Coston Henry - La Trahison de Vichy 1940

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HENRY COSTON

présente

LA ''TRAHISON''
DE VICHY
1940

PUBLICATIONS H.C.
LA "TRAHISON" DE VICHY 1940

Le vote fameux du 10 juillet 1940 à Vichy est encore présenté de nos


jours , par certains "historiens'' et par les media liés aux intérêts sacre-
saints du Système, comme une véritable trahison.

Naturellement, on cache systématiquement le rôle joué alors par les


présidents du Sénat et de la Chambre des Députés, ainsi que par nombre de
parlemenLaires qualifiés ensuite de résistants.

La vérité sur les journées des 9 et 10 juillet 1940 doit être connue de
tous.En particulier de ceux qui n'ont pas lu les livres que des témoins
honnêtes et des historiens véritables ont fait paraître sur les événements de
juillet 1940, au cours de ces cinquante dernières années. Un ancien député
socialiste . Jean Castagnez, a rappelé les faits dans un dossier qu'il publia
sous la IV ème République (1).

Député du Cher, Jean Caswgnez naquit à Castillonnès ( Lot -et-


Garonne), le 29 Avril 1902 (2), au sein d'une famille d'instituteurs
républicains. Il était contrôleur des contributions directes et militait dans Je
mouvement socialiste, quand il fut désigné par le Parti Socialiste S.F.I.O.
pour défendre ses couleurs aux élections législatives de 1932. 11 triompha
de ses adversaires et entra à la Chambre des Députés , où il s'inscrivit au
Groupe socialiste. Candidat, en 1936, du Front Populaire, il fut réélu; il
siégeait donc, sur les bancs socialistes , lorsque furent convoqués, à Vichy,
en juillet 1940, sénateurs et députés pour se prononcer sur la délégation du
pouvoir constituant au maréchal Pétain. JI sc prononça lui-même en faveur
du vainqueur de Verdun.

Après la Libération, inéligible en vertu de J'ukase résistantialiste,


J'ancien fonctionnaire des Finances, licencié en droit, s'inscrivit au barreau
de Paris. Très li é avec Paul Faure, J'ancie n secrétaire général de la
S.F.I.O.,il devint l'un des principaux rédacteurs de La République Libre,
l'hebdomadaire que celui -ci fit paraîure à Paris après leur exclusion
commune du parti blumiste. Jean Castagnez fut l'un des trois conseillers
techniques • en même temps que J'un des animateurs du Parti Socialiste
Démocratique, constitué le 28 avril 1946 par Paul Faure ct divers exclus
de la S.F.I.O. ( dont l'ancien ministre Bcdouce et le frère de Roger
Salengro, Henri Salingro, vieux militants du parti socialiste).

- 2-
C'est alors que Jean Castagnez , se faisant le porte-parole de ses amis
socialistes exclus du parlement et du parti, publia le document que vous
allez lire.

Rendant le Parlement responsable de l'armistice du 22 juin 1940, le


Comité Français de Libération Nationale, présidé à Alger par le général De
Gaulle avait, dans son ordonnance du 2 1 avril 1944 portant "organisation
des pouvoirs publics en Fra nce a près la libéra tion", exclu de toute
assemblée représentative ou consultative " les membres du Parlement
ayant abdiqué leur manda t en votant la délégation du pouvoir
constituant à Philippe Pétain , le 10 j uillet 1940".

On classait ainsi en deux catégories les parlementaires qui avaient


voté à Vichy "contre" et ceux qui avaient voté " pour ".Les premiers
étaient des patriotes, des ad versaires de la capitu lation; les seconds
devenaient des " traîtres" complices de "l ' usurpateur".

Juriste et républicai n, Jean Castagnez n'acceptait pas celle


classification . Il avait connu des collègues qui votèrent " contre" après de
longues hésitations. Ces parlementaires, témoins directs des évènemcnLS de
juillet 1940, n'en ont pas moins participé à la grande duperie oubliant leur
propre attitude.

C'est pour rétablir la vérité que Jean Castagne?. constitua le dossier


que voici.

" Il ne s'agit, écrivait-il,ni d'un plaidoyer, ni d' un r équisitoire; il


s' agit de mettre à la disposition des citoyens un certain nombre de
docum ents, de rappeler un certain nombre de dates, de chiffres, de
faits" .

Cinquante trois ans après les sessions extraordinaires de la Chambre


des Députés, du Sénat et de l'Assemblée Nationale les 9 et JOjui llet 1940,
il n'est pas inutile de publier ces précisions volontairement oubliées par
ceux qui écrivent l'histoire officielle de la France.

H.C.

(1 ) PRECISIONS OUBLI EES · Vichy, 9 et 10 juillet 1940


(2) Décedé à Cadillac-sur- Garonne, le 5 jui llet 1976

-3-
EXPLICATION DE VOTE

9 Jùillet 1940 - Vichy - Chambre dea Députés


10 Juillet 1940 - Vichy - Assemblée Nationale

Sancerre, le 1"' Février 1945.


Mon cher Ami,
. Quelques membre! du Parti Sociali!~e estiment que, le 10 Juillet 1940
) aurai a dO voter 11 contre u sur le pro)'et de révision constitutionnelle
aoumi11 à l'Assemblée Nationale.
Nous sommes actuellement en régime de liberté. Je suppose que
régimt; de liberté signifie possibilité totale de penser, de s'exprimer,
d'écrire. Je profite de cela pour vous indiquer les motifs de mon vote.
Le 10 juillet 1940, en tant que membre de l'Assemblée Nationale,
j'ai voté le projet de loi suivant :
Article uni<]ue. -- 1.' Auemb!.!e Nationale donne lou! potwoirJ
O.ll oou11em emen1 d e la RépubliiJU•!, sOU! l'aulo rilé el lo signature
1l11 Maréchal Pétain, a l 'el/el de promulouer par un ou plusieur~
ucle!, une uouvr.lle corulilution ·de l'Etal franr.ais.
Celle cons lilulion d ctlrO ooranli,. lu droits du travail, de la fa·
mill• tl de la Pairie.
Elle Jera rali/iée par la N•JIÎOII t.1 appliquée par l es Asse mblies
fJu'elle aura crUe!.

Ce texte a été voté par 569 vo~x contre 80.


Se sont abstenus, 17.
Auparavant, le 9 juillet, la Chambre et le Sénat avaient voté sépa-
rément. une 1c rbolution tendant à réoiser la constitution 11. Cette réso-
lution qui constitue, en fait, le texte décisif, a obtenu :
pour 395
A la C hambre .... ............•.
contre 3
pour 229
Au Sénat ................ .
contre 1

-4 -
Ainsi, dès le 9 juillet 1940, la quasi unanimité de la Chambre et !a
quasi unanimité du Sénat estimaient nécessaire la réforme con.stitution-
nelle. Chacun savait que celle réforme constitutionnelle était liée à l'at-
tribution de pleins pouvoirs au Maréd1al Pétain. Aucun de ·ceux q~i.
le 9 juillet, ont voté le principe de la révision, ne saurait, par suite
arguer de son vote 11 contre Il, le 10 juillet, et se .désolidariser de ses
collègues plus courageux qui, le 10 juillet, dans un vote de pure forme,
ont estimé ne pas pouvoir se contredire à 24 he ures de distances.
Ceci précisé, V()ici les raisons pour lesquelles j'ai voté pour .

•••
]'arrivais des armées,· où j'étais volontaire dans l'Armée de l'Air
(cadre navigant). Si, depuis quelcp•es mois, j'étais sans renseignements
tèrs précis en matière politique, j'avais pu, comme tous les Français,
avoir une idée de r effondrement militaire.
L ·armistice réclamé par le Général W cygand, . généralissime des
armées françaises, était signé depuis le 22 juin .
Etait-il. possible, le 9 et le 10 juillet- 16 jours après la signature
de cet armistice- de renverser le. Gouvernement qui l'avait s.igné. Le
Président de la République aurait-il pu, selon la règle parlementaire,
désigner un autre Président du Conseil, qui aurait constitué un autre
Gouvernement. Ce Gouvernemenl aurait dénoncé l'armistice... ct repris
immédiatement la lutte. C'est bien ainsi, n'est-ce pas, que les ch~es
se seraient passées }
Les critiques de 1944 affirment que c'est pour cette solution que
j'aurais dû opter.
Ils ont oublié et la situation et leurs sentiments de juillet 1940. Ils
oublient auss-i que cette solution, le 10 juillet 1940, 18 jours après la
signature de r armistice, aurait immédiatement entraîné l'invasion . de
tout le territoire français et la capture intégrale de tous les mobilisés.
Il y aurait eu de 5 à 6 millions ·de prisonniers. Ne trouvent-ils [pas suffi-
sant le million et d~mi de malheureux captifs derrière les barbelés, loin
de tout. .. et .. trop oubliés }
Quelle était, en effet. la situation en cedébut de juillet 1940 }
Voulez-vous q.ue, ensemble, nous rassemblions nos souvenirs ( Je saia
bien 1< les foules' oublient souvent n. Mais je ne pense pas, cependant,
que soit totalement perdue de vue li' situation de notre pays à cette
époque.
Au point Je oue intérieur : Une débsde sans précédent. Nos armées
disloquées, battues, en déroute. Des millions de civils errant sur les
routes, mêlés à des soldats ayant abandonné tout équipement et tout
espoir, lâchés souvent eux-mêmes par leurs 1>fficiers,

. 5-
Cela eat un f!Üt.
Je suppose que ceux qui l'ont vu ne l'ont pas oublié, aussi désagréa-
ble qu'en aoit le aouveni r 1
Et quel était votre sentimena à vous, mes amis, pay,ans, ouvriers,
commerçants de notre région. Ayez le courage de re venir sur vous-
mêmes, et vous rappeler ce que vous pensiez lin juin, début juillet 1940}
Inutile d'insister là-dessus, n'est-ce pas ?
Au point de oue extérieur: Certains objectent : '' Mais nous n'étions
paa aeuls 1 La France pouvait obtenir une aid~ extérieure efficace 11.
Examinons ensemble la situation extérieure telle qu'elle se présen-
tait, en ce début de juillet 1940 . .
L'Angleterre 1 Son armée avait été également détruite. Les restes
qui avaient pu s'échapper de France, à Dunkerque, étaient sans équi-
r.ement et sans matériel. E lle était à la merci d 'un coup d'a udace de
l'armée et de l'aviation allemandes. M . Churchill ne; l'a-t-il pas déclaré,
à diverses reprisea i
La Ru33ie 1 Elle était liée à l'Allemagne par le pacte germano-sovié-
tique du 23 aoOt 1939. La Russie 1 ' était formellement engagée par
l'article 2 du pacte à ne· soutenir, S!)Us aucune forme, toute puissance
en guerre avec l'Allemagne. Voici d'ailleun le texte de cet article :
u Au cas où l' une des deux parties contractantes serait
'' l'objet d'acte dè guerre d~ la part d'autres pui"ances ,
u l'autre partie ne soutiendra sous aucune forme cette tierce
u pu1ssance n.
Cet article 2 est d'ailleurs confirmé par l'article 4 •. ams1 conçu :
tt Aucune de&deux parties contractantes ne participera à un
'' groupement de pui"ance dirigé médiatement ou immé-
tt diatement contre l'autre partie n.

Au surplus, la déclaration officielle commune du Gouvernement du


Reich et du Gouvernement de I'U. R . S. S. en date du 28 septem-
bre 1939, 30it 9 mois auparavant, si~née, pour le Reich par M . Von
R ibbentrop, pour la Russie, par M . Molotof, P.ubliée à la suite de la
conqu~te totale de la P ologne par les armées allemandes et lea armées
ru"es, enlevait sur ~ point tout~ illusion.
La Russie n'est d'ai lieurs entrée en guerre contre l'Allemagne que
le 21 juin 1941 , après avoir été attaquée et envahie.
L'Amérique 1 Le 13 juin 1940, M. Paul Reynaud avait adressé
au Président Roosevelt un appel désespéré. Mais la réponse du Prési-
dent Roosevelt est sans équivoque. Il est précisé, à travers les manifes-
tations de sympathie, que 11 ces déclarations n'entraîneront aucun en ga-

-6-
gement d'ordre militaire 11. Comme la Russie, les Etats-Unis n'ont été
en guerre contre l'axe qu'après avoir été victime' d'une agression (atta-
que de Pearl H arbour du 8 décembre 1941) .

•••
Oui, disent les mêmes critiques... en février 1945, tout cela est exact.
Mai~ ce n'est pas au Mar 1 Pé!ain qu'il fallait donner les pleins pouvoirs.
Pétain était connu comme candidat dictateur. Depuis longtemps, il pas-
sait pour un u défaitiste u, un << pro-allemand 11, un « anti-républicain 11.
Vous aurie.z dO le savoir. V ous avez eu tort de le choisir. C'est à un
autre que vous auriez dû donner u ces pouvoirs 11.
Vous avez peut-être raison, ô mon aimable critique de février 1945.
M ais nous sommes en juillet 1940. Et P étain, je l'a,•oue je ne le con-
naissais pas. Le dé puté modeste que Ï étais n'avait pas coutume de fré-
quenter les maréchaux de France. Toutefois, si je ne le connaissais pas ,
j'en avais entendu parler. Vous aussi, d'ailleurs, n'est-cc pas (
Par qui avais-je entendu parler de cet homme dont, dès juillet 1940,
avec tous mes collègues de la Chambre et du Sénat, j'aurais dO devi-
ner. dites-vous, les sentiments anti-français.
j e vais vous le dire :
1. J' avais lu comme tous ceux qui s'intéressaient aux questions tou-
chant la défense nationale. les ouvrages publiés sur l'histoire et la phi-
losophie militaires, par un écrivain de talent; le Colonel de Gaulle.
Le Co/one/ de Gaulle, promu général en 1940 et nommé sous-secré-
tai re d'Etat à la G uerre par J\11 . Paul Reynaud, était un technicien qua-
lifié. Il avait .depuis longtemps retenu l' attention de nombreux parle-
mentaires par des conceptions stratégiques différentes de celles habituel-
lemeut acceptées.
O r, à qui el comment dédicace-t-il ses ouvrages ?
L \;r: " A u FtL DE L'EI'ÉE 11 l'est dans ces termes
Il u M11n!dwl /'•! 'liÎH,
C'est 1:u oi • Mm1 s!r• r~t Ir~ ]Ju,;,;lwl, ltt! S(IUI'(~il ,1/1'~ tlétlit!. ' lu 'à vo u.t
C/ll' l'ittt ttC 1111 •11/f o! lnÎo:tl.f '/tiC VV/rc OIOirt, IJIICflt UCII!t l'acti011
l•~ul tirer <le.~ lum ii: I'<S de la pe11sh.

Un autre ouvrage, u LA FRANCE ET SON ARMÉE n (paru en 1938) ,


est précédé de l'oflrande suivante
,\ M1111sicur
Le Marlt:l.al l'o!tuill
Qui 11 "flu lu que <:e lin•c f•lt ,fCI'il
/J ili i/ÎI'if/Cil de $CS (!lll"d/ .1
1.11 ré<lndi(ltt lii<S CÎII '/ l"'f fllier·s r:llaJJitr·es.
R1 (1 rd cc à 'l''
i.
I.cs deux do•r•roir:r·s stm t l'lristoi re
De fl('lre vic toire.

.7.
A la page 274 de ce livre, le Colonel Charles de Gaulle fait un
enthousiaste éloge du rôle et du caractère de Pétain. Je n'en cite qu'une
ligne :
Vu jour où l'on dut choisir tntre la ruine ou la raiso•1, Pétnin
s'ut trouvé promu.

Il. - Dans le n Populaire 11 du 3 mars 1939, Léon Blum. ancien


Président du Coi\seil, et leader inconlesté de la majorité du parti aocia-
lietc: S.F .1. O~z. co!'lmente la dé,ignatlon par le gouvernement Dal~dier,
du Maréchal t'étain comme ambassadeur à Madrid. Léon Blum a élève
contre celle désignation, car, dit-il : ·
C'est aUer vraiment trop loir~ datU l'empreuemenl, do1u la su-
retlo:l&lre, datU la Jlallerlt. Un lei ombauade11r juche toul de
mime uu peu trop ha111 l'apJlrtnli dictateur auprts de qui on l'ac-
crldile. Le fl lus noble, le plus lwmai" de nos chefs mililait·es
u'ul flOS à sa Sllace aurm!r du Gl.uéml f.'ranco.

Et, dans le même article, revenant à la charge, Léon Blum de-


mande :
/'oUNjtWi le Ch•J d11 (;ouuernement 11-t ·il éprouvé Je be~oin
•l'~nuoyer ou (iéuéral fnmco ce qu'il y a de mieu:f, 1'11omme qui,
par son ptusé, son C(&ractère, le re•pect fllnlral qu'il inspire a
chance d'<r.crcer .vur lui le plus d'ascendant ? /)our(ruoi a·t·il con-
t>aittcu le Murüllal l'étain en /trisonl apftel A son palriolëunc ?

Ill. - Le 19 mai 1940, au moment où la situation militaire devient


très inquiétante, M. Paul Reynaud appelle le Maréchal Pétain auprès'
de lui au Gouvernement, avec le titre de Ministre d'Etat et la fonction
de Vice-président du Conseil.
Il annonce ce que la presse appelle le ren(orcement de son Minis-
tère. Dans un message radiodiffusé, M. Paul Reynaud s'exprime en ces
termes : ·
Cc 1/Ut le l'ays aflend <111 G<lu•:em r.mcnt, cc ne •ont pa.1 des pa-
rol1:s. Il u'en a que trOJ.i ct~lendu depuis quelques amtéu. Ce sonl
du acles qu'il tJeul...
Voici les décisio ns (/l' t j -e uiens de prendre :
Le uaiuqueo&r de Vudull, <:elui grâce à qui les assaillants de
Hp li n 'onl pas passé, celui grdce à qui le moml de t'armü front··
çàisc, e11 '11' 7• s'esl ressaisi p<mr la uicloire, le ltlarécl•al Pétain,
est reuen u ce mutin, de Madrid, où il a retHlll la ni de ~ervicu
à l11 France. Il esl désormais à mes cotés comme ltlinidre d'Etal,
Vice· Présillenl du Com eil. Mettant IOule sa sa{1esse el Ioule sa
}oree au seMJice du Pays, li y reslem jusqu'à· la uicloirc.

Et le journal LE POPULAIRE, du 19 mai 1940, commentant


les décisions de Paul Reynaud, dit :
Auec l'esprit de décision qui ut la marque de •on car(l(ltlre,

-8-
M. Paul Reynaud a procédé, hier; à un remaniement ministériel
qui, dans les circonstances présentes, ne> peut que porter au plus
haut point le pot entiel du pays en guerre.

Deux jours, plus tard, au Sénat, M. Paul Reynaud expose ses raisons
de confiance Vouma/ 01/iciel du 22 mai 1940, page 335 et suivantes).
La principale de ces raisons est selon M. Paul Reynaud ~~- présence
à la direction de la guerre du Maréchal Pétain et du èénéra! Weygand:
Da11s le malheur de la Pat rie, nous ·cmons la fie rU de ·penser que
deux d e $ès t:n {anls, qui auraient eu le droil de se reposer sur leur
gloire, sont venus se meil re en celle h eure tragique au serl}ice du
l'ays.

Et, désignant le Maréchal Pétain, M. Paul Reynaud le qualifie


31051 :

l'étai11, le t>~rirt qucur d~ l"errlun, le grand cit e{ qui sail élre


humcri11, r,elui qui sail co mment un~ victoire franprise pw.l sortir
d'un gouffre.

C'est à cette séance que les Sénaieun, tous les Sénateurs, sans au-
cune exception, se sont levé! et ont ao:damé (lebout, le Marér.hal Pétain,
assis au banc du Gouvernement.
Ceci se passait, je le répète, le 211mai 1940, soit quelque$ semaines
avant l'Assemblée Nationale de Vichy ( 10 juillet 1940).

IV. - Le 16 juin 1940, à Bordeaux, M. Paul Reynaud remet


à M. Albert Lebrun, Président de la République, la démiMion du
Cabinet. Qui le Président de la République charge-t-il de constituer
un gouvernement ? Le Maréchal Pétain.
Dans ce gouvernement, entrent deux député~ socialistes. Ces deux
députés y sont avec l'acquiescement de Léon Blum. Je le tiens de ces .
deux ministres eux-mêmes.

V. - Le 9 juillet, à Vichy, a lieu !a a~ance de la Chambre pour


décider sur la résolution tendant à u la révision de la Constitution n. Je
le répète, le principe de cette révision est décidé à la quasi-unanimité
(3 voix contre).
Dans une allocution élevée el émouvante, M. le Président Herriot,
s' e:xprime en ces termes :
n Mes citers coiUgues, si l'on veut bien méditer sur de Ids
JllUi/ices, comme on se sent éloigné d! s pauions qui pourraient
tendre enc.ore rl. se mani/uter... El comment, alors que le sol fran.
çais n'est pas libre, ne serioru·nous pa3 contraints de nous imposer
rl. uous.mlmes la discipline la plus rude. Autour de M. le Maré·
chal Pétain, dans la uénération que son nom impire (\ toua, notre
nation s'ut groupü en sa ilélresse. Prenons garde de ne pas trou-
bler l'accord qui s'est élabli sous sorL aulorilé "·

-9.
VI. - Au m~me moment ae réunisaait le &nat, sous la présidence
de M. /u/1!3 feanneney.
Il convient de relire avec attention le diacQUrs prononcé à cette occa-
aion par l'actuel Ministre d'Etat du Général de Gaulle Uoumq/ 0//i·
ciel du 10 juillet 1940).
M. /tUJnneney panait pour .le guide éclairé et le conseil éminent de
la 3"'" République. Il s'attachait à sa personne et à aa fonction une
considération indiscutable.
Or, on trouve dans son discours la plupart dea arguments et des sloaans
dont la propagan~e vichyssoise s' eat a.ussitôt emparée et qu'el.le a
répandus à profuSion dans le Pays pendant si longtemps depUis le
ri~ic.u!c 11 don de sa personne 11 jusqu'à la fameuse 11 expiation 11 néces-
aalte. ·

M. /eanneney s'exprime en ces termes :


" J 'allesle enfin a Monsieur le Maréchal Pllain noire vénération
" tl la ple.inc reconnaissance qui lui est due pour un don nou-
" ·veau de sa pasonne. Il sail nos senlirncnb envers fui, qui sonl
• de longue dale. Nous savons .la noblesse de son dnie ; elle nous
" a valu du j ours de gloire, qu'elle ait carritre, en ces jours de
... terrible épreuve et nous primunisse, au buoin contre Ioule dis-
" corde •·

Et il continue en employant les formules que Laval utilisera le lende-


main devant l'Assemblée plénière. · .
Le sort de la France semble ~ln de se rigéniru dans le mal·
heur. En aucun lemps, son malheur ne fui plus grand. A la be·
sogn~ pour forger a noire Pays une lime I!Otn>elle, pour y /11ire
croflre force créatrice el foi, la mu$Cier fortement auui, y réloblir
enfin, avec l'aulorité du valeurs morales, l'autorité toul courl.

Plus loin, c'est la condamnation du régime qui, laisse-t-il entendre,


est responsable de la défaite.
11 etlt fallu épargr~er à no.ç enfants, le lamenlaf>le h<lrilage que
nous allons leur laisser. Ils e:rpie.ronl nils fautes , comme ma géné-
ration expia, puis répara celles d'un autre régime,

Inutile de V()U& dire, ·mon cher ami, qùe je laisse à M. Jeanneney,


Ministre d'Etat du Général de Gaulle, la responsabilité d'une telle affir-
mation que Vichy a développée de tant de façons. A mon avis, notre
d~faite avait de toutes autres causes que la forme du Gouvernement.

••*
j' aj tenu à vous rappeler qtieJques faits qui sont malheureusemoot trop
réels.

- 10-
· Dans les semaines qui suivirent le 10 juillet 1940, la preuve fut faite
que le Maréchal P étai n ne remplissait pas le mandat que la presque
totalité du Sénat et la _presq ue 'totalité de la C hambre avait con6é au
u Gouvernement de la Républiq ue >> . Il nous a trompés. cc L ' autorité ll
r" r.lamée avec. tant de forr.e par M . /eanneney ~e trarl ui~ait par la rlic-
tature.

Je n'ai Jamais approuvé cette dictature avec laq uelle Je n. a1 eu au-


c un contact,

Je note cependant que les gouvernements étrangers el parmi e ux le


G ouvernement des E tats-U nis et le G ouvernement de l' U nion Sovié-
tique n'ont fait aucune difficulté pour reconnaître 11 de jur~ n cette dic-
tature et ont d'une part accrédité auprès d u M aréchal P étain des am-
bassadeurs,' d 'autre part ont accepté les représentants diplomatiques de
ce dernier (MM . B erge ry ~~ /l aye). Bien mieux, la représentation de la
France en Russie el de la· R ussie e n France était depuis plus d' un an
assurée par des chargés d'affai res. Le 22 mars 1941, le Gouvernement
Soviétique a élevé à la dignité d'ambassadeur, M. Bogomolof, son
chargé d'affaires auprès d u M arédntl Pétain. En réciprocité le Maréchal
P étain a nommé un amabassade ur à Moscou (4 avril 1941) . Ces rela-
tions cordiales ne furent rompues q ue le 23 juin 1941 après l'attaque
allemande contre la Russie.

Voici également les déclarations publiques faites par l' A miral


L eahy avant de rejoindre son poste d ' ambassadeur à V ichy (27 décem-
bre 1940).
C'es t u11 e tris omn de m ission que vient de me con f ier le Pré si·
de11t . {loos~ v ~ ll . IHi e grande et noblt miss iou qu'il m 'est partic u-
liè r·n nent IIIJ ro!abl e de pleinem en t r é11 li.ser. Ce rt ·c,sl f)os seu lem ent
r><W r ret>tlsw lcr le.• , E te~ts -U n is en f'ror1 cc , rli ;Jour obteni r ""
post -. dip tomutiqrt c~ . ·

J e pars ovec l'orcl re rl'a/io rd, le f e rme csrH>ir emuile, de collabo-


r•r cl l'œtture elu Maréch al /'~tain . J e su is di Bf!)é de lui pOI'Ier les
1>œux arden ts du f'c:ésirlent de la nu!ion am~ rieaine , les vœu:c
sin càes q11'il est i11utile d'exprima.
Nous aimons tnvs la France, el entendons le lu i prouver. Ce
sera pour moi une urande f ierté s'il m ·esl pn.•sible de collaborer
nu~r. le Marie/tai Pé tain qui est l 'uue des t>ltu r. obles el gron de•
Jiuures r.ou te mpo roines. I l en tend sauuu la France. P uisse-I-ii me
pe rmett re d 'elire le modeste ou ., ricr dans srm œ uvrt magn ifique.

C ette dictature, qui s' est installée en violation de la volonté unanime


des représentants du peuple français, est actuelleme nt sup'primée. Nous
sommes libres, n'est-ce pas ? Les principes de la Déclaration dea
Droits de l'Homme, le respect des droits imprescriptibles de l'homme
redeviennent la rè gle des rapports entre les français.

- 11 -
Aussi, j'ai la liberté, le droit et le devoir de VOU5 demander, bien
en face, comme on le fait entre amis qui s'estiment, de v~ua rappeler
la situation de juillet 1940 ainsi que voa propres sentiment& de l'époque
et de penser entr' autres et surtout aux millions de prisonniers supplémen-
taires qui auraient supporté immédiatement Ica conséquences de la
iupture d'un .armistice signé depuis 16 jours.

Et je vous pose nettem~nt la question suivante

11 Comment auriez-vous voté les 9 et 10 juillet 1940,


ai voua aviez été à ma place ? ••

Jean CASTAGNEZ .

(suite de la page 14)

ANNALES DE L'ASSEMBLER NATIONALE


.t4rkn 1\l<h&nl SnurhmJ: . fiern·Robtrt. 1T. Slteg. Tony khiUon.

l
l .~)f. Thomat (Saone--
tVosaes). Alphonse TeUlu. lltn.rl Queuille. ltl)rnond Vldi.J. Paul }h:)'TiiiUd. et·Lolrc:).
Jtr.~ lUthar4 (DtUl· (l•u-dc-Cala•••· Albert serot tLolrtl. tSeinc}. frencols da Wendtt
StYrcs). Thibault !Sarthe). J.1rull\)' Sr.htnldl. (M.eurthc-ct-Mo-
Jtom11Un. Eut;tne ihorn•s t;tn~ral Sluhl. setl t ).
Maurice de Rolb ~ lflordt. Ha .,.uvant P<amln put w vota:
athlld. ·rnNUte.
Jtou•·frtlss•nt:nc. Turb.,t. lolif. nosst. N'a pae pria peirt •u vote:
Aur.-.ct.
AntoJne Sallt.s .
t lr h.an.
V1 SS..ll.
Mourtr. 1Stürfru:l. )4 . U:tii\('Hn, questeur 11u Sinat. reltfl11
&•u,sot. \ ' uS«: lU. PAris par l<; devoir de .sa fonction.
ft(nr1 Se1Uer (Sdnc). \'iénul. N'ont pu prfe pari au vota
St:rdt. w h:dc ul ~I'Ul·Goira n. comme s'ttont ~.tcwt!s &k n.e pout.'Oir
5fvtre. Wllh~r. N'a pas P<ll part av nta:
&l~rlsf. Joli·<> Wt1l fl. ossbt(r 4 l4 stance:
Sion. JC'.m Zily.
~nt . Alnandre lluvâl,
l';lUJ IJ.,sHd (Cinfal). t_;;tlôlfldtUt·Hi•tuf.
llc-11.ry lftrr.n~er (;mti'Jh:.ch.


. le eont vofontllremtnt abtlenut: RtcUftCiliOftl.
:GuadtloUP<I. t;t!-n~ral rtir~ chauer.
ltru u1. Jnn1u•u•,l ~
lh:mol . l.u•nr,ln<:hL JJe t,..1 G roudlhe. H3ns le Hruttn tJ.4JtsSLI!, MW. JO$-(ph.
André llonn.:.r·J.t. t:lla Ut (Ctrs). J.•lZIIJld: . f:nttar:e uasllde I A\'t:}ron~ . . .,ud et l..•ndrf
Ce-or Dllruu. f,tJalltt. 4'lrH ~~~ purlts cnrwnc • n ayanl pas 9rls put
Cf, atfUt. Jules Julien . André l.t• Trot~uer.
,., un lklbos (D-ot- U'"'I·Aiph.anUt·ty. au vule •.
t s!a•ne (Pu)'·de.· Ch<~rles I.\J$$)1, •
Muccl ~11c:'hcl lUot·
4lo~nè ). (owrees MilutJtl. ~ \f . JosrptH:.:Uenoe IU~Ikle (Avf yMn),
DMtt). JO~f'ph l 't'lliiiS. All(.:•t slc ).lt~tmit, 8.1ud t'l r..:ïndry dtCI:'Irtnt que leurs IIOI'Ill
tllljo!IH:),
fhrtvet A l!tlr~ UUJ*UUI 1-* ~f~ \' rt:-. d•·in"!lt n~u rn ~ u r la lis•c dts. mem(lrn
re-ltUt Paurt MOtôhl!l. (~: nu: ) . Yrrtt:lli. <Je I"A5s~· m~ : ~e ue lionale qui se- St'U\\ - \ 't:;.
tL<>if<). U (IU l'tlfi{'t. JIU1·rt . ~.-..n l'hU ip (C.us}. luh ~ .tlrt' !fit• ht ilb~lcii\JS •.

- 12.
ANNALES DE L'ASSEMBLEE NATIONALE

AN:pirEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la St!ancc du ltlercredl tO Juillet 19,0.

Pto•per Jllanc CAinJ. r.o""n (Su<>le). rrantOIS lltl<t>l (t,. Ro~t Fat)lm,
81•1\t.htt. t:..uu. •4:utes·Otlcnt•ln). huthon (lUntht).
ICAUIIH IN' 1) Blao<M (Loltt·lllff. r.....f."'" (Cher). f't.leulle. fea.a.
Naytnond Pfrlft.
(•IN•• polntaaa) .. neure). Cutf . Vlnunl Delpuedl.
Comte do lllolt. Slonislu do C.lltl· DeUhil. ftm.and·l.o~unnt.
llot••D·(;.h.U8• 11ne. Delunclu. CIIJuHt t'enend.
51;, l'arlkle ~tnlqri-: du t'IJ"'jd tf~ lof Jt•n
l"~vrler,
t:onsrifuf•orJndle. puux. f'.aulrtt. btnlt.
l.fon Bon. f.;ayrrl. Utreuse. ftttw;ell•.
Nnrnhre ct"' \ut;,ots .... . .. . . ... .. Ml f:c-ors;u "annet. l>e Chabot. lletbOns rnauteJ· fltu rtarna.
Majorltt Dl:l,..•hw • • . . . ....•. ••. . •••us Victor Boret. AUS:USIC ChJmbnnnet. PJt.tn4es). Ftorr.
Borc~ot. Jar.ques de Cham· Oenhane1. Jtitrre- I:Utnnt na.
l 1our l'o11JoplitJn . .. . . • . , • • . Ill Anlolnt Dorre1. mard. Dcs.chu~aul. d•n.
Conlre . .. . . . . . . . . . . . . . . • ttost<•ulro1. ne Ch•m})fiUI. OçsthltU,LI. PontanUII.
Rouchf't. r.natn• t.ltanal. Desgr1n1es. Albert Fou.IUouL
1." ASiC'ffiN~C n.-IIOfi<IIC .1 adoph!.., lloud<l. CMutlgno (ID4reJ. Oes)u~uns. roukl.
l\'tl lknt«UtR. Chatuu. lk!sprh. Mtnuel Poun:tdt.
ftrn111d Boulstnn. Chaulln·S.nlnlhi!. Mauri.::., DtudoD. Pouruatl dt rnant..
0111: YOI6 pour: (8ouchrs-du-llh0u}. Alpbonso Cltautrmpl llen1td. rowment .
Charlts lkml~soud (lndro·•I ·Lol~). Uewr.a. ruurrter.
li M. Ch:nh:s fQmby. (Sa&nc·ei·IAire). t:omllle ChaulcmJII Ile IJIUbath. Ot Frltnon1.
n·Antier•·•· )blltlt:~ •INI1ftt. llf'nry ltoota.y.• (Lotr·d·Chtr).
Chlch<ry.
t'ittre manat.. tounatnl t"rant:hl.
Andr6 All•~rl. r:ulf)n Dou.llt. Puneo"
Yobten AU~•Un lboU· Jt:U.h\. ,..,tSotônf-t•·t.OirtJ.
..u,.. f:houaet.
l\omtn3n~.
Mare~l nonon. frottl.
du t'nltJ.

.:hu~u-UhOn.:J. n,:;uu:rllnd . h('JUtS R.onnln. Clamamus. M11urie.e Dorrneno. Frouard.


All><rllnl (ll~raull). Andrd Jtr•ugnlltt. llefltJ BnurdtiUI. r:ta.udet. C115t,ue DOUtl&lD r:urtn• l'rot.
.AIIem~nc. Beaumont IAIHer). ltnusj:arhits. ne Clt'rmon.l·TOD• (Sdne). FuçhS.
J8n Am.;t.t. U(" kt•:tUOINil tCoo ltOUSQUtt. nr.rr~.
dthtt.hlne). Drouot (JIIute-SIGM). Gtdaud.
comtr. 11. ai'Antlt.liu. uou1 de Casson. Andrl t<.lolreou. Dt11111t ((:Ottt-40· Colllemln.
Anjl~ud. lif.llll1lta•n. Aruh.ard. Colntnh Wltne)
Adrlr.n An~rd . lt...·•••]•I.UI. (Vh:untl.
Nord) . raumanu.
lira be. Dnbon (l.an4el) . lhrtus Gtlttt.
Jo'~('tl Anllcr lll•ule- Rl·•IOih'~.
IUnul Rr.ancloa. Compl)''· Jean Captand.
Loarc,. 1\nl~tt lttll.in;u. Alfrr4 . ar~rd. VIctor Contient. Albert JtuboK
llnbt•rt Jttltnont. (Setn•·lnlftleartJ. Gtrchttf.
r1ut1 """"' Ultllle- lt~I:J.
••rorcn Urtl. \ttn41 Con•trstt. Lou•s Duhosc (Ctnl . Abtl GudeJ.
Lf'ir•:l. An4r~ J.-L. lreton. R<n• Coly.
'f'orlr.tn•t c\'Anmon. heltu'tni~ur. 4:0Uti~UttUI. Lub()Jt l'lesner. Gardlol.
R~hlr"l.
Michel Brille. Glrr;~tou .
A~~t>IUcr. , ftrlnttn. COllllutlon. Duchtsnt·POurMt.
•~on An:l>lmbawl. Pau' llotn.utf. l'rllJUtl. Louis (:ourot. lllppolyto D»<OI GISnJet·Duparc..
Atnll'lrusler. Plttre lfrancer Josr.ph arom. countnl. ( ll&u.te-Gn1Jnnt). Gup&tln.
Amol. tEl:r~,.
r.aurson. J.·L. Dumetnll. Culo~.Gittrd.
Lton B~nnl. AuGu•t• B<untl (la
AUbiUd. ntunton). tourt~hou.x. Alf'honH Dupont GIUIIP4.
Aubert. n.,;rmnnd lh!'l'('nc• htnll Brûnd 1-lerrc _,. Cc>uUotJ. Gt~uthcrot .
Due d' AudUI~HU· C Eut~·tl·lblr).
(Aint.
(Dr~mel. l:ou,tn. G~tnlltr .
quler. BNCtt~. PrMfrle Dupont CdUe.
RtNlU Albert Buluon. trouan. {Seintf.
A.ulr•J· Burcrot. llohltl (ln·RIIID). Grnun.
..,blud·Llc:rozt. Poul Dernier• boUle.
Ptute Dupuy Centr IStlnt •lnlf·
Burrus. tlndo lr1nçalse),
raul h~htltt tP••~e· De BtrnJ. lurtln. Uanld-VInccnl. rleurt).
C.Ialot . 8t'rnn. Dutértre do La Co\11!11.
Act1htJ.tnnt. Louis IUJit. A4rlen Dartac. Henri llby. Gerenl•.
l.meNn4 lanlout. Codlc. hau.Jk'r. Peul Cttmatn.
JatClUt:S ltllrdOUI. Atm~ · Btrttto4. fJneutt.
WUtl.im Rtrttlo4. Jo!ltph Clll\ear. Dnl4 lllalllt.C.. GtrntJ.
~·· Duf!J.
Chartrs ft.tJon (. .,. Rtne ksnatd. C.Uiltt. ronnet. Ese.ande. •terre GtUtl ()ftt~
flunard·F'crtnn. Armon4 Colmel. Marut Dht. r.scarteftcut. bi hint.
-·A~et). F.mul Esperbb.
11ttnne laron t1ern· lt~nt Bou. Dr cuna1. Oe-bti,t!n. Jun r.tnet (1..,.1·
Rrroullt. camboullwtt. ltoedutq. tnn.
et-(i.uonnt•, t;JndOct. Atn6.J~t l'tiAUniJ t.&un:nt Er~oc. Gl1.3Uit.
FAnnat'lt .. rtht. 8tlD~. rrançott EJn&rd. ~trond.
l&t1Mitm7. Mntnr~ t~b'• Ceprt:Jn ;s~lne). (Chtttntt-lrtlf· l'tnt Gounln.
lift rb. lo1fPh C>pUS. rte ure). Ulyno Pobro.
8uquJn. leon J'Obi')'. COUIIll.
lalo !Ile. Jonph Blanc tH~ulc· C•rrf..llionntet. Waur&u DtltWUJ
8trlnn4 CUttlf• (catu<loo). . .AndrifoW-. Inn ~7·
. ..-uln·IUlfttl, .Snql••·

- 13 -
SEANCB DU 10 JUll..LBT :1..0
Cr4UJtl 4M C:rb4· .Wal"rf. PUirl. De S.lni·PUL ~IL Pflltreo.
rn •• w. o IMilDt-el· AOIIOi e li&ncuy, Plllol. Saln i.Vt-na.DI. hu but. Aad .....111, fii!I....J
t.obt). );Uc.ho~04.1U"'· f'1nault H<11t1 s.r•..,.. Jordt.f'J'. llarccl ~IUal. •
ft o iWrl dt Cuft4nul- NIIUt'l\l.f:, Pt OIJ. .t.Uwrl 5unut. n. ncoll ul>naJM. Tlq>~J Pr1cftl.
wn t»am c·d·lAhc ). J u n ) JUOI:C''· Pu w llt, S. Unu u~
Ali><rl lA . .Il. r.aiMdicr.
Ars.tu e foro t u"'a). )t.lfO$( lU: n • ncoll Pllll • FU· ~u411.bf&J.
V.uche\1.1. J..... ...........
r.vunu t .
t ~ uurcl.
Y&rql .ftt.
Lnuts ~ttrld .
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Conullt Pf•D<IIt !Al· Scoplnt.
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IA>quol.
!Alitatl .
f.ulch erd . fiJO(uU ~UIIft hrr). Scl\nmttk. Rtn• R<Dotlll..
RoD<rl SchullloiUI. lltlroua.
tulcltL
C.nlth t m .
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UC'nrl )llr11n
c ~rnc• .
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~ht hon .
Puull a\u.
Pollou -l>upln.IJ.
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Mlf.l'; c-1 IIUI~. -.~.a uru l trt. ">Oulph. TUalldiU.
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Uchal . IUIIatt fe \'erncWl. ThWtiU·O•ftllD. Jo•<Ph • P.llcnae . .,. llutber.
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Nerqu11 de- La Ptr · Mu·llcl , ~ Tl.. er·VItnaaceut. · 1k.1udOin. 11010 . .ewlht ..t·
rvnntyt. francnis t.tUan. c.h~! TOJ·IIIonl. at.-.e. Moulle).
Pt'JI Lalfcnl. Ent-"tne MUiih·LI· Rivtl. Traheh&DCl. U onuo IWDIM tl& Jo nu.
l• mt1ln. rroir. nh'ltre. 11ltfiD.
Rtunron). JOIJOt,
Mu•tux. tWbbe. TqrUer. Jovclel.
lAmOWtU.I,
Ju n ~Il lier , Ltopokl lloberl (Vea- Ceorres Ul-. lr.rlll .
a.enclrn. Paul kiM&. De Ktr!Uis.
M ll~fUt . dte) . V1U11ndt:L De La Cranditn.
Uni el. MourlC41 Rebut Jun Vllldler. llr:Uut .
~ oll u4 . A. de La Crll''lt
l.arochf. ts~nYCD U ·MU'Uii .
No'icenr. (Aul>c). f'e.rnuld Val•t (C.nt). k lalJOI. t t\ord).
JJC"nrl l..audltr De Aoca.SerN. f"n nc·ola V•lcaun.
)lr.nforJ. l.to Lt&ranla C"""'l·
tChr(J .
"•Jmond t au.rtnt r~ rntnd Monutrf. Roehcrta.Y.. v.uu•. ll&n<b oln ( M•IDO .. l•
LOir~ ) .
L3c;rosmun.
~(IO! ItfY&R. li Olt . Xo•r.r Vlllll (~· Ue 1,..1 II~M O rJ.
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f~ rr c l...lufl<r ( Ar· Mlnnc:our1.
De M onttf<mbcr1 . louit RoUin ( Stln•). Yl lltllt ·YiaUt .... u ~le .
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r..lllui ·Oannnllle. t~ nu LaiJ\'n J.
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1.tbrtl.
~lurr 1 1\IJIIIHI)On. vme-.lru. c:uoc. l.cc.ourner.
Jun I.e Cmlt r;und·
Nuhfo:l, E'dnoarrt 1\ounel Adt.iphe V1ntt:nl (Ptt• C,:.:.mut. UdcrUn.
Chloppe.
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Lft.uhu.
N ;,df'r.
N•!Jhlr.
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t:mne
de·t:tlals) .
nouutl (Aimt}. Emile Vtn<enl (COlt· lie Coral. th• t_.eJ,: ••netSomma~ .
J..e l't'redlc.
lAd nu. . Achu n~ Studln Mar(o 1\oustal\. d'Otj . f.orbeti31M. Leroy
l~fu . t'rtnçob lloux tSaMr- vown. t'ltrre eot.
Ltftbvre 4 u rnJ. rtHtvrtl. Courn;tul1 . Th~ •rhll< IAn,...,l.
H1nuJ ~ulodln ~1 · l.olre). Mlthd Walter. Loul.Jndou.
IIOI(U Ltltvtt. (Nlh 'rtl. llf'tU! Rc.y (l.olrcl). W~rusfrl . Rent Cuurller. Du Lu.,&.
'hrn1n Lt 1uet. Guy 4c ..,... cn4JI (119- C~)'Ur1.
f)Jou trd lUron. rllll ftollrr. Culloll. l>e Ludrc .
Oll'l'ltr l..e Jeune N~yttl . f'Un(oh dt ~lnt- ,.11•1· De Lyro\.
(flr.lsltr~l .
Ju n Lrm• •strt .
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A~rl Oun-• . Andr• Marit.
U MOI1J1I<. P~,eo l.
Ouatcnu.. LOuis M ann.
u Poulin . M•ortcr Pa lm adc. MN. l.'blu uy.
nuuqu y.
~~ ~url et Otllbla.
l..nUI.S Mastoft (N4.N ) .
lA 1\0U J.. .Pa~caud . wu ..u nft.
Dt LU1tpll. ~hru l .h lltr. lo>tpA CoHorap (Vct) . l:'emdUu . Plerrt ~h n\l t ... r r.anc.t.
PJIIut Cruld.
f",om1e 4t Lt\lUt. .Albcrl r aulln. Aud t fUU. Uentu. ~ tl a y er.
Lc:wrtqu•. V l ~t tc n t Awtel. D atOU:J lJuarnaulds. Jun Mt •tnlu Cl D4.rt·
Iloilo Ury. ~::;~~~~::. ur.,.r. Alntndte a.eheltt Dtlom·SorW. Ma rq uiS de Dt•n. cl-l nlrc J.
L'Ktft4rr. Ptcherot. (Seine) . n..!pltrre. Uubols (Ora n). AJ,.a.\n•tre ,. Uiua n4.
I.IO UIOJ. Prl~stl vrnunl kdtt. Man Dormor.. Arm•n<l DupulS Ml rnurl.
l.Dul o UnJu. Pt lit. tOIH) N,l\nerville.
Unu. ltdln. Elmtrrr. tn)alb<rl. Ile ~Mnti do ftc~.
Ptl!rtlcr .• llmlle hndtr. Paul flt:uro l.
t.ohfac . Prtdr1s. r 1u1 f'aW"' (SI6ne--ct· •tr•rro~ud .
!.ou bal. Blondi. f'oUçhard. Loltt,. .4.ndr~ ••Mttnt.
tmll• Nrln (14r.- U on BIUJD. froment.
J. Loubel. vre•. rte tNitv,.,l . 2u~;tJt~ Nlcotu.
l.oulo Lout .. oreJf\11, Geor1rt Pemol . eonnenr. Paul Clocobbl. De ronti~MI . O~t crrMOft ,
Vltlor Low-Un. flrrrc Perrctu-h._. Poul Boultl (Bù&ultl. Ju&llA Coctut, Porçlnal. l'umcntter.
l ucas. Pfll1 Couin. rnnt<~II · Salnl·lllour, ttaymontl P4.lcnQirt.
Lut<hlol.
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I.mHf' Ptl'1"'dn.
(Vtlnt·tt·U.trtl.
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C.bannt:l,
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l.ouls Crt>l (VIUdlliOI .
full) .
Cautron.
Gt\itdooeTfer.
Pc lu.
Pllot.s.
Cobrltl Plen<k•
.Albon Mll\lciL Ntvrlte Ptlttbt. C4mel. .lmllell• cu,. llaJmon4 Glll>llt. (Nonl).
MoJunl. Fun çoh P•u1rat, Muqula dt Chili).. Jean Honnci<J l'lp.. Gort. Pl ...S.
~non. MariUreu ). Cuu lnlao. Do PoUpee.
ADCI,. lhllo.rm6. ~,:;: PtfJ"'DDtl. Chi.ID,ptUef' dt IUJ>u. Bw,.l. cuerUI. "enallo\U'.
llaloo.
ll&lrt<. Pk~ tfl. PltiTI Cb.aJUDU. bor' (Pu-4~). :'\oo6 Bacbonc.
"'IlloN

- 14 -
DATES TEXTES VOTES

Démiasion de M. Paul Reynaud. - Le 16 juin 1940, à


Bordeaux, M . P aul R eynaud, président ~u Conseil, remet à M . A lbert
Lebrun, président de la R épublique, la démission du Cabinet .
M . A lbert L ebrun charge a lor~ le M aréchal P étain de constituer le
gouvernement .
Le communiqué officiel suivant est publié le 17 juin par 1' Agence
H avas et reproduit dans la presse :

Communiqué Officiel
Dan1 l~s o n l1! eS circonslanccs act uelles, le Conseil, d es Jlfinist res
m r 111 I"Of>Osilion d t M . Pau l Rey naud, p ré1idcn t du Corueil 11
rslimi qur. le aotwerro em ent lit la France devait l i re co nfit d r,Lile
l111u te personnalil~ recttti!l.ant le respect uruanime d e lo Nation.
f: n conséquence, Ill. Paul Reynaud a remis au présiden t dt lœ
ntpublique la dl m iuion du Cal>i nct el M . Lebrun a accep!é celle
tlhniuion en rt ndonl laommaoe au t>alriollnne qui l'avai t dic lle
et a fait immidinlem enl mpptl au llfartchal Ptlain , qui a accepU
de f ormer lo no uvea u Ministère.
V Présiden t tf< la n tpu blique a remercié le llfarlchal Pl lain
qui , en a.u urnan.t la. resporu abiiUl la plus lorarde qui ait jamail
pesi. sur tm lw rn rne d'Etat français, rnolli/u le une fois dè plus
sMa dé vouem en t d lœ Pat rie.

Demande et signature de l'Armistice. - Le nouveau


gouvernement demande aussitôt l'armistice. Cet armistice est signé avec
l'Allemagne le 22 juin 1940, avec l'Italie !e 24 juin 1940 .

A Vichy : Convocation du Parlement. - Le G ouver-


nement se transporte A V ichy . La convocation d u P arlement est annon-
cée par la voie de la presse et de la radio. L~s parlementaires sous let
drapeaux quittent leur unit~ pour se rendre à V ichy. Il s y rencontrent
leun collègues qui, depuis le d ébut de juin, ont suivi le Gouvernement
à Tours, à· Bordeaux et enfin à V ichy. O n prévoit une r~uni oo de
1'Assemblée N ationale .
Dans quelles conditions se réunit l'Assemblée nationale }

- 15 •
L'article 8 de la loi constitutionnelle du 2S février 1875 noua le
précise :
Lu 1./•ambrcs au ront le d•'Oil , t•ar déli bération s séparées, prl1u
chac un e à /a majorilt ab~olue des uoi:t , soli 3ponlanémwl, soil
à la demande elu Pré1idenl de la République, de déclaru qu'il y a
l ie u de reoiscr les lois conllilutionnetles. Aprh IJilt cltacune du
deu:t Cilomb ru e~ura pris celle rtso/ullon tllu st réun iront tn
Auemblét Nationlllt pour procéder à la ri~lslon ...

Réunion des Chambrea le 9 iuillet 1940. - C'est en


application de ce texte que M . A lbert Lebrun, président de la Répu·
blique, a demandé à la Chambre des députés el au Sénat de déclarer
qu'il y avait lieu 1( de reviser les lois constitutionnelles )),
Voici le texte de ce projet de résolution tel qu'il a été soumis à la
Chambre dca Députés. ·

Projet de Résolution

I.e l ' rJsida\1 de Ill IMJ1ubli1Jue ~'I'Oilf.OÏ8t, $Ur le •·apport du


M•JI'I!chcll rie f r..n.ce , Président liu Conseil,
Vu l 'ur!icle 8 de la loi collslilulionndle du 25 février 1875,
Décr~lc :
Il rlirlr ""i'l"'-· - I.e projr.t cie rl\~olution clunl ln teneur eu il
~crn l" ·ésenté Il la ChamiJrc d es DéJlulés par le Marc(chal de
Frau cc , prti~hlcn t cJu Coraseil, qui os t chargé d'lfQ • 5outenir la
<Ji ~C\Il$$Ïllll':
" J.a <.;humhrc cl .,& Déput és d éc luro qu'il y n li on de· révhcr
J.,s loisconslilutionn~ llcs . "

f'ai l à Viclcy, le 8 ju.illel rg4o,


AlltOI'I l.EOli li N. Pur le Présiclwt de la République,,
le Maréchal de ~',.l!nce, Prlaiclent du Conseil,
Philipt>e PETA IN.

Un texte analogue était déposé .fur le bureau du Sénat.


Ce projet de résolution était précédé d'un exposé de.J motifs d'où notu
extrayons le pOJsagc suioant :
" ... le o ouncrll f.l!le/1 1 qcmmHlc t lon r. uu l ' arlr,rnnl/, rén11i Cil
" asse111l•lÜ nn/iotwlc; d t jnir;. confiance 1111 Moréclwl f'llflin,
" prt!sitlenl du Conseil, pour promulyuer, SOU$ sa signa/ure el
" sa rr.sjtO/IsabiliU, lt s lois fondnmm taler de l'l>lul f ran jais "·

Le 9 juillet, la Chambre des Députés et le Sénat se réunissent sépa-


.rément pour examiner le projet qui leur était soumis par le gouvernement.
L~ présideniS des deux assemblées, M . H erriot, à la Chambre,
M . Jeanneney, au Sént, prononcèrent des discours émouvants qui eurent
une inOuence décisive sur le vote.. .
La caution inconc!itionnée donnée au Maréchal Pétain, notamment
par M . jeanneney, fit disparaîtrt; les hésitations et les méfiances que cer-
tains pouvaient avoir à l'égard du texte du gouvernement.

- 16-
Aussi, par 395 voix contre 3, à la Chambre, par 229 voix contre
au Sénat, le projet du gouvernement fut ad~pté.
Les seuls opposants furent :
MM . Roche, Biondi, Margaine, députés,
de Chambrun, sénateur.
Les parlementaires comptés comme n'ayant pas pris pan au vote aont
ceux qui ne se trouvaient pas à Vichy ce jour.-là soit parce qu'ils
n' avaient pu s'y rendre, en raison des difficult~ de transport, soit parce
qu' ils étaient retenus comme prisonniers par les troupes allemandes, soit
parce qu'ils avaient trouvé plus habile de ne prendre aucune responsa~
bilité, soit pour toute autre raison.
Tous les autres membres de la Chambre et du Sénat estimaient qu'il
y avait lieu de reviser les lois constitutionnelles et selon les termes de
l'exposé des motifs, u de faire confiance au Maréchal Pétain 11.
Ainsi, nous le répétons, le 9 juillet, la Chambre et le Sénat, à la
quasi unanimité, font droit à la demande du gouvernement et ainsi que
cela leur est demandé dans l'exposé des motifs, manifestent leur con-
fiance au Maréchal Pétain, Président du Conseil. Il n'y a que quatre
oppf!sanfs.

Aaaemblée Nationale du 10 iuillet 1940. - Le lendé-


main 10 juillet, en application des strictes prescriptions de l'article 8 de
la loi du 25 février 1875, les deux Chambres se réunissent en Assem-
blée Nationale. Le principe pc la réunion a été accepté la veille. Cette
réunion doit être l'entérinement des décisions sur lesquelles l'unanimité
(ou presque) s'est faite le 9 juillet à la Chambre et au Sénat.
Avant la réunion officielle de l'Assemblée nationale qui a lieu
l'après-midi, une réunion préparatoire privée de la Chambre et du Sénat
a lieu dans la matinée. Il s'agissait, au cours de cette séance, de re,
cueillir du ~ouvernement des renseignements complémentaires et de per-
mettre la discussion sur le projet sans les inconvénients de la séance
publique,
A cette réunion privée prirent seuls la parole : MM . T aurines,
Donnann, Bergery, FI andin et Laval. Aucl.ln chef de groupe ou de
parti ne demanda la parole wur faire connaître son opinion. Nulle
voix ne s'éleva pour combattre le projet. Nulle critique ne fut ouverte-
ment prononcée contre le texte présenté . P ersonne ne mit en garde les
députés et les sénateurs contre l'attribution de pleins pouvoirs au Maré-
ella! Pétain. En particulier, ceux qui, en 1944 el en 1945, essayent Je
tirer gloire de leur rectification de oote du 10 juillet, re3t~renllotalemenl
3ilencieux.
L'après-midi, à la réunion officielle, les &énateurs et les députés se
trouvèrent en présence de deux textes : le projet de loi constitutionnelle

• 17 .
présenté par le Gouvernement et un contre-projet dit <( de! anciens
combattant$ du Sénat u portant en premier la signature de M. Taurine
et rédigé par M. Paui- Boncour, ancien président du Conseil et ancien
ministre de la guerre. Nous publions plus loin une étude sur ce contre
projet.
Voici le texte du projet de loi tel qu'il a été p~ésenté à la séance
officielle de l'Assemblée nationale et sur lequel le vote a eu lieu.

Projet de 'Loi Constitutionnelle


Le Président de la République · Française,
Vu l'nrlicle 8 de la loi consti tutionnelle du ~5 février 1875 ;
Vu les réeolu~ione a•loptécs pur le Sénat el la Chambre. dea
J)éputéa,
J)~crète :

Le projet de loi consliluliohnellc don! la leneur suil sera pri·


3enli d I'A .uemblte Nationale par le Marlch<d de F'rance , Prlaidtnl
dtt Conseil, qui esl chargi d'en toulenir la dilcuufon.
Article unique. - L'A.•sembUe Nalionale donne lous pouvoirs
au Gout>trnr.menl de la Rl.pul1lique, sous l'atdorili tl la tignalure
t!t' Marlchal Pl.lain, a l'effel de promulguer par un ou plusieurs
ade.• utv nouvelle conslilulion de l'Eloi jrançGis. Celle ccinrlllu·
lion dtvra garantir les droits du lrGuail, de la famille el de la
Pairie.
Elle sera rali/iie par la /Vallon el app!iqule par lu auembliu
qu'elle aura crUe~ •·

l-'ail cl Vichy, le 10 Juille! 10~0,


Albert LERRUN, Par le Prlsidenl de la République,
le !tfarichal de Fronce, Prbidenl dll Con1ell,
Philippe PETAIN.

A noter que le texte primitif présenté par le Gouvernement ne pré-


voyait pas la ratification par la Nation.
Cette adjonction a été faite au dernier moment par le gouvernement
qui en a pris le principe dans le contre-projet pté$Cnlé par les anciens
combattants du Sénat (contre-projet Taurine3·Boncour).
M. 8oioin-CI1ampeaux, sénateur, e$l chargé de rédiger un rapport
sur le projet de révision S!)umis A l'Assemblée Nationale. Il résulte net·
tement de ce rapport :
a) La ratification par la Nation devra précéder le fonctionnement
effectif des institutions nouvelles,
b) lea Chambres resteront en fonction.
Le texte fut voté par 569 voix contre 80.
Se eont ab!tenus 17.

- 18 -
CONTRE - PROJET BONCOUR

Ce contrè-projet est présenté par un certain nombre de Sénateurs cons-


tituant le groupe dit cc des anciens combattants )). Ce telite porte comme
prem1er signataire M . Taurines, Sénateur de la Loire. Mais l'auteur en
est M. Paui-Boncour, ainsi que ce dernier me l'a indiqué dans une
lettre du Il janvier 1945. ·
Voici la reproduction de ce document :

SENAT

Année 1940
Seaaion Extraordinaire

PROJET DE RESOLUTION TENDANT A REVISER


LES LOIS CONSTITUTIONNELLES

CONTRE-PROJET
prbenlé par :
MM . l ean Tnurinee, Maurice llormann, Ro~eTt Thollmyre, Gas·
ton lloge, Paul-1\oncour, Marctl Ast ier, l\oher1 Belmont, Guton
llezile, Bels, Léon Bon, llruguier, Collier., Pierre Chaumi~,
Auguste Chambonnet, Depierre, Vincent Oelpuech , IJiyhe Fabre,
Paul Flenrot, J~an hctJuy, tnncien, Le Gorgeu, Lerae, François
l,~hrousse, Vidor r.onrties, Moroselli, Fernand Monsocre, Marcel
Michel, Pézièrea, Pierre Robert, Senh, Vieillard, sénsten n .

Article UnicJIIe. - L'Assembl~e Nationale décide :


,. L'applicstion dea l ois oomtitutionncllee dea ,6, 25 février et
16 juillet t8ï5 e~t suspendue jusqu'A la conclusion de la Paix ;
~· M. le Mo récbnl Pétain a trms pouvoirs pour prendre par dé-
cret~ ayant force cie loi, lee mesuree néceualrcs au maintien de
l'ordre, l la vie et an relèvement du pay1 et A la lih~ration du
territoire ;
3' I:AssembMe Nntionale conne l M. le Mar~chal Pét11in la mis-
~ion de préparer, tn collaboratinn avec lea <:ommi!siona compl-
lentea, Ica . constitutions nouvelleft qui ecront aonmiaea l l'accer·
lotion de la Nation , dèa que lea cireoustancee permettront une
libre consultation.

- 19 -
Examinons chacun des paragraphes de ce texte dont M. Paui-Boncour
demandait l'adoption de préférence au texte quj a été voté :

1. - Suspension des lois constitutionnelles


ccL'application du lois corutitutionnelles des 24, 2S février et
16 juillet 1875 e:st $Wpendue jusqu'à la conclwion de la Paix 11.
Ces lois dea 24, 25 février et 16 juillet 1875 :
a) posent le principe de la forme républicaine du Gouvernement;
C'est dans la loi du 25 février 1875 que se trouve l'article 2 prove-
nant du fameux amendement Wallon voté le 30 janvier 1875 par 353 v.
contre 352 : 11 Le Président de la République est élu à la majorité
absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des Députés réunis
en Assemblée Nationale. Il est élu pour 7 ans et rééligible 11.
b) pré~isent que· le P ouvoir légi~latif a' exerce par deux assemblées :
la Chambre des Députés et le Sénat ;
c) règlent les rapports des pouvoirs publics.
Donc la suspension des lois constitutionnelles réclamée par M. Paul-
&n<:our entraînait immédiatement et u jusqu'à la conclusion de la paix 11
la suppression :
a) de la fondiuon de Président de la République ;
b) du mandat des membres de la Chambre et du Sénat
Le contre-projet Paui-Boncour supprimait la République légalement.

Il. -Pleins pouvoirs au Maréchal Pétain


<< M . le Marécl1al Pétain o tow pouvoirs pour prendre, par décreb
ayant /oree de loi, les me3ure3 nécessaire.s au maintien Je l'ordre, à la
vie et au relèvement du Pay3 et à la libération du territoire ''.
Ces pouvoirs dictatoriaux offerts ainsi au Maréchal Pétain se rappor-
taient à la politique intérieure et à la politique extérieure.
a) A LA POLITIQUE INTERIEURE :
u les me:sures nécessaires au maintien de l'ordre, à la vie et au relêve-
ment du pays et à la libération du territoire 11.
Ce texte, absolument général. et sans aucune restriction, perlftet à celui
à qui ces pleins pouvoirs sont attribués de gouverner sans autre frein
q,tJe sa propre volonté. Ce texte rend u ).égales 11 toutes les mesures de
police - quelles qu'elles soient -· toutes les atteintes à la liberté ·e t à
la vie des citoyens.

-20-
...

· b) A LA POLITIQUE EXTERIEURE :
<< mesures néces.ro;res ... à la libération elu territoire ''.
L' Annistice étaitsigné depuis 18 jours. Les déclarations du Président
du Conseil re pouvaient laisser aucun doute sur la façon dont il enten-
dait procéd~r u à la libération du te rritoire n. Ce ne pouvait être que
par des négociations avec I'AIIem.agne.
Le Maréchal Pétain, par ce texte, était habilité à engager ces négo-
ciations.

Ill. - Préparation des constitutions nouvelles


<: L 'A ssemblée Nationale confie à.l\1. lt; M aréchal Pétain, la mission
Je préparer en collaboration avec les Commissions compétentes, les cons-
titutions nouoelles qui seront soumises à l'acceptation de la Nation dès
que les circonstances permettront une libre consultation ''.
Par le paragraphe 1or du contre-projet l:bncour, les lois constitution-
nelles sont suspendues sans aucune limite, sans aucune des rè gles que
fixe une constitution. L e Maréd1al Pétain dispose de lous les pouvoirs.
Ces pouvoi_rs exorbitants lui sont accordés''}llsqu ·à conclusion de la Paix.
Le contre-projet se préoccupe cependant de la période qui suivra
la conclusion du traité de Paix . A ce moment il faudra une constitution .
Cette constitution ou litléralt:menl, ces constitutions, seront u nouvel-
les n. C'est dire q u'el les ne de vront pas reprendre les lois des 24,
25 février c l 16 juillet 1875. Ces lois, base de la République, dans
l'esprit des signataires du contre-projd, sont donc non seulement suspen-
dues, mais doivent défini ti vemen~ disparaître.
Qui va préparer u ces conditions nouvelles Î n Le Maréchal Pétain ,
lui-même . Tout cfois, il va les préparer en collaboration avec les 11 com-
missions compétentes n.
Mais qu' est-cc que ces u commissions compétentes Î ''
Est-ce les Commission de la C hambre et du Sénat '? Cela n'est pas
possib!c. D'abord il n'y a pas légalement de 11 commission 11 de la
Chambre ct du Sénat. Les règl~ments de ces assemblées prévoient des
H commissions '' qui sont spécialisées pour telle ou telle question . Mais
ces commissions n'ont de valeur que cel le q ue le ur donne un règlement
inté rieur. La création des commissions permanentes à la C hambre et au
Sénat est d'ailleurs ' ré~enle, et on peut fort bien concevoir une organisa-
tion di fférenlt.
Au surplus, il ne saurait s'agir des Commissions de la Chambre et
du Sénat, puisque par appl icatio n du paragraphe J•• du contre-projet,
la Chambre des Députés et le Sénat n existent plus.

- 21 -
Enfin, le tellte prévoit que plus tard, dès que les circonstances pér-
mettront une libre consultation, les u constitutions nouvelle11 ,, seront aou·
mises à · J'acceptation de la Nation.·
Cette même disposition se trouve dans le projet du Gouvernement
aoumis au vote de l'Assemblée Nationale.

Conclusion. -Point n'est besoin d'insister sur les conséquences


juridiques qu'aurait eu l'adoption du contre-projet que nous venons
d'analyser.
Certes, au point de vue des faits, Hn'y aurait eu rien de changé. Les
événements se seraient déroulés de !a même façon . << Vichy n aurait
exercé la même dictature, aurait fait cette même politique intérieure et
extérieure qui progressivement a heurté les sentiments français et les aen·
timents républicains du Pays. Mais cette dictature aurait été u légale 11.
Le Maréchal Pétain, pour l'exercer, n'aurait eu nul besoin de faire un
coup d'Etat. Tous ses aètea auraient été légitimes. Nous ne lirions pas
actuellement au /oumal Qf/icittl, dans les ordonnances du Couverne·
ment provisoire de la République française, des références aux textes
de u l'autorité de fait se disant Gouvernement de l'Etat français 11. Il
n. y aurait point d'allusion à l' (( usurpateur )).
Le texte de M . Paui-Boncour aurait supprimé toute discussion sur
la légitimité dea actes du Maréchal-Pétain, car .iJ l·ui aurait donné léga-
lement et sans équivoque, cette légitimité.

Partis, journaux
et hommes politiques
Edlté pour la première fois en 1962, • P1rtt1, Journaux et homm~ politiques •
de notre ami Henry Coston,étalt devenu rare, voir Introuvable. C'est pourquoi
l'auteur vient de rééditer ce gros volume à la demande de lecteurs soucieux de
posséder, pour pouvoir le consulter aisément, ce volume dont la documentation
est phénoménale.
Oal")s les 620 pages bourrées de faits occultés, de citations peu connues et
de noms oubliés - Il y • un Index alphabétique de plua de 10.000 noms - ,
vous trouverez non seulement l'histoire des partis et des groupes politiques,
mais aussi des précisions Ignorées jusqu'ici sur les doctrinaires et les hommes
politiques, les partis et leur p'resse, les médias de toutes nuances, leurs com-
manditaires et leurs inspirateurs, en un mot ceux qui fabriquent et guident
l'opinion française .
. Jamais la période 1940-1944 n'a été évoquée avec autant de sincérité
et de précision : les diverses organisations se réclamant du maréchal Pétain ou
du général De Gaulle font l'objet d'une étude particulièrement fouillée, de même
que les journaux de l'occupation, ce qui permet de rétablir une vérité trop
souvent bafouée. Un volume 1 4 X 22 , 624 pages
Reprint à tirage limité de
l'édition originale de 1960
-22-
PROCES~VERBAL
de l'audience accordée aux représentants
du Groupe Sénatorial des Anciens Combattants
par Monsieur le Maréchal Pétain ( 1)

Le &ill juillet •o4o, à a8 h. a5 , MM . 't'llo ri nes, premi er vice-pré; itlent do Groupe


!~nntorial des anciens comlnolt;on t.~, "'~compagné de ses collègues l'aul -l.lnn·cour,
Jacquy ct Chaumié ont. été re1:us <'Il atulience par le Maréchal l'étain.
M. Taurines a t:xpo~é ou Muréchul h1 loi pa·olonclc que les Jtncieue comballunle
goro.laieaH il ICIJI' chef et la reconnah~unce in li nie <1u'ils hii ovaicnl cie l'apJlOrl
de &a peraonnc au salut de la palrio ct 1' 11 même temps combien tous ceux qui
avai<:ul comhnttu sous ses ordres désiraient s'eutretcnio· avec lui des inquiétudcg
que pouvaient soulcv ~r duu~ Jeure olmes do putl'iote lu nutnièn: dont leut· ~toient
présentés lee projets uctuds.
M. Taurine~ a alors exp•>sé au Maréclml coonbicu l'état actuel du paya pilruis-
eait d'abord exiger tles w lutions pnoli•Ju<'s immédiates, démobilisation tles agri -
cu lteurs, ravit:lillcm cnt, ro;c:on slituliml des traneporlb, rclour c.lnns lee régions
occupées, atatut des régio us occupées plutùt que lu solut ion tic problèmes théori-
ques. Il a lait le tableau de J'occupation ·allemande io ~uint-Etiennc, de J'action
des élus pour regrouper, délo:udre et oio.k r les pouvoirs publics à sauver les
populatioru ct le dnnger •Ju'il y otu·oil Il dt\tmiro: Ioule possibilité d'(lctiou de cca
élou en Cni sont disJlnrni t re leur mandnt.
. Il a déclaré au Maréchal , que devant les projets aussi innn•:nscs 1111e peu pré·
c1a dont on les avait entretenus, tlont on leur disuit seu lement qu'ils s'aligne·
nient sur Ica régimes totali tn irea , c'~tuil à lui seu l <Ju'ih lo•isnicnl conflancc, et
une <·onli;once ab5oluc, totu le, corps et biens, mals l'inconnu snns postiibililé c.le
C()lllwltrc les lulu res et si gra vcs mc>ures euvisagécs dont les répercussions Jl<lu·
voien t être imprévues o:l l:ttalc$ ~ cc paya qui provoquait en eux ~u moment d~
• ote la plus grave des crises de eomcicnce.
Le Maréchal, dont l'occueil uffohlc d Jo gran de loyauté avai ent rempli d'ùnc
émotion rcspcdueu•e des délégués des anciens combattants leur a répondu, en
marquont les co u6t~& de son acctlptution ou 11ouvoir. Sa personne univcrsellcrncut
res pec tée , même des ennemis, son amitié JIOUr le Mu réchn l Badoglio, reB JlCCt eL
;u11ili6 qui onl joué un rOlc prédominunt duns le~ po·emit:o·~ pourpurlen de l'ar·
mistice si diffici le avec lu Allemnnds, el qui, uu mlicu tics nngoissanles difli·
cuités de J'heure, continue à m!tintenir son action de respect et de confiance
en lu parole.
11 noue a rappelé, cl! que nous savions, (Ju'ero Espogne, venu dana d~a con·
ditione, dont le moim qu'on puiue elire, est <Jn'ellea étaient plus que diCiicilee,

(1) Ce procès-verbal a été publié en fae-slmllé pbo~ograpblque par M. Taurines,


sénaleur de la Loire, arand mut.Ué de 1uerre, dans un brochure Intitulée c Tempête...
sur la · République ». ·

. 23 -
.c'était la loyauté avec laquelle il avait tenu la parole do la France, qui lui
uvuit J•crrnie , pur ln confiance p1:rsou nelle qu'on lui (lvait fuit e, de modifier ai
pl'Oioutlémenl nos rUJiporls a>·ec ce paye.
Il a fait allusion avec tristesse au fait que aeul le Gouvernement anglaia avait
tlouté qu'ayant donué so parole St)r l'emploi <le notre llolte, celle parole aurait
pu ne pas Nre tenue.
\'cuanl à l'ohjet tlit'l'd dll notre vielle, il nous a déc laré qu 'i l avnit chargé le
Pré>~tlcnt Laval tl'tllrc l'avoc:•l devan t Je l'ulement tlu projet tlu Gouvcmemenl,
tlé8irunt lui ·m ~mc n e pas participer lill dél>nl.
. Que cc lju'il désirait le plus, jnSIJU'à la signalur" dt: la l'nix, aprcs laquelle
il dcmon<leru il le t.lroit uu r epos ù Aulibcs, c'était d e ne plus Rllbir les dil'fi·
c111tés ct lea cnt•·avt:e <Jn 'il rencontrait à la l' résidm1ce de lu llépublique , de ne
plus lcuir compte <les groupes cl des purlis qui ne sont plue tic saiwn.
(~u'u u surplus, il Jo<:n soit ugir nu grand jour, cl IJIIC, lorsque les JlOl•voh·a
lui •c roi ent donnés, il ne pcusait pa5 en user pour JII'Océtler à ln trunsfonnalion
de lu Natio n. su na '"'"" les HH unulln: ou lttr c t à mt:oupl ,Je h:tH t!lahonllion.
M .. J>auJ . Jionco ur d nous tous lui tnous C.lCIII'imé noto·c immt•nse soulngenwnt
<le> paroltls !JII C nous •·••nions rl'!:nlentlnl, nous lui ovons tléc lurti IJUÎI lui · mt·me
non~· u'cccplio11s Je fai r·c toull\ conllnnce vour Id rév ision de lu Cons titution, que
nou• n'h~ silcrions pas ;, suspendre lu C?nst.ilu~iim pou•:
lui d~>nner à . lui el à lui
seul, même tu>c tlu:lulurc comme Ill l1>o o·<unuonc 1 tl\'ùol plust cur~ fo&a é tabhe.
I.e Maréchal no11s a répoutlu en ~(>UI'innl qu'il n'Hait pos un César et ne
sonhoituit p us l'être.
Punl -1\u&H:uur. iu ... i~tuut sur t~e. point, dil : ~( Mal'e~chul, pour vous prouver i•
u """' ~oiul (:i:ux 1111i, t•vtlc: moi,• no p euvent llnunt •· lt1ur vote à un proj ~l de
tt Ct)116lo l ution tl out 1111 ue précise poe Ica bo~cs, sont prèU t\ vo11s donner 11 vous,
" je clis cl vous , tous ics pouvoirs, je dis lous, qut; vous ,j u gcn:z nécesa ires pour
.. , rnuintcuir l'onl •·c, rétablir, JihérllJ' e l recnnslilucr cc (lllya c t conclure ho poix,
*• j'irais juS(Iu'ia ''olcr un lexie qui dirnit :
... J.n Cou~ lit.ulion est suspcuduc juS<Ju'il la sigruolure tle ln l'aix. Le Muréclwl
" Po!lniu, clo d du l'ouvoio· exéc11tif, n plci us pouvuit'S dtJ Jll'Cntlrc par tlécn!t tou ·
u ft!~ lt.'!i ll\t!S III'«·s qu 'il jug(~•·n nécessaires ct, en· rnêmH tcanps, d'étah1ir, en co lla-
" looration nv cc . les A&sl'mblécs, Ica 1 ,IJnscs • •
•l'un~• co
••
ns titution
• •
OOIIVt)lle " ·
- Mais voilit uuc I~~'OJ>osition, dit Je 1\bréchul, transmutez-moi uu texte.
llt·v r.owllt s ur 1<19 rt':rormce évenlllc llcs pour lcSIJuc llcs il ne 11oue n rn s caché
·I(UÏI s'culou rcrait t!'a11lant plus d'avis t)IIC an vic cl ses études ue l'avaient pna
prép:•ré 1t ia solution tic ces J>roblèmes, il nous a rappelé qu'il estim<~it ntkessaire,
oprt'~ IJII<~ chu11uc lt:xl c scnoil ét ahli, de 11, lo'Ansmcttrc ~ l'av is do nos Com(RiB ·
sion' cl tle s'en cnlrdrnir ovcc elles ovnnt t.le Ica prornulgu(: r.
Nous lui nv o ns cxprimt! 1• nouvMu notre profond rcspt;Cl cl notre nbsolue
conliauce et lui nvous (a il connaître combien ce t)u'il nous avait dit, lui surtout .
dont ho parole u 'a jnmnia été démentie, nom tlonnait el donnnil i\ tout le Parle·
ment u11 imrnt•nsc opaiscmcnt ct ré unissait, à notre avis , l'unnn imil.é autour de
lui, cur c'était à sa pllr~onne ct à la loyauté <rue nous nous confiions el que nous
confiiong le J>ays tout enlier .
Nous serruut fortement les mAins, le Maréohol nous quitl.a ovcc ces mol& :
., Jo 8u is très h eure ux Je vous avoir vus , el d'avoir pu m'ex pliquer devnnt
\'OU8 w.
Vichy, l e 6 jo illet rg4o.
Signé JACQUY, CIIAUMI.€, PAUI..IlONCOIJI\, TAURII'ŒS.

- 24 -
LA MOTION «DES 27))

Au cours des journées des 8. 9 et 10 juillet 1940 il y eut de nom.


breus~ distributions de manifestes, de tracts, de motions, d'ordres du
jour, de résolutions.
M. Noguères, député des Pyrénées-Orientales, et membre de l'As-
semblée consultative provisoire, au cours d'une séance de cette assem-·
blée, a fait allusion à l'un de ces manifestes dont il est co-signataire. Il
en a même donné lecture de quelques extraits Uoumal Officiel Ju
28 décembre 1944, pages 607 et 608).
Mais nous pensons qu'un texte tronqué ne rend qu'imparfaitement
compte de son esprit. Aussi nous croyons utile de publier intégralement
le document sans omettre les parties sur lesquelles le distingué membre
de l'Assemblée consultative. a jeté un voile pudique.
1.1"> parlenlenlaircs soussignés, uprh avoir ent~ndu la lecture
de l'exposé tics motih dtJ projet concernant Ica plein• pouvoirs
à accorder au Maréchal Pétain.
Tiennent à ai'lirmer solennellement qu'ils n'ignorent rien de
lout ce qui "~' condumnable dans l'état actuel ries chose& et ries
raisons qui ont entralné la défaite de no~ :orméea,
Qu'ils •an•nl la nécessité imtJérieusè •l'opérer J'urgence le rc-
drcs~cmcnt ntor:tl ct éconotnâ(Jue (1~ nolr<e nt~lhtHH'CuX. pay• et de
JJourauivre les uégoci~tion •n vou~ ol~une J>ai)( durable dans l'hon-
neur.
A cet ~!Jet, ~~liment 'l't'il ,,st indispensable d'occorJeo· an MJré·
('hal l' étain, t)Ui en t:~a lwou·e~ graves incarne ~i parlaitcmcnt les
vertus traditionnelles lo·an\::ois~s, tous Ica ponYoirs pour mcnrr io
bien celle u·uvre de salut public ct de paix.
Mais, se rchoMn\ à voter un l>rojct <Jni aboutirait inélucrable-
mcnt à la disparition olu régime· républicain.
1-o:s sous~igués procl:tnHml rtuils restent plus que jamais alto-
r.hés au)( libertés démocrutiqnes pour la t.lé(cnae desquelles sont
tomhés les rneilleuf3 des llls de notre Patrie.
Vincent Radie, Manent, Emmanud Ror,
Mentliondou, Phili)lpc Serre, Gout, lsi>ré
Crutel, Gaston 'fiéhaut, Paul !loulay, nioudi,
Le llail, Phili)>, Nognèro~s. D~lom-Sorbé,
André Albert.

On 1 donné leur ndllision :


1\hrr.PI l't•i••nl, r.,t.rnn••"· Midu!l, nrngnicr, l'errol, Jean Odin,
Rono, Jaubert, ltamadier, Auolegnil, Astier.

Cette motion fut distribuée le 9 juillet. Le texte gouvernemental ne


portait pas alors la ment-ion que la Constitution devait être u ratifiée par
la Nation et appliquée par les assemblées qu'elle aurait créées u _

-25-
Cette ad~nction, ainsi que nous l'a.vons dit pl ua haut fut faite le
JO }uillet. Elle est due à une intervention au Conseil des M inistres de
M . Rivière. ministre des Colonies.
'
Cette adjonction allait au devant des légitimes préoccupations de la
plupart des parlementaires républicains, puisqu'elle donnait le dernier
mot à la Nation, c"est-à-dire au Peuple.
Dans tous let cas, sans relever ce que peuvent avoir de contradictoires,
les deux parties de cette motion, nous notons parmi les idées ainsi émises
par les 27 r.ignataires :
- la condamnation de l'ancien régime.
'
- la nécessité d'accorder « tous les pouvoirs u au Maréchal Pétain.
- la nécessité, le 9 juillet 1940, d~ négociation de paix.
- l'affirmation que << le Maréchal Pétain incarne ai parfaitement
les vert ua traditionnelles françai~ n.

••
••
Nous laissons à M . N oguères la responsabilité do ces affirmationr.
qu'un grand nombre de parlementaires aya!lt main~enu le 10 juillet leur
vole du 9 juillet n'auraient aOrement pas toutes approuvées.

Contribution à l'histoire des


FRANCS-MAÇONS sous L'OCCUPATION
Ce dossier contient des documents qui ont été ignorés par
ceux qui, depuis plus de quarante ans, ont écrit sur cette
période tragique de notre histoire.
ARGUS, pseudonyme collectif dè chercheurs soucieux de
contribuer à une meilleure connaissance du sujet, a réuni
dans ce volume des centaines de textes inconnus du grand
public ou jalousement tenus secrets, que tout historien
honnête ne pourra désormais négliger.

Un volume , illustré d.e: documents, format


16 ~ 24 , 256 pages

• 26 -
CORRESPONDANCE
AVEC M. PAUL- BONCOUR

M. Paui-Boncour a pris. l'initiative de réunir les 80 parlementaires qui


le 10 iuillet 1940 ont voté << contre 11. Il a constitué un groupe dont il
a été Président. En novembre dernier il a donné de nombreux commu-
niqués à la presse au sujet de la constitution de ce groupe.
M. Paui-Boncour est ancien président du Conseil et ancien ministre
de la Guerre. Orateur ~loquent et écouté, il aurait pu, s'il l'avait jugé
utile le 10 juillet 1940 à l'assemblée privée, faire part des préoccupa-
tions républicaines qu'il manifeste quatre ans et demi après. Telle ne
semble pas <JU ·ait d'ailleurs été à ce moment sa pensée, à en juger par
le con_! re-projet qu'il a rédigé et par les déclarations qu'il a faites au ·
Maréchal Pétain.
Dans tous les cas, dans un sentiment de déférence et d'information,
j'ai cru bon de lui adresser le texte de ma lettre << Explication de
vote 11 (Voir page 6). · .
Si je publie celte correspondance c'est pour bien mo~trer à mes lec-
teurs combien l' atmosphère de juillet 1940 a été oubliée.

ASSEMBLEE CONSULTATIVE
PROVISOIRE
Paris, le 30 décembre 1944.
Mon Cher Collègue,

Je n'avais pas reçu votre premi~ envoi du 1" novembre.


Je reçois celui-ci et j'ai lu votre !ettre à vos électeurs avec le plus
grand intérêt, croyez-le.
Je persiste à croire que vous vous êtes trompé, excusez-moi de vous
le dire,
Avec me1 sentiments bien sincères,
J. PAUL-BONCOUR.

- 27 -
Le 7 janvier 1945.

M onsieur PAUL-BONCOUR
Sénateur du Loir-et-Cher,
PARIS.
Mon Cher Président,

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre dù 30 décem-


bre 1944 par laquelle vous voulez bien m Ïnformer q ue vous avez lu
avec intérêt la nole que j'adresse à mes électe urs et que je vous ai com-
muniquée. Voua ajoutez :
u Je persiste à croire que vom vous êtes trom~ Il.

Il est en effet fort possible que cc je » me sois trompé le 10 juillet


1940. Mais ie crois qu'il serait plus e:xact de dire :
(< Nom nous sommes trompés 11.

1) Les Parlementaires qui, comme moi, arrivaient des armées .;nt


apporté leur vote surtout parce que ceux que nous considérions comme
des guides, nous y ont engagés, soit tacitement, soit expressément.
Veuillez re~ire à ce sujet le discours très catégorique et sans équivoque
de M . Jeanneney.
2) En outre, le contre-projet, revêtu dé votre signature, était bien
plus dangereux que le texte qui a été voté. Votre contre-projet donnait
tous les pouvoirs cc au Maréchal P étain n et non cc au Gouoemement de
la R épublique " .
Si votre texte avait été voté il n'y avait pas lieu pour le Maréchal
P étain de f aire cc un coup d"Etat u. T outes les m'csures dictatoriales
qu'il a prises .étaient, en effet, légalhées à l'avance.
A u surplus, à Vichy, le 9 juillet, vous avez. volé avec la quasi unani-
mit~ du Sénat et de la C hambre, le principe de la révision de la Cons-
titution. Chacun savait que ce vote pré jugeait de l'attribution des pleins
pouvoirs au Maréchal Pétain.
o· ailleurs, le 9 ct 10 juillet, nous avions déjà eu les échos de votre
entrevue du 6 juillet aveé le Maréchal Pétain, entrevue à laquelle assis-
taient également MM. Taurines, jacquy et Chaumié, sénateurs. Nous
connaissions l'esprit des paroles prononcées à cette entrevue. ·Votre opi-
. nion avait pour nous une valeur d'autant plus grande qu'elle était celle
d'un ancien Ministre de la Guerre qui devait connaître et apprécier à sa
valeur le Maréc~al P étain .
L e procès-verbal de celle entrevue signé par vous et publié par
M . Taurines confirme les échos loin!ains dont j'ai trouvé des traces ~ans
mes notes de l'époque. Vous vouliez donner au Maréchal Pétain ic tous

-28-
les pouvoirs qu!il jugeait oéceaaaires pour maintenir rordre, rétab~r..
libérer et reconstituer ce pays et conclure la Paix Il.
Conclure la Paix 1. .. Qui sait ai dans ce << conclure la Paix u énoncé
en jui Il et 1940 le Maréchal Pétain n'a pas vu un encouragement à Mon-
toire ~
Faut-il reprendre ici la dernière phrase de ce proc~s-verbal, je le
répète, signé par V4)Us ~ : << Nous lui avons exprimé (au Maréchal Pétain)
à nouyeau notre profond respect et notre absolue confiance e~ lui avona
fait connaître combien ce qu il nous avait dit, lui aurtout, dont la parole
n'a jamais été démentie, nous donnait et donnait à tout le Parlement un
immense apaisement et réunissait à notre avis, l'unanimité autour de lui
car c'était A sa personne e~ à sa loyauté que nous nous con liions et que
nous confiions le Pays tout entier 11.
A insi, vous le voyez, mon cher Président, j' avaia raiSQn, au début
de cette lettre : Il serait plus exact ·de dire :
<< Nous nous sommes trompés ».
Veuillez agréer, mon cher Président, l'expression de mes sentiments.
les meilleun.

Jean CASTAGNEZ,
Député du Cher.

ASSEMBLEE CONSULTATIVE
PROVISOIRE

Paris, le Il janvier 1945.

Mon Cher Collègue,

Bien reçu votre lettre.


Mai5 permettez-moi de ne pas accepter le << nous n. Aucune com-
paraison entre le texte présenté par les Anciens Combattants ct rédi gé
par moi , et le texte que vous avez. voté. Notre texte rcf usait au Maré-
chal Pétain le pouvoir consliluanl, c'est-à-dire la possi hilité de mettre
la H.épullliquc par terre.
Le texte voté par vous le lui accordait.
E.t c'est là, je crois, que vous· vous êtes trompé.
Mes sentiments les meilleurs.

J. PAUL-BONCOUR.

-29-
En conclusion de celte correspondance noru prions nos lecteurs de se
reporter à l' analyse du contre-projet rédigé par M . Paui-Boncour.
Il est possible que le texte volé donnait au cc Maréchal Pétain la
possibilité de mettre la R épublique par terre u. Pour /aire un coup
d'Etal d' ailleurs point n'est besoin de lexie 1 1
Mais le lexie de M . Paul-Boncour lui en donnait non la possibilité,
mais le u droit 11 .
Et c' est, là, je crois, que M. Paui-Boncour 3est trompé el se trompe.

CONCLUSION

Voici. mis à la disposition du lecteur impartial une série de documerb


ct le rappel de quelques faits.
L es parlementai res, tous les parlementaires, à l'exception de 4, qur
ont voté à Vichy, se sont-ils ou non trompés ~
Il est, ccrt'es, toujours facile de refaire l'histoire ct tel n'est pas
notre propos. Valait-il mieux, le 10 juillet 1940, 18 jours après la
signa!ure de l'A rmistice, renverser le Gouvernement, ouvrir, en pré-
sence de l' occupan! , dans un pays en débandade, une crise dont on ne
voit pas bien comment, légalement, elle aurai t pu être résolue ~
Ce sera, peut-être , la tâche des historiens de d emai n de le préciser ,
si tan t est qu'i ls puissent s'abstraire de toute passion ct conserver cette
sérénité objective que même l'histoire ne donne plus.
Je leur souhaite d ' y parvenir r
En attendant, ce sont les électeurs et les électeurs seuls qui sont
quai ifiés pour se prononcer sur les votes de leurs représentants.
Il n'appartient à personne - en régime républicain - de se substi-
tuer au corps électoral. Toute disposi tion, à ce sujet - ,q uelle qu'elle
soit et quelles que soient ses modalités - serait cqntraire aux principes
mêmes de la R épublique.
Elle pourrait se concevoir dans les u au-delà du Rhin n. Elle ne sau-
rait se justifier dans un pays qui aflirme son t;~pposiiion aux régimes tota-
l itaircs. Et ceux qui préconiseraient une telle disposition feraient preuve
d' une mentalité indiscutablement u fa sciste 11.

Copyrightl993 by Henry Coston


Tous dro its réservés pour tous pays

KS Rcpro Service 25, rue des Mathurins 75008 Paris


Dépôt légal : Octobre 1993 Imprimé en France

- 30-
Les financiers qui mènent le monde

Précédée d'une préface inédite, cette nouvelle édition, considérablement


augmentée et adualisée, illustrée de nombreux hors-texte de CHARD,
est probablement l'œuvre maÎtresse de Henry COS'fON. C'est dans ce livre
qu'ont été stigmatisés, pour la première fois depuis ra guerre, les oligarchies
cosmopolites et leurs agents cramponnés aux leviers de commandes de
l'économie mondiale et à la direcCion des gouvernements de la planète.

Après avoir rappelé l'action des manieurs d'argent dans l'Histoire, Henry
COSTON décrit leur rôle dans la Révolution - celle dont Anatole France
a dit que • l'un de ses bienfaits est d'avoir livré la France aux hommes
d'argent qui, depuis cent ans, la dévorent ». Il montre les financiers à
l'œuvre sous l'Empire, jusqu'à la défaite de Waterloo - une vraie victoire
pmtr les Rothschild ! - et sous la monarchie restaurée, puis sous Louis-
Philippe, sons Napoléon Ill et sous les trois Républiques.

Il met l'accenC sur la malfaisance de l'Argent, du (( Gros Argent n, comme


disait son ami Emmanuel Beau de Loménie, dans la politiflne intérieure
de la France. Le chapitre sur l'écrasement méthodique, l'appauvrissement
sysCématique de la paysannerie explique pourquoi la terre française, dépeu-
plée, est livrée de nos jours aux spéculations les plus éhontées, pourquoi les
produits sont dévalués progressivement au point de ne plus couvrir le prix
de revient du producCeur. L'exode des ruraux vers la grande ville en est la
conséquence.

Le chômage et la misère qui sévissent aujourd'hui dans nos villes sont le


résultat direct de cet uffronfcment entre l'économie traditionnelle, fondée
sur la terre, ct l'économie capitaliste, fondée sur l'argent. La disparition des
entreprises familiales au profit des super et hypennarchés, les razzias répé·
tées sur l'épargne procèdent de la même avidité du Grand Capital et de sa
volonté d'hégémonie.

L'affaiblissement continu des classes moyennes résulte de cette toute-puis-


sance oligarchique, que renforce la constiCution de sénacles semi~clandes­
tins, dont la Trilatérale esC l'exemple le p1tts frappant. J..es dirigeants
actuels de cette organisation occulte sont présentés dans ce livre sous leur
véritable jour et sans complaisance.

La fabrication de l'opinion publique par les médias que contrôlent les


puissances d'argent, Ja mise sous tutelle d'un Parlement subjugué par les
oligarchies font l'objec de toute l'aUention de l'auteur, vieux roufier du
journalisme el fin connaisseur de cercles politiques.

Embrassant l'univers, ce livre donne la clé d'un phénomène international


et en montre les conséquences en Europe d au Proche~Orient, en Afrique
et en Amérique, sans oublier, au passage, cette création des banquier.~ de
Wall Street qu'est l'Union soviétique, patrie du goulag.

- 31 -
BON DE COMMANDE
à retourner aux Publications Henry Coston
B.P. 92-18, 75862 Paris Cedex 18

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Date et signature

- 32-

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