Syndrome Inflammatoire Conduite Pratique

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Allongement de la vitesse de

sédimentation

Dr Abdelhamid Bouferroum, interniste libéral


La vitesse de sédimentation, ou VS, est une méthode simple, rapide, et peu
onéreuse, qui permet :

- de dépister les maladies inflammatoires aiguës et chroniques et réaliser leur


suivi évolutif.

- de mettre en évidence une gammapathie polyclonale ou monoclonale.


Valeurs seuils
La VS normale est plus élevée chez la femme que chez l’homme, essentiellement
en raison d’un taux d’hémoglobine plus bas chez la femme.
D’autre part, la VS tend à augmenter avec l’âge

Il faut donc, avant de considérer comme pathologique une élévation de la VS,


l’interpréter en fonction de l’âge et du sexe.
Mais en pratique une enquête est
nécessaire quand la VS dépasse 30 mm
après 1 heure
Autres facteurs physiologiques modifient la VS

• Grossesse : au cours du troisième trimestre de la grossesse, la VS peut


atteindre de 40 à 50 mm à la première heure et se normaliser à la fin du
premier mois suivant l’accouchement. Cette augmentation est expliquée par
une élévation du taux plasmatique du fibrinogène. Au cours de la grossesse,
l’élévation de la VS n’est pas un marqueur d’inflammation.

• Oestroprogestatifs : la VS peut augmenter lors de la prise orale de


contraceptifs par suite de l’augmentation de la synthèse hépatique du
fibrinogène.
Quelles sont les causes pathologiques mais non
inflammatoires d’augmentation de la VS ?

– Anémie : la VS peut atteindre de 40 à 50 mm à la première heure dans les anémies


sévères. La VS se normalise parallèlement à la normalisation du taux d’hémoglobine.

– Hypergammaglobulinémies mono- et polyclonales : les protéines de l’inflammation


sont alors normales comme la CRP et le fibrinogène sauf complication intercurrente.

– Syndromes néphrotiques : la fuite urinaire des protéines de bas poids moléculaire


comme l’albumine, l’orosomucoïde et la transferrine provoque une activation de la
synthèse des protéines hépatiques et entraîne une augmentation de la VS .

– Insuffisance rénale chronique : cause classique d’élévation de la VS : au stade


terminal, la VS est > 25 mm à la première heure dans plus de 90 % des cas, > 100 mm à
la première heure dans 20 % des cas. Plusieurs facteurs semblent intervenir comme
l’anémie, l’hypocalcémie, l’augmentation du fibrinogène.
Facteurs influençant la vitesse de
sédimentation
Augmentation
– Age
– Sexe féminin
– Anémie
– Obésité
– Grossesse
– Hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie
– Maladies inflammatoires
– Hypergamma-globulinémie
– Syndrome néphrotique
– Insuffisance rénale
– Température élevée de la pièce
– Tube non vertical
Diminution
– Cryoglobulinémie
– Polyglobulie
– Forte hyperleucocytose
– Hyperviscosités
– Anémie hémolytique
– Hémoglobinopathies
– Hypofibrinogénémie
– Corticoïdes
– Cachexie
– Insuffisance cardiaque congestive
– Corticoïdes
– Température basse de la pièce
– Mesure de la VS plus de 2 heures après le prélèvement
Si la VS est entre 20 et 40 mm/h, le dosage du
couple CRP-fibrinogène permet de confirmer
ou d’infirmer l’existence d’un authentique
syndrome inflammatoire.
En cas d’élévation inexpliquée, quelle
démarche diagnostique adopter ?
Une telle situation clinique, fréquente en médecine, justifie une démarche
rationnelle dans la prescription des examens complémentaires. Si l’examen
clinique et l’interrogatoire attentif n’apportent pas de fil conducteur, il faut :

– contrôler la VS car une erreur technique a pu survenir.

– confirmer l’origine inflammatoire de l’élévation de la VS en demandant le


dosage de certaines protéines inflammatoires comme la CRP ou le fibrinogène.

– réaliser une électrophorèse des protéines.


Electrophorèse des protéines
Electrophorèse des protéines
Cinq fractions sont ainsi individualisées

40 - 3 - 6 - 9 - 12
L’électrophorèse des protéines peut confirmer le syndrome
inflammatoire en cas d’augmentation des fractions alpha1 et alpha2.

Par contre, tout son intérêt tient à la recherche d’une


hypergammaglobulinémie poly- ou monoclonale.
Hypergammaglobulinémie polyclonale

Augmentation polyclonale en dôme :

 Infections bactériennes ou virales (VIH, hépatites, cirrhose, endocardite, etc.)


 Maladies auto-immunes (LED, syndrome de Sjögren).
 Sarcoïdose.
 Lymphomes.
Hypergammaglobulinémie monoclonale

Myélome
Waldentröm
Lymphomes
Gammapathies bénignes
Place du profil protéique ciblé

Le couple CRP-fibrinogène permet à faible coût de confirmer l’origine


inflammatoire d’une VS élevée. Leur différence cinétique permet une surveillance
évolutive et apporte des arguments prédictifs de guérison.
La CRP se normalise la première

Le premier marqueur à se normaliser est la CRP. Si la CRP ne se normalise pas en


une semaine, c’est que le problème infectieux reste entier. L’antibiothérapie doit
être revue. Dans le cas d’une maladie de Horton, suivre le couple CRP-
fibrinogène permet de s’assurer au huitième jour que la maladie est bien
corticosensible, la CRP doit s’être normalisée. La VS revient à la normale dans un
délai de trois à quatre semaines après le début de la corticothérapie. Dès que la
CRP est normalisée, on peut envisager la diminution régulière et progressive de
la corticothérapie. En période postopératoire, après retour à domicile, s’il y a un
état fébrile et si la CRP reste augmentée après le dixième jour postopératoire,
c’est qu’une complication est survenue (problème infectieux, thrombose
veineuse profonde ?).
VS : Spécificité et cinétique

Non spécifique, dépend de plusieurs paramètres :

• Nombre et morphologie des hématies


• Concentration en immunoglobulines
• Présence ou non de syndrome inflammatoire

Cinétique lente : élévation retardée

En pathologie infectieuse : normalisation en 2 à 6 semaines, fonction du degré de


l’élévation des immunoglobulines (1/2-vie jusqu’à 21 jours pour les IgG)
CRP : Spécificité et cinétique

Spécifique de la réaction inflammatoire

Synthèse hépatique – réponse précoce

Cinétique rapide

• Augmente dès la 6e heure – Taux maximum vers le 48e heure.


• Retour à un taux normal au 6e jour en l’absence de complications
• ½-vie : 12 heures.
Biologie de la réaction inflammatoire
1. Protéines de la réaction inflammatoire
a. A amplitude de variation élevée et cinétique rapide (CRP, procalcitonine).
b. A amplitude de variation plus modérée et cinétique plus lente (alpha1
antitrypsine, fibrinogène).
c. A amplitude de variation plus faible et cinétique lente (fraction 3 du
complément).

2. Electrophorèse des protéines plasmatiques: Augmentation des fractions


alpha1 et alpha2 globulines associée à une hypoalbuminémie.

3. VS

4. Anémie

5. Thrombocytose

6. Hyperleucocytose
VS > 100 mm
Quand la VS est supérieure à 100 mm, il s'agit :

- d'une infection dans la moitié des cas


- d'une maladie inflammatoire dans un quart des cas
- d'une maladie cancéreuse (tumeur solide ou gammapathie)

Nécessité :

- un interrogatoire précis et minutieux


- un examen complet et systématique
- et quelques investigations complémentaires simples
VS entre 30 et 100 mm
Quand la VS se situe entre 30 et 100 mm, 3 situations se présentent :

1. Le patient est anémique : explorez l'anémie,


On dose quand même CRP et fibrinogène pour préciser un éventuel
syndrome inflammatoire associé.

2. En l’absence d’anémie l’allongement de la VS est vraisemblablement en


rapport avec :
- un état inflammatoire – infectieux – néoplasique
- ou une gammapathie
- ou éventuellement une insuffisance rénale ou un syndrome néphrotique.
Une approche clinique très généraliste est donc ici aussi fondamentale.

3. Enfin, parfois, il n’y a aucune orientation clinique précise, voire même le


patient est asymptomatique : que faire ?
Examens complémentaires
- Une radio de thorax face et profil, une échographie abdominale et pelvienne,
une mammographie à la recherche d’un cancer.

- Sur le plan biologique :


- CRP, fibrinogène,
- un hémogramme avec test de Coombs direct,
- des examens précisant une éventuelle atteinte hépatique, rénale ou
musculaire,
- une électrophorèse des protéines sériques, pour préciser le
syndrome inflammatoire ou une gammapathie,
- des anticorps antinucléaires, antithyroïdiens, test au latex,
- les principales sérologies virales et bactériennes,
- des marqueurs tumoraux,
- une recherche de sang dans les urines et dans les selles.
Conclusion
Infection, maladie inflammatoire, cancer, gammapathie monoclonale et anémie
sont les principales situations allongeant la VS.

Un allongement isolé et modéré de la VS, sans retentissement clinique et sans


altération de la qualité de vie, doit être régulièrement surveillé : privilégiez la
surveillance régulière plutôt que la multiplication d’examens prescrits à l’aveugle.
Réaction inflammatoire

Questionnaire d’auto-évaluation
Comment interprétez-vous le profil biologique suivant : VS 8 mm la première
heure, protéine C réactive (CRP) 23 mg/l, fibrinogène 3,9 g/l :

a/ La VS normale élimine un syndrome inflammatoire.


b/ Il s'agit sans doute d'une erreur technique, vous demandez un contrôle de
la VS.
c/ La CRP modérément augmentée affirme le syndrome inflammatoire.
Comment interprétez-vous le profil biologique suivant : VS 8 mm la première
heure, protéine C réactive (CRP) 23 mg/l, fibrinogène 3,9 g/l :

a/ La VS normale élimine un syndrome inflammatoire.


b/ Il s'agit sans doute d'une erreur technique, vous demandez un contrôle de
la VS.
c/ La CRP modérément augmentée affirme le syndrome inflammatoire.

La bonne réponse est : C


Un homme de 63 ans est hospitalisé d'urgence pour un tassement vertébral
de L2. La température est normale, la VS est à 110 mm/h. La fonction
rénale est normale ainsi que le bilan phosphocalcique, la protidémie est à
93 g/l. La CRP est à 3 mg/l, le fibrinogène à 3,4 g/l. Lequel parmi les
examens complémentaires prescrivez-vous de première intention :

a/ Scintigraphie osseuse.
b/ Biopsie ostéomédullaire.
c/ Electrophorèse des protéines.
d/ IRM lombaire.
Un homme de 63 ans est hospitalisé d'urgence pour un tassement vertébral
de L2. La température est normale, la VS est à 110 mm/h. La fonction rénale
est normale ainsi que le bilan phosphocalcique, la protidémie est à 93 g/l. La
CRP est à 3 mg/l, le fibrinogène à 3,4 g/l. Lequel parmi les examens
complémentaires prescrivez-vous de première intention :

a/ Scintigraphie osseuse.
b/ Biopsie ostéomédullaire.
c/ Electrophorèse des protéines.
d/ IRM lombaire.

La bonne réponse est : C

L'hyperprotidémie fait suspecter une hypergammaglobulinémie. Du fait du tassement


vertébral, un composant monoclonal est très probable, ce que va confirmer
l'électrophorèse des protéines.
Une CRP à 200 mg/l doit faire évoquer en priorité les diagnostics suivants, sauf
un, lequel :

a/ Infection bactérienne.
b/ Lupus érythémateux systémique.
c/ Périartérite noueuse.
d/ Maladie de Still de l'adulte.
e/ Cancer profond.
Une CRP à 200 mg/l doit faire évoquer en priorité les diagnostics suivants, sauf
un, lequel :

a/ Infection bactérienne.
b/ Lupus érythémateux systémique.
c/ Périartérite noueuse.
d/ Maladie de Still de l'adulte.
e/ Cancer profond.

Les bonnes réponses est : B

Le lupus n’entraine pas d’élévation de la CRP. Son élévation dans ce cas traduit
souvent une infection.
Les protéines inflammatoires sont dites positives (leur taux sérique augmente
au cours des syndromes inflammatoires) ou négatives (leur taux sérique
diminue au cours des syndromes inflammatoires). Quelle est ou quelles sont
les protéines négatives de l'inflammation parmi les suivantes :

a/ Haptoglobine.
b/ Albumine.
c/ Complément sérique.
Les protéines inflammatoires sont dites positives (leur taux sérique augmente
au cours des syndromes inflammatoires) ou négatives (leur taux sérique
diminue au cours des syndromes inflammatoires). Quelle est ou quelles sont
les protéines négatives de l'inflammation parmi les suivantes :

a/ Haptoglobine.
b/ Albumine.
c/ Complément sérique.

La bonne réponse est : B


Les principales protéines négatives de l'inflammation sont : l'albumine, la
préalbumine et la transferrine. Au cours des syndromes inflammatoires
prolongés, on peut donc voir une hypoalbuminémie < 30 g/l.
Un syndrome inflammatoire avec hyperleucocytose à neutrophile supérieure à
7000/mm3 peut être :

a/ Une infection bactérienne.


b/ Une vascularite de type périartérite noueuse.
c/ Une maladie de Still de l'adulte.
d/ Une maladie périodique.
e/ Un cancer profond.
Un syndrome inflammatoire avec hyperleucocytose à neutrophile supérieure à
7000/mm3 peut être :

a/ Une infection bactérienne.


b/ Une vascularite de type périartérite noueuse.
c/ Une maladie de Still de l'adulte.
d/ Une maladie périodique.
e/ Un cancer profond.

Les bonnes réponses sont : A, B, C, D et E


Un syndrome inflammatoire au long cours associé à une éosinophilie
supérieure à 500/mm3 peut avoir les origines suivantes :

a/ Parasitose.
b/ Maladie de Churg et Strauss.
c/ Périartérite noueuse.
d/ Pemphigus.
e/ Maladie de Hodgkin.
Un syndrome inflammatoire au long cours associé à une éosinophilie
supérieure à 500/mm3 peut avoir les origines suivantes :

a/ Parasitose.
b/ Maladie de Churg et Strauss.
c/ Périartérite noueuse.
d/ Pemphigus.
e/ Maladie de Hodgkin.

Les bonnes réponses sont : A, B, C, D et E


Parmi les facteurs suivants, quels sont ceux qui augmentent la VS ?

a/ Anémie.
b/ Grossesse.
c/ Température élevée de la pièce.
d/ Cachexie.
Parmi les facteurs suivants, quels sont ceux qui augmentent la VS ?

a/ Anémie.
b/ Grossesse.
c/ Température élevée de la pièce.
d/ Cachexie.

Les bonnes réponses sont : A, B, et C


Dans quel cas le fibrinogène est-il abaissé, alors que les
autres marqueurs de l'inflammation sont augmentés ?
Dans quel cas le fibrinogène est-il abaissé, alors que les
autres marqueurs de l'inflammation sont augmentés ?

CIVD
Dans quel cas le complément est-il abaissé, alors que les
autres marqueurs de l'inflammation sont normaux ?
Dans quel cas le complément est-il abaissé, alors que les
autres marqueurs de l'inflammation sont normaux ?

En cas de maladies à complexes immuns : ils sont


consommés.
A quelle maladie de système faut-il penser devant un
syndrome inflammatoire isolé chez une personne
âgée?
A quelle maladie de système faut-il penser devant un
syndrome inflammatoire isolé chez une personne
âgée?

Artérite giganto-cellulaire (maladie de Horton)


Quel est le cancer solide qui est le plus souvent
découvert suite à une syndrome inflammatoire isolé ?
Quel est le cancer solide qui est le plus souvent
découvert suite à une syndrome inflammatoire isolé ?

Le cancer du rein
Vitesse de sédimentation élevée

Cas cliniques
Cas clinique N° 1
Une femme de 43 ans pose le problème d’un syndrome inflammatoire évoluant depuis
plusieurs mois avec des accès fébriles intermittents de 38,5 à 39,3 °C.

Elle n’a pas d’antécédent particulier. Vous remarquez quelques lésions pétéchiales des
membres inférieurs. Il existe un discret souffle systolique 2/6 au foyer aortique. La
radiographie du thorax est normale, ainsi que l’électrocardiogramme.

Sur le plan biologique, les résultats sont les suivants : VS 69 mm/h, protéine C réactive
(CRP) 285 mg/l (normale ‹ 3,5 mg/l), fibrinogène 11 g/l (normale de 2 à 4 g/l),
gammaglobulines 23 g/l (normale ‹ 16 g/l), globules blancs 14 800/mm³ dont 10 800/mm³
polynucléaires neutrophiles, bilan hépatique normal, fonction rénale normale. Deux
hémocultures sont positives à Staphylocoque aureus.
Parmi ces examens complémentaires , lesquels réalisez-vous ?

a) ECBU
b) scintigraphie au gallium
c) échocardiographie
d) scanner thoracique
e) échographie abdominale
Parmi ces examens complémentaires , lesquels réalisez-vous ?

a) ECBU
b) scintigraphie au gallium
c) échocardiographie
d) scanner thoracique
e) échographie abdominale

Les bonnes réponses sont : a, c, et e


Deux hémocultures sont positives à Staphylocoque aureus, il s’agit d’un état
septicémique. L’ECBU va éliminer un point de départ urinaire. L’échocardiographie
doit, dans cette situation, être demandée de manière systématique même en
l’absence de souffle cardiaque. Une végétation sur la valve aortique a ainsi été
mise en évidence, confirmant l’endocardite. Si l’échographie transthoracique avait
été normale, l’échographie par voie transœsophagienne aurait été nécessaire.
L’échographie abdominale est utile ici, car les états septicémiques et les
endocardites notamment peuvent se compliquer d’abcès de rate.
• Vous débutez un traitement par pénicilline M et aminosides. L’apyrexie est
obtenue au cinquième jour. A J8, la VS est à 75 mm/h, la CRP à 23 mg/l, le
fibrinogène à 8 mg/l. Quelle décision thérapeutique prenez-vous ?

a) remplacement de la pénicilline M
b) remplacement de l’aminoside
c) augmentation de la pénicilline M
d) pas de changement de thérapeutique
e) adjonction de la vancomycine
• Vous débutez un traitement par pénicilline M et aminosides. L’apyrexie est
obtenue au cinquième jour. A J8, la VS est à 75 mm/h, la CRP à 23 mg/l, le
fibrinogène à 8 mg/l. Quelle décision thérapeutique prenez-vous ?

a) remplacement de la pénicilline M
b) remplacement de l’aminoside
c) augmentation de la pénicilline M
d) pas de changement de thérapeutique
e) adjonction de la vancomycine

La bonne réponse est : d


La VS et le fibrinogène ont une cinétique lente, leur normalisation se fait en
moyenne à trois semaines de l’évolution d’un épisode inflammatoire aigu. Il s’agit
ici d’un syndrome inflammatoire chronique qui s’accompagne d’une
hypergammaglobulinémie. Les immunoglobulines ont une demi-vie de trois
semaines. Il faudra plus de trois semaines pour que le taux de gammaglobulines
se normalise et que la VS revienne à la normale. La CRP est une protéine de
cinétique rapide au huitième jour ; son taux avait considérablement diminué et
laissait prévoir une maîtrise du syndrome septicémique, ce d’autant que
l’apyrexie était obtenue. Il n’y a aucune modification thérapeutique à faire, mais
une simple surveillance biologique du couple CRP-fibrinogène avec la VS.
Dans les syndromes septicémiques et les infections
sévères, la CRP permet précocement de s’assurer de
l’efficacité de l’antibiothérapie. Sa normalisation survient
toujours avant la VS et le fibrinogène, habituellement entre
8 et 12 jours après le début de l’antibiothérapie.
Cas clinique N° 2
Un homme de 63 ans consulte pour une altération de l’état général ; il a perdu 6 kg en
trois mois. Il n’y a aucun point d’appel clinique. C’est un fumeur de longue date,
bronchitique chronique. L’examen clinique attentif ne révèle aucune anomalie. La
température est à 38,2 °C.

Les résultats biologiques sont les suivants : hémoglobine 8,9 g/dl, leucocytes 8
400/mm³, plaquettes 460 000/mm³, VS 83 mm à la première heure, CRP 23 mg/l,
fibrinogène 7,2 g/l, électrophorèse des protéines normale, bilan hépatique normal ; le
fer sérique est à 56 µg/dl (normale 80-110 µg/dl), le coefficient de saturation de la
sidérophiline est à 13 %, la capacité totale de fixation est à 483 µg/dl (normale ‹ 350
µg/dl).

Capacité totale de fixation de la transferrine (CTFT) = Capacité totale de saturation


de la siderophiline (CTSS) : 250 a 400 μg/dL ou 50 a 70 μmol/L.

Saturation : CST (ou CSS) : 0,30 soit : 0,20 à 0,40 chez l’homme; 0,15 à 0,35 chez la
femme.
Quels examens complémentaires pensez-vous demander à ce stade ?

a) hémocultures
b) ferritinémie
c) scanner thoraco-abdomino-pelvien
d) biopsie d’artère temporale
e) exploration endoscopique digestive
Quels examens complémentaires pensez-vous demander à ce stade ?

a) hémocultures
b) ferritinémie
c) scanner thoraco-abdomino-pelvien
d) biopsie d’artère temporale
e) exploration endoscopique digestive

Les bonnes réponses sont a, b, e.


Les hémocultures sont toujours nécessaires dans les situations inflammatoires
et fébriles. Au cours des syndromes inflammatoires chroniques apparaissent
une hyposidérémie et une anémie rarement inférieure à 8 g/dl, la ferritinémie
augmente, la capacité totale de fixation tend à diminuer. Au contraire, en cas de
carence martiale, les stocks en fer de l’organisme s’épuisent et, afin d’essayer de
compenser ce déficit, la capacité totale de fixation de la sidérophiline augmente.
Dans une situation mixte inflammatoire et carentielle, la ferritinémie peut être
paradoxalement normale, voire diminuée. Si l’on retrouve une augmentation
de la capacité totale de fixation au cours d’un syndrome inflammatoire, c’est
qu’il y a une carence martiale qui va être confirmée par le dosage de la
ferritinémie. Une altération de l’état général avec carence martiale justifie
d’emblée une exploration digestive d’abord haute, puis colique. Dans le cas
clinique rapporté, c’est la coloscopie qui finalement a permis de faire le
diagnostic de tumeur maligne du côlon droit.
Profil biologique des anémies inflammatoires et
carentielles

Anémie inflammatoire Anémie carentielle

Sidérémie

CSS

CTF

Ferritinémie

CSS : Coefficient de saturation de la sidérophiline


CTF : Capacité totale de fixation de la sidérophiline
Cas clinique n°3
• Homme de 72 ans, amaigrissement : 8 kg en 6 mois
• Constipation
• Température : 37°5 - 38°

• Leucocytes : 6500 /mm3 (72% PN)


• Hb : 9.4 g/dl, VGM: 80 m3
• Plaquettes : 412 000 /mm3
• VS : 92 mm / 1 h
• CRP : 120 mg/l
• Fibrinogène : 5.2 g/l
• Fer sérique : 6 mMol/l (10 - 30)
• Transferrine : 2.6 g/l (1.8 – 2.85)
• Saturation : 10% (18 - 41)
• Ferritine : 120 mMol/l (30 – 350)
• EP: Albumine : 34 g/l, alpha2 : 8.5 g/l, gamma : 11.1 g/l
Orientations diagnostiques

• Véritable syndrome inflammatoire

• Hyposidérémie mixte
– Inflammatoire
– Carence martiale

• Constipation

Suspicion de cancer colique


• Radio du thorax : normale
• Echographie abdominale : Foie nodulaire

• Coloscopie : Tumeur du colon droit

Biopsie : adénocarcinome colique


Cas clinique n°4
• Femme de 66 ans, douleurs des épaules depuis 2 mois, céphalées.

• Leucocytes : 11600 /mm3 (81% PN)


• Hb : 10.4 g/dl, VGM : 82 m3
• Plaquettes : 464 000 /mm3
• VS : 78 mm / 1 h
• CRP : 76 mg/l
• Fibrinogène : 7.2 g/l
• Fer sérique : 8 mMol/l (10 - 30)
• Transferrine : 1.4 G/l (1.8 – 2.85)
• Saturation : 20% (18 - 41)
• Ferritine : 610 mMol/l (30 - 350)

• EP: Albumine : 36 g/l, alpha2 : 7.9 g/l, gamma : 13.2 g/l


Orientations diagnostiques ?

• Véritable syndrome inflammatoire


• Femme > 60 ans, céphalées, arthralgies des épaules

• Suspicion de Maladie de Horton

• Examen ophtalmo
• Biopsie de l’artère temporale

Maladie de Horton
Cas clinique n°5
• Femme de 26 ans, Lupus connu depuis 2 ans (polyarthrite, vespertilio), sécheresse
buccale.
• Cortancyl 10 mg/j
• Asymptomatique, examen clinique normal

• Leucocytes : 3400 /mm3 (68% PN)


• Hb : 11 g/dl, VGM : 83 m3
• Plaquettes : 164 000 /mm3
• VS : 59 mm / 1 h
• CRP : 2 mg/l
• Fibrinogène : 3.7 g/l
• Fer sérique : 7 mMol/l (10 - 30)
• Transferrine : 3 g/l (1.8 – 2.85)
• Saturation : 9% (18 - 41)
• Ferritine : 12 mMol/l (30 - 350)
• EP: Albumine : 41 g/l, alpha2 : 3.9 g/l, gamma : 35 g/l
Orientations diagnostiques ?

• Pas de syndrome inflammatoire


• VS accélérée + hypergammaglobulinémie

• Lupus non évolutif.


• Probable association à un syndrome de Sjögren.
• Carence martiale.
• Reprendre interrogatoire (règles ++, saignement digestif).
Cas clinique n°6
• Homme de 73 ans, lombalgie aiguë après un effort, apyrétique
• AINS : amélioration partielle et transitoire
• Rx dorso-lombaire : tassements D10 et L2, ostéoporose diffuse

• Leucocytes : 2500 /mm3 (74% PN)


• Hb : 9.6 g/dl, VGM : 89 m3
• Plaquettes : 208 000 /mm3
• VS : 120 mm / 1 h
• CRP : 22 mg/l
• Fibrinogène : 4.7 g/l (2-4)
• Fer sérique : 24 mMol/l (10 - 30)
• Capacité fixation : 65 mMol/l (50 - 70)
• Saturation : 37% (18 - 41)
• EP: Albumine : 34 g/l, alpha2 : 3.4 g/l, gamma : 51.2 g/l
Orientations diagnostiques ?

• Pas ou peu de syndrome inflammatoire


• VS accélérée + hypergammaglobulinémie
• Homme > 70 ans, lésions osseuses

Myélome

• Créatinine : 254 mMol/l (28.7 mg/L)


• Calcémie : 3.2 mMol/l (128 mg/L)
• Immunofixation : IgG kappa monoclonale
• Myélogramme : 32 % plasmocytes dystrophiques
Cas clinique n°07

• Femme de 32 ans, asthénie, troubles du sommeil, amaigrissement : 3 kg en 4 mois,


adressée pour syndrome inflammatoire.

• Leucocytes : 3200 /mm3 (61% PN)


• Hb : 13.8 g/dl, VGM: 87 m3
• Plaquettes : 205 000 /mm3
• VS : 66 mm / 1 h
• CRP : 4 mg/l
• Fibrinogène : 2.8 g/l
• Fer sérique : 16 mMol/l (10 - 30)
• Capacité fixation : 58 mMol/l (50 - 70)
• Saturation : 21% (18 – 41)
• EP: Albumine : 38 g/l, alpha2 : 3.5 g/l, gamma : 19.7 g/l
• Rx Thorax: Adénopathies hilaires bilatérales et symétriques
Orientations diagnostiques ?

• Pas de syndrome inflammatoire


• VS accélérée / hypergammaglobulinémie

• Lymphome : possible mais peu probable


• Sarcoïdose ++
– Calcémie : 2.8 mmol/l (112 mg/L)
– Endoscopie bronchique : alvéolite lymphocytaire, granulomes
bronchiques

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