NDH - 2019 Le Guide Du Justiciable
NDH - 2019 Le Guide Du Justiciable
NDH - 2019 Le Guide Du Justiciable
Cameroun :
Le Guide du justiciable
La justice Pénale d
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4ème
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Tome 1
2
N 8
Connaissez vos droits !
Ont contribué :
• Me Victor KADJE
• Mme Cyrille Rolande Bechon
• Magistrat Louis Marie Mbeula
• Magistrat Daniel Duplex TAWEMBE
Coordination Scientifique : Dr Hilaire Kamga
(précédentes édition)
Copyrights ….
Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale du présent ouvrage par quelques
procédés que ce soit est interdite sans l’autorisation de Nouveaux droits de l’Homme.
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traduction, ou adaptation nécessitent l’autorisation préalable écrite des éditeurs, qui pourront
exiger le paiement d’un droit.
Pour toute demande d’information ou d’autorisation, contactez [email protected]
Sigles et abréviations
CCJA : Cour Commune de Justice et d’arbitrage
CP : Code pénal
CPP : Code de procédure pénale
ITT : Incapacité temporaire de travail
OHADA : Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OPJ : Les officiers de police judiciaire
PV : Procès-verbaux
TGI : Tribunal de Grande Instance
TM : Tribunal militaire
TPI : Tribunal de Première Instance
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
VDH : Volontaire des droits de l’Homme
5
EN GUIDE DE PRÉFACE
« Nemo Censetur Ignorare Legem ». Cet adage qui signifie littéralement :
« Personne n’est censée ignorer la loi », fait interdiction à quiconque
d’invoquer comme excuse, sa méconnaissance du droit pour se soustraire à
une obligation.
Pourtant, suffit-il de décréter que tous les citoyens connaissent la loi pour
leur imposer sa rigueur ?
Que font les pouvoirs publics pour que l’arsenal juridique soit approprié par
tout le monde, ou tout au moins par le plus grand nombre ?
Chacun peut trouver une réponse à cette interrogation.
Nouveaux Droits de l’Homme quant à lui a estimé qu’il ne faut pas se
complaire de la présomption de connaissance du droit par le citoyen.
Aussi fidèle à son leitmotiv qui est la protection des droits individuels, a-t-il
résolu de doter nos compatriotes d’un instrument riche en enseignements
et édifiant sur les droits du citoyen camerounais : Le Guide du Justiciable.
Nouveaux Droits de l’Homme en est à la 4e édition de cet ouvrage sous
différents titres. Il ne faut pas lire dans la boule de cristal pour comprendre
que les rééditions successives de ce manuel traduisent le succès qu’il engrange
auprès du public.
Comment aurait-il pu en être autrement ?
En effet, Nouveaux Droits de l’Homme et tous ceux qui ont contribué à
cette publication ont tenu à ce que ce soit fait dans un style sobre et simple,
accessible à tous, tout en traitant des sujets névralgiques.
Cette nouvelle parution du Guide du Justiciable fait un tour d’horizon quasi
complet des questions qui taraudent les esprits de la plupart des camerounais.
En ces temps marqués par des soubresauts et remous sociaux, la publication
est d’une actualité brulante au regard de ses enseignements sur les sujets
de restriction et privation de libertés au Cameroun.
De la garde à vue judiciaire à celle administrative, le lecteur trouvera des
réponses à nombres d‘interrogations courantes.
L’ouvrage doit être un bréviaire aussi bien pour les praticiens, afin de leur
permettre de questionner certains reflexes qui tendent à se sédimenter, pour
7
TABLE DES MATIÈRES
EN GUIDE DE PRÉFACE 6
AVANT-PROPOS 9
EN GUIDE DE POST-FACE 74
ANNEXE 78
PRÉSENTATION DE NDH-CAMEROUN 90
AVANT-PROPOS
Le Cameroun est un pays qui a choisi l’encrage démocratique comme socle
de la structuration de sa gouvernance. Ce choix implique naturellement des
actions concrètes pour l’effectivité du principal pilier de la démocratie qu’est
l’Etat de droit. Pourtant malgré une volonté politique affichée au travers
des discours récurrents depuis plusieurs décennies, le Cameroun a du mal à
se hisser au rang des nations respectueuses des droits de l’Homme. Ce pays
continue d’être épinglé par divers rapports d’organisations nationales et
internationales pour les violations des droits des citoyens. Des multiples
enquêtes menées ont montré que la plupart de violations de droits de l’homme
se déroulent pendant l’arrestation, l’enquête préliminaire et la détention.
Le code de procédure pénale est venu donner un nouvel encadrement juridique
à ces questions avec un prime un renforcement des droits de la défense dans
l’enquête préliminaire et l’instruction. Il est important que le para juriste en
particulier, le Mandant et le justiciable en général puisent avoir des réponses
précises aux questions pratiques qui sont régulièrement posées en matière
d’arrestation et de détention. Afin de permettre une meilleure appropriation
de ces changements, nous avons choisi l’option de donner une tonalité
pédagogique à l’ouvrage, ce qui a l’avantage de faciliter la compréhension
des textes juridiques même pour ceux qui ne sont pas juristes. Il n’est pas
superflu de signaler que cette initiative est simplement le prolongement
du programme « prévenir la Torture » initié par l’ONG Nouveaux Droits de
l’Homme en 2003 avec l’appui de l’Union Européenne
En lançant simultanément les programmes «Prévenir la Torture» et «Education
à la citoyenneté et à la Démocratie», Nouveaux Droits de l’homme (NDH)
n’avait aucunement pour ambition de faire de tous les camerounais des
juristes. Loin s’en faut. Il s’agissait, au regard des injustices et des violations
flagrantes et régulières des droits de l’homme, nées le plus souvent d’une
méconnaissance de la loi, de donner aux populations les outils didactiques
et intellectuels pour traduire dans la réalité cette maxime discutable mais
incontournable, selon laquelle « nul n’est censé ignoré la loi ».
Aussi était-il important, voire indispensable, de doter le Cameroun d’un pool
de para juristes susceptibles d’aider les populations, non seulement à connaitre
leurs droits, mais à mieux les défendre. Aussi, le projet « Programme Para
juriste « tel que pensé et lancé en 2005, constituait une réponse cohérente
aux questionnements d’une population désabusée par les injustices qui
9
trouvaient indubitablement leur source dans une corruption généralisée,
doublée d’une impunité caractérisée, qui gangrènent le Cameroun, dès lors
que la réponse étatique à ce fléau s’est très souvent limitée aux campagnes de
sensibilisation et communication initiées la plupart du temps sou la pression
des bailleur de fonds. C’est ainsi que ce processus a permis en une décennie
de doter le Cameroun d’un pool d’environ 1500 parajuristes disséminés sur
l’ensemble du territoire camerounais. Ces parajuristes, parce que proches
des populations, sont appelés à les aider à mieux comprendre les arcanes du
droit et à en faire le meilleur usage. Il s’était agi donc de mettre en place
une nouvelle génération de conseillers juridiques non juristes, mais capables
d’éclairer les populations de les accompagner dans la phase contentieuse
et de leur permettre de mieux défendre leurs droits quand ceux-ci seraient
violés. Le programme Amélioration de l’Accès à la Justice pénale (PAAJP)
est venu donc comme le parachèvement de ce long processus d’assistance
judiciaire au Cameroun avec la professionnalisation des corps de Volontaires
des Droits de l’homme. Ainsi conçue, cette dynamique des volontaires des
DH devra servir de socle à la construction d’une nouvelle citoyenneté dont le
caractère déterminant ne souffrirait d’aucun doute dans un contexte périlleux
de lutte pour le pouvoir au Cameroun avec le délicat tournant de 2018 et
la permanence de la crise dite Anglophone..
Il est en outre impératif d’inventer de nouvelles formes de construction de
la citoyenneté qui se distinguent des modèles existant et inadaptés aux
modes de vie des populations civiles victimes des violations multiples, ayant
contribué à augmenter l’écart de compréhension et favoriser la persistance
et la généralisation de conflit. Et pourtant :
• La démocratie émergente au Cameroun, la démocratie véritable en
construction, entendue comme un espace d’utilisation et de production
de droits, ne peut exister et se développer que si tous les membres de
la société sont conscients de leurs droits et de leurs obligations, ainsi
que de ceux des autres ;
• Cette démocratie ne peut exister que si les masses populaires sont
capables de donner de la vie à leurs droits et à leurs obligations en les
utilisant, ou en favorisant leur évolution.
Il est aujourd’hui établi que les citoyens, ignorants de leurs droits, sont
dépossédés d’une partie importante de leur citoyenneté. Parfois, ils se
considèrent comme des sous-hommes, se rendant ainsi complices et victimes
d’abus, de violation de leurs droits d’actes de corruption et d’asservissement.
Par ailleurs, l’action de ces Volontaires des droits de l’Homme, serait à notre
sens limitée, si elle ne s’accompagnait pas d’un support pédagogique destiné
à faire pérenniser l’enseignement. D’où l’urgence du présent guide (Le Guide
du justiciable) qui est une version revue et corrigée après les éditions de
2006 et 2016. Il est conçu pour être utile, non seulement aux volontaires sus
cités, mais aussi à tous les citoyens camerounais sachant lire et écrire. C’est
là notre contribution à l’œuvre de démocratisation du droit, qui seul devrait
permettre de reconstituer les équilibres sociaux, de réduire les inégalités et
les centres de corruption, et surtout d’asseoir définitivement une démocratie
propre, efficace et surtout citoyenne.
Le parajuriste/VDH ainsi moulé se mettra au service des populations dans
le but de leur expliquer régulièrement le contenu du Guide, de les assister
aussi bien devant les tribunaux, de servir de passerelle entre celles-ci et les
centres spécialisés d’accompagnement des victimes, tels que NDH-Cameroun
et Mandela Center dans le cas du suivi des procédures et réparation.
« Le Guide du Justiciable- Tome 1», qui a bénéficié d’un appui de Maître
Pierre BOUBOU et du Dr Hilaire KAMGA, pour les précédentes éditions, est
subdivisé en deux (2) parties, et comporte deux (2) annexes, répondant
ainsi aux besoins de compréhension identifiés lors de l’enquête préalable à
sa rédaction.
Par cet ouvrage, nous avons bien voulu continuer l’œuvre de facilitation de
l’accès à la justice pénale pour les couches sociales initiée par l’ONG Nouveaux
Droits de l’Homme depuis plus de deux décennies.
Nous sommes conscients que le lecteur averti y trouvera quelques imperfections.
Nous attendons les critiques qui nous permettront de parfaire la 3ème édition
dans cette même collection Le Guide.
Enfin, il faudrait relever que ce Guide est également destiné à tous ceux
intéressés ou confrontés à la protection des droits de l’homme au Cameroun.
Je tiens ici à remercier l’Union Européenne, dont le financement a permis
de réaliser cette nouvelle édition du Guide pour les deux tomes.
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12 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I
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CHAPITRE I : LES RESTRICTIONS
ET PRIVATIONS DES LIBERTES
AU CAMEROUN : QUESTIONS
FRÉQUEMMENT POSÉES.
rime ou un délit commis dans une maison qu’elle occupe ou dont elle
assure la surveillance.
1) Que faire d’un individu surpris en flagrant délit ?
Un individu surpris en flagrant délit, doit être immédiatement conduit devant
le procureur de la République, ce dernier l’interroge et s’il y a lieu le traduit à
l’audience la plus proche. Le procureur de le République peut placer l’inculpé
sous mandat de détention provisoire s’il estime qu’il y a charges suffisantes
et que les faits sont de nature à justifier une telle mesure.
15
Il convient de préciser également que celui qui organise son insolvabilité ou
qui ne paie pas une pension alimentaire à laquelle il a été condamné peut
être poursuivi et condamné pour ce motif, en vertu des articles 180, 181 et
331 du code pénal.
4) Quelle est la valeur des mandats judiciaires ?
Il résulte des textes en vigueur que les mandats de comparution, d’amener,
de détention provisoire et d’arrêt doivent être signés par le magistrat qui
les décerne et munis de son sceau ; ils doivent être datés ; le mis en cause
doit être désigné le plus clairement possible.
De plus le mandat contient l’énonciation du fait pour lequel il est décerné
et l’énonciation, de la loi qui déclare que ce fait est un crime ou un délit.
Tout mandat doit être décerné par écrit. Il en est donné lecture et laissé la
copie à l’intéressé. Cependant, en cas d’urgence, un officier de police judiciaire
peut exécuter des mandats qu’il n’a pas en sa possession (art.29 du Code de
Procédure Pénale). Sous réserve de l’inviolabilité du domicile avant six (6)
heures et après dix-huit (18) heures, un mandat peut être exécuté à tout
moment, même les dimanches et jours fériés.
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D. LA GARDE À VUE ADMINISTRATIVE
1) Quelle est la procédure de garde à vue administrative ?
Ce sont les Préfets et les Gouverneur de Régions qui ont le pouvoir d’ordonner
la garde à vue administrative d’un citoyen.
La loi (n°90/054 du 19 décembre 1990) permet aux autorités administratives
de « prendre des mesures de garde à vue d’une durée de quinze jour (15)
jours renouvelables dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme ».
Ce texte déroge au principe général selon lequel le juge judicaire, gardien
des libertés individuelles est le seul à pouvoir ordonner qu’un individu soit
privé de sa liberté.
Cette dérogation est d’autant plus préjudiciable aux libertés individuelles
que la durée de son renouvellement n’est pas limitée. Mais la loi justifie ces
dispositions par les contraintes de la lutte contre le grand banditisme et à
condition que son application soit maintenue exclusivement dans ce cadre,
ce qui ne semble pas toujours être le cas, dans la mesure où il n’existe pas
une définition juridique de ce qu’est le grand banditisme.
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F. CAS DES MALADES MENTAUX ET DES IVROGNES
1) Les agents des forces de maintien de l’ordre ont-ils
en devoir de procéder à l’arrestation des malades mentaux
(«fous») en divagation sur la voie publique ?
La gendarmerie et la police doivent empêcher la divagation de fous dangereux
et des évadés des établissements d’aliénés. Cette arrestation doit être suivie
de leur remise immédiate à l’autorité administrative. Là s’arrête leur rôle
(art.55 du décret sur la gendarmerie).
2) Les agents des forces de maintien de l’ordre ont-ils en
devoir de procéder à l’arrestation des ivrognes ?
Les agents des forces de maintien de l’ordre doivent constater par un procès-
verbal les infractions à la loi sur l’ivresse. Si un ivrogne cause du scandale
sur la voie publique, il peut être arrêté et conduit dans le local désigné à
cet effet par l’autorité administrative (art.57 textes sur la gendarmerie).
Cependant, l’ivrogne récidiviste peut être condamné à une peine d’emprisonnement.
En effet, si après une contravention pour ivresse publique le condamné est
dans les 12 mois, à nouveau surpris en état d’ivresse publique, il s’expose
cette fois à un emprisonnement de 15 jours à 1 mois.
Le vendeur de boisson qui donne à boire aux gens ivres s’expose à la même
peine ainsi qu’à la fermeture de son établissement. (Art. 243 du Code Pénal)
3) Une personne susceptible de propager une maladie
contagieuse peut-elle être arrêtée ?
A notre connaissance, aucun texte ne prévoit l’arrestation d’un individu pour
risque de propagation d’une maladie contagieuse. Par contre, le code pénal
(article 260) punit celui qui, par sa conduite, facilite la communication d’une
maladie contagieuse et dangereuse. La peine encourue est un emprisonnement
de 3 mois à 3 ans.
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3) Quel est le tribunal compétent pour connaitre d’une
requête aux fins de libération immédiate ?
D’après la loi, c’est le Président du Tribunal de Grande Instance ou tout autre
magistrat du siège de ladite juridiction désigné par lui, qui est compétent
pour connaitre des requêtes en libération immédiate.
Il en est ainsi même lorsque la garde à vue a été demandée par une autorité
administrative. Ainsi dans l’affaire M.P.C/ NYO WAKAI et 172 autres, le Tribunal
de Grande Instance de Bamenda a par jugement n°H.C B/19CRM/921 du 21/121
1992 ordonné la libération immédiate du juge retraité NYO WAKAI, l’avocat
SAMA Francis et de 37 autres détenus interpellés sur ordre du Gouverneur à la
suite des malheureux événements qui sont survenus à Bamenda à l’occasion
de l’élection présidentielle du 11 octobre 1992 : LEXLATA n°17 P.3 Note
Léopold DONFACK SOCKENG.
4) Quelle est la procédure en matière de requête aux fins
de libération immédiate ?
La requête est déposée en quatre exemplaires (04) au greffe du Tribunal de
Grande Instance territorialement compétent qui la transmet au Procureur de
la République pour fixation d’une date d’audience. Le président saisi enjoint
à l’autorité qui détient la personne concernée de la conduire devant lui aux
jours et heures fixés, munie du titre d’arrestation ou de détention. Le Président
du Tribunal statue sur la libération immédiate après avoir entendu l’avocat
du requérant et le Ministère Public.
5) Quelles sont les conditions de libération sous caution ?
Suivant les articles 224 à 232 du Code de procédure Pénale, toute personne
légalement détenue à titre provisoire peut bénéficier de la mise en liberté
moyennant une des garanties visées à l’article 246(g) dudit Code, destinées
à assurer notamment sa représentation devant un officier de police judiciaire
ou une autorité judiciaire compétente.
Toutefois, ces dispositions ne s’appliquent pas aux personnes poursuivies
pour crime passible de l’emprisonnement à vie ou de la peine de mort.
La demande de mise en liberté sous caution est adressée, selon le cas, à l’officier
de police judiciaire, au Procureur de la République, au juge d’Instruction ou
à la juridiction de jugement.
Lorsque le requérant présente plusieurs garants pour obtenir sa mise en
liberté, ceux-ci peuvent prendre leurs engagements séparément.
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En cas de fuite, le cautionnement est acquis au Trésor Public, sans préjudice
des droits de la partie civile.
Le remboursement du cautionnement consigné pendant la garde à vue est
ordonné par le paquet compétent.
6) Peut-on exiger une indemnisation en raison d’une
détention ou d’une garde à vue abusive ?
En vertu de l’article 236 du CPP, toute personne ayant fait l’objet d’une garde
à vue ou d’une détention provisoire abusive peut, lorsque la procédure
aboutit à une décision de non-lieu ou d’acquittement devenue irrévocable,
obtenir une indemnité si elle établit qu’elle a subi du fait de sa détention
un préjudice actuel d’une gravité particulière.
L’indemnité est à la charge de l’Etat qui peut exercer une action récursoire
contre son agent fautif (Procureur de la république, Juge d’instruction ou
Officier de police judiciaire).
7) Peut-on poursuivre au pénal l’auteur d’une privation
arbitraire de liberté ?
Oui, une plainte peut être déposée contre l’auteur des faits. Ainsi la victime
d’une arrestation ou d’une séquestration arbitraire peut se plaindre à juste
titre en justice.
L’article 291 du Code Pénal punit celui qui, de quelque manière que ce soit, prive
autrui de sa liberté. L’auteur de l’arrestation arbitraire s’expose normalement
à une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans et une amende de 20.000 à
1.000.000 de francs. Mais la loi a prévu trois circonstances aggravantes :
• si la privation de liberté dure plus d’un mois ;
• si elle est accompagnée de sévices corporels ou moraux ;
• si l’arrestation est effectuée au vu d’un faux ordre de l’autorité publique,
soit avec port illégal d’uniforme, soit sous une fausse qualité.
Dans ces trois cas, l’auteur de la séquestration s’expose à une peine
d’emprisonnement de 10 à 20 ans.
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NB : Le conseil à cette étape de la procédure n’est pas toujours un avocat
Cette réglementation est contenue dans le CPP qui demande qu’un temps
raisonnable soit accordé au suspect pour se reposer et que mention de ce
temps soit faite au procès-verbal. Le même CPP demande également que
soit mentionnée au procès-verbal de l’audition, la durée de repos qui sépare
les différentes auditions auxquelles le suspect a été soumis (articles 121 et
suivants du CPP).
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Celui qui détient un individu dans un lieu autre que celui fixé par la loi se
rend coupable du délit de détention arbitraire puni par le code pénal (article
291 du Code Pénal). Il résulte de ce texte qu’il est interdit toute détention
dans une chefferie ou un lamidat.
3) Le suspect a-t-il droit aux visites médicales au cours
de l’information judiciaire ?
Toute personne arrêtée bénéficie de toutes les facilités raisonnables en vue
d’entrer en contact avec sa famille, de constituer un conseil, de rechercher
les moyen pour assurer sa défense, de consulter un médecin et recevoir des
soins médicaux, et de prendre les dispositions nécessaires à l’effet d’obtenir
une caution ou sa mise en liberté (Art.37 du CPP).
4) Au cours des débats, l’accusé peut-il comparaître
enchaîné ?
Le magistrat soucieux des droits de l’homme tient à ce que les accusés
comparaissent libres devant le Tribunal, c’est-à-dire sans chaines, ni menottes
et avec la pleine liberté de leurs mouvements.
Ainsi, la Cour d’Appel de Douala a refusé de juger un condamné à mort
qui comparaissait à la barre enchainé des pieds et des mains (cf. annexe
jurisprudence). La présence des gardiens de prison est évidemment nécessaire
pour éviter les évasions.
5) Dans quelle langue doit parler un accusé qui ne peut
s‘exprimer correctement ni en français, ni en anglais ?
L’accusé est toujours en droit de s’exprimer dans la langue qu’il maitrise le
mieux. Il appartient à la juridiction saisie de désigner la personne qui servira
d’interprète entre le tribunal et l’accusé.
6) Le prévenu dispose-t-il d’un temps limité pour
s’exprimer ?
En principe non. La loi prévoit même qu’il a droit à la parole en dernier lieu.
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représentation que vous présentez et sur le fait que votre mise en liberté ne
peut nuire à la manifestation de la vérité.
10) Une personne sous mandat de détention provisoire
peut-elle demander une mise en liberté sous caution ?
Oui. Dans tous les cas où la mise en liberté n’est pas de droit, la mie en
liberté peut être subordonnée au paiement d’une caution déterminée par
le juge d’instruction, le tribunal ou la cour. Cette caution garantit surtout
la représentation de l’inculpé à tous les stades de la procédure ainsi que
l’exécution du jugement à intervenir.
En dehors de cette caution financière toute tierce personne solvable pourra
également être admise à prendre l’engagement de faire représenter l’inculpé
à toute réquisition de justice, ou à défaut, de verser au trésor la somme
déterminée.
11) Le mis en cause peut-il être à nouveau arrêté après sa
mise en liberté ?
Oui. Le juge d’instruction peut, toujours dans la suite de l’information
judiciaire, décerner contre le prévenu un mandat d’amener, d’arrêt ou de
détention provisoire, si des circonstances nouvelles et graves rendent
cette mesure nécessaire. De même, la juridiction qui a ordonné à une peine
d’emprisonnement ferme peut décerner contre lui, un mandat d’incarcération
(s’il est présent à l’audience) ou un mandat d’arrêt (s’il n’est pas présent à
l’audience).
K. L’ASSISTANCE JUDICIARE
1) Qu’est-ce que l’assistance judiciaire ?
L’assistance judiciaire est une faveur permettant à son bénéficiaire, partie
à un procès ou à un acte de juridiction gracieuse, d’obtenir le jugement ou
l’acte sollicité, ou l’exécution de ceux-ci avec dispense de l’avance de tout
ou partie des frais qu’il devrait normalement supporter. Les frais de justice
étant relativement élevés, toute personne qui doit intenter ou subir un
procès et qui n’a pas de ressources suffisantes, a la possibilité d’obtenir
gratuitement les services de tous les auxiliaires de justice (avocat, huissier)
et d’être exonéré des frais du trésor. Cette assistance et attribuée par des
commissions fonctionnant auprès de chaque juridiction.
31
4) Quels sont les effets de l’assistance judiciaire ?
--a) Quant aux instances :
L’assistance judiciaire s’étend de plein droit aux actes et procédures d’exécution
postérieurs à la décision actionnant l’instance pour laquelle elle a été accordée.
L’assistance judiciaire peut en outre être accordée pour tous actes et procédures
d’exécution poursuivis en vertu des décisions obtenues sans le bénéfice de
cette assistance.
33
C. L’interdiction TOTALE de la Torture Qu’entend-t-
on par « torture » ?
La Convention définit la torture comme « tout acte par lequel une douleur
ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement
infligées à une personne aux fins notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce
personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou
une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider
ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce
personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle
qu’elle soit, lorsqu’une telle douleur ou de telles souffrances sont infligées
par un agent de la fonction publique ou tout autre personne agissant à titre
officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite. Ce
terme ne s’étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de
sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles ».
Selon la convention contre la torture, a son article 4 : Tout Etat partie
veille à ce que tous les actes de torture constituent des infractions au
regard de son droit pénal. Il en est de même de la tentative de pratiquer
la torture ou de tout acte commis par n’importe quelle personne qui
constitue une complicité ou une participation à l’acte de torture. Tout Etat
partie rend ces infractions passibles de peines appropriées qui prennent
en considération leur gravité. Tout Etat partie sur le territoire duquel se
trouve une personne soupçonnée d’avoir commis une infraction visée à
l’article 4 assure la détention de cette personne ou prend toute autre
mesure juridique nécessaire pour assurer sa présence. Cette détention et
ces mesures doivent être conformes à la législation dudit Etat. Elles ne
peuvent être maintenues que pendant le délai nécessaire à l’engagement
de poursuites pénales [article 6]
35
CHAPITRE II : LA PROCEDURE
DEVANT LES JURIDICTIONS
REPRESSIVES
Les juridictions répressives ont pour mission de rechercher les auteurs des
infractions et de les punir conformément à la loi. Le code pénal contient
l’inventaire des infractions et leur définition. Il contient aussi l’énoncé des
peines correspondantes à chaque infraction. En fonction de la gravité de la
peine applicable à chaque infraction, on distingue 3 catégories d’infractions :
B. LES DELITS
Les délits sont des infractions punies d’une peine privative de liberté d’une
durée comprise entre 10 jours et 10 ans d’emprisonnement ou d’une amende
excédant 25.000F ces peines peuvent être fermes ou assorties de sursis.
Exemple : Le défaut d’assurance, l’outrage, le vol, le vagabondage, les fraudes
électorales, l’usurpation de titre.
C. LES CRIMES
Les crimes sont des infractions punies de mort ou d’une peine privative de
liberté dont le minimum est supérieur à 10 ans. Exemples : le vol aggravé,
l’assassinat, le viol.
37
Avant d’opter pour la voie de la citation directe, il faut vous assurer que vous
détenez les preuves suffisantes sur l’infraction, de façon qu’il ne soit plus
nécessaire de procéder à une instruction. En outre les tribunaux ne recevront
votre citation que si vous avez la filiation de votre adversaire et ne jugeront
que lorsque vous aurez consigné au greffe, à titre des frais de justice, une
certaine somme dont le montant est fixé par le magistrat chargé de l’affaire
à la première audience.
2) La saisine indirecte
La saisine indirecte se fait par plainte avec ou sans constitution de partie
civile.
a) la plainte avec constitution de partie civile
La plainte avec constitution de partie civile est adressée au juge d’instruction
compétent. Lorsqu’il reçoit la plainte, le juge d’instruction en dresse procès-
verbal et fixe par ordonnance un montant à consigner par le plaignant en
vue de supporter les frais de la procédure, puis communique la plainte au
procureur de la république pour son réquisitoire après paiement de ladite
consignation. Lorsque le dossier accompagné du réquisitoire du procureur de
la république est retourné au juge d’instruction, celui-ci apprécie les suites
à donner à l’affaire et peut ouvrir une information judiciaire ou simplement
entendre la ou les personnes mises en cause en qualité de témoins. Cette
information judiciaire lui permet de réunir les preuves de l’infraction qu’on
appelle charges en procédant notamment à l’audition des parties et des
témoins. Il peut également avoir recours aux experts, décerner des commissions
rogatoires, c›est-à-dire ordonner à la police judicaire ou donner à un autre
magistrat mandat de procéder, sous son contrôle et selon ses directives à
des mesures d’instruction.
Le juge d’instruction dispose de plusieurs moyens pour accomplir sa mission :
• Il peut placer l’inculpé sous contrôle judiciaire, c’est à dire le laisser
en liberté mais en lui imposant certaines contraintes, par exemple lui
interdire de quitter la ville ;
• Il peut décerner divers mandats :
-- mandat de comparution, pour mettre l’inculpé en demeure de se
présenter devant lui aux dates et heures indiquées par le mandat ;
-- mandat d’amener, pour ordonner à la force publique de conduire
devant lui l’inculpé ;
-- mandat de détention provisoire, pour ordonner au régisseur de la
prison de recevoir l’inculpé qu’il place en détention provisoire ;
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Attention : si vous déposez une plainte avec constitution de partie civile,
vous devez verser une certaine somme d’argent appelée consignation, pour
les frais de procédures. Cette somme vous sera restituée à la fin du procès si
votre adversaire est condamné.
b) La plainte simple
La plainte simple est adressée à un commissariat de police, à la brigade de
gendarmerie la plus proche du lieu de commission de l’infraction, auprès de
l’autorité administrative locale ou auprès du Procureur de la République du
lieu où l’infraction a été commise.
Si vous avez déposé votre plainte à la police ou à la gendarmerie, les policiers
ou les gendarmes procèdent aux enquêtes préliminaires et transmettent au
Procureur de la République le dossier accompagné le cas échéant du suspect
au cas où l’infraction leur parait constituée et grave. Quand ce dossier parvient
au Procureur de la République, il a le choix entre 5 possibilités :
• demander à la police ou à la gendarmerie un complément d’enquête
• classer la plainte sans suite, c’est-à-dire refuser de continuer d’enquêter
en estimant par exemple que les faits invoqués ne constituent pas une
infraction ou qu’il n’est pas opportun de renvoyer l’auteur de l’infraction
devant le tribunal. Dans ce cas, vous pouvez vaincre son inertie en
saisissant le tribunal par voie de citation directe s’il s’agit d’un délit
ou d’une contravention.
• Citer directement le suspect devant le tribunal s’il estime qu’il y a bien
infraction (qu’il s’agisse d’un délit ou d’une contravention et non d’un
crime) et que les faits sont simples.
• Saisir le tribunal selon la procédure de flagrant délit (procès-verbal
d’interrogatoire au parquet en cas de flagrant délit) au cas où les
faits invoqués constituent une infraction qui, suivant la loi, peut être
poursuivie selon la procédure de flagrant délit.
• Requérir l’ouverture d’une information judiciaire si l’affaire est un crime
ou lui paraît complexe. Cette information permettra de recueillir tous
les renseignements utiles à la découverte de la vérité en vue de donner
une suite convenable à la plainte.
A. L’OPPOSITION
1) Qui peut faire opposition ?
La partie qui a été absente à un procès peut faire revenir l’affaire devant le
même juge pour qu’il la juge à nouveau. Cette voie de recours est ouverte
aux autres parties au procès pénal à l’exclusion du Ministère Public qui ne
peut pas être absent devant une juridiction répressive. Cependant, le juge
peut malgré votre absence, rendre une décision contradictoire à votre égard
si vous avez reçu personnellement la citation. L’opposition rend le premier
jugement nul.
2) Quels sont les Formes et les délais de l’opposition ?
L’opposition se fait par déclaration écrite ou orale au greffe de la juridiction
qui a rendu la décision attaquée.
Les délais varient suivant que la notification est faite à une personne
résidant au Cameroun ou à l’étranger: quand la personne condamnée réside au
Cameroun, le délai d’opposition est de 10 jours à compter de la signification
à sa personne de la décision par défaut. Il est de trois mois à compter du
lendemain de la signification faite à personne à l’étranger.
B. L’APPEL
1) Quel est l’Effet de l’appel ?
L’appel permet à une des parties au procès de provoquer un nouvel examen
de l’affaire par une juridiction hiérarchiquement supérieure à celle qui a
rendu le 1er jugement.
2) Délai et forme de l’appel
L’appel contre un jugement pénal doit être fait dans les 10 jours à compter du
lendemain de son prononcé s’il est contradictoire; s’il est par défaut, le délai d’appel
commence à courir le lendemain de la date d’expiration du délai d’opposition.
41
L’appel se fait par déclaration au greffe de la juridiction qui a statué. Il peut
même être fait par lettre ou télégramme à condition d’être régularisé par la
suite au greffe du tribunal.
C. LE POURVOI EN CASSATION
C’est une voie de recours par laquelle une des parties au procès demande
à la Cour Suprême d’annuler un arrêt qu’elle estime avoir été rendue en
violation de la loi.
1) Forme et délai du pourvoi
Le pourvoi en cassation est fait par déclaration au greffe de la Cour suprême
ou de la Cour d’Appel qui a statué, par télégramme avec récépissé, par lettre
recommandée avec accusé de réception ou par tout autre moyen laissant
trace écrite et ayant une date certaine, adressé au Greffier en chef de l’une
de ces juridictions.
Il doit intervenir en principe dans les 10 jours à compter du lendemain du
prononcé de l’arrêt s’il est contradictoire. Ce délai est de 30 jours à compter
du lendemain du jour où l’opposition n’est plus recevable lorsqu’il s’agit d’un
arrêt par défaut. Du lendemain du jour où le jugement est devenu définitif
lorsqu’il s’agit des décisions rendues en dernier ressort par les tribunaux.
2) Quel est l’Effet du Pourvoi ?
La Cour Suprême statuant en matière pénale juge en droit et en fait, et
peut de ce fait évoquer et statuer si elle estime qu’il y a eu une mauvaise
appréciation des faits ou une mauvaise application de la loi (article 527 du
Code de Procédure Pénale). Si elle estime que la Cour d’Appel a bien appliqué
la loi, elle rejette le pourvoi et l’arrêt devient définitif.
43
que l’erreur judicaire lui a causé. Ces dommages intérêts sont à la charge
de l’Etat qui peut se retourner contre le dénonciateur ou le faux témoin
par la faute de qui la condamnation entachée d’erreur a été prononcée.
E. Les voies de recours en cas de détention
arbitraire/détention abusive
Une détention est dite arbitraire lorsque autorité prive de liberté une
personne sans base légale. En cela, cette détention constitue un délit, une
atteinte aux droits de l’homme. Le code de procédure pénale prévoit des
mécanismes de recours permettant au justiciable de contester la légalité
de son arrestation ou de sa détention et éventuellement d’obtenir son
élargissement. Comme recours nous avons : La libération immédiate ou
habeas corpus qui permet à toute personne privée de liberté de saisir
un juge afin que ce dernier statue à bref délai sur la légalité de son
arrestation ou de sa détention et ordonne sa libération immédiate si la
détention est illégale. Le recours en indemnisation consacré par l’article
236 du code de procédure pénale qui dispose que toute personne ayant
fait l’objet d’une garde à vue abusive peut, lorsque la procédure aboutit
à une décision de non-lieu ou d’acquittement devenue irrévocable obtenir
une indemnité si elle établit qu’elle a subi du fait de sa détention un
préjudice actuel d’une gravite particulière.
45
C. Quelles sont les exceptions à cette compétence
rationae personae et materiae ?
Toutefois les mineurs de quatorze (14) à dix-huit (18) ans, auteurs ou complices
des faits visés à l’article 7 sont justiciables des juridictions de droit commun.
De même, les étrangers auteurs ou complices des faits visés à l’article 7, sont
justiciables du tribunal militaire sous réserve des conventions internationales
prévoyant un privilège de juridiction ou des règles relatives aux immunités
diplomatiques.
47
48 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I
49
Il est généralement observé une certaine confusion lorsqu’il s’agit d’identifier
les acteurs dans le système judicaire camerounais. Le para-juriste, le mandataire
ou tout autre citoyen est donc appelé à connaitre les arcanes ethnologiques
des hommes de justice à travers leurs appellations, leurs attributions et leurs
responsabilités. Pour en faciliter l’appropriation, l’organisation judiciaire au
Cameroun et la procédure ont été schématisées.
B. LES MAGISTRATS
Le terme Magistrats désigne l’ensemble des hommes et femmes qui ont la
charge de dire le droit dans les différents tribunaux. Cependant il convient
de distinguer deux grandes catégories de magistrats : les magistrats du siège
ou juges et les magistrats du parquet ou procureurs de la République.
1) Les magistrats du siège ou juges
Ils ont la mission et le pouvoir de juger, c’est-à-dire de trancher les litiges en
rendant des jugements. Comme ils remplissent cette fonction étant assis sur
le siège, on les appelle communément magistrats assis. Ils rendent la justice
au « nom du Peuple Camerounais » et statuent le plus souvent seuls (juge
unique). Mais dans certains cas prévus par la loi, ils peuvent être assistés
de deux assesseurs, magistrats ou non.
2) Les magistrats du parquet ou procureurs de la
République encore appelés Ministère Public
Ils n’ont pas la mission de juger. Ils ne participent pas au délibéré. Ils sont
essentiellement les agents du pouvoir exécutif auprès des tribunaux, ayant
pour mission de veiller au respect du droit et de l’ordre public. Leur mission
est donc de défendre la société, d’en être les avocats et de demander au
juge (magistrat du siège) d’appliquer les lois. Comme ils se lèvent quand
ils prennent la parole à l’audience c’est-à-dire quand ils requièrent, on les
désigne communément sous l’appellation de « magistrats débout ».
51
C. LES AVOCATS
L’avocat est un auxiliaire de justice qui a pour mission d’assister et de
représenter les parties en justice, de postuler, conclure et plaider pour
elles, de leur donner des consultations juridiques, de poursuivre l’exécution
des décisions de justice, notamment engager et suivre toute procédure
extrajudiciaire, recevoir les paiements et donner quittance, accomplir aux
lieu et place des parties, des actes de procédures.
D. LES NOTAIRES
Les notaires sont des officiers publics dont le rôle essentiel est de recevoir les
actes et contrats auxquels les parties doivent ou veulent donner un caractère
authentique, c’est-à-dire leur donner force de preuve. Ils garantissent la date
de ces documents, les conservent et peuvent en délivrer les copies appelées
grosses ou expéditions.
1) les attributions des notaires
Aux termes de la loi, devront être établis à peine de nullité en forme notariée
entre autres :
• Tous les actes constitutifs, déclaratifs, translatifs, extinctifs de droits
réels immobiliers ;
• Tous les actes déterminant ou modifiant l’étendue, la consistance ou
le mode de jouissance de ces droits, à l’exception des baux d’une durée
inférieurs à 3 ans ;
• Toutes les attestations en constatant la mutation par décès testamentaire
ou ab-intestat ;
• En ce qui concerne les statuts des sociétés commerciales, ils doivent être
établis par acte notarié ou par acte offrant des garanties d’authenticité
de l’Etat du siège de la société et déposés avec reconnaissance d’écritures
et de signatures de toutes les parties au rang des minutes d’un notaire.
Ils ne peuvent être modifiés qu’en la même forme (Art 10 Acte Uniforme
OHADA relatif au droit des sociétés commerciales).
Tous les actes notariés font foi en justice de la convention qu’ils renferment
entre les parties contractantes et leurs héritiers ou ayants cause.
Lorsque l’acte notarié est revêtu de la formule exécutoire, il est exécutoire
dans toute l’étendue de l’Etat du Cameroun, au même titre qu’une décision
de justice.
F. LES GREFFIERS
Ce sont les auxiliaires de justice les plus proches du juge puisqu’ils sont chargés
tout au long de l’instance judiciaire de garantir le respect et l’authenticité
de la procédure. Maillon essentiel du fonctionnement de la justice, le greffier
enregistre les affaires, prévient les parties des dates d’audiences et de clôtures,
prépare les dossiers pour les magistrats, prend note du déroulement des débats
sauf en matière pénale où le plumitif est tenu par le juge, rédige les procès-
verbaux, mets en forme les décisions etc. Tout acte accompli à son absence
peut être frappé de nullité. Le greffier joue un rôle d’intermédiaire entre les
avocats, le public et les magistrats. Il renseigne, oriente et accompagne les
usagers dans l’accomplissement des formalités ou procédures judiciaires.
53
Ils exercent ces prérogatives dans un cadre juridique particulièrement précis
et sous le contrôle de l’autorité judiciaire gardien de la liberté individuelle.
55
SECTION III : ORGANISATION SCHEMATIQUE DE
L’APPAREIL ET IIIDES
SECTION PROCEDURES
: ORGANISATION JUDICAIRES
SCHEMATIQUE DE AU
L’APPAREIL ET DES PROCEDURES JUDICAIRES AU
CAMEROUN
CAMEROUN
Tribunaux de
Grande
Département Instance
Schema22 :
SCHEMA voiesDE
: VOIES de RECOURS
recours enEN
matière pénale
MATIERE PENALE
Vous êtes convoqué devant le tribunal
57
selon la nature du litige et le montant des sommes en cause.
• A la Cour suprême, la partie demanderesse doit payer une taxe à pourvoi
qui s’élève à 15.000 francs,
• Devant toute juridiction, les délivrances des copies, des expéditions et
grosses des décisions rendues donnent droit au paiement d’une somme
dont le montant varie selon le nombre de pages (rôles) que contient
la décision.
• Les actes tels que les extraits du plumitif sont également payant (1000
francs et un timbre fiscal de 1000 francs/feuille).
2) les frais d’enregistrement
a) Les frais d’enregistrement de la décision
En principe, le greffier ne peut délivrer copie, expédition ou grosse d’une
décision qu’après que la minute (l’original) de celle-ci ait été enregistrée (art.
91 du code d’enregistrement) à moins que le juge n’ait ordonné l’exécution
de sa décision sur minute avant enregistrement (ce qui rare).
Les décisions doivent être enregistrées dans le mois de leur prononcé.
Cependant, il est rare que les décisions soient rédigées et signées dans ce
bref délai. C’est pourquoi les droits d’enregistrement sont souvent majorés
de pénalités pouvant aller jusqu’à 100% des droits initialement dus. Quant
à l’évaluation de ces droits, ils sont de l’ordre de 5% du montant de la
demande en matière mobilière. En matière immobilière, l’enregistrement des
jugements se fait au « taux élevé » soit 15% (Art 77 et 301 al a du Code de
l’Enregistrement).
b) Les frais d’enregistrement des pièces du dossier
Aux termes de l’article 99, «il est défendu aux juges et arbitres de rendre
aucun jugement et aux administrations publiques de prendre aucun arrêté
en faveur des particuliers, sur des actes non enregistrés à peines d’être
personnellement responsables des droits, sauf l’exception mentionnée à
l’article 103 ».
En application de ce texte, les pièces susceptibles d’enregistrement que
vous versez au dossier de la procédure doivent être enregistrées. C’est le
cas par exemple du contrat de bail qui s’enregistre au taux intermédiaire
(10% Article 78 et 301 b du Code d’Enregistrement) et de la convention de
prêt sans garantie qui s’enregistre au taux réduit (2%article 301 d du Code
d’Enregistrement).
59
B. Les émoluments dus à l’avocat
En règle générale, la partie qui succombe est condamnée aux dépens, c’est-
à-dire au paiement de certains frais rendus nécessaires par le procès. Parmi
les dépens figurent les émoluments de l’avocat dont le mode de calcul est
régi par une vieille loi du 24 Décembre 1897. Ces émoluments doivent être
taxés par le magistrat qui a rendu la décision signifiée.
2) La contestation des honoraires, les frais et émoluments
dus à l’avocat
a) Cas des honoraires et frais
Si ces parties ne se mettent pas d’accord sur le montant des honoraires dus
à l’avocat, ce dernier a la possibilité d’adresser au Bâtonnier de l’Ordre des
avocats une requête en taxation d’honoraires, c’est-à-dire qu’il peut demander
à cette autorité de bien vouloir déterminer le montant de ses honoraires au
regard du dossier.
Pour déterminer ce montant, le bâtonnier doit tenir compte du travail fait
par l’avocat, de la notoriété du cabinet, des difficultés de la procédure, etc.
il convient de noter que le résultat atteint par l’avocat n’est pas l’élément
fondamental pour la détermination du montant des honoraires dus à l’avocat.
En effet, l’avocat est lié à son client par une « obligation de moyen et non de
résultat ». Cela veut dire que s’il doit tout mettre en œuvre pour permettre à
son client de gagner le procès, il n’est pas tenu à tout prix de lui garantir un
résultat favorable.
L’ordonnance du Bâtonnier fixant le montant des honoraires de l’avocat doit
être notifiée au client. Celui-ci dispose d’un délai d’un mois à compter de la
notification pour s’opposer à cette ordonnance. A cette fin, il doit adresser
au Président au Tribunal de Grande Instance une requête motivée. A défaut
d’opposition de sa part dans le délai d’un mois, l’avocat peut faire apposer
sur son ordonnance par le greffier en chef, après visa du Président du Tribunal
de Grande Instance territorialement compétent, la formule exécutoire. Cette
formule exécutoire lui permettra de procéder à l’exécution forcée de l’ordonnance
de taxation.
b) La contestation des émoluments
La partie à qui est signifiée l’ordonnance ayant taxé les émoluments peut former
opposition contre cette ordonnance avec assignation devant la juridiction qui
l’a rendue. Le délai pour former cette opposition est de 15 jours à compter
de la signification de l’ordonnance de taxation. Faute par la partie signifiée
61
2) Cas de recouvrement poursuivi en vertu d’un titre
exécutoire
Lorsque le recouvrement ou l’encaissement est poursuivi en vertu d’un titre
excrétoire (jugement, arrêt, acte notarié, procès-verbal de conciliation etc.),
le droit de recettes à la charge du débiteur est de :
7% jusqu’à……………………………………..50.000 francs
4% de…………………………………………...50.001 à 500.000 francs
3% au-dessus de ………………………………..500.000 francs
63
SECTION III. LES ACTES DE JUSTICE :
Le plumitif un registre d’audience qui sert au service du greffe pour enregistrer
les informations relatives au contrôle de la manière donc chacune des affaires
s’est présentée[noms des parties et des avocats, intervention des parties,
tiers, PV d’accord des parties, caractère contradictoire ou non des débats,
renvoi a une autre audience etc.] .
De manière plus usuelle, le plumitif sert de base à cette note courte délivrée
par le Greffier qui indique la nature de la décision rendue dans un dossier.
On parle alors d’extrait du plumitif. En matière pénale le plumitif est tenu
par le juge.
L’expédition Les expéditions sont des copies certifiées conformes des minutes
des décisions de justice ou des actes authentiques. C’est la copie officielle
du jugement. Une fois que le juge a pris sa décision, il rend un jugement. Ce
jugement est authentifié par son expédition qui est une copie officielle du
jugement. Chaque partie ne peut en principe obtenir qu’une seule expédition
du jugement.
Le greffier est tenu de délivrer d’office au Ministère Public une expédition
de chaque décision rendue en matière pénale. Les expéditions ont la même
force probante que les originaux dont elles émanent et dont elles rapportent
la preuve juridiquement valable de leur contenu. Elles ont force probante en
droit et font foi jusqu’à inscription de faux. Ce sont des actes authentiques.
C’est cette copie exécutoire qui est transmisse le cas échéant a un huissier de
justice afin qu’il accomplisse les actes d’exécution forcée requis [notamment
les saisies]. La grosse se distingue donc de l’expédition par la mention
« GROSSE » portée sur la première page du document et par la présence de
la formule exécutoire au bas de celui-ci.
65
sensée accorder de plein droit.
L’assistance judiciaire est retirée dans deux cas :
s’il survient à l’assisté des ressources suffisantes.
« S’il a surpris la décision de la commission par une déclaration frauduleuse.
A. REQUETE D’APPEL
A Monsieur le Président de la Cour d’Appel de ___________________
M_______ (profession, adresse) ayant élu domicile à _________, soussigné
_________
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER
Qu’_______________ interjette appel du jugement (ou de l’ordonnance) n°
_______ rendu le_________ par le tribunal de __________ de __________
signifié le __________ dans la cause l’opposant à_______________________ ;
C’EST POURQUOI M _________________ DEMANDE QU’IL PLAISE A M LE
PRESIDENT :
Vu les articles 189,190 du code de procédure civile et commerciale du
Cameroun ; ___________ Donner acte du dépôt de la présente requête ;
Fixer la date de production des défenses et celle où l’affaire sera appelée à
l’audience :
Dire que du tout il sera donné avis aux parties par M. le Greffier en chef
ADVENUE LAQUELLE AUDIENCE EXPOSANT(E) CONCLURA,
QU’IL PLAISE A LA COUR :
EN LA FORME
Attendu que l’appel a été dans la forme et délai prescrits :
AU FOND
Attendu que l’appel est fondé, qu’en effet c’est à tort que le 1 er juge a
__________________
67
____________________________________________________________
_______________
Par ces motifs
Et tous autres à ajouter, déduire ou suppléer ;
Recevoir l’appel de l’exposant comme intervenu dans les formes et délais
légaux ;
Infirmer la décision attaquée,
Statuant à nouveau______ condamner________ aux dépens
Et ce sera justice
SOUS TOUTES RESERVES
Fait à _________le ______
69
E. REQUETE AUX FINS DE PRENOTATION JUDICIAIRE
A Monsieur le Président du Tribunal de Première Instance de _________________
Le soussigné _________________________________ (profession, domicile,
adresse)
A L’HONNEUR DE VOUS EXPOSER :
Qu’il a les droits suivants à faire valoir sur l’immeuble objet du titre foncier
n° __________________________________________________________
______ (expliquer les motifs de la demande)
Que cet immeuble est sur le point d’être cédé à un tiers au mépris des droits
du requérant ;
Que dans ces conditions, le requérant a le plus grand intérêt à faire pratiquer
une pré notation judiciaire sur le titre foncier pour éviter toute*****
C’est pourquoi il sollicite qu’il vous plaise Monsieur le président,
Bien vouloir l’autoriser à faire inscrire une pré-notation judiciaire sous
le titre foncier n° ___________ délivré le _______________ à Mr
_____________________
SOUS TOUTES RESERVES
REMARQUE,
Il est prudent dans la mesure où on n’est pas certain de rapporter la
preuve irréfutable des faits allégués, de se borner à porter plainte contre
X __________________ (inconnu), pour éviter une éventuelle plainte en
dénonciation calomnieuse de la part de celui qui est l’objet de la plainte.
Lorsque vous déposez une plainte avec constitution de partie civile, le
Procureur de la République instruit lui-même l’affaire alors que la plainte
simple est transmise aux officiers de police judiciaire pour enquête.
La partie qui dépose une plainte avec constitution de partie civile est souvent
invitée à consigner une certaine somme au greffe du tribunal pour permettre
au procureur de faire face aux frais de l’instruction ;
B. SIMPLE PLAINTE
A Monsieur le Commissaire (ou le Commandant)de ________________ (unité)
Je soussigné M. _________ (profession, adresse du plaignant).
Ai l’honneur de porter plainte entre vos mains contre __________________
(filiation, profession et adresse du suspect) ou contre inconnu pour les faits
suivants : ___________________________________________________
(énoncer les faits pour lesquels on se plaint)
C’est pourquoi j’ai l’honneur de porter plainte entre vos mains pour obtenir
réparation de préjudice que j’ai subi et vous prie de donner à cette plainte
la suite légale qu’elle comporte.
Dans cet espoir je vous prie de croire, Monsieur le Commissaire (ou le
Commandant), à mon très respectueux sentiment.
71
Que par jugement n° ___________ rendu le ______________ pour le tribunal
__________________, jugement dont ci-joint expédition, elle s’est vue
allouer la somme de ________________ F à titre de pension alimentaire
pour les enfants mineurs laissés à sa charge et pour elle-même ;
Que ce jugement est devenu exécutoire, M le Président de la Cour d’Appel
ayant par ordonnance N° ____________ rendue le _________________
rejeté la requête aux fins de sursis à exécution présentée par mon ex-époux ;
Que malgré plusieurs mises en demeure et démarches amiables,
M. ________________________________ a toujours refusé depuis plus de
2 mois de payer la pension à laquelle il a été condamné ;
Que pourtant en sa qualité de salarié, il dispose de revenus constants et fixes ;
C’EST POURQUOI L’EXPOSANTE DEPOSE PLAINTE ENTRE VOS MAINS
Pour abandon de famille, délit prévu et réprimé par les articles 74 et 180
du code pénal.
73
EN GUIDE DE POST-FACE
Au moment où la récurrence des droits de l’homme est devenue une réalité
prégnante au Cameroun, où une opinio juris semble se construire sur la
banalité des violations, où l’impunité des tortionnaires semble ériger en
règle malgré les discours dithyrambiques sur l’encrage droitsdelhommiste du
Gouvernement du Cameroun, c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai accepté
l’offre faite par la nouvelle direction de NDH Cameroun.
La réécriture du « Guide du Justiciable » arrivait ainsi à point nommé dès
lors que j’ai la conviction qu’il est indispensable d’armer les citoyens dans
la bataille qu’il faut mener contre les violations des droits de l’homme au
Cameroun. Oui, il faut des armes pour tous face à cette généralisation des
crimes au Cameroun. Et je suis convaincu que la principale arme est le
savoir juridique, la maîtrise de ses droits par les Citoyens avec, in fine la
connaissance des faiblesses des violateurs qui sont très souvent protégés
par le système gouvernant.
En ce moment où la couverture moyenne du Cameroun par avocat est d’environ
1/112 000 personnes, l’auto-accompagnement et/ou l’accompagnement par
des parajuristes devient une urgence si nous admettons que nous sommes
en démocratie affichée et que par conséquent il existe un pouvoir judiciaire
qu’il convient d’éprouver, de mettre à l’œuvre. Aussi, j’indique que seule une
généralisation des poursuites contre les auteurs de violations des droits de
l’Homme pourra un jour permettra d’inverser la tendance et réduire le niveau
d’atteinte aux droits de l’homme au Cameroun.
Les ONGs Spécialisées doivent de plus en plus s’investir dans ce chantier de
la défense, pour compléter la protection et donner ainsi plus de contenu
aux actions de promotion que semble privilégier la plupart des Associations
camerounaises engagées dans le domaine des droits de l’homme. Le présent
Guide constitue la première arme pour les citoyens.
Je me dois de remercier le Président du Conseil National de NDH-Cameroun
Me Victor Kadje, et la Directrice exécutive de cette institution, Mme Cyrille
Rolande Bechon pour cette confiance renouvelée au Cabinet Futur Afrique
Consulting pour la relecture et l’actualisation de ce document. C’est l’occasion
pour moi de féliciter cette organisation pionnière qui depuis plus de deux
décennies se bat pour l’effectivité des droits de l’homme au Cameroun.
Dr Hilaire Kamga
Expert droits de l’homme
Futur Afrique Consulting
75
76 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I
ANNEXES
77
ANNEXE
79
à sa charge.
Civil : (manière ou affaire) : Qui se rapporte aux lois civiles par opposition
à pénal, administratif, fiscal, etc.
Classement sans suite : Lorsque le procureur de la république décide de
ne pas poursuivre le mis en cause soit par faits non constitués, soit pour
des raisons d’opportunité, on dit qu’il a procédé à un classement sans suite.
Clerc : Appellation de certains collaborateurs de notaire ou d’huissier. Le
grade de 1er clerc de notaire et conféré à la suite d’un examen professionnel.
Code Pénal : Recueil de lois déterminants les différent actes punissables et
précisant les modalités de sanction.
Commis d’office : Personne désignée (avocat ou non avocat) par le président
du tribunal pour assister et défendre une personne n’ayant pas la possibilité
de constituer lui-même un avocat. Une personne accusée d’un crime ne peut
être jugée sans l’assistance d’un défenseur.
Compétence : Aptitude légale d’une juridiction à juger un procès. La répartition
des compétences des différentes juridictions est faite en fonction du lieu de
commission du délit, du domicile des personnes en cause, de la nature de
l’affaire, de la situation géographique du bien litigieux etc.
Complice : Est complice d’une infraction celui qui provoque, aide ou facilite
la préparation ou ma consommation de cette infraction ou qui donne des
instructions pour la commettre. Le complice est punissable des mêmes peines
que l’auteur principal.
Conciliation : 1) en droit du travail, phase obligatoire de règlement de tout
conflit. La tentative de conciliation a lieu devant l’inspecteur de travail.
2) Convention passée par les parties à un conflit pour mettre fin à leur litige
sans intervention d’une juridiction.
Concluions : Ecrit par lequel chacune de parties à un procès expose et
défend ses prétention.
Constituer : (se constituer)
Se constitue partie civile la victime d’une infraction qui demande à la
juridiction saisie de condamner l’auteur de l’infraction à lui payer des
dommages et intérêts.
Contrat : Convention par laquelle une personne s’engage envers une autre
personne à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose.
Cour d’appel : Juridiction chargée de connaitre une seconde fois les décisions
des tribunaux de première et grande instances et de premier degré, lorsque
non satisfait, le procureur de la République ou une des parties relève appel.
Cour Suprême : C’est la plus haute juridiction chargée non de juger les faits,
mais de veiller au respect de l’application de la loi. Lorsqu’elle on constate
qu’une loi a été violée ou mal appliquée, elle casse la décision et renvoie
l’affaire devant une autre cour d’appel.
Crime : Infraction punie de la peine de mort ou d’une peine d’emprisonnement
dont le minimum est supérieur à 10 ans. C‘est la plus grave des infractions.
De cujus : Celui de la succession de qui il s‘agit.
Débouter : Rejeter la demande présentée par un plaideur.
Défaut : Le jugement est rendu à l’égard d’une partie lorsque celle –ci n’a
pas comparu et n’a pas été représentée au cours de débats.
Défendeur : C’est la personne contre qui le litige est engagé.
Délibéré : Lorsque les débats sont loi, le juge met l’affaire en délibérée,
c’est-à-dire se donne un délai de réflexion avant de rendre sa décision.
Délit : C’est une infraction punie d’emprisonnement compris entre 10 jours
et 10 ans ou d’une amende supérieure à 25.000 Francs.
Demandeur : Celui qui saisit le tribunal, qui engage le procès, qui intente
l’action en justice. La preuve incombe au demandeur c’est-à-dire qu’il lui
revient d’établir les faits qu’il allègue.
Dépens : Ensemble de frais occasionnés par un procès, à l’exception des
honoraires d’avocat (frais d’huissier, d’expertise, d’enregistrement). Sauf
indication contraire du jugement, les dépens doivent être supportés par
celui qui a perdu le procès.
Détention préventive : Emprisonnement d’une personne en attendant le
jugement, lorsque les faits à lui reprochés sont graves et qu’elle ne justifie
pas de garanties de représentation.
Expédition : Copie d’un acte authentique (jugements, actes notariés,..)
délivrée aux parties.
Flagrant délit : Infraction en train de se commettre ou venant d’être commise
par une personne dont la culpabilité est presque certaine. Dans ce cas, les
enquêtes sont expéditives et les délais qui sont normalement de 10 jours
sont réduits à 5 jours.
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Formule exécutoire : C’est une mention apposée sur la copie d’un acte ou
d’un jugement par l’officier public qui le délivre (notaire, greffier en chef).
L’apposition de la formule exécutoire des prestations qui lui sont dues. La
formule exécutoire comporte la mention « En conséquence le Président de
la République du Cameroun mande et ordonne à tous huissiers et agents
d’exécution sur ce requis de mettre ce jugement (ou arrêt) à exécution, aux
Procureurs Généraux et aux Procureurs près les tribunaux de Première Instance
d’y tenir la main, à tous les commandants et officiers de la force publique
de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis « apposée à la
fin de l’acte.
Gage : Affectation d’un meuble au créancier pour garantir le paiement d’une
dette.
Garde à vue : Maintien d’un mis en cause dans les locaux de la police ou de
la gendarmerie pendant une durée fixée par la loi, pour nécessité d’enquête.
Greffe du tribunal ou d’une cour : Bureau d’une cour ou d’un tribunal ou
sont conservés les minutes des jugements, des arrêts et autres actes du juge.
Les greffes sont tenus par les greffiers qui rédigent les actes le, juge, leur
confèrent l’authenticité et en délivrent des expéditions.
Incompétent : qui est inapte pour juger une affaire.
Inculpé : Personne à laquelle il est reproché par le procureur de la république
au cours de l’instruction d’avoir participé à la commission d’une infraction.
Information : Enquête menée par le magistrat instructeur pour rechercher
les personnes et les auteurs d’une infraction.
Infraction : toute action ou omission prévue et punie par la loi pénale
Jugement : Décision rendue par les tribunaux de première et grande instances,
le tribunal de premier degré ou le tribunal militaire
Jurisprudence : Ensemble des décisions rendues par les cours et tribunaux.
Lorsque pour un cas donné les tribunaux ont à interpréter la loi ou à suppléer
à son insuffisance, une solution fixe tend peu à peu à s’établir, solution à
laquelle les tribunaux ont tendance à rester ensuite fidèles.
Légitimation : Transformation de la filiation naturelle en filiation légitime
par le mariage subséquent du père et de la mère de l’enfant naturel. La
légitimation se fait par jugement.
Main levée : Acte par lequel un juge ou un particulier fait cesser les effets
d’un acte précédent. Exemple main levée d’une opposition à un mariage,
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Pourvoi en cassation : Voie de recours exercée par une partie ou par le
ministère public contre une décision rendue en dernier ressort quand il estime
que la loi a été violée ou mal appliquée.
Pré notation : Interdiction faite au conservateur de la propriété foncière
par le président du tribunal de première instance de muter un titre foncier
objet d’un litige.
L’inscription de la pré-notation judiciaire intervient par ordonnance sur
requête. Elle peut être levée par ordonnance de référé.
Prescription extinctive : Un droit qui n’est pas exercé pendant un certain
temps est éteint par la prescription, c’est-à-dire ne peut être réclamé. Ainsi
les salariés non réclamés pendant plus de 3 ans sont prescrits
Prévenu : Personne poursuivie devant un tribunal pour un délit ou une
contravention.
Procès-verbal : Ecrit par lequel un officier de police judiciaire, un huissier
ou un greffier relate les constations qu’il a relevées et les dépositions qui
ont été faites.
Procureur de la république : Magistrat placé à la tête d’un parquet d’instance
et remplissant les fonctions du ministère public auprès des tribunaux de
première ou de grande instance ou il est nommé.
Procureur Général : Magistrat placé à la tête du parquet général près la cour
suprême ou une cour d‘appel.
Receleur : Est receleur celui qui détient en connaissance de cause des choses
volées, détournées ou obtenues à l’aide d’une infraction, ou qui après un
crime soustrait les malfaiteurs de l’arrestation ou des recherches.
Récidiviste : Est récidiviste celui qui après avoir été condamné pour un
crime ou délit, commet à nouveau un crime ou un délit dans un délai de 5
ans après l’exécution de la peine encourue.
Recours en grâce : Requête adressée par un condamné au chef de l’Etat pour
le supplier de réduire ou de supprimer une peine à laquelle il a été condamné.
Réhabilitation : Institution permettant de réintégrer à un individu les droits
civiques et civils qu’il a perdu à la suite de la faillite ou de la condamnation
pénale.
Requête : Demande écrite adressée à un magistrat en vue d’obtenir une
décision.
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Testament : Acte par lequel une personne décide du sort de ses biens après
sa mort.
Tiers : Personne non concernée par un acte, par opposition à partie.
Traduire (devant une juridiction) : Appeler une personne à comparaitre
devant une juridiction pour y être jugée.
Transaction : Accord par lequel deux parties décident à l’amiable et moyennant
des concessions réciproques de mettre fin à un litige sans intervention d’une
juridiction.
Tribunal de grande instance : Juridiction siégeant dans les chefs-lieux de
département et chargée et régler les conflits relatifs à l’Etat de personnes
(divorce, filiation), de juger les affaires criminelles et de statuer sur les
amendes des sommes d’argent dont le montant est supérieur à 5 000 000 F.
Tribunal Coutumier : Juridiction chargée de régler selon la coutume les
demandes de recouvrement des créances, les litiges relatifs, aux contrats et
les demandes en réparation des dommages matériels et corporels. En principe
le tribunal coutumier est présidé par un notable nommé par arrêté du ministre
de la justice parmi les notables ayant une connaissance satisfaisante de
la coutume. Cependant dans les localités où siège un tribunal de première
instance, la présidence du tribunal coutumier peut être rattachée à celle du
tribunal de première instance du ressort.
Tribunal de Premier Degré : Juridiction chargée de juger selon la coutume les
litiges relatifs à l’état des personnes à l’état civil, au mariage, à la filiation,
aux successions et aux droits immobiliers.
Le tribunal du premier degré est en principe présidé par un fonctionnaire
nommé par arrêté du ministre de la justice parmi les fonctionnaires en service
dans le ressort du tribunal.
Tribunal de première instance : Juridiction chargée de juger les contraventions
et les délits, les conflits relatifs aux créances n’excédant pas 5 000 000 F et
les cas urgent nécessitant la prise de mesures conservatoires et provisoires
(le référé).
Tutelle : Régime d’administration de la personne et des biens des mineurs
ou des malades mentaux hors d’état d’exercer leurs droits par eux-mêmes.
Usufruit : Droit qui permet à une personne, l’usufruitier de jouir d’un bien,
par exemple habiter une maison ou en percevoir les loyers, sans pouvoir
vendre ledit bien dont un tiers et nu-propriétaire.
Usure : Se rend coupable du délit d’usure prévu par l’article 325 du code
pénal le prêteur qui exige ou reçoit des intérêts ou autres rétribution, au
taux fixé par la loi pour les prêtes de même nature.
Viduité (délai de) : Délai que doit attendre une femme veuve ou divorcée
avant de se remarier, pour éviter l’incertitude relative à la paternité d’un
enfant qui naitrait moins de 300 jours après le décès du précédent mari ou
le divorce.
Viol : Commet le délit de viol puni par l’article 296 du code pénal celui, à
l’aide de violences physiques ou morales, contraint une femme, même pubère, à
avoir avec lui des relations sexuelles. L’état vulnérable de la victime (maladie,
déficience mentale, minorité de 16 ans) fait présumer la contrainte.
Voie de recours : Moyens mis à la disposition du justiciable pour lui permettre
de faire réexaminer par la même juridiction (opposition) ou par une juridiction
hiérarchiquement supérieure (appel, pourvoi) une décision de justice.
Vol : Soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. A ne pas confondre avec
abus de confiance et escroquerie. Il n’y a pas vol entre époux.
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INDIC ATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
A. Lois
• loi n°2006/015 du 29 décembre 2006 portant organisation judiciaire
• loi n° 2011/027 du 14/12/2011 modifiant et complétant certaines
dispositions de la loi n°2006/015 de la 29/12/2006 portante organisation
judiciaire
• loi n° 2008/015 du 29 décembre 2008 portant organisation judiciaire
militaire et fixant des règles de procédure applicables devant les
tribunaux militaires.
• Loi n° 2006/022 fixant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux
administratif
• Loi n° 2005/007 du 27 juillet 2005 portant code de procédure pénale :
livre deuxième, 1ère partie
• Loi n° 2016/007 du 12 juillet 2016 portant code pénal
• Loi n° 2006/022 fixant l’organisation et le fonctionnement des tribunaux
administratifs
B. Textes internationaux
• Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines, et
traitements cruels ou dégradants.
• PIDESC
• PIDCP
C. Ouvrage
• Dipanda Mouelle Alexis, La torture, cette barbarie de l’humanité, Imprimerie
Saint Paul, Yaoundé ,1998 - 266 page
• Kamga Hilaire, Prévenir la torture, texte et Documents, Ed Consaf,
Yaoundé, 2005
• Bercis Pierre, Libérer les Droits de l’Homme, Ed La découvertes, Paris, 2000
• Boubou Pierre, Le droit à la portée de tous, Nouveaux Propos, Yaoundé,
1991
89
PRÉSENTATION DE NDH-
CAMEROUN
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92 NOUVEAU DROITS DE L’HOMME - CAMEROUN
LE GUIDE DU JUSTICIABLE TOME I
93
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