CHP 8 Ondes - Elastiques - Cours

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Chapitre 8

Ondes élastiques dans les solides


8.1 Propriétés élastiques des solides
8.1.1 Déformation

Allongement d'un barreau sous l'action d'une force de traction.

Soit un solide déformable, sous la forme d'un barreau rectiligne de faible section, c'est-à- dire
dont les dimensions latérales sont faibles devant sa longueur `, dont une extrémité est xée sur
un support rigide xe. Sous l'action d'une force de traction F , appliquée à l'extrémité libre, le l
s'allonge. La déformation persiste tant que la traction est maintenue. L'allongement relatif est :
δ` `0 − `
=
` `
où `0 est la longueur du barreau déformé. Chaque partie du barreau n'est pas nécessairement
déformée de la même manière. Il faut donc dénir un allongement relatif local, c'est-à-dire qui
dépend de la position en chaque point d'abscisse x.

Déformation locale d'un barreau.

Pour cela, considérons la portion du barreau située initialement entre les points d'abscisses
respectives x et x + ∆x. Lorsque la traction est exercée, ces points se déplacent et leurs abscisses

H. Djelouah
56 Ondes élastiques dans les solides

respectives deviennent x + ux (x) et x + ∆x + ux (x + ∆x). L'épaisseur de l'élément situé entre


les deux sections devient :
∆x0 = [x + ∆x + ux (x + ∆x)] − [x + ux (x)]
Si l'épaisseur ∆x est susamment petite, un développement en série de Taylor au premier
ordre permet d'écrire :
∂ux
ux (x + ∆x) = ux (x) + ∆x
∂x
L'allongement relatif de l'élément est :
∆x0 − ∆x ux (x + ∆x) − ux (x)
=
∆x ∆x
Par dénition, la déformation ε au voisinage du point d'abscisse initiale x est la limite de ce
rapport lorsque ∆x tend vers zéro, c'est-à-dire la dérivée de ux par rapport à x :
ux (x + ∆x) − ux (x) ∂u
ε = lim =
∆x→0 ∆x ∂x
Il convient de noter que la déformation ε qui est le rapport de deux longueurs est sans
dimension. Lorsque ε est négative on dit que le milieu subit une contraction locale et si ε est
positive le milieu subit une extension locale.

8.1.2 Contrainte moyenne


Le l s'est allongé sous l'eet de la force extérieure F exercée normalement sur sa section
droite de surface S . Dans le cas général, cette force n'est pas constante le long du l, elle dépend
de l'abscisse x. On dénit la contrainte moyenne par le rapport :
F
τ=
S
Cette grandeur homogène à une force par unité de surface s'exprime en N.m−2 (ou en P a).

8.1.3 Loi de Hooke


Dans le domaine de l'élasticité linéaire, c'est-à-dire pour des tensions mécaniques et des
déformations pas trop importantes, la déformation est proportionnelle à la contrainte. Cette
propriété est exprimée par la loi de Hooke :
1 F 1
ε= = τ
E S E
ou de manière équivalente
F
τ= =E ε
S
Dans cette expression la constante E , caractéristique du matériau constituant le l, s'appelle
le module d'Young ; elle a les dimensions d'une force par unité de surface (N× m−2 ou Pa).

8.1.4 Coecient de Poisson


En plus de l'allongement selon Ox, il se produit un rétrécissement dans les directions per-
pendiculaires à l'axe du l. Si d est la dimension latérale du l, on a :
∆d d0 − d ∆`
= = −ν
d d `
Le coecient ν est appelé coecient de Poisson ; c'est un nombre positif toujours inférieur à
0.5. Pour les métaux usuels, sa valeur est ν = 0.3.

H. Djelouah
8.2 Onde plane longitudinale 57

8.1.5 Loi de Hooke pour les forces tangentielles

Barreau soumis à une force de cisaillement.

Si nous appliquons à la surface S d'un barreau une force F , non plus normale mais tangen-
tielle, la longueur du barreau ne change pas, seules les arêtes normales au plan d'application de
F tournent d'un angle α.
Dans l'approximation de l'élasticité linéaire (cas des petites valeurs de α), l'angle α est
proportionnel à la force appliquée. La loi de Hooke s'exprime dans ce cas par :

F δh
= G α ' G tan (α) = G
S `
où G est le module de cisaillement ; il s'exprime également en N · m−2 .
Le tableau ci-dessous donne les valeurs caractéristiques des modules de quelques matériaux
courants.

Matière ρ( kg m−3 ) E ( N m−2 ) G ( N m−2 )


Acier 7.8×103 2.2×1011 0.9×1011
Fer 7.85×103 2×1011 0.8×1011
Aluminium 2.7×103 0.7×1011 0.26×1011
Cuivre 8.93×103 1.22×1011 0.42×1011

Caractéristiques mécaniques de quelques métaux usuels.

8.2 Onde plane longitudinale


8.2.1 Equation de propagation
Nous allons considérer ici uniquement le cas des ondes planes longitudinales se propageant
dans un barreau. Considérons un élément du barreau de section S compris entre deux sections
d'abscisses respectives x et x + ∆x. La section d'abscisse x est soumise à une traction F (x) de
la part de la partie gauche du barreau, tandis que la section d'abscisse x + ∆x est soumise à une
traction F (x + ∆x) de la part de la partie droite du barreau. Sous l'action de ces deux forces
les deux sections se déplacent respectivement de ux (x) et ux (x + ∆x) le long de l'axe (Ox). Le
déplacement de particules ux est une fonction à la fois de la coordonnée x et du temps t. Si ρ
est la masse volumique du barreau, la masse de l'élément d'épaisseur ∆x s'écrit :

∆m = ρS ∆x

Écrivons la relation fondamentale de la dynamique pour cet élément :

∂ 2 ux
ρ S ∆x = F (x + dx) − F (x)
∂t2

H. Djelouah
58 Ondes élastiques dans les solides

Dans le cas où ∆x est faible, la force F (x + ∆x) agissant en x + ∆x s'écrit :

∂F
F (x + ∆x) = F (x) + ∆x
∂x
et la relation fondamentale de la dynamique devient

∂ 2 ux ∂F
ρS ∆x 2
= ∆x
∂x ∂x

Sachant que la force normale F est reliée à la déformation ε = ∂ux


∂x par la loi de Hooke :

∂ux
F = SEε = SE
∂x
on obtient

∂ 2 ux ρ ∂ 2 ux
− =0
∂x2 E ∂t2
On retrouve l'équation des ondes (équation de d'Alembert) qui décrit la propagation d'un
ébranlement à la vitesse s
E
V =
ρ
Les ondes décrites par cette équations correspondent à une grandeur physique vectorielle,
le déplacement de particules ~u , orientée le long de la direction de propagation. Ce type de
mouvement ondulatoire est dit longitudinal.

8.2.2 Ondes progressives harmoniques


Dénition
Dans le cas d'une onde progressive sinusoïdale, le déplacement de particules s'écrit en notation
complexe :

ux (x, t) = U0 ej(ωt−kx)

λ est le module du vecteur d'onde, λ étant la longueur d 'onde.


où k = Vω = 2π
La composante Fx de la force exercée en x par la partie gauche sur la partie droite est

∂ux
Fx (x, t) = −SE = jkE ux (x, t) = jkEU0 ej(ωt−kx)
∂x

Impédance
On appelle impédance en un point le rapport de l'amplitude complexe de la force Fx à
l'amplitude complexe de la vitesse de particule u̇x :

Fx
Z (x) =
u̇x
Dans le cas d'une onde progressive harmonique,on a :

∂ux
u̇x = = jω ux (x, t)
∂t
d'où l'expression de l'impédance en un point

H. Djelouah
8.2 Onde plane longitudinale 59

p
Z (x) = SρV = S ρE
On appelle impédance caractéristique du milieu constituant le barreau, la quantité
p
Zc = ρE = ρV

D'où l'expression de l'impédance mécanique du barreau :

Z (x) = SZc
Nous remarquons que l'impédance caractéristique ne dépend pas de la position ; cette pro-
priété est caractéristique des ondes planes progressives. Dans les autres cas, en présence de
réexion par exemple, l'impédance en un point dépend de la coordonnée x. Notons que l'impé-
dance caractéristique du milieu ZC s'exprime en N m−2 tandis que l'impédance Z du barreau
s'exprime en kg s−1 .

8.2.3 Réexion et transmission


Réexion et transmission entre deux barreaux semi-innis
Soit deux barreaux de même section S et de longueur semi-innie, reliés en x = 0. Leurs
masses volumiques sont respectivement ρ1 et ρ2 . Lorsqu'une onde longitudinale venant de −∞
se propage vers x = 0 dans le premier barreau , elle donne naissance au point de jonction, x = 0,
à une onde rééchie et une onde transmise. L'écriture de la continuité du déplacement et de la
contrainte mécanique en x = 0 permet d'obtenir le coecient de réexion Ru et le coecient de
transmission Tu dénis respectivement par :

UR
Ru =
Ui

UT
Tu =
Ui
où Ui , UR et UT sont les amplitudes des déplacements associés respectivement à l'onde
incidente, l'onde rééchie et l'onde transmise. On en déduit :

Z1 − Z2
Ru =
Z1 + Z2
2Z1
Tu =
Z1 + Z2
où Z1 et Z2 sont les impédances respectives du premier et du deuxième barreau.

Réexion à l'extrémité d'un barreau terminé par une masse M.


Considérons un barreau (ρ, S, E) de longueur supposée semi-innie (x ≤ 0) terminé en son
extrémité x = L par une masse M . Le barreau est le siège de la propagation d'un onde incidente
et d'une onde rééchie ; l'onde résultante s'écrit :

u (x, t) = Ui ej(ωt−kx) + UR ej(ωt+kx)

Écrivons la relation fondamentale de la dynamique pour la masse M :

∂ 2 u

∂u
M = ES
∂t2 x=L ∂x x=L

H. Djelouah
60 Ondes élastiques dans les solides

On en déduit l'expression du coecient de réexion au niveau de la masse M :



ρE − j MSω

UR
Ru = = √
Ui x=0 ρE + j MSω

On constate que le module du coecient de réexion |Ru | est égal à 1 ; il s'agit donc d'un
phénomène de réexion totale. On retrouve un résultat assez général qui est que le coecient de
réexion est égal à la diérence des impédances sur la somme des impédances et que dans le cas
où l'impédance terminale est imaginaire, il se produit un phénomène de réexion totale.

8.2.4 Oscillations libres d'un barreau


Considérons un barreau de longueur L dont l'une des extrémités (x = L) est libre et l'autre
(x = 0) est xée à un bâti rigide . Lorsque le barreau est soumis à une déformation longitudinale
initiale, il est le siège d'ondes longitudinales se propageant dans le sens des x croissant et des x
décroissants. Chacune de ces ondes subit une réexion totale aux extrémités du barreau, donnant
ainsi une multitude d'onde se propageant dans les deux sens. Ces diérentes ondes interfèrent
entre elles.

Oscillations libres d'un barreau

Pour ces raisons, nous recherchons une solution de l'équation d'onde sous la forme :

ux (x, t) = A ej(ωt−kx) + B ej(ωt+kx)


Dans cette dernière expression le vecteur d'onde k est donné par la relation de dispersion
k = Vω tandis que A et B sont deux nombres complexes qui représentent l'amplitude complexe
résultante de toutes les ondes se propageant respectivement dans le sens des x croissant et dans
le sens des x décroissant. Ces deux nombres complexes dépendent des conditions aux limites en
x = 0 et x = L , qui sont traduites par les équations suivantes :

ux (x = 0) = 0
F (x = L) = SE ∂u∂x x=L = 0
x

La première condition impose


A+B =0
d'où B = −A, et
 
ux (x, t) = A e−jkx − e+jkx ejωt = −2jA sin (kx) ejωt

La seconde condition impose

−2jkSEA cos (kL) ejωt = 0

H. Djelouah
8.2 Onde plane longitudinale 61

soit
cos (kL) = 0

dont les racines sont :


π
kn = (2n + 1)
2L
n étant un nombre entier. Les pulsations correspondantes permettant de satisfaire les conditions
aux frontières sont
πV
ωn = kn V = (2n + 1)
2L
Ces pulsations "permises" sont appelées les pulsations propres. Il y a donc une innité de
pulsations propres et la solution générale s'écrit :


X
ux (x, t) = −2jAn sin (kn x) ejωn t
n=0

En revenant à la notation réelle, c'est-à-dire en prenant la partie réelle de l'expression précé-


dente, on obtient :

X
ux (x, t) = [an cos (ωn ) + bn sin (ωn t)] sin (kn x)
n=0

où les coecients an et bn sont reliés aux nombres complexes An par : −2jAn = an − jbn
avec

π πV
kn = (2n + 1) et ωn = kn V = (2n + 1)
2L 2L
Les ω n sont les pulsations propres. Les coecients an et bn sont déterminés par les conditions
initiales du mouvement. Supposons qu'à t = 0 nous imposions aux diérents points du barreau
un déplacement initial
u(x, 0) = u0 (x)

et une vitesse initiale

u̇ (0, t) = v0 (t)

Dans ce cas nous aurons les conditions initiales suivantes :


P
u0 (x) = an sin (kn x)
n=0
P∞
v0 (x) = ωn bn sin (kn x)
n=0

On doit inverser ces équations pour obtenir les coecients an et bn . La méthode de Fourier
décrite dans le chapitre précédent, permet d'obtenir :

2 L
Z h πx i
an = u0 (x) sin (2n + 1) dx
L 0Z 2L
L
2 h πx i
bn = v0 (x) sin (2n + 1) dx
ωn L 0 2L

H. Djelouah
62 Ondes élastiques dans les solides

8.2.5 Oscillations forcées d'un barreau de longueur nie

Oscillations forcées d'un barreau de longueur nie.

Considérons un barreau dont l'extrémité en x = 0 est xée rigidement tandis que l'extrémité
située en x = L est soumise à une force sinusoïdale F (t) = F0 cos (Ωt).
En notation complexe les conditions aux frontières s'écrivent :

ux (0, t) = 0
Fx (x = L, t) = F0 ejΩt

Le milieu de propagation étant de longueur nie, le déplacement de particules ux (x, t) s'écrit


en régime permanent :
ux (x, t) = A ej(Ωt−Kx) + B ej(Ωt+Kx)
avec K = Ω
V et

∂ux h i
Fx = ES = −2jKES A ej(Ωt−Kx) − B ej(Ωt+Kx)
∂x
En tenant compte des conditions aux limites on obtient les expressions de A et B :

F0 ejKL
A=
2jKES cos (KL)
F0 e−jKL
B=
2jKES cos (KL)

D'où l'expression du déplacement de particules :

u (x, t) = U (x) ejΩt

où l'amplitude U (x) s'exprime par :

F0 sin [Kx]
U (x) =
KES cos (KL)

On obtient un phénomène d'ondes stationnaires dont les amplitudes et les positions des n÷uds
et des ventres pour le déplacement de particules sont donnés par le tableau suivant :

Noeuds Ventres
Position xn = L − (2n + 1) λ4 xn = L − n λ2
Amplitude Umin = 0 Umax = KES Fcos(KL)
0

La résonance apparaît pour des fréquences d'excitations Ω égales à l'une des pulsations
propres du barreau Ω = ωn = (2n + 1) πV 2L . Pour ces fréquences, l'amplitude Umax au niveau
des ventres d'élongation devient innie.

H. Djelouah
8.3 Ondes élastiques transversales 63

8.3 Ondes élastiques transversales

Ondes transversales dans un barreau

Nous allons analyser le problème des ondes élastiques transversales dans un barreau solide.
Lorsque l'extrémité du barreau est soumise à une force de cisaillement, parallèle à la section S ,
nous pouvons supposer que chaque section du barreau se déplace de bas en haut et de haut en bas
sans mouvement horizontal. Appelons uz le déplacement transversal d'une tranche d'épaisseur ∆x
à un instant donné. Le déplacement uz est fonction de la position x sinon il correspondrait à un
déplacement de l'ensemble du barreau parallèlement à lui même. Il en résulte une déformation
de cisaillement. Chaque tranche d'épaisseur ∆x est soumise aux forces antagonistes F (x) et
F (x + ∆x) qui sont tangentes aux sections et qui sont produites par les portions du barreau qui
sont situées de chaque côté du barreau. Il existe entre la force tangentielle de cisaillement et la
déformation de cisaillement, une relation analogue à la loi de Hooke :
F ∂uz
=G
S ∂ux
où G est un coecient caractéristique du matériau, que l'on nomme module de cisaillement.
La force résultante sur la tranche ∆x est :
∂F
F (x + ∆x) − F (x) = ∆x
∂x
La relation fondamentale de la dynamique pour la tranche ∆x s'écrit :

∂F ∂ 2 uz
F (x + ∆x) − F (x) = ∆x = ρS ∆x
∂x ∂t2
∂F 2
∂ uz
= ρS
∂x ∂t2
La dérivation de la loi de Hooke, par rapport à x donne :

∂F ∂ 2 uz
= SG
∂x ∂x2
Par substitution, on obtient
∂ 2 uz ρ ∂ 2 uz
− =0
∂x2 G ∂t2
A nouveau nous obtenons l'équation de propagation d'une onde, de cisaillement cette fois,
qui se propage à la vitesse s
G
V =
ρ
La composante Fz de la force exercée par la partie gauche du barreau sur l'élément d'épaisseur
∆x est dénie par :
∂uz
Fz = −SG
∂x

H. Djelouah
64 Ondes élastiques dans les solides

On peut montrer que l'impédance mécanique du barreau Z s'écrit :

Fz
Z= = SZc
u̇z

où Zc = ρV = ρV est l'impédance caractéristique du matériau constituant le barreau.

8.4 Modèle de la chaîne linéaire


Dans ce paragraphe on développera sommairement le modèle de la chaîne linéaire d'atomes
qui permet de décrire le phénomène de propagation des ondes élastiques dans les solides. Consi-
dérons un barreau de section S et de longueur L "très grande", taillé dans un solide cristallin
monoatomique. Si on applique sur la face située en x = 0 une force de compression F (t), une
onde longitudinale va se propager le long de l'axe Ox. Étudions le phénomène qui se produit dans
le barreau avant que le front d'onde n'ait atteint son extrémité. Nous supposons que le barreau
est un solide monocristallin monoatomique et que les atomes le constituant sont disposés aux
noeuds d'un réseau tridimensionnel régulier. En se propageant une onde plane longitudinale fait
osciller simultanément tous les atomes se trouvant dans un plan perpendiculaire à la direction de
propagation Ox. Puisqu'ils se déplacent tous en bloc, ces atomes sont équivalents à une masse
unique M concentrée sur l'axe Ox. Chacun des plans transversaux d'atomes est maintenu en
place par les forces de liaison qui agissent comme des ressorts placés en parallèle ; ils sont donc
équivalents à un ressort unique de raideur K . Il sut donc de raisonner sur une seule chaîne
d'atomes identiques et équidistants, séparés à l'équilibre par une distance a.

8.4.1 Modélisation microscopique du problème et mise en équations.

M K
O

Modèle de la chaîne linéaire

Le solide est constitué d'une chaîne comportant une innité d'atomes, assimilés à des points
matériels de même masse M , reliés par des ressorts identiques de longueur à vide a et de raideur
K , et susceptibles de se déplacer sans frottement le long de l'axe Ox.
Ces ressorts ctifs modélisent, dans l'approximation linéaire, les actions subies par les atomes
lorsqu'ils se déplacent au voisinage de leurs position d'équilibre. C'est ce couplage entre les
diérents oscillateurs qui permet la propagation d'une onde élastique. On repère les positions à
l'équilibre de l'atome d'ordre n par : xn |équ = n a. Hors équilibre, les abscisses de ces atomes
sont : xn = x|équ + un (t) = n a + un (t) ; les déplacements particulaires un (t) supposés faibles
devant a, dépendent à la fois du temps et de la position à l'équilibre na.
L'énergie potentielle de ce système s'écrit :

1 1 1 1
U = K (u1 − u0 )2 + K (u1 − u0 )2 + · · · + K (un − un−1 )2 + K (un+1 − un )2 + · · ·
2 2 2 2
tandis que l'énergie cinétique s'écrit :

1 1
T = M u̇20 + M u̇21 + · · · + + · · ·
2 2

H. Djelouah
8.4 Modèle de la chaîne linéaire 65

D'où la fonction de Lagrange :


X1 X1
L=T −U = M u̇2n − K (un − un−1 )2
n
2 n
2

L'écriture de l'équation de Lagrange permet d'obtenir l'équation diérentielle du mouvement


pour l'atome d'ordre n :

∂ 2 un
M = −K (un − un−1 ) − K (un − un+1 )
∂t2
M ün = −K (2un − un−1 − un+1 )

8.4.2 Solution en régime permanent sinusoïdal


Imposons à la particule d'ordre n = 0 une oscillation sinusoïdale :

u0 = a0 ejωt

En régime permanent et en l'absence d'atténuation, le mouvement de chaque atome est


identique à celui de la particule d'ordre n = 0 à un déphasage près qui correspond au temps de
propagation de l'onde :
un = a0 ej(ωt−kxn )
où k est le vecteur d'onde et xn = na. L'équation diérentielle du mouvement s'écrit alors :
 
2K − M ω 2 − K ejka + e−jka = 0


soit
2K − M ω 2 − 2K cos (ka) = 0


d'où  
ka
M ω 2 = 4K sin2
2
ou encore r  
K sin ka

ω=2
M 2
Cette dernière relation est appelée relation de dispersion. Sa représentation graphique est
appelée diagramme de dispersion du milieu de propagation(gure ci-dessous).

ω
C

−π/a O π/a k

Diagramme de dispersion

H. Djelouah
66 Ondes élastiques dans les solides

Comme sin ka < 1, la fréquence des ondes élastiques pouvant se propager dans un cristal

2
est limitée par la fréquence de coupure :
r
ωc 1 K
f < fc = =
2π π M
L'intervalle − πa < k < πa est appelé première zone de Brillouin. La longueur d'onde la plus
courte que puisse transmettre le réseau est :


λc = = 2a
kc

où kc = πa .
Nous remarquons que un peut s'écrire également :
 
jω t− vx
φ
un = a0 e

où vφ = ωk représente la vitesse de phase.


Pour les faibles valeurs du nombre d'onde ( ka << 1 ), la relation de dispersion s'écrit :
r
K
ω' ak
M
q
C'est l'équation d'une droite dont la pente V0 = a MK
représente la vitesse de propagation
des ondes élastiques de basses fréquences. La fréquence de coupure peut s'écrire en fonction de
V0 :
V0
fc =
πa

8.4.3 L'approximation d'un milieu continu.


Dans un réseau cristallin, la distance a entre deux atomes est typiquement de l'ordre de
10−10 m, distance très inférieure aux dimensions caractéristiques des phénomènes de propagation
à étudier (qui sont plutôt de l'ordre de grandeur du mm à quelques mètres). Ceci suggère de
considérer la chaîne d'atomes comme un milieu continu, dont les déplacements sont décrits par
une fonction continue u(x, t) prenant les valeurs un (t) aux points d'abscisses xn = na.
L'équation du mouvement de la particule d'ordre n peut se réécrire sous la forme :

M ün − K (un+1 − un ) + K (un − un+1 ) = 0

Si λ >> a, la diérence un+1 − un est un inniment petit qui, au premier ordre près, peut
s'écrire :
 
un+1 − un un+1 − un ∂u
= =
xn+1 − xn a ∂x x
  n+1
un − un−1 un − un−1 ∂u
= =
xn − xn−1 a ∂x xn

Dans ces conditions, l'équation diérentielle du mouvement devient :


"    #
∂2u ∂u ∂u
M 2 = Ka −
∂t ∂x xn+1 ∂x n

H. Djelouah
8.4 Modèle de la chaîne linéaire 67

Au premier ordre près, on peut considérer que :


∂u
− ∂u
 
∂x x n+1 ∂x xn ∂2u
=
xn+1 − xn ∂x2

et l'équation du mouvement s'écrit alors :

∂2u Ka2 ∂ 2 u
=
∂t2 M ∂x2
Cette équation est équivalente à l'équation de propagation :

∂2u ∂2u
= V 0
∂t2 ∂x2
q
où V0 = a M K
est la vitesse de propagation des ondes élastiques de basse fréquence.
Ordres de grandeur : La vitesse V0 des ondes élastiques de basse fréquence dans les solides
est en général comprise entre 1000 m s−1 et 10000 m s−1 . Les distances entre atomes sont de
quelques Å. Avec V0 = 5000 m s−1 et a = 5Å, la fréquence de coupure est fc = 3.2 × 1012 Hz.
Cette valeur est si élevée que pour le domaine des fréquences inférieures à quelques gigahertz, on
se situe au tout début de la courbe de dispersion, là où la pulsation est proportionnelle au nombre
d'onde. La longueur d'onde λ = Vf0 , comprise dans ces cas entre quelques mm et quelques µm,
est très grande devant les distances interatomiques, si bien que pour l'onde le milieu apparaît
comme continu.

H. Djelouah
68 Ondes élastiques dans les solides

H. Djelouah

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