Memoire Depression Final

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SUJET DU MÉMOIRE 

Analyser les facteurs de dépression


chez les personnes âgées : Cas des
personnes âgées de la FIDRA

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Introduction

Au cours de ces dernières années, la population de Côte d’ivoire n’a cessé d’accroitre de façon
significative. Alors que la Côte d’ivoire comptait 6.7 millions d’habitants en 1975, le dernier recensement
général de la population et de l’habitat (RGPH) en compte 29.38 millions en 2021 (INS). Les résultats
de ces recensements font apparaître de façon indiscutable une croissance démographique très
accélérée avec un taux d’accroissement annuel moyen de cinq pour cent (5%) selon Institut National de
la Statistique (INS).

Cet accroissement de la population évolue avec son vieillissement. La part des personnes âgées de
plus de 60 ans est passée de 3,48% en 1975 à 2,47% de la population générale en 2014 (RGP 1975, et
RGPH 2014). Le nombre des personnes âgées de plus de 60 ans s’inscrit véritablement dans une
évolution mais comparé à la population globale, l’on constate une baisse du nombre de ces derniers.

Selon Docteur DROH Antoine, L’accroissement de la population a été longtemps un sujet controverse
pour nombre de démographes. Ce n’est qu’à partir de la décennie 80 que « l’on commence à tenir
vraiment compte du vieillissement », surtout à cause des progrès réalisés en matière d’espérance de
vie des personnes âgées, le baby-boom des années 50 et 60 ayant plutôt contribué à en retarder la
prise de conscience en freinant sa progression (Cours de Généralité sur la Gérontologie/Gériatrie,
2020, p.5).

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les effectifs des personnes de plus de 60 ans et plus
atteindront 22% de la population mondiale en 2025. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité,
les personnes âgées seront plus nombreuses que les enfants (0-14 ans). Les pays en développement
dont la Côte d’Ivoire fait partie vieilliront beaucoup plus vite que les pays développés. Et que la
population mondiale des personnes âgées croît au rythme de 2% par an, soit beaucoup plus vite que la
population dans son ensemble. Pendant les 25 ans qui viennent au moins, elle devrait continuer
d’augmenter à un rythme plus rapide que les autres groupes d’âges.

Toujours selon Docteur DROH A, en Afrique, il y avait en 1950, onze millions sept cent trois mille neuf
cent (11 703 900) habitants de soixante (60) ans et plus, soit une proportion d’environ 3%. En 1975,
l’effectif avait presque doublé pour passer à vingt millions cent vingt-cinq mille cinq cents (20 125 500)
soit 4,9%. En 2000, cet effectif est passé à quarante millions quatre-vingt-onze mille cent (40 091 100)
personnes âgées. C’est –à-dire que l’effectif des personnes âgées en Afrique est multiplié par deux,
chaque vingt-cinq (25).

Au regard de ce qui précède, force est de constater que le vieillissement de la population africaine
s’explique par l’amélioration progressive de nos systèmes de santé par la baisse de la mortalité, puis
par l’allongement de la durée de vie et la baisse de la natalité.

Cependant, en termes d’augmentation d’effectifs absolus des personnes âgées, le vieillissement


démographique en Afrique est rapide au regard des statistiques.

Le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie sont sans conséquence pour les
familles avec le développement des maladies chez les personnes âgées et avec tous les défis
médicaux, sociaux et économiques que cela impliquent. Les principaux problèmes de santé chez les
personnes âgées sont d’ordre physique à savoir les affections qui peuvent altérer la capacité du sujet
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âgée (se déplacer seul, faire seul ses soins d’hygiène, assurer son alimentation, communiquer ou
encore gérer seul son budget et ses biens…) mais aussi d’ordre psychique dont la dépression et la
démence qui sont, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), deux problèmes de santé publique
chez les personnes âgées. En effet, environ 15% des adultes de plus de 60 ans dans le monde
souffrent d’un trouble mentale mental. Les troubles mentaux et neurologiques les plus courants dans
cette tranche d’âge sont la démence et la dépression, qui touche une partie importante des personnes
âgées dans le monde.

La dépression est une cause de grande souffrance chez les personnes âgées et entraîne des difficultés
de fonctionnement au quotidien. La dépression est une maladie courante dans le monde, on estime que
3,8% de la population est touchée, dont 5% d’adultes et 5,7%de personnes âgées de plus de 60 ans. A
l’échelle mondiale, environ 280 millions de personnes souffrent de dépression (OMS,2021). En effet en
France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours
de sa vie. En 2010, 7,5% de 15 à 85 ans auraient vécus un épisode dépressif, avec une prévalence
deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes (Institut National de Prévention et
d’éducation pour la Santé, 2015). Le suicide apparaît comme l’un des risques de la dépression chez
ces personnes d’âge avancé. Les états dépressifs du sujet âgé sont fréquents et de diagnostic difficile.
Les dimensions sociales, psychologiques, environnementales et biologiques sont intriquées.

Les personnes âgées sont méconnues, banalisés, souvent considérés comme une conséquence du
vieillissement. De ce fait ils sont insuffisamment traités et ne bénéficient pas d'une prise en charge
globale.
Ce défaut diagnostique est lié à la non-reconnaissance des états dépressifs qui a pour conséquence
l'augmentation du taux de suicide surtout après 80 ans. Le risque de passage à l'acte suicidaire est plus
important que chez l’adulte jeune.
Ces éléments en font un problème de santé publique dans nos sociétés.
Cependant, c’est une question difficilement abordée en Afrique mais qui est bien réel et il est plus que
primordial d’en parler pour avoir une chance d’apporter des aides appropriées.
Au regard de ces symptômes caractérisés par une tristesse, une perte d’intérêt ou de plaisir mêlés
parfois à un sentiment de culpabilité ou de dévalorisation de soi, un manque de sommeil ou un appétit
perturbé, une fatigue et des problèmes de concentration, les personnes âgées présentant ces
symptômes ont plus que besoin d’une assistance spécifique et médicale.
Le vieillissement de la population africaine va ainsi devenir une problématique clé pour nos jeunes
nations dans les prochaines années si l’on n’y accorde pas une attention particulière en se penchant
véritablement sur sa prévention. Au regard des difficultés socio-économiques de nos nations, la
précarité est forte chez la majorité des personnes âgées surtout la précarité financière. Elles sont de
plus en plus nombreuses à vivre seules sans assistance et souvent obligées de s’y rendre pour leurs
besoins financiers dans les structures bancaires pour faire seuls leurs opérations.
En effet, la solidarité africaine reste forte, elle est profondément ancrée dans nos cultures, mais elle
évolue cependant vers la tendance occidentale et les personnes âgées sont moins en moins
nombreuses à cohabité avec un membre de leur famille. Ces personnes âgées vivant seules se
retrouvent plus souvent dans des conditions assez difficiles comme nous pouvons constater avec les
personnes retraitées qui viennent chaque fin de mois pour leurs pensions de retraites dans les
différentes structures bancaires du pays. L’état de santé des personnes âgées sans assistance
appropriée se dégrade plus rapidement. Elles sont exposées plutôt à la dépendance, avec un
pourcentage de mortalité qui augmentent plus rapidement avec l’âge.
Autant de caractéristiques de la population âgées qui laissent penser que de nombreuses
problématiques de santé dont la dépression chez les personnes âgées.

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Au regard de ce qui précède, nous pouvons constater que la population vieillissante est confrontée
à un double problème à savoir la souffrance physique et psychologique déjà présentes chez les
personnes âgées. Nous avons voulu analyser les facteurs de dépression chez les personnes âgées
plus particulière les personnes retraitées percevant leur pension à la FIDRA. Notre recherche aura pour
but de comprendre les indicateurs de problèmes de santé (chutes, stress, troubles cognitifs, perte
d’indépendance fonctionnelle, troubles sensoriels, dénutrition, détérioration de la motricité,
consommation d’alcool ou autres substances nocives), et certaines conditions de vie (précarité
financière, isolement, abandon familial, rejet de la société, regret professionnel, manque d’activités
sociales, insatisfaction du mode de vie ) pouvaient être les éléments qui favorisent la dépression chez
les personnes âgées.
Les résultats de nos analyses pourraient contribuer à ouvrir des pistes de réflexion pour la prévention
de la dépression chez les personnes âgées et aider à apporter une amélioration à la prise en charge de
ce problème de santé publique grandissant.

Ce travail s’articule autour de deux (2) grandes parties. La première partie présente les fondements
théoriques et méthodologiques. Elle comporte respectivement la spécification de la problématique, le
cadre de référence théorique, la revue de littérature et les fondements d’ordre méthodologique. La
deuxième partie sera réservée aux résultats qui comprennent l’analyse et interprétation des résultats et
la discussion des résultats. Suivrons enfin, la conclusion.

Chapitre 1 : Spécification de la problématique


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1.1 Justification du choix du sujet

Une recherche scientifique suppose avant tout l’énonciation des raisons qui ont conduit au
choix du sujet de l’étude. En effet, les motivations qui ont conduit au choix de ce sujet sont
d’ordre pluriels à savoir les motivations personnelles, sociales et scientifiques.

1.1.1 Motivation personnelle

Nous avons porté notre choix sur la question de la dépression des personnes âgées tout
simplement parce que vieillir est un privilège envié de tous et ce n’est pas donné à tout être humain
d’avoir la chance de vieillir. Les personnes âgées doivent être heureux et fières d’avoir vécues assez
longtemps et voir s’accomplir à leurs yeux certains évènements de la vie. Ce qui fera de ces personnes
âgées nos repères, nos conseillers et nos sages. Et le fait de leur donner une certaine notoriété doit
effectivement leur apporter la joie. Elles doivent être à tout moment dans la joie car ce n’est pas donné
à tout être humain de vivre longtemps sur la terre. Mais notre perception de la personne âgée dans
notre société est tout autre. Le vieillissement est vu comme l’origine de tous les malheurs, une menace
de déclin à venir et les personnes âgées sont considérées comme des charges inutiles et sujets à des
pratiques de sorcellerie d’où l’indifférence de la société à leur égard. C’est à l’observation de tous ces
faits et les enseignements pédagogiques reçus de nos différents maîtres à l’Institut National de la
Jeunesse et des Sports sur la gérontologie et la gériatrie que nous avons voulu analyser de façon
exhaustive les facteurs de dépression chez les personnes âgées car les conséquences peuvent
gravement nuire à la consolidation et à l’identité de notre famille africaine.

Au regard de cette situation, ce travail de recherche est donc une contribution à l’établissement d’un
climat de confiance avec la personne âgée et de l’encourager à partager ses émotions en lieu et place
d’une exposition certaine au suicide.

1.1.2 Pertinence sociale du sujet

Le vieillissement est un processus naturel et inéluctable qui conduit les organismes vivants à se
modifier au cours du temps après la phase de maturité, son déroulement est très variable d’une
personne à une autre, si bien que la population âgée est très hétérogène. Cette hétérogénéité serait, en
partie, liée à la très grande fréquence et diversité des maladies chroniques dans cette population.

Parmi la majeure partie des troubles retrouvés chez les personnes âgées, la dépression représente un
problème sérieux de santé publique, de par sa prévalence élevée, ses conséquences délétères en
termes de mortalité, notamment par suicide, et son impact sur la qualité de vie et l’autonomie
fonctionnelle. La dépression des personnes âgées est une pathologie très fréquente, voire même la
pathologie psychiatrique la plus répandue chez les personnes âgées.

Malgré ses graves conséquences et sa fréquence, la dépression de la personne est souvent sous
diagnostiquée et insuffisamment traitée. Les symptômes de la dépression sont parfois difficiles à
identifier et peuvent être négligés voire banalisés par les médecins comme des réactions normales avec

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l’avancée dans l’âge. Nous estimons que l’état dépressifs des personnes âgées sont négligés,
méconnus ou mal traités, en particulier chez les personnes très âgées.

Bien que certains pays d’Afrique soient encore en marge, dans la grande majorité des pays du monde,
la prise en charge médicale des personnes âgées concerne quasiment tous les agents de santé, qu’ils
soient généralistes ou spécialistes, médecins ou chirurgiens ou pharmaciens qu’ils exercent dans le
public ou le privé selon docteur Droh Antoine. De même, la société dans son ensemble prend de plus
en plus conscience de l’enjeu que représente la santé des personnes âgées, non seulement en terme
de coûts financiers mais aussi en termes d’organisation du système sanitaire et sociale et de
retentissement humain.

La question de la dépression chez les personnes âgées devient de nos jours une situation
insupportable pour les citoyens économiquement faibles au vu de la situation conjoncturelle que vit la
Côte d’Ivoire depuis quelques décennies.

Il est donc nécessaire d’y mener une réflexion scientifique afin d’analyser les facteurs principaux de
dépression chez ces personnes âgées en menant une démarche clinique systématique, étape
indispensable pour traiter ou améliorer les facteurs modifiables.

1.1.3 Pertinence scientifique du sujet

La dépression est une maladie mentale très fréquente dans notre société et qui peut avoir une
conséquence sur toutes les facettes et qui peut toucher toutes personnes quelle que soit son âge , en
effet ce phénomène social tant à être au centre des préoccupations majeures du monde scientifique.

Nous allons mettre en lumière quelques travaux effectués par les chercheurs notamment Les travaux
sur la dépression de Karl Abraham (1911) sont antérieurs à ceux de Freud. Ils stipulent que le moteur
de la dépression viendrait des « des dispositions nerveuse » du sujet. Le dépressif est un individu
incapable d’aimer autrui tout en ressentant une culpabilité certaine à ne pouvoir l’aimer : ses tendances
sadiques sont retournées contre lui-même. Pour Karl Abraham le mélancolique possède « un sadisme
refoulé dans l’inconscient » et se satisfait de sa situation car il « tire son plaisir de ses souffrances ».
Pour aborder la thématique des dépressions en 1916, K. Abraham va s’appuyer sur la compréhension
de patients souffrant de mal être pour étayer ses réflexions.IL y constate des déceptions précoces dans
la relation de l’enfant avec ses parents. Ces événements, liés à l’évolution prégénitale, influencent et
déterminent le dépassée au niveau œdipien, fera revivre et stimulera par renforcement de façon
régressive des conflits prégénitaux non résolus qui enclencheront ainsi une réponse dépressive
répétitive. La dépression prend naissance et se développe autour des problèmes narcissiques d’origine
orale, le dépressif en dépendra par le biais excessif de la gratification orale-narcissique étayée par un
objet extérieur. Les contributions de Karl Abraham à ce propos permettront d’aller plus en avant dans la
compréhension de ces troubles dits de l’humeur grâce aux travaux de Freud qui, dans ce domaine,
restent un référentiel majeur dans la compréhension de la dépression du point de la vue
psychanalytique (ABBASSENE. S (2013), la dépression chez les femmes stériles, Mémoire de master,
Université A. Mira de Bejaia).

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Selon l’OCDE.2012, La prévalence augmente progressivement avec l’âge pour atteindre un pic vers
l’âge de 60-64 ans au moment du passage à la retraite, avant de décroitre légèrement .

Selon P. Vantel (2013) le taux de suicides (notamment chez les hommes) et le ratio suicide abouti ou
tentative de suicide augmentent fortement avec l’âge. La dépression en est la principale cause. Il est
important de la dépister, sachant que les consultations médicales sont fréquentes avant le geste (75%
des suicides de 65 ans et plus consultent dans le mois précédent le passage à l’acte). Ce risque
augmente en institution et est favorisé par l’isolement, notamment chez les hommes. Les risques sont
également l’augmentation de la morbidité physique et l’augmentation de la chronicité et des rechutes.

En effet, au niveau international, une des principales études analysant ces facteurs est une méta-
analyse publiée en 2003,160(6) ;1147-1156 par Cole et al. Qui incluait 20 études longitudinales
publiées en français ou en anglais entre 1996 et 2001. Ils ont étudié 40 facteurs de risque dont 13 en
é²analyse quantitative. Le deuil, les troubles du sommeil, la dépendance, les antécédents de
dépression et le sexe féminin augmentaient significativement le risque de dépression chez les
personnes âgées. L’âge, le bas niveau d’éducation, le divorce et un support social pauvre
n’augmentaient pas ce risque. Un mauvais état de santé, les troubles cognitifs, vivre seul et la
découverte d’une nouvelle pathologie étaient des facteurs incertains, (LUCIE. P, (2018) les facteurs
associés au risque de dépression chez les personnes âgées de plus de 65 ans et plus à la Réunion en
2017, thèse de Doctorat, Université de la Réunion).

L’échelle Geriatric Depression Scale mise au point en 1982 par Yesavage et Coll. (Development and
validation of a geriatric depression screening scale: a preliminary report. J Psychiatr Res.1982 -1983;
17(1): 37-4) est devenue l’outil diagnostique de référence pour l’évaluation de la dépression du sujet
âgé et a été conçue pour rechercher les symptômes dépressifs chez les sujets âgés. Elle est largement
utilisée dans le cadre de l’évaluation gériatrique standardisée. Elle comporte 30 items et son score total
varie entre 0 et 30 points (Danièle. Festy, ed Leduc. S, Mes secret de pharmacienne).

En effet, 3 millions de Français souffrent de dépression et 8 millions ont vécu ou vivront au cours de leur
vie une dépression ( Inpes 2020 – Santé publique France). Les personnes âgées sont particulièrement
touchées car elles doivent faire face à un grand nombre de fléaux : retraite, solitude, manque
d’interactions sociales, isolement, troubles liés à l’âge, deuil… Des changements qui ne sont pas
toujours faciles à surmonter et qui peuvent laisser de profondes traces.

Selon Laure Fillette, psychologue et psychanalyste, le diagnostic de la dépression est rendu difficile
chez le sujet âgé car les signes du vieillissement, les effets secondaires des médicaments (souvent
nombreux), les processus inévitables du deuil et la présence de comorbités brouillent largement les
pistes.

La problématique de la dépression chez les personnes âgées a fait l’objet de réflexion de plusieurs
chercheurs dans le domaine de la gérontologie, de la gériatrie, de la psychologie, de la psychanalyse,
même de la médecine générale etc.
De ces études, de nombreuses orientations ont été abordées pour apporter plus ou moins une solution
à cette épineuse question mais beaucoup reste à faire. Nous avons donc analysé cette problématique
sous un angle nouveau, c’est-à-dire en analysant les facteurs de dépression chez les personnes
retraitées contraints malgré le poids de l’âge de se déplacées en personnes au regard de leur santé

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fragile souvent sans assistance d’un membre proche pour des impératifs bancaires. L’intérêt de cette
étude est de chercher à connaître en profondeur les sentiments, les comportements et l’état de santé
des personnes âgées, notamment sur la problématique de la dépression et d’établir un climat de
confiance avec la personne âgée et de l’encourager à partager ses émotions par des actions d’aide.

1.2. Identification du problème de recherche

Dans la vie de tous les jours, divers problèmes et difficultés peuvent impacter la vie de l’être humain tel
que : le divorce, le chômage, la perte d’un être proche, un traumatisme subi peuvent être inacceptables
par ces personnes car l’effet de ces événements peut infecter leurs fonctionnements psychiques et les
répercussions sur le comportement et le raisonnement de ces personnes contribueront de la dépression
dans l’état ou les sujets ne supportent plus.
La dépression touche tout le monde que l’on soit une personne âgée, valide, malade, ou non mais aussi
quel que soit l’âge, les origines, la catégorie socioprofessionnelle. Nous pouvons tous souffrir, à un
moment ou à un autre de notre vie de dépression. Mais lorsque la dépression s’associe à l’état de
vieillissement, la situation devient plus compliquée pour la personne âgée déjà exposée à la
vulnérabilité. Les caractéristiques de la dépression sont : comportementales comme la tristesse, pleurs,
et psychologique comme dévalorisation ou la démence.
Cette phase de dépression à un rôle dans le deuil, elle prépare à l’acceptation de la perte physique et
narcissique, cette étape est un passage obligé qui va préparer à l’acceptation de la maladie. Nous
avons constaté que dans notre société le vieillissement était perçu comme l’origine de tous les
malheurs et la personne âgée était marginalisée et souvent traitée de sorcière, de vieillard misérable ou
indésirable, et vivait cela d’une manière honteuse. C’est une sorte de malédiction qui pèse sur les
personnes âgées, la pression qu’elles subissent et le mépris font d’elles des victimes qui souffrent en
silence ce que nous a pousser à inciter à travailler sur ce thème de recherche.

Les états dépressifs d’une personne âgée sont fréquents et de diagnostic difficile souvent considérés
comme une conséquence du vieillissement. Les dimensions sociales, psychologiques,
environnementales et biologiques sont intriquées. De ce fait ils sont insuffisamment traités et ne
bénéficient pas d'une prise en charge globale. La non-reconnaissance des états dépressifs a pour
conséquence l'augmentation du taux de suicide surtout après 80 ans. Le risque de passage à l'acte
suicidaire est plus important que chez l’adulte jeune. Ces éléments en font un problème de santé
publique dans nos sociétés. Les états dépressifs des personnes âgées, moins expressifs, associent
classiquement deux signes fondamentaux douleur morale et ralentissement.

En effet, La dépression est une maladie courante dans le monde, on estime que 3,8% de la population
mondiale est touchée, dont 5% d’adultes 5,7% de personnes âgées de plus de 60 ans. A l’échelle
mondiale, environ 280 millions de personnes souffrent de dépression (OMS, 2021).

Cependant, le sujet sur la dépression est difficilement abordé en Afrique car la santé mentale d’un
individu provient de la malédiction, la sorcellerie ou la consommation des substances nocives pour
l’organisme. Souvent si les symptômes de la dépression sont connus et répertoriés, l’aîné malade
refuse souvent de s’avouer qu’il va mal, un déni qui peut même faire partie de la pathologie. Chez une
personne âgée, il convient d’être particulièrement vigilant car toute dépression, même d’intensité légère,
comporte un risque de suicide élevé. Or, repérer une dépression est souvent plus difficile chez les
personnes âgées qui ont plutôt tendance à se plaindre de maux physiques ou de troubles de la
mémoire ou de l’attention.

Après plusieurs décennies de développement grâce à l’impulsion de gérontologues pionniers,


médecins, et scientifiques, la médecine des personnes âgées est entrée dans une phase de maturité

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dans les pays développés. Aujourd’hui, cette médecine est bien installée dans le paysage médical de
ces pays développés. Bien que certains pays d’Afrique soient encore en marge, dans la grande majorité
des pays du monde, la prise en charge médicale des personnes âgées concerne quasiment tous les
agents de santé (Dr Droh. Antoine, 2020, Généralité sur la gérontologie/ gériatrie, support de cours
INJS).

Au regard de ce qui précède, le phénomène de la dépression chez les personnes âgées interpelle tous
les dirigeants des états africains, le monde scientifique et médical.

Selon Hazif –Thomas, 1998, La revue de Gériatrie Vol 23 n°4, les traits spécifiques de la dépression de
la personne âgée seraient : l’instabilité, l’agressivité, la colère, la somatisation fréquente,
l’hypochondrie, la démotivation, la sensation douloureuse et de vide intérieur, l’ennui, le repli sur soi,
l’isolement, l’angoisse matinale, la confusion, la dépendance, les troubles mnésiques allégués,
l’impression d’être inutile, les suicides programmés et réussis. En effet, les modifications récentes du
comportement, du caractère peuvent être un des éléments prédominant du tableau clinique. Cette
dépression hostile avec manifestation caractérielle est souvent dirigée vers les personnes de
l’entourage qui cherchent à aider la personne âgée.

D’après Muller-Spahn F, 1994, clinical presentation of depression in the elderly. Gerontology. 40 Suppl.
1: 10-4, les symptômes dépressifs chez la personne âgée sont fréquemment associés à des plaintes
somatiques diffuses, une agitation psychomotrice et une anxiété. Idée retrouvée dans l’étude récente
de Mrduljas-Dujic N. et Coll, 2007, où l’anxiété, l’irritabilité et la nervosité sont exprimées de façon plus
marquée chez le groupe de personnes âgées déprimées.

Une étude de Peretti et Wilson (1979) visait à vérifier le sérieux des idées suicidaires chez les hommes
ayant pris leur retraite d'une façon volontaire ou non volontaire. Il ressort que les retraités non
volontaires ont tendance à vivre plus d'instabilité émotive (problèmes émotionnels, sentiments d'échec,
conflits internes, repli sur soi et dépression) et à avoir peu de relations interpersonnelles (activités
sociales, contact fréquent avec les autres, désir de maintenir des relations d'amitié) comparativement
aux retraités volontaires.

À cet égard, Carette (1992) souligne qu'un nombre considérable de retraités attend de leur famille
qu'elle compense la perte de relations de travail et gère leur temps libre. De manière à prévenir l'impact
de la retraite et à préserver l'autonomie relationnelle, l'auteur suggère que les futurs retraités
développent des liens à l'extérieur du milieu du travail.

Selon Miller (1979), le nombre plus élevé d'hommes que de femmes sur le marché du travail rendrait
l'adaptation à la retraite plus difficile à vivre pour les hommes que pour les femmes.

Hendin (1982) mentionne que la mise à la retraite provoque, chez la personne âgée, un sentiment de
perte de maîtrise qui peut l'inciter à poser un acte suicidaire.
De fait, parce que le travail est source d'une reconnaissance et d'une valorisation sociales (Hannoun,
1991), le retraité éprouve souvent une baisse de l'estime de soi, de même qu'un sentiment de rejet et
d'inutilité qui peuvent faire obstacle à sa réintégration sociale (Carette, 1992).
Pour Lyons (1984), l'homme âgé éprouve plus de difficulté à s'adapter à ces nouveaux changements
de rôles, car les principaux qu'il a eu au cours de sa vie étaient ceux de travailleur et de pourvoyeur de
la famille. D’un jour à l'autre, il se retrouve confronté à une nouvelle réalité, celle de devenir "non
productif" aux yeux de sa famille et surtout aux yeux de la société.

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L’ensemble des constats ci-dessous conduisent au questionnement suivant :

1.3. Question de recherche

-Pour l’orientation de notre recherche concernant l’analyse des facteurs de dépression chez les
personnes âgées, notre question de recherche est la suivante :

Quelles sont les facteurs déclencheurs de la dépression chez les personnes âgées au regard des
dimensions psychosociales ?

1.3.1. Questions subsidiaires

1. Quelles sont les causes de la dépression chez les personnes âgées ?

2. Quelles sont les symptômes perceptibles et les différentes formes de la dépression chez les
personnes âges ?

3. Quelles sont les conséquences de la dépression chez les personnes âgées ?

4. Comment peut-on prévenir et diagnostiquer la dépression de la personne âgée ?

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1.4. Objectifs de l’étude

La présente étude comporte un objectif général et des objectifs spécifiques.

1.4.1 L’objectif général

Les objectifs de cette recherche sont centrés non seulement sur une compréhension du phénomène
dont il est question, mais également sur le souci de ses retombées, sur l'avancement des
connaissances et sur l'amélioration des pratiques. Il est souhaité que les résultats obtenus puissent être
bénéfiques pour l'évaluation et l'intervention auprès des personnes âgées atteintes de dépression. Voici
les trois objectifs spécifiques de cette étude.

1.4.2 Les objectifs spécifiques

L’objectif général a été décomposé en trois (3) objectifs énoncés comme suit :

― Explorer d’avantage les facteurs psychosociaux qui concourent à la dépression des personnes
âgées.

― déterminer les pathologies de la dépression chez les personnes âgées.

― déterminer la prévalence de la symptomatologie dépressive chez la personne âgée consultant en


médecine générale.

― Exposer les conséquences de la dépression chez les personnes âgées.

Pour faire suite à cette description de ce phénomène, l’accent sera mis d’abord sur le cadre de
référence théorique qui s’inscrit dans une sphère préalable.

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CHAPITRE II : CADRE DE REFERENCES THEORIQUES

2-1 Définition des concepts

L’élucidation des concepts est une nécessité dans l’univers scientifique. Elle permet de définir le champ
d’investigation. La méthodologie en sciences sociale recommande que les termes de la recherche
soient clairement définis afin d’en faciliter la compréhension chez le lecteur. Les différents concepts
afférents à notre étude sont : la dépression et ces différentes diversités, la personne âgée, l’isolement,
la gérontologie, la gériatrie, la prévention, la prévalence, la dénutrition.

2-1-1 concepts explicites

 La dépression

Selon Fremont P. (2004, p 19-27)) La dépression du sujet âgé est une pathologie très fréquente, voire
même la pathologie psychiatrique la plus fréquente chez le sujet âgé.

Selon INSEE (2016), La dépression est une pathologie importante chez la personne âgée de par sa
fréquence et ses conséquences tant au niveau individuel que familial et sociétal. Or, elle reste un
syndrome gériatrique souvent sous-diagnostiqué et sous-traité.

Il existe dans la littérature une diversité de termes pour décrire la dépression: état morose, affects
dépressifs, humeur dépressive, dépression. Cappeliez (1988) affirme que les dépressions sont parfois
difficiles à identifier et souvent peu faciles à classifier. Le terme "dépression" désignera, selon le
contexte, une altération temporaire de l'humeur, un symptôme, un syndrome, une maladie, un désordre
biochimique. Cette confusion dans la terminologie et la taxonomie des états dépressifs rendrait compte
en partie de la variété des interprétations des données d'incidence et de Le plus communément, la
dépression est définie comme un désordre de l'humeur qui se caractérise par un état prolongé de
mélancolie survenant parfois sans raison apparente ou se présentant comme une réaction exagérée
suite à un événement déclenchant.

 Dépression masquée

Ce terme est utilisé dans les cas où la présence de symptômes somatiques (douleur, désordres gastro-
intestinales, peurs hypochondriaques, etc.) Masquent les symptômes psychiques (De Leo et
Diekstra,1990)
 La dépression majeure

La dépression majeure (laquelle peut être unipolaire ou bipolaire) est un trouble psycho-biologique
présentant plusieurs manifestations affectives, cognitives et somatiques (De Leo et Diekstra, 1990).

 La dépression névrotique

La dépression névrotique se caractérise principalement par un désordre dépressif chronique non


psychotique d'une durée de deux ans ou plus. Elle se manifeste habituellement suite à un facteur de
stress psycho-social chronique ou situationnel qui agit sur une personnalité fragile et prédisposée à des
conflits névrotiques inconscients (De Leo et Diekstra, 1990; Hoamai, 1988; Shreeve, 1986).

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La dépression est dite réactionnelle lorsqu'un changement brusque dans l'humeur de la personne est
directement lié à un événement (De Leo et Diekstra, 1990). Le deuil compte parmi l'un des événements
déclenchants typiques de cette dépression (Shreeve, 1986). Des symptômes tels que la difficulté à
s'endormir, la présence d'idées suicidaires, un ralentissement psycho-moteur ainsi qu'une incapacité de
fonctionnement social accompagnent généralement la dépression réactionnelle (Moamai, 1988;
Shreeve, 1986).

 La personne âgée

Il n’y a pas de compromis pour définir la personne âgée, le sénior, le troisième et quatrième-âge ou
encore le grand âge. Il est clair que cette population est très hétérogène du point de vue de son état de
santé, de ses besoins, et de ses exigences face au système médical. Dans les perceptions collectives,
l’entrée dans la vieillesse correspond souvent à la prise de la retraite mais c’est une construction
purement sociale et péjorative de cette étape de vie qui est vue comme un retrait de la vie active.

Selon Dr Droh. A (2020), la personne âgée est caractérisée par la dernière période de sa vie
normale, et outre l’ancienneté de la naissance, implique un déficit progressif physiologique, parfois des
facultés mentales. Aussi, de façon concrète et personnelle, elle correspond au fait d’être vieux, à une
durée vécue, à une expérience de l’âge et du grand âge, ressentie de manière variable selon le sexe,
les cultures, l’état général de santé. Enfin elle est parfois personnalisée comme une force hostile, car
elle est exposée à la faiblesse et à la mort.
En sociologie, la vieillesse représente la période terminale de la vie sans pouvoir lui fixer une limite
d’âge précise. Toutefois, du passage des sociétés traditionnelles aux sociétés industrielles, on a transité
d’un statut honorifique reconnaissant le pouvoir et la sagesse du grand âge à un rejet de la vieillesse.

Selon les Nations Unies, la personne âgée est une personne qui a un âge supérieur ou égal à
60 ans.

Pour Mishara et Riedel, 1984, p. 154, Les personnes âgées dont l'interaction est limitée et
parfois négative peuvent se dire: « C’est peut-être une bonne chose que je ne fréquente plus beaucoup
de gens parce qu'ils me trouveraient probablement vieille, infirme et bête. » De telles pensées les
incitent à éviter les contacts avec autrui, ce qui ne fait qu'augmenter leurs idées négatives à l'égard
d'elles-mêmes.

Lacoste & Trivalle 2005, p.9, soutient que les gériatres, même si le critère âge ne suffit pas, la limite se
situe à 75 ans voire 80 ans pour certains.

Pour nous, la vieillesse se définit selon plusieurs critères (physiques, mentales, sociétales etc.) et sa
définition évolue selon les époques, les cultures et l’espérance de vie.
Par souci de clarté et pour délimiter la population cible de ce travail, il est nécessaire de se référer aux
études sur lesquelles il s’appuie. C’est pourquoi, nous prendrons en compte toutes les personnes
âgées de 65 ans et plus. Bien sûr, ce n’est pas sans oublier toute la richesse et l’hétérogénéité de la
vieillesse qui est avant tout un processus et une expérience plutôt qu’un âge chronologique qui n’est
qu’un marqueur. Une personne âge est une personne qui a cessé toutes activités professionnelles et
qui a besoin d’aide et d’affection des membres de la famille à un certain moment donné de vie sa pour
son plein épanouissement dans la société

13
2-1-2 Concepts implicites

 L’anxiété

Thomas & Hazif-Thomas, 2008, p.149, estiment que l’anxiété n’est pas à proprement parlé une forme
dépressive mais un symptôme qui se retrouve dans toutes les dépressions.

Pour Gallarda &Lôo, 2009, p. 273, l’angoisse dépressive est surtout matinale Ce symptôme peut
masquer la dépression et être souvent traité en tant que tel chez le sujet âgé On sait que les
tranquillisants sont particulièrement délétères pour la personne âgée car ils augmentent la
chronicisation de la maladie et le risque suicidaire.

Pour nous ; les signes d’anxiété chez la personne âgée peuvent constituer un indicateur de
dépression.

 L’isolement social

Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE ,2016)) définit l’isolement social comme la


situation dans laquelle se trouve la personne qui, du fait de relations durablement insuffisantes dans
leur nombre ou leur qualité, est en situation de souffrance et de danger. Il constitue un véritable enjeu
sociétal car il représente un déterminant de santé, accélère les pertes d’autonomie, provoque
dépressions et suicides et entraîne de nombreux dysfonctionnements dans nos modes de prise en
charge.

Selon Hirst et al, 1985, L'isolement social est souvent considéré comme un facteur déclencheur
important chez les suicidaires âgés.

Petits Frères des Pauvres, 2017, soutient que l’isolement social entraîne une perte d’identité et
d’égalité dans la société. « Celui qui reste seul se sent banni. Déprime, perte de l’estime de soi,
honte...autant de sentiments que doivent affronter ces personnes. »

 La démence

Selon Preto. Isabel (2009), la démence est une réduction acquise des capacités cognitives
suffisamment importante pour retentir sur la vie du sujet et entrainer une perte d’autonomie. C’est un
syndrome (groupement de symptômes) et non une maladie.

Pour nous, la démence est une aliénation mentale qui s’apparente à une folie.

 La pseudo-démence

Selon Moamai, 1988. La pseudo-démence est une dépression à caractère démentiel présentant une
altération des fonctions mentales supérieures (Moamai, 1988)

14
 La gérontologie

Selon Dr Droh A (2020), la gérontologie est la science qui étudie les modalités et causes des
modifications que l’âge imprime au fonctionnement des humains, sur le plan biologique et social.
La gérontologie étant l’étude des aspects sociaux, psychologique et biologique du vieillissement, elle
embrasse trois dimensions de l’être humain. Mais ne s’applique pas seulement au sujet âgée mais
aussi à l’individu jeune en voie de vieillissement.

Pour nous, c’est étude du vieillissement.

 Le syndrome de glissement.

Selon (Clément et aL, 2010), Le syndrome de glissement est une dépression secondaire, un épisode
dépressif organique marqué par une passivité agressive et des caractéristiques mélancoliformes qui
menacent rapidement le pronostic vital.

Pour Ranty et al. 2010, p. 297 : « Il est considéré par les psychosomaticiens comme un effondrement
extrêmement grave de toute l'organisation psychosomatique du sujet avec un désir de ne plus vivre et
ne plus avoir envie de se battre ».

Selon Charazac Brunel. 2002, Il peut alors être considéré comme une forme passive de suicide
dépourvue d'agir violent du sujet âgé qui représente la voie la plus extrême de la dépression.

15
2-2- Théorie de référence

Le contexte théorique présente plusieurs courants théoriques et empiriques en lien avec le sujet de
recherche : analyse des facteurs dépressifs chez les personnes âgées. Nous allons aborder avec Freud
l’effet du temps sur la personnalité, le fonctionnement psychique et les affections dépressifs ainsi que la
spécificité de la dépression chez les personnes âgées. Et l’intérêt du test du Rorschach auprès des
personnes âgées, son utilité pour évaluer les symptômes dépressifs.

2.2.1 Aspects psychodynamiques du vieillissement (Effet du temps sur la personnalité).

Le temps est une conception complexe pour le psychisme. Freud souligne que les processus
inconscients sont atemporels, seul le conscient est rattaché au temps (Freud 1912, cité dans Verdon,
2012). En effet, le vieillissement corporel, inévitable, va influencer le vieillissement psychique de
différentes manières selon chaque individu. Ce vieillissement peut alors provoquer une crise
existentielle, identitaire, des remaniements psychiques et une remise en question en profondeur du
sujet ; « Vieillir est surtout une expérience éminemment subjective qui problématise avec force la
rencontre en chacun de la réalité externe et de sa réalité psychique » (Verdon, 2012, p27).

2.2.2 Traits de personnalité, troubles de personnalité et vieillissement.

On peut se demander ce qu’il advient des traits et des troubles de personnalité lors du vieillissement ?
En se basant sur la nosographie du DSM-IV-TR (APA, 2003), Cément (2010) propose de mieux
comprendre les effets sur les troubles de personnalités déjà existant.

En effet, dans la littérature, il n’y a pas ou peu d ' études longitudinales permettant d’établir clairement
des changements dans la personnalité au cours du vieillissement.
Cela vient, d’une part, du fait que de telles études seraient très longues et d ' autre part, des difficultés
d’évaluation de cette population (mortalité, instruments non adaptés aux spécificités du grand âge,
manque de consensus sur les diagnostics, normalité versus pathologie).
Clément (2010) remarque qu'aucune étude validée à ce jour n’a mis en évidence des modifications
franches dans le fonctionnement de la personnalité avec l’avancée en âge.
Cependant, suite à une accumulation de pertes (exemple: Physiques, du statut et du rôle social, de
proches, etc.), l’auteur confirme qu’une instabilité émotionnelle et des mouvements régressifs ou
conversifs peuvent apparaitre chez des sujets fragilisés (c'est-à-dire émotionnellement instables, avec
une mauvaise estime de soi et/ou un faible support social).

De plus, il est difficile de déterminer si un trouble de la personnalité diagnostiqué chez un sujet âgé est
réellement lié au vieillissement ou était déjà présent auparavant.

En vieillissant, la personnalité paranoïaque pourrait rester dans le dépit, l'amertume et


l’incompréhension. Selon l'auteur, cela pourrait engendrer des réactions dépressives tardives. Les
affects de la personnalité schizoïde, restent dans l'indifférence et la froideur.
L'isolement social pourrait s ' aggraver en vieillissant et favoriser des délires tardifs.
Cette personnalité pourrait alors évoluer soit vers une schizophrénie tardive soit vers un délire tardif
(non dissociatif). Et enfin, la personnalité schizotypique deviendrait moins excentrique et bizarre.
Il y aurait moins de distorsions cognitives.

16
Cependant, l'isolement social fera apparaître une personnalité dans la société une personnalité
obsessionnelle mais aussi dépendante et se trouverait dans une grande solitude affective, souvent
célibataire.

Elle serait à risque de développer une dépression et de l’hypocondrie. Avec un risque de sur diagnostic
chez la personne âgée, la personnalité dépendante, plus à risque de décompenser lors du
vieillissement, serait plus sensible aux séparations qui pourraient engendrer des affects dépressifs.
L’évitement de prise de responsabilité serait également grandissant.

Enfin, la personnalité obsessionnelle tend à la rigidité, à la ritualisation et au conformisme. L'apparition


de collectionnisme et d'autoritarisme familial serait fréquente.
Ces informations donnent des indices de l’effet du temps sur les traits et troubles éventuels de la
personnalité.
Il faut cependant différencier les troubles de la personnalité selon le DSM-IV-TR (2003) de la notion de
structure de personnalité en psychodynamique (présentée ci-après).
Ces deux nosographies peuvent être perçues comme complémentaires. Elles nous permettent d’élargir
notre point de vue et de mieux comprendre l’ensemble du processus de vieillissement auquel nous
sommes finalement tous soumis avec ou sans pathologie.
Comme nous l’avons vu précédemment, le fonctionnement psychique acquis à l'âge adulte est mis à
mal lors du vieillissement notamment par les deuils et les pertes multiples.
Ainsi selon Vézina et al., 2007, le risque de dépression (selon les critères diagnostiques du DSM-5,
2013) est accru avec des conséquences néfastes comme l'isolement, la perte d ' autonomie, les
idéations suicidaires, le syndrome de glissement entrainant un décès prématuré). Dans cette section
l’élaboration de la perte, le travail du deuil et les affects dépressifs chez les sujets âgés sont abordés.
Puis, des spécificités de la dépression chez les sujets âgés sont relevées (origine, influence de la
personnalité, symptomatologie clinique) ainsi que les différents types de dépression chez le sujet
vieillissant (dépression masquée, somatisation, hypocondrie, et syndrome de glissement).

Après l’analyse de notre théorie de référence, il apparaît important de s’intéresser à la revue critique
des travaux.

17
CHAPITRE III : Revue de littérature

3-1- Etat critique de la littérature sur la question

La question de la dépression chez les personnes âgées dans notre société est devenue un sujet
préoccupant. Le thème de notre étude évoque un aspect, celui des facteurs déclencheurs de la
dépression chez les personnes âgées. Nous avons pensé bon de parcourir la littérature disponible sur
le sujet. Notre travail s’articule autour des facteurs psychosociaux qui concourent à la dépression des
personnes âgée, le niveau de prévalence, les difficultés diagnostiques rencontrées et l’exposition des
conséquences.

Concernant les facteurs psychosociaux comme facteurs déclencheurs de dépression chez les
personnes âgées avec un lien de causalité plus ou moins fort, nous aborderons successivement l’article
the American psychiatri Association (1996), et les écrits de Mulsant BH, Ganguli M (1990), Green BH,
(1992), Finlay janes R et al (1998), Mirowsky J et Ross CE (1992), Oxman TE et al (1992), Kivela SL,
Pahkala k (1988), Bucholz KK, Robins (1987), Culbertson FM (1997), John Wiley et Sons (1995),
Verhaegen et al (1994).

S’agissant de la survenue de certaines pathologies de la dépression chez les personnes âgées, nous
évoquerons successivement les travaux Lym GY (2012), Greenberg et al (2015), Stewart WF et al
(2003), Homa KM (2008), Thomas et Hazif (2008), Gallarda et Lôo (2009).

Parlant de la prévalence symptomatologique de la dépression chez les personnes âgées, nous avons
mis en relief successivement les travaux de Luppa et al 2012), aribil et al (2010).

En fin, nous avons abordé les conséquences de la dépression chez les personnes âgées dans les
travaux de Angst.J (1999), Nordstrom P et al (1995), Michel A et al (2007), kirchner JE (2007), Van G et
al (2003).

3-1-1 Les facteurs psychosociaux comme risques de dépression chez les personnes âgées :

Selon Mulsant BH, Ganguli M 1990, Les facteurs de risque associés à la dépression chez les
personnes âgées sont la prise d’alcool, de médicaments, l’abus de substance, les antécédents
psychiatriques familiaux, les accidents vasculaires cérébraux, la maladie d’Alzheimer, le cancer et les
maladies cardiaques et que La dépression résulterait de l’interaction d’un ensemble de facteurs sociaux
et environnementaux, psychologiques, biologiques...

D’après Green BH, 1992 trois facteurs significativement associés avec le développement de la
dépression se dégagent (étude réalisée avec 1070 personnes âgées, cohorte suivie sur 3 ans) : une vie
insatisfaisante, un sentiment de solitude et le tabac. Enfin, dans une étude réalisée en maison de
retraite, en dehors des différents facteurs déjà cités ci-dessus (l’âge, la limitation fonctionnelle, les
événements négatifs de la vie, la solitude, le manque de support social), d’autres éléments sont
rapportés comme étant des facteurs prédisposant développement d’une dépression.

18
En effet, On pourrait considérer les facteurs de risque en deux parties: les facteurs endogènes
(biologiques, psychologique, sexe, âge,) et les facteurs exogènes (statut professionnel, niveau
d’instruction, stress, statut marital et relations sociales...).

3-1-1-1 Facteurs endogènes

a. Facteurs génétiques et biologiques

Pour the American psychiatri Association (1996), Lorsqu’on étudie le caractère héréditaire et familial de
la dépression, il semblerait que chez les parents biologiques du premier degré de sujets dépressifs, le
trouble dépressif majeur est 1,5 à 3 fois plus fréquent que dans la population générale, tenant en
compte les autres facteurs. Cependant l’environnement dans lequel évolue l’enfant peut aussi influencer
la dépressivité. En ce qui concerne les autres causes biologiques, plusieurs travaux ont mis en
évidence un dérèglement du fonctionnement des systèmes de sérotonine et de dopamine.

b. facteurs psychologiques

Les aspects biologiques, cognitifs, émotifs et comportementaux du fonctionnement humain sont en


constante conjugaison. Lorsqu’un aspect de ce fonctionnement est perturbé, ceci a un effet sur les
autres.
Une personne dépressive a tendance à voir la réalité d’une manière négative. En retour, cette
interprétation négative amplifie les émotions dépressives, et l’ensemble de ces changements influence
les comportements plus ou moins visible.
Par ailleurs les tout premiers épisodes de dépression se développent souvent en réaction à un élément
de stresse qui se caractérise par les événements de la vie, la maladie (facteurs sociaux et
environnementaux).

Selon Finlay janes R et al (1998) Les évènements stressants de l’existence, comme le


divorce, le décès d’un être cher, la perte d’un emploi sont des facteurs étiologiques de
dysfonctionnements psychologiques. Ce n’est pas le cas pour les dépressions ultérieures dans lesquels
un élément du stress n’a plus la même influence pour le déclenchement de la dépression.

Cependant selon la façon de percevoir les choses, les individus ne présentent pas tous la même
vulnérabilité face à ces facteurs de stress. Certaines personnes disposent de ressources
(psychologiques, sociales, environnementales, matérielles) qui les aident à faire face et surmonter plus
facilement les aléas de leur existence.

c. Les personnes âgées et la dépression

D’après de DSM-IV, le trouble dépressif majeur peut débuter à tout âge, l’âge moyen
de début se situant autour de 35 ans.

D’après Mirowsky J et Ross CE 1992, Plusieurs théories sont avancées pour expliquer
l’évolution de la dépression selon l’âge, ils soutiennent aussi que l’évolution de la dépression selon l’âge
serait due aux différents facteurs qui interviennent au cours de la vie (changement de statut marital, de

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statut professionnel, du niveau économique...) et qui font qu’à certains moments la vulnérabilité à la
dépression est plus importante.

D’autres hypothèses sont également avancées comme:

-Les effets de la maturité qui augmente avec l’âge et qui expliquent la diminution parallèle de la
survenue de la dépression (par les expériences de la vie acquises, en relativisant les faits de la vie...);
-Le déclin physiologique dans les âges avancés qui engendre plusieurs problèmes de santé physique et
provoque alors des dépressions secondaires.
La dépression est alors fortement corrélée aux limitations dans les activités quotidiennes et aux
incapacités;
-Les tendances historiques, la situation d’un pays du point de vue politico-économique, les faits de
société engendrent un effet de cohorte dans la survenue des dépressions: d’une génération à une
autre, les troubles dépressifs sont plus présents.

La dépression est un trouble mental commun chez les personnes âgées. Selon certains auteurs tels
que Oxman TE et al (1992) que l’accroissement des symptômes dépressifs chez les personnes âgées
peut être expliquée par l’interaction entre plusieurs facteurs: physiques (la diminution des capacités
cognitives, qui a une influence sur la possibilité des personnes âgées à gérer certaines situations de la
vie courante) et sociaux (l’appui social dont ces personnes bénéficient).
Les personnes âgées sont considérées comme vulnérables, exposées davantage aux facteurs de
dépressions tels que :
-Les problèmes de santé touchant la mobilité et l’autonomie fonctionnelle;
-Les pathologies comme les démences, l’hypothyroïdie ou par la prise de certains médicaments;
-Les changements dans l’environnement social (veuvage, solitude, peu d’appui social...);
-La dégradation de la situation socio-économique.

Quant aux auteurs Kivela SL, Pahkala k (1988), ils révèlent que les symptômes de la
dépression se présentent de manière différente chez les jeunes adultes et à des personnes âgées. Les
symptômes de la dépression que l’on rencontre le plus fréquemment chez les personnes âgées sont
surtout d’ordre physique et la plupart du temps la dépression est plus difficile à diagnostiquer. En effet,
Les personnes âgées peuvent ignorer qu’elles souffrent de dépression et parlent plus de leurs
symptômes physiques. C’est ce que l’on appelle couramment la “dépression masquée”.

d) la différence de dépression entre l’homme et la femme

Selon Bucholz KK, Robins (1987), Les femmes semblent évoquer plus facilement leurs symptômes que
les hommes. Les patients présentant des symptômes particuliers comme le désespoir, la perte
pondérale et les troubles cognitifs, se montrent également plus disposés à parler de leurs problèmes.
En revanche les patients toxicomanes ou alcooliques sont moins ouverts à cet égard.

Rubinow DR et al (1998), admettent que les hormones ont un effet sur le contrôle des
émotions et de l’humeur. Les évènements reproductifs chez la femme incluent le cycle menstruel, la
grossesse, la période post-partum, l’infertilité, la ménopause et parfois la décision de ne pas avoir
d’enfants. Ces évènements entraînent des fluctuations de l’humeur qui chez certaines femmes peuvent
provoquer des dépressions.

20
Pour Culbertson FM (1997), des recherches indiquent que les rôles tenus par l’homme et
par la femme varient d’une culture à une autre et ceci constitue un déterminant significatif de
l’importance (ordre de grandeur) des facteurs de risque relatifs pour la dépression selon le sexe.

Quant à Bracke P (1998), il estime que les femmes sont plus influencées par les conditions
relatives à la famille alors que les hommes sont plus sensibles aux circonstances relatives à l’emploi.

Selon John Wiley et Sons (1995), met l’accent sur les études multicentriques réalisées dans différents
pays montrent que le risque de dépression est toujours plus élevé chez les femmes que chez les
hommes quel que soit le milieu culturel et que cette différence est persistante dans le temps.

Au regard des caractéristiques de la dépression chez les hommes, Skaff MM et al (1999), estiment que
certains patients montrent les symptômes classiques de dépression, tandis que d’autres ont tendance à
les cacher. Dans la culture occidentale, la douleur émotionnelle est quelque chose que les hommes
sont supposés surmonter. La dépression se révèle souvent par d’autres symptômes comme l’abus
d’alcool, de drogues et le comportement anti social. Le taux élevé de suicide chez les patients hommes
démontre la capacité de certains hommes à exprimer tragiquement l’aggravation de leur dépression. La
dépression chez les hommes est semble-t-il plus « néfaste » à leur survie que chez les femmes. Ceci
est surtout lié aux méthodes utilisées qui sont fatales (pendaison, arme à feu...); la méthode utilisée
chez les femmes étant majoritairement l’empoisonnement.

3-1-1-2 Facteurs exogènes: facteurs sociaux et environnementaux.

Les écrits de certains auteurs sur la dépression chez les personnes âgées mettent fortement en relief
les facteurs socio-économiques en relation avec un ensemble de situations vécues.

a. Le chômage

Pour Verhaegen et al (1994), Les conséquences du chômage sont différentes chez les jeunes et chez
les adultes. Le chômage des jeunes entrant dans la vie active interrompt le développement d’une
intégration sociale, alors que le chômage des travailleurs adultes peut résulter en l’isolement mais
n’interfère pas avec les contacts et les capacités sociales déjà atteintes.

Selon Glass J et al (1994), L’association entre le statut professionnel et la dépression a été étudiée
dans les recherches sociologiques et épidémiologiques: selon certains auteurs l’emploi profiterait
émotionnellement aux hommes et aux femmes, bien que ceci ne soit pas aussi conséquent chez les
femmes.

b. Les ressources, le niveau d’instruction

Quant à Holahan et al (1999), Les difficultés financières font partie des facteurs prédisposant à la
dépression: une étude de suivi sur 10 ans chez 326 adultes aux Etats Unis a montré qu’une perte de
ressources était significativement associée à une augmentation de symptômes dépressifs, tandis qu’un
gain de ressources au cours de la même période était associé à une diminution de symptômes
dépressifs.

c. Relations sociales et situation matrimoniale

21
Selon CNEG, 2000, p. 85, les changements de mode de vie, les séparations, les deuils, le confinement
à domicile, la perte des liens sociaux et familiaux, la perte des rôles sociaux ou au contraire un rôle
nouveau comme celui qui consiste à prendre en charge son conjoint dépendant sont autant de facteurs
favorisant les états dépressifs chez les personnes âgées.

Les études de certains auteurs tels que Oxman TEet al (1992) et de Paykel ES (1994), montent que le
support social est un facteur protecteur par rapport aux symptômes dépressifs. Par exemple, ils notent
que les symptômes dépressifs sont moins présents chez les personnes de plus de 65 ans qui ont un
large réseau social leur fournissant contact et support émotionnel et lorsqu’elles ont une bonne
perception de ce support.

Selon Forsen A (1991), Certains facteurs de risque de la dépression sont aussi des facteurs
jouant un rôle dans la survenue du cancer: les évènements douloureux de la vie, les pertes, les
situations de vie difficiles et les caractéristiques psychologiques. En outre, le stress, l’angoisse causée
par le cancer et la douleur physique expliqueraient également la morbidité psychiatrique souvent
observée: une étude a souligné le rôle causal de la douleur due au cancer dans la survenue de la
dépression.

Swendsen JD et al (1998), Les résultats d’une méta-analyse examinant la comorbidité de l’alcoolisme et


des troubles anxieux et dépressifs dans plusieurs enquêtes réalisées à divers endroits, montrent que
les personnes ayant un problème d’alcool présentaient un trouble anxieux ou dépressif deux à trois fois
plus souvent.

À cet égard, Carette (1992) souligne qu'un nombre considérable de retraités attend de leur famille
qu'elle compense la perte de relations de travail et gère leur temps libre. De manière à prévenir l'impact
de la retraite et à préserver l'autonomie relationnelle, l'auteur suggère que les futurs retraités
développent des liens à l'extérieur du milieu du travail.

d) Affections médicales générales associées

La comorbidité est définie comme l’association d’une maladie à une autre maladie, qu’elle soit de nature
somatique ou psychiatrique.
Selon le DSM-IV, le trouble dépressif majeur peut être associé à des affections médicales chroniques.
20 à 25% des personnes présentant des affections médicales générales (diabète, infarctus du
myocarde, carcinomes, accident vasculaire cérébral) développeront un trouble dépressif majeur au
cours de l’évolution de leur affection médicale. La prise en charge de l’affection médicale générale est
alors plus complexe et le pronostic moins favorable.

Quant à Whooley MA (1999), il soutient que les problèmes de dépression, conduisent à une souffrance
psychologique, à un déclin fonctionnel, aux incapacités et à une mortalité importante.

Selon Kessler RC (1996), il admet que l’association de la dépression et des maladies anxieuses
(troubles paniques, phobie sociale, anxiété généralisée, trouble obsessionnel compulsif), bien qu’elle
demeure mal comprise, est fréquente avec plus de 50% des dépressifs qui présentent un trouble
anxieux concomitant.

22
3-1-2 les pathologies de la dépression chez les personnes âgées:

Selon l’Organisme Mondial de la Santé (OMS,2012), 25 % de la population souffrent


de dépression ou d'anxiété chaque année. Les troubles neuropsychiatriques représentent 26 % de la
charge de morbidité dans les pays de l'Union européenne(UE). Ces troubles concourent jusqu'à 40 %
des années vécues avec une invalidité, et la dépression en constitue la principale cause. Jusqu'à 50 %
des congés de maladie chroniques sont imputables à la dépression et à l'anxiété. Environ 50 % des
dépressions majeures ne sont pas traitées. Le coût des troubles de l'humeur et de l'anxiété dans l'UE
se chiffre à environ 170 milliards d'euros par an.

Selon Lim GY,2018, Une étude récente réalisée en2018 incluant plus d’un million de
sujets en Afrique, Asie, Australie, Amérique du Nord et du Sud et en Europe a calculé la prévalence de
la dépression en agrégeant les données recueillies entre 1994 et 2014 et confirme les chiffres élevés de
l’OMS.
Et Selon cette même étude, la prévalence ponctuelle de la dépression était évaluée à 12.9%, la
prévalence sur un an à 7.2% et la prévalence sur la vie entière à 10.8%. La prévalence ponctuelle était
plus élevée chez les femmes (14.4%), dans les pays avec un indice de développement humain moins
élevé (29.2%), dans les études publiées entre 2004 et 2014 (15.4%) et lorsque des Auto-questionnaires
étaient utilisés pour évaluer la dépression (17.3%).

Selon Greenberg et al 2015, L’impact économique de la dépression est évalué à


210,5 milliards de dollars aux Etats-Unis en soulignant qu’environ la moitié de cet impact est dû aux
dépenses médicales directes et l’autre à l’absentéisme et à l’impact sur le marché du travail en général.

Quant à Stewart WF et al 2003, ils affirment que la dépression est désormais la seconde cause de
handicap dans le monde et se traduit en moyenne par une perte de productivité de 8 heures par
semaine.

D’après Crown WF et al, 2002, ils soutiennent que les patients avec une dépression résistante au
traitement auraient un impact médico-économique direct et indirect 2 à 3 fois plus élevés.

Pour Holma KM et al. 2008, Le profil évolutif des troubles dépressifs est caractérisé par
un fort risque de chronicité d’une part, et de récidive après rémission (estimé jusqu’à 80 % à 5 ans)
d’autre part.

Selon Thomas &Hazif, 2008, p.147-148, les troubles physiques s’aggravent lors de la
maladie dépressive (isolement, perte d’appétit, manque de sommeil etc.). Et ils estiment que la
dépression chez les personnes âgées peut donc être intriquée à des problèmes organiques. Les
pathologies somatiques chroniques, asthéniantes, handicapantes ou douloureuses retentissent avec le
temps sur l’humeur des personnes âgées par conséquent les traductions physique d’un conflit
psychique sont fréquentes chez elles, par carence d’écoute authentique et par incapacité à élaborer ses
tensions intérieures.

Selon Gallarda & Lôo, 2009, p.272), la pseudo-démence dépressive se manifeste par des
plaintes mnésiques et des troubles de la concentration. Cette forme de dépression pseudo démentielle

23
montre l’importance de la relation entre la démence et la dépression. Il s’agit d’une dépression masquée
faisant référence à des « syndromes démentiels d’installation brutales, curables par des traitements »

Selon Thomas&Hazif-Thomas, 2012, p.15), le trouble de la motivation ou la dépression de forme


conative est un manque d’implication de la personne âgée dans son adaptation et son bien-être
psychologique. C’est un mécanisme actif qui conduit à la perte de toutes potentialités. La conation
traduit l’élan vital.

D’après les auteurs Altintas &Guerrien, 2009, p. 119, la démotivation se manifeste au travers d’un
émoussement de l’engagement dans l’action, d’une résignation, d’un repli sur soi, perturbant ainsi
l’adaptation et le bien-être psychologique de la personne âgée.

Quant à Weimann Péru & Pellerin, 2010, p.2, le syndrome de glissement est une réaction traumatique
face à de multiples facteurs de stress dont le principal est le défaut de soutien. Il est marqué par son
caractère brutal et son évolution rapide chez les personnes âgées, il fait suite à un facteur déclenchant
(une maladie, un événement perturbant). Il associe des signes physiques (anorexie, adipsie, dénutrition,
déshydratation, troubles sphinctériens) et psychiques (repli, clinophilie, refus alimentaire, refus de soins,
mutisme).

3-1-3 la prévalence de la symptomatologie dépressive chez la personne âgée consultant en médecine


générale :

Selon Luppa & al., 2012, p.297, les Symptômes dépressifs chez l’âgé conduisent à des
conséquences multiples puisqu’ils touchent simultanément les sphères sociales, économiques,
familiales et sociétales des individus. En effet, il est avéré que les personnes âgées en dépression ont
environ deux fois plus de besoin de service à domicile et de besoin de transport, ils ont presque deux
fois plus d’hospitalisation et ils ont plus de risque d’être en résidence pour personnes âgées, ils
consomment davantage de médicaments et reçoivent plus souvent des 5 consultations médicales.

Selon Aribi L. Elleuch E et al. 2010, EnTunisie,51,4% des résidents dans une maison de
retraite présentent un état dépressif. La dépression est plus fréquente chez la femme (58,8% contre
44,4%Chez l’homme). La dépression est plus fréquente chez les sujets âgés de moins de 70 Ans (66 %
Versus 40% Chez les plus vieux).

Selon les études menées par les auteurs dont les noms suivent qui Kim H, Park SM et al
2011, révèlent que 54% consultants avaient un score supérieur à un au mini GDS. Ce Taux élevé de
symptômes dépressifs dans leur population d’étude pourrait être expliqué par:
―La Faible taille de l’échantillon qui ne permet pas de tirer des conclusions satisfaisantes.
―La Prédominance féminine dans leur échantillon.
―Le Faible niveau socio-Economique des patients.
―Tous Les patients consultaient pour leurs pathologies chroniques.
―La Forte comorbidité somatique de maladies chroniques et la forte exposition à l’iatrogénie
médicamenteuse, qui augmentent le risque de survenu de dépression.

3-1-4 les conséquences de la dépression chez les personnes âgées

24
Selon Angst J. Angst F. Stassen HH 1999, La dépression est un facteur de risque
important du suicide surtout chez les adolescents et les personnes âgées et ces personnes qui
développent une dépression tardivement au cours de la vie sont à plus haut risque de faire un suicide.
En outre, la comorbidité avec d’autres troubles comme l’anxiété, et les rechutes de dépression,
augmentent le risque de suicide.

Selon Nordstrom P. 1995, Les antécédents de tentatives de suicide constituent


également un facteur de risque du suicide dans la population générale; chez les personnes déprimées
ces risques sont alors cumulés.

Selon Dr Michel Allard, Professeur Bernard Forette.2007, La dépression joue un grand rôle dans
l’incapacité, la souffrance (physique et psychique) et dans l’altération de la qualité de vie. En effet, elle
peut être responsable d’une dégradation de l’état physique et psychique source d’un taux élevé
d’incapacité fonctionnelle.

Quant à Alexopoulos GS.1996, il soutient que L’ensemble des études rapporte des résultats
comparables quant à l’impact négatif de la dépression sur la qualité de vie, les capacités fonctionnelles,
la santé mentale et les performances physiques.

Pour Janice Hopkins Tanne.2004, La sévérité de la dépression semble être la seule variable associée
de façon significative à 4 critères : qualité de vie, fonctionnement mental, degré d’incapacité, « forme
physique ». Si la dépression s’aggrave, ces critères se détériorent, résultats rapportés par une étude
multicentrique randomisée publiée aux USA dans les « Annals of Family Medicine ».

Selon le Bulletin du Conseil Consultatif National sur le troisième âge. Canada. Eté 2000, La relation
entre la consommation d’alcool et la dépression de la personne âgée est complexe : la
surconsommation d’alcool chez les personnes âgées de plus de 65 ans, est en partie liée à la perte
d’un proche, la solitude et la dépression.

Kirchner JE et al. 2007, estime que la dépression des personnes âgées semble être
associée à une augmentation de la consommation tabagique, une modification des conditions de vie
avec sédentarisation et une diminution des activités physiques.

Selon Van G et al 2003, L’obstacle au soin est également fréquent. La dépression peut
interférer avec la motivation nécessaire pour se conformer à un traitement médicamenteux ou à un
programme de réadaptation après un accident ou une maladie.

Selon le point de vue du Dr Michel Allard et du Professeur Bernard Forette, La dépression


joue un grand rôle dans les ruptures familiales (76), l’éloignement des personnes qui pourraient fournir
un soutien et par conséquent l’isolement social. Les conséquences engendrées par la dépression et la
dépression elle-même peuvent être un facteur de risque d’institutionnalisation.

25
Selon les études menées par Stoff DM et Mann JJ. 1997, D’un point de vue plus analytique, un certain
nombre de facteurs de risque du passage à l’acte suicidaire ont été recensé depuis quelques années :

-Les caractéristiques cliniques et évolutives de l’épisode dépressif (type de dépression, sévérité,


présence d’une pathologie comorbide, antécédents personnels de tentatives de suicide).
-Les facteurs socio-démographiques:

Le sexe masculin, les antécédents familiaux de suicide, l’adolescence et le grand âge (au-delà de 65
ans) constituent des facteurs de risque du suicide.
-Les facteurs biologiques:
La diminution de l’activité sérotoninergique semblerait être un élément favorisant le passage à l’acte
suicidaire violent.

D’après Mintz J et al. 1992, Une revue de la littérature américaine montre que 45% de
déprimés présentent des difficultés professionnelles (absentéisme, baisse de productivité, problèmes
avec les collègues) et plus de 10% sont licenciés durant leur épisode dépressif et que les traitements
antidépresseurs (médicamenteux et psychothérapeutiques) ont alors un impact positif sur le travail.

Pour Pyne JM et al. 1997, plusieurs études mettent en évidence une diminution de la qualité de vie
chez les personnes atteintes de dépression. Cependant les études réalisées sur la qualité de vie des
patients abordent plus souvent les conséquences directes de la dépression sur le fonctionnement de la
personne (symptômes, effets secondaires dus aux traitements) plutôt qu’à l’impact indirect de la
dépression (perturbation de la vie familiale, professionnelle). Ceci s’explique par la difficulté à évaluer
cet aspect de la dépression.

III.2 Synthèse critique des travaux et spécificité du sujet

Les différents travaux recensés au cours de la construction de nos revues de travaux évoqués par les
auteurs mettant en lumière les facteurs, les pathologies, la prévalence de la symptomatologie et les
conséquences de la dépression chez les personnes âgées.

En effet, pour Rubinow DR et al (1998), les évènements reproductifs chez la femme sont un
facteur favorisant la fluctuation de l’humeur qui de ce fait peut provoquer des dépressions.

Par ailleurs, Quant à Holahan et al (1999), ils mettent l’accent sur les difficultés financières
auxquelles sont confrontées les personnes âgées et qui font partie des facteurs prédisposant à la
dépression.

Les auteurs Verhaegen et al (1994) et Glass J et al (1994), soutiennent que les conséquences
chômage peuvent aisément pousser certaines personnes à la dépression.

Selon Finlay janes R et al (1998), Les évènements stressants de l’existence, comme le


divorce, le décès d’un être cher, la perte d’un emploi sont des facteurs étiologiques de
dysfonctionnements psychologiques.

Swendsen JD et al (1998), montrent à travers une étude que les personnes ayant un problème d’alcool
présentaient un trouble anxieux ou dépressif deux à trois fois plus souvent.

26
Selon Forsen A (1991) en dépit des facteurs de risque de la dépression cité plus haut l’accent doit être
mis aussi sur des facteurs jouant un rôle dans la survenue du cancer notamment les évènements
douloureux de la vie, les pertes, les situations de vie difficiles et les caractéristiques psychologiques et
en outre, le stress, l’angoisse causée par le cancer et la douleur physique expliqueraient également la
morbidité psychiatrique souvent observée chez les personnes âgées.

Selon Lim GY,2018, Une étude récente réalisée en2018 incluant plus d’un million de sujets en Afrique,
Asie, Australie, Amérique du Nord et du Sud et en Europe a calculé la prévalence de la dépression en
agrégeant les données recueillies entre 1994 et 2014 et confirme les chiffres élevés de l’OMS.

Quant à Stewart WF et al 2003, ils continuent dans le même sens en affirmant que la dépression est
désormais la seconde cause de handicap dans le monde et se traduit en moyenne par une perte de
productivité de 8 heures par semaine.

Selon Luppa & al., 2012, p.297, les Symptômes dépressifs chez l’âgé conduisent à des conséquences
multiples puisqu’ils touchent simultanément les sphères sociales, économiques, familiales et sociétales
des individus. En effet, il est avéré que les personnes âgées en dépression ont environ deux fois plus
de besoin de service à domicile et de besoin de transport, ils ont presque deux fois plus
d’hospitalisation et ils ont plus de risque d’être en résidence pour personnes âgées, ils consomment
davantage de médicaments et reçoivent plus souvent des 5 consultations médicales.

En définitive, il est important de souligner que la problématique de la dépression chez les


personnes âgées est plus que préoccupante aux regard de nombreux facteurs sous-jacents.
Cependant, il existe plusieurs hypothèses pour expliquer les différentes évolutions dans la survenue de
la dépression en fonction de l’âge. Au cours de la vie, divers facteurs externes (l’environnement, le
support social, le statut économique et matrimonial...) sont susceptibles de favoriser ou de protéger de
la survenue d’une dépression. Néanmoins il y aurait également des facteurs internes (déclin
physiologique, facteurs psychologiques...) qui influenceraient le risque de survenue de dépression.
En effet, parler de la dépression chez les personnes âgées revient donc à mettre en évidence tous les
aspects capables d’apporter un éclairage sur les difficultés que vivent ces personnes en silence au
regard des conséquences qui sont directement liés à une altération du mécanisme fonctionnels. La
dépression a des répercussions non seulement sur la santé en général et la survie mais aussi sur la vie
familiale, les relations sociales et le travail et sans ignorer la qualité de vie des personnes dépressives
et de leur entourage est affectée. Il est aujourd’hui plus que nécessaire que les pouvoirs publics et la
communauté médicale s’y intéressent fortement en vue de mettre sur les relations d’aide pour le bien-
être de nos personnes âgées. C’est pourquoi, il nous paraît indispensable d’approfondir cette étude
scientifique en formulant des hypothèses.

III. 3 Formulation des hypothèses

La formulation des hypothèses consiste à donner des réponses anticipées aux questions de recherche.
Ainsi, nous formulons pour la présente recherche, l’hypothèse générale suivie des hypothèses
opérationnelles.

III.3.1 L’hypothèse générale

27
Les facteurs de la dépression sont associés au risque de dépression chez les personnes âgées.

III.3.1.1.1 L’hypothèse opérationnelle 1

Les facteurs psychosociaux sont à la base de la dépression chez les personnes âgées.

III.3.1.1.2 L’hypothèse opérationnelle 2

La survenue de certaines pathologies constitue un facteur de dépression chez les personnes âgées.

III.3.1.1.3 L’hypothèse opérationnelle 3

Le taux de la prévalence de la dépression est élevé chez les personnes âgées percevant leur pension à
la FIDRA.

28
D’une manière générale les résultats des études sur l’épidémiologie de la dépression chez les
personnes âgées sont assez variés. Mais en termes de tendance, on observe que le taux de
prévalence de la dépression dans cette population est plus important dans les enquêtes où une
comorbidité de maladies physiques est fréquente (19). Les dépressions majeures sont en moyenne
moins fréquentes que les dépressions mineures. Les taux de prévalence de la dépression chez les
personnes âgées sont plus importants chez les femmes et chez les personnes vivant dans des
conditions socio-économiques précaires (20).

.
En résumé
active (Carette, 1992). Lépine (1982) soutient qu'une non adaptation du retraité à cette nouvelle
condition de vie s'avère un facteur important à considérer dans le suicide des âgés. La mise à la retraite
serait particulièrement redoutable pour les hommes qui la prenne sans préparation, qui n'appartiennent
à aucune association ou organisation bien structurée, et qui n'ont aucun réseau d'amis et de parents
bien défini (Miller, 1979). Une étude de Peretti et Wilson (1979) visait à vérifier le sérieux des idéations
suicidaires chez les hommes ayant pris leur retraite d'une façon volontaire ou non volontaire. Il ressort
que les retraités non volontaires ont tendance à vivre plus d'instabilité émotive (problèmes émotionnels,
sentiments d'échec, conflits internes, repli sur soi et 20 dépression) et à avoir peu de relations
interpersonnelles (activités sociales, contact fréquent avec les autres, désir de maintenir des relations
d'amitié) comparativement aux retraités volontaires.

Plus récemment, au Québec, Renaud et al. (2007) se sont attardés aux facteurs liés à la dépression
chez la clientèle ainée ayant une déficience visuelle. Ils ont effectué une étude auprès de 64 sujets
dans le but d'estimer le taux de prévalence des symptômes dépressifs chez les aînés ayant une basse

29
vision; ces derniers participant déjà à un programme de réadaptation visuelle. Cette recherche
s'intéressait également aux facteurs pouvant expliquer ces symptômes. II en résulte que 31 % des
sujets interrogés démontraient des symptômes importants de dépression. Les perceptions de soi dans
la réalisation d'activités, J'acuité visuelle du meilleur oeil, l'âge et le degré de satisfaction en regard du
soutien social seraient directement liés à la présence de symptômes dépressifs.

Les personnes déprimées âgées ont un risque accru de chuter à


domicile (Byers& al., 2008) entrainant des problèmes somatiques
parfois précurseurs d’un syndrome de glissement. Les
conséquences somatiques de la dépression Entrainent une perte
d’autonomie renvoyant au cercle vicieux exposé ci-dessus. La
qualité de vie de la personne souffrant d’une dépression s’effondre,
par manque de soutien (fatigue des proches-aidants), l’ainé n’est
plus en capacité de gérer sa santé, il adhère moins aux traitements
des comorbidités, ne se nourrit plus correctement, présente des
négligences corporelles, et ne traite plus sa douleur(Tanner,2005,
p.148). La surmortalité non liée au suicide devient alors importante
(Butler & Quayle, 2007, p.26).

Une conséquence touche aussi l’entourage puisque la dépression


augmente le risque de fardeau de l’aidant (Pickett & al., 2013,
p.273). Le proche est aussi plus à risque de développer à son tour
une dépression ou d’autres maladies liée sà la fatigue, au stress et
à l’épuisement de ses ressources. Enfin le risque de suicide est la
conséquence dramatique et fréquente de la personne âgée
dépressive (Butler & Quayle, 2007, p.26). En effet, le suicide est un
réel problème de santé publique et le risque augmente
sérieusement chez les plus de 65 ans. Le suicide devient de plus en
plus fréquent au fur età mesure qu’on avance en âge (Giordana,
Roelandt & Porteaux, 2010, p.62). Les personnes âgées de plus de
65 ans représentent la population la plus à risque de décès par
suicide, en particulier lorsqu’elles souffrent de dépression. Environ
30 % des suicides concernent les personnes âgées dont 56 % sont
la conséquence d’une dépression (Rigaud, Gallarda, Zajdenweber,
Mangin, Pinard, Guillaumot & al, 2013, p.4). Les auteurs rappellent

30
par ailleurs le problème de sous-estimation des taux de suicide
chez l’âgé, les conduites ou équivalents suicidaires comme
l’inattention volontaire ou l’arrêt d’un traitement par exemple ne sont
pas comptabilisés comme «suicide».

Les symptômes dépressifs augmentent avec l’âge et ont une


influence sur l’humeur, la qualité de vie et le bien-être. Ils réduisent
l’efficacité des traitements, augmentent l’appel au suicide, le coût
des soins, le risque de mortalité et du handicap. Des études
montrent que les personnes âgées touchées par ces symptômes
ont une faible activité de loisirs, de nombreux freins inhibiteurs de
mobilité et un stress important (Lee et al., 2012).

Les études sur la prévalence de la dépression au cours de la vie,


effectuées en Wallonie, indiquent une prévalence variant de 22 à 25%
dans la population adulte (de 27 à 33% chez les femmes et environ17%
chez les hommes). Ces résultats sont relativement élevés en
comparaison avec les données internationales. En effet, selon le DSM-
IV, le risque de présenter un trouble dépressif au cours de la vie varie en
population générale de 10 à 25% chez les femmes et de 5 à 12% chez
les hommes.

x Le sexe féminin est également un facteur associé à la dépression chez les personnes âgées. Il faut
cependant le considérer avec attention car même si les femmes ont des taux d’incidence de dépression
en moyenne deux fois plus importants que les hommes, leur durée de vie avec la dépression est aussi
plus élevée. Ceci pourrait peut-être expliquer l’augmentation des taux de
prévalence de dépression que l’on observe dans les classes d’âges plus
élevées: elle pourrait être due à la survie plus importante des femmes et
à leur taux d’incidence de dépression plus important également.
D’une manière générale les résultats des études sur l’épidémiologie de
la dépression chez les personnes âgées sont assez variés. Mais en
termes de tendance, on observe que le taux de prévalence de la
dépression dans cette population est plus important dans les enquêtes
où une comorbidité de maladies physiques est fréquente (19). Les
dépressions majeures sont en moyenne moins fréquentes que les
dépressions mineures. Les taux de prévalence de la dépression chez les
personnes âgées sont plus importants chez les femmes et chez les
personnes vivant dans des conditions socio-économiques précaires (20).

vvv

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