Chapitre6 Note Cours
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D ans les chapitres précédents, nous avons vu que l’énergie peut être transférée d’un système à son
environnement grâce à deux types d’interactions : le travail et la chaleur. En thermodynamique,
le transfert de chaleur est défini comme étant l’énergie échangée entre deux corps de
températures différentes. Ce mécanisme de transmission de la chaleur dépend alors de la matière située
entre les deux corps et de la mobilité de cette matière. Dans ce chapitre, nous étudierons les trois
différents modes de transfert de chaleur, qui sont la conduction, la convection et le rayonnement ainsi que
les technologies de refroidissement les plus courantes en électronique.
Considérons tout d’abord le cas d’un fluide (gaz ou liquide) au repos emprisonné entre deux
surfaces solides de températures différentes tel que montré à la figure 6.1. Dans un fluide, les
molécules peuvent librement se déplacer à l’intérieur de l’espace disponible, résultant en un
mouvement aléatoire constant des molécules à l’intérieur de celui-ci. Cependant, les molécules
situées au-dessus du plan imaginaire x0 sont associées à une température plus élevée que celle en
dessous du plan. Le mouvement aléatoire des molécules résulte donc en un net transfert de chaleur
du haut vers le bas. Ce mode de transfert de chaleur par conduction est le phénomène connu sous le
nom de diffusion de l’énergie.
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6 T R A N S F E R T D E C H A L E U R E N E L E C T R O N I Q U E
Figure 6.1 : Phénomène de transfert de chaleur par diffusion de l’énergie au sein d’un fluide emprisonné
entre deux surfaces.
De plus, la température d’un corps étant directement reliée à l’agitation thermique (énergie) des molécules,
les molécules proches de la surface haute sont plus énergétiques que les molécules proches de la surface
basse. Ainsi, lorsqu’elles entrent en collisions (et elles le font constamment), l’énergie est transférée des
molécules les plus énergétiques vers les molécules les moins énergétiques. En présence d’un gardent de
température, le transfert de chaleur s’effectue donc du point le plus chaud au point le plus froid.
Dans le cas d’un solide, les molécules ne peuvent pas se déplacer librement à l’intérieur de l’espace
disponible. Le transfert de chaleur par conduction dans un matériau électriquement isolant est alors
exclusivement causé par les vibrations des structures intermoléculaires. Dans un matériau conducteur, la
conduction est aussi due au déplacement des électrons libres.
Un fluide en mouvement signifie qu’à chaque instant, un grand nombre de molécules se déplacent vers
une même direction. Associé à un gradient de température entre le solide et le fluide, ce déplacement crée
un transfert de chaleur. Ainsi, plus la vitesse du fluide est élevée, plus le nombre de molécules déplacées
sera grand et plus le transfert de chaleur par advection sera important. De plus, la convection est associée
à la présence d’une couche limite où la vitesse et la température du fluide augmentent rapidement en
s’éloignant de la surface du solide. Le transfert de chaleur par advection augmente alors avec la distance
du solide, jusqu’à se stabiliser lors de la sortie de la couche limite.
Le transfert de chaleur total par convection est dû à la superposition de l’énergie de transport par le
mouvement aléatoire des molécules (diffusion) et par le déplacement de la masse du fluide (advection).
Figure 6.3 : Évolution de la vitesse et de la température du fluide à l’intérieur de la couche limite dans un
transfert de chaleur par convection.
Considérons un fluide à une température froide (T) en mouvement à une vitesse fixe (V) au-dessus
d’une surface solide à une température chaude (TS) (Figure 6.3). Une conséquence du contact entre la
surface solide et le fluide est le développement d’une couche limite à l’intérieure de laquelle la vitesse de ce
fluide varie de V0 = 0 à la surface du solide à sa vitesse V définie par l’écoulement. La température du
solide étant supérieure à la température du fluide , il y aura alors une variation de température du fluide de
TS à T à l’intérieur de la couche limite. Le transfert de chaleur s’effectuera donc du solide vers le fluide.
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Le flux de chaleur qui intervient entre une surface chaude et un fluide froid (eau, air ambiant, liquide de
refroidissement, etc.) est alors proportionnel à l’écart de température présente entre ces deux milieux ainsi qu’à leur
surface de contact tel que le caractérise la loi de refroidissement de Newton :
où Q̇ est le flux de chaleur (W), A est la surface d’échange (de contact) entre le solide et le fluide
(𝑚 ), TH est la température du solide chaud, TB est la température du fluide froid et h est le coefficient de
convection ( ).
∗
Contrairement à la conductivité thermique, le coefficient de convection n’est pas une propriété matérielle,
puisqu’il dépend de la géométrie de la surface, de la nature du mouvement du fluide et de plusieurs
propriétés thermodynamiques du fluide. De plus, l’étude du transfert de chaleur par convection pour un
système se réduit généralement à l’étude de son coefficient de convection.
Figure 6.4 : Transfert de chaleur par radiation entre deux surfaces de températures différentes.
L’énergie transmise par rayonnement dans le vide par un corps à une température TH sur un second corps
à une température inférieure TB est défini par la loi de Stefan :
𝑄̇ = 𝜀 ∗ 𝜎 ∗ 𝐴(𝑇 − 𝑇 ) (6.3)
où Q̇ est le flux de chaleur (W), A est la surface d’échange (𝑚 ) , 𝜎 = 5.67 ∗ 10 est la constante de
Stefan–Boltzmann ( ) et 𝜀 est l’émissivité de la surface. L’émissivité, qui peut prendre une valeur
∗
entre 0 et 1, est une mesure de la capacité d’une surface à émettre des radiations.
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Dans le cas des circuits électroniques, le transfert de chaleur par conduction et convection est très
largement prédominant et le transfert par rayonnement est donc généralement négligé.
𝑉 −𝑉
𝐼= (6.4)
𝑅
Figure 6.5 : Courant créé par une différence de potentiel autour d’une résistance
𝑇 −𝑇
𝑄̇ =𝑘∗𝐴∗ (6.5)
𝐿
Cette équation peut être exprimée de façon similaire à la loi d’Ohm :
𝑇 −𝑇
𝑄̇ = (6.6)
𝐿⁄(𝑘 ∗ 𝐴)
Il y a trois similarités entre l’équation 6.4 et 6.6. Premièrement, la différence de température au sein
de la couche génère un transfert de chaleur par conduction tel que la différence de potentiel autour
de la résistance génère un courant. Deuxièmement, le transfert de chaleur est toujours dans la
direction de la plus haute à la plus basse température, tel que le courant est toujours dans la direction
du plus haut au plus bas potentiel. Troisièmement, le terme L/k*A du dénominateur de
l’équation 6.6 joue le même rôle que R dans l’équation 6.4 :
𝑇 −𝑇
𝑄̇ = (6.7)
𝑅
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Où Rcond = L/k*A est appelée la résistance thermique de conduction ( °C/W). Cette équation indique
que le gradient de température au sein de la couche augmente la conduction. A contrario, la
résistance thermique de conduction, qui est proportionnelle à l’épaisseur de la couche et
inversement proportionnelle à la conductivité ainsi qu’à la surface, s’oppose au transfert de chaleur.
Cette résistance thermique équivalente est schématisée à la Figure 6.6.
Cette expression montre que non seulement la conduction de chaleur et d’électricité fonctionne de
manière similaire, mais aussi que l’on peut les exprimer sous la même forme mathématique. De plus,
la notion de résistance thermique peut aussi être appliquée à la loi de refroidissement de Newton
pour transfert de chaleur par convection :
𝑄̇ = ℎ ∗ 𝐴(𝑇 − 𝑇 ) (6.8)
𝑇 −𝑇
𝑄̇ = (6.9)
1/(ℎ ∗ 𝐴)
𝑇 −𝑇
𝑄̇ = (6.10)
𝑅
Rconv= 1/h*A est alors appelée résistance thermique de convection. Cette résistance est inversement
proportionnelle au coefficient de convection ainsi qu’à la surface d’échange entre le solide et le
fluide. La résistance thermique équivalente pour le transfert de chaleur par convection est
schématisée à la Figure 6.7
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𝑄̇ , = 𝑄̇ , = 𝑄̇ , = 𝑄̇ , = 𝑄̇ , = 𝑄̇ (6.11)
où Q̇ est le flux de chaleur traversant chaque différente couche. Si l’on définit les résistances
thermiques de chaque couche, y compris les couches de convection à droite et à gauche du matériau
comme :
1 𝐿 𝐿 𝐿 1
𝑅 , = ,𝑅 , = ,𝑅 , = ,𝑅 , = ,𝑅 , =
ℎ ∗𝐴 𝑘 ∗𝐴 𝑘 ∗𝐴 𝑘 ∗𝐴 ℎ ∗𝐴
𝑇 , −𝑇 𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇 ,
𝑄̇ = = = = = (6.12)
𝑅 , 𝑅 , 𝑅 , 𝑅 , 𝑅 ,
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𝑎 𝑎 𝑎
= = =⋯=𝑐 (6.13)
𝑏 𝑏 𝑏
Alors :
𝑎 +𝑎 +𝑎 +⋯
=𝑐 (6.14)
𝑏 +𝑏 +𝑏 +⋯
𝑇 , −𝑇 +𝑇 −𝑇 +𝑇 −𝑇 +𝑇 −𝑇 +𝑇 −𝑇 ,
𝑄̇ = (6.15)
𝑅 , +𝑅 , +𝑅 , +𝑅 , +𝑅 ,
Ou encore, en simplifiant :
𝑇 , −𝑇 ,
𝑄̇ = (6.16)
𝑅
Figure 6.9 : Schématisation des résistances thermiques pour le matériau composite de la Figure 6.8
Ou RTOT = Rconv,1 + Rcond,1 + Rcond,2 + Rcond,3 + Rconv,2 est la résistance thermique totale entre le fluide
de gauche et celui de droite. Cette équation implique que si plusieurs couches de matériaux
différents sont juxtaposées les uns aux autres dans la direction du transfert de chaleur, ces couches
agiront comme un assortiment de résistances électriques en séries.
D’autres équations pour exprimer le transfert de chaleur Q peuvent être exprimées en utilisant deux
points quelconques du réseau de résistance thermique montré à la Figure 6.9 :
𝑇 , −𝑇 𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇 ,
𝑄̇ = = = =⋯ (6.17)
𝑅 , 𝑅 , +𝑅 , 𝑅 , +𝑅 ,
𝑇 −𝑇
𝑄̇ = (6.18)
𝑅 ,
Ou Ti et Tj sont les températures à deux points et R est la résistance thermique totale entre ces deux
points.
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Considérons maintenant un matériau composite de deux couches tel que montré à la Figure 6.9. Si
l’on assume que les côtés gauches et droits sont à des températures uniformes T 1 et T2, que le haut
et le bas du matériau sont isolés thermiquement et qu’il n’y a aucune génération de chaleur à
l’intérieur du matériau composite, il y aura alors un transfert de chaleur au travers de chaque couche.
Si l’on pose Q1 et Q2 comme étant les flux de chaleurs traversant respectivement la couche haute et
basse :
𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇
𝑄̇ = 𝑒𝑡 𝑄̇ = (6.19)
𝑅 𝑅
𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇 1 1
𝑄̇ = 𝑄̇ + 𝑄̇ = + = (𝑇 − 𝑇 ) + (6.20)
𝑅 𝑅 𝑅 𝑅
𝑇 −𝑇
𝑄̇ = (6.21)
𝑅
1 1 1
= + (6.22)
𝑅 𝑅 𝑅
Cette équation implique qu’un matériau composite avec un transfert de chaleur perpendiculaire aux
couches agit comme un assortiment de résistances électriques en parallèle.
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Figure 6.11 : Schématisation des résistances thermiques pour le matériau composite de la Figure 6.10
Lors de problèmes contenant des matériaux composites plus complexes, la méthode de résolution
consiste à diviser ce problème en ensembles de couches en série et en parallèle. Considérons le
matériau composite montré à la Figure 6.12.
La construction de ce matériau composite suggère que les couches 1 et 2 peuvent être traitée comme
deux couches parallèles en série avec la couche 3 tel que schématisé à la Figure 6.13
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Figure 6.13 : Schématisation des résistances thermiques pour le matériau composite de la Figure 6.12
𝐿 𝐿 𝐿
𝑅 = ,𝑅 = ,𝑅 =
𝑘 ∗𝐴 𝑘 ∗𝐴 𝑘 ∗ (𝐴 + 𝐴 )
𝑅 =𝑅 +𝑅 (6.23)
Avec :
1 1 1 𝑅 𝑅
= + = (6.24)
𝑅 𝑅 𝑅 𝑅 +𝑅
Le flux de chaleur total peut alors être calculé en utilisant une de ces trois équations :
𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇 𝑇 −𝑇
𝑄̇ = = = (6.25)
𝑅 𝑅 𝑅
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L’air qui entre en contact avec les composants subit une augmentation de température, entraînant alors
une réduction de sa masse volumique. Étant maintenant plus léger que le reste de l’air ambiant, la force de
poussée induit un mouvement vertical par lequel l’air chaud montant est remplacé par de l’air ambiant de
température inférieure. D’autres exemples de refroidissement par convection naturelle en électronique
sont les téléphones mobiles, les tablettes, les télévisions, radio, lecteurs DVD et Blu-ray, et les routeurs
sans fils.
Le coefficient de convection (W/°C* m2) peut être défini selon la nature de l’écoulement, la vitesse de
l’écoulement (m/s), la longueur du corps (m) et la température (°C). La nature de l’écoulement peut être
catégorisé en deux grandes parties, qui sont les écoulements laminaire et turbulent. L'écoulement laminaire
est le mode d'écoulement d'un fluide où son ensemble s'écoule majoritairement dans la même direction,
sans que les différences locales se contrarient. Par opposition, l’écoulement en régime turbulent est
caractérisé par la création de tourbillons qui se contrarient mutuellement.
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Figure 6.15 : Fumée d’une bougie, laminaire en bas puis turbulente en haut.
Dans le cas d’une convection naturelle entre de l’air de température T et une plaque de longueur L et de
température uniforme TS :
Dans le cas d’une convection naturelle entre de l’eau de température T et une plaque de longueur L et de
température uniforme TS :
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D’autres exemples de refroidissement par convection forcée en électronique sont les CPU et GPU des
ordinateurs, les consoles de jeu, les alimentations à sortie élevées, les circuits imprimés et la majorité des
composants utilisés en télécommunication tels que les serveurs, les routeurs et les commutateurs.
Le coefficient de convection (W/°C* m2) peut encore une fois être défini selon la nature de l’écoulement
(turbulent ou laminaire), la vitesse de l’écoulement (m/s), la longueur du corps (m) et la température (°C).
Dans le cas d’une convection forcée entre de l’air de vitesse V et une plaque de longueur L et de
température uniforme :
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6.6 Exercices
NO 1
c) Le transfert de chaleur d’un composant électronique au circuit imprimé sur lequel il est fixé.
NO 2
Le mur suivant sert de jonction entre l’intérieur d’une maison chauffé et l’extérieur. En hiver, la
température T1 du mur est de 22 °C, et la température T2 du mur de -10 °C. La longueur L de ce mur est
de 0.5 m et son air de contact A de 10m2.
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NO 3
Considérons une puce carrée isolée thermiquement sur ces cotés et de température Ts = 45 °C et de
longueur L = 0.1 m entouré d’air à température ambiante T = 25 °C. Afin de refroidir cette puce, on
utilise un ventilateur propulsant l’air à une vitesse de 10 m/s. L’écoulement de l’air autour de la puce
est alors laminaire.
NO 4
a) b)
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