Cours Logique Formelle - Partie 1

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CHAPITRE 1

Rappels mathématiques
1. Les entiers naturels
Souvent on écrit l'ensemble des entiers naturels {1, 2, 3 . . . , } en utilisant les trois
points (. . .) pour exprimer que l'ensemble des entiers est un ensemble qui possède
une innité d'éléments. Cette dénition est intuitive et facilement acceptée. Mais elle
ne sut pas pour utiliser le concept de nombres entiers dans plusieurs domaines des
mathématiques. Ceci revient au fait d'écrire trois points (. . .), pour exprimer la notion
d'inni, qui n'est pas, en soit, un concept mathématique.
Il est donc nécessaire de donner une dénition des entiers naturels adaptée à de
nombreuses applications en mathématiques et aussi en logique.
Dans la nouvelle dénition des entiers on prend chaque entier comme un objet
mathématique construit à partir de l'entier 0 (zero) et l'application S dite fonction
successeur : (∀n ∈ N )S : n → n + 1. Ainsi on peut construire tous les entiers naturels
comme suit :
1 = S(0), 2 = S(1), 3 = S(2), . . . , n + 1 = f (n), . . .
Cette manière de construire les entiers naturels amène à proposer une nouvelle
dénition des entiers naturels
Définition 1.1. (1) 0 est un entier naturel
(2) Si n est un entier naturel alors S(n) = (n + 1) est un entier naturel.
(3) L'ensemble des entiers naturels est déni par les clauses (1) et (2).
Cette dénition est un exemple de dénition par induction. La clause (1) est
appelée règle de base, la clause (2) qui permet de construire un nouveau élément est
appelée règle de génération. La dernière clause est appelée règle de fermeture, elle
signie que la dénition des entiers est déterminée par les clauses (1) et (2).
1.1. Induction mathématique. Le principe d'induction mathématique est très
utilisé pour démontrer des proptiétés sur les ensembles des entiers ou sur tout autre
ensemble dont les éléments sont des objets mathéamtiques et qui est isomorphe à
un sous ensemble de l'ensemble des entiers naturels. Il serait très utile de rappeler
de façon simple le principe d'induction. Supposons que l'on souhaite démontrer une
7
8 1. RAPPELS MATHÉMATIQUES

propriété P (n) pour tout n ∈ N . Pour utiliser le principe d'induction dans notre
démonstration nous devons suivre les étapes suivantes :
(1) Montrer que la propriété P (n) est vériée pour n = 0.
(2) Montrer que P (n + 1) est vériée si l'on admet que P (n) est vériée.
(3) On déclare que (∀n ∈ N )P (n) est démontrée si nous avons montré les étapes
1) et 2).
Accepter le principe de l'induction mathématique, très utilisé en mathématique,
devient immédiat si on prend en considération la dénition inductive des entiers na-
turels. Soulignons que le principe d'induction n'est pas seulement utilisé pour dé-
montrer des propriétés des entiers naturels mais concerne aussi les proriétés sur des
ensembles dénombrables. Le principe d'induction est aussi très utilisé dans les preuves
des propriétés et théorèmes en logique où souvent les dénitions sont données sous la
forme de dénition inductive. Généralement la preuve par induction d'une propiété
P (n) sur un ensemble dénombrable E est constituée de trois étapes :

(1) Montrer que le plus petit élément de E , soit n0 vérie la propriété P . Ceci
signie que P (n0 ) est vériée. P (n0 ) est la base d'induction.
(2) On suppose que P (n) est vériée, c'est l'hypothèse d'induction.
(3) A partir de l'hypothèse d'induction on montre que P (n+1) est vériée. Dans
le cas où cela est montré on peut dire que : (∀n ∈ E)P (n) est vériée.
On trouve souvent dans certaines démonstrations mathématiques l'utilisation du
principe d'induction sous une autre forme légèrement diérente de celle décrite ci-
dessus. L'hypthèse d'induction est donnée sous la forme P (m) est vériée pout tout
(m < n). Il est facile de voir que c'est une généralisation du principe d'induction
décrit plus haut.

Exemple 1.1. Montrer par induction que la somme des entiers 1, 3, 5, . . . , 2n − 1


est égale à n2.
Tout d'abord on peut réecrire cette question sous une forme qui correspond à la
dénition du principe d'induction. Soit P (n) = 1 + 2 + . . . + 2n − 1 = n2. Le domaine
de dénition de P est E = {1, 3, 5, . . . , 2n − 1, . . .}. Appliquer le principe d'induction
pour montrer cette propriété nous amène à :
(1) S'assurer que la base d'induction est vériée, cest à dire que P (1) est vraie.
Ceci donne P (1) = 1 = 12.
(2) Supposer que P (n) est vraie. Ceci sgnie que P (n) = 1+3+5+. . .+2n−1 =
n2 .
3. DÉMONSTRATION PAR CONTRADITION 9

(3) Montrer que P (n + 1) = 1 + 3 + 5 + . . . + 2n + 1 = (n + 1)2.


Pour démontrer ce résultat on part de l'hypothèse P (n) = 1 + 3 + 5 + . . . + 2n − 1 =
n , on ajoute aux deux membres cette égalité, le nombre 2n + 1. Ceci donne :
2

1 + 3 + 5 + . . . + 2n − 1 + 2n + 1 = n2 + 2n + 1
On obtient :
1 + 3 + 5 + . . . + 2n − 1 + 2n + 1 = n2 + 2n + 1 = (n + 1)2 .
et donc :
P (n + 1) = (n + 1)2 .
2. Démonstration par contraposition
La démonstration par contraposition est basée sur le principe suivant :
Démontrer que la négation d'une proposition est fausse prouve que cette propo-
sition est vraie. Nous verrons dans le reste de ce cours la justication de ce principe.
Nous allons maintenant, à l'aide d'un exemple, montrer son utilisation dans la déduc-
tion mathématique.
Supposons que que l'on pose cette question : l'ensemble des entiers naturels pre-
miers est-il ni ? Les entiers premiers sont les entiers dont l'ensemble des diviseurs se
réduit à 1 et l'entier lui même. Les entiers 2, 3, 7, 11, 13, . . . sont des premiers.
Pour répondre à cette question nous allons appliquer le raisonnement par con-
traposition. Partant de notre intuition que l'ensemble des entiers premiers est un
ensemble inni, on supposera que cet ensemble est ni et on démontrera que cette
hypothèse est fausse.
Si notre hypothèse était vraie alors l'ensemble des entiers premiers s'écrirait :

{2, 3, 7, 11, 13, 17, . . . , p}.


Ici p est le plus grand entiers premiers.
Soit Q = (2 ∗ 3 ∗ 7 ∗ 11 ∗ 13 ∗ 17 ∗ . . . ∗ p) + 1. Q est plus grand que p et par hypothèse
Q n'est pas premier puisque p est le plus grand entier premier. Mais observons que
le reste de la division de Q par tout entier premier est égal à 1. Alors Q est premier.
Ceci Nouscontredit l'hypothèse qui dit que l'ensemble des entiers premiers est ni.

3. Démonstration par contradition


Le principe du raisonnement par contradition est basé sur le principe suivant :
Si nous arrivons à déduire une contradiction en partant d'une hypothèse donnée
alors nous concluons que cette hypothèse est fausse. Plus loin, nous présenterons la
justication d'un tel principe. Donnons un exemple d'application de ce principe pour
montrer son utilisation dans les preuves mathématiques. Problème : Trouver l'ensem-
ble des nombres entiers écrits à l'aide des chires 0, 1, . . . , 9 en utilisant une seule fois
10 1. RAPPELS MATHÉMATIQUES

chacun de ces chires et dont la somme est égale à 100. Une première tentative nous
permet de donner l'ensemble {4, 5, 6, 730, 28, 19}. Cet ensemble possède la seconde
condition mais pas la première puisque 4 + 5 + 6 + 7 + 30 + 28 + 19 = 99. Une deuxième
tentative nous amène à constater que l'ensemble des nombres {4, 5, 6, 7, 31, 28, 19}
vérie la première condition puisque 4 + 5 + 6 + 7 + 31 + 28 + 19 = 100 ; mais ne vérie
pas la deuxième condition. Le chire 1 apparait dans 19 et 31.
Après d'autres tentatives infructieuses, le lecteur se convaint facilement qu'il n'ex-
iste aucun ensemble de nombres vériant les conditions de ce problème. Alors, on se
trouve devant la situation de croire qu'un tel ensemble n'existe pas. Cette idée sur
la solution du problème est dictée par l'expérience et l'intuition développées après
plusieurs essais.
Pour justier cette nouvelle idée qu'aucune solution ne vérie les conditions du
problème, on supposera qu'une telle solution existe et on déduira une contradition.
Supposons que la somme de certains nombres, vériant les conditions du problème, est
égale à 100. Ces nombres constituent dix (10) formes diérentes puisque 0, 1, 2, 3, . . . , 9
sont utlisés une seule fois pour écrire ces nombres. Nous avons :
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 = 45
Chacune de ces formes représente, dans notre ensemble de nombres, solution du
problème, soit une dizaine ou soit une unité. Considérons que T est la somme des
formes représentant les dizaines. La somme des formes restantes est 45 − T .
La somme des nombres, solution du problème, est donc 10T + (45 − T ) = 100.
Ceci donne T = 55/9. T n'est donc pas un entier naturel et ceci est contradictoire
avec le fait que T est la somme de nombres entiers. Ceci contredit l'hypothèse qu'il
existe une suite de nombres vériant les conditions posées plus haut, c'est à dire, dont
la somme est égale à 100.
CHAPITRE 2

Calcul propositionnel
1. Préliminaires
Dans la logique propositionnelle, on trouve des énoncés simples dits atomes ou
variables propositionnelles. On trouve aussi des énoncés composés complexes constru-
its é partir des atomes ou des variables propositionnelles en utilisant des connecteurs.
Par exemple pour construire l'énoncé mathématique :
(1) (x > 2) et (x2 − 1/2 ≤ 1).
Nous avons utilisé le connecteur et pour reliér les deux plus simples énoncés
 x > 2" et  x2 − 1/2 ≤ 1.". De même l'énoncé P → Q est formé à l'aide des deux
énoncés plus simples P , Q et du connecteur  →.
Ils existent plusieurs autres connecteurs utilisés fréquement :équivaut, ou et le
non.
Donnons maintenant la notation symbolique et la dénition des diérents con-
necteurs les plus utilisés.
Connecteur Forme symbolique
non A ¬A
A et B A∧B
A ou B A∨B
A implique B A→B
A équivalent à B A↔B
A et B dénotent des énoncés quelconques .
Avant de donner la dénition et pour mieux expliciter le sens de certains con-
necteurs, considérons les exemples suivants :
(1) Si la terre est plate alors Alger est une ville propre.
(2) Alger est une ville propre.
(3) La terre n'est pas plate.
Si nous convenons de noter par A et B l'énoncé  La terre est plate" et l'énoncé
 Alger est une ville calme" respectivement ; la formule A → B dénotera l'énoncé  Si
11
12 2. CALCUL PROPOSITIONNEL

la terre est plate alors Alger est une ville propre . L'énoncé  La terre
n'est pas plate" se notera ¬A.
1.1. Les connecteurs →, ¬, ∧ et ∨. Explicitons maintenant les dénitions de

ces diérents connecteurs :

(¬): Négation.
La négation d'un énoncé A est notée ¬A et elle est dénie par : Si l'énoncé
A est vrai alors la négation de l'énoncé A est fausse et si l'énoncé A est

faux alors l'énoncé ¬A est vrai. Ceci est rendu plus comprhensible grâce au

tableau :

A ¬A
V F

F V

Exemple 1.1. L'énoncé la terre est plate" est la négation de l'énoncé
"la terre est sphérique". l'énoncé  x = 2 est la négation de l'énoncé  x = 0.
(∧): Conjonction.
La conjonction de deux énoncés A, B est notée symboliquement par A ∧
B. Le connecteur de conjonction et" noté par le symbole ∧ est déni par la

table suivante :

A B A∧B

F F F

F V F

V F F

V V V

Ceci signie que, l'énoncé A ∧ B est vrai, que dans le cas où les deux

énoncés A et B sont vrais. L'énoncé A ∧ B est faux dans tous les autres cas.

(∨): Disjonction.
La disjonction de deux énoncés A, B est notée A ∨ B ; ceci se traduit

dans le langage naturel par la phrase l'énoncé A est vrai ou bien l'énoncé B

est vrai.

Habituellement dans le langage parlé le connecteur ou bien " est entendu

dans le sens exclusif, c'est dire nous ne pouvons pas avoir les deux énoncés

A, B vrais simultanément. Un tel connecteur ou" est dit exclusif. Ce que


1. PRÉLIMINAIRES 13

nous considérerons dans toute la suite sera le connecteur ou" dit inclusif qui
signie que l'énoncé A ou B" exprime que nous avons soit l'énoncé A vrai,
soit l'énoncé B vrai, soit l'énoncé A et l'énoncé B sont vrais. La dénition
du connecteur est donne par la table suivante :

A B A∨B
F F F
F V V
V F V
V V V
(→): Implication.

Le connecteur → appelé le connecteur d'implication est souvent le seul


qui pose quelques dicultés pour son utilisation. L'attribution d'une valeur
de vérité à certains énoncés de la forme : A → B, dans certains cas, met
en défaut notre bon sens". L'exemple suivant nous donne une idée sur ce
problème : Soit l'énoncé A la terre est plate" et l'énoncé B les enseignants
sont milliardaires" . L'énoncé A → B exprimera : Si la terre est plate alors les
enseignants sont milliardaires. Le bon sens acceptera dicilement qu'un tel
énoncé est vrai. La diculté vient certainement du fait que dans le langage
naturel nous ne rencontrons pas de tels type d'énoncés, mais il est fréquent de
les trouver dans les langages articiels ( le langage mathématique, langage de
programmation ...). Ces dicultés sont écartées en dénissant le connecteur
d'implication par la table suivante :

A B A→B
F F V
F V V
V F F
V V V
Remarquons que le seul cas où l'nonc A → B est faux est lorsque l'énoncé
A est vrai et l'énoncé B est faux. Ce qui traduit qu'un énoncé vrai ne peut
pas impliquer un énoncé faux.
(↔): Equivalence.

Le connecteur ↔ d'équivalence liant deux énoncés A et B peut être déni


par : A est vrai si B est vrai et B est vrai si A est vrai. La table suivante
donne la dénition du connecteur ↔.
14 2. CALCUL PROPOSITIONNEL

A B A↔B
F F V
F V F
V F F
V V V
2. Syntaxe de la logique propositionnelle
Les formules propositionnelles sont les énoncés considérés comme correctement
écrits dans le langage de la logique propositionnelle. La dénition des formules propo-
sitionnelles est donnée d'une manière inductive par la dénition suivante :
Définition 2.1. (1) Les variables propositionnelles p, q, u, v, ... sont des
formules propositionnelles
(2) Si A est une forme propositionnelle alors ¬A est une formule propositionnelle
(3) Si A, B sont des formules propositionnelles alors ( A ∧ B), (A ∨ B) et
(A → B ) sont des formules propositionnelles.
(4) Les formules propositionnelles sont dénies par les clauses 1), 2) et 3).
Exemple 2.1. ((p ∧ q) → (¬(p ∨ q))) est une formule propositionnelle à partir
du fait que les variables p et q sont des variables propositionnelles. On déduit par les
clauses 1) et 2) que p ∧ q et ¬(p ∨ q) sont des formules propositionnelles et nalement
((p ∧ q) → (¬(p ∨ q))) est une formule propositionnelle par la clause 3).
3. Sémantique de la logique propositionnelle
Nous nous intérressons maintenant aux formules propositionnelles qui ont toujours
la valeur de vrité vrai à cause de leur structure syntaxique sans aucune réfrence au
sens des variables propositionnelles.
Définition 3.1. Une valuation Booléenne est une application v de l'ensemble des
formules propositionnelles vers l'ensemble {V,F} vériant les conditions :
(1) v(¬X) = ¬v(X)
(2) v(X∧Y ) = v(X)∧v(Y ) ; v(X∧Y ) = v(X)∨v(Y ) ; v(X → Y ) = v(X) → v(Y ).

Exemple 3.1. Considérons la valuation Booléenne v telle que v(p) = V et v(q) =


F. La formule propositionnelle ((¬ p) ∨ q) a pour valuation Booléenne :
v((¬p) ∨ q) ≡ v(¬p) ∨ v(q)
≡ ¬v(p) ∨ v(q)
.
≡ ¬(V ) ∨ F
≡ F ∨F = F
4. THÉORÈME DE REMPLACEMENT 15

Notation : A partir de maintenant nous adopterons la convention suivante : Noter


F (faux) par 0 et V (vrai ) par 1.
Définition 3.2. (1) Une formule propositionnelle est une tautologie si elle
prend une valeur de vérité 1 (vraie) pour toutes les valeurs prises par les
variables contenues dans cette formule propositionnelle.
(2) Une formule propositionnelle est une contradiction si elle prend une valeur 0
(Fausse) pour toutes les valeurs prises par les variables contenues dans cette
formule propositionnelle.
Exemple 3.2. (a ∨ ¬a) est une tautologie. (a ∧ ¬a) est une contradiction. (a →
(b → a)) est une tautologie.
Il est aisé de voir qu'une formule propositionnelle est une tautologie ou une con-
tradiction ; il sut de construire la table de vérité correspondante.
Définition 3.3. Si A et B sont des formules propositionnelles, on dira que A
implique logiquement B si (A → B) est une tautologie et on dira que, A est logiquement
équivalent à B si A ↔ B est une tautologie.
Exemple 3.3. p ∧ q implique logiquement p. ¬(p ∧ q) est logiquement équivalant
à (¬ p ∨ ¬q). On peut vérier facilement que le connecteur d'équivalence ↔ peut être
déni par :
A ↔ B ≡ (A → B) ∧ (B → A).
4. Théorème de remplacement
Nous pouvons voir à l'aide des tables de vérité que l'énoncé (p → p) est une tau-
tologie. Si nous substituons la formule propositionnelle ((r ∧ s) → t) à la variable
propositionnelle p, nous obtenons ((r ∧ s) → t) → ((r ∧ s) → t) qui est aussi une tau-
tologie. Il revient à dire que si nous remplaçons toutes les occurrences d'une variable
propositionnelle dans une tautologie par une formule propositionnelle quelconque ; la
formule propositionnelle obtenue est aussi une tautologie. Ce résultat est donné par
le thorème suivant :
Théorème 4.1. Soit A une formule propositionnelle contenant les variables p1 ,
p2 , ..., pn et soient A1 , A2 , ..., An des formules propositionnelles quelconques. Si
A est une tautologie alors la formule propositionnelle B obtenue en remplaçant dans
A les occurrences des variables pi (i ≤ n) par les Ai respectivement, est aussi une
tautologie.
16 2. CALCUL PROPOSITIONNEL

Démonstration. Soient A une tautologie et p1, p2,..., pn des variables propo-


sitionnelles contenues dans A et A1 , A2 ,..., An des formules propositionnelles. Soit B
la formule obtenue en substituant dans A les formules Ai (1 ≤ i ≤ n) respectivement
aux variables propositionnelles pi . Quelque soit la valeur de vérité prise par A1 , A2 ,
..., An , B prend la même valeur de vérité que A quand ces mêmes valeurs de vérités
des Ai (1 ≤ i ≤ n ) sont prises respectivement par p1 , p2 , ..., pn . Donc B est aussi
une tautologie. 

Exemple 4.1. Soit A la formule propositionnelle (a → ((b ∧ c) → a). On peut


vérier facilement que A est une tautologie. Soit B la formule propositionnelle obtenue
en remplaçant dans A les variables b et c par les deux formules propositionnelles
A1 ≡ (¬x → y) et
A2 ≡ (y → x).
B ≡ [A1 /b] [A2 /c]A ≡ (a → (((¬x → y) ∧ (y → x)) → a)
B est aussi une tautologie.

Proposition 4.1. Soit A une formule propositionnelle contenant seulement les


connecteurs ¬, ∧, et ∨. Soit A* la formule propositionnelle obtenue en interchangeant
les connecteurs ∧ et ∨ et en remplaçant chaque variable p par sa ngation (¬p) dans
A. Alors A* est logiquement équivalent à ¬A.

Démonstration. La démonstration se fait par induction sur le nombre n de


connecteurs qui sont contenus dans A.
Base d'induction(n = 0)

A ne contient aucun connecteur. Dans ce cas A est une variable propositionnelle


p, A* est donc (¬p). Il est évident que A* est logiquement équivalent à (¬p).
Hypothèse d'induction :
Supposons que A contient k connecteurs (k ≤ n) et supposons que chaque énoncé
avec moins de k connecteurs vérie la propréité. Alors, il existe 3 cas à considrer :
(1) A est de la forme (¬B)
(2) A est de la forme (B ∨ C)
(3) A est de la forme (B ∧ C).
Cas 1 : B a k − 1 connecteurs. Par hypothèse d'induction B* est logiquement équiv-
alent à (¬B), mais A est (¬B). Donc A* est logiquement équivalent à ¬(B*)
et comme B* est logiquement équivalent à ¬B ; alors A* est logiquement
équivalent à ¬¬B ; c'està dire à ¬A.
5. FORME NORMALE CONJONCTIVE D'UN ÉNONCÉ 17

Cas 2 : B et C contiennent chacun moins de k connecteurs et donc B* et C* sont


logiquement équivalents à (¬B) et (¬C) respectivement. A* est (B* ∧ C*)
et il est logiquement équivalent à (¬B ∧ ¬C) et donc ¬A.
Cas 3 : B* et C* sont logiquement équivalentà (¬B) et (¬C) respectivement. A* est
(B* ∨ C*) qui est logiquement équivalent à (¬B) ∨ (¬C) et donc ¬(B ∧ C)
c'est à dire ¬A.


Corollaire 4.1. Si p1, p2,. . . , pn sont des variables propositionnelles alors :


(¬p1 ∨ ¬p2 ∨ . . . ∨ ¬pn ) est logiquement équivalent à ¬(p1 ∧ p2 ∧ . . . ∧ pn ).
Démonstration. C'est un cas particulier de la proposition précédente dans
laquelle A est la formule propositionnelle (p1 ∧ p2 ∧ . . . ∧ pn ) Utiliser la proposition
précédente pour montrer que ((¬p1 ) ∧ (¬p2 ) ∧ . . . ∧ (¬pn ) ∧ (¬pn )) est logiquement
1

équivalent à ¬(p1 ∨ p2 ∨ . . . ∨ pn ). 

Proposition 4.2. (Les lois de Morgan).


Soient A1 , A2 , . . . , An des formules propositionnelles quelconques alors :
(1) L'énoncé ((¬A1 ) ∨ (¬A2 ) ∨ . . . (¬An )) est logiquement équivalent à
¬(A1 ∧ A2 ∧ . . . ∧ An )
(2) L'énoncé (¬A1 ∧ ¬A2 ∧ . . . ∧ ¬An1 ∧ ¬An ) est logiquement équivalent à
¬(A1 ∨ A2 ∨ . . . ∨ An ).

Démonstration. La démonstration de cette proposition découle des résultats


précédents et elle est suggére comme exercice. 

5. Forme normale conjonctive d'un énoncé


Nous allons maintenant écrire les formules propositionnelles en utilisant seulement
les connecteurs ∧, ∨ et ¬. L'objectif, comme nous le verrons plus loin, est de pouvoir
donner une méthode directe qui permet de vérier si une formule est une tautologie
ou une contradiction sans passer par sa table de vérité.
Définition 5.1. Soient X1, X2, . . . , Xn une liste de formules propositionnelles.
On introduit la notation suivante :
[X1 , X2 , . . . , Xn ] dénote la disjonction X1 ∨ X2 ∨ . . . ∨ Xn .
< X1 , X2 , . . . , Xn > dénote la conjonction X1 ∧ X2 ∧ . . . ∧ Xn .
Si v est une validation booléenne nous avons : v([X1 , X2 , . . . , Xn ]) = t si v(Xi ) = t
pour un certain Xi et v([X1 , X2 , . . . , Xn ]) = f sinon.
v(< X1 , X2 , . . . , Xn ) = t si v(Xi ) = t pour tout Xi et v(< X1 , X2 , . . . , Xn >) = f sinon.
18 2. CALCUL PROPOSITIONNEL

Définition 5.2. Un litéral est une variable propositionnelle ou la négation d'une


variable propositionnelle.
Définition 5.3. Une clause est une disjonction X1 ∨ X2 ∨ . . . ∨ Xn note
[X1 , X2 , . . . , Xn ] ou chaque lment est un litéral. Une formule propositionnelle est dite
sous forme normale conjonctive ou sous forme clausale si c'est une conjonction
C1 ∧ C2 ∧ . . . ∧ Cn note < C1 , C2 , . . . , Cn > où chaque Ci est une clause.

Théorème 5.1. Il existe un algorithme qui transforme une formule proposition-


nelle ordinaire en forme clausale.
Avant de décrire l'algorithme dénissons les notions de α-formule et β -formule.

α-formule (conjonction) α1 α2 β -formule (disjonction) β1 β2


X ∧Y X Y ¬(X ∧ Y ) ¬X ¬Y
¬(X ∨ Y ) ¬X ¬Y X ∨Y X Y
¬(X → Y ) X ¬Y X→Y ¬X Y

Description de l'algorithme
Etape 1. On commence avec < [X] >. Après avoir excuté l'étape n en produisant
< D1 , D2 , . . . , Dn > où les éléments Di sont des disjonctions et si nous n'avons
pas encore la forme clausale aller à l'tape suivante :
Etape n+1. Choisir un élément Di qui contient certains non litéraux, soit N par exemple.

(a) Si N est ¬¬Z remplacer N par Z .


(b) Si N est une β -formule remplacer N par la suite des deux formules β1 ,
β2 .
(c) Si N est est une α-formule remplacer la disjonction Di par les deux
disjonctions [α1 /α]Di et [α2 /α]Di .
Exemple 5.1. Donnons la forme clausale de la formule :
(a → (b → c)) → ((a → b) → (a → c))
(1) < a → (b → c)) → ((a → b) → (a → c))] >
(2) < [¬(a → (b → c)), (a → b) → (a → c))] >
(3) < [¬(a → (b → c)), ¬(a → b), (a → c)] >
(4) < [a, ¬(a → b), (a → c]], [¬(b → c), ¬(a → b), (a → c] >
(5) < [a, a, a → c], [a, ¬b, ¬a, c], [b, a, ¬a, c], [b, ¬b, ¬a, c], [¬c, a, ¬a, c], [¬b, ¬c, ¬a, c] >
(6) < [a, a, ¬a, c], [a, ¬b, ¬a, c], [b, a, ¬a, c], [b, ¬b, ¬a, c], [¬c, a, ¬a, c], [¬b, ¬c, ¬a, c] >
6. ENSEMBLE COMPLET DE CONNECTEURS 19

La forme normale conjonctive est :


(a∨¬a∨c)∧(a∨¬b∨¬a∨c)∧(b∨¬a∨a∨c)∧(b∨¬b∨¬a∨c)∧(¬c∨a¬a∨c)∧(¬b∨¬c∨¬a∨c)

6. Ensemble complet de connecteurs


Définition 6.1. Un ensemble complet de connecteurs est un ensemble qui est tel
que à toute formule F correspond une formule proposionnelle G logiquement équiva-
lente à F contenant que les connecteurs de cet ensemble.
Nous pouvons montrer maintenant le résultat suivant.

Proposition 6.1. Les ensembles {¬, →}, {¬, ∨} et {¬, ∧} sont des ensembles
complets de connecteurs.
Démonstration. On peut observer que l'ensemble {¬, ∧, ∨} est un ensemble
complet de connecteurs puisque, comme on vient de le voir, on peut à toute formule F
trouver une formule équivalente G contenant seulement les connecteurs de l'ensemble
{¬, ∧}. Pour montrer, par exemple, que l'ensemble {¬, ∧ } est un ensemble complet
il sut de montrer que le connecteur ∨ s'exprime en fonction de ∧ et ¬. En utilisera
le fait que A ∨ B est logiquement équivalent à ¬(¬A ∧ ¬B). 

Définition 6.2. Soient les connecteurs | et ↓ dénis par :


p q p↓q p|q
0 0 1 1
0 1 0 1
1 0 0 1
1 1 0 0
Proposition 6.2. {|} et {↓} dont des ensembles complets de connecteurs.
Démonstration. Exprimons ¬ et ∧ ou ¬ et ∨ dans {|} et {↓}.
nous avons :

¬p ≡ p↓p
p∧q ≡ (p ↓ p) ↓ (q ↓ q)
¬p ≡ p|p
p∨q ≡ (p | p) | (q | q)


Proposition 6.3. Les seuls connecteurs qui forment à eux seuls un ensemble de
connecteurs complet sont | et ↓.

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