Économie Développement: Cours
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Économie Développement: Cours
com
Économie
du
développement
Cours
Marc Raffinot
Préface de Pierre Jacquet
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ISBN 978-2-10-071441-4
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article
L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement
réservées
Le Code àdel’usage privé du intellectuelle
la propriété copiste et nonn’autorisant,
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reproduction, par quelque procédé que ce soit, constitue-
rait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du
Code de la propriété intellectuelle.
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Introduction 1
4. Individus et comportements 71
I. Approche statique 71
A. Individus 72
B. Rationalité, irrationalité 74
C. Égoïsme, altruisme et pression communautaire 79
D. Échanges et marchés 84
E. Équilibre 88
II. Approche dynamique 91
A. La croissance à long terme est-elle possible ? 92
B. Les pays pauvres croissent plus vite ?
Le modèle de Solow (1956) 92
C. Croissance endogène : le rôle des externalités 93
D. L’utilisation des modèles de croissance
dans les pays en développement 96
E. Diagnostics de la croissance 99
5. L’économie du développement
et le changement des institutions 103
I. Les approches anciennes, l’accumulation primitive
et les étapes de la croissance 104
A. L’accumulation primitive 105
B. D’où viennent les entrepreneurs ? 108
C. L’extension du capitalisme hors de l’Europe 109
II. Les approches modernes du changement institutionnel 110
A. « Bonne gouvernance » et développement 111
B. Au-delà de la bonne gouvernance : la qualité des institutions 119
III. États fragiles et guerre civile 125
IV Économie du développement
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VI Économie du développement
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Préface
Souvent, les manuels d’économie – y compris celle dite « du développement » –
font la part belle aux contenus techniques, à la présentation et à l’acquisition
d’instruments scientifiques sophistiqués, permettant de traiter un nombre de
données de plus en plus important sur des champs simultanés de plus en plus
vastes. Et souvent, le débat qui en résulte se perd dans de savants échanges sur
l’innovation dans les modèles et l’utilisation des tout derniers tests économé-
triques en vogue, et laisse bien peu de place aux questionnements fondamentaux
sur le bien-fondé des hypothèses, la pertinence des questions de recherche trai-
tées, ou leur importance pour répondre aux défis auxquels les acteurs de l’éco-
nomie, qu’ils soient publics ou privés, sont soumis.
Ce n’est pas l’approche que propose Marc Raffinot dans ce manuel, et c’est la
raison pour laquelle il mérite de figurer en tête des listes de lecture dans les écoles
et universités où les questions de développement sont abordées. Marc Raffinot
a entrepris la tâche herculéenne de rassembler tout un corpus de connaissances,
en rendant compte des contributions françaises, et il relève ce défi avec bonheur.
Tout en reconnaissant les apports de l’approche théorique, il ne la considère pas
comme l’alpha ni l’omega de la réflexion, et il place la réflexion dans le contexte
plus large des débats d’idées historiques et localisés. Il montre à la fois comment
les développements théoriques peuvent permettre de les informer, mais aussi,
parfois à l’inverse, comment ils apparaissent eux-mêmes tout à la fois comme le
reflet biaisé et comme l’alibi des modes de pensée qui s’établissent et se succèdent.
Il montre aussi le décalage toujours saisissant entre la succession de certitudes
qui souvent deviennent des slogans, et la réalité des expériences de développe-
ment ou la richesse et la diversité des contextes locaux. On ne peut évidemment
rendre justice à 280 pages dans une préface nécessairement succincte, et je me
limiterai à trois messages trop souvent ignorés, que j’ai retrouvés avec plaisir tout
au long de la lecture de ce manuel.
Le premier concerne la nature essentiellement multidisciplinaire du déve-
loppement. On la retrouve ici non seulement dans la description des problèmes
et l’évolution des idées, mais aussi dans les réflexions mêmes sur la définition
et la mesure du « développement ». Cette dimension multidisciplinaire est un
immense défi pour tous ceux qui s’intéressent au sujet, car elle signifie qu’aucune
discipline scientifique préexistante ne peut prétendre seule en saisir l’essence.
Préface VII
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Pierre JACQUET
Président de Global Development Network
New-Delhi, novembre 2014
Préface IX
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Introduction
Comment expliquer qu’aujourd’hui encore la majorité de la population du globe
vive dans la pauvreté et la précarité, alors que les progrès techniques et organi-
sationnels semblent rendre la solution à portée de main ? Pour quelles raisons
certaines parties du monde s’enrichissent-elles à des taux parfois sans précédent
dans l’histoire de l’humanité, pendant que d’autres stagnent ou même régressent ?
Ce sont ces problèmes que les économistes du développement cherchent
à analyser, et cela ne va pas de soi. En effet, les économistes disposent d’une
discipline propre, l’économie de la croissance, qui décrit de manière rigoureusement
formalisée la croissance des agrégats économiques (PIB, épargne, investissement,
productivité). Parler de développement implique donc de préciser en quoi il est
nécessaire de dépasser cette approche quantitative et unidimensionnelle. Cette
démarche ouvre une boîte de Pandore, car les nouvelles dimensions prises en
compte sont extrêmement nombreuses, et analysées par d’autres sciences sociales.
L’économie du développement se livre donc à un exercice compliqué, abordant
des sujets de plus en plus multidisciplinaires tout en conservant un regard
d’économiste. Rien d’étonnant dans ces conditions que le manuel de référence,
le Handbook of Development Economics publié par North-Holland entre 1988
et 2009, compte maintenant six volumes et plusieurs milliers de pages.
Cet ouvrage s’articule autour de huit chapitres.
Le chapitre 1 donne un premier aperçu de la notion de développement, qui
sera complété progressivement par la suite.
Le chapitre 2 poursuit sur un plan plus technique, puisque l’économie se
caractérise par des traitements quantitatifs, en présentant la construction des
« mesures » du développement, dans une optique nationale ou individuelle.
Le chapitre 3 présente les analyses fondatrices de l’économie du dévelop
pement, qui mettent l’accent sur la transformation structurelle. Le développement
est alors pensé comme une transition par laquelle les hommes quittent le secteur
traditionnel pour migrer vers le secteur moderne. Ce qui n’était pas prévu, c’est
que la transition n’aboutirait pas nécessairement à la croissance d’un secteur
moderne, mais que, souvent elle semble se diluer dans l’extension d’un secteur
dit « informel » – le terme traduisant bien la perplexité devant ce phénomène.
Introduction 1
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2 Économie du développement
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dans les années 1980, lutte contre la pauvreté au milieu des années 1990 dans le
cadre des « objectifs du millénaire pour le développement » dans les années 2000
pour déboucher enfin sur la croissance inclusive et soutenable.
Il en résulte que les recherches menées au sein de ces organisations risquent
d’être biaisées par leurs objectifs opérationnels1. Ces organisations ont cherché
à limiter ce risque en mettant sur pied des bureaux d’évaluation indépendants.
De plus, de grandes organisations non gouvernementales (ONG) comme Oxfam
ou Médecins du Monde font davantage entendre leur voix, réussissant parfois à
infléchir les orientations des organisations internationales.
Le présent manuel ambitionne d’initier les étudiants à l’économie du déve-
loppement et de leur donner accès à ce corpus de recherche très vaste. Il se diffé-
rencie des manuels d’économie du développement (pour la plupart en anglais)
en se référant autant que possible aux travaux publiés ou traduits en français,
de manière à être le plus utile possible aux lecteurs francophones. Cela ne
signifie pourtant pas forcément qu’il existerait une pensée spécifiquement « fran-
cophone » sur le développement. Celle-ci a été forte (et hétérodoxe) dans les
années 1950 et 1960, notamment avec François Perroux et des personnes comme
Lebret, inspirées par le catholicisme social, ainsi qu’avec des chercheurs de
terrain, soucieux de confronter la théorie aux observations empiriques (groupe
AMIRA, notamment). Depuis, les économistes francophones se sont insérés
dans les grands courants mondiaux, et publient de plus en plus en anglais.
Les pays étudiés par l’économie du développement ne forment plus un
ensemble homogène. Pratiquement, seuls les pays d’Afrique sub-saharienne
(hors Afrique du Sud) avec quelques pays asiatiques (Bangladesh, Myanmar,
etc.) et latino-américains (Nicaragua, Honduras, Guatemala, Bolivie, etc.)
présentent encore les caractéristiques de ce que l’on considérait dans les années
1960 comme le « sous-développement » : prédominance agraire, spécialisation
dans les matières premières, etc. Cette spécificité africaine, ainsi que la persis-
tance de liens de toutes natures entre l’Europe et l’Afrique nous conduira à privi-
légier cette dernière dans les analyses et les exemples.
Les termes même que l’on utilise pour désigner les pays concernés sont
connotés de diverses façons et posent souvent problème : pays « sous-déve-
loppés », « moins avancés », « en développement », pays de la périphérie, pays
du Sud, tiers-monde, etc. Il en va de même des termes couramment utilisés,
comme « bonne gouvernance » ou « appropriation ».
Aujourd’hui, les spécificités des économies en développement ne déterminent
plus des zones géographiques bien nettes. La pauvreté concerne aussi les pays
dits développés. Ceci est tellement vrai que l’on tend à appliquer dans les pays
« riches » des méthodes qui ont fait leurs preuves dans les pays en développe-
ment (par exemple, la microfinance, qui vient du Bangladesh et se développe
maintenant en Afrique, dans les pays en transition comme l’Albanie, et même en
France ou aux États-Unis).
1. L’audit mené à la demande de la Banque mondiale sur sa propre recherche a ainsi révélé de
profondes lacunes (Cling & Roubaud, 2008).
Introduction 3
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1. Développement
et économie
du développement
C
e premier chapitre présente la notion de développement, avant de s’in-
téresser à la façon dont l’économie du développement traite cet objet.
Depuis son origine, l’économie traite de l’accumulation de richesses. Une
branche particulière de l’économie s’intéresse, de manière formalisée, de la crois-
sance de la richesse : c’est l’économie de la croissance.
Pourtant, après la Seconde Guerre mondiale, certains économistes ont éprouvé
le besoin d’élargir le champ d’investigation en baptisant « développement » un
champ plus vaste. Il nous faut donc d’abord examiner la notion de développement
et examiner en quoi elle diffère de la croissance. Nous verrons ensuite comment
la notion même de développement a évolué, passant du registre macroécono-
mique à un niveau de plus en plus microéconomique. Le chapitre suivant montrera
comment ces approches se traduisent par des « mesures » différentes.
I. La notion de développement
A. Le développement comme croissance
pluridimensionnelle
L’utilisation du terme « développement » en économie suppose de le distinguer
de la croissance. La croissance serait unidimensionnelle, caractérisée par l’aug-
mentation d’un agrégat bien défini, comme le revenu par tête. En revanche, la
notion de développement désignerait un changement de structure de l’économie,
voire de la société en général. Par exemple, si un pays mono-exportateur produit
davantage de son seul bien exportable, il ne devient pas pour cela un pays déve-
loppé : il croît, mais ne se développe pas. Ceci renvoie à une analogie avec le
développement des êtres vivants : la « croissance » d’un bébé qui conserverait la
même structure donnerait un monstre.
6 Économie du développement
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Encadré 1.1
Société traditionnelle, faits stylisés
8 Économie du développement
sance chinoise et, dans une certaine mesure, indienne redonne de l’actualité à
la question. Pour les économistes, elle n’est cependant pas vraiment tranchée,
car la finitude physique des matières premières n’est pas synonyme de finitude
économique. D’abord parce que les réserves prouvées augmentent quand les prix
augmentent et que les techniques d’extraction s’améliorent. Ensuite, parce que les
facteurs de production sont (au moins partiellement) substituables : de nouvelles
techniques pourraient remplacer les ressources naturelles qui se raréfient.
Il n’y a que peu de doute cependant que la question du développement ne peut
plus guère être pensée sans sa dimension écologique. Ceci est d’autant plus vrai
que le changement climatique menace le développement de nombreux pays à
faible revenu (Alexis Bonnel, 2010, Jacquemot 2013, chap. 9 et 10).
Enfin, et ce n’est pas le moins important, la décroissance démographique
dans de nombreux pays industrialisés remet en cause les visions antérieures. Si le
« développement » produit des sociétés dans lesquelles les individus n’ont plus la
motivation nécessaire pour assurer la reproduction de la population (Japon, Alle-
magne, Russie, etc.), la croissance infinie du revenu par tête risque de prendre fin,
non pas faute de croissance économique mais, paradoxalement, par disparition
du dénominateur.