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Pouvoir et abus de pouvoir

Todd Strasser, La Vague


contrôle de lecture corrigé

PARTIE ARGUMENTATIVE : LA VISÉE DU ROMAN /3

 Dans quel but Todd Strasser a-t-il écrit ce livre inspiré de faits réels?
Ne pas confondre les raisons pour lesquelles le professeur s’est livré à cette expérience, et les
raisons pour lesquelles Todd Strasser a décidé d’en faire un livre.

Cette expérience est intéressante à plusieurs titres :


 Elle montre à quel point il est facile d’abuser de son pouvoir ; en effet, parce qu’il est
leur professeur et a autorité sur eux, Ben Ross va soumettre ses élèves à une
expérience, en leur imposant notamment des règles arbitraires qu’ils accepteront car
ils ont confiance en leur professeur. Raconter cette expérience met en garde contre
toute forme d’abus de pouvoir, particulièrement lorsqu’il s’agit d’enfants ou de
jeunes, plus crédules. Il est intéressant de noter ici que Ben Ross n’a jamais eu de
mauvaises intentions à l’égard de ses élèves, et que pourtant il les a mis malgré lui
dans une situation délicate.
 Le livre met donc en garde tous ceux qui confondraient virtuel et réel : toute
expérience menée avec des êtres humains, dans un monde réel, peut prendre des
proportions que l’on n’imaginait pas au début, des situations peuvent apparaître qui
n’ont pas été prévues « en théorie », et qui du coup sont ingérables (à noter que Ben
Ross ne se montre pas insensible à son nouveau pouvoir, et qu’il a du mal à s’en
défaire, alors qu’il est entouré de gens sensés qui le conseillent bien).
 L’expérience montre enfin que l’on n’est pas à l’abri d’un retour de la dictature, toute
société ayant besoin de leaders, et que, dans un autre pays, à une autre époque et
dans un autre cadre, les « ingrédients » qui ont permis au régime nazi de s’installer
peuvent se retrouver, et les mêmes schémas se reproduire.

 « Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. » En quoi cette affirmation
s’applique-t-elle bien au roman de Todd Strasser ?
Si le devoir de Mémoire est si important, et s’il est primordial de le maintenir par différents
moyens, cérémonies, lieux de mémoire, films, livres, conférences…, c’est, certes, pour
rendre hommage à tous ceux qui ont pris part à un moment important de l’Histoire, mais
aussi pour éviter que l’événement ne tombe dans l’oubli.
En effet, que ce soit à titre personnel, professionnel, mais aussi au niveau d’une société ou
d’un peuple, il faut tirer des leçons du passé pour ne pas reproduire les mêmes erreurs.
Tirer des leçons, c’est donc d’abord connaître le passé pour en comprendre les enjeux, les
tenants et les aboutissants, puis être capable de faire des liens avec les situations présentes.
Dans le roman, les élèves connaissent l’existence du régime nazi, d’Hitler, des camps de
concentration, ils disposent de ces informations, mais n’ont pas eu le temps d’assimiler les
informations, et n’ont pas compris pourquoi ce régime a pu s’installer : preuve en est, ils
n’ont pas su faire le lien avec la Vague, alors qu’ils étaient en plein chapitre sur l’Allemagne.
Il ne suffit donc pas de connaître le passé pour éviter d’en reproduire les erreurs, mais il faut
avoir le recul et la maturité nécessaires pour en tirer des enseignements ; dans cette
perspective, les enseignants et les leaders politiques sont des maillons importants de la
chaîne de la mémoire.

 « La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l’Action. »


Démontre que cela a fonctionné dans l’expérience de Ben Ross. En quoi cela fait-il
peur ?
La discipline passe par de petits gestes, de petits rituels qui organisent et automatisent les
actions et permettent de faire les choses plus rapidement, avec plus d’efficacité, donc
rendent plus fort (exemple de l’armée). Elle permet également de ne pas se disperser,
d’atteindre le but recherché sans perdre de temps.
 Dans le roman, dès lors que les élèves s’astreignent à une certaine forme de discipline
dans la classe (posture, cérémonie des réponses…), les cours vont être mieux
organisés, il y aura moins de perte de temps, donc ils seront plus rapides et efficaces.
 De même, chacun connaissant son rôle au sein de la Vague (les recruteurs, les
moniteurs…), le système pyramidal est stable et sa mécanique bien huilée : cela
renforce le mouvement tout entier.
La communauté permet une mise en commun des forces de chacun, qui s’additionnent et
se complémentent (certains sont plus manuels, d’autres plus intellectuels, certains plus
scientifiques, d’autres plus versés dans la communication…) > la communauté rend plus
fort.
 Dans le roman, Robert Billings, maillon faible au départ, va intégrer une communauté
qui le rassurera et lui redonnera les forces qu’il n’avait pas lorsqu’il était isolé.
 La carte de membre a donc toute son importance, car elle « officialise » cette
communauté, notamment en excluant encore plus ceux qui n’y adhèrent pas. C’est
pour cela que c’est une des premières mesures prises par Ben Ross.

L’action enfin renforce l’organisation de la Vague, notamment au moyen des meetings, qui
redonnent un sentiment de communauté et remotivent les membres, mais aussi par le biais
du salut (sentiment encore une fois d’appartenir à un groupe), des menaces, des
intimidations… Dans le régime nazi, la Gestapo et les SS assumaient ce rôle.

Ce qui fait peur ici est le fait que trois notions, a priori positives (discipline, communauté,
action) puissent mener à des dérives, puissent être utilisées de manière subversives. C'est
souvent en détournant des choses au début positives que les abus de pouvoir s'installent.
VÉRIFICATION DE LECTURE : L’HISTOIRE
1. Pourquoi le professeur Ross décide-t-il de créer le mouvement de la Vague, quel est
son objectif de départ ? /2
M. Ross est au départ un professeur un peu à part, qui privilégie la pratique à la théorie, la
mise en situation au cours magistral. C’est après la diffusion d’un film sur les camps de
concentration, et devant l’incompréhension de ses élèves face à la montée du régime nazi
qu’il décide de tenter une expérience, pour montrer à ses élèves à quel point il est facile de
mettre des gens dans une situation où d’innocents ils deviendront coupables sans s’en
rendre compte, et cautionneront les pires atrocités.

2. Par quelles actions concrètes va-t-il commencer ? /1


Il commence par leur imposer une posture, une manière de répondre aux questions qu’il
pose (discipline) ; il va ensuite changer sa manière de s’habiller (ce que ses élèves feront par
mimétisme), puis proposer un slogan, un salut (communauté). Les mesures qui suivront
s’apparenteront plus à l’action (meetings, exclusions des non-membres…).

3. Quel est le rôle des moniteurs ? /1


Les moniteurs, dont la carte de membre est accompagnée d’un X, doivent dénoncer tout
manquement au règlement de la Vague.

4. « La Vague », créée par Ben Ross, est considérée dans le roman comme étant un
mouvement fasciste1. Explique ce que cela signifie en t’aidant d’éléments concrets du
roman que tu mettras en rapport avec les trois adjectifs de la définition. /3
Autorité arbitraire : manière de répondre aux questions, désignation des moniteurs,
présence dans le stade des seuls membres…
Autorité dictatoriale : reconnaissance de Ben Ross comme le leader dont les ordres sont
incontestables.
Autorité violente : règlements de compte entre membres, coups donnés à des non-
membres, violence qui s’installe dans le groupe d’amis de Laurie et David.

5. A l’inverse, cite et explique deux côtés positifs du mouvement. /2


Ce mouvement a permis de redynamiser les cours de Ross, de redonner aux élèves le goût
du travail.
Robert Billings a repris confiance en lui et intégré le groupe de Laurie.
Les élèves ne se sentent plus en concurrence, mais sur un pied d’égalité. Provisoirement, ils
subissent donc moins de pression scolaire (qui se transformera en pression due à la Vague).

6. Quel est le rôle des personnages suivants par rapport à la Vague ? Fais également le
rapprochement entre les protagonistes du roman et un personnage ou un
mouvement lié à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. /3

1Fasciste : qui manifeste une autorité arbitraire, dictatoriale et violente.


Personnage/mouvement lié à la
Rôle des personnages Seconde Guerre mondiale
Leader, fondateur du mouvement Hitler
Ben Ross
Membre actif, recruteur, militant, puis
David Collins opposant après une prise de conscience
violente
S’oppose à la Vague, dont elle essaie de Les Résistants
dénoncer les violences grâce au journal
Laurie Saunders
dont elle est la rédactrice, et dans lequel
vont se tenir des réunions secrètes
S’intronise garde du corps de Ben Ross, Les SS / la Gestapo / les Nazis
Robert Billings membre très actif de la Vague, ne vit que
pour elle

7. Comment Ben Ross réagit-il au succès du mouvement et pourquoi tarde-t-il à y


mettre fin malgré les demandes ? /2
Ross ne s’attend pas à un tel succès. Au départ, il ne veut mener son expérience que sur un
cours, puis reprendre ensuite le fil du programme, avec le Japon. Mais l’attitude des élèves
au cours suivant (ponctuels, bien rangés et ayant fait leur travail) le déroute, et lui donne
ensuite la curiosité de pousser plus loin l’expérience.
Par la suite, il est clairement grisé par le pouvoir, et perd petit à petit la maîtrise de
l’expérience, puisqu’un certain nombre de mesures sont présentées comme émanant de sa
volonté alors qu’il n’y est pour rien. Il a notamment peur que le fait de mettre fin au
mouvement de manière autoritaire brise certains élèves, comme Robert, et que d’autres,
vraiment mal intentionnés, ne prennent sa place en tant que leader.

8. Quel événement lui fait prendre la décision de mettre un terme définitif au


mouvement ? /1
Un jeune élève juif se fait tabasser, Laurie est malmenée par David, Ross est mis en garde
par le proviseur et sa femme. Il se rend alors compte qu’il doit mettre fin au mouvement,
mais ne sait pas comment.

9. Comment met-il fin au mouvement de la Vague sans compromettre la réussite de


l’expérience menée ?
D’après Ross, les élèves doivent comprendre par eux-mêmes qu’ils se sont mis dans une
situation compliquée, assimilable au régime nazi, et qu’ils n’ont pas su prendre du recul par
rapport à l’expérience.
Il les convoque donc en assemblée, prétextant l’intervention orale du vrai leader, et projette
une photo d’Hitler. Les élèves comprennent donc qu’ils sont tombés dans le même piège
que le peuple allemand pendant la 2ème Guerre mondiale.
Seul Robert Billings a une réaction négative, car la Vague l’a aidé à se constituer en tant
qu’individu et à prendre une vraie place au sein du groupe et du lycée : c’est le seul qui a
tout à perdre, et c’est pour cela que Ross va lui consacrer une attention toute particulière à
la fin.

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