68 Troubles Acidobasiques
68 Troubles Acidobasiques
68 Troubles Acidobasiques
Cours de Résidanat
Sujet : 68
Troubles acido-basiques
Physiopathologie, Diagnostic
Objectifs :
1. Définir le pH sanguin.
2. Décrire le bilan des ions hydrogène dans l’organisme.
3. Décrire le rôle des systèmes tampons dans l’équilibre acido-basique.
4. Expliquer le rôle du poumon et des reins dans l'équilibre acido-basique.
5. Etablir le diagnostic positif d’un trouble acido-basique à partir des données cliniques et
paracliniques.
6. Identifier les signes de gravité d’un trouble acido-basique partir des données cliniques et
paracliniques.
7. Etablir le diagnostic étiologique d’un trouble acido-basique à partir des données cliniques
et paracliniques.
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 2
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
INTRODUCTION
Le contrôle de l’état acidobasique est indispensable à la vie. Il s’agit de l’un des équilibres les
plus étroitement contrôlés dans l’homéostasie du milieu intérieur. L’étude des troubles de
l’équilibre acidobasique fait partie intégrante de l’évaluation au quotidien des patients
hospitalisés en milieu médical et chirurgical. L’interprétation de l’état acidobasique peut se
faire par plusieurs approches dont la plus classique, basée sur l’équation d’Henderson-
Hasselbalch et celle dite moderne ou approche de Stewart. Malgré ses limites, l’approche
classique est la plus utilisée pour identifier les troubles acidobasiques devant la simplicité de
son utilisation.
CONNAISSANCES PREALABLES REQUISES
ACTIVITES D’APPRENTISSAGE
Elles porteront sur :
L’interprétation d’anomalies biologiques traduisant une insuffisance rénale, une dyskaliemeie,
une hypoalbuminémie, un ionogramme urinaire et sanguin
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 3
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
1. RAPPELS PHYSIOLOGIQUES :
1.1. NOTION D’ACIDE ET DE BASE EN SOLUTION AQUEUSE :
Selon la théorie de Bröensted, un acide est un donneur de protons [H+] tandis qu’une base est
un accepteur de protons.
A tout acide correspond une base conjuguée et vice versa. La relation entre les deux espèces
chimiques est la réaction :
• AH à H+ + A- (AH est l'acide et A– sa base conjuguée)
• B- + H+à BH (B-est la base et BH son acide conjugué)
On distingue les acides forts qui sont complètement dissociés (HCl) et les acides faibles qui
ne sont que partiellement dissociés (acide carbonique (H2CO3)). Plus l’acide est dissocié, plus
il donne des ions H+, plus il est dit fort.
La concentration des ions H+ se situe autour de 40 nEq/L dans le liquide extracellulaire et de
80 à 100 nEq/L dans le liquide intracellulaire.
Devant ces concentrations très faible (difficilement mesurable en pratique courante), l’état
acidobasique est exprimé à l’aide d’une autre grandeur appelée potentiel hydrogène (pH),
définie par : pH= - log [H+].
L'électroneutralité : la somme des charges ioniques dans un milieu biologique quelconque est
nulle. Dans le sérum : [Na+] + [K+] + [Ca2+] – [Cl-] – [HCO3-] + [H+] – [OH-] = 0.
NB : La composition en électrolytes est donc indissociable de l'équilibre acide-base (++).
Le produit [H+] [OH-] est constant dans un milieu biologique donné à une température donnée
(Dans le plasma à 37°C, ce produit est de 4,4 x 10-14, à la neutralité [H+] = [OH-], pH = 6,68 et
non 7 comme dans l'eau pure à 20°C).La [H+], donc pH, fait l'objet d'une régulation stricte.
L’acidémie et l’alcalémie sont causées par des processus physiopathologiques (acidoses) qui
abaissent le pH du sang artériel (< 7,35) ou qui l’augmentent : pH du sang artériel > 7,45).
Selon l’échantillon, le symbole systématique peut être pH(a) pour le sang artériel ou pH
(v) pour le sang veineux mêlé. Le pH plasmatique normal chez l’Homme est de 7,40 ± 0.05.
1.2. BILAN DES IONS H+ :En dehors de la quantité apportée par l’alimentation, le
métabolisme cellulaire normal produit d’une façon continue des quantités considérables
d’acides (Tableau 1).
a. Entrées :
Les entrées d’acides ou de bases peuvent être alimentaires et métaboliques.
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 4
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
- Acide volatile :
L’acidité volatile est produite par les combustions métaboliques des glucides, des lipides et
protides dans les mitochondries.
Cette oxydation est responsable de la production d’une quantité importante d’acide
carbonique (CO2) : 10000 à 15000mmol/24heures :
• CO2 +H2O ó H2CO3ó H+ + HCO3-
• Le CO2, acide faible, est un gaz éliminé par les poumons, d’où le terme “volatil”
- Acides fixes :
Les acides fixes sont produits à partir du métabolisme des protides, phospholipides et purines.
La production journalière est de l’ordre de 1 mmol/Kg/J (60-80 mmol/J) et elle est composé
de :
→ Acide sulfurique (80%) (H2SO4, pKa à 2) libéré par le métabolisme des protéines
soufrées contenant méthionine et cystine. Entièrement dissocié à pH 7,40 il libère 2 H+
par molécule d’acide (H2SO4 ó 2H+ + SO42-).
→ Acide phosphorique (H3PO4) est libéré par le métabolisme des phosphoprotéines et
des phosphoaminolipides (H3PO4ó H++H2PO4-ó 2H++HPO42-ó 3H++PO43-). Le
phosphate est présent sous forme di-sodique (HPO42-) (80%) et sous forme
acide mono-sodique (H2PO4-) (20%).
→ Autres acides (comme l’acide urique, pKa à 5,7) jouent un rôle minime dans les
conditions physiologiques.
Bien que la production journalière soit moins importante que celle du CO2, ces acides fixes
sont très agressifs car fortement dissociés.
Le bilan des entrées des ions hydrogène est résumé dans le tableau 1.
Tableau 1 : Bilan des entrées des ions hydrogène
La production cellulaire des produits acides
Type
Acides fixes (= non Alimentation
d’acides Acide volatile
volatiles)
Dioxyde de - Acide sulfurique et Protéines
carbone (CO2) phosphorique (+++) Acides gras
- Acide lactique, acide urique,
divers intermédiaires du cycle
de Krebs (quantités
négligeables dans les
conditions physiologiques)
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 5
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
b. Sorties :
Elles sont assurées par deux voies : le CO2 est éliminé par le poumon (10 mmol/min de CO2)
et les acides fixes par le rein (60-80 mmol/J).Le CO2est transporté dans le plasma (70%) (sous
forme dissoute et combinée après réaction chimique) et dans les hématies (30%) (forme
dissoute, combinée à l’hémoglobine et après réaction chimique) (figure I).
- Plus le pH d’une solution se rapproche du pKA du tampon plus ce dernier est efficace
On distingue les systèmes tampons intracellulaires et les systèmes extracellulaires. Parmi ces
systèmes, on distingue les tampons bicarbonates et les systèmes non bicarbonates.
a. Système tampon bicarbonate/acide carbonique :
Il s’agit du seul tampon ouvert de l’organisme dont l’équation d’équilibre chimique est :
• H+ + HCO3–⇔ H2CO3⇔ H2O + CO2
• Elle est accélérée par l’anhydrase carbonique (AC), enzyme présente en grandes
quantités dans les hématies et dans les cellules tubulaires rénales.
• [CO2] = 0,03 × PaCO2 (0,03= coefficient de solubilité du CO2 dans le plasma à 37 °C)
• [H+] × [HCO3–] / 0,03 × PCO2 = KA où KA = 1/10-6,1 (Selon la loi d’action de masse)
• pH = 6,1 + log ([HCO3–] / [0,03 × PaCO2]) (équation d’Henderson-Hasselbalch)
• Si la valeur de HCO3– est égale à 24 mmol/L et la PaCO2 à 40 mmHg, on obtient une
valeur de pH proche de 7,40.
C’est le tampon du milieu extracellulaire, intervient aussi en intracellulaire mais à un degré
plus faible. Il est caractérisé par le fait d’être :
• Un système ouvert à l’extérieur (poumon, rein).Il est soumis à un double contrôle de la
forme acide et de la forme basique par deux systèmes régulateurs indépendants. HCO3-
est régulé par les reins et le CO2 par la ventilation alvéolaire (figure II).
• Efficace surtout dans l’acidose et peu efficace si le pH augmente. Son pKA acide fait
que la majeure partie du système se trouve sous forme de sel, assurant une grande
masse de tampon utilisable face à une agression acide.
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 8
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
Figure III : Effet Haldane. La courbe de dissociation de l’HbCO2 se déplace vers la droite lors
de l’augmentation de la PaO2, augmentant ainsi la concentration de la forme dissoute de CO2
alors que le contenu artériel total en CO2 est inchangé(1 kPa = 7,5 mmHg).
Dans les conditions normales de PaCO2 et de volume extracellulaire, la totalité des HCO3- est
réabsorbée. Le HCO3- n'est excrété dans les urines que si son taux plasmatique dépasse 26 à
28 mEq/l. Dans les conditions physiologiques, 70% du HCO3- est réabsorbé au niveau du tube
proximal 20% au niveau de l'anse de Henlé, 5% au niveau du tube distal et 5% au niveau du
tube collecteur.
Les différentesétapes de la réabsorption du bicarbonate sont représentées dans la figure VI:
1. Sortie de Na+ de la cellule (Na+/K+ ATPase
basolatérale)
2. ↘ Na+ -> fonctionnement de l’antiport
Na+/H+ apical (NHE)
3. L’ion H+ sécrété dans l’urine tubulaire
s’associe au HCO3- filtré (anhydrase
carbonique membranaire)
4. CO2 diffuse, qui en présence de l’anhydrase
carbonique (intracellulaire) conduisant au
H+ et HCO3-
5. L’HCO3- sort au pôle basolatéral par
l’intermédiaire d’un cotransport
électrogénique HCO3Na (3HCO3- pour 1
Na+)
Figure VI : La réabsorption proximale des bicarbonates.
La réabsorption des bicarbonates par le tubule proximal est saturable. Elle est, par ailleurs,
couplée à une réabsorption du sodium.
Le taux de réabsorption peut être modifié en dehors des conditions physiologiques (tableau 4).
Tableau 4 : Les variations du taux de réabsorption des bicarbonates
Augmentation tu taux de réabsorption Diminution du taux de réabsorption
Hypovolémie Expansion des liquides extracellulaires
Déplétion potassique avec hypokaliémie Hypocapnie
Hypercapnie Hyperkaliémie
Hypercalcémie
Déplétion en chlorure
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 14
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
b. L’excrétion acide :
L’excrétion rénale d’acide est faite sous trois formes : libre, liée aux phosphates et à
l’ammoniac (tableau 5).
Tableau 5 : L’excrétion rénale d’acide
Excrétion nette d’acide : Particularités :
Forme libre H+ libre 100 µmol/L pH urinaireet négligeable
H2PO4- H+ + HPO42- => H2PO4- 20 mEq/j Acidité titrable et fixe (1/3)
Ammonium H+ + NH3 => NH4+ 40 mEq/J 2/3 et variable (*8)
* En cas de charge acide, l’excès d’acide est éliminé par le rein sous forme d’ammonium.
Cette forme peut augmenter jusqu’à huit fois sa production journalière.
→ Forme libre :
La quantité est négligeable et responsable du pH urinaire. A noter que le pH urinaire
minimum est de 4,5.
→ L'excrétion d'acidité titrable :
Pour mesurer la quantité de substances acides éliminées, on les titre avec une base forte, d'où
la dénomination d'acidité titrable de cette fraction d'ions H+ éliminée sous forme d'acide
faible.
Il s’agit essentiellement du phosphate monosodique (H2PO4-) et accessoirement la créatinine
(pK = 4.9) et l’acide urique (pK = 5.7).
Dans la cellule tubulaire, sous l'effet de l'anhydrase carbonique, le CO2 et le H2O se
décomposent en un proton H+ et en ion HCO3-. Dans la lumière tubulaire, un ion Na+ d'un sel
neutre est échangé contre un proton H+. Le HPO42-, présent dans les urines, capte le proton H+
pour donner un ion H2PO4- qui sera éliminé. Au bilan, pour chaque mmole de HPO42-
transformée en H2PO4- un ion H+ est excrété et un ion HCO3- est réabsorbé (figure VII).
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 15
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
→ Soit après dissociation en NH3 et H+, le NH3 diffuse dans la lumière tubulaire où il
réagit avec l’ion H+ sécrété pour former à nouveau du NH4+
A chaque ion NH4+ formé dans la lumière, un ion Na+ est réabsorbé et un ion HCO3-
régénéré.Le NH4+, ion non diffusible, sera éliminé dans les urines.
bicarbonate obtenu par le calcul au CO2T mesuré permet de valider les conditions de
prélèvement quand la différence est inférieure à 2 mmol/l.
3.2. RECONNAITRE LE TROUBLE ACIDOBASIQUE PRIMITIF (ACIDOSE OU
ALCALOSE) :
L’acidémie se définit par une valeur de pH < 7,38 et l’alcalémie par une valeur de pH > 7,42.
L’acidose se définit comme un processus physiopathologique aboutissant à une augmentation
de la concentration en protons plasmatiques et inversement. Ces définitions se rapportent donc
au processus causal et n’impliquent pas obligatoirement une modification de pH dans le
même sens. Un trouble métabolique primaire se définit par une variation première des
bicarbonates plasmatiques, alors qu’un trouble respiratoire est induit par une variation
première de la PaCO2.
3.3. ÉVALUATION DE LA REPONSE PREVISIBLE AU TROUBLE PRIMAIRE :
Face à toute variation acidobasique primitive, il existe des mécanismes de régulation capables
d’atténuer les modifications du pH, sans toutefois jamais pouvoir totalement les normaliser.
Cette réponse est hautement reproductible à partir de modèles statistiques qui sont déterminés
selon une droite de régression. Les réponses compensatrices attendues ainsi que leurs délais
sont représentées dans le tableau 7.
Tableau 7 : Les réponses compensatrices des différents troubles primitifs
Trouble primitif Réponse compensatrice attendue Délai : Limites
Acidose métab Alcalose respiratoire : 12 à 24 h PaCO2 = 10
PaCO2 att = 1,5 × [HCO3-] +8 (±2) mmHg
mmHg
Alcalose métab Acidose respiratoire : 24 à 36 h PaCO2 = 55
PaCO2 att = 0,7 × [HCO3-] + 21 mmHg
(±2)
mmHg
Acidose resp aigue Alcalose métabolique : 5 à 10 min HCO3-= 30 mEq/L
∆ [HCO3-]= ∆ PaCO2/10 mmol/L
Acidose respchron Alcalose métabolique : 72 à 96 h HCO3-= 45 mEq/L
∆ [HCO3-]= ∆ PaCO2/3 mmol/L
Alcalose resp aigue Acidose métabolique : 5 à 10 min HCO3-= 18 mEq/L
∆ [HCO3-]= ∆ PaCO2/5 mmol/L
Alcalose respchron Acidose métabolique: 48 à 72 h HCO3-= 14 mEq/L
∆ [HCO3-]= ∆ PaCO2/2 mmol/L
métab: metabolique; att: attendue ; h : heures ; resp: respiratoire ; min : minutes
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 19
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
Un TAPc ≤ 20 mEq/L signe une perte primitive de bicarbonate et unTAPc> 20 mEq/L signe
une accumulation d’acide indosé.
- Présentation clinique :
- Pulmonaires : Respiration de type KUSSMAUL. L’hyperventilation avec des cycles
respiratoires amples, réguliers et profonds sans tirage, ni cyanose traduisant la
compensation respiratoire de l’acidose est le seul signe pratiquement constant d’une
acidose métabolique. La polypnée est le seul signe clinique spécifique de l’acidose
métabolique.
- Neurologiques : Ils n'apparaissent que lors d'acidoses sévères allant de l'obnubilation au
coma.
- Cardiovasculaires : Ils dépendent surtout de l’étiologie. L'acidose sévère (pH < 7,20) a
une action inotrope négative. L'acidose favorise la fibrillation ventriculaire par diminution
du seuil d'excitabilité. Il existe un effet direct vasodilatateur artériel périphérique qui est
masqué par l'élévation des catécholamines jusqu'à un ph de 7,20. Pour un pH inférieur à
7,20, une hypotension peut survenir.
- Digestifs : Ils sont dominés par les nausées, les vomissements voire une diarrhée qui peut
aggraver les désordres métaboliques et hydro-électrolytiques.
- Diagnostic étiologique
Le diagnostic étiologique repose sur la connaissance du mécanisme physiopathologique.
Etiologies des acidoses métaboliques à TAP élevé :
On distingue trois mécanismes (tableau 9) :
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 21
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
10.
Figure IX : Algorithme pour le diagnostic étiologique d’une acidose métabolique
b. Les acidoses respiratoires :
- Définition et diagnostic biologique
L’acidose respiratoire est définie par une augmentation de la PaCO2 (PaCO2> 42 mmHg).
L’hypercapnie est toujours secondaire à une hypoventilation alvéolaire et l’hypoxémie est
donc systématique qu’il y ait ou non une altération de la membrane alvéolocapillaire.Le pH
dépend de l’importance de l’hypercapnie et de la compensation métabolique (élévation des
bicarbonates). Cette dernière est en générale retardée de 24 à 48h ce qui permet de distinguer
les hypoventilations alvéolaires aiguës (sans compensation) des acidoses chronique (avec
compensation).
- Présentation clinique et éléments de gravité
Les signes cliniques sont liés à :L’hypercapnie (somnolence, troubles de vigilance,
hypertension, sueurs, érythème), l’hypoxémie (agitation, polypnée, cyanose, détresse
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 25
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
- Les étiologies :
L’alcalose métabolique est caractérisée par une phase de genèse du trouble, une phase
d’entretien et une phase de correction.
→ Phase de genèse :
La phase de genèse est la période pendant laquelle la cause première de l’alcalose
métabolique est seule présente.
Les mécanismes d’apparition impliquent classiquement soit une perte en protons non volatils,
soit une surcharge en bicarbonates.
• Alcaloses hypochlorémiques : Ce sont les alcaloses métaboliques à déplétion chlorée
dites alcaloses métaboliques « chlorosensibles ». L’alcalose est le résultat de la perte
de chlore. Elles peuvent avoir plusieurs causes (tableau 13).
• Alcaloses normochlorémiques : Ce sont les alcaloses métaboliques à pool chloré
conservé dites alcaloses métaboliques « chlororésistantes ». Elles sont plus rares, dues
à une rétention rénale en sodium. L’élimination urinaire concomitante de potassium
altère aussi la réabsorption du chlore au niveau du tubule distal, ce qui pérennise
l’alcalose (tableau 13).
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 28
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970
Tableau 13: Les mécanismes, les signes cliniques, biologiques et les étiologies des
alcaloses métaboliques
Chlorosensibles Chlororésistantes
Mécanismes : Perte en protons (HCl++), Pertes rénales d’ion H+ (≠ HCl)
d’origine digestive ou rénale
Cliniques : Déshydratation extracellulaire Pas de déshydratation
extracellulaire
Biologie Hypochlorémie Chlorémie normale ou légèrement
sanguine diminuée
Hypokaliémie Hypokaliémie
Etiologies : Pertes digestives en chlore : Hyperaldostéronismes (syndrome
vomissements abondants, les de Conn, HTA malignes)
aspirations gastriques…
Pertes rénales: diurétiques Hyper-corticismes (syndrome de
chlorurétiques, alcalose des Cushing)
hypoventilations chroniques
Surcharge en bicarbonate ou Acide glycyrrhizique (réglisse).
d’un précurseur de bicarbonate
→ Phase de correction
Pour les alcaloses métaboliques chlorosensibles, la phase de correction apparaîtra avec la
normalisation du pool chloré : la chlorémie remonte, les HCO3– et le pH se normalisent ; la
bicarbonaturie réapparaît et le pH urinaire devient supérieur à 6.
La correction des alcaloses métaboliques chlororésistantes repose avant tout sur la
normalisation du pool potassique et des concentrations plasmatiques minéralocorticoïdes.
b. Les alcaloses respiratoires :
- Définition :
L’alcalose respiratoire est définie par une capnie basse (PaCO2< 38 mmHg). La compensation
métabolique est en général retardée (tableau 7).
- Présentation clinique :
Les signes neurologiques et cardiovasculaires sont identiques à ceux de l’alcalose
métabolique. Pour les signes respiratoires, on trouve une hyperventilation si l’alcalose est
respiratoire et une hypoventilation de compensation en cas d’alcalose métabolique.
Tableau aigu : une alcalose respiratoire aigüe peut se manifester par les signes suivants :
§ Manifestations neurologiques :
Céphalées, confusion mentale, voire crises comitiales. Elles sont en rapport avec une baisse
du flux sanguin cérébral (le débit sanguin cérébral diminue de 2% à 4% pour une modification
de la PaCO2 de 1 mmHg). Il existe donc une baisse des pressions intracrânienne et
Cours commun de Résidanat Juillet 2019 31
Sujet 68 : Troubles acido-basiques
N° Validation : 0868201970