Mainguy Iréne - Symbolique Des Grades de Perfection Et Des Ordres de Sagesse (2011)
Mainguy Iréne - Symbolique Des Grades de Perfection Et Des Ordres de Sagesse (2011)
Mainguy Iréne - Symbolique Des Grades de Perfection Et Des Ordres de Sagesse (2011)
[email protected]
Irène MAINGUY
SYMBOLIQUE
DES GRADES DE PERFECTION
ET DES ORDRES DE SAGESSE
~
96 figures et 31 planches
d /Amis et Henri-Jean Deguillemain/
illustrent cet ouvrage/ ainsi que 4 sérigraphies
de Jean Beauchard
Éditions DERVY
4
A la mémoire de
Narcisse
Flubacher
PORTRAIT D'UN VRAI MAÇON
Le vrai et universel ma9on, Citoyen du monde entier,
n'est étranger dans aucun pays, sans le secours de la voix,
il parle et se fait entendre, il voit sans le secour~ des yeux,
on le reconnaÎt à des marques infaillibles, et plus encore
à ses vertus. Honnête homme, il exercs lss pricsptes
ds l'humanité snvers fous, sf par un désir particulier,
snvers lss FF.·. auxqusls il sst Iii par un sscret inviolabls.
MaÎfrs ds lui, librs sans licence, enjoué sans indécence,
sur la ruine dss p11sions il ilivs dss tsmplss à la vertu.
Soutenu par la Force, instruit par la Sagesse, décoré par
la Beauté, lui seul peut se glorifier de ponider le grand
art de jouir de la vis sans sn abuser. Héritier des mœurs
et des biens ds cet ige hsureux où la folle 1mbition de
l'aveugle fortune n'ayant pas encors d'autel dans le cœur
des humains, il n'était de gr~ndeur que l1 vertu, de richssss
que la paix et l1 satisfaction inférieure.
Enfin lss ma9ons composent, sous lss mimes lois,
un Peuple innombrabls de frères dispersés
dans foutss lss parties du globs, qui
savsnf respecter les droits des religions et
des souverains auxquels l1 providence les a soumis.
1. Grade de Parfait Élu de la Voûte sacrée de facquts VI ou Grand Écossais, traduit en fran·
çais par le Respectable F :. le Grand baron de Blaitfaindi, sur les cahiers originaux de la Très
Respectable Maîtresse Loge Écossaise d'Édimbourg. Manuscrit de Bayreuth, 7760-32.
.. -~
--- --
-~
- ----
__::;:.::-::--
-- _...
~
SOMMAIRE
CHAPITRE!
CHAPITRE Il
Présentation du grade . ......... .......... .. ... ... ... ..... ........ ........................ 115
Thème du grade .. . .. . .. . .. . .. .. . . .. .. . .. . .. . . .. .. . . ... .. . .. . .. . . .. . .. . ... .. . .. . .. . . .. . .. . . . 117
Description des figures contenues dans le T ableau de la loge
Tableau comparatif des tuileurs de Delaulnaye, Vuillaume
Bazot, Ragon . . .. . .. .. . . .. .. . .. . .. . . .. .. . .. ... .. .. . ... .. . .. . . .. . .. . .. . . .. . .. . .. . .. . .. . . 120
1. Maître Pa.rfait .. ... ... .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . .. . . .. . ... .. . .. . .. . . .. . .. . .. . .. . .. . . 121
2. La quadrature du cercle .......................................................... 124
3. Les trois cercles............... ......................................................... 129
4. La pyramide .... ....... ......... ... ... .................................................. 131
5. L,urne ............... ....................................................................... 134
SOMMAIRE 11
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
Présentation du grade ........... ........................... ...... ... ... ... ............... 257
Thème du grade ................................... ......................................... 257
Tableau comparatif des tuileurs de Oelaulnaye, V uillaume
Bazot, Ragon .. ......................................................................... . 259
1. L'Élu des quinze ..................................................................... .
0 0
260
2. V engeance et Justtce ............................................................... . 261
3. La tour ................................................................................... . 263
40 Le tablier et le cordon de l'Illustre Élu des Quinze 000000 000000000000 264
Tableau récapitulatif selon le T uileur de Lausanne 00 00 oo o oo o o oo o o oo o o oo o oo 266
Instruction par demandes et réponses 000 000 000 000 000 000 00 00 00 00 0
o oo o oo o o oo o oo o o o o 268
CHAPITRE VIII
279
50 Le tablier et le cordon du Sublime Chevalier Élu 00000000000000 000000 280
T ableau récapitulatif selon le Tuileur de Lausanne 000000 000000 00 0000 000000 281
Instruction par demandes et réponses 0000 00 00 00 0000 00 0000 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 282
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
6 Le cercle de
0 points 22 00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 349
CHAPITRE XI
CHAPIT RE Xli
CHAPITRE XIII
APPENDICE
BIBLIOGRAPHIE
TABLES
transforme au contact d' une société où la structure des relations sociales est
différente de celles de l'Angleterre. U ne remarque préalable s'impose : la
Franc-Maçonnerie anglaise dispose d'un "Livre des Constitutions" qui défi-
nit et codifie les rapports entre le franc-maçon et sa loge, et ceux qui lien t
les loges et la Grande Loge, ainsi que les pouvoirs et devoirs que ces en tités
se doivent réciproquemen t. Mais en matière d e rituel, le "Livre des
Constitutions" est muet, si ce n'est que les Règlements Généraux recom-
mandent que les "usages", c'est-à-dire les rituels soient semblables et qu'une
certaine uniformité soit atteinte par des visites réciproques des membres des
différentes loges.
Or, lors du passage vers la France et d'autres nations, aucun texte écrit •
de rituel n'a été transmis, la G rande Loge estimant que la transmission orale
qui est de règle chez elle, était connue et appliquée dans tous les autres pays.
Ceci fait que lors des installations de loges en France, ce sont uniquement
des textes mémorisés, avec tous les risques d'erreurs que cela comporte, qui
ont été transmis et simultanément traduits. D e plus, en l'absence du "Livre
des Constitutions" les règles relatives aux liens entre les maçons, les loges et
les Grandes Loges ont nécessairement été réinventées et adap tées aux
besoins des d ifférentes contrées où la Franc-Maçonnerie s'est pratiquée.
La fraction de la société française où la Franc-Maçonnerie s'est intro-
duite et propagée est étrangère à toute forme d 'égalité entre d es personnes
de rangs différents, et en vérité elle n'a que faire d'une institution qui lui
propose de représenter des ouvriers du bâtiment, même s'ils sont haute-
ment qualifiés et travaillent sous l'égide du Roi Salomon. L'origine ouvrière
proclamée par les Anglais n'a donc aucune chance de satisfaire les aspira-
tions des francs-maçons français. La société du XVIIIe siècle est figée en
castes, qui se côtoient certes, mais ne se mélangent pas, aussi était-il néces-
saire que la Franc-Maçonnerie française s'adapte à la structure sociale fran-
çaise. La solution adop tée consista à ajouter aux trois degrés venus
d 'Angleterre une série de grades ou degrés dotés de titres qui reflètent la
situation sociale des adeptes. Mais ce ne sont que certains aspects des diffi-
cultés que rencontra l'installation d e la Franc-Maçonnerie en France. En
Angleterre en 1730, il n'existe pas de censure de la presse et des imprimés,
les associations se constituent à leur gré, et la tolérance religieuse existe à
quelques exceptions près, tandis que les persécutions religieuses n'existent
plus depuis la fin du XVIIe siècle, lorsque l'on constate que la diversité des
religions ne porte pas atteinte à la sûreté d e l'État. Ainsi les réunions des
francs-maçons ou d 'au tres associations ne sont soumises ni à au torisation,
ni à aucun contrôle. Le « secret » des francs-maçons est d ès lors légitime et
person ne ne soupçonne une si honorable société de complot ou d 'activités
inavouables.
On mesure dès lors les problèmes qui se posent aux premiers organisa-
teurs de loges en France, et parmi ces obstacles, dans ce pays dominé par
!'.Église catholique, le plus important est justement le secret des francs-
22 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
maçons. Si, étant donné la qualité des premiers mem bres, la subversion
peut être écanée, malgré les dénégations, la suspicion existe et le secret des
réunions maçonniques doit aux yeux des autorités tant civiles qu'ecclésias-
tiques, cacher quelques éléments inacceptables pour la foi, ce qui va rapi-
dement être confi rmé par u ne Bulle Papale en 1738, qui n'est pas
cependant appro uvée par le Parlement et n'est donc pas appliquée en
France. Simultanément un auteur franc-maçon dont les écrits antérieu rs ne
peuvent être soupçonnés de ne pas respecter l'orthodoxie catholique la plus
stricte, le Chevalier Ramsay, va inventer une nouvelle origine pour les
francs-maçons. La solution qu'il présente est impeccable : la Franc-
Maçonnerie a été rapportée en Occident par les Hospitaliers de Saint-Jean.
La voie est donc ouverte, la Franc-Maçonnerie n'est plus une institution
d 'ouvriers, mais elle s'offre de nobles ancêtres, et lorsque les premiers
<< Hauts Grades » apparaissent ils se modèlent sur la société civile avec son
échelle de relations subordonnées. Mais pourtant avec une différence essen-
tielle : en Franc-Maçonnerie le rang, le grade et la fonction sont attribués,
officiellement du moins, au mérite et pas seulement à la naissance. Quel
honneur supplémentaire pourrait espérer ce Maître Tapissier de Paris qui
d evient en Franc-Maçonnerie "Empereur d 'Orient et d 'Occident" et cela
uniquement par son mérite. La Franc-Maçonnerie est dès lors la société où
• le rêve social devient une réalité.
La chronologie de l'apparition des << Hauts Grades» a été exposée par
plusieurs auteurs, pourtant nous ne disposions pas, avant la parucion du
livre d'Irène Mainguy, d 'un outil qui éclaire le mystérieux mécanisme inté-
rieur qui motivait les francs-maçons du xvrne siècle et les portait à s'affilier
à ces << Hauts Grades » où ils trouvaient honneur et respect. Certes les
rituels sont connus et de nombreuses versions existent, elles ont été créées
en ordre d ispersé, elles se ressemblent et diffèrent au gré de l'approche
symbolique pour satisfaire le goût et le niveau intellectuel de chacun. C'est
à ce moment que le Guide qui nous est proposé démontre toute sol'l impor-
tance. En effet l'on ne pénètre pas dans un labyrinthe symbolique aussi
complexe sans qu'une main sûre ne nous guide qui fourn isse des explica-
tions raisonnées et fiables à tous les degrés. La plupart de ces grades sont
actifs et développent des récits fantastiques et passionnants qui demandent
que l'on découvre les sources symboliques, liant ces actions et les rendant
compréhensibles et cohérentes.
Reste que le travail ne s'achève pas au 14e degré du Rite Écossais et les
grandes étapes de la progression maçonnique que sont les grades de P rince
Rose C roix et de Chevalier Kadosh attendent aussi leur étude.
L'importance des rituels maçonniques rédigés au xvrnc siècle est
souvent négligée tant pour leur valeur propre que par le lien supplémentaire
qu'ils établissent entre le m açon et sa loge, quel qu'en soit le titre, Loge de
Perfection, Chapitre ou Aréopage, où ils supportent et enrichissent la vie
maçonnique. Ceci n'est pas un jugement de valeur mais u n constat qui doit
PRtFACE 23
amener tous les maçons à ouvrir leur esprit. Le présent livre va permettre à
ses lecteurs de saisir la beauté et parfois la grandeur des différents degrés
auxquels il est consacré. Il va aussi, et ce n'est pas son moindre mérite,
ouvrir aux lecteurs une fenêtre indiscrète sur ce passionnant XVIIIe siècle qui
porte en lui toute notre société moderne.
Que ce livre les aide et les instruise.
2. GuériUot C laude, La légende d'Hiram se/tm le rite de Perfection et le Rite .Scossais Ancien
et Accepté, Éditions T rédaniel, 2003, pp. l 00-l 01.
3. Guérillot Claude, La Rose maçonnique, Éditions Trédaniel, 1995; et Les loges de perfec-
tion, Éditions Trédaniel, 1993.
26 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
d'une voie unique, en dehors de laquelle rien de bon n'existe. Il est néfaste
de s'enfermer dans la logique exclusive d'un système de hauts grades qui
peut aller jusqu'à se transformer en ghetto, suivant en cela un schéma inté-
griste. Trop souvent en effet on s'imagine pratiquer le meilleur rite, et par
là même être le seul à détenir la Vérité, ce q ui est u n schéma négatif et un
peu simpliste. Il n'y a pas de bons ou de mauvais rites, mais seulement de
bons ou de mauvais maçons! Puisq ue la Franc-Maçonnerie donne la possi-
bilité de pratiquer plusieurs rites et non un seul et unique, on peut légiti-
mement envisager, au nom de cette pluralité spirituelle, que tout Maître
Maçon expérimenté ouvre son entendement en approfondissant un ou
plusieurs autres rites, différents de celui initialement pratiqué ... et dès lors
on peut espérer qu'un Maître Maçon rassemblera effectivement ce qui est
épars, en ayant une pratique sérieuse des principaux rites.
des manuscrits de la Bibliothèque Nationale ainsi que des fonds des biblio-
thèques d'Alençon, Avignon, Bayreuth, Bordeaux, La Haye, Lyon,
Strasbourg Toulouse et Vienne, on est confronté à un très important
foisonnement d'écrits issus des divers systèmes de hauts grades apparus à
cette époque. Ce sont des systèmes imbriqués et complexes qui ont déjà
été analysés (notamment par C laude Guérillot), aussi mon propos n'est
pas de répéter ce qui a déjà été dit. D ès lors, ce qu'il paraît le plus impor-
tant de développer dans cette étude, c'est l'esprit m ême de l'idéal de
perfection transmis au M aître Maçon, qui cherche à devenir un Maître
complet. Pour ce faire on évitera de se perdre dans la forêt touffue de trop
nombreux détails qui n'éclairent pas forcément le cheminement initia-
tique. Ainsi que le qualifie Yves Hivert-Messeca le terme de patchwork
peut paraître adapté, ce qui n'implique pas que le R.E.A.A. soit incohérent,
mais que sa cohérence et sa rationalité n apparaissent pas de prime abord. Il
est vain de vouloir y démontrer une progression graduelle, degré après degré.
Le cinquième degré n'est pas la suite du quatrième (il s agit en fait d'une
inversion). En réalité le R.E.A.A. et avant lui« l'Ordre du Royal Secret« que
l'historiographie maçonnique nomme improprement« Rite de Perfection », et
la plupart des autres systèmes de hauts grades, obéissent à ce que la Chambre
des grades du Grand Orient de France nomme en 1782 « l'ordre analytique
connu « : d'abord des trois « sous-familles « des «petits grades « (Parfait,
Maître Secret... ), des «Élus « (des 9, des 15.. .) et des degrés« écossais « (de
la Voûte), puis la grande « tribu « des grades chevaleresques. Il ne fout guère
chercher une logique générale à la progression des 33 degrés. La cohérence du
R. E.A.A. est ailleurs. . . Ce qui a présidé à sa construction, ce n'est pas une
volonté d'ordonnancement. La cohésion du R.E.A.A. vient du fait que ses
« constructeurs >> successifs ont, de manière délibérée ou implicite, cherché à en
foire une << reliance >> << à prétention universaliste>>, cosmopolite et << œcumé-
nique >>. La << règle >> du bricolage est simple : tout ce qui << est bien >> doit y être 4 .
De même que dans notre p récédent ouvrage traitant des trois premiers
grades 5, on s'est efforcé sous forme didactique d 'ouvrir des portes et d 'es-
quisser des pistes de recherche que le lecteur pourra approfondir par la
suite. Les principaux éléments constitutifs de ces grades sont exposés en
prenant pour référence différents manuscrits qui ont formé leur matrice
significative.
Chaque réception de grade est importante, car elle est la découverte
d'une nouvelle amplitude de l'univers spirituel, d'un nouvel espace de
méditation qui élargit progressivement le champ de l'entendement et de la
conscience du Maître Maçon en voie de perfectibilité. Quels que soient les
qualificatifs pompeux reçus dans cette hiérarchie initiatique, il s'agit
toujours d 'un Maître Maçon qui cherche à devenir un Maître complet en
gravissant au fur et à mesure les échelons de cette voie initiatique.
Dans le système écossais du R.E.AA, les grades dont les rituels sont
effectivement pratiqués seront ici, bien évidemment, nettement plus déve-
loppés que ceux transmis par simple communication (soit les 6e, 7e, s e, lOe
et 11e grades).
On s'aperçoit qu'il se trouve dans les anciennes divulgations des trois
grades bleus, notamment dans La Maçonnerie disséquée de Samuel
Prichard, de nombreux éléments explicatifs des grades de perfection ; ceci
semble bien démontrer que ces grades sont le complément et le prolonge-
ment naturel du grade de Maître et que tout est donné en germe dès la
maçonnerie bleue. Après avoir pris connaissance de nombreux rituels des
grades pratiqués après la maîtrise dans le système de perfection, une hypo-
thèse s'impose : elle amène à envisager que les grades de compagnon et de
maître auraient pu être vidés très tôt de l'essentiel de leur contenu initia-
tique pour justifier l'apparition d'une échelle de hauts grades. Ainsi, un
certain nombre d'éléments épars laissent penser que le grade de Maître
Parfait pourrait correspondre initialement (avant 1750) à la version
complète du grade de Maître. On constate, par exemple, qu'un Manuscrit
de la Bibliothèque Municipale de Bordeaux, MS 2098, appelé Ancien
Maître propose un croquis du tableau de loge qui correspond en tous
points au thème de la quadrature du cercle du Maître Parfait, semblant
confirmer cette probabilité, (voir page 139).
Le Maître Maçon continue à cheminer. Il cherche à acquérir les
éléments qui manquent à la plénitude de sa maîtrise. C'est pourquoi ces
grades en quelque sorte démultipliés sont indispensables pour devenir
Maître, autrement, et accéder à une autre dimension d 'intériorité et d'affi-
nement de la conscience, que ce soit au Rite Écossais Ancien et Accepté, au
Rite Français, au Régime Écossais Rectifié, au Rite Anglais de Style Émulation,
à Memphis Misraïm etc.
Beaucoup de maçons hostiles aux hauts grades émettent des doutes sur leur
utilité, compte tenu du fait que la maîtrise est censée conférer la plénitude
des droits maçonniques. Par ailleurs s'il y a grades supérieurs, il doit y avoir
« travaux » supérieurs, alors pourquoi ne pas faire profiter les loges bleues
de ces travaux importants qui devraient être de véritable morceaux d'archi-
tecture? À cela on peut répondre en se référant à l'observation de Narcisse
Flubacher : Si l'on considère que le grade de Maître apparaît, dans la suite
logique de l'enseignement, après l'apprentissage et le compagnonnage, comme le
premier des hauts-grades, il fout absolument laisser un temps d'adaptation
avant d'aller plus loin. Et ce n'est pas la Loge de Maître qui peut donner ce
moment de réflexion, car les travaux des loges bleues sont conditionnés par des
obligations multiples qui ne laissent aucun temps aux jeunes maîtres pour médi-
ter sur ce grade. Reportons-nous à notre expérience, c'est seulement en Loge de
perfection que l'on comprend la portée réelle de la maîtrise et que la lumière se
fait en nous 6 .
6. Flubacher Narcisse, Loge de peifection, dans Les Cahiers du Pélican, n° 27, pp. 17-20.
32 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
est probable que de Grasse-Tilly a pris une grande part dans la rédaction
des Grandes Constitutions de 1786 qui constituent le lien qui unit tous les
Suprêmes Conseils existants.
Les premières informations sur le R.E.A.A. parviennent de Charleston
en 1802. C'est un système de hauts grades où se mêlent légendes et histoire.
Sa version finale trouve son origine dans la Mère Loge du Contrat Social
à laquelle appartenait de Grasse Tilly qui a été une des principales chevilles
ouvrières dans l'implantation du R.E.A.A. C'est en 1804 qu'il est mandaté
officiellement pour fonder en France un Suprême Conseil d'une
Maçonnerie écossaise, dont la pratique a perduré jusqu'à nos jours.
la salle du milieu, par neuf FF. ·. de haut grade, avec leurs rayons formant la
voûte d'acier; il sera précédé de deux maîtres des cérémonies; et à son entrée dans
le Temple, l'Orateur se placera à sa gauche : dès qu'on aura annoncé un tel
Maçon, toute la Loge sera debout à l'Ordre, glaive en main : dès qu'on l'aperce-
vra, les portes s'ouvriront, les maillets battront, et toute la loge fera retentir le
temple de chants d'allégresse, jusqu 'au moment où ce Frère sera placé. Les
applaudissements seront triples. Le Vén. ·., à moins qu'il n'ait le même grade, lui
remettra son maillet, et se placera à ses côtés; dès qu'il y sera placé, l'Orateur le
complimentera, après quoi on lui présentera sur un coussin les clefi du temple, les
registres, etc. Un F. ·. décoré du haut grade de Grand Écossais Elu de la Voûte
Sacrée de jacques VI a le droit d'entrer et de sortir de la L. ·. ou du Chapitre,
sans en foire la demande au Vén. ·. ou au Président. Il prend la parole quand et
autant de fois qu'ille juge à propos, sans la demander. Il est exempt de toutes
questions de l'instruction, et de celles qui se font ordinairement en entrant en
Loge. Il ne doit jamais être envoyé en députation. Il est toujours placé à l'O. ·., à
la droite du Vén. ·.. IL a le droit de rester assis et couvert, quand on ouvre ou
quand on ferme les travaux, ainsi que quand on introduit un Visiteur à qui il
n'est dû que les petits honneurs. On ne peut porter contre Lui aucune plainte, ni
encore moins lui infliger une peine, etc.
C'est oublier qu'un Maître Maçon est l'égal de tout autre Maître
Maçon. Ce règlement établit une hiérarchie dans la hiérarchie instituant
une maçonnerie de décorum et de privilèges plus profane que le monde
profane lui-même, au détriment de la maçonnerie initiatique.
Dans l'article déjà cité, Luquet observe que la maçonnerie est une école
dans laquelle Les supérieurs sont tout simplement Les instructeurs, les initiateurs.
Un maçon qui comprend bien L'Art, pour employer l'expression d'Anderson, sait
que L'initiation rituelle n'est que le début de l'initiation véritable qui, même
aidée par autrui, est œuvre essentiellement personnelle et reste inachevée
jusqu'au passage à L'Orient éternel. La raison d'être d'un Ordre traditionnel est
d'assurer la pérennité de la transmission des rites et des symboles, cette trans-
mission s'opère en gravissant une Longue échelle initiatique degrés par degrés 8.
1O. Les sid~ dtgrm étant terminés au Ritt Anglais, les Franc-maçons om la possibilité de poursuivre en
Angleterre une progression au Ritt ÉcoSSilis Anâm tt Acceptl en accédant au Chapitre.
Il. Ce 5' Ordre qui parait à beaucoup si mystérieux est appelé aussi • Illustre et Parf.tir Maître •. Ses
statutS ont été adoptés en 1784 par le Grand Chapitre Général. Son rôle semble être double. D'un côté il s'agit
d'une sorte d'académie chargée d'étudier ou de conserver • rous ies grades physiques cr métaphysiques er rous
les systèmes • ; de l'autre il composera • le bureau de correspondance, er le comité du Grnnd Chapitre
Général•. Voir Ln Gratks d~ sagast d11 Ritt Français, bistoirt, naissanu •t renaissance, &litions À l'Oricm, 2000.
AVANT-PROPOS 35
~
Daniel Ligou observe que l'une des grandes originalités du Rite Français
est le fait d'appeler « Ordre » ce que les autres régimes appellent degré ou grade,
alors que d'une façon générale, ce terme désigne l'ensemble de la maçonnerie
tout autant que d'en avoir réduit le nombre à quatre. L'explication générale-
ment donnée est que chacun de ces « ordres » synthétise une série de « grades »
des divers rites écossais, et, par la suite, du Rite Écossais Ancien et Accepté avec
ses 33 grades qui n'existaient évidemment pas en 1786 Ligou observe encore
nos aïeux de 1786 avaient conçu un mécanisme de progression dans la connais-
sance maçonnique fort remarquable. Pourquoi négliger cette portion de notre
patrimoine? 15.
Selon le Chevalier Fustier, Officier du Grand Orient de France, dans sa
déclaration de 1809 il disait: Le Grand Orient de France, dont l'origine date
de 5772, a borné longtemps le travail des LL. ·. aux trois grades symboliques,
qu'un Grand Chapitre avait créé à la vallée de Paris en 5721, par la G.·.L. ·.
d'Édimbourg; il demanda sa réunion au G. ·. O.·., et cette réunion eut lieu le
12f mois de 5778. C'est donc de cette époque que date lërection d'un
G. ·. Chapitre dans le G. ·. 0 .·.de France ; et comme ce dernier était alarmé de
la multitude des grades qu'avaient enfantés successivement l'imagination, l'or-
gueil et la cupidité, il jùt arrêté, qu'ils seraient tous fondus en quatre ordres, à
savoir, l'Élu, l'Écossais, le Chevalier d'Orient et le Rose-croix.
Ce cheminement, ainsi conçu de manière synthétique en quatre étapes,
reflète l'essentiel du contenu de l'enseignement maçonnique que l'on
retrouve dans les 15 grades qui suivent le grade de Maître au
14. Doré André, Un grade méconnu le Chevalier de Royal Arch, dans Bulletin du Grand
Collège des Rites, n° 99, 1983.
15. Rime/s du Rite Français moderne 1786, les quarre • Ordres • Supérieurs : Élu- Écos-
sais - Chevalier d' Orient - Rose-croix, préface de Daniel Ligou, pp. I à XXXN, tome Il,
Éditions Champion - Slatkine, 1992.
38 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
16. Mollier Pierre, Le Grand Chapitre général de France et la fixation du Rite Français,
dans Renaissance Traditionnelle, n• 105, janvier 1996, n• 106, avril 1996, n° 115-116
juiller 1998.
AVANT-PROPOS 39
17. Guénon René, Le symbolisme de la croix, chap. XXII, &litions Vèga, 1970.
40 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Les thèmes et légendes développés dans ces onze grades sont inspirés ou
extraits pour la plupart de l'Ancien Testament. Cette source nécessite donc
d'être prise en compte pour en avoir une meilleure compréhension.
Lors de la progression symbolique en loge de perfection, il est indis-
pensable de faire souvent un retour en arrière, pour garder en mémoire les
connaissances acquises dans les grades précédents. Ceux-ci complètent la
hiérarchie des trois premiers grades permettant d'approfondir leur ensei-
gnement et fournissant des éléments supplémentaires pour rassembler ce
qui est épars.
Structure de chaque degré
SYMBOLIQUE VERBALE
SYMBOLIQUE
TENTURES GESTUELLE
COLONNES SYMBOLIQUE SPATIO-
D~CORATION DE TABLEAUX CORPUS SYMBOLIQUE TEMPORELLE
lA LOGE LUMIERES DE CHAQUE DEGIŒ SYMBOLIQUE
SYMBOLES FIGU!ŒS NUMERIQUE
SYMBOLIQUE DES
COULEURS
TABLIERS
CORDONS SIGNES D'ORDRE ET
D~CORSOU ÉCHARPES SYMBOLIQUE AUTRES SIGNES
HABILLEMENT RITUEL BIJOUX GESTUELLE ATTOUCHEMENTS
SAUTOIRS MARCHE
ARMES
COUPS DE MAILLET
OUVERTURE DES SIGNES SYMBOLIQUE HEURES D'OUVERTURE
TRAVAUX BATTERIE TEMPORELLE ET DE FERMETURE DES
LUMIERES TRAVAUX
CHAMBRES DE
CONFIRMATION DU SYMBOLIQUE PREPARATION
OBLIGATION SERMENT INITIAL DES LIEUX TEMPLE
CAVERNE
VOUTE
DISCOURS HISTORIQUE
THEME DU GRADE OU LÉGENDE .
PAR DEMANDES ET
INSTRUCTION RÉPONSES SYMBOLIQUE DES NOIR, VERT, BLANC,
COULEURS BLEU ROUGE
• COUPS DE MAILLET
FERMETURE DES SIGNES
TRAVAUX BATTERIE
LUMIERES
42 SYMBOLIQUE D ES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
deuxième Ordre : Le Grand Élu Grand Écossais réunit les deux familles clas-
siques du grade d'Écossais au Siècle des Lumières. L'Écossais « onctué >> selon
l'expression de lëpoque, et « l'Écossais de la Voûte». Le premier, que l'on
rencontre aussi souvent sous le nom de «Parfait Maître Anglais », est un
curieux décalque maçonnique des cérémonies de l'ordination d'Aaron telles que
les rapporte la Bible.
La première partie du deuxième Ordre consiste donc en purificatiom, fumi-
gatiom, onctiom, manducatiom... Quant à l'Écossais de la Voûte, qui forme la
deuxième partie de la cérémonie, tout porte à croire que c'est la version fran-
çaise d'un Royal Arch archaïque d'origine britannique (anglais ? irlandais ?
écossais?) 18 .
Tout comme les grades d'Élus, le grade d'Écossais complète la maîtrise
après la disparition des assassins d'Hiram. Il en est le couronnement.
0
0 0
18. Mollier Pierre, inrroducrion à Les Grades t:k sagesse du rite français, histoire, naissance
et renaissance, Éditions A l'Orient, 2000, p. 12.
CHAPITRE 1
-.
MAITRE SECRET
(4e degré)
LE MAÎTRE SECRET {4e DEGRÉ)
Présentation du grade
1. Guérillot Claude, Les roses épanouies, t.l, Éditions Trédaniel, 1995, pp. 247-258.
48 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
s'appelle Inspecteur, il ne se sert d'aucun outil de fer parce que l'ouvrage avait
été suspendu par la mort d'Hiram-abif 2 .
Les Maîtres Secrets portant le deuil de Maître Hiram sont gantés de
noir selon le Tuileur de Lausanne, et de blanc selon le Manuscrit Francken
et la plupart des anciens manuscrits. Ce grade qui peut être qualifié d'hira-
mique fait approcher le Maître Secret du Saint des Saints. Le récipiendaire
est un serviteur du temple qui accède au rang de Lévite. Les Lévites descen-
dant de la tribu de Lévi, héritiers de la tradition mosaïque avaient un minis-
tère sacré différent de celui des prêtres. Il leur était défendu d'entrer dans le
sanctuaire proprement dit et de s'approcher de l'Arche d'Alliance
(Nombres 3,6), mais ils assistaient les prêtres dans la préparation des sacri-
fices (Nombres 18, 3) .
Thème du grade
Maitre Secret
Trois fois vingt sept ans Trois fois vingt-sept ans Quatre 81 ans accomplis (trois
ÂGE accomplis (81 ans) accomplis {quatre-vingt- vingt un ans accomplis fois 27 ans)
un ans) (trois fois vingt sept ans
BAlTERIE Sept coups, dont six Sept coups, dom un 000000 0 Sept coups (6+ 1)
égaux er un séparé séparé 000000 0
JOD lOD
lOD ADONAY lOD ADONAI
MOTSSACW ADON AI lYAH(par contraction ADONAI IVAH(comraction de
IVAH pour Jehovah) YVA Jehovah
HEURE DE
FERMETURE DES La Fin du jour Non mentionné La Fin du jour À la fin du jour
TRAVAUX
52 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
5. Guénon René, Lt's Apt'rçus sur l1nitiation, chap. XIII, "du secrec iniciacique", Édicions
Tradicionnelles, 1973.
54 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Dans Le Livre des morts des anciens Jigyptiens (XXI), le rituel d'ouverture
de la bouche communique au défunt la puissance de la Parole, qui est en
fait une clé :
Accorde à ma bouche les pouvoirs de la Parole afin que, à L'heure où règnent
la Nuit et les Ttnèbres, je puisse diriger mon Cœur6.
La Flûte Enchantée de Mozart souligne l'importance de savoir se préser-
ver par le silence, de ne pas gaspiller la parole comme le fait Papageno qui
se perd dans le bruit. À l' inverse, le Prince T amino fait preuve d'obéissance
dans l'épreuve du silence selon un proverbe : Celui qui parle ne sait pas, celui
qui sait ne parle pas.
6. Le Livre des morts des anciens tgyptiens traduit par Grégoire Kolpaktchy, &litions
Dervy, 2002.
LE MAlTRE SECRET 55
Il faut tout d'abord noter que cette notion de devoir était complète-
ment étrangère aux plus anciens rituels. Si celle-ci peut proposer des déve-
loppements et une réflexion intéressants, il faut néanmoins éviter de
tomber dans les excès moralisateurs ou philosophiques qui rappellent étran-
gement les exercices de style basés sur la pensée de Kant des classes de philo-
sophie du baccalauréat (notamment inspirés de son ouvrage Les Fondements
de la métaphysique des mœurs).
Au grade de Maître Secret, pratiquement tout le rituel est aujourd'hui
axé sur une notion du devoir qui mène au Devoir fondamental. La réalisa-
tion de ce dernier est présentée comme une phase essentielle et incon tour-
nable à toute progression initiatique.
56 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
7. Maitre Secret, 4< degré, rituel transcrits en 1805 par le F :.Abraham, membre du
Grand Consistoire de France, Bibliothèque André Doré, Grand Collège des Rires.
58 SYMBOLIQUE DES GRADES D E PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
L'être humain est comme un grain de sable face aux grandes forces de
la nature ; désarmé, vulnérable, mortel mais doué d ' intelligence, il est très
vite conscient que son premier devoir est de lutter pour sauvegarder et
entretenir sa vie. Il est cependant un autre devoir pour toute âme qui se
perçoit comme perdue dans la multiplicité, celui de faire un effort de
perfectionnement sur soi pour retrouver la grande cohérence d'une unité
invisible, mais pressentie. Pour ce faire il lui faut pouvoir choisir, car ce
Devoir est proportionnel à la liberté acquise. Il est le support de la libéra-
tion de l'être parce qu'il implique la lutte contre les passions qui agitent
l'âme et leur transformation progressive en énergie positive.
Trois grandes composantes déterminent et motivent le comportement
humain: l'inné, l'acquis et la conscience.
LE MAÎTRE SECRET 59
7 - Les sentences
Confession d'un Maçon (1727) où il est demandé : quelle est la clé de votre
loge? Ce à quoi il est répondu : Une langue bien pendue).
Dans le manuscrit de la BN, FM 4 367, on lit: La seule différence
qu'il y a du tableau de ce grade à celui des maîtres ordinaires, c'est que dans
celui-ci doit être tracé dans l'endroit le plus apparent une clef qui est le vrai
emblème de ce grade. cette clef doit être renfermée dans un triangle, entouré
d'un grand cercle.
La corde est un lien qui entrave ou unit selon les cas. Dans les voyages
du Maître Secret ce lien entrave la liberté de mouvement. Elle ne le réduit
pas en esclavage mais le met en situation précaire, s'il ne marche pas à
l'unisson du groupe.
Cette corde le retient prisonnier et rend difficile sa progression sur le
chemin qui lui reste à explorer. Elle permet de porter un autre regard sur
le monde, à l'écoute de l'autre, comme en témoigne l'empreinte physique
laissée sur le cou par la corde qui enchaîne les récipiendaires les uns aux
autres, susceptible aussi de les étrangler, c'est-à-dire de leur faire subir la
mort spirituelle. Se défaire de cette corde, c'est relativiser les aspects
contrastés de la dualité, et par là, s'en libérer.
Le symbole du nœud est important, ce nœud vital renforce le lien en
un point de concentration, il est le point de passage des forces vitales. Le
nœud correspond au passage de la porte étroite. La corde à nœud peut
bloquer le larynx, organe de la parole, en lui imposant le silence. Il faut
vaincre l'asphyxie de l'étranglement pour pouvoir passer à un autre stade
d'existence et d'expression. Le nœud coulant s'apparente à une « porte
étroite » ou « goulet » comparable au chas d'une aiguille.
Dans l'Évangile de Matthieu (1-13 et 14), il est dit: Entrez par la porte
étroite ! car large est la porte, facile est le chemin qui mène à la perdition.
Quelle est étroite la porte, et quelle est resserrée la route qui mène à la Vie.
La couleur de la corde
Cette corde est constituée de deux fils torsadés en spirale ; plus cette
torsion est resserrée plus le lien est renforcé. Son graphisme fait penser à
celui du code génétique. Elle enserre le cou du récipiendaire qui effectue
ses voyages dans une cécité partielle ponctuée de coups de maillets et de
sentences de mise en garde.
Avec cette corde noire et blanche on retrouve l'ambivalence et la
dualité du pavé mosaïque avec ses aspects positifs et négatifs selon le plan
où l'on se place, mais cette fois-ci le noir et le blanc ne sont plus opposés,
mais entrelacés, démontrant l'imbrication de la relativité du positif et du
négatif. Comme chacun sait, ce qui sera vécu comme négatif peut s'avérer
par la suite positif et vice versa.
Le nœud coulant peut se resserrer ou se desserrer suivant les tensions
subies par la corde. En tant que lien, la corde peut être conçue comme ce
qui rend captif ou bien comme ce qui unit. Le nœud renforce le lien dans
la mesure où il représente ce qui fixe l'être dans un état déterminé. Il s'agit
d'une corde à l'horizontale qui fait penser à la corde qui permet d 'amarrer
un navire à son port d'attache.
LE MATTRE SECRET 67
On peut penser à une cordée d'alpinistes (bien que celle-ci soit verticale)
sur le chemin initiatique dont le lien qu'est la corde est à la fois individuel
et collectif, reliant chaque membre entre eux. Il faut faire preuve d'obéis-
sance dans le suivi de celui qui précède et de volonté pour garder et com mu-
niquer le rythme à celui qui suit. Cette marche impose un rythme qui
transcende l'individu. Cette corde est une invitation à s'accorder au rythme
de l'autre, mais plus particulièrement à celui de l'univers, autant qu'aux
révolutions des astres et corps célestes qui le composent.
Arrivé à ce stade, la corde permet à l'initié de prendre conscience que
son chemin de progression ne peut plus être strictement individuel. Il se
dirige vers une libération tendant à réduire l'écart entre ce qu'il est et ce
qu'il peut être ; cette corde qui relie les uns aux autres peut être assimilée à
un lien unitif pour surmonter les embûches et s'accorder au rythme de
l'autre, autant qu'à accompagner l'exp ir et l'inspir du monde.
12. Benoist Luc, Signes, symboles et mythes, coll. "Que sais-je?", n• 1605, PUF, p. 35.
68 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Le port de la corde, sorte de licou pour l'initié, a une origine qui semble
remonter aux mystères de l'Antiquité. Le nœud coulant figure dans les céré-
monies brahmaniques en tant que symbole sacré, ainsi que dans les
mystères zoroastriens, il y a trois mille ans, chacun était supposé avoir
autour de son cou un nœud coulant qui, à la mort, se détachait du juste
mais cirait le méchant en enfer 13. On peut y voir aussi, le symbole des
conditions de l'existence corporelle imposée à tous, dont il est nécessaire de
s'affranchir pour accéder à une possible libération.
Le véritable travail intérieur est détaché du fruit de l'action. Il n'im-
plique pas de salaire autre que de percevoir sa progression. Il faut « suivre »
sans espérer de récompense, car si l'on ne suit pas, on risque la strangula-
tion, c'est-à-dire la mort spirituelle.
La corde à nœud qui enserre le cou, peut séparer le corps de la tête, siège
de la perception spirituelle. On peut voir là un rappel du signe d'apprenti,
la main sous la gorge, avec le signe du secret. Cette gestuelle rappelle les
sanctions encourues pour le non respect de l'engagement contracté de
garder le silence sur ce qui a été confié.
Il est aussi intéressant d'approfondir le sens du lien de la corde, en fonc-
tion des sentences et du Devoir.
En vérité, L' Humanité qui est le premier terme de cette longue énumé-
ration, englobe tous les autres.
Le Pays peut être entendu non pas dans un sens restrictif de nationa-
lisme, mais à la terre entière comme univers, dont chacun est citoyen. Pays
dont le centre est partout et les frontières nulle part.
La Loge correspond à la famille maçonnique qui a reçu la prestation de
serment, mais qui est la représentante de toutes les autres loges que le
maçon peut visiter et dont il peut devenir membre en se conformant à ses
usages et à la règle en cours.
La Famille peut être entendue au delà du sens ordinaire restreint des
proches et étendue à tous les frères humains qui constituent la famille
humaine, mais plus particulièrement à la famille initiatique à laquelle tout
maçon est relié par serment.
Le Frère et l'Ami terminent cette graduation descendante, rappelant au
Maître Secret l'importance des devoirs contractés avec le microcosme.
70 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Cette obligation exige une éthique basée sur les valeurs essentielles que
sont les différentes composantes de l'Amour de l'Humanité, reconnaissant
avant tout que l'autre est semblable à soi-même. Il s'agit d'une alliance
consciente contractée avec le Principe et l'ensemble de l'humanité. N'est -
il pas écrit: que l'homme est créé à l'image du Principe?
Les points d'ancrage de ce serment sont l'alliance, l'allégeance et le
secret sur lesquels se fonde la notion tridimensionnelle du Devoir envers
l'atelier de perfection, l'Ordre représenté par le Suprême Conseil et le
Principe représenté par le G:. A:. D:. L'U:.
La solennité et la force de cet engagement indiquent la Voie du Devoir
a suivre :
' 0
14 - La dé d ' Ivoire
14. Prichard Samuel, La Maçonnerie disséquée, traduit et annotée par Jean-Pierre Berger
dans Le symbolisme, n• 382, octobre-décembre 1967, pp. 3-31.
74 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
La corde des secrets est souvent associée à la clé de la loge. Par exemple,
dans le manuscrit irlandais du Trinity College (1711) :
Q- Où gardez-vous la clé de votre loge ?
R - Dans une boîte en os à 1/2 pied de la porte de la loge.
Q- Quelle distance y a-t-il entre le câble et l'ancre?
R - Aussi loin que de la langue au cœur.
Cette clé n'est pas en métal, elle est d'une matière organique l'ivoire ou
l'os. Elle rappelle l'ossature humaine puisqu'elle est issue de la structure qui
sous-tend l'être vivant. L'ivoire matière blanche et ferme est constituée par
les dents ou défenses d'éléphant, animal réputé par sa puissance, emblème
18. Casaril Guy, Rabbi Siméon Bar Yochaï ~e la Cabbak, coll. "Maîtres Spirituels", I.e
Seuil, 1961, pp. 84-85.
LE MAITRE SECRET 77
Fig. 9 - La d é d'Ivoire.
paifaitement invisible, elle emplit de splendeurs plus belles que la beauté les
intelligences qui savent fermer les yeux 21 . Lorsque les yeux corporels se
ferment, c'est alors que s'ouvre l'œil de la Connaissance ou œil spirituel qui
est celui de la clairvoyance.
L'ivoire est une matière animale que l'on retrouve dans la composition
des dents. À ce titre il est assimilable au squelette de l'homme. Cette
matière dure, réputée incorruptible est symbole de pureté par sa blancheur.
Ce noir/blanc rappelle encore la dualité du pavé mosaïque et celle de la
corde à nœud coulant. Le sceau, contrairement à la clé, qui ouvre et ferme,
a un caractère intangible autant qu'irréversible d'inviolabilité, sauf à être
rompu ou brisé.
21. Pseudo Denys l'Aréopagite, Œuvres complètes, chap. 1, traduction, notes et commen-
taires de Maurice de Gandillac, Ëditions Aubier Montaigne, 1943, p. 177.
80 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
18 - La batterie du grade
23. Bermann Roland, Voie des lettres, voie de sagesse les lettres ont leurs mots à dire, Éditions
Dervy, 2002, pp. 129-141.
LE MAlTRE SECRET 83
fiste dans la forme du nombre 1. De la façon la plus évidente cette loi natureLle
du nombre typique se laisse montrer dans les rapports spatiaux extirieurs quan-
titatifi auxquels correspondent en même temps les rapports extérieurs qua/ita-
tifi. Il y a à discerner en chaque être, en effet, longueur, largeur et profondeur,
comme les trois pures dimensions fondamentales, qui dans leur action réci-
proque fondent en six lignes constitutives l'existence spatiale (les six côtés du
cube) de l'unité, et de la réunion desquelles sort le septième moment, dans lequel
consiste, à proprement parler, la réalité de l'être. Chaque être réel est dans un
certain sens un cube. Ceci se laisse affirmer de façon spirituelle aussi de l'être
spirituel 24 , Vuillaud poursuit son commentaire: Dirigeant son regard vers
ces six !tendues comme vers un nombre toujours égal il achève le monde ; il est
le commencement et la fin, en lui s'achèvent les six phases infinies du temps et
c'est de lui qu'elles reçoivent leur extension vers l'infini, c'est là le secret du
nombre 7 24.
t 9 - Le signe du secret
Le signe est décrit ainsi dans un Manuscrit de la fin du XVlW siècle :
On met les deux premiers dcigts de la main droite sur la bouche, ce qui est
imiti par 11nspecteur, tous les FF:. en font de même avec la main gauche, ce
qui est la réponse 25.
La description de ce signe est particulièrement intéressan te car eUe
montre qu'il correspond à une question et une réponse. La réponse étant
semblable à la demande, elle est t racée à l'iden tique, mais de l'autre main
comme son reflet inversé, vu dans un miroir.
Lors de la clôture des travaux ce signe du secret est étroitemen t lié à l'at-
y
titude du Maître. Ainsi il est dit : Comme il n a plus rien à faire, que de
pratiquer la vertu, de foir le vice, restons en silence, pour que la volonté de Dieu
soit faite, il est temps de nous reposer 25.
La parole est d'argent et le silence est d'or.
Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas ou encore selon le
p roverbe chinois : celui qui connaît le secret ne le trahit pas, celui qui trahit
le secret ne le connaît pas.
Ce signe marque l'attitude souhaitée à ce grade, il est la caractéristique
appropriée d 'un état intérieur. On peut considérer que ce signe du secret
anoblit et transcende le silence mis en pratique d ès le grade d 'apprenti.
C'est par là et en cela que le M aître Secret commence à s'élever au-dessus
de la surface de la terre.
24. Vuillaud Paul, La kahbak juivt, histoirt tt doctrint, tome 1, &lirions d'Aujourd'hui,
1976, pp. 215-216.
25. Paris, BN, FM 4 768, 4< grade Maîtrt Suw.
84 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Au grade de Maître Secret, le mot sacré est triple. Ces trois mots sont
devenus des noms, des noms particulièrement sacrés et symboliques,
puisque ce sont des représentations du Principe qui régit toutes choses dans
leur ensemble et dans leurs détails.
Ces mots, substitués à la parole perdue, sont modifiés par rapport au
grade précédent, celui de Maître. Cela signifie-t-il que le Maître Secret se
rapproche par là de cette parole disparue avec la mort d'Hiram ? Il ne
semble pas inutile ici de se poser la question.
Michaël Segall observe que la série des trois mots sacrés du 4e degré lod,
Adonai~ lvah, provient d'une déformation d'un triangle jadis utilisé par les
kabbalistes et qui avait à l'origine la forme suivante :
~ lod
il~ lod Hé
il 1 ~ lod V av Hé
il 1 il ~ lod Hé V av Hé
LE M AÎTRE SECRET 85
lOD
ADONAï
26. Segall Michaël, Mots sacrés et rmJts de passe, dans Ordc ab Chao, n° 37, Supplément 14<.
27. Knorr de Rosenrorh, Le symbolisme des lettres hébraïqtgs d'après les lieux communs
kabbalistiques, extraits de la Kabba/a Denudata, traduit du latin et annotés par Yves Millet et
ses collaborateurs, Paris, Éditions traditionnelles, 1958, p. 36.
86 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
IVAH
29. Postel Guillaume, Dtt admirabks ucm:s tks nombm platonicims, tdition, traduction,
introduction et notes par Jean-Pierre Brach. Librairie philosophique, tditions Vrin, 2001,
pp.lll-113.
LE MAlTRE SECRET 89
30. Abbé Henri Stéphane, Introduction à l'tsotérisme chrétien, Traité X.I.2, De la Vérité,
Éditions Dervy, 1979, pp. 322-323.
90 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Dès son entrée en loge de perfection, le Maître Secret reçoit la clé d'un
monde où rien ne se mesure, ni ne se quantifie plus. Censé être libéré des
sirènes du pouvoir, de l'envie, de l'orgueil, du fanatisme et de l'ambition,
les voyages effectués donnent au Maître Secret les moyens de démystifier
toutes formes d' idoles ou de tabous qu'une personne influençable et faible
peut se forger par manque de discernement.
Narcisse Flubacher note qu'on sait très bien que les voyages constituent un
rite constant à tous les degrés, mais ce qu'il est intéressant de constater, c'est la
valeur renouvelée qu 'on peut leur attribuer, et cela représente un travail person-
nel que rien ne peut remplacer 32 .
Le voyage dans ce contexte est une sorte de pèlerinage intérieur, c'est
une quête, une grande aventure qui doit permettre d'accéder à la libération
optimale de soi-même.
Ces voyages ne contournent plus un carré long comme dans les trois
premiers grades mais s'effectuent en traçant une voie courbe. Dès lors le
Maître Secret marque dans sa déambulation son passage de l'équerre au
compas, déjà esquissé lors de l'élévation à la maîtrise. La voie courbe
parcourue évoque le chemin tracé par les méandres arrondis d'un laby-
rinthe.
Le message transmis lors de ces quatre voyages a un contenu plus moral
qu'initiatique et pourrait s'adresser aussi bien à un apprenti ou à un compa-
gnon maçon.
Le premier voyage enseigne à rechercher la Connaissance, libéré des
entraves et des illusions qui font obstacle pour travailler et étendre ses
réflexions à une approche de la fraternité universelle autant qu'à
l'Universalité elle-même.
Le second voyage incite le candidat à la méfiance et à la prudence, mais
aussi au discernement sur les choix à faire entre plusieurs opinions émises.
Celles-ci ne sont étayées le plus souvent que sur de simples appréciations ou
31. Parménide, De la Nature, trad. du grec par Jean Beaufret, PUF, 1955.
32. Flubacher Narcisse, Loge de perfection, dans les Cahiers du Pélican, n• 27, pp. 17-20.
LE MAÎTRE SECRET 91
La lumière physique émise par le soleil rend les objets visibles. Elle est
un symbole de la raison et de l'intelligence. La lumière est sortie des
ténèbres par la manifestation du Verbe créateur selon les écritures bibliques.
Elle n'est pas une émanation de l'obscurité, mais celle d'une« sur-lumière»
cachée, non perceptible par les yeux. À l'heure du midi où le soleil arrive à
son zénith, toute ombre disparaît. Perdre son ombre signifie dans plusieurs
traditions, être devenu totalement transparent et translucide, ce qui corres-
pond à la réalisation et à l'illumination de l'être.
L'ombre, plus subtile, est l'effet de l'interception de la lum ière par un
corps opaque. Dès lors, le Maître Secret doit s'efforcer de chercher et trou-
ver ce qui fait obstacle à la réception de la lumière, autant qu'à sa propaga-
tion ou diffusion. Pour contempler la Vérité, ou tout au moins s'en
approcher, l'âme doit s'élever au-dessus des phéno mènes immédiats perçus
par les sens.
L'ombre s'oppose à la Lumière en tant qu'effet dépendant, passif,
comme un espace d'ignorance. Chacun doit combattre l'ombre en lui pour
faire vivre et croître la parcelle de lumière dont il est porteur ; on peut assi-
miler l'ombre à l'indifférence, à l'obscurantisme.
92 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERfECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
28 - Obéissance et fidélité
29 - La balustrade
35. Furetière, Dictionnaire universel 1690, Éditions SNL-Le Robert Reprint, Paris,
1978, t I, A-D.
36. Quillet, Dictionnaire usuel, Éditions Flammarion, 1970, p. 156.
37. Naudon Paul, Histoire, Rituels et Tuileurs tks Hauts grades maçonniques, Éditions
Dervy, 1978, p. 279.
LE MATTRE SECRET 97
Fig. 14 - La balustrade.
Le mot de passe du Maître Secret est ZIZA, dont l'initiale figure sur le
panneton de la clé d'ivoire du Maître Secret.
En 1813, la première publication du Tuileur de De/aulnay parle de la
clé, du Z et de Ziza.
Michaël Segall remarque que le mot Ziza qui s'écrit en hébreu (zaïn,
iod, zaïn, aleph) est l' un des mots les plus difficiles à expliquer. Il signifie
saillie, proéminence. Selon Jastrow ce serait une projection au dessus d'une
porte, servant d'abri. Le mot est traditionnellement traduit comme balus-
trade, séparant le « Saint » du « Saint des Saints », ou resplendissement.
Sous la forme Zizah (zaïn, iod, zaïn, hé) il signifie léger mouvement. Young
dit aussi brillance ou éclat, comme pour Ziza avec aleph 38 •
31- Salomon
39. Erman Sahir, Commentaires des hauts grades du R.E.A.A, lstarnbul, 1994, pp. 13-21.
40. Guérillor, La Rose maçonnique, op. cit., pp. 252-253.
41. Guérillor Claude, Le Rite de perftction, op. cit., p. 35.
42. Maître Secret, MS. 4• degré, 1805, Bibliorhèque André Doré du Grand Collège des
Rires.
LE MATTRE SECRET 99
Salomon est le Maître d'œuvre du Temple dont les plans furent donnés
à son père David (épisode relaté dans les C hroniques). David inaugura son
règne en s'emparant de Jérusalem et il devint ainsi le véritable fondateur du
royaume d'Israël, rassemblant ce qui est épars, dans un effort de pacifica-
tion. Jérusalem est sa capitale et le centre du culte dédié à l'Éternel. Malgré
son désir et son règne de quarante ans (sept ans à H ébron et trente-trois ans
à Jérusalem), David ne parvint pas à bâtir le temple et transmit cette
mission à son fils et successeur Salomon.
Se référant aux nombreux versets du Coran concernant Salomon,
Tabari précise dans les Chroniques que David donna à Salomon le royaume,
et que Dieu lui accorda un pouvoir tel qu'il n'en a accordé à nul autre, ni
avant lui, ni après lui: Après David, Salomon s'assit sur le trône, et Dieu lui
accorda, en dehors de la royauté, le don de prophétie, comme héritage de son
père (Sourate XXVIII, Verset 16), et il donna la royauté, la sagesse et le don
de prophétie 4 3. C'est la tradition soufie qui donne le plus de détails sur le
pouvoir direct et immédiat de Salomon. Il y est défini comme connaissant
le secret des transformations et des vertus essentielles des choses. Ibn 'Arabî
dans son ouvrage appelé Les Châtons de la sagesse traite de la sagesse relative
au Verbe de 25 prophètes dont 23 sont cités dans le Coran. Le titre du
chapitre traitant de Salomon est intitulé : De la Sagesse de la béatitude misé-
ricordieuse dans le verbe de Salomon. Il y définit la science de David comme
étant une science reçue (c'est-à-dire une connaissance réfléchie, devenue
humaine), tandis que la science de Salomon était la Connaissance divine à
l'égard de toute chose, en ce sens que Salomon s'identifiait directement au
jugement divin, car il était l'interprète de D ieu en parfaite véracité.
Toujours selon Ibn 'Arabî la domination cosmique, détenue par Salomon
était un pouvoir de commandement direct. Le privilège de Salomon consistait
dans l'ordre (ou commandement) agissant directement, sans qu'il soit dans un
état de concentration de son âme et sans qu'il projette sa volonté spirituelle 44 .
Le Prophète et roi Salomon, est appelé Chelomoh en hébreu qui signifie
«le Pacifique» (ou Soulayman, en arabe) homme de Paix, selon l'explication
1Ch.22,9. Cette racine évoque aussi la plénitude, la prospérité. D e ces
racines hébraïque et arabe sont dérivées les traditionnelles salutations de paix
« Chalom »et« Salam »qui signifient« Que la Paix (de Dieu) soit avec toi ».
Salomon succède à son père le roi D avid et règne de 973 à 933 av. J.
C. Son règne dura donc quarante ans, nombre hautement symbolique,
période durant laquelle il maintint unies les douze tribus d'Israël. Le Zohar
considère Salomon comme étant plus grand que Moïse 45. Prophète et Roi
En haut comme en bas, les quatre Éléments sont unis. À gauche !::::. le
Feu, à droite l'Eau \7. Au centre le Sceau de Salomon ou Étoile de David,
qui est le hiéroglyphe de la pierre Philosophale où tous les Éléments récon-
ciliés sont en parfait équilibre. En dessous, Apollon fait résonner la lyre de
l'harmonie au milieu des Muses assises autour de lui. Ces six Muses, corres-
pondent chacune à un métal et à une contrepartie céleste.
LE MAITRE SECRET 103
32 - Le sceptre
46. Roux Jean-Paul, Le roi mythes et symboles, Éditions Fayard, 1995. pp. 213-216.
104 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
47. Recueil des actes du Suprême Conseil de France ou collection des décrets, a"êtés et déci-
sions de 1806 à 1830, précédés des Grandes Constitutions de 1762 et de 1786, et du Concordat
passé entre le Suprême Conseil et le Grand Orient, Éditions Setier, 1832.
LE MAllRE SECRET 105
Tableau récapitulatif
du grade de MaÎtre Secret
49. Dans le rituel de Perfection neuf Noms sont associés au Grand Nom Ineffable. Ceux-
ci diffèrent encore dans la version du rituel du R.E.A.A de 1804. Il ne sont plus réduits qu'à
rrois en 1875 selon la version du Tuileur de Lausanne: lod- Adonaï~ /vah. L'énumération de
ces noms constitue la principale différence entre le rituel de Perfection er la version du Rituel
du R.E.AA de 1804. Selon le manuscrit Francken ces noms sont: Selon les premières
versions du R.EA.A, vers 1804, notamment dans le Manuscrit XXVII, ces noms sont Ewah,
AMnai; jehovah, jahvé, job Awin, Achab, Osem, jesoüs. Dans le fonds Kloss de la Grande Loge
des Pays-Bas à la Haye les neuf noms sont El, E/oha, Ewhim, Elie!, Eléhai; Saddaï (pour
Shaddai), ]ah, EL-lon, E/-Sebaoth. Dans le manuscri t Saint Domingue 1764 (Core Baylor
FM4 15, op. cit), il est dit : que ces neufnoms ont chacu11 8 attributs de la divinité et qui en tout
composent 888 lmres qui forment 72 noms qui sont pris comme Le nom de la divinité seUJn L'al-
phabet des anges et /'arbre cabalistique.
110 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
50. Guérillor précise dans son ouvrage sur k Riu d~ p~rfoction, op. cit., p. 42 qu'il s'agit
de Besalel bèn Ou ri bèn Hour, de la tribu de Juda et d'Ooliab bèn Ahissarnakh, de la tribu
de Dan (Exode 31, 1- 11).
LE MAÎTRE SECRET 111
0
0 0
CHAPITRE Il
MAÎTRE PARFAIT
cse degré)
LE MAÎTRE PARFAIT (Se DEGRÉ)
Présentation du grade
1. Naudon Paul, Histoire et Rituels tks Hauts grtUks maçonniques du RE.A.A, &litions
Dervy, 1972, p. 278.
2. Guérillot Claude, La Rose maçonnique, &litions G uy Trédaniel, 1995, pp. 258-266.
116 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Maître avec celui de Maître Parfait (voir p. 139). Les fonds anciens propo-
sent énormément de versions de rituels du grade de Maître Paifait et très
rarement du Maître Secret. Les plus anciennes versions mentionnent quatre
cercles et quatre carrés, les plus récentes n'en mentionnent plus que trois.
Dans un manuscrit des années 1760 on relève que le quatrième grade,
qui suit donc immédiatement celui de Maître, est justement le Maître
Paifait. On trouve trace de cela très clairement dans un manuscrit de Wien
(Autriche) MS 76/16, No 22, pp. 7 13-722, intitulé Quatrième grade de la
Maçonnerie, Maître Paifait. L'instruction est très explicite sur la place de ce
grade qui est présenté comme la suite immédiate de la maîtrise :
En ce qui concerne la couleur verte, une origine possible est relevée par
Ward qui signale qu'une loge londonienne de hauts grades de Maîtres
Maçons écossais d'avant 1740 pratiquait un grade dont le mot était Jehova
et dont les rubans étaient de couleur verte 3 .
Ce grade de Maître Parfait qui raconte et commémore l'enterrement de
Maître Hiram, présente des éléments constants entre ses différentes
versions. Parmi les principales citons :
1. La couleur verte de la loge et des décors ;
2. La symbolique numérique basée sur le nombre quatre ou ses
multiples;
3. Le tableau du grade qui comprend 4 ou 3 cerdès concentriques à
distances égales, au centre desquels se trouve une pierre carrée ou
cubique, avec au centre gravée la lettre J. Cette lettre J correspond au
iod, première lettre du tétragramme. Les deux colonnes B et J sont
croisées formant la croix de St. André.
Thème du grade
3. Ward Eric, Early Mmur's Lodges and thûr relations to tkgrm in Ars Quatuor
Coronatorurn, vol. 75, 1962, pp. 124 - 181.
118 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
0
0 0
(\ G ~
•
J .
:.~·.. ~ .,
.-:. ·.:'
B .
0 p
Les trois cercles, et les trois carrés qui sont au milieu du tableau,
marquent l'endroit où fut mis le corps du Respectable Maître Hiram dans
le Saint des Saints.
Les deux colonnes J et B qui sont celles des apprentis et compagnons.
La pyramide du maître symbolique ou ordinaire est placée à gauche.
Le soleil et la lune qui désignent qu'une vraie Loge ne saurait être sans
trois Lumières.
Le Delta ou triangle Lumineux au haut du tableau dans lequel se trouve
écrit en lettres hébràiques le Saint nom du Grand Architecte.
Le tombeau d'Hiram placé au midi, entouré d' une corde qui s'étend
jusqu'à la pierre carrée du milieu.
Cette même corde qui représente celle dont on se servit pour tirer le
corps d'Hiram hors de la fosse.
La branche d'acacia plantée sur le Tombeau d'Hiram par les maîtres
maçons est connue de tous bons maçons.
La figure des quatre tours aux quatre coins des carrés et des cercles.
La pierre carrée placée dans le centre d' un cercle et d'un carré.
Un grand J, qui doit être gravé sur le milieu de la pierre et désigne le
grand nom de Dieu.
Le grand J majuscule au dessous du soleil et de la lune, est la parole du
Maître Parfait.
La lettre K, placée au-dessous des carrés et cercles est le mot de passe
(initial de Kabul).
La figure du bijou de Maître Parfait, qui est un Compas dont les deux
pointes reposent sur les deux bouts d'un quart de cercle.
L'emplacement des quatre chan deliers qui doivent porter quatre
bougies chacun.
0
00
Maitre Parfait
Huit ans : Un an à
Un an pour ouvrir, er Un an à l'ouverture des l'ouverture des
AGE travaux, et sept à la
sept ans pour fermer H ... A... travaux, et sept à la
(huit ans). clôture. clôture
HEURE D'OUVERTURE Une heure Une heure À une heure À une heure
DES TRAVAUX
HEURE DE
FERMETURE DES Sept heures Sept heures À sept heures À sept heures
TRAVAUX
1 -Maitre Parfait
ser le qualificatif de parfait dit « Soyez parfaits comme votre Père céleste est
parfait» (Matthieu 5, 17 et 48).
Clément d'Alexandrie 7 se demande dans quelle mesure la perfection peut
être atteinte? Dabord tous les êtres ny parviennent pas, non par défaut de
nature, mais par défaut de détermination. . . Quant à être paifait en tout, je ne
sais s'il y a un homme étant encore un homme qui y soit arrivé, à l'exception de
celui qui, pour nous, a revêtu l'homme. Clément considère que l'homme est
parfait au point de départ en ce sens que D ieu ne lui a rien refusé de ce qui
était requis par sa nature, la plasis est parfaite. L'imperfection provient entière-
ment du choix des individus. Adam na pas été paifait selon sa constitution, mais
dans son aptitude et capacité à recevoir 14 vertu.
On peut envisager que la perfection humaine en ce monde est
partielle, relative, inaccomplie et approximative par rapport à la perfection
du Verbe initial. Devenir réellement Maître Parfait peut être considéré
comme une sympathique utopie. Si on veut comprendre à quoi se rapporte
cette qualification dans la hiérarchie des 33 grad es de l'Écossisme, mieux
vaut aborder cette terminologie sous forme d'allégorie pour en comprend re
l'esprit. Néan moins il faut être conscient d e ce q ue le Maître Secret et le
Maître Paifait sont deux grades très complémentaires imbriqués en conti-
nuité l'un dans l'autre.
Ainsi dans Scottish rite masonry il est demandé :
D - Qu'avez-vous appris des degrés que vous avez reçus?
R - La règle d e mes actions, et à purifier m on cœur afin d e m ériter le
d egré d e perfection 8.
Le Maître Parfait est censé accéder dans le Saint des Saints où se trouve
le nom de l'Éternel, autant dire qu'il accèd e ainsi virtuellement à l'état de
perfection, puisque ce privilège n'est dévoilé qu'aux parfaits. Le Maître
Parfait atteint ainsi la perfection des secrets de la maîtrise.
D - Que demandez-vous ?
R - À pénétrer dans le sanctuaire du temple pour y recevoir la récom -
pense due à la perfection 9.
.
Cette récompense est ici m ise en étroite relation avec la connaissance du
nom ineffable, même si elle ne demeure que théorique puisque ce nom ne
peut être prononcé, mais seulement épelé. Sa communication demeure
partielle et donc im parfaite.
2 - La quadrature du cercle
recherche d'un carré dont la surface serait exactement égale à celle d'un
cercle donné. Cette recherche ne saurait se faire sans le nombre Pi (3t) . On
sait que ce nombre qui commence par 3,14 est un nombre dit « irration-
nel », la succession de ses décimales est indéfinie. Ce nombre 3, 14, soit
ésotériquement 314, correspond à un nom divin « Shaddaï » qui signifie le
Tout Puissant, en référence à son action créatrice.
Bien que, ou peu t-être parce que, mathématiquement impossible, la
quadratu re du cercle est, entre autres pour les alchimistes et les p hilosophes
un exercice de méditation pour symboliser le passage du terrestre au céleste.
La sphère qui représente le développement des possibilités, par l'expansion
du point central, se transforme en cube, selon Guénon, lorsque le dévelop-
pement est achevé. Autrement d it, on peut concevoir que la forme circu-
laire représente le point de départ d'une tradition et le carré son point
d'aboutissement. Dès lors on peu t légitimement envisager que ce grade de
Maître Parfait correspond davantage à l'achèvement du cycle de perfection
plutôt q u'à son début. En tout cas l'enseignemen t transmis par ce grade
montre bien qu'il est un complément fondamental et indispensable d u
grade de Maître.
Dans le livre des Proverbes (VIII, 27), la Sagesse dit: j'étais présente
lorsque Dieu disposa Les Cieux et qu'il traça un cercle à la surface de L'abîme.
Il a tracé un cercle à la surface des eaux au point de division de la lumière et
des ténèbres.
d'œuvre qui doit être réalisé par tout compagnon maçon. Cette pierre
cubique correspond à la réalisation de la plénitude des possibilités de l'initié.
La terre tourne sur elle-même autour du soleil en traînant dans ces deux
mouvemen ts tout ce qu'elle contient. C'est ainsi que tous les êtres humains,
qu'ils en soient conscients ou non, sont soumis à ce double mouvement
circulaire, à cette loi inexorable du cercle. Au sujet de ces mouvements
circulaires, des perspectives à interprétations symboliques non dénuées
d 'intérêt se présentent q uand , grâce à l'astrophysique, o n sait que ces deux
mouvements, entre autres, s'effectuent en spirale. En effet, cette spirale
dynamique sans fin autour d'un soleil lui-même en mouvement, exprime
une espérance forte, contrairement à la désespérance de la ronde fermée des
prisonniers de Gustave Doré, reprise par un tableau de Van Gogh. E n
réalité nous ne repassons jamais exactement au même endroit dans l'uni-
vers. Chaque instant est un nouvel ailleurs ou autrement.
Comment unir le carré au cercle ou plutôt comment réaliser ce q ui est
métaphysiquement parlant irréalisable ?
.La quadrature du Cercle ramène les deux genres à une totalité, ce qui
peut être interprété comme la fusion de la dualité dans l' unité ou la réinté-
gration de l':Ëtre.
17. Mai er Michael, Atalante Fugitive, Épigramme XXI, traduction française d'Étienne
Perrot, Éditions Dervy, 1997.
LE MAfTRE PARFA IT 129
René Guénon remarque que parmi toutes les lignes dëgale longueur, la
circonférence est celle qui enveloppe la surface maxima ; de même, parmi les
corps dëgale surface, la sphère est celui qui contient le volume maximum; c'est
là, au point de vue purement mathématique, la raison pour laquelle ces figures
étaient regardées comme les plus parfaites 19. Par ailleurs, il observe que dans
la Kabbale hébraïque, la forme cubique correspond, parmi les Sephiroth, à
Iesod, qui est le fondement. Bien que Iesod ne soit cependant pas la dernière
Sephirah, on peut répondre à cela qu'il n y a plus après elle que Malkuth, qui
est proprement la « synthétisation >>finale dans laquelle toutes choses sont rame-
nées à un état qui correspond, à un autre niveau, à l'unité principielle de
Kether... Dans le symbolisme architectural le cube est proprement la forme de
la «première pierre>> d'un édifice, c'est-à-dire de la «pierre fondamentale>>,
posée au niveau le plus bas, sur laquelle reposera toute la structure de cet édifice
et qui en assurera ainsi la stabilité 20 .
Dans le MS 20 FM, il est précisé qu'au centre des trois cercles se trouve
.
une p1erre :
D - Que signifie la pierre qui est au milieu ?
R - Que notre édifice doit être fondé sur la pierre vive dont nous
sommes taillés.
4 - La Pyramide
Sud
-
Nord
:r _)-!
~
1
1~ -- --,
_ _ ,. - --
- .. __/ __ _ _....
.... ..... f
~r
'
' 1 / N adir
'-lé /- - -- _... _...
5- L'urne
28. Oachez Roger, u Mausolt~ du troisitm~ grade du Rigim~ ~cossais R~ctifit, dans
Rtnaissanct Traditionnelle, n° 90, avril 1992.
29. Faivre Anroine, Confirme~ des ~lus Cohms tk Lyon 1776-1778), aux sources du Rire
~cossais R~ctifit, &lirions Bauœ ns, 1973.
30. Alençon, op. cit.
31. JI s'agir du Sainr des Sainrs, mentionn~ dans la Mt1fonntrie disséquée de Samuel
Prichard, dans le Symbolism~, n° 382, ocrobre-déœmbre 1967.
136 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
7- Le cœur
Alors que le récipiendaire est introduit en loge la pointe d'une épée diri-
gée sur son cœur, le cœur du Maître a été placé dans une urne ornée d'une
branche d'acacia; l'urne est percée d 'une épée.
.
' ,.
..'·. .
.
..
<
0,:
'
• ;;
,., "',.
,;., ....
,,...... ..
•...........i •
'
' ''
-- - -
Description de la Loge :
Les anciens maîtres s'assemblaient dans la salle du milieu que représente
la loge tendue absolument de vert. Tous les frères portent un cordon vert au
bord d'argent où pend un compas ouvert sur un quart de cercle. Le Vénérable
se nomme Très Sage et le Surveillant qui est unique se nomme Frère Intime,
et tous les frères Très Respectables. Les officiers et autres occupent leur place
ordinaire. (On peut remarquer que le nom de Très Sage est en rapport avec
Salomon, ce que l'on retrouve au 1er ordre de Sagesse du R.F.)
8 - Le nombre 4
Le carré, ancré sur ses quatre côtés égaux exprim e l'idée de solidifica-
tion, de stagnation, d 'arrêt. Cependant, il exprime aussi l'idée de stabilisa-
tion dans la perfection humaine, alors que le cercle correspond à la
perfection divine. ·
Le cube que l'on retrouve au centre symbolise aussi l'arrêt d u dévelop-
pement cyclique, car il fixe et détermine u n espace à trois dimensions. La
pierre cubique symbolise bien cette stabilité et cet équilibre, au terme du
mouvement descendant, qui arrive à l'immobilité pure et simple du règne
minéral. Ceci est au point le plus bas, le reflet inversé de ce qui est au point
le plus haut, l'immu tabilité principielle.
........
-- - · _
9- L'Épée
46. Tht &nstigntur Rituals, a colkcton of /8th Cmtury tcossais rituals, vol. I, Tulane
University, New Orleans, U.SA. Latomia, 1996.
47. Harvey Martin, L 1ni1Ültion ily a tkux ctnts ans, dans k Symbolismt, n• 388, janvier-
ma.rs 1969.
LE MAfTRE PARFAIT 147
raï, comme sa propre âme ou son alter ego, et comme l'incarnation d'un
principe tutélaire et ainsi comme protectrice, au sens spirituel comme au
sens physique du mot. De la même façon, l'épée du templier est un
« pouvoir» et une extension de l'être propre, et non << un simple instru-
ment >> 48•
49. La transcription de cette expression latine est erronée, en latin c'est: • co11mmmatum
tst •.
LE MAITRE PARFAIT 149
Ce signe rappelle aussi que couee chose qui tire sa source ou inspiration
du ciel, se répercute sur terre. Ce qui est en haut est comme ce qui est en
bas, si l'on se réfère à la Table d'Émeraude d 'H ermès Trismégiste. Ainsi
après avoir levé les mains et les yeux vers le ciel, le Maître Parfait fait retom-
ber ses mains en les croisant en forme de croix de Sc. André, sur son tablier ;
il manifeste son admiration en prenant à témoin les quatre directions de
l'espace.
t t - La couleur verte
D - Pourquoi le vere ?
R - Pour me rappeler qu'en étant mort au vice je dois espérer
renaître à la vertu et atteindre ainsi le d ernier d egré, afin d 'accomplir
quelque p rogrès dans la Sublime Science, Connaissance que j'espère
posséder un jour.
150 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
aux trois sphères célestes qui se retrouvent dans l'initiation antique avec
leurs couleurs symboliques, le rouge, le bleu et le vert 55.
55. Portal Frédéric, Dn couleurs symboliqun dans L'Antiquité, le Moym Âgt tt les ttmps
modtmts, Paris, Éditions de la Maisnie, 1975.
152 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Comme tous les tabliers maçon niques, celui de Maître Parfait résume
le message du grade auquel le maçon est instruit.
Ce tablier en soie blanche est doublé et bordé de vert, en son centre est
représenté par un petit carré noir, une pierre carrée portant la lettre J en or,
entourée de trois cercles concentriques aussi d'or 56.
La couleur verte marque la transition du passage d u noir au vert o u
encore du deuil à la germination. O n notera q ue le décor actuel s'écarte de
la description donnée par le décret de 1806 d u Sup rême Conseil où le
tablier est décrit comme étant blanc avec une bavette verte ; dans le milieu
sont décrits sept cercles à distance égale ; au centre est une pierre carrée,
avec la lettre J57.
Fig. 24 -Tablier.
Tableau récapitulatif
du grade de Maître Parfait
Âge : Un an pour ouvrir les travaux. Sept ans pour fermer les travaux.
Batterie : 0000 (4 claques)
Mot de passe : AC4CIA.
Marche : Former un ca"é par quatre pas assemblls.
Mot sacré: ]EHOVAH.
Heure de commencement des travaux : La premim heure du jour.
Heure de la fin des travaux : La cinquième heure du jour.
Question d 'ordre : j'ai vu les trois cercles enfermant le cube sur les deux
colonnes.
Tablier: Blanc, bavette verte. Au milieu, trois cercles concentriques entQu-
rent une pierre cubiq~ avec Jau milieu.
Cordon : Vert moiré, en sautoir.
Bijou : Un compas ouvert, à soixante degrés, posé sur un segment de cercle
gradué.
Gants : blancs.
Ugende du grade : Transplantation du lieu secret du tombeau d'Hiram, et
dlcision de venger sa mort.
Il apparaît bien que toutes les versions qui mentionnent q uatre cercles
(au lieu de trois) à la question d'ordre, sont du début du milieu du XVI IIe.
Toures les versions postérieures comme celle du Tuileur de Lausanne, n'en
donnent plus que trois.
On note aussi que la marche du Maître Parfait, décrite ainsi « former
un carré par quatre pas assemblés», n'est donnée que par le Tuileur de
Vuillaume dès 1820, les autres Tuileurs considérant qu'il n'y a pas de
marche.
On peut remarquer aussi que la durée des travaux était donnée par les
quatre principaux Tuileurs comme étant de six heures (1 heure à l'ouver-
ture et 7 heures à la fermeture, soit en tout, six heures), alors que le T uileur
de Lausanne donne 1 heure à l'ouverture et 5 à la fermeture soit au total
4 heures, peut-être pour respecter la symbolique du quaternaire, propre à
ce grad e.
154 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
0
00
0
00
'
CHAPITRE Ill
SECRÉTAIRE INTIME
ou Maître Anglais
ou Maître Parfait par curiosité
(6e degré)
SECRÉTAIRE INTIME (6e DEGRÉ)
Présentation du grade
Le titre de Secrétaire Intime ou Maître par Curiosité est apparu vers 1750
avec la Loge Mère Écossaise de Bordeaux.
Ce grade a reçu plusieurs noms selon les divers manuscrits et en 1783
il était déjà connu sous les dénominations de Maître Parfait par Curiosité et
Maître Anglais Parfait.
Il existe différents rituels de Maître Anglais, dont un grand nombre
correspondent en fait au grade d'Intendant des Bâtiments (entre autre dans
l'Ancienne Maîtrise bordelaise). Guérillot pense que compte ten u de la
légende du grade, il est probable que la forme la plus ancienne est celle de
Maître Parfait par Curiosité, dont l'intitulé maladroit a fait place, par la suite
à celui de Secrétaire Intime 1• Il est vrai que le meilleur moyen d 'identifier les
rituels anciens de cette famille est le qualificatif« par cu riosité » apposé à la
fin du titre.
Ce grade ainsi que les deux suivants 7e et se, étaient jadis appelés grades
de «grande maîtrise» parce qu'ils sont vecteurs d 'un enseignement de
justice et d'équité. Tous les manuscrits consultés présentent un contenu très
homogène et sont pratiquement identiques : (MS Wien 76110 pp. 657-
668; MS Paris 20 FM, Bibliothèque Roëttiers de Monta/eau; MS 3081
Bibliothèque Municipale d'Avignon ; Bonseigneur, ca 1805, etc.) Leur prin-
cipale variante réside dans le nom même du Secrétaire Intime qui se
nomme soit Zabulon ou Zabud, soit ]ohaben ou johaber.
On peut raisonnablement penser que ce grade puise son origine dans le
Premier Livre des Rois, chap. 9, versets 10 à 13. où on lit:
« Au bout de vingt ans, Salomon avait bâti ces deux demeures : le
Temple de l'Éternel et le palais royal. Et comme Hiram, roi de Tyr, avait
fourni à Salomon du bois de cyprès et de l'or, autant qu'il en avait voulu,
Salomon donna à Hiram vingt villes de la Galilée. Hiram vint de Tyr pour
voir les villes que Salomon lui avait données ; mais elles ne lui plurent pas,
et il dit:« Quelles villes m 'as-tu données là, mon frère! Et il l'appela le pays
de Kaboul, nom qu'elles one conservé jusqu'à ce jour. Hiram avait envoyé
au roi cene vingt talents d'or. »
Cette légende met en scène le Roi Sawmon et Hiram, Roi de Tyr, leur
conversation est surprise par un serviteur zélé dont le nom varie sewn les
versions. Soit il s'appelle Johaber, soit Zabud, fils de Nathan, favori du Roi
Salomon, attentifà fa sécurité de son maître. Le Tuilleur de Vuillaume consi-
dère qu'il s'agit de Johaben que l'on devrait prononcer Jahoben, mais que
l'usage a consacré Johaben. IL observe qu'il y a des loges où l'on dit Johaber ou
Jocabert et considère cela comme fouti[l.
Entre le récit biblique et la légende maçonnique le nombre des villes données
par Sawmon à Hiram de Tyr passe de vingt à trente sans raison apparente.
Ce grade met l'accent sur l'importance du Mot du Maçon (Mason's
Word), la condition absolue pour le transmettre étant d'être trois. Or, ceux
qui connaissent le mot ne sone plus que deux. C'est pourquoi on peut
penser qu'il est fait en sorte qu'accidentellement, le mot soit surpris par
quelqu'un de zélé digne de le recevoir, incarné ici dans la personne de
J ohaben ou Zabud. Les travaux étant interrompus ils ne pourront
reprendre que lorsque le triangle fondateur pourra être reconstitué. Celui
que la Providence désigne pour prendre la place vacante du Maître disparu
commet une indiscrétion par dévouement, en transgressant l'ordre reçu.
Pour recevoir la maîtrise il faut par la mon vaincre la mort, ce qui fait
comprendre le motif de la condamnation, puis de la grâce du Secrétaire
Intime.
Th~me du grade
Les deux rois reprennent leur discussion er Salomon explique qu'il a l'inten-
tion de reconstruire les villes. Leur arrutié étant restaurée, ils concluent un
nouveau pacte, auquel est ajourée la clause selon laquelle Hiram aura la
liberté, si quelques-unes des villes ne lui convenruent pas, d'en choisir
d'autres. On ramène Johaben et l'on accepte sa défense, selon laquelle il crru-
gnait que la vie de Salomon n'eût été en danger. Sur la proposition d'Hiram
de Tyr il est alors nommé Secrétrure Intime des deux rois et reçoit des
instructions pour établir le nouveau trruté d'alliance. D ès lors, un nouveau
ternaire se met en place où le Secrétaire Intime remplace Hiram Abi.
Ce grade insiste sur la différence entre les deux formes de curiosité,
positive er négative, et fait comprendre combien la curiosité au service
d'une cause juste peut être un facteur stimulant de l'intelligence, il souligne
son utilité sur le chemin de la vérité. Outre le thème de la curiosité qui est
approfondi, on trouve aussi dans ce grade le thème central des apparences
et de leur rejet. Celles-ci forment le monde des illusions, des erreurs, des
égarements. Enfin le thème de l'alliance et du caractère sacré de la promesse
y est également prépondérant.
Par ailleurs, à partir du 6e degré on voit apparaître plusieurs formes de
transgression, reconnues comme facteur nécessaire pour s'élever dans la
Voie de la Sagesse et de la Connaissance. Ainsi la transgression d u règle-
ment par Johaben lui frut encourir de sérieux risques qui peuvent aller
jusqu'à lui coûter la vie. Néanmoins, cette transgression motivée par une
intention droite, dévouée et altruiste pour protéger son Maitre se révèle
comme une qualification initiatique. Elle permet un dépassement dans une
situation à caractère figé. (On retrouvera par la suite d'autres aspects de la
transgression, aux 9e et 13e grades de perfection développés plus loin).
Description du tableau
du grade de Secrétaire Intime
D , , n
• :1 K
Secrétaire Intime
Non Non
ÂGE Point Point
mentionné mentionné
JO HAB EN JO HAB EN
Johaber, ou Jocaben, JO HAB EN OuJOHABER C'est le nom donné
nom du Frère Curieux C' esr le nom donné (c'est le nom du au récipiendaire,
MOTS DE PASSE Zerbal, nom du au récipiendaire, F:. curieux), Zerbal Second mor
Capitaine des gardes Second mot ou Zerbas (c'est le Zerbal.
d'Hiram Zerbal nom du Capitaine
des gardes d'Hiram)
IVAH, par syncope JVAH, par syncope, )VAH ou JOVA ou JVAH, par syncope
MOTSSACIŒs pour pour JEHOVAH pour JEHOVAH
IEHOVAH JEHOVAH
Non Non
MARCH E . ' Poim Point
menuonne mentionné
HEURE
D 'OUVERTURE DES Non Non Non Non
TRAVAUX mentionné mentionné menuonne' mentionné
H EURE DE
FERMETURE DES Non Non Nom Non
TRAVAUX mentionné mentionné mentionné mentionné
168 SYMBOLIQUE D ES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
3. Furetière Antoine, L~dictionnair~ tmivm~l. 1688, réédité par SNL- Le Robert, 1978,
vol. 1 de A-D et vol. de P-3
4. Wien M$76/10, pp. 657-668, Archiuctuu tks Maîms Anglais (par curiosité).
5. Bibliothèque Municipale d'Avignon MS 3079, Maîtr~ anglais 4' gratk mptritur tk la
maçonn~n~.
.
SECRÉTAIRE. INTIME 169
tion, ce qui signifie qu'il n'est pas perdu, mais que sa communication est
volontairement suspendue.
2) le Mot est perdu, mais doit être retrouvé. L'Architecte a emporté son
secret dans la mort, ce qui suspend les travaux. Le Mot correspond alors à
la conception globale de l'œuvre. Sa disparition inattendue sème trouble et
désordre. Cette perte correspond à la fin d'un âge d'or, suivi d'un nouveau
cycle où la conception de l' Unité est amoindrie, le mot de substitution ne
donnant plus qu'un aspect partiel de la conception globale.
3) Ceux qui connaissent le mot ne sont plus que deux au lieu de trois
(Trois dirigent la loge), ce qui a pour conséquence d'interrompre sa
communication. Johaben, ou Zabud selon les versions, entend le mot
échangé entre Salomon et Hiram de Tyr en surprenant leur conversation.
Pour être digne de devenir Maître, ce serviteur zélé doit surmonter
l'épreuve de la mort. Ce qui explique la mise en scène de sa condamnation,
suivie de sa grâce. Le ternaire fondamental de direction est ainsi reconsti-
tué. Ce récit donne à penser que le maître est désigné par une élection
providentielle (on retrouvera cette notion dans les grades d'Élus par le
tirage au sort).
Ici, il s'agit d'une alliance sous forme d'union, par un traité qui se fait
entre deux souverains et leurs états dans la conciliation de leurs intérêts et
l'adoption d'une défense commune. Cette promesse revêt cependant un
caractère sacré établissant une relation de perfection entre les deux rois et
leur secrétaire.
Établir une alliance, c'est jeter un pont avec son interlocuteur pour
établir une entente et mettre en application des choix décidés d'un
commun accord.
L'alliance scelle une rencontre par une promesse basée sur un lien de
confiance. On peut penser que sur un plan initiatique, l'alliance correspond
à l'accord parfait nécessaire pour établir une unité entre le corps, l'âme et
l'esprit.
L'initiation est la voie de retour qui permet à tout être de rétablir l'al-
liance principielle ou pacte primordial avec le Principe,. mettant le Maître
Maçon en face de ses responsabilités qui sont, entre autres choses, d'être
juste et équitable pour que règnent autour de lui en toutes choses, le Bien
le Beau et le V rai.
Le désir de perfection doit s'imposer de lui-même à tout Maître Maçon.
Cela fait partie de son engagement initial.
D- D 'où êtes-vous?
R - De Capule.
D - Dans quel état est votre province ?
R - Dans un état de ruines.
D - Quelle explication renfermez-vous dans cette demande ?
R - Que dans le monde tout est misère et qu'un bon et véritable
maçon ne doit uniquement envisager que le bien éternel et mépriser abso-
lument le temporel 16.
3 - Le rouleau de parchemin
constructive.
On peut voir encore dans ces trois triangles le symbole de la dénomi-
nation de 3 X Puissant qui désigne la fonction du Président d'une loge de
perfection, agissant en lieu et place du prophète et roi Salomon. Ces tro is
triangles illustrent la direction tripartite de la loge. Par ailleurs le trois à la
puissance trois se trouve dans la batterie d e 27 coups et dans le nombre de
lumières. .
Le nombre 3 au carré donne 9 qui symbolise l'accomplissement d 'un
signe évolutif. Ce développement du ternaire, avec le lien d e transmission
16. Avignon B.M., MS.3082, Écossais des 3]J] (Ce rituel esr un mélange intéressant de
Secrétaire Intime er d'Intendant des Bâtiments).
SECRtTAIRf. INTIME 173
qui les unit, forme une unité tripartite. Ces trois triangles entrelacés figu-
rent la restauration du triangle rompu après l'assassin at d'Hiram Abi.
Johaben, on l'a vu, a une fonction de substitution du M aître disparu
permettant ainsi de rétablir l'ordre perturbé et d'assurer la continuité du
processus de construction du temple jusqu'à son achèvement. Cette recons-
titution est donc symbolisée par les trois triangles entrelacés ainsi que par
l'attouchement du grade qui est ternaire:
Berith : alliance
Neder : promesse
Schelemoth : perfection ou intégrité.
Ces trois triangles entrelacés sont représentés sur le bijou du grade ; ils
sont l'emblème du Secrétaire Intime. C'est le trois à la puissance deux. Ce
triple ternaire géométrique rappelle la Tri-unité de l'~tre, nombre fonda-
mental cher à Pythagore.
Ternaire fondamental qui rappelle à l'initié que son travail initiatique a
trois dimensions : matériel, intellectuel et spirituel, dans la concrétisation
du Beau, du Bien et du V rai en toutes choses.
Dans l'instruction, une autre interprétation est donnée, qui anticipe le
grade capitulaire et associe les deux rois à une vertu théologale, plus
Johaben qui remplace H iram Abi :
D - Q ue signifie le triangle de votre cordon ?
R - Les trois vertus théologales, foi espérance et charité.
0 - Que signifie-t-il encore ?
R - Hiram, Salomon et Hiram abif 17.
Le tablier est blanc, dou blé et bordé de rouge. Sur la bavette un triangle
est peint ou brodé avec des lettres provenant de l'alphabet phénicien.
Lors de la fiXation des décors, en 1806, par d écret du Suprême Conseil,
le tablier est donné comme devant être blanc, bordé de rouge, doublé de
même, au milieu de la bavette est peint un triangle, ce qui semble bien indi-
quer que les lettres de l'alphabet phénicien sont un ajout postérieur à cette
date 18 •
Fig. 27 - Le Tablier.
18. &cueil des actes de Suprême Conseil de France, ou collection des dicrets, arrêtls et dicisions
de cet iUustrt corps, de 1806 à 1830, prlcédi des Grandes Constitutions de 1762 et de 1786, et du
Concordat passé entre le Suprême Conseil et le Grand Orient de France, &litions Setier, 1832.
SECRE.TAIRE INTIME 175
•
• -.
••
•
pp
• • • -.. • •••
20. Dans la plupart des autres instructions il est précisé (en levant les yeux).
178 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
R- Il sortit son épée pour me percer, mais il fut arrêté par Salomon qui
obtint ma grâce, après avoir ordonné aux gardes de répondre de moi 21 •
D - Que fit-on ensuite ?
R- Salomon après avoir ordonné ma rentrée m'annonça le pardon du
Roy de Tyr et la faveur de vouloir m 'admettre à leurs mystères.
D - Qu'y a- t- il de mystérieux dans votre tableau ?
R- Un donjon qui renferme dans l'embrasure de la fenêtre la lettre J
et un triangle mystérieux.
D - Que signifie la lettre J ?
R - Jehova qui est le sacré nom du Grand Architecte de l'Univers 22
et qui signifie grâces à Dieu l'ouvrage est fini ; c'est-à-dire la construction
du temple malgré la mort d' Hiram Abif.
D - Que signifie le triangle ?
R - La divinité dont il est l'emblème.
D - Quel est le nom des trois lettres qui sont à chaque angle du triangle,
A.P.P. en idiome français ou B.N.S. en anglais? (voir note 10)
R - Alliance, promesse, perfection.
D - Qu'entendez-vous par le mot d'alliance?
R - J'entends celle que Dieu fit avec Noé.
D - Que veut dire le mot de promesse ?
R - Celle que Dieu fit à Abraham.
D- Qu'entendez-vous par le mot de perfection?
R - J'entends celle qu'a reçue l'humanité par la venue du messie.
D - Que veut dire le monticule avec la branche d'acacia qui est au-
dessus, figurés dans votre tableau ?
R - C'est pour nous faire ressouvenir que nous devons avoir toujours
présente la mort d'Hiram.
D - Quel est votre nom ?
R - Zerbal 23 .
D - Quel âge avez-vous comme Parfait par curiosité ?
R - Vingt-sept ans.
D - Pourquoi cet âge ?
R- Parce qu'il est relatif au nombre des Lumières.
24. La plupart des manuscrits donnent Cabul er cabulisre, néanmoins d'aurres manus-
crits présemem une déformarion phonétique. dom Capury er capurisre (dans le FM 4 867 de
la B.N .de Paris) er Capule er capulisre {dans le M.$ de La Haye 240 E 62). Cerre ville esr
mentionnée sous la forme de Caboul dans le i« Livre des Rois, IX,l3 er s'écrit en hébreu
Kabûl. Elle est située en Galilée dans la région de Saim Jean d'Acre er a conservé son nom
d'origine encore de nos jours.
Dans le MS 7760/34 de Bayreurh, p. 19, il est précisé:
D- Qu'est-ce que le pays de Capu! ou de Cabul?
R - C'est un pays sablonneux que Salomon avait donné à Hiram Roi de Tyr en
échange des matériaux qu'il avait fourni pour bârir le temple.
25. Dans d'autres versions, entre autres dans les Manuscrits de Wien 76/10 er de la
~ibliorhèque Municipale d'Avignon 3079 FI, il est memionné trente provinces au lieu de
vmgr.
180 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFEŒON ET DES ORDRES DE SAGESSE
0
0 0
CHAPITRE IV
PRÉVÔT ET JUGE,
ou Parfait Maître Irlandais,
ou Puissant Irlandais
(7e degré)
PRÉVÔT ET JUGE (7e DEGRÉ)
Présentation du grade
Ce grade a reçu plusieurs noms dans divers manuscrits. Il serait l'un des
plus anciens de la maçonnerie française et aurait été connu à Paris dès 1745
sous le nom d e Prévôt et juge, si l'on se réfère à la savante étude sur le sujet
parue dans la revue Renaissance Traditionnelle 1 . Pratiqué à Metz en 176 1,
l'ancienneté de ce grade est attestée puisqu' il figure dans l'Ancienne
maîtrise bordelaise en 1750, de même que dans le Rite de Perfection et le
Grand Élu de Londres. On trouve donc ce septième grade sous trois d éno-
minations différentes :
Parfait Mattre Irlandais
Puissant Irlandais
Prévôt et Juge
Cette dernière désignation du grade de Prévôt et juge en fait le seul grade
de perfection à avoir une dénomination double, contrairement aux autres
grades de perfection q ui n'en ont qu'une simple.
Furetière définit le Prévôt comme un juge subalterne des villes et des
villages 2 . Cette définition pourrait laisser penser que la double appellation
A
d 'une double fonction : il doit rendre la justice et il est le gardien des plans
à remettre aux Maîtres Maçons et d u cœur embaumé du Maitre.
Ce grade enseigne que gouverner, avoir des responsabilités de comman-
dement, demande de connaître et de prévoir avec justice, équité et impar-
tialité.
Ce rituel évoque un tribunal q ui fournit au Roi Salomon le moyen de
restaurer l'ordre nécessaire parmi les ouvriers pour reprendre la construc-
tion du Temple interrompue par la disparition du Maître.
Le fait de bien agir va de pair avec la volonté d 'une action loyale et
sincère.
Thème du grade
xe J. HJ
fi
c. K.
x. c.
Prévôt et Juge
DELAULNAYE VUILLAUME BAZOT RAGON
TUILEURS (1813) (1820) (1836) (1861)
ÂGE Non mentionné Non mentionné Point Point
IAKJNAI
Ce mor Iakinai n'est Jakinaï (en hébreu
MOT SACRÉ IAKJNAI autre chose que le Jakinai ou Jaquinai Jakinaï, pluriel du
pluriel de Iakin, mor Jachin)
comme Adonaï est le
pluriel d'Adon
t - La balance
D ans la mythologie grecque, Thémis, déesse de la justice a pour attri-
but la balance qui lui permet de juger avec équité. De même Zeus soupèse
avec une balance la destinée des hommes avant de la leur attribuer.
Dans le manuscrit FM4 76 de la BN l'utilisation de la balance est défi-
. . .
me ams1:
D - Qu'y avait-il encore dans la loge?
R - Une balance.
D - Que signifie-t-elle ?
R - L'exactitude avec laquelle nous devons remplir nos fonctions, et
la justice avec laquelle nous devons décider sur les différents qui survien-
nent entre les ouvriers.
fig. 30 - La Balance.
2- La Clé d'or
La clef d'or est présentée comme ayant une double fonction: d'un côté
elle donne accès à l'urne où est le cœur d'Hiram (sur un plan idéal de
perfection), d'un autre côté elle permet d'ouvrir le coffre q ui renferme les
plans du temple (sur un plan pratique) :
D - Que signifie la clé ?
R - Qu'il n 'y a que nous qui sachions où repose le cœur de notre
Respectable Maître Hiram.
0 - Où repose-t-il ?
R - Dans une urne d'or enflammée sur la seconde marche du Temple
en montant.
D - Ne sert-elle à rien de plus ?
R - À ouvrir le coffre qui renferme les dessins 6.
3- La cassette d'ébène
D- Qu'avez-vous aperçu dans la loge?
R - La houppe dentelée au milieu de laquelle était suspendu un petit
coffret de bois d'ébène, où étaient enfermés tous les plans qui devaient
entrer dans la construction du temple, un triangle dans lequel il y avait
un grand G et un grand A entrelacés.
D - Que signifient ces deux lettres ?
R- Que D ieu lui-même avait été le Géomètre et l'Architecte de son
T emple par les dessins qu' il avait inspirés à Salomon 8 . (Dans d'autres
versions on trouve aussi David associé à Salomon pour cette réponse, ce
qui est normal, puisque c'est lui qui avait reçu les plans divins pour la
construction).
Cette sério de mots un peu mis bout à bout pourrait ainsi ae traduire: Assis Sll1' lu
talons {à la manière tks Japonais], la na/lire {<14 chaque hommefut en npos.
15. Dans L'Écossais, n• 4, Courrier des lecteurs dans Revue du Grand Collège des
Rites, décembre 2002, pp. 50-51.
196 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
SIOn:
D- À quoi sert la poche qui est au m ilieu (du tablier) ?
R - Elle sert au Doyen des Maîtres Irlandais pour m ettre ses dessins
quand il va les communiquer aux Maîtres pour en prendre la proportion
sur leurs planches à tracer 17 .
La poche du tablier semble donc être un doublet d u coffre d'ébène du
tableau que permet d'ouvrir la clé.
D - Que signifient les rosettes rouges et blanches ?
R - Le rouge représente le sang d'Hiram et les blanches la fidélité et
la candeur à l'égard de cette mort 18 .
[ 0• 0]
D - Q ue représentent les rosettes ?
R - les rouges représentent le sang d 'Hiram, les blanches la félicité des
m aîtres 18 .
Fig. 33 - Le Tablier.
16. Recueil des actes du suprême Conseil de Frana ou collection des dicms, a"êtts et dici-
sions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Paris, Imprimerie Sétier, 1832.
17. La Haye Ms 193. D32, op. cit.
18. Paris, Bibliothèque Roërtiers de Montaleau, MS 20 FM.
PRÉVÙT ET JUGE 197
Dans une autre version de rituel, il est mentionné des rosettes de trois
couleurs avec des interprétations différentes :
D - Que signifient ces rosettes rouge, bleue et noire ?
R - Le rouge rep résente le sang d 'Hiram répandu, le bleu la fidélité d es
Maîtres Parfaits et le noir le deuil d es vrais maîtres après la mort d e notre
Très Respectable père 19.
[ ... ]
D - Que signifie la rosette couleur de feu au bas de votre cordon et celles
qui sont sur la bavette de votre tablier ?
R - Les rouges nous rappellent le meurtre d 'Hiram, victime d e sa discré-
tion, qui ne doit jamais sortir de notre m émoire et les blanches marquent
la fidélité à nos engagements et la pureté de nos mœurs 20•
19. BN, FM 4 358 Grade du Paifait Maître Irlandais et Avignon, Maître Irlandais, Prévôt
et juge, B.M. MS. 3083.
20. M.S.Lyon 5921-5, p. 12.
198 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFEOION ET DES ORDRES DE SAGESSE
c K
T T
Tableau récapitulatif
du grade de Prévôt et Juge
23. On peut relever que l'ordonnancement des lumières de la loge esc la même qu'au
Maître Parfait.
PRÉVÙT ET JUGE 203
D- Que signifient les deux autres lettres X.C. l'une placée sous la clé
et l'autre sous la balance?
R - Ce sont les lettres initiales des deux mots Xin chen qui servent de
mot de passe aux Maitres Irlandais et qui signifient comme il a été dit
plus haut, le siège de l'âme.
D- Que représente les trois lettres J.H.S. placées au dessous du coffre
d'ébène?
R - Ces lettres sont les initiales des trois mots Jehova, Hiram et
Stokin 24 .
D - D onnez-moi la signification de ces trois mots ?
R - Le premier est le nom du Grand Architecte de l'Univers que nous
ne devons épeler qu'avec respect.
Le second est celui de notre Respectable Maitre Hiram qui était l'ar-
chitecte du temple.
Le troisième est le nom du maitre qui découvrit le corps d' Hiram
après qu'il eut été assassiné.
D- Que signifie la branche d'acacia dont le bout repose sur la lettre H ?
R - C'est précisément le bout qui repose qui nous fait entre ces lettres
distinguer le nom d' Hiram et nous rappelle que ce fut la branche d ' aca-
cia qui fit découvrir aux maitres le corps d'Hiram.
D - Pourquoi les seize lumières dont votre loge est éclairée sont-elles
placées aux quatre coins ? 23
R - Parce que les quatre points cardinaux de la Loge représentent les
quatre parties du monde.
D - Où avez-vous été placé ?
R - Dans la chambre du milieu.
D - Pourquoi ?
R - Pour y travailler.
D -À quoi avez-vous travaillé ?
R - Au tombeau d 'Hiram.
D- Où fut-il inhumé ?
R - Dans le sanctuaire du temple.
D - Comment travaillez-vous ?
R - En dessinant des plans et les distribuant aux ouvriers du temple.
D - Comment encore ?
R - Avec zèle, ferveur et constance.
0
0 0
CHAPITRE V
....
INTENDANT DES BATIMENTS
ou Maître en Israël
ou Maître Écossais des 3 f
(Se degré)
INTENDANT DES BÂTIMENTS (8e DEGRÉ)
Présentation du grade
Thème du grade
Sept heures
HEURE DE du soir
FERMETURE DES û nombu nt cadrt Sept heures À sept heures À 7 heures
TRAVAUX point avtc k rt:St~ du du soir du soir du soir
rirutl
210 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERfECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
L'accent est mis dès le grade d'apprenti sur le fait de garder le secret,
d'être obéissant et de rester fidèle, ce qui est rappelé de manière impérative au
Maître Secret. Ainsi, en se référant à Hiram même, on constate qu'il est
resté fidèle jusqu'à la mort dans la direction des travaux du temple. Ce
devoir de fidélité rappelle l'engagement initialement pris dès le grade d 'ap-
prenti, et rappelé lorsque le récipiendaire au grade de Maître Secret a les
lèvres closes par le sceau du secret et de la fidélité. La fidélité est une clé
essentielle dans le cheminement initiatique, elle permet de rester en accord
avec l'engagement ou les engagements pris.
La Fidélité revêt plusieurs aspects :
-la Fidélité envers soi-même qui consiste à suivre ce que l'on croit
juste et conforme à sa p ropre vérité. Cela veut dire prendre pour
guide la seule voix de sa conscience.
Cela sous-entend fidélité à la parole donnée.
-La Fidélité envers son Frère ou tout autre être considéré comme
digne d 'estime en raison de ses vertus. La Fidélité étant une des
bases de la fraternité, l' une découlant de l'autre, puisqu'il ne
saurait y avoir de fraternité sans fidélité.
-La Fidélité à la Tradition. Cela demande au Maître de passer de
l'équerre au compas, du carré au cercle ou du cube à la sphère, sans
On peut établir une analogie, sans trop forcer le trait, entre le chande-
lier à sept branches et la montée de ces sept marches qui correspond à une
progression vers la Lumière :
D - Que signifient le chandelier à sept branches ?
R - La présence de l'Esprit Saint dans le cœur des vrais observateurs
de la loi 6 .
Ces sept marches sont visibles dans les tableaux d'apprenti et de compa-
gnon du xvmesiècle, Elles se présentent avec d es paliers ou repos successifs
qui conduisent à la porte du Temple.
Le fait de gravir 7 marches peut aussi être associé au cycle hebdomadaire
de labeur qui demande à chacun d 'œuvrer avec vigilance et persévérance
pour rester en accord avec les engagemen ts précédemment contractés.
Ainsi, dans le Manuscrit 3081 de la Bibliothèque Municipale d'Avignon on
lit :
D - Que signifient les sept marches du temple que vous avez
montées?
R - Les six premières signifient les six jours que Dieu employa à la
création du monde qui sont les jours de travail et la 7e qui introduit de
plain-pied dans le temple, signifie le jour du Seigneur ou du repos.
,
3- L'Etoile mystérieuse
Les cinq étoiles qui brillent sur l'autel peuvent être interprétées comme
les cinq lumières de la Franc-Maçonnerie nécessaires pour diriger et éclairer
une loge. Celles ci correspondent à la transmission régulière de la Tradition
maçonnique que représentent l'éclairage et la direction de route loge.
On note que dans ce grade l'étoile flamboyante se substitue complète-
ment au delta, tour comme au grade de compagnon :
D - O ù trouvez-vous les trois mots ou piliers de votre loge ?
R - Dans l'étoile flamboyante.
0 - Quelle en est la lettre initiale ? Q ue signifie-t-elle ?
R - Gomez ou beauté divine.
0 - Pourquoi la désignez-vous par l'étoile flamboyante?
R - Parce que ce fut sous cette figure que le messie força les 3 Rois
mages à venir reconnaître sa divinité 9.
4- La balance
Ici, la balance est un symbole d'exactitude lié aux sept marches dans
lesquelles on peut voir les sept principaux échelons de la Connaissance,
notamment dans l'approfondissement des sept Arts libéraux sur lesquels le
compagnon est censé déjà avoir médité. Elle va permettre à l'Intendant des
Bâtiments de remplir les devoirs de sa fonction qui sont de maintenir et de
veiller à la justice autant qu'à l'équité entre tous.
Dans le MS Bonseigneur il est précisé :
D - Que signifie la balance que l'on vous a donnée dans le grade précé-
dent?
R - La balance, étant un attribut de justice, m'a été donnée pour
l'exercer indistinctement sur tous les Maçons et pour rectifier ma
conduite, si je désire mériter le nom de la lettre qui m 'a été donnée en
recevant le grade d'Intendant des Bâtiments.
5 - Le tableau de loge
Un cercueil, tête vers la droite avec une branche d 'acacia sur le couvercle.
Des candélabres de 7, 3 et 5 branches avec des bougies allumées. (Le cercueil
est représenté sous le seuil de l'entrée du sanctuaire pour avertir qu'après
avoir subi la morr nous pouvons être introduit dans le séjour de la divinité.
Le récipiendaire est mis en état de morr dans ce même lieu pour nous faire
entendre que les maçons doivent être morts au monde et à ses maximes 11 •
La représentation recto et verso du bijou suspendu au sautoir, les motifs
gravés étant des références à Dieu.
Les significations de ces figures diverses sont expliquées au cours de la
cérémonie et plus particulièrement par l'instruction.
11. The lntermediate degrees 1° - Jr in the jurisdiction ofthe Supreme Counci/33° ofthe
ancient and accepted rite for Engumd and Wales and its districts and Chapters ovmeas,
by.G. E.W.Bridge, London, 1990.
INTENDANT DES BÂTIMENTS 217
1er signe : Le premier signe est celui de surprise qui se fait en portant la
main droite sur le front, les doigts et les ongles en dedans (repliés), en pronon-
çant le mot Benchorim.
Le candidat se protège les yeux de ses mains car il n'est pas en état d'être
confronté directement à une lumière absolue.
Les mains à droite et à gauche rappellent les deux colonnes et la loi du
binaire. Ce signe évoque le double courant de vie, il est accompagné d 'une
exclamation qui signifie « noble fils ». L'Intendant des Bâtiment de par sa
fig. 37 - Le tablier.
Le cordon:
En 1806, le Suprême Conseil décrète que le cordon doit être rouge, de
droite à gauche, au bas duquel est une rosette verte, soutenant le bijou qui est
un triangle, sur un côté sont gravés les lettres B.A.], de l'autre Kl 15.
0- D'où vient que les Ecossais parlent d'un cordon rouge?
R - Pour marquer qu'ils doivent verser jusqu'à la dernière goutte de
leur sang à l'exemple de leur maitre plutôt que de trahir leur devoir et de
contrevenir en aucune façon à la moindre de leurs promesses 16.
18. Cerre fois encore l'insrrucrion parle de termes anglais, alors que les mors, bien que
déformés som en hébreu.
INTENDANT DES BÂTIMENTS 223
D - Où était-il placé ?
R - Sous un dais bleu céleste parsemé d'étoiles brillantes.
D - Comment était-il vêtu ?
R - D 'or et d'azur.
D - Pourquoi ?
R - Parce que Dieu apparut ainsi à Moïse sur le Mont Sinaï, quand
il lui donna les tables de la loi.
D - ~tes-vous encore dans l'obscurité ?
R - Le jour m'a apparu, l'étoile mystérieuse est mon guide.
D - Où avez-vous été conduit ?
R - Je ne puis le dire.
D - Quel âge avez-vous ?
R - Vingt-et-un ans 19.
D - Comment marquez-vous 5,7,15 et où avez-vous atteint ce
nombre?
R - De la manière dont on place les lumières.
D - Que signifient-elles ?
R - Je vous ai déjà expliqué les deux premières; les dernières repré-
sentent les 15 Maîtres qui trouvèrent le corps d'Hiram - Abif sous une
branche d'acacia.
D - Pourquoi y a-t-il du vert dans votre tablier ?
R - Parce que je dois espérer d'arriver à de plus sublimes connais-
sances par mon zèle et ma constance dans la Maçonnerie.
D - Que signifie votre bijou ?
R - La triple alliance de la Divinité.
D - Quelle heure est-il ?
R - Sept heures du soir.
0
0 0
19. Il s'agit probablement de l'âge de vingt-sept ans, mentionné dans la plupart des
manuscrits, dont Francken.
CHAPITRE VI
Présentation du grade
En préambule, il nous faut indiquer que l'on trouve ce terme d'« Élu»
dans trois grades, qui sont :
- L'Élu des neuf, intitulé aussi l'Élu vengeur ;
- Le Maître Élu des Quinze désigné sous le titre d'Illustre Élu ;
- Le Sublime Chevalier Élu qui est le véritable Élu.
Ces trois grades s'inscrivent dans la suite logique du grade de Maître. Ils
pourraient être pratiqués directement dans sa continuité, comme c'est le cas
pour le 1er Ordre au Rite Français.
Ces trois grades d'Élus résument le parcours initiatique des trois
premiers grades d'apprenti, compagnon et maître, vécus dans un nouveau
cycle. Le 1er, ou Élu des Neuf, évoque la question de la transgression de la
loi et met en lumière les dangers et les méfaits des pulsions vengeresses. Le
2e, ou Élu des Quinze, fait passer de la vengeance à la justice collective, afin
que toutes les passions soient épuisées. Le 3e enfin est une forme de consé-
cration de l'initié qui est reconnu Emerek ou Homme vrai en toutes
circonstances, c'est-à-dire un authentique Maître Maçon.
Les manuscrits d'Élus (le mot Élu signifie choisi) relèvent des grades
dits couramment « grades de vengeance », ce qui fait souvent oublier que
ces grades sont en fait des grades d'Élus.
C'est comme si, en évoquant le grade de Maître, on parlait d'un grade
de mort, oubliant qu'en accédant à la maîtrise, par la mort, on l'a vaincue,
.
en renatssant.
Cette mauvaise interprétation est due au besoin que chacun éprouve de
classer, étiqueter, cataloguer, cerner les choses afin de mieux les dominer, ce
qui constitue une démarche sécurisante, mais ô combien restrictive et géné-
ratrice de ghettos.
Il est important d'éviter de confondre un ou des symboles, avec l'étape
initiatique elle-même, de même qu'il est dangereux de confondre l'étape
avec l'initiation. On n'est initié qu'une fois en maçonnerie lorsqu'on est
reçu apprenti franc-maçon. Tous les grades reçus ensuite correspondent à
des étapes initiatiques successives, ce sont des clés complémentaires qui
228 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Cette série des trois grades d'Élus qui marquent l'achèvement du cycle
de l'assassinat d' Hiram et de la mort de ses meurtriers, conduit à réfléchir
au problème de la justice et de la vengeance.
Le symbole des crânes suspend us au bout des piques au 10e grade
rappelle l'invitation à mourir à soi-même dès le cabinet de réflexion, et ce
symbole est encore présent sur le tapis de la loge lors de l'élévation à la
A •
maunse.
l. Voir Ordo ab Chao, n• 44, deuxième semestre 2001, supplément 12<, l'excellenre étude
sur le sujet de Jean- Paul Muisier et Daniel Bacry.
(LU DES NEUF 229
Les noms des meurtriers varient dans les différents rituels entre 1766
et 1809. On peut retenir que ces différents noms correspondent soit à des
sobriquets dépréciatifs, soit à des qualificatifs injurieux.
Il est à noter aussi que dans les plus anciennes versions c'est Stolkin qui
aurait tiré vengeance d'Abiram dans la caverne et no n le Joabert ou Johaben
des versions les plus récentes.
En résum é, ce serait en 1743, à Lyon, que serait appar u le prem ier grade
d'Élu ou Petit Élu dans la continuation d u grade de Maître. C'est do nc un
des plus anciens hau ts grades pratiqués ou plutôt un complément de la
maîtrise. Il paraît clair que l'on peut se passer de l'ancien grade d'Élu de
Perignan qui n'apportait qu'un élément de détail à la compréhension de
l'enchaînement de ces deux grades d 'Élu. L'abandon de ce grade a eu pour
conséquence de laisser de côté le chien de l1nconnu, qui n'a pas été réinté-
gré dans ce degré, ni dans le suivant, alors qu'il est resté dans le 1er Ordre
de Sagesse du Rite Français.
Thème du grade
ceux qui avaient connaissance de ce qui pouvait avoir un rapport avec l'as-
sassin d'Hiram, d'en donner aussitôt avis aux autorités sous peine de puni-
tion exemplaire.
L'Inconnu se croyant en conscience et avec juste raison obligé d'obéir à
son prince plutôt que de garder le secret d'un scélérat, fit aussitôt deman-
der audience à Salomon pour lui déclarer ce qu'il savait et dénonça le lieu
de la retraite d'Abiram.
Comme il est dit au commencement de cette histoire, Salomon y
envoya les neuf maîtres zélés, mais ses ordres ne furent pas exécutés comme
il l'avait prescrit en raison du trop grand zèle de l'un d'entre eux, nommé
Nistohin, (dans cette version il ne s'agit pas de johaben) qui tua Abiram. Il
lui coupa la tête et la porta à Salomon qui lui fit grâce de sa désobéissance
en raison de son zèle.
Salomon fit embaumer la tête d'Abiram et la fit planter sur une pique à la
porte septentrionale du temple avec un poignard qui la traversait, pour foire
connaître à tous l'instrument qui avait puni le crime. Elle y resta tout le temps
de la construction du temple pour effrayer les ouvriers apprentis et compagnons
et pour leur ôter l'envie de commettre quelque crime; ensuite, elle fut transpor-
tée sur la porte de la ville du côté du Nord, jusqu â ce qu'elle fut détruite par le
temps 2 •
Le Président de l'atelier s'appelle Très Équitable, il représente Salomon
et tient un sceptre, l'Envoyé du Roi de Tyr s'appelle Très Puissant et le
Surveillant s'appelle Frère Ancien ou Stolkin qu'il représente. Tous les Élus
sont arm és d'un poignard 3.
2. Cette version très complète de la légende est extraite du manuscrit de Wien (Autriche)
MS 76135 folios 954-961, intitulé Architecture tks Maîtres Élus, 2d grade. On peut s'étonner
que la tête d ' Abiram soit donnée dans cette version comme étant exposée à la porte septen-
trionale, alors qu'il n'y avait pas de porte au nord, mais à l'Orient. Dans d'autres manuscritS
il est bien mentionné la porte orientale à la place de septentrionale.
3. Bibliothèque Municipale de Bordeaux, Cinquième gratk de L'art Royal du premier
Temple, Élu symbolique ou petit Élu, MS 2098, ci rea 1780.
ÉLU DES NEUF 231
-
__.,..!o.
'
1
, 1
HEURE DE
FERMETURE DES Non Non Non À l'entrée
mentionné mentionné mentionné de la nuit
TRAVAUX
t.LU DES NEUF 233
,
l - Le premier devoir de l'Elu des Neuf
4. Bérage, Catéchisme du Paifait Maître Élu, extrait des Pius secrets Mystères des hauts
grades de id maçonnerie dévoi/ie, 1778.
234 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
À ce degré de Maître Elu des Neufon apprend que l'un des meurtriers
du Maitre s'est réfugié au fond d'une caverne armé d'un poignard.
Le premier devoir des Élus est de retrouver ce meurtrier, de le vaincre
en le neutralisant, afin de le livrer à la justice de Salomon.
Dans ce grade le Maître Elu est appelé à l'action. En aucun cas cepen-
dant, il ne peut s'ériger à titre individuel en justicier, même si la cause est
légitime. Ce degré sensibilise particulièrement sur la nécessité du jugement
qui ne doit pas s'égarer dans une vendetta.
2 - La caverne
5. Archives tk la Franc-Maçonnerie ou /.es Secrets et travaux tk tous /.es grades, jusqu acelui
de Rose-croix, y compris Les grades écossais par un chevalier tk tous Les ordres maçonniques, Paris,
fditions Demu, 1821, p. 160.
6. Paris, Bibliothèque Roëttiers de Montaleau, MS 21 FM. Maître IJlu des Neuf
7. Guénon René: Le Roi du monde, t.ditions Gallimard, 1973, pp. 59-65.
236 SYMBOLIQUE DES GRADES D E PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
dans l'ombre à fuir la justice sur un plan négatif. Il se réfugie dans l' obscu-
rité des ténèbres inférieures.
Le mythe de la caverne reflète l'image dramatique de la condition
humaine, image de dépendance, elle est aussi le lieu privilégié des initia-
tions qui correspond à l'approfondissement des origines et qui conduit soit
à se renouveler, soit à y être vaincu.
L'âme, après sa chute, a été p rise, elle est enchaînée ... Elle est, dit-on,
dans un tombeau et dans une caverne, mais en se libérant des pensées, elle
se délivre de ses liens. (Plotin : Ennéades IV, 8, 4). Il faut nécessairement
passer par les ténèbres pour accéder à la Lumière.
La caverne représente le siège de la conscience humaine, archétype d e la
matrice universelle, symbole de l'origine, lieu privilégié de renaissance et
d' initiation. Dans ce grade on est bien dans la continuation d'un processus
initiatique qui se poursuit. La caverne figure l'athanor nécessaire à la seconde
naissance. Pour le moment, il s'agit d 'une régénération psychique illumina-
cive, une régénération qui permettra à l'Élu de clore le cycle de perfection,
en réglant le problème très humain de la vengeance et de la justice.
3 - Le sort en a décidé
D - ttes-vous Élu ?
R - Le sort en a décidé 8 •
À chacun de ces grades, que ce soit Maître Élu des Neuf, Illustre Élu des
Quinze ou Sublime Chevalier Élu, intervient le recours d u tirage au sort par
Salomon. Ce tirage au sort désigne à chaque fois des maîtres reconnus
comme particulièrement zélés dans l'accomplissement de leur devoir. Il
s'agit d'une élection ou d 'un choix fait en faveur de quelqu' un pour lui
confier des fonctions importantes. Dans la Bible, le verbe choisir concerne la
vie spirituelle de l'homme ou du peuple et s'emploie avec D ieu comme sujet.
Dans l'Ancien Testament, il est dit que Dieu choisit Israël pour en faire
son peuple. Il choisit Abraham et sa postérité (Genèse 12, 1-3), Au moment
de la sortie d'Égypte, il élit Moïse prophète d 'Israël (Exode 3, 7 -10).
Aucune raison n'est donnée de ce choix, D ieu seul est Maître. Une seule
raison pourrait être appo rtée, l'amour (D eu téron o me 4,37) . Cette élection
place cependant sur Israël une charge à laquelle il ne peu t se dérober sans
être infidèle et sans rompre l'Alliance. La notion vraie d 'élection et la justice
de Dieu exigen t que le peuple qui en bénéficie ne soit pas aveuglé par son
élection au point d'en oublier sa mission (Amos 4,9 ; 7,8).
L'Ancien Testament parle aussi d ' une élection q ui concerne des individus
particuliers. Certains hommes sont choisis par Dieu lui-même, Abraham
(Néhémie 9,7), Moïse (Psaume 105,26), David (Psaume 78, 70), les
prêtres (Deutéronome 18,5), les prophètes (Jérémie 1, 5), les rois même
dans certains cas. Ces hommes o n t été choisis par D ieu en vue d'un service
spécial. Nous arrivo ns par là à la notion d ' un décret d ivin pour la d irection
du mo nde et, de fait, dans les chapitres 40 à 55 à la deuxième partie d u livre
d 'Isaïe, cette idée est nettement exprimée q ue Dieu dirige les événements
selon sa volonté souveraine 9.
À chaque fois, le tirage au sort se substitue à la main de la Providence
pour désigner ceux q ui, dans le secret d 'un cœur pur, font preuve des vertus
nécessaires pour devenir des initiés véritables, les rendant aptes à affronter
de nouvelles épreuves.
4- Le buisson
5 - La vengeance
Il. Furetière Antoine, Dictionnaire, t. III, P-Z, La Haye, 1690, Reprint Éditions le
Robert, 1978.
240 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
de l'œuvre et à u n savoir faire qui ont été anéantis avant qu'il y ait eu trans-
mission à un successeur digne de l'être.
À la violence doit-on systématiquement répondre par la violence? Ne
doit-on pas plutôt s'en remettre à l'Eternel qui châtiera le coupable dans ce
monde ou dans l'au tre ?
L'ordre ayant été troublé, la responsabilité du châtiment ne peut être
assumée par un seul individu, ce en quoi Johaben ou trepasse la mission
confiée.
Il ne faut pas perdre de vue que ces degrés se situent dans la logique de
la tradition hébraique qui applique la loi cruelle du talio n. Alors que dans
la continuité de la tradition abrahamique une autre alternance est possible.
Le charité chrétien ne suggèrera de pardonner, p rêchant la miséricorde
jusqu'à «tendre l'autre joue» quelle q ue soit l'atrocité du crime. Le
Musulman, pris dans la balance de l'alternative, aura le choix d 'appliquer le
talion ou de pardonner selon sa capacité de clairvoyance et/ou sa volonté de
miséricorde.
On peut définir la vengeance comme une justice individuelle expédi-
tive, sous l'impulsion de la passion et de l'aveuglement, alors que le sens de
cette vengeance correspond à une démarche qui relève d'un consensus de
réparation, selon la loi action/réaction. Renoncer à la vengeance person-
nelle pour s'en remettre à la justice collective est le propre de la véritable
maîtrise qui convertit l'ombre en lumière et contrib ue à étendre l'équité au
plan social.
On relève que ces grades d 'Élus, dits de vengeance, traitant spéciale-
ment des assassins d'Hiram, o nt été très tôt pratiqués au Rite Ecossais
Ancien et Accepté et au Rite Français, contrairement au Rite Anglais de
Style Émulation où la question est réglée dès le rituel du grade de Maître.
Ainsi on lit dans l'instruction :
{ .. }Les Frères songeaient à rentrer à jérusalem lorsque passant par hasard
près de l'entrée d'une caverne ils entendirent des cris de lamentation et de repen-
tir. En entrant dam la grotte pour rechercher l'origine de ces exclamatiom, ils
découvrirent trois individus qui répondaient au signalement des fogitifi.
Accusés du meurtre et voyant toute foite impossible, ces hommes firent l'aveu
complet de leur foifait. Ils forent chargés de liem et conduits à jérusalem où le
Roi Salomon les condamnant à mort, châtiment que l'énormité de leur crime
leur avait amplement mérité.
Sans mise en scène, ces éléments sont précisés lors de l'élévation à la
A '
mattnse.
tLU DE.S NE.UF 241
pour objet de faire régner entre les membres d'une société une harmonie de
rapports, fondée sur le respect de ses membres eux-mêmes et de ce qui constitue
à divers degrés leurs biens propres, moraux et physiques, spirituels ou matériels ;
elle a aussi pour but de régler nos devoirs stricts à lëgard des autres êtres et
cpmme telle, elle se distingue nettement de la Charité.
Dans le domaine des états conflictuels, l'idée de justice n'apparaît qu'au
moment où s'affirme la dualité et en même temps la complémentarité de la force
et de la faiblesse, car c'est le faible qui nécessite l'apparition du sentiment de
justice, mais c'est le fort qui devient le garant de son application et c'est bien là
une des significatüJns données à l'épie des Chevaliers médiévaux, dont un tran-
chant représentait la protection du faible et l'autre tranchant le châtiment de
l'iniquité. Une telle attitude engendre l'oppression quand une minorité domi-
nante de «forts » impose à une masse sa conception de la vie en société par un
code et une justice qui en découle 17.
Une vengeance réparatrice peut s'accomplir sous forme de châtiment
collectif légal. U n être isolé, semblable à Johaben, sous l' influence de la
passion, ne peut en aucun cas s'arroger à lui tou t seul le d roit d e j usticier,
sans être éclairé par une sagesse q ui le dépasserait et le guiderait à l' instar de
Salomon. Le bâtisseur d u temple de Jérusalem est défini com me archétype
de la sagesse, selon l'expression biblique : « la main d e Dieu était sur lui 17».
Les trois mauvais compagno ns personnifient particulièrement l'igno-
rance sous toutes ses formes, car en tuant H iram, ils o n t momen tanément
suspendu les t ravaux du T emple. En cou pant la tête d u meu rtrier, le justi-
cier de Salomon applique la pénalité con tenue dans le serment d u grade
d 'apprenti.
T oute personne d oit être conscien te que sa liberté personnelle s'arrête
dès lors q u'elle porte atteinte à celle d'autrui.
Le devoir de l'Elu est conforme à ces vers de Pythago re où il est d it :
Pratique ensuite la justice en actes et en paroles.
Ne t'accoutume point à te comporter dans la moindre des choses sans réfléchir.
Mais souviens-toi que tous les hommes sont destinés à mourir
Et parviens à savoir tant acqu!rir que perdre les biens de la fortune 18.
Aristote considère : Notre âme étant composée de trois parties, nous avons
besoin de la prudence (ou réflexion) pour diriger notre raison, du courage pour
réfréner l'impétuosité de nos élans et de nos sentiments, et de la tempérance pour
modérer nos désirs et nos besoins corporels. L'art d'harmoniser tous ces contraires
constitue la justice 18.
8- Johaben
Johaber (yod, he, vav, beth, resh,) serait une corruption de l'expression
qui signifie Ami de Dieu, alors que Johaben est une vocalisation occidentale
(yod he vav he beth nun) qui se traduit par fils de Dieu. Que ce soit l'ami
ou le fils, l' un et l'autre sont marqués par une proximité avec le divin.
Johaben devance ses compagnons et pénètre dans l'obscurité de la
grotte souterraine, sorte de labyrinthe, représentatif de la complexité de
l'être et des épreuves dont il doit triompher. Johaben représente alors le
prototype du jeune maître, sans expérience, qui se prend pour un initié
complet, avec une confiance excessive en lui-même, il agit mû par un zèle
intempestif. D'une autre manière que les mauvais compagnons, Johaben
par précipitation et enthousiasme, manque de réflexion et de maîtrise de
soi, cherche à progresser trop vite s'identifiant à la main du justicier par qui
il est mandaté. Il brûle les étapes en dépassant l'objectif qui lui est assigné
et retombe dans les exagérations et le manque de mesure d'un néophyte.
Johaben, emporté par son zèle et sa passion à tirer vengeance, au lieu de
faire justice, se transforme en meurtrier à son tour, même s'il est mû par
une bonne intention. Il succombe à sa passion et à sa soif de vengeance en
poignardant l'assassin d'Hiram. Ne pouvant résister à la pulsion brutale et
aveugle de la vengeance, Johaben n'est plus maître de lui, se détournant du
principe de justice, il ne se comporte plus en Maître et ne mérite plus en
apparence son élection.
Johaben doit-il échapper à l'expérience de la désobéissance? S'il est
nécessaire qu' il descende en lui-même, Johaben ne peut s'empêcher de
transgresser l'ordre donné par Salomon car sa volonté est encore tributaire
de la passion.
Lorsque Johaben s'exclame: « Tout est accompli», c'est l'achèvement
d'un cycle de destruction et d'obscurité certes, mais . bientôt suivi d'un
nouveau cycle de reconstruction.
Grâce à l'intercession de ses compagnons et à la miséricorde de
Salomon, Johaben sera gracié, bien que meurtrier à son tour, car sa faute
était due à une intention pure, liée à la mémoire du Maître disparu.
Sur un autre plan, le geste de Johaben peut être interprété autrement.
Il représenterait le prototype de l'initié imparfait, en recherche, auquel
chacun peut s'identifier. En tuant Abiram il tue définitivement le mauvais
compagnon qui sommeille en lui, pour laisser Hiram Abi se redresser. Acte
nécessaire pour poursuivre l'accomplissement de son cycle de perfection et
supprimer en lui toutes les forces obscures.
tLU DES NEUF 245
9 - La fontaine
10- le nombre 9
t t - Ordo ab chao
Sur un plan historique, il semble que cette devise soit apparue adminis-
trativement pour la première fois dans la patente de De Grasse Tilly, déli-
vrée le 1er février 1802. On peut penser que son adoption correspondait à
un ordre retrouvé qui mettait fin à l'anarchie des nombreux grades de
l' écossisme du XVIIIe siècle. Cette devise permettant aussi de mettre en
place une transmission initiatique cohérente, favorisant l'émergence d'un
ordre de ce chaos
Ordo ab chao ou« l'Ordre à partir du chaos». Cette devise résume à elle
seule tout le processus initiatique et rappelle l'apparition de l'Univers
décrite dans le texte de la Genèse, suivie par une succession de cycles
d'ordre et de désordre selon un même schéma. L'ordre et le chaos repré-
sentent l'alternative de la manifestation, conséquence du passage du sacré
au profane. Elle relève d'un concept de dualité et de réciprocité qui se
manifeste dans le bien et le mal, le négatif et le positif, les ténèbres ét la
Lumière.
Dans la Genèse, sous l'impulsion du Verbe, le chaos matériel in itial,
apparent, s'organise. Ce qui signifie que des interrelations se créent dan s la
manifestation entre ses éléments et qu'elles fonctionnent selon la loi d'ac-
tion/réaction, ou loi d'équilibre ou d'inter-action. Ordo ab chao amène à se
référer à la notion de G:.A:. D :. L:. U :. en tant q ue Principe o rdonnateur
de l'Univers.
L' obscuration, la ténèbre générée par l'assassinat du Maître suspend
l'ordre du chantier. Pour rétablir cet ordre il faut remplacer le disparu (ce qui
est fait au grade de Secrétaire Intime en la personne de Johaben) afin que le
ternaire fondateur puisse continuer à fonctionner, transmettre et retrouver les
assassins pour que justice soit faite. C'est à ces conditions que, de nouveau,
régnera sur le chantier « Ordo ab chao », permettant son achèvement.
Cette devise est mise en pratique dès le grade d'apprenti par le signe
d'Ordre.
L'application du sens de la devise se retrouve au grade de Maître,
d'abord par la mise à mort du candidat (chaos) qui, lorsqu'il est relevé plus
radieux que jamais (ordo), amorce un nouveau cycle de réalisation, de
passage de l'équerre au compas.
René Guénon met en parallèle les deux devises initiatiques Ordo ab chao
et Post Tenebras Lux comme ayant des significations si proches qu'elles sont
presque identiques. L'une et l'autre se référant à l'illumination initiatique
ÉLU DES NEUF 247
21. Guénon René, Aperçus sur l'initiation, chap. XLVI, sur deux devises initiatiques,
Éditions Traditionnelles, 1972, pp. 289-293,
248 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
La justice est une des quatre vertus cardinales aux côtés de la prudence,
de la force et de la tempérance. Elle est inhérente à l'ordre et à l' adminis-
tration d'une société, comme au règlement de la condition humaine. Ceci
introduit la notion du Juste qui est défini comme étant celui qui agit selon
la justice, avec le consensus accepté de toutes les parties c'est-à-dire en
rendant à chacun ce qui lui est da.. Dans l'Absolu, seul l'Éternel est juste.
Sa justice récompense les hommes justes et châtie les impies. La Justice est
une mise en application exacte de la rigueur et de la miséricorde en fonc-
tion des situations, des individus et des circonstances.
Avant d'aborder la question de la justice examinons le sens de la perfec-
tion qui est l'objectif posé dès l'accession au grade de Maître Secret.
Selon le judaïsme, le «juste parfait» (saddiq gamûr) est celui qui a
observé la Torah d'alefà tav, ce dont Abraham est le modèle. Dans la Bible,
l'Éternel ne se définit jamais lui-même comme parfait. Seul Matthieu est
celui des quatre évangélistes qui utilisera l'adjectif« parfait » : Pour vous,
soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait» (Matthieu 5,48).
Clément d'Alexandrie se demande vraiment dans quelle mesure la
perfection est accessible. D 'abord tous n'y parviennent pas, non par défaut
de nature, mais par défaut de détermination. Cette perfection de l'homme
reste, de toute façon relative. Ainsi Adam na pas été parfait selon sa comti-
tution mais apte à recevoir la vertu ... L'homme est parfait au point de départ
en ce sem que Dieu ne lui a rien refosé de ce qui était requis par sa nature, la
plasis est parfaite. L 'imp~ction provient entièrement du choix des individus.
« Dieu est irréprochable» 2 .
Selon Guénon dam le domaine socia4 ce qu'on appelle la justice ne peut
comister, suivant une formule extrême orientale, qu â compemer des injustices
par dautres injustices ; la somme de toutes ces injustices, qui s'harmonisent en
sëquilibrant, est, dam son ememble, la plus grande justice au point de vue
humain individuel23.
C'est toujours en relation avec la justice divine, comme action salva-
trice, que la Thorah parle d'une justice humaine; même quand celle-ci est
entendue au sens humain et social, c'est toujours en référence à cet ordre
fondamental désigné par le nom hébreu de sedâqâh qui se traduit aussi en
termes de Salut, d'Alliance, de royaume de l'Éternel. La pratique de la
justice humaine conduit à faire ressortir la vertu de justice, rattachée à l'ac-
complissement de la volonté de l'Éternel ; Ainsi, dans ce contexte biblique
22. Clément d'Alexandrie, les Stromaus V, t. XVII traduit par Voulec, 198 1, Éditions du
Cerf, n• 278 des Sources Chrétiennes.
23. G uénon René, Mélanges, Éditions Gallimard, 1976, p. 188, note 24.
tLU DES NEUF 249
13 - Le Tablier et le Cordon de
MaÎtre Élu des Neuf
24. Guénon René, Studes sur l'Hindouisme, Éditions Traditionnelles, 1976, p. 72.
25. Recueil des actes du Suprême Conseil de France ou Collection des décrets, Arrêtés et déci-
sions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Imprimerie de Sérier, 1832.
250 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
0
0 0
passant les ordres qui m'avaient été donnés par le Roi, par clémence parce
que l' intercession de mes FF :. obtint mon pardon et enfin par 8 et 1
parce que nous fûmes neuf seulement choisis pour cette entreprise.
0 - Que fiees-vous après avoir tué ce traître ?
R- Je coupai sa tête, j'apaisai ma soif et fatigué je m'endormis jusqu'à
l'arrivée de mes FF :. qui entrèrent en criant vengeance.
0 - Comment vous reçut Salomon quand vous lui présentâtes la tête
du traître?
R - Par indignation, parce qu'il se proposait lui-même de faire punir
le traître, il me condamna à la mort, et je ne dus la vie qu'à la considéra-
tion qu'il eut pour mon zèle.
0 - Que représente la Chambre obscure où vous avez été mis avant
(votre) réception ?
R - Elle représente la caverne où je découvris le traître.
0 - Pourquoi vous a-t-on bandé les yeux en vous y conduisant ?
R - Pour rappeler à mon souvenir le traître endormi et combien peu
l'on doit se croire en sûreté et hors de danger après avoir commis le crime.
0 - Comment travaillent les Élus ?
R - L'obscurité les oblige de mettre leurs mains devant leurs têtes
pour s'empêcher de se heurter contre quelque chose et comme les routes
étaient mauvaises ils furent obligés de croiser les jambes ce qui fait
qu'étant assis dans le Chapitre il sont toujours dans cette posture.
0- Que représente le chien que l'on voit sur le tableau et sur la route
près de la caverne ? 28
R - L'Inconnu qui conduisit l'Élu.
0- Que signifie le bras nu armé d'un poignard?
R - Que la vengeance suit toujours le coupable.
0 - Que désigne le ruban noir et le poignard ?
R - La douleur qu'ont les bons Maçons de la mort d'Hiram Abif et
pour garder le souvenir de la punition.
0 - Par quels emblèmes figurez-vous les neuf Élus ?
R - Par neuf rosettes rouges au milieu des marques de l'ordre qui sont
noires, par neuf Lumières dans le Chapitre, par neuf coups dans la batte-
rie et par neuf baisers, tous ces emblèmes désignent les neuf Élus et le
nombre emblème du sang répandu dans le temple dont 9 gouttes restè-
rent jusqu'à l'accomplissement de la vengeance.
0 - Comment portez-vous votre ruban noir ?
R - De l'épaule gauche à la hanche droite avec un poignard suspendu
au bras.
28. Cette instruction montre bien que le chien existait aussi dans les anciens rituels
d'Slrts des Neuf, il a disparu lorsque le grade d' Siu de i1nconnu n'a plus été pratiqué. Seul le
premier Ordre du Rite Français l'a conservé.
254 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
0
0 0
29. On notera que les âges varient selon les rituels, entre autre le MS Francken donne
Huit er un ans conformément aux anciens T uileurs, sauf celui de Lausanne.
CHAPITRE VIl
(IOe degré)
Rg. 42 - Les trois têtes exposées sur les remparts à Jérusalem.
,.
ILLUSTRE [LU DES QUINZE (l oe degré)
Présentation du grade
Parmi les anciens grades d'Élu, l'Élu des Quinze était autrefois le troi-
sième grade pratiqué. Il était aussi appelé Grand Maître Élu ou Élu Parfait.
Ici, on apprend que le véritable nom de l'assassin Abiram est en réalité
Hoben. Ce degré donne la suite du récit de l'arrestation des deux autres
meurtriers d'Hiram que l'on croyait morts misérablement dans le pays loin-
tain de Cabule. En fait, une délégation de quinze Maîtres Élus dépêchée par
Salomon les retrouvent à Geth, toujours en vie. Ils ont changé de nom et
se font appeler Oterfut et Sterkin au lieu de Romvel et Grave/or. Le réci-
piendaire les ramène captifs à Jérusalem où Salomon les fait exécuter selon
le châtiment en vigueur à l'époque.
Le rituel de 1766 donne le nom des deux maîtres qui les premiers ont
découvert leur retraite. Il s'agit de Zeomet et Eleham (Ces deux noms s.o nt
pris comme mot sacré et mot de passe du grade).
Hoben, le premier assassin a donc pris le nom d'Abiram, cependant, les
deux noms Abiram et Hoben subsistent dans les variantes des rituels de
17 66 et de 1809 1• On se reportera avec profit au tableau dressé par Claude
Guérillot où figurent les différents noms des trois meurtriers, relevés dans
les différents rituels. (voir La Rose maçonnique, tome I, op. cit., p. 297).
Thème du grade
l. Khebian Jean, Les grades de vengeance au XVIII' siècle et sous l'Empire, Bulletin des
Aœliers Supérieurs du G rand Collège des Rites, no 73, 1970, pp. 27-37.
258 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
'
1' i
.!
.1
1 l
;1 1
1
1
1
t
1
j.
!
1
1
i .
i1
.!1
i1
1
-------- · ---------------------------------J-~
fig. 43 - Aquarelle représentant les trois meurtriers
avec l'outil de leur crime.
Musée lU la Franc-Maçonnttrie, Colkction G. O.D.F
ILLUSTRE ÉLU DES QUINZE 259
MOTS DE PASSE Heleham ~u'il faur Eligam ou Eliam Eligam ou Eliam, ou Eligam ou Eliam
écrire E iham Eleham
HEURE
D'OUVERTURE DES Cinq heures du mari n De cinq heures Cinq heures De 5 heures
TRAVAUX du matin du matin du matin
HEURE DE
FERMETURE DES Six heures du soir à Six heures du soir à six heures du soir à 6 heures du soir
TRAVAUX
260 SYMBOLIQUE. DE.S GRADE.S DE. PE.RFE.CTION E.T DE.S ORDRE.$ DE. SAGE.SSE.
,
t - L'Elu des Quinze
Certains se sont demandés pourquoi le nombre de neuf élus était passé
à quinze? Quelle était la raison de ce changement de nombre? On note
avec intérêt que ce nombre de quinze est déjà mentionné dans la première
version connue du rituel de maître, puisque toute une explication y est
donnée dans la Maçonnerie disséquée de Samuel Prichard. Il serait ainsi
logique d'en déduire que ce grade puise son origine dans cette première
version du grade de Maître.
En effet, il y est mentionné :
D- Quand fut-il retrouvé?
R - Quinze jours après.
D - Qui le retrouva ?
R - Quinze frères fidèles qui, par ordre du roi Salomon, sortirent par
la porte ouest du Temple et se séparèrent en deux groupes, vers la droite
et vers la gauche, en restant à portée de voix les uns des autres. Et ils
tombèrent d'accord pour décider que s'ils ne trouvaient pas le mot sur lui
ou près de lui, le premier mot serait le mot de maître. Un de ces frères
étant plus fatigué que les autres s'assit pour se reposer et prit en main une
brindille qui s'arracha aisément. Constatant alors que la terre avait été
retournée, il appela ses frères qui, poursuivant leur recherche, découvri-
rent le corps d'Hiram décemment enterré dans une belle tombe de six
pieds de l'est à l'ouest et six en perpendiculaire, dont la couverture était
faite de mousse verte et de gazon, ce qui les étonna. Là-dessus ils dirent
« Muscus Domus Dei Gratia ». Ce qui d'après la maçonnerie signifie:
« Rendons grâce à Dieu, notre Maître a une maison au toit couvert de
mousse ». Alors ils le recouvrirent soigneusement et comme ornement
supplémentaire, placèrent un pied de cassia à la tête de la tombe. Ils parti-
rent ensuite pour informer le roi Salomon.
D - Que dit le roi Salomon de tout cela ?
R- Il ordonna qu'on l'exhume et qu'on l'enterre décemment, et que
ces quinze compagnons du métier assistent à ses funérailles munis de
gants blancs et de tabliers (Cet usage continua chez les Maçons jusqu'à
nos jours) 2 •
Dans un autre manuscrit le nombre de 15 est lié aux sept marches
montées par le Maître Maçon 3 + 5 + 7, soit 15 qui récapitulent le chemin
déjà accompli :
D - Comment avez-vous été fait écossais ?
R - Par trois, cinq et sept.
D - Que signifie ce nombre ?
2- Vengeance et Justice
Au 1O• degré, les deux autres meurtriers sont aussi retrouvés dans une
caverne. Mais cette fois-ci, ils ne son t pas exécutés sommairemen t dans la
pénombre, contrairement au premier meurtrier, mais ramenés en plein
jour, enfermés dans une tour avant d 'être exécutés en public.
Empalés, puis décapités les d eux meurtriers sont suppliciés dans des
conditions particulièrement atroces. Couper la parole en coupant la tête
d 'une personne c'est supprimer sa capacité de transmettre. Ici, contraire-
ment au degré p récédent il ne s'agit plus de vengeance, m ais de justice, d 'u n
rééq uilibrage qui veut instaurer à nouveau l'Ordre perdu, illustrant la
nécessité de mettre en pratique la devise ordo ab chao.
Du grade de Maître au grade de Sublime C hevalier Élu on est dans un
contexte biblique salomonien dans l'esprit de l'Ancien Testament. Le châti-
ment des meurtriers d ' Hiram n'est pas réellement surprenant, car il corres-
pond à la mise en application des termes des serments et d es pénalités
prêtées dans les trois p remiers grades des loges bleues. Les peines encourues
en cas de trahison étaient d 'avoir la gorge cou pée, le cœur arraché, le corps
coupé en deux parties, les entrailles arrachées et brûlées.
La vengeance est définie, selon la Bible comme frein antique et efficace,
visant à assurer le respect de la vie. La Loi du Lévitique dit: Ne te venge ni
ne te garde rancune aux enfants de ton peuple mais aime ton prochain comme
toi-même: Je suis l'Éternel (Tétragramme) (19, 18) Cette loi avait pour b ut
de tempérer la vengeance, en la sanctionnant. Selon les Esséniens, entre
autre, c'est à Dieu seul qu'il appartient de tirer vengeance. Ce point de vue
est partagé par le Nouveau T estament qui remet la vengeance divine
jusqu'au jugement eschatologique.
L'ap plication de la justice biblique est une vertu qui consiste à rendre à
chacun ce qui lui est dû, mais elle est surtout la qualité qui fait qu'un
pouvoir, un titre, un acte, un événement, un objet sont conformes à ce que
le droit, la coutume ou l'essence des êtres exigent.
La vengeance du sang est une forme de justice privée qui était une applica-
tion de la loi du talion, considérée comme le seul moyen efficace de protéger le
droit à la vie en inspirant la crainte de la vendetta 4 •
Le sang des victimes expiatoires efface, par u ne substitution com pensa-
trice qu'exige la notion de justice, les traces de sang d u Maître disparu.
C'est lorsque les trois têtes des mauvais compagnons sont tranchées que
l'Élu peut considérer qu'il a éliminé de lui toutes ses tendances négatives,
qu'il peut poursuivre sa quête de vérité en rassemblant ce qui est épars.
Rappelons qu'avant leur exécution les assassins sont chargés de chaînes.
Cette image est, ô combien! évocatrice des entraves, des liens et du poids
qui entravent l'être humain. Prisonnier de lui-même, l'enchaîné à la terre,
à ses vices et ses passions a perdu sa liberté intérieure et physique, entravé
par un fardeau écrasant.
Au 9• grade il est mis en scène et enseigné à l'initié ce qu'il ne doit pas
faire, car il ne s'agit pas d'opérer une élimination impulsive de ses aspects
négatifs, mais d'agir comme au 10• grade par un combat objectif et ration-
nel contre cette partie de soi-même qui procède de l'ego. Au 9• grade, le
rituel dit qu'Abiram a péri en tombant sous les coups, mais qu'il renaît
toujours. Ce qui signifie que le maître doit rester constamment vigilant
contre les mauvais compagnons qui sommeillent en lui, toujours prêts à se
manifester et pouvant ressortir par des formes plus subtiles. Ce même rituel
dit aussi qu'Hiram a été tué mille et mille fois, que chaque jour ce crime mons-
trueux s'accomplit devant nos yeux, mais les Élus veillent.
Ces deux phrases du rituel sont la clef pour la compréhensio n des trois
grades d'Élus.
L'exécution des meurtriers correspond à l'ouverture du cœur dans
toutes les dimensions de l'être, horizontales et verticales. Les meurtriers
dont les trois têtes sont suspendues sur des piques sont des êtres qui ont
perdu l'essentiel vital. Ils sont des corps sans tête et des têtes sans corps,
semblables à des colonnes brisées. Le monde actuel offre de nombreuses
occasions de rencontrer des êtres quasiment coupés en deux (schizophrènes,
de schizo qui signifie coupé) qui ne vivent plus que par leur mental ou
d'autres qui hypertrophient leur corps et ne vivent que pour lui. À cette
limite extrême de dislocation, c'est un chemin en sens inverse auquel est
invité l'initié, à savoir réintégrer l'état primordial dans un corps et un esprit
de lumière.
3- La tour
Ce symbole de la tour peut être considéré sur deux plans différen ts,
négatif si l'on évoque la Tour de Babel œuvre h umaine néfaste q ui symbo-
lise un monde d os et orgueilleux dans la volo n té d e rivaliser avec plus grand
que soi. Il y a aussi la geôle d écrite dans les contes de fées q ui retient injus-
tement prisonnier un héros o u une héroïne. Sur u n plan positif ce lieu dos,
circulaire où l'on tourne en rond esc approprié à la méditation.
Les assassins p ris à leu r prop re piège son t enferm és dans une cour, avant
leur exécution.
Cerre cour esc symbole d'un axe d u mo nde co mpris comme u n lien
unissant la cerre au ciel, elle symbolise aussi l'achèvement d 'un cycle. Ce
lieu élevé peut être considéré comme p ropice au recueillement et à la médi-
tatio n permettant l'observatio n des astres.
L'érection de la tour comme le fait remarquer fore justem ent Edmond
Oelcamp est la répétition d u geste d u premier couple tendant la main vers
l'arb re de la Connaissance de la dualité. Il y a là la m êm e réponse d'exclu-
sion. L'homme ayant voulu se séparer du Principe en lui ravissant la
Connaissance sacrée pour se passer de lui, va lui aussi s'éloigner de
l'homme 7 •
Les artisans de la T our de Babel, tou t comme les mauvais com pagnons,
sone châtiés pour avoir voulu s'emparer, contre la volonté du Ciel, d 'une
connaissance à laquelle ils ne pouvaient pas accéder, sans règle ou processus
d'initiation. C'est dans ce sens que l'on peut comp rendre l'enfermement
dans ce lieu hautement sym bolique q u'est la cour, d es d eux premiers meur-
triers d'H iram. Passés com pagnons, ils o nt eu la possibilité d e d evenir d es
hommes d u métier, habiles dans l'arc d u tracé et d e la construction. M ais
l'impatience et la volonté d 'obtenir rapidement les m arq ues extérieures d e
la maîtrise les ont amenés, aveuglés par cette avidité d 'avoir et d e po uvoir,
à transgresser la règle, au point de sup primer physiquement le M aître, prin-
cipal agent de transmission. Ces compagnons étaient initialement prom is,
par leur admission sur le chantier à l'élévation, ils font cependant une chute
sévère, tels ceux qui avaient voulu rivaliser avec l'inaccessible, se retrouvant
alors dans la plus profonde confusion. C'est le désir de vouloir conquérir
une Connaissance par la force et la ruse qui amène chaos et confusion.
L'emprisonnement des deux meurtriers dans cette tour-forteresse est à
considérer comme une sorte de retour au cabinet de réflexion, peu avant
leur exécution qui est la mise en pratique de la loi du talion, appliquée dans
le contexte de l'époque.
--
•'
. · ~;-·
-
Hg. 44 - La tour.
,
4- Le tablier et le cordon d 'Illustre Elu des Quinze
Le cordon
En 1806, le Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté
décrète que le dixième degré, tout comme le neuvième, qui sont donnés par
communication (car considéré comme trop sanguinaires), ne portent ni
cordon, ni bijou 8 .
Les Maîtres Élus doivent avoir un cordon noir avec trois rosettes de
ruban ponceau au bout du cordon et aussi à chaque rosette une tête de mort;
il doit y avoir aussi quinze larmes brodées en argent sur le cordon.
8. Recueil des actes drt Suprême Conseil de France ou Collection des dicrets, a"êtés et déci-
sions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Paris, Imprimerie de Sétier, 1832.
266 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Le tableau représente trois piques sur lesqudles sont des têtes, la première au midi avec une lenre S, une autre
~ l'occident avec un 0 et la troisi~me à l'o rient avec un H qui correspondent aux initiales des trois noms des
assassins. On place aussi~ l'occident un tombeau avec ses lenres J, H, S et à l'orient le croissant et l'étoile du
matin de l'autre côté neuf lumières rappellent les Neuf IÔ.Ius.
268 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERfECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
•
CHAPITRE VIII
Présentation du grade
Thème du grade
Ce dernier grade d'Élu est celui où douze des justiciers sont récompen-
sés après un tirage au sort. Chacun se montre digne de son élection par sa
progression spirituelle. Dès lors, la phrase rituelle Mes FF. ·. me reconnais-
sent comme tel prend tout son sens en amplifiant celle donnée au grade d' ap-
.
prenu.
Les trois assassins du Maître sont châtiés, justice est faite. Salomon pour
récompenser le zèle et la constance des 15 Grands Élus a recours au tirage
au sort pour en distinguer douze qui commanderont aux douze tribus
d'Israël et formeront un Grand Chapitre. Salomon leur fait voir les objets
précieux renfermés dans le tabernacle dont les Tables de la Loi gravées du
doigt de l'Éternel, reçues par Moïse au mont Sinaï auprès d u Buisson
ardent. Il leur accorde plusieurs faveurs, entre autres il les arme de l'épée de
justice et leur donne le titre d'Excellent Emerek, traduit par «Homme vrai en
toutes circonstances».
Ce grade enseigne que le plus important devoir de la maçonnerie est de
se consacrer à la pratique de la Vertu. Le Maître Maçon ne doit pas seule-
ment s'opposer à toute forme d'oppression, de tyrannie et d'intolérance,
mais il doit aussi s'engager à œuvrer positivement en se mettant au service
des autres. Le cœur enflammé est un symbole de dévouement ardent à l' édi-
fice de la Franc-maçon nerie et du zèle à déployer pour la pratique de la
Charité, qui peut être considérée comme la plus importante de toutes les
vertus avec la justice.
SUBLIME CHEVALIER ÉLU 275
BATTERIE Douze coups égaux Douze coups égaux 000000000000 12 coups égaux
000000000000
STOLKIN STOLKIN,
Quelques uns y que l'on interprète
ajoutent Emerek, l ue par : eau courante.
l'on suppose être e Il y a des chat tres où STOLKIN, on dit STOLKIN, que l'on
' . .
MOTS DE PASSE nom caractensu(.ue l'on ajoute e mot quelquefois interprète par eau
d'un Élu, et que on Emerek ou Emereh, EMEREKou courante.
traduit par Homme que l'on tradui t ainsi : EMEREH, et mieux AMAR-ÏAH
vrai. Au lieu de ce Homme vrai ou AMAR-IAH (parole de Dieu)
mot insignifiant, il véridique. Ce mot est
faut dire AMARIAH. fautif; il faut dire
Amar-iah
!HEURE D'OUVERTURE
DES TRAVAUX
Douze heures De dou1.e heures À la douzième heure De 12 heures
HEURE DE
FERMETURE DES Le point du jour Au point du jour Au point du jour Au point du jour
TRAVAUX
276 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Le II• degré appelé Sublime Chevalier Élu, voit pour la première fois
l'initié désigné par le terme de Chevalier et qualifié de Sublime. Ce terme
signifiant selon le Dictionnaire de Quillet : élevé, le plus élevé, très grand, très
éminent. Ce grade est le degré de consécration et d 'achèvement des deux
précédents. Il est destiné à récompenser le zèle et le dévouement de douze
.Élus. Ce nombre douze suggère bien des significations. Il nous fait penser
aux I 2 constellations du zodiaque, aux I2 Chevaliers de la Table ronde etc.
Ces .Élus sont nommés gouverneurs des 12 tribus d'Israël (dont on trouvera
le détail dans l'instruction donnée à la fin de ce chapitre). Ils reçoivent plein
pouvoir du Roi Salomon pour assurer la pérennité de la Parole divine et sa
mise en œuvre selon la législation.
Ce 11• degré met plus concrètement l'accent sur la notion de vertu, en
faisant du récipiendaire le modèle de l'homme vrai en toutes circonstances.
On trouve la définition de ces vertus dans le MS 21 FM (Bibliothèque
Roëttiers de Montaleau) :
0 - Quelles étaient les principales vertus du Chevalier .Élu ?
R - L'Union, la Prudence, la Charité, la Modestie, la Discrétion et la
Valeur dans les combats.
Vaincre ou Mourir est la devise de ce grade. Devise qui montre que le
devoir de l'initié passe nécessairement par l'action, avant de pouvoir accé-
der à la méditation et à la contemplation qui permettront de percevoir
l'Unité inhérente en toutes choses. Le combat que mène l'initié doit le
conduire à la conquête de «l'initiation véritable».
L'observation tend à démontrer que tout être pensant, précisément
parce que pensant, aspirera un jour, d'une manière ou d'une autre, à sortir
du cadre limitatif de la vie et de la mort. Vivre c'est chercher à accéder à
l'Immortalité pour demeurer dans )'.Éternel présent. Pour cela, il faut néces-
sairement franchir le passage obligé de la mort en la pourriture apparente
du tombeau. Par la mort, vaincre la mort. Qu'importe que la chair quitte
les os, que tout se désunisse. Ceci est transitoire et relatif, à l'image du voile
des apparences qui doit disparaître pour laisser exprimer et subsister la
pérennité de l'Esprit.
278 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Les traces de sang pourront être effacées dans le T emple. L'esp rit étant
libéré du désir de vengeance par l'accomplissement de la justice, les Élus qui
ont atteint une perfection relative peuvent avoir accès aux Tables de la Loi
et aux objets précieux enfermés dans le Tabernacle, armés de l'épée de
justice par Salomon.
'
4 - Vaincre ou mourir
Sur le cordon de ce grade est brodée la devise Vincere aut mori ou trois
cœurs enflammés.
Au 10<grade, quinze Illustres Élus bénéficient d'une confiance et d ' une
élection particulières. Ils sont chargés de rechercher les deux autres meur-
triers d 'Hiram. Ils deviennent les agents de la justice en les livrant au Roi
Salomon détenteur du pouvoir, pour que la justice soit rendue.
Partir à la recherche des meurtriers c'est laisser derrière soi toute peur
dont celle de mou rir.
Seul l'être vrai, désigné comme Élu, a la capacité d 'affronter jusqu'au
bout les épreuves de l'Initiation, quelle que soit leur nature. Son compor-
tement vrai lui permet de vaincre son ego, en m ourant aux apparences illu-
soires de la vie. Vaincre tour ce qui peur entraver sa quête de vérité et de
connaissance, dans l' espéraQce de retrouver la Parole perdue après avoir
rassemblé ce qui est épars.
Vincere aut mori. Cette devise qui caractérise le 11• grade que l'on
retrouve au l" ord re de Sagesse du R.F., p. 438) correspond à la volonté de
l'initié, à sa détermination de vaincre ses vices et ses passions. Com bat
jusqu'à la mort pour rester digne et être apte à remplacer le Maître disparu
et pouvoir par la suite accéder à la q ualification de G rand Maître
Architecte.
On peut penser qu'une lecture plus approfondie de ces grades ne s'ar-
rête pas aux aspects outranciers décrits, mais qu'au lieu d'exécuter son
prochain, il s'agit au contraire de retourner sur soi une volonté de justice et
de désir de purification. L'un et l'autre passent par de nécessaires et succes-
sives remises en question très éprouvantes, mais indispensables pour
progresser dans la voie de la Sagesse, de la Connaissance et de la Lumière.
Ces trois grades sont bien évidemment allégoriques, car les ennemis
extérieurs ne trouvent u n écho que si l'on n'a pas encore vaincu ses vices et
280 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
ses passions qui correspondent aux ennemis intérieurs. (Cette réalité est
parfois remarquablement suggérée lors de l'initiation quand on demande
au néophyte de se retourner, son pire ennemi n'étant pas toujours devant
lui, mais derrière; c'est alors qu'il découvre soit sa propre image dans un
miroir, soit son parrain, sa marraine ou son père, sa mère spirituelle).
On peut considérer que le Sublime Chevalier Élu, qui est désigné pour
la première fois par le terme de Chevalier, est invité à se comporter à
l'image des Chevaliers médiévaux, sorte de champion des causes nobles et
justes au point d'engager sa vie en combat singulier jusqu'à la mort ; dans
cet esprit, on peut comprendre le sens de cette devise vaincre ou mourir.
Ce grade est non seulement une étape, mais un passage qui prépare à la
poursuite déterminée de la construction du temple jusqu'à son achèvement.
,
5 - Le tablier et le cordon du Sublime Chevalier E.lu
Le tablier est blanc, doublé et bordé de noir, assorti d' une poche au
milieu, sur laquelle est disposée soit une croix rouge, soit un cœur
enflammé. D'autres y représentent un poignard, entouré de neuflarmes. Le
cordon est noir avec trois cœurs rouges et l'inscription « Vaincre ou
.
mourtr».
Ag. 48 - Le tablier.
Hg. 49 - Le cordon.
SUBLIME CHEVALIER ÉLU 281
De même que pour le grade précédent, Élu des Quinze, les principaux
Tuileurs de 1813 à 1861 ne précisent pas l'âge du Sublime Chevalier Élu.
On y relève aussi une divergence entre l'heure d'ouverture et de fermeture
des travaux (douze heures au point du jour) et à celles données par le
Tuileur de Lausanne.
1. Recueil des actes dtt Suprême Conseil de France ou Collection des décrets, arrêtés et déci-
sions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Imprimerie de Sécier, 1832.
282 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFEOlON ET DES ORDRLS DE SAGESSE
2. Emerek esr le rerme donné par le T uileur de Lausanne ainsi que celui en usage dans
la pluparr des rituels.
SUBLIME CHEVALIER ÉLU 283
0
0 0
CHAPITRE IX
(12e degré)
GRAND MAÎTRE ARCHITECTE ( tze DEGRÉ)
Présentation du grade
l. Guérillor Claude, Le Rite de perfection, Éditions Guy Trédaniel, 1993, pp. 145 à 148;
la Rose maçonnique, t. 1, 1995, pp. 322-28.
288 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Thème du grade
D D D
La Garantie de notre
Secret réside dans notre
• A
1" excellent sc1ence meme 2• excellent
Gardien (pas de Couvreur) Gardien
290 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
j
• •••
' '1 • • 1•
j .•.• : ,,i:! .
. .. .. ,·. ·. .
.· . . .
HEURE D'OUVERTURE Non mentionné Non mentionné Non mentionné Non mentionné
DES TRAVAUX
HEURE DE
FERMETURE DES Non mentionné Non mentionné Non mentionné Non mentionné
TRAVAUX
GRAND MAITRE ARCHITECTE 295
1. Outre les qualités requises dans les trois sections précédentes, un aspirant
doit savoir lire et écrire Les caractères maçonniques, que j'appeLLe de convention
et leurs dérivés, ce qui nécessite la connaissance de la division de l'Ordre et du
caractère qui indique chaque sous-division.
2. IL doit avoir passé cet dge de la fougue des passions, si ces passions ont été
contenues dans de justes bornes par la sage direction de ceux qui sont chargés de
veiller sur la conduite des frères; a!crs on aura hdté la promotiqn du candidat;
mais dans aucun cas, il ne peut être admis avant vingt et un ans, c'est bien un
dge de maturité, ce ne l'est cependant pas toujours; c'est pourquoi on exige
impérativement L'examen le plus scrupuleux de la conduite, des mœurs et du
caractère d'un Récipiendaire.
3. Comme il est de principe que pour savoir commander, il fout savoir
obéir, et que les maîtres-parfaits sont destinés à l'étude des lcis qu'ils doivent un
jour foire observer; on refosera à l'admission celui qui aura montré dans les
grades inférieurs une résistance» aux lcis de L'Ordre, par un manquement
d'obéissance à ceux qui sont chargés de les foire observer, qui ne sont, comme je
L'ai déjà dit, que la lei parlante.
D ans la section V du même ouvrage sont définies les qualités d'un
Maître-Parfait qui aspire à devenir Chevalier Architecte, ou Chevalier
Maçon, ou Chevalier Ecossais:
1. Les qualités morales que l'on désire trouver dans les candidats des quatre
premiers grades doivent se trouver éminemment dans celui qui aspire au
cinquième. La même foute, qu'on ne regarde que comme légère, commise par
L'Apprenti ou les Compagnons est toujours grave Lorsque le Chevalier Architecte
se la permet, parce que plus on obtient dëlévation, plus on doit avoir de perfec-
tion; on doit donc regarder la perfoction comme le chemin qui conduit à l'élé-
vation.
2. Le plus grand bien des hommes pris individuellement, ou en Société,
étant Le but fondamental de la F:.M:., on doit emplcyer tous les soins à le
procurer. Ceux qui sontparvenus au dernier grade de la F:. M:. doivent à plus
forte raison se livrer et de corps et d'esprit à ce noble travaiL. C'est pourquoi on
doit rejeter lëgoïste qui ne pense qu'à lui, n'est occupé que de lui.
3. Ceux qui sont à la merci de ces passions que Sophocle appelle la foule des
tyrans forcenés, ne sont pas assez maîtres d'eux-mêmes pour travailler avec fruit
au grand œuvre de la F. ·.M.·., ils ne peuvent donc être admis au dernier Grade.
4. Ceux qui, comme le dit Adimante dans Platon, se font une envelcppe
comme une enceinte de l'ombre et des dehors de la vertu, qui traînent après eux
le renard rusé et trompeur du sage Archiloque, ne doivent pas être admis parmi
nous; et si par malheur ils l'ont été, qu'on ait soulevé l'envelcppe et découvert
le méchant, le malhonnête homme; renvoyez, expulsez au plutôt; car le bubon
du vice est plus contagieux que celui de la peste... 6 •
Jean Hani observe que l'Art architectural n'est que l'application des lois
physiques et mathématiques qui préexistent à l'homme dans la nature et qui
règlent nécessairement, et la disposition des matériaux dans lëdifice, et la forme
générale. L'Architecte humain ne fait que retrouver, se souvenir, au sens plato-
nicien, de ces lois, pour sy soumettre 8 •
- -
Planche 14- LA GEOMETRIE.
Cob11rg, Grav11re circa 1500.
GRAND MATTRE ARCHITEGE 299
9. Gedalge Amélie, Des contes de fées à l'opéra: une voie Royale, &litions Dervy, 2003.
300 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
3 - Je veux et Je construis
Que construire ?
En maçonnerie tout d'abord, il est nécessaire de se construire soi-même
et comme tout est lié dans l'univers, par cette construction intérieure on
participe activement à la construction du Temple. Celle-ci est le symbole
de l'univers à l'image du Maître Maçon. Ce Temple de l'intelligence et de
l'Esprit est le temple idéal de l'Humanité.
Cette construction exige, pour être fiable, l'acquisition d'un certain
nombre de vertus. Les travaux préparatoires nécessaires pour bâtir son
temple intérieur font de chacun l'acteur de sa destinée. Ces travaux lui
apprennent à gérer au mieux son libre arbitre en faisant la volonté du
Grand Architecte. Ce grade correspond à la maîtrise de la volonté, orientée
exclusivement à la réalisation du Beau, du Bien et du Vrai.
La construction du temple spirituel permet au G:.M:.A:. de s'asso-
cier à la Sagesse de l'Ordre universel.
Le vouloir est une force de détermination pour une action pensée et
réfléchie. Il favorise et conforte le sens de la responsabilité, de la liberté et
perfectionne la maîtrise des réflexes et des pulsions. Le vouloir, c'est la
faculté de se déterminer à agir, à avoir l'esprit d'entreprise et de décision.
Après la destruction nécessaire de tout ce qui était inutile et nuisible, on
passe à une phase de reconstruction. Cela implique d'avoir au préalable
compris et accepté la nécessité de mourir par la destruction physique, en
sachant aussi identifier les ennemis de la construction, maîtriser la
vengeance et pratiquer la justice pour retrouver la sérénité et l'harmonie.
Que faites-vous? je veux et je construis.
4 - La boulomle
La boulomie désigne le lieu où l'on veut, que l'on appelle aussi l'archiloge.
Ce terme d' archiloge attire notre attention sur une notion d'excellence, car
le terme archi est un préfixe tiré du grec archè, principe, exprimant l'idée
d'une supériorité, d'une prééminence. Ce lieu où l'on veut peut corres-
pondre au monde cosmique des archétypes.
La boulomie est un néologisme. Il tire son origine d'une racine grecque,
d'un verbe signifiant «vouloir» ou d'un substantif signifiant «volonté,
détermination, conseil», devenu par la suite assemblée où l'on tient conseil.
Cette assemblée est constituée de philosophes; n' oublions pas que les
mathématiques sont définies comme étant la base de la philosophie.
Ce lieu où l'on veut est le temple intérieur de chacun, dont le centre est
le cœur, où se situe le véritable temple, qui doit devenir rayonnant.
Le G:.M:.A:. travaille dans l'archiloge ou boulomie. La volonté est le
pouvoir coordinateur des forces physiques, morales et spirituelles. La
réflexion sur le vouloir mène en droite ligne au Devoir librement recherché,
avec joie, discernement, clairvoyance et détermination.
302 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Ce temple a existé de tout temps avant que l'homme n'ait entrepris des
constructions de pierres ... Seul ce temple est destiné à subsister éternelle-
ment même si tous les temples de pierres doivent un jour tomber en ruines.
La Boulomie, lieu où l'on veut, est un espace potentiellement illimité
d'activités pour le Grand Maître Architecte, lieu sans bornes, ni frontières.
On comprend mieux ici pourquoi, selon certains rituels, il n'y a pas de
voyages à effectuer, contrairement aux grades précédents. Le Grand Maître
Architecte maîtrise la sphère de son action créatrice.
Tou te construction saine a nécessairement de solides fondations, c'est
pourquoi construire efficacement demande de faire table rase des vieilles
ruines insalubres du passé, ce qui signifie en clair, vaincre tous préjugés,
toutes conceptions fausses ou contraires à la mise en lumière de la Vérité.
double carré que l'on nomme Hékal allant de l'Orient à l'Occident pour sa
longueur et du Nord au Midi pour sa largeur, il incorpore toutes les
données de la science sacrée. Le caractère exemplaire de cet édifice, par sa
perfection et son harmonie, donne les enseignements qui vont servir à la
construction de toutes les autres réalisations architecturales consacrées à la
gloire de l'Éternel 11 •
6 - La symbolique du temple
au grade de Grand Maître Architecte
7 - L'Étui de mathématiques
tratt.
Le Maître Maçon ayant progressé plus avant dans ses acquis de la
maîtrise, notamment dans la maîtrise d u trait ne se sert plus en tant que
G:.M:. A:. que d'un simple compas mais des trois compas de l'étui de
mathématiques et de tous les instruments qui y sont con tenus.
Le contenu de l'étui de mathématiques est variable selon les rituels :
D- Êtes-vous G:.M:.A:.?
R - J e connais parfaitement tout ce que renferme un étui de mathé-
0
mattques.
D - Quels sont les instruments qu'il renferme ?
R -Une équerre, un simple compas à quatre pointes, une règle, un à-
plomb, un compas de proportion, un d emi-cercle 12 •
Ala question qu'enseignent ces instruments, il est répondu: la rectitude,
la sincérité, le travail et l'émulation.
Dans le Man uscrit Francken, lëtui de mathématiques est décrit comme
contenant: une équerre, un compas simple, un compas à quatre pointes (qui est
un compas d'épaisseur), une règle, un tire-ligne, un compas de proportions, une
règle graduée, une règle pliante, une punaise à dessin et un demi-cercle 13.
Dans un autre Manuscrit l'étui de mathématiques est décrit comme
renfermant: un compas de proportion, une équerre, un compas ordinaire et un
autre compas dont une des branches se démonte, une règle, un tire-ligne, un
rapporteur avec sa corne, une branche à l'encre, une branche à crayon, une
roulette à ponctuer et un plomb 14 •
Dans le rituel de 2001 pratiqué par le Grand Collège des Rites, il est
demandé que le récipiendaire soit conduit devant la planche à tracer par
cinq fois pour y accomplir cinq travaux qui forment un tout :
Le premier travail d 'architecture demandé consiste à tracer une perpen-
diculaire, le deuxième à tracer la ligne horizontale d u niveau, le troisième à
tracer les deux côtés du triangle, le quatrième à achever le tracé du carré, le
cinquième par le compas qui permet d'achever le travail d'architecture, en
traçant le cercle circonscrit. Ce travail complet d'architectu re ·accompli, il
est considéré alors que le G :. M :.A:. embrasse l'Univers entier par son
esprit de géométrie.
nombres faisaient dire à Platon que le ciel a été le grand maître du calcul
des hommes.
Selon la définition de la Grande Encyclopédie: les mathématiques ont
pour but L'étude des relations exactes et nécessaires, concernant la grandeur, la
forme, les positions relatives des divers objets matériels ou immatériels qui
tombent sous nos sens. La science des nombres étudie exclusivement les proposi-
tions qui découlent de la double notion «dëgalité » et «d'addition », c'est de
toutes les sciences mathématiques la plus pure.
D - Quel est le premier de tous les Arts ?
R - L'Architecture dont la Géométrie est la clef, ainsi que la règle sur
toutes les sciences 15.
'
La Mathématique correspond à la Philosophie ou à la lumière projetée
sur les choses de la vie, sur le destin de l'homme on peut parler aussi de
philosophie des Sciences mathématiques qui ont pour but la recherche de
la Vérité. Elle établit un lien étroit avec l'entendement et la géométrie.
Platon appelait Dieu l'Éternel Géomètre et regardait la Géométrie comme
nécessaire à l'étude de la philosophie. Il apparaît clairement qu'une étroite
relation existe emre la mathématique, l'Art du Trait et l'utilisation du
compas demandant de tout Grand Maître Architecte d'être Géomètre.
Selon l'Encyclopédie un géomètre, quand il ne voudrait que se borner à
entendre ce qui a été trouvé par d'autres, doit avoir plusieurs qualités assez
rares; la justesse de L'esprit pour saisir les raisonnements et démêler les paralo-
gismes, la facilité de la conception pour entendre avec promptitude, Lëtendue
pour embrasser à la fois les différentes parties d 'une démonstration compliquée,
la mémoire pour retenir Les propositions principales, leurs démonstrations
mêmes, ou du moins l'esprit de ces démonstrations, pour pouvoir en cas de
besoin se rappeler les unes et les autres et en foire usage. Mais le géomètre qui ne
se contentera pas de savoir ce qui a été fait avant lui et qui veut ajouter aux
découvertes de ses prédécesseurs, doit joindre à ces différentes parties de l'esprit
d'autres qualités encore moins communes, la profondeur, l'invention, la force et
la sagacité. Il fout plus que de l'esprit, il fout du génie, le génie n'étant autre
chose que le talent d'inventer. L ëtude de la géométrie ne peut sans doute rendre
l'esprit juste à celui qui ne l'a pas; mais aussi un esprit sans justesse n'est pas fait
pour cette étude; il n y réussira point; c'est pourquoi si on a eu raison de dire
que la géométrie ne redresse que les esprits droits, on aurait bien fait d'ajouter
que les esprits droits sont les seuls propres à la géométrie. De plus, si les géomètres
se trompent Lorsqu 'ils appliquent leur Logique à d'autres sciences que la géomé-
trie, leur erreur est plutôt dans les principes qu'ils adoptent que dans les consé-
quences qu 'il en tirent. L 'esprit géomètre est sans doute un esprit de calcul et de
combinaison, mais de combinaison scrupuleuse et lente, qui examine l'une après
l'autre toutes les parties de l'objet, qui les compare successivement entre elles,
prenant garde de n 'en omettre aucune, et de les rapprocher par toutes leurs
faces; en un mot ne faisant à la fois qu'un pas et ayant soin de le bien assurer
avant que de passer au suivant 16.
Si l'on veut être un Compagnon fini ou un Maître complet, il est indis-
pensable d'être géomètre, mais la connaissance de l'Art du Trait n 'est pas
suffisante si l'on se réfère à la p hrase inscrite en entier au temple de
Delphes : Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre, mais que nul n'entre ici s'il
n 'est que géomètre!
Le compas correspond à l'art du raisonnement et de la conception.
La logique sert à tracer le cercle, à p rendre des mesures, à reconnaître
les proportions. Elle symbolise les opérations logiques de l'esprit coordon-
nant ses connaissances et élaborant ses systèmes. C'est la manière dont les
idées et les choses s'enchaînent. La logique est définie par l'Encyclopédie
comme étant l'art de pemer juste, ou de foire un usage convenable de nos facul-
tés rationnelles, en définissant, en divisant et en raisonnant. Ce mot est dérivé
de logos terme grec, qui rendu en latin est la même chose que sermo et en fran-
çais que discours; parce que la pemée n'est autre chose qu'une espèce de discours
intérieur et mental, dans lequel l'esprit converse avec lui-même. Comme pour
pemer juste il est nécessaire de bien discerner, de bien juger, de bien discourir et
de lier méthodiquement ses idées; il suit delà que l'appréhension ou perception,
le jugement, le discours et la méthode deviennent les quatre articles fondamen-
taux de cet art. C'est de nos réflexions sur ces quatre opérations de l'esprit que
se forme la logique. Bacon tire la division de la logique en quatre parties, des
quatre fins qu'on sy propose; car un homme raisonne, ou pour trouver ce qu'il
cherche, ou pour raisonner de ce qu 'il a trouvé, ou pour retenir ce qu 'il a jugé,
ou pour emeigner aux autres ce qu'il a retenu : de là naissent autant de branches
de l'art de raisonner; savoir, l'art de recherche ou de l'invention, l'art de l'exa-
men ou du jugement, l'art de retenir ou de la mémoire, l'art de l'élocution ou
de s'énoncer 17•
Le cercle comprend le centre : l'esprit humain, foyer d es connaissances
qui projette la lumière sur les choses et réfléchit l'image ou l'idée.
La circonférence correspond au champ des connaissances humaines, au
champ indéfini, car la circonférence c'est l'univers en tier.
Pythagore entendait par mathématiques la science sacrée des nombres.
Cette mathématique sacrée était la science des principes.
Le compas permet le tracé du cercle à partir du point. Le compas est
l'outil du Grand Géomètre de l'Univers, outil à partir duquel il trace l'uni-
vers, dans un tracé parfait qui lui donne ses limites. Le compas est un outil
16.Encycwpédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Nouvelle
édition, Genève, 1778, come seizième, pp. 38-54.
17. Encycwpédie, op. cit., tome vingtième, p. 252.
308 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Ag. 54 - Le Compas.
Ce premier croquis est réalisé sur la planche à tracer qui est présentée
au récipiendaire lorsqu' il est reçu au grade de G:.M:.A: ..
Ce premier croquis d'architecture, cette première épure peut s'envisager
comme étant la représentation d'une méditation solitaire issue de la
concentration de la pensée. Le premier croquis est un cercle, image de l'uni-
vers, de la perfection.
Dans le cercle tracé, le centre permet la communication avec les états
supérieurs; c'est de là que l'on peut commencer à vouloir bâtir.
Lors de l'élévation à la maîtrise, le premier travail demandé au nouveau
Maître consiste à tracer un cercle dont la circonférence est partout et nulle
part. Cette première épure est bien souvent malhabile. Au 12< degré, il
s'agit d 'autre chose, de faire un premier croquis d'architecture sur la
planche à tracer. La planche à tracer est une surface de bois complètement
plane sur laquelle le Maître Architecte dessine les plans de ses ouvrages ou
partie d'ouvrages en grandeur réelle.
Ce tracé correspond à l'art du «Trait ». Cette maîtrise du trait demande
expérience et savoir-faire du métier, mais au-delà de ces compétences il
s'agit bien d' un usage initiatique dans la Tradition des bâtisseurs.
Le G:.M:.A:. trace un cercle à l'aide d'un compas et une ligne au
moyen d'une règle. Partant de ce plan à deux dimensions, le G:.M:.A:.
devra par la suite le dépasser, pour accéder à l'espace à trois dimensions:
traits, surface, volume, ce qui a été déjà abordé avec la marche du Maître
Maçon. Cette démarche amène à projeter la ligne verticale, hors du plan
pour qu'elle devienne en chacun, un axe reliant la terre au ciel.
18. Cc questionnement est extrait des rituels actuels des obédiences qui pratiquent ce
grade.
GRAND MAÎTRE ARCHITECTE 311
seulement, et, si elle doit alors être conforme aux lois de la logique, c'est que
es lois mêmes ont un fondement métaphysique essentiel, à défaut duquel elles
seraient sans valeur; mais en même temps, il fout que cette exposition, pour
avoir une portée métaphysique vraie, soit toujours formulée, de telle façon
qu'elle laisse ouvertes des possibilités de conception illimitée comme Le domaine
de la métaphysique 19.
19. Guénon René, Introduction glnlrale à l'ttutk tks ®ctrines hintkues, Éditions Vèga,
1930, pp. 130-131.
20. Furetière Antoine, Dictionnaire Univeru/, 1690, SNL, Le Robert reprint, 1978,
tome 1, leme A-D.
312 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Le compas de proportion
Le compas de proportion est l'un des outils qui compose généralement
l'étui de mathématiques: cet instrument de précision, que les Anglais
appellent sector, est utilisé couramment pour trouver des proportions entre
des quantités de même nature, comme lignes à lignes, surfaces à surfaces,
c'est pourquoi il est appelé compas de proportion. Il a l'avantage de conve-
nir à tous les rayons et à toutes les échelles.
Le compas de proportion est formé de deux règles ou jambes égales, graduées
régulièrement, rivées tune à l'autre, en sorte néanmoins qu'elles peuvent tour-
ner librement sur leur charnière. Le compas de proportion est fondé sur la
quatrième proposition du sixième livre d'Euclide, qui démontre que les triangles
semblables ont leurs côtés homologues proportionnels. Les lignes que l'on trouve
par le moyen du compas de proportion sont de deux sortes; eUes sont latérales ou
parallèles. Il permet de tracer d'une part la ligne des parties égales, celle des
plans, celle des polygones; la ligne des cordes, celle des solides et celle des métaux
d'autre part 21 •
Il est probable qu'il s'agit d'un compas à ressort, en acier trempé. Sa vis
bloque l'écartement choisi pour un report fidèle et précis. Il permet notam-
ment de définir deux dimensions solidaires l'une de l'autre. Bien souvent il
ont une forme en X, mais l'articulation n'est pas au milieu des branches,
c'est-à-dire que les bras du compas n'ont pas la même longueur à l'amont
et à l'aval de l'axe.
17
23 26
32
Il faut éviter: 17. perfidie; 18. ivrognerie; 19. médisance; 20. orgueil;
21. avarice; 22. colère; 23. étourderie; 24. indiscrétion; 25. gourmandise;
26. animosité; 27. mauvaise foi; 28. supercherie; 29. calomnie; 30.
injures; 31. impiété; 32. entêtement.
nant étant donné qu'on peut considérer que le degré de Grand Maître
Architecte est un complément du grade de compagnon. Les vers III et LXII
parlent du génie en ces termes :
Vénère aussi les génies terrestres en accomplissant tout ce qui est conforme
aux lois.
0 Zeus, notre père, tu délivrerais tous les hommes des maux nombreux qui
les accablent,
Si tu montrais à tous de quel génie ils se servent!
Mais toi, prends courage, puisque tu sais que la race des hommes est divine,
Et que la nature sacrée leur révèle ouvertement toutes choses ;
Si elle te les découvre, tu viendras à bout de tout ce que j'ai prescrit,
Ayant guéri ton âme, tu la délivreras de ces maux. 22
22. Pythagore, Les Vers d'or, suivi de Hiéroclès, Commentaire sur les vers d'or des pythago-
riciens, traduction nouvelle avec prolégomènes et notes par Mario Meunier, Éditions de la
Maisnie.
GRAND MATTRE ARCHITECTE 317
sont purifiés par la philosophie de tous les troubles passionnels que lïrraison
provoque, et qui se sont libérés, comme d 'une prison, de ces liens d'ici-bas 22 •
Dans les rituels du XVI JI< siècle, les heures d'ouverture et de fermeture
des travaux étaient complètement différentes. Elles se référaient à l'origine
de la construction du monde et du Temple de Salomon, ce qui aussi peut
permettre des développements intéressants:
Lors de l'ouverture des travaux :
D -Frère 1cr Surveillant, quelle heure est-il?
R - L'heure du Parfait maçon, c'e.s t-à-dire, le premier instant, la
première heure, le 1•' jour que le G:.A:. D:. L'U:. employa à la créa-
tion du monde.
Le Très P uissant Maître dit: mes FF :. voici le premier instant, la
première heure, le premier jour que le G:.A:. employa à construire le
Temple, il est temps de nous mettre à l' ouvrage (il frappe alors 7 coups
par 0000- 000) 23 •
Lors de la fermeture des travaux :
D - Quelle heure est-il F :. 1er Surveillant?
R - Très Vénérable, le dernier instant, la dernière heure, le dernier
jour que le G :.A:.D:.L'U :. s'employa à la création du monde. Voici le
dernier instant, la dernière heure, le dernier jour que Salomon employa à
construire le Temple. Ensuite le Très Vénérable dit voici le dernier (jour)
que j'ai tenu Loge. Il est temps de fermer et de vous reposer 24 •
23. Réception du G. ·.A:. , Collection of the Counr de la Barre, vol.l , Latomia 1997.
24. Paris, MS 21 FM, op. cit.
318 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
direction de ce troisième étage était sans t:Wute réservée au Surintendant qui ®it
remplacer Hiram et que nous avons différé de nommer jusqu â présent.
L'ouvrage ne pouvant plus lcngtemps être suspendu, il fout qu'il soit terminé
dans ce jour heureux qui nous rassemble. Il convient que l'architecte qui se
présente nous fasse connaître la perfection où il a fait parvenir ses dessins, car il
n'appartient qu'aux grands Architectes de bâtir des tabernacles. Cet ouvrage
exige une délicatesse de dessin que l'ouvrier inférieur ne t:Wit connaître que pour
l'admirer. Donnons ®ne dans notre temple un successeur à Hiram, que la mort
a soustrait à ses travaux. Moabon peut lui succéder, qu'il vive avec honneur,
g/cire et prospérité parmi nos grands architectes, que la vue et la possession de
nos tabernacles lui soient Livrées, qu'iLmette le comble à notre félicité par l'ac-
complissement des ordres suprêmes en mettant la dernière main à l'ouvrage et à
la perfection de nos travaux 25.
Chaque signe quel que soit le grade est en rapport étroit avec le rituel
et les symboles utilisés. Le signe du grade pratiqué dans les rituels actuels
représente le Maître Maçon, regardant le Grand Maître Architecte qui siége
à l'orient en même temps qu'il trace un plan avec le pouce droit sur la
paume de sa main gauche, symbole vivant d e la réalisation d'une concep-
tion que l'on porte en soi qui est aussi un rappel de la faculté créatrice à la
base de l'élaboration de toute œuvre.
La main gauche à plat représente la planche à tracer, face tournée vers
le haut comme si elle cherchait l'inspiration du ciel. Elle représente une
ligne horizontale rappelant la ligne de niveau. La main droite est fermée
avec l'extrémité des doigts repliés, seul le pouce apparent sert d 'instrument
de tracé,'formant une équerre tournée vers le bas. Elle esquisse un plan qui
peut avoir la forme d 'un cercle, d 'un carré ou d'un t riangle, peu importe,
ce qui est important, c'est de signifier par ce geste que la maîtrise du trait
est acquise. Le pouce indique la force conceptrice en action.
Selon un rituel du XIX < il est dit que le signe se fait en glissant la main
droite dans l'intérieur de la main gauche et glisser plus promptement les doigts
serrés et les pouces étendus en faisant comme si on tenait un plan de la main
droite dans la gauche et regardant le G. ·.M.·. A.·. comme pour lui demander
le sujet d'un plan, ou plutôt on faît semblant de tracer avec la main droite dans
la main gauche un plan comme si on voulait dessiner et ce en regardant toujours
le G.·.M.·.A.·.(27).
Dans les rituels du XVIII<, il y avait un signe de d emande et d e réponse :
Le signe de demande consistait à porter les deux mains sur l'estomac et d'y
former un triangle avec le pouce et l'index de chaque main, il se nomme signe
d'appel. Le signe de réponse est de porter les deux mains dans la même forme au
dessus de la tête. Il était précisé qu 'on ne devait s'en servir qu'en loge ou dans
des grands besoins et qu'il se nomme signe de secours.
Le tablier est d'un blanc lumineux, bordé d'un bleu céleste. La soie,
choisie comme matériau suggère la transformation, l'évolution, qui mènera
le ver à devenir papillon. Les outils représentés sur le tablier ne sont plus des
outils de chantier (construction du temple spirituel). La poche bordée par
un liseré d'or est le réceptacle des plans, mais aussi des conceptions. On
glisse les plans à l'intérieur de la poche.
28. Recueil des acres du Suprême Conseil de France ou Collection des décrets, arrêtés et déci-
sions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Paris, Imprimerie de Sérier, 1832.
322 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
0
0 0
CHAPITRE X
(13e degré)
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE ( 13e DEGRÉ)
Présentation du grade
1. Jones Bernard E., Freemasons'book of the Royal Arch, Harrap, London, 1972, p. 128.
tlémems repris par Guérillot Claude, dans La légende d'Hiram selon le Rite tk Peifection et le
Rite Écossais Ancien et Accepté, tditions Guy T rédaniel, 2003, pp. 115- 116.
2. Jones Bernard E., op. cit.
332 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
suite : Énoch, la légende des trois mages, le parcours des dix sephiroths de
la Kabbale, la onzième porte. En fait le thème initial de ce grade est une
quête de quelques Élus qui aboutit à la découverte de la Parole perdue qui
correspond au «Nom ineffable».
Ainsi que le précise René Guénon le grade de Roya/Arch du Rite Anglais
malgré la similitude de titre a assez peu de rapport avec le grade appelé
Roya/Arch ofHenoch dont une des versions est devenue le 13e grade du Rite
Écossais Ancien et Accepté, et dans lequel la «parole retrouvée» est repré-
sentée par le T étragramme lui-même, inscrit sur une plaque d'or déposée
dans la « neuvième voûte». Il remarque que l'attribution de ce dépôt à
Énoch constitue, en ce qui concerne le Tétragramme hébraïque, un
anachronisme évident, mais elle peut être prise comme l'indice d'une inten-
tion de remonter jusqu'à la tradition primordiale ou tout au moins « anté-
diluvienne » 3 .
André Doré observe qu'on ignore quand et comment ce grade parvint en
France. Il est donné 13' degré d'un rite de Peifection en 25 degrés, soi-disant
établi à la fin des années 1750 par le Conseil des Empereurs d'Orient et
d'Occident qui s'était arrogé la direction des hauts grades dont la première
Grande Loge ne voulait pas. André Doré remarque qu'en dépit de tout ce qui
a été avancé et par tous les auteurs, on na jamais pu apporter la moindre
preuve de l'existence de ce rite avant 1767, date à laquelle ce grade apparut
pour la première fois à Albany, État de New-York. Selon toute probabilité ilfot
fabriqué à Kingston Oamaïque) entre 1765 et 1767, par Etienne Morin et
Francken 4 •
Légende du grade
Première version
Dès que le cemyle eut été achevé, Salomon renvoya les ouvriers, les
Maîtres Sublimes Ecossais s'assemblèrent pour aller chez Salomon et lui
dirent nous venons vous supplier de nous donner le grade de Royale Arche,
nous savons que vous aviez ce grade, entre vous, Hiram Roi de Tyr et
Hiram l'Architecte. Salomon leur dit : allez et Dieu vous le donnera un
jour, je ne puis vous le donner. Ils avaient juré entre eux trois de ne jamais
le donner si un manquait, Hiram ayant été assassiné il n'avait pu le donner
à d'autres. Salomon avait fait condamner une trappe dans le sanctuaire du
temple qui donnait dans un souterrain où il y avait neuf arches soutenues
par trois piliers de chaque côté, il en avait fait murer les fenêtres et c'était
dans cet endroit où il tenait cette loge. Longtemps après Salomon envoya
trois de ses intendants Sublimes Écossais au temple pour y chercher dans
les décombres les choses les plus précieuses. L'un d'eux accrocha sa pioche
5. Flubacher Narcisse, Commentaires sur le 14' grade, dans les Cahiers du Pélican, n° 36,
automne 1997.
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 335
à un gros anneau de fer, il vit que cet anneau tenait à une trappe, il appela
ses deux compagnons et leur fit part de sa découverte, ils attachèrent des
cordeaux après cet anneau et par le moyen de poulies, ils levèrent à grande
peine cette trappe, le trou était profond aucun n'osait se hasarder d'y
descendre. Cependant Gibellum qui avait fait la découverte, dit qu'il y
descendrait, ôta son habit, lia une corde autour de son corps, et dit à ses
camarades de le descendre dedans, qu'ils ne se dessaisissent point du bout
de la corde et que lorsqu'il la tirerait ce serait un signal pour le retirer et que
chaque coup marquerait autant d'arches qu'il aurait passé. C'est pourquoi
lorsqu'on reçoit quelqu'un de ce grade on lui fait ôter son habit, on lui lie
une corde autour du corps et on lui bande les yeux pour marquer l' obscu-
rité. On lui fait d'abord faire trois tours en lui faisant baisser la tête et lever
les pieds. Ensuite six tours de même, et p u is neuf les yeux toujours bandés,
et à ces neuf tours on lui met à la main un flambeau allumé.
On descendit donc Gibellum dans ce trou, il était obligé de cour-
ber le dos et levait les pieds par rapport aux débris et ne voyait absolument
rien, il faisait des plus obscurs. Lorsqu'il parvint à la troisième arche, il
trouva un grand espace, la peur lui prit, il recourut au trou, cela signifiait
qu'il fallait le retirer et qu 'il était parvenu à la 3< arche; on le retira. Il
proposa à ses deux camarades d'y retourner avec lui ce qui lui fut refusé,
voyant cela il se fit redescendre, il parvint à la 6< arche une terreur panique
le saisit il recourut au trou et tira la corde .. ./ .. ./ on le retira et dit encore
que si un des deux voulait aller avec lui, il y redescendrait, voyant qu'il était
encore refusé, il se résolut d'y descendre encore une 3< fois un flambeau
allumé à la main, on l'y descendit, et il parvint à la 9< arche où un pan de
mur se détachait. Le soleil pénétra au travers et darda ses rayons sur une
pierre triangulaire où étaient écrits les mots sacrés du RoyaleArche, il fut
pénétré d'abord d'admiration et fit le geste avec les mains qui était le même
que Salomon leur fit lorsqu'il leur d it allez et Dieu vous le donnera un jour.
Le geste est de faire avec les mains comme un prêtre qui d it dominus
vobis cum 6 il laissa tomber le flambeau à ses pieds, (c'est pourquoi lorsque
le récipiendaire a achevé ces neuf tours on lui jette le flambeau ho rs des
mains en lui donnant la lumière) et on le met dans la posture d'un prêtre
qui dit dominus vobis-cum. Ensuite on le fait .prosterner le genou droit en
terre, une main derrière le dos et l'autre devant les yeux parce que les rayons
du soleil étant trop forts, Gibellum se prosterna le genou droit en terre et
mit la main devant ses yeux pour se garan tir du soleil. Ensuite il se leva et
courut au trou où il tira la corde .. ./ .. ./ ... cela marquait qu'il avait passé
neuf arches et qu'il voulait être retiré. Celui q u i le retira par le bras s'aper-
çut de sa gaîté et lui dit en l'embrassant Gibellum est un bien bon maçon,
il fit part à ses deux camarades de sa découverte, ce qui les détermina à y
descendre tous les trois par le moyen d' une échelle de corde. Lorsqu'ils
furent rendus à la 9• arche, ils rendirent grâces à Dieu, ensuite levèrent la
pierre triangulaire où était tracé en lettres d 'or le mot sacré Jabulum, ils
demandèrent à Gibellum q uel mouvement il avait fait lo rsque le mur s'était
détaché, il répondit qu'il avait fait un m ouvement d 'admiration, les deux
mains levées, ensuite il s'éta it prosterné le genou droit en terre. une main
derrière le dos. l'au tre devant les yeux pour se les garantir d u soleil ; ils se
d irent nous prendrons le même geste pour signe, et o n y répondra en
mettant le genou droit en terre et la main devant les yeux, et pour l'aqou-
chemenc et mot ho rs de la loge. on fera comme si on se tirait d 'un trou par
le bras en disant pour mot. Gibellum est un bien bon maçon. et le mot de
passe. je suis qui je suis, le mot sacré ne doit jamais sortir hors de la loge ».
Dans le Scottisch Rite Masomy 1//ustrated the complete rituel of the
Ancient and Accepted Scottisch Rite on trouve une version de cette histoire
particulièrement longue et complète relatée dans le discours du Grand
Orareur 7• Ce récit retrace l'itinéraire de G ibellu m, mais au paravant il est
p récisé que l'origine de la maçonnerie remonte à Énoch (voir pp. 365 à
367 ), puis sont rappelés le déluge de Noé et les signes de l'alliance de Moïse
avec l'Éternel qui a cette occasion lui communiqua la véritable prononcia-
tion de son Saint nom par lequel il d evrait toujours être invoqué. Il est dit
aussi que lors de la construction du temple, Salomon fit ériger sous terre
une galerie de neuf voûtes (ou arches) qu'il appela voûte secrète. Dans cette
voûte, il fit déposer u n piédestal triangulaire de marbre blanc et noir
portant le nom ineffable de la divinité gravé sur une tablette triangulaire,
ainsi que l'avait fait Énoch. Salomon par inspiratio n nomma ce pilier celui
de la Beauté. Pour parvenir à cette voûte, il fallait traverser un long coulo ir
étroit de neuf arches, l'une à la suite de l'autre. C'est par ce passage, qui
conduisait d u temple à ce souterrain que Salom on avait coutume de s'y
rendre en compagnie d'Hiram Roi de Tyr et d 'H iram Abif, en secret, pour
y aborder des sujets sacrés.
La more d'Hiram Abif priva les deux rois de ce bonheur car n'étant plus
que deux, alors q u'il était absolu ment nécessaire d 'y être trois, ils ne
pouvaient plus y en trer. Aussi ils ne savaient com ment choisir un rempla-
çant à Hiram Abif. Salomon envoya chercher trois Maîtres nommés
joabert, Stoikin et Guiblim et leu r ordonna de fouiller une fois de plus les
ancien nes ruines où déjà des découvertes in téressantes avaient été faites.
Après les épisodes d e la d ifficile descente de Guiblim, celui-ci examina avec
ses compagnons la tablette en or qui avait été trouvée. Tous les trois d istin-
guaien t des caractères qu'ils ne déchiffraient pas. Cette tablette était scellée
su r une pierre d 'agate en forme de cube. Ils ad mirèrent avec respect la
7. Scottisch Riu Masonry 11/usrraud rlu compku rittul ofrh~ Andmrand Acupud Scottüch
Ritt, vol.l , Chicago, 1987, pp. 268-284.
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 337
rieux, voulant donner une preuve éclatante de sa justice immanente fit que,
lorsque le dernier entra, les arches s'effondrèrent sur eux l'une après l'autre,
avec tout ce qu'elles contenaient. En sorte que l'ancien mot qui avait été
corrompu fut définitivement perdu avec eux, sauf du petit nombre qui en
avait reçu la connaissance au paravant.
de mort et que l'affronter les entraînerait à être confrontés aux plus graves
dangers. Obstinés les deux mages reprochèrent à leur compagnon de
vouloir leu r cacher quelque chose et entreprirent de le découvrir. Toutes
leurs tentatives furent vouées à l'échec jusqu'à ce que l'un d'eux s'écrie
« nous ne pouvons rester ainsi à l' infini! (einsoph !) ». A ce mot la porte
s'ouvrit violemment et un vent de tempête les renversa et éteignit toutes les
lumières, y compris celle surnaturelle qui émanait du piédestal sacré. Dès
lors ils furent plongés dans une totale obscurité. Suite à d 'incroyables
efforts, les trois mages parvinrent à refermer la porte, mais la lumière ne
revint plus. Après de nombreux obstacles et plusieurs heures de tâtonne-
ments, ils parvinrent à franchir les neuf voûtes en sens inverse et se retrou-
vèrent au fond du puitS d 'où ils entrevirent le ciel étoilé. Ils remontèrent à
la surface, refermèrent la trappe, puis silencieux, ils retournèrent vers
Babylone, aux pas lents de leurs chameaux.
Royale Arche
HEURE D'OUVERTURE Non mentionnée Du soir au matin Non mentionnée Du soir au matin
DES TRAVAUX
HEURE DE
FERMETURE DES Non mentionnée Du soir au matin Non mentionnée Du soir au matin
TRAVAUX
340 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFEaJON ET DES ORDRES DE SAGESSE
C'est sous les ruines du Temple, sous la lettre de la loi, que l'initié livre
un combat contre le doute et l'obscurité avant de découvrir la neuvième
•
vouee.
La crainte du mage qui tente de descendre dans le puits par trois fois et
n'arrive à vaincre sa peur qu'à la troisième tentative, montre qu'il est néces-
saire à l'initié de vaincre celle-ci pour progresser dans la voie de la
Connaissance. Tout Maçon, pour actualiser en lui la maîtrise doit traverser
de périJieuses épreuves pour trouver la Voie du milieu.
Tou te progression suppose une régression apparente. Ainsi les trois
mages après avoir traversé le désert, et confrontés à tout ce que cela peut
représenter, passent d'un cheminemen"t horizontal à une descente verticale
dans le puits. On retrouve bien l'axe de l'œuvre qui demande de passer
inlassablement de la perpendiculaire au niveau, quelle que soit l'étape
initiatique franchie. Après quoi ils amorcent un long cheminement sous
terre qui les fait progresser de porte en porte ou de sephirah en sephirah.
La marche lente des trois mages leur fait découvrir dans la neuvième
voûte le sens de VITRIOL donné dès le cabinet de réflexion. En rectifiant,
ils trouvent la pierre cachée sur laquelle sont gravés le nom ineffable et le
mot substitué. Le mythe d' Hiram peut prendre alors fin au 14• grade. De
malkuth à yesod, les mages descendent un escalier de vingt-quatre marches
qui récapitulent les paliers initiatiques précédents 3 - 5 - 7 et 9.
sacré, énergie génératrice de lumière, va former un ternaire actif avec les deux
principes J et B. Les mages peuvent traverser les voûtes obscures, éclairés de
leurs torches individuelles, qui sont une parcelle du feu sacré, qui éclaire la
crypte obscure. Ces torches qui dissipent leurs zones d'ombre représentent
le passage à un état de conscience éveillée. À l'issue de leur pèlerinage inté-
rieur les trois mages regagnent les ruines du Temple sans plus voir le mot
Boaz de la colonne brisée. Il se sont en quelque sorte approprié sa vertu,
ayant découvert la Vérité cachée derrière le voile des apparences.
Ces ruines représentent les vestiges de la tradition perdue, les colonnes
témoignent de la cohérence d 'une construction. Les initiales des colonnes
B et J sont aussi les initiales des villes de Babylone et de jérusalem. Babylone
est appelée «la grande p rostituée » qui se vend pour posséder les richesses
de ce monde. Jérusalem, cité de la Paix, cité pacifiée (en p réfiguration de la
Jérusalem céleste) correspond au contraire à l'itinéraire intérieur du cœur.
Symboliquement ces deux villes représentent l'itinéraire des deux opposi-
tions de l'ombre et de la Lumière, en observant cependant qu'au départ
Babylone eut un passé glorieux et lumineux.
Les mages ont assimilé le message des ruines jakin et Boaz, au point
que, lorsqu'ils ressortent du puits, ils ne les voient plus, ils ne sont plus
entravés dans leur progression par les aspects extérieurs de la dualité.
Le tableau des ruines correspond à l'état de délabrement de celui qui
n'éveille pas sa conscience aux valeurs du Beau, du Bien, du V rai et de la
Lumière.
3- Le puits
les trois mages découvrent ce puits secret enfoui sous les ronces. Puits secret
qui est une voie vitale de communication entre le haut et le bas, une voie
qui mène du secret à la profondeur du silence. Méditer sur ce qui s'est passé
au fond du puits est nécessaire pour vaincre cette peur que chacun éprouve
confronté à l'inconnu et à l'infini. Le puits ici correspond à l'être parti en
voyage à la découverte de son intériorité.
Le puits suggère l'opposition vie/mort, assimilée au secret, à l'allégorie
de la Vérité qui se trouverait enfouie dans ses profondeurs silencieuses et
obscures. Il est nécessaire ici que le Maître Maçon descende au plus profond
de lui-même, dans la neuvième arche du puits. Cette descente à un carac-
tère dramatique car elle confronte chacun à l'obscurité et à la peur de l'in-
connu. Il est nécessaire de surmonter toute forme de peur pour accéder à
cette Connaissance fondamentale du principe qui est au plus profond de
soi. Le puits sans fond peut être assimilé à l'intériorité de chacun.
Sans échelle, les trois compagnons unissent leur force en nouant leurs
ceintures, pour descendre le long de l'axe qui les introduit au fond du puits,
sorte de fil à plomb conducteur. Cette association témoigne de leur fidélité,
de leur solidarité et de leur confiance, guidé par le mage le plus instruit qui
est présenté comme un initié complet.
Lorsque les mages découvrent le puits à Jérusalem, on est au milieu du
jour, lorsque les mages repartent vers Babylone on est au milieu du silence
de la nuit (c'est un rappel du midi/minuit des loges bleues). La paroi du
puits est décrite divisée en dix zones ou anneaux de couleurs différentes. Les
zones représentent les dix Séphiroth à l'aide desquelles l'initié entreprend son
voyage initiatique. Le bijou d'Hiram est retrouvé au fond du puits.
4 - La chaine à 77 anneaux
Lorsqu'Hiram vit qu'il allait perdre la vie, il détacha de son cou une
chaîne composée de 77 anneaux et la jeta dans un puits pour éviter que ses
. ne s 'en emparent.
assassms
On peut voir dans le symbole de la chaîne la continuité de la tradition
qui relie le Temple à la tradition primordiale par une succession continue
de maillons liés les uns aux autres. Portée autour du cou, eUe témoigne
d'une continuité spirituelle accordée à celui qui la reçoit. Du plus pur
métal, cette chaîne reflète avec son bijou la lumière de la Connaissance, qui
tisse un lien entre la terre et le ciel, reliant le bas vers le haut. L'or rappelle
que le Maître Maçon est toujours en quête de la précieuse parole perdue.
La question se pose: pourquoi ce nombre de 77 anneaux? En fait ce
nombre correspondrait au nombre de mois nécessaires à la construction du
Temple, soit 77 mois.
77 peut être décomposé en 70 + 7, mais aussi en multiple de 11 ou 7 X
11. Il correspond alors au cycle individuel confronté à la démesure de l'uni-
versel qu'à l'échelle humaine il est impossible d'appréhender, ce que l'on
retrouve dans le passage de la 11 e porte qui est l'accès sur l'Infini ou
l'Inaccessible. Le nombre 77 peut se décomposer aussi en 70 + 7 comme le
septénaire multiplié par 10+7. Ce septénaire se décompose en quaternaire
(ou cube) surmonté du ternaire (ou triangle de la pyramide). On retrouve
dans le 7 le (4+3), le nombre de la pierre cubique à pointe qui renvoie à la
quintessence de l'œuvre de tout compagnon fini .
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 347
10. 'Umar, Réjùxions sur le Tétragramme, dans Vers~ Tradition, n° 68, juin à aoûr 1997,
pp. 38-45.
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 349
Hg. 58 - BIJou d'Hiram, face apparente. Hg. 59 - BIJou d'Hiram, face cachée.
6 - Le cercle de 22 points
non cosm1que:
22 lettres de l'alphabet hébr:üque qui se compose de:
- 3 lettres fondamentales, du monde des archétypes;
- 7 lettres doubles, du monde intelligible ;
- 12 lettres simples, du monde sensible.
Allendy considère que le nombre 22 associe l'antagonisme des forces
cosmiques, 20, à l'antagonisme des tendances individuelles, 2, pour réaliser la
loi naturelle. Ce sont ces deux aspirations de l'être, bonne ou mauvaise, sollici-
tée par le jeu des forces cosmiques, blanches et noires, dans le cours des révolu-
tions naturelles. 22 complète le triple septénaire en le fixant sur un terme central
et réalise la totalité des aspects évolutifs de l'être: c'est toute l'histoire de celui-
ci. En rapport avec les 22 lettres hébraïques, l'Ancien Testament compte
22 livres et l'Apocalypse 22 chapitres u.
Il. AJlendy, Le symbolisme des nombres, Éditions Les Études Traditionnelles, 1948,
pp. 370-372.
350 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFEOION ET DES ORDRES DE SAGESSE
7 - Le centre de l'Idée
8 - La pierre d'agate
..
,....·· ......
. --
.. -oo••···-·-···•
....
..-.............
-........ ...... . .
..... ..,..··"
....,.· ~/
0 '
0 0
.
0 0
.' ; l .'
0 '
:
: 1.:
0
11 - La neuvième voûte
Dans les versions les plus anciennes du rituel, chaque arche porte un
nom inscrit sur chacune d'elles qui correspond au nom des neuf premiers
Architectes, mais aussi à une partie du Tétragramme ou à un nom divin.
lod, laho, !ah Eheieh, Eliah, laheb, Adonaï; Elkhanan, lobe/.
D - O ù avez-vous pénétré ?
R - Dans la voûte souterraine.
D - Où est-elle située?
R - Dans un lieu souterrain, sous le sanctuaire de Jérusalem.
D -À quoi servait la voûte souterraine ?
R - Elle renfermait le Saint des Saints.
D - En quoi consiste ce Saint des Saints ?
R - En une parole innominale.
D - Où était cette parole ?
R - Elle était gravée sur un piédestal posé au milieu de la voûte
souterraine.
D - Donnez-la moi ?
R- Je ne le puis.
[ 000]
D - À quel homme a-t-elle été communiquée pour la première fois ?
R - À Moïse, près du Buisson Ardent.
D - À qui Moïse la donna-t-il?
R - Aux Élus parfaits.
D - Que devint-elle par la suite ?
R - EUe fut profanée par les païens et, dès lors, il est défendu de la
prononcer, mais Salomon, pour la conserver, la fit graver sur un piédes-
tal qui fut posé au milieu de la Voûte souterraine, sous le sanctuaire du
temple 15.
15. Toulouse B.U., tcossais ou tlu Parfait de kz Loge, Bordeaux, vers 1750, pp. 50-51.
356 SYMBOLIQU E DES GRADES DE PERFEOION ET DES ORDRES DE SAGESSE
12 - La onzième porte
lement puisqu'il est l'amorce d'un nouveau cycle. Ce nombre est particu-
lièrement ambivalent par son aspect à la fois perturbateur et rénovateur, en
tant qu'amorce d'un nouveau cycle.
Ainsi que le développe René Guénon, dans la tradition hermétique et
kabbalistique, 11 est la synthèse du «microcosme» et du «macrocosme»
représentés respectivement par les nombres 5 et 6, qui correspondent à
l'homme individuel et à l'« Homme Universel» 16 .
Réalité de la perfection, insoutenable à l'entendement humain, c'est
pourquoi les lumières s'éteignent, car tout changement d'état ne peut s'ac-
complir que dans l'obscurité. Ce retour à l'Unité principielle, donne l'im-
pression, au premier abord d'un retour au chaos.
Le nombre 10 achève une série finie. La volonté irréfléchie de vouloir
ouvrir la 11< porte ne peut aboutir qu'à un chaos, puisqu'elle outrepasse la
série finie. Le 11 commence un nouveau cycle, dans une autre dimension.
Saint Augustin voyait dans le nombre 11, la transgression de la loi.
Cette légende allégorique illustre une progression suivie d'une régres-
sion apparente. Après s'être éclairés de leur torche, parvenant au Centre de
l'idée, les trois mages ayant franchi la dixième porte. découvrent une
lumière surnaturelle.
Après avoir essayé vainement d'ouvrir la 11 < porte, c'est alors que deux
d'entre eux découragés, abandonnent, en déclarant qu' ils ne vont pas conti-
nuer à !'Infini. C'est au moment où ils renoncent au fruit de l'action, qu'ils
parviennent involontairement à leur fin, et découvrent violemment le seuil
de l'illimité. Ils sont alors soudainement plongés dans l'obscurité, menacés
de périr. L'union faisant la force, ils parviennent à refermer la porte qu'ils
ne devaient pas ouvrir, sachant désormais où se situe le niveau de leur
limite.
Dans la légende de ce grade l'approche tumultueuse de l'Ein-sof passe
par l'anéantisse-ment complet de l'être, car Ein-sof est la lumière infinie.
Elle émane d'un rayon de lumière qui pénètre de la périphérie vers le
centre. Ainsi sont nées les sephiroth. Le symbole du vase brisé qui orne la
11 < porte est particulièrement significatif et prémonitoire. C'est le symbole
de la limite à ne pas franchir sous peine de subir un éclatement, à l'image du
vase représenté. C'est la limite de la connaissance humaine confrontée à la
connaissance principielle.
Le vase est un contenant qui enserre l'insaisissable, le vide qui peut être
vacuité absolue, mais qui peut être aussi un liquide. La connaissance elle-
même a été comparée à un vase sphérique de pur cristal rempli de sagesse.
Par la brisure se répand la connaissance avec toutes les conséquences que
cela comporte de perte et de régression.
13 - La pierre cubique
17. Guénon René, Symboks fondnmmU/ux rk la scimu sacrù, &litions Gallimard, 1970,
p. 311.
18. Alençon BM, legs Liesville, MS.373 à 407, pp. 233-242, Rqyal Arch~. 13• degré,
n• 10.
CHEVALIER DE ROYALE ARCH E 359
27
125
343
729
1331
2197
FACE AUTEL
ftg. 62 - Pierre cubique.
360 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
19. Guénon René, Le Règne de la Quantité et les signse des Temps, NRF, 1945, p. 137.
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 363
rappelé entre les deux couronnes que ce qui est en haut est comme ce qui
est en bas.
Ce passage de porte en porte est la découverte des routes menant à
nouveau vers la lumière originelle que l'on ne sait plus voir.
La kabbale distingue quatre mondes dans lesquels s'inscrivent les d ix
sephiroth : le monde de l'émanation, le monde de la création, le monde de
la formation et celui de l'action.
D - Qui êtes-vous ?
R - je suis celui qui su is
ou Je suis ce que je suis (ou q ui je suis)
Mon nom est G uibulum et m a qualité C h evalier d e Royale Arch e.
Le fait de dire je suis c'est affirmer son existence en tant que possibilité
de la manifestation. On retrouve la structure du cogito : je suis un être qui
ne peut se poser qu'en s'opposant à lui-même. En ce sens, il est vrai de dire
que «je ne suis pas ce que je suis» et que «je suis pourtant ce que je ne suis
pas»: mon existence est faite d'une tension entre mon être empirique et
mon être véritable, si l'on se réfère à la définition de Paul Naulin 21 • De son
point de vue, le «je suis» désigne une existence qui n'est pas qualifiée par
une essence, mais par la causalité qu'elle exerce et que nous ne pouvons
atteindre qu'à travers ses actes bien qu'elle ne se confonde avec aucun d'eux.
Cette p h rase rappelle la rencontre de Moïse avec le buisson ardent où
l'Éternel révèle son identité, c'est-à-dire son nom véritable (Exode 3, 14)
Eheieh asher Eheieh traduit par je suis Celui qui suis ou je suis celui qui Est
{ou ce que je suis). Cette révélation du << Nom » à Moïse, dans le buisson
ardent, sous le mode de l'affirmation de la nature du P rincipe comme
« ~tre » ouvre pour Guénon une réflexion de caractère on tologique très impor-
tante. L'~tre universel, représenté par le point principiel dans son unité indi-
visible, est la proposition dont il est à la fois le sujet et l'attribut. Elle prend
cette forme « l'~tre est l'~tre ». C'est l'énoncé d 'un principe d'identité que
22. Guénon René, Le symbolisme de la croix, cha p. XVII, l'ontologie du buisson ardem,
~dirions Véga, 1957.
23. Mouret Claude, k Ttrragramme, dans Renaissance Traditionnelle, n• 50, avril 1982.
CH EVALIER DE ROYALE ARCHE 365
16- Enoch
17 - Gulbulum
Moyen Age en Italie pour désigner les partisans de l'Empereur par opposi-
tion aux guelfes partisans du pouvoir du pape 28 •
18 - Le chemin de Babylone
29. Guénon René, Le Roi du Montk, chap. VI, Éditions Gallimard, 1973.
30. Berger Jean-Pierre, le Manuscrit Graham, dans le Symbolisme, n• 392-393, janvier à
juin 1970.
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 369
La fonction des mages est d'être des pèlerins de la Lumière, c'est pour-
quoi ils retournent vers la cité des ténèbres pour s'acquitter de leur fonction
de transmission .
Les mages viennent d 'être confrontés à l'épouvante, après avoir franchi
le seuil inaccessible à leur entendement humain. Ils sont sonis de cette
épreuve de peur et ont pu remonter le puits dans l'obscurité grâce à leur
union et leur solidarité. Après avoir goûté la sérénité de la Lumière ineffable
un court moment, le mystère dévoilé de la onzième porte, celui d e l'Infini
qui écrase, fit disparaître soudainement leur sentiment de quiétude p récé-
d en t. Après avoir approché la vérité, enrichis, ils reparten t vers Babylone,
vers le monde des apparences pour accomplir leur devoir d e transm ission.
Remon tant sur leur chameau, ils s'éloignent au pas lent d e leur
monture, rythmé, cadencé qui leur apporte un certain apaisement, leur
permettant de mettre de l'ordre dans leurs réflexions. Ils reviennent de très
loin car ils ont été confrontés à l'épreuve d 'un Absolu qui ne pouvait que
les anéantir. Deux d es trois mages qui ont voulu outrepasser leurs possibi-
lités on t été confrontés brutalement à leurs limites. Guibulum, le mage
averti ou initié complet, essaye d'abord de dissuader ses compagnons de
poursuivre au-delà. M ais face à l'adversité, entre l'absolu et le relatif, il est
solid aire d e ses compagnons. C'est grâce à cette chaîne d'union fraternelle
qu'ils retrouvent la libération de l'enfermement du puits et leur liberté de
mouvements.
Ils repartent, en silence, aux pas lents de leurs chameaux, car ils médi-
tent. U s'agit du silence de la sagesse contemplative, stade supérieur de
l'évolution spirituelle et de la maîtrise de soi.
Les Mages repartent dans le d ésert, q ui correspond à un besoin
d 'Absolu, à une quête d 'intériorité, à un ressourcement intérieur, qui
correspond en fait à un fréquent retour au cabinet de réflexion. Quant au
Maître M açon contemporain, comm ent peut-il vivre cette expérience inté-
rieure? Selon la définition de Marie-Madeleine Davy on peut considérer
qu'aujourd'hui, le désert symbolise la nouvelle Arche de Noé susceptible
d'échapper au déluge déclenché par le « monde»; en particulier par le monde
contemporain qui tend à niveler l'homme, puis à le foire disparaître en le
noyant dans l'omnitude. Un tel désert se situe dans l'histoire, tout en lui échap-
pant. Ils 'inscrit dans le mouvement de l'histoire, qu'il transcende. Dans sa soli-
tude, toujours abyssale, l'homme moderne est invité à pénétrer dans sa dimen-
sion de profondeur dont l'esprit est le pilote et chacun a le sien 32 •
32. Davy Marie-Madeleine, le th!mt du disert dans le monachisme chrétien, dans Cahier
dt l'Univmité Saint jean de jérusalem, n° 8 sur le thème "Le Désert et la Queste", Paris, 1982.
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 371
2 t - La transgression
22 - Le tablier et le cordon
Le tablier
Aucun T uileur ne détaille vraiment le tablier. En fait le 13• est
transmis en même temps que le 14• .Le Grand Élu de la VoO.te Sacrée est
le complément immédiat du Chevalier de Royale Arche, ce qui explique le
peu d'importance donné aux décors de ce grade, car ils ne sont jamais
portés. Bazot considère qu'il n'existe pas de tablier, néanmoins parfois un
modèle de tablier est reproduit avec le bijou d'Hiram en son centre.
Le cordon
En 1806, Le Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté
décrète que doit être porté un ruban pourpre, en sautoir, au bas duquel est
suspendue une médaille; sur une face est gravée la pierre d'une trappe, sur
l'autre un triangle 33.
33. Recueil des Actes du Suprême Comeil de France ou Collection des décrets, arrêtés et déci-
sions de cet illustre corps de 1806 à 1830, Imprimerie Sétier, 1832.
CHEVALIER DE. ROYALE. ARCHE. 375
Le Bijou
Selon le T uileur de Delaulnaye, le bijou est un triangle d'or, ou
bien une médaille, où, d'un côté, est gravée la trappe dans laquelle on
descend Jabulum avec des cordes; de l'autre côté, un triangle.
0
0 0
CHEVALIER DE ROYALE ARCHE 377
Cette deuxième instruction est tout aussi courte que la première bien
que d'un contenu différent: Ce texte émane de la Bibliothèque Roëttiers de
Monta/eau, MS 21 FM pp. 208 à 211.
0
0 0
CHAPITRE Xl
GRAND ÉLU DE LA
VOÛTE SACRÉE
__.
ou Grand Elu
Ancien Parfait
et Sublime Maçon
ou
Grand Écossais de la Perfection
(14e degré)
;
Présentation du grade
Légende du grade
Première version
(Elle marque par la fin d'un cycle l'achèvement de l'histoire du Temple de
Salomon)
Dans cette suite du treizième degré, Salomon et Hiram roi de Tyr reçoi-
vent Guibellum, johaben et Stolkin Chevaliers de Royale Arche. Ils mettent
le précieux trésor en sûreté sous le sanctuaire du Temple, dans la crypte
creusée initialement par Énoch avant le déluge. Cette crypte fut appelée la
Voûte sacrée parce qu'elle abritait le Nom Ineffable de la Conception
Suprême.
C'est ce nom que l'Éternel avait révélé à Moïse, lorsqu'il s'était mani-
festé dans le Buisson ardent, à proximité duquel la Loge des Grands Élus,
Parfaits et Sublimes Maçons, doit se tenir.
Le Temple étant achevé, Salomon reçut les plus vertueux des Chevaliers
de Royale Arche et les investit du degré de Perfection. Il leur fit promettre
solennellement de vivre en paix, union et concorde entre eux, de pratiquer
les devoirs de Charité et de Bienveillance, à l'exemple de l'Architecte Maître
Hiram, et de faire en sorte qu'à son image, la justice et l'équité soient
toujours le fondement de leurs actes. Il leur fit également promettre de s'as-
sister mutuellement dans le besoin, de punir sévèrement la trahison, l'in-
justice et la perfidie, à la suite de quoi il les récompensa en leur dévoilant
l'Arche d'Alliance.
Salomon ordonna ensuite de nombreux sacrifices et admit les postu-
lants à une sainte libation. Il les embrassa et leur remit à chacun un anneau
d'or en signe de l'Alliance qu'ils avaient contractée avec la Vertu et les
hommes vertueux (il en est de même à la fin de la réception du 2<Ordre de
sagesse du Rite Français, voir pp. 474 et 475).
U ne garde vigilante fut installée à l'entrée de la Voûte Sacrée afin que
seuls les grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, puissent être admis lors-
qu'ils venaient contempler les mystères du Nom ineffable. Un mot substi-
tué fut utilisé à sa place. D'importantes précautions furent prises par le roi
Salomon pour préserver le Nom ineffable de toute profanation.
Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, qui vécurent après lui,
continuèrent à les observer car ils étaient animés du même zèle. La charge
du secret se transmit ainsi de génération en génération. Mais Salomon,
donné pour si sage et si vertueux, devint sourd à la voix de l'Éternel: Fier
de se savoir le roi le plus puissant de la terre, fier d'avoir bâti un temple qui
faisait l'admiration de l'univers, il oublia la bonté de Dieu et se laissa aller
à la licence. Il offrit aux idoles l'encens qui aurait dû être brûlé dans le
temple.
Ces crimes déchirèrent le cœur des Grands Élus, Parfaits et Sublimes
Maçons, qui pourtant, continuèrent à guider leurs enfants sur le sentier de
GRAND ÉLU DE LA VOÛTE SACRÉE 383
la vertu, selon les règles qui leur avaient été transmises et persévérèrent dans
la sainte et respectable union qui perdurait entre eux.
Ils s'efforcèrent, par leur exemple et leurs conseils, de détourner les
hommes de l'impiété et du sacrilège, sans pouvoir toujours y parvenir.
Devant ces crimes, l'Éternel inspira à Nabuchodonosor, roi de
Babylone, d'assiéger Jérusalem et de la détruire. Ce roi plaça le royaume de
Juda sous le commandement de son général, Nabusardan, qui rasa les murs
et la cité et détruisit même les fondations du Temple. Il emmena les habi-
tants en captivité à Babylone, emportant avec eux toutes les richesses du
Temple. Cependant la Voûte Sacrée ne fût point pillée. Les Sublimes
Maçons s'exposèrent courageusement à la furie des soldats qui gardaient
l'enceinte du temple et, traversant les ruines, parvinrent à la Voûte Sacrée.
Ils y cherchèrent avec ardeur jusqu'à ce qu'ils découvrent le triangle d'or
scellé sur la pierre d'agate. Ils trouvèrent aussi le corps de Galaad, fils de
Sophronie, le chef des lévites et l'un des plus influents des Grands Élus,
Parfaits et Sublimes Maçons.
Galaad était le gardien de la Voûte Sacrée; il prenait soin que des
lampes restent toujours allumées. Il y adorait et contemplait le Nom
Ineffable. Il jouissait du même respect qu'Hiram Abi, qui, quelques quatre
cents ans plus tôt, avait perdu la vie pour ne pas dévoiler le secret des
Maîtres. Galaad choisit d'être enseveli sous les ruines du temple plutôt que
de révéler par sa fuite l'existence du précieux trésor qui serait tombé aux
mains des ennemis.
Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, en retrouvant le triangle
d'or scellé sur la pierre d'agate, s'écrièrent: Maha lmaha Rabach. Ce mot
devint le Grand Mot de passe, le plus important à connaître pour les fidèles
gardiens du Trésor sacré.
Puis ils rendirent le Nom sacré illisible en le martelant pour lui éviter
toute profanation. Ils placèrent la plaque d'or dans l'Arche d'Alliance, qui
contenait aussi les tables de la Loi et brisèrent la pierre d'agate qu'ils ne
.
pouvaient emporter.
Ils creusèrent alors un puits de vingt-sept pieds de profondeur et y
enfouirent l'Arche et tout ce qu'elle contenait. Puis, ils enlevèrent à Galaad
ses ornements de chef des lévites et recouvrirent son corps des tables de
marbre qui avaient été déposées sous la Voûte sacrée, celles-là mêmes que
Guibellum, Johaben et Stolkin avaient découvertes autrefois dans les ruines
du temple d'Énoch.
Les Grands Élus, Parfaits et Sublimes Maçons, conservèrent dans leur
cœur le précieux Trésor, le préservant ainsi de la corruption générale, Ils
quittèrent Jérusalem et le royaume de Juda et se dispersèrent parmi les
nations de la terre afin de leur enseigner la vérité de l'Art Royal.
384 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
D euxièm e version
Cette version d u rituel, la plus pratiquée actuellemen t, explique et relate
la réception des Chevaliers de Royale Arche ayant accédé à la neuvième
voûte. Alors qu'ils étaient en captivité à Babylone il leur fut permis de se
rendre en J udée pour visiter les ruines du T emple de Jérusalem.
Il est exposé en détail, aux récipiendaires, que les séphiroth représentent
un système cosmologique dans lequel la créatio n est dominée par l'Ein
Soph, l'Infini, et dont le monde est l'émanation. P rincipes et causes éter-
nelles des choses créées, elles représentent les énergies et les sphères d'action
de l'Infini. Chaque sep hi ra permet d'ouvrir une porte de bronze lors de la
réception au grade de Royale Arche en remontant l'Arbre de Vie de la
Kabbale de Malkut à Kether. Il n'est donné ici que l'explication du précé-
dent grade, sans qu'il se passe quelque chose de nouveau.
Il est dit que le Temple de Jérusalem fut détruit, dont Salo mon person-
nifiait la Sagesse. Ce Temple fut détruit par l'ennemi d u dehors, qui n'a pu
effectuer son action dévastatrice que grâce à l'actio n d e l'en nemi d u dedans.
3. Wien MS 76/11 Architecture tks Grands Écossais (de Valois). On trouve la même
version de ce rituel Un rituel inldit de Grand Écossais, vers 1748, dans Renaissance
Traditionnelle, n• 42, avril 1980.
4. Paris, Bibliothèque Roëttiers de Montaleau, MS 22 FM, Le Grand Élu Parfait Maitre
et Sublime Écossais.
GRAND ÉLU DE LA VOÛTE SACRÉE 385
Sept fois sept Sept fois sept ans. Quarante-neuf ans Sept fois sept ans
AGE ans (49) par sept fois sept
JIBULUM
PREMIER MOT ou JABULUM, que
COUVERT JABULUM JABULUM ~ABULUM : ami
l'on traduit ici par ch ri, favori, zélé frère
ami, favori, chéri, zélé
MACHOBIM, er q_ue
Mahabin, que l'on l'on interr,rète ainst :
traduit par: c'est lui, C'est lui, tl est mort !
il est morr. Ce mot est Selon quelgues
altéré; il faut dire riruels, on fan dire
Makobim Mahabin, ou
D'autres disent, Mohabon, ou
SECOND MOT comme au maztr~. • Moabon, ou enfin MACHOBRIN ou MACHO SIM; on
COUVERT Moabon. D'autres Makobin ; tous ces MOHABON l'interprète ainsi: c'est
encore, Gabaon- mots, ou sont faurifs, luz, il m mort !
Notatk, er rcndcnr le ou ne sont pas à leur
dernier mot[.ar Ami- place. Dans d'autres,
pa'/t/t, Elu. u lieu de nous avons trouve'
otade, il faut dire Gabaon notak que
No rel l'on rraduir par ces
mots: Gabaon, ami
parfait, ami élu ! Mais
cela est d'un usage
peu répandu.
EL-HHANAN. On l.it
dans quelques rimels/
Eleanam ou Elehanam,
Eleanam; il faut ces deux mors sont
SECOND MOT DE écrire, comme on l'a également fautifs. Il ne EL-HANAN ou
PASSE vu ci-dessus Elchanan fauÈfas confondre EL-HEANAM EL-HHANAN
(Gratia De1). avec -Chanan, nom
d'un des plus braves
officiers de David
(Parai.!, chap.II,
vers.26.
Macmaha, Rababack,
be l'on traduit par:
ieu soit loué, nous
avons trouvé. Ces mors
sont considérablement BEAMACHEH
altérés; il faut écrire (prononcez makeh)
MAKAH, MEHARAH, BAMEARAH, gue l'on BEA-MACH EH BEA-MACHEH
BEHA, c'est-à-dire: Il a interprète : D1eu soit (Ot,.,r.rononce (pron. Makeh.
cherché (le) meurtrier loué ! nous avons akeh. BAMEARAH, que l'on
GRAND MOT DE (dans la caverne). trouvé. Ces mors sont Interprétation : Dieu interprète: Dieu soit
PASSE Cerre Parole appartient fores corromr.us dans soit wué ! Nous avons loué, nous avons
spécialement au la tradition ; 1! y a des trouvé! ou Il a chercht trouvé ! ces mots se
caractère de l'ilu, et rituels où l'on trouve, k meurt7Ur d4ns la sont corrompus dans
prouve que ce caractcrc ' macmaha rababack, caverne. la rradiuon.
forme un des pointS mors absolument
fondamentaux du insignifiantS
véritable tcossisme.
. Elle se retrouve dans le
grade appelé Elu-Parfait
HEURE D'OUVERTURE Non mentionné De midi à minuit Non mentionné De midi à minuit
DFSTRAVAUX
HEURE DE FERME- Non mentionné De midi à minuit Non mentionné De midi à minuit
TURE DES TRAVAUX
388 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRf.S DE SAGESSE
2- L'amour de la Vertu
L'accent est mis sur l'acquisition des vertus et de la Vertu dès le grade
d'apprenti. Lors de son admission il est d'ailleurs reconnu libre et de bonnes
mœurs, condition sine qua non pour être reconnu pour initiable 7 •
D - Quels sont les devoirs du maçon ?
R - De fuir le vice et de pratiquer la vertu 8.
jouissances; c'est l'habitude des bonnes actions et de vivre selon la raison perfec-
tionnée qui force toujours à foire le bien ; c'est le triomphe de la volcnté sur les
désirs, le sacrifice de soi-même et de son bien-être en faveur d'autrui, la préfé-
rence de l'intérêt général à l'intérêt personnel; l'empire de l'âme sur le corps,
l'amour de l'ordre, de l'harmonie, du beau, c'est la philcsophie et la maçonne-
. .
ne en actton.
La vertu apparaît ici comme un art de vivre qui naît de la force recon-
nue en soi. Elle est une direction constante de l'activité et suppose l'inten-
tion qui cherche à réaliser le bien en soi d' une façon de plus en plus efficace
et réfléchie. Sa recherche correspond à une prise de conscience de la fragi-
lité et de la faiblesse de la condition humaine, c'est une conquête de luci-
dité qui passe par le dépouillement volontaire des métaux pour accéder à la
force de la libération intérieure qui est la vraie liberté.
Dans le Guide des Maçons Écossais, ainsi que dans de nombreuses
instructions de l'époque, il est précisé : qu'on élève des temples à la vertu et
qu'on y creuse des cachots pour les vices, qu'on vient vaincre ses passions,
soumettre ses volcntés, et foire de nouveaux progrès dans la maçonnerie.
Dans ce même rituelles bienfaits de la vertu sont invoqués lors d' une
prière adressée en faveur du récipiendaire :
[ ... ] « Daigne, ô Grand Architecte ! Daigne, je t'en conjure, protéger
les ouvriers de paix que je vois remis ici, échauffe leur zèle ; fortifie leur
âme dans la lutte fatigante des passions, enflamme leurs cœurs de l'amour
des vertus, et décide leurs succès, ainsi que celui de ce nouvel aspirant, qui
désire participer à nos mystères augustes »...
Toujours dans le même Guide des Maçons Écossais, lors de la réception
au grade de compagnon, l'apprenti est de nouveau interrogé sur l'impor-
tance de la vertu :
D - Dans quel état avez-vous été présenté en loge ?
R - Ni nu, ni vêtu.
D - Pourquoi cela?
R - Pour me prouver que le luxe est un vice qui n'en impose qu'au
vulgaire, et que l'homme vertueux doit fouler aux pieds tout sentiment de
vanité et d'orgueil.
D - Pourquoi vous a-ton couvert les yeux?
R - Pour me faire comprendre combien les ténèbres de l'ignorance et
la nuit profonde des passions qui nous aveuglent sont préjudiciables au
bonheur de l'homme.
D - Pourquoi vous fit-on voyager?
R - Pour me faire connaître que ce n 'est jamais du premier pas que
l'on parvient à la vertu 10•
10. Guide des Maçons Écossais, apprenti, pp. 209-213, compagnon, pp. 252-53, dans Ort.W
ab Chao, op. cit.
390 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
11. Anderson, Constitutions, sur les textes de 172 3 et 1738, traduites par Georges
Lamoine, Éditions du Snès, T oulouse, 1995. p. 267.
12. Spinoza, Éthique dimontrée suivant l'ordre géométrique et divisé en cinq parties,
propositions LIX à LXVI, traduction nouvelle de Charles Appuhn, Librairie Garnier.
13 . Bayreuth MS. 7760-j.
GRAND ÉLU DE LA VOÛTE SACRÉE 391
..2' mot de passe: KELEH-NEKAM. Ce n'est pas une phrase, mais une
juxtaposition de deux mots
Keleh (kaf, lamed, aleph) signifie la prison
Nekham (noun, qof, mêm, hê) signifie vengeance. Ces deux mots
rappellent le sort réservé aux trois assassins d'Hiram aux 9< et 10• degrés.
Cette fusion rappelle la caverne du Maitre Élu des Neuf et la tour dans
laquelle furent emprisonnés les assassins du Maître Élu des Quinze.
Ainsi, on peut constater que ces trois mots de passe ne sont pas arbi-
traires. Il peuvent être qualifiés de grands car ils récapitulent les trois précé-
dentes phases essentielles de l'initiation qui correspondent aux passages des
grades de compagnon, maître et élu, soit de la construction du temple au
14. Quatorzième grade, Perfection ott le Grand Ecossais de la Voûte sacrée de jacques VI,
Bibliothèque André Doré du Grand Collège des Rires.
15. Paris, Bibliothèque Roërriers de Montaleau, MS 22 FM, Le Grand Elu, Parfait
Maître et Sublime Ecossais.
392 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Les signes de ce grade récapitulen t avec les mots de passe et les mots
couverts le chemin initiatique parcouru par le Maître Maçon. Il s'agit ici
vraiment de l'achèvement d 'un cycle, tout concourt à le prouver.
Le premier signe se fait en portant la main droite du côté gauche du
ventre puis en la retirant horizon talement en la laissant tomber. Dans les
anciens rituels ce geste qui coupe le ventre s'appelle le signe du ventre.
Ce signe est un rappel d u serment contracté lors de l'élévation à la
• •
maitnse.
Le deuxième signe consiste à porter la main droite sur la joue gauche,
comme pour éviter la chaleur d 'un grand feu, et de soutenir le coude avec
la main gauche. Ce signe rappelle l'impression que fit à Moïse le Buisson
ardent sur le Mont Sinaï, dont il ne put soutenir l'éclat 17•
Le troisième signe est celui d'admiration en étendant les deux mains
vers le ciel, la tête inclinée en regardant le firmament, ensuite porter les
deux doigts sur les lèvres. Ce dernier signe rappelle le signe du Maître Secret,
premier signe du cycle de perfection qu'il clôt également, rappelant qu'on
ne peut transmettre qu'à celui qui a la qualité pour recevoir .
6 - La batterie
Comme toutes les batteries pratiquées, celle du 14• grade marque l'ou-
verture et la fermeture des travaux. Alors que vingt-quatre lumières rouges
éclairent le Temple, la batterie compo n e vingt-quatre coups, q ualifiés de
mystérieux qui se décomposen t en trois, cinq , sep t, neuf. Cette barrerie
rappelle les 24 marches q ui permettent d 'accéder à la voûte sacrée.
Cette formulation du rituel pose plusieurs questions:
Po urquoi la limite humaine s'arrête-t-elle au nombre neuf?
Po urquoi ces nombres sont-ils considérés comme mystérieux ?
Quel est le sens d e cette progression 3,5,7,9 au cours de cette batterie?
Pourquoi la batterie à caractère sonore à l'ouverture d es travaux
devient-elle sonore et visuelle à la clôture?
Le nombre Trois
L'unité primord iale en se dédoublant conduit à la dualité. Mais on ne
peut pas s'arrêter là, car sous son aspect négatif elle est opposition, et sous
son aspect positif elle est complémentarité. U n troisième terme conciliateur
permet de retrouver l'unité et d e sortir d u binaire des oppositions. Trois est
un nombre archétypal: 1 représente le Ciel, 2 représente la Terre, 3 repré-
sente l'être vivant né symboliquement de la jonction du Ciel et d e la Terre,
de l'Esprit et de la Matière.
Si l'apprenti a trois ans, tout être vit dans trois dimensions, d'où l' une
des significations de l'appellation de Trois Fois Puissant Maître attribuée au
Maître de la Loge des ateliers de perfection, car il est censé avoir la maîtrise
des trois mondes: m inéral, végétal et animal ou encore des t rois mo ndes
physique, psychique et spirituel.
Le nombre cinq
Cinq correspond à l'âge et au nombre du Compagnon. Ce nombre
représente la plénitude de sa réalisation. Tout comme l'étoile à laquelle il .
s'iden tifie, l'initié est censé devenir intérieurement rayonnant de lumière. Le
nombre 5 est à la fois symbole de la réalisation de l'être et de son expansion.
Le nombre 5 composé par 2+3 (comme dans la batterie du 13•) c'est la
somme des premiers nombres pairs et impairs, statiques et dynamiq ues,
sym bole d 'éq uilibre et d ' harmonie.
Le nombre sept
Sept est l'âge du Maître Maçon, qui correspond au cycle complet
d'achèvement de la création et à un cycle de con naissance achevé du maître.
Sept correspond à l'approfondissement des sept arts libéraux q ui se
décomposent en trivium et quadrivium. Le sept est formé du ternaire et du
quaternaire. Le sept correspond à la forme géométrique du carré surmonté
du triangle. En l'intégran t, cette forme géométrique parfaite symbolise la
pierre philosophale.
Sept c'est encore la somme des trois vertus théologales Foi, Espérance,
Charité enrichies des quatre vertus cardinales justice, Prudence, Tempérance
et Force.
Le nombre neuf
Neuf est le carré de 3. Il représente l'état parfait, lim ite humaine idéale.
En dehors du grade de Maître Parfait, tous les âges dans les ateliers de
perfection sont des m ultiples du nombre 9, chacun étant censé avoir la
capacité de se perfectionner et de se réaliser dans ses trois dimensions.
Ainsi le Maître Secret a 3 X 27 ans accomplis, ce qui équivaut à 81 ans
ou 9 X 9 ans, ce qui correspond à l'âge d'H iram mis à mort.
Le Maître Élu des Neuf a huit et un an accom plis, soit 9 ans.
Le Grand Maître Architecte a l'âge de la plénitude ou 9 X 5 = 45 ans.
Le C hevalier de Royale Arche a 9 X 7ans, soit 63 ans. Enfin l'âge du
Grand Élu de la voûte Sacrée est de 27 ans accomplis soit 9 X3 = 27.
Le nombre 9 rappelle les 9 mois de gestation nécessaires à toute nais-
sance, ce même nombre se retrouve dans les neuf maîtres partis à la
recherche d'H iram.
La loge au grade de Maître Secret est éclairée par trois chandeliers à trois
branches. Les trois mages découvrent dans la 9<voûte, qui correspond au Saint
des Saint trois lampadaires à 3 branches devant lesquels ils s'incl~nent neuf fois.
Ce nombre 9 symbolise bien l'accom plissement nécessaire au cycle de
perfection et son déploiemen t, avant d'accéder à un autre cycle lumineux
de connaissance.
Les neufs coups restants seront frappés par ce même officier en les
décomposant en trois fois trois coups qui permettent à l'assistance de réca-
pituler les trois signes d'ordre.
À la fermeture des travaux, la batterie, exclusivement sonore jusqu'ici,
est également visuelle. Les 3,5,7 coups frappés sont suivis de l'extinction
des lu mières par les trois officiers dirigeant la loge, soit 15 lumières. C'est
alors que le T rois Fois Puissant Grand Maître, par trois fois trois coups, fait
exécuter les signes d 'ordre, d 'admiration et de silence. Les neuf lumières
restantes seront éteintes par la suite.
Cette batterie, par le rappel des trois signes et l'extinction p rogressive
des lumières lors de la batterie de fermeture marque l'avancée du Maître
Maçon dans un cycle d'éveil de la conscience où il s'est trouvé confronté à
des problèmes philosophiques fondamentaux. Ces Grands Élus qui trou-
vent dès lors cette lumière pour éclairer leur conscience contribuent à ce
que tous leurs Frères humains soient éclairés par la lumière d e la connais-
sance du Beau, du Bien et du V rai.
Toute cette symbolique numérique rythmée marque la volonté du
Grand Élu d'accéder à la perfection.
Une question se pose: est-elle vraiment de ce monde?
En restan t lucide, on peut seulement espérer que chacun s'efforce d 'y
tendre. Cette quête n'est réalisable qu'avec des cœurs purs remplis d'amour
pour la Vertu, ayant effacé en eux toutes traces de vengeance, d'iniquité et
d'injustice.
On peut considérer que cette batterie synthétise en q uelques secondes,
par des symboles sonores, la connaissance des nombres qui caractérisent la
progression du Maître Maçon d ans la Voie de la Sagesse et de la
Connaissance, en rassemblant ce qui est épars.
GRAND ÉLU DE LA VOÛTE SACRE.E 397
7- La Voûte Sacrée
Il est défini par le Zohar : De même que la fumée des sacrifices montait au
ciel, alors que les pontifes officiaient et que les lévites chantaient des hymnes, de
même l'élévation des esprits d'un palais à l'autre s'accomplit au moment où
l'homme adresse ses prières à la Lumière suprême, à la Lumière des lumières;
c'est alors que tous les esprits, semblables aux petites lumières, sont absorbés par
la grande lumière, en pénétrant tous dam le Saint des Saints où ils sont inon-
dés des bénédictiom qui coulent sur le Saint des Saints, telles que les eaux jaillis-
sent d'une source intarissable. C'est dam ce septième palais que réside le Mystère
des mystères qui est au-dessus de tout entendement et de tout calcul. Là, réside
la volonté éternelle, la volonté de 11nfini, la volonté qui régit tous les mondes
en haut et en bas, la volonté qui n'est perceptible que par l'acte qui la suit, la
volonté qui est destinée à régner en bas autant qu'en haut, afin que l'union de
tout avec la volonté soit parfaite 21 •
Bellatrix
Bételgeuse
23. Bonnet Jacques, Les symboLes traditionnels de la Sagesse, fditions Horvath, 1979,
pp. 63-64.
400 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
9- Gabaon
Gabaon est trad uit par ami paifait, ami élu. C'est chez les gabaonites
qu'aurait été gardée l'Arche d'Alliance durant la construction du Temple.
D - Comment nommez~vous cette chambre ?
R - Gabaon.
D - Pourquoi ?
R - Parce que dans la Cit é Sainte, il y avait un lieu élevé de ce nom ,
où D avid et Salomon avant la construction du temple offraient d es sacri~
fiees au Seigneur ; c'est pour en conserver la m émoire que Salomon donna
ce nom au lieu le plus élevé d e son temple 24 •
26. Mouret Claude, Aperçu sur les Stphiroth, dans Renaissance Traditionnelit, n• 60,
octobre 1984.
GRAND (LU DE LA VOÛTE SACRtE 403
,
INFINI .., EN SOF = L'ETERNEL
~~
=...(/)
KETHER
É
M
Couronne
~~
....:!=.,. 0
A
N
~:s A
T
~~
~Q HOKHMA 0 0 BINAH 1
SAGESSE INTELLIGENCE
0~ 0
~ N
~~ HESSED 0 0 GUEBOURAH c
~~
GRÂCE RIGUEUR R
DIN
:s~ i~"'; jUSTICE
É
A
Q(/) T
~~ 0 1
~Q TIPHERETH 0
0~ BEAUTÉ N
~ 1 •
~(1) F
NETSAH 0 0 HOD
~
~ 0
VICTOIRE GLOIRE R
=; ~ M
~ ~ A
~~ 0
YESOD
T
~~
1
FONDEMENT 0
OQ
~ N
~ A
Q,
~
0 c
T
~~
MALKUTH
ROYAUME 1
~=; 0
N
404 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Le Sepher letsirah dit que du Tohu (vide), l'Éternel tailla trois grandes
colonnes à partir de l'éther insaisissable. René Guénon considère qu'il s'agit
des colonnes de l'arbre séphirotique, soit la colonne du milieu, la colonne
de droite et de gauche.
Kether est la première des dix sephiroths, elle représente la couronne
suprême «la pierre angulaire» invisible qui dans le Temple de Jérusalem
était placée sous l'arche d'alliance. Kether est définie comme la cause de
toutes les causes et l'origine de toutes les origines 27 •
À l'inverse cette légende fait remonter les Mages de la couronne du bas
à celle du haut, de Malkuth à Kether en passant par lesod et Tiphereth.
De Malkouth à Kether, le passage de porte en porte enseigne la route à
suivre pour ret rouver la vraie Lumière qui n'est pas accessible.
Kether, la couronne exprime l'Absolu, le passage de la perfection relative à
la perfection absolue, le centre de l'Idée qui est la source de la
Connaissance.
La première porte permet d'explorer la première sephirah Malkuth, c'est
la Royauté, elle correspond au monde de la matière, elle actualise toutes les
possibilités et toutes les qualités. Elle correspond à l'extrême limite de la
manifestation divine mais aussi elle est commencement de l'univers, là où
peut se manifester la présence divine ou (Shekinah). Son rayon touche terre,
c'est là que se retrouvent les forces qui se sont rencontrées en Yesod.
La deuxième porte fait découvrir la sephirah Yesod, du fondement. C'est
l'union des forces antagonistes et complémentaires.
On peut penser légitimement que cette phrase donnée par les rituels
actuels de Grand Élu est relativement récente, car on n'en trouve aucune
trace dans les manuscrits du XVIII e et début XIX <.
Faut-il rappeler qu'il n'y a pas d' initiation sans la présence physique
d'un initiateur et d'un initié. L'initiation se caractérise essentiellement
comme étant une transmission, celle-ci pouvant avoir deux sens différents:
Transmission d'une influence spirituelle
Transmission d'un enseignement traditionnel 28•
En franc-maçonnerie l'initiateur correspond au minimum à la présence
27. Guénon René, k Symbolisme de la Croix, chap. IX, Éditions Vèga, 1957.
28. Mainguy Irène, ks Initiations et l'initiation maçonnique, Édimaf, 2000.
GRAND ÉLU DE LA VOÛTE SACRÉE 405
de sept Maîtres maçons ; elle est nécessaire pour que la transmission de l'in-
fluence spirituelle soit valable et régulière. Dès lors le fait d'être reçu franc-
maçon ne signifie pas pour le néophyte qu'il est aussitôt initié. L'initiation ne
demeure que très virtuelle si elle n'est pas valorisée par le travail personnel.
On n'est pas initié, on s'initie soi-même. Cette formulation peut paraître
choquante dans sa forme et prêter à confusion si on ne la replace pas dans
son contexte initiatique. Elle devient claire si on réalise bien que l'initiation
ne reste que très virtuelle si le maçon ne fait pas un effort personnel de
compréhension, d'approfondissement et de perfectionnement. Ainsi
Guénon définit l'initiation comme accès à la Connaissance signifiant deux
choses distinctes: l'initiation formelle est l'admission à la pratique des rites
initiatiques et l'initiation réelle est accès à la Connaissance de l'être par la
Voie qui y conduit 29.
D écouvrir la voO.te sacrée, c'est vivre en initié les trois sentences de
l'écriture: Frappez, on vous ouvrira, demandez et vous recevrez, cherchez et
vous trouverez. C'est l'accomplissement de la recherche entreprise le jour de
l'initiation et la réalisation du sens de la formule alchimique du cabinet de
réflexion VITRIOL. Cette quête est le fruit d'un travail dynamique d 'ou-
verture de soi à la dimension du sacré.
Le travail maçonnique est à la fois individuel et collectif. Ind ividuel
parce que la décision de s'engager dans la voie initiatique réclame de l'im-
pétrant une volonté spirituelle bien trempée pour faire face à toutes les
épreuves, mais elle n'est réalisable que s'il y a transmission de la loge, de ce
collectif qui relie chaque maillon à la chaîne de l'initiation.
t 3 - Le tablier et le cordon
Le tablier
Le Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, en 1806,
décrète que le tablier blanc doit être doublé et bordé ponceau; u n double
petit ruban bleu, le bord ponceau. Sur la bavette est brodé ou peint, le
bijou ; au milieu du tablier est peinte une grande pierre plate carrée, au
milieu de laquelle est un anneau de fer 30 •
Hg. 65 - Tablier.
Le cordon
Le même décret de 1806, cité précédemment, décrète que le cordon
rouge, en sautoir, au bas duquel est suspendu un compas couronné, a les
pointes ouvertes portées sur les extrémités d'un cercle gradué de 90 degrés,
avec un soleil au milieu 30•
Selon le même rituel déjà cité, la couleur rouge du cordon représente
deux choses :
1. les rayons qui environnent le buisson ardent quand Moïse reçut de
Dieu même, sur le Mont Sinaï, le Mot sacré;
2. Il désigne la prééminence d'un grand Élu Parfait et Sublime Maçon
sur tous les officiers qui ne sont point parvenus à ce grade 31 .
fig. 66 - Cordon.
,
14 - Le biJou du Grand Elu
Le compas
Le compas est le quart de cercle de 90 degrés représentant l'opération des
dijftrentes choses par lesquelles les Grands Élus passent.
Le compas permet de tracer la circonférence d'un cercle, de mesurer
les angles et de les reporter. Les branches variables du compas permettent
au Maçon de prendre la mesure des situations. Ce compas couronné est
ouvert sur 1/4 de cercle (90°) au milieu duquel pend une médaille dont
une des faces représente un soleil et l'autre une étoile flamboyante avec
en son centre le delta et le Tétragramme sacré.
Le quart de cercle
Le quart de cercle correspond à 45°. Sur cet arc de cercle on retrouve
les nombres 3,5,7,9 qui rappellent le parcours depuis l'apprentissage
jusqu'à l'aboutissement dans le Saint des Saints. Ce parcours s'est fait par
des paliers successifs.
La couronne
La couronne désigne l'origine de la maçonnerie.
On peut voir dans cette couronne la promesse du couronnement du
Maître Secret se réaliser au terme de l'atelier de perfection, Mais aussi le
passage de Malkuth à Kether. Le couronnement se fait en Kether. Le
compas couronné est la marque de l'achèvement du parcours initiatique de
la loge de perfection du 4 au 14<.
Le soleil
Le soleil marque la supériorité du Grand Élu et sa place sur la poitrine
rappelle continuellement l'ornement de notre dignité pour que vous ne vous
écartiez jamais des devoirs qu'elle vous impose et des instructions que nous allens
vous donner et qui fermeront votre accomplissement dans lëtude de la
Maçonnerie.
Situé au centre du compas rayonnant, on peut y voir une représentation
de l'initié entre ciel et terre devenu lumineux par la Connaissance acquise
et l'Amour de la Vertu.
Fig. 67 - Le BIJou.
GRAND ÉLU DE LA VOÛTE SACRtE 409
Tableau récapitulatif
du Grand Élu de la Voute Sacrée
33. Il est bien évident que deux des trois mots hébreux cités sont mal transcrits, il s'agit
de N~der à la place de Nedos et de Schelemoth à la place de Schmouth.
GRAND ËLU DE LA VOÛTE SACRËE 411
R - Épelons-le ensemble.
Adonaï.
D - Quel est ce mot ?
R - Celui que les hébreux choisirent pour invoquer l'Éternel lorsque
Moïse leur défendit de prononcer son Saint Nom.
D - Que veut dire ce mot ?
R - Vous Seul Éternel.
D- N 'y a-t-il pas encore un mot de passe?
R-Oui Très Respectable Frère.
D - Quel est-il ?
R - C'est celui que prononcèrent les Élus parfaits d'une voix unanime
lorsqu'après avoir fouillé longtemps dans les ruines du temple ils trouvè-
rent enfin ce qu'ils cherchaient.
D - Quelle fut leur exclamation ?
R- Mach ... Mara.bach.
D - Que veut dire ce mot ?
R - Dieu soit loué, nous avons trouvé.
D - Faut-il nécessairement savoir ce mot?
R - Sans doute c'est cette dernière reconnaissance qui met le sceau
aux autres.
D - Quel est notre bijou?
R - Un soleil couronné entouré d'un compas et d'un quart de cercle.
Clôture de la loge
On forme la chaîne et on se dit l'un à l'autre bas à l'oreille le mot sacré
Jehova ... après quoi le Grand Maître dit le Temple du Dieu vivant est
détruit et démoli. Élevons-lui dans notre cœur un édifice, puisque nous
sommes dans la plus dure captivité.
0
0 0
GRAND tLU DE LA VOûTE SACRtE 413
DEUXIÈME INSTRUCTION
PAR DEMANDES ET RÉPONSES
D - Ëtes-vous Écossais ?
R - Je suis parfait Élu.
D - Où avez-vous été reçu ?
R - Dans une Loge souterraine éclairée par 3, 5, 7 et 9 lumières.
D - Où était-elle située?
R - Près du Buisson ardent.
D - Qui vous y a conduit ?
R- Un Respectable.
D - Par où avez-vous passé ?
R - Par un long corridor.
D - Comment vous a-t-il introduit?
R - En frappant trois coups.
D - Que signifient ces trois coups ?
R - L'âge d'un apprenti maçon .
D - Que lui ont produit ces trois coups ?
R- Cinq coups qui signifient l'âge d'un compagnon.
D - Qu'a-t-il répondu?
R - Sept coups qui signifient l'âge d 'un maitre maçon symbolique.
D - Que lui a-t-on répliqué?
R - Neuf coups qui veulent dire l'âge d'un Maçon Parfait.
D- Qu'est-il arrivé de là?
R - On m'a ouvert.
D - Ëtes-vous aussitôt entré en loge ?
R- Non, très Respectable.
D - Pourquoi ?
R - Un F : . Élu parfait que j'ai rencontré dans le corridor m'a
demandé le mot de passage.
D - Quel est ce mot de passage ?
R - Schiboleth.
D- Combien de fois vous l'a-t-on fait prononcer?
R - 3 fois avec aspiration.
D - Que signifie ce mot ?
R - Épi ou courant d 'Eau.
0 - Avez-vous pénétré plus avant?
R -Je suis entré dans la voûte sacrée.
414 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
D - Où était-elle située?
R - Dans un lieu souterrain, sous le Saint des Saints du Temple de
Jérusalem.
D - À quoi servait la voûte sacrée?
R - Elle renfermait le secret des Élus parfaits.
D - En quoi consiste le secret des anciens Parfaits maçons ?
R - En une parole incommunicable et les évènements survenus à la
destruction du temple par Nabuchodonosor.
D - Où était posée cette parole sacrée ?
R- Elle était gravée sur un piédestal au milieu d'une lame d' or qui y
était attachée, et ce piédestal était posé au milieu de la voûte sacrée.
D - Donnez-moi la parole.
R - Je ne le puis.
D - À quoi jugerai-je qu'elle vous est connue?
R - Mohabin lui fut substitué et le grand mot Machmaharabahac qui
signifie Dieu soit loué, nous avons trouvé et qui renferme le nombre de
3 fois cinq lettres.
D - À quel homme a-t-elle été communiquée pour la première fois ?
R -À Moïse près du Buisson ardent.
D - À qui Moïse ordonna-t-il de la communiquer?
R - Aux seuls Parfaits maçons
D - Que devint cette parole ?
R - Elle fut profanée par les païens et dès lors il fut défendu de la
prononcer, mais Salomon pour la conserver la fit graver sur une lame
d'or, et poser sur un piédestal qui fut placé au milieu du souterrain appelé
la voûte sacrée sous le Saint des Saints du temple.
D - Quels sont vos outils particuliers ?
R - La pelle, la pince et le marteau taillant.
D - À quoi servent ces outils ?
R - La pelle et la pince ont servi à détacher la lame d'or où était gravé
le nom innomminable et le marteau taillant à détruire le piédestal où elle
avait été attachée.
D - Où travaillaient les Parfaits maçons?
R - Dans un lieu souterrain.
D - Quels sont leurs ouvrages?
R - De rectifier les mœurs et de sanctifier les Profanes.
D- Où voyagent-ils?
R - Quand ils entrent en loge, ils voyagent à la voûte sacrée, et quand
ils en sortent ils voyagent de l'O :. dans toutes les parties du monde pour
y répandre la lumière.
D- Que signifient B ... N ... S . ..
R - L'alliance de Moïse avec Aaron, celle de Salomon avec Hiram Roi
de Tyr, les promesses que s'étaient faites les parfaits maçons et la perfec-
tion qui devait en résulter dans toutes leurs actions.
GRAND tLU DE LA VOÛTE SACRÉE 415
0
0 0
Dirige nos pas ô Souverain Créaceur de l'Univers, fais que nous puissions éviter les
pièges que nous tendent nos ennemis, que le flambeau de l'Esprit humain nous éclaire er
que nous ne tombions jamais dans les ténèbres, donne-nous les moyens de répandre sur les
pauvres les précieux dons de la Providence, de ne pas rendre nos travaux vains, bénis-les,
sanctifie-les et que nous puissions agir seulement par ton Esprit et pour ta gloire en prati-
quant sans cesse les vertus que la maçonnerie nous enseigne (JnvocatÎIJn txtraiu du quatQrzüme
gr<Uk tk PeifectWn ou le Grand licossais tk la V<'tlu sacrée dt jacques V7, MS cirea 1820, Bib/Wthèq~ André Doré).
417
,
CONCORDANCE entre les grades du Rite Ecossais Ancien
et Accepté et du Rite Français
R.E.A.A. R.F.
!.Apprenti !.Apprenti
1.. classe 2. Compagnon 2. Compagnon
- 3. Maître 3. Maître
4. Maître Secret
1- 5. Maître Parfait
2< classe 6. Secrétaire intime
1- 7. Prévôt et Juge
8. Intendant des Bâtiments
•
CHAPITRE XII
RITE FRANÇAIS
•
ÉLU SECRET
1. Rituels du Rite Français Moderne 1786, les Quatre «Ordres» Supérieurs Élu -Écossais-
Chevalier d'Orimt - Rose-croix. Préface de Daniel Ligou, postface de Guy Verval, Éditions
Champion - Slatkine, 1992, pp. 1 à XIV.
422 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
de laquelle était un
poignard, dont la poignée
était d'or. Les mots de
reconnaissance et leur
signe furent analogues à
l'action qu'il avaient
entreprise. Par la suite,
leur emploi fut l'inspec-
--~--- . tion générale à quoi les
' -· ~ · -·-- --·
rendaient propres l'ardeur
et la sévérité qu'ils avaient
montrées. Lorsqu' il était
question d e rendre un
compte, ou de procéder
au jugement de quelques
Maçons, le roi les assem-
blait extraordinairement
dans un lieu secret.
L'inconnu, qui n'était
qu'un gardeur de trou-
peaux, fut amplement
récompensé: il entra dans
le corps des Maçons ; et
Fig. 68 - Poursuite des deux assassins. par la suite, étant suffi-
samment instruit il obtint
une place d'Élu.
Les têtes des scélérats restèrent exposées pendant trois jours dans l'inté-
rieur des ouvrages, avec l'instrument qui avait servi à leur attentat.
424 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
TRÈS SAGE
0 F:.Terrible
Couvreur
SÉVÈRE INSPECTEUR GRAND INSPECTEUR
Il. 0 Il.
1
flu Secret
AGE Non mentionné Non mentionné Non mentionné Neuf semaines sur
sept ans
ABIBALANG ou
ABIBALA. ABIBALC
Abibalang est le nom Ce mot signifiant est
supposé âe l'un des une corruption de
MOTS DE PASSE meurtriers d'Hiram. Abibalag ou Abibalah,
Dans quel~ues riruels, nom supposé de l'un ALABIBA
on lit Abt bac, c'est A.l.A.C des meurtriers
une faute ; ce mot est d'Hiram, et qui, en
insignifiant; il est facile hébreu, signifie
de reconnaître que c'est meurtrier du ph-t, qui
une cor~ption du détruit k père.
vrat mot.
T r<?isdeas d'apprenti,
trots e compagnon, T r<?isdeas d'apprenti, T r<?isdeas d'apprenti, Se fait par trois pas
MARCHE et trois de maître, en trots e compagnon, trots e compaq_non, d'apprenti, trois pas
avant et en arrière ; et trois de maître et trois de mattre de compagnon et
ensemble, dix-huit trois pas de maître.
pas.
TEMPS DE TRAVAIL Non memionné Non mentionné Du lever au coucher Non mentionné
du soleil
l. Le cri~e ne P.eut
rester tmpunt
MAXIME Non mentionné 2. La conscience est
Non mentionné Non mentionné un juge inflexible
3. Sous un pouvoir
légitime, !a ~en&eance
est cnmme e.
426 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
2. Rituels du Rite Français Motkme, 1786, op. cit. .Ëlu, Slatkine 1991, pp. 62-64.
ÉLU SECRET 427
-l......, . ••
.
0 • •
'
L'
0 ' l
.L... 1.
' 1
1 0
ce qu'il a fait, mais ce qu'il est; son seul espoir d'échapper à son passé est
d'aller au devant de l'assouvissement de la justice. Il connaît la loi du talion
et la peine que fait encourir la loi en vigueur. Rien ne peut plus le délivrer
du sentiment d'oppression qui est en lui, en dehors d'un acte compensa-
toire nécessaire à une véritable régénération consistant à se faire justice soi-
même.
Cet acte de se faire justice soi-même correspond à la p rise de conscience
de la faute commise et la volonté d'en assumer la conséquence définitive.
Sur un plan initiatique une fois de plus, il est demandé par le biais de cette
mise en scène tragique, de mettre à mort ses potentialités négatives qui
correspondent aux désirs de pouvoir et d'avoir.
On peut aisément faire un parallèle entre les assassins d'Hiram traqués
et Caïn après le meurtre de son frère Abel. Caïn s'adressant à l'Éternel lui
dit: Ma foute est trop kurde à porter. Oui, Tu m'as exilé aujourd'hui de la
surface du sol et win de ta foce, il me faudra me cacher. je serai errant et
instable sur la terre et quiconque me trouvera, me tuera (Genèse 4,14). Selon
l'analyse de Meyer Sal, Caïn s'effondre dans une peur parfaitement
consciente. Déjà, il sent qu'il a perturbé un réseau de forces. Il craint les
représailles. Cette peur va faire de Caïn une bête inquiète et féroce. S'il est
attaqué, sa réaction de défense sera décuplée sous l'effet de cette peur. Les
« lobbies passionnels» n'ont qu'une aspiration: celle d'être agréés par la
conscience. C'est à elle de les dominer, et de les récuser, -mais non pas de
les refouler et de faire semblant de les ignorer, pour qu'alors, échappant à
son attention vigilante, ils se mettent à saper insidieusement les fondations
de la personnalité. Ainsi donc, la conscience est-elle la force transcendante
de l'homme et le reflet direct du Principe dans l'homme 3 .
3. Meyer Sai; Les tabl~s de la loi, principes et rites du judaïsme originel la Colombe, 1962,
pp. 56-94.
432 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Le pouvoir légitime est incarné par la société, ou plutôt par les repré-
sentants de la loi, seuls habilités à rendre justice, loin de toutes passions.
Dans ce cas précis, johaben mandaté par le Très Sage Souverain Salomon,
est missionné pour tirer vengeance et éliminer la cause du mal au nom de
la collectivité.
Toute société structurée assure son bon fonctionnement au moyen
d'une autorité chargée de faire respecter des lois qui régissent les rapports
sociaux entre chacun. La garantie de son bon fonctionnement social est
possible lorsque l'autorité légitime d'un groupe, d'un état ou d'un pays
repose sur des lois basées sur le respect des droits de l'homme et la défini-
tion des droits et des devoirs de chacun. La liberté de chacun s'arrête lors-
qu'elle nuit à la liberté des autres. En cas de litige ou d'agression, le pouvoir
légitime du droit de la collectivité remplit sa fonction, par l'administration
de la justice pour juger tout contrevenant, permettant ainsi de rétablir
l'équilibre et l'ordre social rompu. Si la vengeance qui correspond à la
justice de la collectivité, dans le contexte de ce rituel, est perturbée dans son
déroulement par des facteurs passionnels, elle perpétue le ressentiment et ne
satisfait pas au respect du droit et de la justice.
Aux trois maximes proposées à la méditation en Chambre de prépara-
tion, il est donné ensuite une réponse dans la Chambre du Conseil (chacun
des meurtriers est représenté avec l'outil utilisé pour son crime) :
A Le crime ne peut être impuni, il est répondu que Le crime est puni,
représenté par la tête d ' Abibalc, avec le maillet.
A La conscience est un juge inflexible, il est répondu que La punition
est certaine, représenté par la tête du deuxième meurtrier, avec la pince
A Sans un pouvoir légitime la vengeance est criminelle, il est répondu
Le ciel nous juge, représenté par la tête du troisième meurtrier, avec la règle.
5 - La caverne
4. Le Régulateur des Chevaliers T!UlfOns ou les quatre Ordres Supérieurs, suivant le Régime
du Grand Orient, Librairie Caillot, s.d.
tLU SECRET 433
6- Le chien
6. Franklin Alfred, Dictionnaire historique des arts, métiers et professions, exercés dans Paris
depuis le XII' siècle, Paris, 1906.
tLU SECRET 435
son sein un petit chien tenant dans sa gueule une torche allumée avec
laquelle il embrasait tou t l'u nivers 7 •
Compagnon dévoué de l'homme, le chien est réputé pou r son flair qui
s'apparente au ressenti d u discernement . Johaben est conduit par u n chien
d ont le flair permet de retrouver les indices d 'une présence cachée dans la
grotte. Le chien peut représenter ici l' intuition, le flair et le discernemen t
nécessaire pour retrouver l'assassin de l'Architecte, mais aussi le guide,
l'agen t de la Providence qui met la vengeance sur la voie de son accomplis-
sement.
7- La lampe
7. Voragine Jacques, La ligmde tkrée, vol. 2, tditions Garnier Flammarion, 1976, p. 46.
8. Plutarque, Questions romaines, 72.
9. Le Rtgulateur, op. cit.
1O. Davy Marie-Madeleine, Abécassis Armand, Mokri Mohammad, Le thème de la Lumière
dans k judaïsme, k christianisme et l'islam, Berg International, 1976, pp. 42 et 38 1-388.
436 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
8- La source
rel, c'est le désert intérieur, où l'être se trouve confronté aux forces antago-
nistes de la vie, qui revêtent souvent des formes de violence destructrices.
On peut considérer que chaque initié est un nomade en chemin, mis dans
la nécessité de trouver la source vitale. Il ne s'agit pas seulement de la source
d 'eau qui désaltère et revivifie, mais d e la source même de la vie, nécessaire
à toute régénérescence, qui permet d'entamer u n nouveau cycle. On peut
considérer ici que c'est le cas de Johaben.
La Kabbale compare la vie spirituelle à la source qui sort de la mo n tagne
et dont on arrête le courant par un barrage: «l'eau remonte vers la source,
mais ne peut monter plus haut que la source qui est l'Éternel, source et
courant intarissable de bénédiction » 12•
9 - Le poignard
12. Scholern Gaston, Les origines d~ la kabbak, &litions Aubier Montaigne, 1966,
p. 321.
13. Le Rtgulauur, op. cit.
438 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
l'Élu contre toutes les tyrannies aveugles, tous les systèmes d'asservissement
qui privilégient l'avoir et le pouvoir contre l'être. Le geste de l'Élu vengeur
correspond à un geste de résistance, à une volonté agissante de justice
contre toute forme d'aliénation, que ce soit contre le fanatisme, l'ambition,
l'orgueil, l'ignorance, mais aussi contre l'obscurantisme forcené du maté-
rialisme qui rend esclave, dans un monde où dominent tromperie et
violence qui asservissent le plus grand nombre parmi «les petits». Sur un
plan extérieur le poignard est une arme de combat utilisée ici contre ceux
qui troublent l'Ordre, elle a pour but de le ramener en appliquant la justice.
Sur un plan intérieur le poignard symbolise la lutte que tout être doit
mener contre les ennemis qu'il porte en lui, c'est-à-dire contre tous les
éléments qui nuisent à l'Unité, à l'Ordre, à l'Harmonie.
La satisfaction de l'Élu réside dans son obligation d'agir et de se déter-
miner avec courage, sans espérer d'autre récompense que la satisfaction
intérieure d'avoir mis en adéquation ses actes avec ses principes dans le
subtil combat des antagonismes. En brandissant son poignard, l'Élu accom-
plit un geste sacré de vigilance qui affranchit de toutes peurs dans une atti-
tude de force et de générosité.
Le droit légitime à la révolte contre tout obscurantisme est symbolisé
par ce poignard à lame d'argent et à manche d'or. Ces deux métaux
précieux symbolisent ici la richesse potentielle de ces polarités dissociées et
complémentaires à mettre en œuvre.
D'instinct une personne lésée veut se venger, par souci de justice. Dans
la tradition abrahamique, le Judaïsme et l'Islam appliquent la loi du talion.
Quant au christianisme, il prêche le pardon et la réconciliation. La loi du
talion s'est substituée à la vengeance instinctive, c'est une forme de justice
codifiée basée sur la réciprocité du châtiment en réponse au forfait commis.
Conscient ou non de cela, chacun continue à être profondément condi-
tionné par ces références socioculturelles qui déterminent le plus souvent
son comportement.
La sanction d'un dommage individuel fait partie de la justice sociale à
caractère collectif. Le juste châtiment consiste à établir un équilibre entre le
bien individuel et le bien social. Le châtiment des assassins d 'Hiram
consiste à s'être exclus d'eux-mêmes de la C haîne d'union fraternelle qui les
reliait à l'ensemble du groupe.
Les circonstances les ayant transformés en meurtriers, ils ont agi par
instinct et non selon la raison, le négatif est une forme de bouleversement
de l'ordre établi, qui met en péril son équilibre. Le terme de vengeance
correspond ici à l'application d'une justice légitime qui se met à l'écart de
tous facteurs passionnels, pour tendre à une solution équitable.
Le mal provenant des mauvais compagnons tire son origine des imper-
fections humaines. Leur raison ne fut pas assez forte pour faire taire leurs
passions. Leur contre- exemple illustre l'esprit destructeur en opposition
avec l'esprit constructeur, ce qui génère des sentiments extrêmes tels que la
haine et le désir de vengeance.
L'Architecte a pour seule arme sa force intérieure qui s'exprime par la
force dissuasive de son verbe, pour tenter d'échapper au sort funeste qu'il
pressent, face à des compagnons armés de lourds outils, transformés en
.'
armes meurtneres.
-
•
... -. -- ·-;:.:;.-·-
.,,.,.-- ...
.-• ··--- ~-··
tt -Le signe
12- Le nombre 9
(elle est représentée par 8 branches qui correspondent selon les commenta-
teurs au 8• jour de la résurrection) Elle correspond exactement avec la
a
parole de la 2• Épître de Pierre (1, 19) :jusqu ce que l'étoile du matin se lève
dans les cœurs.
Le nom même de Vénus est donné à l'étoile la plus resplendissante
(comme celui d'Isis correspondait à l'étoile Sirius chez les Égyptiens). Celle-
ci permet de rattacher l'influence de l'étoile à ce qui sera dit de la Dame 16•
Le jour apparaît avec l'étoile du matin, noyée dans la clarté solaire comme
celle de la divinité condensant en elle-même la lumière des autres étoiles
comme le fait l'Esprit de Vérité. Au Moyen Âge, Dante a reconnu en
Béatrice la Dame lui servant de guide dans son ascension spirituelle. Il a
marqué du nom d'étoile (stelle) chacune des trois étapes terminales de cette
.
ascensiOn.
En astronomie, l'étoile est considérée comme un astre qui brille de sa
lumière propre. Cet astre est regardé, de toute façon, comme un principe
de lumière, qui est le sceau de l'Esprit.
Pour les Hébreux, l'étoile de Jacob représente un personnage particu-
lier, le Messie, sans autre nom, ni qualificatif; ce qui donne à penser qu'à
chaque être humain correspond une étoile. Philon d'Alexandrie considère
que les étoiles sont des intelligences pures et des êtres de bonté; Origène
partage le même point de vue. Pour certains peuples, les étoiles sont des
fenêtres dans le firmament. Pour les Égyptiens ce sont des portes à franchir
pour accéder au Ciel 17.
Deux étoiles ont une importance particulière. Vénus, appelée aussi
étoile du Berger qui est l'étoile du matin et l'Étoile Polaire qui est celle de
la nuit, à l'extrémité nord de l'axe des Pôles.
16. Bonnet Jacques, Les symboles traditionnels tk la sagesse, &litions Horvath, 1976, pp.
59-64.
17. Choptel Jean et Gobry Christine, Les rois mages, histoire, légende et enseignements,
&litions Le Mercure Dauphinois, 2002, pp. 105-114.
ËLU SECRET 445
15 - L'obligation
Non, la sagesse n'entre pas dans une âme perverse, elle n'habite pas dans un
corps tributaire du péché;
L 'esprit saint qui nous éduque fiût la duplicité,
Il s'éloigne des pemées sam intelligence, il s'offusque quand survient l'ini-
quité (Sagesse 1 à 5, Bible de Jérusalem).
16 - Le tablier et le cordon
Fig. 73 - Le tablier.
Musée de la Franc-Maçonnerie GODF
TABLEAU RÉCAPITULATIF
HABILLEMENT LA BATTERIE
Habillement sobre, noir et gants blancs. se fait par neuf coups, 8 et 1.
0 - E.tes-vous Élu?
R-Une caverne m'est connue, une lampe m'a éclairé, une source m'a
désaltéré.
0 - Qu'avez-vous fait en cette qualité?
R - J'ai été chargé d' une mission importante dont j'ai reçu le prix.
(l'on montre le cordon noir)
0 - Quel était votre projet ?
R - De venger le crime.
0 - Quelle vengeance était permise aux maçons ?
R - La juste punition des assassins de leur Respectable Maitre, de l'ex-
près commandement du roi.
0 - Où s'est formé le projet de vengeance ?
R - Dans un conseil secret.
0 - A quelle heure ?
R - Dans l'obscurité de la nuit.
0 - Quand êtes-vous parti ?
R - Avant le jour.
0 - Qui vous éclairait?
R - L'étoile du matin.
0 - Par où avez-vous débuté?
R - Par la destruction de deux coupables.
0 - Où les avez-vous découverts ?
•
R - Fuyant à travers des rochers escarpés.
0 -Avez-vous été plus loin ?
R - J'ai pénétré dans l'intérieur d 'une caverne effroyable.
0 - Q ui avez-vous trouvé ?
R - Le traitee, venant de rentrer, se disposant à prendre du repos.
0 - Qu'est-il arrivé?
R - Saisi de frayeur à l'aspect d'un maitre, il s'est fait justice lui-même.
0 - Que vous restait-il à faire?
R - Rien, puisque la vengeance était accomplie.
0 - Quelle heure était-il ?
R - Le soleil venait de se coucher.
0 - Quel âge avez-vous ?
R - Neuf semaines sur sept ans, à cause des neuf semaines qui se
passèrent avant la punition du délit.
ÉLU SECRET 449
....
DEUXIEME ORDRE
DE SAGESSE DU R. F.
ou
Grand Élu Écossais
GRAND ÉLU ÉCOSSAIS
La seconde consiste à être mis entre les mains des « purificateurs » qui
doivent le laver de tout ce q u i peut blesser l'innocence, par une double
épreuve de l'eau (par des ablutions) et d u feu (en se purifiant à l'autel des
parfu ms).
La troisième purification est opérée à l'aide d'une mixtio n de lait,
d 'huile, de vin et de farine appliquée au récipiendaire sous forme d'onction
sacerdotale. A la suite de quoi le pain et le vin sont partagés entre tous les
assistants avant qu'ils aient accès aux ornements du Saint des Saints.
Dans ce grade d'Écossais (qui n'a d'Écossais q ue le nom) quelle que soit
la tradition d'origine du récipiendaire, chacun retrouvera des repères fami-
liers. Ainsi, u n Juif y trouvera des rappels du shabbat, un Chrétien une
évocation de la commu nion, un M usulman des ablutions rituelles. Rien
d'étonnant à cela, ces éléments cultu els, utilisés autrement, montrent que
l'ésotérisme est une voie spirituelle qui s'appu ie légitimement sur les formes
extérieurs de l'exotérisme. On les retrouve ici expurgés de leurs aspects
moraux et dogmatiques et leur signification spirituelle ayant trait à l'essence
de l'Univers est alors donnée à méditer.
La Franc-maçonnerie n'a pas été b âtie sur des mirages, ni sur d u sable,
mais en s'appuyant sur la Tradition Abraham ique dont les trois b ranches
0 uda"isme, C hristianisme, Islam) sont les trois p ierres de fondation.
C'est ce que ce grade d'Écossais démontre une fois de plus en s'inspi-
rant très largement d 'éléments que l'on retrouve d ans le Lévitiq ue, troi-
sième livre du Pen tateuque. Le Lévitique est considéré comme étant un
écrit qu i aurait une source u nique dont l'origine serait sacerdotale.
Dans le Lévitique, on relève en effet plusieurs aspects développés dans
ce grade d'Écossais, provenant notamment des trois premières parties de ce
livre.
Bien que les Lévites n'y soient mentionnés qu'une fois, le récit se
rapporte a leur fonction qui leu r donnait le monopole du culte en Israël.
Lévi, chef de la tribu de ce nom était prêtre de l'ancienne loi. Ce nom fut
donné à ce patriarche par sa mère Lia, d u verbe hébreu lavah, qui signifie
être lié, être uni parce qu'elle espérait que la naissance de ce fils lui attache-
rait son mari Jacob. Les Lévites étaient, chez les Juifs, un ordre inférieur aux
prêtres, que l'on pourrait comparer aux diacres des chrétiens, attachés au
service du tem ple.
C'est de ce culte que traite la première mo itié du livre dans lequel o n
retrouve la trame du grade d'Écossais:
- la première partie, de 1 à 7, traite des lois sur les sacrifices;
-la d euxième partie, de 8 à 9, raconte la consécration des prêtres et
l'inauguration du culte ;
-la troisième partie, 10, donne des précisions sur le sacerdoce.
GRAND ÉLU ÉCOSSAIS 455
Ce grade d'Écossais est la suite du grade d'Élu. Ce grade est très proche
de la version initiale du 14<degré du R.E.A.A., Grand Elu Ancien Parfait et
Sublime Maçon.
Les meurtriers étant punis, les travaux étaient presque achevés, il ne
restait plus à Salomon qu'à cacher dans un lieu sûr et secret le véritable nom
du Grand Architecte de l'Univers qui avait jadis été révélé.
Sa prononciation était ignorée du peuple. Elle se transmettait par tradi-
tion une fois l'an née; le grand prêtre prononçait ce nom en l'épelant,
entouré de tous ceux qui avaient le droit de l'entendre.
Salomon crut devoir déposer ce nom dans un souterrain du temple,
c'est pourquoi il avait fait pratiquer, sous la partie la plus mystérieuse du
temple, une voûte secrète au m ilieu de laquelle il plaça un piédestal trian-
gulaire, qu'il nomma le piédestal de la science. On y accédait en descendant
un escalier de vingt-quatre marches, divisé en repos par trois, cinq, sept,
neuf. Cette voûte n'était connue que de Salomon et des maîtres q ui y
avaient travaillé.
H iram avait la parole sur un triangle d u plus pur métal ; mais dans la
crainte où il était de la perdre, il le portait to ujours suspendu au cou, la
gravure du côté de la poitrine, le revers en dehors, n'offrant qu'une surface
unie et du plus parfait poli. Lors de son assassinat, il se dépouilla de ce delta
précieux et le jeta dans un puits qui était au sud-est. Salomon craignant que
ce précieux triangle ne soit tombé entre des mains profanes, en ordonna la
recherche.
Trois maîtres le découvrirent. Passant près du puits vers l'heure de midi,
ils aperçurent dans le fond quelque chose de brillant: l'un d'eux se fit
descendre dans ce puits aidé de ses camarades où il trouva l'objet recherché.
Il rapportèrent le bijou à Salomon. A la vue du delta précieux, Salomon fit
un pas en arrière, leva les bras au ciel, en signe d'admiration et s'écria el-
Hanan qui signifie Grâce ou miséricorde de Dieu.
Salomon mandata aussitôt les quinze Élus et les neuf Maîtres qui
avaient travaillé à la construction de la voûte. Accompagné de ceux-ci et des
trois qui avaient fait la découverte, il descendit dans la voûte secrète, fit
incruster le delta au milieu du piédestal, et le couvrit d'une pierre d'agate
taillée en forme quadrangulaire, sur laquelle il fit graver, à la face supé-
rieure, le mot substitué. Salomon y fit placer devant, trois lampes portant
chacune neuf lumignons qui y brûlaient d'un feu perpétuel; Salomon leur
déclara que l'ancienne loi défendait de prononcer le nom du Grand
Architecte ; après avoir reçu d'eux le serment inviolable de ne jamais révé-
ler ce qui venait de se passer, il donna à ce lieu le nom de voûte sacrée et en
fit sceller l'entrée, dont le secret ne fut confié qu'aux vingt-sept Grands Élus
GRAND tLU tCOSSAIS 457
y
ARC HE D'ALLIANCE
~
Chandelier à 7 branches
Grand Grand
1•' Surveillant 2• Surveillant
Vingt-quatre coups, par 24 coups frappés ainsi : Elle se fait par trois,
trois, cinq, sept et neuf: 00 0, cinq, sept et neuf, en
BATTERIE observant la manière ci-
000!- 000- 00!- 000 00 0000 00 0000000 000 00,
- 0000!- 000000000 00 00000, après désignée : !! ! · !! !!!
000 - 000-000! 00 o, 00 0, 00 0 .. !! !!!!!- !! ! .. !! ! - !! !
TEMPS DE TRAVAIL Non mentionné Non mentionné De midi à minuit Non mentionné
460 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
2. Le Piédestal de la Science
Devant l'autel des serments est placé un piédestal triangulaire de
couleur rouge, sur lequel sont représentés sur les deux faces apparentes, côté
droit, un soleil rayonnant, côté gauche l'étoile flamboyante avec la lettre G,
derrière, figure un compas ouvert sur un quart de cercle entre les nombres
3,5,7 ,9.
Sur le piédestal est posée une pierre cubique à pointe. Sur l'ensemble
des faces de cette pierre est représentée la totalité des connaissances des cinq
grades
Reste seul l'Autel des pains avec l'auge, la truelle, la coupe remplie de
vin et les pains (ou le pain) sur un autel, soit à l'Orient sur l'autel des
sermen ts, soit au midi (après avoir retiré la cassolette des parfums). Lorsque
le rideau rouge est tiré, lors de la réception, le chandelier à sept branches est
allumé.
Dans ce Temple est un tableau de loge sur lequel seront représentés à la
craie ou peints : Sur le haut de la ligne du midi sera crayonné un puits, dans
lequel tombera à l'aplomb un rayon. A l'opposé, sur le haut de la ligne, un buis-
son ardent jetant une grande flamme. Au milieu de ces objets, sera figuré un
compas couronné sur un quart de cercle : entre les pointes, seront tracées les
chiffres 3,5,7,9. Au midi, vers le milieu, sera crayonnée une table supportant
des vases d'or; au nord, en foce, l'autel des sacrifices. Entre deux, et au-dessous
du compas, sera figuré un escalier de vingt-quatre marches, divisé par palier, de
trois, cinq, sept et neufmarches: en avant de l'escalier et à l'occident, un grand
vase qui co"espond à la Mer d'airain. Le fond du tableau est noir, selon le
Recueil d 'instructions sur divers ordres du Chapitre, daté de 5803.
On note que l'essentiel de la réception se fait dans la voûte secrète et
que l'accès au temple est placé sous le signe d 'une consécration et d'un
partage.
GRAND ÉLU ÉCOSSAIS 463
2- La Voûte Sacrée
D - Que renferme la voûte sacrée ?
R - La parole.
D - Quelle est cette parole ?
R - Celle qui fut perdue dans les ruines du T emple.
D - À qui donna-t-on cette parole en premier lieu ?
R - À Moïse, dans le buisson ardent.
D - À qui fut elle-transmise?
R - Aux seuls Élus Parfaits 4 •
La découverte du souterrain avec ses neuf voûtes correspond à la décou-
verte d'un univers sacré représentant à la fois le m onde d'en bas qui est le
reflet inversé du monde d'en haut. C'est un rappel aussi que le Maître
Maçon œuvre constamment en passant de la perpendiculaire au niveau et
du niveau à la perpend iculaire. Le monde d'en bas correspond au monde
nocturne, régi par le cycle lunaire. Monde que les morts doivent parcourir
avant de pouvoir libérer leur âme de toute attache terrestre.
Ainsi que l'a définie Narcisse Flubacher 7 la voûte sacrée est le symbole
de soi-même, à l'intérieur de soi, au centre de soi où l'on peut retrouver le
divin, et c'est cette découverte de Soi qui marque l'enseignement des deux
premiers ordres de Sagesse. L'initiation devant éveiller en chacun les facul-
tés qui permettent de s'élever et de s'approcher de la lumière. Le corps n'est
pas le tombeau de l'âme, mais le moyen pour l'âme de se manifester. C'est
tout le secret de la recherche et de la démarche initiatique.
Le récipiendaire après avoir fait trois fois le tour de l'autel des sacrifices
est placé en position de victime expiatoire la tête tournée face au Midi vers
l'Orient, un des Officiers Sacrificateurs tenant une hache posée sur son cou,
alors que le second pose le couteau en face de son cœur.
Dans cette position inconfortable le récipiendaire doit répondre à trois
.
questions:
1. Avez-vous observé scrupuleusement les obligations maçonniques que vous
avez contractées ?
2. Si vous êtes assez à plaindre pour renfermer dans votre cœur quelque
sentiment d'inimitié contre vos Frères, consentez-vous à le déposer ici?
3. Consentez-vous à immoler toute affection indigne d'un homme
vertueux ?8 .
Après trois réponses affirmatives, données en toute sincérité, il est dit
alors au récipiendaire qu'on lui fait grâce, à l'image du G:.A:.D:.L'U:.,
au moment où son plus fidèle serviteur allait consommer un sacrifice plus
grand que s'il eût été la victime lui-même.
8. Roërtiers de Montaleau, Le Régulateur des Chevaliers Maçons ou les quatre Ordm supé-
rieurs suivant le régime du Grand-Orient, Il' Ordre, Grade d'Écossais, à Hérédom, s.d.
468 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Dans le rituel de Grand Écossais de la BN FM4 242, il est dit que: la mer
d'airain nous représente qu'aucun mortel ne peut pénétrer dans le Saint des
Saints, sans être entièrement purifié et lavé de toutes iniquités.
Les 12 bouvillons qui la soutiennent représentent les 12 pères de la Loi.
[ ... ]
D - À quoi servait l'eau que contenait la mer d'airain?
R - Elle servait aux sacrificateurs et au peuple pour se purifier avant
que d'entrer dans le temple 9 •
La mer d'airain, passage nécessaire pour accéder au temple, correspond
à une purification de l'initié:
D - Que signifie la mer d'airain?
R - Que nous devons être purifiés de tous vices si nous voulons faire
des progrès dans la vertu 10 •
[ ... ]
D- Que signifie la mer d'airain?
R - Elle sert à purifier les vices; les 12 bouvillons qui la soutiennent
représentent les 12 apôtres et les 12 tribus et le chandelier à 7 branches
nous représente les 7 principaux grades de la maçonnerie 11 •
Ag. 80 - La Mer d'Airain, ouvrage de fonte, qui servait à laver les pieds
et les mains des prêtres lorsqu'lis entraient dans le Temple.
Bible de Royaumont.
470 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
5- La marche
Elle s'effectue par 3,5,7 et 9 pas. Elle rappelle la descente de l'escalier dans
la voûte secrète. Les pas sont exécutés de côté 3 à droite en partant du pied
droit, 5 à gauche en partant du pied gauche, 7 à droite en partant du pied
droit, puis par trois fois trois : 3 à gauche, 3 à droite et encore 3 pas à gauche.
•• .. .. 1
.
5
4 .. ·
.. .
2.... '
.3.. . .
J
... ~••
....3
z
•••••
...··.1
•
•
1 ...
•• ,
••
, ,
Hg. 81 - La marche de Grand Elu Ecossais.
GRAND É.LU ÉCOSSAIS 471
6 - Le dépot sacré
7 - La mixtion
13.Rit:uel du Rite Français moderne 1786, les Quatre « Ordres supérieun » Écossais,
Éditions Champion, Slarkine, 1992, pp. 65-109.
14. Selon le Perir Roberr innominé, vient du latin innominat:us qui signifie os iliaque {qui
n'a pas reçu de nom). En fair innomé ou innominé signifie qui n'a pas reçu de dénomination.
Le principe Absolu synthétise tous les noms en étant au-delà du nom. Ce qualificatif d' inno-
minable est donc synonyme d'indicible, d'inexprimable. lnnominabilis signifie "qui ne peur
être nommé" er innominis "sans nom".
15. Les Sept grades de la Mère Loge Écossaise de Manei!Le 1751, manuscrit er translation
typographique 1812, Éditions les Rouyar, 1981, p. 103.
472 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
16. Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des Sciences, des Art1 et des Métim, t. XXI, Genève
1777, p. 699.
17. Le Régulateur des Chevaliers maçons, op. cit.
18. BN, Manuscrit FM~ 242, Grand Écossais Parfait Maître Anglois.
19. Rituel du Rite Français moderne 1786, op. cit.
GRAND (LU (COSSAIS 473
20. Maçonnerie adonhiramite, Deuxième partie, perfection, 1787, Les Rouyat, 1975,
p. 59. .
21. Ibn Arabî Muhyi-d-Dîn, La Sagesse des Prophètes, traduction et notes par Titus
Burckardt, Éditions Albin Michel, 1955, pp. 147-148.
22. Pseudo Denys l' Aéropagite, Œuvres complètes, Éditions Aubier, 1943, p. 357.
23. Abbé Henri Stéphane, Introduction à l'Esottrisme Chrétien, t. Il, op. cit., p. 266.
24. Ms. Bayreuth 7760-10, op. cit.
4 74 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
8- L'anneau de l 'alliance
C'est après avoir reçu la mixtion à l'autel des pains qu'un anneau d 'or
est remis au récipiendaire à l'annulaire de sa main gauche, (parfois c'est lors
du partage du pain et du vin) c'est alors que le Très Grand lui dit: je vous
donne cet anneau d'or en gage précieux de l'espérance que vous devez avoir du
bonheur qui doit vous arriver un jour pour récompense de votre zèle et de votre
vertu. je vous engage à ne jamais vous défaire de cet anneau qu'en faveur de
votre fils aîné, ou de votre légitime épouse ou au plus vertueux de vos parents 26.
Dans un autre manuscrit, le Très Grand aide le récipiendaire à se rele-
ver et lui présente une bague d'or en lui d isant: Mon C. ·.F. ·.je vous donne
cet anneau en signe de récompense ainsi que Salomon Roi de jérusalem récom-
pensa les grands architectes, en reconnaissance de leur zèle et de leurs travaux,
(en leur recommandant de le conserver comme un gage précieux de son amitié)
de même aussi mon C.·.F.·. je vous recommande de ne vous en défaire jamais
qu'en faveur de votre fils aîné, d'une épouse vertueuse ou d'un de vos FF. ·. que
vous vous croyez le plus attaché, surtout ne vous en défaites qu'à la mort 27•
En Égypte comme en Perse, l'anneau était le signe de l'autorité. Ainsi
lorsque Pharaon établit Joseph sur tout le pays d'Égypte, il ôta son anneau
de sa main et le mit à celle de Joseph (Genèse 61,42).
aussi dans ce moment que votre cœur et votre âme se trouvent remplis des biens
de l'Éterne/ 31 •
Le pain, fruit d'un long processus de maturation est l' aliment vital de
base que l'on partage, alors que le vin est considéré comme un symbole de
la révélation de l'esprit, provoqué par l'ivresse spirituelle. Ce partage du
pain et du vin revêt un caractère de communion où la collectivité prend
conscience qu'elle est reliée en une Unité. «Parce qu'il y a un seul pain,
nous formons un seul corps, tout en étant plusieurs, car nous participons
tous à un même pain» (1 Corinthien X, 17). Les Élus Écossais sont invités
ici à prendre conscience qu'ils sont reliés à l'Universel et que leur compor-
tement au quotidien ne peut être pétri que de bienveillance envers leur
prochain, puisque tout est en U n et le Un est dans Tout.
-
-
oK ·-·~
...,-
· ··
~ ~
Selon le Régulateur des Chevaliers Maçons le signe d'extase se fait les bras
étendus jusqu'à la hauteur de l'épaule, les mains ouvertes en équerre, la tête
penchée sur l'épaule gauche, le pied gauche en arrière. Ce signe d'extase est
marqué par un recul, suivi d'un éblouissement provoqué par la découverte
du tétragramme sur le triangle d'or.
Il y est substitué le signe d'écharpe, qui se fait en portant la main droite,
la paume en haut à l'épaule gauche, et la retirant le long du corps à la
'Umar considère que la pierre cubique à pointe est le symbole qui relie
l'Équerre au Compas et prépare ainsi l'initié au passage aux états supérieurs
de l'être. Il relève sur ce symbole parmi djfférents points:
a) Il trace» très précisément, et par projection les arêtes de la Pyramide sur
la pierre cubique qui la supporte, le symbole de la croix, diagonales du carré de
la foce supérieure du cube.
b) Il permet de déterminer sur le cube, le <<lieu très éclairé» où poser la
pointe fixe du compas.
c) Il relie ainsi l'Equerre au Compas, la Quadrature au cercle, et donc la
Loge à la Chambre du milieu.
d) Il fait converger les arètes du cube vers le Point immatériel de l'Unité et
fait de l'initié un possible cc architecte».
e) Il évoque le Septénaire, par le Quatre du carré et le Trois du triangle et
justifie ainsi l'âge symbolique du maître en déterminant le Niveau où celui-ci
peut dire avoir cc Sept ans >> et espérer <<plus », en remontant l'axe de la perpen-
diculaire ainsi intégrée à l'œuvre 44•
On peut considérer que la pierre cubique à pointe se présente comme
l'image de l'équilibre et de la stabilité que tout Maitre Maçon se doit de
développer durant sa vie jusqu'à ce que sa conscience individuelle s'étende
et s'élève aux domaines de l'Esprit. Cela étant il n'y a pas d'élévation posi-
tive qui ne soit le résultat d'une descente correspondante à savoir être dans
les mêmes mesures autant capable d'humilité que d'élévation. Ce que
l'on retrouve dans la nécessité de passer de la perpendiculaire au niveau.
44. 'Umar, Ln pierre cubique à pointe, dans Vm la Tradition, n• 59, 2< trimesrre 1995, pp. 1-6.
GRAND (LU (COSSAIS 483
À l'aide des trois outils que sont le fil à plomb, le niveau et l'équerre,
l'initié fait une descente aux enfers en trois temps, suivie d'une remontée
jusqu'à la pointe de la pierre cubique, assimilable au sommet de la
montagne : 1 2 3
... .À *
484 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
• ~6. •
G\.eb .,...,
• • •
• • •
cJ l... Lo :J 3 0
b <> d e/ ./ !/ h- (/
•
t
E .., -:'1 n Il r r: v
.
<
0 p r .r (/ U/
1> <1
) <> JL 1L tl<
lt al' œ- w ç- / \
"'
x • ~ ~ 9 -i H
• • •
' '
z
Ainsi pour lire ce que contient la figure le T, qui est au bas sur la
première ligne à gauche, ensuite la lettre U, au dessus duT, dans la l'• case
de la 2• ligne ; ce qui forme la première syllabe du mot de passe d'Apprenti;
486 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
H :B :B c t N A Il A G- 1\.. n M N N s L ()
N E u B li H A 1 1, Il u .À n F. ( . E ...
N E L L 0 0 R D f .t: 1 l'. J.• ), r: )) H
0 J 1 B 1 s F l- . N N U· () M A KI
.
0 À N TH H .K. J .... o ·1 z )1. n
~ .1 ======·'=======/========'=9~
Ag. 86 - Pierre cubique (face 2) fig. 87 - Pierre cubique
-
Carré des Ecossais Grand Écossais de la Voûte Sacrée
au Rite français. au Rite Écossais Ancien et Accepté.
EST
Les attribu ts qui ornen t le chapiteau an noncent les sacrifices et les obla-
tions qui se pratiquaient dans les cultes de l'antiquité et desquels nous
conservons encore quelques usages.
Au-dessus du carré, sont tracés deux demi-cercles, dans lesquels sont
indiqués deux principes; la d ivinité et la nature; pour le véritable maçon,
l'une et l'autre son t synonymes. Tout dans la nature étant soumis à u ne
organisation et à une marche périodique, nous annonce qu'il doit y avoir
un grand moteur qui attire à lui notre vénération et nous oblige à penser
que rien ne peut être au-dessus de lui.
L'étoile flamboyante en est un symbole. Elle est tracée sur cette pierre,
dont le sommet annonce le ciel, séjour éternel de la divine providence,
adorée par les maçons sous le titre du Grand Architecte de l'Univers 48 •
$1
.• •
Le tablier
Les anciens tabliers du XVIII" siècle représentent tous trois triangles
entrelacés avec l'étoile flamboyante sur la bavette.
Ceux actuellement portés sont blancs bordés de rouge. Sur la bavette
rouge est représentée l'étoile flamboyante avec la lettre G. Au centre du
tablier le bijou du grade.
.... ..··••....
•
• ...' •
.....-....
• ••
• • ~ .
• •• •••
•••
•• • •
.....••.
..:...... •• 0
..• • ..
..• ••
•••
• ••
••
•,..
••
·'..-....
.••...
...
• ••
••••••
.•
~
...
••
...0":..• .. • ••
•••
• •
•
• • ••
• .' 1 ~:-:---:--:-~~--:-~~""!"":~-:-:"'"""':'~~.• •.
. ........ ..····. , .•...
..·.··~
• • • • -
···= -······
• • •• •
.. ·.·...···,,...
• • •
···-.::•·:·=·······
••
-.. ,
• • • •
..·.. ..
• .. • 0 •
t.· .
• • •
··.- •. •
' •••
0 • •
L'écharpe
Elle est rouge à franges d'or. Elle se porte de l'épaule gauche à la hanche
droite.
GRAND ÉLU ÉCOSSAIS 493
Le bijou
Il est en or et représente un compas couronné sur un quart de cercle.
Entre les branches du compas se trouve une médaille ftxée en pendule au
compas représentant au recto le Soleil ou trois triangles concentriques dans
un cercle avec au verso l'étoile flamboyante. Sur le quart de cercle sont
inscrits 3,5,7,9.
Recto verso
- -
fig. 93 et 94 - Bijou de l'Ecossais Grand Elu
494 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
TABLEAU RÉCAPITULATIF
LOGE : Conseil
Président : Très G rand
1•r Surveillant : 1er Grand Inspecteur
2<Surveillant : 2• Grand Inspecteur
Récipiendaire: Un Élu
Le grade de Grand Élu comporte trois Chambres :
La Chambre de préparation est décorée simplement.
La ' vToute secrete est censee representer une vou te souterratne. La
A ' 1 1 A •
tenture est rouge. C'est le lieu où se tient le Conseil durant les travaux.
C'est le temple jusqu'aux pieds de l'Orient.
Le T emple achevé : c'est le temple Orient inclus.
HABILLEMENT LA BATTERIE
Habillement sobre, noir et gants blancs Elle se fait par 3,5,7, 9 en criant 3 fois
Houzé, H ouzé, Houzé.
LE TABLIER
JI sera fond blanc bordé, et doublé de SIGNE D'ORDRE
rouge ; sur la bavette sera l' éroile JI s'appelle le signe d 'écharpe.
flamboyante ; au·dessous et vers le milieu On porte la mam droite paume en haut
sera le compas couronné sur un quart sur l'épaule gauche et on la retire le long
de cercle, avec une médaille dans du corps jusqu 'à la hanche droite.
le milieu représentant le solei l.
LE CONTRE SIGNE
LE CORDON JI est fait par celui qui répond, c'est
Tous les membres seront décorés d'une celu i du ventre coupé. JI se fait en
écharpe rouge avec franges d'or, elle passera portant la main droite la paume en haut
de l'épaule gauche à la hanche droite. A l'épaule gauche, et la retirant le long
Chacun à un glaive en main. du corps à la hanche droite. Ce signe sert
pour salut et pour demander la parole.
LE BIJOU d'OR
sera un compas couronné sur un quart de ORDRE
cercle au mi lieu duquel est une médaille à On porte la main droite paume en haut, sur
rayons, représentant d'un cô té le soleil et l'épaule gauche. On ne sc met pas à l'ordre
de l'autre l'étoile flamboyante. pendant les tenues, sauf pour demander
JI sera suspendu à un large ruban J'Onceau 49 la parole.
moiré, lequel sera porté au cou et formera
un triangfe 50 ATTOUCHEMENT
Se fait en se prenant mutuellement la main
L'ÂGE d roite que l'on se renverse de l'un à l'autre,
Neuf ans. par trois fois en disant :
Berith - Neder - Shelemoth
LES LUMIÈRES
sont au nombre de 27 en 3 groupes de 9 MOT SACRÉ
Schem Ham 'Phorasch : le nom en tendu
MOT DE PASSE
EI-Hanan
0
0 0
APPENDICE.
1. Mainguy Irène, La Symbolique Maçonnique du 3' millénaire, op. cit., pp. 447-453.
498 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRf.S DE SAGESSE
Sigismond Rosenthal
...- ·- .. -
10
-- 9
8 7
6 5
4 3
C'est ce maçon zélé et inspiré, reconnu par tous comme un artiste talen-
tueux, qui réalisa le canevas de référence du tableau de la Marque, qui
mérite de retenir l'attention.
Le Duc de Connaught
On remarquera tout d'abord que neuf des quatorze symboles qui réca-
pitulent l'itinéraire du Maître Maçon de la Marque sont spécifiquement des
outils que l'on peut classer en trois catégories.
3. Mainguy Irène, op. cit., chap. Vl, "les outils", pp. 261-88.
APPENDICE 505
2•la perpendiculaire
La perpendiculaire, de la racine « pendere », pendre, donne la verticale
d'un lieu et permet de vérifier l'aplomb. Le fil à plomb consiste en une
masse pesante, de très petit volume, suspendue à l'extrémité d'un cordon-
net, il sert à indiquer la direction de la pesanteur, c'est-à-dire de la verticale,
permettant ainsi de mettre à l'aplomb des ouvrages de charpente et de
maçonnerie. Le fil à plomb est le symbole de la recherche en profondeur,
de la vérité, de l'aplomb, de l'équilibre.
Il relie le haut et le bas, le Ciel à la T erre.
Ainsi que le définit 'Umar ce fil est le lien qui relie, au plan cosmologique
et exotérique le manifesté au non manifesté. Il est donc le symbole ésotérique du
rattachement initiatique au Principe et de l'influence spirituelle du principe à
lëgard de l7nitiation. Il remarque qu au lieu d'être un cylindre le «plomb» est
généralement de forme conique et surtout de forme conique inversée, pointe en
bas. Outre le fait que la coupe verticale d'un cône inversé soit le triangle infé-
rieur du sceau de Salomon, dont le delta lumineux est le triangle supérieur, on
remarque que la pointe inférieure de ce cône permet de marquer au sol l'impact
de la Volonté divine, soit dans le Temps, c'est-à-dire l'heure du jour ou de la
nuit, soit dans l'espace, c'est-à-dire le lieu de la conformité 5•
3• Le niveau
Le compagnon doit passer de la perpendiculaire au niveau. Niveau
vient du latin «libelle» ou «lib ra » qui signifie balance. Le fil oscille avant
de se stabiliser à la verticale, tout en donnant l'horizontale du plan. C'est
4. Harvey Martin, l'Initiation, il y a deux cents ans, dans Le Symbolisme, n° 388, janv-
mars 1969, p. 97.
5. 'Umar, Introduction générale à l'étude du fU à plomb, dans Vers la Tradition, no 63,
mars à mai 1996, pp. 38-43.
506 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
4• L'équerre et le compas
a) L'équerre
L'équerre se dit en latin « nonna », ce mot a pour sens règle, modèle ou
exemple. Quant au terme même d'équerre, il tire son origine du latin
« exquadra », dérivé du verbe« exquadrare »signifiant équarrir, rendre carré.
Elle oriente vers une notion générale de règle, de stabilité et indique la
manière dont on doit opérer. De fait il est indispensable au maçon, qui
s'aventure sur le chemin ardu de la recherche de la Vérité qu'il porte en lui,
de faire en sorte que <<ses arguments», les bases de son raisonnement soient
parfaitement ordonnées, qu' il sache contenir notamment ce qu'il y aurait
dans sa démarche de trop aveuglément subjectif et sentimental. Sans cette
discipline, l'édifice construit ne serait pas véritablement stable et s'écroule-
rait tôt ou tard.
O n peut voir aussi dans l'équerre une double règle qui donne la mesure
du plan horizontal comme vertical. L'équerre est un instrument fixe qui
donne un angle droit (à 90°). D e tout temps elle fut utilisée par le tailleur
de pierre et le charpentier. Sans le travail de vérification de l'équerre il
n'existe pas de matière ordonnée, donc pas de vie possible, puisque l'on ne
peut accomplir le geste ordonnateur du Grand Architecte qui, dans le récit
de la Genèse, sépare et met en place tous les éléments de l'Univers.
L'équerre est l'outil qui harmonise les contraires, c'est pourquoi on la défi-
nit comme symbole d'équité, de rectitude et d'équilibre.
Il est difficile de dissocier l'équerre du compas, car il existe un équilibre
de relation nécessaire entre les deux. On ne devient apte au 3< grade à se
servir du compas que parce qu'au 2• on a su se servir de l'équerre.
L'équerre enseigne au Maître Maçon à régler sa vie et ses actions confor-
mément aux préceptes de la Vertu et du Bien.
APPENDICE 507
b)Le compas
Le compas éminemment mobile, instrument articulé et de mesure
permet de tracer des cercles, de mesurer, de reporter des proportions.
Symbole de ce qui est essentiellement mouvant, il symbolise le dynamisme
constructeur de la pensée, c'est-à-dire sa liberté créatrice, mais aussi la capa-
cité d'invention, de conception, de réalisation de l'esprit.
Le compas sert à tracer le cercle en partant d'un centre précis. Le cercle
représente le champ des connaissances humaines, ce champ est virtuelle-
ment infini car c'est l'univers entier, mais il est limité en réalité par la limi-
tation individuelle de chacun. Le compas sert aussi à prendre des mesures,
à reconnaître les proportions, à mesurer les angles. Il symbolise les diverses
opérations logiques par lesquelles l'Esprit humain coordonne ses connais-
sances et organise ses raisonnements logiques.
Il doit toujours y avoir un équilibre de relation entre l'équerre et le
compas et cet équilibre enseigne les limites à ne pas dépasser, en effet le
compas ouvert à plus de 90° devient un outil instable et inopérant.
Dans la planche No 27 l'équerre et le compas se chevauchent comme au
compagnonnage, alors que dans la version N° 29 de Rosenthalle compas
recouvre l'équerre comme au grade de Maître.
5• La hache
C'est une sorte de cognée à manche court, au fer large et aigu, qui sert
au charpentier à tailler le bois; depuis l'époque néolithique, la hache est
l' un des outils que l'homme utilise le plus au combat comme au travail.
C'est sous ce double aspect qu'elle semble intervenir dans ce tableau. Il
existe différentes sortes de haches. Le Temple n'est pas seulement fait de
pierre mais aussi de bois, ainsi dans l'instruction du premier grade du Rite
Anglais de Style Émulation, il est rappelé que les pierres étaient taillées dans
la carrière, équarries, sculptées, marquées et numérotées sur place et que, de
même le bois de construction était abattu et préparé dans les forêts du
Liban, sculpté, marqué et numéroté, d'où l'importance de la hache, outil
spécifique du travail du bois.
La hache symbolise la force en mouvement, car elle fend, brise, ayant la
puissance de la foudre. Elle enseigne au maçon à façonner peu à peu sa
trajectoire d'initié, en devenant maître de la matière, sur un plan spirituel,
mais la hache a aussi une fonction de destruction des tendances néfastes et
là, la hache prend son aspect très marqué d'instrument du châtiment quand
on se réfère au signe d'ordre de la Marque qui se termine par le rappel de
la pénalité. La maçonnerie enseigne que les armes sont aussi des outils, mais
que les outils peuvent être utilisés également comme armes, montrant clai-
rement leur caractère ambivalent.
508 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
6• La louve
Le dessin représente davantage un croc de levage qui s'apparente au
fonctionnement de la louve.
C'est un outil en fer qui permet de soulever et positionner jusqu'au
sommet de l'édifice une pierre de taille à sa place définitive. Les encoches
dans la pierre sont faites en forme de queue d'aronde permettant aux deux
pièces latérales de la louve, appelées louvetons, de s'y imbriquer exacte-
ment. La louve a une fonction de levier et ses trous prennent appui dans
des excavations spécialement aménagées dans la pierre.
On retrouve dans l'utilisation de la louve la loi «cause/effet». En effet
la louve met en mouvement un principe actif, la force qu'elle déplace, mais
initialement, c'est un outil passif, car elle a besoin d'une volonté supérieure
pour l'animer.
La phase de la taille de la pierre étant achevée, le croc de levage ou la
louve peut alors permettre de hisser les pierres les unes après les autres. Cet
outil fait passer à un stade supérieur qui permet au maçon un travail d'in-
tégration dans la collectivité, d'assemblage des pierres qui les unes après les
autres construisent les murs du Temple. C'est l'outil indispensable au
levage et à l'intégration de la clé d'arc dans l'édifice.
La louve donne le moyen de surmonter l'obstacle, la résistance maté-
rielle, physique ou morale, mais cela n'est possible que si l'on sait utiliser
un point d'appui et si l'on a la volonté de surmonter ce qui paraît au-dessus
de ses forces. La bonne utilisation de la louve repose sur la connaissance et
la maîtrise de la force mise en mouvement. Elle correspond à de la ténacité,
à une volonté affirmée de tenir son engagement et de poursuivre la voie
choisie jusqu'à son terme.
7• L'ancre marine
Du latin « ancora >>, c'est un gros crochet double envoyé au fond de la
mer pour fixer un navire au moyen d'une chaîne. Bien évidemment elle se
rapporte au symbolisme de la navigation. Dans sa forme la plus ancienne
elle est simplement formée d'une tige entre deux bras sous forme de trident,
mais elle est aussi munie de boucles et d'anses, où se lient les cordes qui s'y
attachent. Elle est composée d'une lourde masse de métal qui permet aux
bateaux de rester à quai même lorsque la mer est déchaînée. Elle est définie
comme un symbole de stabilité et de solidarité, car elle évite que le bateau
ne parte à la dérive vers des récifs, au même titre que l'âme vers les écueils
qui la guettent.
Symbole voilé de la croix elle est aussi souvent accompagnée de l'image
du poisson représentant Jésus, par rapport à la mouvance de cette image,
elle est un symbole d'ancrage, de stabilité et de sécurité qui permet de s'éta-
blir, de se fixer à terre. On la découvre dès le premier degré dans le tableau
d'apprenti.
APPENDICE 509
Enfin l'ancre est symbole d 'Espérance. Elle invite à trouver son point
d'ancrage dans la recherche de la vertu. L'ancre rappelle qu'aucun chemi-
nement ne peut s'effectuer sans être soutenu par la flamme de l'espérance,
ainsi que le disait l'apôtre Paul« cette espérance, nous la garderons comme
une ancre solide et ferme de notre âme» (Hebreux 6, 19).
8• Le sablier
Ce symbole ramène à la réalité essentielle: la gestion permanente du
relatif, du temps de vie de chacun qui se déroule l'espace d'un instant, du
berceau à la tombe, sans que personne connaisse la durée de vie qui lui est
accordée pour accomplir une œuvre. À cet égard, les soufis se considèrent
comme fils de l'instant, le moment présent étant la seule réalité sur laquelle
on peut agir, car on ne peut rien changer au passé et le futur demeure hypo-
thétique.
On observe que le mouvement d'écoulement du sable d' un comparti-
ment à l'autre est imperceptible au début de sa descente et qu'il s'accélère
au fur et à mesure, tout comme la chute d' une pierre lancée d' un point
élevé, cette chute s'accélérant de plus en plus à cause de l'attraction.
La totalité des grains de sable qui s'écoule du compartiment du hau t vers le
bas est comparable au déroulement de toutes les possibilités de développe-
ment incluses dans une vie. Une fois que toutes ces possibilités sont épui-
sées, c'est le terme d 'un cycle de vie, l'arrêt de l'écoulement du sable, une
mort suivie d 'une nouvelle naissance; lorsque l'on retourne le sablier, il
repart une fois encore pour u ne nouvelle course limitée dans le temps, mais
à caractère irréversible.
Le caractère stérile du sable nous rappelle la vanité des choses en tant
que simples accidents terrestres. Le sablier qui a deux compartiments nous
met en garde contre le danger de l'attraction vers le bas. Un mouvement
vers le haut demande à l'être de se détourner volontairement d'un monde
qui à la fois l'emprisonne et le disperse. Tendre vers le haut, c'est aller à
contre-courant du mouvement naturel de la manifestation et demande à
l'initié de résister contre la facilité, de lutter.
Le franchissement de la porte étroite demande de mourir au monde, de
sacrifier son ego. Comme l'enseigne le goulot du sablier, il existe une
contraction apparente dans l'espace et le temps, qui donne l'impression de
pouvoir anéantir chacun, mais qui débouche en fait sur « un nouvel
espace». Il est à la fois inversion et analogie, contraste d'obscurité et de
lumière, de mort et de naissance.
Lorsqu'un compartiment du sablier se vide, l'autre se remplit, c'est
l'image même du choix spirituel.
Le sablier représenté sur le tableau de la Marque rappelle le caractère
éphémère de toute vie, la nécessité d'accomplir une œuvre qui dépasse l'in-
dividualité ordinaire, dont la quintessence sera la réalisation de la clé d'arc
du Temple.
510 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGE.SSE
9• L'échelle
L'échelle est le symbole de ce qui relie par paliers successifs la terre au
ciel, pont graduel du bas vers le haut, moyen de communication entre l'être
et l'Eternel, d 'ascension en partant d'une base pour atteindre un sommet,
moyen d'échange et de mouvements de bas en haut et de haut en bas,
moyen de communication entre l' ici-bas et l'au-delà.
Le symbole de l'échelle rappelle le parcours ardu de l'aspirant à la
Connaissance, sa montée du bas vers le haut ne se fait pas d'un mouvement
continu, mais par degrés ou paliers successifs, séparés par des temps d 'arrêt.
Ce symbole d'ascension par paliers représente le passage d'un plan à un
autre, un itinéraire spirituel comportant divers états de conscience figurés
par des degrés ou échelons. L'ascension graduelle d'une échelle marque les
étapes successives gravies par l'être en quête de connaissance dans son
chemin ascensionnel.
Arrivé au sommet de l'échelle, on a un regard inversé sur un horizon
nouveau, qui est aussi la voie opposée qui vient d'être parcourue, ce qui
donne la faculté de tout voir et par l'analogie des contraires, de tout
comprendre.
Jean Climaque qui tire son nom du mot grec« climax » échelle, présente
l'ascension de la vie spirituelle en trente degrés, dont les sept premiers se
réfèrent aux vertus, correspondant aux vertus théologales: la Charité, la
Foi, l'Espérance auxquelles s'ajoutent les vertus cardinales: la Force, la
Tempérance, la P rudence et la J ustice.
Les sept échelons peuvent aussi rappeler les 7 jours de la création, ou
encore l'acquisition de la Connaissance par l'approfondissement des Arts
libéraux composés du trivium des arts de la parole, comprenant logique,
grammaire et rhétorique et du quadrivium de la science des nombres
comprenant arithmétique, géométrie, musique et astronomie.
Saint Benoît invite chacun à « dresser avec les degrés ascendants de nos
œuvres», cette échelle qui ap parut à Jacob en songe, sur laquelle étaient
montés des anges qui la descendaient et la remontaient, semblable à celle
représentée sur certaines versions du tableau de loge au 1•' grade du Rite
Anglais de Style Émulation, notamment dans la version de Harris.
10• Le maillet
Le maillet est généralement en bois, spécialement en buis. Ce bois est
choisi à cause de sa dureté, le buis symbolisant la fermeté et la persévérance.
Ce marteau de bois est symbole de la puissance directrice du travail et de la
volonté agissante.
Cependant le maillet a un pouvoir ambivalent bien marqué, car il peut
être outil de création pour celui qui dégrossit sa pierre et de destruction
pour le mauvais compagnon qui l'utilise pour éliminer le Maître.
Le tailleur de pierre ne frappe du maillet que sur la tête d'un ciseau bien
dirigé, afin que rien ne se perde de l'énergie réservée au travail. Le maillet
APPENDICE 511
11• La truelle
Du latin « truella », cet outil en métal a ordin airement la forme d'un
triangle ou d'un trapèze, ce qui est le cas sur le tableau représenté (planche
n° 27), alors qu'elle a une forme triangulaire sur les autres. Son manche est
recourbé et sa poignée sert au maçon opératif pour la saisir et porter sur son
ouvrage le mortier ou le ciment. La truelle permet d'appliquer le ciment qui
« lie » les différentes parties d'un édifice, elle sert à gâcher le mortier destiné,
en cimentant les pièces de l'édifice, à en réaliser l'unité. Elle permet de scel-
ler, fusionner les pierres entre elles, de les réunir, c'est pourquoi elle est un
symbole d'unité et d'union, outil par lequel l'œuvre du constructeur
s'achève et devient parfaite, et c'est probablement ce qui a fait dire à Ligou
qu'elle est symbole de l'amour fraternel qui unit tous les maçons, ciment essen-
tiel, utilisé pour l'édification duTemple idéal. Emblème des qualités essen-
tielles du véritable Maçon, que sont la tolérance, la solidarité, la
bienveillance, animé par un sentiment éclairé de conscience de la fraternité
universelle entre tous les êtres humains. Elle symbolise également le travail
bien fait par excellence et la solidarité entre tous. Elle est symbole de la
puissance créatrice.
6. Roman Denys, Réflexiom d'un Chrétien sur la franc-l'lUlçonnerie, chap. Il, «Remarques
sur quelques symboles maçonniques", Éditions Traditionnelles, 1995, pp. 53-66.
512 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Tout est dans l'an de manier la truelle pour concilier les oppositions
nécessaires et fécondes. Elle est l'outil de travail à la recherche du Beau, du
Bien et du V rai dans la construction de toute œuvre de vie en recherche
d'Éternité.
12• Le ciseau
Le maillet et le ciseau sont en fait indissociables l'un de l'autre dans le
premier travail de d égrossissement de la pierre brute.
On peu t noter qu'en symbolique maçonnique, bien que le maillet et le
ciseau soient deux outils distincts, ils sont pratiquement inséparables, ou
plus exactement ils ne d onnent toute leur richesse spirituelle qu'étant asso-
ciés, excepté quand on envisage le m aillet sous l'aspect de « l'autorité », il se
suffit alors à lui-même.
Le ciseau est formé d'une lame dure en acier, coupante, taillée en
biseau, l'autre extrémité est en pointe. Le vrai ciseau n'est pas emmanché.
Une règle opérative impérative du métier veut qu'on doit frapper toujours
bois sur métal ou métal sur bois, mais jamais le contraire.
On peut remarquer que la taille offre un aspect négatif par la chute du
superflu, mais aussi un aspect positif par l'action qui, par soustraction,
cherche à créer une forme, qu'eUe soit oblongue ou cubique.
Tailler, c'est ôter, «détacher». Toute parcelle arrachée par le ciseau au
bloc originel quitte définitivement ce dernier, sans retour possible.
Denys Roman observe que: par rapport à la pie"e le ciseau est actif, puis-
qu'il joue un rôle de pénétration. C'est dcnc l'équivalent de l'épée, du poignard
des «grades de vengeance», voire du «glaive" de la «Loge de table>>. Et il
symbolise l'éclair comme le maillet le tonne"e. A son sens, le ciseau est même
plus actifque le maillet, comme l'éclair est plus rapide que le tonne"e 7 •
Par ailleurs sur le plateau du Vénérable au grade de la Marque on ne
voit plus l'équerre et le compas sur le Volume de la loi sacrée, mais le
maillet à l'horizontale, recouvert du ciseau à la verticale, traçant le 4 de
chiffre qui marque ce degré. Le Maître Maçon de la Marque a en perma-
nence ces deux outils de référence qui caractérisent son avancement . Ceux-
ci correspondent à un discernement sous-tendu par la détermination de
bien marquer toutes ses entreprises pour aboutir à une œ uvre achevée et
parfaite.
La C lé d 'Arc
La C lé d'Arc est le dernier élémen t posé d'une construction d'un dôme
ou d 'un arc. C'est de sa stabilité et de son équilibre que va dépendre la soli-
dité de l'œuvre réalisée.
Guénon observe à ce sujet l'identité entre « la clé d'arc » et la « pierre
angulaire», appelée égalemen t« Pierre de sommet» qui achève ou couronne
un édifice.
APPENDICE 515
Il remarque que: c'est parce que cette pierre a une forme spéciale et unique,
qui la différencie de toutes les autres, que non seulement elle ne peut trouver sa
place au cours de la construction, mais que même les constructeurs ne peuvent
pas comprendre quelle est sa destination; s'ils le comprenaient, il est évident
qu'ils ne la rejetteraient pas, et qu'ils se contenteraient de la réserver jusqu â la
fin; mais ils se demandent «ce qu'ils feront de la pierre», et, ne pouvant trou-
ver une réponse satisfaisante à cette question, ils décident, la croyant inutili-
sable, de «la rejeter parmi les décombres» (to heave it over among the
rubbish). La destination de cette pierre ne peut être comprise que par une autre
catégorie de constructeurs, qui à ce stade n'interviennent pas encore: ce sont
ceux qui sont passés «de lëquerre au compas>>, et, par cette distinction, il fout
naturellement entendre celle des formes géométriques que ces deux instruments
servent respectivement à tracer, c'est-à-dire la forme carrée et la forme circu-
laire, qui symbolisent d'une façon générale, comme on le sait, la terre et le ciel;
ici la forme carrée correspond à la partie inférieure de l'édifice, et la forme circu-
laire à sa partie supérieure, qui, dans ce cas, doit donc être constituée par un
dême. >> (keystone) 8 •
8. Guénon René, Les Symboles fondamentaux rk la Science sacrée, chap. XLIII, Éditions
Gallimard, 1970, pp. 278-291.
516 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION E.T DES ORDRES DE SAGESSE
Les pierres que les intendants admettent sans difficulté sont toutes
conformes aux deux mêmes modèles. Ces pierres sont de taille carrée ou
oblongue et nombreuses doivent être celles-ci pour que les murs puissent
être dressés. Ces pierres sont bien évidemment interchangeables dans leur
multiplicité. Afin que l'ouvrage atteigne la perfection et qu'il soit achevé il
faut pouvoir le terminer par une pierre unique et différente des autres, et
précisons non conforme ou non conformiste qui est la clé d'arc. C'est la
forme unique et bien spécifique de cette clé d'arc qui la différencie de toutes
les autres pierres qui amène cette incompréhension des intendants du chan-
tier, qui vont la rejeter, faute de savoir l'utiliser. Elle allie la ligne droite à la
ligne courbe, ce qui demande au Maître de la Marque d'être effectivement
passé de l'équerre au compas. En raison de sa forme spécifique, elle repré-
sente le point oméga de la construction sans laquelle l'œuvre ne peut être
achevée. Cette vision prévisionnelle de l'ensemble de l'édifice demande au
Maître Maçon de la Marque d'avoir une vision globale de la construction,
une véritable vision de concepteur.
.;
0
0 0
BIBLIOGRAPHIE
0
0 0
INDEX DES AUTEURS CITÉS
ET DE LEURS OUVRAGES
Avant-propos
Chapitre 1
1. Guérillot Claude, Les roses épanouies, t. 1, Éditions T rédan iel, 1995, pp.
247-258.
2. BN FM 4 768, 4• grade, Maître Secret.
3. Le Manuscrit Saint-Domingue 1764, à 14 source du manuscrit Francken:
le grade de Maître Secret, transcrit par Jacques Léchelle et Pierre Mollier
dans Renaissance Traditionnelle, n° 113, janvier 1998, pp. 3 1 à 44.
4. Guérillot Claude, Le Rite de perfection, restitutions des rituels traduits en
ang/4is et copiés en 1783 par Henry Andrew Francken, Éditions
Trédaniel, 1993, pp. 35 à 46.
5. Guénon René, Les Aperçus sur /1nitiation, chap. Xlii, "du secret initia-
tique", Éditions Traditionnelles, 1973.
6. Le Livre des mort des anciens .l!gyptiens traduit par Grégoire Kolpaktchy,
Éditions Dervy, 2002.
7. Maître Secret, 4• degré, rituel transcrits en 1805 par le F :.Abraham,
membre du Grand Consistoire de France, Bibliothèque André Doré,
G rand Collège des Rites.
8. Maître Secret, op. cit., p. 14-15.
9. Paris, Bibliothèque Roëttiers de Montaleau, MS 20 FM et BN, FM4 367.
10. Al-Qachani Abdu-el-Razzaq, Le commentaire ésotérique de 14 sourate de
14 lumière, traduit de l'arabe et annoté par Michel Valsan dans i!tudes
Traditionnelles, nos 437-438, mai à août 1973, p. 104.
11. Lallemant Louis, Dante Maître spirituel, Initiation au sens symbolique
de la Divine Comédie II Purgatoire, Chant XXX, Éditions T rédaniel,
1988, pp. 15 1-157.
12. Benoist Luc, Signes, symboles et mythes, coll. "Que sais-je?", n° 1605,
PUF, p. 35.
13. Jones B.E., Freemason's Guide et Compendium, p. 270.
14. Prichard Samuel, La Maçonnerie disséquée, traduit et annotée par Jean-
Pierre Berger dam Le symbolisme, n° 382, octobre-décembre 1967, pp.
3-31.
15. L'examen d'un maçon, dans cahier de l'Herne, la F ranc-Maçonnerie,
documents fondateurs, 1992.
16. Prichard Samuel, op. cit.
17. Bibliothèque Roëttiers de Montalleau, MS 20 FM, op. cit.
INDEX DES AUTEURS CIT(S 525
18. Casaril Guy, Rabbi Siméon Bar Yochaï et la Cabbale, coll. "Maîtres
Spirituels", Le Seuil, 1961, pp. 84-85.
19. Vassal Pierre-Gérard, Cours complet de maçonnerie ou Histoire générale
de l'initiation depuis son origine jusqu â son institution en France, Genève-
Paris, Éditions Slatkine reprints 1980 de l'édition de 1852, p. 257.
20. Daniel: 12,9.
21. Pseudo Denys l'Aréopagite, Œuvres complètes, chap. 1, traduction,
notes et commentaires de Maurice de Gandillac, Éditions Aubier
Montaigne, 1943, p. 177.
22. Mainguy Irène, La symbolique maçonnique du troisième millénaire,
Éditions Dervy, 2001, pp. 283-285.
23. Bermann Roland, Voie des lettres, voie de sagesse les lettres ont leurs mots
à dire, Éditions Dervy, 2002, pp. 129-141.
24. Vuillaud Paul, La kabbale juive, histoire et doctrine, tome 1, Éditions
d'Aujourd'hui, 1976, pp. 215-216.
25. Paris, BN, FM 4 768, 4<grade Maître Secret.
26. Segal! Michaël, Mots sacrés et mots de passe, dans Ordo ab Chao, n°37,
Supplément 14<.
27. Knorr de Rosenroth, Le symbolisme des lettres hébraïques d'après les lieux
communs kabbalistiques, extraits de la Kabbala Denudata, traduit du
latin et annotés par Yves Millet et ses collaborateurs, Paris, Éditions
traditionnelles, 1958, p. 36.
28. Bermann Roland, op. cit.
29. Postel Guillaume, Des admirables secrets des nombres platoniciens,
Édition, traduction, introduction et notes par Jean-Pierre Brach.
Librairie philosophique, Éditions V rin, 2001, pp. 111-113.
30. Abbé Henri Stéphane, Introduction à lësotérisme chrétien, Traité XI.2,
De la Vérité, Éditions Oervy, 1979, pp. 322-323.
31. Parménide, De la Nature, trad. du grec par Jean Beaufret, PUF, 1955.
32. Flubacher Narcisse, Loge de perfection, dans les "Cahiers du Pélican",
n° 27, pp. 17-20.
33. Flubacher Narcisse, op. cit.
34. L'Examen d'un maçon, dans "Cahier de l'Herne", op. cit.
35. Furetière, Dictionnaire universel 1690, Éditions SNL-Le Robert
Reprint, Paris, 1978, t I, A-0.
36. Quillet, Dictionnaire usuel, Éditions Flammarion, 1970, p. 156.
37. Naudon Paul, Histoire, Rituels et Tuileurs des Hauts grades maçonniques,
Éditions Dervy, 1978, p. 279.
38. Segall Michaël, op. cit.
39. Erman Sabir, Commentaires des hauts grades du R.E.A.A, Istambul, 1994,
pp. 13-21.
40. Guérillot, La Rose maçonnique, op. cit., pp. 252-253.
41. Guérillot Claude, Le Rite de perfection, op. cit., p. 35.
42. Maître Secret, MS. 4• degré, 1805, Bibliothèque André Doré du Grand
526 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre !V
Chapitre V
Chapitre Vl
1. Voir Ordo ab Chao, n° 44, deuxième semestre 2001, supplément 12•, l'ex-
cellente étude sur le sujet de Jean- Paul Muisier et Daniel Bacry.
2. Cette version très complète de la légende est extraite du manuscrit de Wien
(Autriche) MS 76135 folios 954-961, intitulé Architecture des Maîtres
Élus, 2d grade. On peut s'étonner que la tête d'Abirarn soit donnée dans
cette version comme étant exposée à la porte septentrionale, alors qu'il n'y
avait pas de porte au nord, mais à l'Orient. Dans d'autres manuscrits il est
bien mentionné la porte orientale à la place de septentrionale.
3. Bibliothèque Municipale de Bordeaux, Cinquième grade de l'art Royal du
premier Temple, Élu symbolique ou petit Élu, MS 2098, circa 1780.
4. Bérage, Catéchisme du Parfait Maître Élu, extrait des Plus secrets Mystères des
hauts grades de la maçonnerie dévoilée, 1778.
5. Archives de la Franc-Maçonnerie ou les Secrets et travaux de tous les grades,
jusqu â celui de Rose-croix, y compris les grades écossais par un chevalier de tous
les ordres maçonniques, Paris, Éditions Demu, 1821, p. 160.
6. Paris, Bibliothèque Roëttiers de Montaleau, MS 21 FM, Maître Élu des
Neuf
7. Guénon René: Le Roi du monde, Éditions Gallimard, 1973, pp. 59-65.
8. B.M. Bordeaux, MS op. cit.
9. Vincent Albert, Lexique biblique, Casterman, Éditions de Maredsous, 1964, pp.
157-158.
INDEX DES AUTEURS CITÉS 533
Chapitre VII
Chapitre VIII
1. Recueil des actes du Suprême Conseil de France ou Collection des décrets, arrê-
tés et décisions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Imprimerie de Sérier,
1832.
2. Emerek est le terme donné par le Tuileur de Lausanne ainsi que celui en
usage dans la plupart des rituels.
Chapitre IX
Chapitre X
1. Scottisch Rite Masonry Illustrated the complete rituel of the Ancient and
Accepted Scottisch Rite, vol.l, Chicago, 1987, pp. 268-284.
8. C hoptel Jean et Gobry Christiane, Les Rois Mages, Histoire, Légende et
enseignements, Éditions le Mercure Dauphinois, 2002.
9. Eisenberg Josy et Abécassis Armand, jacob, Rachel Léa et les autres. À
Bible ouverte IV, présences du Judaïsme, Éditions Albin M ichel,
1981, p. 28.
10. Umar, Réflexions sur le Tétragramme, dans Vers La Tradition, n° 68,
juin à août 1997, pp. 38-45.
11. Allendy, Le symbolisme des nombres, Éditions Les Études
Traditionnelles, 1948, pp. 370-372.
12. Silesius Angelus, Le pèlerin chérubinique, Éditions Aubier Montaigne,
1946.
13. Paris, Bibliothèque Roëttiers de Montaleau, MS 21 FM, Le Chevalier
de La Royale Arche, pp. 193-224.
14. Bordeaux BM, MS 2098, Maçon du Secret.
15. Toulouse B.U., Ecossais ou Elu Parfait de La Loge, Bordeaux, vers
1750, pp. 50-51.
16. Guénon René, La Grande Triade, Éditions Gallimard, 1957, p. 81.
17. Guénon René, Symboles fondamentaux de La science sacrée, Éditions
Gallimard, 1970, p. 31 1.
18. Alençon BM, Legs Liesville, MS.373 à 407, pp. 233-242, Roya/Arche,
13' degré, n° 10.
19. Guénon René, Le Règne de La Quantité et les signse des Temps, N RF,
1945, p. 137.
20. Doré André, Un grade méconnu, op. cit.
21. Naulin Paul, L'itinéraire de La conscience, étude de La philosophie,
Éditions Aubier, s.d.
22. Guénon René, Le symbolisme de La croix, cha p. XVII, l' ontologie du
buisson ardent, Éditions Véga, 1957.
23. Mouret Claude, Le Tétragramme, dans Renaissance Traditionnelle,
n° 50, avril 1982.
24 Silesius Angelus, op. cit, p. 62.
25. Vassal Pierre-Gérard, Cours complet de maçonnerie ou Histoire générale
de L'initiation depuis jusqu'à son institution en France, Paris-Genève,
Slatkine Reprints 1980 de l'édition de 1852.
26.President J. Blanchard of Weaton College, Scottisch Rite Masonry
Illustrated the complete ritual of the Ancient and Accepted Scottisch
Rite, profusely Illustrated, vol.l, pp. 268-284, Charles T. Powner Co,
Chicago, 1987.
27. Bayreuth MS 7760-], p. 21.
28. Guénon René, Symboles fondamentaux de La Science sacrée, ch .
XLVIII, Gallimard, 1970.
29. Guénon René, Le Roi du Monde, chap. VI, Éditions Gallimard, 1973.
INDEX DES AUTEURS CITÉS 537
Chapitre XI
18. Zohar, 1-1, Sepher ha-Zohar traduit par Jean de Pauly, Éditions
Maisonneuve, 1975.
19. Toulouse B. U, Écossais ou Élu Parfait de la Loge, Bordeaux, vers 1750.
20. Paris, Bibliothèque Roëttiers de Montaleau, MS 22 FM, op. cit.
2 1. Zohar, 1.- 45, op. cit.
22. Le Sceau rompu ou la la Loge ouverte aux profanes par un franc-maçon,
Éditions Rouyat 1974, reprint de l'Édition d e 1745.
23. Bonnet Jacques, les symboles traditionnels de la Sagesse, Éditions Horvath,
1979, pp. 63-64.
24. BN MS. FM4 15.
25. Bayreuth MS 7760-5.
26. Mouret Claude, Aperçu sur les Séphiroth, dans Renaissance Traditionnelle,
n° 60, octobre 1984.
27. Guénon René, le Symbolisme de la Croix, chap. IX, Éditions Vèga, 1957.
28. Mainguy Irène, les Initiations et l'initiation maçonnique, Édimaf, 2000.
29. Guénon René, les Aperçus sur l'initiation, Éditions T raditionnelle, 1973.
30. Recueil des actes du Suprême Conseil de France ou Collection des décrets,
arrêtés et décisions de cet illustre corps, de 1806 à 1830, Imprimerie de
Sétier, 1832.
3 1. Quatorzième grade, op. cit.
32. Bayreuth MS 7760-32.
33. Il est bien évident que deux des trois mots hébreux cités sont mal trans-
crits, il s'agit de Neder à la place de Nedos et de Schelemoth à la place de
Schmouth.
34. Le Parfait Maitre Anglais surnommé l'Anneau d'or, MS Bayreuth 7760-
5, p. 3.
Chapitre XII
1. Rituels du Rite Français Moderne 1786, les Quatre « Ordres>> Supérieurs Élu
- Écossais - Chevalier d'Orient - Rose-croix. Préface de Daniel Ligou,
postface de Guy Verval, Éditions Champion - Slatkine, 1992, pp. 1 à
XIV.
2. Rituels du Rite Français Moderne, 1786, op. cit. Élu, Slatkine 1991, pp. 62-
64.
3. M eyer Sal, Les tables de la loi, principes et rits du judaïsme origine4 la
Colombe, 1962, pp. 56-94.
4. Le Régulateur des Chevaliers maçons ou les quatre Ordres Supérieurs, suivant
le Régime du Grand Orient, Librairie Caillot, s.d.
5. Le Régulateur, op. cit.
6. Franklin Alfred, Dictionnaire historique des arts, métiers et professions, exer-
cés dans Paris depuis le XII' siècle, Paris, 1906.
7. Voragine Jacques, La légende dorée, vol. 2, Éditions Garnier Flammarion,
INDEX DES AUTEURS CITÉS 539
1976, p. 46.
8. Plutarque, Questions romaines, 72.
9. Le Régulateur, op. cit.
10. Davy Marie-Madeleine, Abécassis Armand, Mokri Mohammad, Le thème
de la Lumière dans le judaïsme, le christianisme et l'islam, Berg International,
1976, pp. 42 et 381-388.
11. Le Régulateur, op. cit.
12. Scholem Gaston, Les origines de la kabbale, Éditions Aubier Montaigne,
1966, p. 321.
13. Le Régulateur, op. cit.
14. Le Régulateur, op. cit.
15. Le Régulateur, op. cit.
16. Bonnet Jacques, Les symboles traditionnels de la sagesse, Éditions Horvath,
1976, pp. 59-64.
17. Choptel Jean et Gobry Christine, Les rois mages, histoire, légende et ensei-
gnements, Éditions Le Mercure D auphinois, 2002, pp. 105-1 14.
Chapitre XIII
os iliaque (qui n'a pas reçu de nom). En fait innomé ou innominé signi-
fie qui n'a pas reçu de dénomination. Le principe Absolu synthétise tous
les noms en étant au-delà du nom. Ce qualificatif d' innominable est donc
synonyme d'indicible, d'inexprimable. l nnominabilis signifie "qui ne
" .., . . . (( ,
peut etre nomme et mnomm1s sans nom .
15. Les Sept grades de la Mère Loge Écossaise de Marseille 1151, manuscrit et
translation typographique 1812, Éditions les Rouyat, 1981, p. 103.
16. Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers,
t. XXI, Genève 1777, p. 699.
17. Le Régulateur des Chevaliers maçons, op. cit.
18. BN, Manuscrit FM4 242, Grand Écossais Parfait Maître Anglois.
19. Rituel du Rite Français moderne 1786, op. cit.
20. Maçonnerie adonhiramite, Deuxième partie, perfection, 1787, Les
Rouyat, 1975, p. 59.
21 . Ibn Arabî M uhyi-d-Dîn, La Sagesse des Prophètes, traduction et notes par
Titus Burckardt, Éditions Albin Michel, 1955, P.P· 147-148.
22. Pseudo Deny l'Aéropagite, Œuvres complètes, Editions Aubier, 1943,
p. 357.
23. Abbé Henri Stéphane, Introduction à l'Ésotérisme Chrétien, t. II, op. cit.,
p. 266.
24. Ms. Bayreuth 7760-10, op. cit.
25. Ms Bayreuth 7760-5, le Parfait Maître Anglais surnommé L'anneau d'or.
26. BN FM 4 242, op. cit.
27. Bayreuth 7760-10, op. cit.
28. Bayreuth, MS 7760-j, p. 17.
29. Ragon, Tuileur Général de la franc-maçonnerie, Éditions Télètes, Paris,
2000.
30. Bayreuth 7760-10, op. cit.
31. B. N. FM4 242, op. cit.
32. Bayreuth, MS 7760 - ], p. 19.
33. Bayreuth, MS 7760- 12, p. 26
34. Soued Albert, op. cit., p. 31.
35. B M. d'Avignon MS 3081, op. cit.
36. Bayreuth 7760-5, op. cit.
37. La théologie apophatique dit de Dieu ce qu'il n'est pas plutôt que ce
qu'il est, c'est ce que l'on retrouve dans la shahada ou profession de foi
en Islam.
38. Abbé Henri Stéphane, op. cit., t. I, p. 232.
39. L'Écossais Parfait Maître Anglais, préliminaire, Bayreuth 7760.
40. Grade de Maître Parfait, Écossais d'Angleterre, la Haye 240 E 67.
41 .Rituel du Rite Français moderne 1786, op. cit.
42. Guénon René, La Grande Triade, Éditions Gallimard, 1957, pp. 106-
107.
43. Umar, les symboles géométriques de l'initiation de métier, dans Vers la
INDEX DES AUTEURS CITÉS 541
Appendice
0
0 0
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Bijou: 107, 120, 153, 173, 176, 191, Cercle de 22 points : 349.
199, 216, 219-221, 224, 249, 251, Chaînes: 262, 269.
266, 278,281,322,338,344,346- Chaîne à 77 anneaux: 346.
349,375, 384,405, 407-408,412, Chambre de préparation : 426, 432,
447, 456, 492-494. 447, 460, 494.
Bijou d'Hiram : 338, 344, 346, 349, Chambre du conseil: 424, 427, 432,
374, 384-385. 437, 447, 449.
Bijou du Grand Élu: 407. Chambre obscure: 253, 426, 447.
Bijou des trois grades d'Élu : 278. Chandelier à 7 branches: 318, 468,
Binaire : 134, 217, 394. 477.
Boaz: 341-343. Charité: 173, 2 13, 218, 240, 243,
Boulomie: 287, 301-302, 320. 274, 277,282,382,395,415,430,
Buisson: 230, 236, 238, 252, 274, 510.
347,355,364,382,393,406,410, Châtiment: 42, 147, 241, 243, 257,
414, 462, 465. 261,392,421, 431,440,507.
Chemin de Babylone: 368-369.
c Chevalier de Royale Arche : 329, 331,
333, 335, 337, 339,341,343,345,
Capitaine des Gardes: 73, 167, 360. 347,349,351-353,355,357,359,
Canouche (avec cercle, triangle, étoile) : 361,363,365,367,369,371,373-
61-63. 375, 377, 38 1, 395.
Cassette d'ébène: 191, 192. Chien: 210, 229, 253, 422, 426, 433-
Ce temple est le symbole de 435, 449.
l'harmonie que nous devons établir Cinq points de Fidélité: 210-212.
en nous-mêmes : 302. Ciseau: 213, 503, 510, 512, 515.
Caverne: 41, 228-230, 235-238, 240, Clé: 27, 30, 35, 54, 6 1, 63, 72-77,
242,244,251-254,259,261,276, 80, 86, 90, 93, 97, 103, 118, 183-
354,387,391,421-423,427,430, 185, 191, 193, 197, 201-203, 2 11 ,
432-433,436,443,448,449. 227,499, 509, 514-517.
Centre: 19, 39, 62, 69, 75, 82, 85, 91, Clé d'arc: 80, 499, 509, 514-517.
99- 102, 106, 109, 118, 120, 125, Clé d'ivoire: 73-77,97, 191.
130, 132, 134, 137, 142, 144, 152, Clé d'or: 190-191, 193, 197, 20 1.
158, 165, 173- 175, 21 1, 215, 223, Cœur: 7, 52, 54, 57, 62, 64, 69, 72,
236, 238,278,288,302,305,307, 74-76,92, 106, 118, 122-124, 134,
310-3 14, 321,344,347, 350,354, 136-138, 143, 146, 148, 155, 157,
357,366,368,371,374,385, 398, 159, 168, 184, 190-193, 197, 201,
404, 408,466,489, 492,507,513. 21 1, 2 13,217,222,232,235,239,
Centre de l'endroit le plus sacré du 252,254,262,274,276,278-28 1,
monde: 397. 288,295,302,325,327,340,343,
Centre de l'Idée: 350, 354, 357, 404. 351, 368, 370, 383, 389-391, 397,
Centre du cercle : 62, 74, 91, 312, 313. 399,412,415,422,426,432,435-
Cercle: 29, 39, 50, 61-63, 65, 75, 80, 437, 445, 467, 47 1-474, 476, 480,
88, 91, 105, 109, 116-118, 121, 484, 496, 513, 515.
124-132, 136, 141, 144, 150-155, Cœur pur : 238, 495.
158,174,211,222, 288,304,308, Coller les papiers sur la planche à
310-314,319,322,327,344, 349, dessin : 309.
351,354.362,365,407,409,412, Colonne du milieu (Kabbale): 189,
462,482,489,494,507,519. 402, 404.
INDEX 549
K M
Kabbrue: 83, 85, 103, 129,332,334, Mage : 211, 214, 332, 334, 338-347,
340,358,363,371,381,384,398, 340,349,351,354,356-358,368-
400, 437, 477. 373,395,398, 404,444.
Mages: 211, 214, 332, 334, 340-341,
L 349, 351, 354, 356-358, 368-373,
395, 398, 404, 444.
Lampe : 110, 230, 236, 239, 252, Maillet: 33, 41, 66, 98, 103, 213,
383,399,422,427, 435-436,449, 263,269,430,432,437,445,447,
456, 496. 461, 503, 510-511, 515.
La philosophie est la lumière projetée par Main: 22, 33, 42, 50, 52, 69, 73, 79,
l'esprit humain sur les choses : 312. 83, 85, 98, 103, 143, 145, 149,
Larmes d'argent: 95, 150. 155-157, 159, 17 1, 177-179, 189,
Laurier: 50, 63-65, 98, 105, 108, 151. 208,210,2 18,232, 235, 238,241-
Légende du grade: 153, 163, 334, 244,253,260,263,268,278,319,
382,421. 324,336,338,352, 376,381,383,
Le Génie parle: 315-317. 387,393,411,421,429,438,442,
Le Soleil apparaît : 315. 445,447,454, 456,467,469,471,
Le sort en a décidé: 237, 251. 475, 481, 495, 51 1, 519, 520.
Leme G: 61, 109, 398, 461 , 492. Main armée d'un poignard: 241, 242.
Liberté: 59, 66, 165, 243, 262, 301, Main de justice: 50, 78-79, 103.
309,369,390,432, 445,507. Maître Anglais par curiosité : 161.
Lien: 20-22, 32, 52, 66-68, 70, 135, Maître Écossais des trois J : 207.
155, 159, 170, 172, 175,210,236, Maître Élu des Neuf: 25, 227-230,235,
240,263,287,297,306,317,344, 237, 241, 246, 250-252, 395, 417.
346,427,472,475,477,496,505. Maître en Israël: 205, 208, 2 14, 221.
Lieu de lumière et de gloire : 472, 496. Maître Irlandais: 181, 183, 191, 194,
Liturgiste : 291. 197,200,202,204.
Livre de la Sagesse: 427, 445, 447, 461. Maître Parfait: 25, 29, 34, 47, 50, 80,
Loge bleue : 87, 189, 344. 113, 115-125, 129-132, 134-138,
Louve: 508. 140, 145, 149-153, 157, 161, 163,
Lumière: 28, 31, 39, 43, 49, 51, 54- 193,200, 202,204,295,365,381,
56, 58, 61, 63-65, 69, 73, 76-78, 395,417, 480.
81, 89, 92, 95, 98, 101, 104, 107, Maître Secret: 25, 28, 34, 36, 45, 47-
Ill , 120, 125, 133, 137, 141, 144, 50, 52-63, 65-69, 73, 75-81, 83-
155, 172, 178, 180, 191,203,21 1, 95, 97-99, 101, 103-109, 111, 116,
2 14, 217, 221, 224, 228, 235-241, 122, 134, 151, 191, 208,211,236,
245-247,251,253,262,267,276, 248,393,395,407, 417.
279, 282, 299, 302, 307, 312-315, Marches d'exactitude : 212-213.
324,326,331,335,339,34 1,344, Marque: 7, 34, 55, 62-64, 69, 73, 78,
346,348,350,352,354,358,363, 80, 83, 90, 96, 100, 103, 108, 117,
366,369-372,377,385,394,396- 126, 140, 150, 152, 157, 172, 191,
399,402,404, 4 14,427,430,434- 201,203,210,221,250,253,263,
436,438,444,447,449,461,466, 276,320,323,351,354,356,362,
472, 477-479, 489, 494-496, 504, 382,390,394,397,407,411,423,
509, 513. 443,466,474,495, 497-499,504,
Lumière et ombre : 91 , 104. 507, 509-513, 515, 517, 519.
INDEX 553
Mathématique : 305-308. Nombre: 30, 37, 48, 50, 61, 76, 81-
Mauvais compagnons: 55, 228, 234, 83, 85-88, 99, 101, 111, 117, 125,
244,249,263,372,441. 134, 140-142, 164, 172-175, 178,
Maximes: 61, 216, 429-432, 447. 180,184,204,209,212,214,224,
Mer d'airain: 222, 415, 462, 467- 228,233,246,253,261,269,277,
469. 282,288,301,305-307,309,313,
Meurtre: 42, 197, 228, 240, 249, 316,320,323,325,327,338,346-
276,392,431,434,440. 349,352,354,357,362,365,368,
Meurtriers d'Hiram : 230, 257, 261, 370,392,394-397,402,407,414,
263,279,300,422, 425. 423, 439,443, 449,459,461,477,
Mixtion: 454, 471-474, 496. 484,494,496,503,510.
Moïse: 57, 86, 88, 99, 108, 110, 154, Nombre 3: 88, 125, 172, 394.
217,222,224,238,262,274,317, Nombre 4: 140-144.
323,337,347,356,363,366,382, Nombre 5 : 214, 394.
384,393,406,410,412,414,440, Nombre 7: 83, 101, 395.
445,465,471,477,517. Nombre 9: 175, 245, 352, 395, 443.
Mort: 31, 36, 48, 55, 60, 66, 68, 73,
80, 84, 87, 96, 106, 134, 149-151, 0
153, 156, 164, 169, 178, 184, 194,
197,201,204,211, 216,223, 228, Obédience: 26, 36, 287, 310, 338,
233,236,241,246,250-253,257, 372.
264-266, 269, 276-280, 316, 318, Obéissance: 54, 58, 67, 70, 72, 95-
320,337,339,386,395,422,427, 96, 296, 505.
43 1,434,446,458,465,475,480, Obligation: 31, 41 , 49, 56, 59,68-70,
499, 509. 72, 96, 110, 137, 146, 201, 208,
Mots couverts: 392, 409. 210,223,300,390,427,430,437,
Mots de passe : 41, 51, 84-86, 167, 439,445,467,469.
187,209,232,251,259,275,294, Occident: 22, 34, 47, 62, 64, 80, 135,
322,339,391-393,409,425,459. 148,158, 185,194,201,257,263,
Mots de reconnaissance: 423. 267,269,292,303,320,332,372,
Mots sacrés: 41, 51, 85, 107, 167, 433,437, 445,462,467,488.
209,232,251,259,266,275,294, Œil: 55, 57, 79, 105-106, 111, 137,
322,335,339,387,409,425,459. 217,262,362,415,474,503,512,
Mots sacrés au 4e : 84. 513.
Mots substitués: 25. Œil qui voit tout: 512.
Œil sur le tablier: 105, 106.
N Olivier: 50, 63-65, 98, 105, 108,
151, 436.
Nekam: 232, 239, 252, 278, 425, Onzième Porte: 332, 338, 354, 356-
440, 447. 358, 369, 373.
Neuvième voûte: 332, 338, 341, 348, Ordo ab chao: 85, 126, 228, 246-
351) 353-354, 370, 384, 481. 247,261,388,389.
Niveau: 22, 26, 55, 85, 93, 129, 132, Ordre : 3, 5; 20, 22, 26-28, 30, 32-38,
189,193,213,299,304,319,321, 40-43, 48, 50, 52-54, 56, 58-60, 62,
327,341,352,357,362,392,465, 64,66-68,70,72,74,76,78,80,82,
480,483,503, 506,514,515. 84, 86-90, 92, 94-96, 98-100, 102,
Nœuds: 67, 415, 478. 104, 106-110, 116, ll8, 120, 122,
Noirs: 104,107,251,266,28 1. 124, 126, 128, 130, 132, 134, 136,
554 SYMBOLIQUE DES GRADES DE PERFECTION ET DES ORDRES DE SAGESSE
138, 140, 142, 144, 146, 148, 150, 202, 204, 208, 210, 212, 214-216,
152-156, 158, 164, 168, 170, 172- 218-224, 228, 230, 232, 234, 236,
174, 176-178, 180, 184, 186, 188, 238, 240, 242, 244, 246, 248-250,
190, 192, 194, 196, 198-200, 202, 252,254,258,260,262,264,266,
204, 208, 210-212, 214, 216, 218, 268, 270, 274, 276-278, 280, 282,
220, 222-224, 227-230, 232-236, 288, 290, 292, 294, 296-298, 300,
238, 240, 242, 244, 246-254, 258, 302-304, 306, 308, 310, 312, 314,
260-262, 264, 266, 268-270, 274, 316-318, 320, 322, 324, 326, 332,
276, 278-282, 288, 290-292, 294, 334, 336-338, 340, 342, 344, 346-
296, 298, 300-302, 304, 306, 308- 348, 350, 352, 354, 356-358, 360,
310, 312, 314, 316, 318, 320-326, 362, 364-366, 368, 370-372, 374,
332, 334, 336, 338, 340, 342, 344, 376,379,382,384,386,388,390-
346, 348, 350, 352, 354, 356, 358, 396, 398, 400, 402, 404, 406-408,
360, 362, 364-366, 368-377, 382, 410, 412, 414-416, 422, 424, 426,
384, 386, 388-390, 392, 394, 396, 428,430, 432,434,436,438,440,
398, 400, 402, 404, 406, 408-410, 442-446, 448, 454, 456, 458, 460,
412, 414, 417, 419, 422, 424, 426, 462, 464, 466, 468, 470, 472-476,
428, 430, 432, 434, 436, 438 442, 478-482, 484, 486, 488, 490, 492,
444, 446-448, 451, 454, 456, 458, 494,496, 498,500,502, 504,506,
460, 462, 464-468, 470-472, 474, 508, 510, 512, 514, 516-518, 520.
476, 478, 480-482, 484, 486, 488- Perpendiculaire, voir fil à plomb : 505.
490, 492, 494-496, 498, 500, 502- Philosophie : 312.
508, 510, 512, 514, 516, 518, 520. Pierre brute: 123,351, 512,515,519.
Ordre de Sagesse: 42, 140, 174,229, Pierre cachée, voir VITRIOL.
279,358,382,419,421,428,453, Pierre cubique: 82, 118, 123, 126,
456, 464. 130, 132-134, 141, 153, 334, 337,
Ordres d'architecture: 109, 211 ,214, 346, 358,376,453,462,471,481-
223, 321. 487,491,495,497.
Ordres de Sagesse: 5, 26-28, 42-43. Pierre cubique à pointe: 82, 123, 132-
Ornements des portes de bronze : 360. 134,346,358,376,453,461,481-
Outils du meurtre : 141. 489, 490, 491.
Pierre d'agate: 336, 338, 348, 351,
p 354,366,383,392,456,481 .
Pierre oblongue: 497.
Pain : 475-476. Planche à tracer: 124, 204, 288, 304,
Parole perdue: 36, 50, 56, 58, 61, 84, 311, 319.
89, 168, 247, 279, 332, 344, 346, Poignard : 42, 228, 230, 232-235,
350, 453, 465. 237' 241, 249-254, 266, 277-281'
Pénalité, voir serment. 421-423, 426, 432, 434, 437-440,
Perfection: 3, 5, 20, 22, 25-32, 34-40, 442, 445-447, 449, 512.
42, 47-50, 52-54, 56, 58, 60, 62, Poignard d'or à lame d'argent : 447.
64-66,68, 70,72,74,76,78,80-82, Point: 29, 36, 51, 66, 70, 76, 80, 82,
84, 86, 88,90,92,94,96,98, 100, 85, 88, 93, 101, 121-123, 125,
102, 104, 106, 108-1 10, 115-118, 129, 132, 140-142, 146, 155, 157,
122-132, 134, 136-138, 140-144, 167,174,187,193,200,203, 208-
146, 148, 150, 152, 154, 156-158, 211 ,214,220,223,232,237,243,
165, 169-171, 176, 178, 180, 184, 246,249,254, 259,261,263,275,
186, 188-192, 194, 196, 198, 200, 278,281,283,294,297,300,306-
INDEX 555
429,432,434,438,440,445,456, T
458,468,475,499,505,515,519.
Sceau de Salomon: 101-102, 505. Table des pains: 207, 475-476.
Sceau du secret: 52, 72, 78, 211. Tableau de loge: 29, 115, 142, 166,
Sceptre: 50, 78, 98, 103, 230. 186,197, 216,231,463,498, 500-
Secret: 7, 22, 25, 28, 34, 36, 38, 42, 502, 510, 516, 518.
45, 47-50, 52-63, 65-70, 72-95, Tableau de la Marque : 498, 503, 509.
97-99, 101, 103-109, 111, 116, Tableau de Rosenthal: 499, 516.
123, 134, 138, 143, 146, 151, 153- Tableaux récapitulatifs: 107, 153,
155, 159, 169, 172, 192,201,208, 176,199,220,251,266,281,322,
211,221,223,230,233,236,238, 375,409,447,494.
245,248,268,290, 299,300,317, Tableau du duc de Caunnaught: 516.
319,331,336,340,345,351,354, Tablier de Maître Élu des Neuf: 249.
365,368,373,383,393,395,407, Tablier Illustre d'Élu des Quinze :
4 14, 417,419,421-424,427,429, 264.
444,448,456,466,473,479,481, Tablier d'Élu Secret : 446.
495, 513. Tablier d'Intendant des Bâtiments:
Secrétaire Intime: 34, 161, 163-166, 218-219.
168, 172-176,237,246,373,417. Tablier de Chevalier de Royale Arche :
Secret initiatique : 53, 300. 374.
Sel, soufre er mercure : 95, 169, 481. Tablier de Grand Élu de la Voûte
Sentences: 50, 60-61, 66, 68, 405. Sacrée : 406.
Serment du Maître Secret: 68-72. Tablier de Grand Élu Écossais : 492.
Servir du compas: 305, 310, 506. T ablier de Grand Maître Architecte :
Sévère Inspecteur: 424, 432, 437, 321.
447. Tablier de Maître Parfait: 152.
Signe d'extase : 480. Tablier de Maître Secret: 104, 105.
Signe du secret: 53, 68, 83-84. Tablier de Prévôt et juge: 196.
Signes d'ordre : 41 , 396, 442. Tablier de Secrétaire Intime: 174 .
Silence: 52-55, 62, 66, 68, 70, 76, Tablier de Sublime C hevalier Élu :
78, 83, 299, 338, 346, 363, 369, 280.
396, 4 11. Temple : 7, 20, 31, 34, 41 , 47-49, 69,
Sort: 83, 142, 169, 237-238, 252, 73, 76, 82, 96, 98-100, 103, 109,
274,276,316,391,401,422,427, 111, 117, 123, 134, 136, 140, 144,
437, 441, 479. 151, 154, 156, 158, 163, 165, 173,
Soufre: 95, 481. 175, 177-180, 183-185, 188, 190-
Source : 19, 22, 40, 42, 50, 61, 73, 193, 197, 199-204,208,211-213,217,
106,1 16, 135, 149, 164,236,245, 221-223,230,233,243,253,258,260,
248,313,338,344,348,350,397, 263, 276, 278, 280, 282, 288, 295,
404,421,423,426,436-437,449, 299, 302-303,307,309,317-319,321,
455,480,513, 514. 324,326,334,336-338,341,344,347,
Sublime Chevalier Élu: 34, 227, 237, 355,358,366-368,376,382-384,389,
261,271 , 273, 277,280-283,417. 391, 394, 397, 400, 404, 412, 414,
Symboles hermétiques: 101. 427,434,437,454-456,458,460,462,
Symboles temporels : 64. 465, 467-469, 472, 477, 479, 495,
497, 499, 505, 507-509, 511, 513,
519,520.
Temple de Salomon : 76, 100, 103.
INDEX 557
PA~I S
Sym6ofique
des (jrades de Perfection
et des Ordres de Sagesse