Les Phénomènes Psychiques Recherches (... ) Maxwell Joseph Bpt6k5686599c
Les Phénomènes Psychiques Recherches (... ) Maxwell Joseph Bpt6k5686599c
Les Phénomènes Psychiques Recherches (... ) Maxwell Joseph Bpt6k5686599c
recherches, observations,
méthodes / par J. Maxwell,...
; préface de Charles Richet,...
LUS
llftilÈNES PSYCHIQUES
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l'A H
J. MAXWELL
UocLcur O" médecine
Avocat jrénér.il prés l.i Cour d'appel «le liordeativ
PARIS
FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR
ANCIENNE 'LIBRAIRIE PERMER BAiLLIÈRE ET C^
108, nOULEVARD SAINT-GEKMAIN, 108
'
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LES PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES
DU MÊME AUTEUR
ffiftîïKNES PSYCHIQUES
PAR
J.MAXWELL i
Docteur en médecine
Avocat général près la Cour d'appel de Bordeaux
PARIS
FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR
ANCIENNE LIBRAIRIE GERMER BAlLLlfiRE & C'«
to8, BOULEVARD S A tXT-GEf.M VI S , to8
1903
Tous droits réservés.
II y a des Hvre3 pour lcst[uels une préface est superflue, parfois
même nuisible. Ce sont ceux dans lesquels l'auteur dit si neltementce
qu'il veut dire, et en termes si précis, que tout commentaire en affai-
blit la portée.
Tel est cet ouvrage de M. Maxwell. L'auteur, qui depuis longtemps
s'est adonné à la psychologie, a vu quantité de faits intéressants ; il
les a minutieusement observés, et, après avoir mûrement réfléchi sur
la méthode d'observation, sur les conséquences et sur la natnrc même
des phénomènes, il expose les faits cten déduit quelques idées simples,
loyalement, sans complaisance et sans crainte, devant un public qu'il
espère impartial.
C'est à ce public que j'adresserai aussi la courte introduction que
l'amitié de M. Maxwell m'a demandé de mettre en tète de cet excel-
lent ouvrage.
Mon conseil au lecteur peut se résumer en un mot. Il faut aborder
ce livre sans préjugés, ne craindre ni ce qui est nouveau, ni ce qui
est imprévu. Autrement dit, et, tout en gardant le plus scrupuleux
respect pour la science d'aujourd'hui, il faut être solidement per-
suadé que la science d'aujourd'hui, pour vraie qu'elle soit, est terrible-
ment incomplète.
Les imprudents qui s'occupent des sciences occultes sont accusés
de bouleverser la science, et de détruire le laborieux édifice que des
milliers de travailleurs ont construit, au prix d'un immense labeur,
universel, depuis trois ou quatre siècles. Mais fcc reproche me paraît
bien injuste. Personne ne peut démolit un fait scientifique.
Un courant électrique décompose l'eau en un volume d'oxygène et
deux volumes d'hydrogène. C'est un fait qui restera vrai, dans tout
l'infini de l'avenir, comme il a été vrai dans tout l'infini dupasse. Les
idées changeront peut-ôtre sur ce qu'il convient d'appeler courant
VIII PREFACE
électrique, ou oxygène, ou hydrogène. On trouvera peut-être que
l'hydrogène est un composé de cinquante corps différents; que l'oxy-
gène se transforme en hydrogène : que le courant électrique est une
force pondérable, on une émission lumineuse. Peu importe ce qu'on
découvrira : en tout cas on ne fera jamais que ce que nous appelons
courant électrique, dans les conditions de pression et de température
moyennes, ne dédouble pas ce que nous appelons l'eau en deux gaz
ayant des propriétés différentes, gaz qui se dégagent dans les propor-
tions voluuu'lriques de a à i.
H n'y a donc jamais à craindre qu'une science nouvelle, faisant
irruption dans la science ancienne, ne vienne bouleverser les données
acquises, et contredire ce qui a été établi par les savants.
Par conséquent, les phénomènes psychiques, si complexes, si im-
prévus, si effrayants parfois qu'on les suppose, ne renverseront aucun
des faits qui font partie des sciences présentement classiques.
L'astronomie et la physiologie, la physique et les mathématiques,
la chimie et la zoologie peuvent dormir tranquilles. Elles sont intan-
gibles, et rien ne portera atteinte à l'imposant assemblage des faits
incontestables qui les constitue.
Mais des notions, jusque-là inconnues, peuvent être introduites
qui, sans faire douter des vérités anciennes, feront pénétrer des
vérités nouvelles cl changer, bouleverser même, les notions que nous
avons des choses, en ajoutant des faits imprévus.
Ces faits seront imprévus; ils ne seront jamais contradictoires.
L'histoire des sciences nous montre que jamais l'édifice des sciences
passées n'a été renversé par l'invasion d'une science nouvelle.
Il fut un temps où la notion de la contagion tuberculeuse n'exis-
tait pas. On sait maintenant que ce sont des microbes qui la trans-
mettent. C'est une notion nouvelle, très féconde en conclusionsimpor-
tantes, mais elle n'a pas infirme le tableau clinique que les médecins
d'autrefois avaient tracé de la phtisie pulmonaire. Quand ont été
découvertes les ondes hertziennes, les lois d'Ampère n'ont pas été
ébranlées. Parce qu'il y a des rayons Roentgen, cl des vibrations
lumineuses qui traversent les corps opaques, l'optique do Newton et
de Eresnel n'est pas devenue un tissu d'erreurs. Il parait que le
radium peut dégager continuellement, sans phénomènes chimiques
moléculaires appréciables, de grandes quantités d'énergie calorifique.
Nous pouvons être assurés que la loi de la conservation de l'énergie,
cl les principes de la thermo-dynamique resteront aussi vrais que par
le passé.
De même si, comme cela csl de plus en plus vraisemblable, des
PREFACE „IX°_
faits dils occultes viennent à être établis, on peut être rassuré sur la
science classique. Des faits inconnus et nomeaux, quelque étranges
qu'ils soient, ne vont pas détruire la vérité des faits anciens. :/
Pour prendre un cxçmplc emprunté à l'ouvrage de M; Maxw/cll,.
admettons que le phénomène des raps, c'est-à-dire des vibrations
.
sonores du bois ou des aulres substances, soit'un phénomène vrai, x
et que, dans certains cas, il y ait des coups qu'aucune force mécanique
extérieure à nous connue ne puisse expliquer; est-ce que la physique
en sera bouleversée? Ce sera une force nouvelle se dégageant sur le
bois, et exerçant sa puissance sur la malièrc; mais les forces anciennes
n'en conserveront pas moins toute leur puissance, cl même il est
vraisemblable que la transmission de cette vibration dans le bois par -
une force nouvelle, se fera suivant les mêmes lois que la transmis-
sion des autres vibrations: la température, la pression, la densité de
l'air ou du bois, exerceront les mêmes influences. 11 n'y aura de
nouveau que l'existence d'une force jusque-là inconnue.
Or, csl-il un seul savant digne de ce nom qui puisse a (lit-mer qu'il
n'y a pas de forces jusqu'ici inconnues qui circulent dans le monde?
Autant la science est inattaquable quand elle établit des faits,
autant elle est misérablement sujette à l'erreur quand elle prétend
établir des négations.
Voici un dilemme qui me parait à cet égard 1res démonstratif. De
deux choses l'une: ou nous connaissons toutes les forces de la nature,
ou nous ne les connaissons pas toutes. Or, la première alternative est
tellement ridicule qu'elle ne vaut vraiment pas la peine d'être réfutée.
Nos sens sont tellement bornés cl imparfaits que le monde leur
échappe presque complètement. La force colossale de l'aimant ne
nous est connue qu'accidentellement pour ainsi dire, et, si le hasard
n'avait pas placé le fer doux à coté de l'aimant, nous eussions pour
toujours ignoré que l'aimant exerce une attraction sur le fer. Il y a
dix ans on ne soupçonnait pas l'existence des rayons Roentgen. Avant
'
la photographie on ne savait pas que la lumière réduit les sels d'ar-
gent. Les ondes hertziennes ne sont connues que depuis trente ans à
peine. Il y a deux cents ans, on ne connaissait de cette force immense
électrique que la propriété de l'ambre frotté.
A interroger un sauvage
— voire même un pauvre fellah, ou un
moujik russe — sur les forces de la nature, il ne connaîtra pas la
dixième partie de elles que les traités élémentaires de physique de
1903 énumèrent. Il me parait que les savants d'aujourd'hui sont
vis-à-vis des savants des siècles à venir dans la même infériorité que
les moujiks vis-à-vis des professeurs du Collège de France,
X PREFACE
Qui donc serait assez téméraire pour prétendre que les traités de
physique de l'an aoo3 ne feront que répéter ce qui se trouve dans
les traités tic 1903. La vraisemblance, presque la certitude, c'est que
très rapidement de nouvelles données scientifiques vont surgir des
ténèbres, et que des forces inconnues seront révélées, très puissantes
cl très inconnues. Le grand étouuemenl de nos arrièrc-pelits-lils sera
que des savants aient été assez aveugles pour professer tacitement
l'immobilité de la science.
Si la science a fait de tels progrès, c'est que précisément nos devan-
ciers n'ont pas craint de faire des hypothèses hardies, de supposer des
forces nouvelles, dont ils oui, à force île patience et de persévérance,
démontré la réalité. Le devoir strict s'impose à nous de faire comme
eux. Le savant doit être révolutionnaire, et le temps heureusement
est passé, où la vérité se cherchait dans les livres du maître, que ce
lïil Arislole. ou Platon. En publique on peut être conservateur ou
progressiste; c'est affaire do tempérament. Mais, quand il s'agit de la
recherche de la vérité, il faut être résolument et sans réserve révolu-
tionnaire, et ne considérer les théories classiques, même celles qui
paraissent les plus solides, que comme des hypothèses provisoires,
qu'il faut contrôler sans cesse, el sans cesse essayer de renverser. Les
Chinois ont cru que la science avait été fixée par la sapience de leurs
ancêtres; el c'esl un exemple bon à méditer.
El puis — pourquoi ne pas le dire hautcmci.t!* — toute cette
science, dont nous sommes si fiers, li'esl que la co:n aissanco des
apparences. Le fond des choses nous échappe. La nature intime
des lois qui gouvernent la matière, vivante ou inerte, est inabor-
dable à notre intelligence. Une pierre lancée en l'air retombe à
terre. Pourquoi? Par l'attraction, dit Newton, proportionnelle à la
masse et à la dislance. Mais qu'est-ce tpie celte loi, sinon l'exposé
d'un fait, el comprend-on celle vibration attirante qui fait tomber la
pierre? Le phénomène de la chute d'une pierre est tellement banal
qu'il ne nous étonne pas; mais en réalité nulle intelligence humaine
ne l'a compris. Il est habituel, commun, accepté; mais il est incom-
pris, comme tous les phénomènes de la nature sans exception.
L'oeuf fécondé devient un embryon. Nous décrivons tant bien que
mal les phases de ce phénomène ; mais avons-nous compris, malgré
les descriptions les plus minutieuses, celte évolution du protoplasme
cellulaire qui se transforme en un être vivant, immense? Pourquoi ?
Par quel prodige se font ces segmentations? Pourquoi ces granulations
s'ainassent-elles là? Pourquoi se détruisent-elles là pour se reformer
ailleurs ?
PRÉFACE \t:
Nous vivons au milieu de phénomènes qui se succèdent autour
de nous, sans qu'un seul d'entre eux nous soit connu de manière
adéquate. Même ce qui est le plus simple est encore tout à fait mys-
térieux. Qu'esl-ce que la combinaison de l'hydrogène avec l'oxygène ?
Qui donc a une seule fois pu bien comprendre ce mot de combinai'
son, anéantissement des propriétés de deux corps par la création
d'un troisième corps différent des deux premiers? On ne s'entend
même pas sur l'atome, qui, par définition, est impondérable, cl qui
cependant devient pondérable quand il y a beaucoup d'atomes réunis.
Donc il convient au vrai savant d'être très modeste, cl très hardi
à la fois. Très modeste, car notre science est très peu de chose: très
hardi, car l'immense champ des inondes inconnus lui est ouvert.
Audace el prudence: telles sont bien les deux qualités, nullement
contradictoires, du livre de M. Maxwell.
Quel que soil le sort réservé aux idées qu'il soutient, avec faits à
l'appui, on peut être assuré que les faits, qu'il a bien observés, resle-
ronl. Il y a là, j'imagine, les premiers linéaments d'une science nou-
velle, ébauche très informe encore.
Qui sait si la physique et la physiologie ne trouveront pas là de
précieux éléments de connaissance? Malheur aux savants qui croient
(pie le livre de la nature est fermé, cl qu'il n'y a plus rien de nou-
veau à faire connaître aux faibles hommes !
CHARLES RICHET.
LES PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES
INTRODUCTION
*
* *
* *
*
* *
LA MÉTHODE
§ (\. LA PERSONNIFICATION.
DES RAPS
^ niveau de la pointe
sans que celle-ci quittât un seul instant
; le papier appuyé sur la table ; les raps retentissaient sur le
bois, non sur le papier. Dans ces cas, bien entendu, le
'*
:
f{\ LES PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES
dons un appartement où se trouvait un paravent. La table
était à environ trois mètres de ce meuble. Des coups très
nets furent frappés sur le sol derrière le paravent. Il faisait
grand jour, mais les Coups retentissaient du côté obscur.
Il m'esl arrivé d'en entendre plus souvent dans le cabinet
des séances ; le médium élait assis au devant des rideaux
disposés comme je l'ai dit au chapitre IL Dans ce cas, on
obtient assez facilement les raps derrière le médium : il
peut arriver qu'ils soient frappés sur le plancher, sur la
muraille ou .sur les objets disposés dans le cabinet. Souvent
encore ils sont frappés en dehors des rideaux, sur la chaise
du médium ou sur le plancher au-dessous de lui. Quand
ou obtient des raps, il esl 1res facile de les étudier en faisant
varier les conditions do l'expérience de la manière la plus
satisfaisante (Test un des phénomènes dont la réalité m'a
été le mieux démontrée.
La variété de la forme des raps n'est pas moindre que la
diversité des objets sur lesquels ils sont frappes ou des
endroits dans lesquels on les entend. En général le type
ordinaire du rap est un coup sec d'intensité variable; il
rappelle la tonalité d'une étincelle électrique, au moins sur
les tables ; mais ce n'est (pie le type ordinaire ; les varia-
lions en sont nombreuses.
Il est à remarquer d'abord que la tonalité des raps varie
avec la matière de l'objet sur lequel ils résonnent. On
reconnaît très bien les raps frappés sur le bois, le papier,
l'étoffe. C'est une constatation intéressante parce qu'elle
indique que le bruit est produit par des vibrations de la
substance matérielle 11 y a donc une mise en mouvement
tics molécules matérielles. Cependant celles-ci ne sont pas
toujours ébranlées de la même manière car la tonalité des
raps, frappés sur le même objet, est susceptible d'une très
grande variété.
Les coups, au lieu d'être clairs et brefs, peuvent être
sourds cl imiter le bruit étouffé du choc d'un objet mou ;
DES RAPS 7&
PAUAKIMfctK ET TÉLÉK1NÉSIE
ï; rr. — PARAKINÉSIE.
dans ces conditions, que j'ai quelquefois réalisées avec ;'J» .1-
pia, la lévitation de la table était un phénomène net. Je me
demande comment les expérimentateurs de Cambridge qui
ont élé si durs vis-à-vis de ce médium expliquent les fraudes
qui lui sont attribuées pour les cas de lévitation. Le rapport
de M. llodgson est muet à cet égard cl ne discute qu'un
phénomène : celui des attouchements. 11 est plus facile de le
frauder que tout autre, comme j'aurai à l'indiquer. Les in-
terminables discussions que le contrôle des mains d'Eusapia
a provoquées n'ont rien à voir avec les lévitations en pleine
lumière que le médium peut donner et qu'il m'a effective-
ment données. Je demande d'ailleurs à mes lecteurs de me
permettre (le renvoyer la discussion des fraudes d'Eusapia :
je les examinerai avec tout le soin possible, mais je le
ferai dans un chapitre spécial.
PARAK1NÉS1E ET TÉLÉKINÉSIE 91
.
§ 2. TÉLÉKINÉSIE.
1
des lévitations sans contact par le même procédé en formant
la chaîne autour de la lable, sans la loucher; mais les résul-
PARAKINÉS1E ET TÉLÉKINÉSIE Q9
tais sont moins difficiles lorsque- los mains s'appuient sur
lalablo.
La lévitation m'a paru plus malaisée à réussir que le
simplo glisscmont. J'ai très fréquemment obtonu des glis-
sements sans contact en présentant la paumo do la main à
la tablo et en essayant de l'attirer commo si un fil élastique
unissait ma main au meuble Dans ces conditions, la table
semble obéir à uno sorlo d'otlroction.
Jo crois avoir fait à co sujet quelques remarques, mais jo
ne puis les formuler avec beaucoup do certitude et je no les
signalo quo pour provoquer, si c'est possible, l'examen de
personnes plus compétentes quo moi. D'abord, co n'est pas
toujours lo médium qui obtient les meilleurs résultats dans
la manoeuvre quo j'ai indiquée J'ai vu certains assistants
réaliser des mouvements plus marqués quolo sujet lui-même.
Il n'en est pas ainsi en général, mais lo fait no m'a pas paru
rare. Il est assez déconcertant, car les personnes qui mani-
festent cette force relativement plus grande ne peuvent
obtenir seules aucun fait supranormal : la présence d'un
médium est nécessairo pour que l'énergie de leur action so
manifeste Jo mo demande si co n'ost pas dû à l'inexpé-
rience du médium. Jo n'ai pas observé cette particularité
avec Eusapia, bien que les assistants pussent, en sa pré-
sence, déterminer certains phénomènes eux-mêmes ; je l'ai
observée avec les médiums non professionnels qui .m'ont
marqué assez de confiance pour expérimenter avec moi.
Us n'avaient, presque tous, aucune notion des expériences
psychiques : la plupart ignoraient même les pratiques du
spiritisme, et beaucoup s'effrayaient aux premiers phéno-
mènes. Ces médiums n'ont pas lo sang-froid et le calme
que mes amis et moi, dégagés de tout préjugé, pouvons
avoir. Ils n'opéraient peut-être pas dans des conditions aussi
bonnes que nous. Quoi qu'il en soit, je note lo fait ob-
servé.
Une seconde remarque intéressante est l'inégalité des
100 LES PHÉN0MÈNE8 PSYCHIQUES
»
Du reste, le frottement des pieds sur lo sol, le frottement
des mains, le frottement du dos ou du bras, toute espèce de
mouvement rapide et un peu violent parait libérer cette
force Les manoeuvres que je viens d'indiquer amènent
PARAKINÉSIB ET TÉLÉKINÉSIE 101
souvent la réalisation du phénomène cherché. 11 est évidont
qu'il no faut pas les omployor sans discernement : cortaines
d'ontro elles peuvont gônor l'observation, par oxemplo le
frottement des pieds s.*r lo parquet si l'on cherche lo mou-
vement télékinétiquo ci'uno table, car il rond impossiblo le
contrôlo des pieds.
Le soufilo paraît avoir uno très grande action ; les choses
paraissent se passor commo si los assistants dégageaient en
soufflant uno somme d'énergio motrico comparoblo à cello
qu'ils dégagent en remuant rapidement les membres. Il y a
la uno particularité curieuso et difficilement explicable en
apparence.
Uno analyso plus complète dos faits permet do penser que
la mise en liberté de l'énergie cmployéo dépond do la con-
traction dos muscles et non du mouvement exécuté. Lo fait
qui révèle colto particularité est facile à observer, Quand on
forme la chaîne autour de la table, on peut déterminer un
mouvement sans conlact en so serrant mutuellement les
mains avec une certaine force ou en appuyant fortement les
pieds sur lo sol; le premier de ces doux moyens est de beau-
coup lo moillour. Les membres n'ont exécuté qu'un mou-
vement insignifiant et l'on pout dire quo la contraction
musculaire est à peu près lo seul phénomène physiologique
observable ; il suffit cependant.
Ces constatations tendent toutes à démontrer que l'agent
qui détermine les mouvements sans contact a quelque con-
nexion avec notre organisme et probablement avec notre
système nerveux.
D'autres raisons tendent encoro à le persuader. C'est
ainsi quo le nombre des expérimentateurs influe dans uno
certaine mesure sur les phénomènes. La lévitation do la
table est plus facilo à obtenir avec cinq ou six personnes
qu'avec une ou deux. Il est très difficile d'arriver à une con-
clusion précise sur ce point, car les observations que j'ai
lues sont contradictoires ; en ce qui concerne mes expériences
102 LES PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES
personnelles, j'ai l'impression quo, dans certaines limites,
la quantité do force libérée vario on proportion directo avec
le nombro dos expérimentateurs. Il no faut pas cependant
dépasser un certain chiffre lorsque l'on veut oxpérimontor
dans do bonnos conditions ; mais jo crois (pie la diminution
des résultats tient à d'autres causes quo la multiplication des
assistants. Si l'on pouvait réunir uno assemblée do personnes
bien homogène on obtiendrait des résultais très marqués.
Cette circonstanceexpliquerait los soi-disant miracles opérés
dans certaines congrégations primitives, aux croyances fortes
et aux convictions profondes. Cette unité do croyances et
d'idées, les règles do la vio on commun, lo régime matériel
et moral identique sous lequel vivent les membres do la
communauté déterminent cetto harmonie dont jo constatais
la nécessité pour obtenir dos phénomènes nets. C'est ainsi
quo pourraient s'expliquer d'apparents miracles historiques
ou même contemporains (Shakers, par exemple), Mais,
actuellement, dans notre société, il est difficile do réunir
plus de six à huit personnes ayant les mêmes idées et s'as-
treignant à la même discipline: or, l'harmonie du cercle
m'a toujours paru un facteur plus important encore que le
nombre de ses membres.
Il ne faut jamais perdre de vue l'importance relative des
conditions morales et Intellectuelles du groupe lorsqu'on
expérimente. C'est là un des faits les plus difficiles à saisir
et à comprendre. Jo viens d'indiquer avec détail certains
procédés purement physiques pour déterminer la production
des phénomènes paranormaux. Ils donnent de bons résul-
tats lorsque la force est faible; mais dès que celle-ci est
abondante, la simple manifestation de la volonté pout quel-
quefois déterminer le sens du/nouvoment. Par exemple, sur
le désir exprimé par les assistants, la lable se dirigera dans
le sens demandé. Les choses se passent comme si cette force
était maniée par une intelligence distincte do celles des
expérimentateurs. Jo me haie do dire que cela ne me parait
PARAKINÉS1E ET TÉLÉKINÉSIE I03
être qu'uno apparonco et qu'il mo somblo avoir observé
certaines rcssombloncos ontro ces personnifications et les
personnalités ocondes somnambuliquos, Mais jo no donne-
.
rais pas uno physionomio oxacto dos faits observés si je
n'insistais pas sur co curioux trait do leur caractère
•
Il y a, dans co lien apparent entre la volonté indirecte dos
assistants et les phénomônos, un problèmo dont la solution
m'échappe complètement encore Jo pressens quo co lion
n'a rion do surnaturel ; jo mo rends compte que l'hypothèse
spirito l'cxpliquo mal ot n'y est pas adéquate: mais jo no
puis formuler aucuno explication, C'est un do ces points do
mit quo jo mo borno à signaler.
L'observation attentivo des rapports existant entre lo
phénomène et la volonté dos assistants permet d'ailleurs
d'autres constatations. C'est d'abord l'effet mauvais que
produit lo désaccord entre les expérimentateurs. Il arrive
quelquefois quo l'un d'eux exprime lo désir d'obtenir un
phénomène déterminé : si lo fait tarde à so réalisor, lo môme
expérimentateur ou un autre demandera un phénomène dif-
férent : quelquefois plusieurs des assistants demandent plu-
sieurs choses contradictoires en même temps. La confusion
qui règne dans la collectivité so manifeste généralement
dans les phénomènes qui deviennent eux-mêmes confus et
vagues.
Cependant les chosos no so passent pas absolument commo
si les phénomènes étaiont dirigés par uno volonté qui no
serait que l'ombre ou lo reflet do collo dos assistants. Il
arrive souvent qu'ils manifestent uno grande indépendance
et refusent nettemont do déférer aux désirs exprimés, En
admettant môme l'hypothèse do Jeaiet sur los personnalités
secondes des médiums et en l'étendant des cas do somnam-
bulisme à ceux do télékinésio, on constaterait un fait bien
curieux au point de vuo psychologique pur. La personnalité
seconde se manifesterait en même temps que la personnalité
normale et l'on assisterait à un conflit entre elles; ce que
JO'I I.I:S i»m?NOMf:NKs VSYOIUQIWS
j'ai vu (railleurs avec Eusapia. Celle-ci voulait boire et In
table s'y opposait avec violence.
,lo résumerai donc mes observations sur la première des
conclusions que je viens do formulor en disant qu'il y a une
relation étroite et certaine onlro les mouvements effectués
parle médiumou les assistants etlesdéplacements du meuble
a expériences : qu'il y a également une relation cortaino onlre
ces déplacements et les contractions musculaires des expéri-
mentateurs; qu'il existe probablement une relation entre la
volonté des expérimentateurs et les mouvements paranor-
maux, mais je ne puis préciser la nature de ce dernier
rapport.
II. — Certaines sensations particulières accompagnent
l'émission do la force employée. J'ai bésité à formuler cette
conclusion parce que, malgré le grand nombre des observa-
lions que j'ai faites, je no puis la présenter qu'avec beaucoup
do réserves. Les sensations que jo vais décrire sont entière-
ment subjectives et peuvent par conséquent prêtera toutes
sortes d'erreurs ou d'illusions. Certaines d'entre elles peuvent
s'expliquer par la fatigue ou l'immobilité prolongée. Malgré
ces causes d'erreurs qui sont très nombreuses et très réelles,
il me semble cependant que l'analyse impartiale des faits
observés porto à reconnaître que l'illusion, l'erreur, la
fatigue et l'immobilité prolongée n'expliquent pas tous ces
faits.
Jo laisserai de côté les sensations visuelles, auditives,
olfactives, tactiles et gustatives : ces dernières sont d'ailleurs
très rarement observables. Je me bornerai à l'examen de
certaines sensations mal définies qui paraissent dépondre de
la sensibilité générale et non des organes sensoriels propre-
ment dits. Les remarques que j'ai faites me portent à distin-
guer cinq sensations principales: i° la sensation dosouflle
froid, généralement sur les mains; 2° celle d'un léger four-
millement dans la pauuio de la main et à l'extrémité des
doigts du côté de la pulpe; 3° colle d'une sorte do courant
P.UMKIN'tfSIR ET Tftl<£lCIK£8IR IO5
(jiii traverserait le corps ; /»• cello d'uno sorte do toile d'ami*
•,'iiéo qui serait en contact aveo les mains ou mémo avec
d'autres parties du corps, notamment lo dos et les roins;
5° la sensation do fatigue qui suit les pbénomènes marqués.
i° La promièreest très fréquemment accusée parles assis-
(unis. C'est une impression do fratebeur ou mémo (le soufllo
froid qu'ils ressentent ordinairement sur les mains. Jo n'ai
pu déterminer avec certitude si cette sensation est purement
subjective ou s'il s'y môlo un élément de réalité objective,
Kilo est quelquefois tellement nelto quo j'ai poino à croire
qu'elle soit tout h fait imaginaire, 1511e précède d'ailleurs
souvent la production do quoique phénomène moteur.
Cependant il arrivo plus souvent encore que les assistants
l'éprouvent sans qu'aucun fait paranormal se réalise.
Cette sensation particulière est à rapprocher de cello
qu'on éprouve, dans les séances d'Eusapia, en approchant
la main do la cicatrice qu'elle porto sur lo cuir chovelu ; on
sent très bien ce qu'elle appelle « sqffio freddo », lo soufllo
froid. Il semble qu'une sorte do courant d'air frais s'échappe
do sa lôte. La réalité do la sensation qu'on éprouve dans ces
conditions avec lo médium napolitain me fait croire quo lo
souille froid perçu dans d'autres séances a quelque objecti-
vité. Il est h remarquer quo ce phénomène a été observé par
moi avec divers médiums n'ayant aucune familiarité avec
les séances spirites.
Quelquefois la sensation de fraîcheur ou môme de froid
s'étend à tout le corps ; les médiums y sont plus particuliè-
rement exposés que les autres expérimentateurs. Cette sen-
sation peut déterminer do véritables frissons. Elle coïncide
souvent avec un phénomène.
2° La sensation de fourmillement peut paraître unique-
ment due ù l'immobilité ou à des causes aussi ordinaires,
comme le contact prolongé des doigts avec la table. Je
reconnais que celte explication est vraie neuf fois sur dix;
mais dans certains cas elle m'a paru insuffisante, soit qu'elle
loC MIS PIU'^OMÎIMS l'SYCIIIQUKS
PHÉNOMÈNES LUMINEUX
PHÉNOMÈNES PSYCIIOSENSOIUELS
ET INTELLECTUELS
$ 2. — AUTOMATISME MOTEUH.
UN MYSTftllK
« d'un
pareil fait ».
M. Bossuel est mort, qui pourrait nous dire s'il a trouvé
ailleurs la solution du problème qui nous occupe i1
Je saisis, comme une revanche, cette occasion de demander
pourquoi la Vierge avait remué pendant la visite de M. Bossuet,
puisqu'il est dit que cette faveur est réservée exclusivement aux
gens do la maison.
a44 LËS PHÉNOMÈNES PSYCHIQUES
«
Je choisis mon monde, répondit l'esprit, et j'avais à récom-
penser M. Bossuel d'avoir, patiemment avec des cheveux repro-
duit les traits du Christ. »
J'ignore s'il est vrai, comme on me l'a affirmé depuis, que
.M. Bossuct soit l'auteur d'un pareil travail. Je me suis borné, en
narrateur fidèle, à rapporter la réponse qui me fut faite «
LA FRAUDE ET L'ERREUR
§ î". — LA I'IUUDK.
<(
C Quo maigre* les apparences qui sont souvent contre
Eusapia je no suis fixé on aucune manière sur ce quo j'ai
appelé jusqu'ici fraude et qu'il est très possible que, dans
l'état de Iranco ou dans les étals voisins, la psychologie
d'un médium soit très différente do la nôtre.
« Tous ces points pourraient être discutés longuement,
mais j'ai hàtc do conclure et voici ma conclusion : c'est qu'il
faut réserver son jugement.
« J'en conclus qu'il n'y a encore rien de démontré ni
dans un sens ni dans l'autre cl qu'il faut courageusement
poursuivre la recherche et expérimenter encore. »
Ochorowicz (Ann. des Se. psych., VI, 193) est plus sévère ;
il conclut ainsi :
« i° Les expériences de Cambridge ont été insuffisantes
et l'on n'a pas prouvé la fraude consciente chez Eusapia
Paladino.
« 2" On a prouvé la fraude inconsciente dans des condi-
tions beaucoup plus larges que dans loulcslcs expérimenta-
tions précédentes.
« 3° Ce résultat négatif est justifié par une méthodo ma-
ladroite, peu conforme à la nalurc des phénomènes.
« /|° Le seul résultat positif do celle série d'expériences
sera d'attirer Tallcnlion dos savants sur la question de la
fraude dans les phénomènes médianiques. »
Enfin Daricx (id., p. 78), dit à son tour:
« Toujours est-il qu'il semble ressortir de l'ensemble de
nos expériences qu'Eusapia nous a donné dos phénomènes
d'autant plus purs qu'elle a été mieux familiarisée avec nous
et a eu en nous plus de confiance.
« Pour nous résumer, nous dirons que, si l'on envisage
l'ensemble des expériences faites depuis quatre ans avec
Eusapia, il en ressort licitement que des phénomènes véri-
diques se,mêlent à des phénomènes frauduleux et que tout
esprit impartial qui Veut prendre la peine d'examiner con-
sciencieusement la question doit, sans pouvoir peut-être
LA FRAUDE ET L'ERREUR
983*
.
PHIÎNO.MÈNKS PHYSIQUES !
«
Sonores. Raps, bruit divers.
Moteurs, Normaux. '
Paranormaux ; parakin^sio, tétékinésio.
—
Lumineux. Amorphes; formes définies; photographie psychtquo(?)
PHÉNOMÈNES INTELLECTUELS :
' .....-* (
•%
Automatisme endosomatiquo : •
/ ,
/
Musculaire. Typtologio ; grammalologie ; écriture automatique ; parole au-
tomatique.
Phénomènes: visuels ; auditifs ; tactiles jgustatifs; olfactifs.
,
Sensoriel.
'Vaso-moteur. Phénomènes secrétoircs ; phénomènes vasculaires; sueurs; etc.
LA FRAUDE ET L'ERREUR
3ÛÏ
Automatisme exosomatiquo :
(Extériorisations): Moteur. Télékinésio ; psychographio (?Uéori'
,
turo directe) 5 psychophonio (?),
(voix directe).
— Sensitivo-sensoricl, Télépathio ; téleslhésio.
— <
Plastique. Matérialisation ; apports, etc.
§ a. — L'ERREUR.
PRÊKACK DE
INTRODUCTION..
M. Cit. HlCIIF.T.
. .... . . . . . .
..''.
. . .
.
...
. . .
ï
r
CII.UMÎKK t.— La méthode. ai
............
. . . . . .
Les phénomènes psychiques 21
.
Les conditions matérielles. 3o
(
Le choix des assistants. 38
. . . . ,
44,
...
Les procédés opératoires. .'
..............».
. . . . . . . . . . .
La personnification. Co
. . . . . . . . . .
IL— Les raps.
GiiAPtTRF. 67
CHANTRE lit.— Parakinésie et Télékinésic 86
.
Parakinésie 86
Télékinésie. 9*
CIIAPITIU: IV.— Phénomènes lumineux 118
CiiAMTtti-: Y. '— Phénomènes psycho-sensoriels et intellectuels. 103
. .
Automatisme sensoriel. i63
Vision dans le cristal 166
» . .
Rôves, télépathie.. 186
,
Télesthêsîo. »9à :
Automatisme moteur \ 19V
.
Écriture automatique 198 j
Automatismes phonétique el mixte âdgè^
Psychologie de l'automatisme. ata"'"
Danger do la confiance aux personnifications. a3î
. . . . . .
Cii.vr-irRR VI. — La fraude et l'erreur v.; . . . a56
La fraude .,**~""~y*z>4t_ a50
L'erreur >/<\^^''--l^\3o7
CONCLUSION /Cv, \«£>jfor *
. . .
PHfLOWHIE-HISTOIRE
IfvhffA^XLOGUE
NOVEMBRE 1902
F. AlCAN. ~!-/
Leâ titres précédés d'un aitérisque sont recommandés pav lo Ministère de
l'Instruction publique pour les Bibliothèques des élèves et des professeurs
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*e*nno d'Are, par Fréd. Loci. hôoit.) ' ""' """ ",
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, .
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KapoJéen 1", par Jules VAIN. 8« édit. ? Lé* érlgme* de là guerre de !§»•.
Histoire de I* Bestaaratien, par par Ch. ïrt LARlYrtat •
^ré,d.t5çi.r.a«édlt. .,".".'
BÏstoïre de Louia-Philipve, psr Edgar .
Blstélrodé fa littérature française,
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