37-Article Text-153-1-10-20200727
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ISSN: 2665-7473
Numéro 2 : Janvier 2019
Résumé:
Les Petites et Moyennes entreprises (PME), représentant plus de 98% du tissu économique du
Maroc (CGEM, 2014), jouent un rôle très important dans le développement socioéconomique
du pays (Bentaleb et Louitri, 2011, Sadeq, 2013). Toutefois, les statistiques officielles
montrent que le taux de mortalité de ces entreprises devient de plus en plus alarmant (Achour,
2014). Cette situation nous a interpellés en tant que chercheurs dans le domaine des PME.
Ainsi, nous nous interrogeons sur les facteurs qui expliquent la performance ou la contre-
performance de certaines PME, tout en mettant l’accent sur la dimension subjective de ce
concept polysémique et complexe et outils et indicateurs qui servent à son suivi.
A cet effet, nous avons menés une étude qualitative à visée exploratoire auprès de six
propriétaires-dirigeants des PME opérant dans des secteurs différents. Les résultats de cette
étude soulèvent des perceptions multiples de la performance et une utilisation moins
formalisée des outils de suivi et des indicateurs de performance.
Abstract:
Small and Medium Enterprises (SMEs), representing more than 98% of Moroccan enterprises
(CGEM, 2014), play a very important role in the country’s socioeconomic development
(Bentaleb and Louitri, 2011, Sadeq, 2013). However, official statistics show that the mortality
rate of these enterprises is becoming increasingly alarming (Achour, 2014). This has
challenged us as researchers in the SME field. Thus, we question the factors that explain the
performance or underperformance of some SMEs, while emphasizing the subjective
dimension of this ambiguous and complex concept and the tools and indicators used to
manage it.
For this end, we conducted an exploratory qualitative study with six owners-managers of
SMEs of different sectors. The results of this study raise multiple perceptions of performance
and less formalized use of performance indicators and tools.
INTRODUCTION
Etre performant dans un environnement marqué par des changements remarquables à tous les
niveaux (démographique, culturel, réglementaire, technologique, financier…) est l’objectif,
non seulement de toute entreprise, mais de tout individu. En l’absence de statistiques
officielles, les chiffres publiés par le cabinet spécialisé dans le renseignement commercial
« INFORISK » concernant le nombre des faillites d’entreprises au maroc, sont alarmantes ; il
est de 5.783 entreprises en 2015, soit une augmentation de 15% par rapport à 2014.
La faillite est un phènomène qui concerne, à des degrés variés, les PME et les grandes
entreprises. D’ailleurs, 85% des entreprises qui ont fait faillite sont des PME. La faillite de ces
entreprises s’explique, selon les chercheurs, par plusieurs facteurs à la fois endogènes et
exogènes (Bentaleb et Louitri, 2011) : gestion financière, innovation, marketing, qualité et
gestion des ressources humaines. En effet, les impayés et les difficultés de recouvrement
sont les pricipales causes (25%), selon DOUIEB Youssef, Directeur Général-Adjoint de Euler
Hermès Maroc.
Dans un premier temps de recadrons notre objet de recherche à travers des éléments clés du
contexte de la recherche ce qui nous permettra de bien délimiter notre problématique. Celle-ci
nous aménra dans un deuxième temps à présenter la revue de littérature sur les concepts clés
de cet article à savoir la PME et la performance. Ensuite, nous aborderons les facteurs
susceptibles d’influencer la performance de ces entreprises pour en finir par l’exposé des
outils et indicateurs empiriquement testés dans le contexte des PME.
marocaines de 15% en 2015 et estime que ce taux augumentra de 10% en 2016. Cette
situation s’explique tant par des variables externes à la PME que des variables internes.
Problématique de la recehrche
La performance des PME dépend aussi bien des facteurs endogènes qu’exogènes. Par
consèquent, les outils et les indicateurs utilisés pour mesurer cette performance sont
étroitement liés à la définition et à l’ordre de ces variables. Sous cet angle d’analyse, nous
cherchons à comprendre comment la performance des PME est construite. Cela forme la base
de notre problématique qui est composée de trois principales questions :
Comment les propriétaires-dirigeants définissent-ils la performance ?
Quels en sont les facteurs explicatifs ?
Sur quels outils et indicateurs s’apuient-ils pour la mesurer ?
n’excédant pas soixante-quinze millions de dirhams, soit un total de bilan annuel n’excédant
pas cinquante millions de dirhams ».
Les limites et les insuffisances des critères quantitatifs ont poussé les chercheurs à faire
ressortir des spécificités sur plusieurs plans. Ainsi, Julien (1994, p.28) divise les typologies
qualitatives en quatre grands groupes. Un premier groupe s’appuie sur le type d’origine ou de
propriété de l’entreprise, un deuxième introduit les stratégies et les objectifs de la direction,
un troisième se base sur l’évolution ou le stade de développement ou d’organisation de la
firme et, enfin un groupe qui touche au secteur ou au type de marché dans lequel elle évolue.
En effet, les PME se caractérisent, essentiellement, par un manque ou une insuffisance du
personnel qualifié, une gestion à court terme, un manque d’expertise technique (Barry et
Milner, 2002), un capital insuffisant (Raymond, 2001) et un faible pouvoir de négociation
avec les parties prenantes. Toutefois, le rôle central du propriétaire-dirigeant et son forte
implication dans le processus managérial, et plus largement dans le système de pilotage de la
performance, demeure une des principales caractéristiques des PME (Spence, 1999).
Si la définition de la PME varie d’un pays à un autre, et dans le même pays d’un secteur à un
autre, le deuxième mot clé de notre problématique, à savoir la performance, n’est pas pour
autant assez clair. Ainsi, La deuxième section de cette première partie de notre travail
s’intéressera aux approches conceptuelles du concept de la performance.
1.2. La performance, un concept polysémique et multidimensionnel
Certes, la performance est l’un concept largement utilisés tant par les individus que par les
organisations. Toutefois, les travaux, même nombreux (Bouquin, 1986 ; Bescos et al.1993;
Bourguignon, 1995 ; Lebas, 1995 ; Bessire, 1999 ; Louitri et Bentaleb, 2011 ; Ezziadi et
Ouhadi, 2015 …), n’ont pas encore pu définir ce concept unanimement (Bourguignon, 1995).
L’absence d’une définition universelle du concept de la performance s’explique par, entre
autres, son utilisation par des disciplines variées (sociologie, économie, médecine, droit,
sport,…) et la diversité des représentations sociales de ceux qui le définissent. Du fait, nous
allons tentés, à travers cette première partie de ce travail, de reprendre quelques définitions de
la performance, tout en mettant l’accent sur le rôle que jouent les représentations pour la
définir.
L’étymologie constitue le point de départ pour définir tout concept. La performance vient du
« parformer » qui signifiait “ accomplir, exécuter ” (Petit Robert). Au XV° siècle, il apparaît
en anglais avec « to perform » dont vient le mot de performance. Il signifie à la fois
accomplissement d’un processus, d’une tâche avec les résultats qui en découlent et le succès
que l’on peut y attribuer.
En gestion, la performance a toujours été une notion ambiguë. Elle n’est utilisée en contrôle
de gestion que par transposition de son sens en anglais. L’une des définitions les plus utilisées
par les chercheurs est celle de Bourguignon (2000). Elle l’a défini comme étant « la
réalisation des objectifs organisationnels, quelles que soient la nature et la variété de ces
objectifs. Cette réalisation peut se comprendre au sens strict (résultat, aboutissement) ou au
sens large du processus qui mène au résultat (action)….». Cependant, en pratique, ce concept
demeure toujours flou et multidimensionnel et son sens dépend de plusieurs variables
contextuelles. Dans le contexte des PME, le profil du propriétaire-dirigeant et son système de
valeurs sont les facteurs principaux qui dessinent le schéma de la performance. D’ailleurs, en
l’absence d’un consensus sur ce qui est la performance, Salgado (2013) note qu’elle « reste
une affaire de perception et…tous les acteurs n’ont pas la même perception de la
performance ».
En se référent à ce qui est annoncé plus haut, nous pouvons souligner que la performance est
un concept qui est, en plus de son aspect objectif basé sur des indicateurs chiffrés, elle est
aussi subjective et dépend du contexte et de la personne qu’elle l’utilise.
Après avoir présenté quelques facettes des deux concepts clés de notre travail, nous
consacrons la deuxième partie de notre travail pour l’étude des facteurs qui contribuent à
l’explication de la performance des PME.
Partant de la thèse centrale de la théorie de contingence qui repose sur l’idée qu’il n’existe par
de principes universels de gestion (Boisselier, 2013, p.84), l’objectif de ce travail, est de
comprendre le système de mesure de performance utilisé par les propriétaires-dirigeants des
PME et d’en évaluer la cohérence par rapports aux objectifs attendus et aux perceptions de
performances formulées.
Les travaux sur les systèmes de mesure de la performance font ressortir plusieurs modèles de
mesure de la peroformance. Nous citons à ce niveau les cinq principaux modèles mobilisés
dans les travaux que nous avons consulés : La pyramide de Lunch et Cross (1991), La matrice
des déterminants et des résultats de Fitzgerald et al. (1991), Le balanced Scorecard (1992), Le
modèle de Morin, Savoie et Beaudin (1994) et Le modèle d’Atkinson, Waterhouse et Wells
(1997)
Dans le contexte des PME, nous assistons à une prédominance de la dimension financière sur
les indicteurs utilisés. Plus encore, les propriétaires-dirigeants des PME sont très proche des
opérationnels , ce qui justifie le rôle capital de la supervision directe et l’ajustement mutuel
(Mintzberg, 1988) dans la mesure de la performance. Le système de mesure est souvent
qualifié de simple et fiablement structuré, fondé sur la communication orale et l’appréciation
sur terrain (Rharmili, 2007).
4. DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Afin de répondre à notre problématique, nous nous sommes inscrits dans une démarche
qualitative exploratoire. L’étude est menée auprès des propriétaires-dirigeants de six PME
situées à Marrakech. Nous avons utilisés un guide d’entretien semis-directif formé de trois
volets et six questions, qui sont complétées au moment de l’entretien, selon les situations, par
des questions de compréhension ou de relance. Se limiter à trois questions est bien voulu pour
pouvoir saisir les représentations sociales des propriétaires-dirigeants et d’éviter des réponses
confirmatoires. Les discours ont été enregistrés à l’aide d’un dictaphone. Ensuite, nous en
avons fait la retranscription. Pour l’analyse des données recueillies, vu le nombre restreint des
entretiens, nous avons opté pour une analyse manuelle des discours. Le tableau suivant
reprend le profil des PME de notre étude.
Entreprises Secteur d’activité Effectif Age de
l’entreprise
A Architecte 7 35
B Hôtellerie 12 6
C Menuiserie 35 30
D Hébergement 10 5
E Imprimerie 35 52
F Ameublement 130 16
Le choix d’entreprises appartenant à des secteurs d’activités différents (et parfois reliées) est
motivé par une volonté de comprendre quelques particularités sectorielles.
pour la suivre. Deuxièment, nous objectivons l’étude des facteurs qui contribuent à la
performance de celles-ci et comment ces facteurs diffèrent d’un secteur à un autre.
Troisièment, une fois la performance de la PME est définie et les facteurs explicatifs sont
arrêtés, nous tenterons d’élucider les outils et indicateurs mis en place pour assurer son
pilotage. La présentation de résultats se fera sur trois volets : Perceptions de la performance,
Facteurs explicatifs, et outils et indicateurs de pilotage.
Les mesures fiscales pour notre secteur sont aussi importantes pour
faire plus d’investissement
Les conclusions que nous pouvons tirées de ces représentations peuvent être classées en
trois catégories :
Conclusion
Ce travail exploratoire a des contributions aussi bien théoriques que pratiques et soulève des
pistes pour des futurs travaux sur la performance des PME marocaines. Sur le plan théorique,
ce travail a contribué à l’enrichissement de la recherche sur les PME marocaines en
s’appuyant sur les représentations des propriétaires-dirigeants. L’intérêt pratique de cette
recherche consiste à la sensibilisation des pouvoirs publics sur l’importance de la formation
des propriétaires-dirigeants, puisqu’ils constituent le cœur des PME. Certes, le présent travail,
ne fournit que l’image de quelques PME, qui ne peuvent en aucun cas représenter la
population des PME marocaines. Toutefois, nous estimons intéressant une étude quantitative
assez large pour dresser une cartographie des facteurs favorables et défavorables à la
performance des PME.
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