Droit Bancaire
Droit Bancaire
Sciences Juridiques.
Droit Privé
Semestre 6
2021/2022
BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Introduction générale
1
BONNEAU Thierry, Droit bancaire, L.G.D.J, 12ème édition, Précis Domat, 2017, pp 4 et 5.
Il en découle que le droit bancaire est alors à la fois un droit des
acteurs et un droit des activités.
2
Considéré comme la plus ancienne des institutions bancaires, Il date de 3500 ans avant J.C.
3
La Phrygie (du grec ancien : Φρυγία) est un ancien pays d'Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce,
sur la partie occidentale du plateau anatolien.
strictement religieux et professionnel. Les banques collectaient
occasionnellement les impôts. Certaines banques accompagnaient les
armées, ce qui contribuait à mettre sur pied le premier réseau bancaire
international.
Au moyen âge (à partir des invasions barbares 400 ans après J.C.
jusqu’au XVI siècle), avec le développement fulgurant des foires,
certaines transformations ont été apportées à la technique bancaire. Il
s’agit particulièrement de la mise en place des titres de dépôts et de la
lettre de change.
4
Avec l’avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales de grandes banques commerciales
européennes, notamment françaises, de banques d’affaires et de groupes financiers étrangers se sont
installées au Maroc. De même, ont vu le jour des institutions financières marocaines remplissant des fonctions
spécifiques et intervenant dans des domaines particuliers. Il s’agit notamment de la Caisse des Prêts
Immobiliers du Maroc (CPIM), de certains caisses spécialisées dans le financement de l’agriculture, de la Caisse
Centrale de Garantie (CCG), de la Caisse Marocaine des Marchés (CMM) et du Crédit Populaire (CP).
Voir : GAUVIN Alain et RAJI-BRIAND Kawtar, Droit bancaire et financier marocain- livre 1 : Droit bancaire
marocain, RB, 2020, pp 18 et 19.
5
Ces textes ont notamment dévolu au directeur des finances une compétence générale en matière de contrôle
et de règlement des conditions d’exercice de l’activité bancaire, ainsi que le pouvoir de sanction aux
manquements constatés.
La seconde étape importante de la mise en place et de la
consolidation du système bancaire marocain a débuté avec la
promulgation du décret royal n° 1-67-66 du 21 avril 1967 portant loi
relative à la profession bancaire et au crédit, dont les principaux
apports consistent en une définition plus précise de l’activité des
banques, la délimitation des attributions des autorités de tutelle, de
surveillance et l’institution d’une réglementation plus appropriée.
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Droit Privé
Semestre 6
2021/2022
BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Premier chapitre : Cadre juridique
Les sources internes du droit bancaire sont multiples1. Ainsi les règles
régissant les professionnels et les activités bancaires se trouvent essentiellement
dans la loi bancaire (section 2) considérée comme le texte de base, et le code de
commerce (section 1). A ces sources il faut ajouter les arrêtés du ministre chargé des
finances2, les circulaires du Walli de Bank Al Maghrib3 ainsi que la pratique
bancaire4.
1
Les sources internationales sont également diverses. Elles concernent à la fois la surveillance des
établissements de crédit et les opérations bancaires.
La surveillance des établissements de crédit fait l’objet d’études menées par le comité de Bâle sur le contrôle
bancaire. Les travaux du comité de Bâle, qui n’est pas une autorité supranationale, n’entraînent cependant pas
d’obligation pour les Etats et n’ont pas force exécutoire. Il revient aux autorités nationales de mettre en œuvre,
selon le dispositif qu’elles jugent adéquat, les normes et les règles de caractère général édictées par celui-ci.
Quant à l’activité bancaire, elle a fait l’objet d’un certain nombre de conventions internationales. Certaines ont
une portée qui dépasse l’activité bancaire telle que la convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable
aux obligations contractuelles. D’autres concernent des opérations déterminées, comme les conventions
d’Ottawa sur le crédit-bail international et l’affacturage international.
A côté des conventions existent des pratiques internationales unifiées dont les plus connues sont l’œuvre de la
chambre de commerce internationale (CCI), en particulier les règles et usances relatives aux crédits
documentaires.
2
Qui ont pour objet principalement l’approbation des circulaires du Walli de Bank Al Maghrib ainsi que la mise
en application de certaines dispositions de la loi bancaire.
3
Elles concernent principalement les conditions de gestion et de fonctionnement des établissements de crédit
ainsi que le contrôle du crédit
4
Elle ne suscite aucune difficulté spécifique dans les rapports entre les établissements de crédit : elle s’applique
sans aucune restriction. En revanche, dans les rapports entre ces derniers et leur clientèle, l’opposabilité de la
pratique dépend principalement de sa connaissance par la clientèle. Si le client en a été informé lors de la
conclusion du contrat, elle lui sera opposable ; dans le cas contraire, la pratique lui sera inopposable. Toutefois
cette connaissance sera supposée si le client est particulièrement averti des procédés bancaires.
transaction commerciale dépassant 10.000 dirhams qui est devenu désormais
20.000 en vertu de la loi 24.86 relative à l’impôt sur les sociétés5.
On analysera les nouveautés apportées aussi bien par la loi de 1993 que de
2006 (§1), avant d’envisager les apports propres à celle de 2006 (§2).
5
C’est ainsi que l’article 193 du code général des impôts dispose que : « Indépendamment des autres sanctions
fiscales, tout règlement d’une transaction dont le montant est égal ou supérieur à vingt mille (20.000) dirhams,
effectuée autrement que par chèque barré non endossable, effet de commerce, moyen magnétique de
paiement, virement bancaire, procédé électronique ou par compensation avec une créance à l’égard d’une
même personne, à condition que cette compensation soit effectuée sur la base de documents dûment datés et
signés par les parties concernées et portant acceptation du principe de la compensation, donne lieu à
l’application à l’encontre de l’entreprise venderesse ou prestataire de services, vérifiée, d’une amende de 6%
du montant de la transaction effectuée :
-soit entre une société soumise à l’impôt sur les sociétés et des personnes assujetties à l’impôt sur le revenu, à
l’impôt sur les sociétés ou à la taxe sur la valeur ajoutée et agissant pour les besoins de leur activité
professionnelle ;
-soit avec des particuliers n’agissant pas pour les besoins d’une activité professionnelle.
Toutefois, les dispositions de l’alinéa ci-dessus ne sont pas applicables aux transactions concernant les
animaux vivants et les produits agricoles non transformés à l’exception des transactions effectuées entre
commerçant ».
6
Loi n° 103-12 du 1er rabii I 1436 (24 décembre 2014) relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés.
De surplus, le cadre de contrôle et de concertation entre les autorités
monétaires et les établissements de crédit s’est élargi par la mise en place du conseil
national du crédit et de l’épargne, du comité des établissements de crédit, de la
commission de discipline des établissements de crédit et des associations
professionnelles.
Par ailleurs, la protection des déposants et des emprunteurs a été renforcée
par l’institution d’un droit au compte et l’instauration d’un fond de garantie des
déposants et l’obligation d’une notification écrite conférant aux emprunteurs un délai
de préavis avant toute réduction ou interruption de crédit..
Les réformes apportées par la loi de 2006 peuvent être présentées comme
suit :
- Le renforcement du pouvoir de contrôle et de décision de Bank al Maghreb
qui s’est étendu aux institutions suivantes : la caisse d’épargne nationale, la caisse
de dépôt et de gestion, aux associations de micro crédit, aux banques offshores, aux
services des comptes courants et des chèques postaux et services des mandats
postaux, à la caisse centrale de garantie, aux entreprises intermédiaires en matière
de transfert de fonds, aux entreprises effectuant le conseil et l’assistance en matière
de gestion de patrimoine
- chaque établissement de crédit est tenu d’un devoir de vigilance qui concerne toute
opération dont la cause économique ou le caractère licite n’est pas apparent.
Sous-section 2 : Les nouveautés de la loi 2014
- Cinquième titre (80 à 107) porte sur le contrôle des établissements de crédit
- Septième titre (les articles de 150 à 170) concerne les relations entre les
établissements de crédit et leur clientèle et intermédiaires en opérations
effectuées par les établissements de crédit
- Huitième titre (les articles de 171 à 194), porte sur les sanctions disciplinaires
et pénales
Neuvième titre (les articles de 195 et 196) porte sur les dispositions diverses
et transitoires
7
Telle qu’elle a été modifiée par la loi 36.20 portant transformation de la Caisse centrale de garantie en société
anonyme et la loi 50.20 relative à la microfinance.
- La mise en conformité de la loi bancaire avec d’autres textes législatifs. Il
en est ainsi de la loi sur la protection du consommateur, la loi sur la lutte
contre le blanchiment, la loi sur la concurrence et de la loi sur la protection
des données privées.
- La revue du fonctionnement du dispositif de garantie des dépôts au Maroc
et la mise en place des dispositions visant la création, par Bank Al-Maghrib
et les établissements de crédit adhérents, d’une société anonyme chargée,
entre autres, de la gestion du fonds collectif de garantie des dépôts
(FCGD), dont la création remonte à 1996 et du fonds de garantie des
dépôts des banques participatives8.
L’objectif est de rehausser la gouvernance du système de garantie des
dépôts, géré auparavant par la banque centrale, et de s’aligner sur les
principes fondamentaux pour des systèmes de garantie efficaces, édictés
par le comité de Bâle et IADI9.
De surcroît, ladite société est appelée à contribuer au traitement des
difficultés des établissements de crédit notamment en agissant en tant
qu’administrateur provisoire et en fournissant, à titre exceptionnel et
préventif, un soutien financier par le biais de prêts subordonnés ou de
prises de participations.
8
La société marocaine de gestion des fonds de garantie des dépôts bancaires (SGFG) a été créée en mai 2015,
en vertu de la loi n° 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés du 24 décembre 2014.
La SGFG a pour mission de gérer, conformément aux dispositions de cette loi, le Fonds Collectif de Garantie des
Dépôts et le Fonds de Garantie des Dépôts des Banques Participatives.
Ces Fonds, institués par cette loi, ont pour objectif fondamental la protection des avoirs des déposants,
personnes physiques ou morales, au cas où une banque adhérente à l’un de ces Fonds n’est plus en mesure de
restituer les dépôts et les autres fonds remboursables. Ces Fonds constituent également un important
dispositif permettant de contribuer au redressement des difficultés des établissements de crédit.
9
L’association internationale des assureurs des dépôts (international association of deposit insurers), est un
organisme à but non lucratif créé le 6 mai 2002 sous le régime des lois de la Suisse. Il constitue une entité
juridique distincte dont le siège est situé à la banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, en Suisse. Elle
a pour mission la contribuer à renforcer l’efficacité de l’assurance-dépôts par la promotion d’orientations
générales et par la coopération internationale.
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES
ET SOCIALES, AIN SEBAA
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Droit Privé
Semestre 6
2021/2022
BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Deuxième chapitre : Les acteurs et les activités concernés par le
droit bancaire
On abordera les acteurs régis par le droit bancaire (section 1), avant
d’envisager les activités de banques (section2)
1
Qui feront l’objet d’un examen détaillé au cours du quatrième chapitre.
§1- Les banques
Elles sont seules habilitées à recevoir des fonds de public à vue ou d’un
délai inférieur à deux ans, à effectuer des opérations de banque par nature et les
opérations qui leur sont connexes et commercialiser des produits participatifs
conformément aux dispositions qui leur sont inhérentes.
Elles sont régies depuis 1993 par la loi bancaire. Or, l’article 13 de la
nouvelle loi dispose que : « Ne sont autorisées à effectuer parmi les activités
visées à l’article 1er et aux paragraphes 2 à 5 de l’article 7, que celles précisées
dans les décisions d’agrément ou éventuellement dans les textes législatifs ou
règlementaires qui leur sont propres ».
Elles sont, par ailleurs, habilitées à recevoir des fonds du public d’un
terme supérieur à un an.
On distingue entre celles dont l’opération est limitée par des dispositions
législatives ou règlementaires propres comme la société « Finéa » 2, dénommée
jusqu’à 2013, « la caisse marocaine des marchés », et celles dont l’activité est
précisée par leur agrément comme les sociétés de crédits à la consommation, de
crédit-bail mobilier et immobilier, d’équipement, de capital risque,
d’investissement, des sociétés de cautionnement mutuel3…
2
Société anonyme de droit privé créée en 1950 par arrêté du directeur des finances, Finéa (ex caisse marocaine
des marchés) a été fondée pour garantir les banques contre les risques de crédits consentis aux entreprises
titulaires de marchés publics et parapublics.
En 2004, Finéa est adossée à la caisse de dépôt et de gestion (CDG). En début d’année 2013, l’ex caisse
marocaine des marchés change de nom et d’identité visuelle pour devenir Finéa.
3
Le cautionnement mutuel est un système qui tend à créer les groupements professionnels, à caractère
régional ou national, destinés à faciliter à leurs membres l’accès au financement bancaire, le principe était de
permettre à des emprunteurs de se réunir au sein d’un organisme appelé caution mutuelle, capable d’offrir au
prêteur une garantie collective qui met en jeu la solvabilité de tous les participants.
Comme leur nom l’indique, ces groupements interviennent sous forme de caution. Les décisions sont prises
d’une manière indépendante des organismes de prêts, au terme d’une appréciation correcte des risques. Cette
appréciation, au-delà du critère bilanciel, est fondée sur la moralité, la compétence et la valeur personnelle des
membres adhérents que ces sociétés connaissent parfaitement.
Sous-section 2 : Les organismes assimilés
C’est ce que l’on appelle dans ces sociétés « le ratio de la valeur humaine ». Cette fonction d’appréciation
relève du conseil d’administration, composé de professionnels élus par leurs confères d’une manière
indépendante des organismes de prêts, au terme d’une appréciation correcte des risques.
4
Tel qu’il a été modifié par l’article premier de la loi 44.20, qui entre en vigueur à compter de la date de la
transformation effective de la caisse centrale de garantie en société anonyme et la mise en place des organes
d’administration et de direction de la Société et abroge, à la même date, les dispositions de la loi n° 47-95
promulguée par le dahir n° 1-96-107 du 21 rabii I 1417 (7 août 1996) relative à la réorganisation de la caisse
centrale de garantie.
5
Dénommées avant l’entrée en vigueur de la loi n° 50-20, le 29 juillet 2021, relative à la microfinance,
associations de microcrédit. Cette modification est prévue à l’article 17 de la loi susvisée.
6
Dénommée avant l’entrée en vigueur de la loi 36.20 en 17 septembre 2020, la caisse centrale de garantie.
recours à tous moyens de communication à distance qui constitue une nouveauté
apportée par la loi.
Il est vrai qu’il existe des comptes bancaires à affectation spéciale mais
cette spécialité du compte bancaire ne procède pas de la loi, contrairement au
compte de paiement, mais de la liberté contractuelle.
En second lieu, les fonds déposés par les clients sur le compte de
paiement doivent, conformément à l'article 17, être conservées sur un compte
global séparé et individualisé auprès d’un établissement de crédit habilité à
recevoir des dépôts à vue.
Plus encore l’article 17 de la loi 103.12 dispose, à son dernier alinéa que :
« Nonobstant toute disposition législative contraire, en cas de procédure de
liquidation ouverte à l'encontre de l'établissement de paiement ou de
l'établissement de crédit teneur du compte global visé ci-dessus, les fonds
inscrits dans ces comptes de paiement sont affectés au remboursement des
titulaires des comptes de paiement »9.
7
Ce droit d'utiliser les fonds reçus se justifie pleinement par la nature même de l'activité bancaire en
l’occurrence, la transformation des dépôts en crédit pour financer l’économie et constitue ainsi une source de
financement des banques.
8
Il n'était pas question pour le législateur de conférer à l'établissement de paiement le droit d’user des fonds
déposés par ses clients même assorti d'une obligation de restitution.
9
C’est ainsi qu’on peut assimiler le droit du client sur les fonds déposés aux fins de paiement à un droit réel sur
la chose (les fonds), là où le client titulaire d’un compte bancaire ne dispose que d’un droit de créance
opposable à l’établissement de crédit.
Voir à ce sujet : GAUVIN Alain et RAJI-BRIAND Kawtar, Droit bancaire et financier marocain- livre 1 : Droit
bancaire marocain, RB, 2020, p 65.
§2- Les institutions de microfinance
Ce texte est composé de vingt articles répartis sur trois titres. Le premier
titre intitulé « De l’activité de microfinance » comporte des dispositions
générales relatives au champ d’activité des établissements de la microfinance
qui s’étend à l’octroi de microcrédits, la collecte des dépôts et aux opérations de
la micro-assurance, ainsi qu’à la dispense, au profit de leur clients, de
prestations de conseil, de formation et d’accompagnement technique en matière
de microcrédit.
Le même titre prévoit, de surcroit, les formes que peuvent adopter les
établissements de microfinance. C’est ainsi que les institutions de microfinance
peuvent être formées selon deux formes juridiques distinctes à savoir la forme
associative en tant qu’organisme assimilé à un établissement de crédit ou la
forme de société anonyme en tant qu’établissement de crédit, étant précisé que
les associations ne peuvent pas gérer directement le service de microfinance et
doivent créer, à cet effet, des sociétés anonymes.
10
Telle qu’elle a été modifiée par la loi n° 85.18.
Il faut souligner à cet égard que la nouveauté phare introduite par ce texte est celle du rehaussement du
plafond du microcrédit mentionné dans son article 2. Le plafond fixé est ainsi passé de 50.000 à 150.000
dirhams. «Le montant du microcrédit qui ne peut excéder cent cinquante mille dirhams (150.000 dirhams) est
fixé par décret. Ledit décret peut prévoir plusieurs niveaux de ce montant en fonction des objectifs de chaque
association de microcrédit et de ses moyens financiers».
Les trois niveaux de plafond ayant été prévus, dans ce sens, portent en premier sur un seuil maximum de
50.000 dirhams pour que le bénéficiaire puisse créer ou développer ses propres activités de production ou de
service.
Le deuxième niveau fixe le plafond autour de 100.000 dirhams. Ce plafond est destiné à acquérir, construire ou
améliorer le logement du bénéficiaire, de se doter d’installations électriques ou s’alimenter en eau potable
ainsi qu’à souscrire aux contrats d’assurance.
Le troisième niveau porte, pour sa part, sur un montant maximum de 150.000 dirhams permettant ainsi de
créer ou développer une activité de production ou de service en vue de leur insertion économique et
remplissant au moins des conditions précises telles que l’inscription au registre de commerce, la disposition
d’un statut d’auto-entrepreneur, l’assujettissement à la taxe professionnelle ou encore l’inscription au registre
des coopératives sous forme de coopérative agricole ou être membre dans l’une de celles-ci.
11
Dahir n° 1-21-76 du 3 hija 1442 (14 juillet 2021) portant promulgation de la loi n° 50-20 relative à la
microfinance, (version en langue arabe).
Le titre premier traite également des ressources des institutions de
microfinance formées sous la forme d’association ainsi que les modalités de leur
liquidation.
C’est ainsi que les articles 16 et 17 de ladite loi ont porté des
modifications à certains articles de la loi 103.12. Il s’agit des articles 19, 19 bis,
25 et 32 de la loi 103.12 ayant été modifiés par l’article 16 de la loi 50.20 et les
articles 11, 26, 34 de la loi bancaire étant modifiés par l’article 17 de la loi
relative à la microfinance.
Elles sont régies aussi bien par certaines dispositions de la loi 103.12 que
la loi 58.90 12relative aux places financières offshore.
L’article 1er de la loi 58.90 dispose qu’ « Il est créé dans la municipalité
de Tanger une place financière offshore ouverte aux activités de banques et des
sociétés de gestion de portefeuille et de prise de participations, telles que
définies par la présente loi.
12
Dahir n° 1-91-131 du 21 chaabane 1412 (26 février 1992) portant promulgation de la loi n° 58-90 relative aux
places financières offshore.
Des places financières offshore peuvent être créées et délimitées par voie
réglementaire, dans d'autres régions du Royaume du Maroc ».
C’est ce qui découle de l’article 2 de la loi 58.90 qui dispose que : « Est
considérée comme banque offshore, pour l'application de la présente loi :
La loi 58.90 s’inscrit dans le cadre d’une volonté politique dans les
domaines de l’industrie et des services en faveur du développement économique
et social. Le Maroc a, ainsi, pour objet d’accueillir des sociétés et autres entités
mettant en œuvre de véritables projets relevant de secteurs industriels et de
services définis, se traduisant par l’exercice d’une activité économique réelle,
par des investissements et la création d’emplois.
… les banques offshores régies par la loi régissant les places financières
offshore sont soumises aux dispositions des titres II, IV, V, VI, VII et VIII de la
présente loi ».
13
En vertu du dahir n°1-59-074 du 10 février 1959
14
Voir à ce sujet l’article 4 du dahir instituant la caisse de dépôt et de gestion
Nommé par décret, le caissier général dispose du statut de comptable
public. Le dahir de création de la caisse de dépôt et de gestion lui a attribué les
attributions relatives au maniement des fonds et valeurs. Il effectue également
ou constate l’encaissement des recettes et le paiement des dépenses, et ce
conformément à l’article 6 du dahir susmentionné.
Elle est en effet chargée de centraliser et de gérer les fonds d’épargne, qui,
de par leur nature, requièrent une protection spéciale.
15
Nonobstant les dispositions législatives qui leur sont applicables et sous réserve des conditions spécifiques
qui sont édictées à cet effet par circulaires du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des
établissements de crédit : … la caisse de dépôt et de gestion est soumise aux dispositions de l'article 47 et des
titres IV, V ET VIII de la présente loi ».
16
Comme les indemnités d’expropriation, les sommes litigieuses, les successions des fonctionnaires décédés,
les pécules des prisonniers décédés, libérés ou évadés, les sommes laissés par les malades décédés dans leurs
hôpitaux.
Elle est le dépositaire légal des fonds de la caisse nationale de sécurité
sociale (CNSS), de la caisse d’épargne nationale (CEN) et d’autres dépôts et
flux 17à caractère obligatoire ou facultatif.
Elle est également le premier souscripteur des bons de trésor réservés aux
investisseurs et habilitée à consentir des acomptes et des crédits aux collectivités
territoriales 18
via le fonds d’équipent communal (FEC) afin de réaliser des
travaux d’équipement.
Par ailleurs, il faut souligner que la vision du groupe CDG a changé au fil des
années après sa migration d’un organisme collecteur de l’épargne et investisseur
en bons du Trésor à un opérateur actif qui investit dans des activités risquées et
dans des domaines tels que les zones industrielles et les zones offshore19.
17
Il en est ainsi des fonds détenus par les notaires de leurs clients pour l’accomplissement à leur compte
d’opérations de vente et autres. Il en est également des avoirs en déshérence après dix ans d’inactivité d’un
compte bancaire ou après le terme d’un contrat d’assurance vie suite au décès du titulaire.
18
Voir l’article 21 du dahir instituant la CDG.
19
Voir à ce sujet le site suivant : File_3_621.pdf (courdescomptes.ma), consulté le 03/03/2022, à 00h47mn
Cependant, la loi 36.20, entrée en vigueur le 27 juillet 2020, a prévu la
transformation de la forme juridique de la caisse centrale de garantie d'un
établissement public en société anonyme régie par la loi numéro 17.95 relative
aux sociétés anonymes, en vue d’introduire les meilleures pratiques en termes de
transparence, de gouvernance et de responsabilité.
C’est ainsi que ladite loi prévoit que le capital social de la société
nationale de garantie de financement de l'entreprise est détenu intégralement par
l'État marocain avec une valeur nominale des actions fixée ultérieurement par
voie réglementaire.
Les activités secondaires sont financées quant à elles par des conventions
spéciales de financement conclues entre la société et l'État ou les organismes
prêteurs après accord du conseil d'administration de la société nationale de
garantie de financement des entreprises.
Toutefois, la société nationale de garantie de financement des entreprises
ne sera pas soumise à la loi numéro 69.00 relative au contrôle financier de l'État
sur les entreprises publiques et autres organismes.
20
Voir le site : La Société Nationale de Garantie et du Financement de l’Entreprise (SNGFE) tient son premier
Conseil d’Administration | TAMWILCOM, consulté le 02 /03/2022 à 12h40.
La société Nationale de Garantie et du Financement de l’Entreprise
(SNGFE) tient son premier Conseil d’Administration Rabat, le 10 septembre
2021 - Le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de
l’Administration, Monsieur Mohamed BENCHAABOUN, a présidé la première
réunion du Conseil d’administration de la Société Nationale de Garantie et du
Financement de l’Entreprise issue de la transformation de la Caisse Centrale de
Garantie en société anonyme en application de la loi 36.20 promulguée le 25
juillet 2020.
A- Bank Al Maghrib :
21
En se limitant de les énumérer seulement à travers ce document sachant qu’elles ont fait l’objet
d’explications détaillées lors du cours magistral.
- un organe de direction : le Wali qui exécute les décisions du conseil. Il
est assisté d'un directeur général et de plusieurs comités dont le comité d'audit,
le comité de direction, le comité de stabilité financière, le comité monétaire et
financier et des organes de contrôle composés de commissaires du
gouvernement, du commissaire aux comptes et de la cour des comptes.
Par ailleurs, il faut préciser que Bank Al Maghrib est chargée en vertu de
l'article 80 de la loi 103.12, de contrôler le respect par les établissements de
crédit des dispositions de la loi susmentionnée et des textes pris pour son
application.
22
C’est à dire les opérations réalisées par Bank Al Maghrib qui ne relèvent pas de ses prérogatives régaliennes
de régulation, réglementation, contrôle et sanction mais des opérations de nature commerciale telle que la
conclusion de contrat avec les banques étrangères qui peuvent porter sur des pensions livrées, des prêts de
titre par exemple ou encore des couvertures contre divers risques financiers.
Elle vérifie l'adéquation de l'organisation administrative et comptable et
du système de contrôle interne de ces établissements et veille à la qualité de leur
situation financière23.
23
Bank Al Maghrib doit-elle s'enquérir de la santé financière des établissements de crédit pour s'assurer qu'ils
sont capables de respecter leurs engagements à l'égard de leurs clients de leur fournisseur et prestataire et de
leur partenaire.
24
Rappelons à cet égard qu'un commissaire aux comptes dans le cadre son devoir d'alerte rende compte à
Bank Al Maghrib de la situation financière dégradée d'un établissement et de ses doutes sur la capacité de ce
dernier à la redresser pour exiger l'application de mesures sévères par exemple la recapitalisation de
l'établissement voir le retrait de son agrément.
À cette fin Bank Al Maghrib siège au sein du comité de coordination et de
surveillance des risques systémiques et peut proposer au gouvernement toutes
les mesures susceptibles de maintenir la stabilité financière.
Par ailleurs, il faut souligner que le ministre chargé des finances dispose,
en vertu de l’article 24 de la loi 103.12, du pouvoir d’homologuer « Les
circulaires du wali de Bank Al-Maghrib prises en application de (la loi
103.12) et des dispositions législatives et réglementaires en vigueur » avant
leur publication au «Bulletin officiel».
D'autre part, les commissaires aux comptes, dont la désignation doit être
approuvée par Bank Al-Maghrib, doivent présenter toutes les garanties
d'indépendance à l'égard des établissements contrôlés et de leurs dirigeants.
Ils ne pourraient exercer plus de deux mandats consécutifs auprès du même
25
Dans la mesure où l’article 99 de la loi 103.12 dispose que : « Les établissements de crédit sont tenus de
désigner deux commissaires aux comptes après approbation de Bank Al-Maghrib. Par dérogation aux
dispositions de l'alinéa ci-dessus et à celles de l'article 159 de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes, les
établissements de crédit désignent un seul commissaire aux comptes lorsque leur total bilan est inférieur à un
seuil fixé par Bank Al-Maghrib. Les modalités d'approbation de la désignation des commissaires aux comptes
par les établissements de crédit sont fixées par circulaire du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des
établissements de crédit ».
26
L’article 100 de la loi 103.12
établissement. Le renouvellement de leur mandat auprès de ces derniers ne
pourrait intervenir qu'à l'expiration d'un délai de 3 ans 27.
27
Les articles 101 et 102 de la loi 103.12
28
Les articles 103 et 104 de la loi 103.12
29
Par dahir n° 1.15.02, du 20 janvier 2015, bulletin officiel n° 6333 du 9 février 2015, p 1098.
A- Le conseil national du crédit et de l’épargne
Prévu à l’article 27 de la loi 130.12, le conseil national du crédit et de
l'épargne est présidé par le ministre chargé des finances. Le conseil comprend,
en plus du Wali de Bank Al-Maghrib comme président, les membres indiqués à
l’article premier du Décret n° 2-17-31 du 27 septembre 2017, fixant la
composition et les modalités de fonctionnement du conseil national du crédit 30.
Quand il devra donner son avis sur les différentes demandes d'agrément,
sa composition se limitera aux représentants des autorités monétaires 31.
En effet, l’article 32 de la loi bancaire tel qu’il a été modifié par la loi 50.20
relative à la microfinance dispose que : « Les établissements de crédit agréés en
tant que banques ou en tant que banques participatives et les banques offshore
sont tenus d'adhérer à une association professionnelle régie conformément aux
dispositions du dahir du 3 joumada I 1378 (15 novembre 1958) réglementant le
droit d'association, tel qu'il a été modifié et complété.
Les établissements de crédit agréés en tant que sociétés de financement sont
tenus d'adhérer à une association professionnelle régie conformément aux
dispositions du dahir précité.
Sous-section4 : La clientèle
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BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Section 2 : Les activités régies par le droit bancaire
Le droit bancaire regroupe les règles juridiques qui fixent les conditions
d’accès à la profession des établissements de crédit et organismes assimilés (sous-
section 1), et régissent certains contrats qualifiés de bancaires (sous-section 2).
L’exercice des opérations de banque et qui leur sont connexes (§2) est
subordonné à l’obtention de l’agrément (§1) qui peut être retiré dans certaines
situations prévues par la loi.
Soulignons tout d’abord que tout établissement voulant exercer une activité
d'établissement de crédit, d'établissement de paiement, d'institutions de
microfinance, de banque offshore, doit disposer d’un agrément 1, sous peine de
sanctions pénales2.
On envisagera l’octroi de l’agrément (I) avant de retracer les contours des situations
dans lesquelles l’agrément serait retiré (II).
I- L’octroi de l’agrément
1
L’article 34 de la loi 103.12
2
L’article 183 de la loi 103.12 dispose que : « « Est punie d’un emprisonnement de six (6)
mois à trois (3) ans et d’une amende de 100.000 à 5.000.000 de dirhams ou de l’une de
ces deux peines seulement, toute personne qui :
- exerce, à titre de profession habituelle, les opérations visées aux articles 1 et 16 ci-
dessus sans avoir été dûment agréée en tant qu'établissement de crédit ;
- effectue des opérations pour lesquelles elle n’a pas été agréée ».
énoncées par les articles 35, 36, 37, 38 et 44 de la loi 103.12 est présentées ci-
après :
1- La forme sociale requise. C’est ainsi que les établissements de crédit doivent,
conformément à l’article 35, être formées en tant que société anonyme à
capital fixe ou coopérative à capitale variable. Or les établissements de
paiement sous forme d’une société à responsabilité limitée.
2- Le respect du capital minimum ou de la dotation minimale exigée légalement,
qui est fixé par la circulaire du gouverneur de Bank Al Maghrib n° 20/G/2006
du 30 novembre 2006 modifiée et complétée par la circulaire 8/w/16 du 10 juin
2016.
Par ailleurs, aux termes de l’article 38 de la présente loi : Nul ne peut, à un titre
quelconque, fonder, diriger, administrer, gérer ou liquider un établissement de crédit :
- s’il a été condamné irrévocablement pour crime ou pour l’un des délits prévus
et réprimés par les articles de 334 à 391 et de 505 à 574 du code pénal ;
- s’il a été condamné irrévocablement pour infraction à la législation relative aux
changes ;
- s’il a été condamné irrévocablement en vertu de la législation relative à la lutte
contre le terrorisme ;
- s’il a été frappé d’une déchéance commerciale en vertu des dispositions des
articles de 745 à 753 de la loi n° 15-95 formant code de commerce (tel qu’il a
été amendé par la 73-17), et qu’il n’a pas été réhabilité ;
- s’il a été condamné irrévocablement pour l’une des infractions prévues aux
articles de 754 à 757 de la loi n° 15-95 formant code de commerce (tel qu’il a
été amendé par la 73-17).
- s’il a fait l'objet d’une condamnation irrévocable en vertu des dispositions des
articles de 182 à 193 de la présente loi ;
- s’il a fait l'objet de radiation, pour cause disciplinaire, d’une profession
réglementée ;
- s’il a fait l’objet d'une condamnation irrévocable en vertu de la législation
relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux :
- s’il a fait l’objet d’une condamnation prononcée par une juridiction étrangère et
passée en force de chose jugée pour l’un des crimes ou délits ci-dessus
énumérés.
Aux termes des articles 5 3et 6 4de la loi 58.90 relative aux places financières offshore,
l'exercice de l'activité des banques offshore est subordonné à l'obtention d'un agrément
3
L’article 5 de la loi 58.90 dispose que : « L'exercice des activités bancaires visées à
l'article 2 ci-dessus est subordonné à l'obtention d'un agrément délivré par le ministère
chargé des finances après avis de Bank Al-Maghrib. L'agrément est accordé ou refusé
dans un délai maximum de 90 jours courant à compter de la date du dépôt de la
demande d'agrément.
Article 6 : Ce capital ou cette dotation devront être libérés intégralement dans un délai
maximum de 90 jours suivant la da
4
Article 6 : L'agrément ne peut être accordé que pour la constitution de filiales ou
l'installation de succursales de banques de notoriété internationale, dont Bank Al-Maghrib
s'est assurée de l'expérience bancaire et des capacités financières nécessaires pour
répondre à leurs engagements. A cette fin, le postulant devra s'engager à souscrire un
capital minimum de 500.000 dollars U.S. dans le cas de création d'une filiale ou une
dotation de même montant au cas de création d'une succursale. Ce capital ou cette
dotation devront être libérés intégralement dans un délai maximum de 90 jours suivant la
date de notification de l'agrément. Toutefois, ce délai peut être prorogé par le ministère
des finances lorsque le postulant le justifie, notamment en raison des démarches
nécessaires à la constitution de la banque offshore.
délivré par le ministre chargé des finances après avis de Bank Al-Maghrib dans un délai de
90 jours.
1- La notoriété internationale,
2- L’expérience bancaire et les capacités financières de la maison-mère,
3- La régularité de la constitution de la banque au regard de la législation
choisie par les actionnaires,
4- Un capital minimum de 500000 dollars devant être intégralement libéré dans
un délai de 90 jours suivant la date de la notification de l'agrément,
5- L'adéquation des moyens en personnel et en matériel à l'exercice de l'activité
Par ailleurs, le retrait de l'agrément des banques offshore relève du ministre chargé
des finances à la demande de la banque offshore ou à l’initiative du ministre des
finances lorsque :
1- La banque ne remplit plus les conditions ayant permis l'octroi de son agrément
2- Ou en cas de manquement grave à la législation ou à la réglementation qui lui
est applicable.
L’article 1 de la loi bancaire 103.12 prévoit que les opérations de banque sont :
aux termes de l’article 2 de la loi 103-12, sont considérés comme fonds reçus du
public, les fonds qu’une personne recueille de tiers sous forme de dépôt ou
autrement, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, à charge pour elle de
les restituer5.
a- Remise de fonds
La réception de fonds implique une remise de monnaie soit volontairement ou sollicitation
par l’établissement de crédit. La nature juridique de l’opération importe peu : elle peut être à
titre de dépôt (qui est différent du dépôt régi par les règles de droit commun conformément à
l’article 781 du DOC), une convention de prêt ou encore une convention de compte courant.
b- Tiers
Le public est défini à travers la notion de tiers pour indiquer que proviennent du
public tous les fonds recueillis de personnes dotées d’une personnalité juridique
distincte de celle de la personne qui reçoit les fonds.
Cela veut dire qu’à partir du moment où le banquier reçoit des fonds d’une
personne autre que lui-même, il reçoit des fonds du public.
— Les fonds inscrits dans les comptes de paiement prévus à l’article 16 de la même
loi6.
Les fonds ne sont pas considérés comme reçus du public s’ils ne peuvent pas
être utilisés librement. Ceci est notamment le cas des fonds déposés à titre de
garantie ou à l’issue d’un achat déterminé.
d- Obligation de restitution
La restitution peut se faire via la monnaie fiduciaire ou par la monnaie
scripturale.
6
1) Sont considérés comme services de paiement aux termes de l’article 16 de la loi
103.12:
- les opérations de transfert de fonds ;
- les dépôts et les retraits en espèces sur un compte de paiement ;
- l'exécution d'opérations de paiement par tout moyen de communication à distance, à
condition que l'opérateur agisse uniquement en qualité d'intermédiaire entre le payeur
et le fournisseur de biens et services;
- l'exécution de prélèvements permanents ou unitaires, d'opérations de paiement par
carte et l'exécution de virements, lorsque ceux-ci portent sur des fonds placés sur un
compte de paiement.
On entend par compte de paiement tout compte détenu au nom d'un utilisateur de
services de paiement et qui est exclusivement utilisé aux fins d'opérations de paiement.
2) Ne sont pas considérés comme services de paiement, les opérations de paiement
effectuées par :
- un chèque tel que régi par le Code de commerce ;
- une lettre de change tel que régi par le Code de commerce ;
- un mandat postal émis et/ou payé en espèces ;
- tout autre titre similaire sur support papier.
Les modalités d'exercice des services de paiement sont arrêtées par circulaire du wali de
Bank Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit.
— les fonds déposés en compte à vue, avec ou sans préavis, même si le solde du
compte peut devenir débiteur ;
- les fonds déposés avec un terme ou devant être restitués après un préavis ;
- les fonds versés par un déposant avec stipulation d’une affectation spéciale, si
l'établissement qui a reçu le dépôt ne le conserve pas en l'état, à l'exception des
fonds versés auprès des sociétés légalement habilitées à constituer et gérer un
portefeuille de valeurs mobilières ;
- les fonds dont la réception donne lieu à la délivrance, par le dépositaire, d’un bon
de caisse ou de tout billet portant intérêt ou non.
Le code de commerce, y a remédié dans son article 526 qui définit l’escompte
comme étant « la convention par laquelle l’établissement bancaire s’oblige à payer
par anticipation au porteur le montant d’effets de commerce ou autres titres
négociables à échéance déterminée que ce porteur lui cède à charge d’en
rembourser le montant à défaut de paiement par le principal obligé…. »
La définition inclut, outre les crédits par signature qui prennent une place très
importante dans les concours bancaires, et la vente à réméré, des techniques plus
récentes comme le crédit-bail et l’affacturage.
C’est ainsi que le même article ajoute que, sont assimilées à des opérations de
crédit:
* Les opérations de location de biens meubles qui, quelle que soit leur qualification,
donnent au locataire la possibilité d'acquérir à une date fixée avec le propriétaire,
tout ou partie des biens pris en location, moyennant un prix convenu tenant compte,
au moins pour partie, des versements effectués à titre de loyers
8
En application de l’article 1 de la loi 24.01 relative aux opérations de pension, « La
pension est l’opération par laquelle une personne morale, un fonds commun de
placement tel que défini par le dahir portant loi n° 1-93-213 du 4 rabii II 1414 (21
septembre 1993) relatif aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières, ou
un fonds de placements collectifs en titrisation tel que défini par la loi n° 10-98 relative à
la titrisation de créances hypothécaires, cède en pleine propriété à une autre personne
morale, à un fonds commun de placement ou à un fonds de placements collectifs en
titrisation, moyennant un prix convenu, des valeurs, titres ou effets visés à l’article 2 de
la présente loi et par laquelle le cédant et le cessionnaire s’engagent respectivement et
irrévocablement, le premier à reprendre les valeurs, titres ou effets, le second à les
rétrocéder à un prix et à une date convenus».
La première est liée aux développements rapides des nouveaux moyens
de paiement tels que la monétique et les transferts magnétiques.
La seconde provient du souci des autorités monétaires de contrôler
l’évolution de ces opérations et de leurs risques afin de protéger les
déposants tout en appréhendant mieux leur influence sur la conduite de la
politique monétaire.
- l'ingénierie financière ;
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Sous-section2 : Les contrats bancaires : le compte en banque
Etant régi par le code de commerce aux articles de 487 à 508 et la loi
103.12 aux articles de 150 à 160, le compte en banque requiert pour sa
conclusion que certaines conditions soient remplies, (§1) afin de fonctionner et
produire ses effets (§2).
L’article 487 se limite à préciser que « le compte en banque est soit à vue,
soit à terme ». Or, on comprend des termes de l’article 151 de la loi 103-12, que
le compte en banque est une convention écrite entre le client et la banque. Le
client est appelé déposant, or la banque étant établissement dépositaire.
1
outre les contrats précédemment indiqués dans le cadre des opérations de banque, et ceux faisant office des
services des banques participatives étant régis par la loi bancaire ainsi que les contrats bancaires régis par des
normes de portée internationale comme le crédit documentaire dont la réglementation est assurée par les
règles et usances uniformes de la chambre de commerce internationale.
Certes le législateur marocain consacre, en vertu de l’article 1502 de la loi
103.12, le droit de toute personne de se faire ouvrir un compte bancaire, mais il
a imposé certaines conditions qui divergent selon que le requérant soit une
personne physique (A) ou une personne morale (B).
A- Personnes physiques
L’article 488 du code de commerce dispose que : « L'établissement
bancaire doit, préalablement à l'ouverture d'un compte, vérifier, en ce qui
concerne les personnes physiques, le domicile et l'identité du postulant au vu des
énonciations de sa carte d'identité nationale, de la carte d'immatriculation pour
les étrangers résidents ou du passeport ou toute autre pièce d'identité en tenant
lieu pour les étrangers non-résidents… ».
2
L’article 150 de la loi 103.12 dispose que : « Toute personne ne disposant pas d’un compte à vue et qui s’est
vu refuser, par une ou plusieurs banques, l'ouverture d’un tel compte après l'avoir demandé par lettre
recommandée avec accusé de réception, peut demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de
crédit auprès duquel elle pourra se faire ouvrir un tel compte.
Lorsqu'elle estime que le refus n’est pas fondé, Bank Al- Maghrib désigne un établissement de crédit auprès
duquel le compte sera ouvert. Ce dernier peut limiter les services liés à l'ouverture du compte aux opérations
de caisse »
Etant contrat commercial, le compte en banque suppose que la personne
physique ait la capacité d’exercer le commerce, qui obéit aux règles du statut
personnel aux termes de l’article 12 du code de commerce.
Ceci étant, l’âge de la majorité légale est fixé, selon l’article 209 du code
de la famille, à « dix-huit années grégoriennes révolues ».
Lorsque sa maturité d’esprit est constatée par le tuteur, le mineur peut être
totalement émancipé c’est-à-dire libéré de la tutelle.
3
Tout en tenant compte des développements dispensés durant la conférence.
Il s’agit d’un tableau divisé en deux parties : la partie débit qui enregistre
les retraits réalisés par caisse, les paiements par chèques, les avis de
prélèvements, les virements et les règlements exécutés dans le cadre des services
et crédits bancaires ; et la partie crédit qui enregistre tous les versements
effectués par le client ou en sa faveur comme des versements d’espèces.
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1
§3 : Variétés de comptes en banque
Il en est ainsi du compte titre qui est régi par la loi 35.96, relative à la
création d'un dépositaire central et à l'institution d'un régime général de
l'inscription en compte de certaines valeurs.
⦁ Le compte à vue
Aux termes de l’article 493 du code de commerce, le compte à vue
est « un contrat par lequel la banque convient avec son client d’inscrire sur
2
un relevé unique leurs créances réciproques sous forme d’articles de crédits
et de débits et dont la fusion permet de dégager à tout instant un solde
provisoire en faveur de l’une des parties ».
⦁ La novation
Elle explique la transformation que subit la créance du fait de son
entrée en compte. La novation consiste ainsi à la perte de la spécificité et
l’individualité du régime des créances qui deviennent de simples articles du
compte. La créance est novée parce qu'elle disparaît pour devenir un article
du compte participant à la formation du solde du compte.
⦁ L'indivisibilité
Elle explique l'état de la créance jusqu'à la fusion des articles du
quand elle participe à un bloc dans les éléments sont inséparables et notre
à savoir le solde unique qui peut être créditeur ou des buteurs pour l'une
des parties à l'égard de l'autre en vertu de l'article 498 du code de
commerce.
⦁ La capitalisation d'intérêts
3
S'il est constant en droit civil qu'il est, selon l’article 874 du DOC, nul
« entre toutes parties la stipulation que les intérêts non payé seront, à la fin
de chaque année, capitalisés avec la somme principale et seront productifs
d'intérêt », la capitalisation des intérêts est possible à la fin de chaque
semestre lorsqu'il s'agit de transaction commerciale conformément à
l'article 873 du DOC.
4
⦁ Les comptes courants ouverts aux personnes physiques ou morales
appartenant à divers secteurs d’activités pour leurs opérations
professionnelles
⦁ Les comptes chèques ouverts pour les particuliers commerçants ou
non pour leur besoins personnels. Ces comptes enregistrent les
retraits et versements de leurs titulaires. Leurs soldes sont
généralement créditeurs ; il y a possibilité de dépassements devant
être remboursables rapidement
⦁ Les comptes sur carnets ouverts seulement aux personnes
physiques. Le maximum du capital épargné : 300 000 dirhams. Les
intérêts y afférents sont capitalisés à la fin de chaque trimestre, en
faveur du client.
⦁ Les comptes à terme
Ils sont des comptes de dépôts à terme qui demeurent bloqués
jusqu’à l’échéance fixé au moment de l’ouverture de compte.
5
compte bancaire.
Ceci est également le cas de l’article 22 de la loi 17.95 qui oblige les
fondateurs d’une société anonyme d’ouvrir un compte bancaire bloqué afin
qu’ils soient déposés les fonds provenant des souscriptions en numéraire
au nom de la société en formation.
⦁ le compte individuel :
⦁ Le compte collectif
C’est un compte ouvert au nom de plusieurs personnes. L’on distingue
entre le compte bancaire avec solidarité et le compte bancaire sans
6
solidarité.
Les retraits anticipés des dépôts à terme ne sont pas autorisés sauf
en cas de besoin de fonds motivés par des circonstances exceptionnelles.
Les avances garanties par ces dépôts supportent des intérêts débiteurs
supérieurs de deux points au taux d’intérêt créditeur appliqué
7
⦁ La clôture volontaire
⦁ La clôture obligatoire
8
Elle intervient en cas de décès, incapacité ou redressement ou
liquidation judiciaire.
9
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES
ET SOCIALES, AIN SEBAA
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Troisième chapitre : La responsabilité bancaire
Généralement, la responsabilité d’une personne est engagée lorsque, par son action,
elle porte préjudice à une autre personne.
Le banquier, considéré comme étant un commerçant dont le rôle est primordial dans la
vie économique, cependant son commerce est dangereux dans la mesure où il pourrait susciter
sa responsabilité civile (section 1), pénale et disciplinaire (section2).
En matière de responsabilité civile, deux cas sont envisagés. Le premier est celui ou
les personnes concernées ont préalablement conclu entre elles un contrat (sous-section 1). Or,
le second est celui ou les personnes n’ont conclu aucun accord préalable, elles sont alors les
acteurs d’un événement (sous-section 2).
Quoiqu’il en soit, la responsabilité civile de la banque ne peut être engagée que dans la
mesure où le client, ou un tiers, démontre la réunion des trois conditions classiques :
l’existence d’une faute commise par le banquier ; l’existence d’un préjudice souffert ; un lien
de causalité entre la faute et le préjudice.
D’emblée, il faut avancer qu’il existe deux catégories de situations qui permettent de
qualifier des personnes de « clients » d’une banque. Il y a tout d’abord des opérations
ponctuelles qui font l’objet d’un contrat, mais qui ne se situent pas dans le cadre de relations
continues et habituelles. Ceci est notamment l’exemple, d’une personne physique qui effectue
une opération de change manuel dans une agence bancaire, ne sachant que cette personne
n’est titulaire d’aucun compte dans cet établissement. On parle lors, de clients occasionnels.
Il y a également les personnes qui choisissent une banque pour effectuer chez elle
toutes les opérations de banque. Dans ce cas, le compte bancaire matérialise les relations
d’affaires entre la banque et le client.
Hormis ces situations, existent des circonstances où la personne est potentielle, c’est
en fait un « prospect ». Dans ce cas, il est considéré juridiquement comme un tiers. Ceci est
notamment le cas des personnes qui demandent l’ouverture d’un compte (avant la
confirmation par la banque).
Ceci étant, seul le « client » d’une banque, c’est-à-dire la personne qui a conclu un
contrat avec une banque peut engager la responsabilité contractuelle de la banque à l’occasion
de l’exécution du contrat.
Ceci dit, si la banque commet une faute dans l’exécution d’un ordre, elle répond de sa
faute vis-à-vis de son client pour autant que la force majeure ne puisse être invoquée et que le
client lui-même n’ait pas commis de faute.
L’ouverture de crédit à durée limitée prend fin de plein droit au terme fixé sans que la
banque ait l’obligation d’en avertir le bénéficiaire.
Qu’elle soit à durée limitée ou illimitée, l’établissement bancaire peut y mettre fin sans
délai en cas de cessation notoire de paiement du bénéficiaire ou de faute lourde commise à
l’égard dudit établissement ou dans l’utilisation du crédit.
A défaut de respecter les conditions fixées par la loi, la banque qui rompt un crédit
prend le risque de voir mettre en cause sa responsabilité contractuelle.
La forme de ces clauses est loin d’être générale. En effet, la loi considère que les
clauses limitant la responsabilité d’une banque dans un contrat passé avec un client ne sont
efficaces qu’en cas de faute légère de la banque.
En revanche lorsque le banquier commet une faute lourde ou un dol dans l’exécution
du contrat, la responsabilité de la banque est reconnue et la clause limitative de responsabilité
n’a pas d’effet conformément à l’article e l'article 232 du DOC aux termes duquel on ne peut
stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou de son dol1.
1
L’article 232 du DOC dispose qu’ « on ne peut stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou
de son dol ».
La responsabilité extracontractuelle bancaire est engagée, généralement, suivant les
dispositions classiques de droit commun (§1). Mais dans le cas d’une entreprise en difficulté,
les créanciers apparaissent comme les victimes du comportement de la banque et de ce fait, ils
cherchent à faire reconnaître la faute commise par celle-ci en vue d’obtenir le paiement de
dommages intérêts (§2).
2
L’article 77 du DOC dispose : « Tout fait quelconque, de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause
sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe. Toute stipulation contraire est sans effet ».
L’article 78 du DOC dispose : « Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a causé, non
seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe. Toute
stipulation contraire est sans effet. La faute consiste, soit à omettre ce qu'on était tenu de faire, soit à faire ce
dont on était tenu de s'abstenir, sans intention de causer un dommage ».
Cette faute consiste soit à omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à faire ce dont on
était tenu de s’abstenir. C'est-à-dire toute faute, même légère, soit par commission, soit par
omission, engage la responsabilité du banquier.
Il y a un autre élément à évoquer ici c’est la volonté. La faute peut être commise
intentionnellement, c’est-à-dire accomplie avec l’intention de nuire. Comme elle peut être
commise sans l’intention de nuire, c’est-à-dire résultant d’une faute intentionnelle. En effet le
banquier peut avoir commis une faute, sans pour cela qu’il soit de mauvaise foi. Ainsi, on
peut dire que dans ce cas, la faute du banquier résultera d’une incompétence, d’une
négligence mais pas d’une mauvaise foi ou de la volonté de porter préjudice.
Ceci dit, il peut être constamment sollicité pour fournir des renseignements sur telle ou
telle affaire. Bien entendu l’usage ne lui interdit pas de satisfaire aux demandes qui lui sont
formulées. Mais, en raison d’éventuelles erreurs ou de fausses interprétations des données
communiquées, il verra sa responsabilité civile engagé sur la base de l’article 82 du DOC.
Les renseignements communiqués par le banquier peuvent profiter à celui qui les
sollicite mais elles peuvent également être défavorables à celui sur qui ils sont donnés. Ainsi,
la responsabilité du banquier peut être engagée sur le plan délictuel, en raison du caractère
confidentiel, inexact ou diffamatoire des renseignements fournis.
Ceci étant, toute information confidentielle ou qui pourrait nuire ou porter atteinte aux
intérêts du client tombe dans le champ du secret professionnel : les chiffres, la situation du
client, ses relations d’affaires, ses difficultés, etc. Ces informations ne peuvent être divulguées
sans le consentement du client même après la fin des relations avec la banque. Essayons
maintenant de voire clairement la responsabilité quasi-délictuelle.
3
L’article 85 du DOC dispose : « On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre
fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre.
Le père et la mère après le décès du mari sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs
habitant avec eux ;
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés ;
Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance ;
La responsabilité ci-dessus a lieu à moins que les père et mère et artisans ne prouvent qu'ils n'ont pu empêcher
le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
Le père, la mère et les autres parents ou conjoints répondent des dommages causés par les insensés et autres
infirmes d'esprit, même majeurs, habitant avec eux, s'ils ne prouvent :
1. Qu'ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire ;
2. Ou qu'ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l'insensé ;
3. Ou que l'accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime.
La même règle s'applique à ceux qui se chargent, par contrat, de l'entretien ou de la surveillance de ces
personnes ».
III- La responsabilité du fait des choses
Le régime général de responsabilité du fait des choses est prévu par l’article 88 du
DOC qui pose le principe dans les termes suivants :
« Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu’il a sous sa garde lorsqu’il est
justifié que ces choses sont la cause directe du dommage, s’il ne démontre :
2- et que le dommage dépend, soit d’un cas fortuit, soit d’une force majeure, soit de la faute
de celui qui en est victime ».
• L'existence d'une chose, les choses de toutes sortes et les plus diverses. Peu
importe que la chose soit atteinte ou non d'un vice interne ; il suffit que la chose objet du
dommage soit présente au moment du dommage.
• Un rapport de causalité doit avoir été constaté entre la chose et le dommage.
• La garde de la chose : la responsabilité n'est pas attachée aux choses elles-
mêmes, mais à leur garde.
B- Préjudice réparable
Il faut reconnaitre que les dommages ne sont pas tous réparables. Consciente de
l'impossibilité d'assurer la réparation de tous les dommages, la jurisprudence a, pour
l'essentiel, fixé les conditions auxquelles doit satisfaire un dommage pour fonder ou
contribuer à fonder un droit à réparation. Ces conditions sont relatives aux caractères du
dommage réparable et aux diverses sortes de dommages.
A propos des caractères du dommage, il faudrait que le dommage soit certain, direct,
personnel, ne doit pas avoir été réparé et constitue une atteinte à un intérêt légitime. Quant
aux sortes de dommage, on en distingue trois : le dommage corporel (atteinte à l'intégrité
physique), le dommage matériel (sur le patrimoine), le dommage moral4.
4
Les développements relatifs au dommage sont dispensés lors des conférences en présentiel.
C- Le lien de causalité
L’exigence d’un rapport de causalité entre le fait générateur et le dommage constitue le
troisième terme de l’équation en matière de responsabilité extracontractuelle.
Il ne suffit, alors, pas, d’établir l’existence d’un fait générateur et d’un dommage pour
que la victime soit fondée à se prévaloir d’un droit à indemnisation.
Pour que naisse l’obligation de réparation, encore faut-il que soit établie l’existence d’une
relation de cause à effet entre la faute et le dommage.
Il s’agit plus précisément d’un rapport qui met aux prises deux éléments distincts : Le
dommage qui peut se présenter sous plusieurs formes et le fait générateur qui peut consister en
plusieurs sources de responsabilité.
Les banques doivent être très vigilantes lorsqu’elles maintiennent ou augmentent des
concours à une entreprise dont elles savent qu’elle est en situation irrémédiablement
compromise. Vis-à-vis des créanciers de son client, le banquier risque de donner une image
fausse de celui-ci.
Par ailleurs à la suite d’actions du banquier jugées contraires, par les autorités
monétaires, aux dispositions de la réglementation bancaire, la responsabilité disciplinaire du
banquier pourrait être engagée (§2).
Pour que cette responsabilité soit mise en cause, elle peut être engagée dans le cadre
de différentes opérations comme le secret professionnel (A) et la complicité de la banqueroute
(B).
A- Le secret professionnel
Dans l’exercice de son activité, le banquier est appelé à connaître et à détenir des
informations sur ses clients. Une bonne part de ces informations est soumise au secret
professionnel.
C’est ainsi que l’article 180 de la loi bancaire 103-12 dispose que : « toutes les
personnes qui, à un titre quelconque, participent à l’administration, à la direction ou à la
gestion d’un établissement de crédit, d’un organisme assimilé ou qui sont employées par
ceux-ci, les membres du conseil national du crédit et de l'épargne, du comité des
établissements de crédit, de la commission de discipline des établissements de crédit, du
comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, du conseil d'administration
et le personnel de la société gestionnaire, les personnes chargées, même exceptionnellement,
de travaux se rapportant au contrôle des établissements soumis à la surveillance de Bank Al-
Maghrib en vertu de la présente loi et, plus généralement, toute personne appelée, à un titre
quelconque, à connaître ou à exploiter des informations se rapportant à ces établissements,
sont strictement tenus au secret professionnel pour toutes les affaires dont ils ont à connaître,
à quelque titre que ce soit, dans les termes et sous peine des sanctions prévues à l’article 446
du code pénal.»5.
B- La complicité à la banqueroute
La banqueroute est une infraction qui vient apporter des sanctions pénales dans le
cadre des difficultés de l’entreprise. Elle peut être définie comme un délit commis par les
dirigeants d’une entreprise individuelle ou à forme sociale, qui se trouve en état de cessation
des paiements à la suite de certains agissements.
Il découle de l’énumération retenue par l’article 754 du code de commerce que deux
types de personnes peuvent se voir appliquer les dispositions relatives à la banqueroute : les
5
L’analyse des dispositions de cet article a été effectuée lors de la conférence en présentiel.
dirigeants, de droit ou de fait, rémunérés ou non, de l’entreprise individuelle el les dirigeants
de l’entreprise à forme sociale6.
Aux termes de l’article 755 alinéa 2 : « Encourent les mêmes peines, les complices de
banqueroute, même s’ils n’ont pas la qualité de dirigeants d’entreprise».
L’article 755 alinéa 3 de la loi précitée dispose que : « La peine prévue au premier
alinéa est portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de droit ou de fait, d’une
société dont les actions sont côtés à la bourse des valeurs.
Lorsque ces conditions sont réunies, le complice encourt les mêmes peines que s’il
avait été lui-même l’auteur principal de l’infraction.
6
L’article 754 du code de commerce dispose qu’ : « En cas d’ouverture d’une procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire, sont coupables de banqueroute les personnes mentionnées à l’article 736 ci-dessus
contre lesquelles a été relevé l’un des faits ci-après :
– avoir dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure de traitement, soit fait des achats
en vue d’une revente au-dessous du cours, soit employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds ;
– avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif du débiteur ;
– avoir frauduleusement augmenté le passif du débiteur ;
– avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de la
société ou s’être abstenu de tenir toute comptabilité lorsque la loi en fait l’obligation.
7
L’article 755 du code de commerce dispose que : « La banqueroute est punie de un an à cinq ans
d’emprisonnement et d’une amende de 10.000 à 100.000 dirhams ou d’une de ces deux peines seulement.
Encourent les mêmes peines, les complices de banqueroute, même s’ils n’ont pas la qualité de dirigeants
d’entreprise. La peine prévue au premier alinéa est portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de
droit ou de fait, d’une société dont les actions sont cotées à la bourse des valeurs ».
La loi bancaire confère aux autorités monétaires, un pouvoir disciplinaire pour
réprimer les actes du banquier dérogeant à la réglementation en vigueur.
L’organe chargé de contrôler la profession bancaire, est bel et bien, Bank Al-Maghrib
qui est la seule susceptible de sanctionner les banques qui contreviennent au dispositif mis en
place pour contrôler leur gestion.
La loi bancaire prévoit notamment dans ses articles 173 et suivant toute une gamme de
sanctions administratives et disciplinaires à savoir : le blâme, l’avertissement, l’interdiction de
faire certaines opérations ; voire, mise à pied, dégradation, licenciement, le retrait de
l’autorisation d’exercer en passant par les sanctions pécuniaires8.
8
Voir à ce sujet la circulaire 2/G/2007, fixant la liste des faits susceptibles de sanctions disciplinaires en
application des dispositions de l'article 128 de la loi n° 34-03 ( 178 de la loi 103.12) relative aux établissements
de crédit et organismes assimilés ainsi que le montant des sanctions pécuniaires y relatives.