Bulletin Economique Et Statistique WEB N°12
Bulletin Economique Et Statistique WEB N°12
Bulletin Economique Et Statistique WEB N°12
et Statistique
Bulletin
BES N° 12 - décembre 2021
Economiq
Economique ue
BES N° 03 - décembre 2018
et Statistique
Statistiques
II. ETUDE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
Limiter l’importation de ce qui peut etre produit localement pour préserver les . . .
réserves de change de la beac : le cas des filières viande et poisson. . . . . . . . . 46
Le Comité de validation du Bulletin Economique et Statistiques (BES) est créé par Décision du Gou-
verneur N°065/GR/2017 du 03 juillet 2017 et il en assure la coordination. Ce Comité a pour responsabi-
lité principale d’examiner les propositions d’articles et d’études devant être publiées dans le Bulletin. Le
respect des dates de parution du Bulletin revient au Comité de validation. Pour ce douzième numéro,
le Comité de validation s’est réuni le mercredi 22 décembre 2021 à 10 heures par visioconférence.
Président :
HAMADOU ABDOULAYE : Directeur Central des Etudes, de la Recherche et des Statistiques
Membres :
DIFFO NIGTIOPOP Georges : Adjoint au Directeur Central des Etudes, de la Recherche et des
Statistiques en charge du pôle « Etudes ».
MOUNKALA Evrard Ulrich Herménégilde : Adjoint au Directeur Central des Etudes, de la Recherche
et des Statistiques en charge du pôle « Statistiques »
MVONDO Emile Thierry : Adjoint au Directeur Central des Etudes, de la Recherche et des Statistiques
en charge du pôle « Recherche »
MBOMPIEZE Jean Réné : Chef du Service Développement des Outils de Prévisions et des Enquêtes
Economiques.
LONKENG Simplice Duclair : Adjoint à la Cellule centrale d’Etudes des transferts et suivi de la
règlementation des changes.
MALEO BATOUEMENI Clen Dorel : Chef du Service des Prévisions Macroéconomiques et de la
Surveillance Multilatérale, chargé du Secrétariat du Comité de Politique Monétaire.
BIKAI Jacques Landry : Chef du Service de l’Analyse et de la Modélisation des Economies.
MHALIOH Espoir Vivien : Chef du Service de la gestion des titres obligataires.
MINKO MBELE TOMO Manacé : Chef de Service à la Direction de la Stabilité Financière, des Activités
Bancaires et du Financement des Economies.
GOMBA EBIKILI Claise Borgia : Cadre moyen du Service de l’Environnement International, en charge
de la Publication et de la Documentation.
AYONGWA ANYE Priscilla : Cadre moyen du Service de l’Environnement International, en charge
de la Publication et de la Documentation.
MAMBOU Patrick Félicien : Cadre moyen du Service des Statistiques et Analyses Monétaires.
.
Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire Les évolutions économiques, monétaires et financières
international (FMI), l’activité économique mondiale devrait internationales et sous-régionale sont présentées dans ce
s’améliorée en 2021, en raison de i) l’élargissement de la douzième numéro du Bulletin Economique et Statistiques
couverture vaccinale à l’échelle mondiale, ii) la consolida- (BES) pour le troisième trimestre de l’année 2021. Ce Bul-
tion des mesures de soutien budgétaire dans plusieurs letin, publié par la Banque des Etas de l’Afrique Centrale
pays, et iii) la prolongation des politiques monétaires ac- (BEAC) est structuré comme suit :
commodantes destinées à favoriser des conditions moné-
taires propices à la reprise de l’activité. - Partie I : « Evolutions économiques, monétaires et finan-
cières récentes » ;
Les effets négatifs de la crise sanitaire de la COVID-19
étant encore présents, la majorité des banques centrales - Partie II : « Etudes », réalisées principalement par les
ont poursuivi leur politique monétaire accommodante, cadres de la BEAC et les chercheurs ressortissants de la
même si certaines banques centrales ont commencé à res- Communauté Economique, Monétaire et Financière de
serrer leurs politiques monétaires. l’Afrique Centrale (CEMAC).
En termes de réalisations, les pays de la Communauté Pour ce douzième numéro, l’étude retenue pour pu-
Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) blication s’intitule : Limiter l’importation de ce qui peut être
ont enregistré les performances ci-après : i) une hausse de produit localement pour préserver les réserves de change
l’Indicateur Composite des Actives Economiques (ICAE) de de la BEAC : le cas des filières viande et poisson.
6,4 % en glissement annuel au troisième trimestre 2021,
contre - 5,9 % un an auparavant ; ii) un repli de l’inflation Le contexte international rendu difficile, notamment
en moyenne annuelle à 1,8 % à fin septembre 2021, contre par les incertitudes liées à la sortie de la crise sanitaire,
1,9 % un an plus tôt (en glissement annuel, le taux d’infla- n’empêche guère la BEAC de poursuivre ses efforts afin de
tion est passé de 2,8 % à fin septembre 2020 à 2,0 % un remplir au mieux ses missions statutaires. Ainsi, la BEAC
an plus tard) ; iii) un accroissement des disponibilités mo- continuera à faire appel aux cadres et universitaires res-
nétaires et quasi-monétaires (M2) de 11,5 % pour s’établir sortissants de la CEMAC en vue de les inviter à partager
à 14 310,9 milliards à fin septembre 2021 contre 12 831,5 le fruit de leurs travaux et leurs réflexions sur les pays de
milliards un an auparavant. la CEMAC.
1. Environnement international
Selon les Perspectives de l’économie mondiale, mises à jour en octobre 2021 par le FMI, la croissance
mondiale repartirait à 5,9 % en 2021, après une récession de 3,1 % en 2020, pour revenir ensuite à 4,9 % en
2022. Par espace géographique, le taux de croissance réel de l’activité dans les économies avancées devrait
rebondir à 5,2 % en 2021, après s’être contracté à - 4,5 % en 2020, et progresserait de 4,5 % en 2022. Dans
les pays émergents et en développement, le taux de croissance du PIB réel se fixerait à 6,4 % en 2021 et à
5,1 % en 2022 contre - 2,1 % en 2020. En Afrique subsaharienne, le taux de croissance du PIB réel remonterait à
3,7 % en 2021 et 3,8 % en 2022, contre - 1,7 % en 2020.
Quant au volume des échanges commerciaux, il repartirait à 9,7 % en 2021, après avoir chuté de - 8,2 % en 2020,
puis reviendrait à 6,7 % en 2022. Cette dynamique s’expliquerait par le relâchement des mesures prises en 2020 dans
le cadre de la lutte contre la pandémie. Le secteur des services (le tourisme transfrontalier et les voyages d’affaires)
serait le plus affecté par ces restrictions. Néanmoins, il devrait reprendre à un rythme plus lent que celui du transport des
marchandises.S’agissant des prix, dans les pays avancés, l’inflation remonterait à 2,8 % en 2021, contre 0,7 % en 2020,
et se situerait autour de 2,3 % en 2022. Dans les pays émergents et en développement, l’inflation s’établirait à 5,5 % en
2021 et 4,9 % en 2022, contre 5,1 % en 2020.
La croissance devrait repartir à la hausse en 2021, après une récession observée dans plusieurs pays.
Sur le marché des changes, l’euro s’est déprécié par rapport aux principales monnaies au cours des mois
passés, en raison de la perte de confiance des investisseurs dans la zone euro, consécutive à la persistance de la
pandémie de coronavirus. En effet, depuis janvier 2021, l’euro s’est dépréciée vis-à-vis du dollar canadien (6,83 %),
du rand sud–africain (6,51 %), du yuan chinois (5,37 %), du rouble russe (5,30 %), de la livre sterling britanique
(5,12 %), de la roupie indienne (5,12 %), du dollar américain (4,68 %) et du real brésilien (1,38 %). En revanche,
il s’est apprécié par rapport à la livre turque (18,60 %), au yen japonais (3,88 %) et au naira nigerian (3,50 %)
G7. Cours moyen mensuel de l’euro G8. Cours moyen mensuel de l’euro (suite)
Le Comité de Politique Monétaire de la Fed (Federal Open Market Committee), réuni le 03 novembre 2021,
a décidé de conserver ses taux directeurs (fed funds) dans la fourchette 0,00 % - 0,25 %. Par ailleurs, la Fed
a décidé de réduire le rythme mensuel de ses achats nets d’actifs de 10 milliards USD pour les titres du Trésor
et de 5 milliards USD pour les titres adossés à des créances hypothécaires d’agences, sur une enveloppe qui
représente à ce jour 120 milliards USD.
Le Comité de politique monétaire de la Banque du Canada (BdC), réuni le 27 octobre 2021, a décidé de
maintenir son taux cible du financement à un jour à 0,25 %, soit sa valeur plancher, le taux officiel d’escompte
à 0,50 % et le taux de rémunération des dépôts à 0,25 %. Elle a également décidé de garder le rythme cible
des achats au titre du programme d’assouplissement quantitatif à 2 milliards de dollars par semaine.
Le Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne (BCE), a décidé, à l’issue de sa réunion
du 27 octobre 2021, de maintenir l’orientation très accommodante de sa politique monétaire en recondui-
sant ses taux directeurs. Le taux de refinancement est ainsi resté fixé à zéro, le taux de la facilité de dépôt à
- 0,5 % et le taux de facilité de prêt marginal à 0,25 %. En outre, la BCE a de maintenir avec un rythme légère-
ment plus faible d’achats nets d’actifs au titre du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (pandemic
emergency purchase programme, PEPP) par rapport aux deuxième et troisième trimestres 2021. Enfin, la
BCE, a déclaré le 19 novembre 2021, que l’inflation dans la zone euro (4,1 % en glissement annuel en octobre
Le Comité de Politique Monétaire de la Banque Centrale du Japon (Central Bank of Japan ou CBJ), réuni
les 27 et 28 octobre 2021, a décidé de garder son taux de dépôt à court terme à - 0,1 %. De plus, la banque
continuera d’acheter des obligations du gouvernement (JGB) afin de maintenir leur rendement à 10 ans autour
de 0,00 %.
Lors de sa réunion de politique monétaire du 04 novembre 2021, la Banque d’Angleterre (Bank of England
ou BoE), a décidé de maintenir son taux directeur à 0,10 % et de poursuivre son programme d’achats d’obli-
gations d’État de 895 milliards de livres sterling. La BoE a néanmoins confirmé la perspective d’un resserre-
ment de sa politique monétaire dans un avenir proche, en déclarant qu’elle devrait probablement relever son
principal taux directeur actuellement à 0,1 % au cours des prochains mois si l’économie continue d’évoluer
comme prévu.
En Afrique subsaharienne, la plupart des banques centrales ont poursuivi l’orientation accommodante de
leurs politiques monétaires, en prenant un ensemble de mesures visant à soutenir l’activité économique et à
limiter les effets potentiels de la crise sanitaire. La Banque Centrale du Congo (BCC) a maintenu inchangés
les dispositifs de sa politique monétaire depuis le 17 juin 2021, son taux directeur demeurant à 8,5 %. Les
coefficients des réserves obligatoires sur les dépôts en devises à vue et à terme ont été maintenus respecti-
vement à 13,0 % et 12,0 % et ceux des dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 0 %. Les services de
la banque prévoient une stabilité macroéconomique au cours des mois à venir.
En Afrique du Sud, la South African Reserve Bank (SARB) a décidé le 23 septembre 2021, de maintenir
son taux directeur à 3,50 %, pour soutenir l’activité économique dans un contexte d’atténuation des tensions
inflationnistes. La politique monétaire reste accommodante et la SARB a maintenu les conditions financières
de soutien de la demande de crédit.
Le Comité de politique monétaire de la Banque Centrale du Nigéria (BCN), réuni les 16 et 17 septembre
2021, a décidé de conserver son principal taux d’intérêt directeur à 11,5 % et son coefficient des réserves obli-
gatoires à 27,5 %. Le Comité a noté la baisse modérée de l’inflation à 17,0 % (en glissement annuel) en août
2021 contre 17,4 % en juillet 2021.
Ainsi, au niveau des conditions monétaires et financières, afin de limiter les répercussions négatives de
la pandémie de coronavirus, la majorité des banques centrales des pays avancés, émergents et de l’Afrique
subsaharienne ont prolongé leur politique monétaire accommodante. Néanmoins, l’élargissement de la cou-
verture vaccinale devrait éclaircir les horizons et réduire l’incertitude.
Lors de la session ordinaire du 20 décembre 2021, le Comité de Politique Monétaire de la BEAC a prit
connaissance des perspectives macroéconomiques mondiale et sous-régionale révisées.
Au niveau international, en dépit d’un climat d’incertitude caractérisé entre autres par l’apparition de nou-
veaux variants du COVID-19 et des problèmes d’approvisionnement de plus en plus importants, les projections
économiques tablent sur une reprise de l’économie mondiale en raison de : i) l’élargissement de la couverture
vaccinale à l’échelle mondiale, et ii) la consolidation des mesures de soutien budgétaire dans plusieurs pays.
Au niveau de la sous-région, le CPM a pris acte de la reprise économique lente et modérée en 2021, après
la récession enregistrée l’année dernière du fait de la pandémie de COVID-19. A moyen terme, la reprise écono-
mique amorcée en 2021 et se poursuivrait en 2022-2024, dans un contexte de baisse attendue de l’incertitude
au niveau mondial grâce aux efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19, associé aux gains à tirer des
réformes structurelles engagées dans le cadre du PREF-CEMAC et des programmes de seconde génération
avec le FMI.
Ainsi, compte tenu des perspectives macroéconomiques de la CEMAC, et après examen des différents fac-
teurs pouvant influencer la stabilité monétaire, le CPM a décidé de maintenir inchangés ses principaux instru-
ments : Taux d’Intérêt des Appels d’Offres à 3,50 % ; Taux de la facilité de prêt marginal à 5,25 % ; Taux de la
facilité de dépôt à 0,00 % ; et Coefficients des réserves obligatoires à 7,00 % sur les exigibilités à vue et 4,50 %
sur les exigibilités à terme.
Le CPM a également rendu public le calendrier de réunions de ses sessions ordinaires pour le compte de
l’année 2022 comme suit : (i) le 28 mars 2022 pour la première session, (ii) le 27 juin 2022 pour la deuxième ses-
sion, (iii) le 26 septembre 2022 pour la troisième session, et (vi) le 19 décembre 2022 pour la quatrième session.
nov-20 déc-20 janv-21 févr-21 mars-21 avr-21 mai-21 juin-21 juil-21 août-21 sept-21 oct-21 nov-21
Taux des Fonds Fédéraux 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25 0,00-0,25
Taux au jour le jour -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100 -0,100
Taux de prise en pension 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100 0,100
Banque du Canada
Taux de refinancement 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250 0,250
Taux des pensions 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00 4,00
Taux d'injection de liquidités 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00 2,00
Taux de refinancement 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50 11,50
Taux de refinancement 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,500 3,750
Taux des Prêts à Court Terme 18,50 18,50 18,50 18,50 15,50 10,50 10,50 10,50 10,50 8,50 8,50 8,50 8,50
Sources : Fed, BoE, BoJ, Banque du Canada, BCE , BCEAO, BCC, BCN et SARB
2. Secteur Réel de la CEMAC
2.1 Activité économique récente
Au troisième trimestre 2021, l’Indicateur Composite des Activités Economiques (ICAE) de la
CEMAC s’est inscrit en hausse de 6,4 % en glissement annuel, contre - 2,5 % un an auparavant. Au
titre des principaux facteurs explicatifs de cette évolution, on note que : i) les produits de rente ont
contribué positivement à l’activité dans la CEMAC, en dépit d’une production pétrolière relativement
morose ; ii) les industries brassicoles ont également soutenu l’activité dans l’ensemble des pays
de la Zone ; et iii) l’activité dans le BTP a connu une évolution contrastée, du fait notamment d’une
commande publique toujours insuffisante.
L’activité économique devrait poursuivre son évolution favorable au quatrième trimestre 2021
ainsi qu’au premier trimestre 2022. Les estimations pour le quatrième trimestre 2021, en glissement
annuel, tablent sur une hausse de l’ICAE de la CEMAC de 3,0 % (contre - 1,5 % un an plus tôt).
Cette dynamique devrait se maintenir au premier trimestre 2022, avec une variation de l’ICAE
CEMAC en glissement annuel de 4,4 % (contre 1,1 % un an plus tôt).
Ce regain de dynamisme anticipé au niveau de la CEMAC pour le quatrième trimestre 2021 est
à mettre au crédit (i) de l’effervescence de l’organisation de la CAN au Cameroun en début 2022
qui entrainerait une reprise dans les services, le commerce, le transport (aérien notamment) et
l’hôtellerie-restauration au Cameroun, (ii) la bonne tenue des cours du pétrole, (iii) d’une exécution
plus importante des budgets publics, contribuant à soutenir une demande intérieure encore fragile
ainsi que (iv) de la poursuite du rattrapage par certaines branches d’activités des contreperformances
enregistrées en 2020.
En termes de perspectives pour l’année 2021, il est attendu un taux de croissance du PIB réel
de 1,9 %.
2019T4 2020T1 2020T2 2020T3 2020T4 2021T1 2021T2 2021T3 2021T4 2022T1
Taux de croissance
en glissement an- 1,0 % 0,6 % - 3,8 % - 2,6 % -0,6 % - 0,5 % 3,9 % 2,9 % 1,4 % 3,0 %
nuel (y-o-y)
Taux de croissance
en glissement tri- 0,5 % - 0,8 % - 3,7 % 1,5 % 2,7 % - 0,8 % 0,5 % 0,4 % 1,3 % 0,7 %
mestriel (q-o-q)
Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire Taxes nettes sur les produits
2020 2021 2020 2021 2019 2020 2021 2019 2020 2021
Cameroun 0,9 0,2 0,3 0,7 0,9 0,8 1,5 - 0,4 0,8 0,5 - 0,1 0,5
République Centrafricaine - 0,1 1,3 1,9 0,5 - 0,9 - 0,3 2,4 1,0 - 0,8 - 0,1 - 0,3 1,8
Congo 0,9 - 3,8 - 2,1 1,1 - 0,4 1,4 - 2,3 - 1,8 1,0 0,0 - 0,2 0,2
Gabon 3,5 0,9 0,1 0,8 - 1,3 1,2 - 1,0 - 1,0 0,0 0,5 - 0,2 0,5
Guinée Equatoriale - 2,9 - 0,2 - 3,2 - 3,0 - 2,9 3,2 1,4 - 1,5 1,3 0,1 0,0 0,1
Tchad 1,1 0,5 0,3 1,9 - 0,8 0,6 - 0,6 - 2,1 1,0 0,3 0,0 0,2
CEMAC 1,1 - 0,6 - 0,2 0,5 - 0,3 1,0 0,2 - 1,2 0,8 0,1 0,3 0,3
Sur la même période, l’analyse de l’inflation suivant les contributions des différentes fonctions
de consommation en glissement annuel montre que l’évolution du niveau général des prix a
été impactée à fin septembre 2021 principalement par les fonctions : « produits alimentaires et
boissons non alcoolisées » (1,3 point contre 1,8 point en septembre 2020), « transports » (0,2
point, comme en septembre 2020) et «logement, eau, gaz, électricité, et autres combustibles »
(0,2 point en septembre 2021 contre une contribution nulle un an plus tôt).
Les prévisions à court terme tablent sur une stabilité de l’inflation à fin décembre 2021 par rapport
à fin septembre 2021, bien qu’en décélération par rapport à décembre 2020. En effet, le taux
d’inflation se maintiendrait à 1,8 % en moyenne annuelle et progresserait à 2,3 % en glissement
annuel, contre respectivement 1,8 % et 2,0 % un trimestre plus tôt, après 2,3 % et 2,0 % un an
plutôt.
Pour l’essentiel, en glissement annuel, la dynamique projetée à court terme serait impactée à
fin décembre 2021 principalement par une contribution toujours forte de la fonction « produits
alimentaires et boissons non alcoolisées » (1,7 point, contre 1,3 point en septembre 2021), suivie
de celles des fonctions « transports » , « articles d’habillement et chaussures », « logement, eau,
gaz, électricité et autres combustibles » qui participeraient chacune à hauteur de 0,1 point, contre
respectivement 0,3 point, 0,2 point et 0,1 point, à fin septembre 2021.
Tchad 5,2 5,5 4,6 3,1 1,6 - 0,6 - 0,3 - 1,9 - 0,5 - 0,6 - 0,7 - 3,1 - 0,9
CEMAC* 2,8 2,6 2,2 2,0 1,9 1,7 1,6 1,2 1,7 1,8 1,9 1,4 2,0
UEMOA 2,5 2,4 2,5 2,3 1,9 2,1 2,5 3,1 3,2 3,6 4,2 4,4 4,9
Zone Euro - 0,3 - 0,3 - 0,3 - 0,3 0,9 0,9 1,3 1,6 2,0 1,9 2,2 3,0 3,4
Etats Unis 1,4 1,2 1,2 1,4 1,4 1,7 2,6 4,2 5,0 5,4 5,4 5,3 5,4
sept-
POSTES DE CONSOMMATION sept-20 oct-20 nov-20 déc-20 janv-21 févr-21 mars-21 avr-21 mai-21 juin-21 juil-21 août-21 Moy. Ann.* Gli. Ann.**
21
Produits alimentaires et boissons non al-
122,5 122,1 121,6 121,5 121,2 121,8 122,6 123,3 124,4 125,2 126,4 126,3 126,6 2,7 % 3,3 %
coolisées
Boissons alcoolisées et tabac 126,9 126,8 127,4 127,6 127,6 128,8 127,3 127,6 128,3 128,3 128,6 128,8 129,0 1,7 % - 0,8 %
Articles d'habillement et chaussures 117,9 117,8 118,0 118,4 118,5 118,5 118,0 118,2 118,4 118,8 119,3 118,9 119,3 1,8 % 1,2 %
Logement, eau, gaz, électricité et autres
123,4 124,3 124,5 124,7 125,2 125,0 124,9 125,1 125,8 126,0 125,7 125,0 125,0 0,5 % 1,2 %
combustibles
Meubles, articles de ménage et entretien
119,1 119,0 119,0 118,7 118,9 119,0 118,9 118,6 118,8 118,8 119,0 119,5 119,3 1,3 % 0,2 %
courant de la maison
Santé 116,7 116,4 116,3 116,4 116,6 116,7 116,7 116,8 116,8 116,8 116,8 116,9 117,2 0,3 % 0,4 %
Communications 95,1 94,1 95,0 94,3 94,2 94,3 94,3 94,3 94,3 94,3 94,3 94,3 94,4 0,6 % - 0,8 %
Loisirs et culture 115,2 115,5 115,7 115,7 115,8 115,8 115,6 115,7 115,5 115,7 115,7 116,0 116,1 0,9 % 0,7 %
Enseignement 136,6 137,3 138,4 138,4 138,4 138,4 138,4 138,4 138,3 138,4 138,7 139,0 139,1 2,3 % 1,8 %
Restaurants et hôtels 131,1 131,3 131,2 131,2 131,4 131,7 132,2 132,6 132,6 132,8 132,4 132,8 132,8 1,2 % 1,3 %
Biens et services divers 124,5 124,6 124,7 124,8 124,9 124,9 124,8 125,4 125,4 125,5 125,7 125,7 125,9 1,2 % 1,1 %
Indice général 122,2 122,2 122,1 122,2 122,2 122,4 122,7 123,0 123,6 124,0 124,5 124,4 124,5 1,8 % 2,0 %
Produits locaux 122,2 122,2 122,1 122,2 122,2 122,4 122,7 123,0 123,6 124,0 124,5 124,4 124,5 - 2,0 %
- -
Produits importés
121,9 122,2 122,5 122,6 122,8 122,8 122,7 122,8 123,1 123,3 123,3 123,2 123,2 1,3 % 1,1 %
Indice hors alimentation
118,0 118,0 118,3 118,2 118,4 118,4 118,4 118,4 118,6 118,7 118,8 118,9 118,9 1,1 % 0,7 %
Indice hors Transports
120,8 121,0 121,2 121,3 121,5 121,6 121,4 121,6 121,9 122,0 122,1 121,9 122,0 1,1 % 1,0 %
Indice hors alimentation et transports
Indice sous-jacent 118,4 118,5 118,5 118,5 118,5 118,8 118,8 119,1 119,6 119,9 120,3 120,3 120,4 1,7 % 1,6 %
Le déficit extérieur courant, transferts publics inclus, se contracterait à 3,0 % de PIB en 2021, contre 4,3 %
du PIB en 2020, en lien principalement avec l’amélioration des termes de l’échange de 28,5 %. La variation de
1,2 % du compte courant, en pourcentage du PIB, découlerait principalement d’une augmentation de l’apport
des exportations pétrolières (5,2 points) et non pétrolières (1,4 point), neutralisée en partie par les balances
des revenus (-1,7 point) et des services (-1,3 point).
En particulier, la dynamique des exportations découlerait de la hausse des ventes de pétrole brut (41,3 %, à
10 138,1 milliards), de gaz (76,2 %, à 1 188,2 milliards), de bois (10,3 %, à 916,1 milliards), et de manganèse
(30,1 %, à 734,8 milliards). Cette tendance serait cependant contrebalancée par la hausse des importations
(- 17,0 %) ainsi que des services (-23,0 %) et des revenus (- 38,1 %). L’évolution des importations demeurerait
liée au relèvement projeté des dépenses publiques et de la dépendance vis-à-vis des biens de consommation.
En définitive, le solde global de la balance des paiements (en pourcentage du PIB) resterait déficitaire à
433,9 milliards, soit - 0,8 % du PIB, contre - 1,2 % du PIB un an auparavant. En point de PIB, cette améliora-
tion de 0,5 point serait principalement portée par la contraction des entrées nettes des capitaux à court terme
(- 2,2 points), non compensée par la remontée des investissements directs étrangers (contribution 1,0 point),
et du compte courant (0,8 point).
Le déficit de la balance des paiements serait couvert par des financements exceptionnels de 36,6 milliards
et une diminution des réserves officielles de 470,5 milliards, les faisant ainsi revenir à 3,72 mois d’importations
en 2021 (au lieu de 3,73 mois d’importations de biens et services prévu initialement), contre 3,82 mois un an
plus tôt.
CEMAC 1,0 - 27,3 31,1 7,0 - 14,0 17,0 6 350,1 3 260,5 5 524,8
3.2 Compétitivité 1
La compétitivité-prix des économies de la zone CEMAC s’est détériorée entre le deuxième tri-
mestre 2021 et le troisième trimestre 2021, du fait l’appréciation du TCER global de 3,0 % pen-
dant la période, après une hausse de 1,2 % au trimestre précédent. Cela s’explique principale-
ment par une perte de compétitivité sur le front des importations (- 4,3 % au troisième trimestre
2021, contre 1,7 % au trimestre passé).
En outre, l’analyse du TCER entre le deuxième trimestre et le troisième trimestre 2021, fait res-
sortir une dépréciation du FCFA par rapport aux monnaies de la majorité des principaux parte-
naires commerciaux, en particulier chez ses concurrents. Ainsi, le TCEN s’est inscrit en baisse de
1,3 % au troisième trimestre 2021, contre une hausse de 0,1 % au deuxième trimestre 2021. En
termes réels, le FCFA s’est déprécié sur la période par rapport au dollar (- 3,4 %), à la livre sterling
(- 1,3 %), au yuan (- 1,3 %) et à l’euro (-0,004 %).
En termes de contribution absolue du TCER, celle des importations a été supérieure à celle des
exportations. En effet, tandis que la contribution du TCER des importations est de 3,3 points, celle
des exportations est de - 0,1 %.
1
La compétitivité extérieure de la CEMAC est évaluée hors secteur pétrolier en raison du poids important du pétrole dans les exportations
et du fait que cette activité, à forte intensité capitalistique, est entièrement off-shore. L’influence de l’exploitation pétrolière sur l’indicateur de
compétitivité extérieure ainsi calculé est implicite et s’apprécie par le biais des évolutions des prix domestiques.
T10 : Compétitivité
(variations en %)
TCER composite (*)
TCER des exportations TCER des importations
Cameroun 0,1 1,4 0,0 - 0,1 0,9 - 1,5 1,9 2,3 0,4 0,3 0,7 0,9
République Centra-
- 1,0 4,8 0,3 - 1,6 0,2 1,5 1,8 - 1,6 - 0,7 4,1 0,6 - 1,6
fricaine
Congo - 0,3 3,0 4,9 8,7 1,0 0,2 0,7 - 0,5 0,0 2,4 4,1 6,9
Gabon - 0,6 1,1 - 1,0 - 0,9 - 2,6 - 2,1 - 3,6 - 1,1 - 1,8 - 0,9 - 2,7 - 1,0
Guinée Equatoriale - 1,0 0,9 - 0,2 - 1,5 0,1 - 2,9 1,5 - 2,8 - 0,3 - 1,5 0,9 - 2,3
Tchad - 2,5 - 1,0 - 0,2 0,8 - 6,3 3,3 7,7 - 3,3 - 4,3 1,0 3,6 - 1,2
CEMAC - 0,7 2,6 1,7 4,3 - 1,1 0,0 - 0,1 - 0,3 - 0,8 1,9 1,2 3,0
Dans ce contexte difficile, les pays de la CEMAC devraient mobiliser plus de tirages exté-
rieurs, soit 2 396,1 milliards, des allègements de dette extérieure de près de 287,4 milliards et des
ressources monétaires nettes de l’ordre de 1 624,2 milliards. Ces ressources leur permettraient
d’amortir la dette extérieure à hauteur de 2 100,8 milliards et de se désengager vis-à-vis du sys-
tème non bancaire pour environ 416,4 milliards.
2019 2020 2021 Prev 2019 2020 2021 Prev 2019 2020 2021 Prev
Cameroun - 3,2 - 3,3 - 2,7 15,4 14,0 14,2 12,4 12,5 11,4
République Centrafricaine 1,4 - 2,0 - 2,4 61,2 67,5 59,2 48,6 51,2 55,2
Congo 5,3 - 1,0 0,0 24,2 19,9 21,2 16,5 19,1 16,9
Gabon 1,4 - 2,1 - 2,2 22,1 19,2 16,6 15,5 18,6 16,3
Guinée Equatoriale 1,8 - 1,8 - 0,6 18,5 14,2 12,7 11,5 12,0 10,8
Tchad - 0,6 1,7 - 2,6 12,5 14,5 12,4 9,9 11,0 11,6
CEMAC - 0,1 - 2,0 - 2,0 17,7 15,6 15,1 13,1 14,1 13,0
T12 : Evolution de la dette publique extérieure des pays de la CEMAC (en % du PIB)
2019 2020 2021 Prév 2019 2020 2021 Prév 2019 2020 2021 Prév
Cameroun 28,0 29,6 29,8 10,9 13,3 23,9 14,0 15,2 29,8
République Centrafricaine 24,0 23,7 24,5 2,6 3,1 0,5 6,6 5,6 3,0
Congo 62,1 73,5 56,1 19,3 13,8 9,6 53,6 37,5 27,2
Gabon 37,1 34,8 30,4 9,9 23,7 17,8 19,0 50,1 49,3
Guinée Equatoriale 11,5 9,1 6,6 4,7 16,2 5,7 12,0 41,1 19,4
Tchad 25,1 25,9 24,7 7,8 10,3 9,4 16,5 13,6 18,9
CEMAC 32,2 33,0 30,0 10,5 16,3 14,7 20,3 28,4 30,5
Monnaie et crédit
• un repli des avoirs extérieurs nets du système monétaire de 52,1 %. Cette évolution résulte-
rait de la contraction des avoirs extérieurs (- 3,1 %) consécutive aux transferts nets sortants
hors CEMAC qui sont négatifs sur la période et de la forte progression des engagements
extérieurs du système monétaire (46,4%), en dépit de l’allocation générale des DTS mobi-
lisées en août dernier pour un montant équivalent à 809 milliards. Les réserves de change
se sont situées à 4 612,9 milliards à fin septembre 2021, contre 4 759,9 milliards un an
plus tôt, et ont représenté environ 3,22 mois d’importations de biens et services. Le taux de
couverture extérieure de la monnaie est revenu de 67,71 % en septembre 2020 à 65,86 %
un an plus tard ;
• une expansion des créances nettes du système monétaire sur les États de la CEMAC de
35,4 % à 7 205,7 milliards, du fait des tirages effectués sur les fonds d’urgence de soutien
à la lutte contre la COVID-19 fournis par le FMI et de l’intensification des émissions de titres
publics par les Etats ;
• une hausse des crédits à l’économie, passant de 7 797,1 milliards à 8 659,0 milliards
(+ 11,1 %). Cette évolution est liée à celle des concours au secteur privé non financier
(contribution de 9,4 points de pourcentage) et aux entreprises publiques non financières
(1,7 point de pourcentage).
Sur le marché des titres publics, entre septembre 2020 et septembre 2021, dans un contexte marqué
par la persistance de la crise sanitaire, liée à la pandémie de la COVID-19, le marché des titres publics
émis par adjudication s’est caractérisé par : (i) un dynamisme des opérations sur les marchés primaire et
secondaire (ii) une baisse des taux de couverture des émissions, et (iii) une augmentation des coûts des
émissions, notamment des instruments longs particulièrement sollicités au cours de cette période.
2020 2021
nov-20 déc-20 janv-21 févr-21 mars-21 avr-21 mai-21 juin-21 juil-21 août-21 sept-21 oct-21
Taux d'intérêt des
appels d'offres 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25 3,25
(TIAO)
Taux interbancaire
moyen pondéré 4,68 4,56 4,50 4,57 5,00 4,87 4,42 4,38 4,09 3,98 4,12 3,92
(TIMP)
Taux créditeur
2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45 2,45
minimim (TCM)
Taux d'intérêt de la
zone Euro
Taux d'appels
0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00
d'offre
Facilité de
- 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50 - 0,50
dépots
Au cours des trois derniers mois, les réserves brutes du système bancaire de la CEMAC, avant les
opérations monétaires, ont reculé de 21,8 % (299,7 milliards) pour s’établir à 1 074,1 milliards en octobre
2021. Ces réserves se situaient à 1 373,8 milliards trois mois plus tôt (juillet 2021). Le maintien du volume
des injections actives de la BEAC sur le marché monétaire à 400 milliards, conformément au plan de ri-
poste à la COVID-19, a contribué à la compensation de cette baisse des réserves brutes avant les opéra-
tions monétaires. En effet, sur le compartiment des interventions de la Banque Centrale, l’encours moyen
des injections de liquidité a augmenté de 72,3 milliards, pour se situer à 645,4 milliards en octobre 2021.
Ces concours sont constitués : (i) des avances au titre de l’opération principale d’injection de liquidité,
dont l’encours moyen a légèrement progressé de 238,8 milliards à 240,6 milliards ; (ii) des concours ac-
cordés au titre des opérations de maturité longue accrus de 101 milliards à 139,8 milliards entre les deux
périodes ; (iii) de la facilité de prêt marginal dont le volume a progressé de 167,7 milliards à 198,9 mil-
liards ; et (iv) des avances octroyées via le guichet spécial de refinancement, profitant principalement à la
BDEAC, qui a très légèrement augmenté à 65,9 milliards contre 65,5 milliards en juillet 2021.
Le volume des réserves obligatoires à constituer par les assujettis a augmenté de 0,5 milliards au
cours de la période de référence pour s’établir à 808,3 milliards à fin octobre 2021. Pour ce mois d’octobre
2021, l’encours moyen des réserves libres du système bancaire (915,8 milliards) a représenté 114 % des
réserves requises contre 182,4 % un an auparavant. Par ailleurs, le nombre d’établissements de crédit
en déficit de constitution des réserves obligatoires est passé de trois à quatre entre les deux périodes.
2020 2021
sept-20 oct-20 nov-20 déc-20 janv-21 févr-21 mars-21 avr-21 mai-21 juin-21 juil-21 août-21 sept-21
Réserves totales* 2 524 184 2 421 468 2 351 767 2 335 068 2 270 991 2 251 220 2 304 237 2 366 987 2 667 871 2 475 862 2 253 965 2 235 360 2 174 028
Réserves libres 1 798 912 1 689 372 1 619 180 1 591 786 1 509 528 1 507 938 1 540 721 1 601 151 1 875 112 1 666 553 1 446 122 1 431 220 1 376 746
Réserves obligatoires** 725 272 732 096 732 587 743 282 761 463 743 282 763 516 765 836 792 759 809 309 807 843 804 140 797 282
Dépôts/ Crédits à l'économie 132,3 % 132,0 % 131,1 % 131,3 % 135,2 % 130,5 % 130,4 % 134,3 % 139,2 % 139,3 % 136,6 % 136,2 % 133,6 %
Réserves/ Total bilan 17,0 % 16,0 % 15,5 % 15,0 % 14,5 % 14,2 % 14,3 % 14,6 % 16,1 % 14,8 % 13,4 % 13,3 % 12,9 %
Réserves libres / Crédits à l'économie 24,3 % 22,4 % 21,3 % 20,4 % 19,9 % 19,1 % 19,4 % 20,4 % 24,1 % 21,3 % 18,1 % 17,8 % 16,8 %
Source : BEAC
*en millions de FCFA
** Conformément à la Décision du CPM n°11/CPM/2018, les réserves obligatoires sont constituées depuis le 11 décembre
2017 sur le compte courant des établissements de crédit assujettis
G16. Evolution de la structure des réserves des banques de la CEMAC
Source : BEAC
Source : BEAC
Les réserves de change de la BEAC ont oscillé autour de 4 000 milliards depuis le début de
l’année 2021. A la suite de l’allocation de DTS octroyée par le FMI le 23 août 2021 aux six pays
de la CEMAC, elles sont remontées à 4 518 milliards au 31 octobre 2021, contre 4 452 milliards
un an auparavant (+ 1,48 %).
Conclusion
La croissance économique mondiale repartirait à 5,90 % en 2021, après une récession de
3,1 % en 2020, pour revenir ensuite à 4,9 % en 2022. Ce regain d’activité en 2021 s’expliquerait
par : i) l’élargissement de la couverture vaccinale à l’échelle mondiale, ii) la consolidation des me-
sures de soutien budgétaire dans plusieurs pays, et iii) la prolongation des politiques monétaires
accommodantes destinées à favoriser des conditions monétaires propices à la reprise de l’activi-
té. Toutefois, l’apparition de plusieurs variants de la COVID- 19 dans le monde, la forte reprise de
la demande mondiale, la hausse du prix de l’énergie et celle des cours des produits alimentaires
pourraient compromettre ces perspectives.
Sur le plan régional, les économies de la CEMAC devraient poursuivre leur évolution favorable
amorcée au premier trimestre 2021. En effet, les estimations pour le quatrième trimestre 2021, en
glissement annuel, tablent sur une hausse de l’ICAE de la CEMAC de 3,0 % (contre -1,5 % un an
plus tôt). Cette dynamique devrait se maintenir au premier trimestre 2022, avec une variation de
l’ICAE de la CEMAC en glissement annuel de 4,4 % (contre 1,1 % un an plus tôt).L’inflation en
moyenne annuelle s’est repliée à 1,8 % à fin septembre 2021, contre 1,9 % un an plus tôt. En glis-
sement annuel, le taux d’inflation est passé de 2,8 % à fin septembre 2020 à 2,0 % un an plus trad.
Pour l’année 2021, les services de la BEAC tablent sur : i) un taux de croissance du
PIB réel de + 1,9 % contre - 1,7 % en 2020, porté principalement par un rebond de la crois-
sance non pétrolière, ii) un relâchement des pressions inflationnistes à 1,7 % en 2021, contre
2,4 % un an plus tôt, iii) un maintien du déficit du solde budgétaire, base engagements, dons com-
pris, à 2,0 % du PIB en 2021, et un recul du solde du compte courant à - 3,1 % du PIB en 2021,
contre - 4,8 % du PIB en 2020. Sur le plan de la monnaie, la masse monétaire croîtrait de 12,5 %
tandis que les avoirs extérieurs nets chuteraient de 18,9 %
Les pays de la CEMAC sont essentiellement spécialisés dans les productions agricoles1, syl-
vicoles et pastorales2. Pendant que le Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine (RCA)
excellent dans l’agriculture et l’élevage, le Gabon, le Congo, le Cameroun et la Guinée Equatoriale
profitent de leur ouverture à la mer pour exploiter les ressources halieutiques. Cependant, il se
trouve que tout le potentiel en ressources halieutiques, ovines, bovines et caprines n’est pas exploi-
té et commercialisé dans la Communauté de façon efficiente, ce qui fait qu’un volume important de
biens de consommation est importé par certains pays pour combler le gap.
1 Il s’agit davantage d’une agriculture de rente plutôt que d’une agriculture industrielle.
2 De même, l’activité de pêche se fait de manière artisanale. La pêche industrielle est marginale et est pratiquée par des acteurs étrangers (Chinois et
Nigérians en grande partie).
Les faits stylisés révèlent que des circuits de distribution existent déjà dans l’axe Nord-Sud
entre le Tchad, le Cameroun, la RCA et le Congo. Parallèlement, un autre circuit de commercialisation
existe dans l’axe Est-Ouest entre le Tchad et le Nigeria. Ces circuits permettent déjà d’écouler une
partie de la production de viande bovine et de poisson. Il s’agira de ce fait d’optimiser ces circuits
de distribution entre les pays de l’Union en vue de réaliser des économies d’échelle, et d’avoir une
incidence positive sur la dynamique des réserves de change.
Par ailleurs, la persistance du choc pétrolier de 2014 a révélé la faible résilience des écono-
mies de la CEMAC et, la nécessité de diversifier celles-ci. Ainsi, entre 2014 et 2016, la croissance
réelle de la zone est passée de 4,9 à -0,1 %. Le taux de couverture extérieure de sa monnaie est
revenu de 89,7 % à 59,1 %. Dans le même temps, le solde courant de la CEMAC s’est creusé, pas-
sant de - 3,2 % à -15,6 %. Comme conséquence de la décélération de l’activité économique et de la
stabilité de la proportion de la masse monétaire dans le PIB sur cette période (de 33 % à 29 %), les
tensions inflationnistes se sont atténuées. La Banque Centrale, pour y faire face dès 2017, a pris des
mesures de durcissement de ses conditions monétaires. Le taux directeur a été progressivement
remonté de 2,45 % à 3,50 %. Parallèlement, la réglementation de change a été mieux appliquée, les
dépenses publiques ont été rationalisées et les pays ont bénéficié des tirages auprès du FMI ; ce qui
a contribué à l’inversion de la tendance baissière des réserves extérieures de la zone. Ces réserves
sont ainsi passées de 2 633,31 milliards en juin 2017 à 3 044,25 milliards en septembre de la même
année, avec un ratio de 3 en mois d’importations.
Ces mesures relevant des autorités monétaires et, visant à stabiliser, puis à inverser la dy-
namique baissière des réserves de change de la CEMAC méritent d’être complétées par d’autres
à caractère structurel. En effet, au-delà du choc pétrolier, l’érosion rapide des réserves de change
de la zone doit aussi se lire comme une structure des échanges extérieurs défavorables aux pays
membres. Ce déséquilibre trouverait des explications aussi bien du côté de l’offre que de celui de
la demande, en passant par les goûts et les préférences des populations de la zone : une situation
qui impose de procéder à un examen produit par produit au niveau des transactions extérieures.
C’est ce qui justifie la présente étude qui s’intéresse à l’incidence de l’optimisation des circuits de
commercialisation de la viande bovine et du poisson sur la dynamique des réserves de change de la
zone. Par ailleurs, la balance commerciale en rapport avec ces deux produits s’avère largement défi-
citaire, induisant une perte de devises (Voir graphique 5). Le graphique suivant présente l’évolution
du cheptel bovin dans la CEMAC, tiré par le Tchad.
Un autre constat est également observé dans la filière poisson (Graphique 2). En effet, sur le
volume de poissons pêché (production), une certaine partie est exportée et le reste est consommé,
en complément des quantités importées3. Les quantités exportées sont composées en général de
poissons d’espères rares et de crustacés, largement demandées par l’extérieur. Finalement, dans la
mesure où le volume importé dépasse de loin ce qui est exporté, la consommation de poisson dans
la CEMAC est tributaire de l’extérieur.
De ce qui précède, un niveau élevé des importations nettes sur la période ci-dessus pourrait
se justifier (les importations dépassant largement les exportations de poisson) et donc, l’érosion po-
tentielle des réserves de change du fait des transactions avec l’extérieur. Ainsi, il se pose la question
3 Il convient de noter que certains poissons pêchés par les armateurs étrangers prennent d’autres destinations sans être comptabilisés au titre de la production locale et des
exportations.
Pour répondre à cette question, l’étude part des éventuels excédents/déficits des pays de la
CEMAC et analyse dans un premier temps les écueils liés aux circuits de commercialisation régio-
naux de viande bovine, puis de poisson. Puis, elle s’appesantit dans un second temps sur l’incidence
de ces échanges sur la position extérieure de la Banque Centrale. Enfin, l’étude propose des actions
susceptibles d’optimiser ces circuits de commercialisation. Concrètement, il est question dans une
première phase de réorienter la demande (par ailleurs consommatrice de devises) de ces deux pro-
duits vers les productions des autres pays de la zone et, dans un deuxième temps, d’améliorer le taux
d’exploitation du cheptel bovin et la production de poissons pour capter la demande résiduelle et
plus tard, arriver à capter des devises à travers l’exportation de ces produits.
1. Etat des lieux des circuits de commercialisation de la viande bovine dans la CEMAC
Des six pays de l’Union, seulement trois peuvent être considérés comme producteurs de
viande bovine. Il s’agit du Cameroun, de la RCA et du Tchad. Le graphique ci-dessous présente la
répartition du cheptel par pays.
Graphique 3 : Part moyenne des pays dans le cheptel global de la CEMAC
(2007-2017)
Source : Calculs des auteurs sur la base des données FAO et des Administrations nationales
D’après ce graphique, le Tchad qui détient le troisième plus grand cheptel d’Afrique possède
55 % de l’effectif de la CEMAC, suivi du Cameroun et de la RCA. Cependant, tout le cheptel n’est
pas destiné à l’exploitation. Dans tous ces pays, le taux d’exploitation des troupeaux est estimé à
Tableau 1 : Matrice des importations (en colonnes) et exportations (en lignes) de bovins
des pays de la CEMAC (têtes de bœuf) en 2013
Importateur Total
Guinée
Cameroun RCA Congo Gabon Tchad Nigéria
Equat.
Exportateur Export.
Source : CEBEVIRHA
Sous l’hypothèse d’une structure des échanges relativement stables dans le temps, quelques
faits stylisés peuvent être relevés de cette matrice : (i) le Tchad et la RCA sont exportateurs nets dans
la zone. A la différence du Tchad, la RCA importe également du Soudan (en vue d’écouler vers le
Congo et la RDC) ; (ii) la quasi-totalité des exportations du Tchad est en direction du Nigéria, suivi par
le Cameroun ; (iii) le Congo, le Gabon et la Guinée Equatoriale s’approvisionnent essentiellement sur
les marchés de la zone (s’agissant des animaux sur pieds) et ; (iv) le Nigéria absorbe à lui seul environ
80 % des exportations des pays de la CEMAC.
Source : Calculs des auteurs sur la base des données FAO et des Administrations nationales
L’offre globale désigne la production bovine sur la base d’un taux d’exploitation de 12 % ;
alors que l’offre globale estimée désigne l’hypothèse alternative pour laquelle le taux d’exploitation
En définitive, la réorientation vers les autres pays de la zone, d’une part de ses exportations
vers le Nigeria participerait à réduire substantiellement le volume des importations (provenant de
l’Argentine, du Brésil, de l’Inde, de l’Italie, du Paraguay, etc.) quand bien même ces exportations gé-
nèrent des devises pour la Communauté. Un tel détournement ne peut se faire qu’en examinant les
circuits de distribution impliqués. Le graphique ci-dessous présente l’évolution des importations et
des exportations (en valeurs) de la viande bovine. Il s’agit aussi bien des animaux vendus sur pieds
que des carcasses commercialisées par les abattoirs.
Le Cameroun, la RCA et le Tchad bénéficient d’un climat sahélien favorable à l’élevage d’ani-
maux de race bovine. Le Gabon, le Congo et la Guinée Equatoriale situés globalement en zone fores-
tière se présentent comme essentiellement importateurs (80 à 95 pour cent) de bétails et de viande.
Il se pose ainsi un problème lié à l’acheminement de bétails des lieux d’élevage vers les bassins de
consommation. En effet, les besoins de ces trois pays peuvent être satisfaits par la production des
autres pays de la sous-région si des infrastructures adéquates existaient.
Une grande partie du bétail de la CEMAC est exportée vers le Nigeria. Ces échanges repré-
sentent 90 % des exportations de bovins du Tchad. Au total, il existe quatre grands itinéraires d’ex-
portation de bovins sur pied vers le Nigeria : l’itinéraire du Lac, l’itinéraire de N’Djamena, l’itiné-
raire de Bongor (Tchad), l’itinéraire de Pala (au Tchad). A partir de ces villes nigérianes, les animaux
sont ensuite acheminés par camion vers Lagos, Ibadan et les autres villes intérieures du pays. Le
nombre d’animaux empruntant chacun des itinéraires est fonction de nombreux facteurs, notam-
ment : L’importation de bovins soudanais vers la RCA, l’importation de bovins de la RDC vers le
Congo, les échanges de bovins entre le Cameroun et le Nigeria.
De manière plus spécifique, pour ce qui est du commerce de bétail et de la viande dans la
CEMAC, les activités sont essentiellement freinées par les facteurs tels que les formalités adminis-
tratives multiples et relativement onéreuses, les difficultés de mise en œuvre du principe de libre cir-
culation des personnes, des biens et des services, l’absence de statistiques fiables sur les quantités
Les pays de la CEMAC disposent de plus de 2 300 km de côte qui compte parmi les plus
poissonneuses d’Afrique. Cependant, les marchés restent sous-approvisionnés du fait d’une offre
globale (effective) largement inférieure aux besoins. Selon les normes FAO, les besoins de poissons
pour la sous-région sont estimés à environ 890 000 tonnes en 2017. Ces besoins qui augmentent
chaque année, sont essentiellement couverts par les importations, la pêche locale restant encore
embryonnaire et artisanale. Les deux graphiques ci-dessous présentent successivement l’évolution
de l’offre et de la demande de poissons en zone CEMAC, et sa commercialisation (importations et
exportations).
Au Cameroun où l’activité est plus intense, les bastions de pêche se trouvent à Kribi, à Lim-
bé et à Douala. Les importations sont assurées en grande partie par la société CONGELCAM qui en
détient le monopole. Les autres pays de la CEMAC sont également importateurs nets de poisson,
qu’il s’agisse des pays disposant des côtes maritimes que des pays enclavés. Ces importations sont
d’origines diverses et les principaux fournisseurs de la zone sont le Sénégal, la Mauritanie, la Nor-
vège, l’Uruguay, l’Espagne, la Chine et les Pays-Bas. La particularité de la filière du poisson est que
les quantités importées de ces pays varient selon les espèces rares dans les eaux et bassins de la
sous-région (c’est le cas des maquereaux et des morues).
Source : Calculs des auteurs sur la base des données des administrations nationales
L’examen du graphique 8 montre que deux pays portent à plus de 60 % les importations du Came-
roun, à savoir le Sénégal (36 %) et la Mauritanie (27 %). Contrairement à la viande bovine, la filière
poisson pose le problème de substitution des importations par la production locale. Cependant, il a
été observé que l’activité de pêche dans la CEMAC n’atteint pas sa pleine capacité. En ce sens, des
efforts mériteraient d’être réalisés afin de renforcer l’offre de poisson.
Le poisson consommé en zone CEMAC provient soit de la pêche (en mer, dans les fleuves
et dans les lacs), soit de la pisciculture, soit des importations sensées satisfaire un excédent de de-
mande locale toujours croissante.
La production piscicole se fait en étangs de dérivation et en étangs de barrage. Elle est desti-
née uniquement à la consommation locale. Les poissons frais d’élevage sont très prisés notamment
le tilapia, le poisson chat et les carpes. Au vu de la demande qui dépasse très largement l’offre, ces
poissons sont immédiatement écoulés sur le marché après capture. Cependant, dans le cas où des
poissons restent invendus, ils sont fumés. La vente s’effectue par les pisciculteurs eux-mêmes ou les
membres de leur famille, au bord des étangs, dans les marchés environnants ou dans des restau-
rants.
Qu’elle soit continentale ou en haute mer, la pêche est très pratiquée en zone CEMAC aussi
bien dans les pays ayant un accès direct à la mer (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale) que
dans ceux qui ne bénéficient pas d’une façade maritime (RCA, Tchad). Le domaine de la pêche joue
un rôle économique et social important tant sur le plan de l’emploi que sur le plan de l’alimentation
de la population dans plusieurs de ces pays.
Concernant la pêche continentale, l’organisation des pêcheurs est quasi identique dans les
zones de production. Les circuits de distribution diffèrent selon qu’il s’agisse de poisson frais ou
de poisson fumé. Pour le poisson frais, les pêcheurs stockent leurs produits jusqu’à l’arrivée des
grossistes qui écoulent les produits sur les marchés urbains. Pour le poisson fumé, le circuit est plus
court, car les transformatrices commercialisent directement leurs produits aux grossistes dans leurs
propres villages ou sur les marchés locaux.
Toutefois, il se pose le problème du prix des licences de pêche qui, selon les techniciens
rencontrés sur le terrain, sont parmi les plus bas au monde, ce qui pose le problème de surexploita-
tion des ressources halieutiques. De plus, les licences de pêche n’intègrent pas toujours l’obligation
pour les pêcheurs de rapatrier les produits des captures dans les ports nationaux. Ainsi, malgré
l’important volume de capture, il se pose toujours un problème d’approvisionnement des marchés
locaux. Les circuits de commercialisation sont caractérisés par une sorte de monopole dans l’achat,
qui impose des prix peu rémunérateurs qui découragent les pêcheurs et limitent l’offre. En outre,
des pêches frauduleuses imputées aux pêcheurs provenant des pays hors CEMAC, sont régulière-
ment enregistrées sur les côtes maritimes ; ce fléau prospère du fait du manque d’équipements
de contrôle à la pointe ne permettant pas aux brigades d’inspection d’exercer efficacement leurs
fonctions sur ces côtes. Au final, les pays importent le poisson alors que sur leurs côtes, il est pêché
frauduleusement et envoyé à l’étranger.
Les importateurs de produits congelés sont constitués en sociétés dont le nombre diminue
au fil des ans pour faire place à un système de monopole. Ces professionnels bien organisés, dis-
posent d’entrepôts frigorifiques implantés non loin des ports, ou utilisent les installations de ces der-
niers en location pour le stockage des produits importés. Du fait d’une faible régulation du secteur,
de nombreuses distorsions sont enregistrées sur ce marché avec les importateurs de poisson jouant
eux-mêmes le rôle de grossistes, demi-grossistes et détaillants. Le transport interurbain utilise les
camions frigorifiques qui ne garantissent pas toujours le maintien de la chaîne de froid jusqu’à la
mise au marché. Du fait du coût de l’électricité et des difficultés à dépanner les chambres froides, les
conditions de conservation ne sont pas toujours optimales.
Il convient de rappeler que tous les pays de l’Union importent le poisson, en complément des
quantités pêchées sur le territoire national. Le poisson à destination du Tchad et de la RCA transite
par le Cameroun. Les autres pays importent directement à partir de leurs ports. Le paradoxe est que
dans certains pays comme la Guinée Equatoriale, la quasi-totalité des poissons pêchés par les ar-
De tout ce qui précède, il apparaît que les circuits de commercialisation du poisson sont
affectés par des contraintes qui sont d’ordre infrastructurel, géographique et sanitaire. Sur le plan
des infrastructures, la qualité des chambres frigorifiques et des poissonneries est de moins bonne
qualité et celles-ci existent en nombre limité. Par conséquent, le poisson a du mal à être transporté
sur de longues distances. Les contraintes géographiques par contre, sont dues aux changements
climatiques et aux périodes de sécheresse de plus en plus longues. Enfin, les contraintes sanitaires
concernent l’absence de contrôle du poisson importé par les autorités compétentes.
Du fait de ces difficultés, la filière mérite d’être bien encadrée par les autorités administra-
tives. En outre, le pouvoir d’achat des consommateurs peut également constituer une contrainte car,
avec de faibles revenus, les ménages ont une préférence pour les produits importés dont les prix
sont moins élevés et la qualité, sujette à interrogations.
Enfin, la filière du poisson dans la sous-région est exposée à deux principales menaces à
savoir (i) la qualité des infrastructures qui ne favorise pas l’échange de produits entre pays et (ii) la
concurrence du marché mondial : les importations de poisson ont un impact énorme sur l’activité de
pêche et également sur l’équilibre extérieur. Ce constat se fait surtout au Cameroun où les poissons
importés envahissent tous les marchés au détriment de la production locale.
L’élevage et la pêche occupent une place de choix dans les politiques de développement
mises en place dans les pays de la CEMAC. Mais ces secteurs ne sont pas bien encadrés, et leurs
contributions à la formation du produit intérieur brut ne sont pas très bien appréciées, faute de
statistiques fiables dans les pays concernés. En effet, la contribution de ces deux secteurs à la crois-
sance économique atteint à peine 0,5 %, pour l’ensemble des pays de la Communauté.
Du point de vue de l’équilibre extérieur, la balance des paiements de la zone CEMAC est
globalement caractérisée par un déficit structurel. Les filières viande bovine et poisson ne font pas
exception à ce principe. La hausse croissante des importations de poisson et de viande dans la CEMAC
contribue à accentuer le déficit commercial des pays et à éroder les réserves de changes. En effet, les
valeurs des importations de poisson et de viande pour l’ensemble des pays de l’Union dépassent de
loin celles des exportations, comme nous l’indique le graphique ci-dessous.
4 Ces poissons sont exportés vers les pays d’Europe, notamment en Espagne.
A l’échelle nationale et pour ces deux produits, le même constat est également fait dans
la plupart des pays, à l’exception de la RCA et du Tchad où les exportations bovines ont pu couvrir
les importations de poisson, se traduisant par un excédent commercial pour chacun d’eux. Mais la
somme des gains de ces deux petites économies ne saurait amortir les déficits structurels observés
dans les autres pays. Le graphique ci-dessous montre les pertes en devises causées par les importa-
tions bovines et halieutiques dans la CEMAC.
La bande en rouge montre la perte des réserves, induite par les importations bovines et
de poisson. En d’autres termes, le niveau des réserves de la CEMAC se situerait à 2 640 milliards
en 2019 (au lieu de 2 199 milliards, soit une augmentation de 16 %) si les pays n’importaient pas
ces produits hors de la zone. Les données utilisées pour ces analyses montrent également que ces
L’évolution erratique des dépenses d’importations en viande et en poisson laisse croire que
seule la limitation de ces flux d’importations ne concourrait pas à limiter la sortie des capitaux. En
effet, d’autres actions publiques pourraient être parallèlement envisagées dans le but d’atténuer le
déficit commercial et limiter, aussi moindre soit-elle, la fuite des devises. En ce sens, aussi bien des
mesures conjoncturelles que structurelles devraient être identifiées et mises en œuvre au niveau de
chaque Etat, et au niveau de la Commission de la CEMAC, dans le cadre du Programme Economique
Régional.
Au regard du potentiel et des difficultés relevées dans les secteurs bovin et halieutique, il
devient nécessaire d’identifier des actions susceptibles de permettre une plus grande productivité
de ces filières et donc, l’expansion des échanges sous-jacents. Ces actions sont orientées vers l’amé-
lioration des circuits de distribution et le renforcement de l’offre locale.
Les principaux problèmes qui freinent le développement de la filière bovine dans la CEMAC
ont été identifiés et quelques pistes de solutions sont proposées ci-dessous.
Problème 1 : Manque d’infrastructures adéquates, marché non organisé et insécurité dans les
grandes zones d’élevage
1. construire des abattoirs frigorifiques dans les pays à vocation pastorale et appliquer les règles
d’hygiène relatives à l’abattage des animaux, conformément aux normes définies préalable-
ment sur le plan communautaire ;
2. mettre en place un pont aérien reliant les 6 pays de la CEMAC pour approvisionner les princi-
pales villes en viande bovine produite par les abattoirs (réciproquement en poisson pendant
les retours des vols). Dans le passé une ligne aérienne, avec les compagnies telles qu’Air
1. mettre en place une politique de développement pastoral dans la CEMAC, consistant à mieux
encadrer ce secteur et à assurer un service adéquat en hygiène au bétail pour faciliter leur
reproduction et réduire le taux de mortalité. Certes, des politiques pastorales existent dans
certains pays5 mais les actes et les mesures ne sont pas immédiatement appliqués ;
2. mettre en place des cadres d’incitation pour encourager les éleveurs à augmenter le taux
d’exploitation de leur cheptel. En effet, un taux d’exploitation de 20 % du bétail semble être
optimal pour couvrir la demande tant intérieure qu’extérieure, tout en préservant le cycle de
reproduction du bétail ;
3. commercialiser les produits dérivés de la viande (abats comestibles) ;
4. appliquer un contingentement sur les importations de viande dans la CEMAC par substitu-
tion à la production locale. En effet, dans la mesure où la CEMAC dispose d’un grand poten-
tiel pastoral, il est envisagé à très court terme, une réduction considérable des quantités de
viandes importées et satisfaire la demande de ces pays importateurs par l’offre locale. La
réussite de cette action conduira, à moyen terme, à interdire totalement ces importations.
Cette disposition a été également prise par l’Etat camerounais à la fin des années 2000 pour
protéger le poulet produit localement contre les importations.
Problème 3 : Non-respect des normes sanitaires et de qualité
La multiplicité des taxes prélevées dans les nombreux postes de contrôle fait augmenter les
prix du bétail. Sachant que les prix de viande au kilogramme sont administrés par les autorités, ces
revendeurs et bouchers ne réalisent que des gains marginaux sur leurs produits, ce qui les incite
souvent à compenser par les fraudes sur les poids et mesures.
Comme pistes de solution à ce problème, il est recommandé de structurer le marché de
bétail et de carcasses de viande, puis de former les acteurs. La réorganisation de ce secteur contri-
buerait à assainir le marché et les différents acteurs du circuit pourront en tirer meilleur profit. Cette
action consiste à harmoniser la fiscalité dans la sous-région et à supprimer certaines taxes sur le
bétail et la viande pour faciliter leur commercialisation. Les Etats pourraient également mettre en
place de marché transfrontaliers, ou alors la création de structures publiques de commercialisa-
tion de ces produits, qui s’assureront d’exploiter des circuits d’approvisionnement intra-CEMAC.
Des problèmes freinant le développement de la filière poisson dans la CEMAC ont également
été identifiés et quelques pistes de solution sont proposées ci-dessous.
Problème 1 : Manque d’organisation de la filière, absence d’encadrement des acteurs et manque de
moyens financiers des acteurs
Comme évoqué ci-haut, l’activité de pêche souffre d’une mauvaise organisation, et d’un
manque d’encadrement des acteurs évoluant dans cette filière. En effet, le manque de contrôle et
de suivi des activités des armateurs pratiquant la pêche industrielle pose des problèmes dans la re-
montée des informations relatives aux captures. Ceci a pour conséquences :
- une gestion opaque de la pêche : les gros pêcheurs ayant des licences d’exploitation ne dé-
clarent pas toutes leurs captures et choisissent d’écouler ces poissons frais dans d’autres
pays où la vente est bon marché ;
- l’existence de pirates (pêcheurs expatriés informels) sur les côtes appartenant aux pays de
la CEMAC ;
- le non-respect des aires de repos biologique : les espèces destinées à la reproduction sont
finalement capturées et vendues. Cette pratique qualifiée de prédatrice est de nature à tarir
les ressources halieutiques dans les eaux.
1. installer des chambres froides dans les principales bastions de pêche et dans les grandes
villes pour le stockage et la conservation des captures ;
2. renforcer les capacités des pêcheurs avec des techniques de pêche nouvelles et plus mo-
dernes ;
3. renforcer leurs armements afin d’augmenter leurs capacités de production ;
4. appliquer un contingentement afin de réduire au mieux, les importations de poissons en les
substituant par la production locale. A la longue, une interdiction totale pourrait être envisa-
gée. Il est vrai que ces importations viennent en complément de la production locale pour sa-
tisfaire la demande intérieure, mais étant donné le potentiel énorme qui existe dans les eaux
territoriales, il serait préférable de développer la production locale plutôt que d’importer.
En fin de compte, le pont aérien à mettre en place contribuera à réduire considérablement
les importations de poisson en provenance d’autres zones tout en améliorant le commerce
intracommunautaire.
De même, la BEAC pourrait promouvoir l’amélioration des connaissances des banques et des
établissements de microfinance sur les caractéristiques et les contraintes de l’activité de la pêche et
de l’élevage, puis le développement de mécanismes de financement et de produits mieux adaptés.
Cette connaissance doit englober non seulement les aspects techniques (systèmes de production,
pratiques, etc.), mais également les réalités économiques de ces filières ainsi que le fonctionne-
ment.
Les EMF pourraient également représenter un acteur majeur du financement sur le segment
des petits producteurs ruraux. En outre, au-delà des microcrédits, ces entités fourniraient des ser-
vices de conseil et de contrôle de la production, voire faciliteraient la commercialisation en identi-
fiant de potentiels débouchés. Dans le système financier, ce sont les acteurs qui collaborent étroite-
ment avec les réseaux de coopératives agricoles, même si les conditions de crédit qu’ils pratiquent
restreignent leur potentiel de financement dans la CEMAC.
Les partenaires au développement sont aussi des acteurs de grande importance dans le fi-
nancement des politiques agricoles dans la CEMAC. A titre d’exemple, la Banque de Développe-
ment des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC), a accordé des prêts destinés au secteur agricole et
agro-industriel estimés à 139 milliards au cours de la période allant de début 2003 à mi-2020 (57,9
% décaissé à ce jour) ; le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), la Coopération alle-
mande (GIZ), la Banque Africaine de Développement et l’Agence Française de Développement (C2D)
ont apporté un soutien financier important à destination de projets agricoles structurants dans l’en-
semble de la sous-région.
6 En comparant la dynamique des crédits des différentes branches et sous-branches, l’on peut donc relever que la pêche et l’élevage n’ont pas été particulièrement attractifs
pour les banques
7 Ce Fonds géré par la Banque Centrale du Nigéria, qui gère les opérations quotidiennes du programme, garantit les facilités de crédit accordées aux acteurs
du secteur agricole (dont la pêche et l’élevage font partie) par les banques jusqu'à 75 % du montant en défaut, déduction faite de toute garantie réalisée. Deux produits
essentiellement sont supportés notamment le régime de soutien au crédit agricole (ACSS) et le Système de crédit pour l'agriculture commerciale (CACS). L’ACSS dispose
d'un fonds prescrit de 50 milliards de nairas, et a été introduit pour permettre aux acteurs d'exploiter les potentiels du Nigéria. Le CACS a été créé en 2009 pour financer la
valeur agricole du pays (production, transformation, stockage et commercialisation) et visait l’accélération du développement du secteur agricole de l'économie nigériane en
fournissant des facilités de crédit.
Pour stabiliser les fluctuations des réserves de change de la CEMAC, il faudrait aller au-delà
des mesures de politiques monétaire et budgétaire, et adopter des mesures à caractère structurel
pour redynamiser le secteur réel. La réussite de ces mesures doit se départir d’une approche globale
pour s’appesantir sur la structure en termes d’offre et de demande dans la zone. C’est l’approche
analytique adoptée dans cette étude qui a porté sur la relation entre la dynamique des réserves de
la zone et les circuits de commercialisation de la viande bovine et du poisson. Au terme de l’analyse,
il a été clairement démontré que l’adoption de mesures visant à améliorer l’offre et à rationaliser les
circuits de commercialisation devrait permettre de réduire la dépendance aux importations et donc,
à consolider les réserves de change de la CEMAC.
La réalisation de cette étude s’est heurtée à quelques difficultés. En effet, malgré le dérou-
lement d’enquêtes socioéconomiques dans tous les pays, il n’a pas été possible de rencontrer tous
les acteurs des filières en vue de collecter davantage d’informations qualitatives. Toutefois, des don-
nées agrégées ont été collectées et ont pu servir à faire le diagnostic.
Source : CEBEVIRHA
Source : CEBEVIRHA
La quantité de viande produite dans les pays de la CEMAC a été estimée comme suit : un taux
officiel d’exploitation de 0,12 a été appliqué sur le cheptel bovin hors exportations. Dans un
deuxième temps, un taux de 57% équivalant au rendement poids carcasse a été appliqué sur
chaque bœuf dont le poids moyen est estimé à 330 kg.
S’agissant de la consommation dans la zone, sur la base d’une moyenne de 24,6 kg/personne/
an et d’un taux de croissance démographique de 2,9%, nous l’avons obtenue et elle s’avérerait
supérieure à la consommation sur la période 2010-2017,
Les importations et exportations en valeur (millions de FCFA) ont été calculées de la sorte
Le Taux d’exploitation du cheptel est un coefficient qui donne la proportion du cheptel bovin
retirée annuellement pour la commercialisation. Ce nombre de bœufs permet aux propriétaires
de maintenir le cheptel ou de l’agrandir en prenant en considération les épidémies et autres
aléas.