Avis Economie Informelle VF
Avis Economie Informelle VF
Avis Economie Informelle VF
Auto-saisine
www.cese.ma
Avis
du Conseil Economique, Social et Environnemental
Auto-saisine
Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
SYNTHESE
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
Cette stratégie devrait ramener progressivement le poids de l’emploi informel dans l’emploi
total à environ 20%, une moyenne proche du groupe de pays développés. La cible de 20%
concernerait surtout les activités de subsistance et les unités de production informelles à
capacités limitées. En revanche, un objectif de tolérance zéro est adossé aux activités illicites,
souterraines et celles relevant de l’informel concurrentiel.
Il est permis de mettre en avant, ci-après, un ensemble de mesures-phares proposées par le
CESE :
1. Supprimer les barrières réglementaires et administratives en procédant à l’identification et
la refonte des textes obsolètes ou inadaptés qui entravent la formalisation (exemple : en
améliorant l’attractivité du statut de l’auto-entrepreneur en élevant le seuil réglementaire
de chiffre d’affaires annuel maximal et en lui autorisant le recrutement d’un maximum de
2 ou 3 salariés) ;
2. Elaborer un programme pluriannuel d’organisation des métiers et établir des référentiels
ou des cahiers de charge qui définissent pour chaque profession les qualifications et
compétences indispensables à son exercice et ce, afin de moderniser ces métiers et faciliter
leur formalisation par la suite ;
3. Prévoir des zones d’activités économiques offrant des locaux aménagés, en mode location,
avec un loyer et des superficies adaptés aux besoins des micro-unités ;
4. Adapter, diversifier et faciliter l’accès aux moyens de financement notamment en élargissant
la liste des objectifs visés par le Fonds Mohammed VI pour l'investissement, à celui du
financement du processus d’intégration de l’économie informelle et en proposant des
offres de financement à des conditions plus avantageuses au profit des jeunes et femmes
souhaitant passer au formel;
5. Renforcer l’offre d’accompagnement en conseil et assistance en offrant des prestations
adaptées pour l’orientation des différents entrepreneurs informels souhaitant initier leur
intégration et en garantissant un accompagnement de bout en bout pour les entrepreneurs
souhaitant migrer vers le statut de SARL ;
6. Mettre en place une bourse de la co-traitance pour encourager les soumissions groupées
des auto-entrepreneurs et micro-entreprises aux marchés publics et distinguer, au niveau
de la commande publique, la part minimale de marchés à dédier aux autoentrepreneurs et
aux coopératives de celle accordée aux PME ;
7. Renforcer les contrôles et les inspections à différents niveaux (inspection du travail, CNSS,
contrôle de conformité technique, etc.) et veiller à ce que le niveau des sanctions soit
suffisamment dissuasif et proportionnel à la gravité du délit (concerne particulièrement le
gros informel et les pratiques souterraines des entreprises formelles).
Une opérationnalisation efficace de la stratégie intégrée de résorption de l’informel requiert,
selon le CESE, la mise en place d’une commission de suivi et d’évaluation sous forme de delivery unit.
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
Contexte de l’étude
L’économie informelle est un écosystème qui regroupe une grande diversité d’acteurs et
d’activités économiques très hétérogènes, mais ayant en commun le fait d’opérer, totalement
ou partiellement, en dehors de la réglementation en vigueur. Bien que l’économie informelle
soit une réalité à l’échelle mondiale, elle a tendance à avoir une présence plus prononcée dans
les pays en voie de développement, où elle évolue souvent sous les regards des autorités et
en constante interaction avec la sphère formelle. Le Maroc ne fait pas exception à cette règle
puisque l‘informalité reste une caractéristique structurelle de notre pays. En effet, l’économie
informelle représenterait jusqu’à 30% du PIB1 selon certaines estimations et engloberait une
part importante de l’emploi total qui varierait entre 60% et 80%2 en fonction des sources de
données utilisées. Faute d’alternatives suffisamment impactantes, une sorte de tolérance vis-
à-vis de l’informel s’est installée, favorisant une certaine paix sociale, au demeurant fragile, au
détriment de l’effectivité de l’Etat de droit.
Certes, la prolifération des activités informelles a permis jusqu’à présent à de larges franges de la
population de survivre et d’échapper au chômage, en particulier les actifs faiblement qualifiés.
Elle permet également de proposer une offre de biens et services dont les prix sont plus adaptés
au pouvoir d’achat des classes les plus défavorisées. Néanmoins, l’informel a surtout profité à
une minorité qui a engrangé des profits, tout en entretenant et en exploitant la vulnérabilité
et la précarité sociale de la majorité. L’informel contribue également à entretenir la dualité du
système productif et à ralentir le processus de transformation structurelle, ainsi qu’à fragiliser les
clauses du contrat social entre l’Etat et les différents opérateurs socio-économiques.
Eu égard à l’ampleur et la complexité des causes et des effets de l’écosystème informel sur
l’économie et la société marocaines, le CESE a décidé d’étudier de plus près ce phénomène de
manière approfondie et multidimensionnelle, afin d’apporter sa contribution à la réflexion et
au débat national sur le sujet. La présente auto-saisine a été lancée dans un timing où la crise
Covid-19 n’a fait qu’exacerber le niveau de précarité et le manque de résilience qui caractérisent
l’écosystème informel et la population qui en dépend au jour le jour.
A travers le présent avis, le CESE met l’accent sur le degré de priorité avec lequel les pouvoirs
publics devront traiter la problématique de l’informel au Maroc, surtout que la volonté politique
de s’y atteler a été clairement exprimée au plus haut sommet de l’Etat par Sa Majesté le Roi
Mohammed VI lors de son discours du 29 juillet 2020, en citant l’économie informelle comme
l’une des principales insuffisances exacerbées par la crise et en plaçant la généralisation de la
couverture sociale en tant que priorité et levier essentiel de l’insertion du secteur informel dans
le tissu économique national.
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
Dans le cadre de cette auto-saisine, le CESE tente de répondre à un certain nombre de questionnements
structurant les quatre parties du présent avis:
I. Quelle délimitation du périmètre de l’économie informelle dans le contexte marocain et
quelles en sont les grandes composantes ?
II. Quelle est l’ampleur de l’économie informelle au Maroc et quels en sont les effets socio-
économiques qui en font une question prioritaire au niveau national ?
III. Quels sont les différents facteurs qui ont favorisé la persistance de l’informel jusqu’
aujourd’hui au Maroc ?
IV. Qu’il y a –t-il lieu de faire pour résorber l’emprise de l’informel sur l’économie marocaine ?
Pour répondre à ces questions, le CESE s’est appuyé sur une approche participative en organisant
plusieurs auditions et ateliers thématiques avec des experts et académiciens, des représentants
d’institutions publiques, du secteur bancaire, d’associations professionnelles sectorielles et de
syndicats, ainsi que d’autres membres de la société civile. La méthodologie adoptée s’est basée
également sur un cadre d’analyse mettant en avant les multiples causes et effets de l’économie
informelle. Il convient de souligner, toutefois, que le processus d’élaboration du présent avis s’est
heurté à l’indisponibilité de données suffisamment détaillées et mises à jour sur l’écosystème
informel au Maroc.
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
B. Typologies retenues
Au-delà de la définition, traiter de l’économie informelle au Maroc requiert de tenir compte
de l’hétérogénéité des opérateurs informels et de la faire ressortir à travers une typologie
appropriée. La typologie adoptée dans le cadre de cet avis permet, en outre, de faire
apparaitre les composantes d’UPI et de travailleurs appartenant à la « zone grise » où les
frontières entre le formel et l’informel ne sont pas suffisamment étanches. Cet exercice de
catégorisation a permis de distinguer deux typologies, la première portant sur les UPI et
les types d’activités, tandis que la deuxième se base sur le statut dans l’emploi informel au
Maroc.
3 - Selon le BIT, l’économie informelle désigne « toute activité économique réalisée par des travailleurs ou des unités économiques qui n’est
pas couverte ou est insuffisamment couverte – selon la loi ou en pratique – par des dispositions officielles (sur la base de la CIT de 2002) ».
Elle exclut toutefois, « les activités illicites. L’économie informelle englobe deux composantes, à savoir le secteur informel et l’emploi informel.
«Economie informelle et travail décent : guide de ressources sur les politiques- chapitre 2», BIT, 2013.
4 - Voir définitions ci-dessous.
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1. Les unités de production exerçant des activités illicites : Il s’agit des unités qui exercent des
activités sans en avoir l’autorisation ou qui offrent des biens et services illicites. Cette catégorie
regroupe des unités et réseaux opérant en tant que commerçants de gros spécialisés dans la
contrebande, les unités de contrefaçon, les activités de la finance illicite, etc.
2. Les unités de production relevant de l’informel concurrentiel5 (hors activités illicites) :
Cette catégorie renferme les petites unités considérées comme informelles selon la définition
du BIT, employant des salariés non déclarés dont certains sont permanents, produisant des
biens et services pouvant concurrencer le secteur formel, mais se soustrayant délibérément
à leurs obligations fiscales et réglementaires. Certaines d’entre elles réalisent un chiffre
d’affaires qui leur permettraient de supporter les éventuels frais de la formalisation. Bien
que cette catégorie reste minoritaire en nombre par rapport à la majorité des entreprises
informelles constituées des UPI de subsistance de taille très réduites6, elle exerce, toutefois,
une forte pression concurrentielle déloyale sur les entreprises formelles en règle.
3. Les unités de production informelles à capacités productives limitées et activités de
subsistance : cette catégorie englobe les indépendants travaillant pour leur propre compte
sans salariés et les micro-unités employant un nombre très limité de travailleurs occasionnels
rémunérés ou d’aides familiaux, réalisant une production à échelle réduite et un chiffre
d’affaires très modeste qui ne leur permettrait pas de s’acquitter totalement des obligations
de la formalisation. Cette catégorie renferme également des acteurs plus vulnérables, à très
faible revenu, dont l’activité ne nécessite pas ou très peu de capital, tels que les métiers de
réparation, les activités sans local, les commerçants ambulants, ainsi que les exploitants de
parcelles agricoles de moins de 5 hectares.
4. Les unités formelles pratiquant des activités souterraines (zone grise): Cette catégorie
renferme les entreprises « formelles » qui recourent à des pratiques souterraines telles que
la non-déclaration d’une partie des travailleurs, le non-respect du code du travail, la fraude
et la sous-déclaration fiscale, la sous-traitance à l’informel, la sous-facturation à l’import,
l’utilisation de locaux non conformes, etc.
■ La deuxième typologie portant sur le statut dans l’emploi informel distingue six types
d’emploi informel à savoir :
5 - Inspiré du concept de l’informel concurrentiel de Penouil (1990). Ce concept se rapproche également de celui du « gros informel » présenté
par Benjamin et Mbaye (2012).
6 - Selon le HCP, plus de 97% des UPI ont une taille très réduite
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
Année
Approche Périmètre Poids
concernée
80% de
BIT (rapport 2018)7 2016 Emploi informel total
l’emploi total
HCP et banque mondiale 80% de
2015 Emploi informel total
(Rapport 2017)8 l’emploi total
Application de
l’approche du HCP et 76% de
2019 Emploi informel total
de la Banque mondiale l’emploi total
aux données de 2019
Emploi informel total, en
Banque africaine 60% de
procédant par élimination des
de développement 2014 l’emploi
personnes occupées non couvertes
(BAD) et BIT (2021) total privé
par la protection sociale
7 - BIT (2018), Women and men in the informal economy: A statistical picture.
8 - HCP et Banque Mondiale (2017), Le marché du travail au Maroc : défis et opportunités
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9 - Kamal LAHLOU, Hicham DOGHMI and Friedrich SCHNEIDER, 2020, “The Size and Development of the Shadow Economy in Morocco”,
Document de travail – Bank Al-Maghrib.
10 - Le prix de vente moyen pratiqué par une entreprise formelle étant supérieur de 25% à 40% par rapport celui d’une UPI exerçant hors
activités illicites. Etude de la CGEM sur l’informel, 2014.
11 - HCP, Enquête sur les unités de production informelles, 2016 (les données portent sur 2013/2014).
12 - Etude de la CGEM sur l’informel, 2014
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
7. L’emploi informel fait perpétuer la précarité, les inégalités et les différentes formes
d’atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs : seulement 24,1% des actifs occupés
bénéficient d’une couverture médicale liée à leur emploi (HCP 2019), en plus des risques
majeurs en termes d’atteinte à la dignité et la sécurité physique des travailleurs, l’exploitation
et les risques de traite d’êtres humains (mineurs et migrants clandestins notamment de pays
de l’Afrique subsaharienne).
8. L’informalité entretient une dualité du marché du travail entre d’une part, un secteur
formel souvent considéré, au niveau des classements internationaux, comme étant rigide, et
d’autre part, un secteur informel extrêmement flexible employant une part majoritaire dans
l’emploi total, et fonctionnant en dehors de toute réglementation et faisant ainsi persister la
vulnérabilité des travailleurs informels.
9. Les inégalités de genre sont très apparentes au niveau de l’emploi informel : les femmes
ayant un emploi informel sont plus polarisées autour des activités de survie (travail à domicile,
aide familial, etc.), alors qu’elles demeurent très faiblement présentes en tant que chef d’UPI.
10. L’économie informelle pose le dilemme entre adaptabilité au pouvoir d’achat des
consommateurs et non-respect des normes sanitaires et sécuritaires des produits.
11. L’incapacité des politiques publiques engagées jusqu’à aujourd’hui à résorber
significativement l’économie informelle, en raison de leur caractère épars en l’absence
d’une stratégie nationale cohérente et intégrée :
• La plupart des mesures engagées dans le cadre de l’INDH, qui est une politique à caractère
transverse, visaient essentiellement la réduction de la pauvreté, la lutte contre l’exclusion
sociale et économique, ou encore la promotion des activités génératrices des revenus,
mais sans forcément encourager la transition vers la sphère formelle, à l’exception de
quelques actions qui ont concerné certaines catégories comme les marchands ambulants.
• Malgré leur importance certaines politiques ne traitent que de certains aspects de la
problématique de l’informel : la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière ou encore
le programme INTELAKA, à titre d’exemple, se concentrent davantage sur le volet
financement, épargne et réduction de la circulation de la monnaie financière.
• Certaines mesures comportent parfois des aspects réglementaires qui brident leur
impact potentiel en termes de résorption de l’informel. Il s’agit de l’exemple des limites
réglementaires imposées au statut de l’auto-entrepreneur.
• Parfois, des problèmes de synchronisation des actions des pouvoirs publics, à l’image
de la question de la fermeture des passages de Sebta et Melilia. Certes, la fermeture des
passages de contrebande est nécessaire mais ne devait-elle être mieux préparée par la
mise en place d’alternatives viables pour la main d’œuvre précaire qui en dépendait au
jour le jour.
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
III. Quels sont les différents facteurs qui ont favorisé la persistance de
l’informel jusqu’à aujourd’hui au Maroc ?
La problématique de l’économie informelle renvoie par sa complexité et la multiplicité des
acteurs qu’elle couvre et des parties prenantes avec lesquelles elle interagit, à la nécessité d’une
connaissance approfondie des causes qui peuvent en expliquer la persistance. Le développement
et la persistance de l’informel au Maroc peuvent ainsi être s’expliquer par la combinaison de trois
grandes catégories de facteurs, à savoir :
• Des insuffisances d’ordre structurel ;
• Des déficits par rapport aux exigences d’un « Etat social » ;
• Les barrières à l’entrée dans l’économie formelle et les facteurs agissant sur le coût
d’opportunité de la formalisation :
- Les facteurs qui facilitent l’accès à l’informel ou maintenant son attractivité ;
- Les facteurs qui entravent l’accès au statut formel ou réduisant son attractivité.
C. Les barrières à l’entrée dans l’économie formelle et les facteurs agissant sur le
coût d’opportunité de la formalisation
13 - En dépit de l’absence d’un cadre théorique qui fait l’unanimité autour du concept de « l’Etat social », la définition adoptée dans le cadre
du présent rapport est celle proposée par C. Ramaux (2006, 2012) étant donné son exhaustivité. Selon Ramaux, l’Etat social est une conception
élargie de l’Etat qui repose sur quatre piliers aspirant à réaliser le bien-être social, au lieu d’être limitée à la seule protection sociale comme c’est
le cas pour le concept de l’Etat providence. Les quatre piliers de l’Etat social selon Ramaux sont la (i) protection sociale et (ii) le droit du travail,
mais aussi (iii) les services publics et (iv) les politiques macroéconomiques de soutien à l’activité et à l’emploi.
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14 - Audition de l’UGEP organisée par le CESE lors de la préparation du rapport de la saisine sur les répercussions de la crise Covid-19 (2020).
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
15 - Ce pourcentage a été retenu pour se rapprocher à terme de la moyenne affichée par le groupe de pays « développés » qui selon le BIT se
situerait à moins de 20%.
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
• Initier une coordination plus poussée en matière de systèmes d’information entre les
différentes entités publiques impliquées ;
• Augmenter la fréquence de l’enquête nationale du HCP sur l’informel (tous les 3 ou 4 ans au
lieu de tous les 7 ans), tout en élargissant le périmètre des catégories d’acteurs et d’activités
couvertes ;
• Renforcer le niveau de couverture des recensements économiques des entreprises et
augmenter leur fréquence ;
• Publier annuellement des estimations intermédiaires de l’emploi informel total, en croisant
l’ensemble des critères pertinents disponibles au niveau de l’enquête annuelle sur l’emploi
du HCP ou bien en incorporant dans l’enquête en question de nouvelles rubriques dédiées
à l’informel ;
• Adopter une définition officielle commune et suffisamment élargie de l’écosystème informel
entre toutes les institutions publiques impliquées ;
• Renforcer les capacités de détection et de recensement des transactions et activités
informelles exercées via les plateformes digitales.
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
• Renforcer les capacités et la réactivité des services publics d’assistance aux petites et micro
entreprises et auto-entrepreneurs en matière de contrôle de conformité de leurs locaux
et installations techniques aux normes de sécurité et d’hygiène en vigueur. Ces services
assureraient également l’accompagnement des unités de production concernées dans
leur mise à niveau technique en cas de non-conformité avérée. Cette prestation pourrait
également être déléguée à des unités techniques privées subventionnées par l’Etat.
• Mettre en place des banques régionales de projets en milieu urbain et rural, en se basant,
notamment, sur les modèles des UPI ayant réussi leur formalisation, dans le but de multiplier
les projets similaires.
Faciliter l’accès des petites unités de production à des locaux de production adaptés et à
un loyer accessible
• Prévoir des zones d’activité économique et zones industrielles offrant des locaux aménagés,
en mode location. Le loyer et les superficies doivent être plus adaptés aux besoins des micro
et petites unités de production ;
• Prévoir au sein de ces zones, la logistique nécessaire à même d’accroitre leur attractivité pour
les entreprises et les travailleurs (navettes gratuites de transport des travailleurs, espaces de
restauration et autres services à des tarifs subventionnés et extrêmement réduits) ;
• Accélérer la mise en œuvre des zones d’activité économique prévues au nord du pays pour
attirer, entre autres, les commerçants qui opéraient dans la distribution de produits de la
contrebande et les inciter à se lancer dans des activités commerciales légales.
Assurer un appui à la digitalisation au profit des UPI
• Mettre l’accent sur l’accompagnement des UPI en matière de formation à l’utilisation des
technologies digitales ;
• Prévoir des subventions et incitations à l’acquisition du matériel/logiciel requis pour la
digitalisation en faveur des UPI, notamment les commerçants de proximité.
Promouvoir l’innovation au niveau des unités de production :
• Accompagner les activités informelles qui ont un potentiel d’idées innovantes dans le
processus de formalisation et de normalisation de leurs métiers (procédés, produits, services,
etc.) pour améliorer leur compétitivité et leur productivité ;
• Promouvoir, au niveau régional, le développement de projets communs à caractère innovant
dans les domaines de l’économie sociale et solidaire, à travers la constitution de groupements
d’intérêt public (social, solidaire, environnemental) et de pôles de compétitivité (ou de «
clusters »). Ces structures peuvent être définies comme la combinaison, sur une région
donnée, d’acteurs de l’économie sociale et solidaire, d’acteurs institutionnels (représentants
des conseils régionaux), d’acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche16.
Améliorer les conditions d’approvisionnement en faveur des petits opérateurs
• Garantir un meilleur approvisionnement en intrants et produits en faveur des micro-unités de
production, des commerçants et artisans, en mettant en place des centrales d’achat dédiées.
16 - Auto-saisine n° 19/2015 - Economie Sociale et Solidaire : un levier pour une croissance inclusive, CESE.
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Axe 6 : Renforcer les contrôles contre les pratiques souterraines et illicites, lutter
contre la corruption et veiller à une application rigoureuse et effective de la loi
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
• Instituer, dans le cadre d’un système contributif ouvrant droit à des allocations-chômage
dont l’accès est conditionné par une durée de cotisation préalable, un régime obligatoire
d’assurance-chômage des salariés, et un régime assurantiel distinct pour les travailleurs non-
salariés et les travailleurs indépendants. Il convient aussi d’associer à ce régime assurantiel un
régime assistanciel qui couvrirait les travailleurs ayant perdu leur emploi et ne remplissant
pas les conditions d’éligibilité à l’assurance chômage ou les personnes en fin de droit.
• Réviser le mécanisme de la contribution professionnelle unique et des droits
complémentaires d’accès à la protection sociale de façon à indexer directement la cotisation
à la capacité de paiement de chacun et en introduisant de la progressivité au niveau des
barèmes (contrairement à la formule actuelle où la contribution varie plutôt en fonction des
groupes de professions) ;
• Renforcer l’effectif des inspecteurs du travail, accélérer et simplifier davantage les procédures
d’élaboration des procès-verbaux et de leur transmission aux autorités judiciaires
compétentes dans le sens d’une exécution plus rapide et garantir l’effectivité des sanctions
en cas de manquement au code du travail. Il est également proposé d’adapter les méthodes
d’inspection utilisées aux spécificités de la phase transitoire du secteur informel vers
l’informel;
• Renforcer les moyens et effectifs de la CNSS pour améliorer sa capacité de détection des
infractions en matière de déclaration des employés au niveau des entreprises ;
• Utiliser la solution des « chèques-emploi-service » pour favoriser la déclaration notamment
des travailleurs domestiques. D’un côté, le travailleur est assuré de bénéficier d’un contrat de
travail et des droits y afférents ainsi que d’une couverture sociale (chômage, maladie, retraite,
etc.). Pour sa part, l’employeur profite d’un avantage fiscal sous la forme d’un crédit d’impôt
pouvant atteindre jusqu’à 50% des sommes versées (salaires + cotisations sociales);
• Mettre en place des formations professionnelles sanctionnées par des certificats, pour
améliorer le niveau de qualification des entrepreneurs indépendants informels ;
• Accélérer le rythme et élargir le périmètre du programme de validation des acquis de
l’expérience professionnelle (VAEP), en y intégrant notamment les métiers issus de l’artisanat,
pour mieux valoriser l’expertise et le savoir-faire de ces derniers.
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
3. Mettre en œuvre des actions cohérentes et synchrones au niveau des autres politiques
publiques. Il s’agit de:
• Mettre à niveau le capital humain en accélérant la réforme de l’éducation nationale, pour
une école publique de qualité, un accès équitable pour toutes les franges de la population ;
• Prévoir systématiquement au niveau des politiques sectorielles, des axes stratégiques en lien
direct avec l’intégration de l’informel ;
• Remédier en urgence aux déficits de développement accumulés dans le milieu rural afin de
limiter l’exode rural ;
• Accélérer la cadence d’utilisation du « mobile paiement » et des paiements électroniques, qui
figurent parmi les objectifs visés par la stratégie nationale de l’inclusion financière (SNIF). La
finalité poursuivie consiste à réduire le périmètre des transactions informelles qui s’appuient
sur le cash et augmenter la traçabilité des flux financiers pour resserrer l’étau autour des
pratiques de fraude, de sous-déclaration, etc. Ainsi, une accélération de la mise en œuvre des
objectifs de la SNIF est nécessaire, avec :
- des incitations adaptées pour promouvoir l’utilisation des transactions commerciales qui
passent par les m-wallets et moyens assimilés ;
- un appui financier et une assistance technique aux commerçants et petits services de
proximité pour une utilisation plus répandue du mobile paiement ou encore pour
l’installation à grande échelle de terminaux électroniques de paiement ou de caisses
enregistreuses au niveau des commerces ;
- une campagne de communication efficace auprès des commerçants pour les sensibiliser,
leur exposer les avantages escomptés de ces technologies et surtout les rassurer par
rapport à leur utilisation .
• Renforcer les capacités et ressources mobilisées pour la détection et la lutte contre les
pratiques de la finance informelle (hors tontines) et activité financières illicites.
4. Renforcer les valeurs du civisme en :
• Intégrant à tous les niveaux du système éducatif national et surtout à partir du primaire,
l’éducation au civisme économique, social et fiscal ;
• Engageant une politique de communication massive et multicanal autour des valeurs du
civisme économique, social et fiscal.
Par ailleurs, au niveau de la gouvernance et des aspects opérationnels et organisationnels :
• La durée de mise en œuvre de la stratégie en question devrait être répartie en un certain
nombre de phases intermédiaires durant lesquelles des rapports d’étape seront élaborés
pour identifier les points forts et détecter les blocages et proposer les mesures de rectification
nécessaires.
• Une commission de suivi et d’évaluation de l’avancement de la stratégie devra être mise en
place. Elle jouera le rôle d’une « delivery unit ». Sous la supervision du Chef du gouvernement,
elle comportera des membres issus de l’administration centrale, des territoires, du secteur
privé, des associations professionnelles et de représentants des salariés.
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
• La mise en œuvre de chaque volet de la stratégie en question devrait être attribuée à une
entité définie qui en assumerait la responsabilité, dans le cadre de la transparence et la
reddition des comptes.
• Une déclinaison territoriale de la stratégie est nécessaire dans le cadre des processus en
cours de déploiement de la régionalisation avancée et de la déconcentration, en dotant les
régions, provinces et communes des compétences et des ressources humaines et financières
nécessaires.
De même, dans le cadre de la gouvernance territoriale, la commune doit être responsabilisée
(moyennant des ressources dédiées) dans la prise en charge et l’accompagnement des
opérateurs informels dans leur processus de formalisation et d’organisation (accès aux locaux
de production, accès au marché, accès eau/électricité, etc.), en traitant ces opérateurs comme
des entrepreneurs avec un réel potentiel de création de valeur et d’emploi.
Il convient, par ailleurs, de mettre en place des contrats-programmes au niveau territorial, avec les
acteurs concernés (autorités, ministères, groupements professionnels, etc.) pour une meilleure
déclinaison territoriale des mesures de résorption de l’économie informelle.
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
ANNEXES
Acteurs auditionnés
Ministère de la santé
Ministère de l'Aménagement du Territoire National, de
l'Urbanisme, de l'Habitat et de la Politique de la Ville
Ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration
Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie Verte et Numérique
Ministère de l'Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural, des Eaux et Forêts
Ministère de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau
Secrétariat Général du Gouvernement
Bank Al Maghreb
Haut-Commissariat au Plan
Instance Nationale de la Probité, de la Prévention et de la Lutte contre la Corruption
Agence Maroc PME
Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications
Observatoire Nationale du Développement Humain
Office de Développement de la Coopération
Caisse centrale de garantie
Caisse Interprofessionnelle Marocaine de Retraites
Caisse Nationale de Sécurité Sociale
OFPPT
Groupe Poste Maroc
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
Annexe 2 : Liste des membres de la commission chargée des affaires économiques
et des projets stratégiques
Abbouh Ahmed
Aguizoul Tarik
Alaoui Mohammed
Azbane Belkady Khalida
Belarbi Larbi (Président de la commission)
Ben Seddik Fouad
Benlarbi Allal
Bensalah chaqroun Meriem
Benwakrim Latifa
Fikrat Mohammed
Foutat Abdelkarim
Mounir Alaoui Amine
Deguig Abdallah
Kettani Mouncef (Rapporteur de la thématique)
Ghannam Ali
Lahlimi Alami Ahmed
Mkika Karima
Mostaghfir Mohamed
Naji Hakima
Ouayach Ahmed
Rachdi Mohammed Bachir
Sijilmassi Tariq
Simou Najat
Ziani Moncef
Berrada Sounni Amine
Lotfi Boujendar
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Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental
Karim El Mokri
Experts permanents au Conseil Mohamed Amine Charrar
Thanae Bennani
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Une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc
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Conseil Economique, Social et Environnemental
Conseil Economique, Social et Environnemental
www.cese.ma