2015 Limo 0113
2015 Limo 0113
2015 Limo 0113
Thèse
pour obtenir le grade de
Cyril DANGLADE
le 10-07-2015 au Centre Européen de la Céramique
JURY :
Président
J. CHEVALIER Professeur des Universités, MATEIS, Villeurbanne
Rapporteurs
S. DURAND-VIDAL Maître de conférences, Laboratoire PHENIX, Paris
F. MCCLUSKEY Professeur des Universités, UJF, Grenoble
Examinateurs
J. CHEVALIER Professeur des Universités, MATEIS, Villeurbanne
M. BIENIA Maître de conférences, SPCTS, Limoges
C. PAGNOUX Professeure des Universités, SPCTS, Limoges
A. LECOMTE Ingénieur de recherche, SPCTS, Limoges
Invités
J. BREVIER Maître de conférences, Université de Limoges, Limoges
A mes grands-parents et mon oncle Christian
Remerciements
Ce travail de doctorat a été effectué dans le laboratoire de Science des Procédés
Céramiques et Traitements de Surface (SPCTS) et à l’école Nationale Supérieure de
Céramique Industrielle (ENSCI) à Limoges. Je remercie Monsieur Thierry Chartier pour son
accueil au sein du laboratoire et sa générosité.
Je voudrais remercier mes petits PFE qui sont devenus grands maintenant, Simon
FAVRE, Katia SERRET et Camille ENOS, étudiants ingénieurs que j’ai co-encadrés.
Je remercie aussi mes collègues de bureau avec lesquels j’ai passé de bons moments,
Fawzy, Charles, Andrey, Alexis, Fabien et Antoine et mes amis, un gros bisou pour Mickaël,
Damien, Solène, Laura, Yohann, Younès, Quitterie et Caroline.
1
2 Introduction et contexte général
différentes. Cette approche par simulation numérique est actuellement menée au laboratoire.
Basée sur une méthode originale permettant de traiter ces différentes échelles de temps, elle a
récemment permis d’obtenir la valeur de la viscosité à partir de la simulation d’une
suspension dont les interactions interparticulaires ont été décrites par le plus simple des
modèles, dit des sphères dures [1]. Toutefois, l’implémentation de potentiels d’interaction
plus réalistes reste encore difficile pour ces simulations, et une approche expérimentale pour
étudier les suspensions en écoulement se justifie pleinement. Celle initiée en rhéophysique,
couplant une mesure de la structure du fluide à la mesure rhéologique, a permis de mieux
comprendre les mécanismes du couplage structure-écoulement. Les mesures de grandeurs
physiques locales sous cisaillement constituent donc une piste majeure pour la compréhension
des écoulements dans les systèmes colloïdaux complexes comme les suspensions céramiques.
Selon l’échelle spatiale considérée, différentes techniques de caractérisation existent, comme
la diffusion de rayons X ou de neutrons. Ces méthodes donnent des informations
microstructurales à l’échelle nanométrique, mais font souvent appel aux grands instruments.
Pour sonder la matière à une échelle supérieure, intermédiaire entre le nanomètre et le micron,
la diffusion de lumière est un bon candidat. La technique de diffusion dynamique de la
lumière (« dynamic light scattering » ou DLS) permet d’obtenir des informations sur la
dynamique locale de suspensions à l’échelle de la longueur d’onde utilisée. Couplée à un
système de mise en écoulement de la suspension, elle ouvre la voie à des mesures in-situ, non
destructives et non invasives, d’un intérêt majeur pour le domaine des matériaux céramiques
mis en forme par voie liquide.
s’est porté sur la cellule de Couette. Les suspensions étudiées ont également été choisies
d’une part pour leur caractère modèle, et d’autre part pour la richesse de leur comportement
rhéologique. Il s’agit de suspensions de silice et de laponite.
5
6 Chapitre I - Approche Théorique
I.1. Introduction
2𝜌2 Ω2 𝑒 3 𝑅𝑅2
𝑇𝑎 = 2 Eq. I.2–1
𝜂 (𝑅𝑅 + 𝑅𝑆 )
I.1 - Introduction
Chapitre I - Approche Théorique 7
La géométrie de Couette, malgré son apparente simplicité, offre une grande variété
d’écoulements, qui seront présentés plus en détail dans la suite du chapitre, en commençant
par le régime laminaire où les trajectoires des éléments de fluide sont circulaires autour de
l’axe de rotation. Dans un second temps, les instabilités se produisant lorsque 𝑇𝑎 augmente
seront décrites.
vθ
vr
M
R1 r
Ω1
θ
z
R2
Figure I.2–2 : Schéma d’un écoulement de Couette cylindrique, vu dans l’axe des cylindres [6].
𝑑𝜎(𝑟)
𝑟 2 𝜎(𝑟) = 𝑟 2 𝜎(𝑟) + 2𝑟𝜎(𝑟)𝑑𝑟 + 𝑟 2 𝑑𝑟 Eq. I.2–3
𝑑𝑟
𝑑 2
soit (𝑟 𝜎(𝑟)) = 0 Eq. I.2–4
𝑑𝑟
Considérons tout d’abord le cas newtonien. En 1687 Isaac Newton postule que la
contrainte de cisaillement est proportionnelle au gradient de vitesse, et le coefficient de
proportionnalité s’appelle viscosité. Cette relation s’écrit sous la forme :
𝜎 = 𝜂. 𝛾̇ Eq. I.2–5
𝑁
où σ est la contrainte de cisaillement exprimée en Newton/m2 (𝑚2 ) ou Pascal (𝑃𝑎),
du fluide.
𝜕 𝑣𝜃 (𝑟)
𝛾̇ (𝑟) = 𝑟 ( ) Eq. I.2–6
𝜕𝑟 𝑟
En remplaçant 𝜎(𝑟) dans l’Eq. I.2–4 par la relation de l’Eq. I.2–5 et en explicitant le
taux de cisaillement grâce à la relation de l’Eq. I.2–6, l’équation à résoudre devient :
𝜕 𝜕 𝑣𝜃 (𝑟)
(𝑟 3 ( )) = 0 Eq. I.2–7
𝜕𝑟 𝜕𝑟 𝑟
𝐶
𝑣𝜃 (𝑟) = 𝐵. 𝑟 + Eq. I.2–8
𝑟
Les constantes 𝐵 et 𝐶 sont déterminées par les conditions aux limites 𝑣𝜃 (𝑅𝑅 ) = Ω𝑅𝑅
et 𝑣𝜃 (𝑅𝑆 ) = 0. La vitesse tangentielle s’écrit alors :
La vitesse du fluide varie quasiment linéairement avec la position dans l’entrefer, avec
un terme correctif en 1/r. Le taux de cisaillement associé vaut :
1 2Ω𝑅𝑆 2
𝛾̇ (𝑟) = − 2 Eq. I.2–10
𝑟 (𝑅𝑆 2 ⁄𝑅𝑅 2 ) − 1
Le taux de cisaillement n’est donc pas uniforme dans l’entrefer. Cela ne pose pas de
problème pour un fluide newtonien. Toutefois, certains fluides, dits non-newtoniens, ont une
viscosité qui dépend du taux de cisaillement. Il s’agit généralement de fluides complexes, qui
peuvent être à plusieurs composants, comme les suspensions colloïdales céramiques. Une
grande variété de comportements rhéologiques peut alors être observée. La viscosité n’est
plus une valeur unique mais une fonction dépendant de 𝛾̇ . La fonction de viscosité est obtenue
par le rapport entre contrainte et taux de cisaillement :
𝜎(𝛾̇ )
𝜂(𝛾̇ ) = Eq. I.2–11
𝛾̇
Les fluides rhéofluidifiants ont une viscosité qui diminue au fur et à mesure que le
taux de cisaillement augmente (Figure I.2–3). Cet effet peut être lié à l’orientation de
particules anisotropes dans le sens de l’écoulement, et plus généralement à la présence
d’interactions au sein du fluide. Les liquides au comportement inverse sont appelés
rhéoépaississants, et sont plus rarement rencontrés (par exemple, des suspensions d’argiles
comme la montmorillonite). Les fluides à seuil sont des fluides qui ne s’écoulent pas tant que
la contrainte 𝜎 appliquée ne dépasse pas une contrainte seuil 𝜎𝑐 , en dessous de laquelle ils se
comportent comme un solide, et la viscosité tend vers l’infini. Ces fluides présentent une
structure interne, comme des émulsions ou des gels. Ces différents comportements sont
représentés sur la Figure I.2–4.
η0
Viscosité η (Pa.s)
η∞
Taux de cisaillement γ (s-1)
Figure I.2–3 : Représentation typique de la viscosité en fonction du taux de cisaillement pour un fluide
rhéofluidifiant.
fluide à seuil
de Bingham
Contrainte σ (Pa)
fluide à seuil
rhéo-fluidifiant
fluide
rhéo-épaississant
newtonien
rhéo-fluidifiant
Figure I.2–4 : Evolution de la contrainte en fonction du taux de cisaillement pour différents types de fluide.
En remplaçant 𝜎(𝑟) de l’Eq. I.2–4 cette fois-ci par la relation Eq. I.2–12, puis en
résolvant le système obtenu, la vitesse du fluide en tout point de l’entrefer vaut :
(𝑅𝑆 ⁄𝑟)2/𝑛 − 1
𝑣𝜃 (𝑟) = Ωr Eq. I.2–13
(𝑅𝑆 ⁄𝑅𝑅 )2/𝑛 − 1
2 (𝑅𝑅 . 𝑅𝑆 )2/𝑛 Ω
𝛾̇ (𝑟) = − 2/𝑛 2/𝑛 2/𝑛
Eq. I.2–14
𝑛 𝑅𝑆 − 𝑅𝑅 𝑟
Les relations précédemment obtenues pour un liquide newtonien sont bien retrouvées
pour 𝑛 = 1. Il faut garder à l’esprit que le profil de vitesse obtenu l’a été en postulant a priori
un comportement rhéologique pour le fluide, qui n’est qu’approximativement valable. En
effet, la relation d’Ostwald donne une viscosité qui diverge dans le cas 𝑛 < 1 pour 𝛾̇ tendant
vers 0, et qui tend vers 0 pour 𝛾̇ tendant vers l’infini. Il convient donc de préciser des valeurs
limites 𝜂0 et 𝜂∞ , comme le montre la Figure I.2–3 pour éviter des divergences dans des zones
où le taux de cisaillement tend vers 0, problème qui ne se pose pas dans le cas traité ici.
Lorsque que le rapport des rayons est proche de 1, le profil de vitesse est quasi-linéaire.
Et plus ce rapport est faible devant 1 et plus le profil de vitesse s’éloigne du profil linéaire
(Figure I.2–5). L’écart du taux de cisaillement entre le rotor et le stator augmente avec la
diminution du rapport des rayons.
Plus le fluide est rhéofluidifiant, c’est-à-dire plus 𝑛 diminue, et plus le profil de vitesse
s’éloigne du profil newtonien, lui-même non linéaire (Figure I.2–6). En conséquence, le taux
de cisaillement varie également de plus en plus fortement avec la diminution de 𝑛. Pour le cas
rhéoépaississant, l’effet est exactement le contraire, en rapprochant le profil de vitesse d’une
droite, et le taux de cisaillement d’une constante.
100%
80%
60%
V/V(RR)
40%
20%
RR/RS : 0,99 ; 0,875 ; 0,795 ; 0,375
0%
Entrefer
Stator Rotor
0.9
0.8
Taux de cisaillement (s-1)
0.7
0.6 0.99
0.5 0.88
0.80
0.4
0.38
0.3
0.2
0.1
0
Stator Entrefer Rotor
Figure I.2–5 : (a) Profils de vitesses théoriques normalisées 𝒗⁄𝒗(𝑹𝑹 ) et (b) profils du taux de cisaillement
local normalisé 𝜸̇ ⁄𝜸̇ (𝑹𝑹 ) en fonction de la position (𝑹𝑺 − 𝒓)/(𝑹𝑺 − 𝑹𝑹 ) dans l’entrefer d’un rhéomètre à
géométrie de Couette cylindrique, pour une vitesse de 10tr/min pour un fluide newtonien et pour
différents rapports de rayon.
100%
80%
60%
V/V(RR)
40%
n : 2,0 ; 1,0 ; 0,8 ; 0,7
20%
0%
Stator Entrefer Rotor
6.5
6
Taux de cisaillement (s-1)
5.5
5 n2
n1
4.5 n 0.8
n 0.7
4
n : 2,0 ; 1,0 ; 0,8 ; 0,7
3.5
3
Stator Entrefer Rotor
Figure I.2–6 : (a) Profils de vitesses théoriques normalisées 𝒗/𝒗(𝑹𝑹 ) et (b) profils du taux de cisaillement
local en fonction de la position (𝑹𝑺 − 𝒓)/(𝑹𝑺 − 𝑹𝑹 ) dans l’entrefer d’un rhéomètre à géométrie de
Couette cylindrique, pour une vitesse de 10tr/min et pour différents n et un rapport 𝐑 𝐑 ⁄𝐑 𝐒 = 𝟎, 𝟕𝟗𝟓.
Les profils de vitesse présentés dans ce paragraphe ont été obtenus dans la partie
verticale de l’entrefer, en négligeant les effets de bord liés à l’interface air / liquide en haut, et
au fond immobile du stator en bas. En réalité, ces zones perturbent l’écoulement laminaire,
par la présence d’une recirculation de très faible amplitude appelée couche d’Ekman [7].
Cette instabilité est liée à l’accélération de Coriolis présente dans des référentiels en rotation,
et peut se retrouver dans de nombreux types d’écoulements impliquant des parois. Par ailleurs,
les postulats de la mécanique des fluides ne sont pas toujours vérifiés en ce qui concerne la
continuité de la valeur de viscosité dans le fluide. Dans le cas de fluides complexes, d’autres
écoulements peuvent se produire comme le glissement aux parois ou les bandes de
cisaillement, qui seront maintenant brièvement discutés.
Un premier type d’écoulement anormal parmi les plus perturbateurs pour les mesures
rhéologiques est le glissement aux parois, autrement dit la présence d’une discontinuité de
vitesse entre le fluide et la paroi. L’origine de ce phénomène est variée, comme la
lubrification, ou les interactions entre les particules et la surface. Dans le cas des suspensions,
c’est-à-dire des particules dispersées dans un fluide, il est probable que le glissement est
principalement corrélé à la diminution de la concentration en particules près de la paroi lisse
en l’absence d’interactions entre celle-ci et les particules [11].
y v0-vs
Plan
mobile
vx(y)
moyen
e
Plan réel
fixe x
vs
(𝑣0 − 𝑣𝑠 ) − 𝑣𝑠 𝑣0 − 2𝑣𝑠 𝑣𝑠
𝛾̇ 𝑟é𝑒𝑙 = = = 𝛾̇ 𝑎𝑝𝑝𝑎𝑟𝑒𝑛𝑡 − 2 Eq. I.2–15
𝑒 𝑒 𝑒
y v0
Plan
mobile
vx(y)
e1
e
e2
Plan
fixe x
Figure I.2–8 : Schéma du profil de vitesse pour un écoulement de cisaillement avec « shear-banding ».
La première transition se produit au-delà d’un nombre de Taylor critique 𝑇𝑎𝑐 , par la
mise en place d’une circulation où les trajectoires des éléments de fluide s’enroulent sur des
tores, dont la largeur est égale à la largeur de l’entrefer 𝑒 et qui occupent toute la hauteur par
paires de rouleaux contrarotatifs (Figure I.2–9). Cette instabilité, causée par la force
centrifuge, a la particularité d’être parfaitement stationnaire.
Cette structure a été décrite pour la première fois par G.I. Taylor [4], et est depuis
communément appelée instabilité de Taylor-Couette. Taylor a également établi la valeur du
nombre de Taylor critique 𝑇𝑎𝑐 par une étude de la stabilité de l’écoulement d’un fluide
newtonien. Dans ses travaux de 1923, Taylor propose une première approximation de cette
valeur critique, à partir de l’expression de 𝑇𝑎 valable pour les entrefers étroits (𝑅𝑅 ≈ 𝑅𝑆 ) [4] :
2
𝜌2 Ω𝑐 𝑒 3 𝑅𝑅
𝑇𝑎𝑐 = = 1706 Eq. I.2–16
𝜂2
Ensuite, dans ses travaux de 1936, Taylor démontre que la valeur de 𝑇𝑎𝑐 dépend également
des paramètres géométriques de la cellule de Couette, ce qui conduit à l’expression suivante
pour le nombre de Taylor critique [16] :
𝑒
𝜋 4 (1 + 2𝑅 )
𝑅
𝑇𝑎𝑐 = Eq. I.2–17
𝑒 𝑒 −1
0,0571 (1 − 0,652 𝑅 ) + 0,00056 (1 − 0,652 𝑅 )
𝑅 𝑅
Chandrasekhar reprend les travaux de Taylor et dérive une autre expression pour 𝑇𝑎𝑐 sous la
forme [5] :
𝑒
𝑇𝑎𝑐 = 1695 (1 + ) Eq. I.2–18
2𝑅𝑅
L’influence des effets de bord, comme la hauteur de fluide dans la cellule, ont montré
l’influence des recirculations se produisant au fond de la cellule et à l’interface liquide / air
sur l’établissement des rouleaux, appelées couche d’Ekman [7], [17]. Les tores existant par
paires, le rapport d’aspect vertical est également un facteur crucial pour la morphologie des
rouleaux [18].
Une autre instabilité apparaît au-delà d’une deuxième valeur critique du nombre de
Taylor. La symétrie de révolution de l’écoulement est perdue par la mise en place d’une
ondulation périodique des rouleaux toroïdaux dans la direction axiale (Figure I.2–10).
Figure I.2–10 : Observation des instabilités de l’écoulement entre deux cylindres concentriques (à gauche
première instabilité, à droite seconde instabilité) [20].
Une étude par analogie avec d’autres écoulements instables présentant une
structuration de l’écoulement a également été conduite par certains auteurs afin de tirer des
lois générales de comportement pour ces systèmes dans le cas de 𝑇𝑎 très élevés et de la
transition vers le régime de turbulence ultime. Les écoulements en cellule de Couette
montrent donc déjà une très grande richesse même pour des fluides au comportement
rhéologique newtonien. Pour des fluides complexes comme les suspensions céramiques
colloïdales, les études fondamentales sur les instabilités de Taylor-Couette sont beaucoup plus
rares.
I.2.3. Conclusion
La géométrie en cylindres concentriques de Couette offre un dispositif expérimental
modèle d’écoulement. Pour le cas d’un fluide newtonien, ou pour un fluide non newtonien
contraste d’indice entre le solvant et les particules dans le cas de suspensions, le faisceau
incident 𝐸𝑖 (𝑟, 𝑡) = 𝐸0 exp i(𝑘𝑖 𝑟(𝑡) − 𝑤𝑡) est diffusé dans toutes les directions de l’espace. ⃗⃗⃗
𝑘𝑖
est le vecteur de propagation incident et ⃗⃗⃗⃗
𝑘𝑓 est le vecteur diffusé à un angle 𝜃 donné. Comme
ce travail concerne les suspensions céramiques, dans la suite seul le cas de suspensions
colloïdales sera exposé, mais les explications restent valables dans le cas de liquides.
Le vecteur de diffusion 𝑞 est défini comme la différence entre les vecteurs incident et
diffusé 𝑞 = ⃗⃗⃗
𝑘𝑖 − ⃗⃗⃗⃗
𝑘𝑓 , et sa norme vaut :
4𝜋𝑛𝑠𝑜𝑙𝑣𝑎𝑛𝑡 𝜃
𝑞= sin( ) Eq. I.3–1
𝜆 2
particules diffusantes. Cette méthode consiste à étudier la lumière diffusée au cours du temps
pour un angle fixe. À cause du mouvement au sein du fluide, les inhomogénéités de
permittivité diélectrique responsables de la diffusion subissent elles-mêmes une fluctuation
temporelle, qui se traduit par une variation de l’intensité autour d’une valeur moyenne (qui est
considérée dans le cas de la diffusion statique) comme l’illustre la Figure I.3–2. Dans le cas
où le fluide est macroscopiquement au repos, le mouvement provient de l’agitation
brownienne. Dans le cas d’un écoulement de cisaillement simple, celui-ci provient du
déplacement macroscopique du fluide.
Figure I.3–2 : Fluctuations de l’intensité diffusée au cours du temps autour de sa valeur moyenne <I>.
expriment le degré de similitude entre deux instants séparés d’un temps τ et sont
généralement décroissantes lorsque le temps 𝜏 augmente. Par simplicité, dans la suite t sera
utilisé à la place de 𝜏 dans l’expression de 𝑔(1) et 𝑔(2) .
2
𝑔(2) (𝑡) = 𝐴 + 𝐵‖𝑔(1) (𝑡)‖ Eq. I.3–4
mouvement brownien est un déplacement aléatoire, perpétuel et chaotique dans les trois
directions de l’espace dû à l’agitation thermique. Celui-ci se produit pour les molécules
composant le liquide. Pour le cas des suspensions, le mouvement brownien des colloïdes
provient des collisions entre les molécules du solvant et les particules. Ce mouvement n’est
sensible que pour des particules de taille submicroniques, et est caractérisé par le coefficient
de diffusion 𝐷0 , exprimé en 𝑚2 ⁄𝑠 . 𝐷0 est lié à l’évolution linéaire du déplacement carré
moyen au cours du temps :
Sans rentrer dans le détail de la dérivation, les expressions suivantes sont obtenues
pour 𝑔(1) (𝑡) et 𝑔(2) (𝑡) [23]:
où 𝛽 est le facteur de cohérence spatial, nombre qui est toujours inférieur ou égal à 1
résultant du rapport signal sur bruit. Le rapport signal sur bruit dépendant de la taille du
volume diffusant et de l’aire de photo-détection, l’utilisation d’une grande surface de
détection réduit le facteur 𝛽 . À la ligne de base près, la fonction homodyne est une
exponentielle décroissante de la forme exp(−𝜆𝑐 𝑡) ou exp(− 𝑡⁄𝑡𝑐 ) où 𝜆𝑐 et 𝑡𝑐 sont appelés
respectivement constante de décroissance et temps caractéristique de la fonction exponentielle.
L’analyse des fonctions d’autocorrélation permet d’obtenir le temps caractéristique 𝑡𝑐 , et d’en
déduire le coefficient de diffusion des éléments diffusants au sein du liquide (au sens
brownien du terme) [23]–[25].
g(2)(t)
<I2>
< I >2
Lorsque les particules sont libres et sans interactions attractives (suspension de sphères
dures), le coefficient de diffusion 𝐷0 dépend uniquement du rapport entre agitation thermique
et dissipation visqueuse. Il est directement relié au rayon hydrodynamique 𝐷ℎ des particules
par la loi de Stokes-Einstein :
𝑘𝐵 𝑇
𝐷0 = Eq. I.3–9
3𝜋𝜂𝐷ℎ
Particule
Couche
diffuse
Couche
de Stern
Diamètre hydrodynamique
Dans le cas général où des particules de tailles différentes sont présentes dans la
suspension, chacune présentant un coefficient de diffusion 𝐷𝑖 et l’expression de 𝑔(1) (𝑡)
devient :
𝑛
𝑛 2
La relation de Stokes-Einstein n’est plus valable dans le cas de particules qui ne sont
pas uniquement soumises au mouvement brownien. Cela se produit pour des suspensions
concentrées, où les particules peuvent se retrouver piégées, et avoir une diffusion plus lente
que si elles étaient libres. C’est également le cas si des interactions attractives existent entre
les particules. Dans cette situation c’est directement l’étude du coefficient de diffusion 𝐷0
obtenu à partir de l’analyse de la décroissance exponentielle de 𝑔(2) (𝑡) qui renseigne sur la
dynamique du système, sans référence à la taille de la particule diffusante [26].
local [25], [27], [28]. De telles mesures ont également été effectuées dans des solutions de
polymères [21], [25], [29]. Pour un écoulement de cisaillement, la constante de décroissance
de la fonction d’autocorrélation homodyne est proportionnelle au taux de cisaillement 𝛾̇ [21],
[25], [28] :
où 𝐿𝑞 est la taille du volume diffusant selon l’axe du vecteur 𝑞 et 𝛾̇𝑞 est le gradient de
vitesse local selon l’axe du vecteur 𝑞. Il est difficile de remonter de 𝑡𝑐 à la valeur quantitative
de 𝛾̇𝑞 car les caractéristiques du volume diffusant doivent être connues.
où 𝑣𝑞 est la vitesse locale selon l’axe du vecteur 𝑞 représentée sur la Figure I.3–5 et s’écrit
sous la forme :
𝜃 𝜃
𝑣𝑞 = 𝑣𝑥 sin + 𝑣𝑧 cos Eq. I.3–14
2 2
θ/2
y θ
x
z
Cette fonction est une sinusoïde avec une enveloppe exponentielle, qui correspond à la
racine carrée de la décroissance de la fonction homodyne [21], [23], [25]. La fréquence de la
sinusoïde est proportionnelle à la composante de vitesse locale des particules 𝑣𝑞 selon l’axe
du vecteur de diffusion 𝑞 (Figure I.3–6).
2𝑑
𝑙 ∗ (𝑑, Φ) = Eq. I.3–15
3Φ(1 − g)𝑄𝑠
recherches avec diffusion de lumière dynamique comme les plus grosses particules, les fortes
concentrations et des systèmes possédant un fort contraste d'indice de réfraction.
Afin de pouvoir appliquer l’approche par DLS décrite précédemment, les systèmes
adaptés doivent posséder le libre parcours moyen le plus élevé possible, ce qui est possible en
réduisant 𝑄𝑠 en jouant sur une ou plusieurs des propriétés suivantes:
I.4. Bilan
Ce chapitre a présenté les deux aspects essentiels de l’étude menée au cours de cette
thèse : la cellule de Couette dans laquelle seront cisaillées les suspensions colloïdales
céramiques, ainsi que la technique de diffusion de lumière qui caractérisera ces écoulements
localement.
La faisabilité de ce type de mesures a été démontrée sur des systèmes plus ou moins
complexes évoqués dans la littérature [23]–[25]. Cependant, très peu d’études appliquant cette
approche ont été effectuées sur des suspensions céramiques. Un des objectifs de cette thèse
est donc de mettre en place ce type de mesure dans ce contexte précis. Par ailleurs, la
géométrie de Couette, système modèle, donne lieu à des écoulements complexes dans des
régimes non laminaires stables (rouleaux de Taylor), dont l’étude pour le cas de suspensions
céramiques concentrées est encore parcellaire. En particulier, l’impact d’une viscosité
I.4 - Bilan
Chapitre I - Approche Théorique 29
I.4 - Bilan
30 Chapitre I - Approche Théorique
I.4 - Bilan
Chapitre II. Methodes experimentales
et materiaux d’etude
31
32 Chapitre II - Méthodes expérimentales et matériaux d’étude
Les mesures d’écoulement local en cellule de Couette, dont l’aspect théorique a été
présenté dans le chapitre précédent, ont été mises en place sur un montage élaboré au
laboratoire. Les différents éléments de ce montage couplé que sont la cellule de Couette et le
montage optique de diffusion seront successivement décrits, ainsi que les méthodes de
traitement de données utilisées pour analyser les résultats. Les mesures rhéologiques et les
simulations numériques réalisées en appui seront également présentées. La dernière partie de
ce chapitre traitera des matériaux céramiques choisis pour cette étude.
Stator
Montage Homodyne
L1
M2
Rotor
θ1 θ2
LASER
M1
g(2)(q,t) L2
<I2> Fente
< I >2
Corrélateur TPM
t
Variation de position
Stator
Montage Hétérodyne
L1
M2 S1
Rotor
θ1 θ2
LASER
M1
L2
Fente
S2
M3
Corrélateur TPM
Variation de position
Quelle que soit la configuration, la source lumineuse est constituée d’un Laser HeNe
monomodal polarisé verticalement de longueur d’onde de 633 𝑛𝑚 et d’une puissance
de 25 𝑚𝑊. Deux miroirs permettent de choisir l’incidence du faisceau et de l’orienter de
manière à ce qu’il arrive perpendiculairement à l’axe de rotation de la cellule qu’il traverse
horizontalement en passant par son centre. La lentille 𝐿1 d’une distance focale de 150 𝑚𝑚
focalise le faisceau incident au centre de l’entrefer situé à gauche du rotor (Figure II.1–1) afin
d’en réduire sa taille. Celle-ci est faible dans tout l’entrefer, y compris en dehors du point de
focalisation.
Figure II.1–3. La source lumineuse est placée au foyer objet de la lentille. En théorie,
la fente f localisée dans le plan focal de la lentille L2 sélectionne les rayons faisant un angle
faible avec l’axe optique. Une seconde fente permet de sélectionner uniquement les rayons
émis par un petit élément de la source.
Dans le montage réalisé au cours de la thèse, la fente 𝑓 est placée juste derrière la
lentille 𝐿2 , d’une distance focale de 75 𝑚𝑚 pour des raisons d’encombrement du montage.
Toutefois, la présence du diaphragme dans le TPM assure tout de même que seuls les rayons
proches de l’axe optique seront effectivement collectés. L’ouverture de la fente 𝑓 est réglable
entre 100 µ𝑚 et 1 𝑚𝑚. L’ouverture la plus petite et qui n’induit pas de diffraction parasite de
la lumière sur les bords est de 200 µ𝑚. Cette ouverture sera donc fixée sur cette valeur pour
toute la durée de l’étude. L’ouverture du diaphragme du TPM est réglable entre 25 et 500 µm.
Au cours de cette étude, celle-ci a été fixée à 100 µm, ou 200 µm lorsque la quantité de
lumière collectée était insuffisante pour réaliser une mesure correcte.
Le système de collecte est monté sur un bras positionné à 90° par rapport au faisceau
incident, et peut être déplacé latéralement à l’aide d’une vis micrométrique pour sonder
différentes positions de l’entrefer.
Le TPM est relié à un corrélateur de 256 canaux qui calcule directement la fonction
d’autocorrélation de l’intensité diffusée collectée. Le TPM et le corrélateur utilisés
proviennent d’un montage goniomètre PCS-4700 (Malvern), de même que le logiciel de
pilotage par ordinateur. Dans la configuration utilisée au cours de cette étude, les pas de
temps du corrélateur sont échantillonnés logarithmiquement entre 0,05 µs et quelques
millisecondes. La fonction d’autocorrélation obtenue couvre donc plusieurs décades et est
susceptible de mettre en évidence des phénomènes se produisant à des échelles de temps très
différentes.
Pour chaque mesure, les corrélogrammes mesurés sont exportés et analysés par des
procédures originales développées sous Visual Basic et présentées en détail dans la partie
II.1.1.3. Ce traitement de données permettra selon la configuration d’obtenir soit le coefficient
de diffusion en l’absence de cisaillement (et éventuellement la taille des particules), soit la
vitesse ou le taux de cisaillement local au point de l’entrefer considéré.
parallélépipédique de base carrée de 60 mm de côté dans lequel est évidé un cylindre de rayon
20 mm. La face interne a été polie. Trois rotors cylindriques en PMMA de diamètres
différents ont également été usinés et polis, et sont présentés dans le Tableau II.1–1. Les plans
de la cellule ont été fournis par [21].
Le choix du PMMA résulte de ses propriétés optiques, notamment une très grande
transparence et une transmission lumineuse supérieure à celle du verre à la longueur d’onde
du laser utilisé. L’indice de réfraction mesuré pour une longueur d’onde de 633 nm à 25°C sur
un ellipsomètre (Horiba) par la détection de l’angle de Brewster, vaut 1,49 en accord avec la
valeur attendue [32].
La cellule de Couette est fixée sur un moteur synchrone sans balai (Motomate
Millenium II+, Crouzet), piloté par ordinateur. Le rotor est monté avec un ajustement serré sur
l’axe rotatif du moteur après l’avoir légèrement chauffé, et est maintenu par une vis de
fixation. La cuve constituant le stator est également attachée sur le corps fixe du moteur au
moyen de deux vis. Le moteur est donc parfaitement solidaire de la cuve, et l’ensemble peut
être translaté verticalement à l’aide d’une vis micrométrique.
La vitesse de rotation du moteur a été calibrée par stroboscopie sur toute la gamme,
qui s’étend de 1 à 140 tours par minute. La courbe de calibration présentée dans la Figure
II.1–5 indique que l’écart entre la vitesse réelle et la vitesse programmée reste de l’ordre de
1 % à l’exception de la vitesse la plus lente de 1 tr/min.
160 20.0%
140 Vitesse mesurée 17.5%
Vitesse mesurée (tr/min)
Ecart relatif
100 12.5%
80 10.0%
60 7.5%
40 5.0%
20 2.5%
0 0.0%
0 20 40 60 80 100 120 140
Vitesse consigne (tr/min)
𝑥𝑐
sin 𝑖1 = Eq. II.1–1
𝑅𝑆
𝜋
𝜃= − (𝑖2 − 𝑖1 )
Rotor
Eq. II.1–3
2
x
PStator
θ
i2
n2
i1
n1
-xc
Figure II.1–6 : Schéma du trajet optique et des limites de la zone de fluide analysable dans l’entrefer.
Tableau II.1–1 : Paramètres géométriques des différents rotors utilisés et taille de l’entrefer.
En considérant que la taille du volume collecté est égale à l’ouverture des fentes du
système de collecte, la largeur du volume diffusant dans l’entrefer 𝐿 a également été
déterminée pour chaque position du TPM en considérant les effets de réfraction pour une
taille de collecte de 200 µm. Les résultats des calculs présentés sur la Figure II.1–7 (b)
montrent que la taille du volume diffusant augmente lorsque la zone analysée se rapproche du
stator.
Stator r1 r2 r3
Déplacement relarif du TPM (mm)
12
10
6
(a)
4
0
-20 -18 -16 -14 -12 -10 -8 -6
Position dans l'entrefer (mm)
Stator r1 r2 r3
400
380
360
340
320
L (µm)
300
280 (b)
260
240
220
200
-20 -18 -16 -14 -12 -10 -8 -6
Position dans l'entrefer (mm)
Figure II.1–7 : (a) Déplacement du TPM en fonction du déplacement dans l’entrefer. (b) Largeur du
volume diffusant L en fonction de la position dans l’entrefer.
Stator r1 r2 r3
90
88
Angle de diffusion en °
86
84
82
80 (a)
78
76
74
-20 -18 -16 -14 -12 -10 -8 -6
Position dans l'entrefer (mm)
Stator r1 r2 r3
1.85E+07
1.80E+07
1.75E+07
q en m-1
1.70E+07 (b)
1.65E+07
1.60E+07
-20 -18 -16 -14 -12 -10 -8 -6
Position dans l'entrefer (mm)
Figure II.1–8 : (a) Angle de diffusion en fonction de la position dans l’entrefer. (b) Norme du vecteur de
diffusion en fonction de la position dans l’entrefer pour les différents rotors.
Tableau II.1–2 : Volume de suspension introduite et rapports d’aspect en fonction la taille des rotors.
Considérons tout d’abord le cas homodyne. Une fonction d’autocorrélation typique est
présentée dans la Figure II.1–9.
24000
22000
20000
g(2)(t)
18000
16000
14000
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 10000
Temps (µs)
Le module de la fonction 𝑔(1) (𝑡) , présenté dans la Figure II.1–10 (a) en échelle
linéaire et (b) en échelle semi-log pour les abscisses, est obtenue à partir de la fonction 𝑔(2) (𝑡)
par la relation de Siegert (Eq. I.3–4). Par la suite, les corrélogrammes seront tracés en échelle
semi-log pour l’axe temporel car celle-ci est plus adaptée au regard de l’échelle de temps qui
couvre plusieurs décades (de 50 ns à 1 ms). La valeur de la constante de décroissance 𝜆 de ces
courbes est déterminée en ajustant une fonction exponentielle décroissante 𝑓𝐻𝑜 (𝑡) de la forme :
𝑞2
𝐷0 = Eq. II.1–5
𝜆𝑐
𝑘𝐵 𝑇
𝐷ℎ = Eq. II.1–6
3𝜋𝜂𝐷0
𝜆𝑐
𝛾̇𝑞 ∝ Eq. II.1–7
𝑞
0.8
0.7 Expérimental
0.6 fHo(t)
0.5
g(1)(t)
0.4
0.3 (a)
0.2
0.1
0.0
0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 14000 16000 18000 20000
Temps (µs)
0.8
0.7 Expérimental
0.6 fHo(t)
0.5
g(1)(t)
0.4
0.3 (b)
0.2
0.1
0.0
0.1 1 10 100 1000 10000 100000 1000000
Temps (µs)
Figure II.1–10 : Fonction d’autocorrélation : (a) représentation linéaire ; (b) représentation en échelle
semi-log. Les points représentent les valeurs expérimentales et le trait plein l’ajustement de l’exponentielle
décroissante.
𝜔
𝑣𝑞 = Eq. II.1–9
𝑞
4813390
Expérimental
4811390
fhe(t)
4809390
Re(g(1)(t))
4807390
4805390
4803390
4801390
0 100 200 300 400 500 600 700
Temps (µs)
En complément des mesures point par point effectuées par DLS, le banc expérimental
est équipé d’un système de visualisation de l’entrefer constitué d’une caméra CCD munie
d’un objectif et d’une fibre de verre d’environ 1 mm de diamètre positionnée sur le passage
du faisceau incident, créant ainsi une nappe laser verticale. Cette nappe illumine l’entrefer sur
toute la hauteur de fluide. L’image est alors renvoyée vers la caméra à l’aide du miroir 𝑀4
(Figure II.1–12). L’ensemble caméra et objectif peut être déplacé selon l’axe vertical.
Objectif
M4
Caméra CCD
Tige en Stator
verre
L1
M2
Rotor
LASER
M1
Pour chaque suspension, un cliché est effectué au repos, et servira de référence (Figure
II.1–13 (a)). Pour une vitesse de rotation donnée, une vidéo d’une seconde à la fréquence de
30 images par seconde est enregistrée avec un temps d’exposition de 4000 µs. 30 clichés de
toute la zone de l’entrefer sont ainsi disponibles (Figure II.1–13 (b)). Le bruit de fond est
éliminé sur chacun des clichés en effectuant une soustraction de l’image de référence (Figure
II.1–13 (c)). La sommation des images corrigées obtenues correspond à la coupe des
trajectoires des traceurs (Figure II.1–13 (d)). Le motif observé renseigne sur le type
d’écoulement se produisant dans la cellule. Dans l’exemple présenté ci-dessous, l’écoulement
est laminaire car aucun motif ne se dessine dans les taches lumineuses.
Figure II.1–13 : Traitements des images d’une vidéo d’une suspension de silice à 20% volumique à
30 tr/min : (a) Photographie de référence ; (b) Une des images de la vidéo ; (c) Correction de l’image en
enlevant le bruit de fond ; (d) Superposition des 30 images corrigées.
Couette, y compris pour des écoulements légèrement non linéaires, afin de les comparer aux
mesures.
Les simulations numériques ont été réalisées à l’aide d’OpenFOAM (Open Field
Operation And Manipulation). Ce logiciel est un code open-source développé en C++ conçu
comme une boîte à outils afin de simuler des équations aux dérivées partielles, comprenant un
logiciel de maillage, des solveurs multi-physiques par la méthode des volumes finis
(mécanique des solides, électromagnétisme, ...) et un logiciel de post-traitement. Le solveur
utilisé au cours de cette étude est SimpleFoam, dédié à la simulation d’écoulements
stationnaires régis par l’équation de Navier-Stokes.
Figure II.1–14 : Géométrie et maillage de la cellule de Couette pour les simulations numériques par
OpenFOAM.
Les propriétés rhéologiques des suspensions ont été caractérisées à l’aide d’un
rhéomètre rotatif à contrainte imposée ARG2 (TA Instrument) équipé d’une géométrie cône –
plan et associé au logiciel TRIOS pour le contrôle de la mesure et l’analyse des données.
Celle-ci est constituée d'un plan fixe thermostaté par effet Peltier et d'une géométrie cône de
60 mm de diamètre et d’un angle = 1°59’50’’. Le cône est animé d'un mouvement de
rotation tandis que le plan reste fixe. Le volume adéquat de suspension pour remplir
exactement l’espace sous le cône (2 mL) est déposé sur le plan et la géométrie est rapprochée
à la distance de travail correspondant à la troncature du cône 𝑒. (Figure II.1–15).
M v(r)=rΩ Cône
h(r)
α
e Gap
r
Plan
𝑑𝑣𝜃 Ω𝑟 Ω𝑟 Ω
𝛾̇ (Ω, α) = = = ≈ Eq. II.1–10
𝑑𝑧 ℎ(𝑟) 𝑟. tan(𝛼) 𝛼
3Γ
𝜎(Γ, R) = Eq. II.1–11
2𝜋𝑅 3
Les expériences effectuées sont des mesures en écoulement et en balayage. Les deux
mesures ont pour objectif de renseigner sur le comportement rhéologique à contrainte variable,
mais la seconde est prise dans un état stationnaire.
Si le palier est suffisamment long, ce qui est différent pour chaque fluide, la courbe en
descente est identique à la courbe de l’expérience de balayage.
Le protocole de mesure suivant a été mis en place afin d’effectuer ces deux mesures
sur le même échantillon :
Figure II.1–16 : Exemple de rhéogramme présentant les différentes étapes d’analyse. Lignes continues -
analyse en rampe. Points – analyse en balayage.
II.1.4. Conclusion
Suite à la présentation théorique de l’approche couplée écoulement / mesures de
diffusion de lumière, l’approche expérimentale mise en œuvre au cours de cette thèse a été
détaillée. Un point central est la description du montage mis en place au laboratoire
comprenant une cellule de Couette montée sur un banc optique de mesure par DLS. Des
techniques utilisées en appui ont également été présentées, notamment la simulation par
éléments finis et la caractérisation rhéologique des suspensions étudiées. Le paragraphe
suivant présente les matériaux céramiques choisis pour cette étude.
Les suspensions colloïdales adaptées à l’étude envisagée par DLS doivent répondre à
certains critères, évoqués dans la partie I.3.1 : il doit s’agir de suspensions de nanoparticules,
d’une taille comprise entre 20 nm et 200 nm, et où le libre parcours moyen de la lumière est
supérieur à la taille de la cellule de mesure. Afin de démontrer le bien-fondé de cette approche
pour l’étude des écoulements céramiques, un premier système considéré comme modèle a été
choisi : les suspensions de silice, parfaitement sphériques et dont le comportement
rhéologique est relativement simple [33]–[35]. Le second modèle d’étude choisi, les
suspensions de laponite, permettra de tester les potentialités de ce dispositif pour des systèmes
II.2.1.1. Physico-chimie
La silice, de formule chimique SiO2, est un matériau modèle dans le domaine des
céramiques. Le choix s’est porté sur des nanoparticules vendues commercialement sous le
nom de Ludox TM-50 (Grace Davison, USA), sous forme de suspension aqueuse. Cette
suspension est composée de billes de silice colloïdale avec une teneur en silice de 50 % en
masse. À 20°C, l’indice de réfraction des particules de silice pour une longueur d’onde de
633 nm est de 𝑛𝑆𝑖𝑂2 = 1,47 [32].
Les particules sont sphériques, leur taille est de 25 nm de diamètre, une masse
volumique 𝜌𝑠𝑖𝑙𝑖𝑐𝑒 = 2200 𝑘𝑔. 𝑚−3 et une surface spécifique de 140 𝑚2 . 𝑔−1 obtenue par des
mesures au BET. La taille des particules a été confirmée par des analyses au microscope
électronique à balayage (Figure II.2–1) et le diamètre moyen obtenu est de 27 nm. Les
mesures au Nanosizer donnent un diamètre hydrodynamique de 34 nm. Son pH naturel est de
9 et le potentiel zêta des particules est de –36 mV [38]. Au pH naturel la suspension de silice
est dispersée.
Figure II.2–1 : Micrographie des billes de silice contenues dans la suspension de Ludox TM-50.
+
H H H H H H
-
O O O O O O
O Si O Si O O Si O Si O O Si O Si O
Si OH2+ Si OH2 Si O-
Point de Charge
Surface positive Surface négative
Nulle
4,5 9,0 pH
II.2.2. Laponite
La laponite est une argile de synthèse de type Hectorite, appartenant à la famille des
Smectites. À ce titre, elle peut être considérée comme une argile modèle, car sa composition
est parfaitement maîtrisée contrairement aux argiles naturelles qui peuvent comporter des
impuretés. La laponite peut être classée selon son degré de pureté. Celle utilisée dans cette
étude a le grade RD issue directement de la synthèse sans purification des traces de métaux
lourds. La laponite sous forme de poudre a été achetée auprès de la société Rockwell.
La structure cristallographique de la laponite est celle d’une argile de type 2/1, où une
couche octaédrique est entourée par deux couches tétraédriques (Figure II.2–3). Les
paramètres de maille sont : a = 5,25 Å, b = 9,09 Å, c = 9,6 Å. Tous les sites tétraédriques sont
occupés par des atomes de silicium. Deux sites octaédriques sur trois sont occupés par un
atome de magnésium. Le dernier site octaédrique est occupé par un atome de lithium qui s’est
substitué au magnésium lors de la synthèse.
La laponite, étant une argile de synthèse, celle-ci a été considérée comme un matériau
de référence dont l’étude a permis d’expliquer les différents processus intervenant pendant les
changements d’état de dispersion des suspensions d’argiles [41]. Malgré tout, le
comportement des suspensions de laponite n’en est pas moins complexe.
Les mécanismes responsables de la gélification des suspensions de laponite ont été très
largement discutés [36], [41], [43], [47]–[50]. L’agrégation des particules est principalement
responsable de la formation des gels colloïdaux [47], [48]. Du fait de la présence de charges
opposées sur les faces et les bords des plaquettes, l’agrégation bords - faces entre particules
causée par les interactions électrostatiques produit un réseau tridimensionnel en châteaux de
cartes [49], [51]. Des simulations numériques sur des particules de mêmes propriétés
géométriques et de même polarité que la laponite RD ont confirmé que la formation de gel
provient des contacts entre les bords et les faces des particules (Figure II.2–6) [51]. Ce
processus d’agrégation est de type particules-amas et amas-amas. Une autre étude tend à
montrer que les gels de laponite résultent de la connexion d’agrégats de l’ordre du micron
Viscosité (Pa.s)
Lorsque le fluide est cisaillé, le réseau formant le gel est détruit et ainsi la viscosité du
fluide diminue, ce phénomène se nomme « rajeunissement » de la suspension. Dès que la
contrainte est supprimée, la microstructure se reforme, ce qui augmente la viscosité, ce
Comme la plupart des suspensions, le pH des solutions est un facteur très important.
En effet, compte-tenu de la structure chimique de ces particules, les feuillets sont susceptibles
de porter des charges supplémentaires sur leurs bords, ce qui modifie la stabilité chimique de
la laponite [43].
Après avoir déterminé et pesé la quantité d’eau nécessaire pour chaque suspension, le
pH a été ajusté à 10 par ajout de NaOH. Le solvant est toujours constitué essentiellement
d’eau et la valeur de son indice de réfraction est donc 𝑛𝑠𝑜𝑙𝑣𝑎𝑛𝑡 = 1,33. La poudre de laponite
est ensuite saupoudrée dans le solvant tout en agitant le mélange. Une fois la totalité de la
poudre incorporée, le récipient est fermé hermétiquement, afin d’éviter tout contact avec
l’atmosphère ambiante et de limiter les conséquences de la dissolution du CO2, et est de
nouveau secoué vigoureusement à la main pendant 5 min et enfin placé sur un agitateur
« rock’n’roll » jusqu’au moment de la mesure dans la cellule de Couette.
Le leurre choisi est la bille de latex fluoré. Les latex fluorés sont des particules
sphériques, composées d’un cœur en polymère (latex) et d’une couche externe composée de
fluor [58]. Ces particules sont polymérisées à partir d’un monomère fluoré et leur taille est
comprise entre 50 nm et 250 nm. Le fluor a la particularité d’être transparent aux longueurs
d’onde de la lumière visible. L’intérêt de telles particules est d’avoir un cœur diffusant et une
couche externe transparente. L’indice de réfraction de ces particules, 𝑛 = 1,386, est très
proche de celui de l’eau [59].
Solvant eau
Core n=1,33
Shell
Après lavage, le FBMA, l’EGDMA et le SDS sont incorporés avec de l’eau distillée
dans le ballon, chauffés à 80°C pendant 30 minutes et mélangés à 1200 tr/min sous azote. Les
proportions des réactifs sont présentées dans le Tableau II.2–3 :
Après émulsification, la vitesse est diminuée à 300 tr/min et l’initiateur est ajouté au
mélange. Après 15 minutes, le mélange devient légèrement trouble indiquant la formation de
particules. La polymérisation est poursuivie sous atmosphère d’azote pendant 3 heures. À la
fin de cette étape, les colloïdes sont dialysés à travers des membranes dans de l’eau distillée.
L’eau est changée tous les jours jusqu’à ce que la conductivité électrique soit égale à 1µS.cm-1.
Les diamètres et la distribution en taille des particules synthétisées ont été déterminées
par granulométrie DLS et observation directe au MEB-FEG. Les analyses granulométriques
ont montré une large distribution en taille des particules, allant de quelques nanomètres à
plusieurs microns, qui a été confirmé par les observations au MEB-FEG, où la forme des
particules est également apparue très variée et non parfaitement sphérique.
II.3. Conclusion
Deux systèmes modèles ont été choisis : les suspensions de silice colloïdale et les
suspensions de laponite. D’une part, celles-ci sont considérées comme des matériaux de
référence dans le domaine des suspensions céramiques, car leur synthèse et leurs propriétés
physiques sont bien contrôlées. Elles se différencient par leur comportement rhéologique, plus
complexe dans le cas de la laponite. D’autre part, ces deux matériaux possèdent des propriétés
optiques adaptées pour des analyses en diffusion de lumière en milieu concentré. Le chapitre
suivant présente les résultats des mesures en écoulement dans la cellule de Couette effectuées
sur ces systèmes.
II.3 - Conclusion
Chapitre III. Resultats experimentaux
63
64 Chapitre III - Résultats expérimentaux
III.1. Présentation
L’approche décrite dans cette thèse, où une mesure locale de vitesse est effectuée par
diffusion de lumière, a déjà été appliquée avec succès à l’étude de l’écoulement de fluides au
comportement rhéologique complexe, ou des instabilités de Taylor-Couette dans des liquides
newtoniens. Cette démarche est cependant originale dans le domaine des procédés céramiques,
où s’inscrit ce travail.
Son objectif est double. Tout d’abord, il s’agit de valider les potentialités de ce
montage dans le domaine des procédés céramiques en démontrant la faisabilité et l’intérêt de
ces mesures grâce à l’étude de l’écoulement de suspensions modèles, à savoir des suspensions
aqueuses de silice colloïdale et de laponite. Pour cela, les résultats concernant les profils de
vitesse ou les temps caractéristiques, seront comparés à ceux prévus théoriquement ou
obtenus par simulation numérique. Le second objectif est d’aller plus loin dans la
compréhension de l’écoulement de ces deux fluides complexes en cellule de Couette, en
particulier l’influence de la présence de particules sur les caractéristiques des instabilités de
Taylor-Couette. Le découpage de ce chapitre est effectué selon le matériau d’étude, allant en
complexité croissante du point de vue du comportement rhéologique. Après une première
section présentant la validation du fonctionnement du montage sur une suspension étalon de
sphères de latex, les deux suivantes concerneront successivement les suspensions de silice et
de laponite.
Afin de valider le banc expérimental, des analyses préliminaires ont été effectuées sur
un système étalon. Pour cela, des mesures avec et sans rotation du rotor sont réalisées sur une
suspension très fortement diluée de billes de latex mono-disperses d’une taille de 200 nm
(Duke Scientific Corporation) dans de l’eau distillée. De plus, ces billes ayant une masse
volumique très proche de celle de l’eau, l’absence de sédimentation en fait un système idéal
pour l’étalonnage. La distribution de taille des particules est vérifiée par granulométrie DLS
sur le Nanosizer (Malvern). Ces mesures donnent un diamètre hydrodynamique moyen de
223 ± 5 nm, et la distribution de taille est très étroite (Figure III.2–1).
III.1 - Présentation
Chapitre III - Résultats expérimentaux 65
100%
90%
80%
Pourcentage population
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
10 100 223 1000 10000
Taille en nm
290
r1
Taille des particules de latex (nm) 270 r2
250 r3
Nanosizer
230
210
190
170
150
-20 -18 -16 -14 -12 -10 -8
Position dans l'entrefer (mm)
Figure III.2–2 : Mesures du diamètre hydrodynamique 𝑫𝒉 de billes de latex de 200 nm dans toute la zone
de l’entrefer pour les 3 rotors. La ligne continue représente la valeur moyenne mesurée par le Nanosizer.
proportionnelle pour une géométrie de cellule et une position dans l’entrefer données (Figure
III.2–5).
0.8
Vitesse de
0.7 rotation
tr/min
0.6
0.5 0
g(1)(t)
1
0.4
2
0.3
3
0.2 5
0.1 7
10
0
30
1 10 100 1000 10000
Temps (µs)
Figure III.2–3 : Corrélogrammes en mode homodyne en fonction de la vitesse de rotation du rotor pour
une position dans l’entrefer fixée (rotor 𝒓𝟐).
10000
1000
tc (µs)
r1
r2
100
r3
10
0.1 1 10 100
Taux de cisaillement (s-1)
Figure III.2–4 : Évolution du temps caractéristique en fonction du taux de cisaillement calculé au milieu
de la largeur de l’entrefer pour les trois rotors.
1000
Position
(mm)
-20.00
tc (µs)
-19.58
100
-19.16
-18.75
Pente -1
-18.33
-17.91
10
1 10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
Figure III.2–5 : Évolution du temps caractéristique en fonction de la vitesse de rotation pour différentes
positions dans l’entrefer (rotor 𝒓𝟏 ).
5728000 4330000
-18.53 -16.33
5724000 4326000
5720000 4322000
g(2)(t)
5716000 4318000
5712000 4314000
5708000 4310000
0 50 100 150 200 250
Temps (µs)
Figure III.2–6 : Corrélogrammes collectés en mode hétérodyne pour deux positions dans l’entrefer et une
vitesse de rotation de 10 tr/min (rotor 𝒓𝟐 ). Les lignes continues correspondent au meilleur ajustement des
courbes théoriques issues de l’Eq. II.1–8.
12
Vitesse
de
10
rotation
8 1 tr/min
Vitesse (mm/s)
2 tr/min
6 4 tr/min
5 tr/min
4 6 tr/min
8 tr/min
2
10 tr/min
0
-20 -19 -18 -17 -16
Position dans l'entrefer (mm)
Figure III.2–7 : Composante de vitesse selon q expérimentale et théorique en fonction de la position dans
l’entrefer (rotor 𝒓𝟐) et de la vitesse de rotation du rotor.
III.2.4. Conclusion
Le dispositif expérimental permettant d’étudier un écoulement dans une cellule de
Couette en utilisant le principe de la diffusion dynamique de la lumière construit au cours de
cette thèse a été testé sur une suspension colloïdale modèle de particules de latex calibrées.
III.3.1. Introduction
Dans le cadre de la compréhension fondamentale du comportement de suspensions
colloïdales, une motivation importante de l’approche expérimentale présentée est de vérifier
que l’écoulement réel suit le profil théorique laminaire au moyen de mesures de vitesse locale.
Par ailleurs, la géométrie choisie étant le siège d’instabilités bien connues et abondamment
décrites pour des liquides newtoniens simples (mono-composant), l’impact d’une forte charge
en particules colloïdales dans la suspension sur l’établissement et les caractéristiques de ces
instabilités sera étudié.
Cette section présente les résultats de l’étude des écoulements de suspensions de silice
dans la cellule de Couette, à différentes concentrations et pour différents nombres de Taylor.
Afin d’estimer ce paramètre et pour avoir une idée précise du comportement macroscopique
de ces fluides, les mesures de leur viscosité seront tout d’abord présentées.
101
31%ΦV
23%ΦV
25%ΦV
20%ΦV
100
18%ΦV
Contrainte (Pa)
15%ΦV
10-1
n=1
10-2
10-1 100 101 102 103
Taux de cisaillement (s-1)
Figure III.3–1 : Rhéogramme présentant la contrainte en fonction du taux de cisaillement pour les
suspensions de silice de fraction volumique variable mesuré avec la procédure de balayage.
Tableau III.3–1 : Constantes des lois de comportement pour les différentes concentrations en silice
Φ𝑉
𝜂 = 𝐴(1 − )−2 Eq. III.3–1
Φ𝑉 𝑚𝑎𝑥
10
Expérimentale
1
Viscosité (Pa.s)
Calculée
0.1 φVmax
0.01
0.001
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
φV silice φVmax
Figure III.3–2 : Courbe de viscosité en fonction de la concentration volumique de silice. Les points sont les
mesures expérimentales et le trait plein est le modèle défini.
La valeur de Φ𝑉 𝑚𝑎𝑥 vaut 34,9 % volumique. Elle est largement inférieure à celle de
l’empilement aléatoire, écart qui peut être interprété en termes de diamètre effectif 𝐷𝑒𝑓𝑓 des
particules comprenant par exemple la double couche [65]. En considérant que le système est
effectivement en compacité aléatoire, 𝐷𝑒𝑓𝑓 peut être estimé grâce à la formule :
1/3
0.64
𝐷𝑒𝑓𝑓 = 𝐷( ) Eq. III.3–2
Φ𝑉 𝑚𝑎𝑥
où 𝐷 est la taille des particules de silice déterminé au MEB (𝐷 = 27 𝑛𝑚). 𝐷𝑒𝑓𝑓 = 33 𝑛𝑚,
soit une épaisseur de double couche d’environ 3 𝑛𝑚. Cette valeur est en accord avec les
résultats de mesure de rayons hydrodynamiques de ces particules obtenues au Nanosizer.
taux de cisaillement présente un rapport de 1,6 entre la valeur au rotor et celle au stator. Le
rapport d’aspect élevé limite l’influence des effets de bord sur l’écoulement dans la partie
verticale de l’entrefer [17].
à un écoulement laminaire simple. Ce type d’écoulement a été confirmé par la mesure des
profils de vitesse 𝑣𝑞 en mode hétérodyne, effectués pour la suspension à 23 % volumique. La
Figure III.3–4 (a) présente le profil de vitesse pour Ω = 20𝑡𝑟/𝑚𝑖𝑛 comparé aux profils
théoriques laminaires (Eq. I.2–13) et ceux obtenus par la simulation numérique du même
système. Un excellent accord entre ces trois approches est observé.
100
Position
(mm)
-20.00
-19.35
tc (µs)
-18.69
(a)
-18.03
-17.38
ΦV = 15% -16.72
10
10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
100
Position
(mm)
-19.35
tc (µs)
-18.69
-18.03 (b)
-17.38
ΦV = 18% -16.72
10
10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
100
Position
(mm)
-20.00
-19.35
tc (µs)
-18.69
(c)
-18.03
-17.38
ΦV = 20% -16.72
10
10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
100
Position
(mm)
-20.00
-19.35
tc (µs)
-18.69
(d)
-18.03
-17.38
ΦV = 23% -16.72
10
10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
100
Position
(mm)
-20.00
-19.35
tc (µs)
-18.69
-18.03 (e)
-17.38
ΦV = 25% -16.72
10 -16.07
10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
100
Position
(mm)
-19.35
tc (µs)
-18.69
-18.03 (f)
-17.38
ΦV = 31% -16.72
10
10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
Figure III.3–3 : Evolution du temps caractéristique en fonction de la vitesse de rotation du rotor mesuré à
différentes positions dans l’entrefer (rotor 𝒓𝟐 ), pour des suspensions de silice de concentration volumique
𝜱𝑽 variable : (a) 15%; (b) 18%; (c) 20%; (d) 23%; (e) 25%; (f) 31%.
25
20
vitesse (mm/s)
15
Expérimental
10 Laminaire (a)
Simulation
5
0
-20.0 -19.0 -18.0 -17.0 -16.0
Position dans l'entrefer (mm)
100
90
80
70
vitesse (mm/s)
60
50 Expérimental
40 Laminaire (b)
30 Simulation
20
10
0
-20.0 -19.0 -18.0 -17.0 -16.0
Position dans l'entrefer (mm)
Figure III.3–4 : Profil de vitesse dans l’entrefer (rotor 𝒓𝟐), pour la suspension de silice concentrée à 23%
volumique à différentes vitesses de rotation : (a) 20 tr/min ; (b) 80 tr/min.
Afin d’identifier la nature des instabilités, des observations par caméra en utilisant la
nappe laser ont été effectuées. Pour des vitesses de rotation faibles et inférieures à Ω𝑐 , une
observation visuelle montre que les traceurs préalablement incorporés dans la suspension
suivent des trajectoires circulaires, en accord avec un écoulement laminaire. Lorsque la
vitesse de rotation augmente, des rouleaux toroïdaux apparaissent prioritairement en haut et
en bas de l’entrefer, et finissent par occuper toute la hauteur de l’entrefer lorsque la vitesse
dépasse Ω𝑐 . La Figure III.3–5 présente le résultat des analyses d’images extraites des vidéos
enregistrées à différentes vitesses de rotation pour la suspension à 20% volumique. Les motifs
circulaires apparaissant sur les images correspondent à une coupe par un plan vertical des
La visualisation par nappe laser confirme sans ambiguïté que l’instabilité observée est
bien la première instabilité de Taylor-Couette, dont l’étude sera approfondie de manière plus
quantitative dans la section suivante.
Figure III.3–5 : Analyse des images extraites des vidéos enregistrées pour une suspension à 20%
volumique de silice cisaillée à différentes vitesses de rotation du rotor : (a) 30 tr/min ; (b) 40 tr/min ; (c)
50 tr/min ; (d) 60 tr/min.
𝜂(Φ𝑉 )2 (𝑅𝑅 + 𝑅𝑆 )
Ω𝑐 = √𝑇𝑎𝑐 Eq. III.3–3
2𝜌(Φ𝑉 )2 𝑒 3 𝑅𝑅 2
Tableau III.3–2 : Valeur de 𝑻𝒂𝒄 pour la géométrie avec le rotor 𝒓𝟐, pour différents modèles.
Afin de comparer les valeurs expérimentales de Ω𝑐 à celles prévues par l’équation (Eq.
III.3–3) pour les différentes valeurs de 𝑇𝑎𝑐 , des mesures plus précises des vitesses critiques
d’apparition des instabilités sont effectuées par des balayages de l’entrefer en mode
homodyne en faisant varier la vitesse de rotation Ω par pas de 1 tr/min dans la gamme de
vitesses de rotation proche de la transition. Les temps caractéristiques obtenus sont présentés
dans la Figure III.3–6 dans le cas de la suspension à 15 % volumique de silice, où la vitesse
critique d’apparition des instabilités est de 30 tr/min avec cette géométrie (rotor 𝑟2 ). Les
vitesses Ω𝑐 sont déterminées de la même manière pour les différentes suspensions de silice.
70
Position
60 (mm)
50 -20.00
40 -19.35
tc (µs)
30 -18.69
20 -18.03
-17.38
10
ΦV = 15% -16.72
0
26 27 28 29 30 31 32 33 34
Vitesse de rotation (tr/min)
Figure III.3–6 : Détermination de la vitesse critique d’apparition des instabilités de Taylor à l’aide des
temps caractéristiques en fonction de la vitesse de rotation pour la suspension de silice concentrée à 15 %
volumique pour différentes positions dans l’entrefer (rotor 𝒓𝟐 ).
120
100 Expérience
Taylor 1936
80
Ωc (tr/min)
Chandrasekhar
60 Taylor 1923
40
20
0
0% 5% 10% 15% 20% 25%
ΦV
Figure III.3–7 : Vitesses critiques d’apparition des instabilités de Taylor en fonction de la concentration
volumique de silice. Les pointillés représentent le modèle défini par Liu et les trois valeurs de 𝑻𝒂𝒄 . Les
points sont les résultats expérimentaux.
Ces mesures radiales dans l’entrefer ont permis de déterminer les valeurs de vitesse
d’apparition des instabilités de Taylor-Couette, et montrent que les instabilités sont établies
pour la valeur critique du modèle de Chandrasekhar 𝑇𝑎𝑐 = 1914. Elles ont été effectuées
pour différentes positions dans la largeur de l’entrefer mais à une seule hauteur dans le fluide.
Des mesures axiales dans l’entrefer vont permettre d’obtenir des informations
complémentaires plus quantitatives sur les rouleaux.
La Figure III.3–8 présente les temps caractéristiques ainsi obtenus, les résultats de
l’analyse d’images et les taux de cisaillement extraits de la simulation numérique du système.
Les zones rouges et orange sont celles possédant un temps caractéristique élevé et donc
correspondant à un taux de cisaillement faible. A l’inverse, les zones violettes et bleues sont
associées à un temps caractéristique faible c’est-à-dire à un taux de cisaillement élevé. Un
motif périodique composé d’une zone à fort et à faible taux de cisaillement est observé sur
toute la hauteur étudiée. Ce motif, d’une taille d’environ 9 𝑚𝑚 correspond à une paire de
rouleaux contrarotatifs visualisés sur la figure III.3–8 (a). L’observation à l’œil nu du premier
rouleau au fond de la cuve a montré que celui-ci tournait dans le sens inverse des aiguilles
d’une montre. Ceci a permis de connaître le sens de rotation des autres rouleaux apparaissant
sur la cartographie. Ce mouvement est matérialisé sur la photographie par les flèches rouges
et bleues.
-19.77
-16.55
-19.31
-18.85
-18.39
-17.93
-17.47
-17.01
-16.09
-19.34
-18.69
-18.03
-20.00
-17.37
-16.72
-16.07
Stator Rotor
33 32.80
32.5 32.20
32 31.59
31.5 30.98
31
30.37
30.5
30 29.76
29.5 29.16
29 28.55
28.5
27.94
28
27.33
27.5
27 26.72
26.5 26.12
26 25.51
25.5
24.90
25
24.5
24.29
24 23.68
23.5 23.08
23 22.47
22.5
21.86
22
21.5
21.25
21 20.64
20.5 20.04
20 19.43
19.5
18.82
19
18.5 18.21
18 17.60
17.5 17.00
17 16.39
16.5
15.78
16
15.5 15.17
15 14.56
14.5 13.96
14 13.35
13.5
12.74
13
12.5 12.13
12 11.52
11.5 10.92
11 10.31
10.5
9.70
10
9.5 9.09
9 8.48
8.5 7.88
8
7.27
7.5
6.66
7
6.5 6.05
6 5.44
5.5 4.84
5
4.23
4.5
4
3.62
3.5 3.01
2.5 2.40
2 1.80
1.5
1.19
1
0.5 0.58
0 0.03
10µs 600µs
15s-1 60s-1
(a) (b) (c)
Figure III.3–8 : Photographie (a), cartographie des temps caractéristiques mesurés par DLS (b) et coupe
du taux de cisaillement extraite des simulations (c) pour une vitesse de 70 tr/min pour la suspension à 20%
volumique, soit 𝑻𝒂 = 𝟏, 𝟗𝟒 𝑻𝒂𝒄 .
-1 0 +1 0 +1
(a) (b) (c)
Figure III.3–9 : Cartographies des composantes 𝒗𝒙 (a), 𝒗𝒚 (b) et 𝒗𝒛 (c) extraites des simulations
numériques.
Pour analyser les instabilités plus quantitativement, des mesures de vitesse locale ont
également été effectuées en mode hétérodyne. La position du TPM a été fixée de manière à
sonder le centre de l’entrefer (-17,65 mm) et des balayages verticaux ont été effectués pour la
suspension à 23% volumique. La Figure III.3–10 présente la composante 𝑣𝑞 de la vitesse du
fluide ainsi obtenue en fonction de la hauteur et pour différentes vitesses de rotation du rotor.
Il est possible de reconstituer les différentes étapes conduisant à la mise en place des
instabilités de Taylor dans la cellule. En dessous de la vitesse de rotation critique
(75±5 tr/min), 𝑣𝑞 est uniforme sur toute la hauteur de fluide, comportement caractéristique
d’un écoulement laminaire. Pour 55 tr/min, une seule oscillation est visible en bas de la
cellule correspondant au début de la mise en place des rouleaux. Pour 60 tr/min, les
oscillations sont présentes sur toute la hauteur mesurée mais sont amorties, indiquant que les
instabilités ne sont pas encore parfaitement établies. À partir de 70 tr/min, les instabilités
occupent tout l’entrefer et ne sont plus amorties.
2.5
2
Vitesse (m/s)
1.5
0.5
0
9 11 13 15 17 19 21 23
Hauteur (mm)
17 19 21 23 25 27
Hauteur
Vitesse de rotation (mm)(tr/min)
du rotor
Figure III.3–10 : Profils de vitesse en fonction de la hauteur dans le fluide pour différentes vitesses de
rotation au milieu de l’entrefer.
Lorsque les oscillations sont bien établies, c’est-à-dire pour des vitesses de rotation
supérieures à 60 tr/min, leur forme suggère qu’elles résultent de la superposition de sinusoïdes
de plusieurs fréquences. Une première fonction d’essai avec 4 composantes a été ajustée sur
les données, de la forme :
ce qui réduit le nombre de paramètres ajustables à 10. Afin d’expliquer le rôle des
différentes harmoniques, le cas de Ω = 110 𝑡𝑟/𝑚𝑖𝑛 est détaillé ci-dessous. La Figure III.3–12
présente le profil de vitesse en fonction de la hauteur dans le fluide obtenu expérimentalement,
le résultat de l’ajustement, mais aussi chaque composante du signal. Les amplitudes des
harmoniques sont extrêmement faibles pour cette vitesse de rotation.
2.0
1.5
f(z)
0.5 Fondamental
1er harmonique
0.0
2ème harmonique
3ème harmonique
-0.5
Ligne de base
-1.0
9 11 13 15 17 19 21 23
Position dans la hauteur (mm)
Figure III.3–12 : Profils de vitesse en fonction de la hauteur dans le fluide pour 110tr/min. Les points
correspondent aux valeurs expérimentales, les lignes continues aux différentes composantes du signal.
deux fois la taille d’un rouleau. Le motif périodique est donc une paire de rouleaux
contrarotatifs.
1.0 0.1
0.8 0.08
0.6 0.06
0.4 0.04
Vitesse (m/s)
0.2 0.02
0.0 0
0 2 4 6 8 10 12 14
-0.2 -0.02
-0.4 -0.04
-0.6 -0.06
Fonda
-0.8 1er Hamo -0.08
-1.0 2ème Harmo -0.1
Hauteur (mm)
3ème Harmo z1 z1 + zb/2
Figure III.3–13 : Schématisation des rouleaux de Taylor sur les ajustements des données pour une vitesse
de rotation de 110 tr/min.
0.90 8.6
8.4
0.85 8.2
b (mm-1)
zb (mm)
8
0.80
7.8
0.75 b 7.6
zb 7.4
0.70 7.2
70 80 90 100 110 120 130 140
Vitesse tr/min
6.0
5.8
5.6
5.4
5.2
z1 (mm)
5.0
4.8 z1
4.6
4.4
4.2
4.0
70 80 90 100 110 120 130 140
Vitesse tr/min
L’harmonique 2𝑏 de période deux fois plus faible que la fondamentale est la signature
d’un rouleau. Afin de comprendre les harmoniques 3𝑏 et 4𝑏, il faut s’intéresser à l’évolution
de leur amplitude en fonction de la vitesse de rotation.
1.0E+00
1.0E-01
ai (m/s)
a1
a2
1.0E-02 a3
a4
1.0E-03
70 80 90 100 110 120 130 140
Vitesse de rotation (tr/min)
Figure III.3–16 : Evolution des amplitudes 𝜶𝒊 des ajustements en fonction de la vitesse de rotation.
(𝑅𝑆 ⁄𝑟)2 − 1 𝜃𝑟
𝑣𝑞𝑡ℎé𝑜 (𝑥) = Ω𝑟 . 𝑐𝑜𝑠 ( ) Eq. III.3–6
(𝑅𝑆 ⁄𝑅𝑅 )2 − 1 2
1600
1400
Ligne de base <vq> (m/s)
1200
1000
800
a5 Exp
600
Théo
400
200
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160
Vitesse de rotation (tr/min)
de déterminer la position des maxima et minima de ces ondulations et rien n’indique qu’elles
se reproduiront de la même façon si l’expérience est répétée plusieurs fois.
III.3.6. Conclusion
Des suspensions de silice ont été réalisées avec différentes concentrations volumiques
de particules. Les mesures de leur comportement rhéologique macroscopique ont montré un
comportement newtonien quelle que soit la concentration volumique en particule de silice.
Les profils de vitesse mesurés en écoulement laminaire dans la cellule de Couette confirment
ce comportement newtonien à l’échelle locale.
L’étude des profils de vitesse effectuées par mesures de DLS dans la cellule de
Couette ont permis de mettre en évidence deux transitions dans l’écoulement. La première est
la transition entre l’écoulement laminaire vers l’écoulement en rouleaux de Taylor, et a été
détectée pour une valeur de nombre de Taylor critique 𝑇𝑎 = 1914 prédit par Chandrasekhar.
La taille et la position de ces rouleaux a également été déterminée par l’analyse de balayages
verticaux de l’entrefer, ainsi que leur évolution pour Ta croissant. La taille des rouleaux
diminue et ils se décalent vers le bas de la cellule. Une seconde instabilité, correspondant à un
écoulement en tores ondulés a également été mise en évidence pour 𝑇𝑎 = 3𝑇𝑎𝑐 , où la
période spatiale détectée est encore plus faible. De plus, la croissance de chaque instabilité a
été détectée.
1
0.9
0.8
0.7
Contrainte (Pa)
0.6
0.5
0.4 (a)
0.3
0.2
0.1
0
0 100 200 300 400 500 600
Taux de cisaillement (s-1)
2.5
Contrainte (Pa)
1.5
1 (b)
0.5
0
0 100 200 300 400 500 600
Taux de cisaillement (s-1)
90
80
70
Contrainte (Pa)
60
50
40
30 (c)
20
10
0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000
Taux de cisaillement (s-1)
200
180
160
140
Contrainte (Pa)
120
100
80
(d)
60
40
20
0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Taux de cisaillement (s-1)
Figure III.4–1 : Rhéogrammes avec procédure en rampe (montée et descente) pour les suspensions de
laponite concentrées à : (a) 0,40% volumique ; (b) 1,21% volumique ; (c) 2,89% volumique, (d) 4,21%
volumique.
La viscosité du système déstructuré est déterminée par les mesures en balayage, et est
présentée dans la Figure III.4–2. Pour chaque rhéogramme, les données sont ajustées par une
loi en puissance 𝜎 = 𝐾𝛾̇ 𝑛 . Les valeurs de 𝐾 et 𝑛 obtenues sont regroupées dans la Figure
III.4–3.
103
102
Contrainte (Pa)
4,21%ΦV
101
2,89%ΦV
2,04%ΦV
100 1,21%ΦV
0,80%ΦV
0,40%ΦV
10-1
0,20%ΦV
0,04%ΦV
10-2
101 102 103 104
-1
Taux de cisaillement (s )
Figure III.4–2 : Rhéogramme présentant la contrainte en fonction du taux de cisaillement pour les
différentes suspensions de laponite.
1
1.2 1.E+1
10
1.0 0
1.E+0
10
0.8
K (Pa.s)
-1
1.E-1
10
0.6 (Pa.sn)
KK(Pa.s)
n
-2
1.E-2
10
0.4
n
1.E+01
1.E+00
-3
1.E-02
1.E-03
1.E-04
1.E-01
1.E-3
10
0.2
1.E+01
1.E+00
1.E-02
1.E-03
1.E-04
1.E-01
-4
0.0 10
1.E-4
0.0% 1.0% 2.0% 3.0% 4.0% 5.0%
Concentration volumique de laponite
4.0%
4.0%
Figure III.4–3 : Evolution des paramètres de la loi puissance en fonction de la concentration volumique de
laponite.
0.8
0.6
0.4
0.2
1
.2
.4
.8
.6
.4
.2
1
0
96 Chapitre III - Résultats expérimentaux
viscosité varie avec le taux de cisaillement, il n’est pas possible de tracer une loi traduisant la
variation de viscosité en fonction de la concentration en particule.
10000
Position
(mm)
1000
-20.00
-19.35
tc (µs)
100
-18.69
(a)
-18.03
10
-17.38
laponite 0,20% V -16.72
1
1 10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
10000
Position
(mm)
1000 -20.00
-19.35
tc (µs)
100 -18.69
-18.03 (b)
10 -17.38
-16.72
laponite 1,21% V
1 -16.07
1 10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
10000
Position
(mm)
1000 -20.00
-19.35
tc (µs)
100 -18.69
-18.03 (c)
10 -17.38
laponite 2,89% V -16.72
1 -16.07
1 10 100
Vitesse de rotation (tr/min)
Figure III.4–4 : Évolution du temps caractéristique en fonction de la vitesse de rotation du rotor mesuré à
différentes positions dans l’entrefer (rotor 𝒓𝟐 ), pour des suspensions de laponite de concentration
volumique 𝜱𝑽 variable : (a) 0,20% ; (b) 1,21% ; (c) 2,89%.
Les mesures de rhéologie ont montré que les suspensions de laponite obéissent à une
loi de viscosité de type :
2 𝑅𝑆 (2⁄𝑛)
𝛾̇ 𝑅 = Ω Eq. III.4–2
𝑛 𝑅𝑆 (2⁄𝑛) − 𝑅𝑅 (2⁄𝑛)
(𝑛−1)
2 𝑅𝑆 (2⁄𝑛)
𝜂 = 𝐾 (Ω ) Eq. III.4–3
𝑛 𝑅𝑆 (2⁄𝑛) − 𝑅𝑅 (2⁄𝑛)
1
(2𝑛−2) ( )
(2⁄𝑛) 4−2𝑛
2 𝑅
𝐾 2 (𝑛 (2⁄𝑛)𝑆 )
𝑅𝑆 − 𝑅𝑅 (2⁄𝑛) Eq. III.4–4
Ω𝑐 𝑡ℎé𝑜 = 1914
𝑒 3 𝑅𝑅 𝜌2
( )
Grace à l’équation Eq. III.4–4, une valeur théorique de vitesse critique d’apparition
des instabilités a été calculée pour chaque suspension de laponite en utilisant la loi de
viscosité obtenue chapitre III.4.1. Une fonction exponentielle sous la forme Ω𝑐 = 𝐴𝑒𝑥𝑝(𝐵. 𝜙)
a pu être ajustée sur ces valeurs théoriques de vitesse critique. Les résultats sont réunis dans la
Figure III.4–5.
100
90
80
70
Ωc (tr/min)
60
50
Ωc théo
40
Ωc exp
30
20
10
0
0.0% 0.5% 1.0% 1.5% 2.0%
ΦV laponite
Figure III.4–5 : Évolution de la vitesse critique d’apparition des instabilités de Taylor en fonction de la
concentration volumique de laponite. Les points représentent les résultats expérimentaux, et les pointillés
la courbe théorique.
3056 tr/min, vitesse de rotation trop élevée pour le moteur. Cette instabilité n’a effectivement
pas été observé expérimentalement (Figure III.4–4 (c)). Pour toutes les suspensions de
laponite de concentration supérieure à 2 % volumique, Ω𝑐 𝑡ℎé𝑜 est supérieure à la vitesse
maximale de rotation du rotor.
Lorsque le nombre de Taylor est fortement supérieur à 𝟑 𝑇𝑎𝑐 ((f), (g) et (h)), les
cartographies sont très différentes. Un motif périodique est visible seulement au centre de
l’entrefer. Il s’agit donc certainement d’un troisième régime d’écoulement, qui n’a pas été
caractérisé. Le troisième régime prédit par [3] n’est pas stationnaire, donc plus difficile à
appréhender dans cette étude, et sort du cadre de cette étude.
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
10 10 10 10
9.5 9.5 9.5 9.5
9 9 9 9
8.5 8.5 8.5 8.5
8 8 8 8
7.5 7.5 7.5 7.5
7 7 7 7
6.5 6.5 6.5 6.5
6 6 6 6
5.5 5.5 5.5 5.5
5 5 5 5
4.5 4.5 4.5 4.5
4 4 4 4
3.5 3.5 3.5 3.5
3 3 3 3
2.5 2.5 2.5 2.5
2 2 2 2
1.5 1.5 1.5 1.5
1 1 1 1
0.5 0.5 0.5 0.5
0 0 0 0
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
10 10 10 10
9.5 9.5 9.5 9.5
9 9 9 9
8.5 8.5 8.5 8.5
8 8 8 8
7.5 7.5 7.5 7.5
7 7 7 7
6.5 6.5 6.5 6.5
6 6 6 6
5.5 5.5 5.5 5.5
5 5 5 5
4.5 4.5 4.5 4.5
4 4 4 4
3.5 3.5 3.5 3.5
3 3 3 3
2.5 2.5 2.5 2.5
2 2 2 2
1.5 1.5 1.5 1.5
1 1 1 1
0.5 0.5 0.5 0.5
0 0 0 0
Temps
caractéristiques en µs
20 400
Figure III.4–6 : Cartographies de temps caractéristiques d'une zone de l’entrefer sur une hauteur de
10 mm d’une suspension de laponite concentrée à 0,20% volumique à différents nombres de Taylor
(rotor r2).
-19.86
-19.73
-19.45
-19.32
-19.04
-18.91
-18.63
-18.50
-18.22
-18.09
-17.81
-17.68
-17.40
-17.27
-16.99
-16.86
-16.58
-16.45
-16.17
-16.04
-19.86
-19.73
-19.45
-19.32
-19.04
-18.91
-18.63
-18.50
-18.22
-18.09
-17.81
-17.68
-17.40
-17.27
-16.99
-16.86
-16.58
-16.45
-16.17
-16.04
-19.86
-19.73
-19.45
-19.32
-19.04
-18.91
-18.63
-18.50
-18.22
-18.09
-17.81
-17.68
-17.40
-17.27
-16.99
-16.86
-16.58
-16.45
-16.17
-16.04
18.6 250
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
11
012345678910 18.6 250
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
911
01234567810 18.6 250
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
11
012345678910 18.6 250
24
23
22
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
11
012345678910
18.3 18.3 18.3 18.3
18.0 18.0 18.0 18.0
17.7 17.7 17.7 17.7
17.4 17.4 17.4 17.4
17.1 17.1 17.1 17.1
16.8 16.8 16.8 16.8
16.5 16.5 16.5 16.5
16.2 16.2 16.2 16.2
15.9 15.9 15.9 15.9
15.5 15.5 15.5 15.5
15.2 15.2 15.2 15.2
14.9 14.9 14.9 14.9
14.6 14.6 14.6 14.6
14.3 14.3 14.3 14.3
14.0 14.0 14.0 14.0
13.7 13.7 13.7 13.7
13.4 13.4 13.4 13.4
13.1 13.1 13.1 13.1
12.8 12.8 12.8 12.8
12.5 12.5 12.5 12.5
12.1 12.1 12.1 12.1
11.8 11.8 11.8 11.8
11.5 11.5 11.5 11.5
11.2 11.2 11.2 11.2
10.9 10.9 10.9 10.9
10.6 10.6 10.6 10.6
10.3 10.3 10.3 10.3
10.0 10.0 10.0 10.0
9.7 9.7 9.7 9.7
9.4 9.4 9.4 9.4
9.1 9.1 9.1 9.1
8.7 8.7 8.7 8.7
𝛾̇ −1 en s-1
0 25
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
-20.00
-19.35
-18.69
-18.03
-17.38
-16.72
-16.07
10 10 10 10
9.5 9.5 9.5 9.5
9 9 9 9
8.5 8.5 8.5 8.5
8 8 8 8
7.5 7.5 7.5 7.5
7 7 7 7
6.5 6.5 6.5 6.5
6 6 6 6
5.5 5.5 5.5 5.5
5 5 5 5
4.5 4.5 4.5 4.5
4 4 4 4
3.5 3.5 3.5 3.5
3 3 3 3
2.5 2.5 2.5 2.5
2 2 2 2
1.5 1.5 1.5 1.5
1 1 1 1
0.5 0.5 0.5 0.5
0 0 0 0
Temps caractéristiques
en µs
10 65
Figure III.4–8 : Cartographies de temps caractéristiques de la cellule de Couette sur une hauteur de
10 mm et sur tout l’entrefer d’une suspension de laponite concentrée à 1.21% volumique à différentes
vitesses de rotation (rotor r2).
Pour des suspensions avec une concentration supérieure à 1,21% volumique, une
observation inattendue a été effectuée. Après avoir démonté la cellule à l’issue d’une
campagne de mesures, une fine couche de gel a été observée sur les parois du stator (Figure
III.4–9). Cette découverte indique que le gel arrive à se former malgré la présence de
cisaillement, alors qu’il est censé se déstructurer. La croissance du gel sous cisaillement a
donc été étudiée plus en détail dans la suspension à 1,21% volumique.
Figure III.4–9 : Cliché de la suspension de laponite concentrée à 1,21% volumique après 5 jours de
cisaillement avec une vitesse de rotation du rotor de 10 tr/min dans le montage couplé.
Les profils de vitesse dans l’entrefer pour une hauteur donnée dans le liquide ont été
mesurés à intervalles réguliers dans le temps pour des vitesses de rotation du rotor à 10 tr/min
et à 100 tr/min (Figure III.4–10 et Figure III.4–11). À l’instant t=0, la vitesse décroit dans
l’entrefer pour atteindre 0 près du stator. Toutefois une zone plus étendue de vitesse nulle
apparaît du côté du stator après 18h pour 10 tr/min, et 89h pour 100 tr/min. Cette zone
s’agrandit avec le temps jusqu’à une taille maximale, l’épaisseur maximale de gélification. La
Figure III.4–12 présente l’évolution de la taille de gel dans l’entrefer obtenue à partir de
l’analyse de ces profils de vitesse.
0.20
0.18
Temps en heures
0.16
0.14 0 18
Vitesse (m/s)
0.12 90 118
0.10 142 166
0.08
0.06
0.04
0.02
0.00
-20 -19.5 -19 -18.5 -18 -17.5 -17 -16.5 -16
Entrefer (mm)
Figure III.4–10 : Profil de vitesse d’une suspension de laponite concentrée à 1,21% volumique en fonction
du temps pour une vitesse de rotation de 10 tr/min.
2.0
1.8 Temps en heures
1.6
0 17 89 113
1.4
Vitesse (m/s)
Figure III.4–11 : Profil de vitesse d’une suspension de laponite concentrée à 1,21% volumique en fonction
du temps pour une vitesse de rotation de 100 tr/min.
3.5
3.0
2.5
Epaisseur (mm)
2.0
1.5
1.0
100tr/min
0.5
10tr/min
0.0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps en heures
Figure III.4–12 : Épaisseur de gel en fonction du temps d’une suspension de laponite concentrée à 1,21%
volumique pour différentes vitesses de rotation observée avec le mode hétérodyne.
La croissance du gel est plus lente pour une vitesse de rotation supérieure, où le
cisaillement est donc plus important. Le balayage par DLS en mode hétérodyne étant long, la
technique d’observation par caméra avec nappe laser a été utilisée afin de déterminer l’état de
gélification dans tout l’entrefer instantanément.
Pour cela, l’entrefer a été photographié toutes les heures pendant plusieurs jours
(Figure III.4–13). Deux zones distinctes sont visibles. La première, au niveau du stator,
présente une faible diffusion de lumière. Cette zone de faible diffusion correspond au gel. La
zone de diffusion plus importante du côté du rotor correspond à la phase liquide. L’épaisseur
du gel au cours du temps a été obtenue par l’analyse du profil d’intensité lumineuse.
Figure III.4–13 : Photographies montrant la progression de gel d’une suspension de laponite concentrée à
1,21% 𝜱𝑽 à une vitesse de rotation de 100 tr/min (rotor r2) à différents temps : (a) 0 h ; (b) 96 h ; (c) 192 h ;
(d) 288h.
Le traitement d’image a été effectué avec le logiciel ImageJ (NIH). Pour chaque cliché,
l’intensité lumineuse est extraite sur la largeur de l’entrefer et moyennée sur plusieurs lignes.
L’étalonnage de la taille du pixel est réalisé en mesurant la largeur de l’entrefer sur l’image.
L’intensité de pixel en fonction de la position dans l’entrefer est tracé Figure III.4–14 à
différents temps pour 100 tr/min. La détermination de la limite entre le gel et le liquide est
obtenue en détectant le maximum de la dérivée de l’intensité en fonction de la position.
80
70
Temps
60 (h)
450
Intensité pixel
50
300
40
200
30 100
20 50
0
10
0
-20 -19.5 -19 -18.5 -18 -17.5 -17 -16.5 -16
Position dans l'entrefer (mm)
Figure III.4–14 : Intensité en fonction de la position dans l’entrefer et du temps pour une vitesse de
100 tr/min pour différentes prises d’une suspension de laponite concentrée à 1,21% volumique.
4.0
3.5
3.0
Epaisseur de gel (mm)
2.5
2.0
1.5
25tr/min
1.0 50tr/min
0.5 100tr/min
0.0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps en heures
Figure III.4–15 : Épaisseur de gel en fonction du temps d’une suspension de laponite concentrée à 1,21%
volumique pour différentes vitesses de rotation observée par caméra.
La structure du gel sur les parois est difficile à analyser (Figure III.4–9). Le démontage
de la cellule et la récupération du gel provoque des contraintes sur celui-ci qui modifient sa
structure. Deux autres pistes ont été explorées pour analyser plus finement le gel : une mesure
du couple au cours du temps et l’analyse des temps caractéristiques des corrélogrammes
collectés dans la partie gélifiée de l’entrefer.
L’évolution de la gélification peut être analysée par les mesures du couple. Les Figure
III.4–16 et Figure III.4–17 présentent l’évolution du couple mesuré par le rhéomètre et
l’épaisseur de gel déterminée par les photographies en fonction du temps pour des vitesses de
Γ
𝜎= Eq. III.4–5
2𝜋𝐿𝑅𝑅 2
et
2(1 + 𝑒⁄𝑅𝑅 )2
𝛾̇ = Ω Eq. III.4–6
(1 + 𝑒⁄𝑅𝑅 )2 − 1
Figure III.4–16 : Évolution du couple mesuré par le rhéomètre en fonction du temps pour une vitesse de
rotation de 25 tr/min. Pour information, la taille de gel est également tracée.
0.0035 0.003
0.003 0.0025
Couple (N.M) (rhéomètre)
0 0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps en h
Figure III.4–17 : Évolution du couple et de l’épaisseur de gel en fonction du temps pour une vitesse de
rotation de 100 tr/min.
La viscosité de la phase non gélifiée en fonction du temps est obtenue à partir des
valeurs de contrainte et taux de cisaillement au rotor. Les Figure III.4–18 et Figure III.4–19
présentent l’évolution de la viscosité de la partie non gélifié respectivement avec une vitesse
de rotation de 25 et 100 tr/min. Pour ces deux vitesses de rotation, la viscosité commence par
augmenter puis diminue lentement jusqu’à une valeur d’équilibre. L’instant où la viscosité
atteint sa valeur maximale est de l’ordre de quelques minutes pour 25 tr/min, et 80 heures
pour 100 tr/min.
1.6
1.4
1.2
Viscosité (Pa.s)
0.8
0.6
0.4
0.2
0
0 20 40 60 80 100 120
Temps en h
Figure III.4–18 : Évolution de la viscosité de la phase non-gélifiée en fonction du temps pour une vitesse de
rotation de 25 tr/min.
0.5
0.45
0.4
0.35
Viscosité (Pa.s)
0.3
0.25
0.2
0.15
0.1
0.05
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450
Temps en h
Figure III.4–19 : Évolution de la viscosité de la phase non-gélifiée en fonction du temps pour une vitesse de
rotation de 100 tr/min.
mobilité au sein du gel au fur et à mesure que le gel se forme. Pour 100 tr/min, la même
tendance est observée mais le coefficient de diffusion au sein du gel reste un ordre de
grandeur au-dessus de 𝐷0 sur la période considérée. Le gel formé à 100 tr/min n’a pas atteint
son état d’équilibre sur la période observée. Cette analyse des coefficients de diffusion
nécessite des analyses plus approfondies qui n’ont pu être réalisées au cours de cette thèse.
10
25 tr/min
100 tr/min
1
D0/Dgel
0.1
0.01
10 100 1000 10000
Temps (min)
Figure III.4–20 : Évolution du rapport entre le coefficient de diffusion brownien D0 et celui au sein du gel
Dgel au cours du temps pour 25 tr/min et 100 tr/min.
III.5. Conclusion
III.5 - Conclusion
Chapitre III - Résultats expérimentaux 113
viscosité indiquent que celle-ci commence par augmenter puis diminue dans le temps. Dans la
partie de l’entrefer non gélifiée, la présence d’agrégats de gel se traduit par une augmentation
de l’intensité lumineuse diffusée au cours du temps. Ces observations demandent à être
affinées sur des mesures plus précises, mais confirment que le montage permet effectivement
de mettre en évidence et de quantifier des phénomènes complexes se produisant au sein de
suspensions céramiques.
III.5 - Conclusion
114 Chapitre III - Résultats expérimentaux
III.5 - Conclusion
Conclusion generale
Ce travail de thèse s’inscrit dans une approche expérimentale de l’étude de
suspensions céramiques, au travers de la mise en place d’un banc de mesure par diffusion de
lumière d’une suspension en écoulement. Il répond à un besoin de conforter et d’affiner les
théories de la physico-chimie des suspensions par des mesures locales de grandeurs physiques,
et s’inscrit dans une démarche fondamentale située en amont de la chaîne du procédé
céramique. De plus, une caractérisation fine de l’écoulement à l’échelle de la longueur d’onde
lumineuse dans le visible est un préalable à la mise en œuvre de procédés de mise en forme
innovants tirant parti de la structuration de l’écoulement éventuellement mise en évidence.
L’objectif principal de cette thèse était de démontrer la faisabilité et l’intérêt de la
caractérisation de suspensions céramiques cisaillées dans une géométrie de Couette par DLS.
115
116 Conclusion générale
Les mesures de profils de vitesse dans la cellule de Couette ont mis en évidence deux
transitions dans l’écoulement. La première est la transition entre l’écoulement laminaire vers
l’écoulement en rouleaux de Taylor, morphologie confirmée par les observations par caméra,
et a été détectée pour une valeur de nombre de Taylor critique 𝑇𝑎 = 1914 prédite par
Chandrasekhar. Cette transition se produit à la même valeur de 𝑇𝑎 aussi bien pour les
suspensions de silice que de laponite. Ce résultat n’est pas surprenant pour la suspension de
silice, qui présente un comportement rhéologique newtonien, mais l’est déjà plus pour la
laponite qui est rhéofluidifante et thixotrope.
La taille et la position de ces rouleaux ont été caractérisées pour les suspensions de
silice, indiquant la présence d’un premier rouleau au fond de la cellule, dont la taille diminue
lorsque Ta augmente. Une seconde instabilité, correspondant à un écoulement en tores
ondulés, a ensuite été détectée pour 𝑇𝑎 = 3𝑇𝑎𝑐 . Celle-ci se produit également au même
nombre de Taylor sur les suspensions de laponite de charge volumique relativement faible.
rayons X, semblent nécessaires pour déterminer la structure du gel formé et confirmer les
hypothèses énoncées pour expliquer l’évolution du système.
Figure I.2–2 : Schéma d’un écoulement de Couette cylindrique, vu dans l’axe des cylindres
[6]. .............................................................................................................................................. 8
Figure I.2–5 : (a) Profils de vitesses théoriques normalisées 𝒗𝒗𝑹𝑹 et (b) profils du taux de
cisaillement local normalisé 𝜸𝜸𝑹𝑹 en fonction de la position (𝑹𝑺 − 𝒓)/(𝑹𝑺 − 𝑹𝑹) dans
l’entrefer d’un rhéomètre à géométrie de Couette cylindrique, pour une vitesse de 10tr/min
pour un fluide newtonien et pour différents rapports de rayon. ............................................... 13
Figure I.2–6 : (a) Profils de vitesses théoriques normalisées 𝒗/𝒗(𝑹𝑹) et (b) profils du taux de
cisaillement local en fonction de la position (𝑹𝑺 − 𝒓)/(𝑹𝑺 − 𝑹𝑹) dans l’entrefer d’un
rhéomètre à géométrie de Couette cylindrique, pour une vitesse de 10tr/min et pour différents
n et un rapport 𝐑𝐑𝐑𝐒 = 𝟎, 𝟕𝟗𝟓. .............................................................................................. 14
Figure I.2–7 : Schéma du profil de vitesse pour un glissement aux parois. ............................. 15
Figure I.2–8 : Schéma du profil de vitesse pour un écoulement de cisaillement avec « shear-
banding ». ................................................................................................................................. 16
Figure I.3–5 : Représentation de 𝒗𝒒, vitesse locale selon l’axe du vecteur 𝒒. ......................... 26
118
Liste des figures 119
Figure II.1–3 : Sélection spectrale au moyen d’une lentille et d’une fente. ............................. 35
Figure II.1–6 : Schéma du trajet optique et des limites de la zone de fluide analysable dans
l’entrefer. .................................................................................................................................. 38
Figure II.1–7 : (a) Déplacement du TPM en fonction du déplacement dans l’entrefer. (b)
Largeur du volume diffusant L en fonction de la position dans l’entrefer. .............................. 40
Figure II.1–8 : (a) Angle de diffusion en fonction de la position dans l’entrefer. (b) Norme du
vecteur de diffusion en fonction de la position dans l’entrefer pour les différents rotors. ....... 41
Figure II.1–13 : Traitements des images d’une vidéo d’une suspension de silice à 20%
volumique à 30 tr/min : (a) Photographie de référence ; (b) Une des images de la vidéo ; (c)
Correction de l’image en enlevant le bruit de fond ; (d) Superposition des 30 images corrigées.
.................................................................................................................................................. 47
Figure II.1–16 : Exemple de rhéogramme présentant les différentes étapes d’analyse. Lignes
continues - analyse en rampe. Points – analyse en balayage. .................................................. 52
120 Liste des figures
Figure II.2–1 : Micrographie des billes de silice contenues dans la suspension de Ludox TM-
50. ............................................................................................................................................. 53
Figure II.2–4 : Répartition des charges de surface d’une plaquette de laponite. ..................... 56
Figure II.2–6 : Structure en château de cartes obtenue par simulation numérique [51]. ......... 58
Figure III.2–6 : Corrélogrammes collectés en mode hétérodyne pour deux positions dans
l’entrefer et une vitesse de rotation de 10 tr/min (rotor 𝒓𝟐 ). Les lignes continues
correspondent au meilleur ajustement des courbes théoriques issues de l’Eq. II.1–8. ............ 69
Figure III.3–4 : Profil de vitesse dans l’entrefer (rotor 𝒓𝟐), pour la suspension de silice
concentrée à 23% volumique à différentes vitesses de rotation : (a) 20 tr/min ; (b) 80 tr/min.77
Figure III.3–5 : Analyse des images extraites des vidéos enregistrées pour une suspension à
20% volumique de silice cisaillée à différentes vitesses de rotation du rotor : (a) 30 tr/min ; (b)
40 tr/min ; (c) 50 tr/min ; (d) 60 tr/min. ................................................................................... 78
Figure III.3–8 : Photographie (a), cartographie des temps caractéristiques mesurés par DLS (b)
et coupe du taux de cisaillement extraite des simulations (c) pour une vitesse de 70 tr/min
pour la suspension à 20% volumique, soit 𝑻𝒂 = 𝟏, 𝟗𝟒 𝑻𝒂𝒄.................................................... 83
Figure III.3–9 : Cartographies des composantes 𝒗𝒙 (a), 𝒗𝒚 (b) et 𝒗𝒛 (c) extraites des
simulations numériques. ........................................................................................................... 84
Figure III.3–10 : Profils de vitesse en fonction de la hauteur dans le fluide pour différentes
vitesses de rotation au milieu de l’entrefer............................................................................... 86
Figure III.3–12 : Profils de vitesse en fonction de la hauteur dans le fluide pour 110tr/min. Les
points correspondent aux valeurs expérimentales, les lignes continues aux différentes
composantes du signal. ............................................................................................................. 87
Figure III.3–13 : Schématisation des rouleaux de Taylor sur les ajustements des données pour
une vitesse de rotation de 110 tr/min. ...................................................................................... 88
122 Liste des figures
Figure III.4–1 : Rhéogrammes avec procédure en rampe (montée et descente) pour les
suspensions de laponite concentrées à : (a) 0,40% volumique ; (b) 1,21% volumique ; (c)
2,89% volumique, (d) 4,21% volumique. ................................................................................ 94
Figure III.4–6 : Cartographies de temps caractéristiques d'une zone de l’entrefer sur une
hauteur de 10 mm d’une suspension de laponite concentrée à 0,20% volumique à différents
nombres de Taylor (rotor r2)................................................................................................... 100
Figure III.4–7 : Cartographies de temps caractéristiques déterminés par les simulations. .... 101
Figure III.4–14 : Intensité en fonction de la position dans l’entrefer et du temps pour une
vitesse de 100 tr/min pour différentes prises d’une suspension de laponite concentrée à 1,21%
volumique. .............................................................................................................................. 107
Figure III.4–16 : Évolution du couple mesuré par le rhéomètre en fonction du temps pour une
vitesse de rotation de 25 tr/min. Pour information, la taille de gel est également tracée. ...... 109
Figure III.4–17 : Évolution du couple et de l’épaisseur de gel en fonction du temps pour une
vitesse de rotation de 100 tr/min. ........................................................................................... 110
[2] M. Couette, “Sur un nouvel appareil pour l’étude du frottement des fluides,” 1888.
[3] J.-M. Piau and M. Piau, “The relevance of viscosity and slip at the wall early days in
rheology and rheometry,” J. Rheol. (N. Y. N. Y)., vol. 49, 2005.
[4] G. I. Taylor, “Stability of a Viscous Liquid Contained between Two Rotating Cylinders,”
Philos. Trans. R. Soc., vol. 223, pp. 289–343, 1923.
[9] H. A. Barnes, “Thixotropy,” J. Non. Cryst. Solids, vol. 70, pp. 1–33, 1997.
[10] P. W. Voorhees, “The theory of Ostwald ripening,” J. Stat. Phys., vol. 38, no. 1–2, pp.
231–252, 1985.
[11] K. Hayes, M. Buckley, I. Cohen, and L. A. Archer, “High Resolution Shear Profile
Measurements in Entangled Polymers,” Phys. Rev. Lett., vol. 101, no. 21, pp. 1–4, Nov.
2008.
124
Bibliographie 125
[14] D. Roux, F. Nallet, and O. Diat, “Rheology of Lyotropic Lamellar Phases,” Europhys.
Lett., vol. 24, no. 1, pp. 53–58, 2007.
[17] T. Watanabe and Y. Toya, “Vertical Taylor–Couette flow with free surface at small
aspect ratio,” Acta Mech., vol. 223, no. 2, pp. 347–353, Nov. 2011.
[21] J.-B. Salmon, S. Manneville, A. Colin, and B. Pouligny, “An optical fiber based
interferometer to measure velocity profiles in sheared complex fluids,” Eur. Phys. J.
Appl. Phys., vol. 22, no. 2, pp. 143–154, Nov. 2002.
[23] B. J. Berne and R. Pecora, Dynamic Light Scattering : with applications to chemistry,
biology, and physics. New-York: John Wiley & Sons, 1976.
[25] R. Klein and G. Nägele, “Static and dynamic scattering by concentrated systems:
theory,” Curr. Opin. Colloid Interface Sci., vol. 1, no. 1, pp. 4–10, Feb. 1996.
[27] B. J. Ackerson and N. A. Clark, “Dynamic light scattering at low rates of shear,” J.
Phys., vol. 42, pp. 929–936, 1981.
[29] J. J. Wang, D. Yavich, and L. G. Leal, “Time-resolved velocity gradient and optical
anisotropy in linear flow by photon correlation spectroscopy,” Phys. fluids, vol. 6, no.
11, pp. 3519–3534, 1994.
[30] J.-B. Salmon, L. Bécu, S. Manneville, and A. Colin, “Towards local rheology of
emulsions under Couette flow using Dynamic Light Scattering.,” Eur. Phys. J. E. Soft
Matter, vol. 10, no. 3, pp. 209–221, Mar. 2003.
[31] S. Manneville, J.-B. Salmon, L. Bécu, A. Colin, and F. Molino, “Inhomogeneous flows
in sheared complex fluids,” Rheol. Acta, vol. 43, no. 5, pp. 408–416, Apr. 2004.
[36] A. Mourchid, E. Lécolier, H. Van Damme, and P. Levitz, “On Viscoelastic, Birefringent,
and Swelling Properties of Laponite Clay Suspensions: Revisited Phase Diagram,”
Langmuir, vol. 14, no. 17, pp. 4718–4723, Aug. 1998.
[37] R. Perkins, R. Brace, and E. Matijevic, “Colloid and Surface Properties of Clay
Suspensions I . Laponite CP,” J. Colloid Interface Sci., vol. 48, no. 3, pp. 417–426, 1974.
[39] B. S. Neumann and K. G. Sansom, “The Formation of Stable Sols from Laponite, A
Synthetic Hectorite-Like Clay,” Clay Miner., vol. 8, no. 4, pp. 389–404, 1970.
[42] F. Pignon, A. Magnin, J.-M. Piau, G. Belina, and P. Panine, “Structure and orientation
dynamics of sepiolite fibers–poly(ethylene oxide) aqueous suspensions under
extensional and shear flow, probed by in situ SAXS,” Rheol. Acta, vol. 48, no. 5, pp.
563–578, Apr. 2009.
[47] S. Cocard, J.-F. Tassin, and T. Nicolai, “Dynamical mechanical properties of gelling
colloidal disks,” J. Rheol. (N. Y. N. Y)., vol. 44, no. 3, p. 585, 2000.
[48] D. Bonn, S. Tanase, B. Abou, H. Tanaka, and J. Meunier, “Laponite: Aging and Shear
Rejuvenation of a Colloidal Glass,” Phys. Rev. Lett., vol. 89, no. 1, p. 4, Jun. 2002.
[49] F. Pignon, A. Magnin, and J.-M. Piau, “Thixotropic behavior of clay dispersions:
Combinations of scattering and rheometric techniques,” Journal of Rheology, vol. 42,
no. 6. p. 1349, 1998.
128 Bibliographie
[50] A. Mourchid and P. Levitz, “Long-term gelation of laponite aqueous dispersions,” Phys.
Rev. E, vol. 57, no. 5, pp. 4887–4890, 2000.
[52] S. M. Fielding, P. Sollich, and M. E. Cates, “Ageing and Rheology in Soft Materials,” J.
Rheol. (N. Y. N. Y)., vol. 44, pp. 1–54, 1999.
[55] P. Sollich, “Rheological constitutive equation for a model of soft glassy materials,”
Phys. Rev. E, vol. 58, no. 1, pp. 738–759, Jul. 1998.
[56] B. Abou, D. Bonn, and J. Meunier, “Nonlinear rheology of Laponite suspensions under
an external drive,” J. Rheol. (N. Y. N. Y)., vol. 47, no. 4, pp. 979–988, 2003.
[57] D. W. Thompson and J. T. Butterworth, “The Nature of Laponite and Its Aqueous
Dispersions,” J. Colloid Interface Sci., vol. 15, no. I, pp. 236–243, 1992.
[61] L. C. Katz, A. Burkhalter, and W. J. Dreyer, “Protocol for use of Fluorescent Latex
Microspheres,” Sakaguchi Lab Protoc., pp. 1–2, 2001.
[66] A. Akonur and R. M. Lueptow, “Three-dimensional velocity field for wavy Taylor –
Couette flow,” Phys. fluids, vol. 15, no. 4, 2003.
sous contrainte
Résumé : Ce travail de thèse s’inscrit dans une approche fondamentale expérimentale
de l’étude de suspensions céramiques, au travers de la mise en place d’un banc de mesure de
diffusion dynamique de la lumière (DLS) sur une suspension en écoulement. L’étude a été
effectuée sur des suspensions céramiques concentrées de silice nanométrique et de laponite
dans une géométrie de Couette. La technique de mesure par DLS permet d’obtenir des
informations locales telles que le taux de cisaillement et la vitesse locale des particules. À
travers ces mesures et d’observation vidéo, les profils de vitesse ont permis de comprendre
l’évolution du comportement rhéologique de ces suspensions concentrées. De plus, les
suspensions concentrées en laponite forment un gel lorsque celles-ci sont au repos. Si ce gel
subit un cisaillement, il se déstructure pour redevenir une suspension « liquide ». Cependant,
du gel apparait sous cisaillement et sa formation a également été observée par DLS et par
vidéo.
130