2005 Oudjene M

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Institut National Equipe de Recherche en

Polytechnique de Lorraine Mécanique et Plasturgie

École doctorale EMMA Lorraine


Département de Formation Doctorale en Mécanique

Modélisation et optimisation du
comportement mécanique des outils
d’emboutissage stratifiés précontraints
par vissage

THÈSE
présentée et soutenue publiquement le 09 Décembre 2005

pour l’obtention du grade de

Docteur de l’Institut National Polytechnique de Lorraine


(spécialité mécanique)

par

Mourad OUDJENE

Composition du jury
Président : D.Coutellier Professeur, ENSIMEV Valenciennes

Rapporteurs : J-M. Roelandt Professeur, UTC Compiègne


M. Sartor Professeur, INSA de Toulouse

Examinateurs : J-L. Batoz Professeur, INPL Nancy/GIP-InSIC (Saint-Dié)


L. Penazzi Maı̂tre-Assistant, ENSTIMAC d’Albi
F. Mercier Maı̂tre-Assistant, GIP-InSIC de Saint-Dié

Invités : C. Barlier Professeur, Directeur CIRTES/GIP-InSIC


A. Col Consultant, Consultac - ARCELOR Research

Institut National Polytechnique de Lorraine – INPL Nancy


2, Avenue de la Forêt de Haye 54516 Vandœuvre-Lès-Nancy
Tél.+33 (0)3 83 59 59 59 Fax +33 (0)3 83 59 56 44
Mis en page avec la classe thloria.
Avant-Propos
Le travail présenté dans cette thèse a été effectué au sein de l’Equipe de Recherche en
Mécanique et Plasturgie (ERMeP) de l’Institut Supérieur d’Ingénierie de la Conception
de Saint-Dié-des-Vosges (InSIC), sous la direction du Professeur Jean-Louis Batoz.

Je tiens à lui témoigner ma profonde gratitude de m’avoir accueilli dans son équipe
de recherche et suivi régulièrement en me faisant bénéficier de sa compétence. Par ces
connaissances hautement reconnues dans le domaine, il a su m’éclairer sur les orientations
scientifiques de la thèse tout au long de ces trois années. Il a également veillé au bon
déroulement de la thèse en assurant son financement grâce aux soutiens de l’ENSTIMAC
et du projet RNTL OPTIMAT.

Je remercie vivement Messieurs Luc Penazzi, Maître-Assistant au Centre de Recherche


Outillages, Matériaux et Procédés (CROMeP) de l’École des Mines d’Albi-Carmaux (ENS-
TIMAC) et Frédéric Mercier, Maître-Assistant au GIP-InSIC de Saint-Dié- des-Vosges
d’avoir contribué à ce travail en tant que tuteurs de thèse. Luc Penazzi m’a régulièrement
suivi, je lui suis très reconnaissant pour la confiance qu’il m’a témoigné et le temps qu’il
m’a consacré, en particulier dans la phase de rédaction de ce mémoire.

J’exprime ma gratitude à Messieurs les Professeurs Jean-Marc Roelandt et Marc Sar-


tor d’avoir accepté de rapporter sur cette thèse et pour l’intérêt qu’ils ont voulu porter
à ce travail. Leur lecture approfondie de la thèse, leurs remarques et interrogations judi-
cieuses m’ont été très précieuses.

Je tiens également à remercier vivement Monsieur le Professeur Daniel Coutellier


d’avoir accepté d’examiner ce travail et d’assurer la présidence du jury. Mes remercie-
ments vont aussi à Messieurs Claude Barlier et Alain Col pour leur participation au jury.
Mes remerciements vont aussi à la société QUANTECH ATZ (Espagne), en particu-
lier au Docteur Laurentiu Neamtu, pour les nombreuses et fructueuses discussions sur
l’utilisation du logiciel STAMPACK. Laurentiu a accepté d’effectuer des développements
internes au logiciel STAMPACK pour le calcul les forces de contact tôle/outils. Je lui en
suis très reconnaissant.

Je remercie vivement les ingénieurs du CIRTES, en particulier Christophe Abel et


Cyril Pelaingre pour leur coopération et les discussions précieuses, en particulier sur les
outils stratifiés issus du projet européen Craft-Fastool.

i
Je voudrais également adresser ma profonde reconnaissance au Docteur François Bil-
teryst pour la préparation des modèles CAO avec CATIA V5, au Docteur Arnaud Dela-
mézière pour le rôle qu’il a joué dans la partie optimisation des outils stratifiés.

Je tiens à remercier tous les thèsards de l’InSIC, en particulier Lanouar Ben Ayed
pour son aide et pour les travaux effectués ensemble dans le domaine de la simulation
numérique de l’emboutissage.

J’exprime ma sympathie la plus vive à tout le personnel de l’InSIC. Que tous ceux qui
m’ont soutenu ou qui, d’une manière ou d’une autre ont contribué à l’élaboration de ce
travail trouvent ici l’expression de ma profonde reconnaissance.

ii
Résumé

Dans le contexte de l’emboutissage des tôles minces, les outils jouent un rôle crucial
et le coût global d’une pièce emboutie est fortement influencé par le coût des outils, dé-
pendant du volume de production. Pour la petite et moyenne série ou pour le prototypage
rapide, les outils d’emboutissage peuvent être fabriqués par un empilement de strates
métalliques, assemblés par diverses techniques (collage, vissage, boulonnage...). Chaque
strate est obtenue par découpe laser et micro-fraisage (comme dans la Stratoconception ).
Ce travail, original en ce qui concerne les outils d’emboutissage, consiste à proposer
une méthodologie numérique permettant l’analyse tridimensionnelle des outils d’embou-
tissage, en particulier les outils prototypes fabriqués par empilement successif de couches
métalliques (strates) et assemblés par vissage, l’objectif final étant de pouvoir dimension-
ner, voire optimiser les outils stratifiés, notamment le système d’assemblages des strates
par des vis précontraintes.
Afin de surmonter les difficultés qu’implique la simulation de l’emboutissage en consi-
dérant les outils déformables (maillages, temps CPU...) ainsi que celles liées à l’aspect
stratifié des outils, nous proposons et nous développons une approche simplifiée en deux
étapes qui a l’avantage de découpler les non-linéarités de l’emboutissage et le comporte-
ment élastique des outils déformables :
– Une première simulation classique de l’emboutissage réalisée avec le code STAM-
PACK et en considérant les outils rigides, nous permet d’accéder à la répartition
des forces de contact tôle/outils ;
– Dans une deuxième étape, l’outil déformable (stratifié ou non) est analysé à l’aide
de CATIA V5, en utilisant la répartition des forces de contact statiques issues de la
simulation de l’emboutissage.
L’approche proposée est simple d’utilisation et conduit à des temps de calculs accep-
tables, puisque l’emboutissage est simulé classiquement en considérant les outils rigides.
Elle peut mener à l’analyse tridimensionnelle des outils prototypes stratifiés ou non.
La démarche a été appliquée avec succès dans le cadre des outils stratifiés assemblés
par vissage (obtenus par Stratoconception ). Dans ce contexte, nous avons également
proposé une procédure d’optimisation des positions des vis précontraintes afin d’amélio-
rer la conception et la tenue mécanique des outils stratifiés, notamment en augmentant
la durée de vie des liaisons vissées. La fonction objectif étant une fonction écart des va-
riations (en valeur absolue) de précontraintes occasionnées dans les vis, sous l’effet des
charges d’emboutissage, les limitations étant de type faisabilité. Pour la résolution du
problème d’optimisation, nous avons utilisé la technique des plans d’expériences couplée
à un algorithme de minimisation sous Matlab.

iii
Mots-Clés

Procédé d’emboutissage - éléments finis - modélisation numérique - simulation numé-


rique - forces de contact - outillage rapide - assemblages vissés - optimisation.

iv
Abstract

In sheet metal stamping, the forming tools play a crucial role and the global cost of
stamped parts is highly influenced by the cost of the tools, depending on the production
volume. For low volume or for rapid prototyping, stamping tools can be made by an as-
semblage of steel sheets or layers, assembled by different techniques (glue, screws, bolts...).
Each layer is obtained by laser cutting and micro-milling (as in the Stratoconception
approach).
The present work deals with the design of stamping tools obtained by the assemblage
of plates in layers and fixed by screws. We propose and validate a numerical approach for
the 3D stress analysis of the multilayered tools.
The final original objective is to optimize the layered stamping tools assembled by
screws.
In order to avoid the great difficulties involved for the numerical simulation of the
stamping process taking into account deformable and layered tools assembled by screws,
we develop a simplified approach based on two steps, based on the decoupling of the
non-linearities of the stamping process and the linear elastic behaviour of deformable
tools :
– First, the stamping simulation is conducted classically by considering rigid tools in
order to obtain an estimation of the contact force distribution acting on the rigid
tools using the STAMPACK software ;
– Secondly, the considered deformable tool is analyzed separately in CATIA V5, by
considering static external loads obtained as the result of the contact force distri-
bution, obtained from the stamping simulation with rigid tools.
The present approach leads to acceptable (realistic) computational times. It can be
applied to the 3D analysis of stamping tools, layered or not.
Several examples are considered with multilayered steel tools assembled by screws and
produced by the Stratoconception approach. We finally proposed an optimization pro-
cedure of the screw positions as an attempt to improve the design of the layered tools
assembled by screws, by increasing the strength and the life duration of the screwed
connections. The objective function is defined as a function of the increments occurring in
axial screw forces, due to the stamping forces. Constraint functions related to the maxi-
mum von Mises stress and to the feasibility of joining by screws are considered. To solve
the optimization problem, computations based on the Design of Experiments technique
were conducted and coupled to an optimization algorithm in Matlab.

v
Key-Words

Sheet metal stamping process - finite elements - numerical modelling - numerical si-
mulation - contact forces - rapid tooling - screwed joints - optimization.

vi
Table des matières

Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v

Chapitre 1
Introduction générale 1

1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Le projet Craft-Fastool . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Les partenaires industriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Les produits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.3 Réalisation du poinçon d’emboutissage . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.3.1 Le procédé de Stratoconception . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.3.2 Réalisation des strates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.3.3 Technique d’assemblage des strates . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.4 Délais et coûts de fabrication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3 Motivations et objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.1 Description de la problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.2 Plan de travail et organisation de la thèse . . . . . . . . . . . . . . 12

Chapitre 2
État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.1 Le prototypage rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.2 L’outillage rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.3 La fabrication rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Les procédés de fabrication par couches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.1 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.1.1 La topographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

vii
Table des matières

2.2.1.2 La photosculpture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.2 Classification des procédés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.2.1 Famille Liquide/Solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.2.2 Famille Solide/Solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2.2.3 Famille Poudre/Solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.3 État de l’art sur les outils stratifiés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.1 Études antérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.2 Choix de la direction de stratification . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3.3 Choix de l’épaisseur des strates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3.4 Modes d’assemblages des strates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.3.5 Travaux de finition des empreintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.6 Modes de déformation des outils stratifiés . . . . . . . . . . . . . . 38
2.4 Généralités sur les outils conventionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.4.1 Description générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.4.2 Conception des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.3 Fabrication des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.4 Coûts des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.4.5 Résistance mécanique des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Chapitre 3
Analyse mécanique des outils déformables homogènes

3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2 Mise en forme de tôles par emboutissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.2.1 Modes de déformation d’une pièce emboutie . . . . . . . . . . . . . 51
3.2.2 Défauts dans les pièces embouties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.3 Méthodes de simulation de l’emboutissage . . . . . . . . . . . . . . 54
3.2.3.1 Les méthodes incrémentales . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.2.3.2 Les méthodes simplifiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3 Stratégie et choix des modèles éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.3.1 Approche numérique par éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.3.2 Résolution statique implicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.3.3 Résolution dynamique explicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4 Exemples bi-dimensionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4.1 Godet cylindrique (Numisheet’02) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

viii
3.4.1.1 Description du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4.1.2 Modèle E.F 3D avec outils rigides . . . . . . . . . . . . . . 58
3.4.1.3 Modèles E.F avec poinçon déformable . . . . . . . . . . . 63
3.4.2 Godet cylindrique avec contre-embouti . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.4.2.1 Description géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.4.2.2 Modèle E.F avec poinçon déformable . . . . . . . . . . . . 73
3.5 Exemples tridimensionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.5.1 Boite carrée (Numisheet’93) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.5.2 Cas industriel (pièce Craft-Fastool) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
3.6 Description de l’approche proposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.6.1 Objectifs de l’approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.6.2 Principe et hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.6.3 Estimation des forces de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.6.4 Charges statiques équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.7 Validation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

Chapitre 4
Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.2 Aspects bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.3 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.4 Assemblage : théorie et aspects mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.4.1 Comportement d’un joint boulonné . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.4.2 Précontrainte de serrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.4.2.1 Cas des charges faiblement excentrées . . . . . . . . . . . 99
4.4.2.2 Cas des charges fortement excentrées . . . . . . . . . . . . 100
4.4.3 Pression à l’interface des pièces assemblées . . . . . . . . . . . . . . 101
4.5 Modélisation des assemblages par éléments finis : modèle adopté . . . . . . 103
4.6 Validation sur un cas d’assemblage cylindrique . . . . . . . . . . . . . . . . 104
4.6.1 Modélisation analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.6.2 Modélisation par éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.6.3 Comparaison des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.7 Applications aux outils d’emboutissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.7.1 Poinçon cylindrique (Numisheet’02) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

ix
Table des matières

4.7.1.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109


4.7.1.2 Analyse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
4.7.2 Poinçon carré (Numisheet’93) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
4.7.2.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
4.7.2.2 Analyse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
4.7.3 Poinçon industriel (Craft-Fastool) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.7.3.1 Description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.7.3.2 Analyse des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

Chapitre 5
Optimisation du vissage des outils stratifiés

5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130


5.2 Les différentes classes d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.3 Problème général d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.4 Formulation du problème d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.4.1 Variables d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.4.2 Choix de la fonction objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
5.4.3 Limitations d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.4.4 Organigramme du processus d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . 134
5.5 Applications numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.5.1 Poinçon carré (Numisheet’93) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.5.2 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
5.5.3 Poinçon industriel (Craft-Fastool) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.5.4 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

Chapitre 6
Conclusions et perspectives

6.1 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143


6.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

Bibliographie 149

Annexe

x
Annexe
Annexe A : Aspects numériques

.1 Principe des Travaux Virtuels (P.T.V) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157


.1.1 Description du problème mécanique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
.1.2 Discrétisation spatiale du P.T.V . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
.1.3 Méthode statique implicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
.1.4 Méthode dynamique explicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

Annexe
Annexe B : Contact-Frottement

.1 Modélisation du contact-frottement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165


.1.1 Principaux modèles de frottement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
.1.1.1 Phénomènologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
.1.1.2 Modélisation du frottement . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
.1.1.3 Les modèles de frottement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
.2 Traitement du contact frottement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
.2.1 Régularité des modèles de frottement . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
.2.2 Gestion numérique du contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
.2.3 Gestion du contact entre deux surfaces déformables . . . . . . . . . 174
.2.4 Analyse statique du contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
.2.5 Analyse dynamique du contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

Annexe C : Quelques éléments théoriques en optimisation

1 Optimisation : éléments théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177


1.1 La méthode classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
1.2 La méthode des plans d’expérience . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
1.2.1 Équation du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
1.2.2 Matrice des effets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
1.2.3 Coordonnées centrées réduites . . . . . . . . . . . . . . . . 180
1.2.4 Méthode des moindres carrés . . . . . . . . . . . . . . . . 181
1.2.5 Plans composites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
1.3 Optimisation par surface de réponse . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

xi
Table des matières

xii
Introduction générale
1
1.1 Introduction
L’emboutissage est un procédé de formage par déformation plastique à chaud ou à
froid des métaux. Il est largement employé dans plusieurs domaines industriels : l’auto-
mobile, l’aéronautique, l’électromenager, ou les appareillages électriques...etc. Il permet
de fabriquer à partir d’une feuille de métal initialement plane, appelée "flan", des pièces
de forme complexe non développables [Col 96, Ronde-Ousteau 95].
L’obtention de la pièce emboutie se fait par l’entrainement de la tôle sous l’action
d’un poinçon qui forme celle-ci à son empreinte en fond de matrice [Martin 77]. La tôle
est initialement maintenue contre la matrice avec un serre-flan qui contrôle l’écoulement du
métal pour prévenir la formation de plis sur la pièce finie (figure 1.1). Ce type de procédé
permet d’atteindre des cadences de production élevées, jusqu’à 60 pièces/minute [Burlat
98]. L’opération d’emboutissage est effectuée sur une presse (figure 1.2), au moyen d’un
outillage dont la configuration la plus simple, appelée outil simple effet, comprend trois
pièces principales : la matrice, le poinçon et le serre-flan. L’une est bridée sur la table fixe,
l’autre sur le coulisseau animé d’un mouvement rectiligne alternatif. L’outillage double
effet comprend en plus un serre-flan.

1
Chapitre 1. Introduction générale

Fig. 1.1 – Schématisation de l’opération d’emboutissage [Gati 02]

Fig. 1.2 – Exemple de presse d’emboutissage [Colgan 03]

D’après une étude du Service des Etudes et des Statistiques Industrielles (SESSI) du
Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie [Sessi 04] (figure 1.3), parmi le
secteur d’activités industrielles de transformation des métaux sous forme solide, les entre-
prises de découpage-emboutissage sont les premiers fournisseurs de l’automobile (figure
1.4).

2
1.1. Introduction

Fig. 1.3 – Clientèles des entreprises de découpage-emboutissage [Sessi 04]

Fig. 1.4 – Exemples de pièces embouties tridimensionnelles

Les fabricants de matériel électroménager sont également des clients importants des
entreprises de découpage-emboutissage. Le reste des débouchés concerne des activités plus
réduites en terme de chiffres d’affaires. Ces activités sont liées aux industries du bâtiment

3
Chapitre 1. Introduction générale

et du génie civil, de la construction aéronautique, de l’industrie de l’armement et du


conditionnement de l’emballage.
Les changements de forme des produits sont de plus en plus fréquents, conséquence
de notre société de consommation. D’une part, dans le domaine de l’automobile, ces
changements concernent la forme des pièces de carrosserie qui s’intensifient encore par
le développement de marchés toujours différents car, dans le contexte actuel, l’industrie
automobile cherche à renouveler de manière plus fréquente ses modèles. D’autre part, plu-
sieurs études montrent que les coûts et les délais de fabrication des outils d’emboutissage
conventionnels ont une incidence directe sur le prix de la pièce emboutie et sur ses délais
de mise sur le marché [Burlat 98]. Ainsi, le coût des outils d’emboutissage, actuellement
fabriqués par usinage conventionnel de bloc d’acier ou de fonte est de plus en plus péna-
lisant pour les services études des entreprises créatrices et productives, qui cherchent à
réduire les coûts et les délais de développement de nouveaux produits.
Durant ces dix dernière années, les besoins grandissants en réduction de coûts de
fabrication des outils d’emboutisage, ont motivé un grand nombre de chercheurs.
En 1998 et 1999, Cartwright et al. [Cartwright 98-99] ont présenté une étude sur
l’influence du prix (et donc des caractéristiques) du matériau des outils (poinçons et
matrice) sur la formabilité des tôles embouties. L’objectif principal de cette étude était de
trouver un compromis entre le prix du matériau à utiliser pour la fabrication des outils et
la formabilité de la tôle à emboutir en fonction du critère de qualité recherché. Par ailleurs,
plusieurs types de matériaux ont fait l’objet d’une étude approfondie en vue de fabriquer
des outils d’emboutissage à moindre coût [George 97, Siegert 98]. Les nouvelles techniques
de fabrication, notamment les technique de prototypage rapide, qui impliquent l’utilisation
de matériaux différents, entraînent systématiquement des besoins en dimensionnement et
en modélisation numérique du comportement mécanique des outils, voire en conception
optimale de ces derniers.
L’apparition et l’évolution importante des techniques de prototypage rapide au cours
de ces dix dernières années constituent sans doute une solution altérnative aux techniques
conventionnelles pour la fabrication des outils d’emboutissage [Oudjene 05c]. Pour pro-
fiter des avantages de ces nouvelles techniques de prototypage rapide, une extension du
concept prototypage rapide a vu le jour. En écho au terme de "prototypage rapide", ce
nouveau concept est appelé "outillage rapide". L’outillage rapide est donc l’extension du
prototypage rapide, il désigne le processus ou le système susceptible de produire des ou-
tillages tels que les outils d’emboutissage de manière sensiblement plus rapide que par
l’usinage conventionnel.
Ainsi, les techniques de fabrication des outils d’emboutissage par empilement successif
de plaques métalliques, ont permis la réalisation et la validation expérimentale de plusieurs

4
1.1. Introduction

applications [Abel 03, Mueller 00, Müller 01, Nakagawa 00, King 03, Schneider 03, Oudjene
04-05b, Walczyk 97-98a-98b-99,...]. En effet, les outils stratifiés permettent non seulement
de réaliser rapidement, voire à moindre coût les poinçons et matrices d’emboutissage, mais
ils apportent aussi bien une possibilité fonctionnelle telle que celle de varier les matériaux
des plaques ainsi que leur épaisseur [Pepelnjak 98].
En ce qui concerne l’outillage stratifié, auquel nous nous intéressons dans ce travail,
il n’en est qu’à ses premiers pas industriels et on ne peut encore recenser que très peu
d’applications et/ou de travaux (voir chapitre 2). En effet, tout comme dans le cas des
outils standards (conventionnels), les outils prototypes ou rapides, en particulier les outils
stratifiés sont conçus et fabriqués sans calculs préalables sur leur comportement méca-
nique, bien que leur viabilité en dépend principalement. Cela constitue évidemment un
obstacle pour le développement de nouvelles techniques de fabrication des outils.
Récemment, dans le cadre du projet européen Craft-Fastool (voir §1.2), des outils
d’emboutissage (poinçon et matrice) basés sur le procédé de Stratoconception ont été
réalisés et testés avec succès pour produire quelques dizaines de pièces.
Quelles que soient les technologies et matériaux utilisés pour la fabrication des outils
de mise en forme par emboutissage, il est nécessaire de garantir une bonne résistance
mécanique et durée de vie, une bonne résistance à l’usure et des déformations avec une
tolérance maximum permettant de s’assurer de la conformité géométrique des pièces em-
bouties.
Il est donc nécessaire de réaliser une étude numérique du comportement tridimen-
sionnel des outils stratifiés assemblés par diverses techniques afin de prédire leur tenue
mécanique en service et d’optimiser leur conception, voire leur coûts de fabrication. Mais
aussi pour choisir parmi les différentes solutions envisageables et optimiser la conception
du système d’assemblage. C’est dans ce cadre que s’inscrivent les travaux de recherche
présentés dans cette thèse.
Ce travail original en ce qui concerne les outils d’emboutissage, porte sur le déve-
loppement d’une démarche numérique permettant l’analyse tridimensionnelle des outils
d’emboutissage, en particulier les outils stratifiés, dont le comportement est considéré li-
néaire élastique. Ce qui nous permettra dans le cadre des outils stratifiés assemblés par
vissage de réaliser une étude numérique et technologique en vue de leur dimensionnement,
voire leur conception optimale. Les paramètres de l’étude sont les principales sollicitations
mécaniques dues aux efforts d’emboutissage et à la précontrainte initiale de vissage. Les
effets thermiques dus au frottement, ainsi que les phénomènes limitant en général la durée
de vie des outils tels que la fatigue et l’usure ne seront pas traités.

5
Chapitre 1. Introduction générale

1.2 Le projet Craft-Fastool


Le projet européen Craft-Fastool est un projet de développement d’une technologie
stratifiée avancée pour l’outillage rapide basé sur le procédé de Stratoconception pour
l’emboutissage et l’injection plastique. La combinaison des technologies de découpe laser 5
axes et l’usinage rapide pour la fabrication des strates du modèle était le principal objectif
du projet. Par ailleurs, l’utilisation de la découpe laser en 5 axes autorise des gains de
temps relativement conséquents [Barlier 03].

1.2.1 Les partenaires industriels


Plusieurs centres de recherche technologique et entreprises (MPE-PMI) ont été impli-
qués dans le projet Craft-Fastool [Abel 03].
– CIRTES, Centre européen de prototypage et outillage rapide (France) ;
– IREPA Laser, Centre expert de la découpe laser (France) ;
– PROFACTOR, Centre expert des techniques d’usinage (Australie) ;
– Rp2i, Fabricant de machines de prototypage et outillage rapide (France) ;
– PRECICAL, Fabricant de moules pour l’injection plastique (Belgique) ;
– HEBNER, Société spécialisée dans l’injection plastique (Australie) ;
– FUSO, Entreprise spécialisée dans l’injection plastique (Australie) ;
– FORMATYPE, Société spécialisée dans l’emboutissage pour l’automobile (France) ;
– PIONNEER, Société spécialisée dans la fonderie et l’injection plastique (Estonie).

1.2.2 Les produits


En ce qui concerne l’emboutissage, les travaux ont porté sur la réalisation d’un poinçon
(figure 1.5a et b) et d’une matrice (figure 1.5c) destinés à l’emboutissage de tôles d’acier
DC04(XES) de dimensions : 550 mm x 350 mm x 1 mm. L’outil d’injection (figure 1.5d),
quant à lui, a été défini pour une pièce en polypropylène. Le matériau choisi pour les
outillages est un acier 2C45 (XC48), qui autorise une bonne découpe au laser ainsi qu’une
usinabilité très acceptable pour le micro-fraisage, malgré la trempe superficielle laissée par
la découpe laser. Dans ce travail, nous nous limiterons à l’étude mécanique du poinçon
d’emboutissage.

6
1.2. Le projet Craft-Fastool

Fig. 1.5 – Les outillages issus du projet Craft-Fastool (source : CIRTES)

1.2.3 Réalisation du poinçon d’emboutissage


1.2.3.1 Le procédé de Stratoconception

La Stratoconception est un procédé breveté et développé par le CIRTES (centre eu-


ropéen de prototypage et d’outillage rapide), à Saint-Dié-des-Vosges, depuis 1991 [Barlier
91]. Ce procédé consiste à trancher la pièce en couches élémentaires 2D ou 3D appelées
strates (figure 1.6), dans lesquelles sont prévus des inserts. Les couches élémentaires sont
ensuite découpées dans un matériau en plaque à partir des procédés d’usinage avancé
en 2,5 axes ou 5 axes : micro fraisage rapide, laser, jet d’eau. Les strates sont ensuite
positionnées les unes par rapport aux autres à l’aide d’inserts pour reconstituer le proto-
type final. L’assemblage est pris en compte dès la décomposition de l’objet. Afin d’assurer
une liaison appropriée des différentes strates, tous les types d’assemblage classique sont
envisageables : assemblage vissé, collé, brasé, soudé, etc. Le procédé est rapide, il est sans
limitation de forme, ni de matériaux : bois, plastiques, métaux. Il est applicable aussi bien
pour des maquettes, des prototypes technologiques, que pour des outillages.

7
Chapitre 1. Introduction générale

Fig. 1.6 – Principe du procédé de Stratoconception (source : CIRTES).

1.2.3.2 Réalisation des strates

A partir du fichier STL du modèle considéré, l’utilisateur choisit un axe ainsi qu’une
épaisseur de tranchage, correspondant à un matériau, puis impose des plans de tranchage
(plan de joint, etc.). En ce qui concerne les outils présentés en figure 1.5, les strates
sont réalisées par découpe laser (figure 1.7a) CO2 5 axes d’une puissance de 2 KW. Il a
été également prévu dans chaque strate des trous de positionnement pour la reprise sur
machine de micro-fraisage (figure 1.7b), les passages d’inserts et de vis ont été également
ébauchés au laser [Abel 03, Barlier 03]. Par ailleurs, entre chaque deux strates, il a été
prévu un logement d’une profondeur comprise entre 0.1 et 0.2 mm pour la couche de colle.

8
1.2. Le projet Craft-Fastool

a) Découpe laser b) Micro-fraisage


Fig. 1.7 – Découpe laser et micro-fraisage des strates (source : CIRTES).

1.2.3.3 Technique d’assemblage des strates

L’ensemble des strates obtenues est d’abortd centré (guidé), puis positionné à l’aide
de quatre inserts de 6 mm de diamètre (voir figure 1.8a). Dans ce type de procédés, plu-
sieurs techniques d’assemblage des strates sont envisagées : boulonnage, vissage, brasage,
soudage, collage...etc. Ici l’assemblage des différentes strates est assuré par la combinaison
d’une colle structurale et des vis de 6 mm de diamètre (voir figure 1.8b) [Abel 03]. Les
liaisons vissées présentent une haute résistance mécanique et sont utilisées dans les assem-
blages de joints structuraux ou de parties de structures dans plusieurs domaines. Notons
que la conception de ce système d’assemblage des strates n’a fait l’objet d’aucun calcul
préalable. Elle est basée sur de simples règles de conception ainsi que sur l’expérience des
outilleurs.

a) Inserts de positionnement des strates b) Assemblage des strates par vissage


Fig. 1.8 – Technique utilisée pour l’assemblage des strates (source : CIRTES).

Afin de valider de manière expérimentale la technique de Stratoconception pour


l’outillage rapide dédiés à l’emboutissage, un test de production a été effectué sur presse
d’emboutissage au sein de la société FORMATYPE. Le poinçon stratifié a permis d’em-
boutir quelques dizaines de pièces (figure 1.9) sans détérioration visible.

9
Chapitre 1. Introduction générale

Fig. 1.9 – Déroulement du test expérimental (source : CIRTES).

1.2.4 Délais et coûts de fabrication


L’objectif principal des techniques de prototypage rapide (P.R), en particulier la
Stratoconception , est de réduire les délais et les coûts de fabrication des outillages.
Il est donc important d’évaluer l’intérêt économique que peut réaliser cette technique par
rapport aux méthodes conventionnelles.
En ce qui concerne les outils d’emboutissage (poinçon et matrice) issus du projet Craft-
Fastool, la société FORMATYPE a établi un devis estimatif en terme de délais et de coût

10
1.2. Le projet Craft-Fastool

global de leur fabrication par la méthode conventionnelle. Les chiffres présentés dans le
tableau 1.1 ont été obtenus par l’exploitation des données qui nous ont été communiquées
par le CIRTES.

Délai de fabrication Coût global Nombre de pièces


Méthode conventionnelle 100 % 100 % > 10000
Stratoconception 70 % 104 % entre 1000 et 10000
Outils prototypes en résine 59 % 42 % <100

Tab. 1.1 – Comparatif des coûts et délais de fabrication des outillages

Nous remarquons que le coût global des outils réalisés par Stratoconception est légère-
ment supérieur (de 4% environ) à celui des outils conventionnels, bien que la Stratoconception
ait permis un gain d’environ 30 % en terme de délais de réalisation. En effet, le prix du
matériau XC 48 utilisé pour la semelle du poinçon stratifié (figure 1.5b) représente envi-
ron 32% du coût global. Selon le CIRTES, l’utilisation d’un matériau moins cher pour la
semelle réduirait considérablement le coût global de fabrication des outils. Par ailleurs,
les outils conventionnels fabriqués par usinage de blocs d’acier ou de fonte restent les plus
avantageux en terme de durée de vie vis à vis des outils prototypes fabriqués par toute
autre technique, bien qu’ils ne le soient pas en terme de délai de fabrication, voire de coût
(tableau 1.1).
Afin de comparer le pourcentage que représentent les opérations d’usinage et de tra-
vaux main dans le coût global des outils fabriqués par la méthode conventionnelle, nous
avons sollicité la société Chausson-Outillage afin d’avoir un devis estimatif concernant
l’usinage des outils. Le tableau 1.2 donne la répartition des coûts de fabrication des ou-
tils. Par ailleurs, les données fournies ont montré que le temps d’assemblage de la matrice
stratifiée (sans collage) était cinq fois moins important que celui du poinçon (environ
30mn pour la matrice contre 2h30mn pour le poinçon).

Stratoconception Méthode conventionnelle


Matière 68% 25.4%
Usinage 22% 50.4%
Assemblage 5%
Travaux main 5% 24.2%
Coût global 100% 100%

Tab. 1.2 – Comparaison de la répartition des coûts de fabrication des outils

11
Chapitre 1. Introduction générale

1.3 Motivations et objectifs de la thèse


1.3.1 Description de la problématique
Comme nous l’avons déjà mentionné, si les outils stratifiés pour l’emboutissage peuvent
être obtenus à moindre coût et dans un délai de fabrication nettement réduit en utilisant
les techniques de prototypage rapide, il n’en demeure pas moins q’un bon outil d’embou-
tissage doit répondre à certaines exigences, notamment à celles de résistance mécanique,
de rigidité, de comportement au frottement (état de surface)...etc. La problématique de
l’outillage rapide pour l’emboutissage, en particulier l’outillage stratifié ne se limite pas
uniquement au choix de la bonne matière et du bon procédé de fabrication.
Le but principal de cette étude est d’identifier les outils de simulation numérique néces-
saires pour mettre en place une méthode simplifiée permettant l’analyse tridimensionnelle
du comportement mécanique des outils d’emboutissage stratifiés, notamment les liaisons
vissées afin d’appréhender et de comprendre avec précision les modes de déformations
et de contraintes auxquels sont soumis les outils au cours du formage. Ce qui permettra
d’optimiser leur conception et d’augmenter leur résistance ainsi que leur durée de vie.
L’effet congruent est d’accroître les connaissances objectives et scientifiques sur l’ou-
tillage rapide ou prototype pour l’emboutissage en général et sur l’outillage stratifié en
particulier. Pour cela, ce travail ne se contente pas uniquement de simuler l’emboutissage
afin d’évaluer les contraintes auxquelles sont soumis les outils au cours de l’opération d’em-
boutissage mais, porte également sur les aspects méthodologiques pour l’aide à l’analyse,
voire à la conception optimale des outils d’emboutissage stratifiés, assemblés mécanique-
ment.
Ces aspects méthodologiques permettront de pré-concevoir des outils stratifiés, d’éla-
borer des règles générales de conception avant de passer à un prototype toujours coûteux.
Il est donc impératif de fournir des preuves objectives et rigoureuses d’une bonne concep-
tion. La définition d’un bon outil d’emboutissage stratifié repose sur deux niveaux de
connaissances, à savoir :
– Les connaissances objectives : résultats des théories, notamment mécaniques ;
– Les connaissances empiriques : résultats des tests, expériences et connaissances ac-
cumulées par les outilleurs.

1.3.2 Plan de travail et organisation de la thèse


Le présent mémoire de thèse, décomposé en six chapitres est organisé de la manière
suivante :

12
1.3. Motivations et objectifs de la thèse

Chapitre 2
Ce chapitre est consacré à l’état de l’art sur l’outillage stratifié, dédié à l’emboutissage.
Nous nous intéresserons dans ce chapitre aux procédés de fabrication qui procèdent par
empilement successif de couches découpées dans des matériaux métalliques. Tout d’abord,
nous définissons, de manière générale, les concepts du prototypage rapide, de l’outillage
rapide et de la fabrication rapide de produits. Ensuite, nous aborderons l’historique des
procédés de fabrication par couches ainsi que leur classification selon l’état initial du ma-
tériau utilisé. Nous rapporterons quelques applications et travaux antérieurs sur les outils
stratifiés, assemblés mécaniquement, dédiés aux procédés de mise en forme en général et à
l’emboutissage en particulier. Enfin, nous donnons quelques généralités sur la fabrication
et la conception des outils d’emboutissage conventionnels. A titre indicatif, nous rappor-
terons également quelques chiffres, issus de la littérature, en relation avec la répartition
des coûts et délais de fabrication dans le processus de conception des outils conventionnels.

Chapitre 3
Ce chapitre est consacré à l’analyse mécanique des outils d’emboutissage convention-
nels (déformables et homogènes). C’est un chapitre essentiel dans cette thèse qui présente
d’abord une simulation classique de l’emboutissage, en considérant les outils rigides, puis
étudie de façon détaillée le problème des simulations numériques de l’emboutissage cou-
plées avec la déformabilité des outils. On s’intéresse principalement à l’estimation des
efforts de formage imposés aux outils au cours de l’emboutissage ainsi qu’aux niveaux
de contraintes qui peuvent être atteints dans les outils supposés déformables homogènes.
Après plusieurs simulations de l’emboutissage en considérant les outils déformables, nous
avons été confrontés à de fortes difficultés, particulièrement dans le cas des modèles tri-
dimensionnels. Pour remédier à ces difficultés et permettre ainsi l’analyse mécanique du
comportement tridimensionnel des outils d’emboutissage, qui constitue notre premier ob-
jectif, nous proposerons une approche numérique simplifiée qui consiste à découpler la
simulation de l’emboutissage de l’analyse mécanique des outils considérés déformables.
L’approche est donc basée essentiellement sur deux analyses éléments finis. Pour se faire,
nous avons dans un premier temps évalué les capacités et les performances des logiciels
éléments finis ABAQUS et STAMPACK. Nous avons donc retenu ABAQUS pour traiter
les simulations de l’emboutissage couplées avec la déformabilité des outils dans les cas
2D, ce qui nous a permis de valider numériquement l’approche proposée. Quant au code
STAMPACK, il est utilisé pour estimer la répartition des forces de contact entre la tôle et
les outils rigides dans le cas des modèles 3D, puisque il a l’avantage de calculer les efforts
de contact directement en surface des outils rigides.

13
Chapitre 1. Introduction générale

Chapitre 4
Dans ce chapitre nous appliquerons l’approche développée dans le chapitre précédent
sur des cas d’outils d’emboutissage stratifiés, assemblés mécaniquement. L’objectif prin-
cipal est de confirmer la possibilité de fabriquer des outils d’emboutissage par assemblage
mécanique de plaques métalliques, en particulier par la Stratoconception .
Comme dans toute modélisation numérique de structures mécaniques, il est important
que les modèles développés décrivent le plus "finement" possible l’ensemble des phéno-
mènes physiques qui influencent la réponse de la structure, dans des conditions d’environ-
nement et de sollicitations données. Pour l’analyse numérique des outils stratifiés vissés,
on s’appuie sur les éléments théoriques développés dans le cadre de la mécanique des
assemblages par éléments filetés. Dans notre cas, nous avons choisi d’utiliser la modéli-
sation par éléments finis en utilisant le module de CATIA V5, qui a l’avantage de gérer
les connexions vissées avec une grande facilité. Afin d’évaluer les capacités du module de
CATIA V5 et de valider notre modélisation numérique, nous avons commencé par traiter
des exemples simples d’assemblages de plaques cylindriques permettant la confrontation
des résultats avec ceux de la littérature et de l’expérience. Après avoir validé notre modé-
lisation, nous avons examiné plusieurs types de liaisons des strates, notamment les strates
vissées et les strates vissées-collées dans le cadre des outils d’emboutissage stratifiés. Dans
un premier temps, nous avons considéré un exemple simple 2D, puis nous avons traité des
cas tridimensionnels à caractère académique et industriel.

Chapitre 5
Ce chapitre vise à améliorer la conception des outils stratifiés, notamment le sys-
tème d’assemblage des strates. En effet, tous les paramètres qui sont pris en compte
dans une simulation numérique peuvent faire l’objet d’une optimisation. Dans notre cas
nous avons retenu les positions des vis précontraintes comme paramètres d’optimisation.
Nous ne prétendons pas utiliser les méthodes mathématiques les plus robustes pour ré-
soudre le problème d’optimisation mais, nous concentrerons nos efforts sur l’identification
du problème d’optimisation ainsi que sur sa formulation (fonctions objectifs, fonctions
contraintes, limitations...). Nous validerons la procédure d’optimisation proposée sur un
cas très simple, puis nous présenterons une application numérique sur un cas à caractère
industriel, avec une géométrie relativement complexe.

Chapitre 6
Enfin, le chapitre 6 conclut le travail et donne quelques perspectives sur les plans
théorique, numérique et économique.

14
État de l’art sur l’outillage rapide pour
2
l’emboutissage

Sommaire
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.1 Le prototypage rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.2 L’outillage rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.3 La fabrication rapide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2 Les procédés de fabrication par couches . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.1 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.2 Classification des procédés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 État de l’art sur les outils stratifiés . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.1 Études antérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3.2 Choix de la direction de stratification . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3.3 Choix de l’épaisseur des strates . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.3.4 Modes d’assemblages des strates . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.3.5 Travaux de finition des empreintes . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.3.6 Modes de déformation des outils stratifiés . . . . . . . . . . . . 38
2.4 Généralités sur les outils conventionnels . . . . . . . . . . . . . 39

15
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

2.4.1 Description générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39


2.4.2 Conception des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.3 Fabrication des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.4.4 Coûts des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.4.5 Résistance mécanique des outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

2.1 Introduction
Lors de ces dernières années, l’industrie est confrontée à une concurrence de plus en
plus vive et une réactivité de plus en plus grande de la part des entreprises. Ainsi, les
entreprises qui souhaitent conserver et/ou acquérir de nouvelles parts de marché doivent :
– maîtriser les coûts ;
– améliorer la qualité des produits et des études ;
– réduire leur délais de développement.
Pour répondre à la complexité des besoins exprimés, elles doivent proposer des solu-
tions fiables dans des délais de plus en plus courts. C’est dans ce contexte, qu’après les
outils de CFAO, sont apparus au début des années 90 les outils de Prototypage Rapide
(P.R). D’abord perçus comme des moyens de reproduction d’objets en 3D, ils s’intègrent
aujourd’hui complètement dans le processus de création et de développement des produits
(figure 2.1).
Ce chapitre, vise à faire un état de l’art, de manière générale, sur l’outillage rapide
pour l’emboutissage et en particulier sur l’outillage stratifié obtenu par les techniques de
prototypage rapide qui procèdent par empilement successif de couches (strates) métal-
liques. Au préalable, définissons les notions de prototypage, d’outillage et de fabrication
rapide de produits.

2.1.1 Le prototypage rapide


Dans le contexte de compétitivité industrielle actuelle, le prototypage rapide représente
une famille de procédés permettant, à partir des techniques de fabrication par couche,
la réalisation rapide et systématique de modèles ou de prototypes tridimensionnels aux
formes intérieures et extérieures complexes. Le concept du prototypage rapide met en
oeuvre une chaîne numérique continue qui repose sur l’utilisation, dès le stade initial de
la conception, d’une modélisation CAO 3D volumique.
Les procédés de prototypage rapide sont basés sur les techniques utilisées par les
procédés de fabrication par couche. Ainsi, la fabrication ne se fait plus par enlèvement de

16
2.1. Introduction

Fig. 2.1 – Intégration du Prototypage Rapide dans la filière numérique (source : CIRTES)

matière comme dans les procédés traditionnels dits soustractifs, mais par apport itératif
de celle-ci. Les procédés de prototypage rapide sont des procédés additifs dont l’unité de
base n’est plus le volume de copeau mais la couche.
Il est possible de définir différents types de prototypes : les prototypes virtuels, esthé-
tiques, géométriques, fonctionnels, technologiques et les prototypes de pré-séries. Il existe
de nombreux procédés de prototypage rapide, mais ils ont tous en commun l’utilisation
des moyens informatiques pour décomposer les fichiers STL en couches. Les couches sont
ensuite réalisées les unes après les autres à partir de matériaux pouvant se présenter sous
formes de poudres, de liquides ou encore sous forme de solides. Suivant leur nature et
le procédé utilisé, le montage et l’assemblage des couches peuvent être réalisés avant,
pendant, ou après leur fabrication.

2.1.2 L’outillage rapide


Les prototypes fonctionnels et technologiques sont destinés à être soumis aux condi-
tions d’utilisation réelles des pièces qu’ils représentent. Ces sollicitations peuvent leur être
appliquées sous formes d’essais in situ ou bien encore sous forme de campagnes d’essais en
laboratoire visant à simuler ces sollicitations (essais mécaniques, thermiques, chimiques,
etc.). Ces prototypes sont donc souvent utilisés dans la phase de conception d’un nouveau
produit comme outils de vérification et de validation de celle-ci. Ainsi, pour des raisons
de représentativité, ils doivent être nécessairement réalisés à partir de la bonne matière
mais également suivant le bon procédé.

17
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

La plupart des procédés de prototypage rapide ne permettent pas d’obtenir une telle
qualité de pièces. Ceux qui s’approchent le plus de ces exigences ne procurent qu’un choix
limité de matériaux qui est rarement compatible avec la diversité des matériaux dispo-
nibles lors de la conception des pièces et qui dans tous les cas ne sont pas bon procédé. Pour
répondre à cette exigence et afin de profiter des avantages de ces nouvelles techniques,
une extension du concept de prototypage rapide a vu le jour. En écho au terme de " pro-
totypage rapide ", ce nouveau concept a été appelé " outillage rapide ". Dans ce concept,
ce ne sont plus les pièces qui sont réalisées grâce aux techniques de P.R. mais ce sont leur
outil de production. Ainsi, ce n’est plus une pièce qui est produite mais un lot pouvant
avoir la taille d’un lot de présérie. Cette extension du P.R. continue de révolutionner
l’organisation de la phase de conception de produit en améliorant le fonctionnement des
équipes de projet. Ces améliorations portent principalement sur une augmentation de leur
réactivité, de leur créativité et sur l’amélioration des échanges d’informations (ingénierie
concourante).
Deux familles d’outillage rapide peuvent être identifiées : l’outillage rapide direct et
l’outillage rapide indirect. Dans le cas d’outillage rapide indirect, c’est encore la pièce
qui est produite par une technique de prototypage rapide. La CAO de la pièce doit être
adaptée et préparée afin de permettre la réalisation des outillages comme par exemple
création des dépouilles, adjonction de formes supplémentaires (canaux d’alimentation,
seuil d’injection, etc.). Le modèle obtenu est ensuite utilisé pour réaliser l’outillage par
voie traditionnelle (contre moulage, fonderie sable, fonderie cire perdue, etc.). La chaîne
numérique est donc interrompue avant la réalisation finale de l’outil. Pour l’outillage ra-
pide direct, la conception CAO de la pièce est suivie d’une conception CAO de l’outillage.
C’est cette seconde conception qui est ensuite produite à l’aide de techniques de proto-
typage rapide après réalisation d’un maillage STL des différents éléments de l’outillage.
La réalisation d’outillage rapide par voie directe ne nécessite donc pas d’interrompre la
chaîne numérique.
Bien entendu un des objectifs majeurs de l’outillage rapide (O.R.) est de permettre la
validation complète de la relation " produits-procédé " afin de produire, dès les premiers
essais, la pièce de série en éliminant ainsi les risques liés à l’étude et à la réalisation des
outillages. Les pièces produites possèdent donc les bonnes caractéristiques mécaniques
et l’optimisation de leur conception se fait alors également en terme d’optimisation de
leurs conditions de production et de leur outil de production et ceci grâce à l’opportunité
offerte de prendre en compte le procédé de fabrication et ses contraintes dès le début
du projet afin de réaliser la validation globale de la conception d’un produit. Ainsi, les
outillages rapides directs doivent être encore divisés en deux groupes : celui qui concerne
les outillages dits " durs " c’est-à-dire l’outillage produit à partir de matériaux tels que

18
2.1. Introduction

l’acier ou l’aluminium, et celui concernant les outillages dits " tendres " c’est-à-dire ceux
étant produits à partir de matériaux tels que les résines polymères. Dans toute la suite,
c’est sur le groupe des outillages rapides directs " durs ", que portera notre attention. Ces
outils sont destinés à être utilisés dans les mêmes conditions de production que les outils
conventionnels. Ce sont ces outils qui permettront la validation globale de la conception
des pièces. De tels outils définissent un second niveau de performance de l’outillage rapide
auquel répond le procédé d’outillage rapide Stratoconception Métal. Les procédés de
prototypage rapide aptes à répondre à une demande d’outillage rapide " dur " direct sont
actuellement les procédés de frittage de poudre métallique (SLS, EOSINT, DMLS, EBM),
les procédés projection localisée de poudre métallique en fusion (LENS, LAM, DMD ) et
les procédés de découpe de plaque (Stratoconception Métal). Le développement de tels
outils intéresse donc particulièrement le secteur des moulistes mais également leurs clients
et ceci dans des domaines aussi variés que la plasturgie, la fonderie et l’emboutissage.
Parallèlement au développement de ces techniques, est apparu l’Usinage Rapide de
Forme (URF). Les nouvelles possibilités du fraisage à grandes vitesses (vitesse d’avance
et vitesse de coupe), celles du fraisage multi-axes et de la FAO ont permis de réaliser
des maquettes de grandes dimensions en matériaux tendres. Aujourd’hui, les progrès de
l’usinage grandes vitesses dans les aciers traités permettent d’envisager la réalisation de
prototypes technologiques, mais surtout d’outillages pour l’injection plastique, pour la
fonderie sous pression et la mise en forme. L’URF a l’avantage de permettre d’usiner des
matériaux durs avec la précision de l’usinage et donc d’être ainsi bien adapté à l’outillage
de série, mais également de permettre de réaliser des usinages à partir d’une définition
surfacique. Mais, cette technique a l’inconvénient de nécessiter des investissements lourds
et l’appui d’une équipe de professionnels en CFAO et usinage. Son utilisation requiert
également un travail préalable d’analyse de fabrication, ainsi que la définition et l’appro-
visionnement d’un brut " capable", mais également l’étude du posage et l’ablocage des
pièces avec reprises (étude et réalisation de montages d’usinage). Il possède également les
mêmes limitations de forme que l’usinage conventionnel et ne permet donc pas l’obtention
de toutes les formes complexes et notamment les cavités et les formes intérieures : l’URF
se limite, lui aussi, aux formes extérieures accessibles en dehors du posage. De plus, ces
opérations de posage et d’ablocage, nécessitent le plus souvent l’intervention humaine et
interrompent ainsi la chaîne numérique.
En conclusion, cette filière est très professionnelle. Elle apporte des solutions très tech-
niques et conventionnelles en particulier pour la réalisation d’outillage. Pour l’avenir, les
nouveaux procédés d’outillage rapide montrent une nouvelle voie (et même une rupture) :
apporter de la matière où elle est fonctionnellement utile plutôt que de procéder à son
enlèvement. L’usinage direct à partir de surfaces, sans définition volumique, apporte des

19
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

solutions rapides à court terme. La maîtrise de la chaîne numérique de développement de


produit impose en effet une définition CAO amont totale.

2.1.3 La fabrication rapide


Plusieurs interprétations peuvent être données au mot "fabrication rapide". Il peut
s’agir d’une approche de réalisation rapide (rapid manufacturing), en série, de pièces
par les procédés de Prototypage Rapide (PR), donc sans outillage. Il est alors possible
d’obtenir des formes difficiles voire impossible à réaliser par les procédés conventionnels.
Cette démarche permet ainsi d’augmenter le potentiel de conception-fabrication. Pour le
concepteur, la Fabrication Rapide est un compromis entre :
– caractéristiques mécaniques et thermiques liées à la matière et au procédé de PR ;
– précision et état de surface ;
– prix et délais de réalisation d’une petite série très intéressants par rapport à la filière
conventionnelle.
Une autre interprétation peut être admise ou donnée au concept de fabrication rapide,
à savoir, la production de produits, à l’unité (comme le ferai un artisan), donc personna-
lisés, mais en s’appuyant sur les démarches et les technologies actuelles de prototypage et
d’outillage rapides. La filière numérique joue alors, comme dans le cas précédent, un rôle
déterminant pour une productivité importante.

2.2 Les procédés de fabrication par couches


2.2.1 Historique
Différents brevets, dont les premiers datent du début du siècle, ont permis d’aboutir à
un ensemble de procédés. Principalement à la suite d’initiatives américaines ou japonaises
[Bernard 98]. Pionnière parmi ces procédés, la stéréolithographie est apparue industriel-
lement en 1986, avec une machine américaine mise au point et commercialisée par 3D
Systems [Joseph 97].
Depuis cette époque, de nombreux procédés sont apparus reposant tous sur un prin-
cipe de fabrication par couches, à partir de liquides, poudres, fils, granulés ou feuilles.
Dans ce qui suit, nous allons introduire ce qui est reconnu aujourd’hui comme la source
des technologies utilisées de nos jours, que sont la topographie et la photosculpture. Ces
deux domaines ont permis de marier le principe de reconstruction par couches planes,
découpées puis empilées et l’acquisition des formes couplées à l’action de la lumière sur
la matière.

20
2.2. Les procédés de fabrication par couches

2.2.1.1 La topographie

Dès 1890, Blanther [Joseph 97, Bernard 98] suggéra une méthode à base de couches
pour fabriquer un moule destiné aux cartes du relief topographique. La méthode consistait
à imprimer les lignes de contours topographiques (courbes de niveau) sur une série de
plaques en cire, à découper les plaques de cire le long des lignes précédemment tracées
et ensuite à lisser les sections de cire. Ceci permettait d’obtenir à la fois des formes
positives et négatives qui correspondaient au terrain défini à partir de ces courbes de
niveau. Ensuite, il suffisait de presser une feuille de papier spécial entre les deux partie
(positive et négative) pour créer une carte en relief, cela est illustré sur la figure 2.2.

Fig. 2.2 – Moule pour cartes de relief topographique (Blanther, 1892) [Joseph 97]

En 1940, Perera [Joseph 97] proposa une méthode similaire pour fabriquer les cartes en
relief, en utilisant une découpe de carton le long de courbes de niveau et en les assemblant
ensuite pour créer une carte en trois dimensions. Des raffinements de cette approche ont été
proposés par Zang [Bernard 98]. Ce dernier a suggéré d’utiliser des plaques transparentes
avec des détails topographiques inscrits sur chaque plaque.
En 1972, Matsubara de Mitsubishi Motors proposa un processus topographique qui
utilisait des matériaux photosensibles. Dans ce processus, une résine polymère était ré-
pandue sur des particules réfractaires (poudre de grafite ou sable, par exemple), qui était
étalées sur une couche plane, puis cuites afin de former une plaque cohérente. De la lu-
mière était projetée de manière sélective et scannée sur la plaque afin d’en solidifier une
portion préalablement définie. La partie non scannée, donc non solidifiée, était dissoute
avec un solvant. Les fines couches ainsi formées étaient ensuite assemblées pour former
un moule de fonderie.

21
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

2.2.1.2 La photosculpture

La photosculpture est apparue au 19ème siècle au travers d’essais de duplication exacte


d’objets tridimensionnels, intégrant les formes humaines [Joseph 97]. Une réalisation utili-
sant cette technologie a été créée par François Willème en 1860. Un objet ou une personne
a été placé dans une chambre circulaire et photographié simultanément par vingt quatre
appareils photo régulièrement répartis tout autour de la chambre. La silhouette de chaque
photographie était ensuite utilisée par un artisan dans le studio de François Willème pour
creuser le 1/24ème de la portion circulaire de la figure.
Afin d’améliorer l’étape un peu fastidieuse de façonnage manuel, Baese décrivit en
1904 une technique utilisant une lumière progressive dans le but d’exposer une gélatine
photosensible, qui se dilatait proportionnellement à l’exposition reçue, après un traitement
à l’eau. Des anneaux de gélatine ainsi traités étaient ensuite fixés sur un support afin de
fabriquer une réplique de l’objet. Des techniques similaires ainsi que des améliorations
furent développées par Monteah [Bernard 98].
On peut également souligner les travaux de Luzy et Dupuis qui déposèrent en 1912
un brevet sur l’utilisation de la lumière pour créer des objets.
Dans quelques travaux effectués au Japon, Morioka [Joseph 97, Bernard 98] a déve-
loppé un processus hybride combinant les aspects de la photosculpture et de la topo-
graphie. Cette méthode utilisait de la lumière structurée (bandes de lumière blanche et
noire) pour créer par la technique photographique les courbes de niveaux d’un objet. Les
courbes étaient ensuite développées sur les plaques, puis découpées et assemblées, ou pro-
jetées sur un bloc de matériau afin d’aider à la gravure. Le processus de fabrication des
reliefs proposé par Morioka est donné par la figure 2.3.

Fig. 2.3 – Processus de fabrication de relief, par Morioka (1935, 1944) [Joseph 97]

22
2.2. Les procédés de fabrication par couches

En 1951, Munz proposa un système qui a les caractéristiques des techniques actuelles
de stéréolithographie. Il révéla un système basé sur l’exposition sélective d’une émulsion
photographique transparente couche par couche, où chaque couche était définie à partir
d’une section particulière de l’objet scanné. Les couches étaient empilées en descendant
un piston dans un cylindre et en ajoutant suffisamment d’émulsion photographique et
d’argent fixant. Après exposition et solidification, le cylindre transparent résultant conte-
nait une image de l’objet. Par la suite, cet objet pouvait être manuellement découpé ou
gravé photochimiquement pour créer un objet tridimensionnel.
En 1968, Swainson [Joseph 97, Bernard 98] proposa un procédé pour fabriquer di-
rectement un modèle plastique par photopolymérisation sélective tridimensionnelle d’un
polymère photosensible à l’intersection de deux faisceaux lasers.
Des travaux parallèles furent conduits à Batelle Laboratories. Les caractéristiques
essentielles de ce procédé, appelé fabrication photochimique, sont les suivantes : l’objet
est mis en forme aussi bien par les croisements photochimiques que par la dégradation du
polymère par exposition simultanée à l’intersection des deux faisceaux lasers. Bien qu’un
laboratoire de fabrication ait été construit pour ce procédé, sa version commerciale n’a
jamais été achevée [Joseph 97, Bernard 98].
Un procédé qui s’apparente plus à du revêtement de surface par laser qu’à de la
photosculpture a été proposé et publié en 1971 par Ciraud. Cette publication décrit un
procédé pour la fabrication d’objets dans divers matériaux particulièrement fusibles. Afin
de fabriquer l’objet, des particules sont appliquées sur une matière par gravité, par effet
magnétostatique ou électrostatique, ou positionnées par une buse située près de la matrice.
Les particules étaient alors chauffées localement par un laser, un faisceau d’électrons, ou
un faisceau plasma. A la suite de cet échauffement, les particules adhéraient les une, aux
autres pour former une couche continue. Il faut souligner que l’on pouvait utiliser plusieurs
laser afin d’augmenter l’effort de cohésion entre les particules.
Hideo Kodama du "Nagoya Municipal Industrial Research Institute" a été le premier
à publier un livre sur un système fonctionnel de prototypage rapide à base de photopo-
lymères [Joseph 97, Bernard 98]. Dans cette méthode, un modèle solide était obtenu en
fabriquant successivement des couches les unes sur les autres, les zones exposées corres-
pondant aux sections planes du modèle.
Un autre effort, parallèle mais indépendant, fut conduit par Herbert chez 3M Corpo-
ration. Herbert décrit dans son travail un système qui dirige un laser UV sur une couche
photopolymère, grâce à un miroir monté sur une table x-y.
Dans la technique expérimentale d’Herbert, un ordinateur était utilisé pour la com-
mande du laser au travers de la couche à construire, le bac de photopolymère étant baissé
d’un millimètre et un complément de photopolymère étant ajouté en vue de la création

23
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

de la couche suivante.
Dans le cadre de la fabrication rapide, on distingue deux voies principales :
– les procédés basés sur l’ajout de matière ;
– et ceux basés sur l’enlèvement de matière.
Les procédés de fabrication par couche utilisent tous le même principe de fabrication.
L’objet à réaliser est conçu en utilisant la conception assistée par ordinateur ou les outils
de numérisation, puis il est facetté au format STL. Il existe de nombreux procédés de
prototypage rapide, mais ils ont tous en commun l’utilisation des moyens informatiques
pour décomposer les fichiers STL en couches. Les couches sont ensuite réalisés les unes
après les autres à partir de matériaux pouvant se présenter sous formes de poudres, de
liquides ou encore sous forme de solides. Suivant leur nature et le procédé utilisé, le
montage et l’assemblage des couches peuvent être réalisés avant, pendant, ou après leur
fabrication.

2.2.2 Classification des procédés


Si l’état initial du matériau est utilisé comme critère de classement, 4 grandes familles
de procédés peuvent être identifiées.

2.2.2.1 Famille Liquide/Solide

Il est possible de classer ces procédés en deux catégories selon le mode d’éclairage
[Dubois 00] :
– solidification par faisceau laser, dite stéréolithographie point par point (figure 2.4) ;
– solidification par flashage, c’est-à-dire par utilisation d’un masque et d’une lampe à
ultraviolet, dite stéréo lithographie par couches entières (figure 2.5).
Les procédés liquide/solide utilisent le principe de la stéréo lithographie. Ils se carac-
térisent par l’emploi d’une résine photosensible liquide qui se solidifie sous l’action d’une
source lumineuse [Barlier 99, Dubois 00]. On passe d’un monomère à un polymère solide
par l’apport d’énergie lumineuse. Guidé par un système dynamique de miroir, le laser
dessine les points de la couche en cours à la surface du bain de résine. Seule la section
exacte de l’objet est solidifiée.
Le choix de l’épaisseur de couche influence la précision, l’état de surface et en par-
ticulier le temps de fabrication. La plate forme qui porte l’objet descend après chaque
couche dans le bain. L’empilage des couches successives permet ainsi d’obtenir une pièce
3D. Pour éviter les répartitions irrégulières de résine, un système racleur passe au-dessus
de la surface. Les figures 2.4 et 2.5 montrent respectivement le schéma de principe de la
stéréo lithographie et du flashage par lampe ultraviolet.

24
2.2. Les procédés de fabrication par couches

Fig. 2.4 – Schéma de principe de la stéréolithographie (source : CIRTES)

Fig. 2.5 – Schéma de principe du procédé de flashage par lampe UV [Joseph 97]

Les principaux constructeurs de ce procédé sont : 3D Systems (USA), CMET / Mit-


subishi (Japon), EOS (Allemagne), jusqu’en 1997, D-MEC / Sony (Japon), Teijin Seiki /
DuPont (Japon), Aaroflex (USA). Quant aux matériaux utilisés, ce sont généralement :
les résines photo polymérisables acrylates et époxy, les résines exactomères, etc [Bernard
98].

25
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

2.2.2.2 Famille Solide/Solide

Les procédés solide/solide se déclinent en trois classes : extrusion et laminage d’un


filament, découpage et collage de strates et projection de matière. C’est dans cette famille
de procédés que s’inscrit le procédé de Stratoconception .

• Extrusion et laminage d’un filament (FDM)


Le principe consiste à extruder un filament de matière à l’aide d’une tête se déplaçant
dans le plan x-y. La tête est constituée d’une chambre, chauffant le matériau au-dessus de
son point de fusion, et d’une buse qui permet de déposer et de laminer le filament entre
la couche précédente et sa surface plane [Barlier 99, Dubois 00], figure 2.6. Le filament au
contact de la couche précédente se solidifie instantanément. Chaque couche est remplie
par des balayages successifs de la tête. Les matériaux employés sont des thermo fusibles
et de la cire pour un usage en fonderie à modèle perdu.

Fig. 2.6 – Schéma de principe du procédé FDM (source : CIRTES)

• Découpage et collage de couches (LOM)


Le principe repose sur le découpage de sections de pièces dans des feuilles ou des
plaques de matériaux calibrés. Chaque section réalisée est ensuite empilée manuellement
ou automatiquement (figure 2.7). L’assemblage est réalisé par collage, par fusion des ma-
tériaux ou mécaniquement [Dubois 00, Tari 98]. Le découpage peut être réalisé avec un
laser, un couteau, une fraise (fraisage à commande numérique), un jet d’eau. Le principe
du procédé est similaire à la Stratoconception . La différence réside dans le type de ma-
tériau utilisé et le mode d’assemblage. Tous les matériaux se présentant sous forme d’une
feuille peuvent théoriquement être employés. Il faut s’assurer de la compatibilité avec le
mode de découpage et d’assemblage.

26
2.2. Les procédés de fabrication par couches

Fig. 2.7 – Schéma de principe du procédé LOM [Tari 98]

• Projection de matières (LENS)


Le principe utilisé peut être comparé avec la technologie des imprimantes à jet d’encre.
Une tête se déplaçant dans le plan x-y projette des gouttes de matière liquide à une
température au-dessus du point de fusion, figure 2.8.

Fig. 2.8 – Schéma de principe du procédé LENS (source : CIRTES)

27
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

2.2.2.3 Famille Poudre/Solide

Les procédés poudre/solide peuvent être classés selon deux catégories bien distinctes :
– frittage de poudre ;
– projection de liant.

• Frittage laser de poudre (SLS)


Le principe est analogue à celui de la stéréo lithographie : la résine photo polyméri-
sable est remplacée par de la poudre et le laser argon (ou HeCd) par un laser infrarouge
(CO2) [Dubois 00]. Il est développé à l’Université de Texas et fut commercialisé par DTM
Corporation. Récemment, la société EOS (Allemagne) a sorti différentes machines de frit-
tage EOSint, spécialisées en fonction du matériau. Egalement, la société Cubital (Israël)
travaille sur le frittage de céramique [Bernard 98, Barlier 99]. La figure 2.9, illustre le
dispositif du procédé.

Fig. 2.9 – Schéma de principe du procédé SLS (source : CIRTES)

• Projection de liant
Le principe repose sur la projection d’un liant liquide à la surface d’une cuve remplie de
poudre. La projection est effectuée grâce à une tête se déplaçant dans le plan x-y [Dubois
00]. A l’issue de la fabrication d’une section d’objet, le plateau support descend d’une
épaisseur. Ce type de fabrication peut nécessiter un traitement thermique afin d’évacuer
le liant et fritter la poudre. Les pièces fabriquées peuvent présenter un retrait lors du
frittage. La figure 2.10 montre le schéma de principe de ce procédé.

28
2.3. État de l’art sur les outils stratifiés

Fig. 2.10 – Schéma de principe du procédé de projection 3D (source : CIRTES)

2.3 État de l’art sur les outils stratifiés

2.3.1 Études antérieures


Nous présentons dans cette section une revue de l’état de l’art sur l’outillage rapide
dédié à l’emboutissage en se limitant volontairement à l’outillage stratifié.
Les techniques de fabrication d’objets par empilement successif de couches découpées
dans des matériaux en plaques, ne sont pas nouvelles. En raison des avantages qu’elles
présentent en terme de temps et de coût de fabrication, ces techniques intéressent plu-
sieurs secteurs industriels (l’injection thermo-plastique [Dickens 97, Bryden 99, Nafi 05],
la fonderie sous pression, l’industrie céramique, la mise en forme, l’architecture, le sec-
teur biomédical...etc). En 1974, DiMatteo [Joseph 97] reconnut que ces mêmes techniques
d’empilement de couches pouvaient être utilisées pour produire des surfaces qui sont par-
ticulièrement difficiles avec des opérations standards d’usinage. Les exemples qu’il men-
tionne sont relatifs à des hélices, des profils d’ailes, des cames tridimensionnelles et aux
outils de presse pour la mise en forme, en particulier l’emboutissage et l’hydroformage
(voir figure 2.11).
Ainsi, des plaques métalliques détourées sont obtenues par fraisage et sont ensuite
positionnées et assemblées par collage ou par boulonnage. En 1979, Nakagawa [Müller 01,
Mueller 00, Dickens 97], de l’Université de Tokyo, commença à employer les techniques à
base de plaques pour produire des outils destinés à l’emboutissage, au formage des métaux
et à l’injection thermo-plastique. En particulier, dans l’injection thermo-plastique, l’auteur
souligna la possibilité de mettre en place des systèmes de refroidissement complexes dans

29
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

Fig. 2.11 – Matrice d’emboutissage stratifiée (DiMatteo, 1974) [Joseph 97].

les moules d’injection.


Sepold, Geiger et Franke [Dickens 97] ont proposé d’empiler des plaques métalliques
horizontalement en les fixant par diverses techniques pour fabriquer des outils stratifiés
dans plusieurs domaines.
Parallèlement, Walczyk et Hardt [Walczyk 97-98-99] ont présenté des méthodes de
conception de matrices stratifiées dites " discrètes " pour les procédés de mise en forme
des tôles métalliques. Il y a deux types de construction de matrices " discrètes " qui ont été
employés : une matrice à tiges séparées et une matrice à tiges assemblées. Ils mentionnent
également la possibilité de fabriquer des outils de mise en forme par assemblage de plaques
métalliques. Dans tous les cas de configurations, les tiges (à longueur égale) et/ou les
plaques formant la matrice sont placées sous la forme désirée, puis maintenues dans une
enceinte rigide (figure 2.12).
En particulier, dans le cas des matrices "discrètes", Il existe plusieurs formes de tiges
qui les constituent, voir figure 2.13 : forme carrée, forme triangulaire, forme hexagonale
et octogonale.
L’utilisation de ce type de matrices (discrètes) dans les procédés de mise en forme pour
la fabrication de pièces est assez étendu, mais l’investigation dans la connaissance en terme
de conception de tels outils reste toujours très limitée. En d’autres termes, les matrices
" discrètes " ont un grand intérêt mais le savoir-faire avec succès pour les concevoir, les
construire, et les employer dans une application industrielle n’est pas encore maîtrisé.
Beaucoup de questions fondamentales de conception doivent toujours être abordées, y
compris des détails de conception des tiges et/ou des plaques constitutives de l’outil et
des méthodes de fixation de celles-ci.
Les auteurs, dans leur travaux, ont abordé la question du dimensionnement et du
calcul à la résistance de ce type de matrices. En admettant que la tige soit suffisamment

30
2.3. État de l’art sur les outils stratifiés

Fig. 2.12 – Fabrication de matrices stratifiées ou discrètes [Walczyk 97-98-99].

Fig. 2.13 – Forme des tiges constitutives des matrices " discrètes " [Walczyk 97-98-99].

encastrée à sa base, le scénario de cas de chargement le plus défavorable pour cette tige se
produit quand elle dépasse (en sortant) les tiges adjacentes, voir figure 2.14. La possibilité
de flexion excessive (dans le domaine plastique) ou même de rupture de la tige sous l’effet
des sollicitations de formage, est dans ce cas très probable. Par conséquent, il est nécessaire

31
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

de vérifier la rigidité des tiges ainsi que leurs résistances vis-à-vis des sollicitations de
flexion et de compression engendrées par les composantes de l’effort de formage [Walczyk
98-99].

Fig. 2.14 – Sollicitations sur une tige sortant d’une matrice " discrètes " [Walczyk 98-99].

Dans le cas des matrices obtenues par assemblage de plaques métalliques, le mode de
rupture mécanique d’une plaque sous l’action de la composante verticale de la force de
formage est régi par le comportement vis-à-vis du flambement [Walczyk 98-99]. Pour la
vérification à la stabilité des plaques, les auteurs utilisent la théorie de Timoshenko sur
le comportement de plaques. Il calcule alors, les valeurs critiques des forces appliquées au
plan médian d’une plaque (figure 2.15) auquel la forme plate en équilibre devient instable,
les mêmes formules que dans le cas des barres comprimées peuvent donc être employées.
La charge critique d’une plaque isolée du reste des plaques adjacentes peut être estimée
par la formulation de flambement d’Euler.
L’application du procédé LOM (Laminated Object Manufacturing) à l’outillage stra-
tifié pour la mise en forme a également permis la réalisation de matrices (figure 2.16) à
partir d’assemblage de plaques métalliques [Mueller 00]. La matrice stratifiée a été utilisée
avec succès pour produire plusieurs bonnes pièces embouties sans déformation excessive.
L’auteur mentionne également que le temps de fabrication de cette matrice était de 120%
comparé au temps de fabrication que requiert une même matrice conventionelle. En re-
vanche, le coût total de fabrication était seulement de 38%.
Des outils stratifiés dédiés au pliage de tôles (figure 2.17) ont été également obtenus
par le procédé de Stratoconception [Schneider 03].

32
2.3. État de l’art sur les outils stratifiés

Fig. 2.15 – Plaque soumise aux composantes de l’effort de formage [Walczyk 98-99].

Fig. 2.16 – Matrice stratifiée pour les procédés de mise en forme [Mueller 00].

Fig. 2.17 – Poinçon et matrice stratifiés pour le pliage de tôles [Schneider 03].

Un autre exemple de poinçon et matrice d’emboutissage stratifiés (figure 2.18) a été


présenté par Nakagawa [Nakagawa 00].

33
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

Fig. 2.18 – Poinçon et matrice stratifiés pour la mise en forme de tôles [Nakagawa 00].

Une étude comparative entre les outils directs-indirects et entre les outils tendres-
durs, fabriqués par différentes techniques de prototypage rapide, montrent que les outils
directs et durs, obtenus par assemblage mécanique de plaques métalliques sont les plus
avantageux en terme de résistance mécanique et de durée de vie, bien qu’ils ne le soient
pas en terme de coûts et de délais de fabrication, comparés aux autres techniques de
fabrication rapide [Chua 99].
Par ailleurs, des tests expérimentaux, notamment des tests de compression (120 MPa),
des tests à l’usure, des tests de fatigue ont été effectués sur presse de mise en forme
pour évaluer la résistance mécanique de deux types de géométrie (figure 2.19) d’outils
d’emboutissage fabriqués par différentes techniques de prototypage rapide, entre autre la
Stratoconception . Les résultats des tests ont révélé que les outils stratifiés sont les plus
avantageux en terme de rigidité et de résistance mécanique [Wadman 03].

Fig. 2.19 – Type de géométries testés [Wadman 03].

34
2.3. État de l’art sur les outils stratifiés

2.3.2 Choix de la direction de stratification


Dans la fabrication des outils stratifiés, il existe deux façons possibles d’empiler suc-
cessivement les strates par rapport au plan de joint (supposé horizontal) : soit horizonta-
lement, soit verticalement (figure 2.20) et chaque façon de procéder a ses avantages et ses
inconvénients [Bryden 00, Soar 01].

Fig. 2.20 – Stratification horizontale et verticale [Soar 01, Bryden 00].

Dans le cas de l’assemblage horizontal, les efforts de compression dus à l’action d’em-
boutissage sont perpendiculaires au sens de stratification, ce qui est favorable à la tenue
mécanique de l’outil. Dans le cas de l’assemblage vertical, les efforts de compression dus
à l’action d’emboutissage sont parallèles au plan de joint ce qui accentue le cisaillement
au niveau des joints assemblés.

2.3.3 Choix de l’épaisseur des strates


La méthode la plus rapide pour fabriquer un outil stratifié par les méthodes d’em-
pilement successif de plaques métalliques, en particulier par la Stratoconception , est
d’utiliser des strates les plus épaisses possibles en relation avec les outils de fraisage uti-
lisés, afin d’usiner avec de forte profondeur de passe, mais ce choix peut conduire à des
problèmes de finition des empreintes car, sauf à réaliser un usinage 2,5D (usinage de
contour en plusieurs profondeurs de passe), celui-ci laisse un effet d’escalier sur la surface
de l’empreinte [Nafi 05]. Le choix se porte donc sur la réalisation de couches d’épaisseurs
variables suivant les variations de géométrie de la pièce [Delebecque 00]. On choisira donc
des épaisseurs de plaques de façon à minimiser le nombre de plaques en fonction des dé-
tails désirés sur l’empreinte ; par ailleurs, on évitera d’utiliser des plaques trop fines car
elles ne supportent pas les efforts de travail lors de la découpe et on risquerait d’observer
des déformations permanentes [Soar 01, Nafi 05].
L’effet d’escalier laissé par l’usinage en surface de l’empreinte n’a cependant de valeur
que vis-à-vis d’un usinage 2D (usinage de contour en une seule profondeur de passe ou de

35
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

type prismatique). En effet, un usinage 2,5D des plaques, de manières à contrôler la forme
3D, réduit grandement les besoins de finition, puisque les angles de découpe se raccordent
avec les plaques adjacentes (figure 2.21).

Fig. 2.21 – Amélioration de l’état de surface des outils stratifiés (source : CIRTES).

2.3.4 Modes d’assemblages des strates


Dans les techniques de fabrication basées sur l’empilement successif de plaques mé-
talliques, plusieurs modes d’assemblage des plaques sont envisagés. En général, le mode
d’assemblage est choisi en fonction du mode de sollicitation de l’outil. Pour les moules
d’injection thermoplastique, qui travaillent à des températures de fonctionnement infé-
rieures à 250˚C, le collage et le brazage sont les deux techniques candidates ; pour les
moules qui travaillent à des températures supérieures à 250˚C, il n’y a que le brazage
qui puisse répondre à ces exigences. Sous réserve d’être bien maîtrisé, le procédé de bra-
zage peut sans doute faire l’objet d’une automatisation, par assemblage successif de tôles
(figure 2.22) [Nafi 05, Bryden 00].
Pour les outils stratifiés de mise en forme (poinçon et matrice), l’assemblage est souvent
réalisé à l’aide de vis ou de boulons (figure 2.23 et 2.24) [Dickens 97, Mueller 00, Pepelnjak
98]. Une autre technique, qui consiste à combiner le vissage et le collage, a été également
présentée [Schneider 03, Abel 03, Oudjene 04-05]. Pour assurer un bon alignement aux
extrémités des strates, un guidage et un positionnement de celles-ci les unes par rapport
aux autres sont réalisés via des inserts.

36
2.3. État de l’art sur les outils stratifiés

Fig. 2.22 – Assemblage séquentiel de strates par brazage [Bryden 99]

Fig. 2.23 – Assemblage de strates par vissage [Dickens 97]

Fig. 2.24 – Assemblage de strates par boulonnage [Dickens 97].

2.3.5 Travaux de finition des empreintes

Dans l’opération d’emboutissage, l’état de surface de l’empreinte des outils (poinçon


et matrice) a une influence fondamentale sur le comportement au frottement et donc sur
la qualité de surface de la pièce à produire (pièce emboutie). Comme dans les méthodes de
fabrication conventionnelle, il est donc nécessaire de procéder à une tâche supplémentaire
de finition par polissage afin d’améliorer l’état de surface des outils. En général, le polissage
peut être réalisé : manuellement, par ultrasons, ou à l’aide d’équipement pneumatiques
ou électriques [Nafi 05].

37
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

2.3.6 Modes de déformation des outils stratifiés


Au cours de l’opération d’emboutissage, la tôle exerce sur l’empreinte des outils (poin-
çon et matrice) des sollicitations de compression dans toutes les directions, à savoir les
forces normales et les forces tangentielles dues au frottement [Oudjene 05]. Si la struc-
ture des outils est stratifiée, ce type de sollicitations est de nature à provoquer plusieurs
modes de déformation des strates, ce qui ne peut pas se produire dans le cas des outils
conventionnels.
Plusieurs modes de déformation, notamment le flambement et la flexion de strates,
ont été étudiés par Walczyk et Hardt [Walczyk 98-99]. Cependant, les études effectuées
sont basées sur les méthodes classiques de la résistance des matériaux en utilisant des
hypothèses simplificatrices, induisant ainsi des surdimensionnements.
Par ailleurs, plusieurs modes de flexion d’outils stratifiés ont été reportés par Dickens
[Dickens 97], à savoir la flexion verticale, la flexion horizontale et la torsion (figures 2.25 et
2.26). Un autre exemple de déformation des strates a été également reporté dans le cadre
des moule d’injection thermo-plastique [Soar 01]. On peut remarquer que la déformation
des strates est importante quand la valeur du porte-à-faux de celles-ci est importante
(figure 2.27).

Fig. 2.25 – Distorsion verticale et horizontale d’outils stratifiés [Dickens 97].

38
2.4. Généralités sur les outils conventionnels

Fig. 2.26 – Torsion d’outils stratifiés [Dickens 97].

Fig. 2.27 – Flexion de strates sous l’effet de l’injection [Soar 01].

2.4 Généralités sur les outils conventionnels

2.4.1 Description générale


Les outils d’emboutissage (poinçon, matrice, serre-flan) de série sont actuellement fa-
briqués en fonte ou en acier. Les études actuelles portent principalement sur les problèmes
de grippage et de frottement.
La fabrication des outillages d’emboutissage est généralement assurée sur machines-
outils conventionnelles [Martin 77, Burlat 98].
L’outil qui exécute une opération dans la gamme de fabrication d’une pièce peut être
monté seul ou groupé sur une même presse. Généralement, dans ce cas, un opérateur sert
deux outillages. Sur les presses transfert, les outillages sont montés en ligne sur le plateau
de la presse. Les petites pièces de grandes séries, fabriquées à haute cadence (supérieure à
120 coups/min), sont exécutées sur outils progressifs (ou outils à suivre) ; dans ce cas, la

39
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

découpe du flan est telle que la pièce reste attachée en deux points au moins à la bande
jusqu’à la dernière opération. Les différentes parties de l’outillage sont assemblées sur un
même bloc [Burlat 98].
Dans tous les cas de groupage d’outils, on détermine les efforts nécessaires à chacun
d’eux ; cela permet d’une part de vérifier que l’effort nominal de la presse est suffisant, et
d’autre part de disposer ces outils de façon que le point d’application de l’effort résultant
soit le plus près possible de l’axe du coulisseau de la presse [Martin 77].

2.4.2 Conception des outils


La fonction première d’une presse est de fournir un effort nominal et une énergie ; s’il
existe une certaine précision dans le guidage des coulisseaux, il est quand même recom-
mandé de concevoir l’outillage de sorte qu’il assure au mieux le guidage de ses parties en
mouvement : poinçon par rapport à la matrice. La fabrication des outillages d’emboutis-
sage est généralement assurée de façon que l’on recherche, au niveau de leur conception au
bureau d’études, à les réaliser en plusieurs parties pour faciliter les opérations d’usinage
(critère économique = coût horaire machine + coût matière).
Les outils ne sont que rarement calculés par les formules issues de la résistance des
matériaux car l’on ne connaît pas avec exactitude l’intensité des sollicitations que subit
chaque partie de l’outillage. L’emprise de l’empirisme à ce niveau conduit généralement à
un dimensionnement surabondant. Seules, les opérations de pliage et d’étirage se prêtent
à des calculs d’efforts, assez précis. L’outil ne doit pas être une source d’accident pour
l’opérateur. Il faut donc lui assurer une alimentation aisée et une extraction facile des
pièces, de sorte que le temps de l’action manuelle sous l’outillage soit très court [Burlat
98, Martin 77].

2.4.3 Fabrication des outils


Les outils pour petites pièces sont directement fabriqués par usinage de blocs d’aciers
de qualité E24 à Z 160 CDV 12 avec ou sans traitement de surface. Les outils pour grosses
pièces sont par contre le plus souvent réalisés à partir de moulage en fonte grise lamellaire
de type FGL 240 ou en fonte à graphite sphéroïdale FGS 600 [Rondé-Oustau 95, Burlat
98].
Les gros outils sont obtenus à partir d’ébauches de fonderie dont les surépaisseurs
sont usinées sur des machines à commande numérique. A partir du fichier de données
informatique de la géométrie de l’outil, une forme en polystyrène expansée est usinée
par commande numérique à des côtes légèrement supérieures à celles de l’outil final dé-
siré. Celle-ci est alors utilisée comme mandrin perdu en moulage au sable pour fabriquer

40
2.4. Généralités sur les outils conventionnels

l’outil masse en fonte. C’est seulement après refroidissement de celui-ci (cela peut durer
jusqu’à 30 jours) que l’usinage est effectué. Des traitements ou des revêtements de surface
peuvent être appliqués à ces outils. Les opérations de polissage, généralement manuelles,
constituent la phase finale de la réalisation de ces outils. Elles ont pour but de préserver
l’état de surface des pièces embouties et de faciliter les écoulements de métal de certaines
zones. Il est également possible d’effectuer sur ces outils, après une première mise sous
presse, un ajustement de leur géométrie par une recharge de matériaux ou un usinage
complémentaire.

2.4.4 Coûts des outils


Le coût de fabrication des outils d’emboutissage est très élevé et a une incidence directe
sur le coût de la pièce à produire. Il en ressort que l’utilisation de tôles n’est actuellement
bien adaptée qu’aux fabrications de grandes séries de pièces embouties, sur des lignes de
presse travaillant à des cadences élevées avec des outillages coûteux [Burlat 98].
Pour l’application aux petites et moyennes séries, en particulier pour les pièces de
peau dans le domaine automobile, l’utilisation de composite SMC/BMC (Sheet Moulding
Compound ou Bulk Moulding Compound, composites polyester et fibres de verre mis en
forme par compression ou par injection), peut alors être plus intéressant. En effet, leur
inconvénient majeur est le prix de revient matière élevé alors que les outillages nécessaires
à leur mise en forme représentent des coûts inférieurs bien que devant travailler à des
cadences plus faibles et pour un nombre de pièces produites également plus faible. Ces
matériaux deviennent donc très intéressants dès que le nombre de pièces à produire est
réduit (figure 2.28).

Fig. 2.28 – Coût de fabrication d’un panneau automobile (source : IBIS Associates)

41
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

En 1991, Chen [Burlat 98] a effectué une étude comparative complète du prix de
fabrication d’un capot automobile en fonction du matériau utilisé, ce qui a permet de
déterminer le coût total de production pour 500.000 pièces produites en fonction de trois
matériaux, acier, aluminium et composite SMC (figure 2.29). On constate que l’utilisation
de l’acier représente un gain important par rapport aux autres matériaux. Cependant, il
faut noter que l’utilisation de composite SMC nécessite, pour la fabrication en grandes
séries, de multiplier le nombre de lignes de production pour permettre de suivre la cadence
de production, d’où un coût de transformation élevé.

Fig. 2.29 – Coût de fabrication d’un capot automobile en fonction du matériau utilisé
(source :[Burlat 98])

On peut noter aussi que dans le cas des petites séries et lorsqu’on ne considère qu’une
seule ligne de production, le coût des outils de formage se retrouve ainsi largement à
l’avantage de l’utilisation de composite SMC, tableau 2.1, ce qui confirme le résultat de
la figure 2.28. Le coût total de fabrication de la pièce finale est largement fonction du
nombre de pièces produites et du choix du matériau à utiliser.

Acier Aluminium Composite SMC


Formage du panneau extérieur 36% 36% 14%
Formage de la doublure 54% 54% 15%
Assemblage 10% 28% 1.2%
Coût total 100% 118% 30.2%

Tab. 2.1 – Comparatif des coûts des outillages pour la fabrication d’un capot de voiture
en fonction du matériau utilisé (source : [Burlat 98])

D’après les études faites sur la comparaison de prix de revient d’une pièce produite
en fonction du matériau utilisé et de la quantité de pièces produites annuellement, on
remarque que dans ce cas, il faut produire annuellement un minimum de 100.000 pièces

42
2.4. Généralités sur les outils conventionnels

pour être compétitif quant à l’utilisation de l’acier. Il est donc nécessaire pour rendre
l’acier compétitif de réduire le prix de revient des outils d’emboutissage.
Le coût actuel des outils d’emboutissage fabriqués en fonte ou en acier est surtout
concentré dans l’usinage des matériaux utilisés, voir tableau 2.2. En effet, pour un gros
outil de production série, l’usinage et l’assemblage concerne plus de la moitié du coût total
de fabrication. C’est donc la diminution des opérations d’usinage de l’acier qui peuvent
permettre de réduire les coûts de fabrication des outils d’emboutissage [Burlat 98]. D’où la
nécessité de développer des techniques de fabrication d’outil autres que l’usinage classique.
Dans notre cas, nous adopterons la technique de fabrication par assemblage mécanique
de plaques d’acier (procédé de Stratoconception ) appliquée à l’outillage rapide pour
l’emboutissage.

Coûts
Méthodes d’emboutissage 3%
Etudes d’outillage 5%
Modelage 8%
Matières 18%
Usinage et assemblage 54%
Mise au point sous presse 12%
Total 100%

Tab. 2.2 – Coûts de fabrication d’un gros outil d’emboutissage de production de série
(source : [Burlat 98])

2.4.5 Résistance mécanique des outils


Les caractéristiques mécaniques des matériaux généralement utilisés pour la fabrica-
tion des outils d’emboutissage sont reportées dans le tableau 2.3.
On remarque que la fonte grise à graphite lamellaire FGL 240 est un matériau fragile
et relativement peu résistant. Il ne présente pas de limite d’élasticité réelle et le module
d’élasticité E est donné à l’origine.
En revanche, les outils de petites dimensions, qui sont fabriqués en général à partir
d’acier, de l’acier de construction E24 à l’acier allié au chrome et à très haute teneur en
carbone Z160CDV 12 ont une haute résistance mécanique.
La modification de la couche superficielle des outils d’emboutissage par traitements
ou revêtements de surface a pour but, entre autre, d’augmenter leur dureté.

43
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

Matériaux ρ E ν σ0 σrup A

(kg/dm3 ) (MP a) (MP a) (MP a) (%) (HB)

E24 − 3 7.8 210 0.3 215 340 − 470 24

Z160CDV 12 7.74 207 0.3 220 − 260

F GL 240 7.2 90 − 110 0.25 130 − 170 <1 150 − 175

F GS 600 7.1 − 7.2 160 − 180 0.25 340 550 1 − 2 190 − 270

Tab. 2.3 – Propriétés mécaniques des aciers et fontes utilisés en général pour la fabrication
des outils d’emboutissage (source : [Burlat 98])

Comme nous l’avons déjà mentionné dans le premier chapitre, les outils d’emboutis-
sage sont fabriqués sans calculs préalables sur leur comportement mécanique (résistance
mécanique). Les matériaux employés, fonte ou acier, sont considérés suffisamment résis-
tants pour les emboutissages considérés. Cependant, en pratique, il se produit parfois
des cassures ou ruptures partielles dans les outils, dues généralement à des erreurs de
manipulation ou des défauts d’emboutissage [Burlat 98].

2.5 Conclusion
Nous avons vu tout au long de cette étude bibliographique que le coût des outils
d’emboutissage conventionnels est très élevé et a une incidence directe sur le prix des
pièces embouties, dans la production de petites et moyennes séries. En effet, les opérations
d’usinage conventionnel, qui coûtent très cher, représentent en général plus de 50% du coût
global de fabrication des l’outils, d’où la nécessité de diminuer les opérations d’usinage
conventionnel. Dans ce contexte, les outils d’emboutissage stratifiés ont un grand intérêt
en matière de délais, voire de coût de fabrication, mais le savoir-faire pour les concevoir,
les construire et les employer avec succès dans l’industrie de l’emboutissage n’est pas
encore maîtrisé. D’une part, la mise en oeuvre pratique de ces techniques dépend très
fortement de la maîtrise des techniques d’assemblage des strates. De plus, la recherche
dans ce domaine est limitée aux investigations expérimentales touchant à la faisabilité des
outils stratifiés et aussi à leur fabrication rapide. Cependant, si les outils d’emboutissage
peuvent être obtenus dans un délai réduit, voire à moindre coût en utilisant les méthodes
de prototypage rapide, les outils conventionnels restent les plus avantageux en terme de
durée de vie.

44
2.5. Conclusion

Par ailleurs, au regard de l’application industrielle visée, les assemblages vissés pré-
sentent un attrait indéniable en terme de résistance mécanique.
La revue de l’état de l’art présentée dans ce chapitre montre que les résultats des
études expérimentales et numériques effectuées sur les outils d’emboutissage stratifiés
ne nous apportent malheureusement pas la moindre information sur les méthodes de
dimensionnement potentiellement applicable pour la conception des outils. En effet, tout
comme dans le cas des outils standards, les outils prototypes (stratifiés ou non) sont conçus
sans calculs préalables sur leur résistance mécanique car, le procédé d’emboutissage est
complexe et l’on ne connaît pas la répartition des efforts de contact appliqués aux outils
au cours de l’opération d’emboutissage.
Par conséquent, la modélisation et l’analyse tridimensionnelle des outils d’emboutis-
sage est un sujet qui peut intéresser beaucoup de partenaires dans l’industrie de l’em-
boutissage de petites et moyennes séries de pièces. Dans ce cadre, nous développerons et
nous validerons dans le chapitre suivant une méthodologie générale pour l’analyse tridi-
mensionnelle du comportement des outils d’emboutissage prototypes, indispensable pour
le dimensionnement des outils stratifiés.

45
Chapitre 2. État de l’art sur l’outillage rapide pour l’emboutissage

46
Analyse mécanique des outils déformables
3
homogènes

Sommaire
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.2 Mise en forme de tôles par emboutissage . . . . . . . . . . . . 51
3.2.1 Modes de déformation d’une pièce emboutie . . . . . . . . . . . 51
3.2.2 Défauts dans les pièces embouties . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.2.3 Méthodes de simulation de l’emboutissage . . . . . . . . . . . . 54
3.3 Stratégie et choix des modèles éléments finis . . . . . . . . . . 55
3.3.1 Approche numérique par éléments finis . . . . . . . . . . . . . . 56
3.3.2 Résolution statique implicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.3.3 Résolution dynamique explicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4 Exemples bi-dimensionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4.1 Godet cylindrique (Numisheet’02) . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4.2 Godet cylindrique avec contre-embouti . . . . . . . . . . . . . . 72
3.5 Exemples tridimensionnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.5.1 Boite carrée (Numisheet’93) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
3.5.2 Cas industriel (pièce Craft-Fastool) . . . . . . . . . . . . . . . . 80

47
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

3.6 Description de l’approche proposée . . . . . . . . . . . . . . . . 83


3.6.1 Objectifs de l’approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.6.2 Principe et hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
3.6.3 Estimation des forces de contact . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.6.4 Charges statiques équivalentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.7 Validation numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

3.1 Introduction
Les niveaux de contraintes qui sont réellement atteints dans les outils d’emboutissage
ne sont connus que partiellement. En pratique, les outils d’emboutissage conventionnels
obtenus par usinage de blocs de fonte ou d’acier ne sont que rarement dimensionnés par
les méthodes classiques de la résistance des matériaux [Martin 77, Burlat 98]. Ceci est
évidemment un obstacle principal au développement de nouvelles techniques de fabrication
des outils d’emboutissage, notamment les techniques de fabrication qui procèdent par
empilement successif de couches métalliques telle que la Stratoconception , entre autres.
Depuis plusieurs années, les études expérimentales et numériques relatives au procédé
d’emboutissage, portent majoritairement sur la pièce à produire (pièce emboutie), et très
peu sur les outillages (poinçon, matrice, serre-flan) [Oudjene 04-05d]. Notons qu’il existe
de nombreux travaux traitant les aspects numériques, la modélisation et la simulation
numérique des procédés de mise en forme en général et de l’emboutissage en particulier.
Ces travaux, trop nombreux pour être tous cités, sont disponibles dans la littérature spé-
cialisée, et en particulier dans les actes des conférences suivantes : Numiform, Numisheet,
Esaform, IDDRG,... En France, de nombreuses équipes travaillent dans le domaine comme
l’UTC [Batoz 89-90-97-00, Naceur 04, Roelandt 92...], le LMARC de Besançon [Gelin 85,
Boisse 96, ...], le LMSo de l’INSA de Lyon [Brunet 97,...], l’ERMeP du GIP-InSIC de
Saint-Dié-des-Vosges [Batoz 05,...], le GMMS de l’Université de Reims [Guo 00,...] et bien
d’autres.
Par ailleurs, un autre domaine de la littérature concerne le comportement au frotte-
ment et à l’usure des outils d’emboutissage. L’étude mécanique, par simulation numérique
d’un rayon de matrice sollicité par un passage de tôle a été abordée notamment par Dam-
borg (1996) [Damborg 96], Danckert (1998) [Danckert 98], Jensen (1998) [Jensen 98], Attaf
(2003) [Attaf 03], Hortig (2001) [Hortig 01]...etc. Les modèles étudiés sont bidimensionnels
(axisymétrie, déformations planes). Ils ont permis d’accéder à la répartition de la pression
de contact sur les rayons de matrices. En 1996, Sniekers [Attaf 03] a effectué une étude

48
3.1. Introduction

similaire sur le frottement en emboutissage. Il a ainsi simulé, numériquement, en déforma-


tion plane, le passage d’une tôle sur un cylindre, ainsi qu’une opération d’emboutissage
en axisymétrie. Tous ces travaux mettent en évidence deux zones de forte pression sur les
rayons d’outils (figure 3.1). La première zone est attribuée au pliage de la tôle lorsqu’elle
entre en contact avec le rayon de l’outil. La seconde est attribuée au dépliage de celle-ci
lorsqu’elle quitte le contact avec le rayon.

Fig. 3.1 – Distribution des pressions de contact sur les rayons d’outils (source : [Attaf
03])

Quelques années plus tard, Hortig et al. [Hortig 01] ont présenté une étude à l’usure
d’un rayon de matrice ainsi qu’une étude paramétrique sur la distribution des pressions
de contact. Ils ont étudié notamment, l’influence du coefficient de frottement, du rayon
de matrice, de la pression de serre-flan et de l’épaisseur de la tôle sur la répartition de la
pression de contact.
En ce qui concerne la bibliographie d’origine plus académique, nous disposons de très
peu de travaux qui se reportent au dimensionnement et aux calculs préalables à la résis-
tance mécanique des outils d’emboutissage. En effet, dans l’industrie de l’emboutissage,
il y a un besoin très faible de dimensionner les outils conventionnels, car les outils, fa-
briqués en acier ou en fonte, sont considérés suffisamment résistants pour effectuer les
opérations d’emboutissage vis à vis des tôles classiques. Cependant, l’utilisation de tôle à
haute limite d’élasticité (THLE), type TRIP ou DP, peut nécessiter le dimensionnement
des outils conventionnels. De plus, la recherche dans le domaine de la fabrication des
outils par les nouvelles méthodes, notamment les techniques de prototypage rapide, qui
suscitent la curiosité et la nécessité d’étudier le comportement mécanique des outils, est
pour le moment au stade des applications industrielles.
En 1998, Burlat [Burlat 98] a examiné la possibilité de fabriquer des outils d’emboutis-
sage par combinaison de différents matériaux. Il considère alors trois types d’outillages :

49
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

– Poinçon fabriqué en acier (conventionnel) ;


– Poinçon fabriqué par moulage d’un béton de résine avec un gel-coat de 1 mm en
surface ;
– Poinçon fabriqué en multi-matériaux : nickel électroformé, béton hydraulique, et
colle de liaison.
Les différents matériaux envisagés dans la méthode de fabrication des outils décrite
ci-dessus, possèdent un comportement mécanique différent l’un par rapport à l’autre mais,
surtout du point de vue comportement au frottement. De plus, si les conditions de frotte-
ment tôle/outils influent sur la répartition des déformations dans la pièce emboutie, elles
influent également sur la durée de vie des l’outils en terme d’état de surface, d’usure et
de sensibilité au grippage. Pour cette raison, une étude tribologique a été effectuée afin de
choisir le matériau le plus adapté en surface de l’outil. Il en résulte que la fabrication des
outils d’emboutissage par ce type de méthode nécessite une couche métallique en surface
de l’outil.
Afin d’analyser les trois cas de fabrication sus-cités, l’auteur s’est intéressé dans un
premier temps aux niveaux de contraintes atteints dans chaque type de fabrication consi-
déré (ou dans chaque type de matériau). Dans ce cadre, l’auteur a effectué des simula-
tions numériques de l’emboutissage couplées avec la déformabilité des outils en utilisant
ABAQUS/Implicite. Les résultats obtenus ont ensuite été comparés à ceux obtenus en
considérant des outils en acier homogènes (outils conventionnel), (figure 3.2). Cependant,
l’auteur s’est limité à l’étude de cas bidimensionnels (axisymétrie, déformation plane) à
cause de la complexité que présentent les modèles tridimensionnels (discrétisation des
outils par éléments déformables, gestion du contact).

Fig. 3.2 – Distribution des contraintes de Von Mises dans les outils [Burlat 98]

50
3.2. Mise en forme de tôles par emboutissage

Ce chapitre vise à identifier et à mettre au point les outils de simulation numérique


nécessaires à l’analyse mécanique des outils d’emboutissage. L’objectif principal est de
proposer une démarche numérique permettant d’accéder à l’analyse du comportement
tridimensionnel des outils d’emboutissage. Ce qui nous permettra de réaliser, dans le cadre
des outils stratifiés, une étude numérique et technologique pour l’aide à la conception et
au dimensionnement de ces derniers, notamment le système d’assemblage des strates par
vissage, qui fera l’objet du chapitre suivant. Au préalable, nous donnons quelques pré-
requis sur le procédé d’emboutissage.

3.2 Mise en forme de tôles par emboutissage

3.2.1 Modes de déformation d’une pièce emboutie


La forme des outils d’emboutissage (poinçon, matrice) impose à la tôle divers modes
de déformation, les deux cas limites rencontrés dans la pratique étant l’expansion et le
retreint [Barlet 98]. La visualisation des déformations subies en surface par une tôle pour
réaliser un embouti peut être obtenue par le marquage de réseaux de cercles sur le flan
initial. Ceux-ci après emboutissage de la tôle, deviennent des ellipses (figure 3.3).

Fig. 3.3 – Déformations subies en surface d’une tôle, en cours d’emboutissage [Martin 77]

L’état mécanique d’un élément d’une tôle emboutie est défini par les déformations
principales ( 1 , 2 , 3 ) et les contraintes principales ( σ1 , σ2 , σ3 ). Les déformations en
expansion et en retreint induisent des modifications de l’épaisseur de la tôle. Les zones
sollicitées en expansion s’amincissent (3 < 0) tandis que celles sollicitées en compression
s’épaississent (3 > 0).

51
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Trois zones de sollicitations différentes peuvent être identifiées sur un embouti axisy-
métrique (figure 3.4) :

Fig. 3.4 – Zones de sollicitations de la tôle (source : [Delamézière 02])

La partie du flan qui se trouve dans un état d’expansion biaxiale au début du formage.
La partie verticale qui joint la partie en contact avec le poinçon et celle en contact avec la
matrice subit une traction plane. La partie sous serre-flan subit une compression associée
à de la traction, si ces deux sollicitations se compensent il s’agit d’un cisaillement. C’est
le trajet idéal de formage car l’épaisseur reste constante, l’amincissement dû à la traction
et l’épaississement dû à la compression se compensent [Delamézière 02]. Un point de la
tôle peut passer de la zone sous le serre-flan à la zone en traction plane, il subit alors
un phénomène de flexion alternée (cambrage-décambrage) en passant par le rayon de la
matrice.
Dans le cas des tôles minces, on considère l’hypothèse des contraintes planes ; la
contrainte 3, normale au plan, est alors négligeable. Le domaine de sollicitation en ex-
pansion correspond à un état de contraintes où les deux contraintes dans le plan sont
positives. Le domaine de sollicitation en retreint correspond quant à lui à des contraintes
de signes opposés ( σ1 > 0, σ2 < 0). Les déformations en retreint sont donc associées à
un champ de contraintes de compression.
On distingue ainsi deux domaines [Barlet 98] :
– Le domaine des déformations en retreint, limité par la traction et la compression
uniaxiale ;
– Le domaine des déformations en expansion, limité par l’expansion biaxiale et la
traction uniaxiale.
Il est intéressant de noter que l’on peut obtenir des déformations :
– En expansion avec 2 < 0 ;
– En retreint avec 3 < 0.

52
3.2. Mise en forme de tôles par emboutissage

3.2.2 Défauts dans les pièces embouties


L’acceptation ou le refus d’une pièce emboutie dépend de son utilisation. Suivant le
type de pièce, on juge donc de la réussite selon des critères différents. L’aspect et la planéité
(plis et défauts de surface) sont des qualités premières des pièces de peaux tandis que la
tenue mécanique et la géométrie sont des qualités demandées aux pièces de structures.
Dans l’automobile par exemple, on distingue deux types de pièces embouties suivant leurs
fonctions futures au sein du véhicule [Barlet 98] :
– Pièces de structures (longeron, doublure, renfort...) ;
– Pièces de peau ou de robe (capot, coffre, portière...).
Il existe plusieurs types de défauts, voir figure 3.5 :
– La striction ;
– Les plis ;
– Le retour élastique ;
– Les défauts de surface et les zones de plats.
La striction est un amincissement localisé de la tôle. Cette localisation de la déforma-
tion fragilise la pièce et peut conduire à la rupture sous l’effet de sollicitations. L’apparition
de la rupture signifie que l’on a dépassé la capacité d’allongement plastique du métal.

Fig. 3.5 – Défauts dans les pièces embouties

Les plis résultent d’un flambement local de la tôle sous l’effet de contraintes de com-
pression [Barlet 98]. Les phénomènes d’instabilité se manifestent sous la forme d’ondula-
tions, qui peuvent apparaître :

53
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

– Sous le serre flan lors de l’opération de retreint, la pression de serrage est alors
parfois suffisante pour éviter ces plis générant grippage et usure de l’outil ;
– Dans les zones sous contact avec les outils, ces plis apparaissent dans le meilleur des
cas à la fin de l’emboutissage ;
– Après retour élastique, les plis résultent alors des contraintes résiduelles libérées lors
de l’extraction de la pièce.
L’aspect de surface est un critère d’acceptation déterminant pour les pièces de carros-
serie par exemple. Les défauts de surface résultent d’une hétérogénéité de la déformation,
d’un glissement tôle/outils, ou de l’état de surface des l’outils produisant alors des rayures.
La pièce peut aussi présenter des défauts de plats lorsque la déformation plastique est trop
faible pour assurer une tension suffisante de la tôle [Barlet 98].
Après extraction de la pièce, on observe souvent des défauts de tolérances dimen-
sionnelles dus au retour élastique. Il est donc nécessaire de procéder à des opérations de
calibrage pour garantir une géométrie correcte.

3.2.3 Méthodes de simulation de l’emboutissage


La modélisation numérique de l’emboutissage utilise les développements faits sur les
méthodes de simulation numérique des procédés de mise en forme. A ce titre, l’emboutis-
sage est un exemple des trois grandes non-linéarités rencontrées habituellement :
– Les non-linéarités géométriques qui apparaissent à cause des grands déplacements,
des grandes rotations et des grandes déformations ;
– Les non-linéarités matérielles dues au comportement élasto-plastique des matériaux ;
– Les non-linéarités dues au contact (annexe B).
La simulation numérique permet de satisfaire des objectifs industriels, notamment les
constructeurs automobiles, qui souhaitent augmenter le nombre de nouveaux produits
et réduire les temps de développement [Delamézière 02]. Il existe plusieurs méthodes
de simulation numérique de l’emboutissage, à savoir les méthodes incrémentales et les
méthodes simplifiées.

3.2.3.1 Les méthodes incrémentales

Il existe actuellement plusieurs logiciels de simulation numérique de l’emboutissage de


tôle (ABAQUS, STAMPACK, LS-DYNA3D, PAM-STAMP, RADIOSS, ...), utilisant dif-
férentes approches non linéaires incrémentales (statique implicite/explicite ou dynamique
explicite), qui permettent de prédire avec précision les éventuels défauts qui peuvent ap-
paraître en cours ou en fin de formage.
Toutes ces méthodes nécessitent la connaissance précise de tous les paramètres du

54
3.3. Stratégie et choix des modèles éléments finis

procédé (géométrie des outils et du flan, propriétés matériaux...etc.). Les méthodes in-
crémentales sont assez largement employées pour les codes dédiés à la simulation car,
elles prennent en compte de manière précise les différentes non linéarités (grandes trans-
formations élasto-plastiques, contacts frottements), qui combinées, forment un système
fortement non linéaire. L’expression des lois de comportement est fonction des taux de
déformations et de contraintes. Deux types d’algorithme sont couramment utilisés pour
actualiser les champs de déplacements : l’algorithme statique implicite et l’algorithme
dynamique explicite dont les aspects numériques sont présentés dans l’annexe A.

3.2.3.2 Les méthodes simplifiées

Depuis 1980, plusieurs méthodes simplifiées pour la simulation numérique de l’em-


boutissage ont été proposées [Naceur 98] : l’approche dite "Geometric Mapping Method"
proposée par Gerdeen et al., l’approche à un pas par Chung et Lee, l’approche dite "Ideal
Forming Theory" par Chung et Richmond, la méthode dite à un pas par Liu et Karima,
la méthode dite "the ideal deformation algorithm" par Sklad et al.
Parallèlement, depuis 1987, au sein de l’Université de Technologie de Compiègne
(l’UTC), une méthode originale dite " Approche Inverse " (AI) pour l’analyse numé-
rique simplifiée de l’emboutissage a été proposée par Batoz, Duroux, Guo et al. [Batoz
90a, Batoz 97, Duroux 92]..., Cette approche par éléments finis, utilise la forme finale,
connue de l’embouti pour déterminer la position initiale des particules dans le flan plan
de départ, permettant ainsi de calculer les distributions d’épaisseurs, de déformations et
de contraintes dans la pièce finale.
La version actuelle du code STAMPACK contient deux modules, à savoir : le module
"STAMPACK-Incremental" et le module "STAMPACK-One step", basé sur le logiciel de
recherche FAST-STAMP développé par Batoz et al. [Batoz 05].

3.3 Stratégie et choix des modèles éléments finis


Nous avons jugé important d’appréhender et de comprendre avec précision le compor-
tement des outils d’emboutissage homogènes (conventionnels) au cours du formage, avant
d’aborder l’analyse des outils prototypes fabriqués par différentes techniques, notamment
les outils stratifiés.
Dans cette partie du travail, on s’intéresse à la répartition et aux niveaux de contraintes
qui peuvent être atteints dans les outils d’emboutissage considérés déformables et homo-
gènes.
Toute modélisation ou simulation numérique nécessite d’être confrontée avec la littéra-
ture, l’expérience ou encore aux modèles analytiques. Pour cela, nous avons logiquement

55
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

choisi de traiter des cas d’emboutissage bien connus dans la littérature. Les cas d’études
considérés sont dans un premier temps analysés de manière classique en considérant les
outils rigides (poinçon, matrice, serre-flan) afin de confronter les résultats des modèles
développés avec ceux de la littérature, en ce qui concerne la pièce emboutie. Dans un se-
cond temps, nous effectuerons des simulations de l’emboutissage en considérant le poinçon
déformable dans des cas de géométries axisymétriques.
La mise au point d’une simulation de l’emboutissage en considérant les outils défor-
mables est relativement difficile. De plus, nous ne disposons d’aucun résultat de réfé-
rence concernant le comportement des outils. Pour cela, nous considérons un probème
bi-dimensionnel relativement simple que nous résolvons en utilisant un modèle statique
implicite. Il nous permettra d’obtenir une solution de référence. Ensuite, nous entrepre-
nons de simuler en dynamique explicite le même problème, en utilisant des modèles 2D
et 3D, pour vérifier que nous obtenons bien les mêmes résultats.

3.3.1 Approche numérique par éléments finis

L’équilibre du solide à l’instant t peut être décrit sous forme variationnelle, par le PTV
[Batoz 90b] :

 −→−→ →− −→
Wstat = D ∗ : σdV − u∗ .fS dS− u∗ .fV dV
−
V
→∗  S−
→∗ V
Wdyn = u ρüdV + u cu̇dV (3.1)
V V
W = Wstat + Wdyn = 0 ∀u∗ C.A
−−→ 
avec : σ tenseur de Cauchy, D ∗ = 12 sym grad − →
u ∗ tenseur des déformations virtuelles.
→ −
− → → −
− →
fS et fV sont respectivement les vecteurs des forces surfaciques et volumiques. −

u , u̇ , ü
déplacement, vitesse et accélération, ρ la densité et V la configuration déformée.
En utilisant la discrétisation par éléments finis (voir annexe A), l’équation (3.1) s’écrit :

   
[M] {ü} + [C] {u̇} − F ext + F int (u) = 0 (3.2)

avec : [M] matrice masse diagonale, [C] matrice amortissement diagonale, {F int } et
{F ext } respectivement les vecteurs forces internes et externes, obtenus par assemblage.
L’emboutissage est un procédé ou problème quasi-statique mais fortement non linéaire,
en raison des contacts entre la tôle et les différents outils. Ainsi nous pouvons utiliser soit,
une méthode de résolution implicite ou explicite.

56
3.4. Exemples bi-dimensionnels

3.3.2 Résolution statique implicite


Dans le cas d’une résolution implicite, on utilise pour résoudre un problème quasi-
statique :
 −→− → −→− →
Wstat = D ∗ : σdV − u∗ .fS dS− u∗ .fV dV
V S V
La résolution numérique du problème mécanique non linéaire consiste à chercher les
champs de contraintes et de déplacements pour différentes sollicitations. Généralement,
la méthode de Newton est utilisée à chaque itération pour linéariser le problème (voir
annexe A), conduisant ainsi à la relation :

[KT ]i {∆u} = {R}i (3.3)


 
où [KT ] est dite matrice tangente et {R} = F int −{F ext } est le vecteur résidu global.

3.3.3 Résolution dynamique explicite


La résolution explicite des équations du mouvement (équation 3.4) est généralement
traitée de façon simple avec une matrice masse diagonalisée. Elle consiste à choisir un
grand nombre de petits pas temporels sans itérations.

 ext n   int n n 
{ün } = [M]−1 F (t ) + F (σ , t ) (3.4)

Les contraintes sont évaluées par la formulation de la loi de comportement. Les vecteurs
forces externes dépendent des conditions aux limites et des lois de contacts. L’opérateur
temporel est discrétisé par un schéma de différences finis centrales. Pour plus de détails
sur les aspects numériques concernant la discrétisation temporelle par la méthode des
différences finis centrales, nous recommandons aux lecteurs l’annexe A.

3.4 Exemples bi-dimensionnels


3.4.1 Godet cylindrique (Numisheet’02)
3.4.1.1 Description du problème

L’exemple, décrit en figure 3.6, est le "benchmark" proposé dans la conférence "Numi-
sheet’2002". Le problème consiste à former un godet cylindrique de 40 mm de profondeur
à partir d’une tôle de 210 mm de diamètre et d’une épaisseur de 1 mm. Un serre-flan per-
met de contrôler le glissement de la tôle. La pression exercée par ce serre-flan sur la tôle
ainsi que le comportement à l’interface entre la tôle et les outils jouent un rôle déterminant
dans le contrôle de l’écoulement du matériau afin d’éviter la formation des plis et d’éviter

57
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

l’apparition micro-fissures. Plusieurs résultats numériques de références concernant ce cas


test sont disponibles dans [Numisheet 02].

Fig. 3.6 – Description géométrique du godet Numisheet’02 [Numisheet 02]

3.4.1.2 Modèle E.F 3D avec outils rigides

Nous présentons dans cette section, les résultats obtenus en utilisant les codes ABA-
QUS/Explicite et STAMPACK, pour l’emboutissage du godet cylindrique en considérant
les outils rigides. Il est donc possible d’utiliser un modèle éléments finis tridimension-
nel, similaire à celui développé dans [Numisheet 02]. Les résultats obtenus sont ensuite
comparés à ceux issus de [Numisheet 02].
La mise au point d’un modèle avec un logiciel de type statique implicite (ABA-
QUS/Standard) est relativement difficile pour les problèmes 3D fortement non-linéaires
et peu efficace pour des problèmes avec contacts complexes, d’où la nécessité fréquente
d’utiliser ABAQUS/Explicite.
La tôle est discrétisée à l’aide de 2196 éléments finis de coque à 4 noeuds, à interpo-
lation linéaire en déplacements et avec intégration réduite (S4R) dans ABAQUS et 5008
éléments de coque à 3 noeuds (BST) dans STAMPACK (figure 3.7). Les outils poinçon,
matrice et serre-flan sont représentés par des surfaces rigides (discrétisés par des éléments
rigides). La tôle a un comportement élasto-plastique avec une loi d’écrouissage isotrope.
Les caractéristiques mécaniques du matériau utilisé sont reportées dans le tableau 3-1.
Les conditions de contact sont régies par une loi de type Coulomb avec un frottement
de 0.04 identique entre la tôle et les différents outils (poinçon, matrice, serre-flan). La
force de serrage vaut 70 kN. La course du poinçon est de 40 mm.

58
3.4. Exemples bi-dimensionnels

Fig. 3.7 – Maillages éléments finis utilisés pour un quart de tôle

E (MPa) ν T S (MPa) r K (MPa) n


0˚ 213.14 0.3 288.82 2.160 539.87 0.270
45˚ 227.07 0.3 298.18 1.611 558.23 0.266
90˚ 218.19 0.3 284.89 2.665 534.72 0.273

Tab. 3.1 – Caractéristiques mécaniques du matériau de la tôle [Numisheet 02]

Les paramètres qui influencent la répartition de l’épaisseur de la tôle et la force d’em-


boutissage (forces de contact) sont très nombreux pour être tous étudiés ici (matériau
de la tôle, frottement, pression du serre-flan, rayons des outils, finesse des maillages, vi-
tesse d’emboutissage, algorithme de contact,...etc.). Dans notre cas, nous avons choisi
d’effectuer une étude de sensibilité aux paramètres numériques (vitesse d’emboutissage
et méthode de traitement du contact) afin de déterminer les paramètres numériques les
plus adaptés, pour calculer la solution avec une bonne précision, notamment les forces de
contact tôle/outils.

A) Choix de la vitesse du poinçon


Quand on utilise un modèle dynamique, les conditions initiales concernent les déplace-
ments et les vitesses. Pour le choix de la vitesse du poinçon, nous disposons des résultats
de référence issus de la littérature pour comparer un modèle quasi-statique avec un modèle
dynamique explicite. Pour vérifier que nous n’ajoutons pas d’effets d’inertie indésirables
à notre modèle, il y a plusieurs moyens de vérification [Abbas 02] :
– le premier indice est de ne pas utiliser des vitesses supérieures à 1% de la vitesse du

59
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

son dans le matériau (soit 52 m/s pour un acier) ;


– il ne faut pas que l’énergie cinétique soit supérieure à 5% de l’énergie interne ;
– on peut comparer avec les résultats de l’analyse statique implicite et avec les résultats
expérimentaux.
Les simulations effectuées avec ABAQUS/Explicite montrent que la sensibilité de la
solution n’est pas notable pour des vitesses de poinçon au dessous de 10 m/s. La figure
3.8 illustre l’évolution de l’effort d’emboutissage pour plusieurs vitesses du poinçon.

Fig. 3.8 – Influence de la vitesse de poinçon sur l’effort d’emboutissage

Plus la vitesse du poinçon est faible plus le temps CPU est élevé. Par conséquent, nous
retiendrons une vitesse de 10 m/s pour la suite des simulations, afin de rester dans des
temps CPU acceptables.
Nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que la vitesse d’emboutissage utilisée
dans le code STAMPACK est divisée par un facteur de 5 environ par rapport à celle
utilisée dans ABAQUS, car le code STAMPACK utilise une masse volumique artificielle
(mass scaling). Les simulations effectuées dans STAMPACK, ont montré que l’épaisseur
de la pièce n’est pas sensible à la vitesse du poinçon. En revanche, l’effort d’emboutissage
en dépend principalement. La figure 3.9 montre l’évolution de l’effort d’emboutissage pour
plusieurs vitesses du poinçon.
On remarque une chute importante de la force d’emboutissage à la fin de la course du
poinçon pour une vitesse de 2 m/s (vitesse équivalente à 10 m/s environ dans ABAQUS).
Plus la vitesse est élevée, plus la courbe est bruitée et moins les résultats sont fiables. Il
convient donc d’adopter une vitesse de 0.2 m/s pour la suite des simulations si l’on veut

60
3.4. Exemples bi-dimensionnels

Fig. 3.9 – Influence de la vitesse de poinçon sur l’effort d’emboutissage

calculer la solution avec une bonne précision.

B) Choix de la méthode de traitement du contact


Deux problèmes se posent quand il peut y avoir contact entre deux structures ou
parties de structures : la détection du contact, puis le traitement du contact s’il a lieu.
Quelle que soit la méthode employée, il faut calculer une distance normale pour détecter,
puis traiter le contact éventuel. Il existe deux approches pour calculer "la distance" :
l’approche noeud à noeud et l’approche noeud sur surface. Le traitement du contact ne
dépend pas de la méthode employée pour le détecter [Craveur 03]. Même si le contact
noeud à noeud est numériquement plus précis que le contact noeud sur surface, il impose
de très fortes difficultés à l’utilisateur. Les maillages des zones en contact doivent être
identiques et se superposer. Dans le cas de l’emboutissage, il n’est pas envisageable de
faire coïncider les maillages des zones en contact, puisque la tôle glisse sur les outils
(poinçon, matrice, serre-flan) au cours de l’emboutissage.
Pour traiter le contact dans ABAQUS, nous disposons des méthodes suivantes :
– "general contact" : il utilise la méthode par pénalisation ;
– "contact pair" : il utilise la méthode cinématique et la méthode par pénalisation.
Dans notre cas, nous avons choisi d’évaluer le "contact pair" avec la méthode cinéma-
tique et la méthode par pénalisation. En effet, l’utilisation du "general contact", conduit
à des temps CPU conséquents et pour une qualité de la solution proche de celle que l’on
obtiendrait si l’on utilisait le "contact pair" (voir thèse de L. Ben Ayed [Ben Ayed 05]).
Par ailleurs, la seule méthode possible pour traiter le contact dans STAMPACK est le

61
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

"contact pair" avec la méthode par pénalisation.


Sur la figure 3.10, nous avons reporté l’évolution de la courbe force-déplacement ob-
tenue pour deux méthodes de traitement du contact dans le cas du "contact pair".

Fig. 3.10 – Influence de la méthode de traitement du contact sur l’effort d’emboutissage

On remarque que les deux méthodes conduisent pratiquement à la même qualité de


résultats, bien que dans le cas de la méthode par pénalisation, le temps CPU ait légère-
ment augmenté. En revanche, la méthode par pénalisation conduirait sans doute à une
chute importante de l’effort d’emboutissage si les conditions d’emboutissage (force de ser-
rage faible, par exemple) étaient favorables à l’apparition de plis dans la pièce emboutie
(voir thèse L. Ben Ayed [Ben Ayed 05]). En effet, la méthode par pénalisation favorise
l’interpénétration des surfaces en contact. Par conséquent, c’est la méthode cinématique
qui est retenue pour traiter le contact dans ABAQUS.
Ci-après, sont présentés les résultats obtenus avec ABAQUS/Explicite et STAMPACK
en utilisant les paramètres numériques définis précédemment.
Afin de confronter nos résultats avec la littérature, nous avons tracé la répartition de
l’épaisseur suivant un axe de symétrie de la pièce (figure 3.11) ainsi que l’évolution de
l’effort total d’emboutissage (figure 3.12). Nous constatons que nos résultats sont en bon
accord avec ceux de la littérature [Alves 02, Siguang 02]. Nous remarquons également que
les résultats obtenus avec STAMPACK sont comparables à ceux d’ABAQUS/Explicite.

62
3.4. Exemples bi-dimensionnels

Fig. 3.11 – Répartition de l’épaisseur suivant le rayon initial du flan

Fig. 3.12 – Force d’emboutissage en fonction de la course du poinçon

3.4.1.3 Modèles E.F avec poinçon déformable

L’objectif de ce modèle est d’étudier le comportement du poinçon en acier supposé


homogène isotrope (poinçon conventionnel). On s’intéresse principalement aux niveaux
de contraintes qui peuvent être atteints dans celui-ci au cours du formage.
La qualité de la procédure de simulation est évaluée en comparant les résultats concer-

63
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

nant la pièce emboutie et le poinçon déformable. Les résultats obtenus avec le modèle
précèdent (modèle avec outils rigides) ont été confrontés à la littérature et constituent
des résultats de référence concernant la pièce finale emboutie. Nous ne disposons d’au-
cun résultat de référence concernant le poinçon déformable. Nous avons donc logiquement
adopté une stratégie de simulation, qui consiste à développer un modèle axisymétrique
2D relativement simple à simuler avec ABAQUS/Standard (statique implicite), afin de
construire une solution de référence pour le poinçon.

A) Modèle E.F 2D statique implicite


Le modèle élément fini utilisé est présenté à la figure 3.13.

Fig. 3.13 – Modèle élément fini 2D axisymétrique avec poinçon déformable [Oudjene 04]

La tôle est discrétisée à l’aide de 270 éléments axisymétriques, à 4 noeuds à interpola-


tion linéaire en déplacements (CAX4R), dans la direction radiale et 4 éléments dans son
épaisseur. Le poinçon, de 40 mm de hauteur, est supposé élastique linéaire et isotrope
avec les caractéristiques suivantes : E = 210 GPa et ν = 0.3. Il est discrétisé à l’aide
de 821 éléménts finis axisymétriques à 4 noeuds (CAX4), à interpolation linéaire en dé-
placements. Quant aux autres outils, serre-flan et matrice, ils ont été supposés rigides.
La taille des éléments a été diminuée dans la partie de la tôle en contact avec le rayon
d’entrée du poinçon. Le poinçon est piloté en déplacement depuis sa surface supérieure.
Les simulations ont été effectuées en utilisant le code ABAQUS/Implicite.
Ci-après, nous avons reporté les courbes de distribution de l’épaisseur dans la pièce
emboutie suivant la direction radiale (figure 3.14) ainsi que l’effort d’emboutissage (figure
3.15).

64
3.4. Exemples bi-dimensionnels

Fig. 3.14 – Distribution de l’épaisseur suivant la direction radiale

Fig. 3.15 – Courbe force-déplacement du poinçon

Les résultats sont comparés à ceux obtenus avec le même modèle en considérant les
outils rigides. Les résultats issus des deux modèles sont en bon accord. En effet, les défor-
mations élastiques du poinçon n’ont pas d’influence notable sur les résultats. Autrement
dit, le poinçon en acier est suffisamment rigide pour garantir une conformité géométrie de
la pièce emboutie.

65
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Nous avons également examiné la distribution des forces de contact et des pressions
entre la tôle et les différents outils (poinçon, matrice, serre-flan) au cours de l’emboutis-
sage. La figure 3.16 illustre la distribution des pressions de contact à la fin de la course
de poinçon.

Fig. 3.16 – Distribution de la pression de contact tôle/outils [Oudjene 04-05d]

Ce type de résultat peut être obtenu, à l’aide du code ABAQUS, en considérant les
outils rigides ou déformables. On remarque que les efforts de contact entre le poinçon et
la tôle n’existent qu’au niveau du rayon d’entrée poinçon avec un maximum d’environ
54 MPa. Nous remarquons également l’existence de zones de forte pression de contact
qui sont attribuées au pliage et au dépliage de la tôle sur le rayon d’entrée du poinçon,
ce qui est cohérent avec la littérature [Attaf 03, Danckert 98, Hortig 01, Burlat 98]. Par
ailleurs, les pressions de contact apparaissent sous le serre-flan et sous le rayon d’entrée
matrice. Sous le serre-flan, les pressions sont concentrées vers le rayon extérieur du flan,
où l’épaississement est maximum.
La prise en compte de la déformabilité du poinçon au cours de l’emboutissage, nous a
permis d’accéder la répartition des contraintes équivalentes dans le poinçon. La figure 3.17
montre la distribution des contraintes de Von Mises dans le poinçon avec un maximum
global d’environ 35 MPa atteint à la fin de la course du poinçon.
Les calculs ont été effectués sur une machine de type Pentium (R)4, 2.8 Ghz et 1.0 Go
de RAM en utilisant ABAQUS/Standard version 6.3. Le temp CPU dans le cas du modèle
axisymétrique 2D avec poinçon déformable était de 900 (s). Soit 1.5 fois plus grand que
le temps CPU du modèle axisymétrique 2D avec outils rigides.

66
3.4. Exemples bi-dimensionnels

Fig. 3.17 – Contraintes de Von Mises dans le poinçon (ABAQUS/Standard) [Oudjene 04]

B) Modèle E.F 2D dynamique explicite


La simulation numérique des procédés de mise en forme, en particulier l’emboutis-
sage, est souvent réalisée en utilisant une résolution dynamique explicite en raison des
fortes non linéarités dues au contact avec les différents outils. L’objectif principal de ce
modèle est de vérifier que nous obtenons les mêmes résultats qu’avec l’algorithme sta-
tique implicite. L’influence de la finesse du maillage ainsi que la vitesse d’emboutissage
est particulièrement prépondérante dans les modèles éléments finis avec une résolution de
type dynamique/explicite. Ainsi, nous avons testé l’influence de la finesse du maillage du
poinçon déformable ainsi que l’influence de la vitesse d’emboutissage sur la distribution
des contraintes équivalentes dans le poinçon. Dans un premier temps, les calculs ont été
réalisé en considérant une vitesse d’emboutissage de 10 m/s, puis nous avons fait varier
celle-ci. Les différents maillages testés sont donnés par la figure 3.18.
Sur la figure 3.19, nous avons reporté les différentes distributions de contraintes de von
Mises dans le poinçon, obtenues en considérant une vitesse d’emboutissage de 10 m/s, la
solution de référence étant celle de la figure 3.17. Nous remarquons une influence impor-
tante du maillage sur la distribution de contraintes. Même en considérant un maillage
fin (maillage 4), la solution obtenue est différente de celle obtenue avec le modèle sta-
tique/implicite (voir figure 3.17). L’approche dynamique explicite, pour une "vitesse nor-
male" de 10 m/s en simulation de l’emboutissage, exige un maillage très fin des outils
déformables élastiques, afin de respecter le mieux possible l’équilibre et la bonne propa-
gation des ondes élastiques.

67
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Fig. 3.18 – Les différents maillages testés

Fig. 3.19 – Effets de la finesse du maillage sur les contraintes, cas de VP =10 m/s

68
3.4. Exemples bi-dimensionnels

Afin d’examiner l’effet de la vitesse d’emboutissage sur l’état de contraintes dans le


poinçon, des simulations numériques ont été effectuées avec plusieurs vitesses du poin-
çon et en considérant les différents maillages précédents. Les résultats montrent une forte
influence (figures 3.20a et 3.20b) de la vitesse d’emboutissage sur l’état de contraintes dé-
veloppé dans le poinçon déformable. Nous remarquons que la solution obtenue en consi-
dérant une vitesse de 1 m/s (figure 3.20b), est comparable à la solution de référence
(figure 3.20c), issue du modèle statique/implicite : le couplage des comportements de la
tôle (élastoplasticité) et du poinçon déformable (linéaire élastique) nécessite une vitesse
d’emboutissage très faible, lorsque on souhaite obtenir une solution acceptable, en raison
de la transmission des ondes dans le solide élastique (poinçon déformable).

Fig. 3.20 – Effets de la vitesse d’emboutissage sur l’état de contraintes dans le poinçon

La vitesse d’emboutissage a aussi une forte influence sur les forces de contact tôle/outils.
Les figures 3.21 et 3.22 illustrent respectivement les courbes force-déplacement du poinçon
déformable pour deux cas de vitesse de poinçon : VP = 10 m/s et VP = 1 m/s, comparées
à la courbe de référence obtenue en considérant les outils rigides. On remarque que dans le
cas du modèle avec poinçon déformable, la force d’emboutissage présente une phase très
oscillatoire au début de l’emboutissage, correspondant à l’impact initial poinçon/tôle. La
suite de la courbe retrouve sa forme "normale" avec une légère amplification par rapport
à celle obtenue en considérant les outils rigides. En effet, la vitesse du poinçon de 10

69
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

m/s est trop élevée, les degrés de liberté du poinçon participent à l’inertie du système et
interagissent avec ceux du flan au travers leurs surfaces de contact (voir annexe B).

Fig. 3.21 – Courbes force-déplacement du poinçon déformable, VP =10 m/s

Plus la vitesse du poinçon est élevée, plus l’effet d’inertie est élevé et moins le résultat
est fiable.

Fig. 3.22 – Courbes force-déplacement du poinçon déformable, VP =1 m/s

70
3.4. Exemples bi-dimensionnels

C) Modèle E.F 3D dynamique explicite


En général, l’emboutissage est une opération tridimensionnelle avec une géométrie
plus au moins complexe. Ce modèle a pour but principal de montrer la lourdeur de la
procédure de simulation numérique de l’opération d’emboutissage lorsque celle-ci est prise
dans toute sa complexité (géométrie 3D, maillages des outils par éléments déformables,
gestion du contact...).
Le maillage de la tôle est identique à celui de la figure 3.4. Le poinçon déformable
quant à lui, a été discrétisé à l’aide de 16469 éléments finis héxaèdriques à 8 noeuds avec
une faible épaisseur des éléments frontières afin de minimiser la perte d’énergie cinétique
(voir annexe B), à interpolation linéaire en déplacements (figure 3.23).

Fig. 3.23 – Modèle élément fini 3D avec poinçon déformable [Oudjene 04-05d]

Nous avons donc utilisé ABAQUS/Explicite en considérant les paramètres numériques


définis précédemment. Le poinçon déformable est piloté en déplacement depuis sa surface
supérieure avec une vitesse de 1 m/s.
L’état de contraintes dans le poinçon déformable, obtenu pour une vitesse d’emboutis-
sage de 1 m/s est illustré sur la figure 3.24. On remarque que le résultat est en bon accord
comparé à celui obtenu avec un modèle statique implicite (figure 3.17). En effet, l’utili-
sation d’une vitesse de poinçon de 1 m/s a permis de minimiser l’effet d’inertie (énergie
cinétique) et d’obtenir ainsi une solution acceptable. Comme conséquence, le temps CPU
est grandement amplifié et atteint 33 heures (contre 3 heures 25 minutes avec une vitesse
classique de 10 m/s) sur une machine de type Pentium (R) 4 avec 2.8 Ghz et 1.0 Go de
RAM.

71
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Fig. 3.24 – Distribution des contraintes de Von Mises dans le poinçon, ABAQUS/Explicite
avec VP =1 m/s [Oudjene 04-05d]

Les récapitulatifs des temps CPU des différentes simulations effectuées avec ABA-
QUS/Explicite et STAMPACK sont reportés respectivement dans les tableaux 3.2 et 3.3.
Nous rappelons également que les calculs sous ABAQUS/Explicite ont été effectués sur
une machine de type Pentium (R) 4 avec 2.8 Ghz et 1.0 Go de RAM. Quant aux calculs
sous STAMPACK, ont été effectués sur une machine de type Pentium (R) 4 avec 3.2 Ghz
et 3.0 Go de RAM.

ABAQUS/Explicite Vp =10 m/s Vp =5 m/s Vp =1 m/s


Modèle 3D avec outils rigides 0 : 43 : 48 1 : 23 : 10 6 : 19 : 48
Modèle 3D avec poinçon déformable 3 : 25 : 33 33 : 04 : 10

Tab. 3.2 – Récapitulatif des temps CPU sous ABAQUS/Explicite

STAMPACK Vp =2 m/s Vp =1 m/s Vp =0.2 m/s


Modèle 3D avec outils rigides 0 : 17 : 11 0 : 30 : 07 2 : 11 : 30

Tab. 3.3 – Récapitulatif des temps CPU sous STAMPACK

3.4.2 Godet cylindrique avec contre-embouti


3.4.2.1 Description géométrique

Ce cas d’emboutissage, consiste à former un godet cylindrique de 40 mm de profondeur


à partir d’une tôle de 150 mm de diamètre et d’une épaisseur de 0.7 mm. Un contre embouti

72
3.4. Exemples bi-dimensionnels

d’une profondeur de 7 mm et qui correspond à la forme d’un fond de bouteille est réalisé
à la fin de l’emboutissage. La description géométrique du godet est donnée par la figure
3.25. Ce cas d’étude a été traité dans les travaux de thèse de M. Burlat en axisymétrie
(voir [Burlat 98]).

Fig. 3.25 – Description géométrique du godet avec contre embouti [Burlat 98]

3.4.2.2 Modèle E.F avec poinçon déformable

La tôle est discrétisée à l’aide de 210 éléments axisymétriques, à 4 noeuds à inter-


polation linéaire en déplacements (CAX4R) dans la direction radiale et 3 éléments dans
son épaisseur. Le poinçon est supposé avoir un comportement élastique linéaire avec les
caractéristiques : E = 210 GPa et ν = 0.3. Il est discrétisé à l’aide de 1038 éléménts
axisymétriques à 4 noeuds (CAX4) à interpolation linéaire en déplacements (figure 3.26).
Les outils matrice et serre-flan ont été supposés rigides, décrits par leur équations
paramètriques. Dans cet exemple, nous nous sommes volontairement limités au modèle
2D.
Le matériau de la tôle est supposé élasto-plastique avec une loi d’écrouissage isotrope
dont les caractéristiques sont celles données dans le tableau 3.1.
Les conditions de contact sont régies par une loi de type Coulomb avec un frottement
de 0.19 identique entre la tôle et les différents outils (poinçon, matrice, serre-flan). La
force de serrage vaut 50 kN. La course du poinçon est de 40 mm.

73
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Fig. 3.26 – Modèle élément fini avec poinçon déformable

Sur la figure 3.27 nous avons reporté les courbes force-déplacement du poinçon ob-
tenues avec ABAQUS/Implicite et ABAQUS/Explicite en considérant deux vitesses de
poinçon : 10 m/s et 1 m/s.

Fig. 3.27 – Courbes force-déplacement du poinçon

74
3.4. Exemples bi-dimensionnels

De la même manière que précédemment, l’ensemble des courbes est comparé à la


solution de référence, obtenue en considérant les outils rigides.
Les différentes courbes comportent une phase brutalement ascendante à partir de 33
mm de la course du poinçon, ceci correspond évidemment à la présence du contre-embouti
de 7 mm. Concernant la qualité des résultats, nous pouvons émettre des remarques ana-
logues au cas précédemment traité. En effet, les résultats montrent que la solution est
fiable pour une vitesse du poinçon de 1 m/s.
La figure 3.28 montre la distribution de la pression de contact imposée aux outils à la
fin de l’emboutissage (comme forces de réaction appliquées à la tôle déformée). On peut
remarquer que la tôle n’est jamais en contact en même temps sur ses deux surfaces, hormis
sous serre-flan, ce qui implique qu’il n’y a pas de pincement de la tôle entre le poinçon et
le contre-embouti. Ces résultats sont cohérents avec la littérature (voir [Burlat 98]).
Le poinçon n’est en contact avec la tôle que sur ses différents rayons. Ce qui implique
que la partie basse du poinçon peut être considérée comme la seule partie active de celui-ci.

Fig. 3.28 – Distribution de la pression de contact entre la tôle et les outils

L’état de contraintes dans le poinçon, correspondant à cette situation, obtenu en uti-


lisant ABAQUS/Implicite, est illustré sur la figure 3.29. Le maximum de contrainte de
Von Mises calculé est d’environ 63 MPa.

75
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Fig. 3.29 – Distribution des contraintes de Von Mises dans le poinçon

3.5 Exemples tridimensionnels

Pour prédire de manière précise le comportement tridimensionnel des outils d’embou-


tissage, il conviendrait de considérer leurs déformabilité élastique au cours de l’opération
d’emboutissage. Cependant, nous avons constaté à travers les simulations effectuées précé-
demment que des résultats de précision acceptables ne peuvent être obtenus qu’au moyen
de modèles de grandes tailles (maillage des outils par éléments déformables) et des temps
CPU très conséquent (vitesse d’emboutissage faible). Compte tenue de toutes ces diffi-
cultés, la simulation de l’emboutissage de cas tridimensionnels, en considérant les outils
déformables, n’est pas envisageable. Nous avons donc entrepris d’effectuer des simulations
classiques en considérant les outils rigides et en utilisant les codes éléments finis STAM-
PACK et ABAQUS/Explicite. Par ailleurs on s’intéresse principalement à la répartition
des forces de contact imposées en surface des outils rigides au cours de l’emboutissage.
Notons que le code STAMPACK fourni la répartition des forces de contact directement en
surface des outils rigides au cours de l’emboutissage. La connaissance de cette répartition
est particulièrement intéressante dans le cadre de l’analyse du comportement élastique
des outils.

76
3.5. Exemples tridimensionnels

3.5.1 Boite carrée (Numisheet’93)


Le premier exemple d’application tridimensionnelle choisi est celui du "benchmark
Numisheet’93" dont la description géométrique est donnée par la figure 3.30. Le problème
consiste en l’emboutissage d’une boite carrée à partir d’un flan initialement carré, en acier,
de 150 mm x 150 mm et d’une épaisseur de 0.78 mm. La profondeur d’emboutissage est
de 40 mm. La force de serrage vaut 19.6 kN.

Fig. 3.30 – Description géométrique de la boite carrée [Numisheet 93]

Le matériau de la tôle est supposé élasto-plastique anisotrope dont les caractéristiques


sont reportées dans le tableau 3.4.

E (MPa) ν T S (MPa) r K (MPa) n


0˚ 206000 0.3 308.5 1.79 567.29 0.2637
45˚ 206000 0.3 316.0 1.51 578.00 0.2589
90˚ 206000 0.3 305.0 2.27 554.38 0.2543

Tab. 3.4 – Caractéristiques mécaniques du matériau de la tôle [Numisheet 93]

En raison des symétries que présente la géométrie, on ne discrétise qu’un quart du


modèle. Ainsi, nous avons utilisé 5000 éléments finis de coques à 3 noeuds de type BST,
à interpolation linéaire en déplacements, pour le maillage dans STAMPACK et 2500 élé-
ments finis de coque à 4 noeuds de type S4R pour le maillage dans ABAQUS (figure
3.31).
On considère un frottement de type Coulomb avec un coefficient de 0.14 identique
entre la tôle et les différents outils rigides.
Les répartitions de l’épaisseur dans la pièce obtenues avec les deux codes sont données
par la figure 3.32 (le résultat de STAMPACK est donné en terme d’épaisseur relative).

77
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Fig. 3.31 – Maillages éléments finis utilisés pour le quart du flan

Fig. 3.32 – Distribution de l’épaisseur dans la pièce emboutie

Afin de confronter les résultats issus des deux codes, nous avons tracé l’évolution de
l’épaisseur le long du profil OA, correspondant à 00 (figures 3.33) ainsi que l’évolution de
l’effort d’emboutissage (figures 3.34) en fonction de la course du poinçon. Les résultats
sont cohérents.
Par ailleurs, en plus de la connaissance de l’effort global d’emboutissage, l’utilisation
du code STAMPACK nous offre l’avantage d’accéder à la répartition des forces de contact
imposées aux outils rigides. Ainsi, nous pouvons connaître les composantes du vecteur
force de contact en tout point de la surface de l’outil rigide considéré.
La figure 3.35 montre la distribution de la pression de contact sur le poinçon rigide, à
la fin de l’emboutissage, où la charge est maximale.
Tout comme dans les cas 2D précédents, les sollicitations sur le poinçon sont localisées

78
3.5. Exemples tridimensionnels

Fig. 3.33 – Distribution de l’épaisseur le long de l’axe de symétrie

Fig. 3.34 – Courbe force-déplacement du poinçon

principalement sur le rayon d’entrée de celui-ci. Un maximum de pression de contact


d’environ 70 MPa est observé au niveau de l’arrondi au coin du poinçon, à la fin de
l’opération d’emboutissage.
La connaissance de la distribution des forces de contact entre la pièce et les outils

79
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Fig. 3.35 – Distribution de la pression de contact sur le poinçon rigide (STAMPACK)

rigides doit, a priori, permettre l’analyse des outils déformables, discrétisés par éléments
finis. En effet, en faisant l’hypothèse que les forces de contact imposées à l’outil supposé
rigide sont équivalentes à celles qui s’exercent sur l’outil déformable dans une opération
réelle d’emboutissage, ce dernier peut être analysé par l’exploitation de la répartition des
forces de contact calculées sur l’outil rigide comme cas de chargement statique sur l’outil
réel, déformable.
Désormais, c’est le code STAMPACK qui sera retenu pour la simulation des cas tridi-
mensionnels, pour deux principales raisons :
– L’utilisation de STAMPACK, permet l’obtention de la répartition des forces de
contact directement en surface de l’outil rigide, alors que ABAQUS ne le permet
pas ;
– De plus, STAMPACK conduit à des temps CPU relativement faibles devant les
temps CPU réalisés par ABAQUS (voir tableaux 3.2 et 3.3).

3.5.2 Cas industriel (pièce Craft-Fastool)


En ce qui concerne le cas industriel, nous avons choisi d’étudier l’emboutissage de la
pièce correspondant à la géométrie du poinçon d’emboutissage issu du projet européen
Craft-Fastool dont la description est donnée par la figure 3.36. Il s’agit dans ce cas d’éva-
luer la répartition des forces de contact (sollicitations) imposées aux outils rigides pour
un cas d’emboutissage tridimensionnel, réel et sévère en ce qui concerne les conditions
d’emboutissage.
Le problème consiste alors à emboutir une tôle, en acier DC04 (XES), de 550 mm x
350 mm et d’une épaisseur de 1 mm. La profondeur d’emboutissage est de 50 mm. La
force de serrage vaut 50 kN. Le matériau de la tôle est supposé élasto-plastique isotrope
dont les caractéristiques sont reportées dans le tableau 3.5.

80
3.5. Exemples tridimensionnels

Fig. 3.36 – CAO des outils rigides du cas d’emboutissage Craft-Fastool

Matériau E (MPa) ν σ0 (MPa) K (MPa) n


DC04 (XES) 210000 0.3 169 522.4 0.23

Tab. 3.5 – Caractéristiques mécaniques de l’acier XES [Labergère 03]

Étant donné la complexité de la géométrie de la pièce, la tôle a été discrétisée avec un


maillage très fin, en utilisant 382518 éléments finis de coque BST à 3 noeuds, à interpo-
lation linéaire en déplacements (figure 3.37). Les outils poinçon, matrice et serre-flan ont
été considérés rigides.

Fig. 3.37 – Discritisation du flan initial avec zoom sur le maillage

Le contact tôle/outils est supposé de type Coulomb. Nous avons considéré un coeffi-
cient de frottement de 0.1, identique sur toutes les surfaces de contact.
En raison de manque de résultats expérimentaux, nous nous sommes contentés de
comparer la géométrie de la pièce finale emboutie (contour de l’embouti et épaisseur)

81
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

avec celle obtenue expérimentalement, voir figure 3.38. Nous constatons que la qualité
de la pièce obtenue par simulation numérique est globalement identique à celle issue
de l’expérience. Des maxima d’amincissement de l’ordre de 26%, calculés sur la pièce
emboutie (figure 3.39), ont été observés dans les mêmes endroits sur la pièce réelle. En
outre, le détail mentionné sur la figure 3.38b ne correspond pas à un avalement réel mais,
à une découpe du flan initial avant emboutissage.

Fig. 3.38 – Comparaison de la pièce finale emboutie avec l’expérience

Fig. 3.39 – Distribution de l’épaisseur dans la pièce finale emboutie

Afin d’examiner la distribution des sollicitations imposées aux outils rigides, la figure
3.40 illustre la distribution de la pression de contact imposée en surface du poinçon rigide
à la fin de l’emboutissage. Le résultat montre que les forces de contact sont réparties prin-
cipalement sur les différents rayons de l’empreinte du poinçon. Les maxima sont localisés
sur les petits rayons où les conditions d’emboutissage sont les plus sévères.

82
3.6. Description de l’approche proposée

Fig. 3.40 – Distribution des pressions de contact sur le poinçon rigide

3.6 Description de l’approche proposée


3.6.1 Objectifs de l’approche
Idéalement, l’analyse mécanique des outils d’emboutissage nécessite la prise en compte
de leurs comportement dans une simulation couplée de l’emboutissage en considérant les
outils déformables. Comme nous avons pu le constater précédemment, cette procédure de
simulation est très coûteuse en temps de calcul (tableau 3.2). Particulièrement dans le
cas des situations 3D, elle impose à l’utilisateur de très fortes difficultés, notamment les
problèmes de discrétisation des outils par éléments déformables et la gestion du contact
entre surfaces déformables. De plus, une autre difficulté liée à la stratification et au vissage
des outils vient s’ajouter à la complexité du problème.
L’approche proposée ici consiste à découpler la simulation numérique de l’emboutissage
de l’analyse du comportement de l’outil déformable. Elle doit :

1. remédier aux fortes difficultés pratiques qu’impose la simulation couplée de l’em-


boutissage en considérant les outils déformables ;
2. être exploitable et valide dans le cas des situations tridimensionnelles (notre princi-
pal objectif) ;
3. pouvoir être couplée avec des procédures d’optimisation, d’où le souhait de rester
dans des temps CPU acceptables.

3.6.2 Principe et hypothèses


L’approche présentée est inspirée de la technique des critères de dimensionnement
des structures élastiques. Ces techniques exploitent des hypothèses concernant les cas de
chargement les plus défavorables pour dimensionner la structure étudiée. Ici, on suppose
que les forces de contact imposées en surface de l’outil supposé rigide sont identiques à

83
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

celles qui s’exercent sur l’outil réel. Ainsi, les forces de contact quasi-statiques calculées
numériquement sur l’outil rigide, sont remplacées par un système de forces statiques dont
les effets sont considérés équivalents à ceux de l’opération réelle d’emboutissage. Cette
hypothèse est vérifiée et valide dans le cas des outils d’emboutissage suffisamment rigides.
L’approche développée ici repose essentiellement sur deux étapes (deux analyses élé-
ments finis), voir figure 3.41 :

Fig. 3.41 – Processus d’analyse 3D par éléments finis des outils d’emboutissage

84
3.6. Description de l’approche proposée

– étape 1, simulation classique de l’emboutissage en considérant les outils rigides,


permettant ainsi d’obtenir la répartition des forces de contact que le flan exerce sur
l’outil rigide au cours du formage. Cette étape de simulation est réalisée en utilisant
le code STAMPACK qui a l’avantage de calculer les forces de contact directement
en surface de l’outil rigide considéré [Quantech ATZ 04] ;
– étape 2, analyse mécanique de l’outil (stratifié ou non) considéré déformable et en
lui appliquant la répartition des forces de contact issue de l’étape 1. Cette étape est
réalisée séparément à l’aide du module éléments finis de CATIA V5.

3.6.3 Estimation des forces de contact


La simulation classique de l’emboutissage en considérant les outils rigides permet de
connaître la répartition des forces de contact pièce/outils. Cette répartition des forces de
contact est obtenue directement en surface de l’outil rigide en utilisant le code STAM-
PACK.
Pour une géométrie surfacique donnée, la partie de la surface de l’outil rigide en contact
avec la pièce (partie active de l’outil) est décomposée en plusieurs surfaces élémentaires
appelées "Sets" (figure 3.42). Chaque "Set" correspond à un groupe d’éléments rigides.
Cette décomposition de la surface de l’outil en plusieurs surfaces élémentaires peut être
réalisée tout au début de la définition de la CAO.

Fig. 3.42 – "Sets" élémentaires et vecteurs forces de contact correspondant

Ainsi, le vecteur force de contact global agissant sur le "Set" (i) est la somme sur les
éléments qui le constituent :

85
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

⎧ (i) ⎫

nelt ⎪
⎨ Fx ⎪ ⎬
(i) (i)
F (i) = Fj avec F (i)
Fy (3.5)

⎩ (i) ⎪ ⎭
j=1 Fz
avec nelt le nombre d’éléments rigides sur le "Set" (i).

La force totale d’emboutissage est alors la somme des composantes verticales Fz sur
tous les "Sets" et peut être exprimée par la relation :


nset
Fp = Fz(i) (3.6)
i=1

avec nset le nombre de "Sets" (ou de surfaces élémentaires)

3.6.4 Charges statiques équivalentes


Le vecteur force de contact F (i) calculé sur le "Set" (i) de l’outil rigide est remplacé
par un système de charge statique équivalente, distribuée selon la relation :

(i)
F = P (i) ds(i) (3.7)
s

Avec : ds(i) l’aire du "Set" (i). P (i) est l’intensité de la charge distribuée sur le "Set" (i).

Dans notre cas, les vecteurs forces de contact sont automatiquement calculés et sauve-
gardés pour chaque "Set" élémentaire, dans l’étape de simulation numérique de l’embou-
tissage en utilisant le code STAMPACK. Le transfert de ces vecteurs forces de contact en
forces équivalentes distribuées, pour l’analyse de l’outil déformable (stratifié ou non) se
fait de manière automatique dans CATIA V5 en utilisant l’option "force importée".

3.7 Validation numérique


Afin de valider l’approche numérique proposée, nous avons choisi d’effectuer les cal-
culs sur des exemples axisymétriques simples, déjà traités précédemment en utilisant une
simulation couplée de l’emboutissage et dont les solutions de référence concernant les dis-
tributions des contraintes ont été obtenues avec ABAQUS/Implicite.

Exemple 1 :
Le premier exemple, décrit en figure 3.43, est le poinçon cylindrique simulé précé-
demment avec le code ABAQUS. Dans cet exemple simple, nous comparons les résultats

86
3.7. Validation numérique

obtenus avec l’approche proposée et ceux obtenus par simulation couplée de l’emboutis-
sage en utilisant ABAQUS/Implicite. Nous considérons un modèle 3D avec un maillage
identique à celui de la figure 3.18, soit 16469 éléments finis (H8). Le poinçon est encastré
à sa base (surface supérieure) avec les conditions de symétrie imposées à ses deux faces
latérales et soumis aux sollicitations de contact imposées le long de son rayon d’entrée
(figure 3.16). Il est considéré élastique linéaire et isotrope dont les caractéristiques sont
E = 210 GPa et ν = 0.3. Le calcul a été réalisé avec ABAQUS/Implicite.

Fig. 3.43 – Exemple étudié : géométrie, conditions aux limites, chargement

La figure 3.44 illustre la distribution des contraintes de Von Mises. Nous remarquons
que le résultat obtenu est en bon accord avec celui de la figure 3.17, obtenu par simulation
couplée de l’emboutissage. Nous vérifions bien que la réaction verticale calculée à la base
encastrée du poinçon correspond à la force totale d’emboutissage, obtenue par simulation
numérique.

Fig. 3.44 – Distribution des contraintes de Von Mises

87
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

Exemple 2 :
Le deuxième exemple est le poinçon cylindrique avec contre-embouti traité précé-
demment en 2D. Nous considérons donc un modèle éléments finis 3D construit à l’aide
d’éléments tétrahèdriques à 4 noeuds. Le poinçon est considéré élastique linéaire et iso-
trope dont les caractéristiques sont E = 210 GPa et ν = 0.3. On considère le chargement
issu des sollicitations de contact imposées sur le rayon d’entrée et du contre-embouti du
poinçon (figure 3.28). Le calcul a été également réalisé avec ABAQUS/Implicite.
La figure 3.45 montre la distribution des contraintes de Von Mises obtenue. Nous
constatons que le résultat est similaire à celui de la figure 3.29, obtenu par simulation
couplée de l’emboutissage. La réaction verticale calculée à la base encastrée correspond
bien à la force de réaction totale du poinçon obtenue par simulation numérique de l’em-
boutissage.

Fig. 3.45 – Distribution des contraintes de Von Mises

3.8 Conclusion
L’étude rapportée dans ce chapitre, concerne le comportement tridimensionnel des ou-
tils d’emboutissage. En ce qui concerne la modélisation et/ou la simulation numérique du
comportement tridimensionnel des outils d’emboutissage, nous n’avons malheureusement
recensé aucun travail publié dans la littérature.
Les simulations numériques effectuées en utilisant le code ABAQUS/Explicite ont
permis de mettre en évidence les fortes difficultés pratiques qu’impose la simulation nu-
mérique de l’emboutissage en considérant les outils déformables, en particulier dans les
cas 3D. Le couplage fort de l’opération d’emboutissage avec le comportement élastique des

88
3.8. Conclusion

outils déformables n’est donc pas envisageable, en particulier dans le cas des géométries
3D complexes. En effet, des résultats de précision acceptable ne peuvent être atteints
qu’au moyen de modèles de très grandes tailles (discrétisation des outils en éléments
déformables) et des temps CPU très conséquents, puisque l’algorithme de résolution dy-
namique/explicite, principalement utilisé, nécessite de réduire la vitesse d’emboutissage
de manière significative, pour stabiliser la solution.
Pour contourner toutes ces difficultés, tout en conservant une bonne qualité d’éva-
luation des déformations et des contraintes dans les outils, nous avons proposé et déve-
loppé une approche simplifiée, en deux étapes, permettant l’analyse tridimensionnelle du
comportement des outils d’emboutissage. L’approche développée est originale en ce qui
concerne l’emboutissage, elle consiste à découpler (séparer) les nonlinéarités de l’embou-
tissage et le comportement élastique de l’outil déformable considéré. On suppose alors
que les forces de contact imposées en surface de l’outil rigide au cours de l’emboutissage
sont identiques à celles qui s’exercent sur l’outil réel, en acier. Ainsi, les forces de contact
quasi-statiques calculées numériquement sur l’outil rigide, sont remplacées par un système
de forces statiques dont les effets sont considérés équivalents à ceux de l’opération réelle
d’emboutissage. Cette procédure de calcul est basée essentiellement sur deux étapes :
– étape 1, simulation classique de l’emboutissage en considérant les outils rigides,
permettant ainsi d’obtenir la répartition des forces de contact que le flan exerce sur
l’outil rigide au cours du formage. Cette étape de simulation est réalisée en utilisant
le code STAMPACK qui a l’avantage de calculer les forces de contact directement
en surface de l’outil rigide considéré [Quantech ATZ 04] ;
– étape 2, analyse mécanique de l’outil (stratifié ou non) considéré déformable et en
lui appliquant la répartition des forces de contact issue de l’étape 1. Cette étape est
réalisée séparément à l’aide du module éléments finis de CATIA V5.
Sur le plan numérique, la société Quantech ATZ (Espagne) a effectué des dévelop-
pements internes (spécifiques à notre problématique) au logiciel STAMPACK, afin de
calculer et de sauvegarder automatiquement la distribution des forces de contact sur les
outils rigides, au cours de l’emboutissage.
L’approche développée peut mener à l’analyse d’outils prototypes stratifiés ou non.
Elle est simple d’utilisation et conduit à des temps CPU habituels, puisque l’emboutis-
sage est simulé classiquement en considérant les outils rigides. Les résultats obtenus en
utilisant cette approche, en terme de contraintes, sont en bon accord avec ceux issus d’une
simulation couplée de l’emboutissage, en considérant l’outil déformable ; ce qui a contribué
à valider numériquement l’approche proposée.

89
Chapitre 3. Analyse mécanique des outils déformables homogènes

90
Applications aux outils stratifiés
4
précontraints par vissage

Sommaire
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
4.2 Aspects bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
4.3 Position du problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
4.4 Assemblage : théorie et aspects mécaniques . . . . . . . . . . . 95
4.4.1 Comportement d’un joint boulonné . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.4.2 Précontrainte de serrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.4.3 Pression à l’interface des pièces assemblées . . . . . . . . . . . . 101
4.5 Modélisation des assemblages par éléments finis : modèle
adopté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
4.6 Validation sur un cas d’assemblage cylindrique . . . . . . . . . 104
4.6.1 Modélisation analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
4.6.2 Modélisation par éléments finis . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
4.6.3 Comparaison des résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
4.7 Applications aux outils d’emboutissage . . . . . . . . . . . . . 109
4.7.1 Poinçon cylindrique (Numisheet’02) . . . . . . . . . . . . . . . 109

91
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

4.7.2 Poinçon carré (Numisheet’93) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117


4.7.3 Poinçon industriel (Craft-Fastool) . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.8 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

4.1 Introduction
En général, le choix de l’épaisseur des strates pour la fabrication des outils stratifiés
dépend des détails de la géométrie de l’empreinte de l’outil à réaliser mais aussi du prix
des plaques métalliques utilisées pour l’usinage des strates. Actuellement, le CIRTES
utilise des plaques d’acier rectifiées de 7 mm d’épaisseur. Par conséquent, nous adoptons
l’épaisseur de 7 mm pour toutes les strates dans tous nos calculs, au cours de cette étude.
En ce qui concerne l’assemblage des strates, l’épaisseur du joint de colle dépend du type
de colle utilisé. En effet, pour garantir une meilleure tenue mécanique des assemblages
collés, il est nécessaire de gérer l’épaisseur des joints de colle. Pour la colle utilisée par
le CIRTES (DELO-Monopox 1196), l’épaisseur doit être comprise entre 0.1 et 0.2 mm.
Quant au choix de l’emplacement des vis et inserts, il dépend des contraintes géométriques
imposées par l’empreinte de l’outil stratifié à réaliser. Le choix de cet emplacement est
souvent réalisé de manière empirique, sans calcul préalable et souvent basé sur de simples
règles de conception et de l’expérience des outilleurs.
La répartition des contraintes dans un outil d’emboutissage stratifié, soumis à des sol-
licitations de formage, dépend de la géométrie de l’outil ainsi que du mode d’assemblage
utilisé. D’une manière générale, la résistance mécanique d’un outil d’emboutissage strati-
fié, assemblé par vissage (ou toute autre technique) dépend principalement du matériau
des strates utilisé ainsi que du choix du système d’assemblage de celles-ci. La modélisa-
tion numérique par éléments finis est un outil indispensable pour réaliser une étude sur
la répartition des contraintes dans la structure des outils stratifiés et notamment dans le
système d’assemblage utilisé.
Dans ce chapitre, nous présenterons quelques applications numériques sur des cas
d’outils d’emboutissage stratifiés académiques (virtuels) et industriels (réels) en utili-
sant l’approche simplifiée développée dans le chapitre précèdent (en couplant les codes
STAMPACK et CATIA V5). La répartition des sollicitations imposées aux outils au cours
de l’opération d’emboutissage étant connue, les outils stratifiés peuvent être, désormais,
considérés et analysés comme étant des structures vissées (ou boulonnées).
Les travaux de simulation numérique exposés dans ce chapitre, fournissent les résultats
en terme de répartition des contraintes mécaniques développées dans un outil d’emboutis-
sage stratifié en considérant plusieurs modes d’assemblage (collage, vissage, combinaison

92
4.2. Aspects bibliographiques

du collage avec le vissage) et bien entendu en terme de comportement des différents sys-
tèmes (modes) d’assemblage testés. Dans un premier temps, nous avons commencé par
traiter un cas très simple, qui consiste en l’assemblage de deux plaques cylindriques, dont
les résultats numériques et expérimentaux sont disponibles dans la littérature [Massol 94],
afin de tester et d’évaluer les capacités du module de CATIA V5, en ce qui concerne l’ana-
lyse des assemblages par éléments filetés. Ceci permettra de disposer d’informations pour
la conception d’outils stratifiés pour l’emboutissage. Ainsi, les objectifs des simulations
effectuées ci-dessous, peuvent s’articuler principalement autour des points suivants :
– Prédire le comportement et la résistance mécanique des outils d’emboutissage stra-
tifiés, assemblés par diverses techniques, notamment le vissage ;
– Disposer de règles générales et d’informations essentielles pour l’aide à la conception
des outils stratifiés, en particulier le système d’assemblage des strates ;
– Proposer une méthodologie pratique de dimensionnement du système d’assemblage
des strates, pour garantir une résistance mécanique suffisante et augmenter la fiabi-
lité des outils stratifiés.

4.2 Aspects bibliographiques


En pratique, les assemblages structuraux sont présents dans les structures ou par-
ties de structures mécaniques. Ces assemblages structuraux sont très répandus dans les
constructions civiles, mécaniques, aéronautiques, navales...etc. Ils sont réalisés en général
par boulonnage, vissage, rivetage ou collage.
La conception et l’analyse détaillées des assemblages structuraux est une spécialité qui
fait l’objet de recherches intensives comme en témoignent le grand nombre de publications
techniques et scientifiques [Bazergui 02, Guillot 87, Massol 94, Vadean 00, Ziada 80,
Yoneno 99,...etc.]. Bien entendu, nous ne prétendons pas citer tous les travaux qui couvrent
le sujet, dans ce chapitre. Par ailleurs, une revue bibliographique sur l’analyse par éléments
finis de plusieurs types d’assemblage (boulonné, vissé, collé...etc.) a été présentée par
Mackerle [Mackerle 03]. Pour une documentation plus académique, nous recommandons
au lecteur les références collectées dans [Mackerle 03], qui contient 726 documents de
référence, publiés dans la littérature entre 1990 et 2002, référencés et classés selon le type
d’assemblage traité.
A partir des travaux de Wöhler en 1870 et de Von Bach en 1891 sur la fatigue des
matériaux, Camerer [Guillot 87], au début du siècle, se préocupa de la distinction à faire
entre la charge de travail, la variation de la charge dans l’élément de fixation et de la force
de serrage résiduelle dans l’interface en fonction des rigidités de l’assemblage étudié. A
partir de ces travaux, Rotscher conçut le diagramme de l’assemblage qui est resté la base

93
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

du système de calcul (figure 4.2).


Les sollicitations extérieures sur les assemblages peuvent être :
– axiales (ou très faiblement excentrées) ;
– moyennement ou fortement excentrées.
Dans le cas des charges très faiblement excentrées, les calculs peuvent être effectués
avec les méthodes (ou modèles) analytiques développées, notamment :
– Le modèle de Rasmussen (1978) ;
– Le modèle VDI 2230 (1986) ;
– Le modèle de N’Guyen (1989) ;
– Le modèle de Wileman (1991).
Toutefois, ces modèles existants impliquent la connaissance précise de la rigidité des
boulons (ou des vis) et des pièces assemblées, ce qui n’est pas toujours facile à déterminer,
lorsque la forme des pièces est complexe ou dans le cas d’empilage de pièces de dimensions
ou de matériaux différents [Massol 94]. A ce titre, l’assemblage des outils d’emboutissage
stratifiés, que nous souhaitons traiter dans ce chapitre, est un exemple de ces complexités,
notamment les complexités de forme et de dimensions des couches à assembler. Dans le
cas des assemblages sollicités par des charges moyennement ou fortement excentrées, les
résultats donnés par les modèles analytiques développés sont moins fiables. En effet, ces
modèles utilisent des hypothèses simplificatrices qui limitent leur domaine de validité (se
référer à [Massol 94] pour les hypothèses simplificatrices).
Actuellement, la méthode des éléments finis est, sans aucun doute, la plus employée
pour l’analyse numérique des assemblages par éléments filetés, en particulier pour les cas
de géométries complexes.

4.3 Position du problème

En pratique, on souhaite que l’outil d’emboutissage ne travaille que dans le domaine


élastique. Dans le cas des outils stratifiés, en particulier les outils réalisés par Stratoconception ,
assemblés par collage et vissage, deux sollicitations principales peuvent être considérées
potentiellement endommageables : le cisaillement et la traction au niveau du système
d’assemblage, notamment par les vis précontraintes.
L’étude sera donc orientée sur la répartition des contraintes dans la structure stratifiée
et le comportement des vis précontraintes en tenant compte ou non du rôle de la colle
dans l’assemblage.

94
4.4. Assemblage : théorie et aspects mécaniques

4.4 Assemblage : théorie et aspects mécaniques


4.4.1 Comportement d’un joint boulonné
Considérons une partie d’un joint boulonné soumis à une charge axiale directe et formé
de deux plaques de même épaisseur t et de même matériau (figure 4.1a). Si on effectue
un serrage initial (Fb )i du boulon (préserrage) avant d’appliquer la charge externe P sur
le joint, il se crée, à l’interface des plaques, une surface de contact Am ; par ailleurs, une
force de compression (Fm )i , supposée uniformément répartie sur Am , se développe (figure
4.1b). Ainsi l’assemblage obéit à l’équation d’équilibre suivante :

(Fb )i = (Fm )i (4.1)

Après l’application de la charge externe P , les forces internes sont réparties différem-
ment, et les conditions finales d’équilibre (figure 4.1c) exigent que [Bazergui 02] :

(Fb )f = (Fm )f + P (4.2)

En outre, sous l’action de la charge externe P , le boulon et les plaques sont respec-
tivement soumis à un allongement δb et à un relâchement δm , dont les expressions sont
données par les relations suivantes :

(Fb )f − (Fb )i
δb = t (4.3)
Ab Eb

(Fm )i − (Fm )f
δm = t (4.4)
Am Em
où : Ab = aire de la section du boulon ; Am = aire de contact entre les deux plaques ;
Eb = module d’élasticité du boulon ; Em = module d’élasticité des plaques.
Tant que le contact entre les deux plaques subsiste après application de la charge
externe P , la compatibilité des déplacements exige que :

δb = δm (4.5)

D’où

P
(Fb )f = (Fb )i + (4.6)
1+ Am E m
Ab E b

que l’on peut aussi écrire en fonction des raideurs Kb (= Ebt.Ab ) et Km (= Emt.Am ) res-
pectivement du boulon et des plaques

95
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Fig. 4.1 – a) Joint soumis à un chargement ; b) équilibre après préserrage ; c) équilibre


après chargement [Bazergui 02]

1   1  
(Fb )f − (Fb )i = (Fm )i − (Fm )f (4.7)
Kb Km
A partir des équations (4.2) et (4.6), on peut écrire le système d’équations :

(Fb )f = (Fb )i + KbK b
+Km
.P
(4.8)
(Fm )f = (Fb )i + Kb +Km . P
Kb

Ainsi la tension finale du boulon est proportionnelle à la charge P . Lorsque les plaques
se séparent, c’est à dire qu’il n’y a plus de contact entre elles ((Fm )f = 0), le boulon
supporte entièrement la charge P . La charge particulière, notée P ∗ , qui correspond à
cette situation peut être obtenue à partir de l’équation (4.6) ; ainsi :
 
∗ Ab Eb
P = (Fb )i 1 + (4.9)
Am Em
La représentation graphique des équations (4.1) à (4.9) est donnée par le diagramme
de la figure 4.2.
– La branche AB représente le préserrage du boulon : le boulon passe de l’état libre
à l’état chargé par la force (Fb )i ; ainsi l’allongement de celui-ci peut être exprimé
comme suit :

(Fb )i
∆b = (4.10)
Kb
– La branche EB représente la compression des plaques lors du préserrage : les plaques
subissent une relaxation δm tel que :

96
4.4. Assemblage : théorie et aspects mécaniques

Fig. 4.2 – Diagramme des efforts internes d’un joint préserré [Bazergui 02]

(Fm )i
∆m = (4.11)
Km
– La rigidité de l’ensemble boulon/plaques est donnée par l’équation :

Kassemblage = Kb + Km (4.12)

Lorsqu’on applique la charge externe P sur le joint, la tension dans le boulon aug-
mente de (B à C), et la compression dans les plaques diminue de (B à H), ainsi nous
pouvons retrouver l’équation (4.6) en utilisant la compatibilité des déplacements (δb
= δm ).
– Lorsque la charge P atteint la valeur P ∗ , il n’y a plus de contact entre les plaques
(point E du diagramme). Tout accroissement de la charge P au-delà de P ∗ est alors
supporté entièrement par le boulon. Les plaques ne contribuent plus à la rigidité de
l’assemblage.

4.4.2 Précontrainte de serrage


En pratique, pour réaliser un assemblage boulonné ou vissé, on applique à l’écrou ou à
la tête de vis un couple de serrage à l’aide d’une clé, provoquant ainsi un effort de tension
dans l’élément d’assemblage. Cet effort de tension est appelé précontrainte de serrage (ou
précharge).
Il est important de distinguer deux cas d’assemblage :

97
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

– assemblage vissé, soumis à des charges statiques : la précontrainte de serrage à


installer, devra respecter les impératifs de tenue en statique et éviter le décollement
complet des pièces assemblées. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de rechercher une
valeur optimale de la précontrainte [Guillot 87, Massol 94].
– assemblage vissé, soumis à des charges dynamiques (d’intensité variable) : ici, la
précontrainte de serrage à installer, devra être précise afin de respecter les impératifs
de tenue en fatigue en plus des impératifs de tenue en statique [Guillot 87, Massol
94]. Contrairement au cas de l’assemblage soumis à des charges statiques, c’est la
variation de la précontrainte de serrage dans la vis sous l’effet des charges externes
et non la précontrainte totale, qui est la plus dommageable, en ce qui concerne la
fatigue.
Dans la modélisation des assemblages boulonnés (ou vissés) par éléments finis, la plus
grande difficulté concerne l’introduction de la précontrainte de serrage. Pour cela il existe
deux possibilités [Massol 94] :
– chargement thermique : la précontrainte de serrage (mise en tension de la vis)
peut être réalisé en refroidissant la vis ou en amenant les pièces assemblées à une
température plus élevée provoquant ainsi leur dilatation. Les noeuds inférieurs de la
vis étant bloqués. Cette méthode semble donner des résultats corrects, mais elle ne
représente pas tout à fait la réalité du phénomène physique, puisque dans les deux
cas on induit des dilatations radiales, ce qui pose des problèmes à l’interface des
pièces assemblées.
– chargement mécanique : la précontrainte de serrage peut être obtenue mécani-
quement en introduisant un déplacement imposé aux noeuds inférieurs de la vis.
En effet, lors de l’opération réelle de serrage, la mise en tension de la vis est bien
obtenue par étirement de celle-ci. Par conséquent, nous adopterons une technique
similaire pour introduire la précontrainte de serrage dans tout nos modèles de calcul
éléments finis en utilisant l’option "propriété de serrage virtuelle" disponible dans
le module éléments finis de CATIA V5.
A défaut de non disponibilité des valeurs expérimentales de la précontrainte de serrage,
on procéde au calcul d’une précontrainte minimale à installer dans l’assemblage, qui doit
éviter :
– le décollement complet des pièces assemblées ;
– le desserrage spontané dû aux sollicitations transverses.
Pour évaluer cette précontrainte minimale de serrage, on distingue deux types d’as-
semblage : les assemblages soumis à des charges faiblement excentrées et ceux soumis à
des charges fortement excentrées.

98
4.4. Assemblage : théorie et aspects mécaniques

4.4.2.1 Cas des charges faiblement excentrées

Dans ce cas de figure, le problème est simplifié. En effet, la charge externe P appliquée
sur un assemblage vissé va induire une variation de l’effort de précontrainte dans la vis
(4.6) proportionnelle à P et à un coefficient Kb /(Kb + Km ) qui sera toujours bien inférieur
à 1 [Massol 94, Guillot 87]. Ainsi le comportement de l’équation (4.7) se conserve tant
qu’il n’y a pas décollement complet des pièces assemblées, ce qui devra être assuré par
la précontrainte minimale de serrage. La valeur de l’effort minimal de précontrainte peut
alors être exprimée comme suit :

Kb
(Fb )i = (Fb )f − .P (4.13)
K b + Km
+Km
On constate que le décollement se produit pour P  KbK b
(Fb )i (4.9). Ainsi, la
valeur minimale de la précontrainte de serrage est choisie telle que la condition de non
décollement soit vérifiée, soit (Fb )i ≤ KbK b
+Km
.P .
Tout ce que nous avons présenté jusqu’ici, concerne les assemblages chargés axialement
et sollicités par un effort extérieur supposé être appliqué sous la tête de vis. En pratique,
suivant la forme des pièces assemblées, la sollicitation peut être introduite à des niveaux
différents, plus ou moins proche de la tête de vis (figure 4.3).

Fig. 4.3 – Facteur d’introduction de la charge [Guillot 87]

Pour tenir compte de l’influence du niveau d’introduction de la charge, on introduit un


paramètre γ, appelé facteur d’introduction de la charge [Guillot 87, Massol 94], fonction
de la hauteur de l’assemblage (l) et de l’éloignement du niveau d’introduction de la charge
(x) tel que : (0 ≤ γ = xl ≤ 1). Les équations (4.8) et (4.13) deviennent alors :

(Fb )f = (Fb )i + γ KbK b
+Km
.P
(4.14)
(Fm )f = (Fb )i + γ Kb +Km . P
Kb

99
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Kb
(Fb )i = (Fb )f − γ .P (4.15)
K b + Km
L’équation (4.15) peut être exprimée sous la forme :

∆Fb = (Fb )i − (Fb )f = φ. P (4.16)

Avec ∆Fb : variation de la précontrainte de serrage sous l’effet des charges externes.
φ : facteur de charge de l’assemblage (ou coefficient de raideur de l’assemblage).

Ainsi le facteur d’introduction de charge (γ) peut être calculé suivant l’équation :

∆Fb . (Kb + Km )
γ= (4.17)
Kb . P

4.4.2.2 Cas des charges fortement excentrées

Il est difficile de s’assurer qu’une force (ou précontrainte) de serrage minimale évite
l’ouverture de l’interface dans le cas d’un chargement excentré car, la distribution des
pressions à l’interface des pièces assemblées ne peut être supposée linéaire que pour des
pièces de très faible section [Guillot 87, Massol 94]. Dans ces conditions, un calcul simple
peut être développé en prenant σ(x) sur la base des conditions d’équilibre et en écrivant
que pour que le modèle reste valable il faut que la contrainte de contact en U (voir figure
4.4) soit supérieure ou égale à zéro σ (x = U ) ≥ 0.

Fig. 4.4 – Détermination de la force minimale de contact selon le modèle VDI 2230
[Massol 94]

100
4.4. Assemblage : théorie et aspects mécaniques

On obtient alors :
⎧ (Fb )i −(1−φex ).P (m−φex .n)−(Fb )i .n
⎨ σ (x) = Am
+ P. IGZ
.x
Kb (1+mn. Am
) (4.18)
⎩ avec φex = γ. K +K 1+nI2mAm
m b ( Im )
Avec Am : section réelle de contact à l’interface. IGZ moment quadratique de la section
Am .
A partir de la condition σ (x = U ) ≥ 0, on peut écrire :

U (m − n)
σ (U) = .P + (1 − φex ) .P (4.19)
IGZ
Ap
+ nU
Et à partir de l’équation (4.19), on peut immédiatement déduire la force minimale de
serrage nécessaire :

U (m − n)
(Fb )i = .P (4.20)
IGZ
Am
+ nU

4.4.3 Pression à l’interface des pièces assemblées


Pour deux plaques de dimensions infinies, pour un chargement de pression uniforme
Pc et pour des proportions définies, Fernlund [Guillot 87, Massol 94] a montré que la
répartition de pression de contact à l’interface des pièces assemblées pouvait être calculée
analytiquement. La figure 4.5 donne cette répartition de pression suivant le rayon des
pièces R. On peut remarquer que la pression est maximale au bord du trou et vaut 0.35
Pc et qu’elle s’annule pour R= 3.8a, rayon à partir duquel il y a décollement des pièces
assemblées (a est le rayon du trou du boulon ou de la vis considéré).
Depuis, de nombreux travaux ont été publiés sur ce problème. Plus particulièrement,
Ziada [Ziada 80] donne des résultats obtenus à partir d’un modèle éléments finis pour des
plaques de diamètre Dp =125 mm, pour un diamètre du boulon considéré sans jeu d=25
mm, pour une épaisseur totale des pièces Lp =50 mm et pour des épaisseurs relatives
variables telles que : 1 ≤ LLp1p ≤ 10.
La figure 4.6 donne la répartition des pressions de contact calculées dans un plan
très voisin de l’interface. On remarque que l’épaisseur des pièces assemblées intervient de
façon importante sur la répartition des pressions de contact, et notamment sur la valeur
maximale, ainsi que sur la grandeur de la zone de contact.

101
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Fig. 4.5 – Répartition de la pression de contact à l’interface pour le modèle de calcul


défini [Guillot 87]

Fig. 4.6 – Répartition des pressions de contact pour différents rapports d’épaisseurs de
pièces [Ziada 80]

102
4.5. Modélisation des assemblages par éléments finis : modèle adopté

4.5 Modélisation des assemblages par éléments finis :


modèle adopté
Plusieurs logiciels éléments finis permettent l’analyse des assemblages par éléments
filetés, notamment les codes ABAQUS, CATIA, MOSAIC...etc. Dans notre cas, nous
avons retenu le module éléments finis de CATIA V5, en raison de sa simplicité et la
facilité qu’il offre quant à la gestion des liaisons vissées (ou boulonnées). L’utilisation de
CATIA V5 nous évite également les opérations de transfert des fichiers CAO entre les
logiciels de CAO et de calculs, qui sont souvent des opérations pénalisantes.
Parmi les différentes possibilités de modélisation d’une liaison vissée (ou boulonnée)
dans CATIA V5, nous avons adopté un modèle dit "connection virtuelle rigide de serrage".
Cette connection tient compte de la prétension d’un assemblage avec serrage dans lequel
le boulon (ou la vis) n’est pas représenté en tant que tel (figure 4.7).

Fig. 4.7 – Gestion d’une liaison vissée dans le module éléments finis de CATIA V5

Les calculs sont effectués en deux étapes : lors de la première étape, le modèle est
soumis à des forces de tension relatives au préserrage par l’application de forces opposées
sur les surfaces intérieures des trous de vis, des deux corps (S1) et (S2), (figure 4.7). Puis,
dans la seconde étape, le déplacement relatif des deux surfaces (calculé lors de la première
étape) est imposé au modèle. Durant ces deux étapes, les rotations et les translations
transversales des surfaces sont liées, tout en tenant compte de la déformabilité élastique
des surfaces. Les deux corps (S1) et (S2) peuvent être discrétisés indépendamment, la

103
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

connection rigide de serrage est justement conçue pour s’appliquer à des maillages in-
compatibles. Les deux surfaces sont liées de façon rigide (élément rigide de liaison) pour
transmettre les efforts transversaux, à l’exception de la translation dans la direction de
l’axe de la vis.

4.6 Validation sur un cas d’assemblage cylindrique


Nous présentons dans cette section, les résultats obtenus à partir de modèles analytique
et éléments finis concernant un cas simple d’assemblage par éléments filetés. Afin de
comparer nos résultats à ceux de la littérature et de l’expérience, nous avons logiquement
choisi un cas simple, déjà traité dans la littérature dont les résultats issus des calculs
éléments finis et de l’expérience sont disponibles dans [Massol 94]. Le problème consiste
alors en l’assemblage de deux plaques cylindriques de même épaisseur, de même diamètre
et du même matériau, ayant un trou concentrique par rapport au diamètre extérieur des
pièces (figure 4.9). Les paramètres géométriques sont : Dp =35 mm et Lp =80 mm. Les
caractéristiques du matériau des plaques sont : E= 75 GPa et ν=0.3. On considère un
boulon M10 de module d’élasticité E=205 GPa.
L’assemblage est chargé axialement avec une charge extérieure P qui vaut 4905 N
(figure 4.9). La charge est introduite à une distance x par rapport à la surface de l’assem-
blage tel que γ = x/Lp = 0.41. Dans notre cas, nous simplifions le problème en supposant
que la charge P est introduite en surface de l’assemblage, soit γ = 1. Pour que le pro-
blème ait un même sens physique et pour des raisons de comparaison des résultats, nous
avons multiplié nos résultats par un facteur de 0.41, cela ne modifie pas qualitativement
les résultats numériques. On étudiera principalement la variation de la précontrainte de
serrage dans le boulon sous l’effet de la charge extérieure P en considérant des modèles
analytique et éléments finis.

104
4.6. Validation sur un cas d’assemblage cylindrique

Fig. 4.8 – Paramètres de l’assemblage étudié [Massol 94]

4.6.1 Modélisation analytique


Le problème, décrit en figure 4.7, peut être analysé en utilisant les modèles analytiques
cités en introduction. Dans notre cas, nous avons opté pour le modèle VDI 2230, qui est le
plus utilisé actuellement dans les bureaux d’études et qui possède l’avantage d’être simple
et d’être uniquement issu d’essais expérimentaux.
Tout comme les autres modèles analytiques, le modèle VDI 2230 est basé sur la connais-
sance de la raideur de l’assemblage étudié, autrement dit le coefficient de raideur de l’as-
semblage KbK b
+Km
. Nous avons donc deux inconnues à calculer : Kb et Km .

• Calcul de Km
Selon le modèle VDI 2230, le calcul de la raideur des pièces assemblées Km s’effectue
en considérant un modèle équivalent de section Ap soumis à une pression uniforme, de
longueur Lp1 et Lp2 et de module d’élasticité Ep1 et Ep2 identiques aux pièces réelles
(figure 4.9).
Il vient alors :  
1 1 Lp1 Lp2
= . + (4.21)
Km Ap Ep1 Ep2

105
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Fig. 4.9 – Définition du modèle équivalent selon les règles VDI 2230 [Guillot 87]

La rigidité des pièces est inversement proportionnelle à la hauteur totale de celles-ci.


La section équivalente Ap se calcule en fonction des paramètres géométriques des pièces
assemblées :

π  2 
Ap = . Da − Dt2 pour Dp ≤ Da (4.22)
4

  
Ap = π4 . (Da2 − Dt2 ) + π8 .Da . (Dp − Da ) . (x + 1)2 − 1 pour Da ≤ Dp ≤ Da + Lp

avec x = 3 LpD.D2 a
p

(4.23)
Lp
Pour Da < Dp < 1.5 Da , l’équation (4.23) reste valable pour des rapports d
≤ 10 (d
étant le diamètre nominal de la vis).
Pour Dp > Da + Lp , la rigidité des pièces reste constante même pour des diamètres de
pièces croissants. Le calcul de la section équivalente Ap s’effectue en prenant Dp = Da +Lp
dans l’équation (4.23).

• Calcul de Kb
La raideur équivalente Kb du boulon qui assemble les pièces de longueur totale Lp
est prise égale à celle du modèle équivalent (figure 4.10) considéré comme soumis à une
tension uniforme [Guillot 87, Massol 94].
Cette modélisation est facile à appliquer ; elle consiste à faire l’hypothèse que la tête
de vis ou l’écrou (quelle que soit leur longueur) intervient comme une longueur supplé-

106
4.6. Validation sur un cas d’assemblage cylindrique

Fig. 4.10 – Modèle équivalent pour le calcul de la raideur d’une vis [Guillot 87]

mentaire égale à 0.4 d.


Pour une vis de forme spéciale (figure 4.10), on a :
 
1 1 l0 + 0.4d l2 l1 + 0.4d
= + + (4.24)
Kb Eb A0 A2 A1
Pour l’exemple, décrit en figure 4.7, on obtient : Km = 226020 N/mm et Kb = 182962
N/mm.
Les raideurs Km et Kb , des pièces assemblées et du boulon étant connues, le calcul de
l’assemblage s’effectue désormais en utilisant les équations (4.14) à (4.17).

4.6.2 Modélisation par éléments finis


L’objectif principal de cette analyse est d’évaluer le module éléments finis de CATIA
V5 concernant les assemblages par éléments filetés. L’analyse de l’exemple d’assemblage,
décrit en figure 4.7, est simple à mettre en oeuvre dans le module éléments finis de CATIA
V5. L’existence de la symétrie (axe de la vis) nous permet de limiter l’étude à un quart de
l’assemblage. L’analyse éléments finis sera donc effectuée en utilisant le modèle tridimen-
sionnel de CATIA V5. Le maillage est réalisé à l’aide de 8574 éléments tétrahèdriques à 4
noeuds (TE4), à interpolation linéaire en déplacements, soit 2055 noeuds. Au niveau du
joint (interface de contact des pièces assemblées), nous considérons les éléments de contact
sans frottement du module éléments finis de CATIA V5. Le serrage des pièces est réalisé
en utilisant l’option "connexion virtuelle de serrage" disponible dans CATIA V5. Cette
option, permet d’introduire la précontrainte initiale de vissage sans discrétiser la vis par

107
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

éléments finis (la vis est présente virtuellement). En effet, dans le module éléments finis de
CATIA V5, on applique un effort de serrage (vissage) sur l’axe de coïncidence des centres
des trous de vis que l’on veut serrer, qui se traduit par des conditions de chargement sur
les bords des trous considérés.

4.6.3 Comparaison des résultats

Sur la figure 4.11, nous comparons les résultats issus des modèles théorique et éléments
finis avec la littérature et l’expérience. Les résultats éléments finis confirment la linéarité
de la variation de la précontrainte de serrage vis à vis de la charge extérieure. Néanmoins,
la valeur de ∆Fb (perte de précontrainte) issue de la théorie est bien supérieure à celle
issue du calcul éléments finis et de l’expérience : le modèle théorique surestime l’effort (ou
la variation d’effort) supporté par la vis, ce qui est cohérent avec la littérature ([Guillot
87, Massol 94]). Par ailleurs, le module éléments finis de CATIA V5 donne des résultats
satisfaisants et proches des résultats expérimentaux.

Fig. 4.11 – Variation de l’effort de serrage sous l’effet de la charge externe

108
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

4.7 Applications aux outils d’emboutissage

4.7.1 Poinçon cylindrique (Numisheet’02)


4.7.1.1 Description

Comme premier exemple d’application, nous avons considéré un cas simple de poinçon
cylindrique. A partir du modèle CAO du poinçon du "benchmark Numisheet’02", nous
avons généré, automatiquement, dans CATIA V5 un modèle de poinçon stratifié (virtuel).
Les six strates ont un diamètre de 100 mm et une épaisseur de 7 mm. Le matériau de ces
dernières est considéré linéaire élastique et isotrope avec les caractéristiques : E = 210
GPa, ν = 0.3.
Dans un premier temps, nous avons simplifié le problème en considérant une seule vis
M10, concentrique par rapport au diamètre extérieur des strates (figure 4.12).
L’assemblage étant sollicité en compression (forces d’emboutissage), le problème de
décollement complet des strates ne se pose pas dans ce cas de figure. Ainsi, la précontrainte
de serrage initiale est déterminée en utilisant l’équation (4.16) telle que la vis demeure en
tension ((σb )f >0) après application de la répartition du vecteur charge externe P (figure
3.16). Le chargement de l’assemblage est alors composé :
– D’un effort initial de serrage (Fb )i = 1500 N, appliqué sur SF1 , soit une précontrainte
(σb )i = 19.10 (MPa) ;
– D’un vecteur charge externe P de composantes Px , Py et Pz , due aux forces d’em-
boutissage, répartie sur le rayon d’entrée du poinçon représenté par SF2 .
La base inférieure du poinçon (SU ) est encastrée.
L’analyse éléments finis est effectuée en utilisant le module éléments finis de CATIA
V5. En ce qui concerne les conditions aux interfaces assemblées, nous avons considéré les
trois cas suivants :
1. Poinçon collé uniquement, sans vis (cas a) : pour la modélisation des interfaces col-
lées, nous avons fait appel à la fonction "contact collant" de CATIA V5, fonction qui
ne représente pas le joint de colle en tant que tel. Ce choix nous permet de limiter la
taille du modèle et nous évite ainsi de faire appel à une loi de comportement spéci-
fique aux joints de colle (cette hypothèse est valide dans le domaine élastique, tant
que la contrainte à la rupture de la colle n’est pas atteinte). Notons que les pertur-
bations dans les transferts de charge entre les strates susciptibles d’être introduites
réellement par la présence des joints de colle, sont négligées. Cependant, l’épaisseur
des joints de colle n’affecte pas la rigidité en compression de l’assemblage car, dans
le procédé de Stratoconception, les joints de colle sont logés sur toute l’interface des
strates ;

109
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

2. Poinçon vissé uniquement (cas b) : nous avons considéré les éléments de contact
cinématique de CATIA V5, pour toutes les interfaces en contact. Il est important
de noter que l’utilisation de CATIA V5 ne permet pas de définir le coefficient de
frottement ;
3. Poinçon collé-vissé (cas c) : c’est la combinaison des deux modes précédents.

Fig. 4.12 – L’assemblage étudié : géométrie, conditions aux limites, chargement

Dans le cas du poinçon collé uniquement (sans vis), le modèle éléments finis a été
construit à l’aide de 15641 éléments tétrahèdriques à 4 noeuds (TE4), à interpolation
linéaire en déplacements, soit 4198 noeuds. Quant au modèle comportant la vis, il a été
discrétisé à l’aide de 110234 éléments TE4 (soit 25918 noeuds) avec un maillage raffiné
au niveau du trou de la vis.

110
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

4.7.1.2 Analyse des résultats

Distribution des contraintes équivalentes


Les résultats des distributions des contraintes présentés ci-après, sont comparés à
la distribution (considérée comme référence) des contraintes obtenue en considérant un
poinçon massif homogène (conventionnel). Pour cela, nous avons réalisé des coupes, dans
le poinçon homogène correspondant aux interfaces étudiées dans le poinçon stratifié.
La figure 4.13, illustre les distributions des contraintes équivalentes, selon le critère de
Von Mises, dans le poinçon stratifié pour les trois modes d’assemblage étudiés (vues du
demi poinçon).
Nous remarquons que l’état de contraintes dans le poinçon collé est globalement iden-
tique à celui du poinçon homogène, bien qu’une légère différence due à la discrétisation
ait été observé. En effet, les maillages des strates collées ne sont pas compatibles et ne
coincident pas, car ils sont réalisés séparément, tandis que dans le cas du poinçon ho-
mogène le maillage est continu. Lorsque les strates sont collées sur toute leur interface,
les contraintes sont transmises de manière continue et homogène, tout comme dans le
cas d’un solide homogène. En revanche, lorsque les strates sont assemblées uniquement
par vis, la structure du poinçon est mécaniquement très hétérogène car, les strates ne
sont pas solidaires les unes aux autres. Ainsi, la plus grande partie de la charge externe
P est supportée par la seule strate chargée du poinçon. Ce qui fait que les contraintes
sont concentrées dans la partie active du poinçon avec un maximum de 111 (MPa) et
sont atténuées partout ailleurs. Par ailleurs, lorsque le poinçon est collé-vissé, on retrouve
globalement la même distribution de contraintes que dans le cas du poinçon collé (ou
homogène), bien que les contraintes soient légèrement amplifiées (avec un maximum de
45 MPa) à cause de la précontrainte de vissage. Visiblement, du point de vue mécanique,
le collage des interfaces assemblées solidarise la structure de l’outil stratifié, réduit gran-
dement les contraintes équivalentes dans celui-ci et homogénéise leur distributions.

La figure 4.14 illustre les déformées des maillages du poinçon vissé sous l’effet de la
seule précontrainte de vissage et sous l’effet combiné de la précontrainte de vissage et du
chargement externe. Sous l’effet de la précontrainte de vissage, il se produit un bâillement
des strates avec un maximum de 0.0004 mm observé aux bords extérieurs de la strate
chargée (figure 4.14a). Par ailleurs, les strates demeurent en contact au voisinage du trou
de la vis. Lorsqu’on applique la charge externe, la périphérie chargée se referme (figure
4.14b) et déforme les strates adjacentes (0.0064 mm de déplacement radial). Toutefois, les
strates ne sont pas en contact sur une partie située entre leurs rayons intérieur et extérieur.
En ce qui concerne les déformations de l’outil, qui garantit la géométrie de la pièce finale
emboutie, celles-ci restent faibles comparées à celles de l’outil massif homogène.

111
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Fig. 4.13 – Distribution des contraintes de Von Mises (σV M ) dans l’assemblage étudié

Fig. 4.14 – Déformée des strates pour le cas de l’assemblage simplement vissé

112
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

Distribution des contraintes normales


La figure 4.15, montre les distributions des contraintes normales à l’interface de la
première strate comportant le rayon d’entrée du poinçon en tenant compte des forces
externes d’emboutissage et de la précontrainte due au vissage.
Nous remarquons que l’interface de la strate étudiée est sollicitée principalement en
compression (σN <0), et ce pour les cas (a), (c) et (d). Dans tous les cas étudiés, la
contrainte normale de compression est maximale aux bords de l’interface avec un maxi-
mum d’environ 75 MPa observé dans le cas (b) (poinçon vissé). En effet, lorsque les
strates sont vissées, l’aire de contact de celles-ci est réduite à cause des bâillements (fi-
gure 4.14b), ce qui explique l’amplification des contraintes dans ce cas. Par ailleurs, les
contraintes normales restent faibles dans la zone centrale du poinçon (environ 0.5 MPa)
avec apparition des contraintes normales de tension (d’environ 5 MPa) dans le cas (b).
Toutefois, les maxima des contraintes normales de tension restent négligeables devant la
limite de la colle en traction (46 MPa).
En outre, la structure du poinçon stratifié, précontraint par vissage doit obéir à l’équa-
tion d’équilibre (4.2), ainsi la force totale, normale, agissant sur une interface donnée est
obtenue en superposant la force due à l’effet du vissage et la force due à la composante
PZ de la charge P . Ce qui nous permet d’écrire :

FN = PZ + (Fb )f = PZ + [(Fb )i − ∆ (Fb )] (4.25)


Lorsque la structure stratifiée est assemblée par n vis, l’équation (4.24) devient :
 n 

n  
n
FN = PZ + (Fbj )f = Pz + (Fbj )i − (∆Fbj ) (4.26)
j=1 j=1 j=1

113
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Fig. 4.15 – Distribution des contraintes normales (σN ) pour plusieurs modes d’assemblage

Distribution des contraintes de cisaillement


En ce qui concerne le cisaillement développé à l’interface étudiée, la figure 4.16 montre
les distributions du cisaillement maximal pour les cas étudiés. L’objectif étant de vérifier
l’hypothèse faite précédemment sur le rôle de la colle dans l’assemblage. Le calcul du
cisaillement maximal à l’interface étudiée nécessite le calcul des contraintes dans le plan,
ce qui n’est pas toujours facile à obtenir en 3D. Pour cela, on simplifie le problème en
considérant le cisaillement principal qui est logiquement supérieur au cisaillement maximal
dans le plan. Ce qui nous garantit la sécurité vis à vis de la résistance de la colle.
On remarque que dans le cas du poinçon collé (cas a), le cisaillement est concentré aux
bords de l’interface (où la charge externe P est maximale) avec un maximum d’environ
20 MPa et diminue progressivement vers le centre de celle-ci. Ce résultat est cohérent

114
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

Fig. 4.16 – Distribution du cisaillement pour plusieurs modes d’assemblage

avec la littérature sur les assemblages collés [Tarfaoui 05, Cognard]. La distribution du
cisaillement est comparable au cas de référence (cas d), qualitativement et quantitative-
ment. Au contraire, dans le cas du poinçon vissé (cas b), le cisaillement est redistribué
différemment. Il est concentré aux bords de l’alésage de la vis avec un maximum de 60
MPa et diminue progressivement vers le bord du rayon extérieur de l’interface, ce qui
est cohérent avec la littérature sur les assemblages vissés [Cognard]. Tout comme pour
les contraintes équivalentes et les contraintes normales, nous constatons également que le
collage des strates permet de retrouver la distribution du cisaillement la plus proche de
celle obtenue dans le cas de référence. Dans tous les cas étudiés, le cisaillement maximal
calculé reste bien inférieur à la limite (57 MPa) que peut supporter la colle en cisaillement.
Dans le cas du poinçon vissé, le cisaillement est entièrement supporté par la seule vis.

115
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Variation de la précontrainte de vissage


Le problème étant axisymétrique, les forces tangentielles, dues à la charge d’emboutis-
sage P , s’auto-équilibrent et s’annulent. Ainsi, la vis précontrainte est sollicitée principale-
ment en traction/compression. Dans le cas du poinçon collé-vissé (cas c), l’application des
forces de contact (charge P ) sur la périphérie du poinçon provoque une perte de l’effort
de précontrainte dans la vis initialement précontrainte de 1500 N (soit 19 MPa). L’effort
axial dans la vis passe de 1500 N à 737 N, soit une perte ∆Fb = 763 N (voir figure 4.17).
Au contraire, dans le cas du poinçon vissé (cas b), il se produit un supplément d’effort
de précontrainte dans la vis (figure 4.17). L’effort de précontrainte dans la vis passe alors
de 1500 N à 2628 N, soit un supplément ∆Fb = -1128 N. En effet, lorsque les strates ne
sont pas solidaires (non collées), les forces d’emboutissage provoquent des tensions dans
la zone centrale du poinçon (au voisinage de la vis), induisant ainsi un supplément d’ef-
fort dans la vis initialement en tension. Par ailleurs, quelque soit la variation de l’effort
dans la vis (perte ou supplément), celle-ci est linéaire vis à vis de la charge externe. Ce
résultat est cohérent avec la littérature [Yoneno 99, Guillot 87, Massol 94]. La théorie le
confirme également (voir équation (4.16)). La relation liant la variation de la force initiale
de serrage (ou la précontrainte) et les charges verticales (dans la direction axiale des vis)
d’emboutissage est la suivante :

∆Fb = (Fb )i − (Fb )f = γ. KbK b


+Km
.PZ
 (4.27)
avec γ = Kpb
Km


Où Km et Kpb [Yoneno 99] sont respectivement les déplacements moyens de la surface
du trou de la vis sous l’effet respectif de la précontrainte initiale de serrage et de la charge
externe d’emboutissage (cette équation est analogue à l’équation 4.15).
En résumé, la vis est sollicitée principalement en traction.
En utilisant l’équation (4.27), on en déduit facilement la variation de précontrainte de
vissage :

(Fb )i − (Fb )f φ. PZ
∆σb = = (4.28)
Ab Ab
Avec : Ab section de la vis et φ facteur de charge de la vis (ou coefficient de rigidité
de l’assemblage).
A partir des informations précédentes, deux situations peuvent être distinguées :
– La variation de précontrainte est un supplément (la précontrainte finale dans la
vis a augmenté, cas de l’assemblage simplement vissé) : la valeur minimale de la
précontrainte initiale de vissage à installer doit garantir le non décollement des
pièces au voisinage de la vis (sous tête de vis) ;

116
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

Fig. 4.17 – Variation de l’effort de précontrainte, sous l’effet de la charge externe

– La variation de précontrainte est une perte (la précontrainte finale dans la vis a
diminué, cas de l’assemblage simplement vissé) : la valeur minimale de la précon-
trainte initiale de vissage à installer doit respecter les impératifs de non décharge
complète de la vis pour éviter le desserrage spontané de celle-ci. Cette condition
peut être facilement déduite de l’équation (4.16) :

(Fb )i > φ. P = ∆Fb (4.29)


Par ailleurs, la variation de la précontrainte de vissage, sous l’effet des forces d’embou-
tissage (charge externe) est une caractéristique particulièrement intéressante quand on
considère la résistance de la vis en fatigue. En effet, c’est cette variation de précontrainte,
et non la contrainte totale, qui est dommageable, en ce qui concerne la fatigue. En effet,
cette variation de précontrainte induit une contrainte alternée dans la vis qui peut être
calculée comme suit :

(Fb )f − (Fb )i φ. PZ
σalt = = (4.30)
2.Ab 2.Ab

4.7.2 Poinçon carré (Numisheet’93)


4.7.2.1 Description

L’exemple, décrit en figure 4.18, est obtenu à partir du poinçon carré du "benchmark
Numisheet’93". Il a pour dimensions : 70 mm x 70 mm x 42 mm (la hauteur de 42 mm

117
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

est justifiée par la profondeur d’emboutissage de 40 mm).

Fig. 4.18 – CAO de l’assemblage vissé étudié

La CAO a été automatiquement générée dans CATIA V5 à partir de la CAO surfacique


du poinçon rigide de départ (figure 3.24). Le modèle est ensuite tranché en 6 strates de
7 mm d’épaisseur pour être conforme au principe de la Stratoconception . Deux inserts
de positionnement sont nécessaires pour assurer le guidage de l’ensemble des strates. On
considère que l’assemblage de ces dernières est assuré par 4 vis M7 (M7=diamètre 7 mm),
disposées symétriquement par rapport aux axes de symétrie du poinçon.
L’existence de deux plans de symétrie, nous a permis de modéliser un quart du poinçon,
ainsi nous avons discrétisé le modèle à l’aide de 116146 éléments TE4 (soit 25689 noeuds)
avec un maillage fin au niveau des alésages des vis. Les inserts de positionnement (non
précontraints) n’ont pas été considérés dans le modèle éléments finis, vu leur influence
négligeable sur la réponse de la structure stratifiée. La base (SU ) du poinçon stratifié est
encastrée tandis que sa partie active (rayons d’entrée), schématisée par SF2 , est chargée
par les forces de contact, issues de la simulation de l’emboutissage (cf figure 3.29). Nous
considérons un effort minimal de précontrainte de vissage de 3000 N, appliqué sur SF1
(soit une précontrainte d’environ 60 MPa), identique pour toutes les vis.
Les mêmes modes de liaisons que précédemment ont été considérés dans les analyses
éléments finis, à savoir : poinçon collé (cas a), poinçon vissé (cas b) et poinçon collé-vissé
(cas c).

118
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

4.7.2.2 Analyse des résultats

Distribution des contraintes équivalentes


La figure 4.19, illustre les distributions des contraintes équivalentes, selon le critère de
Von Mises, pour les trois modes d’assemblage considérés, comparés à la distribution de
référence obtenue en considérant un poinçon homogène (non stratifié).

Fig. 4.19 – Distribution des contraintes de Von Mises (σV M ) dans l’assemblage étudié

Les mêmes remarques que précédemment peuvent être faites sur la qualité des résul-
tats. En effet, lorsque les strates ne sont pas collées, la transmission des efforts dans la
structure stratifiée est discontinue, ainsi les contraintes sont concentrées dans celle-ci avec
un maximum d’environ 158 MPa.
Le collage assure la meilleure condition de continuité des interfaces assemblées et
répartit ainsi les contraintes de manière la plus proche du cas homogène. Toutefois, la
contrainte maximum de Von Mises (80 MPa) dans le poinçon collé-vissé reste supérieure
à celle du poinçon collé (40 MPa) à cause de la présence de la précontrainte de vissage.
Sur la figure 4.20, nous avons reporté la déformée des strates pour le poinçon simple-
ment vissé, avec ou sans l’effet des forces d’emboutissage (charge externes). Sous l’effet du

119
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

vissage, le bâillement maximal est d’environ 0.0006 mm (figure 4.20a). Lorsque les forces
d’emboutissage sont appliquées, les bâillements de la périphérie se referment (figure 4.20b)
et les strates sont déformées avec un déplacement radial maximal de 0.0057 mm.

Fig. 4.20 – Déformée des strates pour le cas de l’assemblage simplement vissé

120
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

Variation de la précontrainte de vissage


Dans le tableau 4-1, nous avons reporté les forces agissant sur la vis précontrainte, sous
l’effet de la charge externe, pour les cas b et c. Nous pouvons remarquer, que les forces
tangentielles, supportées par la vis, sont plus importantes dans le cas du poinçon vissé.
En effet, lorsque le poinçon est vissé, les forces tangentielles sont entièrement reprises par
la seule vis, tandis que lorsque le poinçon est collé-vissé, les forces tangentielles sont re-
prises conjointement par la vis et l’interface collée. Cela induit également des moments de
flexion plus importants dans le cas du poinçon vissé que dans le cas du poinçon collé-vissé.

Fx (N) Fy (N) Fz (N) Mx (N.m) My (N.m) Mz (N.m)


Poinçon vissé -253 -247 3563 -51 44 -0.60
Poinçon collé-vissé -96 -95 1780 -24 21 -0.30

Tab. 4.1 – Forces exercées sur la vis, sous l’effet de la charge P

Sur la figure 4.21, nous avons reporté la variation de l’effort de précontrainte de vissage
en fonction de la charge externe appliquée (forces de contact). L’application des forces de
contact (charge P ) sur la partie active du poinçon carré provoque une perte de l’effort
de précontrainte dans la vis initialement précontrainte de 60 MPa. Ainsi l’effort dans la
vis passe de 3000 N à 1780 N, soit une perte ∆Fb = 1220 N (figure 4.21). Au contraire,
dans le cas du poinçon vissé (cas b), il se produit un supplément d’effort de précontrainte
dans la vis (figure 4.21). L’effort de précontrainte dans la vis passe alors de 3000 N à 3563
N, soit un supplément ∆Fb = -563 N. On remarque également que la variation de l’effort
dans la vis est linéaire vis à vis de la charge externe.

121
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Fig. 4.21 – Variation de l’effort de précontrainte, sous l’effet de la charge externe

4.7.3 Poinçon industriel (Craft-Fastool)


4.7.3.1 Description

L’exemple du poinçon stratifié, décrit en figure 4.22, est le poinçon réel, issu du projet
européen Craft-Fastool. Le modèle CAO a été généré dans CATIA V5 et tranché en 11
strates de 7 mm d’épaisseur. L’existence d’un plan de symétrie nous permet de considérer
la moitié du poinçon qui comprend 2 inserts de positionnement (I1 et I2 ) et 5 vis M6
précontraintes (V1 à V5 ) qui assure l’assemblage des différentes strates, en plus d’une colle
structurale d’environ 0.1 mm d’épaisseur sur toutes les interfaces de celles-ci. Nous avons
choisi de classer les vis en deux groupes selon le nombre de strates dont elles assurent
l’assemblage :
– Le groupe de vis n˚1 : constitué des vis V1 et V5 qui assurent respectivement l’as-
semblage de 11 et 10 strates ;
– Le groupe de vis n˚2 : constitué des vis V2 à V4 qui assurent l’assemblage de 6 strates.
Le matériau des plaques est supposé élastique linéaire et isotrope avec les caractéris-
tiques suivantes : E = 210 GPa et ν = 0.3. Pour les analyses éléments finis nous avons
considéré essentiellement deux cas de poinçon : un poinçon collé-vissé et un poinçon vissé.
Le maillage éléments finis a été réalisé à l’aide de 210124 éléments TE4, linéaires en
déplacements, avec un maillage plus fin aux niveaux des alésages des vis et inserts (figure

122
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

Fig. 4.22 – Modèle CAO du poinçon stratifié vissé

4.23).

Fig. 4.23 – Modèle EF utilisé pour le demi poinçon

Le chargement du poinçon est ainsi composé :


– D’une précontrainte minimale de vissage de 200 MPa, appliquée sur (SF1 ), soit un
effort de 5560 N, identique pour toutes les vis ;
– Des forces de contact issues de la simulation de l’emboutissage (figure 3.34), réparties
sur (SF2 ), qui schématise la partie active du poinçon.
La base du poinçon (SU2 ) est encastrée. Des conditions de symétrie ont été appliquées
sur (SU1 )

123
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

4.7.3.2 Analyse des résultats

Distribution des contraintes équivalentes


La figure 4.24 montre les distribution des contraintes de Von Mises pour les cas a et b.
On remarque que dans le cas a, les contraintes sont concentrées dans les alésages des vis
avec un maximum de 178 MPa, tandis que la contrainte maximum calculée en considérant
un poinçon homogène était seulement d’environ 46 MPa.

Fig. 4.24 – Distribution des contraintes de Von Mises

En ce qui concerne le poinçon vissé, les contraintes sont localisées dans les alésages
des vis précontraintes, notamment la vis V5 mais aussi dans les alésages de l’insert I2 non
précontraint avec un maximum qui dépasse grandement la limite élastique du matériau.
En effet, le fait que les strates soient juste en contact (non collées), les charges externes
appliquées induisent des déplacements excessifs (avec un maximum de déplacement relatif

124
4.7. Applications aux outils d’emboutissage

de 0.77 mm) de la strate (où des strates) la plus chargée (figure 4.25), car les espacements
entre les vis et inserts sont importants pour empêcher des déplacements de celles-ci. Ainsi,
des déformations excessives sont produites aux niveaux des alésages des vis et inserts, où
les déplacements sont empêchés. Ce qui explique l’amplification importante des contraintes
équivalentes dans ces positions.

Fig. 4.25 – Déformée du maillage pour le poinçon simplement vissé

Par ailleurs, le cisaillement maximal calculé (45 MPa environ) dans le cas du poinçon
collé-vissé est significatif comparé à la limite que peut supporter la colle en cisaillement,
bien qu’il reste dans les limites admissibles.
A partir de ce résultat, nous pouvons conclure qu’il est nécessaire de rajouter des
vis supplémentaires sur la partie présentant des déplacements excessifs, pour renforcer les
liaisons de l’assemblage, bien que dans ce cas les dispositions constructives qu’imposent les
règles de conception des assemblages par éléments filetés (type VDI 2230, CM66) [CM66
95], en terme d’assise minimale des vis ne soient pas respectées. On voit bien que le collage
des strates ayant une faible section est indispensable pour réduire les déplacements et donc
les déformations imposés par les charges externes, mais insuffisant pour garantir la tenue
mécanique des liaisons assemblées.
La conception des outils d’emboutissage stratifiés implique une bonne liaison entre les
strates assemblées. Dans le cas des strates de très faibles sections, le collage de celles-ci
est nécessaire mais pas suffisant, et reste un problème à ne pas négliger.
En effet, dans le cas des outils d’emboutissage stratifiés, aucune application de col-
lage directe sans vissage ou boulonnage n’existe aujourd’hui. De ces résultats, il ressort
que l’assemblage des strates par collage ne semble pas pouvoir être utilisé sans le vissage

125
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

comme système d’assemblage des outils stratifiés pour l’emboutissage.

Variation de la précontrainte de vissage


Sur la figure 4.26, nous avons reporté les variations de la précontraintes dans les vis
V1 à V5 , initialement précontraintes à 200 MPa.

Fig. 4.26 – Variation dans l’effort de précontrainte, sous l’effet de la charge externe

Nous remarquons que les vis se déchargent différemment. La perte de précontrainte


dans le groupe 2 (vis V2 à V4 ) est moins importante que dans celles du groupe 1 (vis
V1 et V5 ), ceci peut être expliqué par l’équation (4.27). En effet, la rigidité au voisinage
du groupe de vis n˚1 est faible comparée à la rigidité au voisinage du groupe de vis n˚2,
autrement dit le facteur de charge φ au voisinage du groupe de vis n˚1 est plus important
que le facteur de charge au voisinage du groupe de vis n˚2. Ce qui explique cette grande
différence dans les pertes de précontraintes de vissage. A partir de ces informations, nous
pouvons conclure que la précontrainte minimale de vissage nécessaire pour le groupe de
vis n˚1 est très importante comparée à celle nécessaire pour le vissage du groupe de vis
n˚2. De plus, les contraintes alternées calculées dans les vis V1 et V5 , à partir de l’équation
(4.30), dépassent largement la contrainte limite de fatigue des vis, ce qui est défavorable
en ce qui concerne les assemblages sollicités en fatigue.
Par ailleurs, l’emplacement des vis sur les rayons d’entrée de l’outil (parties les plus
chargées), notamment la vis V 5 à grandement amplifié les pertes de précontrainte de
vissage. Il convient donc d’éviter ce type de conception dans la mesure du possible.

126
4.8. Conclusion

4.8 Conclusion
A partir des résultats obtenus, sur les différentes géométries de pièces, nous pouvons
envisager deux possibilités d’assemblage des outils stratifiés :

1. Assemblage par vissage : les outils avec une géométrie relativement simple, qui
ne présentent pas de strates de faible section, notamment les matrices peuvent être
conçus par vissage (sans collage). En effet, lorsque la section de la plus petite strate
du modèle permet l’emplacement de plusieurs vis tout en respectant les dispositions
constructives imposées par les règlements (type DVI 2230, CM66), en terme de sec-
tion minimale d’assise des vis, le vissage peut largement garantir la tenue mécanique
de l’outil stratifié, sous l’effet des forces d’emboutissage (les vis présentent une haute
résistance en traction et en cisaillement). Par conséquent, le choix du vissage comme
système d’assemblage présente les avantages et inconvénients suivants :
– Inconvénients : dans le cas des outils stratifiés vissés, les contraintes développées
sont concentrées dans la seule partie active de l’outil et distribuées de manière
hétérogène, discontinue. De plus les sollicitations de cisaillement sont reprises
principalement par les vis précontraintes.
– Avantages : un outil stratifié vissé, permet de remplacer les strates de la partie
active aisément en cas de besoin, puisque leur démontage est facile. Il offre éga-
lement la possibilité d’utiliser des matériaux différents dans la partie non active
(où les contraintes sont faibles), à condition de maîtriser la variation des efforts
de précontrainte dans les vis car, la rigidité de l’outil est modifiée et la résistance
de l’assemblage en dépend principalement. Il permet de plus un gain en terme de
coûts et de délais de fabrication comparé à un outil collé-vissé.

2. Assemblage par collage et vissage : la combinaison du collage avec le vissage, est


particulièrement intéressante lorsque la partie active de l’outil stratifié présente des
petite strates ayant une section suffisamment faible pour ne pas garantir une assise
minimale des vis. Dans ce type d’assemblage les avantages sus-cités qui nécessitent
le démontage de l’outil ne sont pas obtenus. En revanche, le collage des interfaces
vissées permet une meilleure répartition des contraintes dans la structure stratifiée,
réduit considérablement les maxima des contraintes développées et accroît la rigidité
de l’assemblage.

A partir des calculs effectués, nous pouvons constater que la déformation et la rigidité
des strates qui constituent l’outil stratifié n’est pas un critère direct pour la conception
des outils d’emboutissage stratifiés par le procédé de Stratoconception . En revanche, le
système d’assemblage des strates doit être maîtrisé.

127
Chapitre 4. Applications aux outils stratifiés précontraints par vissage

Par ailleurs, dans le cas des outils stratifiés assemblés par vissage, la variation de la
précontrainte de vissage, sous l’effet de la distribution des forces d’emboutissage, est une
caractéristique mécaniques particulièrement intéressante et qu’il convient de maîtriser. En
effet, selon l’emplacement de la vis dans la structure stratifiée, la variation peut être un
supplément ou une perte de précontrainte de vissage. Lorsque’il s’agit d’un supplément
de précontrainte, la condition de non décollement des pièces sous la tête de vis doit être
satisfaite, tandis que si la variation est une perte de précontrainte, la condition donnée
par l’équation (4.29) doit être vérifiée.
A partir de ces informations, nous pouvons conclure que du point de vue mécanique,
voire économique, la conception des outils d’emboutissage stratifiés, notamment par le
procédé de Stratoconception , est envisageable et particulièrement intéressante pour les
matrices. Nous pensons également que le processus de définition des plans de stratification
des outils doit éviter, dans la mesure du possible, les strates à faibles sections. Ce qui
permettra au concepteur de concevoir le système d’assemblage sans violer les règles de
conception en vigueur et par la même éviter de placer des vis sur les rayons des outils
(parties les plus chargées).

128
Optimisation du vissage des outils stratifiés
5
Sommaire
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
5.2 Les différentes classes d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.3 Problème général d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.4 Formulation du problème d’optimisation . . . . . . . . . . . . 132
5.4.1 Variables d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
5.4.2 Choix de la fonction objectif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
5.4.3 Limitations d’optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.4.4 Organigramme du processus d’optimisation . . . . . . . . . . . 134
5.5 Applications numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.5.1 Poinçon carré (Numisheet’93) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.5.2 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
5.5.3 Poinçon industriel (Craft-Fastool) . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.5.4 Résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

129
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

5.1 Introduction

L’optimisation est un outil important en sciences appliquées et pour l’analyse des


systèmes physiques [Naceur 98]. Ainsi, dans le domaine de la mécanique des structures
à comportement linéaire, l’optimisation a attiré l’attention d’un grand nombre de cher-
cheurs, ainsi qu’en témoigne le grand nombre de livres et d’articles scientifiques publiés.
Les travaux qui couvrent ce sujet étant très nombreux, nous nous sommes volontairement
limités à une liste non exhaustive. Les premières recherches en optimisation de structures
élastiques ont été menées par Schmit en 1960 [Naceur 98]. Ces recherches concernent la
résolution d’un problème d’optimisation de structures linéaires élastiques sous chargement
variable avec limitations non linéaires d’inégalités, cela a permis également la compréhen-
sion des techniques de programmation mathématiques.
En 1973, Zienkiewicz et Campbell [Naceur 98] ont présenté une méthode utilisant la
technique des éléments finis, permettant l’optimisation de forme de structures constituées
de barres où les variables d’optimisation étaient les coordonnées des noeuds.
En 1984 et 1985, Bennett et Botkin [Bennett 84, Botkin 85] ont présenté une mé-
thode d’optimisation de forme de structures avec une description de la CAO ainsi qu’une
technique de maillage adaptatif durant les cycles d’optimisation.
En 1987, Domaszewski et al. [Domaszewski 87] ont présenté une technique pour l’op-
timisation de forme d’arches avec limitations sur le poids total.
Ce chapitre a pour objectif la formulation et la résolution du problème d’optimisation
des outils d’emboutissage stratifiés, assemblés par vissage dont le comportement est consi-
déré linéaire élastique. Nous citerons tout d’abord les différentes classes d’optimisation,
puis nous présenterons le problème général d’optimisation en mécanique des structures.
Nous formulerons ensuite le problème d’optimisation de structures stratifiées, assemblées
par vissage. Pour la résolution du problème d’optimisation, nous utiliserons la technique
des plans d’expériences permettant de construire une surface de réponse couplée avec un
algorithme de minimisation dans Matlab. Il existe beaucoup de plans d’expérience. Ils
sont différents selon : l’objectif de l’étude, le nombre et les interactions possibles entre
les variables d’optimisation, le type de variables et leur précision. Dans notre cas, nous
avons choisi d’utiliser les plans d’expériences de type composites à faces centrées (voir
annexe C). Les applications numériques présentées dans ce chapitre concernent des cas
académique simple et industriel avec une géométrie relativement complexe.

130
5.2. Les différentes classes d’optimisation

5.2 Les différentes classes d’optimisation


Il existe trois grandes classes d’optimisation de forme de structures mécaniques. On
distingue : le dimensionnement, l’optimisation de forme et l’optimisation topologique [Na-
ceur 98].
– Le dimensionnement : ce sont toutes les méthodes de détermination des dimen-
sions géométriques pour des classes de conception pré-définies, telles que l’épaisseur
des coques, sections droites des éléments structuraux...etc.
– L’optimisation de forme : elle introduit des variables de conception qui per-
mettent le mouvement des frontières (bords) dans une structure. A cause de sa
difficulté relative par rapport au dimensionnement, les changements géométriques
envisagés ont été historiquement limités [Botkin 85, Naceur 98]. Cependant, elle a
connu énormément d’importance dans les industries aéronautique, navale, automo-
bile, en contribuant à la réduction des coûts de fabrication tout en améliorant les
outils de travail, la sécurité et le confort [Botkin 85, Domaszewski 87, Naceur 98...]
– L’optimisation topologique : cette classe d’optimisation nécessite aussi bien des
modifications topologiques que des modifications de forme et de dimensions. Les mo-
difications topologiques concernent les éléments d’assemblages, ou bien la création
ou la suppression de trous dans des milieux continus. Les éléments dans un assem-
blage peuvent être modifiés, on peut en ajouter, en enlever ou en déplacer dans le
but d’obtenir une conception améliorée. C’est dans cette classe d’optimisation que
s’inscrit l’étude envisagée dans ce chapitre.

5.3 Problème général d’optimisation


En général, le but de l’optimisation consiste à trouver les variables de conception
"réalisables" qui permettent d’optimiser (ou d’améliorer) au sens de minimiser ou de
maximiser une ou plusieurs fonctions (contraintes, poids, énergie de déformation...), tout
en respectant certaines contraintes ou limitations. Cette recherche de variables nécessite
un grand nombre d’essais et de calculs.
Mathématiquement le problème d’optimisation se présente comme suit :


⎨ min f (v) , v = v1 , ... vn 
T

avec gi (v) ≤ 0 (5.1)




et gj (v) = 0
Où f est la fonction objectif, vi sont les variables de conception, gi et gj sont respec-
tivement les fonctions limitations d’inégalités et les fonctions limitations d’égalités.

131
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

Une classification des problèmes d’optimisation est réalisée à partir de l’existence et


du type de fonctions composant le problème. Le problème est-il avec ou sans limitations ?
Les fonctions objectifs ou contraintes sont-elles linéaires, quadratiques ou non linéaires
en fonction des variables de conception ?. Cette classification offre l’avantage de pouvoir
estimer la difficulté du problème à résoudre [Delamézière 02].

5.4 Formulation du problème d’optimisation

5.4.1 Variables d’optimisation


En général, tout les paramètres qui sont pris en compte dans une méthode de simu-
lation numérique du comportement de structures mécaniques peuvent faire l’objet d’une
optimisation. Dans notre cas, nous avons pensé, a priori, à quatre paramètres : l’épaisseur
(e) des strates composant l’outil stratifié, le diamètre (d) des vis et leur positions (pj ) et
éventuellement la précontrainte initiale de vissage ((σb )i ).
Le choix de l’épaisseur des strates utilisées par le CIRTES pour la fabrication des
outillages stratifiés dépend essentiellement du prix et de la disponibilité des plaques mé-
talliques dans lesquelles sont usinées les strates. En effet, plus l’épaisseur des strates est
faible, plus le coût matière est élevé et plus les temps d’assemblage sont longs. En re-
vanche, plus l’épaisseur des strates est importante, plus le coût matière est faible et plus
les temps d’usinage sont longs et donc coûteux (l’usinage des grandes épaisseurs est très
long car, il est souvent réalisé en plusieurs passes). Cela constitue, évidemment, une des
contraintes technologiques du procédé de Stratoconception , bien qu’en théorie on puisse
faire varier l’épaisseur des strates. L’optimisation des épaisseurs des strates ne peut donc
être dissociée de l’aspect économique.
Nous avons choisi de ne pas considérer l’épaisseur des strates comme paramètre d’opti-
misation. En ce qui concerne le diamètre des vis qui représente une variable de conception
discrète , celui-ci dépendra de l’épaisseur des strates adoptée. En effet, pour une épaisseur
donnée de la strate, le diamètre des vis doit être choisi de manière à avoir une longueur
minimale de filetage. Plus précisément, il faut que le diamètre de la vis soit au plus égal
à l’épaisseur de la strate. Quant à la précontrainte initiale de vissage, il n’est pas utile de
rechercher une valeur optimale pour celle-ci lorsqu’on ne considère pas le comportement
en fatigue. Seule la position des vis a une grande influence sur la réponse de la struc-
ture stratifiée, notamment sur les variations de la précontrainte de vissage, indésirables
dans toute conception d’assemblages vissés (ou boulonnés). Pour toutes ces considérations
nous avons retenu comme seul paramètre d’optimisation la position des vis définie par les
coordonnées (x, y) du centre du trou de chaque vis (figure 5.1).

132
5.4. Formulation du problème d’optimisation

Fig. 5.1 – Outil stratifié, vissé : traitement de l’optimisation des positions de vis

Ainsi le problème d’optimisation consiste en la recherche des meilleures coordonnées


(x, y) du centre du trou de chaque vis qui permettent de minimiser une fonction objectif
préalablement choisie.

5.4.2 Choix de la fonction objectif


L’objectif principal de l’étude est d’améliorer la conception des outils stratifiés, no-
tamment le système d’assemblage des strates par vissage. Ainsi la fonction objectif a été
définie, dans le but d’obtenir une structure stratifiée vissée où les variations de précon-
traintes de vissage après chargement externe soient les plus faibles. La fonction objectif
que nous utilisons, est composée de valeurs de caractéristiques mécaniques évaluées par
des calculs éléments finis. Dans notre cas, il n’est pas possible de trouver une forme ana-
lytique reliant cette fonction aux variables de conception. La fonction objectif est alors
définie comme étant la moyenne des variations de précontraintes occasionnées dans les
vis, sous l’effet des charges externes (forces d’emboutissage). Elle s’écrit :

1  1  2
nv nv
2
fobj = [∆σb j ] = (σb j )i − (σb j )f (5.2)
nv j=1 nv j=1

(Fbj )i −(Fbj )f
Avec : ∆σbj = Abj
la variation de précontrainte dans la vis j. nv le nombre
de vis dans la structure.
Cette fonction est normalisée en considérant comme référence commune l’intervalle
[0; 1] où la valeur 0 correspond à une parfaite solution et la valeur 1 à une solution
inadaptée :

133
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

 
1  (∆σb j ) − (∆σb j )min
nv 2 2
fobj = (5.3)
nv j=1 (∆σb j )2max − (∆σb j )2min

5.4.3 Limitations d’optimisation


Nous utilisons dans cette étude deux types de limitations :
– La première limitation concerne des limitations sur les maxima de contraintes équi-
valentes développées dans la structure étudiée : on souhaite alors que la contrainte
maximum de Von Mises soit inférieure à la limite élastique du matériau. Ainsi la
fonction limitation peut s’écrire sous la forme d’inégalité suivante :

g = σcal
vm
− σe < 0 (5.4)

vm
Avec : σcal la contrainte maximum de Von Mises calculée. σe la contrainte limite
d’élasticité.
– La deuxième limitation concerne des limitations dites "naturelles", qui représentent
les bornes inférieures et supérieures des variables d’optimisation. Ce type de limita-
tions est facile à prendre en compte, car elles sont linéaires. Elles s’écrivent :

vinf ≤ vi ≤ vsup , i = 1, ....n (5.5)

En général, dans la conception d’assemblages par éléments filetés, ces derniers


doivent respecter les impératifs de distances minimale et maximale aux bords des
plaques assemblées ainsi que les impératifs de distances minimale et maximale entre
les éléments filetés, que préconise les règles de conception en vigueur (VDI 2230,
CM66, ...). Selon les règles CM66 [CM66 95], par exemple, la distance db entre axes
des vis et bords des plaques assemblées et la distance dv entre axes des vis doivent
satisfaire les inégalités suivantes :

1.5 d ≤ db ≤ 3.5 d
(5.6)
3.5 d ≤ dv ≤ 7 d
Avec : d est le diamètre de la vis considérée.

5.4.4 Organigramme du processus d’optimisation


La figure 5.2 présente le schéma général du processus d’optimisation topologique des
outils stratifiés vissés. Le processus commence par une conception initiale satisfaisant les
conditions minimales de faisabilité (épaisseurs des strates, diamètre et positions des vis...).
On distingue quatre étapes principales dans ce processus. La première étape concerne

134
5.5. Applications numériques

le choix et la selection des paramètres à optimiser. La deuxième étape est celle de la


formulation du problème d’optimisation qui se fait par la définition de fonctions objectifs
à satisfaire ainsi que des fonctions limitations qui limitent le domaine de recherche des
variables de conception. Ensuite, on procède à la résolution du problème d’optimisation
qui nécessite le choix d’une méthode d’optimisation et d’un algorithme de minimisation
(dans notre cas, nous avons utilisé la méthode des plans d’expérience couplée avec un
algorithme de minimisation dans Matlab). Dans la dernière étape, on actualise les variables
de conception afin d’obtenir une conception optimale.

Fig. 5.2 – Processus général d’optimisation topologique des outils stratifiés

5.5 Applications numériques


5.5.1 Poinçon carré (Numisheet’93)
Comme premier exemple d’application, nous avons choisi de procéder à l’optimisation
des positions des vis dans le cadre du poinçon carré du "benchmark Numisheet’93" (figure
4.18). Il est à noter que la structure initiale (de dimensions : 70 mm x70 mm x42 mm) à
quatre vis donne lieu à huit variables d’optimisation (deux coordonnées par vis). L’exploi-
tation de la symétrie du modèle nous permet de réduire le problème à deux variables v1 et
v2 (figure 5.3). Par ailleurs, nous attirons l’attention du lecteur sur le fait que la solution
de l’exemple choisi peut être obtenue sans faire appel à une procédure d’optimisation. En

135
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

effet, le fait de considérer un huitième de la structure ramène le problème à une variable


de conception, ainsi la vis se déplace suivant une direction située à 45˚ (figure 5.3) par
rapport au repère (OXY ) et la solution optimale peut être obtenue en faisant un certain
nombre d’essais.
Ainsi l’objectif principal de cet exemple choisi est de tester et de valider la procédure
d’optimisation.
Le domaine de recherche admissible pour les variables de conception v1 et v2 est
délimité par des bornes inférieure et supérieure (figure 5.3). Pour l’étude du problème
d’optimisation, les données du tableau 5.1 sont utilisées.

Fig. 5.3 – Variables de conception et domaine de recherche

Variable v1 Variable v2
Born. Sup. (mm) 23 23
Born. Inf. (mm) 14 14

Tab. 5.1 – Paramètres de calcul

Nous avons réalisé un plan d’expérience de type composite à faces centrées à deux
variables (facteurs), impliquant 9 analyses éléments finis dans CATIA V5.

5.5.2 Résultats
Sur la figure 5.4, nous avons reporté la surface de réponse de la fonction objectif fobj .

136
5.5. Applications numériques

Fig. 5.4 – Surface de réponse de la fonction objectif fobj

La fonction fobj est minimisée en utilisant un algorithme de minimisation sous contrainte


dans Matlab, avec une précision sur la convergence de 10−6.
La convergence de l’algorithme de minimisation est obtenue après 5 itérations (figure
5.5).

Fig. 5.5 – Evolution de la fonction objectif fobj en fonction des itérations

137
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

Les résultats de la procédure d’optimisation sont reportés dans le tableau 5.2.

fobj (MPa) v1 (mm) v2 (mm)


Avant optimisation 47.24 17.5 17.5
Après optimisation 32.29 14.0 14.0

Tab. 5.2 – Résultats d’optimisation et comparaison avec la conception initiale

La position de la vis avant et après optimisation est illustrée sur la figure 5.6.

Fig. 5.6 – Position de la vis avant et après optimisation

5.5.3 Poinçon industriel (Craft-Fastool)


Dans cette exemple, on procède à l’optimisation topologique du poinçon industriel issu
du projet européen Craft-Fastool. La moitié du poinçon contient 5 vis précontraintes (V1
à V5 ), figure 5.7, ce qui implique 10 variables d’optimisation, soit 2 variables (coordonnées
x, y) par vis. La taille du problème d’optimisation devient importante, car l’utilisation
des plans composites à faces centrées implique la réalisation de 1045 calculs éléments finis
sous CATIA V5.
Afin de réaliser cette étude à moindre coût, nous avons procédé à la réduction du
nombre de variables tout en conservant à l’esprit que le problème d’optimisation à dix va-
riables est plus complet qu’un problème à moins de dix variables. De ce fait, le problème
devient un problème "d’amélioration" de la conception initiale plutôt qu’un problème
"d’optimisation" au sens propre. Pour ce faire, nous avons donc utilisé la stratégie sui-
vante :

138
5.5. Applications numériques

– pour les vis V 1 et V 5, nous n’avons pas souhaité qu’elles se déplacent dans la
direction Y car, le déplacement suivant celle-ci réduirait la longueur minimale de
filetage, puisque l’épaisseur de la strate diminue suivant cette direction ;
– pour les vis V 2 à V 4, nous avons introduit une contrainte sur les coordonnées (xi , yi ),
définies dans le nouveau repère (O  X  Y  ), en utilisant la relation : xi =yi. Ainsi les
vis V 2 et V 4 se déplacent suivant la droite (D) tandis que la vis V 3 se déplace
suivant la droite (D  ) (figure 5.7) ;
Ainsi, nous avons ramené le nombre de variables à une par vis, soit 5 variables d’op-
timisation au total, impliquant 43 calculs éléments finis sous CATIA V5.
Les simulations numériques effectuées ont montré que le groupe de vis n˚1 (vis V1 et
V5 ) n’a pas d’influence sur le groupe de vis n˚2 (vis V2 à V4 ), autrement dit, chaque groupe
contrôle une partie du poinçon vissé. Nous avons ainsi réalisé la procédure d’optimisation
en deux étapes, bien qu’elle puisse être réalisée en une seule étape en considérant les cinq
variables :
– dans la première étape, nous avons procédé à l’optimisation des positions des vis V2
à V4 uniquement, soit un problème à trois variables, impliquant 15 calculs éléments
finis sous CATIA V5 ;
– dans la deuxième étape, nous avons considéré l’optimisation des vis V1 et V5 , soit
un problème à deux variables, impliquant 9 calculs éléments finis sous CATIA V5.
Cela nous a permis de réduire considérablement le nombre d’expériences ou de calculs
à réaliser. On passe alors de 1045 calculs prévus initialement à 21 calculs.
Les données initiales pour l’optimisation des positions des vis V1 et V5 sont reportées
dans le tableau 5.3 et sont données dans le repère d’origine (OXY ).

V1 (x1 , y1 ) V5 (x5 , y5 )
Born. Inf. (mm) (31.25, −56) (100, 55.5)
Born. Sup. (mm) (44.25, −56) (154.25, 55.5)

Tab. 5.3 – Paramètres de calcul utilisés pour l’optimisation des vis V1 et V5

Quant aux données initiales pour l’optimisation des positions des vis V2 à V4 , elles sont
reportées dans le tableau 5.4 et sont données dans le nouveau repère (O  X  Y  ).

V2 (x1 , y1 ) V3 (x3 , y3 ) V4 (x4 , y4 )


Born. Inf. (mm) (−30.75, −30.75) (30.75, −30.75) (33.30, 33.30)
Born. Sup. (mm) (−43.75, −43.75) (43.70, −43.70) (46.00, 46.00)

Tab. 5.4 – Paramètres de calcul utilisés pour l’optimisation des vis V2 à V4

139
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

Fig. 5.7 – Variables d’optimisation

5.5.4 Résultats
La minimisation est réalisée via Matlab avec un algorithme de minimisation sous
contrainte, avec une précision sur la convergence de 10−6 . La figure 5.8 montre l’évolution
de la fonction objectif au cours des itérations. On remarque que la convergence est obtenue
après seulement 7 itérations.
Les résultats de la procédure d’optimisation sont reportés dans le tableau 5.5 et sont
donnés dans le repère d’origine (OXY ). Après actualisation des variables de conception,
nous proposons que l’insert de positionnement I2 prenne la place de la vis V5 avec un
décalage suivant l’axe des Y (figure 5.9), puisque la vis V5 est déplacée.

Avant optimisation Après optimisation


fobj (MPa) 74.85 54.42
V1 (x1 , y1) (mm) (35, −56) (35, −56)
V2 (x2 , y2) (mm) (115, −55.5) (110, −53.5)
V3 (x3 , y3) (mm) (180, −52) (178.2, −42)
V4 (x4 , y4) (mm) (190, 19) (186.5, 15.8)
V5 (x5 , y5) (mm) (148, 55.5) (112, 55.5)

Tab. 5.5 – Résultats d’optimisation et comparaison avec la conception initiale

140
5.6. Conclusion

Fig. 5.8 – Evolution de la fonction objectif fobj en fonction des itérations

Fig. 5.9 – Positions des vis et inserts avant et après optimisation

5.6 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons montré l’intérêt que peut apporter le choix des positions
des vis dans une structure assemblée par vissage. En effet, l’optimisation des positions
des vis précontraintes permet d’améliorer le comportement de celles-ci tout en réduisant
les variations de précontraintes occasionnées par les charges externes appliquées. Ces
variations de précontraintes dans les vis initialement préserrées sont souvent à l’origine
de rupture des vis, de desserrage spontané de celles-ci ou encore de rupture par fatigue.

141
Chapitre 5. Optimisation du vissage des outils stratifiés

Nous avons traité des exemples académique simple et industriel avec une géométrie
relativement complexe, où nous avons réduit considérablement les variations de la précon-
trainte de vissage tout en gardant le maxima des contraintes équivalentes, bien inférieur à
la limite élastique du matériau considéré, grâce à la résolution du problème d’optimisation
sous contraintes. Par ailleurs, nous avons montré que la procédure d’optimisation peut
être réalisée en plusieurs étapes par groupes de vis, ce qui est intéressant notamment dans
le cas de structures stratifiées comportant un grand nombre de vis.

142
Conclusions et perspectives
6
Sommaire
6.1 Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
6.2 Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

6.1 Conclusions
L’objectif principal de cette thèse était de développer une modélisation visant à dispo-
ser d’une méthodologie générale pour l’analyse tridimensionnelle du comportement méca-
nique des outils d’emboutissage prototypes, en particulier les outils stratifiés, assemblés
par vissage dans le but général d’en améliorer leur conception.
Les outils logiciels et méthodologies de modélisation numérique sont ceux de la mise
en forme des tôles minces par emboutissage et ceux du calcul de structures élastiques mul-
ticouches, précontraintes par vissage pour l’étude du comportement des outils stratifiés.
Ce mémoire contient une revue de l’état de l’art sur l’outillage stratifié dédié à la mise
en forme et à l’emboutissage en particulier. A partir du constat du prix de revient et du
délai de fabrication des outils standards, nous avons constaté que les techniques de fabri-
cation des outils d’emboutissage par empilement successif de couches métalliques peuvent
présenter un intérêt en matière de coût et de temps de fabrication, mais le savoir-faire

143
Chapitre 6. Conclusions et perspectives

pour les concevoir, les construire et les employer avec succès dans l’industrie de l’embou-
tissage n’est pas encore maîtrisé. Cette partie du travail nous a également permis d’avoir
une idée générale sur les gains que peuvent apporter ces différentes techniques. En parti-
culier dans le cas du procédé de Stratoconception , nous avons rapporté quelques chiffres
comparatifs en terme de coût global et de délais de fabrication des outils. Les opérations
d’usinage conventionnel qui représentent souvent plus de 50% du coût global des outillages
peuvent être considérablement réduites (environ 30% pour la Stratoconception ). En re-
vanche, nous n’avons pas observé de gains matière car, les plaques métalliques utilisées
aujourd’hui dans la Stratoconception sont rectifiées et coûtent très cher. Il convient donc
d’améliorer les gains matière, notamment en jouant sur l’épaisseur des strates ainsi que
sur le type de matériau utilisé (autre que l’acier 2C45 (XC48)).
Du point de vue mécanique, la revue des travaux antérieurs sur le sujet ne nous ap-
porte aucun élément complémentaire sur la modélisation et/ou le dimensionnement des
outils d’emboutissage prototypes, en particulier les outils stratifiés.

Dans la deuxième partie (Chapitre 3), nous avons discuté l’analyse mécanique des
outils d’emboutissage considérés déformables et homogènes. Pour examiner la possibilité
de fabriquer des outils d’emboutissage stratifiés par le procédé de Stratoconception , il a
été indispensable d’effectuer une analyse tridimensionnelle du comportement mécanique
des outils afin d’évaluer les performances mécaniques de la structure stratifiée, notamment
le système d’assemblage des strates.
Nous avons donc jugé indispensable de comprendre et d’appréhender le comportement
des outils d’emboutissage considérés déformables et homogènes avant de passer aux mo-
dèles d’outils stratifiés, toujours très complexes. Des simulations numériques de l’embou-
tissage couplées avec la déformabilité des outils (poinçon) ont été effectuées afin d’évaluer
les maxima de contrainte pouvant apparaître dans les outils au cours de l’emboutissage
et aussi les efforts de contact tôle/outils. Nous avons examiné des cas simples bien connus
dans la littérature (godet cylindrique avec ou sans contre embouti) en utilisant des mo-
dèles 2D implicite (pour obtenir une solution de référence) et 3D explicite. Les résultats
concernant la pièce emboutie, obtenus avec les codes ABAQUS (statique implicite et dy-
namique explicite) et STAMPACK, ont été comparés à ceux de la littérature. En ce qui
concerne les résultats du poinçon déformable obtenus avec ABAQUS/Explicite, ils ont
été comparés à la solution de référence obtenue avec ABAQUS/Implicite (STAMPACK
ne prend pas en compte la déformabilité des outils dans sa version actuelle).
Nous avons ainsi pu confirmer les fortes difficultés (gestion du contact, discrétisa-
tion des outils par éléments déformables) qu’impose à l’utilisateur la simulation couplée
de l’emboutissage en considérant les outils déformables, particulièrement dans les mo-

144
6.1. Conclusions

dèles 3D avec une géométrie complexe. De plus, l’utilisation d’une résolution de type
dynamique explicite pour la simulation de l’emboutissage en considérant les outils défor-
mables, exige la réduction de la vitesse du poinçon, si l’on veut analyser le comportement
de l’outil déformable avec une bonne précision. Comme conséquence, les temps CPU sont
considérablement amplifiés. Cela rend évidemment la simulation de l’emboutissage avec
outils déformables très complexe et coûteuse, voire non envisageable. L’utilisation du code
STAMPACK pour simuler classiquement l’emboutissage en considérant les outils rigides,
nous permet d’accéder à la répartition des efforts de contact tôle/outils directement en
surface de l’outil rigide considéré. Ceci est très intéressant, puisque la connaissance de
la répartition des efforts de contact tôle/outils au cours de l’emboutissage, doit, a priori,
permettre l’analyse des outils déformables.
Pour remédier à toutes ces difficultés, nous avons proposé une méthode simplifiée deux
étapes pour l’analyse tridimensionnelle des outils d’emboutissage, en :
– Une première simulation de l’emboutissage est effectuée en considérant les outils
rigides en utilisant STAMPACK, ce qui nous permet d’une part d’étudier la faisabi-
lité de la pièce et d’une autre part de connaître la répartition des efforts de contact
imposés à l’outil rigide au cours de l’emboutissage ;
– Dans une deuxième étape, l’outil déformable considéré (stratifié ou non) est analysé
comme une structure 3D élastique en utilisant la distribution des forces de contact
d’emboutissage comme cas de chargement statique en utilisant CATIA V5.
Les résultats obtenus par cette méthode ont été comparés à ceux issus de la simula-
tion couplée de l’emboutissage en considérant les outils déformables effectuée dans ABA-
QUS/Implicite.
Dans le Chapitre 4, nous avons appliqué la méthode proposée sur des cas d’outil
d’emboutissage stratifiés assemblés par vissage (avec ou sans collage des interfaces assem-
blées). Pour ce faire, nous avons développé des modèles éléments finis sous CATIA V5 en
s’appuyant sur la théorie développée dans le cadre de la mécanique des assemblage par élé-
ments filetés. De ces calculs, il est ressorti qu’il est possible, d’un point de vue mécanique,
de fabriquer des outils d’emboutissage par le procédé de Stratoconception . Cependant,
les poinçon statifiés avec une géométrie complexe, impliquent des strates de faible section
qui rend la conception de leur assemblage difficile. En effet, cela impose le perçage des
rayons d’entrée des poinçons les plus chargés pour positionner les vis qui doivent assurer
l’assemblage. Ce qui amplifie considérablement les contraintes équivalentes développées
dans la structure stratifiée et aussi les variations des précontraintes de vissage, sous l’ef-
fet des charges externes. En ce qui concerne les matrices stratifiées, le problème se pose
moins et l’assemblage peut être assuré uniquement par vissage. Ainsi, le coût de l’opé-
ration d’assemblage est considérablement réduit, ce qui rend la fabrication de matrices

145
Chapitre 6. Conclusions et perspectives

par le procédé de Stratoconception plus rentable vis à vis des poinçons, du point de vue
mécanique et économique.
Dans le Chapitre 5, nous avons proposé une procédure d’optimisation visant à amélio-
rer la conception des outils d’emboutissage stratifiés. Dans cette étude, nous nous sommes
limités à considérer les positions des vis précontraintes comme variables de conception dé-
finies par les coordonnées des centres des trous de vis. Les résultats obtenus mettent en
avant le rôle prépondérant du choix des positions de vis dans un assemblage vissé. Nous
avons montré que nous pouvons considérablement réduire les variations de précontraintes
de vissage, indésirables en conception de structures vissées (ou boulonnées), en modifiant
les positions des vis précontraintes, tout en gardant le maxima des contraintes équivalentes
développées bien inférieur à la limite élastique du matériau considéré.

6.2 Perspectives
Les résultats obtenus sont, bien entendu, améliorables en perfectionnant la méthodo-
logie proposée sur de nombreux points :

1. Sur les plans théoriques et expérimentaux de la modélisation, les points suivant


seraient à développer :
– prendre en compte une loi de comportement spécifique aux joints collés dans le
cas des outils stratifiés collés-vissés. Ce qui permettra de prédire avec précision la
plastification, voire la rupture des joints collés ;
– effectuer une étude numérique et expérimentale sur le comportement des joints
collés-vissés pour prédire avec précision le comportement de ce type d’assemblage
et d’estimer la tenue mécanique des outils stratifiés assemblés par vissage et col-
lage ;
– évaluer le coefficient de frottement spécifique aux outils stratifiés, ce qui permettra
d’estimer avec précision les efforts de contact qui peuvent réellement être appli-
qués aux outils stratifiés. Cela passe par une étude tribologique de la réponse au
frottement des outils stratifiés, notamment l’étude de l’influence de la direction
de stratification (horizontale et verticale) ;
2. Sur le plan numérique, nous proposons :
– l’utilisation de l’Approche Inverse (par exemple via STAMPACK-One Step) pour
l’estimation de la répartition des efforts de contact tôle/outils ainsi que l’auto-
matisation de la procédure de récupération et de transfert des résultats. Cela
nous permettra de réduire considérablement le temps que requiert la simulation
numérique de l’emboutissage en considérant les outils rigides.

146
6.2. Perspectives

– l’automatisation de la procédure d’optimisation des positions des vis précon-


traintes.
3. Sur le plan économique, nous proposons :
– l’optimisation des matériaux des plaques métalliques utilisées pour l’usinage des
strates et donc du coût matière afin de valider la technique de Stratoconception
au niveau de sa faisabilité économique vis à vis des gains observés, en ce qui
concerne les outils d’emboutissage. Cela passe nécessairement par une étude technico-
économique des différents matériaux pouvant être utilisés pour la conception des
outils d’emboutissage en fonction de l’épaisseur de plaque et de leurs performances
mécaniques, mais aussi de leur usinabilité.

147
Chapitre 6. Conclusions et perspectives

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156
Annexe A : Aspects numériques

.1 Principe des Travaux Virtuels (P.T.V)


.1.1 Description du problème mécanique
Soit un solide constitué d’un matériau élastoplastique qui occupe un volume V0 de
frontière S0 dans sa configuration initiale C0 (non déformée), libre de toute contrainte
initiale. Après déformation, le solide occupe une nouvelle configuration C de volume V et
de frontière S.
Dans sa configuration déformée C le solide est soumis à :
– une densité de forces volumiques fv dans C ;
– des efforts surfaciques fs sur une partie SF de S ;
– des efforts de contact fc (avec un autre solide) sur une partie Sc ;
– des déplacements imposés u sur une partie Su .
avec SF ∪ SC ∪ Su = S et SF ∩ SC ∩ Su = ∅
Le problème posé est alors la détermination en tout point du solide C et à tout instant
t ∈ [0, T ], la position x (t) (ou le champ des déplacement u), le champ des déformations
totales ε (x, t), le champ des contraintes σ (x, t) ainsi que les champs des variables d’état.
Ces champs doivent vérifier :
• les équations d’équilibre dans C :

div σ + f = ρ ü (.1)

• les équations de compatibilité dans C :

1 
D = grad u + [grad u]T (.2)
2
• les équations de comportement dans C.
• les conditions aux limites sur la frontière S :

σ. n = fs sur SF (.3)

157
Annexe . Annexe A : Aspects numériques

σ. n = fc sur SC (.4)

u = ū sur Su (.5)

• les conditions initiales relatives à chaque champ mécanique.


Le Principe des Travaux Virtuels (P.T.V), ou l’écriture faible du problème mécanique
ci-dessus, s’écrit :
    
∗ ∗ ∗ ∗
ε : σdV − u .fV dV − u .fS dS − u .fC dS = ρü.u∗ dV (.6)
V V SF SC V

où u∗ est le champ de déplacements virtuels cinématiquement admissible et ε∗ est le


champ de déformations virtuelles.

1 ∗ 
ε∗ = sym (L∗ ) = L + L∗T (.7)
2
Le premier terme de l’équation (.6), qui représente le travail virtuel des efforts internes,
peut s’exprimer en fonction du tenseur des contraintes de Kirchhoff τ = Jσ par :
 

ε : σdV = ε∗ : τ dV0 (.8)
V V0

où V0 est le volume du solide dans la configuration initiale (dV = JdV0 ) et J = detF


le Jacobien de la transformation entre les configuration C0 et C.
La résolution du problème d’évolution ci-dessus (équation (.6)) nécessite le recours à :
– la discrétisation spatiale du domaine C par éléments finis ;
– la discrétisation temporelle du domaine [0, T] en utilisant un schéma approprié par
différences finies.

.1.2 Discrétisation spatiale du P.T.V


Considérant le domaine Ω discrétisé en sous-domaines Ωe de volume élémentaires Ve
(figure .1)
Les éléments sont considérés comme isoparamétriques, la géométrie de chaque élément
est approchée par les mêmes fonctions de forme que le champ des déplacements. Les
champs de déplacement réel et virtuel sont alors :

ue = NN uN
e (.9)

158
.1. Principe des Travaux Virtuels (P.T.V)

Fig. .1 – Discrétisation du domaine C

u∗e = NN u∗N
e (.10)

où NN est la matrice des fonctions d’interpolation du noeud N de l’élément e. ces


fonctions dépendent des coordonnées spatiales et non du temps. La composante uN
e est le
déplacement du noeud N de l’élément e exprimé dans le repère global et dépendant du
temps.
Les champs des vitesses pour le même élément s’écrivent :

u̇e = NN u̇N
e (.11)

et l’accélération réelle pour l’élément e :

üe = NN üN
e (.12)

En utilisant les approximations décrites ci-dessus et la forme faible (équation (.6)) sur
l’élément e, on obtient la contribution élémentaire suivante :

 NM M 
Ie = u∗N
e M üe + Fe|int
N
− Fe|ext
N
(.13)

où M N M est la matrice masse de l’élément e définie par :


MeN M = Ve0
ρ0 NN . NM dVe0 (.14)
N
Fe|int le vecteur des efforts internes de l’élément e :

N
Fe|int = e : σ dV
BN (.15)
Ve
N
Fe|ext le vecteur des efforts externes de l’élément e :

159
Annexe . Annexe A : Aspects numériques

  
N
Fe|ext = N . fv dV +
N
N . fs dS +
N
NN . fc dS (.16)
Ve e
SF Sce


∂N
e =
BN (.17)
∂xN
est la matrice déformation-déplacement de l’élément e.
Par sommation des Ie sur l’ensemble des éléments, on en déduit le système algébrique
traduisant l’équilibre global du solide :
 
   NM M 
I = Ie = UeN M üe + Fe|nt
N
− Fe|ext
N
= 0 (.18)
e e

où u∗N
e sont arbitraires et sont cinématiquement admissibles. L’équilibre global se tra-
duit par :

a. statique :

N
F|int − F|ext
N
=0 (.19)

que l’on écrira symboliquement sous la forme :

 M
RN u = 0 (.20)

où RN est la composante du résidu de l’équilibre associé à la N ime variable du pro-


blème et uM est la valeur de la M ime variable.

b. dynamique :

 
M N M üM + RN uM = 0 (.21)

.1.3 Méthode statique implicite


L’approche implicite est utilisée pour résoudre les problèmes statiques en considérant
un algorithme incrémental de type Newton-Raphson qui a l’avantage d’une convergence
quadratique si la matrice Jacobienne (ou tangente) est cohérente avec le schéma de dis-
crétisation temporelle locale. La méthode est très robuste pour un problème fortement
non linéaire de type géométrique et physique. Par contre, elle est peu efficace pour des
problèmes de contact complexe. Le code ABAQUS/Standard l’utilise.

160
.1. Principe des Travaux Virtuels (P.T.V)

Supposant que la solution approchée après l’itération (i) soit uM M


i . Appelons ci+1 la
différence entre cette solution approchée et la solution (inconnue) du problème discret
décrit par l’équation (.20). Cette différence devrait être telle que :

 
i + ci+1 = 0
R N uM M
(.22)
En linéarisant l’équation (.23) autour de la solution approchée uM
i grâce à un déve-
loppement en série de Taylor à l’ordre un, on obtient :
 
  ∂RN uM i
R N M
ui + p
cpi+1 + ... = 0 (.23)
∂u
ou encore :

 
KiN P cPi+1 = − RN uM
i = − RiN (.24)
où  
∂RN uM i
= KiN P p
(.25)
∂u
est la matrice tangente qui joue un rôle central dans les performances numériques (vi-
tesse de convergence) de ce schéma itératif implicite. A l’itération suivante, la solution
approchée s’écrit :

i+1 = ui + ci+1
uM M M
(.26)
et ce processus itératif continue jusqu’à ce que les corrections cM N
i+1 et le résidu Ri soient
suffisamment petits en vérifiant les critères fixés.

.1.4 Méthode dynamique explicite


La méthode consiste à obtenir une solution de l’équation (.22) à l’instant t + ∆t
en fonction des quantités connues à l’instant t exclusivement. Comme toute méthode
explicite, elle est conditionnellement stable en fonction de la taille du pas ∆t. Par contre,
elle a l’avantage de ne pas nécessiter d’itérations et de construction de la matrice tangente.
Elle est très efficace et de plus en plus utilisée pour la simulation numérique des procédés
de mise en forme. ABAQUS/Explicite et STAMPACK l’utilisent.
A partir de l’équation (.22) écrite à l’instant t de pas ∆ti , on a :

ü(i) = M−1 . R(i) (.27)


où M est la matrice masse et R(i) est le vecteur résidu défini par les équations (.20)
et (.23).

161
Annexe . Annexe A : Aspects numériques

• Calcul de u̇(i+ 2 ) au milieu de l’incrément :


1

∆t(i+1) + ∆t(i) (i)


u̇(i+ 2 ) = u̇(i− 2 ) +
1 1
ü (.28)
2
• Calcul de u̇(i+1) à l’instant ti+1 fin de l’incrément :

u(i+1) = u(i) + ∆t(i+1) u̇(i+ 2 )


1
(.29)
Dans ABAQUS/Explicite, la valeur initiale à t = 0 de la vitesse est nulle par défaut.
A cet instant, on a :

(+ 12 ) (0) ∆t(1) (0)


u̇ = u̇ + ü (.30)
2

∆t(0) (0)
u̇(− 2 ) = u̇(0) −
1
ü (.31)
2
Le plus grand avantage de cette méthode est que le code ABAQUS/Explicite utilise
une matrice masse concentrée diagonale. Comme nous l’avons déjà vu, la stabilité d’un
schéma explicite par différences finies est conditionné par la taille du pas de temps ∆t.
Dans ABAQUS/Explicite, la limite de stabilité est définie conjointement par le pas de
discrétisation temporelle ∆t et le pas de discrétisation spatiale ∆x (taille de l’élément
fini).
En l’absence de l’amortissement, la limite de stabilité est définie comme suit :

2
∆t ≤ (.32)
ωmax
où ωmax est la plus grande valeur propre du système. Pour contrôler les oscillations à
hautes fréquences, on introduit un peu d’amortissement dans la solution. Le domaine de
stabilité pour l’incrément de temps est alors :

2  
∆t ≤ 1 + ζ2 − ζ (.33)
ωmax
où ζ est la part de l’amortissement critique dans le mode d’oscillations le plus élevé.
Pour chaque élément du maillage, l’incrément de temps stable est calculé suivant
l’expression :

2
∆t ≤ e
(.34)
ωmax
e
où ωmax est la plus grande valeur propre élémentaire. Une estimation licite de l’incré-
ment de temps stable est donnée par la plus petite valeur prise parmi tous les éléments.
La limite de stabilité définie ci-dessus peut être réécrite par :

162
.1. Principe des Travaux Virtuels (P.T.V)

 
Le
∆t ≤ min (.35)
cd
où Le est la plus petite longueur caractéristique de l’élément et cd la vitesse de propa-
gation du son dans le matériau.
On peut remarquer que l’incrément critique peut se révéler extrêmement petit si le
maillage utilisé est très fin, ce qui a pour conséquence d’augmenter le nombre d’incréments
et donc le temps de calcul.

163
Annexe . Annexe A : Aspects numériques

164
Annexe B : Contact-Frottement

.1 Modélisation du contact-frottement

La simulation numérique de l’emboutissage, implique la gestion du frottement et de


tous les contacts possibles entre la tôle et les outils. Il existe deux formulation pour
la gestion du contact : la formulation cinématique et la formulation par pénalisation.
L’avantage de la formulation cinématique est qu’elle n’a pas d’effet sur le pas de temps
en explicite (ABAQUS/Explicit l’emploie), contrairement à la méthode par pénalisation.
En revanche, la méthode par pénalisation permet une certaine souplesse sur la condition
d’impénétrabilité (ABAQUS/Explicite et STAMPACK l’emploient).

.1.1 Principaux modèles de frottement

.1.1.1 Phénomènologie

Les modèles que nous allons présenter ici concernent pour la plupart une approche
globale, macroscopique des phénomènes de contact et de frottement. La figure .1 illustre
un relevé du profil de rugosité de surface d’une tôle d’emboutissage à l’échelle de quelques
dizaines de microns [Hammi 00]. Les états de surface sont caractérisés à l’aide des premiers
moments statistiques de ces profils aléatoires (moyenne, écart quadratique,...). Les plus
utilisés sont le Rα (valeur moyenne des amplitudes d’aspérités mesurées par rapport à une
surface moyenne) et le Rp (profondeur d’aplatissement ou valeur moyenne des amplitudes
crête à crête). Ces grandeurs sont utilisées parmi d’autres pour définir des critères de
résistance des tôles aux grippage.
Le critère se fera d’abord sur les sommets des aspérités et la surface réelle de contact
va donc évoluer en fonction de la charge normale (voir figure .2).
Par ailleurs, la composition du matériau au voisinage des surfaces de contact est en
général complexe et différente de celle du matériau classique (voir figure .3).

165
Annexe . Annexe B : Contact-Frottement

Fig. .1 – Rugosité de surface d’une tôle d’emboutissage [Hammi 00]

Fig. .2 – Ecrasement d’aspérités lors du contact [Hammi 00]

Fig. .3 – Complexité de la composition du matériau au voisinage du contact [Hammi 00]

.1.1.2 Modélisation du frottement

Les variables de contact.


La condition de contact unilatéral est représentée par l’écriture stricte de la condition
de non pénétration d’un solide déformable en contact avec un solide rigide. On considère
l’hypothèse simplificatrice des petits déplacements.
Soit un solide qui occupe le domaine C (figure .4) de frontière S suffisamment régu-
lière décomposée en SF ∪ SD ∪ SC où SF est la surface des efforts imposés, SD celle
des déplacements imposés et SC la zone initiale de contact. On décompose sur le bord
SC le déplacement et les vecteurs contraintes de contact en composantes normales et
tangentielles :

u = uN n + uT (.1)

F = FN n + FT (.2)

où FT et uT sont des vecteurs appartenant au plan tangent, et uN et FN des me-

166
.1. Modélisation du contact-frottement

Fig. .4 – Schématisation de deux corps en contact

sures algébriques suivant la direction normale (n désigne la normale extérieure à ΓC ). Les


conditions de contact unilatéral (relations de Signorini) s’écrivent alors :

uN ≤ 0, FN ≤ 0 et uN FN = 0 (.3)

Les relations suivantes caractérisent bien le contact unilatéral :


• non pénétration du solide dans l’obstacle rigide (uN ≤ 0) ;
• la force normale exercée par l’obstacle sur le solide est bien une force de compression,
et d’après le principe d’action et de réaction, en chaque point de contact, ces forces sont
égales et de sens opposé (FN ≤ 0) ;
• la relation de complémentarité uN FN = 0 décrit bien deux situation possibles :
– contact établi (uN = 0), la force normale est active (FN ≤ 0) ;
– décollement des surfaces (uN ≤ 0), la force normale doit être nulle (FN = 0).
Le terme "contact bilatéral" (ou contact persistant) est quelquefois utilisé pour signifier
que le contact normal est maintenu tout en laissant éventuellement libre le déplacement
tangentiel relatif.
Remarquons que les relations de Signorini peuvent s’exprimer en fonction des contraintes
et des vitesses des déplacements :

∆v.n ≤ 0, σN ≤ 0 et (∆v.n) σN = 0 (.4)

◦ σN = F.n est la contrainte normale à la surface de contact. notons que le vecteur


contrainte tangentielle s’écrit :

Ft = F − σN n = (F.t) t = τ t = τ1 t1 + τ2 t2 (.5)

167
Annexe . Annexe B : Contact-Frottement

ce qui permet de définir la contrainte tangentielle ou la cission de frottement :



τeq = τ12 + τ22 (.6)

◦ ∆v = v1 − v2 vitesse relative de deux points, de vitesses respectives v1 et v2 , censés


rentrer en contact. Notons que la vitesse de glissement vg des deux points n’est autre que
la composante tangentielle de ∆v :

vg = ∆v. t = ∆v − (∆v. n) . n (.7)

où t est le vecteur tangentiel tel que (t1 , t2 , n) soit un repère orthonormé direct.

.1.1.3 Les modèles de frottement

Dans ce qui suit, nous allons présenter les trois principaux modèles de frottement les
plus utilisés dans les codes de calcul. Au préalable, définissons le seuil de glissement entre
deux corps S1 et S2 en un point M. L’expérience montre qu’il existe une force (ou une
contrainte) de traction tangentielle minimale à appliquer pour qu’un glissement significatif
se produise. Cela se traduit par :

Si τeq < τcrit ⇒ vg = 0 contact collant, (.8)

Si τeq = τcrit ⇒ ∃ λ ≥ 0, vg = −λτ contact glissant, (.9)

Cette notion de seuil (τcrit ) introduit une discontinuité (non dérivabilité) des modèles
de frottement très similaire au modèles de plasticité à seuil.
Rappelons qu’il existe des modèles de frottement isotropes et anisotropes. Nous nous
limiterons ici aux seuls modèles isotropes qui postulent que le vecteur cission de frot-
tement est parallèle à la vitesse de glissement et de plus que τcrit ne dépend pas de la
direction de vg dans le plan tangent.

Modèle isotrope de Tresca.


Ce modèle repose sur la relation τeq ≤ τcrit très similaire à une relation de plasticité
parfaite rigide incompressible. Si la cission critique est de la forme :

σ0
τcrit = m √ avec 0 ≤ m ≤ 1 (.10)
3
alors le modèle de frottement (voir figure .5) s’écrit :

τeq = Ft  < τcrit ⇒ vg = 0 (.11)

168
.1. Modélisation du contact-frottement

τeq = τcrit ⇒ ∃ λ ≥ 0, vg = −λτ (.12)

τeq > τcrit ⇒ impossible (.13)

Fig. .5 – Schématisation du modèle de Tresca [Hammi 00]

De point de vue mécanique, le fait que la limite de glissement ne dépende pas de la


contrainte normale est très limitatif. Toutefois, dans les cas où cette contrainte normale est
assez bien connue à priori, cette forme pourra être utile. Il faut noter qu’une loi de Tresca
ne pourra être simplement couplée avec un modèle de contact unilatéral car il faudrait im-
poser vg = 0 sur la partie décollée, et celle-ci est une des inconnues du problème unilatéral.

Modèle isotrope de Coulomb.


Un tel modèle est schématisé par la figure .6. Il se caractérise par la pression de contact
P = − σN :
ce qui se donne :

τeq < µ P ⇒ vg = 0 (.14)

τeq = µ P ⇒ ∃ λ ≥ 0, vg = −λτ (.15)

τeq > µ P ⇒ impossible (.16)

τcrit = µ P (.17)
Là aussi ce modèle est assez semblable au frottement rigide plastique en 2D (dans le
plan tangent). Par contre, c’est un écoulement non associé car la règle de normalité n’est

169
Annexe . Annexe B : Contact-Frottement

Fig. .6 – Schématisation du modèle de Coulomb [Hammi 00]

pas vérifiée.

Modèle de type visco-plastique.


Nous avons vu dans les modèles de Tresca et de Coulomb la présence à la fois de la
notion de seuil et de critère "d’écoulement". Ceci caractérise les modèles de type plasticité
indépendante du temps. Pour éviter les discontinuités inhérentes à la notion explicite du
seuil, il est normal de passer à un formalisme de type viscoplastique. On utilise alors des
critères d’écoulement sous forme de fonctions puissances sans utiliser la notion de seuil. Le
seuil est donc implicite et il n’existe pas de domaine interdit. Par analogie avec le modèle
de fluage de Norton-Hoff, le modèle de frottement s’écrit [Hammi 00] :

τeq < τcrit ⇒ vg = 0 (.18)

 pf
σ0 vg 
τeq > τcrit ⇒ τ − τcrit = α√ (.19)
3 vref
les termes vref et √σ03 sont introduits pour rendre le coefficient de frottement α adi-
mensionnel. La figure .7 illustre le schéma du modèle Norton-Hoff dans le cas 1D.
Ce sont sont ces trois modèles que nous pouvons utiliser dans les codes de calcul de
type ABAQUS.

.2 Traitement du contact frottement


La simulation numérique de l’emboutissage implique le traitement et la gestion du
frottement et de tous les contacts possibles entre la tôle et les différents outils (poinçon,
matrice, serre-flan).

170
.2. Traitement du contact frottement

Fig. .7 – Schématisation du modèle de Norton-Hoff [Hammi 00]

Deux problèmes se posent quant il peut y avoir contact entre deux structures ou parties
de structure : la détection du contact, puis le traitement du contact s’il a lieu. Quelle que
soit la méthode employée, il faut calculer une distance normale pour détecter puis traiter
le contact éventuel. Il existe deux approches pour déterminer la «distance» : l’approche
noeud à noeud et l’approche noeud sur surface. Le traitement du contact ne dépend pas
de l’approche utilisée pour le détecter [Craveur 01, Zienkiewicz 91]. Nous nous limiterons
ici aux aspects de ce problème relatifs aux codes de calcul que nous utiliserons, à savoir
ABAQUS et STAMPACK.
Rappelons que les problèmes numériques liés au traitement du contact frottement sont
de deux natures :
– Les problèmes liés à la régularité des modèles de frottement ;
– Les problèmes algorithmiques liés à la gestion numérique du contact entre deux
solides discrétisés.

.2.1 Régularité des modèles de frottement


Pour pouvoir simuler numériquement le contact en particulier dans les procédé de
mise en forme, il faudrait résoudre les problèmes numériques que posent les discontinuités
des modèles de frottement à seuil. Pour remédier à cela, il est généralement procédé à la
modification de la notion du seuil sans modifier sensiblement la solution du problème. Nous
nous limiterons ici à la régularisation dite en vitesse qui consiste à remplacer l’équation
(.9) traduisant le contact glissant par :

τ = τcrit f (vg ) (.20)

où f (vg ) est une fonction continue (et dérivable) partout et en particulier aux points
vg  = 0.

171
Annexe . Annexe B : Contact-Frottement

Pour le modèle de Coulomb (τcrit = µ.P ), plusieurs formes de f (vg ) ont été propo-
sées. Nous citons ci-dessous quelques une les plus rencontrées dans la littérature :

vg 
•f (vg ) =  (.21)
2
vg  + ε2
vg 
•f (vg ) = tanh (.22)
ε
où ε n’est rien d’autre qu’une vitesse limite de glissement.

.2.2 Gestion numérique du contact


La résolution numérique des problèmes de contact avec ou sans frottement est d’une
grande importance pour la simulation numérique des procédé de mise en forme, en par-
ticulier l’emboutissage. En effet, aux interfaces de contact entre la pièce et les outils les
matériaux ne doivent pas s’interpénétrer et les contraintes aux points de contact sont
compressives et doivent vérifier les équations de frottement au même temps de les équa-
tions de comportement (y compris l’équilibre). De plus, le fait que les zones de contact
ainsi que le distribution des forces de contact sont souvent inconnues, rend le problème
fortement non linéaire avec des conditions aux limites inconnues et variables.
Un grand nombre de techniques de résolution associées à ces problèmes sont disponibles
dans la littérature. Nous nous limiterons ici à la description des techniques utilisées dans
les codes de calcul commerciaux que nous utiliserons.
Soient deux solides S1 et S2 de frontières Γ1 et Γ2 qui sont candidats au contact, voir
figure .8. Supposons que S2 représente la pièce déformable en plasticité (discrétisée par
éléments finis), et S1 représente l’outil qui peut être soit rigide indéformable (représenté
par son équation implicite ou paramétrique), soit déformable (discrétisé par éléments
finis).
La condition de non-pénétration s’écrit (figure .8) :

d (M1 , M2 ) ≥ 0 sur Γ1 , Γ2 (.23)

où la distance d est mesurée selon la normale au solide (pièce) déformé S2 . Elle est souvent
appelée fonction "gap" ou résidu du contact (détection du contact).
Deux cas peuvent se présenter :
• cas de non contact :

d > 0 ⇒ σN = 0 et , ∀ , ∆VN (.24)

• cas de contact :

172
.2. Traitement du contact frottement

Fig. .8 – Problème de contact en plasticité avec frottement de Coulomb [Hammi 00]



⎨ σN < 0 et ∆VN = 0
d ≤ 0 ⇒ ou (.25)


σN = 0 et ∆VN < 0

En général, la résolution numérique du contact n’est pas triviale et elle consiste à :


– écrire en chaque point (ou noeud pour les surfaces discrétisées) les inégalités de non-
pénétration (équation .23). La difficulté majeure réside dans la détection et le suivi
de surfaces candidates au contact, pour pouvoir exprimer les contraintes à chaque
pas de calcul et compte tenu des relations de frottement.
– résoudre numériquement le problème d’évolution (problème d’équilibre) sous ces
contraintes (inégalité de non-pénétration) sur chaque incrément de charge (ou de
temps).
Dans tous les cas, on est amené à linéariser les relations de contact sous forme sym-
bolique suivante :

173
Annexe . Annexe B : Contact-Frottement

∂d
d (x) = d0 + ∆x (.26)
∂x

M1 M2 = M10 + M20 + xM2 − xM1 (.27)

n = n0 + ∆n (.28)

.2.3 Gestion du contact entre deux surfaces déformables


Dans la simulation classique de l’emboutissage en considérant les outils rigides, le
problème de contact est simplifié. En effet, les outils rigides ne possèdent pas de degrés
de libérté. Cependant, lorsque un ou plusieurs outils (poinçon, matrice, serre-flan) sont
discrétisés par éléments déformables, les degrés de liberté des outils et du flan interagissent
au travers leur surface de contact. Le code ABAQUS, utilise le concept de surface "maître-
esclave" pour définir une surface (surface maître) à travers laquelle les noeuds frontières
de la deuxième surface (surface esclave) de peuvent pas pénétrer (figure .9).

Fig. .9 – Gestion du contact avec la notion de surfaces maître-esclave [Abaqus 04]

Comme les noeuds de la surface "esclave" ne peuvent pas pénétrer la surface "maître",
la direction de contact est toujours perpendiculaire à la surface "maître". A l’inverse, les
noeuds frontières de la surface "maître" peuvent pénétrer la surface "esclave".

174
.2. Traitement du contact frottement

.2.4 Analyse statique du contact


L’algorithme, décrit en figure .10, est l’algorithme de gestion du contact en statique
utilisé par ABAQUS/Implicit.

Fig. .10 – Algorithme de gestion du contact dans ABAQUS/Standard

.2.5 Analyse dynamique du contact


Lorsque deux noeuds A1 et A2 de vitesses v1 et v2 et de masses m1 et m2 rentrent en
contact, on suppose qu’ils prennent instantanément la même vitesse v. On considère ainsi
un impact parfaitement plastique. La vitesse après impact est déterminée par le bilan de
la quantité de mouvement [Burlat 98] :

m1 (v1 )t− + m2 (v2 )t− = (m1 + m2 ) (v)t+ (.29)

où t− et t+ indiquent respectivement les temps avant et après impact.

175
Annexe . Annexe B : Contact-Frottement

Il y a dans ce cas, perte d’énergie cinétique :

1 1
∆EC = m1 ((v1 )t− − (v)t+ )2 + m2 ((v2 )t− − (v)t+ )2 (.30)
2 2
Afin de limiter cette perte d’énergie cinétique, le maillage en éléments finis peut étre
réalisé de sorte que les masses liées aux noeuds frontières et pouvant rentrer en contact
soient minimales, c’est à dire en utilisant une épaisseur des éléments frontières la plus
faible possible.
L’algorithme simplifié de la gestion de l’impact en dynamique est le suivant [Burlat
98] :
– calcul de la solution à l’instant t− ;
– application des contraintes aux noeuds permettant l’impact entre eux ;
– calcul des vitesses à l’instant t+ , à partir du bilan de la quantité de mouvement ;
– calcul des accélérations à partir des équations d’équilibre dynamique ;
– utilisation des nouvelles vitesses et accélérations comme conditions initiales afin de
continuer l’analyse avec les contraintes en place ;
– suppression des contraintes lorsque celles-ci impliquent une pression de contact né-
gative.

176
Annexe C : Quelques éléments théoriques en
optimisation

1 Optimisation : éléments théoriques


L’étude d’un système physique peut se schématiser de la manière suivante : lorsque l’on
fait appel à la modélisation numérique, nous ne connaissons pas, en général, de relations
explicites reliant les paramètres du système physique à sa réponse. L’expérimentateur
s’intéresse alors aux réponses du système étudié, calculées ou mesurées en un certain
nombre de points. Sous forme mathématique, on peut écrire que la réponse du système,
appelée y, est une fonction de plusieurs paramètres que l’on appelle variables xi :

y = f (x1 , x2 , ......xk ) (1)

L’étude du système physique se ramène alors au calcul de la réponse en fonction des


différentes variables. La fonction y peut être étudiée par plusieurs méthodes. Ici, nous
décrirons la méthode classique et la méthode des plans d’expérience.

1.1 La méthode classique


Pour étudier classiquement la fonction y précédente, on fixe toutes les variables xi sauf
une (x1 , par exemple) et on calcule la réponse y en fonction de plusieurs valeurs de la
variable non fixée x1 . A la fin de l’expérience, on peut tracer une courbe representative
de y = f (x1 ), voir figure 1.
Pour étudier toutes les variables, il faut recommencer de la même manière pour cha-
cune. En général, une expérience de n variables à k niveaux représente k n expériences à
réaliser. Si l’on décide par exemple d’étudier simplement sept variables et que l’on désire
prendre cinq points expérimentaux par variable, il faut effectuer 57 = 78125 expériences
[Goupy 00]. On voit bien que le nombre de calculs à faire est gigantesque et qu’il dépasse
les limite du raisonnable. En général, dans cette situation, l’expérimentateur doit réduire

177
Annexe C : Quelques éléments théoriques en optimisation

Fig. 1 – La réponse y en fonction de la variable x1

le nombre de calculs (ou d’essais) à effectuer. Deux attitudes uniquement sont possibles
pour réduire le nombre de calculs [Goupy 00] :
– Diminuer le nombre de points expérimentaux : cette procédure consiste à considérer
le moins possible de points expérimentaux. Comme il est impossible de réaliser moins
de deux expériences par variables, l’expérimentateur peut toujours être confronté à
un nombre gigantesque de calculs à réaliser.
– Diminuer le nombre de variables : pour diminuer le nombre de variables, l’expé-
rimentateur doit abandonner certaines variables, ce qui laisse toujours planer un
doute sur la qualité des résultats.

1.2 La méthode des plans d’expérience


La méthode des plans d’expérience est une méthode générale pour étudier l’influence
des variables dans une expérience (au sens large du terme) [Abbas 02]. Dans cette méthode,
nous pouvons faire varier, de manière structurée, les points expérimentaux des variables à
la fois à chaque expérience sans inconvénients, mais au contraire avec certains avantages :
– diminution du nombre d’expériences, ce qui implique la réduction du coût de réali-
sation du plan ;
– un grand nombre de variables peut être étudié ;
– existence d’outils analytiques et statistiques pour analyser les résultats obtenus.
Il existe beaucoup de plans d’expérience. Ils sont différents selon : l’objectif de l’étude,
le nombre et les interactions possibles entre les variables d’optimisation, le type des va-
riables et leur précision. Comme les plans d’expérience permettent l’étude de nombreuses
variables tout en maintenant le nombre d’essais dans des proportions acceptables, l’une
de leurs applications principales est la recherche des variables influentes. Au lieu de limi-

178
1. Optimisation : éléments théoriques

ter le nombre de variables à étudier, l’expérimentateur réduira, dans un premier temps,


le nombre de points expérimentaux par variables. La recherche des variables influentes
consiste alors à :
– fixer deux valeurs (points expérimentaux) seulement pour chaque variable ;
– étudier le plus grand nombre possible de variables, même celles, qui semblent, a
priori, ne jouer qu’un faible rôle.
Parmi toutes les variables étudiées, beaucoup seront sans influence et seules quelques
unes joueront un rôle dans les variations de la réponse du système physique étudié. En
fonction des résultats obtenus, il sera alors facile de choisir de nouveaux points expéri-
mentaux pour préciser tel ou tel aspect de l’étude. Ainsi, toutes les variables auront été
étudiées tout en maintenant le nombre d’essais dans le domaine du juste nécessaire.
Un plan d’expérience est formalisé par la matrice des expériences [U] réunissant l’en-
semble des p expériences pour n variables.

⎡ ⎤
Xij . . . Xij
⎢ ⎥
⎢ . . ⎥
⎢ ⎥
[X] = ⎢
⎢ . . ⎥⎥ (2)
⎢ ⎥
⎣ . . ⎦
Xij . . . Xij

Avec : i = 1, P et j = 1, n

1.2.1 Équation du modèle

Il existe une équation qui relie les n variables xi d’un plan à sa réponse y. Pour un
modèle quadratique, par exemple, on écrit :

y = c + a1 .x1 + ... + an .xn + A12 .x1 .x2 + ... + Ann .xn .xn (3)

Cette équation contient le terme constant c, les termes linéaires ai et les termes qua-
dratiques Ann . Les variables sont donc des vecteurs comportant les différents niveaux xi .
Sous forme matricielle, on écrit :

y ({x1 , ...xn }) = m + a . {x} + x . [A] . {x} (4)

Avec m la partie moyenne de la réponse, ai est l’effet moyen de la variable xi et Aij


est la matrice des effets d’interaction entre les variables xi et xj .

179
Annexe C : Quelques éléments théoriques en optimisation

1.2.2 Matrice des effets

On défini la matrice des effets [E] comme la matrice qui transforme les coefficients ai
pour donner la réponse y (voir [Goupy 00]). On peut alors écrire l’ensemble des valeurs
de y, noté {y}, pour un ensemble de valeurs xi choisies comme suit :

{y} = [E] . {a} (5)

Avec le vecteur des coefficients a

a = c a1 ... an A11 ... Ann  (6)

Pour un plan de p expériences (essais) et de n variables, la matrice des effets [E] vaut :

⎡ cte linaire quadratique



$%&' $ %& ' $ %& '
⎢ 1 Xij ... Xij Xij .Xij ... Xij .Xij ⎥
⎢ ⎥
[E] = ⎢ .. .. .. .. ⎥ (7)
⎣ . ... . . ... . ⎦
1 Xij ... Xij Xij .Xij ... Xij .Xij

Avec : i = 1, P et j = 1, n

1.2.3 Coordonnées centrées réduites

Les différentes variables xi d’un problème physique donné ne sont généralement pas
de la même nature ou de la même amplitude. Il convient donc d’effectuer un changement
d’unité de mesure et un changement d’origine qui permettent de traiter toutes les variables
de la même manière. Les variables sont alors dites centrées réduites. L’utilisation de ce type
de variables simplifie considérablement la présentation de la théorie des plans d’expérience.
La relation qui permet de passer des variables courantes xi aux variables centrées
réduites xcri est la suivante :

xi − xi
xcri = avec xcri ∈ [−1; 1] (8)
p
xmax +xmin
xi = i
2
i
est la moyenne arithmétique des coordonnées réelles.
max
xi −xi min
p= 2
est le pas.
C’est les variables centrées réduites que l’on utilisera dans la suite de cette étude.
Pour calculer les coefficients a de l’équation (5) précédente, il existe plusieurs mé-
thodes. Dans notre cas, nous avons choisi d’utiliser la méthode des moindres carrés, simple
et facile à mettre en oeuvre dans Matlab.

180
1. Optimisation : éléments théoriques

1.2.4 Méthode des moindres carrés

Pour calculer les coefficients a, il faut résoudre le système multi-linéaire suivant :

{r} = {y} − {y}ext


(9)
avce {y}ext = [E] {a}
Soit

{y} = [E] . {a} + {r} (10)


Avec {r} le vecteur qui représente les résidus (écarts entre la réponse exacte et la
réponse approchée). Il s’agit alors dans ce cas de minimiser les résidus. Pour cela, nous
recherchons le jeu de coefficients a qui minimise la somme des carrés des résidus r . {r}.
Cette somme est minimale par rapport aux coefficients {a} si :

∂ (r . {r})
=0 (11)
∂ {a}

La solution approchée a par les moindres carrés est donc :

  T −1
a = [E] . [E] . [E]T . {y} (12)

1.2.5 Plans composites

Un plan composite est un plan composé de trois parties :


– un plan factoriel à deux niveaux par facteur [Goupy 00] ;
– au moins un point expérimental situé au centre du domaine expérimental ;
– les points axiaux. Ces points expérimentaux sont situés sur les axes de chacun des
facteurs.
Un exemple de plan composite à deux facteurs est représenté sur la figure 2.
Les points 1, 2, 3 et 4 sont les points d’un plan 22 . Le point 5 est le point central. Ce
point peut avoir été répliqué une ou plusieurs fois. Les points 6, 7, 8 et 9 sont les points
axiaux. Ces quatre derniers points forment ce que l’on appelle le plan en étoile. Dans cet
exemple, l’expérimentateur réalise 9 essais et doit déterminer 6 coefficients. Il faut donc
résoudre un système de 9 équations à 6 inconnues.
Il existe trois grandes classes de plans composites [Goupy 99] :
– Plan central composite à faces centrées : dans ce type de plans, les points en étoile
sont sur les faces du cube (figure 3). C’est ce type de plans que nous utilisons dans
cette étude ;
– Plan central composite extérieur : dans ce type de plans, les points en étoile sont à
l’extérieur (figure 4) ;

181
Annexe C : Quelques éléments théoriques en optimisation

Fig. 2 – Plan composite à deux facteurs

Fig. 3 – Plan composite central à faces centrées

Fig. 4 – Plan composite central extérieur

182
1. Optimisation : éléments théoriques

– Plan central composite intérieur : les points en étoile sont à l’intérieur du domaine
cubique (figure 5).

Fig. 5 – Plan composite central intérieur

Le nombre de niveaux d’un plan composite est de cinq par facteur : le point central, les
deux niveaux du plan factoriel et les deux niveaux des points en étoile. Lorsque les points
en étoile sont situés sur les axes des facteurs, le nombre de niveaux du plan composite est
de trois par facteur.
Pour un problème à cinq variables d’optimisation, par exemple, le plan composite à
faces centrées est réalisé selon le tableau 1.

183
Annexe C : Quelques éléments théoriques en optimisation

Essai n˚ v1 v2 v3 v4 v5
1à2 ± - - - -
3à4 ± + - - -
5à6 ± - + - -
7à8 ± + + - -
9 à 10 ± - - + -
11 à 12 ± + - + -
13 à 14 ± - + + -
15 à 16 ± + + + -
17 à 18 ± - - - +
19 à 20 ± + - - +
21 à 22 ± - + - +
23 à 24 ± + + - +
25 à 26 ± - - + +
27 à 28 ± + - + +
29 à 30 ± - + + +
31 à 32 ± + + + +
33 à 34 0 0 0 0 0
35 à 36 ± 0 0 0 0
37 à 38 0 ± 0 0 0
39 à 40 0 0 ± 0 0
40 à 41 0 0 0 ± 0
42 à 43 0 0 0 0 ±

Tab. 1 – Tableau des essais pour cinq variables d’optimisation



Le plan d’expériences choisi permet de définir {y} pour obtenir a par l’équation
(11) et ainsi l’équation (4) approchée.

1.3 Optimisation par surface de réponse


Pour résoudre le problème d’optimisation, où les limitations sur les variables de concep-
tion ne sont que des bornes, nous utilisons la méthode par surface de réponse. Cette
méthode est issue des techniques des plans d’expérience. Elle est basée sur une approxi-
mation de la surface de réponse du système étudié, construite à partir des valeurs de la
fonction objectif en un certain nombre de points du domaine de conception, appelés points
expérimentaux. Si l’on reprend l’équation (4), le modèle mathématique de la surface de
réponse s’écrit :

184
1. Optimisation : éléments théoriques

yapp = ax0 + x . {ax } + x . [Ax ] . {x} (13)


C’est ensuite yapp qui est minimisée et non la fonction objectif réelle. Cette méthode
nous offre également l’avantage de séparer les analyses éléments finis de la structure étudiée
et l’étape de minimisation. L’approximation est donc réalisée à partir du calcul préalable
de la fonction objectif pour un nombre limité de points expérimentaux. Dans notre cas,
ce calcul nécessite pour chaque point une analyse éléments finis, de la structure stratifiée
vissée, en utilisant le module éléments finis de CATIA V5.

185

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