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de l’économie marocaine
1. Introduction
La théorie de la croissance traditionnelle a été développée par Denison
(1967) dans son livre Why growth rates differ. Sur cette base, le Prix Nobel
Robert Solow a construit un modèle de croissance dans lequel il soutient
que la croissance économique est déterminée par l’évolution technologique,
qui dépend de facteurs non économiques telle la découverte scientifique, et
non de la politique économique. Pour infléchir la courbe de la croissance
potentielle, il faudrait accélérer le progrès technique qui élèverait la
productivité. Cette théorie offrait donc deux possibilités pour une politique
économique de croissance : d’une part, accélérer temporairement le rythme
de la croissance, c’est-à-dire en augmentant les investissements en capital
humain et matériel ; d’autre part, une hausse du taux de croissance à long
terme en favorisant une accélération du progrès technique, par exemple, en
encourageant la recherche et le développement (R&D) et l’esprit d’entreprise.
A l’aide de méthodes empiriques basées sur cette théorie, des chercheurs
ont montré que la fin des années soixante et le début des années soixante-
dix étaient marqués par un ralentissement de la croissance de la productivité
dans les pays industrialisés. C’est le changement le plus significatif dans
l’évolution économique de ces pays depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale.
2. Le modèle
Bien que des différences méthodologiques subsistent encore, un large
consensus est formé autour du cadre conceptuel de Denison-Kendrick-
Jorgenson-Grilches-Solow pour mesurer la croissance de la productivité
globale des facteurs. Dans ce modèle, le taux de croissance du produit réel
est déterminé par deux composantes : la première est basée sur les taux de
croissance des facteurs, et la deuxième est une composante résiduelle
identifiée comme la variation due à l’efficacité de la production
(productivité globale des facteurs).
2.1. Modèle standard de la comptabilité de la croissance
Le cadre conceptuel pour l’estimation de la variation de la productivité
est dérivé des théories des fonctions de production. La forme générale de
la fonction de production agrégée est :
F Y(t),X(t),t = 0
où Y(t) est un vecteur des quantités des extrants au temps t, X(t) est un
vecteur des quantités des intrants, et t est un paramètre introduit pour rendre
compte de la variation de l’efficience de la production. En adoptant une
représentation en un seul produit et deux intrant,s cette équation devient :
Q
= A + EK K + EL L (2)
Q A K L
Les points sur les variables indiquent les dérivées par rapport au temps,
alors que le terme à gauche de (2) indique le taux de croissance de Q. Ek
et El sont, respectivement, les élasticités du produit Q par rapport au capital
et au travail :
∂Q K
EK =
∂K Q
∂Q L (3)
EL =
∂K Q
Les indices de temps sont omis pour rendre l’exposition des formules
mathématiques plus claires.
L’équation (2) détermine la contribution de A(t), K(t), et L(t) à la
croissance de Q, mais puisque les élasticités EK et EL dans (3) ne sont pas
observées, une hypothèse est nécessaire pour rendre possible l’application
empirique de ce cadre conceptuel. On suppose donc que les produits
marginaux sont égaux aux prix relatifs des flux des services des différents
intrants par rapport au prix de l’extrant :
∂Q(t) PK(t)
=
∂K(t) P(t)
∂Q(t) PL(t) (4)
=
∂K(t) P(t)
C’est-à-dire que les intrants sont rémunérés aux produits marginaux.
P(t), Pk(t) et Pl(t) sont respectivement les prix de l’extrant et des services
du capital et du travail. En combinant (3) et (4) on obtient :
K
SK = P K
PQ
L
SL = P L (5)
PQ
Sk et Sl sont les parts, respectivement, des rémunérations du capital et
du travail dans la rémunération totale des facteurs de production. Elles sont
égales aux élasticités Ek et EL d’après (2). Sous l’hypothèse de la constante
du rendement d’échelle, on a Sk + Sl = 1, mais cette égalité n’est pas nécessaire
si une estimation indépendante de PK est disponible.
L’étape finale dans le modèle des sources de croissance consiste à combiner
(2) et (5). On obtient alors une équation dans laquelle toutes les variables
sont mesurables, à part A qui peut être considérée comme une partie
A
résiduelle et mesurée par différence :
A = Q –S K –S L (6)
K K LL
A Q
L’équation (6) est fondamentale en comptabilité de croissance sous sa
forme continue dans (6). Sont remplacés par les différences annuelles des
variables en logarithme, par exemple :
Q(t) (7)
= LnQ(t) – LnQ(t – 1)
Q(t)
Cependant, dans la plupart des cas le capital est utilisé par son
propriétaire, mais s’il y a un transfert de services de capital entre le
propriétaire et l’utilisateur, il en génère un loyer implicite qui n’est pas observé
par le statisticien. Les données du marché sont donc inadéquates pour estimer
directement les prix et les quantités des services de capital, ce qui a mené
à un développement de procédures d’estimation indirecte du stock de capital,
telle que la méthode de l’inventaire permanent ou en acceptant des mesures
imparfaites du capital, telle que la valeur comptable des immobilisations.
2.3.1. Cas d’un seul bien homogène
Qt = F Lt,K K 1t , K 2t , …, K N
t
∂Q
∂Q ∂Kit
=0
∂L1 ∂Q
j
∂Kt
i,j = 1, …, N
Si cette restriction est respectée, la fonction d’agrégation K(.) détermine
le stock de capital agrégé, et le problème de mesure de ce dernier se réduirait
à découvrir la forme de cette fonction. Cette méthode peut être appliquée
directement en estimant les fonctions F(.) et K(.) ou en utilisant l’indice
Divisia.
L’indice Divisia est construit en pondérant les taux de croissance de
chaque type de capital par sa part dans la valeur totale du capital.
i
I i = V ⇔ Vi = I i.Pi
Pi
i = 1,2,3,4,5
I : FBCF à prix constant,
V : FBCF à prix courant,
Pi : déflateur de la FBCF.
L’estimation du stock de capital pour chaque type d’investissements est
faite en prix constants de 1980. Les taux d’amortissement seront calculés
à partir de la formule discutée plus haut.
di = 1
Ti
T : durée de vie économique de l’investissement.
La méthode nécessite des séries de données sur les investissements de
très longue durée. Elle présente beaucoup d’avantages par rapport à d’autres
méthodes alternatives. L’hypothèse retenue K1910, n’a que peu d’influence
sur les stocks des années les plus récentes. Les stocks de capitaux en valeur
courante sont obtenus en utilisant les déflateurs PiI :
3.2. Indice Divisia
Le taux de croissance de l’Indice Divisia associé à tout un ensemble de
variables est égal à la somme des taux de croissance de ces variables pondérées
par leurs parts relatives. Cet indice est appliqué chaque fois qu’il y a un
problème d’agrégation. C’est ainsi qu’on peut l’utiliser pour calculer le stock
global de capital matériel, le stock global de capital humain, représenté ici
respectivement par K et L. Les différentes étapes pour calculer l’Indice Divisia
sont :
i. calcul du taux de croissance de chaque type de capital,
Ki = Ln Kit – Ln Kit – l
ii. calcul des parts relatives de chaque type de capital,
SKi = PIi Ki / ∑ PIi Ki
iii. calcul du taux de croissance de l’Indice Divisia du stock global,
K =∑ 1 / 2 SKit + SKit – 1 Ki
1,10
1,05
PGF
1,00
0,95
0,90
0,85
58
60
62
64
66
68
70
72
74
76
78
80
82
84
86
88
90
92
94
96
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Années
6. Conclusion
Le but de cet article n’est pas d’apporter des explications des variations
de la PGF, mais juste d’exposer le modèle de base. Ce modèle s’appuie sur
le principe de la comptabilité de la croissance qui consiste à calculer la
contribution à la croissance des trois principaux facteurs, à savoir : le capital,
le travail et la productivité globale des facteurs. Ce dernier facteur peut
être assimilé à la croissance nette de celle des facteurs de production. Il
renseigne sur la vitalité et l’efficacité du système économique dans sa globalité.
Ainsi, l'analyse de ce facteur résiduel revêt-elle le plus grand intérêt dans
la comptabilité de la croissance macroéconomique. Souvent, il est assimilé
au progrès technique.
Les résultats du modèle exposés dans ce papier ont révélé quatre cycles
de croissance économique distincts. Le premier cycle ascendant s’arrête en
1979, suivi par le deuxième où la PGF a baissé jusqu’en 1984. Le troisième
cycle a coïncidé avec la période de l’ajustement structurel. Durant cette période,
la PGF s’est nettement améliorée. Le dernier cycle en cours a commencé à
partir de 1991. Cette période est caractérisée par un ralentissement de la
croissance économique et de la productivité globale des facteurs.
Les résultats empiriques du modèle génèrent une série de PGF ayant
une forme fluctuante. Cette forme en dents de scie montre bien que la PGF
contient d’autres facteurs déterminants de la croissance. Ce sont des chocs
exogènes importants qu’a subis le système économique.
Ces chocs sont d’origines externes et internes. Les chocs externes
proviennent des fluctuations des marchés internationaux, particulièrement
des marchés des matières premières et des restrictions momentanées ou
durables sur les échanges extérieurs et qui sont souvent d’ordre politique.
Ces derniers sont rares. On peut citer comme exemple les fermetures répétées
de la frontière entre le Maroc et l’Algérie, qui n’a pas en fait un effet important
sur l’économie marocaine puisque le poids des échanges entre les deux pays
est faible dans la balance de paiements. Par contre, les fluctuations des prix
sur les marchés internationaux ont eu un impact important sur la croissance
économique au Maroc. Les prix des phosphates et du pétrole ont eu des
effets immédiats. Les chocs qu’ils induisent se propagent rapidement dans
le système économique. Le choc interne le plus connu et le plus important
est la fluctuation des conditions climatiques. La sécheresse a un impact sur
le secteur agricole dont la valeur ajoutée représente 15 à 20 % du PIB. Son
effet passe par les canaux d’offre et de demande. Quand la production agricole
baisse, l’offre d’exportation de produits agricoles et de certaines branches
du secteur industriel baisse. D’un autre côté, le revenu généré par le secteur
agricole et par suite de la demande globale baisse à son tour.
De ce fait, les composantes de la PGF doivent être analysées à part pour
expliquer leurs fondements. Ce que nous tenterons de faire dans un prochain
article sur la productivité globale des facteurs.
Références bibliographiques