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Résumé :
La présente recherche a pour objectif d’analyser l’impact des bonnes pratiques de la Gestion
des Ressources Humaines(GRH) sur la performance financière de l’entreprise, comme le
stipule l’approche universaliste : Toute bonne pratique de GRH procure à l’entreprise qui y
recourt un avantage compétitif. Les réponses à cette affirmation sont nombreuses et
diversifiées en raison des contextes et environnements dans lesquels se situent les entreprises.
Le test de cette hypothèse, à travers une étude monographique, au sein d’une Cimenterie
localisée au Nord Ouest Tunisien, pour une période de 5 ans, montre des résultats substantiels
quant à l’association des pratiques de la GRH à la performance financière. Les variables
explicatives telles que la formation, la rémunération et certaines variables catégorielles du
climat social indiquent une corrélation positive. D’autres variables catégorielles liées au
climat social et aux conditions de travail sont corrélées négativement à la performance
financière, ce qui semble paradoxale.
Mots clés :
Abstract :
This research aims to analyze the impact of good practices in Human Resource Management
(HRM) on the financial performance of the company as stipulated in the universalist
approach: Any good practice HRM gives the company who uses a competitive advantage.
The answers to this statement are numerous and diverse because of contexts and environments
in which the companies are located.
The test of this hypothesis, through a monographic study, within a localized Cement in the
northwest of Tunisia, for a period of 5 years, showing substantial results regarding the
association of HRM practices in financial performance. The explanatory variables such as
training, compensation and certain categorical variables of the social climate indicate a
positive correlation. Other categorical variables linked to the social climate and work
conditions are negatively correlated to financial performance, which seems paradoxical.
Keywords:
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Revue Économie, Gestion et Société N°4 décembre 2015
Introduction
Le contexte économique de nos jours marqué par une concurrence et une demande stagnante
et exigeante pousse l’entreprise à réviser sa stratégie ainsi que ses pratiques opérationnelles et
plus précisément celles des ressources humaines pour pouvoir vivre dans cet environnement
hautement compétitif. Pour ce faire, l’entreprise devrait développer des compétences
distinctives en matière de technologie, de qualité, et de ressources humaines. Les dirigeants
d’entreprises remettent en cause la relation entre le salarié et l’entreprise et s’orientent vers la
gestion des ressources humaines (GRH) et en font une stratégie concurrentielle dont les
salariés constituent un avantage compétitif (Barney, 1991 ; Huselid et al, 1997). Le succès et
la performance des entreprises dépendent largement de la nature de la gestion des ressources
humaines (Armstrong, 2006). Selon (Becker et al, 1997), les pratiques de GRH constituent
l’élément le plus flexible qui s’adapte le mieux aux contextes internes et externes de
l’entreprise et mène à la performance souhaitée.
Les études sur le lien entre GRH et la performance de l’entreprise menées, depuis des années,
par plusieurs praticiens et chercheurs, sous différentes approches, concluent à un impact des
pratiques de la GRH sur la performance économique et financière. Cette relation, force est de
constatée est réciproque. En effet les bonnes performances d’une entreprise permettent
d’investir dans le domaine social et le développement humain et de mettre en place de bonnes
pratiques plus élaborées qui elles même favorisent la performance.
La gestion stratégique des ressources humaines a pour fondement la théorie des ressources
(Berney, 1991 ; Wernefelet, 1984, Michael Porter, 1980) qui stipule que le succès de la firme
ne dépend pas seulement de sa position externe mais également des ressources qu’elle
possède et mobilise à sa façon au service de son développement. Elle est devenue un champ
vaste de recherche actif et a donné lieu à différentes approches théoriques développées pour
tenter d’expliquer la relation entre les pratiques de GRH et la performance de l’entreprise .Ces
approches sont : l’approche universaliste, celle de contingence et celle de configuration.
Nous développons en premier lieu la littérature en référence à chacune d’elles, en second lieu
nous essayons d’opérationnaliser l’approche universaliste pour le cas de la Cimenterie
d’Oum Elkelil (CIOK) et en discuter les résultats et en fin nous formulons nos conclusions sur
cette recherche.
1- L’approche universaliste
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Dite aussi « Best practices model » ou « one best way » , cette approche stipule une
relation directe entre les différentes bonnes pratiques des ressources humaines ( Best
practices) prises isolément et la performance de l’entreprise. Chaque fois qu’une pratique
de GRH est mise en place elle exerce un impact positif sur la rentabilité de l’entreprise
(Memahan , Virick et Wrigth,1999 , P.feffer, 1994 ; Razouk et Bayad, 2007).
L’étude menée par Huselid (1995) sur un échantillon de 968 entreprises met en évidence
une relation entre une GRH de qualité avec le label (High Performance Work Practices) et
la performance financière. Les variables de la GRH considérées sont : la sélection du
personnel, la valorisation de la performance, les moyens incitatifs, le service de recherche,
le partage de l’information, la gestion participative, la formation et les critères de
promotion. (Mémoire Université au Québec décembre 2010).
Les développements d’Arnaud et Chambon (2009) montrent également que la motivation
joue un rôle intermédiaire entre la GRH et la performance.
2- L’approche de contingence
Appuyée sur deux hypothèses théoriques (la théorie comportementale des ressources
humaines et la théorie de l’agence), la présente approche nuance celle universaliste en
considérant le facteur stratégique comme catalyseur de l’effet des pratiques de GRH.
En effet Mr Porter (1996), Cortes et al (2006), Carrière et Barette (2005), Soulignent que
la stratégie est la locomotive des autres facteurs organisationnels afin d’accroître la valeur
créée par l’entreprise. De ce fait l’ajustement des décisions de la GRH à la stratégie fait
naître la performance.
L’étude menée sur 192 succursales d’une banque américaine démontre que l’alignement
des trois pratiques (recrutement, participation des salariés, gestion des carrières) à la
stratégie organisationnelle permet à la succursale d’avoir un retour sur l’actif (ROA) ainsi
qu’un retour sur l’avoir des actionnaires (ROE) d’une proportion de 50% supérieure par
rapport aux succursales dont l’alignement des pratiques de GRH est moindre avec la
stratégie organisationnelle. Les travaux d’Arcand et al (2004) portant sur 46 coopératives
financières canadiennes montrent que le couplage Stratégie et pratiques de GRH
(Sélection, formation, communication, et gestion du rendement) produit une satisfaction
meilleure des employés et une importante performance organisationnelle. (Mémoire
Université au Québec décembre 2010)
3- L’approche de configuration
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1-Cadre conceptuel
La présente étude concerne la Cimenterie d’Oum Elkelil (CIOK) localisée dans le
Nord Ouest Tunisien qui évolue dans un régime oligopolistique. Il est à signaler que les
pratiques de GRH dans cette entreprise sont fortement inspirées de celles d’une entreprise
industrielle publique régie par son statut particulier et les textes de lois en vigueur
régissant les relations de travail.
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La collecte des données sur les variables ci-dessus indiquées du modèle a été puisée des
bilans sociaux et des bilans comptables de l’entreprise pour les périodes de 2008-2010 et
2013-2014, dans le cadre d’un projet de fin d’études de deux étudiantes en administration
des affaires. Pour des raisons de disponibilité des informations et de simplicité des calculs,
nous avons retenu la formation, la rémunération, le climat social, et les conditions de
travail comme variables stratégiques de GRH pouvant contribuer à atteindre des objectifs
de l’entreprise.
-La rémunération (03 variables)
-La formation ( 02 variables )
-Le climat social ( 03 variables)
-Les conditions de travail (02 variables)
-Une variable économique permettant d’appréhender la performance de l’entreprise : il
s’agit de la rentabilité financière
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financière
RMC
Rémunération
RME
RMO H1+
OO
O
TDC
H4-
Climat social
TDR
TAB
Les hypothèses développées dans le modèle ci haut proposé, ont été fondées sur les
recherches précédemment réalisées.
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Hypothèse 3 : Plus le climat social est non propice aux salariés, moins la performance
financière de la Cimenterie est élevée. Les variables retenues pour cette hypothèse sont :
-Le taux de démission du personnel cadre est élevé
-Le taux de démission du reste du personnel est élevé
-Le taux d’absentéisme de l’ensemble du personnel est élevé
Hypothèse 4 : Plus les conditions de travail sont favorables aux salariés plus la
performance financière est élevée. Les conditions de travail favorables sont mesurées par
deux variables :
-Le taux de fréquence des accidents de travail est faible
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Les données indiquent à travers ce tableau qu’il existe une corrélation entre les variables
GRH et la performance financière.
-Cette corrélation est, pour la pratique rémunération, positive et significative pour le
personnel ouvrier (r=0,805 et p=0,1). Elle est négative et non significative pour la
catégorie employé (r= -0 ,11 et p= 0,985) et pour la catégorie cadre (r= -0,29 et p=
0,636).
- La pratique formation affiche une corrélation positive respectivement pour les dépenses
de formation et le nombre de jours de formation (r=0,611 et p=0,274) et (r=0,686 et
p=0,199)
-Le climat social indique une corrélation positive non significative pour le taux de
démission du personnel cadre (r=0,122, p=0,843), ce qui constitue un paradoxe. Cette
corrélation est négative et non significative pour le taux de démission du reste du
personnel (r= -0,303, p=0,62) et pour le taux d’absentéisme global (r= -0,266, p=0,665).
- Quant aux conditions de travail, la corrélation est positive et non significative (r=0,294,
p=0,631) et (r=0,059, p=0,925) respectivement pour le taux de gravité et le taux de
fréquence des accidents de travail.
Au vue de cette analyse de purification, considérant la courte période sur laquelle a porté
l’étude monographique de la Cimenterie, nous constatons qu’il existe des variables ayant
une signification très faible dont la probabilité de signification p est très proche de l’unité
(p ˃ 0,05) telle que le niveau de rémunération moyenne du personnel employé, le taux de
démission des cadres et le taux de fréquence des accidents de travail. Malgré cette faible
validité de ces concepts et leur comportement paradoxale nous avons
néanmoins décidé de conserver ces construits pour mener notre première recherche
exploratoire.
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Corrélation de Pearson 1
1-Rémunération
Sig. (bilatérale)
moyenne Ouvrier
N 5
Corrélation de Pearson ,356 1
2-Rémunération
Sig. (bilatérale) ,557
moyenne Employé
N 5 5
Corrélation de Pearson -,022 ,914* 1
3-Rémunération
Sig. (bilatérale) ,972 ,030
moyenne cadre
N 5 5 5
Corrélation de Pearson ,805 -,011 -,290 ,611 ,688 ,122 -,303 -,266 -,294 -,059 1
11-Rentabilité
Sig. (bilatérale) ,100 ,985 ,636 ,274 ,199 ,845 ,620 ,665 ,631 ,925
Financière
N 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5 5
a. Valeurs prédites : (constantes), rémunération moyenne des cadres, rémunération moyenne des ouvriers,
rémunération moyenne des employés
b. Variable dépendante : rentabilité financière
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a
ANOVA
Total ,975 4
Coefficientsa
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a
ANOVA
Total ,975 4
a
Coefficients
14
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(A=13 ,033 et A=92, 814) présentent une relation paradoxale de prime à bord. Ce résultat
surprenant à priori confirme les interrogations de P.OSTERMAN (1987) qui souligne que la
relation entre le turnover et la performance de l’entreprise est encore équivoque. Le taux de
démission du personnel cadre et du taux d’absentéisme ne sont pas associés négativement à la
rentabilité financière du fait des coûts cachés mais aussi des gains salariaux que la Cimenterie
en profite (effet de noria). On note la simultanéité de ces deux indicateurs de
dysfonctionnement qui rend possible que les coûts cachés de l’absentéisme absorbent les
gains salariaux dégagés par le turnover.
L’association négative obtenue pour le taux de démission du reste du personnel (A= -142,902)
est forte et affecte considérablement la rentabilité financière de la Cimenterie. Ce constat
pourrait s’expliquer par le coût de remplacement (coût de recrutement, coût de formation)
ainsi que le coût des perturbations lié à la perte des gains durables des effets de la formation.
a
ANOVA
Total ,975 4
a
Coefficients
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Les résultats affichés dans les tableaux suivants montrent un niveau de corrélation
(R=0,115) et un pourcentage d’explication de la régression (régression=0,019) qui sont
assez faibles. L’examen du tableau des coefficients montre, pour le taux de gravité, une
corrélation positive (A=0,009) qui se rapproche de zéro ce qui signifie que cet indicateur
n’influence pas la rentabilité financière de la Cimenterie. Le taux de fréquence influence
négativement la rentabilité mais de manière non significative (A= - 0,088).
Le paradoxe du taux de gravité s’explique par le fait que les accidents survenus ne sont pas
trop graves .Les coûts de la gravité des accidents sont supportés et les dysfonctionnements et
perturbations occasionnés sont bien maîtrisés par la Cimenterie. Le personnel dont elle
dispose est polyvalent, peut se remplacer, pluridisciplinaire et expérimenté ; il traite à moindre
coûts et dans les délais les perturbations survenues. Cette réactivité, pluri compétence et
flexibilité sont le fruit de certaines politiques ayant trait à la formation engagée, à la
rémunération de la polyvalence, à l’enrichissement des taches et à la motivation du personnel.
La certification ISO9001 dont dispose l’entreprise, par le référentiel commun et la mémoire
collective, contribue efficacement pour la résolution des défauts et la régulation du
déséquilibre du système productif.
b
Récapitulatif des modèles
a
NOVA
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Total 1,477 4
a
Coefficients
Conclusion
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L’hypothèse sur le climat social est équivoque ; elle indique une association négative pour le
taux de démission du reste du personnel et une association positive paradoxale pour le taux de
démission du personnel cadre. L’impact de cette dimension n’est pas clairement établi en
raison de l’insuffisance des mesures choisies.
En fin l’hypothèse relative à l’impact des conditions de travail sur la performance financière
n’est pas vérifiée. Le choix, dans notre modèle, des indicateurs de mesure de cette dimension,
masque certains effets et rend la corrélation presque inexistante et non significative.
L’absence de validité de certaines hypothèses met en exergue les limites du modèle. En effet,
force est de constater, malgré les explications des paradoxes et des questions équivoques,
qu’il reste insuffisant et difficile, pour la Cimenterie (CIOK), d’appréhender le climat social
et les conditions de travail par les indicateurs choisis. Une étude de toute la filière Ciment du
pays pourrait apporter d’autres pistes et des résultats plus probants que ceux de l’étude
monographique. Une comparaison intra sectorielle, intersectorielle, avec des approches
différentes, permettrait d’enrichir les résultats dans ce domaine et d’expliquer différemment
la relation entre les pratiques de GRH et la performance de l’entreprise.
Il va sans dire que d’autres pistes et voies de recherches, avec d’autres approches tenant
compte des stratégies d’affaires ou configurant les pratiques de GRH, pourraient contribuer à
la connaissance de l’impact de performance sociale sur la performance financière de
l’entreprise.
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