Chapitre VI: Resistance Au Cisaillement Des Sols
Chapitre VI: Resistance Au Cisaillement Des Sols
Chapitre VI: Resistance Au Cisaillement Des Sols
1 GENERALITES :
Il a été étudié dans les chapitres précédents le comportement du sol sous de faibles déformations. L’objet
de ce chapitre concerne au contraire les grandes déformations et la rupture c’est à dire, la résistance au
cisaillement des sols.
On énoncera la loi de Coulomb dont on tirera de nombreuses conséquences dans les chapitres suivants et
on étudiera les principaux essais permettant de déterminer les caractéristiques mécaniques de résistance au
cisaillement des sols.
On rappelle qu’un sol est un ensemble de trois phases : solide, liquide, et gazeuse. On rappelle également
qu’il faut faire la distinction entre contraintes effectives et contraintes totales.
Il a été vu en hydraulique des sols que l’écoulement de l’eau dans un sol saturé n’était pas instantané et que
la vitesse d’écoulement de l’eau dans un sol dépendait de son coefficient de perméabilité.
Dans les sols grenus, le coefficient de perméabilité a une valeur élevée, si bien qu’ils se drainent presque
instantanément lorsqu’ils sont soumis à des charges extérieures; Le comportement du sol ainsi que sa
résistance au cisaillement ne sont régis que par le comportement du squelette solide.
Dans les sols fins, le coefficient de perméabilité est faible et sous l’effet des charges extérieures, l’eau met
un temps très long à s’écouler. On distingue ainsi deux comportements extrêmes de ces sols :
un comportement à court terme, lorsque l’eau n’a pas encore eu le temps de s’évacuer. Le sol
se déforme à volume constant et l’eau joue un rôle important dans le comportement
mécanique.
un comportement à long terme, où au bout d’un temps assez long, l’eau s’est évacuée et les
surpressions interstitielles provoquées par l’application des charges se sont dissipées. Le
comportement du sol est alors celui du squelette solide. L’eau libre ne joue plus aucun rôle.
Supposons un sol soumis à des systèmes de charges différentes. Pour chaque système, on peut tracer à la
rupture un cercle de Morh lui correspondant. L’enveloppe des cercles de Morh à la rupture est appelée
courbe intrinsèque.
Coulomb a montré que la courbe intrinsèque des sols était une droite d’équation :
τ =σ' tgυ'+c'
c': a les dimensions d’une contrainte et caractérise la cohésion.
φ': est un angle appelé angle de frottement interne
H= c/tgφ: est la résistance du sol à la traction
Plusieurs types d’essais sont utilisés pour déterminer les caractéristiques de plasticité ; on distingue :
les essais de mesure in situ (scissomètre, rhéotest, pénétromètre...)
L’échantillon est placé entre deux demi-boîtes, une supérieure C1 qui peut coulisser horizontalement sur
une inférieure C2 (fig.2).
Le sol est placé entre deux pierres poreuses qui permettent le drainage de celui-ci. On peut remplacer les
pierres poreuses par des plaques pleines et le sol ne peut plus se drainer, du moins théoriquement.
L’appareil comporte un dispositif de chargement qui permet d’appliquer une charge verticale N par
l’intermédiaire d’un piston.
L’essai consiste à tirer horizontalement sur la demi-boîte supérieure de façon à cisailler le sol selon le plan
p. On mesure l’effort horizontal T en fonction de D_ (fig.2 et 3)
L’essai se fait à vitesse contrôlée V :
Soit :
N
σ= la contrainte normale appliquée à l’échantillon,
S
T
τ= la résistance au cisaillement mesurée à la rupture.
S
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
Si cet essai est réalisé sur plusieurs éprouvettes d’un même sol avec des contraintes normales différentes,
par exemple σi (i=1, 2, 3,4…), la courbe intrinsèque du sol peut être déterminée en portant sur le
diagramme de Coulomb (τ, σ) les points correspondants aux contraintes τi (i=1, 2, 3,4…) mesurées (fig.4).
Figure 4- Détermination de c et φ
La valeur de c et φ dépend des conditions de l’essai (vitesse de déplacement, drainage assuré ou non, etc.).
L’éprouvette de sol a la forme d’un cylindre droit. Elle est placée dans une cellule appelée cellule triaxiale.
L’éprouvette est contenue dans une gaine élastique étanche et parfaitement déformable. Son extrémité
inférieure ou ses deux extrémités, selon le montage, son au contact d’une pierre poreuse.
La cellule est remplie d’eau. Le dispositif d’essai permet de mettre cette eau en pression, ce qui conduit à
appliquer une contrainte isotrope σ3 s à l’éprouvette (on a ici σ2 = σ3).
D’autre part l’éprouvette peut être comprimée verticalement à l’aide d’un piston. Soit P la charge ainsi
appliquée.
La déformation verticale Δl de l’éprouvette est mesurée à l’aide d’un comparateur.
Un robinet R permet, s’il est ouvert, le drainage de l’éprouvette par l’intermédiaire des pierres poreuses,
l’essai est alors dit drainé. S’il est fermé, le sol ne peut pas se drainer, l’essai est dit non drainé.
Si R est fermé et le sol saturé, on peut mesurer la pression interstitielle de l’eau du sol à l’aide d’un
capteur de pression.
Si R est ouvert, une burette permet de mesurer la quantité d’eau expulsée ou absorbée par l’échantillon.
Pour les essais avec mesure de la pression interstitielle, il faut que le dispositif soit saturé.
L’essai proprement dit consiste, pour une pression σ3 constante, à faire croître P Par raison de symétrie,
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
Au moment de la rupture, on connaît donc le déviateur maximal des contraintes σ1-σ3 correspondant au
cercle de Mohr tangent à la courbe intrinsèque (fig. 6).
Si l’essai est répété pour différentes valeurs de σ3 on a plusieurs cercles de Mohr et il est alors possible de
tracer la courbe intrinsèque (fig.7).
NB. Comme pour le cisaillement rectiligne, les valeurs de c et φ dépendent des conditions d’essais.
Les sols grenus sans cohésion sont aussi appelés sols pulvérulents. (Sable propre, graviers...).
La théorie de coulomb montre et les essais effectués sur un sol pulvérulent à la boîte de Casagrande ou à
l’appareil triaxial le confirment, que la courbe intrinsèque d’un tel type de sol est une droite passant à
l’origine.
τ=σ tgφ
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
Par ailleurs, quel que soit l’état hydrique du sable, l’angle de frottement interne φ a la même valeur.
La résistance au cisaillement d’un sol pulvérulent est déterminée par la valeur de son angle de frottement
interne φ, qui dépend principalement de deux paramètres : Le coefficient de frottement entre les graines et
de la compacité.
L’angle de frottement interne φ dépend beaucoup du coefficient de frottement entre les grains tgΨ
cependant φ est toujours plus grand que Ψ (angle de frottement grain par grain). Φ = 30° à 45°, Ψ=23 o;
Ceci est du à la compacité.
La remise sous contrainte consiste à remettre l’échantillon de sol taillé dans une carotte et à l’étudier lors
d’un essai dans le même état de contrainte que celui régnant in situ
Cette remise sous contrainte se fait généralement avant tout essai de résistance au cisaillement et
particulièrement dans le cas des essais lents ; c’est à dire drainés.
Dans le cas de la figure ci-dessus, les contraintes effectives verticales et horizontales sur les grains solides,
sont :
On applique à l’échantillon de sol une contrainte normale totale σ1= γ’h et on attend jusqu'à ce qu’il y ait
eu consolidation complète sous cette contrainte (u=0, σ1=σ’1= γ’h)
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
On applique à l’échantillon une contrainte isotrope σ1= σ2= σ3= γ’h en laissant l’orifice de drainage
ouvert. Lorsque l’échantillon est reconsolidé, la pression interstitielle est nulle (u =0) et l’on a : σ’1= σ’2=
σ’3= γ’h.
On commence par consolider l’échantillon de sol sous une contrainte isotrope σ0; c’est à dire qu’ayant
appliqué cet état de contrainte, on le maintient, orifice de drainage ouvert, jusqu'à ce que la pression
interstitielle se soit annulée (u= 0).
Puis laissant la contrainte latérale σ3 constante à l’appareil triaxial (Contrainte normale constante dans la
boîte de Casagrande), on augmente très lentement la contrainte axiale σ1 (Contrainte tangentielle à la boîte
de Casagrande), en laissant les orifices de drainage ouvert. De façon qu’à tout instant, la pression
interstitielle soit nulle (u= 0). On poursuit l’essai jusqu'à rupture complète de l’échantillon.
La courbe intrinsèque obtenue (Fig.13) à partir des résultats de plusieurs essais est toujours
approximativement une droite dont les caractéristiques sont les suivantes,
Φ ‘ : appelé angle de frottement effectif est l’angle que fait la droite intrinsèque avec l’axe des
contraintes normales.
c’: appelée cohésion drainée est la valeur de l’ordonnée à l’origine de la droite intrinsèque.
L’équation de la droite intrinsèque d’un sol fin saturé dite équation de Morh Coulomb est:
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
τ =σ' tgφ'+c'
5.3 Essai non consolidé non drainé, et concept de cohésion non drainée :
L’essai non consolidé non drainé (UU) correspond au comportement à court terme du sol en place.
Il s’effectue à l’appareil triaxial ou à la boîte de cisaillement si le sol est très imperméable. Dans ce cours,
il sera décrit à l’appareil triaxial.
L’échantillon de sol « intact » c’est-à-dire non remanié, est soumis, orifice de drainage fermé, à l’état de
contrainte isotrope. σ0.
Puis, toujours avec les orifices de drainage fermés, on augmente jusqu' à la rupture la contrainte σ1 tout en
laissant la contrainte latérale σ3 constante.
La résistance au cisaillement du sol ainsi déterminée est indépendante de la valeur de la contrainte isotrope
initiale.
En effet après extraction, l’échantillon de sol n’étant soumis à aucune surcharge (σ3= σ1=0 ), il se
décomprime et une surpression interstitielle négative s’y développe. L’état de contraintes initial est donc le
suivant:
Lors de la mise en compression isotrope de l’échantillon, on augmente les contraintes σ1 et σ3 d’une même
valeur σ0 Les orifices de drainage étant fermés, cet accroissement de contrainte isotrope σ0 provoque une
augmentation de la pression interstitielle. Par suite, les contraintes effectives restent inchangées et les
déformations demeurent les mêmes puisque celles-ci ne dépendent que du squelette solide. L’état des
contraintes est alors :
Le cisaillement se réalise sans drainage et donc à volume constant et à contrainte latérale constante (σ3 =
σ0). Par conséquent, la surpression interstitielle Δu qui en résulte ne dépend que du déviateur de
contraintes appliqué (σ1 - σ3 =σ1 - σ0):
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
L’état de contraintes effectives à la rupture (σ’1, σ’3) est donc indépendantes de la valeur de la contrainte
isotrope initiale σ0.
Les différents cercles de Morh à la rupture, en contraintes totales, sont simplement translatés parallèlement
à l’axe des contraintes normales. Ils ne correspondent qu’à un seul cercle de Morh en contraintes
effectives. (Fig.16).
L’enveloppe de ces cercles est une droite parallèle à l’axe des σ dont l’ordonnée à l’origine est appelée
cohésion non drainée et notée cu
Ce résultat, uniquement démontré en sollicitation triaxiale, est en fait supposé valable pour toutes les
sollicitations : on considère ainsi qu’un sol fin saturé en condition non drainée a comme critère de rupture :
τ = cu
Cette hypothèse est à peu près vérifié en pratique, mais il n’en reste pas moins que cu n’est pas une
caractéristique intrinsèque du sol et varie le type de sollicitation. Cela tient du fait que les surpressions
interstitielles à la rupture sont fonction du chemin de contrainte suivi et la résistance au cisaillement ou
contraintes totales s’écrit d’après le critère de Mohr Coulomb :
La cohésion non drainée d’un sol fin dépend, comme la résistance au cisaillement d’un sol grenu, de l’état
de compacité du sol. Or cet état est lui-même fonction de la contrainte effective maximum subie par le sol,
c’est à dire de la pression de pré consolidation. La cohésion non drainée d’un sol fin est donc une fonction
de cette pression σc.
IL a été vu au paragraphe précédent que la cohésion non drainée d’un sol était une fonction de la pression
de pré consolidation σc
L’essai consolidé non drainé a deux buts :
1. déterminer la variation de la cohésion non drainée cu en fonction de la contrainte de pré consolidation,
2. déterminer les caractéristiques de la résistance au cisaillement à long terme (c' et υ') en mesurant la
pression interstitielle au moment de la rupture.
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols
Dans le premier cas, l’essai peut être réalisé à l’appareil triaxial ou à la boîte de cisaillement. Dans le
deuxième cas, l’essai est obligatoirement réalisé à l’appareil triaxial.
On commence par consolider l’échantillon de sol sous une contrainte isotrope σ0 qui peut être différente de
la contrainte effective verticale qui s’exerçait in situ.
Puis les orifices de drainage étant fermés, on augmente jusqu' à la rupture, la contrainte axiale σ1 tout en
laissant la contrainte latérale σ3 constante.
Les rayons des cercles de Morh à la rupture en contraintes totales donnent la cohésion drainée
correspondant à chaque valeur de σ0. Les points (σ0, cu) sont alignés sur une droite de pente λ et
d’ordonnée à l’origine cu0 (fig. 18 b). Il faut remarquer que cette droite n’est pas du tout une droite
intrinsèque car elle traduit le comportement d’un mélange liquide solide. Elle traduit le fait que la variation
de cu en fonction de σc.
En mesurant la pression interstitielle u au moment de la rupture, on peut tracer les cercles de Mohr en
contraintes effectives à la rupture et déterminer ainsi la courbe intrinsèque du squelette solide et les
caractéristiques à long terme de la résistance au cisaillement du sol, c' et υ' (fig.18 a)
On écrit les variations de cu en fonction de σc sous la forme :
Le paramètre λ permet ainsi de calculer l’accroissement Δcu de la cohésion non drainée correspondant à
une augmentation de la pression de consolidation.
L’essai (CU) est beaucoup utilisé pour déterminer les caractéristiques à long terme d’un sol, de préférence
à l’essai C.D, qui est toujours un essai très long. A titre d’exemple, un essai CD dure quelques semaines
alors qu’un essai CU dure quelques jours.
L’essai de compression simple consiste à écraser un échantillon cylindrique de sol intact entre les deux
plateaux d’une presse. La compression axiale à la rupture Rc est appelée la résistance à la compression
simple.
Comme le montre le cercle de Mohr,
Chapitre VI : Résistance au cisaillement des sols