Chapitre 3 Éléments Filetés Partie 2
Chapitre 3 Éléments Filetés Partie 2
Chapitre 3.
Partie 2 : les éléments filetées
Liaison d’encastrement
I. Réaliser le maintien en position entre pièces
1. Vis d'assemblage
Les vis d’assemblage traversent librement un trou de passage dans une ou plusieurs pièces et se
vissent dans un trou taraudé dans la dernière pièce à assembler.
Figure 1.
Choix d'extrémité
Tableau 1
Tableau 2
Vis à tête à six pans creux :
Entraînement six pans creux : la capacité du couple de serrage de ce mode de transmission est un
peu plus faible que pour les modes d’entraînement hexagonal ou carré.
Ce mode d’entraînement présente néanmoins l’avantage :
d’une absence d’arêtes vives extérieures (sécurité, esthétique, la tête peut être noyée par
l’intermédiaire d’un lamage…)
d’un mode d’entraînement de faible encombrement.
Pour les vis à tête cylindriques six pans creux, la longueur est donnée sans tenir compte de la tête
comme pour les vis H et Q.
Tableau 3
Tableau 4
Entraînement par fente : ces vis sont utilisées pour des assemblages qui nécessitent de faibles
sollicitations mécaniques. De plus, ce type d’entraînement ne convient pas aux montages
automatiques. L’extrémité la plus courante est brute de roulage (symbole RL). Pour les vis à tête
large le symbole est CLS.
Figure 4.8
Entraînement cruciforme : les vis à tête cruciforme sont utilisées pour des assemblages à faibles
sollicitations mécaniques qui exigent sécurité et esthétique. La fabrication courante est l’extrémité
RL.
Dans le cas de montages automatisés il est préférable de choisir le type Z avec une extrémité pilote
de type PN ou LD.
Entraînement par six lobes internes (Torx) : l’engrènement de l’outil permet, par rapport aux vis à
six pans creux, une amélioration du couple de serrage.
La fabrication courante est avec extrémité RL.
2. Vis de pression
Les vis de pression se différent de celles d'assemblage par leurs longueurs totalement filetées et
leurs extrémités. Elles sont utilisées dans les montages demandant peu de précision et un effort sur
l'extrémité.
La forme adaptée de ces vis permet d’assurer différentes fonctions mécaniques : pression,
blocage… Pour les petits mécanismes faiblement sollicités, elles peuvent servir de vis d’arrêt ou de
guidage.
La tête d'une vis de pression ne doit pas servir en blocage. Par conséquent, ses dimensions sont
réduites. Pour une utilisation correcte de ce type de vis, l'implantation J doit vérifier la condition,
J≥d, pour les métaux durs.
En plus a la forme de la tête, les vis de pressions sont caractérisées par la forme de l'extrémité. La
figure ci-dessous présente les formes de tête et d'extrémité rencontre construction mécanique.
Figure 4.9
Figure 4.10
Figure 4.11
3. Ecrou
Un écrou est une pièce taraudée menée d'un dispositif de manœuvre pour en permettre le serrage et
le desserrage. Cet organe est un complément indispensable à une vis pour réaliser un assemblage
par boulon.
Selon le type du dispositif de manœuvre, on trouve les écrous manœuvres à la clé ou à la main. En
effet, un écrou doit satisfaire deux fonctions:
- avoir une surface d'appui normale à l'axe du trou taraude,
- avoir une forme qui permet sa manœuvre.
Tableau 5
Figure 4.12
Un boulon est composé d’une vis et d’un écrou de même diamètre. L’écrou normalement utilisé est
l’écrou hexagonal. Les pièces à réunir sont simplement percées de trous lisses. On obtient ainsi un
assemblage économique de plusieurs pièces par pression des unes sur les autres. Pour obtenir un
serrage efficace, les vis doivent être immobilisées en rotation.
Figure 4.13
Dans les cas de serrage fort, la tête de la vis doit être immobilisée. L'immobilisation s'effectue
parfois a l'aide d'un ergot rapporte ou venu directement par la forme de la tête. La figure ci-dessous
présente les techniques les plus fréquemment utilisées en construction mécanique.
Figure 4.14
5. Goujons
Un goujon est composé d’une tige, filetée à ses deux extrémités, et d’un écrou de même diamètre.
Les deux parties filetées doivent être séparées par un tronçon lisse.
• Les goujons sont utilisés en remplacement des vis lorsque le métal de la pièce est peu résistant
ou lorsqu’il est nécessaire de faire des démontages fréquents.
• Les goujons peuvent remplacer les boulons lorsque les pièces à assembler sont très épaisses.
Figure 4.15
6. Lamages, chambrages
Ils doivent permettre le passage des outils de serrage. À cette fin, les diamètres indiqués peuvent
être augmentés, ou diminués pour d'autres raisons : optimisation, assemblage, outillage....
Le diamètre C1 est à utiliser avec des vis CHC (hauteur H1) et CZX (empreinte torx ou 6 lobes :
hauteur H2), il permet le passage d'une rondelle. Le diamètre C2 est à utiliser avec des vis ou des
écrous hexagonaux.
Figure 4.16
7. Rondelles
- Rondelles d’appui : elles augmentent la surface d’appui et réduisent ainsi la pression de serrage,
cela évite le marquage des pièces tendres. Il existe différentes rondelles d’appui adaptées aux types
de vis et d’écrous existants :
- Rondelles frein : leur fonction est d’éviter le desserrage de la vis ou de l’écrou. Il en existe
différents types on peut citer : les rondelles frein élastique et les rondelles freins à dents
Figure 4.17
8. Désignation normalisée
L’AFNOR a réuni dans un recueil « Boulonnerie Visserie » les principales normes relatives aux
éléments d’assemblages filetés (vis, goujons, écrou). Ces recommandations concernent en
particulier les matériaux, les spécifications d’essais, les dimensions et tolérances et les outillages de
serrage. Elles définissent :
• Les couples de dimensions (diamètre nominal et pas) pour la boulonnerie à pas fin et à pas gros
(tableaux 1 et 2).
• La section résistante AS des filetages : section d’une tige cylindrique de résistance équivalente à
celle de la partie filetée de la vis, cette donnée essentielle permet de passer, au cours des essais
réalisés sur la pièce filetée (ou au cours des calculs), des efforts aux contraintes (tableaux 1 et 2).
• Les classes de qualités des articles de boulonnerie en acier : chaque classe de qualité définit les
caractéristiques des matériaux exigées pour les vis et goujons (tableau 3) et pour les écrous (tableau
4) dans le cadre d’essais de caractérisation.
- On peut donc en conclure que dans un boulon qui respecte la normalisation, l’écrou est toujours
bien plus résistant que la vis et par conséquent il ne sera pas utile de vérifier sa résistance.
Préparé par : M. BEN ROMDHANE 12
ENIG Cours : Construction 2
Figure 4.18
avec
C1 : couple dû aux forces de contact des filets de la vis sur l’écrou,
C2 : couple dû aux forces de contact de la pièce (ou de la rondelle) sur l’écrou.
Figure 4.19
On utilise couramment les expressions suivantes :
C 1 = F0 ρ 0 tan( α + ϕ1 )
C 2 = F0 ρ f 2
f1
C 0 = C 1 + C 2 = F0 p / 2 π + .d 2 + ρ f 2
2 cos β
p
F0 : couple nécessaire pour la mise en tension de l'élément de serrage utilise,
2π
f1
F0 .d 2 : couple nécessaire pour vaincre les frottements entre les filets,
2cosβ
F0ρf 2 : couple nécessaire les frottements entre l’élément de serrage et les pièces à assemblées.
Pour les assemblages filetés normalisés, le couple de serrage peut s'exprimer sous la forme usuelle
suivante :
C 0 = F0 (0.16p + 0.583f1d 2 + f 2 ρ )
• p = πd 2 tan α ≈ πd 2α ⇒ α ≈ p / πd 2
• p : est le pas du filetage en mm
• d2: diamètre sur flanc.
Ces expressions sont entachées d’erreurs dues aux différentes approximations réalisées. Le calcul
des assemblages boulonnés conduit parfois à des études plus poussées prenant en compte les pré-
charges, les sollicitations composées (traction + torsion, etc.), les phénomènes de fatigue, les
phénomènes statistiques, les critères de limite élastique (Von Mises...).
5. Tenue statique
5.1.Etat de contrainte d’une vis
Dans le cas général de sollicitations axiales d’assemblages sans flexion, la vis est tendue par un
effort FB et tordue par un moment de torsion MB équivalent aux deux premiers termes du couple de
serrage :
M B = C1 = F0 (0.16p + 0.583f1d 2 )
En un point A de la périphérie du noyau, on aura donc un état combiné de traction et de torsion :
σ A = K t 1σ
avec
• K t1 Coefficient de concentration de contrainte en traction et σ = 4FB / (πd 3 ) effort de traction /
2
section du noyau
τ A = K t 2τ
avec
16 M B
• K t 2 Coefficient de concentration de contrainte en torsion et τ = contrainte de torsion
π d 33
dans le noyau
L’application du critère de Von Mises permet d’obtenir la valeur de contrainte normale équivalente
( Kt1σ ) + 3 ( Kt 2τ 2 )
2
σe =
Figure 4.21
Préparé par : M. BEN ROMDHANE 17
ENIG Cours : Construction 2
Dans le cas d’une sollicitation supplémentaire de flexion, la contrainte de flexion multipliée par son
coefficient de concentration de contrainte viendra s’ajouter à la contrainte de traction. Le calcul de
la contrainte équivalente resterait inchangé. Ce calcul, bien que parfaitement correct pour la
partie filetée située loin des zones d’application des charges, ne permet pas d’avoir une idée
exacte de la résistance de la vis.
Compte tenu des remarques précédentes, il serait illusoire de réaliser un calcul prenant en compte
tous les paramètres. La vis sera considérée comme une tige cylindrique de section AS, les valeurs
de contraintes de références (valeurs limites) seront directement déduites d’essais de traction
réalisés sur la vis équipée de son écrou. De cette manière, l’ensemble des défauts de forme et la
Traction axiale
Lorsqu’un boulon est soumis à un effort de traction axiale, l’effort maximal qu’il peut supporter
sans se déformer notablement de façon permanente peut être calculé de la façon suivante :
FB max = 0.9 Re min AS
Avec
AS section résistante de la tige de la vis
Re min limite élastique minimale de la classe de qualité considérée.
La valeur de FB max ainsi calculée est très proche de la charge d’épreuve (48500 N pour l’exemple),
ce qui montre bien l’importance de cette notion.
C’est le type de sollicitation à laquelle est soumis un boulon mis sous tension avec un serrage à la
clé.
On calcule la contrainte équivalente, par l’application du critère de Von Mises, sur la vis modélisée
par une tige cylindrique de section AS, soumise à un effort normal FB et à un moment de torsion
M B.
On obtient ainsi :
σ e = σ B 2 + 3τ 2 B
FB 16M B
σB = et τ B = où d est le diamètre du cylindre de sec tion AS
AS (π d 3S ) s
Traction, torsion et flexion combinées
C’est le cas de pratiquement tous les assemblages car il est très rare que les efforts soient appliqués
suivant l’axe des boulons. Le calcul est le même que précédemment mais, il est souvent difficile
d’évaluer le moment de flexion dans la tige (tenue dynamique d'un boulon).
Une contrainte de flexion supplémentaire diminuera toujours la tenue d’un boulon et on devra
l’éviter, dans la mesure du possible, par un dessin judicieux des pièces.
Nous nous proposons d'étudier le comportement d'un assemblage composé de deux pièces serrées
par l'intermédiaire d'une fixation (ex : boulon). Les sollicitations extérieures sont réduites à un effort
axial constant ou variable en fonction du temps.
Soit
- F0 : la précontrainte installée au montage
- FE : la charge de service supportée par un élément de l’assemblage
Avant application de la force FE, la vis est sollicitée par F0 et les pièces assemblées sont comprimées
par F0. Mais, après l’application de FE la vis est sollicitée par la force FB et les pièces assemblées
par la force FP.
On suppose que :
- FE est appliqué sur le plan d’appui de la tête de la vis ou de l’écrou
- Le contact entre les pièces est maintenu après application de FE (pas de décollement)
N.B :
Jusqu'à présent, on avait considéré que la force extérieure Fa n'était appliquée que sous la tête de la
vis et sous l’écrou. Or, suivant la forme des pièces assemblées, la sollicitation sera différente
suivant que l’introduction de l’effort sera voisine de la tête de vis, quelconque ou voisine du plan de
l’interface des deux pièces. Par conséquent, on définit le facteur d'introduction de charge β qui tient
compte de la position de l’application de la charge.
Dans la plupart des cas, le niveau d’introduction de la charge se situe à l’intérieur des pièces
assemblées et une partie de la rigidité des pièces participe différemment au comportement
dynamique de l’assemblage.
Si nous considérons le cas général d’introduction de l’effort extérieur dans deux plans éloignés de x
pour des pièces modèles de longueur LP, nous pouvons lui appliquer le même calcul que
Préparé par : M. BEN ROMDHANE 22
ENIG Cours : Construction 2
précédemment. Le facteur d'introduction de charge β varie par conséquent en fonction de
l'application de la force extérieure. La Figure ci-dessus donne des valeurs de β pour différentes
configurations d’assemblage couramment utilisées.
Les expressions générales des forces exercées dans le boulon et dans les pièces, lorsque la position
de l’introduction de la force extérieure est quelconque, sont :
L’allure de la répartition des contraintes au sein de l’assemblage met en évidence les zones de
compression des pièces et les fortes concentrations au voisinage de la tête de la vis. La zone
comprimée des pièces est relativement limitée et est souvent comprise dans une plage angulaire de
30° < ϕ < 45°. Cependant, sur l’exemple de la Figure ci-dessous, si les pièces sont massives (pièce
2), on remarque que l’étendue de la zone de compression se stabilise et qu’une augmentation de
l’épaisseur a peu d’influence sur la surface de contact SP.
N.B :
Lorsque le support de l'effort extérieur FE ne coïncide pas avec l'axe de la vis, lui-même ne passant
pas par le barycentre de la surface de contact des pièces assemblées et dans le cas où cette surface
n’est pas assez étendue, on observe :
- Un décollement partiel de l’empilement des pièces ce qui implique une modification de la
rigidité des pièces
Préparé par : M. BEN ROMDHANE 30
ENIG Cours : Construction 2
- les vis subissent une sollicitation complémentaire de flexion
La surface du cercle de diamètre W (zone maximale comprimée s’il y avait assez de contact) est
considérée comme la zone pouvant participer à la reprise des moments de flexion dus à un effort
excentré.
Lorsque la surface de contact des pièces assemblées inclut ce cercle, on considère que le coefficient
de filtrage λ ne sera pas affecté par l'effet de l'effort excentré.