones hostiles. Celui-ci englobe des
manuels. Un cours de secourisme ou d’aide médicale urgente permettra bandages stériles de grande taille, des
à un journaliste de s’exercer à placer une attelle, à faire un pansement ou attelles et un brancard.
à poser un garrot et d’apprendre les procédures de dégagement des voies En bas: le kit médical de plus petite
respiratoires, les techniques de réanimation et les positions de sécurité. taille fourni lors des cours organisés par
Pour votre propre sécurité, vous devez non seulement insister pour la FIJ. Celui-ci englobe des bandages
apprendre ces méthodes, mais aussi demander que tous les journalistes stériles, un appareil de réanimation,
opérant sur le terrain participent à de tels cours. Plus il y a de journalistes des gants et un tablier, des lingettes net-
sachant quoi faire en cas d’urgence, mieux c’est. toyantes et un bandage à utiliser comme
Votre capacité à aider dépendra également de la qualité de l’équipement écharpe.
médical d’urgence à votre disposition. Les journalistes travaillant dans Photos: Rob Judges
des situations potentiellement dangereuses devront emporter un bon kit
médical et savoir comment l’utiliser. Les journalistes doivent aussi savoir
improviser en l’absence d’attelles ou de civières.
Le présent chapitre se penche sur les blessures dues à des événements
traumatiques tels que les coups de feu et les explosions, mais il commence
par quelques conseils sur les besoins d’assistance médicale les plus proba-
bles, à savoir comment aider quelqu’un qui est tombé malade ou stabiliser
une victime d’accident de la route.
71
Chapitre 5
L’aide médicale d’urgence
La maladie
Les risques les plus probables (et les moins prestigieux) qu’un journaliste
court dans une région hostile sont la maladie, l’intoxication alimentaire
et les effets des conditions climatiques, comme l’hypothermie, le coup de
chaleur ou le mal de l’altitude. Une partie de la préparation à une mission
doit porter sur la familiarisation avec les maladies infectieuses les plus
courantes dans la région et celles qui peuvent être transmises par les
piqûres d’insectes ou par l’eau ou les aliments contaminés. Emportez les
médicaments appropriés pour les conditions les plus usuelles. Dans les
régions tropicales par exemple, le risque de malaria est plus important
que celui d’essuyer des coups de feu ou des tirs d’artillerie.
Un journaliste en mission doit devenir hypochondriaque. Faites en
sorte de détecter chaque petit ennui avant qu’il ne devienne un prob-
lème majeur susceptible de vous ralentir et de vous exposer. Lavez-vous
régulièrement, quelles que soient les conditions (utilisez un gant de
toilette et de l’eau si vous n’avez rien d’autre) et inspectez régulièrement
votre corps. Traitez immédiatement les « petits » bobos tels que les pieds
d’athlète.
LA LOI DE MASLOW
Souvenez-vous de la règle de 3! Boire et manger
Vous survivrez: De l’eau propre et des aliments sont vitaux pour votre bien-être et votre
3 minutes sans oxygène, après capacité à travailler. Il vous faut au minimum deux litres d’eau potable
quoi les séquelles cérébrales et propre par jour, voire de quatre à six litres dans des conditions extrêmes.
la mort guettent Vous devez également absorber environ 2 000 calories par jour selon
3 jours sans eau, après quoi votre taille, le chemin parcouru en marchant ou en courant et les condi-
vous souffrirez de déshydratation tions climatiques. En cas de froid ou de chaleur extrême, vous dépenserez
sévère plus de calories.
3 semaines sans manger, après Chargez-vous de votre eau et de votre nourriture. Là où l’eau est
quoi votre survie sera aléatoire suspecte, méfiez-vous de l’eau servie à table dans les restaurants, sauf si
le sceau est intact. Mieux vaut éviter les glaçons dans les boissons, sauf
si vous êtes certain qu’ils sont faits avec de l’eau stérilisée. Veillez à ce
UN TRUC DE SURVIE que l’eau utilisée pour les boissons chaudes soit correctement bouillie au
En cas d’urgence, utilisez le préalable.
rayonnement ultraviolet du soleil Dans les endroits où l’eau vous paraît douteuse, achetez de l’eau
pour purifier l’eau. Filtrez l’eau et gazeuse et vérifiez que les sceaux sont intacts (l’eau plate est plus facile
laissez-la quatre heures au soleil à « imiter »). Vous pouvez réduire le pétillant de l’eau en y ajoutant une
dans une bouteille en plastique ou cuillère à café de sucre. Vous pouvez aussi stériliser l’eau au moyen de
en verre. produits chimiques (iode ou chlore), mais vous devez les laisser agir entre
10 et 20 minutes avant de boire l’eau. Une autre méthode consiste à faire
bouillir l’eau pendant 8 à 10 minutes. On trouve sur le marché des filtres
à eau de bonne qualité qui retiennent les particules d’une taille de 0,2
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
micron - les plus petites bactéries font 0,5 micron -, mais ils coûtent cher.
Le prix de ces filtres diminue, ce qui les rend plus abordables.
Les infections alimentaires les plus communes sont dues aux bactéries
coliformes, qui vivent dans les intestins et peuvent causer la « diarrhée du
voyageur », appelée aussi « turista » et les salmonelles, que l’on retrouve
souvent dans la volaille et d’autres viandes, mais qui sont tuées par une
cuisson prolongée. Évitez les viandes saignantes et ayez plutôt tendance
à trop cuire la viande qu’à la manger encore crue. Si vous préparez votre
nourriture vous-même, lavez et désinfectez les couteaux et planches de
découpe utilisés pour traiter la viande.
Dans les régions où le typhus ou d’autres infections dues à l’eau sont
répandus, évitez les légumes à croissance rapide sauf s’ils sont cuits. Une
salade peut être suspecte; en revanche, les légumes cuits ne constitueront
pas un risque s’ils ont été bouillis. Épluchez les fruits ou lavez-les à l’eau
propre.
Si vous n’avez pas confiance en la qualité des aliments, la règle générale
est la suivante: Cuire, éplucher ou chlorer.
Les traumatismes
L’approche générale de l’administration de l’aide médicale dans un envi-
ronnement hostile consiste à rester calme et à évaluer la situation avant
d’agir. Prendre quelques secondes vous aidera à vous concentrer sur les
conditions les plus dangereuses et à vous rappeler quoi faire. Essayez de
ne pas vous focaliser sur ce que vous ne savez pas faire. Une approche
calme sauvera des vies, tandis que la panique se répand rapidement dans
un groupe de personnes apeurées.
1. Évaluez le danger qui vous guette. Si quelqu’un a été atteint par balle
et est couché sur le sol, risquez-vous de vous faire tirer dessus si vous
lui portez secours? Si vous êtes blessé, vous ne serez d’aucune aide et Mettez la victime hors de danger ou
deviendrez un fardeau de plus. supprimer le danger.
2. Évaluez le danger qui guette la victime. Quel est le risque le plus Photo: Rob Judges
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Chapitre 5
L’aide médicale d’urgence
Examiner la victime
Si possible, portez des gants quand vous touchez un blessé. Il doit toujo-
urs y en avoir une paire dans votre kit de secours.
Ramenez la tête vers l’arrière de sorte
que la mâchoire forme un angle droit Voici un moyen mnémotechnique simple:
avec le sol afin d’ouvrir les voies respi- Dr ABC
ratoires. Photos: Rob Judges
« Si le blessé vous répond, c’est D = Danger – Voir les points 1-4 ci-dessus.
que ses voies respiratoires sont r = Réponse: Parlez à la victime. Vos deux objectifs consistent
dégagées. S’il crie, ses voies à découvrir ce qu’elle peut vous dire sur son état et à la récon-
respiratoires sont en excellent forter. Si le patient est conscient, demandez-lui où il a mal. Si
état. Celui dont il faut s’inquiéter, ses dires ne correspondent pas à ce que vous voyez, il y a peut-
c’est celui qui reste calme dans être des blessures non visibles. Si la victime a froid alors que la
un coin, qui n’appelle pas au température ambiante ne l’explique pas, elle peut présenter une
secours. » hémorragie. Rassurez sans cesse le patient. Convainquez-le que
Paul Brown, Medical Director, vous savez ce que vous faites, que tout ira bien et qu’ils vous aid-
AKE training eront en restant éveillé et en coopérant. Dans les cas extrêmes,
le réconfort sera la seule chose que vous pourrez offrir. Faites-
le quand même. Même si une victime semble ne pas répondre,
continuez à la réconforter en procédant aux vérifications. Une
victime peut être semi-consciente (réponse limitée à la voix ou à
la douleur) ou inconsciente (pas de réponse). L’ouïe est le dernier
sens qui s’évanouit, et la victime peut donc comprendre ce que
vous dites.
A = Breathing (respiration): Si le patient ne respire pas alors que
les voies respiratoires sont dégagées, le cœur bat peut-être de
Un respirateur Guedeal aidera une vic- manière irrégulière ou s’est peut-être arrêté. Tentez un massage
time inconsciente à respirer. cardiaque. Le nombre normal de respirations est de 16-18 par
minute, mais il est susceptible d’atteindre les 20 en raison de l’état
d’énervement du patient. Une respiration superficielle et rapide
peut être le signe d’une perforation d’un poumon ou d’un « choc
hypovolémique », résultant d’une diminution de la masse sanguine.
Le massage cardiaque, également appelé « bouche-à-bouche »,
consiste à insuffler de l’air dans les poumons et à faire des mou-
vements de compression de la poitrine (voir les photos en page
précédente). Soufflez deux fois dans la bouche en tenant le nez
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Le massage cardiaque
est également connu sous
l’appellation de « bouche-à-
bouche ».
Trouvez le point de
compression, situé deux
doigts plus haut que le bas
du sternum.
Le massage cardiaque:
Croisez les paumes des
En haut: agenouillez-vous à côté de la victime, les
mains au-dessus du cœur
mains croisées sur sa poitrine.
et faites 15 mouvements de
En haut à droite: trouvez le bon endroit sur la
pompage bien appuyés.
poitrine.
À droite: la bonne position des mains lors des 15
Répétez la séquence de
mouvements de pompage.
deux respirations suivies
En bas: maintenez le nez fermé pendant que vous
de 15 pompages aussi
soufflez dans la bouche de la victime.
Photos: Rob Judges longtemps qu’il y reste de
l’espoir.
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Chapitre 5
L’aide médicale d’urgence
PRENDRE LE POULS
Le meilleur endroit pour prendre le
pouls est sur le cou.
Mettez quatre doigts à plat sur le
lieu de relevé.
N’utilisez pas votre pouce, vous
pourriez confondre avec votre
propre pouls.
Photo: Rob Judges
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Chapitre 5
L’aide médicale d’urgence
Arrêter l’hémorragie
Une des tâches les plus urgentes consiste à arrêter l’hémorragie.
Le principe est d’appliquer une pression sur la blessure suffisamment
longtemps pour que le sang coagule. Cela devrait prendre environ dix
minutes. Votre kit médical doit contenir de grands bandages stériles. Il
n’y a d’ailleurs aucune raison d’emporter de petits bandages. Ouvrez le
pansement et appliquez-le sur la plaie avec les deux mains, en appuyant
de tout votre poids pendant un minimum de dix minutes. Votre but est
d’arrêter l’hémorragie, pas de couvrir la blessure. Ne retirez pas le band-
age parce que cela briserait la croûte. Laissez-le en place. Si le sang passe
à travers le pansement, le processus n’a pas fonctionné et vous devez
recommencer. Si possible, élevez le membre pour réduire la pression san-
guine à l’endroit de la blessure.
Après avoir arrêté l’hémorragie, élevez Dans le cas d’une blessure ouverte de grande taille, par exemple
le membre de sorte à réduire la pression causée par un fusil de chasse ou une explosion, emballez la blessure
sanguine à l’endroit de la blessure. avec des bandages et appliquez une pression sur la surface.
Laissez le pansement en place afin d’arrêter l’hémorragie et de
réduire les risques d’infection. Les balles et éclats ne sont pas stériles
et peuvent infecter une blessure. Assurez-vous que les pansements
que vous emportez résistent à l’eau.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
et notez de nouveau l’heure. En règle générale, n’utilisez un garrot que POSER UN GARROT
si vous n’avez pas d’autre solution ou si vous êtes submergé de victimes Utilisez un garrot pour arrêter
et devez en mettre quelques-unes en attente. Quoi qu’il en soit, si vous l’hémorragie quand une victime
devez retirer quelqu’un d’une situation dangereuse et savez que vous doit être déplacée rapidement
pourrez mieux l’aider dans quelques minutes, un garrot peut constituer ou quand d’autres méthodes ont
le premier choix. échoué.
Une baisse de tension est un signe d’hémorragie. La tension artérielle Serrez une ceinture, une sangle
est relevée en deux fois: lors de la prise du pouls et au repos. Le chiffre le ou un tissu large en amont de
plus élevé (pouls) doit tourner autour de 100 plus l’âge de la victime, et l’articulation située au-dessus de
le plus bas entre 60 et 80. Si la valeur au repos dépasse 100, il y a peut- la blessure.
être une hémorragie interne. Vous ne disposerez probablement pas de Vous pouvez improviser un
l’équipement pour prendre la tension, mais il existe un bon test basique. garrot et utiliser un stylo pour le
Poussez sur l’ongle du pouce de la victime jusqu’à ce qu’il devienne blanc serrer.
et relâchez la pression. S’il redevient rapidement rose, la tension est Assurez-vous que la sangle fait
bonne. S’il reste blanc pendant quelques secondes, il y a un problème. entre 2,5 et 5 cm de largeur.
Chez les individus à la peau blanche, un léger bleuissement des lèvres ou Desserrez lentement le garrot
des lobes des oreilles (cyanose) est un signe de baisse de la tension. Chez après 15-20 minutes.
les individus à la peau foncée, les lèvres et les lobes tireront sur le gris. Même si l’hémorragie ne cesse
pas, n’appliquez pas un garrot
pendant plus 20 minutes sans
Les blessures aux poumons interruption.
Une blessure par balle ou une autre perforation du poumon entraînera Notez ce que vous avez fait, et à
une fuite d’air, comprimera le poumon et augmentera finalement la pres- quelle heure.
sion sur le cœur. Si vous pouvez voir la plaie, coupez un carré de 6 cm de
côté de matériau imperméable à l’air et collez-le sur trois côtés de la bles-
sure, en laissant le bas ouvert. Cette « valve flottante » aura tendance à se
fermer quand la victime inspire et à s’ouvrir quand elle expire. Une bande
Beta Cam peut être utilisée pour fixer le matériau. Mettez la victime en
position semi-assise.
Vérifiez que les mâchoires se ferment et que les membres bougent libre-
ment et normalement. Pliez le pied et poussez les orteils vers le corps et
demandez au blessé de résister à la pression. Faites attention aux mou-
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Chapitre 5
L’aide médicale d’urgence
La position de récupération
Si une victime est inconsciente, semi-consciente ou somnolente, laissez-
la en position de récupération, sur le côté, un bras tendu vers le haut et
La position de récupération: roulez la une jambe pliée de sorte qu’elle ne roule pas. Cette position maintiendra
victime sur le côté. Placez une de ses les voies respiratoires ouvertes et empêchera la victime d’étouffer si elle
mains sous la tête et tirez l’autre sur le vomit.
côté. La tête de la victime doit reposer
sur la paume de sa main.
Les antidouleurs
Prenez les antidouleurs que vous avez sous la main. Veillez à emporter les
antidouleurs les plus forts que vous puissiez obtenir, mais assurez-vous
qu’ils sont légaux dans le pays où vous travaillez. Réduisez les comprimés
en poudre, mélangez cette poudre dans de l’eau, remuez autour de la
langue et avalez.
Ayez dans votre kit de secours une lettre du médecin nommant les
médicaments que vous emportez et confirmant que ceux-ci sont adaptés
aux urgences. Plus la lettre semblera officielle, mieux ce sera.
L’alcool n’est pas recommandé aux victimes parce qu’il dilate la circu-
lation périphérique et encourage l’hémorragie. En revanche, il fait un bon
antiseptique d’urgence.
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L’aide médicale d’urgence
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peut maintenant être tendue pour servir de plateforme sûre. Pour impro- IMPROVISER UNE ATTELLE
viser une civière, placez deux manteaux sur le sol, têtes placées dans les Improvisez une attelle avec
directions opposées. Passez une barre dans deux manches et une seconde n’importe quoi qui tiendra le
dans les deux autres. membre rigide. Sur la photo du
haut, l’attelle est une baguette
métallique. La photo du bas montre
L’évacuation du patient une attelle improvisée avec un pied
Une fois que la victime est stabilisée, évacuez-la vers un endroit plus sûr de caméra. Les deux attelles sont
et ensuite vers un hôpital ou une clinique. Accompagnez-la et rendez maintenues en place avec des
compte de tout ce que vous avez fait. La victime appréciera la présence ceintures.
d’un visage familier. Administrez-lui des antidouleurs et du plasma (pour Photos: Rob Judges
remplacer le sang perdu).
Les brûlures
Les brûlures peuvent être causées par une chaleur sèche (flammes
et explosions), une chaleur humide (ébouillantement), des produits
chimiques acides ou alcalins, un choc électrique, une friction (traction sur
le sol) ou les irradiations (ce qui sort de la portée du présent guide).
Les brûlures superficielles ne traversent pas tout le derme et sont
très douloureuses. Les brûlures profondes causent une carbonisation sur
toute la hauteur de la peau. Elles semblent très graves. Les terminai-
sons nerveuses sont détruites, mais la victime souffrira probablement
également de brûlures superficielles et aura mal. Les brûlures profondes
causent un gonflement interne qui peut bloquer les artères. Si 20% ou
plus du corps sont couverts de brûlures superficielles ou 10% de brûlures
profondes, la victime est en danger. Les personnes brûlées perdent du
plasma et peuvent subir un choc hypovolémique.
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Et quand tout est fini, les
problèmes commencent...
Chapitre 6
Les individus qui survivent à
des événements horribles sont Le stress post-
traumatique
tous affectés d’une manière ou
l’autre, même les journalistes.
Certains présentent des
L
réactions à court terme, qui
es personnes qui survivent à des événements horribles n’en res-
s’estompent quand ils évoquent
sortent inévitablement pas intactes. Les journalistes sont sus-
les faits avec des collègues ou
ceptibles de photographier, de filmer ou de relater des faits dans
la famille.
lesquels des individus sont blessés ou tués et où ils sont incapables de les
D’autres ont besoin de plus
sauver. Personne ne reste sans réaction à la vision d’êtres humains terror-
d’aide, en particulier quand
isés, blessés ou tués. En outre, les journalistes peuvent courir des risques
les sentiments d’inutilité et de
personnels et avoir peur. La plupart des gens « font avec » les événements
crainte ont disparu.
qu’ils traversent et se remettent finalement. Certains affichent des réac-
Environ 25% des journalistes
tions à court terme, comme une perception accrue du danger ou une hyper-
possédant une grande
sensibilité au bruit soudain. D’autres pe uvent devenir insensibles à la mort
expérience des conflits et des
et à la souffrance. D’autres encore rencontrent des problèmes à long terme
guerres souffrent de trouble de
qui perturbent leur vie.
stress post-traumatique (TSPT).
Les journalistes qui couvrent les guerres et conflits peuvent certes
Il faut modifier la culture
prendre une certaine distance en se disant qu’ils ont un travail à accom-
machiste qui pousse les
plir et en reposant sur leurs aptitudes personnelles à affronter certains
journalistes à essayer de s’en
faits. Cependant, on attend d’eux qu’ils relatent les horreurs également.
sortir tout seuls.
Les photographes et caméramans passent parfois du temps à analyser les
Les journalistes doivent être
meilleurs angles de vue pour bien saisir les individus apeurés, morts ou
« débriefés » après les missions
agonisants. Aucun reporter de guerre ne peut se dire totalement insensible.
dangereuses.
C’est probablement vrai aussi pour ceux qui relatent les accidents de train
L’accès volontaire aux conseils
ou d’avion, les crimes horribles ou les longs procès pour meurtre. En temps
indépendants et qualifiés doit
de guerre, les journalistes qui ne peuvent pas quitter une zone de conflit
être promu.
parce qu’ils font partie de la communauté concernée sont particulièrement
Les journalistes affichant des
susceptibles d’être affectés.
symptômes doivent bénéficier
Si des réseaux de soutien sont en place depuis longtemps pour les
d’un accès facilité au traitement.
policiers ou les pompiers, plusieurs facteurs empêchent les journalistes
Les journalistes doivent savoir
de reconnaître et de traiter les traumatismes. Trop souvent, la bravade
qu’ils ne perdront pas leur
pousse les journalistes à croire qu’ils peuvent affronter n’importe quelle
place, leurs chances et leur
catastrophe et que les sentiments personnels ne doivent pas s’immiscer
prestige.
dans le travail.
Les journalistes locaux et
Les journalistes rechignent également à faire glisser l’attention des
indépendants courent le risque
individus dont la vie est anéantie ou perturbée par un conflit vers ceux qui
d’être laissés sans aide.
en parlent. Les journalistes et preneurs de vues entendent rapporter une
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Chapitre 6
Le stress post-traumatique
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Le Dr Feinstein et son équipe ont conclu que les journalistes quo opèrent
régulièrement dans des zones de conflit ont plus d’une chance sur quatre de
souffrir de TSPT à un moment ou l’autre. C’est plus de deux fois l’incidence
de la maladie chez les policiers et à peine moins que chez les vétérans de
l’armée.
Le Dr Feinstein reconnaît que la plupart ne souffrent pas de problèmes
à long terme: « Notre étude n’était pas une tentative de pathologiser une
industrie. Trois quarts des journalistes que j’ai interrogés n’avaient pas
de difficultés psychologiques. La majorité d’entre eux avaient couvert la
guerre pendant 15 ans et s’en sont bien sortis. »
Il signale toutefois que les personnes rencontrant des problèmes ne
bénéficient souvent pas d’un traitement. « Chez certains des journal-
istes, le trouble de stress post-traumatique est chronique. Il n’y a pas eu
d’amélioration, et les patients en sont malheureux. Leur dépression peut
être dure à traiter, et la dépression entraîne une morbidité certaine, ce qui
affecte la qualité de la vie. Elle cause aussi une mortalité significative en ce
qu’elle est la raison de traitement psychiatrique qui affiche le taux de sui-
cide le plus élevé, à savoir 15%. Chez nombre des journalistes, le trouble de
stress post-traumatique est passé inaperçu et n’a pas été traité. La dépres-
sion et le trouble de stress post-traumatique peuvent toucher les familles
en termes de qualité de vie et de bine-être physique. »
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Chapitre 6
Le stress post-traumatique
Dans une ambiance où les professionnels n’avaient pas peur de parler, les
correspondants endurcis qui avaient couvert les conflits de la décennie
précédente purent détecter en eux et parler des symptômes indiquant un «
sentiment d’inachevé ».
Le Media Diversity Institute évoqua la conférence en ces mots: « À la
surprise de tous, les participants de Bosnie-Herzégovine, de Macédoine, de
Serbie, de Croatie, du Monténégro et du Kosovo s’ouvrirent avec une telle
franchise et un tel besoin de contribuer à la discussion que nous avons dû
prolonger la session. Plusieurs témoins oculaires rapportèrent des crimes
de guerre, certains avec une grande difficulté. Certains avaient travaillé sur
les champs de bataille les plus célèbres. Comment ne pas en être affecté?
Lors de cette session, les sentiments machistes prévalant dans le jour-
nalisme dans les Balkans ont été ramenés au niveau de confessions. Les
participants ont découvert en eux les symptômes du TSPT et commencé
à envisager de plus près leurs relations avec leur famille et leurs amis. Ils
ont souligné le fossé infranchissable séparant les journalistes autochtones
et les reporters de guerre « professionnels ». Ils ont parlé de la guerre dans
leur pays et ailleurs, parfois avec résignation, souvent avec désappointe-
ment. Ceux qui ont pris la parole ont exprimé leur besoin d’une formation
appropriée à la conscientisation émotionnelle (conseils, travaux de groupe,
ateliers et thérapies). Ils ont posé des questions sur la manière de com-
poser avec ses émotions et demandé pourquoi elles étaient importantes. En
général, les participants sont convenus que l’objectif principal de la protec-
tion des journalistes devait être d’œuvrer à l’amélioration du journalisme,
de créer avant toute chose un journalisme plus équilibré. »
Vedat Spahovic, un journaliste indépendant qui travailla à Sarajevo avant
d’aller étudier le TSPT, confirma que les journalistes locaux étaient plus
touchés parce qu’ils voyaient des concitoyens se faire tuer, n’avaient pas
choisi d’être correspondants de guerre et ne pouvaient quitter la région.
« Je ne vois pas ce qu’il y a de chouette à être reporter de guerre. Je n’ai
jamais aimé me faire tirer dessus. C’est bien différent d’être un journaliste
de guerre dans son pays ou à l’étranger. »
Quand le Dr Feinstein présenta les résultats de son étude au Freedom
Forum en 2001, Priyath Liyanage du BBC World Service appela à une
intensification du travail sur l’impact sur les journalistes locaux. Il déclara
qu’un correspondant de la BBC, payé 12,50 GBP par reportage, venait
d’être tué en Afrique. « Aujourd’hui, mes enfants ont un père; les siens, non.
Quelqu’un a-t-il mené une étude sur le traumatisme subi par ces person-
nes? »
Le Centre international de formation des journalistes d’Opatija (Croatie)
organisa en janvier 2002 une conférence intitulée « Après la couverture
92
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
93
Chapitre 6
Le stress post-traumatique
La qualité du soutien
La qualité du soutien offert aux journalistes a été identifiée comme un enjeu
essentiel. Les journalistes ne veulent pas que leurs réactions humaines soi-
ent « médicalisées » et, même quand ils demandent de l’aide, ils craignent
d’entrer dans un monde de « bavardages psychologiques ». Les conseillers
doivent connaître la pression inhérente à la profession de journaliste et être
au fait des horreurs de la guerre.
David Loyn, un journaliste de la BBC qui recourut au service de conseil
après avoir assisté à une exécution sommaire, déclara lors de la conférence
de Londres: « Je sais que d’autres personnes proposent ce type d’aide et j’en
appelle à la communauté psychothérapeutique pour qu’elle veille à ce que
ces conseils soient ceux qui doivent être donnés et soient ciblés. Sinon, ils
94
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Informations complémentaires
Les transcriptions des interventions de la conférence « Émotions,
traumatismes et bon journalisme » sont disponibles sur le site web du Dart
Centre www.darteurope.org, rubrique Articles and Info (http://www.coldasfire.
com/dartcentre/conftrans1.htm).
95
Chapitre 6
Le stress post-traumatique
Le Dart Center for Journalism and Trauma, actuellement basé dans les
locaux de l’école de communication de l’Université de Washington à Seattle
(États-Unis) est un réseau mondial de journalistes, de professeurs en
journalisme et de professionnels de la santé visant à promouvoir la couverture
médiatique des traumatismes, des conflits et des drames. Il s’intéresse à
l’impact du processus de relation sur ceux qui voient les images et lisent les
articles et sur les professionnels de l’information (http://www.dartcenter.org).
96
Partie 4
La zone de campagne
Des journalistes macédoniens protestent auprès de la police contre les attaques dont leurs collègues ont été victimes. En septembre
2002, ils marchèrent sur le ministère de l’Intérieur sous le slogan « Nous voilà, frappez-nous! » (voir page 106).
Photo: Association des journalistes de Macédoine
97
Chapitre 7
La réaction: que
peuvent faire la FIJ et
les organisations de
journalistes?
Q
uand des ennemis déterminés et sans pitié de la liberté de
la presse s’en prennent aux journalistes, il est difficile de les
arrêter. Chaque année, des dizaines de journalistes sont visés,
attaqués et même assassinés. Cela ne signifie toutefois pas que les jour-
nalistes, leurs syndicats et les organisations de médias sont incapables
de se défendre, loin de là. Ces quinze dernières années, un mouvement
de résistance sophistiqué et de plus en plus efficace s’est développé afin
de réduire les risques auxquels les travailleurs des médias sont exposés,
d’isoler les assassins et les personnes directement responsables des
attaques contre les journalistes et d’obliger les gouvernements à rendre
des comptes quand ils négligent leurs devoirs de protection des médias ou
créent des conditions politiques mettant en danger le travail des journal-
istes. Ce chapitre se penche sur ce qui est fait, sur ce que les journalistes
peuvent faire de plus et sur les actions menées pour placer la sécurité des
journalistes en haut de l’agenda des médias.
De simples actes de solidarité sont souvent l’antidote le plus efficace
contre les persécutions dont sont victimes les reporters. Prenons le cas de
Viokan Ristic, un journaliste indépendant serbe. En 1999, Ristic couvrait
le conflit au Kosovo pour plusieurs clients, dont l’agence BETA News,
Danas et la radio Deutsche Welle. En tant que journaliste indépendant
serbe, il fut visé par le régime Milosevic et quand les bombardements de
l’OTAN débutèrent, il fut arrêté et jeté en prison.
Ses geôliers le relâchèrent après 30 jours. Ils lui remirent également
un message d’Aidan White, secrétaire général de la FIJ. C’était une copie
d’un télégramme envoyé au président Milosevic appelant à la libération
de Ristic. Pour Ristic, il ne fait aucun doute que la pression internationale
joua un rôle dans sa libération. Elle fit réaliser à ceux qui l’avaient arrêté
et emprisonné sans procès qu’il y avait en dehors du pays des gens qui
98
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
99
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
100
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Des photographes pakistanais défilent dans les rues de Lahore le 1er mai 2000 pour protester contre la mort d’un de leurs collègues,
Mehraj-ud-Din Hafiz, au Cachemire. Des journalistes indiens ont également protesté contre les attaques visant leurs collègues, dont
certains ont été tués ou blessés dans des attentats terroristes. Photo: Reuters / Mohsin Raza
101
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
négatifs des médias. Ces derniers peuvent donc exercer une pression
Les journalistes sur ceux qui violent la liberté de la presse et oppriment les journalistes.
népalais Cependant, des risques apparaissent si les protestations des médias
comptent sur sont considérées comme un plaidoyer spécial ou exagérées. Quand des
l’unité organisations internationales entrent en jeu, les gouvernements essaient
Training was delivered in Une de présenter l’affaire comme une attaque extérieure contre le pays. Il est
formation a été organisée au donc essentiel de présenter les faits de manière correcte.
Népal afin d’aider les journalistes Le plan d’action de la FIJ est divisé en une série de réponses graduelles
qui doivent composer avec l’état commençant par un contact officieux à l’intérieur du pays concerné. Ce con-
d’urgence depuis novembre 2001. tact est pris par un syndicat ou une association nationaux. Il peut être suivi
Plus de 150 journalistes ont été
par un contact et des pressions informels au niveau international, par exem-
arrêtés et nombre d’entre eux ont
été torturés ou victimes d’abus
ple par l’implication officielle de la FIJ. On peut ensuite arriver à une prot-
physiques. Des journalistes ont estation officielle, toujours sans publicité. Si cela ne fonctionne pas ou n’est
également été la cible des rebelles pas adapté eu égard à la gravité de l’affaire, la FIJ et d’autres associations de
maoïstes. Trois ont même été tués défense de la liberté de la presse émettent une protestation officielle.
en 2002. En cas de dédain persistant pour la liberté de la presse ou de menaces
La lutte contre la censure légale et contre les journalistes, la FIJ envoie souvent des missions d’enquête
brutale est menée par la Fédération
composées de représentants étrangers afin de rassembler des preuves et
des journalistes népalais (FNL), par
de publier un rapport.
le biais d’un front commun à toutes
les organisations de journalistes. Dans les cas les plus graves, la FIJ essaie de coordonner une action
Cette unité a permis d’organiser diplomatique, par exemple de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe
des grèves et des manifestations ou d’autres organes ad hoc.
et de nouer le dialogue avec le La FIJ fournit aux syndicats affiliés les adresses d’autres membres et
gouvernement au sujet de la liberté organisations qui peuvent les aider et donne des exemples de lettres à
de la presse et des droits des envoyer. Le fonds de sécurité de la FIJ sert à venir en aide aux journal-
journalistes.
istes empêchés, techniquement ou physiquement, d’exercer leur métier ou
menacés de ou en butte avec une action officielle découlant de leur activité
LE PREMIER COURS EN 24 professionnelle.
ANS DE CARRIÈRE
« Je suis journaliste depuis 24
ans. Ces deux dernières années, La formation à la sécurité pour les journalistes
j’ai travaillé pour une ONG. autochtones
Au cours de ces deux ans, j’ai La FIJ joue un rôle majeur, en partenariat avec une variété d’organisations,
participé à 12 séminaires. C’était dans la fourniture d’une formation interactive aux journalistes autoch-
le premier cours spécifiquement tones qui n’ont pas accès à la formation à la sécurité généralement offerte
destinés aux journalistes auquel aux correspondants de guerre internationaux. Cette formation englobe
j’assistais en 24 ans de carrière. de petits cours qui peuvent être répétés pendant plusieurs jours afin
Par le passé, nous étions d’atteindre le plus grand nombre de journalistes possible. ils peuvent
ignorés. » également être adaptés afin d’affronter des problèmes spécifiques de la
Samiullah Taza, journaliste pour un couverture de chaque conflit.
hebdomadaire afghan Le premier cours de la FIJ se tint à Ohrid (Macédoine) en septembre
102
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
2000, pour 23 journalistes de la région. Il était organisé par le Centre Une formation
macédonien de la presse, avec le financement du Conseil de l’Europe.
Un deuxième atelier, parrainé par le Conseil de l’Europe et le Freedom
axée sur
Forum, fut organisé par le Centre pour le journalisme indépendant à l’extension du
Bucarest (Roumanie) en mars 2001, à l’attention de journalistes venant cessez-le-feu
de Bulgarie, de Hongrie, de Moldavie, de la République fédérale de La formation organisée en Côte
Yougoslavie et de Roumanie. Les trois jours de formation traitèrent un d’Ivoire fut conçue de sorte à tirer
large éventail de sujets, dont les armes et leurs effets, l’aide médicale avantage d’un cessez-le-feu dans
d’urgence, les relations avec la presse militaire, les troubles publics, les une guerre civile qui avait causé la
mines et objets piégés et les protections personnelles. mort de centaines d’individus.
En dépit d’une tradition de journalisme
En 2002, la FIJ et ses partenaires étoffèrent le programme de forma-
objectif en Côte d’Ivoire, il y avait
tion à la sécurité d’une série de cours dans des endroits chauds, dont
de grandes inquiétudes quant
la première formation à la sécurité pour les journalistes autochtones
à la sécurité des journalistes et à
couvrant le conflit en Afghanistan. AKE organisa des séminaires, en col- la détérioration de la liberté de la
laboration avec International Media Support (IMS), le Centre afghan de presse.
ressources médiatiques (AMRC) et le Centre afghan pour la promotion de Des journalistes couvrant les
la communication, de l’autre côté de la frontière, à Peshawar (Pakistan). manifestations furent attaqués et
Un cours spécial d’une journée sur les bases de la conscientisation à la certains quotidiens durent suspendre
sécurité fut reproduit à quatre reprises, et des kits médicaux distribués leur publication.
aux 103 journalistes afghans participants, dont 19 femmes. Chaque sémi- En novembre 2002, un programme
naire suivait un programme en cinq points: d’aide d’urgence fut lancé, avec un
séminaire sur la relation des conflits
sécurité personnelle, aide médicale,
et deux jours de formation à la
mines et objets piégés, troubles publics et émeutes,
sécurité. Le message-clé était d’être
prises d’otages.
extrêmement attentif à l’exactitude et
Des questions similaires furent abordées dans les territoires pales- à l’équilibre, et de mettre en exergue
tiniens en février 2002, où la FIJ travailla avec le Syndicat des journalistes les véritables effets de la violence.
palestiniens (PJS), avec le soutien d’IMS et de la Commission européenne. Les journalistes affichèrent un vif
Un cours modifié d’une journée fut proposé à plus de 100 journalistes intérêt pour la formation à la sécurité.
palestiniens à Ramallah, Hébron, Naplouse, Gaza et Jérusalem. Il fut Le cessez-le-feu fut par la suite
adapté aux journalistes travaillant dans les conditions particulières des rompu, ramenant le conflit à la une
territoires palestiniens, où nombre de journalistes autochtones ne sont des journaux.
pas reconnus par l’armée israélienne. Les journalistes ne bénéficient pas Le programme fut aménagé par
la FIJ, la Fondation pour l’aide à la
d’une protection physique et se sentent très isolés à cause de ce qu’ils
communication (CAF, Pays-Bas),
ressentent comme un manque de solidarité de la part de leurs collègues
International Media Support (IMS,
étrangers. Les risques ne sont pas les mêmes en Cisjordanie que dans la Danemark) et Media Assistance
Bande de Gaza, et le cours fut donc adapté à chaque territoire. International (MAI, Genève),avec
En septembre 2002, une formation similaire fut proposée à 25 journal- le soutien de l’Union nationale des
istes népalais et, peu après, à 40 journalistes pendant un fragile cessez- journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI)
le-feu en Côte d’Ivoire. Au Népal, les journalistes se dirent inquiets du et de l’Association des journalistes
d’Afrique occidentale.
danger posé par les mines et les embuscades, et le cours fut aménagé de
sorte à couvrir ces sujets.
103
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
104
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
création au moment où ce guide était mis sous presse et semblait devoir Organisations soutenant l’INSI
révolutionner la coopération et la collaboration entre les différentes (suite)
organisations concernées par la sécurité. L’idée bénéficie du soutien de
plus de 80 organisations, dont ABC News, BBC, CNN, Reuters, l’Union
européenne de radiodiffusion - le plus grand réseau de radios et de télévi- Reporters Sans Frontières
sions régionales - et des groupements de défense de liberté de la presse, Rory Peck Trust
Southern Africa Journalists'
ainsi que par les 148 syndicats et associations de journalistes affiliés à la Association
FIJ, représentant 106 pays du monde entier. West African Journalists
Aidan White, secrétaire général de la FIJ, a tenu ces mots: « Il s’agit Association
d’un réseau de solidarité unique qui apportera une assistance pratique World Association of Newspapers
aux journalistes et travailleurs des médias les plus dans le besoin et ce, Fondation pour les médias en
n’importe où dans le monde. » Afrique de l’Ouest
Richard Tait, vice-président de l’IIP et ancien rédacteur en chef Fondation Pascal Decroos
d’ITN, a déclaré que l’institut forgerait une approche unifiée des médias Freedom of Expression Institute,
audiovisuels et écrits. « Nous devons nous défaire de l’attitude voulant Afrique du Sud
Institute for War and Peace
que la sécurité soit facultative. Elle doit être prise au sérieux par tous,
Reporting, Royaume-Uni
y compris les employeurs, estime-t-il. Nous devons modifier la culture
International Media Support
d’indifférence. »
Institut international de la presse
Chris Cramer, président de CNN International, est le premier prési- Internews Europe
dent honoraire de l’institut. Les objectifs seront: Journalistes canadiens pour la
d’apporter un soutien et mettre au point des programmes d’assistance liberté d’expression
en matière de sécurité destinés aux journalistes et travailleurs des Media Action International
médias, y compris les freelances, en particulier ceux qui travaillent Media Diversity Institute
dans des régions de conflit ou qui sont régulièrement envoyés dans Media Watch, Bangladesh
des missions potentiellement dangereuses; Media Institute of Southern Africa
d’encourager les accords couvrant la santé et la sécurité, la forma- NewsXchange
News World Asia
tion à la conscientisation aux risques et les cours de premiers secours
Open Society Institute
entre les organisations de médias et les travailleurs, ainsi qu’avec les
Reporters Sans Frontières
syndicats et associations;
Rory Peck Trust
de diffuser l’information (en utilisant l’Internet et les moyens tradi-
Southern Africa Journalists’
tionnels) par le biais de manuels de formation, de conseils mis à jour et Association
de guides à l’usage des journalistes et travailleurs des médias opérant Union européenne de
dans les zones dangereuses; radiodiffusion
de promouvoir les bonnes pratiques du secteur en utilisant des exem-
ples de formation et d’assistance développés au sein du monde des Syndicats et associations de
médias et du journalisme; journalistes
de rechercher, de développer et de promouvoir des services de sécu- L’INSI est également soutenu par
rité, y compris des contrats d’assurances abordables, pour tous les les 148 syndicats et associations
affiliés à la FIJ, représentant 106
journalistes et travailleurs des médias;
pays.
de favoriser les initiatives sectorielles, y compris les codes et lignes
directrices;
105
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
L’Association des journalistes de Macédoine proteste contre la violence en septembre 2002. Les journalistes portaient des T-shirts dis-
ant « Je suis journaliste » à l’avant et « Nous sommes là, frappez-nous! » à l’arrière. La grande banderole indique « Journalistes de
Tetovo, Kicevo, Ohrid » et la petite « Allez vous faire voir! », expression que le ministre de l’Intérieur de l’époque Ljube Boshkovski
aurait utilisée la veille de la manifestation. Photo: Association des journalistes de Macédoine
106
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Macédoine
Le 30 septembre 2002, les journalistes macédoniens manifestèrent leur
indignation face aux plus de 40 attaques menées contre des journalistes
au cours des dernières années. Sous le slogan ironique « Nous sommes là,
frappez-nous! », l’Association des journalistes de Macédoine (AJM) mena
une marche pour la liberté d’expression en direction du ministère de
l’Intérieur. L’élément déclencheur de la protestation fut l’attaque contre le
journaliste Zoran Bozinovski, agressé en plein travail. Un des assaillants,
apparemment un membre d’une unité spéciale de la police, fut arrêté, mais
l’association déclara que 40 collègues avaient été victimes de violences les
années précédentes et que la plupart des agresseurs n’avaient jamais été
inquiétés. Les journalistes demandèrent que le ministre de l’Intérieur de
l’époque, Ljube Boshkovski, les reçoive publiquement pour leur exposer
l’état d’avancement de l’enquête. Le ministre attendit toutefois que la
manifestation soit terminée avant de faire une déclaration.
L’AJM annonça: « L’objectif de ceux qui frappent les journalistes est
de les réduire au silence. L’Association des journalistes de Macédoine
s’élève contre tous les types de pressions et défend la dignité du journal-
isme en tant que métier. C’est pourquoi, chers collègues, au lieu de vous
taire, nous vous invitons aujourd’hui à exprimer clairement votre révolte.
Parce que le journalisme macédonien ne doit pas demeurer silencieux! Si
vous voulez frapper quelqu’un, venez, nous sommes là! » Miro Petek est transféré à l’hôpital
après l’agression qui le laissa griève-
Slovénie ment blessé devant chez lui en février
Le 28 février 2001, Miro Petek gara sa voiture devant chez lui, près de 2001.
Slovenj Gradec dans le nord de la Slovénie. Alors qu’il parcourait les
quelques mètres qui le séparaient de la porte d’entrée,
il fut agressé et sauvagement roué de coups. Il eu
le nez et les deux pommettes explosés, la mâchoire
brisée et le crâne fêlé à plusieurs endroits. Il perdit le
goût et une partie de son acuité visuelle à l’œil droit.
Il écrivit par la suite: « C’était comme dans un film
de gangsters. J’ai essayé de protéger ma tête avec
mes bras; je ne voyais que les jambes qui me frap-
paient. L’attaque a été brutale, professionnelle. Mes
agresseurs n’ont pas dit un mot. »
Miro Petek est journaliste d’investigation pour
107
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Transcaucasie
Un rapport de la FIJ intitulé « Promoting Independent and Ethical
Journalism in the Southern Caucasus », rédigé avec le soutien du Conseil
de l’Europe, détaille les violences et les intimidations à l’encontre des jour-
nalistes en Azerbaïdjan, en Géorgie et en Arménie. Il donne également des
exemples de journalistes se rassemblant pour défendre leurs droits.
En 2001 en Azerbaïdjan, trois journaux furent interdits par les tribunaux
et leurs rédacteurs en chef emprisonnés en vertu de l’article 19 de la loi sur
la presse. Ils furent libérés après une campagne conjointe des associations de
journalistes et du Syndicat des journalistes, soutenus par la pression interna-
109
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
tionale. La loi utilisée pour interdire les titres fut abrogée par la suite.
En mars 2002, la police intervint violemment contre des manifestants
et des journalistes lors d’une marche d’opposition, un événement relative-
ment courant. Après les protestations et une discussion avec un minis-
tre, le gouvernement accepta une enquête. Le ministre suggéra que les
journalistes envoient un avocat pour les représenter au sein d’un groupe
de contrôle. D’autres manifestations doivent être filmées, et le club de la
presse de Bakou et le syndicat de journalistes Yeni Nesil distribueront des
vestes fluorescentes aux journalistes.
Le journaliste indépendant Ronan Brady, auteur du rapport de la FIJ,
relata: « Les conditions dans lesquelles les journalistes azéris travaillent
sont profondément choquantes. Le gouvernement a fait tout ce qu’il a pu
pour les diviser et les isoler. (...) J’ai toutefois l’impression que le sens de
la solidarité parmi les journalistes azéris l’a emporté contre toute attente
à chaque fois qu’il a été mis à l’épreuve. »
Il ajoute: « Les pressions extérieures, en particulier de la part du
Conseil de l’Europe, ont été essentielles pour assurer le changement.
Selon moi, la manière dont les différents associations et syndicats de
journalistes ont collaboré à des buts communs tels que la création d’un
conseil de la presse ou la protection des journalistes contre les attaques de
la police, a été tout aussi vitale. (...) J’ai perçu un degré élevé de collabora-
tion et de coordination entre les deux groupes (le Syndicat des journal-
istes - JuHI - et le Syndicat Yeni Nesil des journalistes d’Azerbaïdjan) au
sujet du conseil de la presse et sur d’autres questions. »
La Géorgie possède les lois en matière de presse les plus libérales de la
région, mais présente aussi les conditions les plus dangereuses pour les
journalistes. En juillet 2000, Giorgi Sanaia, l’animateur d’une émission
politique, fut abattu par un agresseur inconnu. En septembre, Antonio
Russo de la chaîne italienne Radio Radicale fut assassiné. Certains jour-
nalistes estiment que son meurtre fut une mesure de représailles pour sa
couverture de la guerre en Tchétchénie.
Les menaces et les attaques contre les journalistes sont courantes, et
l’autocensure en est une des conséquences. Il est toutefois possible de
s’élever contre les bandits. Quand Akaki Gogichaitchvili, le présentateur
de l’émission d’information « 60 Minutes », dénonça la corruption au
sein du Syndicat des rédacteurs de Géorgie, il fut emmené au bureau
du procureur adjoint, où il s’entendit conseiller de parler à ses parents
des dangers de telles émissions. Le lendemain, il reçut des menaces de
mort. Au lieu de se rétracter, il tint une conférence de presse et organisa
une protestation publique. Après trois jours, le président ordonna que
Gogichaitchvili soit protégé.
110
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Colombie
Les risques courus par les journalistes en Colombie ont été exposés au chapi-
tre 4. Après une mission en Colombie en 2002, le Comité exécutif de la FIJ
soutint la création d’un Centre de solidarité avec les journalistes colombiens.
Ce projet vise à organiser l’aide humanitaire et l’assistance aux journalistes
et travailleurs des médias et leurs familles, à enquêter sur les attaques, à
améliorer la connaissance des risques et à conscientiser à l’importance d’un
journalisme sûr et à la nécessité de défendre la liberté d’expression.
Le centre offrira une aide d’urgence avec le soutien du fonds de sécurité
de la FIJ, à travers un accord avec la Fondation pour la liberté de la presse
(FLIP), une ONG colombienne membre de l’IFEX (Échange interna-
tional de la liberté d’expression) et possède un réseau d’alerte national
doté d’un système d’investigation, de vérification et de suivi des menaces
ou violences contre les journalistes. L’initiative de la FIJ n’est pas tant un
lieu physique qu’un projet qui étendra ses objectifs par le biais de cam-
pagnes. Il diffusera des informations aux journalistes et à leurs organisa-
tions et travaillera avec les ONG colombiennes, les bureaux et affiliés de
la FIJ en Amérique latine et le siège de la FIJ à Bruxelles.
La première initiative du Centre de solidarité, lancée à l’occasion de la
journée nationale des journalistes de Colombie le 9 février 2003, fut une
campagne pour la sécurité. Cette campagne, soutenue par FLIP et des
associations locales de journalistes, se penchait sur la liberté de la presse
et les violations de la liberté d’expression. Elle invitait les belligérants du NE TRAVAILLEZ PAS SEUL OU
conflit colombien et les personnes impliquées dans la corruption à cesser SANS PROTECTION…
d’assassiner les journalistes. Son message était le suivant: « Plus de jour- Dans un article rédigé à la suite de
nalistes victimes du conflit armé et de la corruption: nous ne sommes pas l’assassinat de Martin O’Hagan, le
une cible; nous sommes le fondement de la démocratie. » membre du comité exécutif du NUJ
Kevin Cooper émit les conseils
Irlande du Nord suivants.
Cette capacité à poursuivre un intérêt commun à travers un conflit est un Si vous vous voyez proposer
élément caractéristique du journalisme en Irlande du Nord, où les violences de travailler en Irlande du Nord,
ont causé des milliers de victimes, mais où les journalistes ont rarement été refusez la mission sauf si:
visés. Malgré des décennies de conflit armé, c’est seulement le 28 septem- vous avez déjà de l’expérience
bre 2001, alors que toutes les organisations paramilitaires étaient censées de la couverture d’un conflit;
respecter un cessez-le-feu, qu’un journaliste fut visé et tué. votre organisation assure votre
Martin O’Hagan, 51 ans, un reporter du Sunday World qui avait protection; et
écrit des articles sur les paramilitaires loyalistes, fut tué dans sa ville de vous n’êtes pas invité à travailler
Lurgan, dans le comté d’Armagh, alors qu’il revenait d’un pub en com- seul, une des choses les plus
pagnie de son épouse. dangereuses que vous puissiez
Le meurtre de O’Hagan fut revendiqué par les Défenseurs de la Main faire dans un conflit.
rouge, une appellation utilisée par les Forces volontaires loyalistes.
111
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
Un autre facteur fut que le Syndicat national des journalistes couvrait le Royaume-Uni et l’Irlande. Les journalistes
d’Irlande du Nord étaient impliqués dans un syndicat apportant de la solidarité et servant de pont au-dessus du fossé
sectaire. Ils étaient membres du NUJ, quelle que soit la ligne éditoriale de leur titre. Ils s’élevaient ensemble, loyalistes
et nationalistes, contre la censure. Ils portaient une carte de presse unique, qui ne donnait aucune indication de leur
employeur; elle disait juste qu’ils étaient journalistes.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
Afrique
Dans bien des pays africains, des journalistes ont été attaqués, empris-
onnés ou tués, et de nombreux continuent à courir des risques. Là où la
liberté de la presse est fragile et où les journaux, télévisions et radios sont
souvent associés soit au pouvoir en place soit à l’opposition, les journal-
istes peuvent trop facilement devenir des ennemis à éliminer plutôt que
LA FIJ AFRIQUE EN LIGNE les acteurs d’un débat politique ou social.
La FIJ possède un site web Les campagnes menées par de nombreux syndicats et associations
spécial sur les questions africains contre la violence à l’adresse des journalistes sont liées à une
africaines en langues anglaise, campagne plus large pour la liberté de la presse et des médias et pour des
française et portugaise. standards professionnels.
http://www.ifjafrique.org/english/ Tant l’Association des journalistes d’Afrique de l’Ouest que la Southern
index.htm Africa Journalists’ Association regroupent des associations et syndicats
http://www.ifjafrique.org/francais/ locaux et confèrent à ces campagnes un plus grand retentissement.
index.htm La FIJ compte quelque 30 affiliés sur le continent africain et a ouvert
http://www.ifjafrique.org/ un bureau régional à Dakar (Sénégal) en décembre 2001. Depuis 1994, la
portugues/index.htm FIJ gère le programme « Médias pour la démocratie en Afrique », auquel
participent des centaines de journalistes et d’éditeurs. Le programme est
basé sur le principe que le contrôle public de l’exercice du pouvoir est
essentiel dans une démocratie, et que les campagnes en faveur de lois rela-
tives aux médias doivent être conformes aux normes internationales et
élaborées uniquement après une consultation extensive des journalistes.
Il estime que les organisations indépendantes de journalistes sont les
mieux à même de défendre la liberté de la presse et que les profession-
nels des médias ont le devoir de travailler aux standards les plus élevés et
créer des structures d’autorégulation efficaces.
Les organisations de journalistes voient en le soulagement de la pres-
sion exercée sur les journalistes une de leurs principales fonctions.
Quand le journaliste libérien Throble Suah du quotidien Inquirer fut
agressé par des hommes soupçonnés d’être des officiers de la garde prési-
dentielle, l’unité anti-terroriste, le Syndicat de la presse du Liberia appela
à une action urgente « afin de traîner en justice les auteurs de cet acte non
civilisé, bestial et barbare. »
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
115
Chapitre 7
La réaction: que peuvent faire la FIJ
et les organisations de journalistes?
Indonésie
À l’époque où l’autoritaire « Ordre nouveau » était au pouvoir en
Indonésie, les violences à l’encontre des journalistes venaient essentielle-
ment des forces de sécurité, la police et l’armée étant soupçonnées d’actes
de torture et d’enlèvements. Aujourd’hui, dans une ère de « réforme »,
les attaques contre les journalistes sont surtout le fait de factions non
gouvernementales de diverses tendances. L’Alliance des journalistes
indépendants d’Indonésie (AJI) estime que la plupart des assaillants iden-
tifiés sont affiliés au parti politique au pouvoir. Des membres militants
d’organisations religieuses menaceraient eux aussi des journalistes. La
Lasykar Jihad (Forces de la Guerre sainte) et le Front des défenseurs de
l’Islam (FPI) sont deux exemples de groupes religieux qui ont visé les
journalistes ou les médias qu’ils considèrent violer leurs croyances. En
outre, des groupes suspectés d’être payés par des hommes d’affaires sans
scrupules menacent la sécurité des journalistes.
L’AJI enregistra 104 attaques contre des journalistes entre mai 2000
et mai 2001, allant des pressions psychologiques à la force physique.
Environ la moitié de ces actes eurent lieu au milieu de la foule. L’année
suivante, on compta 118 cas de violences contre des journalistes. L’AJI
a la forte impression que l’élite au pouvoir considère la violence de
masse comme une vengeance raisonnable contre les médias désinvoltes
qui offensent la sensibilité du public, en particulier quand cette violence
provient de ses partisans fanatiques.
L’alliance propose une aide juridique aux membres victimes d’attaques
et a lancé une campagne de conscientisation du public visant à mettre
un terme aux agressions. L’AJI rappelle que toute action empêchant un
journaliste d’obtenir et de diffuser des informations constitue une atteinte
à la liberté humaine en général. Elle rappelle également à ses membres la
nécessité d’adopter les standards professionnels les plus élevés.
L’organisation organisa en août 2002 une formation à la sécurité des-
tinée à ses membres. Les deux jours de cours couvrirent l’aide juridique,
116
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
Anonyme
117
Annexe 1
Principaux contacts
118
Live News - Guide de Survie à l’Usage des Journalistes
Stanfords
Ces cartes ne peuvent être visualisées, mais peuvent être Informations médicales
achetées en ligne.
Voyages internationaux et santé
http://www.stanfords.co.uk
Informations émanant de l’Organisation mondiale de la
Global Security santé.
Dernières nouvelles et renseignements sur les points http://www.who.int/ith/fr/index.html
chauds. Vise à donner une évaluation réaliste de la
International SOS
situation et des risques.
Offre secours et conseils. Vous rapatrie depuis l’aéroport
http://www.globalsecurity.org/
sûr le plus proche.
Convertisseur de devises http://www.internationalsos.com/contact/
Que vaut une devise par rapport à une autre?
MEDEX
http://www.xe.com/ucc/
Aide médicale internationale
Autres convertisseurs http://www.medexassist.com/index.html
Distance, température, vitesse, poids, etc.
VitalLink
http://www.onlineconversion.com/
Aide les journalistes qui tombent malade via une
Calendrier mondial communication téléphonique par satellite. Vous devez
Renseignez-vous sur les fêtes civiles et religieuses avant emporter un kit de support.
votre départ. http://tvz.tv/vitallink/vitallink.shtml
http://www.world-calendar.com/
The High Altitude Medicine Guide
The Media Safety Net Si vous devez couvrir un conflit dans un pays montagneux,
Offre aux journalistes des informations sur la sécurité consultez ce site avant de partir.
provenant du bulletin édité par l’organisateur de formations http://www.high-altitude-medicine.com/
Centurion Risk. Vous pouvez lire le bulletin même si vous
n’avez pas suivi la formation.
Stress post-traumatique
http://www.centurion-riskservices.com/mediasafetynet/
Dart Center for Journalism & Trauma (USA)
Kurt Schork
Pionnier dans le domaine du trouble de stress post-
Site dédié à la mémoire de Kurt Schork (tué au Sierra
traumatique chez les journalistes.
Leone en 2000). Souvenirs de Kurt et liens intéressants
http://www.dartcenter.org/
vers des articles sur le journalisme de guerre.
Newscoverage Unlimited
Rory Peck Trust
Forum de discussion, ramification du Dart Center.
Mène campagne pour la sécurité des journalistes
http://www.newscoverage.org/
indépendants. A créé un fonds, soutenu par plusieurs
grands groupes de presse britanniques, servant à Dart Centre Europe for Journalism & Trauma Europe
financer jusqu’à 75% des cours de formation à l’approche Branche européenne du Dart Center. Développe aujourd’hui
des situations dangereuses destinés aux journalistes son propre travail et ses propres sources d’informations.
indépendants du monde entier. Les moyens limités sont http://www.darteurope.org/
distribués sur la base du « premier arrivé, premier servi »
aux journalistes indépendants de bonne foi.
Tél.: +44 20 7262 5272
119
APPENDIX 1
Key Contacts
120
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs
des médias pour la période 1990-2002
L
a FIJ essaie de collecter et d’enregistrer le nom de tous les jour-
nalistes et travailleurs des médias tués et les circonstances de leur
décès. Elle a établi une liste de 1 192 morts pour la période 1990-
2002. Aucune liste ne peut être exhaustive, et celle-ci est accompagnée
de toute une série de remarques. La collecte des données est difficile en
raison du manque d’informations disponibles et des différentes définitions,
du genre: qui est journaliste? ou le journaliste est-il mort en faisant son
travail?
En outre, on peut faire remarquer que ne tenir compte que de ceux
qui meurent en faisant leur travail ne donne pas une image correcte
des risques. Et les personnes blessées, ou dont la confiance ou la santé
psychologique sont dévastées, ce qui les rend incapables de travailler?
Autant de bonnes questions auxquelles les tableaux et chiffres ne peuvent
apporter de réponse. Les tableaux donnent toutefois un aperçu global qui
renforce les messages du présent guide. Ils montrent des schémas de ris-
ques permettant de tirer d’importants enseignements qui peuvent sauver
des vies. Une manière de veiller à ce que ces journalistes ne soient pas
morts pour rien consiste à étudier les circonstances de leur décès et à ainsi
réduire les pertes de talent et d’engagement.
La liste de la FIJ diffère de celle d’autres organisations sur un aspect
essentiel, à savoir qu’elle englobe tous les travailleurs des médias. C’est la
bonne approche. Il serait surprenant que, lorsqu’une voiture dans laquelle
ont pris place un chauffeur, un traducteur, un reporter, un caméraman et
un technicien saute sur une mine, seuls quelques-uns des occupants aillent
grossir la liste des victimes travaillant pour la presse. La liste de la FIJ
reprend les journalistes dès lors qu’il semble probable qu’ils aient été visés
en raison de leur travail. Elle englobe donc les journalistes morts à la suite
d’un accident lié à leur travail et ce, même si cette information est limitée,
parce que les journalistes décédés dans un accident de la route alors qu’ils
se rendent à un travail de routine ne seront sans doute pas repris.
Il y a des leçons instructives à tirer des statistiques des décès accidentels.
Ainsi, le nombre de journalistes tués dans un accident d’hélicoptère est élevé.
Les chiffres, déséquilibrés bien que découlant de deux incidents à grande
échelle, montrent également que photographier des volcans semble être une
activité particulièrement dangereuse. Un des événements les plus meurtriers
de ces dernières années fut la disparition de 16 journalistes japonais à côté de
40 scientifiques et spectateurs le 2 juin 1991. Ils filmaient l’éruption du mont
121
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
Unzen (Japon), quand une coulée de lave en fusion les emporta avant qu’ils
n’aient le temps de fuir. La même année, le Pinatubo (Philippines) tua environ
750 personnes, dont quelques journalistes stationnés à une distance supposée
sûre. Le manque d’informations, l’incertitude quant aux événements futurs
et la concurrence, qui incite les journalistes à vouloir vivre les choses de plus
près, sont autant de facteurs qui poussent à se rapprocher - littéralement et
métaphoriquement - du point de non-retour.
Les tableaux proposent une ventilation des décès selon l’endroit où ils
se sont produits dans le monde et le type de journaliste ou travailleur des
médias tué. Ici aussi, les définitions posent un problème. Le propriétaire
d’une station de radio qui passe occasionnellement à l’antenne, est-il un
dirigeant ou un journaliste? Les rédacteurs en chef des petits journaux sont
des journalistes actifs. Dans les grands journaux, ils sont parfois cadres.
Certaines personnes sont considérées comme des travailleurs indépendants;
d’autres accomplissant le même boulot seront décrites comme des photog-
raphes. Une fois de plus, il faut être prudent avec les chiffres. Cependant, ils
fournissent de bonnes indications sur la structure des décès.
Nous donnons ci-après une liste reprenant 274 des 1 192 cas, ceux des
journalistes morts dans ce que l’on peut appeler des « zones de guerre
». Elle met en exergue certains des messages du présent guide: com-
bien de travailleurs des médias meurent dans leur propre pays, combien
d’indépendants sont tués, combien de personnes sont la cible de tirs, de
bombardements, d’obus ou d’embuscades, etc. Plus de 70% des individus
tués travaillaient dans leur pays « d’origine ». Sur les 274 morts énumérés,
au moins 16 étaient des femmes (le sexe n’était pas toujours mentionné).
La liste ne reprend pas les personnes tuées ou visées à l’extérieur des
zones de conflit. Encore une définition discutable… Les journalistes bru-
talement assassinés en Algérie, au Sri Lanka, en Colombie ou en Ukraine
pourraient tous figurer dans la liste. Le critère utilisé fut l’existence d’une
zone guerre identifiable.
Pour diverses raisons, nous n’avons inclus qu’un seul nom pour chaque
journaliste de cette liste. Notre intention n’était nullement de leur man-
quer de respect. Des erreurs figureront inévitablement et, comme tout
journaliste le sait, l’endroit le moins adapté pour commettre une erreur,
c’est la rubrique nécrologique. La nationalité du journaliste est une des
informations délicates, et dans de nombreux cas les dossiers ne l’indiquent
pas. Quand nous n’étions pas certains de la nationalité, nous l’avons
indiquée en italique et entre parenthèses. Si vous souhaitez apporter
des corrections à la présente liste, la FIJ sera heureuse de les recevoir.
Envoyez pour ce faire un message à l’adresse [email protected].
Peter McIntyre
122
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
123
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
37
107
Tableau 4: Décès en Afrique 1990-2002
54
20 17 15 13 10 7 7 7
Algérie Rwanda Angola Somalie Sierra Afrique Nigeria Liberia Kenya Ouganda
Leone du Sud
105
Tableau 5: Décès en Amérique 1990-2002
37 36
27 24 21
9
5 4
Colombie Péru Mexico USA Brésil Guatemala Haïti Venezuela El
Salvador
124
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
41
37
32
Bangladesh
Afghanistan
26
Sri Lanka
Thaïlande
24
Cambodge
Indonésie
Philippines
Tadjikistan
13 13
Pakistan
10 10
Japon
8 7
Indie
85
Tchétchénie
52
Fédération de Russie
Azerbaïdjan
Royaume-Uni
Ukraine
38 La Yougoslavie
Géorgie
37
Allemagne
englobe la Serbie
Espagne
et le Monténégro
Croatie
France
25
Yugoslavie
19 La Fédération de
Turquie
14
Bosnie
11
4 4
125
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
1991 39 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
8 Mustafayev Azerbaïdjan Azéri Travaillait pour la télévision nationale, une des 23 personnes
tuées dans un accident d’hélicoptère. L’Azerbaïdjan a déclaré que
l’appareil avait été abattu. L’Arménie a nié.
9 Mirzayev Azerbaïdjan Azéri (Voir ci-dessus).
10 Huseynzade Azerbaïdjan Azéri (Voir ci-dessus).
11 Shakhbasov Azerbaïdjan Azéri (Voir ci-dessus).
12 Askerova (f) Azerbaïdjan Azérie Reporter pour Azerbaycan Gencleri, tuée par la guérilla arménienne
au Haut-Karabakh.
13 Dementiev Azerbaïdjan Azéri Travaillait pour le journal Milistivye Gosudari, touché par un tir de
mortier.
14 Lazarevich Azerbaïdjan Azéri Reporter à Radio Mayak, tué par un partisan arménien au Haut-
Karabakh.
15 Simeon Haïti Haïtien Reporter à Radio Caraïbes, tué par des soldats pendant un coup
d’État.
16 Gross Irak Allemand Photographe de JB Photos (Allemagne) travaillant pour Newsweek,
tué par des Irakiens pendant une offensive contre les Kurdes.
17 Della Casa Irak Britannique Caméraman d’agence travaillant pour la BBC, présumé tué en Irak.
18 Della Casa (f) Irak Britannique Membre d’une équipe d’agence travaillant pour la BBC, presumée
tuée en Irak.
19 Maxwell Irak Britannique Preneur de son de la BBC, vu pour la dernière fois avec les Della
Casa dans le nord de l’Irak, présumé tué.
20 Shahine Israël Israélien (arabe) Reporter radio tué à Jérusalem-Est.
126
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
* En 1991, la Yougoslavie n’était pas encore officiellement divisée. Certains de ces décès se produisirent en Croatie ou en Bosnie.127
127
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
Nom Pays Nationalité Circonstances de décès
1992 26 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
47 Mustafayev Azerbaïdjan Azéri Caméraman pour la télévision azéri, tué au Haut-Karabakh.
48 Kerimov Azerbaïdjan Journaliste indépendant tué au Haut-Karabakh.
49 Lazarevic Bosnie- Bosniaque Reporter pour la radiotélévision bosniaque, tué par des éclats d’un
Herzégovine obus serbe.
50 Marinovic Bosnie- Croate Reporter radio croate enlevé par l’armée yougoslave ou des
Herzégovine miliciens serbes.
51 Tepsic Bosnie- Reporter de l’agence de presse SRNA, pris dans des tirs croisés.
Herzégovine
52 Tesanovic Bosnie- Bosniaque Reporter pour la radiotélévision bosniauqe, tué alors qu’il couvrait
Herzégovine les combats à Sarajevo.
53 Tunukovic Bosnie- Croate Caméraman de la BBC, tué par un tir de mortier.
Herzégovine
54 Pfuhl Bosnie- Allemand Journaliste pour FADMST, tué par un éclat d’obus à Mostar.
Herzégovine
55 Puyol Bosnie- Espagnol Photographe pour l’agence AFNE (Madrid), tué par une grenade.
Herzégovine
56 Standeker Bosnie- Slovène Reporter pour le magazine Mladina, blessé par balle, mort sur le
Herzégovine chemin de l’hôpital.
57 Kaplan Bosnie- Américain Reporter pour ABC, tué par un sniper.
Herzégovine
58 Hondo Bosnie- Bosniaque Tué par un obus alors qu’il photographiait Sarajevo pour
Herzégovine Oslobodjenje.
59 Smajlovic Bosnie- Bosniaque Reporter pour Oslobodjenje, peut-être visé.
Herzégovine
60 Jenks Croatie Britannique Correspondant local pour l’agence European Photo, tué par balle.
61 Hummelvoll Soudan Norvégian Photographe indépendant pris dans des tirs croisés.
62 Sheraliev Tadjikistan Tadjik Rédacteur en chef de Sadoi Mardum, tué par balle.
63 Shirind(j)zhon Tadjikistan Tadjik Reporter pour la radio tadjike, tué par balle alors qu’il couvrait la
guerre civile.
64 Zarobekov Tadjikistan Tadjik Cadre de la radio tadjike, tué en même temps que Shirind(j)zhon
(voir ci-dessus).
65 Suyari Tadjikistan Tadjik Reporter pour le magazine gouvernemental Tojikson.
66 Olim Tadjikistan Tadjik Reporter pour la radio tadjike.
67 Murodullo Tadjikistan Tadjik Rédacteur en chef de Sadoi Mardum.128
68 Muborakshoev Tadjikistan Tadjik Reporter pour la télévision nationale, tué par le Front populaire.
69 Tura Tadjikistan Tadjik Travaillait pour le journal Bairaki Dusti, tué pendant le travail.
70 Zarobek Tadjikistan Tadjik Éditeur de Sadoi Mardum.
71 Fernandez Venezuela Vénézuélien Reporter pour El Universal, tué alors qu’il couvrait un coup d’État
manqué.
128
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
1993 44 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
73 Inacio Angola Angolais Reporter pour la télévision nationale, pris dans des tirs croisés.
74 Vujovic Bosnie- Serbe Reporter pour Radio Ilidza, touché par un tir de mortier.
Herzégovine
75 Begic Bosnie- Bosniaque Travaillait pour la radiotélévision bosniaque. Tué par un tireur
Herzégovine embusqué à Sarajevo.
76 Filipovic Bosnie- Bosniaque Photographe pour Srpsko Slovo, tué par un tir de mortier.
Herzégovine
77 Ruzicic Bosnie- Bosniaque Reporter à Radio Sarajevo, tué par une bombe.
Herzégovine
78 Sipovac Bosnie- Bosniaque Caméraman de la radiotélévision bosniaque.
Herzégovine
79 Sojanovic (f) Bosnie- Bosniaque Reporter pour Oslobodjenje, tuée par un sniper.
Herzégovine
80 Puletti Bosnie- Italien Journaliste indépendant pour Mondo Economico et Brescia Oggi,
Herzégovine tué par balle dans une embuscade.
81 Lonneux Bosnie- Belge Caméraman pour la télévision mexicaine, tué par balle.
Herzégovine
82 Ramic Bosnie- (Serbe) Travaillait pour la radiotélévision bosniaque.
Herzégovine
83 Elez Bosnie- (Serbe) Reporter pour Radio Foca, tué sur la ligne de front.
Herzégovine
84 Tasar Bosnie- Turc Reporter pour Mili Gazette, tué par balle.
Herzégovine
85 Goskel Bosnie- Britannique Reporter indépendant, tué par balle.
Herzégovine
86 Novalic Bosnie- Travaillait pour Press So.
Herzégovine
87 Bodnaruk Bosnie- Bosniaque Travaillait pour le journal Oslobodjenje.
Herzégovine
88 Arifhodzic Bosnie- Travaillait pour le journal Privredne Novine.
Herzégovine
89 Karapetian Géorgie Arménien Journaliste de presse écrite.
90 Ezugbaya Géorgie Journaliste de télévision.
91 Popiashvili Géorgie Journaliste de presse écrite.
92 Gordelazde Géorgie Journaliste de télévision.
93 Adanaya Géorgie Géorgien Reporter pour The Press. Neuvième journaliste tué en Géorgie en
un an.
129
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
Nom Pays Nationalité Circonstances de décès
94 (Inconnu) Géorgie Espagnol Une des 22 victimes de l’attaque d’un avion par une roquette.
95 Tuttle (f) Géorgie Américaine Reporter du Wall Street Journal, tuée dans le même avion.
96 Soloviev Géorgie Russe Photographe indépendant récompensé, tué en prenant des photos
pour AP.
97 Haidar Liban Libanais Caméraman pour la télévision Al-Manar, touché par ub obus alors
qu’il couvrait l’invasion israélienne du Sud-Liban.
98 Belozerov Russie Russe Ingénieur vidéo pour la télévision Ostankin, pris dans des tirs
croisés devant les bureaux moscovites d’Ostankin pendant la
tentative de coup d’État d’octobre.
99 Peck Russie Britannique Indépendant, tué en filmant les combats devant les bureaux
d’Ostankin.
100 Krasilnikov Russie (Russe) Caméraman de la télévision, tué alors qu’il couvrait les combats
devant les bureaux de la télévision.
101 Drobyshev Russie (Russe) Reporter pour Priroda i Chelovek, tué pendant des combats à
Moscou.
102 Sidelnikov Russie Russe Caméraman pour Lennauchfilm Studio, tué pendant des combats à
Moscou.
103 Smirnov Russie (Russe) Reporter pour Molodeshny Kuriyer, tué pendant des combats à
Moscou.
104 Skopan Russie Français Caméraman de TF1, tué pendant des combats à Moscou.1
105 Evariste Rwanda Rwandais Photographe. Corps retrouvé dans une caserne militaire.
106 Jumel Somalie Français Preneur de son, tué par balle par un sniper.
107 Macharia Somalie Kényan Preneur de son de Reuters, roué de coups, lapidé et lynché par la
foule.
108 Mursal Somalie Somalien Correspondant local pour AP, tué par balle alors qu’il tentait de
défendre un collègue.
109 Eldon Somalie Américain Photographe de Reuters, roué de coups, lapidé et lynché par la
foule.
110 Krauss Somalie Allemand Photographe d’AP, roué de coups, lapidé et lynché par la foule.
111 Maina Somalie Kényan Photographe indépendant pour Reuters, roué de coups, lapidé et
lynché par la foule.
112-116 Somalie 5 Somaliens Somaliens travaillant en tant que journalistes pour CNN, tués lors
d’une attaque contre leur voiture.
1994 60 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
117 Gilela Angola Angolais Ingénieur du son de la radio nationale, pris dans des tirs croisés.
118 Hasek Bosnie-Herzégovine Canadien Reporter au Washington Inquirer, mort à l’hôpital
après que son véhicule eut sauté.
NB: La FIJ ne possède pas les noms des cinq membres de la télévision somalienne tués quand leur voiture fut touchée lors d’âpres
combats.
130
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
131
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
Nom Pays Nationalité Circonstances de décès
149 Mukama Rwanda (Rwandais) Travaillait pour La Tribune du peuple, tué pendant la guerre civile.
150 Munyakazi Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal L’Observateur, tué pendant la guerre civile.
151 Mureramanzi Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal L’Émancipation, tué pendant la guerre
civile.
152 Mutesa Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Kanyarwanda, tué pendant la guerre civile.
153 Nkundimana Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Kanyarwanda, tué pendant la guerre civile.
154 Nkubiri Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Kinyamateka, tué pendant la guerre civile.
155 Nsabimana Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Orinfor, tué pendant la guerre civile.
156 Nshimiryo Rwanda (Rwandais) Travaillait pour la télévision rwandaise, tué pendant la guerre civile.
157 Nyimbuzi Rwanda (Rwandais) Travaillait pour L’Observateur, tué pendant la guerre civile.
158 Rubwiriza Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Orinfor, tué pendant la guerre civile.
159 Rudahangarwa Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal La Relève, tué pendant la guerre civile.
160 Rugaju Rwanda (Rwandais) Travaillait pour La Tribune du peuple, tué pendant la guerre civile.
161 Shabakaka Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Kibernika, tué pendant la guerre civile.
162 Twagiramungu Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Iwacu, tué pendant la guerre civile.
163 Funga Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Dialogue, tué par des miliciens.
164 Gakwaya Rwanda (Rwandais) Travaillait pour La Tribune du peuple, tué par des miliciens.
165 Kamurase Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Rwanda Rushya, tué chez lui par des miliciens.
166 Kanamugire Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal La Griffe, tué par des miliciens.
167 Kanyabugoyi Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Kanyarwanda, tué pendant la guerre civile par des
miliciens Interhahamwe.
168 Mbuguje Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Imbaga, tué par des miliciens.
169 Munana Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Le Flambeau, tué pendant la guerre civile par des
miliciens Interhahamwe.
170 Munyarigoga Rwanda (Rwandais) Travaillait pour Orinfor, tué chez lui par des miliciens Interhahamwe.
171 Ntaganzwa Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Rafiki, tué pendant la guerre civile.
172 Semusambi Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Unuranga, tué par le FPR.
173 Sibomana Rwanda (Rwandais) Travaillait pour le journal Isibo. Circonstances de sa mort inconnues.
174 Alpi (f) Somalie Italienne Journaliste pour la RAI couvrant le départ des militaires italiens,
assassinée par des miliciens.
175 Krovatin Somalie Slovène Reporter pour la RAI, délibérément tué par balle par des miliciens
en même temps qu’Alpi (voir ci-dessus).
176 Anceaux Somalie Suisse Reporter pour Caritas News, tué par balle par des soldats
somaliens.
1995 20 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
177 Bunyadov Azerbaïdjan Azéri Caméraman pour Reuters/Turan News, tué par une balle dans la
gorge alors qu’il filmait.
178 Kolevski Bosnie- Bosniaque Caméraman de la télévision serbo-bosniaque, tué dans des tirs
* By 1999 Yugoslavia (Serbia and Montenegro) had become the Federal Republic of Yugoslavia.
132
LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
1996 5 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
197 Chaikova (f) Tchétchénie Russe Reporter pour le journal Obshachaya Gazeta, rouée de coups et
tuée par balle, les yeux bandés.
198 Yagodin Tchétchénie Reporter pour Na Boevon Postu, pris dans une embuscade et tué
par des soldats tchétchènes.
133
Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
Nom Pays Nationalité Circonstances de décès
199 Pimenov Tchétchénie Tchétchène Caméraman pour la télévision Vaynakh, tué par balle par un sniper
à Grozny.
200 Yefimova (f) Tchétchénie Tchétchène Reporter pour le journal Vozrozhdeniye, enlevée avec sa mère et
tuée par balle.
201 Khadzhiyev Tchétchénie Tchétchène Reporter pour l’ORT, tué par balle par des soldats russes alors qu’il
se déplaçait avec sa femme et son enfant de 4 ans.
1997 2 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
202 Bekir Dogan Irak Turc Travaillait pour la télévision MED, disparu à Irbil en mai alors qu’il
couvrait des combats.
203 Jalloh Sierra Leone Sierra Indépendant pour Punch, Storm & Vision, mort de ses
léonais blessures après la couverture de combats.
1998 3 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
204 Chanya Géorgie Géorgien Reporter pour le journal Rezonats. Corps mutilé par des rebelles
abkhazes.
205 Mashtakova (f) (Tchétchénie) Russe Mourut en Russie des suites de blessures encourues en couvrant le
conflit tchétchène en 1997.
206 Smith Sierra Leone Sierra léonais Reporter pour la BBC, tué dans une embuscade.
1999 40 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
207 Ependiyev Tchétchénie Tchétchène Rédacteur en chef de Groznensky Rabochy, mortellement touché
par un tir de roquette.
208 Mezhidov Tchétchénie Caméraman de la télévision Tsentr, tué alors qu’il filmait une attaque
aérienne contre un convoi de réfugiés.
209 Gegayev Tchétchénie Tchétchène Caméraman pour la télévision Nokh Cho, tué alors qu’il filmat une
attaque aérienne contre un convoi de réfugiés.
210 Motta (f) Colombie Colombienne Tuée par balle alors qu’elle filmait l’attaque d’une ville par les FARC
pour le compte de la télévision Garzon.132
211 Thoenes Timor oriental Néerlandais Reporter pour le Financial Times, pris dans une embuscade, tué et
mutilé.
212 Muliawan Timor oriental Indonésien Reporter pour la télévision Asia International Press, pris dans une
embuscade et tué en même temps que 7 civils.
213 Mitrovic RFY* Serbe Directeur des programmes, tué par des missiles de l’OTAN lors de
l’attaque contre la radiotélévision serbe (RTS).
214 Stukalo RFY Serbe Programmeur étranger, tué par des missiles de l’OTAN lors de
l’attaque contre la RTS.
215 Stevanovic RFY Serbe Programmeur étranger, tué par des missiles de l’OTAN lors de
l’attaque contre la RTS.
216 Bancovic RFY Serbe Monteur vidéo, tué par des missiles de l’OTAN lors de l’attaque
contre la RTS.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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Annexe 2
Statistiques des décès de journalistes et de travailleurs des
médias pour la période 1990-2002
Nom Pays Nationalité Circonstances de décès
238 Cole Sierra Leone Sierra léonais Reporter pour la radio SKY-FM 106, tué par le Front révolutionnaire
uni (RUF).
239 Oguogo Sierra Leone Nigérian Rédacteur en chef adjoint du Concord Times, tué par balle par le
RUF.
240 Kamara Sierra Leone Sierra léonais Reporter pour Radio Kiss 104 FM, tué par balle par le RUF.
241 Mansaray Sierra Leone Sierra léonais Rédacteur en chef du Standard Times, tué avec toute sa famille
dans l’incendie criminel de sa maison.
242 Tierney Sierra Leone Américain Producteur d’AP TV, tué par balle par des rebelles alors qu’il se
déplaçait avec un convoi de l’ECOMOG (groupe de contrôle de la
CEDEAO).
243 Juma Jalloh Sierra Leone Sierra léonais Rédacteur en chef d’African Champion, pris par erreur pour un
rebelle et tué par un soldat de l’ECOMOG.
244 Bah Bah Sierra Leone Sierra léonais Journaliste indépendant, roué de coups et tué par balle par des
rebelles devant sa famille.
245 Kamara Sierra Leone Sierra léonais Journaliste indépendant pour Vision, enlevé et tué par des rebelles.
246 Turay Sierra Leone Reporter pour Punch, Daily Mail et le Sierra Leone Broadcasting
Service, tué par balle.
2000 9 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
247 Yatsina Tchétchénie Russe Photographe d’agence, kidnappé et exécuté par des soldats
tchétchènes.
248 Yefremov Tchétchénie Russe Journaliste de presse écrite, tué quand sa jeep sauta.
249 Tepsurgayev Tchétchénie Tchétchène Caméraman indépendant, tué par des hommes armés qui firent
irruption chez lui.
250 Gallego (f) Colombie Colombienne Corps retrouvé près de rebelles de l’ELN tués lors d’affrontements
avec l’armée.
251 Kandolo RDC Congolais Caméraman d’UNESCO TV, tué dans une embuscade. Corps brûlé.
252 Takoush Liban Libanais Chauffeur d’une équipe de la BBC. Tué par un tir de char israélien.
253 Conteh Sierra Leone Sierra léonais Tué par balle alors qu’il couvrait une manifestation.
254 Gil Moreno Sierra Leone Espagnol Reporter d’AP, tué dans une embuscade tendue par des rebelles.
255 Schork Sierra Leone Américain Reporter de Reuters, tué dans une embuscade tendue par des
rebelles.
2001 11 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
256 Lawton Macédoine Britannique Reporter d’AP, tué quand sa voiture fut touchée par un obus.
257 Al Bashawi Palestine Palestinien Photographe, tué dans une attaque d’un hélicoptère israélien alors
qu’il interviewait des dirigeants du Hamas à Naplouse.
258 Al Qatanani Palestine Palestinien Journaliste de presse écrite, tué dans la même attaque d’hélicoptère
(voir ci-dessus).
259 Sutton (f) Afghanistan Française Journaliste de radio, « exécutée » par les Talibans après être
tombée d’un véhicule blindé.
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
2002 8 journalistes et travailleurs des médias tués dans des zones de guerre
267 Ciriello Palestine Italien Photographe indépendant, tué par balle par un soldat israélien qui
l’avait pris pour un tireur.
268 Al Alami Palestine Palestinien Caméraman de télévision, tué par des tirs israéliens.
269 Lopez Colombie Colombien Chauffeur pour une station de radio, tué lors de l’attaque de sa
voiture par un hélicoptère de l’armée.
270 Sandoval Colombie Colombien Caméraman de la RCN, mort des suites des blessures encourues
lors de la même attaque d’hélicoptère.
271 Abu Zahra Palestine Palestinien Caméraman indépendant, tué par balle par un char israélien.
272 McLeod Afghanistan Néo-Zélandais Journaliste indépendant, tué dans un accident de voiture.
273 Tellawi Palestine Palestinien Tué par balle alors qu’il couvrait une manifestation.
274 Scott Russie Britannique Réalisateur de films indépendant, tué dans des combats alors qu’il
filmait des guerriers tchétchènes.
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Annexe 3
Code international de pratique pour l’exercice d’un
journalisme en toute sécurité
L
es annales regorgent des dangers courus par les journalistes et
le personnel de la presse appelés à travailler dans des conditions
dangereuses et des zones en guerre. Dans les régions en guerre,
nombre de journalistes sont tués, blessés ou harcelés; ils sont la cible de
l’un ou de l’autre belligérant ou pris sous les feux croisés des échanges
de violences. D’autres sont victimes d’agressions ou de manœuvres
d’intimidation préméditées de la part de criminels, de terroristes ou de
forces de sécurité, qui agissent secrètement et en toute illégalité.
Des accidents se produiront inévitablement, quels qu’aient été les soins
apportés à la fourniture d’une protection, et l’on ne peut presque rien
faire lorsque ceux qui s’en prennent aux médias recourent à des méthodes
impitoyables et brutales pour étouffer une enquête journalistique.
Toutefois, il existe des mesures que les journalistes et les groupes de
presse pourraient adopter afin de minimiser les risques subis par le per-
sonnel. En particulier, les points suivants constituent des éléments vitaux
dans toute protection à offrir:
Préparation et formation adaptées, protection sociale. Il est essentiel
que les journalistes et le personnel de la presse soient prêts à affronter les
difficultés lorsque celles-ci se présentent. Prévoir au bénéfice de chacun un
cadre de fourniture de soins de santé et d’une protection sociale.
Les professionnels de la presse doivent être informés et s’informer
du terrain politique, physique et social sur lequel ils travaillent. Ils ne
peuvent contribuer à accroître les incertitudes et l’insécurité encourant
leurs conditions par ignorance ou par inconscience.
in my opinion, this sen- À des fins purement mercantiles, les groupes de presse éviteront de
tence is BADLY trans- faire prendre des risques, tout en encourageant la coopération entre
lated!!!!! journalistes lorsqu’ils se trouvent dans des situations potentiellement
dangereuses.
Les pouvoirs publics doivent lever les obstacles au journalisme. Ils ne
peuvent restreindre sans nécessité la liberté de mouvement des journal-
istes, ou bafouer le droit des agences de presse de collecter, fabriquer et
diffuser l’information dans des conditions parfaitement sûres.
Ne pas toucher aux travailleurs des médias. Chacun doit respecter
l’intégrité physique des journalistes et du personnel de la presse dans
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LIVE NEWS - GUIDE DE SURVIE À L’USAGE DES JOURNALISTES
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PUBLIÉ SEPTEMBRE 2005
PAR LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES JOURNALISTES
Avec le soutien de
L’INITIATIVE EUROPÉENNE POUR LA DÉMOCRATIE ET LES
DROITS DE L’HOMME
COMMISSION EUROPÉENNE