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l’Afrique rurale
Un défi économique,
un impératif humain
Sous la direction de la
Fondation Énergies
pour le Monde
Préfaces de
Jean Louis Borloo
et Lionel Zinsou
Observ’ER
Sous la direction de la
Fondation Energies pour le Monde
Observ’ER
Avertissement
Les opinions exprimées dans cet ouvrage
n’engagent que les auteurs. La collecte de données
a été achevée au 1er juin 2019. Des éléments
postérieurs à cette date ont pu être intégrés selon
leur disponibilité avant achèvement de la rédaction.
Page web
Avant-propos
L’ Afrique : une triple révolution
C’est à la fois une menace et une opportunité. Désormais, il est vain d’imaginer séden-
tariser des populations qui n’ont pas accès aux services essentiels indispensables
au développement alors qu’elles sont connectées avec le reste du monde et voient
Paris, Addis-Abeba, Londres ou Lagos briller de mille feux. Et demain, plus encore
qu’aujourd’hui, la jeunesse n’aura de cesse de prendre la route, attirée par les lumières
et la musique de la ville. C’est une chance aussi, car avec la communication, on accède
à la modernité en tous points du territoire. Il est possible d’anticiper les récoltes, de
connaître les prévisions météo, d’alerter ou de prévenir des risques, de payer ou d’être
payé. Et il est désormais faisable d’acheter de l’électricité à la demande, en fonction de
ses besoins, mais surtout de ses ressources, comme on acquiert déjà des unités de
communication. On appelle cela le pay as you go, une expression qui, à elle seule, illustre
ce monde du nomadisme et de la communication permanente dans lequel nous som-
mes entrés avec tout le village planétaire.
Or l’Afrique est plongée dans le noir alors qu’il serait possible de permettre l’accès à
l’électricité à quelque 620 millions d’Africains qui en sont dépourvus, dont près de 80 %
vivent en milieu rural. Une opération à double dividende puisque les Africains auraient
donc accès au développement et, simultanément, l’Afrique deviendrait le premier con-
tinent faisant massivement appel aux énergies renouvelables, ouvrant ainsi la voie à un
monde décarboné, condition de survie de l’humanité. Ce n’est pas une gageure, c’est
un pari fou peut-être, un défi certainement, mais qui reste à notre portée. Pourquoi ?
Comme pour la téléphonie, l’absence de réseau est une opportunité à saisir pour dével-
opper un peu partout des minigrids à l’échelle de la commune ou du canton alimentés
par de petites centrales photovoltaïques ou hydrauliques. Les progrès technologiques
et les effets d’échelle font aujourd’hui des énergies renouvelables des sources compé-
titives qui, dans la majorité des cas, sont moins onéreuses que celles produites par de
petits groupes diesel. Les technologies sont robustes et adaptées à ce continent qui
est béni des dieux, ici pour son irradiation solaire, là pour son régime de pluie ou ses
gisements éoliens et partout pour son gigantesque potentiel de biomasse.
L’urgence d’agir
Cette triple révolution – démographie, communication et accès à l’énergie – est fasci-
nante et doit nous interpeller. C’est évidemment un devoir d’humanité, car on ne saurait
laisser dans le noir un terrien sur quatre, mais c’est aussi un devoir pour l’humanité qui
joue là sa survie. Nous n’avons pas le choix et il est urgent d’agir.
En premier lieu, les émissions de gaz à effet de serre dont l’Afrique est responsable
sont aujourd’hui quantité négligeable, et pourtant elle paie déjà le prix fort en termes
d’impacts du changement climatique : pénuries en eau ou épisodes cycloniques dévas-
tateurs, recrudescence des maladies, malnutrition et famines à répétition, événements
météorologiques extrêmes…
Second constat, si l’Afrique n’est que peu responsable de ces émissions, ce n’est évidem-
ment pas une situation figée : ces cinq dernières années, 30 % des découvertes de res-
sources fossiles dans le monde l’ont été en Afrique subsaharienne. Pas plus que les pays
du Nord, pendant le siècle passé, les pays du Sud concernés ne pourront résister à cette
manne qui gît dans leur sous-sol si rien n’est fait aujourd’hui pour les en dissuader.
Jean-Louis BORLOO,
président de la Fondation Énergies pour le Monde
Agir pour l’accès à l’électricité, c’est d’abord une question de crédibilité pour les gou-
vernements. En effet, il ne faut pas se méprendre : l’électrification ne progresse pas et
on prend dix ans de retard chaque année, ce qui fait que 70 % de la population rurale
en Afrique n’a pas accès à l’électricité. S’il existe un fort exode rural, la dynamique
démographique est telle qu’il y a toujours plus d’habitants dans les campagnes, là où il
n’y a pas l’électricité et où la population ne croit plus en l’électrification, alors que c’est
une revendication majeure, un droit social.
Les bienfaits de l’accès à l’énergie sont évidents. Dans les arrondissements les plus
pauvres du Bénin, un accès gratuit à des lampes solaires et à la recharge de téléphones
portables suscite une économie de 100 000 FCFA/an (153 €/an). Loin d’être néglige-
able, cette économie a un effet macroéconomique important en termes de pouvoir
d’achat. C’est un premier résultat. Mais au-delà de l’impact financier, les bénéfices
immatériels sont aussi extrêmement sensibles. Le lien entre accès à l’électricité et édu-
cation est évident comme l’a montré, encore au Bénin, la distribution de lampes dans
les écoles béninoises qui a suscité une vague d’inscriptions. D’autres impacts existent :
l’autonomie et la vie collective des femmes, la sécurité et la santé publique.
Fondem : Vous dites que les Africains ne croient plus à l’électrification alors que c’est
une revendication majeure. La situation peut-elle évoluer ?
Lionel Zinsou : Éducation, santé, eau et électricité sont les quatre revendications
essentielles des populations. Ce sont les biens publics fondamentaux auxquels il est
Mais le contexte a profondément changé. Dans mon enfance, le pays n’avait pas
l’électricité, mais on pensait qu’on ne l’aurait jamais. Il n’y avait ni routes ni port… On n’avait
rien et c’était la norme. Aujourd’hui le port de Lomé est le plus grand port d’Afrique. Et
aujourd’hui, la norme, c’est que cette absence de services est intolérable : on ne peut
pas vivre sans électricité. C’est devenu un besoin fondamental, tout comme le télé-
phone. Ce changement radical des attitudes a eu lieu ces quinze dernières années :
l’inexistence des biens publics est insupportable. Et c’est cela qui nous avait fait agir en
montant le programme “ Lumière pour tous ”.
Fondem : Le Sénégal, qui réfléchit à l’harmonisation des tarifs pour favoriser l’accès
à l’électricité en zone rurale, n’imagine pas une mécanique de péréquation, difficile à
tenir… Alors, comment satisfaire la demande d’électricité en milieu rural en respectant
à la fois l’accessibilité tarifaire et la viabilité économique ?
Lionel Zinsou : C’est le cœur du problème. En milieu rural, vous ne pouvez pas payer le
vrai coût de l’électricité. Il est donc impossible de développer cette électrification en pas-
sant par le réseau national. En 1980, on disait que l’électrification rurale en Afrique serait
universelle et achevée en 2000. En 1990, on disait que ce serait en 2010, aujourd’hui,
en 2030… En fait, c’est impossible car nous n’avons pas les ressources financières suf-
fisantes – et si c’est une gestion privée encore moins – pour aller jusqu’au dernier village
qui dispose de peu de ressources et consomme peu. C’est pourquoi il faut développer
des systèmes décentralisés et hors réseau pour en réduire les coûts, les pertes en ligne
et pour les rendre accessibles même s’ils nécessiteront toujours une aide et du credit
pour l’investissement venant de bailleurs publics ou privés.
Fondem : Dans ce processus, quel est le rôle des bailleurs de fonds internationaux ?
Lionel Zinsou : Je pense que les bailleurs de fonds sont dans une période de contrition :
ils n’ont pas vraiment aidé à améliorer la situation du continent et ne sont pour rien dans
l’évolution du mix énergétique car ils ne l’ont pas considérée comme une priorité. Ce n’est
pas surprenant puisque l’agriculture – liée à la problématique de l’électrification –, qui est le
premier secteur d’activité en milieu rural, a été négligée par les bailleurs de fonds pendant
trente ou quarante ans. Alors même que c’est elle qui fixe la population rurale. Le nombre des
interventions de la Banque mondiale sur l’agriculture a été divisé par deux. Pour la Banque
africaine de développement également, l’agriculture représente 8 % du portefeuille, alors
que ce secteur correspond à 25 % du PIB africain et emploie 50 % de la population active.
Depuis la Révolution verte, la problématique de l’agriculture est passée en second plan, ce
qui fait que l’électrification du milieu rural a elle-même été négligée. Cette situation, défavor-
able au monde rural, est aussi liée au modèle de financement des bailleurs de fonds. Ils tran-
sitent par les gouvernements et véhiculent implicitement un modèle intensif : « L’avenir n’est
pas l’agriculture familiale, c’est la transformation, le tertiaire… »
Lionel Zinsou : Le contexte n’est plus le même. Nous sommes en transition démocra-
tique et les populations portent des revendications. Or la démocratie est plus vivante à
l’échelle locale que nationale car il est toujours plus important pour des pouvoirs centraux
de contrôler l’élection présidentielle que celle du maire. Certes, ces derniers sont encore
souvent privés de ressources propres, mais la situation est en train d’évoluer. C’est inté-
ressant parce que les collectivités territoriales sont sous le contrôle direct et vigilant des
citoyens, et la corruption a moins de prise car les ressources à détourner sont moindres.
Ainsi, des problèmes inhérents au montage et à l’exécution de projets en milieu rural vont
pouvoir être réglés et surmontés au niveau des collectivités locales.
Fondem : Dans ce contexte, les acteurs financiers locaux ont-ils une place ?
Lionel Zinsou : Bien sûr. Je pense que tout va se passer sur le terrain local, de façon
décentralisée. Preuve que cela change, c’est la microfinance qui contribue le plus au
fonds de roulement pour le commerce et les ménages. Elle fait par nature l’objet d’un
contrôle social, et elle affiche des taux de recouvrement qui atteignent 95 % contre 50 %
pour n’importe quel opérateur bancaire classique. De la même manière, les services en
matière d’énergie et d’eau pourront être portés à l’échelle territoriale par des entreprises
locales et des structures de microfinance. Elles sont indissociables. L’abonnement aux
services de l’énergie va fonctionner grâce à cette même logique du microcrédit, contrôlé
par la communauté solidaire, et non pas comme dans les quartiers périurbains où la com-
munauté est solidaire pour ne pas payer les consommations à l’entreprise publique…
Lionel Zinsou : Aujourd’hui, il est plus facile, je crois, de financer des grandes infrastruc-
tures énergétiques que des petites, délocalisées. C’est bien pourquoi ces dernières
méritent d’être considérées en priorité dans la mesure où les mécanismes de marché
sont beaucoup moins rodés. Trouver une réponse à la question du financement des
petites infrastructures électriques n’est pas simple. Les modèles économiques sont à
ajuster selon le contexte local. Certains projets de minigrids locaux doivent être sub-
ventionnés, parce que les recettes issues du paiement de l’électricité ne couvriront que
les frais généraux et la maintenance mais pas le coût du projet, alors qu’ailleurs, parce
qu’il y aura un ou deux consommateurs industriels significatifs, le modèle économique
sera très différent. Mais cela ne veut bien entendu pas dire qu’il faut exclure les cofi-
nancements de projets de grande taille.
Lionel Zinsou : Les bailleurs de fonds, pour revenir à eux, n’ont pas d’intérêts person-
nels et de demandes des États souverains pour soutenir les secteurs agricoles et donc
les populations rurales. De plus, ils ne sont pas outillés pour appréhender les projets
de petite taille. La façon dont les banques peuvent intervenir sur un financement de
masse, c’est de refinancer les associations de microfinance, et surtout de ne pas faire
elles-mêmes des microcrédits de 200 € ou 500 € sur lesquels elles perdront de toute
façon de l’argent. Il en va de même pour les bailleurs de fonds : il leur faut trouver des
structures qui refinancent les programmes plutôt que de les financer directement. Ils
gagneront en efficacité et cela à moindre coût.
Lionel Zinsou : Il faut regrouper des petits projets pour leur permettre d’être financés.
Et il faut que le secteur privé ou associatif en capacité de monter et gérer de tels projets
en association avec les collectivités locales soit refinancé. Je reste convaincu que l’on va
passer à l’échelle assez vite, que beaucoup de projets sont viables, même si les facteurs
de pérennité - l’environnement local, la nature de la demande, etc -, sont exogènes. Je
pense que le rôle des bailleurs de fonds est tout trouvé. Attijari, par exemple, première
banque commerciale concessionaire du Green Climate Fund, est en train de mobiliser
tout son réseau d’agences pour faire remonter des projets. Ce sera assez intéressant de
voir ce que ça donne. En tant que membre du conseil d’Attijari, je vais m’attacher à suivre
ces questions directement en accord avec le président : voir ce que le réseau remonte, et
si un réseau de banques peut aider à la mise en place de projets, pas seulement d’énergies
renouvelables. A l’image de cette expérience, on devrait avoir des projets et des solutions
de toutes tailles.
Il faut mixer des fonds d’origines différentes, prendre un peu de liquidités privées, un
peu de concours de la Banque mondiale, de l’AFD, etc., pour augmenter les budgets et
ensuite continuer à travailler, à travers ces partenariats avec le secteur privé. Les opéra-
teurs ont besoin de ces concours qui nécessitent des financements hybrides. Je suis
assez confiant et je crois que cette approche va rentrer dans les mœurs. Il est temps
d’être optimiste. Mais il s’agit encore de « sur-mesure », et non de « prêt-à-porter » finan-
cier. C’est un environnement plus complexe, taillé sur mesure, dans lequel les acteurs
qui ne savent pas recouvrer leurs créances doivent refinancer ceux qui le savent.
Lionel Zinsou : Oui, en effet. Si cela n’existait pas déjà en microfinance, je dirais qu’il
faudrait vingt ans pour y arriver. Mais les outils sont là et nous avons l’expérience. On
pourrait également encourager les institutions de microfinance à avoir des projets de
financement de l’ordre de 100 à 200 000 USD correspondant au traitement d’un projet
d’électrification d’une localité de 500 habitants environ.
Lionel ZINSOU,
économiste, ancien Premier ministre du Bénin
Equipe
L’équipe de rédaction
Yves Maigne a passé vingt ans dans l’industrie au sein des sociétés Leroy-Somer et Photowatt, dans
le développement des microcentrales hydrauliques et du solaire photovoltaïque dans les pays du Sud,
avant de rejoindre la Fondation Énergies pour le Monde (Fondem) en tant que directeur. Dans cette
ONG dédiée à l’accès aux services de l’électricité et aux énergies renouvelables, il participe à la con-
ception et la réalisation de projets de terrain associant étroitement l’ensemble des parties prenantes, du
partenaire financier, aux élus locaux et les usagers, sans oublier les opérateurs et les acteurs institution-
nels nationaux et régionaux. C’est de la rencontre de ces partenaires, aux rôles indispensables et com-
plémentaires, que naît l’idée de cet ouvrage. Il est membre de l'Académie des technologies et contribue
aux travaux du Pôle Energie.
Gérard Madon a débuté sa carrière en 1975 comme ingénieur de recherches en énergies renouvel-
ables au Sénégal. Il l’a poursuivie à partir de 1982 en tant que consultant spécialiste du développement
durable, de l’énergie domestique et de l’électrification rurale au sein de bureaux d’études, notamment
en tant que cofondateur et associé à Énergie, environnement et développement durable (MARGE, Tou-
louse). Il est intervenu dans plus de 50 pays, principalement en Afrique. Depuis 2015, il est président
du conseil d’administration d’Enercoop Midi-Pyrénées, coopérative du réseau Enercoop fournisseur
d’électricité d’origine 100% renouvelable en France.
Etienne Sauvage, ingénieur ESPCI/ENSAM, a débuté sa carrière en 2000 aux Comores sur un pro-
gramme d'électrification par kits solaires. Il a ensuite travaillé pour le bureau d'études Transénergie dans
l'ingénierie des programmes d'électrification de la zone Océan Indien, basé à Madagascar. Il poursuivi
à partir de 2005 en tant qu'ingénieur consultant spécialisé dans la problématique de l'accès à l'eau et
l'électricité en zone rurale, principalement dans les territoires insulaires du Pacifique, en Afrique et dans
l'océan Indien. En 2007, il fonde le bureau d'études HACSE qu'il dirige, spécialisé dans l'électrification
rurale décentralisée, partenaire privilégié de la Fondem depuis de nombreuses années.
Sarah Vignoles a assuré la coordination rédactionnelle de cet ouvrage. Depuis 2002, elle met sa for-
mation et son expérience pluridisciplinaires au service de diverses organisations du secteur public et
associatif. Elle a contribué à plusieurs publications sur le thème du Développement durable.
Les auteurs remercient leurs proches. Leur soutien leur a permis de travailler sereinement à cet ouvrage,
en disposant du temps nécessaire et de lieux propices à la réflexion et l’écriture. Leur gratitude va égale-
ment à Vincent Jacques le Seigneur, directeur général de la Fondation Energies pour le Monde, pour son
appui et sa patience tout au long de la réalisation de ce projet.
Remerciements
Cet ouvrage collectif a été rendu possible grâce aux conseils, aux témoignages et à l’expertise de
nombreux contributeurs.
La Fondation Energies pour le Monde remercie tout particulièrement les partenaires financiers sans
lesquels l’ouvrage n’aurait pas pu voir le jour : l’ADEME, l’IFDD et Synergie Solaire. Elle remercie également
tous les partenaires et les donateurs, grâce auxquels elle peut poursuivre sa mission et développer son
expertise au service de l’accès à une électricité inclusive et durable.
Partenaires
ADEME
Presque 20 ans après un premier ouvrage qui soulignait l’intérêt de l’Electrification Rurale
Décentralisée, présentée comme « une chance pour les hommes et des techniques pour
la planète », il nous a paru important de soutenir la Fondation Energies pour le Monde
dans son effort de mesurer les progrès accomplis dans ce domaine, notamment grâce
aux innovations technologiques et sociales.
Près d’un milliard d’êtres humains dans le monde n’a pas d’accès à l’électricité. A cela
s’ajoutent plusieurs centaines de millions de personnes dont l’accès à l’électricité n’est
pas satisfaisant puisqu’il repose sur des générateurs fonctionnant aux énergies fos-
siles, chères et polluantes. C’est en particulier le cas en Afrique subsaharienne. En effet,
dans cette région, malgré des progrès encourageants, le taux d’électrification reste le
plus faible au monde, et les projections de l’Agence Internationale de l’Energie indiquent
qu’en 2030 environ 600 millions des 674 millions d’habitants de la planète sans accès à
l’électricité seraient en Afrique subsaharienne, en particulier dans les zones rurales.
S’il est irréaliste d’imaginer étendre les réseaux centralisés à l’ensemble des popula-
tions rurales, l’électrification de ces populations peut être grandement facilitée par le
recours aux solutions renouvelables décentralisées. Grâce au développement du digi-
tal et à la baisse du coût des énergies renouvelables, un changement de paradigme est
désormais possible pour l’accès à l’énergie hors réseaux. Des modèles disruptifs et plus
flexibles émergent, associant l’électrification des villages et le développement d’activités
génératrices de revenus pour les populations. D’après la Banque Mondiale, 210 000 mini-
réseaux pourraient permettre d’électrifier 490 millions de personnes d’ici 2030, particu-
lièrement en Afrique sub-saharienne, pour un investissement de 220 milliards de dollars.
Néanmoins, afin d’assurer un déploiement efficace des solutions hors réseaux, de nom-
breux défis restent à relever, notamment en termes de fiabilité des équipements, de main-
tenance, de solvabilité. Il est aussi crucial de renforcer localement les compétences et
d’impliquer les communautés afin de définir de manière conjointe les solutions les plus
adaptées, y compris en termes de gouvernance. Les femmes sont parmi les premières
à être concernées, à la fois comme actrices et bénéficiaires de l’électrification rurale, en
luttant contre la déforestation et les changements climatiques. Elles sont très impliquées,
que ce soit en tant qu’élues locales, éducatrices, promotrices de techniques agricoles
respectueuses de l’environnement ou de solutions entrepreneuriales innovantes.
Améliorer l’accès aux financements est un autre enjeu prégnant, dans un contexte où, para-
doxalement, peu de dispositifs existent pour soutenir ce type de projets moins coûteux que
l’extension des réseaux centralisés ou la réalisation de centrales de puissances importantes
alimentées par des énergies renouvelables. D’autres défis sont à relever pour adapter les
politiques publiques de nombreux pays à ces nouveaux modèles. Des solutions innovantes
en termes de plans d’affaire et de modes de financement doivent aussi être déployées, en
associant les acteurs privés, les ONG et les pouvoirs publics nationaux et locaux.
Pour contribuer à relever ces défis, l’ADEME, forte de plus de trente années d’expérience
dans le domaine de l’accès à l’énergie en Afrique, a lancé en 2017 un premier appel à pro-
jets pour soutenir le développement de solutions innovantes en la matière, et a sélec-
tionné 9 projets. Devant le succès rencontré par cet appel, l’ADEME s’est associée à l’AFD
pour lancer un nouvel appel à projets en 2019. Des actions sont par ailleurs menées avec
le Syndicat des Energies Renouvelables et l’ensemble des acteurs français de l’accès à
l’énergie pour renforcer leur mobilisation collective.
A partir d’un état des lieux nourri de nombreuses études de cas, ce guide décrit l’évolution
des dernières années, dresse des perspectives pour l’avenir et propose des recomman-
dations enrichies du retour de terrain de multiples acteurs. Nous espérons vivement que
cet ouvrage servira de référence pour accompagner la dynamique initiée, ainsi que la
mobilisation coordonnée des différents acteurs, permettant à l’ERD de franchir une nou-
velle étape vers le changement d’échelle attendu et nécessaire à l’atteinte des objectifs
fixés d’accès universel à l’énergie en 2030.
Dominique Campana
Directrice Europe et International Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
IFDD
L’électrification rurale décentralisée (ERD) est restée un défi persistant des dernières
décennies au cours desquelles les populations rurales des pays en développement ont
vu se succéder des programmes et projets de pérennités économiques, sociales et
technologiques, inégales dans le temps et dans l’espace.
Depuis la première édition de l’ouvrage ERD, les acteurs du secteur public ont fait
évoluer les environnements réglementaires en vue de résorber le fossé croissant de
l’électrification entre les régions rurales et les centres urbains. Le secteur privé et les
partenaires techniques et financiers ont également contribué à proposer des solutions
innovantes pour accompagner ce combat de l’accès qui concerne des centaines de
millions de personnes dans l’espace rural.
L’IFDD, à l’époque l’IEPF, avait apporté en 2000 son soutien à la première édition de
l’ouvrage ERD déjà conduite sous l’égide de la Fondation Énergies pour le Monde
(FONDEM). L’Institut est heureux de poursuivre ce partenariat pour le renforcement
des capacités de toutes les catégories d’acteurs impliqués dans l’amélioration de la
réalité de l’accès à l’électricité de tous les francophones en zone rurale.
C’est le sens même de la réédition de ce guide technique qui, après un état des lieux très
complet et nourri de multiples expériences de terrain de l’ERD ces dernières décennies
en Afrique, en présente dans une optique de développement durable les nécessaires
mutations souhaitées ou en cours. Je salue le travail de la FONDEM et de tous les parte-
naires qui y ont contribué, et j’encourage les lectrices et les lecteurs à s’approprier les
recommandations de cet ouvrage. Je souhaite que les prochaines décennies voient le
déploiement partout où cela est nécessaire, des modèles d’électrification rurale décen-
tralisée, désirable et durable.
Jean-Pierre Ndoutoum
Directeur de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD)
Synergie Solaire
L’accès aux Energies renouvelables est le fil conducteur qui relie croissance
économique, équité sociale et développement durable. C’est sur cette conviction que le
fonds de dotation Synergie Solaire a été créé pour mobiliser les entreprises des éner-
gies renouvelables autour de projets solidaires d’accès à l’énergie, mis en œuvre par
des ONG françaises puis européennes .
Hélène Demaegt
Présidente du fonds de dotation Synergie Solaire
Résumé
En Afrique subsaharienne, où la population va Pour réussir, il faut mettre en commun les analyses et
doubler d’ici 2050, une transformation rurale les expériences, afin de mobiliser de manière mieux
inclusive et écologique s’impose. Défi plané- coordonnée et plus efficace les ressources, au Sud
taire, la question énergétique est cruciale pour comme au Nord. Le débat sur le sens et les moyens
l’avenir de la région : pas de développement de l’action devant être relancé, les auteurs proposent
sans infrastructures électriques durables, des pistes de réflexion à chaque acteur concerné.
au service de l’éducation, de la santé et de
l’emploi des communautés rurales, essentiel-
lement agricoles, qui vont devoir nourrir les En Afrique subsaharienne, la fracture éner-
villes. Il y a là un impératif humain. gétique persiste, induisant une électrifica-
tion rurale encore largement informelle
Or, la fracture électrique reste préoccupante La communauté internationale se mobilise pour
dans de nombreux pays subsahariens, qui dispo- promouvoir l’accès à l’énergie, indispensable aux-
sent pourtant d’abondants gisements d’énergies iliaire de développement humain, sous sa forme la
renouvelables. Les politiques nationales priv- plus polyvalente en termes d’usage : l’électricité.
ilégiant l’électrification urbaine, les populations Malgré cette impulsion, plus de 600 millions de
rurales se tournent naturellement vers les solu- personnes vivent encore sans électricité en
tions marchandes disponibles, de qualité souvent Afrique subsaharienne (soit plus de 70 % de la
médiocre, pour couvrir leurs besoins essentiels population de la région), essentiellement en zone
en électricité. L’expérience acquise depuis 50 ans rurale Or, la demande en électricité va y rester forte,
et les récentes avancées technologiques dans le sous l’effet conjugué des croissances économique
domaine du solaire et du numérique pourraient et démographique. La région doit donc relever un
pourtant permettent de déployer massivement les double défi, social et environnemental : suivre la
infrastructures électriques durables nécessaires. demande d’électricité selon une trajectoire de crois-
sance sobre en carbone.
Mais la question du modèle économique reste
entière, notamment pour les territoires où les Les pays subsahariens sont justement dotés
opérateurs privés ne peuvent aller en raison des d’importants gisements de sources renouvel-
contraintes de rentabilité, incompatibles avec ables (eau, soleil, vent, biomasse), toutes exploit-
l’objectif d’accès universel. Par la combinaison ables sous certaines conditions. En particulier,
bien pensée des solutions d’électrification col- l’énergie solaire, de loin la plus abondante, suscite
lective (notamment miniréseau) et individuelle, il de nombreux espoirs et la technologie photovolta-
serait pourtant techniquement possible de couvrir ïque, actuellement la plus simple à mettre en œuvre
une part significative des besoins, et d’atteindre en milieu rural pour les petits et moyens systèmes,
l’objectif d’une électrification rurale, sinon univer- se généralise malgré la contrainte liée au stockage*
selle, du moins inclusive. de l’électricité pour satisfaire la demande nocturne.
Ce n’est donc pas la disponibilité de la ressource inclusif et pérenne, n’est évidemment pas une
énergétique qui pose problème. La faiblesse réponse satisfaisante. Par ailleurs, la diffusion
des taux d’électrification rurale des pays sub- exponentielle des systèmes solaires individuels,
sahariens reflète surtout l’absence de desserte parfois présentée comme une avancée majeure
par le réseau. Soutenues par les bailleurs insti- de l’accès à l’électricité, repose essentiellement
tutionnels, les sociétés nationales d’électricité sur celle des lampes portables, très loin de couvrir
ont en effet donné priorité à l’électrification des tous les besoins sociaux et productifs des com-
zones urbaines et périurbaines, plus rentables, munautés rurales.
sans pour autant réussir à dégager la capac-
ité d’investissement nécessaire pour financer
l’extension du réseau vers les zones rurales. Par L’accélération de l’électrification rurale peut
ailleurs, même en présence de stratégie nationale s’appuyer sur les solutions décentralisées,
favorable, la mise en œuvre effective de projets grâce aux innovations et aux leçons de
d’électrification hors réseau par initiative locale l’expérience
ou privée se heurte à plusieurs difficultés d’ordre Les solutions décentralisées apparaissent néces-
politique et institutionnel (notamment le manque saires pour électrifier le milieu rural, en complé-
de moyens des collectivités territoriales et les ment du réseau, dont l’extension, trop coûteuse
conflits de compétences entre agences nation- pour les opérateurs, ne peut être rapidement
ales) mais aussi et surtout d’ordre économique (le généralisée. C’est d’ailleurs ainsi que les cam-
manque d’attractivité des zones rurales pour les pagnes françaises et américaines ont accédé
investisseurs). à l’électricité, grâce à l’impulsion locale (via des
concessions communales accordées à des
Dans le même temps, le besoin d’électricité entreprises privées ou des coopératives rurales
s’exacerbe, sous l’effet de la diffusion massive d’électricité).
de la téléphonie mobile. Lassés d’attendre un
hypothétique raccordement au réseau, les popu- Depuis 50 ans, le sol subsaharien est le terrain
lations se tournent légitimement vers les autres de nombreux projets d’accès à l’électricité hors
solutions disponibles, dont la gamme est de plus réseau, dite aussi « électrification rurale décen-
en plus large. Profitant de la démocratisation tralisée » (ERD). Dans l’esprit humaniste de ses
rapide des équipements de production photo- pionniers, l’ERD est au service du développement
voltaïque et des récepteurs à haute performance humain ; elle doit couvrir le spectre le plus large
(LED notamment), le secteur marchand propose possible d’usages de l’électricité ; dans la conduite
un nombre croissant de services électriques des projets, doivent prévaloir le respect du terri-
très divers, couvrant essentiellement les usages toire, la compréhension des besoins des popula-
domestiques. Cette offre fragmentée, souvent tions et la recherche d’équité. En Afrique subsaha-
de qualité médiocre, sans garantie d’un service rienne, l’ERD (notamment par hydroélectricité) a
ainsi été testée dès avant les indépendances. Elle faibles capacités contributives des usagers
s’est ensuite diffusée dans les années 1970 avec ruraux, les opérations présentent un double hand-
l’aide de la coopération internationale, souvent via icap. D’une part, elles sont peu attractives pour
des projets d’électrification d’infrastructures col- les investisseurs (contraintes opérationnelles
lectives (écoles, centres de santé, pompes…) par au moins aussi fortes qu’en zone urbaine, retour
éolien ou solaire menés par des ONG pionnières. sur investissement beaucoup plus long). D’autre
Depuis le milieu des années 1980, elle connaît une part, dans un contexte où les Etats ne disposent
phase d’extension, caractérisée par une implica- pas des ressources fiscales suffisantes, elles sont
tion plus forte du secteur privé, qui s’est récem- très dépendantes des financements internation-
ment accélérée. aux, y compris dons et aides, qui, quoique de plus
en plus nombreux, restent largement insuffisants
Depuis une dizaine d’années, le secteur de l’ERD
vit une mutation à la fois prometteuse et risquée. Certains types de projet souffrent plus particu-
La prise de conscience d’une urgence écologique lièrement de cette pénurie, comme les mini-
est favorable aux projets promouvant les éner- réseaux ruraux ; pourtant reconnus comme la
gies renouvelables et l’efficacité énergétique. solution décentralisée à privilégier pour attein-
Surtout, un véritable changement de paradigme dre l’accès universel, ils sont pénalisés par leur
technologique - fondé sur la révolution numéri- logique complexe de coopération institutionnelle,
que, la baisse du coût du photovoltaïque, les le coût des actions de renforcement des capaci-
récepteurs basse consommation et les progrès tés locales et les incertitudes sur le plan d’affaires
du stockage - rend possible l’accélération de (sans données de référence, il est difficile de
l’électrification rurale par énergie solaire. Profit- prévoir précisément l’évolution de la demande
ant de l’ouverture d’un large marché peu régulé d’un service sur plusieurs années). De ce point
et misant sur de meilleures chances de viabilité de vue, parce qu’elle est fondée sur la relation
de l’exploitation, le secteur privé multiplie les durable entre deux collectivités territoriales, la
schémas de distribution innovants à destination coopération décentralisée apparaît comme une
des populations non desservies par le réseau. alternative à promouvoir pour financer et mettre
Soutenues par l’aide internationale en raison des en œuvre des projets d’ERD structurés à l’échelle
bénéfices sociaux qu’elles promettent, ces solu- d’un territoire, socialement ambitieux.
tions relèvent d’une logique marchande pourtant
parfois très éloignée de l’objectif de pérennité du Principale piste pour résoudre cette équation
service et d’autonomisation des communautés complexe du financement, mixte, les collabora-
que porte historiquement l’ERD. tions entre bailleurs privés et publics sont sans
doute amenées à se développer ; pour servir
L’obstacle à la généralisation des solutions l’accès universel à l’électricité, ce renforcement
décentralisées n’est donc pas technique, il est de la mécanique de dons ou de prêts à taux favor-
financier. Electrifier un territoire, rural ou urbain, able devra néanmoins bénéficier prioritairement
est d’abord très consommateur de capitaux aux projets les plus inclusifs.
d’investissement ; puis l’exploitation doit couvrir
les frais de fonctionnement et de maintenance, Au-delà des évolutions et des incertitudes,
dont le renouvellement du matériel. Du fait des le retour d’expérience croisé des acteurs de
l’ERD permet d’identifier plusieurs paramètres Par ailleurs, le secteur fait encore face à des pro-
méthodologiques stables pour réussir un projet, blématiques persistantes de qualité des matéri-
qui tous se rejoignent dans un même constat : els, due à l’absence de normes et de régulateur
le facteur humain est décisif. Pas de bénéfices compétent, et de capacité d’entretien des instal-
sociaux et économiques de l’arrivée de l’électricité lations. Le projet doit donc anticiper, dès sa con-
sans adhésion de la communauté au projet et ception, les facteurs de déshérence des équipe-
prise en main locale des systèmes électriques : ments et la question de leur prise en charge en fin
il faut faire émerger un écosystème d’acteurs de vie. Même si la qualité est tirée vers le haut par
qui fera durablement fonctionner le service sur les offres récentes en abonnement (l’opérateur
le territoire. Ainsi, la réussite d’un projet dépend a un intérêt certain à limiter les coûts de mainte-
d’abord de la qualité de l’orchestration des par- nance des matériels), la bonne appropriation du
ties prenantes, plus ou moins complexe suivant le service par les usagers reste la meilleure garantie
type de schéma d’électrification, ce qui suppose de pérennité.
un savoir-faire spécifique en maîtrise d’ouvrage. Enfin, quel que soit le schéma mis en œuvre, le
Lorsque la logique de coopération institutionnelle service d’électricité suppose des investisse-
est au cœur de la construction de la solution tech- ments de la part de l’opérateur et une contribution
nique, comme c’est le cas pour un miniréseau, il de l’usager pour accéder à un service pérenne ;
ne faut pas sous-estimer les contraintes liées à une juste tarification et des modalités de paie-
la différence de compréhension des probléma- ment adaptées sont deux élément-clés d’une
tiques par les différents acteurs (futurs usagers, exploitation viable.
pouvoirs publics, partenaires financiers, fournis-
seurs d’équipements, etc.) et leurs intérêts parfois
divergents.
De la lampe portable au miniréseau, le ter-
Loin d’être seulement technologique, un pro- ritoire rural subsaharien est devenu un labo-
jet d’accès à l’électricité nécessite donc une ratoire de solutions décentralisées
approche sociologique, fondée sur l’écoute du ter- Le secteur de l’accès à l’électricité hors réseau est
rain et la coopération, assortie des budgets pour aussi innovant et dynamique qu’il est fragmenté
assurer l’ensemble des activités de sensibilisa- et désorganisé. Mais qu’ils s’appuient sur un
tion, d’accompagnement et de médiation néces- long processus institutionnel ou sur un échange
saires avant, pendant et après la mise en service marchand quasi instantané, les différents sché-
des infrastructures. Il s’agit notamment d’assurer la mas actuels présentent un point commun : la
bonne compréhension des conditions d’utilisation technologie photovoltaïque, avantagée par sa
des solutions décentralisées, qui diffèrent en simplicité et son accessibilité quel que soit le type
effet de celles du réseau urbain (puissance* limi- d’usage.
tée, quantité journalière et/ou horaires restreints,
recours aux batteries…), ainsi que de la tarifica- L’électrification des ouvrages publics (écoles,
tion proposée (tarif du kWh plus élevé, choix d’un centres de santé, bâtiments cultuels ou cul-
niveau de service, absence de tarif subventionné) turels) constitue le chantier historique de l’accès
et des modalités de paiement (prépaiement). à l’électricité. Séduits par l’utilité sociale évidente
et la simplicité technique des opérations, les
porteurs de ces projets ont souvent sous-estimé Ni l’acquisition spontanée de SSI, uniquement
les contraintes liées à l’exploitation des systèmes accessible à une frange aisée de la population, ni
installés ; en dehors de ceux réalisés par les pro- la généralisation du PAYG ne permettront donc, à
grammes d’envergure nationale, peu d’ouvrages elles seules, d’électrifier l’Afrique rurale de manière
sont encore en état de fonctionnement. Dans inclusive. D’où l’importance des initiatives élargis-
tous les cas, la collectivité doit cotiser pour sant l’accès à ces systèmes, comme les Sociétés
l’entretien périodique et le renouvellement des de Services Décentralisées, gérée par un opéra-
composants. Autre application historique du PV, teur privé selon des modalités proches de la délé-
le pompage solaire est une solution utile (accès à gation de service public. Autre piste, associer un
l’eau potable, irrigation des cultures, abreuvage de exploitant privé et une institution de microfinance
bétails), économique (ni carburant, ni batteries) et permet à de petits entrepreneurs d’acquérir à
assez mature pour trouver localement la compé- crédit une installation PV de qualité. Dans tous les
tence et les pièces de rechange, ce qui explique cas, le soutien d’un financeur du développement
l’exceptionnelle longévité de certaines infrastruc- est requis, pour couvrir les dépenses d’assistance
tures. Autre exemple d’application communau- technique et/ou de subventionner une partie des
taire, l’éclairage public solaire se développe grâce équipements.
aux avancées technologiques récentes (LED, PV,
stockage). Outre qu’il améliore la sécurité le long En complément de ces initiatives d’électrification
des axes routiers, il élargit le spectre des activités individuelle ou collective, plusieurs schémas
sociales et permet aux plus modestes de disposer innovants tentent de résoudre l’équation de la
gratuitement d’une source lumineuse de qualité. multiplicité des usages sur un territoire. Grâce à
une production d’électricité significative située
Destinés à l’usage domestique, les petits sys- au centre de la localité, le concept générique
tèmes solaires individuels (SSI) se sont consi- de « kiosque énergie » offre divers services aux
dérablement diffusés ces dernières années. Tra- habitants (recharge de téléphones ou lampes
ditionnellement acquis par l’usager auprès d’un rev- portables, multimédia, froid, etc.). Confié à un
endeur local contre un paiement cash, ils sont aussi gérant local choisi pour son profil commercial et
de plus en plus souvent proposés en abonnement entrepreneurial ainsi que sa bonne implantation
par des opérateurs dits Pay As You Go (PAYG), util- locale, le kiosque reste généralement propriété
isant systématiquement le prépaiement, apparus de l’opérateur privé. Quelques ONG françaises
au milieu de la décennie actuelle. Exemples emblé- pionnières testent également plusieurs concepts
matiques de la démocratisation de l’énergie décen- de plateformes énergétiques.
tralisée, ces systèmes souffrent de plusieurs limites.
La puissance disponible étant faible et la quantité Solution intermédiaire en cours d’expérimen-
d’énergie journalière limitée, ils sont inadaptés à la tation, le nanoréseau organise la production
plupart des usages productifs. Et le PAYG, pour- mutualisée d’électricité au sein d’une habita-
tant soutenu par des aides et libre de toute pres- tion à laquelle 3 à 5 autres foyers sont raccor-
sion réglementaire quant à la qualité du service ou dés, pour un usage essentiellement domestique.
l’équité tarifaire, s’avère économiquement plus frag- Le concept repose sur les économies d’échelle
ile que prévu, obligeant ses promoteurs à réorienter et l’évolutivité du dispositif (interconnexion de
leur action vers les zones périurbaines. nanoréseaux pouvant se relayer entre eux,
envisager une extension ou un renforcement de Ces préconisations sont axées sur le développe-
capacité. Son profil doit donc être très polyva- ment des solutions d’électrification collective
lent : capacité technique, réputation de confiance, (notamment miniréseau) qui, couplées aux solu-
capacité d’investissement et de gestion, tem- tions individuelles, apparaissent essentielles
pérament d’entrepreneur social et sensibilité de pour réaliser l’accès universel à l’électricité et
délégataire de service public. devraient donc être au cœur des stratégies. Elles
sont par ailleurs centrées autour de quatre points
Au-delà de ces constats, il apparaît que l’essor de névralgiques pour assurer la pérennité des sys-
accès à l’électricité en milieu rural ne se fera pas tèmes dans le respect des populations bénéfici-
par la seule addition de projets mieux conçus et aires : faire de l’accès à l’électricité en milieu rural
mieux gérés. Il est sans doute aussi conditionné une question de niveau interministériel pour une
par des actions qui excèdent le périmètre des meilleure coordination stratégique, renforcer la
« bonnes pratiques » et l’échelle du « projet » ; il décentralisation et la déconcentration pour une
passe par des changements sectoriels procé- mise en œuvre de proximité plus efficace, encad-
dant d’une véritable volonté politique, pour garan- rer l’action des acteurs privés pour garantir la
tir la pérennité des systèmes. qualité et le professionnalisme, et, enfin, respecter
le principe d’équité entre usagers à l’échelle d’un
Réaliser l’accès à l’électricité pour tous territoire.
nécessite une coalition d’acteurs mieux
coordonnés, aux méthodes et aux moyens Retrouvez l’intégralité des développements et
plus adaptés. des préconisations en téléchargement libre sur la
Le manque de volonté politique et la multiplica- page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/
tion des strates décisionnelles, la défaillance de la electrifierlafriquerurale/
fiscalité et la dépendance aux financements inter-
nationaux, l’insuffisance des cadres juridique et
normatif et de la planification nationale, le manque
de coordination entre bailleurs internationaux et
de compréhension entre secteur financier et non
financier… Les nombreux points de faiblesse sec-
toriels constatés ne relèvent pas du domaine tech-
nique mais de la gouvernance, de l’organisation, de
l’encadrement réglementaire et du financement
des actions, à tous les niveaux. Ces sujets com-
plexes perdurent malgré l’arrivée du numérique,
l’implication de plus en plus forte des acteurs privés
et la diffusion des solutions d’électrification les plus
récentes. L’état des lieux réalisé dans cet ouvrage
conduit ainsi logiquement à poser la question des
actions possibles pour faire évoluer le secteur, et
à formuler des préconisations destinées à chaque
acteur concerné, afin de (re)lancer le débat.
Sommaire
07 Avant-propos 39 Partie 1 - Contexte
En Afrique subsaharienne, la fracture
16 Equipe énergétique persiste, induisant une
électrification rurale encore largement
18 Partenaires informelle.
22 Résumé
34 Liste des acronymes 40 Introduction
42 La fracture énergétique reste préoccupante
malgré la richesse en énergies renouvelables. (1.1.)
36 Introduction
44 Malgré une dynamique internationale favorable, l’accès à
l’électricité est loin d’être universel. (1.1.1.)
104 Conclusion
107 Partie 2 - État des lieux 154 Depuis dix ans, de multiples évolutions
viennent élargir le champ des possibles
L’accélération de pour l’électrification rurale décentralisée.
l’électrification rurale peut (2.3.1.)
s’appuyer sur les solutions
décentralisées, grâce aux 170 Nerf de la guerre, le financement reste
problématique pour la plupart des projets
innovations et aux leçons de d’électrification rurale. (2.3.2.)
l’expérience.
200 Les facteurs-clés de succès
d’un projet d’électrification
rurale décentralisée demeurent
108 Introduction inchangés. (2.4.)
258 En l’absence de politique sectorielle 327 Les nanoréseaux : le concept est encore
en exploration (3.4.2.).
structurée, de multiples solutions
coexistent, reposant notamment
sur le photovoltaïque. (3.1.) 332 Le miniréseau, schéma
d’électrification collective historique,
260 Le panorama des solutions d’électrification
rurale décentralisée est très diversifié. (3.1.1.)
est en pleine mutation. (3.5.)
264 Les systèmes photovoltaïques autonomes : 334 Malgré de nombreux échecs et des
postulats économiques complexes,
notions techniques de base. (3.1.2.)
les miniréseaux ruraux séduisent de
nouveaux acteurs. (3.5.1.)
268 Les schémas d’électrification
350 Miniréseaux : rappel des fondamentaux
individuelle démocratisent l’accès techniques (3.5.2.)
à l’électricité, sans résoudre
l’équation de la diversité des 364 Les miniréseaux ruraux par énergies
renouvelables : retours d’expérience
besoins. (3.2.) et pistes de réflexion. (3.5.3.)
L’intégralité de cet ouvrage, ainsi que de nombreux documents complémentaires (études de cas,
interviews et articles) sont disponibles en libre accès sur le site de la Fondation Énergies pour le
Monde : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
Introduction
« L’avenir du monde se joue en Afrique », titrait Comment procurer aux populations rurales les
le journal Le Monde en 2016. Tous les regards moyens de leur développement, si ce n’est en
convergent vers le continent, et notamment s’attaquant méthodiquement aux inégalités qui
vers l’immense territoire subsaharien, grand nourrissent un exode forcé ? Comment réaliser
comme 36 fois la France, et regroupant près cette transformation si les territoires ruraux
de 50 pays, 1 milliard d’habitants en 2017, 2 mil- restent enclavés, dépourvus d’infrastructures et
liards en 2050. de services de base ? Comment relever le défi
alimentaire dans un contexte de changement cli-
Des regards où se mêlent l’espoir et la crainte. Le matique accéléré qui fait peser de fortes incer-
paysage est contrasté : un dynamisme entrepre- titudes sur la production agricole, en quantité et
neurial marqué, une jeunesse nombreuse et con- en qualité ?
nectée, de nouveaux débouchés pour les biens et
les services dans une économie mondiale léthar- La question énergétique, défi planétaire du
gique, mais aussi une démographie atypique, des XXIe siècle, est décisive pour l’avenir de la région,
Etats aux ressources fiscales encore trop faibles et en ce qu’elle porte en elle une partie de la solution :
de nombreuses zones sous forte tension politique pas de développement rural durable sans infra-
ou religieuse. structures rurales énergétiques respectueuses
de l’environnement.
Perçue comme la manifestation la plus symbo-
lique et la plus visible de la mutation qui est en La fracture énergétique est un fait. Elle est mul-
marche, la croissance rapide et quelque peu tiple, au point qu’on pourrait parler de plusieurs
anarchique des métropoles est largement com- fractures énergétiques et non d’une seule : entre
mentée dans les médias. pays du Nord et pays du Sud, entre pays émer-
gents et pays moins avancés au Sud, entre zones
C’est pourtant ailleurs que se joue vraisemblable- rurales et urbaines, entre classes sociales d’une
ment l’avenir de l’Afrique subsaharienne : dans ses même communauté rurale… La première partie de
campagnes, là où « se concentre la majorité des pop- cet ouvrage synthétise les données du problème
ulations qui souffrent de la pauvreté et de la faim ». en brossant à grands traits le portrait de cette
La nécessité d’une transformation rurale inclusive, fracture, de son origine et des habitudes énergé-
respectueuse de l’environnement s’impose, pour tiques qui en résultent.
tout un faisceau de raisons que soulignent de nom-
breux rapports (FAO, IFAD, UNECA). Et qu’on peut Le combat pour réduire la fracture énergétique a
ainsi résumer : il va falloir nourrir et employer une pourtant commencé il y a près de cinquante ans :
population très jeune, qui va doubler en moins de apporter l’électricité aux populations non desser-
cinquante ans, au sein de laquelle les nouveaux tra- vies par les opérateurs nationaux, en s’appuyant
vailleurs seront encore majoritairement ruraux. sur des solutions décentralisées et par énergies
renouvelables. Depuis quelques années, l’essor Cet ouvrage reflète les constats et les analyses
de la technologie solaire et la révolution numéri- de praticiens de l’électrification rurale décentra-
que lui donnent un nouveau souffle. Mais réus- lisée par énergies renouvelables. S’il ne prétend
sir une électrification rurale réellement inclusive pas à l’exhaustivité des points de vue, il présente
reste complexe dans un environnement où la cependant une vision réaliste de l’existant, issue
rentabilité des projets d’électrification est le plus de leur longue expérience de terrain.
souvent structurellement incertaine, voire impos-
sible. Ce sont ce combat et les leçons de ces cinq Il est délibérément axé sur l’électrification rurale
décennies d’expérience que raconte la deuxième des pays d’Afrique subsaharienne francophone,
partie de l’ouvrage. sujet sur lequel la littérature de capitalisation est
peu abondante. Il se concentre sur l’utilisation
La troisième partie, conçue comme un cahier de la technologie solaire photovoltaïque, qui,
technique accessible aux non-initiés, vise à don- au moment où il est rédigé, est la plus adaptée
ner les clés de compréhension des systèmes pho- au contexte rural subsaharien. Enfin, il focalise
tovoltaïques qui émaillent le territoire subsaharien. l’attention sur les miniréseaux, qui apparaissent
Elle dessine un panorama détaillé des solutions comme le seul schéma d’électrification capable
d’aujourd’hui, avec leurs avantages et leurs limites, de couvrir tous les usages nécessaires au déve-
et esquisse celles de demain. loppement durable des communautés rurales.
Ces trois récits font apparaître de nombreuses Il a été réalisé avec le soutien de l’Agence de
problématiques non résolues, qui concernent l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
un large panel d’acteurs, des failles sectorielles (ADEME), acteur pionnier dans le domaine
qui expliquent en grande partie le retard pris par des énergies renouvelables et de l’accès à
l’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne. l’électricité, ainsi que celui de l’Institut de la fran-
Adopter les bonnes pratiques de gestion de projet cophonie pour le développement durable (IFDD),
ne suffira pas à les réduire. Un travail approfondi de qui a fait de la formation et de l’information des
coopération et de coordination doit s’enclencher, thématiques centrales, et de Synergie solaire,
pour concevoir, financer et pérenniser un change- fonds de dotation qui permet à de nombreux
ment d’échelle. La quatrième et dernière partie projets d’accès à l’électricité de voir le jour en
de l’ouvrage recense ces actions essentielles, Afrique francophone.
autant de préconisations directement adressées
aux acteurs qui peuvent et doivent changer la
donne. }
Info
Retour de terrain
'«ŦQLWLRQ
Chronologie
Chiffres-clés
[ Partie 1 - Contexte ]
En Afrique
subsaharienne,
la fracture énergétique
persiste, induisant une
électrification rurale
encore largement
informelle.
Introduction
La communauté internationale s’est fixé l’objectif global
d’atteindre en 2030 un accès universel à une énergie propre,
abordable et moderne. Concrètement, cette ambition
recouvre deux chantiers principaux : l’électrification
par énergie renouvelable des territoires non desservis
par les réseaux électriques et la diffusion de modes
de cuisson propres et efficaces.
En conséquence, l’électrification
reste ainsi largement informelle : « L’énergie se trouve au cœur de deux
aspects fondamentaux de l’avenir
les populations rurales n’ont de l’Afrique : le développement
d’autre choix que se procurer économique et social d’une part, et le
changement climatique d’autre part. »
l’électricité hors réseau, par leurs
propres moyens, en combinant Marta Musso et Roberto Cantoni,
les différentes solutions « L’énergie en Afrique : les faits et
les chiffres. Introduction », Afrique
disponibles sur le marché, pour Contemporaine 1-2, no 261-262 (2017) : 9.
couvrir l’ensemble de leurs
besoins (1.3.).
1.1.
La fracture énergétique
reste préoccupante malgré
la richesse en énergies
renouvelables.
La communauté internationale s’est mobilisée pour promouvoir
l’énergie sous sa forme la plus polyvalente en termes d’usages :
l’électricité. Mais en Afrique subsaharienne, la fracture énergétique
reste profonde et les perspectives de croissance démographique
et économique prolongent le défi de l’électrification des zones
rurales (1.1.1.).
Lampe à pétrole.
1.1.1.
Malgré une dynamique internationale favorable,
l’accès à l’électricité est loin d’être universel.
Facteur fondamental de développement hu- compte des impacts sur l’environnement, ni co-
main et enjeu majeur dans la lutte contre le hérence avec la lutte contre les effets du change-
changement climatique, l’accès à l’énergie, ment climatique ; il faut donc privilégier l’accès à
et notamment à une électricité de source re- l’électricité via les énergies renouvelables.
nouvelable, est porté par une dynamique poli-
tique favorable. Malgré cette impulsion, sur le
continent africain, la réalité défie les ambitions
affichées. Dans la sous-région subsaharienne Développement
en particulier, le rythme actuel d’électrification
humain
rurale ne permet en aucun cas de couvrir les
besoins, qui vont croissant. La notion de « développement humain »
SHXWVHG«ŦQLUFRPPHOHSURFHVVXVYLVDQW
L’électrification fait l’objet à élargir au maximum les possibilités
d’ambitieux objectifs offertes aux êtres humains pour améliorer
d’universalité et de durabilité. leurs conditions d’existence et pour
Donner accès à tous à une électricité res- connaître le bien-être sur un territoire
pectueuse de l’environnement : amorcée dès les donné : possibilités d’accéder aux revenus
années 1990 par certaines institutions, comme et à l’emploi, à l’éducation et aux soins
l’ADEME puis l’Union européenne, cette ambition de santé et à un environnement ne
collective et globale se structure dans le sillage du présentant pas de danger, possibilité de
sommet de la terre de Johannesburg (2002). participer pleinement aux décisions de
la communauté et de jouir des libertés
Ce volontarisme politique humaines, économiques et politiques.
s’appuie sur un double constat.
Source : PNUD, « Rapport mondial sur le
Premier constat : réduire la fracture énergétique développement humain 1990 » (New York : PNUD,
est une composante essentielle de la lutte contre 1990), 10.
Accès m/ł«OHFWULFLW«VHXOHQłHVWSDVVXIŦVDQWH
pour stimuler la croissance économique
à l’énergie mais elle est nécessaire. En permettant
L’accès à l’énergie correspond à la l’éclairage, la réfrigération, l’utilisation
disponibilité physique des services d’appareils électriques et de nombreux
énergétiques modernes, y compris l’accès équipements et services qui ne
à électricité et à des appareils améliorés pourraient pas être aisément introduits
WHOVTXHOHVIRXUQHDX[DŦQGHU«SRQGUH par une autre forme d’énergie, l’accès
aux besoins humains fondamentaux à des à l’électricité est un élément crucial
prix abordables. de développement humain. »
renouvelables. Si cette référence à l’énergie de l’Afrique sur les Energies Renouvelables, Résumé » (2016).
Sources : Africa Progress Panel, « Africa Progress Report 2015 » (Genève, 2015), et Lighting Africa, « Lighting Africa Market
Trends Report 2012 » (Nairobi, 2013).
/łLPSDFWE«Q«ŦTXHGHOł«OHFWULŦFDWLRQSDU«QHUJLHVUHQRXYHODEOHVVXUODVDQW«
ÉLECTRIFICATION
RECRUTEMENT SANTÉ ET SÉCURITÉ
PAR ÉNERGIES
DU PERSONNEL
ET ENTRETIEN
RENOUVELABLES
ʼnDP«OLRUDWLRQJ«Q«UDOH
de l’hygiène
ʼnUHFUXWHPHQWHWIRUPDWLRQ ʼnV«FXULW«UHQIRUF«H
ʼnIRUPDWLRQP«GLFDOH ʼnVHQWLPHQWGHV«FXULW«
continue du personnel
ʼnDP«OLRUDWLRQGXPRUDO et des patients
du personnel
Source : IRENA, « Off grid renewable energy solutions to expand electricity access : An opportunity not to be missed » (Abu Dhabi, 2019).
PROTECTION DE
L’ENVIRONNEMENT
RÉDUCTION
DE LA PAUVRETÉ Diminution de l’usage
de biomasse non
Développement renouvelable et de
d’activités combustibles fossiles
économiques
MESURES
AMÉLIORATION
TRAVAIL DÉCENT
ET CROISSANCE RELATIVES DE LA SANTÉ
À LA LUTTE
ÉCONOMIQUE Moyens de cuisson
SÉCURITÉ CONTRE LES
CHANGEMENTS propre
ALIMENTAIRE INÉGALITÉS
VIE CLIMATIQUES
RÉDUITES Electrification
TERRESTRE
Amélioration
des dispensaires
de la
PAS DE
production PAUVRETÉ
agricole
Réfrigération
BONNE SANTÉ
FAIM ZÉRO
ET BIEN-ÊTRE
ÉNERGIE PROPRE
ET D’UN COÛT
ABORDABLE
ÉDUCATION
DE QUALITÉ EAU PROPRE ET
ASSAINISSEMENT
Ces initiatives incitent de manière utile permis de sensibiliser un grand nombre d’acteurs
à la mobilisation et à l’action. et d’accélérer la mise en œuvre de politiques et de
La majorité des instruments des organisations programmes en faveur de l’accès à une électricité
internationales (résolutions, déclarations, recom- respectueuse de l’environnement.
mandations, positions, livres blancs, principes)
relève de la soft law et n’a aucun caractère ju- Dans cet élan, les acteurs financiers se sont saisis
ridiquement contraignant. Ils peuvent néanmoins du sujet, point essentiel car l’électrification néces-
favoriser les engagements politiques et être à site des infrastructures et comporte donc une
l’origine de l’édiction de nouvelles normes de droit importante dimension capitalistique (cf. chap-
international ou national. itre 2.3.2.). A titre d’exemple, entre 2012 et 2017,
les engagements annuels de l’Agence française
Ainsi, le diagnostic sur la fracture énergétique et du développement (AFD) pour le secteur de
la formulation d’une ambition d’accès universel l’énergie sont passés de 921 M€ à 2 339 M€1. Le fi-
à l’électricité via les énergies renouvelables ont nancement en faveur des énergies renouvelables
'DQVOłmb(QHUJ\DFFHVVRXWORRNb}SXEOL«HQOł$JHQFHLQWHUQDWLRQDOHGHOł«QHUJLHSURSRVH
différents scénarios pour l’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne.
Selon le New Policy Scenario (NPS), dont l’objectif est l’atteinte de 60 % d’accès à l’électricité en
Afrique subsaharienne en 2030, 6 milliards USD (5,36 Mds €) par an d’investissements seraient
nécessaires, soit 84 milliards USD (75 Mds €) sur la période 2017-2030. Pour atteindre un accès
universel à l’électricité en Afrique subsaharienne d’ici 2030, le scénario Energy for All Case indique
que des investissements additionnels à hauteur de 370 milliards, par rapport au NPS, sont requis
sur la période 2017-2030. Ces 454 milliards USD (406 Mds €) d’investissements cumulés,
soit 32 milliards USD (28,6 Mds €) par an jusqu’en 2030, représentent l’équivalent
d’1,7 fois les investissements totaux dans le secteur de l’énergie aujourd’hui. Ces investissements
seront principalement dirigés vers le développement accéléré des miniréseaux et des systèmes
individuels.
A l’échelle mondiale, développer l’accès à l’électricité pour tous d’ici 2030 requiert
des investissements annuels d’un montant de 52 milliards USD (46,5 Mds €).
Source : AIE, « Energy Access Outlook 2017, From Poverty to Prosperity » (Paris, 2017).
© Adam Schultz
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HORS AFRIQUE DU SUD
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
BRÉSIL
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AFRIQUE
RUSSIE
JAPON
Consommation (TWh/an)
INDE
AMÉRIQUE LATINE
ET CARAÏBES
UE
USA
CHINE
Pourcentage d’accès
à l’électricité
› 75 % de la population
Entre 50 % et 75 %
de la population
Entre 25 % et 50 %
de la population
‹ 25 % de la population
Taux d’accès
à l’électricité
› 80 % de la
population
Entre 60 % et 80 %
de la population
Entre 40 % et 60 %
de la population
Entre 20 % et 40 %
de la population
‹ 20 % de la
population
Source : Analyse Sia Partners d’après l’AIE, « World Energy Outlook » (Paris, 2015).
FRANCE
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
L’Afrique subsaharienne est également unique par l’importance durable de sa population rurale.
En 2015, la proportion moyenne de ruraux était encore estimée à 62 %. Alors que le monde a basculé
progressivement vers les villes et continue de s’urbaniser rapidement, la région reste essentiellement
rurale en raison d’un processus d’urbanisation relativement récent. Elle ne devrait atteindre le point de
EDVFXOHGXUXUDOYHUVOłXUEDLQTXł¢ODŦQGHVDQQ«HV/DSRSXODWLRQXUEDLQHDG«FXSO«GHSXLVOHV
années 1960, mais cette croissance s’est stabilisée aux alentours de 3,5 à 4 % par an du fait de la faible
transformation structurelle de la plupart des économies d’Afrique subsaharienne.
En 2050, on estime que la population rurale subsaharienne sera de 980 millions de personnes,
soit le tiers de la population rurale mondiale. La population rurale connaîtra une augmentation
GHVRLWPLOOLRQVGHUXUDX[VXSSO«PHQWDLUHVLPSOLTXDQWXQHKDXVVHVLJQLŦFDWLYHGHV
GHQVLW«VUXUDOHV/HSOXVJUDQGG«ŦSRXUOł$IULTXHVXEVDKDULHQQHHVWGRQFGHJ«Q«UHUVXIŦVDPPHQW
d’emplois pour absorber une force de travail en plein essor. Sur la base de la répartition actuelle de
la population et des tendances migratoires vers les villes, près de 60 % des nouveaux travailleurs
(soit environ 220 millions) seront très probablement en zone rurale.
Source : Sara Mercandalli et Bruno Losch, « Une Afrique rurale en mouvement - Dynamiques et facteurs des migrations au sud
du Sahara » (FAO et Le Cirad, 2018).
1. Hors Afrique du Sud. 5. « Open Data Platform », Global Footprint Network, http://data.
2. Agence Internationale de l’Énergie, « World Energy Outlook » (Paris, 2015), 78. footprintnetwork.org/#/
3. Banque africaine de développement, « Perspectives économiques en Afrique 6. Agence Internationale de l’Énergie, « Key World Energy Statistics 2016 »
2019 » (Abidjan, 2019). Banque mondiale, « Global Economic Prospects » (Paris, 2016).
(Washington, D.C, 2019). 7. Agence Internationale de l’Énergie, « Key World Energy Statistics 2016 »
4. François Héran, « L’Europe et le spectre des migrations subsahariennes », (Paris, 2016).
Population et Sociétés, n° 558 (2018). 8. Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, « Rapport
spécial du GIEC - Réchauffement planétaire de 1.5 °C » (2018).
9. Marta Musso et Roberto Cantoni, « L’énergie en Afrique : les faits et les
chiffres. Introduction », Afrique Contemporaine 1-2, no 261-262 (2017) : 10.
3RXUWDQWOł$IULTXHVXEVDKDULHQQHHVWLGHQWLŦ«HSDUOH*,(&QRWDPPHQWFRPPHOD]RQHODSOXV
vulnérable au changement climatique$YHFGHVDVXSHUŦFLHVHVLWXDQWGDQVOD]RQHWURSLFDOH
OHFRQWLQHQWFRQQD°WXQHPXOWLWXGHGHFKDQJHPHQWVHQYLURQQHPHQWDX[/DG«VHUWLŦFDWLRQHW
la sécheresse affectent certaines zones, tandis que l’élévation du niveau de la mer, les risques
d’inondation ou les phénomènes d’érosion côtière en impactent d’autres. Selon les projections
climatiques, les épisodes d’extrême chaleur ne devraient pas s’atténuer mais, au contraire, devenir
plus fréquents.
Les répercussions de ces changements, multiples, se ressentiront (et se ressentent déjà) tant sur
les modes de vie humains que sur les écosystèmes naturels, en raison d’une forte dépendance à
l’agriculture, d’un niveau de pauvreté élevé et d’une vulnérabilité accrue par une faible capacité
d’adaptation. En effet, les systèmes de production agricole, dont dépend une grande partie de la
SRSXODWLRQVHURQWSDUWLFXOLªUHPHQWSHUWXUE«VSDUODPRGLŦFDWLRQGHVVDLVRQVGHVSOXLHVHWXQH
augmentation des températures plus importante qu’ailleurs.
/H*,(&HVWLPHDLQVLTXHOHVU«FROWHVLQVXIŦVDQWHVODSHUWHGHE«WDLOHWODS«QXULHGłHDXGXHVDX
climat pourraient conduire 250 millions d’Africains à souffrir d’insécurité alimentaire, première
cause d’exode rural.
Sources :
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ژىU-ًژٴژhƷɲژÞȏȵǹưژ-ȄƷȵǒɲژ°ɋƌɋǠȽɋǠƩȽژٵژואژ٢¥ƌȵǠȽًואژ٣ِ
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Summary for Policymakers. » (Cambridge et New York : GIEC, 2014), 1-32.
ژژىkƌɓȵƷȄƩƷژƌȵƌȂƷǹًژٴژkټǑȵǠȴɓƷژưȏǠɋژȲȵƷȄưȵƷژȽƌژȲƌȵɋژưƷژȵƷȽȲȏȄȽƌƨǠǹǠɋƸژưƌȄȽژǹƌژǹɓɋɋƷژƩȏȄɋȵƷژǹƷژƩǚƌȄǒƷȂƷȄɋژƩǹǠȂƌɋǠȴɓƷژًٵژǒȵƌȄưژ
entretien avec Arona Diedhiou, Le Monde (en ligne), 12 décembre 2018, https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/12/12/l-
afrique-doit-prendre-sa-part-de-responsabilite-dans-la-lutte-contre-le-changement-climatique_5396144_3244.html.
(OHFWULŦFDWLRQUXUDOHSDU«QHUJLHVUHQRXYHODEOHV
et lutte contre le changement climatique
En dépit d’une absence de preuves empiriques de l’impact de l’accès à l’électricité sur la résilience
des populations au changement climatique, des liens indirects sont relevés. Une étude (Scott et
al., 2017) illustre les effets positifs de l’électricité sur les capacités d’adaptation, d’anticipation et
GłDEVRUSWLRQQ«FHVVDLUHVSRXUODU«VLOLHQFHDXFKDQJHPHQWFOLPDWLTXH/ł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHSDU
énergies renouvelables apparaît comme un moyen pertinent pour réduire la dépendance aux
UHVVRXUFHVIRVVLOHVGRQWOHVFR½WVHQFRQVWDQWHDXJPHQWDWLRQSªVHQWGHID©RQVLJQLŦFDWLYHVXUOH
budget des ménages ruraux. Elle incite également les communautés locales à s’approprier leurs
sources d’électricité et à contribuer à leur gestion. Elle facilite aussi les communications et l’accès
à l’information et améliore la diffusion des alertes en cas d’aléas climatiques graves, permettant
ainsi aux populations, même isolées, de se protéger et de mieux en anticiper les conséquences.
Les systèmes décentralisés renouvelables peuvent également pallier les défaillances des
infrastructures centralisées tant qu’elles ne sont pas restaurées. Les risques de coupures ou de
pannes prolongées s’amenuisent dans le cadre de projets décentralisés de petite échelle, où
les structures locales en charge de l’exploitation peuvent intervenir dans des délais réduits. Les
réseaux de transmission et de distribution traditionnels sont, eux, vulnérables aux phénomènes
météorologiques extrêmes, dont la fréquence risque d’augmenter. Leur perturbation peut, par
ricochet, mettre un terme à d’autres infrastructures essentielles telles que les services de transport
et de santé.
(QŦQOHVDSSOLFDWLRQVDQQH[HVGHOłXWLOLVDWLRQGHOł«QHUJLHVRODLUHWHOOHSRPSDJHVRODLUH
permettent de faciliter l’accès aux ressources en eau et l’augmentation des cultures, renforçant
ainsi la sécurité alimentaire.
Sources :
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ژىȄưȵƷɬژ°ƩȏɋɋژƷɋژƌǹًِژٴژOȏɬژȽȏǹƌȵژǚȏɓȽƷǚȏǹưژȽɲȽɋƷȂȽژƩȏȄɋȵǠƨɓɋƷژɋȏژȵƷȽǠǹǠƷȄƩƷژٵژ٢%Uًואژ٣ِ
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דِ۵ژƌƨȏɫƷژȲȵƷٮǠȄưɓȽɋȵǠƌǹژǹƷɫƷǹȽژƌȄưژȵƷǹƌɋƷưژǒǹȏƨƌǹژǒȵƷƷȄǚȏɓȽƷژǒƌȽژƷȂǠȽȽǠȏȄژȲƌɋǚɬƌɲȽًژǠȄژɋǚƷژƩȏȄɋƷɱɋژȏǑژȽɋȵƷȄǒɋǚƷȄǠȄǒژɋǚƷژ
global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate poverty. Summary for
Policymakers » (Genève : GIEC, 2018), 32.
ژىU-ًژٴژhƷɲژÞȏȵǹưژ-ȄƷȵǒɲژ°ɋƌɋǠȽɋǠƩȽژٵژהאژ٢¥ƌȵǠȽًהאژ٣ِ
1.1.2.
La région dispose pourtant d’un important
potentiel d’électrification à partir des gisements
d’énergies renouvelables.
Densité
de biomasse
(en tonnes/ha)
(OHFWULFLW«VRODLUHN:KN:SLF
0.1
Sources : Alan Belward et al., « Renewable Energies in Africa - Current Knowledge » (Luxembourg : Joint Research Centre
(Commission Européenne), 2011).
Or, la majorité des pays présentant un faible taux montagneux d’Afrique de l’Ouest et les cours d’eau
d’électrification rurale se situe entre les tropiques, d’Afrique centrale regorgent de gisements hydrau-
dans la zone subsaharienne en particulier, gé- liques. L’éolien peut être exploité sur les côtes des
néreusement dotée en ressources renouvelables. zones tropicales. La diversité des sources et le
potentiel, très important, du gisement solaire sont
Si la palette des énergies porteurs d’un fort espoir. Toutefois, quelle que soit
renouvelables exploitables est large, la source, la confrontation au réel et les retours
l’énergie solaire est de loin la source d’expérience rappellent que les contraintes asso-
la plus abondante. ciées ne doivent pas être sous-estimées lorsqu’il
L’énergie solaire est abondante dans les zones s’agit d’utiliser les énergies renouvelables pour
tropicales. La biomasse est omniprésente, par- l’électrification hors réseau de sites isolés aux
ticulièrement en Afrique centrale. Les massifs faibles consommations électriques.
Modélisation des
ressources pico et mini-
hydro et localisation
géographique Densité d’énergie
éolienne en W/m2
L’hydroénergie
peut être l’option > 1 300
Gł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH
la plus économique 900
Lieux et villes peuplés
de 1 000 habitants ou
plus 600
Sources : Alan Belward et al., « Renewable Energies in Africa - Current Knowledge » (Luxembourg : Joint Research Centre
(Commission Européenne), 2011).
'HX[«ROLHQQHVGHN:FKDFXQHDVVRFL«HV
à un réseau local de distribution électrique,
alimentent la localité d’Ambondro, à l’extrême
sud de Madagascar, depuis novembre 2010.
Moins d’un an après leur mise en service, un
G«IDXWGHVHUUDJHGłXQERXORQŦ[«VXUOHPR\HX
de l’une d’entre elles a détérioré le rotor de la
machine. Encore sous garantie, les pièces ont été
remplacées par le fabricant et réinstallées par
l’installateur, qui disposait d’une base à proximité.
Un serrage convenable a évité que le phénomène
© Fondation Énergies pour le monde
Source :ژFȏȄưƌɋǠȏȄژ.ȄƷȵǒǠƷȽژȲȏɓȵژǹƷژuȏȄưƷًژȲȵȏDZƷɋ¨ژ-°Å¾Oِ
8QLW«GHJD]«LŦFDWLRQ&DPERGJH
Source : Fondation Énergies pour le Monde, projet Energie Solidarité Mékong II.
L’énergie hydraulique
Centrale
En dehors de la zone sahélienne, l’Afrique dispose
d’une très importante ressource d’énergie hy-
hydraulique
draulique : le potentiel est de l’ordre de 1 750 TWh/ d’Antetezambato
an, dont 3 % seulement sont exploités1. (Madagascar)
Si cette énergie semble être la ressource idéale
pour l’électrification de localités proches des Depuis 2002, la centrale hydraulique
cours d’eau, grâce à des coûts d’investissement d’Antetezambato, au centre de
et de fonctionnement intéressants dès que le Madagascar, fournit de l’électricité
contexte est favorable, le potentiel des sites est à 180 abonnés domestiques et
souvent très mal connu en contexte rural. Aussi, économiques grâce à un réseau couvrant
réaliser des études de faisabilité précises est-il un périmètre de 2 kilomètres de rayon. Sur
un impératif : quelles que soient la puissance, la un cours d’eau étroit, à la base d’une chute
technologie et la configuration envisagées, il faut munie d’une petite retenue, la centrale
analyser la pluviométrie de la région, l’hydrologie fournie par la société belge JLA, au génie
du fleuve2, ainsi que la géologie et les contraintes civil restreint, débite une puissance de
géométriques du site. N:3HQGDQWODS«ULRGHGł«WLDJHGH
En ce qui concerne les sites disposant de chutes, trois semaines maximum, les abonnés
de nombreuses informations sont à connaître et ont convenu de revenir aux anciennes
analyser avec soin, alors même que les contextes habitudes pour s’éclairer, sans que cela ne
locaux ne favorisent pas la précision des données pose problème. L’opérateur,
collectées. Notamment : la puissance disponible, un ancien professeur, exploite avec une
la durée de la période d’étiage (niveau d’un cours petite équipe la centrale et
d’eau à son point le plus bas), la distance aux lieux le réseau, depuis dix sept ans, sans autres
de consommation et les coûts du génie civil. Pour arrêts que ceux nécessaires
les sites proches de cours d’eau sans dénivelé à la maintenance. Le remplacement de
mais au courant rapide, les informations hydrau- la courroie, seul composant à changer
liques sont relativement aisées à obtenir ; celles régulièrement, fabriquée en Europe, doit
concernant les matériaux charriés, les baisses de faire l’objet d’anticipations.
niveau, les ancrages doivent être l’objet de la plus
grande attention.
© Fondation Energies pour le Monde
Diesel
Hydraulique
Solaire et solaire hybride
Autres
INSTALLÉS
PLANIFIÉS
0 20 40 60 80 100
Source : James Knuckles, « State of the minigrid market globally, 5th minigrid Action Learning Event and Summit »
(Washington, D.C : Banque mondiale, 2019).
$YDQWODSROLWLTXHGXJRXYHUQHPHQWUZDQGDLVFRQVLVWDLW¢ŦQDQFHUVXUIRQGVSXEOLFVGHV
projets de microcentrales hydroélectriques, en l’absence de cadre réglementaire approprié pour
des investissements privés à une plus grande échelle. Dans le cadre de ces projets, les installations
étaient livrées « clés en main », sans transfert de compétences à des coopératives publiques ou
communautaires qui en avaient la propriété. Du fait de cette politique, du manque d’expertise
WHFKQLTXHHWGHOłLQFDSDFLW«¢DSSOLTXHUGHVWDULIVGł«OHFWULFLW«UHŧ«WDQWOHVFR½WVOHVPLQLU«VHDX[
gérés par les coopératives ont rapidement échoué.
Tirant les enseignements de cet échec, le projet PSP Hydro, dont l’objectif était d’appuyer
le développement des entreprises privées rwandaises et celui des projets de microcentrales
hydroélectriques, a formé le secteur privé et appuyé les institutions nationales pour élaborer un
cadre politique et réglementaire favorable. Grâce à ces actions, il existe à ce jour au Rwanda plus
de 20 entreprises actives capables de construire et exploiter des microcentrales hydroélectriques,
dont 9 dans le seul secteur des petites centrales. La dizaine de centrales soutenues par le PSP
+\GURHVWUDFFRUG«HDXU«VHDXQDWLRQDOHWVDŦDELOLW«HVWVXS«ULHXUH¢FHOOHGHVFHQWUDOHVH[SORLW«HV
par la société nationale. La plus grande partie de l’énergie produite peut être vendue au réseau,
assurant ainsi la viabilité des centrales. Ce résultat a été obtenu avec seulement 3,4 millions
d’euros provenant des bailleurs de fonds, qui
ont mobilisé environ 2,8 millions d’euros de
ŦQDQFHPHQWVSULY«VGHVRXUFHVORFDOHVHW
internationales.
Rhyvière I et II
Avec un taux d’accès à l’électricité d’environ 17 %, Madagascar est l’un des pays les moins
«OHFWULŦ«VGXFRQWLQHQWDIULFDLQGHVDSRSXODWLRQHVWWRXFK«HSDUOłH[WU¬PHSDXYUHW«SOXV
particulièrement en milieu rural, où le taux d’accès à l’électricité est de 11% seulement. C’est dans ce
contexte que s’est mis en place le projet Rhyvière I (Réseaux hydroélectriques villageois et protection
GHOłHQYLURQQHPHQWGH¢ŦQDQF«SDUOł$JHQFHGHG«YHORSSHPHQWGHOł«OHFWULŦFDWLRQ
rurale (ADER) malgache et l’Union européenne. Ce projet, mené par le Gret en partenariat avec
(QHUJ\$VVLVWDQFHYLVDLWOł«OHFWULŦFDWLRQGHIDPLOOHVGHFRPPXQHVUXUDOHVDXIRUWSRWHQWLHO
agricole, via la mise en place de centrales hydroélectriques rurales en collaboration avec les acteurs
publics et privés, locaux et nationaux.
S’appuyant sur cette expérience, le projet Rhyvière II (2014 à 2019), réalisé en partenariat avec la
CITE, ENEA CONSULTING et l’IRD, a permis d’effectuer un changement d’échelle. Des centrales
hydroélectriques de plus grande envergure ont été installées et la méthode générale d’intervention
a été renforcée sur les 3 derniers volets, sur les 4 qu’elle comporte :
b(QHUJLHFRQVWUXLUHHWS«UHQQLVHUOHVFHQWUDOHVK\GUR«OHFWULTXHVHWOHVVROXWLRQVG«FHQWUDOLV«HVDLQVL
que le service d’électricité dans ce secteur peu rentable ;
b(QYLURQQHPHQWSURW«JHUOHVEDVVLQVYHUVDQWVHWODUHVVRXUFHHQHDXGHVGRPPDJHV
environnementaux (ex : déforestation) ; son altération en qualité et en quantité entraverait en effet
le fonctionnement des centrales ;
b6RFLR«FRQRPLTXHIRUPHUODSRSXODWLRQHWOHVSHWLWHVHQWUHSULVHVDX[RSSRUWXQLW«V«FRQRPLTXHV
liées à l’électricité et favoriser le développement économique des sites ;
b*RXYHUQDQFHLPSOLTXHUOHVDXWRULW«VORFDOHVGDQVOHVFK«PDGHPD°WULVHGłRXYUDJHHQFRXUDJHU
ODIRUPDWLRQGłDVVRFLDWLRQVGłXVDJHUVVłDVVXUHUTXHOHVHUYLFH«OHFWULTXHLQVWDOO«E«Q«ŦFLHELHQ¢
l’ensemble de la population.
(QŦQOHVU«VXOWDWVGHVWUDYDX[GHVXLYL«YDOXDWLRQHWGHFDSLWDOLVDWLRQRQWIRXUQLGHVU«I«UHQFHV
SRXUODSROLWLTXHQDWLRQDOHGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHHWGHVUHFRPPDQGDWLRQVSRXUOHVIXWXUVSURMHWV
(actualisations plus régulières du plan d’affaire,
amélioration du suivi des délégataires et
V«FXULVDWLRQGHOHXUVŦQDQFHPHQWVH[LJHQFHGH
norme de construction etc.), notamment pour
FRUULJHUOHVSRLQWVGHIDLEOHVVHLGHQWLŦ«VFKH]
chacun des intervenants.
© GRET
Petit éolien
Solaire photovoltaique
%LODQGHVVRXUFHVGł«QHUJLHDGDSW«HV¢Oł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHKRUVU«VHDX
Jatropha ÉCO
LE
Atouts Limites
Intermittence journalière
Gisement connu précisément 9DULDWLRQVVDLVRQQLªUHVSDUIRLVVLJQLŦFDWLYHV
(hivernage)
1.2.
L’électrification formelle est
d’abord urbaine et centralisée.
La faiblesse des taux d’électrification rurale des pays
subsahariens reflète essentiellement le fait que les populations
rurales de la zone n’ont pas accès au réseau électrique.
Comment s’explique cette absence de raccordement ?
1.2.1.
Au niveau institutionnel, la priorité est donnée
aux zones urbaines et périurbaines, par défaut.
Dans les pays d’Afrique subsaharienne, opérateurs privés injectent dans le réseau public
l’électrification formelle repose d’abord sur et vendent l’électricité qu’ils produisent.
des opérateurs publics et l’électrification dite
« centralisée », se déployant autour d’un ré- La priorité donnée au réseau par les
seau national. Connaissant des difficultés sociétés nationales d’électricité est
chroniques pour gérer et entretenir ce réseau plus qu’une priorité : une exclusivité.
concentré sur les zones à forte densité de pop- Compte tenu de l’immensité de la tâche et dans
ulation, ces sociétés nationales ne sont pas en une logique de gestion rationnelle des fonds
capacité de participer de manière significative publics, les gouvernements des pays afric-
à l’électrification rurale. ains ont donné, avec le soutien des bailleurs de
fonds, la priorité à l’électrification centralisée,
L’électrification des pays d’abord celle des grandes villes, puis celle des
subsahariens repose historiquement villes secondaires par extension du réseau et par
sur les sociétés nationales. interconnexion.
Après les indépendances, prenant exemple La priorité donnée au réseau est justifiée par
sur la situation des secteurs électriques eu- l’argument économique.
ropéens des années 60-70 (présentant des L’expérience acquise par de nombreux pays en
taux d’électrification proches de 100 %), atteste, l’électrification centralisée est un choix
l’électrification des pays africains s’est fondée rationnel : la densité plus forte de consommateurs
sur des opérateurs et des financements publics. potentiels en milieu urbain et les besoins associés
Des sociétés nationales ont pris en charge la aux activités économiques permettent des écon-
gestion du service public de l’électricité (produc- omies d’échelle (cf. chapitre 2.1.2.). La priorité ac-
tion, transport et distribution). Après une vague cordée aux zones urbaines et à l’extension de ré-
de privatisations encouragée par les institutions seau est logique.
internationales, notamment la Banque mondiale, Elle a d’ailleurs été soutenue par les bailleurs de
dans les années 90, de nombreuses sociétés ont fonds, comme le montrent par exemple les fi-
été renationalisées ; la plupart de ces sociétés nancements alloués à l’électrification rurale par
sont ainsi encore détenues majoritairement par l’Agence française de développement (AFD - cf.
des entités publiques. chapitre 2.3.2.)1.
Capitaux
Principales Date de
Pays Nom société publics
fonctions création
(%)
En réalité, la limitation des zones de Elles subissent également des pertes commer-
desserte traduit surtout la situation ciales dues aux difficultés de recouvrement au-
financière et technique dégradée près des usagers et aux nombreux raccorde-
des sociétés nationales d’électricité. ments frauduleux.
Ces sociétés sont d’abord pénalisées par la S’y ajoutent enfin des modes de gouvernance
faiblesse des consommations électriques des souvent inadaptés, des modalités de gestion
usagers, environ quarante fois inférieures aux et d’innovation technologique déficientes et
moyennes européennes (cf. schéma), et par le des tarifs régulés subventionnés très inférieurs
coût élevé d’approvisionnement en combustibles aux coûts réels, qui ne leur permettent ni d’être
fossiles des centrales thermiques de production. rentables ni d’investir. Ce manque de capa-
Par ailleurs, elles connaissent des niveaux anorma- cité d’investissement affecte nécessairement
lement élevés de pertes techniques dues à des in- la qualité de service. Les sociétés nationales
stallations de production et des réseaux de trans- d’électricité sont pour la grande majorité « sous
port souvent vieillissants. Ces pertes représentent perfusion » de leur gouvernement et des bailleurs
plus de 15 % de la production dans de nombreux de fonds pour couvrir les pertes d’exploitation.
pays d’Afrique subsaharienne, contre 5 à 7 % en
Europe, en Amérique du Nord ou en Chine.
Les coupures, ou délestages, sont fréquentes. En- 1. « Infrastructures », Banque Mondiale, 2019, https://www.enterprisesurveys.
tre 2010 et 2017, les mesures réalisées par la Banque org/data/exploretopics/infrastructure . Cité par Rebecca Martin, «
Afrique subsaharienne : des matières premières, des hommes… mais
mondiale font état de plus de huit coupures par mois, pas d’électricité », The Conversation, 2018, https://theconversation.com/
afrique-subsaharienne-des-matieres-premieres-des-hommes-mais-pas-
d’une durée moyenne de près de six heures1. delectricite-107478 .
Consommation d’électricité
% de la
production
40
35
30
25
20
15
10
0
90
00
10
11
12
13
14
20
20
20
20
20
19
20
Source : AIE, 2018, « Statistiques sur l’énergie et balances des pays non membres de l’OCDE », et « Statistiques sur l’énergie des pays
membres de l’OCDE et annuaire statistique sur l’énergie de l’ONU », https://www.iea.org/statistics/?country=WORLD&year=2016&cate
gory=Energy%20supply&indicator=TPESbySource&mode=chart&dataTable=BALANCES.
Aussi, les sociétés nationales se limitent-elles Certes, la mise en place d’interconnexions région-
à la distribution électrique des capitales et des ales, en Afrique de l’Ouest et centrale, améliore la
grandes villes, d’où une évolution plus rapide des situation. Mais l’augmentation de consommation
Source : Banque mondiale, « Africa’s Pulse : une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique »
(Washington, D.C, 2018).
1. Joern Huenteler, et al., « Cost Recovery and Financial Viability of the Power Sector in Developing Countries » (Banque mondiale, 2017).
2. Trimble, et al., (2016).
500 50
USAGERS USAGERS
1 000 10
kWh/JOUR kWh/JOUR
(Q$IULTXHGHOł2XHVWOHVWDX[Gł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH«YROXHQWSOXVOHQWHPHQW
TXHFHX[Gł«OHFWULŦFDWLRQXUEDLQH
100 %
80 %
60 %
40 %
20 %
0%
0
6
0
1
20
20
20
20
20
20
20
20
20
Sources : « Base de données Sustainable Energy for All (SE4ALL) dérivée du SE4ALL Global Tracking Framework », Banque mondiale,
AIE et ESMAP, https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/.
1.2.2.
L’électrification rurale, affichée comme un objectif,
souffre du manque de moyens et de volonté.
L’électrification rurale n’est pas oubliée des (concession), ou encore, via la privatisation des
politiques. Mais les initiatives pour réduire sociétés publiques (cession à des entreprises lo-
la fracture entre zones urbaines et rurales cales ou, plus souvent, étrangères).
présentent des points de faiblesse signi-
ficatifs : les expérimentations conduites Depuis, malgré de nombreuses renationalisa-
sous l’impulsion des bailleurs institutionnels tions dans les années 2000, les Etats africains
manquent de cohérence, et les stratégies ont modifié leur perception de l’intérêt national.
nationales peinent à être effectivement mises Délaissé par les bailleurs de fonds institution-
en œuvre. nels, recherchant à la fois une meilleure efficacité
(rentabilité des capitaux investis) et de nouveaux
La coopération internationale cadres institutionnels (meilleures garanties), le
a surtout favorisé une mécanique secteur électrique s’est, comme d’autres, pro-
d’expérimentations aux effets gressivement ouvert aux acteurs privés.
limités.
Dans les pays d’Afrique subsaharienne, le mouve- Diversifiant leurs champs
ment des grands investissements publics pour d’intervention, les coopérations
l’électrification centralisée s’est essoufflé dans les institutionnelles et les bailleurs
années 80, compte tenu de l’ampleur des fonds de fonds ont fait de l’électrification
nécessaires pour pallier la précarité financière des rurale un thème prioritaire.
sociétés nationales d’électricité, mais aussi des Auxiliaire fondamental dans la lutte contre la
contraintes imposées par la mise en œuvre des pauvreté, l’objectif majeur de la coopération in-
ajustements structurels pour la sortie de la dette. ternationale, « l’accès à l’électricité en milieu ru-
Les vagues de réformes et de privatisations ral » bénéficie d’une attention accrue de la com-
ont organisé le démantèlement progressif des munauté internationale. Les institutions finan-
monopoles sous diverses formes juridiques cières ont été encouragées à s’impliquer dans
et contractuelles (cf. schéma). Selon les pays, ce secteur, notamment suite au Sommet mondial
le rôle du secteur privé va de celui de presta- sur le développement durable de Johannesburg
taire contractuel auprès des sociétés publiques en 2002. L’initiative prise lors du sommet par
d’électrification (fourniture, génie civil, assistance l’Union européenne1 de mettre en place la Facilité
technique, etc.) à celui d’opérateur d’électrification ACP-CE pour l’énergie en est un exemple : la pre-
rémunéré par les usagers. Ces opérateurs inter- mière de ses trois composantes vise justement
viennent dans le cadre de contrats de gestion l’amélioration des services énergétiques dans les
privée des actifs publics (affermage), ou de con- zones rurales.
trats de développement des infrastructures et
services d’électrification sur un territoire délimité 1. Initiative européenne pour l’énergie.
Concession
Contrat de fournitures
« construire exploiter
et/ou de génie civil
transférer »
Contrat
100 % privé
de gestion
,QVWUXPHQWV%,(HQOLHQDYHFOHVLQVWLWXWLRQVHXURS«HQQHVGHŦQDQFHPHQW
du développement (EDFI) :
ʼn,QWHUDFW&OLPDWH&KDQJH)DFLOLW\
ʼn(XURSHDQ)LQDQFLQJ3DUWQHUV()3
ʼn0«FDQLVPHGłDSSXL8(('),SRXUOHG«YHORSSHPHQWGXVHFWHXUSULY«
ʼn)RQGVGłLQYHVWLVVHPHQWSRXUODPLFURŦQDQFHHWOłLQYHVWLVVHPHQWGłLPSDFW
(impact investing)
Tableau adapté du document ECDPM de Sebastian Grosse-Puppendahl, San Bilal et Karim Karaki « EU’s Financial Instruments
for Access to Energy. Support in remote and poor areas in Africa » (Maastricht : European Centre for Development Policy
Management, 2017).
Un foisonnement d’initiatives Force est de constater que la plupart des pays n’ont
ponctuelles et disséminées, toutes pas su, ou pas voulu, mettre en place une contre-
différentes dans leurs modalités partie institutionnelle assez forte pour imposer des
organisationnelles, techniques règles du jeu à tous les intervenants (consomma-
et tarifaires, a vu le jour. teurs, investisseurs, opérateurs, collectivités terri-
Les financeurs ont soutenu une large palette toriales et agents de développement).
de solutions d’électrification (détaillées en Face à l’augmentation des aides externes dans un
partie 3), et notamment d’électrification indi- secteur jusqu’ici peu soutenu, les pouvoirs pub-
viduelle, inspirées par une approche libérale* de lics des pays bénéficiaires ont du mal à maintenir
l’électrification (cf. chapitre 2.4.1.), c’est-à-dire un cap politique ferme.
centrée sur la fourniture directe d’un bien ou d’un
service par un opérateur privé à un consomma- L’opérationnalisation des stratégies
teur (cf. chapitres 3.2.1. et 3.2.2.). et des planifications nationales
Des solutions très diverses ont pu être ainsi dé- d’électrification rurale s’avère
ployées au sein d’un même pays, parfois au sein difficile.
d’une même région, selon des logiques com- Aujourd’hui, la très grande majorité des pays sub-
merciales et tarifaires variables : fourniture sahariens ont mis en place un cadre institutionnel
d’équipements ou de services, subventionnés ou du secteur électrique.
non, accessibles via des institutions de micro- Dans la double perspective de libéralisation du
crédit ou proposés à la vente par des start-up… secteur électrique et de lutte contre la pauvreté,
Ce n’est pas tant l’existence d’une large palette de les bailleurs de fonds, telle la Banque mondiale,
solutions qui pose problème, que l’absence de vi- ont encouragé les Etats à structurer un cadre :
sion d’ensemble. çGP ETªCPV FGWZ V[RGU FàQTICPKUOGU KPFªRGP-
dants de la société nationale d’électricité : une
Non coordonnées, ces commission de régulation du secteur élec-
expérimentations ont mis en lumière trique (qui définit précisément les cadres et li-
les limites de la volonté politique et des mites d’intervention des acteurs publics et
moyens mobilisés pour l’électrification privés) et une agence d’électrification rurale
rurale. dédiée qui gère l’organisation ;
Quoique très riche et dynamique, cette çGP UG FQVCPV FG stratégies nationales
effervescence de projets n’a pas bénéficié de d’électrification rurale.
l’encadrement structuré et coordonné qui au-
rait permis d’en tirer un bilan constructif pour Mais les politiques nationales d’électrification ru-
l’avenir. Ces multiples expérimentations, souvent rale, souvent définies en seule réponse aux at-
sans lendemain durable, ont en effet été pour la tentes de la communauté internationale, présen-
plupart conduites dans un espace rural quasi tent des faiblesses structurelles qui font obstacle
vierge de tout acteur opérationnel expérimenté à leur mise en œuvre efficace.
(hormis quelques ONG) et de toute régulation,
sans réflexion méthodologique ni organisation-
nelle préalable, ni, surtout, souci de cohérence
territoriale.
Des manifestations contre les delestages dans la ville de Tanout, au Niger en 2018
Abdou Fall, ancien ministre d’Etat, président du Conseil patronal des énergies renouvelables
du Sénégal (COPERES)
En France, quelques ONG ont développé une expertise dans l’accès aux services énergétiques.
$XJU«GHVŦQDQFHPHQWVDOORX«VSDUOHVEDLOOHXUVGHIRQGVHOOHVRQWFKDFXQHFRQVROLG«OHXUV
méthodes d’intervention.
Electriciens sans frontières, créée en 1986 sous l’impulsion de salariés d’EDF, s’est donné pour
mission de lutter contre les inégalités d’accès à l’électricité et à l’eau dans le monde. Avec
le soutien de plus de 1 000 bénévoles et en partenariat avec des acteurs locaux, l’ONG mène
des interventions d’urgence et de post-urgence pour aider les populations sinistrées lors de
catastrophes humanitaires. Elle mène également des projets de développement pour mettre
à disposition une énergie propre, sûre et peu chère dans les zones rurales isolées, pour aider
à éradiquer la pauvreté, à améliorer l’éducation, les conditions sanitaires, le développement
économique et la sécurité alimentaire.
Créée en 1990, la Fondation Energies pour le monde (Fondem) promeut et développe l’accès
¢Oł«OHFWULFLW«SDUOHV«QHUJLHVUHQRXYHODEOHVDŦQGłDP«OLRUHUOHVFRQGLWLRQVGHYLHHWOHVUHYHQXV
des populations rurales. Elle a notamment développé une expertise dans les miniréseaux et
l’accompagnement des usages productifs de l’électricité. Elle concentre l’essentiel de son action
là où les besoins sont les plus forts, en Afrique subsaharienne, en collaboration étroite avec ses
partenaires locaux (populations et associations locales, collectivités, institutions…).
1.3.
En conséquence,
l’électrification rurale reste
en grande partie informelle.
Aujourd’hui, pour les populations rurales subsahariennes, l’accès à
une électricité de qualité, distribuée par le réseau et accessible à
tous tient davantage du concept que de la réalité. Dans le même
temps, leurs attentes évoluent rapidement, sous l’influence des
technologies et des politiques développées au Nord (1.3.1.).
Lecture à la lumière d’une lampe issue d’un kit solaire, Burkina Faso, 2016.
1.3.1.
L’offre et la demande d’électrification rurale
sont bouleversées par plusieurs innovations.
Les attentes des populations rurales évoluent permis d’incontestables gains économiques et
rapidement, sous l’effet de plusieurs révolu- environnementaux ;
tions en provenance des pays industrialisés, çNGU RQNKVKSWGU ªPGTIªVKSWGU DCU ECTDQPG FGU
qui, en leur apportant des solutions techno- RC[U FW 0QTF KPFWKUGPV NC FªOQETCVKUCVKQP
logiques nouvelles, accroissent leurs besoins technique et économique des systèmes à
en électricité : source d’énergie renouvelable : jusqu’alors
complexes et onéreuses même associées à des
çNG FªRNQKGOGPV OCUUKH FG NC VªNªRJQPKG OQDKNG récepteurs simples, les solutions techniques
GV FàWPG M[TKGNNG FàCRRNKECVKQPU FªTKXªGU ETªG NC de production d’électricité dites « hors réseau »
demande : facilitant l’information, les échanges et ou « décentralisées » peuvent être réinventées
les transactions, adoptée très rapidement partout (cf. chapitre 2.3.) ; les systèmes par EnR sont
dans le monde, y compris dans les pays les plus pau- désormais en tête des capacités nouvelles de
vres, l’utilisation de cet ensemble numérique com- production d’électricité installées chaque année.
municant reconfigure en profondeur le tissu socio- En 2018, environ 100 MW de capacités renouve-
économique africain, y compris en zone rurale ; lables ont été installées en Afrique, dont 88 % de
çla technologie LED (light-emitting diode) offre systèmes utilisant l’énergie solaire1.
WPG TªRQPUG PQWXGNNG CW DGUQKP FàªENCKTCIG
alliant lumière de qualité, très faible consomma- Dans cette situation où la demande d’électricité
tion et longue durée de vie, elle s’est démocra- rurale croît sous l’effet des nouveaux usages, et
tisée à l’échelle mondiale (cf. encadré) et a en particulier la téléphonie mobile, les populations
et les acteurs économiques sont naturellement
amenés à rechercher des solutions alternatives
au réseau national qui n’arrive pas jusqu’à eux.
1.3.2.
Dans cet environnement en réinvention,
l’électricité pénètre dans les foyers ruraux le plus
souvent de manière informelle et hétéroclite.
Eclairage domestique, recharge des téléphones, Au sein du foyer, réduire l’usage des combus-
alimentation électrique des activités produc- tibles traditionnels (pétrole, huile, bougies, bois)
tives… Pour leurs besoins individuels ou collectifs, améliore la qualité de l’air1 et les conditions de vie
les populations rurales non desservies par le ré- domestiques, en plus de dispenser une lumière
seau s’approvisionnent spontanément en servi- plus performante2 et plus homogène pour les ac-
ces électriques de formes et de qualités diverses. tivités nocturnes.
1. En 2017, selon MKOPA, ses 500 000 clients économisaient plus de 60 millions
d’heures d’éclairage à la lampe au kérosène chaque mois, soit plus de 300
millions de dollars sur quatre ans – Source : Séverine Leboucher, « Le pay-as-
you-go sur les terres du microcrédit », Revue Banque, n°811 (2017). Les piles usagées jetées dans la nature polluent les sols.
% de la
population
70 %
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
10
11
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(p
Source : GSMA, « Économie mobile : l’Afrique de l’Ouest 2018 » (Londres, 2018), et « Économie mobile : l’Afrique de l’Ouest 2019 ».
(Londres, 2019).
Pour satisfaire leurs différents Recharger son téléphone est ainsi devenu,
besoins domestiques et devant l’éclairage, le principal vecteur du proces-
économiques, les individus sus d’électrification, et un marché porteur pour
recourent à une mosaïque des solutions électriques individuelles. D’autant
de solutions. que le téléphone est également, pour nombre de
Le déploiement du numérique et des réseaux de ses utilisateurs subsahariens, un outil de transac-
télécommunication hertziens est un événement tions financières avec l’arrivée du Mobile Money
majeur en Afrique subsaharienne : c’est la région (cf. encadré).
du monde où la téléphonie mobile a crû le plus
rapidement ces dernières années (cf. graphe).
La baisse des coûts1 aidant, près de 500 millions
de personnes, soit un habitant sur deux, dispo- 1. Selon la GSM Association, pour un même équipement, les coûts ont diminué
de -56 % entre 2012 et 2017 sur 27 pays observés. GSM Association,
sent en 2018 d’un abonnement de téléphonie mo- « Économie mobile : l’Afrique de l’Ouest 2018 » (Londres, 2018). La GSM
Association représentant près de 800 opérateurs et constructeurs de
bile, selon la GSM Association (GSMA). téléphonie mobile à travers 220 pays du monde.
Puissance
et énergie
La puissancePHVXU«HHQZDWWV:
est une notion instantanée : c’est
ce qui est produit ou consommé
à un instant donné. 1 watt = 1 joule
par seconde.
.RXUDPDQJXLHVWHOOH«OHFWULŦ«H"
Instantané de la situation électrique à Kouramangui, localité
VHFRQGDLUHGH0R\HQQH*XLQ«HG\QDPLTXHQRQ«OHFWULŦ«H
[ Partie 1 ]
Conclusion
En observant ces nouvelles habitudes énergétiques,
il devient aujourd’hui difficile de conclure de manière certaine
à l’électrification effective d’une localité rurale africaine :
les frontières entre territoire « électrifié » et territoire « non
électrifié » sont devenues floues. Un vaste marché de vente de
services électriques très divers est né de la conjugaison de deux
facteurs : la vulgarisation rapide des équipements de production
photovoltaïque et des récepteurs à haute performance, d’une
part, et la demande croissante des zones rurales, lassées
d’attendre un hypothétique raccordement au réseau, d’autre part.
Info
Retour de terrain
'«ŦQLWLRQ
Chronologie
Chiffres-clés
L’accélération de
l’électrification rurale
peut s’appuyer sur les
solutions décentralisées,
grâce aux innovations
et aux leçons de
l’expérience.
Introduction
Souffrant d’une fracture énergétique qui semble irréductible
sans des moyens radicalement accrus, dotée de gisements
d’énergies renouvelables, notamment solaires, favorables,
l’Afrique subsaharienne a été le terrain de nombreux projets
d’accès à l’électricité hors réseau, rassemblés sous la bannière
« électrification rurale décentralisée » (ERD).
2.1.
Dans sa définition comme dans
ses objectifs, l’électrification
rurale décentralisée comporte
plusieurs dimensions :
territoriale, économique
et humaine.
L’« ERD » n’est pas, contrairement à ce que l’utilisation d’un
acronyme pourrait laisser croire, une notion froide, purement
technique et strictement définie. Sa « dissection » terminologique
ouvre plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Malgré cela, elle est construite sur un socle ferme de principes
liés à l’esprit pionnier, expérimental et humaniste des premiers
projets : le respect du territoire, la compréhension des besoins
des populations, la recherche d’équité (2.1.1.).
2.1.1.
Qu’entend-on par « électrification rurale
décentralisée » ?
Il n’existe pas de définition unanime et offi- çNàCEE©U CW UGTXKEG GUV RGTOCPGPV GV PQP
cielle de cette expression, essentiellement ponctuel ;
utilisée par ses praticiens. Elle tend par ail- çNG UGTXKEG EQWXTG NàGPUGODNG FGU DGUQKPU FG
leurs à être progressivement remplacée par OCPK©TG ªXQNWVKXG, en accompagnant les trans-
celles d’« accès à l’électricité hors réseau », formations des usages dans le temps.
transposition d’une terminologie de tradition Aujourd’hui, ce double critère relève davantage de la
anglophone. Cette dernière témoigne d’une cible que de l’existant. Derrière cette apparente sim-
autre manière de poser le sujet, en distinguant plicité, se cachent des questions plus complexes.
le « connecté au réseau » (grid connected) et le Comme on l’a vu, il est parfois difficile d’affirmer qu’un
« hors-réseau » (off-grid). L’ERD est une moda- territoire est ou non électrifié. La diversité des solu-
lité de « l’accès à l’électricité » : pas d’accès uni- tions et la multiplicité des niveaux de service corres-
versel à l’électricité en milieu rural sans recours pondants (cf. chapitre 1.3.) déjouent toute tentative
aux solutions décentralisées d’électrification. de définition simple et unitaire de l’électrification
Les paragraphes suivants proposent, en analy- dans les zones rurales.
sant tour à tour chacun des trois termes qui
composent l’expression « électrification rurale Peut-on dire d’un territoire qu’il est
décentralisée », d’en restituer les différentes « électrifié » si tous les usages ne sont
dimensions et les concepts sous-jacents. pas couverts, ou pas de manière fiable ?
Si on considère qu’il n’y a pas d’électrification
Quand peut-on dire d’un territoire lorsque le service ne répond pas à tous les besoins
qu’il est électrifié ? sur un territoire donné, alors peu de solutions – si
On considère communément qu’électrifier, c’est ce n’est aucune – peuvent entrer dans le champ
doter un espace d’un accès durable à l’électricité de l’ERD. La restriction en quantité d’énergie d’un
pour divers usages, domestiques, mais aussi col- système solaire individuel (cf. chapitre 3.2.), par
lectifs ou économiques (cf. tableau). exemple, le disqualifie immédiatement, contraire-
ment à un miniréseau permettant de brancher li-
L‘électrification désignerait donc d’abord le pro- brement tout type d’appareil (cf. chapitre 3.5.).
cessus par lequel on dote de manière pérenne un De même que le réseau national, qui, avec ses
territoire d’une électricité accessible à l’ensemble fréquents délestages, ne remplit pas nécessaire-
des activités humaines qu’il accueille. Cette dé- ment le critère de qualité de service.
finition serait en tout cas cohérente avec l’idée d’un Le champ « pratique » de l’ERD ne peut donc exclure
accès universel à l’électricité. les solutions proposant une couverture partielle
Dans ce cas, l’expression « ERD » est assortie d’un des besoins, quand bien même son objectif reste
double objectif de durabilité et d’utilité du service l’universalité des usages.
d’électricité :
Peut-on dire d’un territoire qu’il est l’ERD, dans les pays du Sud comme avant eux dans
« électrifié » si tous ses habitants n’ont ceux du Nord1, visent le développement d’une ré-
pas accès à des services électriques ? gion et cherchent à améliorer les conditions de vie
L’électrification partielle d’un espace au bénéfice de ses habitants. Autrement dit, l’ERD consiste
des seuls habitants capables de payer le service, OQKPU¡ªNGEVTKăGTWPVGTTKVQKTGSWàWPGEQOOW-
laissant de côté les foyers les plus vulnérables, PCWVª JWOCKPGa UK QP ªNGEVTKăG EàGUV RQWT CR-
entre-t-elle dans le champ de ce qu’on appelle porter un service essentiel. C’est cette attention
l’« ERD » ? Derrière cette question de l’accessibilité primordiale portée aux personnes, à leurs activités
du service, s’en cache une autre : l’ERD comporte-t- et à leurs organisations collectives qui fonde histo-
elle une dimension sociale ? riquement l’ERD, au Nord comme au Sud. C’est pour
cela que l’usage de l’électricité occupe une place
Portée initialement par des pionniers du déve- centrale dans le raisonnement de ses praticiens.
loppement durable, l’ERD n’est pas seulement
un « secteur » économique ou un « marché » : Cette approche, qui repose sur la conviction qu’il y a
c’est d’abord un mouvement. Selon sa perspec- un « droit universel à l’électricité », se trouve renforcée
tive, électrifier n’est pas seulement apporter une par le recours aux énergies renouvelables : l’énergie
solution énergétique dans un espace donné, et renouvelable, offerte à tous sans distinction par la
l’électrification ne peut être réduite à un processus. nature, acquiert encore plus logiquement le carac-
L’ERD renvoie à une conception particulière du tère de « bien commun ». Un bien dont la jouissance
développement humain, qui ne peut se contenter de peut et doit être garantie à tous sans restrictions.
la dimension technique de l’apport d’un service élec- Néanmoins, la nécessaire conversion de l’énergie
trique à un territoire.
La plupart des projets menés sous la bannière de
1. Sur l’histoire de l’ERD française et américaine, voir chapitre 2.2.
RCTVKGNNGOGPVNàGPUGODNGFGUWUCIGUUWTNGVGT-
mb(OHFWULŦHUGXUDEOHPHQWXQWHUULWRLUH ritoire considéré.
FłHVW«WDEOLUGDQVODGXU«HXQVHUYLFH
«OHFWULTXHPDUFKDQGPXOWLXVDJHSRXU Dès lors, que recouvre exactement
GHVXVDJHUVSOXULHOVHWGLVSHUV«VGDQV un « taux d’électrification » ?
XQHVSDFHSOXVRXPRLQVU«JXO«b} Etant donné la dispersion et la variété des solutions
d’électrification rencontrées dans les zones rura-
Christian de Gromard, référent énergie, les des pays en développement, il est difficile de
Agence française du développement. distinguer de manière certaine celles qui seraient
« électrifiées » de celles qui ne le sont pas. Bien que
certains pays, comme l’Inde, aient tenté de définir
selon des critères normatifs ce qu’est un territoire
en électricité fait d’emblée entrer cette dernière « électrifié », les chiffres et les indicateurs relatifs
dans un univers différent. En effet, de même que la au « taux d’électrification » doivent être considérés
potabilisation de l’eau, la conversion de l’énergie en avec prudence. Ce taux ne fait en effet souvent
électricité induit un traitement et des équipements aucune distinction entre les différents niveaux de
(de production, de transport, de distribution, de service proposés par les systèmes de production
stockage, de régulation…) qui ont un coût. Dès lors, et de distribution de l’électricité disponibles sur le
on peut considérer que l’électricité perd sa qualité territoire considéré (cf. encadré).
de « bien commun » pour devenir un « service ».
De là, surgissent d’autres questions. Ce « service »
est-il nécessairement « marchand » ? Si c’est le cas,
doit-il être laissé hors du champ de la profitabilité
pour lui conserver son caractère de service essen- 7DX[GłDFFªV¢
tiel, accessible à tous ? Ecole française intervention- l’électricité en
niste et tradition libérale anglo-saxonne proposent PLOLHXUXUDOb
des argumentations différentes.
un taux variable…
Le débat sur la nature de bien commun ou de service /HVSURWRFROHVXWLOLV«VSRXUG«ŦQLUOłDFFªV
marchand de l’électricité, et sur la légitimité de confi- à l’électricité varient.
er l’accès à ce service essentiel à un opérateur privé, 'DQVFHUWDLQVFDVOHUDFFRUGHPHQWDX
n’est pas l’objet du présent ouvrage. Ce que l’on ob- U«VHDXGłXQVHXOP«QDJHGDQVXQYLOODJH
serve en pratique aujourd’hui, c’est que les services VXIŦW¢FRQVLG«UHUTXHOłHQVHPEOHGX
proposés aux communautés rurales relèvent des YLOODJHHVW«OHFWULŦ«'DQVGłDXWUHVOłDFFªV
deux logiques, interventionniste ou libérale (cf. cha- HVWG«ŦQLSDUOłH[LVWHQFHGHUDFFRUGHPHQWV
pitre 2.4.2.), et qu’il ne faut exclure aucun d’eux pour SK\VLTXHVP¬PHVLDXFXQH«OHFWULFLW«Qł\
rendre compte de la réalité de l’ERD (cf. partie 3). FLUFXOHU«HOOHPHQW
Sans pour autant occulter l’universalité du service
6RXUFHb Banque mondiale, « Africa’s Pulse : une
comme objectif essentiel vers lequel tend l’ERD, cet analyse des enjeux façonnant l’avenir économique
ouvrage propose de faire entrer dans son champ de l’Afrique » (Washington, D.C, 2018).
7DX[Gł«OHFWULŦFDWLRQXUEDLQHb
XQP¬PHPDQTXHGHŦDELOLW«
4XRLTXłLOVŁDJLVVHGł«OHFWULŦFDWLRQXUEDLQHHWQRQUXUDOHOłH[HPSOHVXLYDQWSURSRV«SDU
XQHFKHUFKHXVHGHOł,QVWLWXWIUDQ©DLVGHVUHODWLRQVLQWHUQDWLRQDOHV,)5,LOOXVWUHFRPELHQ
l’évaluation quantitative et qualitative d’un service électrique, même dans une zone où les
VWDWLVWLTXHVVRQWWK«RULTXHPHQWSOXVVLPSOHV¢U«DOLVHUFDSLWDOHQDWLRQDOHTXHVXUXQWHUULWRLUH
GLIŦFLOHGłDFFªVHVWXQHJDJHXUH
mb/HWDX[Gł«OHFWULŦFDWLRQWHOTXHFDOFXO«¢OłKHXUHDFWXHOOHVHORQOHQRPEUHGłLQWHUFRQQH[LRQV
GXU«VHDXQHGRQQHTXłXQHYLVLRQODFXQDLUHGHODVLWXDWLRQ/HVSUREOªPHVGHPDLQWHQDQFH
FRXSO«VDX[FRQQH[LRQVLOO«JDOHV¢XQHPDXYDLVHJHVWLRQGHODGHPDQGHRX¢GHVUXSWXUHVGH
FRPEXVWLEOHQHVRQWHQHIIHWSDVSULVHQFRPSWH
$LQVLOł218DU«Y«O«TXHGDQVODYLOOHGH.LQVKDVDR»OHWDX[Gł«OHFWULŦFDWLRQFDOFXO«VHORQOHV
P«WKRGHVFODVVLTXHVDWWHLQWbODVLWXDWLRQHVWHQU«DOLW«EHDXFRXSSOXVFRPSOH[H$LQVLb
GHODSRSXODWLRQSURŦWHGHOł«OHFWULFLW«PRLQVGHKXLWKHXUHVSDUMRXUHWbGHODYLOOHQłDDFFªV
TXł¢GHODWUªVEDVVHWHQVLRQb}
6RXUFHb Gabrielle Desarnaud, « L’électrification rurale en Afrique : comment déployer des solutions décentralisées ? »
(Paris : IFRI, 2017).
© Remy Delacloche
([HPSOHVGHFULWªUHVGLVWLQJXDQWXUEDLQHWUXUDO
pour quelques pays d’Afrique subsaharienne
6RXYHQWG«ŦQLHVFRPPHOłDEVHQFHGH]RQHVXUEDLQHVOHV]RQHVUXUDOHVVRQWGRQF
de facto une catégorie résiduelle. /HVG«ŦQLWLRQVXWLOLV«HVSDUOHVLQVWLWXWVGHVWDWLVWLTXHVYDULHQW
GłXQSD\V¢OłDXWUHFHUWDLQVFRQVLG«UDQWXQVHXOFULWªUHbGHVSD\VGłDXWUHVSOXVLHXUV
bSRXUG«ŦQLUOHV]RQHVXUEDLQHVUHŧ«WDQWOHVGLII«UHQWHVU«DOLW«VJ«RJUDSKLTXHVHW
VRFLR«FRQRPLTXHV
%«QLQbXQH]RQHXUEDLQHHVWG«ŦQLHFRPPHb
ʼnWRXWFKHIOLHXGHFRPPXQHGłDXPRLQVKDELWDQWVHWD\DQWDXPRLQV
XQHGHVLQIUDVWUXFWXUHVFLDSUªVbEXUHDXGHSRVWHHWW«O«FRPPXQLFDWLRQEXUHDXGHUHFHWWH
GHSHUFHSWLRQGXWU«VRUSXEOLFV\VWªPHGłDGGXFWLRQGłHDXGł«OHFWULFLW«
FHQWUHGHVDQW«FROOªJHb
ʼnWRXWDUURQGLVVHPHQWD\DQWDXPRLQVTXDWUHGHVLQIUDVWUXFWXUHVFLGHVVXV
HWDXPRLQVbKDELWDQWV,16$(
*KDQDbOHV]RQHVUXUDOHVUHFRXYUHQWOłHQVHPEOHGHVORFDOLW«VGHPRLQV
GHSHUVRQQHV*KDQD6WDWLVWLFDO6HUYLFH
1LJHULDbHVWFRQVLG«U«HFRPPH]RQHUXUDOHWRXWHORFDOLW«GHPRLQVGHKDELWDQWVGRQWOHV
DFWLYLW«VVRQWSULQFLSDOHPHQWDJUDLUHV
/łDEVHQFHGłXQHG«ŦQLWLRQLQWHUQDWLRQDOHPHQW
reconnue des zones rurales
Bien que les zones rurales aient été historiquement la matrice du développement économique
HWVRFLDOHWVRLHQWWRXMRXUVDXFHQWUHGXG«EDWVXUOHG«YHORSSHPHQWHOOHVQłRQWSDVGHG«ŦQLWLRQ
SRVLWLYHbHVWUXUDOFHTXLQłHVWSDVXUEDLQ/DGLYLVLRQGHVVWDWLVWLTXHVGHOł218LGHQWLŦHOD
SRSXODWLRQUXUDOHFRPPHOHVROGHDSUªVVRXVWUDFWLRQGHODSRSXODWLRQXUEDLQH¢ODSRSXODWLRQWRWDOH
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¢OłDXWUH/HSULQFLSDOFULWªUHXWLOLV«HVWODWDLOOHGHODSRSXODWLRQDYHFXQVHXLO
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RXOłH[LVWHQFHGHFHUWDLQVVHUYLFHVbXQHDSSURFKHPXOWLFULWªUHHVWSDUIRLVDGRSW«H
6RXUFHb Sara Mercandalli et Bruno Losch, « Une Afrique rurale en mouvement - Dynamiques et facteurs des migrations au sud
du Sahara » (FAO et CIRAD, 2018).
des mêmes économies d’échelle que pour la production d’électricité locale pour répondre à la
construction d’un réseau électrique urbain. Ce qui demande en électricité en « circuit court ».
explique en partie l’absence de service en milieu
rural subsaharien et l’écart de tarif entre électri- Les options décentralisées sont nombreuses
cité urbaine et rurale (cf. chapitre 2.1.2.). (cf. partie 3) : petites centrales de production (par
De ce fait, l’ERD suppose de concevoir, grâce groupe électrogène ou énergie renouvelable) ali-
à une planification appropriée, des périmètres mentant un miniréseau local de distribution, sys-
d’électrification rurale relativement étendus, tèmes autonomes photovoltaïques, dispositifs
mêlant localités à fort potentiel et espaces à faible portables… Combinées sur un même périmètre
densité de population. Ce « mix » territorial est d’électrification, elles peuvent répondre à divers be-
une des dimensions essentielles à considérer soins d’électricité et apporter un service à presque
pour asseoir la viabilité économique d’un projet toutes les populations d’une communauté rurale.
de type miniréseau rural (sur cette solution, voir
chapitre 3.5.). Les concepteurs sont également L’ERD n’est pas antinomique
amenés à rechercher des mécanismes de sub- des solutions centralisées.
vention à l’investissement et à l’exploitation, car il Un réseau national et un réseau local ne reposent
est impensable de faire peser sur l’usager tout le pas sur des fondamentaux techniques différents
poids du financement d’une installation. (cf. encadré) ; ils se distinguent par le dimen-
Si la distribution de service électrique individuel sionnement des équipements et les postulats
par le secteur marchand (lampes, kits domes- économiques, aboutissant à des logiques de tari-
tiques) ne rencontre pas exactement les mêmes fication très différentes (cf. chapitre 3.5.1.).
contraintes, elle ne peut cependant pas passer Néanmoins, ces deux approches sont complé-
outre la nécessité d’optimiser et mutualiser les mentaires pour penser l’électrification d’un terri-
coûts. Les arbitrages se font donc rarement en toire national (cf. chapitre 2.1.2.).
faveur des zones les plus enclavées, et ces solu- Les systèmes décentralisés ne sont d’ailleurs pas
tions restent réservées à une partie seulement de l’apanage des zones rurales : lampes et systèmes
la population (cf. chapitre 3.2.) individuels solaires se diffusent en complément
d’un réseau national défaillant, ainsi que dans
Qu’entend-on par électrification les foyers urbains ou périurbains n’ayant pas les
« décentralisée » ? moyens de se raccorder au réseau.
L’électrification rurale par extension progressive C’est d’ailleurs cette dimension « hors ré-
d’un réseau centralisé, organisé en étoile aut- seau », sans référence au type de territoire, que
our d’un ou plusieurs centres de production in- l’expression anglaise off-grid met à l’honneur.
terdépendants gérés par une même structure
(société nationale par exemple), n’est pas viable Le caractère décentralisé de la solution
économiquement (cf. chapitre 2.1.2.). Atteindre les se lit d’abord comme une différence
objectifs d’une électrification pour tous en 2030 de méthode.
nécessite donc de faire appel à des solutions tech- S’affranchissant des contraintes de cohérence
niques alternatives, dites « décentralisées », c’est- d’un réseau unique, les solutions décentrali-
à-dire, par opposition à l’organisation du réseau sées présentent des traits spécifiques : elles
national, faisant appel à leurs propres moyens de sont potentiellement conçues « sur mesure »
8QV\VWªPHGł«OHFWULŦFDWLRQG«FHQWUDOLV«UHSRVHVXUOHVP¬PHVIRQGDPHQWDX[
TXłXQV\VWªPHFHQWUDOLV«
1 LA PRODUCTION
2 L’USAGE
TXLFRPSUHQGXQRXSOXVLHXUV GHOł«OHFWULFLW«VHIDLW¢WUDYHUV
J«Q«UDWHXUVTXLFRQYHUWLVVHQW GHVU«FHSWHXUVW«O«SKRQH
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VRXUFHVGł«QHUJLHIXHOJD] PRWHXUSRPSHUDGLDWHXU
K\GUDXOLTXHVRODLUHŊ IRXUŊ
3 4 5
L’ÉQUIPEMENT LE SYSTÈME
/(6',6326,7,)6
DE TRANSPORT DE RÉGULATION
DE STOCKAGE
ET DE DISTRIBUTION
UHJURXSHOłHQVHPEOHGHV
VRQWQ«FHVVDLUHVSRXU DSSDUHLOVTXLFRQFRXUHQW
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«OHFWULŦFDWLRQSDUOHU«VHDXFHQWUDOLV«FRPPHOHIRQWOH3URJUDPPHQDWLRQDOGłDP«OLRUDWLRQ
GHOłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«HQ*XLQ«HHWVRQ3URVSHFWXVGłLQYHVWLVVHPHQW«ODERU«VHQ
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OHVPLQLU«VHDX[GRLYHQWVLPSOHPHQWLQW«JUHUGHVVS«FLŦFLW«VWHFKQLTXHVFRPSDWLEOHV
DYHFOHU«VHDXSXEOLFHQYXHGHOHXUUDFFRUGHPHQWIXWXU3DUDLOOHXUVLOIDXWDXVVLSU«YRLU
GHVP«FDQLVPHVGHFRPSHQVDWLRQDŦQGłDVVXUHU¢OłRS«UDWHXUGXPLQLU«VHDXGHU«FXS«UHU
HQWLªUHPHQWVRQLQYHVWLVVHPHQWb}
Mamadou Saidou Diallo, ingénieur électro-énergéticien de formation, travaille depuis quinze ans
dans le domaine du développement de l’électrification rurale en Guinée ;
il est directeur général adjoint de l’Agence guinéenne d’électrification rurale (AGER). Retrouvez
l’intégralité de l’interview sur la page web de l’ouvrage : KWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
0RGªOHVGł«OHFWULŦFDWLRQHWXVDJHVDVVRFL«V
1. Kits solaires
Efficacité
énergétique Eclairage, recharge de téléphone, radio, TV
Efficacité
énergétique
Climatisation
Agriculture (irrigation)
BtoB
Efficacité
énergétique
Industries
6RXUFHb AIE, « Energy Access Outlook 2017, From Poverty to Prosperity » (Paris, 2017).
2.1.2.
Le recours aux solutions décentralisées
par énergies renouvelables est la seule alternative
crédible à l’extension de réseau pour électrifier
les zones rurales subsahariennes.
Accéder à un service électrique est devenu base, qui nécessite de lourdes dépenses maté-
un enjeu politique national et local majeur, rielles et organisationnelles (cf. chapitre 2.3.).
car les communautés rurales n’acceptent
plus l’absence de l’électricité et réclament L’extension des réseaux
l’égalité de traitement entre villes et cam- est une option trop coûteuse
pagnes. Elles souhaitent légitimement pouvoir pour être rapidement généralisée.
améliorer leurs conditions de vie, s’informer et Apporter l’électricité en zone rurale se heurte à
communiquer facilement et développer des plusieurs difficultés qui rendent l’extension de
activités pour accroître leurs revenus. réseau très difficile à amortir, limitent la réalisa-
tion des plans d’électrification rurale d’envergure
Pour répondre à cette demande sociale, et expliquent in fine les faibles taux d’accès à
l’extension des réseaux urbains n’est pas une op- l’électricité en milieu rural :
tion de court/moyen terme. Les investissements çNC FKURGTUKQP KORQTVCPVG FGU NQECNKVªU UWT WP
requis (cf. encadré) sont au-delà des capacités fi- VGTTKVQKTGa les longues distances accroissent le
nancières des sociétés nationales d’électricité, qui coût du transport des lignes moyenne tension
sont souvent déjà exsangues (cf. chapitre 1.1.2.). de 30 000 €/km ;
Quant aux pouvoirs publics de la région, pour la çNC HCKDNG FGPUKVª FG NàJCDKVCV CW UGKP FàWPG NQ-
plupart d’entre eux, ils ne disposent pas du sys- ECNKVªa tirer une ligne basse tension suppose un
tème fiscal permettant de financer ce service de investissement de l’ordre de 15 000 €/km ;
6HORQOł,($SRXUDVVXUHUXQDFFªV¢Oł«QHUJLHXQLYHUVHOHQ$IULTXHVXEVDKDULHQQHWRXWHV]RQHV
FRQIRQGXHVXUEDLQHVHWUXUDOHVGłLFLPLOOLDUGVGHGROODUVGłLQYHVWLVVHPHQWVDGGLWLRQQHOV
VHUDLHQWQ«FHVVDLUHVVXUODS«ULRGHVRLWHQYLURQPLOOLDUGVGHGROODUVVXSSO«PHQWDLUHV
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6RXUFHb AIE, « Energy Access Outlook 2017, From Poverty to Prosperity » (Paris, 2017).
€/kWh
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16
20
24
28
32
36
40
44
48
çNGU HCKDNGU EQPUQOOCVKQPU ªNGEVTKSWGU des Il faut noter que la dynamique démographique ob-
abonnés ruraux, de l’ordre de 80 à 100 kWh/an et servée en Afrique subsaharienne pourrait avoir
par foyer, en lien avec la faiblesse de leurs revenus ; un impact sur certains de ces facteurs et modi-
çNGU KPEGTVKVWFGU UWT WPG ªXQNWVKQP HCXQTCDNG fier la donne pour l’analyse comparative entre ex-
FGUEQPUQOOCVKQPUFàªNGEVTKEKVªa les activités tension de réseau et mise en place de solutions
sont globalement stables sur les territoires ru- décentralisées.
raux en raison de leur faible attractivité.
Du côté de la société d’électricité, systématique dans les localités rurales, loin s’en
le surinvestissement par localité faut. Le développement d’activités lié à l’arrivée de
et par abonné rural limite l’électricité requiert donc, pour créer une dynamique
le nombre de zones électrifiées. locale favorable, des actions soutenues de sensibili-
L’extension de réseau vers une zone rurale sup- sation, d’incitation et d’accompagnement… ce qui a
pose l’investissement dans des équipements sup- bien évidemment un coût. Par ailleurs, ces actions
plémentaires pour augmenter les capacités de débordent le cadre naturel d’intervention des socié-
production, assurer le transport de l’électricité et le tés nationales d’électricité, qui ne recherchent pas
raccordement des usagers. Il faut également antici- une approche multisectorielle de l’électrification ni
per un rendement entamé par les pertes techniques n’impliquent les collectivités locales, ou les services
(dans les transformateurs et les câbles) et les pertes administratifs décentralisés de ministères.
commerciales (les impayés et branchements pi-
rates peuvent atteindre jusqu’à 30 %1). Ces deux Du côté des abonnés, coûts
types de pertes, bien connus des sociétés nation- de raccordement et tarifs sociaux
ales d’électricité (cf. chapitre 1.2), affectent encore pénalisent directement ou
davantage les installations rurales que les urbaines. indirectement l’accès au service
La présence d’activités économiques forte- du plus grand nombre.
ment consommatrices d’électricité n’est pas A la charge de l’usager, les coûts de raccordement
sont inaccessibles aux plus démunis, qui habitent
le plus souvent en périphérie des localités. C’est
un des obstacles majeurs à l’augmentation du taux
L’exemple du de desserte par réseau national. Les données dis-
*KDQDbODUªJOH ponibles indiquent que, dès que la distance entre
des 20 km le réseau et le bâtiment à électrifier dépasse 200
mètres (ce qui est fréquent dans les périphéries
$X*KDQDOHVmbDJHQFHVb}FRPSDJQLHV des villes africaines), les conditions financières de
SXEOLTXHVGHGLVWULEXWLRQGł«OHFWULFLW« raccordement sont rédhibitoires pour la majorité
VHFRQFHQWUHQWSULQFLSDOHPHQWVXU des habitants.
OłDP«OLRUDWLRQGHOłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW« En parallèle, ceux qui ont la capacité de se rac-
GDQVOHV]RQHVXUEDLQHVHWS«ULXUEDLQHV corder au réseau, quelle que soit leur localisation,
G«M¢FRXYHUWHVSDUOHU«VHDXDLQVLTXH peuvent bénéficier de tarifs sociaux. Favorables
GDQVOHV]RQHVUXUDOHVVLWX«HV¢XQH aux petits consommateurs, ces tarifs dépassent
GLVWDQFHUDLVRQQDEOHLQI«ULHXUH¢NP rarement les 100 FCFA/kWh (0,15 cts €). Un état
GXU«VHDXH[LVWDQW de fait qui impacte l’équilibre financier de la socié-
té d’électricité et ne l’incite pas à multiplier les ex-
6RXUFHb Francis Kemausuor, Edwin Adkins, Isaac
Adu-Poku, Abeeku Brew-Hammond et Vijay Modi.
tensions de réseau. Paradoxalement, l’existence
« Electrification planning using Network Planner de ces tarifs sociaux pénalise ainsi indirectement
tool: The case of Ghana », Energy for Sustainable
Development, no 19 (2014). l’accès à l’électricité des populations rurales.
/Htaux de desserteLQGLTXHOHUDWLRGHVSRSXODWLRQVGHVYLOODJHVFRQQHFW«VVXUODSRSXODWLRQ
WRWDOHGHOD]RQHRXOHQRPEUHGHYLOODJHV«OHFWULŦ«VVXUOHQRPEUHWRWDOGHYLOODJHV
([HPSOHbYLOODJHVIR\HUVYLOODJHSHUVRQQHVIR\HUVRLWXQWRWDOGHbbKDELWDQWV
6LYLOODJHVVRQW«OHFWULŦ«VDORUVOHWDX[GHGHVVHUWHHVWGHb
6LOHWDX[PR\HQGHFRQQH[LRQSDUYLOODJHHVWGHbIR\HUVUDFFRUG«VOHWDX[
GHFRQQH[LRQVXUOD]RQHHVWGHb[b bIR\HUVRXbSHUVRQQHV
&RPSRVLWLRQGHVFR½WVmbFDFK«Vb}HQ
$IULTXHVXEVDKDULHQQHKRUV$IULTXHGX6XG
Pertes
Sous- d’encaissement
/DVRXVWDULŦFDWLRQHVWOł«O«PHQW
tarification 20 %
OHSOXVLPSRUWDQWGHVG«ŦFLWVTXDVL
40 %
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GHOł$IULTXHVXEVDKDULHQQHVXLYLHSDUOHV
SHUWHVHQPDWLªUHGHWUDQVPLVVLRQHWGH
GLVWULEXWLRQ
Pertes
transport et
Sureffectif
distribution
10 %
30 %
/ł$IULTXHWHUUDLQWUªVG\QDPLTXHSRXU
OHVVROXWLRQVGł«OHFWULŦFDWLRQG«FHQWUDOLV«HV
par énergie renouvelable, notamment solaire.
6XUOHFRQWLQHQWODSRSXODWLRQWRXFK«HSDUOHVVROXWLRQVG«FHQWUDOLV«HVHVWSDVV«H
GHPLOOLRQVHQ¢PLOOLRQVHQ&HVRQWHVVHQWLHOOHPHQWOHVODPSHVVRODLUHV
HWQRWDPPHQWFHOOHVGLIIXV«HVPDVVLYHPHQWHQ$IULTXHGHOł(VWTXLWLUHQWFHWWHFURLVVDQFHb
HQHOOHV«TXLSHQWSUªVGHPLOOLRQVGHSHUVRQQHVWDQGLVTXHPLOOLRQVGLVSRVHQW
GłXQ6RODU+RPH6\VWHPHWTXHSOXVGłPLOOLRQVRQWDOLPHQW«HVSDUPLQLU«VHDXVRODLUH
/DFDSDFLW«FXPXO«HGHVVROXWLRQVG«FHQWUDOLV«HVHVWSDVV«HGH0:¢SUªVGH
*:HQWUHHWGRQWODWHFKQRORJLHVRODLUHUHSU«VHQWHSOXVGHVGHX[WLHUV0:
/DFDSDFLW«GHVPLQLU«VHDX[K\GUDXOLTXHVHVWSDVV«HGH0:HQ¢0:HQ
PDLVHOOHSªVHGHPRLQVHQPRLQVORXUGGDQVOHPL[«QHUJ«WLTXHbHOOHUHSU«VHQWHPRLQV
GHbGHODFDSDFLW«WRWDOHGHVVROXWLRQVG«FHQWUDOLV«HVSDU«QHUJLHUHQRXYHODEOHHQ
FRQWUHbHQ
6RXUFHb IRENA, « Off-Grid renewable energy solutions, Global and Regional Status and Trends » (Abu Dhabi, 2018)
Pour électrifier les communautés rurales, In fine, ces initiatives n’ont pas été généralisées à
l’extension du réseau national est donc, en pra- des communes de moindre importance, compte
tique, envisageable dans un nombre limité de si- tenu du coût (notamment d’approvisionnement
tuations ; l’essentiel de la réponse à la demande en carburant) et des contraintes d’exploitation
d’électrification de ces communautés est ailleurs, (cf. chapitre 3.5.).
dans le déploiement des solutions décentralisées. C’est l’apparition de solutions décentralisées par
énergies renouvelables qui a permis :
Les solutions décentralisées par çFàGPXKUCIGTWPGªNGEVTKăECVKQPINQDCNGFGURC[U
énergies renouvelables permettent d’Afrique subsaharienne et de tester cette hy-
d’envisager une réponse adaptée pothèse dès les années 1970 ;
à la demande rurale. çRWKU SWCTCPVG CPU CRT©U NQTUSWG EGU UQNWVKQPU
Dans l’impossibilité de réaliser l’électrification ru- décentralisées sont devenues compétitives, de
rale par extension du réseau national (pour des sélectionner l’option technique la plus pertinente
raisons économiques), les sociétés d’électricité en fonction du contexte local.
ont tenté de décentraliser leur production : pre- Les pays bénéficiant d’importants gisements
nant en charge les investissements et une partie d’énergies renouvelables (cf. chapitre 1.1.2.) sont
des coûts d’exploitation, elles ont électrifié par autant de terrains favorables à la mise en œuvre
miniréseau diesel les centres urbains secon- de solutions solaires (le plus souvent) ou hydrau-
daires trop éloignés du réseau pour lui être reliés. liques (quand le contexte s’y prête), qui évitent le
recours aux groupes thermiques, incompatible accessible : une lampe coûte environ 10 €, contre
avec la lutte contre le changement climatique1. 200 € à 500 € pour un système solaire individuel.
,OVHPEOHELHQSOXVVWUDW«JLTXHHWDYDQWDJHX[GHFRPPHQFHUSDU«WHQGUHOHU«VHDXYHUVOHV]RQHV
¢KDXWSRWHQWLHOGł«OHFWULŦFDWLRQHWGHG«YHORSSHPHQWGłDFWLYLW«VSURGXFWLYHVWRXWHQPDLQWHQDQW
DXG«SDUWODIRXUQLWXUHGłDOWHUQDWLYHV¢SOXVSHWLWH«FKHOOHGDQVGłDXWUHV]RQHV
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FRQVLG«UDEOHVGHVWHFKQRORJLHVGł«QHUJLHVRODLUH3DUFRQV«TXHQWLOVFRQVWLWXHQWXQHVROXWLRQ
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SODFHGHPLQLU«VHDX[HQ$IULTXHVXEVDKDULHQQH/łDFFHVVLELOLW«ŦQDQFLªUHSHXWUHVWHUXQG«ŦSRXU
OłH[SDQVLRQGHVPLQLU«VHDX[TXLQ«FHVVLWHQWJ«Q«UDOHPHQWXQmbDFKHWHXUGHU«I«UHQFHb}FRPPH
XQXWLOLVDWHXUFRPPHUFLDORXXQHSHWLWHHQWUHSULVHLQGXVWULHOOHHQSOXVGHVFOLHQWVU«VLGHQWLHOVSRXU
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PLQLU«VHDX[HVWODFRQŦDQFH¢Oł«JDUGGHODWDULŦFDWLRQHWGHVREOLJDWLRQVGłDFKDWGHVFOLHQWVDLQVL
TXHGXVRUWGHVDFWLIVGHVPLQLU«VHDX[ORUVTXHOHU«VHDXFRPPHQFH¢S«Q«WUHUGDQVVRQWHUULWRLUH
GHGHVVHUWH,OSRXUUDLW¬WUHWUªVXWLOHGłHIIHFWXHUGHQRXYHDX[LQYHVWLVVHPHQWVGDQVXQFDGUH
H[S«ULPHQWDOSRXUDSSURIRQGLUOHVFRQQDLVVDQFHVUHODWLYHV¢Oł«FRQRPLHHW¢ODJRXYHUQDQFHGHV
PLQLU«VHDX[HQ$IULTXHVXEVDKDULHQQH
6RXUFHb Banque mondiale, « Africa’s Pulse : une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique » (Washington,
D.C, 2018).
/HFRQFHSWGHSU««OHFWULŦFDWLRQ
et l’initiative Lighting Africa
$XGHO¢GHVG«PDUFKHVSDUWLFXOLªUHVGłDQDO\VHHWGłRSWLPLVDWLRQGHODGHPDQGHPLVHVHQāXYUH
GDQVOHFDGUHGHSURMHWVVS«FLŦTXHVQRWDPPHQWVRODLUHVOł$)0(DXMRXUGłKXL$'(0(DODQF«HQ
OHFRQFHSWGHSU««OHFWULŦFDWLRQSURSRVDQWXQHDXWUHID©RQGł«OHFWULŦHUGHV]RQHVUXUDOHVTXH
FHOOHFRQYHQWLRQQHOOHPHQWPLVHHQāXYUHSDUH[WHQVLRQGHVU«VHDX[XUEDLQV
7HOVVRQWOHVSULQFLSHV¢ODEDVHTXHFHFRQFHSWVłDWWDFKH¢FRPELQHUb
ʼnOłHIŦFDFLW««QHUJ«WLTXHGHV«TXLSHPHQWVGłXVDJHGHOł«OHFWULFLW«DYHFXQDFFHQWSDUWLFXOLHUPLV
VXUOł«FODLUDJHOHSULQFLSDOSRVWHGHFRQVRPPDWLRQGDQVGHQRPEUHXVHV]RQHVUXUDOHVHWOH
G«YHORSSHPHQWGHODPSHVSRUWDEOHVUHFKDUJHDEOHVSHUIRUPDQWHVb
ʼnGHX[PRGHVGHGLVWULEXWLRQGHOł«OHFWULFLW«bmbOLQ«LTXHb}DYHFPLFURU«VHDXORFDO
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ʼnGLII«UHQWVW\SHVGHVRXUFHVGHSURGXFWLRQGHSHWLWHVSXLVVDQFHVV«OHFWLRQQ«VVHORQ
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/HFRQFHSWGHSU««OHFWULŦFDWLRQDGRQQ«OLHX¢GHX[LPSRUWDQWVSURJUDPPHVGł(5'
DX0DURF,OD«W«UHSULVVRXVGłDXWUHVDSSHOODWLRQVQRWDPPHQWFHOOHVGH66'VRFL«W«VGHVHUYLFHV
G«FHQWUDOLV«HVSURPXHVSDU(')HWOł$'(0(HQ$IULTXHVXEVDKDULHQQH
/łH[SUHVVLRQ(5'SOXVGXUDEOHOłDPDLQWHQDQWUHPSODF«
/HYROHWmbODPSHVSRUWDEOHVSHUIRUPDQWHVb}GHODSU««OHFWULŦFDWLRQTXLH[SORLWDLWOHVWHFKQRORJLHV
GHVDQQ«HVD«W«UHSULVYLQJWDQVDSUªVSDUOD%DQTXHPRQGLDOHGDQVOłLQLWLDWLYH/LJKWLQJ$IULFD
HQXWLOLVDQWOHVWHFKQRORJLHVTXLVHVRQWGLIIXV«HVFHVTXLQ]HGHUQLªUHVDQQ«HV/('SRXUOł«FODLUDJH
HWSULQFLSDOHPHQWOLWKLXPLRQSRXUOHVDFFXV&HVSURJUªVWHFKQRORJLTXHVVRXWHQXVSDUFHWWH
LQLWLDWLYHRQWFRQWULEX«¢VHQVLEOHPHQWDP«OLRUHUODTXDOLW«HWODVRXSOHVVHGłXWLOLVDWLRQGHOł«FODLUDJH
«OHFWULTXHKRUVU«VHDX
6RXUFHb https://www.lightingafrica.org.
2.2.
Les solutions d’électrification
hors réseau reposent sur
50 années d’histoire.
Les développements qui suivent proposent plusieurs immersions
dans le passé de nature à éclairer le présent.
2.2.1.
Historiquement, l’accès à l’électricité s’est fait
par processus décentralisé dans les zones
rurales des pays industrialisés.
7DX[Gł«OHFWULŦFDWLRQGHVFDPSDJQHVIUDQ©DLVHVSDUG«SDUWHPHQWVHQ
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(QWUHbHWb
(QWUHbHWb
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ŌbbGHODSRSXODWLRQ
6RXUFHb Arnaud Berthonnet, « L’électrification rurale, ou le développement de la “fée électricité” au coeur des campagnes françaises
dans le premier XXe siècle », Histoire & Sociétés Rurales 19, no 1 (2003).
/HG«SDUWHPHQWGX/RWbXQH[HPSOH
Gł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHG«FHQWUDOLV«H
/ł«OHFWULŦFDWLRQGHFHG«SDUWHPHQWUXUDODFRQQXGHX[JUDQGHVSKDVHVDYDQWODQDWLRQDOLVDWLRQ
GXVHFWHXUGHOł«OHFWULFLW«HQ
3+$6(bODUHQFRQWUHHQWUHODGHPDQGHGHVKDELWDQWVmbG«FLG«V¢Vł«FODLUHUGDQVOHVSOXVEUHIV
G«ODLVb}portée par leurs conseils municipaux, et les propositions faites par des entreprises
Gł«OHFWULŦFDWLRQOHSOXVVRXYHQWGHSHWLWHWDLOOH
$SUªVHQTX¬WHSXEOLTXHHWFRQWU¶OHGHVVHUYLFHVWHFKQLTXHVOHVFRPPXQHVDFFRUGHQWGHV
FRQFHVVLRQVH[FOXVLYHV¢FHVHQWUHSULVHVSRXUXQHGXU«HGHTXDUDQWHDQVDSSURXY«HVSDU
OHSU«IHW3RXUSOXVGHbGHVFRPPXQHVOłRS«UDWLRQGł«OHFWULŦFDWLRQVłHIIHFWXHVXUODEDVH
GłLQYHVWLVVHPHQWVHWGłXQHJHVWLRQWRWDOHPHQWSULY«VbFHUWDLQVFRQFHVVLRQQDLUHVUH©RLYHQWGHV
VXEYHQWLRQVGHVFRPPXQHVHOOHVP¬PHV/HU¶OHGHOł(WDWHVWDORUVGHG«ŦQLUGHVU«JOHPHQWDWLRQV
G«WDLOO«HVGHVWLQ«HVDX[PD°WUHVGłRXYUDJHHWDX[RS«UDWHXUVSULY«VUHODWLYHVDX[FDUDFW«ULVWLTXHV
WHFKQLTXHVDX[UªJOHVGHV«FXULW«HWDX[QLYHDX[PD[LPDGHWDULIV3DUH[HPSOHGDQVFHUWDLQHV
FRPPXQHVmbOł«FODLUDJHHVWGLVSRQLEOHMXVTXł¢KHXUHVVDXIOHVDPHGLGLPDQFKHHWMRXUVGHIRLUH
R»LOHVWSURORQJ«XQTXDUWGłKHXUHDXGHO¢GHOłKHXUHO«JDOHGHVFDI«Vb}/HVOLWLJHVHQWUHFRPPXQHV
HWHQWUHSULVHVVRQWU«VROXVORFDOHPHQWRXDXQLYHDXGHODSU«IHFWXUH
3+$6(bOHUDWWDFKHPHQW¢GHVV\QGLFDWVLQWHUFRPPXQDX[Gł«OHFWULŦFDWLRQD\DQWSRXU
objet la construction et l’exploitation via un opérateur privé d’un réseau de distribution
dans les communes.
&łHVWODSKDVHGłLQYHVWLVVHPHQWVGHVFROOHFWLYLW«VORFDOHVHWGHJHVWLRQSULY«H$LQVLOH6\QGLFDW
GXQRUGGX/RWŦQDQFHOHVPRQWDQWVGHVWUDYDX[JU¤FH¢GHVSU¬WVGHOD&DLVVHGHVG«S¶WV
HWFRQVLJQDWLRQV¢ODFRQGLWLRQTXHOHVFRPPXQHVJDUDQWLVVHQWOHPRQWDQWGHVWUDYDX[TXL
OHXUFRUUHVSRQGHQW/HV\QGLFDWVHUHPERXUVH¢WUDYHUVODWDULŦFDWLRQGHVVHUYLFHV«OHFWULTXHV
HQYLURQbGHODWDULŦFDWLRQOXLUHYLHQQHQWHWbYRQW¢OłRS«UDWHXUHWFłHVWVHXOHPHQW
HQFDVGHG«IDLOODQFHTXHOHVFRPPXQHVVRQWFKDUJ«HVGHVXSSO«HUHQOHYDQWOłLPS¶W&HUWDLQHV
SHWLWHVFRPPXQHVVłHQJDJHQWDLQVL¢JDUDQWLUGHVPRQWDQWVTXLSHXYHQWUHSU«VHQWHUXQULVTXH
ŦQDQFLHU¢KDXWHXUGHSUHVTXHbGHOHXUEXGJHW$YDQWOD6HFRQGH*XHUUHPRQGLDOHHWSRXU
HQYLURQKDELWDQWVOHVHFWHXU«OHFWULTXHGX/RWFRPSWHRQ]HV\QGLFDWVLQWHUFRPPXQDX[
HWXQV\QGLFDWFRPPXQDOWURLVHQWUHSULVHVGłH[SORLWDWLRQSULQFLSDOHVGHX[SOXVSHWLWHVHWQHXI
H[SORLWDQWVSDUWLFXOLHUVDLQVLTXłXQHVHXOHU«JLHPXQLFLSDOH3OXVGHbGHVORFDOLW«VHWbGH
ODSRSXODWLRQRQWDFFªVDXVHUYLFH«OHFWULTXH
,OIDXGUDDWWHQGUHOHVDQQ«HVSRXUTXHOHVGHUQLªUHVFRPPXQHVGX/RWVRLHQW«OHFWULŦ«HVSDU
XQV\QGLFDWTXLMXVTXł¢DXMRXUGłKXLUHVWHSURSUL«WDLUHGXU«VHDXPDLVHQDFRQŦ«OłH[SORLWDWLRQ
¢OłHQWUHSULVHQDWLRQDOH(')TXLmbQłDIDLWTXHFRPSO«WHUPRGHUQLVHUHWJ«UHUOHV\VWªPHH[LVWDQW
VDQVDXFXQGRXWHDYHFSURIHVVLRQQDOLVPHHWVXFFªVb}
6RXUFHb Michel Matly, « L’électrification du monde commence à Labastide-Murat », Revue de l’Energie, no 523 (2001).
Une grande majorité des communes ont provo- Peu des communes ont choisi d’assurer elles-
qué l’arrivée de l’électricité et exercé pleinement mêmes la gestion de leur distribution électrique.
leur responsabilité de maître d’ouvrage* : S’il y a eu au moins une régie dans le Lot et s’il en
çRQWTOGVVTGGPRNCEGEGVVGKPPQXCVKQPGNNGUQPVKFGP- existe encore actuellement en France, la plupart
tifié des entreprises d’électricité auxquelles elles des communes et des syndicats ont opté pour
ont accordé des concessions de longue durée ; une exploitation privée plutôt que communale.
çGNNGU QPV ªICNGOGPV F¼ CESWªTKT FGU EQORª Ce sont les sociétés d’électricité, souvent exté-
tences en interne pour en assurer le contrôle rieures au territoire, qui démarchent en premier
technique ou le déléguer aux services de l’Etat ; lieu les collectivités (par exemple, avant 1925, la
çRCTNCUWKVGGNNGUQPVGW¡EJQKUKTNGWTU[PFKECVKP- commune de Labastide-Murat a été contactée
tercommunal puis à accepter ou non d’en garan- par une entreprise parisienne pour développer
tir les emprunts. son éclairage public).
çECFTGFGFQEWOGPVUVCVKUVKSWGV[RG¡HQWTPKTRCT
l’entreprise d’électricité à la municipalité et aux mb&łHVWODFRQVWLWXWLRQSDUIRUFHGłXQ
pouvoirs publics ; SDWULPRLQHSXEOLFDX[PDLQVGHV
çOQFCNKVªUV[RGUFGTªXKUKQPVCTKHCKTGa V\QGLFDWVSDUFHTXHOłLQYHVWLVVHPHQW
çOQF©NGU FG FªNKDªTCVKQPU OWPKEKRCNGU RQTVCPV SULY«QłLUDSDVSOXVORLQ(WFHOD
décision et de lettres de la commune pour la IRQFWLRQQHbOłLQWHUFRQQH[LRQSHUPHW
transmission des dossiers. GHQLYHOHUOHVFR½WVOHVQRXYHDX[FOLHQWV
VXLYDQWVHWOHVJDUDQWLHVFRPPXQDOHV
Enfin, en France, aucun projet n’a été réalisé sans UHVWHURQWYLUWXHOV'DQVVDJOREDOLW«
l’autorisation de l’Etat, amené à se prononcer sur OHVHFWHXUSXEOLFHVWJDJQDQWbDYHF
les compétences de l’entreprise ainsi que sur les XQHFRQWULEXWLRQŦQDQFLªUHLQLWLDOH
données techniques et les tarifs, garantissant ainsi PRGHVWHLOYDIRUWHPHQWFDSLWDOLVHU
une cohérence de l’ensemble à l’échelle nationale. /HVHQWUHSULVHVSULY«HVTXDQW¢HOOHV
Si le soutien technique de l’Etat a été fort, son ap- UHVWHQWRPQLSU«VHQWHVHWDVVXUHQW
pui financier, en revanche, n’a été que ponctuel. OłH[SORLWDWLRQGHVU«VHDX[(OOHV
VHOLYUHQWXQHFRQFXUUHQFHDFKDUQ«H
L’électrification décentralisée requiert SRXUVHWDLOOHUGHSHWLWVHPSLUHVHW
un accès facilité à certains instruments DXPRPHQWGHOHXU«OHFWULŦFDWLRQ
financiers (garantie bancaire, taux OHVQRXYHOOHVFRPPXQHVRQWVRXYHQW
bonifiés, etc.). OHFKRL[HQWUHSOXVLHXUVV\QGLFDWV
Plus de 60 % de l’électrification française s’est ef- HWSOXVLHXUVH[SORLWDQWVb}
fectuée sans aucune aide publique. Initialement (à
partir de 1925 et pendant un peu plus d’une dizaine Michel Matly, « L’électrification du monde
d’années), l’Etat n’avait pas les moyens d’investir commence à Labastide-Murat », Revue de
dans les projets, ni même d’aider le développe- l’Energie, no 523 (2001).
ment du secteur électrique par des subventions.
Les communes ont parfois organisé des collectes
ou dégagé un budget, mais l’électrification n’a, le
plus souvent, rien coûté à la collectivité.
Cependant, les petites communes, les hameaux
et les ménages isolés, qui ne représentaient pas
un marché viable, restaient exclus du service
électrique. Dans un deuxième temps, pour pour-
suivre l’électrification, la puissance publique est
donc intervenue en encourageant la création de
syndicats intercommunaux, qui ont pu lever de la
dette grâce à la garantie des communes et à l’aide
de l’Etat. Ce dernier intervient parfois par subven-
tion, mais surtout consent des prêts bonifiés, dont
le remboursement est assuré par les usagers.
Aux Etats-Unis, la création de sociétés avorte : la REA juge les tarifs qu’elles dé-
coopératives rurales d’électricité finissent pour la vente de l’électricité incompati-
a permis une électrification tardive bles avec le pouvoir d’achat des fermiers.
mais rapide du territoire. La REA reprend alors le modèle des coopératives
Au milieu des années 30, l’électrification rurale n’a agricoles, autogérées par les fermiers et jouissant
pas encore véritablement commencé aux Etats- de la confiance des populations. En acceptant
Unis. Seulement 13 % des familles rurales disposent la responsabilité de la construction des réseaux
de l’électricité fournie par le réseau, alors qu’elles électriques et de leur gestion, et en s’imposant de
sont déjà 90 % en France, en Allemagne et au servir leurs membres à prix coûtant, ces nouvelles
Japon, 85 % au Danemark, 65 % en Suède et près coopératives électriques deviennent les parte-
de 100 % aux Pays-Bas. A cette époque, les socié- naires essentiels de l’électrification rurale aux
tés privées du secteur électrique ne souhaitent pas Etats-Unis. Fin 1936, une centaine de coopéra-
investir dans l’électrification rurale au prétexte que tives ont déjà signé une convention de prêt avec la
les perspectives de profits y sont trop faibles. Plus REA dans vingt-six Etats.
de trente années d’efforts seront nécessaires pour Invitées à produire, transporter et vendre
que les fermes américaines rattrapent ce retard. l’électricité produite aux coopératives (qui en as-
surent la distribution aux usagers), les entreprises
La Rural Electrification Administration électriques privées font de la résistance. Le gou-
(REA), créée en 1935 pour gérer un vernement fédéral crée alors progressivement
fonds d’électrification rurale, s’appuie cinq power marketing administrations qui ven-
sur le modèle coopératif. dent l’électricité produite par des grands barrages
Dans un premier temps, des fonds sont propo- aux régies électriques nationales ou municipales
sés aux sociétés privées, les seules à disposer et aux coopératives d’électrification rurale à des
du savoir-faire technologique et des techniciens conditions préférentielles.
qualifiés. Mais le partenariat envisagé avec ces
Dans le face-à-face qui les oppose au membres un appui dans tous les domaines :
secteur privé, les coopératives rurales service juridique, lobbying, assurance, forma-
d’électricité unissent leurs forces. tion, consultation technique, relations publiques
Face à cette nouvelle concurrence, les entre- et campagnes de promotion, programmes de
prises électriques privées revoient finalement à recherches, etc. La NRECA est toujours en ac-
la baisse leurs tarifs pour les coopératives, mais tivité et dispose d’un service d’assistance aux
elles multiplient aussi les recours judiciaires à leur programmes d’électrification rurale des pays en
encontre et tentent d’empêcher la création de développement.
nouvelles coopératives.
Les résultats sont éloquents : en 1946, à peine dix
Dans les années 40, les coopératives réagis- ans après la création de la REA, 50 % des fermes
sent d’abord en se regroupant en « super-coo- américaines sont électrifiées (leur nombre a qua-
pératives », capables de construire et d’exploiter druplé) et les Etats-Unis ont presque rattrapé leur
leurs propres unités de production et leurs pro- retard sur les pays européens. L’électrification
pres réseaux de transport. Puis, elles créent des zones rurales sera achevée au début des an-
en 1942 la National Rural Electric Coopera- nées 70, comme cela a été le cas en France.
tive Association (NRECA), qui apporte à ses
$X[(WDWV8QLVOD15(&$UHSU«VHQWHDXMRXUGłKXLHQYLURQFRRS«UDWLYHV
desservant 42 millions d’Américains
b
du territoire
américain.
6RXUFHb NRECA, « America’s Electric Cooperatives: 2017 Fact Sheet » (Arlington, 2017).
2.2.2.
L’électrification rurale décentralisée par énergie
renouvelable bénéficie de plus de quarante ans
d’expérimentations.
L’ERD par énergie renouvelable en Afrique
subsaharienne n’est pas une invention du Téléviseurs scolaires
XXIe siècle. Le principe en est testé avant les DX1LJHU
indépendances (notamment par hydroélectri-
cité). Il se diffuse dans les années 1970, avant $X1LJHUGªVODPLVHHQSODFHGłXQ
de connaître une phase d’extension dans le programme national d’éducation en
courant des années 1980 et 1990, puis, avec zone rurale a été l’occasion de concevoir
les ruptures technologiques et la formula- GHVV\VWªPHVLQW«JU«VFRPSUHQDQWXQ
tion d’un objectif d’accès universel à l’énergie W«O«YLVHXUHWVRQV\VWªPHGł«QHUJLH
par la communauté internationale, une phase 'XIDLWGXQRPEUHGHVLWHV¢«TXLSHUHWGH
d’accélération et de diversification des projets. OHXUGLVSHUVLRQVXUOłHQVHPEOHGXWHUULWRLUH
OHVHQMHX[GłLQYHVWLVVHPHQWHWGHŦDELOLW«
Les premières expérimentations RQWFRQGXLW¢FRQFHYRLUGHVV\VWªPHV
naissent au lendemain des QRYDWHXUVEDV«VVXUOłRSWLPLVDWLRQGHOD
indépendances avec l’aide GHPDQGH«QHUJ«WLTXHb
de la coopération internationale. ʼnFKRL[GHW«O«YLVHXUV¢IDLEOH
Dans les pays en développement, les premières FRQVRPPDWLRQ«OHFWULTXH
expérimentations faisant appel aux énergies so- GHOłRUGUHGH:b
laire et éolienne datent des années 1970, dans la ʼnDOLPHQWDWLRQVRODLUHSDUJ«Q«UDWHXU
foulée du premier choc pétrolier de 1973. Forte GH:FFRQVWLWX«GHPRGXOHVGH
de ses coopérations en Afrique et de l’expérience :FXQHEDWWHULHGH$K9HWXQ
acquise dans les territoires d’outre-mer, riche U«JXODWHXUGHFKDUJHb
d’acteurs industriels1, la France a été l’un des pre- ʼnFRQFHSWLRQPRGXODLUHSRXUXQ
miers pays à installer des systèmes décentralisés UHPSODFHPHQWIDFLOHGHVSLªFHV
renouvelables en Afrique subsaharienne. G«IHFWXHXVHV
Deux types d’usages sont couverts par ces pre- (QOHSUL[GXV\VWªPHVRODLUHLQVWDOO«
mières initiatives : les ouvrages communautaires VXUVLWHDYRLVLQDLWOHVb))VRLW
et les applications professionnelles : ŏHQYLURQ&HPRQWDQW«OHY«SRXU
çl’électrification vise surtout des usages collec- XQSDUWLFXOLHUUHVWHDFFHVVLEOHSRXUXQ
tifs, souvent inscrits dans des programmes de XVDJHFROOHFWLIHWFHWWHVROXWLRQDSHUPLV
développement : exhaure de l’eau, électrification ODGLIIXVLRQPDVVLYHGHSURJUDPPHV
Gł«GXFDWLRQYLOODJHRLVHGDQVGHV]RQHV
KRUVU«VHDX
(OHFWULŦFDWLRQSDUV\VWªPHVRODLUH
GHOłK¶SLWDOGH6DQDX0DOL
/łK¶SLWDOGH6DQGDQVODU«JLRQGH6«JRXDX0DOLD«W«HQOłXQGHVSUHPLHUV«WDEOLVVHPHQWV
KRVSLWDOLHUV«OHFWULŦ«VSDUXQJ«Q«UDWHXUVRODLUHSKRWRYROWD±TXHVRXVOłLPSXOVLRQGH
OłDVVRFLDWLRQ0DOLDTXDYLYDHWGXSªUH9HUVSLHUHQ
$XUHJDUGGHVDFRQVRPPDWLRQ«OHFWULTXHGłHQYLURQN:KSDUMRXUFRUUHVSRQGDQW
¢FHOOHGHOł«FODLUDJHGHODYHQWLODWLRQHWGHVDSSDUHLOVP«GLFDX[XQJ«Q«UDWHXUGHbN:FFRQVWLWX«
GHPRGXOHVELYHUUHGH:FFKDFXQDVVRFL«¢XQEDQFGHEDWWHULHVGH$KVRXVYROWVHW¢
XQFRQYHUWLVVHXU'&$&GHN9$SHUPHWWDLWGłDOLPHQWHUOłK¶SLWDOHQ«OHFWULFLW«8QHSRPSHVRODLUH
GH:FDVVXUDLWOłDSSURYLVLRQQHPHQWHQHDXGHOł«WDEOLVVHPHQWKRVSLWDOLHUVRLWP3MRXUSRXU
XQHKDXWHXUPDQRP«WULTXHGHPªWUHV6LOHFR½WGXN:K«WDLWDORUVUHODWLYHPHQW«OHY«FHWWH
LQVWDOODWLRQSLORWHDSHUPLVGłDSSU«KHQGHUOłXVDJHGHV\VWªPHV39G«GL«V¢Oł«OHFWULŦFDWLRQGHSHWLWV
FHQWUHVGHVDQW«mbKRUVU«VHDXb}ORFDOLV«VHQ]RQHVWURSLFDOHV
$XMRXUGłKXLOHVV\VWªPHVVRODLUHV39DOLPHQWHQWGHQRPEUHX[
GLVSHQVDLUHVHWSHWLWVK¶SLWDX[GDQVGHVFHQWUHVVHFRQGDLUHVSRXU
GHVFR½WVGłH[SORLWDWLRQOLPLW«V
HWXQHŦDELOLW«GHIRQFWLRQQHPHQWLQ«JDO«H/HVTXHVWLRQV
GHŦQDQFHPHQWGHOł«TXLSHPHQWHWGHSULVHHQFKDUJH
GHVDPDLQWHQDQFHUHVWHQWFHSHQGDQWGHVSRLQWVVHQVLEOHV
GHOł«OHFWULŦFDWLRQG«FHQWUDOLV«HGDQVOHVHFWHXUGHODVDQW«
(Mali) - 10 kWc.
de centres de santé ou écoles, irrigation de péri- place par le Bureau Yves Houssin et la Société
mètres maraîchers, abreuvage de troupeaux… nationale de télécommunication et télédiffusion
Financées grâce à l’aide au développement, ces (SNTT) au Niger, navigation aérienne (balises) ;
petites infrastructures électriques innovantes autre exemple, l’éolien se développe dans le ba-
ont également bénéficié de l’appui des réseaux lisage maritime.
d’assistants techniques pour leur exploitation et
leur maintenance ; Ces premiers tests ont validé la pertinence de la
çEQPEQOKVCOOGPV FGU KPFWUVTKGNU UG NCP- technologie photovoltaïque (plus adaptée que le
EGPVFCPUFGUCRRNKECVKQPURTQHGUUKQPPGNNGUa solaire thermodynamique), malgré les questions
alimentations solaires pour répéteurs de télé- posées par la pérennité des équipements (cf. cha-
communications développées par Sahel (filiale pitre 2.4.3.). Les projets de petit éolien mettent
de Thomson), réseaux de télédiffusion mis en quant à eux en exergue la problématique de l’usure
des pièces en mouvement (roulements à billes, pa- premier changement d’échelle ; certains projets
liers), de leur graissage régulier et de leur corrosion. impliquent fortement le secteur privé et préfi-
A la charnière des années 1970 et 1980, plusieurs gurent les ruptures qui traversent actuellement le
acteurs industriels français se lancent alors dans domaine de l’ERD.
l’aventure du photovoltaïque “grand public”1 .
Certaines initiatives, emblématiques,
Dans les années 1980, jettent les bases de l’organisation
les projets changent d’échelle. des programmes actuels d’accès à
A cette époque, confiants dans la technologie, les l’électricité.
fabricants de matériels et leurs installateurs sur En France, l’Agence française de la maîtrise de
place, plusieurs bailleurs de fonds permettent un l’énergie (AFME ; cf. encadré) élabore les premiers
concepts d’une électrification décentralisée par
des programmes de préélectrification par lampes
portables et petits systèmes solaires autonomes.
$)0(
Elle soutient notamment le Programme pilote
d’électrification rurale marocain (cf. encadré), qui
&U««HHQOł$JHQFHIUDQ©DLVHSRXU vise l’accès à l’électricité de douars isolés par des
ODPD°WULVHGHOł«QHUJLH$)0(HVWXQ systèmes solaires individuels et des microcen-
«WDEOLVVHPHQWSXEOLFD\DQWSRXUPLVVLRQ trales hydrauliques, avec une forte implication des
GHVXVFLWHUGłDQLPHUGHFRRUGRQQHU collectivités locales.
GHIDFLOLWHURXGHU«DOLVHUGHVRS«UDWLRQV
YLVDQWODPD°WULVHGHOł«QHUJLH(OOH La Commission européenne, elle, lance deux
U«VXOWHGHODIXVLRQGHOł$JHQFHSRXU programmes importants de développement in-
OHV«FRQRPLHVGł«QHUJLH$((OH cluant des équipements solaires (à une époque
&RPPLVVDULDW¢Oł«QHUJLHVRODLUH&20(6 où l’accès à l’électricité ne figure pas en tant
OH&RPLW«J«RWKHUPLHOD0LVVLRQQDWLRQDOH que tel parmi les thématiques de l’aide publique
SRXUODYDORULVDWLRQGHODFKDOHXUHWOH au développement). Le premier, en 1983, vise
VHUYLFH«FRQRPLHGHPDWLªUHVSUHPLªUHV l’électrification de 850 centres de santé au Zaïre ;
GXPLQLVWªUHGHOł,QGXVWULH le second, déployé entre 1991 et 1997, procède
à l’installation de près de 1 000 pompes solaires
/ł$)0(DIXVLRQQ«HQ dans les neuf pays du Sahel.
DYHFOł$JHQFHQDWLRQDOHSRXU Ces initiatives proposent de nouvelles approches
ODU«FXS«UDWLRQHWOł«OLPLQDWLRQGHV en matière de validation des équipements (tests
G«FKHWV$15('HWOł$JHQFHSRXUOD de performances et de robustesse en laboratoires
TXDOLW«GHOłDLU$4$SRXUIRUPHUOł$JHQFH européens agréés) et d’implication d’acteurs
GHOłHQYLURQQHPHQWHW
GHODPD°WULVHGHOł«QHUJLH$'(0(
3URJUDPPHSLORWHGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHDX0DURF
)LQOD)UDQFHHWOH0DURFFRQYLHQQHQWGXPRQWDJHGX33(5SRXUFRQWULEXHU¢U«SRQGUH¢OD
GHPDQGHHQ«OHFWULFLW«GHV]RQHVUXUDOHVGX5R\DXPHFK«ULŦHQ)RUWVGHVSURMHWVG«M¢PHQ«VDX
0DURFHWDXGHO¢GHVIURQWLªUHVOHSURJUDPPHHVWFRQVWUXLWVXUSLOLHUV
ʼn8QHSULVHHQFRPSWHGHODGHPDQGHGHVIXWXUVXVDJHUVHWGHVFRQWUDLQWHVEXGJ«WDLUHV
ʼn'HVU«SRQVHVWHFKQRORJLTXHVDGDSW«HVHWOLEUHVGHWRXWFKRL[WHFKQRORJLTXHSU«DODEOH
ʼn8QHSU«RFFXSDWLRQTXDQWDX[YROHWVLQVWLWXWLRQQHOVHWRUJDQLVDWLRQQHOVFRQGXLVDQW¢OłLPSOLFDWLRQ
GHSULQFLSDOHVSDUWLHVODGLUHFWLRQJ«Q«UDOHGHVFROOHFWLYLW«VORFDOHVOHPLQLVWªUHGHOł«QHUJLH
PDURFDLQOHPLQLVWªUHIUDQ©DLVGHV$IIDLUHV«WUDQJªUHVDVVLVW«GHOł$JHQFH)UDQ©DLVHGH
'«YHORSSHPHQWHWOł$JHQFHIUDQ©DLVHGHOłHQYLURQQHPHQWHWGHODPD°WULVHGHOł«QHUJLH
$LQVLOH33(5DFRQWULEX«¢«ODERUHUOHVFRQWRXUVGX3URJUDPPHGł(OHFWULŦFDWLRQJOREDOH3(5*
GXSD\VTXLDSHUPLVSDUH[WHQVLRQGHU«VHDXFRPSO«W«HSDUXQH«OHFWULŦFDWLRQG«FHQWUDOLV«H
SKRWRYROWD±TXHGł«OHFWULŦHUYLOODJHVVRLWHQYLURQPLOOLRQGHIR\HUV
&RQWH[WHbPLHX[U«SRQGUH¢ODGHPDQGHHQHDX
(QOHVFKHIVGł(WDWGHVSD\VPHPEUHVGX&RPLW«LQWHU(WDWVFRQWUHODV«FKHUHVVHDX6DKHO
&,/66ODQFHQWDYHFOłDSSXLGHOł8QLRQHXURS«HQQHOH3URJUDPPHU«JLRQDOVRODLUH356DSUªVTXH
OHXUV(WDWVDLHQWVXELODV«FKHUHVVHGHODG«FHQQLHHWGHVG«EXWVGHVDQQ«HV3DUDOOªOHPHQWOHV
ORFDOLW«VJUDQGLVVHQWVRXVOłHIIHWGHODFURLVVDQFHG«PRJUDSKLTXHHWOHVSRPSHV¢PDLQVHU«YªOHQW
LQVXIŦVDQWHVSRXUU«SRQGUH¢ODGHPDQGHHQHDX
2EMHFWLIbOXWWHUFRQWUHODG«VHUWLŦFDWLRQJU¤FHDXSRPSDJHGHOłHDXSDUb
ʼnOłDP«OLRUDWLRQGHOłDFFHVVLELOLW«GHOłHDXHQTXDQWLW«HWHQTXDOLW«b
ʼnOłDP«OLRUDWLRQGHVFRQGLWLRQV«FRQRPLTXHVGHVYLOODJHRLVSDUOHG«YHORSSHPHQW
GXPDUD°FKDJHFU«DQWGHVUHVVRXUFHVFRPSO«PHQWDLUHVb
ʼnODU«GXFWLRQGXWHPSVSDVV«SDUOHVIHPPHVHWOHVHQIDQWVGDQVOłDSSURYLVLRQQHPHQWHQHDX
5«DOLVDWLRQVbGH¢V\VWªPHVGHSRPSDJHVRODLUHRQW«W«LQVWDOO«VGDQV
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J«Q«UDWHXUVVRODLUHVRQW«TXLS«GHVE¤WLPHQWVFRPPXQDXWDLUHVDYHFGHVSRVWHV
GHUHFKDUJHGHEDWWHULHVGHVU«IULJ«UDWHXUVHWGHV«FODLUDJHVFROOHFWLIV
3OXVLHXUVHQVHLJQHPHQWVRQW«W«WLU«VGHFHWDPELWLHX[SURJUDPPHb
ʼnOHSKRWRYROWD±TXHHVWXQHWHFKQRORJLHDSSURSUL«HSRXUXQHODUJHGLIIXVLRQDX6DKHOb
ʼnLOVHU«YªOH¬WUHXQHVROXWLRQSHUWLQHQWHSRXUOłDSSURYLVLRQQHPHQWHQHDXSRWDEOHGªVTXH
OłDG«TXDWLRQHQWUHWDLOOHGXYLOODJHHWGLPHQVLRQQHPHQWGHODSRPSHVRODLUHHVWRSWLPLV«Hb
ʼnOłXVDJHGHVSRPSHVVRODLUHVSRXUGXPDUD°FKDJHUHTXLHUWXQHPRGDOLW«GłLQWHUYHQWLRQDGDSW«H
DX[DFWHXUVGXPDUD°FKDJHH[SORLWDQWVLQGLYLGXHOVRXJURXSHPHQWVGHSURGXFWHXUVSULY«Vb
ʼnOłXWLOLVDWLRQGXSKRWRYROWD±TXHSRXUGHVXVDJHVFRPPXQDXWDLUHVHVWSHUWLQHQWHVLWRXWHIRLVGHV
P«FDQLVPHVS«UHQQHVGHSDLHPHQWGXVHUYLFHVRQWPLVHQSODFHFHTXLVłDYªUHGLIŦFLOHb
ʼnOHSDUWLSULVGHODTXDOLW«GHVFRPSRVDQWVWHFKQLTXHVHWGXVHUYLFHHVWSD\DQWbĿOHVWDX[GHSDQQHV
VRQWIDLEOHVHWOHVHUYLFHHVWGHTXDOLW«b
ʼnOłLPSOLFDWLRQGHVFRPPXQDXW«VUXUDOHVGDQVOHFKRL[GHVFRQŦJXUDWLRQVGHSRPSHVVłDYªUH
FDSLWDOHSRXUOłDSSURSULDWLRQGHVV\VWªPHVHWOHSDLHPHQWGHOłHDX
locaux (pour la fabrication de réfrigérateurs à très connaissons aujourd’hui : la vente directe de kits
basse consommation par exemple, le paiement solaires et la mise en concession de territoires.
du service et un SAV garanti sur une durée de cinq Ainsi, au Kenya, avec le soutien de la Banque mon-
ans). Ces procédures et ces mécanismes parti- diale et à la faveur de la mise sur le marché de mod-
cipent à la maturation du secteur. ules en silicium amorphe (de rendement et de coût
Des projets d’expérimentation en éolien et micro- plus bas que le silicium cristallin), de petits systèmes
hydraulique sont également menés au Sénégal et solaires familiaux très bon marché sont commercial-
au Maroc, de plus petite envergure, et sans mise isés par des revendeurs locaux pour accompagner
en place de mécanismes de maintenance. la mise en place d’un programme national de télédif-
fusion desservant les milieux ruraux.
Parallèlement, principalement en Asie, les pre- Au Mali et en Afrique du Sud, EDF et Nuon (société
miers miniréseaux alimentés par générateurs d’électricité hollandaise aujourd’hui fusionnée avec
solaires voient le jour, grâce à des financements Vattenfall) se lancent dans de vastes programmes
français, européens ou des Nations unies (UNDP), d’électrification régionale dans le cadre de con-
dans le cadre de partenariats avec les directions cessions négociées avec les Etats. En échange
générales de l’énergie ou les sociétés natio- du paiement d’une redevance collectée auprès
nales d’électricité. Parfois en concurrence avec des clients, elles installent puis exploitent plusieurs
l’extension de réseau, et affichant un coût prohibi- dizaines de milliers de systèmes solaires individu-
tif (30 €/Wc installés), ce type de centrales so- els. Ces programmes font suite à la mise en place
laires n’a pas été répliqué à grande échelle. des agences d’électrification rurale,qui apparais-
sent à la fin des années 1990.
D’autres initiatives, impliquant de
manière plus forte le secteur privé, Au bilan, ces projets permettent
voient le jour au cours des années de pointer les atouts mais aussi
2000. les limites de l’électrification
Ces projets préfigurent les deux grands modes par systèmes autonomes alimentés par
organisationnels de l’accès à l’électricité par éner- énergie solaire.
gie renouvelable, principalement solaire, que nous Les problématiques identifiées à l’issue de ces
programmes d’envergure et d’applications di-
verses sont bien connues et, pour la plupart, tou-
jours d’actualité.
Au niveau des équipements :
çNGUOQFWNGUQPVHCKVRTGWXGF©UNGURTGOK©TGU
©Fondation Energies pour le Monde
2.3.
L’électrification rurale,
en pleine mutation,
manque toujours de
financements adaptés
aux enjeux.
L’ERD vit actuellement une mutation à la fois prometteuse et
risquée. De nouvelles solutions techniques, rendues possibles
par une conjonction d’innovations ou d’avancées techniques
favorables, permettent d’imaginer un changement d’échelle,
tout en donnant naissance à de nouvelles visions de l’accès à
l’électricité hors réseau, plutôt marchandes, souvent à rebours de
celles de ses pionniers (2.3.1.).
Le monde de
l’énergie est entré
Quant aux moyens financiers GDQVXQHªUHGH
disponibles, certes, la prise profonde mutation
marquée par la
de conscience d’une urgence U«YROXWLRQGHVbm'}b
climatique s’accompagne d’une décarbonation,
mobilisation plus large des décentralisation
acteurs et des financements. et digitalisation.
Force est néanmoins de
constater que ces derniers ne &HUWDLQVSDUOHQWGHODU«YROXWLRQmbGHV
b'b}bODG«FDUERQDWLRQDPRUF«H¢OD
couvrent pas encore l’ensemble VXLWHGXSURWRFROHGH.\RWRHWDPSOLŦ«H
des besoins, dans une situation DYHFOł$FFRUGGH3DULVbODG«FHQWUDOLVDWLRQ
2.3.1.
Depuis dix ans, de multiples évolutions
viennent élargir le champ des possibles
pour l’électrification rurale décentralisée.
Dans les pays du Sud, l’ERD a longtemps été proposant des offres de services énergétiques
l’apanage d’industriels pionniers et de quelques suivant des schémas commerciaux originaux,
ONG, dans le cadre d’initiatives soutenues finan- sur un marché qui leur est d’autant plus favor-
cièrement par la communauté internationale (cf. able qu’il est peu régulé.
chapitre 2.2.2.). C’est ainsi toute la chaîne de valeur de l’accès
à l’électricité qui se trouve modifiée : produc-
Mais dans la dernière décennie, une conjonction tion et stockage, distribution et pilotage, usage…
de phénomènes a contribué à un intérêt renou- Les développements qui suivent présentent de
velé des acteurs du secteur électrique en Afrique, manière synthétique les différentes dimensions
y compris celui des grands bailleurs de fonds in- de cette mutation profonde que traverse le do-
ternationaux, déçus par les résultats des aides maine, et qui se poursuit, sans qu’il soit possible
apportées aux sociétés nationales pour dévelop- d’en restituer pleinement les effets à l’heure où cet
per l’accès à l’électricité par extension de réseau. ouvrage est écrit.
Trois sources de rupture, convergentes, inter-
dépendantes et simultanées, ont impulsé une dy- L’urgence de la lutte contre le
namique nouvelle pour l’électrification rurale dans changement climatique accélère
les pays du Sud, ouvrant une voie prometteuse la mise en œuvre des politiques
pour changer d’échelle : de décarbonation.
çNCRTKUGFGEQPUEKGPEGINQDCNGFGNàWTIGPEGFG L’alerte environnementale lancée dans les
NC NWVVG EQPVTG NG EJCPIGOGPV ENKOCVKSWG qui années 1960 et 1970 avait été entendue des
favorise les énergies renouvelables et les poli- pionniers de l’accès à l’électricité, qui ont déve-
tiques de maîtrise des consommations ; loppé des solutions décentralisées s’appuyant
çNG EJCPIGOGPV FG RCTCFKIOG VGEJPQNQIKSWG sur les énergies renouvelables. Aujourd’hui, leur
TGRQUCPVUWTSWCVTGRKNKGTUa cercle s’est élargi. Bien que les rapports succes-
- la révolution numérique, sifs du Groupe d’experts intergouvernemental sur
- la baisse du coût des équipements PV, l’évolution du climat (GIEC) démontrent globale-
- la diffusion des récepteurs basse consommation, ment une incapacité des acteurs économiques et
- les progrès faits en matière de stockage. des pouvoirs publics à prendre des mesures à la
Ces deux phénomènes, en créant de nouvelles hauteur des enjeux, il est indéniable que la révolu-
opportunités d’affaires, donnent naissance à un tion énergétique est en marche, grâce à une me-
troisième : nace qui se matérialise (cf. graphe).
çNC TªXQNWVKQP FG NC FKUVTKDWVKQP qui se traduit
par l’arrivée de multiples acteurs privés
'HVLQQRYDWLRQVmbPDGHLQ$IULFDb}SRXUG«YHORSSHU
OłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«SRXUWRXV
3RXUG«YHORSSHUOłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«SRXUWRXVVXUOHFRQWLQHQWGHQRPEUHXVHVLQLWLDWLYHV
DIULFDLQHVYRLHQWOHMRXUHWWHQWHQWGHUHOHYHUOHG«Ŧ
%ODFN6WDU(QHUJ\VRFL«W«JKDQ«HQQHGHVROXWLRQVGHSURGXFWLRQ«OHFWULTXHKRUVU«VHDXH[SORLWH
G«M¢XQHTXLQ]DLQHGHPLQLU«VHDX[(OOHDGłDLOOHXUV«W«U«FRPSHQV«HSDUOHSUL[(')3XOVH$IULFD
/DVWDUWXS-DFLJUHHQIRQG«HSDUOD1LJ«ULHQQH0DULDPD0DPDQHDG«YHORSS«XQHVROXWLRQ
¢GRXEOHE«Q«ŦFHTXLG«SROOXHOHŧHXYH1LJHUWRXWHQSURGXLVDQWHQJUDLVHW«OHFWULFLW«/HV
MDFLQWKHVGłHDXQXLVLEOHVSRXUODELRGLYHUVLW«VRQWXWLOLV«HVSRXUSURGXLUHGXELRJD]SRXYDQW¬WUH
WUDQVIRUP«HQVXLWHHQ«QHUJLH«OHFWULTXH
3DUDLOOHXUVDŦQGHVWLPXOHUFHWWHG\QDPLTXHGHVFHQWUHVGłDFFRPSDJQHPHQW
¢OłHQWUHSUHQHXULDWHW¢OłLQQRYDWLRQGDQVOHGRPDLQHGHOł«QHUJLHŧHXULVVHQW«JDOHPHQW
sur le continent.
/łDVVRFLDWLRQ(QHUJ\*HQHUDWLRQFU««HSDUOD)UDQFR&RQJRODLVH$VWULD)DWDNLHWEDV«H¢/RP«
DFFRPSDJQHGHSXLVGHVSRUWHXUVGHSURMHWVDŦQGHOHVVRXWHQLUGDQVOHG«YHORSSHPHQWGH
VROXWLRQV«QHUJ«WLTXHVLQQRYDQWHVDERUGDEOHVHWGLIIXVDEOHV¢JUDQGH«FKHOOH'HVmbSURPRWLRQVb}
Gł«WXGLDQWVHQWUHSUHQHXUVYHQXVGX&DPHURXQGH0DGDJDVFDUGł(WKLRSLHHWGłDXWUHVSD\VGX
FRQWLQHQWRQW«PHUJ«GHVVROXWLRQVWHOOHVTXH+\GUR3RZHUXQJURXSH«OHFWURJªQHIRQFWLRQQDQW
¢OłK\GURJªQHRX+DQG&UDQN3RZHUXQJ«Q«UDWHXU¢PDQLYHOOHUHFKDUJHDEOHVDQV«OHFWULFLW«
6RXUFHVb
Rémy Nsabimana, « Jacigreen : la dépollueuse du fleuve Niger », BBC News Afrique (en ligne), 2017.
« 4 projets innovants récompensés par le Prix EDF Pulse Africa 2018 », Le Monde de l’Énergie, 2018, https://www.
lemondedelenergie.com/innovations-prix-edf-pulse-africa-2018/2018/12/27/.
« Energy Generation », https://www.energy-generation.org/.
6RXUFHb NOAA, « Annual checkup for the planet » (Washington, D.C, 2017).
jours au-dessus
du 90e percentile
80
70
60
50
40
30
20
10
0
51
58
65
72
79
86
93
00
07
14
19
19
19
19
19
19
19
20
20
20
Electrification rurale décentralisée l’efficacité énergétique est entrée dans les mœurs
et efficacité énergétique sont liées. dans les pays industrialisés. Elle est stricto sensu
Née du premier choc pétrolier, longtemps consi- le rapport entre la quantité d’énergie récupérée et
dérée comme incompatible avec la croissance, l’énergie consommée (valeur comprise entre 0 et
(IŦFDFLW««QHUJ«WLTXH
/łHIŦFDFLW««QHUJ«WLTXHU«VXOWHGHOłDSSOLFDWLRQFRPELQ«HGHSOXVLHXUVSULQFLSHVb
ʼnRSWLPLVDWLRQGHVFRQVRPPDWLRQVUHFKHUFKHGHODPRLQGUHLQWHQVLW««QHUJ«WLTXH¢VHUYLFH«JDOb
ʼnXVDJHUDWLRQQHOGHOł«QHUJLHJU¤FH¢GHVSURFHVVXVHWRXWLOVSOXVHIŦFDFHVb
ʼnUHFKHUFKHGł«FRQRPLHVGł«QHUJLHU«GXFWLRQGHVJDVSLOODJHVHWGHVFRQVRPPDWLRQVLQXWLOHV
/HVE«Q«ŦFHVDWWHQGXVVRQWPXOWLSOHVb
ʼnU«GXLUHOłHPSUHLQWH«FRORJLTXHHQGLPLQXDQWOłHPSUHLQWH«QHUJ«WLTXHHWSDUIRLVOłHPSUHLQWH
FDUERQHb
ʼnDXJPHQWHUODV«FXULW««QHUJ«WLTXHHQIDYRULVDQWOłDGDSWDWLRQDXFKDQJHPHQWFOLPDWLTXHHWOD
OXWWHFRQWUHOHV«PLVVLRQVGHJD]¢HIIHWGHVHUUH
SOBRIÉTÉ &KDQJHPHQWGH
FRPSRUWHPHQWHW
GłRUJDQLVDWLRQGHODVRFL«W«
N CE
NDA RÉDUIRE L’ÉNERGIE
TE
()),&$&,7 1«FHVVDLUHDX[EHVRLQV
WHFKQRORJLHHWSURF«G«V
FRQVWUXFWLIV
NÉ PRODUIRE DE L’ÉNERGIE
GA
WA
TT
5(1289(/$%/(6 3URSUHHWLQ«SXLVDEOH
VROHLO PLOOLDUGV
GłDQQ«HV¢YLYUH
100 %). Mais le champ de signification de cette ex- désenclavement de l’Afrique et de son dével-
pression s’est élargi pour devenir un principe fon- oppement agricole, elles renouvellent l’intérêt
damental de la transition énergétique : l’efficacité porté par les bailleurs de fonds internationaux à
énergétique vise à réduire les coûts (directs et in- la question de l’électrification rurale de l’Afrique
directs) écologiques, économiques et sociaux in- subsaharienne et à la généralisation de l’utilisation
duits par la production, le transport et la consom- des énergies renouvelables.
mation d’énergie (cf. encadré).
Jusqu’en 2015, la très grande majorité des finance-
L’accélération de la mise en œuvre de politiques ments de l’accès à l’électricité étaient orientés vers
de décarbonation est favorable au développe- l’extension des réseaux de distribution électrique.
ment de l’ERD, qui ne peut s’affranchir de mesures Désormais, la part des projets d’ERD par énergie
d’efficacité énergétique, décisives pour la perfor- renouvelable (en cours ou en montage) augmente
mance environnementale, ni de la qualité de service dans les financements (cf. chapitre 2.3.2.), malgré
du système installé. L’usage rationnel de l’électricité les contraintes opérationnelles qui restent en par-
est une thématique essentielle des campagnes de tie inchangées (cf. chapitre 2.4.).
sensibilisation qui accompagnent le déploiement Les stratégies des bailleurs de fonds sont
d’un projet d’ERD (cf. chapitre 2.4.2.). multiples, allant de la subvention au prêt conces-
Par ailleurs, énergies renouvelables et efficacité sionnel ou privé, jusqu’à la couverture de risques
énergétique sont « économiquement » liées : bien (cf. chapitre 2.3.2.).
que les prix du PV aient drastiquement baissé,
le Wh produit par les petites centrales PV coûte Le changement de paradigme
cher et la production journalière est limitée ; moins technologique rend possible une
les récepteurs consomment d’énergie, plus les accélération de l’électrification
abonnés peuvent être nombreux. Pour ces rai- rurale par énergie solaire.
sons, le développement du PV a toujours été ac- Plusieurs avancées technologiques, déjà gé-
compagné de la recherche de solutions « basse néralisées ou encore en cours d’expérimentation,
consommation » pour les usages de l’électricité concourent à révolutionner la conception des so-
(d’abord tubes fluorescents puis ampoules LED lutions d’électrification décentralisées par éner-
et appareils à courant continu). gies renouvelables :
A noter que certains analystes, comme Jeremy çNCTªXQNWVKQPPWOªTKSWGa
Rifkin, vont encore plus loin, faisant de la généralisa- çNC DCKUUG FW EQ¼V FGU ªSWKRGOGPVU
tion des solutions décentralisées l’unique chance de photovoltaïques ;
réussir la transition écologique nécessaire1.
En Guyane, XQSURJUDPPHGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHG«FHQWUDOLV«HD«W«ODQF«LO\DSOXVGHGL[DQV
SRXUOłDOLPHQWDWLRQHQ«OHFWULFLW«GHTXDWUHYLOODJHVVXUOH+DXW0DURQLGRQWOHF«OªEUHYLOODJH
Gł$QW«FXP3DWD/DPD°WULVHGłRXYUDJHHVWDVVXU«HSDUOD&RPPXQDXW«GHFRPPXQHVGHOł2XHVW
JX\DQDLVOHVFHQWUDOHVGHYDQW¬WUHSULVHVHQH[SORLWDWLRQSDU(')6(,
6XUOHSULQFLSHFHVFHQWUDOHVK\EULGHVFRUUHVSRQGHQW¢XQVDYRLUIDLUHDFTXLVGHORQJXHGDWH
&łHVWODFRPSOH[LW«GXV\VWªPHGHSLORWDJH¢GLVWDQFHHWGHOłDXWRPDWLVPHHQWUHOHFLUFXLWŦRXOOH
JURXSH«OHFWURJªQHHWODFHQWUDOH39TXLIUDJLOLVHODJHVWLRQGHFHVFHQWUDOHVIDLWHmb¢OłDYHXJOHb}DX
G«WULPHQWGRQFGXVHUYLFHUHQGXDX[SRSXODWLRQV
2UVXUGHWHOVWHUULWRLUHVHWFRPPHFHODD«W«ODUJHPHQWG«YHORSS«HQ$IULTXHGHSXLVGHVGL]DLQHV
GłDQQ«HVLOHVWLQGLVSHQVDEOHGHWUDYDLOOHUDYHFGHVV\VWªPHVVLPSOHVHWGRQFUREXVWHVTXL
G«OLYUHQWOHVHUYLFHDWWHQGXHWVXUWRXWGHVłDSSX\HUVXUOHVSRSXODWLRQVORFDOHVDŦQGHGLVSRVHU
GHUHVVRXUFHVHWGHFRPS«WHQFHVELHQSOXVHIŦFDFHVSRXUOHSLORWDJHGHVFHQWUDOHVDXTXRWLGLHQ
,OQHVłDJLWSDVGHVHVXEVWLWXHU¢OłH[SORLWDQWPDLVGHOłDFFRPSDJQHUOłDVVLVWHUSDUXQHSU«VHQFH
UHODLVXUVLWHSRXUGHVV\VWªPHVSOXVŦDEOHVHWXQIRQFWLRQQHPHQWHQERQQHLQWHOOLJHQFHDYHFOHV
KDELWDQWVFRQVRPPDWHXUV
(YROXWLRQGHODSXLVVDQFHSKRWRYROWD±TXHLQVWDOO«H
Puisance
installée (GW)
300
250 France
Europe
Monde
200
150
100
50
0
6
07
10
11
12
13
14
15
16
0
0
0
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
6RXUFHb RTE.
La baisse du coût des composants Le transfert des fabrications vers l’Asie (princi-
photovoltaïques autorise une large palement la Chine) et l’augmentation de la de-
démocratisation des solutions solaires mande ont favorisé une baisse très significative
décentralisées. du prix des modules, véritables cœurs des sys-
Porté par la lutte contre le changement clima- tèmes photovoltaïques (cf. chapitre 3.1.2.). Selon
tique, le développement des énergies renou- l’IRENA, depuis 2009, le prix des modules PV a
velables s’est accéléré à partir de 2002 grâce à baissé de 80 %, tandis que le coût de l’énergie so-
la mise en place en Europe, aux Etats-Unis et au laire PV a baissé de 73 % entre 2010 et 20171.
Japon de politiques incitatives visant à permettre Le prix « sortie d’usine » d’un module photo-
à chacun de devenir producteur, autoconsomma- voltaïque* était de 20 €/watt-crête en 1993, il est
teur et vendeur d’électricité. de 0,30 €/Wc en 2018, soit une baisse de près de
100 % en euros constants, et cette tendance va se
Ce développement s’est accompagné de deux poursuivre2. Le budget d’investissement dans une
conséquences techniques dont la conjonction
fait baisser le coût d’une infrastructure solaire et
1. Agence internationale pour les énergies renouvelables, « Off grid renewable
rend l’ERD par énergie solaire très compétitive : energy solutions to expand electricity access : An opportunity not to be
çNCDCKUUGEQPVKPWGFWEQ¼VWPKVCKTGFGUOQFWNGUa missed » (Abu Dhabi, 2019).
2. Daniel Lincot, « Où en est la conversion photovoltaïque de l’énergie solaire ? »,
çNàCWIOGPVCVKQPRTQITGUUKXGFGNGWTTGPFGOGPV Photoniques, no 93 (2018).
(YROXWLRQGHVUHQGHPHQWVGHVFHOOXOHVSKRWRYROWD±TXHVVHORQOHVWHFKQRORJLHV
Efficacité
des cellules
photovoltaïques (%)
30
Silicium amorphe
Silicium monocristallin
25 Silicium polycristallin
20
15
10
0
70
80
90
10
20
0
20
20
19
19
19
20
&RXUEHGłH[S«ULHQFHGHVSUL[GHVPRGXOHVSKRWRYROWD±TXHV
6RXUFHb AIE, « Energy Access Outlook 2017, From Poverty to Prosperity » (Paris, 2017).
infrastructure solaire a donc, pour un même vo- coûts d’une infrastructure (ou, pour un même bud-
lume de Wc requis, fondu depuis les années 1990. get, permet d’en augmenter la capacité).
Cette baisse se double de l’amélioration régulière
des performances de ces mêmes modules. Le ren- Au-delà des seuls modules, l’augmentation du nom-
dement de conversion photovoltaïque est passé bre d’installations a permis, par économie d’échelle,
de moins de 14 % dans les années 1980 à 20 % de réduire significativement le prix des autres élé-
aujourd’hui, et il atteindra demain sans doute 30 %1. ments d’un système solaire (composants, char-
L’amélioration du rendement diminue la surface pentes de fixation, régulateurs et convertisseurs
de capteurs requise pour délivrer la même quan-
tité d’énergie. Cela fait mécaniquement baisser les 1. Source : « Institut photovoltaïque d’Île-de-France», https://www.ipvf.fr/.
4XHOOHHVWODGLII«UHQFHHQWUHV\VWªPHV39
FRQQHFW«VDXU«VHDXHWV\VWªPHV39DXWRQRPHV
décentralisés ?
/HVV\VWªPHV39FRQQHFW«VDXU«VHDXIRQFWLRQQHQWHQJ«Q«UDWHXUVGHFRXUDQWLOVLQMHFWHQWDXŦO
GXVROHLOOł«OHFWULFLW«SURGXLWHVDQVVWRFNDJH6LOHU«VHDXHVWVWDEOHHWSU«VHQWSUªVGHbGH
Oł«OHFWULFLW«VRODLUHSHXW¬WUHYDORULV«HDYHFGHVV\VWªPHVVLPSOHVHWUREXVWHV
&HVFHQWUDOHV39UDFFRUG«HVDXU«VHDXGRQWOHVSXLVVDQFHVXQLWDLUHVDWWHLJQHQWDXMRXUGłKXL
SOXVLHXUVGL]DLQHVGH0:FE«Q«ŦFLHQWGłXQHIIHWGł«FKHOOHHWGHWUªVERQQHVSHUIRUPDQFHV
SHUPHWWDQWGłRSWLPLVHUOHVG«SHQVHVGłLQYHVWLVVHPHQW&$3(;
HWGłH[SORLWDWLRQ23(;
(Q$IULTXHVXEVDKDULHQQHOHVFHQWUDOHV39UDFFRUG«HVDXU«VHDXDXGHO¢GX0:FVHG«SORLHQW
SRXUGHVFR½WVXQLWDLUHVGH¢ŏ:FDWWHLJQDQWGHVFR½WVGHSURGXFWLRQGł«OHFWULFLW«
DFWXDOLV«VVXUYLQJW¢WUHQWHDQVGH¢FŏN:K
&HVGHX[DSSOLFDWLRQVGHOł«QHUJLHSKRWRYROWD±TXHVRQWŦQDOHPHQWWUªV«ORLJQ«HVbHOOHVQłRQWGH
SRLQWFRPPXQTXHOHFKDPSGHFDSWHXUVSKRWRYROWD±TXHV,OHVWLPSRUWDQWGHQHSDVFRQIRQGUH
OHVPRGHVGHIRQFWLRQQHPHQWHWOHVDVSHFWV«FRQRPLTXHV
d’énergie). Le prix global d’une infrastructure ainsi que par l’absence de batteries de stockage
RJQVQXQNVC°SWGFàªNGEVTKăECVKQPTWTCNGKPENWCPV dans le premier cas.
production, régulation et stockage pour une
puissance de l’ordre de 30 kWc installée sur Une révolution des technologies
UKVGCªVªFKXKUªRCTRNWUFGVTQKUFGRWKUNGOKNKGW de stockage se profile à l’horizon.
des années 80 : il est d’environ de 8 €/Wc en 2018, Absolument nécessaire quand on fait appel aux
alors qu’il avoisinait les 30 € en 19851. énergies renouvelables, par essence intermit-
Il faut cependant souligner que le coût d’une infra- tentes et variables, le stockage d’électricité reste
structure d’ERD est significativement supérieur à le maillon faible des systèmes décentralisés
celui d’une centrale solaire connectée au réseau. (cf. chapitre 3.1.2.). Cependant, les efforts de re-
La différence du prix du Wc installé entre systèmes cherche engagés pour répondre aux besoins de
centralisés et décentralisés est significative : la mobilité verte et de la décarbonation du secteur
ç¡GWTQURCT9ERQWTNGUU[UV©OGU28EQPPGE- électrique ouvrent d’intéressantes perspectives.
tés au réseau (de puissance d’environ 1 MW) ; La technologie de stockage dite « au plomb »,
ç¡GWTQU9ERQWTNGUU[UV©OGUFªEGPVTCNKUªU qui équipe la très grande majorité des systèmes
(de puissance inférieure à 100 kWc).
Elle s’explique notamment par l’effet de taille et
les conditions d’acheminement et d’installation, 1. Source : Fondation Energies pour le Monde.
YV
comparatif technique de deux installations
&RPSDURQVOHVDUFKLWHFWXUHVWHFKQLTXHVGłXQV\VWªPHSKRWRYROWD±TXHDXWRQRPHFRQ©XHWLQVWDOO«
HQHWGłXQV\VWªPHFRQ©XHWLQVWDOO«HQOHVGHX[GHYDQWU«SRQGUH
¢ODP¬PHGHPDQGHHQ«OHFWULFLW«GłHQYLURQN:KMRXU
68,9, ʼn8QGLVSRVLWLIGHW«O«PRQLWRULQJ*356
SRXUOHVXLYL¢GLVWDQFHSRXUXQFR½W
DGGLWLRQQHOG«ULVRLUH
$XELODQbOłHQVHPEOHGHOł«FRV\VWªPHWHFKQRORJLTXHHQWRXUDQWXQGLVSRVLWLI
Gł«OHFWULŦFDWLRQDXWRQRPHSKRWRYROWD±TXHDIRUWHPHQW«YROX«ŊVDXIOH
dispositif de stockage.
photovoltaïques actuellement en service en zone miniréseaux solaires hybrides (cf. chapitre 3.5.1.) ;
rurale, présente plusieurs inconvénients, qui mo- çNGU RGVKVU U[UV©OGU FàªNGEVTKăECVKQP TWTC-
tivent la recherche de solutions de stockage al- le décentralisée ont déjà adopté ces nou-
ternatives de la part des développeurs de projets XGNNGUVGEJPQNQIKGUa on trouve notamment des
d’électrification décentralisée. batteries au lithium-ion ou nickel-métal hydrure
D’une part, cette technologie a atteint sa maturité. dans une grande partie des systèmes individuels
Dépendant donc des cours du plomb plutôt que solaires en PAYG (cf. chapitre 3.2.2.) et dans les
de gains industriels, le prix des batteries au plomb lampadaires solaires (cf. chapitre 3.3.3.) ;
baisse légèrement tandis que le coût des autres çles baisses de prix annoncées laissent pré-
équipements a, lui, fortement chuté. Les dé- UCIGTWPGªXQNWVKQPTCRKFGFGUU[UV©OGURNWU
penses de stockage pèsent donc de plus en plus KORQTVCPVU
dans le budget des projets : CNQTUSWàGPNG
EQ¼VFGNCDCVVGTKGFàWPU[UV©OG28CWVQPQOG La révolution de l’efficacité énergétique
TGRTªUGPVCKV GPXKTQP a FG NàKPXGUVKUUGOGPV se poursuit, avec des récepteurs
global, il atteint aujourd’hui 30 à 40 %. toujours plus performants et plus
accessibles aux populations du Sud.
D’autre part, la durée de vie limitée des batteries Au Nord, la chasse au gaspillage énergétique a
au plomb, de deux à dix ans dans le contexte cli- conduit la recherche et l’industrie à réaliser des
matique particulier de l’Afrique rurale, induit un gains de performance très significatifs pour la
renouvellement fréquent de matériel. C’est une plupart des récepteurs électriques courants :
contrainte économique dont se passeraient éclairage, électroménager, multimédia. En dix
volontiers les concepteurs de systèmes et les ans, l’éclairage électrique moderne est passé de
usagers (comment financer ce renouvellement ?), l’ampoule à incandescence à la LED, après un dé-
et qui fait donc obstacle à la pérennité des instal- tour par les équipements fluorescents.
lations. Elle pose enfin le problème du recyclage Aujourd’hui, NGU EQPUQOOCVKQPU FGU CRRCTGKNU
des équipements en fin de vie (cf. chapitre 2.4.3.). ªNGEVTKSWGUFQOGUVKSWGUUQPVFCPUNàGPUGODNG
La recherche, lancée à la fin des années 1990, a FG a KPHªTKGWTGU ¡ EG SWàGNNGU ªVCKGPV KN [
permis de tester une dizaine de technologies de a vingt ans1. En conséquence, alors qu’il fallait
stockage d’électricité stationnaire autres que 400 Wh chaque jour pour éclairer correctement
le plomb. De nouveaux couples électrolytiques, un foyer en 2005, on obtient aujourd’hui le même
lithium-ion ou nickel-métal hydrure par exemple, service pour 40 Wh, avec un éclairage plus ho-
peuvent répondre aux besoins de l’électrification mogène et plus durable.
décentralisée : Le développement de ces récepteurs à haute ef-
çles industriels européens ont déjà pris le vi- ficacité énergétique favorise l’accès à l’électricité
TCIGa l’essentiel des gammes de produits pro- des populations économiquement vulnérables
posés par les fabricants de systèmes PV (régu- au Sud : la réduction de la consommation des
lateurs, chargeurs, convertisseurs bidirection- équipements allège le budget énergétique des
nels) est compatible avec ces différents types ménages. Ces gains d’efficacité énergétique se
de batteries ; les leaders de l’énergie testent des
solutions containerisées équipées de batter-
ies de nouvelle génération pour alimenter des 1. Fondation Energies pour le Monde.
/HV«O«PHQWVSU«VHQW«VGDQVFHWHQFDUWVRQWSULQFLSDOHPHQWLVVXVGłXQHQRWHU«FHQWH
GX&RPLW«GHVP«WDX[VWUDW«JLTXHV1
Ces prévisions interrogent sur les risques liés à l’approvisionnement à moyen-long terme des
PDWLªUHVSUHPLªUHVTXLUHSU«VHQWHQW¢bGXFR½WGHVEDWWHULHV/DFURLVVDQFH
GXPDUFK«YDQRWDPPHQWIRUWHPHQWLPSDFWHUODGHPDQGHHQFREDOWHWOLWKLXPXWLOLV«VGDQVOHV
W\SHVGHEDWWHULHVTXLUHPSODFHQWSURJUHVVLYHPHQWOHVEDWWHULHVDXSORPE3
/Hcobalt,SU«VHQWGDQVODSOXSDUWGHVWHFKQRORJLHVGHEDWWHULHVHVWLGHQWLŦ«FRPPHODVXEVWDQFH
ODSOXVFULWLTXHFRPSWHWHQXGHODFRQFHQWUDWLRQGHODSURGXFWLRQPLQLªUHHQ5«SXEOLTXH
G«PRFUDWLTXHGX&RQJR5'&U«JLRQGHSOXVHQSOXVG«ODLVV«HSDUOHVVRFL«W«VPLQLªUHV
RFFLGHQWDOHVHQUDLVRQQRWDPPHQWGHFRQWUDLQWHV«WKLTXHV
/HlithiumSRXUUDLW¬WUHVRXPLV¢GHVWHQVLRQVQRWDPPHQWVLOHVKDELWXGHVGHFRQVRPPDWLRQ
Qł«YROXHQWSDVYHUVXQPRGªOHSOXVVREUH(Q(XURSHDXMRXUGłKXLVHXOHPHQWbGHVEDWWHULHVDX
OLWKLXPVRQWUHF\FO«HV4'HVUHFKHUFKHVVRQWHQFRXUVSRXUVDVXEVWLWXWLRQSDUOHVRGLXPPRLQV
SHUIRUPDQWPDLVEHDXFRXSSOXVGLVSRQLEOH
3DUDLOOHXUVOHlanthaneWHUUHUDUHXWLOLV«HGDQVOHVEDWWHULHVQLFNHOP«WDOK\EULGH1L0+HVWFODVV«
SDUOH%XUHDXGHUHFKHUFKHVJ«RORJLTXHVHWPLQLªUHV¢ULVTXHVIRUWVVXUOHVDSSURYLVLRQQHPHQWV
6RXUFHVb
1. Comité des réseaux stratégiques. « Métaux de la transition énergétique » (2017).
2. Bloomberg New Energy Finance, « New Energy Outlook 2017 » (Washington, D.C, 2017).
3. « Epuisement des ressources naturelles », Encyclo-ecolo, https://www.encyclo-ecolo.com/Epuisement_des_ressources_
naturelles#La_disparition_du_plomb .
4. Clément Fournier, « Les batteries de voitures électriques : notre prochaine catastrophe environnementale ? » e-RSE, 2017,
https://e-rse.net/batteries-voitures-electriques-impact-environnement-27293/.
3RXUHQVDYRLUSOXVVXUOHVSURMHWVVRXWHQXVb
Bubacar Diallo et al., « Solutions innovantes
pour l’accès à l’énergie hors réseaux »
(Angers : ADEME, 2018), https://www.ademe.fr/
solutions-innovantes-lacces-a-lenergie-hors-reseaux.
Profitant de l’ouverture d’un véritable Pour conclure, les ruptures technologiques que
marché, le secteur privé est proactif, connaît depuis dix ans l’industrie photovoltaïque,
apportant de nouvelles solutions. favorisée par la nécessité d’une révolution
L’évolution favorable du photovoltaïque, ainsi énergétique verte, créent un véritable marché
que les perspectives d’engagement de plusieurs qui se matérialise aujourd’hui par la multiplicité
dizaines de milliards d’euros en faveur de l’accès des offres de service. Pour autant, cet essor est-
à l’électricité en Afrique (cf. chapitre 2.3.2.) crée- il synonyme d’accès universel à l’horion 2030 ?
nt un marché que le secteur privé scrute avec un S’accompagne-t-il de financements adaptés,
intérêt grandissant. Certains acteurs reviennent disponibles et suffisants ? Dans un domaine où
après une période de retrait, d’autres arrivent. les investissements matériels et immatériels
Quand bien même les modèles d’affaires ne sont sont significatifs et déterminants, c’est évidem-
pas encore stabilisés, de nouveaux acteurs appa- ment une problématique décisive. }
raissent dans les pays industrialisés, émergents
et en Afrique (promoteurs, bureaux d’études,
fabricants, ensembliers, opérateurs…), les pro-
grammes financés par les agences de coopéra-
tion et les banques de développement servant de mb6DQVXQHSRSXODWLRQ«GXTX«H
tremplin à leur développement1. FDSDEOHGHWLUHUSURŦWGHOłDFFªV¢
Oł«QHUJLHOłHIŦFDFLW««FRQRPLTXHGHVRQ
L’arrivée des acteurs privés, capables de lever XWLOLVDWLRQSURPHWGł¬WUHWUªVG«FHYDQWH
eux-mêmes des fonds auprès d’investisseurs mb/łHIIHWUHERQGb}HVWFHSK«QRPªQH
privés, se double d’une grande variété de proposi- SDUOHTXHOVRXYHQWOHVSRSXODWLRQV
tions de valeur, essentiellement axées sur les sys- GLODSLGHQWOHVJDLQV«FRQRPLTXHV
tèmes solaires individuels et notamment testées LQGXLWVSDUOłDFFURLVVHPHQWGH
sur le territoire subsaharien ; un foisonnement qui OłHIŦFDFLW««QHUJ«WLTXHHQDXJPHQWDQW
concourt à faire de la région un « laboratoire » de OHXUFRQVRPPDWLRQGł«QHUJLHb}
l’ERD (cf. partie 3).
Gaël Giraud, « Les défis énergétiques
Si les acteurs français, initialement très présents pour un développement durable :
sur le secteur de l’accès à l’électricité, l’ont dé- comment éviter l’effondrement ? »,
laissé au cours des années 2000 compte tenu Revue d’économie du développement 23,
de l’étroitesse du marché d’alors, des nouveaux, no 3 (2015).
présents ou non sur le marché national français des
énergies renouvelables, se lancent sur ce secteur.
2.3.2.
Nerf de la guerre, le financement reste
problématique pour la plupart des projets
d’électrification rurale.
Coûts d’investissement
5 000 € ŏ¢ŏ
(hors réseau)
Coûts d’exploitation
(hors coûts de personnel et hors coûts
de renouvellement des composants ŏDQ ŏDQ
(onduleurs, batteries) pendant
la durée de vie de l’installation)
L’ERD est très dépendante des On constate aujourd’hui en effet que les finance-
financements internationaux, ments sont souvent disponibles via les coopéra-
qui restent largement insuffisants tions institutionnelles, mais que ces apports ne
L’électrification rurale, comme de nombreux ser- sont pas tous utilisés : les projets concrets et
vices de base, souffre du manque de ressources recevables aux conditions des bailleurs de fonds
fiscales (cf. encadré), dans un contexte où les ont du mal à émerger (taille insuffisante ou niveau
Etats sont confrontés à d’immenses besoins so- de risque trop élevé).
ciaux alors même que leurs économies reposent Or, un appui financier à l’électrification du monde
encore largement sur le secteur informel*1. rural est quoi qu’il en soit justifié au regard des
bénéfices sociaux et économiques de l’accès à
La situation des sociétés nationales d’électricité, l’électricité (cf. chapitre 1.1.1.).
souvent lourdement déficitaires, ralentit l’élec- Le défi est donc de trouver des solutions de fi-
trification périurbaine et ne permet pas de ré- nancement permettant une électrification de
aliser l’électrification rurale par extension du base, à moindre coût, durable, et de maximiser
réseau national. Dès lors, comme beaucoup les ressources publiques et privées mobilisables
d’infrastructures de service public dans les pays à tous les niveaux pour développer à grande
en développement, NàCEE©U ¡ NàªNGEVTKEKVª GP OK- échelle des projets d’accès à l’électricité décen-
NKGW TWTCN HCKV CRRGN FG OCPK©TG UKIPKăECVKXG ¡ tralisée faisant appel aux sources renouvelables
FGUUQWTEGUKPVGTPCVKQPCNGUFGăPCPEGOGPV d’énergie.
Jusqu’à présent, ces bailleurs internationaux ont
permis de lancer : Il existe deux grandes approches de
çGUUGPVKGNNGOGPV FGU RTQLGVU FàGZVGPUKQP l’accès à l’électricité hors réseau par
du réseau dans les zones les plus favorables énergies renouvelables, induisant
(cf. chapitre 1.2.1.) ; deux logiques de financement.
çRQPEVWGNNGOGPV FGU RTQLGVU Fà'4& (cf. cha- Pour la mise en œuvre des projets, deux logiques
pitre 2.2.2.), notamment selon les deux modes complémentaires cohabitent à l’heure où cet
principaux actuels de service : le PAYG et le ouvrage est écrit :
miniréseau. çWPGCRRTQEJGNKDªTCNGacette approche récente
Mais cette contribution est largement en deçà est fondée sur un échange marchand entre un
des besoins de financement. Seulement 5 mil- acteur privé et un client pour l’acquisition d’un
liards USD par an ont été alloués aux projets bien ou d’un service électrique, contre un paie-
d’électrification en Afrique subsaharienne au ment cash ou à tempérament (crédit et paie-
cours de la décennie actuelle, selon l’AIE, ce qui ment en plusieurs fois). Elle est particulièrement
ne couvre que 10 % des besoins. Et peut-être adaptée au développement de l’accès indivi-
même moins, dans un contexte où la population duel à l’électricité pour des usages domestiques
subsaharienne va doubler d’ici 2050. (lampe portable, système solaire individuel ;
L’AIE prévoit la mobilisation de 52 milliards USD
d’investissements nécessaires pour permettre un
1. Voir notamment le rapport du Fonds monétaire international, « Perspectives
accès à l’électricité pour tous d’ici 20302 (cf. cha- économiques régionales en Afrique subsaharienne : Faire redémarrer la
croissance » (Washington, D.C, 2017).
pitre 1.1.1.). On peut néanmoins se demander
2. Agence Internationale de l’Énergie. « Energy Access Outlook 2017, From
quelle est la capacité d’absorption de ce montant. Poverty to Prosperity ». Paris : Agence Internationale de l’Énergie, 2017.
/DSUREO«PDWLTXHGHVUHVVRXUFHVŦVFDOHV
HWGXŦQDQFHPHQWGHVVHUYLFHVSXEOLFV
/łDP«OLRUDWLRQGHODPRELOLVDWLRQGHVUHVVRXUFHVŦVFDOHVFRQVWLWXHXQHQMHXGHG«YHORSSHPHQW
PDMHXUSRXUOHV(WDWVGł$IULTXHVXEVDKDULHQQH/HVUHFHWWHVŦVFDOHVVRQWHQHIIHWSULPRUGLDOHVSRXUOHV
(WDWVFDUHOOHVOHXUDSSRUWHQWOHVUHVVRXUFHVQ«FHVVDLUHV¢OłLQYHVWLVVHPHQWGDQVOHG«YHORSSHPHQWOD
IRXUQLWXUHGHVHUYLFHVSXEOLFVRXODU«GXFWLRQGHODSDXYUHW«
&HWWHPRELOLVDWLRQHVWHQFRQVWDQWHSURJUHVVLRQJU¤FH¢XQHFURLVVDQFH«FRQRPLTXHHWXQH
DP«OLRUDWLRQGHVFDSDFLW«V¢WD[HUHOOHUHSU«VHQWHbGX3,%GXFRQWLQHQWHQPDLVFHWWH
PR\HQQHGHPHXUHLQI«ULHXUH¢FHOOHGłDXWUHVU«JLRQVGXPRQGH$P«ULTXHODWLQHbbb2&'(b
b
&HWWHGLII«UHQFHVłH[SOLTXHSDUSOXVLHXUVIDFWHXUVb
ʼnOHUDSSRUW¢OłLPS¶WGHVFRQWULEXDEOHVDIULFDLQVHPSUHLQWGHVK«ULWDJHVFRORQLDX[HWWRXMRXUV
SHU©XQ«JDWLYHPHQWS«QDOLVHOłDGPLQLVWUDWLRQŦVFDOHSRXUSURF«GHUDXUHFRXYUHPHQWGHV
FRQWULEXWLRQVb
ʼnOłLQDG«TXDWLRQGHVUHVVRXUFHVGHVDGPLQLVWUDWLRQVŦVFDOHVKXPDLQHVWHFKQLTXHVb
ʼnOHVmbFDGHDX[ŦVFDX[b}FRQVHQWLV¢FHUWDLQVRS«UDWHXUV«FRQRPLTXHV
ʼnODFRUUXSWLRQ
'HVU«IRUPHVŦVFDOHVIDYRUDEOHVQRWDPPHQWDXG«YHORSSHPHQWGXVHFWHXUSULY«¢OłLQW«JUDWLRQ
GłLPSRUWDQWHVHQWLW«VLQIRUPHOOHVHWDXUHQIRUFHPHQWGHVFDSDFLW«VGHVDGPLQLVWUDWLRQVŦVFDOHV
VRQWDSSHO«HVSDUOHVSURIHVVLRQQHOVGXVHFWHXU&HUWDLQVSD\VRQWG«M¢FRPPHQF«¢PHWWUH
HQSODFHGHQRXYHDX[V\VWªPHV$X*KDQDOHIRQFWLRQQHPHQWGHODFROOHFWHGHVLPS¶WVHVWHQ
SDVVHGł¬WUHWUDQVIRUP«DŦQGłLQW«JUHUOHVVRFL«W«VGXVHFWHXULQIRUPHObOH5ZDQGDD«JDOHPHQW
G«YHORSS«XQHSROLWLTXHYRORQWDULVWHHQODPDWLªUH
6RXUFHVb
OCDE, « Statistiques des recettes publiques en Afrique » (Paris, 2017).
Salif Yonab, « Le recouvrement des recettes publiques dans les États Africains : un état des lieux préoccupant », Revue
française d’administration publique 144, n° 4 (2012).
Foly Ananou, « Et si la fiscalité africaine était déséquilibrée », Le Point (en ligne), 2018, https://www.lepoint.fr/economie/et-si-
la-fiscalite-africaine-etait-desequilibree-27-02-2018-2198250_28.php.
Sylvain Vidzraku, « Ghana : un nouveau système de collecte des impôts intégrant les sociétés du secteur informel », La Tribune
(en ligne), 2018, https://afrique.latribune.fr/afrique-de-l-ouest/ghana/2018-03-11/ghana-un-nouveau-systeme-de-collecte-des-
impots-integrant-les-societes-du-secteur-informel-771411.html.
Sabine Cessou, « Le poids du secteur informel », Le Monde diplomatique (en ligne), 2015, https://www.monde-diplomatique.fr/
mav/143/CESSOU/53893.
Nergis Gülasan et Gail Hurley, « Financer le développement avec des ressources nationales », ID4D, 2015, https://
ideas4development.org/financer-le-developpement-par-une-meilleure-mobilisation-des-ressources-nationales/.
D’autre part, les opérateurs du PAYG ont béné- La répartition des dépenses de CAPEX
ficié des engagements des agences de déve- est marquée par le poids significatif des
NQRRGOGPV notamment anglo-saxonnes (DFID, dépenses d’études, d’assistance et de
DEG, USAID, Banque asiatique de développe- renforcement de capacités.
ment). Ces agences ont financé les programmes Partons de l’exemple des miniréseaux par éner-
d’assistance technique, leurs subventions pou- gies renouvelables. L’information disponible sur le
vant atteindre plusieurs millions de dollars, majori- financement de ce schéma d’électrification – dont
tairement fondées sur une préférence nationale. l’histoire est plus ancienne que le PAYG et la mise
Ainsi, l’on peut noter le soutien de la DEG à Mo- en œuvre repose sur des projets dont les résultats
bisol, entreprise allemande, celui d’USAID à PEG sont plus souvent publics – est logiquement plus
Ghana, créée par deux Américains, ou encore les abondante que pour le PAYG.
subventions de la DFID à M-Kopa, dont l’un des
fondateurs est britannique4.
Le dynamisme du PAYG témoigne de l’attractivité
de ce modèle. Principalement déployé en Afrique
1. Promotion et Participation pour la Coopération économique,
de l’Est, il essaime depuis peu en Afrique de « Financer les start-up pour construire les économies de demain
l’Ouest, grâce à des start-up africaines et fran- en Afrique », Revue secteur privé et développement, no 29 (2018).
2. Chamberline Moko, « La firme kenyane M-Kopa lève des fonds
çaises ainsi que des d’initiatives d’envergure auprès du japonais Sumitomo Corporation », Agence Ecofin, 2019,
menées par Orange5, Engie6 et EDF7. https://www.agenceecofin.com/solaire/0801-63041-la-firme-
kenyane-m-kopa-leve-des-fonds-aupres-du-japonais-sumitomo-
Cela dit, il est encore trop tôt pour confirmer la corporation.
rentabilité du PAYG sur le long terme ; le passage 3. « BBOXX lands USD 31 million deal with AIIM », BBOXX, 2019,
à l’échelle de cette solution pose de nombreux https://www.bboxx.co.uk/bboxx-lands-usd-31-million-deal-africa-
infrastructure-investment-managers/ .
défis (cf. chapitre 3.2.2.). Certains investisseurs 4. Grégoire Jacquot, « L’émergence du pico-solaire dans les
s’inquiètent même d’une décorrélation entre initiatives d’électrification rurale » (Paris : Agence française de
développement, 2015).
l’engouement que le modèle suscite et la capacité
5. Depuis 2017 au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso et au Cameroun.
réelle de profitabilité des entreprises (cf. encadré). 6. Après avoir racheté la société Fenix.
En mai 2019, un des pionniers du PAYG, Mobisol, a 7. A partir de 2016 en Côte d’Ivoire puis au Ghana.
fait publiquement part de ses difficultés en 20198. 8. Avant d’être racheté par Engie début septembre 2019.
Un enthousiasme immodéré ?
,O\DSHXW¬WUHWURSGłHQJRXHPHQWSRXUFHVHFWHXUTXLQłDSDVHQFRUHU«VROXOłHQMHXPDMHXUGH
G«ŦQLWLRQGXPRGªOHGłHQWUHSULVHHWSHXWDYRLUGXPDO¢IDLUHIDFHDX[DWWHQWHVGHIRUWHFURLVVDQFH
HWDX[LQFLWDWLRQVPDODOLJQ«HVGHQRPEUHX[LQYHVWLVVHXUVHQFDSLWDOULVTXH$LPHULRQVQRXVYRLU
XQFDSLWDOELHQDOLJQ«ELHQG«SOR\«GDQVOHVHFWHXU"$EVROXPHQW3HQVRQVQRXVTXłLOH[LVWHGHV
HQWUHSULVHVGHFKRL[IRFDOLV«HVVXUODUHQWDELOLW«HWOłHIŦFDFLW«GXFDSLWDOTXLP«ULWHQWFHFDSLWDO"
&HUWDLQHPHQW1«DQPRLQVGHPDQLªUHJ«Q«UDOHQRXVFUDLJQRQVGHQRXVGLULJHUYHUVXQK\SH
F\FOH1GRQWODWUDMHFWRLUHQHQRXVSOD°WSDVEHDXFRXS
6RXUFHb Diane Isenberg, Greg Neichin et Mary Roach, « An Impact Investor Urges Caution on the ‘Energy Access Hype Cycle’»,
Next Billion Blog, 2017, https://nextbillion.net/an-impact-investor-urges-caution-on-the-energy-access-hype-cycle/.
1. lancement de la technologie (prototypes, tests),
2. hype (engouement exagéré des médias et des financiers, création de multiples startups pour développer et commercialiser) ;
3. anti-hype (éclatement de la bulle, parfois associé à un krach boursier)
4. création de produits deuxième génération avec développement progressif et solide du marché (fondé sur une appréciation
réaliste de l’étendue et de la valeur des applications concrètes de la technologie) ;
5. plateau de productivité (technologie rodée permettant le développement de produits de troisième génération).
Quel que soit le mécanisme d’exploitation (délé- Plus de la moitié des investissements
gation de gestion de service public, partenariat concernent les équipements
public-privé), le maître d’ouvrage cherche à mo-
Evaluation,
biliser des fonds pour couvrir l’investissement et mesure d’impacts,
pallier le manque de financements locaux. communication
Les besoins en financement pour la réalisation 4%
Accompagnement
des différentes phases d’un projet de miniréseau Etudes préalables
2%
(cf. schéma) sont d’autant plus importants que le 11 %
programme a de l’envergure – ce qui est souhaitable,
Assistance
notamment une amplitude régionale, afin de créer technique
un effet d’échelle et de favoriser une dynamique 22 %
d’aménagement du territoire (cf. les préconisations
en ce sens dans la partie 4 de l’ouvrage). Maîtrise
d’œuvre
5%
A titre d’exemple, pour un programme régional
d’électrification d’une centaine de localités ru-
Equipements
rales de 3000 à 5000 habitants chacune,
58 %
l’investissement est de l’ordre de 150 millions
d’euros et se répartit de la manière suivante1 :
6RXUFHb Fondation Energies pour le Monde.
$UELWUDJHGHVS«ULPªWUHVGł«OHFWULŦFDWLRQ
9DOLGDWLRQGXSURMHW
DYHFOHVLQVWLWXWLRQV $QDO\VHGHODGHPDQGHHQ«OHFWULFLW«
,GHQWLŦFDWLRQGHVSDUWHQDLUHVORFDX[ 'LPHQVLRQQHPHQWGHVRXYUDJHV
(QTX¬WHVVRFLR«FRQRPLTXHV $QDO\VH«FRQRPLTXHHWŦQDQFLªUH
WDULŦFDWLRQ
/RFDOLVDWLRQGHVSRLQWVGHIRUWHGHPDQGH
HQ«OHFWULFLW« &RQFHSWLRQWHFKQLTXH
GHVLQIUDVWUXFWXUHV
9DOLGDWLRQGHODWDULŦFDWLRQ 3URPRWLRQGHVXVDJHV
SDUOHVDXWRULW«VGHU«JXODWLRQ GHOł«OHFWULFLW«
0LVHHQSODFHGHV
$FTXLVLWLRQGHVPDW«ULHOV SURF«GXUHVGłH[SORLWDWLRQ 5DSSRUWDJHDXSUªV
GHVLQVWLWXWLRQQHOV
7UDYDX[GłLQVWDOODWLRQ )RUPDWLRQGHVXVDJHUV
6XLYLGHV«YROXWLRQV
9DOLGDWLRQWHFKQLTXH $FFRPSDJQHPHQW GHODGHPDQGH
SDUOHVDXWRULW«VSXEOLTXHV GHVXVDJHVSURGXFWLIV
(YHQWXHODMXVWHPHQWGH
7HVWVHWPLVHHQVHUYLFH OłLQIUDVWUXFWXUH«OHFWULTXH
Dialogue avec les parties prenantes (à tous niveaux), y compris les populations
Partage d’expériences
Capitalisation technique
et organisationnelle
Les équipements matériels de production (hard- limitant les capacités d’accès à l’électricité et
ware) représentent un peu plus de 50 % du bud- pénalisant la pertinence du projet.
get, ce qui signifie que RT©UFGNCOQKVKªFGUEQ¼VU C’est un point essentiel d’amélioration des dis-
sont liés à des activités d’analyse, d’assistance positifs de financement, qui couvrent trop im-
GVFGTGPHQTEGOGPVFGUECRCEKVªU. parfaitement les dépenses autres que celles
d’équipement (cf. les préconisations adressées
Ce constat n’est pas valable que pour le mini- aux bailleurs de fonds en partie 4).
réseau. Essentielles pour la réussite d’un pro-
gramme en approche interventionniste, quelle Il est nécessaire de promouvoir
que soit son envergure, ces prestations intellec- une logique de financement mixte
tuelles (software) ne doivent en aucun cas être pour répondre au caractère mixte des
sous-estimées : projets.
çNGU ªVWFGU RTªCNCDNGU sont nécessaires à En approche interventionniste, l’ERD n’est,
l’élaboration de l’avant-projet sommaire puis de CW ăPCN PK RWTGOGPV OCTEJCPFG PK RWTGOGPV
l’avant-projet détaillé, qui permettent de dimen- sociale. Elle cherche son équilibre économique.
sionner le miniréseau. Cette recherche se traduit par la complexité des
Elles sont coûteuses car le terrain d’étude ru- montages financiers.
ral est difficile d’approche : les déplacements Sources et mécanismes de financement suivent le
sont longs et parfois hasardeux, les sources rythme du changement d’échelle de l’électrification
d’information, peu nombreuses et peu fiables, doi- rurale, de l’évolution des techniques mises en
vent être recoupées, et les parties prenantes sont œuvre et de l’appréciation des risques. Une large
nombreuses ; palette d’acteurs très divers (donateurs individu-
çNàCUUKUVCPEG VGEJPKSWG CWRT©U FG NC OC¯VTKUG els, ONG, collectivités, philanthropes, bailleurs de
d’ouvrage est indispensable, compte tenu du fonds internationaux) a permis la réalisation des
caractère innovant du secteur et de la diversité premières initiatives d’ERD, grâce à des dons et/ou
de l’écosystème de parties prenantes qu’elle doit des prêts aux conditions avantageuses.
rassembler (cf. chapitre 2.4.1.) ;
çNC RTªUGPEG FàWP OC¯VTG FàÈWXTG est néces- .G UEJªOC FG ăPCPEGOGPV NG RNWU RGTVKPGPV
saire, compte tenu des aspects techniques des EQPUKUVG ¡ CUUQEKGT RT«VU GV UWDXGPVKQPU
infrastructures électriques ; Ce mix permet d’alléger au maximum le coût
çNGU OGUWTGU FàCEEQORCIPGOGPV et notam- d’investissement pour le promoteur et d’ajuster
ment les actions de sensibilisation et de for- le tarif payé par l’usager. Les acteurs recourent
mation déployées auprès des usagers et de notamment aux prêts dits « concessionnels », qui
l’exploitant, sont essentielles, compte tenu sont adaptés aux projets à externalités sociales et
du public ciblé et de l’importance de la qualité économiques élevées, comme les projets d’ERD :
de l’exploitation des infrastructures installées
(cf. chapitres 2.4.2. et 3.5.3.).
Lorsqu’il est pris en charge par les promoteurs de 1. Source : Fondation Energies pour le Monde.
projets sans subvention, le coût de ces différentes 2. A noter qu’un programme régional comprenant plusieurs miniréseaux
nécessite plus d’assistance à maîtrise d’ouvrage que des projets plus
interventions est répercuté sur la tarification, localisés.
assortis de conditions de préférence nationale. Les agences publiques de développement, qui ont
A titre d’exemple, les prêts concessionnels du soutenu traditionnellement les Etats (prêts, dons)
Trésor français prévoient l’achat en France de et les associations (dons), ont diversifié leurs parte-
biens et services pour au moins 70 % du mon- nariats. Elles ont élaboré de nouveaux schémas
tant total du prêt. innovants qui permettent de soutenir un nouveau
type d’acteurs sur la base d’un double constat :
Les financements publics accessibles çCW 5WF NGU 'VCVU QPV OQPVTª NGWTU NKOKVGU GP
au secteur privé matière d’élaboration, de montage, d’exploitation
Différents types d’acteurs financiers sont sus- et de gestion de projets d’infrastructure pub-
ceptibles de soutenir les projets d’ERD en logique lique, et notamment en matière d’électrification
interventionniste portés par des acteurs privés. rurale ;
Souvent trop peu attractifs ou trop risqués pour ç¡NCHCXGWTFWFªUGPICIGOGPVFGUDCKNNGWTURWD-
les marchés financiers classiques, ces projets lics dans les années 80, le secteur privé a pris le
sont notamment soutenus par des bailleurs de relais, parfois avec succès (comme Bouygues
fonds publics. en Côte d’Ivoire), grâce à la compétence de ses
équipes et à sa flexibilité.
&RQGLWLRQVGHFRQVHQVXV2&'(b
l’exception de l’intérêt général
$SDUWLUGHFHUWDLQVSD\VGHOł2&'(RQWHQWDP«GHVGLVFXVVLRQVDŦQGHFRRUGRQQHUOHXUV
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HQYLJXHXUDXMRXUGłKXL
6RXUFHb OCDE , « Arrangement sur les crédits à l’exportation bénéficiant d’un soutien public » (Paris, 2018).
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réseau.
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çNCVCTKăECVKQPFWUGTXKEG doit inclure les charges d’atteindre un nombre suffisant d’usagers allant,
récurrentes de gestion et de maintenance, le re- selon les leçons de l’expérience, de 10 000 à
nouvellement des équipements à durée de vie 30 000 raccordements ;
moyenne (les batteries, régulateurs et groupe çNàGZRNQKVCVKQP doit être assurée par un ou plu-
électrogène) ainsi que l’amortissement des sieurs opérateurs dotés d’une autonomie de
équipements et du réseau, le coût des couver- gestion adaptée au caractère rural des projets
tures de risques et assurances, le coût des rem- (enclavement, satellisation des unités de pro-
boursements d’emprunts, du capital et la marge ; duction, etc.).
çNG RJCUCIG FGU QRªTCVKQPU doit idéalement Cependant, peu d’acteurs locaux sont capa-
s’inscrire dans une programmation et viser à bles aujourd’hui de cette autonomie : très rares
terme une couverture géographique permettant sont ceux qui ont l’expérience de terrain requise
/ł«WXGHGHVHQVLELOLW«bWHVWHUODUREXVWHVVH
du business plan
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SULY«VOLJQHVG«GL«HVVXEYHQWLRQVGłDVVLVWDQFHWHFKQLTXHRXHQVRXWLHQ¢OłLQQRYDWLRQHWF
6RXUFHb Christian de Gromard, « Structuration des investissements et outils de financement de l’accès à l’énergie »
(Conférence, 22 mai 2018).
çNGWTU EQ¼VU FG VTCPUCEVKQP EàGUV¡FKTG auraient pourtant, par leur proximité avec les
d’instruction puis de suivi des dossiers, ne per- acteurs locaux et leur connaissance du contexte,
mettent pas aux bailleurs de s’engager dans un rôle privilégié à jouer dans la banalisation de
de tels projets à des conditions qu’ils jugent l’accès à l’électricité en milieu rural2.
favorables ;
çNC UVCPFCTFKUCVKQP FGU RTQLGVU PªEGUUCKTG RQWT Alors, qui d’autre pour financer des
pouvoir les agréger au sein d’un seul programme programmes d’ERD ayant l’envergure
au montant compatible avec les critères des nécessaire ?
bailleurs, s’avère à ce jour impossible au regard Au même titre que les dons et subventions ont an-
de la diversité des contextes et du manque ticipé l’intervention des organismes financiers de
d’harmonisation des critères au niveau des l’aide au développement, de nouvelles formes de fi-
financeurs ; nancement et/ou de nouveaux acteurs émergent à
çNG EQPVGZVG FGU RC[U Fà#HTKSWG UWDUCJCTKGPPG leur tour. Les spécificités et les externalités positives
marqué par des crises récurrentes, est porteur de l’ERD favorisent de nouvelles formes de finance-
de risques importants qu’aucun mécanisme de ment. Sans contribuer à la totalité d’un investisse-
garantie ne permet encore de couvrir1. ment, elles viennent y participer, selon leur taille et
leurs caractéristiques, de façon significative.
Dans cette situation, entre des Etats aux ressources
limitées, des agences de développement frileuses La coopération décentralisée fait particulière-
et des opérateurs privés liés par des critères de ment sens pour la mise en œuvre de projets d’ERD :
rentabilité, la majorité des populations rurales sub- l’impulsion de la collectivité du Sud est accompa-
sahariennes ne peut espérer disposer d’un service gnée par les moyens de la collectivité du Nord. Les
d’électrification dans un avenir proche. politiques internationales des grandes collectivités
Pour des raisons d’appropriation pérenne et françaises (régions notamment) sont également des
de logique de gestion, le financement de l’ERD tremplins pour l’accompagnement des entreprises
devrait idéalement prioriser la mobilisation de res- locales du secteur énergétique à l’export. Les initia-
sources nationales, avant de recourir aux fonds tives lancées en 2019 par les régions Nouvelle-Aqui-
internationaux, devenus auxiliaires. Mais cette taine et Hauts-de-France en sont deux exemples.
perspective semble peu réaliste :
çOCNITª NàGZKUVGPEG FG EGTVCKPU OªECPKUOGU FG
taxation sur les consommations, les ressourc-
es propres restent très limitées dans les pays
concernés (cf. encadrés) ;
çNGU DCPSWGU EQOOGTEKCNGU FGU RC[U FàKPVGT
vention ont été interpellées. Mais, encore peu
expérimentées dans un domaine innovant et
complexe, elles ne sont pas aujourd’hui à même 1. Nergis Gülasan et Gail Hurley, « Financer le développement
avec des ressources nationales », ID4D, 2015, https://
de proposer des solutions adéquates ; elles sont ideas4development.org/financer-le-developpement-par-une-
sans doute pourtant les mieux placées pour ap- meilleure-mobilisation-des-ressources-nationales/.
2. C’est le sens du projet de la Banque Attijari cité par Lionel Zinsou
préhender les contextes et les risques locaux. en avant-propos de cet ouvrage et dont les résulats apporteront
Adossées à des partenaires internationaux, elles sans doute des éléments de capitalisation interéssants
Parole de professionnel
Olivier Oriol
Quels sont les obstacles que vous rencontrez pour pénétrer le vaste marché africain
de l’électrification rurale, actuellement en pleine mutation ?
mb/HPDQTXHGłXQLIRUPLVDWLRQGHOł«OHFWULILFDWLRQUXUDOHHVWOłXQHGHVSOXVJURVVHVGLIILFXOW«V
DXMRXUGłKXL/HIDLWTXHFKDTXHSD\VRXFKDTXHEDLOOHXUGHIRQGVLPSRVHVHVSURSUHV
VS«FLILFDWLRQVWHFKQLTXHVVXUFKDTXHSURMHWQHQRXVGRQQHSDVGHYLVLELOLW«SRXUG«YHORSSHU
GHVSURGXLWVU«SRQGDQW¢XQEHVRLQKRPRJªQH'HSOXVFHUWDLQVILQDQFHPHQWVQHQRXV
GRQQHQWSDVODSRVVLELOLW«GHSDUWLFLSHU¢GHVSURMHWVFHTXLOLPLWHQRWUHFKDPSGłDFWLRQb}
Olivier Oriol, spécialiste des pays en développement depuis dix ans, travaille actuellement sur les
thématiques de l’accès à l’énergie en milieu rural en Afrique ;
il est responsable Afrique chez Michaud Export.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : KWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
Difficile cependant de lire l’avenir de la coopération .GU HQPFU FàKORCEV (impact investment funds)
décentralisée à la française en matière d’ERD. Ce s’intéressent de plus en plus près aux initiatives
mécanisme en est encore à ses prémisses (exem- d’accès à l’énergie, au-delà de celles qui relèvent
ple : dispositif FICOL supervisé par l’AFD, dont les d’une approche libérale. Les externalités posi-
premiers projets démarrent à l’heure où l’ouvrage tives sociales, économiques et environnemen-
est écrit). tales liées aux projets d’électrification rurale hors
réseau favorisent l’intervention d’une nouvelle
.GU ăPCPEGOGPVU GPXKTQPPGOGPVCWZ consti- génération d’investisseurs. A l’inverse des bail-
tuent un potentiel relais des financements dédiés à leurs conventionnels, les investisseurs d’impact
l’accès à l’électricité. Le faible impact des infrastruc- soutiennent les projets au-delà du simple finance-
tures d’ERD sur l’environnement grâce à la promo- ment, en vue de leur aboutissement, jusqu’à la vé-
tion des énergies renouvelables et de l’efficacité rification des impacts.
énergétique favorise une intervention des organ- Il n’en reste pas moins que les projets
ismes impliqués dans la réduction des émissions de d’électrification décentralisée, pour lesquels les
gaz à effet de serre. A titre d’exemple, le Fonds pour études d’impact sont rares, se plient difficilement
l’environnement mondial (FEM) et le Fonds français à une évaluation quantitative (cf. encadré), ce qui
pour l’environnement mondial (FFEM) peuvent ac- risque de limiter la capacité d’intervention de ces
corder des subventions en complément d’autres investisseurs.
sources financières (cf. encadré). Ces fonds ne sont
pas spécifiquement dédiés à l’accès à l’électricité.
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GłDYDQFHVUHPERXUVDEOHV
6RXUFHVb ))(0, « Stratégie 2019-2022 » (Paris : Fonds français pour l’environnement mondial, 2019).
))(0, « Rapport annuel 2017 » (Paris : Fonds français pour l’environnement mondial, 2018).
Par ailleurs, le ROI attendu par ces derniers n’est Les diasporas s’inscrivent souvent dans une dy-
pas nécessairement aligné sur le temps long qui namique de développement local et pallient les
est nécessaire pour mesurer les effets de l’arrivée déficiences de l’Etat, en finançant l’accès à l’eau,
de l’électricité sur le développement local en à l’éducation ou à la santé. A ce titre, l’ERD est en
milieu rural. mesure d’impliquer les ressortissants des locali-
tés à électrifier installés hors du pays.
Les entreprises sont également sensibles à ces Leurs membres peuvent contribuer, en numéraire,
externalités positives. Elles sont la clé de participa- mais aussi en assistance, au montage des dossiers
tions diverses issues de mécénats ou de fonda- pour faciliter une électrification locale. Au cours de
tions que les entreprises créent dans le cadre de l’année 2017, la contribution de la diaspora africaine
leur politique de RSE (responsabilité sociétale des a représenté 65 milliards de dollars (58 Mds €), soit
entreprises) ou d’« engagement sociétal ». Une des plus du double de l’aide publique au développement,
pistes consiste notamment à développer des inter- qui s’élevait à 29 milliards de dollars (26 Mds €)1. Les
ventions conjointes avec les ONG pour développer deux tiers de ces fonds sont utilisés comme filet de
les usages productifs dans les communautés ac- sécurité sociale et contribuent à pallier les besoins
cueillant leurs opérations et renforcer les chaînes de quotidiens de financement. Dans certains pays, tels
valeur liées à leurs activités grâce à l’électrification. la Gambie et les Comores, la contribution de la dias-
Les secteurs de l’agroalimentaire, de l’industrie pora peut s’élever à hauteur de 20 % du PIB national2.
pharmaceutique, des réseaux et de la réalisation
d’infrastructures sont directement concernés. Le
secteur financier, et notamment les assureurs et
réassureurs, qui font face à des risques financiers
majeurs en cas d’insuffisance de la lutte contre les
changements climatiques, ont également intérêt à 1. African Institute for Remittances, « Progress report on the African
soutenir la massification de l’électrification par éner- Institute for Remittances » (Nairobi, 2018),
2. Banque mondiale, « Migration and Remittances: Recent
gies renouvelables dans les pays émergents et en Developments and Outlook - Transit Migration » (Washington, D.C,
développement. 2018), 24.
Parole de professionnel
Guilhem Dupuy
6HORQYRXVHVWLOSRVVLEOHGHG«YHORSSHUGHVSURMHWVGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH
économiquement viables sans renoncer à l’impact social ?
,OGRLW\DYRLUXQYUDLG«EDWSKLORVRSKLTXH1XOOHSDUWOł«OHFWULŦFDWLRQGHVSOXVSDXYUHVQH
VłHVWIDLWHSDUODVHXOHFRQWULEXWLRQGHVSRSXODWLRQVORFDOHV,OIDXWTXłLO\DLWGHVSURJUDPPHV
VXEYHQWLRQQ«V/DUHQWDELOLW«GHFRXUWWHUPHQłHVWSDVOHERQDQJOHGłDQDO\VHSRXU
Oł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH
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¢GLVWULEXHUGHV66,HVWLQVXIŦVDQW&HUWDLQVHQWUHSUHQHXUVGXVRODLUHD\DQWGHVDFWLYLW«V
UHQWDEOHVHQ]RQHXUEDLQHS«ULXUEDLQHXWLOLVHQWXQHSDUWLHGHOHXUVE«Q«ŦFHVSRXUŦQDQFHUGHV
RS«UDWLRQVHQPLOLHXUXUDO¢WLWUHVRFLDOVDQVG«JDJHUGHPDUJHYRLUHHQ\SHUGDQWXQSHX
A votre avis, les ONG peuvent-elles aider le secteur privé à trouver le point d’équilibre ?
/DFRPPXQDXW«GHVLPSDFWLQYHVWRUVVHSRVHODTXHVWLRQGHVXVDJHVSURGXFWLIVGHSXLV
SOXVLHXUVDQQ«HVFDUODGLVWULEXWLRQGHVV\VWªPHVGRLWSHUPHWWUHOłDP«OLRUDWLRQGHVUHYHQXV
GHVSRSXODWLRQVODFU«DWLRQGłHPSORLV0DLVOHVXMHWHVWFRPSOH[HLOIDXWSURSRVHUGHV
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H[SOLTXHUOHVDWRXWVGXVRODLUHSURSRVHUOHV«TXLSHPHQWVGłXVDJHSRPSDJHPRXOLQVHWF
DSSRUWHUXQ6$9GHTXDOLW«SRXUXQHU«SDUDWLRQUDSLGHVXUOłHQVHPEOHGXV\VWªPHJDUGHU
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'ªVORUVOHUHWRXUGłH[S«ULHQFHGHV21*VXUOłLQJ«QLHULHVRFLDOHHVWHVVHQWLHOQRWDPPHQW
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FRPSOH[HVELRPDVVH,OIDXWGRQFFRQVWUXLUHGHVPRGªOHVGłDFWLRQFRRUGRQQ«HHQWUH
HQWUHSULVHVHW21*VXUOHVXVDJHVSURGXFWLIV/HVHQWUHSULVHV\RQWXQLQW«U¬W«FRQRPLTXH
Guilhem DUPUY,DQVDQFLHQ«OªYHGHOł(FROH1RUPDOH6XS«ULHXUHGLSO¶P«HQ
économie, statistiques et sociologie, occupe les fonctions de directeur d’investissement
FKH]*DLD,PSDFW)XQG,ODWUDYDLOO«SRXU(FRŦHWDX&U«GLW&RRS«UDWLIR»LODFRQWULEX«¢
ODVWUXFWXUDWLRQGXVHFWHXUGHODŦQDQFHGłLPSDFW
5HWURXYH]OłLQWHUYLHZLQW«JUDOHVXUODSDJHZHEGHOłRXYUDJHbKWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
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GLIŦFLOHGHWLUHUSDUWLGHVPXOWLSOHV
DYDQWDJHVRIIHUWVSDUOHVPLQLU«VHDX[
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G«SHQGSULQFLSDOHPHQWGHODFDSDFLW«
¢G«EORTXHUGHVŧX[GHFDSLWDX[
¢GHV«FKHOOHVSOXVLPSRUWDQWHVGDQV
FHVHFWHXU1RXVQHSRXUURQVSDV
\DUULYHUVDQVU«VRXGUHOHG«ŦSRV«SDU
ODŦQDQFHb}
1. Citée par Charlie Zajicek, « How solar mini-grids can bring cheap,
green electricity to rural Africa », Overseas Development Institute,
2019, https://www.odi.org/blogs/10730-how-solar-mini-grids-can-
bring-cheap-green-electricity-rural-africa.
2.4.
Les facteurs-clés de succès
d’un projet d’électrification
rurale décentralisée
demeurent inchangés.
Au-delà des évolutions techniques et des incertitudes qui viennent
d’être évoquées, l’objectif fondamental de l’ERD reste de fournir
un service électrique durable et accessible au plus grand nombre.
C’est le cap. Mais sur un plan plus opérationnel, quels sont les
points de repère méthodologiques utiles pour les praticiens ?
L’Afrique subsaharienne est un ensemble de 49 pays extrême-
ment différents par leur histoire, leur culture, leur géographie, mais
aussi par leurs structures institutionnelles et administratives. Pour-
tant, les expériences qui y sont menées depuis près de cinquante
ans permettent de circonscrire des points communs déterminants
pour réussir la mise en œuvre d’un projet d’ERD.
2.4.1.
Construire un écosystème d’acteurs qui devienne
in fine autonome n’est pas si simple.
Aujourd’hui, grâce à l’utilisation des énergies Quel que soit le système installé, il faut égale-
renouvelables, les conditions de développe- ment assurer la mise en place d’un écosys-
ment de l’électrification rurale décentralisée tème d’acteurs qui fasse durablement fonc-
sont réunies sur les plans technique et envi- tionner le service sur le territoire.
ronnemental. Mais ce n’est pas suffisant.
6FK«PDGHVDFWHXUVGHOł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHbRS«UDWHXUVXVDJHUVEDLOOHXUV
entités publiques et porteurs de projets
%$,//(856 ENTITÉ
ACTIONNAIRES
SXEOLFVHWRXSULY«V
Donneur PUBLIQUE TUTELLES
et prêteur chargée de l’ER
TXLSHPHQW&DSLWDO¢ORQJXH
durée de viePRGXOH39OLJQH Services Energétiques
SRVWHU«JXODWHXUVŊ ʼn2QGHVHWVLJQDX[
TXLSHPHQW¢UHQRXYHOHU&DSLWDO OXPLªUHFRPPXQLFDWLRQ
)OX[UHQRXYHODEOHV circulantEDWWHULHVJURXSHV QXP«ULTXHŊ
HWRXfossiles «OHFWURJªQHVODPSHVPRWHXUVŊ ʼn)RUFHP«FDQLTXH
PersonnelLQVWDOODWLRQ PRWULFLW«HWPRELOLW«
H[SORLWDWLRQFRPPHUFLDOLVDWLRQ
ʼn&KDOHXU
FXLVVRQHDXFKDXGHŊ
'HVFDVKŧRZV
DFFªVXVDJHVGHVVHUYLFHV
235$7(856
ACTIONNAIRES SXEOLFVHWRXSULY«V Usagers Propriétaires
SXEOLFVHWRXSULY«V des équipements
Régisseur, fermier des services
ou concessionnaire
&U«HUXQ«FRV\VWªPHDXWRQRPHJU¤FH
au renforcement des capacités des différentes parties
prenantes, à tous les niveaux
/HUHQIRUFHPHQWGHVFDSDFLW«VHVWG«ŦQLGHPDQLªUHUHODWLYHPHQWFRQVHQVXHOOHGDQVOHGRPDLQH
GXG«YHORSSHPHQWLQWHUQDWLRQDOFRPPHOHprocessus par lequel les individus, les organisations
HWODFROOHFWLYLW«GDQVVRQHQVHPEOHOLEªUHQWFU«HQWUHQIRUFHQWDGDSWHQWHWSU«VHUYHQWDX
ŦOGHVDQVOHXUVFDSDFLW«VFłHVW¢GLUHOHXUDSWLWXGH¢J«UHUOHXUVDIIDLUHVDYHFVXFFªV2&'(
b318'&łHVWXQSURFHVVXVTXLHQJOREHXQHPXOWLWXGHGłDFWLRQVHWGHE«Q«ŦFLDLUHV
GRQWOłHQMHXHVWGłDYRLUXQLPSDFWVXUWURLVQLYHDX[LQWHUG«SHQGDQWVLQGLYLGXHORUJDQLVDWLRQQHO
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UHVSRQVDELOLVDWLRQGHVDFWHXUVORFDX[GDQVODFRQFHSWLRQHWODPLVHHQāXYUHGHVSURMHWV
TXLGRLYHQWDOOHUELHQDXGHO¢GXVLPSOHUHQIRUFHPHQWGHFRPS«WHQFHVmbWHFKQLTXHVb}
4XHOTXHVERQQHVSUDWLTXHVGłLQWHUYHQWLRQb
DSSURIRQGLUHQDPRQWGXSURMHWOHVEHVRLQVHQUHQIRUFHPHQWGHVFDSDFLW«VDYHFOHVGLII«UHQWV
DFWHXUVORFDX[b
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GHWHPSVFRXUWPR\HQHWORQJWHUPHVDYHFGHVLQGLFDWHXUVGHVXLYLSU«FLVb
DOORXHUXQEXGJHWHWGHVUHVVRXUFHVVS«FLŦTXHVSRXUODPLVHHQāXYUHOHVXLYL
HWOł«YDOXDWLRQGHODVWUDW«JLH
6RXUFHb FAO, « Module d’apprentissage. Renforcement des capacités – Principe de base » (Rome, 2010).
décentralisée est perçue comme contributrice au nombre d’intervenants très divers afin de garantir
développement économique et social d’un territoire. l’amélioration des conditions de vie de la popula-
Cette logique se traduit majoritairement (mais pas tion et la viabilité du service de l’électricité :
uniquement) par l’installation de miniréseaux locaux çRQTVGWTUFGRTQLGVa
alimentés par leurs propres moyens de production çWUCIGTUa
renouvelable et proposant une tarification inclusive. çEQNNGEVKXKVªUNQECNGUGVVGTTKVQTKCNGUNGUTGRTªUGPVCPVa
Le déploiement de ce type de projets sup- çQRªTCVGWTU SWK GZRNQKVGPV NGU KPHTCUVTWEVWTGU
pose de mobiliser et de fédérer un grand électriques ;
çHQWTPKUUGWTUFàªSWKRGOGPVUa
çKPUVKVWVKQPU RWDNKSWGU SWK QTICPKUGPV NG UGEVGWT 7DX[GłDFFªV
de l’électricité et le régulent ;
çRCTVGPCKTGUăPCPEKGTU 5DSSRUWHQWUHOHQRPEUHWRWDOGłKDELWDQWV
RXGHIR\HUVVXUXQWHUULWRLUHHWOHQRPEUH
Le niveau très différent de compréhension et de GłXVDJHUVRXGHIR\HUVUDFFRUG«VGX
connaissance de la problématique du secteur VHUYLFH«OHFWULTXH
électrique et des usages de l’électricité de ces
différents acteurs, ainsi que leurs intérêts parfois
divergents constituent des contraintes fortes
pour développer les projets d’électrification rurale les utilisations de plus forte valeur d’usage : télé-
décentralisée. communication, éclairage, télédiffusion, activités
économiques.
Les porteurs de projets
Jusqu’à la création des agences d’électrification Les usagers et leurs représentants
rurale, les porteurs de projets (ONG, collectivi- Destinataires de l’électrification, qui doit répondre
tés locales, entreprises) apportaient les initia- au mieux à leurs divers besoins et attentes, c’est
tives d’ERD dans les territoires. Désormais, si de leur comportement que dépendent la viabi-
ces organisations peuvent, en dehors des appels lité et la pérennité des systèmes d’électrification
d’offres ou des appels à projets, prendre elles- installés : le volume et la régularité de leurs
mêmes l’initiative de concevoir et développer consommations électriques et de leurs paie-
un projet d’électrification sur un territoire de leur ments sont les clés de la réussite.
choix, elles répondent majoritairement à des ap- Quelle que soit la catégorie d’usagers de
pels d’offres lancés par ces agences. l’électricité ou l’infinité de profils à l’intérieur de
Ces agences définissent les périmètres à électri- chacune d’elles, une attention toute particulière
fier et les objectifs de taux d’accès, et sélection- doit être apportée à leur sensibilisation et à leur
nent les projets sur la base de plusieurs critères : information sur les utilisations possibles et les ris-
çPQODTGFàWUCIGTUªNGEVTKăªUa ques de l’électricité, et sur la contribution à payer
çECNGPFTKGTFGTªCNKUCVKQPa pour disposer du service (cf. chapitre 2.4.2.).
çITKNNGVCTKHCKTGGVUGUOQFCNKVªUFàKPFGZCVKQPa
çEJQKZVGEJPQNQIKSWGUa .GUOªPCIGU constituent la catégorie d’usagers
çRNCPFàCĂCKTGUa potentiels la plus nombreuse de l’ERD ; elle se
çRNCPFGăPCPEGOGPV caractérise par :
çFG HCKDNGU EQPUQOOCVKQPU
NàQTFTG FG ¡
Initialement, les ministères de l’énergie, au travers 24 kWh/mois, pour la plupart inférieures à
de leurs directions de l’énergie, et les ONG spé- 10 kWh /mois1) en raison d’un usage limité :
cialisées dans le secteur étaient les deux princi- un à trois points lumineux et la recharge d’un
paux types de porteurs de projets. Leur attention
se fixait principalement sur les usages sociaux
de l’électricité. Aujourd’hui, les acteurs privés
1. Par comparaison, la consommation mensuelle moyenne d’un foyer français
les ont rejoints, ciblant, quel que soit le modèle, était de 412 kWh en 2017 (sources : RTE et CRE) soit entre 16 à 80 fois plus.
de la santé, de l’éducation, par exemple) savent et structures sont complétées ou relayées par
faire passer les messages utiles sur les évo- d’autres instances et institutions au niveau des
lutions qu’introduit l’électricité, pour éviter les collectivités territoriales.
tensions et favoriser le décollage du nombre
d’abonnés et des consommations. .GOKPKUV©TGGPEJCTIGFGNàªPGTIKG autorité de
tutelle du secteur de l’électricité, définit la poli-
Les collectivités territoriales, qui peuvent tique nationale d’électrification, y compris rurale
aussi être usagers du service dans le cas de décentralisée, ainsi que les réglementations et
l’électrification des ouvrages publics, jouent un rôle standards techniques. Selon les pays, il valide les
à géométrie variable, mais toujours très important : programmes nationaux d’ERD, et délivre les auto-
çGNNGU UQPV NGU RNWU ¡ O«OG FàCRRTªEKGT UQW- risations ou concessions d’électrification rurale. Il
vent après sensibilisation, les impacts socio- s’assure si besoin auprès de la société d’électricité
économiques de la disponibilité d’électricité et de l’absence de plans d’extension de réseau sur la
sa contribution à l’aménagement du territoire et zone à échéance de cinq à dix ans.
à leur développement économique ;
çGP HQPEVKQP FGU EQORªVGPEGU SWK NGWT QPV LG OKPKUV©TG FGU (KPCPEGU GV FW $WFIGV valide
été effectivement transférées en matière la politique de financement et la politique fiscale
d’électrification, leur engagement peut couvrir le en matière d’électrification, budgétise les finance-
portage de projets jusqu’à leur maîtrise d’ouvrage ments publics alloués à l’électrification rurale dé-
complète, avec des entreprises d’électrification centralisée, recherche des financements auprès
ou en créant des coopératives ou des régies des bailleurs de fonds internationaux. Il peut aussi
d’électricité. mettre en place des parafiscalités pour contribuer
Si l’implication de ces acteurs (usagers do- au financement des structures techniques et des
mestiques et économiques, élus et édiles, projets. Des taxes sur les factures d’électricité
ONG locales, collectivités territoriales) permet sont par exemple instaurées au Sénégal, à Mada-
d’apprécier les demandes en électricité à court gascar ou au Burkina Faso. Dans ce dernier pays,
et moyen termes, elle ne peut se manifester sans le Fonds de développement de l’électrification
l’aval préalable des institutions nationales en rurale (FDE) en faveur des localités rurales est
charge du secteur électrique. alimenté par une taxe de 2 FCFA sur chaque kWh
vendu par la société nationale d’électricité1. Ces
Les institutions publiques nationales taxes viennent abonder, encore de façon très mi-
Plusieurs structures publiques interviennent dans noritaire, les fonds d’électrification rurale.
les choix politiques et stratégiques, l’organisation, Afin de favoriser la coordination interministé-
ainsi que la régulation du domaine de l’ERD. Si les rielle et le développement des usages sociaux de
schémas institutionnels varient d’un pays à l’autre, l’électricité, certains pays ont mis en place un co-
ils comprennent généralement : mité élargi de supervision de l’électrification rura-
çFGUKPUVCPEGURQNKVKSWGUa le, composé de représentants des ministères en
çWPGCWVQTKVªFGTªIWNCVKQPaGV charge de l’énergie, des finances et du budget, et
çFGUUVTWEVWTGUVGEJPKSWGUGVăPCPEK©TGU
Selon les transferts de compétences issus des 1. Pierre Jacquemot et Marie-Noëlle Reboulet, « Options technologiques
processus de décentralisation, ces instances et modèles d’organisation de l’électrification rurale en Afrique », Afrique
Contemporaine 1-2, n° 261-262 (2017) : 175-176.
d’autres ministères tels que santé, éducation, ag- conventions de financement établies pour chaque
riculture ou industrie. Eclairage public, électrifica- programme ou projet. Il peut être géré par une ins-
tion des bâtiments administratifs, des établisse- titution fiduciaire sous convention avec l’agence
ments de formation, des salles communautaires, d’électrification rurale.
des centres de santé… L’accès à l’électricité est un
facteur indispensable d’amélioration des services L’ensemble de ces structures, généralement ba-
rendus à la population. sées dans la capitale du pays, sont rarement re-
layées dans les régions par des services décon-
L’autorité de régulation du secteur de centrés, ce qui limite les moyens d’intervention
l’électricité a pour principale mission de valider sur le terrain, pénalise la mise en œuvre effective
les procédures de sélection concurrentielle des de la politique nationale et le respect des régle-
entreprises d’électrification, les contrats corres- mentations, des procédures et des engagements
pondants, et les tarifs de vente aux usagers prati- des protagonistes au niveau local. Sur le sujet, voir
qués par les entreprises de fourniture de services les préconisations émises en partie 4.
électriques et leurs modalités d’indexation. En cas
d’interconnexion d’un miniréseau d’électrification Les professionnels du secteur
rurale décentralisée à un autre réseau, l’autorité électrique
de régulation est chargée de valider le tarif Si la présence des acteurs précités est néces-
d’achat-vente d’électricité en gros à la société ex- saire lors de l’élaboration et du suivi-contrôle de la
ploitant ce réseau. mise en œuvre et de l’exploitation d’un programme
d’ERD, ce sont les professionnels du secteur qui
.GUUVTWEVWTGUVGEJPKSWGUGVăPCPEK©TGU varient concrétisent l’installation du système.
selon les pays. Elles peuvent se réduire à une di-
rection ou un service chargé de l’électrification Sous la supervision du maître d’ouvrage* (com-
rurale au sein du ministère en charge de l’énergie, manditaire du projet, qui remet l’équipement à
ou à une agence d’électrification rurale, établisse- l’exploitant après mise en service industrielle), la
ment public généralement sous tutelle du réalisation d’une opération d’accès à l’électricité
ministère de l’Energie, complétée dans certains d’envergure requiert au moins quatre types
cas par un fonds pour l’électrification rurale. d’interventions techniques :
L’agence d’électrification rurale a pour missions de : çun bureau d’étude chargé de la maîtrise
çRTQOQWXQKTGVKPHQTOGTa d’œuvre et doté d’une composante locale ma-
çFªXGNQRRGTNGUQĂTGUFGUGTXKEGUGVNGUECRCEK- joritaire (y compris sous-traitants) conçoit
tés locales ; l’infrastructure électrique, de la production au
çCUUKUVGT CW OQPVCIG GV ¡ NC OKUG GP ÈWXTG FGU raccordement usager, sans oublier les sys-
programmes et projets ; tèmes de branchement, de comptage et de
çEQPVTKDWGT ¡ OQDKNKUGT NGU ăPCPEGOGPVU GV NGU prépaiement. Il assure également l’assistance
administrer ; technique, la formation des parties prenantes
çUWKXTGGVEQPVTµNGTNGDQPFªTQWNGOGPVFGUCEVKXK- locales (exploitant, abonnés, édiles), la récep-
tés d’électrification rurale dans le pays. tion des travaux, ainsi que, la plupart du temps,
Le fonds pour l’électrification rurale, lorsqu’il l’accompagnement de l’exploitant pendant la
existe, a pour mission de mettre en œuvre les période d’apprentissage nécessaire ;
Parole de professionnel
Mamadou Saidou Diallo
&RPPHQWOł$JHQFHJXLQ«HQQHGł«OHFWULILFDWLRQUXUDOH$*(5DFFRPSDJQHWHOOH
les opérateurs de miniréseaux dans la mise en œuvre de leurs projets ?
mb1RXVOHVHQFDGURQVGDQVOHPRQWDJHGHOHXUGRVVLHUGHGHPDQGHGHILQDQFHPHQW
HWGHFRQFHVVLRQQRWDPPHQWHQPHWWDQW¢OHXUGLVSRVLWLRQGHVRXWLOVbFDQHYDVGł«WXGH
GHIDLVDELOLW«HWGHSODQGłDIIDLUHVPRGªOHVGHFRQWUDWVGHFRQFHVVLRQ1RXVOHVDLGRQV
HQVXLWHWRXWDXORQJGXFLUFXLWGłDSSUREDWLRQDGPLQLVWUDWLYHGHFHVGRVVLHUV
1RXVOHVDVVLVWRQVVXUOHVTXHVWLRQVUHODWLYHVDX[H[RQ«UDWLRQVGRXDQLªUHVHWILVFDOHV
RX¢ODSDVVDWLRQGHVPDUFK«VGłDFTXLVLWLRQVHWGHWUDYDX[
1RXVOHVDSSX\RQVHQILQVXUOHWHUUDLQGDQVOHVXLYLHWOHFRQWU¶OHGHVWUDYDX[ODIRUPDWLRQ
GHVRS«UDWHXUVHWGHOHXUV«TXLSHVGHJHVWLRQDLQVLTXHOłLQIRUPDWLRQHWODVHQVLELOLVDWLRQ
GHVSRSXODWLRQVVXUOHVFRQWUDLQWHVOL«HV¢ODIRXUQLWXUHGXUDEOHGłXQVHUYLFH«OHFWULTXHb}
Mamadou Saidou Diallo, ingénieur électro-énergéticien de formation, travaille depuis quinze ans
dans le domaine du développement de l’électrification rurale en Guinée ; il est directeur général
adjoint de l’Agence guinéenne d’électrification rurale (AGER).
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : KWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
çun ou plusieurs fournisseurs assurent ou à la suite d’un appel à candidatures, il sera le ga-
l’approvisionnement, l’installation et le démar- rant d’un bon fonctionnement de l’infrastructure
rage des équipements électriques et électromé- électrique après avoir obtenu le droit de l’exploiter
caniques de production (générateurs énergies par la signature d’une autorisation ou concession
renouvelables – avec ou sans hybridation par auprès du ministère de l’Energie.
groupe électrogène –, stockage, régulation et
conversion d’énergie), de distribution basse ten- Ces différentes fonctions peuvent être assurées
sion et de gestion (comptage, prépaiements) ; par un seul et même prestataire, ce qui renforce la
çdes entrepreneurs de travaux de divers corps cohérence entre la conception, le choix et la four-
FG OªVKGTU (génie civil, électricité, construction niture des équipements et leur exploitation (dont
métallique, menuiserie…) assurent la réalisation de la maintenance), mais peut conduire à des dimen-
l’infrastructure selon les plans du maître d’œuvre ; sionnements et des enveloppes budgétaires ex-
çl’exploitant est considéré comme la pièce maî- cessives. Dans tous les cas, de la juste apprécia-
tresse de la pérennité du service électrique tion par les différents intervenants du contexte et
(notamment pour un miniréseau ; cf. chap- de son évolution dépendront :
itre 3.5.3). Sélectionné dès le montage d’un projet
&HSURMHWDPELWLHX[GHFKDQJHPHQWGł«FKHOOHFRQVWUXLW¢SDUWLUGHVUHWRXUVGłH[S«ULHQFHGH
SU«F«GHQWVSURJUDPPHVFRPPH5(6287+«OHFWULŦFDWLRQGHORFDOLW«VPDOJDFKHVFRPSUHQDLW
YROHWV
- QHUJLHHWLQIUDVWUXFWXUHVLQVWDOODWLRQGHFHQWUDOHVVRODLUHVHWU«VHDX[GHGLVWULEXWLRQDVVRFL«V
G«OLYUDQWXQVHUYLFHKHWGRQWOłXVDJHDE«Q«ŦFL«GLUHFWHPHQW¢SOXVGHSHUVRQQHV
GDQVOHVORFDOLW«VFLEO«HVU«JLRQVGHOł$QGUR\HWOł$QRV\
- ([SORLWDWLRQV«OHFWLRQIRUPDWLRQHWDFFRPSDJQHPHQWGHRS«UDWHXUVMXVTXł¢XQDQDSUªVODŦQ
GXSURMHWDŦQGłDWWHLQGUHOHXUDXWRQRPLHFRPSOªWH
- 8VDJHVGHOł«OHFWULFLW«HWG«YHORSSHPHQWGłDFWLYLW«VVRFLR«FRQRPLTXHVG«YHORSSHPHQWGłXQH
WUHQWDLQHGłDFWLYLW«V«FRQRPLTXHVFRXWXUHVRXGXUHF\EHUFDI«FLQ«YLG«RHWFFU«DWLRQRX
UHQIRUFHPHQWGłXQHGL]DLQHGłDFWHXUVFRPPXQDXWDLUHVPDLULHV«FROHVFHQWUHVGHVDQW«HWF
DP«OLRUDWLRQGHVVHUYLFHVGłXQHGL]DLQHGłLQIUDVWUXFWXUHVFRPPXQDXWDLUHV«FROHVFHQWUHVGH
VDQW«PDLULHVHWF
%LHQTXHOHSURMHWDLWUHQFRQWU«GHVGLIŦFXOW«V«YROXWLRQGHVUDFFRUGHPHQWVDXQU\WKPH
SOXVIDLEOHTXHSU«YXVWUXFWXUHVGłH[SORLWDWLRQIUDJLOHVLOHQGHPHXUHQ«DQPRLQVXQUHWRXU
GłH[S«ULHQFHFUXFLDOVXUOHTXHOOHVSURMHWVGł(5'IXWXUVVłDSSXLHURQWSRXU«ODERUHUOHXUSODQ
GłDFWLRQHWDVVXUHUOHXUERQG«URXOHPHQW
3RXUDOOHUSOXVORLQUHWURXYH]Oł«WXGHGHFDVLQW«JUDOHVXUODSDJHZHEGHOłRXYUDJH
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SOCIÉTÉ
EXPLOITANTE
6RXUFHb Fondation Energies pour le Monde.
MONTAGE EN CONCESSION
$8725,738%/,48(
PARTENAIRES
!0D°WUHGłRXYUDJHSDUWLHO
),1$1&,(56
!&RQWU¶OHPD°WULVHGłāXYUH
3XEOLFVSULY«V
&RQWUDWGHFRQFHVVLRQ
&21&(66,211$,5(
INGÉNIEUR
!0D°WULVHGłRXYUDJHSDUWLHOOH CONSEIL
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opérateurs de téléphonie mobile, etc.) et investis- lampes portables solaires aux systèmes solaires
seurs qui aujourd’hui s’intéressent à l’ERD. individuels. Les quantités d’énergie en jeu sont
donc faibles (cf. chapitre 3.2.). On assiste à un fort
Le modèle libéral repose sur un développement des solutions fondées sur cette
schéma opérationnel beaucoup plus approche, rendues possibles par une conjonction
simple et rapide à mettre en œuvre. de facteurs favorables à l’ouverture d’un marché
Dans le modèle libéral, sans intervention ni soutien (cf. chapitre 2.3.1.).
financier de l’Etat, les intervenants sont beaucoup Ces initiatives, basées sur un processus stan-
moins nombreux, facilitant la mise en œuvre des dardisé de commercialisation en vente directe
équipements qui à ce jour couvrent la gamme des de systèmes solaires, d’installation chez les
%$148(66(59,&(6),1$1&,(56
Interventionniste ou libérale,
'&(175$/,66,19(67,66(856 chacune des deux approches
présente des limites.
Souvent structurels, tous les obstacles ne sont pas
(175(35,6(6235$7(856 235$7(856
susceptibles d’être levés à court terme, ni même
'ł/(&75,),&$7,21585$/( 7/&206 à moyen terme. Mais certains d’entre eux ne sont
pas des fatalités : c’est pourquoi ils font l’objet de
préconisations en partie 4, qui sont organisées
86$*(56'(66(59,&(6 selon la partie prenante à laquelle elles s’adressent.
DE L’ÉLECTRICITÉ
financiers suffisants pour un réel changement les disqualifient pour contribuer aux projets
d’échelle (cf. chapitre 1.2.2.). Les équipes tech- d’envergure.
niques et les services financiers ne peuvent faire
face à la complexité et à la lourdeur des procé- Les principales limites du modèle libéral
dures nécessaires à la sélection des projets, à Si les progrès technologiques ont permis à ce
l’obtention des financements, à la contractuali- modèle pertinent de naître il y a une quinzaine
sation des prestataires, ou encore au suivi et au d’années et de se développer rapidement, son dé-
contrôle de la conformité des installations aux ploiement révèle au moins deux points de faiblesse.
règles et normes en vigueur. D’une part, alors qu’il devait viser toute la popula-
Les exigences et conditions différentes, voire tion rurale de la base de la pyramide, il s’adresse
divergentes, des bailleurs de fonds créent une CWLQWTFàJWK OCLQTKVCKTGOGPV ¡ WPG ENKGPV©NG
EQPVTCKPVGUWRRNªOGPVCKTG Elles ne facilitent ni TGNCVKXGOGPV CKUªG GV WTDCKPG QW RªTKWTDCKPG
le respect des schémas institutionnels en place, RQWT FGU DGUQKPU FQOGUVKSWGU Par ailleurs,
ni des approches technologiques innovantes, ni le l’approche libérale ne permet pas, à ce jour,
respect des règles de marché public. Ce manque l’émergence d’activités économiques de manière
de cohérence crée des situations de confusion large, malgré les tests réalisés par les promoteurs
voire de concurrence entre les régions et au sein de kiosques énergétiques (cf. chapitre 3.3.).
d’un même territoire (taux de subvention, niveaux D’autre part, NG OQF©NG ªEQPQOKSWG TGUVG HTC
de rémunération, etc.). gile. Encore déficitaires, de nombreux opérateurs
1PEQPUVCVGªICNGOGPVWPGCDUGPEGFGVTCPU- sont régulièrement en recherche d’investisseurs,
HGTVQWWPVTCPUHGTVRCTVKGNGVCODKIWFGNCEQO- laissant présager des déficiences d’entreprises
pétence énergie vers les collectivités territoria- (comme on en a déjà constaté, principalement en
les, qui sont pourtant un relais indispensable pour Afrique de l’Est, là où elles sont le plus nombreus-
l’efficacité de l’électrification rurale décentralisée. es). Dans le cas de certains opérateurs PAYG,
Cette situation présente deux défauts majeurs qui l’absence de lien de proximité entre le client du
freinent le développement des projets : service et son fournisseur, due à la dématérialisa-
çNCFKąEWNVªFGNCEQQTFKPCVKQPXQKTGNGTKUSWGFG tion du paiement, suscite également une certaine
conflit sur un projet, avec les structures centrali- défiance ; les opérateurs conquièrent de nou-
sées ou déconcentrées du ministère en charge veaux clients, mais leur fidélisation est difficile.
de l’énergie ; Aucun des deux modèles, interventionniste ou
çNG OCPSWG FG OQ[GPU JWOCKPU GV ăPCPEKGTU GV libéral, ne répond donc globalement au défi de
de compétences en matière énergétique au sein l’électrification de l’Afrique rurale. Le débat d’une
des collectivités ou au niveau local (élus locaux, électricité « service public » ou « bien marchand »
chefferies, notables religieux). est lancé.
.C RTQDNªOCVKSWG FG NC EQORªVGPEG GV FGU En attendant, la pratique de l’ERD doit trouver sa
OQ[GPU PG EQPEGTPG RCU SWG NG UGEVGWT RWD- voie sur le terrain. Elle passe par une recherche
lic et touche aussi les entreprises locales de complémentarité entre les solutions, toutes
d’électricité. Alors qu’elles sont indispensables, approches confondues. Elle passe aussi par le
elles ne disposent le plus souvent ni d’une expé- développement, à côté d’une compétence en in-
rience en électrification rurale décentralisée ni génierie technique* indispensable, d’une capacité
d’une surface financière suffisante. Ces handicaps d’ingénierie sociale non moins experte. }
2.4.2.
Pour garantir l’adhésion de la communauté rurale,
l’ingénierie sociale est essentielle, à toutes les
étapes d’un projet.
5HWRXUGHWHUUDLQb*X\DQH0DURQL
8QSURJUDPPHGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHD«W«ODQF«LO\DSOXVGHGL[DQVSRXUOłDOLPHQWDWLRQHQ
électricité de quatre villages du Haut-Maroni, dont le village d’Antécum-Pata.&HWHUULWRLUHVLWX«
¢SOXVLHXUVKHXUHVGHSLURJXHHWGłDYLRQGH&D\HQQHDEULWHHQYLURQXQPLOOLHUGłKDELWDQWVQRQ
GHVVHUYLVSDUOHU«VHDX«OHFWULTXH
Ce projet d’un montant de 12 millions d’euros a pour objectif l’installation de centrales hybrides
SKRWRYROWD±TXHVHWGLHVHOVDLQVLTXHGHPLQLU«VHDX[«OHFWULTXHV,OHVWSRUW«SDUODFRPPXQDXW«
GHFRPPXQHVGHOł2XHVWJX\DQDLVTXLDVVXUHODPD°WULVHGłRXYUDJHHW(')6(,HQFKDUJHGH
OłH[SORLWDWLRQ&HWWHGHUQLªUHDVVXUH«JDOHPHQWOHSLORWDJHGHVLQIUDVWUXFWXUHV¢GLVWDQFHGHSXLV
&D\HQQHJU¤FH¢XQV\VWªPHGHPRQLWRULQJG«YHORSS«VS«FLDOHPHQWSRXUWUDQVI«UHUĿYLDXQH
OLDLVRQVDWHOOLWHPLVHHQSODFHVXUFKDTXHVLWHWRWDOHPHQWLVRO«ĿOłHQVHPEOHGHVGRQQ«HVPHVXU«HV
VXUVLWHDLQVLTXHOHV«WDWVGHIRQFWLRQQHPHQWGHVFRPSRVDQWVGHODFHQWUDOH
3RXUWDQWWUªVDWWHQGXHSDUOHVSRSXODWLRQVGHFHVYLOODJHVODPLVHHQVHUYLFHGHVFHQWUDOHVD
HXOLHXDXSUHPLHUWULPHVWUHDYHFSOXVGHGHX[DQVGHUHWDUG/łLVROHPHQWJ«RJUDSKLTXH
GHFHVVLWHVFRPELQ«DXVWUHVVFOLPDWLTXHLPSRV«¢OłHQVHPEOHGXPDW«ULHOHW¢ODYRORQW«GH
SLORWHU¢GLVWDQFHVDQVUHODLVKXPDLQVXUSODFHDFRQVLG«UDEOHPHQWIUHLQ«ODPLVHHQVHUYLFHGHFHV
FHQWUDOHVSXLVUHQGXWUªVFRPSOH[HOHXUH[SORLWDWLRQ
$XMRXUGłKXLOłHQVHPEOHGHVE¤WLPHQWVFRPPXQDXWDLUHVGLVSRVHGłXQDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«PDLV
OHVFHQWUDOHVWRXUQHQWTXDVLPHQWmb¢YLGHb}IDXWHGHUDFFRUGHPHQWVGRPHVWLTXHV'DQVFHWWH
U«JLRQR»OHVUHVVRXUFHVGRQWGLVSRVHQWOHVIDPLOOHVVRQWIDLEOHV
OHUDFFRUGHPHQWDXU«VHDXUHSU«VHQWHHQHIIHWXQY«ULWDEOHREVWDFOHŦQDQFLHU
sont souvent imperceptibles à la première analyse. des populations locales se retrouve d’ailleurs dans
Cette approche sociologique est particulière- de nombreuses offres de service portées par des
ment importante en logique interventionniste acteurs privés (cf. partie 3).
(électrification d’ouvrages publics ou mise en
place d’un réseau local, par exemple), qui néces- S’ils ne sont pas exhaustifs, les constats et sug-
site une adhésion profonde des populations, aux gestions qui suivent, tous issus de l’expérience de
niveaux individuel et collectif. terrain, soulignent :
çNàKORQTVCPEG FG la NàKPIªPKGTKG UQEKCNGa | à tous
Néanmoins, même dans une approche libérale (da- les stades de déploiement d’un projet ; et
vantage guidée par le pragmatisme économique çNCPªEGUUKVªFGFKURQUGTRQWTEGNCFàWPGªSWK-
que par la recherche d’impact social), l’analyse de pe pluridisciplinaire, dont plusieurs des mem-
risques a tout intérêt à inclure la dimension socio- bres ont acquis la confiance des populations
culturelle : des risques mal anticipés ou mal maî- locales. Les actions d’accompagnement de la
trisés fragilisent le modèle économique. Cette population et de ses représentants ne peuvent
dimension de pédagogie et d’accompagnement être menées par les seuls ingénieurs techniques.
Palabres, Guinée.
3ODQLŦFDWLRQbTXHOTXHVH[HPSOHVGłRXWLOV
$ORUVTXHODGHPDQGHGłXQDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«HVWIRUWHPDLVTXHOHVPR\HQVŦQDQFLHUVSRXU\
U«SRQGUHVRQWIDLEOHVXQHSODQLŦFDWLRQGHOł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHG«FHQWUDOLV«HHVWQ«FHVVDLUH
)RXUQLVVDQWGHVLQIRUPDWLRQVVXUODRXOHVFRPPXQHVYLV«HVHWOHXUHQYLURQQHPHQWHOOHSHUPHWGH
KL«UDUFKLVHUOHVFRPPXQHV¢«OHFWULŦHUVHORQSOXVLHXUVFULWªUHVDYHFOłREMHFWLIGHPD[LPLVHUOHV
LPSDFWVGHOł«OHFWULŦFDWLRQHQWHUPHVGHG«YHORSSHPHQWVKXPDLQ
HW«FRQRPLTXHGHlimiter les risques d’échec,PDLVDXVVLGHG«ŦQLUOHVPRGDOLW«V
de réalisationGHVSURMHWVTXłHOOHVVRLHQWWHFKQLTXHVŦQDQFLªUHVRXRUJDQLVDWLRQQHOOHV
$X[F¶W«VGHORJLFLHOVGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHLQW«JUDQWXQHFRPSRVDQWHG«FHQWUDOLV«H
/DSHUHW(OYLUDSDU(')HW*«RVLPSDU,('SOXVLHXUVRXWLOVGHSODQLŦFDWLRQGł«OHFWULŦFDWLRQ
UXUDOHG«FHQWUDOLV«HRQW«W«G«YHORSS«V/D)RQGHPDDLQVLFRQ©XOHORJLFLHO1RULD/HQRPEUH
GHFRPPXQHV¢«WXGLHUDOODQWFURLVVDQWil devient nécessaire d’automatiser les traitements
d’enquêtes,FRPPHOHSHUPHWOłRXWLO2FWDYHG«YHORSS«SDUOD)RQGHP
Cette démarche contribue à éviter les projets gui- du projet. Autorités locales, chefferies tradition-
dés par des considérations strictement politiques, nelles, usagers… Pour mener à bien les entretiens
dont l’expérience montre qu’ils sont rarement avec l’ensemble des interlocuteurs sur le terrain,
viables. Dans la plupart des cas, le personnage poli- il faut disposer au sein de l’équipe du projet sur le
tique originaire de la localité (et par extension ses terrain :
proches) est tenté de s’arroger des passe-droits une çFG RGTUQPPGU EQPPCKUUCPV DKGP NG VGTTKVQKTG :
fois le service installé, mettant à mal les principes de maîtrisant le dialecte local, connaissant les
maîtrise des consommations électriques et de paie- règles de bienséance, le sens des positionne-
ment de l’électricité. Aucune règle ni contrainte ne ments, des silences…
peut alors s’appliquer, ce qui provoque des tensions çFàGPSW«VTKEGUa elles seront plus aptes à dialo-
et conduit in fine à un arrêt du service. guer avec des femmes, qui jouent un rôle majeur
dans la maîtrise de l’usage d’un système élec-
Les entretiens, une étape-clé qui trique domestique, dans sa valorisation au sein
détermine la composition de l’équipe du foyer et dans la gestion du budget nécessaire
réunie par le concepteur au paiement régulier de l’électricité (cf. encadré).
du projet.
Une fois la localité retenue, s’ouvre une période
plus ou moins longue d’enquêtes initiales déter-
minantes pour la réussite des phases ultérieures
MINIDOSSIER
Pour approfondir : Rao, Narasimha D, et Shonali Pachauri. « Gender impacts and deter-
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le Genre et I’Energie Durable (ENERGIA), 2018.
çNCPªEGUUKVªFàWPWUCIGTCVKQPPGNFGNàªPGTIKG
Le primat selon les principes d’efficacité énergétique* ;
des activités çNC PªEGUUKVª FàWP RCKGOGPV FG NàªNGEVTKEKVª
économiques dans même si sa source est gratuite et inépuisable.
ODG«ŦQLWLRQGX
Concrètement, ces sessions de sensibilisation
tracé du réseau et ces actions d’information peuvent se décliner
ORFDObXQDFFªV sous différentes formes :
discriminant çQTCNGOGPV GP ITQWRG GV KPFKXKFWGNNGOGPV RQWT
à l’électricité ? s’assurer que des instructions identiques sont
communiquées à tous, puis expliquées à chacun
$ORUVTXHOHVSUHPLªUHVU«DOLVDWLRQV si nécessaire ;
GHOł(5'LQVFULWHVGDQVODG\QDPLTXHGH çRCT WP UWRRQTV KOCIª CăP FG ICTFGT WPG VTCEG
OłDLGHDXG«YHORSSHPHQWGHVDQQ«HV des échanges oraux et un éventuel support en
¢Vł«WDLHQWIRFDOLV«HVVXUOHVXVDJHV cas de doute ;
GłDERUGFROOHFWLIVSXLVGRPHVWLTXHVOHV çGPăP FGU ECORCIPGU FG EQOOWPKECVKQP RCT
XVDJHV«FRQRPLTXHVIRQWDXMRXUGłKXL une radio locale permettent de rappeler, régu-
OłREMHWGłXQHDWWHQWLRQDFFUXHGHV lièrement et uniformément, les messages les
SDUWHQDLUHVŦQDQFLHUVHWGHVLQYHVWLVVHXUV plus importants.
&HVDFWHXUV«FRQRPLTXHVVRQWFU«DWHXUV
GHYDOHXUHWGłHPSORLLOVFRQVRPPHQWGH Par ailleurs, le tracé du réseau comporte une di-
Oł«OHFWULFLW«SULQFLSDOHPHQWHQMRXUQ«H mension à ne pas sous-estimer : les questions
DXPRPHQWR»QHQ«FHVVLWDQWSDVGH relatives au foncier. Elles revêtent, quels que
VWRFNDJHHOOHHVWODPRLQVFKªUH soient le pays ou la culture, une importance par-
ticulière. La problématique de l’emplacement des
3RXUWDQWOHVFLEOHUH[FOXVLYHPHQWFłHVW infrastructures de production, et principalement
FU«HUOHVFRQGLWLRQVGłXQHQRXYHOOH des modules solaires (qui requièrent des superfi-
IUDFWXUHVRFLDOHDORUVTXHODPDMRULW«GH cies significatives à proximité des localités), doit
ODSRSXODWLRQUXUDOHYLWGHOłDJULFXOWXUHGH être abordée rapidement afin de connaître la dis-
VXEVLVWDQFHDXU\WKPHGHVVDLVRQV ponibilité des terrains pour l’obtention de droits
d’usage ou de bail.
çNàCRRTªJGPUKQP FGU SWGUVKQPU QW FGU KPSWKª- Pendant et après la phase de mise
tudes manifestées et la possession d’un canal en service, il est indispensable
pour y répondre ; de poursuivre la coopération pour
çNG ECU ªEJªCPV NC NKOKVCVKQP FW ENKGPVªNKUOG garantir la bonne appropriation
RQNKVKSWG que crée fréquemment la mise en du service par les usagers,
place d’un service de l’électricité. et sa pérennité.
Avant la mise en service, le travail réalisé avec
Enfin, l’expérience montre que la diaspora vivant les acteurs locaux vise à créer une acceptation
en milieu urbain électrifié doit être également du projet et à favoriser l’adhésion à sa mise en
ciblée. Lui diffuser des messages clairs sur les mo- œuvre. Une fois les travaux lancés, le défi consiste
dalités d’électrification de leur localité d’origine, et à créer l’appropriation, ce sentiment de respon-
particulièrement sur l’usage rationnel de l’énergie, sabilité vis-à-vis du service et des équipements,
permet d’éviter qu’elle n’envoie des appareils de d’adhésion aux logiques associées à la présence
seconde main énergivores aux familles restées de l’électricité. Le susciter et le faire perdurer est
au village. loin d’être une évidence (cf. encadré).
$SSURSULDWLRQGHVLQVWDOODWLRQVb
les biais des approches du développement
$XGHO¢GHODSURSUL«W«GHVLQIUDVWUXFWXUHVHWGHV«TXLSHPHQWVOłDSSURSULDWLRQG«SHQGGX
SDUDGLJPHGHG«YHORSSHPHQWTXLDSU«YDOXORUVGHODFRQFHSWLRQHWGXSRUWDJHGXSURMHW
Gł«OHFWULŦFDWLRQ
/HPRGªOHSDUWLFLSDWLIHWVHVDPELJX±W«V
3ULYLO«JLDQWOHVLQGLYLGXVSOXVDQWKURSRFHQWU«FHPRGªOHIDLW«JDOHPHQWIDFH¢GHVU«VLVWDQFHV
ORFDOHV&RQVLVWDQW¢SUHQGUHHQFRPSWHOHVFXOWXUHVHWOHVDVSHFWVVRFLRSROLWLTXHVSRXUJ«UHUGHV
LGHQWLW«VWHUULWRULDOHVLOSURSRVHXQVFK«PDGłRUJDQLVDWLRQLVVXGłXQHSHQV«HRFFLGHQWDOHHWmbPHW
OHVLQGLYLGXVńVRXVFRQWUDWŅGLVWULEXDQWOHVGURLWVHWOHVGHYRLUVGHFKDFXQ\FRPSULVFHOXLGHOD
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'DQVOHFDGUHGXSURMHW$OL]«V«OHFWULTXHVHQ0DXULWDQLHOHVFRPLW«VGHJHVWLRQGRXEODLHQWOHV
RUJDQLVDWLRQVVRFLDOHVHWSROLWLTXHVH[LVWDQWHVVDQVWHQLUFRPSWHGHVFOLYDJHVTXLOHVWUDYHUVDLHQW
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SDUWDJHUHDXDLUIRQFLHUŊQłHVWSDV«WUDQJªUH¢Oł(5'0¬PHVL¢OłRULJLQHHOOHFRQFHUQDLWOHVELHQV
JUDWXLWVHOOHVłDSSOLTXHGDQVOHFDVGłXQV\VWªPHFRPPXQGHSURGXFWLRQGł«QHUJLHDX[XVDJHV
LQGLYLGXDOLV«V'ªVORUVTXHOHVXVDJHUVGLVSRVHQWGłXQFRPSWHXULQGLYLGXHOP¬PHVłLOVSDLHQW¢
KDXWHXUGHFHTXłLOVFRQVRPPHQWFDUWHSU«SD\«HIDFWXUHŊOHVVXUFRQVRPPDWLRQVGHTXHOTXHVXQV
SHXYHQWLPSDFWHUOHV\VWªPHHWOHG«W«ULRUHUPXOWLSOLFDWLRQGHSDQQHV
/łH[S«ULHQFHGHV$P«ULQGLHQV3DOLNXUVVXUOł2\DSRFNHVWVLPLODLUH¢EHDXFRXSGłDXWUHVHQ$IULTXH
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SDUIRLVSOXVGHTXLQ]HEUDQFKHPHQWVmbLUU«JXOLHUVb}VXUXQP¬PHFRPSWHXU&HODVHWUDGXLW
U«JXOLªUHPHQWSDUGHVDUU¬WVGHVFHQWUDOHVVROOLFLW«HVDXGHO¢GHOHXUVFDSDFLW«VGHSURGXFWLRQ
&HVG\VIRQFWLRQQHPHQWVU«VXOWHQW¢ODIRLVGłXQVRXVGLPHQVLRQQHPHQWGHVLQIUDVWUXFWXUHV
«OHFWULTXHVGRQWOHVFDXVHVSHXYHQW¬WUHPXOWLSOHVFRQWUDLQWHVŦQDQFLªUHV«WXGHGHVEHVRLQV
WURSVXFFLQFWHWDULŦFDWLRQLQDGDSW«HHWGłXQHP«FRQQDLVVDQFHJ«Q«UDOHGXIRQFWLRQQHPHQW
GHFHVWHFKQRORJLHV'ªVTXłLOVGLVSRVHQWGłXQEUDQFKHPHQWIRQFWLRQQHOFHUWDLQVXWLOLVDWHXUVVH
FRPSRUWHQWHQIUHHULGHUVHWVłDXWRULVHQWGHVSUDWLTXHVUHYHQWHSRXUOHVXQVYROVSRXUOHVDXWUHV
ORJLTXHVPDLVLQDGDSW«HVH[FOXHVGHVVF«QDULRVGHVSURPRWHXUVGXSURMHWGł«OHFWULŦFDWLRQ
Branchements multiples.
ne sont pas nécessairement disponibles, le coût opérateur est libre de la tarification, à la condition
de transport et la faiblesse du pouvoir d’achat d’une validation par l’organisme de régulation du
des clients potentiels ne favorisant pas la mise secteur électrique ;
en place d’un marché pour ce type de produits. çRTªXQKT NG UGTXKEG CRT©UXGPVG
5#8, c’est-à-
Même dans le périmètre du réseau national, où dire un dispositif d’entretien/réparation des ré-
les tarifs sociaux de l’électricité issue du réseau cepteurs basse consommation.
ne pénalisent pas l’utilisation d’appareils bas de Au-delà de ces mécanismes incitatifs, le dialogue
gamme, ces récepteurs restent chers. doit se poursuivre avec l’ensemble des usagers et
Le consommateur se contente souvent de ma- de leurs représentants :
tériel de seconde main ou dont le prix attractif çFGU TªWPKQPU TªIWNK©TGU regroupant représen-
s’explique par des défauts de conception (inter- tants des abonnés, opérateur, maire, chefs tra-
rupteurs mal placés, fil cassé…). ditionnels, sont des occasions d’échanges et de
Or, en mode décentralisé, imposer des ré- discussions ;
cepteurs à haute efficacité énergétique ou inciter çNàCUUQEKCVKQP FàWUCIGTU est le canal privilégié
à leur utilisation est indispensable. Les usages dé- pour la diffusion d’informations, la connaissance
tournés ou l’utilisation de récepteurs inadaptés des insatisfactions et le dialogue ;
se traduisent par une facture d’électricité très su- ç&GU OªFKCVGWTU bien choisis peuvent être des
périeure aux prévisions et par une insatisfaction alliés efficaces pour régler certains conflits qui,
communicative des usagers. Premiers affectés, tôt ou tard, surgiront sur la qualité du service
les plus gros consommateurs sont souvent des électrique (principalement en période de très
notables écoutés et respectés ; leurs griefs sont faible gisement), la grille tarifaire et son évolu-
connus et répétés, parfois jusqu’à créer un conflit tion, les nouveaux raccordements… }
avec l’opérateur local (même si la grille tarifaire a
été validée par l’organe national de régulation du
secteur électrique). Les pouvoirs publics régio-
naux ou nationaux, trop distants, ne peuvent rap-
peler leurs engagements aux parties prenantes.
/DPLFURFHQWUDOHK\GUDXOLTXHGHN:LQVWDOO«H¢$QWHWH]DPEDWRDXFHQWUHGH0DGDJDVFDU
IRQFWLRQQHGHSXLVG«FHPEUH/ł«WLDJHGXFRXUVGłHDXTXLOłDOLPHQWHGXUHGHTXLQ]HMRXUV¢
WURLVVHPDLQHVSDUDQS«ULRGHSHQGDQWODTXHOOHODSURGXFWLRQ«OHFWULTXHHVWLQWHUURPSXH&HWWH
SUREO«PDWLTXHD«W«DQWLFLS«HHWDYDQWP¬PHODPLVHHQHDXGHODFHQWUDOHun accord a été négocié
GPVTGNàGZRNQKVCPVNGUCDQPPªUGVNGUCITKEWNVGWTURTQEJGUaNàGCWFWTCPVEGVVGRªTKQFGGUVGPVK©TGOGPVCĂGEVªG
à l’agriculture.
'HSXLVGL[VHSWDQVSHQGDQWOHVS«ULRGHVGł«WLDJHOHVXVDJHUVGHODFHQWUDOHUHYLHQQHQW
¢OHXUVDQFLHQQHVKDELWXGHV«QHUJ«WLTXHVVDQVTXHFHODQHJ«QªUHOHPRLQGUHFRQŧLW
© Fondation Energies pour le Monde
2.4.3.
Un des principaux défis consiste à assurer
la présence durable du service de l’électricité
alors que le secteur local est encore balbutiant.
Afin de garantir à leurs usagers un accès dura- modules solaires photovoltaïques, les structures
ble à l’électricité, les infrastructures et les équi- associées ou les câbles.
pements, quelles que soient les technologies Pourtant, la qualité médiocre et la faible lon-
mises en œuvre, doivent idéalement répondre gévité de certains équipements disponibles sur
aux quatre conditions suivantes : le marché sont une préoccupation récurrente,
çTGRQUGTUWTFGUOCVªTKGNU¡NCHQKUFGDQPPG particulièrement en Afrique subsaharienne, où
qualité et à durée de vie longue ; normes et contrôles de qualité sont inexistants ou
çDªPªăEKGT FàWP UGTXKEG CRT©UXGPVG GąECEG défaillants.
et d’un réapprovisionnement fiable en pièces
détachées ; Le sujet se pose avant tout dans
çHCKTG NàQDLGV FàWPG EQNNGEVG GV FàWP TGE[ENCIG le cadre des petits équipements
des composants en fin de vie ; domestiques diffusés en vente directe.
çHCKTG NàQDLGV FàWPG TªGNNG CRRTQRTKCVKQP RCT Il est possible de se procurer des lampes solaires
leurs exploitants et leurs utilisateurs. portables ou des systèmes individuels (de 30 à
plus de 200 Wc) sur les marchés ou dans les ma-
Cette dernière condition repose en partie dans les gasins d’électroménager. Les composants, ven-
mains des acteurs locaux, sous l’égide du porteur dus sans attention à leur assemblage, ne répon-
de projet et de l’équipe qui assure l’information dent souvent à aucune norme et ne sont soumis à
et la sensibilisation locales. Pour ce qui est des aucun contrôle, ni en douane ni sur les lieux de leur
trois autres conditions, qui dépendent de la struc- commercialisation. De plus, les revendeurs man-
turation du marché régional ou national, malgré quent de personnel qualifié capable d’effectuer un
quelques progrès significatifs, elles sont, en pra- minimum d’autocontrôle.
tique, rarement réunies. Concernant les lampes solaires portables :
çUWT WP O«OG OCTEJª FGU FK\CKPGU FG OQF©NGU
La qualité et la durée de vie des différents sont disponibles, pour des prix allant
équipements ne sont plus un du simple au quintuple ; si le service rendu
obstacle à la diffusion de l’ERD, s’affiche comme équivalent, la différence de prix
mais l’absence de normes empêche traduit une différence de robustesse, considéra-
l’apurement du marché. tion que l’économie d’un ménage rural permet
En principe, la durée de vie des principaux com- rarement ;
posants d’un système électrique par énergies re- çDGCWEQWR FG EGU NCORGU RTQFWKVGU OCUUKXG-
nouvelables est élevée : plus de trente ans pour ment, souvent en Asie, sont « jetables » car
les unités de production hydroélectriques, les non réparables, et sont sources d’importantes
mb/HVSURGXLWVVRODLUHV/DJD]HOVRQWIDEULTX«VORFDOHPHQWHQ$IULTXHSDUGHVWHFKQLFLHQV
IRUP«V¢FHWHIIHW/HSUHPLHUDWHOLHURS«UDWLRQQHOGHSXLVVHSWHPEUHDX%XUNLQD)DVR
DIDEULTX«SUªVGHODPSHVVRODLUHVHQGHX[DQV&HWWHDSSURFKHLQQRYDQWHSHUPHW¢
/DJD]HOGHJDUDQWLUODGXUDELOLW«VRFLDOHHWHQYLURQQHPHQWDOHGHODFKD°QHGHYDOHXUFRPPH
XQ6$9GHSUR[LPLW«GDQVOHVSD\VR»QRXVDYRQVGHVDWHOLHUV'łXQHSDUWFHODGRQQH
FRQŦDQFHDXFOLHQWTXLLQYHVWLWGDQVXQ«TXLSHPHQWVRODLUHbGłDXWUHSDUWODSRVVLELOLW«GH
U«SDUHUXQFRPSRVDQWGłXQHODPSHSOXW¶WTXHGHUHPSODFHUODODPSH¢OłLGHQWLTXHDOORQJH
ODGXU«HGHYLHGXSURGXLWHWU«GXLWOHYROXPHGHG«FKHWV
/DJD]HOHVWDFFRPSDJQ«SDUOH)RQGVIUDQ©DLVSRXUOłHQYLURQQHPHQWPRQGLDOGHOł$JHQFH
IUDQ©DLVHGHG«YHORSSHPHQWSRXUDFF«O«UHUODU«SOLFDWLRQGHVDWHOLHUVGHIDEULFDWLRQ
VXUOHFRQWLQHQWDIULFDLQ/łREMHFWLIbFLQTDWHOLHUVGHIDEULFDWLRQDFWLIVGłLFLSHUPHWWDQW
ODFU«DWLRQGłXQHFHQWDLQHGłHPSORLVORFDX[b}
2.4.4.
Les enjeux liés à la tarification et au paiement de
l’électricité doivent être soigneusement anticipés
pour assurer la viabilité et la pérennité du service.
Prendre en compte l’équité est un Ce facteur de charge plus faible s’explique par
défi difficile à relever. deux phénomènes (cf. graphe) :
La viabilité économique de l’électrification rurale est çWPG EQPUQOOCVKQP FQOGUVKSWG HCKDNG EQPEGP-
pénalisée par des investissements et des charges trée aux périodes de pointe sur des usages très
d’exploitation (notamment de personnel) par usag- limités (éclairage, audiovisuel) ;
er qui sont plus élevés qu’en zone urbaine. En con- çNG HCKV SWG EGVVG HCKDNGUUG PàGUV RCU EQORGPUªG
séquence, alors même que les populations rurales par la consommation des activités économiques,
subsahariennes sont économiquement plus fragiles, communautaires et administratives, plutôt con-
le coût d’accès à l’électricité pour elles est plus élevé. centrée en dehors des périodes de pointe.
A priori, l’iniquité tarifaire devrait être la A cela, s’ajoute un facteur supplémentaire de va-
règle. riabilité du tarif pour les populations rurales : le
Trois facteurs, déjà évoqués (cf. chapitre 2.1.2.), se contexte géographique. Le tarif, pour une même ca-
cumulent pour expliquer la différence de coûts qui tégorie d’usagers, diffère d’une zone rurale à l’autre
s’opère au détriment du milieu rural : un nombre en fonction du type d’activités possibles sur le terri-
d’abonnés plus réduit, une grande dispersion de la toire, de son niveau d’enclavement, etc. Avec cet ef-
clientèle, et un facteur de charge* nettement plus fet paradoxal du point de vue du développement hu-
faible, de l’ordre de 25-30 % en milieu rural contre main, et éthiquement inacceptable : plus le territoire
60-70 % en milieu urbain. est enclavé et pauvre, plus l’électricité y est chère.
$SSHOGHSXLVVDQFH
bODFRQVRPPDWLRQVHFRQFHQWUHHQVRLU«H
&RXUEHSU«YLVLRQQHOOHSRXUOHYLOODJHGH6DPEDLORHQ*XLQ«H
Puissance
moyenne
en kW
20
Economiques
Communautaires
15 Domestiques
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
Dans le cadre d’un miniréseau rural, la prise en urbain sont faibles, et le montant des redevances
compte de la variabilité des coûts peut conduire est aléatoire.
à adopter deux types de démarche de tarification Par ailleurs, la mise en place d’un mécanisme de
opposés : péréquation tarifaire efficace se heurte à la diver-
çWPG VCTKăECVKQP CF JQE FªăPKG GP HQPEVKQP sité des projets et des situations en milieu rural.
FW EQPVGZVG NQECNa ce fut longtemps le cas en Cette hétérogénéité accentue la difficulté : com-
France, et c’est l’approche retenue par les orga- ment choisir une échelle territoriale pertinente et
nes de régulation du secteur électrique dans les concevoir un mécanisme unique adapté ?
pays d’Afrique subsaharienne ; La péréquation locale, fondée sur la solidarité en-
çWPOªECPKUOGFGRªTªSWCVKQPVCTKHCKTGail ga- tre classes d’abonnés, est une solution pour faci-
rantit aux usagers un approvisionnement en liter l’accès à l’électricité de la partie de la popula-
électricité à des tarifs de vente réglementés aux tion la plus défavorisée. Plus simple à mettre en
mêmes conditions économiques pour tous, au ti- œuvre que la péréquation nationale, son instaura-
tre du « service public de l’énergie ». tion fait face à deux obstacles :
çNC TGFKUVTKDWVKQP SWàGNNG QTICPKUG CW DªPªăEG
La péréquation tarifaire locale des plus vulnérables peut susciter de fortes ré-
est une solution intéressante ticences des familles influentes sur un territoire ;
mais complexe à mettre en œuvre. çNGUEQORªVGPEGUGVECRCEKVªUăPCPEK©TGUFGU
Le principe de péréquation tarifaire signifie que GPVTGRTKUGUFà'4&UQPVTCTGOGPVEQORCVKDNGU
FGWZ EQPUQOOCVGWTU C[CPV NG O«OG RTQăN FG avec la gestion d’un mécanisme de péréquation,
EQPUQOOCVKQPUGXQKGPVHCEVWTGTNGO«OGVCTKH même simple et localisé.
SWGNNG SWG UQKV NGWT NQECNKUCVKQP IªQITCRJKSWG Ainsi, le sujet de la tarification électrique est
sur le territoire. Il peut être opéré au niveau na- polémique par nature, sur deux aspects au moins :
tional ou local, à l’échelle d’une portion de terri- le niveau des tarifs et le choix entre tarification
toire (région par exemple). unique et tarification différenciée. Tout dépend de
Souhaitée par les populations rurales, promise la position qu’adoptent les différents intervenants
par les leaders politiques, la péréquation natio- (usagers, entreprises d’électrification et acteurs
nale, étudiée au Sénégal dans le cadre d’une har- publics nationaux et régionaux).
monisation des tarifs de l’électricité, se heurte
à des obstacles tels que sa mise en place est Le choix de la tarification : des
reportée. positions difficilement conciliables.
Un tel mécanisme ne peut fonctionner qu’à deux Dans le cas d’un système électrique individuel
conditions : distribué selon une logique purement marchande
çNGRQWTEGPVCIGFàCDQPPªUWTDCKPUGUVPGVVGOGPV (cf. chapitre 3.2.), la difficulté de la tarification
supérieur à celui d’abonnés ruraux ; est de facto réduite : de nombreux facteurs ex-
çNGU EQPUQOOCVKQPU FGU CDQPPªU WTDCKPU GV ternes entrent en ligne de compte (attentes des
les ressources financières issues de leurs re- consommateurs, offres concurrentes, taille du
devances sont élevées. marché, normes à respecter…), mais le prestataire
Or, dans la plupart des pays d’Afrique subsaha- fixe le prix de son service de manière autonome,
rienne, la population est encore majoritairement à l’issue d’un arbitrage essentiellement guidé par
rurale, les consommations électriques en milieu l’objectif de rentabilité. Par ailleurs, en l’absence
En zone urbaine…
/HVWDULIVGHQRPEUHX[SD\VGł$IULTXHVXEVDKDULHQQHVRQWSDUPLOHVSOXV«OHY«VGHVSD\VHQYRLH
GHG«YHORSSHPHQW8QHDXJPHQWDWLRQGHVWDULIVHVWLPSRSXODLUHGłXQSRLQWGHYXHSROLWLTXH
\FRPSULVORUVTXHOHVP«QDJHVFRQVHQWHQW¢SD\HUSRXUGHVVHUYLFHVGł«OHFWULFLW«GHPHLOOHXUH
TXDOLW«3DUH[HPSOH7ZHUHIRXSURIHVVHXUGł«FRQRPLH¢Oł8QLYHUVLW«GX*KDQDHVWLPHTXH
OHVP«QDJHVGX*KDQD«WDLHQWGLVSRV«V¢SD\HUHQYLURQ86SDUN:KHQPR\HQQHSRXUGHV
VHUYLFHVGł«OHFWULFLW«GHPHLOOHXUHTXDOLW«VRLWHQYLURQbGHVWDULIVDSSOLTX«VDXPRPHQWGH
Oł«WXGH'HP¬PH2VHQLHVWLPHTXHOHVP«QDJHVQLJ«ULDQVVHUDLHQWSU¬WV¢SD\HUMXVTXł¢
bGHSOXVTXHOHWDULIDFWXHOSRXUGHVVHUYLFHVGHPHLOOHXUHTXDOLW«3RXUWDQWODVRXVWDULŦFDWLRQ
SHUVLVWHGDQVOHVGHX[SD\V
6RXUFHb Banque mondiale, « Africa’s Pulse : une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique » (Washington,
D.C, 2018).
La tarification, une affaire politique tarifs sont-ils acceptables pour les distributeurs
Les autorités publiques, soucieuses de défendre d’électricité et les abonnés en milieu rural ? Est-il
les usagers, influent sur les tarifs. Par la mise en admissible que les promoteurs de projets pro-
place de subventions ou d’allègements de la fis- posent leurs propres tarifs ? Comment juger que
calité, elles cherchent à favoriser les investisse- ces tarifs sont appropriés ? Pour répondre, les or-
ments privés dans l’ERD. ganismes de régulation du secteur électrique se
Le mécanisme de subvention, qui a pour autre basent sur l’analyse des business plans des inves-
avantage de tirer la qualité des projets vers le haut tisseurs et exploitants privés, qui semblent les sa-
(cf. encadré), peut cependant créer des concur- tisfaire. Mais force est de constater que la réponse
rences voire des conflits entre projets du fait de de la population (peu d’abonnés, faibles consom-
son hétérogénéité. En effet, les subventions peu- mations) est rarement à la hauteur des simulations.
vent couvrir de 30 à 80 % des investissements ini-
tiaux, en fonction du territoire considéré et de son Il faut souligner que l‘implication, encore récente,
potentiel de développement économique. d’acteurs privés dans un secteur traditionnelle-
ment public est dénigrée par certains leaders
Par ailleurs, les pouvoirs publics veillent, avec plus d’opinion, qui défendent la généralisation des
ou moins d’autorité selon les pays, au respect grilles tarifaires en vigueur en milieu urbain et ne
de certains principes de tarification. Différents tiennent compte ni des situations financières des
/DU«JXODWLRQGHODWDULŦFDWLRQGXVHUYLFHSRXUOHV
PLQLU«VHDX[bOłH[HPSOHGX1LJHULDHWGX5ZDQGD
/D&RPPLVVLRQGHU«JOHPHQWDWLRQGHOł«OHFWULFLW«GX1LJHULD1(5&U«JOHPHQWHOHVWDULIVGHV
PLQLU«VHDX[FRQVWUXLWVSDUGHVFRPSDJQLHVLQG«SHQGDQWHVD\DQWXQHFDSDFLW«GHGLVWULEXWLRQ
VXS«ULHXUH¢N:/łREMHFWLIHVWGł«WDEOLUGHVWDULIVIRQG«VVXUOHVFR½WVFRPSWHWHQXGHVFLEOHV
SRXUOHVSHUWHVWHFKQLTXHVHWFRPPHUFLDOHV(QFHTXLFRQFHUQHOHVPLQLU«VHDX[D\DQWXQH
FDSDFLW«GHGLVWULEXWLRQLQI«ULHXUH¢N:OD&RPPLVVLRQDFFHSWHUDGHVWDULIVQ«JRFL«VDYHFOD
FRPPXQDXW«
$OłLQVWDUGX1LJHULDOH5ZDQGDUHTXLHUWGHVWDULIVUHŧ«WDQWOHVFR½WVSRXUOHVPLQLU«VHDX[
&HSHQGDQWXQSURPRWHXUGHPLQLU«VHDX[QHGRLWSDVREWHQLUOłDSSUREDWLRQGXU«JXODWHXUSRXU
FHVFDOFXOVGHFR½WDYDQWOłHQWU«HHQYLJXHXUGHVHVWDULIVGHG«WDLO/HVU«JOHPHQWDWLRQVLQGLTXHQW
FHTXłLOIDXWLQFOXUHGDQVOHFDOFXOGHVFR½WV/HU«JXODWHXUVHU«VHUYHOHGURLWGłH[DPLQHUOHVFDOFXOV
GHFR½WGXSURPRWHXU¢QłLPSRUWHTXHOPRPHQW
6RXUFHVb
Bernard Tenenbaum, Chris Greacen, et Dipti Vaghela, « Mini-Grids and Arrival of the Main Grid : Lessons from Cambodia, Sri
Lanka, and Indonesia » (Washington, D.C : Banque mondiale, 2018).
Banque mondiale, « Africa’s Pulse : une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique » (Washington, D.C,
2018).
Parole de professionnel
Mamadou Saidou Diallo
Selon vous, quelles sont les principales difficultés rencontrées par les développeurs
de miniréseaux dans le contexte guinéen ?
mb,OIDXWWRXWGłDERUGSU«FLVHUTXHOHP«WLHUGłRS«UDWHXUGHPLQLU«VHDX[HVWU«FHQWHWHQFRUH
LQVXIILVDPPHQWG«YHORSS«HQ*XLQ«H6HXOVTXHOTXHVRS«UDWHXUVH[HUFHQWDFWXHOOHPHQW
GDQVOHVLOODJHGHVSURMHWVGł(5'U«DOLV«VHQWUHHWDYHFOłDSSXLGX%XUHDX
Gł«OHFWULILFDWLRQUXUDOHG«FHQWUDOLV«HGHYHQXGHSXLVOł$*(5/HG«YHORSSHPHQWGHV
PLQLU«VHDX[VHKHXUWH¢SOXVLHXUVGLIILFXOW«V
/HSUL[PR\HQWUªVEDVGHOł«OHFWULFLW«GXU«VHDXSXEOLFTXLYDULHHQWUHHWGROODU
N:KHQIRQFWLRQGXW\SHGHFOLHQWS«QDOLVHOłDSSOLFDWLRQGHVWDULIVGHVPLQLU«VHDX[
J«Q«UDOHPHQWGROODUN:KPLQOHVXVDJHUVGł(5'D\DQWVRXYHQWWHQGDQFH¢FRPSDUHU
OHVWDULIVGHVGHX[V\VWªPHVb
Le manque de professionnalismeDFRQGXLWSOXVLHXUVRS«UDWHXUVVRXYHQWUHVVRUWLVVDQWV
GHVYLOODJHV¢SULYLO«JLHUOHFDUDFWªUHVRFLDOGXVHUYLFHVXUFHOXLEXVLQHVVSOXW¶WTXHGH
UHFKHUFKHUOHPHLOOHXU«TXLOLEUHHQWUHOHVGHX[
/DWUªVIDLEOHLPSOLFDWLRQDFWXHOOHGXVHFWHXUEDQFDLUHQHSHUPHWVRXYHQWSDVDX[RS«UDWHXUV
GłDFF«GHUDX[FU«GLWVGHILQDQFHPHQWGHVPLQLU«VHDX[Gł(5'GRQWLOVRQWEHVRLQb}
Mamadou Saidou Diallo, ingénieur électro-énergéticien de formation, travaille depuis quinze ans
dans le domaine du développement de l’électrification rurale en Guinée ;
il est girecteur général adjoint de l’Agence guinéenne d’électrification rurale (AGER).
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : KWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
réglées par l’usager sur la base d’une facturation technologies de comptage à distance et de
mensuelle. Quoique peu coûteux matériellement prépaiement par téléphone portable permettent
car limité à un simple compteur ordinaire, le post- de limiter les risques précités et favorisent un équili-
paiement s’avère économiquement mal adapté au bre, voire un excédent des comptes d’exploitation
contexte rural africain : des opérateurs. Ceux du PAYG, appliquant le
çNG EQNNGEVGWT FQKV GĂGEVWGT FG PQODTGWUGU prépaiement aux systèmes solaires individuels,
visites auprès des usagers, dont les taux ont montré la voie. Cette solution est en train de
d’impayés restent élevés ; se généraliser rapidement à l’ensemble des sché-
çNC OKUG GP RNCEG FàWP FKURQUKVKH FG RCKG- mas de fourniture de services électriques (cf. cha-
OGPVUSWQVKFKGPUQWJGDFQOCFCKTGUGUVVTQR pitre 2.3.1.), qu’ils relèvent d’une approche interven-
onéreuse au regard des sommes collectées. tionniste ou libérale. }
Cette situation n’est pas une fatalité. Les nouvelles
Parole de professionnel
Olivier Oriol
Le marché du comptage prépayé pour les miniréseaux ruraux est en pleine explosion.
Comment une société comme Michaud se positionne-t-elle étant donné son expérience
incontestée comme gestionnaire d’énergie ?
mb8QOREE\LQJWUªVIRUWD«W«U«DOLV«SRXULPSRVHUOHPRGªOHGXSU«SDLHPHQWSD\DV\RXJR
HQ$IULTXH&HV\VWªPHHVWSHUWLQHQWHQYLOOHPDLVSDVQ«FHVVDLUHPHQWDXSULPRDFF«GDQW
¢Oł«QHUJLHHQ]RQHUXUDOH'DQVGHVYRORQW«VGł«TXLW«SRXUOHVSRSXODWLRQVGłXQP¬PHSD\V
GHQRPEUHX[SD\VHQG«YHORSSHPHQWLPSRVHQWFHVFK«PDTXHOVTXHVRLHQWOHVPR\HQV
GHVDERQQ«VOHVPRGHVGHSURGXFWLRQGHOł«QHUJLHHWF0DLVFRPPHQRXVOHVDYRQVOHV
VFK«PDVXUEDLQVQHVRQWSDVWRXMRXUVWUDQVSRVDEOHVDXPRQGHUXUDO
&KH]0LFKDXGQRWUHSKLORVRSKLHHVWGHVHSRVLWLRQQHU¢ODIRLVGXF¶W«GHOłDERQQ«HWGHFHOXL
GHOłRS«UDWHXUDILQGHJDUDQWLU¢FHGHUQLHUXQEXVLQHVVSODQILDEOHHWFU«GLEOH1RXVDYRQV
FRQ©XOHJHVWLRQQDLUHGł«QHUJLHSRXUG«YHORSSHUOHSDLHPHQWHQIRUIDLWSU«SD\«&HV\VWªPH
HVWLG«DOSRXUOHVPLQLU«VHDX[RIIJULGFDULOJDUDQWLWXQHFRQVRPPDWLRQGł«QHUJLHFRQVWDQWH
WRXWHOłDQQ«HHWGHVUHYHQXVIL[HVHWU«JXOLHUVSRXUOłRS«UDWHXU&¶W«DERQQ«ODIDFWXUH
Gł«OHFWULFLW«PHQVXHOOHHVW«WDEOLHORUVGHOłDERQQHPHQWHWHOOHHVWODP¬PHWRXVOHVPRLV,OQł\
DGRQFSDVGHPDXYDLVHVVXUSULVHVRXGHG«FRQQH[LRQVLQWHPSHVWLYHV&HW\SHGHIDFWXUDWLRQ
HVWGLGDFWLTXHSRXUOHVQRXYHDX[DERQQ«VHWVLPSOH¢J«UHUSRXUOHVRS«UDWHXUVb}
Olivier Oriol, spécialiste des pays en développement depuis dix ans, travaille actuellement sur les
thématiques de l’accès à l’énergie en milieu rural en Afrique ;
il est responsable Afrique chez Michaud Export.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : KWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
[ Partie 2 ]
Conclusion
L’électrification rurale se fera par la généralisation des
solutions décentralisées, en relais de l’extension de réseau.
C’est ce qui s’est passé dans de nombreux pays industrialisés
au cours du XXe siècle et c’est le sens de l’histoire en Afrique
subsaharienne.
Info
Retour de terrain
'«ŦQLWLRQ
Chronologie
Chiffres clés
De la lampe portable au
miniréseau, le territoire
subsaharien est devenu
un laboratoire de
solutions décentralisées.
mb/łK«ULWDJHKXPDQLVWHGHVSUHPLHUV
DFWHXUVGHOł«OHFWULILFDWLRQUXUDOH
FRQGXLWORJLTXHPHQW¢WUDLWHUOHV
WHFKQRORJLHVFRPPHGHVRXWLOV
&HSHQGDQWOHVWHFKQRORJLHVLPSRVHQW
SDUIRLVOHXUVFRQGLWLRQVFHTXLPRGLILH
OHVID©RQVGHSHQVHUHWREOLJH¢
HQFRPSUHQGUHHQSURIRQGHXUOHV
P«FDQLVPHVVS«FLILTXHVb}
Introduction
Sur les plans technique et opérationnel, force est de constater
que le domaine de l’accès à l’électricité hors réseau est
innovant et dynamique, mais qu’il est aussi fragmenté
et désorganisé. C’est sans doute le propre des secteurs
en mutation.
3.1.
En l’absence de politique
sectorielle, de multiples
solutions coexistent,
reposant notamment
sur le photovoltaïque.
On l’a déjà évoqué, des acteurs, notamment venus du secteur
privé, ajoutent de nouvelles pièces au puzzle de l’électrification
hors réseau, qui s’est considérablement densifié en quelques
années.
3.1.1.
Le panorama des solutions d’électrification
rurale décentralisée est très diversifié.
De la lampe solaire portable au réseau intercon- çNGU RQNKVKSWGU PCVKQPCNGU FàªNGEVTKăECVKQP GV
necté, la palette de solutions d’électrification NGWTU QTICPGU KPUVKVWVKQPPGNU RQTVªU RCT NGU
rurale est très large ; et le champ d’action, en KPUVKVWVKQPU ăPCPEK©TGU KPVGTPCVKQPCNGU PG
l’absence de régulation et de coordination, est UCXGPV RCU EQPXCKPETG après beaucoup de
presque complètement ouvert. promesses non tenues (cf. chapitre 1.2). De nom-
Ces solutions, qu’elles soient disponibles sur breux acteurs, au premier chef desquels les popu-
le marché ou mises en œuvre dans un cadre lations non desservies, n’attendent plus grand-
institutionnel, répondent à la plupart des be- chose de ces institutions et se tournent logique-
soins des populations. Mais leur juxtaposition ment vers les offres présentes sur le terrain ;
aléatoire sur un même territoire, sans vision ni çNGU TªEGPVGU ªXQNWVKQPU VGEJPQNQIKSWGU QPV
cohérence d’ensemble, produit parfois des ef- TGPFW RQUUKDNG NàªOGTIGPEG FG PQWXGCWZ
fets pervers. OQF©NGUVGEJPKSWGUGVªEQPQOKSWGU (cf. cha-
pitre 2.3.1.) permettant à l’électricité d’atteindre
Toutes les conditions sont réunies des zones rurales jusque-là inaccessibles, grâce
pour favoriser un foisonnement de à des systèmes simples et abordables. L’offre est
solutions sur le « marché » de l’accès là, elle rencontre la demande ;
à l’électricité hors réseau. çNGU OCLQTU FG NàKPFWUVTKG FG NàªPGTIKG GV NGU
Plusieurs paramètres, déjà évoqués, se combi- UVCTVWR FW PWOªTKSWG UG UQPV GORCTªGU FW
nent pour expliquer la multiplication des solutions FQOCKPG faisant de fait de l’électrification rurale
décentralisées par énergies renouvelables sur les décentralisée une opportunité marchande (cer-
territoires, et notamment celles portées par des tains parlent même de champ de bataille1). Elles
acteurs non institutionnels : ont pour elles leur puissance économique, leur
çNC FGOCPFG GP ªNGEVTKEKVª FW EQPVKPGPV CH- capacité d’investissement et d’innovation, leur
TKECKPGUVGPEQPUVCPVGRTQITGUUKQP et il sera agilité, et entraînent dans leur sillage des inves-
très difficile d’y répondre ; en cause, une crois- tisseurs dont l’attention était jusqu’alors inac-
sance démographique bien supérieure à la vi- cessible. La diffusion massive des solutions s’en
tesse de développement des infrastructures trouve facilitée ;
électriques (cf. chapitre 1.1.1.) et des besoins qui çGPăP NGU RQNKVKSWGU FàCKFG KPVGTPCVKQPCNG
suivent la courbe exponentielle de la diffusion UQWVKGPPGPV NàCEE©U ¡ WPG ªNGEVTKEKVª la OQF-
de la téléphonie mobile et des solutions numéri- GTPG FWTCDNG GV CDQTFCDNGa | (selon la for-
ques liées (cf. chapitre 1.1.3.). Tandis que cer- mule consacrée par les ODD) : elles donnent la
tains s’inquiètent du creusement des inégalités
sociales qu’induit cette demande inassouvie,
d’autres y voient une formidable opportunité 1. Aurélien Bernier, « Batailles commerciales pour éclairer l’Afrique: un
marché de l’électricité qui suscite bien des convoitises », Le Monde
de marché ; diplomatique, 2018.
Vue aérienne de Kouramangui en Guinée, on peut y voir :des kits solaires, des lampadaires solaires et un miniréseau
çNG ECU URªEKăSWG FG NàªNGEVTKăECVKQP FGU KP- %GVVG RTªUGPVCVKQP PQP GZJCWUVKXG UG XGWV
HTCUVTWEVWTGU RWDNKSWGUa bâtiments et ouvra- HCEVWGNNG GV UCPU JKªTCTEJKG CPCN[VKSWG Il-
ges publics tels que mairies, écoles, centres de lustré d’exemples, de retours d’expérience et
santé, locaux communautaires, etc., principale- d’entretiens, l’exercice ne vise pas à mettre en lu-
ment électrifiés par système solaire autonome mière telle solution ou tel acteur, mais à brosser
ou microréseau, dans des gammes de puis- le portrait vivant d’un secteur en pleine efferves-
sance plus importantes que celles des disposi- cence, à reconstituer la mosaïque de services aux
tifs individuels ; philosophies souvent différentes, et à refléter ain-
çNGU UEJªOCU FàªNGEVTKăECVKQP EQNNGEVKXGa sys- si une réalité aux facettes multiples.
tèmes de production d’électricité, et éventuel- En préalable, un rappel technique des principaux
lement de distribution, qui bénéficient totale- ordres de grandeur, terminologies et principes de
ment ou partiellement à un ensemble d’usagers, fonctionnement des systèmes photovoltaïques
comme les plateformes multifonctionnelles, les autonomes est proposé au chapitre suivant. }
kiosques énergie, les nanoréseaux et, bien sûr,
les miniréseaux, dont la complexité justifie un
chapitre dédié.
8QH[HPSOHGHPRVD±TXHGHVROXWLRQV
sur un même territoire
$XVXGGH0DGDJDVFDUGDQVODU«JLRQGHOł$WVLPR$QGUHIDQDOł«OHFWULFLW«HVWSURSRV«HVHORQWURLV
VFK«PDVGLII«UHQWVVXUXQP¬PHWHUULWRLUHUXUDOb
ʼnXQRS«UDWHXUSULY«GLVWULEXHGHOł«OHFWULFLW«SDUminiréseau solaireDXSUL[GHbŏN:KGDQVXQH
FRPPXQHUXUDOHGHTXHOTXHVPLOOLHUVGłKDELWDQWVb
ʼn¢TXHOTXHVNLORPªWUHVSOXVLHXUVKDPHDX[HQFODY«VVł«TXLSHQWSURJUHVVLYHPHQWHQsystèmes
solaires individuels avec PAYGGLVWULEX«VSDUXQHVRFL«W«ORFDOHb
ʼn¢SUR[LPLW«XQHDXWUHORFDOLW«DE«Q«ŦFL«GłXQmbNLRVTXH«QHUJLHb}DYHFOłDSSXLGłXQH21*
LQWHUQDWLRQDOHSURSRVDQWGHVVHUYLFHV«OHFWULTXHV¢YRFDWLRQVRFLDOH¢WUªVEDVFR½W
&HWWHPRVD±TXHORLQGł¬WUHXQFDVLVRO«VHWURXYH¢XQHWUHQWDLQHGHNLORPªWUHVGHODVRXV
SU«IHFWXUH«OHFWULŦ«HSDUOHU«VHDXGHODVRFL«W«QDWLRQDOHGł«OHFWULFLW«TXLRIIUHXQVHUYLFHFHUWHV
G«JUDG«PDLV¢XQWDULImbVRFLDOb}GHOłRUGUHGHbŏN:KORLQGHUHSU«VHQWHUVRQFR½WU«HOGH
SURGXFWLRQ
(QFRQV«TXHQFHDXFXQXVDJHUQłHVWVDWLVIDLWHWOHVVROXWLRQVLQGLYLGXHOOHVVHPXOWLSOLHQW
HQUHPSODFHPHQWRXHQFRPSO«PHQWGHVU«VHDX[H[LVWDQWVb
ʼnOHVXVDJHUVGXPLQLU«VHDXVHSODLJQHQWGHSD\HUXQH«OHFWULFLW«GL[IRLVSOXVRQ«UHXVHTXHGDQVOD
VRXVSU«IHFWXUHb
ʼnOHVXVDJHUVGHVV\VWªPHVVRODLUHVLQGLYLGXHOV3$<*U«FODPHQWGHSRXYRLUXWLOLVHUGłDXWUHV
DSSDUHLOVFRPPH¢ODYLOOHRXVXUOHPLQLU«VHDXYRLVLQb
ʼnOHVODPSHVVRODLUHVSRUWDEOHVSURSRV«HV¢XQSUL[PRGLTXHSDUOHmbNLRVTXHb}VHUHWURXYHQWGDQV
OłHQVHPEOHGXWHUULWRLUH\FRPSULVGDQVOHV]RQHV«OHFWULŦ«HV
&RPPHQWXQP«QDJHQRQ«OHFWULŦ«SHXWLOVHIRUJHUXQHFXOWXUH«QHUJ«WLTXHHWGHVSRLQWV
GHUHSªUHMXVWHVWHFKQLTXHPHQWHW«FRQRPLTXHPHQWb"&RPPHQWOłDJHQFHGł«OHFWULŦFDWLRQ
UXUDOHSHXWHOOHDJLUSRXUKDUPRQLVHUOHVUªJOHVb"&RPPHQWOłDXWRULW«GHU«JXODWLRQGXVHFWHXU
«OHFWULTXHSHXWHOOHIDLUHUHVSHFWHUOHVGURLWVHWOHVGHYRLUVGHVGLII«UHQWVDFWHXUVb"
3.1.2.
Les systèmes photovoltaïques autonomes :
notions techniques de base.
Le panorama des solutions recensées sur le sol, et communément orientées vers l’équateur ;
terrain fait la part belle au photovoltaïque, la çNG RCTE FàCEEWOWNCVGWTU ªNGEVTQEJKOKSWGU
technologie solaire étant, pour des raisons
UVQEMCIG composé d’une ou plusieurs batte-
techniques et économiques déjà explicitées, ries, permet de restituer l’électricité stockée en
la plus simple à mettre en œuvre en milieu journée pendant la nuit et les périodes de faible
rural, du moins depuis une dizaine d’années ensoleillement. Chaque jour, la batterie subit un
(cf. chapitre 1.1.2.). cycle de charge et décharge plus ou moins pro-
fond. Sa durée de vie dépendra du nombre de
Le rappel technique qui suit vise à donner au cycles et de leurs profondeurs.
lecteur non averti les clés nécessaires à la com- Aujourd’hui, la majorité des batteries vendues
préhension de la technologie sous-jacente aux individuellement sont issues de la technologie
solutions présentées plus loin dans l’ouvrage. plomb/acide, bien que de nouveaux alliages ar-
rivent sur le marché de l’électrification autonome
Rappel de quelques notions (lithium, nickel-hydrure métallique, etc.).
techniques sur les générateurs Les batteries sont le talon d’Achille des généra-
solaires photovoltaïques teurs solaires et l’une des principales causes
autonomes. de défaillance prématurée des générateurs PV
(cf. chapitre 2.3.1.). Elles exigent une attention par-
Le fonctionnement d’un générateur ticulière au moment du dimensionnement, leurs
solaire photovoltaïque autonome. conditions d’utilisation (température, qualité de
Un générateur solaire photovoltaïque est un sys- la régulation, entretien, etc.) devant être connues
tème de production d’électricité fonctionnant à pour apprécier au mieux leur durée de vie :
partir d’un ou plusieurs modules photovoltaïques çNGEQPVTµNGWTFGEJCTIGGVQWFªEJCTIG
TªIW-
(PV) qui convertissent instantanément l’énergie NCVKQP constitué de composants électroniques,
du rayonnement solaire en électricité. Stockée contrôle les flux d’électricité au sein du généra-
dans un ensemble de batteries électrochimiques, teur. Son rôle principal est de protéger les batteries
cette électricité peut être restituée à l’utilisateur la contre les surcharges et les décharges profondes,
nuit et en période de faible ensoleillement. deux phénomènes qui affectent fortement leur du-
Un générateur photovoltaïque comprend quatre rée de vie. Les systèmes récents offrent par ailleurs
composantes : la production, le stockage, la régu- des fonctionnalités d’affichage et d’alarme pour
lation et la distribution : améliorer la compréhension et la gestion des sys-
çNG EJCOR RJQVQXQNVC°SWG
RTQFWEVKQP com- tèmes par leurs propres usagers ;
posé d’un ou plusieurs modules qui produisent çNàQPFWNGWT
FKUVTKDWVKQP transforme si néces-
de l’électricité au « fil du soleil », est installé sur saire l’électricité produite en courant continu (gé-
des structures fixes ou mobiles en toiture ou au néralement 12, 24 ou 48 V) en courant alternatif*
(généralement 220 V / 50 Hz). L’électricité sous Les différents types de générateurs so-
forme alternative est celle distribuée par les laires autonomes.
réseaux urbains, les récepteurs électriques Aujourd’hui, il existe une large gamme de généra-
courants et/ou de forte puissance sont con- teurs solaires : de quelques watts-crêtes (Wc ;
çus pour fonctionner avec du courant alterna- cf. encadré) pour les lampes solaires – on parle
tif. Généralement utilisé dans les générateurs parfois de « nano PV » – à plusieurs centaines de
photovoltaïques de taille significative (à partir kilowatts-crêtes pour certaines centrales solaires
de quelques kWc), l’onduleur permet d’alimenter alimentant des miniréseaux.
des récepteurs conçus pour être raccordés aux Les domaines d’application des générateurs so-
réseaux électriques traditionnels. laires autonomes sont très vastes et peuvent répon-
Pour les petits systèmes, l’électricité est délivrée dre à des besoins en électricité de toute nature. }
en courant continu (cf. encadré), ce qui évite les
pertes de conversion.
6FK«PDGHSULQFLSHGłXQV\VWªPH39DXWRQRPHDYHFVWRFNDJH
Le watt-crête
'DQVOHGRPDLQHGXSKRWRYROWD±TXHOHZDWWFU¬WH:FHVWOłXQLW«GHU«I«UHQFH,OFRUUHVSRQG¢
XQHVRUWHGHSXLVVDQFH«OHFWULTXHmbQRPLQDOHb}GłXQPRGXOHSKRWRYROWD±TXH(QSUDWLTXHcette
YDOHXUQRUPDOLV«HSHUPHWGHFRPSDUHUOHVFRPSRVDQWVHWGłHIIHFWXHUOHVGLPHQVLRQQHPHQWV
«QHUJ«WLTXHVbXQPRGXOHGH:FUHVWLWXHUDGHX[IRLVPRLQVGł«QHUJLHMRXUQDOLªUHTXłXQPRGXOH
GH:FGDQVGHVFRQGLWLRQVFOLPDWLTXHVLGHQWLTXHV
'HP¬PHTXłXQPRWHXUGHYRLWXUHGHFKHYDX[VHUDHQPHVXUHGHIRXUQLUFHWWHSXLVVDQFH
XQLTXHPHQWVLXQHQVHPEOHGHFRQGLWLRQVWK«RULTXHVVRQWU«XQLHVWHPS«UDWXUHPRWHXUTXDOLW«
GXOXEULŦDQWTXDOLW«GXFDUEXUDQWWHPS«UDWXUHGHOłDLUHWFXQPRGXOH39QHSHXWG«OLYUHU
VDSXLVVDQFHFU¬WHTXHGDQVFHUWDLQHVFRQGLWLRQVRSWLPDOHV(QODERUDWRLUHODQRWLRQGH:F
HVWHVVHQWLHOOHSRXUFDUDFW«ULVHUOHVFHOOXOHVHWOHVPRGXOHVSKRWRYROWD±TXHV(OOHFRUUHVSRQG¢
ODSXLVVDQFH«OHFWULTXHG«OLYU«HSDUXQPRGXOH39GDQVGHVFRQGLWLRQVGłHQVROHLOOHPHQWHWGH
WHPS«UDWXUHQRUPDOLV«HVVXUOHSODQLQWHUQDWLRQDOb
ʼnXQHYDOHXUGHODSXLVVDQFHGXUD\RQQHPHQWVRODLUHGHb:P2b
ʼnXQHWHPS«UDWXUHGHFHOOXOHGHbr&b
ʼnXQVSHFWUHGł«PLVVLRQVRODLUHFRUUHVSRQGDQW¢ODWUDYHUV«HGłXQHFRXFKHHWGHPLHGł«SDLVVHXU
GłDWPRVSKªUHVDQVQXDJHTXHOłRQDSSHOOHOHVSHFWUH$0
3RXUTXRLFHVYDOHXUVSRXUHQIDLUHXQFDGUHQRUPDWLIb"/HVYDOHXUVTXLRQWFRQVWUXLWODQRUPHGHOD
PHVXUHGHODSXLVVDQFHFU¬WHFRUUHVSRQGHQWGDYDQWDJH¢OłHQYLURQQHPHQWFOLPDWLTXHGHVSD\VGX
1RUGTXł¢FHOXLGHVSD\VGX6XG
8QHSXLVVDQFHGXUD\RQQHPHQWVRODLUHGHb:P2HVWODYDOHXUFRPPXQ«PHQWPHVXU«HVL
OłRQREVHUYHOHVROHLODXPLGLVRODLUHVRXVGHVODWLWXGHVPR\HQQHVGH¢rHQS«ULRGHHVWLYDOH
2QSRXUUDLWGRQFGLUHTXłLOVłDJLUDLWGłXQHSXLVVDQFHVRODLUHmbPD[LPDOHb}REVHUYDEOH&łHVWVRXV
FHVP¬PHVODWLWXGHVTXłXQVSHFWUHVRODLUH$0FRUUHVSRQG¢ODSRVLWLRQGXVROHLOGDQVOHFLHOHQ
MRXUQ«HHWTXłXQHWHPS«UDWXUHGHFHOOXOHGHbr&SHXWVłREVHUYHUSDUWHPSVIURLGHWHQVROHLOO«
([HPSOHb
8QPRGXOHSKRWRYROWD±TXHGH:FLQVWDOO«HQKDXWHPRQWDJQHUHFHYUDU«JXOLªUHPHQWGHV
SXLVVDQFHVGłHQVROHLOOHPHQWGH¢b:P2HWVHUDH[SRV«¢GHVWHPS«UDWXUHVIRUWHPHQW
Q«JDWLYHV,OG«OLYUHUDDLQVLWUªVVRXYHQWGHVSXLVVDQFHV«OHFWULTXHVVXS«ULHXUHV
¢b:DORUVTXHVDSXLVVDQFHFU¬WHHVWGH:F
&HP¬PHPRGXOHLQVWDOO«DX6DKHOHWH[SRV«¢XQIRUWHQVROHLOOHPHQW¢b:P2
DXPLGLVRODLUHYHUUDVDWHPS«UDWXUHGHVXUIDFHDWWHLQGUHWUªVVRXYHQW¢br&,OUHVWLWXHUDXQH
SXLVVDQFH«OHFWULTXHVRXYHQWOLPLW«H¢b:DORUVTXHVDSXLVVDQFHFU¬WHDIŦFK«HHVWGH:F
([HPSOHVGHW\SHVGHJ«Q«UDWHXUV39HWK\EULGHV
3.2.
Les schémas d’électrification
individuelle démocratisent
l’accès à l’électricité,
sans résoudre l’équation
de la diversité des besoins.
La technologie photovoltaïque permet, à l’inverse des sources
d’électricité conventionnelles, de produire des petites quantités
d’électricité de façon durable, quel que soit le contexte
géographique et climatique.
C’est la particularité qu’exploite un schéma d’électrification visant
les systèmes à usage familial. En pratique, on parle indifféremment
de « kit solaire », de « système solaire individuel » ou de « système
photovoltaïque autonome », en anglais, « solar home system »
(SHS). La dénomination « système solaire individuel » (SSI) sera
retenue.
MINIDOSSIER
([HPSOHVGHV\VWªPHVVRODLUHVYHQGXVGDQVOHVERXWLTXHV
QRQVS«FLDOLV«HV¢0DGDJDVFDU
(FODLUDJH/(' (FODLUDJH/('
(FODLUDJH
7\SHGHU«FHSWHXUV UHFKDUJHW«O«SKRQH UHFKDUJHW«O«SKRQH
/('UHFKDUJH
et de services UDGLRSHWLWH79 UDGLR79G«FRGHXU
W«O«SKRQH
OHFWHXUYLG«R VDWHOOLWHPXOWLP«GLD
Service électrique
moyen équivalent
¢b:KMRXU ¢b:KMRXU ¢b:KMRXU
sous ensoleillement
¢bN:KP2MRXU
3UL[GłDFTXLVLWLRQPR\HQ
HQ$IULTXHGHOł2XHVW ¢bŏ ¢bŏ ¢bŏ
PDW«ULHODVLDWLTXH
2TKPEKRGFGHQPEVKQPPGOGPV 'PVTGVKGPGVFWTªG
FàWP55+ FGXKGFàWP55+
En sortie d’un SSI correctement Fonctionnant avec peu d’entretien, le SSI
dimensionné, installé et utilisé, l’électricité présente un point de faiblesse principal : la
est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours batterie. Alors que les marques et modèles
sur 7. La quantité d’électricité utilisable se comptent par centaines, la qualité des bat-
chaque jour est logiquement corrélée à la teries vendues sur le marché africain est ex-
quantité d’électricité produite par le champ trêmement variable. Dans la plupart des cas,
photovoltaïque. Plus celui-ci est grand, plus il est impossible pour l’acheteur de vérifier les
la journée est ensoleillée, plus la quantité performances annoncées : aucune garan-
d’électricité disponible sera importante, du tie n’est proposée par le vendeur, ni aucune
moins si cet excédent a été correctement norme imposée par le régulateur.
stocké dans la batterie d’accumulateur. Dépendant non seulement de la qualité de
Un système solaire individuel doit donc être fabrication du produit mais aussi des condi-
conçu et dimensionné en intégrant les trois tions de stockage et d’utilisation, la durée de
paramètres suivants : vie des batteries de ce type de système peut
çNGU DGUQKPU SWQVKFKGPU FG NàWUCIGT FG n’être que de quelques mois et n’excède que
électricité (qui se traduisent graphiquement très rarement trois ans.
par une « courbe de charge journalière ») ; La Banque mondiale estime que 90 mil-
çNàGPUQNGKNNGOGPV FW UKVG [ EQORTKU UC lions de SSI étaient en service à l’échelle
saisonnalité ; mondiale en 20171. Sur le terrain, coexis-
çWP UVQEMCIG UWąUCPV RQWT EQWXTKT NGU DG- tent majoritairement trois types de solu-
soins en soirée et dans les périodes de tions d’électrification par SSI, proposant une
mauvais temps prolongé. couverture variable des usages, et procé-
dant de logiques d’acquisition et de distribu-
tion différentes :
çNGU ªSWKRGOGPVU CESWKU FKTGEVGOGPV RCT
3RXUDOOHUSOXVORLQ
l’usager auprès d’un revendeur local, éven-
/łRXYUDJHGH-HDQ3DXO/RXLQHDX tuellement installés par ce dernier (cf.
*XLGHSUDWLTXHGXVRODLUHSKRWRYROWD±TXH chapitre 3.2.1.) ;
¢OłXVDJHGHVWHFKQLFLHQQHVHWWHFKQLFLHQV çNGUMKVU2#;)
RC[CU[QWIQRTQEªFCPVFàWPG
'LPHQVLRQQHPHQWLQVWDOODWLRQHW logique commerciale plus complexe de loca-
PDLQWHQDQFHSU«VHQWHGHPDQLªUH tion-vente ou crédit-bail portée par un opéra-
H[WU¬PHPHQWS«GDJRJLTXHHWLOOXVWU«HOH teur privé (cf. chapitre 3.2.2.) ; et enfin
SULQFLSHGHIRQFWLRQQHPHQWGłLQVWDOODWLRQ çNàªNGEVTKăECVKQPRCTMKVUUQNCKTGUFCPUNGECF-
HWGłH[SORLWDWLRQGłXQ66, re d’un projet intégré (cf. chapitre 3.2.3.). }
3.2.1.
L’acquisition directe d’un système solaire individuel.
En Afrique subsaharienne, se procurer un
SSI par ses propres moyens auprès d’un dé-
taillant local n’est lié à aucun mécanisme
d’électrification régulée sur un territoire. Pour
autant, ce schéma d’électrification fait partie
des voies d’accès à l’électricité les plus répan-
dues en zone rurale non desservie par le réseau.
)RQFWLRQQHPHQWGłXQV\VWªPHVRODLUHLQGLYLGXHO39
3RSXODWLRQE«Q«ŦFLDQWGHVROXWLRQVUHQRXYHODEOHVKRUVU«VHDXHQ$IULTXH
Population
desservie
(millions)
60 lampes solaires
kits solaires
miniréseaux solaires
50
miniréseaux hydrauliques
miniréseaux biogaz
40
30
20
10
0
07
08
09
10
11
12
13
14
15
16
20
20
20
20
20
20
20
20
20
20
6RXUFHb IRENA, « Off-Grid renewable energy solutions, Global and Regional Status and Trends » (Abu Dhabi, 2018).
ces ventes vont doubler tous les deux ans, pour A la fin des années 1990, on dénombrait en Afrique
passer de 700 millions USD en 2015 à plus de de l’Ouest quelques dizaines d’entreprises spécia-
3 milliards USD en 20201. lisées dans la vente et l’installation de systèmes PV,
souvent adossées à des groupes internationaux et
Bien qu’elle soit en plein essor, il faut cependant orientées vers des marchés dédiés (télécoms, ap-
garder à l’esprit que cette solution est surtout ac- plications sociales et militaires, pompage).
cessible aux catégories aisées de la population Autour de ces pionniers (parfois encore actifs, sou-
rurale. Par ailleurs, cette croissance soudaine, vent reconnus pour leur expérience et leur savoir-
non encadrée, se fait souvent au détriment de la faire), le décor s’est métamorphosé en moins de
qualité des équipements. deux décennies. Il est devenu impossible de re-
censer les vendeurs de petits SSI sur le continent
De quoi parle-t-on ? africain, qui sont sans doute plusieurs dizaines de
Le principe du système solaire individuel est milliers. Il est possible de se procurer quasiment
simple et sa diffusion relève d’un processus mar-
chand pur : la vente directe de matériels et acces- 1. Lighting Global et Bloomberg New Energy Finance, « Off-Grid Solar
soires photovoltaïques par un acteur économique Market Trends Report » (Washington, D.C, 2016), cité par Simon Lamy,
« Solutions off-grid : quelles perspectives en Afrique ? » (Casablanca :
local à son utilisateur final. PricewaterhouseCoopers, 2017).
elles touchent rarement le marché domestique ce que le système devienne inopérant ou néces-
des zones rurales, qui, pour des raisons de coûts site un renouvellement (celui de la batterie sur-
et de proximité, se tourne vers des commerçants venant généralement en premier).
locaux. Ces derniers, peu formés, vendent des
composants (du module aux récepteurs) sou- Durée de vie
&RPSRVDQW
vent de mauvaise qualité, laissant au client le soin moyenne
de les assembler et de les installer. Trop peu de
%DWWHULHV ¢DQV
conseils et de service après-vente sont proposés.
2QGXOHXUVHW ¢DQV
A quels services accèdent FRQYHUWLVVHXUV
les usagers1 ? &RQWU¶OHXUVGHFKDUJH ¢DQV
Les SSI diffusés en Afrique subsaharienne per- G«FKDUJH
mettent d’alimenter principalement des ré-
&¤EOHVHWDFFHVVRLUHV ¢DQV
cepteurs de faible puissance : éclairage, radio,
TV, recharge de lampes et de téléphones ; ce qui 0RGXOHV39 ¢DQV
laisse par exemple de côté les petits équipements
6RXUFHb Fondation Energies pour le Monde.
de production de froid. Seules quelques activi-
tés économiques peuvent être envisagées : petit
commerce alimentaire, couture, coiffure, cyber- Du côté des entreprises
café et éventuellement services informatiques. Du côté des vendeurs de matériel, le secteur de-
L’électricité fournie par un système solaire individuel vient de plus en plus concurrentiel au regard de la
est limitée en puissance et en quantité d’électricité croissance du nombre d’entreprises du « solaire »
journalière. Bien qu’elle paraisse disponible chaque en Afrique. La chaîne de distribution est com-
jour gratuitement, la quantité d’électricité disponible plète, de l’importateur aux détaillants, aujourd’hui
limitée contraint les usagers à adopter des pratiques présents jusque dans les marchés des zones les
de maîtrise de leur consommation. Aussi, une sensi- plus enclavées.
bilisation est-elle toujours nécessaire pour en faire Toutefois, de nouveaux modèles de distribution
comprendre les raisons et les effets. apportant une meilleure qualité de service vien-
nent attaquer ce modèle de vente directe. Face à
Quel est le modèle économique ? la concurrence des opérateurs du pay as you go
(cf. chapitre suivant), les vendeurs de SSI déga-
Du côté des usagers gent des marges si faibles qu’ils sont contraints,
Pour l’usager, le coût de l’électricité produite par pour faire du volume, à mener une course aux prix
un SSI se déduit du montant d’investissement ini- bas, souvent au détriment de la qualité.
tial et des éventuelles dépenses liées au renou-
vellement de composants défaillants. Cela revient Quel est le cadre institutionnel ?
à acheter, en une seule fois, une quantité finie de L’électrification par acquisition directe de systèmes
kWh pour une durée de quelques années, jusqu’à solaires individuels répond à une logique mar-
chande et, jusqu’à présent, ne s’inscrit dans aucun
cadre institutionnel propre au domaine de l’accès
1. Plutôt que d’« usagers », il faudrait ici plutôt parler de « clients », les SSI étant
distribués selon un modèle marchand. à l’électricité, dans la plupart des pays d’Afrique
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
$UQDXG&KDEDQQH
/łDFTXLVLWLRQGłXQHODPSH39SHUPHWHOOHGHV«FRQRPLHVSRXUOHVP«QDJHVb"
mb$X%XUNLQD)DVRXQH«WXGHFRPPDQGLW«HSDU/LJKWLQJ$IULFD1HQD«YDOX«¢b)&)$
bŏODG«SHQVHPHQVXHOOHGł«FODLUDJHMXVTXł¢bGXEXGJHWGłXQP«QDJH/HV
ODPSHVVRODLUHV/DJD]HOFRPPHUFLDOLV«HVHQ$IULTXHGHOł2XHVWHQWUHbŏHWbŏVRQW
GRQFUHQWDELOLV«HVHQTXDWUH¢KXLWPRLV6XUODGXU«HGHYLHGXSURGXLWOHV«FRQRPLHVVRQW
HVWLP«HV¢bŏVDQVFRPSWHUTXHOH6$9DSSRUW«SDU/DJD]HOSHUPHWGHGRXEOHUODGXU«H
GHYLHGHODODPSHJU¤FH¢XQVLPSOHUHPSODFHPHQWGHEDWWHULH7RXWHIRLVOHVP«QDJHV«WDQW
KDELWX«V¢GHVG«SHQVHVSOXVIDLEOHVPDLVU«FXUUHQWHVLOHVWQ«FHVVDLUHGłDFFRPSDJQHUOD
SURPRWLRQGHVODPSHVGłDFWLRQVGHVHQVLELOLVDWLRQHWGHVHUYLFHVILQDQFLHUVFRPPHOH
PLFURFU«GLWSHUPHWWDQWDX[P«QDJHVGHOHYHUOłREVWDFOHGHOłLQYHVWLVVHPHQWLQLWLDOb}
1. Voir chapitre 1.1.1.
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
2OLYLHU5DVROGLHU
3HQVH]YRXVTXHODSURIHVVLRQDXUDLWEHVRLQGłXQFDGUHQRUPDWLISOXVVWULFWSRXUXQH
PHLOOHXUHTXDOLW«GHVU«DOLVDWLRQVQRWDPPHQW¢0DGDJDVFDU"
mb&łHVWH[DFWHQWK«RULHPDLVGLIILFLOHPHQWDSSOLFDEOHVXUOHWHUUDLQ/łHQYLURQQHPHQWGHV
DIIDLUHVQHVł\SU¬WHSDVGXWRXW'łDXWDQWTXHOHVXWLOLVDWHXUVQłH[SULPHQWSDVGłDWWHQWHV
IRUWHVHQODPDWLªUH/DSURIHVVLRQVHG«YHORSSH¢SOXVLHXUVYLWHVVHVb
ʼnOH“zéro norme”bFHX[TXLSURSRVHQWGXPDW«ULHOTXLQHUHVSHFWHDXFXQFULWªUHGHTXDOLW«
H[SRVDQWOHSD\V¢GHVGDQJHUVHQYLURQQHPHQWDX[LPSRUWDQWV¢FDXVHGHVG«FKHWV
LQGXVWULHOVFRPPHOHVP«WDX[ORXUGVb
ʼnOł“intermédiaire”bFHX[TXLDVVXUHQWXQHGXU«HGHYLHDFFHSWDEOHVDQVJDUDQWLHb
ʼnOH“haut de gamme”bFHX[TXLLQWHUYLHQQHQWDYHFGHVFHUWLILFDWVGHTXDOLW«HWGRQWOHV
LQVWDOODWLRQVVXLYHQWOHVSURF«GXUHVSURIHVVLRQQHOOHVGHV«FXULW«HWGHTXDOLW«b}
paiement régulier d’un service électrique dont ils sanitaires qui pourraient s’avérer catastrophiques
n’ont ni le contrôle ni la propriété, dans l’hypothèse à moyen terme. Malgré quelques initiatives, NCTª-
du déploiement d’un réseau. ĄGZKQPCWVQWTFGNCăNK©TGFGTGE[ENCIGGUVVTQR
VKOKFGa GNNG FQKV CDUQNWOGPV «VTG RQTVªG CXGE
Enfin, l’un des risques majeurs, à peine émergent, WPG CODKVKQP SWK UQKV ¡ NC OGUWTG FG NàCORNGWT
repose sur la diffusion massive de composants FG NC FKĂWUKQP FGU U[UV©OGU FàªNGEVTKăECVKQP
polluants non recyclés : les batteries (quelle que CWVQPQOGU
soit la technologie). Des milliers de batteries « usa-
gées » sont dispersées dans la nature chaque jour, En conclusion, malgré leurs limites d’usage, les
avec des conséquences environnementales et SSI peuvent répondre de manière pérenne aux
besoins de base en électricité en l’absence de
solution collective (souvent longue et complexe à
mettre en œuvre). Néanmoins, leur essor devrait
/łDFTXLVLWLRQGH s’accompagner d’un renforcement des compé-
systèmes solaires tences des acteurs locaux de la filière et d’un
LQGLYLGXHOVSDU minimum d’exigence normative sur la qualité des
les ménages les produits importés. Si le secteur gagne en profes-
SOXVPRGHVWHVQH sionnalisme, il sera alors pertinent, d’étendre le
cercle des usagers de SSI au-delà des couches
SHXWVHIDLUHVDQV
les plus aisées de la population rurale grâce aux
VXEYHQWLRQ mécaniques d’aide, qui restent indispensables
(cf. encadré). Enfin, l’acquisition d’un SSI en vente
mb0¬PHFHVP«WKRGHV¢SHWLWH«FKHOOH directe présente un autre avantage (également
YLVDQW¢DP«OLRUHUOłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW« observé en logique de PAYG) : elle induit une re-
SHXYHQWQ«FHVVLWHUXQHIRUPHGH lation directe entre production et consommation
VXEYHQWLRQSRXUOHVP«QDJHVOHVSOXV d’électricité et favorise une appropriation immé-
PRGHVWHVb} diate des questions énergétiques, notamment
d’efficacité énergétique. }
*ULPPHW3HWHUVFRQVWDWHQW
TXHOHQLYHDXGHG«SHQVHTXHOHV
P«QDJHVVHUDLHQWGLVSRV«V¢HQJDJHU
SRXUOł«QHUJLHVRODLUHKRUVU«VHDXGDQV
SOXVLHXUVSD\VGł$IULTXHVXEVDKDULHQQH
HVWJ«Q«UDOHPHQWLQI«ULHXUDXFR½WGH
ODWHFKQRORJLHHQFHTXLFRQFHUQHOHV
P«QDJHVDSSDUWHQDQWDX[VWUDWHV¢IDLEOH
UHYHQX
3.2.2.
Les systèmes solaires individuels pay as you go.
Depuis 2010, les SSI se diffusent encore plus
rapidement grâce à de nouvelles modalités
de commercialisation ayant pour point com-
mun de fournir des services électriques via
un mécanisme de location de matériel (avec Pay as you go
ou sans option d’achat). Ces dispositifs sont 3$<*
communément désignés sous le terme gé-
nérique de pay as you go (PAYG), qui évoque /HSD\DV\RXJRG«VLJQHOHV\VWªPH
une de leurs caractéristiques fondamentales, GHSDLHPHQWDQWLFLS«GłXQVHUYLFHVHORQ
le prépaiement. XQPRQWDQWŦ[«HQIRQFWLRQGHOłXVDJH
SU«YLVLRQQHOTXLVHUDIDLWGHFHVHUYLFH
,QLWLDOHPHQWPLVHHQSODFHSDUOHV
RS«UDWHXUVGHW«O«SKRQLHPRELOHFDUWHV
SU«SD\«HVFHWWHPRGDOLW«GłDFFHVVLRQ¢
XQVHUYLFHHVWSURJUHVVLYHPHQWWUDQVSRV«H
¢GłDXWUHVVHFWHXUVFRPPHOł«QHUJLHRXOHV
DVVXUDQFHVH[HPSOHSD\DV\RXGULYH
Sur le plan commercial, le PAYG aucune garantie n’est exigée. La simple présenta-
s’appuie sur un système d’abonnement tion d’une pièce d’identité et d’un compte mobile
à durée limitée, souvent dans le cadre money valide suffit pour souscrire l’offre1.
d’une location-vente.
Différents systèmes coexistent et reposent sur le Le remboursement est de facto « garanti » par le
prépaiement du service électrique, avec ou sans op- mécanisme de prépaiement. Les SSI connectés
tion d’acquisition du matériel par l’usager. sont activés pendant une période donnée (un jour,
Dans la plupart des cas, après le versement d’un une semaine, un mois), moyennant l’acquittement
acompte de 10 à 20 % du prix du matériel, le client préalable d’une somme forfaitaire ; en cas de non-
rembourse son équipement sur une période de paiement du service, celui-ci est interrompu auto-
douze à trente-six mois, à l’issue de laquelle il matiquement à distance par l’opérateur. Les deux
devient le plus souvent propriétaire du système. parties sont donc engagées : l’une à effectuer le
Le mécanisme est ainsi celui d’un « microcrédit- paiement du service, l’autre à assurer sa disponibilité.
bail » simplifié. Car, par rapport à un microcrédit,
les formalités sont allégées ; par exemple, chez
M-Kopa, l’un des acteurs historiques du PAYG 1. Séverine Leboucher, « Le pay-as-you-go sur les terres du microcrédit », Revue
(250 000 ventes enregistrées au Kenya en 2017), Banque, n°811 (2017).
6FK«PDGHIRQFWLRQQHPHQWGłXQNLW39HQ3$<*
MINIDOSSIER
© Upowa
Enfin, l’utilisateur et l’opérateur peuvent faire L’association du numérique avec les télé-
évoluer certains facteurs limitants. Dans le coms et les applications du big data laisse
cas des miniréseaux (où plusieurs forfaits entrevoir des possibilités presque illimit-
peuvent être proposés à des tarifs différents ; ées d’évolution vers des modèles de ges-
cf. chapitre 3.4.), les compteurs connectés tion technique et commerciale totalement
permettent de faire évoluer à distance un dématérialisés. L’avenir confirmera si un tel
abonnement. Un utilisateur peut ainsi passer dispositif, qui fait peu de place au facteur hu-
d’un forfait basique (par exemple, limité à main et repose sur la fiabilité de composants
100 W et 0,5 kWh/jour) à un forfait plus élevé électroniques très dispersés géographique-
(500 W et 2 kWh/jour). Le paramétrage des ment, est réellement adapté aux territoires
limiteurs de puissance et d’énergie peut être ruraux subsahariens.
piloté à distance.
Le fonctionnement du PAYG
D’un point de vue technique, le PAYG opérateurs d’Afrique de l’Est et en pleine crois-
s’appuie sur la qualité des composants sance en Afrique de l’Ouest (voir chapitre 1.3.2.).
des SSI et sur l’utilisation du numérique. La présence d’un opérateur physique fournissant
Les opérateurs soignent la conception et le choix codes et recharges est remplacée par une plate-
des produits pour fournir un équipement fiable et forme interactive d’échange et de paiement ac-
un service de qualité, garants de la satisfaction du cessible sur téléphone mobile.
client et de la régularité des paiements. Les SSI connectés offrent de nouveaux services
Les batteries li-ion viennent ainsi remplacer les au client et de nouvelles capacités à l’opérateur,
accumulateurs au plomb, confirmant la per- en plus de faciliter le paiement : transmission
tinence de cette nouvelle technologie pour à l’usager d’informations sur sa consomma-
l’électrification rurale, du moins pour les systèmes tion, possibilité d’évolution des seuils de puis-
de petite capacité. sance et d’énergie pour s’adapter au client, col-
Le numérique occupe une place importante. Les lecte d’informations sur les comportements
premiers kits PAYG étaient préprogrammés avec énergétiques et le fonctionnement des systèmes
une série de codes que l’usager achetait auprès (cf. minidossier).
de l’opérateur pour activer le système pendant
une période donnée. Cette modalité, robuste mais Le PAYG ne vend pas des kWh,
peu évolutive, a fait place aux « SSI connectés » mais des services énergétiques.
via les réseaux télécoms : les systèmes sont ac- Par souci de maîtrise des consommations élec-
tivés ou désactivés à distance par l’opérateur en triques et de qualité du service rendu, les sys-
fonction des paiements reçus. tèmes solaires individuels PAYG sont fournis avec
La dématérialisation se poursuit avec l’utilisation des récepteurs électriques de très basse con-
du mobile money, quasi généralisée chez les sommation : ampoule(s) LED de quelques watts,
8QH[HPSOHGHNLW3$<*IUDQ©DLVbOHNLW8S2ZD
téléviseur d’une quinzaine de watts, prise exclu- au Kenya, vers 2010, à la faveur de la libéralisation
sivement dédiée à la recharge de téléphones. des secteurs de l’énergie, de la finance et des télé-
L’usager ne peut pas utiliser d’autres récepteurs communications. Parmi les pionniers du secteur,
de même nature ni d’autres types de récepteurs M-Kopa et Mobisol (aujourd’hui Engie) faisaient
que ceux fournis. valoir plus de 600 000 foyers électrifiés chacun
L’usager achète ainsi « à crédit » des services à fin 2017.
à forte valeur d’usage (éclairage de très bonne
qualité, recharge du téléphone mobile, télévision) L’Afrique francophone ne découvre que depuis
à travers l’acquisition d’un SSI complet précâblé, quelques années le PAYG. Elle représentait 12 %
équipé de récepteurs dont le nombre et la nature des ventes cumulées de systèmes PAYG sur la
dépendent de l’offre choisie. période 2013-2017 (contre 86 % pour l’Afrique de
l’Est). Son retard est encore significatif, mais elle
Ce modèle d’électrification prend offre un potentiel de marché considérable, du fait
une ampleur spectaculaire. du dynamisme du secteur de la téléphonie mobile
Il a pénétré l’Afrique par sa côte Est, en Tanzanie et et du développement du mobile money sur son sol.
&RPSDUDLVRQGHTXDWUHRIIUHVIUDQ©DLVHV
4RWWR8SRZD2QLULT2UDQJH
Kit de 5 à 10 W :
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ʼn,QVWDOODWLRQ $YDQFHGH¢bHXURV
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DX%XUNLQD)DVR
(QGL[DQVOH3$<*VłHVWGLIIXV«GDQVSUªVGHODPRLWL«GHVSD\VGXPRQGH
5
PAYS
92 PAYS
6RXUFHb « The symbiotic relationship between PAYG Solar and Mobile Money ecosystems ». Climatescope, http://2017.global-
climatescope.org/en/blog/2017/06/26/GSMA/ .
© Qotto
200
A quelle électricité accèdent
150
147 les clients ?
L’électricité produite par un SSI de type PAYG
100 souffre des mêmes limites que celle d’un SSI tra-
77
ditionnel : puissance disponible faible et quantité
50 d’énergie journalière limitée. Pour le moment, ce
21
4 dispositif ne permet que rarement de satisfaire les
0
besoins des activités productives1.
12
13
14
15
16
20
20
20
20
foyers les plus modestes, et l’entrée dans une mé- à potentiel : ressources économiques stables ou
canique de paiement régulier n’est envisageable croissantes, faible enclavement et forte densité
que pour une partie de la population, celle qui est de population. De facto, comme le relèvent cer-
relativement stabilisée sur le plan économique. Le tains investisseurs d’impact, ils sont même parfois
calcul du « coût équivalent du kWh » restitué sur ce conduits, pour rester profitables, à se détourner du
type de système donne des résultats qui peuvent segment rural et à s’éloigner de leur promesse so-
interpeller : de 5 à 15 €/kWh (contre 0,1 à 0,50 €/ ciale initiale2.
kWh pour les réseaux urbains, 0,5 à 1 € kWh pour
les miniréseaux)4. Quelle contribution du PAYG
à l’objectif d’accès universel
Du côté des opérateurs à l’électricité ?
Le montant prépayé par le client couvre le coût des Si cette nouvelle modalité d’électrification semble
équipements (générateur et récepteurs), la main- répondre efficacement à la demande d’une partie
tenance du système, ainsi que les frais et marges importante de la population non ou mal desservie
de l’opérateur. par le réseau national, elle présente toutefois trois
Si les acteurs du PAYG gardent leurs plans d’affaires limites importantes :
confidentiels, les principaux éléments de leur stra- çGNNG PàGUV RCU CWUUK TWTCNG SWG RTªXWa alors
tégie sont aujourd’hui connus, parmi lesquels qu’elle visait l’accès à l’électricité des zones ru-
l’ambition de “réduire la pauvreté”. Quoique mise rales vulnérables, elle satisfait aujourd’hui princi-
en avant par leur communication, elle apparaît né- palement la demande exprimée dans les zones
anmoins secondaire. La rentabilité est de facto périphériques des grandes villes, là où la densité
l’objectif premier des opérateurs PAYG, dont le de la population et les capacités de paiement
modèle recherche sa viabilité sans le soutien de répondent aux exigences de rentabilité ;
subventions et exige l’implication d’investisseurs. çUGWNUUQPVEQWXGTVUNGUDGUQKPUFQOGUVKSWGU
Ces derniers, souvent éloignés des probléma- ¡HQTVGXCNGWTFàWUCIGa répondre à d’autres ap-
tiques sociétales des populations rurales afri- plications, et notamment mieux couvrir les be-
caines, exigent un retour sur investissement plus soins des activités économiques, nécessite le
ou moins rapide. développement de récepteurs spécifiques à
Malgré les perspectives de croissance et les chif- faible consommation et de kits solaires plus com-
fres annoncés par les acteurs du PAYG, une minori- plexes ; certains opérateurs y travaillent3 ;
té seulement d’opérateurs atteint le volume critique çGNNG TKUSWG FG UQWĂTKT FG NàCDUGPEG FG TGNC-
permettant de trouver l’équilibre financier et de sat- VKQPU KPVGTRGTUQPPGNNGU GPVTG NGU ENKGPVU GV
isfaire les investisseurs. Toujours en recherche de
fonds de roulement ou de capitaux d’investissement, 1. L’éclairage permet de poursuivre le travail en période nocturne.
parfois destinataires de dons dans le cadre de pro- Les SSI les plus puissants (jusqu’à 200 Wc), comme ceux proposés par la
société QOTTO, permettent une activité de service (exemples : vidéoclubs,
jets d’accès à l’énergie (les bailleurs institutionnels recharge de portable, coiffure).
ouvrant de plus en plus largement les mécanismes 2. Diane Isenberg, Greg Neichin et Mary Roach, « An Impact Investor Urges
Caution on the ‘Energy Access Hype Cycle’», Next Billion Blog, 2017, https://
au secteur privé), les opérateurs PAYG sont, en nextbillion.net/an-impact-investor-urges-caution-on-the-energy-access-
hype-cycle/.
quelque sorte, « subventionnés ». 3. Cf. interview intégrale de Jean-Baptiste Lenoir sur la page Internet de
Dans ce contexte, les opérateurs PAYG ciblent l’ouvrage : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
4. ce calcul reste approximatif et peut être discuté dans la mesure où on
stratégiquement les zones périurbaines ou rurales compare des services différents
mb$XMRXUGłKXLHQSURSRVDQWXQV\VWªPHGHOHDVLQJOHVHQWUHSULVHVGX3$<*MRXHQWGHIDFWR
XQU¶OHGłLQVWLWXWLRQILQDQFLªUHVDQVSRXUDXWDQWHQDYRLUOHP«WLHUQL¬WUHVRXPLVHVDX[
UªJOHVGXVHFWHXUVDXI0NRSDTXLDFKRLVLGHVHG«FODUHUFRPPHLQVWLWXWLRQILQDQFLªUH
2UHOOHVSHUGHQWGHOłDUJHQWVXUFHWWHIRQFWLRQGHmbFU«GLWb}/DSOXSDUWGHVDFWHXUVGX3$<*
QłRQWSDVOHIRQGVGHURXOHPHQWSRXUILQDQFHUOHVVWRFNVGł«TXLSHPHQWVHWQł«YDOXHQWSDV
FRUUHFWHPHQWOHULVTXHGHFU«GLW6HORQPRLOHVPRGªOHVDFWXHOVQHVRQWSDVS«UHQQHV
8QWHOUDSSURFKHPHQWQłHVWFHSHQGDQWSDV«YLGHQW/ł,0)SHU©RLWVRXYHQWOłRS«UDWHXU3$<*
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DUJXPHQWDLUHVHWLQFHQWLYHUOHVYHQWHV(TXLSHUOHSHUVRQQHOGHOł,0)OHSUHPLHUFOLHQWFłHVW
OHYHQGHXUHWPHWWUH¢OHXUGLVSRVLWLRQGHVNLWVGHG«PRQVWUDWLRQHVWSULPRUGLDOb}
NGU CIGPVU FG NàQRªTCVGWTa s’il semble facile çEQOOGPV ªNGEVTKăGT NGU D£VKOGPVU RWDNKEU NGU
d’acquérir de nouveaux clients, les garder de- écoles, les centres de santé et développer
mande plus d’efforts qu’escompté ; la déperson- l’éclairage public dans ces territoires ruraux ? ;
nalisation de la vente semble aujourd’hui porter çSWGN FªXGNQRRGOGPV ªEQPQOKSWG GUV RQUUKDNG
préjudice à la pérennité du modèle. avec le seul PAYG tant que cette solution n’est pas
Certes, les investisseurs que savent attirer les promo- adaptée aux usages productifs ? ;
teurs du PAYG devraient leur donner les moyens de le- çEQOOGPV CTVKEWNGT NGU UQNWVKQPU 2#;) CXGE NGU
ver certains de ces obstacles. Mais il est vraisemblable miniréseaux, qui, eux, permettent de desser-
que cette modalité d’électrification laissera sans vir davantage d’usages et de segments de la
réponse quelques questions sociétales essentielles : population ?
çSWàGP GUVKN FG NàCEE©U ¡ NàªNGEVTKEKVª FGU EQWEJGU Comme le relève un des professionnels du PAYG
les plus défavorisées de la population, notamment (cf. témoignage infra), « le PAYG n’est pas la solution
en zone rurale ? ; unique à tous les problèmes d’électrification ».
3DUROHGHSURIHVVLRQQHOOH
Caroline Frontigny
'łDSUªVYRWUHH[S«ULHQFHTXHOVRQWOHVEHVRLQVHQ«OHFWULFLW«OHVSOXVH[SULP«VSDUOHV
SRSXODWLRQVUXUDOHVFDPHURXQDLV"
/DW«O«YLVLRQ/łHQYLHGHVHGLYHUWLUQRWDPPHQWVXLYUHOHVPDWFKVGHIRRWHWGłDYRLUDFFªV
DXPRQGHHVWWUªVIRUWH9LHQWHQVXLWHODUHFKDUJHGXW«O«SKRQHFHTXLHVWFRPSOLTX«GDQV
OHV]RQHVVDQV«OHFWULFLW«HWUHSU«VHQWHXQHFRQWUDLQWHTXRWLGLHQQHFR½WHXVH(QILQLO\DOHV
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SRXUFRQVHUYHUODQRXUULWXUHXQIHU¢UHSDVVHUHWF
4XHOOHVVRQWOHVSULQFLSDOHVGLIILFXOW«VUHQFRQWU«HV¢G«SOR\HUYRWUHRIIUHVXUOHWHUUDLQ"
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SHXSUDWLFDEOHVHWVRXYHQWEORTX«HVHQVDLVRQGHVSOXLHVOHVFOLHQWVWUDYDLOOHQWDX[FKDPSV
GDQVGHV]RQHVPDOFRXYHUWHVSDUOHU«VHDXW«O«SKRQLTXH'HSOXVOłXWLOLVDWLRQGłXQNLW
VRODLUHHWGXSDLHPHQWSDUPRELOHPRQH\HVWVRXYHQWQRXYHDXSRXUQRVFOLHQWV/DJHVWLRQ
GłXQU«VHDXGłDJHQWVHVWDXVVLXQYUDLG«ILGłRUJDQLVDWLRQ1RXVLQYHVWLVVRQVDXVVLEHDXFRXS
VXUOHXUIRUPDWLRQDILQTXłLOVSXLVVHQWDFFRPSDJQHUQRVFOLHQWVHWOHXURIIULUXQVHUYLFHGH
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FDPHURXQDLVHVRQWWUªVELHQDFFXHLOOLQRWUHDFWLYLW«FDUWRXWHVOHVVROXWLRQVSRXUDSSRUWHU
UDSLGHPHQWHWGXUDEOHPHQWOł«OHFWULFLW«VRQWELHQYHQXHV
Ingénieure de formation, Caroline Frontigny a travaillé cinq ans à la Banque mondiale sur
les problématiques d’accès à l’électricité. Elle est cofondatrice de la société Upowa, basée
au Cameroun. Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/
electrifier-lafrique-rurale/
© Upowa
Sensibilisation des utilisateurs du PAYG.
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
-HDQ%DSWLVWH/HQRLU
4XHOOHLPSRUWDQFHDFFRUGH]YRXV¢ODVHQVLELOLVDWLRQHW¢ODIRUPDWLRQGHVXWLOLVDWHXUVb"
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SURGXLWVQRXVSDVVRQVEHDXFRXSGHWHPSV¢SU«VHQWHUQRVV\VWªPHV¢QRVIXWXUVFOLHQWV
1RV«TXLSHVIRQWGHVG«PRQVWUDWLRQVGDQVOHVYLOODJHVVXUOHVSODFHVDX[FDUUHIRXUV'XUDQW
WRXWHXQHVRLU«HOHVJHQVSHXYHQWYHQLUUHJDUGHUOHV«TXLSHPHQWVOHVWRXFKHUOHVXWLOLVHU
SRVHUGHVTXHVWLRQV/RUVGHOłLQVWDOODWLRQGXV\VWªPHQRWUH«TXLSHGHWHFKQLFLHQVHQ
H[SOLTXHOHIRQFWLRQQHPHQW1RXVDVVXURQV«JDOHPHQWOH6$9HWQRWUHFHQWUHGłDSSHOVHVW
RXYHUWMRXUVVXUSRXUU«SRQGUHDX[TXHVWLRQVGHVFOLHQWVHWOHVDLGHUVLEHVRLQb}
1. Voir chapitre 1.1.1.
3.2.3.
L’électrification par système solaire individuel
au sein d’un projet intégré.
Comme on l’a évoqué précédemment, la ma- des composants, l’utilisateur payant une re-
jorité des SSI sont installés dans un cadre devance (généralement mensuelle). Des obli-
dérégulé de vente d’équipement acquis di- gations contractuelles lient la SSD à l’usager et
rectement auprès d’un fournisseur de matériel au ministère de tutelle, principalement celui en
ou d’une société proposant une offre PAYG. charge de l’énergie.
Les agences nationales de régulation du secteur
Plus rares mais loin d’être inefficaces, certains électrique veillent au respect d’un cahier des
schémas d’électrification concertés, mis en charges : qualité technique du service, tarification
œuvre dans un cadre institutionnel et portés adaptée, taux de couverture pour les ménages les
par des organisations non lucratives et/ou plus modestes. Une attention particulière est por-
des opérateurs privés dans des mécaniques tée sur la qualité des matériels et la sensibilisation
de concessions, contribuent à développer des usagers.
l’électrification rurale par SSI. Ce schéma semble, en théorie, répondre aux ob-
jectifs d’une électrification concertée, adaptée
L’exemple des sociétés de services et équitable. Cependant, en pratique, le besoin
décentralisées (SSD) en subventions à l’investissement (et parfois à
De nombreux territoires d’Afrique australe (Af- l’exploitation, lors des renouvellements simul-
rique du Sud, Namibie, Botswana), mais aussi tanés de batteries ou autres composants ma-
quelques régions d’Afrique de l’Ouest ont recours jeurs) limite leur déploiement et rend complexe
aux sociétés privées de services décentralisés leur mise en œuvre.
ou « SSD », auxquelles est confiée la gestion d’un Marginalisé par l’arrivée des opérateurs du PAYG,
parc de systèmes solaires individuels. qui se positionnent en relais, ce schéma démontre
Les concessions sont accordées à un opérateur qu’une électrification par SSI accessible au plus
pour une durée de dix à vingt ans. L’opérateur grand nombre et couvrant tous les usages peut
bénéficie de subventions à l’investissement pour voir le jour à deux conditions :
déployer un parc de systèmes solaires individu- çWPUQWVKGPăPCPEKGTaGV
els (de quelques centaines à plusieurs milliers) çNC RTªUGPEG FàWP ECFTG TªINGOGPVCKTG OKPKOCN
visant à desservir un maximum de bénéficiaires fixant les droits et obligations de chaque partie
et d’usages (domestiques, communautaires et prenante.
économiques). Les SSI sont dimensionnés pour Dans ce cas, l’électricité décentralisée est con-
répondre aux besoins spécifiques de la zone, y sidérée comme un service géré par un opéra-
compris aux activités économiques potentielles teur privé censé dégager des bénéfices, et non
et aux usages sociaux. comme un bien marchand, se rapprochant ainsi
Les équipements restent propriété de l’opérateur, de la modalité de délégation de service public.
qui assure leur maintenance et le renouvellement
/HSURMHW0LFUHVRO
0LVHQāXYUHSDUOD)RQGDWLRQ(QHUJLHVSRXU
Schéma organisationnel du mécanisme OH0RQGHHQWUHbHWbXQGLVSRVLWLI
de crédit énergie GłDFTXLVLWLRQGH66,RULJLQDODE«Q«ŦFL«¢
IR\HUVDX%XUNLQD)DVR6LPSOHGDQV
OHSULQFLSHPDLVDVVH]FRPSOH[HGDQVOD
2UJDQLVPHŦQDQFLHU
PLVHHQāXYUHFHP«FDQLVPHDDVVRFL«
Délivre un crédit
et recouvre les )RXUQLVVHXU GHVRS«UDWHXUVSULY«VORFDX[IRXUQLVVHXUV
remboursements Fournit, installe GHV\VWªPHVLQVWDOODWHXUVOHVSRXYRLUV
et entretient
les systèmes SXEOLFVXQHFDLVVHGHPLFURŦQDQFHORFDOH
photovoltaîques HWOD)RQGDWLRQ&HWWHGHUQLªUH«WDLWFKDUJ«H
HQWUHDXWUHVGHG«ŦQLUXQHJDPPHGH66,HW
GHVłDVVXUHUGHODTXDOLW«GHVFRPSRVDQWVGH
6WUXFWXUH
GHVHQVLEL OłLQVWDOODWLRQHWGXVHUYLFHDSUªVYHQWH
OLVDWLRQ
Informe les
populations /łDFTXLVLWLRQGHV«TXLSHPHQWVHVWSURSRV«H
rurales et les SDUOłLQVWLWXWLRQGHPLFURŦQDQFH¢VHV
accompagne
dans leurs DGK«UHQWV&HOOHODGLVSRVHGHP«WKRGHV
démarches HWGłRXWLOVSRXUFRQFHYRLUXQHRIIUHDGDSW«H
%«QHŦFLDLUHV
GXSURMHW DX[GLII«UHQWHVFDW«JRULHVGHSRSXODWLRQHW
Familles rurales «YDOXHUOHVULVTXHVSRXUFKDTXHHPSUXQWHXU
qui contractent 8QHIRLVOHFU«GLWDFFRUG«OHV\VWªPHHVW
en emprunt
LQVWDOO«HWHQWUHWHQXSHQGDQWXQHGXU«H
6RXUFHb Fondation Energies pour le Monde. GHWURLVDQVFRUUHVSRQGDQW¢ODGXU«HGH
UHPERXUVHPHQWGXPLFURFU«GLWSDUOH
SDUWHQDLUHWHFKQLTXHORFDO6LOłDFKDWHWOD
IRXUQLWXUHGHVPDW«ULHOVRQW«W«HQSDUWLHVXEYHQWLRQQ«VOłLQVWDOODWLRQODPDLQWHQDQFHOHVFKDUJHV
ŦQDQFLªUHVHWOHVDXWUHVG«SHQVHVGHJHVWLRQRQW«W«FRXYHUWHVSDUOHSDLHPHQWGHVPHQVXDOLW«V
$OłLVVXHGXUHPERXUVHPHQWXQOLHQIRUWVłHVWFU««HQWUHOłXVDJHUHWOHSDUWHQDLUHWHFKQLTXHTXL
SURSRVHVHVVHUYLFHVGHPDLQWHQDQFHSRXUODFRQWLQXLW«GXVHUYLFH/łRS«UDWLRQDFRQQXXQYUDL
VXFFªVQRWDPPHQWJU¤FH¢ODSURSRVLWLRQGHSOXVLHXUVNLWV¢GHVWLQDWLRQGłDFWHXUV«FRQRPLTXHV
GRQWXQV\VWªPHGH:FIRXUQLDYHFXQU«IULJ«UDWHXUGHOLWUHV
3DUROHGHSURIHVVLRQQHOOH
Sarah Holt
4XDWUHDQVDSUªVODILQGXSURMHW0LFUHVROOHV«TXLSHPHQWVVRQWLOVHQFRUHRS«UDWLRQQHOVb"
mb,PSOLTX«GªVODFRQFHSWLRQGXSURMHWXQRS«UDWHXUORFDOOłHQWUHSULVH%HWDEDV«HDXFāXU
GHOD]RQHGłLQWHUYHQWLRQDDVVXU«OłLQVWDOODWLRQHWODPDLQWHQDQFHGHV«TXLSHPHQWVVRODLUHV
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FHUWDLQVXWLOLVDWHXUVHQE«Q«ILFLHQWHQFRUHOHVGHUQLHUVPLFURFU«GLWVRQW«W«DFFRUG«VILQ
HWG«EXW/HVE«Q«ILFLDLUHVTXLOHVRXKDLWHQWSHXYHQWSRXUVXLYUHDYHF%HWDSRXU
OłHQWUHWLHQGHOHXUNLWXQHIRLVTXłLOHVWSD\«HWTXłLOVHQVRQWSURSUL«WDLUHV
0DOKHXUHXVHPHQWPDOJU«FHGLVSRVLWLILOHVWGLIILFLOHGHVXLYUHOHV«TXLSHPHQWVXQHIRLV
OHFU«GLWUHPERXUV«HWOHVSULQFLSDX[DFWHXUVG«OL«VGHOHXUHQJDJHPHQWFRQWUDFWXHO
&HPDQTXHGłDFFRPSDJQHPHQWGDQVODGXU«HUHVWHVHORQPRLXQGHVG«ILVPDMHXUVGHV
SURMHWVGł«OHFWULILFDWLRQG«FHQWUDOLV«HHQ$IULTXHb}
Sarah Holt,VRFLR«FRQRPLVWHGHOł«QHUJLHDWUDYDLOO«DYHFOł$'(0(OD*,=OD)RQGDWLRQ(QHUJLHVSRXUOH
0RQGHHWDXMRXUGłKXLDYHF,('bHOOHLQWHUYLHQWGHSXLVXQHGRX]DLQHGłDQQ«HVGDQVOłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«
GDQVSOXVLHXUVSD\VGł$IULTXH
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
© Mycmain
3DPLJDbOłDFFªV¢Oł«QHUJLHSDUODPLFURŦQDQFH
SDUWLFLSDWLYH
21*LQWHUQDWLRQDOHFU««HHQ3DPLJDJURXSHGHPLFURŦQDQFHSDUWLFLSDWLYHSRXUOł$IULTXH
G«YHORSSHGHVU«VHDX[GłLQVWLWXWLRQVGHPLFURŦQDQFH,0)GDQVGL[SD\VGł$IULTXHVXEVDKDULHQQH
GDQVOłREMHFWLIGHFRQWULEXHUDXG«YHORSSHPHQWGXSRWHQWLHO«FRQRPLTXHGXFRQWLQHQW
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DX[SURF«GXUHVH[LVWDQWHVGHV,0)D«W«FRG«YHORSS«DŦQGłDWW«QXHUOHVULVTXHVOL«VDX[FU«GLWV
«QHUJLH(JDOHPHQWOHV,0)SHXYHQWJU¤FH¢FHWWHORJLTXHSDUWHQDULDOHG«FDLVVHUGLUHFWHPHQW
OłDUJHQWDXIRXUQLVVHXUTXLOLYUHHQVXLWHODVROXWLRQVRODLUHDX[FOLHQWVUHFHYDQWDLQVLOH&U«GLW
VRODLUHmbHQQDWXUHb}
3DPLJDDFFRPSDJQHDFWXHOOHPHQWVHV,0)SDUWHQDLUHVDXFKDQJHPHQWGł«FKHOOHHQG«SOR\DQWOHV
&U«GLWVVRODLUHVGDQVOłHQVHPEOHGHVU«VHDX[GłDJHQFHVUXUDOHVGHVWURLVSD\VHWHQGLYHUVLŦDQWOHXU
RIIUHGHVROXWLRQVVRODLUHV&HPRGªOHDSDUDLOOHXUV«W«U«SOLTX«HQ$IULTXHGHOł2XHVWDX%«QLQHW
DX6«Q«JDO
6RXUFHb Nicolas Renard, David Ojcius, Dinah Louda, et Monique Fourdrignier, « Électrification décentralisée et
développement » FACTS Report, de l’Institut Veolia, (2016) : 128-137.
3.3.
L’électrification des
infrastructures publiques
reste problématique.
Dans les pays subsahariens les moins avancés, souvent
dépourvus de ressources fiscales stables et suffisantes, les
services publics souffrent d’un manque de moyens pour réaliser
leurs missions dans des conditions minimales d’équipement.
En milieu rural, les infrastructures éducatives, sanitaires, cultuelles
ou culturelles, lieux essentiels où se jouent la cohésion sociale
et le développement, ne font pas exception. C’est ce qui explique
que leur électrification a constitué l’un des premiers chantiers
des acteurs de l’accès à l’électricité.
3.3.1.
Electrifier les infrastructures publiques :
l’évidence sociale à l’épreuve de la réalité.
Les infrastructures dites « publiques » regrou- Ces lieux, indispensables à la
pent l’ensemble des bâtiments et ouvrages à cohésion d’une communauté rurale,
l’usage du public d’une localité rurale : ont une faible capacité contributive.
çGPUGKIPGOGPVªFWECVKQPa les écoles pri- En Afrique subsaharienne, notamment franco-
maires, les collèges et parfois les lycées, qu’ils phone, la gestion de ces infrastructures est, en
soient sous gestion privée (souvent rattachés à théorie, assurée localement selon le modèle de
un culte) ou publique ; décentralisation « à la française ». En pratique,
çUCPVªa toutes les infrastructures de santé, l’expérience montre que cette gestion locale est
de la case de santé à l’hôpital secondaire, la défaillante, en raison du manque de moyens fi-
plupart ayant la capacité de pratiquer des nanciers alloués par les organismes de tutelle
accouchements ; (ministères de la Décentralisation, de la Santé,
çKPUVKVWVKQPUa les mairies et bâtiments adminis- de l’Education) ou par les associations d’usagers
tratifs rattachés, présents dans les chefs-lieux (comités de parents d’élèves, comités de gestion
de communes, non loin des lieux publics ou des de dispensaire, etc.).
espaces dédiés aux marchés et aux manifesta- Dans le cadre d’un programme d’électrification, il faut
tions locales ; clarifier en amont si des dépenses de maintenance
çD£VKOGPVU¡XQECVKQPUQEKCNGGVEWNVWTGNNGa les et de remplacement sont à provisionner ; il faut im-
foyers de jeunes ou de femmes, les marchés pliquer les institutions pertinentes dès la phase
couverts, les locaux de coopératives, les mai- préparatoire, et anticiper les obstacles qui pour-
sons des associations, les foyers culturels, sou- raient affecter l’exploitation, et de fait la pérennité.
vent bâtis à l’initiative d’ONG ;
çªFKăEGUTGNKIKGWZa les lieux de culte entretenus
et animés par des représentants des confes-
sions, lieux actifs de la vie et de l’équilibre des
communautés.
Ce sont là autant d’espaces assurant un minimum
de service public, de lieux de rencontres impor-
tants dans les sociétés traditionnelles où la trans-
mission orale reste essentielle. Selon les cultures,
la hiérarchie sociale s’y affirme ou s’y efface.
(OHFWULŦFDWLRQGHVE¤WLPHQWVFRPPXQDXWDLUHV
5«FHSWHXUFRXUDQWDOWHUQDWLI
Modules
solaires Régulateur 2QGXOHXU
Batteries
3.3.2.
L’électrification des infrastructures publiques :
un problème de méthode ?
Le problème a déjà été évoqué : le manque Les initiatives d’électrification
de vision holistique des différents acteurs de impulsées par les pays du Nord,
l’aide au développement, leurs interventions nombreuses mais insuffisamment
atomisées pénalisent l’efficacité de leur ac- coordonnées, sont rarement pérennes.
tion. Ce constat est particulièrement aigu en Une multitude d’organisations du Nord – asso-
ce qui concerne l’accès à l’électricité. ciations, communes jumelées, groupements de
la diaspora – contribuent à équiper les ouvrages
Le cas des ouvrages publics – dont l’électrification publics en systèmes solaires photovoltaïques.
est indéniablement la source de nombreux béné- Procédant d’une volonté généreuse, soucieuses
fices éducatifs, sanitaires et sociaux sur un terri- d’impact social, ces initiatives sont souvent
toire – vient l’illustrer de manière concrète : nombre conduites par des acteurs novices, peu éprou-
d’installations ne sont plus opérationnelles. vés aux problématiques techniques et organ-
L’attention portée aux besoins réels des utilisa- isationnelles de l’accès à l’électricité spécifiques
teurs des équipements et l’arbitrage judicieux des à la région.
investissements, afin de satisfaire leurs attentes Pour l’électrification des bâtiments publics, seuls
prioritaires, sont les meilleures garanties d’une les programmes d’envergure nationale portés
bonne utilisation et d’une pérennité du service. par les organisations disposant des moyens pour
mettre en place un encadrement présentent un
bilan satisfaisant.
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
Hervé Gouyet
'HVFHQWDLQHVGł«FROHVRQW«W««OHFWULŦ«HVSDUYRWUH21*$YH]YRXVSXU«HOOHPHQW
TXDQWLŦHUOHVUHWRPE«HVSRXUOHVE«Q«ŦFLDLUHV"
/łDEVHQFHGł«OHFWULFLW«QXLWIRUWHPHQW¢ODTXDOLW«GHOłHQVHLJQHPHQWSRXUPLOOLRQV
Gł«FROLHUV*U¤FH¢QRVRXWLOVGHVXLYLHWGł«YDOXDWLRQHW¢QRWUHEDVHGHGRQQ«HVQRXVSRXYRQV
HVWLPHUGHPDQLªUHDJU«J«HOłLPSDFWGHWRXWHVQRVDFWLRQV/HVLQIRUPDWLRQVVRQWUHFXHLOOLHV
U«JXOLªUHPHQW¢GLVWDQFHRXVXUOHWHUUDLQ/HV«YDOXDWLRQVH[WHUQHVTXHQRXVFRPPDQGLWRQV
G«PRQWUHQWOłDP«OLRUDWLRQGHVU«VXOWDWVVFRODLUHV
,OHVWIU«TXHQWGHUHQFRQWUHUGHVV\VWªPHV39FRPPXQDXWDLUHKRUVVHUYLFH&RPPHQW
DERUGH]YRXVFHWWHTXHVWLRQGHODS«UHQQLW«"
/HV21*RQWOHXUSDUWGHUHVSRQVDELOLW«3OXVGHPLOOLRQVGHSHUVRQQHVYLYHQWHQFRUH
VRXVOHVHXLOGHSDXYUHW«,OSDUD°WFRPSU«KHQVLEOHTXłHOOHVSU«IªUHQWVDWLVIDLUHOHXUVEHVRLQV
LPP«GLDWVSOXW¶WTXHGł«SDUJQHUSRXUUHPSODFHUGHV«TXLSHPHQWV«OHFWULTXHV/łH[S«ULHQFH
FURLV«HGHV21*GXVHFWHXUPRQWUHTXłLOHVWUDUHPHQWSRVVLEOHSRXUOHVFRPPXQHVUXUDOHV
LVRO«HVGHPDLQWHQLUOHV«TXLSHPHQWVFRPPXQDXWDLUHVVDQVVXEYHQWLRQ1RWUH21*PªQH
DLQVLXQHSROLWLTXHYRORQWDULVWHGHVXLYLORQJWHUPHGHVHVSURMHWVTXLYLVH¢JDUDQWLUOH
IRQFWLRQQHPHQWGHVLQVWDOODWLRQVVXUXQHGXU«HGHDQVJU¤FH¢XQIRQGVGHS«UHQQLVDWLRQ
PLVHQSODFHSRXUŦQDQFHUGHVU«SDUDWLRQVHQFDVGłDO«D'łR»DXVVLQRWUHFRQFHSW&DI«
/XPLªUHOłHQWUHWLHQGHV«TXLSHPHQWVGHVVHUYLFHVFROOHFWLIVHVWŦQDQF«JU¤FH¢ODJ«Q«UDWLRQ
GłDFWLYLW«V«FRQRPLTXHVHW¢XQGLVSRVLWLILQQRYDQWGHJHVWLRQSXEOLFSULY«(QŦQHOOHDSXEOL«
XQ*XLGHYLVDQW¢SDUWDJHUVHVUHWRXUVGłH[S«ULHQFHV
'DQVOHPRQWDJHHWODFRQGXLWHGHYRVSURMHWVGł«OHFWULŦFDWLRQFRPPXQDXWDLUHVTXHOV
VRQWYRVOLHQVDYHFOHVLQVWLWXWLRQQHOVORFDX[GXVHFWHXU"
(QSKDVHGłLGHQWLŦFDWLRQOHVLQVWLWXWLRQVORFDOHVVRQWV\VW«PDWLTXHPHQWLPSOLTX«HVOD
FRPPXQHODU«JLRQSURYLQFHHWSRXUOHVSURJUDPPHVGHJUDQGHDPSOHXUOHVPLQLVWªUHV
GHWXWHOOH/HVFRPSDJQLHVQDWLRQDOHVGł«OHFWULŦFDWLRQHWOHVDXWRULW«VGHU«JXODWLRQVRQW
«JDOHPHQWFRQVXOW«HVDŦQGHVłDVVXUHUGHODFRK«UHQFHGHVDFWLRQVSU«YXHVGDQVOD]RQHDYHF
OHVSURJUDPPHVH[LVWDQWV(QFRPSO«PHQWQRXVSDUWLFLSRQV¢GHVDFWLRQVGHFRRS«UDWLRQ
G«FHQWUDOLV«HLPSOLTXDQWGHVFROOHFWLYLW«VORFDOHVLFLHWO¢EDVDŦQGHU«DOLVHUGHVSURMHWV
LQVFULWVGDQVODGXU«HHWODFRQŦDQFH
Electriciens sans frontières depuis 10 ans. 2. Julien Carlier, et Véronique de Geoffroy, « Guide de bonnes
pratiques » (Électriciens Sans Frontières et le Groupe URD, 2015).
mb4XDQGOł«OHFWULFLW«HVWDUULY«HGDQVOD
FRPPXQHGł$ERQGUREHDXFRXSGH
FKRVHVRQWFKDQJ«6XUOHSODQVRFLDO
OHVHQIDQWVRQWHXGHVUHWRPE«HV
GLUHFWHV1RXVDYRQVFRQVWDW«XQHQHWWH
DP«OLRUDWLRQGHVU«VXOWDWVVFRODLUHV
QRWDPPHQWGXWDX[GHU«XVVLWHDX%(3&b}
Parole de /ł«OHFWULŦFDWLRQ
SURIHVVLRQQHO des logements
Jean-Pierre Bresson GHVDJHQWVSXEOLFV
&RPPHQWLPSOLTXH]YRXV $%HORVXU0HUYLOODJHGHS¬FKHXUV
OHVE«Q«ILFLDLUHVORFDX[b" GHODF¶WH2XHVWGH0DGDJDVFDU
OłDVVRFLDWLRQ1DPDQD/HVDPLVGH
mb&łHVWXQSRLQWSUREO«PDWLTXHSRXU %HORPRELOLVHGHVIRQGVGHSXLV
ODS«UHQQLW«GHVLQVWDOODWLRQVbOHV SRXUOłDFFRPSDJQHPHQWGXFHQWUHGH
LQILUPLHUVHWOHVSURIHVVHXUVFKDQJHQW VDQW«&HOXLFLDUH©XGHV«TXLSHPHQWV
VRXYHQWWRXVOHVGHX[¢WURLVDQV(Q GHVP«GLFDPHQWVDLQVLTXHGHVYLVLWHV
U«SRQVHODVROXWLRQHVWGHSU«YRLUXQH SRQFWXHOOHVGHP«GHFLQVHXURS«HQVHW
YLVLWHGXV\VWªPH39FKDTXHDQQ«HSDU OHE¤WLPHQWD«W«U«QRY«HWUHFRQVWUXLW
XQ«OHFWULFLHQORFDOSDUIDLWHPHQWIRUP« SOXVLHXUVIRLV¢ODVXLWHGHVF\FORQHV
HWSRVV«GDQWXQVWRFNGHSLªFHVGH &RQV«TXHQFHGHFHWWHDLGHOHVDXWRULW«V
UHFKDQJHb} U«JLRQDOHVHQFKDUJHGHODJHVWLRQGH
OłK¶SLWDOVHVRQWG«VLQW«UHVV«HVGHVRQVRUW
Jean-Pierre Bresson, électricien retraité, a 0DOJU«XQRXWLOGHWUDYDLOFRQWLQXHOOHPHQW
trente ans d’expérience dans l’installation U«QRY«HWDP«OLRU«OHSUREOªPHGH
de petits systèmes PV sur sites isolés OłDEVHQFHGłXQH«TXLSHP«GLFDOHORFDOH
ou couplés au réseau ; depuis dix ans, SHUPDQHQWHVXUSODFHUHVWDLWQRQU«VROX
il installe avec des électriciens locaux /RUVGXSURMHWGł«OHFWULŦFDWLRQSDU
(artisans) des systèmes PV sur des écoles V\VWªPHVVRODLUHVU«DOLV«HQSDU
et des dispensaires pour des associations OłDVVRFLDWLRQXQHDWWHQWLRQSDUWLFXOLªUH
africaines et européennes. D«W«SRUW«HDX[EHVRLQVGXORJHPHQW
GHIRQFWLRQPLWR\HQGHOłK¶SLWDO/HV
Retrouvez l’interview intégrale sur la page GLVFXVVLRQVRQWSHUPLVGł«WDEOLUTXłXQ
web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/ PLQLPXPGHFRQIRUWGRPHVWLTXHVHUDLW
electrifier-lafrique-rurale/. XQDUJXPHQWHVVHQWLHOSRXUUHWHQLUXQ
P«GHFLQ$XMRXUGłKXLSUªVGHbGH
Oł«OHFWULFLW«SURGXLWHSDUOHJ«Q«UDWHXU
GH:FDOLPHQWHOHORJHPHQWGX
SHUVRQQHOb79G«FRGHXUU«IULJ«UDWHXUV
«FODLUDJHRUGLQDWHXUVRQRULVDWLRQ/D
SU«VHQFHGłXQP«GHFLQGDQVODORFDOLW«HVW
SDVV«HGHGHX[¢FLQTMRXUVSDUVHPDLQH
HQPR\HQQH
3.3.3.
Pompage solaire et éclairage public :
d’autres exemples d’électrification
d’infrastructures publiques
Le pompage solaire et l’éclairage public de milliers de pompes solaires ont été installées
ne doivent pas être exclus du périmètre de sur le continent, bien avant les premières initia-
l’électrification d’une localité rurale. Equiper tives structurées d’électrification rurale par sys-
un puits public d’une pompe solaire ou installer tème photovoltaïque autonome.
des lampadaires le long d’un axe de circulation
s’inscrit dans les processus d’électrification Si les pompes solaires de quelques kWc per-
d’un ouvrage communautaire, en apportant à mettent d’assurer les besoins en eau potable de
la collectivité un service spécifique. plusieurs milliers de personnes, elles offrent aussi
des gains de productivité dans le secteur agricole
Pompage solaire : eau et électricité grâce à l’irrigation des cultures et à l’abreuvage
peuvent faire bon ménage. du bétail.
C’est par son application au pompage que
l’énergie photovoltaïque est apparue en Afrique au Sans rentrer dans les détails, il faut rappeler les
cours des années 1970. Aujourd’hui, des dizaines avantages de cette technologie, qui depuis près de
6FK«PDGHSULQFLSHGłXQV\VWªPH39DXWRQRPHVDQVVWRFNDJH
SRPSDJHDXŦOGXVROHLO
Générateur Réservoir
Convertisseur
SKRWRYROWD±TXH
'&$&
0RWRSRPSH
quarante ans ne cesse de progresser en perfor- convertisseurs ; il est ainsi fréquent de croiser
mance, en fiabilité, en disponibilité et en accessibilité : des pompes solaires encore en fonctionnement
çUQPRTKPEKRCNCVQWVTªUKFGFCPUUCăCDKNKVª.CRTQ- plus de vingt ans après leur mise en service.
duction d’électricité est statique : sans pièces en Les principales faiblesses des installations de
mouvement, pas d’usure. Elle ne nécessite pas pompage solaire ne résident pas dans des prob-
de carburant ; lèmes techniques propres aux équipements. Elles
çRCT CKNNGWTU IT£EG ¡ NC OQFWNCTKVª GV ¡ NC UKORNK résident souvent dans une analyse trop impré-
cité des générateurs solaires, une pompe so- cise des conditions de leur utilisation (ressource
laire peut être installée partout, quelle que soit sa en eau, état des forages ou puits) ou du manque
puissance ; d’entretien du réseau de distribution d’eau. Il
çFGRNWUNGWTHQPEVKQPPGOGPVCWVQPQOGlaCWăNFW s’agit donc soit de problèmes essentiellement
soleil », avec un stockage de l’eau dans un réser- hydrauliques et hydrogéologiques en amont de
voir, permet aux pompes solaires de s’affranchir l’installation, soit de soucis de distribution d’eau,
des batteries, maillon faible des systèmes PV ; en aval.
çGPăP NC VGEJPQNQIKG GUV UWąUCOOGPV OCVWTG Comme pour toute autre installation solaire, un
pour que des détaillants disposent de la com- paiement du service, ici de l’eau, doit être mis en
pétence et des pièces de rechange nécessaires place pour anticiper les visites régulières de petit
au remplacement des moteurs, pompes ou entretien et les dépenses de renouvellement.
6FK«PDGHSULQFLSHGłXQVLWHDYHF«FODLUDJHSXEOLFSDUODPSDGDLUHVRODLUH
-285 NUIT
Panneau
solaire
Contrôleur
Batterie
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
6W«SKDQH5HGRQ
/ł«FODLUDJHSXEOLFVRODLUHVHG«SORLHPDVVLYHPHQWVXUOHVFLQTFRQWLQHQWV
&RPPHQWGLVWLQJXHUXQSURGXLWGHTXDOLW«DXVHLQGłXQHRIIUHSO«WKRULTXHb"
mb'XSRLQWGHYXHSXUHPHQWWHFKQLTXHXQSURGXLWGł«FODLUDJHSXEOLFGHTXDOLW«VHUHFRQQD°W
GłDERUG¢VRQERQGLPHQVLRQQHPHQWJU¤FH¢GHVFRQQDLVVDQFHVVROLGHVHQ«FODLUDJLVPH
HWHQVRODLUHbRQSHXWDLQVLJDUDQWLUDX[XWLOLVDWHXUVXQVHUYLFHFRQIRUPH¢OHXUVEHVRLQV
QLYHDXGł«FODLUDJHHWGXUDEOHWDX[GHGLVSRQLELOLW«(QVXLWHOHVFRPSRVDQWVLQWULQVªTXHV
GRLYHQWSU«VHQWHUXQHGXU«HGHYLHPLQLPDOHGHGL[DQVHQWHQDQWFRPSWHGHVFRQGLWLRQV
HQYLURQQHPHQWDOHVGłXWLOLVDWLRQH[HPSOHbWHPS«UDWXUHSRXUOHVEDWWHULHVTXLUHVWHQWOH
FRPSRVDQWOHSOXVVHQVLEOHHWOHSOXVFKHUb}
6W«SKDQH5HGRQ ingénieur de formation, accompagne depuis plus de vingt ans des industriels
spécialisés du secteur photovoltaïque dans la réalisation de nombreux projets dans les pays
émergents (Afrique, Moyen-Orient, Asie).
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/.
3.4.
De nouveaux schémas
d’électrification collective
sont apparus récemment.
Plusieurs schémas peuvent couvrir une pluralité d’usages
domestiques et/ou productifs sur un territoire rural non desservi
par le réseau électrique national.
Certaines solutions récentes se focalisent sur les usages
productifs : plateforme multifonctionnelle, zone d’activité
économique (GERES), kiosque énergie. D’autres rendent un service
« universel » plus proche du réseau conventionnel : nanoréseau,
miniréseau.
Parce que ce schéma est celui qui bénéficie du plus grand nombre
de retours d’expérience et qui s’affiche aujourd’hui au cœur des
stratégies d’électrification, le miniréseau est traité dans un chapitre
dédié.
3.4.1.
Les solutions collectives dédiées aux usages
productifs : modèle pertinent ou innovation
sans lendemain ?
Partant de cette hypothèse, plusieurs con- La plateforme multifonctionnelle peut être pen-
cepts d’électrification rurale se concentrent sée comme l’ancêtre des solutions collectives
sur les usages productifs et proposent un ac- actuelles dédiées aux usages productifs qui com-
cès à l’électricité par système collectif pour les mencent à modeler le paysage énergétique rural
acteurs économiques d’une zone, sous une africain. Les leçons tirées de cette expérience et
forme plus ou moins intégrative. Ils viennent la banalisation de la technologie PV ont en effet
ainsi en complément des solutions individuelles conduit à revoir le concept et à donner naissance
(lampes, kits PV) et des installations couvrant les à celui de « kiosque énergie ».
seules infrastructures publiques, pour répondre
aux besoins des activités agricoles, artisanales, Le principe des PTMF.
commerciales ou tertiaires sur le territoire. Il s’agit de centraliser une production d’énergie
et/ou d’électricité dans une localité pour pro-
La plateforme multifonctionnelle : poser des services « productifs » au bénéfice des
un modèle pionnier de services acteurs économiques de la zone (agriculteurs,
énergétiques mutualisés pour les artisans). Atelier mécanique, machine de trans-
acteurs économiques. formation agricole, le champ d’application poten-
Initié en 2006 par le PNUD, le concept de plate- tiel est vaste et le regroupement fait théorique-
forme multifonctionnelle (PTMF) repose sur une ment sens sur tous les plans : financièrement,
mutualisation sur un site unique de services élec- économiquement et socialement.
triques à destination des acteurs économiques Concernant le volet technique, les premières PTMF
d’une communauté villageoise. étaient équipées d’un moteur thermique d’environ
20 CV (15 kW) alimenté au diesel, permettant
l’utilisation de diverses machines tournantes (broy- d’une machine thermique (notamment l’achat de
eur, décortiqueuse), mais aussi d’un alternateur carburant), certaines PTMF ont été abandon-
générant de l’électricité pour divers types de ré- nées, alors que d’autres ont su durer plusieurs an-
cepteurs : outillage électroportatif, poste à souder, nées. A titre d’exemple, certaines PTMF installées
production de froid, recharge de batteries, etc. dans des zones à faible dynamisme économique
La gestion de la plateforme est assurée par les n’ont pas stimulé la création de nouvelles activi-
usagers groupés en comité, en association ou en tés et ont été rapidement victimes du manque de
coopérative. Chaque utilisation est payante au moyens pour la gestion et l’entretien.
prorata de la consommation énergétique corres- Autre enseignement à tirer de cette expérience, la
pondant à la demande, calculée au réel (selon af- cohésion sociale de la zone d’implantation est un
fichage du compteur) ou sur base forfaitaire (cal- facteur-clé de réussite : la présence « naturelle »
cul d’équivalence préétabli). L’achat de carburant, en amont du projet de groupements profession-
l’entretien et la gestion globale de la PTMF sont au- nels, notamment la préexistence de groupements
tofinancés grâce aux recettes générées par la ven- de femmes, facilite nettement l’adhésion à cette
te des « services énergétiques » de la plateforme. nouvelle mécanique collective.
électrogènes et autres moteurs thermiques. En- mutualisée, que l’on peut génériquement dénom-
fin, les services (à l’origine mécaniques et agri- mer le « kiosque énergie ».
coles) se sont logiquement diversifiés et adap- Derrière cette appellation se cache une diversité de
tés aux évolutions sociétales pour devenir des formats (que cet ouvrage ne recense pas in exten-
services marchands « immatériels » : recharge so), qui reposent tous sur un concept commun : KPU
de téléphone, vente et recharge de lampes por- VCNNGTCWEGPVTGFàWPGNQECNKVªTWTCNG
ªNGEVTKăªG
tables, service informatique, point de relais d’un QW PQP WPG UQWTEG FG RTQFWEVKQP FàªNGEVTKEKVª
opérateur du PAYG, etc. UKIPKăECVKXG CUUQEKªG ¡ NC XGPVG FG UGTXKEGU
NàGPUGODNGªVCPVIªTªRCTWPQRªTCVGWTNQECN
Les kiosques énergie : une
électrification collective axée De quoi parle-t-on ?
sur la proposition de services. La source de production d’électricité est essen-
Depuis quelques années, différents porteurs de tiellement solaire, avec éventuellement un groupe
projets (ONG, opérateurs privés, institutionnels) électrogène en appoint. Les générateurs de
développent un nouveau type de plateforme quelques kWc permettent de fournir une quantité
3ULQFLSHGHIRQFWLRQQHPHQWGXNLRVTXH«QHUJLH
Services rendus
Modules
Kiosque
solaires
énergie
d’électricité significative et d’alimenter une large Comme évoqué, le concept repose surtout sur
palette d’équipements, bien au-delà des capaci- une offre de services. Les usagers ne viennent
tés limitées des systèmes solaires individuels pas brancher un récepteur et utiliser l’électricité
domestiques. disponible, mais acheter un service associé
© HERI
© Benoo Energies
Exemples de deux modèles de kiosques solaires : Heri à Madagascar et Benoo Energies au Togo.
Du froid en
OLEUHVHUYLFHDX[
ERLVVRQVIUD°FKHV
8QNLRVTXHVRODLUHLQVWDOO«DX&DPHURXQ
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SURGXFWLRQGHIURLGSD\DQW/HNLRVTXH
HVW«TXLS«GHSOXVLHXUVU«IULJ«UDWHXUVbOHV
XVDJHUVSHXYHQWSD\HUSRXU\FRQVHUYHU
OHXUVSURGXLWVDJULFROHV/HPRQWDQW
G«SHQGGXSRLGVGHVSURGXLWVVWRFN«V
à l’électricité disponible grâce au kiosque (re- HWGHODGXU«HGHVWRFNDJH6XUOHSDSLHU
charge de téléphones, service multimédia, froid, OHFRQFHSWHVWV«GXLVDQWHWU«SRQG¢OD
recharge de lampes portables, etc.). Les dizaines FRGLŦFDWLRQHW¢ODPHVXUHGHVLPSDFWV
d’opérateurs aujourd’hui présents sur le continent WHOVTXHSHQV«VSDUOHVRUJDQLVDWLRQV
africain se démarquent par des designs et des LQWHUQDWLRQDOHVGHG«YHORSSHPHQW
modèles économiques différents, mais leurs of-
fres sont, dans la plupart des cas, assez proches. $SUªVTXHOTXHVPRLVVXUOHWHUUDLQSOXV
Souvent, il arrive que les services qui assurent la DXFXQVHUYLFHGHIURLGQłHVWYHQGX¢OD
rentabilité du kiosque s’éloignent des services SRSXODWLRQHWOłRS«UDWHXUDG«YHORSS«XQH
originels imaginés par les concepteurs et suivent ERXWLTXHGHYHQWHGHERLVVRQVIUD°FKHVTXL
l’asymptote logique des besoins exprimés par les DVVXUHbGHVRQFKLIIUHGłDIIDLUHV
populations : recharge de téléphones, audiovisuel
et éclairage. En zone électrifiée, les kiosques peu-
vent également répondre à plusieurs besoins :
service minimum pour les ménages non raccor-
dés, continuité d’un service électrique en cas de Les systèmes sont, pour la plupart, connectés
défaillance du réseau. pour un monitoring technique à distance, mais la
gestion est déléguée à un opérateur local, choisi
Quels sont les acteurs ? pour son profil commercial et entrepreneurial, ain-
S’il existe différents modèles, la tendance actuelle si que pour sa bonne implantation préalable dans
de ces schémas d’électrification est portée par la localité. Si les gérants locaux assurent princi-
les opérateurs privés, souvent start-up et PME palement la vente des services et l’entretien cou-
locales, qui proposent des kiosques solaires per- rant du système, certains débordent d’imagination
formants, peu coûteux et au design attractif, bien pour faire croître leur chiffre d’affaires et les
conçus et installés dans des localités rigoureuse- kiosques évoluent en fonction des besoins : bar,
ment sélectionnées. cybercafé, vidéoclub, boutique alimentaire, etc.
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
Samy Chalier
&RPPHQWFKRLVLVVH]YRXVOHVORFDOLW«VSRXUOłLPSODQWDWLRQGHYRVNLRVTXHV«QHUJ«WLTXHVb"
mb1RXVSU«V«OHFWLRQQRQVGHVVLWHVVXUODEDVHGHVGRQQ«HVVRFLR«FRQRPLTXHVGH
Oł,QVWLWXWQDWLRQDOGHVVWDWLVWLTXHVSXLVQRXVQRXVUHQGRQVVXUSODFHSRXUFRQILUPHUOHV
LQIRUPDWLRQVHWUHQFRQWUHUOHVDXWRULW«VHWOHVSRSXODWLRQVORFDOHV1RXVDYRQVSOXVLHXUV
FULWªUHVbP«QDJHVPLQLPXPGDQVOD]RQHGHFKDODQGLVHGXNLRVTXHDFFHVVLELOLW«HQ
VDLVRQGHVSOXLHVFRXYHUWXUHSDUXQU«VHDXW«O«SKRQLTXHDGK«VLRQDXSURMHWGHVDFWHXUV
ORFDX[V«FXULW«SU«VHQFHGłDFWHXUV«FRQRPLTXHVLQVWLWXWLRQGHPLFURILQDQFH«SLFHULH
FRRS«UDWLYH/HVVLWHVG«M¢«OHFWULIL«VSU«VHQWHQWXQERQSRWHQWLHOFDULOVVHVLWXHQWVRXYHQW
VXUOHVSULQFLSDX[D[HVURXWLHUVDYHFXQHIRUWHGHQVLW«GHSRSXODWLRQHWXQSRXYRLUGłDFKDW
SOXV«OHY«TXHGDQVOHV]RQHVLVRO«HVb}
Samy Chalier, diplômé d’un MBA, travaille depuis plus de dix ans à l’international et vit
à Madagascar depuis plusieurs années, où il dirige la société Heri Madagascar.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
9LQFHQW5HQDXG
4XHOPRGªOHWHFKQLFR«FRQRPLTXHHVWPLVHQSODFHSRXUODPDLQWHQDQFHHWSOXV
SDUWLFXOLªUHPHQWSRXUOHUHQRXYHOOHPHQWGHVFRPSRVDQWVFULWLTXHVb"
mb1RXVIRUPRQVOHVJHVWLRQQDLUHVGHVDJHQFHV¢ODPDLQWHQDQFHGHSUHPLHUQLYHDX/HV
DJHQFHVVRQWLQVWDOO«HVSDUGHVSUHVWDWDLUHVTXLDVVXUHQWODPDLQWHQDQFHGHGHX[LªPH
QLYHDX3RXUSHUPHWWUHXQHDVVLVWDQFHHIILFDFHQRXVGLVSRVRQVGłXQDJHQWWHFKQLFR
FRPPHUFLDOTXLIDLWOHOLHQHQWUHOHVJHVWLRQQDLUHVGłDJHQFHHWOHVSUHVWDWDLUHVYLDXQ
QXP«URGHW«O«SKRQHLQVFULWGDQVOłDSSOLFDWLRQGHJHVWLRQGHVDJHQFHV&HWWHDVVLVWDQFHIDLW
SDUWLHGHOłRIIUHGHVHUYLFHTXHQRXVDSSRUWRQVDX[HQWUHSUHQHXUVb}
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
Grégoire Gailly
/HPRGªOHGHFHQWUHGHVHUYLFHGł«OHFWULFLW«G«FHQWUDOLV«VHG«FOLQHG«VRUPDLVHQGLII«UHQWVFRQFHSWV
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LQYHVWLVVHPHQWPDVVLIGXVHFWHXUSULY«"
,OQłHVWSDVHQFRUHPDWXUH/HVIXWXUHV=$(SHUPHWWURQWGHFRQILUPHUOHELHQIRQG«GXPRGªOH
«FRQRPLTXHGHVWDQGDUGLVHUSDUWLHOOHPHQWOHGLVSRVLWLIRUJDQLVDWLRQQHOHWGHGLVSRVHUGHSOXVGH
GRQQ«HVSRXUFRQYDLQFUHGHVLQYHVWLVVHXUV3OXVLHXUVIDFWHXUVSHXYHQWOHVV«GXLUHXQHFOLHQWªOHGH73(
VROYDEOHVOHXUUHJURXSHPHQWVXUXQP¬PHVLWHHWOHGLVSRVLWLIGłDFFRPSDJQHPHQWGHFHV73(8QSODQ
GłDIIDLUHVHVW¢Oł«WXGHSRXUFU«HUXQHHQWUHSULVHGHJHVWLRQGHV=$(TXLUHJURXSHUDLWGHVVLWHVSHWLWVHW
LVRO«VDYHFGHVFR½WVGHWUDQVDFWLRQPRLQGUHVGHVLQYHVWLVVHXUVRQWG«M¢PDQLIHVW«OHXULQW«U¬W
/łDGK«VLRQFRPPXQDXWDLUHHWODFRPSU«KHQVLRQILQHGHVEHVRLQVUHVWHQWHVVHQWLHOOHVSRXUXQSURMHW
U«XVVL/HU¶OHGHV21*HVWLOLQGLVSHQVDEOH"
/ł21*SHXWMRXHUSOXVLHXUVU¶OHVU¶OHGH5 'SRXUODPLVHHQSODFHGHSURMHWVSLORWHVHWODSURGXFWLRQ
GHGRQQ«HVWHFKQLFR«FRQRPLTXHVU¶OHGłLQWHUP«GLDWLRQHWGłDQLPDWLRQSRXUODFRQFHUWDWLRQHQWUH
DFWHXUVGłXQWHUULWRLUHDILQGłLGHQWLILHUGHVVROXWLRQVDGDSW«HVU¶OHGłDSSXLFRQVHLOSRXUVWUXFWXUHUXQ
GLVSRVLWLIGHUHQIRUFHPHQWGHFDSDFLW«VHQJHVWLRQGHVHQWUHSUHQHXUVVXUOD]RQHGłDFWLYLW«
4XHHVWVHORQYRXVOHSULQFLSDOSRLQWGHIUDJLOLW«GXPRGªOH=$(H[S«ULPHQW«SDUOH*(5(6DX0DOL"
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G«YHORSSHPHQWORFDOG«O«JX«HSDUODFRPPXQHSRXUJ«UHUOD=$(LOQłDSDVOXLP¬PHLQYHVWLGDQV
OłLQIUDVWUXFWXUH6łLOTXLWWHVRQSRVWHRXVHWURXYHGDQVOłLQFDSDFLW«GHWUDYDLOOHULOVHUDGLIILFLOHGHOH
UHPSODFHUGDQVXQG«ODLUDLVRQQDEOHFHTXLSHXWDIIHFWHUOHVHUYLFHYRLUHODS«UHQQLW«GHOłLQIUDVWUXFWXUH
/DJHVWLRQPXWXDOLV«HGHV=$(SHUPHWWUDLWMXVWHPHQWGłDVVXUHUFHWWHFRQWLQXLW«HQFDVGHFRXSGXUVXU
XQVLWH
$ORUVTXHOłRQUHSURFKHDX[RS«UDWHXUV3$<*GHFRXYULUOHVVHXOVEHVRLQVGRPHVWLTXHVOHPRGªOH
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LVRO«H/HJHVWLRQQDLUHGHOD=$(HVWFDSDEOHGHSURSRVHUXQGLPHQVLRQQHPHQWSHUVRQQDOLV«HWXQH
LQVWDOODWLRQGHTXDOLW«¢XQSUL[DERUGDEOHSDUGHVWHFKQLFLHQVIRUP«V&HWWHDFWLYLW«UHQIRUFHUDDXVVLOD
YLDELOLW«GXPRGªOH«FRQRPLTXHGHOD=$(
Grégoire Gailly est agronome, spécialiste du développement local. Il travaille pour des ONG de
développement local depuis 2001 et est directeur Afrique de l’Ouest du GERES depuis 2014.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage KWWSZZZIRQGHPRQJHOHFWULŦHUODIULTXHUXUDOH
WXGHGHFDV=RQHGł$FWLYLW«V(OHFWULŦ«HDX6XG0DOL
$SUªVFRQVWDWTXHVHXOHVGHV]RQHVUXUDOHVPDOLHQQHVDYDLHQWDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«HWTXH
ODVRXUFHGł«QHUJLHSULPDLUHSURYHQDLWGXJDVRLODXSUL[FURLVVDQWVłHVWHQYLVDJ«HODVROXWLRQGH
FU«HUXQH=RQHGł$FWLYLW«V(OHFWULŦ«H=$(DOLPHQW«HWRWDOHPHQWSDUGHV(Q5SDQQHDX[VRODLUHV
SKRWRYROWD±TXHVHW+XLOH9«J«WDOH3XUH+39GHMDWURSKD
&HWWHVROXWLRQD«W«SHQV«HSDUOHVKDELWDQWVHQSDUWHQDULDWDYHFOH*(5(6HWODFRPPXQHGH
.RQV«JX«OD/łREMHFWLI«WDQWGHUDSSURFKHUGHVHQWUHSULVHVVXUXQP¬PHVLWHGłDERUGSRXU
G«SDVVHUOHVFRQWUDLQWHVWHFKQLTXHVUHQFRQWU«HVDYHFXQPLQLU«VHDXPRQW«HVHQFKDUJH
FKXWHVGHWHQVLRQHQVXLWHSRXUFRXYULUGHPDQLªUHRSWLPDOHOHXUVEHVRLQVHQ«OHFWULFLW«¢XQ
WDULIDERUGDEOHGDQVOHVTXDQWLW«VHWDYHFODTXDOLW«UHTXLVHVSRXUOHXUVDFWLYLW«V)RQFWLRQQDQW
VXUOHPRGªOHGłXQLQFXEDWHXUGłHQWUHSULVHVUXUDOHVFHWWH=$(SURSRVHXQDFFRPSDJQHPHQW
LQGLYLGXDOLV«GXUDQWOHVGHX[SUHPLªUHVDQQ«HVGłLPSODQWDWLRQDLQVLTXHGHVIRUPDWLRQVHWXQH
PLVHHQUHODWLRQGHVWUªVSHWLWHVHQWUHSULVHVORFDOHV73(DYHFOHVLQVWLWXWLRQVGHPLFURŦQDQFH
$LQVLOD=$(IRXUQLWGHOł«OHFWULFLW«¢73(ERXODQJHULHVPHQXLVHULHVUDGLRFRPPXQDXWDLUH
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«W«LQVWDOO«DŦQGłDSSURYLVLRQQHUOHJURXSH«OHFWURJªQHGHOD=$(HWOHVHQWUHSULVHVGHVORFDOLW«V
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/HVU«VXOWDWVGHFHSURMHWVRQWPXOWLSOHVHWWUªVSRVLWLIV/HVSHUWHVDJULFROHVVRQWU«GXLWHV
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JUDQGHDWWUDFWLYLW«GXWHUULWRLUHIDYRULVHOłLPSODQWDWLRQGHQRXYHOOHVHQWUHSULVHV
&HWWHU«XVVLWHHVWXQHSRUWHRXYHUWH¢Oł«ODERUDWLRQGHSURMHWVVLPLODLUHVGDQVGłDXWUHV]RQHVGX
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]RQHVQRQ«OHFWULŦ«HVVHUDGłHQFRQIRUWHUODJRXYHUQDQFHHWOHPRGªOH«FRQRPLTXH
&DI«OXPLªUHXQHVROXWLRQGXSOLFDEOH
SRXUOł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHG«FHQWUDOLV«H
Contexte
/HSURMHW&DI«/XPLªUHHQWHQGU«SRQGUHDXIDLEOHDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«HQ]RQHUXUDOH
DYHFXQGLVSRVLWLIGł«OHFWULŦFDWLRQE«Q«ŦFLDQW¢ODIRLVDX[VHUYLFHVFROOHFWLIVDX[PLFURHQWUHSULVHV
HWDX[IR\HUV,OVłHVWLPSODQW«GDQVVL[FRPPXQHVUXUDOHVGHODU«JLRQGH9DNLQDQNDUDWUD¢
0DGDJDVFDUXQSD\VGDQVOHTXHOGHVKDELWDQWVYLYHQWVDQVDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«/HVJURXSHV
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SU«VHQWDLHQWGHQRPEUHX[LQFRQY«QLHQWVOHVSUHPLHUVVRQWU«VHUY«VDX[P«QDJHVULFKHVHW
OHVVHFRQGHVQHU«VROYHQWSDVOHVEHVRLQVGHSXLVVDQFH«OHFWULTXHLPSRUWDQWHQ«FHVVDLUHDX
G«YHORSSHPHQWGłDFWLYLW«V«FRQRPLTXHV
Solution
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HQWUHOHU«VHDXHWOHNLWLQGLYLGXHOVL[SODWHIRUPHV«QHUJ«WLTXHVPXOWLVHUYLFHVK\EULGHVDOLPHQW«HV
SULQFLSDOHPHQWSDUOł«QHUJLHVRODLUH(WDEOLVXUODEDVHGłXQSDUWHQDULDWSXEOLFSULY«DYHF
OłLPSOLFDWLRQGHVFROOHFWLYLW«VORFDOHVHWGHOł(WDWHWODSDUWLFLSDWLRQGłXQRS«UDWHXUSULY«(262/OH
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IRXUQLU¢E«Q«ŦFLDLUHVXQERXTXHWGHVHUYLFHV«QHUJ«WLTXHVDSUªV«WXGHGHOHXU
FRQVHQWHPHQW¢SD\HU
G«YHORSSHUGHVDFWLYLW«V«FRQRPLTXHVGDQVFHVYLOODJHV
DP«OLRUHUODGLVSRQLELOLW«GHVVHUYLFHVSXEOLFVSULRULWDLUHV«FROHVFHQWUHVGHVDQW«PDLULHJU¤FH¢
Oł«OHFWULFLW«
/HSURMHWDSRXUYLV«HGł¬WUHU«SOLFDEOHGDQVGHVFRQWH[WHVORFDX[YDUL«VHWHVVDLPHG«M¢DX%«QLQ
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6XLYLGXSURMHW
8QGLVSRVLWLIGHVXLYLHVWG«SOR\«GHSXLVOHG«EXWSURMHWSRXUY«ULŦHUOłDWWHLQWHGHVU«VXOWDWVHW
OłLPSDFWGHOłDFWLRQVXUODSRSXODWLRQ&HOXLFLVHEDVHVXUODG«ŦQLWLRQGDQVODSKDVHGHFDGUDJH
GXSURMHWGłLQGLFDWHXUVFO«VGHVXLYLHQFRQFHUWDWLRQDYHFOł$)'GHVHQTX¬WHVSU«DODEOHV
TXDQWLWDWLYHVHWTXDOLWDWLYHVSHUPHWWDQWGłDQDO\VHUOHVFRQGLWLRQVGHYLHGHVSRSXODWLRQVHWOH
PDUFK«SRXUFKDTXHVHUYLFHODU«DOLVDWLRQGHGHX[«YDOXDWLRQVH[WHUQHVLQWHUP«GLDLUHHWŦQDOH
SRXUPHVXUHUOHVU«VXOWDWVGXSURMHWHWVRQLPSDFWVXUOHVSRSXODWLRQV
se tourne vers un kiosque au lieu de s’équiper d’un Il n’en reste pas moins que les kiosques com-
système solaire individuel. plètent utilement la gamme des services dé-
livrés par les SSI en l’élargissant aux activités
Par ailleurs, par les services qu’ils peuvent pro- économiques. N’excluant pas le développement
curer, l’utilité sociale des kiosques est indubita- d’initiatives plus concertées, ils ont leur place
ble : ils créent un nouveau lieu de vie, font entrer dans la mosaïque des solutions d’électrification
l’innovation et la distraction, développent la con- rurale décentralisée. }
nectivité, offrent différents niveaux de service
sans exclure les ménages les plus modestes.
Le concept multiservice, le design attractif de
ces projets et le « ticket d’entrée » modéré (entre
10 000 et 20 000 € pour l’acquisition et la mise
en œuvre du kiosque complet sur site) attirent fa-
cilement les subventions, qui couvrent souvent
le coût d’investissement. Les opérateurs mettent
également en avant le bilan positif des premières
opérations.
3.4.2.
Les nanoréseaux : le concept est encore
en exploration.
Les initiatives mettant en place un nanoréseau une source de production solaire collective
sont encore peu nombreuses. Elles s’appuient pour un usage essentiellement domestique,
sur un concept évolutif, à l’interstice de deux grâce à un réseau électrique de quelques
schémas : celui, relativement figé, du miniré- dizaines de mètres. La description analytique
seau (cf. chapitre 3.5.) et celui, encore en ges- de ce nouveau schéma d’électrification pro-
tation, des SSI (cf. chapitre 3.2.). gressive par nanoréseaux interconnectés sera
Cette solution hybride consiste à raccorder succincte, par manque de modèle comparatif,
physiquement un groupement d’abonnés à d’une part, et de retour d’expérience significa-
tif, d’autre part.
6FK«PDGHSULQFLSHGłXQQDQRU«VHDX
5«FHSWHXUV
courant continu
Modules solaires
/DORJLTXHGHGHQVLŦFDWLRQGHVQDQRU«VHDX[
3DUROHGHSURIHVVLRQQHO
Nicolas Saincy
mb/HFRQFHSWGł«OHFWULILFDWLRQSURJUHVVLYHSDUQDQRU«VHDX[LQWHUFRQQHFWDEOHVSHXWU«SRQGUH
¢ODIRLVDX[EHVRLQVGHFRXUWWHUPHHWGHORQJWHUPHGHPDQLªUHSOXVHIILFDFHTXHOHV
GHX[DXWUHVW\SHVGHVROXWLRQVDFWXHOOHPHQWG«SOR\«HVGDQVOHV]RQHVUXUDOHVDIULFDLQHV/H
PRGªOHGł«OHFWULILFDWLRQSDUFRQVWUXFWLRQHWH[SORLWDWLRQGHPLQLU«VHDX[FODVVLTXHVPDOJU«
VRQLPSDFWLPSRUWDQWVXUOHG«YHORSSHPHQWSHLQH¢VHG«SOR\HUGHSXLVSOXVLHXUVGL]DLQHV
GłDQQ«HVHQUDLVRQGHFR½WVGłLQYHVWLVVHPHQW«OHY«VHWGłXQSRWHQWLHOGHG«YHORSSHPHQW
OLPLW«DX[]RQHVUHODWLYHPHQWGHQVHV4XDQWDXPRGªOHGł«OHFWULILFDWLRQSDUIDEULFDWLRQHW
GLVWULEXWLRQGHV\VWªPHVLQGLYLGXHOV6+6TXLVHIRFDOLVHVXUOHVEHVRLQVGRPHVWLTXHVGH
EDVHLOVłHVWGLIIXV«¢XQHYLWHVVHVSHFWDFXODLUHDXFRXUVGHODGHUQLªUHG«FHQQLHPDLVLOQH
SHXWGLVVLPXOHUVRQLQFDSDFLW«¢VRXWHQLUGXUDEOHPHQWOHG«YHORSSHPHQWORFDO
/łDYDQWDJHGXQDQRU«VHDXUHSRVHVXUODFRPELQDLVRQGHVVROXWLRQVWHFKQLTXHV¢OD
IURQWLªUHGHV6+6HWGHVU«VHDX[HWVXUXQHDSSURFKHLQQRYDQWH¢ODIURQWLªUHGHVORJLTXHV
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LQWHUFRQQH[LRQGHSOXVLHXUVPLFURU«VHDX[b}
Nicolas Saincy, 33 ans, est ingénieur en électricité. Après 10 ans dans le conseil aux acteurs africains
de l’énergie, il co-fonde Nanoé en 2016 et s’installe à Madagascar pour y expérimenter un nouveau
modèle d’électrification rurale baptisée «Electrification latérale ». Retrouvez l’interview intégrale sur la
page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
Si les expérimentations semblent positives, le Un regard attentif doit donc être porté à ce modèle
modèle actuel intègre, comme tous les autres atypique, susceptible de profiter des résultats de
modèles encadrés, des subventions. recherche sur les réseaux intelligents, mais aussi
de se confronter rapidement aux limites des
Quel cadre institutionnel ? modèles traditionnels. }
Proche des activités des sociétés d’électricité, celle
des opérateurs de nanoréseaux est en théorie sou-
mise à la réglementation du secteur de l’électricité.
Atouts et faiblesses
Le principal atout du modèle réside dans son ca-
ractère évolutif et sa capacité de déploiement rela-
tivement rapide et flexible. Les services électriques
proposés, essentiellement domestiques, sem-
blent pouvoir s’étendre à la demande des acteurs
économiques par agrégation de plusieurs unités.
3.5.
Le miniréseau, schéma
d’électrification collective
historique, est en pleine
mutation
Pour apporter l’électricité simultanément à tous les membres
d’une communauté rurale et couvrir la diversité de leurs besoins,
domestiques, productifs ou publics, le miniréseau apparaît
aujourd’hui comme la solution la plus satisfaisante.
Parce que ce schéma se veut global et polyvalent, l’équation
qu’il tente de résoudre est néanmoins complexe. Soumis à de
nombreux facteurs et faisant appel à plusieurs types d’acteurs, il
se déploie selon différents modèles organisationnels, techniques
et économiques, dont aucun ne fait l’unanimité. Ce sous-secteur
essentiel de l’ERD, souvent porté par la recherche d’un modèle
électrique rural aussi proche que possible du modèle électrique
urbain, est en effervescence. Après un bref rappel historique et
contextuel (3.5.1.), ce chapitre présente les différentes modalités et
les fondamentaux techniques des miniréseaux , avec leurs atouts
et leurs limites (3.5.2.), avant de restituer l’essentiel des leçons tirées
de vingt ans de mise en œuvre de miniréseaux ruraux sur le sol
subsaharien (3.5.3.).
3.5.1.
Malgré de nombreux échecs et des postulats
économiques complexes, les miniréseaux ruraux
séduisent de nouveaux acteurs.
Depuis la fin des années 1980, la réplication
en Afrique du modèle d’électrification connu
dans les pays industrialisés a donné lieu à
l’installation de milliers de miniréseaux ruraux
conçus pour délivrer une électricité « comme
à la ville ». La première génération de miniré-
seaux ruraux, fondée sur l’utilisation de gé- 0LQLU«VHDX[b
nérateurs thermiques, a connu de multiples OłH[HPSOH
difficultés d’exploitation. La microhydroélec- du Sénégal
tricité a confirmé sa pertinence pour des puis-
sances significatives (100 kW à 1 MW), lorsque 5«DOLV«FHVYLQJWGHUQLªUHVDQQ«HVb
le gisement est abondant et proche des lieux YLOODJHV«OHFWULŦ«VSDU66,
de consommation. Mais la généralisation des bN:FHWPLQLU«VHDX[bN:F
solutions photovoltaïques, les nouvelles tech-
nologies de stockage et le numérique renou- (QSURMHWGłLFLb760 nouveaux
vellent le genre. villages avec centrale solaire,DYHFXQH
SXLVVDQFHFU¬WHSURMHW«H¢bN:F
La lecture de la plupart des stratégies et des
6RXUFHb Malick GAYE de l’ASER (Assemblée générale
politiques nationales d’électrification confirme du Club ER, décembre 2018).
la place prépondérante des miniréseaux dans
les objectifs et planifications d’électrification des
zones rurales, notamment en Afrique de l’Ouest.
3URMHW7UDQVLQGRbXQPLQLU«VHDXK\EULGHLQWHOOLJHQW
bIUDQ©DLVLQVWDOO«LO\DYLQJWDQV
,O\DSUHVTXHYLQJWDQVOHSURMHW7UDQVLQGRIXWOłXQGHVSUHPLHUVSURJUDPPHVGł«OHFWULŦFDWLRQ
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FR½WHX[HWLVVXGł«QHUJLHVSURSUHVGDQVGHVYLOODJHVGHV°OHV&«OªEHVHW%RUQ«RHQ,QGRQ«VLH
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GLPLQXHUODSRSXODWLRQVDWXU«HGHV°OHVGH6XPDWUDHW-DYD0DLVOHVQRXYHDX[DUULYDQWV
DYDLHQWUHFRXUV¢GHVJURXSHV«OHFWURJªQHVSROOXDQWVSHXŦDEOHVHWFKHUV&HTXLDFRQGXLWOH
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(QSDUWHQDULDWDYHFOHJURXSHPHQW3KRWRZDWWHWOHPLQLVWªUHGHOD7UDQVPLJUDWLRQLQGRQ«VLHQHW
DYHFXQŦQDQFHPHQWVRXVSURWRFROHIUDQFRLQGRQ«VLHQOłLQLWLDWLYHVHWUDQVIRUPHHQSURMHW$YHF
GXPDW«ULHOFRQ©XHWG«YHORSS«HQ)UDQFHHWXQHPD°WULVHGłāXYUHDVVXU«HSDU7UDQV«QHUJLHune
FHQWUDOHK\EULGHGHbN:FFRXSO«H¢XQSDUFEDWWHULHVHWXQJURXSH«OHFWURJªQHD«W«LQVWDOO«H
8QPLQLU«VHDXD«W«PLVHQSODFHSRXUDOLPHQWHUHQ«OHFWULFLW«SUªVGHIR\HUV
'«M¢LO\DYLQJWDQVOHVUDFFRUGHPHQWVGHV
XVDJHUVRQW«W«U«DOLV«VDYHFGHVOLPLWHXUV
GHSXLVVDQFHGł«QHUJLHHWXQV\VWªPH
© Fondation Energies pour le Monde
GHSU«SDLHPHQW(WDQWGRQQ«OHIRUW
GHJU«GłLQQRYDWLRQOłDFFHQWD«W«PLVVXU
OłDFFRPSDJQHPHQWGHVDFWHXUVLPSOLTX«V
\FRPSULVOHVXVDJHUVDYHFGHVFDPSDJQHV
U«JXOLªUHVGHVHQVLELOLVDWLRQ¢OłXWLOLVDWLRQ
UDWLRQQHOOHGHOł«OHFWULFLW«
MINIDOSSIER
&DUWRJUDSKLHGHVPLQLU«VHDX[HQ$IULTXHWRXWHVWHFKQRORJLHVFRQIRQGXHV
5«VHDXXUEDLQvsPLQLU«VHDXGLHVHOb
GHVGLII«UHQFHVVLJQLŦFDWLYHV
'XF¶W«GHODSURGXFWLRQ
!b3URGXLUHGHOł«OHFWULFLW«YLDXQHmbFHQWUDOHb}WKHUPLTXHGHSOXVLHXUVP«JDZDWWVDOLPHQW«HSDU
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SDUDOOªOHFRRUGRQQ«HVSRXUIRQFWLRQQHU¢GHVU«JLPHVVS«FLŦTXHVHWDGDSW«VYLDGHVFRXUEHV
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b¢KHXUHVSHUPHWWDQWGHJDUDQWLUOHVHUYLFHSHQGDQWOHVS«ULRGHVGHPDLQWHQDQFH
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HQFDGU«SDUODFRPSDJQLHQDWLRQDOHGł«OHFWULFLW«TXLDXQDFFªVIDFLOLW«DXVRXWLHQGHVEDLOOHXUV
GHIRQGVLQWHUQDWLRQDX[
!b8QPLQLU«VHDXUXUDOGLHVHOHVWXQHSHWLWHXQLW«WKHUPLTXHGHSXLVVDQFH¢bIRLV
LQI«ULHXUH¢FHOOHGłXQHFHQWUDOHXUEDLQH¢bN:/DFHQWUDOHHVWVRXYHQWFRPSRV«HGłXQH
PDFKLQHXQLTXHJURXSH«OHFWURJªQHTXLHQFDLVVHVHXOHGHVFRXUEHVGHFKDUJHVYDULDEOHVSHX
GHGHPDQGHHQMRXUQ«HSRLQWHLPSRUWDQWHHQVRLU«HHWWRXVOHVDSSHOVGHSXLVVDQFHbHOOHRSªUH
DLQVLGDQVGHVFRQGLWLRQVWHFKQLTXHVG«JUDG«HV/DPRLQGUHSDQQHSHXWGRQFSORQJHUXQYLOODJH
GDQVOHQRLUSHQGDQWSOXVLHXUVMRXUV2UFRQ©XVSRXUXQIRQFWLRQQHPHQWLQWHUPLWWHQWFHW\SHGH
PDW«ULHOHVWXWLOLV«HQVHFRXUVSDUOHVHFWHXUWHUWLDLUHORUVGHVG«OHVWDJHVXUEDLQVFHVJURXSHVGH
IDLEOHSXLVVDQFHVRQWGHIDLWPRLQVUREXVWHVTXHOHVPDFKLQHVGHVFHQWUDOHVGXU«VHDXQDWLRQDO
(WOHXUFRQVRPPDWLRQVS«FLŦTXHHQOLWUHN:KHVWVXS«ULHXUH¢FHOOHGHVFHQWUDOHVXUEDLQHV
&¶W«WUDQVSRUWHWGLVWULEXWLRQ
7DQGLVTXłRQWURXYHUDV\VW«PDWLTXHPHQWGHODPR\HQQHWHQVLRQbN9bN9bN9VXUOHVOLJQHV
GHWUDQVSRUWGHVU«VHDX[XUEDLQVGHIDLWSOXVFRPSOH[HVGHFRQFHSWLRQOHVPLQLU«VHDX[UXUDX[VRQW
HVVHQWLHOOHPHQWGLVWULEX«VHQEDVVHWHQVLRQbN9SRVVLEOHPHQWDSSX\«VSDUTXHOTXHVOLJQHV07
¢bN9GXIDLWGHVSOXVIDLEOHVGLVWDQFHVHWGHODPRLQGUHFDSDFLW«GHSXLVVDQFH¢WUDQVLWHU/D
GLII«UHQFHHVWOL«HGłXQHSDUW¢ODGHQVLW«GHSXLVVDQFHIRQFWLRQGHODGHQVLW«GHFRQVRPPDWHXUV
UDFFRUG«VHW¢ODQDWXUHGHVFRQVRPPDWHXUVHWGłDXWUHSDUW¢ODTXDQWLW«Gł«QHUJLHWUDQVLW«HSDU
XQLW«GHORQJXHXUGHU«VHDXb
!bHQ]RQHXUEDLQHbNPGHOLJQHEDVVHWHQVLRQSHXWGHVVHUYLUMXVTXł¢XVDJHUVHWIDLUHWUDQVLWHU
MXVTXł¢bN:KSDUMRXUb
!bHQ]RQHUXUDOHRQFRQVWDWHXQHPR\HQQHGłHQYLURQXVDJHUVSDUNPGHOLJQHODTXHOOHIDLW
WUDQVLWHU¢SHLQHbN:KSDUMRXU
LQDGDSW«HDX[PR\HQVŦQDQFLHUVGHV
SRSXODWLRQVUXUDOHV3DUDLOOHXUVODJHVWLRQ
HVWVRXYHQWFRQŦ«H¢XQRS«UDWHXU
GRQWOłLQW«JULW«HWODPRWLYDWLRQLQŧXHQW
IRUWHPHQWVXUODS«UHQQLW«GHOłLQVWDOODWLRQ
SRLQWGHIUDJLOLW«GHFHW\SHGHVFK«PD
Réseau urbain.
&RQVRPPDWLRQ«OHFWULTXHHQ]RQHXUEDLQHHWHQ]RQHUXUDOHb
quelques ordres de grandeur
URBAIN RURAL
x3
bN:KDQ bN:KDQ
&RQVRPPDWLRQPR\HQQHGłXQIR\HU &RQVRPPDWLRQPR\HQQH
«OHFWULŦ«HQYLOOH GłXQIR\HUUXUDO1
bN:KDQ
=
&RQVRPPDWLRQGłXQK¶WHOGHVWDQGLQJ Consommation de
PR\HQHQFHQWUHYLOOHGłXQHFDSLWDOH IR\HUVUXUDX[SDUDQ
DIULFDLQH
=
1 usine de textileHQS«ULSK«ULHGłXQH Consommation de
FDSLWDOHDIULFDLQH 500 villages ruraux
&RXUEHGHFKDUJH
*UDSKLTXHUHSU«VHQWDQWODSXLVVDQFH«OHFWULTXHDSSHO«HSDUXQVLWH¢Oł«FKHOOHGłXQHMRXUQ«H
/łLQW«JUDOHGHODFRXUEHGHFKDUJHVXUIDFHVLWX«HHQWUHOłD[HGHVDEVFLVVHHWODFRXUEHUHQVHLJQHOD
FRQVRPPDWLRQGł«QHUJLH«OHFWULTXHMRXUQDOLªUH
([HPSOHGłXQHFRXUEHGHFKDUJHH[SULP«HHQSXLVVDQFHDFWLYHN:
FłHVW¢GLUHHQSXLVVDQFHU«HOOHPHQWFRQVRPP«HSDUOHVDSSDUHLOV«OHFWULTXHV
utilisés sur le miniréseau
puissance
active (kW)
5
0
in
ir
id
so
at
m
m
$SSHOGHSXLVVDQFH
/HG«PDUUDJHGłXQPRWHXU«OHFWULTXHJ«QªUHGHVDSSHOVGłLQWHQVLW«MXVTXł¢GL[IRLVODYDOHXU
GHOłLQWHQVLW«GHIRQFWLRQQHPHQWQRPLQDO¢IDFWHXUGHFKDUJHWUªVG«JUDG«SHQGDQWTXHOTXHV
VHFRQGHV
([HPSOHGłXQHFRXUEHGHFKDUJHH[SULP«HHQSXLVVDQFHDFWLYHN:
HWHQSXLVVDQFHDSSDUHQWHN9$LOOXVWUDQWOHVDSSHOVGHFRXUDQWHWOHVIDFWHXUV
GHSXLVVDQFHGHVDSSDUHLOV«OHFWULTXHVXWLOLV«VVXUOHPLQLU«VHDX
puissance active
5
puissance apparente
0
in
ir
id
so
at
m
m
faible, ces opérations ont développé plusieurs Lassés des divergences de point de vue entre
bonnes pratiques, souvent suivies par les porteurs praticiens de l’ERD et des délais supplémentaires
de projet de miniréseaux actuels. Entre plusieurs induits par les approches sociales et institution-
échecs assumés, les ONG de l’électrification rurale nelles des projets portés par la société civile, les
ont pris le temps de démontrer par l’expérience les bailleurs de fonds et les ministères se tournent
invariants techniques, sociologiques et institution- désormais volontiers vers un secteur privé pro-
nels d’un programme d’électrification par miniré- posant des solutions plus rapides et apparem-
seau (cf. chapitre 3.5.4.). ment aussi efficientes.
3DUROHGHSURIHVVLRQQHOOH
Camille André-Bataille
4XHOOHVVRQWOHVSULQFLSDOHV«WDSHVHWOHVG«ODLVPR\HQVGHPLVHHQāXYUH
GłXQPLQLU«VHDXGHOłLGHQWLILFDWLRQGXVLWH¢ODPLVHHQVHUYLFHGHVRXYUDJHVb"
mb/RQJXHIDVWLGLHXVHODPLVHHQSODFHGłXQPLQLU«VHDXHVWSRQFWX«HGł«WDSHVFO«VTXL
G«SHQGHQWHQSDUWLHGHOłDFWLRQGHVVHUYLFHVDGPLQLVWUDWLIV1RXVFRPPHQ©RQVSDUGHV
HQTX¬WHVGHWHUUDLQDXSUªVGHVSDUWLHVSUHQDQWHVORFDOHVP«QDJHVXVDJHUVSURGXFWLIV
VHUYLFHVSXEOLFVDXWRULW«VORFDOHVHWFDILQGł«YDOXHUODGHPDQGH«QHUJ«WLTXHHWOHSRWHQWLHO
GHG«YHORSSHPHQWVRFLR«FRQRPLTXH
9LHQWHQVXLWHODV«FXULVDWLRQIRQFLªUH(OOHSHXWSUHQGUHSOXVLHXUVPRLVHQIRQFWLRQGHODYRORQW«
GHVDFWHXUVORFDX[GHVłHQJDJHUHWGHODGXU«HGHV«WDSHVWHFKQLTXHVERUQDJHSODQVHW
DGPLQLVWUDWLYHVFHUWLILFDWVGHVLWXDWLRQMXULGLTXHFRQYHQWLRQFRPPXQDOHGHPLVH¢GLVSRVLWLRQ
(QSUDWLTXHFHVG«PDUFKHVTXLGHYUDLHQW¬WUHHIIHFWX«HVSDUOHVORFDOLW«VE«Q«ILFLDLUHVDYHF
OłDSSXLGHOł$'(5VRQWVRXYHQWDVVXP«HVSDUOHSURPRWHXUGXSURMHWŊ8QHIRLVOHGRVVLHU
ILQDOLV«LOHVWG«SRV«¢Oł$'(5SRXUYLVDWHFKQLTXHSXLVDXU«JXODWHXUSXLVDXPLQLVWªUHSRXU
VLJQDWXUHGHVDXWRULVDWLRQVHWFRQFHVVLRQVFHTXLSHXWSUHQGUHGHX[¢KXLWPRLVb}
Camille Andre-Bataille, ingénieur et économiste de l’énergie et des projets bas carbone, elle œuvre
depuis cinq ans pour l’ERD et l’émergence de communautés rurales fortes à Madagascar et en
Afrique.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
Au final, l’usager n’a pas plus Sans volonté politique d’établir un service pub-
d’assurance sur la pérennité du service lic de l’électricité régulé et une péréquation tari-
et a moins de garanties sur son équité. faire a minima territoriale, les nouveaux modèles
Alors qu’un projet de miniréseau porté par les d’électrification 100 % privés ne bénéficieront
pouvoirs publics compétents et accompagné par donc pas directement aux plus modestes. Sur ces
des acteurs de la société civile veillera à l’équité du projets, l’avenir parlera, mais les premiers constats
service et à l’électrification de tous, un opérateur de terrain laissent entrevoir des méthodes et des
privé visera logiquement des zones à fort potentiel impacts assez éloignés d’une conception huma-
de développement économique. Il déploiera ses niste d’un droit à l’électricité.
réseaux électriques autour des principaux pôles L’électrification d’une zone rurale, quelle que
de consommation, pour une sélection d’usagers soit la solution, souligne, parfois même ren-
susceptibles de payer le service à un tarif inté- force, les inégalités sociales existantes (voir le
grant la rentabilité attendue des investisseurs. chapitre 2.4.1.). Mais ce n’est pas une fatalité :
(YROXWLRQGXQRPEUHGHFOLHQWVHWGHODFRQVRPPDWLRQGł«OHFWULFLW«DXFRXUV
GXWHPSV
500
300
200
100
1
10
13
15
ée
ée
ée
ée
ée
ée
nn
nn
nn
nn
nn
nn
A
A
A
A
A
(YROXWLRQGHODWU«VRUHULHDXFRXUVGHOłH[SORLWDWLRQ
Trésorerie (€)
100 000
80 000
60 000
40 000
20 000
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Années
la définition entre autres du taux d’hybridation par retour sur investissement cohérent à court terme
groupe électrogène, et la prise en compte des re- (idéalement cinq ans dans le contexte africain), et
nouvellements de matériel. des gains significatifs à moyen terme (les modèles
économiques sont élaborés avec des horizons de
Le modèle économique peut paraître simple : quinze à vingt-cinq ans) ?
il s’agit d’investir dans un outil de production
et de distribution d’électricité avec des coûts La réponse est évidemment bien plus com-
d’exploitation minimes (d’où l’essor des ENR), et plexe que la question, car un projet est soumis
de compenser l’investissement en vendant de à de multiples facteurs d’incertitude. Le cha-
l’électricité à des consommateurs. Mais, en pra- pitre 3.5.3. évoque de manière synthétique les
tique, plusieurs modèles coexistent, avec ou sans éléments qui fondent le ciment fragile du modèle
subventions, selon des logiques économiques d’électrification rurale par miniréseau et de son
traduisant des schémas opérationnels divers déploiement opérationnel dans le contexte actuel.
et des philosophies d’intervention parfois Préalablement, les fondamentaux techniques
opposées : sont repris dans un chapitre que les profession-
çEGTVCKPU RGVKVU QRªTCVGWTU NQECWZ GV KPFªRGP- nels du secteur de l’énergie pourront passer, mais
dants présents sur le terrain depuis des années qui permettra aux autres lecteurs de mieux com-
et proches de leurs clients affichent une rentabi- prendre quels sont les sous-jacents de la mise en
lité minime mais suffisante grâce à quelques sub- place et de l’exploitation d’un miniréseau. }
ventions à l’investissement1 ;
çFàCWVTGU CEVGWTU FG NàªPGTIKG FàGPXGTIWTG RCT-
fois internationale2, se lancent dans le mé-
tier d’opérateur en visant plusieurs centaines
de villages à fort potentiel pour mutualiser les
coûts ; ils optent le plus souvent pour des solu-
tions « containérisées » et/ou « connectées »
permettant une gestion à distance ou avec une
présence locale minime ;
çFG NGWT EµVª NGU 10) EQPVKPWGPV FG RNCKFGT GP
faveur d’un droit à l’électricité pour tous (d’autant
plus si elle est de source renouvelable et lo-
cale), de promouvoir une gestion privée locale
et incarnée et de démontrer la nécessité de sub-
ventionner a minima l’investissement, et parfois
aussi l’exploitation (comme le renouvellement,
les extensions).
La question posée par les développeurs à la 1. Comme la société EOSOL, qui opère à Madagascar - (cf. Interview
recherche d’un modèle économique viable de Camille Bataille sur la page web de l’ouvrage : http://www.
fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/ )
sans subvention est simple et essentielle : inve-
2. Comme les groupes français Orange, EDF, Engie, Schneider
stir aujourd’hui dans un miniréseau offre-t-il un Electric ou Sagemcom.
3.5.2.
Miniréseaux : rappel des fondamentaux techniques
3ULQFLSHGłXQPLQLU«VHDXVRODLUH
([HPSOHGHVŧX[GHSXLVVDQFHVXUXQPLQLU«VHDXGHN:FMRXUQ«HW\SHGHbKHXUHV
puissance (kW)
10
puissance appelée
par le miniréseau
6
-2
-4
0.00 2.00 4.00 6.00 8.00 10.00 12.00 14.00 16.00 18.00 20.00 22.00 0.00
heures de la journée
Les systèmes hybrides : la voie étroite en effet sur l’évaluation de la demande prévisi-
d’une certaine souplesse onnelle actuelle et future, elle-même fortement
S’il est relativement simple d’estimer les besoins dépendante de plusieurs éléments, plus ou moins
en électricité d’un ménage pour dimensionner un maîtrisables par les concepteurs du projet :
SSI domestique, modéliser la demande en élec- çNCRQNKVKSWGVCTKHCKTGGPXKUCIªGa
tricité d’une communauté rurale et anticiper son çNGU NKOKVCVKQPU VGEJPKSWGU KORQUªGU CWZ
évolution n’est pas évident. consommateurs (la qualité du gisement local et
la puissance du système de production installé
Combien de ménages se raccorderont au miniré- limitent la quantité d’électricité disponible pour
seau ? De nouvelles activités économiques con- les usagers ; cf. encadré) ;
sommatrices d’électricité vont-elles apparaître ? çNGU RQUUKDKNKVªU FG FªXGNQRRGOGPV ªEQPQOKSWG
Quelle sera l’évolution de la demande dans le de la zone.
temps ? Ces questions doivent être impérative-
ment posées en amont de la conception d’un En revanche, certains facteurs techniques, cli-
miniréseau. Le dimensionnement correct d’une matiques, sociologiques ou politiques sont plus
centrale solaire alimentant un miniréseau s’appuie évanescents. Dans un contexte rural où on ne
6\VWªPHK\EULGHDYHFFRQYHUWLVVHXUPXOWLIRQFWLRQQHOPRQRSKDV«
Relais
de transfert
*URXSH«OHFWURJªQH
Eclairage
Convertisseur
multifonctionnel
Audiovisuel
2QGXOHXU
ELGLUHFWLRQQHO
Bus DC
Informatique
Régulateur
Générateur
SKRWRYROWD±TXH
%LHQFRPSUHQGUHOHVOLPLWHV«QHUJ«WLTXHVGłXQH
FHQWUDOHVRODLUHRX«ROLHQQHSDUUDSSRUW¢XQH
FHQWUDOHWKHUPLTXHDOLPHQW«HSDUJURXSH«OHFWURJªQH
8QHcentrale solaireGHN:FSRXUUD«JDOHPHQWVLOHVRQGXOHXUVOHSHUPHWWHQW
GLVSRVHUGłXQHFDSDFLW«GHSXLVVDQFHLQVWDQWDQ«HGHN9$PDLVQHSRXUUDUHVWLWXHU
VXUXQHMRXUQ«HHQVROHLOO«HTXH¢bN:KHWIRLVPRLQVSDUWHPSVSOXYLHX[
&HV\VWªPHQHGLVSRVDQWSDVGHU«VHUYHOHVEHVRLQVMRXUQDOLHUVHQ«OHFWULFLW«GXVLWH
¢DOLPHQWHUGRLYHQWUHVWHUHQGH©¢GHVFDSDFLW«VGHSURGXFWLRQTXRWLGLHQQHVTXLVRQWŦJ«HV6LOH
V\VWªPHHVWVROOLFLW«SRXUSOXVGł«QHUJLHLOVHPHWWUDHQV«FXULW«HWVłDUU¬WHUDDXWRPDWLTXHPHQW
dispose que rarement de statistiques fiables, il l’investissement initial et les charges d’exploitation
est difficile d’écarter l’incertitude de l’équation du (renouvellement).
dimensionnement. Mais cette flexibilité a un prix : chaque kWh addi-
tionnel produit par le groupe électrogène coûte
L’hybridation, association d’un groupe élec- plus cher à l’opérateur que les kWh solaires… et
trogène à une centrale solaire autonome, per- émet des gaz à effet de serre, pénalisant le bilan
met justement de pallier en partie la variation de environnemental de l’ensemble.
la demande en électricité. Le groupe électrogène
prendra le relais de la centrale solaire : D’autres hybridations, associant plusieurs
çGP ECU FG HQTVG FGOCPFG RQPEVWGNNG XQKTG FG sources différentes, éolien/solaire, hydro/solaire
manière plus systématique si la demande a pro- sont possibles. Très stimulants pour les ingé-
gressé au-delà des prévisions ; nieurs et les développeurs de logiciels de concep-
çRGPFCPV WPG RªTKQFG FàCDUGPEG RTQNQPIªG FG tion, ces systèmes se heurtent à leur cherté et à
soleil ; une forte complexité opérationnelle, qu’il est
çGP ECU FG FªHCKNNCPEGU FGU ªSWKRGOGPVU nécessaire d’anticiper.
photovoltaïques.
Sa présence permet également de réduire le
parc d’accumulateurs (le groupe électrogène
peut être activé le soir pour préserver les bat-
teries), dont le coût pèse significativement sur
L’interface avec le client final, créée Un miniréseau solaire, conçu pour délivrer quo-
par le raccordement, constitue tidiennement une quantité d’énergie électrique
un point névralgique du dispositif finie, doit être en mesure de maîtriser les consom-
d’exploitation. mations de chaque usager. Même si une tarifica-
Le dernier maillon technique d’un miniréseau tion dissuasive peut servir de régulateur naturel,
est le raccordement des d’utilisateurs – que la un miniréseau solaire conçu pour alimenter une
pratique a décidé de classer en trois catégories dizaine d’acteurs économiques « productifs » ne
(domestiques, économiques, communautaires). pourra pas techniquement satisfaire la demande
Cette interface entre le miniréseau et l’utilisateur d’une dizaine d’activités supplémentaires.
est essentielle à l’équilibre social, économique et
fonctionnel de l’ouvrage.
© Fondation Energies pour le Monde
.C SWCPVKVª FàªPGTIKG ªNGEVTKSWG EQPUQOOªG matinée et l’après-midi, pendant la période de fort
RCT LQWT FQKV GNNG CWUUK «VTG EKTEQPUETKVG car ensoleillement.
elle est limitée par la source elle-même. Certains
limiteurs de puissance disposent de limiteurs L’interface client doit également rassembler les
d’énergie : sur une base de 24 heures, ils « laissent dispositifs de protection des personnes et des
passer » une quantité finie de kWh chez l’usager. biens : l’électricité distribuée par un miniréseau
D’autres équipements, comme les interrupteurs solaire de quelques kW est tout aussi mortelle
horaires, permettent de limiter le fonctionnement que celle distribuée en ville. On retrouvera ainsi
du service à certaines plages seulement et un minimum de dispositifs de protection : dis-
d’optimiser la capacité de production par rap- joncteurs, protection différentielle le cas éché-
port aux besoins des usagers. Il est ainsi possible ant. Enfin, le dispositif doit être compréhensible
d’accroître le nombre d’acteurs économiques par l’utilisateur. Il est important de diffuser une
à forte demande raccordés au miniréseau en notice illustrée sur le fonctionnement du service,
répartissant leur utilisation du service entre la ses limites et ses risques, en plus des campagnes
/HSUREOªPHGHVGLVMRQFWHXUVVXUOHVPLQLU«VHDX[
autonomes
3DUKDELWXGHOHVLQWHUIDFHVFOLHQWVGHQRPEUHX[PLQLU«VHDX[VRQW«TXLS«HVGHGLVMRQFWHXUV
FODVVLTXHVFRPPHHQYLOOHŊGRQWODIRQFWLRQHVWGHG«FRQQHFWHUODFKDUJHHQFDVGHVXULQWHQVLW«
XWLOLVDWLRQGłXQDSSDUHLOWURSSXLVVDQWRXGHFRXUWFLUFXLWIUDQFU«FHSWHXU«OHFWULTXHHQG«IDXW
GDQVXQHKDELWDWLRQ&HSHQGDQWOHVWHPSVGHU«SRQVHGHFHVGLVSRVLWLIVGHFRXSXUHFRQ©XVSRXU
OHVU«VHDX[XUEDLQVVRQWODSOXSDUWGXWHPSVSOXVORQJVTXHODFRXSXUHGHSURWHFWLRQ«OHFWURQLTXH
DXVHLQGHVRQGXOHXUVGHODFHQWUDOH
3DUFRQV«TXHQWHQFDVGHG«IDXWIUDQFFKH]XQXVDJHUFHQłHVWSDVOHGLVMRQFWHXUTXLRXYUHPDLV
WRXWHODFHQWUDOHTXLVHPHWHQG«IDXWb(OOHQHSRXUUDUHG«PDUUHUTXłXQHIRLVOHG«IDXWFRUULJ«
0DLVFRPPHQWWURXYHUOłRULJLQHGXFRXUWFLUFXLWSDUPLSOXVLHXUVFHQWDLQHVGłXVDJHUVUDFFRUG«Vb"
/łH[HUFLFHSHXWSUHQGUHSOXVLHXUVKHXUHVVLWRXWHIRLVXQRS«UDWHXUWHFKQLTXHFRPS«WHQWHVW
LPP«GLDWHPHQWPRELOLVDEOHORFDOHPHQW
&HWH[HPSOHSDUPLWDQWGłDXWUHVGRLWIDLUHU«ŧ«FKLUOHVFRQFHSWHXUVTXLVHUDLHQWWHQW«V
GHUHVWUHLQGUHDXPD[LPXPODSU«VHQFHGłXQRS«UDWHXUWHFKQLTXHFRPS«WHQWVXUVLWH
de sensibilisation. Pour prévenir la fraude, notam- Au-delà des problématiques de recouvrement (cf.
ment s’il n’y a pas d’opérateur physique sur site, chapitres 2.4.4.), ce dispositif, toujours répandu,
on peut envisager le plombage ou tout autre dis- tend à être rapidement remplacé par les systèmes
positif de protection posé sur le boîtier. La sensi- de prépaiement, dont les récents progrès per-
bilisation et l’exemplarité de certains consomma- mettent la diffusion au sein des miniréseaux ruraux.
teurs sont également des facteurs de cohésion et
d’adhésion aux règles du jeu (cf. chapitre 3.5.3.). Simple et ergonomique, le prépaiement
se diffuse largement.
Le comptage de l’énergie électrique Répondant aux habitudes de consommation pay
reste la clé de voûte de la facturation as you go qui se sont ancrées avec l’essor de la té-
et de l’équilibre économique d’un léphonie mobile en Afrique, le prépaiement du ser-
miniréseau. vice électrique est d’un principe simple : un crédit
Les premiers miniréseaux ont été équipés de de kWh est acheté à l’avance puis consommé.
compteurs électromécaniques classiques, à Très répandu dans de nombreuses capitales
l’instar des réseaux urbains. Robustes et normali- africaines, ce système limite théoriquement la
sés, ils assurent un comptage précis de l’électricité fraude et assure le paiement de l’électricité effec-
consommée par le client et permettent une factura- tivement consommée :
tion au réel : en pratique, l’usager paie a posteriori les çFCPU NGU U[UV©OGU UKORNGU NàWVKNKUCVGWT FW OKPK-
kWh qu’il a consommés sur la période passée. réseau se procure un code (qui correspond à un
3DUROHGHSURIHVVLRQQHOOH
Camille André-Bataille
(RVROG«YHORSSHHWH[SORLWHGHVPLQLU«VHDX[VRODLUHV¢0DGDJDVFDUHQXWLOLVDQW
GHVV\VWªPHVGHSU«SDLHPHQWFRQQHFW«V$XGHO¢GXUHFRXYUHPHQWGHVSDLHPHQWV
TXHOVVRQWOHVDYDQWDJHVGHFHVV\VWªPHVQXP«ULTXHVb"
mb/łXWLOLVDWLRQGłXQHVROXWLRQGHFRPSWDJHHWGHPRQLWRULQJLQWHOOLJHQWHHWDFFHVVLEOH
¢GLVWDQFHHVWXQDWRXWLQG«QLDEOHbHOOHFRQVWLWXH¢ODIRLVXQRXWLOGHVXLYLHWGłDQDO\VH
HWXQRXWLOGłDLGH¢ODSULVHGHG«FLVLRQ&HVV\VWªPHVSHUPHWWHQWGHSURSRVHUSOXVLHXUV
WDULILFDWLRQVHWGHVPRGDOLW«VGHSDLHPHQWPRGHUQHVHWDGDSW«HVDXFRQWH[WHUXUDO
SU«SDLHPHQWSRVWSDLHPHQW«FK«DQFLHUPDLVVXUWRXWGłHIIHFWXHUXQVXLYLHWXQHDQDO\VH
GHODFRQVRPPDWLRQHQWHPSVU«HOHWHQFXPXO«VHORQSOXVLHXUVLQGLFDWHXUVFRPPHOHW\SH
GłXVDJHUOHW\SHGHFRQQH[LRQODS«ULRGHODIU«TXHQFHHWF1RXVSRXYRQVDLQVLDQWLFLSHU
OHVEHVRLQVWHFKQLTXHVH[WHQVLRQRXFRPPHUFLDX[DFWLRQRXVHQVLELOLVDWLRQFLEO«HRIIUH
LQFLWDWLYH«Y«QHPHQWVPDUNHWLQJHWF/łREMHFWLIHVWGHIRXUQLUGHVVHUYLFHVGHTXDOLW«WRXW
HQDVVXUDQWODSHUIRUPDQFH«FRQRPLTXHGXPRGªOHb}
Camille André-Bataille, ingénieur et économiste de l’énergie et des projets bas carbone, œuvre
depuis cinq ans pour l’ERD et l’émergence de communautés rurales fortes
à Madagascar et en Afrique.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
crédit de kWh ou à un crédit de temps) et le saisit les récepteurs. Ce point de détail, souvent né-
sur son compteur. Ce dernier s’active, il informera gligé, peut perturber l’équilibre énergétique du
l’usager lorsque la fin de son crédit sera proche, miniréseau dans son ensemble ;
afin qu’il se procure une nouvelle recharge ; çUQP WVKNKUCVKQP UàCX©TG EQ¼VGWUG RQWT NGU RGVKVU
çFCPU NGU OKPKTªUGCWZ TªEGPVU GV GP EQWTU FG exploitants : la mise en place d’un dispositif de
développement, plus sophistiqués, la codifica- prépaiement à l’électronique complexe, plus fra-
tion n’est plus manuelle mais pilotée à distance gile que celle d’un compteur traditionnel, exige la
grâce aux compteurs intelligents, déjà utilisés présence sur site de matériel informatique, d’une
par les opérateurs PAYG (cf. chapitre 3.2.2.). connexion Internet, de personnel compétent et,
Mais dans la réalité, l’application de cette innova- souvent, du paiement d’une licence annuelle. En-
tion aux miniréseaux n’est pas si simple : visageables pour un opérateur gérant plusieurs
çNCOKUGGPRNCEGFWFKURQUKVKHGUVRCTHQKUCDUWTFGa miniréseaux et des milliers d’usagers, ces inves-
certains ménages ruraux consommant moins de tissements connexes sont économiquement im-
0,1 kWh/jour, il arrive que le compteur intelligent possibles pour une installation isolée de quelques
soit le premier poste de consommation, devant centaines de clients.
© DR Mamourou Sonomou
des exploitants, des industriels ont développé des
solutions intégrées de comptage intelligent spé-
cialement conçues pour les miniréseaux ruraux.
)L[HU¢XQSRWHDX
A ce jour, la solution technique idéale pour la ges-
RX¢XQE¤WLPHQW tion d’un miniréseau n’existe pas. Il serait judicieux
de partager collectivement les retours des diver-
ses expériences conduites, afin d’orienter la pro-
fession vers une standardisation des interfaces.
Mais la percée de plusieurs dizaines de nouveaux
acteurs, sans concertation ni régulation, semble
écarter une telle perspective à court terme.
9HUVOHF¤EODJHGRPHVWLTXH
En revanche, il est d’ores et déjà possible de tirer
de nombreuses leçons des projets de miniré-
seaux conduits depuis plusieurs décennies par
6RXUFHb Spark Meter, https://www.sparkmeter.io/.
les acteurs historiques de l’ERD. }
3U«SDLHPHQWbODFRGLŦFDWLRQ6WDQGDUG7UDQVIHU
6SHFLŦFDWLRQ676
/DQRUPH676G«ŦQLWOHFDGUHWHFKQLTXHGłXQV\VWªPHV«FXULV«GHWUDQVIHUWGłLQIRUPDWLRQHQWUH
XQSRLQWGHYHQWHHWXQFRPSWHXUGł«OHFWULFLW«
(OOHHVWDGPLQLVWU«HSDUOłDVVRFLDWLRQLQWHUQDWLRQDOH676EDV«HHQ$IULTXHGX6XGHWFRIRQG«H
SDUSOXVLHXUVFRQVWUXFWHXUVGHFRPSWHXUV«OHFWULTXHVTXLHVWJDUDQWHGHVOLFHQFHV676DFFRUG«HV
DX[IDEULFDQWVSRXUGHVFRPSWHXUVWHVW«VHWYDOLG«VHQODERUDWRLUH(OOHU«I«UHQFH«JDOHPHQWOHV
RS«UDWHXUVXWLOLVDQWFHVPDW«ULHOVHWOHXUIRXUQLWOHVFO«VGHFU\SWDJHVS«FLŦTXHPHQWFRQ©XHVSRXU
FKDFXQ
/HV\VWªPH676JDUDQWLWGłDERUGOłLQWHURS«UDELOLW«HQWUHOHVFRPSRVDQWVGHVV\VWªPHVSURGXLWV
SDUGLYHUVIDEULFDQWVGHFRPSWHXUVSU«SD\«VHWGHVV\VWªPHVGHYHQWHFRQIRUPHVDX[QRUPHV
676'HFHWWHID©RQOłRS«UDWHXUQłHVWSDVWULEXWDLUHGłXQVHXOIDEULFDQWbHQFDVGHG«IDLOODQFHGH
PDW«ULHOGłLQWHUUXSWLRQGHSURGXFWLRQRXGHWDULIGHYHQXSURKLELWLILOSHXWVHWRXUQHUYHUVXQDXWUH
IRXUQLVVHXUWLWXODLUHGłXQHOLFHQFH676VDQVPRGLŦHUVRQLQIUDVWUXFWXUHDFWXHOOH
/HGHX[LªPHDWRXWGHODOLFHQFH676HVWGHUHQGUHLPSRVVLEOHODIUDXGHHWOHPDUFK«QRLUGHFU«GLWV
Gł«QHUJLH&KDTXHMHWRQJ«Q«U«SDUOłRS«UDWHXU¢ODGHPDQGHGHOłDERQQ«VHUDYDODEOHXQLTXHPHQW
VXUOHFRPSWHXUGHFHWDERQQ«HWHQFRG«GHPDQLªUH¢FHTXłLOVRLWLQIDOVLŦDEOHLPSRVVLELOLW«GH
PRGLŦHUOHVLQIRUPDWLRQVFRPPHOHPRQWDQWDOORX«RXOHVSDUDPªWUHVGHU«JODJHGXFRPSWHXU(Q
RXWUHHQFDVGHYROGHWLFNHWGHFRPSWHXURXGHVVHUYHXUVHWER°WLHUVGHFU\SWDJHOHVMHWRQVJ«Q«U«V
QHVRQWXWLOLVDEOHVQLVXUGłDXWUHVFRPSWHXUVQLFKH]XQDXWUHRS«UDWHXU
&HVVHUYLFHVSD\DQWVGRLYHQW¬WUHSULVHQFRPSWHGDQVOHSODQGłDIIDLUHVGHOłRS«UDWHXU
&HGHUQLHUGRLWVłDFTXLWWHUGHOłDFKDWPLQLPDOFKDTXHDQQ«HGHMHWRQVSRXUXQSUL[GH86'
3.5.3.
Les miniréseaux ruraux par EnR : retour
d’expériences et pistes de réflexion.
Du ciblage territorial à l’entretien des infrastruc- des opérateurs locaux à en assurer une exploi-
tures électriques, de la tarification à la sélection tation pérenne ou encore la capacité des entités
de l’exploitant (ou opérateur), ce chapitre ex- institutionnelles à en garantir une supervision ré-
plore, de manière synthétique et sans prétendre gulée. Selon cette conception, l’option des mini-
à l’exhaustivité, les différents facteurs à prendre réseaux doit être retenue lorsque les conditions
en considération pour réussir la conception, suivantes sont réunies :
la réalisation et l’exploitation d’un ou plusieurs çWPG RQRWNCVKQP UKIPKăECVKXG GV WPG FGPUKVª FG
miniréseaux concertés. l’habitat élevée ;
çWP RQVGPVKGN FG ETQKUUCPEG ªEQPQOKSWG UKIPK-
Illustré d’exemples et de retours de terrain con- ficatif (agriculture de transformation, tourisme,
crets, il vise à valoriser les pratiques susceptibles pêche) ;
de pallier les défaillances des modèles existants çWPGlaTKEJGUUGNQECNGa|U[PQP[OGFGECRCEKVª¡
et à partager les multiples questions que soulève payer le service électrique.
un schéma d’électrification qui n’est pas encore
pleinement mature. Or les praticiens et les observateurs de terrain
décrivent une réalité bien différente : la corréla-
Les raccourcis de la planification : tion entre la capacité théorique d’un territoire à
quels critères pour déployer un se doter d’un miniréseau et la pérennité effective
miniréseau ? de l’ouvrage n’est pas démontrée. Cette pérennité
Les premières études de planification procède d’un équilibre plus complexe.
d’électrification de grande ampleur réalisées
en Afrique datent du début des années 2000, Faire le choix de déployer un miniréseau sur un
lorsque le déploiement de miniréseaux diesels territoire exige une approche fine, multidimen-
s’est opéré sous l’égide de la Banque mondiale, sionnelle, patiente. Le porteur du projet doit
avec la contribution des agences d’électrification prendre le temps nécessaire pour se forger des
rurale nouvellement créées. Procédant parfois convictions sur les points suivants :
d’analyses trop macroscopiques ou trop rapides, çNGPKXGCWTªGNFàCEEGRVCVKQPFGUHWVWTUCDQPPªU
ces études envisageaient plusieurs « schémas » au-delà du « oui » apparemment unanime que
d’électrification rurale pour un territoire, mêlant suscite l’annonce d’un projet d’électrification ;
plusieurs types de solution : SSI pour l’habitat çNCPCVWTGFGNCFGOCPFGGPªNGEVTKEKVªGVNGURQU-
dispersé, extension de réseau pour les localités sibilités de sa progression ;
proches des villes électrifiées, miniréseaux pour çNGUECRCEKVªUTªGNNGUFàCRRTQRTKCVKQPNQECNGa
les localités rurales à forte densité. çNGUECRCEKVªUGVNCRTQRGPUKQP¡RC[GTNGUGTXKEG
Aujourd’hui encore, certains rapports d’étude de de l’électricité ;
planification tiennent pour acquises la solidité çNGU KORCEVU UQEKQNQIKSWGU GV ªEQPQOKSWGU FG
technique des solutions envisagées, la capacité l’arrivée de l’électricité.
([HPSOHGHFRXUEHGHFKDUJHbVF«QDULRPD[LPXPvsVF«QDULRSRQG«U«
6&1$5,2b&211(&76$11(
&285%('(&+$5*(m02<(11(}5(&2167,78(
Puissance
moyenne
en kW
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Économiques
20 Communautaires
Ménages
15
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
Heures pour une journée type
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SKRWRYROWD±TXHHWGHV«O«PHQWVGHVWRFNDJHDOLPHQWHXQHORFDOLW«GłHQYLURQbSHUVRQQHVDYHF
HQYLURQFOLHQWVUDFFRUG«V
/HQRPEUHGHUDFFRUGHPHQWVGHX[DQVDSUªVODPLVHHQVHUYLFHHVWUHVW«VWDEOHODFRQVRPPDWLRQ
Gł«OHFWULFLW«DEDLVV«GHbFRQVWDWU«DOLV«SDUOłRS«UDWHXUHQWUHbHWbSRXUDWWHLQGUH
HQYLURQbN:KFOLHQWVMRXUWRXVVHFWHXUVFRQIRQGXV
/HVUDLVRQV«YRTX«HV«WDLHQWWRXW¢IDLW
FRPSU«KHQVLEOHV
'XSRLQWGHYXHGHOłXWLOLVDWHXUb
LbG«FRUWLTXHXVH¢PRWHXUWKHUPLTXHG«M¢
LQYHVWLHŦDEOHHWUREXVWHLLSDVHQYLH
GłH[WHUQDOLVHUOłDSSURYLVLRQQHPHQW«QHUJ«WLTXH
GHOłDFWLYLW«4XHVHSDVVHWLOVLODFHQWUDOH
HVWHQSDQQHOHMRXUR»OłRQGRLWG«FRUWLTXHU
SUHVTXHbKHXUHVVXUb"
© Fondation Energies pour le Monde
,GHPGXSRLQWGHYXHGHOłRS«UDWHXUGX
PLQLU«VHDXbFRQFHYRLUXQHFHQWUDOHSRXYDQW
DFFXHLOOLUTXHOTXHVPRLVSDUDQXQHRX
SOXVLHXUVG«FRUWLTXHXVHVFRQVRPPDQW¢HOOHV
VHXOHVHQXQHMRXUQ«HOł«TXLYDOHQWGHVEHVRLQV
HQ«OHFWULFLW«GHWRXWOHYLOODJHH[LJHUDLWXQ
EHVRLQGHVXUFDSDFLW«GHSURGXFWLRQTXL
UHVWHUDLWQRQXWLOLV«OHUHVWHGHOłDQQ«H
Décortiqueuse.
Ainsi, ce sont davantage l’expérience du por- Définir un périmètre réseau est donc un exercice
teur de projet, sa connaissance fine des facteurs délicat, nécessitant diplomatie et flexibilité : entre
socio-économiques locaux, l’analyse des retours les premières études de dimensionnement et la
d’expérience menés à proximité du site et la re- pose des équipements, des modifications signifi-
connaissance d’une marge d’incertitude qui doi- catives sont inévitables.
vent guider la conception d’un système décen-
tralisé d’électrification.
ç&WRQKPVFGXWGFGNàKPXGUVKUUGWTQRªTCVGWTale
pragmatisme commande de tirer des lignes en
fonction des seuls points de consommation co-
hérents (lieux d’activités économiques, zones à
forte densité d’habitations ou situées le long des
principaux axes de circulation). Exemple de traçage de réseau.
ç&WRQKPVFGXWGFWTªIWNCVGWTa rien ne vient a Rouge : réseau primaire
priori justifier l’exclusion de certaines habitations Orange : réseau secondaire
Bleu : réseau tertiaire
ou de bâtiments publics du périmètre réseau,
même s’ils sont de très faibles consommateurs
et de mauvais payeurs (cf. encadré).
ç&W RQKPV FG XWG FGU RQRWNCVKQPU NQECNGUa le
périmètre doit être le plus large possible et te-
© Fondation Energies pour le Monde
d’une même courbe de charge pour un site donné, appoint quotidien, ce qui complexifie technique-
il y aura autant de dimensionnements et d’équilibres ment et économiquement l’exploitation. En effet,
CAPEX/OPEX qu’il y a d’ingénieurs, de méthodes le parc batteries est alors à renouveler plus régu-
d’analyse des contraintes ou de valeurs : lièrement. D’où des exigences de rentabilité plus
çWPG10)CUUWTCPVNàGUUGPVKGNFGNàKPXGUVKUUGOGPV fortes afin de pouvoir réinvestir des sommes
grâce à une subvention concevra un système so- conséquentes dans le nouveau matériel.
laire avec un parc batteries conséquent (CAPEX
élevé) pour limiter les OPEX tout en maximis- Comment construire les miniréseaux ?
ant la durée de vie de l’installation. Cela lui per- A partir des arbitrages énergétiques et du di-
met d’assurer un tarif de l’électricité abordable mensionnement de l’unité de production et du
à tous les usagers, calculé sur la base des coûts miniréseau associé, le maître d’œuvre conçoit
d’exploitation uniquement ; l’architecture globale du système électrique.
ç¡ NàKPXGTUG WP QRªTCVGWT RTKXª TªCNKUCPV NGU KP- A cette étape, il s’agit encore de trouver l’équilibre
vestissements cherchera à réduire la taille du entre l’exigence de qualité (performance et du-
parc batteries et des infrastructures en général rée de vie) et la cohérence économique (coûts
pour limiter le CAPEX et le risque en capital ; le d’investissement ajustés).
groupe électrogène devient alors rapidement un Si de nombreuses approches sont possibles, deux
dominent actuellement :
Solutions çNC RTGOK©TG FCPU WPG FªOCTEJG ªRTQWXªG
FRQWDLQHULV«HVb GPEQWTCIG WP NCTIG VTCPUHGTV FG EQORªVGP
TXHOOHS«UHQQLW«b" EGU XGTU NGU CEVGWTU NQECWZ l’appropriation
des technologies par les exploitants, le recours
0RLQVFR½WHXVHVHWSOXVVLPSOHVPDLV aux entreprises locales pour la construction,
DXVVLPRLQVGRFXPHQW«HVFHVVROXWLRQV privilégiant les matériels et les composants dis-
VRQWWURSU«FHQWHVSRXUTXłRQSXLVVH ponibles et maîtrisés dans la région ;
WLUHUGHVFRQFOXVLRQVVXUOHXUDGRSWLRQ çNC UGEQPFG RNWU KPPQXCPVG UWT NG RNCP VGEJ-
SDUOHVSRSXODWLRQVRXVXUOHUHVSHFWGHV PQNQIKSWG UàQTKGPVG XGTU FGU UQNWVKQPU
HQJDJHPHQWVFRQWUDFWXHOVHQPDWLªUHGH la EQPVCKPªTKUªGUa | : des centrales de produc-
JDUDQWLHHWGHVXLYLGHV«TXLSHPHQWVSDU tion sont conçues, assemblées et câblées dans
OHFRQVWUXFWHXU les locaux du fournisseur (souvent européen),
1«DQPRLQVOHVV\VWªPHVFRQWDLQ«ULV«V puis sont livrées « prêtes à l’emploi » sur le ter-
FRQQHFW«VUHSRVHQWDSULRULVXUXQH rain. Monitorées à distance, les infrastructures
ORJLTXHPDUFKDQGHSOXW¶W«ORLJQ«HGHV électriques ne nécessitent aucune mainte-
IRQGDPHQWDX[GHG«YHORSSHPHQWKXPDLQ nance et n’exigent, à l’exception d’un gardien et
VXUOHVTXHOVVłHVWFRQVWLWX«HOł(5'HWGHV d’un éventuel représentant commercial pour les
ERQQHVKDELWXGHVPLVHVHQDYDQWSDUOHV premières connexions, pas de personnel local
SUDWLFLHQV permanent. La gestion, grâce au prépaiement
&HUWDLQVSD\VGł$IULTXHGHOł2XHVWYRLHQW par mobile money, est entièrement dématériali-
VHFRQVWUXLUHGHQRPEUHX[PLQLU«VHDX[ sée. Eloigné de la réappropriation citoyenne du
VHORQGHVS«ULPªWUHVG«ŦQLV¢SDUWLUGłXQH bien commun énergétique, et encore au stade
SKRWRVDWHOOLWHOLYU«VVXUSODFHmbFO«VHQ expérimental, ce modèle doit prouver sa perti-
PDLQb}VDQVSU«VHQFHGłRS«UDWHXUVXU nence dans le temps (cf. encadré).
VLWHQLSHUVRQQHOGHPDLQWHQDQFHVDQV
VHQVLELOLVDWLRQSU«DODEOHGHVXVDJHUVVDQV L’opérateur : un acteur essentiel,
WUDQVIHUWGHFRPS«WHQFHVYHUVOHVDFWHXUV dont la qualité est déterminante
ORFDX[ pour la pérennité d’un miniréseau.
'ªVORUVGLIŦFLOHGHYRLUGDQVFHVV\VWªPHV Il n’existe pas de définition de référence d’un
XQHVROXWLRQGłDYHQLUHQWRXWFDVWHOVTXłLOV « opérateur » d’un miniréseau. Intervenant selon
VHG«SORLHQWDXMRXUGłKXL,QW«JUHUXQH diverses modalités, il joue un rôle central à toutes
ORJLTXHGłDSSURSULDWLRQORFDOHREOLJHUDLW¢ les phases du projet :
UHYRLUOHXUPRGªOH«FRQRPLTXHLQW«JUHU çFG PCVWTG KPUVKVWVKQPPGNNG CUUQEKCVKXG QW RTKXªG
GHVFR½WVGłDFFRPSDJQHPHQWHWRX¢ cadré ou non par un contrat d’autorisation, de
RUJDQLVHUGLII«UHPPHQWOHXUSURGXFWLRQ concession ou d’affermage (il est alors délé-
DVVHPEODJHU«DOLV«DX6XGHWQRQSOXVDX gataire de service public), l’opérateur est char-
1RUG gé d’exploiter les ouvrages d’électrification en
place. Il est ainsi également désigné sous le
terme d’« exploitant » ;
çSWàKN UQKV QW PQP NàWP FGU KPXGUVKUUGWTU FGU
3DUROHGHSURIHVVLRQQHOOH
Elodie Hestin
9RXVSURSRVH]GHVVROXWLRQVGLWHVmbFRQWDLQ«ULV«HVb}DYHFGHVEDWWHULHVOLLRQ%HDXFRXS
GłH[SHUWVVRQWVFHSWLTXHVVXUODYLDELOLW«GHFHVV\VWªPHVGDQVGHVHQYLURQQHPHQWV
FOLPDWLTXHPHQWUXGHVHWWUªVHQFODY«V4XHOOHHVWYRWUHSRVLWLRQb"
mb$XVHLQGHOD%8(QHUJ\6WRUDJHQRXVDYRQVPLVHQSODFHXQH«TXLSHWHFKQLTXH
HQWLªUHPHQWG«GL«H¢GHVSURMHWVńFO«HQPDLQŅ&HWWH«TXLSHHVWFRPSRV«HGHVS«FLDOLVWHV
TXLSDUWLFLSHQWDX[VS«FLILFDWLRQVGHVROXWLRQVFRQWDLQ«ULV«HVXQLTXHV$LQVLHQEDVDQW
OHVVROXWLRQVVXUXQHRIIUHVWDQGDUGFRQQXHHWWHVW«HDLQVLTXłHQFDSLWDOLVDQWVXUQRWUH
H[S«ULHQFHDYHFOHVVROXWLRQV8368QLQWHUUXSWLEOH3RZHU6XSSO\OHV«TXLSHVSUHQQHQW
HQFRQVLG«UDWLRQOHVVS«FLILFLW«VQRWDPPHQWHQYLURQQHPHQWDOHVGHFKDTXHSURMHWDILQGH
G«ILQLUGHVFOLPDWLVDWLRQVGHVSHLQWXUHVGHV«TXLSHPHQWVGHV«FXULW«LQFHQGLHŊDGDSW«V
'HSOXV«WDQWHQUHODWLRQU«JXOLªUHDYHFOHVOHDGHUVPRQGLDX[GHIDEULFDWLRQGHEDWWHULHV
QRXVUHVWRQVLQIRUP«VGHV«YROXWLRQVHQWHUPHVGHPHVXUHVGHV«FXULW«'HFHWWHPDQLªUH
QRXVJDUGRQVODPD°WULVHGHODVROXWLRQIRXUQLHHWQRXVQRXVDVVXURQVGHVDYLDELOLW«b}
infrastructures dont il a l’usage et/ou la propriété, il doit participer aux campagnes de sensibilisa-
l’opérateur est garant de la production, de la dis- tion et d’information, et veiller à l’acceptation
tribution et de la fourniture de l’électricité et des et à l’appropriation des modalités du projet par
services associés dans sa zone d’intervention. les autorités locales, qu’elles soient élues ou
traditionnelles.
En amont de l’exploitation Pendant les travaux, grâce à sa présence sur
du miniréseau, il facilite l’adhésion le site, l’opérateur doit s’assurer du respect des
au projet et sa concrétisation. droits coutumiers et d’éventuelles contraintes
S’il est déjà désigné, l’exploitant se doit de partici- foncières non identifiées en phase d’étude. Il doit
per aux études initiales d’analyse de la demande enfin être un participant actif aux formations des
et de dimensionnement des ouvrages ou, a mini- fournisseurs d’équipements et aux réceptions sur
ma, d’en valider les résultats. Son point de vue doit site des ouvrages.
être pris en compte lors des arbitrages relatifs à
la définition du périmètre d’électrification. En tant
qu’interlocuteur privilégié des futurs abonnés,
En phase d’exploitation, il porte une çKN CPVKEKRG RCT WPG ªRCTIPG TCKUQPPªG NGU
responsabilité opérationnelle étendue. dépenses liées aux renouvellements des com-
.àQRªTCVGWTGUVFàCDQTFICTCPVFWTGURGEVFGU posants en fin de durée de vie.
GPICIGOGPVU TªEKRTQSWGU GPVTG HQWTPKUUGWT
FWUGTXKEGGVWUCIGTFWUGTXKEGPour cela, il doit .àQRªTCVGWTGUVªICNGOGPVICTFKGPFWTGURGEV
établir un lien fort avec les usagers : FGU T©INGU FG EQPHQTOKVª GV FGU KPHQTOCVKQPU
çKNUàCUUWTGFGNCDQPPGEQORTªJGPUKQPFGNCHCE- KPFKURGPUCDNGURQWTGPXKUCIGTWPGGZVGPUKQP
turation par les usagers, quel que soit le schéma QWWPTGPHQTEGOGPVFGECRCEKVªa
envisagé (post-paiement, prépaiement, forfait, çKN VKGPV FGU TGIKUVTGU ENKGPVU GV WPG EQORVCDKNKVª
abonnement) ; stricte, à disposition des autorités du secteur
çKN XGKNNG ¡ NàGZGORNCTKVª FGU PQVCDNGU GV CEVGWTU mais aussi des partenaires financiers ;
publics de la localité quant au respect des çKNTGPFFGUEQORVGUTªIWNKGTUCWOC¯VTGFàQWXTCIG
consignes (les limitations en puissance et en aux investisseurs, et paie les taxes et redevan-
énergie, la non-utilisation des appareils pros- ces convenues dans son contrat d’exploitation.
crits) et au paiement effectif du service ;
çKN GPEQWTCIG NGU WVKNKUCVGWTU ¡ UG TGITQWRGT GP Quels critères pour sélectionner un bon
comité d’usagers pour disposer d’un interlocu- opérateur ?
teur représentatif des abonnés, maintenir un dia- Au regard des multiples tâches qui incombent à
logue permanent et constructif, rester à l’écoute l’opérateur, sa sélection ne relève pas uniquement
d’éventuelles insatisfactions, et être en mesure d’une expertise d’énergéticien :
d’ajuster l’offre si besoin (facilités de paiement çNàQRªTCVGWT FQKV FKURQUGT FGU EQORªVGPEGU
en période de soudure, offre commerciale inno- VGEJPKSWGU PªEGUUCKTGU pour comprendre le
vante, etc.) ; fonctionnement de la centrale, pour l’exploiter
çKNFKURQUGFGURQWXQKTUGVFGNàCWVQTKVªUWąUCPVU quotidiennement et assurer sa maintenance
pour déconnecter des utilisateurs ne respectant préventive. Il doit également disposer des relais
pas les engagements contractuels ou fraudant, techniques nécessaires pour gérer rapidement
ce qui est gage d’exemplarité ; des pannes ou le remplacement de pièces dé-
çVGEJPKSWGOGPV KN FQKV CPVKEKRGT GV EQORTGPFTG fectueuses. Au cours du temps, l’opérateur doit
les flux énergétiques de la centrale pour adapter assurer le raccordement des nouveaux abonnés
le service et gérer les différentes sources de pro- à mesure que la demande croît ;
duction (« responsabilité d’équilibre »). çOCKU NàQRªTCVGWT FQKV CWUUK «VTG EQPPW NQ-
ECNGOGPV CRRTªEKª GV TGURGEVªa son activité
.C SWCNKVª FG UGTXKEG ¡ NCSWGNNG RCTVKEKRGPV doit être comprise par la communauté comme
NC OC¯VTKUG FG NC EQPUQOOCVKQP GV NC ăCDKNK- procédant d’une logique de développement à
Vª FGU ªSWKRGOGPVU GUV WP RQKPV ENª FG UQP long terme et non d’une logique opportuniste,
KPVGTXGPVKQPa au risque qu’il soit rapidement décrédibilisé au-
çNàQRªTCVGWT EQPVTKDWG ¡ NC OC¯VTKUG FG NàªPGTIKG près des usagers. Le degré de respect qu’inspire
consommée par les abonnés en proposant l’opérateur à ses interlocuteurs fait partie des
des services et produits adaptés : conseils critères clés de sélection.
d’utilisation, ampoules LED, téléviseurs et réfri- L’opérateur réunissant toutes ces compétences
gérateurs basse consommation ; et ces qualités est une perle rare, sans laquelle
il est impossible de parier sur la pérennité d’un çNGU CWVQTKVªU TªIKQPCNGUa souvent dotées de
miniréseau. moyens limités mais encouragées à assumer la
décentralisation, elles doivent être informées dès
.GU TGVQWTU FàGZRªTKGPEG UGODNGPV EQPăT les premières études préalables à l’installation
OGT SWG NàGZRNQKVCVKQP GUV FCXCPVCIG RªTGPPG d’un miniréseau et tout au long des étapes de sa
NQTUSWG NàQRªTCVGWT RCTVKEKRG CWZ KPXGUVKUUG- réalisation. Leur soutien peut s’avérer essentiel
OGPVU dans les ouvrages de production et/ou de pour prévenir ou dénouer des blocages relation-
distribution (modèle classique de mise en conces- nels ou politiques, identifier des risques cachés
sion porté par les agences d’électrification rurale). et informer sur les programmes d’infrastructures
L’appropriation des équipements et leur entretien passés ou prévus dans la zone ;
seront d’autant plus rigoureux que l’opérateur çNGUªNWUNQECWZapremiers interlocuteurs de ter-
en assume la propriété, voire qu’il est à l’origine rain pendant toutes les phases d’un projet, ils
des travaux de réalisation. Ceci confirme claire- doivent en avoir parfaitement appréhendé et ac-
ment l’approche très capitalistique des modèles cepté les règles et les enjeux ; ils informent leurs
d’électrification : un opérateur d’électrification ru- administrés et doivent susciter leur adhésion aux
rale doit présenter un double profil d’investisseur modalités d’exécution du projet. L’implication du
et d’entrepreneur social, tout en respectant les maire et de ses proches conseillers dans les
règles d’un délégataire de service public. différentes étapes est un excellent indicateur
de cohésion locale, garante de la réussite de
L’implication des autorités locales l’opération ;
et de la société civile : un pari çNGU CWVQTKVªU KPHQTOGNNGUa qu’elles soient re-
coûteux mais payant. ligieuses ou coutumières, elles sont, par leur
« Implication de la population », « renforcement influence, un relais puissant auprès des futurs us-
des capacités des parties prenantes locales »… agers. Souvent d’approche difficile ou peu enclins
ces termes se retrouvent dans toutes les publica- à la conversation, les notables n’apparaissent que
tions des acteurs du développement et de l’accès dans un deuxième temps mais doivent être rap-
à l’électricité. Banalisée, parfois dévoyée, la par- idement identifiés, car leur influence peut s’avérer
ticipation active des autorités locales et de la so- décisive, particulièrement au sein des popula-
ciété civile reste déterminante pour la réussite tions très enclavées. Un notable qui paie régu-
d’un projet de miniréseau rural à court, moyen et lièrement l’électricité servira de modèle et sera
long termes. Elle relève autant d’une approche an- gage d’autorité en appui à l’opérateur ;
thropologique et sociologique structurée que du çNGUEQOKVªUQWCUUQEKCVKQPUNQECWZa ces struc-
simple respect de l’autre et d’une bonne capacité tures clés du développement communautaire
d’observation et d’écoute (cf. chapitre 2.4.2.). permettent de sensibiliser les usagers potentiels
puis de mobiliser rapidement les volontaires au
L’arrivée d’un miniréseau dans une localité ne peut raccordement. Habituées à traduire les concepts
s’envisager sans une concertation étroite avec économiques et commerciaux du Nord pour les
l’ensemble des parties prenantes. Les informa- populations rurales, elles relaient de manière adap-
tions qu’elles communiquent sont précieuses et tée les éléments clés du projet : calendrier, lim-
leur influence est déterminante pour la pérennité ites du service (puissance et énergie), tarification,
du service de l’électricité : modalités de paiement, coûts de raccordement,
responsabilités de chacun, etc. Par ailleurs, une as- limitation d’usage, un service plus ou moins fiable,
sociation d’usagers de l’électricité est un excellent une facturation « abordable », voire inexistante.
relais pour asseoir un dialogue constructif avec Deux éléments sont essentiels dans le cas d’un
l’opérateur, tout en conservant aux autorités lo- miniréseau :
cales et aux élus leur rôle d’observateurs. çNGRTKZala viabilité du modèle économique d’un
miniréseau, avec ou sans subvention, exige un
Ces démarches doivent s’inscrire dans la tem- tarif de vente du kWh plus élevé qu’en ville, pour
poralité propre au milieu rural. Elles génèrent les raisons déjà évoquées (cf. chapitre 3.5.1.) ;
des besoins de financements additionnels mais çNG UGTXKEGa généralement rendu 24 heures sur
leur impact positif sur la pérennité du modèle 24, 7 jours sur 7 et de qualité, il sera limité indivi-
économique et la maîtrise des risques est duellement en puissance, et parfois en quantité
indéniable. d’énergie journalière utilisable. Certains appa-
Ne pas réaliser ce type de travaux préalables ris- reils énergivores ne pourront pas être utilisés,
que, à l’inverse, de coûter cher aux promoteurs de parfois l’opérateur imposera la vente de ré-
projets, lorsqu’il est trop tard pour une action ajus- cepteurs (ampoules LED, téléviseurs à basse
tée et efficace. consommation).
Pour garantir l’acceptation des règles particu-
Elément central du modèle lières au miniréseau, il est donc indispensable de
économique, la tarification doit être transmettre un minimum de culture énergétique
adaptée et comprise par tous. aux usagers : comprendre qu’une ampoule LED
La bonne compréhension du service électrique consomme dix fois moins qu’une ampoule à in-
et de la tarification associée est cruciale pour la candescence, que l’utilisation d’un poste à souder
réussite d’un projet de miniréseau. Elle n’est pour- requiert un abonnement spécifique, etc.
tant pas aisée (cf. chapitre 2.4.4.). En effet, les fu- Le temps consacré à cette sensibilisation en
turs usagers se réfèrent spontanément aux ser- amont de l’installation du système est autant
vices et conditions des réseaux urbains : pas de de temps épargné à corriger les problèmes de
3DUROHGHSURIHVVLRQQHOOH
Juliette Darlu
/HVHFWHXUSULY«G«SORLHGłLPSRUWDQWVPR\HQVSURVSHFWLIVGDQVOHVHFWHXUGHV
PLQLU«VHDX['łDSUªVYRWUHH[S«ULHQFHOHXUDFWLRQPHQDFHWHOOHODGLPHQVLRQKXPDLQH
GHOłDFFªV¢Oł«OHFWULFLW«"
/HVHFWHXUSULY«QłHVWSDVPDXYDLVSDUQDWXUH,OVDLWLQQRYHUHWIDLUH«PHUJHUGHSHWLWV
RS«UDWHXUVSULY«VGDQVOHFDGUHGH333&HODGLWFHUWDLQHVLQLWLDWLYHVU«FHQWHVFKHUFKHQW
XQLTXHPHQWODUHQWDELOLW«TXLHVWQ«FHVVDLUHHWQHVHVRXFLHQWQLGHU«GXLUHODSDXYUHW«HW
OHVLQ«JDOLW«VQLGHFU«HUGHYDOHXUDMRXW«HORFDOHHPSORLVFRPS«WHQFHVQLGHPD°WULVHU
OHVH[WHUQDOLW«VHQYLURQQHPHQWDOHVG«FKHWVSROOXWLRQUHF\FODJH/HU¶OHGHOł(WDWHVW
GRQFSULPRUGLDOSRXUHQFDGUHUOHVDFWLRQVHWVłDVVXUHUGHODUHGLVWULEXWLRQGHVE«Q«ILFHVDX
FROOHFWLI(WOHV21*GRLYHQWJDUGHUOHXUU¶OHGHVHQWLQHOOHHWGHSODLGR\HU
/DG«ILQLWLRQHWODFRPSU«KHQVLRQGHODWDULILFDWLRQSDUOHVXVDJHUVMRXHQWHOOHVXQU¶OHFO«
GDQVODU«XVVLWHGłXQSURMHWGHPLQLU«VHDX"
&RPSUHQGUHODWDULILFDWLRQFłHVWFRPSUHQGUHOHPRQWDQWGHVDIDFWXUHVDYRLUFRPPHQW
PD°WULVHUVDFRQVRPPDWLRQHWGRQF¬WUHHQPHVXUHGHFRQVRPPHUHWSD\HUHQIRQFWLRQ
GHVHVPR\HQV&łHVWDXVVLVDYRLUTXłXQHSDUWLHGHVVRPPHVYDE«Q«ILFLHUDXFROOHFWLI
FRPPXQHFRRS«UDWLYHHWF&RPSUHQGUHVRQFRQWUDWFłHVWFRQQDLWUHOHVGURLWVHWGHYRLUV
GHFKDTXHSDUWLHHW¬WUHHQPHVXUHGHOHVIDLUHUHVSHFWHU3RXUWRXWHVFHVUDLVRQVOD
VHQVLELOLVDWLRQGHVIXWXUVXVDJHUVVXUOHVWDULIVHVWJDJHGHS«UHQQLW«GHOłH[SORLWDWLRQ
4XHOOHVVHUDLHQWYRVUHFRPPDQGDWLRQVVXUOłLPSOLFDWLRQGHODVRFL«W«FLYLOHGHVDXWRULW«V
ORFDOHVHWWUDGLWLRQQHOOHVGXWLVVXLQVWLWXWLRQQHOQDWLRQDO"
/DVRFL«W«FLYLOHHWOHVDXWRULW«VORFDOHVSHXYHQWDVVXUHUXQVXLYLGHSUR[LPLW«GH
OłH[SORLWDWLRQVXVFLWHUHWDFFRPSDJQHUOHG«YHORSSHPHQW«FRQRPLTXHHWH[HUFHUXQFRQWUH
SRXYRLUIDFHDXGXRIRUP«SDUOHVSRXYRLUVSXEOLFVQDWLRQDX[HWOłRS«UDWHXUSULY«'ªVOH
G«EXWGXSURMHWHOOHVGRLYHQW¬WUHLPSOLTX«HVGDQVODFRQVWUXFWLRQGHODJRXYHUQDQFHGX
VFK«PDGł«OHFWULILFDWLRQHWQRQVLPSOHPHQWLQIRUP«HVRXVHQVLELOLV«HVHWSODF«HVDXFāXU
GXGLVSRVLWLI/HV21*SDUOHXUQHXWUDOLW«SHXYHQWDSSX\HUOł«PHUJHQFHGHFHVDFFRUGV
ORFDX[HWGHVUªJOHVSXEOLTXHVRXFRQWUDFWXHOOHV
3HQVH]YRXVTXHOHVHFWHXUGRLW¬WUHGDYDQWDJHRUJDQLV«"/HVFRPS«WHQFHVHWOHVPR\HQV
GHVRUJDQHVHWGHVDJHQFHVGHU«JXODWLRQVRQWLOVVXIILVDQWV"
$XQLYHDXQDWLRQDOOHVSU«URJDWLYHVGHVGLII«UHQWHVLQVWLWXWLRQVVRQWVRXYHQWIORXHVHWRX
VHUHFRXSHQWHQWUHXUEDLQHWUXUDOFHTXLHVWFRQWUHSURGXFWLISRXUPHWWUHHQSODFHXQH
SROLWLTXHGł«OHFWULILFDWLRQIRUWHOHVFRPS«WHQFHVP«ULWHUDLHQWGł¬WUHPLHX[G«ILQLHVHW
U«RUJDQLV«HV,OSDUDLWDXVVL«YLGHQWTXHOHVPR\HQVGHFHVLQVWLWXWLRQVGRLYHQW¬WUHUHQIRUF«V
SRXUTXłHOOHVSXLVVHQWUHPSOLUSOHLQHPHQWOHXUU¶OH
Ingénieur agronome, Juliette Darlu s’est spécialisée dans la gestion de projets d’accès
à l’énergie. Elle est responsable du programme énergie au GRET.
Retrouvez l’interview intégrale sur la page web de l’ouvrage : http://www.fondem.ong/electrifier-lafrique-rurale/
'LII«UHQWVPRGªOHVGHWDULŦFDWLRQFRQVWDW«V
sur le terrain
$ERQQHPHQWHWYHQWHGHN:KHQmbSRVWSDLHPHQWb},QVSLU«VGHVPRGªOHVXUEDLQVWUDGLWLRQQHOV
GHQRPEUHX[PLQLU«VHDX[SURSRVHQWXQVHUYLFH«OHFWULTXHFRQVWLWX«GłXQHSDUWŦ[HDERQQHPHQW
PHQVXHORXDQQXHOHWGłXQHSDUWYDULDEOHIDFWXUDWLRQPHQVXHOOHDXN:KFRQVRPP«
&HUWDLQVVFK«PDVSHXYHQWPHWWUHHQSODFHGLII«UHQWVFR½WVGXN:KHQIRQFWLRQGHVVHXLOVGH
FRQVRPPDWLRQbXQFR½WEDVSRXUOHVSUHPLHUVN:KPHQVXHOVSXLVSOXV«OHY«SRXUOHVDXWUHVRX
HQFRUHXQFR½WDYDQWDJHX[SRXUOHVDFWHXUV«FRQRPLTXHV¢IRUWVEHVRLQV
)RUIDLWSRXUOHVSHWLWVFRQVRPPDWHXUV$YHFGHVLQWHUIDFHVFOLHQWV«TXLS«HVGHOLPLWHXUVGH
SXLVVDQFHHWGł«QHUJLHU«JODEOHVLOHVWSRVVLEOHGHPHWWUHHQSODFHGHVPRGªOHVGHSDLHPHQWDX
IRUIDLWLQG«SHQGDPPHQWGHODFRQVRPPDWLRQU«HOOH/HIRUIDLWFRQVLVWH¢SD\HUHQDYDQFHSRXU
XQHGXU«HOLPLW«HGłXWLOLVDWLRQSDUH[HPSOHXQMRXUXQHVHPDLQH3OXVLHXUVW\SHVGHIRUIDLW
SRXUGLII«UHQWVW\SHVGHFRQVRPPDWHXUSHXYHQW¬WUHHQYLVDJ«VDGDSW«V¢OHXUFRQVRPPDWLRQ
Gł«OHFWULFLW«PR\HQQHHIIHFWLYH
3U«SDLHPHQW/HVGLVSRVLWLIVGHSU«SDLHPHQWPDOJU«OHVFRQWUDLQWHV«YRTX«HVHQG«EXWGH
FKDSLWUHVRQWTXDVLPHQWJ«Q«UDOLV«VGDQVOHVQRXYHOOHVRS«UDWLRQV3HUPHWWDQWGHU«GXLUHOD
SU«VHQFHGHSHUVRQQHOORFDOHWRIIUDQWGHVSRVVLELOLW«VGHJHVWLRQG«PDW«ULDOLV«HOHSU«SDLHPHQW
UHVWHOHPHLOOHXUJDUDQWGłXQWDX[GHUHFRXYUHPHQWRSWLPDOGHVN:KFRQVRPP«V1HUHSRVDQW
SDVVXUXQV\VWªPHGłDERQQHPHQWU«JXOLHUFHPRGªOHJ«QªUHFHSHQGDQWGHVŧX[GHWU«VRUHULH
LUU«JXOLHUVTXHOłRS«UDWHXUGHYUDVDYRLUDQWLFLSHU
Chiffre clé
/HVFR½WVGXN:KSURGXLWVSDUOHVPLQLJULGV
© Fondation Energies pour le Monde
YDULHQWGH¢N:KD\DQWGHV
IDFWHXUVGHFKDUJHPR\HQVGH8Q
REMHFWLIGHN:KVHUDLWDWWHLJQDEOH
GłLFL&HVFR½WVSHXYHQW¬WUHFRPSDU«V
DX[FR½WVGHVFRPSDJQLHVQDWLRQDOHV
Gł«OHFWULFLW«GHU«VHDXHQ$IULTXHTXLHX[
VRQWIRUWHPHQWVXEYHQWLRQQ«V
Abonnée payant ses factures, Madagascar. 6RXUFHselon une enquête de la Banque Mondiale
réalisée auprès auprès d’une cinquantaine de
miniréseaux en Asie et en Afrique (PV et hybride PV
/ diesel).
([HPSOHHQLPDJHb/HerQLYHDXGHWDULŦFDWLRQ
GH.RXUDPDQJXLHQ*XLQ«H
SERVICE 1 N’DAYGOU
Usagers domestiques ou communautaires
à faible demande en électricité
Service destiné aux ménages et infrastructures communautaires désireuses de
bénéficier des services de base de l’électricité, avec un tarif réduit.
Coût de 150 000 GNF + coût de la distribution intérieure (si non
raccordement existante ou non conforme)
Coût de
3 000 GNF / kWh
consommation
Appareils
autorisés
%!
!
Appareils
interdits
compréhension surgissant au cours des premiers par les abonnés, la tarification doit la prendre en
mois d’exploitation. considération et son anticipation est indispensable.
Si les composants électroniques nécessaires à la
Le renouvellement des composants régulation et à la conversion des flux d’électricité
d’un miniréseau renouvelable : ont acquis une grande fiabilité, il n’en reste pas
l’autre incertitude du modèle moins que le changement de quelques com-
économique. posants est souvent nécessaire après une dizaine
Les centrales solaires et éoliennes1, hybridées ou d’années de fonctionnement. Là encore, anticiper
non, alimentant les miniréseaux sont équipées la charge financière afférente est nécessaire.
d’un parc d’accumulateurs électrochimiques : les
batteries, dont la durée de vie, comme déjà évo- Un plan d’affaires de miniréseau doit ainsi prévoir :
qué, est limitée, de l’ordre d’une dizaine d’années çWP TGPQWXGNNGOGPV EQORNGV FW RCTE FG DCVVG
(cf. encadré). TKGUCRT©UWPGEGTVCKPGFWTªGFGUGTXKEG (deux
à dix ans pour les batteries au plomb), calculé en
Représentant jusqu’à 40 % du coût fonction du dimensionnement initial et des condi-
d’investissement de l’unité de production, le coût tions d’utilisation, notamment les fortes chaleurs ;
de renouvellement du parc de batteries est loin çWP TGPQWXGNNGOGPV FG NàªNGEVTQPKSWG FG
d’être négligeable. Cette dépense pouvant peser RWKUUCPEG soumise à des contraintes fortes
jusqu’à 50 % du prix de vente de l’électricité payé d’utilisation susceptibles de provoquer des
(QYLURQQHPHQWFRQGLWLRQVGłXWLOLVDWLRQ
HWGXU«HGHYLHGHVEDWWHULHV
/HQRPEUHGHF\FOHVGHFKDUJHG«FKDUJHTXHSRXUUDIRXUQLUXQHEDWWHULHTXHOOHTXHVRLWOD
WHFKQRORJLHG«SHQGUDHQWUHDXWUHVGHODSURIRQGHXUGHG«FKDUJH/HVEDWWHULHVDXSORPEWUªV
PDMRULWDLUHPHQWXWLOLV«HV\VRQWSDUWLFXOLªUHPHQWVHQVLEOHV
/HVDFFXPXODWHXUVDXSORPE¢«OHFWURO\WHOLTXLGHVXSSRUWHQWPDOOHVUHFKDUJHVSDUWLHOOHV
/DFHQWUDOHGHYUDSHUPHWWUHXQHUHFKDUJHFRPSOªWHFKDTXHMRXUHQIRXUQLVVDQWXQH«QHUJLH
DGGLWLRQQHOOHGH¢bG«GL«H¢FHWWHFKDUJHGLWHGHG«VWUDWLŦFDWLRQ
/DWHPS«UDWXUHHVWXQSDUDPªWUHFUXFLDObDORUVTXHFHUWDLQHVEDWWHULHVDXOLWKLXPULVTXHQWXQH
G«JUDGDWLRQLUU«YHUVLEOHDXGHO¢GHbr&OHVEDWWHULHVDXSORPESHUGHQWbGHOHXUFDSDFLW«GH
F\FODJHFKDTXHbr&Gł«O«YDWLRQGHWHPS«UDWXUH
/HYLHLOOLVVHPHQWQDWXUHOGHOł«OHFWURFKLPLHGHVDFFXPXODWHXUVODTXDOLW«GHOłHQWUHWLHQGHOD
U«JXODWLRQGHVFRXUDQWVHWGHODWHQVLRQGHFKDUJHG«FKDUJHVRQW«JDOHPHQWGHVSDUDPªWUHV
WHFKQLTXHVLQŧXDQWVXUODGXU«HGHYLHGHVPDW«ULHOV
&HWWHFRPSOH[LW«WHFKQRORJLTXHFRQIURQW«H¢ODU«DOLW«GXWHUUDLQUHQGTXDVLLPSRVVLEOHGłHVWLPHU
SU«FLV«PHQWODGXU«HGHYLHGłXQSDUFGHEDWWHULHVTXHOOHTXłHQVRLWODWHFKQRORJLH
[ Partie 3 ]
Conclusion
De ce panorama des modèles d’électrification rurale
décentralisée déployés en Afrique subsaharienne,
qui se révèle d’une grande diversité, on peut tirer trois grands
enseignements.
Info
Retour de terrain
'«ŦQLWLRQ
Chronologie
Chiffres clés
[ Partie 4 - Préconisations ]
Réaliser l’accès à
l’électricité pour tous
nécessite une coalition
d’acteurs mieux
coordonnés,
aux méthodes et aux
moyens mieux adaptés.
Introduction
Faisant état des forces et des faiblesses des politiques et
des actions d’électrification rurale telles qu’elles se déploient
en Afrique subsaharienne depuis près de cinquante ans, cet
ouvrage ne serait pas complet s’il ne tirait de ces constats des
préconisations pour le secteur. C’est ce qui vient justifier cette
ultime partie.
5HFRPPDQGDWLRQVLVVXHVGXV«PLQDLUHGH0DUUDNHFKQRYHPEUHb
ʼn6«PLQDLUHELODW«UDORUJDQLV«HQQRYHPEUHbSDUla France et
le MarocVRXWHQXSDUOH3URJUDPPHGHV1DWLRQVXQLHVSRXUOH
G«YHORSSHPHQW(PNUD)HWODCommission européenne
Cadre et contexte ʼn9RORQW«GHFKDQJHUl’échelle et le rythmeGXSURFHVVXV
Gł«OHFWULŦFDWLRQG«FHQWUDOLV«HGDQVOHV]RQHVUXUDOHV
ʼn&RQWULEXWLRQDX[WUDYDX[GHODVHVVLRQGHOD&RPPLVVLRQSRXUOH
G«YHORSSHPHQWGXUDEOHGHV1DWLRQVXQLHV
ʼn&KDQJHPHQWSURIRQGGXVHFWHXUGHOł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH
G«FHQWUDOLV«HHQSDVVDQWd’une logique de projet à une logique
de programme.
Changements profonds ʼn$SSU«KHQVLRQGHsolutions de démultiplicationSRXUSOXVLHXUV
recommandés PLOOLHUVGHYLOODJHVGLII«UHQWV
ʼn&RQVLG«UDWLRQGHVDFWHXUVLQWHUQDWLRQDX[21*FRRS«UDWLRQ
ŦQDQFHPHQWVH[WHUQHVŊFRPPHGHVfoyers d’échangeHW
SURPRWLRQGHVefforts concertés.
ʼn/HPHHWLQJ$5(5(&3Gł$PVWHUGDPHVWSLORW«SDU6($//
initiative lancée par le secrétariat des Nations unies.
ʼn5HFRPPDQGDWLRQVVXUODWDULŦFDWLRQODU«JXODWLRQHWOD
VLPSOLŦFDWLRQGHVG«PDUFKHVFRQFHUQDQWOHVPLQLU«VHDX[
ʼn5HFRPPDQGDWLRQVVXUODlocalisationGHOłLQVWDOODWLRQGHV
PLQLU«VHDX[HQHQG«WHUPLQDQWOHVHQGURLWVFO«V
Thèmes clés ʼn5HFRPPDQGDWLRQVVXUODcoordinationGHVSURMHWVbQRWDPPHQW
ODmise en communGHVGRQQ«HVUHODWLYHVDX[SURMHWV
ʼn5HFRPPDQGDWLRQVVXUOHbusiness modelHWOHŦQDQFHPHQW
GXSURMHWbUHWRXUVGłH[S«ULHQFHVGHVSURMHWVU«XVVLV%DQTXH
PRQGLDOH
ʼnYROXWLRQGXU¶OHGHOł(WDWbLOGRLW«WDEOLUGHPDQLªUHFROODERUDWLYH
GHVSROLWLTXHVGHJHVWLRQGXU«VHDX«OHFWULTXHQDWLRQDOHW«WDEOLU
TXHOOHVVRQWOHV]RQHVSULRULWDLUHVSRXUOłLQVWDOODWLRQGHPLQLU«VHDX[
Changements profonds ʼn&U«DWLRQGłXQHplateformeSRXUFROOHFWHUOHVGRQQ«HVHWOHVPHWWUH
recommandés HQFRPPXQ
ʼn$WWHQWLRQSRUW«H¢ODQDWXUHGHVLQYHVWLVVHPHQWVbFHX[FLSHXYHQW
¬WUHYDUL«VHWOHVLQYHVWLVVHXUVGRLYHQW¬WUHVHQVLELOLV«V¢FHWWH
YDUL«W«
4.1.
Préconisations aux pouvoirs
publics nationaux, régionaux
et locaux des pays du Sud.
Dans les pays d’Afrique subsaharienne, il nous semble important
que la définition des stratégies et la mise en œuvre des projets
d’ERD soient portées au niveau adéquat :
çCWPKXGCWKPVGTOKPKUVªTKGNRQWTNàKORWNUKQPRQNKVKSWGGV
l’encadrement réglementaire (4.1.1.);
çCWPKXGCWFGUTªIKQPU
QWFGUEQNNGEVKXKVªUKPVGTOªFKCKTGUFGV[RG
« district » ou « province ») pour la coordination des opérations
sur un territoire (4.1.2.). Ce niveau régional nous paraît le plus
approprié pour assurer une vision d’ensemble territoriale
cohérente, adaptée aux besoins spécifiques des populations,
limitant les risques de clientélisme et de conflit d’intérêts (que l’on
retrouve davantage au niveau local, où les représentants, maire et
élus, sont également utilisateurs du système) ;
çCWPKXGCWNQECN
EQOOWPGUEQOOWPCWVªUFGEQOOWPGURQWT
appuyer l’action régionale et préparer le terrain en amont de la
définition d’un schéma d’électrification (4.1.3.).
Il s’agirait alors, dans la plupart des pays, de faire évoluer les
pratiques et d’engager des réformes qui assureraient une mise
en œuvre de proximité des projets d’ERD, dans une dynamique
© Rémy Delacloche
4.1.1.
Préconisations aux pouvoirs publics nationaux.
Les stratégies nationales d’électrification rura-
le peinent à s’opérationnaliser, notamment du mb/HSRUWDJHLQVWLWXWLRQQHOHVW
fait du manque de volonté et de moyens, de la IRQGDPHQWDO/HVULJLGLW«VKLVWRULTXHV
satellisation des acteurs étatiques (plusieurs GXVHFWHXUVRQWWHOOHVTXHODYRORQW«
ministères, plusieurs agences…) et d’une dé- SROLWLTXHHWXQHQJDJHPHQWIRUWU«VROX
centralisation parfois inachevée. HWG«WHUPLQ«GHVGLULJHDQWVSROLWLTXHV
DXSOXVKDXWVRPPHWGHODKL«UDUFKLH
Selon nous, il est donc essentiel de placer VRQWFDSLWDX[SRXUODSURPRWLRQGH
l’électrification rurale dans le champ de compé- SROLWLTXHVDOWHUQDWLYHVGDQVOHVHFWHXU
tence directe du chef du gouvernement. Agissant VWUDW«JLTXHGHOł«QHUJLHb}
dans le giron d’une cellule interministérielle char-
gée du cadrage stratégique et réglementaire, Abdou Fall, ancien ministre d’Etat,
l’agence nationale d’électrification rurale pour- président du Conseil patronal des énergies
rait alors se concentrer sur l’outillage des acteurs renouvelables du Sénégal (COPERES).
et le suivi opérationnel en territoire, auprès des
acteurs régionaux notamment.
au plus près de l’action, en créant un réseau çEQPEGXQKT GV OGVVTG GP RNCEG FGU QWVKNU RQWT NC
d’agents ERD au niveau régional. sensibilisation des populations rurales diffusés
C’est en effet aux régions (ou aux collectivités de par des ONG locales préalablement formées ;
niveau intermédiaire) que nous conseillons de çEQPEGXQKT GV OGVVTG GP RNCEG WP QWVKN FG HQTOC-
confier la mise en œuvre des projets (voir infra). tion pour les opérateurs et les professionnels de
L’agence aurait alors pour mission de concevoir l’électricité ;
les outils utiles pour les acteurs publics et privés çOGVVTG ¡ FKURQUKVKQP FGU TªIKQPU NGU QWVKNU FG
de l’ERD, d’accompagner le déploiement de passation d’appels d’offres pour l’attribution des
ces outils sur le terrain (notamment auprès des différents types de marchés (prestations, fourni-
acteurs régionaux) et d’évaluer les effets de la ture, délégation de service public) ;
politique nationale d’électrification rurale. çFªăPKTFGUKPFKECVGWTUFGUWKXKFGNCRGTHQTOCPEG
Elle serait ainsi chargée de : de la stratégie nationale d’ERD ;
çOC¯VTKUGTWPQWVKNFGRNCPKăECVKQPGVFGRTQITCO- çFªăPKT FGU KPFKECVGWTU FàKORCEV ªEQPQOKSWG
mation régionale d’ERD pour une utilisation plus environnemental et social des systèmes
efficace ; d’électrification mis en place.
çFªăPKTFGUPQTOGUFGSWCNKVªOKPKOCNGU
CFCRVC- L’ensemble de ces chantiers structurants requiert
tion de normes internationales parfois trop res- des investissements et des compétences ; dans
trictives), ainsi que le circuit de certification et les la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, ces
processus de contrôle afférents (le respect de efforts ne pourraient être mis en œuvre sans le
ces normes doit conditionner l’éligibilité aux ap- soutien technique et financier des pays et des col-
pels d’offres publics) ; lectivités du Nord (voir chapitre 4.2. et 4.3.).
çOGVVTGGPRNCEGFGUOQFWNGUFGHQTOCVKQPRQWT Enfin, il apparaît là encore que toutes ces mesures
les collectivités territoriales pour maîtriser les as- organisationnelles auraient peu d’efficacité sans
pects organisationnels et techniques de l’ERD ; volontarisme fort au plus haut niveau de l’Etat. }
4.1.2.
Préconisations aux pouvoirs publics régionaux.
En soutien de la politique nationale de déve- Les pouvoirs publics régionaux auraient égale-
loppement rural, l’échelon intermédiaire ment un rôle de sensibilisation et de formation à
opérationnel qu’est la région (ou la province, jouer vis-à-vis des collectivités présentes sur le
le district…) aurait pour mission de décliner territoire :
de façon opérationnelle la politique nationale çKPEKVGTNGUOWPKEKRCNKVªU¡UGTGITQWRGTGPEQO-
d’électrification rurale sur son territoire : munautés de communes, pour faciliter la mise en
çGP FªăPKUUCPV WPG UVTCVªIKG TªIKQPCNG1 : la ré- place de schémas mutualisés d’accès aux ser-
gion devrait pouvoir penser l’électrification ru- vices électriques sur leurs territoires, permettant
rale en combinant différentes solutions selon les ainsi des économies d’échelle et favorisant une
contraintes et opportunités réelles sur son terri- harmonisation tarifaire ;
toire ; et çHQTOGT NGU RGTUQPPGNU FGU EQNNGEVKXKVªU VGTTKVQ
çGP RKNQVCPV NàKPUVCNNCVKQP FGU UEJªOCU riales (maires et adjoints), mais aussi les chefs
d’électrification collective correspondants : la traditionnels et les leaders d’opinion sur leur
maîtrise d’ouvrage devrait être confiée au niveau territoire.
régional pour des raisons d’échelle et de co-
hérence territoriales, mais aussi de maîtrise des Ces missions de la région (notamment la collecte
risques (conflits d’intérêts et clientélisme plus de données sur le territoire régional et le recrute-
forts au niveau local, manque de proximité et ment et la formation de personnel compétent)
d’adaptabilité au terrain au niveau national). pourraient être utilement réalisées avec le soutien
Il faut ajouter le fait que la région peut associer financier et/ou technique de collectivités du Nord,
électrification, aménagement du territoire, déve- dans le cadre de la coopération décentralisée.
loppement économique et création d’emplois lo-
caux. Pour cela, elle devrait être compétente et Dernière préconisation : les maîtres d‘ouvrage,
dotée des moyens nécessaires par l’Etat afin de : nationaux ou régionaux, devraient veiller à ne pas
çTCUUGODNGTNGUDGUQKPUFGUNQECNKVªURQWTFªăPKT sacrifier le transfert de compétences et la qualité
une programmation régionale d’électrification des installations à la rapidité d’exécution et aux
rurale (zones vierges de l’extension de réseau), facilités de financement accordées par des pays
dans le respect de la planification nationale, en non liés aux règles de l’OCDE. Des équipements
lien avec la cellule déconcentrée de l’agence na- peu pérennes installés dans des communautés
tionale d’électrification rurale et en intégrant la mal formées desservent vraissemblablement la
possibilité d’initiatives locales ; cause de l’accès à l’électricité. }
çUG FQVGT FG RGTUQPPGN EQORªVGPV GP '4& CăP
d’être en mesure d’assurer la maîtrise d’ouvrage
à chaque étape – de la conception au suivi des
installations –, avec le soutien des experts de
1. Dans la suite des développements, le terme « régional » est utilisé par
la cellule déconcentrée de l’agence nationale commodité pour désigner le niveau territorial intermédiaire entre le local et le
d’électrification rurale. national.
© Fondation Ensemble
L’éclairage améliore les conditions d’éducation.
4.1.3.
Préconisations aux pouvoirs publics locaux.
Dans un schéma de décentralisation tel que
nous le préconisons, les maires ruraux jouent
un rôle important pour appuyer l’action régio- mb'DQVODG\QDPLTXHGHVU«IRUPHV
nale et préparer le terrain en amont de la défini- YLVDQW¢GRQQHUGDYDQWDJHGHPDUJH
tion d’un schéma d’électrification qui bénéficie GłRS«UDWLRQDX[DFWHXUVSULY«VHW¢OD
à leurs administrés. VRFL«W«FLYLOHGDQVOHVSROLWLTXHVGłDFFªV
¢Oł«QHUJLHLO\DOLHXGłHQYLVDJHUWUªV
A ce titre, ils auraient pour mission de : V«ULHXVHPHQWGHSODFHUOHV«OXVDX
çEQNNGEVGTNàKPHQTOCVKQPNQECNG
FQPPªGUFGDCUG FāXUGHODG«FLVLRQSROLWLTXHGDQVOD
auprès des populations pour alimenter les analy- SURGXFWLRQHWODIRXUQLWXUHGł«QHUJLH
ses de planification et de programmation d’ERD DX[FRPPXQDXW«VTXłLOVDGPLQLVWUHQW
réalisées au niveau régional ;
çKPVªITGT NàªNGEVTKăECVKQP FCPU NGWT RNCP FG FªXG /ł«QHUJLHUHQRXYHODEOH«WDQWSDU
loppement local ; G«ŦQLWLRQXQH«QHUJLHG«FHQWUDOLV«HOD
çKORWNUGTFGURTQLGVUFàKPKVKCVKXGNQECNGa responsabilisation de pouvoirs locaux
çUG TGITQWRGT GP EQOOWPCWVªU FG EQOOWPGU dans ce domaine doit constituer
pour mutualiser les moyens et, ainsi, favoriser les un axe majeur de réforme,GłDXWDQW
économies d’échelle ; TXHOHVWHFKQRORJLHVOHVRODLUHHWOH
çXGKNNGT ¡ FKURQUGT FàWP RGTUQPPGN NQECN EQORª- QXP«ULTXHQRWDPPHQWSHXYHQW
tent (dont la formation est assurée par le niveau GRQQHUOLHX¢XQHY«ULWDEOHU«YROXWLRQ
régional) ; «QHUJ«WLTXHSRUW«HSDUOHVFLWR\HQVHW
çUGPUKDKNKUGT NGWTU CFOKPKUVTªU CWZ CVQWVU CWZ NK OHVSURGXFWHXUVVXUOHWHUULWRLUHb}
mites et aux contraintes liés à l’électrification ;
une attention particulière devrait être accor- Abdou Fall, ancien ministre d’Etat,
dée aux usagers économiques (entrepreneurs président du Conseil patronal des énergies
individuels, petits producteurs, coopératives, renouvelables du Sénégal (COPERES).
groupements d’intérêt économique, groupe-
ments de femmes…).
Ils pourraient bénéficier de l’appui des ONG lo-
cales de développement économique (préalable-
ment formées par les ONG du secteur ERD sur le
volet électricité).
Associer les institutions de microfinance locales à
la réflexion leur permettrait d’accéder plus facile-
ment au financement de leurs activités à court ou
moyen termes.
ʼn(TXLW«WHUULWRULDOHEDV«HVXUXQG«FRXSDJHHQ]RQHVGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHWHUULWRULDOHPHQW
G«OLPLW«HVHWRXG«ŦQLHVSDUXQHOLVWHGHORFDOLW«VUHSU«VHQWDQWFKDFXQHGHVTXDQWLW«VGHFOLHQWV
SRWHQWLHOVHWGHVQLYHDX[GłLQYHVWLVVHPHQWLQFLWDWLIVSRXUOHVRS«UDWHXUVGł«OHFWULŦFDWLRQ
ʼn3URJUDPPDWLRQFRQFHUW«H¢YLV«HPXOWLVHFWRULHOOHLQFOXDQWGHX[W\SHVGHSURMHWV
FRPSO«PHQWDLUHVbOHVSURMHWVSODQLŦ«V¢SDUWLUGł«WXGHVSU«DODEOHVHWFRXYUDQWHQWRWDOLW«RXHQ
SDUWLHXQH]RQHGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHHWOHVprojets d’initiative localeHQWUHSULVSDUGHVSRUWHXUV
SXEOLFVSULY«VRXGHV21*FRXYUDQWXQHRXSOXVLHXUVORFDOLW«VRXXQS«ULPªWUHUXUDO&HVGHX[
W\SHVGHSURMHWVVRQWPLVHQāXYUHVLPXOWDQ«PHQWGDQVOHFDGUHGHSURJUDPPHVDQQXHOVRX
SOXULDQQXHOVDGRSW«VSDUXQRUJDQHLQWHUPLQLVW«ULHORXYHUW¢WRXWHVOHVSDUWLHVSUHQDQWHVGRQW
OHVEDLOOHXUVGHIRQGV
ʼn1HXWUDOLW«WHFKQRORJLTXHEDV«HVXUOHPRLQGUHFR½WHQFRPSDUDQWOHVLQYHVWLVVHPHQWVHW
OHVFKDUJHVGłH[SORLWDWLRQDVVRFL«VDX[GLII«UHQWHVRSWLRQVHQYLVDJHDEOHVGł«OHFWULŦFDWLRQ
G«FHQWUDOLV«HG«FULWHVHQSDUWLHbDLQVLTXł¢OłH[WHQVLRQGXU«VHDXH[LVWDQW
ʼn9LDELOLW«HWUHQWDELOLW«ŦQDQFLªUHVVXIŦVDQWHVSRXUDVVXUHUODGXUDELOLW«GXSURMHWHWDWWLUHUOHV
RS«UDWHXUVGł«OHFWULŦFDWLRQ&HODLPSOLTXHGłXQHSDUWTXHOHVFR½WVGłLQYHVWLVVHPHQWGRLYHQW
¬WUHFRXYHUWVSDUOHVŦQDQFHPHQWVPRELOLVDEOHVIRQGVSURSUHVSU¬WVEDQFDLUHVVXEYHQWLRQV
HWFHWOHVFKDUJHVGłH[SORLWDWLRQSDUOHVUHFHWWHVGłH[SORLWDWLRQYHQWHGł«OHFWULFLW«DERQQHPHQW
EUDQFKHPHQWHWFbGłDXWUHSDUWTXHOHWDX[GHUHQWDELOLW«LQWHUQHŦQDQFLHUHWOHWHPSVGHUHWRXU
VXUFDSLWDOGXSURMHWVRQWVXIŦVDPPHQWDWWUDFWLIV
ʼn7DULIVFRPSDWLEOHVDYHFODYRORQW«HWODFDSDFLW«GHSDLHPHQWGHVXVDJHUVHWDYHFODSROLWLTXH
tarifaire en vigueur,WRXWHQJ«Q«UDQWGHVUHFHWWHVVXIŦVDQWHVSRXUG«JDJHUGHVU«VXOWDWV
GłH[SORLWDWLRQU«SRQGDQW¢OłLPS«UDWLIGHYLDELOLW«HWGHUHQWDELOLW«
ʼn9LDELOLW«HQYLURQQHPHQWDOHDVVXU«HSDUGHVPHVXUHVFRUUHFWLYHVHWRXGłDWW«QXDWLRQ
HWGHVXLYLSRXU«OLPLQHUOHVLPSDFWVQ«JDWLIVRXOHVU«GXLUH¢GHVQLYHDX[DFFHSWDEOHV
HQFRQIRUPLW«DYHFODU«JOHPHQWDWLRQHQYLJXHXU
ʼn9LDELOLW«VRFLDOHDVVXU«HSDUGHVGLVSRVLWLRQVDSSURSUL«HVGHUHFDVHPHQWHWGłLQGHPQLVDWLRQ
SRXUU«GXLUHHWFRPSHQVHUOłLPSDFWGHVG«SODFHPHQWVGHVSRSXODWLRQVGDQVOHUHVSHFWGHVORLV
HWUªJOHPHQWVHWGHFHTXLHVWDFFHSWDEOHSDUOHVEDLOOHXUVGHIRQGVFRQFHUQ«V
ʼn6«OHFWLRQFRQFXUUHQWLHOOHHWWUDQVSDUHQWHGHVRS«UDWHXUVGł«OHFWULŦFDWLRQSURMHWVSODQLŦ«V
et des projets d’initiatives locales,DXPR\HQGłDSSHOV¢FDQGLGDWXUHVHWGHGHPDQGHVGH
SURSRVLWLRQVEDV«VVXUGHVFDKLHUVGHVFKDUJHVFODLUVHWVXUGHVFULWªUHVGHV«OHFWLRQWUDQVSDUHQWV
HWDQQRQF«VGłDYDQFH
Ces chantiers, parfois lourds pour une collectivité Enfin, dernière préconisation, les responsables
rurale du Sud, pourraient utilement être menés locaux devraient être exemplaires après la mise
avec les soutiens financiers et techniques de col- en service d’un système électrique collectif, en
lectivités locales du Nord, dans le cadre de la coo- payant dans les règles leur facture personnelle
pération décentralisée. d’électricité et celle des ouvrages communau-
taires municipaux. Sans cette exemplarité, c’est
l’équilibre économique du dispositif, et donc la
pérennité du service, qui est remis en cause. }
© Rémy Delacloche
4.2.
Préconisations à la
communauté internationale.
Que les pays du Sud s’emparent du sujet de l’accès à l’énergie
en zones rurales nous paraît essentiel. Sans volonté de leurs
dirigeants de donner accès à l’électricité au plus grand nombre
et, plus largement, de soutenir le développement rural, les
communautés les plus enclavées resteront privées des services
essentiels.
© Rémy Delacloche
industriels, chercheurs) et acteurs du secteur fi- çWP RTªN©XGOGPV FG a UWT NGU HCEVWTGU
nancier (bailleurs et banques de développement, d’électricité des consommateurs de l’UE28 cou-
investisseurs, banques primaires, assureurs et ré- vrirait l’équivalent de la facture annuelle en élec-
assureurs, actuaires, chercheurs) du Nord et du tricité d’environ 100 millions d’Africains ;
Sud. çNGU HQPFU EQNNGEVªU FGXTCKGPV «VTG FKTKIªU
Ce groupe aurait pour objectifs de : vers le financement de nouveaux schémas
çRGTOGVVTG ¡ EJCSWG CEVGWT FG OKGWZ EQPPC¯VTG d’électrification ou la pérennisation des schémas
les contraintes et les méthodes opératoires de existants ;
tous les autres ; çRTªCNCDNGOGPV ¡ NC OKUG GP RNCEG FàWP VGN Oª-
çENCTKăGT NGU TKUSWGU GV NGU QRRQTVWPKVªU canisme, il serait indispensable de sensibiliser
économiques et financières liés aux différents la société civile du Nord aux enjeux de l’ERD, par
types de projets ; exemple par la mise en place d’un programme
çEQORTGPFTG EQOOGPV NGU KPUVTWOGPVU ăPCP- spécifique d’éducation au développement axé
ciers (equity, dette, dons/subventions) peuvent sur l’accès à l’électricité. }
s’articuler pour financer les différentes solutions
concourant à l’électrification de l’Afrique sub-
saharienne rurale ;
çFªăPKTFGUUEJªOCUFGăPCPEGOGPVCFCRVªUCW
développement des solutions décentralisées, in-
cluant tous les mécanismes, y compris de dons
et de subventions et les solutions mixtes (blen-
ded finance) et la finance décentralisée (alimen-
tation de lignes de crédit locales par des fonds
internationaux) ;
çRTKQTKUGT PQVCOOGPV NGU SWGUVKQPU FG ăPCPEG-
ment des projets intermédiaires (de type mini-
réseaux), entre 0,50 M€ et 10 M€, qui peinent à
trouver des financements.
4.3.
Préconisations aux financeurs
des projets.
Les projets d’infrastructures d’électrification rurale décentralisée
sont consommateurs de capitaux, et les montages financiers
associés revêtent autant de formes qu’il y a de projets
(cf. chapitre 2.3.2.). Récemment, la gamme disponible de
financements s’est enrichie ; des bailleurs de fonds internationaux
comme la Banque mondiale acceptent désormais l’idée de
syndiquer des ressources privées avec des subventions, par
exemple.
© Rémy Delacloche
Les soutiens aux activités économiques assurent l’essor et la pérennité des services en zones rurale.
4.3.1.
Préconisations aux bailleurs de fonds
internationaux.
Selon nous, les banques de développement et çăPCPEGT NGU CEVKQPU FàCEEQORCIPGOGPV GV FG
les bailleurs de fonds institutionnels (multila- sensibilisation, de suivi et d’études (préalables,
téraux et bilatéraux) devraient faire prévaloir d’impact), qui peuvent être complexes et lourdes
quelques grands principes de financement en milieu rural enclavé ;
pour garantir des projets d’ERD territoriale- çCKFGTNGU'VCVU¡UVTWEVWTGTNCPQWXGNNGQTICPKUC-
ment et économiquement plus pertinents et tion institutionnelle (pilotage national au niveau
plus pérennes. interministériel, renforcement de la décentrali-
sation et de la déconcentration des agences
ç#ăPFàªXKVGTNCOWNVKRNKECVKQPFGURTQLGVUGPQTFTG d’électrification rurale).
dispersé, les bailleurs devraient développer la
coordination effective des interventions, dans Concernant les procédures de financement, il se-
le cadre de stratégies territoriales. Il existe de rait nécessaire, selon nous, de :
nombreux exemples d’une telle coordination : çOGVVTGGPRNCEGFGUFªNªICVKQPURQWTNGVTCKVGOGPV
à Madagascar, au Cameroun, au Bénin, en Gui- des dossiers de projets inférieurs à un certain mon-
née, au Mali, en RDC ou encore au Sénégal, les tant, ce qui réduirait les coûts de transaction, ren-
acteurs de l’accès à l’énergie se réunissent pé- forcerait la proximité avec le terrain (exemple : délé-
riodiquement pour s’assurer de la cohérence de gations nationales UE, antennes locales AFD, ser-
leurs actions. vices économiques des ambassades, représenta-
ç%GU DCKNNGWTU PQVCOOGPV RCT FGU OªECPKUOGU tions économiques) et permettrait l’émergence de
de dons, pourraient aussi financer l’électrification projets de plus petite ampleur (de 300 k€ à 1 M€) ; il
rurale là où les investisseurs privés s’y refusent serait utile de mettre en place des facilités dédiées
ou s’en trouvent incapables (là où les capacités à ce type de projets dans lesquels les ONG pour-
contributives des abonnés ne permettent pas de raient jouer un rôle particulier.
couvrir la totalité d’une grille tarifaire rentable). Cette décentralisation au niveau des organisations
ç.àCKFG FGXTCKV ªICNGOGPV RTQăVGT CWZ CEVGWTU GV du Nord justifierait l’élargissement des finance-
aux entreprises locales du Sud, ainsi qu’à ceux ments directs aux collectivités territoriales du Sud
du pays donateur : dans une dynamique parte- (agissant en tant que maîtres d’ouvrage) en :
nariale, nous préconisons de délier l’aide inter- çCNNQPIGCPV NC FWTªG FW UQWVKGP CWZ RTQLGVU
nationale au bénéfice des acteurs du Sud et d’électrification collective, pour la plupart longs
d’accorder, en miroir, une part aux entreprises du et complexes ;
pays d’intervention. çHQPFCPV VQWVGU NGU OªECPKSWGU FG ăPCPEGOGPV
sur une appréciation de la triple performance du
Sur le fond des projets soutenus, il nous paraîtrait projet (économique, sociale, environnementale)
essentiel de prioriser certains sujets : dans une optique de « blended finance » (dia-
logue avec les investisseurs d’impact) ;
çCOªNKQTCPVNCEQWXGTVWTGFGUTKUSWGUFGUKPXGU- çEQPFKVKQPPCPVNàCVVTKDWVKQP¡WPQRªTCVGWTRTKXªFG
tisseurs (en relais des garanties souveraines), dons, subventions ou prêts avantageux à sa par-
par exemple par la mise en place de fonds de ticipation active aux activités de partage de don-
garantie dédiés accessibles au secteur financier nées et d’expérience (au sein d’une plateforme
local ; internationale, cf. la proposition supra en 4.2.). }
© Rémy Delacloche
ʼn5HJURXSHPHQWHWGXUDELOLW«GHVUHVVRXUFHVŦQDQFLªUHVFRQFHUQDQWOHVLQYHVWLVVHPHQWV
Q«FHVVDLUHVDXG«YHORSSHPHQWHW¢ODU«DOLVDWLRQGHVSURMHWVGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH/HVUHVVRXUFHV
GHVEDLOOHXUVGHIRQGVG«GL«HV¢FHW\SHGHSURMHWVGRLYHQW¬WUHI«G«U«HVGDQVXQIRQGVRXXQH
IDFLOLW«PXOWLEDLOOHXUVGRQWOHVSURF«GXUHVGłDWWULEXWLRQGHVRXWLHQŦQDQFLHUVłDSSOLTXHQW¢WRXV
OHVSURMHWVPLVHQāXYUHGDQVOHFDGUHGHODSROLWLTXHQDWLRQDOHGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH
ʼn'RWDWLRQGHUHVVRXUFHVŦQDQFLªUHVSXEOLTXHVVXIŦVDQWHVSRXUDVVXUHUOHIRQFWLRQQHPHQW
GHVLQVWDQFHVDGPLQLVWUDWLYHVHQFKDUJHGHOł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHHWIRXUQLUOHVFRQWUHSDUWLHV
Q«FHVVDLUHVDX[ŦQDQFHPHQWVGHVEDLOOHXUVGHIRQGV/DGRWDWLRQGRLW¬WUHDOLPHQW«HSDUXQH
SDUDŦVFDOLW«VXUODYHQWHGHOł«OHFWULFLW«SHUPHWWDQWSURJUHVVLYHPHQWGłDFFUR°WUHOHFRŦQDQFHPHQW
SXEOLFHWYLVDQW¢WHUPHOłDXWRŦQDQFHPHQWGHVSURMHWVGł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH
ʼn6XEYHQWLRQSDUWLHOOH¢OłLQYHVWLVVHPHQWLQLWLDOG«YHORSSHPHQWFRQVWUXFWLRQLQVWDOODWLRQGHV
LQIUDVWUXFWXUHVHW«TXLSHPHQWVDVVXUDQWODYLDELOLW«HWOłDWWUDFWLYLW«ŦQDQFLªUHVGHVSURMHWV
Gł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOH3DUFRQWUHSDVGHVXEYHQWLRQDXIRQFWLRQQHPHQWQLDX[H[WHQVLRQV
XOW«ULHXUHV
ʼn3DLHPHQWVGHODVXEYHQWLRQEDV«VVXUOHVU«VXOWDWVVHORQOHVVS«FLŦFDWLRQVWHFKQLTXHVSU«FLV«HV
GDQVODFRQYHQWLRQGHVXEYHQWLRQDVVRFL«HDXSURMHWTXLG«ŦQLVVHQWOHEXWUHFKHUFK«HWOHV
U«VXOWDWVTXLVHURQWPHVXU«V\FRPSULVODPDQLªUHGRQWLOVVHURQWPHVXU«VHQIRQFWLRQGHODPLVH
HQāXYUHGXSODQGłDIIDLUHVGHOłRS«UDWHXUGł«OHFWULŦFDWLRQDQQH[«¢ODFRQYHQWLRQ/HVSDLHPHQWV
SHXYHQWIDLUHOłREMHWGHU«IDFWLRQRXGHSULPHVHORQODTXDOLW«GHVU«VXOWDWVSDUUDSSRUWDXQLYHDX
UHTXLV
ʼn&RŦQDQFHPHQWSDUOHVRS«UDWHXUVGł«OHFWULŦFDWLRQGHVLQYHVWLVVHPHQWVLQLWLDX[GH
G«YHORSSHPHQWHWGHFRQVWUXFWLRQLQVWDOODWLRQGHVLQIUDVWUXFWXUHVHW«TXLSHPHQWVVXUIRQGV
SURSUHVFRPSO«W«VVLQ«FHVVDLUHSDUGHVSU¬WVEDQFDLUHV
ʼn(QJDJHPHQWGHVRS«UDWHXUVGł«OHFWULŦFDWLRQ¢DVVXUHUHWŦQDQFHUOłH[SORLWDWLRQHWOD
maintenance des installations et équipements,\FRPSULVOHXUH[WHQVLRQHWOHUHQRXYHOOHPHQW
GHVFRPSRVDQWVHQWHPSVYRXOX
ʼn$XGLWS«ULRGLTXHWHFKQLTXHHWŦQDQFLHUGXIRQGVRXGHODIDFLOLW«PXOWLEDLOOHXUVHIIHFWX«SDUXQ
RUJDQLVPHLQG«SHQGDQWSRXUVłDVVXUHUGHODERQQHJHVWLRQHWGHODWUDQVSDUHQFHWDQWVXUOHSODQ
GHVSURF«GXUHVDGPLQLVWUDWLYHVTXHGHVP«WKRGRORJLHVHWGHVP«FDQLVPHVXWLOLV«VSRXUODSULVH
GHG«FLVLRQODU«DOLVDWLRQGHVSURMHWVHWOHVXLYLFRQWU¶OH
4.3.2.
Préconisations aux investisseurs internationaux.
Il nous semble important de partager les re- ainsi travailler avec l’ensemble des acteurs de
tours d’expérience entre acteurs financiers l’ERD, dans une logique d’écoute et de péda-
et non financiers. gogie, pour mieux évaluer les opportunités
d’investissement dans l’électrification rurale
Au sein de la plateforme de dialogue évo- décentralisée et développer cette activité en
quée plus haut, les investisseurs (fonds clas- coordination avec les monteurs de projets. }
siques ou ISR, impact investors…) pourraient
4.3.3.
Préconisations au secteur financier
dans les pays du Sud.
Pour appuyer le développement de l’ERD, çGNNGU RQWTTCKGPV RCTVKEKRGT CWZ ªEJCPIGU GV CWZ
les institutions financières, notamment les sensibilisations organisées à l’échelle régionale
banques primaires, pourraient utilement inter- afin de mieux évaluer les opportunités et les
naliser une expertise en ERD, par exemple au risques ;
sein de leurs équipes dédiées au développe- çGNNGU RQWTTCKGPV TªRGTEWVGT UWT NG VCWZ FàKPVªT«V
ment rural. pratiqué la baisse du risque de crédit liée aux
mesures d’accompagnement et aux garan-
A l’échelle d’un territoire, les institutions finan- ties de qualité des équipements dont bénéficie
cières locales, notamment les institutions de l’emprunteur (deux points sur lesquels les ONG
microfinance, pourraient soutenir les micro- sont vigilantes lorsqu’elles portent un projet). }
entrepreneurs dans le développement de leurs
activités économiques (achat d’équipement, de
récepteurs) ou les opérateurs locaux pour en-
tretenir l’outil de production (achat de matériel de
remplacement) :
4.4.
Préconisations aux monteurs
de projets et à leurs partenaires
directs sur le terrain.
Le changement d’échelle dont l’Afrique subsaharienne a besoin
pose un problème méthodologique : peut-on à la fois faire
du « sur-mesure » pour chaque territoire et « massifier » l’ERD ?
Cela ressemble à la quadrature du cercle…
Pour y parvenir, les monteurs de projets devraient selon nous
privilégier une double approche méthodologique :
çVTCXCKNNGTGPlaFGOKOGUWTGa|QWGPlaUVCPFCTFKUCVKQP
intermédiaire » : définir des morphotypes de sites, chacun
associé à une combinaison de solutions d’électrification
adaptées ;
çUWTWPGO«OG\QPGCIKT¡NCTIGªEJGNNGGPWVKNKUCPVNàGĂGVFG
mutualisation et de compensation entre villages, avec un seul
opérateur et une seule équipe de pilotage de projet.
Trois autres principes d’action devraient guider çKN PQWU UGODNG ªICNGOGPV SWàGNNGU FGXTCKGPV
le montage d’un projet de systèmes d’ERD, quel garder un rôle opérationnel central dans la mise
qu’en soit le porteur : en œuvre de solutions décentralisées dans deux
çs’adresser aux structures régionales pour cas : (1) pour assurer l’électrification de sites où
couvrir un bassin d’au moins 10 000 abonnés ; les investisseurs ne veulent ou ne peuvent pas
çs’obliger à couvrir les populations les plus intervenir, et (2) pour conduire des projets pion-
vulnérables, en recourant à la palette de solu- niers et accompagner la mise en œuvre sur le
tions disponibles (cf. partie 3.) en complément terrain des innovations technologiques ;
de la solution principale développée ; çFCPU NGU CWVTGU ECU NGWT OKUUKQP PQWTTKG FG
çs’associer avec des ONG du Nord spécialisées leur longue expérience de terrain, serait plutôt
en ERD et des ONG locales de développement celle d’un appui technique, en ingénierie sociale
rural. notamment, aux monteurs publics de projets
(collectivités du Nord dans le cadre de la coo-
Cette coopération d’acteurs apparaît notam- pération décentralisée, par exemple) ou privés.
ment indispensable pour évaluer correctement Elles pourraient ainsi jouer un rôle essentiel pour
les risques économiques, sociaux et financiers, former et professionnaliser les acteurs locaux, et
démarche qui peut prendre un temps significatif pour sélectionner des opérateurs et exploitants
et qu’il ne faut, selon nous, en aucun cas sacri- ayant à la fois la fibre entrepreneuriale et sociale,
fier. En garantissant un travail d’accompagnement en lien avec les fournisseurs de solutions.
des populations et des entrepreneurs locaux, elle
permettrait aussi de ne pas perdre de vue que En effet, les fournisseurs de solutions auraient
l’électrification n’est qu’un moyen, que l’objectif aussi leur rôle à jouer pour maximiser les exter-
réside dans les usages finaux de l’électricité, et nalités positives des systèmes installés :
notamment les usages productifs. çGPECFTGTNàGZRªTKOGPVCVKQPFGUQNWVKQPUFGRTQ-
duction, distribution ou stockage : identifier un
De plus, les ONG du Sud devraient aider les po- territoire mature, diffuser une information pré-
pulations locales à manifester leur volonté, à dire cise sur les risques liés à l’expérimentation ;
« non » aux projets qui ne correspondent pas à çCUUWTGT NC HQTOCVKQP GV NG VTCPUHGTV FG EQORª-
leurs attentes, et favoriser leur implication dans tences vers le secteur privé local pour mettre en
les projets auxquels elles disent « oui ». place des filières d’approvisionnement en pièces
de rechange ;
De leur côté, les ONG du secteur du Nord pour- çUVTWEVWTGTNCăNK©TGFGTGE[ENCIGFGUOCVªTKGNU}
raient sans doute mieux prendre en compte les
bouleversements en cours dans le domaine de
l’ERD, et notamment la privatisation du secteur, en
faisant évoluer leur rôle :
çICTFKGPPGU PCVWTGNNGU FG NàCEE©U WPKXGTUGN ¡
l’électricité et du respect de ce droit pour les
populations les plus vulnérables, elles ont une
vocation de plaidoyer, et devraient davantage
faire entendre leur voix ;
MINIDOSSIER
© Rémy Delacloche
Conclusion
S’il y a une leçon, et une seule, à tirer de cinquante développement rural inclusif. Une infrastructure
ans d’électrification rurale décentralisée par én- énergétique n’est qu’une infrastructure parmi
ergies renouvelables, laquelle choisir ? d’autres, que seule une dynamique structurée
d’aménagement du territoire peut mettre en va-
Peut-être que cette électrification est d’abord af- leur. Pas de développement régional sans route
faire de subsidiarité, du national au local. Du gé- carrossable ou sans valorisation des filières, pas
néral au particulier, de la politique nationale au ser- de développement local sans dispensaire médical
vice auprès d’usagers en milieu rural : le territoire ou sans école, sans système d’assainissement,
et les hommes qui le peuplent, dans les régions et sans incitation entrepreneuriale.
les villages, doivent fonder l’analyse et l’action. Ce
constat porte au-delà des frontières de l’accès à Les mutations technologiques en cours favori-
l’électricité et des pays en développement. sent la conception de nouveaux modèles de ges-
tion des infrastructures électriques, plutôt favo-
Au Nord, on assiste, grâce à la récente valorisa- rables à cette territorialité et à cette proximité,
tion des énergies renouvelables, disponibles sur quand bien même elles reposent sur une déma-
le lieu même de leur utilisation, à la fragmentation térialisation déshumanisante. Ces tendances dis-
des acteurs et au retour à une maîtrise locale de la ruptives que les acteurs de l’accès à l’électricité
production, de la distribution et de la consomma- mettent en œuvre localement ne peuvent être
tion d’électricité. C’est le sens des préconisations viables sans une régulation organisée par les
formulées plus haut dans cet ouvrage. pouvoirs publics. C’est par la juste implication des
trois niveaux de gouvernance (national, régional,
Si le territoire doit être la mesure de toute chose, local) que l’électrification décentralisée satisfera
alors cette leçon en contient une autre : seule, le plus grand nombre. Il en est de même pour la
l’électrification est impuissante à réaliser un gestion de l’eau ou des déchets.
Glossaire
Appel de puissance Courant alternatif
3XLVVDQFHUHTXLVHSRXUVDWLVIDLUHXQHGHPDQGH (QFRXUDQWDOWHUQDWLIOHV«OHFWURQVmbFLUFXOHQWb}
HQ«OHFWULFLW«&HWHUPHHVWVRXYHQWXWLOLV« GHPDQLªUHDOWHUQDWLYHGDQVOHVGHX[VHQVGX
SRXUG«VLJQHUOHSLFGHSXLVVDQFHDSSHO«H FLUFXLWVRXVOłHIIHWGHURWDWLRQGłXQDOWHUQDWHXU
VXUJLVVDQWORUVGłXQHGHPDQGHVRXGDLQHHW GDQVODSOXSDUWGHVFDVRXGłXQFRQYHUWLVVHXU
IRUWHGł«OHFWULFLW« «OHFWURQLTXHGDQVOHFDVGHVRQGXOHXUV
7RXWHVOHVVRXUFHVGHSURGXFWLRQGł«OHFWULFLW«
Approche interventionniste FODVVLTXHVGXEDUUDJH¢ODFHQWUDOHQXFO«DLUH
$SSURFKHKLVWRULTXHGł«OHFWULŦFDWLRQGHV HQSDVVDQWSDUODFHQWUDOH¢FKDUERQFRQVLVWHQW
WHUULWRLUHVIRQG«HVXUODFRRUGLQDWLRQ ¢IDLUHWRXUQHUXQDOWHUQDWHXU¢XQHYLWHVVH
LQVWLWXWLRQQHOOHHWOłLPSOLFDWLRQGHODVRFL«W« FRQWU¶O«H¢SDUWLUGłXQHVRXUFHGł«QHUJLH
FLYLOHSRXUODPLVHHQāXYUHGłXQHVROXWLRQ WKHUPLTXHRXP«FDQLTXH/HVU«FHSWHXUV
FROOHFWLYHGł«OHFWULŦFDWLRQ «OHFWULTXHVRQWGRQF«W«ORJLTXHPHQWFRQ©XV
SRXUIRQFWLRQQHUDYHFGXFRXUDQWDOWHUQDWLI
Approche libérale /HFRXUDQWDOWHUQDWLIHVW«JDOHPHQWXWLOLV«
$SSURFKHU«FHQWHGł«OHFWULŦFDWLRQGHV SRXUWUDQVSRUWHUOł«OHFWULFLW«VXUGHORQJXHV
WHUULWRLUHVIRQG«HVXUOłLQWHUYHQWLRQGłXQDFWHXU GLVWDQFHVFDULOOLPLWHOHVSHUWHVHQPRGXODQW
SULY«GDQVOHFDGUHGłXQ«FKDQJHPDUFKDQG LQWHQVLW«HWWHQVLRQSOXVIDFLOHPHQW
DYHFXQFOLHQWSRXUOłDFTXLVLWLRQGłXQELHQRX
GłXQVHUYLFH«OHFWULTXHFRQWUHXQSDLHPHQW Décarbonation
FRPSWDQWRX¢WHPS«UDPHQW (QVHPEOHGHVPHVXUHVHWWHFKQLTXHVYLVDQW
¢U«GXLUHOHV«PLVVLRQVGHJD]¢HIIHWGHVHUUH
Cellule photovoltaïque HVVHQWLHOOHPHQWGLR[\GHGHFDUERQHPDLV
'LVSRVLWLISKRWRYROWD±TXHOHSOXV«O«PHQWDLUH «JDOHPHQWP«WKDQHVłLQVFULYDQWDLQVLGDQV
FRPSRV«GłXQPDW«ULDXVHPLFRQGXFWHXU XQSURMHWGHVRFL«W«VDQVXWLOLVDWLRQGł«QHUJLHV
SKRWRVHQVLEOHTXLJ«QªUHGHOł«QHUJLH IRVVLOHV
«OHFWULTXHFRXUDQWFRQWLQXSDUDEVRUSWLRQGH D’après Espace Mondial, L’Atlas, Sciences-Po
UD\RQQHPHQWOXPLQHX[
'łDSUªV*«UDUG0RLQH/ł«OHFWULŦFDWLRQVRODLUH Dépenses d’exploitation (OPEX)
photovoltaïque. Systèmes autonomes, systèmes '«SHQVHVOL«HV¢ODSURGXFWLRQGłXQELHQRX
hybrides, miniréseaux. (Langres : Observ’ER, 2016). GłXQVHUYLFHSDUXQHRUJDQLVDWLRQ'DQVOHFDV
GłXQV\VWªPH«OHFWULTXHLOVłDJLWSDUH[HPSOH
Courant continu GHG«SHQVHVGHSHUVRQQHOH[SORLWDQWIUDLV
/HFRXUDQWFRQWLQXHVWXQŧX[Gł«OHFWURQV GHPDLQWHQDQFHGHV«TXLSHPHQWVLQWUDQWV
mbFLUFXODQWb}GDQVXQVHXOVHQVGXS¶OHQ«JDWLI GHIRQFWLRQQHPHQWH[FRPEXVWLEOH
YHUVOHS¶OHSRVLWLI7RXWFLUFXLWDOLPHQW«SDU SLªFHVGHUHFKDQJHG«SODFHPHQWVIUDLVGH
XQJ«Q«UDWHXUGHW\SHSLOHRXEDWWHULHODPSH FRPPXQLFDWLRQ
GHSRFKHW«O«SKRQHŊIRQFWLRQQHHQFRXUDQW
FRQWLQX/HFRXUDQWFRQWLQXHVWODVHXOHVRXUFH
Gł«OHFWULFLW«mbQDWXUHOOHb}
Puissance
4XDQWLW«Gł«OHFWULFLW«SURGXLWHRXFRQVRPP«H¢
XQLQVWDQWGRQQ«(OOHHVWPHVXU«HHQ:DWW:
Rendement de conversion
photovoltaïque
5DSSRUWHQWUHODSXLVVDQFH«OHFWULTXHG«OLYU«H
DX[ERUQHVGXGLVSRVLWLISKRWRYROWD±TXHHWOD
SXLVVDQFHOXPLQHXVHLQFLGHQWHPHVXU«HGDQV
OHVFRQGLWLRQVQRUPDOHVGłHVVDLV
'łDSUªV*«UDUG0RLQH/ł«OHFWULŦFDWLRQVRODLUH
photovoltaïque. Systèmes autonomes, systèmes
hybrides, miniréseaux. (Langres : Observ’ER, 2016).
Renforcement de capacités
3URFHVVXVSDUOHTXHOOHVLQGLYLGXVOHV
RUJDQLVDWLRQVHWODFROOHFWLYLW«GDQVVRQ
HQVHPEOHOLEªUHQWFU«HQWUHQIRUFHQWDGDSWHQW
HWSU«VHUYHQWDXŦOGHVDQVOHXUVFDSDFLW«VFłHVW
¢GLUHOHXUDSWLWXGH¢J«UHUOHXUVDIIDLUHVDYHF
VXFFªV,OU«VXOWHGłXQHPXOWLWXGHGłDFWLRQVHWGH
E«Q«ŦFLDLUHVGRQWOłHQMHXHVWGłDYRLUXQLPSDFW
VXUWURLVQLYHDX[LQWHUG«SHQGDQWVLQGLYLGXHO
RUJDQLVDWLRQQHOHQYLURQQHPHQWJOREDODŦQGH
SHUPHWWUH¢WHUPHOłDXWRQRPLVDWLRQFRPSOªWH
GHOł«FRV\VWªPHORFDO
Secteur informel
(QVHPEOHGHVDFWLYLW«V«FRQRPLTXHV
«FKDSSDQWDXUHJDUGGHOłWDWHW¢ODO«JLVODWLRQ
S«QDOHVRFLDOHHWŦVFDOH
Solaire thermodynamique
7HFKQRORJLHFRQVLVWDQW¢FRQFHQWUHUOH
UD\RQQHPHQWVRODLUH¢OłDLGHGHFROOHFWHXUV
SRXUFKDXIIHUXQŧXLGH¢KDXWHWHPS«UDWXUHHW
SURGXLUHDLQVLGHOł«OHFWULFLW«RXDOLPHQWHUHQ
«QHUJLHGHVSURF«G«VLQGXVWULHOV
Index
A
Adhésion (des populations) 193, 204, 213, 214, 215, 219, 238,
YRLUDXVVL$FFHSWDWLRQb207, 242, 243, 251, 273, 347, 419
$ERQQHPHQWb99, 160, 249, 251, 216-235, 239, 241, 317, 321, 322, SDUODGHPDQGHRXERWWRP
279, 281, 358, 362, 374, 378, 400 360, 365, 367, 373, 375 XSYRLUDXVVL'HPDQGHb
120131
Abonné(s) YRLUDXVVL8VDJHUb $IIHUPDJHb86, 87, 372
SDUOHVFR½WVb129
68, 123, 124, 128, 147, 158, 171, $JHQFHVb VRFLRORJLTXHb216 et sq.253
184,187, 208, 209, 228, 235, 236, Gł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHb89, 256345375
244, 246, 248-251, 327, 328, 344, 149, 150, 206, 209, 263, 331,
348, 358, 363, 364, 373, 374, 380, AppropriationYRLUDXVVL
345, 364, 375, 381, 394, 395, 397,
408, 413 $GK«VLRQb120, 148, 150, 182,
404, 408
192, 200, 207, 216, 218, 227, 228,
Acceptation YRLUDXVVL GHG«YHORSSHPHQWb169, 176,
231-232, 237, 241, 277, 343, 345,
$GK«VLRQb150, 207, 220, 228, 189, 192
364, 372, 373, 375,
231, 290, 356, 364, 373, 376 GHU«JXODWLRQbYRLU$XWRULW«V
$VVLVWDQFHWHFKQLTXHb46, 86,
$FFªV¢Oł«QHUJLHb44 et sq., $JULFXOWXUHb36, 40, 58, 60, 61,
87, 88, 91, 170, 176, 177, 180, 190,
88, 92, 122, 151, 168, 169, 193, 222, 102, 116, 121, 140, 145, 148, 197,
191, 209, 293, 344, 404, 413
287, 297, 399, 408 207, 209, 230, 236, 243, 308, 310,
316, 320, 364, 365, 367 Association(s)YRLUDXVVL21*
$FFHVVLELOLW«b70, 98, 112-114, 8VDJHUb92, 101, 120, 145, 155,
124, 127, 128, 144, 166, 168, 243, $LGHVbYRLU'RQV
157, 181, 183, 196, 296, 300, 302,
246, 272, 278, 286, 292, 293, 309, )LQDQFHPHQW)RQGV
304, 307, 317, 322, 344, 347, 363,
343, 389 6XEYHQWLRQV
372, 375
Accompagnement YRLUDXVVL Aide internationale au
AssuranceYRLUDXVVL5LVTXHVb
6HQVLELOLVDWLRQb92, 93, 124, 155, développement YRLUDXVVL
185, 189, 195, 242, 278, 405
159, 177, 179, 180, 192, 207, 209- &RRS«UDWLRQb 145, 151, 182, 192,
211, 216 et sq, 275, 289, 293, 295, 230, 260, 302, 408, $XWRQRPLHb
316, 322 324, 326, 335, 343, 345, GHJHVWLRQHWŦQDQFLªUHb 147,
$P«QDJHPHQWGXWHUULWRLUHb
347, 372, 377, 408, 411, 413, 415 185, 211,
116, 177, 208, 397, 418
DXWRQRPLVDWLRQYRLUDXVVL
ActivitésYRLUDXVVL8VDJHV Appareils électriquesYRLU 5HQIRUFHPHQWb24, 91, 204,
DJULFROHVbYRLU$JULFXOWXUH DXVVL5«FHSWHXUVb45, 112, 113, 224
«FRQRPLTXHVSURGXFWLYHV 145, 158, 160, 166, 168, 207, 214,
YRLUDXVVL8VDJHVb 44, 51, 78, $XWRULVDWLRQb138, 208, 345,
218, 228, 231, 235, 263, 341, 342,
97,98, 101, 102, 124, 128, 206, 346, 372
358, 360, 374, 376, 379
207, 211, 215, 218, 224, 230, 243, Autorité (s)YRLUDXVVL
244, 274, 280, 286, 287, 292, $SSURFKHb
3RXYRLUVSXEOLFV
294, 303, 313, 316, 317, 321-323, GXG«YHORSSHPHQWb 232
GHU«JXODWLRQGXVHFWHXUb
325, 326, 329, 331, 354, 357, 359, JHQUHbYRLUFHWHUPH
208, 209, 211, 227, 235, 245,
365, 367, 369, 378, 411, 414, 415 LQWHUYHQWLRQQLVWHb 114, 174,
248, 263, 292, 303, 331, 345, 377
J«Q«UDWULFHVGHUHYHQXVb224 176, 180, 181, 183, 204, 214, 215,
ORFDOHVb72, 88, 226, 247, 323,
VRFLDOHVb98, 313, 324 219, 220, 238, 241, 242, 246,
341, 343, 345, 346, 365, 373, 375
251, 347
et sq.
OLE«UDOHb89, 114, 172, 174, 176,
C
WUDGLWLRQQHOOHV CommercialisationYRLUDXVVL
FRXWXPLªUHVb93, 207, 221, 'LVWULEXWLRQ9HQWHb118, 130,
226, 228, 235, 369, 373, 377, &DGUHU«JOHPHQWDLUHb 149, 154, 174, 175, 198, 213, 237,
398, 414 YRLU'URLW1RUPHV 262,268, 270, 274, 275, 278, 293,
5«JOHPHQWDWLRQ5«JXODWLRQ 329
F
&RQWUDWb209235292372 370
374
Étude(s)
ŦQDQFLHUVb5253175-176 Fabricants YRLUDXVVL
GłLPSDFWVb177193196223
184194 )RXUQLVVHXUVb65, 146, 166, 169,
408
Enquêtes YRLUDXVVL(WXGHVb SU«DODEOHVb6869170176- 238, 273, 275, 286, 310, 363
178, 196, 221, 227, 325, 346, 365, 177180-181186190-191214 )DFWHXUb
367, 414, 417 345365369373375400 GHFKDUJHb244342378
408417 GHULVTXHb186187218
(QWUHSUHQHXUVb102, 155, 197,
EXUHDX[Gł«WXGHVb169344 KXPDLQb200252 281305
207, 210, 214, 224, 226, 293, 320,
321, 322, 324, 330, 345, 375, 395, (YROXWLRQVWHFKQRORJLTXHVb 332343
399, 411, 413 96, 109, 132, 144, 150, 153 et sq., VRFLR«FRQRPLTXHVHW
168, 169, 170, 198, 200, 252, 260, FXOWXUHOVb189211216219
(QWUHSULVHVORFDOHVb86, 128, 220233304305321345
310, 343, 345, 381, 388
142, 192, 215, 286, 324, 372, 408 354369
([RGHUXUDOb36, 60
(ROLHQb63, 65-66, 68, 74, 92, 101, )DFWXUDWLRQb160, 208, 214, 233,
144, 145, 149, 168, 355, 380 Expérience YRLUDXVVL 235, 245, 249, 251, 360 et sq.,
&DSLWDOLVDWLRQb 370, 374, 376-378, 401, 405, 417
Equilibre économique YRLU
UHWRXUGłH[S«ULHQFHYRLU
DXVVL9LDELOLW«b124, 138, 180, )HPPHVb51, 148, 221, 222 et
DXVVL&DSLWDOLVDWLRQb3763
243, 287, 345, 360, 362, 369, 382, sq., 226, 230, 296, 300, 306, 317,
107151174185197201211
401 399, 403
216220223252262303
Équipements YRLUDXVVL 306314316317326327329 Financement(s) YRLUDXVVL
&RPSRVDQW,QIUDVWUXFWXUHVb 332336343350362364 et )RQGV,QYHVWLVVHPHQW
-¢OłDEDQGRQb201240241 sq.391404411 6XEYHQWLRQb
304317326 H[S«ULPHQWDWLRQYRLUDXVVL SDUWLFLSDWLIFURZGIXQGLQJb
EDLVVHGHVFR½WVbYRLU 7HVWVb2686 et sq.128144 176196
&RPSRVDQWV et sq.322326329331372 SULY«Vb71139169248261
G«IDLOODQFHWHFKQLTXHb54 383413 345408
151182189232264274355 SXEOLFVb7178183184208
Exploitation YRLUDXVVL
363 343344410
&RPS«WHQFH&RQWUDW&R½W
GXU«HGHYLHb96102147150 ŦQDQFHPHQWVLQWHUQDWLRQDX[
)RUPDWLRQ5HVSRQVDELOLW«b
166171 185187237-238240 YRLUDXVVL&RRS«UDWLRQb69
H[SORLWDQWb136139147148
264270273-276310311338 93172 et sq.388
159160170179180209
356371374380 LQVWUXPHQWVŦQDQFLHUVb47
210212214236237239
ŦDELOLW«b144145149151159 88139168175180184190
240241242247248249
187238239281282309 191194278405408
293343344361372 et sq.
374380 PRQWDJHŦQDQFLHUb180184
395413
(TXLW«b109, 110, 121, 174, 242, U«VXOWDWGłH[SORLWDWLRQb242 206226405406 et sq.
244, 251, 291, 292, 346-347, 389, 400417 SDUWHQDLUHVŦQDQFLHUV
395, 400, 404, 419 VXLYLFRQWU¶OHGłH[SORLWDWLRQ YRLUDXVVL%DQTXH)RQGV
YRLUDXVVL0DLQWHQDQFH ,QYHVWLVVHXUVb206212230
(WDWbYRLU3RXYRLUVSXEOLFV 286374395
3LORWDJH
SHUVRQQHOGłH[SORLWDWLRQb VROXWLRQVPL[WHVEOHQGHG
YRLU&RPS«WHQFH&R½W ŦQDQFHb180405
G
Fiscalité +\GUR«OHFWULFLW«b58, 63, 68 et
LPS¶WYRLUDXVVL7D[HVb173 sq., 75, 92, 119, 126, 130, 144, 146,
188395 *DUDQWLHVb65, 86, 137, 139, 182, 149, 151, 184, 232, 236, 237, 272,
UHVVRXUFHVŦVFDOHVb36153 192, 212, 213, 270, 276, 284, 310, 309, 334, 336, 340, 343, 355, 381
172298402 372
I
V\VWªPHŦVFDOb122208 ? 210
248388404410 *D]b58, 64, 67, 119
¢HIIHWGHVHUUHb4660157
)RQFLHUb230, 233, 346, 373 Impacts GHOł«OHFWULŦFDWLRQb
193241355
50, 51, 94, 180, 192, 193, 194, 207,
FondsYRLUDXVVL ELRJD]b66155272336
208, 218, 221, 223, 227, 228, 243,
)LQDQFHPHQW,QYHVWLVVHPHQW Générateur YRLUDXVVL 260, 376, 400, 413
6XEYHQWLRQ 6RODLUHb102, 119, 144, 145, 148,
GHFRPSHQVDWLRQb395 ,PSOLFDWLRQb
149, 150, 155, 163, 210, 264 et sq.,
Gł«OHFWULŦFDWLRQUXUDOHb91 GHVDFWHXUVORFDX[YRLU
286, 287, 307, 308, 309, 318, 224,
140208209 DXVVL$SSURSULDWLRQ
350, 352, 354
GłLPSDFWLPSDFW 5HVSRQVDELOLW«b72146148
LQYHVWPHQWYRLUDXVVL Génie civilYRLUDXVVL 174204207208226300
,QYHVWLVVHXUVb88177193 7UDYDX[b68, 69, 86, 87, 210, 305343325365375 et sq.
197287411 212, 123, 232, 350, 365 377413418
GłLQYHVWLVVHPHQWb17588 GHVDFWHXUVSULY«Vb150248
Genre (voir aussi Egalité,
SULY«VbYRLU)LQDQFHPHQW 250287293388
)HPPHVb222 et sq., 415
SXEOLFVbYRLU)LQDQFHPHQW Inégalités YRLUDXVVL(JDOLW«b
EDLOOHXUVGHIRQGVb717886 *«RWKHUPLHb70, 146
36, 48, 51, 92, 222-224, 260, 346,
8992146151154158172 376
*LVHPHQWb62 et sq., 120, 126,
180189204208215252
129, 150, 218, 235, 334, 350, 354,
338339345365381388 ,QIRUPDWLTXHb160, 274, 301,
370
400406408410 318, 354, 361
*RXYHUQDQFHb28, 72, 80, 128,
Formation YRLUDXVVL Infrastructures (voir aussi
223, 233, 324, 377, 388, 418
3URIHVVLRQQDOLVDWLRQ Equipement, Kiosque,
&RPS«WHQFHVb49, 91, 141, 150, *UDWXLW«b150, 230, 232, 274, Miniréseau, Schéma,
179, 180, 209, 210, 211, 218, 223, 284 6\VWªPHb
234, 273, 289, 290, 304, 329, 390, SXEOLTXHVb 184, 219, 262, 298
Groupe électrogène YRLU
396, 398, 399, 404, 413, 417 et sq., 370, 401
DXVVL+\EULGDWLRQb67, 100,
DUFKLWHFWXUHWHFKQLTXHYRLU
Fourniture 101, 102, 118, 155, 159, 165, 171, 185,
DXVVL'LPHQVLRQQHPHQWb
IRXUQLVVHXUVGł«TXLSHPHQWVb 210, 211, 218, 318, 324, 325, 335,
165, 356, 371
147206210214215261292 338, 340, 343, 349, 350, 354, 355,
HPSODFHPHQWYRLUDXVVL6LWH
294297363372373374 367, 370, 371
3«ULPªWUH5«VHDXb230, 365
413417
,QJ«QLHULHb
IRXUQLWXUHGHVHUYLFHRXELHQ
«OHFWULTXHVb8689128137 H VRFLDOH YRLUDXVVL$SSURFKH
170209210212213235251 (WXGH)RUPDWLRQ
+DELWDWb103, 116, 122, 207, 291,
278282396404 6HQVLELOLVDWLRQ174, 176, 197,
328, 340, 364, 369, 415
215, 216, 219, 413
Fracture +\EULGDWLRQb64, 65, 69, 70, WHFKQLTXHYRLUDXVVL
«QHUJ«WLTXHb23640 et sq. 101, 127, 159, 165, 166, 184, 210, 'LPHQVLRQQHPHQW(WXGH
8691108253 217, 267, 317, 325, 333, 335, 336, ,QIUDVWUXFWXUH7UDYDX[212,
VRFLDOHb227228230 343, 349, 350, 354-356, 365, 368, 213, 215, 350
370, 380
L
,QLWLDWLYHORFDOHb90, 134, 399, 0DUFK«VŦQDQFLHUVbYRLU
400 6HFWHXU
N
Outils 3«ULPªWUHGł«OHFWULŦFDWLRQ
GHSODQLŦFDWLRQbYRLUFH YRLUDXVVL'HVVHUW5«VHDXb
1DQRU«VHDXb262, 314, 327 et WHUPH 68, 118, 18, 138, 178, 206, 220,
sq. ŦQDQFLHUVbYRLU)LQDQFHPHQW 228, 235, 369 et sq., 373, 400
P
216, 275, 287
1LFNHOP«WDOK\GUXUHbYRLU
%DWWHULHV 3HUWHVWHFKQLTXHVb80, 82, 124,
Paiement 125, 248
Normes YRLUDXVVL'URLW FDSDFLW«¢SD\HUbYRLU
5«JOHPHQWDWLRQ6WDQGDUGVb &DSDFLW« Photovoltaïque / PVYRLU
25, 52, 215, 231, 237, 238, 239, QRQSDLHPHQWb124188231 DXVVL6RODLUHb
245, 275, 363, 396 239251 J«Q«UDWHXUbYRLUFHWHUPH
PRGDOLW«VGHSDLHPHQWb160 PRGXOHVb144147161162
1RWDEOHVb207, 208, 209, 215, 163230238264266269
242361375
228, 235, 323, 369, 374, 375 273274301318327
SU«SDLHPHQWb251278279
Numérique YRLU 280282328335343360 et FKDPSSKRWRYROWD±TXHb159
DXVVL'LJLWDOLVDWLRQ sq.372374378379 163264270
'«PDW«ULDOLVDWLRQb37, 96, 99, YRORQW«SURSHQVLRQ¢ EDLVVHGHVFR½WVbYRLU
142, 154, 158, 160, 194, 250, 252, SD\HUb131184187188214 &RPSRVDQW
260, 280 et sq., 328, 334, 343, 246364415 3LORWDJHPRQLWRULQJ119, 154,
344, 361, 383, 388, 399 UHFRXYUHPHQWb8083147 159, 160, 165, 217, 320, 328, 343,
160173214242339360-362, 361
378, 389
O 3DQQHVb61, 90, 148, 233, 239, Plan d’affaires / business
247, 326, 374, 381 SODQb72, 168, 169, 175, 185, 186,
Offre(s) YRLUDXVVL
187, 206, 210, 227, 243, 287, 322,
&RPPHUFLDOLVDWLRQ6FK«PDV Partenariats publics-privés 343, 345, 363, 380, 410, 417-418
9HQWH 333b174, 177, 303, 325, 344,
DLGH¢OłRIIUHb182 376 3ODQLŦFDWLRQb89, 118, 220, 221,
DSSHOGłRIIUHVb206249396 261, 316, 331, 334, 345, 364, 388,
RIIUHGHVHUYLFHb23128198 3D\DV\RXJR3$<*b150, 395, 397, 399
286289292293294297 160, 166, 172, 174-176, 191, 196,
214, 215? 235, 239, 251, 263n 270, Plateforme énergétique YRLU
311319323343
274, 277, 278 et sq., 292, 318, DXVVL.LRVTXHb224, 262, 316 et
Onduleur YRLUDXVVL 323, 330, 343, 361 sq., 318
6\VWªPHb150, 159, 165, 171, 238,
Péréquation YRLUDXVVL Politique(s)
264, 265, 267, 274, 301, 343, 354,
7DULŦFDWLRQb128, 243, 245, 249, QDWLRQDOHVGł(5b868990
355, 358, 360, 377
339, 346, 347 258260334345377394
ONG YRLUDXVVL$VVRFLDWLRQ 395396404414
&RRS«UDWLRQ27, 92, 154, 159, 3HUIRUPDQFHVb YRORQWDULVPHb44488993
195, 197, 206, 207, 208, 261, 303, KDXWHSHUIRUPDQFH 137340346388394396
343, 344, 345, 347, 349, 365, 377, «QHUJ«WLTXHbYRLU(IŦFDFLW«
5«FHSWHXUV 3ROOXWLRQb98, 155, 224, 238,
399, 404, 408, 411, 413
GHVPDW«ULHOVb146163165 240, 241, 277, 335, 376
2S«UDWHXUbYRLU([SORLWDQW 166187238239270273 Pompage YRLUDXVVL(DX
7«O«FRPV 275309371 ,UULJDWLRQb51, 61, 102, 148, 174,
LQGLFDWHXUVGHSHUIRUPDQFHb 181, 197, 243, 272, 308 et sq.
23(;bYRLU&R½WV
186187204396415
Q
3U««OHFWULŦFDWLRQb116, 127, 130,
Réglementation YRLUDXVVi
146, 275, 276, 310
Droit, Normes,5«JXODWLRQb
Prêts YRLUDXVVL)LQDQFHPHQW Qualité 71, 136, 138, 298, 209, 238, 266,
&U«GLWb136, 137, 139, 140, 158, GHVHUYLFHb80112147158 267, 291, 292, 331, 400
180 et sq., 188, 190, 191, 196, 202, 274291374
GHVPDW«ULHOVb201238239 5«JXODWLRQGXVHFWHXUb89,
212, 294, 400, 409, 410, 417
270272273276277282 104, 28, 260, 273, 291, 323, 391,
PrivatisationYRLUDXVVL 294356398411 418
/LE«UDOLVDWLRQb78, 86, 87, 413 FRQWU¶OHGHTXDOLW«b237239 5«JXODWLRQ«OHFWULTXHbYRLU
Production YRLUDXVVL&R½W 275396 6\VWªPH
*«Q«UDWHXU
5HPSODFHPHQWbYRLU
GHIURLGbYRLU5«IULJ«UDWLRQ
PXWXDOLV«Hb316-318322323
R 5HQRXYHOOHPHQW
328340398 RaccordementYRLUDXVVL Renforcement de
FDSDFLW«GHSURGXFWLRQb47 &R½WVb124, 174, 185, 191, 207, capacitésYRLUDXVVL
576396124126127233 209, 211, 217, 223, 235, 242, 249- $FFRPSDJQHPHQWb47, 173,
340355358359381 250, 330, 335, 340, 350, 357, 368, 176, 180, 204 ? 209, 229, 374, 375
VRXUFHVGHSURGXFWLRQb58 370, 374-375, 379, 395
Renouvellement des
64130223318327328 ?
Récepteur(s) YRLUDXVVL composants YRLUDXVVL
330331340343374
$SSDUHLOV(FODLUDJH 0DLQWHQDQFH5HF\FODJH68,
Professionnalisation 5«IULJ«UDWLRQ7«O«YLVLRQb96, 103, 144, 147, 181, 184, 185, 188,
YRLUDXVVL&RPS«WHQFHV 119, 150, 158, 166, 235, 240, 241, 242, 274 et sq., 292, 300, 309,
)RUPDWLRQb393, 402, 404 265, 267, 269, 274, 286, 287, 317, 321, 326, 349, 355, 374, 380 et
327, 352, 411 sq., 410, 411, 417
3URJUDPPDWLRQb185, 191, 220,
EDVVHFRQVRPPDWLRQb104
396, 397, 399, 400 Rentabilité YRLUDXVVL
129149154158160166214
,QYHVWLVVHPHQWb37, 86, 93,
Projets YRLUDXVVL5LVTXH 218234-235282287374
102, 174, 177, 184, 185, 187, 189,
)LQDQFHPHQW 376
192, 197, 214, 185, 187, 189, 192,
DSSHOV¢SURMHWVb195206 DXWRULV«Vb235283330376
197, 214, 242, 245, 247, 287, 320,
344345415 XVDJHLQDGDSW«b189234235
345, 346, 349, 370, 371, 376, 395,
DYDQWSURMHWYRLUDXVVL
5«FHSWLRQGHVWUDYDX[b209, 400, 417
(WXGHVb69178180
212-213, 373
EXGJHWb204210217249
GRVVLHUGHSURMHWb414
Solaire YRLUDXVVL sq., 184, 190-194, 197, 215, 224, 113, 160, 213, 260, 278, 283, 360,
3KRWRYROWD±TXHb 261, 277, 294, 303, 340, 395, 376, 416
WKHUPRG\QDPLTXHb64144 381, 400, 405, 406, 409, 417
Télévision YRLUDXVVL
145 ¢OłLQYHVWLVVHPHQWb247248
$SSDUHLOV5«FHSWHXUVb101,
DSSOLFDWLRQV 292293323326339349
119, 121, 129, 144, 168, 214, 218,
SURIHVVLRQQHOOHVb144145150 371410
227, 234, 267, 269 ? 274, 283,
V\VWªPHVRODLUHDXWRQRPHb WDULIVVXEYHQWLRQQ«Vb80128
289, 330, 374, 376, 379
98118129146149163261 243339378
262264HWVT356 Tests YRLUDXVVL
Syndicat d’électricitéYRLU
V\VWªPHVRODLUHLQGLYLGXHO ([S«ULPHQWDWLRQb146, 179, 187
DXVVL&RRS«UDWLYHb136 et sq.,
66,b100101 ? 146149160
142 7KHUPLTXHb67, 69, 80, 101, 127,
169175213216228238241
170, 316, 317, 318, 334, 338, 343,
251261263269HWVT325 Système(s)
355, 367
328 GHSURWHFWLRQb163358359
360 7UDQVIHUWb
Solidarité YRLUDXVVL
GHU«JXODWLRQYRLUDXVVL GHFRPS«WHQFHVbYRLU
&RRS«UDWLRQ3«U«TXDWLRQb
2QGXOHXUb114119147151 &RPS«WHQFH)RUPDWLRQ
243, 245, 393, 403, 405
164210239264350352 5HQIRUFHPHQW
6ROXWLRQVYRLUDXVVL2IIUHb
380 GHWHFKQRORJLHb47161168
FRQWDLQHULV«HVb166186349
352372373 7UDQVSDUHQFHb183, 247, 395,
LQGLYLGXHOOHVbYRLU6FK«PD
6RODLUH
T 400, 410
195197288316HWVT344
YDOHXUGłXVDJHb206246278
283287
XQLYHUVDOLW«GHVXVDJHVb112
127
Usager
FRPSRUWHPHQWGHVXVDJHUVb
YRLU&RPSRUWHPHQW
DVVRFLDWLRQVFRPLW«V
GłXVDJHUVb72147206-207
229233235317374
V
Vente
GLUHFWHb149174272HWVT
278
SRZHUSXUFKDVHDJUHHPHQW
33$78
Viabilité YRLUDXVVL0RGªOH
([SORLWDWLRQb71, 109, 118, 128,
138, 139, 150, 160, 170, 184, 185,
187, 197, 205, 207, 214, 221, 228,
239, 242, 244, 250, 261, 286
N T
*UHWb72, 92, 322, 350, 377
Groupe d’experts
intergouvernemental sur National Rural Electric 7DQ]DQLHb56, 79, 82, 283
Oł«YROXWLRQGXFOLPDW*,(&b Cooperative Association 7RJRb56, 168, 319
34, 58, 59, 60, 61, 154 15(&$b35, 141
U
*XLQ«Hb56, 64, 69, 85, 100, 103, 1DWLRQV8QLHVb35, 44, 46, 47,
121, 210, 219, 220, 229, 244, 250, 48, 68, 149, 189, 225, 226, 303,
262, 339, 359, 365, 379 388, 390, 391 United Nations International
1HJDZDWWb157 Children’s Emergency Fund
*X\DQHb159, 217
81,&()b35, 103
Z
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(OHFWUL)Lb88 (FRQRPLTXHV2&'(b35, 82,
153, 173, 182, 183, 204, 398 =D±UHb146
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Les auteurs :
Yves Maigne
Gérard Madon
Etienne Sauvage
Sarah Vignoles