148 Orlando Boyer Les Heros de La Foi
148 Orlando Boyer Les Heros de La Foi
148 Orlando Boyer Les Heros de La Foi
Orlando Boyer
Le Mystère des Grands Chrétiens
Nous avons employé ici le mot « grand » dans le sens païen, c’est-
à-dire, de grands personnages qui ont été divinisés. La Bible
parle « d’hommes qui se sont fait remarquer par leur courage »,
d’hommes « valeureux », de « dèles », de « vainqueurs » etc. et
leurs biographies nous inspirent comme les sermons les plus
ardents, les plus remarquables et les plus émouvants.
Un nuit, il rêva du Sauveur qui lui montra ses mains et ses pieds.
Il lui montra aussi la source qui l’avait puri é de tous les péchés.
« Suis-moi », lui dit le Sauveur qui l’amena sur une haute
montagne où il lui indiqua le levant du geste. Miconius vit une
plaine qui s’étendait jusqu’à l’horizon lointain. Cette vaste plaine
était couverte de plusieurs milliers de brebis blanches. Un
homme tout seul, Martin Luther, s’e orçait de les faire toutes
paître. Puis le Sauveur dit à Miconius de regarder vers l’ouest.
Celui-ci vit alors de vastes champs de blé qui attendaient la
moisson. L’unique moissonneur qui y travaillait était proche de
l’épuisement ; mais il n’en poursuivait pas moins sa tâche. À ce
moment, Miconius reconnut le moissonneur solitaire : c’était
son ami, Martin Luther ! À son réveil, Miconius prit une
résolution : « Je ne peux rester ainsi à prier tandis que Martin
s’épuise à accomplir l’œuvre du Seigneur. Les brebis doivent être
nourries et les champs doivent être moissonnés. Me voici,
Seigneur, envoie-moi ! » C’est ainsi que Miconius participa à la
tâche de son ami dèle.
- Luther
Cent deux ans après que Jan Hus eut rendu l’âme sur le bûcher, le
« cygne » a chait à la porte de l’église de Wittemberg ses quatre-
vingt-quinze thèses contre la vente des indulgences, acte qui fut
à l’origine de la Grande Réforme. Jean Hus s’était trompé de deux
années seulement dans sa prédiction.
Martin était plus sérieux et plus pieux que les autres enfants de
son âge. C’est en pensant à cela que Madame Cota, à l’heure de sa
mort, dit que Dieu avait béni son foyer à partir du jour où Luther
y était entré.
Son père, qui désirait voir Martin devenir un célèbre avocat, lui
acheta le corpus juris, une grande œuvre de jurisprudence qui
coûtait très cher.
Mais parmi tous ces événements, celui qui ébranla le plus l’esprit
de Luther, fut celui qu’il vécut pendant un terrible orage alors
qu’il revenait de chez ses parents. Il ne pouvait se mettre à l’abri
nulle part. Le ciel était en feu, les éclairs déchiraient les nuages
sans arrêt. Soudain, un éclair frappa à côté de lui. Luther, empli
d’épouvante et se sentant déjà près de l’enfer, se prosterna en
criant : « Sainte Anne, sauve-moi et je me ferai moine ! »
Pendant son année de noviciat, avant qu’il fasse ses vœux, les
amis de Luther rent tout ce qui était en leur pouvoir pour le
dissuader de persévérer dans sa décision. Les camarades qu’il
avait invités à dîner pour leur annoncer son intention de se faire
moine, restèrent deux jours près du portail du couvent, dans
l’espoir qu’il reviendrait vers eux. Le père de Luther faillit
devenir fou lorsqu’il comprit que ses prières étaient inutiles et
que tous les projets qu’il avait faits pour l’avenir de son ls
étaient détruits.
« J’eus entre les mains une œuvre des Ranters, livre très apprécié
de quelques théologiens. Incapable de juger par moi-même du
mérite de ces doctrines, je m’appliquai à prier ainsi : Ô Seigneur,
je ne sais pas faire la di érence entre l’erreur et la vérité. Seigneur, ne
me laisse pas seul accepter ou refuser cette doctrine en aveugle ; si
elle vient de Dieu, fais que je ne la repousse pas ; si elle est l’œuvre du
diable, ne me laisse pas l’accepter ; Dieu soit loué de ce qu’Il m’ait
incité à me mé er de ma propre sagesse et de ce qu’Il m’ait gardé
des erreurs des Ranters. La Bible me fut très précieuse alors. »
Par les Écritures, je compris que l’Esprit Saint ne veut pas que les
hommes enterrent leurs talents et leurs dons, mais au contraire
qu’ils les développent… Je rends grâce à Dieu de m’avoir donné
la capacité d’aimer, d’avoir pitié de l’âme de mon prochain et de
m’avoir incité à m’e orcer de prononcer les paroles que Dieu
pourrait utiliser a n d’atteindre les consciences et de les
réveiller. En ceci le Seigneur a répondu au désir de son serviteur
et les gens commencèrent à se montrer émus et angoissés, quand
ils comprirent l’horreur de leurs péchés et la nécessité d’accepter
Jésus-Christ.
Du plus profond de mon cœur, j’ai crié vers Dieu sans répit pour
qu’il rende e cace la Parole pour le salut des âmes… En fait, j’ai
répété au Seigneur que si le sacri ce de ma vie devant tous
pouvait servir à les réveiller et à les con rmer dans la vérité,
j’accepterais avec joie.
En une autre occasion, Müller resta trois jours sans un sou dans
la maison et le diable le tenta fortement, au point d’en venir
presque à reconnaître s’être trompé en prenant la doctrine de la
foi sous cet aspect. Toutefois, lorsqu’il revint dans sa chambre, il
trouva quarante shillings que lui avait laissés une sœur. Il ajouta
alors : « Ainsi triompha le Seigneur et notre foi en fut forti ée ».
Trois mois plus tard, Müller réussit à louer une grande maison et
il annonça la date d’ouverture de l’orphelinat pour les lles. Le
jour de l’inauguration, cependant, il fut très déçu de voir qu’il ne
s’était présenté aucune orpheline. Ce n’est qu’une fois rentré
chez lui qu’il se souvint de ne pas l’avoir demandé. Ce soir-là, il
se prosterna et demanda à Dieu ce qu’il désirait si fort. Il obtint
la victoire une fois de plus, car une orpheline se présenta le
lendemain. Puis, quarante-deux demandèrent leur admission
avant la n de ce même mois et il en avait déjà vingt-six à
l’orphelinat.
Sa con ance dans le « Père des orphelins » était telle que pas une
seule fois, il ne refusa des enfants à l’orphelinat Lorsqu’on lui
demandait pourquoi il avait assumé cette charge, il répondait
que ce n’était pas seulement pour nourrir les enfants
matériellement et spirituellement, mais que « le premier objectif
fondamental de l’orphelinat a été, et est toujours, de glori er
Dieu par le fait que, con és à mes soins, les orphelins ont été et
sont toujours pourvus de tout le nécessaire, uniquement par la
prière et la foi, sans que ni moi ni mes compagnons de travail
n’ayons rien demandé au prochain ; par là même on peut voir
que Dieu est toujours dèle et qu’il répond à la prière ».
« Parmi les noms qui sont attachés aux réveils que Dieu a
accordés à Son Église au cours des siècles, il en est un qui
doit être cité en première ligne : Finney, homme
entièrement de la même nature que nous, mais livré sans
restriction à Dieu, pour Son œuvre. Dieu s’est servi de lui
pour embraser Son peuple et pour amener une grande
multitude à accepter Christ comme Sauveur et à Le
sancti er comme Roi et Seigneur de leur cœur. Finney
nous a aussi procuré, par le moyen de sa plume, les
principes de base de tout réveil religieux. C’est pourquoi
il parle encore et n’a jamais cessé d’être en bénédiction à
de nombreuses âmes. Le message de Finney, si viril, si
logique et si loin de toute ambiguïté, se présente comme
une réponse à ce besoin de réveil dont beaucoup
d’enfants de Dieu sont aujourd’hui comme dévorés. »
Ses leçons aux croyants sur le réveil furent publiées d’abord dans
une revue, puis dans un gros livre sous le titre : Les Réveils
Religieux. Les deux premières éditions en anglais de douze mille
exemplaires, se vendirent dès leur sortie de presse. D’autres
éditions en diverses langues furent imprimées. Une seule
maison d’éditions de Londres en publia quatre-vingts mille
exemplaires. Parmi ses autres œuvres connues dans le monde
entier, on compte son Autobiographie, les Discours aux Croyants
et la éologie Systématique.
- Lecky, historien
Susan Wesley croyait que « celui qui ménage sa verge hait son
ls » (Proverbes 13.24) et elle ne voulait pas entendre ses enfants
pleurer. Grâce à cela, bien que sa maison fût pleine d’enfants, il
n’y avait jamais ni scènes désagréables ni tapage au foyer du
pasteur. Jamais aucun de ses enfants n’obtint ce qu’il désirait par
les larmes dans la maison de Susan Wesley.
Pour Susan, le jour de son cinquième anniversaire, chaque
enfant devait apprendre l’alphabet, et tous, à l’exception de
deux, accomplirent la tâche au moment xé. Le lendemain de ses
cinq ans, ayant maîtrisé l’alphabet, l’enfant commençait à
apprendre à lire et ce, avec le premier verset de la Bible.
Il est émouvant de lire ce que John Wesley, vingt ans après avoir
quitté la maison paternelle, disait à sa mère : « En beaucoup de
choses, vous, ma mère, avez intercédé en ma faveur et vous l’avez
emporté. Qui sait même maintenant si votre intercession pour
que je renonce entièrement au monde a été couronnée de
succès… Elle sera sans doute e cace pour corriger mon cœur
comme elle le fut autrefois pour former mon caractère. »
Après le sauvetage spectaculaire de John de l’incendie, sa mère,
profondément convaincue que Dieu avait de grands projets pour
son ls, prit la ferme résolution de l’éduquer pour servir et être
utile à l’œuvre du Christ. Susan écrivit dans ses méditations
particulières : « Seigneur, je ferai des e orts encore plus fermes
pour cet enfant que tu as sauvé si miséricordieusement.
J’essaierai de lui transmettre dèlement, pour qu’ils se gravent
dans son cœur, les principes de Ta religion et de Ta vertu.
Seigneur, donne-moi la grâce nécessaire pour mener à bien ce
but avec sincérité et sagesse et bénis mes e orts en les
couronnant de succès. »
« Je prenais part à des choses que je savais être des péchés, même
si elles ne faisaient pas scandale aux yeux du monde. Malgré
tout, je continuais à lire les Écritures et à prier matin et soir. Je
considérais les points suivants comme les bases de mon salut :
John s’e orçait de se lever tous les matins à quatre heures. Grâce
à ses notes rendant compte de tout ce qu’il faisait dans la
journée, il réussissait à organiser son temps, de façon à ne pas
perdre un seul instant. Il garda cette bonne habitude presque
jusqu’à son dernier jour.
Pourquoi ? Parce que le feu de Dieu brûlait dans son âme ; il était
parvenu à un contact direct avec Dieu grâce à une expérience
personnelle.
Nous rapportons ici, selon ses propres paroles, l’expérience par
laquelle l’Esprit Saint donna la preuve à son esprit qu’il était ls
de Dieu, expérience qui transforma complètement sa vie :
Un pasteur prêche en moyenne cent fois par an, mais pour John
Wesley, cette moyenne fut de sept cent quatre-vingts fois par an
pendant cinquante-quatre ans. Ce petit homme, qui mesurait à
peine un mètre soixante-six, qui pesait moins de soixante kilos,
s’adressa à des foules énormes et ce, dans des conditions très
di ciles. Lorsque les églises lui fermèrent leurs portes, il
continua à prêcher en plein air.
Dans son journal, John Wesley écrivit ce qui suit sur la prière et
le jeûne : « Lorsque je faisais mes études à Oxford…, nous
jeûnions le mercredi et le vendredi, comme le faisaient les
premiers chrétiens partout. Epiphane (310-403) écrivit : Qui
ignore que les croyants du monde entier jeûnent le mercredi et le
vendredi ? » Wesley poursuivit : « Je ne sais pas pourquoi ils
choisirent ces deux jours-là, mais c’est une bonne règle et si elle
était bonne pour eux, elle le sera aussi pour moi. Cependant, je
ne veux pas faire croire que ces deux jours sont les seuls jours de
la semaine où l’on peut jeûner, car il est souvent nécessaire de le
faire plus de deux jours. Il est très important de rester seuls et en
la présence de Dieu lorsque nous jeûnons et que nous prions,
a n de pouvoir percevoir la volonté de Dieu et a n qu’Il puisse
nous guider. Les jours de jeûne, nous devons faire tout notre
possible pour nous tenir à l’écart de nos amis et des distractions,
même si celles-ci sont permises en d’autres occasions ».
Le jeune homme qui entra dans sa chambre pour être seul avec
Dieu ce jour-là, n’était plus le même lorsqu’il en ressortit. La
connaissance d’un objectif et d’une puissance s’était emparée de
lui. Il ne lui su sait déjà plus d’alimenter sa seule âme dans les
cultes, mais il commença à éprouver un sentiment de
responsabilité envers son prochain ; maintenant il désirait
s’occuper de ce qui concerne son Père. Il trouva sa joie dans des
richesses et des bénédictions indicibles. Comme les lépreux du
campement des Syriens, Hudson et sa sœur Amelia disaient :
« Nous n’agissons pas bien ; aujourd’hui est jour de bonnes
nouvelles et nous nous taisons ». Ainsi donc, ils renoncèrent à
aller au culte le dimanche soir pour aller annoncer le message,
de porte en porte, parmi les classes les plus pauvres de la ville.
C’est grâce aux prières et aux e orts de tous ceux qui étaient à
bord qu’ils réussirent à sauver leur vie lorsque le bateau,
entraîné par une forte tempête, fut sur le point de faire naufrage
sur les rochers de la côte de Galles. Le voyage qu’il espérait faire
en quarante jours, leur prit cinq mois et demi ! Ce n’est que le 1er
mars 1854 que Hudson Taylor, âgé de vingt et un ans, put
débarquer à Shanghai. C’est alors qu’il écrivit ses impressions :
Mais une des épreuves les plus lourdes que dut porter notre
héros fut le manque d’argent lorsque la mission qui l’avait
envoyé se trouva sans ressources. Le 20 janvier 1858, Hudson
Taylor épousa Mary Dyer, missionnaire en Chine elle aussi. De
cette union, naquirent cinq enfants. La maison où ils habitèrent
au début, dans la ville de Ning-po, devint par la suite le berceau
de la célèbre Mission de la Chine intérieure.
- Combien avez-vous ?
C’est en 1874 que Hudson Taylor écrivit ce qui suit, alors qu’en
compagnie de sa femme, il remontait le grand euve Yang-tseu
et méditait sur les neuf provinces qui s’étendaient depuis les
tropiques de Birmanie jusqu’aux hauts plateaux de Mongolie et
aux montagnes du Tibet :
Là, un mois après l’autre, notre héros dut rester couché sur le dos
à prier et supplier le Seigneur pour la Chine. Il eut assez de foi
pour demander à Dieu d’envoyer dix-huit missionnaires. En
réponse à sa « Supplique pour la prière », écrite avec la plus
grande di culté et publiée dans la revue de la mission, soixante
jeunes répondirent à cet appel. Vingt-quatre d’entre eux furent
choisis. Et là, autour de son lit, il commença à donner des cours
aux futurs missionnaires auxquels il enseigna les rudiments de
la langue chinoise, et le Seigneur les envoya en Chine. Le
paragraphe suivant raconte la guérison du missionnaire qui
n’avait plus aucune activité physique : « Il guérit de façon si
merveilleuse en réponse à ses prières, qu’il put remplir un
nombre incroyable de ses obligations. Il passa presque tout le
temps de ses vacances avec ses enfants à Guernesey, à écrire.
Pendant les quinze jours qu’il y passa, en dépit de son désir de
pro ter avec eux des délices de la plage, il n’y alla qu’une seule
fois. Par contre, il passa son temps à écrire et les lettres qu’il
écrivit pour la Chine et pour d’autres endroits eurent plus de
valeur que de l’or ».
Parlant de son grand désir d’aller à Shanghai, pour être aux côtés
des réfugiés, il dit : « Je ne sais pas si je pourrais les aider, mais je
sais qu’ils m’aiment. S’ils pouvaient venir auprès de moi avec
leur douleur pour que nous pleurions ensemble, au moins ils
pourraient être un peu consolés. » Mais, se souvenant qu’il lui
était impossible d’entreprendre un tel voyage en raison de sa
santé a aiblie, sa tristesse lui paraissait plus grande qu’il ne
pouvait le supporter.
- Charles Spurgeon
L’avis que les cultes auraient lieu dans le Surrey Music Hall au
lieu de l’Exeter Hall, électrisa tout Londres. Le culte
d’inauguration fut annoncé pour la soirée du 19 octobre 1856.
Pendant l’après-midi, des milliers de personnes arrivèrent dans
la salle a n d’avoir une place. Lorsqu’en n, le culte commença,
l’édi ce qui pouvait contenir douze mille personnes était
complètement plein et plus de dix mille personnes ne purent
entrer.
Vers cette époque, alors qu’il était encore très jeune, il expliqua
comment il parvenait à comprendre les textes di ciles des
Écritures, à savoir qu’il demandait simplement à Dieu : « Oh,
Seigneur, montre-moi le sens de ce passage ! » et il ajouta : « Il est
merveilleux de voir comment un texte, dur comme une pierre,
émet des étincelles lorsqu’il est frappé de l’acier de la prière ».
Des années plus tard, il dit : « Prier à propos des Écritures est
comme presser les raisins dans le pressoir, battre le blé sur l’aire
et extraire l’or des mines ».
Moody prêcha sur le texte suivant : « Car leur rocher n’est pas
comme notre Rocher, nos ennemis en sont juges » (Deutéronome
32.31). Rapportant une série d’incidents pertinents et émouvants
de ses expériences avec des personnes sur leur lit de mort,
Moody laissa aux hommes le soin de décider par eux-mêmes qui
avait une meilleure fondation sur laquelle baser sa foi et son
espérance. À leur corps défendant, de nombreuses personnes
avaient les larmes aux yeux. La grande masse des hommes, dont
le visage portait la détermination et le dé qu’ils lançaient à
Dieu, a ronta l’attaque répétée aux points les plus vulnérables,
c’est-à-dire, le cœur et le foyer.
Trois ans plus tard, la dèle servante de Dieu, Emma Moody son
épouse, s’endormit elle aussi en Christ et elle fut enterrée à ses
côtés, au même endroit, jusqu’au jour glorieux de la
résurrection.
Une fois, la foule en fureur leur jeta des pierres si grosses qu’elles
cassèrent des côtes aux chevaux qui tiraient la voiture, mais tous
les membres de leur groupe s’en tirèrent sains et saufs ! Goforth
reçut plusieurs coups d’épée, dont l’un pénétra jusqu’à l’os de son
bras gauche qu’il avait levé pour se protéger la tête. Bien que le
casque grossier qu’il portait ait été pratiquement mis en pièces,
il réussit à ne pas tomber jusqu’au moment où il reçut un coup
qui faillit lui faire éclater le crâne. Mais Dieu ne permit pas que
les mains des hommes le détruisent, car il avait encore une
grande œuvre à accomplir en Chine par l’intermédiaire de ces
serviteurs dèles. Ainsi donc, sans pouvoir soigner ses blessures
et les vêtements ensanglantés, le groupe a ronta les multitudes
déchaînées jour après jour, jusqu’à l’arrivée à Shanghaï. De là,
toute la famille s’embarqua pour le Canada.
« En fait, le plan avait été bien conçu, à une chose près : il n’avait
pas pensé aux enfants [u.] Je me souvins comment, à Ho-pei, les
enfants, qui avaient attrapé la varicelle, se pressaient autour de
moi tandis que je tenais le plus petit dans mes bras. Je me
souvins des quatre tombes de nos enfants et j’endurcis mon cœur
contre ce plan. Comme mon mari me supplia jour après jour !
Rosa, assurément, le plan vient de Dieu et je crains que quelque
chose n’arrive à nos enfants si nous lui désobéissons. L’endroit le
plus sûr pour toi et pour nos enfants est le chemin de
l’obéissance. Tu penses à garder nos enfants en sécurité à la
maison, mais Dieu peut te montrer que tu te trompes. Il
protégera nos enfants si tu lui obéis et si tu lui fais con ance. Peu
après, Wallace tomba malade de dysenterie asiatique et pendant
quinze jours, nous luttâmes pour le sauver. Mon mari me dit :
Oh, Rosa ! soumets-toi à Dieu, avant que nous les perdions tous,
mais moi, je trouvais Jonathan dur et cruel. Puis, notre petite
Constance tomba elle aussi victime de la même maladie. Alors,
Dieu se révéla à moi comme un Père en qui je pouvais me con er
pour sauver mes enfants. Je baissai la tête et dis : » Ô, Dieu, il est
trop tard pour Constance, mais j’ai con ance en toi, protège mes
enfants. J’irai où tu me l’ordonneras. « Dans la soirée du jour où
mourut la petite lle, je s venir madame Wang, une croyante
fervente et une amie et je lui dis : Je ne peux tout vous raconter
maintenant, mais je suis résolue à accompagner mon mari dans
ses tournées d’évangélisation. Voulez-vous venir avec moi ? Les
larmes aux yeux, elle répondit : Je ne peux pas, car ma lle risque
de tomber malade dans de telles conditions. Je ne voulus pas
insister et lui demandai simplement de prier et de me répondre
après. Le lendemain, elle revint, les yeux pleins de larmes, mais
avec un sourire, elle me dit : J’irai avec vous. »
À propos du réveil qui eut lieu vers cette époque en Corée, l’un
des missionnaires écrivit ceci sur ce qu’il vit : « Les missionnaires
étaient comme les autres croyants ; aucun d’entre eux n’avait de
talent extraordinaire. Ils vivaient et travaillaient comme ’tous
1es autres, lorsqu’ils n’étaient pas en prière… Jamais je n’ai
ressenti la présence divine comme je la ressentis dans leurs
supplications à Dieu. Il semblait que ces missionnaires nous
portaient jusqu’au trône du ciel [n.] Je fus aussi très
impressionné en voyant comment ce réveil était pratique… Il Y
avait des dizaines de milliers d’hommes et de femmes
complètement transformés par le feu divin. De grandes églises
qui pouvaient contenir mille cinq cents personnes étaient
combles ; il fallait célébrer un culte pour les hommes et ensuite
un autre pour les femmes, a n que tous puissent y assister. Chez
tous, brûlait le désir de répandre la bonne nouvelle. Les enfants
s’approchaient des passants dans la rue pour leur demander
d’accepter Jésus-Christ comme leur Sauveur et Seigneur. La
pauvreté du peuple de Corée est connue du monde entier. Malgré
cela, les o randes étaient si généreuses que les missionnaires ne
voulaient plus parler du devoir de donner. Il y avait une grande
dévotion pour la Bible : presque tous en avaient un exemplaire
dans leur poche. Le merveilleux esprit de la prière imprégnait
toute leur existence. »
C’est dans cette même « province des martyrs » que Dieu envoya
ses serviteurs, les Goforth, huit ans plus tard, et voici ce qui se
passa : « À Chuwahsien, peu après avoir commencé à parler, je vis
de nombreux auditeurs qui baissaient la tête, convaincus de
péché, tandis que les larmes coulaient sur leur visage. Après le
sermon, tous ceux qui s’étaient mis à prier étaient ébranlés. Le
réveil, qui commença ainsi, se poursuivit pendant quatre jours.
Toutes sortes de péchés furent confessés. Le délégué régional
s’étonna vivement en entendant confesser des meurtres, des vols
et des crimes de toutes sortes, aveux que lui ne pouvait arracher
que par le fouet appliqué au point de laisser les victimes à demi
mortes. Parfois, après un culte de trois heures et plus, les gens
rentraient chez eux pour continuer à prier. Même aux petites
heures de la nuit, on trouvait de petits groupes réunis en divers
endroits et. qui priaient jusqu’au lever du jour. »
Alors qu’il avait 68 ans et sa femme 62, âge auquel la majorité des
hommes quittent le service actif, tous deux furent envoyés dans
un champ missionnaire entièrement nouveau, en Mandchourie,
dans une région perdue, immense et froide qui s’étendait
jusqu’aux frontières de la Russie et de la Mongolie. À propos de
ce départ, Goforth écrivit :
Cela faisait longtemps que des amis insistaient pour qu’il écrive
l’histoire de l’œuvre du Saint-Esprit dans son ministère. Par très
grand froid, il dut se faire arracher les dents ; pendant quatre
mois il sou rit d’atroces douleurs dans les maxillaires au point
de ne pouvoir prêcher. C’est à cette époque que son plus jeune ls
vint du Canada. Alors Goforth parvint à dicter la matière d’un
livre que son ls tapa à la machine. C’est ainsi qu’il réussit à
composer le livre Par mon Esprit, œuvre à grand tirage et qui a
jouir d’une grande in uence dans le monde chrétien.
On peut leur appliquer à tous les deux ce que l’on a dit de lui : « Il
se voua à la prière et à l’étude de la Parole a n de connaître la
volonté de Dieu. Ce fut cet amour pour la lecture de la Bible et la
communion avec Dieu qui lui donna la puissance nécessaire
pour émouvoir ses auditoires et les convaincre du péché et de la
nécessité du repentir. En toutes occasions, il domina sa propre
personne et s’en remit entièrement à la puissance du Saint-
Esprit pour dévoiler les choses de Jésus aux auditeurs. »