NDH - 2019 Le Guide Du Justiciable

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Fondé en 1977 Connaissez vos droits !

Cameroun :
Le Guide du justiciable
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4ème
ve

Tome 1
2

N 8
Connaissez vos droits !

Cameroun : Le Guide du justiciable


La justice Pénale
Tome 1
4ème Nouvelle édition 2018

Sous la supervision de : Me KADJE Victor, Président du Conseil National


de NDH-Cameroun
Sous la Direction de : Mme Cyrille Rolande Bechon, Directrice Exécutive
de NDH-Cameroun

Ont contribué :

• Me Victor KADJE
• Mme Cyrille Rolande Bechon
• Magistrat Louis Marie Mbeula
• Magistrat Daniel Duplex TAWEMBE
Coordination Scientifique : Dr Hilaire Kamga
(précédentes édition)

Achévé d’imprimer le 15 janvier 2019

@ Edition Afric Leadership 2018

Copyrights ….
Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale du présent ouvrage par quelques
procédés que ce soit est interdite sans l’autorisation de Nouveaux droits de l’Homme.
Tous droits de reproduction réservés. Cette publication, qui est protégée par le droit d’auteur,
peut être reproduite gratuitement, par quelque procédé que ce soit, à des fins de sensibilisation,
de campagne ou d’enseignement, mais pas à des fins commerciales. Les titulaires des droits
d’auteur demandent à être informés de toute utilisation de ce document afin d’en évaluer l’impact.
Toute reproduction dans d’autres circonstances, ou réutilisation dans d’autres publications, ou
traduction, ou adaptation nécessitent l’autorisation préalable écrite des éditeurs, qui pourront
exiger le paiement d’un droit.
Pour toute demande d’information ou d’autorisation, contactez [email protected]

4 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Sigles et abréviations
CCJA : Cour Commune de Justice et d’arbitrage
CP : Code pénal
CPP : Code de procédure pénale
ITT : Incapacité temporaire de travail
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OPJ : Les officiers de police judiciaire
PV : Procès-verbaux
TGI : Tribunal de Grande Instance
TM : Tribunal militaire
TPI : Tribunal de Première Instance
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
VDH : Volontaire des droits de l’Homme

5
EN GUIDE DE PRÉFACE
« Nemo Censetur Ignorare Legem ». Cet adage qui signifie littéralement :
« Personne n’est censée ignorer la loi », fait interdiction à quiconque
d’invoquer comme excuse, sa méconnaissance du droit pour se soustraire à
une obligation.
Pourtant, suffit-il de décréter que tous les citoyens connaissent la loi pour
leur imposer sa rigueur ?
Que font les pouvoirs publics pour que l’arsenal juridique soit approprié par
tout le monde, ou tout au moins par le plus grand nombre ?
Chacun peut trouver une réponse à cette interrogation.
Nouveaux Droits de l’Homme quant à lui a estimé qu’il ne faut pas se
complaire de la présomption de connaissance du droit par le citoyen.
Aussi fidèle à son leitmotiv qui est la protection des droits individuels, a-t-il
résolu de doter nos compatriotes d’un instrument riche en enseignements
et édifiant sur les droits du citoyen camerounais : Le Guide du Justiciable.
Nouveaux Droits de l’Homme en est à la 4e édition de cet ouvrage sous
différents titres. Il ne faut pas lire dans la boule de cristal pour comprendre
que les rééditions successives de ce manuel traduisent le succès qu’il engrange
auprès du public.
Comment aurait-il pu en être autrement ?
En effet, Nouveaux Droits de l’Homme et tous ceux qui ont contribué à
cette publication ont tenu à ce que ce soit fait dans un style sobre et simple,
accessible à tous, tout en traitant des sujets névralgiques.
Cette nouvelle parution du Guide du Justiciable fait un tour d’horizon quasi
complet des questions qui taraudent les esprits de la plupart des camerounais.
En ces temps marqués par des soubresauts et remous sociaux, la publication
est d’une actualité brulante au regard de ses enseignements sur les sujets
de restriction et privation de libertés au Cameroun.
De la garde à vue judiciaire à celle administrative, le lecteur trouvera des
réponses à nombres d‘interrogations courantes.
L’ouvrage doit être un bréviaire aussi bien pour les praticiens, afin de leur
permettre de questionner certains reflexes qui tendent à se sédimenter, pour

6 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

les apprenants du droit, que pour le citoyen lamda.


L a conférence mondiale sur les droits de l’Homme du 25 Juin 1993 a estimé que
« L’éducation, la formation et l’information en la matière sont indispensables
à l’instauration et à la promotion de relations inter-communautaires, stables
et harmonieuses, ainsi qu’à la promotion de la compréhension mutuelle,
de la tolérance et de la paix ».
Sans risque de se tromper, on peut affirmer que la présente publication
s’inscrit dans cette logique de l’éducation en matière de droits de l’Homme
au Cameroun.

Maître Victor D. KADJE.


Président du Conseil national de NDH-Cameroun

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TABLE DES MATIÈRES

EN GUIDE DE PRÉFACE 6

AVANT-PROPOS 9

CHAPITRE I : LES RESTRICTIONS ET PRIVATIONS DES LIBERTES AU CAMEROUN :


QUESTIONS FRÉQUEMMENT POSÉES. 14

CHAPITRE II : LA PROCEDURE DEVANT LES JURIDICTIONS REPRESSIVES 36

CHAPITRE I : LE SYSTEME JUDICAIRE CAMEROUNAIS 51

CHAPITRE II : LES FRAIS GENERAUX DE PROCEDURE ET DE SAISINE DES JURIDIC-


TIONS ET LES ACTES DE JUSTICE 57

CHAPITRE III : LES FORMULAIRES USUELS ET LES ACTES DE PROCEDURES 65

EN GUIDE DE POST-FACE 74

ANNEXE  78

INDIC ATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 88

PRÉSENTATION DE NDH-CAMEROUN 90

8 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

AVANT-PROPOS
Le Cameroun est un pays qui a choisi l’encrage démocratique comme socle
de la structuration de sa gouvernance. Ce choix implique naturellement des
actions concrètes pour l’effectivité du principal pilier de la démocratie qu’est
l’Etat de droit. Pourtant malgré une volonté politique affichée au travers
des discours récurrents depuis plusieurs décennies, le Cameroun a du mal à
se hisser au rang des nations respectueuses des droits de l’Homme. Ce pays
continue d’être épinglé par divers rapports d’organisations nationales et
internationales pour les violations des droits des citoyens. Des multiples
enquêtes menées ont montré que la plupart de violations de droits de l’homme
se déroulent pendant l’arrestation, l’enquête préliminaire et la détention.
Le code de procédure pénale est venu donner un nouvel encadrement juridique
à ces questions avec un prime un renforcement des droits de la défense dans
l’enquête préliminaire et l’instruction. Il est important que le para juriste en
particulier, le Mandant et le justiciable en général puisent avoir des réponses
précises aux questions pratiques qui sont régulièrement posées en matière
d’arrestation et de détention. Afin de permettre une meilleure appropriation
de ces changements, nous avons choisi l’option de donner une tonalité
pédagogique à l’ouvrage, ce qui a l’avantage de faciliter la compréhension
des textes juridiques même pour ceux qui ne sont pas juristes. Il n’est pas
superflu de signaler que cette initiative est simplement le prolongement
du programme « prévenir la Torture » initié par l’ONG Nouveaux Droits de
l’Homme en 2003 avec l’appui de l’Union Européenne
En lançant simultanément les programmes «Prévenir la Torture» et «Education
à la citoyenneté et à la Démocratie», Nouveaux Droits de l’homme (NDH)
n’avait aucunement pour ambition de faire de tous les camerounais des
juristes. Loin s’en faut. Il s’agissait, au regard des injustices et des violations
flagrantes et régulières des droits de l’homme, nées le plus souvent d’une
méconnaissance de la loi, de donner aux populations les outils didactiques
et intellectuels pour traduire dans la réalité cette maxime discutable mais
incontournable, selon laquelle « nul n’est censé ignoré la loi ».
Aussi était-il important, voire indispensable, de doter le Cameroun d’un pool
de para juristes susceptibles d’aider les populations, non seulement à connaitre
leurs droits, mais à mieux les défendre. Aussi, le projet « Programme Para
juriste « tel que pensé et lancé en 2005, constituait une réponse cohérente
aux questionnements d’une population désabusée par les injustices qui

9
trouvaient indubitablement leur source dans une corruption généralisée,
doublée d’une impunité caractérisée, qui gangrènent le Cameroun, dès lors
que la réponse étatique à ce fléau s’est très souvent limitée aux campagnes de
sensibilisation et communication initiées la plupart du temps sou la pression
des bailleur de fonds. C’est ainsi que ce processus a permis en une décennie
de doter le Cameroun d’un pool d’environ 1500 parajuristes disséminés sur
l’ensemble du territoire camerounais. Ces parajuristes, parce que proches
des populations, sont appelés à les aider à mieux comprendre les arcanes du
droit et à en faire le meilleur usage. Il s’était agi donc de mettre en place
une nouvelle génération de conseillers juridiques non juristes, mais capables
d’éclairer les populations de les accompagner dans la phase contentieuse
et de leur permettre de mieux défendre leurs droits quand ceux-ci seraient
violés. Le programme Amélioration de l’Accès à la Justice pénale (PAAJP)
est venu donc comme le parachèvement de ce long processus d’assistance
judiciaire au Cameroun avec la professionnalisation des corps de Volontaires
des Droits de l’homme. Ainsi conçue, cette dynamique des volontaires des
DH devra servir de socle à la construction d’une nouvelle citoyenneté dont le
caractère déterminant ne souffrirait d’aucun doute dans un contexte périlleux
de lutte pour le pouvoir au Cameroun avec le délicat tournant de 2018 et
la permanence de la crise dite Anglophone..
Il est en outre impératif d’inventer de nouvelles formes de construction de
la citoyenneté qui se distinguent des modèles existant et inadaptés aux
modes de vie des populations civiles victimes des violations multiples, ayant
contribué à augmenter l’écart de compréhension et favoriser la persistance
et la généralisation de conflit. Et pourtant :
• La démocratie émergente au Cameroun, la démocratie véritable en
construction, entendue comme un espace d’utilisation et de production
de droits, ne peut exister et se développer que si tous les membres de
la société sont conscients de leurs droits et de leurs obligations, ainsi
que de ceux des autres ;
• Cette démocratie ne peut exister que si les masses populaires sont
capables de donner de la vie à leurs droits et à leurs obligations en les
utilisant, ou en favorisant leur évolution.
Il est aujourd’hui établi que les citoyens, ignorants de leurs droits, sont
dépossédés d’une partie importante de leur citoyenneté. Parfois, ils se
considèrent comme des sous-hommes, se rendant ainsi complices et victimes
d’abus, de violation de leurs droits d’actes de corruption et d’asservissement.

10 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Par ailleurs, l’action de ces Volontaires des droits de l’Homme, serait à notre
sens limitée, si elle ne s’accompagnait pas d’un support pédagogique destiné
à faire pérenniser l’enseignement. D’où l’urgence du présent guide (Le Guide
du justiciable) qui est une version revue et corrigée après les éditions de
2006 et 2016. Il est conçu pour être utile, non seulement aux volontaires sus
cités, mais aussi à tous les citoyens camerounais sachant lire et écrire. C’est
là notre contribution à l’œuvre de démocratisation du droit, qui seul devrait
permettre de reconstituer les équilibres sociaux, de réduire les inégalités et
les centres de corruption, et surtout d’asseoir définitivement une démocratie
propre, efficace et surtout citoyenne.
Le parajuriste/VDH ainsi moulé se mettra au service des populations dans
le but de leur expliquer régulièrement le contenu du Guide, de les assister
aussi bien devant les tribunaux, de servir de passerelle entre celles-ci et les
centres spécialisés d’accompagnement des victimes, tels que NDH-Cameroun
et Mandela Center dans le cas du suivi des procédures et réparation.
« Le Guide du Justiciable- Tome 1», qui a bénéficié d’un appui de Maître
Pierre BOUBOU et du Dr Hilaire KAMGA, pour les précédentes éditions, est
subdivisé en deux (2) parties, et comporte deux (2) annexes, répondant
ainsi aux besoins de compréhension identifiés lors de l’enquête préalable à
sa rédaction.
Par cet ouvrage, nous avons bien voulu continuer l’œuvre de facilitation de
l’accès à la justice pénale pour les couches sociales initiée par l’ONG Nouveaux
Droits de l’Homme depuis plus de deux décennies.
Nous sommes conscients que le lecteur averti y trouvera quelques imperfections.
Nous attendons les critiques qui nous permettront de parfaire la 3ème édition
dans cette même collection Le Guide.
Enfin, il faudrait relever que ce Guide est également destiné à tous ceux
intéressés ou confrontés à la protection des droits de l’homme au Cameroun.
Je tiens ici à remercier l’Union Européenne, dont le financement a permis
de réaliser cette nouvelle édition du Guide pour les deux tomes.

Cyrille Rolande BECHON


Directrice Exécutive NDH-Cameroun

11
12 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

PREMIER PARTIE : QUESTIONS


DE LIBERTES, REGLEMENT DES
LITIGES ET DIFFERENDS ET
LES VOIES DE RECOURS AU
CAMEROUN

13
CHAPITRE I : LES RESTRICTIONS
ET PRIVATIONS DES LIBERTES
AU CAMEROUN : QUESTIONS
FRÉQUEMMENT POSÉES.

SECTION I : DES ARRESTATIONS ET DETENTIONS :


QUE PREVOIT LA LOI ?
L’Etat du Cameroun est régi par des normes, des règles et des lois qui définissent
la liberté des citoyens, et la rationalité qu’ils peuvent utiliser dans leur action.
Aussi lorsqu’un citoyen enfreint la loi, la norme ou la règle, il est prévu des
sanctions qui peuvent aller de la restriction à la privation de ses libertés. Il
peut ainsi faire l’objet d’une arrestation ou d’une détention. Mais cela doit
se faire dans le strict respect de la loi et de la légalité républicaine. Alors
que prévoit la loi dans ces conditions ?

A. LE FLAGRANT DELIT, CONDITION DE


L’ARRESTATION IMMEDIATE ?
L’auteur d’un délit surpris en flagrant délit peut être appréhendé par tout
citoyen et présenté devant l’officier de police judicaire le plus proche. Mais
il faut que l’infraction soit punissable d’une peine d’emprisonnement et qu’il
y ait effectivement flagrant délit. Le flagrant délit est donc une condition
d’arrestation immédiate.
Aux termes de l’art.103 du Code de Procédure Pénale (CPP) :
1. Est qualifié crime ou délit flagrant, le crime ou le délit qui se commet
actuellement ou qui vient de se commettre.
2. Il y’a aussi crime ou délit flagrant lorsque :
• Après la commission de l’infraction, la personne est poursuivie par la
clameur publique ;
• Dans un temps très voisin de la commission de l’infraction, le suspect
est trouvé en possession d’un objet ou présente une trace ou indice
laissant penser qu’il a participé à la commission du crime ou du délit.
3. Il y’a également flagrance lorsqu’une personne requiert le Procureur
de la République ou un officier de police judicaire de constater un

14 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

rime ou un délit commis dans une maison qu’elle occupe ou dont elle
assure la surveillance.
1) Que faire d’un individu surpris en flagrant délit ?
Un individu surpris en flagrant délit, doit être immédiatement conduit devant
le procureur de la République, ce dernier l’interroge et s’il y a lieu le traduit à
l’audience la plus proche. Le procureur de le République peut placer l’inculpé
sous mandat de détention provisoire s’il estime qu’il y a charges suffisantes
et que les faits sont de nature à justifier une telle mesure.

B. LA CONTRAINTE PAR CORPS


En matière pénale, et selon l’art. 557 du CPP, la contrainte par corps est
une mesure qui vise à obliger un citoyen sous le coup d’une condamnation
à exécuter les condamnations pécuniaires ou à effectuer les restitutions
ordonnées par une juridiction répressive.
Elle est applicable sans mise en demeure préalable ; et à la diligence du
Ministère Public, en cas de non-exécution de condamnation pécuniaires au
profit de l’Etat ou de non restitution des biens.
2) quels risques s’expose un citoyen condamné qui ne
s’acquitte pas des amendes et frais de justice mis à sa
charge par une juridiction répressive ?
Le procureur de la République adresser aux officiers de police judiciaire pour
exécution des mandats d’incarcération pour contrainte par corps décernés contre
ce dernier par le Tribunal l’ayant condamné. La contrainte par corps a pour
objet de forcer un condamné à payer les amendes, les dépens ou à procéder
aux restitutions dues restitutions dues à l’Etat, et dont il ne s’est pas acquitté
spontanément. Les individus arrêtés sont conduits devant le Président de la
juridiction ayant décerné le mandat d’incarcération. Toutefois, ils peuvent
demander à être amenés au trésor pour s’acquitter de leur condamnation.
3) Est-ce qu’un justiciable peut être arrêté pour n’avoir
pas payé une dette établie par décision de justice à l’égard
d’un tiers ?
La réponse est Non. La contrainte par corps a été supprimée en matière civile et
commerciale depuis une loi du 22 juillet 1967. Par conséquent en matière civile,
un citoyen ne peut être arrêté et détenu que pour non-paiement des dommages
et intérêts alloués à un citoyen particulier par un juge pénal en réparation du
préjudice subi du fait de l’infraction pour laquelle il a été condamné.

15
Il convient de préciser également que celui qui organise son insolvabilité ou
qui ne paie pas une pension alimentaire à laquelle il a été condamné peut
être poursuivi et condamné pour ce motif, en vertu des articles 180, 181 et
331 du code pénal.
4) Quelle est la valeur des mandats judiciaires ?
Il résulte des textes en vigueur que les mandats de comparution, d’amener,
de détention provisoire et d’arrêt doivent être signés par le magistrat qui
les décerne et munis de son sceau ; ils doivent être datés ; le mis en cause
doit être désigné le plus clairement possible.
De plus le mandat contient l’énonciation du fait pour lequel il est décerné
et l’énonciation, de la loi qui déclare que ce fait est un crime ou un délit.
Tout mandat doit être décerné par écrit. Il en est donné lecture et laissé la
copie à l’intéressé. Cependant, en cas d’urgence, un officier de police judiciaire
peut exécuter des mandats qu’il n’a pas en sa possession (art.29 du Code de
Procédure Pénale). Sous réserve de l’inviolabilité du domicile avant six (6)
heures et après dix-huit (18) heures, un mandat peut être exécuté à tout
moment, même les dimanches et jours fériés.

C. LA GARDE A VUE JUDICIARE


La garde à vue est une mesure de police en vertu de laquelle une personne
est, dans le cadre d’une enquête préliminaire, en vue de la manifestation de
la vérité,  retenue dans un local de police judicaire, pour une durée limitée,
sous la responsabilité d’un officier de police judicaire à la disposition de
qui il doit rester.
Toute personne ayant une résidence connue ne peut sauf cas de crime ou
de délit flagrant, et s’il existe contre elle des indices graves et concordants,
faire l’objet d’une mesure de grave à vue.
En dehors des cas cités ci-dessus, toute mesure de garde à vue doit être
expressément autorisée par le Procureur de la République.
1) Quelle est la procédure de garde à vue judiciaire ?
Le placement en garde à vue obéit à des conditions de forme bien définies
par la loi :
• La garde à vue ne peut être ordonnée que par le procureur de la
république ou par un officier de police judicaire conformément à la loi.
Les agents de police judiciaire n’ont pas qualité de décider des mesures
de garde à vue.

16 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

• Avant d’être placé en garde à vue, le citoyen suspecté d’avoir commis


une infraction doit être informé des raisons de la garde à vue ; puis
enregistré après présentation de sa carte nationale d’identité. Le
registre de garde à vue doit contenir les nom et prénom de la personne
gardée à vue, de l’Officier de Police Judiciaire (OPJ) ayant décidé de
la garde à vue, l’inventaire des pièces saisies ou objets personnels, le
numéro d’ordre et la signature de la personne gardée à vue ainsi que
l’émargement de l’OPJ.
2) Quel est le délai de la garde à vue ?
Il résulte des articles 119 et 120 du CPP que le délai de la garde à vue ne peut
excéder quarante-huit (48) heures renouvelables une fois. Sur autorisation
écrite du Procureur de la République, ce délai peut, à titre exceptionnel, être
renouvelé deux fois. Chaque prorogation doit être motivée.
En tout état de cause, l’audition d’un témoin ne peut seule, justifier une
prorogation de garde à vue.
Sauf cas de crime ou de délit flagrant, la mesure de garde à vue ne peut être
ordonnée les samedi, dimanche ou jour férié. Toutefois, si elle a commencé
un Vendredi ou la veille d’un jour férié, elle peut être prorogée dans les
conditions précisées à l’alinéa (2).
Nonobstant les dispositions de l’article 119 alinéa (2), le délai de la garde
à vue est prorogé, le cas échéant, en fonction de la distance qui sépare le
lieu de l’arrestation du local de police ou de gendarmerie ou elle doit être
exécutée.
La prorogation est de vingt-quatre (24) heures par cinquante (50) kilomètres.
Mention de chaque prorogation est faite au procès-verbal d’arrestation.
Le délai de la garde à vue court à partir de l’heure à laquelle le suspect se
présente ou est conduit dans les locaux du commissariat de police ou de la
brigade de gendarmerie. Cette heure est mentionnée dans le registre de main
courante et au procès- verbal d’audition.

17
D. LA GARDE À VUE ADMINISTRATIVE
1) Quelle est la procédure de garde à vue administrative ?
Ce sont les Préfets et les Gouverneur de Régions qui ont le pouvoir d’ordonner
la garde à vue administrative d’un citoyen.
La loi (n°90/054 du 19 décembre 1990) permet aux autorités administratives
de « prendre des mesures de garde à vue d’une durée de quinze jour (15)
jours renouvelables dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme ».
Ce texte déroge au principe général selon lequel le juge judicaire, gardien
des libertés individuelles est le seul à pouvoir ordonner qu’un individu soit
privé de sa liberté.
Cette dérogation est d’autant plus préjudiciable aux libertés individuelles
que la durée de son renouvellement n’est pas limitée. Mais la loi justifie ces
dispositions par les contraintes de la lutte contre le grand banditisme et à
condition que son application soit maintenue exclusivement dans ce cadre,
ce qui ne semble pas toujours être le cas, dans la mesure où il n’existe pas
une définition juridique de ce qu’est le grand banditisme.

E. LA PROTECTION DES AGENTS DES FORCE DE


MAINTIEN DE L’ORDRE
La loi protège formellement les agents des forces de maintien de l’ordre dans
l’exercice de leurs fonctions.
1) Quelles sont les meures de protection des agents de
police et de gendarmerie dans l’exercice de leurs fonctions
prévues par la loi ?
Le fonctionnaire de la gendarmerie ou de la sûreté nationale à droit,
conformément aux règles fixées par la loi pénale, à la protection contre les
menaces, outrages, injures ou diffamations dont il peut être l’objet dans
l’exercice de ses fonctions (cf. article 18 du statut de la sûreté nationale).
a) Protection contre les violences et voies de faits
Les violences et voies de faits dont le fonctionnaire de la sûreté nationale ou
de la gendarmerie peut être victime sont réprimées de la manière suivante :
• Lorsque les faits n’ont causé à la victime aucune incapacité ou une ITT
(incapacité temporaire de travail) inférieure à 30 jours, le coupable
s’expose à une peine d’emprisonnement de 1 mois à 3 ans et à une
amende de 5 000 à 100 000 F.

18 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

• Si les violences et voies de faits sont préméditées ou si elles entrainent,


même non intentionnellement la privation permanente de l’usage
de tout ou partie d’un membre, d’un organe ou d’un sens ou même
seulement si elles entrainent une ITT supérieure à 30 jours, la peine
d’emprisonnement est à vie.
• Le coupable s’expose à la peine de mort si les faits ont été commis dans
l’intention de donner la mort à la victime (article 156 C.P)
b) Protection contre les injures, outrages
Celui qui allègue à l’encontre d’un fonctionnaire de la gendarmerie ou de la
sûreté nationale un fait dont il ne peut rapporter la preuve commet le délit
d’outrage à fonctionnaire et s’expose ainsi à un emprisonnement de 03 mois
à 3 ans et à une amende de 100.000 à 20.000.000 ou à l’une de ces deux
peines seulement (article 154, voir loi 90/06 du 19 décembre 1990).
c) La réquisition des citoyens présents
Si la gendarmerie ou la polie est attaquée dans l’exercice de ses fonctions,
elle est en droit de recourir à l’assistance des citoyens présents à l’effet de
lui prêter main-forte, tant pour repousser les attaques dirigées contre elle
que pour assurer l’exécution des réquisitions et ordres dont elle est chargée
(article 63 texte sur la gendarmerie).
d) Interdiction de se rendre justice
Il résulte des textes ci-dessus invoqués que si un agent des forces de l’ordre
est attaqué, notamment par des injures, des violences ou des voies de faits,
il ne doit pas se rendre justice lui-même : il doit recourir aux voies et moyens
de droit prévus par la loi.
2) Le fonctionnaire de police victime des injures,
violences ou voies de fait peut-il saisir les tribunaux sans
autorisation préalable ?
Le fonctionnaire de police victime dans l’exercice de ses fonctions d’injures ou
de violences «ne peut engager des poursuites judiciaires que sur autorisation
préalable de l’autorité investie du pouvoir de nomination».
Lorsque les poursuites autorisées sont engagées, le trésor public avance les
frais de justice mis à la charge du fonctionnaire.

19
F. CAS DES MALADES MENTAUX ET DES IVROGNES
1) Les agents des forces de maintien de l’ordre ont-ils
en devoir de procéder à l’arrestation des malades mentaux
(«fous») en divagation sur la voie publique ?
La gendarmerie et la police doivent empêcher la divagation de fous dangereux
et des évadés des établissements d’aliénés. Cette arrestation doit être suivie
de leur remise immédiate à l’autorité administrative. Là s’arrête leur rôle
(art.55 du décret sur la gendarmerie).
2) Les agents des forces de maintien de l’ordre ont-ils en
devoir de procéder à l’arrestation des ivrognes ?
Les agents des forces de maintien de l’ordre doivent constater par un procès-
verbal les infractions à la loi sur l’ivresse. Si un ivrogne cause du scandale
sur la voie publique, il peut être arrêté et conduit dans le local désigné à
cet effet par l’autorité administrative (art.57 textes sur la gendarmerie).
Cependant, l’ivrogne récidiviste peut être condamné à une peine d’emprisonnement.
En effet, si après une contravention pour ivresse publique le condamné est
dans les 12 mois, à nouveau surpris en état d’ivresse publique, il s’expose
cette fois à un emprisonnement de 15 jours à 1 mois.
Le vendeur de boisson qui donne à boire aux gens ivres s’expose à la même
peine ainsi qu’à la fermeture de son établissement. (Art. 243 du Code Pénal)
3) Une personne susceptible de propager une maladie
contagieuse peut-elle être arrêtée ?
A notre connaissance, aucun texte ne prévoit l’arrestation d’un individu pour
risque de propagation d’une maladie contagieuse. Par contre, le code pénal
(article 260) punit celui qui, par sa conduite, facilite la communication d’une
maladie contagieuse et dangereuse. La peine encourue est un emprisonnement
de 3 mois à 3 ans.

G. LA LIBERATION IMMEDIATE OU L’HABEAS CORPUS


1) Lorsqu’un justiciable est arrêtée sans titre ou en vertu
d’un titre illégal et conduit de force dans une cellule de
gendarmerie ou de police, quelles sont les voie de recours ?
Les dispositions des articles 584 à 588 du Code de Procédure Pénale règlementent
la procédure d’»HABEAS CORPUS» qui veut que toute personne arrêtée ou
détenue puisse demander à être immédiatement devant un juge qui doit

20 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

statuer sur la validité de son arrestation et ou de sa détention.


Cet article 584 donne au Président du Tribunal de Grande Instance du lieu
d’arrestation ou de détention d’une personne compétence « pour connaitre
des requêtes en libération immédiate formulées soit par une personne arrêtée
ou détenue, soit en son nom, lorsque lesdites requêtes sont fondées sur
l’illégalité d’une arrestation ou d’une détention ou sur l’inobservation des
formalités prescrites par la loi «. Il est également compétent pour connaître
des recours intentés contre les mesures de garde à vue administrative.
La notion d’illégalité formelle suppose la détention ou la garde à vue
d’un individu en toute illégalité, c’est-à-dire en dehors de la loi. En effet
l’arrestation ou la détention d’une personne doit se faire dans le strict respect
des formalités et conditions prescrites par la loi, et leur non-respect rend la
mesure illégale. Il en est ainsi par exemple lorsqu’une personne est gardée
à vue ou détenue alors qu’elle n’a pas commis une infraction ou lorsqu’une
procédure irrégulière est engagée à son encontre.
La notion de défaut de titre de détention concerne toutes les situations
où un citoyen est gardé à vue ou détenu en l’absence d’un ordre, à l’instar
d’un mandat émanant de l’autorité compétente, ou les cas de garde à vue
au-delà du délai légal, ou lorsque la garde à vue est ordonnée par une
autorité incompétente tel un agent de police judiciaire. La qualité d’agent
de police judiciaire revient aux gendarmes, gendarme major qui n’ont pas
obtenu le diplôme d’officier de police judiciaire, aux inspecteurs de police
et aux gardiens de paix.
2) Le procureur de la république peut-il ordonner d’office
la libération d’un citoyen détenu illégalement dans une
cellule de gendarmerie ou de police ?
Même si pour une raison ou une autre le citoyen détenu illégalement ne
présente pas une demande de libération immédiate, le procureur de la
République peut, au cours d’un contrôle des gardes à vue le faire libérer :
en effet, la loi permet au procureur de la République de procéder à des
interventions ponctuelles ou hebdomadaires dans tous les unités de police et
de gendarmerie et de libérer systématiquement les personnes dont la garde
à vue n’est pas légale.

21
3) Quel est le tribunal compétent pour connaitre d’une
requête aux fins de libération immédiate ?
D’après la loi, c’est le Président du Tribunal de Grande Instance ou tout autre
magistrat du siège de ladite juridiction désigné par lui, qui est compétent
pour connaitre des requêtes en libération immédiate.
Il en est ainsi même lorsque la garde à vue a été demandée par une autorité
administrative. Ainsi dans l’affaire M.P.C/ NYO WAKAI et 172 autres, le Tribunal
de Grande Instance de Bamenda a par jugement n°H.C B/19CRM/921 du 21/121
1992 ordonné la libération immédiate du juge retraité NYO WAKAI, l’avocat
SAMA Francis et de 37 autres détenus interpellés sur ordre du Gouverneur à la
suite des malheureux événements qui sont survenus à Bamenda à l’occasion
de l’élection présidentielle du 11 octobre 1992 : LEXLATA n°17 P.3 Note
Léopold DONFACK SOCKENG.
4) Quelle est la procédure en matière de requête aux fins
de libération immédiate ?
La requête est déposée en quatre exemplaires (04) au greffe du Tribunal de
Grande Instance territorialement compétent qui la transmet au Procureur de
la République pour fixation d’une date d’audience. Le président saisi enjoint
à l’autorité qui détient la personne concernée de la conduire devant lui aux
jours et heures fixés, munie du titre d’arrestation ou de détention. Le Président
du Tribunal statue sur la libération immédiate après avoir entendu l’avocat
du requérant et le Ministère Public.
5) Quelles sont les conditions de libération sous caution ?
Suivant les articles 224 à 232 du Code de procédure Pénale, toute personne
légalement détenue à titre provisoire peut bénéficier de la mise en liberté
moyennant une des garanties visées à l’article 246(g) dudit Code, destinées
à assurer notamment sa représentation devant un officier de police judiciaire
ou une autorité judiciaire compétente.
Toutefois, ces dispositions ne s’appliquent pas aux personnes poursuivies
pour crime passible de l’emprisonnement à vie ou de la peine de mort.
La demande de mise en liberté sous caution est adressée, selon le cas, à l’officier
de police judiciaire, au Procureur de la République, au juge d’Instruction ou
à la juridiction de jugement.
Lorsque le requérant présente plusieurs garants pour obtenir sa mise en
liberté, ceux-ci peuvent prendre leurs engagements séparément.

22 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

La décision de mise en liberté ou caution peut être rapportée par la juridiction


saisie, soit d’office, soit à la requête du Ministère Public ou de la partie civile.
Le garant est responsable de la comparution de la personne libérée.
Lorsque cette dernière ne comparait pas, l’autorité compétente ordonne son
arrestation et met le garant en demeure de la représenter.
A défaut de représentation, le garant est astreint à payer la caution fixée dans
l’acte d’engagement sous peine d’y être contraint par corps conformément
aux dispositions des articles 563 et suivants du CPP. Toutefois, le garant est
exonéré de sa responsabilité s’il prouve que la non-comparution est due à
un cas de force majeure.
Le garant peut à tout moment retirer sa caution.
Dans ce cas, il est tenu de présenter le mis en cause à l’autorité compétente ;
celle –ci lui donne acte du retrait de sa garantie et informe le mis en cause
qu’il peut demeurer en liberté s’il présente un autre garant ou s’il verse un
cautionnement.
Lorsque l’autorité ayant accordé la liberté sous caution est informée par
un garant que le mis en cause cherche à se soustraire à l’obligation de
représentation, elle ordonne son arrestation et son maintien en détention à
moins qu’il ne fournit une autre garantie.
Toute personne mise en liberté sous caution est considérée comme légalement
privée de sa liberté au sens des dispositions de l’article 193 du Code Pénal.
Lorsque la personne mise en liberté est astreinte à un cautionnement, Celui-
ci garantit :
a. Sa représentation en justice ;
b. Le cas échéant, le remboursement des frais engagés par la partie civile,
la réparation des dommages causés par l’infraction et le paiement des
amendes et des frais de justice.
Le cautionnement est remboursé en cas de représentation, de non-lieu, de
main levée ou de cessation de la mesure de surveillance judiciaire.
Le remboursement du cautionnement est ordonné par l’autorité judiciaire
compétente.
Lorsque la personne mise en liberté a fourni une ou plusieurs cautions pour
garantir sa représentation en justice, les obligations prévues aux articles
228 à 232 leur sont applicables.

23
En cas de fuite, le cautionnement est acquis au Trésor Public, sans préjudice
des droits de la partie civile.
Le remboursement du cautionnement consigné pendant la garde à vue est
ordonné par le paquet compétent.
6) Peut-on exiger une indemnisation en raison d’une
détention ou d’une garde à vue abusive ?
En vertu de l’article 236 du CPP, toute personne ayant fait l’objet d’une garde
à vue ou d’une détention provisoire abusive peut, lorsque la procédure
aboutit à une décision de non-lieu ou d’acquittement devenue irrévocable,
obtenir une indemnité si elle établit qu’elle a subi du fait de sa détention
un préjudice actuel d’une gravité particulière.
L’indemnité est à la charge de l’Etat qui peut exercer une action récursoire
contre son agent fautif (Procureur de la république, Juge d’instruction ou
Officier de police judiciaire).
7) Peut-on poursuivre au pénal l’auteur d’une privation
arbitraire de liberté ?
Oui, une plainte peut être déposée contre l’auteur des faits. Ainsi la victime
d’une arrestation ou d’une séquestration arbitraire peut se plaindre à juste
titre en justice.
L’article 291 du Code Pénal punit celui qui, de quelque manière que ce soit, prive
autrui de sa liberté. L’auteur de l’arrestation arbitraire s’expose normalement
à une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans et une amende de 20.000 à
1.000.000 de francs. Mais la loi a prévu trois circonstances aggravantes :
• si la privation de liberté dure plus d’un mois ;
• si elle est accompagnée de sévices corporels ou moraux ;
• si l’arrestation est effectuée au vu d’un faux ordre de l’autorité publique,
soit avec port illégal d’uniforme, soit sous une fausse qualité.
Dans ces trois cas, l’auteur de la séquestration s’expose à une peine
d’emprisonnement de 10 à 20 ans.

24 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

H. LA RESISTANCE A UNE DECISION JUDICIAIRE


1) A quelle peine s’expose un citoyen qui résiste à un
mandat établi et délivré en bonne et due forme à son
encontre ou à l’encontre d’un tiers ?
Celui qui, par violence ou voie de fait empêche l’officier de police judicaire
d’exécuter une mission dont il est légalement chargé (par exemple d’exécuter
une décision de justice), commet le délit de rébellion prévu par l’article 157
du Code Pénal.
D’après ce texte, il s’expose à une peine d’emprisonnement de trois mois à
quatre ans. Cette peine sera de 1 à 5 ans d’emprisonnement au cas où l’un
des auteurs de la rébellion est armé.

I. L’ASSISTANCE D’UN AVOCAT


1) Un citoyen poursuivi en justice peut-il bénéficier des
services d’un conseil même s’il ne dispose pas de moyens
pour payer ses honoraires ?
En matière criminelle, c’est-à-dire lorsque l’infraction pour laquelle l’accusé est
poursuivi est punie de la peine capitale ou d’une peine d’emprisonnement à
vie, l’affaire ne peut être jugée que lorsque l’accusé est assisté d’un défenseur.
Si pour une raison ou une autre il n’a pas choisi un défenseur, il lui sera
donné un d’office par le Président du Tribunal ou de la Cour.
2) Un justiciable sous inculpation a-t-il le droit d’être
assisté par un conseil au cours de l’instruction (information
judicaire) ?
Le juge d’instruction doit impérativement informer l’inculpé de son droit de
choisir un conseil parmi les avocats résidant au siège du Tribunal ou en dehors.
Le conseil doit être avisé des interrogatoires de son client par le magistrat
instructeur par lettre reçue au moins 24 heures à l’avance.
3) Le mis en cause peut-il être assisté par son avocat au
cours des enquêtes de police ?
Aux termes de l’article 37 du Code de Procédure Pénale : Toute personne arrêtée
bénéficie de toutes les facilités raisonnables en vue d’entrer en contact avec
sa famille, de constituer un conseil, de rechercher les moyens pour assurer sa
défense, de consulter un médecin et recevoir des soins médicaux et prendre les
dispositions nécessaires à l’effet d’obtenir une caution ou sa mise en liberté.

25
NB : Le conseil à cette étape de la procédure n’est pas toujours un avocat

J. GARANTIE DES LIBERTES INDIVIDUELLES AU


COURS DE L’ENQUETE PRELIMINAIRE ET DE
L’INSTRUCTION PREPARATOIRE
1) La personne gardée à vue peut-elle bénéficier de la
mise en liberté en déposant une caution ou en présentant
des garanties?
Le CPP prévoit que la personne gardée à vue peut être mise en liberté lors
des enquêtes préliminaires, donc même avant tout mandat de détention
provisoire, lorsqu’elle offre des garanties de représentation en justice ou en
présentant une ou plusieurs personnes garantes ou en déposant une caution.
NB : Cette possibilité n’est pas offert aux personnes poursuivi pour crime ou
dont la peine encourue peut être la peine de mort.
2) Les officiers de police judiciaire qui recherchent un
individu peuvent-ils arrêter en lieu et place de ce dernier un
tiers, par exemple un membre de sa famille ?
La peine est individuelle et personnelle ; aucun individu ne peut être arrêté
en lieu et place d’un autre.
Cette interdiction est également fondée sur la Charte Africaine des Droits
de l’homme et des peuples, laquelle Charte interdit aux forces de l’ordre
d’arrêter l’un des proches d’un fugitif dans le but de punir indirectement ce
dernier ou de l’amener à se rendre.
3) Que signifie la notion de présomption d’innocence ?
Aux termes du préambule de la Constitution du 18 janvier 1996 « tout prévenu
est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie au cours d’un
procès conduit dans le strict respect de droits de la défense «.
Cette présomption d’innocence implique entre autres que le prévenu ou
l’accusé ne peut être détenu provisoirement qu’au cas où il ne justifie pas de
garanties de représentation et au cas où sa mise en liberté peut nuire à la
manifestation de la vérité. Les longues détentions provisoires vont également
à l’encontre du principe de la présomption d’innocence.
4) L’audition du prévenu au cours des enquêtes est-elle
réglementée ?

26 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Cette réglementation est contenue dans le CPP qui demande qu’un temps
raisonnable soit accordé au suspect pour se reposer et que mention de ce
temps soit faite au procès-verbal. Le même CPP demande également que
soit mentionnée au procès-verbal de l’audition, la durée de repos qui sépare
les différentes auditions auxquelles le suspect a été soumis (articles 121 et
suivants du CPP).

INTERDICTION ABSOLUE DE LA TORTURE


1) Les officiers de police judicaire sont-ils en droit
d’exercer sur les suspects des violences physiques
ou morales, ou d’user de la ruse afin d’obtenir des
renseignements, des aveux ou pour tout autre besoin de
l’enquête ?
La loi interdit le fait d’infliger à une personne une douleur ou des souffrances
aigües, physiques, mentales ou morales en vue d’obtenir entre autres des
renseignements ou des aveux (article 277-3 du Code Pénal).
Celui qui viole cette interdiction légale de torturer autrui s’expose à une
peine plus ou moins lourde selon les conséquences que les agissements
ont entrainées sur la victime. Le minimum de la peine encourue est un
emprisonnement de 2 ans lorsque la torture a causé à la victime une ITT
inférieure ou égale à 30 jours alors lorsqu’il n’en est résulté pour la victime
que des douleurs ou des souffrances mentales ou morales. Le maximum de la
peine est un emprisonnement à vie si le tortionnaire a causé involontairement
la mort de la victime.
De même, le CPP précise que le suspect ne sera point soumis à la contrainte
physique ou mentale, à la torture, à la violence, à la menace ou à tout
autre moyen de pression, à la tromperie, à des manœuvres insidieuses, à
des suggestions fallacieuses, à des interrogatoires prolongés, à l’hypnose, à
l’administration des drogues ou à tout autre procédé de nature à compromettre
ou à réduire sa liberté de décision ou à altérer sa mémoire ou son discernement.
2) Le lieu de détention est-il réglementé ?
Les agents de la force publique qui arrêtent un individu, même pris en
flagrant délit ou dans les autres cas autorisés par la loi doivent le conduire
dans un lieu de détention légalement et publiquement désigné par l’autorité
compétente pour servir de maison d’arrêt ou de prison (article 55 texte sur
la gendarmerie).

27
Celui qui détient un individu dans un lieu autre que celui fixé par la loi se
rend coupable du délit de détention arbitraire puni par le code pénal (article
291 du Code Pénal). Il résulte de ce texte qu’il est interdit toute détention
dans une chefferie ou un lamidat.
3) Le suspect a-t-il droit aux visites médicales au cours
de l’information judiciaire ?
Toute personne arrêtée bénéficie de toutes les facilités raisonnables en vue
d’entrer en contact avec sa famille, de constituer un conseil, de rechercher
les moyen pour assurer sa défense, de consulter un médecin et recevoir des
soins médicaux, et de prendre les dispositions nécessaires à l’effet d’obtenir
une caution ou sa mise en liberté (Art.37 du CPP).
4) Au cours des débats, l’accusé peut-il comparaître
enchaîné ?
Le magistrat soucieux des droits de l’homme tient à ce que les accusés
comparaissent libres devant le Tribunal, c’est-à-dire sans chaines, ni menottes
et avec la pleine liberté de leurs mouvements.
Ainsi, la Cour d’Appel de Douala a refusé de juger un condamné à mort
qui comparaissait à la barre enchainé des pieds et des mains (cf. annexe
jurisprudence). La présence des gardiens de prison est évidemment nécessaire
pour éviter les évasions.
5) Dans quelle langue doit parler un accusé qui ne peut
s‘exprimer correctement ni en français, ni en anglais ?
L’accusé est toujours en droit de s’exprimer dans la langue qu’il maitrise le
mieux. Il appartient à la juridiction saisie de désigner la personne qui servira
d’interprète entre le tribunal et l’accusé.
6) Le prévenu dispose-t-il d’un temps limité pour
s’exprimer ?
En principe non. La loi prévoit même qu’il a droit à la parole en dernier lieu.

28 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

7) Le principe de la publicité des audiences souffre-t-il de


limites (le problème de compte rendu des procès en cours)?
En principe les débats ont lieu à l’audience publique dans l’intérêt de tous, y
compris le prévenu et l’accusé. Cependant, la loi est intervenue pour préserver
ces derniers de toute publicité humiliante en interdisant l’utilisation au
cours des audiences des appareils de photographie, de radio et télédiffusion.
C’est dans le même esprit que l’article 169 C.P. interdit de relater publiquement
une procédure judiciaire non définitivement jugée, dans les conditions telles
qu’il influence même non intentionnellement l’opinion d’autrui pour ou contre
l’une des parties.
La peine normalement encourue et un emprisonnement de 15 jours à trois
mois ou une amende de 10.000 à 100.000 F. Cette peine est aggravée lorsque
l’infraction est commise par voie de presse écrite, de radio ou de télévision.
Dans ce cas, elle est de 3 mois à 2 ans d’emprisonnement et une amende de
100.000 à 5 millions de francs.
L’article 198 du nouveau code pénal punit également d’une peine d’amende,
celui qui publie un compte rendu des débats dans lesquels le huis clos a été
ordonné ou des débats de juridiction pour enfant. Les peines sont doublées
si la publication est faite par voie de presse écrite, de radio ou de télévision.
8) A quel stade de procédure le mis en cause peut-il
demander sa liberté provisoire ?
« La mise en liberté peut être demandée en tout état de cause, par tout
inculpé, prévenu et accusé, et en toute période de la procédure «. En d‘autres
termes, le prévenu peut demander sa mise en liberté pendant l’instruction au
cabinet du juge d’instruction ou pendant le jugement (Tribunal, Cour d‘Appel,
Cour Suprême). Au cas où aucune juridiction n’est saisie par exemple parce
que l’affaire n’a pas encore été enrôlée à la Cour d’Appel ou à la cour suprême,
dans l’intervalle de deux audiences, la Chambre de Conseil peut statuer sur
la demande de mise en liberté.
9) Quelle est la procédure de demande de mise en
liberté ?
Il suffit d’adresser au juge d’instruction ou à la juridiction saisie, une requête
aux fins de mise en liberté. Il sera statué sur votre requête à l’audience,
le ministère public préalablement entendu. Dans votre requête aux fins de
mise en liberté sous caution, il est conseillé d’insister sur les garanties de

29
représentation que vous présentez et sur le fait que votre mise en liberté ne
peut nuire à la manifestation de la vérité.
10) Une personne sous mandat de détention provisoire
peut-elle demander une mise en liberté sous caution ?
Oui. Dans tous les cas où la mise en liberté n’est pas de droit, la mie en
liberté peut être subordonnée au paiement d’une caution déterminée par
le juge d’instruction, le tribunal ou la cour. Cette caution garantit surtout
la représentation de l’inculpé à tous les stades de la procédure ainsi que
l’exécution du jugement à intervenir.
En dehors de cette caution financière toute tierce personne solvable pourra
également être admise à prendre l’engagement de faire représenter l’inculpé
à toute réquisition de justice, ou à défaut, de verser au trésor la somme
déterminée.
11) Le mis en cause peut-il être à nouveau arrêté après sa
mise en liberté ?
Oui. Le juge d’instruction peut, toujours dans la suite de l’information
judiciaire, décerner contre le prévenu un mandat d’amener, d’arrêt ou de
détention provisoire, si des circonstances nouvelles et graves rendent
cette mesure nécessaire. De même, la juridiction qui a ordonné à une peine
d’emprisonnement ferme peut décerner contre lui, un mandat d’incarcération
(s’il est présent à l’audience) ou un mandat d’arrêt (s’il n’est pas présent à
l’audience).

K. L’ASSISTANCE JUDICIARE
1) Qu’est-ce que l’assistance judiciaire ?
L’assistance judiciaire est une faveur permettant à son bénéficiaire, partie
à un procès ou à un acte de juridiction gracieuse, d’obtenir le jugement ou
l’acte sollicité, ou l’exécution de ceux-ci avec dispense de l’avance de tout
ou partie des frais qu’il devrait normalement supporter. Les frais de justice
étant relativement élevés, toute personne qui doit intenter ou subir un
procès et qui n’a pas de ressources suffisantes, a la possibilité d’obtenir
gratuitement les services de tous les auxiliaires de justice (avocat, huissier)
et d’être exonéré des frais du trésor. Cette assistance et attribuée par des
commissions fonctionnant auprès de chaque juridiction.

30 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

2) Qui peut bénéficier de l’assistance judiciaire ?


Peuvent bénéficier de l’assistance judiciaire sous réserve de l’appréciation
souveraine de la commission de l’assistance judiciaire compétente :
a. Les indigents, les hommes de rang de toutes armes pendant la durée
de leur service ;
b. Les personnes assujetties au tarif du taux A de l’impôt forfaitaire ;
c. Les personnes assujetties à l’impôt minimum fiscal par an ;
d. Les personnes non concernées par les alinéas a, b et c ci-dessus
lorsque les frais à exposer ne peuvent être supportés par leur ressources
initialement suffisantes ;
e. L’épouse, mère d’enfant mineur en instance de divorce qui ne dispose
d’aucun revenu propre.
Cependant bénéficient de plein droit de l’assistance judiciaire :
1. Les travailleurs victimes d’un accident de travail pour les actions en
indemnités qu’ils engagent contre l’employeur ;
2. L’épouse sans emploi et sans ressources, abandonnée par son mari,
aux fins d’obtenir du tribunal une pension alimentaire pour elle-même
ou pour les enfants laissés à sa charge ;
3. Le condamné à mort, demandeur au pourvoi, dont la défense n’a pas
été assurée par un avocat devant la ou les juridictions inférieures.
3) Comment obtenir le bénéfice de l’assistance judiciaire ?
Toute personne qui sollicite l’assistance judiciaire s’adresse oralement ou par
écrit au secrétaire de la commission d’assistance judiciaire compétente, c‘est-
à-dire au greffier en Chef du tribunal de Première ou de Grande Instance,
du Tribunal Militaire, de la Cour d’Appel ou de la Cour Suprême selon le cas.
Doivent être joints à la demande sous peine d’irrecevabilité un extrait du
rôle pour les impositions ou un certificat de non-imposition ou encore un
certificat du chef de la circonscription administrative précisant le cas échéant
si le demandeur est soumis à l’impôt minimum forfaitaire.
Les décisions motivées de la commission mentionnent que l’assistance
judiciaire est accordée ou refusée. Dans les cinq jours du prononcé de la
décision, le secrétaire de la commission en donne avis par voie administrative
au demandeur. Les décisions de la commission ne sont susceptibles d’aucun
recours de la part des parties.

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4) Quels sont les effets de l’assistance judiciaire ?
--a) Quant aux instances :
L’assistance judiciaire s’étend de plein droit aux actes et procédures d’exécution
postérieurs à la décision actionnant l’instance pour laquelle elle a été accordée.
L’assistance judiciaire peut en outre être accordée pour tous actes et procédures
d’exécution poursuivis en vertu des décisions obtenues sans le bénéfice de
cette assistance.

--b) Quant aux frais :


L’assisté est dispensé du paiement total ou partiel des sommes dues au
trésor pour droit de timbre, d’enregistrement et de greffe, ainsi que de toute
consignation, sauf de la taxe prévue en cas de pourvoi.
Il est également dispensé du paiement total ou partiel des sommes dues aux
avocats, huissiers, notaires et commissaires-priseurs pour droit, émoluments
et honoraires.
Les actes de procédure faits à la requête de l’assisté sont visés sans timbre
et enregistrés en débet.

32 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

SECTION II. LA RESPONSABILITE DE L’OPJ PEN-


DANT L’ENQUETE PRELIMINAIRE ARTICLE 277 DU
CODE PENAL
A. Qu’est-ce qu’un OPJ ?
Un OPJ est un officier de police judiciaire. Il s’agit en général d’un gendarme
ou d’un policier qui a reçu une formation et l’a validée. Toutefois, le statut
d’OPJ peut être conféré par voie spéciale à d’autres catégories de cadres
d’administrations publiques. Mais pour exercer, ces derniers doivent au
préalable prêter serment devant le tribunal du lieu où ils agiront. Il en est
ainsi par exemple de certains agents chargés de recouvrement d’impôts.

B. Quels sont les risques encourus par les OPJ ?


Dans sa mission, il peut arriver que la responsabilité personnelle de l’OPJ soit
engagée pendant l’enquête préliminaire. En effet, aussi bien la législation
nationale que celle internationale prévoit des sanctions à l’encontre des OPJ.
Ainsi, outre les sanctions disciplinaires, une panoplie de sanctions pénales
est prévue.
Au niveau National : le Code Pénal
D’après l’article 277-3 du code pénal camerounais : Est puni d’un emprisonnement
à vie celui qui, par la torture, cause involontairement la mort d’autrui.
La peine est un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans lorsque la torture
à la victime la privation permanente de l’usage de tout ou partie d’un membre,
d’un organe ou d’un sens
La peine est un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et d’une amende
de cent mille (100.000) à un million (1.000.000) de francs lorsque la torture
cause à la victime une maladie ou une incapacité de travail supérieure à trente
(30) jours.
La peine est un emprisonnement de deux (02) à cinq(05) ans et d’une amende
de cinquante mille (50) à deux cent mille (200.000) francs lorsque la torture
cause à la victime soit une maladie ou une incapacité de travail égale ou
inférieure à trente jours, soit des douleurs et des souffrances mentales ou
morales.
Au niveau international : la Convention des Nations Unies contre la
Torture, et autres peines, traitements cruels, inhumains ou dégradants.

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C. L’interdiction TOTALE de la Torture Qu’entend-t-
on par « torture » ?
La Convention définit la torture comme « tout acte par lequel une douleur
ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement
infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce
personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou
une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider
ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce
personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle
qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées
par un agent de la fonction publique ou tout autre personne agissant à titre
officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce
terme ne s’étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de
sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles ».

D. L’irrecevabilité de « l’excuse » de l’obligation de


respect de l’ordre d’un Supérieur
Selon l’article 2 de la Convention Contre la Torture
1. Tout Etat partie prend des mesures législatives, administratives,
judiciaires et autres mesures efficaces pour empêcher que des actes
de torture soient commis dans tout territoire sous sa juridiction.
2. Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse
de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique
intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée
pour justifier la torture.
E. L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique
ne peut être invoqué pour justifier la torture.

34 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Selon la convention contre la torture, a son article 4 : Tout Etat partie
veille à ce que tous les actes de torture constituent des infractions au
regard de son droit pénal. Il en est de même de la tentative de pratiquer
la torture ou de tout acte commis par n’importe quelle personne qui
constitue une complicité ou une participation à l’acte de torture. Tout Etat
partie rend ces infractions passibles de peines appropriées qui prennent
en considération leur gravité. Tout Etat partie sur le territoire duquel se
trouve une personne soupçonnée d’avoir commis une infraction visée à
l’article 4 assure la détention de cette personne ou prend toute autre
mesure juridique nécessaire pour assurer sa présence. Cette détention et
ces mesures doivent être conformes à la législation dudit Etat. Elles ne
peuvent être maintenues que pendant le délai nécessaire à l’engagement
de poursuites pénales [article 6]

F. Qui saisir en cas de torture ?


Il faut au préalable porter plainte auprès du procureur de la république
territorialement compétent si l’auteur est un civil ou un policier. Si par contre
il s’agit d’un gendarme ou d’un militaire, alors la plainte doit être déposée
auprès du Commissaire du Gouvernement près le Tribunal militaire.
Si après un délai raisonnable, vous n’avez pas de suite, alors vous pouvez
saisir soit le Comité contre la Torture des Nations Unies ou directement le
Comité des droits de l’Homme.

35
CHAPITRE II : LA PROCEDURE
DEVANT LES JURIDICTIONS
REPRESSIVES
Les juridictions répressives ont pour mission de rechercher les auteurs des
infractions et de les punir conformément à la loi. Le code pénal contient
l’inventaire des infractions et leur définition. Il contient aussi l’énoncé des
peines correspondantes à chaque infraction. En fonction de la gravité de la
peine applicable à chaque infraction, on distingue 3 catégories d’infractions :

SECTION I : DOMAINE DE COMPETENCE MATERIELLE


DES JURIDICTIONS REPRESSIVES
A. LES CONTRAVENTIONS
Les contraventions sont des infractions punies d’un emprisonnement qui ne
peut excéder 10 jours ou d’une amende qui ne peut excéder 25.000F. Ainsi,
commet par exemple une contravention celui ou celle qui laisse divaguer
les déments dangereux qui sont sous sa garde, celui ou celle qui se trouve
en état d’ivresse manifeste dans un lieu public, les auteurs et complices de
rixes, voies de fait ou violences légères n’ayant pas entrainé une maladie ou
une incapacité de travail de plus de 8 jours ; les automobilistes qui circulent
à gauche de la chaussée, qui violent le feu rouge.

B. LES DELITS
Les délits sont des infractions punies d’une peine privative de liberté d’une
durée comprise entre 10 jours et 10 ans d’emprisonnement ou d’une amende
excédant 25.000F ces peines peuvent être fermes ou assorties de sursis.
Exemple : Le défaut d’assurance, l’outrage, le vol, le vagabondage, les fraudes
électorales, l’usurpation de titre.

C. LES CRIMES
Les crimes sont des infractions punies de mort ou d’une peine privative de
liberté dont le minimum est supérieur à 10 ans. Exemples : le vol aggravé,
l’assassinat, le viol.

36 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

SECTION II : PROCEDURES DE SAISINE DES TRIBU-


NAUX REPRESSIFS
A. COMPETENCES DES TRIBUNAUX REPRESSIFS
Sur le plan territorial, le tribunal compétent est selon le cas celui du domicile
du prévenu, du lieu de la commission de l’infraction, du lieu de l’arrestation
du prévenu ou de celui du lieu où il est en prison.
S’agissant de la compétence d’attribution, les infractions peuvent selon le
cas relever de la compétence du tribunal correctionnel ou de simple police
s’il s’agit d’un délit ou d’une contravention, ou du tribunal criminel s’il s’agit
d’un crime.
Il convient de noter que le tribunal criminel ne peut pas être saisi directement
par la victime de l’infraction, les affaires criminelles passant obligatoirement
par l’information judiciaire.

B. DELAIS DE SAISINE DES JURIDICTIONS


REPRESSIVES
Ces délais varient selon la gravité de l’infraction. Ils sont de :
• Un an pour les contraventions
• Trois ans pour les délits
• Dix ans pour les crimes
Le point de départ de ces délais est le jour de la commission de l’infraction.
Mais il peut être interrompu par les plaintes avec une constitution de partie
civile ou une citation directe. Au-delà de ces délais, si aucun acte n’a été
posé, on dit qu’il y a prescription.

C. MECANISMES DE SAISINE DES TRIBUNAUX


REPRESSIFS
1) La saisine directe
La saisine directe se fait par un acte appelé justement citation directe.
Concrètement, la victime contacte un huissier et lui expose les faits qu’il
reproche à son adversaire. L’huissier cite cet adversaire, c’est-à-dire le
convoque à comparaitre devant le tribunal correctionnel s’il s’agit d’un délit
ou de simple police s’il s’agit d’une contravention, à un jour et une heure
déterminés pour s’entendre statuer sur les faits qui lui sont reprochés.

37
Avant d’opter pour la voie de la citation directe, il faut vous assurer que vous
détenez les preuves suffisantes sur l’infraction, de façon qu’il ne soit plus
nécessaire de procéder à une instruction. En outre les tribunaux ne recevront
votre citation que si vous avez la filiation de votre adversaire et ne jugeront
que lorsque vous aurez consigné au greffe, à titre des frais de justice, une
certaine somme dont le montant est fixé par le magistrat chargé de l’affaire
à la première audience.
2) La saisine indirecte
La saisine indirecte se fait par plainte avec ou sans constitution de partie
civile.
a) la plainte avec constitution de partie civile
La plainte avec constitution de partie civile est adressée au juge d’instruction
compétent. Lorsqu’il reçoit la plainte, le juge d’instruction en dresse procès-
verbal et fixe par ordonnance un montant à consigner par le plaignant en
vue de supporter les frais de la procédure, puis communique la plainte au
procureur de la république pour son réquisitoire après paiement de ladite
consignation. Lorsque le dossier accompagné du réquisitoire du procureur de
la république est retourné au juge d’instruction, celui-ci apprécie les suites
à donner à l’affaire et peut ouvrir une information judiciaire ou simplement
entendre la ou les personnes mises en cause en qualité de témoins. Cette
information judiciaire lui permet de réunir les preuves de l’infraction qu’on
appelle charges en procédant notamment à l’audition des parties et des
témoins. Il peut également avoir recours aux experts, décerner des commissions
rogatoires, c›est-à-dire ordonner à la police judicaire ou donner à un autre
magistrat mandat de procéder, sous son contrôle et selon ses directives à
des mesures d’instruction.
Le juge d’instruction dispose de plusieurs moyens pour accomplir sa mission :
• Il peut placer l’inculpé sous contrôle judiciaire, c’est à dire le laisser
en liberté mais en lui imposant certaines contraintes, par exemple lui
interdire de quitter la ville ;
• Il peut décerner divers mandats :
-- mandat de comparution, pour mettre l’inculpé en demeure de se
présenter devant lui aux dates et heures indiquées par le mandat ;
-- mandat d’amener, pour ordonner à la force publique de conduire
devant lui l’inculpé ;
-- mandat de détention provisoire, pour ordonner au régisseur de la
prison de recevoir l’inculpé qu’il place en détention provisoire ;

38 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

-- mandat d’arrêt, pour ordonner à la police et à la gendarmerie de


rechercher un inculpé en fuite et de le conduire devant lui pour
l’entendre ;
Lorsque le juge d’instruction considère que l’information judiciaire est terminée,
il peut, après avoir communiqué le dossier au procureur de la république
pour son réquisitoire définitif, rendre :
• une ordonnance de non-lieu s’il n’a pu réunir assez de charges et estime
qu’il n’y a pas lieu de saisir la juridiction de jugement ou qu’il n’y a
pas d’infraction ;
• une ordonnance de renvoi s’il pense avoir rassemblé assez d’éléments
de preuve ou charges ;
• une ordonnance de dessaisissement.
Ces ordonnances peuvent être contestées devant la chambre de contrôle de
l’instruction de la cour d’appel. Elles doivent être contestées par la partie
civile et le détenu dans un délai de 48 heures à compter du lendemain du
jour de la notification qui leur est faite de l’ordonnance par le greffier.
Devant le juge d’instruction, l’inculpé peut se faire assister d’un conseil.
Il peut bénéficier d’une mise en liberté ordonnée soit à sa demande, soit
d’office par le juge d’instruction.
Lorsque le juge d’instruction est saisi d’une demande de mise en liberté, il est
tenu de rendre une ordonnance dans les cinq jours de sa saisine. L’ordonnance
ainsi rendue doit être notifiée sans délai à l’inculpé. En cas de rejet de sa
demande, l’inculpé peut saisir la cour d’appel. La cour d’appel ainsi saisie
doit statuer dans les 10 jours de sa saisine.
Lorsqu’un individu est détenu ou emprisonné illégalement ou sans titre, il
peut adresser au Président du Tribunal de Grande Instance une requête en
libération immédiate ou Habeas Corpus.
Il y’a détention illégale lorsque celle-ci n’est prévue par aucun texte. Ainsi, il
a été jugé qu’est illégale la détention d’une personne dont le comportement
n’est aucunement répréhensible ou lorsqu’une procédure irrégulière a été
employée à son encontre.
Le défaut de titre de détention vise tous les cas où la personne est détenue
arbitrairement sans aucun ordre. C’est le cas par exemple lorsqu’une personne
est gardée à vue au-delà de 48 heures sans autorisation du Procureur de la
République. Ou lorsque la garde à vue est ordonnée par une autorité non
habilitée à cet effet, par exemple un simple agent de police judicaire.

39
Attention : si vous déposez une plainte avec constitution de partie civile,
vous devez verser une certaine somme d’argent appelée consignation, pour
les frais de procédures. Cette somme vous sera restituée à la fin du procès si
votre adversaire est condamné.
b) La plainte simple
La plainte simple est adressée à un commissariat de police, à la brigade de
gendarmerie la plus proche du lieu de commission de l’infraction, auprès de
l’autorité administrative locale ou auprès du Procureur de la République du
lieu où l’infraction a été commise.
Si vous avez déposé votre plainte à la police ou à la gendarmerie, les policiers
ou les gendarmes procèdent aux enquêtes préliminaires et transmettent au
Procureur de la République le dossier accompagné le cas échéant du suspect
au cas où l’infraction leur parait constituée et grave. Quand ce dossier parvient
au Procureur de la République, il a le choix entre 5 possibilités :
• demander à la police ou à la gendarmerie un complément d’enquête
• classer la plainte sans suite, c’est-à-dire refuser de continuer d’enquêter
en estimant par exemple que les faits invoqués ne constituent pas une
infraction ou qu’il n’est pas opportun de renvoyer l’auteur de l’infraction
devant le tribunal. Dans ce cas, vous pouvez vaincre son inertie en
saisissant le tribunal par voie de citation directe s’il s’agit d’un délit
ou d’une contravention.
• Citer directement le suspect devant le tribunal s’il estime qu’il y a bien
infraction (qu’il s’agisse d’un délit ou d’une contravention et non d’un
crime) et que les faits sont simples.
• Saisir le tribunal selon la procédure de flagrant délit (procès-verbal
d’interrogatoire au parquet en cas de flagrant délit) au cas où les
faits invoqués constituent une infraction qui, suivant la loi, peut être
poursuivie selon la procédure de flagrant délit.
• Requérir l’ouverture d’une information judiciaire si l’affaire est un crime
ou lui paraît complexe. Cette information permettra de recueillir tous
les renseignements utiles à la découverte de la vérité en vue de donner
une suite convenable à la plainte.

40 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

SECTION III : VOIES ET RECOURS CONTRE LES JU-


GEMENTS DES TRIBUNAUX REPRESSIFS
Les parties peuvent ne pas être d’accord avec la décision rendue par le
tribunal ou la Cour et vouloir la soumettre à une nouvelle appréciation. Elles
disposent de trois voies pour remettre cette décision en cause : l’opposition,
l’appel et le pourvoi en cassation. A ces trois voies de recours traditionnel
il faut ajouter la révision.

A. L’OPPOSITION
1) Qui peut faire opposition ?
La partie qui a été absente à un procès peut faire revenir l’affaire devant le
même juge pour qu’il la juge à nouveau. Cette voie de recours est ouverte
aux autres parties au procès pénal à l’exclusion du Ministère Public qui ne
peut pas être absent devant une juridiction répressive. Cependant, le juge
peut malgré votre absence, rendre une décision contradictoire à votre égard
si vous avez reçu personnellement la citation. L’opposition rend le premier
jugement nul.
2) Quels sont les Formes et les délais de l’opposition ?
L’opposition se fait par déclaration écrite ou orale au greffe de la juridiction
qui a rendu la décision attaquée.
Les délais varient suivant que la notification est faite à une personne
résidant au Cameroun ou à l’étranger: quand la personne condamnée réside au
Cameroun, le délai d’opposition est de 10 jours à compter de la signification
à sa personne de la décision par défaut. Il est de trois mois à compter du
lendemain de la signification faite à personne à l’étranger.

B. L’APPEL
1) Quel est l’Effet de l’appel ?
L’appel permet à une des parties au procès de provoquer un nouvel examen
de l’affaire par une juridiction hiérarchiquement supérieure à celle qui a
rendu le 1er jugement.
2) Délai et forme de l’appel
L’appel contre un jugement pénal doit être fait dans les 10 jours à compter du
lendemain de son prononcé s’il est contradictoire; s’il est par défaut, le délai d’appel
commence à courir le lendemain de la date d’expiration du délai d’opposition.

41
L’appel se fait par déclaration au greffe de la juridiction qui a statué. Il peut
même être fait par lettre ou télégramme à condition d’être régularisé par la
suite au greffe du tribunal.

C. LE POURVOI EN CASSATION
C’est une voie de recours par laquelle une des parties au procès demande
à la Cour Suprême d’annuler un arrêt qu’elle estime avoir été rendue en
violation de la loi.
1) Forme et délai du pourvoi
Le pourvoi en cassation est fait par déclaration au greffe de la Cour suprême
ou de la Cour d’Appel qui a statué, par télégramme avec récépissé, par lettre
recommandée avec accusé de réception ou par tout autre moyen laissant
trace écrite et ayant une date certaine, adressé au Greffier en chef de l’une
de ces juridictions.
Il doit intervenir en principe dans les 10 jours à compter du lendemain du
prononcé de l’arrêt s’il est contradictoire. Ce délai est de 30 jours à compter
du lendemain du jour où l’opposition n’est plus recevable lorsqu’il s’agit d’un
arrêt par défaut. Du lendemain du jour où le jugement est devenu définitif
lorsqu’il s’agit des décisions rendues en dernier ressort par les tribunaux.
2) Quel est l’Effet du Pourvoi ?
La Cour Suprême statuant en matière pénale juge en droit et en fait, et
peut de ce fait évoquer et statuer si elle estime qu’il y a eu une mauvaise
appréciation des faits ou une mauvaise application de la loi (article 527 du
Code de Procédure Pénale). Si elle estime que la Cour d’Appel a bien appliqué
la loi, elle rejette le pourvoi et l’arrêt devient définitif.

D. LA REVISION DU PROCES PENAL


1) Cas de procès devant obtenir la révision
En matière pénale, un condamné peut, lorsque les voies de recours traditionnelles
(opposition, appel, pourvoi en cassation) sont épuisées, demander que l’affaire
soit révisée, c’est-à-dire qu’elle soit annulée et rejugée. Cette demande de
révision peut aboutir dans 4 cas énumérés par la loi :
• Lorsqu’après une condamnation pour homicide, de nouvelles pièces
produites sont de nature à prouver que la prétendue victime de l’homicide
est encore en vie ;

42 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

• Lorsqu’après une condamnation pour crime ou délit, il a été établi


que le condamné était innocent, même s’il est responsable de l’erreur
judiciaire commise ;
• Lorsqu’une personne autre que le condamné a reconnu, devant des
témoins dignes de foi, être l’auteur du délit ou du crime, et a confirmé
ses aveux devant un officier de police judiciaire ;
• Lorsqu’après une condamnation, de nouvelles pièces ou des faits nouveaux
de nature à établir l’innocence du condamné sont découverts.
Le droit de demander la révision est accordé au ministre de la justice, au
condamné ou son représentant légal en cas d’incapacité, et après sa mort ou
en cas d’absence juridiquement constatée, à toute personne ayant intérêt à
agir à ces fins (Art. 537 CPP). Aucune condition de délai n’est exigée pour
l’introduction d’une demande en révision.
2) Destinataire de la demande de révision
La demande de révision, accompagnée d’une copie de la décision attaquée
et de toutes pièces utiles, est adressée au Procureur Général près la Cour
Suprême qui met le dossier en état et en saisit la Cour.
La Cour Suprême saisie d’une demande de révision peut la rejeter ou y faire
droit. L’examen des demandes en révision est fait par la Chambre Judiciaire
de la Cour Suprême siégeant en Sections Réunies. Si l’affaire est recevable et
en état, soit elle rejette la demande, soit elle annule la décision attaquée, et
peut selon le cas relaxer ou acquitter le condamné. Elle peut ordonner toutes
mesures d’instruction utiles au cas où l’affaire n’est pas en état.
3) Conséquence de la révision
Lorsque la décision ayant condamne le demandeur en révision est annu-
lé ?

L’erreur judicaire ainsi reconnue donne droit à une réparation morale et


pécuniaire.
• La réparation morale consiste dans la publication de la décision annulant
la première entachée d’erreur. Cette publication se fait par affichage
dans toutes les mairies de son choix, et par extraits dans les journaux
d’annonces légales indiqués dans l’arrêt par la Cour Suprême. Les frais
de ces publications sont à la charge du Trésor Public.
• L’allocation des dommages intérêt aux victimes d’erreurs judicaires ;
• La réparation pécuniaire consiste à verser au condamné ou à ses ayants
droits, s’il est décédé, des sommes d’argent en préparation du préjudice

43
que l’erreur judicaire lui a causé. Ces dommages intérêts sont à la charge
de l’Etat qui peut se retourner contre le dénonciateur ou le faux témoin
par la faute de qui la condamnation entachée d’erreur a été prononcée.
E. Les voies de recours en cas de détention
arbitraire/détention abusive
Une détention est dite arbitraire lorsque autorité prive de liberté une
personne sans base légale. En cela, cette détention constitue un délit, une
atteinte aux droits de l’homme. Le code de procédure pénale prévoit des
mécanismes de recours permettant au justiciable de contester la légalité
de son arrestation ou de sa détention et éventuellement d’obtenir son
élargissement. Comme recours nous avons : La libération immédiate ou
habeas corpus qui permet à toute personne privée de liberté de saisir
un juge afin que ce dernier statue à bref délai sur la légalité de son
arrestation ou de sa détention et ordonne sa libération immédiate si la
détention est illégale. Le recours en indemnisation consacré par l’article
236 du code de procédure pénale qui dispose que toute personne ayant
fait l’objet d’une garde à vue abusive peut, lorsque la procédure aboutit
à une décision de non-lieu ou d’acquittement devenue irrévocable obtenir
une indemnité si elle établit qu’elle a subi du fait de sa détention un
préjudice actuel d’une gravite particulière.

SECTION IV. LE TRIBUNAL MILITAIRE


L’organisation des tribunaux militaires qui sont des juridictions à compétence
spéciale est régie par la loi N°2008/015 du 29 décembre 2008 portant
organisation judiciaire militaire et fixant les règles de procédure applicables
devant les tribunaux militaires.

A. Comment est organisé le Tribunal Militaire ?


Il existe un tribunal militaire par région. Toutefois, le Président de la
République peut par décret et en cas de nécessité de service soit en créer
un autre ou alors étendre le ressort d’un tribunal déjà en place à plusieurs
régions.
En lieu et place du Procureur de la République, le parquet du Tribunal Militaire
est piloté par un Commissaire du Gouvernement assisté d’un ou plusieurs
substituts.

44 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Il siège au chef-lieu de la région, et lorsque l’audience a lieu hors son siège,


on parle alors d’audience foraine.

B. Quels sont les domaines de compétence du


Tribunal Militaire 
Le tribunal militaire est compétent pour connaitre des affaires purement
militaires prévues par le code de justice militaire, des infractions de toutes
natures commises par un militaire avec ou sans coauteurs ou complices
civils, soit à l’intérieur d’un service militaire, soit dans l’exercice de leurs
fonctions, des infractions impliquant l’usage des armes à feu tel que le vol
avec port d’armes à feu, des infractions à la législation des armes de guerre
et de défense, des infractions où se trouverait impliqué un militaire en tant
de guerre ou dans une région soumise à l’état d’urgence ou d’exception,
des infractions commises dans un établissement, sur des équipements,
des installations militaires par un civil, des infractions portant atteinte à
l’intégrité physique d’un militaire, des actes de terrorisme.
De manière plus exhaustive les compétences «rationae personae et
materiae » autorisent le tribunal militaire pour connaitre :
• des infractions purement militaires prévues par le code de justice
militaires ;
• des infractions de toute nature commises par des militaires avec ou
sans co-auteurs ou complices civils, soit à l’intérieur d’un établissement
militaire, soit dans l’exercice de ses fonctions.
• des infractions à la législation sur les armes à feu de guerre ou de
défense ;
• du vol avec port d’arme à feu ;
• des infractions de toute nature où se trouve impliqué un militaire ou
assimilé, perpétré en temps de guerre ou dans une région soumise à
l’état d’urgence ou d’exception ;
• des infractions de toutes nature commises par des personnes civiles
dans un établissement militaire ayant soit occasionné des dommages
aux équipements militaires, soit porté atteinte à l’intégrité physique
d’un militaire ;
• de toutes les infractions relatives à l’achat, la vente, la confection, la
distribution, le port ou la détention d’effets ou insignes militaires tels
que définis par des règlements militaires.
• de toutes les infractions relatives à celles prévues ci-dessus.
• des actes de terrorisme ;

45
C. Quelles sont les exceptions à cette compétence
rationae personae et materiae ?
Toutefois les mineurs de quatorze (14) à dix-huit (18) ans, auteurs ou complices
des faits visés à l’article 7 sont justiciables des juridictions de droit commun.
De même, les étrangers auteurs ou complices des faits visés à l’article 7, sont
justiciables du tribunal militaire sous réserve des conventions internationales
prévoyant un privilège de juridiction ou des règles relatives aux immunités
diplomatiques.

D. Qui peut être traduit devant le tribunal


Militaire ?
Les militaires, les civils qui auraient agi en tant que coauteurs, ou encore
qui auraient commis des infractions tels que prévues par la loi de 2008 et
la Loi N°2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de
terrorisme, mais également les étrangers auteurs ou complices des faits visés
par l’article 7 sous réserve des conventions internationales renvoyant à un
privilège de juridiction ou des règles relatives aux immunités diplomatiques,
à l’exclusion cependant des personnes âgées de moins de 18 ans.

E. Quelles sont les procédures devant le Tribunal


Militaire ?
1) l’étape de l’enquête ou recherche des preuves
Lorsque l’infraction qui a été commise relève des infractions purement militaires
telles que prévues par le code de justice militaire ou est une infraction de toute
nature commise par des personnes civiles dans un établissement militaire ayant
soit occasionné des dommages aux équipements ou installations militaires,
soit porté atteinte à l’intégrité physique d’un militaire, alors elle doit être
constatée sur procès-verbal par un officier de police judicaire militaire.
les autres infractions quant à elles seront constatées par les officiers de police
judiciaire civils ou militaires qui effectuent leurs opérations conformément aux
règles de droit commun et sont tenus de transmettre sans délai les originaux
des procès-verbaux d’enquête préliminaire au du ministre chargé de la justice
militaire et d’en adresser la copie au commissaire du gouvernement ainsi
qu’au procureur général près de la cour d’Appel du ressort.

46 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

2) La mise en mouvement et l’exercice de l’action publique 


C’est le ministre chargé de la justice militaire, en l’occurrence le Ministre de
la Défense, qui déclenche l’action publique en délivrant soit un ordre de mise
en jugement direct s’il estime que l’affaire est en état d’être jugée, soit un
ordre d’informer s’il juge que l’affaire nécessite une information préalable :
L’information judiciaire étant obligatoire en matière de crime.
Il revient au commissaire du Gouvernement qui agissant comme le procureur
de la République d’exercer l’action publique, il peut aussi sous autorité du
ministre en charge de la justice militaire requérir par écrit puis oralement l’arrêt
des poursuites pénales à tout stade de la procédure et avant l’intervention
d’une décision au fond lorsque ces poursuites sont de nature à compromettre
l’intérêt social ou la paix publique.
3) Le Président de la République dans la procédure devant
le TM
Le Président de la République peut prescrire au ministre en charge de la
justice militaire d’arrêter à tout moment avant le prononcé du jugement
toute poursuite pénale devant le tribunal militaire ; arrêt qui n’empêche pas
la reprise des poursuites en cas de nécessité.
Bien que les poursuites soient arrêtées et main levée des mandats décernés
contre les bénéficiaires de l’arrêt des poursuites donnée, le juge d’instruction
ou la juridiction de jugement continue l’instruction ou l’examen de l’affaire
sur l’action civile.
4) la procédure devant la juridiction de jugement 
Les juridictions militaires sont saisies par ordre de mise en jugement direct
du ministre en charge de la justice militaire, par ordonnance de renvoi du
juge d’instruction ou encore par un arrêt de renvoi de la chambre de contrôle
de l’instruction de la Cour d’Appel.
5) les voies de recours au niveau du tribunal militaire 
Les voies de recours sont les mêmes que celles prévues devant les juridictions
de droit commun en ce qui concerne les ordonnances rendues par le juge
d’instruction.
Les jugements du tribunal militaire sont susceptibles d’opposition ou d’appel
et sont portés devant la cour d’Appel territorialement compétente.

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48 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

DEUXIEME PARTIE : APPAREIL


JUDICIAIRE ET ACCES A LA
JUSTICE

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Il est généralement observé une certaine confusion lorsqu’il s’agit d’identifier
les acteurs dans le système judicaire camerounais. Le para-juriste, le mandataire
ou tout autre citoyen est donc appelé à connaitre les arcanes ethnologiques
des hommes de justice à travers leurs appellations, leurs attributions et leurs
responsabilités. Pour en faciliter l’appropriation, l’organisation judiciaire au
Cameroun et la procédure ont été schématisées.

50 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

CHAPITRE I : LE SYSTEME


JUDICAIRE CAMEROUNAIS

SECTION I  : LES ACTEURS DE L’APPAREIL JUDI-


CIAIRE
A. LE MINISTRE DE LA JUSTICE GARDE DES SCEAUX
C’est la hiérarchie administrative et gouvernementale du système judicaire
au Cameroun notamment pour ce qui est du parquet. Toutefois la plus haute
autorité du système Judiciaire en termes de pouvoir reste le Premier Président
de la Cour Suprême.

B. LES MAGISTRATS
Le terme Magistrats désigne l’ensemble des hommes et femmes qui ont la
charge de dire le droit dans les différents tribunaux. Cependant il convient
de distinguer deux grandes catégories de magistrats : les magistrats du siège
ou juges et les magistrats du parquet ou procureurs de la République.
1) Les magistrats du siège ou juges
Ils ont la mission et le pouvoir de juger, c’est-à-dire de trancher les litiges en
rendant des jugements. Comme ils remplissent cette fonction étant assis sur
le siège, on les appelle communément magistrats assis. Ils rendent la justice
au « nom du Peuple Camerounais » et statuent le plus souvent seuls (juge
unique). Mais dans certains cas prévus par la loi, ils peuvent être assistés
de deux assesseurs, magistrats ou non.
2) Les magistrats du parquet ou procureurs de la
République encore appelés Ministère Public
Ils n’ont pas la mission de juger. Ils ne participent pas au délibéré. Ils sont
essentiellement les agents du pouvoir exécutif auprès des tribunaux, ayant
pour mission de veiller au respect du droit et de l’ordre public. Leur mission
est donc de défendre la société, d’en être les avocats et de demander au
juge (magistrat du siège) d’appliquer les lois. Comme ils se lèvent quand
ils prennent la parole à l’audience c’est-à-dire quand ils requièrent, on les
désigne communément sous l’appellation de « magistrats débout ».

51
C. LES AVOCATS
L’avocat est un auxiliaire de justice qui a pour mission d’assister et de
représenter les parties en justice, de postuler, conclure et plaider pour
elles, de leur donner des consultations juridiques, de poursuivre l’exécution
des décisions de justice, notamment engager et suivre toute procédure
extrajudiciaire, recevoir les paiements et donner quittance, accomplir aux
lieu et place des parties, des actes de procédures.

D. LES NOTAIRES
Les notaires sont des officiers publics dont le rôle essentiel est de recevoir les
actes et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner un caractère
authentique, c’est-à-dire leur donner force de preuve. Ils garantissent la date
de ces documents, les conservent et peuvent en délivrer les copies appelées
grosses ou expéditions.
1) les attributions des notaires
Aux termes de la loi, devront être établis à peine de nullité en forme notariée
entre autres :
• Tous les actes constitutifs, déclaratifs, translatifs, extinctifs de droits
réels immobiliers ;
• Tous les actes déterminant ou modifiant l’étendue, la consistance ou
le mode de jouissance de ces droits, à l’exception des baux d’une durée
inférieurs à 3 ans ;
• Toutes les attestations en constatant la mutation par décès testamentaire
ou ab-intestat ;
• En ce qui concerne les statuts des sociétés commerciales, ils doivent être
établis par acte notarié ou par acte offrant des garanties d’authenticité
de l’Etat du siège de la société et déposés avec reconnaissance d’écritures
et de signatures de toutes les parties au rang des minutes d’un notaire.
Ils ne peuvent être modifiés qu’en la même forme (Art 10 Acte Uniforme
OHADA relatif au droit des sociétés commerciales).
Tous les actes notariés font foi en justice de la convention qu’ils renferment
entre les parties contractantes et leurs héritiers ou ayants cause.
Lorsque l’acte notarié est revêtu de la formule exécutoire, il est exécutoire
dans toute l’étendue de l’Etat du Cameroun, au même titre qu’une décision
de justice.

52 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

E. LES HUISSIERS DE JUSTICES, COMMISSAIRES


PRISEURS
1) attributions des huissiers de justice
Les huissiers de justice sont des officiers ministériels chargés de multiples
fonctions en tant qu’auxiliaires de justice. Il s’agit entre autre :
• De la signification des exploits et des actes de procédure. L’huissier
porte à la connaissance de la personne à laquelle ils sont destinés les
exploits et actes de procédure rédigés par lui-même ou par d’autres
auxiliaires de justice ou par le juge.
• De l’exécution forcée des décisions de justice : l’huissier a seul qualité
pour procéder aux saisies et assurer l’exécution des décisions de justice ;
• Du service intérieur des cours et tribunaux : certains huissiers sont
choisis par des cours et tribunaux pour assister aux audiences. Ils y
maintiennent l’ordre sous l’autorité du président ;
• De procéder au recouvrement amiable ou judicaire de toute créance ;
• De procéder à la requête des particuliers à des constatations purement
matérielles, exclusives de tout avis sur les conséquences de fait ou de
droit qui peuvent en résulter.
La compétence de l’huissier est limitée au ressort de la juridiction dans
laquelle il est installé.

F. LES GREFFIERS 
Ce sont les auxiliaires de justice les plus proches du juge puisqu’ils sont chargés
tout au long de l’instance judiciaire de garantir le respect et l’authenticité
de la procédure. Maillon essentiel du fonctionnement de la justice, le greffier
enregistre les affaires, prévient les parties des dates d’audiences et de clôtures,
prépare les dossiers pour les magistrats, prend note du déroulement des débats
sauf en matière pénale où le plumitif est tenu par le juge, rédige les procès-
verbaux, mets en forme les décisions etc. Tout acte accompli à son absence
peut être frappé de nullité. Le greffier joue un rôle d’intermédiaire entre les
avocats, le public et les magistrats. Il renseigne, oriente et accompagne les
usagers dans l’accomplissement des formalités ou procédures judiciaires.

G. LES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE (OPJ) 


Les OPJ sont chargés en tant qu’auxiliaires du procureur de la République de
constater les infractions, d’en rassembler les preuves, d’en rechercher les auteurs
et complices et le cas échéant de les déférer au parquet. Ils peuvent recourir
à certains moyens de coercition, aux gardes à vue, perquisitions et saisies.

53
Ils exercent ces prérogatives dans un cadre juridique particulièrement précis
et sous le contrôle de l’autorité judiciaire gardien de la liberté individuelle.

H. H-LES AUTRES ACTEURS DU SYSTEME JUDICIAIRE :


PRESENTATION ET ROLE
1/ Experts judiciaires : Ce sont des professionnels et habilités chargés
de donner aux juges un avis technique sur les faits enfin d’apporter des
éclaircissements sur une affaire. Les experts sont choisis sur une liste nationale.
L’expertise judiciaire est une mesure d’instruction ordonnée par une décision
judiciaire soit d’office, soit à la demande des parties. Ils rendent un rapport
technique sans donner aucun avis sur le problème de droit soulevé par le litige.
L’expertise judiciaire s’inscrit dans le cadre du droit de la preuve, sa mission
est de procéder à des constatations et à donner un avis d’ordre technique
afin d’aider le juge à trancher un litige. Au cours de l’expertise, les parties
peuvent demander au juge d’instruction ou au juge de prescrire à l’expert
d’effectuer certaines recherches ou d’entendre toute personne nommément
désignée, susceptible de fournir des renseignements d’ordre technique.
2/Un traducteur juridique : C’est une personne qui transpose des textes
d’une langue dans une autre langue. Il traduit les écrits et modifie la langue
des écrits. Les traducteurs juridiques sont spécialisés dans la traduction des
textes juridiques et travaillent sur un grand éventail de documents : Les
contrats, les lois, les jugements, les ouvrages juridiques, les testaments.
3/Les interprètes : L’interprète joue un rôle important dans le système
judiciaire ; son expertise fait tomber des barrières. Elle permet à tous les
justiciables de faire valoir leur droit devant les tribunaux peut importe la
langue qu’ils parlent. Le rôle de l’interprète dans un tribunal permettra que
les personnes qui ne parlent pas la même langue puissent se comprendre.
Exemple : Si un témoin ne parle que sa langue maternelle, l’interprète écoute
ce qu’il dit et le traduit à voix haute en français ou en anglais. Il doit le faire
de manière neutre sans prendre parti. Les interprètes judiciaires expriment
oralement dans une autre langue ce qui est dit. Ils aident les juges, les
avocats, les policiers, les accusés et tous les autres qui se heurtent à une
barrière linguistique.

54 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

SECTION II  : LA SAISINE DES JURIDICTIONS AU


CAMEROUN
Le citoyen a très souvent, que dis-je trop souvent de peine pour saisir
la justice en cas d’atteinte à ses droits juridiquement protégés. Plusieurs
questions doivent nécessairement être abordées pour mieux outiller ce
citoyen en difficulté.

A. Comment garantir la recevabilité de sa plainte ?


Le principe de base en droit s’organise autour du triptyque capacité, intérêt
et qualité. En effet, il faut la capacité pour agir, l’intérêt pour agir et la
qualité pour agir. L’absence de l’une de ces conditions peut conduire au rejet
de la plainte pour des questions de forme.
• * Concernant la capacité, seules les personnes majeures c’est-à-dire
âgées de 21 ans au moins sont aptes à agir personnellement en justice.
En clair, les mineurs ne peuvent agir que par l’intermédiaire de leurs
représentants légaux que sont les parents ou les tuteurs légaux. Il en est
de même pour les personnes atteintes de troubles mentaux qui peuvent
agir personnellement mais à condition d’être assistées d’un curateur.
• * Concernant l’intérêt à agir, il est important de s’assurer que l’action que
vous intentez vous procurera un avantage au cas où le juge reconnaîtrait
comme légitime votre prétention.
• * S’agissant de la qualité pour agir, Il est impératif de s’assurer de
disposer ou de se prévaloir d’un titre pour agir ; par exemple : titulaire
du droit litigieux, représentant ou mandataire de ce titulaire du droit
litigieux, son créancier ou son héritier.
1) Quelle juridiction saisir ?
L’une des raisons principales d’irrecevabilité est le choix d’une juridiction
incompétente pour une cause. Il est donc important de bien se renseigner
pour s’assurer que votre plainte est adressée à la bonne juridiction. Ceci
éviterait une perte de temps et même souvent d’argent ne pouvant conduire
qu’au rejet de la demande pour cause irrecevabilité.
Enfin il faut signaler qu’au Cameroun la Coutume est appliquée par deux
tribunaux: le Tribunal du Premier Degré et le Tribunal Coutumier.

55
SECTION III  : ORGANISATION SCHEMATIQUE DE
L’APPAREIL ET IIIDES
SECTION PROCEDURES
: ORGANISATION JUDICAIRES
SCHEMATIQUE DE AU
L’APPAREIL ET DES PROCEDURES JUDICAIRES AU
CAMEROUN
CAMEROUN

Schema 1 : l’organisation judiciaire Au Cameroun


SCHEMA 1 : L’ORGANISATION JUDICIAIRE AU CAMEROUN

ETAT Cour suprême


Juridiction de
Cassation

Cours d’appel Juridiction


Région d’appel

Tribunaux de
Grande
Département Instance

Tribunaux de Tribunaux de Tribunaux Juridiction de 1er


Première Premier Coutumiers Degré
Arrondissement Instance Degré

Schema22 :
SCHEMA voiesDE
: VOIES de RECOURS
recours enEN
matière pénale
MATIERE PENALE
Vous êtes convoqué devant le tribunal

Vous êtes présent à Vous êtes absent à


40
l’audience l’audience
Le Guide du Justiciable Tome I

Le jugement sera Le jugement sera par


contradictoire défaut

Vous avez 10 jours pour


Vous avez 10 jours pour faire opposition à
faire appel à compter du compter du lendemain
lendemain du prononcé de la signification
de la décision

Vous avez 10 jours Vous avez 10 jours


pour faire appel pour faire appel

Vous êtes présent


Vous êtes à
nouveau absent

L’opposition n’est Le jugement sera


plus recevable contradictoire

Le délai d’opposition est de 5 jours pour les crimes et


délits, 3 jours pour les contraventions.
1- Le délai d’opposition est de 5 jours pour les crimes et délits, 3 jours pour les
contraventions.
56 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

CHAPITRE II : LES FRAIS


GENERAUX DE PROCEDURE ET
DE SAISINE DES JURIDICTIONS
ET LES ACTES DE JUSTICE
Très souvent les citoyens se détournent des tribunaux à cause des frais de
justice, qui à tort ou raison sont jugés élevés. Pourtant la réglementation
en la matière est très peu connue du grand public. Le para-juriste est de ce
fait appelé à maitriser cette réglementation en matière des frais de justice.
C’est ce qui justifie la nécessité de cette 3ème partie.
En effet, il convient de bien connaitre ce que légalement le justiciable est
tenu de payer à titre de frais de justice. En effet, très souvent leur évaluation
fait l’objet de nombreux contentieux qui opposent avocats et clients, huissiers
et justiciables.

SECTION I : FRAIS DE PROCEDURE ET DE SAISINE


Les frais de justice comprennent : les frais et honoraires dus aux greffes
des juridictions et aux auxiliaires de justice (avocats, huissiers et parfois
notaires). Nous ne citerons ici que les principaux frais, en particulier ceux
qui sont obligatoires et qui sont plus constants. Il conviendra ensuite de
relever les particularités que présentent les frais de justice devant la CCJA.

A. LES FRAIS DE DEROULEMENT


Avant que son affaire ne soit enrôlée, en matière civile et commerciale, le
demandeur est tenu de payer au greffe, les frais de greffe proprement dits
et les frais d’enregistrement de la décision à intervenir. Il peut également
être tenu de faire enregistrer certaines pièces justificatives de sa demande.
1) Les frais de greffe
Les frais de greffe comprennent :
• Les frais d’inscription au rôle qui s’élèvent à 4.500 francs ;
• Les frais d’ordonnancement sur requête rendues par les présidents
du tribunal et délivrées par les greffes (ordonnances autorisant une
assignation en référé d’heure à heure. Ordonnance d’injonction de payer ;
ordonnance autorisant une saisie conservatoire. Etc.) dont le taux varie

57
selon la nature du litige et le montant des sommes en cause.
• A la Cour suprême, la partie demanderesse doit payer une taxe à pourvoi
qui s’élève à 15.000 francs,
• Devant toute juridiction, les délivrances des copies, des expéditions et
grosses des décisions rendues donnent droit au paiement d’une somme
dont le montant varie selon le nombre de pages (rôles) que contient
la décision.
• Les actes tels que les extraits du plumitif sont également payant (1000
francs et un timbre fiscal de 1000 francs/feuille).
2) les frais d’enregistrement
a) Les frais d’enregistrement de la décision
En principe, le greffier ne peut délivrer copie, expédition ou grosse d’une
décision qu’après que la minute (l’original) de celle-ci ait été enregistrée (art.
91 du code d’enregistrement) à moins que le juge n’ait ordonné l’exécution
de sa décision sur minute avant enregistrement (ce qui rare).
Les décisions doivent être enregistrées dans le mois de leur prononcé.
Cependant, il est rare que les décisions soient rédigées et signées dans ce
bref délai. C’est pourquoi les droits d’enregistrement sont souvent majorés
de pénalités pouvant aller jusqu’à 100% des droits initialement dus. Quant
à l’évaluation de ces droits, ils sont de l’ordre de 5% du montant de la
demande en matière mobilière. En matière immobilière, l’enregistrement des
jugements se fait au « taux élevé » soit 15% (Art 77 et 301 al a du Code de
l’Enregistrement).
b) Les frais d’enregistrement des pièces du dossier
Aux termes de l’article 99, «il est défendu aux juges et arbitres de rendre
aucun jugement et aux administrations publiques de prendre aucun arrêté
en faveur des particuliers, sur des actes non enregistrés à peines d’être
personnellement responsables des droits, sauf l’exception mentionnée à
l’article 103 ».
En application de ce texte, les pièces susceptibles d’enregistrement que
vous versez au dossier de la procédure doivent être enregistrées. C’est le
cas par exemple du contrat de bail qui s’enregistre au taux intermédiaire
(10% Article 78 et 301 b du Code d’Enregistrement) et de la convention de
prêt sans garantie qui s’enregistre au taux réduit (2%article 301 d du Code
d’Enregistrement).

58 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Les frais de cet enregistrement viennent s’ajouter aux frais de procédure


déjà relativement élevés.

SECTION II : LES FRAIS DUS AUX AUXILIAIRES DE


JUSTICE
Ces auxiliaires sont notamment les avocats, les notaires, les huissiers. Et les
différents frais se déclinent en frais généraux, honoraires et émoluments.

A. LES FRAIS, HONORAIRES ET EMOLUMENTS DUS A


L’AVOCAT
1) La détermination des honoraires, frais et émoluments
dus à l’avocat
a) Les honoraires et frais
Selon les textes régissant la profession d’avocat, les honoraires sont librement
discutés entre l’avocat et son client. Ainsi les honoraires de l’avocat ne sont
pas tarifés.
L’idéal est que les parties discutent au préalable le montant des honoraires
qui peut être revu en raison des évolutions non prévisibles de la procédure.
Ainsi en début de procédure on ne peut pas toujours prévoir qu’il y aura une
descente sur les lieux, une enquête ou un incident d’exécution donnant lieu
à d’autres frais de procédure.
C’est pourquoi en général les avocats parlent de provisions sur honoraires
et frais.
Pour évaluer ces honoraires et frais, les avocats prennent en considération
les éléments suivants :

• Dans la rubrique « frais »


Vacations, Frais de timbre, Frais de descente sur les lieux, Frais de déplacement
et d’hébergement, Frais de procédure, Frais de greffe, Frais d’huissier, Frais
de placard et encart publicitaire, Frais de correspondances.

• Dans la rubrique « honoraire »


Ordonnance sur requête, Les sous procédures, Les honoraires proprement
dits, La TVA (18.5%)

59
B. Les émoluments dus à l’avocat
En règle générale, la partie qui succombe est condamnée aux dépens, c’est-
à-dire au paiement de certains frais rendus nécessaires par le procès. Parmi
les dépens figurent les émoluments de l’avocat dont le mode de calcul est
régi par une vieille loi du 24 Décembre 1897. Ces émoluments doivent être
taxés par le magistrat qui a rendu la décision signifiée.
2) La contestation des honoraires, les frais et émoluments
dus à l’avocat
a) Cas des honoraires et frais
Si ces parties ne se mettent pas d’accord sur le montant des honoraires dus
à l’avocat, ce dernier a la possibilité d’adresser au Bâtonnier de l’Ordre des
avocats une requête en taxation d’honoraires, c’est-à-dire qu’il peut demander
à cette autorité de bien vouloir déterminer le montant de ses honoraires au
regard du dossier.
Pour déterminer ce montant, le bâtonnier doit tenir compte du travail fait
par l’avocat, de la notoriété du cabinet, des difficultés de la procédure, etc.
il convient de noter que le résultat atteint par l’avocat n’est pas l’élément
fondamental pour la détermination du montant des honoraires dus à l’avocat.
En effet, l’avocat est lié à son client par une « obligation de moyen et non de
résultat ». Cela veut dire que s’il doit tout mettre en œuvre pour permettre à
son client de gagner le procès, il n’est pas tenu à tout prix de lui garantir un
résultat favorable.
L’ordonnance du Bâtonnier fixant le montant des honoraires de l’avocat doit
être notifiée au client. Celui-ci dispose d’un délai d’un mois à compter de la
notification pour s’opposer à cette ordonnance. A cette fin, il doit adresser
au Président au Tribunal de Grande Instance une requête motivée. A défaut
d’opposition de sa part dans le délai d’un mois, l’avocat peut faire apposer
sur son ordonnance par le greffier en chef, après visa du Président du Tribunal
de Grande Instance territorialement compétent, la formule exécutoire. Cette
formule exécutoire lui permettra de procéder à l’exécution forcée de l’ordonnance
de taxation.
b) La contestation des émoluments
La partie à qui est signifiée l’ordonnance ayant taxé les émoluments peut former
opposition contre cette ordonnance avec assignation devant la juridiction qui
l’a rendue. Le délai pour former cette opposition est de 15 jours à compter
de la signification de l’ordonnance de taxation. Faute par la partie signifiée

60 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

de former cette opposition dans ce délai de 15 jours, elle sera contrainte au


paiement des sommes taxées par tous les voies et moyens de droits appropriés.

C. LES EMOLUMENTS ET FRAIS DUS A L’HUISSIER DE


JUSTICE
1) détermination du montant des émoluments dus à
l’huissier
Des émoluments sont dus aux huissiers et agents d’exécution en matière
civile, commerciale et coutumière pour la délivrance des actes qu’ils ont
dressés. De même les droits de recettes leur sont dus en cas de recours à
leurs services pour effectuer un enracinement. Enfin les huissiers ont droit
à une indemnité forfaitaire de voyage.

D. Emoluments dus pour l’établissement et la


délivrance des actes
Lorsque l’huissier a établi et délivré des actes il lui est dû des émoluments
dont le montant est déterminé par le décret n079/95 du 13 Mars 1979. Il
s’agit de petites sommes dont le montant varie entre 1000 francs (pour
les actes autres que les protêts et procès-verbaux) à 2.100 francs pour
les procès-verbaux par vocation de trois heures. Il leur est alloué pour les
protêts, les commandements précédant l’exécution, les exploits comportant
saisie arrêt ou les procès-verbaux d’offres réelles en droits gradué de 150
francs et pouvant aller jusqu’à 1500 francs, lorsque la somme en cause est
supérieure à 500.000 francs.

E. Les droits de recette dus à l’huissier


Il convient de distinguer les cas de recouvrement poursuivi sans ou en vertu
d’un titre exécutoire.
1) Cas des couvrements poursuivi sans titre exécutoire.
Dans ce cas il est dû à l’huissier un droit de recette avancé par le créancier
et évalué de la manière suivante :
• 10% jusqu’à 50.000 francs, 8% de 50.001à 500.000 francs, 5% au-dessus
de 500.000 francs

61
2) Cas de recouvrement poursuivi en vertu d’un titre
exécutoire
Lorsque le recouvrement ou l’encaissement est poursuivi en vertu d’un titre
excrétoire (jugement, arrêt, acte notarié, procès-verbal de conciliation etc.),
le droit de recettes à la charge du débiteur est de :
7% jusqu’à……………………………………..50.000 francs
4% de…………………………………………...50.001 à 500.000 francs
3% au-dessus de ………………………………..500.000 francs

F. L’indemnité forfaitaire du voyage


En toute matière, si les moyens de transport ne sont pas fournis par
l’administration ou les parties, les huissiers et les agents d’exécution perçoivent
une indemnité forfaitaire de voyage qui est fixée ainsi qu’il suit :
Lorsqu’ils ne se transportent pas à plus de 5 km du siège de leur juridiction,
cette indemnité est fixée à 250 francs ; au-delà de 5km, elle est calculée à
raison de 50fr/km parcouru tant à l’aller qu’au retour… « Art 19 (nouveau)
décret no80/143 du 28 avril 1980 complétant le décret no 79/085 du 13 mars
1979 fixant le tarif des huissiers et agents d’exécution.

G. Les frais d’interprète


Lorsque l’huissier ou l’agent d’exécution ne peut instrumenter qu’avec le
concours d’un interprète, celui-ci perçoit un droit d’interprète de 150 francs
plus, le cas échéant, une indemnité de voyage égale à la moitié de celle
perçue par l’huissier ou l’argent d’exécution.
Les droits de recette ci-dessus déterminés ne sont dus qu’en proportion des
sommes effectivement recouvrées ou encaissées. Lorsque la poursuite d’un
débiteur est commencée par un huissier et que le paiement est effectué entre
les mains du créancier, ce dernier est tenu de payer les droits de recette
de l’huissier. Pour les travaux et missions non énumérés dans le tarif des
huissiers, le montant des frais et honoraires est fixé d’accord parties. Il est
interdit à l’huissier de percevoir des émoluments non prévus ou supérieurs au
tarif normal, sous peine de restitution des sommes indûment perçues, sans
préjudice des dommages intérêts et des poursuites disciplinaires ou pénales.
Avant tout paiement, l’huissier est tenu de remettre aux parties le compte
détaillé des sommes dont elles sont redevables.

62 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

1) Les contestations relatives aux frais et émoluments dus


à l’huissier.
Des contestations relatives au principe ou au montant des sommes réclamées
par l’huissier sont fréquentes. Ainsi le créancier qui, après avoir confié le
recouvrement de sa créance à un huissier, encaisse lui-même la somme peut
contester les droits de recette réclamés par l’huissier. Il est aussi arrivé que
les parties ne soient pas d’accord sur le coût des formalités et missions non
prévues dans le texte fixant le tarif des huissiers. Dans ces cas, les émoluments
et frais dus seront taxés par le Président du Tribunal de Première Instance
du siège de l’étude de l’huissier.
2) le droit de rétention de l’huissier
Il est reconnu à l’huissier le droit de retenir une partie des sommes encaissées
pour le compte du créancier, jusqu’au paiement intégral de ses droits.

H. LES FRAIS DUS AUX GARDIEN ET AGENTS DE LA


FORCE PUBLIQUE
Vous pouvez être amenés à payer des frais au gardien à qui la garde des
effets saisis est confiée, ainsi qu’aux agents de la force publique en raison
de leur présence sur les lieux de la saisie ou du constat.

63
SECTION III. LES ACTES DE JUSTICE :
Le plumitif un registre d’audience qui sert au service du greffe pour enregistrer
les informations relatives au contrôle de la manière donc chacune des affaires
s’est présentée[noms des parties et des avocats, intervention des parties,
tiers, PV d’accord des parties, caractère contradictoire ou non des débats,
renvoi a une autre audience etc.] .
De manière plus usuelle, le plumitif sert de base à cette note courte délivrée
par le Greffier qui indique la nature de la décision rendue dans un dossier.
On parle alors d’extrait du plumitif. En matière pénale le plumitif est tenu
par le juge.
L’expédition Les expéditions sont des copies certifiées conformes des minutes
des décisions de justice ou des actes authentiques. C’est la copie officielle
du jugement. Une fois que le juge a pris sa décision, il rend un jugement. Ce
jugement est authentifié par son expédition qui est une copie officielle du
jugement. Chaque partie ne peut en principe obtenir qu’une seule expédition
du jugement.
Le greffier est tenu de délivrer d’office au Ministère Public une expédition
de chaque décision rendue en matière pénale. Les expéditions ont la même
force probante que les originaux dont elles émanent et dont elles rapportent
la preuve juridiquement valable de leur contenu. Elles ont force probante en
droit et font foi jusqu’à inscription de faux. Ce sont des actes authentiques.

La grosse d’un jugement civil

La grosse est une expédition revêtue de la formule exécutoire. C’est le titre


d’exécution qui n’est délivré qu’une seule fois à la partie gagnante contre
paiement d’une certaine somme auprès du greffier en chef. C’est la copie
exécutoire de la décision [arrêt, jugement ou ordonnance] délivrée par le
greffe aux parties à la procédure.

C’est cette copie exécutoire qui est transmisse le cas échéant a un huissier de
justice afin qu’il accomplisse les actes d’exécution forcée requis [notamment
les saisies]. La grosse se distingue donc de l’expédition par la mention
« GROSSE » portée sur la première page du document et par la présence de
la formule exécutoire au bas de celui-ci.

64 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

CHAPITRE III : LES


FORMULAIRES USUELS ET LES
ACTES DE PROCEDURES

SECTION I : LES REQUETES


A. REQUETE AUX FINS D’ASSISTANCE JUDICIAIRE
A Monsieur le Président du Tribunal
De ______________ ou de la Cour_____________
S/C Monsieur le Greffier en chef Secrétaire de la commission d’assistance
judiciaire.
M _______________ demeurant à _____________ exerçant la profession
de ___________
A l’honneur de solliciter de votre haute bienveillance son admission au
bénéfice de l’assistance judiciaire dans le but d’entamer un procès (ou de se
défendre dans une affaire) contre M _____________devant le tribunal (ou
la Cour) de ___________________________
Pour les motifs suivants : ___________________________________________
(Indiquer brièvement les motifs et les grandes lignes de votre demande ou de
la procédure contre laquelle vous voulez vous défendre)
En effet ,je suis dans l’impossibilité de faire face aux frais de justice en
raison de la modicité de mes revenus et de mon état d’indigence ainsi qu’en
fait foi le certificat de l’inspection des impôts ci-joint attestant que je ne
suis pas imposé(ou que je suis soumis à l’impôt minimum forfaitaire).
Dans l’attente d’une suite favorable, je vous prie d’agréer, monsieur le
président, l’expression de mon profond respect.
Fait à_______________ le __________
Remarque :
La commission d’assistance judiciaire instituée auprès de la Cour suprême doit
se prononcer par décision motivée dans les 2 mois de sa saisine, en accordant
ou en refusant l’assistance judiciaire. Passé ce délai, l’assistance judiciaire est

65
sensée accorder de plein droit.
L’assistance judiciaire est retirée dans deux cas :
s’il survient à l’assisté des ressources suffisantes.
« S’il a surpris la décision de la commission par une déclaration frauduleuse.

B. REQUETE AUX FINS D’ASSISTANCE JUDICIAIRE


(Présentée par une victime d’accident de circulation)
A Monsieur le Président du tribunal de__________________
Ou de la Cour____________________
S/C Monsieur le Greffier en Chef du tribunal de Première
Instance : secrétaire de la commission d’assistance
Judiciaire
Le soussigné M___________________________ (nom, prénom, profession,
adresse)
A l’HONNEUR DE VOUS EXPOSER MONSIEUR LE PRESIDENT :
Qu’en date du _____________ à _____________ il a été victime d’un grave accident
de circulation, un véhicule appartenant à M______________________________
l’ayant renversé et grièvement blessé, lui causant une IIP de 50 % (jambe
droite amputée) et une IIT de 2 ans ainsi qu’en fait foi le certificat médico-
légal ci-joint ;
Que le propriétaire du véhicule ainsi que son assureur n’ayant à ce jour
pas voulu indemniser l’exposant à l’amiable, il se trouve dans la pénible
obligation de saisir le tribunal pour contraindre les susnommés à lui payer
des dommages intérêts ;
Que compte tenu de la durée de sa maladie (2ans) et du taux d’incapacité
qu’il a subi (50 %),il a perdu son emploi et se trouve dans l’impossibilité
d’exercer une quelconque activité durant le reste de ses jours ;
Que son état d’indigence est donc certain ;
Qu’il ne peut par conséquent pas faire face aux frais de justice dans le
procès civil qu’il entend engager contre M ____________ et son assureur
__________________
C’EST POURQUOI IL SOLLICITE QU’IL VOUS PLAISE MONSIEUR LE PRESIDENT.

66 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Bien vouloir lui accorder le bénéfice de l’assistance judiciaire prévue par le


décret n° 76/521 du 09 Novembre 1976 portant réglementation de l’assistance
judiciaire.
SOUS TOUTES RESERVES
Profond respect.
Fait à ____________ le__________
PJ : - certificat médical
Attestation des contritions directes

A. REQUETE D’APPEL
A Monsieur le Président de la Cour d’Appel de ___________________
M_______ (profession, adresse) ayant élu domicile à _________, soussigné
_________
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER
Qu’_______________ interjette appel du jugement (ou de l’ordonnance) n°
_______ rendu le_________ par le tribunal de __________ de __________
signifié le __________ dans la cause l’opposant à_______________________ ;
C’EST POURQUOI M _________________ DEMANDE QU’IL PLAISE A M LE
PRESIDENT :
Vu les articles 189,190 du code de procédure civile et commerciale du
Cameroun ; ___________ Donner acte du dépôt de la présente requête ;
Fixer la date de production des défenses et celle où l’affaire sera appelée à
l’audience :
Dire que du tout il sera donné avis aux parties par M. le Greffier en chef
ADVENUE LAQUELLE AUDIENCE EXPOSANT(E) CONCLURA,
QU’IL PLAISE A LA COUR :
EN LA FORME
Attendu que l’appel a été dans la forme et délai prescrits :
AU FOND
Attendu que l’appel est fondé, qu’en effet c’est à tort que le 1 er juge a
__________________

67
____________________________________________________________
_______________
Par ces motifs
Et tous autres à ajouter, déduire ou suppléer ;
Recevoir l’appel de l’exposant comme intervenu dans les formes et délais
légaux ;
Infirmer la décision attaquée,
Statuant à nouveau______ condamner________ aux dépens
Et ce sera justice
SOUS TOUTES RESERVES
Fait à _________le ______

C. REQUETE AUX FINS DES DEFENSES A EXECUTION


PROVISOIRE
A Monsieur le Président de la Cour d’Appel de __________________
M_____________ (profession, adresse), ayant élu domicile à ________________,
soussigné ;
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :
Que, par requête en date du ______________ M ___________ a
interjeté appel d’un jugement rendu le _________________ par le
tribunal de _______________________ dans la cause l’opposant
__________________________________ ;
Que cette décision a ordonné l’exécution provisoire nonobstant appel hors
les cas prévus par la loi notamment l’ordonnance n° 97/1 DU 04 Avril 1997
telle que modifiée par la loi n°97 /018 du 07 Aout 1997 ;
Qu’en effet _____________________________________________
C’EST POURQUOI IL SOLLICITE QU’IL PLAISE A M. LE PRESIDENT
Vu l’Ordonnance n° 97/01 du 04 Avril 1997 modifiant et complétant certaines
dispositions de la loi n° 92/008 du 14 Aout 1992 fixant certaines dispositions
relatives à l’exécution des décisions de justice ;
Ordonner les défenses à l’exécution du jugement susvisé jusqu’à ce qu’il ait
été statué sur l’appel ; ________________________________________

68 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Fait à _______ le__________

D. REQUETE AUX FINS DE DELIVRANCE D’UNE


SECONDE GROSSE
A Monsieur le Président du Tribunal
De Première, de Grande Instance(ou La cour) de _____________
Le soussigné M _____________________________ (profession, domicile,
adresse)
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER M. LE PRESIDENT :
Qu’en date du ___________ une décision a été rendue par la chambre_____________
de votre juridiction, dans l’affaire qui l’oppose à _______________________
Qu’après enregistrement à ______________ le _________________
volume___________ folio _________, la grosse de ladite décision a été
remise au requérant en date du________________________
Que malheureusement, cette grosse a disparu (expliquer les circonstances de
la disparition) ____________________________
Qu’une seconde grosse lui est nécessaire,
C’EST POURQUOI IL SOLLICITE RESPECTUEUSEMENT
QU’IL VOUS PLAISE,
M.LE PRESIDENT,
Bien vouloir autoriser le Greffier en Chef de __________________ à délivrer
au requérant une seconde grosse.
SOUS TOUTES RESERVES
Fait à _________ le ________

69
E. REQUETE AUX FINS DE PRENOTATION JUDICIAIRE
A Monsieur le Président du Tribunal de Première Instance de _________________
Le soussigné _________________________________ (profession, domicile,
adresse)
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :
Qu’il a les droits suivants à faire valoir sur l’immeuble objet du titre foncier
n° __________________________________________________________
______ (expliquer les motifs de la demande)
Que cet immeuble est sur le point d’être cédé à un tiers au mépris des droits
du requérant ;
Que dans ces conditions, le requérant a le plus grand intérêt à faire pratiquer
une pré notation judiciaire sur le titre foncier pour éviter toute*****
C’est pourquoi il sollicite qu’il vous plaise Monsieur le président,
Bien vouloir l’autoriser à faire inscrire une pré-notation judiciaire sous
le titre foncier n° ___________ délivré le _______________ à Mr
_____________________
SOUS TOUTES RESERVES

SECTION II : LES PLAINTES


A. PLAINTE AVEC CONSTITUTION DE PARTIE CIVILE
A Monsieur le Procureur de la République près les Tribunaux de première et
Grande Instances de __________________
Je soussigné ____________________________________________________
Ai l’honneur de porter plainte entre vos mains contre Monsieur ______________
(ou
Contre inconnu) pour les motifs suivants : _________________________
_________
C’est pourquoi ; j’ai l’honneur de porter plainte avec constitution de partie
civile entre vos mains en vous priant de donner à cette plainte la suite légale
qu’elle comporte.
Dans cet espoir, je vous prie de croire, Monsieur le Procureur, à mon très
respectueux sentiment.

70 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

REMARQUE,
Il est prudent dans la mesure où on n’est pas certain de rapporter la
preuve irréfutable des faits allégués, de se borner à porter plainte contre
X __________________ (inconnu), pour éviter une éventuelle plainte en
dénonciation calomnieuse de la part de celui qui est l’objet de la plainte.
Lorsque vous déposez une plainte avec constitution de partie civile, le
Procureur de la République instruit lui-même l’affaire alors que la plainte
simple est transmise aux officiers de police judiciaire pour enquête.
La partie qui dépose une plainte avec constitution de partie civile est souvent
invitée à consigner une certaine somme au greffe du tribunal pour permettre
au procureur de faire face aux frais de l’instruction ;

B. SIMPLE PLAINTE
A Monsieur le Commissaire (ou le Commandant)de ________________ (unité)
Je soussigné M. _________ (profession, adresse du plaignant).
Ai l’honneur de porter plainte entre vos mains contre __________________
(filiation, profession et adresse du suspect) ou contre inconnu pour les faits
suivants : ___________________________________________________
(énoncer les faits pour lesquels on se plaint)
C’est pourquoi j’ai l’honneur de porter plainte entre vos mains pour obtenir
réparation de préjudice que j’ai subi et vous prie de donner à cette plainte
la suite légale qu’elle comporte.
Dans cet espoir je vous prie de croire, Monsieur le Commissaire (ou le
Commandant), à mon très respectueux sentiment.

C. PLAINTE POUR ABANDON DE FAMILLE


A Monsieur le Procureur de la République
Près les Tribunaux de Première et de Grande
Instances de __________________________________
La soussignée.____________________________ (nom, prénom,
profession, adresse), épouse divorcée de ____________________________
________________
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :

71
Que par jugement n° ___________ rendu le ______________ pour le tribunal
__________________, jugement dont ci-joint expédition, elle s’est vue
allouer la somme de ________________ F à titre de pension alimentaire
pour les enfants mineurs laissés à sa charge et pour elle-même ;
Que ce jugement est devenu exécutoire, M le Président de la Cour d’Appel
ayant par ordonnance N° ____________ rendue le _________________
rejeté la requête aux fins de sursis à exécution présentée par mon ex-époux ;
Que malgré plusieurs mises en demeure et démarches amiables,
M. ________________________________ a toujours refusé depuis plus de
2 mois de payer la pension à laquelle il a été condamné ;
Que pourtant en sa qualité de salarié, il dispose de revenus constants et fixes ;
C’EST POURQUOI L’EXPOSANTE DEPOSE PLAINTE ENTRE VOS MAINS
Pour abandon de famille, délit prévu et réprimé par les articles 74 et 180
du code pénal.

SECTION III : LES PROCURATIONS


A. PROCURATION GENERALE
Je soussigné, ___________________________ (noms, prénoms, domicile,
profession) donne mandat général et spécial à ____________________
(nom épouse, Mme ___________, mon fils, M. _________________, mon
mari, M. ________________) à l’effet de, en mes lieu et place, et en vertu
des présentes gérer et administrer tant activement que passivement tous les
biens et affaires quelconques présents et à venir appartenant au constituant :
passer et signer tous actes, élire domicile, donner pouvoir, révoquer tous
les mandats et généralement faire tout ce que le mandataire jugera utile.
Fait à _________________ le______________
Bon pour pourvoir et signature

B. PROCURATION POUR REPRSENETER DEVANT UNE


JURIDICTION
Je soussigné M. _________________________ (noms, prénoms, domicile,
profession) donne par le présent mandat à M. ____________________ (noms,
prénoms, domicile, profession)pour me représenter et agir en mes lieu et place
dans l’affaire qui m’oppose à M. _________________ (noms, prénoms, domicile,

72 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

profession)devant le tribunal ou la cour de M. ___________________________


pourra, pour moi en et mon nom se présenter aux audiences, défendre mes
intérêts, prendre toutes conclusions à la barre, présenter et plaider tous
moyens qu’il jugera utiles, former opposition, appel et pourvoi en cassation,
présenter demandes incidentes reconventionnelles et en garantie, et également
faire jusqu’au jugement définitif tout ce qu’il croira convenable ;
Lever la grosse, faire exécuter le jugement par toutes les voies de droit,
recevoir toute somme et en donner quittance et décharge ; offrant de lui
rembourser les frais, honoraires et débours.
Fait à _________________ le______________

Bon pour pourvoir et signature

73
EN GUIDE DE POST-FACE
Au moment où la récurrence des droits de l’homme est devenue une réalité
prégnante au Cameroun, où une opinio juris semble se construire sur la
banalité des violations, où l’impunité des tortionnaires semble ériger en
règle malgré les discours dithyrambiques sur l’encrage droitsdelhommiste du
Gouvernement du Cameroun, c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté
l’offre faite par la nouvelle direction de NDH Cameroun.
La réécriture du « Guide du Justiciable » arrivait ainsi à point nommé dès
lors que j’ai la conviction qu’il est indispensable d’armer les citoyens dans
la bataille qu’il faut mener contre les violations des droits de l’homme au
Cameroun. Oui, il faut des armes pour tous face à cette généralisation des
crimes au Cameroun. Et je suis convaincu que la principale arme est le
savoir juridique, la maîtrise de ses droits par les Citoyens avec, in fine la
connaissance des faiblesses des violateurs qui sont très souvent protégés
par le système gouvernant.
En ce moment où la couverture moyenne du Cameroun par avocat est d’environ
1/112 000 personnes, l’auto-accompagnement et/ou l’accompagnement par
des parajuristes devient une urgence si nous admettons que nous sommes
en démocratie affichée et que par conséquent il existe un pouvoir judiciaire
qu’il convient d’éprouver, de mettre à l’œuvre. Aussi, j’indique que seule une
généralisation des poursuites contre les auteurs de violations des droits de
l’Homme pourra un jour permettra d’inverser la tendance et réduire le niveau
d’atteinte aux droits de l’homme au Cameroun.
Les ONGs Spécialisées doivent de plus en plus s’investir dans ce chantier de
la défense, pour compléter la protection et donner ainsi plus de contenu
aux actions de promotion que semble privilégier la plupart des Associations
camerounaises engagées dans le domaine des droits de l’homme. Le présent
Guide constitue la première arme pour les citoyens.
Je me dois de remercier le Président du Conseil National de NDH-Cameroun
Me Victor Kadje, et la Directrice exécutive de cette institution, Mme Cyrille
Rolande Bechon pour cette confiance renouvelée au Cabinet Futur Afrique
Consulting pour la relecture et l’actualisation de ce document. C’est l’occasion
pour moi de féliciter cette organisation pionnière qui depuis plus de deux
décennies se bat pour l’effectivité des droits de l’homme au Cameroun.

74 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Puisse d’autres OSC suivre son exemple dans la constance et la détermination


afin que vive les droits de l’homme au Cameroun en particulier et en Afrique
en Général.

Dr Hilaire Kamga
Expert droits de l’homme
Futur Afrique Consulting

75
76 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

ANNEXES

77
ANNEXE

Annexe 1 : LEXIQUE DES TERMES JURIDIQUES LES


PLUS USUELS
Les définitions données dans ce lexique correspondent généralement au sens
des mots tels qu’ils sont utilisés dans ce guide. Tous les sens des mots et
expressions ne sont donc pas nécessairement donnés.
Abandon de domicile conjugal : Le conjoint qui délaisse son foyer sans motif
valable (par exemple brutalité du mari) ou n’accomplit pas ses obligations
morales et matérielles à l’égard de son conjoint ou de ses enfants commet
le délit d’abandon de domicile conjugal prévu et puni par l’article 358 du
Code Pénal.
Se rend coupable du même délit le tuteur ou responsable coutumier qui
n’accomplit pas à l’égard des enfants dont il a la garde et obligations mis à
sa charge par la loi ou les coutumes.
La loi accorde de plein droit l’assistance judiciaire à l’épouse sans emploi et
sans ressource qui, abandonnée par son mari veut obtenir du tribunal une
pension alimentaire pour elle-même ou pour les enfants laissés à sa charge.
Abus de confiance : Celui qui détourne un bien qu’il a reçu dans le but de
conserver, de rendre ou d’en faire un usage déterminé se rend coupable eu
délit d’abus de confiance prévu par l’article 318 du Code Pénal.
Abus de fonction : Le délit d’abus de fonction est réalisé lorsqu’un fonctionnaire
abuse de ses fonctions pour porter atteinte aux droits ou intérêts privés.
Ainsi un fonctionnaire de l’urbanisme abuse de ses fonctions en incluant une
parcelle de terrain parmi les terrains à exproprier dans le seul but de porter
atteinte aux droits d’un particulier.
Adoption : Création d’un lien de filiation en l’absence de tout lien de sang.
Appel : Saisine de la juridiction hiérarchiquement supérieure contre une
décision rendue par une juridiction inférieure. On interjette appel d’un
jugement dans le but de voir la juridiction supérieure (cour d’appel) reformer
ou annuler la décision contestée.
Appel Incident : Appel formé par l’une des parties à un procès en réaction
à celui formé par l’autre partie, appelante principale.

78 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Arbitrage : Règlement amiable d’un conflit par arbitre.


Arrêt : Décision rendue par une cour d’appel ou par la cour suprême.
Assesseur : Personne magistrat ou non qui siège auprès du magistrat présidant
une audience et participe à la prie de la décision avec voix délibérative.
Assignation : Ecrit remis à une personne par un huissier pour l’informer qu’un
tribunal est saisi d’un procès contre lui, et pour l’inviter à s’y présenter pour
défendre ses intérêts.
Bail : Accord par lequel une personne, le bailleur, procure à une autre, le
locataire ou preneur l’usage d’un immeuble moyennant un prix déterminé.
Les baux d’immeuble conclus pour une durée supérieure à 3 ans doivent à
peine de nullité être établis en la forme notariée.
Barreau : Ensemble des avocats exerçant leur profession dans le ressort d’une
juridiction ou d’un ensemble de juridictions déterminées.
Bâtonnier : Avocat élu par ses confrères dans un barreau pour les représenter
et présider à leur destinée pour une période déterminée.
Capacité : Aptitude d’une personne à faire un acte juridique. Les mineurs et
les majeurs en tutelle n’ont pas la capacité d’exercer eux-mêmes leurs droits
et intérêts en justice.
Cas fortuit : Evénement imprévisible qui met obstacle à l’action d’un
débiteur. Au sens large, il est synonyme de cas de force majeure, c’est-à-
dire d’un événement qui crée une impossibilité absolue d’agir, de s’exécuter.
En général le cas fortuit et le cas de force majeure résulte d’une cause qui
lui est étrangère e d’un événement imprévisible, irrésistible, inévitable et
insurmontable.
Caution : Personne qui s’oblige à accomplir une obligation, par exemple payer
une dette à la place du débiteur si celui-ci ne s’exécute pas à l’échéance.
Chambre : Section d’un tribunal ou d’une cour spécialement chargée de
juger certaines catégories d’affaires portées devant le Tribunal ou la Cour
dont elle émane.
Chambre de conseil : Séance spéciale d’un tribunal ou d’une cour qui se
tient dans une salle fermée au public.
Citation directe : Acte d’huissier invitant une personne à comparaitre devant
un tribunal correctionnel ou de simple police, à la demande du procureur
de la république ou d’un particulier, pour entendre, statuer sur les faits mis

79
à sa charge.
Civil : (manière ou affaire) : Qui se rapporte aux lois civiles par opposition
à pénal, administratif, fiscal, etc.
Classement sans suite : Lorsque le procureur de la république décide de
ne pas poursuivre le mis en cause soit par faits non constitués, soit pour
des raisons d’opportunité, on dit qu’il a procédé à un classement sans suite.
Clerc : Appellation de certains collaborateurs de notaire ou d’huissier. Le
grade de 1er clerc de notaire et conféré à la suite d’un examen professionnel.
Code Pénal : Recueil de lois déterminants les différent actes punissables et
précisant les modalités de sanction.
Commis d’office : Personne désignée (avocat ou non avocat) par le président
du tribunal pour assister et défendre une personne n’ayant pas la possibilité
de constituer lui-même un avocat. Une personne accusée d’un crime ne peut
être jugée sans l’assistance d’un défenseur.
Compétence : Aptitude légale d’une juridiction à juger un procès. La répartition
des compétences des différentes juridictions est faite en fonction du lieu de
commission du délit, du domicile des personnes en cause, de la nature de
l’affaire, de la situation géographique du bien litigieux etc.
Complice : Est complice d’une infraction celui qui provoque, aide ou facilite
la préparation ou ma consommation de cette infraction ou qui donne des
instructions pour la commettre. Le complice est punissable des mêmes peines
que l’auteur principal.
Conciliation : 1) en droit du travail, phase obligatoire de règlement de tout
conflit. La tentative de conciliation a lieu devant l’inspecteur de travail.
2) Convention passée par les parties à un conflit pour mettre fin à leur litige
sans intervention d’une juridiction.
Concluions : Ecrit par lequel chacune de parties à un procès expose et
défend ses prétention.
Constituer : (se constituer)
Se constitue partie civile la victime d’une infraction qui demande à la
juridiction saisie de condamner l’auteur de l’infraction à lui payer des
dommages et intérêts.
Contrat : Convention par laquelle une personne s’engage envers une autre
personne à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.

80 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Cour d’appel : Juridiction chargée de connaitre une seconde fois les décisions
des tribunaux de première et grande instances et de premier degré, lorsque
non satisfait, le procureur de la République ou une des parties relève appel.
Cour Suprême : C’est la plus haute juridiction chargée non de juger les faits,
mais de veiller au respect de l’application de la loi. Lorsqu’elle on constate
qu’une loi a été violée ou mal appliquée, elle casse la décision et renvoie
l’affaire devant une autre cour d’appel.
Crime : Infraction punie de la peine de mort ou d’une peine d’emprisonnement
dont le minimum est supérieur à 10 ans. C‘est la plus grave des infractions.
De cujus : Celui de la succession de qui il s‘agit.
Débouter : Rejeter la demande présentée par un plaideur.
Défaut : Le jugement est rendu à l’égard d’une partie lorsque celle –ci n’a
pas comparu et n’a pas été représentée au cours de débats.
Défendeur : C’est la personne contre qui le litige est engagé.
Délibéré : Lorsque les débats sont loi, le juge met l’affaire en délibérée,
c’est-à-dire se donne un délai de réflexion avant de rendre sa décision.
Délit : C’est une infraction punie d’emprisonnement compris entre 10 jours
et 10 ans ou d’une amende supérieure à 25.000 Francs.
Demandeur : Celui qui saisit le tribunal, qui engage le procès, qui intente
l’action en justice. La preuve incombe au demandeur c’est-à-dire qu’il lui
revient d’établir les faits qu’il allègue.
Dépens : Ensemble de frais occasionnés par un procès, à l’exception des
honoraires d’avocat (frais d’huissier, d’expertise, d’enregistrement). Sauf
indication contraire du jugement, les dépens doivent être supportés par
celui qui a perdu le procès.
Détention préventive : Emprisonnement d’une personne en attendant le
jugement, lorsque les faits à lui reprochés sont graves et qu’elle ne justifie
pas de garanties de représentation.
Expédition : Copie d’un acte authentique (jugements, actes notariés,..)
délivrée aux parties.
Flagrant délit : Infraction en train de se commettre ou venant d’être commise
par une personne dont la culpabilité est presque certaine. Dans ce cas, les
enquêtes sont expéditives et les délais qui sont normalement de 10 jours
sont réduits à 5 jours.

81
Formule exécutoire : C’est une mention apposée sur la copie d’un acte ou
d’un jugement par l’officier public qui le délivre (notaire, greffier en chef).
L’apposition de la formule exécutoire des prestations qui lui sont dues. La
formule exécutoire comporte la mention « En conséquence le Président de
la République du Cameroun mande et ordonne à tous huissiers et agents
d’exécution sur ce requis de mettre ce jugement (ou arrêt) à exécution, aux
Procureurs Généraux et aux Procureurs près les tribunaux de Première Instance
d’y tenir la main, à tous les commandants et officiers de la force publique
de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis « apposée à la
fin de l’acte.
Gage : Affectation d’un meuble au créancier pour garantir le paiement d’une
dette.
Garde à vue : Maintien d’un mis en cause dans les locaux de la police ou de
la gendarmerie pendant une durée fixée par la loi, pour nécessité d’enquête.
Greffe du tribunal ou d’une cour : Bureau d’une cour ou d’un tribunal ou
sont conservés les minutes des jugements, des arrêts et autres actes du juge.
Les greffes sont tenus par les greffiers qui rédigent les actes le, juge, leur
confèrent l’authenticité et en délivrent des expéditions.
Incompétent : qui est inapte pour juger une affaire.
Inculpé : Personne à laquelle il est reproché par le procureur de la république
au cours de l’instruction d’avoir participé à la commission d’une infraction.
Information : Enquête menée par le magistrat instructeur pour rechercher
les personnes et les auteurs d’une infraction.
Infraction : toute action ou omission prévue et punie par la loi pénale
Jugement : Décision rendue par les tribunaux de première et grande instances,
le tribunal de premier degré ou le tribunal militaire
Jurisprudence : Ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux.
Lorsque pour un cas donné les tribunaux ont à interpréter la loi ou à suppléer
à son insuffisance, une solution fixe tend peu à peu à s’établir, solution à
laquelle les tribunaux ont tendance à rester ensuite fidèles.
Légitimation : Transformation de la filiation naturelle en filiation légitime
par le mariage subséquent du père et de la mère de l’enfant naturel. La
légitimation se fait par jugement.
Main levée : Acte par lequel un juge ou un particulier fait cesser les effets
d’un acte précédent. Exemple main levée d’une opposition à un mariage,

82 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

main levée d’une saisie, d’une hypothèque.


Mandat : Ordre donné par le procureur de la république ou par le juge d’arrêter
une personne pour la lui amener (mandat d’amener) ou pour la mettre en
prison (mandat de dépôt, mandat d’arrêt)
Contrat par lequel une personne appelée mandant, donne à une autre personne
appelée mandataire, le pouvoir d’agir en son nom et pour son compte.
Non-lieu : Décision du magistrat instructeur de mettre fin aux poursuites
exercées contre un suspect an cours de l’information, pour mi motif de droit
ou pour insuffisance de charges.
Notification d’une décision de justice : Acte d’huissier ou du parquet,
destiné à faire connaitre aux parties intéressés une décision de justice.
Nullité : Lorsqu’un acte juridique ne remplit pas les conditions requises
pour sa formation, il est nul, c’est-à-dire qu’il perd rétroactivement toute
son efficacité.
Ordonnance sur requête : Décision du président d’une juridiction rendue sans
débats contradictoires pour statuer sur une mesure demandée (par exemple
pour autorise un constat d’adultère, une saisie, une pré-notation judicaire,
une assignation à bref délai, etc.)
Ordonnance sur référé : Décision rendue par le président du tribunal de
première instance en cas d’urgence et en l’absence d’une contestation
sérieuse, pour trancher à titre provisoire certaines difficultés pouvant exister
entre les parties et ordonner certaines mesures conservatoires. Exemple :
désignation d’un expert pour évaluer un immeuble que la commune est sur
le pont de détruire.
Parquet : Ensemble des services du procureur de la république et de ses
substituts près d’un tribunal. Ensemble des magistrats du ministère public,
c’est-à-dire ceux chargés de réclamer l’application de la loi au nom du peuple.
Parquet général : Ensemble des services du procureur général près de la cour
d’appel ou la cour suprême.
Partie civile : Personne qui réclame devant une juridiction répressive saisie,
la réparation du préjudice à lui causé par l’auteur d’une infraction.
Perquisition : Au cours de leurs enquêtes, les officiers de police judiciaire
peuvent effectuer des perquisitions, c’est-à-dire faire des recherches sur tous
les lieux où ils peuvent trouver des objets susceptibles de leur permettre
d’établir la vérité.

83
Pourvoi en cassation : Voie de recours exercée par une partie ou par le
ministère public contre une décision rendue en dernier ressort quand il estime
que la loi a été violée ou mal appliquée.
Pré notation : Interdiction faite au conservateur de la propriété foncière
par le président du tribunal de première instance de muter un titre foncier
objet d’un litige.
L’inscription de la pré-notation judiciaire intervient par ordonnance sur
requête. Elle peut être levée par ordonnance de référé.
Prescription extinctive : Un droit qui n’est pas exercé pendant un certain
temps est éteint par la prescription, c’est-à-dire ne peut être réclamé. Ainsi
les salariés non réclamés pendant plus de 3 ans sont prescrits
Prévenu : Personne poursuivie devant un tribunal pour un délit ou une
contravention.
Procès-verbal : Ecrit par lequel un officier de police judiciaire, un huissier
ou un greffier relate les constations qu’il a relevées et les dépositions qui
ont été faites.
Procureur de la république : Magistrat placé à la tête d’un parquet d’instance
et remplissant les fonctions du ministère public auprès des tribunaux de
première ou de grande instance ou il est nommé.
Procureur Général : Magistrat placé à la tête du parquet général près la cour
suprême ou une cour d‘appel.
Receleur : Est receleur celui qui détient en connaissance de cause des choses
volées, détournées ou obtenues à l’aide d’une infraction, ou qui après un
crime soustrait les malfaiteurs de l’arrestation ou des recherches.
Récidiviste : Est récidiviste celui qui après avoir été condamné pour un
crime ou délit, commet à nouveau un crime ou un délit dans un délai de 5
ans après l’exécution de la peine encourue.
Recours en grâce : Requête adressée par un condamné au chef de l’Etat pour
le supplier de réduire ou de supprimer une peine à laquelle il a été condamné.
Réhabilitation : Institution permettant de réintégrer à un individu les droits
civiques et civils qu’il a perdu à la suite de la faillite ou de la condamnation
pénale.
Requête : Demande écrite adressée à un magistrat en vue d’obtenir une
décision.

84 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Réquisitions : Conclusions orales ou écrites présentées par le ministère pour


demander l’application de la loi.
Rôle d’audience : Liste des affaires qui seront appelées à une audience donnée.
Saisie : Procédure d’exécution forcée par laquelle un huissier, à la demande
d’un créancier, met les biens mobiliers ou immobiliers d’un débiteur sous
la main de la justice en vue de le vendre aux enchères pour payer sa dette.
Saisie conservatoire : Saisie ayant pour but de soustraire à la libre disposition
du débiteur certains biens en attendant que le tribunal déclare bonne et
valable la saisie et la transforme en saisie-exécution.
Sentence : Décision rendue par un tribunal à la suite d’un procès.
Siège (Magistrats du) : Magistrats qui ont pour mission de juger, par
opposition aux magistrats du parquet qui ont pour mission de rechercher les
délinquants et de les traduire devant les tribunaux pour voir appliquer la loi.
Signification : Remise par un huissier à un justiciable d’un jugement ou
d’un acte de justice.
Substitut : Magistrat qui seconde le procureur de la république (substitut du
procureur de la république) ou le procureur général (substitut du procureur
général) dans l’accomplissement de ses fonctions.
Statuer : Prononcer la sentence, rendre un jugement.
Sommation : Acte d’huissier enjoignant à une personne d’accomplir, de faire
ou de ne pas faire quelque chose.
Succession : Transmission du patrimoine d’un individu décédé à ses héritiers.
Sursis : Suspension de l’exécution d’une peine d’amende ou d‘emprisonnement
si pendant un délai déterminé le condamné ne commet pas une nouvelle
infraction.
Sursis à l’exécution : Interruption d’une décision de justice en attendant
un événement, par exemple l’intervention de l’arrêt de la cour d’appel ou de
la cour suprême.
Sursis à statuer : Décision du tribunal de suspendre provisoirement le
déroulement du procès en attendant un événement. Ainsi le tribunal de
premier degré saisi d’une demande de divorce fondée sur l’adultère peut
surseoir à statuer en attendant que le tribunal correctionnel saisi, d’une
citation directe pour adultère ait statué.

85
Testament : Acte par lequel une personne décide du sort de ses biens après
sa mort.
Tiers : Personne non concernée par un acte, par opposition à partie.
Traduire (devant une juridiction) : Appeler une personne à comparaitre
devant une juridiction pour y être jugée.
Transaction : Accord par lequel deux parties décident à l’amiable et moyennant
des concessions réciproques de mettre fin à un litige sans intervention d’une
juridiction.
Tribunal de grande instance : Juridiction siégeant dans les chefs-lieux de
département et chargée et régler les conflits relatifs à l’Etat de personnes
(divorce, filiation), de juger les affaires criminelles et de statuer sur les
amendes des sommes d’argent dont le montant est supérieur à 5 000 000 F.
Tribunal Coutumier : Juridiction chargée de régler selon la coutume les
demandes de recouvrement des créances, les litiges relatifs, aux contrats et
les demandes en réparation des dommages matériels et corporels. En principe
le tribunal coutumier est présidé par un notable nommé par arrêté du ministre
de la justice parmi les notables ayant une connaissance satisfaisante de
la coutume. Cependant dans les localités où siège un tribunal de première
instance, la présidence du tribunal coutumier peut être rattachée à celle du
tribunal de première instance du ressort.
Tribunal de Premier Degré : Juridiction chargée de juger selon la coutume les
litiges relatifs à l’état des personnes à l’état civil, au mariage, à la filiation,
aux successions et aux droits immobiliers.
Le tribunal du premier degré est en principe présidé par un fonctionnaire
nommé par arrêté du ministre de la justice parmi les fonctionnaires en service
dans le ressort du tribunal.
Tribunal de première instance : Juridiction chargée de juger les contraventions
et les délits, les conflits relatifs aux créances n’excédant pas 5 000 000 F et
les cas urgent nécessitant la prise de mesures conservatoires et provisoires
(le référé).
Tutelle : Régime d’administration de la personne et des biens des mineurs
ou des malades mentaux hors d’état d’exercer leurs droits par eux-mêmes.
Usufruit : Droit qui permet à une personne, l’usufruitier de jouir d’un bien,
par exemple habiter une maison ou en percevoir les loyers, sans pouvoir
vendre ledit bien dont un tiers et nu-propriétaire.

86 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

Usure : Se rend coupable du délit d’usure prévu par l’article 325 du code
pénal le prêteur qui exige ou reçoit des intérêts ou autres rétribution, au
taux fixé par la loi pour les prêtes de même nature.
Viduité (délai de) : Délai que doit attendre une femme veuve ou divorcée
avant de se remarier, pour éviter l’incertitude relative à la paternité d’un
enfant qui naitrait moins de 300 jours après le décès du précédent mari ou
le divorce.
Viol : Commet le délit de viol puni par l’article 296 du code pénal celui, à
l’aide de violences physiques ou morales, contraint une femme, même pubère, à
avoir avec lui des relations sexuelles. L’état vulnérable de la victime (maladie,
déficience mentale, minorité de 16 ans) fait présumer la contrainte.
Voie de recours : Moyens mis à la disposition du justiciable pour lui permettre
de faire réexaminer par la même juridiction (opposition) ou par une juridiction
hiérarchiquement supérieure (appel, pourvoi) une décision de justice.
Vol : Soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. A ne pas confondre avec
abus de confiance et escroquerie. Il n’y a pas vol entre époux.

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INDIC ATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
A. Lois
• loi n°2006/015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire
• loi n° 2011/027 du 14/12/2011 modifiant et complétant certaines
dispositions de la loi n°2006/015 de la 29/12/2006 portante organisation
judiciaire
• loi n° 2008/015 du 29 décembre 2008 portant organisation judiciaire
militaire et fixant des règles de procédure applicables devant les
tribunaux militaires.
• Loi n° 2006/022 fixant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux
administratif
• Loi n° 2005/007 du 27 juillet 2005 portant code de procédure pénale :
livre deuxième, 1ère partie
• Loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pénal
• Loi n° 2006/022 fixant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux
administratifs
B. Textes internationaux
• Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines, et
traitements cruels ou dégradants.
• PIDESC
• PIDCP
C. Ouvrage
• Dipanda Mouelle Alexis, La torture, cette barbarie de l’humanité, Imprimerie
Saint Paul, Yaoundé ,1998 - 266 page
• Kamga Hilaire, Prévenir la torture, texte et Documents, Ed Consaf,
Yaoundé, 2005
• Bercis Pierre, Libérer les Droits de l’Homme, Ed La découvertes, Paris, 2000
• Boubou Pierre, Le droit à la portée de tous, Nouveaux Propos, Yaoundé,
1991

88 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN


LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

D. Autres Ouvrages disponibles dans la même


collection
1. Le gardé à vue et ses droits
2. Le Guide des libertés publiques au Cameroun
3. Collections « connaissez vos droits »
4. Droit commercial et administratif et secteur informel au Cameroun :
guide pratique »
5. Le Guide l’Observateur d’élection
6. Le guide de l’électeur Camerounais
7. Comprendre le Code de procédure pénale camerounais
8. Les aventures de Fatou, Volume 1 à 10
9. Cameroun : citoyenneté et démocratie
10. Prévenir la torture : texte et document
11. Les droits des personnes handicapées au cameroun

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PRÉSENTATION DE NDH-
CAMEROUN

Un leadership incontesté dans la promotion et la


protection des Droits de l’Homme au Cameroun
Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun (NDH-Cameroun) est une organisation
non gouvernementale à but non lucratif dont la principale mission est de
promouvoir, de défendre et d’étendre les droits de l’homme partout où ils sont
bafoués. NDH s’occupe principalement des droits civils et politiques, de l’accès
à la justice et de la bonne gouvernance. Dans ce cadre, NDH entretient des
relations de travail étroites avec le Système des Nations Unies et le Système
Africain de Protection des Droits de l’Homme.
NDH a été reconnue par les autorités camerounaises en septembre 1997 sous
le numéro 032/ASSA/F35/BAPP et dispose d’un statut consultatif auprès de
l’ONU. Depuis lors, NDH a réalisé plusieurs projets et programmes dans les
domaines tels que : l’appui au processus démocratique, la protection des
réfugiés, la protection des droits des personnes handicapées et des femmes,
la lutte contre la torture, les mauvais traitements et les disparitions forcées,
l’éducation aux Droits de l’Homme et à la Paix, la promotion de la Citoyenneté
active, la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
NDH a noué des partenariats aussi bien au niveau international que national,
avec les gouvernements, les organisations locales et internationales, le
secteur privé, etc.
• NDH a reçu en 2002 le prestigieux Prix Droits de l’Homme de la
République Française.
• NDH assure la coordination au Cameroun et en Afrique Centrale du projet
continental « State of the Union of Africa » SOTU-Africa.
• NDH est point focal pour l’Afrique Centrale de la campagne mondiale
contre les dépenses militaires #GCOMS promue par IPB et menée
dans 26 pays du monde
• NDH est partenaire de la stratégie de campagne conjointe conduite par
CRISIS Action pour la crise dans les régions anglophones du Cameroun.
Au niveau international, NDH est membre du bureau directeur du Réseau
Francophone des Droits de l’Homme ; du Comité Exécutif du Réseau Africain

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LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I

contre les Disparitions Forcées et du très célèbre International Peace Bureau


(IPB) qui est Prix Nobel de la Paix.
Au niveau National, NDH-Cameroun est membre actif et facilitateur de plusieurs
réseaux et plateformes d’organisations de la société civile. Notamment le
Forum de la Société Civile pour la Démocratie, le RENADHD (Réseau National
des Associations et ONGs des Droits de l’Homme et de la Démocratie), le
ROAD (Réseau des Organisations d’Appui à la Démocratie), la plateforme
DESC Cam, etc.
Contact NDH-Cameroun
32, Rue Polyclinique Bastos
BP 4063 Yaoundé-Cameroun /Tél. : (237) 242 011 247
Email : [email protected]
Site Web : www.ndhcam.org

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