Cours Logique Formelle - Partie 1
Cours Logique Formelle - Partie 1
Cours Logique Formelle - Partie 1
Rappels mathématiques
1. Les entiers naturels
Souvent on écrit l'ensemble des entiers naturels {1, 2, 3 . . . , } en utilisant les trois
points (. . .) pour exprimer que l'ensemble des entiers est un ensemble qui possède
une innité d'éléments. Cette dénition est intuitive et facilement acceptée. Mais elle
ne sut pas pour utiliser le concept de nombres entiers dans plusieurs domaines des
mathématiques. Ceci revient au fait d'écrire trois points (. . .), pour exprimer la notion
d'inni, qui n'est pas, en soit, un concept mathématique.
Il est donc nécessaire de donner une dénition des entiers naturels adaptée à de
nombreuses applications en mathématiques et aussi en logique.
Dans la nouvelle dénition des entiers on prend chaque entier comme un objet
mathématique construit à partir de l'entier 0 (zero) et l'application S dite fonction
successeur : (∀n ∈ N )S : n → n + 1. Ainsi on peut construire tous les entiers naturels
comme suit :
1 = S(0), 2 = S(1), 3 = S(2), . . . , n + 1 = f (n), . . .
Cette manière de construire les entiers naturels amène à proposer une nouvelle
dénition des entiers naturels
Définition 1.1. (1) 0 est un entier naturel
(2) Si n est un entier naturel alors S(n) = (n + 1) est un entier naturel.
(3) L'ensemble des entiers naturels est déni par les clauses (1) et (2).
Cette dénition est un exemple de dénition par induction. La clause (1) est
appelée règle de base, la clause (2) qui permet de construire un nouveau élément est
appelée règle de génération. La dernière clause est appelée règle de fermeture, elle
signie que la dénition des entiers est déterminée par les clauses (1) et (2).
1.1. Induction mathématique. Le principe d'induction mathématique est très
utilisé pour démontrer des proptiétés sur les ensembles des entiers ou sur tout autre
ensemble dont les éléments sont des objets mathéamtiques et qui est isomorphe à
un sous ensemble de l'ensemble des entiers naturels. Il serait très utile de rappeler
de façon simple le principe d'induction. Supposons que l'on souhaite démontrer une
7
8 1. RAPPELS MATHÉMATIQUES
propriété P (n) pour tout n ∈ N . Pour utiliser le principe d'induction dans notre
démonstration nous devons suivre les étapes suivantes :
(1) Montrer que la propriété P (n) est vériée pour n = 0.
(2) Montrer que P (n + 1) est vériée si l'on admet que P (n) est vériée.
(3) On déclare que (∀n ∈ N )P (n) est démontrée si nous avons montré les étapes
1) et 2).
Accepter le principe de l'induction mathématique, très utilisé en mathématique,
devient immédiat si on prend en considération la dénition inductive des entiers na-
turels. Soulignons que le principe d'induction n'est pas seulement utilisé pour dé-
montrer des propriétés des entiers naturels mais concerne aussi les proriétés sur des
ensembles dénombrables. Le principe d'induction est aussi très utilisé dans les preuves
des propriétés et théorèmes en logique où souvent les dénitions sont données sous la
forme de dénition inductive. Généralement la preuve par induction d'une propiété
P (n) sur un ensemble dénombrable E est constituée de trois étapes :
(1) Montrer que le plus petit élément de E , soit n0 vérie la propriété P . Ceci
signie que P (n0 ) est vériée. P (n0 ) est la base d'induction.
(2) On suppose que P (n) est vériée, c'est l'hypothèse d'induction.
(3) A partir de l'hypothèse d'induction on montre que P (n+1) est vériée. Dans
le cas où cela est montré on peut dire que : (∀n ∈ E)P (n) est vériée.
On trouve souvent dans certaines démonstrations mathématiques l'utilisation du
principe d'induction sous une autre forme légèrement diérente de celle décrite ci-
dessus. L'hypthèse d'induction est donnée sous la forme P (m) est vériée pout tout
(m < n). Il est facile de voir que c'est une généralisation du principe d'induction
décrit plus haut.
1 + 3 + 5 + . . . + 2n − 1 + 2n + 1 = n2 + 2n + 1
On obtient :
1 + 3 + 5 + . . . + 2n − 1 + 2n + 1 = n2 + 2n + 1 = (n + 1)2 .
et donc :
P (n + 1) = (n + 1)2 .
2. Démonstration par contraposition
La démonstration par contraposition est basée sur le principe suivant :
Démontrer que la négation d'une proposition est fausse prouve que cette propo-
sition est vraie. Nous verrons dans le reste de ce cours la justication de ce principe.
Nous allons maintenant, à l'aide d'un exemple, montrer son utilisation dans la déduc-
tion mathématique.
Supposons que que l'on pose cette question : l'ensemble des entiers naturels pre-
miers est-il ni ? Les entiers premiers sont les entiers dont l'ensemble des diviseurs se
réduit à 1 et l'entier lui même. Les entiers 2, 3, 7, 11, 13, . . . sont des premiers.
Pour répondre à cette question nous allons appliquer le raisonnement par con-
traposition. Partant de notre intuition que l'ensemble des entiers premiers est un
ensemble inni, on supposera que cet ensemble est ni et on démontrera que cette
hypothèse est fausse.
Si notre hypothèse était vraie alors l'ensemble des entiers premiers s'écrirait :
chacun de ces chires et dont la somme est égale à 100. Une première tentative nous
permet de donner l'ensemble {4, 5, 6, 730, 28, 19}. Cet ensemble possède la seconde
condition mais pas la première puisque 4 + 5 + 6 + 7 + 30 + 28 + 19 = 99. Une deuxième
tentative nous amène à constater que l'ensemble des nombres {4, 5, 6, 7, 31, 28, 19}
vérie la première condition puisque 4 + 5 + 6 + 7 + 31 + 28 + 19 = 100 ; mais ne vérie
pas la deuxième condition. Le chire 1 apparait dans 19 et 31.
Après d'autres tentatives infructieuses, le lecteur se convaint facilement qu'il n'ex-
iste aucun ensemble de nombres vériant les conditions de ce problème. Alors, on se
trouve devant la situation de croire qu'un tel ensemble n'existe pas. Cette idée sur
la solution du problème est dictée par l'expérience et l'intuition développées après
plusieurs essais.
Pour justier cette nouvelle idée qu'aucune solution ne vérie les conditions du
problème, on supposera qu'une telle solution existe et on déduira une contradition.
Supposons que la somme de certains nombres, vériant les conditions du problème, est
égale à 100. Ces nombres constituent dix (10) formes diérentes puisque 0, 1, 2, 3, . . . , 9
sont utlisés une seule fois pour écrire ces nombres. Nous avons :
1 + 2 + 3 + 4 + 5 + 6 + 7 + 8 + 9 = 45
Chacune de ces formes représente, dans notre ensemble de nombres, solution du
problème, soit une dizaine ou soit une unité. Considérons que T est la somme des
formes représentant les dizaines. La somme des formes restantes est 45 − T .
La somme des nombres, solution du problème, est donc 10T + (45 − T ) = 100.
Ceci donne T = 55/9. T n'est donc pas un entier naturel et ceci est contradictoire
avec le fait que T est la somme de nombres entiers. Ceci contredit l'hypothèse qu'il
existe une suite de nombres vériant les conditions posées plus haut, c'est à dire, dont
la somme est égale à 100.
CHAPITRE 2
Calcul propositionnel
1. Préliminaires
Dans la logique propositionnelle, on trouve des énoncés simples dits atomes ou
variables propositionnelles. On trouve aussi des énoncés composés complexes constru-
its é partir des atomes ou des variables propositionnelles en utilisant des connecteurs.
Par exemple pour construire l'énoncé mathématique :
(1) (x > 2) et (x2 − 1/2 ≤ 1).
Nous avons utilisé le connecteur et pour reliér les deux plus simples énoncés
x > 2" et x2 − 1/2 ≤ 1.". De même l'énoncé P → Q est formé à l'aide des deux
énoncés plus simples P , Q et du connecteur →.
Ils existent plusieurs autres connecteurs utilisés fréquement :équivaut, ou et le
non.
Donnons maintenant la notation symbolique et la dénition des diérents con-
necteurs les plus utilisés.
Connecteur Forme symbolique
non A ¬A
A et B A∧B
A ou B A∨B
A implique B A→B
A équivalent à B A↔B
A et B dénotent des énoncés quelconques .
Avant de donner la dénition et pour mieux expliciter le sens de certains con-
necteurs, considérons les exemples suivants :
(1) Si la terre est plate alors Alger est une ville propre.
(2) Alger est une ville propre.
(3) La terre n'est pas plate.
Si nous convenons de noter par A et B l'énoncé La terre est plate" et l'énoncé
Alger est une ville calme" respectivement ; la formule A → B dénotera l'énoncé Si
11
12 2. CALCUL PROPOSITIONNEL
la terre est plate alors Alger est une ville propre . L'énoncé La terre
n'est pas plate" se notera ¬A.
1.1. Les connecteurs →, ¬, ∧ et ∨. Explicitons maintenant les dénitions de
(¬): Négation.
La négation d'un énoncé A est notée ¬A et elle est dénie par : Si l'énoncé
A est vrai alors la négation de l'énoncé A est fausse et si l'énoncé A est
faux alors l'énoncé ¬A est vrai. Ceci est rendu plus comprhensible grâce au
tableau :
A ¬A
V F
F V
Exemple 1.1. L'énoncé la terre est plate" est la négation de l'énoncé
"la terre est sphérique". l'énoncé x = 2 est la négation de l'énoncé x = 0.
(∧): Conjonction.
La conjonction de deux énoncés A, B est notée symboliquement par A ∧
B. Le connecteur de conjonction et" noté par le symbole ∧ est déni par la
table suivante :
A B A∧B
F F F
F V F
V F F
V V V
Ceci signie que, l'énoncé A ∧ B est vrai, que dans le cas où les deux
énoncés A et B sont vrais. L'énoncé A ∧ B est faux dans tous les autres cas.
(∨): Disjonction.
La disjonction de deux énoncés A, B est notée A ∨ B ; ceci se traduit
dans le langage naturel par la phrase l'énoncé A est vrai ou bien l'énoncé B
est vrai.
Habituellement dans le langage parlé le connecteur ou bien " est entendu
dans le sens exclusif, c'est dire nous ne pouvons pas avoir les deux énoncés
nous considérerons dans toute la suite sera le connecteur ou" dit inclusif qui
signie que l'énoncé A ou B" exprime que nous avons soit l'énoncé A vrai,
soit l'énoncé B vrai, soit l'énoncé A et l'énoncé B sont vrais. La dénition
du connecteur est donne par la table suivante :
A B A∨B
F F F
F V V
V F V
V V V
(→): Implication.
A B A→B
F F V
F V V
V F F
V V V
Remarquons que le seul cas où l'nonc A → B est faux est lorsque l'énoncé
A est vrai et l'énoncé B est faux. Ce qui traduit qu'un énoncé vrai ne peut
pas impliquer un énoncé faux.
(↔): Equivalence.
A B A↔B
F F V
F V F
V F F
V V V
2. Syntaxe de la logique propositionnelle
Les formules propositionnelles sont les énoncés considérés comme correctement
écrits dans le langage de la logique propositionnelle. La dénition des formules propo-
sitionnelles est donnée d'une manière inductive par la dénition suivante :
Définition 2.1. (1) Les variables propositionnelles p, q, u, v, ... sont des
formules propositionnelles
(2) Si A est une forme propositionnelle alors ¬A est une formule propositionnelle
(3) Si A, B sont des formules propositionnelles alors ( A ∧ B), (A ∨ B) et
(A → B ) sont des formules propositionnelles.
(4) Les formules propositionnelles sont dénies par les clauses 1), 2) et 3).
Exemple 2.1. ((p ∧ q) → (¬(p ∨ q))) est une formule propositionnelle à partir
du fait que les variables p et q sont des variables propositionnelles. On déduit par les
clauses 1) et 2) que p ∧ q et ¬(p ∨ q) sont des formules propositionnelles et nalement
((p ∧ q) → (¬(p ∨ q))) est une formule propositionnelle par la clause 3).
3. Sémantique de la logique propositionnelle
Nous nous intérressons maintenant aux formules propositionnelles qui ont toujours
la valeur de vrité vrai à cause de leur structure syntaxique sans aucune réfrence au
sens des variables propositionnelles.
Définition 3.1. Une valuation Booléenne est une application v de l'ensemble des
formules propositionnelles vers l'ensemble {V,F} vériant les conditions :
(1) v(¬X) = ¬v(X)
(2) v(X∧Y ) = v(X)∧v(Y ) ; v(X∧Y ) = v(X)∨v(Y ) ; v(X → Y ) = v(X) → v(Y ).
équivalent à ¬(p1 ∨ p2 ∨ . . . ∨ pn ).
Description de l'algorithme
Etape 1. On commence avec < [X] >. Après avoir excuté l'étape n en produisant
< D1 , D2 , . . . , Dn > où les éléments Di sont des disjonctions et si nous n'avons
pas encore la forme clausale aller à l'tape suivante :
Etape n+1. Choisir un élément Di qui contient certains non litéraux, soit N par exemple.
Proposition 6.1. Les ensembles {¬, →}, {¬, ∨} et {¬, ∧} sont des ensembles
complets de connecteurs.
Démonstration. On peut observer que l'ensemble {¬, ∧, ∨} est un ensemble
complet de connecteurs puisque, comme on vient de le voir, on peut à toute formule F
trouver une formule équivalente G contenant seulement les connecteurs de l'ensemble
{¬, ∧}. Pour montrer, par exemple, que l'ensemble {¬, ∧ } est un ensemble complet
il sut de montrer que le connecteur ∨ s'exprime en fonction de ∧ et ¬. En utilisera
le fait que A ∨ B est logiquement équivalent à ¬(¬A ∧ ¬B).
¬p ≡ p↓p
p∧q ≡ (p ↓ p) ↓ (q ↓ q)
¬p ≡ p|p
p∨q ≡ (p | p) | (q | q)
Proposition 6.3. Les seuls connecteurs qui forment à eux seuls un ensemble de
connecteurs complet sont | et ↓.