Cantine Scolaire FAO
Cantine Scolaire FAO
Cantine Scolaire FAO
Stratégie de Pérennisation de
l’Alimentation Scolaire au Mali
Janvier 2013
PRÉFACE
Pour y arriver, le Ministère en charge de l’Education et ses partenaires ont élaboré une
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire pour soutenir l'alimentation scolaire
au Mali. Il s’agit là d’un document cadre d’assistance technique et de renforcement de
capacité pour appuyer la transition vers des programmes pérennes. C’est aussi un document
de plaidoyer auprès des partenaires, en offrant une orientation claire aux besoins et
priorités d’assistance.
La première phase de la présente stratégie couvre une période de trois ans (2013-2015).
Une révision périodique est prévue à la fin de chaque année, et une revue finale aura lieu à
la fin de la phase. The Partnership for Child Development (PCD) et le Programme
Alimentaire Mondial (PAM), qui ont appuyé le CNCS dans l’élaboration et la finalisation du
document, continueront à jouer un grand rôle dans sa mise en œuvre, et appuieront aussi le
CNCS à susciter l’intérêt des bailleurs de fonds à travers le plaidoyer de haut niveau.
AE : Académie d’Enseignement
BM : Banque Mondiale
FEWSNET : Famine Early Warning Systems Network (Réseau des Systèmes d’Alerte
Précoce de la Faim)
MA : Ministère de l’Agriculture
En outre, étant donné que les programmes d'alimentation scolaire fonctionnent pour un
nombre fixe de jours par an et ont un panier alimentaire prédéterminé, ils peuvent aussi
fournir une opportunité aux paysans et agriculteurs locaux en créant une demande
structurée et prévisible pour leurs produits, renforçant ainsi le marché et les systèmes
autour du marché. Ce concept, aussi connu sous le nom de “l’alimentation scolaire à base
de produits locaux” (HGSF en anglais), est identifié par le Groupe du Millénaire contre la
Faim comme étant un moyen rapide de combattre la pauvreté et la faim.
Les pays à faible revenu, qui commencent à se tourner vers la mise en œuvre de
programmes d’alimentation scolaire basés sur la production locale et sur financement de
l’Etat, offrent l'occasion idéale de renforcer les liens entre l'alimentation scolaire,
l'agriculture et le développement communautaire. Les principales conditions préalables
pour la pérennisation de l’alimentation scolaire sont l'intégration de l'alimentation scolaire
dans les politiques et plans nationaux (surtout les plans sectoriels de l’éducation), le
financement national, et la capacité de mise en œuvre nationale. Les pays qui ont réussi
cette transition sont tous devenus moins dépendants des ressources externes dans leurs
programmes d’alimentation scolaire.
Ce document de Stratégie de Pérennisation est proposé pour une période transitoire. Par
Stratégie de Pérennisation, il s’agit de faire la transition des programmes d’alimentation
scolaire assistés vers des programmes mieux conçus, mieux structurés, plus autonomes et
avec une plus grande appropriation par le Gouvernement et les communautés. La Stratégie
de Pérennisation constitue donc d’abord, une compréhension commune de la situation
actuelle de l'alimentation scolaire du pays, des acquis aux défis et faiblesses de l’heure, puis
l’identification d’actions pour remédier à ces défis et faiblesses ; ceci à travers un
engagement de toutes les parties prenantes de manière coordonnée.
Près de la moitié de la population malienne a moins de 15 ans, ce qui fait de l’éducation l’un
des principaux défis du pays. D’une manière générale, en 2009-2010, les taux bruts
d’admission au premier cycle au Mali étaient supérieurs à 70%. Toutefois, si les taux de la
capitale sont remarquablement élevés (109,3%), ceux des régions de Sikasso, Mopti et Kidal
le sont beaucoup moins avec respectivement 63,3% ; 63,7% et 62,8%. Aussi, pour la même
période, les statistiques montrent une faible admission des filles (69,1%) à l’école par
rapport aux garçons (80,3%). Les taux d’achèvement des deux cycles du fondamental en
moyenne dans l’ensemble du pays sont faibles, surtout pour le second cycle (37,2% contre
L’économie du Mali repose essentiellement sur le secteur agricole, avec une population
agricole représentant environ 80% de la population totale du pays. Le secteur agricole
contribue pour 40 à 45% au PIB, avec un taux de croissance moyen de 3,6% par an. La
superficie des zones cultivables et inondables est estimée à 2,2 millions d’hectares. En plus,
le Mali dispose d’un cheptel abondant et diversifié. Cependant, ces énormes potentialités
cachent divers handicaps (savoir-faire sous-exploité, dégradation continue des ressources
naturelles, fragilité accrue des écosystèmes, et dépendance persistante aux aléas
climatiques) qui freinent le développement du secteur agricole. D’une manière générale, les
producteurs agricoles maliens sont des producteurs de subsistance, et beaucoup ne sont
pas orientés vers les opportunités de marché.
L’analyse descriptive du programme national d’alimentation scolaire du Mali selon les cinq
normes de pérennisation, fait ressortir les faiblesses et lacunes suivantes au niveau de :
La conception et de la mise en œuvre : un besoin de définir, sur le plan national et
local, des procédures dans le ciblage des écoles ; un besoin d’avoir des qualités
standards des rations, prenant en compte les aspects nutritifs et les habitudes
alimentaires ; une faiblesse dans le processus de dotation, d’approvisionnement et
Financement :
L’organisation des Collectivités Territoriales et des communautés à générer
localement des ressources en vue d’assurer le financement de leurs cantines
scolaires ;
L’organisation d’une campagne de mobilisation de fonds, en forme de
Téléthon ; et
Le renforcement de la gouvernance du financement actuel de l'alimentation
scolaire, à travers la facilitation de rencontres d'échanges entre le CNCS, la
DFM, les DRB, les Perceptions, les Collectivités Territoriales et services
déconcentrés d’une part ; et le développement d’un mécanisme de suivi et de
rapportage du financement d’autre part.
Participation communautaire :
L’alphabétisation des acteurs au niveau communautaire, à travers la traduction
en langues nationales des documents essentiels tels que la politique nationale,
la LOAS, les outils de suivi et évaluation et le manuel de procédures ;
L’organisation de campagnes d’alphabétisation à l’endroit des acteurs au
niveau communautaire ;
La formation et le renforcement des capacités des CGS dans la gestion des
cantines scolaires d’une manière générale ; et
En outre, étant donné que les programmes d'alimentation scolaire fonctionnent pour un
nombre fixe de jours par an et ont un panier alimentaire prédéterminé, ils peuvent aussi
fournir une opportunité aux paysans et agriculteurs locaux en créant une demande
structurée et prévisible pour leurs produits, renforçant ainsi le marché et les systèmes
autour du marché. Ce concept, aussi connu sous le nom de “l’alimentation scolaire à base
de produits locaux” (Home Grown School Feeding – HGSF – en anglais), est identifié par le
Groupe du Millénaire contre la Faim comme étant un moyen rapide de combattre la
pauvreté et la faim. Ces programmes sont soutenus par la vision du Nouveau Partenariat
pour le Développement en Afrique (NEPAD), qui vise à avoir des programmes pilotés au
niveau national, visant à améliorer la sécurité alimentaire et la production agricole locale.
Les pays à faible revenu, qui commencent à se tourner vers la mise en œuvre de
programmes d’alimentation scolaire basés sur la production locale et sur financement de
l’Etat, offrent l'occasion idéale de renforcer les liens entre l'alimentation scolaire,
l'agriculture et le développement communautaire. L’analyse commune BM/PAM/PCD
identifie cinq étapes dans ce processus de transition vers des programmes pérennes (Figure
1) et tire trois conclusions principales. Premièrement, les programmes menés dans les pays
à faible revenu dépensent des montants extrêmement variés, avec des possibilités
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire au Mali 6
concomitantes pour la maîtrise des coûts au cours du processus de transition. Ensuite, il
apparaît que les programmes deviennent relativement plus abordables avec la croissance
économique, ce qui soutient l’idée de concentrer l’appui sur les pays à faible revenu pour
les aider pendant la phase de transition. Enfin, les principales conditions préalables pour la
pérennisation de l’alimentation scolaire sont l'intégration de l'alimentation scolaire dans les
politiques et plans nationaux (surtout les plans sectoriels de l’éducation), le financement
national, et la capacité de mise en œuvre nationale (Bundy et al., 2009). Les pays qui ont
réussi cette transition sont tous devenus moins dépendants des ressources externes dans
leurs programmes d’alimentation scolaire.
Ainsi, le document de Stratégie de Pérennisation est proposé pour une première période
transitoire de trois ans (2013-2015). Par Stratégie de Pérennisation, il s’agit de faire la
transition des programmes d’alimentation scolaire assistés vers des programmes mieux
conçus, mieux structurés, plus autonomes et avec une plus grande appropriation par le
Gouvernement et les communautés, tel que décrit plus haut. Dans ce cadre, plusieurs
compétences et fonctions (planification, gestion, approvisionnement, cuisson, suivi, etc.)
sont progressivement transférées au Gouvernement avec l’augmentation de la capacité de
façon planifiée, selon le contexte propre au pays en question (Figure 2).
1.2. Objectifs
Face aux défis de sécurité alimentaire et d’éducation, le Gouvernement du Mali s’est
fortement engagé dans la promotion de l’alimentation scolaire. La Politique Nationale de
l’Alimentation Scolaire, adoptée en 2009, vise à faire en sorte que la faim ne soit plus une
barrière entre les enfants et l'éducation. Le Gouvernement a confirmé son engagement
envers la politique avec le lancement d’un programme national d’alimentation scolaire, mis
en œuvre par l’Etat, en investissant dans la construction et la réhabilitation d’infrastructures
de cantines scolaires, et enfin en créant un Centre National des Cantines Scolaires (CNCS) en
2011.
Cependant, malgré les progrès réalisés par le Gouvernement, et bien que ses impacts
positifs soient unanimes reconnus, l’alimentation scolaire au Mali fait face à de nombreux
défis dans sa conception et sa mise œuvre et est trop dépendante de l’assistanat. Etant
donné qu’aucune assistance n’est garantie de manière indéfinie, la nécessaire pérennisation
de l’alimentation scolaire au Mali passe par une réponse diligente et effective à ces défis.
Ainsi, cette Stratégie de Pérennisation a pour objectifs de :
Appuyer la prise de leadership dans l'appropriation effective par tous les acteurs,
tant au niveau national que local, de l’alimentation scolaire, avec des objectifs
bénéficiant, entre autres, les écoliers, les producteurs locaux et les communautés ;
Le Mali est un pays à faible revenu situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, avec une superficie
de plus de 1.241.000 Km2 et une population de plus de 14,5 million d’habitants, dont 77%
vivant en zones rurales, et un taux annuel d’accroissement de population de 3,6%
(INSTAT/BCR, 2009). Le Mali comprend huit régions administratives (Kayes, Koulikoro,
Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal) et le district de Bamako, la capitale du
pays. Il est traversé par deux grands fleuves: le Sénégal et le Niger. La densité, très variable,
peut passer de 90 habitants/km² dans le delta central du Niger à moins de 5 habitants/km²
dans la région saharienne du Nord. Le pays possède trois zones climatiques: les deux tiers
du Nord du pays, entièrement désertiques, appartiennent au Sahara; l’Ouest et le Centre
appartiennent à la région sahélienne et sont couverts de steppe remplacée progressivement
vers le Sud par la savane. Enfin, la région soudanaise à l’extrême Sud du pays est pluvieuse
avec des forêts denses.
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
Mali Pays à faible Afrique Sub-
revenu Saharienne
Enfin, depuis Janvier 2012, le Mali fait face à une crise sécuritaire et institutionnelle sans
précédent. Les trois régions de sa partie septentrionale sont tombées entre les mains de
groupes armés, avec comme conséquences le déplacement à l’intérieur et à l’extérieur du
pays de plusieurs centaines de milliers de personnes. Cette double crise, qui a des
répercussions négatives sur l’économie, place les interventions d’urgence – surtout dans les
domaines de la santé, de la nutrition et de l’éducation – au cœur des priorités du pays.
2.1. Education
Près de la moitié de la population malienne a moins de 15 ans (INSTAT/BCR, 2009), ce qui
fait de l’éducation l’un des principaux défis du pays. En effet, les Articles 17 et 18 de la Loi
Fondamentale (1992) définissent l’éducation – tout comme l’instruction et la formation –
comme étant des droits reconnus pour tout citoyen, et que l’éducation est un moyen de
contribuer à l’égalité des chances. L’Article 2 du Titre 1 de la Loi d’Orientation sur
l’Education (1999) identifie l’éducation comme une priorité nationale, et stipule que le
service public de l'éducation doit contribuer à l'égalité des chances.
La forte volonté politique affirmée dans la Loi Fondamentale et de la Loi d’Orientation sur
l’Education est traduite dans le Programme Décennal de Développement de l’Education
(PRODEC 2000-2010), qui avait pour objectifs de porter le taux de scolarisation au niveau de
l’enseignement fondamental à au moins 95% et réduire les disparités entre les régions et
entre les villes et les campagnes; accroître le taux de scolarisation des filles; et améliorer la
qualité de l’enseignement fondamentale. En outre, la troisième phase du Programme
d'Investissement Sectoriel de l'Education (PISE III 2010-2012) réaffirme quant à elle la
priorité accordée à l’enseignement fondamental, et met un focus particulier sur la
scolarisation des filles, l’alimentation scolaire, la formation des enseignants, le
développement de la petite enfance et l’éducation non-formelle. Enfin, le Gouvernement
vise, à travers la mise en œuvre du Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de
la Pauvreté (CSCRP 2012-2017), à garantir la qualité, l’équité et efficacité du système
éducatif; renforcer les structures décentralisées de l’éducation; renforcer l’enseignement
technique et professionnel et promouvoir l’enseignement supérieur et la recherche.
D’une manière générale, les taux bruts d’admission au premier cycle au Mali sont supérieurs
à 70% (Tableau 2). Toutefois, si les taux de la capitale sont remarquablement élevés, ceux
des régions de Sikasso, Mopti et Kidal le sont beaucoup moins ; tout comme, les taux
montrent une faible admission des filles à l’école par rapport aux garçons. Aussi, tel
qu’illustré dans la Figure 4 ci-dessous, le taux net de scolarisation au premier cycle au plan
national est aux alentours de 60%, une nette progression par rapport aux débuts des années
1990 où il était aux environs de 20%. Malgré tout, certaines régions (Mopti et Kidal) ont
toujours des taux inférieurs à 50%. En outre, tel que montré dans le Tableau 3, la
scolarisation demeure en gros faible côté filles et très faible au niveau du second cycle (un
taux net de 31,5% au plan national). Enfin, les taux d’achèvement des deux cycles du
fondamental en moyenne dans l’ensemble du pays sont faibles, surtout pour le second
cycle. Ces faible taux d’achèvement sont particulièrement importants dans la partie
septentrionale (Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal) du pays, avec des taux se situant autour
des 40, 30 et 20% (Figure 5).
Tableau 2: Taux bruts d'admission au 1er cycle (%) par région en 2009-2010
Garçon Fille Ensemble
Bamako 108,1 110,5 109,3
Gao 94,1 75,7 84,8
Kayes 89,5 67,1 78
Kidal 73,7 50,9 62,8
Koulikoro 79,2 66,1 72,6
Mopti 63,6 63,7 63,7
Ségou 78,8 66,8 72,7
Sikasso 70,3 56,5 63,3
Tombouctou 80,5 71,8 76,1
National 80,3 69,1 74,7
Source: élaboré à partir des données de la CPS
86,3
72,9
60,1 61,4 59,5 57,5 60,6
55,3
46,8
37
Tableau 3: Taux de scolarisation et d’achèvement des 1ers et 2nds cycles (%) en 2009-2010
Garçon Fille Ensemble
Taux brut de scolarisation 1er cycle 87,4 71,8 79,5
2nd cycle 60 41,8 50,8
Taux net de scolarisation 1er cycle 66,8 54,6 60,6
2nd cycle 37,4 25,8 31,6
Taux d'achèvement 1er cycle 64,1 48,6 56,3
2nd cycle 45,5 29 37,2
Source: élaboré à partir des données de la CPS
National 56,3
Tombouctou 35,1
Sikasso 50,1
Ségou 54,9
Mopti 38,8
Koulikoro 58,9
Kidal 24,6
Kayes 52,9
Gao 41,7
Bamako 104,9
Cependant, ces énormes potentialités cachent les divers handicaps qui freinent son
développement. Tout d’abord, on estime qu’environ 600.000 exploitants agricoles disposent
d’un savoir-faire sous-exploité. Ensuite, il existe une dégradation continue des ressources
naturelles et l’avancée du désert, une fragilité accrue des écosystèmes, et une dépendance
persistante de l’agriculture aux aléas climatiques. Enfin, le contexte du monde rural est
marqué par une situation de pauvreté et de précarité aggravée par un environnement
économique concurrentiel et difficilement soutenable, et de la forte croissance
démographique (Cissé, 2006). D’une manière générale, les producteurs agricoles maliens –
dont beaucoup opèrent dans des exploitations familiales - sont des producteurs de
subsistance, et beaucoup ne sont pas orientés vers les opportunités de marché.
L’importance de l’agriculture pour l’Etat malien est traduite dans la Loi d’Orientation
Agricole (LOA) qui vise principalement à promouvoir une agriculture durable, moderne et
compétitive; à assurer l’autosuffisance alimentaire; et à favoriser un environnement propice
au développement d’un secteur agricole structuré qui servira de moteur pour la croissance
de l’économie. La LOA reconnait et priorise les petits producteurs et les exploitations
familiales, et assure les transitions nécessaires en termes de calendrier et de moyens
mobilisés pour atteindre ses objectifs assignés.
Au cours des cinq dernières campagnes céréales (tel qu’illustré dans le Tableau 4 ci-
dessous), il ressort que la production céréalière a augmenté de façon conséquente en dépit
d’une baisse lors de la dernière campagne, due à la faible pluviométrie. Cette croissance de
Tableau 5: Céréales consommées par personne, par produit et par région - Kg/an – en moyenne
Kayes Kkro Sksso Ségou Mopti Tbtou Gao Kidal Bamako National
Mil 882 129,8 100,0 179,7 172,7 71,0 55,0 23,0 36,4 114,9
Sorgho 71,4 78,7 90,6 37,4 14,4 32,9 19,6 3,3 15,1 61,2
Riz 35,7 28,6 22,9 48,1 83,8 89,6 95,5 53,4 65,9 52,7
Maïs 35,8 34,9 67,2 12,7 4,0 31,1 1,8 7,6 6,9 43,1
Fonio 2,9 1,1 5,9 6,3 2,4 4,4 16,4 - 0,9 4,9
Blé 2,6 1,0 1,3 1,0 1,6 10,4 5,8 14,4 4,8 2,6
Source: Enquête malienne sur l’évaluation de la pauvreté (2003)
Selon des études récentes, près de 40% de la population malienne est en situation
d’insécurité alimentaire ou de vulnérabilité, et environ 43% des enfants souffrent de
malnutrition (MICS, 2010). Près des trois-quarts du Mali (le Nord, l’Est et l’Ouest) sont
concernés par l’insécurité alimentaire – soit de la forme modérée, haute ou extrême –
(Figure 8). Selon la Banque Mondiale, la sécurité alimentaire est définie comme étant l’accès
par toutes les personnes, à tout moment, à une nourriture satisfaisante pour mener une vie
active et saine. Elle est basée sur la disponibilité de la nourriture – à travers la production
locale, les réserves et/ou les importations -, l’accès physique et économique à la nourriture,
la stabilité de la production et des approvisionnements de nourriture, et enfin la qualité
sanitaire et nutritive des nourritures. Les principaux facteurs structurels d’insécurité
alimentaire au Mali concernent le bas niveau technique et le faible équipement des
exploitants agricoles, l’état de pauvreté des populations, le manque d’infrastructures de
transport et la dégradation continue des ressources naturelles; les facteurs conjoncturels
concernent surtout l’instabilité de la pluviométrie et des crues, les attaques des ennemis
des cultures (ex : criquets), et les défaillances du marché (Fofana et al. , 2007).
Pour faire face à l’insécurité alimentaire, le Gouvernement du Mali a mis en œuvre de 1998
à 2005 un Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA). Dans cette dynamique, le
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire au Mali 17
Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA 2006-2015) a ainsi été élaboré visant à
vaincre la faim et assurer la sécurité alimentaire au niveau national et à l’échelon des
ménages. Plus précisément, le PNSA cherche entre autres à améliorer les systèmes de
stockages de céréales au niveau villageois, accroître la disponibilité des denrées alimentaires
animales et végétales, intensifier et diversifier les activités des producteurs ruraux (surtout
les femmes), renforcer les capacités des producteurs et adopter de nouvelles techniques de
productions, améliorer la commercialisation et la transformation des productions agricoles
et contribuer à l’état nutritionnel des populations. Le cadre politique des différentes
interventions de sécurité alimentaire est la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire
(SNSA) adoptée en 2003 - qui se base sur l’augmentation et la diversification de la
production agricole, l’amélioration des revenus des populations par une meilleure
organisation du marché des aliments de base -.
Un Système d’Alerte Précoce (SAP) est en place depuis l’après crise alimentaire de 1984-
1985 afin de prévenir d’éventuelles crises alimentaires. Un Commissariat à la Sécurité
Alimentaire (CSA) – mis en place depuis 2004 – est chargé de la mise en œuvre et du suivi
des différents programmes. Comme d’autres pays du Sahel confrontés à des problèmes
d’insécurité alimentaire, le Mali possède un Stock National de Sécurité pour faire face à des
déficits céréaliers et des flambées de prix résultant des situations d’urgence. Il est géré par
l’Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM), jadis seule agence nationale de commerce et
de distribution de céréales au Mali avant la réforme des années 1980. Il est important de
noter que les différentes interventions et structures de sécurité alimentaire au Mali ne
comportent pas réellement de volets alimentation scolaire, bien que nombre de leurs
objectifs et activités peuvent être considérés comme allant dans le sens de la vulgarisation
et la pérennisation de l’alimentation scolaire.
Les programmes d’alimentation scolaire ont été plus ou moins actifs en général au Nord et à
l’Ouest du pays, avec un fort appui des ONG et de la diaspora. Cependant, de façon plus
structurée, le premier véritable programme d’alimentation scolaire ne remonte qu’à la fin
des années 1990 avec le Quick Action Project (Projet d’Action Rapide), où le PAM accordait
aux écoles ciblées un appui alimentaire pour soutenir la scolarisation des enfants. L’agence
onusienne a ensuite repris cette même initiative à travers son Programme de Pays 2002-
2007. Ce plan opérationnel a aussi été accompagné par une structuration accrue des
activités de cantine scolaire par le Gouvernement. C’est ainsi que la Coordination Nationale
(actuellement érigée par un Centre National) des Cantines Scolaires a été créée au Ministère
en charge de l'Éducation au niveau central, ainsi que des postes de chargés de cantines
scolaires au niveau déconcentré.
L’un des plus grands acquis de l’alimentation scolaire au Mali est l’adoption de la Politique
Nationale de l'Alimentation Scolaire en Novembre 2009, qui a pour finalité « d’assurer la
prise en charge de l’alimentation scolaire de façon pérenne afin que la faim ne soit pas un
obstacle à l’accès, au maintien à l’école et au développement de l’élève ». Ses objectifs
assignés comportent la coordination des différentes interventions et approches, l’atteinte
des OMD sur l’EPT, et le développement local des lieux d’implantation de la cantine
(Cabinet/MEALN, 2009). Elle était nécessaire afin de servir de cadre de référence, de
garantir la continuité des interventions en dépit des changements politiques, et de
permettre une meilleure mobilisation des ressources en faveur de l’alimentation scolaire.
Son processus d’adoption a pris environ trois ans. Après qu’un plan d’action ait été assorti
au Forum Mondial de Nutrition des Enfants à Chicago en 2007, le Forum National sur
l'Alimentation Scolaire de 2008 a lancé la formulation du document de politique, et enfin la
dernière étape fut les travaux techniques impliquant des ministères sectoriels sanctionnés
par l’adoption en Conseil des Ministres (Diallo A. S., 2012).
Le Mali compte plus de 2.000 écoles à cantines, assistées par l’Etat ou par des partenaires,
selon les dernières estimations du CNCS. L’ensemble des efforts conjugués des différents
programmes de cantines scolaires assistées qui seront détaillés dans la prochaine section
permettent de voir un niveau de couverture nationale en cantines scolaires de seulement
environ 18%, tel qu’illustré dans la Figure 9. Par ailleurs, dans les zones à insécurité
alimentaire du pays, la proportion des écoles à cantine est de 37%. L’objectif à long terme
de l’Etat malien est de couvrir toutes les écoles du pays en cantine scolaire.
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire au Mali 19
Figure 9: Proportion d’écoles à cantine dans le pays et en zone d’insécurité alimentaire
100%
37%
18%
2% 9%
CRS: 15%
Autres: 9%
35%
Aujourd’hui, le rôle direct de l’Etat malien s’est progressivement accru pour le voir prendre
en charge directement les écoles à travers un programme national lancé en 2009.
L’intervention de l’Etat concerne l’apport en vivres, en ustensiles de cuisine et le soutien à la
réhabilitation et la construction de cantines pour un total d’environ 809 écoles reparties
principalement dans les zones vulnérables et à insécurité alimentaire du pays. Cet
engagement vise à mettre en place un cadre institutionnel adéquat pour la promotion de
l’alimentation scolaire, aller vers sa pérennisation et soutenir le développement local. Pour
cela, le Gouvernement a investi annuellement en moyenne environ 3 milliards de Francs
CFA, selon les chiffres de la DFM, pour les achats de vivres et d’autres activités connexes
(construction et réhabilitation de magasins et/ou réfectoires).
A noter que la politique nationale vise à terme le changement de statut de cantine assistée
en cantine intégrée. Une cantine scolaire intégrée est une cantine entièrement prise en
charge dans son approvisionnement et dans son fonctionnement par les communautés.
Depuis 2009, un tiers des céréales sont directement achetés auprès des petits producteurs
dans les zones de surplus agricole par le biais du programme Achat au service du Progrès
(P4P). Le PAM distribue aussi une ration à emporter (huile fortifiée) aux filles afin de
maintenir à au moins 80% le taux d’assiduité des filles dans les écoles ciblées. Avec les 3,8
millions $ US investis annuellement, le PAM a aussi soutenu la construction d’infrastructures
et la mise en place de jardins potagers et d’aires de reboisements pour certaines écoles
dans le cadre de la fourniture d’un paquet éducatif essentiel aux enfants en zone
défavorisées. Enfin, le PAM entreprend régulièrement des formations des acteurs au niveau
local dans le suivi et la gestion des activités de cantine.
A noter que d’autres organisations font des activités de santé et de nutrition scolaires et
d’appui à la petite enfance bien que ne mettant pas directement en œuvre de programmes
de cantines scolaires proprement dits. Comme exemple, on peut citer l’UNICEF, Care Mali,
Oxfam GB, WaterAid Mali et Save the Children qui – dans le cadre d’un partenariat pour la
promotion de l’approvisionnement en eau, de l’hygiène et de l’assainissement dans les
écoles primaires du Mali – mettent en œuvre le programme WASH (Eau, Hygiène &
Assainissement) dans au moins 726 écoles primaires du pays jusqu’en fin 2013 afin de
contribuer à l’atteinte des OMD.
L’alimentation scolaire exige une mise en œuvre rigoureuse qui doit être capable de se procurer et
de livrer de grandes quantités de nourriture aux écoles ciblées, de garantir la qualité de la
nourriture, et de gérer les ressources en toute transparence. Les pays et les partenaires doivent
prendre soin d’équilibrer les achats de produits locaux et nationaux pour soutenir les économies
locales sans nuire à la qualité et à la stabilité de la chaine d’approvisionnement.
a. Objectifs :
Le programme national d’alimentation scolaire vise spécifiquement à : favoriser un accès
équitable à l’éducation des filles et des garçons ; améliorer les taux de fréquentation ou
d’assiduité à la fois des filles et des garçons ; favoriser la rétention des enfants à l’école en
particulier celle des filles ; renforcer les capacités des communautés bénéficiaires ; mobiliser
les communautés autour de l’école et favoriser la concertation et le dialogue entre les
acteurs autour de l’école ; améliorer la santé scolaire et accroître la performance des
élèves ; favoriser l’évolution des effectifs scolaires ; et promouvoir la création d’emplois.
Lors de son lancement en 2009-2010, le programme national couvrait 651 écoles ; 100
écoles additionnelles – qui avaient bénéficié d’un accompagnement initial de six mois du
PAM – et 58 autres y ont été ajoutées à partir de 2012.
b. Ciblage :
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire au Mali 23
Le programme national cible essentiellement des écoles dans les 166 communes
vulnérables. Lors d’une table ronde des bailleurs en 2008, le Gouvernement avait élaboré un
programme intitulé “Initiative 166”, visant à accélérer la mise en œuvre des OMD dans ces
166 communes, particulièrement en proie aux crises alimentaires et aux défis d’éducation
(2009). En outre, trois niveaux de ciblage étaient retenus : le ciblage des régions vulnérables
et à insécurité alimentaire – Gao, Kayes et Koulikoro (dans leur partie sahélienne), Kidal,
Mopti et Tombouctou -; le ciblage des zones présentant un taux brut de scolarisation
inférieur à la fois à la moyenne nationale, à la moyenne régionale et à la moyenne des six
régions ; et le ciblage d’écoles distancées des villages de recrutement et/ou ayant de faibles
taux de scolarisation, surtout des filles (DNEB, 2008). Cependant, il existe un réel besoin de
cibler des écoles de toutes les régions du pays.
En ce qui concerne les cycles à couvrir, la priorité est accordée aux élèves du préscolaire et
du premier cycle des villages retenus. Toutefois, s’il existe au sein du même village une
école du second cycle qui partage la même cours, des dispositions sont prises pour que les
élèves de ce cycle bénéficient pareillement de cette assistance. Les Centres d’Education
pour le Développement (CED) et les écoles coraniques seront également pris en compte.
Les communautés sont aussi des bénéficiaires cibles, à travers d’activités génératrices de
revenus. La communauté est représentée ici par l’ensemble des personnes issues du village
de l’école ou de l’aire de recrutement de l’école qui opèrent autour de l’alimentation
scolaire. Les Comités de Gestion Scolaire (CGS) – mis en place par décret1 dans toutes les
écoles -, opérant sous la supervision des communes, sont les premiers représentants de la
communauté à l’école ; mais il y a aussi d’autres groupements à base communautaire, les
associations de parents d’élève, les groupements de femmes et les petits producteurs
agricoles locaux.
1
Dernier en date: Arrêté N° 3370 du 16 Août 2011
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire au Mali 24
producteurs agricoles, avant de les livrer aux écoles ou à la mairie pour les écoles (Masset,
E. et Gelli, A., 2011). Cependant, un nouvel arrêté interministériel2 prévoit que les CGS
gèrent l’approvisionnement des cantines scolaires, après avoir élaboré et fait approuver par
leurs mairies de tutelle un plan d’action des ressources allouées. Aux niveaux régional et
local, les Académies d’Enseignement (AE) et les Centres d’Animation Pédagogiques (CAP)
ont un rôle de suivi et d’appui technique dans le processus.
Figure 11: Model d'approvisionnement et rôles des acteurs du programme national d’ALISCO
Source: PCD
2
Arrêté interministériel N°2012 0367 du 2 Février 2012. MEALN/MATCL/MEF
Stratégie de Pérennisation de l’Alimentation Scolaire au Mali 25
Du point de vue communautaire et de l’agriculture, l’objectif est de donner des
opportunités supplémentaires de marché et par conséquent permettre une augmentation
de la production agricoles et d’accroître les revenus des petits producteurs. D’une manière
plus large, le programme HGSF soutient la sécurité alimentaire et le développement local. La
politique nationale encourage fortement l’achat de produits locaux pour alimenter les
cantines. Certains partenaires (dont CRS et le PAM) ont des programmes pilotes HGSF avec
des expériences réussies. Quelques écoles du programme national sont approvisionnées
localement – soit à travers des achats directs ou des contributions communautaires -,
cependant il n’existe pas réellement d’une manière générale de liens solides entre les
producteurs locaux et les programmes d’alimentation scolaire.
Outre la fourniture de repas aux écoles et les activités connexes, le programme HGSF
requiert explicitement un développement d’activités dans les domaines du développement
communautaire et de l’agriculture. Ces activités devront venir en complément aux actions
directement liées à la fourniture de vivres, si l’impact souhaité sur la sécurité alimentaire et
l’éducation doit être atteint. Ces activités additionnelles font référence à la sensibilisation et
au renforcement des capacités à tous les niveaux, notamment : la transformation de
certaines denrées comme la mouture du mil ; le stockage approprié de vivres; la
mobilisation communautaire dont l’organisation des petits producteurs autour des écoles à
cantines (structuration, formalisation, mise en place de bureaux exécutifs, fédération des
groupements, etc.) ; la formation des producteurs en vue de la production en quantité et en
qualité et de l’accès aux marchés ; la mise à disposition d’engrais et semences ou encore la
prise en compte de la petite mécanisation.
e. Suivi et Evaluation :
De nombreux efforts ont été consentis au niveau central avec les partenaires pour suivre et
rapporter la mise en œuvre du programme national. Des acteurs locaux ont également été
formés dans le suivi et la remontée des informations. Aussi, des activités d’évaluation ont
été conduites par le PAM, PCD et SNV dans quelques écoles cibles, permettant d’informer
de la réalité de la mise en œuvre de l’alimentation scolaire dans le pays et des besoins
d’amélioration.
Dans de nombreux pays en développement, l’alimentation scolaire fait partie des stratégies
nationales de réduction de la pauvreté ; elle est souvent liée aux secteurs de l’éducation, de
nutrition ou de la protection sociale, ou aux plans ou politiques sectoriels. Toute planification
nationale de l’alimentation scolaire doit s’assurer que l’Etat a défini le rôle qui, dans son plan
d’action pour le développement, est le plus approprié pour l’alimentation scolaire. Avec les efforts
entrepris pour harmoniser les bailleurs de fonds, il est de plus en plus important que l’alimentation
scolaire, si elle est définie comme une priorité, soit incluse dans les plans sectoriels, ce qui forme le
point d’appui d’un financement commun ou d’approches sectorielles qui déterminent les
ressources allouées par les bailleurs de fonds.
Aussi, il est important de noter que la politique nationale met l’accent sur le fait que
l’alimentation scolaire est multisectorielle. Les rapports entre les programmes
d’alimentation scolaire et d’autres politiques sectorielles - notamment l’agriculture, la
nutrition et la santé scolaire -, concernent entre autres : la création d’un lien plus étroit
entre la cantine scolaire et l’agriculture basé sur l’utilisation de productions locales tel que
détaillé dans la section précédente ; mais aussi il y a les normes de nutrition avec
l’utilisation d’aliments enrichis et l’apport de vitamines ; le déparasitage ; l’hygiène et
l’assainissement ; ou encore la protection de l’environnement.
Cependant, la politique nationale est challengée par le fait qu’il y a un besoin d’en faire des
sensibilisations et de partager son contenu avec les acteurs et responsables du pays, et de
concilier d’une manière générale les approches des différents intervenants en matière
d’alimentation scolaire. Aussi, le cadre politique et légal de l’alimentation scolaire au Mali
devra être renforcé par une Loi d’Orientation sur l’Alimentation Scolaire (LOAS). Cette loi,
dont des travaux ont débuté, fixera les grandes orientations de la mise en œuvre de la
politique nationale en s’articulant entre autres autour des principes, droits et obligations,
modalités de fonctionnement et le S&E des programmes. La LOAS génèrera non seulement
une définition holistique des rôles et responsabilités des acteurs et parties prenantes – dont
les Collectivités Territoriales et la communauté - d’une part, mais aussi favorisera un
consensus national autour des stratégies et mode de financement.
Tel que représenté dans la Figure 12 ci-dessous, la gestion de l’alimentation scolaire au Mali
au plan central est sous la responsabilité du Ministère en charge de l’Education à travers le
Centre National des Cantines Scolaires (CNCS), chargé de la mise en œuvre de la politique
nationale, de la coordination et du suivi des activités, et de la mobilisation des initiatives en
faveur de l’alimentation scolaire. Le CNCS comprend trois divisions de travail : “Planification
& Communication” ; “Approvisionnement, Logistique & Contrôle Qualité” ; et “Suivi, Etudes
& Evaluation”. Le CNCS préside aussi un Cadre de Concertation, composé d’autres
structures du département de l’Education, des ministères sectoriels et des Partenaires
Techniques et Financiers (PTF), qui appuie et suit la mise en œuvre de la politique nationale
et offre un cadre de partage d’informations entre acteurs.
La capacité d’action du département de l’Education est limitée, tant au niveau central que
déconcentré, qui fait qu’il a des difficultés à bien remplir ses obligations. Le CNCS –
nouvellement créé – a besoin d’être mieux outillé et renforcé pour accomplir pleinement sa
mission. Les points focaux aux niveaux AE et CAP manquent de moyens techniques et
logistiques pour faire les suivis de proximité et la remontée d’information, et ils sont aussi
assignés à d’autres tâches en plus du suivi des cantines scolaires. Aussi, la mise en synergie
avec les départements sectoriels (Agriculture ; Santé ; Promotion de la Femme, de l’Enfant
et de la Famille ; Développement Social et Solidarité ; ou encore l’Environnement et
l’Assainissement) et d’autres structures nationales – telles que le CSA ou l’Agence Nationale
de la Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSSA) –, comme souligné dans la politique nationale,
doit être réellement renforcée afin que le programme national puisse être beaucoup plus
soutenu aux plan institutionnel et élargi à d’autres interventions complémentaires. Par
ailleurs, concernant les PTF et ONG qui font des interventions de santé, d’hygiène et
d’assainissement dans des écoles, il serait souhaitable que ces activités soient intégrées ou
coordonnées avec les programmes de cantines scolaires. Enfin, il faudrait améliorer la
collaboration entre les Collectivités Territoriales et les services déconcentrés, et dynamiser
les différents cadres de concertation.
Dans la plupart des pays avec un appui externe, le financement du programme est assuré par des
organismes ou ONG (aide alimentaire) et par l’Etat (contributions en nature ou en espèces). Quand
un pays s’approprie un programme, celui-ci doit bénéficier d’une source de financement stable et
indépendante des organismes et ONG (PAM, CRS, ou autres). Cela peut passer par des ressources
publiques destinées aux activités de base ou par le financement du développement (approches
sectorielles, fonds communs, Initiative pour la mise en œuvre de l’EPT). Aucun programme ne peut
être viable s’il ne dispose pas d’un financement stable.
Tableau 6: Financement des cantines scolaires par le budget d’Etat (en milliers de Francs CFA)
2010 2011 2012 Total
Alimentation des cantines scolaires et dépenses en investissement (totalement décentralisé)
Vivres et ustensiles de cuisine 1.883.885 1.888.870 1.983.207 5.755.962
Construction/réhabilitation 1.500.000 1.000.000 800.000 3.300.000
Total 3.383.885 2.888.870 2.783.207 9.055.962
Variation par rapport à l’année précédente -14,62% -3,65%
Part des Cantines Scolaires dans le budget d’Etat du MEALN (totalement décentralisé)
Budget ordinaire consacré aux cantines 1,36% 1,14% 1,02% 1,16%
scolaires
Source: DFM/MEALN
Le financement peut être amélioré en accordant une plus grande priorité à l’alimentation
scolaire dans les décaissements, et en faisant en sorte que les décaissements se fassent à
moment opportun. Toutefois, les montants alloués au programme national pourraient
connaître encore d’autres variations – à la hausse comme à la baisse – selon la disponibilité
des ressources au niveau du budget d’Etat. L’appui du Gouvernement dépend de la
Au Mali, les CGS, composés du Directeur de l’école, des parents d’élève et des représentants
de la communauté, sont fonctionnels et engagés dans toutes les écoles. Mais au-delà, c’est
toute la communauté qui s’organise diversement pour soutenir la scolarisation de leurs
enfants, et apporte ainsi des contributions substantielles (en espèce comme en nature) aux
différents programmes. Plus spécifiquement, la contribution minimale de la communauté
réside dans la gestion de la cuisson, la prise en charge des frais des condiments, l’entretien
de jardins potagers et de champs pour approvisionner la cantine, ou encore la construction
d’infrastructures telles que les magasins. Dans des localités comme la région de Kayes, avec
une forte culture d’émigration, la diaspora intervient de façon plus conséquente en mettant
régulièrement à la disposition des communautés des ressources financières pour la
construction d’infrastructures, l’achat de condiments et de vivres, et éventuellement le
paiement des cuisinières.
Cadre politique :
Besoin de partager et diffuser le contenu de la politique nationale ;
Besoin de finaliser le projet de texte de LOAS.
Financement :
Le financement des cantines scolaires est faible et instable ; besoin de stabiliser le
financement et diversifier les sources de financement (avec une participation du
secteur privé) ;
Besoin de renforcer la gouvernance des fonds transférés pour les cantines scolaires.
Participation communautaire :
Analphabétisme/faible niveau d’éducation des communautés ;
Besoin de formation et de renforcement de capacité des CGS ;
Besoin de mobilisation/sensibilisation avant l’implantation des cantines.
Conception et mise en
œuvre
Cadre politique
Capacité institutionnelle
et coordination
Financement
Participation
communautaire
Source: élaboré à partir de BM/PAM/PCD
Cadre politique :
En vue de partager et diffuser la politique nationale de l'alimentation scolaire, des
réunions techniques avec les départements sectoriels et les ONG partenaires d’une part,
A côté du CNCS au niveau central, il est aussi prévu de renforcer les capacités des points
focaux au niveau des AE et CAP à travers :
L’équipement des points focaux AE et CAP ;
La formation des points focaux AE et CAP sur le suivi et évaluation ; et
La formation des points focaux AE et CAP sur les procédures de gestion des
cantines.
Financement :
Pour aller vers la pérennisation du financement de l’alimentation scolaire à travers la
diversification des sources de financement, il est prévu d’organiser les Collectivités
Territoriales et les communautés à générer localement des ressources en vue d’assurer
le financement de leurs cantines scolaires. Aussi, dans la même dynamique,
l’organisation d’une campagne de mobilisation de fonds, en forme de Téléthon, sera
prévue. Enfin, pour renforcer la gouvernance du financement actuel de l'alimentation
scolaire, il est prévu de faciliter des rencontres d'échanges entre le CNCS, la DFM, les
DRB, les Perceptions, les Collectivités Territoriales et services déconcentrés d’une part ;
et de développer un mécanisme de suivi et de rapportage du financement d’autre part.
Participation communautaire :
La première stratégie identifiée pour permettre une meilleure participation des
communautés dans l’alimentation scolaire est d’alphabétiser les acteurs au niveau
communautaire. Cela nécessitera d’abord une traduction en langues nationales des
documents essentiels tels que la politique nationale, la LOAS, les outils de suivi et
évaluation et le manuel de procédures ; ensuite une organisation de campagnes