Dossier Sociologie
Dossier Sociologie
Dossier Sociologie
Puisque pour réaliser ce dossier il nous est demandé d’aborder 5 thèmes au croisement de la sociologie et de
l’université vu depuis notre regard d’étudiant, j’ai fait le choix de parler principalement de l’université telle que
je la connais, à savoir, l’université en période de COVID 19. Bien qu’étant étudiante au SED, je suis logée au
CROUS sur le campus de l’université Jean Jaurès. Cela étant, je suis en mesure de pouvoir aborder ces thèmes
sous un angle particulier qui implique la méthode de l’enseignement à distance et la proximité de la vie
étudiante.
Thème 1 : Interactions et sociabilités à l’université
Prenons la théorie de Georges Herbert Mead (1863-1931). Dans son ouvrage paru à titre posthume
Mind, self and society, 1934 Mead nous explique que selon lui, la socialisation serait la construction d’une
identité sociale de l’individu qui se formerait lorsque ce dernier entre en interaction avec autrui. Que ce soit en
impliquant des institutions où s’exercent des interactions ou au plus près “en face à face” entre socialisateurs et
socialisés. Pour l’auteur, c’est par l’échange avec autrui que l’individu va intérioriser des normes et se
sociabiliser.
Dans la continuité de ce raisonnement, les sociologues Berger et Luckmann émettent une théorie basée
sur le concept de “construction sociale de la réalité”. Dans leur ouvrage La construction sociale de la réalité,
Méridiens Klincksieck, 1992 les auteurs décrivent une socialisation qui s’effectuerait en deux phases : une
socialisation primaire (pendant l’enfance, tout comme le soutenait Mead) et secondaire qui “consiste en tout
processus postérieur qui permet d’incorporer un individu déjà socialisé dans de nouveaux secteurs du monde
objectif de la société” (Berger et Luckmann, op. Cit p179)
Ainsi, selon ces théories, on peut s’inquiéter, se demander quelles seront les conséquences sur les
étudiants dont le processus de socialisation est « mis en pause » et se questionner sur comment ces étudiants
privés de toute vie sociale peuvent parachever en ces temps difficiles ce processus de socialisation.
Thème 2 : Objets et écrits à l’université
Photo numéro 1
Source :https://www.ladepeche.fr/amp/article/2018/04/15/2780726-blocage-universite-jean-jaures-deux-camps-affro
ntent-coups-petitions.html
De même la photo numéro 1, prise en mai 2018 lors du blocus généré pour protester contre la loi
Orientation et réussite des étudiants (ORE), les murs de la fac sont détournés de leur fonction originelle et
deviennent porteurs d’un message. “Ici c’est le Mirail! Pas de fachos, pas de flics!” Ainsi, sur ses murs, la
faculté arbore les idées de ses étudiants. D’ailleurs, dans ce message, le terme “le Mirail” peut représenter aussi
bien le quartier populaire dans lequel se trouve la faculté, que la faculté elle-même puisque, il y a peu, elle
portait le même nom. Le nom du “Mirail” devient ainsi un trope, introduit très certainement délibérément par
les étudiants.
Nous avons ici, sur le cliché numéro 2 , un poteau sur lequel on aperçoit des affiches. Ces dernières sont
à l’image des opinions politiques ou identitaires revendiquées par certains étudiants de l’université JJ. Ces
affiches montrent l’appartenance à un parti politique, ici le parti communiste. L’affiche de couleur jaune elle,
invite les spectateurs à participer à une réunion ZOOM sur le thème du courant de pensée marxiste. On
remarque que ces textes sont collés sur un poteau. Ce dernier, étant construit initialement dans le seul but
pratique de maintenir les fondations de l’université, devient tour à tour porteur de messages, de revendications,
ou porte la trace du militantisme de certains étudiants.
Sur la photo numéro 3, on peut voir deux affiches ayant pour thème la libération de Georges Abdallah,
militant communiste libanais, condamné en France à la prison à perpétuité. Ces affiches sont collées sur un des
murs de la faculté. Elles ont été posées en dessous du plan de cette dernière. De ce fait, je trouve que ce cliché
est très parlant car le plan, sorte de carte d’identité de la faculté, est côte à côte avec cette affiche. Cela donne
l’impression à nouveau qu’un lien fort uni la faculté et les idéaux des étudiants. Comme si l’université elle aussi
soutenait cette cause.
Du fait du détournement de l’usage initial de ces objets, on peut associer ces photos à la théorie du
sociologue Michel De Certeau décrite dans son ouvrage L’invention du quotidien, Gallimard, 1990, selon
laquelle, les individus seraient capables d’innovation, d’autonomie dans la vie de tous les jours. Dans son livre,
l’auteur met en évidence la capacité des individus à détourner l’usage initial d’un objet, de se l’approprier, pour
lui octroyer in fine une fonction nouvelle.
Thème 3 : La vie étudiante
Photo numéro 1
Source : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/organisons-une-soiree-etudiante?hcb=1
Photo numéro 2
Source :https://www.h24info.ma/maroc/etudiants-isoles-en-france-jai-craque-et-je-suis-rentree-au-maroc-temoignag
es/?hcb=1
Photo numéro 3
Source :https://www.brut.media/fr/news/aide-alimentaire-une-file-d-attente-interminable-d-etudiants-a-paris-af5c68
30-4041-4a45-93ae-74160dc91397
Du fait de la pandémie, la vie des français a été bouleversée. Cependant, les étudiants plus que
quiconque ont vécu difficilement l’isolement dû au confinement et ensuite aux restrictions imposées à
l’ensemble de l’hexagone. Cela n’a pas toujours été ainsi. Comme le montre la photo numéro 1 qui représente
un flyer faisant la promotion d’une soirée étudiante, en dehors de la crise sanitaire, la vie étudiante était toute
autre. Nouvelle école, premier appartement, nouvelles rencontres, fêtes, repas ,séances de révisions en
commun… Voilà ce à quoi rêvaient et sont à présent privés les étudiants de la promotion 2019/2020.
Nombreuses ont été les personnes qui m’ont demandé s’il n’était pas trop difficile de mener à bien mes
études du fait de la situation sanitaire. A cette question je répondais que non, étant étudiante au SED, pour moi
la situation sanitaire n’était pas très problématique. Il faut ici préciser qu’étant âgée de 29 ans, j’ai, par la force
des choses acquis des expériences qui m’ont permis de m’adapter. C'est alors que dans ces moments-là, mes
pensées se tournaient vers ces étudiants de L1, pour la plupart âgés de 18 ans, qui viennent de quitter le lycée et
le domicile familial. Ces derniers, jeunes, inexpérimentés et pour certains bénéficiaires d’une bourse d’un
montant juste suffisant pour payer le loyer de leur chambre universitaire mais loin de couvrir les autres
dépenses devaient vivre des moments difficiles. J’ai choisi la photo numéro 3 pour illustrer mon propos. On
peut voir ô combien ont été les étudiants qui, faute de pouvoir trouver un job se sont retrouvés en situation de
précarité. Ici, on peut apercevoir une partie d’une file d’attente composée d’étudiants en attente de recevoir un
colis d’aide alimentaire.
La photo 2 représente ce à quoi s’est résumé pour beaucoup la vie d’étudiant : passer des journées seuls,
isolés dans une chambre de 10m2. A cela s’ajoutant souvent une situation de précarité et le lourd tribut de
devoir être privés de toute vie sociale et d’échanger avec les professeurs ou l’administration de la fac
uniquement par mail. Certains étudiants ont d’ailleurs fait le choix de retourner auprès de leur famille et de
suivre le semestre à distance tellement la situation était trop difficile à vivre pour eux. Certains articles aussi
font éta de suicides et selon une enquête publiée en janvier pour la Fondation FondaMental, près d’un jeune sur
trois avoue avoir eu des "pensées suicidaires" ces derniers mois.
Un article vu lors du premier semestre dans le cadre de l’UE 105 me revenait en mémoire. Ce dernier
retransmettait les propos d’Alain Coulon, sociologue et professeur de sciences de l’éducation à l’université de
Paris VIII. Ce dernier avait, lors d’un échange dirigé par Valérie Becquet, parlé de son livre Le métier
d’étudiant : l’entrée dans la vie universitaire, Paris, PUF,1997. L’auteur y décrivait les processus, les enjeux de
la vie d’étudiant qui permettent à ces derniers de mener à bien leur cursus à l’université.
Il constatait que le taux d’échec et d’abandon des étudiants était important et mettait en cause le non
aboutissement d’un processus selon lui primordial pour réussir son cursus qu’il nommait “processus
d’affiliation”. Ce dernier était de deux natures : “institutionnel et intellectuel”. Institutionnel dans le sens où
l’étudiant était censé bien se familiariser avec le mode de fonctionnement de l’université. Il pointait du doigt
(déjà à l’époque) des problèmes de bureaucratisation qui venaient compliquer cette affiliation. Il mentionnait
aussi que l’épanouissement du point de vue social des étudiants dépendrait de sa participation aux activités
para-universitaires. De tout cela, nous en sommes toujours privés aujourd’hui.
Les conditions dans lesquelles évoluaient les étudiants de Coulon, en comparaison avec celles des
étudiants de 2020/2021 peuvent être, je pense, qualifiées de “favorables”. Il n’en est pas moins que le
sociologue constatait déjà des problèmes évidents qui venaient entraver la réussite de ces étudiants. Que dire
alors de la situation à laquelle doivent faire face ceux confrontés à la crise sanitaire ?
Thème 4 : Apprendre la sociologie
Photo numéro 1
Source : https://www.editionsladecouverte.fr/invitation_a_la_sociologie-9782707182616?hcb=1
Photo numéro 2
Source :
https://fr-fr.facebook.com/UnivParis1PantheonSorbonne/photos/photo-dantancours-demile-durkheim-professeu
r-%C3%A0-luniversit%C3%A9-de-paris-et-p%C3%A8re-fond/10155159316745751/
La photo numéro 1 représente la couverture d’un ouvrage du sociologue Peter Berger, Invitation à la sociologie,
La Découverte, coll. « Grands Repères », 2006, 249 p. Il s’agit du premier livre que j’ai acheté qui traitait de la
sociologie. Il a le mérite d’être clair, compréhensible et de ce fait, il est particulièrement adapté aux individus
souhaitant en apprendre plus sur cette discipline. J’avais déjà un certain penchant pour cette science mais ce
livre est vraiment l’élément qui m’a donné l’envie d’approfondir mes connaissances et d’en apprendre plus.
La photo numéro 2 représente celui qu’on désigne comme le père fondateur de la sociologie en France : Emile
Durkheim. Le cliché à été pris au début des années 1900 alors qu’il était professeur à l’université de Paris
Sorbonne. Emile Durkheim s’est appliqué à définir “Les règles de la méthode sociologique” et à l’aide de
collaborateurs, il s’est donné pour mission de recenser parmi les disciplines déjà existantes, tout ce qui pouvait
être profitable à la construction de la science du social.
Contrairement à la psychologie, la sociologie se fait plus discrète aux yeux de la population. Quand, nombreux
sont les psychologues invités sur les plateaux télé à parler de leur discipline ou à commenter un fait en
particulier, les sociologues eux sont quasiment invisibles. La masse de la population est-elle consciente de ce
qu’est la sociologie? J’en doute.
Cependant, la sociologie est bien présente dans le quotidien des français et au sein de ce que l’on appelle “les
médias de masse” Lorsque la ménagère, friande de faits divers, regarde des reportages d’enquêtes qui se
donnent pour mission de faire le lien (ou pas) entre délinquance et immagration. C’est bien de sociologie qu’il
s’agit. De même, au quotidien, quand son enfant la sollicite pour acheter la dernière paire de basket Nike, là
encore la sociologie a infiltré son quotidien.
Thème 5 : La sociologie dans notre quotidien
Photo numéro 3
Source :https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/lundi14septembre-jupe-maquillee-crop-top-dire-stop-au-sex
isme-1873374.am
La photo numéro 1 fait référence à un spot féministe paru l’année dernière en 2020. Il m’a été envoyé par une
amie et j’ai pensé qu’il résumait bien la pression que la société exerce sur les femmes. De célèbres actrices et
mannequins ont participé à la réalisation de ce spot. Je pense que des actions comme celles ci sont utiles pour
toucher la masse. En effet, le fait que ce spot mette en scène des actrices de talent permet de toucher une vaste
partie de la population, à commencer par les jeunes filles qui souvent, s’identifient à ces stars. Cette vidéo,
traduite en français mentionne les jugements portés sur les femmes. Tout le long de la vidéo, dans un
monologue, l’actrice énumère les fardeaux souvent contradictoires imposés aux femmes. Une phrase revient :
« be a lady they say ». Cette injonction faite aux femmes est un lourd tribut à porter pour ces dernières. Ce spot
est selon moi très intéressant car il met en évidence le fait que quoi qu’une femme puisse faire, dire,
s’habiller… la société trouvera toujours quelque chose à lui reprocher et sera toujours dans l’attente de plus
d’efforts de la part des femmes. Les pressions exercées par la société sur les femmes sont de diverses natures et
sont tellement nombreuses qu’il est impossible de toutes les énumérer. Ainsi, la société a de multiples
aspirations concernant les femmes et ces dernières changent au gré de l’histoire ou de la situation économique
du pays à un moment T. Dans le cadre de l’UE 101, nous avions vu que c’est Jacqueline Martin qui a, en
premier mis en évidence que la société voyait ses attentes envers les femmes changer et que par exemple, la
prise en charge du foyer était tributaire de la natalité du pays et du marché de l’emploi. Jacqueline Martin,
Population, Nov. - Dec., 1998, Vol. 53, No. 6)
La photo numéro 2 est tiré du clip de Maroon 5. On y voit plusieurs femmes danser dont une, arborant
fièrement un hijab. Si l’on en croit la plupart des médias français, cette femme porte sur elle l’étendard de la
soumission et est, par sa tenue en totale contradiction avec les valeurs du féminisme et celles de la république.
Etrange, car il me semblait que le féminisme avait pour principe de laisser les femmes être ce qu’elles ont envie
d’être. Qu’en est-il de la place de ce sujet dans le débat public ? Un étranger qui viendrait passer quelques mois
dans notre pays pourrait aisément constater que ce sujet est récurrent dans les médias et penser naïvement qu’il
en est ainsi car la France, en bonne élève et défenseuse inconditionnée des femmes à déjà éradiqué tous les
problèmes majeurs qui peuvent porter atteinte à l’intégrité de ces dernières et que cela étant, il ne reste plus
pour les français que ce « problème » à régler. Bien entendu, nous savons qu’il n’en est rien. En 2019, selon un
article datant du 18 août 2020 du journal « Le monde », « le nombre de féminicides a augmenté de 21 % en
France… 146 femmes tuées par leur compagnon ou ex-conjoint en un an. » La hiérarchie des problèmes pour le
gouvernement français défie toute logique. Est-il pertinent de parler massivement du « danger » que le hijab
représente alors que des femmes meurent tous les jours sous les coups de leur ex ou actuels conjoints dans
l’hexagone ? Chez nos voisins espagnols le débat du port du voile est quasi inexistant et en se penchant sur leur
politique concernant la régression des féminicides ont remarque que ces derniers sont passés de 47 femmes
mortes en 2018, contre 71 en 2003. En France, ce sont 146 femmes qui ont été tuées en 2019, contre 137 en
2006. Ce constat dépasse mon entendement.
Trop couverte ou pas assez ? La photo numéro 3 illustre un mouvement de contestation apparu en septembre
2020 après que des établissements scolaires aient refusé l’entrée à des jeunes filles du fait de leurs tenues jugées
trop provocante. Dès lors, le ministre de l'Éducation nationale s’était exprimé et avait préconisé aux jeunes gens
de se vêtir de façon "républicaine" pour aller au collège ou au lycée avant d’ajouter « il suffit de s’habiller
normalement ». Les jeunes filles, premières visées par ses propos les ont considérés comme étant sexistes et ont
contesté en masse cette injonction. Elles ont revendiqué leur droit de pouvoir s’habiller comme elles le
souhaitaient en organisant un mouvement, le lundi 14 septembre qui préconisait aux filles de se vêtir toutes de
mini jupes, décolleté ou crop tops.