Dissertation Pédagogique J Gabriel-1
Dissertation Pédagogique J Gabriel-1
Dissertation Pédagogique J Gabriel-1
M. VERMOT-GAUCHY.
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LA DISSERTATION PÉDAGOGIQUE
PAR L’EXEMPLE
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CONSEILS PRATIQUES POUR LA DISSERTATION PEDAGOGIQUE
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Que peut-on dire de définitif en pédagogie ?
I. LA DECOUVERTE DU PROBLEME :
Le sujet posé est semblable à un énoncé de problème, avec des données précises
et des questions qui mettent en jeu ces données.
Avant toute rédaction, avant tout brouillon, toute esquisse de plan, il nous faut
analyser soigneusement le texte proposé, en peser les termes, mesurer la valeur des
nuances, retourner les propositions. Très généralement, le sujet (même lorsqu’il
comporte une longue citation) doit pouvoir être ramené à un « titre » de quelques
mots, à une ou deux questions, très simples et très précises qui limitent le problème.
Prenons un exemple.
« La plupart des théories sur l’éducation convergent vers cette conclusion : un des
buts de l’éducation, c’est de préparer « l’homme de demain ». Quelles peuvent être,
en ce domaine, les ambitions de l’Ecole primaire ? »
Le pire serait ici, de discuter des théories sur l’éducation, d’énoncer les buts de
chacune. Notre attention doit, au contraire, se porter sur la question posée, et tout
particulièrement sur le mot « ambitions ». Et le sujet peut alors se réduire à ceci en
première analyse :
Que peut l’école pour préparer l’homme de demain ?
Réfléchissons encore. Le « pouvoir » et les « ambitions » sont-ils de même nature ?
Ne préparons-nous pas un contre sens monumental sur l’expression « pouvoir » ?
Entre ce que l’EcoIe peut faire et ce qu’elle voudrait, ce qu’elle «ambitionne» de faire,
n’y a-t-il pas une certaine distance... et pourquoi ? Mais, par ailleurs, cette
impuissance ne va-t-elle pas nous conduire hors du sujet ?
De plus, prêtons attention à « l’homme de demain ». Quel sera-t-il, dans quel
milieu vivra-t-il ? Que lui faudra-t-il pour s’harmoniser avec ce milieu, c’est-à-dire pour
être « heureux » ?
Nous arrivons donc à deux thèmes de réflexion :
a) Ce dont aura besoin l’homme de demain.
b) Ce que peut l’école d’aujourd’hui dans ce sens.
II. LA MEDITATION :
Dans les jours qui suivent, revenons sur ces problèmes. N’avons- nous rien lu qui
s’y rapporte ? II est bien rare qu’un article de revue, une page de manuel, voire une
discussion avec des collègues ou le souvenir d’un cours n’aient laissé aucune trace
dans notre mémoire. Notons, hâtivement, ce qu’il en reste, retrouvons si possible,
l’article ou le manuel.
Et puis, réfléchissons. Cet « homme de demain » (que nous voyons d’une façon
assez imprécise, il faut l’avouer), nous «avons surtout qu’il sera différent de celui
d’aujourd’hui. Est-il donc impossible de le préparer? Nous sommes conduits à
souhaiter une sorte de disponibilité, une sorte de souplesse qui amènera l’homme de
demain à une facile adaptation... Notons encore tout ceci...
En relisant, les esquisses de notre réflexion, une inquiétude surgira : cette
disponibilité, cette souplesse ne conduiront-elles pas au consentement, à
l’acceptation, à une sorte de fatalisme ?
D’où la nécessité de donner aussi à l’homme de demain conscience de son pouvoir
sur le monde ou, tout au moins, conscience exacte de sa juste place parmi ses
semblables.
Puis, nous serons obligés de « redescendre » aux problèmes pédagogiques, et ce
sera le second temps de notre méditation.
Nous découvrirons facilement la nécessité des connaissances de base (lire...
écrire... compter...). Nous mesurerons la nécessité impérieuse de la formation de
l’esprit (curiosité, esprit critique, rectitude de jugement) et du caractère (sens de la
dignité, de la solidarité).
. Mais, il nous faut aller au-delà, jusqu’à l’exercice quotidien de notre métier. Et
dans, cette perspective très précise, nous poser maintenant la question : « Comment,
dans ma classe, assurer ces connaissances, cette formation de l’esprit et du cœur ? »
Tout en faisant la classe, dans les jours qui suivront, nous prendrons davantage
conscience des données de ce nouveau problème. Il nous arrivera de fortifier, chez un
timide, la confiance en lui-même par des encouragements ; il nous arrivera de
modérer, chez un autre, des ambitions formelles démesurées ; nous aurons l’occasion
(histoire, sciences) de bien montrer comment l’homme a conquis son pouvoir sur la
nature, comment il a su utiliser ce pouvoir et nous aurons conduit nos plus grands à
un commencement de réflexion...
Tout ceci poussera précieux pour notre devoir.
An bout .d’une semaine, nous aurons ainsi plusieurs pages de notes hâtive*.
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III. LA MISE EN ORDRE :
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TEXTES OFFICIELS RELATIFS AU CERTIFICAT D'APTITUDE PEDAGOGIQUE
Aux termes de la Loi du 3 Août 1926, modifiant celle du 30 Octobre 1926, «Nul ne peut
être nommé Instituteur titulaire s’il n’a fait un stage de deux ans au moins dans une école
publique, s’il n’est pourvu du Certificat d’Aptitude Pédagogique et s’il n’a été porté sur la
liste d’admissibilité aux fonctions d’instituteur dressée par le Conseil Départemental».
Actuellement, l’Examen du Certificat d’Aptitude Pédagogique est subi d’après les
règles suivantes :
d) Diplômes exigés :
Baccalauréat ou Brevet Supérieur de Capacité, ou B.E. ou D.C.E.S.
Nota : Le B.E.P.C. et le Baccalauréat l" Partie ne permettent pas d’être Candidat.
III. SESSIONS :
«Une session par an». (D. du 18 Janvier 1887). Toutefois, un décret du 3 Mars 1956 a
institué, à titre provisoire, pour une durée de cinq ans, une seconde session de l’épreuve
écrite, organisée dans la seconde quinzaine de Septembre. Un décret du 23 Mai 1960 a
prorogé cette disposition pour une nouvelle période de cinq ans, à compter du l*r Janvier
1961.
La première session est généralement ouverte en Février, à la date fixée dan» chaque
Département par l’inspecteur d’Académie.
Ne sont autorisés à se présenter à la seconde session que les Candidats qui, pour des
raisons de force majeure laissées à l’appréciation de l’inspecteur d’Académie, n’ont pu se
présenter à la première, et ceux qui, ayant échoué à l’épreuve écrite de Février, ont
obtenu au moins la note 6 sur 20.
IV. ÉPREUVES :
Régies, actuellement, par l’Arrêté du 17 Août 1962. Elles comprennent : Deux
Epreuves écrites, une Epreuve pratique et une Epreuve orale.
a) Epreuves écrites :
Les deux épreuves écrites obligatoires portent, l’une-sur la Pédagogie générale,
l’autre, sur la Pédagogie appliquée aux disciplines de l’Ecole primaire. Candidats et
Candidates ont le choix entre deux sujets de Pédagogie générale et entre deux- sujets de
Pédagogie appliquée. Les Candidates ont, en outré, la possibilité dé choisir un sujet de
Pédagogie appliquée relatif aux activités de l’Ecole maternelle.
Chacune des épreuves écrites est notée de 0 à 20. L’épreuve de Pédagogie générale
est affectée du coefficient 3 celle de Pédagogie appliquée, du coefficient 2. La première
est d’une durée de 3 heures : la seconde, de 2 heures;
Tout Candidat ayant obtenu pour, l’ensemble des deux épreuves écrites une moyenne
égale ou supérieure à 10 sur 20, est déclaré admissible.
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Sont dispensés de cette épreuve : Les candidats pourvus du C.F.E.N. ou du B.S. de
Capacité créé par l’Ordonnance du 20 Septembre 1958.
h) Epreuve pratique :
Classe de 3 heures comportant, obligatoirement, une leçon d’exercices physiques et
une leçon de chant. Cette épreuve est immédiatement suivie des :
c) Epreuves orales : Elles comportent :
1) Une interrogation sur des sujets de Pédagogie pratique : (Programmes ;
instructions, méthodes et procédés, organisation pédagogique dé la classé,- etc... ).
2) Une interrogation sur l’Administration scolaire : (Programmes des E.N.), limitée, en
principe, aux principales dispositions des lois, décrets et arrêtés organiques, et aux
règlements les plus importants de l’Administration scolaire.
3) L’appréciation d’un cahier : de devoirs journaliers ou d’un cahier de devoirs
mensuels, où d’un cahier de roulement.
Notation de l’épreuve pratique : sur 20.
Notation de chacune des épreuves orales : sur 20.
N.B. Un Candidat qui n’obtient pas une moyenne de 10 points pour l’ensemble des
trois épreuves orales est ajourné.
La note obtenue pour l’épreuve orale ne rachète pas une note insuffisante en pratique
et vice versa.
V. DISPOSITIONS DIVERSES :
Les épreuves pratiques et orales, ont lieu, en principe, avant le l*r Décembre, dans la
classe même de l’Ecole publique ou privée, où le Candidat exerce.
Toutefois, si une Candidate exerçant dans une école de filles demande à subir
l’épreuve pratique dans une école maternelle, ou vice versa, l’inspecteur d’Académie
désigne l’Ecole.
Les Elèves-Maîtres et les Elèves-Maitresses, titulaires da C.F.E.N. sont dispensés des
épreuves orales.
« Tout. Candidat doit avoir Trois Chances par an. Un écrit et deux oraux, ou, un
deuxième écrit et moral, s’il a obtenu, au moins, la note sur 20 au premier écrit. »
(Cir. Min. du 6 Janvier 1959).
B) EPREUVE PRATIQUE :
Ces conseils sont inspirés de ceux donnés par M. Maire, Inspecteur Honoraire de la
Seine.
L’épreuve pratique est capitale, puisqu’elle confirme l’aptitude professionnelle. On s’y
prépare en « s’efforçant, dès l’entrée en fonctions, de suivre et d’appliquer intelligemment,
les directives du Manuel de Pédagogie, celles de l’inspecteur primaire », celles qui sont
données à l’occasion des stages effectués à l’Ecole Normale, aux journées et
Conférences pédagogiques, celles fournies par le Directeur et les Collègues
expérimentés de l’Ecole où l’on exerce. C’est une préparation de longue haleine, un long
apprentissage du métier, pendant lequel, « le futur Candidat doit avoir pour devise :
Aujourd’hui, mieux qu’hier ».
Dès le premier jour, le jeune Remplaçant doit, « sans jamais ralentir son effort, mettre
progressivement son enseignement au point ».
Sitôt qu’il a été avisé de son succès à l’épreuve écrite, il doit s’attendre à recevoir, « à
plus ou moins brève échéance », la visite de la Commission d’Examen. Il continuera
d’apporter « tous ses 6oins à la préparation quotidienne de la classe ; mais, il se gardera
bien, en prévision de l’événement, de passer des heures, voire des nuits, à noircir des
f:ches ou les pages de son cahier journal ». Ce faisant, il se fatiguerait inutilement et
perdrait son temps. Il doit être persuadé, que la préparation écrite, sobre, précise,
réfléchie, demeure le moyen excellent de la préparation mentale, et que, si paradoxal que
cela puisse paraître, à première vue, « son rôle est de permettre au Maître, de se passer
d’elle». Il importe que le Candidat soit capable de diriger sa classe, d’exposer toute
catégorie de leçons, sans recourir constamment à ses notes écrites. Ainsi, son
enseignement gagnera en valeur, en aisance et en autorité.
Enfin, arrive le grand jour... Le candidat doit rester calme et « ne pas perdre pied ». De
plus, qu’il se persuade que la Commission vient avec le désir d’admettre tout Candidat,
au moins passable.
Ce jour là, procéder comme à l’ordinaire : mise en rangs et entrées silencieuses et
ordonnées. Pas de temps à perdre : début rapide, emploi du temps suivi d’aussi près que
possible, discipline de la classe assurée, participation des élèves aux différents leçons et
exercices, les différents groupes, constamment et utilement occupés, pas de temps
creux...
Enfin, s’efforcer d’être soi-même, « ne pas vouloir trop bien faire, mais, faire de son
mieux». Fournir la preuve .flue si l’on ne possède pas encore à fond la technique du
métier, on est, cependant, sur la bonne voie, qu’on se révèle, à la fois, désireux et
capable de se perfectionner.
C) EPREUVES ORALES:
1) Interrogation sur des sujets de Pédagogie pratique : Elle prend une physionomie
particulière dans chaque Circonscription d’Inspection primaire. Elle consiste, certes,
toujours en une interrogation relative à la Pédagogie pratique. Mais, ici, elle porte sur la
leçon la moins réussie par le Candidat, à l’épreuve pratique, là, sur une discipline
importante ou accessoire que le Candidat n’a pas eu à présenter, ailleurs, sur la
psychologie appliquée, à l’éducation... Afin de bien s’y entraîner, il est vivement
recommandé eux Candidats de connaître les Programmes Officiels de chaque matière et
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de chaque clas3e primaire, les Instructions Officielles concernant chaque discipline, de
posséder de solides notions de psychologie appliquée à l’éducation. A cet effet, consulter
des ouvrages de Psychologie de l’Enfant, comme le Collins ou le Ferre, de Pédagogie
comme le Souche ou le Leif et Rustin et les Instructions commentées...
2) Interrogation sur l’administration scolaire : Elle porte sur un programme assez vaste
: (Principaux articles de la Loi du 30 Octobre 1886, des Décret et Arrêté du 18 Janvier,
des Règlements les plus importants relatifs à l’Administration scolaire, les modifications
qui ont été apportées à ces derniers en 1936, 1938, 1943, 1945 et les récentes Lois
concernant la réforme et la démocratisation de l’Enseignement).
En fait, s’il y a des questions importantes, souvent posées, il n’existe pas .de liste
limitative de questions à apprendre. Le Candidat doit, bien entendu, savoir les genres de
congés attribués aux Instituteurs, le rôle du Maire et de toutes les Autorités académiques
en matière d’école, les attributions de la C.A.P.D., les récompenses et punitions des
Instituteurs, l’organisation actuelle de l’Enseignement primaire, le. règlement scolaire
modèle des Ecoles primaires élémentaires,. etc... mais, il ne doit nullement se borner à
ces questions, car, il en existe d’aussi importantes et même des cas pratiques et concrets
sur lesquels la Commission peut l’interroger. Qu’il se persuade qu’il ne sera jamais trop
renseigné en ce domaine.
3) Appréciation d’un cahier : Des écueils à éviter : aller à l’aventure, formuler des
remarques banales, se montrer indécis ou trop tranchant pour conclure. Observer
attentivement le cahier et savoir s’il est de devoirs journaliers, de devoirs mensuels ou de
roulement. Voir en tête de la première page ou sur la couverture, le3 renseignements
concernant l’Elève : date de naissance, cours et année du cours dont il fait partie. On sait,
de suite, s’il est rangé dans le cours correspondant à son âge, s’il est en avance ou en
retard.
Examiner l’écriture et la présentation des exercices. Y a-t-il du soin ? Considérer le
choix, la variété des devoirs, leur progression, s’ils correspondent aux programmes...
Apprécier la correction faite par le Maître et par l’Elève : régulière, sérieuse, irrégulière ou
insuffisante de la part de l’un et de l’autre. Le Maître, vérifie-t-il les corrections faites par
l’Elève ? .Les appréciations et annotations marginales sont-elles modérées dans la forme
et écrites lisiblement ? Sont-elles de nature à éclairer l’Elève, à le guider, à l’encourager à
mieux faire ? La note chiffrée, correspond-elle à la valeur exacte du devoir ?
Enfin, conclure : dire si le niveau de l’Elève paraît normal, insuffisant ou supérieur à ce
qu’on pourrait exiger. En termes précis et mesurés, conclure sur la valeur de
l’enseignement donné : méthodique, gradué, adapté, profitable ? Si besoin est, formuler
les réserves nécessaires.
Quelques remarques spéciales : S’il s’agit d’un cahier de devoirs mensuels, il peut
englober plusieurs années de scolarité. Dans ce cas, le Maître doit, au début de chacune
d’elles, indiquer le nouveau cours et son année dont l’Elève fait partie. Les compositions
sont-elles faites régulièrement ? Si l’Elève est absent à l’une d’entre elles, cette absence
doit être mentionnée. Cela est-il fait ?
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TEXTES OFFICIELS RELATIFS AU BREVET SUPERIEUR DE CAPACITÉ
INTRODUCTION.
Jusqu'à la parution de la Loi du 3 Août 1926 qui a modifié la Loi organique du 16
Juin 1881, et mis le Baccalauréat et le Diplôme complémentaire d’études secondaires
au rang des titres de capacité pour l’Enseignement primaire, le Brevet supérieur était le
diplômé permettant l’accès normal à la fonction d’instituteur public ; il était préparé dans
les Ecoles normales primaires et dans certaines Ecoles primaires supérieures.
La Loi du 18 Septembre 1940 supprima les Ecoles Normales, à compter du 1er
Octobre 19 il et la Loi du 28 Novembre 1940, en fixant le nouveau régime des études
des Elèves-Maîtres et des Elèves-Maîtresses, mit fin au Brevet supérieur. Les dernières
sessions normales de cet examen eurent lieu eu .1945, certaines sessions spéciales
ayant été ouvertes, ensuite, pour les seuls Candidats victimes de la guerre. Le diplôme
complémentaire d’études secondaires cessa, également, d’être délivré en 1946.
Le Baccalauréat est donc devenu le diplôme requis pour enseigner dans les Ecoles
primaires élémentaires. Mais, depuis quelques années, les difficultés de recrutement
rencontrées dans la plupart des Départements, ont obligé les Autorités académiques à
employer, en qualité d’instituteurs auxiliaires, (Suppléants éventuels ou Remplaçants
provisoires), des milliers de Maîtres ayant que le Brevet Elémentaire ou la Première
Partie du Baccalauréat.
Avant l’Ordonnance du 20-9-58, les dispositions en vigueur ne permettaient pas de
titulariser ce Personnel, même en cas de réussite au Certificat d’Aptitude Pédagogique
— seuls les Maîtres ayant le B.E. remplissaient la condition de titres pour se présenter à
cet Examen — car, l’Arrêté du 21 Octobre 1953, (B.O. N° 39 du 5-11-53), n’autorisait la
titularisation des Maîtres possesseurs du B.E. que si, d’autre part, ils avaient obtenu lé
Certificat d’Aptitude Pédagogique avant le l" Janvier 1946.
A noter : Pour les Départements d’Outre-Mer, il existe une Réglementation Spéciale
(Article 2. du Décret du 28 Octobre 1952), permettant l’inscription normale sur la liste
des Remplaçants, après concoure, si le Candidat s’engage à exercer 10 ans dans le
Département considéré, à partir de sa titularisation.
La création du Brevet Supérieur de Capacité permet de régler la situation de ces
Maîtres. L’Ordonnance du 20 Septembre 1958, (J.O. du 21-9-58 B.O. du 2-10-58),
complète à cet effet, la Loi du 3 Août 1926 ; elle stipule que :
« A compter du 1er Janvier 1959, et pendant une période de cinq ans, les Maîtres de
l’Enseignement du Premier Degré pourvus du Brevet Elémentaire ou de la Première
Partie du Baccalauréat, provisoirement inscrits sur la liste départementale des
Instituteurs Remplaçants, pourrait être délégués dans les fonctions d’instituteur ou
d’institutrice stagiaire, selon les dispositions prévues par la Loi du 8 Mai 1951, s’ils ont
satisfait aux épreuves d’un Brevet Supérieur de Capacité dont les modalités seront
fixées par Arrêté Ministériel».
N.B. La Loi du 8 Mai 1951 concerne la situation du Personnel Remplaçant de
l’Enseignement du Premier Degré. (Voir Dossiers Documentaires de Novembre et
Décembre 1957).
A. CONDITIONS D'INSCRIPTION.
Peuvent faire acte de candidature les Instituteurs Suppléants et Remplaçants
pourvus du Brevet Elémentaire bu de la Première Partie du Baccalauréat et
remplissant les deux conditions suivantes :
1° Avoir été inscrits provisoirement sur la liste départementale des Instituteurs
Remplaçants ;
2° Avoir été à la disposition de l’inspecteur d’Académie en qualité de Suppléant ou
de Remplaçant, pendant deux années scolaires au moins, y compris l’année scolaire
au cours de laquelle ils se présentent.
L’inscription a lieu deux mois avant la date de l’examen à l’inspection académique
du Département, (Pour la Seine, au Service des Examens : 3 bis, Rue Mabillon à
Paris). La demande datée et signée par le Candidat est accompagnée, soit du Diplôme
du Brevet Elémentaire, soit d’une Attestation de la Première Partie du Baccalauréat.
Pour chacune des parties de l’examen, deux Sessions sont organisées chaque
année au chef-lieu du Département aux dates fixées par le Ministre.
La deuxième session est réservée aux Candidats qui, ou bien, ayant échoué en
Juillet, ont totalisé le tiers du maximum des points à la première session, pu bien, n’ont
pu s’y présenter pour raison dé force majeure laissée à l’appréciation du Recteur.
Les Candidats subissent les épreuves du B.S.C. (première et deuxième parties)
dans le Département où ils exercent. Si les Candidats inscrits dans un Département ne
sont pas assez nombreux pour justifier la constitution d’une Commission ils subiront
l’examen dans un autre Département de l’Académie désigné par le Recteur, ou dans
une Académie voisine.
PREMIÈRE PARTIE
1) Composition écrite sur an sujet de pédagogie et de psychologie de l’enfant.
(Trois heures ; coefficient ; 2) ; Les Candidates auront le choix entre deux sujets.
2)Interrogation orale comportant :
a) Une interrogation orale sur la morale professionnelle et l’éducation civique et
morale (coefficient : 1).
b) Une épreuve d’élocution et de culture générale comportant, après une préparation
de vingt minutes, un exposé simple, en dix minutes environ, sur une question pouvant
faire l’objet d’une leçon à l’école primaire : explication d’un texte, développement,
raisonnée d’un problème d’arithmétique, question de grammaire française, ou
d’histoire, ou de géographie, ou de sciences, etc... (coefficient : 1).
c) Epreuve de dessin ou de travail manuel (deux heures et demie ; coefficient. 1/2).
Cette épreuve comportera :
Pour les Aspirants ; une composition de dessin (dessin à vue ou croquis côté)..
Pour les Aspirantes ; soit une composition de dessin, soit l’exécution de travaux
manuels.
Elle comportera, en outre, pour tous les Candidats, l’exécution de modèles d’écriture.
d) Une épreuve de musique ou d’éducation physique (coefficient : 1/2).
Cette épreuve comporte :
Soit, l’exécution d’un chant choisi sur une liste de cinq chants présentés par le
Candidat, suivie d’une interrogation sur les notions élémentaires de solfège ;
Soit en une leçon d’éducation physique.
DEUXIÈME PARTIE
Epreuves écrites :
1) Composition française sur un sujet littéraire ou sur un sujet de culture générale
(trois heures ; coefficient : 2). Les Candidats auront le choix entre deux sujets.
2) Composition de mathématiques portant :
a) sur une question de cours d’arithmétique on de géométrie ;
b) sur un problème d’arithmétique, d’algèbre on de géométrie (trois heures,
coefficient : 2).
Epreuves orales :
1) Lecture et explication grammaticale et littérale d’un texte français
(coefficient 2).
2) Interrogation de sciences et d’hygiène (coefficient : 1).
Portant :
a) Pour les Candidats et les Candidates, sur un sujet de sciences ;
b) Pour les Candidates, sur un sujet de puériculture. ou d’économie domestique ;
Pour les Candidats, sur un sujet d’hygiène générale.
L’interrogation de sciences pourra comporter l’exécution et l’explication d’une
expérience simple de physique ou de chimie et une observation commentée de
sciences naturelles telles qu’elles sont pratiquées dans les classes primaires
élémentaires et les cours complémentaires.
3) Interrogation d’histoire et de géographie (coefficient : 1).
Cette interrogation s’appuiera, autant que possible, 6ur l’examen et le commentaire
des documents d’ordre historique ou géographique.
4) Epreuve de langue et littérature étrangères (coefficient : 1).
Cette épreuve comportera, au choix du Candidat ;
— Soit la: traduction d’un texte moderne de langue étrangère ;
G. ADMISSION.
PREMIÈRE PARTIE : Sont reçus, les. Candidats ayant obtenu 50 points, s’ils
ont subi toutes les épreuves, 30 points, s’ils sont dispensés de la composition
écrite de Pédagogie.
DEUXIÈME PARTIE: Sont reçus, les Candidats, ayant obtenu, pour l’ensemble
des Epreuves de la première et seconde parties 140 points ou 120 points, s’ils
sont dispensés de la composition écrite de Pédagogie.
La NOTE ZÉRO est ÉLIMINATOIRE, si elle est maintenue après délibération du
JURY.
PEUVENT ETRE ÉLIMINÉS, après délibération du JURY, les Candidats qui ont
obtenu pour, l’une des Epreuves une NOTE INFÉRIEURE AU QUART DU
MAXIMUM de l’EPREUVE.
La liste des Candidats admis i chacune des deux parties du Brevet Supérieur
de’ Capacité est établie après examen du dossier des Candidats qui doit
comporter obligatoirement la COPIE de leur DERNIER RAPPORT d’INSPECTION.
Les Diplômes sont délivrés par le Recteur.
H. DISPOSITIONS PARTICULIERES.
La possession da Brevet Supérieur de Capacité dispense de l’EPREUVE ECRITE
da Certificat d’Aptitude Pédagogique.
L’article du D.O. du 18 janvier 1887, concernant le» fraudes dans les Examens, ainsi
que les Articles 136, 140, 143 et 144 de l’A.O. da 18 janvier
1886, concernant l’organisation et la surveillance des Examens, sont applicables au
LES ÉPREUVES
Les Epreuves du B.S.C. portent sur un Programme fixé par Arrêté Ministériel. Le
programme fixé pour 1959 est maintenu pour 1961 par l’Arrêté du 9 mai 1960, à
l’exception, pour la Seconde ; partie du Programme d’Histoire et de Géographie et de
celui, (renouvelable chaque année par moitié), des œuvres dans lesquelles seront
choisis les sujets de la composition écrite de français et de l’interrogation orale de
littératures étrangères et anciennes.
Il est permis de tirer de ce programme et de la réglementation générale de l’examen,
les caractéristiques principales des diverses' compositions.
A. PREMIERE PARTIE.
PÉDAGOGIE et PSYCHOLOGIE : Il est recommandé aux Candidats de mettre en
œuvre dans cette composition écrite, non seulement leurs connaissances théoriques,
mais aussi, l’expérience pratique qu’ils auront acquise au contact des élèves.
DESSIN et TRAVAIL MANUEL : Les Candidates feront connaître, au moment de
leur inscription, si elles désirent subir, une épreuve de dessin ou une épreuve de
travaux manuels.
L’épreuve de travaux manuels féminins, coupe, couture, tricot, raccommodage —-,
portera sur des exercices prévus aux programmes des classes d’écoles primaires et
des cours complémentaires.
L’épreuve de dessin (pour les Candidats), celle de dessin ou de travaux manuels
(pour les Candidates), sera accompagnée d’une épreuve d’écriture. On notera
globalement l’ensemble dessin-écriture ou travaux manuels-écriture. (La part réservée
à l’écriture pouvant être de l’ordre d’un tiers).
CHANT-ÊDUCATION PHYSIQUE : Les Candidats et Candidates feront connaître au
moment de l’inscription, s’ils désirent subir une épreuve de chant ou d’éducation
physique.
Pour le chant, ils présenteront une liste de cinq chants choisis parmi les morceaux
pouvant être enseignés dans les classes d’école primaire ou de cours complémentaire.
Pour l’éducation physique, ils devront établir, après tirage au sort, le plan d’une
séance d’activités physiques à préparer pour une classe déterminée, avec adaptation à
la saison, aux moyens matériels dont on dispose. Chaque séance comportera une
partie d’exercices de maintien et des exercices naturels ou d’initiation sportive
présentés sous forme jouée ou non.
Si les circonstances locales, en particulier, le nombre élevé de Candidats, ne
permettait pas de prévoir l’organisation effective des classes d’éducation physique,
l’épreuve comporterait, outre la composition effective d’une séance d’éducation
physique, l’exécution de mouvements par le Candidat et une interrogation portant sur
des connaissances théoriques et pédagogiques, (se référer, dans ce cas, au
programme d’interrogations orales prévues au Brevet Elémentaire pour les Candidats
dispensés de l’épreuve pratique d’éducation physique. Circulaire du 1*' octobre 1958
B.O. N° 38 du 23 32 octobre 1958).
B. DEUXIÈME PARTIE.
COMPOSITION FRANÇAISE : Le sujet littéraire exige, non seulement une
connaissance précise des œuvres inscrites au programme, mais, elle aura pour but de
révéler la culture générale des Candidats, l’étendue de leurs lectures et leur aptitude à
la réflexion personnelle. L’épreuve orale d’explication de texte portera sur les œuvres
inscrites au programme. Le programme est renouvelé, chaque année, par moitié.
MATHÉMATIQUES et SCIENCES : L’organisation de ces épreuves écrites et orales
n’appelle aucun commentaire particulier.
HISTOIRE : Il s’agira de l’analyse et du commentaire d’un ou plusieurs documents
historiques (textes, statistiques, gravures, photographies, dessins, cartes ou plans)
concernant l’histoire politique, sociale, économique ou artistique de la France et
comportant la connaissance des éléments historiques essentiels de la période à
laquelle se rapporte le ou les documents choisis.
On pourra, pour toutes les périodes, faire usage de documents concernant l’histoire
locale ou régionale s’ils ont un rapport direct avec l’histoire générale.
GÉOGRAPHIE: II s’agira de l’analyse et du commentaire d’un ou de plusieurs
documents géographiques, (cartes, plans, croquis, coupes, dessins, gravures,
photographies ou éléments de statistiques graphiques ou numériques) se rapportant à
la France et à la Communauté et comportant la connaissance des éléments principaux
de la géographie générale physique, humaine et économique et de celle de la France et
de la Communauté.
On pourra faire usage de documents de géographie locale concernant la région où
se déroule l’examen.
NOTA : Pour les deux épreuves, les Candidats disposent de 15 minutes de
préparation.
LA PRÉPARATION AU BREVET SUPÉRIEUR DE CAPACITÉ
Une préparation par correspondance à cet Examen, fonctionne, pour les deux
Parties au CENTRE NATIONAL l’ENSEIGNEMENT par CORRESPONDANCE, 6 rue
MOLIÈRE à PARIS.
Signalons, pour terminer cette étude, que, dès cette année, dans plusieurs
Départements, un certain nombre de Jeunes Gens rempliront les conditions requises
pour se présenter aux deux parties de l’examen. Il s’agit des Remplaçants, NON
BACHELIERS, qui 6ont depuis un an, titulaires du Certificat d’Aptitude Pédagogique,
assimilé alors à la première partie du Brevet Supérieur de Capacité. Ils se trouveront,
de ce fait, dispensés de l’épreuve écrite de la première partie de l’examen et n’auront
plus à subir que les épreuves orales. Ils pourront se présenter à la première session de
juin, à la fois, aux épreuves orales de la Première Partie, et, (sous réserve, bien
entendu, qu’ils aient obtenu les 30 points requis pour être reçus), immédiatement après,
aux épreuves de la deuxième partie de l’Examen.
Bien que, sauf cas de force majeure, ces Candidats soient tenus de se présenter aux
.deux Parties de l’Examen au cours de la 1ère Session, (juin), un Candidat qui
échouerait en juin aux épreuves orales de la Première Partie, pourrait subir, de
nouveau, ces épreuves à la Session de septembre et, en cas de succès, se présenter à
cette même session de septembre, à lit deuxième partie do l’examen.
34
PROGRAMME DU BREVET SUPÉRIEUR DE CAPACITÉ
1) PÉDAGOGIE GÉNÉRALE :
L’éducation : Différentes conceptions-Légitimité de l’action éducatrice.
Rôle de la famille, de l’école, de l’Etat dans l’éducation.
Importance de l’éducation dans une démocratie.
Les différents aspects de l’éducation (éducation physique, intellectuelle, esthétique et
morale). Notions sur les grandes doctrines pédagogiques.
L’ordre, la discipline et ses différentes formes. Les conditions de l’autorité. Les
sanctions.
Organisation pédagogique de l’Ecole et de la classe. L’école à classe unique.
Préparation de la classe. La leçon, les devoirs écrits. L’utilisation du livre et du
matériel d’enseignement. Moyens audio-visuels.
Le contrôle. Interrogations. Révisions. Compositions.
Le jeu.
L’école maternelle, son objet, son organisation et ses méthodes, son influence
sociale.
Notions sur l’enseignement spécial : écoles et classes de perfectionnement. Ecoles
et classes de plein air.
L’école rurale : orientation de son enseignement ; son rôle dans la formation de la
vacation paysanne.
II) PEDAGOGIE SPECIALE
Etude de chacun des enseignements de l’Ecole primaire ; valeur éducative ou
pratique ; esprit dans lequel il doit être donné ; méthodes et pro- cédés.qui lui
conviennent.
Etude des Instructions Officielles pour l’enseignement du premier degré.
NOTA : On saura gré aux Candidats de mettre en œuvre dans leur composition
écrite, non seulement, leurs connaissances théoriques, mais aussi, l’expérience
pratique qu’ils auront acquise au contact des élèves. 35
III) PSYCHOLOGIE :
Le développement de l’enfant et ses phases. Les âges de l’enfance. Esquisse
générale des phases et des « crises », de la naissance à l’âge adulte.
Notions sommaires sur l’évolution des diverses fonctions psychologiques.
L’affectivité, les intérêts, la connaissance du monde extérieur, le langage, la
formation de l’intelligence et du caractère.
Cette étude nécessite une connaissance élémentaire des tests, mais, elle procède,
surtout, de l’observation du comportement scolaire aux divers âges.
(Interrogation Orale)
I) MORALE PROFESSIONNELLE :
L’Educateur : sa mission, sa responsabilité.
De la nécessité de maintenir et de développer sa culture générale et sa culture
professionnelle.
La neutralité scolaire et les obligations de l’instituteur laïque.
La conscience professionnelle, les devoirs envers les élèves, envers les Familles,
envers l'Etat, les devoirs envers les Autorités scolaires.
Les relations avec les collègues et les autres Membres de l’Université. L’Instituteur et
le syndicalisme.
La vie privée et la vie publique de l’instituteur, son rôle moral et social dans la
Commune.
Œuvres complémentaires de l’Ecole.
II) EDUCATION MORALE ET CIVIQUE:
La conscience. La dignité humaine.
Principaux devoirs de la vie individuelle.
Principaux devoirs de la vie familiale et sociale.
Justice et solidarité. Devoirs envers la Patrie.
Dignité des différentes formes de travail.
L’organisation politique, administrative et judiciaire de la France. L'Etat, le
Département et la Commune.
Les devoirs et les droits du citoyen. La devise républicaine. La déclaration des droits
de l’homme et du citoyen.
Les rapports entre les Nations.
Les Candidates feront connaître au moment de leur inscription si elles désirent subir
36
une épreuve de dessin ou une épreuve de travaux manuels.
L’épreuve de travaux manuels féminins : coupe, couture, tricot, raccommodage,
portera sur des exercices prévus au programme des classes d’écoles primaires et de
cours complémentaires.
L’épreuve de dessin, (pour les Candidats), celle de dessin ou de travaux manuels
(pour les Candidates), sera accompagnée d’une épreuve d’écriture. On notera
globalement l’ensemble dessin-écriture ou travaux manuels, écriture. A titre indicatif, la
part réservée à l’écriture pourrait être de l’ordre d’un tiers.
D. EDUCATION PHYSIQUE.
Les Candidats devront établir, après tirage au sort, le plan d’une séance d’activités
physiques, à préparer pour une classe déterminée, avec adaptation à la saison et aux
moyens matériels dont on dispose.
Chaque séance comportera une partie d’exercices de maintien et des exercices
naturels d’initiation sportive présentée sous forme jouée ou non. Les Candidats doivent
se reporter aux Instructions de 1946.
Les candidats auront, en outre, à diriger une partie de cette séance exécutée par un
groupe d’élèves (20 au minimum), d’âge correspondant au cours envisagé, (durée de 15
à 20 minutes). La préparation sera notée sur 8, la direction de séance ainsi que
l’aptitude à démontrer, sur 12.
Si les circonstances locales, en particulier, le nombre élevé des Candidats ne
permettaient pas de prévoir l’organisation effective de classes d’éducation physique,
l’épreuve comporterait, outre la composition d’une séance d’éducation physique,
l’exécution de mouvements par le Candidat et une interrogation portant sur des
connaissances théoriques et pédagogiques, (se référer au programme des
interrogations orales prévues au Brevet Elémentaire pour les Candidats dispensés de
l’épreuve pratique d’éducation physique), (Circulaire du 1er octobre 1958. Bulletin Officiel
N° 38).
37
DEUXIÈME PARTIE
PÉDAGOGIE GÉNÉRALE
35
« L'idéal du Maître c'est de devenir Inutile pour son élève. »
V. LA CULTURE ET L'INSTITUTEUR.
84 Le Maître s’instruira sans cesse.
85 Eduquer les autres, c’est se rééduquer soi-même.
86 Avantages d’une excellente préparation de la classe.
Depuis le célèbre propos de Montaigne sur « tête bien faite » et « tête bien
pleine », les conceptions touchant à la nature du savoir ont
considérablement évolué.
Indiquez le sens de cette évolution, tout en étudiant son incidence sur votre tâche
quotidienne, puis, essayez de formuler une théorie pédagogique qui conviendrait
à l'École de notre temps.
I. INTRODUCTION :
Voici du temps déjà qu’on répète l’Ecole primaire n’est plus adaptée à l’époque
actuelle. Presque tous les congrès d’Enseignants syndicaux et professionnels
inscrivent, en priorité, à leur ordre du jour : l’Ecole dans la société contemporaine. De
partout, on parle de réforme, de démocratisation de l’enseignement et de refonte des
programmes primaires...
Tout laisse croire que, non seulement, les conceptions touchant à h nature du savoir
à inculquer à l’élève primaire ont évolué, mais, surtout, que les principes essentiels de
notre système éducatif sont à rénover...
V. CONCLUSION :
Du point de vue nature du savoir à inculquer à l'élève, l'effort éducatif se schématise
par la phrase de M. Jean Capelle, ancien dirigeant du premier degré : « Si la société du
début du siècle s'accommodait d'un qualifié pour quatre non qualifiés, celte de 1970
exigera quatre qualifiés pour un non qualifié. »
SUJET N°3
Expliquez et commentez cette opinion d'un pédagogue contemporain.
« Nous ne sommes plus à l'âge où il suffisait, pour vivre, de réciter les cours,
c'est-à-dire, de faire seulement appel à ses connaissances. »
(C.A.P. Martinique, Octobre 1966)
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
Notre époque est en mouvement, et, même en marche. On parle de « l’accélération
de l’histoire ». Chaque jour apporte des inventions et des découvertes nouvelles. Les
progrès se précipitent à une cadence qui nous étonne. De toutes parts, les vieilles
théories scientifiques que l’on croyait établies, une fois pour toutes, sont ébranlées et
remises en question. « La distance et le temps sont vaincus », comme le dit si bien
Vigny ». Les connaissances acquises au cours de notre scolarité semblent instables et
précaires au point que l’on se demande si l’homme moderne peut encore se contenter
de « réciter les cours, c’est-à-dire, de faire seulement appel à ses connaissances. *
I. DEFINISSONS :
A) PÉDAGOGIE TRADITIONNELLE :
C’est simplement celle des temps anciens, inspirée de la conception scolastique et
jésuitique de l’éducation qui consiste en un dressage Intellectuel et moral. Ce dernier
suppose des méthodes autoritaires et conduit inévitablement au dogmatisme.
Aujourd’hui encore beaucoup de Maîtres continuent à l’employer. Ils donnent un
enseignement autoritaire, mécanique, livresque, formel. Leurs élèves restent souvent
passifs. Ces Maîtres font davantage appel à la mémoire qu’à l’observation et à
l’imagination créatrice des élèves. Les Cours sont préparés d’avance, professés ex-
cathedra et suivis d’exercices standardisés. Du coup, l’enfant cesse d’être initié à l’esprit
même de la science qui est l’esprit de recherche, de découverte, d’organisation
rationnelle des faits. Plus il apprend, plus il s’éloigne des vraies méthodes de la pensée
scientifique.
B)PÉDAGOGIE NOUVELLE:
Depuis la Renaissance, une pédagogie proprement française, inspirée des principes
de Rabelais, Montaigne, Descartes, puis, Rousseau est née et se met encore au point
aujourd’hui Ses principes essentiels sont la fol dans la liberté et la spontanéité de
l’enfant et la croyance en l’existence d’une nature enfantine. Les I.O. de 1887, de 1923
de 1938 et de 1945 s’en inspirent. Elles préconisent des consignes pédagogiques
nouvelles. Elles diminuent la part du savoir mémorisé et des exercices mécanisés. Elles
insistent sur le devoir de ne rien enseigner qui ne soit intelligible. Elles recommandent
de solliciter sans cesse l’observation, l’expérience et conseillent l’enseignement par
l’action intellectuelle et manuelle. Le meilleur moyen de comprendre, c’est de faire :
(learning by doulg disent les Anglais). Elles se fondent sur ce principe : le savoir conquis
est plus intelligible que le savoir acquis.
L’enfant n'est plus un adulte en miniature. Il a une nature qui lui est propre et une
personnalité originale. L’éducation doit se conformer à son développement naturel et
devenir, autant que peut, individuelle : (l'école sur mesure). Pour bien connaître l'enfant,
on l'étudie en lui-même, dans les différents milieux où il vit. Il convient de favoriser une
certaine liberté tout en lui apprenant à discipliner sa personne (self-government).
II. DIFFÉRENCES :
Les moyens et méthodes mis en œuvre par ces deux formes de pédagogie diffèrent
nettement.
L’école traditionnelle est austère. L’enfant y déploie, sans cesse, attention, volonté,
effort du devoir. Le Maître en est le personnage essentiel. Les enfants gravitent autour
de lui. On réclame à ceux-ci d’être « toujours en effort, toujours en -ascension », comme
le dit Alain. Ils y règnent verbalisme, dogmatisme et contrainte. Lès méthodes
employées se révèlent, à la longue fastidieuses à l’élève. Il y reçoit « un savoir appliqué
sur la mémoire avec de la mauvaise colle de salive » écrit un pédagogue.
La pédagogie nouvelle emploie des méthodes qui tiennent compte de l'intérêt de
l'enfant, « le seul mobile qui mène sûrement et loin. » Elle respecte de façon absolue la
personnalité de l'élève et lui laisse une forte dose de liberté. Il devient l’idole et c’est le
Maître qui tourne autour de lui. L’Instituteur étudie son élève et règle son acte
pédagogique sur la psychologie de ce dernier. Bref, il pratique la psycho-pédagogie.
Il en découle d'importantes :
a) De nombreux automatismes sont à créer chez l’élève à éduquer : tables à
apprendre, dates à retenir, règles et noms à imposer, exceptions à connaître. Ils
représentent les bases solides indispensables à toute culture future.
b) Associer, chaque fois que cela est possible, le couple intérêt- effort. Aucune
divergence entre le premier et le second, maïs, plutôt deux pédagogies
complémentaires.
Dans sa Philosophie de l’Education nouvelle, M. A. -Bloch écrit : « L’effort que l’on
provoque sans le stimulant naturel de l’intérêt et à l’aide des stimulants artificiels des
sanctions scolaires est pathologique et stérile. L’effort qui «'engendre de -lui-même, sur
la base, dans la ligne et le prolongement des Intérêts spontanés de l’enfant est sain et
normal. »
SUJET N° 6
INTRODUCTION POSSIBLE :
L’affirmation à expliquer est extraite de l’Education Nouvelle d’A. Médici. Elle
constitue une attaque directe, mais surtout apparente à la pédagogie ancienne et
célèbre la nouvelle. Elle pose les rapports que doivent entretenir la pédagogie et la
psychologie de l’enfant. Elle exprime concrètement que toute pédagogie qui se veut
constructive s’appuie sur la connaissance de l’élève à éduquer.
I. EXPLICATION DE L'AFFIRMATION :
En l’examinant de près, on s'aperçoit nettement que son auteur fonde la pédagogie
nouvelle sur trois caractéristiques bien déterminées.
La première, c'est qu'elle tient le plus grand compte de l'individualité de chaque
enfant. Elle considère ce dernier comme une personnalité originale, se signalant par des
dispositions psychologiques spécifiques. C'est erreur de croire pareils
psychologiquement, tous les élèves d'une même classe. C’est s’égarer que de vouloir
les traiter pareillement. L'être enfantin, à part qu'il a des manières propres de voir, de
sentir et d'agir et est en perpétuel devenir, ne reste pas identique à lui-même, d'un bout
de la scolarité à l'autre. Chaque enfant est porteur d’aptitudes spéciales. Le rôle
essentiel du maître serait de favoriser ces dispositions personnelles, autrement dit,
l'enseignement donné devrait nécessairement s’individualiser et se différencier en
fonction de la diversité des aptitudes qui se manifestent dans la classe. Certes, on ne
peut uniquement se fier aux prétendues aptitudes de l'enfant pour orienter
l'enseignement car, en fait, il importe que la classe entière soit initiée au moins aux
disciplines de base. En outre, l'éducateur, est-il toujours capable de détecter les
aptitudes de ses écoliers ? On s'aperçoit, dès lors, que la pédagogie des aptitudes se
trouve menacée par la tentation de la facilité. Et puis, n'est-ce pas aussi former la
volonté et le caractère que d’accoutumer, d'obliger même l'enfant à se livrer à des
activités pour lesquelles il n'a, a priori, que peu de goût ? C'est peut-être une manière de
le forcer à £e révéler ou de provoquer ce que la psychologie moderne appelle des «
renversements d'aptitudes ».
La seconde, c’est que la Pédagogie nouvelle prétend éduquer l’élève en tenant
compte de son âge, de ses besoins. Le mot besoin traduit les impératifs de la nature
enfantine : son activité, son goût du merveilleux, des responsabilités, son désir de se
socialiser, celui de «passer de la robe à la culotte », de grandir, de savoir. Les négliger,
c’est ne pas connaître la vraie nature psychologique de l’enfant. La psychologie des
anormaux révèle qu’à un âge physiologique déterminé ne correspond pas toujours le
stade Intellectuel qu’il suppose. Elle apprend qu’il est assez rare que le degré intellectuel
d’un anormal, même majeur, surpasse celui d’un enfant normal d’environ 12 ans. A
chaque âge, ses plaisirs, ses jeux, ses occupations. Il faudrait donc tenir grand compte
de ses penchants fréquents comme la liberté de suivre ses inclinaisons, celle de
travailler à ses heures et selon ses possibilités de l-’instant, la versatilité de ses goûts du
moment.
La troisième, c’est que la Pédagogie nouvelle ne prétend pas inculquer du dehors
des notions toutes faites. Ce principe fait disparaître renseignement dogmatique et se
propose de réaliser un travail d’assimilation de l'enseignement dispensé au contact du
milieu naturel et humain. Elle prétend imposer à l'élève une attitude de chercheur qui est
en miniature celle d'Archimède, d'Arago, d’Ampère, qui fait de l'enfant l'artisan de sa
propre éducation. On lui laisse la liberté des d’études, (Ex: textes libres de Freinet).
III. CONCLUSION :
Tout compte fait, l’attaque que la réflexion d’Angela Medici porte à la Pédagogie
traditionnelle est plus apparente que réelle. La Pédagogie ancienne n’est pas comme le
croit Ferrière, uniquement remplie de « somnolents sans énergie qui n’attrapent que des
miettes de connaissances ». Toute méthode d’éducation, même ancienne, redevient
nouvelle aux mains du praticien habile et souple.
SUJET N°7
Expliquez, commentez et discutez Ce texte de Kant :
« .„L'enfant doit donc être habitué à travailler. Où donc qu'on peut lui donner le
goût du travail sinon à l'école ? L'enfant doit avoir un temps pour jouer, mais, il
doit en avoir un autre pour travailler. »
III. EXPLICATION :
Comme Rousseau, Kant pense que l'enfant à sa nature propre. Il n'est pas un «
adulte en raccourci ». Chaque enfant naît avec ses passions « dans son sac de peau »,
(Alain). Il est doué d'une ambition : « tendre vers l'état d'homme ». Il aspire qu'on l'aide à
sortir de sa •condition d'enfance. Dès lois, éduquer, c’est transformer. L’éducation
s'adresse à l'être que l'élève deviendra et non à celui qu'il est aujourd'hui. C'est
pourquoi, deux éléments majeurs doivent intéresser l'éducateur. D’une part, la
destination de l'être éduqué, c'est-à-dire, le sort qui lui est réservé à sa sortie de l’école,
et, d'autre part, sa nature, parfois, « indomptable et rebelle ». Mais, pour Kant, une
existence humaine, vraiment digne, est faite de liberté, de raison et d'autonomie. De
suite, se fait jour, le conflit : nature, société, autonomie. Pourtant, un impératif s'impose à
l’instituteur : « Faire de l’enfant un être social, soumis aux inévitables contraintes de la
vie », dit M. Beslais. Dès 1766, Kant avait solutionné ce conflit ardu. « Les élèves
doivent aller à l’école, non pour y apprendre des pensées mais, pour y apprendre à
penser et à se conduire ».
Certes, il y a, d’un côté l’école et, de l’autre, la vie. Il ne faut pas de barrière, pas de
cloison étanche entre les deux. La solution idéale serait que l’école conciliât le sens de
sa mission aux impératifs de la vie. Si le rôle essentiel de l’école est d’instruire l’enfant, il
est aussi important pour elle, sinon plus, de lui fournir des armes, « des griffes », comme
dirait Alain, qui l’aideront à dépouiller les problèmes pratiques que la vie lui posera.
a) Par nature, l’homme a tendance à s'abandonner à l’indolence, l'inertie, la paresse.
Sa nature propre l'y prédispose, et puis, souvent, le travail n’est pas agréable par lui-
même. Or, c'est par le travail qu'il peut adapter le monde à ses besoins. Kant constate
avec justesse : « Plus on a pris l'habitude de la paresse, plus, il est difficile de se
résoudre à travailler ».
b) L’homme ne parvient pas toujours à se discipliner. Son animalité reprend ses
droits et l’homme porte préjudice à ses semblables, à la société ou à l'humanité. Il est,
comme le dit A Comte : « un humain bâti sur un fond d'animalité ». Il est un être double.
Le plus difficile, pour lui, c'est de passer de la nature animale à la nature raisonnable. Il
ne peut y accéder de lui-même. Le concours d'autrui lui est indispensable, car, il ne
passe d'un état à l'autre que sous la contrainte. Voilà pourquoi l’éducation est culture
de contrainte. Le rôle normal de l'école est d'aider l'homme en la personne de l’enfant, à
se détourner de sa nature animale, l'obliger à contracter l'habitude du travail qui est sa
raison d'exister, et le contraindre à se cultiver pour qu’il atteigne le maximum de
perfection -et accède à l'autonomie.
Mais, Kant, nuance sa pensée. Il dissocie jeu et travail. Il les considère comme deux
formes d’activités qu’il faut séparer à tout prix... Le premier est libre activité, le second,
activité sérieuse. Il ne s'oppose point à ce que l'enfant joue. Au contraire, ¡1 croit le jeu
nécessaire à son expansion. Mais, le repos le mieux goûté est celui qui suit le travail.
Kant n'est pas, non plus d’avis, que l'on instruise en jouant. Le travail est activité
accompagnée d'obligation. Le jeu est libre détente. Il pense même qu’il y a danger
grave à ne pas habituer l’enfant à les distinguer.
RÉSERVES:
a) La théorie éducative kantienne, soulève des problèmes délicats, à existence plus
fictive qu’effective.
Elle semble heurter de front les méthodes attrayantes, basées sur le seul souci des
Intérêts vitaux de l'enfant.
b) Elle est à base morale. Elle part du postulat de la bonté humaine. Elle est dominée
par un point de vue universel. Elle serait idéaliste et non viable, s'il était prouvé que
l'homme est de nature foncièrement perverse.
c) Enfin, comme Comte, Kant ne s’arrête pas à la réalité individuelle et sociale, mais,
s'élève à l'humanité, pour y découvrir le moyen de formuler des lois de nature
universelle.
SUJET N°8
Expliquez et commentez cette pensée de Rousseau :
« On ne laissera prendre à Emile aucune habitude si ce n'est de n'en avoir
aucune. »
Quel rôle vous semble devoir jouer l'habitude, pour l'élève et pour le Maître, au niveau
de l'École primaire élémentaire ?
I. INTRODUCTION POSSIBLE:
Certains penseurs condamnent catégoriquement l’habitude parce que, disent-ils, elle
dispense de la réflexion et substitue l’automatisme à la décision volontaire. Parmi eux
Rousseau entendrait la supprimer carrément. Aussi, écrit-il dans son Emile : « La seule
habitude qu'on doit laisser prendre à l’enfant est de n’en contracter aucune ».
III. COMMENTAIRE :
Sans abonder dans le sens de Rousseau, il faut reconnaître le danger des habitudes
et aussi leur nécessité. Rousseau a clairement vu leur danger et leur œuvre destructive-
Des réserves s'imposent, malgré tout. C'est vrai que l'habitude risque de dégénérer en
routine et celle-ci est la mort de la pensée inventrice. Mais, on sait bien que l'esprit le
plus inventif ne peut se passer d'habitudes et même de routines qui conditionnent son
invention. Il ne faut pourtant pas, s'en tenir à la routine et s'assoupir dans l'automatisme.
De là l’intransigeance de Rousseau : « II, (Emile), ne sait ce que c'est que routine,
usage, habitude ; ce qu'il fit hier n'influe point sur ce qu’il fait aujourd'hui ».
Dans le monde psychologique comme dans le monde physique rien ne se perd ; nos
actes nous suivent et s'enchaînent. La formation d'habitudes est inévitable. On peut y
voir même une nécessité de nature. Ce dernier mot traduit une chimère du pur esprit
qu'est Rousseau.
Cette nécessité de .nature est d’ailleurs heureuse, car les habitudes étant
nécessaires pour la bonne exécution des actes les plus simples, en apparence, sans
elles, l'homme serait désarmé dans sa lutte pour la vie. Prétendre, comme Rousseau,
qu’il ne faut agir qu'après un jugement réfléchi et ne jamais recourir aux mécanismes
montés en soi par la répétition, c’est fermer les yeux sur l'étroitesse de notre champ
d’attention ; c'est, d'ailleurs, ce que déclare Hamelin : « Si les êtres qu'on observe sont
réduits à n’être que des automates dans l'immense majorité de leurs actes, c'est qu'ils
n'ont pour ainsi dire, qu'un petit capital de conscience et qu'ils sont tenus de
l'économiser ». (Ex : La légende du Mille pattes). Ce sont les habitudes qui se chargent
de guider l'activité de nos bras, de nos jambes, de notre langue et même de notre
pensée. Sans elles, nous serions réduits à l'inaction et privés de cette maîtrise dans
laquelle Rousseau voit le plus grand des biens.
En fait, il n’y a pas entre l'habitude et la pensée, l'opposition que pense Rousseau
car, pensée et habitude collaborent et se renforcent. « Sans l’intelligence, la vie n’aurait
point certains automatismes, et sans automatisme l’être humain ne pourrait même pas
être intelligent », écrit Pra- dines dans sa Psychologie Générale. C'est pourquoi, s'il est
63
des domaines où la bonne habitude est de n'en avoir aucune, il reste vrai que l’homme
vaut par la somme de bonnes habitudes qu'il parvient à acquérir. L'acquisition de ces
saines habitudes constitue, comme le croit Rousseau, lui- même, l'objet essentiel de
l'éducation.
IV. ROLE DE L'HABITUDE EN EDUCATION :
a) POUR L’ÉLÈVE:
Rousseau n’est pas seul à condamner l’habitude en éducation. Kant fait de même,
pour la raison que : « Plus un homme a d’habitudes, moins il est libre et indépendant ».
L’idéal du premier et du second serait une liberté toujours agissante que rien ne
gênerait une liberté toujours en éveil, toujours en mouvement qui se déterminerait, à
nouveau, par un effort spécial dans toutes les circonstances de la vie. Or, l’habitude est
une obéissance puisqu'elle nous enchaîne au passé. Il est impossible de réaliser cet
idéal, car, on ne peut demander à chaque instant de l’existence, ce déploiement
d’énergie que suppose tout exercice nouveau de la volonté. La faiblesse humaine est
trop heureuse de pouvoir s’appuyer sur de bonnes habitudes qui la dispensent d’efforts,
sans cesse renouvelés et qui lui rendent facile, aisé, et presque instinctif
l'accomplissement du devoir ; D’ailleurs, d'autres pédagogues soutiennent une thèse
contraire à celle de Rousseau. Pour eux, tout l'art de l'éducation consiste à faire prendre
de bonne heure, à l'enfant le plus de bonnes habitudes possibles. « L'éducation a pour
but de former la conduite ; les habitudes sont l'étoffe même de cette dernière », écrit W.
James. 1er, il importe de distinguer accoutumances d'aptitudes. Les premières sont des
habitudes passives rendant l'enfant esclave des choses et des personnes et lui
interdisant l'accès à l'autonomie. Les secondes sont des habitudes actives, une
accommodation souple et active qui permet, sans abdication de soi de se soumettre aux
lois de la nature pour la commander, ensuite. Or, le but d'une éducation bien comprise
est d’aider l’enfant à se dégager, de plus en plus, de l'emprise des choses et à les
dominer grâce à une adaptation sans raideur. Or, ce sont les aptitudes qui, dans tous les
domaines tendent à ce résultat. En dernière analyse, éduquer un enfant c'est le pourvoir
de ces habitudes de qualité supérieure, d'ordre physique, intellectuel et moral que sont
les aptitudes.
b) POUR LE MAITRE:
L’habitude, ne semble pas, par contre, devoir jouer le même rôle chez l'instituteur. Si
son rôle consiste à doter son élève d'excellentes habitudes il importe qu’il se garde d’en
contracter pour lui-même. Il commencera, bien entendu, par prendre 'l’habitude
d’accomplir scrupuleusement sa tâche. Mais, au travers de son style éducatif propre, il
doit pouvoir adapter ses méthodes aux possibilités de son auditoire et ne jamais les
laisser dégénérer en routine. C’est bien cette consigne que lui donnent les instructions
officielles dans le passage suivant.
« Le grand ennemi de l’éducateur, c'est l'habitude. Elle tend à transformer en
routines mécaniques les pratiques mêmes qui étaient destinées à lutter contre la routine
et le mécanisme64
».
SUJET N°9
INTRODUCTION POSSIBLE :
Personne n’est mieux placé que Kant pour parler d’habitude. Pendant un demi-siècle
environ, il accomplit sa promenade journalière avec une régularité d’horloge. Une seule
fois, les habitants de Koenigsberg, purent constater que cette promenade s’était
allongée. Ce jour là, était parvenue à Kant, la nouvelle de la Révolution française.
I. EXPLICATION ET APPRÉCIATION :
L’habitude naît de la répétition d’un même acte. Qu’importe que cette répétition soit
volontaire ou non. Chacun sait qu’il y a des habitudes que nous cherchons à acquérir et
d’autres que nous contractons à notre insu. D’une façon ou d’une autre, une fois
l’habitude contractée, l’action se produit automatiquement, aisément et si
impérieusement qu’il coûte beaucoup de peine à s’en délivrer. Il est difficile au fumeur
de se débarrasser de son habitude.
A noter que chacun de nous a ses habitudes : les tics et manies des uns, les
grimaces ou manières de parler ou de faire des autres.
Ces habitudes, élémentaires d’apparence, ne semblent nullement mettre en péril
notre liberté.
On admettra facilement que le vieux professeur dont les tics réjouissent la malice de
ses élèves, soit capable des inventions verbales et intellectuelles au moment même où il
répète les mêmes gestes habituels comme : se frotter les mains, se gratter le nez,
reprendre des mots qui lui sont chers...
Cependant, ces ridicules sont à craindre, non pas en eux-mêmes mais, comme étant
les signes d’un automatisme plus profond et plus grave. L’habitude déjà contractée
demeure un obstacle à l’acquisition d’habitudes nouvelles. En ce sens, l’habitude
diminue notre indépendance, puisqu’elle nous emprisonne dans certaines actions, et
qu’il faut, pour la perdre, ou en acquérir de nouvelles, un difficile apprentissage. On en
arrive à ne pas être accoutumé à des actions, mais, aussi, à des sensations. Il en
résulte un esclavage humiliant pour l'être humain.
Aristote est le premier à avoir dit : « L’habitude est comme une nature », (phrase
passée en dicton : l’habitude est une seconde nature).
Sort influence sur la personnalité, consiste souvent à la transformer complètement,
et l'acquis peut recouvrir totalement l’être.
Ceci se perçoit dans les cas limités comme : la déformation professionnelle, la
routine, le conformisme. Elle finit par devenir une mentalité, «ne moralité et fait perdre,
dès lors, toute liberté et toute indépendance.
Cependant, nous pouvons présenter la défense de l’habitude en la comparant à la
mémoire. Ces deux facultés assurent la résistance du passé dans le présent et ne sont
peut être que le double aspect d'une même fonction considérée, tantôt du point de vue
de l’intelligence tantôt, du point de vue de l'activité.
La mémoire rend de précieux services à l’intelligence. Elle n’est pas cette dernière et
ne saurait la suppléer, mais lui fournit la matière qu'elle a à utiliser. Sans la mémoire,
l’intelligence serait obligée de réapprendre continuellement les moindres choses et elle
ne serait capable d'aucun progrès.
Il en est de même de l'habitude. C’est elle qui assure automatiquement la conduite
de la vie inférieure, laissant l’esprit libre pour créer. Marcher, manger, boire, parler
seraient pour nous des problèmes comme ils le sont pour l’enfant, si nos muscles et nos
organes habitués, n'ÿ pourvoyaient d'eux-mêmes, sans que nous ayons besoin de leur
commander.
Enfin, il est des habitudes qui nous assujettissent, d'autres qui nous libèrent. Les
dernières perfectionnent notre nature. « L’habitude rend le corps fluide », dit Hegel,
disciple de Kant.
En réalité, l’habitude n'est pas à supprimer quand elle demeure sous le contrôle de
l’esprit. Elle nous fait perdre liberté et indépendance quand elle nous envahit et risque
de nous paralyser dans la répétition stérile dos mêmes actes et des mêmes pensées.
Dans le cas contraire, elle permet à l'homme de réaliser sa pleine possession par lui-
même.
EN GUISE D'INTRODUCTION :
Parmi les moyens propres à réaliser les fins de l’éducation, la psychologie-révèle
que la connaissance générale de l’enfant ainsi que celle des -natures Individuelles sont
d’une importance capitale pour l’éducateur.
Ces deux moyens l’éclairent dans le choix des programmes et des méthodes
d’enseignement
Outre que Je Maître doit faire preuve d’une information psychologique se rapportant
à l’enfant, il importe qu’il procède, lui-même, à l’observation de ses élèves et même qu’il
ait recours à l’expérimentation. Cependant, l’information psychologique si large «doit-
elle ne saurait suppléer l’observation directe de chaque élève de la classe.
I. MÉTHODE INTUITIVE :
Philosophiquement, intuitif est un mot assez vague, à signification mal 75 délimitée.
C'est la connaissance directe que l’on acquiert, du coup, comme par un simple regard
de l’esprit, sans l’intermédiaire d’une opération intellectuelle. Elle peut être, aussi bien,
la connaissance d’une réalité extérieure comme la pluie qui tombe, un engin qui file
dans l'espace comme celle d'une réalité Intérieure comme la durée bergsonienne ou
un état d’âme. On connaît les intuitions : sensible, intellectuelle et morale...
La pédagogie, en employant ce mot, en a encore distendu le sens. La méthode
intuitive est -aussi bien celle qui emploie les choses, l’exercice des sens ou le
concret... On en arrive même à confondre les enseignements intuitif, inductif,
interrogatif ou maïeutique socratique. F. Buisson nomme méthode intuitive, l’appel à
'l’activité de l’enfant, l’invitation, l'exhortation è penser par lui-même, que nous
appelons aujourd’hui, méthode active. On relève dans le Dictionnaire pédagogique : «
On peut dire que l’on instruit l'enfant par intuition, alors même qu'on ne montre ni
objets, ni images ; toutes les fois, qu’au lieu de lui faire suivre passivement son maître
et répéter docilement la leçon faite, on le provoque à chercher, on l’aide à trouver, on
le met sur la voie, suivant une bien juste image, lui faisant, ensuite, le mérite d’y
ajouter quelque chose par lui-même.
Il semble que les Instructions officielles, elles-mêmes, entretiennent cette
imprécision de vocabulaire. Celles de 1887 définissent un enseignement intuitif : «
Celui qui compte, avant tout, sur le bon sens naturel, sur la force de l'évidence, sur
cette puissance qu’à l'esprit humain de saisir, du premier regard et sans
démonstration, les vérités les plus simples et les plus fondamentales. »
C'est aussi celui qui, « pour commencer, se sert d'objets sensibles fait voir et
toucher les choses, met les enfants en présence des réalités concrètes, puis, peu à
peu, les exerce à en dégager l’idée abstraite, à comparer, à généraliser, à raisonner...
C’est encore celui qui, procédant du connu à l'inconnu, du facile au difficile, conduit les
enfants, par l'enchaînement des questions, à découvrir les conséquences d'un
principe, les applications d’une règle »...
Les Instructions officielles de 1923, introduisent deux, autres expressions :
enseignement par ¡l’aspect et méthode concrète, le premier étant une forme
intéressante de la seconde. Toutes ces notions, il est vrai, sont bien proches. Il semble
préférable de préciser comme le font les Allemands, qu’un enseignement intuitif
s'exerce par les sens, à partir des choses et se centre sur l'observation. A noter que
l'emploi de la méthode intuitive a ses .limites. Trop prolongée, elle risque d'entretenir la
passivité de l'esprit. On en trouve 'la preuve dans l’inefficacité de l’enseignement par le
cinéma.
II. METHODE INDUCTIVE :
La logique l’oppose à la déduction ou méthode descendante, très en honneur dans
les mathématiques. Cette méthode montante est de recherche et non d’enseignement.
Mais, puisque la marche de l’esprit est la même qu’elle découvre ou communique la
vérité, on s’en sert comme méthode d’enseignement. Elle consiste à partir des faits,
d’exemples, afin de dégager une conclusion, une règle, une loi. C’est la méthode
employée en sciences, grammaire, histoire, géographie, et même en morale. Elle
constitue, par excellence, la méthode à employer avec les élèves des cours
76 inférieurs
de l’école primaire. Cela s'explique aisément, en raison même des possibilités de
l'esprit enfantin à pratiquer le raisonnement hypothético-déductif, seulement vers 15-
16 ans et que ses sens jouent un rôle capital dans ses premières acquisitions. L’enfant
aime voir, toucher et se plaît quand il baigne dans la réalité concrète. Mais, il importe
de le détacher progressivement du concret à mesure qu’il grandit et de l’exercer à se
familiariser avec les idées générales et abstraites. En recommandant de pratiquer la
méthode inductive, les Instructions officielles s'accordent avec les données de la
psychologie de l'enfant.
78
SUJET N°13
« Étudiez vos enfants, car, en vérité, vous ne les connaissez point », s'écrie
Rousseau.
Que pensez-vous de ce conseil ? Dégagez en sa force et sa valeur.
I. INTRODUCTION :
Dans la préface de son Emile, Rousseau déclare qu'on ne «connaît point l’enfance
». De plus, il constate que même « les plus sages cherchent toujours l'homme dans
l’enfant sans penser à ce qu’il est avant que d'être homme ». C'est pourquoi il
recommande : « Commencez donc par mieux étudier vos élèves, car, très assurément
vous ne les connaissez point ».
IV. CONCLUSION :
Le conseil de Rousseau prend de plus en plus de valeur avec le développement
moderne de la psychologie de l'enfant. Il rappelle au maitre débutant d'éviter de croire
pareils tous les enfants, de s'imaginer qu'un élève reste identique à lui-même d’un bout
de la scolarité à l'autre et de traiter les enfants comme de petits hommes.
81
SUJET N°14
« Je ne savais employer auprès d'eux que trois instruments toujours inutiles
et souvent pernicieux auprès des enfants : le sentiment, le raisonnement et la
colère. »
Qu'en pensez-vous ? Existe-t-il d'autres moyens d'action sur les enfants ?
A) LE SENTIMENT :
Faire du sentiment, c’est s’adresser au cœur, à la gentillesse, à l’affection que l’élève
peut avoir pour son précepteur afin de l'amener à obéir et à travailler.
Le sentiment, en dépit de ce qu’en pense Rousseau, demeure l’un des plus puissants
moyens d’action sur autrui. Mais, il s'agit dans le jugement à expliquer, d'enfants et non
d'adultes à éduquer. Dans son livre III de l’Emile, Rousseau indique que la sensibilité
morale de l’enfant n’étant pas suffisamment développée, celui-ci demeure réfractaire à
certaines émotions. Il poursuit : « Certaines natures, chez qui le développement de la
sensibilité morale est tardif sont particulièrement rebelles à l'ascendant du maître par
l'affection. D'autres demeurent indifférentes à toute action du sentiment par l'influence
des parents, qui ont pris l’habitude du persiflage et de la moquerie ». C’était sans doute,
le cas des enfants de Mably.
On voit souvent des maîtres dont l’enseignement est clair, précis et qui n’obtiennent
que de médiocres résultats à cause de leur froideur. L’indifférence, chez le maître, a
quelque chose de déprimant, de stérilisant pour l’enfant dont elle méconnaît la bonne
volonté et refroidit le besoin d’affection. La confiance témoignée aux élèves est une
excitation à bien faire. Le souci de mériter cette confiance et d’obtenir l’approbation d’un
maître contribue à leur progrès. Il arrive que pour obtenir du travail, un rendement
scolaire efficace, le maître fasse appel au sentiment de l’élève et obtienne d’excellents
résultats. Jusqu'au C.E., l'enfant reste sensible à ce genre d’argument, mais, moins,
après cet âge. C'est une manière de dire que nous ne suivons pas tout à fait la
conception de Rousseau
A mesure que l’enfant grandit, il s’intéresse au travail, non pour faire plaisir à son
maître, mais plutôt parce qu’il prend plaisir au travail, comprend le sens et la valeur de
l’effort et saisit que le progrès ne peut dériver que du travail bien fait.
Rousseau a été conduit à considérer le sentiment comme un instrument d'éducation
inutile et pernicieux parce qu'il a eu, peut être à élever des natures mauvaises, mal
douées quant au cœur et gâtées par la famille. Peut être surtout, que Rousseau a forcé
et faussé le ressort. Le sentiment doit être contrôlé et réglé. Quand « les ondes de
passion » se succèdent au hasard des circonstances, elles ne produisent
qu'incohérence et faiblesse. Celui qui ne se possède pas ne peut pas diriger les autres.
D’autre part, la passion ayant une puissance contagieuse, il serait dangereux de confier
des enfants à un instituteur aussi peu maitre de lui que l’était Rousseau.
B) LE RAISONNEMENT :
Rousseau ne nie point que les élèves puissent raisonner. Au contraire, dit-il. « Je
vois qu’ils raisonnent très bien dans tout ce qu’ils connaissent et qui se rapporte à leur
intérêt présent et sensible. Mais, c'est sur leurs connaissances que l'on se trompe, en
leur prêtant celles qu’ils n'ont pas, en les faisant raisonner sur ce qu’ils ne sauraient
comprendre ».
Cependant, Rousseau voulait que l'on prouvât toujours à l'élève l'utilité de ce qu’il
apprend. C’est désirable pour qu'il sente que les directions reçues ne sont point
inspirées par le caprice. Mais la chose n'est pas toujours possible. Rousseau condamne
le raisonnement parce que la connaissance intuitive est préférable à la connaissance
raisonnée, hors de la portée des enfants. Ensuite, il conduit à trop discuter avec l'enfant
et on aboutit à en faire un raisonneur, un ergoteur ou un moqueur ridicule. Dans l’emploi
du raisonnement comme moyen éducatif, il faut retenir une inaptitude, une impuissance
de l’élève, mais, aussi une maladresse de la part du «maître à l'utiliser.
Pour exciter l'enfant au travail, mieux vaut compter sur l'intérêt de ce qu'on lui
enseigne et éviter les discussions oiseuses. D’ailleurs, l’approbation des sujets d’étude
par l’esprit de l’élève, la convenance des ordres qu’on lui donne, rendent, très souvent,
inutile tout raisonnement.
C) LA COLÈRE:
Ici, on peut être absolument d’accord avec Rousseau. La colère sincère ou simulée
est, toujours mauvaise conseillère. Elle aboutit à deux résultats.
Lorsque l'enfant n’y est pas habitué, elle l’effraie et’ l’arrête dans 'l’accomplissement
de l’acte défendu. Cependant elle ne le rend ni plus zélé, ni plus studieux. La crainte
provoque le trouble et le désarroi des facultés.
83
Quand le maître use souvent de ce moyen, l'enfant s’y accoutume. Il se détache de
son maître. Quelquefois même, il s'en moque et en rît.
Elle conduit le maître à perdre son autorité.
Cependant, l’amener de l'indépendance au désir de la bravade ou même de crâner
devant ses camarades entraînent parfois, l'écolier à braver la fureur de l’instituteur
incapable de se posséder.
C’est en ce sens, surtout, que la colère est un moyen d’éducation pernicieux. La
colère apparaît aux enfants comme un aveu d'impuissance. Elle choque le sens de la
justice des enfants et n'agit sur eux que superficiellement. S’ils cèdent à la crainte, c'est
avec le désir plus ou moins avéré de secouer le joug dès que l'occasion le permettra.
Enfin, il est une colère légitime que tout honnête homme peut éprouver. «H est bon et
utile pour soi et pour autrui, quelquefois de se courroucer » dit Charron. Conçoit-on un
éducateur qui ne s’indignerait point d'une grave faute commise : vol, mensonge?
En réalité, si la colère est à condamner, les deux premiers moyens ne sont pas
toujours inutiles et, moins encore, pernicieux. Mais, ce ne sont pas les meilleurs
instruments pédagogiques, parce qu'ils ne touchent pas directement les intérêts
immédiats et profonds de l'enfant.
E) CONCLUSION :
En réalité, le sentiment et la raison étaient impuissants sur les élèves de Rousseau,
parce que ceux-ci savaient, qu’à bout de persuasion et d'arguments, leur précepteur
crierait et menacerait. L'échec de ces deux moyens, tenait à la même cause :
prédominance du sentiment qui submergeait la raison et la volonté. Dans son Emile,
Rousseau paraît homme de réflexion et de sagesse, mais, Emile est un imaginaire qui a
crée un système. Si Rousseau fut un célèbre théoricien, il demeura un piètre éducateur,
car, il lui manquait cette raison, cette possession de soi, cette élévation d’âme qui font,
en grande partie, les vrais éducateurs.
SUJET N°15
J.-J. Rousseau recommande pour son Emile : « Jamais de comparaisons avec
d'autres enfants... J'aime cent fois mieux qu'il n'apprenne point ce qu'il
n'apprendrait que par jalousie ou par vanité. »
A l'opposé, A. Binet conseille aux éducateurs « de ne pas se priver de la
ressource que représente l'émulation... Un maître intelligent saura toujours
en tirer parti ».
Comparez ces deux attitudes et faites connaître votre point de vue sur cette
ressource pédagogique.
I. EN MANIÈRE D'INTRODUCTION :
Les pédagogues n’attribuent pas la même valeur éducative à l’émulation. Les uns
trouvent qu’il serait dangereux de l’introduire à l’école. Les autres au contraire, la
considèrent comme un puissant ressort pédagogique. Aussi, comprend-on que
Rousseau refuse catégoriquement de s’en servir pour son Emile, car elle risque
d’entrainer ce dernier à apprendre « par jalousie et vanité », et que Binet, à l’opposé,
conseille au maître intelligent de ne pas s'en priver car « il saura toujours en tirer parti ».
Qu'est-ce que la routine ? A-t-elle une influence sur la vie individuelle et sur
la vie sociale ? Quels sont ses dangers et ses inconvénients en éducation ?
Que faites- vous pour l'éviter dans votre enseignement ?
I. INTRODUCTION :
L’homme est fier de son intelligence qui lui permet de créer, d’inventer, de s’adapter.
Mais en réalité, une petite fraction de son activité seulement est dirigée par
l’intelligence. Dans la plupart de ses actes, interviennent des mécanismes tout montés.
Quelques uns d’entre eux sont complètement automatiques et c’est parmi eux que se
classent les routines.
a) ROUTINE INDIVIDUELLE :
Chez l'individu, la routine est un genre d’habitude. Habitude et routine présentent des
traits identiques. Elles ont la même origine. Elles s’acquièrent par la répétition des
mêmes actes. Elles ont des effets analogues. Elles dispensent de l'attention et de la
réflexion. Elles diminuent 1a conscience et le besoin d’effort.
Pourtant, il y a de notables différences entre l’habitude et la routine et ces mots sont
loin d'être synonymes.
D'abord, on ne parle de routine que lorsqu'il s'agit des habitudes actives, se
rapportant au’ savoir faire et aux façons d’agir. Ce mot ne peut pas désigner des
habitudes passives. Ainsi, on parlera de la routine d'un gardien qui ouvre les portes et
fenêtres de l’établissement qu'il surveille
à la même heure et dans le même ordre..., de la routine de l'écolier ou de l’ouvrier qui,
matin et soir, effectuent automatiquement un trajet, parfois compliqué, pour aller de leur
domicile à l’école ou à l'atelier. Mais, on n’attribuera pas à la routine l'impossibilité de se
passer de tabac ou de boire.
Ensuite, toute habitude active n’est pas toujours une routine. Ce terme implique une
absence à peu près complète d'intelligence et de volonté. Au contraire, il n'y a pas
incompatibilité entre l’habitude et l’activité réfléchie.
En premier lieu, si l'habitude «’acquiert par répétition, celle-ci peut- être méthodique,
par conséquent, Intelligente et volontaire. Il n'en est pas de même de la routine qui se
forme d’elle-même, sans qu'on l’ait voulu et même -sans qu'on ait eu conscience de sa
formation. Ainsi, on attribuera à l’habitude, et non à la routine, l'aisance et la rapidité de
la dactylo, la facilité avec laquelle nous lisons ou écrivons. On parlera, au contraire, de
la routine du jeune paysan qui reproduit, sans les discuter, les gestes de son père et
pratique, sans songer à mieux, les procédés de culture traditionnels.
En second lieu, si le mouvement habituel est automatique, il reste sous le contrôle de
l'intelligence, qui l'adapte aux circonstances et veille à son exécution. Ainsi l’exercice
d’une habitude la développe-t-elle et a-t-elle, pour résultat un progrès ? Dans l’acte
routinier, au contraire, il n’y a pas le contrôle de l’esprit. Les actes se suivent en vertu de
la seule répétition et non par un choix implicite de l’esprit. Ils deviennent plus aisés,
mais, non pas plus habiles.
b) ROUTINE COLLECTIVE :
Si l’individu contracte si facilement un grand nombre de routines, c’est qu'il vit dans
un milieu routinier. Ses routines personnelles s’associent à des routines sociales.
a) La routine sociale est une forme particulière de la coutume. Toutes deux
consistent en des manières générales d'agir ou de se comporter. Mais, la routine sociale
demeure une forme inférieure de la coutume. Elle est une coutume inconsciente d'elle-
même et, par là-même, exclusive et asservissante. Celui qui se conforme à la coutume
sait très bien qu'on pourrait agir différemment, si bien qu’il agit autrement suivant le
milieu dans lequel il se trouve. Au contraire, celui qui agit par routine, ne pense pas qu’il
puisse procéder différemment. Ses habitudes routinières persistent même lorsque les
circonstances ont changé. Ainsi, l’employé routinier durant son activité, devenu retraité,
conserve les manies contractées et s'adapte difficilement au rythme de sa nouvelle
existence.
b) La routine sociale est encore plus. au-dessous de -la tradition. La tradition est une
coutume qu’on a conscience de tenir de ses ancêtres et à laquelle on est fidèle par
attachement à ceux de qui on descend. Rien d’analogue dans la routine vide d'affectivité
et de conscience. 87
VI. CONCLUSION :
C’est ainsi qu'on réussit à « se garder soi-même intact, à travers les durs hasards ou
les longues monotonies », à entretenir en soi, malgré les années qui passent, la chaleur
intérieure sous le refroidissement de la surface » (Elie Pécaut).
L'activité de l'esprit, le goût de l’action et, par-dessus tout, l'amour de son métier, tels
sont les .stimulants qui préservent 1e maître des effets dangereux de la routine, parce
qu’ils l'empêchent de glisser dans la répétition moderne, intelligente et paresseuse.
90
SUJET N°17
A) L’INTERROGATION DE DÉCOUVERTE:
Elle se présente toutes les fois que la leçon est construite avec la participation active
des élèves ; en les plaçant en face des problèmes successifs auxquels on leur demande
d’apporter points et aspects du sujet. On place l’élève devant un problème qu’il peut
résoudre et non devant une devinette. De question en question, par des observations ou
objections, on l’oblige à penser correctement et profondément, à s’exprimer avec
précision en conduisant la leçon nouvelle fortement liée à la précédente et à la structure
mentale de l’enfant. Ce dernier apprend ainsi à penser et prend l’habitude de le faire.
Cette méthode est celle recommandée par les I.O. de 1923: « La seule 91
méthode qui
convienne est celle qui entretient
entre maître et élèves On continuel échange d’idées sous des formes variées,
souples et Ingénieusement graduées ; toujours partir de ce que les enfants savent,
aller du connu à l’inconnu, du facile au difficile. », ajoutent-elles).
B) L’INTERROGATION DE CONTROLE:
Qui a pour but de vérifier les connaissances des élèves. On leur pose des
questions prouvant qu’ils ont compris. Des réponses convenables sont preuves de
fixation intellectuelle intelligente et manière d'exercer constamment l’activité spirituelle
des élèves.
La méthode interrogative est aussi appelée socratique. Elle s'oppose à la méthode
didactique. On ne verse pas les connaissances dans les têtes, mais, on les fait surgir
de l'esprit où elles se trouvent à l’état latent.
L’interrogation a valeur de test. Elle permet au maître de se rendre compte de ce
que savent ses élèves, de l’étendue et de la localisation de leurs souvenirs, de leurs
ignorances, des lacunes qui subsistent dans leur formation intellectuelle, des
difficultés qui les arrêtent. En même temps, elle stimule l’activité intellectuelle, fait
connaître progressivement les élèves, leur niveau intellectuel ou détecte les obstacles
sur lesquels ils buttent, découvre leurs incompréhensions, les confusions qui les
paralysent.
Le contrôle des acquisitions, son importance/ les différentes formes qu'il revêt.
Précisez à l'aide d'exemples. (C.A.P. Martinique, Session de Mars 1965)
B) LE PROCÉDÉ LA MARTINIÈRE :
C’est le plus connu et le plus employé dans tous les cours primaires. Il est, à la fois,
écrit et oral. Le travail s'effectue sur l'ardoise. II garde l'avantage pédagogique de
permettre un contrôle collectif et individuel. Malgré tout, il Importe de ne pas en abuser.
C) LES RÉVISIONS :
Les enseignements dits de coure : l’histoire, la géographie, les sciences, la
récitation, la grammaire, Ie8 règles de calcul doivent être toujours fréquemment
contrôlés.
En histoire, par exemple au niveau primaire élémentaire, on contrôle le résumé. Par
quelques brèves questions on reconstitue la substance de la leçon précédente et on
s'assure que le résumé sert de support à une connaissance vivante et intelligente. En
sciences, en calcul, un schéma rapide, une formule, suffisent parfois, parce qu'ils
résument l’essentiel.
En récitation, contrôle exigeant permettant de se rendre compte que le texte est su
de façon impeccable. Ne pas interrompre l’enfant. Attendre qu'il ait terminé et les mises
au point se font par les camarades. Adopter le principe de la révision permanente pour
que l'enfant conserve toujours présents à l’esprit les textes étudiés durant l’année
entière, seul bagage poétique lorsqu’il entrera dans la vie.
D) L’INTERROGATION DE CONTROLE :
Permet de se rendre compte de ce que les élèves ont retenu et compris. Elle a lieu
avant, pendant ou après la leçon.
Avant, pour avoir la preuve que l’élève a revu et étudié la précédente leçon et se
montre capable de la relier à celle du jour.
Pendant, elle coupe l'exposition et marque en quelque sorte, les étapes.
Après, ce qui permet au maître de s'assurer qu'il a été compris. Il Insiste alors sur les
parties demeurées obscures.
Elle dissipe la lassitude. « Quelques questions courtes, vives, volant ça et là dans la
classe comme des flèches, réveillent tout le monde, aiguillonnent, relèvent les têtes,
allument les regards, piquent les curiosités, ravivent l'intérêt, tiennent l’auditoire en
haleine » (dit Steeg).
E) LES COMPOSITIONS»:
Qui obligent l’élève à réviser tout un ensemble se rapportant à une des matières du
programme constituent un moyen de contrôle efficace.
Elles permettent au maître de s'assurer si ses élèves ont un savoir suffisant.
L'élève donne sa mesure et elles constituent un moyen d'émulation.
F) LES EXAMENS :
Ils constituent des épreuves contrôlant toute une scolarité.
Conséquences pédagogiques : Le contrôle ne s'improvise pas. Il faut le prévoir,
préparer les questions et les devoirs. Il est permanent.
Il existe pour les Ecoles maternelles des matériels collectifs de contrôle comme les
fiches correctives Freinet, le matériel de calcul Cuisenaire. La C.M. d'octobre 1960 parle
de contrôle après avoir évoqué « la tendance générale de notre époque à examiner
toutes choses rapidement et superficiellement ». Elle précise que le rôle du maître plus
que par le passé est d’établir les « fondations solides et durables de tout l'édifice
scolaire ».
Il n'y parvient qu'au prix de répétitions fréquentes et d'exercices nombreux. Elle
préconise de revenir au par cœur préalablement compris, « forme authentique et
durable du savoir »
SUJET N°19
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
La question: devoirs écrits à l'Ecole primaire est d’actualité puis qu’elle vient d’être
réglementée par des textes assez récents.
La C.M. du 29 décembre 1956, qui n’a pas toujours recueilli l’adhésion des Parents,
supprime les devoirs à la maison au niveau de l’E.P.E. et fixe à cinq heures le temps
hebdomadaire à leur consacrer. Elle prescrit: « Aucun devoir ne sera demandé aux
élèves hors de la classe ».
Elle précise, par ailleurs que les devoirs ne sont pas supprimés pour autant. Ceux-ci
seront, désormais, faits et corrigés en classe. Us portent essentiellement sur les
disciplines principales et réservent la part la plus importante au français et au calcul.
Mieux. Elle distingue de façon formelle l’exercice du devoir. Le premier est un travail
rapide qui permet de s’assurer, sur le champ, que la leçon a été comprise. Ex :
exercices d'application de grammaire, de calcul. Le devoir lui, est une épreuve écrite
exigeant un « effort personnel et soutenu » de l’enfant, « une mise en forme et au propre
», utile à sa formation, à celle de son esprit comme à celle de son caractère. Il permet de
mesurer l’acquis de l’élève et de contrôler ses qualités de réflexion, de jugement et
d’imagination...
I. INTRODUCTION :
Pour le rendement de son enseignement, le maître dispose de nombreux moyens :
parole, livres, ardoise, tableau noir, dessin. Les uns conviennent mieux que les autres à
un cours précis ou à une discipline déterminée.
Essayons de préciser la part exacte qui revient au livre et à la parole du maître dans
un cours de notre choix.
103
SUJET N°21
Dans son livre III de l'Emile, Rousseau écrit : « Je hais les livres ; ils n'apprennent à
parler que de ce qu'on ne sait pas. » Dans son Propos 41, Alain déclare : « Que le
livre soit l'instituteur en chef et que vous soyez, vous, les adjoints du livre. »
Commentez ces deux opinions et donnez votre avis.
105
A) CHOIX DU MANUEL:
Il doit être choisi après mûre réflexion. Depuis environ 30 ans l’édition scolaire
française a accompli de remarquables progrès. L’art du livre a progressé au même
rythme que la pédagogie. Pour bien choisir le manuel il faut le confronter à loisir avec
plusieurs d’une même discipline, du même niveau et se livrer à un sérieux examen des
spécimens reçus. II Importe de se demander si le manuel choisi répond à l’esprit
nouveau de l’enseignement, s’il est d’une utilisation pédagogique commode, se soucier
de la valeur des textes qu’il contient, de la simplicité, de l'intérêt, du choix des
documents, de la pertinence des questionnaires et de la qualité des résumés.
B) UTILISATION DU MANUEL:
Il est un recueil de documents, une somme d'exercices. Il aide à la formation du goût
et doit surtout conduire l’élève au travail personnel. II faut que l'élève soit initié à se
servir du manuel qu’il possède et sache en faire une utilisation rationnelle. Toute leçon
faite par le maître doit s'achever par l’exploration du manuel de l'élève, la lecture,
l'explication des gravures et du résumé à apprendre. Ainsi compris le livre demeure le
meilleur moyen de culture qui soit.
SUJET N°22
Comment peut-on arriver à concilier la nécessité de la discipline et de
l'obéissance à l'école avec le devoir de développer la personnalité de l'enfant ?
III. CONCLUSION :
Le maître qui s'attache à gagner l'affection de ses élèves, qui leur accorde une
confiance de plus en plus grande à mesure qu'ils grandissent,* qui s'ingénie à se rendre
inutile auprès d'eux, qui organise sans aucune défaillance son travail quotidien, qui les
entraîne au respect volontaire et spontané des règlements scolaires, n'aura aucune
peine à concilier dans sa classe, la discipline avec le respect des personnalités
enfantines.
109
SUJET N° 23
A) MOYENS VISUELS :
Parmi eux, citons la photographie, l'épiscope et le diascope.
a) La photographie est la plus ancienne et la plus simple. C'est apprendre à observer
à l’enfant que de l’entraîner à fixer sur la pellicule, telle scène de la rue, tel paysage,
telle attitude d'un animal, Les documents ainsi obtenus prennent un autre intérêt que
ceux achetés dans le commerce. Certaines écoles bien équipées possèdent même un
laboratoire pour développer et même agrandir les vues prises. C'est une très grande
satisfaction pour l'enfant de se sentir le réalisateur d'une œuvre, au sens propre du mot.
b) L’épiscope encore appelé projecteur de documents opaques est un appareil peu
répandu en raison de son prix élevé qui offre beaucoup d’intérêt. 11 permet de projeter
et d’agrandir au besoin des documents opaques des petits objets ou des détails
d’objets plus grands, (gravures d'un livre, pièces de monnaie, coquilles minces, ailes
d'un Insecte, médailles dont l’examen individuel ferait perdre du temps). Par le
grossissement, il permet des observations que l’enfant ferait difficilement par un
examen direct.
c) Le diascope ou projecteur de diapositives se rencontre dans beaucoup d’écoles.
Les derniers modèles sont équipés de dispositifs pour le passage de films fixes.
Son utilisation implique une préparation sérieuse qui évite que la séance ne
dégénère en bavardage. Il importe toujours de consacrer quelques secondes à
l’observation silencieuse de chaque image. C'est le moment privilégié où l’enfant doit se
poser des questions. Le géographe Max Sorre écrit : « Le document ne doit être nî un
hors d'œuvre, ni un dessert, mais, le plat de résistance de la leçon.» II vaut mieux
sélectionner 6 à 8 images typiques que l’on exploite à loisir, plutôt de projeter 20 ou 30
images non expliquées.
B) MOYENS AUDITIFS :
111
a) L’électrophone que l’on trouve dans beaucoup d'écoles. Les disques peuvent être
employés pour l’éducation rythmique, l’étude des chants, la diction, l’initiation aux
grandes œuvres littéraires, la documentation.
b) La radio, la plus utilisée actuellement. L'O.R.T.F. en accord avec J'I.P.N. apporte
des émissions directement assimilables aux enfants, (radio scolaire).
c) Le magnétophone est le dernier né de la série des appareils auditifs. Il peut servir
à enregistrer à une heure où les élèves ne sont pas en classe, des émissions de radio
(concert, pièce radiophonique, reportage). Le document est mis en réserve et peut être
employé 'à tout moment.
Enregistrer un commentaire que l’on prépare tout à loisir ou d'une bande dans un
ordre correct. Faire de l’autocorrection du langage des fautes de prononciation et
devenir un moyen de création artistique.
C) MOYENS AUDIO-VISUELS :
a) Le cinéma, appareil de projection plus compliqué que le simple projecteur et plus
couteux mais très riche de possibilités. Le modèle 16 m/m est sans contredit celui qui
fournit les meilleurs films pédagogiques, surtout en raison de la grandeur de l'image et
son excellente qualité.
Le grand avantage du cinéma est le mouvement et aussi sa valeur esthétique
remarquable. On peut ralentir, accélérer. Apporter au préalable, aux enfants les notions
indispensables à une compréhension satisfaisante. Les enfants de 7 et 11 ans ne
doivent pas voir les mêmes films. L’effet de la séance doit se prolonger par le dessin,
l’observation, la recherche des documents, la discussion. Le Maître pour dominer son
sujet doit l’examiner au préalable en dehors des élèves.
b) La télévision : Elle allie l’attrait du cinéma à l’aisance de l'emploi de la radio. Elle a
d'immenses possibilités mais son. prix demeure élevé. C'est pour l’élève une fenêtre
ouverte sur le monde, moderne si on s’en sert rationnellement.
Comme le dit si bien H. Louis Cros, les techniques audiovisuelles « ne trouvent leur
véritable signification .que dans la mesure où elles pourront provoquer et renouveler
l’effort personnel sans lequel il n'est pas d’éducation ». (Lire : les techniques audio-
visuelles au service de l'enseignement.)
SUJET N°24
Travail, métier vocation.
I. TRAVAIL :
Chacun connaît la malédiction biblique: «Tu gagneras ton pain à la sueur de ton
front et tu enfanteras dans la douleur. » Pour avoir désobéi aux ordres du créateur, le
premier homme, sa compagne et toute leur descendance doivent subir une punition, soit
par le travail, soit par les affres de l’enfantement.
En somme, personne n'échappe à la loi du travail puisque les besoins
physiologiques et économiques la renouvellent.
D’ailleurs, si l'on se réfère à ses origines étymologiques, on retient que le mot travail
évoque l'idée de punition par la souffrance. Le mot bas latin tripalus désignait une
machine composée de trois pals entre lesquels on plaçait le cheval à dresser et,
aujourd’hui, le maréchal ferrant utilise encore un travail pour ferrer les animaux rétifs.
Jadis, à ce même travail on liait aussi les esclaves punis si bien que le verbe latin
tripaliarer signifie torturer.
Nous n’avons retenu du mot travail que l'idée de notre activité quotidienne. Les
Grecs utilisaient deux mots : ergon et ponos, les latins : opus et labor... Le dernier
(labor) désignait le travail pénible que l'on imposait aux esclaves, alors que le premier
désignait le travail des hommes libres.
Aujourd'hui un seul terme suffit pour désigner le dur travail du manœuvre qui
échange son énergie contre un salaire et le travail créateur de l'ingénieur, du savant, de
l'artiste.' Le mot travail n’a pas le même sens pour le physicien, l’économiste et pour le
sociologue. On parle de travail physique, de travail économique et même de travail
manuel et intellectuel. Disons en passant qu’aucun travail ne saurait être purement
manuel ou purement Intellectuel. Le travail est le fait de l’homme seul, de l’homme
normal, puisqu’il est refusé par le criminel et inaccessible à l’aliéné. Pour Janet bien des
faits psychologiques dépendent de cette notion fondamentale du travail : (l’attention
volontaire bien différente de l’attention spontanée, la patience pour supporter l’attente,
l’ennui, la fatigue, l’initiative, la persévérance, l’unité de la vie, la cohérence des actes et
des caractères, toutes choses qui ne sont pas seulement des vertus, mais des fonctions
psychologiques supérieures).
Le travail de l’instituteur est un peu spécial. Il reflète non seulement l’application qu’il
apporte dans l’exécution de sa tâche, mais surtout le résultat de son effort. Il vise à
former des corps robustes sains et vigoureux, à garnir des esprits et des intelligences, à
tremper des caractères, à construire des consciences soucieuses113de leur propre
destinée. Le travail de l’instituteur est double : il instruit et éduque. Il tient, à la fois, du
manuel et de l’intellectuel, mais dépend plus du second que du premier. Sa délicatesse
réside surtout dans le fait que toute éducation demeure un risque dont l'instituteur doit
endosser la responsabilité.
II se résume à se cultiver, à compléter sans cesse sa culture personnelle et parfaire
sa culture professionnelle.
Tâche jamais achevée, labeur quotidien et continuel peut-on dire.
Les passages que l’on pourrait citer là-dessus sont nombreux.
II. MÉTIER :
Le métier de l'instituteur est d’enseigner et d'éduquer. Le titre de l'ouvrage de M. A
Ferré « Enseigner, métier difficile » Indique bien la délicatesse de la tâche de
l'instituteur. Il faut enseigner et aussi éduquer. Mais n’enseigne ni éduque bien qui veut.
Pour bien enseigner, Il ne suffit pas de posséder le savoir à transmettre, d'être bien
informé sur les moyens de cette transmission, ni même de savoir faire preuve d'habileté
technique. Il Importe d’être intelligent et doué du pouvoir d’agir sur les esprits, vouloir
consacrer à sa tâche toutes les ressources de son âme, avoir confiance en la destinée
de son œuvre, posséder un style enseignant bien à soi. Enseigner sous une forme
élevée, c'est rechercher et découvrir sa personnalité et l’affirmer.
Eduquer, à son tour, suppose surtout, outre ce qui précède, aimer l’enfant, c'est-à-
dire porter en soi la vocation de l’éducation.
III. VOCATION :
C’est se sentir comme appelé, comme élu, comme désigné pour une tâche définie.
Cet appel vient de l'enfant lui-même. M. R. Hubert définit l'amour de l'enfant : « C'est ce
goût qui porte spontanément vers les êtres les plus faibles, les plus ouverts à toutes les
influences, les plus confiants dans la force et la bonté d'autrui ». Cet amour ressemble
un peu à celui que La Fontaine donne d'un ami. « Qu'un ami véritable est une douce
chose ». Il faut qu’il soit positif et concret, qu'il devienne un attachement réel, une
tendresse avouée, une Joie de se trouver au milieu des enfants, de participer à leur
gaieté et même à leurs jeux. C’est l’aptitude naturelle à les comprendre, à saisir leur
langage, traduire leurs Idées, à respecter ce qu’ils portent en eux de spontané et
d'ingénu. C'est croire que ce petit être est riche de possibilités latentes et avoir le désir
de faire épanouir ses virtualités et d'assurer le développement complet de son être
entier. Aimer les enfants, c'est aimer par avance la somme de bonheur qu’ils portent en
eux ». L'homme dont le cœur est de glace, à qui il manque la chaleur communicative ne
fera jamais un bon éducateur. Que le maître ou l’élève se donne en premier, qu'importe
puisqu’il faut que ce don soit réciproque. L'éducation est un courant à double sens. Si
l’élève a beaucoup à tirer du maitre, ce dernier a aussi beaucoup à tirer de l’élève.
Cependant, la vocation suppose mieux encore, le sens de la mission.
C'est la conscience pour l’éducateur de la responsabilité qu'il assume vis-à-vis de
l'enfant... Pour ce faire, une obligation s'impose à l’éducateur : celle de l’abstraction de
lui-même. En choisissant sa profession, il opère le don complet de lui-même. Sa peine,
ses soucis trouveront leur récompense dans les enfants qui lui sont confiés. Il s'attache
à son métier pour les satisfactions que les enfants lui donnent. Sa vie même se
passerait tout entière avec eux.
En réalité, la vocation de l’éducateur comprend trois éléments : amour de l’enfance,
amour de l’idéal que l'on conçoit pour elle, vouloir lui en communiquer la flamme.
IV. CONCLUSION :
La profession d’instituteur demande un travail assidu, un effort jamais relâché, une
sérieuse tendance vers le mieux, une conscience professionnelle à toute épreuve et la
claire vision du mieux être de l’enfant qui nous est confié.
C'est dire que pour l’éducateur, la vocation vivifie travail et métier.
Le progrès pour P. Valéry, « c’est plus de conscience ». « Mieux faire la classe, c'est
savoir plus clairement, à chaque moment qu'on la fait, pourquoi on la fait, et quelles
raisons on a de la faire ainsi et pas autrement » dit M. A. Ferre.
115
SUJET N°25
« Un matériel, un objet ne sont pas en eux-mêmes sources d'activité. Ils ne
peuvent le devenir que si l'éducateur sait les utiliser d'une certaine façon » dit
un pédagogue contemporain.
Que devons-nous entendre par là ? Comment l'instituteur doit utiliser le matériel
scolaire?
INTRODUCTION :
Plus que dans les écoles anciennes, le maître des classes d’aujourd’hui dispose d’un
matériel varié et divers.
On peut même dire qu’aucune école moderne n’est privée de matériel scientifique, de
calcul, de travail manuel, de dessin, de gravures de documents d’histoire, de cartes, de
maquettes, des photos pour la géographie. Le maître n’a que l’embarras du choix.
Cependant cette abondance de matériel ne devient profitable à la classe que si le maître
sait s’en servir de façon rationnelle. C'est pourquoi un pédagogue affirme que le matériel
ou l’objet dont dispose l’éducateur ne « deviennent sources d’activité que si ce dernier
sait les utiliser d’une certaine manière. »
Disons au départ que même le meilleur matériel dégénère entre les mains du
mauvais maître. Le profit qu’on en tire est en fonction de l’art du maître à s’en servir. Le
matériel prend la valeur que parvient à lut donner le maître. Un éducateur surtout savant
arrive à transformer une leçon de choses faite avec des objets courants en une
démonstration technique compliquée et sans aucun effort pour l’enfant.
Un emploi rationnel du matériel rend renseignement concret et actif. Il devient un
enseignement par les choses, par l’action, par l’observation directe et fait disparaître les
mots et les discours. En bref, Il semble que tout le progrès de notre pédagogie soit
associé au progrès de l’instituteur à se servir du matériel.
Des conditions pourtant, sont à remplir par ce matériel. Il importe qu’il soit simple,
robuste, persuasif, qu’on l’utilise de manière réfléchie. On ne se bornera pas à faire une
simple illustration de la leçon autrement celle- ci sera scindée en deux. La leçon se
poursuit tout au long de l’expérience et chemin faisant, des conclusions se rapportant à
l’essentiel de la leçon sont tirées après observation.
C) EXPÉRIENCE SCIENTIFIQUE :
Matériel collectif et si possible Individuel indispensables... Chaque élève dispose d’un
carnet personnel d’observations. Le rôle du maître se résume à guider l’élève. « Il est
capital dans sa discrétion. » Le dessin joue un rôle fort important en science. Il complète
des explications et permet de comprendre ce qui échappe à l’œil nu. Un beau croquis
vaut mieux qu’un beau discours.
Avec de telles précautions le matériel scolaire devient véritable source d’activité.
118
119
SUJET N° 26
« L'idéal d'un maître, comme celui d'un Gouverneur doit-être de se rendre
inutile. »
Expliquez cette pensée. Dans quelle mesure, peut-on l'appliquer à l'École primaire?
122
SUJET N° 27
« Enseigner, c'est choisir. »
Expliquez et appréciez cette formule. Peut-on l'appliquer à l'Ecole primaire ?
(C.A.P. Martinique, Session, Mars 1967)
I. INTRODUCTION POSSIBLE:
Les programmes primaires sont vastes et la scolarité courte. Aussi, le maître qui
entend dispenser un enseignement efficace, doit-il procéder à une rigoureuse sélection
des connaissances à communiquer à ses élèves. Cette dernière apparaît si nécessaire
qu’il semble qu’enseigner se résume à savoir bien choisir.
II. EXPLICATION :
Malgré les simplifications successives qui leur ont été apportées, les programmes de
l’Ecole primaire demeurent encore chargés et touffus. Ils comprennent des copieuses
notions d’enseignement moral et civique, de lecture et d’écriture, de langue française, de
calcul, d’histoire et de géographie, de science physique et naturelles, des éléments de
dessin, de chant, de travail manuel, d’éducation physique et d’activités dirigées...
Un maître ne saurait prétendre enseigner intégralement à ses élèves tout cet
ensemble. Il n’en aurait point le temps. Le législateur l’a bien compris puisqu’il lui
accorde la latitude de choisir dans ces programmes, les notions à enseigner dans
chaque cours. Tout au long des I.O. et sous des formes variées s’exprime la même
consigne.
a) « L’idéal de l’Ecole primaire n’est pas d’enseigner beaucoup mais de bien
enseigner. L’enfant qui en sort sait peu mais, sait bien ».
b) « Mieux vaudrait moins apprendre mais, bien retenir. Mieux vaudrait moins de
souvenirs, mais des souvenirs complets et ordonnés ».
c) « Pour bien enseigner aux enfants ce qu’il n’est pas permis d’ignorer, Il faut savoir
choisir et doser suivant leur âge les connaissances qu’ils auront à assimiler ».
d) L’éducation intellectuelle ne donne qu’un nombre limité de connaissances. Celles-
ci sont choisies de telle sorte qu’elles assurent à l’enfant tout le savoir pratique dont il
aura besoin dans la vie ».
Le verbe choisir qui revient à tout instant et comme un leitmotiv, Invite le maître à
procéder à une sélection méthodique des notions vraiment utiles à ses élèves et signifie
bien qu’enseigner c’est choisir.
Quelle serait la portée de l’enseignement dispensé par un maître123qui ne sait pas
choisir? Il respecterait scrupuleusement les programmes. Son effort ne saurait jamais
couronner de succès, parce qu'il n’arriverait pas à enseigner toutes les notions, ni à les
faire absorber par ses élèves.
C’est le contraire pour le maître qui sait choisir et bien adapter les programmes à la
classe qu'il dirige. Il les examine point par point. H en retranche ce qu’ils ont de trop
touffu et n’en retient que « les connaissances utiles à la généralité des hommes dans
quelque condition qu'ils se trouvent ». Il use à bon escient de la liberté qui lui est laissée
« d'aborder ou d’écarter telle ou telle question, d’exposer ou d’ajourner tel ou tel détail ».
Son enseignement gagne en clarté, en précision et en efficacité. Il enseigne peu mais
bien.
III. APPRÉCIATION :
124
En définitive, cette formule apparaît d'une importance telle pour le maître d'Ecole
primaire que l'on peut dire, en parodiant le vers de Boileau.
« Qui ne sut se borner ne sut jamais écrire ».
« Qui ne sut choisir ne sut jamais enseigner».
1. INTERPRÉTATIONS POSSIBLES :
Le mot à expliquer peut être interprété de diverses façons :
A) PREMIER SENS :
Il se ramène sous la forme d'une déduction mathématique. Pour enseigner, il faut
savoir. Pour savoir, il faut apprendre. On apprend une fois, pour soi-même pour
connaître. On apprend une deuxième fois, on revoit, on médite, on repense pour
communiquer à autrui des connaissances authentiques. A noter que c'est cette seconde
forme d’apprendre qui constitue l’essentiel de la fonction enseignante. Là, réside tout le
métier d'instruire les autres.
Pour l’instituteur, repenser ce qu’il sait, c’est rafraîchir ses connaissances, en
dresser un inventaire sérieux. C’est aussi méditer sur la matière à enseigner pour la
savoir mieux, réfléchir sur sa portée, son but. C’est ensuite sélectionner, doser les
connaissances à enseigner. Reste à savoir si ce que l'on veut enseigner est assimilable
par ceux à qui on le transmet. Cette première interprétation amène à définir enseigner :
apprendre une fois pour soi et apprendre une autre fois pour ses élèves.
Pour enseigner, il importe non seulement de revoir ce que l’on sait déjà pour réparer
l’oubli, mais aussi acquérir de nouvelles connaissances dans la discipline à transmettre.
Et puis, n'est-ce pas par cette deuxième étude que nous conservons intact notre savoir,
que nous cultivons les qualités intellectuelles Indispensables à tout éducateur :
souplesse de l'esprit, sens critique, enthousiasme pour le bien et le beau. Si la culture
générale est Indispensable à l'instituteur, il faut qu’il renonce à une « impossible
érudition », qu'il se garde d'être « une encyclopédie vivante et monstrueuse », mais il lui
faut sans cesse fortifier sa pensée personnelle et sa culture professionnelle. Bien des
pensées viennent confirmer cette première manière de voir.
a) Toute la pédagogie du monde ne saurait faire qu’un esprit inculte parvienne à
enseigner (Payot).
b) Pour bien enseigner, la grande règle de toutes les règles, c’est de très bien savoir
soi-même ce 126 qu’on doit enseigner aux autres (F. Vial). L’enseignement le plus
élémentaire, le plus simple exige de la part du maître des connaissances très sûres et
très étendues (F. Vial).
c) La source doit-être plus haute que la fontaine.
d) C’est grâce à une instruction supérieure que l'on s’élève à la simplicité (Vinet).
e) Il faut savoir beaucoup pour enseigner peu et bien.
B)DEUXIÈME SENS:
Pour enseigner, il ne suffit pas de savoir, c’est-à-dire d’avoir appris une première fois.
II faut aussi apprendre à enseigner (deuxième fois).
Quiconque veut enseigner doit avoir appris pour savoir, (première fois). Mais, il doit
aussi savoir enseigner. Il lui faut donc apprendre à enseigner. On peut travailler ou
apprendre dans le seul but de s'instruire, de préparer un examen. On peut devenir
savant, avoir une culture d’autodidacte, savoir répondre à toute question posée. Mais,
cette position est insuffisante pour enseigner. On apprend à enseigner comme on
apprend à lire, à écrire ou à compter. Enseigner de façon normale suppose :
a) Connaître parfaitement les programmes et méthodes qui conviennent à chaque
cours.
b) Avoir une vue bien nette dé la leçon à exposer, savoir en distinguer le but, les
différentes parties, en saisir clairement l'ordonnance d'ensemble, savoir se mettre à la
portée des auditeurs, s’exprimer en une langue simple, claire et vibrante quand il faut
convaincre comme dans l'enseignement moral.
En outre, celui qui veut bien enseigner doit savoir mais. Il lui faut aussi réfléchir sur
les moyens qui lui permettront de donner à son enseignement toute l’efficacité désirable
et s’imprégner des principes essentiels de la pédagogie. Tout cela s’apprend en
formation professionnelle. Cette seconde conception fait qu’enseigner se résume à
apprendre ce que l’on doit enseigner et, en outre, apprendre à enseigner.
C) TROISIÈME SENS :
Enseigner c’est apprendre pour soi (première fois) mais aussi, apprendre à connaître
ceux que l'on instruit. Aujourd'hui, on ne dit plus pédagogie mais, psycho-pédagogie.
C’est dire que toute pédagogie bien conçue s'appuie sur une connaissance rationnelle
de ceux que l'on instruit. Cette connaissance s’acquiert en apprenant une deuxième fois.
« Commencez par mieux étudier vos élèves car, en vérité très assurément vous ne les
connaissez point », écrit Rousseau dans son Emile.
On dit aussi, que pour bien diriger un esprit, il faut le connaître.
Un maître expérimenté dont l'action quotidienne n'est point éclairée et vivifiée par la
théorie, ne sera toute sa vie qu’un simple praticien.
Une formule heureuse oppose l’ancienne pédagogie à la nouvelle.. Dans l’ancienne
c’est l'élève qui tourne autour du maître et dans la nouvelle, c’est le maître qui gravite
autour de l'élève. Claparède écrit : «la pédagogie doit reposer sur la connaissance de
l’enfant comme l'horticulture repose sur celle des plantes ». 127
III. CONCLUSION :
Le mot suivant d’un écrivain ancien peut servir de conclusion au devoir :
« Si je me réjouis d’apprendre à nouveau, c'est pour mieux enseigner ».
128
«
129
SUJET N°29
« Un peu de savoir, beaucoup de bon sens et infiniment de dévouement, voilà
ce qu'il faut pour faire un bon maître. »
Développez et appréciez ces paroles d'un éducateur contemporain.
I. AUTOUR DU SUJET :
a) Le sujet contient une graduation marquée par les termes : un peu, beaucoup,
infiniment. Chacun d’eux indique une quantité, la dose de chacune des qualités faisant
le bon maître.
b) Examen des expressions capitales du sujet :
Un peu de savoir : Ce dernier mot suppose la connaissance, le savoir du maître.
L’expression un peu, laisserait entendre qu’il n’est pas nécessaire que le maitre soit très
instruit. Question à se poser.
Beaucoup de bon sens : sens inné qui fait distinguer l’essentiel de l’accessoire. Il
en faudrait plus que de savoir. Question à se poser aussi.
Infiniment de dévouement : Une très grande quantité, sans doute, pour s’adonner
tout entier à sa tâche. Ne pas se laisser décourager par l’indifférence ou l’ingratitude des
élèves et de leurs parents. Le maitre trouvera en lui-même la satisfaction du devoir
accompli.
II. INTRODUCTION :
Aujourd’hui on ne doute plus que pour être un bon maître, il faut, à la fois, des
qualités innées et des qualités acquises. La pensée à expliquer accorde plus
d’importance à trois d’entre elles : le savoir, le bon sens et le dévouement. Mais, elle ne
les aligne pas sur le même plan et leur assigne un rang croissant : peu de savoir,
beaucoup de bon sens, infiniment de dévouement. En somme, le sujet proposé gravite
autour de la question r
Que faut-il pour être un bon maître ? L’auteur en fournît la réponse.
III. EXPLICATION :
a) ROLE DU SAVOIR
N’est pas bon maitre qui veut, dit-on, souvent. L’excellent maître possède de très
nombreuses qualités que le texte proposé aligne en valeur croissante.
L’expression : peu de savoir, se justifiait pleinement autrefois où les élèves quittaient
l’école à 14 ans, « munis du savoir pratique dont ils avaient besoin dans la vie ». Un tel
savoir, aussi modeste,
130
se bornait aux éléments puisqu'il n’était question d’enseigner aux
élèves que le « ce qu'il n’est pas permis d’ignorer » : Le maître chargé de donner un
enseignement aussi élémentaire n'avait nullement besoin d’une science profonde. C’est
peut-être pourquoi le législateur avait jugé, qu’en ce moment, la seule possession du
B.E., pouvait suffire aux maîtres de l’école primaire.
En est-il de même aujourd'hui où l'école primaire doit donner des « clartés de tout »
et apprendre à l’enfant à s’adapter à un monde scientifique en pleine gestation, à vivre
une ère technicienne ?
Même pour enseigner peu, Il faut savoir beaucoup. Le maître qui entend dominer sa
tâche doit posséder un vaste savoir. Vinet dit : * C’est grâce à une instruction supérieure
que l'on s’élève à la simplicité ».
Le législateur lui-même s’est ravisé puisque, aujourd'hui, le titre normal pour
enseigner est le Baccalauréat auquel vient s’ajouter le C.F.E.N. ou le C.A.P.
c) ROLE DE DÉVOUEMENT:
Le dévouement suppose une ardeur que ne ralentissent ni les difficultés ni les
mécomptes éprouvés dans l’exercice de la profession. Il implique le don entier de soi-
même, la claire vision qu’on se donne à une tâche qu'on aime. Le maître enseigne avec
son esprit, mais aussi avec son cœur. C'est la raison pour laquelle il se penche: avec
autant de sollicitude sur le paresseux et le coléreux, pour les inciter à deviner, à mieux
rendre et à améliorer leur comportement et leur travail.
C'est parce que le dévouement du maître est immense qu'il se dépense sans
compter, qu'il n’hésite pas à recommencer une leçon déjà faite, s revenir, à insister de
nouveau sur les points demeurés obscurs et qu'il s’ingénie à porter la lumière dans
l'esprit de ses élèves. Il se soucie peu d'être récompensé ou pas. Parfois, un sentiment
d’affection ou de reconnaissance vient le récompenser... Mais, très souvent il ne trouve
autour de lui qu’indifférence ou ingratitude. Il n’est pas découragé pour autant. Il trouve
dans sa conscience la satisfaction du devoir accompli. Avec la sérénité du sage. Il
continue à faire le bien parce que c’est le bien. Il est confiant en l’avenir. Il travaille et
131
espère qu’un jour, il constatera lui-même les heureux effets de son inlassable
dévouement. L’essentiel pour lui est d’être porteur d’un Idéal qu’il réalise. C'est le
dévouement qui empêche au maître de se décourager.
IV. APPRÉCIATION :
Sous une forme lapidaire, le mot proposé énonce les qualités essentielles au bon
maître. Bien d'autres pourraient être encore énumérées : égalité d'humeur, amour de
l’enfance, sens de la justice, sérénité mais, il semble que le bon sens et le dévouement
les intègrent déjà.
Cependant, la dose de savoir exigée du maître paraît insuffisante. Pour intéresser,
nourrir et former des esprits, il faut davantage qu’un peu de savoir, mais, plutôt du
savoir, un savoir large, étendu, parce que « l’enseignement le plus élémentaire, le plus
simple exige du maître des connaissances très sûres et très étendues. » « Toute la
pédagogie du monde ne saurait faire qu’un esprit inculte parvienne à bien enseigner»
écrit F. Vial.
Les jeunes maîtres, un peu présomptueux et enclins à croire que savoir suffit pour
bien enseigner, gagneraient à méditer sérieusement cette pensée.
On peut dire que pour faire un bon maître, Il faut une forte culture, beaucoup de bon
sens et infiniment de dévouement.
132
SUJET N°30
« Il faut enseigner le moins possible et faire trouver le plus possible. »
Que pensez-vous de ce précepte ? Dans quelle mesure peut-on l'appliquer dans
l'enseignement primaire élémentaire?
I. L'EXPLICATION DU PRÉCEPTE:
Au départ on s'aperçoit que la pensée proposée oppose nettement, deux méthodes
d'enseignement bien connues : l'expositive et l'interrogative.
La première est suggérée par le terme : enseigner qui signifie parler, exposer sans
interruption.
La seconde est évoquée par l'expression : faire trouver qui laisse penser à une
constante activité de l’esprit de l’élève, à l'habitude de trouvailles ou découvertes
personnelles et, surtout au profit qu'on en tirera plus tard...
De plus, les deux expressions : enseigner le moins possible et faire trouver le plus
possible concernent lé maître. C'est lui qui enseigne ou expose. Si l'élève découvre et
trouve, c’est le maître qui l'accompagne discrètement sur la voie de la découverte.
En outre, la première n'implique point que l'attitude idéale du maître se borne à être
purement passive. Bien au contraire. Enseigner le moins possible pour le maître
suppose parler peu, intervenir discrètement et parfois, abandonner « sa manie
enseignante et pédantesque » (Rousseau), bref, faire un constant appel à l'observation,
à l'imagination, au raisonnement et au jugement de ses élèves. Elle ne dit nullement qu'il
ne-faut jamais enseigner mais, recommande seulement de le faire le moins possible.
Enfin, en voulant faire trouver le plus possible le maître doit se garder de toute
exagération. Il fera toujours trouver par ses élèves mais, évitera de leur demander de
découvrir ce qui n'est pas à leur portée.
En réalité, aux yeux de Spencer, la meilleure méthode d'enseignement est
133
interrogative. Le maitre ne doit enseigner que dans les disciplines où elle s'avère
impuissante de faire découvrir par ses élèves.
II. CE QU'IL FAUT EN PENSER?
a) IMAGE D’UNE CLASSE OU LE MAITRE ENSEIGNE BEAUCOUP;
Seul le maître expose et explique. Le besoin d’activité des élèves n'est pas satisfait
puisque ceux-ci restent passifs.
Au début de la leçon ils écoutent avec une attention soutenue. Bientôt, celle-ci
somnole. Les élèves n’écoutent plus, s’ennuient et la leçon perd toute valeur ou
importance.
Les facultés vives (imagination et jugement) n’ont pas à intervenir. Elles cèdent le
pas à la mémoire qui, seule, est rudement mise à l'épreuve. Chacun connaît les
inconvénients d'un enseignement fondé sur la pure mémoire. (Rappeler : le savoir par
cœur qui n’est pas savoir et la tête bien pleine de Montaigne). Spencer en résume lui-
même les mauvais côtés : « Dire les choses à un enfant, c’est faire de lui un simple ré-
ceptable des observations d’autrui ; c’est le frustrer du plaisir de la difficulté vaincue ;
c’est remplacer l’attrait des connaissances qu’on se donne à soi-même par le dégoût
d'un enseignement formel ».
De plus, les élèves ne profitent pas toujours de l'enseignement qu'ils reçoivent, qu’ils
le suivent de façon distraite, que celui-ci ne soit pas toujours bien adapté à leur niveau
intellectuel, ou qu’ils ne le comprennent pas du tout. Dans son ouvrage : L’Education,
Spencer s’élève contre « la manie de gaver l’enfant d’une science qu’il ne peut digérer et
la conviction chez certains maîtres qu'un jeune esprit n’est qu’un récipient inerte, et que
toute instruction est nécessairement communiquée par autrui ».
Enfin, de tels élèves, n’ayant jamais développé leur esprit d'observation ni leur
aptitude à raisonner, n’auront plus tard, ni les moyens ni le goût de s'instruire.
b) IMAGE DE LA CLASSE OU LE MAITRE FAIT TROUVER BEAUCOUP :
Dans une telle classe, selon l'expression d’Alain, les élèves travaillent beaucoup et le
maitre peu. Les premiers jouent un rôle essentiellement actif. Leur esprit est toujours en
éveil. Ils observent, raisonnent et jugent sans cesse. Comme le dit si bien F. Thomas,
leurs « jeunes intelligences stimulées comme par autant de défis, par les interrogations
du maître, vont courageusement avec lui, à l’assaut de la vérité ». Les élèves, eux-
mêmes se sentent joyeux, sinon heureux, d’avoir trouvé, triomphé...
De plus, ces connaissances ainsi découvertes se fixent plus facilement dans l’esprit
des élèves. « On retient mieux ce qu'on a découvert soi- même », dit-on. Spencer met
bien en évidence ce fait : « Tout fragment de savoir conquis par lui, (l’élève), tout
problème dont il a trouvé la solution, devient son bien, sa chose, cela, par droit de
conquête.» L'activité d’esprit, la concentration de la pensée sans laquelle aucun progrès
n'est possible, l’excitation délicieuse qui accompagne le triomphe, tout concourt à graver
les faits dans la mémoire, beaucoup plus profondément que ne le ferait la lecture du
meilleur livre ou la parole du meilleur maître ».
Enfin, l'élève habitué à trouver son plaisir dans l'étude, continuera à s'instruire une
fois sorti de l'école.
134
135
SUJET N°31
« On parle trop, on ne dessine pas assez. »
Commentez ce mot de Gœthe. Quelles applications pédagogiques peut-on en tirer ?
(B.S.C.I. Martinique, Session de juin 1964)
III. COMMENTAIRE :
Faut-il penser que Goethe accorde volontiers sa préférence au dessin sur la parole,
parce que dans le cadre de la conception qu'il se fait du métier, il y voit un procédé
d'enseignement permettant au maître de prouver qu’il exerce sa profession avec art ?
On aborderait dès lors, le talent d’enseigner. Peut-être aussi considère-t-il le dessin
comme le procédé le plus actif, une sorte de catharsis original dont dispose l'être
humain pour traduire le fond de sa personnalité. On serait alors amené à considérer le
dessin comme moyen authentique d'expression de l'homme.
Enfin, il est possible que Goethe ait considéré le dessin comme une langue. Il faut
savoir la lire pour en concevoir le tracé exécuté. Il faut savoir l'écrire pour rendre ses
idées et les faire comprendre d'autrui. 11 s'en suit que par le dessin, le maître rend plus
accessible et plus complet son enseignement. L’élève s’exprime et se fait comprendre
aisément. C’est peut-être la raison pour laquelle la nouvelle méthode de l’enseignement
du dessin prescrit que. ce dernier doit avoir un caractère personnel. De plus, le dessin, «
moins étudié, par lui-même que pour les fins générales de l'éducation », devient
enseignement de culture générale. Enfin, le procédé préconisé par Goethe touche de
plain-pied les méthodes dites d'éducation nouvelle, car, il s’agit toujours d'utiliser «les
tendances profondes qui sommeillent dans une âme d'enfant et d’obtenir qu'elles
s'épanouissent à l'occasion des exercices scolaires considérés comme un moyen et non
comme une fin ». Toute méthode active d’enseignement part des activités spontanées
des enfants, de leurs activités manuelles et constructives, de leurs goûts dominants.
137
IV. APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES A EN TIRER :
Maintenir le dessin en liaison avec tous les autres enseignements. Dans son rôle
d'illustration, s'en servir en rédaction (textes libres conçus selon la méthode Frelnet). En
rédaction, en comptes rendus divers, le lier intimement aux sciences d'observation. Lui
conférer un caractère précis et lui imprimer une tendance scientifique. Le greffer à la
géométrie, au travail manuel.
a) Il deviendra procédé d’enseignement pour le maître. Aucune leçon ne sera
exposée sans le dessin à fa craie au tableau : considérer le dessin comme une
technique professionnelle.
b) Faire pratiquer par les élèves toutes sortes de dessins : dessin d'objets qui
plaisent et Intéressent. Arrangements décoratifs mettant en jeu, l’imagination et le goût
des enfants, les dessins de mémoire qui obligent l’élève à regarder attentivement autour
de lui et l’habituent à bien fixer dans ses yeux ce qu’il a vu. Dessins explicatifs des
leçons qui rendent plus fécond le travail de réflexion de l’élève. Dessins fibres faits en
classe ou hors la classe, permettant « d’exercer l’imagination, d’aiguiser l'esprit, de
provoquer la verve. » Dessins géométriques et croquis côté.
Mêler le dessin à toutes les activités de la classe.
La méthode de Goethe est originale et active. Elle permet de mettre à jour chez le
maître comme l'élève des qualités natives d’observation et de finesse, qui, sans le
dessin, ne se révéleraient point. Elle s’accorde avec la pédagogie moderne.
SUJET N°32
Est-il vrai qu'il existe un art de faire une leçon qui exige non seulement du
savoir, mais aussi des dons naturels, de l'expérience et encore, de
l'intelligence et l'amour de la jeunesse ? Ainsi, la leçon rayonnera d'entrain et
de vie.
Des écrivains pédagogiques ont Insisté; les uns, sur l’importance, les autres, sur
l’insuffisance des aptitudes naturelles de l’éducateur.
Les premiers pensent que les aptitudes naturelles ou dons ont une vertu autrement
puissante que la pédagogie. Ils les estiment indispensables sinon irremplaçables dans
l'enseignement primaire qui est particulier et astreint à des nécessités déterminées. Ils
en arrivent même à distinguer le Professeur de l'instituteur. Pour ce dernier, disent-ils,
enseigner, c’est vraiment créer, c’est « par une Invention, sans cesse renouvelée,
éveiller la curiosité, susciter l’effort, stimuler l’âme tout entière »... Ici, ni recettes, ni
procédés ne sont d'aucun secours car ils n'enseignent pas l’art de captiver les
intelligences enfantines. Pour eux, bien enseigner est « affaire de tact, de finesse, de
vivacité d'esprit, cela suppose le don ». La pédagogie ne saurait enseigner «
l'abondance et la verve ». Elles sont un don de la nature que l’étude et l’expérience
pourront cultiver mais, qu’elles ne créeront jamais. Il en résulte « qu’on naît éducateur ».
L’aptitude à éduquer est une aptitude Innée qu'on ne saurait acquérir par une étude
spéciale.
Les seconds soutiennent que même si les dons naturels existent II ne naît pas un
nombre suffisant d’éducateurs les portant et on ne connait aucun moyen précis pour les
diagnostiquer.
Le Dr. Claparède cite une enquête faite sur la vocation des Instituteurs qui a abouti à
la conclusion : Sur 35 élèves, aucun n'est entré à l’E.N. par vocation. Le rapporteur d’un
Congrès pédagogique souligne : « Qu’Il ne faudrait point nier que certaines personnes
ont le don de l'enseignement pas plus que la pratique ne l'améliore». C'est peut-être la
raison pour laquelle la pensée proposée ajoute l'expérience aux dons naturels...
c) L’EXPERIENCE:
Il n'est pas de doute, que même un maître possédant « l'intuition pédagogique,
fortifie son art d’enseigner s'il sait mettre à profit sa propre expérience et celle de ses
collègues plus anciens que lui dans le métier ».
L’expérience suppose une certaine ancienneté dans la pratique en- saignante, une
constante rectification de son savoir une mise au point et un renouvellement incessant
des procédés employés, bref, une prise de conscience très nette de la valeur de
l’enseignement que l’on dispense une foi profonde et enthousiaste dans l'œuvre
éducatrice.
Le maître débutant ressemble à un homme qui, la nuit cherche sa vole au milieu des
ténèbres. Il risque de faire perdre un temps précieux à ses élèves s'il ne réfléchit sans
cesse à l'efficacité de ses leçons, s'il ne redresse sur le champ, ses erreurs
pédagogiques, et s'il ne « lime sa cervelle contre celle d'autrui ».
Si dans le domaine éducatif, on ne veut pas admettre qu’ « expérience passe
science », il n’est pas exagéré de dire qu’expérience équivaut à science.
d) L’INTELLIGENCE:
L'intelligence est faculté d’adaptation. C’est grâce à elle que le maître dose
facilement son 140enseignement et l’adapte exactement à la classe et à chacun des
éléments la composant. Elle le conduit à ajouter ou à supprimer certains éléments de la
leçon, à accrocher solidement des éléments nouveaux à ceux déjà connus, à savoir .les
lacunes qu’il doit combler, les points sur lesquels il faut insister, bref, à adapter la leçon
orale, par son niveau, ses exemples, ses illustrations à la classe, comme un «vêtement
sur mesure». Celle-ci apparaît-comme neuve, originale, vivante, riche de couleur locale
et de vertu éducative. La parole du maître souple et expressive pénètre les esprits,
suscite' l'intérêt, met en branle toutes les puissances d'émotion des élèves. La leçon
faite avec intelligence n’est pas seulement un enseignement mais formation de l’âme
tout entière de chacun des élèves de la classe.
e) L’AMOUR DE LA JEUNESSE :
Pestalozzi fait de l'amour « l’éternel fondement de l’éducation ». Que peut un
éducateur qui n'aime pas l'enfance ? Mais, l'amour de l'enfant est une science. N’aime
pas l’enfant qui veut. L’amour de l’enfance qu’exige l'art de bien enseigner suppose
ainsi que le pense Mme P. Kergomard.
1) Une étude incessante des besoins de l’enfant, de ses aptitudes, de ses
aspirations.
2) La conviction qu’on a pour mission de lui procurer le bonheur auquel il a droit, de
faire arriver à éclosion complète tous les bons germes qu’il porte en lui.
3) Qu'il faut le protéger parce qu’il est faible et le respecter parce qu’il est pur.
4) Qu’on s'ennoblît soi-même, parce qu’on aspire à se rendre digne de lui.
C'est précisément parce qu’on comprend l’être à éduquer, que l’on devine ses
besoins, que l’on parvient à se faire comprendre de lui, son amour étant fait de
confiance et de foi, que l'art de faire la classe se teinte d’entrain et de vie.
142
SUJET N°33
144
SUJET N°34
« Le maître ne peut se donner à quelques uns, il se doit à tous ; c'est par les
résultats obtenus sur l'ensemble de sa classe et non pas sur une élite
seulement que son œuvre pédagogique doit être jugée. »
Indiquez les raisons de cette recommandation et parlez du constant souci que doit
avoir tout maître de l'observer dans sa classe. Comment le maître peut-il s'y
prendre pour faire travailler toute sa classe ?
a) Temps :
Quand la classe est partagée en divisions, le maître n’a pas le temps de passer
d’une division à l’autre. Force lui est d’avoir recours à des moniteurs. Ceux-ci pratiquent
du gardiennage et non de l’éducation parce qu’ils n’ont ni la culture, ni la formation
professionnelle suffisantes pour éduquer. Les élèves dont s’occupe le moniteur sont en
somme inoccupés. Ils se livrent au bavardage et deviennent désordonnés. L’émulation
entre eux disparaît. Les groupes distincts « empêchent de se former ces grands
courants d’émulation si utiles au progrès », écrit O. Greard. Ce morcellement de la
classe en divisions impose au maître une fatigue excessive l’obligeant à reprendre les
mêmes leçons sous des formes plus ou moins adaptées à chaque division. Pressé par
l’heure, il dispense un enseignement rapide, parfois sec et aride.
b) Résultats :
Il importe que tous les élèves d’un même cours puissent profiter de l’enseignement
qui leur est dispensé. Sinon, il se formera une queue qui deviendra de plus en plus
importante. Aucun élève d’une classe ne saurait être négligé. Les I.O. de 1887
précisent: «J-’école doit agir non sur quelques enfants pris à part, mais, sur la masse de
la population enfantine. Il est un minimum de connaissances que l’enseignement
primaire doit communiquer sauf des exceptions très rares à tous les élèves Ce niveau
sera facilement dépassé par quelques uns mais, le fût-il, s’il n’est pas atteint par tout le
reste de la classe le maître n’a pas bien compris sa tâche ou ne l’a pas entièrement
remplie » (I.O. de 1887).
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c) Responsabilité :
Le maître est chargé d’une classe et non de quelques élèves de la classe. Il lui faut
s’occuper de tout le monde. Il a le devoir d'assurer à chacun un minimum de
connaissances et un minimum d'aptitudes. Son rôle est d'unifier et non de séparer. En
procédant autrement, il met en jeu sa responsabilité vis-à-vis des parents et de l'Etat.
INTRODUCTION POSSIBLE :
L’organisation pédagogique rationnelle d’une classe commande que celle-ci soit
homogène du point de vue niveau intellectuel des élèves la composant. C’est surtout
ce que souhaitent les Instituteurs débutants. Mais il est rare qu’il en soit ainsi. Les
Elèves groupés dans une même classe n’ont jamais le même âge mental, ni les
mêmes aptitudes. Un vieil instituteur pense que c’est un tort pour un jeune
remplaçant d’avoir à conduire une classe homogène en tant que degré d’instruction
des élèves, parce que la bonne classe doit recevoir des élèves faibles et des élèves
forts. Les premiers obligent à répéter et les seconds créent l’émulation.
Que faut-il penser de ce jugement ?
« Pour que les élèves ne perdent pas leur temps, il faut que les maîtres
apprennent à perdre le leur. »
Commentez cette phrase des I.O. de 1923.
I. INTRODUCTION :
Les programmes primaires élémentaires sont chargés et la scolarité courte. Dès
lors, le temps devient à l’école un élément précieux dont le maître doit faire un emploi
judicieux. Loin d’en perdre, il lui faut toujours chercher à en gagner. L’opinion à
commenter exprime une idée contraire : « Pour que les élèves ne perdent pas leur
temps, il faut que les maîtres apprennent à perdre le leur. »
Commençons par l'expliquer.
II. EXPLICATION :
L’emploi du temps règle la marche d’une classe. Il précise l'utilisation des heures
de chaque journée. Le maître est tenu de le suivre presque à la lettre. Alors comment
peut-il perdre son temps ?
L’expression : perdre son temps prend un sens différent suivant quelle s'applique
au maître ou aux élèves. Le maître qui se contente de faire lire par l’élève un chapitre
de son livre de sciences ou d'histoire au lieu d’exposer sa leçon ou fournir les
explications indispensables perd son temps. Il fait de même s'il pratique des séances
d'une heure au lieu d’une demi- heure en éducation physique ou en dessin. Il en est
de même s’il ne corrige pas les exercices et devoirs proposés à ses élèves, s'il ne
s’assure pas que les précédentes leçons sont sues des élèves avant d'en exposer de
nouvelles. Il perd son temps et gaspille son énergie, précisent les I.O. s’il dispense à
ses élèves un enseignement que ceux-ci ne sont pas à même de comprendre.
L'élève qui, au lieu de résoudre son problème lit un feuilleton illustré perd son
temps. Celui qui arrive toujours en retard, qui ne suit pas les explications du maître,
qui manque la classe sans motif sérieux, qui n'apprend pas ses leçons perd encore
son temps.
Le maître apprend à perdre son temps chaque fois qu'il médite et repense son
métier, quand il use de la latitude que lui laissent les 1.0. de s’attarder à telle notion
instrumentale, (entrainement à la lecture courante, mécanisme des opérations,
récitation des tables et de règles de grammaire) dont, la connaissance Imperturbable
se révèle indispensable au progrès de ses élèves. C'est encore s’exercer 150 à perdre
son temps que de revenir en arrière pour s’assurer que certaines connaissances de
base sont bien assimilées ou s’arrêter pour consolider d’autres qu'il sent flottantes
chez les élèves. (Savoir copier exactement un texte, comment apprendre une leçon,
poser une opération avec soin, s’assurer qu'ils en ont acquis le mécanisme jusqu'à
l'automatisme, qu'ils connaissent les dates essentielles en histoire, les règles et
formules de calcul).
Le maître avisé ne considère pas la répétition comme le procédé fondamental de
toute instruction, mais comme un entrainement méthodique à surmonter une
difficulté donnée. Il n’hésite pas à revenir en arrière chaque fois que cela s'avère
nécessaire et à accorder aux révisions le temps qu’elles méritent.
D’ailleurs les I.O. recommandent, dans chaque cours, de s'assurer que les
enfants possèdent bien les notions inscrites aux programmes et de procéder
périodiquement à des révisions.
En réalité, pour le maître, apprendre à perdre son temps, c’est acquérir
l'expérience do son métier. Cette perte de temps n’est qu’apparente. Elle est
bénéfique à la fois au maître et à l’élève.
Ex : le maître qui s'attache au mécanisme de la soustraction avec retenue, à
l'accord du verbe avec son sujet, la manière de lire avec expression, fait gagner un
temps précieux aux élèves puisque ceux-ci acquièrent, même après un temps long,
des éléments sans lesquels il est impossible de s’instruire par soi-même.
III. COMMENTAIRE :
Dans une classe les actions du maître et des élèves sont solidaires. C’est
pourquoi lorsqu’il feint de perdre son temps, c'est qu’il veut être utile à ses élèves.
Surtout à la rentrée d'octobre, il convient que l'élève réapprenne son métier d’écolier.
Le maître n’y parvient que s’il apprend à perdre son temps. Les I.O. mettent bien en
évidence que nos élèves n'ont pas de temps à perdre en « théories savantes ». Elles
insistent sur Ie3 côtés pratique et utilitaire de notre enseignement et soulignent les
caractères réaliste et désintéressé de l’éducation primaire.
Elles n'hésitent pas à inciter le maître à perdre son temps à adapter son
enseignement aux besoins locaux et aux possibilités de ses élèves.
« Mieux vaudrait moins apprendre, mais bien retenir ; mieux vaudrait moins de
souvenirs mais, des souvenirs complets et ordonnés »
Pour offrir aux élèves une nourriture que leur esprit peut digérer le maître doit se
faire sienne ces deux règles, l'une, formulée par Boileau, l’autre par Rousseau.
« Hâte-toi lentement » (Boileau).
« La principale règle de tout enseignement est qu'il faut perdre du temps pour en
gagner (Rousseau).
151
SUJET N°37
On lit dans les I.O. : « C'est perdre du temps et gaspiller l'énergie des maîtres
et des élèves que d'offrir à ceux-ci une nourriture pour laquelle ils n'ont pas
de goût et que leur esprit ne saurait digérer. »
Développez et justifiez ce texte.
I. INTRODUCTION :
L’enfant vient à l’école pour recevoir des connaissances et s'instruire. Mais, on ne
peut tout lui enseigner, d'une part, faute de temps, de l'autre, il ne saurait absorber
l'intégralité des programmes. Ceux-ci sont démentiels et la scolarité courte.
153
SUJET N° 38
« Il est bien peu d'esprits qui n'aient leur accès, et, le plus souvent, il faut bien
l'avouer, ce n'est pas l'élève qui fait défaut au maître mais le maître qui fait
défaut à l'élève. »
Expliquez et appréciez cette pensée.
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
C'est un fait prouvé qu'on rencontre des élèves inappliqués, inintelligents ou
paresseux, des enfants ne comprenant pas, des caractériels, des opposants ou même
des agressifs. Le maître les néglige ou les abandonne. Est-ce une attitude intelligente et
prudente ?
IV. APPRÉCIATION :
A signaler que l'auteur de la pensée n’a pas dit... tous les esprits. Il a précisé très
peu, c'est-à-dire, un très petit nombre qui relève plus de l'hôpital psychiatrique que de
l'Ecole. C’est à force d'observation, d’ingéniosité et d'application que le maître peut
obtenir un bon résultat avec eux. (Courage, patience). De même qu'il y a la clé des
cœurs il y a la clé des intelligences.
La pensée est juste et nous devons nous en inspirer. Aucun élève ne doit demeurer
en dehors de l’action du maître. La queue dans une classe est inéluctable. Elle grandit
souvent parce que les élèves sont abandonnés à eux mêmes intellectuellement et
moralement.
Ouvrir l'esprit des enfants mal doués est œuvre difficile et délicate.
L’instituteur actif, réfléchi et persévérant ne désespère jamais du succès.
155
SUJET N°39
CONCLUSION :
On peut dire qu’il n'existe pas d'éducation efficace sans communication de
consciences. C'est pourquoi, même si le système d'éducation en usage dans notre
pays favorise l'exclusion du maître d’un groupe, il lui faut, par des procédés fondés sur
l’amour de l'enfant, l'estime, la confiance réciproque, la compréhension de chaque
élève, s’introduire dans le groupe.
157
SUJET N° 40
« Je n'ai pas confiance dans tous ces jardins d'enfants et toutes ces inventions
au moyen desquels on veut instruire en amusant. Aux enfants qui ont tant de
force, tant de fraîcheur et tant de curiosité avide, je ne veux pas qu'on donne
une noix épluchée. L'art d'instruire doit être d'amener les enfants à prendre la
peine de se hausser à l'état d'homme. »
Que pensez-vous de ce mot d'Alain ? :
EN GUISE D'INTRODUCTION :
Chacun connaît les jardins d'enfants ainsi désignés par Froebel, dans lesquels le jeu
occupe la place privilégiée. Dans ces établissements de pré éducation, les petits de 2 à
3 ans exercent leurs sens, tout particulièrement le toucher et la vue au moyen d’un
matériel approprié à leur âge, facile à manier et d’une valeur éducative certaine. Ils
observent plantes et fleurs lisent à leur manière dans le grand livre de la nature. Par le
véhicule, sensoriel, arrivent à leur cerveau maintes sensations qui deviendront les
premiers éléments de leurs pensées. Avec leurs cubes, leurs lattes, leurs bâtonnets, ils
donnent libre cours à leur initiative, sont géomètres, architectes, artistes. Ils créent et
s’instruisent en s'amusant. Alain ne partage pas cette manière d'instruire. Aussi écrit-il
dans ses Propos sur l’éducation : « Je n’ai pas confiance... se hausser à l'état d’homme
».
I. EXPLICATION DE LA PENSÉE :
D'emblée, on s'aperçoit qu’Alain dénonce avec vigueur les méthodes éducatives qui
masquent l’effort à l'enfant et entretiennent chez lui le goût de la facilité. Il ne lui
échappe point que nos écoles ne sont plus des « geôles de jeunesse captive », mais
plutôt des lieux de plaisir, où l'on voit des manèges de chevaux de bois, des
balançoires, des chaises berceuses, des lits, des marionnettes, le cinéma, des boules à
ranger, bref, tout un attirail plus susceptible de charmer l’enfant que de l’instruire. Alain
pense que les procédés actuels utilisés pour éduquer les tout jeunes enfants sont
incapables de laisser trace durable dans leurs esprits. Il doute de leur pouvoir éducatif
et n’en espère aucun résultat efficace et tangible. Pour lui, ils relèvent de la fiction... Il
les considère comme artificiels et ne cadrant pas avec le naturel de l’enfant. Aussi, les
nomme-t-il inventions, c'est-à-dire des découvertes, des combinaisons, des mensonges
étudiés pour tromper ces petits êtres naïfs et Innocents, encore à la fleur de l'âge.
Il va plus loin et estime que c'est abuser de la candeur et de la crédulité de l'enfant
que de lui donner l'impression que tout est facile. Chartier a horreur du factice. Il préfère
le naturel. Il n'aime ni le facile, ni l'aisé. A quoi sert, se demande-t-il, de dissimuler à
l'enfant que la vie est une lutte. Bien au contraire, il croit qu’il n’est jamais trop tôt pour
l'entraîner à l’effort et lui en donner le goût. « Tout ce qui est facile est mauvais », écrit-
il.
Alain considère l'instruction comme une lente, laborieuse et pénible conquête et la
culture comme une patiente maturation. Les deux s'élaborent se conquièrent au prix
d’efforts répétés et soutenus, mais ne se transmettent pas toutes faites. Il faut être
capable de s'élever jusqu’à elles. Pour conduire l'enfant au savoir, il importe de lui
inculquer le sens, la beauté de l'effort, la beauté du travail bien fait, lui enseigner le
respect de la difficulté à vaincre. C'est l'heureuse manière de l’amener à mesurer sa
force, son intelligence, à prendre conscience de sa grandeur « d'homme en herbe ».
C’est bien à dessein qu'il emploie l'expression « une noix épluchée », signifiant une
instruction toute digérée. Par elle, il fait allusion à la fable bien connue de la Fontaine :
la guenon, le singe et la noix. Une jeune guenon fort inexpérimentée, * cueille une noix
verte. Elle y porte la dent, fait la grimace ». D’où la moralité de La Fontaine, pleine de
sagesse... * Sans un peu de travail, point de plaisir ». Quel magnifique symbole dans
l’esprit d'Alain I La guenon représente l'enfant qu'il faut instruire et le singe, « l’état
d’homme » auquel l'éducateur doit amener l'enfant à se hausser.
mérite d'être médité. Pour aimer son métier, Il faut en choisir un, qui répond à nos
tendances, nos aptitudes et nos désirs. SI notre choix est bien fait, nous éprouverons
autant de joie à l’accomplir que le serrurier Chalifour ou le potier Yamoun de G.
Duhamel.
160
SUJET N°41
Est-il vrai que « le seul moyen d'être heureux est de ne pas penser à soi, de
travailler pour autrui, de se donner à une œuvre dans laquelle on a foi ? »
Dans quelle mesure la profession d'instituteur satisfait cet idéal ?
d’attachement.
b) Le sens des valeurs, c’est-à-dire, la foi en un idéal propre à faire l’objet de
l’éducation.
c) Le sens de la mission, c'est-à-dire, la conscience de la responsabilité assumée,
163
SUJET N°43
« Il n'y a de progrès pour nul écolier au monde, ni en ce qu'il entend, ni en ce
qu'il voit, mais seulement en ce qu'il fait. »
Commentez cette pensée d'Alain, et dites quelles applications pédagogiques vous
en faites dans votre classe.
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
Dans ses Essais, Montaigne écrit : « Voici mes leçons : celui-là y a mieux profité qui
les fait que qui les sait ». On sent bien que l'illustre philosophe, à la manière d’Alain,
accorde plus d’importance à faire qu’à savoir... A son tour, reprenant symboliquement
l’exemple du piano, Alain souligne qu'il ne s’agit pas de parler passablement de
Beethovën mais de bien jouer ses œuvres. Il écrit: «Or, parler passablement n'est pas
difficile ; c'est jouer qui est difficile. Et enfin, « il n'y a de progrès pour nul écolier... en ce
qu’il fait ».
II. EXPLICATION :
Le propos à examiner contient deux critiques directes.
La première, symbolisée par le verbe entendre, s’adresse à la leçon magistrale que
l’élève écoute passivement. Prenant exemple sur le maître de piano qui met l’élève au
clavier, l’instituteur doit amener son disciple à exercer son attention, à fortifier sa volonté
en le mettant à l’épreuve, en le faisant expérimenter directement et personnellement.
La seconde, mise en valeur par le verbe voir, vise l’enseignement fondé sur l’intérêt
facile qui plaît aux yeux et amuse davantage l’enfant qu’il ne l’élève. Le maître doit
apprendre son élève à « s'intéresser par volonté », c'est-à-dire, l'initier aux plaisirs
supérieurs qui sont toujours difficilement conquis. Qu'il l’habitue à déployer un effort
gradué, certes, mais, « dans le sens de la montée. » Le maître d'école, dit Alain, n’est
pas un camelot.
L'élève ne progresse que lorsqu’il fait’ par lui-même. Le verbe faire prend un sens
particulier aux yeux d’Alain. Pour J. Dewey faire, c’est accomplir un acte complet
d’intelligence créatrice s'étendant de la position du problème jusqu’au contrôle de la
solution imaginée.
Pour Alain, il signifie un appel à l'activité, un rejet des méthodes basées sur la pure
mémoire mais, avant tout répéter, imiter. Il reste fidèle en cela, au principe le plus
164
important de tout enseignement qu'il a nettement formulé en ces termes : « On apprend
seulement en agissant et en s’exerçant. »
Dans un de ses Propos, il écrit : « On n’apprend pas à dessiner en regardant un
professeur qui dessine très bien. On n'apprend pas à écrire et à penser en écoutant un
homme qui parle bien et qui pense bien ».
Restant logique avec lui-même, il pense qu’un enseignement bien mené a pour
couramment l’invention. Mais, « il n'y a qu’une méthode pour inventer qui est d'imiter. Il
n’y a qu'une méthode pour bien penser qui est de continuer quelque pensée ancienne et
éprouvée ».
Alain compare l'écolier à l'apprenti. Il doit travailler comme tel. Il écrit: « L'apprenti
violoniste ou l’apprenti pâtissier qui ont à se débattre avec une matière rebelle qui «
sanctionne » impitoyablement leurs erreurs, font des progrès authentiques et
parviennent à maîtriser une technique, contrairement aux enfants « nés en bourgeoisie »
qui n’ont jamais à affronter la réalité et vivent dans un monde où l’opinion est tout. »
III. COMMENTAIRE :
Le propos d’Alain conduit à s’interroger sur la valeur pédagogique de l’expérience
personnelle. Est-elle réellement expérience, discipline et maintient-elle forcément dans
le vrai ?
Dans sa Psychologie de l’enfant Wallon écrit : « Sur le plan verbal, l’enfant dit
facilement n’importe quoi. » Mais', il remarque : « Ses gestes, conduits par une pensée
implicite sont relativement bien ajustés. »
Il s’en suit que l’on peut juger de ce qu’il sait par ce qu’il sait faire. C’est que le
critérium de son savoir, comme le croient certains maîtres, n’est nullement la récitation
de la leçon. Réciter le livre d’arithmétique, reprendre les démonstrations de théorèmes
géométriques demeure peu de chose. C’est seulement aux problèmes qu’on juge du
savoir des élèves. Peut-être même, faut-il aller plus loin et voir ceux-ci résoudre, à
l’atelier, les vrais problèmes de la réalité, outils en mains.
P. Valéry qui écrit : « Je sais ce que je sais faire » distingue : le savoir qui ne sait rien
faire ou savoir éminent du savoir qui sait faire. Comme le pense Bacon, le vrai savoir
confère pouvoir. C’est peut-être, la raison pour laquelle Alain le considère comme
progressif.
Ce propos conduit aussi à penser que les formules verbales n’ont aucune valeur
dans notre enseignement primaire. Elles en conservent une grande mais, à la condition
expresse de maintenir leur contact avec la réalité, il Importe qu’elles ne substituent pas à
l’expérience directe des choses. C’est le rôle du maître d’apprendre à l’enfant à faire le
raccord entre les formules et la réalité, car pour ce dernier ces deux plans demeurent
longtemps éloignés sinon séparés. La pédagogie moderne pose d’ailleurs le problème
de l’adéquation exacte de l’expérience et des formules en accordant le pas à
l’expérience. Celle-ci « doit être élaborée par une pensée vivante et qui s’en nourrit ».
L’esprit ne progresse et n’acquiert des connaissances utilitaires que par l’effort. « Il faut,
dit M. Lelf que l’esprit se prenne à la chose, qu’elle l’intrigue, qu’elle le préoccupe,
qu’elle soit pour lui un tourment, qu’il déploie son activité, ses forces et ses ressources
pour en venir à bout ». C’est dire que l’esprit ne peut apprendre que de lui-même en
déployant des efforts personnels et en corrigeant progressivement ses maladresses, s'il
entend faire acquisition de connaissances nouvelles. Dans son Emile, Rousseau
demande : « A quoi voulez-vous qu’il pense quand vous pensez à tout pour lui ».
Le propos d'Alain réclame l’emploi de « méthodes excitatrices de la pensée. »
IV. APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES DANS LA CLASSE :
Rousseau a centré sa pédagogie sur cette exigence dont Alain s'inspire. Le
précepteur intervient à peine pour provoquer et stimuler la curiosité d'Emile. Il ne fait
point de discours, pose peu de questions, juste ce qu’il faut pour mettre l'élève en route
et l’engager sur la voie. Ce qui se révèle fécond, c’est la recherche concentrée
silencieuse et non l’activité babillarde. Mieux. Rousseau conseille au précepteur de ne
pas intervenir davantage s'il volt l’élève s'égarer, car c'est en corrigeant soi-même,
péniblement ses erreurs qu’on progresse.
C'est bien la théorie exposée par Alain dans le propos examiné.
166
SUJET N°44
Vous avez lu ces mots dans un rapport d'inspection : « Le maître fait preuve d'esprit
d'initiative. »
Que signifient-ils chez un éducateur?
Que faire pour le développer chez l'enfant ?
168
SUJET N°45
« Il apparaît donc avec netteté que le rôle essentiel des maîtres des classes
primaires élémentaires est maintenant, et plus encore que par le passé,
d'établir les fondations solides et durables de tout l'édifice scolaire. »
Que faut-il penser de ce passage de la Circulaire Ministérielle du 19 Octobre
1960?
I. EN MANIÈRE D'INTRODUCTION :
Autrefois, les élèves de l'Ecole primaire laissaient la classe à 14 ans et s’engageaient
dans une profession. Le rôle du maître consistait à les mettre en mesure de continuer à
s’instruire et de leur en donner le désir. Il n'en est pas de même aujourd'hui, la scolarité
étant obligatoire jusqu'à 16 ans. Le rôle du maître a aussi changé. C’est dans cet esprit
que M. Lebettre, alors Directeur des Enseignements élémentaire et complémentaire
adressait aux instituteurs sa Circulaire du 19 Octobre sur «l'efficacité de l’enseignement
primaire ». Il insiste sur un impératif. « Il Importe que l'écolier primaire apprenne bien ce
qu’il doit apprendre, que les mécanismes de base soient fortement enseignés ». Cette
Circulaire rappela aux maîtres primaires que l'essentiel de leur rôle consiste désormais à
« établir les fondations solides et durables de tout l’édifice scolaire ».
170
SUJET N°46
Quelles réflexions vous inspire ce passage d'Alain (Propos sur l'éducation) :
« L'école primaire offre ce spectacle ridicule d'un homme qui fait des cours. Je
hais ces petites Sorbonnes. J'en jugerais à l'oreille, et seulement par une
fenêtre. Si le maître se tait et si les enfants lisent, tout ra bien. »
A. S.C.I. (Martinique, Session Mai 1966).
I. COMPRÉHENSION DU SUJET.
Le propos à examiner illustre, de façon précise, la conception pédagogique d’Alain,
relative à l’attitude du maître d’école primaire dans la salle de classe, au travail de
l’élève et au but principal de l’enseignement élémentaire.
Le maître ne peut prétendre tout enseigner. Il ne doit chercher « ni à plaire, ni à
briller, ni même à intéresser trop passionnément son auditoire. Sa qualité essentielle est
d’être discret et serein ». Il s’en suit : pas de leçon magistrale que l’élève écoute,
bouche bée. La conscience fascinée est « le contraire de l’attention véritable ». Trop
souvent, les classes primaires sont « des Universités en raccourci ». Le maître s'instruit,
peut-être, pas l'élève.
L’élève, lui, n’a qu’une ambition : sortir de l'état d’enfance. C'est pourquoi l'école est
un lieu où il doit travailler beaucoup et l'instituteur peu. Si l’élève entend exercer son
attention et fortifier sa volonté, il importe qu'il fasse lui-même et non qu’il écoute
passivement.
Le but essentiel de l'enseignement primaire, selon Alain, n'est pas d'apprendre à lire
de la physique ou de l'histoire, mais, « à lire des livres de physique ou d’histoire ».
L’enseignement fondamental y est la lecture. Il faut apprendre à lire vite, à reconnaître
le mot globalement, sans l'épeler, Il importe de proscrire la lecture à haute voix, trop
mécanique. Il faut conserver l'orthographe traditionnelle qui donne au mot sa
physionomie propre, reconnaissable de loin. Alain fait l'apologie des humanités
traditionnelles (antiquité et classiques) parce que, les langues dites mortes, apprennent
vraiment à lire.
B) ATTITUDE DE L’ELEVE:
Alain veut que l’élève soit actif, qu’il travaille, mais, surtout, qu'il s'initie à la lecture,
car tous ses progrès futurs en dépendent. Les raisons en sont les suivantes :
a) Seule, la lecture nous introduit dans l'ordre humain. Elle police et humanise
l’homme car elle est faite de signes. C'est en «essayant les signes que l’enfant arrive
aux idées ». Il s'en sert même avant de les comprendre. « Connaître les bons signes
constitue l’essentiel du savoir. » C’est pourquoi les leçons de choses ne sont pas
tellement urgentes : les leçons de signes d'abord, c'est-à-dire, exercices de lecture, de
vocabulaire... « Si j'étais chef des beaux parleurs... toutes les leçons seraient de lecture
». Apprendre à déchiffrer les signes, c’est-à-dire, à lire, doit être la première tâche de
l’éducateur.
b) Les sciences étonnent et intéressent davantage l’enfant qu'elles ne l’instruisent. Il
faut même proscrire, pense Alain, la vulgarisation des toutes dernières découvertes
scientifiques qui déconcertent et sont trop loin de l'expérience. Peut-être, vaudrait-il
mieux enseigner les théories physiques classiques, même si elles sont anciennes, car,
elles « apprennent172 à raisonner sur des exemples simples et montrent comment s’opère
III. CONCLUSION.
Malgré son apparente sévérité, le propos examiné contient une leçon de modestie
pour les maîtres primaires qui ont toujours la tendance de parler beaucoup, qui
s’écoutent parler, s'instruisent, sans doute, mais, davantage que les élèves qu'ils ont
mission d’instruire.
Alain cultive à outrance, la théorie de son Professeur Lagneau qui se résume par la
formule: se savoir esprit. L’éducation idéale conduit l'homme à se découvrir esprit,
restant, en cela, bien d’accord avec son maître qui disait : « L'homme qui a une fol3
réfléchi, a transformé sa vie ». C'est pourquoi la réflexion et la raison demeurent les
attributs essentiels de l’homme qui le diffèrent de l'animal.
173
SUJET N°47
«Ce qui intéresse n'instruit jamais » écrit Alain.
Commentez et tirez-en des applications pédagogiques pratiques.
INTRODUCTION POSSIBLE:
Les récents progrès de la psychologie enfantine ont mis en honneur les méthodes
attrayantes et sont même arrivés à faire du jeu un procédé d'éducation. Alain s'élève
être contre ces pédagogies qui prétendent instruire en amusant. C’est pourquoi il écrit :
« Ce qui Intéresse n'instruit jamais ».
I. EXPLICATION ET COMMENTAIRE :
L'intérêt auquel fait allusion Alain est l’intérêt facile qui flatte les yeux et les oreilles,
qui distrait l'esprit de l'enfant et le porte) sans qu’on s'en doute, à se détourner de ce qui
devrait normalement, l'occuper. Ainsi compris, il provoque, au lieu et place de l’attention,
une impression « facile et agréable » qui est juste le contraire de l’attention véritable. Il
précise à raison, que « l'attention facile n’est pas l'attention ». Elle ne peut permettre
l’acquisition des connaissances, c’est-à-dire, de l'instruction. L’attention vraie suppose
un effort sérieux, une tension do l’esprit entier, parfois pénible au sujet qui la fournit.
L'instruction, elle, exige une lente et progressive maturation. Elle ne s'acquiert pas du
jour au lendemain. C'est une conquête dérivant de l'activité incessante de l’esprit. Alain
considère l’instruction comme une activité sérieuse qui « doit être rigoureusement
séparée du jeu ». C'est pourquoi il écrit : la cloche où le sifflet- « marque le retour à un
ordre plus sérieux ».
De plus, ce pédagogue considère que l’éducation véritable ne doit nullement
épargner à l'enfant l'effort pénible. C’est le tromper que de lui faire croire que tout est
facile. Il trouve ridicule la vieille coutume employée pour Socrate qui consiste à enduire
de miel les bords de la coupe contenant du poison. Il condamne sans appel tous les
procédés pédagogiques visant à masquer l'effort à l’enfant. Il pense que si le plaisir dont
on se fait l'esclave avilit l'homme, celui de triompher d’une difficulté à surmonter est
important. « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », semble penser Alain.
De plus, l’homme est fait pour se surmonter. A cet éternel Sisyphe, Il faut un but
difficile à atteindre, aussi élevé que possible et, hors de portée même. C'est peut-être,
pourquoi il recommande de ne pas Initier l’enfant aux très dernières découvertes de la
science. Il est bon de goûter du plaisir après avoir vaincu, mais, il est meilleur de le
trouver durant la lutte victorieuse.
II. APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES QUI S'EN DÉGAGENT : 174
L’attitude d’Alain n’est pas sans rapport avec le stoïcisme. Le pédagogue qui s’en
inspirerait à la lettre se proposerait de former des hommes vrais. Ce n’est point dans la
facilité que se forge une âme, mais, plutôt dans l’effort et l’acharnement à vaincre.
Cependant, il serait dangereux d’utiliser littéralement la méthode d’Alain avec les
enfants de l’Ecole primaire. Il faudrait éviter de leur faire accumuler échec sur échec, de
prendre conscience de leur impuissance notoire et de les faire sombrer dans le dégoût...
En outre, il importe que leur volonté, se détende et qu’ils s'abandonnent même pour
un moment, aux sollicitations de leur nature d’enfant. La pédagogie émolliente conserve
ses droits impératifs dans les petites classes. S’il ne faut pas habituer durant un temps
trop long l’enfant au plaisir, il ne faut pas, non plus, lui présenter au départ, la vérité à
vaincre dans toute sa nudité. Un enfant habitué pendant trop longtemps au plaisir ne
saura jamais regarder en face la science austère et aride, non plus, les nécessités du
devoir à accomplir.
Il importerait, peut-être, de revenir sur nos méthodes d’éducation, d'habituer et
d’entraîner l'enfant à l’effort progressif dans une mesure compatible avec sa nature. Une
éducation trop molle lui apprend à compter sur autrui. Une éducation plus serrée lui
enseigne qu'il faut d’abord compter sur soi. La sensibilité n’a pas beaucoup de valeur
aux yeux d'Alain puisque nous l’avons en commun avec l'animal et même la plante.
Seule, l'intelligence est la faculté humaine de l’homme, parce qu’elle lui permet de
s’adapter, mais, elle se manifeste par la pensée. Pour dissiper la rigueur apparente de
sa pédagogie, le mieux est de s’ingénier à associer le couple intérêt-effort.
175
SUJET N° 48
« Je ne crois pas à ces leçons amusantes qui sont comme la suite des jeux...
Le travail est activité sérieuse qu'il faut rigoureusement séparer du jeu. »
Que peut-on retenir de ce mot d'Alain du point de vue pédagogique ?
176
Il n’y a qu'une méthode pour bien ' penser qui est de continuer quelque pensée
ancienne et éprouvée ». Ce que l’enfant découvre spontanément est sans valeur. C'est
pourquoi, il faut, le plus tôt possible, l'amener vers les grands textes, les grandes idées,
proscrire la vulgarisation, les petits maîtres et les ouvrages de seconde main. Il pense
que le principe le plus Important dans tout enseignement est que l'on apprend en
agissant et en s’exerçant. Il écrit : « On n'apprend pas à dessiner en regardant un
professeur qui dessine très bien... On n'apprend pas à écrire et à penser en écoutant un
homme qui 'parle bien et qui pense bien »... Les cours magistraux sont temps perdu. «
Je conçois la classe comme un lieu où l'instituteur ne travaille guère et où l’enfant
travaille beaucoup. Les enfants lisant, écrivant, calculant, dessinant, récitant, copiant et
recopiant »... L’apprenti travaille pour son patron. Il ne peut gâcher de la marchandise.
L'élève travaille pour lui, pour exercer Son attention. Il peut commettre des erreurs. Les
fausses additions ne ruinent personne. Il s'en suit toute une apologie de l’effort qui ne
tient que si l'élève fait attention et si chacun de ses progrès est une épreuve pour son
caractère. Cet effort gradué satisfait aussi le maître qui n'est pas un amuseur.
« L'art d'enseigner n'est que l'art d'éveiller la curiosité dans les jeunes âmes
pour la satisfaire ensuite, et la curiosité n'est vive et saine que dans les
esprits heureux. Les connaissances qu'on entonne de force dans
l'intelligence la bouchent et l'étouffent : pour digérer le savoir, il faut l'avoir
avalé avec appétit. »
Après avoir analysé ce passage d'A. France, dégager les conseils pédagogiques
qu'il contient et précisez quelles limites vous assignez au propos de l'écrivain.
EN MANIERE D'INTRODUCTION :
La méthode d’enseignement qu'utilise le maître dans sa classe revêt une Importance
considérable puisque c'est par elle que l'élève acquiert son savoir et c’est encore elle
qui crée chez lui, l'instrument du travail Intellectuel. En un mot c'est grâce à elle qu'il
s'instruit et qu’il devient instruisable. On comprend, dès lors, pourquoi, les pédagogues
en inventent, les confrontent pour les perfectionner et que chaque maître reste, comme
attaché à sa méthode. Cependant, Il arrive que d'excellentes méthodes soient
employées par des éducateurs inhabiles. Ils n'en tirent pas les résultats qu’on devrait en
attendre. On dirait qu'elles dégénèrent entre leurs mains. Par contre, des maîtres
intelligents et Ingénieux parviennent à dispenser un enseignement de valeur en utilisant
des méthodes dont la notoriété n'est pas toujours reconnue. Il semble donc, comme le
précise la pensée proposée que « la qualité d'une éducation tient Infiniment... de
J'homme qui les emploie. »
I. EXPLICATION DE LA QUESTION :
Pour l'auteur du texte, la valeur d’une éducation se mesure davantage aux qualités
du maître qui la transmet qu’à celles des méthodes employées. C’est en somme, ce
dernier qui communique aux méthodes qu'il emploie leur force et leur vertu. Le proverbe
bien connu : tel maître, telle classe, pourrait bien se transcrire : tant vaut l’éducateur tant
vaut sa méthode.
Cependant, il ne suffit pas d’employer d’excellentes méthodes pour dispenser une
éducation de qualité. L’éducation est un art qui procède bien plutôt par expérience que
par formules. Une méthode d’enseignement trop rigide serait sans portée sur l’enfant.
Elle réclame une perpétuelle adaptation, un constant renouvellement. La routine et le
mécanisme sont toujours funestes, à la fois, au maître et à l’enfant. L’éducateur doit
penser ses connaissances, varier à l’infini la forme de ses questions, rendre celles-ci
claires et accessibles à ses élèves, en un mot, tenir grand compte de la psychologie
délicate des êtres humains qui lui sont confiés. D’une bonne méthode d’éducation
doivent se dégager chaleur et vie, c’est pourquoi il Importe que le maître possède
l’amour de ses élèves, qu’il leur fasse, en quelque sorte, don de sa personne et qu'il ait
une fol profonde et enthousiaste dans l’œuvre qu’il accomplit. L'action pédagogique de
qualité résulte du mouvement dialectique de la pensée. La méthode employée toujours
rajeunie par ce mouvement progresse sans arrêt. C'est pourquoi une méthode
d'éducation de qualité se révèle aussi souple que le maître qui l’utilise est souple lui-
même. Elle reflète son tact, son habileté, son tempérament, ses goûts, ses aptitudes et
porte en permanence son sceau personnel.
Cependant la méthode n'est pas tout. On rencontre parfois des maîtres dont les
leçons sont brillantes, qui proposent des sujets de devoirs intéressants à leurs élèves,
dont, pourtant les progrès sont lents, pénibles et inégaux. « Bonnes façons culturales,
mais, rendement médiocre », dirait-on en langage d’agronomie. On peut en conclure
que le maître, trop préoccupé de méthode, risque de croire que seuls les résultats
comptent, de s’étioler lui-même et de tuer la personnalité de ses élèves. La valeur
d’une méthode dépend de l'habileté et de l'adresse de l'éducateur qui l'emploie.
II. COMMENTAIRE :
En réalité, l’éducation d'un enfant est une résultante. Le métier d’instituteur requiert
183
à tout moment la présence effective du maître. Il réclame des qualités naturelles, mais,
aussi celles susceptibles d'être acquises grâce au travail et à l’expérience quotidienne.
La meilleure méthode d’éducation est faite du réflexe pédagogique, d'intuition rapide et
heureuse, de ce qu’il faut dire ou faire à un moment donné, du tact qui relève
également de l'intuition, qui fait deviner l’utile et l’inutile, distinguer l’essentiel de
l'accessoire. C’est dire qu'elle doit beaucoup aux apports personnels du maître.
Par ailleurs, l’enfant que l'on éduque se situe dans un complexe psycho-social. La
personnalité du maître marque la méthode employée comme elle marque les enfants
et le groupe scolaire. Les individualités enfantines orientent le groupe et exigent
souvent une adaptation de la méthode. La méthode, à son tour, marque les élèves, le
groupe scolaire, et parfois le maître lui-même. Au centre du problème de l’éducation se
trouve l'enfant. L’excellente méthode est celle qui apprend à le faire mieux connaître et
comprendre et par là même, à le mieux diriger.
III. CONCLUSION :
Dans chaque éducateur il y a du Sisyphe, mais, un Sisyphe connaissant le pourquoi
de son effort, sans cesse poursuivi. C'est dire que l’instituteur n'existe que par l’homme
et à l’intérieur de l’homme. Que la pédagogie soit, art, science ou technique, elle
demeure une activité ouverte et l’action pédagogique que l'on veut efficace implique
une lourde responsabilité à l’égard de l’enfant, de la société et de soi-même.
L’application d’une bonne méthode ne suffit pas. Il faut y ajouter l’action constante, la
réflexion personnelle du maître, son désir de se perfectionner pour perfectionner ses
élèves.
« Quiconque entreprend une éducation doit commencer par achever la sienne », dit
un pédagogue.
184
SUJET N°51
« Chaque fois que notre élève est livré à ses propres forces... il agit, il réalise, il
se fait en faisant. »
Expliquez cette réflexion. Caractérise-t-elle les méthodes dites actives?
1. EXPLICATION DE LA RÉFLEXION :
Le texte de P. Bernard que voici, extrait de « Comment on devient un éducateur,
préconise l'enseignement par l’action et l’expérimentation directe de l'élève. Il précise un
moyen pédagogique de pratiquer le learning by doing (apprendre en agissant), cher à
John Dewey, pédagogue américain.
En fait, la formule « thinking follows striwing » (la pensée fait suite à l'effort), se
complète par « learning by doing » ou encore par « thinking to act » (penser pour agir).
Selon Dewey la pensée n'est pas une fin en sol. Elle se prolonge dans l'action et cette
action a deux buts.
D’une part, instruire les élèves directement par les gestes auxquels ils sont tenus de
réfléchir s’ils veulent traduire leurs pensées et qu’ils répètent pour les avoir bien en
mains. L’élève alors apprend en agissant.
D'autre part, l'enfant pense en vue d'agir, puisqu’il contrôle sa pensée par l’action, au
point qu’elle devient vérification comme dans tout processus expérimental, dans toute
pensée inductive. C'est elle qui sanctionne le procédé, l’érige en vérité ou le taxe
d'erreur. Dès que les élèves l'ont bien compris, ils sont prêts pour l’expérimentation
scientifique et pour la recherche véritable. Rien de plus pragmatique qu’une telle forme
d’éducation. Elle augmente la part d’entraînement en vue d'une fin dans le domaine
pédagogique.
Tous les termes qui sont contenus dans la pensée impliquent travail personnel et
action. L'élève livré à ses propres forces se trouve en face de lui-même. L’expression
suppose, sinon effacement total du maître, mais, intervention discrète. Place en
semblable position, l’élève déploie un effort personnel qui met davantage en branle son
intelligence que sa mémoire, car seule, la première lui indique le subtil détour à utiliser
pour résoudre la difficulté qu'il faut vaincre. Du coup, il édifie sa personnalité et se
construit du dedans, puisque, son action lui permet de contrôler le cheminement de sa
pensée.
Parler, composer, résoudre des problèmes, dessiner supposent aussi travail direct et
production personnelle de l'élève. On y perçoit les tâtonnements de l'intelligence qui
essaie de saisir et de vaincre des difficultés.
Le terme production, lui, suggère davantage une création, une invention185
intelligente
de l'élève qu'une simple imitation faite de pure mémoire.
Les expressions : réaliser, se faire en faisant font aussi allusion à l’action, au travail de
construction et d’édification de la personnalité qui s’opère à la suite d’un travail
personnel sans cesse poursuivi.
II. CARACTÉRISE-T-ELLE LES MÉTHODES ACTIVES?
Chesseix, pédagogue suisse, définit l’Ecole active comme celle « où l’on apprend en
travaillant en cherchant, en observant, en expérimentant soi-même par un effort que le
maître s’efforce de rendre aussi spontané que possible ».
Elle s’oppose à l’Ecole du passé où l’on apprenait en mémorisant un manuel :
a) Elle rend à l’enfant son autonomie et sa liberté.
b) Elle considère l’enfant comme une personnalité caractérisée par ses tendances,
ses désirs propres et qu’il faut connaître pour l’instruire. L'éducateur moderne essaie de
comprendre son disciple. Il le prend par la main et l’oriente dans la découverte de la
vérité. Son rôle est celui d’un tuteur affectueux et discret et d’un commentateur patient.
Il recherche, avant tout, un silence 'laborieux.
Cette façon de procéder, s’harmonise avec le vouloir vivre, la volonté d’agir qui se
manifestent chez l’enfant et dont la manifestation, la plus saisissante est l’intérêt.
Deux données essentielles se dégagent de la psychologie enfantine moderne. Ce
sont elles qui inspirent et alimentent toutes 'les méthodes d'éducation active.
c) L’enfant est toute activité et toute spontanéité et cette activité, est, en dernière
analyse, la forme même de son évolution.
d) Cette activité s’oriente selon le sens et la nature de ses intérêts et de ses
tendances propres.
L’enfant d’âge scolaire est animé par un violent désir d'aller de l’avant dans le sens
où son instinct d'enfant, le pousse Irrésistiblement. Il veut devenir adolescent, puis,
adulte. Il a, avant tout, besoin de voir, de sentir, de toucher, de manipuler, de fabriquer.
Il est décidé à l'effort. Il est capable d’une volonté violente et persistante, mais, ceci
dans le cadre de ses désirs et de ses tendances particulières. Tout est possible, mais,
avec des limites. Si, les désirs du maître et ceux de son élève concordent, touts deux
peuvent aller de conserve fort loin dans la voie du progrès.
Il en résulte, que le chemin du savoir authentique, ce ne sont pas les mots,
seulement, mais, aussi, l’observation, la réflexion, l’expérience, la vérification, le
contrôle, la participation personnelle de l’élève à la construction de la connaissance. La
meilleure manière pour l’enfant de faire sienne la connaissance, c’est de la construire ou
du moins, de participer à son élaboration. « Que votre élève ne cache rien parce que
vous e lui avez dit, mais, parce qu’il l’a compris lui-même» (Rousseau, Emile, Livre, III).
En réalité, l’affirmation de Bernard caractérise en plein les méthodes dites actives
d’enseignement
186
SUJET N°52
« L'enfant doit être le conquérant de son savoir et l'artisan de son éducation. »
Conséquences pédagogiques qui en découlent.
188
SUJET N° 54
Commentez cette affirmation.
« Le pédagogue doit- aborder chaque être humain avec une hypothèse optimiste au
risque même de se tromper. »
Dans quelle mesure appliquez-vous cette recommandation dans votre classe ?
II. EXPLICATION :
« Aborder un être humain avec une hypothèse optimiste », c’est admettre, au
départ, que la nature humaine est excellente, sinon, qu’elle est perfectible.
L’éducateur optimiste en vient à considérer l'enfant comme porteur de virtualités fort
exploitables et susceptibles de s'épanouir en possibilités. Aussi, oriente-t-il toute son
action dans ce sens...
Il en dérive, qu’il croit d'avance, au succès de son entreprise et garde confiance en
l’efficacité de son action. Il perfectionne ses procédés, amende ses techniques,
s’ouvre des perspectives, espérant toujours en tirer le meilleur...
Son optimisme lui confère une sorte de dynamisme agissant. Il entraîne un
rayonnement tonique, lui communique un envol professionnel tel, qu’il ne doutera
jamais des résultats des moyens mis en œuvre. Qui peut nier que l’optimisme donne,
comme dirait A. Chenier, « les ailes de l’espérance ?» Ne fait-il pas tout voir au mieux
et croire comme Pangloss « que les choses vont mieux dans le meilleur des mondes
possibles ? »
IV. COMMENTAIRE :
Une telle conception pédagogique conduit a se poser bien des questions.
La première : L'être humain est-il vraiment bon ? On ne peut l'affirmer. Ce serait tout
autant exagérer de dire qu’il est foncièrement mauvais. On peut aisément en tirer du
bon et empêcher au mauvais de trop s'extérioriser. Le naturel revient au galop, même
quand il est chassé, dit-on.
L’essentiel est de conduire l’enfant à contracter la pratique du bien, d'en faire comme
« une habitude qui gouverne sa vie ».
La seconde : N’est-il pas imprudent de porter trop vite un jugement définitif sur
l'enfant ?
On a vu des cancres, des idiots à l'école, devenir des hommes de premier plan dans
la vie. L'attitude optimiste qui consiste à suspendre son jugement, qui témoigne de la
réserve et de la prudence, paraît préférable.
La troisième : Existe-t-il de plus précieux tonique de l’action éducative que celui qui
consiste à persuader l’enfant qu’il pourra toujours mieux, que la victoire n’arrive
qu’après une longue suite de petites défaites, de lui faire gagner sa propre confiance ?
La célèbre méthode du professeur Bergson ne consistait pas en autre chose.
I. REMARQUES ET INTRODUCTION :
De prime abord, on pourrait croire synonymes les mots classes et études. Dès lors,
la parole à examiner sa traduirait : « Mon enfant, vos études sont terminées, vos classes
commencent ». Ce serait vide de sens.
En fait, terminer ses classes, c’est tout simplement ne plus aller à l’école, au collège,
au lycée. C’est ne plus avoir de maître, que l’on ait réussi à l’examen terminal ou pas. Il
s’en suit que l’on doit, dorénavant, s'instruire par soi-même, procédé qui ne peut réussir,
qu’à la condition d'être instruisable, dans le sens que lui donne Rousseau, c’est-à-dire,
avoir la faculté d’acquérir des connaissances, et d’avoir appris à apprendre. La pensée
prend en définitive, le sens : « Mon enfant, vos professeurs vous ont enseigné des
méthodes de travail. Ils vous sont désormais inutiles. L'heure est venue d’apprendre
vous-même, sans secours étranger. »
II. EXPLICATION :
Les bons maîtres enseignent le moins possible et font trouver le plus possible par
leurs élèves. Seule, cette méthode est profitable parce que, lorsque le maître parle seul,
les élèves qui écoutent ses exposés demeurent passifs. Leur attention faillit
Ils entendent, mais, n’écoutent plus. Trop de maîtres mettent en jeu la mémoire de
leurs écoliers. Ils y versent, comme dans un « entonnoir » des connaissances qui seront
bien vite oubliées. Ils les « gavent d’une science qu’ils ne peuvent digérer» (H.
Spencer).
Les maîtres plus avisés font appel à l’esprit de l’observation, au jugement, au
raisonnement et à l'imagination de leurs élèves. Dans ce cas, l’enfant n’est plus passif.
Son esprit est toujours en éveil. Il est heureux de trouver, de découvrir, de triompher.
« L’excitation délicieuse qui accompagne le triomphe, tout concourt à graver les faits
dans la mémoire beaucoup plus profondément que ne le ferait la lecture du meilleur livre
et la parole du meilleur maître. »
Quand l’enfant est trop dopé, il prend dégoût de l’étude, acquiert la haine du livre et
ne lit jamais plus. Tandis que lorsqu'il a trouvé du plaisir dans l’étude, il continue à
192
s'instruire seul, une fois sorti de l’école.
III. COMMENTAIRE :
L'idéal du maître est de se rendre progressivement Inutile. Cela ne signifie nullement
qu'il doive s’effacer totalement, car, l’enfant a besoin d'être guidé.
Pour entraîner son disciple à observer, comparer, juger, raisonner, le maître doit
fournir de gros efforts. Pour exciter, encourager toute une classe, l’éducateur doit se
dépenser énormément. Il n'est donc pas inutile. Il doit être surtout un professeur de
méthode. Comme le précise Descartes, « il ne suffit pas d’avoir l’esprit bon ; l'essentiel
est de l'appliquer bien. »
Dans nos classes les meilleurs maîtres, sont ceux qui donnent à leurs élèves de
bonnes habitudes de travail, autrement dit, d’excellentes méthodes de travail. Plus un
étudiant connaîtra de textes choisis, préalablement expliqués, plus il améliorera ses
connaissances en français. Il convient de le forcer à apprendre des morceaux de valeur.
Pour retenir les meilleurs passages de notre littérature, pour les confier à notre mémoire,
il existe de très sûres méthodes. Il faut d'abord, les lire avec intelligence, en bien saisir
l'idée générale, les idées secondaires, le plan, l’enchaînement logique...
S'agit-il d’une leçon de science ? L’esprit doit partir des faits puis, passer aux causes
et aux lois. Si notre écolier est entraîné à toujours procéder ainsi, un beau jour, ¡1 pourra
marcher seul et trouver seul.
Mieux. Pour apprendre, l'enfant a appliqué des méthodes : entre toutes celles-ci, il a
retenu les meilleures. Ce sont elles qu’il emploiera pour continuer à se cultiver seul.
Pour se cultiver, il lira. Mais lire c'est élire.. Il choisira ses lectures, n'en fera pas
d’inutiles, mais de très instructives et éducatives. Il acquiert, ce faisant, le désir de
devenir un honnête homme, c’est-à-dire, pas forcément un érudit ou un savant, mais, un
être curieux de s’informer de tout, qui a des idées générales sur tout ce qui peut
préoccuper les esprits.
194
SUJET N° 56
« La réalité présente n'est pas la seule réalité et, par conséquent, elle n'est
pas l'unique critère de l'éducation. Le critère véritable, c'est la réalité future. »
Expliquez et commentez cette affirmation. Dans quelle mesure l'instituteur peut
s'en inspirer?
dernières années, chaque génération s’est préoccupée de donner aux enfants une
éducation semblable à celle qu’elle avait elle-même reçue. Aujourd’hui que le monde
évolue avec la rapidité que l'on sait, ce serait erreur grave de continuer de la sorte. Les
Instructions officielles de 1938 et 1945 ont bien précisé que la continuité de
l’enseignement primaire doit s'exercer en s'efforçant d'intégrer, sans heurts, ni hiatus, les
Idées nouvelles.
D'autre part, puisque l’Ecole primaire forme le monde de demain, c’est en fonction
de ce dernier qu’il faut agir. Toute éducation implique prévision. Cela ne signifie point
qu’il faille s’engager à l’aventure. Mais, nous ne pouvons jouer au prophète et prévoir
l'avenir. Il existe certains faits, que nous ne pouvons plus nier comme ; l’élévation du
niveau d’instruction, la spécialisation de l’ouvrier, l'orientation, de plus en plus
nécessaire, vers la technique. Il importe même si nous ne pouvons solutionner d’office
ces problèmes de structure ainsi posés d’y réfléchir.
I. En GUISE D'INTRODUCTION :
On connaît deux thèses psychologiques de ’l’éducation : L’une se fonde sur la raison
et prétend que le but de l’éducation n’est pas de faire de l’enfant un automate. Pour
l’autre, l'éducation n’est parfaite qu’au moment où ce qui a été acquis péniblement par la
conscience, agit inconsciemment, c'est-à-dire ; « lorsqu'il est passé dans la chair et
dans le sang ».
Se situant dans cette dernière perspective, le Dr Le Bon déclare : «L’éducation est
l'art de faire passer le conscient dans l’inconscient».
II. EXPLICATION DE LA FORMULE :
L'acte conscient s'accomplit avec la pleine compréhension de la raison qui dicte et
justifie la conduite. L'acte inconscient, au contraire, échappe totalement à la conscience
même quand le sujet cherche à le percevoir et à y appliquer toute son attention. Il
importe de noter qu'il y a un va-et-vient constant entre le conscient et l’inconscient. Les
zones de la conscience : conscient, subconscient, inconscient se touchent, sinon, se
pénètrent.
La bonne éducation conduit l’enfant à agir par lui-même, à se donner la loi de son
activité, à devenir une volonté, une personnalité libre. On confère des réflexes aux seuls
animaux. On les dresse, parce qu'ils sont dépourvus de raisonnement.
En appliquant à la lettre, la théorie du Dr Le Bon, on risque d'aboutir à la routine, à
l’automatisme. L’enfant qui n'aura plus d'initiative risquera d'obéir à une force extérieure,
sinon occulte.
Le psychologue Buisson donne une ligne de conduite : « Quand il s’agit de diriger
pour la vie pratique, l’homme ou l’enfant, le citoyen ou le pays, il faut la pleine lumière. Il
n'y a pas d’autre instrument que l’on puisse honnêtement manier que la conscience et la
raison, pas d'autre boussole, pas d’autre critérium ».
III. COMMENTAIRE :
Le Dr Le Bon pense qu’un système d’éducation où le conscient a passé dans
l'inconscient peut laisser intacte la liberté de l’enfant et ne diminuer en rien son mérite et
sa responsabilité pour les raisons suivantes.
a) L'habitude198ne dérive pas de l'inertie. Les habitudes motrices par exemple, finissent
par ne plus intéresser que la moelle épinière alors que, primitivement, il fallait
l’intervention du cerveau. Elles paraissent liées à des conditions purement matérielles.
Cependant, quand on considère une habitude motrice comme jouer au piano, nager,
conduire une auto, on ne peut nier le rôle qu’y jouent l’attention, le jugement, la
conscience. Si machinales que paraissent ces dernières, l’intelligence intervient dans
leur exécution.
b) De plus, l’habitude amène l'infaillibilité. L’activité, d'abord, consciente qui a passé
à l'état inconscient s’exerce avec une facilité et une perfection croissantes. La volonté
gagne en sûreté et en efficacité. Elle devient Incapable d’agir à l’étourdi, c'est-à-dire,
sans liberté. De plus, ce qui est passé dans l’inconscient nous dispense d’efforts
éparpillés, de décisions nouvelles et, par là même, nous permet des progrès ultérieurs.
c) Une réserve, cependant. Pour éviter tout danger d’automatisme aveugle, il faudra
toujours donner à l’enfant des principes clairs, fermes, solides, lui permettant de rester
une personnalité.
D’ailleurs, quand nous agissons inconsciemment et dans le sens du bien, notre acte,
a, peut-être, moins de valeur que celui qui a été difficilement décidé, mais, il n’excite pas
moins d’admiration, parce qu'il est le résultat d’efforts pénibles, hésitants et méritoires.
C’est le cas du bon automobiliste qui évite d’écraser un étourdi ou du nageur qui sauve
un désespéré.
IV. QUE PEUT EN TIRER L'ÉDUCATEUR ?
A) Du point de vue psychologique ce dernier sera amené à méditer sur le rôle
important que l’inconscient joue dans la vie psychologique de l’être humain. S’il n’est
pas toute la vie mentale de l’individu, Il en demeure l’essentiel comme le pense le
psychanalyste Freud. La conscience de l’homme est une. Elle se présente comme un
livre dont les pages représentant l’inconscient auraient été perdues ou arrachées. Mais
ce qui manque est nécessaire à la compréhension de ce qui reste.
De plus, Il n’existe pas de cloisons étanches entre les différentes zones de la
conscience. —i S’il ne nous est point donné de vivre Identiquement, deux fois le même
état de conscience, (« Nous n’aurons jamais plus, notre âme de ce soir » disait la
Comtesse de Nouailles), certains états d’âme peuvent passer du conscient à
l’inconscient et vice versa. Eduquer l’un, c’est en faire bénéficier l’autre.
B) Sous l’angle pédagogique, il œuvrera à ne doter son élève que d’excellentes
habitudes. Il suivra d’un œil vigilant la naissance des mauvaises pour les extirper, tels
les rhizomes de chiendent d’un champ cultivé. Aucun Inconvénient, sérieux à ce que la
pratique des bonnes habitudes Inculquées aboutisse à une saine routine comme le
voudrait le Dr Le Bon. Cette dernière est indispensable à la vie physique, intellectuelle et
morale de l’individu. Elle conditionne les réflexes et automatismes permettant à ce
dernier d’atteindre la dignité de la pensée.
Par contre, le pédagogue habituera son élève à reprendre souvent conscience
comme à repenser, ce qu’il fait inconsciemment.
Autrement dit; l’éducation idéale deviendra un courant à double .sens : passer le
conscient dans l’inconscient, mais, aussi, repasser l’inconscient dans le conscient.
SUJET N° 58
I. EXPLICATION :
Au départ, il importe de signaler que l’état futur dont parle Kant n'est ni l'état adulte, ni
la réalité de demain.
Il pense qu’il faut orienter l’action pédagogique en fonction de l'idée que l'on se fait de
l’espèce humaine, de manière que s’accomplisse le destin de l’homme.
Kant est grand admirateur de Rousseau, qu’il appelle : « l’illustre penseur. » Comme
lui, il croit à la bonté de la nature humaine. « Il n'y a pas chez l'homme de disposition au
mal. Le mal vient de ce que la nature n’est pas réglée. Il n'y a dans l'homme que les
germes du bien. * écrit-il, dans son livre : De la pédagogie.
Kant définit éduquer comme aider au développement naturel de l’homme qui, « s’il
n’est pas contrarié et est, au contraire intelligemment favorisé, permettra à l'homme
d'atteindre sa véritable destination. »
Il admet la nécessité de l'éducation qui fait de l'être humain un homme.
Kant va plus loin. Il ajoute : « Ce n’est pas en fonction de l’état actuel, mais en
fonction d’un état futur le meilleur possible de l'espèce humaine, que l’on doit éduquer. »
Il existe donc, chez lui, l'idée de la confiance en l’homme, fa perspective du
développement poussé, celle de perfectibilité indéfinie de la nature humaine, que l'on
retrouve chez Rabelais et Descartes.
Selon Kant, l'homme est indéfiniment perfectible et même susceptible d'atteindre la
perfection. 200
I. INTRODUCTION :
Les éducateurs humanistes de la Renaissance ont prôné le principe de l’instruction
due à tous. Déjà, Luther en avait parié. Mais, c'est surtout dans l'ouvrage : La grande
didactique ou l’Art universel d’enseigner tout à tous, paru dans la première moitié du
17e siècle, du pédagogue tchèque Coménius (1592-1671), que cette conception
s'affirma avec force. Coménius ne propose pas seulement cet idéal, mais, fournit le
moyen de le réaliser.
204
SUJET N° 60
« Faut-il que l'École soit ouverte ou fermée ? »
Que répondez-vous? Justifiez votre réponse.
INTRODUCTION :
La récente décision ministérielle d'organiser des Voyages d'études économiques afin
de faire déboucher l’Enseignement sur le réel » et mieux « faire apprécier la leçon du
maître, parce que l'élève peut lier le livre à la vie », éclaire d'un jour nouveau l’ouverture
de l’Ecole sur le monde et au monde extérieur. La question que pose Cousinet dans la
Revue « L'Ecole Nouvelle » consiste à saisir si l’Ecole primaire doit, elle aussi, s’ouvrir
au monde extérieur ou si, au contraire, elle doit s’isoler pour se protéger d'influences
extérieures, quelquefois opposées à son action éducative.
I. BUTS DE L'ECOLE PRIMAIRE :
Jadis, l’E. P. avait pour mission de rendre instruisable l’enfant qui la fréquentait et de
le préparer à la vie. Il n’en est plus de même de nos jours. La réforme de l’Enseignement
rend obligatoire l’Ecole, à partir de 1967, aux enfants jusqu’à seize ans. Il s’en suit que,
d’ici très bientôt, la totalité des élèves primaires fréquentera les C.E.G. ou les C.E.S., en
attendant que la fin de la scolarité obligatoire soit portée à 18 ans.
Il en résulte que le but essentiel de l’Ecole primaire change d’orientation. Dorénavant,
elle fournit à ses élèves les éléments qui serviront à une instruction et à une éducation
plus complètes. Ces éléments comprennent l’instruction et l’éducation proprement dite.
Ceux de l’instruction se résument en l'acquisition des connaissances instrumentales :
lecture, écriture, calcul..., en la connaissance des règles de base de la grammaire et de
la conjugaison, les mettant à même de parler et d’écrire assez correctement et, enfin, de
quelques notions de morale, de sciences, d'histoire, de géographie et une imitation aux
disciplines dites accessoires : dessin, travail manuel, musique, éducation physique...
Quant à l'éducation, elle vise surtout à leur donner d'excellentes habitudes, à leur
faire vouloir, les unir dans le culte général du bien, du beau et du vrai. En un mot, elle
tend à faire de chaque enfant, un honnête homme.
II. LES MOYENS QU'ELLE UTILISE :
II ne faut point cacher qu’une inévitable dose de dogmatisme est nécessaire à la
réalisation de l’humble idéal de l’Ecole primaire. Il est des vérités qu'il faut presque
imposer à l'enfant comme des acquisitions qu'il faut lui communiquer1. Ne nions pas,
non plus, la souveraineté du livre et la magie de la parole du maître au stade primaire
élémentaire. 206
On peut, dès lors, se demander si à côté de ces moyens, il faut utiliser le monde
extérieur (ouvrir l'Ecole) ou faut-il en protéger l'enfant (fermer l'Ecole). Elle s’ouvre au
monde, si celui-ci pénètre largement dans la vie de la classe. Elle peut aussi l'observer
afin d'en tirer profit. Dans ce cas, elle s'ouvre sur le monde. Examinons les avantages
d’une large ouverture, et d'une fermeture hermétique de l’Ecole au monde extérieur.
III. QUE PEUT APPORTER LE MONDE A L'ÉCOLE ? :
L’homme devant vivre dans le monde, il semble normal d’y préparer déjà l’enfant.
D'ailleurs, reconnaissons que le verbalisme, que la formation livresque et dogmatique,
même adroits, sont supportés par l'enfant mais, ne l'engagent jamais réellement. Le
monde est dur et inexorable. Ses sanctions sont pénibles et durables. L’élève obtient un
zéro, s'il ne sait pas sa leçon sur le Code de la Route, mais s'il lui arrive un accident par
ignorance de cette leçon, les choses sont bien différentes. Une mauvaise note
sanctionne dans le premier cas. Emotion, infirmité, mort peuvent survenir dans le
second... La vie sanctionne, parfois, si rigoureusement qu'elle jette l’effroi dans nos
âmes et nous donne peur d’avancer.
Par ailleurs, l’observation, le jugement, la réflexion ne peuvent se former
valablement qu’en contact avec le réel. L’observation et l’étude du milieu local restent la
base de l’éducation nouvelle. Le Dr Decroly veut mettre l’élève en présence, à la fois,
des choses, des êtres, des événements, des phénomènes, et cela, aussi souvent que
possible. Pour conserver à l’enseignement primaire son caractère concret et cohérent,
les I.O. n’hésitent pas à demander que « les leçons de géographie, d'histoire, de
sciences soient fondues en une seule et même rubrique : exercices d’observation du
milieu local. » Elles vont même plus loin et réclament, en outre, concordance entre lui et
la lecture, la récitation la langue française, les disciplines accessoires. Elles prescrivent,
par l'emploi des méthodes actives, les classes promenades, les enquêtes et
monographies...
Il n'est pas douteux que l'élève tire le plus grand profit de la visite d’une laiterie,
comme chez Litée, d'une distillerie comme la Mony, d’une coopérative de bananes ou
d’une imprimerie, si on a bien eu soin de solliciter son observation, de l’interroger ou le
renseigner sur leurs origines, leurs transformations, leurs débouchés, sur leur intérêt
économique, social et moral. Il y acquiert des idées fécondes à tous points de vue. Il se
familiarise avec le monde du travail, s’informe sur les modes de travail, les conditions
d'existence, de catégories, de travailleurs, les sentiments qui les animent, la prospérité
de l'industrie locale. Ces visites et entretiens jettent une aube de réalité et de vérité qui
contraste souvent avec ce que disent les livres. Il s'en suit une éducation plus
authentique, plus réaliste, plus humaine, parce que plus proche de la vie. D'ailleurs, des
sociologues comme Durkheim estiment que l’individu ne peut vivre, se développer,
s’élever intellectuellement et moralement que par la société.
Us soutiennent que « les aspirations les plus hautes de l'être ne se déploient qu'à
l’occasion et par le moyen de l’existence collective ».
Cependant une trop large ouverture de l'Ecole sur le monde peut offrir des dangers
pour le jeune enfant.
Les forces sournoises ou obstacles ont sur lui une Influence indirecte très certaine.
C'est le cas des familles dépravées, celui de la rue avec ses spectacles néfastes.
Parfois, l’éducateur se trouve forcé de lutter contre (’influence -familiale quand celle-ci
s'avère défectueuse. Dans la rue de la cité urbaine, le bien et le mal se mêlent
étrangement. Là, l’enfant subit une influence désastreuse qui s'exprime par des slogans,
de3 conseils invitant à la facilité, à la débrouillardise, à la ruse, à la malhonnêteté la plus
franche. Là, surtout, il trouve les exemples qu’il tend à imiter le plus facilement, ceux des
hâbleurs, des amateurs de succès faciles, des cafés, des bars, des affiches de cinéma,
qui, parfois, font étalage d’une sexualité dénudée, excitent son imagination, lui font
désirer, surtout aux adolescentes, avec frénésie, uns vie de luxe et de débauche, une
vie livrée aux excitations de toutes sortes et ce désir est souvent, cause de déviations
morales très graves. On peut dire que c'est dans les rues des villes que se font sentir les
répercussions profondes des transformations sociales qui constituent, sans doute, les
plus grands obstacles à la sauvegarde et à la transmission, des valeurs morales.
Et puis, n’est-II pas, peut-être, prématuré au stade de l'Ecole primaire, d'instruire
l'enfant de la dureté du monde, de le placer en face dés déconvenues, des déceptions,
des désillusions, des aspects décevants, de la vie ? Peut-être, risque-t-on d'en faire, au
départ une existence amollie...
IV. CONCLUSION :
SI Cousinet constate l’importance du rôle joué par la socialisation dans la vie
enfantine, s'il demande, de lui faire y tenir effectivement par toutes les fibres de son être,
il ne nie point qu’il faut penser à protéger l’enfant contre quelques aspects du monde
extérieur. L'Ecole, trop ouverte au monde risque de dépraver au lieu de moraliser, elle
peut Isoler au lieu de socialiser. Nous rattachons notre conclusion à l'instinct animal.
Comme la mère poule choisit le moment pour sortir ses poussins, H Importe que
l’éducateur sélectionne les aspects du monde qu'il laissera pénétrer à l’école.
208
SUJET N° 61
« Une éducation qui n'exerce pas les volontés est une éducation qui
déprave l'âme. Il faut que l'instituteur apprenne à vouloir », dit un écrivain
contemporain.
Expliquez cette pensée et montrez dans quelle mesure l'instituteur peut
enseigner à vouloir.
INTRODUCTION :
C’est dans son Ouvrage : Pédagogie Française que Paul Lapie (1869- 1927), ancien
Directeur de l’enseignement primaire, formule son jugement : « Toute doctrine
pédagogique fait une part au dressage et une part à l'éducation. »
I. EXPLICATION :
D’ordinaire, le mot dressage convient aux animaux et on .réserve le terme éducation
aux seuls hommes. D’ailleurs, Kant affirme que l’homme seul peut être éduqué.
DRESSER : C'est monter des habitudes, créer des réponses immédiates et
automatiques à des situations données. C’est prévoir même les réactions du dressé. Il
faut de plus, remarquer qu’en dehors de ces situations nettement définies, le sujet
dressé est parfaitement désarmé. Il reste incapable d’adapter ses réactions à des
situations nouvelles.
ÉDUQUER : C’est préparer l’enfant à la vie qui l’attend, devenu homme. L’éducateur
ne peut ni en définir, moins encore prévoir toutes les circonstances. Une éducation bien
comprise se propose à apprendre à l’enfant à s'adapter. Elle est assouplissement Elle
suppose la liberté d’action face à l'événement, alors que le dressage ne laisse aucune
place à cette liberté.
C'est en se penchant sur l’esprit, libéral qui doit guider la pédagogie française que
Lapie émet son jugement.
Force lui a été de considérer les divers moyens de construire un être humain. Il en
distingue deux et estime qu'ont peut former celui-ci du dehors ou du dedans. On peut
dit-il « le modeler comme une pâte inerte ou lui inspirer le désir du progrès, lui imposer
un fardeau de connaissances ou lui suggérer le dessein d'en acquérir ». Quant à la
conduite morale de l’être, il ajoute: « On peut le courber sous une règle extérieure ou
l’habituer au gouvernement de soi, le dresser ou l’élever. »
La formation extérieure constitue le dressage et l'intérieure l’éducation, Non. L’enfant
soumis au dressage subit, alors qu'il participe quand on l’éduque. Les écoles
212
pédagogiques ne se distinguent entre elles que par la proportion selon laquelle elles
dosent dressage et éducation. La doctrine qui donne le pas à la contrainte, à l'excès
d’autorité du maître, se nomma autoritaire ou coercitive celle qui fait la part plus large
possible à la personnalité de l’élève est dite libérale ou constructive.
Dressage et éducation se mêlent, sinon se côtoient sans arrêt, dans tout système
éducatif. D’ordinaire, le premier précède le second. Il se révèle particulièrement utile en
ce qu’il permet de réaliser une économie de temps et de réactions, toutes les fois que
des situations semblables se répètent.
Qui peut nier 'l’importance primordiale des solides habitudes physiques,
intellectuelles et morales dans une éducation bien comprise ? Ne dit-on pas que cette
dernière se résume à les donner I
De plus, le dressage constitue, en quelque sorte, une adaptation première et comme
standardisée de tous les enfants à la vie en général.
De son côté, l’éducation confère son sens à la dignité de l'homme. Elle le singularise
et lui donne sa qualité spécifique d'homme. C’est parce qu’on aura aiguisé les facultés
intellectuelles que la situation nouvelle et imprévue sera mieux perçue, mieux dominée
par une réaction strictement adaptée pour laquelle le dressage ne trouvera aucune
solution. Cette constatation prend de la valeur aussi bien sur le plan intellectuel,
physique ou moral.
De rapides exemples situent sur l’importance du dressage en éducation. L'enfant qui
a reçu l’habitude de soulever sa coiffure pour saluer le fait presque automatiquement,
chaque fois que l’occasion le nécessite.
Tel autre, habitué à penser et rompu à la pratique du calcul mental, voit d’un coup
d’œil les relations existant entre 63, 7 et 9. Il répond de suite à toute opération à
résoudre sur ces nombres.
L’élève que l’on a habitué à méditer sur la cause et la portée de ses actes, n’hésitera
pas à accomplir de bonnes actions parce qu’elles sont autant d’occasions de faire le
bien. L’opinion de Lapie demeure fort juste. On peut même dire que l’éducation est
impossible sans dressage préalable.
214
SUJET N°63
Expliquez et appréciez la formule suivante :
« ...L'éducation doit avoir pour objet et pour but, non d'apprendre à l'enfant, à
l'adolescent et au jeune homme tout ce qu'il peut savoir, mais, de lui
enseigner à apprendre ce qu'il aura besoin de savoir. »
I. INTRODUCTION :
La vie d’aujourd'hui évolue avec une rapidité si surprenante que l’on se plaint que
l’Ecole n’est plus adaptée au monde, actuel. Le secret de cette Inadaptation réside dans
le dilemme que pose le texte à expliquer et qui peut se résumer comme suit: Faut-il, au
stade primaire élémentaire, apprendre à l’enfant tout ce qu’il peut savoir ou, n’est-H pas
meilleur de lui apprendre à apprendre ?
216
SUJET N°64
« Notre pédagogie est sans doute traditionnellement trop bavarde,
autoritaire, orgueilleuse. Par contre, elle- même se standardise, se mécanise
et distribue ses recettes, ses formules et ses pilules. Il semble qu'elle sache
tout et dise tout, quand son objet devrait-être au contraire de provoquer le
désir et la curiosité et d'introduire l'esprit dans un monde qu'il sentirait
toujours inépuisable. »
Commentez et, au besoin, discutez ce jugement en appuyant votre
argumentation sur les faits tirés de votre expérience.
219
SUJET N°65
« Le but suprême de l'école est de développer au maximum la personnalité
de l'enfant tout en assurant sa parfaite intégration parmi ses semblables. Ces
deux objectifs paraissent antithétiques ; ils ne le sont en fait que lorsque la
pédagogie est mal conduite. »
Discutez cette affirmation d'un pédagogue contemporain.
I. EXPLICATION :
222
SUJET N°66
« C'est une erreur de vouloir faire tenir toutes les études dans le travail de
quelques années de la jeunesse : l'éducation est l'œuvre de la vie entière. »
Développez et commentez cette pensée.
L’enfant de l’Ecole primaire reçoit des connaissances qui, en fin de scolarité, font
de lui un être instruisable. Peut-on pour autant, au terme de cette brève étape, le
considérer comme éduqué ? Il semble que non si on en croit Gréard qui pense que
l’éducation est l’œuvre de la vie entière.
225
SUJET N°67
Commentez cette affirmation d'Alain et essayez de la concilier avec vos propres
conceptions pédagogiques.
« L'homme ne compte que par ce qu'il obtient de lui- même selon la méthode
sévère et, ceux qui refusent la méthode sévère, ne vaudront jamais rien. »
C.F.E.N. (Martinique, Session Juin 1962 et C.A.P., Session Mars 1967).
227
SUJET N° 68
228
« Faire agir, c'est là le grand précepte de l'enseignement. »
Développez la pensée contenue dans ce précepte et dites comment vous
en faites l'application dans votre classe.
I. INTRODUCTION POSSIBLE :
De récents travaux de psychopédagogie ont révélé qu'un enseignement est vain si
l’élève ne se trouve pas en état de réceptivité au moment où il s’offre à lui. Cet état se
réalise d’autant plus aisément que l’enseignement donné répond, chez l’élève, à un
intérêt naturel et vivant, s’harmonisant avec ses moyens présents. De plus, on obtient
de lui une activité corporelle et intellectuelle féconde quand l’intérêt est bien exploité.
S’il en est ainsi le meilleur moyen d’obtenir de lui du rendement, ne consisterait- il pas
de l’inciter à faire preuve d’une activité incessante?
Ce principe pédagogique est d'une application facile dans la classe quand le maître
et les élèves agissent, à la fois, et sans cesse. Le maître, pour rechercher, combiner la
forme de travail intellectuel la plus féconde ; les élèves, pour résoudre toutes les
énigmes que ce dernier leur pose et faire des « trouvailles ».
C’est bien la méthode préconisée par les 1.0. qui déclarent: «La seule méthode qui
convienne à l’enseignement primaire est celle qui fait Intervenir tour à tour le maître et
les élèves qui entretient pour ainsi dire, entre eux et lui un continuel échange d’idées
sous des formes variées souples et ingénieusement graduées ».
Elles recommandent la pratique d'une méthode intuitive, inductive et active. Ce
dernier mot suppose « un appel constant à l’effort de l'élève ». Il 'substitue
l’expérimentation à l'observation parce, que, plus active et suppose un travail effectif des
élèves, bref, un véritable enseignement par l’action.
230
Exemples en :
a) MORALE : Appel à la réalité vécue, à celle de tous les jours ; enseignement fondé
sur la collaboration Maître-élèves.
b) LECTURE: Jeux de lecture, maniement d’étiquettes, décomposition,
recomposition de mots connus, écriture au tableau noir, de mots connus. (2 ou 3 élèves
peuvent travailler sur le même tableau. (Relire les paragraphes mal lus.
c) CALCUL : Manipulations d'objets simples et usuels : (bûchettes, bâtonnets,
perles, jetons, dominos, billes, règles, crayons). Confection de collections d'objets
semblables ; Interprétation graphique de certaines opérations simples, de petits
problèmes de mesure, de courriers, de partage, etc... Manipulations d’instruments de
mesures connus.
d) SCIENCES : Examen attentif et détaillé des corps et substances étudiées.
Vérification des propriétés de certains d’entre eux ; se servir d'échantillons locaux.
e) HISTOIRE-GÉOGRAPHIE : Visite du milieu local : musées, vestiges, ruines,
constructions nouvelles. Consulter les documents, les photographiés, les cartes ;
comparer le passé au présent.
f) COMPOSITION FRANÇAISE: Découverte collective des Idées. Reconstruction de
paragraphes mal bâtis. Pratique de l'auto correction pour tous les exercices 6e
rapportant à la langue française.
L’enfant, toujours Immobile, devient malingre et chétif. On dit bien que toute lame qui
ne sert pas se rouille, puis se casse. De même l’esprit humain qui ne/travaille pas, ne
progresse pas. Seul, -un entraînement actif de la pensée conduit à un enseignement
efficace.
231
SUJET N° 69
De récentes circulaires ministérielles ont rappelé que l'Ecole primaire doit
appliquer essentiellement son effort à faire acquérir aux enfants de 6 à 11
ans, les mécanismes de base nécessaires à toute étude ultérieure :
lecture, écriture, orthographe et calcul...
Cette expérience, implique-t-elle qu'on réduise ou qu'on supprime des
matières telles que la leçon de choses, la • leçon d'histoire et, de
géographie ? Ou faut-il, au Contraire, dans l'intérêt des élèves, les
maintenir telles qu'elles sont enseignées ?
En vous appuyant sur la psychologie des enfants de six à onze ans,
donnez votre point de vue et justifiez-le.
qu’il importe que le maître sache, avant tout, choisir et doser suivant, l’âge
intellectuel, les connaissances que ses élèves auront à assimiler. Les Instructions
officielles précisent: «C’est perdre le temps et gaspiller l’énergie des maîtres et des
élèves que d’offrir à ceux-ci une nourriture pour laquelle ils n’ont pas de goût et que
leur esprit ne saurait digérer. Mieux vaut, laisser l’enfant dans l’ignorance que de lui
imposer un enseignement prématuré ».
Jusqu'à six et sept ans, l’enfant reste au stade dé la pensée conditionnelle. Il ne
raisonne pas de façon logique et formelle. Il a besoin, pour raisonner, du support des
choses. Il ne dispose pas encore de la possibilité d’abstraire. L’enseignement qu'on lui
donne reste au stade du concret. Peu à peu, son esprit se familiarise avec certaines
abstractions. Ce n'est que vers quinze ou seize ans que son esprit accède au stade
hypothético- déductif. A onze ans, sa mémoire fraîche assimile bon nombre de
notions. Aussi les connaissances, la plupart des notions de l'Ecole primaire sont-elles
davantage basées sur la mémoire que le raisonnement ou l'intelligence pure.
234
SUJET N° 70
Qu'entend-on par éducation esthétique à l'École primaire ? Quels aspects
prend-elle à ce niveau?
La trouvez-vous désirable, possible et utile? Si oui, exposez quelques moyens
dont dispose l'École.
B) Possible?
L’enfant bien que pas artiste au sens rigide du mot, porte en lui, un sens inné du
beau, il appartient au maître de développer ce sentiment ou de le faire naître, s’il
n'existe pas, bref, de le rendre plus sûr et plus délicat. L’Ecole primaire dispose,
d’ailleurs, de moyens propres à favoriser la culture esthétique.
a) LA DECORATION DE LA CLASSE : Une C.M. déjà ancienne précise : « Il importe
de développer de bonne heure chez les enfants, dans la mesure qui convient à leur âge,
le sentiment du236
beau... Il ne saurait être question d’introduire l’histoire de l'art à l'école
élémentaire. Il suffit d’éveiller le goût, d’ouvrir en quelque sorte et d’exercer les yeux des
élèves par des images qu’ils puissent aisément comprendre ».
A cet effet, la décoration des classes prend une importance considérable. Les
images, gravures, photographies, tableaux, qu’il y a Intérêt à remonter de temps à autre
agissent sur l'esprit des enfants par rayonnement, par influence. Rousseau écrit : « Le
beau ne se laisse pas regarder sans laisser quelque reflet de lui-même dans l'âme et
dans les yeux de celui qui le regarde ».
b) LA LECTURE ET MORCEAUX CHOISIS : De belles lectures offrent un aliment
sain à l’imagination et forment puissamment le goût de l’élève.
De plus, dans tout morceau choisi, la pureté et l’harmonie, de la forme doivent s'allier
à l’élévation des pensées et des sentiments. En étudiant de beaux textes, l'enfant
apprend à admirer ce qui mérite de l'être.
c) LE CHANT ET LA MUSIQUE: L’étude de la musique, l’exécution de chants choisis
sont propres à la formation du bon goût (sens du rythme et de l’harmonie).
d) LE DESSIN : Il Initie l’enfant à la beauté des lignes, à l’harmonie des formes et des
couleurs. Ces deux activités occupent d’ailleurs une place bien déterminée dans les
emplois du temps.
e) PROMENADES SCOLAIRES — VISITES AUX MUSEES : Les premières
permettent à l’instituteur d’appeler l’attention de ses élèves sur les beautés de la nature ;
l’élégance d’une tige, le coloris d’une fleur, la grâce et la légèreté d’un oiseau ou d’un
insecte, la majesté d’un arbre séculaire, les mystères de l’infiniment grand... Les
secondes, du point de vue esthétique, laissent dans l’esprit des élèves la plus heureuse
impression.
En un mot, cette éducation est possible, mais, dans un cadre déterminé.
C) Utile ?
Elle l’est à un triple point de vue :
a) MORAL: L’amour du Bien dérive dit-on, de l’amour du Beau. Celui qui aime le
beau ne peut consentir à se livrer à des actes d’injustice, de violence, de mensonge ou
de calomnie. L’idée du beau épure l’esprit.
b) SOCIAL : Le sentiment du beau rapproche les hommes. Les chorales fanfares,
harmonies font communier ceux qui les composent sous des sentiments identiques. La
jouissance du beau est d’autant plus supérieure et vive qu’elle est partagée.
c) ECONOMIQUE: L’ouvrier qui saisit toute la beauté de son œuvre cherche à la
perfectionner. II en résulte une production plus riche, plus variée, plus abondante,
entretenant souvent une réputation nationale.
237
IV. CONCLUSION :
L'Ecole primaire n’a pas à former des artistes. Dans la mesure du possible, elle doit
éveiller et développer le goût du beau chez ses élèves. C’est pourquoi à son niveau,
l’éducation esthétique se révèle désirable possible et utile. D’ailleurs, une démocratie
s’ennoblit en cherchant à s'élever aux pures jouissances de l’art. Léon Bourgeois se
demande : « Est-ce que la beauté ne doit pas être, comme la vérité le partage commun
de l'humanité ?» Sa question convient admirablement comme conclusion.
238
SUJET N° 71
Après avoir énuméré rapidement les principaux caractères de l'attention enfantine
précisez les facteurs essentiels dont dépend la puissance d'attention.
Quelle vous paraît en être l'importance en éducation ? Quels stimulants peut employer
l'instituteur pour provoquer et retenir l'attention de ses élèves ?
I. L'ATTENTION: SES FORMES:
L’attention n’est pas une faculté spéciale ; c’est un mode de concentration de toutes
les opérations intellectuelles sur un objet ou un problème déterminé. L’attention parfaite
est le caractère d’une intelligence libre, qui se possède et se gouverne. On la désigne
par l’expression : tonus mental.
Ribot distingue trois phases dans son évolution.
1°) L’attention est, d’abord, spontanée. C’est une sorte de réaction instinctive de
l’esprit, à la suite d’une impression vive et soudaine. Ex. : un bruit se produit à
l’improviste, nous y prêtons attention. (Remarque: le jeune enfant ou même les animaux
en sont capables).
2°) L’attention volontaire: C’est la concentration voulue des facultés sur un objet,
quelquefois, même contrairement à nos goûts, à nos désirs. Ex. : effort pour se livrer à
l’étude.
3°) L’attention habituelle : C’est l’attention passée à l’état permanent.
Seule, les deux dernières formes méritent le nom d’attention. Elles Impliquent le
concours de l’intelligence qui connaît, celui de volonté qui dirige et concentre les
facultés.
A)Facteurs physiques :
L’âge : La durée d’attention croit avec l'âge.
Le sexe : Il semble que la fatigue mentale se produise moins facilement chez les
garçons, mais, soit de plus longue durée chez les filles.
Le temps : La chaleur excessive défavorise la puissance d’attention parce qu'elle
déprime le système nerveux et ralentît la circulation cérébrale.
L’attention est de plus longue durée le matin.
La position du corps Influe sur la circulation cérébrale et se répercute sur l’exercice
de l’attention (cas du physiologiste américain Lauder. Brunton qui a constaté que
certains élèves retiennent mieux couchés sur le banc).
Le régime alimentaire : L’usage des excitants : alcool, café, épices stimule
quelquefois l'attention, mais, en abrège la durée.
B) Facteur psychologiques:
a) La durée de l'attention augmente avec le développement de l'intelligence.
b) L’habitude, l'entrain, l'intérêt reculent les effets de la fatigue intellectuelle. Le
changement de travail renouvelle l’intérêt, mais, n'augmente pas moins la fatigue. « La
fatigue mentale a pour effet d’accumuler dans le sang des déchets toxiques, (cas
anormaux d’attention : distraits, dissipés, les préoccupés, les idiots, les retardés, les
monomanes et les 240
fous).
IV. IMPORTANCE DE L'ATTENTION EN EDUCATION :
A)Au point de vue intellectuel, elle est la condition de toute culture parce que:
a) Elle identifie' nos perceptions. Sans elle, l’esprit ne recevrait que des Impressions
confuses qui s’effaceraient rapidement.
b) Elle en provoque l'examen détaillé. Par suite, elle favorise l’accroissement des
connaissances et introduit l'ordre et la clarté dans le savoir.
c) Elle fortifie et accroît la portée de nos facultés qu’elle dirige et concentre.
B) Au point de vue moral :
a) Elle règle l’imagination dont les excès peuvent fausser le jugement et 'le sens
moral. «A force de vouloir être ce qu’on n’est pas, on finit par se croire autre chose que
ce qu’on est, et voilà comment on devient fou. » (J. J. Rousseau).
b) L’habitude de l'effort qu’engendre l’attention contribue à former la volonté et le
caractère. « Avec l’attention on se corrige de ses mauvaises habitudes ; avec
l’application, on en acquiert de bonnes. » (Condil- lac).
C) Au point de vue social :
à) Elle est la condition du progrès. C’est, par' elle que l'homme s’est élevé de l’état
primitif à la civilisation actuelle.
b) Elle féconde le travail. Les oublis et maladresses diminuent- la valeur d’une
242
SUJET N° 72
« L'inattention des élèves, condamnation du Maître. »
245
SUJET N° 73
« Ne commandez pas l'attention de vos élèves d'une voix tonitruante, ne la
réclamez pas souvent comme une faveur ou un dû. Ne cherchez pas à
l'obtenir en prêchant sans cesse l'importance du sujet » écrit W. James dans
ses Causeries pédagogiques.
Expliquez cette pensée et dites comment vous vous prenez à l'école primaire pour
éveiller, retenir l'attention de vos élèves et leur en donner l'habitude.
I. EN MANIÈRE D'INTRODUIRE :
La C.M. du 19-10-60, sur l’efficacité de l’enseignement primaire souligne « la
tendance générale de notre époque à examiner toutes choses rapidement et
superficiellement sans éprouver le besoin de creuser ou de réfléchir », ainsi que la
difficulté que nos écoliers actuels éprouvent à fixer leur attention sur un sujet déterminé.
C’est dire que le problème de l’attention, aujourd’hui, appelée « tonus mental », et
celui des moyens propres à la provoquer que pose le texte de W. James, demeurent
d’une importance pédagogique capitale au stade de l’Ecole primaire élémentaire.
248
SUJET N° 74
Précisez les principaux caractères de la mémoire enfantine.
De quelles qualités doit faire preuve la bonne mémoire ? Quels exercices vous
paraissent propres à développer la mémoire chez l'enfant ?
252
SUJET N° 75
« Je suis né dans un temps où la mémoire n'était point considérée comme une
vertu funeste. Nos maîtres s'appliquaient à la développer en nous. Ils le faisaient
avec une rigueur et une ingénuité que j'ai toujours bénies, que je bénis encore, que
je souhaite surtout de voir renaître et se manifester dans notre monde confus. »
Souscrivez-vous à ce vœu de Duhamel ? Dans quelle mesure vous paraît-il
nécessaire de cultiver la mémoire des enfants ? Comment vous y prenez-vous pour
l'assouplir et la fortifier chez vos élèves ? Quelle place réservez-vous à la mémoire
dans votre enseignement?
Une manière, entre mille, de traiter le devoir:
I. LE VŒU DE DUHAMEL - FAUT-IL Y SOUSCRIRE?
Georges Duhamel, apparaît comme un humaniste « frappé de la nostalgie du monde
ancien », mais, néanmoins toujours attentif aux risques et aux chances du monde
moderne... il a prôné la défense et la promotion de la culture sur la civilisation
mécanique.
Dans le passage proposé, extrait d'un de ses ouvrages, intitulé : Inventaire de
l’Abime, Duhamel émet un souhait: celui de ne plus voir en la mémoire une faculté
nuisible, il aimerait, au contraire, qu’on revienne à l'ancienne méthode d’enseignement,
qu’on recommence à la développer en nos élèves, à la manière sévère et dure que les
maîtres anciens le faisaient pour les leurs. Il considère cette nécessité comme d’autant
plus impérieuse que le monde que nous vivons est troublé et incertain. Il prône la
réhabilitation de la mémoire qui semble un peu délaissée depuis l'introduction, à l’école
primaire élémentaire, des méthodes dites nouvelles. Son vœu va dans le sens de la
remise en honneur de la mémoire déjà amorcée par les Instructions officielles du 20
septembre 1938. La C.M. du 19-10- 60, plus catégorique, utilise la manière forte et
n'hésite nullement à proclamer qu’il « n'est pas douteux que pour des jeunes enfants, le
par cœur, ne soit la forme la plus authentique et la plus durable du savoir ».
On ne peut qu'approuver ce retour à la mémoire préconisé par Duhamel à la double
condition d'en pratiquer un usage sain et modéré et de faire de nos élèves des esprits
aptes à juger et non des perroquets capables de réciter.
II. DANS QUELLE MESURE DOIT-ON CULTIVER LA MEMOIRE DES ENFANTS?
:
Personne ne met en doute l’importance de la mémoire dans l’éducation intellectuelle
de l'enfant de l’école primaire. Pascal dit qu’elle « est nécessaire à toutes les opérations
de l'esprit ». Si l'enfant apprend avec une facilité étonnante, des écueils253 sont à éviter
dans le développement de sa mémoire.
a) Il importe d'en assurer un fonctionnement normal et lui faire acquérir les qualités
de facilité, de ténacité et de promptitude. Le succès des efforts tentés dans ce sens
reste lié au respect de certaines conditions d'ordre physiologique et psychologique. Il
faut éviter ce qui peut entraver l’exercice du cerveau : (surmenage, abus des excitants).
De plus, la répétition favorise l’exercice de la mémoire. Le .rôle de l'association des
idées a également de l’importance. La mémoire est d'autant plus fidèle et prompte que
nos connaissances s’enchaînent entre elles. Un excellent moyen de développer la
puissance de la mémoire, consiste à rechercher les liens qui existent entre les idées et
à grouper celles-ci suivant leurs rapports naturels. Ceux qui agissent autrement, font de
leur tête suivant l'expression de Malebranche : « une espèce de garde meuble dans
lequel ils entassent sans discernement et sans ordre tout ce qui porte un certain
caractère d'érudition ».
Ainsi, le grand orateur Cicéron avait coutume de lier les principales parties de ses
discours aux différentes parties de l’endroit où il devrait les prononcer.
Dans la culture de la mémoire, il faut éviter, en outre :
b) D’accorder à cette faculté un développement tel qu'il nuise à la culture du
jugement (Se rappeler : « Savoir par cœur, n’est pas savoir » de Montaigne.) La culture
de la mémoire ne consiste pas comme on l'a longtemps cru en l'apprentissage de «
trucs » destinés à mettre entre les souvenirs des liens plus ou moins factices. Elle
repose, au contraire, sur l'observation exacte de faits psychologiques, à savoir, que pour
développer la mémoire, il faut respecter les exigences de l’esprit : compréhension,
jugement rapprochement et comparaison des Idées entre elles.
En cela, la culture de la mémoire se confond avec celle du jugement car, elle a pour
effet de rendre l'esprit plus apte à saisir le vrai rapport des choses et à discerner le réel
du factice.
La culture de la mémoire favorise la culture du jugement quand, par l'acquisition des
connaissances, elle fournit de nouveaux matériaux à la pensée, précise les idées, établit
de nombreux points de comparaison, bref, met l'esprit en mesure d’apercevoir
exactement le rapport des choses.
c) D’alourdir et d'encombrer l’esprit de souvenirs mal assimilés. Les associations
d’idées artificielles bizarres, Imaginées, pour soulager la mémoire demandent plus
d’effort qu'il n'en faudrait, pour acquérir un savoir rationnel. Il est préférable d'user
d'ordre et de méthode. Richard Cécil écrit : « Il en est de la méthode comme de
l’emballage : un bon emballeur mettra dans la même caisse deux fois autant de choses
que le mauvais ».
III. COMMENT SE PRENDRE POUR ASSOUPLIR ET FORTIFIER LA
MEMOIRE DES ÉLÈVES ? :
La facilité à apprendre est proverbiale chez l'enfant entre 6 et 11 ans. Rien de plus
naturel. Son esprit n’est point surchargé d’impressions. Ses cellules cérébrales sont
flexibles et vierges. Sa sensibilité est aussi vive que sa curiosité. Sa mémoire est plus
libre, car elle n'a point à subir l’influence de sa réflexion et de sa volonté comme dans
253
l’âge mûr. Pourtant, sa fidélité est moins accusée que chez l’adulte. Parfois, il défigure
les souvenirs, confond les états de conscience. Enfin, parce qu'il vit dans le présent, la
promptitude à se rappeler existe à un plus faible degré chez lui que chez l'adulte. De
façon générale, on peut dire que la mémoire enfantine a pour principal auxiliaire la
sensibilité. Les faits qu'il retient le mieux sont ceux qui l'ont affecté le plus. Il importe,
alors, de rendre docile et soumise sa mémoire, de l’affermir et de renforcer ses
pouvoirs. Pour cela, il faut :
a) L’intéresser : « Je retiens les choses dans la proportion où je les aime, où je les
comprends, où je suis capable de les faire » dit : Légouve. Mais, la première condition
pour intéresser, c'est de se faire comprendre d'où : la nécessité d'explications claires et
simples.
b) Présenter à l’esprit de l'enfant des idées très nettes qu'une répétition fréquente
empêche de s'estomper. Toujours s’assurer que l'enfant a compris avant d’apprendre.
c)L’interroger souvent ; contrôler sans cesse son savoir, l’amener à rapprocher, à
comparer, à juger de manière à s'assurer la précision de ses souvenirs et à hâter la
lenteur de leur évocation.
d)Lui apprendre à apprendre. Se servir de l’appui que peuvent se porter les
différentes formes de mémoires : Ex : épeler un mot (mémoire auditive), peut aider à le
bien écrire (mémoire visuelle et graphique).
e)Employer tous les procédés efficaces susceptibles de former une mémoire bien
équilibrée que la volonté dirigera au mieux du développement de l’esprit.
254
SUJET N° 76
« La réhabilitation du rôle de la mémoire doit être reprise... car il n'est pas
douteux que le par cœur soit la forme la plus authentique et la plus durable du
savoir. »
Que faut-il en penser? Que peut-on apprendre par cœur à l'élève primaire ?
VI. CONCLUSION :
Il y a un art d'apprendre par cœur qui consiste à concentrer toute son attention et à
ne céder ni à la somnolence, ni à la distraction. C’est cet art qu’il faut enseigner à nos
élèves si nous voulons faire du par cœur, la forme la plus authentique et la plus durable
du savoir.
Si savoir par cœur n’est pas savoir, on peut dire que l’enfant ne sait bien que ce qu'il
sait par cœur après l’avoir bien compris.
257
SUJET N° 77
Essayez de préciser, succinctement, les rapports de la mémoire avec
l'intelligence, le jugement et l'imagination. Dégagez ce que le Maître d'école
primaire peut en déduire pour la conduite de sa classe.
I. MÉMOIRE ET INTELLIGENCE :
Elles représentent deux fonctions essentielles qu’on ne saurait identifier. Elles ont,
pourtant, des rapports d’identité. La mémoire consiste dans l’enregistrement d’une
impression et dans la faculté de pouvoir faire revenir celle-ci dans la conscience. Une
bonne mémoire fixe rapidement, conserve longtemps et évoque fidèlement les
impressions enregistrées.
L’intelligence, elle, consiste dans une vue par l’esprit de rapports qui nous font
comprendre les êtres et les choses, en particulier, de rapports de cause à effet et de
signe à chose signifiée. Est considéré comme intelligent, l’être capable de passer d’un
terme du rapport à l’autre.
Elles ont aussi des rapports de causalité, parce qu’elles collaborent étroitement.
La mémoire remplit mieux son office quand elle est servie par une Intelligence vive et
rapide. L’individu intelligent voit, d’un coup, ce qui est à retenir.
La mémoire évoque avec plus d’aisance et plus à propos quand elle est soutenue
par une intelligence brillante.
Inversement, l’intelligence trouve un auxiliaire précieux dans une mémoire rapide et
fidèle. L’exercice même de l’intelligence lui donne l’habitude du raisonnement et de la
rigueur, logique. Mais, l’habitude n’est autre qu’une sorte de mémoire. En un mot,
l’esprit est un. La mémoire nous aide à comprendre comme l’intelligence nous permet
de mieux nous souvenir.
260
SUJET N° 78
Essayez de définir la curiosité enfantine et de préciser ses différentes formes. Que
peut en tirer l'Ecole primaire ?
I. DÉFINITION DE LA CURIOSITÉ :
L’esprit humain va généralement au-devant des impressions qui doivent l’envahir.
D’où la tendance à toujours se mettre en quête. Aristote dit : « L’œil a besoin de voir et
l’oreille a besoin d’entendre ».
Etymologiquement le mot curiosité rappelle la notion d’inquiétude et de souci. Elle
prend "aspect d’une tendance qui réclame plus ou moins impérieusement satisfaction et
peut aller même jusqu’à prendre l’allure d’un besoin. On la définit comme la tendance
qui pousse l'être humain à connaître pour le plaisir de connaître. On la désigne aussi par
une faim, une soif, un appétit de l’esprit. Chez l'enfant, elle se traduit par le besoin de.
voir, d'entendre et de toucher. Ce dernier est un être naturellement curieux. Il veut savoir
les qualités, les défauts, l'origine et le but des choses. En témoignent les multiples
comment et les' éternels pourquoi qu’il pose. Si on l’observe on s'aperçoit qu'il essaie
toujours d'explorer le monde qui l’entoure. Le psychologue Perez écrit : « L’enfant
travaille pour le plaisir d’éprouver des sentiments, de percevoir des impressions
nouvelles. Sans cesse, on le voit exercer les organes qui lui procurent des plaisirs ou
des sensations visuelles, auditives, tactiles ou musculaires. »
263
SUJET N° 79
Essayez de définir l'esprit d'observation en précisant ses éléments
constitutifs. Quels sont les moyens plus propres à le provoquer et le
développer chez l'élève de l'École primaire ?
INTRODUCTION POSSIBLE :
Il existe chez l’homme une crédulité naturelle qui le pousse à accepter passivement
les idées qui se présentent à son esprit. Celles là lui viennent spontanément ou lui sont
suggérées du dehors. Cependant, il vient un moment où, mis en défiance par sa propre
expérience ou par les contradictions surgissant entre des opinions venues de l’extérieur,
il commence à se défier de ses idées, de ses propres théories. Il manifeste prudence,
réserve et doute à l’égard de lui-même et plus encore, envers autrui. Peu à peu, Il prend
conscience des conditions légitimes de l’affirmation vraie. Alors, surgit chez lui l’attitude
critique.
COMPLÉMENTS AU DEVOIR
A) CITATIONS A L’APPUI SUR LA VALEUR DE L’ESPRIT CRITIQUE:
a) Montaigne : « Nous savons dire : Cicéron dît ainsi. Voilà les mœurs de Platon.
Mais, nous, que disons nous nous-mêmes ? Que jugeons-nous ? Que faisons-nous ?
Nous pouvons garder les opinions et le savoir d’autrui, et puis, c’est tout ».
b) Selon Descartes : « Il n’y a rien qui ne soit entièrement en notre pouvoir que nos
pensées.
L’homme est toujours libre de suspendre son jugement et de provoquer en doute ce
qui ne s’offre pas à lui avec l'évidence des notions claires et distinctes ».
Nous pouvons nous soustraire à la domination des influences extérieures et
spécialement des préjugés sociaux par l’attitude critique, c’est-à- dire, en pratiquant ce
doute méthodique, qui, en présence d’une assertion, nous amène à lui demander ses
titres, à exiger des preuves, en somme à la nier provisoirement ou', tout du moins, à la
mettre en question. « Le véritable jugement est celui que je porte en me demandant si
j'ai le droit de le porter» (Lagneau).
C’est ainsi que nous parvenons, comme le dit encore Descartes, « à ne rien croire
trop fermement de ce qui nous a été persuadé que par l'exemple et par la coutume ».
B) ROLE DE L’ESPRIT CRITIQUE DANS :
a) LES SCIENCES : Il joue un rôle capital dans la science. Le premier obstacle, que
rencontre la connaissance scientifique pour se constituer c'est * l'expérience première,
l'expérience placée avant et au-dessus de la critique qui, elle, est nécessairement
élément intégrant de l'esprit scientifique » (Bachelard).
b) Il joue un rôle important pour empêcher le savant de transformer en vérités
définitives et absolues les vérités expérimentales qui sont toujours des vérités
approchées.
c) Il est la condition de l'esprit d'intervention ou de découverte : « C'est pour avoir
douté d'une hypothèse de Crookes que Roentgen a découvert les rayons X. C'est pour
avoir douté des hypothèses de Gay- Lussac et de Liebig, douté de ses propres
hypothèses que Pasteur a trouvé sa théorie des ferments ». (Paul Lapie).
CONCLUSION :
L’esprit critique fait de la science un savoir toujours ouvert et toujours susceptible de
progrès, tandis que l'esprit dogmatique aboutit à un savoir clos et qui se croit définitif.
SUJET N° 81
On dit que le jeu est la meilleure des gymnastiques. De son côté Froebel
écrit : « Le jeu n'est pas une chose frivole pour l'enfant mais une chose
d'une profonde signification. »
Expliquez sommairement ces deux opinions puis, dites ce que vous en dégagez
sur la valeur éducative du jeu.
INTRODUCTION POSSIBLE :
L’enfant joue spontanément. Il joue comme il respire. A ses yeux, le jeu est chose si
sérieuse qu’il proteste lorsqu'on vient le dissiper ou le déranger quand il joue. C’est
pourquoi des pédagogues ont pensé que l’on pouvait exploiter à des fins éducatives,
cette forme naturelle de l'activité enfantine.
273
SUJET N° 82
Un philosophe estime que : « prétendre substituer le jeu à l'étude et le
laisser-aller à la discipline ce serait une grave erreur ». Et il ajoute : «
imaginer qu'on peut tout apprendre en jouant, c'est là confondre le plaisir
et le travail ».
C'est aussi l'avis de Mme de Staël qui écrit que « l'éducation faite en
s'amusant disperse la pensée ».
Or, nos programmes scolaires actuels prévoient des loisirs et préconisent
la classe attrayante.
Y a-t-il opposition absolue entre ces deux manières de comprendre le rôle de
l'école ?
276
SUJET N ° 8 3
« Je veux qu'on donne du merveilleux à l’entant, tant qu'il l'aime et le
recherche, jusqu'au jour où il s'en dégoûte lui-même et nous avertit, par ses
questions et ses doutes, qu’il veut entrer dans le monde de la réalité. »
Expliquez cette opinion. Montrez dans quelle mesure, on peut en tenir compte à
l'École primaire.
279
SUJET N°84
« Gardant du temps pour lui-même, le Maître s'instruira sans cesse. »
Expliquez ce propos d'Alain. Que peut en tirer l'instituteur?
se présenter comme le résultat d'un effort collectif. Le Maître ne doit point perdre de vue
que le meilleur dossier est celui qu’il compose, lui-même, avec le concours de ses
élèves, mais, que la meilleure documentation est celle que l'on réalise soi- même, en
cherchant ou par la mise à profit d’heureux hasards. Le bon Maître est en perpétuel état
d’alerte et il ne se passe pas, pour lui, de jour qui ne lui apporte un élément intéressant
et précieux. Tout cela implique, lecture, recherche, sélection, et constitue une instruction
permanente.
Préparer sa classe consiste, aussi, à rechercher les meilleures techniques de
compréhension. Seule une très sûre possession personnelle de la matière peut soutenir
et animer une leçon de grammaire ou un commentaire de texte. Là encore, il importe de
s’instruire sans cesse.
Préparer sa classe, c’est donc s’instruire, se cultiver soi-même, se, mettre en
mesure de dominer les connaissances qu’il s’agit d’enseigner. C’est s’obliger à
repenser constamment et patiemment son métier.
Bien préparer sa classe, c’est enfin, s’opposer à l’envahissement desséchant de la
routine, et s'offrir une source constante d'instruction d’enthousiasme et de satisfaction
personnels. La vraie préparation suppose un effort de soi sur soi. La volonté de juger
avec lucidité les résultats obtenus, le désir de trouver le moyen de les améliorer.
III. QUE PEUT EN TIRER L'INSTITUTEUR :
Il s’en déduit que, pour s’instruire sans cesse, l’instituteur doit toujours poursuivre sa
culture professionnelle et parfaire son instruction personnelle.
A) CULTURE PROFESSIONNELLE :
Préparer sa classe régulièrement. Nous venons de définir la vraie préparation de la
classe. Se tenir au courant des progrès de la pédagogie qui devient de plus en plus
expérimentale. Lire des journaux et revues professionnels (Journal des Instituteurs et
Manuel général du Professeur — l’Ecole et la vie — Ecole libératrice.) Participer aux
réunions des Amicales pédagogiques, aux conférences cantonales lui offrant le moyen
de « limer sa cervelle contre celle d’autrui » et de fortifier son expérience. Se persuader
que l’effort de réflexion et de pensée préalable, donc, d’acquisition est toujours
préférable à l’improvisation qui n’a pas de place dans un enseignement que l’on
voudrait efficace.
B) INSTRUCTION PERSONNELLE:
Se livrer à l’étude personnelle, à la lecture d’ouvrages généraux, relatifs à l’histoire,
la géographie, les sciences, etc...
Lire des ouvrages propres à élever l’âme (auteurs anciens, modernes, étrangers),
susceptibles de lui apporter les plus nobles pensées.
Procéder à des recherches personnelles (pratiquer ses violons d’Ingres ; coup d’œil
sur l’évolution des sciences modernes.)
Voyager, pour élargir ses idées et ses horizons.
L’Instituteur véritable travaille sans cesse. Il n’improvise pas. Il est lucide et
optimiste. Il prend conscience de l’importance de la mission qu’il a acceptée.
281
C’est pour mieux dominer sa profession qu’il s’instruit sans arrêt.
SUJET N°85
Commentez cette réflexion d'un écrivain contemporain : « Éduquer les autres, c'est,
d'abord et, sans cesse, se rééduquer soi-même. »
Dans la mesure où vous approuvez cette idée, dites quelles applications pratiques un
jeune Maître peut en tirer, dans le cadre de sa vie professionnelle.
(C.A.P. Martinique, Session de mars 1964)
I. EXPLICATION ET COMMENTAIRES :
De nombreuses définitions ont été données de l’éducation. Presque toutes admettent
qu’éduquer un enfant, c’est le préparer, le mieux possible, pour la réalité future, c’est-à-
dire, à la vie adulte qui l’attend quand il sera homme. C’est du coup, le munir de
connaissances instrumentales, mais, surtout, le rendre capable de s'adapter aisément
aux nouveautés et aux imprévus. C'est, donc, le rendre réceptif, lui conférer de la
disponibilité, tout en lui permettant de garder sa personnalité propre. Il faut qu'il soit
capable de s’orienter librement, de déterminer sa conduite en pleine connaissance de
cause. C'est, en définitive, le rendre instruisable, disponible et responsable.
Pour l’auteur de la citation, la réalisation d'une telle ambition exige que l'éducateur se
rééduque sans cesse. Que signifie se rééduquer?
Au sens restreint, se rééduquer, c’est s'éduquer à nouveau. Aucun éducateur ne peut
être ignorant. Que pourrait enseigner un ignorant à son disciple ? Pour l’éducateur, se
rééduquer, c'est, en premier lieu, compléter sa culture personnelle et parfaire sa culture
professionnelle. Le Maître routinier, prisonnier de ses procédés et méthodes empiriques,
inséparable de ses anciens manuels toujours les mêmes, figé dans ses habitudes, ne
peut éduquer réellement. Pour qu'il ne pratique pas un dressage déguisé, il faut qu'il
s'impose un perpétuel effort de renouvellement et fasse passer sur l’enseignement qu'il
dispense le souffle vivifiant de l'actualité, de la nouveauté.
En ce qui a trait à l'éduqué, il faut l'ouvrir, lui aussi, au monde. L'éducateur ne le
pourra réellement pas, s'il ferme, lui-même, les yeux sur ce monde complexé et mouvant
qui l'entoure, alors qu'il invite à l'observer. Ce faisant, il risquerait d'en garder une image
fausse et de la transmettre à son disciple.
Il importe que l'éducateur donne à son éduqué l'exemple d’un homme ouvert,
toujours en quête d'information objective, d’un être perpétuellement disponible et fort
réceptif aux nouveautés, combien variées et nombreuses, de notre monde en marche.
Ces trois éléments constituent une véritable rééducation pour l’éducateur. Il apparait
comme un timonier faisant, sans cesse, le point afin, de guider à bon port, le frêle navire
qui lui est confié. Sans ces permanentes mises au point, il risque de laisser désarmé,
sinon déplacé, son élève en face des réalités futures.
283
SUJET N°86
Quels avantages a l'instituteur à préparer excellemment sa classe ?
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
On entend souvent dire : l’école est une seconde famille et, durant les heures de
classe, l’instituteur ou l’institutrice remplace le père ou la mère de l’écolier.
Une tendance opposée prétend qu’il est faux de considérer l’école comme le
prolongement de la famille et qu’il importe de distinguer nettement ces deux milieux.
Examinons de près les deux formules :
287
SUJET N° 89
« Nous pensons que la famille n'a pas à redouter les initiatives de l'école...
Inversement nous ne devons pas craindre la collaboration des parents. »
Commentez et discutez au besoin, ces conclusions.
I. INTRODUCTION POSSIBLE :
L’éducation d’un enfant est un tout dans lequel deux facteurs principaux : la famille
et l’école jouent un rôle prépondérant. Pour qu’elle réussisse, il semble souhaitable
que ces deux forces essentielles coopèrent et collaborent étroitement. Aussi, n’est on
point surpris de lire les conclusions suivantes : « Nous pensons que la famille n’a pas
à redouter les initiatives de l’école. Inversement nous ne devons pas craindre la
collaboration des parents ».
Que faut-il en penser?
III. DISCUSSION :
La collaboration Ecole-Famille si nécessaire et pas toujours facile à réaliser, ne
peut être bénéfique à l’enfant que sous certaines conditions.
La pédagogie familiale ne concorde pas toujours avec celle de l’Ecole. De là
peuvent naître des points de friction, des conflits. Ces derniers s'évanouissent
aisément par la compréhension mutuelle et lorsque l'intérêt de l'enfant vient en
première ligne.
Cette coopération n'est viable qu'à la condition que chaque partie en cause
n’empiète pas sur les prérogatives de l'autre. Le maître n'a pas à remplacer les
parents qui, une fois qu’ils ont confié leurs enfants à l’école se pensent entièrement
déchargés du soin de les élever intellectuellement et moralement. Vouloir se
substituer à eux serait faute grave pour l'instituteur. Il lui appartient plutôt d'accroître et
non de diminuer la responsabilité des parents.
L'école non plus ne doit pas se subordonner à la famille. Il faut qu'elle conserve sa
liberté d'action, reste maîtresse de.ses moyens et procédés, qu'elle emploie donc une
collaboration attentive, assidue, sans arrière pensée. « S'il y a désaccord entre l'école
et la famille, c’est la famille qui défait presque infailliblement l’œuvre de l'école ».
(Vessiot).
289
SUJET N° 90
« Ni substitution, ni subordination aux familles » : telle est la formule qui paraît
bien marquer le rôle du maître dans la coopération de l’école et de la famille.
Donnez-en une explication précise.
I. AUTOUR DU SUJET :
a) Substitution : Action do substituer, de mettre une personne ou une chose à la
place d’une autre. Remplacer. L’action du maître ne doit tendre ni à diminuer, ni à
restreindre, voire à supprimer, la responsabilité des parents. Le maître ne peut
remplacer les parents.
b) Subordination : Dépendance d’un être, d’une chose par rapport à un autre. L’école
ne saurait dépendre de la famille. Elle doit conserver sa liberté d’action, rester maîtresse
de ses moyens et procédés. Elle en reste seule juge.
c) Coopération : Action de coopérer. Agir conjointement avec quelqu’un ; agir en vue
d’un rendement commun. Le maître et les parents doivent joindre leurs efforts en vue du
seul intérêt de l’enfant. Les deux forces : Ecole et Famille doivent unir leurs actions pour
le progrès, le bien être, un meilleur sort de l’élève.
PÉDAGOGIE PRATIQUE
VIII. ORTHOGRAPHE
42 — On ne sait plus l’orthographe.
43 — La dictée mal préparée s’apparente à la copie.
IX. ÉLOCUTION
44 — La leçon de langage exercice de perroquet.
45 - Nos élèves s’expriment mal parce qu'ils parlent peu.
46 —Langage récitation, dessin: trois moyens d’exprimer sa personnalité.
X. HISTOIRE
297
47 —i Utilité de l'histoire locale à l’Ecole primaire.
48 — L’histoire, science difficile. Moyen de la rendre concrète.
XI. GEOGRAPHIE
49 — La géographie, science descriptive, démonstrative, imaginative et d’observation.
50 — Comment rendre concrètes les leçons de géographie à l’Ecole primaire.
XII. SCIENCES
51 — Un fait mal observé est plus perfide qu’un mauvais raisonnement.
52 — Observer, expérimenter à partir des phénomènes familiers.
53 —L’observation, antidote du verbalisme.
54 — Une expérience simple vaut mieux que dix expériences mal préparées.
55 — Exercer les sens, c’est apprendre à bien juger par eux.
XIII. DIVERS
56 — Entre la règle ou le cadre rigide, il y a le conseil qui oriente et soutient.
57 — La correction des exercices, moment essentiel de la leçon.
58 — En dessin le bon maître excite, suggère et propose.
59- Le dessin moins étudié pour lui-même que pour les fins générales de l’éducation,
60— La musique, discipline mineure.
298
SUJET N° 1
Quelle valeur prend l'expression : Savoir lire, en fin de Cours préparatoire, de
Cours élémentaire et de Cours moyen ? Quelles sont les qualités d'une bonne
lecture ?
a) LIRE:
C'est prendre connaissance de la pensée d'autrui par l'intermédiaire de la lecture.
Dans cette opération intellectuelle, les mots lus n'apparaissent pas en eux-mêmes à
l’esprit de celui qui les lit. Ils évoquent immédiatement l'idée ou la chose signifiée. Lire
devient un automatisme dans lequel les mots jouent le simple rôle de signal. Lire est une
opération compliquée qui exige un déchiffrage du texte, un débroussaillement, une mise
en ordre des mots, une confrontation entre les mots lus et la pensée possible exprimée
par ces mots. (Exemple du militaire illettré d’Alain).
Mlle Meizex précise « le but de la lecture, c'est la compréhension des textes.
Apprendre à lire, c'est pour l'enfant, faire la conquête d'un second langage... Il sait lire,
lorsque, ayant découvert que les signes de l’écriture ont un sens, il les interprète comme
l’expression d'une pensée. A cet effet, les progrès en lecture, reflètent fidèlement les
progrès intellectuels. »
b) SAVOIR LIRE:
Ce n’est pas seulement substituer à des signes écrits des équivalents vocaux. On
peut lire l’anglais, l'espagnol ou l’italien sans connaître la langue. Savoir lire, c'est en
même temps, comprendre et passer directement du signe écrit à la signification
exprimée. Savoir lire, c'est procéder, à tout instant, à une opération de synthèse. C'est
avoir présents à l’esprit les faits ou idées déjà groupés.
Savoir lire, c'est traduire sous forme de sons les associations de lettres qui
constituent les syllabes et les mots, mais, c'est aussi apercevoir les idées qui se cachent
sous ces mots.
L'expression prend une valeur différente suivant le cours dont il s’agit.
A) EN FIN DE COURS PRÉPARATOIRE :
C'est essentiellement avoir acquis le mécanisme de la lecture, connaître les lettres et
les sons. C'est être aussi capable d'écrire sous la dictée et, sans équivoque, des mots,
expressions et courtes phrases très simples. Ex : cabane, mouton, la locomotive file
rapide. 299
Mais, il importe aussi que l'enfant ait pris l’habitude de comprendre ce qu’il lit. Dès le
départ, la lecture doit être intelligente sinon, on s'arrête au déchiffrage. En fin du C.P., il
faut souhaiter une certaine aisance dans la manière de déchiffrer et même un début
d’expression dans les phrases très courtes et très simples.
Il y aurait péril grave en fin de C.P. de se contenter d’un apprentissage mécanique de
la lecture. L’enfant risquerait d’ignorer et, peut-être toujours, le sens de la lecture et les
joies profondes qu’elle assure.
B) EN FIN DE COURS ÉLÉMENTAIRE :
Les I.O. signalent qu’il faut exiger de l’enfant une lecture courante. La lecture est
courante lorsque le regard qui parcourt les lignes, la voix qui prononce les mots, la
pensée qui comprend le texte, vont sans effort, d’une même allure assurée et régulière.
Alain écrit : « Il s’agit d’apprendre à lire, et aussi d’apprendre à penser sans jamais
séparer l’un de l’autre. Or, une syllabe n'a point de sens et même un mot n’en a guère ;
c’est la phrase qui explique le mot. » La vitesse d'une lecture courante est d’environ 120
à 132 mots minutes.
Le C.P. a monté et organisé le mécanisme de la lecture. Il appartient au C.E. de le
rôder. Il faut qu’au terme des deux années de C.E., après un entraînement intensif et
une mise au point incessante, l’enfant ne trébuche plus sur aucun mot. De plus, il
importe qu’il ne lise plus seulement des mots, des bribes ou courtes phrases, mais qu’il
lise d’un souffle, sans syllaber la phrase ou la proposition quelles qu’elles soient.
Sa lecture se fait, de plus en plus, expressive et on doit sentir que l’enfant commence
à prendre plaisir à lire surtout si le texte lu est simple, vivant et bien à sa portée,
C) EN FIN DU COURS MOYEN DEUXIÈME ANNÉE :
L'élève doit savoir lire comme un adulte. A haute voix, il lui faut pouvoir lire de façon
expressive, le ton donné au texte lu, traduisant la compréhension profonde du texte. Il
domine le passage lu, en saisît les différents moments, les articulations et suit par
l’esprit la pensée de l’auteur qui se dérouta au fil du récit lu.
Mais, il doit surtout pouvoir lire des yeux, sans être obligé de prononcer les mots lus.
A dire vrai, la conquête de la lecture silencieuse demeure bien plus importante que la
lecture à haute voix, car elle est d’une utilité incontestée dans la vie. C’est seulement au
moment où l’on y parvient que l’on sait lire vraiment.
301
SUJET N° 2
Jaurès écrit : « Savoir lire est la clé de tout. »
Expliquez cette formule. Pensez-vous qu'elle résume l'idéal à atteindre par l'Ecole
primaire, dans ce domaine ?
305
SUJET N° 4
« On se fait une grande affaire de chercher les meilleures méthodes d'apprendre à lire...
Donnez à l'enfant le désir d'apprendre à lire, toute méthode lui sera bonne. »
Que pensez-vous de cette affirmation de Rousseau?
309
SUJET N° 5
Expliquez cette pensée.
Quels principes doivent inspirer le maître dans l'enseignement de la lecture?
EN GUISE D'INTRODUCTION :
L’enfant qui arrive à l’école sait parler. II emploie un langage Incorrect, certes, mais,
composé de sons, de mots assemblés dans des phrases. Il sait et comprend ce qu’il
exprime en parlant. En apprenant à lire, il fait, ce semble, la conquête d’un second
langage qui est nouveau pour lui, puisque, c’est la pensée d’autrui qu’il interprète.
I. QU'EST-CE LIRE?
C’est comprendre un message. C’est communiquer avec autrui par le moyen d’une
langue écrite.
On peut aussi le définir: apprendre à aller au-delà du signifié pour déceler la pensée
implicite qu’il révèle, C’est soumettre son esprit à une ‘discipline qui consiste à ne pas
se laisser absorber par une Idée secondaire afin de mieux comprendre l’essentiel de ce
qui. nous est communiqué. Cet effort de compréhension est le point de départ d’une
pensée personnelle, d’un dialogue tacite avec l’auteur. En ce sens, on peut dire que la
lecture éveille l’esprit, provoque la réflexion.
Apprendre à lire, c’est apprendre à penser, à saisir un ensemble qui est le texte lu.
Lire, c’est en somme, passer de signes à la pensée directement. C’est transformer un
symbolisme à deux degrés en un symbolisme direct. C’est pourquoi apprendre à lire et
à penser doivent être inséparables. Alain écrit à ce sujet : « Il s'agit d’apprendre là ’lire
et aussi à penser sans séparer jamais l’un de l'autre ». Il ajoute : « Une syllabe n'a point
de sens et même un mot n'en a guère. C’est la phrase qui explique le mot ».
Mieux. Lire, c’est aller au-delà du texte, deviner la pensée de l’auteur en suivre par
l’esprit le déroulement et même ses intentions. Il y a bien deux degrés dans le
symbolisme de la lecture. Il est direct lorsque la lecture est aisée parce qu’on va
d’emblée de la vision des signes graphiques à la compréhension des idées qu’ils
expriment. Un premier symbolisme fait passer des signes aux sons et un second, des
sons aux idées.
II. COMMENT ENSEIGNER LA LECTURE? :
Apprendre à lire à l’enfant suppose constituer chez lui des mécanismes, s’adresser à
son intelligence et à sa mémoire. C'est pourquoi au C.P., on apprend les mécanismes.
Au C.E., on apprend à lire couramment (Lire une phrase simple, sans syllaber, ni
chanter, en marquant la ponctuation, l'accent tonique, l’exclamation, l'interrogation, la
chute de la voix aux points). Au C.M., la lecture est expressive : (nuancer les sentiments
exprimés : tristesse, joie, amertume, violence, douceur).
En réalité, toutes les méthodes d'apprentissage de- la lecture se ramènent à deux :
la méthode de synthétique et la méthode globale.
En fait, le problème de l'enseignement de la lecture réside moins dans la méthode
que dans l'esprit qui l'inspire. L'essentiel est d'associer sainement la mémoire qui retient
à l'intelligence qui réfléchit, rassemble, compare et dissocie.
Il faut tenir sans cesse en éveil l’esprit de l’enfant en lui posant des problèmes
susceptibles de l'intéresser. La solution se trouvé dans une méthode vivante et active,
réclamant la participation de l’élève et qui fait confiance à sa spontanéité.
G. Duhamel écrit : « Je ne connais pas de méthode susceptible d’empêcher un
enfant d'apprendre à lire ».
Rousseau de son côté dit : « Un moyen... qu’on oublie toujours est le désir
d’apprendre. Donnez à l'enfant ce désir, puis laissez là vos bureaux et vos dés, toute
méthode lui sera bonne ».
En outre, dès les origines, la lecture doit être un exercice intelligent et non un pur
mécanisme. Elle devient aisée à mesure que les habitudes acquises s’affirment et les
mécanismes, se consolident. Toute lecture demeure compréhension en dernier ressort.
Mlle P. Meizex pense même, que « les progrès en lecture reflètent fidèlement les
progrès intellectuels », quand « l’effort pour lire est soutenu par le plaisir de lire ».
311
SUJET N° 6
« Il s'agit d'apprendre aux enfants à lire, de faire en sorte qu'ils aient du plaisir
à lire, de leur en donner le besoin. »
Comment le maître peut-il se prendre pour atteindre cet idéal formulé par Jean
Guehenno?
Quels exercices d'intelligence peuvent se greffer sur la lecture au niveau primaire
élémentaire ?
I. UNE MANIÈRE D'INTRODUCTION :
Les conférences pédagogiques de 1962, viennent de rappeler l’importance de la
lecture en tant que discipline scolaire, puisqu'elles en font « l’instrument essentiel de
l’acquisition du langage parlé et écrit ».
Nul doute, elles se réfèrent davantage à la lecture consciente plus qu'aux lectures
courante et expressive, puisqu’elles évoquent « le rôle de la lecture dans la formation
de la pensée ».
Cette référence conduit ipso facto, à distinguer, lecture courante de lecture
expressive et à insister sur la lecture consciente, celle à laquelle pense, sans doute; J.
Guehenno, en formulant-sa pensée.
De plus, l’intérêt du texte y est aussi d’une Importance capitale ainsi que la sincérité
du propos et 312 !a simplicité du ton. Contrairement aux adultes, les enfants sont
plus embarrassés par les grands mots que par les grands sentiments. C'est dire
l'importance du rassemblement des textes heureux que l'Abbé Dumas, appelait
déjà, depuis 1730, « les beaux livres ». Toute la réussite est là, à part l’art
d'apprendre à lire intelligemment. Il doit en être du livre de lecture entier comme
de chaque texte qu'il présente. « La peine de l'ouvrier doit disparaître sous le
sourire de l'œuvre d’un livre d’art ». Ainsi que le dit J. Guehenno, lui-même :
« La vraie originalité d’un livre de lecture est, sans doute, d'être l'œuvre de gens
qui ne s’attendaient guère à le composer ».
Pourtant, ici les choses se compliquent, car les grands auteurs n'écrivent pas
toujours pour les petits et ceux qui se consacrent à la littérature enfantine produisent
des contes pour grandes personnes jouant aux enfants. Certes les enfants se
complaisent aux jeux de leur âge. Mais, comme le signale Alain : « Ils ne désirent rien
de plus que de ne plus être enfants ». La conciliation de ces deux tendances n’est rien
d’autre que l’éducation.
Enfin, quelque part, Montaigne affirme : « La parole doit-être moitié à celui qui parle,
moitié à celui qui entend. »
Une régie d'or pour atteindre l’idéal de Guehenno serait de débuter par la formule de
l'Auteur des Essais en pratiquant le travail en équipes. Quand le texte est hérissé de
difficultés, aider l'enfant à en faire l’escalade, lui montrer à se servir, à bon escient du
livre de lecture et lui laisser, ce faisant, la joie de ses propres explorations.
Faire lire souvent, pratiquer toutes les formes de lectures (à haute voix, de façon
expressive) ; lire du solide et de l’intéressant.
En bref, un texte de lecture bien lu et bien assimilé devient, doit devenir comme une
découverte et une construction toujours nouvelles où le lecteur trouve et apporte du
sien.
314
SUJET N° 7
« Il s'agit d'apprendre à lire et aussi à penser... C'est la phrase qui explique le
mot. »
Expliquez cette pensée d'Alain. Quelles conséquences pédagogiques en découlent ?
II. EXPLICATION :
Déjà, ces remarques éclairent l'affirmation et lui donnent sa pleine signification et sa
portée la plus générale. En effet, apprendre à lire, c'est apprendre à penser, à saisir un
ensemble et cela ne peut se faire que si l'on sait « lire des yeux », que si la lecture
silencieuse a pris le pas sur la lecture à haute voix ; lecture silencieuse souple et libre
dans ses allées et venues, rapide dans ses bonds en avant ou ses retours en arrière,
selon les besoins de la compréhension qui la guident. Il devient, dès lors, évident que le
mot n’a guère de sens. C’est la phrase qui le lui donne. La phrase, elle-même, doit être
replacée dans son contexte pour être comprise dans son exacte portée.
Une question se pose : Est-ce qu’apprendre à lire et à penser peuvent et doivent
être inséparables ? Alain l’affirme. Il propose, semble-t-il, pour l’apprentissage, la
méthode globale, non pas au sens où Decroly l’entend, non pas, en vertu d’une
tendance à la globalisation, d’une démarche qui serait naturelle à l’enfant de saisir,
d'abord, un ensemble confus, pour aller ensuite à la perception du détail. Rien n’est
moins sûr, du point de vue psychologique, que cette fonction de globalisation.
L’observation attentive de l'enfant au cours de son apprentissage, montre que ses
démarches procèdent, tantôt du tout aux parties, tantôt des parties au tout, qu'analyse
et thèse se prêtent un mutuel appui, et, cela, de façon très différente, S>Ton les enfants
et selon les circonstances. Chaque enfant construit sa représentation du monde
selon un processus et une histoire qui, quoique •^fluences par le milieu social, lui
sont strictement personnels. La pensée d'Alain est tout autre. Il pense plutôt que
l’enfant aurait une vision pointilliste mais, il veut qu'on apprenne à voir les ensembles,
parce que la synthèse est l’activité supérieure de l’esprit, parce que : « l’esprit
d’ensemble, c’est l'esprit ». Il faut lire en partant du mot et même de la phrase, parce
c'est partir du sens, parce que le but est de trouver ensemble un sens et que, seule,
cette découverte d'une signification est formatrice et apprend à penser. Le mot semble
bien avoir un sens puisqu’il désigne une chose, un acte, mais, il ne fait que désigner et
si nous nous contentions de nommer les objets qui nous entourent ou les actions que
nous accomplissons, nous ne penserions pas, car, la pensée est relation et qu'il n'y a
pensée proprement dite que lorsque des rapports peuvent s’établir.
La méthode globale a, pour Alain, cet avantage, surtout, qu’elle réduit la part de
l’activité vocale au profit de la visualisation. C’est par les yeux qu’il faut penser et non
par les oreilles, (pas de lecture à haute voix). Mais, les instructions officielles prévoient
le déchiffrage silencieux, seulement au Cours Elémentaire, alors qu'il peut être pratiqué
plus tôt. Selon Alain, mécanisme et compréhension doivent progresser simultanément.
C’est l’idéal à atteindre. Il ne dit point qu’il se réalise aisément, mais, il faut s'y mettre.
(Avant d'aborder l'importance de la pensée d'Alain, parler de la pensée de l'enfant,
de l’apprentissage de la technique de la lecture de ses difficultés. Donner seulement
l'essentiel psychologique).
B)PROBLÈMES PRATIQUES :
Des conséquences pédagogiques pratiques s’en dégagent.
D’abord, il ne faut pas aller trop vite et ne pas aborder trop rarement le quantitatif en
étudiant le nombre. « Plus on aura perdu de temps à préparer le nombre et la mesure
par la construction des rapports quantitatifs, mieux l'enfant comprendra ensuite », écrit
Piaget (Importance des jeux éducatifs utilisés dans les Ecoles maternelles).
Ensuite, en raison même de la nature de l’abstraction qui conduit au nombre, parole,
dessin, contemplation ne suffisent pas. Il faut que l’enfant manipule et agisse : « Partout
l’opération manuelle doit précéder l’opération arithmétique », disent les I.O.. « Le
nombre est un système d’opérations et l’opération n'est pas autre chose qu’une action »
ajoute Piaget.
C’est erreur de croire qu’il suffit de fournir à l’enfant un matériel ingénieux et varié
pour qu’il le manipule. On risque de maintenir étroitement son esprit au niveau de la
perception. Celle-ci ne doit servir que de « point d’appui » et l’enfant doit passer
aisément « du rapport à l’intelligence du rapport » dit Brunschvicg.
« On a intérêt à posséder un matériel simple individuel aux unités aussi identiques et
interchangeables que possible, facilitant le passage du perçu à l’imaginé » pense
Pecaut. La multiplicité des figures rend le souvenir plus difficile, gêne l’abstraction. A ce
stade, seuls comptent les actes réalisés et l’attention doit rester concentrée sur eux et
non dispersée sur une multiplicité de perceptions étrangères.
24
SUJET N° 9
A quelles difficultés se heurte le Maître dans l'enseignement du calcul au Cours
Préparatoire ? Comment les vaincre ?
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
L'enfant effectue son Cours préparatoire de six à sept ans. En calcul, l'étude des
nombres de 1 à 100 constitue l’essentiel de cette année de scolarité. Ce programme,
d'apparence simple et peu chargé, semble d'autant plus facile à assimiler par l’élève qu'il
est prévu trois leçons de quinze minutes par journée de classe. La réalité est bien autre,
car, pour un écolier de cet âge, c’est un « vaste monde à parcourir à maîtriser ». Il ne
faut pas perdre de vue que cette initiation est fort importante car, elle conditionne toute
la suite des études mathématiques de l’enfant. C’est pourquoi, elle se révèle délicate et
difficile.
Pour faire assimiler, cet enseignement par son élève, le Maître se heurte à des
difficultés relatives à la genèse, à la nature psychologique; à la richesse des notions à
enseigner et à celle d’un ordre tout à fait pratique.
b) PSYCHOLOGIQUES :
Des travaux entrepris sur la nature psychologique du nombre ont révélé que cette
notion ne peut se former dans la pensée de l’enfant que si certaines conditions sont
réalisées.
La première est la conservation des quantités. Celle-ci n'est pas innée chez | enfant,
mais, se construit progressivement (Exemple : des perles groupées ou alignées ou des
liquides versés dans des bocaux de formes différentes).
La seconde est l’acquisition de la notion d’équivalence par la correspondance terme
à terme. Pour l’enfant, l’équivalence n'est pas affaire de correspondance, mais, d’espace
occupé. (Ex : des jetons rouges et verts). La forme perceptive d'ensemble l’emporte. Il
n’y a pas d'analyse. Sans la réalisation de ces deux conditions, le nombre demeure
inaccessible à l’enfant. C'est ce qui explique d’une part, qu’on n’a point intérêt à aller
trop vite avec l’enfant dans l’étude des nombres afin de ne pas aborder trop rapidement
le quantitatif. « Plus on- aura mis du temps, plus on aura perdu du temps à préparer, le
nombre et la mesure par la construction de rapports qualitatifs, mieux l’enfant
comprendra ensuite », écrit Piaget.
D'autre part, l’enfant n’assimile pas le nombre par la contemplation mais, par l’action.
Ni la parole, ni le dessin ne suffisent. Il faut que l'écolier manipule et agisse : « Partout
l’opération manuelle doit précéder l’opération, arithmétique », disent les Instructions
officielles. Le nombre est un système d'opérations et l'opération, « n’est autre chose
qu’une action réelle, mais, intériorisée, devenue reversible » dit un psychologue. Il ajoute
: « Pour que l’enfant arrive à combiner des opérations, il faut qu’il ait manipulé, il faut
qu’il ait agi, qu’il ait expérimenté, non pas seulement sur des dessins, mais, sur du
matériel réel, sur des objets physiques. » Cependant, attention ! car, un matériel trop
varié, trop ingénieux risque de maintenir étroitement l’enfant au niveau de la perception.
C’est pourquoi il ne doit servir que « de point d’appui » aidant l’enfant à passer aisément
du support à l’intelligence du rapport ».
c) RICHESSE DES NOTIONS A ENSEIGNER:
A six ans tout est à faire. Même quand l'enfant revient à la Maternelle, il a reçu, sous
forme d’exercices sensori-moteurs, une initiation qui se situe plutôt sur le plan qualitatif.
A sept ans, il faut qu’il ait une connaissance assurée des cent premiers nombres. Cela
signifie qu’il doit connaître imperturbablement la suite naturelle des nombres, qu’il soit
capable de les compter par un, deux et cinq en montant et en descendant, qu’if sache
les écrire en chiffres et en lettres, en représenter des collections déterminées, qu’il ait la
notion d’entier cardinal, celle d’entier ordinal, qu'il sache opérer sur ies dits nombres.
Cela signifie la connaissance des mots et des symboles qui expriment les nombres, de
la dizaine, du zéro, de la convention décimale, du sens des quatre opérations, des
combinaisons possibles entre les nombres, etc...
d) PRINCIPES GÉNÉRAUX D’ACTION PÉDAGOGIQUE:
Le chapitre précédant fait prendre conscience des difficultés qu’éprouvent, d’abord,
l’enfant de six ans, puis le Maître pour acquérir et inculquer cette infinité de notions.
Aussi importe-t-il d'aller pas à pas, lentement, prudemment, s’arrêter, puis,
recommencer, chaque fois qu’un obstacle se présente. Il faut faire confiance à l’enfant,
adresser un appel constant à sa mémoire, sa réflexion et son intelligence active. De
notre côté, il faut réfléchir sur les difficultés, pas du tout apparentes, qu’éprouve l’enfant
à ré- dre ce que nous comprenons, nous-mêmes, avec aisance. Même à ce s. u
26
apprendre, c’est comprendre. L’intelligence enfantine ne peut s’épanouir que si nous lui
donnons toujours la possibilité de s’exercer totalement.
30
SUJET N° 11
« En arithmétique deux points importants à reconnaître quelles opérations on doit
faire, c'est-à-dire, bien comprendre les définitions, puis, savoir faire correctement les
opérations. Le premier point est affaire d'intelligence, le second, de routine, ou pour
parler mieux d'habitude. » Commentez cette pensée de J. TGnnery et illustrez-là à
l'aide d'exemples empruntés aux programmes de calcul du cours préparatoire et
du cours élémentaire.
(C.A.P. Martinique, Session Octobre de 1966).
33
SUJET N° 12
Après avoir montré les avantages que l'on peut tirer de l'enseignement du calcul
pour la discipline de l'esprit, vous essaierez de justifier pourquoi les maîtres de
l'École primaire considèrent les problèmes comme la clé de voûte de
l'enseignement de l'arithmétique.
35
SUJET N° 13
« L'enseignement de la géométrie dans les classes élémentaires ne doit-être
qu'une leçon de choses appliquée, comme toutes les autres, à des objets concrets
mais, à des objets de formes régulières et mesurables. »
En vous pénétrant de cette recommandation, présentez une leçon de géométrie destinée
à des élèves au Cours moyen.
I. EXPLICATION SOMMAIRE :
A l'école primaire l'enseignement de la géométrie se signale par sa modestie et son
caractère pratique. Peu de notions à enseigner mais, ne jamais manquer de les lier au
système métrique d’une part, au dessin, de l'autre.
La méthode à suivre pour cet enseignement s'inspire de celle des leçons de choses.
Elle se résume à éviter l’abus de termes techniques et de ne pas fournir des
définitions trop abstraites. Mieux vaut mettre sous les yeux des enfants des figures
géométriques simples en carton, en papier, en bois ou en métal ; les faire manier,
examiner et expérimenter. Le maître se gardera aussi de procéder à de savantes
démonstrations. Il montre et ne démontre pas, dit-on. Comme le dit si bien P.
Leyssenne, cet enseignement ne doit cesser de demeurer « qu’une leçon de choses
appliquée à des objets de formes régulières et mesurables ».
37
SUJET N° 14
Précisez l'utilité et l'intérêt du calcul mental à l'école primaire.
Quelle place il faut lui faire?
Quel procédé employer pour cet enseignement ?
Présentez la fiche d'une leçon de calcul mental dans une classe de votre choix.
40
41
SUJET N° 15
Est-il bon en composition française, de lire un développement modèle aux élèves
avant qu'ils aient commencé leur travail ?
Justifiez votre réponse et dites comment vous concevez la préparation de cet exercice.
(C.A.P. Martinique, Octobre 1966).
Une manière, entre mille, de concevoir le sujet
I. INTRODUCTION POSSIBLE :
La rédaction est, sans contredit, le plus important des exercices de l’Ecole primaire, et,
surtout, le plus difficile à réussir par les élèves.
Bien entendu, il ne saurait être question de faire composer de véritables rédactions par
les élèves du C.E., ni même du C.M.
Les premiers s'exercent à la construction de phrases, les seconds à celle du
paragraphe.
Le paragraphe est un court développement de 12 à 15 lignes groupant de façon
logique, des phrases se rapportant à un sujet déterminé.
La vraie rédaction n’apparaît que plus tard, au moment, disent « les Instructions
officielles, « où l'enfant possède un assez grand nombre d’idées, d'expressions » et
peut coordonner logiquement ses idées et ses phrases ».
Cet exercice, se révélant très difficile, il semble commode de le rendre plus aisé en
lisant un développement modèle avant que les élèves aient commencé leur travail.
Que faut-il penser d'un tel procédé ?
43
Puis, on passe à l’expression et l’on s'inquiète de la manière d'exprimer les idées de
chaque paragraphe.
Sans trop mâcher la besogne à l'enfant, il importe surtout de lui apprendre à
organiser sa pensée et non de se substituer à lui pour l'exprimer. En un mot, il importe
de guider l’élève, le mettre sur la voie, le laisser marcher seul, ensuite, afin qu’il puisse
faire preuve d'initiative et de personnalité.
Les I.O. éclairent l'instituteur sur la méthode à employer. « D’une manière générale,
toute méthode est mauvaise si elle n'inspire pas à l'enfant le désir de traduire ses
impressions et de chercher pour cette traduction l'expression adéquate. Toute méthode
est bonne si elle lui inspire ce double désir. Elle est parfaite si ce désir croit chez
l’écolier, jusqu'à la passion et l’enthousiasme ».
En conclusion, il ne semble point recommandé de lire aux élèves, moins encore, leur
commenter un développement modèle avant qu'ils commencent leur travail.
Ce serait enchaîner leur liberté, refouler leurs pensées personnelles, étioler leur
esprit au lieu de le féconder.
44
45
SUJET N° 16
« Que le sujet soit libre ou non,, il conviendra d'éviter qu'une préparation collective trop
directe et trop précise, enchaîne, au moment où ils auront à le traiter, la liberté des
écoliers. »
Quelle valeur pédagogique trouvez-vous à ce passage des Instructions officielles ? A
l'aide d'un exemple, montrez comment vous vous en inspirez.
UN EXEMPLE: 47
Un sujet bien simple : Ce matin le facteur est en retard. Chacun s’impatiente. Enfin, il
paraît. Racontez. (Sujet du niveau C.M.2.). On pourrait aussi proposer une fête foraine,
un accident d’auto ou une visite au marché.
Pour le premier devoir, durant les deux semaines qui précèdent la rédaction du
devoir, on lit, on récite des textes se rapportant au facteur. Une leçon de vocabulaire sur
la poste, la correspondance. Une leçon d’élocution sur le sujet : Je rédige une lettre. Des
observations préalables : I® facteur, son portrait, ce qu’il fait? Comment accomplit-il son
travail?
Si on est au début de l’année :
1er soin : habituer les élèves à lire attentivement l'énoncé, à penser le sujet, à le
pénétrer, à s’y mettre.
2e soin : Les questions posées, leurs énoncés, leur ordre. Le développement à faire
doit épouser cet ordre.
3e soin : Ce qu’il faut surtout dire, sans trop détailler.
4e soin : Rédaction au brouillon, en classe. Contrôle du Maître.
Selon Blanguernon, le maître doit faire de la composition française « une excitation
de la personnalité, c’est-à-dire, de l’activité et de la sincérité enfantines. »
48
SUJET N° 17
« On ne corrige pas une copie, on l'annote, ce qui est bien différent. Ce qu'il faut
atteindre, ce n'est pas la copie, ce sont les causes mentales des fautes. »
Expliquez ce passage de J. Payot et montrez comment l'appliquer dans
l'enseignement de la composition française.
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
La rédaction, une fois faite est remise au maître, celui-ci la corrige pour en rendre
compte à ses élèves bientôt...
Mais, qu'il se garde bien de biffer tout ce qui ne cadre pas avec sa manière de
concevoir le devoir, de corriger à l’encre rouge presque toutes les fautes commises par
ses élèves, bref, de recouvrir d'observations la feuille ou le cahier corrigé. Ce serait
perdre son temps. Les élèves se contenteraient de lire passivement les remarques
écrites en marge de leurs devoirs sans pour autant, déployer l'effort qu’il faudrait, afin de
ne plus commettre les mêmes fautes, lors du prochain devoir. Or, la correction demeure,
à la fois, une opération de contrôle et la préparation à la prochaine leçon de composition
française. C’est ce que met en lumière le passage de J. Payot, que nous devons
méditer.
IV. CONCLUSION :
Le procédé, de correction préconisé par Payot est le seul qui soit efficace,
parce qu’il joint les efforts des élèves à ceux du maître. Il permet un travail, à la
fois, collectif, et individuel, plein d'attrait et vraiment fécond.
SUJET N° 18
« On se plaint généralement de la faiblesse de nos élèves en composition
française et des difficultés particulières que présente cet enseignement. »
Faites connaître votre avis personnel sur cette question et dites par quels
exercices vous vous efforcez d'amener vos élèves à mettre de l'ordre dans leurs
pensées et à les exprimer correctement.
1. QUELQUES IDÉES SUR LE SUJET :
1) FAIBLESSE DE NOS ÉLÈVES EN COMPOSITION FRANÇAISE:
Nos élèves font des progrès sensibles en lecture et en calcul. Il n’est pas de
même en Composition française. C’est, sans contredit, la discipline où les
progrès sont plus laborieux. Parfois même, il arrive que des maîtres soient
découragés, déçus par la faiblesse de leur classe dans cette matière. Les I.O.
font la constatation. Au C.E.P.E. disent-elles, c’est « l’épreuve la plus faible ».
Pourtant, il semble qu’on exige, d’eux après 5 ou 6 années de scolarité un idéal
modeste d’apparence mais en réalité fort difficile à atteindre : « Savoir écrire
avec correction et trouver les mots propres pour exprimer leurs pensées ».
Essayons de chercher les causes de cette faiblesse car, il est plus facile dit-on,
de guérir un mal que l’on connaît bien...
a) Nos élèves qu’ils viennent des hameaux ou des villes parlent
incorrectement, sinon mal. Il faut pourtant, reconnaître que ceux des centres
urbains ont un avantage linguistique sur ceux des campagnes en raison des
milieux plus avancés dans lesquels ils ont été élevés. Avant de venir à l’Ecole les
uns et les autres ont déjà contracté de mauvaises habitudes de langage dont il
importe de les débarrasser. Tâche délicate et de longue haleine si l’on songe
comment on se débarrasse difficilement d’une vieille habitude. De plus,
l’influencé permanente de la famille où l’enfant passe presque tout son temps et
du milieu social sont de nature à contrarier les progrès en Composition française.
b) On constate dans nos Ecoles, il faut l’avouer, une prédominance
d’exercices oraux et écrits de grammaire, d’orthographe, de vocabulaire de
questionnaire dé tous genres dans lesquels la construction de la phrase est
négligée et passe au second plan (Exemples). Souvent, l’élève répond à des
questions dont la réponse est déjà déterminée par la manière même dont celles-
ci sont posées. Il s’en suit que ces exercices qui devraient contribuer vraiment à
la Composition française font plutôt connaître la grammaire ou le vocabulaire. Au
travers d’eux,52 c’est la correction de la langue française parlée et écrite qu’il faut
atteindre.
c) Les exercices oraux ou d’élocution prescrits pourtant à tous les niveaux de
l’E.P. sont rares. On les néglige parce qu’on en fait assez durant les autres
enseignements. N’oublions pas que le langage parlé doit au début précéder le
langage écrit. L’ordre normal semble : lire, penser, parler, écrire.
d) La faiblesse des élèves se manifeste tant dans la forme que dans le fond.
On déplore, à la fois, la pauvreté et l'imprécision du vocabulaire, une indigence
foncière de pensée et une maladresse indéniable à ordonner un développement.
En un mot, les élèves ne trouvent pas les termes adéquats à leurs pensées et
expriment bien souvent ce qu’ils ne pensent pas.
II. DIFFICULTÉS PARTICULIÈRES QUE PRÉSENTE L'ENSEIGNEMENT DE
LA COMPOSITION FRANÇAISE :
La Composition française revêt des difficultés, à la fois, pour maîtres et
élèves.
a) LES MAITRES !
Souvent, pour eux, dès le départ, le problème pédagogique de la rédaction se
pose mal. C’est, sans doute, à cette optique déplacée qu’il faut faire remonter les
résultats décevants qu’ils obtiennent de leurs • élèves. Il arrive aussi que certains
maîtres ajoutent, sans s’en rendre compte, au problème déjà délicat d’apprendre
à l’enfant à s’exprimer par écrit, celui de l’initiation à l’art d’écrire qui touche de
près à la production .littéraire. Ces maîtres oublient que l’on peut écrire
correctement sans être écrivain.
b) L’ÉLÈVE
Celui-ci se rend bien compte qu'à faire des opérations, qu’à s'appliquer à des
devoirs de grammaire, il apprend à calculer à réussir des dictées de règles. Rien
de tel avec la rédaction. L’enfant n'y trouve pas ce plaisir de réussir un problème
ou une dictée. C’est un exercice qui, pour lui, n'apprend rien, qui. a son but en
lui-même. Il s’agit bien d'une activité par laquelle on cherche à obtenir une
aptitude mais, une aptitude vague, difficile à déterminer et vers laquelle les
progrès sont si lents qu'on les aperçoit mal.
La première cause c'est qu’il ne s’agit pas en rédaction de retenir des faits ou
d’appliquer des règles mais, de faire œuvre personnelle: « Ce qu’on demande,
ce n’est pas plus du savoir mais, du savoir faire. C'est de bien comprendre, de
chercher des idées, de faire entre elles un choix judicieux, de les ordonner ».
En réalité ce qu’il faut obtenir c'est que l’enfant ait quelque chose à dire, et ait
l'envie de le dire.
III. COMMENT AMENER LES ÉLÈVES A METTRE DE L'ORDRE DANS
LEURS PENSÉES ?
Les l.O. précisent : « La rédaction est un exercice qui intéresse toute l’activité
de l’esprit. Toutes les facultés de l’intelligence s’y exercent ».
Elles poursuivent : « L’art d’écrire rejoint à la limite, l’art de penser ou de
sentir. Apprendre à écrire comme apprendre à parler c’est apprendre à penser ».
Elles en profitent pour introduire la méthode à employer. « D’une manière
générale toute méthode est mauvaise si elle n'inspire pas à l’enfant le désir de
traduire ses impressions et de chercher pour cette traduction l’expression
adéquate ».
Il importe, avant tout, de provoquer ces pensées, c’est-à-dire, d'entraîner
l’enfant à voir, à se souvenir, à inventer, à imaginer. Il faut en outre, lui
apprendre à ordonner ses pensées. Les pensées conçues par lui doivent se
réaliser avec ses moyens propres. Elles s'expriment dans un ordre assez logique
dont on l’amènera à comprendre la nécessité. Quand il semble mettre la charrue
devant les- bœufs, le maître doit habilement l’orienter dans la, découverte de cet
ordre de progression des idées. Il l'amènera à comprendre par ex. pourquoi dans
la description, il vaut mieux dire ce que l'on voit avant ce que l'on entend, dans le
portrait, pourquoi il est plus logique de commencer par le physique et non le
moral, dans une lettre, pourquoi l’introduction d’abord, puis, plus tard, que
commenter, discuter c’est d’abord expliquer.
Dès lors, se pose le problème de plan de la composition française. C’est par
lui que l’on ordonne ses pensées selon un ordre naturel. Habituer l’enfant à en
faire usage c’est lui conférer une méthode de travail définitive, il n’y a pas d’ordre
sans compréhension. Il faut par conséquent comprendre le sujet et, pour ce
faire, le lire attentivement. On passe ensuite, à la chasse aux idées. Chacune
d'elles se note sur le brouillon dans l’ordre où elle se présente. Le plan du devoir
attribue à chaque idée sa place exacte. Ce travail d’organisation de la pensée de
l’enfant ne dit point que l’on doive se substituer à lui pour l’exprimer. On le guide.
On le met sur la voie et on le laisse marcher seul afin qu'il fasse preuve
d’initiative et de liberté.
S’EXPRIMER CORRECTEMENT :
La composition française est le point d’aboutissement de tous les exercices
scolaires. Par conséquent, il n’y a pas un exercice de ce genre qui ne doive y
préparer. Un I.A. écrit : « Une bonne leçon de morale est une bonne leçon de
composition française. Une leçon de science bien faite apprend à observer et,
par conséquent, à décrire.- Traiter une question d’histoire ou de géographie avec
ordre et méthode c’est enseigner à composer. Toute interrogation est un
exercice de français si l’on sait obtenir la correction et la netteté dans
l’expression ».
Si l’on veut que l’enfant apprenne à s’exprimer correctement il faut que
l’exercice de calcul lui-même y concoure comme les autres. Il faut prendre
l’enseignement de la composition française comme centre permanent d'intérêt
quelle que soit la matière à étudier.
METHODE A APPLIQUER:
» Ne pourrait-on pas en composition française s’inspirer de la nouvelle
méthode appliquée à l’enseignement du dessin ». Aujourd’hui, le professeur de
dessin met l’enfant en présence de la réalité et lui demande de reproduire ce
qu'il voit» par ses propres moyens. L'exemple, l’entraînement, passeraient au
premier pian, la correction et la critique se feraient sobres, discrètes et
bienveillantes.
56
SUJET N° 19
« S'il est vrai que toutes les parties du français se prêtent un mutuel appui,
chacune de ces parties à sa fin propre et on ne peut les confondre sans
grands inconvénients pédagogiques. »
Montrez la justesse et l'importance de cette affirmation et donnez des exemples
de son application dans nos classes. (C.A.P. Martinique, Session d'octobre 1961)
I. INTRODUCTION :
Ce passage des I.O., relatif à la méthode d'enseignement de la langue
française traduit un double souci du législateur :
a) La nécessité de la solidarité de toutes les disciplines constituant la langue
française, afin de bien asseoir la connaissance de cette dernière.
b) Le respect de l’autonomie de chaque partie que comporte l'enseignement
du français.
Dès lors, elle devient un exercice qui, tout en conservant son caractère et son
utilité propres se trouve solidaire des autres parties du français. Celles-ci
gravitent autour de la lecture qui crée le lien rattachant entre eux les exercices de
français. La lecture devient centre d'intérêt et moyen de faire apprendre le
français par les textes.
b) LA GRAMMAIRE:
Elle n'est pas une fin mais, un moyen. Les élèves apprennent la grammaire,
non pour en savoir les règles, mais pour parvenir à parler et à écrire le plus
correctement possible par la connaissance qu'ils en ont. Elle se propose d’initier
l'enfant à la véritable connaissance de la langue française. Les I.O. préconisent
|a méthode suivante. d’enseignement : « C'est de l’usage de l’observation de la
langue pariée d'abord, puis de la langue écrite que la grammaire extrait les
définitions et les règles pratiques dont elle a besoin.
Les 1.0. recommandent en outre : « Règles aux formules courtes, aux mots
précis que la mémoire peut facilement assimiler. Chaque règle sera
accompagnée d’un exemple qui doit en rester inséparable ». Cette solidarité
58 Elle vise
mécanique de l’exemple et de la règle est d'une utilité pratique évidente.
la correction de la langue. Elle offre aussi un grand Intérêt éducatif parce qu’elle
associe les cultures grammaticale et française. Les exercices d’application se
révèlent indispensables parce qu’ils entraînent à la connaissance de la langue.
c) DICTÉES, QUESTIONNAIRES : exercices de conjugaison, analyse,
exercices de vocabulaire (synonymes, homonymes, antonymes) Conduisent
l’enfant à réfléchir sur la langue française et aiguisent son esprit. Donc auxiliaires
précieux pour la connaissance de la langue et liés à elle.
RÉDACTION ET DESSIN :
A) RÉDACTION ET DESSIN CONSTITUENT DEUX MODES D’EXPRES-
SION.
Apprendre à rédiger comme à dessiner c’est apprendre à s'exprimer, à
s’affirmer. La rédaction est une forme d’expression graphique au même titre que
le dessin. La première s'effectue par l’écriture qui est un graphisme particulier,
selon la langue dans laquelle on s’exprime. Le second se présente sous forme
de traits et de couleurs. Ces deux moyens d'expression ne sont pas conférés
d’emblée à l'enfant. Ils représentent une série de conquêtes progressives. De
longues étapes sont à parcourir avant de savoir rédiger et dessiner
correctement. Ces deux enseignements exigent le choix, puis, l’interprétation
d’un sujet.
B) LES DEUX APPRENTISSAGES RÉCLAMENT UNE OBSERVATION
PRÉCISE ET MÉTHODIQUE.
Pour bien rédiger et pour bien dessiner il importe de voir de près le sujet,
l'étudier, le méditer.
En rédaction, nous demandons aux enfants d'avoir l'œil ouvert, l'oreille
tendue, l’esprit attentif. La classe, le jardin, là boutique, l'atelier voisin, la
promenade faite, les scènes vécues peuvent servir de champ d'expérience. On
lui demandera de traduire, ensuite, en phrases sincères ce qu’il a vu, entendu,
éprouvé. De même en dessin, on lui enseignera à voir juste, à observer
intelligemment, ou judicieusement et à traduire fidèlement ce qu’il a vu. C'est par
l'observation directe de la vie que se forme l'art d’écrire et de dessiner.
C) Rédaction et dessin, pour être bien faits, exigent que l’on dépasse la
culture purement sensorielle. Pour réussir les deux, il faut mettre en œuvre, non
seulement les sens de l'enfant, mais, toutes les forces vives de son esprit et de
son cœur.
60
La réalité vivante se saisit par la pensée tout entière. Les sens, par leurs
impressions propres et par les facultés auxquelles ils sont liés fournissent des
images nouvelles, rappellent, lient, combinent les anciennes. La réflexion
attentive en saisit l'essentiel, choisit les traits saillants et groupe les détails
caractéristiques. C’est tout cela que reproduit la plume ou le crayon.
D) Le dessin d’observation et le dessin d’imagination, en particulier, sont
étroitement liés à la composition française. C'est pourquoi on propose aux
élèves, quelques jours à l’avance, le texte de la rédaction et on leur demande
d’illustrer le devoir. Cette illustration les obligera à un fécond effort d'imagination,
d'observation et de composition. A l'heure de la rédaction. ils n’auront plus qu’à
rédiger correctement les idées qu'ils, auront déjà trouvées, choisies,
coordonnées. Les dessins seront collés en face ou sur la page de français. Le
dessin utilisé sous cette forme, reste un féfond exercice de préparation à la
rédaction.
E) En outre, le courant d’éducation nouvelle place à la base de
l’apprentissage des deux enseignements, la liberté de l’enfant. On estime même
qu’il faut rendre à l’élève sa liberté pour qu’il retrouve la joie d’écrire. Le dessin
reste pour l'enfant « le moyen le plus puissant, le plus original, le plus vivant, le
plus Joyeux de s’exprimer, d’extérioriser ses sentiments de traduire sa
personnalité même. »
Le dessin est, pour l’enfant, langage écrit au même titre que la rédaction.
Aussi, les Instructions officielles recommandent-elles de respecter la liberté du
sentiment et même de l'interprétation chez l'élève.
F) Enfin, la rédaction, les travaux dirigés dé français demeurent au même
titre que le dessin, instrument de recherche des aptitudes, moyens de déceler
des possibilités et dès facultés d'expression chez l’enfant.- (Il suffit, pour s’en
convaincre de relire les Instructions ministérielles du 26-10-1960, relatives au
cycle d'observation).
I. INTRODUCTION :
Le passage à examiner est extrait du Rapport de M.M. les Inspecteurs d’Académie
sur l’enseignement du Français dans les écoles élémentaires, publié en Juin 1918.
Il précise d’abord, que l'exercice de la Composition française est le plus difficile de
tous, parce qu’il s'agit pour les élèves de « faire œuvre personnelle ». Il ajoute qu’il
demeure « source d’efforts stériles et de déceptions » pour nombre de maîtres. Il
demande ensuite, de se persuader que la Composition française est le couronnement
de tous les exercices scolaires et, par conséquent, il n’y a pas un exercice du genre qui
ne doive y préparer ». Il préconise, en outre, d’introduire entre les différents exercices de
la langue française, non un ordre apparent », mais, « une harmonie intérieure ». Pour
renforcer son point de vue, le dit rapport signale le cahier d’un élève lequel, au cours
d'une même semaine, se trouvent inscrits les exercices suivants: Lecture: le retour du
troupeau (A. Daudet), Récitation : la source (Th. Gautier), Dictée : L’Alouette (Michelet),
Composition française : Les effets de l’alcoolisme. Il se demande quel profit peut-on tirer
« de cette poussière d’exercice ».
En définitive, il recommande aux maîtres d'Ecole française un effort sans relâche
pour arriver à la coordination harmonieuse de tous les exercices de français. D'où la
consigne suprême, formulée de façon assez catégorique : « Pas de cloisons étanches...
de récitation », par l'inspecteur d'Académie du Département du Doubs.
III. CONCLUSION :
En réalité l'enseignement de la Composition française gagne en richesse et en
fécondité quand il n’existe pas de cloisons étanches entre les diverses disciplines
constituant la langue française. Mais cette formule ne permet pas de résoudre toutes les
difficultés que pose la rédaction. II existe deux moyens essentiels de préparation à la
Composition française : le goût de la lecture et l'observation directe.
Il faut en outre apprendre à l'enfant à s’exprimer correctement en l'amenant à
prendre plaisir à écrire par l’habitude régulière d’écrire correctement et de composer
convenablement.
On n’acquiert la maîtrise d’une langue que par la fréquence des exercices, l'intensité
de l'entraînement et la correction progressive des erreurs commises. A tout prix enfin, il
faut sauvegarder l’originalité propre de la Composition française, parce que les autres
exercices constituant l’étude de la langue française lui prêtent appui. Il ne faut point pour
autant les confondre. La rédaction à sa fin propre en elle-même. C’est pourquoi il
importe de lui rendre son autonomie.
65
SUJET N° 22
Un éducateur contemporain écrit : « On n'apprend pas la morale à l'enfant pour
qu'il la sache, mais, pour qu'il la pratique. »
Commentez cette pensée. Comment avez-vous cherché à l'appliquer dans votre classe ?
I. UNE MANIÈRE, ENTRE MILLE, DE TRAITER LE SUJET :
Chacune des sciences enseignées à l’Ecole primaire vise « à développer un ordre
spécial d’aptitudes et de connaissances ». Tout autre, apparaît la morale. Cette
discipline se meut dans une sphère particulière. Elle n’entend pas « faire savoir l’enfant,
mais lui fait vouloir ». Au stade primaire élémentaire, l’éducation morale ne saurait avoir
la prétention d’analyser « les raisons de l’acte moral ». Son but reste plus modeste. Elle
cherche, surtout, précisent les I.O., « à produire l’acte moral, à le répéter, à en faire une
habitude qui gouverne la vie ». L’intellectualisme pur ou abstrait n’est pas de son
domaine. Elle essaie, avant tout, de provoquer chez l’enfant, le goût, le désir de l’action,
la pratique constante du bien, la recherche d’une moralité saine. Aussi, comprend-on
qu’un pédagogue écrive : « On n’apprend pas... la pratique ».
II. EXPLICATION DE LA PENSÉE :
En la lisant, deux mots qui paraissent contradictoires, fixent notre attention : sache et
pratique. Le premier évoque l’intelligence, le savoir, la connaissance théorique ; le
second, l’action, l’habitude, la volonté.
Il semble qu’il s'agisse moins, en morale, d'inculquer des connaissances
intellectuelles à l’enfant que de créer en lui, l'habitude de pratiquer le bien. Moins
d’instruction, de savoir livresque que d’habitude, de volonté de passer à l’acte, pense-t-
on, dès lors. On ne saurait, certes, éduquer un sujet sans paroles. L’auteur de la pensée
le sait, mais, il se refuse à croire que la vraie morale est seulement dans la parole. Pour
lui, elle réside uniquement dans l'action et, c’est avant tout, par l’action, qu’il faut faire de
l’enfant un être moral. Selon lui, il ne suffit pas, en morale, d'éclairer l’esprit de l’enfant
par des mots, mais, il faut, par dessus tout, agir sur sa volonté, c'est-à-dire, le mettre en
état, de toujours rechercher, reconnaître et pratiquer le bien.
III. COMMENTAIRE:
Un philosophe moderne écrit que le but suprême de l’éducation est de « mener à
l’action morale par la triple vole de la possession de la santé physique, du
développement d'une réflexion bien orientée, de l’organisation d'un système d’habitudes
correctes ». C'est dire, par cela même, que toute éducation est, avant tout, morale, et
doit aboutir à créer chez l'enfant, dans les domaines physiques, intellectuel et moral, un
réseau d’habitudes saines et durables.
Une éducation66 morale qui ne parvient pas à doter l'enfant d’habitudes, en tous
points excellents et indispensables dans la vie de tous les jours est mal comprise et
risque de manquer, son véritable but. Ce serait jeu que d’aider l’enfant à rechercher et
reconnaître le bien. Ce qui importe, c'est de l'amener à pratiquer le bien parce que c’est
bien. Alors que l’éducation intellectuelle n’atteint, pour ainsi dire, que l’extérieur de
l’être, son intelligence, sa mémoire, son imagination, son raisonnement, son jugement,
l'éducation morale doit atteindre « ce qu'il y a de plus intérieur, de plus profondément
subjectif dans son être, c'est-à-dire, sa volonté ». La véritable morale doit conduire
l'enfant à la pratique des grandes vertus. La morale s'enseigne par la parole, mais,
cette dernière n’est que le moyen et la fin visée, la mise en application raisonnée et
consciente des dogmes enseignés.
Mais, il n'y a de moralité, « d'autant que l’homme prend possession de lui-même, de
son unité dans le présent, de sa stabilité dans la durée ».
On comprend alors pourquoi, en morale, plus qu’ailleurs, le maître doit rester le «
plus persuasif des exemples » et dispenser cet enseignement avec chaleur et
conviction. Une morale froide laisse indifférent l’enfant. Pour le pousser à l'action,
l'exhorter, il faut l'émouvoir, le faire vibrer, toucher les fibres profondes de son être.
Eclairer l'intelligence et la raison de l'enfant, agir sur son cœur, faire fléchir sa volonté
vers le bien, restent les mots d’ordre en morale. L'enfant n’aimera et ne pratiquera le
bien que lorsqu’il le connaîtra et en sentira les avantages. Le précepte proposé
s’harmonise avec la conception que ¡le législateur se fait de l’éducation morale. Il ne
considère pas la morale comme une science, mais, un art celui « d’incliner la volonté
libre, vers le bien ». Il .retrouve aussi G. Compayre qui écrit dans le même sens : « Rien
ne vous sert de nourrir l’esprit de vos élèves des plus belles maximes, si ces maximes
ne se traduisent pas par des actes ». N
La morale bien enseignée apprend à l’enfant à connaître « les principes essentiels
de la moralité humaine » et le pénètre que « l'idée doit être toujours soudée à l’acte ».
68
SUJET N° 23
69
« La seule leçon de morale qui convienne à l'enfant, et, la plus importante à tout âge,
est de ne faire de mal à personne. »
Expliquez et discutez cette parole de Rousseau.
II. DISCUSSION :
A) La formule de Rousseau se fonde sur une erreur psychologique. Les facultés ne
se développent pas successivement. L'être humain est un. Dès sa naissance, il apparaît
tout entier, avec ses sens, son intelligence et son cœur. Pas de cloisons aussi étanches
que le pense l'auteur de l’Emile entre sensation, intellectualité et moralité...
Autrement, la vie de l'enfant comporterait trois naissances distinctes. Si l’éducateur
sait se mettre à la portée de son élève, il peut lui faire sentir, très tôt, les douceurs de la
charité ainsi que la beauté de la justice.
B) On admet volontiers avec Rousseau que l’aumône est une action d'homme. Mais
le maître averti, ne peut-il pas montrer à l’enfant la valeur de l'aumône en l’amenant à
faire un petit sacrifice pour soulager l'infortune d’un de ses camarades ? Durant la
dernière guerre on a vu des enfants d’âge scolaire se priver de goûter pour venir en
aide à des petits enfants comme eux, devenus subitement orphelins ou a des réfugiés...
N'existe-t-il pas une forme élevée d’éducation qui consiste -à proposer à l'admiration de
l’enfant des exemples de bonté, de charité, de dévouement ou d’héroïsme ? C'est peut-
être pourquoi, les I.O. recommandent au Maître de demeurer « le plus persuasif des
exemples ». Il existe une morale de l’exemple.
C) U est exact, comme le pense Rousseau que certaines personnes font le bien
sans se soucier de la justice. La littérature présente des bandits charitables comme J.
Valjean ou des vertueux gratuits. Cependant, il faut reconnaître qu’il n’y a pas de bonté
réelle sans la justice. En cela, la pensée de Rousseau contient une très grande part de
vérité. Mais le maître qui sait se prendre, arrive à montrer à l’enfant que pour être
vraiment charitable, il faut être juste, sinon, on risque de l’être à contre temps.
D) Dans sa pensée, Rousseau a en vue l’enfant et l’homme. En témoigne
l'expression « à tout âge ». Chacun connaît sa page admirable sur l’aumône : « Soyez
juste, humain bienfaisant. Ne faites pas seulement l’aumône, faites la charité. Les
œuvres de- miséricorde soulagent plus de maux que l’argent. Aimez les autres et ils
vous aimeront. Soyez leur frère et ils seront vos enfants ». On comprend dès lors, que
l'expression : la plus importante constitue une atténuation nécessaire qui ne saurait
passer inaperçue.
III. CONCLUSION :
En réalité, le précepte de Rousseau formulé de façon absolue et paradoxale est
bâti sur une erreur de psychologie, savoir, que les facultés naissent
successivement. Elle contient aussi un trait de vérité. Le seul enseignement de la
justice à l'école ne suffit pas. Il faut y joindre aussi celui de la charité. Personne
n'est bienfaisant s'il n'est juste. Ne faire du mal à personne suppose, à la fois,
justice et charité. Sa pratique, même négative, conduit à croire qu'il71 faut faire le
bien parce que c'est le bien. Il importerait pour enseigner aussi une morale
positive à l'enfant, d'ajouter à lui apprendre à faire du bien à autrui. Ce serait
ouvrir un cadre plus ample que celui préconisé par Rousseau à l'élève de l'école
primaire.
SUJET N° 24
« L'Enseignement moral est un ensemencement. »
Est-ce votre avis ? Comment le Maître doit-il se prendre pour qu'il en soit ainsi ?
III. APPRÉCIATION :
Ici, se posent les conditions de la réussite de l’enseignement moral. G. Compayre les
a, lui-même, évoquées dans son livre. Citons en quelques-unes :
a) Certaines conditions matérielles ne sont pas à négliger pour assurer les progrès
de l’éducation morale. Les conditions d'hygiène sauvegardent le bien être physique de
l’enfant et soutiennent sa santé physique.
b) L’Instituteur ne doit pas avoir à diriger un trop grand nombre d’élèves, s’il veut agir
efficacement sur chacun d'eux, surveiller leur conduite, étudier leurs dispositions
individuelles pour leur donner, par la suite, des conseils appropriés à leurs divers
caractères.
c) Il faut de bons professeurs, des hommes. Le meilleur moyen de former des
hommes, c’est d'être soi-même un homme digne de ce nom. Les maîtres doivent
prendre conscience de leur responsabilité en matière d’éducation morale. Ils sont, selon
J. Macé « des faiseurs de lumières ». Les lumières qui chassent l’ignorance ne
suppriment pas toujours l’immoralité. Il faut autre chose que du savoir pour devenir un
homme de bien.
d) Un obstacle à l'Enseignement de la morale, c’est que les élèves de l’Ecole
primaire ne reçoivent pas toujours dans leurs familles la même éducation morale que
celle donnée à l’école.
e) Quand un seul Maître -dirige l’enfant au cours de toute sa scolarité (Ecole unique),
il y a plus continuité dans l’éducation morale.
f) La coopération des parents est nécessaire aux progrès moraux des élèves. Il faut
la provoquer.
76
SUJET N° 26
« L'essentiel de la leçon de morale ne se donne pas pendant l'horaire qui lui
est assigné. C'est pendant tout le séjour de l'enfant à l'école, pendant les
leçons, les récréations, les rentrées et les sorties, dans la classe, dans la cour,
en promenade ou sur le terrain de jeux que la morale doit être enseignée. »
Cette conception de la morale, vous paraît-elle condamner la leçon de morale
proprement dite ? Quelle place faites-vous à l'une et à l'autre dans votre classe ?
I. INTRODUCTION :
A l’école primaire, l’enseignement de la morale diffère des autres. A part qu’il se meut
dans une tout autre sphère, il ennoblit tous les enseignements de l’école, fait vouloir et
non savoir, émeut plus qu’il ne démontre.
Il est d’ailleurs presque le seul à se donner sous des formes variées et multiples :
directe et systématique, indirecte et diffuse, pratique et occasionnelles. Tout laisse croire
que ces deux dernières formes sont les plus importantes puisque un propos signale que
c’est par elles que se donne l’essentiel de la leçon de morale et non pendant l’horaire qui
lui est assigné.
II. QUE PEUT APPORTER LA LEÇON DE MORALE PROPREMENT DITE ?
Dans les classes primaires, la morale fait l’objet d’une leçon journalière qui, d’ordinaire,
se situe au début de la classe du matin. Elle occupe une durée hebdomadaire allant de
l’heure un quart au C.P. à 2 heures en F.E. Au cours préparatoire, cet enseignement se
donne sous forme de causeries et de récits très simples de 15 minutes par jour. Au C.E.,
il se communique par des entretiens familiers, tirés des récits ou de lectures d’environ 20
minutes par jour ou 4 entretiens de 25 à 30 minutes.
Au cours moyen, ces causeries et entretiens s’accompagnent de lectures. En F.E. la
morale s’associe à l’initiation à la vie civique.
Les I.O. n’ont pas manqué de stipuler ce que ces leçons doivent apporter aux élèves
de chaque niveau.
Au C.P., les causeries simples conduisent l’enfant à acquérir les premières
connaissances usuelles, à observer, comparer, questionner et s'exprimer. Elles précisent
que durant ce cours toute la vie scolaire doit être orientée vers la formation de bonnes
habitudes (propreté, ordre, exactitude, politesse, discipline).
Au C.E. les entretiens affermissent les bonnes habitudes acquises au C.P. et les
étendent. Au cours moyen les causeries sont destinées à amener les élèves à la
77
pratique raisonnée des principales vertus individuelles et sociales. Parmi elles on cite la
tempérance, la sincérité, la modestie, la bonté, le courage, l'amour du travail, le goût de
la coopération, l'esprit d’équipe, le respect de la parole donnée, la compréhension
d'autrui, l'amour du sol natal, les devoirs envers la famille et la patrie.
En F.E., le niveau à atteindra par ces leçons s’élève jusqu’à la conscience morale et
la dignité humaine, à la vie du citoyen : ses devoirs et ses droits.
Ces leçons ont un but précis, pas toujours atteint, il faut l'avouer, peut-être, parce
qu’elles s’adressent davantage à la sensibilité qu'à l'intelligence et que les notions
apprises ne sont pas suffisamment mises en pratique. Ne dit on pas qu’on enseigne la
morale à l'enfant non pour qu'il la sache, mais, pour qu’il la pratique ? La vraie morale
apparaît avant tout action. Dans ce domaine, précisent les I.O. la mission de l’instituteur
consiste « à fortifier, à enraciner dans l’âme de ses élèves pour toute leur vie les
notions essentielles de moralité humaine communes à toutes les doctrines et
nécessaires à tous les hommes civilisés. »
79
SUJET N° 27
Pécaut écrivait : « La morale pratique ne suffit pas... » Par contre Cousinet déclare : «
La morale ne peut-être l'objet de leçons au même titre que les autres disciplines... la
morale est action. »
Examinez et discutez ces deux opinions.
2 e PENSÉE :
La morale ne peut faire l’objet de leçons comme les autres matières. Son but étant
différent, elle n’a pas pour but de faire savoir, mais, vouloir. Elle ne transmet pas des
connaissances. Elle procède plus du cœur que du raisonnement. Elle se respire
davantage qu’elle ne s’apprend. C’est plus un art qu’un enseignement. Elle émeut plus
qu’elle ne démontre. Elle cherche avant tout, disent les I.O., « à produire l’acte moral, à
le répéter à en faire une habitude qui gouverne la vie »
II. COMMENTAIRE :
Les pensées à étudier posent des problèmes complexes celui des rapports de la
connaissance et de l’action, celui de l’expérience' morale et la théorie la justifiant et
enfin,-ceux de l'enseignement et de l’éducation morale.
Au départ, il semble que la vraie morale, comme toute science, serait association de
théorie et de pratique. La théorie justifie la pratique et permet d'analyser l’acte moral.
C’est la pratique80qui exécute, qui représente la théorie agissante.
ENSEIGNEMENT ET ÉDUCATION :
Distinguons d'abord l'enseignement moral de l'éducation morale. Le premier a pour
rôle d'apprendre à celui qui le reçoit les devoirs que la morale impose à l’homme.
L’éducation morale à pour but le développement des fonctions psychiques capables
d'assurer la fidélité au devoir, le respect de la dignité humaine, principalement, le
développement de la volonté.
L’enseignement moral s'adresse aux fonctions intellectuelles. Il éclaire l’intelligence,
fait connaître le devoir, propose un idéal.
L’éducation morale a pour objectif propre de- faire pratiquer le devoir et, pour cela,
elle inculque ‘des manières de penser, de sentir, de vouloir et même de se comporter
extérieurement. Mais l’éducation morale ne se limite pas à l'apprentissage des règles du
savoir vivre, ni même au dressage qui forme l’enfant bien élevé. La transformation
qu’elle produit est profonde. Elle affecte la nature intime de l'individu, ses réactions
spontanées, ses goûts et ses ambitions.
Au contraire l’enseignement moral se contente de faire acquérir un savoir nouveau et
cette acquisition peut n’exercer sur la conduite de la vie qu'une action insignifiante.
Selon Gabriel Marcel « l’enseignement procure un certain avoir, tandis que l'éducation
donne un nouvel être ».
On peut dire, en bref, que l’enseignement moral est objectif tandis que l'éducation
morale est subjective. Ou encore on estime quelque chose, mais on éduque quelqu’un.
On est amené à dire que l’enseignement est impersonnel et l’éducation personnelle. Les
formules de la physique ou de la morale sont identiques pour tous ceux qui les
apprennent sauf en cas de changement de civilisation. Elle est éducation personnelle en
ce sens qu’elle vise à former une personnalité, c'est-à-dire, un individu se distinguant par
son originalité de bon: aloi.
Dans l’enseignement moral, les relations entre le professeur et les élèves restent
impersonnelles. Ce sont les relations personnelles qui font la véritable éducation morale.
Ainsi nous ne connaisses pas les auteurs des livres dans lesquels nous nous
instruisons, mais avec nos professeurs nous avons des rapports de personne à
personne. Au contraire entre la mère et l'enfant se réalise la fusion la plus parfaite qu’on
puisse rêver de deux personnalités. Or, c'est sur les genoux de la mère que se fait • la
plus profonde, la plus indélébile des éducations morales. Dans l’ordre moral, toute action
qui prétend être profonde doit tendre, vers cet idéal d’intimité. Ce qui fait la valeur de
certains établissements réputés, c'est moins l’enseignement qu’on y distribue que
l'atmosphère qu'on y respire. A l'Ecole primaire, il s’agit, à la fois, d'enseignement et
éducation de la morale.
Cette Instruction comme celle de la morale doit-être plus une ambiance qu’un
enseignement ». Elle doit communiquer à nos enfants le réflexe de la vie probe
et honnête, leur conférer une suffisante pratique de l’attitude et de l’acte
civiques pour qu’en nous quittant, Il en garde l’instinctif besoin.
84
SUJET N° 29
« Ne rien laisser apprendre par cœur qui ne soit excellent. »
Justifiez ce précepte de Nicole. Comment résolvez-vous les difficultés que soulève !e
choix des textes à réciter à l'École primaire ?
III. CONCLUSION :
Une phrase des I.O. : « D’un bout à l’autre des études primaires, l'exercice de
récitation doit-être en honneur: apprendre le plus grand nombre de morceaux d’une
grande valeur" littéraire », tel doit être le mot d’ordre.
86
SUJET N° 30
Quel parti doit-on tirer de la récitation des morceaux choisis à l'École primaire au
point de vue de l'instruction et de l'éducation ?
Les avantages que l’on peut tirer de la récitation des morceaux choisis sont très
nombreux.
Recherchons ceux qu’on peut tirer des deux points de vue demandés.
III. CONCLUSION :
Il importe que le choix du maître soit judicieux. A part la forme, les morceaux à
apprendre doivent joindre la plus haute inspiration morale.
« Que le bon soit toujours camarade du beau » comme le dit si bien La Fontaine.
« Il ne faut jamais permettre que les enfants apprennent rien par cœur qui' ne soit
excellent » dit Nicole.
88
SUJET N°31
En quoi consiste le problème du choix des textes à réciter à l'Ecole primaire ?
Comment le résolvez-vous concrètement dans un cours à votre choix ?
Présentez une liste de morceaux à faire apprendre dans un cours de votre choix.
91
SUJET N° 32
Vocabulaire et élocution : distinguez avec soin les buts et les méthodes de ces deux
disciplines dans un cours de votre choix.
(C.A.P. Martinique, 2e Session 1964)
97
SUJET N° 34
« Le mot ne vit que dans la phrase. »
Expliquez. Quelles applications pratiques peut-on en faire dans l'enseignement du
vocabulaire? Précisez les divers aspects que peut prendre l'étude d'un mot à l'École
primaire ?
I. EXPLICATION DE LA PENSEE :
Le mot isolé peut avoir le sens que l’on veut. Pour avoir vie, il faut qu’il soit intégré à
d’autres mots. Pour qu’un nom ait valeur sémantique, il doit être :
a) accompagné d’un article. Ainsi, une mémoire diffère de un mémoire. La première
expression désigne la faculté de se souvenir ou le souvenir lui-même et la seconde, un
relevé des sommes dues, un écrit sommaire relatif à un exposé ou un procès. L’article
particularise le nom : (noms à deux genres).
b) Caractérisé par un adjectif : Ex. : un mémoire, illisible diffère d’une mémoire
exceptionnelle.
c) Déterminé par un complément : Ex : le mémoire du fournisseur n’est pas la
mémoire des dates.
Ces trois éléments font sortir le nom de son obscurité originelle mais, il ne vit pas
encore. Il en est de même du verbe. Ex. : partir, revenir, aller.
Mais, pour qu’il vive vraiment il faut qu’il accède aux valeurs grammaticales. Ex. :
partir c’est mourir. Il faut partir. J’ai vu partir des soldats au front. Ainsi donc, c’est
seulement intégré dans la phrase que le mot répond pleinement à sa définition. On le
définit comme < la plus petite unité graphique et phonique susceptible de prendre une
valeur sémantique et grammaticale ».
I. EN MANIÈRE D'INTRODUCTION :
Pour parler et pour écrire, on se sert de mots. Ceux-ci sont groupés en phrases.
Celles-ci, réunies, à leur tour, constituent des paragraphes. On peut se demander quels
rapports existent entre la signification du mot et celle de la phrase. Delacroix les résume
comme suit :
« Le mot est nécessaire à l'intelligence de la phrase. »
« La phrase est nécessaire à l’intelligence du mot. »
102
SUJET N° 36
« Une leçon de grammaire est un exercice d'observation mais, au lieu de
manipuler, de disséquer un objet, on observe, on dissèque, on analyse un texte. »
Commentez cette formule et appliquez là, ensuite à un cours de votre choix.
QUELQUES IDÉES SUR LE DEVOIR :
Le texte proposé établit une similitude entre l’exercice d’observation et la leçon de
grammaire. Les deux utilisent la môme méthode d’observation, de dissection et se
fondent sur l’analyse. Elles reposent sur l’observation directe et personnelle. La
différence est que le premier s’édifie sur un objet alors que la seconde se déroule sur un
texte.
Que penser de cette manière de concevoir la leçon de grammaire ?
B) ROLE DE LA DISSECTION :
L'observation attentive du texte inducteur conduit obligatoirement à déterminer
d'abord, les parties le composant puis, les rapports existant entre elles. On se livre à une
décomposition presque scientifique de l’exemple de départ afin de reconnaître, compter,
comparer, justifier les caractéristiques de chacun des mots le constituant. N'est-ce pas la
méthode d'étude pratiquée dans les sciences ? Un corps n’est véritablement connu que
lorsque, par dissection, on a passé de son étude extérieure à l’intérieure. Sans cette
opération les liaisons intimes des faits grammaticaux nous échapperaient et notre étude
en serait toujours incomplète.
C) ROLE DE L’ANALYSE:
Analyser c’est décomposer un tout en ses parties, étudier, examiner, résumer. Cette
opération est indispensable en grammaire parce qu’il s'agit d’étudier des faits
grammaticaux insérés dans un texte, il faut les isoler, les considérer séparément par
rapport à l’ensemble. D’ailleurs, étudier la grammaire c’est exercer l'esprit de l'enfant à
l’analyse formelle, d'abord, lente et réfléchie puis, rapide et immédiate. Ce faisant, on
l'amène à penser les mots, les constructions, les fonctions et à les lasser avec l'appui
d’une nomenclature dans des catégories abstraites et générales. Or, analyser en
manipulant des idées et non des objets, distinguer dans une phrase des groupes de
sens et les éléments de ces groupes constituent des opérations intellectuelles fort
difficiles. C'est peut-être pourquoi la grammaire est une science qui reste au-dessus de
la portée des enfants avant 1 0 - 1 2 ans.
De plus, l’analyse ne devient-elle pas l’exercice grammatical essentiel. Toute l’étude
de la grammaire doit mener à l'exercice et c’est par J'analyse que l’étude des formes et
des fonctions prend un sens. Ainsi donc, l'étude de la grammaire se sert de l'analyse et
doit aboutir à l’analyse. Autre ressemblance avec l'exercice d'observation puisque
l’analyse est au départ de toute science.
IV. CONCLUSION 104
:
Du point de vue pédagogique la pensée à examiner est fort juste. Il y a parfaite
analogie entre la méthode de l’exercice d’observation et celle de la grammaire. Tous
deux observent dissèquent, analysent. Seule la matière diffère et, peut-être, aussi
l’utilité. Alors qu’en science on étudie un corps, un fait, un phénomène afin de le
connaître, d’être fixé sur lui- même (étude directe), l’utilité de la grammaire apparaît
indirecte et seconde. Elle est moyen en vue d’enseignements à valeur directe : lecture,
rédaction, orthographe. L'une et l'autre permettent de manipuler, de disséquer et
d'analyser.
SUJET N° 37
« L'enseignement de la grammaire n'est pas une fin en soi, mais, un moyen pour se
rendre maître de la langue, et, à ce titre, la grammaire est l'auxiliaire des autres
disciplines. »
Que pensez-vous de cette affirmation ?
Comment concevez-vous une leçon de grammaire au Cours Élémentaire. Faites le
plan détaillé d'une leçon sur l'adjectif qualificatif (1ère leçon) au Cours Elémentaire,
1ère Année.
(C.A.P. Martinique, Session de mars 1966)
PROGRESSION :
I. PARTIE ACTIVE : CHERCHONS ET NOTONS.
Sur le bureau.
a) Des crayons de mêmes dimensions, mais, de couleurs différentes.
Dialogue.
a) Apporte-moi un crayon !
Faire dire et écrire par l’élève :
J’apporte un crayon.
Procéder de même pour :
J’apporte un crayon rouge.
De même avec les règles :
J’apporte une règle.
J’apporte une grande règle.
108
b) Procéder de même pour les phrases se rapportant à la règle... Le mot grande sert
à dire comment est la règle que j’ai apportée. Il précise sa longueur par rapport aux
autres règles.
c) Observons la deuxième phrase se rapportant au crayon :
Que désigne le mot crayon ? Une chose, un outil de l'écolier... C'est donc un Nom.
Où est placé le mot rouge ? Après et tout à côté du nom.
d) Procédons de même pour la deuxième phrase se rapportant à la règle. Le mot
grande est placé à côté du nom, et tout près et devant.
e) Observons maintenant deux garçons Pierre et Jean, non de mêmes couleurs et de
corpulences différentes.
Disons : Pierre est noir.
Jean est rouge.
Pierre est gros.
Jean est maigre.
f) Essayons de trouver des mots pouvant distinguer deux chiens, deux chats, deux
oiseaux,...
Médor est un chien méchant.
Friquet est un chien doux,...
LE MAITRE : Ces mots qui disent comment sont les personnes, les animaux ou les
choses, qui, permettent de les distinguer, s’appellent des adjectifs qualificatifs.
III. CONCLUONS :
Que précise l'adjectif’ qualificatif ? (taille, couleur, grosseur, qualités, défauts,...).
Où se place-t-il ? Avant ou après le nom, mais, toujours tout près de lui.
IV. RETENONS:
L’adjectif qualificatif dit comment sont les personnes, les animaux, les choses. Ex ;
un crayon rouge ; un garçon trapu, un chien méchant.
V. AVONS-NOUS COMPRIS ?
a) Exercices oraux rapides : Disons à l'aide d'un adjectif qualificatif comment peuvent
être :
Un élève (qualité ou défaut), un chat, un paquet.
b) Dans les phrases suivantes, indiquez' l'adjectif qualificatif. Un jouet solide, un chien
fidèle, un vase fragile, le ciel bleu, un joli bouquet, un gros éléphant, une voiture noire,...
(N.B. Pas d’exercice écrit en 1ère Année du Cours élémentaire).
109
SUJET N° 38
Un pédagogue écrit : « Quelle grammaire devons-nous enseigner ? La grammaire de
la langue réelle, aussi simple que nous le pourrons. Elle ne sera ni philosophique, ni
historique... Elle ne sera pas dogmatique non plus, mais, expérimentale, pour ainsi
dire. »
Qu'en pensez-vous ?
I. INTRODUCTION :
On relève dans les I.O. de 1923 « Jamais, nous ne répéterons assez qu’il faut
simplifier l’enseignement grammatical ». C’est dire que cet enseignement doit être
allégé le plus possible, ne contenir que des notions exactement adaptées à l’âge et à
l’esprit des enfants et dégagé, autant que possible du « fatras de la terminologie
technique. » La manière de l’enseigner, elle aussi, doit être concrète et active. C’est ce
que pense le pédagogue qui, à propos de la grammaire à enseigner, répond : « la
grammaire de la langue réelle aussi simple... mais expérimentale ».
111
SUJET N° 39
« Il me semble qu'il faut se borner à une méthode courte et facile... Le grand point
est de mettre une personne, le plus tôt qu'on peut, dans l'application sensible des
règles, par un fréquent usage. »
Commentez et appréciez cette parole de Fénelon en l'appliquant à la grammaire.
Une manière, entre mille, de concevoir le devoir:
I. ENTREE EN MATIÈRE :
La parole à apprécier est extraite de la : Lettre sur les Occupations de l'Académie
française, (chapitre: Projet de Grammaire), publiée en 1716, et écrite par Fénelon de
son vrai nom François de Salignac de la Motte.
Théoricien de l'éducation attrayante comme le prouve son Traité de l’Education des
Filles, Fenelon s'est vite rendu compte, que la grammaire en usage dans son temps,
offrait peu d'attrait même aux adultes, parce que « trop curieuse et trop remplie de
préceptes ». L’étude d’une science « aussi complexe et aussi touffue », effrayait les
étrangers très instruits. Les élèves, eux, goûtaient moins encore les leçons rebutantes
se caractérisant par d'abondantes règles, suivies chacune, d'interminables exceptions,
de minutieuses remarques et de laborieuses subtilités de la langue française. Il fallait,
non seulement apprendre des définitions, des règles, des exemples mais, aussi retenir
de façon imperturbable exceptions et remarques. Pareille étude était aride et
surchargeait considérablement la mémoire des élèves. De plus, elle ne se révélait point
profitable, parce que, pas attrayante. C'est pourquoi, il propose « une méthode courte et
facile », conduisant, rapidement, par l’usage, à l'application sensible des règles.
II. EXPLICATION.
Au départ, Il importe de préciser que, le mot : méthode a, pour Fénelon, le sens de
livre, d'ouvrage, de mémento ou de récit. Puisque le livre de grammaire, en usage dans
son époque est compliqué et savant, il recommande de ne pas s’obstiner à le placer
entre les mains des élèves. Au début de l’étude de la grammaire, seule, la
connaissance des règles simples et générales est nécessaire. L'étude des exceptions
viendra après. L’emploi de la « méthode courte et facile » qu’il recommande, consiste,
d'abord, à apprendre l'essentiel et à s'occuper des subtilités, par la suite.
Comme pour préciser sa pensée, l’auteur ajoute : « Le grand point est de mettre une
personne, par un fréquent usage ». « Mettre une personne, le plus tôt qu'on peut dans
l’application sensible des règles », c’est la placer, le plus vite possible nn état
d'appliquer comme par automatisme, les règles de la grammaire par la seule pratique
de la langue, sans même connaître par cœur, l’énoncé des dites règles. Il va sans dire,
112 habitude de parler et de s'exprimer correctement, joue un rôle
qu’ici, l'excellente
déterminant. C’est elle qui conduit la personne à savoir intuitivement par exemple, que
les noms et adjectifs au pluriel, sont généralement terminés par S, qu’un verbe
s’accorde en nombre et en personne avec son sujet, que pour éviter des répétitions
dans une phrase, on emploie des pronoms...
Fénelon ne limite point cette première forme d’étude à la seule conversation. La
lecture, la récitation, l'explication de textes, toutes formes verbales d’échanges d’idées
entre précepteur et disciples rentrent dans ce fréquent usage. Pour compléter sa
manière de voir, il précise : « Cette personne prend plaisir à remarquer les détails des
règles qu’elle a suivies, d'abord, sans prendre garde ». C’est dire que cette manière
d’enseigner le français doit être pratiquée le plus tôt possible avec ceux qui en amorcent
l’étude, particulièrement avec les enfants.
Fénelon n’interdit point l’usage du livre de grammaire. Comme il •est compliqué et
ardu, l’élève s’en servira par la suite. Son étude, à ce moment, devient nécessaire pour
coordonner, compléter, résumer, les notions grammaticales acquises par l’usage,
éparses et flottantes et qu’il y a lieu de fixer définitivement dans l’esprit.
l
III. COMMENTAIRE PROPREMENT DIT :
La méthode préconisée par Fénelon reste en accord avec celle recommandée par
les I.O. « L’enseignement grammatical établira des règles claires et précises qu’il tirera
de l’usage, c’est-à-dire, de la langue parlée ou écrite. Ce n'est qu’avec les plus grands
élèves qu'il essaiera de dégager prudemment les lois générales des faits linguistiques.
Elles recommandent de « toujours partir de l’usage, de l’observation de la langue
parlée, d'abord... »
De plus, l'expérience conduit à' conclure que si une grande partie du vocabulaire
échappe à l’enfant d’âge scolaire, la plupart des rapports grammaticaux et des types de
phrases lui sont familiers. C’est un travail très difficile de lui apprendre la nomenclature
des termes grammaticaux, leurs emplois et les noms des rapports qui s’établissent dans
les phrases. Aussi, est-on arrivé à se demander si ce travail était vraiment utile. L’enfant
parvient à parler sans connaître la grammaire. « Une connaissance intuitive du système
de la grammaire, difficile à définir et à expliquer, mais, bien réelle, lui permet d'en jouer
avec aisance. Point n’est Indispensable de penser le masculin ou le féminin, le singulier
ou le pluriel, les temps, les modes, les personnes, les compléments ou les attributs... Il
suffit de parler. Il semble, pense Fénelon, que le processus d’acquisition intuitive par
lequel l'enfant apprend la langue avant de venir à l’école, devrait être simplement
continué.
En outre, une conférence faite aux Elèves des E.N. de Grenoble, Valence, Privas et
Gap, sur la grammaire qu'il faut enseigner dans les
113
Ecoles primaires, précise que c’est « celle de la langue réelle, aussi simple que nous
pourrons ». Elle ajoute : « Nous savons la langue française... Ce sont no8 mères,
c'est la vie qui nous en ont donné la connaissance pratique. »
Elle complète que pour inculquer à l’enfant l'idée du pluriel, sans employer le mot
pluriel, on prendra une de ses phrases puis, deux, faites de mots qu'il emploie et qu'il
comprend ou en conversant, ou en jouant avec lui. Plus tard, il comprendra pourquoi
l’S, apprendra le mot pluriel et la règle, la plus simple possible...
IV. APPRÉCIATION :
Fénelon a eu une vue juste et nette de ce que- doit peut-être l’enseignement
grammatical dans les classes primaires élémentaires. La méthode courte et facile, ne
contenant que l'essentiel convient, admirablement aux enfants de 6 à 11 ans. Les
auteurs de grammaires modernes en ont pris clairement conscience. Leurs ouvrages
ne ressemblent en rien à ces grosses grammaires d'Antan qui ont, parfois, fait
prendre l’école en aversion par nos aînés. Ils portent des titres plus rassurants :
grammaire simple, grammaire naturelle, la grammaire fonctionnelle, etc...
Les pédagogues d'aujourd’hui admettent volontiers que la meilleure méthode
d'enseignement du français se résume à parler avec ses élèves, à leur demander de
construire de petites phrases orales ou écrites, à les faire lire, à leur donner de beaux
textes à apprendre, puis, avec le concours de tous, dégager les règles relatives, à la
langue contenues dans les phrases, passages lus ou récités. Dans chacune des
phrases correctement construites par les élèves, se trouvent les termes essentiels de
la grammaire : nom, verbe, adjectif, pronom, ainsi que les règles qui les régissent.
Alors, rien de plus normal qu’elles soient le point de départ d’une étude de la
grammaire bien comprise. Cette dernière est la seule accessible à l'élève.# On
pourrait même l’appeler, méthode naturelle. C'est pourquoi, le point de vue de
Fénelon peut être adopté sans réserve. Une méthode d’enseignement simple et
progressive, doit orienter l'étude grammaticale à l’Ecole primaire.
La leçon orale terminée, l’élève trouve dans sa grammaire, exprimées en termes
clairs et précis, les règles qu’il applique presque Intuitivement et qu’il apprend par
cœur.
V. CONCLUSION :
La méthode de Fénelon est rationnelle parce que naturelle et bien à la portée de
l’élève de l’Ecole primaire. Elle cadre harmonieusement avec les I.O. qui demandent
de simplifier, d’alléger sans cesse, de donner un enseignement grammatical concret
et actif.
SUJET N° 40
« L'enseignement de la Grammaire n'est pas seulement l'apprentissage de
l'orthographe, c'est aussi l'apprentissage de l'art d'écrire. »
Qu'en pensez-vous?
411
SUJET N° 42
« On ne sait plus l'orthographe. »
Cette affirmation est-elle une simple boutade ? Selon vous, que faut-il faire pour mieux
apprendre l'orthographe à nos écoliers ?
I. INTRODUCTION :
Il est courant d'entendre dire que le niveau orthographique actuel de nos écoliers se
révèle décevant. En savent-ils moins là-dessus que les générations précédentes ? Il est
difficile au maître débutant d'en juger. Cependant, même si les dictées sont honorables
chez quelques-uns de nos élèves, les compositions françaises, les questionnaires, les
copies d’énoncés de problèmes, les résumés et autres exercices écrits témoignent, par
les fautes qu'ils contiennent, une baisse évidente du niveau de nos écoliers. Il faut
admettre que nos élèves laissent l'impression qu’ils ignorent du moins, n'appliquent pas
les règles de grammaire et d'usage. Aussi, ne faut-il point s’étonner qu'un pédagogue
écrive : « On ne sait plus l'orthographe ».
ORTHOGRAPHE OU ORTHOGRAPHIE :
C’est l’art d’écrire correctement les mots et les signes d’une langue selon la manière
imposée par les règles ou par l’usage. Manière d’écrire les mots. Ce fut ¡’Académie qui,
sur la proposition de Perrault, en 1673, décida de codifier et d’enregistrer les règles,
bizarreries, complications et contradictions de la langue afin de « distinguer les gens de
lettres d’avec les ignorants ». .Un arrêté de 1901 de l’E.N. a décidé que, dans les
examens et concours de l'instruction publique, certaines tolérances seraient admises,
mais, qu’elles ne suppriment pas les règles.
La préparation de la dictée semble plus importante que la dictée elle- même. C'est
elle qui permet de concentrer l'attention de l'enfant sur les singularités orthographiques
des mots à écrire. Elle se borne à l’étude de quelques termes délicats et doit s'adapter
étroitement aux progrès de
413
la classe. Ainsi, avec les .élèves d'une Fin d'Etudes de bon niveau, la préparation de
la dictée reste, sommaire.
La méthode préventive- demeure un des,-moyens d'apprendre à mieux
orthographier. ' Bien d’autres exercices de l’école primaire peuvent prêter un appui
précieux à l'enseignement de l'orthographe, en vertu du principe de leur pénétration
réciproque. Une leçon de morale, d'histoire, de science ou de géographie contient
toujours des mots nouveaux ou peu connus des élèves. Il y a intérêt à les écrire au
tableau et même les faire transcrire sur les carnets d’orthographe. L'orthographe
d'usage surtout, bénéficie de cette pratique.
L’orthographe grammaticale s'apprend par les exercices de grammaire et par les
dictées. Apprendre et savoir appliquer deux ou trois règles de grammaire par semaine,
c’est „déjà obtenir un excellent résultat au bout de l'année scolaire; Les règles d’utilité
courante et journalière (accord des verbes,- des participes passés, terminaisons des
verbes à des personnes déterminées), seront écrites en tête du’ tableau noir, sur la
cloison et demeurent en' permanence sous les yeux des élèves.
Il Importe que la dictée complète les autres enseignements. Le maître « Joint deux
utilités ». Ex: la leçon d’histoire sur les guerres de Religion sera complétée par une
dictée sur Michel de L’Hôpital. Une dictée sur l’utilité des phares sert de complément à
une leçon de géographie sur les côtes rocheuses et accidentées.
De plus, l’apprentissage de la lecture a une résonance directe sur l'orthographe.
Savoir lire un mot, c’est savoir l'écrire. Au C.P. lecture, écriture, et dictée vont de pair. Il
faut aussi penser au rôle capital d’une bonne articulation. Un mot balbutié appelle sa
graphie mutilée. L'inquiétude permanente et l’orthographe correcte doivent être
inculquées aux élèves dès qu'ils commencent à écrire. L’orthographe doit devenir
permanente. Il faut exiger des solutions de problèmes, des constructions de phrases,,
des réponses écrites aux questions posées,, des copies de leçons, sans aucune faute.
Si, malgré .tout, une faute est commise, il faut absolument, qu’elle soit corrigée par celui
qui l'a faite, et non, par le maître. Le principe de l’auto-correction avec contrôle ultérieur
par le maître, s'avère extrêmement efficace. Il importe que le maître donne l’exemple de
cette exigence première, vis-à-vis de lui-même: pas de fautes au tableau, ni dans ses
annotations.
II faut surtout penser au rôle Irremplaçable de la lecture pour acquérir. une bonne
orthographe. Les élèves qui lisent beaucoup et autre chose que des Illustrés de bas
étage, sont en général bons en orthographe.
En conclusion, l'enseignement de ('orthographe n'est pas donné que par la dictée.
La crise de J'orthographe chez nos élèves n’est qu’une crise de l’attention volontaire.
414
415
SUJET N°42
Un pédagogue écrit :
« La dictée, excessivement ou maladroitement préparée, s'apparente à la copie et
s'avère moins profitable que l'antique dictée, qui, elle, au moins, exigeait un rude et
salutaire effort. »
Commentez cette affirmation. Comment concevez-vous cette préparation ?
Présentez une fiche de préparation de là dictée, telle que vous la concevez, pour une
classe dé votre choix.
417
SUJET N°44
« Si nous voulons que l'exercice de langage ne soit pas un exercice de perroquet, il faut
que les enfants pensent ce qu'ils disent et, pour qu'ils le pensent, il faut qu'ils le vivent. »
Justifiez cette pensée de Pauline Kergomard et dites quelles méthodes vous permettent
de satisfaire, au mieux, dans nos écoles, l'idéal exposé plus haut. (B.S.C. 1e Partie -
Martinique, Session de mai 1966)
I. AUTOUR DU SUJET :
a) Il y est question d’exercice et non de leçon de langage. C’est qu’il s’agit d’Ecole
maternelle et non d’Ecole primaire. Cela se justifie. N’oublions pas que Mme Pauline
Kergomard a été Inspectrice générale d’Ecoles maternelles de 1879 à 1917. Elle fut
proposée à ce poste par F. Buisson, alors Directeur de l’Enseignement primaire et
nommée par J. Ferry.
b) Exercice de perroquet: Exercice dans lequel l’élève parle et répète sans
comprendre, ni réfléchir comme le fait l’oiseau portant ce nom.
c) Deux idées majeures qui font toute la force de la pensée : penser ce qu’on dit et
vivre ce qu’on pense, autrement dit : penser égale vivre. Mais, « vivre » ne doit pas être,
ici, entendu dans son sens ordinaire : être en vie, durer, subsister mais, plutôt : la
pensée doit devenir une expression authentique de soi ; refléter de façon fidèle, les
menus détails de l’existence enfantine. Elle doit être la traduction de l’authentiquement
vécu.
a) INTRODUCTION:
Nommée Inspectrice générale des Salles d’AsIles, Mme P. Kergomard, rompt
carrément avec les pratiques éducatives en usage dans les salles d’asile de son temps.
Elle prône la liberté du jeune enfant et s'élève surtout, contre son « dressage intellectuel
qui tue l’éclosion de son Individualité ».
Elle déclare, en particulier, que penser pour l’enfant est une « lourde faute qui
équivaut à l’empêcher de penser ». La tâche essentielle de l’éducatrice consiste
simplement « à fournir une aide à l'enfant » à étudier les manifestations spontanées de
son intelligence naissante, qu'elle doit suivre, soutenir, redresser délicatement,
respectant toujours sa personnalité latente ». Aussi, ne s'étonne-t-on point qu'elle écrive
: Si nous voulons que l’exercice de... qu'ils le vivent ».
b) EXPLICATION : 419
L'auteur distingue l’exercice de langage du psittacisme qui n’est que la répétition
machinale des mots, sans en comprendre le sens, comme le fait le perroquet. Le
psittacisme ne saurait être substitué à un enseignement réfléchi. L’exercice de langage
ne peut se confondre avec un exercice phonétique de pure articulation, se résumant en
un mouvement de lèvres et de bouche ou en échos sonores.
Elle considère le langage comme expression de soi, comme élocution authentique
dérivant du mouvement même de la vie enfantine, révélant une expérience personnelle,
une personnalité propre et distincte des autres.
III. JUSTIFICATION :
La conception qu’elle se fait de cet exercice se 'justifie-pour plusieurs raisons :
a) Le langage humain diffère du langage animal. L’homme, seul s’exprime et est
susceptible de se faire comprendre par l’emploi de termes adéquats à ses idées et
surtout par son intelligence.
Les animaux eux, ne parlent pas; c'est-à-dire, qu’ils ne possèdent à aucun degré un
langage' articulé s'approchant du nôtre. Le psychologue Kellog n’est jamais parvenu à
apprendre le-moindre vocable à' son singe élevé, pourtant, pendant des années, avec
son propre enfant. Même si certains d’entre eux possèdent des organes phonateurs
assez semblables à ceux de l’homme; même si, comme lui, ils éprouvent des
sensations ou vivent en société. Ils ne possèdent pas une intelligence réfléchie et
consciente d'elle-même, capable de s'élever au-dessus des choses, de s’en détacher et
de les dominer au moyen des concepts. C’est qu’entre le concept et le mot qui lui sert
de véhicule, il existe des analogies profondes,
b) De plus, le langage mécanique, simple répétition des sons, ou exercice de pure
mémoire est bien plus facile que parler. Parler, lui-même, est plus facile que penser.
«On ne pense pas ce qu’on veut», dit-Alain.
La conception traditionnelle du langage veut qu'on pense avant de parler. Boileau,
avant ce -dernier, avait déjà écrit :
« ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent clairement».
c) Toute différente est la thèse soutenue dans le sujet par Kergomard : La pensée
véritable est vie. Si l’enfant ne vit pas, il ne pense pas. Cette conception moderne du
langage conduit à dire qu’on pense ses actes et non ses idées. Ces dernières peuvent
n’être qu’apparence mais, ce sont nos actes qui: traduisent l’authenticité de notre
conduite; de notre réalité psychologique et morale.
Elle reste proche de celle soutenue par Alain qui pense que conception et expression
sont contemporaines. A la limite, en fusionnant on peut dire : On parle parce qu'on
conçoit. On conçoit comme on vit ' et parce qu’on vit. Dès lors, pensée égale vie.
V. CONCLUSION : 421
L’idéal, pour bien parler serait de toujours pouvoir vivre ce que l’on exprime ; mais,
cela n’est pas facile. A la manière du cogito de Descartes : « je pense, donc, je suis »,
on pourrait en bâtir un second : Je pense, donc je vis ; pas toujours réalisable à l’Ecole
primaire.
Il faut reconnaître que l’expression demeure d’autant plus prompte et plus
significative qu’elle porte sur des faits vécus. Le maître d’Ecole primaire doit s'inspirer
de cette consigne.
422
SUJET N°44
« Une récente enquête a prouvé que nos élèves s'expriment très mal par écrit,
sans doute, parce qu'ils sont faibles en orthographe, en grammaire, en
conjugaison, c'est qu'ils ont trop peu l'occasion de parler. »
A l'aide d'exemples précis, montrez la place et l'intérêt que-présente l'expression orale
dans notre enseignement.
I. INTRODUCTION POSSIBLE.
Personne ne nie l’utilité de l’intérêt de l’expression orale dans notre enseignement.
Ainsi s’explique la place fort importante qu'elle occupe à l’Ecole primaire. En réalité, il
existe une liaison étroite entre elle, et l’expression écrite. On peut même dire, qu’elle
conditionne cette dernière. Tout porte è croire que l’enfant, qui s'exprime bien oralement
possède de grandes chances d'écrire correctement la langue française. C'est à cette
conclusion, qu’à abouti la récente enquête sur l'expression écrite.
Alain écrit : « Le langage est le miroir de l’âme ». Qui dit langage supposa l'emploi de
la parole pour exprimer des Idées et communiquer des sentiments. On le définit,
d’ailleurs, un système de signes permettant d'exprimer des états de conscience, et, par
conséquent, de les faire connaître à d’autres personnes. Par lui, l’homme s’affirme,
extériorise ses sensations, tendances et inclinations. II demeure la forme supérieure
d’analyse discursive d’une pensée qui travaille. Les instructions officielles disent:
«Apprendre à parler comme apprendre à écrire, c'est apprendre à penser ».
Même celui qui parle avec aisance, prépare, ordonne, domine sa pensée avant de la
traduire et la communiquer aux autres. C’est qu'au langage correspond un travail de la
pensée par lequel l’être fait effort pour se traduire authentiquement. Concevoir
clairement aide à parler net et reste une condition primordiale de la sûreté de
l'expression. C'est ce qu’exprime Boileau par ses deux vers :
« Ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le
dire arrivent aisément».
Dès le cours préparatoire, les exercices de langage sont d'une utilité incontestable et
tout au long de l’école primaire. Nos élèves ont peu d’idées, et aussi 426 peu de mots
corrects pour les exprimer. Il faut leur apprendre à parler comme on leur apprend à
écrire, leur fournir l'occasion et le désir de parler souvent, en évitant des exercices trop
artificiels. Le sujet, (conte, récit, image, film) importe peu, puisqu’il est davantage
occasion, prétexte à parler qu'exploration d’une question déterminée. Cet entrainement
permettra de rectifier, de redresser des façons incorrectes de s’exprimer. A mesure que
l’enfant grandit, l'habituer à voguer dans un monde plus naturel qu’artificiel, à être
sincère et, autant que faire, à traduire librement le contenu de son être propre. Tout en
créant le besoin d'expression, amenons l’enfant à exprimer de façon libre, joyeuse et
vivante l’authenticité de son âme.
III. LA RÉDACTION :
Rédiger, c'est formuler par écrit, dans l'ordre voulu, ses pensées sur un sujet
déterminé. La manière de rédiger traduit aussi la personnalité de l'être. Buffon dit : « Le
style, c'est l'homme même ». Si, au départ, on habitue l'enfant à composer dans des
cadres déterminés et d'après modèles, il importe de le conduire à la spontanéité, de
l'amener à écrire ce qu’il pense, à décrire ce qu'il voit réellement et qu’il traduise, « ses
impressions vraies dans une forme littéraire ». C’est par leurs écrits que la postérité juge
les écrivains disparus. C’est par leurs œuvres que ces derniers deviennent immortels.
La bonne méthode en rédaction conduit l’enfant à voir juste, à observer judicieusement,
à traduire sans intermédiaire, ses impressions personnelles. C’est à dessein que les
Instructions officielles de 1938 précisent: «L'heure de la rédaction doit être consacrée à
l'expression d'une idée conçue par l'enfant et réalisée avec ses moyens. Il faut que les
phrases et paragraphes soient la traduction d’une pensée. Est mauvaise, toute
méthode, qui n’inspire pas à l’enfant le désir de traduire ses impressions et de chercher
pour cette traduction, l'expression adéquate ». Qu’il s'agisse de travail individuel, de
recherches, d'enquêtes et monographies réalisées par équipe, les productions doivent
toujours être l'expression libre de la personnalité.
IV. DESSIN :
H. Bourgoin définit l'objet du dessin : « Un langage qui permet au jeune enfant de mieux
s'exprimer par des traits et par des couleurs que par des mots, un moyen d’aiguiser le
sens de l’observation et d'aider à la découverte de la réalité ». Il demeure, peut-être, le
moyen le plus puissant, le plus original, le plus vivant, le plus joyeux de s'exprimer,
d'extérioriser ses sentiments et de traduire sa personnalité. Il est activité sérieuse de I
esprit et traduction propre d'une âme. C’est pourquoi les Instructions officielles
commandent « le respect de la liberté du sentiment et de I expression c e l'enfant, une
incitation à l'originalité ». Le dessin fait par enfant le résultat propre de son observation.
Il faut que le Maître- s’efforce de discerner et de comprendre le sentiment de l'élève.
Le bon maître devra « exciter plus que critiquer, suggérer, plus que corriger,
proposer plus qu’imposer » ; telle est la consigne que donnent les I.O. relatives à
l’enseignement du dessin. 427
428
SUJET N° 47
Quelle utilité vous paraît avoir l'enseignement de l'histoire locale à l'école primaire ?
Faut-il en faire une discipline à part ?
Indiquez la méthode que vous suivez pour l'enseigner en ayant soin d'illustrer par ; des
exemples précis.
Une manière, entre mille, de concevoir le devoir :
I. EN GUISE D'INTRODUCTION :
Les I.O. de 1945 reprochent à l'enseignement de l'histoire à l'école primaire son
caractère savant et abstrait. .Elles insistent pour qu'on lé rattache à l'histoire locale pour
que l’enfant prenne « contact avec la réalité historique ».
431
SUJET N° 48
différences ou oppositions.
4) Elle assigne une juste place aux dates qui représentent des points de repère et
permettent de mettre de l’ordre dans le déroulement des événements. Il importe que.
ces dates soient reliées de manière quasi-automatique aux faits et aux événements
qu'elles les évoquent immédiatement.
5) Aujourd’hui, la leçon d’histoire peut devenir une véritable leçon d’observation,
grâce aux gravures et reproductions abondantes dont, dispose le maître. Ces dernières,
bien choisies et correctement exploitées servent d’appui sérieux aux leçons. Il en est de
même des photos, costumes, outils, pièces de monnaie, tableaux illustrés,
.personnages.
C) Les textes écrit3 renseignent sur ¡es conditions de vie, la société, le social et
l'économique de l'époque, mais, ils ne doivent être ni longs, ni difficiles. Leurs mots
délicats : (succession, avènement, constitution, chartre, régence, cabinet, banqueroute,
abdication, maison d'Autriche ou d'Espagne) doivent être expliqués.
7) Le disque : (voix de Danton, de Gambetta, de Jaurès), les aides audio-visuelles :
(projection fixe et cinéma, l'épiscope, l'épidiascope qui offre l’avantage de projeter sur
l’écran tous les documents dont on dispose.
Tout cela exige une préparation consciencieuse et méthodique de la leçon. La
classe entière participe à la documentation, puis, suit un travail d’épuration, de
simplification et de classement des documents à utiliser. Une préparation écrite, faite
sur papier, fiche ou cahier, comprendra : a) les documents à utiliser (cartes
géographiques, gravures, illustrations, tableaux) ;
b) le but de la leçon (ce que l’on veut faire comprendre et retenir) ; c) le pian ou étapes
du déroulement ; d) le résumé des idées essentielles ;
e) comment lier les autres leçons pour en prolonger le retentissement.
En procédant de la sorte, l'histoire, science aride, peut devenir concrète à l’enfant.
434
SUJET N° 49
On dit que la géographie est, à la fois, science descriptive, démonstrative,
imaginative et d'observation.
Qu'en pensez-vous ? A quelles facultés de l'enfant doit-elle faire appel pour lui être
profitable ?
Une manière de concevoir le sujet :
438
SUJET N° 50
A quels moyens concrets faites-vous appel lors de vos leçons de géographie ?
Rédigez la fiche d'une leçon sur l'un des grands fleuves français pour le C.E. 2e Année
ou le C.M. 1e Année.
Bien que l’enseignement de la géographie soit plus facile à donner à l’enfant que
celui de l’histoire, il soulève certaines difficultés psychologiques qui obligent à penser
aux moyens concrets à mettre en œuvre, par le Maître, lors de l’exécution des leçons
s’y rapportant.
La géographie exige un gros effort de mémoire (noms de pays, de rivières, de
montagnes, de villes, chiffres de populations, d’altitude, da productions.)
Elle repose sur la notion d’espace ou de distance, aussi difficilement assimilable par
l’enfant que celle du passé. Elle demande aussi à l’élève .une représentation des
paysages, de tout ce qui constitue le milieu physique. L’enfant de la plaine a autant de
peine à se représenter la montagne que celui des pays nordiques, à s’imaginer les
régions tropicales. La compréhension du milieu physique entraîne la nécessité
d’analyser et d’expliquer. Ces analyses et explications facilitent la compréhension du
milieu humain. Enfin, toute géographie s’enseigne avec des cartes. Celles-ci constituent
des abstractions des systèmes de signes fort éloignés de la réalité.
Apprendre à lire une carte est aussi difficile que l'apprentissage de la lecture même.
Le Maître intelligent et habile vainc facilement les difficultés signalées en mettant en
œuvre certaines techniques et en se servant, à bon escient, des modes d’expression
géographique.
c) La carte :
Elle aide à localiser dans l’espace. Elle présente le paysage, sous sa forme la plus
appauvrie possible, en raison de ses symbolismes, il faut que ceux-ci prennent corps et
couleur dans l’esprit des élèves, sinon, la géographie devient stérile verbalisme et jeu
abstrait de noms, de lignes imaginaires, de relations décolorées et décharnées... Il
importe donc, de familiariser l’enfant à la lecture des cartes, à la compréhension du
plan. Il faut alors une prudente et intelligente initiation et même des jalons
indispensables. C’est ici que prennent place les exercices de la géographie par
modelage, des cartes à échelle graduellement décroissante. Toute étude géographique
suppose une vue synthétique des paysages. C’est pour cela que la vision géographique
la meilleure se donne d’un point culminant, d’où l’œil embrasse, dans son unité variée,
fait un tour d’horizon, des faits géographiques.
d) Les lectures géographiques :
I. EXPLICATION RAPIDE:
Le fait mal observé est celui dont l’observation et l’interprétation contiennent des
erreurs; Ces dernières peuvent provenir d’une imperfection ou d’un manque de subtilité
des sens à saisir les faits dans leur authenticité réelle ou de leur incapacité à apporter à
l’esprit des données précises, justes et objectives. Exercer les sens, c’est apprendre à
bien juger par eux », dit Rousseau.
Selon P. Valéry, un fait de cette nature, —- dans son esprit, il entend sans doute un
seul fait —, risque d’avoir des conséquences aussi graves qu’un mauvais raisonnement.
Le fonctionnement anormal de la raison peut aboutir aux pires désastres, surtout dans
l’ordre purement intellectuel. La raison est l’attribut essentiel de l’homme. Aussi, accuse-
t-on de folie celui dont la raison vacille où travaille mal. Le bon raisonnement conditionne
pour ainsi dire, notre vie intellectuelle. Il exige travail normal de l’intelligence. Celle-ci est
elle-même, alimentée par les sens qui trouvent leur plein emploi dans l’observation
méthodique et rigoureuse. C’est toute l’intelligence humaine qui entre en jeu dans
l’observation vraie. C’est peut- être pourquoi les Instructions officielles précisent «
qu’apprendre à bien observer à ses élèves sera un des soucis majeurs de l’éducateur».
444
SUJET N° 51
Commentez cette parole des Instructions Officielles de 1938.
« Observer et expérimenter à partir de phénomènes familiers... telle est la méthode dont
il ne faut pas s'écarter. »
Une manière de concevoir le devoir :
I. INTRODUCTION1 :
L’introduction des travaux scientifiques expérimentaux dans les C.E.G., pose, une
fois de plus, le problème du rôle que doivent jouer l’observation et l’expérimentation
dans l’enseignement des sciences à l’Ecole primaire.
Ces travaux, disent les Instructions officielles, ont pour objet « à partir de
l’observation, et de l’expérimentation, de donner aux élèves une Initiation élémentaire
aux méthodes scientifiques ».
On peut, dès lors, se demander quelle méthode employer dans les classes primaires
pour que l’enseignement scientifique se situe dans la même optique que les travaux
scientifiques expérimentaux. Elle est définie par les lignés suivantes : « Observer et
expérimenter... telle est la méthode dont il ne faut pas s’écarter».
III. COMMENTAIRE :
Le premier corollaire qui découle de l’exigence fondamentale de la méthode prescrite
est que l'enseignement scientifique à l'Ecole primaire doit demeurer simple, (cas
concrets et communs) et rester sur « un terrain solide et bien limité ». De plus, le maître
n’a pas à faire de cours. En classe et en promenade, grâce à l'observation et à
l’expérimentation de produits naturels, de phénomènes familiers, les élèves seront
amenés à considérer : « les faits de la vie courante comme les expériences les plus
instructives » et, ainsi, apparaîtra à leurs yeux « le lien étroit qui unit le travail, fait en
classe avec les réalités du dehors ». C'est: à partir d’opérations banales qu'on aboutira,
par l’observation et l’expérimentation aux connaissances de base prescrites par les
programmes. Enfin, la méthode utilisée fait de l’enfant le conquérant de son savoir et
l’artisan de son éducation. Partant de l’observation des faits, elle conduit, disent les
Instructions officielles de 1953 et 1957, « à en tirer des lois et à passer aux
applications». Chaque exercice est donc un effort vers ¡’objectivation, vers la
connaissance de la nature, de sa vie autonome dont nous sommes un élément,
Important, certes,446 mais, non unique et central ».
L’esprit se forme par le contact avec le réel car, la perception est un fait
essentiellement actif. La connaissance n’est pas une attitude passive. Bien au contraire,
elle est active et va de l’esprit à l’objet.
De plus, chacun perçoit en fonction de ce qu’il sait et de ses propres aptitudes. « Il
faut être bien savant pour saisir un fait » dit Alain ; a fortiori, pour l’enfant dont l’esprit
n’accède que lentement à la pensée logique. Or, les exercices d’observation jouent un
rôle capital en ce qui concerne l’accession de l’enfant à la pensée logique. Selon Piaget,
cette tâche demeure « la question cruciale dans l’éducation intellectuelle ».
III. PRINCIPES DEVANT GUIDER LE MAITRE DANS LA CONDUITE DES
EXERCICES D'OBSERVATION :
Les I.O. de 1957 qui précisent celles de 1945 rappellent: «L’exercice d’observation
est essentiellement destiné à cultiver et à former l’esprit de l’enfant ». Elles ajoutent «
Les connaissances données sont, à l’école primaire, un moyen et non un but ».
Elles préconisent
448 une méthode:
« On ne peut concevoir de leçon de science que par l’observation directe et
individuelle de l’objet étudié, le sujet d’étude étant essentiellement destiné à développer
tous les moyens d’expression de l’enfant. »
Elles semblent même aller jusqu’à dire : peu Importe si l’enfant, au terme de sa
scolarité, a tout oublié pourvu que, chemin faisant, il ait appris à apprendre.
Parmi les principes formulés, retenons en les quatre principaux.
A) PAS DE LEÇONS DE CHOSES SANS CHOSES :
Les enfants aiment porter en classe les échantillons minéraux, animaux ou végétaux.
Il suffit de les leur demander assez tôt.
Il faut mieux .faire porter la leçon sur les spécimens dont on dispose. Les I.O.
laissent, à cet effet, au maître une grande liberté de choix.
B) OBSERVER DE PRES :
(Se méfier du nombre et de la distance). Ne pas faire observer trop de documents,
car, c’est se condamner à aller trop vite et rester à la passivité de l’esprit. Quand il y a
trop de documents à examiner c’est poudre aux yeux et temps perdu.
De même, faire observer de trop loin, c'est oublier que l’enfant ne travaille réellement
que si l’objet est situé à proximité de lui.
Ces deux remarques condamnent le cinéma comme moyen exclusif d’étude d’un
sujet donné. Un réalisateur de films, Jean Painlevé dit : « Prenons garde que le film ne
soit un instrument de paresse tant pour l’élève que pour le maître ».
L’observation à préférer est celle qui place l’objet à observer sous le regard même de
l’enfant et, si possible, à raison d'un exemplaire par élève.
Une fleur ou un hanneton par élève ; disposer de loupes et de pinces dès le cours
moyen.
L’élève doit avoir un « rôle actif au cours de son observation ».
C) Le maître dirige l’activité de la classe. Son. rôle est «capital dans sa discrétion ».
L’intérêt de la leçon se détermine par sa motivation. On étudie une question parce
qu’elle répond à un besoin et non parce que le maître l’a décidé. Dès lors,
l’enseignement scientifique devient une enquête passionnante sur 1e monde.
D) Le maître essaie d’aboutir à des idées claires à des conclusions partielles
nettement formulées. En ce sens, l’exercice d’observation constitue un exercice
d’expression: Toujours se-souvenir: c'est la chose étudiée et non le maître qui détient la
vérité.
450
SUJET N° 54
« Une expérience simple observée dans tous ses détails vaut mieux que dix
expériences insuffisamment étudiées et préparées. »
Justifiez et commentez cette affirmation en utilisant des exemples précis.
I. L'EXPÉRIENCE:
Dans les I.O. relatives à l’enseignement des sciences à l’Ecole primaire, le mot
expérience revient fort souvent.
a) « [I doit conserver partout sa méthode expérimentale, propre à éveiller et à
entretenir la curiosité intellectuelle... ».
b) « A tous les cours, la méthode employée doit être fondée sur l’observation et
l’expérience ». Mais le sens du terme expérience n’y est pas précisé pour autant. Il peut
se définir : une suite d’observations précises et méthodiques sur un phénomène dont il
s'agit d'étudier les facteurs et les données. Ex. : suivre le développement d’uns graine
de haricot dans des conditions naturelles ou artificielles est une expérience. Mesurer
l’allongement d’une tige de fer sous l’action de la chaleur est aussi une expérience.
Produire du gaz carbonique, le reconnaître à l'aide d’une allumette enflammée, c’est
encore faire une expérience.
Cependant, ces mêmes 1.0. ont soin de substituer l’expression : leçons de choses en
classe et en promenade à celle de sciences physiques et naturelles. La première
expression laisse clairement entendre que le livre ne doit jouer dans cet enseignement
qu’un rôle secondaire. Elle signifie que le maître n’a pas à faire de cours, mais faire
observer et expérimenter ses élèves. Elles ajoutent ; « Il importe que les élèves soient
amenés à considérer les faits de la vie courante comme les expériences les plus
instructives et qu’apparaissent toujours à leurs yeux le lien étroit qui unit le travail fait en
classe avec les réalités du dehors ».
451
Sur le plan de l’Ecole primaire, l’expérience doit revêtir les qualités
suivantes :
1)Facilité, simplicité et clarté:
Ex. : Etudier un seul phénomène et le présenter à l'état pur. Choisir des expériences
facilement compréhensibles des élèves et répondant exactement à l’état de leurs
connaissances. Il s’en suit une sélection rigoureuse, limitant le nombre d'expériences
possibles sur un même sujet. Ex. : une expérience sur la germination se proposant de
prouver que seule la profondeur d'ensemencement de la graine commande les
modifications de la germination se révèle supérieure à une de chimie voulant prouver
que le gaz carbonique n’entretient pas la combustion et la respiration.
2) Caractère probant de l’expérience :
Une expérience qui rate est décevante. II y va même du prestige du maître, d'où :
préparation précise, étude préalable minutieuse des expériences à faire. Précautions
d’autant plus utiles que les I.O. signalent : « Les élèves prendront part, autant que
possible aux expériences en physique et en chimie, aux manipulations et aux
dissections en histoire naturelle ». L’observation n'est possible que si l'élève observe, s’il
a un rôle actif au cours des leçons de choses. « Le rôle du maître se borne à solliciter,
l’observation à l'orienter, la rectifier et la compléter au besoin... Importante au début,
l'intervention se fait de plus en plus discrète à mesure que les élèves avancent dans leur
scolarité... Rôle capital dans sa discrétion », disent-elles. Autant que faire le montage les
péripéties de l’expérience ont de valeur surtout s’ils sont faits par l’élève lui-même.
Ces conditions conduisent à cette conclusion que réaliser beaucoup d'expériences
au cours d’une leçon suppose un mauvais choix, de l'imprécision dans leur déroulement
et, partout, des résultats non concluants, perte de temps.
Les conditions psychologiques de l’acquisition des connaissances exigent de limiter
le nombre d’expériences à faire.
Les expériences bien préparées et bien conduites évitent la confusion. L'esprit de
l’enfant n’est pas obscurci et la compréhension non gênée. Bien observer, c'est-à-dire
examiner dans tous ses détails l’objet ou le phénomène, réclame du temps et surtout
une certaine tension de l’esprit qui ne peut être efficace que si elle est courte.
Une expérience demeure un travail méthodique et délicat, se déroulant selon la
perception globale puis, utilisant l'analyse et la synthèse.
III. CONCLUSION :
Cette affirmation des I.O. est un sage conseil exhortant le maître à rester simple dans
son enseignement, à étudier peu de faits, mais, à les étudier de manière correcte, afin
quelle contribuent méthodiquement à la formation de l'esprit de l’élève primaire.
452
SUJET N° 55
« Exercer les sens, ce n'est pas seulement en faire usage ; c'est apprendre à bien
juger par eux ; c'est apprendre, pour ainsi dire, à sentir, car, nous ne savons ni
toucher, ni voir, ni entendre que comme nous avons appris. »
Expliquez et appréciez ces paroles de Rousseau, puis, appliquez-les à
l'enseignement des sciences à l'École primaire.
I. INTRODUCTION :
En fin du 18e siècle, l'éducation des sens était négligée sinon omise. Peut-être, à part
les Ecoles maternelles où elle fait l’objet de leçons spéciales, ne l'est-elle pas moins
dans nos classes d'aujourd’hui. Après avoir rappelé qu'elle fait partie de la première
éducation, Rousseau en définit le but, puis en précise l’importance : « Exercer les sens,
ce n'est pas seulement... que comme nous avons appris ».
II. EXPLICATION :
Le passage à expliquer et à apprécier est extrait du Livre II de l'Emile,
Avant d'en arriver à l'éducation des sens proprement dite Rousseau fait une
remarque fort exacte : « Les premières facultés qui se forment et se développent en
nous sont les sens ». Puis, il déduit logiquement : « Ce sont les premières qu'il faudrait
cultiver ». Mais, il ajoute aussitôt : « Ce sont les seules qu’on oublie ou celles qu'on
néglige le plus ». Observation fort juste. Du 18” siècle à aujourd’hui les enfants
apprennent à toucher, à voir et entendre sans directions particulières. La nature reste la
maîtresse dans cette forme d’éducation. Maîtres et parents semblent même s’en
désintéresser. Mais faute d'un exercice approprié et suivi les sens s’émoussent et ne
deviennent pas toujours pour nous des informateurs très sûrs.
Il ne suffit pas, pense Rousseau de faire usage des sens. Il importe de les exercer en
vue « d'apprendre à bien juger par eux ». Les sens fournissent les premiers éléments de
la pensée. C'est d'eux que viennent les perceptions. Or, ces dernières constituent le
point de départ de la connaissance. Pas d'idées précises et claires avec des données
inexactes ou confuses des sens. La vue rapide ou superficielle d’un objet, I audition
inattentive d'un bruit conduisent à des perceptions vagues. A ces dites perceptions
s'ajoutent les erreurs des sens qui fournissent plus encore des données fausses.
Rousseau est ainsi amené à considérer la culture des sens comme l'une des parties
essentielles de l'éducation.
Les perceptions confuses peuvent être rendues précises en faisant intervenir
l’attention dans l’exercice des sens. Au lieu de toucher, on palpe ; on regarde au lieu de
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voir ; on écoute au lieu d'entendre. Seule l'attention confère aux perceptions netteté et
précision. Un humain peut avoir de bons yeux et ne pas voir. Au contraire, un peintre
myope parvient à noter les degrés de coloration les plus divers.
De plus, un sens trompe quand on lui demande des renseignements qui sont de son
domaine propre. La vue .fait connaître les couleurs et la distance. C'est parce que le
jeune enfant voit tous les objets très rapprochés qu’il veut qu’on lui donne la lune.
Cependant les sens ajoutent leurs perceptions.
Le toucher peut aider la vue à fournir des notions de forme ou de relief. Mais,
souvent, il y a erreur d'un sens parce que nous lui demandons des renseignements qui
ne sont pas de sa compétence. Rousseau précise « La vue est 1s plus fautif de nos
sens, précisément parce qu’il est le plus étendu et parce que précédant de bien loin
tous les autres, ses opérations sont trop promptes et trop vastes, pour pouvoir être
rectifiées par eux »... II. conseille « d’assujettir l’organe visuel à l’organe tactile et
réprimer, pour ainsi dire, l’impétuosité du premier sens par !a marche lente et réglée du
second ».
Ainsi l’oreille nous fait percevoir les sons, mais ne nous renseigne pas toujours
exactement sur la nature de l'objet : Si l’on se trompe à 'ce double point de vue, c’est
qu'on a négligé de faire intervenir avec l’ouïe, la vue et le toucher.
Il Importe d’habituer l’esprit à contrôler les données d’un sens par les données d’un
autre, (les perceptions visuelles par les tactiles ; les auditives par les visuelles).
Rousseau ajoute que nous « ne savons ni toucher, ni voir, ni entendre que comme
nous avons appris ». Quoi de plus juste I Celui qui a appris à voir ou à toucher
méthodiquement et progressivement aura toujours des perceptions précises et exactes.
Ne dit-on pas que la fonction crée l’organe. Un sens s'aiguise et se précise par un
entraînement raisonné.
III. APPRÉCIATION :
Rousseau a été comme le promoteur de l’éducation des sens. Pestalozzi et Froebel
ont renforcé son point de vue relatif à l’exercice sensoriel.
Sa manière de considérer l’éducation des sens est fort juste- et peut être adoptée
sans réserve. Un sens exercé rationnellement conduit à un jugement droit.
Aussi faut-il l’y entraîner de façon correcte. Le sens dont l'éducation est
convenablement faite se trompe rarement. Il s'en suit que l’éducation sensorielle sert de'
base à l’activité sensible intellectuelle et artistique. On en déduit que l’exercice des sens
se trouve lié à l’activité du corps, de l’intelligence, de la réflexion, de l’imagination, du
jugement. On éduque un sens, non pour sa seule éducation, mais pour apprendre, à
expliquer, à identifier, à différencier, à apprécier et à juger. Bref, l’entraînement correct
d’un sens conduit à la connaissance et à la formation de- l’esprit.,
V. CONCLUSION :
C’est par un entraînement continu, répété et habilement dirigé que nos sens se
développer: et s’affinent. A mesure que leurs données se précisent, ils fournissent des
perceptions exactes et sûres. Celles-ci servent de base solide au travail de la pensée et
préparent la justesse' du jugement. II demeure comme le prélude, la préface nécessaire,
sinon indispensable, de l’éducation générale de l’esprit.
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SUJET N° 56
« Entre la règle ou le cadre rigide qui paralyse, tue toute initiative et l'entière liberté
dont on ne sait pas user et qui conduit à l'anarchie, il y a le conseil qui oriente et
soutient, la suggestion qui éclaire la voie à suivre. »
Pour quels enseignements et dans quelle mesure le maître de l'École primaire peut
s'en inspirer?
Une manière, entre mille, de .traiter le devoir :
I. EXPLICATION :
Il exprime un renouveau dans la manière d’enseigner le dessin. La méthode que
propose Quenioux se fonde sur la psychologie de l’enfant et l’observation de la nature.
Sa conception se greffe de façon serrée sur la nouvelle méthode de l’enseignement
du dessin qui date de 1909. Elle s’oppose radicalement à la méthode Guillaume en
usage antérieurement.
Les I.O. résumant la méthode de 1909 s’ordonnent autour de trois principes majeurs
:
a) Liberté : chez l’élève ; liberté du sentiment et de l’interprétation. Chez le maître :
liberté d’action, d’encouragement à l’initiative.
b) Le dessin devient facteur de culture et non plus art d’agrément. Il est « moins
étudié pour lui-même que pour les fins générales de l’éducation ». C’est un stimulant
pour le jeu de l’imagination et de la sensibilité.
c) La nature prise comme guide, aimée pour elle-même, traduite directement et
naïvement. La nature est concrète. Le dessin ne doit pas être abstrait.
Entre la règle impérative et l’absolue liberté, Quenioux préfère le conseil et la
suggestion. Le premier met l’enfant sur la voie et la seconde le guide, il pense que dans
le domaine du dessin, seule la psychologie de l’enfant doit inspirer au maître son action.
Son point de vue se justifie par le fait que l’enfant considère le dessin comme « le
moyen le plus puissant le plus vivant, le plus original, le plus joyeux de s’exprimer,
d’extérioriser ses sentiments, de traduire sa personnalité ». Pour l’enfant, le dessin est
tout un langage. Il remarque qu’il existe deux méthodes d’éducation artistique. Une
bonne qu’habitue l’élève à suivre l’exemple des grands artistes * non pas en imitant
leurs œuvres mais, en regardant comme eux, la nature, par ses propres yeux en
l'exprimant comme 456
eux par ses propres moyens ».
La méthode malfaisante et qu’il faut combattre, apprendre à l’élève « à voir la nature
par les yeux des grands artistes et à reproduire ce que ceux là ont vu par les mêmes
moyens qu’ils ont employés. *
Selon Quenioux, « la première méthode respecte la personnalité de l’élève et l’incite à
l’originalité ; l’autre le soumet à un dogme, lui cache la nature et le nourrit de formules ».
Le mot de Quenioux signifie qu’il ne faut point abandonner l’enfant à lui-même et se
contenter de lui dire de dessiner. Il faut au contraire, aider l’enfant sans nuire à la
spontanéité, à l’originalité de son travail. L’auteur reste bien dans la ligne des I.O. qui
précisent. « Le bon maître devra exciter plus que critiquer, suggérer plus que corriger,
proposer plus qu’imposer ».
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SUJET N° 57
« Les exercices ne sont pas le complément de la leçon. La correction n'est pas le
complément des exercices. Je dirais volontiers que la correction des exercices est
le moment essentiel de la leçon. »
Commentez cette affirmation et justifiez votre position à l'aide d'exemples.
I. INTRODUCTION POSSIBLE :
La leçon une fois faite, il semble qu’il suffirait de proposer aux élèves des exercices
s’y rapportant pour s'assurer qu'elle est comprise. Il n'en est rien puisqu'un pédagogue
affirme que « La correction des exercices est le moment essentiel de la leçon ».
Commentons cette affirmation.
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SUJET N° 59
On lit dans les I.O. de Juillet 1909, sur l'enseignement du dessin : « Le dessin
est moins étudié pour lui-même que pour les fins générales de l'éducation. »
Expliquez ces paroles en vous attachant à montrer la valeur éducative de
l'enseignement du dessin à l'école primaire.
(C.A.P. Martinique, Session d'octobre 1963)
I. INTRODUCTION POSSIBLE :
Comme toutes les autres disciplines enseignées à l’Ecole primaire, le dessin à sa valeur
propre. Cependant, on arrive à penser qu’il a moins * de valeur pour lui-même que
comme moyen d’éducation générale. C’est pourquoi on lit dans les I.Q. de 1909: « Le
dessin est moins étudié pour lui-même que pour les fins générales de l’éducation. »
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SUJET N° 60
« La musique, discipline mineure, » dit-on.
Partagez-vous cet avis ?
Si non, précisez-en la nécessité ainsi que la place qu'elle occupe dans la formation
de la personne et de la collectivité humaine ?
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La chorale crée l’esprit d’équipe par la réalisation vivante d’un texte écrit. Elle
donne une existence à ce texte qui prend une réalité inconnue jusqu'alors. Elle crée une
compréhension nouvelle dans l’œuvre polyphonique, exalte la responsabilité personnelle
dans la collectivité. De la chorale jaillissent enthousiasme et cohésion, où se mêlent
Intimement et se confondent œuvre artistique et œuvre humaine. « Chanter, danser,
écouter, créer sont des activités naturelles à tous les enfants » disait un professeur de
musique mort en 1963. C’est pourquoi, faire correctement leur éducation musicale, c’est
leur donner toutes leurs chances dans leur future vie d’hommes. »