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Droit Bancaire

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FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES

ET SOCIALES, AIN SEBAA

Cours : Droit Bancaire

Sciences Juridiques.
Droit Privé
Semestre 6
2021/2022

BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Introduction générale

Traditionnellement, le droit bancaire fait partie du droit


commercial et par conséquent du droit privé. Ainsi, les opérations
bancaires, sont considérées comme des actes de commerce par nature.
Ceci s’explique par le fait que tous les actes énumérés par l’article 6
du code de commerce, dont : la banque, le crédit et les transactions
financières, sont des actes de commerce par nature.

Par conséquent, et en se basant sur la conception objective


octroyant la qualité de commerçant à celui qui exerce l’une de ces dix-
neuf activités d’une manière habituelle ou professionnelle, les
établissements de crédit ont la qualité de commerçant.

Mais, le droit bancaire est un droit qui ne cesse de se publiciser


du fait qu’il puise certaines de ses règles dans le droit public.
L’influence du droit public au droit bancaire se justifie par le fait que
les règles du droit bancaire permettent à l’Etat d’intervenir dans le
secteur bancaire et donc dans l’économie du pays.

Quoiqu’il en soit, Le droit bancaire regroupe les règles


juridiques régissant le commerce de l’argent c’est-à-dire l’ensemble
des dispositions juridiques qui réglementent aussi bien les
établissements de crédit que les activités exercées à titre de profession
habituelle par ceux-ci1.

1
BONNEAU Thierry, Droit bancaire, L.G.D.J, 12ème édition, Précis Domat, 2017, pp 4 et 5.
Il en découle que le droit bancaire est alors à la fois un droit des
acteurs et un droit des activités.

Par ailleurs, le droit bancaire dans sa version actuelle est le fruit


d’une évolution qui plonge dans une histoire très lointaine. Ainsi
l’apparition de l’activité bancaire remonte à l’époque de la préhistoire,
notamment avec le temple rouge d’Ourouk 2, Les prêtres de ce temple
furent les premiers prêteurs.

Ensuite, les commerçants de la mésopotamie, qui ont œuvré


2000 ans avant J.C. recevaient des dépôts et accordaient des crédits.
Afin d’encadrer ces pratiques, le roi de Babylone, Hammourabi, a
édicté (en 1750 avant J.C.) une loi bancaire. Mille ans se sont écoulés
depuis ce code jusqu’à l’invention de la monnaie attribuée à un prince
nommé Gygès, qui régnait sur le plateau de la Phrygie 3 aux alentours
du VIIème siècle avant J.C. Cela a donné lieu à l’essor du commerce
international méditerrané, avec le développement des opérations de
change. Les « trapézites » étaient des changeurs qui se servaient de
«trapeza », des tables leur permettant de changer des billets.

A Rome antique les « monetarii » qui frappaient des monnaies


dans des ateliers et les financiers qui étaient désignés sous le nom
argentarii et qui tiennent la caisse de leurs clients, sont dépositaires de
fonds, prêtèrent de l’argent, souvent sans intérêt. C’est à cette époque
que les banquiers commencèrent à se rassembler en corporation à but

2
Considéré comme la plus ancienne des institutions bancaires, Il date de 3500 ans avant J.C.
3
La Phrygie (du grec ancien : Φρυγία) est un ancien pays d'Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce,
sur la partie occidentale du plateau anatolien.
strictement religieux et professionnel. Les banques collectaient
occasionnellement les impôts. Certaines banques accompagnaient les
armées, ce qui contribuait à mettre sur pied le premier réseau bancaire
international.

Au moyen âge (à partir des invasions barbares 400 ans après J.C.
jusqu’au XVI siècle), avec le développement fulgurant des foires,
certaines transformations ont été apportées à la technique bancaire. Il
s’agit particulièrement de la mise en place des titres de dépôts et de la
lettre de change.

Au XVe siècle, le mot « banque » fit son apparition dans la


langue française. Les banquiers lombards furent responsables d’une
évolution considérable de la pratique bancaire, avec deux innovations
en l’occurrence le compte à vue et la lettre de crédit.

Pendant la période coloniale, la réglementation bancaire


française s’appliquait aux colonies en plus de certaines règles
spécifiques (la loi bancaire de 1941, la loi de 1945 qui a subsisté
jusqu’à la loi bancaire de 1984).

Au Maroc, la première banque est née en 1802, elle fut l’œuvre


de l’imagination d’un commerçant juif de Tanger.

L’acte d’Algésiras, signé en 1906 par les délégués de onze pays


européens, des Etats-Unis d’Amérique et du Maroc, a institué la
Banque d’Etat du Maroc qui sera effectivement créée, à Tanger, en
1907 sous forme de société anonyme, dont le capital était réparti entre
les pays signataires, à l’exception des Etats-Unis. Outre les opérations
à caractère commercial, la Banque d’Etat du Maroc disposait du
privilège de l’émission de la monnaie fiduciaire sur tout le territoire
du Royaume et assumait le rôle d’agent financier du Gouvernement
marocain 4.

L’exercice de l’activité bancaire, qui n’était régi par aucun texte


particulier, a été organisé pour la première fois en 1943, suite à la
promulgation du dahir du 31 mars relatif à la réglementation et à
l’organisation de la profession bancaire. Les modalités d’application
de ce dahir ont été fixées par l’arrêté du directeur des finances de la
même date, puis modifiées et complétées par les arrêtés du 15 janvier
1954, du 17 janvier et du 16 avril 1955 5.

A partir de 1956, au lendemain de l’indépendance du Maroc, les


bases d’un système bancaire national ont été mises en place. Ainsi, la
Banque du Maroc a été instituée par le dahir n° 1-59-233 du 30 juin
1959 pour se substituer à la Banque d’Etat du Maroc et assurer la
fonction de Banque Centrale. Il fallait attendre 1987, pour que la
dénomination de Bank Al-Maghreb soit substituée à celle de Banque
du Maroc.

4
Avec l’avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales de grandes banques commerciales
européennes, notamment françaises, de banques d’affaires et de groupes financiers étrangers se sont
installées au Maroc. De même, ont vu le jour des institutions financières marocaines remplissant des fonctions
spécifiques et intervenant dans des domaines particuliers. Il s’agit notamment de la Caisse des Prêts
Immobiliers du Maroc (CPIM), de certains caisses spécialisées dans le financement de l’agriculture, de la Caisse
Centrale de Garantie (CCG), de la Caisse Marocaine des Marchés (CMM) et du Crédit Populaire (CP).
Voir : GAUVIN Alain et RAJI-BRIAND Kawtar, Droit bancaire et financier marocain- livre 1 : Droit bancaire
marocain, RB, 2020, pp 18 et 19.
5
Ces textes ont notamment dévolu au directeur des finances une compétence générale en matière de contrôle
et de règlement des conditions d’exercice de l’activité bancaire, ainsi que le pouvoir de sanction aux
manquements constatés.
La seconde étape importante de la mise en place et de la
consolidation du système bancaire marocain a débuté avec la
promulgation du décret royal n° 1-67-66 du 21 avril 1967 portant loi
relative à la profession bancaire et au crédit, dont les principaux
apports consistent en une définition plus précise de l’activité des
banques, la délimitation des attributions des autorités de tutelle, de
surveillance et l’institution d’une réglementation plus appropriée.

En 1993, le système bancaire marocain a fait l’objet d’une


importante réforme avec la promulgation du dahir portant loi n° 1-93-
147 du 15 moharrem 1414 (6 juillet 1993) relatif à l’exercice de
l’activité des établissements de crédit et de leur contrôle.

Ce texte qui va être consolidé par les dispositions du code de


commerce de 1996 et la loi bancaire n° 34-03 de 2006 ainsi que celle
n° 103-12 de 2014 6 qui est aujourd’hui en vigueur ; et ce dans
l’objectif de hisser le taux de bancarisation de la société marocaine
ainsi que de doter le système financier et bancaire marocain d’une
forte immunité contre les risques susceptibles d’être engendrés par les
crises financières internationales éventuelles.

C’est sous cet angle que ce cours se permet de cerner les


contours du droit bancaire marocain à travers la délimitation de son
cadre juridique (premier chapitre), les acteurs et les activités
bancaires (deuxième chapitre) et la responsabilité bancaire
(troisième chapitre). A ces axes, une étude particulière sera réservée
6
Loi n° 103-12 du 1er rabii I 1436 (24 décembre 2014) relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés.
au système financier participatif (quatrième chapitre) adopté pour la
première fois par la loi bancaire 103.12.
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES
ET SOCIALES, AIN SEBAA

Cours : Droit Bancaire

Sciences Juridiques.
Droit Privé
Semestre 6
2021/2022

BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Premier chapitre : Cadre juridique

Les sources internes du droit bancaire sont multiples1. Ainsi les règles
régissant les professionnels et les activités bancaires se trouvent essentiellement
dans la loi bancaire (section 2) considérée comme le texte de base, et le code de
commerce (section 1). A ces sources il faut ajouter les arrêtés du ministre chargé des
finances2, les circulaires du Walli de Bank Al Maghrib3 ainsi que la pratique
bancaire4.

Section 1 : Le code de commerce

L’importance du code de commerce en droit bancaire se justifie par plusieurs


raisons. Tout d’abord, par la consécration d’un titre entier aux contrats bancaires en
l’occurrence le titre 7 du livre 4.

Ensuite, la considération des activités de banque, crédit et des transactions


financières, comme étant des activités commerciales, conformément au paragraphe
7 de l’article 6.

Aussi ajoutons, l’obligation pour les commerçants en vertu de l’article 18 du


code de commerce d’ouvrir un compte bancaire, afin qu’ils soient assujettis aux
dispositions de l’article 306 du même code qui les contraint à procéder aux
paiements via un chèque ou virement toutes les fois que le montant résulte d’une

1
Les sources internationales sont également diverses. Elles concernent à la fois la surveillance des
établissements de crédit et les opérations bancaires.
La surveillance des établissements de crédit fait l’objet d’études menées par le comité de Bâle sur le contrôle
bancaire. Les travaux du comité de Bâle, qui n’est pas une autorité supranationale, n’entraînent cependant pas
d’obligation pour les Etats et n’ont pas force exécutoire. Il revient aux autorités nationales de mettre en œuvre,
selon le dispositif qu’elles jugent adéquat, les normes et les règles de caractère général édictées par celui-ci.
Quant à l’activité bancaire, elle a fait l’objet d’un certain nombre de conventions internationales. Certaines ont
une portée qui dépasse l’activité bancaire telle que la convention de Rome du 19 juin 1980 sur la loi applicable
aux obligations contractuelles. D’autres concernent des opérations déterminées, comme les conventions
d’Ottawa sur le crédit-bail international et l’affacturage international.
A côté des conventions existent des pratiques internationales unifiées dont les plus connues sont l’œuvre de la
chambre de commerce internationale (CCI), en particulier les règles et usances relatives aux crédits
documentaires.
2
Qui ont pour objet principalement l’approbation des circulaires du Walli de Bank Al Maghrib ainsi que la mise
en application de certaines dispositions de la loi bancaire.
3
Elles concernent principalement les conditions de gestion et de fonctionnement des établissements de crédit
ainsi que le contrôle du crédit
4
Elle ne suscite aucune difficulté spécifique dans les rapports entre les établissements de crédit : elle s’applique
sans aucune restriction. En revanche, dans les rapports entre ces derniers et leur clientèle, l’opposabilité de la
pratique dépend principalement de sa connaissance par la clientèle. Si le client en a été informé lors de la
conclusion du contrat, elle lui sera opposable ; dans le cas contraire, la pratique lui sera inopposable. Toutefois
cette connaissance sera supposée si le client est particulièrement averti des procédés bancaires.
transaction commerciale dépassant 10.000 dirhams qui est devenu désormais
20.000 en vertu de la loi 24.86 relative à l’impôt sur les sociétés5.

Enfin c’est l’adoption de nouveaux moyens de paiement utilisant la nouvelle


technologie et l’informatique comme les cartes bancaires et les transferts
télématiques.

Section 2 : La loi bancaire

La loi bancaire en vigueur au Maroc est celle n° 103-12 du 24 décembre 2014,


relative aux établissements de crédit et organismes assimilés 6. Afin de mieux
appréhender les nouveautés qu’elle a apportées (sous-sections 2), il serait judicieux
d’énumérer les mérites de ses devancières (sous-section 1) en l’occurrence les lois
de 1993 et de 2006.

Sous-section 1 : les lois bancaires antérieures à celle de 2014

On analysera les nouveautés apportées aussi bien par la loi de 1993 que de
2006 (§1), avant d’envisager les apports propres à celle de 2006 (§2).

§1- Les innovations de la loi de 1993 :


L’apport principal de la loi de 1993 et qui a été consolidé par celle de 2006
demeure celui relatif à l’unification du régime juridique applicable aux établissements
de crédit : Aussi bien les banques que les sociétés de financement sont régis par la
même loi.

5
C’est ainsi que l’article 193 du code général des impôts dispose que : « Indépendamment des autres sanctions
fiscales, tout règlement d’une transaction dont le montant est égal ou supérieur à vingt mille (20.000) dirhams,
effectuée autrement que par chèque barré non endossable, effet de commerce, moyen magnétique de
paiement, virement bancaire, procédé électronique ou par compensation avec une créance à l’égard d’une
même personne, à condition que cette compensation soit effectuée sur la base de documents dûment datés et
signés par les parties concernées et portant acceptation du principe de la compensation, donne lieu à
l’application à l’encontre de l’entreprise venderesse ou prestataire de services, vérifiée, d’une amende de 6%
du montant de la transaction effectuée :
-soit entre une société soumise à l’impôt sur les sociétés et des personnes assujetties à l’impôt sur le revenu, à
l’impôt sur les sociétés ou à la taxe sur la valeur ajoutée et agissant pour les besoins de leur activité
professionnelle ;
-soit avec des particuliers n’agissant pas pour les besoins d’une activité professionnelle.
Toutefois, les dispositions de l’alinéa ci-dessus ne sont pas applicables aux transactions concernant les
animaux vivants et les produits agricoles non transformés à l’exception des transactions effectuées entre
commerçant ».
6
Loi n° 103-12 du 1er rabii I 1436 (24 décembre 2014) relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés.
De surplus, le cadre de contrôle et de concertation entre les autorités
monétaires et les établissements de crédit s’est élargi par la mise en place du conseil
national du crédit et de l’épargne, du comité des établissements de crédit, de la
commission de discipline des établissements de crédit et des associations
professionnelles.
Par ailleurs, la protection des déposants et des emprunteurs a été renforcée
par l’institution d’un droit au compte et l’instauration d’un fond de garantie des
déposants et l’obligation d’une notification écrite conférant aux emprunteurs un délai
de préavis avant toute réduction ou interruption de crédit..

§2- Les apports propres à la loi de 2006

Les réformes apportées par la loi de 2006 peuvent être présentées comme
suit :
- Le renforcement du pouvoir de contrôle et de décision de Bank al Maghreb
qui s’est étendu aux institutions suivantes : la caisse d’épargne nationale, la caisse
de dépôt et de gestion, aux associations de micro crédit, aux banques offshores, aux
services des comptes courants et des chèques postaux et services des mandats
postaux, à la caisse centrale de garantie, aux entreprises intermédiaires en matière
de transfert de fonds, aux entreprises effectuant le conseil et l’assistance en matière
de gestion de patrimoine

- Le renforcement des mesures prudentielles et les règles de prévention


de risques via les obligations suivantes :

- tout établissement de crédit doit se doter d’un système de contrôle interne


approprié qui vise à identifier mesurer et surveiller l’ensemble des risques qu’ils
encourent et mettre en place des dispositifs permettant de mesurer la rentabilité de
leurs opérations.

- chaque établissement de crédit est tenu d’un devoir de vigilance qui concerne toute
opération dont la cause économique ou le caractère licite n’est pas apparent.
Sous-section 2 : Les nouveautés de la loi 2014

La loi 103-127 se compose de 196 articles répartis en 9 titres :

- Premier titre (les articles de 1 à 33), porte sur le champ d’application et le


cadre institutionnel

- Deuxième titre (les articles de 34 à 53), concerne l’octroi de l’agrément,


conditions d’exercice et retrait de l’agrément

-Troisième titre (les articles de 54 à 70) se rapporte aux banques participatives

- Quatrième titre (les articles de 71 à 79) est relatif aux dispositions


comptables et prudentielles

- Cinquième titre (80 à 107) porte sur le contrôle des établissements de crédit

- Sixième titre (les articles de108 à 149) se rapporte à la surveillance macro


prudentielle, la résolution des difficultés des établissements de crédit et au
système de garantie des dépôts

- Septième titre (les articles de 150 à 170) concerne les relations entre les
établissements de crédit et leur clientèle et intermédiaires en opérations
effectuées par les établissements de crédit

- Huitième titre (les articles de 171 à 194), porte sur les sanctions disciplinaires
et pénales

Neuvième titre (les articles de 195 et 196) porte sur les dispositions diverses
et transitoires

Parmi les innovations de ce nouveau texte, il y a lieu de citer :

- L’introduction du statut d’établissement de paiement habilités à effectuer


des opérations de paiement
- La réglementation de la commercialisation des produits et services de
banques participatives dans le secteur bancaire marocain.
- L’intégration des banques participatives dont le contrôle est confiée au
conseil supérieur des oulémas.

7
Telle qu’elle a été modifiée par la loi 36.20 portant transformation de la Caisse centrale de garantie en société
anonyme et la loi 50.20 relative à la microfinance.
- La mise en conformité de la loi bancaire avec d’autres textes législatifs. Il
en est ainsi de la loi sur la protection du consommateur, la loi sur la lutte
contre le blanchiment, la loi sur la concurrence et de la loi sur la protection
des données privées.
- La revue du fonctionnement du dispositif de garantie des dépôts au Maroc
et la mise en place des dispositions visant la création, par Bank Al-Maghrib
et les établissements de crédit adhérents, d’une société anonyme chargée,
entre autres, de la gestion du fonds collectif de garantie des dépôts
(FCGD), dont la création remonte à 1996 et du fonds de garantie des
dépôts des banques participatives8.
L’objectif est de rehausser la gouvernance du système de garantie des
dépôts, géré auparavant par la banque centrale, et de s’aligner sur les
principes fondamentaux pour des systèmes de garantie efficaces, édictés
par le comité de Bâle et IADI9.
De surcroît, ladite société est appelée à contribuer au traitement des
difficultés des établissements de crédit notamment en agissant en tant
qu’administrateur provisoire et en fournissant, à titre exceptionnel et
préventif, un soutien financier par le biais de prêts subordonnés ou de
prises de participations.

8
La société marocaine de gestion des fonds de garantie des dépôts bancaires (SGFG) a été créée en mai 2015,
en vertu de la loi n° 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés du 24 décembre 2014.
La SGFG a pour mission de gérer, conformément aux dispositions de cette loi, le Fonds Collectif de Garantie des
Dépôts et le Fonds de Garantie des Dépôts des Banques Participatives.
Ces Fonds, institués par cette loi, ont pour objectif fondamental la protection des avoirs des déposants,
personnes physiques ou morales, au cas où une banque adhérente à l’un de ces Fonds n’est plus en mesure de
restituer les dépôts et les autres fonds remboursables. Ces Fonds constituent également un important
dispositif permettant de contribuer au redressement des difficultés des établissements de crédit.
9
L’association internationale des assureurs des dépôts (international association of deposit insurers), est un
organisme à but non lucratif créé le 6 mai 2002 sous le régime des lois de la Suisse. Il constitue une entité
juridique distincte dont le siège est situé à la banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, en Suisse. Elle
a pour mission la contribuer à renforcer l’efficacité de l’assurance-dépôts par la promotion d’orientations
générales et par la coopération internationale.
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES
ET SOCIALES, AIN SEBAA

Cours : Droit Bancaire

Sciences Juridiques.
Droit Privé
Semestre 6
2021/2022

BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Deuxième chapitre : Les acteurs et les activités concernés par le
droit bancaire

On abordera les acteurs régis par le droit bancaire (section 1), avant
d’envisager les activités de banques (section2)

Section 1 : Les acteurs régis par le droit bancaire

Ils sont au nombre de cinq. Il s’agit des établissements de crédit (sous-


section1), des organismes assimilés (sous-section 2), des institutions de
concertation, de régulation et de contrôle (sous-section 3), de la clientèle (sous-
section 4) et des banques participatives1.

Sous-section 1 : Les établissements de crédit

En reprenant la définition donnée par les deux lois précédentes, l’article


premier de la loi bancaire n°103-12 dispose « Sont considérés comme
établissements de crédit, les personnes morales qui exercent leur activité au
Maroc, quels que soient le lieu de leur siège social, la nationalité des apporteurs
de leur capital social ou de leur dotation ou celle de leurs dirigeants et qui
exercent, à titre de profession habituelle, une ou plusieurs des activités
suivantes :

- La réception de fonds du public ;

- Les opérations de crédit ;

- La mise à la disposition de la clientèle tous moyens de paiement, ou leur


gestion.

Les établissements de crédits se répartissent en deux catégories à savoir


les banques (§1) et les sociétés de financement (§2).

1
Qui feront l’objet d’un examen détaillé au cours du quatrième chapitre.
§1- Les banques

Elles sont seules habilitées à recevoir des fonds de public à vue ou d’un
délai inférieur à deux ans, à effectuer des opérations de banque par nature et les
opérations qui leur sont connexes et commercialiser des produits participatifs
conformément aux dispositions qui leur sont inhérentes.

§2- Les sociétés de financement

Elles sont régies depuis 1993 par la loi bancaire. Or, l’article 13 de la
nouvelle loi dispose que : « Ne sont autorisées à effectuer parmi les activités
visées à l’article 1er et aux paragraphes 2 à 5 de l’article 7, que celles précisées
dans les décisions d’agrément ou éventuellement dans les textes législatifs ou
règlementaires qui leur sont propres ».

Elles sont, par ailleurs, habilitées à recevoir des fonds du public d’un
terme supérieur à un an.

On distingue entre celles dont l’opération est limitée par des dispositions
législatives ou règlementaires propres comme la société « Finéa » 2, dénommée
jusqu’à 2013, « la caisse marocaine des marchés », et celles dont l’activité est
précisée par leur agrément comme les sociétés de crédits à la consommation, de
crédit-bail mobilier et immobilier, d’équipement, de capital risque,
d’investissement, des sociétés de cautionnement mutuel3…

2
Société anonyme de droit privé créée en 1950 par arrêté du directeur des finances, Finéa (ex caisse marocaine
des marchés) a été fondée pour garantir les banques contre les risques de crédits consentis aux entreprises
titulaires de marchés publics et parapublics.
En 2004, Finéa est adossée à la caisse de dépôt et de gestion (CDG). En début d’année 2013, l’ex caisse
marocaine des marchés change de nom et d’identité visuelle pour devenir Finéa.
3
Le cautionnement mutuel est un système qui tend à créer les groupements professionnels, à caractère
régional ou national, destinés à faciliter à leurs membres l’accès au financement bancaire, le principe était de
permettre à des emprunteurs de se réunir au sein d’un organisme appelé caution mutuelle, capable d’offrir au
prêteur une garantie collective qui met en jeu la solvabilité de tous les participants.
Comme leur nom l’indique, ces groupements interviennent sous forme de caution. Les décisions sont prises
d’une manière indépendante des organismes de prêts, au terme d’une appréciation correcte des risques. Cette
appréciation, au-delà du critère bilanciel, est fondée sur la moralité, la compétence et la valeur personnelle des
membres adhérents que ces sociétés connaissent parfaitement.
Sous-section 2 : Les organismes assimilés

Conformément à L’article 114 de la loi 103-12, les organismes assimilés


sont : Les établissements de paiement (§1), Les institutions de microcrofinance5
(§2), Les banques offshores (§3), Les compagnies financières (§4), La caisse de
dépôt et de gestion (§5) et la société nationale de garantie et du financement de
l’entreprise 6(§6).

§1-Les établissements de paiement

La loi bancaire 103.12 a soumis de nouveaux acteurs à certaines de ses


règles à savoir les établissements de paiement.

L’intention du législateur marocain à créer ces établissements peut


s’expliquer essentiellement par la volonté d’harmoniser sa législation à celle de
l’union européenne conformément à ses engagements au titre du statut avancé,
et de garantir une saine concurrence.

De ce fait, outre la mise à disposition et la gestion de moyens de


paiement, la loi bancaire introduit en son article 15 les services de paiement qui
s'ils peuvent être fournis par des établissements de crédit le peuvent également
par l'établissement de paiement.

Force est de constater que, contrairement à la monnaie électronique, les


services de paiement, étaient déjà offerts par les établissements de crédit dans le
cadre de la mise à disposition et la gestion de moyens de paiement. Seul le

C’est ce que l’on appelle dans ces sociétés « le ratio de la valeur humaine ». Cette fonction d’appréciation
relève du conseil d’administration, composé de professionnels élus par leurs confères d’une manière
indépendante des organismes de prêts, au terme d’une appréciation correcte des risques.
4
Tel qu’il a été modifié par l’article premier de la loi 44.20, qui entre en vigueur à compter de la date de la
transformation effective de la caisse centrale de garantie en société anonyme et la mise en place des organes
d’administration et de direction de la Société et abroge, à la même date, les dispositions de la loi n° 47-95
promulguée par le dahir n° 1-96-107 du 21 rabii I 1417 (7 août 1996) relative à la réorganisation de la caisse
centrale de garantie.
5
Dénommées avant l’entrée en vigueur de la loi n° 50-20, le 29 juillet 2021, relative à la microfinance,
associations de microcrédit. Cette modification est prévue à l’article 17 de la loi susvisée.
6
Dénommée avant l’entrée en vigueur de la loi 36.20 en 17 septembre 2020, la caisse centrale de garantie.
recours à tous moyens de communication à distance qui constitue une nouveauté
apportée par la loi.

Conformément aux articles 15 et 16 de la loi bancaire, les établissements


de paiement sont ceux qui offrent un ou plusieurs des services de paiement
suivants :

- Les opérations de transfert de fonds

- les dépôts et les retraits en espèce sur un compte de paiement

- l’exécution d’opération de paiement par tout moyen de communication à


distance

- L’exécution de prélèvement permanent ou unitaire, d’opérations de


paiement par carte bancaire et l’exécution de virements, lorsque ceux-ci
portent sur des fonds placés sur un compte de paiement

- Les opérations de change

Il en découle que le législateur exclut expressément de la qualification de


services de paiements les opérations de paiement effectué par un chèque tel que
régi par les dispositions du code de commerce comme la lettre de change, le
mandat postal et tout autre titre similaire sur support papier.

C’est ainsi que la mise à disposition et la gestion de titres cambiaires sont


réservés aux établissements de crédit, alors que le mandat postal, qui est un effet
prépayée est l'exclusivité de la poste.

De surcroit, l'article 16 se réfère pour la définition de deux services de


paiement au compte de paiement, qui le définit comme étant : « tout compte
détenu au nom d'un utilisateur de services de paiement et qui est exclusivement
utilisé aux fins d'opérations de paiement ».

Il en ressort que la notion de compte de paiement se distingue de celle de


compte bancaire sur plusieurs points.
Le premier consiste au fait que le compte de paiement est un compte à
affectation spéciale et doit être exclusivement à des fins de paiement, cependant,
un compte bancaire est universel dans son objet.

Il est vrai qu’il existe des comptes bancaires à affectation spéciale mais
cette spécialité du compte bancaire ne procède pas de la loi, contrairement au
compte de paiement, mais de la liberté contractuelle.

En second lieu, les fonds déposés par les clients sur le compte de
paiement doivent, conformément à l'article 17, être conservées sur un compte
global séparé et individualisé auprès d’un établissement de crédit habilité à
recevoir des dépôts à vue.

Ceci s’explique par le souci du législateur à assurer aux fonds affectés à


des fins de paiement une protection que seul un établissement de crédit habilité à
recevoir des fonds du public peut garantir en raison des fortes contraintes
prudentielles et de fonds propres qu’il se doit de respecter et qui sont
incomparablement plus sévères que celles pesant sur l'établissement de
paiement.

En troisième lieu, les fonds affectés au paiement doivent être


distinctement identifiés et cantonnés dans la comptabilité des établissements de
paiement. En effet, cette obligation d'identification et de cantonnement n'est que
la conséquence de l'interdiction faite à l'établissement de paiement d’utiliser les
fonds déposés par les clients, ce qui constitue une distinction essentielle avec le
compte bancaire.

De plus, la définition même de l’opération de réception de fond du public


emporte le droit pour l'établissement de crédit d’utiliser les fonds reçus de ses
clients à charge bien sûr de les restituer à vue ou à terme, selon les stipulations
du contrat7.

Les opérations de crédit étant exclus des services qu’un établissement de


paiement est autorisé à offrir à sa clientèle et les fonds déposés par cette dernière
étant exclusivement affectés à des opérations de paiement8.

Il faut souligner à cet égard, que la protection assurée par le législateur


aux clients des établissements de paiement est importante dans la mesure où les
fonds déposés au sein de paiement échappent à toute appréhension par tous
créanciers. En effet, l'établissement de crédit teneur du compte de
l'établissement de paiement ne bénéficie d'aucun droit sur le solde de ce compte
pour se désintéresser de la créance qu'elle aurait sur l'établissement de paiement.
En plus le solde de ce compte ne peut faire l'objet d'aucune saisie-arrêt de la part
des créanciers de l'établissement de paiement.

Plus encore l’article 17 de la loi 103.12 dispose, à son dernier alinéa que :
« Nonobstant toute disposition législative contraire, en cas de procédure de
liquidation ouverte à l'encontre de l'établissement de paiement ou de
l'établissement de crédit teneur du compte global visé ci-dessus, les fonds
inscrits dans ces comptes de paiement sont affectés au remboursement des
titulaires des comptes de paiement »9.

7
Ce droit d'utiliser les fonds reçus se justifie pleinement par la nature même de l'activité bancaire en
l’occurrence, la transformation des dépôts en crédit pour financer l’économie et constitue ainsi une source de
financement des banques.
8
Il n'était pas question pour le législateur de conférer à l'établissement de paiement le droit d’user des fonds
déposés par ses clients même assorti d'une obligation de restitution.
9
C’est ainsi qu’on peut assimiler le droit du client sur les fonds déposés aux fins de paiement à un droit réel sur
la chose (les fonds), là où le client titulaire d’un compte bancaire ne dispose que d’un droit de créance
opposable à l’établissement de crédit.
Voir à ce sujet : GAUVIN Alain et RAJI-BRIAND Kawtar, Droit bancaire et financier marocain- livre 1 : Droit
bancaire marocain, RB, 2020, p 65.
§2- Les institutions de microfinance

Dénommées en vertu de la loi 18.97 10abrogée, association de microcrédit,


les institutions de microfinance sont régies désormais par la loi 50.2011.

Ce texte est composé de vingt articles répartis sur trois titres. Le premier
titre intitulé « De l’activité de microfinance » comporte des dispositions
générales relatives au champ d’activité des établissements de la microfinance
qui s’étend à l’octroi de microcrédits, la collecte des dépôts et aux opérations de
la micro-assurance, ainsi qu’à la dispense, au profit de leur clients, de
prestations de conseil, de formation et d’accompagnement technique en matière
de microcrédit.

Le même titre prévoit, de surcroit, les formes que peuvent adopter les
établissements de microfinance. C’est ainsi que les institutions de microfinance
peuvent être formées selon deux formes juridiques distinctes à savoir la forme
associative en tant qu’organisme assimilé à un établissement de crédit ou la
forme de société anonyme en tant qu’établissement de crédit, étant précisé que
les associations ne peuvent pas gérer directement le service de microfinance et
doivent créer, à cet effet, des sociétés anonymes.

10
Telle qu’elle a été modifiée par la loi n° 85.18.
Il faut souligner à cet égard que la nouveauté phare introduite par ce texte est celle du rehaussement du
plafond du microcrédit mentionné dans son article 2. Le plafond fixé est ainsi passé de 50.000 à 150.000
dirhams. «Le montant du microcrédit qui ne peut excéder cent cinquante mille dirhams (150.000 dirhams) est
fixé par décret. Ledit décret peut prévoir plusieurs niveaux de ce montant en fonction des objectifs de chaque
association de microcrédit et de ses moyens financiers».
Les trois niveaux de plafond ayant été prévus, dans ce sens, portent en premier sur un seuil maximum de
50.000 dirhams pour que le bénéficiaire puisse créer ou développer ses propres activités de production ou de
service.
Le deuxième niveau fixe le plafond autour de 100.000 dirhams. Ce plafond est destiné à acquérir, construire ou
améliorer le logement du bénéficiaire, de se doter d’installations électriques ou s’alimenter en eau potable
ainsi qu’à souscrire aux contrats d’assurance.
Le troisième niveau porte, pour sa part, sur un montant maximum de 150.000 dirhams permettant ainsi de
créer ou développer une activité de production ou de service en vue de leur insertion économique et
remplissant au moins des conditions précises telles que l’inscription au registre de commerce, la disposition
d’un statut d’auto-entrepreneur, l’assujettissement à la taxe professionnelle ou encore l’inscription au registre
des coopératives sous forme de coopérative agricole ou être membre dans l’une de celles-ci.
11
Dahir n° 1-21-76 du 3 hija 1442 (14 juillet 2021) portant promulgation de la loi n° 50-20 relative à la
microfinance, (version en langue arabe).
Le titre premier traite également des ressources des institutions de
microfinance formées sous la forme d’association ainsi que les modalités de leur
liquidation.

Le deuxième titre de la loi 50.20 prévoit les dispositions modifiants et


complétant la loi 103.12 relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés.

C’est ainsi que les articles 16 et 17 de ladite loi ont porté des
modifications à certains articles de la loi 103.12. Il s’agit des articles 19, 19 bis,
25 et 32 de la loi 103.12 ayant été modifiés par l’article 16 de la loi 50.20 et les
articles 11, 26, 34 de la loi bancaire étant modifiés par l’article 17 de la loi
relative à la microfinance.

Elles concernent essentiellement la soumission des institutions de


microfinance aux dispositions de la loi 103.12, contrairement à ce qui a été
prévu sous la loi 17.98 abrogée ou l’article 19 faisait soumettre les associations
de microcrédit à certaines dispositions de la loi 103.12 et la loi 17.98 elle-
même ; ainsi que la substitution de l’expression « association de microcrédit »
par l’expression « association de microfinance ».

Le troisième et dernier titre étant réservé à certaines dispositions finales

§3- Les banques offshore

Elles sont régies aussi bien par certaines dispositions de la loi 103.12 que
la loi 58.90 12relative aux places financières offshore.

L’article 1er de la loi 58.90 dispose qu’ « Il est créé dans la municipalité
de Tanger une place financière offshore ouverte aux activités de banques et des
sociétés de gestion de portefeuille et de prise de participations, telles que
définies par la présente loi.

12
Dahir n° 1-91-131 du 21 chaabane 1412 (26 février 1992) portant promulgation de la loi n° 58-90 relative aux
places financières offshore.
Des places financières offshore peuvent être créées et délimitées par voie
réglementaire, dans d'autres régions du Royaume du Maroc ».

Les banques offshores sont des établissements spécialisés dans le


financement des opérations de commerce extérieur et des projets
d’investissement des sociétés étrangères installées dans la zone franche de
Tanger.

Elles réceptionnent les dépôts en monnaies étrangères convertibles et


effectuent, dans ces mêmes monnaies, des opérations financières, de crédit, de
bourse ou de change.

C’est ce qui découle de l’article 2 de la loi 58.90 qui dispose que : « Est
considérée comme banque offshore, pour l'application de la présente loi :

1- Toute personne morale, quelle que soit la nationalité de ses dirigeants


et les détenteurs de son capital social, qui a son siège dans une place
financière offshore et pour profession habituelle et principale de
recevoir des dépôts en monnaies étrangères convertibles et d'effectuer,
en ces mêmes monnaies, pour son propre compte ou pour le compte
de ses clients toutes opérations financières, de crédit, de bourse ou de
change ;
2- Toute succursale créée, pour l'exercice d'une ou de plusieurs des
missions visées ci-dessus, dans une place financière offshore par une
banque ayant son siège hors de ladite place.

Les banques offshore peuvent notamment :

• collecter toute forme de ressources en monnaies étrangères


convertibles appartenant à des non-résidents ;
• effectuer, pour leur propre compte ou pour le compte de leur
clientèle non résidente, toute opération de placement financier,
d'arbitrage, de couverture et de transfert en devises ou en or ;
• accorder tous concours financiers aux non-résidents ;
• participer au capital d'entreprises non-résidentes et souscrire aux
emprunts émis par ces dernières ;
• émettre des emprunts obligataires en monnaies étrangères
convertibles ;
• délivrer toute forme d'aval ou de cautions et notamment des
cautions de soumission, de garantie et de bonne fin aux entreprises
non-résidentes ».

Les six banques offshores marocaines sont Attijari International bank,


Banque Internationale de Tanger, BMCI Banque Offshore, société générale
Tanger offshore, BMCE Bank offshore et Chaâbi International Bank.

La loi 58.90 s’inscrit dans le cadre d’une volonté politique dans les
domaines de l’industrie et des services en faveur du développement économique
et social. Le Maroc a, ainsi, pour objet d’accueillir des sociétés et autres entités
mettant en œuvre de véritables projets relevant de secteurs industriels et de
services définis, se traduisant par l’exercice d’une activité économique réelle,
par des investissements et la création d’emplois.

Afin de réaliser ces objectifs, les banques offshores bénéficiaient des


avantages prévus par les dispositions de plusieurs articles du Code général des
impôts (CGI), se rapportant notamment à l’impôt sur les sociétés, à l’impôt sur
les revenus salariaux, aux droits d’enregistrement et à la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA).
Il en est ainsi de l’application de l’impôt sur les sociétés (IS) durant les
quinze premières années, soit au taux spécifique de 10%, soit selon un impôt
forfaitaire libératoire égal à l’équivalent de 25.000 dollars US par an.

En matière d’impôt sur les revenus salariaux (IR), on applique le taux


spécifique de 20% pour les jetons de présence et toutes autres rémunérations
brutes versées aux administrateurs et pour les traitements, émoluments et
salaires bruts versés au personnel salarié.

Elles bénéficiaient également, d’une exonération de la taxe sur la valeur


ajoutée (TVA) et des droits d’enregistrement.

En revanche, dans le cadre de la rationalisation des dépenses fiscales,


l’article 7 de la loi de finance n° 80.18 pour l’année 2019 a abrogé les avantages
fiscaux prévus par précedemment en faveur des banques offshores. Ainsi, ces
banques seront désormais imposées selon les règles de droit commun, à l’instar
des autres banques.

Exerçant certaines opérations de banque, le législateur de la loi 103.12


soumet ces banques à certaines de ses dispositions conformément à l’article 19
qui dispose que : « Nonobstant les dispositions législatives qui leur sont
applicables et sous réserve des conditions spécifiques qui sont édictées à cet
effet par circulaires du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des
établissements de crédit :

… les banques offshores régies par la loi régissant les places financières
offshore sont soumises aux dispositions des titres II, IV, V, VI, VII et VIII de la
présente loi ».

§4- Les compagnies financières

Selon l’article 20 de la nouvelle loi bancaire, les sociétés qui contrôlent


exclusivement ou principalement un ou plusieurs établissements de crédits. Le
contrôle prend la forme :
- Soit de la détention d’une fraction du capital conférant la majorité des
droits de vote

- Soit de l’exercice du pouvoir d’administration, de direction ou de


surveillance

§5- La caisse de dépôt et de gestion

Créé en 195913, la caisse de dépôt et de gestion est un établissement public


et financier doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. C’est ce
qui découle de l’article 1 du dahir l’instituant.

Le texte de création de cet établissement public l’a dotée principalement


d’une commission de surveillance, d’un directeur général et d’un caissier
général.

La commission de surveillance est composée en vertu de l’article 3 du


dahir de 1959 de deux membres de la cour de cassation désignés par le ministre
de la justice, du ministre de l’économie est des finances ou son représentant, et
du gouverneur de Bank Al Maghrib ou son représentant.

Selon l’article 4 du dahir suscité, la commission de surveillance contrôle


les opérations exécutées par l’établissement. Toutefois, cette commission ne
jouit pas de pouvoir de décision, son rôle est essentiellement consultatif14.

Or, le directeur général dispose des pouvoirs de gestion étendus, il décide


de toutes les opérations en matière d'investissement, de recrutement et de
nomination dans les postes de responsabilité et même de création et de
suppression de structure. C’est ce qui ressort de l’article 5 du dahir de 1959.

13
En vertu du dahir n°1-59-074 du 10 février 1959
14
Voir à ce sujet l’article 4 du dahir instituant la caisse de dépôt et de gestion
Nommé par décret, le caissier général dispose du statut de comptable
public. Le dahir de création de la caisse de dépôt et de gestion lui a attribué les
attributions relatives au maniement des fonds et valeurs. Il effectue également
ou constate l’encaissement des recettes et le paiement des dépenses, et ce
conformément à l’article 6 du dahir susmentionné.

En tant qu’organisme assimilé à un établissement de crédit et depuis la loi


bancaire 34.03 jusqu’à la loi 103.12, en vigueur15, la caisse de dépôt et de
gestion est soumise aux directives de Bank Al-Maghrib qui a prévu d’autres
mécanismes de gouvernance. Il en est ainsi de la circulaire n°4/w/2014 du 30
octobre 2014 relative au contrôle interne. Il en est de même de la directive
n°1/w/2014 du 30 octobre 2014 relative à la gouvernance au sein des
établissements de crédit.

De son côté l’article 2 du même dahir dispose que la caisse de dépôt et de


gestion a pour mission d’assurer la gestion des deniers et la conservation des
valeurs appartenant aux fonds ou organismes qui y sont tenus ou qui le
demandent, de recevoir les consignations administratives et judiciaires 16 ainsi
que les cautionnements et de gérer les caisses ou services spéciaux qui peuvent
lui être confiés.

Elle est en effet chargée de centraliser et de gérer les fonds d’épargne, qui,
de par leur nature, requièrent une protection spéciale.

15
Nonobstant les dispositions législatives qui leur sont applicables et sous réserve des conditions spécifiques
qui sont édictées à cet effet par circulaires du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des
établissements de crédit : … la caisse de dépôt et de gestion est soumise aux dispositions de l'article 47 et des
titres IV, V ET VIII de la présente loi ».
16
Comme les indemnités d’expropriation, les sommes litigieuses, les successions des fonctionnaires décédés,
les pécules des prisonniers décédés, libérés ou évadés, les sommes laissés par les malades décédés dans leurs
hôpitaux.
Elle est le dépositaire légal des fonds de la caisse nationale de sécurité
sociale (CNSS), de la caisse d’épargne nationale (CEN) et d’autres dépôts et
flux 17à caractère obligatoire ou facultatif.

De surcroit, la CDG gère la caisse nationale de retraites et d’assurances


(CNRA), dans des conditions fixées par décret. A son tour, la CNRA gère le
régime collectif d'allocation de retraite (RCAR), selon les modalités fixées par
décret et en vertu des dispositions du Dahir portant loi n°1-77-216 du 4 octobre
1977 portant création de ce régime.

Elle est également le premier souscripteur des bons de trésor réservés aux
investisseurs et habilitée à consentir des acomptes et des crédits aux collectivités
territoriales 18
via le fonds d’équipent communal (FEC) afin de réaliser des
travaux d’équipement.

Par ailleurs, il faut souligner que la vision du groupe CDG a changé au fil des
années après sa migration d’un organisme collecteur de l’épargne et investisseur
en bons du Trésor à un opérateur actif qui investit dans des activités risquées et
dans des domaines tels que les zones industrielles et les zones offshore19.

§6- La société nationale de garantie et du financement de l’entreprise

Créé en 1949, sous la dénomination « Caisse centrale de garantie », sous


la forme d’un établissement public et avait pour mission l’octroi de crédit à
travers l’engagement par signature au profit des institutions publiques ou privées
ne disposant pas de garanties suffisantes pour bénéficier de crédits bancaires.

17
Il en est ainsi des fonds détenus par les notaires de leurs clients pour l’accomplissement à leur compte
d’opérations de vente et autres. Il en est également des avoirs en déshérence après dix ans d’inactivité d’un
compte bancaire ou après le terme d’un contrat d’assurance vie suite au décès du titulaire.
18
Voir l’article 21 du dahir instituant la CDG.
19
Voir à ce sujet le site suivant : File_3_621.pdf (courdescomptes.ma), consulté le 03/03/2022, à 00h47mn
Cependant, la loi 36.20, entrée en vigueur le 27 juillet 2020, a prévu la
transformation de la forme juridique de la caisse centrale de garantie d'un
établissement public en société anonyme régie par la loi numéro 17.95 relative
aux sociétés anonymes, en vue d’introduire les meilleures pratiques en termes de
transparence, de gouvernance et de responsabilité.

C’est ainsi que ladite loi prévoit que le capital social de la société
nationale de garantie de financement de l'entreprise est détenu intégralement par
l'État marocain avec une valeur nominale des actions fixée ultérieurement par
voie réglementaire.

Par ailleurs, il faut souligner que l'objet social de la nouvelle société


nationale de garantie de financement de l'entreprise s’articule autour de la
garantie des financements octroyés aux établissements et entreprises publiques
ou privées ainsi que les autres catégories ciblées par l'État.

La société nationale de garantie et de financement des entreprises a aussi


pour mission l'octroi des crédits et/ou des aides aux catégories susmentionnées
en partenariat avec les établissements de crédit et organismes assimilés. Elle
peut effectuer également toutes opérations financières mobilières ou
immobilières civiles ou commerciales liées à son objet et propre à lui permettre
d'exercer ses activités.

L'activité principale de la société nationale de garantie de financement


des entreprises sera financée dans le cadre de convention de financement passée
entre la société et l'État après accord du conseil d'administration.

Les activités secondaires sont financées quant à elles par des conventions
spéciales de financement conclues entre la société et l'État ou les organismes
prêteurs après accord du conseil d'administration de la société nationale de
garantie de financement des entreprises.
Toutefois, la société nationale de garantie de financement des entreprises
ne sera pas soumise à la loi numéro 69.00 relative au contrôle financier de l'État
sur les entreprises publiques et autres organismes.

Or, les bénéfices réalisés par la société nationale de garantie de


financement des entreprises sont affectés à la couverture des risques liés à ses
engagements. Cette couverture sur la structure est le règlement établi par le
conseil d'administration après avis de Bank Al Maghrib et bénéficiera de la
garantie de l'État selon les conditions et les modalités fixées par un texte
réglementaire.

La société nationale de garantie et de financement des entreprises est


gérée par un directeur général désigné par la réglementation en vigueur. Ce
dernier est suppléé par un directeur général délégué dont la désignation relève
du conseil d'administration selon les conditions et les modalités fixées par les
statuts.

Le conseil d'administration de la société nationale de garantie et de


financement des entreprises est composé par au moins trois administrateurs
indépendants et présidé par le ministre chargé des finances, par dérogation aux
dispositions de la loi 17.95 relatives aux sociétés anonymes.

Et si l’article 15 de la loi 36.20 prévoit que cette dernière entre en vigueur


à compter de la date de la transformation effective de la caisse centrale de
garantie en société anonyme et la mise en place des organes d’administration et
de direction de la société, force est de souligner que le ministre de l’économie et
des finances a présidé le 10 septembre 2021, la première réunion du conseil
d’administration de la société nationale de garantie et du financement de
l’entreprise20.

20
Voir le site : La Société Nationale de Garantie et du Financement de l’Entreprise (SNGFE) tient son premier
Conseil d’Administration | TAMWILCOM, consulté le 02 /03/2022 à 12h40.
La société Nationale de Garantie et du Financement de l’Entreprise
(SNGFE) tient son premier Conseil d’Administration Rabat, le 10 septembre
2021 - Le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de
l’Administration, Monsieur Mohamed BENCHAABOUN, a présidé la première
réunion du Conseil d’administration de la Société Nationale de Garantie et du
Financement de l’Entreprise issue de la transformation de la Caisse Centrale de
Garantie en société anonyme en application de la loi 36.20 promulguée le 25
juillet 2020.

Sous-section 3 : Les institutions de concertation, de régulation et de contrôle

Avant d’étudier les institutions de concertation (§2), il s’avère plus utile


d’envisager les institutions de contrôle (§1)21.

§1 : Les institutions de contrôle et de régulation

Les institutions ayant pour mission le contrôle des établissements de


crédit et organismes assimilés sont Bank Al Maghrib (A), ministre chargé des
finances (B), commissaires aux comptes (C) ainsi que le conseil supérieur des
oulémas en ce qui concerne les banques participatives (D).

A- Bank Al Maghrib :

En 2019, le législateur marocain a doté Bank Al Maghrib d'un nouveau


statut en vertu de la loi 40.17, abrogeant la loi 76.03 datant de 2006. L’objectif
est de faire aligner le régime juridique régissant Bank Al Maghrib sur les
meilleures pratiques internationales.

La gouvernance de Bank Al Maghrib est assurée par les organes suivants :

- un organe d'administration : le conseil qui est présidé par le Wali

21
En se limitant de les énumérer seulement à travers ce document sachant qu’elles ont fait l’objet
d’explications détaillées lors du cours magistral.
- un organe de direction : le Wali qui exécute les décisions du conseil. Il
est assisté d'un directeur général et de plusieurs comités dont le comité d'audit,
le comité de direction, le comité de stabilité financière, le comité monétaire et
financier et des organes de contrôle composés de commissaires du
gouvernement, du commissaire aux comptes et de la cour des comptes.

La loi 40.17 consacre l'autonomie administrative de Bank Al Maghrib en


son article premier qui dispose : « Bank Al-Maghrib » créée par le dahir n° 1-
59-233 du 23 hija 1378 (30 juin 1959), ci-après désignée la Banque, est une
personne morale publique dotée de l’autonomie financière et administrative dont
l’objet, les fonctions, les opérations ainsi que les modalités d’administration, de
direction et de contrôle sont arrêtés par la présente loi ainsi que par les textes
pris pour son application ».

Pour sa part, l'article 41 de la loi 40.17, limite l’étendue du contrôle du


commissaire au gouvernement aux seules opérations financières, contrairement
à l'ancienne loi ou le commissaire du gouvernement contrôle l'ensemble des
activités de Bank Al Maghrib en dehors de la politique monétaire22.

Toutefois, étant indépendante dans l'exercice de ses missions ne signifie


pas que Bank Al Maghrib n’est soumise à aucun contrôle. Elle fait, en effet,
l'objet du contrôle introduit par l'article 45 de la loi 40.17, le parlement en
permettant l'audition du wali de Bank Al Maghrib par les commissions
permanentes chargées de finances.

Par ailleurs, il faut préciser que Bank Al Maghrib est chargée en vertu de
l'article 80 de la loi 103.12, de contrôler le respect par les établissements de
crédit des dispositions de la loi susmentionnée et des textes pris pour son
application.

22
C’est à dire les opérations réalisées par Bank Al Maghrib qui ne relèvent pas de ses prérogatives régaliennes
de régulation, réglementation, contrôle et sanction mais des opérations de nature commerciale telle que la
conclusion de contrat avec les banques étrangères qui peuvent porter sur des pensions livrées, des prêts de
titre par exemple ou encore des couvertures contre divers risques financiers.
Elle vérifie l'adéquation de l'organisation administrative et comptable et
du système de contrôle interne de ces établissements et veille à la qualité de leur
situation financière23.

L'autorité sera particulièrement vigilante dans sa surveillance des


établissements qui pourraient être considérés comme étant systémiques.

En ce sens, l'article 79 de la loi bancaire prévoit que : « l'importance


systémique d'un établissement de crédit est déterminée notamment au regard de
sa taille, du degré, de son interconnexion avec les marchés et les autres
institutions du système financier ». De son côté l'article 109 de la même loi
dispose que : « le risque systémique est le risque de perturbation des services
financiers causés par une déficience de l'ensemble ou d'une partie du système
financier qui peut avoir des conséquences graves sur l'économie ».

En d'autres termes la situation financière dont la défaillance peut affecter


non seulement le système bancaire mais aussi l'économie toute entière est passée
au crible.

Par ailleurs il faut souligner que la surveillance de la santé financière des


établissements de crédit conduit aussi Bank Al Maghrib à s'intéresser au
business model de ses établissements, à la rentabilité de leurs activités24.

La loi 40.17 confère à Bank Al Maghrib le pouvoir de définir l'objectif de


stabilité des prix, de conduire la politique monétaire en toute indépendance et a
par ailleurs élargie ses missions à la contribution à la préservation de la stabilité
financière.

23
Bank Al Maghrib doit-elle s'enquérir de la santé financière des établissements de crédit pour s'assurer qu'ils
sont capables de respecter leurs engagements à l'égard de leurs clients de leur fournisseur et prestataire et de
leur partenaire.
24
Rappelons à cet égard qu'un commissaire aux comptes dans le cadre son devoir d'alerte rende compte à
Bank Al Maghrib de la situation financière dégradée d'un établissement et de ses doutes sur la capacité de ce
dernier à la redresser pour exiger l'application de mesures sévères par exemple la recapitalisation de
l'établissement voir le retrait de son agrément.
À cette fin Bank Al Maghrib siège au sein du comité de coordination et de
surveillance des risques systémiques et peut proposer au gouvernement toutes
les mesures susceptibles de maintenir la stabilité financière.

La poursuite de cet objectif de stabilité financière peut conduire Bank Al


Maghrib à prendre des participations dans des établissements de crédit dans un
contexte de gestion de risques systémiques et de résolution bancaire.

La loi 40.17 précise les pouvoirs de Bank Al Maghrib en matière de


politique de change et assouplit la gestion des réserves de change en l’habilitant
à conclure, nonobstant toute disposition légale contraire, des conventions avec
ses contreparties étrangères sur la base de conventions cadres des associations
professionnelles internationales.

B- Ministre chargé des finances

Le rôle du ministre chargé de l’économie et des finances a,


manifestement, progressé, au fil des réformes législatives règlementant
l’activité bancaire. C’est ainsi qu’avant la loi bancaire de 1967, il n’avait
qu’un rôle consultatif.

La loi en vigueur lui a conféré des attributions très importantes relatives à


la règlementation et le contrôle des établissements de crédit dans la mesure
où il joue un rôle prépondérant concernant la mise en œuvre des
orientations de l’Etat, dans le domaine monétaire et financier.

De surcroit, c’est le ministre chargé des finances qui préside,


conformément à l’article 27 de la loi 103.12, le conseil national du crédit et
de l’épargne. Il intervient ainsi dans la prise des décisions relatives, aux
modalités de collecte et les conditions de rémunération de certaines
catégories de fonds reçus du public ; aux conditions relatives à la durée, au
volume, aux taux d’intérêt et aux autres modalités d’octroi de crédits ; et aux
rapports minima ou maxima devant être maintenus entre deux ou plusieurs
éléments de l’actif, du passif et des engagements par signature reçus ou
donnés par des établissements de crédit.

Par ailleurs, il faut souligner que le ministre chargé des finances dispose,
en vertu de l’article 24 de la loi 103.12, du pouvoir d’homologuer « Les
circulaires du wali de Bank Al-Maghrib prises en application de (la loi
103.12) et des dispositions législatives et réglementaires en vigueur » avant
leur publication au «Bulletin officiel».

C- Commissaires aux comptes

Le contrôle assuré par l’institution des commissaires aux comptes25, est


prévu au deuxième chapitre du titre cinq aux articles de 99 à 107 de la loi
103.12.

La mission des commissaires aux comptes engloberait, outre la


certification des comptes, la vérification du respect, par les établissements
concernés, des dispositions comptables et prudentielles, l'évaluation de
l'adéquation de leur système de contrôle interne ainsi que la vérification de la
sincérité des informations destinées au public et leur concordance avec les
comptes26.

D'autre part, les commissaires aux comptes, dont la désignation doit être
approuvée par Bank Al-Maghrib, doivent présenter toutes les garanties
d'indépendance à l'égard des établissements contrôlés et de leurs dirigeants.
Ils ne pourraient exercer plus de deux mandats consécutifs auprès du même

25
Dans la mesure où l’article 99 de la loi 103.12 dispose que : « Les établissements de crédit sont tenus de
désigner deux commissaires aux comptes après approbation de Bank Al-Maghrib. Par dérogation aux
dispositions de l'alinéa ci-dessus et à celles de l'article 159 de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes, les
établissements de crédit désignent un seul commissaire aux comptes lorsque leur total bilan est inférieur à un
seuil fixé par Bank Al-Maghrib. Les modalités d'approbation de la désignation des commissaires aux comptes
par les établissements de crédit sont fixées par circulaire du wali de Bank Al-Maghrib, après avis du comité des
établissements de crédit ».
26
L’article 100 de la loi 103.12
établissement. Le renouvellement de leur mandat auprès de ces derniers ne
pourrait intervenir qu'à l'expiration d'un délai de 3 ans 27.

La loi de 103.12 autoriserait également les commissaires aux comptes à


échanger des informations avec Bank Al-Maghrib et les obligerait à porter à
sa connaissance tout événement ou décision de nature à mettre en péril la
situation financière de l'établissement contrôlé ou de porter atteinte au renom
de la profession28.

D- Conseil supérieur des oulémas

Le conseil supérieur des oulémas n’avait, avant l’adoption de l’expérience


des banques participatives au Maroc, aucun rapport avec le secteur bancaire.

Toutefois, le conseil supérieur des oulémas exerce, par le biais de la


«commission charia de la finance participative » créée29 en son sein,
immédiatement après l’entrée en vigueur en 2015 de la loi 103.12, le rôle
d’instance de conformité (Sharia Board). Il est d’ailleurs le seul habilité à se
prononcer sur la conformité à la Sharia des produits et services de la finance
participative dans ses trois compartiments (banque, assurance et marché des
capitaux).

Dans le cadre de ce contrôle, les banques participatives sont tenues de


créer une fonction de conformité aux avis du conseil supérieur des oulémas.

§2 : Les institutions de concertation

Il en est ainsi du conseil national du crédit et de l’épargne (A), du comité des


établissements du crédit (B), de la commission de discipline des établissements
de crédit (C), des associations professionnelles (C) et du comité de coordination
et de contrôle contre les risques systémiques (D).

27
Les articles 101 et 102 de la loi 103.12
28
Les articles 103 et 104 de la loi 103.12
29
Par dahir n° 1.15.02, du 20 janvier 2015, bulletin officiel n° 6333 du 9 février 2015, p 1098.
A- Le conseil national du crédit et de l’épargne
Prévu à l’article 27 de la loi 130.12, le conseil national du crédit et de
l'épargne est présidé par le ministre chargé des finances. Le conseil comprend,
en plus du Wali de Bank Al-Maghrib comme président, les membres indiqués à
l’article premier du Décret n° 2-17-31 du 27 septembre 2017, fixant la
composition et les modalités de fonctionnement du conseil national du crédit 30.

Le conseil national du crédit et de l'épargne débâtera, quant à lui, de toute


question intéressant le développement de l'épargne ainsi que l'évolution de
l'activité des établissements de crédit. Il formulera des propositions à l'attention
du gouvernement dans les domaines qui entrent dans sa compétence.

B- Le comité des établissements de crédit


Le comité des établissements de crédit est régi aux articles 25 et 26 de la loi
103.12

Le comité des établissements de crédit devrait être consulté, dans sa


configuration élargie qui englobe, outre les représentants des autorités
monétaires, les représentants de la profession, sur toutes les questions se
rapportant à l'activité des établissements de crédit.

Quand il devra donner son avis sur les différentes demandes d'agrément,
sa composition se limitera aux représentants des autorités monétaires 31.

C- La commission de discipline des établissements de crédit


Le législateur marocain a consacré, les articles de 28 à 31 de la loi 103.12,
à la commission de discipline des établissements de crédit.
30
Décret n° 2-17-31 du 27 septembre 2017, fixant la composition et les modalités de fonctionnement du
conseil national du crédit.
31
L’article 25 dispose : « … Le comité des établissements de crédit est présidé par le wali de Bank Al-Maghrib.
Il comprend en outre : - un représentant de Bank Al-Maghrib ; - deux représentants du ministère chargé des
finances, dont le Directeur du Trésor et des Finances Extérieures ; - deux représentants de l'association
professionnelle visée à l'article 32 ci-dessous , dont le président ; - le président de l'association professionnelle
des sociétés de financement; - le président de l'association professionnelle des établissements de paiement ; -
le président de la Fédération nationale des associations de microcrédit. Lorsqu'il est saisi de questions à
caractère individuel, telles que définies au paragraphe 2 de l'article 26 ci-après, sa composition est restreinte
aux seuls représentants de Bank Al-Maghrib et du ministère chargé des finances …».
La composition de cette commission est définie par l’article 29 de la loi
103.12 qui dispose que : « La commission de discipline des établissements de
crédit est présidée par le vice-wali ou le directeur général ou un représentant de
Bank Al-Maghrib désigné par le wali de Bank Al-Maghrib. Outre son président,
elle comprend les membres suivants :

- un représentant de Bank Al-Maghrib ;

- deux représentants du ministère chargé des finances ;

- deux magistrats, nommés par le conseil supérieur du pouvoir judiciaire.

Le président de la commission peut faire appel à toute personne dont la


collaboration est jugée utile pour donner à la commission un avis à propos de
l'affaire dont elle est saisie. Cette personne ne prend pas part aux délibérations
de la commission. Le secrétariat de la commission est assuré par Bank Al-
Maghrib ».

La commission de discipline des établissements de crédit, est chargée


d'instruire les dossiers disciplinaires dont elle est saisie et de proposer au wali de
Bank Al-Maghrib les sanctions disciplinaires à prononcer.

D- Les associations professionnelles

Elles sont prévues aux articles 32 et 33 de la loi 103.12.

En effet, l’article 32 de la loi bancaire tel qu’il a été modifié par la loi 50.20
relative à la microfinance dispose que : « Les établissements de crédit agréés en
tant que banques ou en tant que banques participatives et les banques offshore
sont tenus d'adhérer à une association professionnelle régie conformément aux
dispositions du dahir du 3 joumada I 1378 (15 novembre 1958) réglementant le
droit d'association, tel qu'il a été modifié et complété.
Les établissements de crédit agréés en tant que sociétés de financement sont
tenus d'adhérer à une association professionnelle régie conformément aux
dispositions du dahir précité.

Les établissements de paiement agréés sont tenus d'adhérer à une association


professionnelle régie conformément aux dispositions du dahir précité.

Les institutions de microfinance agréées sont tenues d’adhérer à l’association


professionnelle des institutions de microfinance régie conformément aux
dispositions du dahir précité ».

Le domaine d’intervention de ces associations est délimité par l’article 33 de


la loi 103.12.

Elles jouent le rôle d’intermédiaires entre les différents établissements qui


leur sont inhérentes et les autorités monétaires à savoir Bank Al Maghrib et le
ministère chargé des finances ainsi que les pouvoirs publics ou tout autre
organisme national ou étranger.

E- Le comité de coordination et de contrôle contre les risques systémiques

Prévu aux articles de 108 à 111 de la loi 103.12, le comité de coordination


et de contrôle contre les risques systémiques a été institué par la loi 103-12
relative aux établissements de crédit et organismes assimilés. Il est présidé par le
Wali de Bank Al-Maghrib et composé de représentants de l’autorité chargée du
contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, de l’autorité chargée du
contrôle du marché des capitaux et du Ministère de l’Economie et des Finances.

Ce comité a pour missions de coordonner les actions de ses membres en


matière de supervision des établissements soumis à leurs contrôles, de
coordonner la surveillance des organismes qui contrôlent les entités constituant
un conglomérat financier.
Il est chargé également de déterminer les établissements financiers ayant
une importance systémique, surveiller et coordonner leur réglementation,
d’analyser la situation du secteur financier, d’évaluer les risques systémiques et
veiller à la mise en œuvre des mesures pour les prévenir, coordonner les actions
de résolution de crises et coordonner la coopération et l’échange d’informations
avec les homologues étrangers.

Sous-section4 : La clientèle

Elle bénéficie en vertu de la nouvelle loi bancaire d’une large protection


notamment avec la consécration du droit au compte prévu à l’article 150. Ce
dernier dispose que : « Toute personne ne disposant pas d’un compte à vue et
qui s’est vue refuser, par une ou plusieurs banques, l'ouverture d’un tel compte
après l'avoir demandé par lettre recommandée avec accusé de réception, peut
demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de crédit auprès
duquel elle pourra se faire ouvrir un tel compte. Lorsqu'elle estime que le refus
n’est pas fondé, Bank Al- Maghrib désigne un établissement de crédit auprès
duquel le compte sera ouvert. Ce dernier peut limiter les services liés à
l'ouverture du compte aux opérations de caisse ».

Au droit au compte s’ajoute le droit au crédit que chaque client pourrait en


bénéficier lorsqu’il remplit les conditions requises par la banque.

Le client d’une banque, en tant que consommateur, jouit également du droit


d’être informé afin qu’il puisse agir en toute connaissance de cause
conformément aux articles 154 et 155 de la loi 103.12 et à l’article 3 de la loi
31.08 relative à la protection du consommateur.

Il a également le droit de se voir sa vie privée préservée à travers la


protection de ses renseignements personnels, en vertu de l’article 180 de la loi
103.12 et l’article 24 de la constitution.
FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES
ET SOCIALES, AIN SEBAA

Cours : Droit Bancaire

Sciences Juridiques.
Droit Privé
Semestre 6
2021/2022

BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Section 2 : Les activités régies par le droit bancaire

Le droit bancaire regroupe les règles juridiques qui fixent les conditions
d’accès à la profession des établissements de crédit et organismes assimilés (sous-
section 1), et régissent certains contrats qualifiés de bancaires (sous-section 2).

Sous-section 1 : L’exercice de l’activité bancaire

L’exercice des opérations de banque et qui leur sont connexes (§2) est
subordonné à l’obtention de l’agrément (§1) qui peut être retiré dans certaines
situations prévues par la loi.

§1 : L’octroi et le retrait de l’agrément

Soulignons tout d’abord que tout établissement voulant exercer une activité
d'établissement de crédit, d'établissement de paiement, d'institutions de
microfinance, de banque offshore, doit disposer d’un agrément 1, sous peine de
sanctions pénales2.

Les modalités d’obtention et de retrait de l’agrément diffèrent entre les


établissements onshore (A) et les A- établissements offshore (B).

A- Les établissements onshore

On envisagera l’octroi de l’agrément (I) avant de retracer les contours des situations
dans lesquelles l’agrément serait retiré (II).

I- L’octroi de l’agrément

Conformément à l’article 34 de la loi bancaire, les conditions requises pour


recevoir l’agrément de Bank Al Maghrib tiennent à l’adéquation des moyens
humains, techniques et financiers, l'expérience professionnelle et le rentabilité des
fondateurs des apporteurs du capital et les dirigeants, l'absence d'obstacle au
contrôle prudentiel par Bank Al Maghrib, ainsi que le respect des obligations

1
L’article 34 de la loi 103.12
2
L’article 183 de la loi 103.12 dispose que : « « Est punie d’un emprisonnement de six (6)
mois à trois (3) ans et d’une amende de 100.000 à 5.000.000 de dirhams ou de l’une de
ces deux peines seulement, toute personne qui :
- exerce, à titre de profession habituelle, les opérations visées aux articles 1 et 16 ci-
dessus sans avoir été dûment agréée en tant qu'établissement de crédit ;
- effectue des opérations pour lesquelles elle n’a pas été agréée ».
énoncées par les articles 35, 36, 37, 38 et 44 de la loi 103.12 est présentées ci-
après :

a- Les conditions juridiques :


Elles concernent :

1- La forme sociale requise. C’est ainsi que les établissements de crédit doivent,
conformément à l’article 35, être formées en tant que société anonyme à
capital fixe ou coopérative à capitale variable. Or les établissements de
paiement sous forme d’une société à responsabilité limitée.
2- Le respect du capital minimum ou de la dotation minimale exigée légalement,
qui est fixé par la circulaire du gouverneur de Bank Al Maghrib n° 20/G/2006
du 30 novembre 2006 modifiée et complétée par la circulaire 8/w/16 du 10 juin
2016.

C’est ainsi que la circulaire susmentionnée a fixé un capital minimum de


100.000.000,00 dhpour l’exercice des activités d’une banque et lorsque celle-
ci fait appel public à l’épargne, le minimum du capital exigé est de
200.000.000,00 dh.

Pour les sociétés de financement, il varie entre 10.000.000 et 50.000.000,00


dh, selon la nature des opérations agréées.

S’agissant des établissements de paiement, le capital minimum exigé est de


10.000.000,00 dh sauf pour les sociétés agréées pour effectuer exclusivement
des opérations de transfert de fonds ou il est de 6.000.000,00 dh.

3- L’observation de non cumul des fonctions.


4- La prévention des conflits d’intérêt et de liens de capital avec d’autres
personnes morales susceptibles d’entraver le contrôle prudentiel

5- La capacité du postulant à respecter la législation bancaire et les textes


règlementaires y afférents
b- Les conditions économiques et sociales :
L’aptitude de l’entreprise requérante à participer activement au
développement économique et social du pays sur le plan national et régional et à
mettre en place des structures décentralisées.

c- Les conditions commerciales et financières


Elles ont trait :

- Au plan d’action de l’établissement en question, son programme d’ouverture de


succursales d’agences ou de bureaux, ses moyens techniques et financiers
- Et sa capacité à atteindre ses objectifs dans des conditions compatibles avec le
bon fonctionnement du système bancaire et financier.
En cas de modification affectant : la nationalité, le contrôle d’un établissement de
crédit, le lieu de son siège et la nature des opérations qu’il effectue habituellement,
celui-ci doit obtenir un nouvel agrément. La même chose pour les absorptions et les
fusions entre établissements de crédit.

Par ailleurs, aux termes de l’article 38 de la présente loi : Nul ne peut, à un titre
quelconque, fonder, diriger, administrer, gérer ou liquider un établissement de crédit :

- s’il a été condamné irrévocablement pour crime ou pour l’un des délits prévus
et réprimés par les articles de 334 à 391 et de 505 à 574 du code pénal ;
- s’il a été condamné irrévocablement pour infraction à la législation relative aux
changes ;
- s’il a été condamné irrévocablement en vertu de la législation relative à la lutte
contre le terrorisme ;
- s’il a été frappé d’une déchéance commerciale en vertu des dispositions des
articles de 745 à 753 de la loi n° 15-95 formant code de commerce (tel qu’il a
été amendé par la 73-17), et qu’il n’a pas été réhabilité ;
- s’il a été condamné irrévocablement pour l’une des infractions prévues aux
articles de 754 à 757 de la loi n° 15-95 formant code de commerce (tel qu’il a
été amendé par la 73-17).
- s’il a fait l'objet d’une condamnation irrévocable en vertu des dispositions des
articles de 182 à 193 de la présente loi ;
- s’il a fait l'objet de radiation, pour cause disciplinaire, d’une profession
réglementée ;
- s’il a fait l’objet d'une condamnation irrévocable en vertu de la législation
relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux :
- s’il a fait l’objet d’une condamnation prononcée par une juridiction étrangère et
passée en force de chose jugée pour l’un des crimes ou délits ci-dessus
énumérés.

II- Le retrait de l’agrément

L’article 52 de la loi 103.12 énumère quatre possibilités :

- La première est à la demande de l’établissement de crédit lui même

- La seconde est celle où elle est prononcée comme sanction disciplinaire

- La troisième est celle où la situation de l’établissement de crédit est considérée


comme irrémédiablement compromise.

- La quatrième est celle où l’établissement de crédit :

- n’a pas fait usage de son agrément dans un délai de 12 mois

- n’exerce plus son activité depuis au moins six mois

- ne remplit plus les conditions au vu desquelles il a été agréé.

B- Les banques offshore

Aux termes des articles 5 3et 6 4de la loi 58.90 relative aux places financières offshore,
l'exercice de l'activité des banques offshore est subordonné à l'obtention d'un agrément
3
L’article 5 de la loi 58.90 dispose que : « L'exercice des activités bancaires visées à
l'article 2 ci-dessus est subordonné à l'obtention d'un agrément délivré par le ministère
chargé des finances après avis de Bank Al-Maghrib. L'agrément est accordé ou refusé
dans un délai maximum de 90 jours courant à compter de la date du dépôt de la
demande d'agrément.
Article 6 : Ce capital ou cette dotation devront être libérés intégralement dans un délai
maximum de 90 jours suivant la da
4
Article 6 : L'agrément ne peut être accordé que pour la constitution de filiales ou
l'installation de succursales de banques de notoriété internationale, dont Bank Al-Maghrib
s'est assurée de l'expérience bancaire et des capacités financières nécessaires pour
répondre à leurs engagements. A cette fin, le postulant devra s'engager à souscrire un
capital minimum de 500.000 dollars U.S. dans le cas de création d'une filiale ou une
dotation de même montant au cas de création d'une succursale. Ce capital ou cette
dotation devront être libérés intégralement dans un délai maximum de 90 jours suivant la
date de notification de l'agrément. Toutefois, ce délai peut être prorogé par le ministère
des finances lorsque le postulant le justifie, notamment en raison des démarches
nécessaires à la constitution de la banque offshore.
délivré par le ministre chargé des finances après avis de Bank Al-Maghrib dans un délai de
90 jours.

La loi bancaire 58.90 subordonne l'octroi de l'agrément de banques offshore aux


conditions suivantes :

1- La notoriété internationale,
2- L’expérience bancaire et les capacités financières de la maison-mère,
3- La régularité de la constitution de la banque au regard de la législation
choisie par les actionnaires,
4- Un capital minimum de 500000 dollars devant être intégralement libéré dans
un délai de 90 jours suivant la date de la notification de l'agrément,
5- L'adéquation des moyens en personnel et en matériel à l'exercice de l'activité

Par ailleurs, le retrait de l'agrément des banques offshore relève du ministre chargé
des finances à la demande de la banque offshore ou à l’initiative du ministre des
finances lorsque :
1- La banque ne remplit plus les conditions ayant permis l'octroi de son agrément
2- Ou en cas de manquement grave à la législation ou à la réglementation qui lui
est applicable.

§2 : Les opérations de banque et les activités connexes

Sont dites des opérations de banques dans la mesure où elles déterminent la


qualité des établissements de crédit (A), or les activités connexes ne peuvent être
exercées à titre principal par les établissements de crédit (B)

A- Les opérations de banque :

L’article 1 de la loi bancaire 103.12 prévoit que les opérations de banque sont :

- la réception de fonds du public ;

- Les opérations de crédit ;

- La mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement, ou leur


gestion.
I- La réception des fonds du public

aux termes de l’article 2 de la loi 103-12, sont considérés comme fonds reçus du
public, les fonds qu’une personne recueille de tiers sous forme de dépôt ou
autrement, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, à charge pour elle de
les restituer5.

Il ressort de ce texte les quatre éléments caractéristiques de cette opération de


banque, à savoir : 1- Remise de fonds 2- Tiers 3- droit de disposer des fonds pour
son propre compte 4- obligation de restitution

a- Remise de fonds
La réception de fonds implique une remise de monnaie soit volontairement ou sollicitation
par l’établissement de crédit. La nature juridique de l’opération importe peu : elle peut être à
titre de dépôt (qui est différent du dépôt régi par les règles de droit commun conformément à
l’article 781 du DOC), une convention de prêt ou encore une convention de compte courant.

Le moyen de la remise est également indifférent : en espèce, au moyen d’un


chèque, virement. La durée de la remise est même sans importance : remises des
fonds restituables à terme comme des fonds constitutifs de dépôt à vue. Mais la
durée n’est pas sans intérêt : si les dépôts à vue ne sont pas productifs d’intérêt
créditeurs, les dépôts à terme le sont.

b- Tiers
Le public est défini à travers la notion de tiers pour indiquer que proviennent du
public tous les fonds recueillis de personnes dotées d’une personnalité juridique
distincte de celle de la personne qui reçoit les fonds.

Cela veut dire qu’à partir du moment où le banquier reçoit des fonds d’une
personne autre que lui-même, il reçoit des fonds du public.

Pour restreindre le domaine d’activité des établissements de crédit et autoriser


d’autres personnes que ceux-ci à recevoir des fonds du public, ce texte décide que
ces fonds ne constituent pas des fonds reçus du public.

Ainsi par exemple :


5
Les étudiants sont tenus des explications données lors des conférences
-les sommes laissées en compte, dans une société, par les associés en nom, les
commanditaires et les commandités, les associés, les gérants, les administrateurs,
Les membres du directoire ou du conseil de surveillance et les actionnaires, détenant
5 % au moins du capital social ;

— Les dépôts du personnel d’une entreprise lorsqu'ils ne dépassent pas 10 % de ses


capitaux propres :

— Les fonds provenant de concours d'établissements de crédit et des organismes


assimilés

— Les fonds inscrits dans les comptes de paiement prévus à l’article 16 de la même
loi6.

c- Le droit de disposer des fonds pour son propre compte

Les fonds ne sont pas considérés comme reçus du public s’ils ne peuvent pas
être utilisés librement. Ceci est notamment le cas des fonds déposés à titre de
garantie ou à l’issue d’un achat déterminé.

d- Obligation de restitution
La restitution peut se faire via la monnaie fiduciaire ou par la monnaie
scripturale.

Sont assimilés aux fonds reçus du public :

6
1) Sont considérés comme services de paiement aux termes de l’article 16 de la loi
103.12:
- les opérations de transfert de fonds ;
- les dépôts et les retraits en espèces sur un compte de paiement ;
- l'exécution d'opérations de paiement par tout moyen de communication à distance, à
condition que l'opérateur agisse uniquement en qualité d'intermédiaire entre le payeur
et le fournisseur de biens et services;
- l'exécution de prélèvements permanents ou unitaires, d'opérations de paiement par
carte et l'exécution de virements, lorsque ceux-ci portent sur des fonds placés sur un
compte de paiement.
On entend par compte de paiement tout compte détenu au nom d'un utilisateur de
services de paiement et qui est exclusivement utilisé aux fins d'opérations de paiement.
2) Ne sont pas considérés comme services de paiement, les opérations de paiement
effectuées par :
- un chèque tel que régi par le Code de commerce ;
- une lettre de change tel que régi par le Code de commerce ;
- un mandat postal émis et/ou payé en espèces ;
- tout autre titre similaire sur support papier.
Les modalités d'exercice des services de paiement sont arrêtées par circulaire du wali de
Bank Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédit.
— les fonds déposés en compte à vue, avec ou sans préavis, même si le solde du
compte peut devenir débiteur ;

- les fonds déposés avec un terme ou devant être restitués après un préavis ;

- les fonds versés par un déposant avec stipulation d’une affectation spéciale, si
l'établissement qui a reçu le dépôt ne le conserve pas en l'état, à l'exception des
fonds versés auprès des sociétés légalement habilitées à constituer et gérer un
portefeuille de valeurs mobilières ;

- les fonds dont la réception donne lieu à la délivrance, par le dépositaire, d’un bon
de caisse ou de tout billet portant intérêt ou non.

II- Les operations de crédit

Conformément à l’article 3, constitue une opération de crédit tout acte, à titre


onéreux, par lequel une personne :

• met ou s'oblige à mettre des fonds à la disposition d’une autre personne, à


charge pour celle-ci de les rembourser ;

• ou prend, dans l'intérêt d’une autre personne, un engagement par signature


sous forme d’aval, de cautionnement ou de toute autre garantie.

Cette définition appelle les remarques suivantes :

- L’engagement d’une personne « qui met ou s’oblige à mettre, à titre onéreux,


des fonds à la disposition d’une autre personne » intègre deux notions importantes
liées entre elles :
 La première couvre toutes les formes de crédits : facilités, avances,
cessions de créance (comme l’escompte) de même que les engagements
futurs (promesses de prêts ou d’achats des créances ;
 La seconde touche à la rémunération du service ainsi rendu.

- La notion du remboursement est limitative parce qu’elle met en présence


deux personnes seulement, (celle qui remet les fonds, l’autre qui les reçoit et doit les
rembourser) alors que certaines techniques de crédit comme celle, très développées,
de l’escompte permettent au banquier de mettre à la disposition du tireur (créancier)
le montant escompté, le remboursement étant effectué, à l’échéance, auprès du tiré
(principal débiteur) et non du tireur comme le voudrait le texte. Cela est d’autant plus
vrai dans la technique d’escompte sans recours qui s’est énormément développée
au plan international.

Le code de commerce, y a remédié dans son article 526 qui définit l’escompte
comme étant « la convention par laquelle l’établissement bancaire s’oblige à payer
par anticipation au porteur le montant d’effets de commerce ou autres titres
négociables à échéance déterminée que ce porteur lui cède à charge d’en
rembourser le montant à défaut de paiement par le principal obligé…. »

La définition inclut, outre les crédits par signature qui prennent une place très
importante dans les concours bancaires, et la vente à réméré, des techniques plus
récentes comme le crédit-bail et l’affacturage.

C’est ainsi que le même article ajoute que, sont assimilées à des opérations de
crédit:

- les opérations de crédit-bail et de location avec option d'achat et assimilées qui


concernent :

* Les opérations de location de biens meubles qui, quelle que soit leur qualification,
donnent au locataire la possibilité d'acquérir à une date fixée avec le propriétaire,
tout ou partie des biens pris en location, moyennant un prix convenu tenant compte,
au moins pour partie, des versements effectués à titre de loyers

* les opérations par lesquelles une entreprise donne en location-des biens


immeubles, achetés par elle ou construits pour son compte, lorsque ces opérations,
quelle que soit leur qualification, permettent au locataire de devenir propriétaire de
tout ou partie des biens pris en location, au plus tard à l'expiration du bail ;

* les opérations de location de fonds de commerce ou de l’un de ses éléments


incorporels qui, quelle que soit leur qualification, donnent au locataire la possibilité
d'acquérir, à une date fixée avec le propriétaire, le fonds de commerce ou l’un de ses
éléments incorporels, moyennant un prix convenu tenant compte, au moins pour
partie, des versements effectués à titre de loyers, à l'exclusion de toute opération de
cession bail7, à l’ancien propriétaire, dudit fonds ou de l’un de ses éléments.
7
La cession bail est, selon le dernier alinéa de l’article 4 de la loi 103.12, l’acte par lequel
une entreprise utilisatrice vend un bien à une personne qui le lui donne aussitôt en crédit-
bail.
- Les opérations d’affacturage qui est, conformément à l’article 6 de la loi 103.12, la
convention par laquelle un établissement de crédit s'engage à recouvrer et à
mobiliser des créances commerciales, soit en acquérant lesdites créances, soit en se
portant mandataire du créancier avec, dans ce dernier cas, une garantie de bonne
fin.

- Les opérations de vente à réméré d'effets et de valeurs mobilières et les opérations


de pension8 telles que prévues par la législation en vigueur.

III- La mise à la disposition de la clientèle de tous moyens de paiement, ou leur


gestion

L’article 6 dispose que : « sont considérés comme moyens de paiement, tous


les instruments qui, quel que soit le support ou le procédé technique utilisé,
permettent à toute personne de transférer des fonds ».

Constitue également un moyen de paiement la monnaie électronique, définie


comme étant toute valeur monétaire représentant une créance sur l'émetteur, qui est:

- stockée sur un support électronique ;


- émise en contre partie de la remise de fonds d’un montant dont la valeur n'est
pas inférieure à la valeur monétaire émise et ;
- acceptée comme moyen de paiement par des tiers autres que l'émetteur de la
monnaie électronique.
L’introduction de cette catégorie d’opérations de banque, dès la loi bancaire de
1993 reprise par celle de 2006 et de 2015, a été motivée par 2 considérations
principales :

8
En application de l’article 1 de la loi 24.01 relative aux opérations de pension, « La
pension est l’opération par laquelle une personne morale, un fonds commun de
placement tel que défini par le dahir portant loi n° 1-93-213 du 4 rabii II 1414 (21
septembre 1993) relatif aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières, ou
un fonds de placements collectifs en titrisation tel que défini par la loi n° 10-98 relative à
la titrisation de créances hypothécaires, cède en pleine propriété à une autre personne
morale, à un fonds commun de placement ou à un fonds de placements collectifs en
titrisation, moyennant un prix convenu, des valeurs, titres ou effets visés à l’article 2 de
la présente loi et par laquelle le cédant et le cessionnaire s’engagent respectivement et
irrévocablement, le premier à reprendre les valeurs, titres ou effets, le second à les
rétrocéder à un prix et à une date convenus».
 La première est liée aux développements rapides des nouveaux moyens
de paiement tels que la monétique et les transferts magnétiques.
 La seconde provient du souci des autorités monétaires de contrôler
l’évolution de ces opérations et de leurs risques afin de protéger les
déposants tout en appréhendant mieux leur influence sur la conduite de la
politique monétaire.

B- Les activités connexes aux opérations de banque


Ces activités, au nombre de huit, sont prévues à l’article 7 et 8 de la nouvelle
loi bancaire.

- la gestion d'instruments financiers ;

- la négociation pour compte propre ou pour compte de tiers d'instruments financiers;

- la réception et la transmission d'ordres pour le compte de tiers ;

- le conseil et l’assistance en matière de gestion de patrimoine ;

- le conseil et l’assistance en matière de gestion financière ;

- l'ingénierie financière ;

- le placement sous toutes ses formes ;

- le service de notation de crédit

- Les opérations de change ;

- Les opérations sur or, métaux précieux et pièces de monnaie ;

- La présentation au public des opérations d'assurance de personnes, d’assistance,


d’assurance-crédit et toute autre opération d'assurance, conformément à la
législation en vigueur ;

- Les opérations de location de biens mobiliers ou immobiliers, pour les


établissements qui effectuent, à titre habituel, des opérations de crédit-bail.
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ET SOCIALES, AIN SEBAA

Cours : Droit Bancaire

Sciences Juridiques.
Droit Privé
Semestre 6
2021/2022

BEL-AMIN SAMIR
Enseignant chercheur à la FSJES Ain Sebaa
Sous-section2 : Les contrats bancaires : le compte en banque

On entend par contrat bancaire, un accord de volonté passé entre un


particulier ou une entreprise avec un établissement de crédit en vue de produire
des effets de droit.

Les contrats bancaires prévus par le droit marocain se trouvent


essentiellement au titre 7 du livre 4 du code de commerce1. Il en est ainsi du
contrat de dépôt, de virement, de l’ouverture de crédit, de l’escompte, de la
cession des créances professionnelles, du nantissement et du contrat de compte
bancaire que nous essayons de développer étant donnée son importance et son
usage fréquent.

Etant régi par le code de commerce aux articles de 487 à 508 et la loi
103.12 aux articles de 150 à 160, le compte en banque requiert pour sa
conclusion que certaines conditions soient remplies, (§1) afin de fonctionner et
produire ses effets (§2).

Se présentant sous différents types (§3), le contrat de compte en banque


peut s’éteindre dans des circonstances diverses (§4).

§1- Les conditions d’ouverture du compte en bancaire

Soulignons d’emblée que ni le code de commerce ni la loi bancaire, n’ont


donné une définition du compte en banque.

L’article 487 se limite à préciser que « le compte en banque est soit à vue,
soit à terme ». Or, on comprend des termes de l’article 151 de la loi 103-12, que
le compte en banque est une convention écrite entre le client et la banque. Le
client est appelé déposant, or la banque étant établissement dépositaire.

1
outre les contrats précédemment indiqués dans le cadre des opérations de banque, et ceux faisant office des
services des banques participatives étant régis par la loi bancaire ainsi que les contrats bancaires régis par des
normes de portée internationale comme le crédit documentaire dont la réglementation est assurée par les
règles et usances uniformes de la chambre de commerce internationale.
Certes le législateur marocain consacre, en vertu de l’article 1502 de la loi
103.12, le droit de toute personne de se faire ouvrir un compte bancaire, mais il
a imposé certaines conditions qui divergent selon que le requérant soit une
personne physique (A) ou une personne morale (B).

A- Personnes physiques
L’article 488 du code de commerce dispose que : « L'établissement
bancaire doit, préalablement à l'ouverture d'un compte, vérifier, en ce qui
concerne les personnes physiques, le domicile et l'identité du postulant au vu des
énonciations de sa carte d'identité nationale, de la carte d'immatriculation pour
les étrangers résidents ou du passeport ou toute autre pièce d'identité en tenant
lieu pour les étrangers non-résidents… ».

Il faut préciser en ce sens que l’obligation de vérifier l’identité du


postulant qui pèse sur le banquier se justifie par la nécessité d’éviter que le
titulaire du compte effectue des opérations illicites sur un nom d’emprunt, c’est
à dire s’assurer que le postulant n’est pas un escroc. Ceci dit, la responsabilité du
banquier serait ainsi engagée si l’absence d’un contrôle suffisant se traduit par
un préjudice à un tiers.

De surcroît, la banque ne doit ouvrir de compte que sur la base d’une


pièce d’identité originale en cours de validité portant une photographie du client.
La pièce d’identité devra être conservée dans le dossier du client même après la
clôture du compte.

Par ailleurs, la personne physique demandant l’ouverture d’un compte


bancaire doit avoir la capacité d’exercice.

2
L’article 150 de la loi 103.12 dispose que : « Toute personne ne disposant pas d’un compte à vue et qui s’est
vu refuser, par une ou plusieurs banques, l'ouverture d’un tel compte après l'avoir demandé par lettre
recommandée avec accusé de réception, peut demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de
crédit auprès duquel elle pourra se faire ouvrir un tel compte.
Lorsqu'elle estime que le refus n’est pas fondé, Bank Al- Maghrib désigne un établissement de crédit auprès
duquel le compte sera ouvert. Ce dernier peut limiter les services liés à l'ouverture du compte aux opérations
de caisse »
Etant contrat commercial, le compte en banque suppose que la personne
physique ait la capacité d’exercer le commerce, qui obéit aux règles du statut
personnel aux termes de l’article 12 du code de commerce.

Conformément aux articles 208 et suivants du code de la famille, une


personne physique peut être capable de demander l’ouverture d’un compte
bancaire s’il n’est pas mineur, ni majeur incapable.

Ceci étant, l’âge de la majorité légale est fixé, selon l’article 209 du code
de la famille, à « dix-huit années grégoriennes révolues ».

Cependant, avant cet âge, le mineur ne peut conclure le contrat


d’ouverture de compte bancaire que par son représentant légal à savoir son
tuteur.

En fait, il faut distinguer dans la condition juridique du mineur trois


périodes :

• jusqu’à 12 ans révolus

Le mineur est considéré comme complètement dépourvu de discernement,


il est frappé d’une incapacité totale, et tous les actes accomplis par le mineur
sont nuls de plein droit y compris la conclusion de la convention du compte en
banque.

• A partir de la 13ème année et jusqu’à 15 ans révolus

Le mineur, doué de discernement, peut prendre possession d'une partie de


ses biens pour en assurer la gestion, à titre d'essai. Une autorisation est accordée,
à cet effet, par le tuteur légal ou par décision du juge chargé des tutelles, sur
demande du tuteur testamentaire ou datif ou du mineur intéressé.

Le mineur aura la pleine capacité pour agir dans la limite de l’autorisation


qu’il a reçue de son tuteur. Il pourra par conséquent passer le contrat d’ouverture
de compte en banque, dont les opérations pouvant y être effectuées sont celles
comprises dans l’autorisation.

• Lorsque le mineur atteint l’âge de 16 ans révolus

Lorsque sa maturité d’esprit est constatée par le tuteur, le mineur peut être
totalement émancipé c’est-à-dire libéré de la tutelle.

Moyennant cette procédure de l’émancipation ou de libération de tutelle,


le mineur passe de la minorité à la pleine capacité sans restrictions, et sera en
droit de conclure le contrat de compte en banque.

S’agissant des incapables majeurs, ils sont en vertu de l’article 220 du


code de la famille, le dément, le faible d’esprit et le prodigue. Le dément est
celui qui a perdu la raison, peu importe que sa démence soit continue ou
intermittente c’est-à-dire entrecoupée de périodes de lucidité. Le faible d'esprit
est celui qui est atteint d'un handicap mental l'empêchant de maîtriser sa pensée
et ses actes. Le prodigue est celui qui dilapide son patrimoine par des dépenses
sans utilité, ou par des dépenses considérées futiles par des personnes
raisonnables.

Le juge doit prononcer l’interdiction du dément, du faible d’esprit et du


prodigue à partir du jour où il est établi qu’ils se sont trouvés dans cet état.

La sanction de cette interdiction est la nullité absolue du contrat de


compte bancaire passé par le dément. Or pour les comptes bancaires passés par
le faible d’esprit et le prodigue, ils sont valables s'ils lui sont pleinement
profitables. Ils sont nuls, s'ils lui sont préjudiciables. Or, s'ils revêtent un
caractère à la fois profitable et préjudiciable, leur validité est subordonnée à
l'approbation de leur représentant légal, accordée en tenant compte de l'intérêt
prépondérant de l'interdit et dans les limites des compétences conférées à chaque
représentant légal.

B- Les personnes morales


L’article 488 du code de commerce prévoit que « L'établissement bancaire
doit, préalablement à l'ouverture d'un compte, vérifier… en ce qui concerne les
personnes morales, la forme et la dénomination, l'adresse du siège, l'identité et
les pouvoirs de la ou des personnes physiques habilitées à effectuer des
opérations sur le compte ainsi que le numéro d'inscription à l'impôt sur les
sociétés, au registre du commerce ou à l'impôt des patentes »3.

§2- Le fonctionnement du compte bancaire

Il faut souligner qu’une fois la convention de compte bancaire soit passé,


le client est appelé à remplir un imprimé et un carton de spécimen de signature
comportant les indications afférentes à l’identification du client et les modalités
de signature qui doivent servir de base au contrôle du banquier.

La banque communique au client un numéro de compte identifiable par


une série de chiffres faisant partie intégrante du relevé d’identité bancaire (RIB).
Celui-ci contient toutes les coordonnées bancaires, il correspond à la
domiciliation du titulaire de banque.

Sur le RIB figurent le nom et l’adresse du titulaire de compte et une série


de chiffres représentant le code banque, le code agence, numéro de compte et la
clé RIB.

A la demande du client et selon les services accordés, la banque délivrera


un chéquier, une carte bancaire…

Plus précisément, le fonctionnement d’un compte bancaire s’opère à


travers un relevé bancaire qui permet d’enregistrer chronologiquement toutes les
opérations qui concernent le client en relation avec sa banque.

3
Tout en tenant compte des développements dispensés durant la conférence.
Il s’agit d’un tableau divisé en deux parties : la partie débit qui enregistre
les retraits réalisés par caisse, les paiements par chèques, les avis de
prélèvements, les virements et les règlements exécutés dans le cadre des services
et crédits bancaires ; et la partie crédit qui enregistre tous les versements
effectués par le client ou en sa faveur comme des versements d’espèces.

De même chaque relevé de compte bancaire doit contenir des


renseignements précis pour chaque opération en l’occurrence : le libellé, le
montant, le sens débiteur ou créditeur, la date de l’opération, la date de la valeur.
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1
§3 : Variétés de comptes en banque

Législateur marocain a réservé une place très importante au compte


bancaire en le positionnant au début des contrats bancaire dans le cadre du
titre 7 du livre 4 du code de commerce

En plus du compte à vue et du compte à terme prévus au code


commerce, on trouve également un compte particulier à savoir le compte
particulier prévu par la loi 103.12 en vertu de l'article 151.

Il en est ainsi du compte titre qui est régi par la loi 35.96, relative à la
création d'un dépositaire central et à l'institution d'un régime général de
l'inscription en compte de certaines valeurs.

On envisagera la classification qui établit la distinction entre le compte à


vue et le compte à terme (A) le contrôle volontaire et le compte obligatoire
(B) et le compte individuel et le compte collectif (C).

⦁ Les comptes à vue et les comptes à terme

⦁ Le compte à vue
Aux termes de l’article 493 du code de commerce, le compte à vue
est « un contrat par lequel la banque convient avec son client d’inscrire sur

2
un relevé unique leurs créances réciproques sous forme d’articles de crédits
et de débits et dont la fusion permet de dégager à tout instant un solde
provisoire en faveur de l’une des parties ».

Il en découle que le compte à vue présente les caractéristiques


suivantes : la novation (a), l'indivisibilité (b) et la production d'intérêt (c)

⦁ La novation
Elle explique la transformation que subit la créance du fait de son
entrée en compte. La novation consiste ainsi à la perte de la spécificité et
l’individualité du régime des créances qui deviennent de simples articles du
compte. La créance est novée parce qu'elle disparaît pour devenir un article
du compte participant à la formation du solde du compte.

⦁ L'indivisibilité
Elle explique l'état de la créance jusqu'à la fusion des articles du
quand elle participe à un bloc dans les éléments sont inséparables et notre
à savoir le solde unique qui peut être créditeur ou des buteurs pour l'une
des parties à l'égard de l'autre en vertu de l'article 498 du code de
commerce.

Il est impossible donc d’extraire un article du compte pour lui faire


suivre un sort différent. Ceci est notamment l’exemple de la créance entrée
en compte et qui par l’effet de l’indivisibilité ne peux plus être saisie par,
seul le solde du compte peut l’être.

⦁ La capitalisation d'intérêts

3
S'il est constant en droit civil qu'il est, selon l’article 874 du DOC, nul
« entre toutes parties la stipulation que les intérêts non payé seront, à la fin
de chaque année, capitalisés avec la somme principale et seront productifs
d'intérêt », la capitalisation des intérêts est possible à la fin de chaque
semestre lorsqu'il s'agit de transaction commerciale conformément à
l'article 873 du DOC.

En revanche le législateur marocain a consacré un traitement


particulier à la capitalisation des intérêts bancaires. C’est ainsi que l'article
497 du code de commerce, dispose que « La créance d'intérêt de la banque,
arrêtée tous les trimestres, est reportée au débit du compte ; elle
contribue, éventuellement, à la formation d'un solde en faveur de la
banque qui porte à son tour intérêt ».

On en déduit que le législateur marocain permet, en matière de


compte bancaire, la capitalisation des intérêts résultant du solde débiteurs
tous les trimestres, contrairement à ce qui a prévu en matières
commerciale et civile.

Par ailleurs il faut souligner que le législateur marocain dispose à


l'article 500 du code de commerce que le client peut disposer à sa
convenance du solde provisoire, à sa convenance, en sa faveur et que solde
est saisissable par tout créancier du client.

Au niveau des banques, on distingue dans le cadre du compte à vue entre :

4
⦁ Les comptes courants ouverts aux personnes physiques ou morales
appartenant à divers secteurs d’activités pour leurs opérations
professionnelles
⦁ Les comptes chèques ouverts pour les particuliers commerçants ou
non pour leur besoins personnels. Ces comptes enregistrent les
retraits et versements de leurs titulaires. Leurs soldes sont
généralement créditeurs ; il y a possibilité de dépassements devant
être remboursables rapidement
⦁ Les comptes sur carnets ouverts seulement aux personnes
physiques. Le maximum du capital épargné : 300 000 dirhams. Les
intérêts y afférents sont capitalisés à la fin de chaque trimestre, en
faveur du client.
⦁ Les comptes à terme
Ils sont des comptes de dépôts à terme qui demeurent bloqués
jusqu’à l’échéance fixé au moment de l’ouverture de compte.

Chaque opération de dépôt fait l’objet de compte distinct et celui-ci


ne peut être ouvert pour une durée inférieure à trois mois. Les retraits
anticipés des dépôts ne sont pas autorisés.

⦁ Le compte volontaire et le compte obligatoire

Etant un contrat, l’ouverture du compte bancaire est soumise à la liberté


de la volonté des parties. Toutefois, il se trouve qu’en présence de
certaines circonstances particulière, la loi nécessite que soit ouvert un

5
compte bancaire.

Ceci est notamment le cas de l’article 18 du code de commerce qui


oblige tout commerçant, pour les besoins de son commerce, d'ouvrir un
compte dans un établissement bancaire ou dans un centre de chèques
postaux. Cette obligation s’explique par le fait que les commerçants
doivent, opérer par chèque barré ou virement, tous les paiements dont le
montant est supérieur à 10.000dhs, dans le souci de réduire les paiements
en espèce et aboutir à une diminution de la fraude fiscale, et ce
conformément à l’article 306 du code de commerce.

Ceci est également le cas de l’article 22 de la loi 17.95 qui oblige les
fondateurs d’une société anonyme d’ouvrir un compte bancaire bloqué afin
qu’ils soient déposés les fonds provenant des souscriptions en numéraire
au nom de la société en formation.

Le compte individuel et le compte collectif

⦁ le compte individuel :

Il est ouvert à une seule personne, titulaire de compte et qui seul


autorisé à effectuer les autres opérations que permet l’ouverture d’un
compte.

⦁ Le compte collectif
C’est un compte ouvert au nom de plusieurs personnes. L’on distingue
entre le compte bancaire avec solidarité et le compte bancaire sans

6
solidarité.

Le premier est celui où chacun des cotitulaires de compte peut effectuer


toutes les opérations et services bancaires, ils sont responsables des
opérations accomplies par chacun d’eux. L’exemple type est le compte joint
qui est ouvert au nom des deux époux dans un couple et en cas de décès de
chacun des deux époux, l’autre continue à effectuer toutes les opérations
bancaires y afférentes.

Le deuxième type est celui ou toute opération ne peut être accomplie


sur le compte qu’après signature de tous les cotitulaires. Chacun n’est
responsable que de sa propre signature. Le banquier ne peut demander
ainsi la totalité de la dette à l’un d’entre eux sauf s’ils sont tous
commerçants et ont ouvert ce compte pour les besoins de leur commerce,
dans ce cas la présomption de la solidarité serait applicable.

Les retraits anticipés des dépôts à terme ne sont pas autorisés sauf
en cas de besoin de fonds motivés par des circonstances exceptionnelles.

Les avances garanties par ces dépôts supportent des intérêts débiteurs
supérieurs de deux points au taux d’intérêt créditeur appliqué

§4- La clôture du compte bancaire

Comme tout contrat, le compte bancaire peut-être clôturé de


différentes formes. On distingue en ce sens entre la clôture volontaire (A)
et la clôture obligatoire (B).

7
⦁ La clôture volontaire

Dans la clôture volontaire, l'initiative peut émaner soit du banquier


soit du client.
Lorsque l’initiative de la clôture du compte bancaire résulte de la
volonté du client, le législateur marocain n’a pas exigé aucune condition ni
de forme ni de fond. Mais en pratique le client qui souhaite procéder à
mettre fin à son compte bancaire se trouve dans la nécessité de présenter
une demande à son banquier en double exemplaire avec accusé de
réception sur le double cacheté par le banquier.
Or, lorsque l’initiative de la clôture du compte bancaire émane du
banquier, la clôture est différente selon que l’on se place en présence d’un
compte débiteur ou créditeur.
Lorsque le compte débiteur, le banquier doit, après l’expiration d’un
délai d’une année à partir du dernier solde débiteur inscrit en compte,
adresser à son client un avis l’invitant à exprimer sa volonté de poursuivre
où mettre fin au compte, passé deux mois de la date de la notification, le
compte doit être obligatoirement clôturé. C’est ce qui ressort de l’article
503 du code de commerce.
En revanche, lorsque le compte est créditeur, le banquier ne peut le
clôturer que lorsque les fonds et valeurs qui y sont déposés n'ont fait
l’objet, de la part de leurs titulaires ou ayants droit, d'aucune opération ou
réclamation depuis dix ans.
Le banquier est tenu à cet effet d’adresser, dans un délai de six mois
avant l'expiration de la période de dix ans, précitée, un avis recommandé
au titulaire de tout compte, ou à ses ayants droit, susceptible d’être atteint
par la prescription et dont l’avoir en capital et intérêts est égale ou
supérieur à deux cent dirhams. Le banquier verse le montant de solde
créditeur à la caisse de dépôt et gestion qui le détiendra pour le compte de
leurs titulaires ou ayants droit jusqu’à l'expiration d’un nouveau délai de 5
ans pour le versera au profit du trésor .

⦁ La clôture obligatoire

8
Elle intervient en cas de décès, incapacité ou redressement ou
liquidation judiciaire.

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Troisième chapitre : La responsabilité bancaire

Généralement, la responsabilité d’une personne est engagée lorsque, par son action,
elle porte préjudice à une autre personne.

Le banquier, considéré comme étant un commerçant dont le rôle est primordial dans la
vie économique, cependant son commerce est dangereux dans la mesure où il pourrait susciter
sa responsabilité civile (section 1), pénale et disciplinaire (section2).

Section 1 : La responsabilité civile du banquier

En matière de responsabilité civile, deux cas sont envisagés. Le premier est celui ou
les personnes concernées ont préalablement conclu entre elles un contrat (sous-section 1). Or,
le second est celui ou les personnes n’ont conclu aucun accord préalable, elles sont alors les
acteurs d’un événement (sous-section 2).

La situation de banquier n’échappe pas à cette classification. Ainsi la responsabilité


civile bancaire n’a rien de particulier. Elle n’est qu’une illustration du régime général de la
responsabilité civile.

Quoiqu’il en soit, la responsabilité civile de la banque ne peut être engagée que dans la
mesure où le client, ou un tiers, démontre la réunion des trois conditions classiques :
l’existence d’une faute commise par le banquier ; l’existence d’un préjudice souffert ; un lien
de causalité entre la faute et le préjudice.

Sous-section 1. La responsabilité contractuelle

Conformément aux règles de droit commun, la mise en œuvre de la responsabilité


contractuelle du banquier nécessite que soient réunies un certain nombre de conditions. En
premier lieu il faut qu’il y ait un contrat conclu entre le banquier et son client (§1). Ensuite, le
préjudice subi doit résulter d’une inexécution du contrat ou d’une exécution défectueuse (§2).
Mais le banquier dispose toujours des moyens pour limiter de sa responsabilité, cette
limitation n’étant pas absolue (§3).

§1 : La qualité de client en banque comme élément essentiel de la responsabilité


contractuelle

D’emblée, il faut avancer qu’il existe deux catégories de situations qui permettent de
qualifier des personnes de « clients » d’une banque. Il y a tout d’abord des opérations
ponctuelles qui font l’objet d’un contrat, mais qui ne se situent pas dans le cadre de relations
continues et habituelles. Ceci est notamment l’exemple, d’une personne physique qui effectue
une opération de change manuel dans une agence bancaire, ne sachant que cette personne
n’est titulaire d’aucun compte dans cet établissement. On parle lors, de clients occasionnels.

Il y a également les personnes qui choisissent une banque pour effectuer chez elle
toutes les opérations de banque. Dans ce cas, le compte bancaire matérialise les relations
d’affaires entre la banque et le client.

Hormis ces situations, existent des circonstances où la personne est potentielle, c’est
en fait un « prospect ». Dans ce cas, il est considéré juridiquement comme un tiers. Ceci est
notamment le cas des personnes qui demandent l’ouverture d’un compte (avant la
confirmation par la banque).

Ceci étant, seul le « client » d’une banque, c’est-à-dire la personne qui a conclu un
contrat avec une banque peut engager la responsabilité contractuelle de la banque à l’occasion
de l’exécution du contrat.

Dans le cas de l’opération de change manuel (contrat ponctuel), le champ de la


responsabilité contractuelle est limité à l’exécution de ce contrat.

En revanche, lorsqu’il y a des relations d’affaires permanentes et continues entre un


établissement de crédit et son client, le champ de la responsabilité contractuelle de la banque
peut être élargi.

§2 : L’inexécution ou l’exécution défectueuse du contrat

Deux cas peuvent se présenter. Le premier est celui où il s’agit de l’inexécution, ou de


la mauvaise exécution, d’une opération courante (A). Le second quant à lui est celui où
l’inexécution ou la mauvaise exécution concerne une opération de crédit (B).

A- Le cas des opérations courantes


Lorsqu’un client donne un ordre à sa banque : ordre de paiement, ordre
d’encaissement, ordre de transfert, la banque est tenue d’exécuter cet ordre dans les conditions
et délais impartis.

Ceci dit, si la banque commet une faute dans l’exécution d’un ordre, elle répond de sa
faute vis-à-vis de son client pour autant que la force majeure ne puisse être invoquée et que le
client lui-même n’ait pas commis de faute.

B- Le cas des opérations de crédit


Deux situations sont à distinguer à cet égard. La première est celle ou le refus
d’exécution par la banque d’une ouverture de crédit (I). La deuxième est celle relative à une
rupture brusque d’un crédit (II).

I- Le refus d’exécution d’une ouverture de crédit


Si la banque a donné son accord à un client pour lui consentir un crédit et que, sans
motif valable, elle n’exécute pas la convention, il est admis que sa responsabilité contractuelle
puisse être engagée pour non-exécution de l’obligation qui en découle.

II- La rupture brusque d’un crédit

L’article 525 du code de commerce a fixé des règles précises en la matière :


«l’ouverture de crédit est consentie pour une durée limitée, renouvelable ou non, ou illimitée.

L’ouverture de crédit à durée illimitée, expresse ou tacite, ne peut être résiliée ou


réduite que sur notification écrite et à l’expiration d’un délai fixé lors de l’ouverture de crédit,
ce délai ne peut être inférieur à 60 jours.

L’ouverture de crédit à durée limitée prend fin de plein droit au terme fixé sans que la
banque ait l’obligation d’en avertir le bénéficiaire.

Qu’elle soit à durée limitée ou illimitée, l’établissement bancaire peut y mettre fin sans
délai en cas de cessation notoire de paiement du bénéficiaire ou de faute lourde commise à
l’égard dudit établissement ou dans l’utilisation du crédit.

Le non-respect de ces dispositions par l’établissement bancaire peut engager sa


responsabilité pécuniaire ».

Il en découle deux obligations à la charge des établissements bancaires, si celles-ci


veulent éviter de voir leur responsabilité mise en jeu à l’occasion de la rupture d’un crédit : il
s’agit de l’obligation d’informer le client des délais de préavis, lors de l’octroi du concours et
la notification par écrit de la réduction ou de l’interruption du crédit.

A défaut de respecter les conditions fixées par la loi, la banque qui rompt un crédit
prend le risque de voir mettre en cause sa responsabilité contractuelle.

§3 : Limitation de la responsabilité du banquier


Pour un client, il est toujours tentant, en cas de litige, de chercher à faire condamner
son banquier à verser des dommages et intérêts au titre de la responsabilité contractuelle.

Les établissements bancaires se préservent contre de telles initiatives. Elles incluent


dans les contrats passés avec la clientèle des clauses limitant leur responsabilité.

La forme de ces clauses est loin d’être générale. En effet, la loi considère que les
clauses limitant la responsabilité d’une banque dans un contrat passé avec un client ne sont
efficaces qu’en cas de faute légère de la banque.

En revanche lorsque le banquier commet une faute lourde ou un dol dans l’exécution
du contrat, la responsabilité de la banque est reconnue et la clause limitative de responsabilité
n’a pas d’effet conformément à l’article e l'article 232 du DOC aux termes duquel on ne peut
stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou de son dol1.

Sous-section 2 : La responsabilité extracontractuelle du banquier

La responsabilité civile extracontractuelle peut se définir comme l’obligation mise à la charge


d’une personne de réparer un dommage subi par une autre personne en dehors d’une relation
contractuelle. Elle regroupe les faits juridiques dommageables qui sont source d’une
obligation de réparer dont le responsable est débiteur et la victime créancière.
Régie aux articles de 77 à 106 du DOC, la responsabilité extracontractuelle est
constituée par deux types de responsabilités, délictuelle et quasi délictuelle, dans lesquelles
l'acte dommageable consiste en la violation d'une obligation, quelle qu'en soit l'origine (légale
au sens le plus large, coutumière, jurisprudentielle) et que l'acte soit volontaire (délit) ou
involontaire (quasi- délit).

Surtout, une personne peut être déclarée responsable indépendamment de la question


de savoir si elle a commis ou non une faute (il en est ainsi des parents pour les dommages
causés par leurs enfants mineurs ou du gardien d’une chose pour le dommage causé par le fait
de celle-ci).
La responsabilité extracontractuelle est en effet le principe. Elle a vocation à régir la
réparation de tous les dommages et s'impose tant que les conditions de mise en œuvre d'une
responsabilité contractuelle ne se trouvent pas réunies.

1
L’article 232 du DOC dispose qu’ « on ne peut stipuler d'avance qu'on ne sera pas tenu de sa faute lourde ou
de son dol ».
La responsabilité extracontractuelle bancaire est engagée, généralement, suivant les
dispositions classiques de droit commun (§1). Mais dans le cas d’une entreprise en difficulté,
les créanciers apparaissent comme les victimes du comportement de la banque et de ce fait, ils
cherchent à faire reconnaître la faute commise par celle-ci en vue d’obtenir le paiement de
dommages intérêts (§2).

§1 : La forme classique de la responsabilité extracontractuelle du banquier

A l’instar de la responsabilité contractuelle, la responsabilité extracontractuelle du


banquier ne peut être engagée qu’en l’existence d’un préjudice (B), un fait générateur de
responsabilité (A) et un lien de causalité entre le préjudice et le fait générateur (C).

A- Le fait générateur de la responsabilité

Conformément aux articles 77, 78, 85 et 88 du DOC, la responsabilité


extracontractuelle du banquier peut donc être de son fait personnel (I), du fait d'autrui (II) et
du fait des choses (III) qu'il a sous sa garde.

I- Le fait personnel du banquier

La responsabilité extracontractuelle du fait personnel, est la faute qui résulte de l'acte


personnel de la banque. La banque de par son propre fait peut engager sa responsabilité. Cette
responsabilité délictuelle trouve son fondement dans les articles 77 et 78 du DOC2.

La responsabilité du banquier s’accorde souvent avec une faute professionnelle


bancaire. Ainsi le banquier commet une faute chaque fois qu’il fait preuve de carence à ses
obligations de professionnel averti.

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L’article 77 du DOC dispose : « Tout fait quelconque, de l'homme qui, sans l'autorité de la loi, cause
sciemment et volontairement à autrui un dommage matériel ou moral, oblige son auteur à réparer ledit
dommage, lorsqu'il est établi que ce fait en est la cause directe. Toute stipulation contraire est sans effet ».
L’article 78 du DOC dispose : « Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a causé, non
seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu'il est établi que cette faute en est la cause directe. Toute
stipulation contraire est sans effet. La faute consiste, soit à omettre ce qu'on était tenu de faire, soit à faire ce
dont on était tenu de s'abstenir, sans intention de causer un dommage ».
Cette faute consiste soit à omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à faire ce dont on
était tenu de s’abstenir. C'est-à-dire toute faute, même légère, soit par commission, soit par
omission, engage la responsabilité du banquier.

Il y a un autre élément à évoquer ici c’est la volonté. La faute peut être commise
intentionnellement, c’est-à-dire accomplie avec l’intention de nuire. Comme elle peut être
commise sans l’intention de nuire, c’est-à-dire résultant d’une faute intentionnelle. En effet le
banquier peut avoir commis une faute, sans pour cela qu’il soit de mauvaise foi. Ainsi, on
peut dire que dans ce cas, la faute du banquier résultera d’une incompétence, d’une
négligence mais pas d’une mauvaise foi ou de la volonté de porter préjudice.

Ceci est notamment l’exemple de la fourniture de renseignement qui constitue un


usage bancaire courant. Les opérations de banque, tel l’escompte, les ouvertures de crédit, les
mouvements de comptes sont autant d’occasions utiles pour le banquier pour connaître la
situation financière et la solvabilité de ses clients. En mettant en plus à contribution ses
services d’études et surtout de renseignements, le banquier accumule des informations
précieuses au sujet de tiers auxquels il n’est lié par aucun lien juridique.

Ceci dit, il peut être constamment sollicité pour fournir des renseignements sur telle ou
telle affaire. Bien entendu l’usage ne lui interdit pas de satisfaire aux demandes qui lui sont
formulées. Mais, en raison d’éventuelles erreurs ou de fausses interprétations des données
communiquées, il verra sa responsabilité civile engagé sur la base de l’article 82 du DOC.

Les renseignements communiqués par le banquier peuvent profiter à celui qui les
sollicite mais elles peuvent également être défavorables à celui sur qui ils sont donnés. Ainsi,
la responsabilité du banquier peut être engagée sur le plan délictuel, en raison du caractère
confidentiel, inexact ou diffamatoire des renseignements fournis.

Ceci étant, toute information confidentielle ou qui pourrait nuire ou porter atteinte aux
intérêts du client tombe dans le champ du secret professionnel : les chiffres, la situation du
client, ses relations d’affaires, ses difficultés, etc. Ces informations ne peuvent être divulguées
sans le consentement du client même après la fin des relations avec la banque. Essayons
maintenant de voire clairement la responsabilité quasi-délictuelle.

A côté de la responsabilité civile délictuelle, existe une autre forme de responsabilité,


notamment la responsabilité quasi-délictuelle. Sur un plan terminologique, le délit civil est un
fait commis avec la volonté de causer un dommage (intentionnel) alors que le quasi-délit est
un fait dommageable non intentionnel.

II- Le fait d’autrui

La responsabilité du banquier peut également être le fait d'autrui. D’après l’Article 85


du DOC : « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait,
mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre ». Le
banquier est alors responsable des fautes commises par ses préposés (agents et employés)
dans l'exercice de leurs fonctions3.

Par ailleurs, la responsabilité du banquier revêt une caractéristique majeure de point de


vue de ses conséquences. Il s’agit d’une présomption de responsabilité. Conformément à
l’article 449 du DOC : « les présomptions sont des indices au moyen desquels la loi ou le juge
établit l’existence de certains faits inconnus ». A condition bien sûr de l’existence d’un lien de
préposition et l’existence d’une faute du préposé en rapport avec ses fonctions

Si la responsabilité du fait personnel est fondée sur la faute prouvée de l’auteur du


dommage, la responsabilité du fait d’autrui est fondée sur une présomption de faute. Mais il
ne s’agit pas d’une présomption simple mais irréfragable dans la mesure où le banquier ne
peut dégager sa responsabilité en apportant la preuve contraire. Il ne peut en être exonéré
qu’en prouvant l’existence d’un cas de force majeur. Il supporte ainsi le risque d’avoir mal
choisi le préposé qu’il a embauché et l’insuffisance de de sa surveillance et par conséquent
garantira les réparations de la victime.

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L’article 85 du DOC dispose : « On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre
fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre.
Le père et la mère après le décès du mari sont responsables du dommage causé par leurs enfants mineurs
habitant avec eux ;
Les maîtres et les commettants, du dommage causé par leurs domestiques et préposés dans les fonctions
auxquelles ils les ont employés ;
Les artisans, du dommage causé par leurs apprentis pendant le temps qu'ils sont sous leur surveillance ;
La responsabilité ci-dessus a lieu à moins que les père et mère et artisans ne prouvent qu'ils n'ont pu empêcher
le fait qui donne lieu à cette responsabilité.
Le père, la mère et les autres parents ou conjoints répondent des dommages causés par les insensés et autres
infirmes d'esprit, même majeurs, habitant avec eux, s'ils ne prouvent :
1. Qu'ils ont exercé sur ces personnes toute la surveillance nécessaire ;
2. Ou qu'ils ignoraient le caractère dangereux de la maladie de l'insensé ;
3. Ou que l'accident a eu lieu par la faute de celui qui en a été la victime.
La même règle s'applique à ceux qui se chargent, par contrat, de l'entretien ou de la surveillance de ces
personnes ».
III- La responsabilité du fait des choses

Le régime général de responsabilité du fait des choses est prévu par l’article 88 du
DOC qui pose le principe dans les termes suivants :

« Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu’il a sous sa garde lorsqu’il est
justifié que ces choses sont la cause directe du dommage, s’il ne démontre :

1- qu’il a fait tout ce qui était nécessaire afin d’empêcher le dommage

2- et que le dommage dépend, soit d’un cas fortuit, soit d’une force majeure, soit de la faute
de celui qui en est victime ».

Trois conditions sont nécessaires pour l'application de l'article 88. Il faudrait :

• L'existence d'une chose, les choses de toutes sortes et les plus diverses. Peu
importe que la chose soit atteinte ou non d'un vice interne ; il suffit que la chose objet du
dommage soit présente au moment du dommage.
• Un rapport de causalité doit avoir été constaté entre la chose et le dommage.
• La garde de la chose : la responsabilité n'est pas attachée aux choses elles-
mêmes, mais à leur garde.

B- Préjudice réparable

Il faut reconnaitre que les dommages ne sont pas tous réparables. Consciente de
l'impossibilité d'assurer la réparation de tous les dommages, la jurisprudence a, pour
l'essentiel, fixé les conditions auxquelles doit satisfaire un dommage pour fonder ou
contribuer à fonder un droit à réparation. Ces conditions sont relatives aux caractères du
dommage réparable et aux diverses sortes de dommages.

A propos des caractères du dommage, il faudrait que le dommage soit certain, direct,
personnel, ne doit pas avoir été réparé et constitue une atteinte à un intérêt légitime. Quant
aux sortes de dommage, on en distingue trois : le dommage corporel (atteinte à l'intégrité
physique), le dommage matériel (sur le patrimoine), le dommage moral4.

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Les développements relatifs au dommage sont dispensés lors des conférences en présentiel.
C- Le lien de causalité
L’exigence d’un rapport de causalité entre le fait générateur et le dommage constitue le
troisième terme de l’équation en matière de responsabilité extracontractuelle.

Il ne suffit, alors, pas, d’établir l’existence d’un fait générateur et d’un dommage pour
que la victime soit fondée à se prévaloir d’un droit à indemnisation.

Pour que naisse l’obligation de réparation, encore faut-il que soit établie l’existence d’une
relation de cause à effet entre la faute et le dommage.

Il s’agit plus précisément d’un rapport qui met aux prises deux éléments distincts : Le
dommage qui peut se présenter sous plusieurs formes et le fait générateur qui peut consister en
plusieurs sources de responsabilité.

L’exigence de ce lien causal puise sa source de toutes les dispositions régissant la


responsabilité civile extracontractuelle. Il en est ainsi de l’article 77 du DOC qui vise « le fait de
l’homme qui cause… ». Il en est de même de l’article 78 qui évoque le dommage que la faute de
chacun a causée. Il en est encore de l’article 85 du DOC qui prévoit dans le même esprit qu’on
est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son propre fait mais encore de
celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre. C’est le même principe adopté
à l’article 85 bis du DOC. De leurs côtés, les dispositions des articles 86, 88 et 89 évoquent les
dommages causés par les choses dont on a la garde.

En empruntant l’analyse du doyen Carbonnier, le rapport de causalité peut être envisagé


de deux façons distinctes dans le procès en responsabilité. La victime du dommage tentera
d’établir l’existence d’un lien de causalité afin d’être indemnisée de son préjudice. Pour ce faire
il lui appartiendra d’identifier la cause du dommage et prouver le lien de causalité. L’auteur du
dommage s’emploiera à son tour à démontrer la rupture du lien de causalité afin de faire échec à
l’action en responsabilité dirigée contre lui.

§2 : La responsabilité délictuelle du banquier suite au maintien du crédit à une entreprise en


situation irrémédiablement compromise

Les banques doivent être très vigilantes lorsqu’elles maintiennent ou augmentent des
concours à une entreprise dont elles savent qu’elle est en situation irrémédiablement
compromise. Vis-à-vis des créanciers de son client, le banquier risque de donner une image
fausse de celui-ci.

Pour retenir la faute de la banque, les tribunaux prennent en compte :


• L’existence de crédits disproportionnés par rapport à l’activité de l’entreprise ou par
rapport à ses capitaux permanents ;
• Le caractère irrémédiable des difficultés de l’entreprise.
• Les fautes commises par l’entreprise elle-même ainsi que les manœuvres qu’elle a pu
opérer sont autant d’éléments susceptibles d’écarter ou de limiter la responsabilité éventuelle
de la banque.
Sous-section 2 : La responsabilité pénale et disciplinaire du banquier

Toute activité économique peut toujours donner lieu à des comportements


répréhensibles qui sont sanctionnés par des dispositions pénales.

Cependant, la responsabilité de la banque n’est pas souvent celle de l’auteur directe


des infractions, la faute pénale de la banque est envisagée également sous l’angle de la
complicité que (§1).

Par ailleurs à la suite d’actions du banquier jugées contraires, par les autorités
monétaires, aux dispositions de la réglementation bancaire, la responsabilité disciplinaire du
banquier pourrait être engagée (§2).

§1 : La responsabilité pénale du banquier :

La responsabilité pénale du banquier peut résulter de l'accomplissement des infractions


qui ont un rapport plus particulier avec l'activité financière. Cependant, le banquier ou ses
proposés sont poursuivis beaucoup plus en qualité de complice de leurs clients que comme
auteurs principaux.

Pour que cette responsabilité soit mise en cause, elle peut être engagée dans le cadre
de différentes opérations comme le secret professionnel (A) et la complicité de la banqueroute
(B).

A- Le secret professionnel
Dans l’exercice de son activité, le banquier est appelé à connaître et à détenir des
informations sur ses clients. Une bonne part de ces informations est soumise au secret
professionnel.

La banque est notamment un partenaire essentiel de l’entreprise, elle est également un


prestataire indispensable pour les particuliers.
Dans l’exercice de son activité, le banquier est appelé à connaître et à détenir des
informations sur ses clients. Une bonne part de ces informations est soumise au secret
professionnel.

C’est ainsi que l’article 180 de la loi bancaire 103-12 dispose que : « toutes les
personnes qui, à un titre quelconque, participent à l’administration, à la direction ou à la
gestion d’un établissement de crédit, d’un organisme assimilé ou qui sont employées par
ceux-ci, les membres du conseil national du crédit et de l'épargne, du comité des
établissements de crédit, de la commission de discipline des établissements de crédit, du
comité de coordination et de surveillance des risques systémiques, du conseil d'administration
et le personnel de la société gestionnaire, les personnes chargées, même exceptionnellement,
de travaux se rapportant au contrôle des établissements soumis à la surveillance de Bank Al-
Maghrib en vertu de la présente loi et, plus généralement, toute personne appelée, à un titre
quelconque, à connaître ou à exploiter des informations se rapportant à ces établissements,
sont strictement tenus au secret professionnel pour toutes les affaires dont ils ont à connaître,
à quelque titre que ce soit, dans les termes et sous peine des sanctions prévues à l’article 446
du code pénal.»5.

En revanche l’article 181 de la loi bancaire 103.12 comporte des exceptions au


principe général d’interdiction de diffusion des renseignements couverts par le secret
bancaire. Il en est ainsi de Bank Al-Maghrib, de l’autorité judiciaire agissant dans le cadre
d’une procédure pénale et de toute autre autorité ressortissante d'Etats ayant conclu avec le
Royaume du Maroc, une convention bilatérale prévoyant un échange d'informations en
matière fiscale.

B- La complicité à la banqueroute

La banqueroute est une infraction qui vient apporter des sanctions pénales dans le
cadre des difficultés de l’entreprise. Elle peut être définie comme un délit commis par les
dirigeants d’une entreprise individuelle ou à forme sociale, qui se trouve en état de cessation
des paiements à la suite de certains agissements.

Il découle de l’énumération retenue par l’article 754 du code de commerce que deux
types de personnes peuvent se voir appliquer les dispositions relatives à la banqueroute : les

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L’analyse des dispositions de cet article a été effectuée lors de la conférence en présentiel.
dirigeants, de droit ou de fait, rémunérés ou non, de l’entreprise individuelle el les dirigeants
de l’entreprise à forme sociale6.

La complicité en matière de banqueroute est envisagée par l’article 755 du code de


commerce7.

Aux termes de l’article 755 alinéa 2 : « Encourent les mêmes peines, les complices de
banqueroute, même s’ils n’ont pas la qualité de dirigeants d’entreprise».

L’article 755 alinéa 3 de la loi précitée dispose que : « La peine prévue au premier
alinéa est portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de droit ou de fait, d’une
société dont les actions sont côtés à la bourse des valeurs.

Pour connaître les conditions de la complicité, il convient de faire application des


articles 129 et 130 du Code pénal. La complicité suppose, selon ces articles, la réunion de
conditions cumulatives : l’existence d’un fait principal punissable, c’est-à-dire d’une
banqueroute ; un acte de complicité : il s’agit soit d’une aide ou assistance, soit d’une
complicité par instigation ; la conscience de l’associé à la commission de l’infraction.

Lorsque ces conditions sont réunies, le complice encourt les mêmes peines que s’il
avait été lui-même l’auteur principal de l’infraction.

En conséquence, l’infraction de complicité pour banqueroute vise au premier chef les


établissements bancaires.

§2 : La responsabilité disciplinaire du banquier

Dite une responsabilité disciplinaire du banquier, lorsqu’il s’agit d’une sanction de


l’inobservation des règlements intérieurs de l’établissement bancaire, du non-respect des
obligations ainsi que les devoirs prévus par le législateur.

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L’article 754 du code de commerce dispose qu’ : « En cas d’ouverture d’une procédure de redressement ou de
liquidation judiciaire, sont coupables de banqueroute les personnes mentionnées à l’article 736 ci-dessus
contre lesquelles a été relevé l’un des faits ci-après :
– avoir dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure de traitement, soit fait des achats
en vue d’une revente au-dessous du cours, soit employé des moyens ruineux pour se procurer des fonds ;
– avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif du débiteur ;
– avoir frauduleusement augmenté le passif du débiteur ;
– avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaître des documents comptables de l’entreprise ou de la
société ou s’être abstenu de tenir toute comptabilité lorsque la loi en fait l’obligation.
7
L’article 755 du code de commerce dispose que : « La banqueroute est punie de un an à cinq ans
d’emprisonnement et d’une amende de 10.000 à 100.000 dirhams ou d’une de ces deux peines seulement.
Encourent les mêmes peines, les complices de banqueroute, même s’ils n’ont pas la qualité de dirigeants
d’entreprise. La peine prévue au premier alinéa est portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de
droit ou de fait, d’une société dont les actions sont cotées à la bourse des valeurs ».
La loi bancaire confère aux autorités monétaires, un pouvoir disciplinaire pour
réprimer les actes du banquier dérogeant à la réglementation en vigueur.

L’organe chargé de contrôler la profession bancaire, est bel et bien, Bank Al-Maghrib
qui est la seule susceptible de sanctionner les banques qui contreviennent au dispositif mis en
place pour contrôler leur gestion.

La loi bancaire prévoit notamment dans ses articles 173 et suivant toute une gamme de
sanctions administratives et disciplinaires à savoir : le blâme, l’avertissement, l’interdiction de
faire certaines opérations ; voire, mise à pied, dégradation, licenciement, le retrait de
l’autorisation d’exercer en passant par les sanctions pécuniaires8.

8
Voir à ce sujet la circulaire 2/G/2007, fixant la liste des faits susceptibles de sanctions disciplinaires en
application des dispositions de l'article 128 de la loi n° 34-03 ( 178 de la loi 103.12) relative aux établissements
de crédit et organismes assimilés ainsi que le montant des sanctions pécuniaires y relatives.

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