Droit Des Collectivités Locales 1

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Module droit des collectivités locales L3 IJ 2015- 2016

Introduction :
L’histoire de la décentralisation du Sénégal remonte à 1872 avec l’érection en commune de plein
exercice des villes de Gorée et de Saint louis. Elle s’est poursuivie en 1880 avec la création de la
commune de Rufisque et celle de Dakar en 1887. Cependant, le processus de décentralisation s’est
accéléré au lendemain des indépendances ; le gouvernement a ainsi engagé une reforme
administrative et territoriale de plus en plus adaptée. Pour rendre claire cette adaptation, il y a lieu
de mettre en exergue trois périodes :

De 1960 à 1990, une option pour la décentralisation s’est manifestée et a connu une première
phase caractérisée par la création progressive du cadre institutionnel des collectivités locales.

De 1990 à 1996, c’est la deuxième phase qui couvre la période de consolidation de cette importante
réforme, avec l’augmentation du nombre de communes et de communautés rurales et la
responsabilisation des maires des communes chefs lieux de régions et des présidents de conseil
rural dans la gestion de leurs collectivités locales.

De 1996 à 2013, on observe une phase d’accélération de la politique de développement


économique et social par le transfert d’importantes compétences aux collectivités locales,
l’institution du contrôle de légalité à la place de la tutelle, l’érection des régions en collectivités
locales, la création de nouvelles communes (43 communes d’ arrondissements) dans les villes de la
région de Dakar, l’institution du comité économique et social régional et de l’agence régional de
développement comme outil de conseil et d’appui technique. D’autres réformes notamment
institutionnelles juridiques et financières ont été enclenchées servant à donner plus d’autonomie
et de responsabilités aux élus locaux dans la gestion des affaires locales.

Depuis 2013, on note l’intervention d’une nouvelle réforme dénommée «acte 3 de la


décentralisation». Elle est marquée par l’adoption de la loi n° 2013-10 portant code général des
collectivités locales. Ce code a fusionné les textes de 1996 sur la régionalisation pour en faire UN.
C’est ainsi que nous avons un code articulé essentiellement autour de deux livres comportant
respectivement Sept et deux titres chacun.

1-1 le premier livre détermine le cadre organisationnel et financier des collectivités locales
1-2 le second livre met l’accent sur le transfert des compétences

Cette réforme a plusieurs enjeux qu’il importe de préciser : Après l’analyse de la pratique de la
politique de la décentralisation, il est ressorti que le développement local a du mal à afficher des
résultats à la hauteur des espoirs suscités. Les limites aux changements attendus sont d’ordre
institutionnel, politique, social et technique. Elles sont liées aux:

 - faiblesses objectives du cadre organisationnel et fonctionnel de la décentralisation pour la


promotion d’un développement territorial;

 - manques de viabilité des territoires, à la valorisation limitée de leurs potentialités de


développement et à la faiblesse de la politique d’aménagement du territoire limitée par une
architecture territoriale rigide ;

 faiblesses de la gouvernance territoriale et de la coproduction accentuée par une


multiplicité d’acteurs avec des logiques et des préoccupations parfois différentes ;

 - l’incohérence et à l’inefficience des mécanismes de financement du développement


territorial,

 - faiblesses de la participation des femmes à la gouvernance territoriale.

Face à toutes ces limites il urge selon le chef de l’État Macky SALL de « s’arrêter et apprécier
objectivement la dynamique de décentralisation, dans tous ses contours » et de « construire,
dans le cadre d’un dialogue, consensuel et prospectif, le renouveau de la modernisation de l’État,
à travers une décentralisation cohérente dans ses principes, et performante dans sa mise en
œuvre ». Aussi, le Gouvernement opte-t-il pour « la refondation majeure de l’action territoriale de
l’État, à travers le projet de réforme dénommé « Acte III de la décentralisation » ». Le projet
s’adosse ainsi à « l’option de territorialisation qui, en revisitant la démarche de conception et de
mise en œuvre des politiques publiques, va permettre de bâtir le développement du Sénégal à
partir des opportunités, atouts et potentialités de chaque terroir ».

Il faut par ailleurs préciser que l’acte 3 a eu beaucoup de liens avec les autres réformes enclenchées.
Ainsi, elle s’inscrit dans une dynamique constructive d’un développement harmonieux et durable
à l’instar des autres réformes telles que: la réforme des institutions de la République, la réforme
foncière, la charte de la déconcentration, la réforme de la gestion des finances publiques,
conformément au cadre harmonisé de l’Union économique et monétaire Ouest africain (UEMOA).
Ainsi, il y’a une réforme qui est en adéquation avec celle de l’acte III: il s’agit du PSE

Le PSE est la stratégie nationale conçue pour le développement économique et social du Sénégal à
l’horizon 2035. A ce titre, il se veut d’«organiser le Sénégal en territoires viables, compétitifs et
porteurs de développement durable ».il a développé des mécanismes en vue de permettre une
territorialisation des politiques publiques ainsi qu’une préparation des changements majeurs dans
le champ du développement local et territorial.

En outre, le PSE partage les mêmes objectifs stratégiques que l’acte 3. Ce sont :

- asseoir des territoires viables et compétitifs, porteurs d’un développement durable.

- construire une cohérence territoriale par une réorganisation de l’espace et l’émergence


de pôles de développement ;

- assurer la lisibilité des échelles de la gouvernance territoriale par une claire répartition
des responsabilités et des compétences

- améliorer les mécanismes de financement du développement territorial et la gouvernance


budgétaire par la mise en place d’un système intégré durable.

Il faut signaler que l’acte 3 a apporté plusieurs correctifs : ils sont nombreux et divers

- Sur le plan institutionnel, il faut noter l’érection des départements en collectivité locale et la
création du pole territoire qui constitue l’échelon de mise en cohérence des outils de planification
des actions de développement dans un espace socio-économique et culturel approprié par ses
habitants. Il forme, ainsi, un espace homogène au plan éco-géographique, historique, socioculturel
et économique.

2- Sur le plan de la gouvernance, il faut noter la création du conseil national de développement


des collectivités locales et la création des commissions nationales d’assistance aux centres
d’appui au développement local

3- Sur le plan des rapports entre Collectivités locales et l’État, il faut signaler:

- le renforcement des structures et des acteurs chargés du contrôle de légalité ;


- le renforcement de la politique de déconcentration des services de l’état ;

- une simplification et un meilleur suivi des conventions d’utilisation des services de l’État.

4- sur le plan des transferts de compétences

L’État compte transférer les nouvelles compétences suivantes:

 Agriculture

 Pêche ;

 Élevage et production animale ;

 Hydraulique et Assainissement ;

 Tourisme.

4- Sur le plan financier, il y a :


- le transfert d’une partie de la fiscalité d’État au profit des collectivités locales ;
- la hausse du taux de la TVA affecté au Fonds de Dotation de la Décentralisation et au Fonds
d’Équipement des Collectivités locales ;
- et la création d’un nouveau fonds de péréquation et de solidarité.

Chapitre 1 : les bases du droit des collectivités locales

Section 1 : Contexte historique


Héritier d’une longue tradition de décentralisation, le Sénégal a toujours poursuivi cette politique
après son accession à la souveraineté internationale selon des schémas variés tenant compte de la
géopolitique nationale du moment et aux aspirations profondes des populations à beaucoup plus
de participation à la gestion de leur localité.

Certes, à l’instar des pays nouvellement indépendants soucieux d’édifier un État fort capable
d’assurer la cohésion sociale et l’unité nationale, le Sénégal a opté pour une concentration des
pouvoirs qui s’est d’ailleurs accentuées au sortir de la crise de 1962 entre le Président de la
République et le Président du Conseil d’alors.

Cependant à cette concentration du pouvoir exécutif s’est toujours ajoutée une dose de
déconcentration ayant comme support une décentralisation qui a vu récemment un de ses aspects
importants consacré, en l’occurrence la régionalisation dont l’avènement est le fruit d’une longue
évolution :

- En 1960, le statut de la commune de plein exercice qui régissait les quatre communes de Saint-
Louis, Gorée, Rufisque et Dakar est étendu aux vingt neuf communes mixtes qui existaient ;

- En 1966, fut promulguée la loi n°66-64 du 30 Juin 1966 portant code de l’administration
communale et réunissant en un texte unique de référence, les différents textes qui régissaient les
institutions municipales à savoir : communes de plein exercice, communes de moyen exercice,
communes mixtes de premier, deuxième et troisième degré ;

- En 1972 : la loi n°72-25 du 19 Avril 1972 crée les communautés rurales et confie leur gestion aux
sous-préfets ; La loi du 25 Avril 1972 fixe le régime municipal de la commune de Dakar ; la loi n°72-
63 du 26 Juillet 1972 fixe le régime municipal des communes chefs-lieux de région autres que la
commune de Dakar dénommées communes à statut spécial et confie leur gestion d’abord aux
Gouverneurs de région, puis à des Administrateurs municipaux.

- En 1990 : la loi 90-35 du 8 Octobre 1990 modifie le code de l’Administration communale et verse
les communes à statut spécial dans le droit commun ; la loi 90-37 du 8 octobre 1990 dessaisit les
sous-préfets du pouvoir de gestion des communautés rurales, l’attribue aux Présidents de Conseil
Rural et supprime les fonctions d’administrateurs municipaux dépositaires des pouvoirs de gestion
dans les communes à statut spécial au profit des Maires.
- Enfin à la suite de l’annonce faite par le Chef de l’Etat en 1992 d’une réforme institutionnelle de
la région : la constitution a été révisée en 1994 et le titre VI relatif aux collectivités locales y a été
inséré ; et le principe de la libre administration des collectivités locales a été par la même occasion
érigé en principe constitutionnel (loi 94-55 du 13 Juin 1994 portant révision de la constitution). De
même l’Assemblée Nationale, au cours de sa séance plénière du 5 Février 1996 a adopté à
l’unanimité de ses différentes sensibilités politiques, un train de textes constituant le dispositif
juridique de la régionalisation. Il s’agit de : la loi 96-06 du 22 Mars 1996 portant code des
collectivités locales (CCL) avec la création d’un nouvel ordre de collectivités locales intermédiaires
entre l’État et les collectivités de base que sont la commune et la communauté rurale; la loi 96-07
du 22 Mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux
communautés rurales; la loi 96-09 fixant l’organisation administrative et financière de la commune
d’arrondissement et ses rapports avec la ville; . La loi 96-10 du 22 Mars modifiant la loi 72-02 du 1er
Février 1972 relative à l’organisation de l’Administration Territoriale ; la loi 96-11 du 22 Mars 1996
relative à la limitation du cumul des mandats électifs et de certaines fonctions.

Paragraphe 1 : CONTEXTE HISTORIQUE


1872 : Création des communes de Gorée et de Saint Louis puis Dakar et Rufisque (communes de
plein exercice)

1960 : Statut de commune de plein exercice étendu au 29 communes qui existaient

1966 : Adoption du code de l’administration communale

1972 : Création de la communauté rurale comme collectivité locale

1990 : Pouvoir de gestion des CR transféré des Sous-préfets au Président de conseil rural

1996 : Ensemble de texte instituant la régionalisation

Paragraphe 2 : Formes actuelles de décentralisation


- Décentralisation surveillée 1972 -1990 avec une gestion des CR confiée aux sous-préfets

- Responsabilisation des collectivités locales: 1990: gestion confiée aux PCR

- Avancée significative de la décentralisation en 1996: régionalisation transfert de compétences


aux collectivités locales

FONCTIONS:

* Renforcement de la démocratie

* Promotion de la société civile

* Participation des populations au développement local

Décentralisation: Installation au niveau régional ou local d’une partie des services centraux de
l ’État.

Ex: services régionaux ou/et locaux déconcentrés

RESSOURCES:

• Budgétaires:

* Budget CR - FDD, FECL - Financement de projets/programmes


• Humaines:

1. Affection de cadres de l ’État central aux collectivités locales

2. Recherche de personnel technique d’appui

3. Appuis ponctuels par les CERP, les projets

Autonomie des entités décentralisées

Autonomie partielle: Contrôle de légalité

Ressources limitées : compétences insuffisantes

Paragraphe3 : Concepts et définitions


Bien que le concept de décentralisation bénéficie d’une plus large médiatisation aujourd’hui, et
constitue même une des conditions à remplir actuellement par tout pays (notamment sous
développés marqués par une longue histoire de pouvoir centralisé) voulant accéder aux fonds des
bailleurs et institutions internationales (FMI, BM) force est de reconnaître que la centralisation
orthodoxe n’a jamais eu à prévaloir notamment au Sénégal où depuis la colonisation nous avons pu
noter des tentatives de décentralisation dont la phase décisive est entamée avec la régionalisation.

En effet déconcentration et décentralisation, loin de se substituer, ont toujours été considérées


comme complémentaires par les détenteurs du pouvoir politique au moment des indépendances
(avec toutefois une prééminence de la concentration considérée comme mode d’administration
capable de répondre aux impératifs d’alors : unité nationale, cohésion sociale, Etat fort…).

Pour les besoins du présent manuel, en vue de bien mettre l’accent sur les concepts et définitions
de la décentralisation, il nous paraît tout à fait souhaitable de faire état d’abord de la notion même
de centralisation.

1. la centralisation
Elle suppose l’existence d’un centre administratif uni, et compte deux variantes : la concentration
et la déconcentration.

La concentration, forme d’organisation adoptée au sortir des années 1960, rejaillissait avec
l’existence d’un exécutif central bicéphal (jusqu’en 1962) et monocéphal (après la crise de 1962)
détenteur de l’ensemble du pouvoir de décision : tout part du centre pour revenir vers le centre.
Par conséquent les autorités locales n’avaient aucun pouvoir propre pour prendre la moindre
décision. Face aux nombreux inconvénients de ce système (lourdeur et lenteur des activités
administratives et surtout l’éloignement de l’administration des administrés), les autorités ont dû
le combiner avec la déconcentration qui consiste à répartir les pouvoirs de décision au sein d’un
même appareil administratif qu’est l’appareil d’Etat.
Ainsi toutes les deux formes de la déconcentration ont été adoptées :

- la déconcentration territoriale consistant à conférer le pouvoir de décision à une autorité


compétente sur une portion du territoire national appelée circonscription administrative
représentée par le département sous l’autorité du préfet, l’arrondissement dirigé par un sous préfet
et la région administrée par le Gouverneur ; et

-la déconcentration technique ou par service consistant à confier le pouvoir de décision à une
autorité ou à un organe spécialisé techniquement (départements ministériels, directions de
services, services techniques départementaux, etc..).

2. La décentralisation
Présentée actuellement comme étant un élément déterminant pour l’instauration de la
démocratie, de la bonne gouvernance, de la transparence et du développement économique, la
décentralisation est la fille la plus courtisée par les pays voulant véhiculer une image de modernité
(notamment ceux en développement prétendant aux fonds internationaux). Pour le cas du Sénégal,
toutefois, il est plus judicieux de parler de consolidation de la décentralisation du fait de la longue
expérience de décentralisation (avant même les indépendances) dont a bénéficié le Sénégal, a un
rythme souvent dicté par les contextes socio-politiques prévalent.

La décentralisation, en tant que forme d’organisation administrative, nécessite la réunion de quatre


conditions cumulatives :

- l’existence d’une personnalité morale: la collectivité décentralisée doit avoir la


personnalité juridique ; c’est à dire qu’elle sera considérée comme un véritable sujet de droit qui
aura des biens, des agents, un budget, la capacité d’ester en justice et de passer des contrats ;

- La reconnaissance d’intérêt propre: la collectivité doit avoir vocation à gérer ses propres
affaires en fonction de ses intérêts propres : c’est pourquoi la notion d’affaires locales constitue un
élément important du droit de la décentralisation ;

- existence d’organes propres : la collectivité doit être administrée par des autorités qui lui
sont propres et qui sont désignées le plus souvent par voie d’élection par les populations elles-
mêmes ;

- l’existence d’un contrôle administratif de légalité à postériori : ce contrôle exercé par


le représentant local du pouvoir central dans la collectivité, devant se faire dans le cadre d’une
autonomie mais non d’une indépendance, doit être lâche (contrôle de légalité avec saisine
obligatoire du juge administratif pour annulation).

Le statut juridique se matérialisait véritablement que dans les années 90 avec le dessaisissement
des sous-préfets du pouvoir de gestion des CR, la suppression des fonctions d’administrateurs
municipaux dépositaires des pouvoirs de gestion dans les communes à statut spécial au profit des
maires, l’élection au suffrage universel de tous les conseillers des collectivités décentralisées. Un
pas décisif sera franchi en 1996 avec la création de la région, le transfert de compétences et
la suppression du contrôle à priori exercé par le représentant de l’exécutif central au
niveau local sur les actes des dirigeants locaux, etc..

La décentralisation peut s’opérer suivant deux modalités :

La décentralisation territoriale consistant à individualiser une collectivité humaine circonscrite sur


une partie du territoire national et à la charge de gérer l’ensemble des affaires qui lui sont propres
(création de collectivités locales autonomes comme les régions, les communes et les communautés
rurales au Sénégal) ; et

La décentralisation technique ou par service consistant à détacher d’une collectivité (Etat ou


collectivité), un service ou un ensemble de service spécialisé et à les confier à des établissements
publics (régis par le principe de spécialité qui signifie qu’ils ne peuvent agir en dehors de la tâche
qui leur est expressément confiée).

3. La Déconcentration
C’est une technique d’organisation administrative permettant d’alléger les rigueurs d’une
centralisation. Par ce procédé, on recherche une plus grande efficacité de l’action administrative
par le rapprochement de l’administration des administrés.

L’autorité déconcentrée est le relais du pouvoir central au niveau local. Ses attributions peuvent
ainsi varier en fonction des compétences qui lui sont reconnues :

Elle peut soit se limiter à la vulgarisation et à l’application des décisions centrales dans sa sphère de
compétence et transmettre les besoins et suggestions de la base aux autorités centrales, soit

Etre détenteur de compétences propres dans des domaines et des conditions déterminés.

Donc la déconcentration peut être technique (reconnaissance à une autorité déconcentrée de


pouvoirs dans des domaines fixés) ou territoriale (reconnaissance de pouvoirs dans un espace
géographique).

Déconcentration et décentralisation même si elles présentent des différences du point de vue de


leur technique juridique et de leur signification, entretiennent toutefois certains liens:
correspondance entre le territoire d’une collectivité déconcentrée et celui d’une collectivité
décentralisée (depuis 1996 avec la région) qui peut causer de délicat problème de délimitation des
domaines respectifs de compétence entre autorités intéressées, et le problème du dédoublement
fonctionnel qui signifie qu’une même autorité puisse exercer deux compétences à deux titres
différents : attributions soit en tant que représentant de l’Etat (exécution des lois et règlements)
soit en tant qu’agent de la commune (signature des contrats).

4. La Délégation
Elle intéresse surtout la répartition des compétences à l’intérieur d’une structure. En effet, au lieu
de concentrer l’essentiel des pouvoirs au niveau de l’autorité supérieure, il est souvent souhaitable
pour cette autorité, afin de bien mener sa mission, de déléguer une partie de ses compétences à
ses collaborateurs. Toutefois, la délégation ne doit pas avoir pour conséquence de permettre au
supérieur hiérarchique de se décharger de toutes ses compétences sur ses subordonnés. Ainsi elle
est organisée par les textes et produit des effets juridiques variables selon qu’il s’agit d’une
délégation de signature ou de pouvoirs. Dans tous les cas, la délégation n’est possible que si elle est
prévue par le texte attribuant compétence à l’autorité supérieure.

S’agissant de ses effets il y a lieu de retenir :

- pour la délégation de signature :

* l’autorité supérieure n’est pas dessaisie de son pouvoir d’intervention dans les affaires déléguées.

* l’acte signé par le subordonné est réputé être pris par le supérieur hiérarchique

* la délégation de signature cesse avec le changement des autorités concernées parce qu’étant faite
intuitu personae.

- pour la délégation de compétence :

* l’autorité supérieure ne peut plus intervenir dans les matières déléguées tant que dure la
délégation de compétence

* l’acte pris par le délégataire n’engage que lui même

* la délégation de pouvoir ne s’arrête pas avec le changement des autorités concernées parce
qu’étant impersonnelle, mais plutôt par abrogation expresse du texte l’autorisant.

5. La Démocratisation
Le mot « Démocratie » dérivé du grec dêmokratia, de dêmos (« peuple ») et kratos («
puissance, pouvoir ») est diversement appréhendé selon les régimes politiques : démocraties
populaires libérales. Toutefois, le consensus semble être trouvé sur le fait que la démocratie qui
doit se traduire par la souveraineté du peuple coïncide avec l’état de droit où les rapports d’égalités
entre l’administration et les particuliers sont assurés.

Et à l’instar même du concept de démocratie, la démocratisation, désignant le processus


d’installation de la démocratie dans une entité, fait également l’objet d’approches variables. Ainsi
à l’approche mettant l’accent sur le mode de désignation des représentants du peuple s’ajoute celle
privilégiant la participation populaire à la prise des décisions se révélant par une autonomie dans la
gestion des affaires propres. Le Sénégal fait largement part à cette seconde approche à travers la
décentralisation qui est en train de se consolider avec le désengagement de l’Etat et la création de
structures décentralisées auto administrées par les populations locales ainsi que l’institution du
sénat.

CONCEPTS ET DEFINITION
Centralisation : Centre de décision unique, la décision émanant du haut vers le bas

Déconcentration : Confie le pouvoir de décision à une autorité compétente techniquement ou


territorialement

Décentralisation : Transfert d’une partie du pouvoir et des ressources de l ’Etat central à des
instances aux niveaux régional et local

Transfert de compétences: - donner le pouvoir de - concevoir et proposer - décider - financer - gérer


la mise en œuvre - suivre et évaluer

Collectivités locales : ce sont les institutions représentatives élues au niveau départemental et au


niveau communal.

Dévolution : Transfert de pourvoir vers une institution ou une association locale jouissant d’une
autonomie (organisation de la société civile, organisations mixtes, privées etc.)

Forme plus avancée de la décentralisation


Organes de la société civile : Formes d’organisations existantes en dehors du domaine public:2
formules: Monde des entreprises privées (domaine économique) . Tiers secteur (monde associatif,
coopérative, ONG etc.)

Secteur informel: Secteur économique non déclaré officiellement et donc qui échappe au contrôle
du fiscale

Partenariat : Accord d’association nécessitant d’une part un engagement collectif autour d’objectifs
et d ’un projet communs et d ’autre part une complémentarité pour atteindre ces objectifs ou
réaliser ce projet commun.

Partenariat horizontal (ou territorial): Accord d’association entre plusieurs acteurs publics et/ou
privés d’un même territoire se traduisant par une entité juridique qui regroupe ces partenaires

Transfert de ressources: - Financière: 1) prélèvement sous forme d ’impôts régionaux ou locaux (


en étude par l ’ACDI ) 2) Transfert financier du budget de l ’Etat vers les budgets des collectivités
locales ou régionales (FDD, FECL) 3) Subvention globale (transfert négocié entre le gouvernement
central et les collectivités locales)

Additionalité (cofinancement): Financement de projet par divers types de partenaires (Bailleurs,


Etat, Collectivités locales etc..)
Partenariat vertical: Rapports entre les instances des différents niveaux (national, départemental
et communal).

Section 2 : Définition de la collectivité locale


La définition de la collectivité locale permet de prendre en compte deux éléments : il s’agit d’abord
des conditions juridiques constitutives de la notion et ensuite des éléments constitutifs de la
collectivité locale.

Paragraphe 1 : les conditions juridiques constitutives de la notion


Selon la doctrine, quatre conditions doivent être réunies simultanément pour que l’on puisse parler
de collectivité locale : la personnalité juridique, les affaires locales, une certaine indépendance et
un pouvoir de décision

- la personnalité juridique : les collectivités locales sont les personnes morales de droit public.
Parler de personne morale c’est considérer qu’un groupe possède en tant que tel,
indépendamment des membres qui le composent un certain nombre de droits et
d’obligations. Même si elle soulève beaucoup de controverses doctrinales, la personnalité
morale est une technique juridique permettant de distinguer les intérêts du groupe des
intérêts de chaque membre du groupe pris isolément. Donc sans personnalité juridique, il
ne peut y avoir de décentralisation.
- Les affaires propres : la notion d’affaires locales peut s’appliquer à d’autres groupements
que les collectivités locales. Mais concernant les collectivités locales, la notion d’affaires
propres signifie en premier lieu la distinction des intérêts nationaux et des intérêts locaux.
Elle repose sur l’idée que les intérêts d’un groupement local ne sont pas les mêmes que les
intérêts de la collectivité tout entière. La notion d’affaires propres signifie en second lieu
que chaque collectivité doit gérer les affaires qui lui sont propres. La notion d’affaires
propres est une condition de décentralisation.
- Une certaine indépendance à l’égard du pouvoir central : l’indépendance par rapport au
pouvoir central n’est pas l’indépendance au sens ou l’on applique ce terme aux Etats. Les
collectivités locales font partie de l’Etat, sont soumises aux règles de l’Etat, ne possèdent
pas de pouvoir normatif distinct de celui de l’Etat l’indépendance par rapport au pouvoir
central ne peut que signifier la non dépendance à l’égard de ce dernier. C’est donc une
condition de la décentralisation. Il s’agit d’une indépendance organique obtenue par le
procédé de l’élection des autorités locales qui permet d’éviter l’emprise du pouvoir central
sur les autorités décentralisées.
- Le pouvoir de décision : la décentralisation suppose que soit reconnu aux autorités
décentralisées un pouvoir de décision. C’est l’aptitude juridiquement reconnu à une
personne d’édicter des actes qui produisent des effets à l’encontre des autres personnes.
En droit public, le pouvoir de décision signifie la possibilité de prendre des actes exécutoires
créant une situation juridique nouvelle. Les autorités locales décentralisées sont considérées
comme les autorités administratives.

Paragraphe 2 : les éléments constitutifs de la collectivité territoriale


Trois éléments caractérisent toute collectivité locale : un nom, une population et un territoire.
C’est selon le Professeur Aubry la carte d’identité des collectivités locales

- le nom : comme pour l’individu, le nom est ce qui permet de singulariser la personne. les
noms des communes sont exclusivement diversifiés. Ils sont souvent très anciens et
résultent soit d’un événement historique marquant , soit d’un personnage illustre par
exemple Richard TOLL, Linguére, Keur samba Kane etc. les collectivités locales peuvent
changer de nom prévu par le CGCL

Chapitre 2 : REGIME JURIDIQUE DES COLLECTIVITES LOCALES


Il s’agira d’indiquer les caractères généraux du pouvoir local et de rappeler les organes des
différentes collectivités locales et les règles qui régissent la condition de l’élu local.

Section 1 : les caractères généraux du pouvoir local


Les caractères généraux de l’organisation du pouvoir local se résument en trois idées : d’abord le
pouvoir local a un fondement démocratique : c’est l’élection au suffrage universel des organes
locaux ; ensuite, il a un caractère représentatif ; enfin le pouvoir local s’identifie à ce qu’on peut
appeler le régime politique local qui abrite un équilibre des pouvoirs assez favorable aux exécutifs.

Paragraphe 1 : L’élection des organes locaux


Trois traits caractérisent l’élection des organes locaux.

A/ Statut du pouvoir local

En premier lieu, ce qui caractérise fondamentalement le statut du pouvoir local et qui est d’ailleurs
une condition minimale pour que l’on puisse parler d’une véritable décentralisation, c’est le
principe même de l’élection. En effet, les organes locaux ont une origine élective. Cela est
consacré par l’article 102 de la constitution du 22 janvier 2001 en vigueur qui dispose que «les
collectivités locales s’administrent librement par les conseillers élus». De même les exécutifs
ont également tous, une origine élective même s’il est vrai que leur élection est indirecte puisque
les maires et président du conseil départemental sont élus par l’assemblée délibérante.
B/ Les élections locales

En deuxième lieu, les élections locales sont des élections démocratiques c’est dire ont lieu au
suffrage universel

C/ Les modes scrutin

En troisième lieu, les modes de scrutin pour les élections locales ne différent plus selon la catégorie
de collectivité concernée. Depuis la régionalisation, tous les élus locaux seront élus au suffrage
universel. Ainsi pour l’élection municipale la moitié est élue majoritaire et l’autre à la
proportionnelle. Pour le conseil départemental 55 pour cent sera élue proportionnelle et 45 pour
cent à la majoritaire et pour les conseillers de ville ils seront désignés respectivement par les
communes composantes.

Paragraphe 2 : le caractère représentatif de la démocratie locale Sur le plan


national, notre régime politique est essentiellement représentatif, c'est-à-dire que le pouvoir est
exercé par les représentants. Cependant, la constitution admet que parfois, joue la démocratie
directe car « la souveraineté nationale appartient au peuple sénégalais qui l’exerce par ses
représentants ou par la voie du référendum » (Art 2 de la constitution). Mais l’article 102 de la
constitution est souvent interprété comme conférant à la démocratie locale un caractère
exclusivement représentatif.

Paragraphe 3 : l’équilibre des pouvoirs


Pour décrire un régime politique national, il faut s’interroger sur la répartition de la puissance entre
les pouvoirs exécutifs et les assemblées locales. Il existe donc un régime politique local qui invite à
s’interroger sur l’équilibre des pouvoirs que le droit local instaure entre les assemblées locales et
les exécutifs locaux.

A/ la prédominance statutaire des assemblées

Ce qui apparait en premier lieu c’est la prédominance statutaire des assemblées parce qu’elles sont
élues directement et parce que la constitution confie le pouvoir local à des conseils. Le CGCL
reconnait aux assemblées locales des compétences essentielles. I est vrai que les exécutifs disposent
de pouvoirs propres importants en matière de police, ils dirigent les services et gèrent le patrimoine
des collectivités mais il n’en demeure pas moins que les décisions fondamentales notamment celles
qui ont des incidences financières sont confiées aux assemblées.

B/ le régime politique local

Dans le régime politique local, il existe une absence de responsabilité des exécutifs devant les
assemblées. Cette absence de responsabilité trouve sa justification dans la nécessité d’éviter que
des changements d’alliances personnelles ne se traduisent par des remises en cause d’exécutif,
source d’instabilité dans la gestion des affaires locales.
C/ l’absence de responsabilité des exécutifs locaux

Cette absence de responsabilité des exécutifs devant les assemblées n’exclut pas la collaboration
des pouvoirs. A cet effet, on constate que si les exécutifs locaux mettent en œuvre le budget en
tant que qu’ordonnateurs de la collectivité, c’est au conseil municipal, départemental et de ville
qu’il appartient d’arrêter le budget

D/ l’exercice de la fonction exécutive

Le droit prévoit un certain degré d’exercice collégial de la fonction exécutive. C’est ainsi que le CGCL
prévoit l’existence auprès du titulaire principal du pouvoir exécutif des structures intermédiaires
que sont les bureaux. Dans les communes, le bureau est composé du maire et des adjoints, dans les
départements, le bureau est composé du président, des vices présidents et des secrétaires élus.

Au total, ces bureaux ont des pouvoirs propres. Ils peuvent recevoir des délégations en toute
matière à l’exception des décisions relatives au budget.

Section 2 : les organes des collectivités locales

- Au niveau du département
-
- Au niveau de la commune

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