Diagnostique Stratégique
Diagnostique Stratégique
Diagnostique Stratégique
ISBN : 978-2-10-078061-7
Sommaire
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Remerciements
Préface
Introduction
Conclusion
Bibliographie
Index
Remerciements
Le livre d’Olivier Meier porte sur un thème essentiel aux entreprises. Il permet une
réelle prise en compte de l’importance d’un diagnostic stratégique, mais aussi de ses
difficultés. Les réflexions stratégiques conditionnent la réussite des entreprises. En
effet, comment se positionner et évoluer sur un marché, sans avoir une connaissance fine
de son environnement, de ses principaux concurrents, des opportunités et menaces, et
sans se poser les bonnes questions ?
Une décision stratégique, aussi pertinente soit elle, ne peut se concrétiser et conduire au
succès que si elle est le fruit d’une démarche construite, fondée et réfléchie.
Anticipation et cohérence en sont les maîtres mots. Il faut considérer l’analyse
stratégique comme un ensemble de méthodes qui conduisent à anticiper les décisions, à
réduire les incohérences, à organiser et stimuler la réflexion. Cependant, face à un
environnement complexe et à la multitude des informations qui sont en jeu, le diagnostic
d’entreprise est une démarche essentielle mais particulièrement délicate à réaliser.
Mon expérience en tant que fondateur et actionnaire de nombreuses sociétés (Echo
Interactive, Médiamétrie-eStat et ERN) me permet de dire, aujourd’hui, que sans un
minimum de réflexion stratégique, aucun de mes projets n’aurait pu être réalisé et
conduit avec succès. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’une entreprise s’oriente vers des
stratégies d’innovation.
Président-Directeur général et fondateur de la société ERN, en charge du
développement et de la commercialisation d’un nouvel outil technologique (« le
Cartable Électronique »), je réalise un peu plus chaque jour à quel point la démarche
stratégique et le diagnostic d’entreprise conditionnent le succès. Ceci m’a notamment
permis de comprendre et de saisir les opportunités du marché. De même, c’est à partir
d’une analyse approfondie menée dans le secteur des Nouvelles Technologies de
l’Information et de la Communication que nous avons pu négocier et réaliser dans de
bonnes conditions la fusion entre les entreprises eStat et Médiamétrie (mesure de la
fréquentation des sites Internet).
Ce livre est donc pour moi d’une réelle utilité car il est souvent difficile pour les
dirigeants de traduire et d’organiser leurs savoirs et connaissances en termes de
décisions stratégiques. Cet ouvrage y parvient avec talent, en organisant et
opérationnalisant ces connaissances, à l’aide d’outils et de points de repères précis en
matière de stratégie et de diagnostic. Olivier Meier propose notamment deux études de
cas détaillées et un certain nombre de grilles méthodologiques, permettant à tous les
acteurs de l’entreprise de maîtriser leur environnement, afin de prendre les meilleures
décisions au meilleur moment.
Ce livre de qualité offre donc aux actionnaires, aux Présidents-Directeurs généraux, aux
cadres opérationnels et aux chercheurs/étudiants, les concepts essentiels au diagnostic
d’entreprise. Fort bien construit, il propose des pistes de réflexion utiles à tout
manager. En le lisant, vous développerez vos compétences et multiplierez ainsi vos
chances de succès.
Michel BISAC
PDG d’Espace et Réseaux Numériques (ERN)1
Fondateur d’Echo Interactive2
Notes
1. ERN : société en charge du développement du cartable électronique dans le domaine
de l’enseignement.
2. En février 2001, Echo Interactive, société de la Net-économie, spécialisée dans les
activités liées à l’Internet et aux réseaux, est rachetée par le Groupe France Telecom.
Introduction
Executive summary
►► Face aux évolutions et variations des marchés et à la multitude de nouveaux acteurs, les
décideurs ont besoin de mieux maîtriser les règles du jeu concurrentiel et d’accompagner leurs
trajectoires dans de bonnes conditions.
►► La démarche stratégique est aujourd’hui rendue plus complexe, en raison de l’instabilité
des systèmes concurrentiels et des impératifs de création de valeur qui nécessitent bien souvent
une gestion d’intérêts contradictoires.
►► Dans ce contexte, la capacité à connaître et maîtriser les règles du jeu et savoir se
positionner au sein de son environnement devient essentielle pour définir et préparer
des trajectoires stratégiques cohérentes, tout en permettant des inflexions possibles au cours du
temps.
« C’est parce que l’avenir est imprévisible que l’on doit placer sa réflexion stratégique dans le cadre
d’une vision d’avenir. »
Bruno Jarrosson1
La recherche de compétitivité
Pour se développer, une entreprise doit être capable de créer et conserver une clientèle,
en trouvant des actions qui lui permettent d’augmenter son efficience et son efficacité,
en particulier dans un contexte fortement concurrentiel. Pour accaparer de manière
rentable et durable une part de marché importante, une entreprise doit parvenir à réduire
ses coûts de production et de commercialisation par rapport à ceux de ses concurrents.
La réduction des coûts est en effet la condition sine qua non pour réduire ses prix et
ainsi attirer de nouveaux clients, tout en assurant un niveau de rentabilité suffisant pour
stimuler des nouveaux investissements.
Il est proposé ci-après une première grille d’analyse centrée sur les actions qui
favorisent la compétitivité d’une entreprise.
Selon cette approche, on peut alors définir la compétitivité de la firme à travers son
carré magique (Darbelet et al., 1998), à savoir : la productivité, la qualité, la
flexibilité et l’innovation.
Anticiper
Capacité de l’entreprise à régénérer et renouveler son système de ressources
et créer
en fonction des attentes et évolutions de l’environnement
de la valeur
Figure 1.1 – Le carré de la compétitivité
■ L’exigence de productivité
■ L’exigence de qualité
■ L’exigence de flexibilité
■ L’exigence d’innovation
Valéo
Face à une concurrence accrue, le groupe Valéo a opté pour la mise en place d’une stratégie de
croissance structurée autour de quatre grands axes :
des coûts compétitifs permettant d’offrir les meilleurs prix du marché (productivité), tout en
assurant la rentabilité nécessaire à l’autofinancement des activités actuelles et futures ;
une qualité totale de niveau international (« le client d’abord »), étalonnée sur les meilleurs
standards mondiaux, pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante ;
l’accompagnement des clients (adaptabilité), en n’hésitant pas à développer de nouvelles
installations dans un souci de proximité et de réactivité3 ;
une technologie avancée toujours en évolution pour la maîtrise et l’amélioration des produits
(et systèmes) et une innovation constante par l’apport de nouvelles technologies.
La recherche de sécurité
Stratégie et finance
Cas d’entreprise
Le lien stratégie-finance : le cas Emerson
« Le succès d’Emerson est dû à l’intégration systématique de la stratégie et de la finance dans
toutes les décisions importantes de l’entreprise. La “chance” d’une société ne pourrait durer
40 ans, surtout dans les secteurs d’activité cycliques, concurrentiels et à faible contenu
technologique où opère Emerson. La société a mis en place un système prévisionnel très
perfectionné : chaque branche d’activité doit élaborer un plan détaillé à cinq ans comportant des
prévisions de résultats financiers, avec argumentaire à l’appui. Les responsables de ces
branches d’activité ont recours au système Dupont pour dresser leurs prévisions. Les cadres
chargés de l’élaboration des plans prévisionnels par division doivent répondre à des
questionnaires très détaillés. Ils doivent montrer qu’ils savent parfaitement comment leur plan
sera mis en œuvre et pouvoir justifier leurs prévisions financières, en termes de stratégies
commerciale et opérationnelle. Voilà comment s’explique la réussite d’Emerson pendant de
nombreux cycles d’activité consécutifs. Ayant compris comment la richesse est créée par
l’intégration des stratégies de gestion et financières, la société a assuré sa rentabilité à long
terme. ».
D’après F. Allen et J.R. Percival, « L’Art de la Finance », Les Échos, 2004.
Stratégie et marketing
Stratégie et GRH
Traiter conjointement de stratégie et de GRH apparaît plus paradoxal que pour d’autres
fonctions comme le marketing et la finance. En effet, alors que les ressources humaines
d’une entreprise sont dans les discours des dirigeants présentées comme sa plus grande
richesse et son premier facteur clé de succès, les décisions stratégiques prises laissent à
penser que la dimension humaine est souvent considérée comme secondaire sur le
terrain (par exemple, rares sont les Responsables RH qui sont invités à la table des
négociations d’une opération de fusion). De même, les responsables RH n’ont gagné
que très récemment leur place dans les comités de direction et encore seulement dans
les plus grands groupes mondiaux (Bournois & al., 2003).
En fait, ce décalage entre discours et réalité s’explique par l’histoire de la fonction
RH qu’on peut décomposer en trois temps.
Tout d’abord, la fonction appelée alors « Personnel » était centrée sur
l’administration du personnel et apparaissait comme une fonction technique,
opérationnelle, très éloignée des enjeux stratégiques. Les salariés sont pensés
comme des charges (maîtrise des coûts salariaux) porteurs de revendication
(conditions de travail et salaires), allant à l’encontre des objectifs de performance
de l’entreprise. On oppose alors la logique sociale (RH) et la logique économique
(Stratégie). Le responsable du personnel ne fait pas partie des équipes de direction
et n’a pas une vision stratégique des enjeux de son organisation.
Puis, différentes évolutions (loi sur la formation continue par exemple en 1971,
complexification de l’environnement, crises économiques à répétition) viennent
modifier la fonction RH qui devient un des moyens privilégiés pour atteindre
certains objectifs stratégiques. Cependant, la RH reste secondaire face à la
nécessité d’analyser et de comprendre l’environnement concurrentiel et au besoin
d’optimiser les processus organisationnels (réorganisation interne, démarche
qualité, méthodes de production optimisées importées…). De plus, à cette époque,
les RH sont aussi perçues comme un facteur de risque (risque de confits,
d’incompétences, d’obsolescence, de rigidité…) qu’il faut surveiller.
Progressivement, la fonction RH semble enfin acquérir une dimension stratégique.
Cette évolution se fait en deux temps. Dans une première période (1985-1995), la
dimension RH intègre les principaux outils du diagnostic stratégique (modèle des
7S de McKinsey par exemple). La RH devient alors un des leviers de performance
des organisations. Les dirigeants doivent donc l’intégrer dans leur stratégie au
même titre que le marketing ou la finance. Les indicateurs RH (taux de turnover, %
de la masse salariale consacré à la formation, etc.) deviennent des descripteurs de
la situation concurrentielle d’une entreprise. Par exemple, un investissement plus
faible en formation qu’un concurrent est considéré comme un signe aussi inquiétant
que le niveau relatif d’investissement en recherche et développement. Dans une
deuxième période, des théories comme la théorie des « compétences distinctives »
ou de « la ressource » (Barney, 1999), mettent les RH au cœur des processus
stratégiques. La stratégie d’une entreprise est alors perçue comme dépendante de
sa capacité à s’appuyer sur ses ressources, notamment humaines, et ses
compétences fondamentales. Les RH deviennent ainsi une source d’avantages
concurrentiels pour l’entreprise. On constate un rapprochement du vocabulaire RH
et du vocabulaire de la stratégie (gestion par les compétences, management des
compétences, etc.). La GRH est au service des buts à long terme que se donne
l’entreprise. Elle s’assure par exemple que les Ressources Humaines futures sont
en adéquation avec les besoins futurs dictés par la stratégie, pour éviter des
décalages douloureux pour la position concurrentielle de l’entreprise. Elle devient
par conséquent une fonction anticipatrice et prospective notamment dans le cadre
de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences.
Ces dernières années, les évolutions récentes (nouvelle gouvernance) ont renforcé le
caractère stratégique des Ressources Humaines. La fonction RH doit préserver
l’employabilité des salariés (construction de trajectoire professionnelle satisfaisant à la
fois l’entreprise et l’individu) pour garantir les performances futures et limiter les
risques de restructuration (destructeur de valeur).
Elle a également comme mission de gérer la Responsabilité Sociale de l’entreprise et
notamment sa dimension Éthique (principes du développement durable). Enfin, elle
permet à l’entreprise de s’adapter en permanence à son environnement, en mettant en
place une culture du changement et en favorisant la flexibilité des structures et des
équipes.
Le rôle de la DRH s’en trouve modifié. Au-delà de ses rôles traditionnels, elle est
chargée de véhiculer la stratégie du groupe, de la rendre audible par les salariés et
d’accompagner au niveau humain les décisions prises. Ainsi, on assiste à un alignement
des grandes fonctions de l’entreprise au service de la stratégie.
Un service RH doit avoir une dimension stratégique (préparer les équipes pour le
futur, permettre la réalisation des objectifs fixés par la direction générale), mais il doit
aussi intégrer la dimension marketing (adopter une logique client-fournisseur avec ses
différents partenaires que sont la direction générale, les salariés, les managers, les
partenaires sociaux, faire du marketing social pour attirer les nouveaux collaborateurs
et fidéliser les meilleurs salariés) et maîtriser la dimension financière (prouver que les
investissements RH sont créateurs de valeur, justifier des actions et rendre des
comptes).
Cependant, on ne gomme pas comme cela le poids du passé. Deux tendances sont
donc encore souvent répandues dans les organisations. Tout d’abord, l’alignement de
la stratégie et des RH reste contingent à la situation économique : il semblerait que les
entreprises fassent des RH un acteur stratégique seulement en période de
développement et de croissance. Dès que le cycle économique s’inverse, la tendance
est de redonner la priorité à la dimension financière (salariés considérés comme des
charges et non comme des investissements à valoriser, plan de restructuration,
diminution du budget formation, etc.).
D’autre part, il faut noter un décalage encore présent entre le discours et les faits.
Alors que les RH s’imposent dans le discours comme un partenaire stratégique, les
études menées par Pichault (2004) et Lawler et Mohrmann (2003) ont montré que le
temps de travail des membres du département RH était largement dominé par les tâches
administratives à 56 %, contre 28 % pour les rôles stratégiques et que la fonction RH
était encore fréquemment absente des grands enjeux organisationnels.
Le lien entre RH et Stratégie reste donc encore à stabiliser et à renforcer bien qu’il
apparaît comme le seul garant de performances durables.
Exemples
Des prises de décisions stratégiques
Pour continuer à se développer, une entreprise est obligée périodiquement de prendre un certain
nombre de décisions stratégiques. On peut citer comme exemples :
le changement du métier de base de l’entreprise ;
l’acquisition d’actifs spécifiques (marque, brevet, localisation, licence, savoir-faire,
équipements particuliers…) ;
l’intégration de nouveaux métiers (intégration verticale/diversification) ;
la création de nouveaux produits ou services ;
le changement de statut de l’entreprise ;
la création d’une société sous une autre forme juridique ;
l’augmentation, l’amortissement ou la réduction du capital ;
la dissolution de la société ;
le rachat de sociétés (fusions-acquisitions) ;
les alliances entre firmes (filiales communes, prises de participations croisées, GIE,
consortium) ;
les politiques de changement organisationnel : modification de la structure et de la culture
d’entreprise ;
toutes autres décisions impliquant des modifications durables au niveau de la mission, des
métiers et du fonctionnement de l’entreprise.
Cas d’entreprise
Typologie des
décisions Décisions Décisions Décisions
stratégiques administratives opérationnelles
Critères
On entend par objectif stratégique, l’affirmation spécifique d’un résultat attendu qui
oriente, sur une action ou un projet donné, la politique de l’entreprise, et qu’il est
possible de mesurer ou d’observer sur une période déterminée (échéance). Un objectif
stratégique peut se voir comme un guide montrant la direction à suivre et ce que l’on
veut atteindre. Il est censé influer sur le type d’actions à entreprendre, pour développer
et gérer une entreprise. L’objectif stratégique peut aussi constituer une source de
motivation et d’incitation, en stimulant les acteurs de l’organisation. Atteindre un
objectif ambitieux ou valorisant peut en effet apparaître comme un défi à relever pour
les collaborateurs de l’entreprise. Il renvoie en particulier à une logique de
responsabilité et d’initiative.
Exemple
Les objectifs stratégiques d’Eaton Corporation
Pour Stephen R. Hardis, le P-DG d’Eaton Corporation, la stratégie pour enregistrer une meilleure
croissance sur ses marchés finaux passe par la réalisation des objectifs suivants :
Utiliser les liquidités disponibles pour financer des acquisitions qui renforceront le leadership
de l’entreprise et amélioreront la croissance à long terme des bénéfices.
Introduire des produits majeurs sur les principaux marchés émergents des pays qui
s’industrialisent rapidement.
Utiliser les atouts technologiques développés par l’entreprise pour protéger les filiales
existantes des concurrents mondiaux, en vue de créer de nouvelles sources importantes de
bénéfices supplémentaires.
Repenser chaque activité fondamentale d’Eaton pour avoir les meilleures pratiques en
comparaison avec les principaux concurrents mondiaux.
Enrichir sa force managériale, en recherchant de nouveaux talents et en encourageant une
culture d’entreprise orientée vers le risque.
Source : CTI
Exemple
Les objectifs stratégiques de Total
Le développement et l’amélioration de la rentabilité de son secteur Amont.
Le renforcement de sa position parmi les leaders sur les marchés du gaz naturel et du GNL de
par le monde.
La consolidation de sa position dans les activités aval en Europe, tout en développant ses
participations sur des marchés en croissance rapide tels que le Bassin méditerranéen,
l’Afrique et l’Extrême-Orient.
La rationalisation de son portefeuille Chimie en donnant la priorité à l’amélioration de la
rentabilité, au développement des activités pétrochimiques et à la croissance sélective de la
chimie des intermédiaires et des spécialités.
Source : CTI – École Centrale de Paris
L’essentiel
►► Dans le domaine de la stratégie d’entreprise, le dirigeant doit souvent faire face à des
exigences contradictoires qui rendent ses décisions complexes et difficiles. Il doit notamment veiller
à répondre aux besoins de survie et de compétitivité de l’entreprise. Il a en particulier à relever
plusieurs défis en termes de performance, autour des questions de productivité, de qualité,
d’innovation, tout en protégeant son organisation et ses collaborateurs.
►► Le décideur est également confronté à la coexistence d’intérêts contradictoires, devant
aussi bien gérer les enjeux et contraintes économiques (finance), les perspectives
de développement (stratégie), la relation avec l’environnement (marketing et RSE), sans occulter
le développement personnel et professionnel de ses salariés (management et GRH).
►► Le propre de la stratégie consiste donc, à partir des ressources existantes et des
caractéristiques de l’environnement, à définir une vision ambitieuse et réaliste qui fédère l’ensemble
des acteurs et parties prenantes autour d’objectifs offensifs ou défensifs, en fonction du contexte.
Notes
1. Bruno Jarrosson, Stratégie sans complexe, Dunod, 2004.
2. Des entreprises comme Motorola ou General Electric ont été à l’initiative de
véritables programmes de gestion de qualité, en intégrant tous les aspects des travaux
concernant la recherche de la qualité et en pratiquant une véritable stratégie de
prévention et de contrôle.
3. Ainsi, par exemple, le Groupe Renault insiste pour que Valéo vienne s’installer au
Japon pour fournir Nissan.
4. La dénomination de segment de marché (ou segment marketing) ne doit pas être
confondu avec celle de segment stratégique. Le segment stratégique correspond en effet
à un marché particulier sur lequel il est possible d’identifier des facteurs clés
spécifiques. Le segment de marché intervient à un autre niveau. Il s’agit de décomposer
le marché identifié en couples produits/clients, en vue de répondre aux besoins
spécifiques d’une partie de la clientèle.
Chapitre 2
Executive summary
►► Un diagnostic stratégique est un outil qui peut répondre à différents objectifs, allant de la
recherche d’amélioration de procédés et process à l’identification de nouvelles sources
de développement. Il vise généralement à améliorer la compétitivité de l’entreprise.
►► Il peut tout d’abord servir à repérer les causes de dysfonctionnements observés et à
rechercher des sources d’amélioration interne dans un souci d’accroissement de la performance
(productivité, flexibilité, innovation, fiabilité…).
►► Il peut aussi contribuer à anticiper les effets d’une politique (pénétration d’un nouveau
marché, internationalisation des activités, stratégie d’innovation…) et permettre la création
d’opportunités nouvelles (synergies de coûts, synergies de croissance, création d’activités).
Actionnaires X X X
Employés X X X
Cadres X X X
Clients X X X
Fournisseurs X X X
État X X X
Opinion X X X
publique
Suite à ce premier travail, il peut alors être intéressant, à l’instar de ce que propose
M. Godet, d’analyser le nombre de convergences et de divergences entre les acteurs sur
l’ensemble des objectifs qui structurent la politique de l’entreprise. Ceci permet
d’anticiper quels seront les alliés et adversaires potentiels, les stratégies de coalitions
possibles, et les risques de conflits d’objectifs et d’intérêts.
Afin d’affiner l’analyse et de la rendre plus proche de la réalité du terrain, il est
recommandé, dans ce type de démarche, de hiérarchiser les objectifs pour chaque
acteur, en précisant son degré d’importance ou d’urgence (indispensable à son
existence, essentiel à ses missions, important pour ses projets, conséquent, non
prioritaire). Il faut enfin étudier les rapports de force entre les acteurs (cf. matrices
d’influences-dépendances directes et indirectes) et de les analyser au regard des
accords et désaccords constatés.
Au-delà de l’aspect méthodique et technique propre à ces outils, l’approche
proposée a comme mérite d’attirer l’analyste sur différents critères clés pour saisir et
anticiper les effets d’une politique.
L’essentiel
►► Avant tout processus de mise en œuvre, le diagnostic stratégique doit permettre à
l’entreprise de se connaître, de savoir ce qu’elle veut et peut faire, au regard de ses ressources et
avantages concurrentiels, en essayant de se positionner favorablement sur ses différents
marchés.
►► Il importe pour ce faire de définir un certain nombre d’objectifs :
l’identification des causes et dysfonctionnements structurels, fonctionnels ou opérationnels ;
la recherche de sources d’amélioration interne sur le plan organisationnel, économique, financier,
technologique ou social ;
la capacité à apprécier l’impact de certaines décisions et politiques sur le développement et le
fonctionnement de l’organisation ;
la recherche d’opportunités nouvelles (métiers, activités, ressources) ;
la bonne maîtrise du devenir de l’entreprise et de ses activités.
Notes
1. Si l’analyste doit admettre, au niveau des résultats d’un diagnostic, une part
d’émergent (et faire donc aussi appel à l’intuition et à l’expérimentation), il doit en
revanche savoir les raisons qui l’amènent à réaliser un diagnostic. Un diagnostic doit en
effet avoir un sens et un intérêt qu’il convient de préciser, pour éviter que la démarche
ne se transforme en un processus non maîtrisé de collecte et de traitement de données
(absence de logique).
2. D’après Miles et Huberman.
3. Anticiper, c’est considérer un événement (ou une action) futur, comme s’il était
produit et en déduire des actions à effectuer au préalable, entre l’instant présent et le
moment où l’événement futur va se produire.
4. Selon E. Luttwak (2002), une des erreurs fondamentales de la stratégie est d’oublier
que les autres acteurs de l’environnement vont réagir à la décision stratégique.
5. Objectif N (+) : favorable à l’objectif N.
Objectifs N (–) : défavorable à l’objectif N.
Chapitre 3
Executive summary
►► Le diagnostic stratégique peut être utilisé dans différents contextes. Il se révèle
particulièrement pertinent lorsqu’il s’agit d’analyser des situations de changement ou de rupture,
en permettant de mieux cerner les risques et opportunités.
►► Cet outil peut être utilisé :
dans la préparation d’une succession/transmission ou d’une prise de fonction ;
pour s’assurer de la faisabilité d’une politique de croissance interne (R & D, politique RH,
gestion de projet) et valider la pertinence d’un projet de réorganisation (restructuration, fusion
interne…) ;
pour préparer dans de bonnes conditions les politiques d’internationalisation (pénétration
de nouveaux marchés) et anticiper les conséquences d’une décision stratégique délicate, à
l’instar des politiques de croissance externe (fusions-acquisitions, prise de contrôle…).
►► Le diagnostic stratégique peut aussi s’avérer pertinent pour évaluer un concurrent, un
partenaire ou une cible potentielle, en vue de mieux cerner les risques potentiels, les opportunités
et les rapports de force en présence.
Si le diagnostic constitue une aide précieuse dans une politique d’entreprise, encore
faut-il savoir « dans quelles situations » l’utiliser.
Le recours à la croissance interne pose des problèmes limités. Les principaux risques
portent sur la gestion des délais (capacité à développer de façon autonome de nouvelles
ressources rapidement) et sur l’affectation du personnel (capacité à affecter des
collaborateurs au développement de nouvelles ressources). En revanche, le choix de
recourir à la croissance externe ou conjointe peut présenter certains inconvénients pour
l’entreprise. En particulier, il convient de s’assurer que les métiers de l’autre entité
(partenaire ou société cible) s’inscrivent parfaitement dans la politique d’offre existante
et qu’au-delà des apparences, les pratiques et règles du milieu coïncident parfaitement
avec celles développées au sein du métier d’origine (compatibilité culturelle).
Il peut en effet arriver qu’au-delà des mots, les apparences soient trompeuses et créent
des logiques abusives de proximité entre deux entreprises qui finalement disposent
d’une vision et d’une approche du marché spécifiques (compatibilité stratégique). Il est
donc essentiel de préciser la qualification « entreprise concurrente » en fonction de la
réalité des entreprises et de leur politique, pour ne pas assimiler trop rapidement
certaines firmes dans le même champ concurrentiel.
Il est essentiel d’acter le niveau d’indépendance stratégique que l’on souhaite avoir
avec les métiers visés. En effet, selon que l’on opte pour une diversification
concentrique ou totale, la question des synergies se pose différemment. Dans un cas, des
objectifs de synergies commerciales ou industrielles peuvent éventuellement être
envisagés et s’inscrire dans une politique de développement commune. Dans l’autre
cas, il s’agit avant tout de réaliser des synergies financières et de rechercher des
métiers nouveaux porteurs et rentables.
La nature des risques et les attentes sont donc très différentes et demandent de la part
des dirigeants de bien clarifier le nouvel ensemble qu’ils souhaitent constituer et
positionner sur les marchés. Cet effort de clarification est d’autant plus important si
l’entreprise est cotée en Bourse, pour justifier ses choix auprès des actionnaires et
investisseurs.
FICHE PRATIQUE
Qui ?
Quels sont les acteurs internes et externes concernés par ces changements ?
Quels sont les responsables directement impliqués dans la gestion du processus ?
Quelles sont leurs positions et attitudes face au projet ?
Où ?
Quels sont les lieux ou systèmes directement affectés par ces changements ?
Où sont les nœuds de pouvoir concernés par ces changements ?
Quand ?
Est-ce la meilleure période pour initier un tel changement ?
Quelle est la durée attendue pour réaliser le projet ?
Comment ?
Quelles sont les méthodes et actions prévues pour conduire ce projet ?
Quels moyens complémentaires ou supplémentaires peuvent aider au développement du
projet ?
Quels sont les dispositifs permettant de consolider la démarche et de progresser ?
Combien ?
Combien de personnes seront directement touchées par ces changements ?
Quels sont l’ampleur et le coût des ressources dédiées à la réorganisation ?
Quels sont les liens entre activités (système d’interface) ?
Pourquoi ?
À quels besoins, demandes et attentes répond ce projet de réorganisation (souhait des
dirigeants, pression des actionnaires, réponse aux actions des concurrents…) ?
L’essentiel
►► Si le diagnostic stratégique constitue une aide précieuse dans une politique d’entreprise,
encore faut-il savoir dans quels contextes l’utiliser.
►► On réalise généralement un diagnostic stratégique lorsque l’entreprise est confrontée à des
changements importants émanant de son organisation (restructuration interne) ou de
l’environnement (menaces concurrentielles, produits de substitution, nouvelles réglementations),
qui présentent des risques mais aussi des opportunités pour les acteurs économiques.
►► On peut par exemple citer les cas de succession ou transmission d’entreprise, les
questions concernant la viabilité et la faisabilité d’un projet de développement ou de changement, ou
encore des situations dans lesquelles des conduites et actions stratégiques sont mises en place
par des concurrents, partenaires ou clients qui peuvent impacter le modèle économique de
l’entreprise.
Notes
1. On entend par projet, une réalisation spécifique (unique), limitée dans le temps
(échéancier) et comportant un ensemble de tâches cohérentes, utilisant des ressources
humaines, techniques et financières, en vue d’atteindre les objectifs prévus dans le
mandat, tout en respectant des contraintes particulières.
Chapitre 4
Executive summary
►► Le cas pratique Auchan est une illustration particulièrement intéressante de la stratégie d’une
entreprise familiale dans la grande distribution, autour d’enjeux spécifiques, tels que la pérennité de
la firme et la transmission entre générations.
►► Il met en avant le contexte de développement, les atouts de l’enseigne, son système de
valeurs et ses orientations stratégiques.
►► Il illustre les spécificités et les avantages du modèle
de l’entreprise familiale : contrôle du capital, valeurs affichées, mode de management, système
d’entraide, et permet ainsi d’enrichir la notion de stratégie d’entreprise
Auchan est une entreprise familiale créée en 1961 par Gérard Mulliez. Elle est l’une
des enseignes les plus prestigieuses détenue par les membres de l’association familiale
Mulliez (AFM) aux côtés de Décathlon, Leroy-Merlin, Boulanger, Norauto, Phildar et
bien d’autres. Conformément à la vision patrimoniale de la famille, qui refuse les
financements extérieurs, et comme toutes les autres sociétés du groupe, Auchan n’est
pas cotée en Bourse. Son capital est détenu par l’association familiale (87,5 %) et par
les salariés (12,5 %, ce que l’entreprise appelle le partage de l’avoir).
La saga des Mulliez est d’abord celle d’une conversion du textile à la grande
distribution. À l’origine, un petit capital : celui d’une dot que Marguerite Lestienne
remet lors de son mariage à son époux, Louis Mulliez, grand-père de Gérard Mulliez.
Louis utilise cet argent pour ouvrir en 1903 un minuscule atelier de retordage de laine à
Roubaix, à l’époque « capitale mondiale du textile ». Les affaires vont alors prospérer
grâce au commerce avec les Anglais, entre grossistes et bonnetiers, puis en 1923, avec
la création d’une usine de fabrication de fibres mélangées à des fils fantaisie : les
Filatures de Saint-Liévin, installées à Wattrelos. Cette entreprise, dans le capital de
laquelle vont entrer les membres d’une autre famille textile roubaisienne, les
Toulemonde, va connaître un important développement au début des années soixante-
dix, elle est le leader européen des fibres textiles chimiques.
En outre, Louis opère une diversification de ses activités en inaugurant un premier
magasin Les textiles d’Art rebaptisés Au Fil d’Art puis Phildar en 1956 par Gérard
Mulliez-Cavrois, l’un de ses onze enfants.
Ce fils, Gérard Mulliez-Cavrois, va chercher à court-circuiter les grossistes en
bâtissant un réseau de magasins franchisés exclusifs pour commercialiser la laine sous
la marque Phildar (lancée en 1942) : le succès est au rendez-vous et en 1963, les
Filatures comptent plus de 2 000 salariés. Par ailleurs, en 1963, Gonzague, le frère de
Gérard Mulliez-Cavrois, crée Textile Saint-Maclou pour le négoce de moquette et de
ruban synthétique. La distribution prend progressivement le pas sur la production.
Gérard Mulliez-Mathias, fils de Gérard Mulliez-Cavrois et surnommé « Gérard-fils »
ou encore « G2M » du fait de ses initiales est le fondateur d’Auchan. Il est né le 13 mai
1931 à Roubaix. Son parcours scolaire s’inscrit au sein des institutions Notre-Dame des
Dunes à Dunkerque et Jean XXIII à Roubaix, collège Mayfield en Grande Bretagne,
Institut technique roubaisien. Son cursus professionnel lui permet de commencer
contremaître d’un atelier de teinture textile aux Filatures Saint-Liévin (1954), puis
directeur des machines de fil à tricoter chez Phildar, entreprise créée par son grand-
père et développée par son père (1956) et enfin directeur des ventes (bas, laines,
chaussettes, etc.).
En 1961, il crée le premier magasin Auchan, dans le quartier des « Hauts Champs »
(qui donnera son nom à l’entreprise). Les trois premiers exercices étant décevants, le
père de Gérard-fils, Gérard Mulliez-Cavrois, accepte d’investir les bénéfices de
Phildar, qu’il a lui-même créée, dans Auchan ; il donne ainsi à son fils trois années
supplémentaires pour revoir ses méthodes. Pari gagné ! En 1967, soit six ans après
l’ouverture du premier magasin de Roubaix, un premier hypermarché ouvre à Roncq,
dans le Nord de la France.
Auchan est aujourd’hui une société anonyme à directoire et conseil de surveillance
dirigée par Vianney Mulliez. Le fondateur Gérard Mulliez a en effet cédé sa place à la
tête de l’entreprise au fils de son cousin germain – ancien président d’Immochan – en
2006, au terme d’un âpre débat au sein de la famille Mulliez. Son activité principale est
la distribution avec les hypermarchés, les supermarchés et le e-commerce. Néanmoins,
Oney Banque Accord et Immochan, les filiales bancaire et immobilière du groupe,
accompagnent son développement. La société a réalisé un chiffre d’affaires HT sous
enseigne de 51,7 milliards d’euros en 2016 grâce à 2,7 milliard de clients1 et 345 396
salariés appelés « collaborateurs »2.
Dès la construction de ses premiers hypermarchés, Gérard Mulliez voit « large » en
achetant l’ensemble des terrains entourant son magasin pour y implanter des parkings.
Rapidement, ces terrains vont permettre l’implantation sur le site d’Auchan des autres
enseignes du groupe, avec parfois des mises en concurrence avec des enseignes
extérieures (cf. l’exemple Toys’r Us vs. Picwic à Englos). Les surfaces foncières
appartiennent à une filiale d’Auchan, Immochan, qui n’est pas intégrée à l’AFM.
« C’est à Englos que Gérard Mulliez a eu à la fois l’opportunité et la vision sur la
stratégie foncière. », estime Philippe Petitprez, directeur de Citania, filiale
d’Immochan. « L’opportunité, c’est du terrain disponible. Et la vision, c’est
l’installation d’enseignes spécialisées autour de l’hypermarché. À l’époque, ça n’existe
pas ailleurs. » « L’offre créée la demande. Dès lors, Gérard Mulliez achètera toujours
plus de foncier que nécessaire. » « Nous optons toujours pour des emplacements avec
de fortes potentialités de développement en fonction des infrastructures et à l’essor
envisageable. Le foncier, c’est la matière première, c’est la clé du développement. »3
Dès les années 1965-1966, les cousins de Gérard Mulliez commencent à créer des
grandes surfaces spécialisées dans des secteurs en plein développement : les
accessoires automobiles, le sport, l’électroménager, les restaurants en libre-service…
La création de nouveaux concepts et de nouvelles enseignes est encouragée par
l’AFM, qui en favorise le financement. Selon Camal Gallouj, « la structure de la
gouvernance particulière de l’enseigne joue un rôle dans le développement des
innovations : il y a beaucoup d’entrepreneurs dans la famille Auchan, ça stimule de
lancer de nouvelles choses. Il ne faut pas oublier la réglementation qui oblige à faire
preuve d’imagination, car il est de plus en plus difficile d’ouvrir un nouveau magasin.
Enfin, il y a l’idée que le consommateur d’aujourd’hui n’est pas celui d’hier. Il faut
s’adapter à ses besoins, proposer de nouveaux concepts. »
Auchan a été le pionnier du drive en France, en lançant dès 2000, Chronodrive (qui
fait partie aujourd’hui de la holding drive d’Auchan). Le drive est aujourd’hui un
important vecteur de croissance pour la grande distribution : il représente déjà un
pourcentage important de la distribution des produits de grande consommation et cette
part de marché devrait grimper. Auchan compte en 2017 une centaine de ces points de
retrait. De même, Auchan a été l’un des premiers grands distributeurs à se lancer dans
le e-commerce et la livraison à domicile avec la création de sa filiale Auchandirect
(2001).
En 2006, Auchan crée Grosbill, un site Internet dédié aux produits high-tech et à
l’électroménager (la commande est passée sur le Web et elle est livrée à domicile ou
peut être retirée directement dans l’un des entrepôts de l’enseigne). Auchan investit
également le hard discount électroménager, avec le lancement au milieu des années
2000 de l’enseigne Electro dépôt.
Le système de valeurs
La seconde dimension largement inspirée des valeurs du catholicisme social est ce que
l’entreprise appelle « le partage de l’avoir » ou partage des fruits du travail. Il se
traduit par une rémunération à double entrée : individuelle et collective. La
rémunération individuelle est, classiquement, composée du salaire mensuel – fonction
du niveau de qualification de l’expérience, du diplôme, du marché… – et d’une prime
annuelle (le célèbre « treizième mois »). La rémunération collective est plus atypique
dans la mesure où elle est constituée de trois éléments :
la prime de progrès : elle est versée tous les trimestres et dépend des performances
de chacun, mais également des résultats du magasin et de la société. C’est une
marge sur coûts variables dont le taux est calculé puis appliqué à la partie brute de
la rémunération. Elle est exonérée de charges patronales et sociales.
la participation est fondée sur les résultats d’Auchan France de l’année. Elle permet
de redistribuer une part des bénéfices réalisés. Tous les salariés de l’entreprise
sont bénéficiaires de ce mécanisme, quel que soit leur type de contrat. Leurs droits
sont, normalement, bloqués cinq ans à compter de leur ouverture, bien qu’il soit
possible d’obtenir un déblocage anticipé pour des raisons prévues par la loi.
l’actionnariat salarié qui constitue l’une des spécificités de l’entreprise. Au travers
de l’actionnariat salarié, Auchan permet à chaque collaborateur, depuis 1977, de
devenir propriétaire d’une partie de son entreprise. Fait unique dans les annales de
la grande distribution française, 94 % des salariés d’Auchan sont actionnaires de
l’entreprise. La valeur de l’action est dégagée chaque année par un groupe
d’experts extérieurs à l’entreprise sur le fondement des résultats de la société, en
raison de l’absence de cotation en Bourse. Les critères d’évaluation retenus
combinent la valeur patrimoniale, celle du rendement par les résultats dans chaque
magasin et les potentiels de croissance, la capacité à réaliser les objectifs. Les
salariés choisissent ou non de convertir leur participation légale, leur prime de
progrès, leur prime annuelle en actions, ou d’effectuer des versements volontaires
ne pouvant excéder 25 % de leur salaire. Ces sommes sont conservées à hauteur de
20 % par Valauchan afin de pouvoir anticiper certains déblocages : on parle de
caisse de rachat. Le patrimoine moyen théoriquement disponible est de 22 000 €
par salarié actionnaire qui détient 61 parts en moyenne. Valauchan pèse environ
1,5 milliard d’euros. La valeur de la part est annoncée chaque année au mois de
mars et relayée dans chacun des hypermarchés.
Néanmoins, quelques voix syndicales modèrent les enthousiasmes. C’est le cas de
Guy Laplatine, délégué central CFDT : « Nous sommes des propriétaires
impuissants ! ». Si Guy Laplatine reconnaît que 11,9 % des fonds propres du groupe
Auchan sont propriété de l’actionnariat salarial, il y reconnaît aussi une forme
d’hypocrisie : « Derrière la bienveillance paternaliste, les représentants des employés
actionnaires sont en fait des managers et des cadres sup, peu représentatifs des
employés, qui sont là pour relayer la parole du système. En fait, les salariés n’ont
aucune gouvernance »7. En outre, certaines critiques relativisent le partage de l’avoir
lorsque 84 % du capital appartient à 600 personnes et 11,9 % à 262 977 personnes.
Au sein d’Auchan, seuls 5 % des salariés sont syndiqués, la représentativité
syndicale y est donc relativement faible (tout comme dans l’ensemble de la grande
distribution, secteur où l’histoire syndicale est très jeune et où le turnover et la
précarisation de certains postes ne facilitent pas l’engagement syndical). La politique
paternaliste, la proximité des managers, ainsi que le déploiement d’un actionnariat
salarié expliquent le relatif climat de paix sociale qui y règne. Toutefois, l’une des
singularités d’Auchan est que le syndicat majoritaire est la CFTC, qui détient 40 % des
voix au comité d’entreprise (CE) contre 18 % à FO, 13 % à la CGT et à la CFDT et
16 % à la CGC. La CFTC, d’obédience chrétienne, adopte rarement des positions
radicales et correspond bien à la culture de l’entreprise (partage de l’avoir, du pouvoir
et du savoir). Comme l’explique Guy Limousin, secrétaire régional CFTC, pendant près
de 40 ans : « Nous sommes rentrés dans l’entreprise peu après l’ouverture d’Englos, en
1970. À l’époque, il n’y avait que la CGT, et tout était prétexte à arrêt de travail. Des
salariés excédés ont voulu créer une nouvelle section syndicale plus apte à la
discussion et se sont tournés vers la CFTC »8. Le paysage syndical se modifie quelque
peu à partir de 1996, lorsqu’Auchan rachète les Docks de France (Atac, Mammouth), au
sein desquels la CFDT est majoritaire. Les revendications se font alors plus virulentes,
avec notamment la bataille autour des rémunérations des temps de pause et du respect
du salaire minimum légal lancé en 2004 au niveau national par la CGT et la CFDT (et
qui aboutira à un procès perdu en 2010 contre Auchan devant les prud’hommes mais
gagné en cassation contre Carrefour).
FICHE PRATIQUE
Synthèse
L’essentiel
►► Les éléments constitutifs « classiques » d’une entreprise familiale sont le taux de contrôle
du capital par la famille, l’implication de celle-ci dans le management ainsi que les valeurs et la
culture de l’entreprise. Ils reposent également sur la volonté des dirigeants de transmettre
l’entreprise aux générations suivantes, avec comme préoccupation principale la pérennité de
l’entreprise. Pour Auchan, la première clé de réussite concerne l’investissement de l’association
familiale dans les affaires patrimoniales et l’attente à plus long terme d’un retour sur investissement.
►► La famille Mulliez a su remarquablement s’adapter au marché et se diversifier.
►► Mais la viabilité du système repose aussi et surtout sur son mode de gouvernance
original qui permet d’éviter l’émancipation d’un individu contre le collectif, et sur le partage des
valeurs, véritable ciment de la famille Mulliez.
Notes
1. Nombre de tickets de caisse enregistrés dans les hypermarchés et les supermarchés
(www.auchan-retail.com/).
2. Source : site Internet www.auchan-retail.com.
3. La Voix du Nord, Hors-série, p. 19.
4. www.auchan.fr
5. La Voix du Nord, hors-série, juillet 2011, p. 36.
6. Everaere C. (2012), « Flexibilité appliquée aux ressources humaines. Compatibilités
et contradictions », Revue française de gestion, no 221, pp. 14-32.
7. Ibid., p. 62.
8. Ibid., p. 63.
Partie 2
Le diagnostic stratégique
en pratique
Le diagnostic stratégique est un outil d’analyse qui précise les missions, métiers et
activités de l’entreprise, sa structure ainsi que ses voies et modes de développement.
Il doit aussi prendre en compte les attentes et contraintes des parties prenantes, ainsi
que les ambitions et valeurs des dirigeants. Le diagnostic stratégique permet de
distinguer les différentes activités clés d’une entreprise (segmentation stratégique) et
d’étudier la dynamique sectorielle de chacune. Il entend également analyser le cycle de
vie des secteurs, marchés et technologies, ainsi que l’étude des concurrents existants et
potentiels.
Le diagnostic stratégique vise également à évaluer les ressources internes de
l’entreprise en termes de capacités d’exploitation et de mobilisation, ainsi que la
compétitivité de chaque activité. Dans ce cadre, plusieurs outils ou matrices d’analyse
peuvent être utilisés, en vue d’analyser la rentabilité et la cohérence du portefeuille
d’activités de l’entreprise.
La réalisation d’un diagnostic doit notamment chercher à comprendre le business model
de l’entreprise. Cette notion est fondamentale, dans la mesure où elle permet de mieux
saisir la cohérence et la viabilité stratégique du projet, en étudiant ses perspectives de
croissance et sa structure de coûts.
Chapitre 5
Executive summary
►► Le diagnostic stratégique est un outil d’analyse qui permet de préciser les missions, métiers
et activités de l’entreprise, sa structure et son fonctionnement. En matière de stratégie, il importe de
bien comprendre la trajectoire de chaque firme, ce qu’elle est, ce qu’elle fait et où elle va.
►► L’analyse stratégique de l’entreprise passe également par la définition de ses voies
(spécialisation, intégration verticale, diversification) et modes de développement
(croissance interne, externe ou conjointe) qui contribuent à mieux comprendre les priorités
stratégiques en matière d’investissements.
►► La question du degré d’internationalisation des activités de l’entreprise est un thème
central de la stratégie et permet d’apprécier le dimensionnement des activités et la position
de l’entité sur ses différents marchés.
Exemple
Les missions du Groupe Renault
Faire reconnaître son identité de marque, à partir de trois valeurs fondamentales qui incarnent
l’actif de la marque : l’anticipation, l’innovation et le confort-plaisir.
Être le plus compétitif sur ses marchés en termes de qualité, coût, délais.
Renforcer son développement à l’international par des alliances et des acquisitions
transnationales permettant de couvrir les différentes zones géographiques (synergies de
croissance).
Développer et diffuser les valeurs du Groupe Renault (progrès scientifique, respect de
l’environnement, développement des salariés, participation au développement local).
Assurer l’indépendance du Groupe grâce à des résultats financiers performants (rentabilité
des capitaux propres, marge opérationnelle de 4 % en moyenne du cycle, contrôle de
l’endettement, contribution financière des filiales et des partenaires).
Source : rapport d’activité Renault.
Une fois la mission identifiée, l’analyste stratégique doit se poser cinq questions
principales :
1. La mission est-elle suffisamment définie pour savoir, sans ambiguïté, ce qu’elle
contient et ce qu’elle exclut (en termes de métiers, activités et projets) ?
2. La mission est-elle réaliste et en accord avec les caractéristiques actuelles de
l’environnement (évolutions concurrentielles, technologiques, réglementaires,
logiques de filières, structuration des marchés) ?
3. La mission permet-elle de définir des orientations stratégiques pertinentes pour le
développement de l’entreprise ?
4. La mission est-elle compréhensible par l’ensemble des parties prenantes et
suscite-t-elle l’adhésion et l’implication du personnel ?
5. La mission est-elle compatible avec les intérêts à court terme des actionnaires
(croissance de l’entreprise et rentabilité) ?
Exemple
Le(s) métier(s) du Groupe Renault
Le Groupe Renault se définit avant tout comme un créateur d’automobiles. Il s’agit donc pour
cette entreprise transnationale d’officialiser que son métier principal est de créer et concevoir de
nouveaux modèles (nouvelles solutions, innovations technologiques, véhicules de caractère au
design distinctif). Son métier va donc bien au-delà de sa capacité à fabriquer et commercialiser
des véhicules sûrs et respectueux de l’environnement (particuliers et utilitaires). Outre son
métier principal de créateur d’automobile, Renault exerce un autre métier (complémentaire au
premier) – le financement des ventes d’automobiles.
Le métier peut combiner des éléments liés à la chaîne économique du produit
(conception, fabrication, distribution) mais également à la connaissance du marché
(innovation sociétale, stratégie d’anticipation ou de rupture, relation de proximité avec
les clients).
Exemple
Le(s) métier(s) du Groupe Swatch
On peut définir le métier du Groupe Swatch comme un concepteur, fabricant et distributeur de
produits novateurs sur le plan culturel et sociétal (facteurs d’identification et d’appartenance) qui
associent à un style provocateur et anticonformiste des normes strictes de qualité et de coûts.
Le métier de l’entreprise n’est donc pas forcément défini à travers ses produits car, à
l’instar du Groupe Swatch, d’autres actifs de l’entreprise (image, marque, style de
communication, insertion relationnelle), plus intangibles, peuvent également être au
cœur du métier de la firme.
Lorsqu’on parle du ou des « métier(s) de l’entreprise », il est important de faire
attention à l’écart qui peut exister entre ce qui est écrit dans les rapports annuels et ce
qui est pratiqué dans les faits par l’entreprise. Les dissonances éventuelles observées
entre le métier souhaité et celui réellement pratiqué peuvent révéler un glissement non
maîtrisé (et non anticipé) de l’activité de l’entreprise, lié à des changements au sein de
la filière (mouvement d’intégration amont ou aval, logique de transversalité) ou à une
évolution rapide de l’environnement concurrentiel (nouveaux entrants, produits de
substitution ou de remplacement).
Dans tous les cas, les dissonances observées en matière de métier sont souvent la
cause de ruptures ou de sauts majeurs qui auront des effets directs sur la position
concurrentielle future de l’entreprise. Bien identifier les écarts entre le métier visé et
celui réellement exercé constitue par conséquent une source importante d’avantages
concurrentiels. Il permet en particulier à l’entreprise de mieux s’insérer dans la
nouvelle donne du secteur.
À l’inverse, ne pas prendre en compte les écarts éventuels peut amener l’entreprise à
sortir progressivement du champ concurrentiel et à se mettre dans une situation délicate.
C’est notamment courir le risque de voir une réduction de ses marges et subir le spectre
de la rétrogradation à une position de rang inférieur (passer du stade d’assemblier à
celui de simple sous-traitant) ou de la marginalisation économique (inadéquation entre
l’offre et les attentes du client).
La standardisation
Le degré de centralisation
Cas d’entreprise
Alitis1
■ Profil culturel
Personnalité du dirigeant (fondateur, entrepreneur)
Professionnel, orienté vers le client et les résultats à court terme
Capacité à concilier business et climat social
Fierté et revendication nationale
Pouvoir fort, fortement centralisé
Mode de décision consensuel
Faible tolérance aux risques et à l’ambiguïté
Goût pour le pragmatisme
Forte loyauté des employés
Difficulté à se projeter
Pas de culture stratégique ou politique
L’histoire de l’entreprise
Dans le cadre d’un diagnostic d’entreprise, il peut aussi être utile de prendre en compte
le rôle joué par certains événements ou décisions prises par l’entreprise à des moments
clés de son histoire. Certains faits historiques peuvent en effet fortement influer sur les
choix et comportements de l’entreprise, en remettant en question certaines préférences
ou objectifs de croissance, suite par exemple à l’échec d’une manœuvre stratégique
(acquisition, partenariat, externalisation) ou au contraire en renforçant certaines
orientations, lorsque le fait identifié devient le symbole/l’empreinte de l’entreprise et
de ses valeurs (charisme du dirigeant, lancement d’un produit innovant et original,
obtention d’un contrat commercial d’envergure…).
On pourra en particulier s’attacher à rechercher :
les mythes fondateurs et légendes sur lesquels l’entreprise s’est construite et
développée ;
les événements et périodes clés du développement de la firme (fusion/acquisition,
alliances et partenariats, cession d’activités, réorganisation, périodes de
croissance ou de crise, internationalisation…) ;
les personnalités marquantes de l’entreprise (fondateur, dirigeants, hommes clés) ;
les décisions prises en matière de politique d’investissement ou de désengagement
(programme Recherche & Développement, changement de site, délocalisation,
plan de formation ou de perfectionnement, politique d’innovation, nouveaux
équipements, périodes d’embauche et de licenciement…) ;
tout facteur interne ou externe à l’entreprise qui fait aujourd’hui partie de sa mémoire
et qui a eu un effet direct ou indirect sur sa stratégie, ses croyances et
comportements (intégration de nouveaux arrivants, création de marque, logo, choix
du site, aménagement des locaux et des bureaux…).
La voie de la spécialisation
Avantages Inconvénients
La voie de la diversification
La diversification consiste pour une entreprise à compléter son métier actuel par de
nouveaux métiers ayant des caractéristiques techniques et commerciales différentes, et
exigeant des compétences nouvelles. L’entreprise diversifiée se définit ainsi par la
coexistence de plusieurs métiers de nature différente.
Il existe trois types de diversification :
la diversification concentrique ou de proximité. L’objectif est de bénéficier des
effets de synergie que permet la complémentarité entre métiers. Il s’agit ici
d’élargir le métier de base de l’entreprise à des métiers très proches
(diversification de proximité) ou à des métiers connexes ayant un lien
technique/commercial avec le métier d’origine (diversification concentrique). La
politique de l’entreprise Salomon, leader mondial de la fixation de ski qui est
entré sur le marché de la chaussure de ski, puis sur le marché de la fabrication de
skis, relève d’une diversification concentrique ;
la diversification totale de type industriel ou intégration de métiers totalement
nouveaux, par exemple un produit nouveau sur un marché non familier. Les
stratégies de diversification pure sont incontestablement les plus risquées,
puisqu’elles conduisent l’entreprise sur des terrains non familiers. Ce type de
stratégie peut se justifier quand le métier de base de l’entreprise est en phase de
maturité ou de déclin, ce qui demande d’explorer de nouveaux métiers (cas du
Groupe Lafarge confronté à la stagnation du marché du ciment qui est entré dans le
secteur des biotechnologies) ;
la diversification conglomérale, où le choix des métiers se fait seulement par
rapport à des critères financiers par la recherche avant tout de métiers rentables à
court terme.
La diversification peut avoir plusieurs avantages. Elle peut constituer une source de
survie, lorsque le métier de base de l’entreprise est en phase de déclin. Elle peut aussi
permettre à l’entreprise de se redéployer vers d’autres métiers, lorsque le sien est
secoué par une crise grave (tel est le cas pour des firmes spécialisées, comme par
exemple les entreprises de la sidérurgie, du ciment ou du papier) ou se trouve en phase
de maturité.
La diversification de Bouygues dans le domaine des télécommunications constitue
une démarche de ce type. On est ici dans une diversification totale avec une finalité
industrielle, mais les produits et les marchés sont sans lien de parenté avec le métier
d’origine. Elle peut en outre être considérée comme un placement à moyen terme,
lorsque l’entreprise bien positionnée sur un métier en croissance décide d’utiliser son
excédent de liquidités pour investir dans d’autres métiers, en améliorant ainsi sa
rentabilité.
Par rapport aux autres diversifications, la logique est ici plus financière
qu’industrielle. L’entreprise ne souhaite pas faire évoluer son métier mais explorer des
champs nouveaux qu’elle juge rentable à moyen terme. Les décisions ne sont donc pas
forcément irréversibles et sont davantage liées aux circonstances et opportunités (ex : la
diversification de Taittinger champagne vers le métier de l’hôtellerie). La
diversification peut enfin permettre à l’entreprise de capitaliser le nom de sa marque en
développant des produits nouveaux sur des marchés nouveaux (cas de Bic qui outre ses
stylos fabrique des briquets, rasoirs).
La diversification crée également des contraintes importantes pour l’entreprise et
donc des risques élevés principalement liés :
au manque de familiarité avec les nouveaux métiers : absence d’expérience, manque
d’information et de connaissances sur le secteur d’activités, dispersion des
compétences, difficulté à valoriser ses savoir-faire, synergie limitée ;
aux besoins en capitaux élevés nécessitant des sources de financement importantes ;
à la gestion de populations de cultures et d’horizons très différents ;
à une dilution de l’image et du métier de l’entreprise (manque de visibilité) qui peut
parfois inquiéter les actionnaires et les principaux partenaires.
La croissance interne
La croissance externe
Cas d’entreprise
La croissance conjointe
Il s’agit pour l’entreprise de s’allier avec une autre organisation, de façon plus ou
moins formalisée, en vue de réaliser des objectifs ou projets en commun sur le plan
industriel ou commercial. Ce mode de développement n’est pas associé à une catégorie
juridique déterminée et peut recouvrir différentes situations possibles : relation
commerciale classique (sous-traitance), partenariats ou alliances stratégiques3
(participations croisées, GIE, accords de joint-venture).
En France, la sous-traitance a fait l’objet d’une réglementation dès 1975 qui la définit
comme « opération par laquelle un entrepreneur confie par un sous-traité et sous sa
responsabilité à une autre personne appelée sous-traitant, tout ou partie de l’exécution
du contrat d’entreprise ou du marché conclu avec le maître de l’ouvrage. »
Dans la plupart des cas, les relations de sous-traitance se heurtent à des obstacles
difficilement réductibles : la relation est souvent jugée conflictuelle entre le donneur
d’ordres et le receveur qui se trouve souvent dans l’incapacité de respecter ses
engagements de délais, de prix et un cahier des charges toujours plus strict. Par
ailleurs, le donneur d’ordre risque des ruptures dans sa chaîne de fabrication, si l’un
des sous-traitants ne livre pas à temps les produits commandés ou si ceux-ci n’ont
pas la qualité requise (cas par exemple dans le BTP).
Pour ces simples raisons, les relations de sous-traitance ont très largement évolué
ces dernières années. On parle désormais beaucoup plus de partenariat ou de co-
traitance. En 1986, la commission technique de la sous-traitance propose d’adopter
le terme de partenariat : « le partenariat peut se définir comme l’établissement entre
donneur et preneur d’ordres de relations d’une certaine durée fondée sur une
recherche en commun d’objectifs à moyen ou long terme dans des conditions
permettant la réciprocité des avantages. »
Cette évolution de la relation inter-entreprises introduit les notions de durée et de
stabilité entre les parties. Synonyme de confiance et de continuité, elle redéfinit
fondamentalement le contenu des relations de l’entreprise avec ses fournisseurs.
Cas d’entreprise
Les stratégies d’alliances sont une réponse adaptée à l’élargissement des marchés
(internationalisation), aux critères de taille (augmentation du pouvoir de marché), au
partage des ressources (financière, humaine, technologique…) ou aux questions
d’innovation (complémentarité stratégique), en particulier dans un contexte de forte
concurrence. À ce titre, elles se présentent comme un mode de développement alternatif
à la croissance interne (croissance organique) et à la croissance externe (fusions,
acquisitions, rachat de sociétés, rapprochements).
Néanmoins, l’alliance peut présenter certains dangers pour l’entreprise.
Premièrement, elle conduit à diffuser une partie des savoirs (connaissance,
information, bases de données) et savoir-faire de l’entreprise (compétences,
méthodes, procédés) à une autre firme qui très souvent continue d’être en concurrence
dans d’autres activités. Les risques de coopétition4 qui conduisent à la coopération
mais également à la compétition sont donc toujours possibles.
De plus, les alliances stratégiques peuvent créer des tensions entre les deux alliés,
compte tenu de l’absence d’une autorité unique (liée à un partage du pouvoir) et de
conflits d’objectifs ou d’intérêts potentiels. Il y a donc le risque, dans ce mode de
développement, d’une diminution des marges de manœuvre, en raison de la
dépendance accrue à l’égard du partenaire.
Ainsi, si l’alliance peut être une réponse stratégique pour renforcer ou développer
ses activités, elle oblige l’entreprise à une certaine vigilance vis-à-vis du partenaire,
compte tenu des dangers d’asymétrie d’informations, des luttes de pouvoir, et des
risques d’opportunisme (imitation, débauchage, espionnage industriel).
■ La politique d’exportation
■ La firme multinationale
■ La firme transnationale
Faible Élevée
Critères
Cas d’entreprise
FICHE PRATIQUE
L’essentiel
►► Comprendre la trajectoire stratégique d’une firme revient à étudier les décisions et choix
qui ont façonné les contours actuels de l’organisation, en mettant en perspective les processus
d’engagement et leurs effets sur la situation actuelle de l’entreprise.
►► Cette compréhension passe notamment par l’analyse :
des missions, métiers et objectifs de l’entreprise ;
de sa culture et de son mode de fonctionnement ;
de ses voies de développement (orientation métiers et activités) ;
de ses modes de croissance (développement interne, croissance externe, croissance
conjointe) ;
du degré d’internationalisation de la firme (engagement, stratégie de pénétration, mode de
contrôle et d’organisation).
Notes
1. ALITIS est un nom d’emprunt.
2. Pour un approfondissement des stratégies de croissance externe, on pourra se
reporter à l’ouvrage de Meier O., Schier G., Fusions-acquisitions : stratégie, finance,
management, Dunod, 2016.
3. Les alliances stratégiques peuvent être analysées en fonction de leurs objectifs et de
la nature des actifs mis en commun. À partir de ces précisions, il est alors possible de
proposer une typologie des alliances (Dussauge, Garette, 1995) : les alliances
d’intégration conjointe (interactions au sein de la chaîne de valeur), les alliances
additives (partage de ressources) et les alliances complémentaires (combinaison de
ressources complémentaires).
4. Situation dans laquelle deux entreprises vont adopter des comportements à la fois de
compétition et de coopération.
5. Source : Meier (2010)
Chapitre 6
Executive summary
►► Le diagnostic stratégique doit, dans le cadre de son analyse, prendre en compte les
attentes et contraintes des différentes parties prenantes, ainsi que les ambitions et valeurs
des dirigeants.
►► La stratégie impose de s’assurer du soutien, ou du moins de la neutralité, des principaux
acteurs qui peuvent influencer la trajectoire de l’entreprise.
►► La prise en compte de l’environnement doit également faire l’objet d’attention, notamment en
ce qui concerne les acteurs institutionnels mais aussi les partenaires, les clients, les fournisseurs
et de façon générale l’opinion publique.
Définir une stratégie implique de prendre en compte les attentes et contraintes des
différentes parties prenantes. La conciliation éventuelle des intérêts parfois conflictuels
des actionnaires, des acteurs institutionnels et autres groupes d’acteurs (clients,
salariés, fournisseurs, concurrents…) et leur degré de compatibilité avec les valeurs
des dirigeants, est au cœur du développement de l’entreprise.
En tant que personne morale, toute entreprise possède une autonomie de décision et
d’action. L’organisation des pouvoirs au sein de l’entreprise dépend cependant à la fois
des législations nationales et des règles et procédures internes à l’entreprise.
L’ensemble des règles qui régissent la répartition et les modalités d’exercice du
pouvoir définit ce que l’on appelle « gouvernement » ou « gouvernance d’entreprise ».
En particulier, ces règles définissent les rapports entre les actionnaires, propriétaires
de l’entreprise et détenteurs des droits de vote aux assemblées générales, et les
dirigeants qui gèrent et organisent l’activité de l’entreprise et qui prennent les
principales décisions de gestion.
La vie de l’entreprise ne tourne cependant pas uniquement autour du couple dirigeant-
actionnaire. La responsabilité de l’entreprise en tant que personne morale va au-delà du
rapport qu’elle entretient avec eux. D’autres acteurs influent sur les décisions de
l’entreprise et elle-même a des obligations multiples envers eux. On peut citer ainsi les
autorités et acteurs institutionnels, les créanciers, le personnel de l’entreprise, ses
partenaires économiques (clients, fournisseurs, sous-traitants, alliés…), mais aussi le
public en général, représenté notamment par des associations non gouvernementales et
les médias.
Pour réaliser un diagnostic pertinent, l’analyste doit tenir compte des relations
d’influence qui existent entre l’entreprise et ces acteurs. Si les objectifs, contraintes,
attentes et valeurs des actionnaires et des dirigeants sont des facteurs de contingence qui
vont contraindre de manière forte la stratégie d’une firme, les autres parties prenantes
ne doivent pas être négligées. Leurs rapports à l’entreprise peuvent en effet élargir
ou restreindre le champ du possible, aider à maîtriser les risques ou au contraire
produire de l’incertitude.
Exemple
San Paolo IMI : les actionnaires de référence belges de Dexia opposés à la fusion
Les divergences d’intérêts entre dirigeants et actionnaires sont fréquentes, en particulier lors de
décisions stratégiques pouvant modifier les rapports de pouvoir au sein de l’organisation. Ainsi,
alors que la Direction du Groupe Dexia avait commencé la tenue de pourparlers préliminaires
avec San Paolo IMI en vue d’un éventuel rapprochement stratégique, la banque franco-belge a
dû composer avec l’opposition exprimée par ces principaux actionnaires à ce projet. Elle a ainsi
déclaré par voie de communiqué qu’elle avait pris acte de cette opposition et qu’elle suspendait
l’étude du projet. Une décision qui ne surprend qu’à moitié, dans la mesure où les opposants au
projet, à savoir Arcofin, Holding Communal et Ethias représentent à eux trois plus du tiers du
capital de Dexia et qu’ils sont par conséquent en mesure de faire échouer le projet.
Système
Profil Système de Système
Mode de Mécanismes d’information
managérial prise de
fonctionnement de contrôle
type de décision récompenses/sanction
communicatio
Cas d’entreprise
Cet exemple, parmi d’autres, montre qu’il est impossible de réduire le rôle de
l’entreprise à sa seule fonction de création de richesse. Il faut en effet l’intégrer dans un
champ d’action plus large, en s’interrogeant notamment sur les relations qui unissent
l’entreprise et les collectivités. Ce mouvement qui prend en compte ce que l’on appelle
désormais la responsabilité sociale des entreprises (RSE)1 conduit en particulier à
repenser la politique générale en tenant compte des acteurs institutionnels. Car si ceux-
ci n’influencent pas, à proprement parler, les décisions stratégiques, ils jouent de plus
en plus un rôle de modérateur ou de variable de contrôle dans la gestion des activités.
La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est le fruit de deux courants de pensées
différents bien que convergents : le développement durable et la gouvernance
d’entreprise élargie à l’ensemble des parties prenantes. La spécificité du concept de
RSE par rapport à la notion de développement durable vient justement de l’importance
accordée au renouvellement du gouvernement d’entreprise. Dans la vision
traditionnelle, le gouvernement correspond au système de répartition du pouvoir et du
contrôle au sein d’une entreprise. Il s’inscrit dans le cadre spécifique des relations
entre les actionnaires et les dirigeants.
L’objet du gouvernement d’entreprise est alors de s’assurer que les dirigeants
agissent bien au mieux des intérêts des actionnaires. Le critère principal d’évaluation
est leur capacité à maximiser la valeur des actions des sociétés qu’ils dirigent (création
de valeur).
Le concept de RSE élargit la notion de gouvernance à l’ensemble des parties
prenantes de l’entreprise (la communauté), c’est-à-dire non seulement aux actionnaires
mais aussi salariés, clients, fournisseurs, banquiers ou assureurs… et la société en
général. La Responsabilité Sociale signifie en fait la Responsabilité Sociétale de
l’Entreprise, c’est-à-dire sa responsabilité face à l’ensemble de la communauté
humaine.
Cette notion renvoie donc à la fois à la vocation de l’entreprise (dont l’objet est de
servir les intérêts de l’ensemble des parties prenantes, les actionnaires n’étant qu’une
catégorie particulière) et à la notion de responsabilité au sens large, c’est-à-dire la
responsabilité quant aux impacts économiques, sociétaux et environnementaux de son
activité.
En termes de stratégie d’entreprise, la RSE est à la fois un vecteur de communication
permettant de valoriser les actions de celle-ci en faveur de la communauté et un vecteur
de changement de ses pratiques managériales. En tant que vecteur de communication, la
RSE s’inscrit dans le champ actuel de l’Investissement Socialement Responsable.
Concrètement, elle prend la forme d’un rapport d’activité sur la responsabilité sociale
de l’entreprise ou sur son développement durable.
La mise en œuvre de la loi NRE, qui impose à toute entreprise cotée de publier un
rapport annuel sur les impacts sociaux et environnementaux de son activité, s’inscrit
dans ce sens. Il s’agit davantage d’un renouvellement des pratiques en matière de
communication financière que d’une révolution managériale. En revanche, il serait
erroné de limiter la RSE à une nouvelle forme de communication.
Il s’agit aussi d’un vecteur de changement en profondeur des pratiques de
l’entreprise. En particulier, la dimension sociale de la RSE impose de repenser la
gestion sociale et la gestion des parcours professionnels. Les notions de management
par les compétences, d’innovations sociales, d’employabilité y sont étroitement liées,
de même que les notions de citoyenneté, d’éthique des affaires.
La RSE est d’abord une réalité pour les grandes entreprises et principalement celles
cotées en Bourse. La prise en compte concrète de la RSE est devenue une nécessité
avec l’apparition de sociétés de notations spécialisées (Vigeo et CoreRating) et avec la
montée en puissance des risques environnementaux notamment. De même, le
développement de fonds d’investissements dit « éthiques » (qui représentent près de
15 % des fonds investis aux États-Unis) constitue une pression nouvelle. Enfin, les
pressions de la communauté prise dans son ensemble, les différents lobbies, les
collectivités territoriales… sont autant d’incitations à la prise en compte de la RSE. Il
faut cependant rester prudent.
Elle cohabite toujours avec des pratiques plus ou moins avouables, guidées
exclusivement par la recherche du profit financier et les impératifs économiques de
rentabilité. De nombreuses grandes entreprises qui se sont approprié le sujet, le font,
soit dans une stratégie d’image (effets de réputation), soit dans une stratégie
opportuniste visant à construire de nouvelles barrières à l’entrée face à la concurrence
internationale issue notamment des pays en voie de développement. Néanmoins, la force
de ces nouvelles pressions, la nécessité absolue de prendre en compte rapidement la
donne environnementale font de la RSE une tendance lourde, de moyen terme mais
irréversible, qu’il s’agit de prendre en compte dans une stratégie d’entreprise.
L’impact de la RSE sur les entreprises industrielles, et notamment les petites et
moyennes entreprises, est à la fois direct et indirect : direct, car certains partenaires de
l’entreprise modifient dès à présent leurs comportements. À titre d’exemple, les
banquiers ou les assureurs sont de plus en plus attentifs aux risques environnementaux.
Le recrutement des jeunes collaborateurs est de plus en plus difficile dans certains
secteurs, du fait notamment d’une plus grande attente en matière de développement des
compétences et de qualité de vie au travail.
Cette tendance est paradoxale car elle est associée à des situations de chômage, mais
elle va néanmoins se renforcer avec l’évolution de la pyramide des âges. Indirect dans
la mesure où les PMI sont souvent dans des rapports de force défavorables vis-à-vis
des grands groupes qui vont être amenés à reporter sur leurs sous-traitants certaines
contraintes nouvelles, notamment en matière de management environnemental. De
même, les collectivités territoriales, par la mise en œuvre progressive de politiques de
développement durable, vont avoir un impact au niveau du choix des implantations et
sur les contraintes qui y seront associées.
Enfin, dans un contexte où près de 500 000 entreprises vont faire l’objet d’une
succession dans les 10 ans à venir, les notions de passif environnemental et de gestion
des risques vont devenir essentielles, notamment si les entrepreneurs souhaitent pouvoir
valoriser correctement leur entreprise.
Les principes de responsabilité sociale sont donc aujourd’hui des éléments
déterminants pour élaborer une stratégie d’entreprise. Ils ont en particulier une
influence sur la manière dont celle-ci entend développer ses métiers/activités et sur les
valeurs qu’elle entend promouvoir à l’intérieur et à l’extérieur. La prise en compte de
ces critères3 a notamment des effets sur le positionnement de l’entreprise
(image/réputation), sur le développement de ses produits (innovation sociétale intégrant
les dimensions sociale et environnementale) et sur ses objectifs de performance
(horizon à long terme).
Au-delà de ces considérations générales, la notion de responsabilité sociale (RSE)
touche l’ensemble des acteurs de l’entreprise et peut de ce fait se décliner de
différentes façons en termes d’échelle d’évaluation. Nous proposons ci-après les
attentes exprimées par chaque groupe d’acteurs en fonction de sa position et de son rôle
dans l’environnement.
Acteurs du monde Santé financière de l’entreprise, relation avec les acteurs économiques
économique local locaux et participation durable au développement local.
Haute Direction Compétitivité à court terme du site vis-à-vis d’autres implantations, dans
le rapport à la maison mère ; développement et performance durables de
l’entreprise.
Cas d’entreprise
La valeur salarié
Moins souvent évoquée que la valeur actionnariale ou client, la valeur salarié peut être
définie comme l’excédent de rétribution perçue sur la contribution perçue. La
contribution correspond aux apports réalisés par l’individu dans le cadre de son travail.
Quant à la rétribution, elle ne se limite pas ici aux seuls profits monétaires, elle intègre
également la reconnaissance sociale, la réputation, l’appartenance, le prestige ou le
développement personnel et professionnel de l’individu.
Au-delà d’une politique de rémunération efficace, l’entreprise peut donc créer de la
valeur salarié en satisfaisant la hiérarchie des besoins de l’individu selon Maslow, à
savoir les attentes en termes :
de sécurité (stabilité des emplois, conditions de travail) ;
d’appartenance (identité professionnelle, intégration, esprit d’équipe, culture
d’entreprise) ;
d’estime sociale (gestion des carrières, promotion, reconnaissance) ;
d’estime de soi (responsabilisation, autonomie, initiative).
Ceci peut par exemple prendre la forme d’un engagement de l’entreprise auprès de
ses différents collaborateurs pour améliorer leur protection et assurer à tous une
couverture sociale de qualité en échange d’une augmentation de la performance des
salariés (motivation, engagement, fidélité, créativité, prise d’initiative).
Cas d’entreprise
L’essentiel
►► Définir une stratégie implique de prendre en compte les attentes et les contraintes des
différentes parties prenantes. En effet, la conciliation éventuelle des intérêts conflictuels des
actionnaires, des acteurs institutionnels et d’autres groupes d’acteurs (clients, salariés,
fournisseurs, concurrents…) et leur degré de compatibilité avec les valeurs des dirigeants, est au
cœur du développement de l’entreprise.
►► Encore faut-il les identifier et comprendre leurs attentes et préoccupations et proposer
des solutions adaptées, en vue de faire converger l’ensemble des acteurs dans le sens et l’intérêt
de l’entreprise.
Notes
1. « L’intégration volontaire des préoccupations sociales et écologiques des
entreprises à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties
intéressées. Il s’agit non seulement de satisfaire pleinement aux obligations juridiques
applicables, mais aussi d’aller au-delà et d’investir d’avantage dans le capital humain,
l’environnement et les relations avec les parties intéressées. » (Commission des
Communautés Européennes).
2. Nous tenons ici à remercier Sylvie Riollet et Guillaume Schier du cabinet Dever
Partners et associés pour leurs apports à la réflexion.
3. À l’inverse, ne pas les prendre en compte peut amener l’entreprise à faire face à des
problèmes de dégradation de son image et à des risques de sanctions de la part des
parties prenantes, comme l’ont montré de nombreux exemples récents à l’instar des
usines IKEA en Roumanie, de l’Erika après la marée noire, du drame de l’usine AZF
(TotalFinaElF) ou encore de la gestion délicate du retrait par Bayer de son médicament
anticholestérol.
4. Adapté de Xhauflair et Zune (2003)
Chapitre 7
Executive summary
►► La segmentation stratégique vise à distinguer les différentes activités clés d’une
entreprise, en vue d’y mener une politique de développement et d’investissements spécifique.
►► La segmentation stratégique est un outil indispensable au service de la stratégie. Ce
découpage passe par un certain nombre de critères qu’il s’agit de bien connaître et de maîtriser,
afin de pouvoir par la suite identifier les facteurs clés de succès de chaque segment stratégique et
les contraintes environnementales et sociales qui y sont associées.
►► Une fois ces démarches réalisées, il est alors possible d’élaborer une stratégie
concurrentielle adaptée à chacun de ces segments.
La segmentation stratégique est l’une des étapes les plus importantes pour le diagnostic
d’entreprise. De cette segmentation vont en effet dépendre les facteurs clés de succès
associés à chaque DAS, l’identification de concurrents spécifiques et les choix en
matière de stratégie concurrentielle.
Cas d’entreprise
Exemple
Les facteurs clés de succès dans l’industrie du luxe
Les principaux facteurs clés de succès associés à l’industrie du luxe, et plus particulièrement au
secteur de la bijouterie – joaillerie, sont à rechercher dans la capacité des entreprises à maîtriser
l’ensemble de la chaîne de valeur, de la conception au marketing relationnel, en passant par les
étapes de fabrication et distribution. Plus précisément, on peut identifier comme principaux
facteurs de réussite :
la qualité des matières premières (valeur, rareté, originalité) ;
le contrôle de la fabrication des produits ;
la gestion efficace des réseaux et circuits de distribution ;
la formation et le professionnalisme des vendeurs (accueil, écoute, conseil) ;
la création et la qualité du design ;
des dépenses publicitaires élevées afin de véhiculer l’image de la griffe (réalisation de
campagnes ciblées) ;
des actions de développement et de fidélisation (Club, cartes de fidélité, magazines,
invitations, cadeaux, prestations de services variés…) pour entretenir des liens privilégiés
avec les clients ;
la gestion permanente de l’image de la marque et de ses valeurs à travers par exemple le
soutien à des projets humanitaires, culturels ou sociaux (mécénat) : fondations, prix, actions
de restauration…
Le modèle PEST
De manière générale, on parle des opportunités et menaces pour exprimer les facteurs
qui influencent positivement ou négativement la rentabilité d’un secteur. Les
opportunités et menaces comprennent naturellement l’analyse des 5 forces
concurrentielles de M. Porter (voir chapitre 8, p. 165xxxx) et donc les actions et
initiatives de la concurrence, des fournisseurs et des clients de l’entreprise. Mais cette
analyse intègre également l’évolution de l’environnement en général (comme les
évolutions technologique, réglementaire, politique, démographique ou sociologique).
L’analyse des opportunités et menaces permet par conséquent d’avoir une idée de la
rentabilité ou non du secteur et de voir quels sont les facteurs qui peuvent favoriser ou
au contraire remettre en cause le développement de l’entreprise.
On entend par menace un événement ou une action pouvant avoir une incidence
négative sur le développement des entreprises du secteur. Des attentats ou accidents à
répétition dans le domaine aérien peuvent occasionner des inquiétudes chez de
nombreux voyageurs de plus en plus réticents à recourir à l’avion et constituer par
conséquent une forte menace pour les compagnies aériennes dans leur développement
(et dans une moindre mesure les clubs de vacances). De même, le coût toujours plus
élevé de la recherche et développement pour financer de nouvelles molécules et
innover efficacement constitue une menace permanente pour les entreprises de
l’industrie pharmaceutique dans l’obligation de s’allier ou de fusionner pour éviter la
marginalisation.
Exemple
Le risque de contamination des eaux embouteillées chez Danone
Parmi les risques inhérents à l’activité du Groupe Danone, la pollution des sources d’eaux
naturelles qui fournissent les ressources nécessaires aux eaux embouteillées constitue une
menace prise très sérieusement par le Groupe. Selon ses dirigeants, l’existence de produits
contaminés aurait un impact très négatif sur l’activité et les résultats de l’entreprise.
Source : Rapport de référence – Groupe Danone
On peut définir une opportunité comme un événement ou une action pouvant avoir des
effets positifs sur le développement des entreprises présentes sur le marché. La crise
économique qu’a connue l’Asie a constitué une source de croissance très importante
pour les entreprises occidentales dans leur politique de développement à l’international
(alliance Renault-Nissan, participations de Daimler-Chrysler dans Mitsubishi). De
même, le choix d’un gros constructeur automobile de s’implanter dans une région
donnée est une opportunité pour les différents fournisseurs ou sous traitants locaux (cas
de l’usine Swatch Mobile Mercedes implantée en Lorraine).
Exemple
L’acquisition d’une SII suite à un retournement de conjoncture
Suite à un retournement de conjoncture, une SII, société de conseil en informatique bien
implantée auprès des grands comptes de la région et notamment EADS, se retrouve en
difficultés. Les dirigeants d’un grand groupe national se rapprochent alors de cette entreprise
avec laquelle ils avaient été en contact deux ans plut tôt pour une offre d’achat de 7 M€ qui fut
refusée. Une deuxième négociation voit donc le jour, deux ans après, entre les deux entités qui
parviennent à un accord de 1,2 M€. Soit pour l’entreprise initiatrice un gain de 5,6 M€. Dans le
cas présent, l’acquisition de la SII par ce grand groupe fut réalisée sur opportunité dans un
contexte d’ouverture (recherche d’un repreneur) et dans des conditions financières très
favorables.
Source : AFFACTASUR
Opportunités identifiées
Volume d’achats d’accessoires orientés vers la hausse (+ 3,5 %).
Augmentation de la demande et du chiffre d’affaires (+ 8 %).
Les ménages sont plus réceptifs aux tendances de la mode et les consommatrices se laissent
séduire par l’achat d’accessoires.
Augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs.
L’application des 35 heures intensifie la consommation d’articles de voyages.
Attrait des étrangers pour les grandes marques françaises de maroquinerie (surtout
asiatiques).
Augmentation des ventes en valeur (valorisation des prix de vente de fabricants français de
maroquinerie).
Demande croissante des jeunes femmes (18-25 ans).
Extension des réseaux de distribution tant en France qu’à l’étranger : ouverture de magasins en
propre et implantation de mégastores.
Dynamisme de la demande étrangère (excellent volume des ventes).
Menaces identifiées
Présence de leaders puissants : Louis Vuitton et Hermès Sellier.
Savoir-faire spécifique difficile à perpétuer.
Pression de la concurrence asiatique qui pousse les entreprises françaises à délocaliser leur
production (perte de contrôle, produits bas de gamme).
Les produits en cuir ont perdu leur place prépondérante au profit du développement des articles
en matières synthétiques et en toile (seule la moitié des sacs fabriqués sont en cuir).
Les enseignes comme Promod et Etam opèrent une diversification menaçante vers les articles
de maroquinerie.
Légère augmentation des prix à la consommation (augmentation du prix des matières
premières et montée en gamme des articles).
Augmentation des cours du cuir et des peaux due à la baisse des approvisionnements des
fabricants français et à la stabilisation de leur production.
Les performances commerciales des entreprises sur ce secteur sont beaucoup trop liées aux
aléas de la mode.
C’est pourquoi Hunt et Zartarian (1990, p. 28) proposent de réaliser une veille informationnelle,
en découpant l’environnement en trois zones de surveillance :
« l’espace d’action immédiate » qui comprend tout ce qui est en relation directe avec l’activité
de la firme ;
« l’espace d’action d’influence » qui comprend tout ce qui est susceptible d’influencer les
opérations émanant de la zone précédente ;
« l’espace d’action d’intérêt » qui regroupe l’ensemble des domaines sur lesquels la firme
n’opère pas mais où elle pourrait un jour entrer ou qui pourraient venir empiéter sur son
espace d’action initial.
Comme toute méthode, celle développée par Hunt et Zartarian (1990) présente des limites
(risque de focalisation excessive, découpage arbitraire, absence de but précis), néanmoins elle
peut être utile si on prend le temps d’étudier les influences réciproques entre ces trois zones et
leurs effets (directs et directs) sur le champ d’action de la firme.
■ Stratégie et innovation
Les entreprises innovent non seulement pour satisfaire leurs clients, mais pour imposer
à leurs concurrents une pression et les inciter à la faute ou à l’abandon. L’entreprise
cherche par conséquent à innover pour déstabiliser et désorganiser la concurrence et
pour attirer de nouveaux clients. Mais encore faut-il cerner les conditions nécessaires
pour que l’innovation devienne un vecteur de performance et de croissance.
Une première option consiste à répondre à la demande sans cesse insatisfaite des
clients. Il s’agit notamment de reconnaître les besoins insatisfaits, voire à les
anticiper, en vue de séduire, puis de fidéliser la clientèle visée. L’innovation permet
par ailleurs à l’entreprise de continuer à travailler sur l’amélioration de ses marges.
En innovant, elle peut réduire ses coûts de production et donc accroître ses profits,
dans la mesure où ses concurrents innovent moins vite qu’elle.
Elle peut en outre créer un différentiel de qualité ou de service dans les
fonctionnalités de son offre, ce qui conduit d’une autre façon à l’amélioration de sa
performance. L’innovation peut aussi répondre à une stratégie nettement plus
offensive. Innover, c’est en partie détruire les sources de profitabilité de ses
concurrents. Ce faisant, une entreprise modifie la donne et oblige les concurrents à
compléter leurs ressources technologiques s’ils veulent rester dans la course, quitte à
faire évoluer leur organisation et à réactualiser leurs connaissances et leurs manières
de travailler.
L’innovation réduit par conséquent le cycle de vie des offres et impose à la
concurrence de réagir sur de nouvelles bases avec à la clé une augmentation des
coûts.
Les stratégies de rupture visent à modifier l’univers dans lequel évolue l’entreprise, en
introduisant de nouveaux facteurs clés de succès dans le jeu concurrentiel. Elles
remettent de ce fait en cause la segmentation stratégique du marché, en venant
transformer le champ concurrentiel existant pour y prendre une position dominante. On
peut mener une stratégie de rupture de deux manières : la première approche repose sur
la capacité de l’entreprise à introduire une rupture dans son propre champ
concurrentiel, sur sa base de clients actuels (anticipation des besoins). La seconde
consiste à évoluer vers un nouveau champ concurrentiel, en introduisant de nouvelles
pratiques de comportements et d’actions.
Exemple
Exemples de stratégies de rupture
Dans le secteur de la sidérurgie, dans les années quatre-vingt, une rupture est apparue dans le
mode de production d’aciers, avec l’utilisation des fours électriques triphasés assistés par
ordinateur et la technologie de la coulée continue à partir de la ferraille. Cette rupture
technologique s’est accompagnée d’une meilleure gestion des stocks et d’une optimisation des
moyens d’approvisionnement en ferraille. Alors que les mini-aciéries n’assuraient que 15 % de la
production totale de l’acier aux États-Unis, elles en assurent à ce moment près de la moitié.
Dans les années quatre-vingt-dix, EMC Corporation1 invente une technologie permettant de
transmettre, stocker et accéder à des volumes plus importants de données de façon plus fiable,
rapide et économique qu’avec les technologies existant jusqu’alors sur un marché dominé par
IBM. En dix ans, EMC est passé d’une position quasi inexistante à une position de leader avec
plus de 60 % de parts de marché.
Un exemple intéressant de rupture marketing est celui de la firme Intel qui est passée de la
position de fournisseur de microprocesseurs pour les constructeurs d’ordinateurs à celle de
fournisseur de capacité de traitement informatique pour le client final, utilisateur de l’ordinateur.
Intel est donc passé d’un contexte business to business à un contexte business to consumer
avec son fameux concept « Intel inside », base de sa réussite. Les constructeurs d’ordinateurs
ont vu dans cette rupture de type marketing, accompagnée d’une politique active d’innovation, un
moyen efficace d’augmenter leurs ventes : chaque ordinateur devenant obsolète à chaque
nouvelle génération de microprocesseur. Cette rupture fait rêver aujourd’hui de nombreux
fournisseurs de secteurs d’activité totalement différents.
Exemple
La stratégie Océan bleu
Les exemples d’entreprises qui ont su sortir du paradigme de la compétitivité sont nombreux. On
peut citer e-Bay avec son site de vente aux enchères. De même, l’entreprise Google a fait le
choix très tôt d’inscrire sa stratégie de développement autour de la création d’un nouvel espace
stratégique, en allant bien au-delà du moteur de recherche avec une gamme très diversifiée de
services (cartographie, services d’achat en ligne, gestion des photos…). Enfin, on peut
également évoquer le cas de la société Body Shop avec ses cosmétiques fabriqués à partir de
plantes cultivées et achetées par des coopératives d’autochtones et élaborés sans
expérimentation animale.
Désigné sous le nom de « Business strategy », l’enjeu est ici de définir la stratégie par
domaine d’activité, en fonction de la valeur de l’activité (degré d’attractivité), de la
position de l’entreprise dans ce domaine et de ses moyens. En fonction de ces critères
d’analyse, il est alors possible de formuler la stratégie la mieux adaptée pour
l’entreprise : stratégies de renforcement, de maintien, focalisation ou abandon. Les
stratégies concurrentielles traduisent la manière dont l’entreprise, avec ses différentes
ressources (produits, marques, moyens humains et financiers) va répondre aux
différentes orientations élaborées au niveau de chacun des domaines d’activités
stratégiques.
Ainsi, la stratégie par activité a comme objectif d’assurer à l’entreprise un avantage
compétitif durable sur l’ensemble de ses concurrents dans un domaine particulier. Sur
le plan concurrentiel, on distingue deux grands types de stratégies : une généraliste
(domination par les coûts et différenciation) et une spécialiste (focalisation).
Cette stratégie consiste à atteindre de façon durable un coût unitaire inférieur à celui
des concurrents pour un même niveau de qualité. Elle se caractérise par la recherche
d’un volume d’activité important, des investissements conséquents notamment dans le
domaine de la production de masse (rationalisation du processus) et enfin par
l’obligation de cibler large.
La conjonction de plusieurs éléments rend possible l’obtention de coûts bas :
les économies d’échelle : il ressort en effet que les coûts unitaires correspondant à
une activité donnée diminuent au fur et à mesure que les capacités de production et
le volume d’affaires augmentent. Les économies réalisées sont le résultat d’un
étalement des frais fixes (recherche, conception, publicité) sur des séries plus
longues et de la diminution du coût d’investissement par unité au fur et à mesure
que la capacité totale augmente ;
l’effet de taille : l’effet de taille permet à l’entreprise de disposer d’un pouvoir de
négociation plus important vis-à-vis de ses partenaires et notamment de ses
fournisseurs. Elle lui donne en particulier la possibilité d’obtenir ses
approvisionnements à des conditions plus favorables que celles consenties à des
concurrents de taille plus modeste ;
l’effet d’apprentissage : l’effet d’apprentissage conduit avant tout à améliorer la
productivité du travail. Au fur et à mesure qu’une tâche se répète, le temps
nécessaire à la réaliser tend à diminuer, baissant ainsi le coût du travail. L’effet
d’apprentissage est par conséquent fonction de l’expérience et du nombre de fois
où la tâche est réalisée. La baisse des coûts provient de la maîtrise progressive
des techniques, ce qui engendre des gains de productivité ;
l’amélioration et la sophistication des produits et process : les coûts peuvent
également diminuer par le remplacement progressif de la main-d’œuvre par des
moyens de production appropriés.
Une stratégie de domination par les coûts offre en général une forte rentabilité et
permet d’être en position de force au niveau des prix par rapport à ses principaux
concurrents et fournisseurs. Cependant, elle présente naturellement des risques
spécifiques au titre desquels on peut citer :
les risques de changements technologiques qui peuvent annuler l’avantage obtenu en
raison de l’apparition de technologies nouvelles à faible coût ;
l’incapacité de détecter en temps utile les changements à apporter aux produits en
termes de différenciation (évolution des attentes, apparition de nouveaux
segments), en raison d’une attention exclusivement centrée sur les coûts ;
la décision des concurrents de recourir à la même stratégie, d’où une logique
destructrice de marge pour l’ensemble des acteurs.
Plusieurs firmes sont connues pour avoir opté pour cette stratégie concurrentielle
dans plusieurs secteurs d’activités, à l’image de Texas Instrument, d’Emerson
Electric ou encore de Black et Decker. Il est proposé de s’intéresser plus
particulièrement à la stratégie initiale du distributeur Ikea qui a su dès son origine
proposer un concept universel de produits centré sur une domination globale au
niveau des coûts sur l’ensemble de la chaîne de valeur.
Cas d’entreprise
Cas d’entreprise
Imerys : une stratégie de différenciation gagnante
Imerys a réussi, dans un contexte concurrentiel difficile au sein d’un environnement sensible
aux aléas conjoncturels, à poursuivre sa croissance, grâce à une politique de différenciation
particulièrement efficace fondée sur :
l’exploitation de gisements de grande qualité à proximité des débouchés ;
une forte politique de R & D destinée à répondre au mieux à l’évolution des besoins des
clients ;
un portefeuille de marques et de brevets très important dans chacune des activités ;
une politique de produits sur mesure ;
l’intégration de valeur ajoutée dans les produits (exemples : pâtes céramiques prêtes à
l’emploi) ;
une offre globale de produits et de services (recherche, production, suivi logistique,
assistance technique) ;
une stratégie de développement soutenue par une politique de ressources humaines
motivante (plan d’actionnariat).
La différenciation présente des risques lorsque les avantages concurrentiels reposent
essentiellement sur :
des éléments de forme ou d’apparence non protégés (cf. design, packaging) ;
des éléments conjoncturels (liés par exemple aux effets de mode) ;
des éléments pouvant facilement être imitables ou copiés par la concurrence.
La différenciation peut également être risquée lorsque le différentiel de prix entre le produit de
l’entreprise et ceux des concurrents, devient trop élevé.
Cas d’entreprise
Ces stratégies visent par conséquent à développer des activités rentables pour un
ou deux acteurs du marché, en s’attaquant à des cibles peu recherchées par les
grandes firmes du secteur en raison de leur faible attractivité : faible volume,
rentabilité limitée, exigences particulières… L’objectif d’une stratégie de
focalisation est donc d’identifier un segment de clientèle spécifique ou une cible
généralement peu sensible aux offres existantes, en assumant des activités différentes
de celles de ses rivaux. Ceci passe naturellement par la mise en place d’un système
spécifique, capable de répondre à des exigences nouvelles, tout en maintenant une
rentabilité suffisante. De ce point de vue, la politique suivie par Southwest Airlines
Company (peu de services aux passagers) pour échapper aux règles des grandes
compagnies aériennes (avec leurs services complets) est particulièrement éclairante.
Cas d’entreprise
À côté des stratégies concurrentielles traditionnelles, certains travaux ont mis en avant
une stratégie quelque peu différente, fondée sur le temps. Ces stratégies procurent à la
firme un avantage concurrentiel potentiel si elle sait l’utiliser à bon escient. Elles
permettent à l’entreprise d’attaquer ses adversaires, non pas dans une logique
d’affrontement mais par un effet de surprise pouvant déstabiliser les concurrents et les
empêcher de réagir rapidement.
Les stratégies concurrentielles fondées sur le temps répondent à trois principaux
objectifs :
rendre les systèmes de création de valeur deux à trois fois plus flexibles et rapides
que ceux des concurrents ;
positionner, auprès des clients les plus sensibles, les critères de variété et de
rapidité, en veillant à en faire un argument commercial significatif ;
ne pas hésiter à surprendre la concurrence, afin de contrer ses plans d’actions et de la
rendre dans l’incapacité de réagir rapidement compte tenu de l’effet de surprise.
Par ces stratégies, une firme crée elle-même les conditions de sa propre
croissance. Par conséquent, dans sa démarche, elle ne va plus chercher à calquer sa
stratégie sur celle des firmes en place, en essayant de faire aussi bien, sinon mieux.
Elle va chercher à inventer de nouvelles règles du jeu, pour lesquelles elle détiendra
un avantage qu’il s’agira d’imposer dans le secteur visé. À une logique adaptative,
les firmes substituent désormais une approche proactive. Anticipation, réactivité,
surprise stratégique, variété de l’offre et flexibilité sont donc les clés de voûte de
cette politique qui entend dépasser les modèles classiques de concurrence orientés
sur la gestion du couple prix-qualité.
Dans ce nouveau modèle, il ne s’agit plus uniquement d’avoir des atouts supérieurs
au concurrent. Il convient également de créer les conditions d’un changement de
contexte qui limite le pouvoir d’action de ses principaux rivaux. L’enjeu est en effet
de parvenir, par sa rapidité d’action, à proposer une offre aux clients qui à l’instant t
ne peut être comparée à aucune autre approche alternative.
Ceci implique naturellement de réorganiser les structures autour de processus de
création de valeur qui permettent une véritable chasse au temps à tous les niveaux de
l’entreprise (réduction du nombre d’échelons hiérarchiques, transversalité des
activités, décloisonnement des fonctions, organisation par projet, système de veille
permanent…).
Le temps devient ainsi une arme stratégique qui doit permettre aux entreprises
performantes de bâtir un avantage concurrentiel, en réduisant leur temps de réponse
dans le développement de nouveaux produits, la production, la distribution et le
service. C’est le concept de Time-Based Competition.
L’essentiel
►► Le découpage des métiers de l’entreprise en domaines d’activités stratégiques (DAS),
ou segments stratégiques, constitue une étape clé d’un diagnostic stratégique. Cette phase est
généralement désignée sous le nom de segmentation stratégique.
►► Cette notion permet de déterminer les unités stratégiques au niveau desquelles il sera
possible d’apprécier la position concurrentielle de l’entreprise et de formuler une stratégie
spécifique.
►► Chaque segment stratégique doit inclure un ensemble d’activités, de produits et de
ressources qui vise à répondre de manière homogène à un besoin ou une fonction clairement
identifiés au regard des attentes du marché, définies en terme de produits, de services ou
d’usages, et qui est fondé sur des technologies ou des savoir-faire précis et homogènes et qui
dispose d’une concurrence spécifique.
Notes
1. Pour M.C. Ruettgers, P-DG d’EMC Corporation, quatre conditions sont nécessaires
à la création d’une technologie de rupture : rester en phase avec le marché en songeant
non seulement aux clients déjà acquis mais aussi aux clients potentiels ; savoir observer
et interpréter les besoins actuels et futurs des clients ; proposer une solution nouvelle
qui satisfasse les besoins et puisse dans l’idéal redéfinir le secteur d’activité,
rechercher toute dynamique du marché favorable pour l’arrivée d’une nouvelle solution
(Dauphinais et al., 2000, p. 277).
2. La notoriété correspond à la mémorisation d’un produit, d’une marque ou d’une
entreprise par un individu. L’image est une notion plus complexe et se définit comme un
ensemble de représentations et d’associations qu’un individu développe sur un produit,
une marque ou une entreprise.
Chapitre 8
Executive summary
►► Le diagnostic stratégique permet d’étudier la dynamique sectorielle d’une activité, le
cycle de vie des secteurs, des marchés et des technologies, ainsi que l’étude des concurrents
existants et potentiels.
►► La dimension concurrentielle constitue également un autre point important, avec l’analyse des
systèmes concurrentiels et des cinq forces concurrentielles de M. Porter.
Enfin, un tel outil doit permettre de mesurer l’impact de la dynamique sectorielle sur les
stratégies concurrentielles des entreprises.
Une fois les DAS identifiés, il convient de cerner la dynamique sectorielle de chaque
activité. Ceci passe notamment par l’étude des cycles de vie des secteurs et des
technologies. Ce travail d’analyse permet de préciser le système concurrentiel associé à
chaque DAS et son intérêt pour la firme en termes de croissance et de rentabilité.
Stades de
maturité Émergence Croissance Maturité Déclin
Critères clés
L’évolution du secteur peut ainsi être représentée par une courbe en S, avec :
une première phase à croissance lente (démarrage), où seulement quelques
entreprises s’intéressent au produit. Celui-ci est d’ailleurs encore mal connu du
public (diffusion restreinte) ;
une deuxième phase à forte croissance qui encourage l’arrivée de nouveaux entrants
lorsque le produit est adopté par un plus grand nombre de clients (le produit est
désormais accessible et connaît un fort attrait auprès des consommateurs) ;
une troisième phase caractérisée par une stabilité de l’activité, dans laquelle il
devient plus difficile d’augmenter ses parts de marché compte tenu de l’intensité
de la concurrence (diffusion élargie) ;
une quatrième phase marquée par une diminution de l’activité, une banalisation du
produit (risque d’obsolescence), un processus de concentration et le
développement de produits de substitution.
Cet outil d’analyse doit se voir avant tout comme un moyen de lister les critères clés
à prendre en compte dans le processus de développement d’un secteur d’activité. Il sert
donc de descripteur pour cerner les facteurs qui affectent le stade d’évolution d’un
domaine d’activité. Il permet ainsi à l’entreprise d’adapter sa stratégie en fonction des
variations de la demande et de la nature de la concurrence qui existe à chacune des
phases du processus.
Il est à noter que cette matrice suppose une cohérence d’évolution entre les facteurs,
ce qui dans la pratique n’est pas toujours le cas ou du moins demande d’être vérifiée.
L’autre difficulté vient de la complexité des situations dans la mesure où les rythmes de
croissance dans chaque phase ne sont pas toujours les mêmes d’un marché (ou sous-
marché) à un autre.
En effet, il semble difficile d’appliquer à chaque secteur d’activité le même schéma
d’évolution, dans la mesure où, dans certains secteurs, l’arrivée de nouveaux produits
(innovations) peut venir modifier la courbe et changer ainsi le rythme et la durée de
chaque phase.
Par conséquent, en fonction du secteur étudié, les caractéristiques associées à
chacune des phases (en termes de demande, de concurrence, de risques encourus…),
leur durée et le rythme de progression peuvent varier fortement d’une industrie à une
autre. Le principal reproche que l’on peut faire à cet outil est donc de décrire un seul
mode d’évolution censé intervenir quelle que soit la nature des produits
commercialisés.
Ces critiques n’enlèvent néanmoins rien à l’intérêt pratique de cet outil qui permet à
l’entreprise de se situer en termes de croissance et de s’interroger aux politiques
d’adaptation ou de réorientation à envisager en fonction de la période considérée. Elles
sous-tendent simplement qu’avant de procéder à une analyse approfondie du cycle de
vie d’une industrie, il convient de repréciser les spécificités sectorielles (on peut
difficilement comparer le secteur de la force avec celui de l’informatique) et l’influence
exacte des technologies dans la dynamique du secteur (nature et impact des innovations,
fréquence des changements technologiques…).
Il importe également de limiter cet outil à un rôle d’analyse partielle de la situation et
en aucun cas de le considérer comme un outil de planification ayant capacité à prévoir
les évolutions.
Le concept de « cycle de vie des technologies » est un outil particulièrement utile pour
comprendre l’influence qu’exerce la technologie au niveau des politiques
d’investissements, des procédés de production et la dynamique d’un secteur. À l’instar
du cycle de vie d’un secteur, il peut être représenté par une courbe en S.
Figure 8.1 – Le cycle de vie des technologies
À chaque phase est associée une situation type permettant à l’entreprise d’adapter sa
stratégie en fonction des évolutions technologiques. Ainsi, lors du lancement, les
spécifications du produit ne sont pas définitives, on doit effectuer de nombreux
changements dus à des problèmes de production et d’acceptation du produit sur le
marché. Cette phase exige généralement un personnel hautement qualifié. En revanche,
la production ne fait pas appel à de gros investissements. En phase de croissance, les
changements sont encore fréquents pour accroître la qualité technique du produit et
l’efficacité de la production. Les investissements en production sont souvent importants
et la concurrence force à diminuer les prix.
Durant cette phase, l’entreprise espère généralement garder un certain avantage, en
bénéficiant de la courbe d’apprentissage et des économies de coûts. Pour R.N. Foster
(1982), une technologie parvient à maturité (ou montre ses limites), lorsque l’entreprise
ne parvient plus à améliorer sensiblement la recherche et développement, voit sa
productivité diminuée en termes de coût/bénéfice et les potentialités d’application se
restreindre. Le cabinet AD Little évoque également les conditions favorables d’accès et
le niveau d’activité déployée autour de la technologie. Quant à la phase de déclin, elle
est souvent associée à l’absence réelle de recherches et à un effort important de
rationalisation visant à compenser l’absence de développement.
Pour le cabinet A.D. Little 3, toute entreprise dispose d’un ensemble de technologies
mises en œuvre dans ses activités qu’il convient de repérer et d’apprécier en fonction
de leur importance stratégique. Cet ensemble doit être connu et analysé pour améliorer
la compétitivité de l’entreprise sur ses marchés. Pour ce faire, il a classé les
technologies en quatre catégories :
les technologies de base : elles sont essentielles au développement des activités.
Très répandues dans l’entreprise et chez les principaux concurrents, elles ont un
impact limité sur le jeu concurrentiel en raison de leur faible spécificité. En effet,
dans la mesure où la plupart des entreprises du secteur les utilisent ou peuvent les
utiliser, ces technologies ne peuvent pas constituer un avantage concurrentiel
distinctif ;
les technologies clés : elles sont généralement en cours d’exploitation dans les
entreprises du secteur et ont par conséquent un impact majeur sur la dynamique
concurrentielle. Ce sont des technologies que l’entreprise doit s’efforcer de
maîtriser rapidement, pour espérer en obtenir un avantage concurrentiel
spécifique ;
les technologies de pointe : elles sont l’avenir de l’entreprise et présentent un fort
degré de différenciation (perspectives importantes en matière d’innovation). Elles
sont souvent en cours d’expérimentation chez les principaux leaders du secteur ;
les technologies émergentes : elles sont au stade de la recherche fondamentale ou
de l’expérimentation dans d’autres secteurs d’activités et offrent à moyen/long
terme des perspectives de développement intéressantes (régénération,
renouvellement de certaines pratiques…).
La technologie, quelle qu’elle soit, n’a pas de valeur intrinsèquement. Elle tire son
importance des effets qu’elle exerce sur l’avantage concurrentiel et donc sur la structure
du secteur. Dans le cadre d’un diagnostic technologique, l’analyste se doit de répondre
à différentes questions :
Quelles sont les technologies d’ores et déjà utilisées et celles qu’il convient de
développer ?
Quelles sont les technologies encore peu diffusées et présentant un fort potentiel de
différenciation ?
Quelle technologie choisir, à quel moment et avec quels moyens ? Comment assurer
la transition entre deux technologies ?
Est-ce que la technologie retenue peut être aisément incorporée dans les produits ?
Améliore-t-elle les conditions de production à grande échelle ?
Quels sont les principaux avantages associés à cette technologie (innovation,
différenciation, réduction des coûts) ?
Comment anticiper et réagir face aux risques de substitution technologique ?
De manière générale, une position technologique favorable dans un segment
stratégique donné doit se traduire pour l’entreprise par une facilité d’accès aux
technologies de base, une maîtrise des technologies clés, l’intégration rapide des
technologies de pointe, et une capacité à détecter et accompagner le développement des
technologies émergentes.
Exemple
Les nanotechnologies révolutionnent l’industrie américaine
Les nanotechnologies ne sont plus l’apanage des sociétés innovantes. Preuve d’une maturité
naissante, de plus de plus de grands groupes industriels américains ont mis en place une
stratégie pour intégrer ces technologies afin d’alimenter leur croissance future. C’est ainsi que de
groupes aussi importants que DuPont, Lockheed Martin, Kodak, IBM, Motorola, Hewlett-
Packard, Dow Chemical, Intel ont adopté les nanotechnologies dans leur stratégie de
développement. Cette science de l’infiniment petit permet de concevoir et fabriquer des
structures à partir d’atomes et de molécules. Mesurables en nanomètres (un milliardième
de mètre), les applications attendues peuvent être aussi variées que des circuits intégrés
miniatures, des nouveaux matériaux ou des robots médicaux capables d’explorer le corps
humain. Ces technologies intéressent de plus en plus les grandes entreprises américaines qui
en attendent innovation et gains en compétitivité, et parient une partie de leur prospérité à venir
sur cette nouvelle révolution technologique. Comme le souligne Krishna Doraiswamy, Directeur
des programmes scientifiques du groupe DuPont, « Pour nous, l’innovation scientifique dans le
domaine de l’infiniment petit est tout simplement l’enjeu de notre croissance future. »
D’après Les Échos innovation.
Avantage concurrentiel
Faible Élevé
■ Système de fragmentation
Il n’y a pas ici de lien direct entre la part de marché et le taux de rentabilité attendu du
projet. La stratégie de l’entreprise devra donc s’adapter au cas par cas après analyse du
projet. Les activités fragmentées sont donc celles pour lesquelles l’adaptation rapide
aux variations du marché est le principal facteur clé de succès. Dans ce type de
situation, la taille de l’entreprise est plus un handicap qu’un avantage, car il est difficile
de valoriser des frais généraux importants avec des activités trop fragmentées. Si des
sources de différenciation existent, elles évoluent généralement trop vite pour que l’on
puisse en tirer un avantage durable. Dans ce type de système concurrentiel, les sources
de différenciation sont multiples mais fragiles, et la possibilité de réaliser des
économies d’échelle est très limitée.
■ Système de spécialisation
Les activités seront rentables si le degré de spécialisation est bien adapté et permet à la
firme de disposer d’un avantage concurrentiel durable par rapport à ses principaux
rivaux. Il s’agit donc pour l’entreprise de rechercher des niches stratégiques
défendables sur une longue période. La croissance de la part de marché ne doit donc
pas être systématiquement retenue comme facteur déterminant.
■ Système de volume
■ Système d’impasse
La rentabilité ne varie pas quelle que soit la part de marché détenue par l’entreprise.
Les situations d’impasse sont en effet des situations dans lesquelles ni le volume, ni la
différenciation ne peuvent fournir des avantages concurrentiels déterminants.
L’entreprise se retrouve ainsi dans une impasse stratégique, ce qui peut l’amener à
sortir du marché, si le niveau de rentabilité observé est inférieur au minimum décidé
par l’entreprise.
Selon M. Porter, l’intensité étudiée dépend de la pression exercée par cinq principales
forces que l’on peut décomposer de la manière suivante :
les concurrents existant déjà sur le marché (F1) ;
les nouveaux concurrents cherchant à entrer sur le marché (F2) dont les produits
possèdent des caractéristiques physiques et fonctionnelles proches de celles
développées sur le marché avec si possible des avantages spécifiques (image,
qualité, prix…) ;
les produits de remplacement ou de substitution (F3) qui sont différents en termes de
caractéristiques techniques ou physiques mais pouvant répondre aux mêmes
besoins ou remplir la même fonction ;
les fournisseurs qui peuvent exercer un pouvoir de négociation sur l’entreprise (F4) ;
les clients qui peuvent également avoir un pouvoir de négociation sur l’entreprise
(F5).
Figure 8.3 – Les 5 forces de M. Porter
La pression exercée par chacune de ces forces a une incidence sur la rentabilité
potentielle du secteur, et donc son attrait. En effet, chacune de ces forces peut constituer
une menace pour l’entreprise implantée sur le marché.
■ La concurrence directe
Les concurrents directs (déjà présents sur le marché) exercent une forte menace quand :
ils sont nombreux, de force égale ou supérieure ;
ils ont une forte réputation et notoriété ;
ils contrôlent certains approvisionnements ou débouchés ;
les produits sont difficiles à différencier.
La vigueur de ces forces varie d’un secteur à l’autre et peut changer à mesure que le
secteur évolue. Il en résulte que les secteurs ou domaines d’activités étudiés ne sont pas
tous identiques du point de vue de leur rentabilité et de leur attrait pour les firmes. Dans
les secteurs où la pression exercée par une ou plusieurs de ces forces est intense, peu
de firmes parviennent à des rendements intéressants, compte tenu des risques encourus.
Il est donc important pour l’entreprise de savoir si elle se trouve dans un domaine
d’activité a priori attractif (rentable) et les risques éventuels auxquels elle doit faire
face.
L’analyse des 5 forces concurrentielles permet de savoir si le domaine d’activité
étudié dispose de barrières à l’entrée et à la mobilité suffisantes pour éviter la menace
de concurrents indirects ou de nouveaux entrants. Parmi ces barrières à l’entrée, on
peut notamment citer les besoins en capitaux, les coûts de transfert (liés au changement
de fournisseurs), les économies d’échelle, les attributs distinctifs des produits (qualité,
notoriété, image, réputation…), l’accès aux circuits de distribution, l’accès aux
matières premières, l’existence de brevets spécifiques…
Il convient également de s’interroger sur les barrières à la mobilité, c’est-à-dire les
obstacles dressés par les entreprises pour éviter que des concurrents indirects qui ont
opté pour une stratégie donnée (ex : politique de prix bas) puissent, suite à un
changement d’orientation (acquisition de nouvelles activités, innovation
technologique…), entrer dans un autre groupe stratégique en jouant par exemple sur
une différenciation des produits. On entend ici par groupe stratégique, un groupe
homogène de concurrents appartenant à la même industrie et ayant opté pour une
stratégie similaire (importance accordée aux mêmes variables clés : le prix, la qualité,
la clientèle visée…).
L’analyse proposée doit aussi indiquer si l’intensité concurrentielle au sein du
domaine est excessive pour l’entreprise en place, compte tenu du pouvoir des
fournisseurs, clients et concurrents présents sur le marché et des caractéristiques de
l’environnement (cycle de vie, rôle des pouvoirs publics…).
Ceci permet d’apprécier l’importance des barrières de sortie pour l’entreprise
étudiée. En effet, face aux évolutions de contexte, il importe aussi d’apprécier les
possibilités pour la firme de sortir d’un secteur qu’elle juge peu ou insuffisamment
rentable pour son propre développement.
Or ces changements d’orientations ne vont pas toujours de soi, dans la mesure où des
obstacles peuvent contraindre l’entreprise à rester ou du moins à différer sa sortie.
Parmi les obstacles fréquents à la sortie, on peut noter l’existence d’immobilisations
spécifiques, difficiles à revendre ou à réutiliser dans d’autres contextes, des contrats
antérieurs qui lient la firme avec certains clients ou fournisseurs, l’importance des coûts
sociaux (licenciements, plans de reconversion, dégradation du climat social) ou encore
les risques de détérioration de l’image de l’entreprise.
Pour faire face à ces différentes menaces, l’entreprise doit faire différents choix. En
particulier, elle doit identifier l’origine des pressions exercées par chacune des forces,
hiérarchiser les menaces en fonction de l’intensité de ces pressions, réfléchir au degré
d’engagement dans l’activité, en fonction de la position concurrentielle de l’entreprise
et de l’attrait du secteur (développement, maintien, retrait), analyser la combinaison
d’avantages concurrentiels nécessaires pour réussir efficacement dans l’activité, et
enfin définir les stratégies de riposte lui permettant de s’adapter ou de modifier le
contexte concurrentiel dans lequel elle se trouve.
Classification et hiérarchisation
■ L’hexagone sectoriel
Cet accent sur la hiérarchisation des forces en présence (et non simplement sur leur
menace) est représenté par l’hexagone sectoriel de Fréry (2000). Cet outil permet de
visualiser rapidement la situation concurrentielle au sein de chaque DAS, en évaluant
les risques associés à chacune des forces concurrentielles. Il donne ainsi la possibilité
pour une analyse de comparer plusieurs environnements concurrentiels, en fonction des
risques encourus pour l’entreprise (calcul de la surface obtenue pour chaque DAS).
Parmi les forces traitées par cet outil, l’auteur propose d’ajouter le pouvoir de
l’État qui se révèle dans bien des cas un agent d’influence non négligeable en matière
d’incitation ou de frein aux stratégies d’entreprise. L’État peut en effet influer sur la
situation d’un secteur, notamment face aux produits substituables, à travers de
nouvelles réglementations, des subventions ou d’autres actions organisées (ex :
politique fiscale, communication institutionnelle, politique de recherche…).
Figure 8.4 – L’hexagone sectoriel
APPLICATION
Les fournisseurs d’ArkoPharma sont majoritairement des producteurs de plantes externes à qui ils achètent
leur matière première. L’entreprise a donc recours à un très grand nombre de fournisseurs de petites tailles
(producteurs indépendants très atomisés). Toutefois, malgré leur taille, les fournisseurs sont
indispensables à l’activité d’ArkoPharma, qui produit, des gélules 100 % végétales. Cependant, la
dépendance d’ArkoPharma vis-à-vis d’un fournisseur en particulier est faible du fait de la diversité de la
gamme de produits du groupe mobilisant différents types de plantes. Par exemple, la gamme ArkoGélules
propose plus de 120 produits différents (tels que : cassis, bouleau, angélique, fenouil, eucalyptus, vigne
rouge…). En cas de problème avec un fournisseur, ArkoPharma a donc la possibilité de limiter voire de
cesser (temporairement) la production d’un produit à base d’une plante sans que cela ne pénalise
l’entreprise. De plus, l’entreprise dispose souvent de plusieurs fournisseurs sur une matière première et
peut donc en changer.
Pouvoir de négociation des clients : faible, note de 3/10 pour la distribution sélective
ArkoPharma vend ses produits dans différents circuits de distribution (pharmacie, parapharmacie et grande
surface). Les clients directs d’ArkoPharma ne sont donc pas les consommateurs finaux, mais les
distributeurs ou leurs intermédiaires (grossistes et coopératives d’achat). Le pouvoir de négociation de la
grande distribution est extrêmement fort. ArkoPharma a donc décidé de vendre marginalement ses produits
par ce biais. Elle a donc privilégié la distribution via les pharmarcies et les parapharmacies. À ce propos,
l’entreprise a fortement investi dans sa force de vente dédiée à ces clients (quatre réseaux de délégués
commerciaux, un réseau de formateur et promoteurs de vente). Cela permet à ArkoPharma, seule
entreprise à investir massivement dans le démarchage des pharmacies, des intermédiaires et des
coopératives sur ce segment, d’avoir une position concurrentielle forte renforcée par sa situation de quasi-
monopole. De plus, la force de vente, en assurant des événements sur les lieux de vente, s’assure aussi
un contact direct et un suivi de la clientèle (identification des attentes, remontée des informations, etc.).
L’investissement en force de vente s’accompagne de campagnes de communication, afin de développer le
marché. En effet, les produits n’étant pas de première nécessité, il est indispensable de communiquer
régulièrement, tant vers les distributeurs que vers les consommateurs finaux.
En résumé, la position concurrentielle d’Arkopharma est forte (quasi-monopole, démarchage actif, notoriété
élevée, force de ventes efficace), mais les clients disposent tout de même d’un pouvoir de négociation dans
la mesure où ils peuvent, en théorie, refuser le référencement des produits.
Il semble que l’on puisse distinguer deux grands types de produits substituables : les produits bio et les
médicaments et traitements « classiques ». Au cours de la dernière décennie, les différents scandales
alimentaires et environnementaux ont eu pour conséquence de sensibiliser la population à la qualité et au
processus de fabrication des aliments commercialisés. Les produits dits « bio » ont trouvé dans cette prise
de conscience générale une opportunité forte de croissance. Le message étant identique à celui développé
par ArkoPharma, les produits dits « bio » vendus en supermarché ou en surface spécialisée peuvent
représenter une véritable alternative aux traitements naturels. Une deuxième possibilité concerne les
médicaments fabriqués à base de molécules de synthèse, par opposition aux médicaments naturels. Ces
médicaments peuvent en général revendiquer une efficacité et une rapidité plus évidente. Par contre, ils
sont en général décriés pour les possibles effets secondaires négatifs qu’ils peuvent avoir sur l’organisme.
Le secteur de l’industrie pharmaceutique est extrêmement réglementé par nature comme le souligne cette
évidence : la vente de médicament n’est pas libre. Elle est soumise à de nombreuses institutions dont les
principales sont : le Secrétariat d’État à la Santé, l’AFSSAPS (l’Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé) ou Agence du Médicament, et l’EMEA (European Agency for the Évaluation of Medicinal
Products) au niveau européen. Pour commercialiser un produit en France, les laboratoires doivent obtenir
une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) de l’Agence du Médicament. Cependant, les contraintes qui
pèsent sur ArkoPharma sont plus faibles. En effet, les paramédicaments proposés par ArkoPharma ne
nécessitent ni de recherches biochimiques (sur la nature de la molécule à produire) ni d’essais
pharmacologiques (études des effets sur l’animal et l’homme). Le marché de la phytothérapie est du coup
beaucoup moins contrôlé que les médicaments thérapeutiques classiques. Toutefois, une directive
européenne entrée en vigueur fin 2003 renforce la réglementation. Cette directive établit la liste des
vitamines et minéraux autorisés et leur teneur maximale dans les compléments nutritionnels. Son objectif
est aussi de garantir un niveau de sécurité élevé et d’informer le consommateur. Du coup, l’étiquetage des
produits doit préciser qu’il s’agit de compléments alimentaires, et ne pas attribuer de propriétés de
prévention, de traitements ou de guérison de maladie qui laissent penser qu’on peut les substituer à un
médicament. ArkoPharma agit donc dans un secteur réglementé où le pouvoir de contrôle de l’État et des
autorités européennes va croissant.
Au regard de cette analyse, il est possible de positionner les forces concurrentielles dans l’hexagone
sectoriel (cf. graphique ci-après). Cette représentation graphique permet d’observer que deux forces
exercent une pression importante sur l’entreprise :
les produits de substitution qui peuvent entraîner des déplacements de consommation selon les
investissements publicitaires et le lancement de nouveaux produits ;
l’État qui réglemente et encadre de plus en plus le secteur.
Figure 8.5 – Hexagone Sectoriel d’Arkopharma en 2002
L’essentiel
►► Une fois les DAS identifiés, il convient de cerner la dynamique sectorielle de chaque activité.
Ceci passe notamment par l’étude des cycles de vie des secteurs et des technologies (démarrage,
croissance, maturité, déclin).
►► Ce travail d’analyse doit permettre de préciser le système concurrentiel associé à chaque
DAS (volume, spécialisation, fragmentation, impasse) et son intérêt pour la firme en termes de
croissance et de rentabilité.
►► Il s’agit en particulier d’apprécier l’impact de la dynamique sectorielle en fonction des
stratégies retenues, qu’il s’agisse d’innovation ou de rupture, de politique de domination par les
coûts ou de différenciation ou encore de stratégie de focalisation.
Notes
1. Ce cas est issu d’un programme de recherche réalisé en 2002 dans le cadre du cours
que l’auteur coordonne avec Michel Barabel au sein du Master 2 « Finance d’entreprise
et Ingénierie Financière » de l’Université Paris Dauphine.
2. Voir sur ce point, Attali (1990).
3. Arthur D. Little, Stratégie et technologie, Rapport ADL, Davos, 1981.
Chapitre 9
Executive summary
►► Le diagnostic stratégique vise à évaluer les ressources internes de l’entreprise en termes
de capacités d’exploitation et de mobilisation, ainsi que la compétitivité de chaque activité en termes
d’efficience et d’efficacité.
►► Un diagnostic stratégique passe tout d’abord
par une analyse précise de la chaîne de valeur et des avantages concurrentiels qui y sont
associés.
►► Une telle démarche, pour être complète, demande de pouvoir apprécier les forces de la
concurrence et leur positionnement respectif, à travers par exemple une cartographie stratégique
des principaux rivaux.
Une entreprise peut ainsi améliorer son avantage concurrentiel en optimisant ses
interconnexions internes et externes. La chaîne de valeur constitue un outil d’analyse
efficace pour visualiser l’ensemble des activités de l’entreprise et repérer les sources
potentielles d’économies de coûts et de différenciation.
L’idée de Porter (1983) est qu’une entreprise obtient un avantage par les coûts si elle
réalise ses activités créatrices de valeur à un coût cumulé inférieur à celui de ses
concurrents. L’auteur a ainsi identifié différentes phases d’analyse des coûts :
définir la chaîne de valeur de l’entreprise ;
détecter les actifs de l’entreprise et les coûts de fonctionnement des différentes
activités créatrices de valeur ;
déterminer les facteurs d’évolution des coûts. M. Porter a répertorié 10 grands types
de facteurs qui ont une incidence sur les coûts : les économies d’échelles, les
effets d’apprentissage ou effets de diffusion, le taux d’activité ou taux d’utilisation
du potentiel de production, la fluidité des liaisons à l’intérieur de l’entreprise, les
interconnexions dans l’entreprise (partage d’un même savoir-faire), l’intégration
(plus une entreprise est intégrée, plus ses coûts sont faibles), la gestion du temps,
les facteurs institutionnels (taux de syndicalisation, réglementation des pouvoirs
publics), la localisation ;
évaluer les coûts des concurrents. Certaines entreprises ont recours au
benchmarking, en observant ce que font d’autres entreprises (concurrentes ou non)
et en identifiant leur propre chaîne de valeur et les coûts qui y sont associés. Il est
difficile d’avoir des informations sur ses concurrents. Il existe plusieurs méthodes
pour les obtenir : au travers des discussions avec des clients et fournisseurs, dans
des interviews, sur des documents écrits (mêmes comptables), à travers la mise en
place d’un système de veille (l’information peut être déformée) ;
élaborer une stratégie permettant d’acquérir un avantage par les coûts : contrôler les
facteurs d’évolution des coûts afin d’éviter leur augmentation, voire d’obtenir une
réduction, remodeler la chaîne de valeur en modifiant certains éléments de
l’entreprise (ex. : mise en place d’un nouveau processus de production, adoption
d’un nouveau circuit de distribution…) ;
accompagner ce changement par différentes actions : formation du personnel,
motivation du personnel, diffusion d’une culture d’entreprise, adoption de
programmes formels de réduction de coût, recherche systématique de
l’automatisation…
Toujours selon M. Porter, une entreprise peut aussi se différencier de ses concurrents
quand elle parvient à acquérir une caractéristique unique à laquelle les clients attachent
de la valeur. La différenciation est intéressante pour l’entreprise si le surprix obtenu
dépasse le coût supplémentaire de la différenciation.
M. Porter préconise ainsi les étapes suivantes en matière de recherche d’avantage
concurrentiel par la différenciation et la chaîne de valeur :
déterminer le véritable acheteur ;
identifier la chaîne de valeur du client. Une entreprise peut créer de la valeur par une
diminution des coûts pour le client, par une amélioration des services rendus ;
définir les critères d’achats des clients et leur hiérarchie. Il existe 2 types de
critères : les critères d’utilisation (caractéristiques propres du produit, services
annexes à la vente) et les critères de signalisation (spécificités de la clientèle) ;
déterminer les caractéristiques uniques de la chaîne de valeur qui assurent une partie
de l’avantage concurrentiel (qualité, délai de livraison, sécurité du produit, facilité
d’emploi…) ;
calculer ou évaluer le coût de la différenciation ;
prendre des mesures permettant de réussir durablement la différenciation. Il s’agit ici
d’accroître les sources de différenciation dans les chaînes de valeur, en
transformant le coût de la différenciation en avantage (amélioration du
fonctionnement interne de l’entreprise, simplification du circuit de distribution…),
en décelant des critères d’achat des clients ou des circuits de distribution encore
inconnus, en réagissant rapidement à leurs changements, ou encore en évaluant la
durabilité de la stratégie de différenciation retenue.
La différenciation dépend de 3 critères : la perception que les clients ont de la
différenciation et de la valeur qu’elle leur apporte, les possibilités d’imitation des
concurrents, et la diversité des sources de différenciation.
■ Apports et limites
L’analyse de la chaîne de valeur au sens large permet à une entreprise de mieux orienter
ses choix grâce à une meilleure connaissance de ses avantages concurrentiels et la mise
en exergue de synergies éventuelles entre les différentes activités (interconnexions
stratégiques). Elle donne également la possibilité de situer l’entreprise par rapport à
une organisation qui serait optimale et favorise des comparaisons avec la concurrence.
Son inconvénient principal réside dans la capacité à créer une chaîne de valeur adaptée
à chaque entreprise et industrie, et dans l’aptitude des acteurs à opérationnaliser ce
concept à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise.
■ Approfondissement
Exemple
L’entreprise Vanguard,
Vanguard est le leader du secteur des fonds communs de placement. L’outil mobilisé révèle
notamment que la stratégie concurrentielle de cette entreprise est principalement d’offrir toute
une gamme de fonds communs en actions, obligataires et monétaires avec des performances
stables (faible risque, récurrence des gains) et des frais très limités (peu d’opérations,
simplification des tâches, rationalisation de la politique de distribution, optimisation du service
client et du service marketing…).
Selon l’analyse effectuée, le système stratégique de l’entreprise vise essentiellement à sacrifier
des chances de performances exceptionnelles (mais épisodiques) au profit de performances
régulières et stables chaque année.
Le graphique, conçu par Porter, permet de constater l’alignement stratégique de l’ensemble des
actions du groupe avec ses objectifs stratégiques.
Exploitée
Implication Performance Force
Valorisable Rareté Imitation par
concurrentielle économique ou faiblesse
l’entrepise
Avis d’expert
Ratio ou
Intitulé du ratio
Calcul du ratio ou de l’indicateur indicateur Comparaison avec
ou de l’indicateur
financier financier de ses concurrents
financier
l’entreprise
L’analyse des équilibres financiers passe tout d’abord par l’étude de la structure
financière de l’entreprise. Les ratios et indicateurs clés sont :
le ratio d’endettement (Dettes financières/Capitaux Propres) ;
l’évolution des Capitaux Propres ;
l’évolution du fonds de roulement ;
le flux de trésorerie net annuel ;
le taux de versement des dividendes (Dividendes/Résultat à répartir) ;
la capacité de remboursement des emprunts (CAF/Dettes financières) ;
l’attractivité des actions 1 (Bénéfice par action – BPA) ;
l’attractivité des actions 2 (PER – Price Earning Ratio – Cours de l’action/résultat
net).
L’objectif de cette analyse est de s’assurer que :
les grands équilibres financiers sont respectés, c’est-à-dire que l’entreprise est
viable à moyen terme sur le plan financier ;
la politique financière de l’entreprise ne la désavantage pas par rapport à celle de
ses principaux concurrents ;
l’entreprise est en mesure de lever des fonds supplémentaires en cas de nécessité ;
l’entreprise est bien placée pour procéder à des opérations de croissance externe par
échange d’actions.
La solvabilité est la capacité de l’entreprise à rembourser ses dettes. Cette analyse peut
être réalisée dans une optique de continuité de l’exploitation ou de liquidation de
l’activité. Dans l’optique de continuité de l’exploitation, il s’agit de s’assurer que les
résultats futurs seront suffisants pour satisfaire les échéances de versement des intérêts
et de remboursement du capital. Dans une optique de liquidation de l’activité, il s’agit
de savoir si la vente de tous les actifs de l’entreprise permettrait de rembourser
intégralement l’ensemble des créanciers. La mesure de ce risque passe alors par
l’estimation de l’actif net corrigé, c’est-à-dire de la valeur de revente de tous les actifs
de l’entreprise moins l’ensemble de ses dettes. Il existe des normes sectorielles.
Le risque de liquidité correspond au risque de ne pas pouvoir satisfaire une
échéance (versement d’intérêts ou amortissement d’emprunt) pour des raisons de
non-liquidité des actifs. Il s’agit davantage d’un risque de trésorerie que d’un risque
lié à la non-rentabilité de l’activité. Ce risque est souvent mesuré au travers des trois
ratios suivants :
le ratio de liquidité générale :
actifs liquidables à moins d’un an/dettes exigibles à moins d’un an ;
le ratio de liquidité réduite :
(actifs liquidables à moins d’un an – stocks)/dettes exigibles à moins d’un an ;
le ratio de liquidité immédiate :
(titres de placement et disponibilités/dettes exigibles à moins d’un an).
La compétitivité commerciale
Forces
Faiblesses par rapport
Critères par rapport
à la concurrence
à la concurrence
Politique Produit
Portefeuille produit
Politique de gamme
Cycle de vie des produits
Volume des ventes
Parts de marché
Répartition géographique du CA
Qualité des produits et des services
Image de marque
Degré d’originalité des produits
Degré de différenciation des produits
Degré d’innovation
Fidélité de la clientèle
Renouvellement de la clientèle
Importance du service après vente
Politique Prix
Positionnement par rapport à un prix
psychologique
Marge sur coûts variables
Rentabilité sur prix de revient
Rentabilité sur capital investi
Relation prix-qualité
Politique Distribution
Qualité du réseau de distribution
Moyens logistiques
Répartition par canaux de distribution du CA
Couverture géographique
Présence des produits dans les magasins
Référencements
Réseaux de distribution indirects
Politique communication
Image et notoriété de la firme
Efficacité de la publicité
Efficacité des promotions
Efficacité du marketing direct
La compétitivité sociale
Attractivité
Capacité d’attraction (image)
Capacités managériales de l’équipe dirigeante
Rémunération
Intéressement du personnel
Avantages sociaux
Protection sociale
Dialogue social
Qualité des formations
Niveau des qualifications
Degré d’intégration des salariés
Gestion des carrières
Développement de l’apprentissage
Politique de mobilité fonctionnelle
Politique de mobilité géographique
Fidélisation
Pyramide des âges
Taux d’absentéisme
Taux de rotation du personnel
Niveau de satisfaction des employés
Degré d’engagement du personnel
Degré de participation des salariés
Degré d’identification et d’adhésion aux valeurs
du groupe
Efficacité sociale
Productivité par salarié
Adéquation des effectifs/besoins
Flexibilité sociale
Rythmes de travail
Conditions de travail
Dispositifs de sécurité
Nombre de conflits et grèves
Nombre de pannes et arrêts de travail
Dynamisme et initiative du personnel
Ouverture à la mobilité
Climat général/ambiance
La compétitivité technique
Capacité de production
Taux d’utilisation des capacités
Degré de maturité des équipements
Qualification de la main-d’œuvre
Degré d’automatisation
Niveau de modernisation des procédés
Degré de standardisation de la production
Rythme de renouvellement des équipements
Capacité de recherche
Dépenses en recherche & développement (en % du
chiffre d’affaires)
Nombre de brevets déposés
Nombre de chercheurs
Relations nouées par l’entreprise avec la recherche
institutionnelle
Recours à des nouvelles matières et matériaux
Niveau de conception d’équipements et de matériels
nouveaux
Part relative de nouveaux produits dans le chiffre
d’affaires et dans les résultats opérationnels de
l’entreprise
Degré de formalisation de la gestion des projets
innovants
La compétitivité du management
Cas d’entreprise
L’analyse concurrentielle
Afin de prendre une décision qui engage l’avenir de l’entreprise, il importe d’identifier
la situation actuelle et future de ses principaux concurrents. Pour ce faire, on peut
établir une fiche signalétique de ceux-ci. Il s’agit d’indiquer précisément les
caractéristiques de chaque firme (métiers, activités, zones d’influence géographique,
chiffres clés, avantages concurrentiels) et de leur stratégie à venir (voies et modes de
développement, stratégies concurrentielles, projets en cours).
L’objectif est ici de recueillir le maximum d’informations pour cerner la situation
actuelle et prévisible des concurrents, afin de mettre en place les processus
d’amélioration qui permettront à l’entreprise de rester dans la course et d’envisager une
meilleure position sur ses marchés.
C1
C2
C3
C4
C5
L’essentiel
►► Un diagnostic d’entreprise demande, au-delà d’une analyse externe, l’étude détaillée
des forces et faiblesses de la firme par domaine d’activité, afin de mieux apprécier sa position
concurrentielle sur ses marchés.
►► Pour ce faire, l’analyse systématique des sources d’avantages concurrentiels et de ses
principales fonctions doit contribuer à formuler des politiques fonctionnelles et une
structure organisationnelle adaptées aux stratégies définies, notamment en ce qui concerne la
capacité de l’entreprise à faire évoluer son mode d’organisation et à mobiliser des ressources en
fonction du contexte et des situations rencontrées.
Notes
1. J.C. Pacitto est maître de conférences à l’institut de Recherche en Gestion et
chercheur associé à l’INRPME (Université des Trois Rivières – Québec). Il est l’auteur
de nombreux travaux sur les spécificités de la PME.
2. Vient du mot anglais « capability » !
3. Marchesnay, M. (2002), Pour une approche entrepreneuriale de la dynamique
ressources-compétences, essai de praéxologie, Éditions de l’Adreg.
Chapitre 10
Executive summary
►► Dans le cadre d’un diagnostic stratégique, plusieurs outils ou matrices d’analyse peuvent
être utilisés en vue d’analyser la rentabilité et la cohérence du portefeuille d’activités de l’entreprise,
comme la matrice du BCG, la matrice McKinsey, la matrice General Electric ou encore la matrice
AD Little.
►► Pour pouvoir faire des choix pertinents (investissements, désinvestissements,
redéploiement), il importe d’analyser la cohérence du portefeuille d’activités de l’entreprise.
►► Ce travail d’analyse doit ainsi permettre d’étudier les liens entre portefeuille d’activités et
création de valeur, et d’évaluer les synergies entre segments stratégiques.
Analyser la cohérence d’un portefeuille d’activités est particulièrement utile pour les
entreprises diversifiées. Une telle analyse permet de s’assurer qu’elles possèdent
suffisamment de couples produits/marchés rentables pour financer de nouvelles
activités. Elle a par conséquent comme objectif de trouver une solution équilibrée entre
rentabilité, risque et croissance, quitte pour cela à abandonner certaines activités.
Pour définir la stratégie de portefeuille d’un groupe, on a souvent recours à des
matrices créées par des cabinets de consultants : BCG, Mc Kinsey (McK) et Arthur Dee
Little (ADL). La finalité des matrices est de représenter de façon synthétique un
ensemble d’activités et de les évaluer en termes d’intérêts stratégiques pour la firme.
Elles ont toutes en commun de décomposer l’entreprise en segments stratégiques ou
DAS (ce que les Anglo-Saxons appellent les business units). L’objectif de ces matrices
est de procéder à des logiques d’arbitrage entre les DAS (stratégie d’allocation de
ressources), en vue d’harmoniser son portefeuille d’activités : de manière générale, il
s’agit de faire en sorte de dégager suffisamment de ressources dans des activités où
l’entreprise est déjà bien positionnée pour aider au développement de nouvelles
activités qui ont besoin d’être financées (notamment en recherche et développement).
La matrice résulte de diagnostics interne et externe :
l’analyse des forces et faiblesses de l’entreprise sur les FCS du domaine étudié
donne la position concurrentielle de l’entreprise (faible ou élevée) sur le DAS ;
l’analyse des opportunités et menaces de l’environnement ainsi que sa valeur donne
un attrait faible ou élevé du DAS.
Les matrices croisent par conséquent les deux dimensions suivantes :
l’attrait des différentes activités ;
la position concurrentielle de l’entreprise par activité.
Les différences entre les matrices proposées tiennent à la façon d’évaluer ces deux
dimensions. Elles ont en revanche le même objectif, à savoir permettre une allocation
optimale de ressources entre les DAS pour acquérir une meilleure position
concurrentielle globale. Si ces matrices sont rarement appliquées en l’état, en raison du
caractère réducteur des critères mobilisés, la démarche se révèle bien utile, dans la
mesure où elle permet de s’interroger sur les domaines d’activités qu’il convient de
maintenir (sans investissement supplémentaire), de développer ou au contraire
d’abandonner.
On considère qu’il y a « dilemme » lorsque l’entreprise a une position
concurrentielle défavorable (pas d’avantages significatifs) au sein d’un DAS à fort
attrait stratégique (ex : secteur porteur ou d’avenir).
La matrice du BCG
Le Boston Consulting Group structure sa matrice d’analyse stratégique à partir des taux
de croissance des segments stratégiques (une croissance élevée implique des liquidités
importantes, et inversement) et des parts de marché relatives de l’entreprise sur chacun
des segments (une part de marché élevée permet de dégager des ressources financières
importantes et inversement). Cette méthode d’analyse, la plus ancienne, accorde donc
une place importante à la dimension financière, en établissant un lien entre d’une part,
les parts de marché et les surplus de liquidités, et d’autre part entre les taux croissance
et les besoins de liquidités.
Part de marché
Forte Faible
L’attrait de l’activité
Les critères retenus pour chacun des deux axes peuvent donc être différents selon les
entreprises et modifiés dans le temps en fonction des évolutions de l’environnement et
de l’entreprise. D’où une vision dynamique de l’analyse stratégique.
Pour chaque segment stratégique, il existe trois principaux choix :
se maintenir en rentabilisant dans les zones moyennes ;
se développer dans les zones fortes ;
se retirer dans les zones faibles (logique de retrait).
La matrice McKinsey préconise une stratégie pour chacun des DAS identifiés,
répartis en 9 segments stratégiques. Elle présente l’avantage par rapport à la matrice
BCG d’être plus réaliste, de prendre en compte l’intérêt stratégique de la firme, et
notamment un ensemble important de variables qualitatives (culturelles,
organisationnelles, identitaires…) et donne un aperçu des synergies possibles entre
activités.
En revanche, elle s’appuie sur une méthode assez complexe à mettre en œuvre. De
plus, on peut souligner le risque de subjectivité lors de la sélection des critères, des
pondérations et de la notation. Il y a par conséquent un risque, si on n’y prend pas
garde, de validité au niveau des décisions.
La matrice AD Little
La matrice AD Little s’appuie sur deux principales dimensions :
La position concurrentielle de l’entreprise. Elle mesure la force relative de la firme
par rapport aux concurrents sur les principaux facteurs clés de succès de l’activité
analysée. La position concurrentielle est classée de dominante à marginale (les
évaluations intermédiaires étant fortes, favorables et défendables). Cette
évaluation repose sur deux principaux critères : les atouts de l’entreprise par
rapport à la concurrence (avantages significatifs et distinctifs) et la capacité de la
firme à maintenir durablement sa position (avantages durables).
Le degré de maturité de l’activité. Il est fondé sur les quatre phases du cycle de vie :
démarrage, croissance, maturité et déclin. Les indicateurs permettant d’apprécier
la maturité d’un secteur sont : le taux de croissance, le potentiel de croissance, la
gamme de produits, le nombre de concurrents, la distribution des parts de marché,
leur stabilité, la fidélité de la clientèle, la facilité d’accès au secteur et l’évolution
technologique.
Cette dimension permet de donner une indication sur le niveau de risque sectoriel
(critères : réglementation nouvelle, innovations technologiques, éclatement des
marchés) et ses conséquences sur le développement de l’activité (variations,
ruptures…). Cet axe établit ainsi un lien entre le cycle de vie des activités et les
liquidités générées, le besoin d’investissement et la rentabilité attendue.
Figure 10.1 – La matrice AD Little
L’essentiel
►► Analyser la cohérence d’un portefeuille d’activités est particulièrement utile pour les
entreprises diversifiées. Ceci permet à l’entreprise de s’assurer qu’elle possède suffisamment de
couples produits/marchés rentables pour financer de nouvelles activités. L’analyse a par
conséquent comme objectif de trouver une solution équilibrée entre rentabilité, risque et croissance,
quitte pour cela à abandonner certaines activités.
►► Les matrices d’activités généralement utilisées résultent bien souvent d’analyses
internes et externes. Il s’agit à la fois d’analyser les forces et faiblesses de l’entreprise sur les
FCS du domaine étudié et les opportunités-menaces de l’environnement. Les matrices croisent par
conséquent deux dimensions : l’attrait des différentes activités et la position concurrentielle de
l’entreprise par activité.
►► Les différences entre les matrices tiennent à la façon d’évaluer ces deux dimensions.
Elles ont en revanche le même objectif, à savoir permettre une allocation optimale de ressources
entre les DAS pour acquérir une meilleure position concurrentielle globale. Si ces matrices sont
rarement appliquées en l’état, la démarche se révèle bien utile, dans la mesure où ceci permet de
s’interroger sur les domaines d’activités qu’il convient de maintenir sans investissement
supplémentaire, de développer ou au contraire d’abandonner.
Notes
1. Adapté de Allouche et Schmidt (1995).
2. Voir O. Meier et G. Schier, Fusions-Acquisitions : Stratégie, Finance,
Management, Dunod, 2016.
Chapitre 11
Executive summary
►► Dans un diagnostic stratégique, la notion de business model est primordiale, dans la
mesure où elle permet de mieux saisir la cohérence et la viabilité stratégique du projet, en étudiant
ses perspectives de croissance et sa structure de coûts.
►► Pour ce faire, il convient de s’interroger sur les propositions de valeur, les avantages
durables et non imitables possibles, ainsi que sur le mode d’organisation et de relation entre les
différents acteurs.
►► Le business model est donc une aide précieuse en termes d’opérationnalisation de la
stratégie, en permettant de mieux rendre compte de la gestion des flux envisagés et des
perspectives en termes de création de valeur.
Une fois les étapes du diagnostic effectuées, il est dès lors possible de construire un
business model à partir de la stratégie retenue, pour voir de quelle manière
l’organisation et ses ressources peuvent traduire de façon opérationnelle les
propositions de valeur de l’entreprise.
La notion de business model est de plus en plus utilisée par les entreprises pour
expliciter leur activité économique. Elle leur permet de rassurer les actionnaires et
investisseurs sur la viabilité et la rentabilité de cette activité. C’est notamment le cas
pour les sociétés en voie de création désireuses de promouvoir leur activité auprès
d’investisseurs avant même de pouvoir générer des revenus.
Il s’agit ici de mettre en cohérence les orientations retenues (positionnement,
avantages concurrentiels, contraintes, opportunités) avec la réalité opérationnelle et
organisationnelle de l’entreprise. Valeur, Imitation et Périmètre constituent en effet ce
qu’il est convenu d’appeler le VIP de la stratégie. Toute décision qui entre dans ce
triangle d’or peut être considérée comme le cœur stratégique de la firme. Une stratégie
efficace et réaliste consiste ainsi à répondre à trois principales questions :
Quelle valeur spécifique proposer à ses clients ?
Quels sont les avantages concurrentiels qui permettent de disposer d’atouts distinctifs
par rapport aux concurrents ?
Quel est le dimensionnement et l’articulation des ressources nécessaires pour mener
à bien le positionnement souhaité, de façon cohérente et efficiente ?
Pour répondre à ces trois questions, on peut mobiliser tout un ensemble d’outils et de
concepts. Ces grilles d’analyse, ces schémas et ces matrices doivent servir à expliciter
les ambitions de l’entreprise de façon compréhensible par des investisseurs.
Cas d’entreprise
BlaBlaCar
BlaBlaCar a construit son modèle économique autour de l’économie du partage, en créant une
société de covoiturage fondée sur plusieurs piliers. Le premier d’entre eux concerne la
dynamique cumulative des effets de réseaux d’utilisateurs, pour acquérir une masse critique
(nombre d’inscrits) et devenir ainsi la plateforme incontournable du covoiturage en France : plus
un nombre d’individus ira d’un point A à un point B, plus il y aura de choix quant à l’horaire d’un
trajet et à la précision d’un lieu de départ et d’arrivée. Le deuxième pilier porte sur la valorisation
de l’expérience utilisateur, autour d’une logique « fun and serious » et « think it, use it » en vue
de proposer des services simples et efficaces pour ses clients. Cette stratégie a été très tôt
généralisée aux marchés étrangers, en prenant en compte, dès le lancement du service en
France, les besoins d’expansion futurs dans les autres pays. Quant au modèle de paiement, la
plateforme est payante et prélève environ 10 % de la commission sur le prix de chaque trajet
réservé en ligne. Le conducteur est rémunéré par virement, à l’issue du trajet, via un bon de
paiement remis par le passager.
De manière générale, un business model est bien plus large qu’un modèle de revenus.
On limite souvent le modèle économique au modèle de revenus, en y intégrant les
questions d’abonnement, de paiement à l’achat, de gratuité, de freemium, de low cost…
Ceci conduit à considérer l’innovation de modèle économique comme une nouvelle
façon de mettre un prix sur un produit ou un service. Le modèle économique est certes
un modèle de revenus, mais il est surtout une synchronisation entre ce modèle, la
proposition de valeur offerte aux clients et l’organisation mise en place pour y parvenir.
L’innovation va donc au-delà de la formulation du prix. À l’instar des innovations
réalisées par Dell, Zara ou EasyJet, leur succès a bien plus concerné la proposition de
valeur (choisir sa configuration, changer les habitudes en matière d’habillement,
voyager à bas prix) et l’organisation (localiser la production près des zones de
consommation, augmenter le nombre de rotations quotidiennes d’un avion, fabriquer à la
demande) que la définition et formulation de leur prix.
Cas d’entreprise
Dell
Dell a construit son succès en établissant une stratégie de rupture avec le modèle dominant de
l’industrie du matériel informatique. L’entreprise a en effet proposé à ses clients une nouvelle
valeur d’usage, qui a modifié la perception et les pratiques du marché. Alors que l’industrie des
ordinateurs était structurée autour d’une offre standardisée, Dell propose à ses clients de définir
eux-mêmes la configuration qu’ils souhaitent lorsqu’ils achètent le produit. Dell entend par
conséquent proposer une stratégie sur mesure autour d’une offre personnalisée et d’une relation
one to one. Cette stratégie suppose un changement radical du modèle de production, de
distribution et de vente. Elle implique notamment un changement de la séquence (production et
vente, désormais vente et production) au sein de la chaîne de valeur. Alors que la règle de
l’industrie est de vendre une fois qu’on a produit en masse, Dell vend d’abord et assemble
ensuite. Cette évolution a de nombreux avantages pour le système en place. En termes de
cash, elle permet une amélioration du BFR (Dell encaisse avant de mobiliser les ressources
d’assemblage) ; en termes de chiffre d’affaires, elle augmente les ventes par une meilleure
satisfaction des attentes. Enfin, en termes de coûts, elle permet une réduction sensible des
invendus. Cette approche conduit également à supprimer les intermédiaires, via un système de
distribution en direct. En effet, elle se fait via le site Internet qui est pour la première fois utilisé
comme un canal de vente spécifique. Les distributeurs traditionnels se retrouvent ainsi hors du
jeu. Cette distribution directe permet aussi à Dell de capter une valeur supplémentaire à celle de
ses concurrents, compte tenu de l’absence d’intermédiaires. Cette stratégie a également un
impact sur les usines d’assemblage, qui se retrouvent désormais près des points de
consommation, ce qui permet de raccourcir les délais de livraison.
L’essentiel
►► Construire un business model permet de visualiser de quelle façon l’organisation et ses
ressources peuvent transposer de manière opérationnelle les propositions concrètes de l’entreprise
en termes de création de valeur.
►► Le business model décrit la logique économique et organisationnelle de l’entreprise et
comprend par conséquent sa chaîne de valeur et les relations avec les différentes parties
prenantes. Ceci vise à apprécier les flux de revenus générés en fonction de la valeur créée et des
coûts induits par les différentes actions mises en place.
Notes
1. Le business model ne doit pas être confondu avec le business plan. Le business
model est la manière dont l’entreprise va générer son profit et va s’organiser pour y
parvenir (positionnement au sein de la chaîne de valeur, relations avec les différentes
parties prenantes). Le business plan intervient après l’élaboration du business model. Il
traduit le mode d’organisation et la démarche retenue à travers une série d’actions à
mettre en place et précise les perspectives financières (besoins financiers, retour sur
investissement) dans un horizon temporel bien défini (calendrier).
Partie 3
Nous présentons dans cette troisième partie un cas d’application à travers l’étude de
l’entreprise BIC. Le cas proposé n’a pas comme ambition d’étudier la situation actuelle
et prospective de l’entreprise, qui connaîtra comme toute de nombreux changements et
évolutions.
Il vise, à travers une période donnée (utilisée comme base de travail), à analyser, avec
différents outils, les facteurs qui ont fait la réussite de cette entreprise depuis son
origine et les pistes d’orientation et d’actions qui se profilent à l’époque des faits. Le
cas présenté s’inscrit par conséquent dans une démarche délibérément pédagogique et
explicative.
QUESTIONS CLÉS
Historique de l’entreprise
En 1945, Marcel Bich, ancien directeur de production d’une fabrique d’encre, reprend
avec Édouard Buffard une usine à Clichy pour fabriquer des pièces détachées de stylos
plume et de portemines et créée la société PPA (Porte-plumes, Portemines et
Accessoires). Pour développer l’entreprise, ils achètent à l’entreprise Biro – une
société britannique – la licence d’un stylo à bille. Malheureusement, le procédé n’est
pas au point. Marcel Bich, qui croit à l’énorme potentiel de ce produit, décide de le
rendre fiable et en 1950, sa société lance un stylo à bille qu’il baptise « Bic », une
version raccourcie et facilement mémorisable de son propre nom. Il s’agit de créer un
produit d’utilisation courante, de qualité, jetable et pratique, à un prix accessible pour
tous.
De 1956 à 1965, face au potentiel de la production de stylos à bille, Marcel Bich
part à la conquête du marché mondial (ouverture d’une filiale au Brésil, rachat de
Waterman Pen Company en Amérique du Nord, développement des activités en
Afrique, au Moyen Orient et au Japon). Il s’appuie pour cela sur un concept commercial
cohérent autour d’une politique marketing efficace (idée simple et claire, maîtrise
technique, faibles coûts unitaires, actions publicitaires importantes). Le 15 novembre
1972, Bic est coté à la bourse de Paris et continue sa politique d’acquisition par le
rachat de Conté.
En 1973, Bic étend ses activités en lançant le briquet Bic à flamme réglable. Sa
fiabilité et sa qualité en font un succès immédiat. En 1975, non content de révolutionner
les habitudes d’écriture et d’allumage de millions de consommateurs à travers le
monde, Bic lance le rasoir Bic non rechargeable. Dès 1973, Bic est donc positionné sur
trois produits phares – le stylo, le briquet et le rasoir – qui restent aujourd’hui son cœur
de métier.
À partir de cette époque, les tentatives de diversification se sont soldées par des
résultats plus contrastés :
en 1973, le groupe Bic tente une diversification dans le secteur de l’habillement en
rachetant DIM en 1973 et le couturier Guy Laroche en 1979. Cette diversification
se solde par deux cessions en 1987 (vente de DIM à Sara Lee7) et en 2001 (vente
de Guy Laroche à Leman capital qui détient Georges Rech) ;
en 1978, Bic se lance dans la fabrication de planches à voile, où il acquiert une
position de leader mondial bien que la contribution de cette activité au chiffre
d’affaires ait toujours été marginale ;
en 1988, Bic lance une gamme de quatre parfums de qualité aux prix de vingt francs,
prix alors plus de dix fois moins cher que ceux des concurrents. Avec ce parfum de
qualité, accessible à tous (les prix des concurrents étaient alors autour de trois
cents francs), Bic entend démocratiser le luxe avec un contenu primant le
contenant. Car les parfums Bic prétendaient se comparer aux meilleurs et ils
avaient des atouts pour gagner un tel pari. Comble de l’audace, mais pure logique
marketing, les parfums Bic furent mis en vente dans les grandes surfaces, chez les
coiffeurs et les buralistes. Cette diversification se solde par un des échecs les plus
significatifs du groupe Bic.
Aujourd’hui, le Groupe Bic est présent dans plus de 160 pays et dispose d’une
vingtaine d’usines de fabrication à travers le monde. Il est l’un des leaders mondiaux
sur les articles de papeterie, de briquets et de rasoirs. Les produits sont distribués à
l’échelle mondiale dans différents réseaux de distribution, allant des libraires, des
débits de tabac, des magasins de proximité, des supermarchés et hypermarchés aux
grossistes et cash and carry.
Papeterie
1950 : Stylo à bille Bic cristal (succès mondial)
1954 : Création d’une première filiale en Italie
1957 : Acquisition de Biro Swan et entrée sur le marché britannique
1958 : Acquisition de Waterman Pen Company et entrée sur le marché Nord
américain. Expansion en Afrique et au Moyen-Orient
1959 : Acquisition de Ballograff et percée en Scandinavie
1961 : Nouvelle bille Bic avec pointe fine
1965 : Implantation au Japon et au Mexique
1979 : Acquisition de Conté
1982 : Le stylo Bic Biro, l’un des plus vendus aux E.U.
1988 : Fort développement des portemines aux E.U.
Histoire 1991 : Lancement des stylos fantaisie
1992 : Acquisition de White Out (stylos correcteurs US)
1995 : Implantation en Europe Centrale et en Europe de l’Est
1997 : Acquisition de Tipp Ex (leader des produits de correction) et Sheaffer
(fabricant et distributeur mondial d’instruments d’écriture haut de gamme)
2000 : Développement du roller à encre libre Bic. Ouverture de filiales et de joint-
ventures en Asie
2001 : Lancement de nouveaux produits de papeterie et renforcement de la
présence du groupe en Europe de l’Est, au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie.
Poursuite du programme de rationalisation
2002 : Renforcement des produits à valeur ajouté (Bic Cristal, Grip Roller, Conte
Evolution…)
2003 : Innovations produits (Bic cristal pocket scents, orange, grip et BU2…)
Briquet
1971 : Prise de contrôle de la Société Flaminaire, fabricant français de briquets
1973 : Lancement du premier briquet Bic à flamme réglable (succès commercial)
1985 : Lancement du briquet Bic Mini
1991 : Lancement du briquet à allumage électronique
Histoire 1998 : Lancement du mini-briquet Bic électronique Bic Spicy Mini aux couleurs
vives
2000 : Lancement des briquets utilitaires
2001 : Développement du briquet multi-usages
2002 : Les étuis à briquets Bic Styl’it
2002 : Le briquet multi-usages Bic Luminere
Rasoirs
1975 : Lancement du rasoir mono-lame et non rechargeable
1979 : Rasoir une-lame pour peau sensible : Bic Classique Orange
1988 : Rasoir une-lame avec barre de protection : Bic Metal
1994 : Rasoir bilame : Bic Twin Select et rasoir bilame pour femmes : Bic Twin
Lady
1998 : Lancement du rasoir Bic Plus
Histoire
1999 : Lancement du premier rasoir Bic haut de gamme, bilame avec bandes
lubrifiantes et tête pivotante, pour homme ou pour femme : Bic Softwin Lady et
Bic Softwin sur les marchés grecs et italiens
2000 : Poursuite du lancement du rasoir bilame Bic Softwin aux EU et en France
2001 : Renforcement du développement du bilame à tête fixe et bandes
lubrifiantes : Bic Comfort Twin en Europe de l’Est, au Moyen-Orient, en Afrique
et en Asie
2003 : Le rasoir trois lames : Bic® Comfort 3™
L’une des caractéristiques du groupe est d’avoir réussi à assurer son développement
par autofinancement, sans recourir aux banquiers et à l’endettement. Ce principe permet
à l’entreprise d’éviter de prendre des risques démesurés, qui pourraient mettre en
danger la société lorsque les décisions s’avèrent négatives et de profiter pleinement des
profits en cas de succès. Il permet surtout de préserver le contrôle du groupe par
l’actionnariat familial.
Stratégie du Groupe
Caractéristiques de l’entreprise
L’entreprise Bic est une entreprise familiale d’envergure internationale (implantation à l’étranger depuis plus
de 50 ans, comité de direction composé de 9 personnes de 5 nationalités différentes, employés issus de
53 nationalités différentes). Elle dispose d’une marque mondiale parmi les plus reconnues et réputées
(troisième marque française la plus connue dans le monde). Elle est aujourd’hui présente sur 3 activités
historiques, la papeterie, les rasoirs et les briquets, sur lesquelles elle est devenue l’un des leaders
mondiaux. Chaque jour, le groupe vend 22 millions d’articles de papeterie, 4 millions de briquets et
11 millions de rasoirs.
Article de
Briquets Rasoirs Autres activités
papeterie
% du chiffre
52 % 25 % 19 % 4%
d’affaires
Bic est également présent sur le métier du sport avec Bic Sport, fondé en 1979 par le Baron Bich et
spécialisé dans les sports nautiques. Bic est notamment devenu le numéro 1 mondial dans la distribution
de planches à voile, de surf et de kayak, malgré des résultats financiers décevants. Ce domaine d’activité a
une faible contribution dans le chiffre d’affaires global de Bic, les sports de voiles n’étant pas un marché de
masse. Les principaux concurrents sont Jacobs, Fanatic, Mistral (grand public) et F2, Cobra, AHD (haut de
gamme).
Bien que cette activité soit marginale, il apparaît intéressant pour le Groupe de la conserver pour trois
principales raisons :
Bic a acquis une position de leader mondial sur ce marché en croissance ;
cette activité contribue à l’image de marque de l’entreprise notamment dans le cas des activités de
sponsoring ;
les produits associés à cette activité utilisent les mêmes matières premières (cf.plastique) que celles
employées dans les grands domaines d’activités. Ceci permet par conséquent d’optimiser l’appareil de
production et de renforcer l’expertise industrielle de Bic au niveau des procédés de fabrication.
Stratégies de développement
La stratégie du Groupe Bic s’appuie sur un certain nombre d’actions au cœur de la réussite de son
entreprise :
une stratégie de diversification en termes d’activités et de zones géographiques autour d’un
concept marketing performant (stratégie de marque, caractère jetable des produits, un mix marketing
efficace, la couleur comme élément d’identification et d’appartenance…), sans pour autant remettre en
cause son activité principale de papeterie que l’entreprise continue de renforcer (les articles de
papeterie représentent 52 % du CA total du groupe) ;
une politique de domination par les coûts (optimisation au niveau de la conception des produits,
rationalisation du processus de production, recours à la sous-traitance, délocalisation de production en
fonction des opportunités, utilisation de technologies propres, choix ciblé des canaux de distribution).
Bic a mis en place un processus de rationalisation permanent de ses activités qui permet au groupe
de générer une économie de l’ordre 20 millions d’euros par an. Cette stratégie permet à l’entreprise de
proposer des produits à prix attractifs pour le client dans un bon rapport qualité-prix ;
une politique de différenciation autour de la marque Bic appuyée historiquement par un réel effort
sur le plan publicitaire et sur des lancements de produits phares vendus à des millions d’exemplaires
et caractérisés par des attributs distinctifs (design, couleur, variété). Il en résulte une image
extrêmement forte de l’entreprise (taux de notoriété élevé du nom et de l’habillage des produits) ;
une politique produit autour d’articles à valeur ajoutée diffusés dans les différentes zones
géographiques.
Il est à noter que l’entreprise a également fait le choix de s’engager dans un code de conduite pour les
fabricants sous contrat pour limiter les risques pour l’environnement. En effet, Bic s’attache à intégrer
une gestion environnementale dans ses opérations quotidiennes, en limitant dans ses usines les risques
pour l’environnement et en prenant des initiatives pour réduire la consommation des ressources comme
l’eau ou l’électricité. Elle entend également limiter la quantité de matériaux utilisés pour les emballages. De
plus, Bic collabore avec les autorités, les organismes chargés de l’environnement et les spécialistes, pour
améliorer sa connaissance et sa compréhension des préoccupations et des attentes du public en cette
matière. Cette intégration et le souci de véhiculer une image moderne et universelle sont par conséquent au
cœur de la stratégie du groupe.
Modes de développement
L’entreprise se développe essentiellement par croissance interne avec des acquisitions ponctuelles qui
viennent renforcer le positionnement stratégique de l’entreprise. On peut donc distinguer :
un développement par croissance interne avec un budget de recherche et développement
relativement important (2 % du chiffre d’affaires), la création de ses propres filiales et la mise en place
d’une stratégie multicanaux autour d’une distribution de masse en Grandes et Moyennes Surfaces
mais aussi dans les magasins de proximité (tabac, stations service…). Cette stratégie s’accompagne
d’une optimisation permanente des procédés industriels développés en interne afin de diminuer les
coûts de production, garant d’une politique de produits à bas prix ;
un développement par croissance externe au moyen d’acquisitions stratégiques centrées sur des
logiques de marques, l’acquisition de nouvelles technologies et le développement géographique ;
un développement par croissance conjointe (joint-ventures, partenariats, alliance stratégique et co-
branding). Par exemple, Bic a développé un partenariat avec Disney en vue de toucher un segment de
clientèle très jeune, avec Citroën pour développer une voiture jeune et « branchée » (la Saxo Bic) ou
encore avec la marque Barbie au Brésil.
L’étude du capital de Bic montre qu’il s’agit d’une entreprise familiale 3. On entend par entreprise familiale,
une entreprise caractérisée par la concentration du pouvoir et de la propriété entre les mains d’une famille,
dont les membres cherchent à maintenir des liens sociaux (réseau familial) et de l’influence au sein de
l’organisation (Liz, 1995)4. Ce type d’entreprises possède ainsi trois caractéristiques fondamentales, à
savoir la multiplicité des rôles joués par les membres de la famille, l’influence que peut exercer l’institution
familiale sur la vie de l’entreprise et l’intention de continuité intergénérationnelle.
Dans le cas de Bic, plusieurs éléments permettent de qualifier le Groupe dirigé par Bruno Bich d’entreprise
familiale, dans la mesure où :
la société est contrôlée par des personnes physiques dont l’essentiel des ressources est lié au
développement du Groupe. La famille Bich détient en effet plus de 40 % de son capital et plus de 50 %
des droits de vote. D’ailleurs, les membres de la famille actionnaires de l’entreprise et de ses filiales
sont nombreux avec la présence par exemple de Xavier, Édouard, Gonzalve, Charles, Guillaume Bich
dans l’actionnariat du groupe. La structure familiale de l’entreprise la place en position de prédateur
plutôt que de cible, le risque d’OPA (Offre Publique d’Achat) étant très faible. La famille semble
d’ailleurs accorder une importance primordiale au contrôle du groupe. Cela se traduit notamment par le
fait que toutes les filiales du groupe sont contrôlées directement ou indirectement à hauteur de 100 %,
ce qui empêche tout acteur d’accéder au capital et d’en prendre le contrôle. Enfin, depuis quelques
années, Bic a procédé à un plan de rachat et d’annulation d’actions qui a eu pour conséquence de
renforcer la structure du groupe par la famille Bich ;
la famille dirige dans les faits l’entreprise, puisque trois membres sur quatre de la Direction Générale sont
issus de la famille (Bruno Bich, Président ; François Bich, Directeur général délégué et en charge de
l’activité Briquets et Marie-Aimée Bich-Dufour, Directrice générale déléguée et responsable juridique).
De plus, d’autres membres de la famille siègent dans différents conseils (conseil de surveillance,
comité de pilotage…). Le système Bic se caractérise par conséquent par le maintien au sein de la
famille de la propriété du capital et de la direction du Groupe.
La Société Bic est donc confrontée aux problématiques classiques d’une entreprise familiale identifiées par
de nombreuses études, à savoir la difficulté de réussir son développement sur plusieurs générations.
D’ailleurs, seules 10 à 15 % des entreprises familiales arrivent à passer le cap de la troisième génération.
En effet, le départ du dirigeant principal, souvent fondateur et agent de liaison entre les membres du réseau,
peut remettre en cause la nature des relations qui unissaient les différents membres de la famille. La
succession du pouvoir peut notamment entraîner une lutte entre les acteurs sur le nom du successeur. Elle
peut aussi affaiblir la cohésion du réseau familial lorsqu’il y a compétition pour le poste entre membres de la
même famille5. Enfin, il peut arriver que la succession ne trouve pas parmi les descendants des fondateurs
des managers compétents et motivés par la fonction. Ceci contribue à faire de la période de succession
l’une des étapes les plus critiques dans le développement des entreprises familiales (risque de rupture).
Une entreprise familiale peut également générer certains comportements au niveau de la gestion de
l’entreprise, dans les orientations et les choix. En particulier, la peur de perdre le contrôle de l’entreprise et
une partie de son patrimoine incite nombre de dirigeants d’entreprise familiale à la prudence. Ceci se traduit
le plus souvent par une réticence à se lancer dans des opérations d’envergure par nature risquées. On
retrouve ce cas de figure chez Bic, où la Direction de l’entreprise s’est dans le passé résolue à renoncer à
des opérations de croissance externe (comme l’achat de la société Wilkinson dans l’activité Rasoir)
pouvant occasionner une dilution du capital.
En N+3, l’actionnariat du Groupe est réparti de la manière suivante :
Actionnariat N+3
Bich 37,50 %
Public 32,20 %
Autocontrôle 1,10 %
Source : Yahoofinance
Il est à noter que le système de contrôle mis en place dans l’entreprise s’appuie sur un reporting financier
strict. Il permet en particulier de fixer des objectifs à chaque entité du Groupe et de vérifier la conformité des
résultats par rapport aux objectifs définis.
La structure organisationnelle
L’entreprise est aujourd’hui organisée autour de ses trois pôles d’activités et de ses différentes zones
géographiques. La structure de Bic est donc de type « matricielle » (approche croisée régions
géographiques/gammes de produits). L’organisation permet ainsi de distinguer trois domaines d’activités
stratégiques (la papeterie, les rasoirs, les briquets) et dans les grandes zones géographiques (Europe
Occidentale, Amérique du Nord et centrale + Océanie, Amérique du Sud et Europe de l’Est, Moyen-Orient,
Asie et Afrique).
L’entreprise a choisi de développer à la fois une stratégie mondiale par DAS (outils de production, image de
marques…) et une approche continentale/régionale pour s’adapter aux besoins spécifiques des populations
locales considérées comme relativement homogènes en termes de besoins, d’attentes et de niveaux de
vie. L’entreprise cherche donc à bénéficier d’économies d’échelle sur de grandes zones géographiques
disposant de certaines similitudes en termes de facteurs clés de succès.
Ceci l’a d’ailleurs conduit à mettre en place une logique de distribution multicanale (kiosque, tabac,
supermarché, papeterie) différenciée selon les marchés visés, en ayant recours à un système de
distribution structuré sur les marchés développés (partenariats privilégiés avec WalMart en Amérique du
Nord) et assez éclaté sur les marchés émergents (existence d’une multitude de points de vente).
Les symboles
Le groupe Bic est associé à la couleur orange6 qui figure dans sa charte graphique et son logo. Cette
couleur du produit vedette de la gamme papeterie, le Bic cristal, symbolise les premiers succès mondiaux
du groupe et constitue un élément d’identification et d’appartenance fort. Ceci explique l’importance
accordée à l’histoire dans le développement de l’entreprise, qui a pour mission essentielle de rappeler les
facteurs clés de succès originels et d’orienter la stratégie et les comportements futurs du groupe. Cette
idée maîtresse dans le système culturel de Bic se traduit en particulier par le slogan « S’enrichir du passé
pour construire l’avenir » que l’on retrouve dans les nombreuses actions de communication institutionnelle
de l’entreprise (rapport annuel, site Internet, annonces de recrutement et campagnes publicitaires).
• Les mythes
Parmi les principaux mythes associés à l’entreprise Bic, on peut identifier en premier lieu la personnalité du
dirigeant fondateur, « le Baron Bich », qui semble avoir imprégné durablement l’histoire et la culture de
l’entreprise. Ce dernier est d’ailleurs à l’origine des principaux succès du groupe (les produits vedettes)
basés sur l’audace, l’esprit pionnier et l’innovation au service du plus grand nombre. En second lieu,
l’internationalisation précoce et réussie de l’entreprise reste aujourd’hui la marque de fabrique du groupe
(diversité culturelle, taux de notoriété de la marque à l’international de Bic).
• Les tabous
S’il est toujours difficile d’aborder les tabous d’une entreprise, le groupe Bic, comme toute autre, a connu et
connaît des accidents de parcours. On peut citer :
la difficulté pour l’entreprise de faire oublier le dirigeant charismatique qu’a été Marcel Bich, créateur et
développeur de l’entreprise ;
les résultats financiers en baisse depuis la fin de l’année N–1 (notamment le cours de Bourse et la
rentabilité) ;
le manque d’audace de l’entreprise, ces dernières années, qui a empêché de saisir des opportunités
stratégiques qui auraient permis de renforcer la position du groupe sur le marché des rasoirs
notamment (non rachat de l’entreprise américaine Wilkinson) ;
l’échec de la diversification dans les parfums ;
certaines acquisitions malheureuses à l’instar des rachats de Guy Laroche et de DIM.
L’entreprise a mis en place un certain nombre de rites qui permettent de rythmer la vie des salariés :
les programmes de formations proposées par la Bic University (université d’entreprise créée en N–2) qui
permettent d’assurer une certaine homogénéité culturelle des équipes ;
es formations aux meilleures pratiques commerciales (motivation, émulation, système de veille) ;
le Prix Bic créé en N+2 qui vise à récompenser la filiale-pays la plus performante au niveau global (sur
les trois familles de produits et sur les critères de croissance du CA et d’augmentation de la rentabilité)
et par catégories (papeterie, briquet ou rasoir) ;
la médiatisation autour du lancement permanent des nouveaux produits (plan média, communication
événementielle, concours, showroom, etc.).
En utilisant le « tissu culturel » de Scholtes et Johnson, il est possible de représenter graphiquement les
différentes caractéristiques culturelles du groupe Bic.
L’activité « papeterie »
L’activité Papeterie représente 54 % du CA et 48 % du ROP du groupe en N+2. La
société Bic est le numéro 2 mondial de ce marché estimé à 7 milliards d’euros, avec
une part de marché global de 8 %. Sur ce DAS, Bic connaît une progression constante
de son chiffre d’affaires depuis N–2 (début de la restructuration) parallèlement à une
augmentation de la marge due à une réorganisation de l’activité débutée fin 2001.
Millions
N–29 N–1 N N+1 N+2
€
Bic restructure périodiquement son activité Papeterie pour garantir des prix compétitifs. En N–2, Bic a
procédé à la réorganisation de son activité Papeterie en Europe, conduisant à la construction de l’usine
ultramoderne de Marne-la-Vallée, à la réorganisation de la force de vente et à la mise en place d’un
système de logistique intégré. Fin N+1, Bic a annoncé une nouvelle réorganisation de la Papeterie, qui a
donné lieu à une prise de provision de 26 M€. Ce plan s’est notamment traduit par :
la fermeture de 3 usines (1 en Italie, 1 à Mexico, 1 en Malaisie) ;
la fermeture de 2 centres de distribution en Europe ;
le transfert de la production d’encre de 2 usines américaines vers la France ;
la création d’un bureau chargé de l’outscoring en Asie (15 % du CA est aujourd’hui sous-traité en
Papeterie).
Les économies de coûts ainsi générées ont atteint 13 M€ en N+2 et 20 M€ par an à compter de N+3. La
rationalisation des structures et des technologies (ex : utilisation d’une seule encre) tend à diminuer les
besoins de la division.
Parallèlement à la restructuration et à la réorganisation de ses activités Papeterie, Bic a mis en place une
stratégie visant à accélérer sa croissance et à améliorer sa compétitivité. Afin de stimuler les ventes dans
un marché dont la croissance est seulement de 1 à 2 % par an, Bic a procédé à l’élargissement de son
offre afin de proposer des produits adaptés à la demande et aux besoins des différentes zones
géographiques :
des produits classiques réactualisés, dont le Bic Cristal à encre gel, afin de soutenir l’activité et de limiter
la pression sur les prix ;
des produits à valeur ajoutée (20 % du CA) avec notamment des stylos développés en Asie dont le roller
Z4 à niveau d’encre visible qui constitue une offre aussi attractive que celle du produit équivalent chez
Pilot. L’introduction des produits à valeur ajoutée, notamment sous la marque Scheaffer, participe à
une évolution positive du marketing mix ;
des partenariats notamment avec Disney et Barbie permettant le lancement d’une gamme de produits
basés sur l’univers de ces entreprises afin de toucher les zones où Bic est peu développé, et en
particulier l’Asie et l’Amérique du Sud.
Par ailleurs, Bic a lancé une gamme de glues. Le marché de la glue représente 1 milliard €. Bic a mené des
enquêtes auprès de consommateurs qui se disent favorables à la commercialisation de ce type de produit
sous la marque Bic. De plus, les principaux acteurs de ce secteur sont implantés d’un point de vue régional
mais non global, ce qui permettrait à Bic d’exploiter son réseau de distribution et sa notoriété internationale.
Ce type de produits vise essentiellement les enfants et les entreprises de fournitures de bureau.
Prévisions
Bic prévoit une croissance du CA de 7 à 8 % par an à devises constantes (ce qui n’est pas sans
signification puisque Bic réalise plus de la moitié de son CA en zone dollar 1), soit une progression de 6 à
7 % supérieure à celle du marché. Concernant cet objectif, on peut s’interroger sur la capacité de sur-
performer le marché en volumes alors que la concurrence ne devrait pas rester inactive. Cette question se
pose d’autant plus que l’activité évolue dans un marché structurellement déflationniste.
Groupe américain basé à Freeport dans l’Illinois, présent dans la papeterie avec Sharpie Group et les
marques PaperMate, Sharpie, Goody, Parker, Waterman, Colorific, Sanford, Berol, Eberhard Faber, Rotring
et Reynolds, a réalisé en N+2 un chiffre d’affaires de 1 684 millions de dollars 2 soit près du double de Bic.
Son positionnement stratégique est comparable à celui de Bic avec une stratégie coût-volume et des points
forts similaires :
le groupe s’est renforcé grâce à une politique de fusion-acquisition (Sanford, Eberhard Faber, Berol,
Rotring et Paper Mater, Parker, Waterman et Liquid Paper) ;
le groupe dispose de marques de prestige, extrêmement célèbres ;
le groupe a mis en place une stratégie multicanal qui touche tous les consommateurs ;
la réduction des coûts est mise en avant : objectif de 5 % par an, ce qui permet à Newell Rubbermaid
d’augmenter ses marges de façon significative.
De plus, le groupe mise sur :
la publicité (budget de 40 millions de dollars pour N+1 et N+2) pour renforcer son image de marque et sa
notoriété ;
sa force de vente : Newell Rubbermaid a lancé le Phoenix Program qui a recruté 542 diplômés chargés
de la force de vente avec les missions de construire de solides relations avec les détaillants et
d’élaborer des techniques marketing innovantes.
À côté de ces deux grands concurrents, les quatrième, cinquième et sixième places sont occupées
respectivement par Pentel (6 %), Mitsubishi (4 %) et Crayola (3 %). Le reste du marché est occupé par de
nombreux compétiteurs de taille très modeste qui représentent toutefois encore 50 % de la part de marché
mondial. Le marché est donc encore, en comparaison à d’autres secteurs, relativement atomisé
(concentration moyenne). Ces petites sociétés bien souvent nationales peuvent par conséquent constituer
des cibles intéressantes pour les leaders du secteur.
Les principales matières premières utilisées pour la fabrication des stylos Bic sont le plastique (pétrole), le
tungstène, le carbone, le nickel et le bois. Le contexte géopolitique incite à la plus grande prudence quant à
l’évolution du prix des matières premières essentielles à la fabrication des stylos Bic. D’un point de vue
général, et bien que les produits de papeterie soient en constante évolution technologique, rendant une
matière substituable par une autre, le pouvoir des fournisseurs est assez important.
Les clients de Bic sont essentiellement des centrales d’achat (50 % grandes surfaces et 50 % fournitures
de bureau). Ces clients ont bien entendu un pouvoir de négociation élevé, d’autant plus que le secteur de la
papeterie est un secteur concentré, avec la présence de géants internationaux comme l’américain Newell
Rubbermaid (Reynolds, Parker, Waterman) et le japonais Pilot qui se livrent à une forte concurrence.
Menace des produits de substitution (2/5)
Le développement de l’informatique et son accessibilité au plus grand nombre sont bien entendu une
menace bien réelle pour l’activité de la papeterie, mais qui reste cependant modérée à court terme.
Le marché est très concurrentiel (cf. ci-dessus) notamment en ce qui concerne l’innovation, le marketing et
les prix. Cependant, malgré les opérations de fusions-acquisitions intervenues depuis les années quatre-
vingt-dix, le marché reste éclaté, ce qui génère d’importantes opportunités d’acquisition.
Outre les classiques normes de sécurité, l’État n’a pas de pouvoir significatif sur cette industrie.
Néanmoins, l’importance progressive des normes environnementales (cf. développement durable) aura à
terme une incidence forte sur les procédés de fabrication et les matières premières utilisées. En particulier,
les principes du développement durable peuvent nuire aux produits dits jetables (considérés comme plus
polluants).
Bic vend une gamme limitée de stylos-billes à bas prix sur la quasi-totalité des principaux marchés de
consommation (détail, entreprises, promotionnel et cadeaux) via la quasi-totalité des canaux disponibles.
Toutes les activités « papeterie » s’appuient sur une stratégie de coûts bas. Cette stratégie est
extrêmement lisible, ce qui facilite l’adhésion des clients, des salariés et des actionnaires aux produits et
services proposés par l’entreprise. Bic s’appuie sur des démarches de marketing agressives (campagne
publicitaire intensive, force de ventes dynamique et nombreuse3, modification fréquente des emballages et
optimisation des présentoirs).
De plus, l’ensemble des activités de la chaîne de valeur est cohérent avec cette stratégie :
conception du produit permettant une facilité de production et donc de faible coût de production ;
réorganisation permanente des usines pour réduire les coûts ;
politique d’achats offensive afin de limiter les coûts de matières ;
production des composants en interne chaque fois que l’économie l’impose.
Sur le segment « Papeterie », la société apparaît donc en position de leader avec des avantages
concurrentiels importants comme l’indique le tableau ci-après.
Portefeuille produit X
Politique de gamme X
Volume de ventes X
Part de marché X
Répartition géographique du CA X
Politique de marge X
Image de marque X
Qualité du service X
Politique de prix X
Fidélité des clients
Efficacité de la publicité X
Compétitivité du mix X
Comme nous venons de le voir, Bic mène une stratégie cohérente pour attaquer ce marché. Le deuxième
critère proposé vise à étudier la pertinence pour l’entreprise d’investir sur ce DAS. Nous proposons d’utiliser
la grille de Strategor structurée autour de onze critères d’évaluation (cf. tableau suivant).
La valeur intrinsèque du secteur ressort à 19,5 sur 33, ce qui indique que le marché est plutôt attractif
notamment grâce à sa faible concentration. Le risque majeur est lié à l’informatisation de l’écriture (e-mail,
ordinateur, smartphone) qui peut sur le long terme se substituer au support stylo-papier.
Axes de recommandations
L’activité « rasoirs »
L’activité Rasoirs représente 15 % du CA et 17 % du ROE du groupe en N+2, pour une
part de marché mondial d’environ 5 %. Avec 9,5 millions de rasoirs vendus chaque
jour, Bic est le numéro 3 de ce marché ultra-concurrentiel. En 1975, Bic est le premier
à développer et lancer mondialement un nouveau système de rasoir non rechargeable,
facile d’utilisation et à un coût très raisonnable qui révolutionne ainsi les habitudes de
rasage. Aujourd’hui, Bic a plutôt une position de suiveur, les innovations majeures étant
développées par les no 1 et no 2 du marché, respectivement Gillette et Wilkinson.
Bic dispose d’une large gamme de produits de rasoirs jetables spécialement étudiés
pour satisfaire les exigences de rasage des différents types de peau et de poil. La
gamme est segmentée selon deux axes :
le nombre de lames avec les monolames, les bilames, les « trois lames » ;
le type de clientèle avec les rasoirs pour hommes et les rasoirs pour femmes.
Sur ce marché, Bic développe une stratégie de montée en gamme avec le lancement
du rasoir Comfort 3™, dans un premier temps en Europe de l’Ouest et aux États-Unis.
Cette action stratégique est une réaction sous la contrainte liée au lancement de produits
comparables les années passées par ses concurrents qui ont de fait capter une part
importante du marché au détriment de Bic.
Gillette
Numéro un mondial du rasage mécanique, l’entreprise américaine Gillette applique depuis ses origines le
précepte de son fondateur, King Camp Gillette : « ce sont les lames et non les rasoirs qui fondent le succès
du produit ». Sa politique de développement consiste à commercialiser des produits de grande
consommation dans les domaines du rasage masculin et féminin, produits de toilette, hygiène bucco-
dentaire, énergie portable et petit électroménager. Sa part de marché dans le secteur des Rasoirs est de
60 % en N+1 (et près de 69 % en France en N+2) pour un chiffre d’affaires de 3,4 milliards d’euros. La
marque est présente dans 145 pays.
Le succès de l’entreprise repose sur une montée en gamme de l’offre autour d’investissements
publicitaires importants (à titre d’exemple, 17,5 millions d’euros, dont 75 % en télévision, avaient été investis
lors du lancement de Mach 3) et le développement d’innovations technologiques. Gillette bénéficie
également de synergies commerciales à travers ses différents domaines d’activité stratégiques (rasoirs,
mousse à raser, déodorants). Ces derniers correspondent aux mêmes marchés. Gillette peut ainsi
proposer une offre complète autour du rasoir. Si les technologies ou les produits diffèrent, les clients et les
réseaux de distribution peuvent être identiques. Gillette se positionne non seulement en tant que leader du
marché des rasoirs, mais il ne cesse d’augmenter sa part de marché grâce à sa politique permanente
d’innovation et ses investissements publicitaires massifs, mettant en difficulté Bic qui a du mal à défendre
un positionnement basé principalement sur la variable prix.
Schick-Wilkinson
Schick-Wilkinson (États-Unis) qui détient les marques Schick et Wilkinson, a une part de marché dans les
rasoirs de 11 % en N+1, avec un chiffre d’affaires de 627 millions d’euros. Présent dans 80 pays
(implantation massive en Europe, aux États-Unis et au Japon), il a développé plusieurs produits stars
comme Xtreme 3, Protector, Slim Twin and Silk Effects. Son développement repose avant tout sur un
marketing très poussé (plan de communication colossal) autour de partenariats et le lancement de produits
de haute qualité à forte innovation technologique. Malgré une stratégie d’innovation pertinente, Schick-
Wilkinson a du mal à progresser sur un marché largement dominé par Gillette.
Tableau 13.4 – Le positionnement prix des produits Bic par rapport à la concurrence 5
Le positionnement des prix des trois leaders reflète la stratégie de différenciation vers le bas mis en place
par Bic et sa focalisation sur le segment des « jetables ».
Les principales matières utilisées sont le plastique et l’acier. Toutes ces matières sont produites par des
fournisseurs fortement concentrés qui exercent un pouvoir important sur leurs clients. La dépendance aux
fournisseurs pourrait être accentuée par le contexte géopolitique international qui aurait pour conséquence
de renchérir le coût du plastique (pétrole). Cependant, les spécialistes du secteur indiquent que ces
situations ne devraient pas avoir de conséquences notables sur les prix.
Les clients de Bic sont essentiellement des centrales d’achat. Ces clients ont un pouvoir de négociation
élevé en raison de l’intensité concurrentielle que se livrent les acteurs sur le marché des rasoirs (Gillette,
Bic et Schick-Wilkinson).
Le développement de plusieurs types de substituts au rasoir mécanique peut représenter une menace. On
peut citer les rasoirs électriques pour le segment masculin et les crèmes dépilatoires, les produits à base
de cire et les épilateurs électriques pour le segment féminin. Notons cependant que le marché des rasoirs
est principalement axé sur une clientèle masculine, ce qui relativise cette menace.
Le risque d’entrée de nouveaux acteurs sur le marché des rasoirs est plutôt faible en raison notamment de
l’existence de barrières à l’entrée telles que la réputation, l’effet d’expérience ou encore la stratégie de
différenciation vers le bas proposée par Bic (stratégie d’épuration avec des prix réduits).
Elle est très importante. En effet, le marché est dominé par un poids lourd, Gillette, qui dispose de plus de
65 % de part de marché et de moyens colossaux, et un outsider ambitieux. Chacun tente de dominer l’autre
avec des politiques agressives. À ce titre, Bic mène une stratégie alternative avec le concept de rasoir
jetable et moins cher. De plus, les changements technologiques sont fréquents et augmentent la
concurrence. Enfin, il existe d’importantes barrières à la sortie (investissements non transférables par
exemple).
Outre les classiques normes de sécurité, l’État dispose d’un pouvoir sur cette industrie à travers la
réglementation (questions écologiques/recyclage).
Figure 13.2 – L’hexagone concurrentiel de l’activité rasoir
Portefeuille produit X
Politique de gamme X
Volume de ventes X
Part de marché X
Répartition géographique du CA X
Politique de marge X
Image de marque X
Qualité du service X
Politique de prix X
Efficacité de la publicité X
Compétitivité du mix X
Axes de recommandations
Bic doit faire face à un choix stratégique difficile. Plusieurs options se présentent :
2e option : la cession
Bic peut envisager de se séparer de l’activité Rasoir mais cette dernière est indissociable de la marque et
est donc quasiment impossible (l’un des actifs principaux de la filiale réside dans la marque, un acheteur
trouverait peu d’intérêt à acheter cette activité sans la marque).
3e option : le déplacement
Bic peut décider de commercialiser ses produits dans les pays émergents où le critère prix est primordial
pour renforcer sa présence géographique. Ainsi, il sera en mesure de maintenir sa position de leader sur le
segment des « jetables » avec des produits basiques à prix bas (poursuite de la stratégie de « coût-
volume »).
L’activité « briquets »
L’activité Briquets représente 30 % du CA et 35 % du ROP du groupe en N+2. Avec
quatre millions de briquets vendus chaque jour, Bic est numéro 2 mondial avec 22 % de
part de marché. La gamme de briquets classiques proposée par Bic est aujourd’hui
assez large. Il existe ainsi trois tailles différentes de briquets (maxi, médium et mini),
deux systèmes d’allumage (classique ou électronique) et une grande variété de couleurs.
La société Tokai
Leader mondial très puissant, présent sur tous les créneaux, Tokai, filiale du groupe japonais Itochu,
développe une stratégie de volume mais sur des produits de qualité (innovation, sécurité…). Il détient 41 %
de part de marché en N+1.
Swedish Match (Suède) se positionne sur des produits liés au tabac (tabac à priser, tabac à chiquer, tabac
pour pipe, allumettes, briquets…). L’entreprise est positionnée sur des articles de qualité. Elle possède 4 %
de part de marché en N+1. De plus, les producteurs asiatiques représentent un groupe d’acteurs important
avec 34 % de part de marché en N+1. Très nombreux, ils ont souvent recours à la contrefaçon 7 et
proposent des produits de piètre qualité. C’est une concurrence importante car ces producteurs
connaissent une croissance accrue de leur chiffre d’affaires et sont les principaux responsables de la
baisse des ventes de Bic sur ce marché.
De fait, le groupe Bic a, pour le moment, mis en place quatre types d’actions pour faire face durablement
aux importations massives de ces produits à bas prix :
le renforcement de sa politique de communication sur la qualité de ses produits ;
le rachat de ses principaux distributeurs afin de s’assurer qu’ils ne commercialisent pas ses
concurrents ;
l’édition de séries limitées autour de films, d’événements sportifs et de briquets utilitaires ;
l’innovation.
Les principales matières utilisées sont le plastique, l’acier et le gaz liquéfié. Toutes ces matières sont
produites par des fournisseurs fortement concentrés qui exercent un pouvoir important sur leurs clients. La
dépendance aux fournisseurs est encore accentuée par le contexte géopolitique international qui a pour
conséquence de renchérir le coût du plastique et du gaz liquéfié. Cependant, les spécialistes du secteur
indiquent que cette situation ne devrait pas avoir de conséquences notables sur les prix.
Les clients de Bic sont essentiellement des centrales d’achat qui servent la grande distribution et les débits
de tabac. Leur pouvoir est relativement important bien que compensé par un faible nombre de producteurs
de briquets.
La concurrence des allumettes et des briquets à essence est réelle mais ne progresse pas au détriment
des briquets jetables dont le marché reste constant.
La menace des entrants potentiels dans ce secteur est importante. Le briquet est un produit banalisé qui,
malgré l’existence de brevet, est confronté à d’importants problèmes de contrefaçons émanant des pays
d’Asie et d’Amérique Latine.
Le marché assez concentré avec 64 % des parts de marché contrôlé par 3 entreprises : Tokai, Bic et
Swedish Match.
La politique menée par l’entreprise est cohérente avec le segment (cf. tableau ci-après). La position de
leader de Bic semble ainsi légitime. L’entreprise est fragilisée par des entreprises ayant des pratiques
déloyales (non-respect des normes qualité, contrefaçon…).
Portefeuille produit X
Politique de gamme X
Volume de ventes X
Part de marché X
Répartition géographique du CA X
Politique de marge X
Image de marque X
Qualité du service X
Politique de prix X
Efficacité de la publicité X
Compétitivité du mix X
Axes de recommandations
Aujourd’hui, l’activité Briquet est extrêmement rentable (marge opérationnelle de 25 %). De plus, Bic est
leader sur ce marché. Cependant, les évolutions sociétales et politiques concernant l’attitude face au tabac
doivent pousser l’entreprise à s’interroger sur la pérennité de cette activité à long terme (horizon 10-20 ans).
Ainsi, nous préconisons sur le court terme de mener 5 actions stratégiques pour tirer profit de la position
favorable de Bic sur le marché :
Poursuivre de l’expansion géographique en Amérique Latine et en Europe de l’Est.
Conquérir de nouveaux marchés : Asie et Europe de l’Est.
Promouvoir des articles utilitaires et des séries limitées.
Poursuivre la lutte contre la contrefaçon. L’exigence de qualité qui suffisait à développer l’activité sans
grande difficulté est aujourd’hui mise à mal par des concurrents de plus en plus agressifs au niveau
des prix. Il faut veiller à se démarquer des produits bas de gamme et faire des normes de sécurité une
protection « légale » face aux produits de moindre qualité (élévation des barrières à l’entrée via les
normes ISO/poursuites juridiques et lobbying dans les pays où sont produites les
contrefaçons/interdiction de certains articles défectueux).
Faire une campagne de communication sur la qualité des produits (sécurité/fiabilité) et la marque Bic.Le
groupe doit en effet renforcé sa politique marketing, en valorisant et rendant plus visible sa marque et
en accentuant sa différenciation notamment au niveau des logos en couleurs et du lancement de
nouveaux coloris de briquets.
Cependant, l’entreprise doit aussi penser au futur, en identifiant de nouveaux relais de croissance.
Étape 1 Étape 5
Étape 2 Étape 3 Étape 4
Trouver des Vente au
Fabrication des Assemblage des Vente aux
matières consommateur
composants composants Distributeurs
premières
Positionnement de
bic (Marge
Marges types 5 à 10 % 5 à 15 %
opérationnel de
15 % en N+2)
Maîtrise des Qualité des Adaptation des Prix abordable Prix accessible
risques composants et des produits à la Capacité à Campagne
politiques processus de demande locale livrer marketing
Apports élevés fabrication Design et créativité rapidement et (image de
en capitaux (démarche qualité) en quantité marque)
Capacité à lancer de
Capacité à Effets volume nouveaux produits les produits Qualité du
trouver et à Maîtrise des coûts demandés réseau de
Facteurs clés
exploiter des Présence distribution
gisements mondiale Innovations
naturels Capacités produit
logistiques Partenariat/co-
élevées branding
Qualité de la
force de vente
Le portefeuille des activités
Il est possible d’étudier le portefeuille d’activité de Bic à partir de deux matrices : la
matrice AD Little et la matrice BCG (cf. tableaux ci-après).
Maturité de l’activité
Dominante
Forte
Position
Favorable
concurrentielle
Faible
Marginale
+ Étoiles Dilemmes
Poids morts
Croissance du
marché
–
Vaches à lait
+ –
Part de marche
L’analyse des deux matrices permet de mener une analyse contrastée du portefeuille
d’activité de Bic :
les trois principales activités sont arrivées à maturité (faible croissance ou
décroissance des marchés) alors que l’activité « sport » en croissance ne
représente qu’une faible contribution au chiffre d’affaires et aux marges du
groupe ;
les marchés de la papeterie et du rasoir sont fortement concurrentiels et Bic se
positionne respectivement en deuxième et troisième positions derrière des groupes
américains nettement plus puissants que lui ;
l’activité « rasoir » apparaît comme une activité dilemme voire un poids mort, du fait
d’un marché ultra concurrentiel, du lancement de nouveaux produits régulièrement
par Gillette, de la faible part de marché et d’un positionnement sur des produits en
perte de vitesse. Bic doit pour l’instant son salut sur ce marché aux pays émergents
mais l’article Rasoir est passé d’un statut de bien de consommation courant à un
produit courant « à contenu technologique fort » ;
l’activité « briquets » pourrait être considérée comme une activité vache à lait.
Cependant, la concurrence des pays asiatiques est forte et dangereuse malgré une
qualité des produits inférieure à ceux de Bic. De même, la pérennité de cette
activité liée au tabac n’est pas assurée sur le long terme.
Le marché de la papeterie semble le plus attractif pour la société, qui profite d’une
position forte, d’une excellente image de marque, d’une stratégie en adéquation avec le
marché, d’un marché relativement attractif et de la possibilité de renforcer sa position
via des acquisitions ciblées.
L’analyse du portefeuille d’activité conduit à s’interroger sur la capacité du groupe à
se maintenir en position concurrentielle forte sur ces trois segments stratégiques. Dans
le futur, Bic semble face à un vrai choix stratégique : doit-il concentrer l’ensemble de
ses efforts sur la papeterie (concentration des dépenses publicitaires, de R & D et des
acquisitions), sur deux marchés (papeterie et briquet) ou conserver ses trois activités
principales (quitte à adopter une stratégie de rentabilisation sur le marché des rasoirs) ?
Notes
1. Malgré la mise en place d’une politique de couverture des devises, l’entreprise reste
très sensible à la baisse du dollar, qui induit une diminution du chiffre d’affaires du
groupe. Les prévisions du groupe seront donc quasiment impossibles à tenir si le
marché des devises s’oriente vers une parité euro-dollar en faveur de l’euro.
2. Newell Rubbermaid est aussi présent dans d’autres secteurs tels que les articles
ménagers (notamment articles de cuisine et verrerie avec les marques Rubbermaid,
Curver et Pyrex) et les articles de décoration et de bricolage (notamment accessoires
pour rideaux et fenêtres, accessoires de peinture et matériel de rangement). Il réalise un
chiffre d’affaires groupe de près de 6,2 milliards de dollars dont environ 20 % dans les
instruments d’écriture.
3. L’animation des points de vente est l’un des points forts du groupe, qui gère mieux
cette activité que ses concurrents.
4. Chacun des critères donne lieu à une notation de 0 à 3 en fonction de l’intensité de sa
valeur. La somme des différentes notes permet une quantification de la valeur
intrinsèque du secteur.
5. Source Bic, site Internet bic.fr
6. Chacun des critères donne lieu à une notation de 0 à 3 en fonction de l’intensité de sa
valeur. La somme des différentes notes permet une quantification de la valeur
intrinsèque du secteur.
7. À titre d’illustration, en 2002, 17,5 millions d’instruments d’écriture, de briquets et
de rasoirs contrefaisant la marque Bic ont été saisis et plus d’une centaine d’actions
juridiques anticontrefaçons ont été menées.
8. Chacun des critères donne lieu à une notation de 0 à 3 en fonction de l’intensité de sa
valeur. La somme des différentes notes permet une quantification de la valeur
intrinsèque du secteur.
9. Source : Rapport annuel Bic N+2
Chapitre 14
En nous appuyant sur différentes grilles d’analyse, il est possible de réaliser des
diagnostics fonction par fonction du groupe Bic qui vont permettre de mieux cernés ses
atouts et faiblesses.
Le diagnostic interne
Le diagnostic financier
L’entreprise Bic bénéficie d’une structure financière solide et saine. Elle recourt peu à l’endettement
(endettement net négatif) et son bilan est sain. De plus, elle dispose d’une trésorerie disponible
conséquente (170 millions d’euros en N+2) et d’une marge opérationnelle sur l’ensemble de ses produits
relativement élevée (environ 15 % pour les activités écriture et rasoirs, 25 % pour les briquets).
En revanche, son cours de bourse et sa rentabilité se dégradent depuis N dans un contexte de conjoncture
difficile.
Il est à noter que la société Bic a mis en place :
plusieurs plans de rachats de ses actions ;
une politique de distribution de dividendes favorable à ses actionnaires.
Ces décisions peuvent être interprétées différemment. Elles peuvent dans un sens témoigner d’une
certaine frilosité visant à privilégier une logique
financière au détriment d’une politique d’investissements forte (absence de vision stratégique). À l’inverse,
elles peuvent également se voir comme une volonté de la Direction de renforcer son emprise sur le Groupe
et de mener une stratégie prudente en période d’instabilité (statut de valeur défensive ou de refuge).
Tableau 14.1 – Le positionnement de Bic sur différents critères d’un diagnostic financier
1 5
Critères 2 3 4
(fort) (faible)
Rentabilité X
Endettement à LMT X
Endettement à CT X
Solvabilité X
Trésorerie X
Stocks X
Créances clients X
Sources de financement X
Risque de rachat1 X
Cotation boursière X
Dettes fournisseurs X
Flexibilité financière X
Politique dividendes X
Le diagnostic industriel
L’organisation de la production apparaît comme l’un des points forts du groupe Bic, qui la réorganise et la
restructure en permanence. Au niveau opérationnel, le groupe exerce en particulier une forte pression sur
les contrôles qualité de ses produits. Le groupe dispose en effet de l’ensemble des certifications et mène
de multiples contrôles sur les chaînes de fabrication. L’ensemble de ces actions contribue à assurer une
plus grande fiabilité et une sécurité aux différents produits.
1 5
Critères 2 3 4
(fort) (faible)
Capacité de production X
Qualité de production X
Taux de sous-traitance X
Flexibilité de la production X
Délais de production X
Qualité des équipements X
Coût de production X
Politiques d’innovation X2
Adaptation au marché
X1
des innovations
Le diagnostic organisationnel
La politique RH de l’entreprise, qui compte près de 9 000 collaborateurs, est dynamique.
Le groupe ne connaît pas de difficultés de recrutement grâce à la collaboration avec des cabinets de
recrutement spécialisés de renommée internationale et le lancement de recrutements sur Internet.
Cependant, le poids de la famille Bich au niveau de la direction générale du groupe (3/4), peut rentre
l’entreprise peu attractive auprès de top managers talentueux dont le projet professionnel est de diriger à
court et moyen termes une grande entreprise. À ce titre, il est intéressant de constater que les principaux
concurrents du groupe sont pilotés par des managers externes de culture anglo-saxonne capables de
saisir plus facilement des opérations de croissance externe et d’opérer des changements stratégiques. La
dimension familiale est donc à la fois positive, avec un style de management humain, une gestion des
risques et des valeurs sociales affichées. Mais elle peut aussi limiter l’expansion du groupe et empêcher
l’intégration de talents externes, capables de révolutionner l’entreprise et d’instaurer de nouveaux
paradigmes stratégiques.
Le taux de turnover baisse régulièrement. Il est de 5 % en N+2 contre 7 % en N+1 et 9 % en N. De même,
le taux d’absentéisme est relativement faible (moyenne 2,95) s’expliquant principalement par les arrêts
maladie et maternité.
L’entreprise a développé une politique de mobilité et de promotion interne active, qui s’appuie sur des outils
de gestion de carrière (Plan de Développement Individuel, Plan de succession, accélérateurs de
talents, etc.) qui sont utilisés efficacement.
Le coût moyen annuel par employé (charges sociales incluses) est de 40 320 euros en N+2. Des
programmes de rémunérations variables encouragent la performance individuelle et la performance des
équipes de travail. En effet, les rémunérations variables liées à la performance représentent 15 % des
salaires de base bruts en moyenne de l’ensemble des cadres du Groupe.
La politique de formation chez Bic recouvre 3 758 jours en N+2. Les thématiques privilégiées sont la
Gestion de la Performance, la diversité culturelle les méthodes de travail Bic (Méthode, Précision,
Discipline), l’innovation et l’amélioration des vendeurs.
Sur chaque continent, les formations sont plus ciblées sur les nécessités locales. Il en ressort que le
positionnement de Bic sur les critères RH et organisationnels est très positif.
1 5
Critères 2 3 4
(fort) (faible)
Compétences des salariés X
Politique de rémunération X
Attractivité de l’entreprise X
Niveau de formation X
Adaptation de la structure à la
X
stratégie
Qualité de la veille
X
environnementale
Flexibilité de l’organisation X
Qualité du processus
X
de production
Forces/faiblesses et opportunités/menaces
Pour étudier les Forces/Faiblesses et Opportunités/Menaces du groupe Bic, il est nécessaire au préalable
de définir les facteurs clés de succès des marchés sur lesquels il est présent. Quelles que soient les
différences constatées, il nous semble que quatre FCS sont communs aux trois DAS analysées :
les prix bas ;
l’injection de plastique (technologie) ;
le marketing (efforts publicitaires soutenus) ;
un réseau de distribution adapté (stratégie multicanaux).
De plus, sur le marché des rasoirs, l’innovation technologique est devenue le FCS dominant. En fonction de
ces FCS, il est possible de positionner l’entreprise au regard de ses qualités et de sa position au sein de
l’environnement (voir tableaux ci-dessous).
Pour des raisons de praticité, nous présentons une synthèse des forces-faiblesses-opportunités-menaces
pour les trois principales activités, même si naturellement il conviendra de réaliser cette étude sur chacun
des DAS pris séparément.
Forces Faiblesses
Notoriété de la marque/renommée mondiale Perte de parts de marché dans les rasoirs et les
briquets
Ressources financières disponibles en vue
d’acquisitions futures Cours de bourse très bas
Diversification géographique accomplie
Large gamme sur les produits « jetables » Pas d’axes de développement clairement affichés
en dehors des activités existantes
Prix concurrentiel
Marque connotée « Premier Prix »
Positions concurrentielles fortes (no 2 ou 3
mondial) Potentiel de développement limité
Capacité de lancement de nouveaux produits Marché déflationniste
Renouvellement fréquent des emballages Suivi des concurrents (imitation) plus qu’innovation
produit
Cash disponible
Actionnariat verrouillé
Actionnariat verrouillé
Entreprise faiblement endettée alors que les taux
Stratégie de distribution intensive d’intérêt sont extrêmement bas (non utilisation de
Entreprise faiblement endettée l’effet de levier)
Organisation et gestion des usines Approche un peu attentiste (des possibilités de
Politique d’achat offensive rachats avortées au bénéfice des principaux
concurrents Waterman et Wilkinson)
Nombreux composants produits en interne
Concurrence accrue dotée d’avantages distinctifs
(notoriété, puissance financière, parts de marché,
Opportunités image de marque), en particulier sur le marché des
rasoirs.
Extension de gamme Papeterie
Taux de changes défavorables (forte dépendance
au dollar)4
Poursuite de l’expansion géographique
Réactualisation des produits classiques Activité briquet liée au tabac
Développement des produits à valeur ajoutée
Élévation de la qualité des produits Contrefaçon en croissance
Montée en gamme Stagnation de certaines activités
Développement par stratégies d’alliances et Renchérissement du coût des matières premières
partenariats Importation de produits asiatiques à bas prix
Possibilité de diversification concentrique avec Forte pression sur les marges
synergies de croissance (compatibilité en termes
Capacité des concurrents à lancer des produits
d’image et de positionnement)
innovants
Segment féminin dans le secteur des rasoirs
Image dégradée des produits jetables face aux
Acquisitions en papeterie objectifs du développement durable
Poursuite de la restructuration de la papeterie
Rachat et annulation d’actions
Synthèse et recommandations
Le groupe Bic dispose d’une image de marque extrêmement forte (première marque française à l’étranger).
L’entreprise a connu de nombreux succès depuis sa création dans les années 1950 qui lui ont permis
d’acquérir une position de no 2 sur les marchés de la papeterie et des briquets et une position de no 3 dans
le secteur des rasoirs jetables.
Aujourd’hui, l’entreprise se trouve face à un tournant de son histoire. Tout d’abord, elle apparaît en difficulté
sur le marché des rasoirs, compte tenu d’un changement de facteurs clés de succès (passage d’une
logique prix à une logique innovation et marketing fortement impulsée par l’entreprise Gillette). De plus,
l’entreprise Bic doit faire face à une évolution du comportement des consommateurs concernant le tabac
qui risque d’impacter fortement sur les ventes de briquets (logique de produits liés). Enfin, alors que Bic
avait mené une politique d’acquisitions pertinentes au cours des années quatre-vingt-dix sur le marché de
la papeterie, l’entreprise a laissé passer des opportunités de croissance importantes qui lui auraient permis
de se rapprocher du leader du marché, à savoir Newell-Rubermaid et s’est laissé distancer sur le volet
innovation par Pilot.
Face à cette situation nouvelle, l’entreprise semble pour l’instant maintenir la même stratégie qui repose
essentiellement sur une stratégie qualité-prix. Ceci contribue de fait à lui conférer une image attentiste
sanctionnée depuis quelques années par les investisseurs financiers (diminution importante du cours de
bourse depuis N).
Pour conclure, il nous semble important de proposer des recommandations à court terme par activités et
de poser les grands choix stratégiques qui s’offrent à l’entreprise sur le long terme.
En ce qui concerne l’horizon à court terme, nous suggérons les actions suivantes.
mener une politique d’acquisitions agressive, afin de tirer partie d’un marché encore peu concentré (les
leaders tenant moins de 50 % parts de marché au niveau mondial) à deux niveaux : accroissement ou
renforcement de la gamme de produits et extension géographique du portefeuille clientèle (Asie et
Europe de l’Est notamment) ;
conserver une politique de rapport qualité-prix optimum, pour acquérir une position de leader sur les
marchés en développement et capter une clientèle sensible au prix dans les pays développés ;
s’appuyer sur les marques haut de gamme du Groupe (Sheaffer par exemple) pour véhiculer de produits
innovants à forte valeur ajoutée (ce qui permettrait de concurrencer l’entreprise Pilot) ;
renforcer le poids des correcteurs, marqueurs, instruments de coloriage, crayons à papier, dont le taux
de croissance est aujourd’hui supérieur aux stylos.
focaliser l’activité sur les pays émergents dont le premier facteur clé de succès demeure le prix ;
maintenir la stratégie « coût-volume » sur le segment des « jetables » ;
adopter une politique de suiveur (réussir à copier rapidement et à moindre coût certaines innovations clés
du leader Gillette, sans investir massivement en Recherche & développement et en communication) ;
privilégier, en termes de différenciation, le produit atypique (esthétisme, couleur, valeurs véhiculées) par
rapport aux démarches d’innovations technologiques souvent très coûteuses.
Analyse rétrospective
de la diversification de Bic dans
les parfums
Depuis N+3, le chiffre d’affaires et le résultat net du groupe Bic sont relativement
stables comme le montre le tableau 14.1.
Ceci témoigne des efforts réalisés par le groupe pour conforter sa position
concurrentielle malgré un environnement toujours aussi difficile (forte concurrence,
augmentation du prix des matières premières6…).
En particulier, Bic semble avoir résisté à la crise financière montrant que son
business model (qualité à bas prix, stratégie de volume, fonctionnalité, simplicité…) a
la capacité de s’adapter à des contextes économiques extrêmes, voire d’en tirer
bénéfice grâce à une bonne adéquation avec les attentes des consommateurs.
N+9 N+9
EXERCICE N+8 N+7 N+6 N+5 N+4 N+3
(est.) (9 mois)
CA 1,493 1,120 1 420 1 456 1 448 1 380 1 264 1 360
Résultat net 158 119 145 173 170 156 114 110
En millions d’euros
En N+8, la structure du chiffre d’affaires de Bic reste très proche de celle analysée
dans le cadre du diagnostic et se répartit de la manière suivante :
DAS Papeterie (51 % du chiffre d’affaires) ;
DAS Briquet (27 % du CA) ;
DAS Rasoir (18 % du CA) ;
Autres produits (Bic Sport notamment : 4 % du CA).
Au sein du portefeuille d’activité, l’activité Rasoir continue d’être une activité
dilemme compte tenu de la forte concurrence exercée par Gillette et Wilkinson, qui
nécessite des investissements industriels et marketing importants pesant sur la
rentabilité globale. Inversement, on peut noter que l’activité papeterie reste l’activité
vedette du groupe avec de bonnes perspectives de croissance alors que le redressement
de l’activité Briquet en fait plutôt une activité Vache à lait (50 % du résultat
d’exploitation).
De même, le groupe reste principalement implanté sur deux marchés (américain et
européen) même s’il continue de se développer en Amérique latine et en Asie.
En particulier, Bic a ouvert une nouvelle unité de production d’instruments d’écriture
en Chine en novembre N+5. L’objectif est de développer des produits spécifiques pour
l’Asie afin d’y accroître le chiffre d’affaires du groupe. On constate un rééquilibrage du
chiffre d’affaires (40 % en Amérique du Nord contre 46 % en N+5, 33 % en Europe
contre 30 %, 20 % contre 18 % en Amérique latine) au profit de l’Europe et de
l’Amérique du Sud.
L’activité papeterie
Les fondamentaux de l’activité papeterie restent les mêmes qu’en N+2 avec une stratégie de croissance
interne basée sur l’élargissement de l’offre (ex. : cristal pocket et cristal gel en N+3) et la montée en gamme
des produits 2(ex : stylos 2 en 1, Bic Sélect…). Bic est particulièrement attentif aux nouvelles attentes des
consommateurs :
multi-usage des produits (produits de bureau, produits pour le domicile…) ;
utilisation d’un produit pour une utilisation spécifique (marquer, surligner…) ;
recherche de nouvelles sensations (confort d’utilisation, diversité des coloris, aspect ludique, plaisir
d’écrire…). Il est cependant à noter que l’entreprise a aussi réalisé trois acquisitions stratégiques :
celle du fabricant français d’instruments d’écriture Stypen (17 millions de CA en N+3) ;
la société brésilienne Pimaco (20 millions d’euros en N+5), leader des étiquettes adhésives au
Brésil, afin de se renforcer sur le marché en Amérique latine (croissance géographique) ;
la société Cello Pens en N+9 (no 1 en Inde des instruments d’écriture) qui permet de se renforcer en
Asie.
Ainsi, Bic a renforcé sa couverture géographique et affiche une position de leader sur quasiment tous ses
marchés.
Figure 16.4 – La position concurrentielle de Bic sur le marché de l’écriture
L’activité briquet
Comme nous l’avons montré dans le diagnostic antérieur, Bic est confronté sur le marché des briquets à la
concurrence exacerbée des fabricants chinois qui proposent des produits à un prix de 30 % inférieur aux
produits Bic. Cela s’explique par deux facteurs principaux :
les produits reçoivent souvent des subventions cachées de l’État chinois qui leur permet de vendre à un
prix inférieur au prix de revient sans subir des taxes douanières dans les pays occidentaux (absence
de taxes antidumping…) ;
les produits sont souvent de moindre qualité (qualité du plastique, contrôles de sécurité…).
Ainsi, les importations asiatiques ont-elles longtemps connu des taux de croissance importants sur les
marchés américains et européens (par exemple, la part de marché de Bic est passée de 44 à 34 % aux
États-Unis entre N–4 et N+2).
Pour inverser cette tendance, Bic a mis en place depuis N+2 une stratégie cohérente centrée autour de
sept axes :
une activité de lobbying qui a conduit les fabricants européens de briquets à se doter d’une norme de
sécurité volontaire ISO 9994 (instauration de nouvelles barrières à l’entrée) repris à leur compte par les
pouvoirs publics notamment en Europe3 ;
une activité de lobbying auprès des distributeurs 4 en sensibilisant les détaillants sur les risques de
procès au cas où un de leurs clients aurait un accident avec un briquet non sécurisé ;
un renforcement de l’identité visuelle des produits à travers l’affichage sur la partie plastique du briquet du
logo Bic, facteur d’attractivité pour les consommateurs ;
une différenciation accrue des produits (nouveaux coloris) et le lancement de licences spécifiques (ex :
licence Terminator 3). Chaque année, le groupe français renouvelle les « décors » de ses briquets,
une vingtaine environ. Il les habille aussi de petits étuis et signe des accords de licence avec des
Fédération sportives ou des créateurs (Agatha Ruiz de la Prada, Chantal Thomas). En N+5, le briquet
BIC® Maxi entre dans les collections permanentes du Musée d’Art Moderne de New York (MOMA), au
Département Architecture et Design ;
le lancement de nouveaux produits au sein de la gamme briquet (positionnement sur le haut de gamme
avec des marges plus importantes, nouvelles fonctions du produit) pour diversifier les usages du
briquet. Ainsi, Bic a lancé les « mega lighter » (des briquets grand format pour les barbecues et
gazinières) et les allumes-bougies ;
un programme d’incitation à la vente auprès des distributeurs qui se voient proposer des points
cumulables donnant lieu à des cadeaux à chaque fois qu’ils vendent un produit Bic ;
la valorisation de la qualité des produits : Bic insiste sur le fait que les procédés de fabrications sont
sécurisés (50 contrôles automatiques) et renforcent l’efficacité des produits (les briquets Bic grâce à la
qualité des plastiques, contiennent deux fois plus de gaz, ce qui permet deux fois plus d’allumages
qu’un briquet importé de même taille) ;
Bic s’attache également à rendre sa marque encore plus visible (marquage du logo sur le corps même
du briquet en 3 couleurs) et a développé sa gamme de produits à valeur ajoutée en particulier les étuis
à briquet et les séries décorées ;
l’association des produits Bic à de grands événements : par exemple lors du festival musical en France
des « Veilles charrues » en juin N+9, la distribution gratuite de cendrier de poches et la vente d’une
édition limitée de briquet « music » ont permis de faire parler de la marque.
Ainsi, la gamme de briquets proposée par Bic est aujourd’hui très large pour satisfaire les besoins
spécifiques du plus grand nombre d’utilisateurs possible. Elle comporte trois tailles différentes de briquets
(maxi, médium et mini), deux systèmes d’allumage (classique ou électronique) et une grande variété de
couleurs de corps.
Bien que cette stratégie ait un coût (augmentation du produit unitaire du briquet), elle s’est avérée payante.
Sur un marché mondial annuel des briquets de poche non rechargeables estimé en volume à 7,2 milliards
d’unités, Bic, avec plus d’un milliard d’unités vendues par an, reste le premier fabricant mondial de briquets
de poche de marque.
Marge
29,70 % 32,30 % 32,50 % 32,10 % 29,20 %
d’exploitation
Ainsi, au regard du niveau de marge du DAS Briquet et de son taux de croissance, la stratégie de Bic est
confortée.
L’activité rasoir
Marge
4,50 % 8,50 % 9,50 % 8,20 % 4,10 %
d’exploitation
Bic continue à développer le DAS « sport » qui reste faiblement contributif au chiffre d’affaires du groupe
(4 % comme en N+4). L’activité de Bic Sport est toutefois rentable. Bic Sport conçoit et fabrique à Vannes
(France) la majeure partie des produits qu’il distribue. Son activité s’organise autour de quatre familles de
produits : la planche à voile, le surf, le kite et le kayak. Leader mondial dans la planche de surf, et un des
leaders mondiaux en planche à voile, Bic Sport est majoritairement présent en Europe et en Amérique du
Nord. Son réseau de distribution est homogène et essentiellement constitué de magasins spécialisés et de
grandes surfaces de sport. Bic Sport concentre son développement sur le marché nord-américain et sur
les gammes les plus « tendance » de la glisse d’eau, le surf et le kayak.
De plus, l’activité Bic Graphic est devenue un axe de développement important du groupe. Il s’agit de
proposer aux clients de personnaliser une gamme dédiée de produits Bic comme support de leur propre
communication (apposition du logo de l’entreprise cliente sur les produits). Ainsi, Bic a récemment
(septembre N+7) fait l’acquisition d’une petite société américaine, Atchison Products Inc., qui vend des
sacs à usage promotionnel (sacs, sacs à dos, sacs isothermes et besaces : 15 millions de dollars de
chiffre d’affaires en N+6), afin de renforcer les positions du groupe sur le marché porteur des produits
promotionnels.
Conclusion
Tout en s’adaptant aux nouveaux besoins et aux envies des consommateurs, les produits
Bic continuent de remplir leur mission dans le respect de leurs trois valeurs
fondamentales, fonctionnalité, accessibilité et qualité.
La force du Groupe reste de comprendre les besoins et de trouver les solutions
techniques permettant d’offrir un vrai bénéfice à un prix juste pour les consommateurs.
L’objectif de Bic est d’assurer la pérennité de ses produits classiques en les améliorant
continuellement et en adaptant l’offre aux besoins des différents marchés, tout en
proposant sans cesse de nouveaux produits à plus forte valeur ajoutée.
En N+7, les nouveaux produits et les extensions de gamme ont représenté 24 % des
ventes du Groupe, témoignant de l’importance accordée à l’innovation continue des
produits. Bic investit ainsi chaque année environ 2 % de son chiffre d’affaires dans la
Recherche et Développement.
Celle-ci permet non seulement de maintenir les positions concurrentielles du Groupe
dans ses trois activités, mais aussi de renforcer sa position sur des marchés de grande
consommation aux rythmes de croissance « organique » faibles.
Un autre axe stratégique du Groupe est d’améliorer en permanence sa compétitivité
sur des marchés mondiaux et très concurrentiels.
Le Groupe a ainsi réduit son nombre d’unités de production de 46 en N–3 à 23 à
l’issue du 1er trimestre N+8. La modernisation et la rationalisation continue des outils de
production permettent à Bic de maintenir sa compétitivité mondiale au plus haut niveau,
et de pérenniser son positionnement : un produit de qualité à un prix juste et de réaliser
une économie d’environ 20M€ par an pour maintenir sa compétitivité.
L’analyse de la période N+4–N+9 montre que le Groupe Bic a su renforcer sa
position concurrentielle en restant le leader mondial dans les secteurs de la Papeterie et
des Briquets. Il a su concilier une stratégie de domination par les coûts avec une
politique de différenciation autour de produits ludiques et attractifs, tout en maintenant
les fondamentaux du groupe : excellent rapport qualité-prix, maîtrise des processus de
production, fonctionnalité des produits.
Malgré les efforts d’investissements réalisés dans les domaines de la recherche et du
développement et du marketing, l’activité Rasoir reste le domaine le plus délicat à
développer du fait de la forte intensité concurrentielle.
Notes
1. Le Bic® phone est un téléphone prêt à l’emploi disposant d’une heure de
communication (sim intégré, batterie chargée, chargeur et kit piéton) simple et
accessible pour tous. Pour 49 euros, l’utilisateur peut bénéficier de 60 minutes de
communication dans les deux mois suivant l’achat. Existant en deux coloris, orange et
vert il est distribué dans les tabac/presse, les gares, les aéroports, GMS… Ce portable,
à contre-courant du marché actuel, découle d’un partenariat entre Bic et Orange, mais la
fabrication est effectuée par Alcatel. Contrairement aux idées reçues, ce portable est
non-jetable par opposition au Hop-on qui existe aux États-Unis. L’utilisateur a la
possibilité de recharger son Bic Phone avec les recharges présentes sur le marché.
2. Des modifications simples ont été apportées au design des produits classiques afin
de répondre aux attentes et aux demandes des consommateurs.
3. La Commission européenne a publié le 11 mai N+6 une Décision sur la sécurité des
briquets. Celle-ci rend obligatoire la norme de sécurité ISO 9994, et précise également
qu’à partir du 11 mars N+8, tous les briquets vendus aux consommateurs devront être
munis d’une « sécurité enfants » et que, depuis le 11 mars N+7, il est interdit d’importer
ou de produire pour le marché européen des briquets non munis d’une « sécurité
enfants ». Par ailleurs, les briquets fantaisie, même équipés d’un système de « sécurité
enfants », seront interdits à la vente dans les mêmes délais.
4. Ainsi Bic a convaincu WalMart, le numéro un mondial de la grande distribution, de
cesser de vendre des briquets chinois aux États-Unis dans ses magasins.
5. Sur le premier semestre N+7, les produits 3 lames représentent 41 % des ventes
totales de rasoirs.
6. Environ 40 % des coûts des produits Bic sont des coûts de matières, dont la moitié
provient à elle seule des plastiques. Bic est donc sensible à la hausse des cours du
pétrole qui a fortement augmenté ces dernières années notamment en 2006 et 2007.
Conclusion
d’Organisation, 2009.
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TUSHMAN M.L., O REILLY C.A., Ambidextrous Organizations : Managing
’
Acteurs institutionnels 1
Actionnaires 1
Alliances stratégiques 1, 2
Avantage concurrentiel 1
Business strategy 1
Capacités managériales 1
Centralisation 1
Chaîne de valeur 1
Compétences clés 1
Compétitivité 1, 2
commerciale 1
financière 1
sociale 1
technique 1
Coopération 1
Coordination 1
Corporate strategy 1
Courbe en S 1
Croissance
externe 1
interne 1
Culture d’entreprise 1
Cycle de vie 1
Décentralisation 1
Décisions stratégiques 1, 2
Démarche
marketing 1
stratégique 1
Développement international 1
Diagnostic stratégique 1, 2
Dirigeants 1
Diversification 1, 2
Dynamique sectorielle 1
Environnement 1
Équilibres financiers 1
Facteurs clés de succès 1
Flexibilité 1
Forces concurrentielles 1
Formalisation 1
Groupe stratégique 1
Hexagone sectoriel 1
Innovation 1, 2, 3
Intégration verticale 1, 2
Intensité concurrentielle 1
Internationalisation 1, 2
Liquidité 1
Matrice
AD Little 1
BCG 1
de création de valeur 1
Mc Kinsey 1
Menaces 1
Métier 1
Mission 1
Modèle
PEST 1
VRIO 1
Nouveaux entrants 1
Objectif stratégique 1
Opportunités 1
Partenariat 1
Parties prenantes 1, 2
Pérennité 1
Politique
de spécialisation 1, 2
financière 1
Portefeuille
d’activités 1, 2
technologique 1
Position concurrentielle 1
Pouvoir de négociation 1, 2
Productivité 1
Produits de substitution 1
Qualité 1
Regroupement 1
Rentabilité 1
Réorganisation 1
Responsabilité sociale 1, 2
Restructuration 1
Rupture 1
Sécurité 1
Segmentation
marketing 1
stratégique 1
Solvabilité 1
Sous-traitance 1
Spécialisation fonctionnelle 1
Standardisation 1
Stratégie(s)
concurrentielles 1, 2, 3
de différenciation 1
de focalisation 1
Synergies 1
Système(s)
concurrentiels 1
d’activités 1
Technologies 1, 2, 3
Time-Based Competition 1
Tissu culturel 1
Valeur
actionnariale 1
client 1
salarié 1
Viabilité 1