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Département de Mathématiques, UBO Année 2018-2019

L2 MIASHS, Analyse 2 Rachid Regbaoui

Chapitre 1

Séries numériques

1. Généralités
Dans ce chapitre toutes les suites considérées sont à valeurs dans le corps K = R ou C. Les suites
peuvent être définies sur N, N∗ ou N privé d’un nombre fini d’éléments.

Définition 1.1

Etant donnée une suite numérique (u n ), on lui associe la suite dite des sommes partielles (S n )
défnie par
n
X
Sn = u k = u0 + u1 + · · · + u n .
k=0

P ¡ ¢
On appelle série de terme général (u n ), notée u n , le couple (u n ), (S n ) .

P
Dans la définition précédente, bien que la série u n soit définie par le couple ((u n ), (S n )), la
P
connaissance de la suite (u n ) détermine la série u n .

Définition 1.2
P
On dit qu’une série numérique u n est convergente si la suite des sommes partielles (S n ) est
convergente. Sa limite S s’appelle la somme de la série et elle sera notée

+∞
X
S= un.
n=0

n
X P
La suite (R n ) définie par R n = S − u k s’appelle le reste de la série u n . Une série qui
k=0
n’est pas convergente est dite divergente.

1
2 Séries numériques

Exemple 1.1

1. La série de terme général u n = p1 est divergente. En effet, on a S n = 1 + p1 + · · · + p1n Ê


p n 2
pn = n → +∞.
n
2. On appelle série géométrique la série dont le terme général est donné par la suite géo-
métrique u n = a n , avec a ∈ K une constante. Cette série est convergente si et seulement
si |a| < 1 et sa somme vaut S = 1−1 a .
P
3. Une série u n est dite téléscopique s’il existe une suite numérique (a n ) telle que u n =
a n − a n+1 pour tout n ∈ N. Une telle série est convergente si et seulement si lim a n
n→+∞
existe. Dans ce cas sa somme vaut S = a 0 − lim a n .
n→+∞

Remarque 1.1
X P
Lorsqu’une série n’est pas définie pour n = 0, 1, · · · , p − 1, on écrira u n au lieu de un.
nÊ p

La proposition suivante donne une condition nécessaire pour la convergence d’une série numé-
rique. Elle est très utile dans la pratique.

Proposition 1.1
P
Soit u n une série convergente, alors la suite (u n ) est convergente et

lim u n = 0.
n→+∞

n
X
De plus, le reste R n = S − u k tend vers 0 lorsque n → +∞.
k=0

Exemple 1.2

La série de terme général u n = (−1)n n’est pas convergente puisque (u n ) ne converge pas vers
0.

On a aussi le critère de Cauchy qui généralise la proposition précédente :

Théorème 1.1. (Crtitère de Cauchy pour les séries)

u n est convergente si et seulement si pour tout ε > 0, il existe n 0 ∈ N


P
Une série numérique
tel que
¯ ¯
¯X q ¯
∀ p, q ∈ N, q Ê p Ê n 0 =⇒ ¯ u k ¯ É ε.
¯ ¯
¯ k= p ¯
Séries numériques 3

Exemple 1.3

Grâce au critère de Cauchy on peut montrer que certaines séries sont divergentes. Par
X 1
exemple, pour la série harmonique on a
nÊ1 n

X2n 1 1 1 1 1 1 1 1
= + +···+ Ê + +···+ = ,
k= n k n n + 1 2n 2n 2n 2n 2

ce qui implique que cette série est divergente.

Définition 1.3
P P
On dit qu’une série u n est absolument convergente si la série | u n | est convergente.

En utilisant le critère de Cauchy, on démontre la proposition très importante suivante :

Proposition 1.2
P
Si la série u n est absolument convergente, alors elle est convergente. De plus, on a
¯ ¯
¯ +∞ ¯ +∞
¯X ¯ X
un¯ É | u |.
¯n=0 ¯ n=0 n
¯

Remarque 1.2

La réciproque de la proposition précédente est fausse ; il existe des séries convergentes sans
être absolument convergentes. Un exemple typique de telles séries est celui de certaines séries
alternées qu’on va étudier dans les sections suivantes.

Nous avons la proposition suivante sur les combinaisons linéaires des séries convergentes :

Proposition 1.3

vn deux séries convergentes et soient λ, µ ∈ K. Alors la série (λ u n + µvn )


P P P
Soient u n et
+∞
X +∞
X +∞
X
est convergente et sa somme vérifie (λ u n + µvn ) = λ un + µ vn .
n=0 n=0 n=0

2. Séries à termes positifs


Les séries à termes positifs jouent un rôle important dans l’étude des séries numériques. Com-
mençons par un critère simple concernant la convergence de ces séries.
4 Séries numériques

Proposition 2.1

Soit u n une série à termes positifs, i.e la suite (u n ) est réelle et u n Ê 0 pour tout n ∈ N.
P

Alors cette série est convergente si et seulement si la suite des sommes partielles S n =
u 0 + u 1 + · · · + u n est majorée.

La proposition précédente a pour conséquence la règle de comparaison suivante, qui est très
utilisée dans la pratique :

Proposition 2.2. (comparaison des séries à termes positifs)


P P
Soient u n et vn deux séries à termes positifs telles que u n É vn pour tout n Ê n 0 , où n 0 est
P P
un entier naturel. Alors si la série vn est convergente, la série u n l’est aussi, et sa somme
vérifie
+∞
X +∞
X
un É vn .
n=0 n=0

P P
Si la série u n est divergente, la série vn l’est aussi.

On a le corollaire suivant :

Corollaire 2.1
P P
Soit u n une série numérique et soit vn une série à termes positifs qui est convergente
P
et telle que | u n | É vn pour tout n Ê n 0 , où n 0 est un entier naturel. Alors la série u n est
absolument convergente.

On peut utiliser aussi les intégrales pour étudier la convergence d’une série à termes positifs.
On reviendra sur ce point quand on aura vu les intégrales généralisées.

Pour pouvoir appliquer le critère de comparaison, on a besoin de connaitre les propriétés de


certaines séries dites de référence.

Proposition 2.3. (séries de références)

X 1
1. La série ( dite de Riemann ) s
, s ∈ R, est convergente si et seulement si s > 1.
nÊ1 n
2. la série géométrique a n est convergente si et seulement si |a| < 1. Dans ce cas elle est
P

absolument convergente.

Exemple 2.1
P n
La série cos n2
est est absolument convergente par comparaison avec la série de Riemann
P 1
n2
qui est convergente.
Séries numériques 5

Définition 2.1

On dit que deux suites numériques (u n ) et (vn ) sont équivalentes s’il existe une suite numé-
rique (a n ) vérifiant lim a n = 1 telle que u n = a n vn pour tout n Ê n 0 , où n 0 est un entier
n→+∞
naturel. Dans ce cas on écrit u n ∼ vn .

Le fait que deux suites soient équivalentes est une relation d’équivalentce sur l’ensemble des
suites numériques. En particulier elle est symétrique, i.e si u n ∼ vn alors vn ∼ u n .

Dans la pratique pour vérifier si deux suites (u n ) et (vn ) sont équivalentes, on calcule la limite
du rapport uvnn (on suppose ici que vn 6= 0 pour n Ê n 0 ). Si cette limite vaut 1 les deux suites sont
équivalentes.

Nous avons la proposition suivante concernant deux séries dont les termes généraux sont deux
suites équivalentes de même signe :

Proposition 2.4
P P
Soient u n et vn deux séries à termes positifs telles que u n ∼ vn . Alors les deux séries sont
de même nature.

Il est très important que (u n ) et (vn ) soient à termes positifs dans la proposition précédente ; il
existe des exemples de deux séries (changeant de signe) qui sont équivalentes mais l’une converge
et l’autre diverge ( voir exemple en exercices).

Nous terminons ce paragpraphe par deux autres règles classiques de convergence des séries à
termes positifs. On les obtient en comparant avec des séries géométriques :

Proposition 2.5. (Règle de Cauchy)

Soit u n une série à termes positifs et supposons que l = lim (u n )1/n existe. Alors si l < 1,
P
P n→+∞
la série u n est convergente, et si l > 1 la série est divergente. Si l = 1, on ne peut pas
conclure.

Proposition 2.6. (Règle de d’Alembert)

P u n+1
Soit u n une série à termes positifs et supposons que l = lim existe. Alors si l < 1,
n→+∞ u n
P
la série u n est convergente, et si l > 1 la série est divergente. Si l = 1, on ne peut pas
conclure.

Remarque 2.1
u n+1
Les règles de Cauchy et de d’Alembert sont intimement liées. En effet, si lim et
n→+∞ un
lim (u n )1/n existent, alors elles sont égales.
n→+∞
6 Séries numériques

3. Séries à termes quelconques, séries alternées

Lorsqu’une série n’est pas absolument convergente on doit trouver un autre moyen pour étudier
sa convergence sans connaître sa limite éventuelle. Commençons par le cas d’une famille de séries
très connues :

Définition 3.1

On dit qu’une série numérique u n est alternée si elle est réelle et (−1)n u n garde un signe
P

constant pour tout n ∈ N. Ainsi on a u n = (−1)n | u n | pour tout n ∈ N ou u n = (−1)n+1 | u n | pour


tout n ∈ N.

Nous avons la proposition suivante concernant la convergence des séries alternées :

Proposition 3.1
P
Soit u n une série alternée telle que la suite (| u n |) soit décroissante et convergente vers 0.
P
Alors la série u n est convergente et sa somme vérifie

+∞
∀ n ∈ N, S 2n+1 É
X
u n É S 2n si u 0 Ê 0
n=0

et
+∞
∀ n ∈ N, S 2n É
X
u n É S 2n+1 si u 0 < 0.
n=0

où (S n ) est la suite des sommes partielles.

Remarque 3.1

On peut être plus précis dans la proposition précédente : si on considère la suite des sommes
partielles S n , alors on peut vérifier (voir exercices) que les deux suites (S 2n ) et (S 2n+1 ) sont
adjacentes et leur limite commune est la somme de la série alternée.

Exemple 3.1
X (−1)n
En appliquant la proposition précédente, on voit que la série alternée s
, s ∈ R, est
nÊ1 n
convergente si et seulement si s > 0.

Nous allons maintenant énoncer un théorème plus général que la proposition précédente, il est
très utile lorsque les théorèmes sur les séries à termes positifs ne s’appliquent pas.
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Théorème 3.1. (Premier critère d’Abel)

Soient (a n ) une suite réelle à termes positifs ou nuls, qui est décroissante et convergente vers
Xn
0, et soit (u n ) une suite numérique telle que la suite des sommes partielles S n = u k soit
k=0
bornée, i.e, il existe une constante C Ê 0 telle que |S n | É C pour tout n ∈ N. Alors la série
P
numérique a n u n est convergente.

Exemple 3.2

X e inθ
En utilisant le critère d’Abel précédent on peut vérifier que la série , θ ∈ R, est
nÊ1 n
convergente si et seulement si θ 6∈ 2πZ. En prenant les parties réelle et imaginaire de cette
X cos(nθ ) X sin(nθ )
série on voit que les deux séries et sont convergentes si et seulement
nÊ1 n nÊ1 n
si θ 6∈ 2πZ.

Nous terminons cette section avec le second critère d’Abel :

Théorème 3.2. (Second critère d’Abel)


P
Soient (u n ) une suite numérique telle que la série u k soit convergente, et soit (vn ) une suite
P P
numérique telle que la série |vn+1 − vn | soit convergente, alors la série numérique u n vn
est convergente.

4. Exercices
Exercice 4.1

Etudier la nature des séries suivantes :

X ³ n ´ n2 1 1 1
µ ¶
X X X
; α
; 1 − cos ; .
nÊ1 n + 1 nÊ2 n ln n nÊ1 n nÊ2 ln(n2 + n + 1)
¶ln n
1 n X (n!)2 1
µ
X X X
p ; arctan 2 ; ;
nÊ0 2
n
nÊ1 n +1 nÊ1 (2n)! nÊ2 ln n

Exercice 4.2
P
Soit u n une suite décroissante à termes positifs. On suppose u n convergente. Montrer que

lim (nu n ) = 0.
n→∞

n
X
Indication : Encadrer u k pour n > p. Puis revenir aux définitions des limites avec les
k= p+1
epsilons.
8 Séries numériques

Exercice 4.3

Soit (u n )n∈N une suite positive tellepque la série de terme général u n converge. Etudier la
u
nature de la série de terme général n n .

Exercice 4.4

X∞ (−1) n−1
Soit S = . Donner une valeur approchée de S en garantissant une erreur inférieure
n=1 n3
ou égale à 10−3 .

Exercice 4.5

Justifier la convergence et calculer les sommes des séries suivantes

1 9
(k ∈ N∗ ),
X X
,
nÊ1 n(n + k) (3n + 1)(3n + 4)
X n2 + n − 3 X n2
, ln 2 .
n! nÊ2 n −1

Exercice 4.6

Soit (u n ) la suite définie par u 0 ∈]0, 1[ donné et u n+1 = u n − u2n . Montrer que cette suite
converge et en donner la limite. Montrer que la série de terme général u2n converge et en
donner la limite. Montrer que les séries de terme généraux u n et ln(u n+1 /u n ) divergent.

Exercice 4.7

Soit (−1)n | u n | une série alternée telle que la suite (| u n |) soit décroissante et convergente
P

vers 0, et soit (S n ) la suite de ses sommes partielles. Montrer que les deux suites (S 2n ) et
(S 2n+1 ) sont adjacentes, et en déduire la convergence de la série (−1)n | u n |.
P

Exercice 4.8
n n
Montrer que les deux suites u n = (−p1)n et vn = (−p1)n + n1 sont équivalentes mais les deux séries
P (−1)n n
et (−p1)n + n1 ne sont pas pas de même nature.
P
p
n

Exercice 4.9

Soit (u n ) un e suite numérique telle que u n > 0 ∀ n ∈ N, et soient vn = 1+uun n , wn = 1+uun 2 . Montrer
P P n
que les deux séries u n et vn sont de même nature. Peut-on dire de même pour les deux
P P
séries u n et wn ?
Séries numériques 9

Exercice 4.10

Soient P et Q deux polynômes de degrés p et q respectivement. Montrer que


P P ( n)
1. la série Q ( n) est convergente si et seulement si p + 2 É q, où n 0 est un entier assez
grand pour que Q(n) 6= 0 ∀ n Ê n 0 .
P ( n)
2. La série (−1)n Q
P
( n) est convergente si et seulement si p + 1 É q.

Exercice 4.11

Soit (u n )n∈N une suite de réels strictement positifs telle que la série de terme général u n
diverge.
Pour n ∈ N, on pose S n = u 0 + ... + u n . Etudier en fonction de α > 0 la nature de la série de
terme général (Sunn)α .

Exercice 4.12

n!e n
Soient, pour n > 0, u n = 1
et vn = ln u n .
n n+ 2
1. Etudier la serie de terme général wn où, pour n Ê 2, wn = vn − vn−1 et w1 = v1 .
2. En déduire, en utilisant la convergence de la suite des sommes partielles de wn , que la
suite u n converge vers λ > 0.
22n (n!)2 p
3. Déterminer λ en utilisant la formule de Wallis : limn→+∞ p = π. En déduire un
n(2n)!
équivalent de n!.
Indication : Exprimer n! (respectivement (2n)!) en fonction de u n (resp. de u 2n ) et
remplacer-les dans la formule de Wallis.

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