Capes de Maths Niveau QCM de Collège Les Raisons Du Sinistre
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Billet
BAISSE DU NIVEAU
Cela fait vingt ans (au moins) que les (désormais
vieux) professeurs de mathématiques alertent,
dans l’indifférence générale, sur la baisse du
niveau en mathématiques des élèves, des
candidats aux concours de recrutement et donc,
finalement, des professeurs. Les évaluations
internationales, les unes après les autres,
jalonnent une descente aux enfers à chaque fois
brièvement commentée avant qu’on ne passe à
autre chose. Un pays, qui compte avec les États-
Unis le plus grand nombre de Médailles Fields,
est ainsi devenu avant-dernier des pays de
l’OCDE – et dernier en Europe – dans l’enquête
Timms 2019 (qui porte spécifiquement sur les
compétences en mathématiques et en sciences et
concernait les élèves de CM1 et de 4e). On met
en général en avant, dans les commentaires,
l’aspect inégalitaire de notre système éducatif,
sans relever que l’effondrement est général, d’un
bout à l’autre de la chaîne : 15 % des élèves des
classes de terminale scientifiques, en 1995,
atteignaient le niveau « avancé » (Timms
encore), alors qu’ils n’étaient plus que… 1 % en
2015.
LE RÉVEIL EN QUESTION…
Une formation mathématique est un processus
cumulatif. Quand on a manqué une étape, il est
difficile d’en reprendre le cours. Une année
perdue à cause d’un professeur absent ou
incompétent est difficilement rattrapable pour
ceux qui n’ont pas, hors du système scolaire, une
aide efficace. C’est pourquoi la qualité du
recrutement des professeurs est essentielle. Un
bon professeur – c’est-à-dire d’abord un ancien
bon élève dont la découverte de la discipline a
changé la vie – a toutes les chances, quels que
soient le programme, le ministre et les élèves,
de faire comprendre. L’enseignement des
mathématiques ne consiste pas à faire exécuter
plus ou moins maladroitement deux ou trois
calculs (même si la maîtrise du calcul est noble et
nécessaire) ou à faire apprendre des formules
dépourvues de sens. Il consiste à former des
esprits critiques, à permettre l’élaboration, la
rédaction d’énoncés progressivement plus
complexes s’appuyant sur la raison commune.
Croit-on, vraiment, qu’une telle ambition
peut être réalisée avec un recrutement aussi
dégradé ?
LE CAPES DE MATHS
Venons-en aux faits. Le Capes de mathématiques
comporte deux épreuves écrites. Une épreuve
disciplinaire, et une épreuve « disciplinaire
appliqué ». Autrement dit une épreuve de maths
et une épreuve de didactique. Auparavant il y
avait deux épreuves de maths, mais on connaît le
principe des vases communicants : moins il y a de
maîtrise d’une discipline plus il y a besoin de
combler le manque par un discours pédagogique.
Le sujet des deux épreuves, et particulièrement
de la première est particulièrement révélateur.
L’épreuve disciplinaire commence par un QCM
dont les questions ont fait frémir les
mathématiciens qui l’ont découvert, mais à l’aide
duquel chacun pourra comprendre l’ampleur du
désastre. Loin de moi l’idée de blâmer les
concepteurs de l’épreuve : un sujet difficile aurait
masqué les problèmes. En posant des questions
du niveau des élèves et non du niveau
minimum que devrait maîtriser un professeur, ils
ont fait œuvre de responsabilité : sachant
combien le recrutement est difficile, autant
s’assurer que le minimum est, au moins, au
rendez-vous.
« Analyse d’erreurs »
MALAISE
Il y a bien sûr d’autres questions dans ces
épreuves mais on mesure la profondeur du
malaise quand on sait que les professeurs ainsi
recrutés pourront enseigner jusqu’en
terminale. Comment en est-on arrivé là ? La
première réponse est économique. Une étude
nous a appris qu’un professeur débutait, en 1980,
avec un salaire égal à 2,3 fois le Smic. En 2022, le
rapport est de 1,2. Quand on sait qu’en plus le
jeune professeur doit parfois déménager, trouver
et payer un logement, se retrouver dans des
établissements réputés difficiles, on comprend
que les foules ne se pressent pas à l’entrée du
métier.
PAR OÙ COMMENCER ?
L’échec a été total : les publics non informés ont
interprété le message comme une dispense de
s’astreindre à cette discipline ; on a perdu 18 %
des heures de mathématiques enseignées au
lycée, le nombre de filles faisant des
mathématiques a presque été divisé par deux. Les
programmes, un peu plus exigeants, ont paru
trop difficiles à ceux qui avaient conservé la
matière mais arrivaient avec un bagage
insuffisant (et le Covid n’a rien arrangé).
Remettre une heure trente de mathématiques en
première pour répondre aux inquiétudes des
parents, de la presse et des
patrons conformément à la promesse électorale
du Président de la République est certainement
une bonne chose, car elle permettra de replacer
les mathématiques dans la culture générale de
tout lycéen. Mais il ne faut pas rêver, cela ne
suffira pas à résoudre les problèmes auxquels
l’enseignement des mathématiques est confronté.
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