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Rapport 2014 2015 OFNAC

Ce rapport public détaille les activités de l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption du Sénégal pour les années 2014-2015. Il présente le contexte de la lutte contre la corruption au Sénégal et à l'international, les réalisations et résultats de l'OFNAC, notamment en matière de gestion des plaintes, d'enquêtes, et de prévention de la corruption.

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Rapport 2014 2015 OFNAC

Ce rapport public détaille les activités de l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption du Sénégal pour les années 2014-2015. Il présente le contexte de la lutte contre la corruption au Sénégal et à l'international, les réalisations et résultats de l'OFNAC, notamment en matière de gestion des plaintes, d'enquêtes, et de prévention de la corruption.

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RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL

UN PEUPLE-UN BUT-UNE FOI

PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

OFFICE NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA FRAUDE ET LA CORRUPTION

RAPPORT PUBLIC D’ACTIVITÉS


2014-2015

L’édition de ce Rapport a été financée par la Coopération canadienne.


4
TABLE DES MATIÈRES

MESSAGE DE LA PRÉSIDENTE ...................................................................................... 13


INTRODUCTION ............................................................................................................. 15
PREMIÈRE PARTIE :
CONTEXTE ET ENJEUX DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION .................... 17
CHAPITRE I : CONTEXTE INTERNATIONAL DE LA LUTTE
CONTRE LA CORRUPTION ................................................................... 19
CHAPITRE II : CONTEXTE NATIONAL DE LA LUTTE
CONTRE LA CORRUPTION ................................................................ 21
Section 1 : Les défis de la lutte contre la corruption au Sénégal ............................. 21
Section 2 : Présentation de l’Office national de Lutte contre la Fraude
et la Corruption (OFNAC).......................................................................... 22
A. Vision ............................................................................................................. 23
B. Missions et prérogatives ..................................................................................... 24
B.1. Missions et prérogatives en matière de prévention de la corruption ..... 25
B.1.1. Contenus dont la détermination relève de la responsabilité
de l’État ..................................................................................... 25
B.1.2. Initiatives relevant de l’OFNAC............................................... 26
B.2. Missions et prérogatives en matière de détection en vue de la
répression de la corruption ................................................................... 27
B.2.1 Contenus dont la détermination relève de la responsabilité
de l’État ...................................................................................... 27
B.2.2 Initiatives découlant des actions de l’OFNAC ........................... 27
Section 3 : Installation et Gouvernance interne de l’OFNAC .................................... 28
A.Installation ........................................................................................................... 28
B.Gouvernance interne ........................................................................................... 30
B.1 Principes ................................................................................................. 30
B.2 Organigramme ......................................................................................... 31
B.3 Fonctionnement ...................................................................................... 31
B.4 Moyens d’intervention ............................................................................ 31
B.4.1 Ressources humaines ................................................................. 31
B.4.2 Ressources matérielles et systèmes d’information ..................... 32
B.4.3 Ressources financières ............................................................... 32
B.5 Dispositif de surveillance et de contrôle ................................................. 34

DEUXIÈME PARTIE : RÉALISATIONS ET RÉSULTATS DE L’OFNAC ..................... 39


CHAPITRE I : PROGRAMME ÉLABORATION DU PLAN STRATÉGIQUE ............ 41
Section 1 : Importance et intérêts pratiques de la stratégie d’intervention .............. 41

5
Rapport Public d’activités 2014-2015

Section 2 : Stratégies d’intervention de l’OFNAC ....................................................... 42


Section 3 : Socle de la démarche stratégique de l’OFNAC ......................................... 42
Section 4 : Axes stratégiques ........................................................................................... 42
Section 5 : Valeur ajoutée de la démarche inclusive initiée dans le cadre
du Plan stratégique 2015-2017 ..................................................................... 43
CHAPITRE II : PROGRAMME GESTION DES PLAINTES ET DÉNONCIATIONS .. 45
Section 1 : Présentation des plaintes et dénonciations.................................................. 46
A. Le numéro vert ................................................................................................... 46
B. Le site web institutionnel, le courrier postal et les autres plateformes
de type électronique ............................................................................................ 47

Section 2 : Données suivant le mode de saisine .............................................................. 47


Section 3 : Données suivant le critère de compétence de l’OFNAC.............................. 48
Section 4 : Données suivant la nature du conflit ........................................................... 49
Section 5 : Données suivant les parties en conflit .......................................................... 50
Section 6 : Données suivant la nature des institutions visées ....................................... 51
Section 7 : Données suivant le genre du plaignant ou dénonciateur ............................ 52
Section 8 : Données suivant la région d’origine de la plainte ou dénonciation .......... 54
CHAPITRE III : PROGRAMME ENQUÊTES, INVESTIGATIONS,
AUDITS ET VÉRIFICATIONS ................................................................ 57

Section 1 : Données générales sur les enquêtes ............................................................. 57


A. Répartition géographique des dossiers d’enquête ................................................ 57
B. Répartition des dossiers suivant l’élément déclencheur de l’enquête .................. 58
C. Répartition des dossiers d’enquête par domaine d’activité .................................. 60

Section 2 : Principaux résultats issus des enquêtes et vérifications de l’OFNAC ...... 61


A. Dans le domaine de la Santé ................................................................................ 61
B. Dans le domaine des Impôts ................................................................................ 62
C. Au niveau des Transports terrestres ..................................................................... 63
D. Au niveau du secteur de l’Emploi ....................................................................... 64
E. Au niveau de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur ................................. 65
F. Au niveau d’une collectivité locale ...................................................................... 70
G. En matière de marchés publics ............................................................................. 73
Section 3 : Valeur ajoutée et contraintes ....................................................................... 78

CHAPITRE IV : PROGRAMME PRÉVENTION ET MOBILISATION SOCIALE ....... 81


Section 1 : Constitution d’une base de données ............................................................ 82
Section 2 : Développement d’un réseau de relais de communication .......................... 83
Section 3 : Communication et sensibilisation ................................................................ 84

6
Rapport Public d’activités 2014-2015

A. Activités organisées par l’OFNAC ....................................................................... 84


A.1. Prévention en milieu scolaire, en collectivité éducative et
en milieu universitaire ........................................................................... 84
A.2. Prévention en milieu informel ............................................................... 86
A.3. Communication à travers les médias et mise en place
d’un site web interactif ........................................................................... 88

B. Activités déployées dans le cadre de l’agenda socio-culturel et économique


du Sénégal ........................................................................................................... 90
B.1. Communication à l’occasion de la FIDAK et du Sommet de la
Francophonie .......................................................................................... 90
B.2. Communication à l’occasion de cérémonies religieuses ........................ 94
B.3. Prévention dans le cadre des « Vacances et Valeurs » (VAVA) .............. 95
B.4. Prévention lors de la Journée internationale de lutte contre
la corruption du 09 décembre 2015 ........................................................ 96
CHAPITRE V : PROGRAMME DÉCLARATION DE PATRIMOINE ......................... 101

Section 1 : Éléments du patrimoine énumérés par la loi du 02 avril 2014 ............... 102
Section 2 : Personnes assujetties à la déclaration de patrimoine .............................. 103
Section 3 : Système sénégalais de déclaration de patrimoine .................................... 103
Section 4 : Procédure de déclaration de patrimoine .................................................. 104
Section 5 : État des lieux à la date du 30 septembre 2015 ......................................... 104
Section 6 : Contraintes et perspectives pour le système sénégalais
de déclaration de patrimoine .................................................................... 108
CHAPITRE VI : PROGRAMME FORMATION ET RENFORCEMENT
DE CAPACITÉS ....................................................................................... 113

Section 1 : Contexte ........................................................................................................ 113


Section 2 : Résultats des ateliers de formation dédiés au renforcement
des capacités du personnel de l’OFNAC et des autres acteurs ................ 115
A. Atelier de partage et de réflexion stratégique pour l’examen
du Plan intérimaire 2014 ................................................................................... 115
B. Atelier sur la formation opérationnelle régionale, co-organisé
avec l’Office européen de Lutte antifraude (OLAF) ........................................ 115
C. Conférence régionale sur la déclaration de patrimoine
pour l'Afrique de l'Ouest et l’Afrique centrale ................................................. 116
D. 9e et 13e Programme mondial d’Interpol sur la lutte contre la corruption,
la criminalité financière et le recouvrement d’avoirs en Afrique de l’Ouest ... 117
E. Atelier sur les principes, les normes et les techniques d’enquête,
d’investigation, d’inspection, d’audit et de vérification .................................... 117
F. Atelier sur les techniques d’enquête et d’investigation ....................................... 118

7
Rapport Public d’activités 2014-2015

CHAPITRE VII : PROGRAMME RECHERCHE-ACTION ........................................... 119

Section 1 : Enjeu d’une Institutionnalisation de la Recherche-action ..................... 119


Section 2 : Exploitation des résultats d’étude, de recherche
et de benchmarking en 2014 et 2015 ........................................................ 120
A. Dans la mise en place d’un système sénégalais de déclaration de patrimoine .. 120
B. Dans le cadre de l’élaboration du Programme Prévention et Mobilisation
sociale (DPM) ..................................................................................................... 121

Section 3 : Sujets d’étude et de recherche préfigurant de nouvelles


lignes d’action.............................................................................................. 121
CHAPITRE VIII : PROGRAMME COOPÉRATION NATIONALE,
RÉGIONALE ET INTERNATIONALE............................................................................... 121

Section 1 : Coopération nationale ................................................................................ 123


Section 2 : Coopération régionale ................................................................................ 125
Section 3 : Coopération internationale ........................................................................ 126

TROISIÈME PARTIE : GOUVERNANCE PUBLIQUE ET


LUTTE CONTRE LA CORRUPTION AU SÉNÉGAL :
AXES D’AMÉLIORATION .................................................................................................. 129

Section 1 : Application de la CNUCC par le Sénégal :


état des lieux et axes d’amélioration ......................................................... 132
A. En matière d’incrimination, de détection et de répression de la corruption,
et en matière de coopération internationale ........................................................ 133
B. En matière de recouvrement des avoirs illicites ................................................. 134
Section 2 : Impératif d’un renforcement de la gouvernance foncière ...................... 136
Section 3 : Système de valeurs et politisation de l’Administration publique ......... 137
Section 4 : Problématique de l’encadrement du financement des partis politiques . 139
Section 5 : Gouvernance des ressources naturelles et du cadre de vie ...................... 141
CONCLUSION .............................................................................................................. 145
RÉCAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS ............................................................. 149
ANNEXES ............................................................................................................. 155

8
SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AAACA Association des Autorités anti-corruption en Afrique


ADIE Agence de l’Informatique de l’État
AMI Appel à manifestation d’intérêt
APAS Atelier de Planification des Actions stratégiques
APIX Agence de Promotion des Investissements et Grands Travaux
ARMP Autorité de Régulation des Marchés publics
BAD Bureau d’Assistance aux Déclarants
BSI Bureau des Systèmes d’Information
BPD Bureau des Plaintes et Dénonciations
BM Banque mondiale
CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
CENTIF Cellule nationale de Traitement des Informations financières
CERAG Centre d’Étude et de Recherches/Actions sur la Gouvernance
CGU Contribution globale unique
CICES Centre international du Commerce extérieur du Sénégal
CIE Cellule d’Intégrité et d’Exemplarité
CNLCC Commission nationale de Lutte contre la non-transparence, la Corruption
et la Concussion
CMU Couverture Maladie universelle
CNUCC Convention des Nations Unies contre la Corruption
COMDIR Comité de Direction
CORA Comité de Recouvrement des Avoirs
COUD Centre des Œuvres Universitaires de Dakar
CSPC Coalition du Secteur privé contre la Corruption
CTAP Comité de Traitement et d’Analyse des Plaintes
DAV Département Audit et Vérification
DDP Département Déclaration de Patrimoine
DEI Département Enquêtes et Investigation
DERREQ Département Étude-Recherche-Reddition des Comptes et Qualité
DG Directeur général
DGI Département Gouvernance interne
DPMS Département Prévention et Mobilisation sociale

9
Rapport Public d’activités 2014-2015

DUE Délégation de l’Union européenne


FIDAK Foire internationale de Dakar
FIGE Forum des Inspections générales d’État
GAFI Groupe d’Action financière internationale
ILC Institution de Lutte contre la Corruption
NAHAZA Commission nationale Anti-Corruption du Royaume d’Arabie saoudite
OFNAC Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption
OIF Organisation internationale de la Francophonie
OLAF Office européen de lutte anti-fraude
OMC Organisation mondiale du Commerce
ONG Organisation non gouvernementale
ONUDC Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime
OSC Organisation de la Société civile
OSIWA Open Society Initiative in West Africa
PNA Pharmacie nationale d’Approvisionnement
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PSE Plan Sénégal émergent
PTF Partenaire technique et financier
RINLCAO Réseau des Institutions nationales de Lutte contre la Corruption de
l’Afrique de l’Ouest
RTS Radiodiffusion Télévision sénégalaise
SG Secrétaire général
SI Systèmes d’Information
SN La POSTE Société nationale La Poste
TFM Télévision Futurs Médias
TV Télévision
UCAD Université Cheikh Anta Diop de Dakar
UE Union européenne
UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine
USA États-Unis d’Amérique
USAID United States Agency for International Development (Agence des États-
Unis pour le Développement international)
USAID/PGP Agence des États-Unis pour le Développement international/ Programme
Gouvernance et Paix
VAVA Vacances et Valeurs

10
LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office


national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC)

Annexe 2 : Principaux textes et dispositifs juridiques internationaux,


interrégionaux et ouest-africains de lutte contre la corruption

Annexe 3 : Loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012fixe, articles 2, 3, 13, 14 et 15


fixant les missions et prérogatives de l’OFNAC

Annexe 4 : Loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine

Annexe 5 : Décret n° 2014-1463 du 12 novembre 2014 portant application de la


loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine

Annexe 6 : Cadre juridique - Dispositif stratégique et opérationnel de lutte contre


la corruption au Sénégal

Annexe 7 : Convention des Nations Unies contre la corruption (2003) -


Chapitre III : Incrimination, détection, et répression (articles 15 à 42)

Annexe 8 : Communiqué de Jakarta sur les principes pour les Institutions de Lutte
contre la Corruption (Jakarta, du 26 au 27 novembre 2012)

Annexe 9 : Organigramme de l’OFNAC

11
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Crédits budgétaires alloués par l’État à l’OFNAC


Tableau 2 : Situation des plaintes et des dénonciations reçues via le numéro vert de
2013 à 2015
Tableau 3 : Plaintes et dénonciations, selon le mode de saisine, de 2013 à 2015
Tableau 4 : Plaintes suivant le critère de compétence de l’OFNAC
Tableau 5 : Plaintes suivant le domaine du conflit
Tableau 6 : Plaintes suivant les parties en conflit
Tableau 7 : Plaintes suivant les Institutions visées
Tableau 8 : Plaintes suivant le genre du plaignant ou du dénonciateur
Tableau 9 : Plaintes suivant la zone géographique et le genre du plaignant ou du
dénonciateur
Tableau 10 : Plaintes suivant les parties en conflit et le genre du plaignant ou du
dénonciateur
Tableau 11 : Plaintes suivant le domaine d’activité des femmes
Tableau 12 : Plaintes suivant l’origine géographique
Tableau 13 : Répartition suivant le mode de saisine
Tableau 14 : Sensibilisation dans le secteur du transport terrestre
Tableau 15 : Communication de masse - Radios commerciales
Tableau 16 : Communication de masse - Radios communautaires
Tableau 17 : Communication de masse - Chaînes de Télévision
Tableau 18 : Communication de masse - Récapitulatif
Tableau 19 : Données sur les activités de prévention lors du 15e Sommet de la
Francophonie 2015 et de la FIDAK 2014
Tableau 20 : Statistiques sur l’émission VAVA
Tableau 21 : Journée internationale de lutte contre la corruption
Tableau 22 : Résumé des activités de prévention de l'OFNAC,
période du 20/10/2014 au 18/12/2015
Tableau 23 : Situation globale des déclarations de patrimoine
Tableau 24 : Évolution des déclarations de patrimoine par trimestre
Tableau 25 : Situation des déclarations de patrimoine par catégorie d’assujettis
Tableau 26 : Tableau récapitulatif des recommandations de l'OFNAC

12
MESSAGE DE LA PRÉSIDENTE

L
a publication d’un rapport par l’Office national de Lutte contre
la Fraude et la Corruption (OFNAC) est une exigence légale.
En effet, l’article 17 de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012
portant création de l’OFNAC dispose : « L’OFNAC établit chaque
année un rapport d’activités qui comporte notamment les
propositions de mesures tendant à prévenir les actes de fraude
ou de corruption. Ce rapport est remis au Président de la
République. Il est rendu public par tous moyens appropriés ».
La présentation du Rapport, étape clé du processus de reddition
des comptes, permet à l’OFNAC de communiquer sur l’exécution
de ses missions, les difficultés rencontrées, les opportunités
explorées et les résultats obtenus aussi bien pour ce qui est de
l’atteinte de ses objectifs que, le cas échéant, de la valeur ajoutée
apportée à la gouvernance publique.
Elle offre à Son Excellence Monsieur le Président de la République qui a pris
l’initiative de créer l’OFNAC, l’opportunité d’apprécier l’opérationnalisation de sa politique
anti-corruption et d’initier toutes réformes dictées par les dysfonctionnements constatés et les
recommandations formulées.
Le Rapport représente également, pour l’Office, un moment privilégié de dialogue avec les
usagers du service public, personnes physiques ou morales qui sont, à la fois, cibles, partenaires,
et bénéficiaires des résultats de ses activités.
Dans ce Rapport, il est procédé à une revue complète qui dresse également un état des lieux de
l’application par le Sénégal, de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNUCC),
de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et du
Protocole de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Aussi, en rendant compte du traitement des plaintes et dénonciations reçues, des enquêtes et
investigations, des audits et vérifications diligentés, l’OFNAC réaffirme t-il son positionnement
en tant qu’Institution anti-fraude et anti-corruption ouverte et accessible au public. Dans cette
dynamique, à travers ses activités de communication et de sensibilisation, il encourage les
citoyens à rejeter de manière systématique la fraude et la corruption et leur offre les moyens de
les combattre.
Par ailleurs, au-delà de l’effet dissuasif du Rapport public, l’écoute dont bénéficient les
populations indignées par la prégnance de la corruption dans leur quotidien, ainsi que la
réactivité de l’Office dans le traitement des affaires qui lui sont soumises, rassurent les usagers
et renforcent sa crédibilité.
Le nombre important de plaintes reçues concernant aussi bien la gestion publique que privée,
de même que les multiples dénonciations d’actes de corruption ou de fraude, plus de trois cents
depuis notre installation au mois d’août 2014, prouvent que les citoyens, au-delà de la confiance,
fondent des espoirs sur notre Office.
L’OFNAC souhaite, à travers ce premier Rapport d’activités, partager sa vision et sa stratégie,
ainsi que la déclinaison de celles-ci en objectifs et résultats prioritaires liés à ses différents
programmes ; les forces et faiblesses du dispositif anti-corruption et les améliorations proposées
sont également abordées.

13
Rapport Public d’activités 2014-2015

Rappelons que l’idée de la création de l’OFNAC, approuvée à l’unanimité par l’Assemblée


nationale, découle de la vision du Chef de l’État d’« une gouvernance vertueuse, sobre et
performante, apte à favoriser la préservation des ressources et la création de richesse, en vue
de l’émergence du Sénégal, dans la stabilité, le renforcement de l’État de droit et de la
démocratie ».
En inscrivant son mandat sous le signe d’une gouvernance de qualité à travers, entre autres, la
prévention et la lutte contre la corruption, il manifeste sa ferme volonté de respecter l’engagement
de notre pays qui a ratifié la CNUCC, moins de deux ans après son adoption.
Le vote de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 sur la déclaration de patrimoine vient renforcer le
dispositif de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite.
Prenant appui sur cette vision et se référant à son cadre juridique, l’OFNAC décline une approche
stratégique et une vision mettant le citoyen au centre de son action ; la corruption étant
essentiellement une affaire de comportement.
La vision de l’OFNAC est articulée autour de la promotion de quatre (04) cultures :
- la culture de l’intégrité et de l’exemplarité ;
- la culture du respect et de la protection du bien public ;
- la culture de la performance et de la promotion du mérite ;
- la culture de la reddition des comptes et de l’imputabilité.
Il en résulte que l’OFNAC met l’accent sur les valeurs, considérées comme des principes
fondamentaux de la démocratie ; pas seulement de la démocratie institutionnelle, mais
bien celles d’une société démocratique qui prône le recours à des symboles forts pour
développer le sentiment patriotique et la restauration des valeurs positives qui fondent la
Nation.
Cette société démocratique rejette :
- l’opacité pour la transparence et l’intégrité ;
- l’impunité pour l’obligation de rendre compte et la justice ;
- l’incivisme pour le respect et la protection des biens publics, matériels et immatériels.
Sur le fondement des valeurs positives découlant de sa vision, l’OFNAC, dans une démarche
inclusive et, à partir d’une stratégie axée sur la vigilance, l’écoute, le réseautage et le partenariat,
a réalisé d’importantes activités et obtenu des résultats significatifs.
Il importe de préciser que, si l’OFNAC a pu exécuter les programmes déclinés dans le présent
Rapport, c’est grâce au soutien du Président de la République et de son Gouvernement, des
Partenaires techniques et financiers, ainsi que des acteurs de la société civile.
L’Office doit ses résultats, aussi et surtout, à la mobilisation de ses membres et de son personnel
opérationnel, autour des objectifs et des valeurs organisationnelles partagés.
La Présidente de l’OFNAC

Madame Nafy Ngom Keita

14
INTRODUCTION

L
a présentation d’un Rapport public est un élément important du dispositif de reddition
de comptes des entités chargées de la gestion de services publics ou utilisant des
ressources publiques.
Le présent Rapport couvre la période de janvier 2014 à décembre 2015. Premier du genre
pour l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), il rend compte
des résultats obtenus à travers les Programmes mis en œuvre, des contraintes rencontrées et
formule des recommandations dans les domaines couverts.
Le « Programme Rapport public » constitue, dans l’approche par les résultats adoptée, le
dixième Programme mis en œuvre par l’Office.
Le législateur, en exigeant de l’OFNAC l’élaboration et la publication d’un rapport annuel,
réaffirme un principe majeur de la bonne gouvernance et contribue, par la même occasion, à
la mise en œuvre effective du droit des citoyens à l’information.
En effet, l’article 17 de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC
(Annexe 1) précise que ce rapport est remis au Président de la République et est rendu public
par tous moyens appropriés.
Compte tenu de la vocation fondamentale du Rapport d’activités de l’OFNAC, définie par le
législateur, la principale valeur ajoutée attendue de cet exercice réside dans les propositions
de réformes soumises à l’attention du Chef de l’État.
Le même article 17 insiste sur l’importance des recommandations à formuler, en disposant
que le rapport « (…) comporte notamment les propositions de mesures tendant à prévenir
les actes de fraude ou de corruption ». En cela, il permet de prendre toute la mesure des
avancées, des contraintes et limites notées dans le dispositif de lutte contre la fraude et la
corruption, ainsi que dans la Gouvernance publique en général.
Les recommandations qui accompagnent les dysfonctionnements constatés ouvrent, dès lors,
des perspectives de réformes pour apporter les ajustements nécessaires dans la gestion des
affaires publiques.
Ainsi, le Rapport public constitue, à la fois, un outil précieux pour l’Autorité politique en
matière de Gouvernance publique et un cadre privilégié de communication et de partage avec
les citoyens qui sont les principaux bénéficiaires des actions des Institutions de lutte contre la
corruption.
Toutefois, il y a lieu de noter que cette communication avec le public se fera conformément
à la loi, c’est-à-dire, dans le respect de la présomption d’innocence et de l’exigence de
protection des données à caractère personnel.
L’information du public sur l’ensemble des activités est d’autant plus nécessaire que, pour ce
qui concerne les enquêtes, c’est le citoyen qui, principalement, fournit de la matière à
l’OFNAC, à travers les plaintes et dénonciations.
Au demeurant, la lutte contre la fraude et la corruption repose essentiellement sur la
dénonciation des actes illicites pour leur élimination et la mise en exergue des meilleures
pratiques pour leur dissémination.

15
Rapport Public d’activités 2014-2015

Par ailleurs, le Rapport intègre une dimension pédagogique en ce qu’il véhicule les principaux
enseignements tirés des diligences effectuées au cours de la période couverte.
Relativement à son contenu, il est alimenté par les résultats des missions réalisées, l’analyse
des données collectées, ainsi que par l’examen du cadre juridique des matières sur lesquelles
portent les travaux de l’Office.
La longueur exceptionnelle de la période couverte par ce Rapport s’explique par le fait
que l’OFNAC, bien qu’ayant été créé le 28 décembre 2012, n’a réellement commencé à
fonctionner que beaucoup plus tard ; les membres ont été nommés le 31 décembre 2013 et les
services effectivement installés au siège de l’Office le 11 août 2014.
En raison de son caractère inaugural, le présent Rapport fait la présentation de l’OFNAC pour
permettre une meilleure compréhension de sa vision, de ses missions, de sa stratégie, de son
organisation, ainsi que son installation ; cette dernière étape revêt un enjeu important dans la
vie d’une Institution nouvellement créée.
Soucieux d’efficacité, l’OFNAC a adopté une approche par les résultats qui lui a permis, dans
ses activités, de mettre l’accent sur des programmes qui correspondent aux principales com-
posantes de son cœur de métier.
C’est ainsi qu’après une vue d’ensemble (contexte et enjeux) de la lutte contre la corruption
(Première Partie), le présent Rapport rend compte des résultats obtenus dans les
activités déployées au niveau des différents programmes (Deuxième Partie) et formule des
propositions d’amélioration dans la Gouvernance publique (Troisième Partie).

16
PREMIÈRE PARTIE :

CONTEXTE ET ENJEUX
DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

La lutte contre la corruption s’inscrit dans un contexte marqué par de profondes mutations qui exigent
l’adaptation des ripostes institutionnelles et stratégiques aux nouvelles formes de criminalité, aussi
bien au plan international qu’à l’échelle de chaque État.
18
Chapitre I

CONTEXTE INTERNATIONAL DE LA
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

L
a lutte contre la corruption est devenue, dans le contexte mondial, la principale composante de
la Gouvernance publique. En effet, aucun secteur de la gestion des affaires publiques n’étant
épargné par ce fléau, les progrès réalisés pour son éradication deviennent la condition, voire
l’indicateur du succès de chaque politique publique. Pour l’atteinte de ces objectifs, les tendances
actuelles privilégient la mise en place d’Institutions dédiées à la lutte contre la corruption.
La corruption, une des plus anciennes pratiques dolosives de tous les temps, est, depuis la chute du
Mur de Berlin en 1989, l’objet d’un regain d’intérêt, en raison des conséquences de cet événement,
avec notamment une ouverture du monde qui rend possible les négociations sur les questions de
transparence ayant conduit à la signature de conventions internationales à partir de 1996. Ce regain
d’intérêt s’explique essentiellement par les facteurs ci-après:
• la disparition des cloisons idéologiques qui rendaient difficile toute
La
chute du
négociation sur ce sujet ;
Mur de Berlin
en 1989
• l’extension et l’harmonisation des règles du commerce international,
entraîne un sous les auspices de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) ;
regain d’intérêt
pour la • la prise de conscience des populations suscitée par les nombreux cas de
corruption corruption ;
• la non-conciliation de la corruption avec les règles de bonne
gouvernance ;
• l’importance des sommes dérobées qui représentent un pourcentage
élevé du PIB des pays en voie de développement ;
• l’interaction entre la corruption et les autres formes de criminalité
organisée : trafic de drogues, financement du terrorisme, blanchiment
de capitaux, etc.
La conscience de l’ampleur et de la gravité de la corruption par la Communauté internationale
s’est manifestée par l’adoption des conventions internationales de la première génération sur
une période de sept (7) ans (1996 à 2003). Ainsi, c’est au cours de cette période relativement courte
que les différentes aires géographiques, à travers les organisations internationales, ont adopté une série
de conventions à vocation régionale et internationale, toutes censées cerner la corruption et la combattre
(Annexe 2).

19
Rapport Public d’activités 2014-2015

On peut citer, par exemple :


• la Convention anti-corruption de l’Organisation des États américains (1996) ;
• la Convention anti-corruption de l’Union européenne (1997) ;
• la Convention pénale sur la corruption du Conseil de l’Europe (1999) ;
• la Convention civile sur la corruption du Conseil de l’Europe (1999) ;
• le Protocole de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre
la corruption (2001) ;
• la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (2003) ;
• la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (2003) ;
• la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC) (2003).
S’agissant de la CNUCC, elle a été adoptée pour définir des principes et règles efficaces de prévention
et de lutte contre la corruption, avec un accent particulier sur la coopération internationale. Cette
Convention constitue aujourd’hui la norme internationale de référence en la matière.
L’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) qui est, au Sénégal, la principale
réponse institutionnelle aux exigences de la lutte contre la corruption s’est vu doter d’importantes
missions ainsi que des pouvoirs et prérogatives, dans le cadre de la prévention et de la lutte contre la
fraude et la corruption. Prenant conscience des défis de cette lutte, et se fondant sur sa vision, ses
valeurs et sa stratégie, il a mis en place une organisation pour l’atteinte de ses objectifs, dans le respect
des exigences de qualité.

20
Chapitre II

CONTEXTE NATIONAL DE LA LUTTE


CONTRE LA CORRUPTION

A
u Sénégal, la lutte contre la corruption s’inscrit dans un contexte marqué par l’existence de
contraintes dont la maîtrise est nécessaire pour assurer l’efficacité requise aux interventions.
Il s’agit des défis auxquels la lutte contre la corruption doit faire face pour que l’OFNAC, en
tant qu’Institution anti-corruption travaille en parfaite synergie avec l’ensemble des acteurs concernés
et que son action soit ainsi couronnée de succès.

Section 1 : Les défis de la lutte contre la corruption au Sénégal


La création de l’OFNAC, par la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012, intervient dans un contexte
national où la lutte contre ce fléau doit relever deux défis majeurs :
- l’adaptation du cadre juridique de la lutte contre la corruption aux formes nouvelles de la criminalité
financière ;
- l’harmonisation de la stratégie de l’OFNAC avec celles des organisations poursuivant les mêmes
objectifs.
Le premier défi s’intègre dans un nouveau contexte où la corruption s’intensifie, se renforce et se
joue des mécanismes juridiques mis en place pour sa prévention et sa répression. Ces mutations du
phénomène justifient la nécessité d’adapter la législation anti-corruption aux formes nouvelles
de la criminalité financière.

Le Sénégal a adapté sa
S’appuyant sur une tradition établie de lutte contre la corruption, le
législation aux formes
nouvelles de la criminalité Sénégal a entrepris de faire évoluer sa législation.
financière

En effet, les dispositions du Code pénal ne sont plus perçues comme suffisamment dissuasives et
exhaustives par rapport aux infractions visées par la Convention des Nations Unies contre la Corruption
pour couvrir, avec l’efficacité requise, toutes les dimensions de ce fléau.
C’est ainsi, qu’outre la mise en place des corps et organes de contrôle interne et externe de l’État,
notamment, l’Inspection générale d’État et la Cour des Comptes, la transposition des instruments
internationaux dans le droit positif sénégalais a abouti à la création de nouvelles institutions dont :
• l’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) ;
• la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF), spécialisée dans la
lutte contre le blanchiment d’argent ;

21
Rapport Public d’activités 2014-2015

• la Commission nationale de Lutte contre la non-transparence, la Corruption et la Concussion


(CNLCC).
Tenant compte des enjeux liés à l’adaptation de ce dispositif, le Président de la République a initié, en
conséquence, d’autres réformes traduites par les mesures ci-après :
• réactivation de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite ;
• adoption d’une loi portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques;
• création d’un Ministère chargé de la Promotion de la Bonne Gouvernance ;
• création de l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption.
La constance et la rapidité avec lesquelles ces instruments et institutions ont été mis en place
renseignent sur la volonté politique pour l’instauration d’une culture d’intégrité dans la gestion des
affaires publiques.
Le deuxième défi que doit relever l’OFNAC consiste en l’élaboration d’une stratégie nationale de
lutte contre la corruption dans le cadre d’une concertation avec les autres institutions, structures et
organisations qui poursuivent les mêmes objectifs.
En effet, l’efficacité de la lutte contre la corruption dépend, en grande partie, de la bonne coordination
des initiatives prises par les différents acteurs concernés, laquelle se manifeste par la synergie, la
convergence et la cohérence des actions et objectifs à atteindre.
En général, cette coordination est formalisée par un document de politique nationale de lutte contre la
fraude et la corruption qui :

La
• décline la vision du Gouvernement ;
coordination des
initiatives des
• fait l’état des lieux des initiatives et des actions menées, ainsi
organisations de lutte que des résultats obtenus ;
contre la corruption
est un impératif pour • décrit les orientations et les axes stratégiques de la question,
l’éradication déclinés dans un plan stratégique ;
de ce fléau
• met en place un dispositif national de pilotage et de suivi-évaluation.
Un tel document est, en outre, accompagné d’un plan d’action national, d’une esquisse du cadre
logique et du chronogramme de sa mise en œuvre.
C’est à partir de cette référence nationale que les acteurs s’impliquent dans la lutte contre la fraude et
la corruption. Certains acteurs peuvent même concevoir des plans sectoriels, spécifiques, par exemple
sur la corruption dans les marchés publics, les collectivités locales, la santé, l’éducation, pourvu qu’ils
s’inscrivent dans le plan national et contribuent à en réaliser les objectifs globaux.
Pour relever ces défis les Autorités ont mis en place une Institution indépendante dotée de pouvoirs et
de prérogatives importants.

Section 2 : Présentation de l’Office national de Lutte contre la Fraude


et la Corruption (OFNAC)
L’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), créé sur les cendres de la
Commission nationale de Lutte contre la non-transparence, la Corruption et la Concussion (CNLCC),
renforce l’environnement institutionnel et stratégique de lutte contre la corruption au Sénégal. Sa
valeur ajoutée et ses avantages comparatifs se manifestent à travers sa vision, ses missions, son
organisation ainsi que ses stratégies d’intervention.

22
Rapport Public d’activités 2014-2015

A. Vision
L’efficacité de la lutte contre la corruption dépend, en grande partie, de la vision qu’en a l’Institution
qui la conduit.
L’affirmation d’une vision offre à l’OFNAC des repères qui lui permettent :
• de déterminer le type de leadership adapté aux objectifs qu’il poursuit ;
• de trouver sa voie et ses marques dans l’architecture des Institutions et organisations de lutte
contre la corruption ;
• d’assumer la convergence, la visibilité, la traçabilité et l’impact positif de ses initiatives ;
• de fonder l’éthique de son organisation interne ;
• d’harmoniser ses interventions avec les objectifs globaux de la gouvernance publique.
La vision de l’OFNAC en matière de lutte contre la corruption prend sa source dans la vision
d’une gouvernance vertueuse, sobre et performante du Chef de l’État.
Elle s’inspire également des missions et prérogatives dévolues à l’Office par
La la loi du 28 décembre 2012 et d’une analyse précise de l’environnement socio-
vision de
l’OFNAC en matière
économique. Cette vision est ainsi déclinée : « Promouvoir l’intégrité et la
de lutte contre transparence dans la gestion des affaires publiques et privées par la
la corruption prend prévention et la lutte contre la fraude et la corruption ».
sa source dans la vision
d’une gouvernance Elle est articulée autour de la promotion de quatre (4) cultures :
vertueuse, sobre et
performante du • la culture de l’intégrité et de l’exemplarité ;
Chef de l’État • la culture du respect et de la protection du bien public ;
• la culture de la performance et de la promotion du mérite ;
• la culture de la reddition des comptes, de la redevabilité et de
l’imputabilité.
La vision de l’OFNAC donne des indications sur la nature de la mission qui lui est confiée en ce sens
que :
- en premier lieu, la mission de lutte contre la corruption confiée à l’OFNAC est une exigence
démocratique.

Il ne s’agit Cette première composante de la vision met l’accent sur les valeurs considérées
pas seulement comme des principes fondamentaux de la démocratie. Il ne s’agit pas
de la démocratie seulement de la démocratie institutionnelle, mais aussi de la société
institutionnelle, démocratique. La vision fait référence à plusieurs valeurs, que la lutte contre
mais aussi de la société
démocratique la corruption permet d’instituer, de restaurer ou de renforcer.

Il s’agit du :
• combat pour la restauration des valeurs positives qui fondent la nation ;
• triomphe de la vertu sur le vice, de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, de la transparence
sur l’opacité ;
• sursaut d’orgueil, surplus de moralité pour réaliser la justice, l’équité et le commun vouloir de
vivre ensemble ;
• recours à des symboles forts pour réveiller le sentiment patriotique qui nourrit les vertus de
politesse, de bienséance, de respect de l’autre, d’intégrité, d’amour du travail bien fait,
d’endurance, etc. ;
• triomphe de la justice sur l’impunité.

23
Rapport Public d’activités 2014-2015

- en second lieu, la mission de lutte contre la corruption confiée à l’OFNAC est un impératif du
développement.
Cette seconde composante de la vision met l’accent sur la nécessité pour l’OFNAC de veiller à ce que
la mise en œuvre des Programmes et Politiques publiques se fasse dans le strict respect de la bonne
utilisation des ressources publiques.
L’objectif est de prévenir, notamment, les conséquences négatives des réformes en réduisant les risques
de corruption.
En effet, certaines réformes peuvent accroître les risques de corruption. Elles se traduisent
généralement par de nouvelles répartitions des responsabilités et par une augmentation des ressources
nécessaires à leur exercice. Derrière la course pour parvenir à certaines responsabilités se cache souvent
une aspiration à accéder aux ressources publiques. De même, il est constaté parfois, que le pouvoir
d’allocation de ressources à des activités ou secteurs, lorsqu’il est exercé par une seule personne, crée
des risques de corruption.
Il s’agit là d’une préoccupation majeure qui est d’actualité dans notre pays, au moment où l’Acte III
de la décentralisation et le Plan Sénégal émergent (PSE) sont en cours d’exécution.

La vision de
l’OFNAC est celle C’est la raison pour laquelle, comme il est indiqué plus haut, la vision
d’un Sénégal dans lequel de l’OFNAC est celle d’un Sénégal dans lequel le respect du bien
le respect des biens publics public et l’optimisation des ressources permettent aux projets et
et l’optimisation des ressources
permettent aux projets et programmes de garantir et de renforcer durablement, les valeurs
programmes de garantir de la démocratie.
et de renforcer,
durablement, les valeurs
de la démocratie
Dans cette perspective, elle implique la prise de mesures qui se présentent
comme des balises permettant de mesurer l’efficacité de ses interventions sur
le développement. À titre d’exemple, il peut être cité :
• l’encadrement strict de l’utilisation des ressources mobilisées pour les projets auxquels elles sont
destinées ;
• la lutte contre l’impunité, la promotion du mérite, de l’intégrité
et de la performance.
C’est dans ce cadre que s’inscrivent les missions et prérogatives de l’OFNAC, son organisation et ses
stratégies d’intervention.
B. Missions et prérogatives
La loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 fixe, en ses articles 2, 3, 13, 14 et 15 les missions et préroga-
tives de l’OFNAC (Encadré 1 - Annexe 3).
Ces dispositions sont complétées par celles de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014, relative à la
déclaration de patrimoine (Annexe 4) et son décret d’application n° 2014-1463 du 12 novembre 2014
(Annexe 5). Aux termes des articles 3 et 5 de ladite loi, d’une part, et des articles 5, 11 et 12 du décret
précité, d’autre part, l’OFNAC reçoit, vérifie et conserve les déclarations de patrimoine de toutes
les personnes assujetties. Le contenu des missions de l’OFNAC permet de délimiter son champ
d’intervention.

24
Rapport Public d’activités 2014-2015

Les missions de l’OFNAC comprennent la prévention et la détection,


en vue de la répression de la corruption. L’article 2 de la loi portant
Les missions de l’OFNAC création de l’OFNAC indique les deux types de mission, sans en préci-
comprennent la prévention
et la détection, en vue ser le contenu. L’article 3 de la même loi énumère des activités que
de la répression l’OFNAC peut entreprendre en vue d’accomplir ses missions.
de la corruption
Or, il importe, à partir des textes constituant le cadre normatif de la lutte
contre la corruption, de déterminer le contenu des missions de préven-
tion et de répression de l’OFNAC
(Encadré 2- Annexe 6) pour les raisons suivantes :

- ce contenu constitue le référentiel autour duquel l’Office organise ses interventions et s’auto-évalue ;
- il détermine ses stratégies d’intervention et de délimiter son champ d’action.
À chaque étape, il sera nécessaire de distinguer, d’une part, les contenus à définir par l’État, et d’autre
part, ceux qui relèvent de la responsabilité de l’OFNAC.
B.1. Missions et prérogatives en matière de prévention de la corruption
B.1.1.Contenus dont la détermination relève de la responsabilité de l’État
Le Protocole de la CEDEAO de 2001 sur la lutte contre la corruption, la Convention des Nations Unies
contre la corruption de 2003 et la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre
la corruption de 2003, consacrent d’importants développements aux contenus des programmes de
prévention de la corruption dont la détermination relève de la responsabilité de l’État.
L’article 5 du Protocole de la CEDEAO porte sur les mesures préventives suivantes que les États
parties doivent prendre en matière de lutte contre la corruption :
• élaboration des règlements et codes de conduite pour éradiquer les conflits d’intérêts ;
• recrutement basé sur le mérite ;
• instauration de la transparence dans le système de recrutement dans la fonction publique et dans
l’acquisition des biens et services par l’État ;
• protection effective et adéquate des personnes qui fournissent des informations sur les actes de
corruption ;
• élaboration de lois et règlements qui découragent la corruption des agents publics nationaux et
étrangers ;
• participation de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) aux efforts
de prévention et de détection des actes de corruption ;
• élimination des opportunités de corruption dans les procédures de recouvrement des impôts ;
• déclaration des biens et des revenus des agents publics ;
• création d’organismes indépendants et spécialisés de lutte contre la corruption ;
• protection de la liberté de presse et du droit à l’information.

Le chapitre II de la
Convention des Nations
Unies contre la corruption Le chapitre II de la Convention des Nations Unies contre la
(articles 5 à 14) est entièrement corruption (articles 5 à 14) est entièrement consacré aux mesures
consacré aux mesures
préventives en matière
préventives en matière de corruption.
de corruption

25
Rapport Public d’activités 2014-2015

Cette Convention reprend toutes les mesures prescrites par le Protocole de la CEDEAO visées ci-
dessus et en préconise d’autres, comme :
• l’évaluation périodique des instruments juridiques et des mesures administratives en vue de
déterminer s’ils sont adéquats pour prévenir la corruption ;
• la coopération et le réseautage ;
• la participation à des programmes et projets internationaux visant à prévenir la corruption ;
• la diffusion des connaissances ;
• l’offre de programmes d’éducation et de formation ;
• l’élaboration des critères pour la candidature à l’élection à un mandat public ;
• la transparence dans le financement des élections ;
• les mesures pour renforcer l’intégrité des juges et des parquets afin de prévenir leur corruption ;
• la normalisation de la comptabilité dans le secteur privé ;
• les mesures visant à prévenir le blanchiment d’argent.
B.1.2 Initiatives relevant de l’OFNAC
Pour exercer la mission de prévention que la loi lui confère, l’OFNAC a établi un Plan d’action
intérimaire pour 2014 et un Plan stratégique 2015-2017 précisant, concrètement, les mesures qui seront
prises en matière de prévention de la corruption, conformément au référentiel ci-dessus, édicté par les
Conventions susvisées et auxquelles le Sénégal est partie.

Le Plan d’action de
l’OFNAC vise six objectifs Le Plan d’action de l’OFNAC vise six objectifs en matière de
en matière de prévention prévention de la corruption :
de la corruption

• faire connaître, par la sensibilisation, la mobilisation sociale et la communication, les mesures


de prévention prescrites par les Conventions précitées prises en compte par la législation
sénégalaise ;
• prendre des initiatives en vue de rendre ces mesures préventives effectives, par la formation,
l’éducation, la recherche-action, le plaidoyer, etc ;
• sensibiliser sur le danger que constitue la corruption sur le développement du Sénégal, la stabilité
politique et sociale, le maintien des acquis démocratiques et, en conséquence, aider les citoyens
à développer une nouvelle posture de rejet et de lutte contre la corruption, à la place de la
résignation et de l’acceptation tacite ;
• formuler des recommandations en vue de faire évoluer la législation sénégalaise, dans le sens
de la rendre entièrement conforme aux standards de la Convention des Nations Unies contre la
Corruption ainsi que de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la
corruption ;
• développer la culture de reddition des comptes et de l’imputabilité ;
• formuler des recommandations en vue d’adapter le droit sénégalais aux formes nouvelles de la
criminalité, dans le respect des libertés constitutionnelles.

Une auto-évaluation Une auto-évaluation récente a montré que la législation anti-


récente a montré que la corruption du Sénégal est bien arrimée à la Convention des Nations
législation anti-corruption du Unies contre la Corruption. Il en ressort qu’une grande partie des
Sénégal est bien arrimée à la
mesures de prévention préconisées par cette Convention sont prises en
Convention des Nations Unies
contre la Corruption compte. Les résultats de l’auto-évaluation devront faciliter l’élaboration
d’une stratégie nationale de lutte contre la fraude et la corruption.

26
Rapport Public d’activités 2014-2015

B.2 Missions et prérogatives en matière de détection en vue de la répression


de la corruption
B.2.1 Contenus dont la détermination relève de la responsabilité de l’État
En matière de répression de la corruption, la législation sénégalaise est relativement bien structurée.
L’annexe 6 donne le panorama du cadre juridique et le dispositif mis en place à cet effet. Le Code
pénal occupe une place centrale dans ce dispositif.
Le cadre juridique national est complété par les dispositions des conventions internationales,
notamment la CNUCC qui consacre à la répression de la corruption son chapitre III intitulé :
« Incrimination, détection et répression » (articles 15 à 42).
Ces textes fixent des mesures qui relèvent de la responsabilité de l’État et d’autres qui sont de la
compétence de l’Institution anti-corruption.
Les prérogatives de la responsabilité de l’État sont notamment :
- veiller de façon générale à la répression des actes de corruption ;
- s’appliquer à la répression d’agents publics nationaux, d’agents publics étrangers et de fonction-
naires d’organisations internationales publiques ;
- réprimer toutes les infractions connexes ou assimilées à la corruption visées par la Convention ;
- réprimer la corruption et les infractions assimilées ou connexes dans le secteur privé.
B.2.2 Initiatives découlant des actions de l’OFNAC

La répression de la La répression de la corruption est une chaîne d’actes de procédure


corruption est une chaîne qui, lorsque les faits sont constants, se terminent par la sanction
d’actes de procédure
qui, lorsque les faits
prononcée par le juge et l’exécution effective de ladite sanction. La
sont constants, se terminent mission de détection en vue de la répression de la corruption reconnue
par la sanction à l’OFNAC est constituée d’un ensemble d’actes de procédure limita-
tivement prévus par la loi, qu’on peut énumérer comme suit :

• recevoir des dénonciations ;


• recevoir des plaintes ;
• apprécier la pertinence des dénonciations et des plaintes pour n’en retenir que celles qui relèvent
de ses compétences ;
• s’auto-saisir s’il y a lieu ;
• procéder à des enquêtes et investigations pour constater les faits présumés de corruption ;
• établir, le cas échéant, un rapport et le transmettre au Procureur de la République.
Pour l’exécution de ces missions, l’article 3 de la loi du 28 décembre 2012 prescrit que l’OFNAC
peut :
- «entendre toute personne présumée avoir pris part à la commission de l’un des faits prévus au
1° de l’article 3 de la présente loi ;
- recueillir tout témoignage, toute information, tout document utile, sans que le secret professionnel
ne puisse lui être opposé ;
- demander aux banques et établissements financiers tout renseignement, sans que le secret bancaire
ne puisse lui être opposé».

27
Rapport Public d’activités 2014-2015

«L’OFNAC peut s’attacher les services de tout sachant susceptible de lui apporter son concours.
L’OFNAC entretient des relations de coopération avec les organismes nationaux et internationaux
similaires intervenant dans le domaine de la lutte contre la fraude, la corruption, les pratiques
assimilées et infractions connexes.
Dans l’exercice de leurs missions, les membres de l’OFNAC ne reçoivent d’instruction d’aucune
autorité».
De plus, l’article 13 de la même loi autorise l’OFNAC à se faire communiquer tout rapport
contenant des faits de fraude et de corruption.
En outre, l’article 14 de cette même loi dispose que : « A l’issue de ses investigations, si les
informations collectées et analysées font présumer de l'existence de l'une des infractions visées au
10 de l'article 3 de la présente loi, l'OFNAC transmet au Procureur de la République un rapport
accompagné des pièces du dossier.
La transmission du rapport au Procureur de la République dessaisit l'OFNAC ».
L’annexe 7 présente les intitulés des articles concernés de ladite Convention, lesquels renseignent
par eux-mêmes sur les types et la nature des contenus concernés.

Section 3 : Installation et Gouvernance interne de l’OFNAC


En vertu de son acte fondateur, l’OFNAC est une autorité administrative indépendante bénéficiant
d’une autonomie financière. Il présente aussi les caractéristiques d’une Institution de lutte contre la
corruption (ILC) conformément aux Principes de Jakarta (Annexe 8) qui régissent les Institutions
de cette catégorie.
Après l’examen des actions relatives à l’installation dont la mise en œuvre était impérative pour
l’exécution des missions de l’OFNAC, il sera étudié, dans le cadre de la Gouvernance interne,
l’organisation de l’Office, son fonctionnement, ses moyens d’intervention et son dispositif de contrôle
et de surveillance.
A. Installation
La loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 a consacré l’existence juridique de l’OFNAC. Cependant, la
fonctionnalité effective d’un organisme exige que de nombreuses contraintes soient levées pour passer
d’une existence juridique à une entité physique opérationnelle.
Avant toute activité, il était nécessaire, pour les membres, nommés le 31 décembre 2013, de prêter
serment pour satisfaire l’obligation fixée par la loi n°2012-30 qui en son article 10 rappelle les fortes
sujétions qui pèsent sur les membres et la nécessité de leur prestation de serment avant toute entrée en
fonction, en ces termes : « Les membres de l’OFNAC sont soumis à l’obligation de réserve et au
secret professionnel ».
Avant leur entrée en fonction, ils prêtent devant la Cour d’Appel de Dakar, siégeant en audience
solennelle, le serment dont la teneur suit : « Je jure solennellement de bien et fidèlement remplir la
fonction de membre de l’OFNAC en toute indépendance et impartialité, de façon digne et loyale et
de garder le secret des délibérations. »
En plus des exigences d’indépendance, d’impartialité et de discrétion qui pèsent sur les membres, la
prestation de serment présente un grand intérêt pour la validité des actes posés par les personnes sur
lesquelles pèse cette obligation.

28
Rapport Public d’activités 2014-2015

Au lendemain de la prestation de serment, le 27 mars 2014, le Président de la République a procédé


à l’installation officielle des membres de l’OFNAC dans leur fonction. En le faisant, il donne un signal
fort de la place et du rôle qu’il accorde à l’OFNAC dans sa politique d’instauration d’une Gouvernance
vertueuse.
Après l’installation des membres, le Chef de l’État a ordonné la mise à disposition de locaux adaptés
et a instruit les différentes instances gouvernementales d’appuyer l’Office.
Dans ce cadre, deux (2) véhicules et du mobilier de bureau ont été mis à la disposition de l’OFNAC ;
des ressources humaines ont également été affectées à l’Office.
Les Organisations de la société civile (OSC) ont, de leur côté, accompagné l’OFNAC et plaidé pour
la mise à disposition des moyens financiers nécessaires et suffisants pour l’accomplissement de sa
mission.
Les Partenaires techniques et financiers ont également bien compris tout l’enjeu lié à la problématique
de l’installation, et se sont accordés à fixer, après la création de l’OFNAC, un objectif essentiel : la
fonctionnalité de l’Institution.
Après l’affectation du siège, l’OFNAC a entrepris de mettre l’immeuble aux normes pour le rendre
conforme aux exigences de ses missions. Cela était d’autant plus nécessaire que la loi n° 2014-17 du
02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine venait de confier à l’Office la responsabilité de la
réception, du contrôle et de la conservation desdites déclarations.
Ainsi, pour une structure qui gère des informations sensibles classées confidentielles, voire secrètes,
comme les déclarations de patrimoine et les données issues des enquêtes, il était urgent, dans un
premier temps, de réaliser d’importants travaux pour assurer la sécurisation de l’immeuble.
Compte tenu de l’importance des investissements déjà consentis, l’OFNAC est en train de mener
des réflexions sur les modalités d’acquisition de l’immeuble abritant son siège.
Ensuite, il s’avérait indispensable, d’une part, d’élaborer une note d’orientation sur les Systèmes
d’Information (SI), en attendant d’avoir un schéma directeur et, de procéder à la mise en place du
réseau des SI pour une gestion efficace des données et des systèmes de gestion d’autre part.
L’OFNAC a pu rejoindre son siège, situé au 37 Avenue du Président Lamine Guèye, le 11 août
2014. Ce retard dans l’installation est essentiellement dû à l’insuffisance des ressources
financières qui lui étaient allouées.
Les travaux d’adaptation aux normes et de sécurisation de l’immeuble devaient être accompagnés d’un
contrôle d’accès strict pour garantir aux Sénégalais un service de qualité dont la base est la sécurité
des informations sensibles confiées et détenues par l’OFNAC.
Aujourd’hui, malgré la persistance de certaines contraintes, l’OFNAC est opérationnel et les résultats
présentés dans la partie « Réalisations et résultats de l’OFNAC » en constituent une parfaite illustration.
Les mesures internes qui ont été prises, conformément aux principes généraux du droit et de la gestion
publique, en vue d’une bonne organisation et d’un fonctionnement optimal des services en attestent
également.

29
Rapport Public d’activités 2014-2015

B. Gouvernance interne
La Gouvernance interne de l’OFNAC repose sur des principes qui animent son organisation et servent
de référentiel à son fonctionnement.
B.1. Principes
Une organisation est un ensemble multidimensionnel, un système constitué de plusieurs éléments
devant interagir de façon intelligente en vue d’atteindre un objectif.
Les principes qui gouvernent l’organisation et le fonctionnement de l’Office sont :
- la subsidiarité ;
- la séparation des fonctions incompatibles ;
- la coordination, la complémentarité et la surveillance.
La subsidiarité : c’est un principe de base dont la mise en œuvre repose sur la délégation de pouvoir
et sur la création de centres de responsabilités qui traitent et décident de toutes les questions relevant
de leurs compétences.
Toutefois, en cas de besoin, les centres de responsabilités peuvent bénéficier du principe de suppléance
qui traduit l’appui des autorités supérieures sur des questions dépassant les capacités des centres de
responsabilités. Ainsi, ce principe de subsidiarité dont l’application obéit à un souci d’efficacité,
procède de l’appropriation des objectifs de l’Office par les responsables concernés.
La séparation des fonctions incompatibles : elle garantit la protection des ressources et évite les
conflits d’intérêts, entre autres.
C’est pourquoi, dans l’agencement des services de l’Office, il est toujours tenu compte des activités
qui ne peuvent, en vertu de leur nature, être regroupées dans un seul centre de responsabilité. Dans
tous les cycles, il est porté une attention particulière sur les incompatibilités pour réduire les risques
et renforcer le contrôle et l’efficacité. Au niveau de l’exécution budgétaire par exemple, il s’imposait
de respecter le principe sacro-saint de la séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable. C’est
ce qui explique la présence d’un Agent comptable particulier chargé de la gestion financière et
comptable de l’Office, placé sous le contrôle technique du Ministère de l’Économie, des Finances et
du Plan,. Ce respect de la séparation des fonctions incompatibles rend possibles et efficaces les
contrôles.
La coordination, la complémentarité et la surveillance : la coordination, la complémentarité et la
surveillance des centres de responsabilité sont incontournables pour éviter les redondances et pour
créer une synergie entre les acteurs. C’est pourquoi, l’OFNAC a développé des cadres de rencontre et
de partage pour promouvoir et renforcer l’esprit d’équipe. Par exemple, le Comité de Direction
(COMDIR) est une instance de concertation, d’échanges et de prise de décisions regroupant,
périodiquement, tous les Chefs des centres de responsabilités.
La coordination et la complémentarité sont étroitement liées à la communication interne de l’OFNAC,
qui permet de décloisonner les services, de développer le sentiment d’appartenance à une même entité
et de partager des valeurs et des objectifs communs.
S’agissant de la surveillance, outre le contrôle hiérarchique permanent sur le personnel et sur leurs
actes, elle est assurée, d’une part, par l’Assemblée générale des membres qui est l’instance suprême
de concertation et de prise de décision et, d’autre part, par les Unités de contrôle de gestion et d’audit
interne, chargées de veiller à la transparence, à l’intégrité et à la performance, dans la Gouvernance
interne de l’Office.

30
Rapport Public d’activités 2014-2015

B.2. Organigramme (Annexe 9)


L’OFNAC comprend une Assemblée générale composée de douze (12) membres dont la Présidente
et le Vice-président. Les membres sont nommés par décret pour une période de trois (3) ans renouve-
lable une fois. Le renouvellement se fait par moitié tous les trois (3) ans.
Les critères de nomination, fixés par l’article 4 de la loi, imposent aux membres l’apolitisme, l’impar-
tialité, la neutralité, l’intégrité et la compétence, qualités exigées de tous les membres des Institutions
de Lutte contre la Corruption (ILC), conformément aux Principes de Jakarta.
Les membres bénéficient de l’inamovibilité, ainsi que de la protection pénale pendant l’exercice de
leur mandat. Ils sont soumis à l’obligation de réserve et au secret professionnel.
Pour appuyer les membres dans l’exécution des missions confiées par la loi, il est mis en place un
personnel opérationnel réparti dans les différents services.
La déclinaison de la vision au niveau organisationnel a débouché sur la création de cinq (5) Départe-
ments-métiers et d’un Département Gouvernance interne (DGI) qui gère tous les processus supports.
Des Comités et Commissions, instances de concertation et laboratoires de réflexion stratégique, sont
aussi créés. Les autres centres de responsabilités sont les Bureaux (Plaintes et dénonciations, Systèmes
d’information) et enfin, les Unités autonomes qui sont des instances de coordination, de
suivi-évaluation et de surveillance (Audit interne, Contrôle de gestion, Coordination des projets,
Communication, etc.).
B.3. Fonctionnement
L’Assemblée générale se réunit sur convocation de la Présidente ou à la demande du tiers des membres.
L’OFNAC adopte ses décisions à la majorité simple des membres présents. Toutefois, la majorité de
deux tiers (2/3) de ses membres présents est requise, lorsqu’il statue sur la transmission de dossier au
Procureur de la République.
Pour l’exécution de ses missions, l’OFNAC peut obtenir le concours des services de l’État mais
également celui de tout sachant susceptible de lui apporter son concours.
B.4. Moyens d’intervention
B.4.1 Ressources humaines
Dès son installation, en plus des quatre (04) agents de l’ancienne CNLCC, l’OFNAC a sollicité et
obtenu un renfort en personnel en provenance de l’Administration. Le choix a été fondé sur la
compétence et l’intégrité, avec un souci permanent de créer des équipes pluridisciplinaires au sein
desquelles, des cadres expérimentés côtoient de jeunes agents motivés et bien formés.
Le personnel de l’OFNAC est composé de trois types d’agent :
- des membres nommés par décret ;
- des opérationnels sous contrat à durée indéterminée (CDI) ;
- des agents prestataires de service.
Conscient de l’importance de disposer de ressources humaines de qualité et de les motiver, l’OFNAC
a très tôt développé une politique sociale basée sur l’amélioration des conditions de vie et la satisfaction
des besoins de ses agents. C’est dans ce cadre qu’il a été mis en place :
- un restaurant aménagé au mois d’août 2014, avec une subvention de l’OFNAC à hauteur de 50%
sur les dépenses de fonctionnement ;

31
Rapport Public d’activités 2014-2015

- une caisse de solidarité visant le raffermissement des liens de solidarité et d’entraide entre les
agents, en cas d’événement heureux (baptêmes, mariages, anniversaires) ou malheureux (maladies,
décès, sinistres…) ;
- une assurance-maladie, démarrée au mois de juin 2015, couvrant la prise en charge médicale et
pharmaceutique des agents et leurs familles à hauteur de 90%, les 10% restants étant à la charge de
l’employé.
Cette assurance maladie, souscrite auprès d’une compagnie d’assurance de la place, contribue à
l’émergence d’un climat social propice à l’obtention d’une bonne performance dans le travail.
À cela, il faut ajouter :
• une coopérative d’habitat créée en septembre 2015 ;
• un plan auto dont la mise en place est en cours de finalisation ;
• un code d’éthique et de déontologie élaboré en vue de la promotion d’une culture d’entreprise
avec des valeurs partagées.

B.4.2 Ressources matérielles et système d’information

Avec l’appui de l’État, des Partenaires techniques et financiers (PTF), notamment, la Banque mondiale
(BM), l’OFNAC a pu disposer de ressources matérielles pour être opérationnel.
C’est ainsi qu’à côté du siège et des véhicules évoqués plus haut, l’État a mis à la disposition de
l’Office, du matériel informatique. La BM a aussi fortement appuyé l’équipement informatique de
l’OFNAC.

Des efforts substantiels


Des efforts substantiels ont été consentis par l’Office pour la mise
ont été consentis par l’Office
pour la mise en place en place de ses systèmes d’information, essentiels pour une gestion
de ses systèmes d’information efficace de ses données et systèmes de gestion.

Aujourd’hui, malgré la persistance de certaines difficultés matérielles, l’OFNAC dispose de moyens


lui permettant d’exécuter correctement sa mission.

B.4.3 Ressources financières


Les crédits nécessaires au fonctionnement et à l’accomplissement des missions de l’OFNAC doivent
être autorisés par la Loi de finances de l’année et faire l’objet d’une inscription autonome dans le
budget général, conformément à l’alinéa 2 de l’article 20 de la loi du 28 décembre 2012 précitée.
Durant la période couverte par le présent Rapport, les crédits budgétaires alloués par l’État à l’OFNAC
étaient inscrits dans le budget de la Présidence de la République en violation de l’article 20 suscité.
Ainsi des dotations fractionnées s’élevant finalement à un milliard cent soixante quinze millions
(1 175 000 000) de francs CFA ont été allouées en 2014 et à un milliard six cent cinquante millions
(1 650 000 000) de francs CFA en 2015.
Celles-ci se présentent comme suit :

32
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tableau 1 : Crédits budgétaires alloués à l’OFNAC par l’État

DATE RÉFÉRENCES MONTANTS


29/10/2013 PGT/BT 256 100 000 000
10/12/2013 PGT/BT 278 187 600 000
TOTAL 2013 287 600 000
21/03/2014 PGT/BT 43 400 000 000
21/03/2014 PGT/BT 43 50 000 000
03/04/2014 PGT/BT 58 50 000 000
13/08/2014 PGT/BT 175 200 000 000
25/09/2014 PGT/BT 210 225 000 000
17/12/2014 BIS 250 000 000
TOTAL 2014 1 175 000 000
12/02/2015 PGT/BT 26 250 000 000
16/03/2015 PGT/BT 52 250 000 000
18/05/2015 PGT/BT 108 150 000 000
05/06/2015 PGT/BT 124 150 000 000
30/06/2015 PGT/BT 140 250 000 000
06/07/2015 PGT/BT 146 500 000 000
TOTAL 2015 1 550 000 000

Force est de constater que ces dotations fractionnées sont de nature à remettre en cause toutes les
initiatives de planification et de programmation budgétaires.

Les efforts de l’État


sont accompagnés par ceux Ces efforts de l’État sont accompagnés par ceux des PTF qui
des PTF qui ont contribué en 2015 ont contribué en 2015 pour trois cent soixante-six millions
pour trois cent soixante-six millions
cent soixante-seize mille dix-neuf
cent soixante-seize mille dix-neuf (366 176 019) francs CFA,
(366 176 019) francs CFA, dans le dans le cadre de programmes entrant dans leurs domaines
cadre de programmes entrant dans d’intervention.
leurs domaines d’intervention

Fort heureusement pour l’année 2016, les dispositions de l’alinéa 2 de l’article 20 de la loi portant
création de l’OFNAC ont été mises en œuvre avec la création d’une ligne budgétaire autonome,
autorisée dans le cadre de la Loi de finances 2016. C’est ainsi qu’un montant d’un milliard trois cent
quatre-vingt-dix-neuf millions (1 399 000 000) de francs CFA a été octroyé à l’Office. Cet acte
consacre l’autonomie financière réelle de l’OFNAC.
Ces efforts traduisent la volonté des Autorités politiques et l’engagement des Partenaires techniques
et financiers à accompagner l’OFNAC afin de lui permettre de s’installer dans de bonnes conditions
et d’exécuter ses missions avec toute l’efficacité requise. Il y a lieu de noter cependant que cette
enveloppe budgétaire de l’année 2016 marque une baisse de deux cent cinquante et un millions
(251 000 000) de francs CFA par rapport à 2015. Or, il est aujourd’hui nécessaire de revoir à la hausse
les moyens financiers de l’OFNAC afin de lui permettre d’augmenter l’effectif des enquêteurs et des
préventionnistes.
Les partenaires suivants ont soutenu l’OFNAC : la Délégation de l’Union européenne (DUE), la
Banque mondiale (BM), le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale de l’Office
des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), le Programme des Nations Unies pour le

33
Rapport Public d’activités 2014-2015

Développement (PNUD), la Coopération canadienne, Open Society Initiative in West Africa (OSIWA),
l’Agence des États-Unis pour le Développement international/ Programme Gouvernance et Paix
(USAID/PGP).
Toutefois, compte tenu du nombre important des composantes de son cœur de métier (prévention,
enquêtes et investigations, déclaration de patrimoine, recherche-action, audit et vérification), il serait
utile que l’État et les Partenaires renforcent les moyens d’action de l’Office pour optimiser son
efficacité. En effet, outre la lutte contre la corruption, l’OFNAC est également chargé de la lutte contre
la fraude sous toutes ses formes. Cela est d’autant plus nécessaire que les résultats obtenus dans la
lutte contre la corruption impactent positivement l’économie. Les effets directs pourraient être mesurés
à travers la réduction perceptible des pratiques irrégulières sur les deniers publics et les recouvrements
éventuels que le Trésor pourrait effectuer à la suite des enquêtes menées par l’Office. L’effet indirect
se traduit par le relèvement de l’appui des PTF à notre pays sur la base des avancées dans la lutte
contre la corruption et constitue un élément important d’éligibilité à certains fonds.
Par ailleurs, le statut de l’OFNAC, marqué par l’autonomie financière, exige l’existence de ressources
propres, afin de garantir l’indépendance et la crédibilité de l’Office. C’est pourquoi, il serait souhaitable
que l’OFNAC soit destinataire d’un certain pourcentage sur les avoirs recouvrés, sur la base de ses
travaux d’enquête, d’investigation, d’audit et de vérification et sur certains fonds destinés à la lutte
contre la corruption ainsi que ceux dédiés à l’équipement de certaines régies financières, chargées,
entre autres, de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale.

Recommandation n° 1
Renforcer les moyens financiers de l’OFNAC, notamment en prenant les mesures
appropriées, afin de lui permettre de percevoir un certain pourcentage sur les avoirs
recouvrés à l’issue de ses travaux d’enquête, d’investigation, d’audit et de vérification,
d’une part, et sur certains fonds destinés à la lutte contre la corruption, la fraude et
l’évasion fiscale ainsi que ceux dédiés à l’équipement de certaines régies financières,
d’autre part.

B.5. Dispositif de surveillance et de contrôle


Pour assurer un fonctionnement correct de ses services et atteindre les objectifs fixés, l’OFNAC a
développé des contrôles permanents sur les activités et sur les agents.
Le souci d’un contrôle efficace est déjà présent dans la mise en œuvre du principe de séparation des
fonctions incompatibles comme celles d’ordonnateur et de comptable. Le contrôle hiérarchique vient
renforcer ce souci d’efficacité, les agents étant directement encadrés et surveillés par leur supérieur
immédiat qui s’assure de leur assiduité au travail et de la qualité de leur production. À côté du contrôle
de l’assiduité effectué par le supérieur hiérarchique direct, s’exerce un autre contrôle à un niveau
central, avec la mise sur pied d’un dispositif électronique de gestion du temps de présence
des agents au service. Ce dispositif est un élément important du système de gestion dénommé
« Surveillance de l’assiduité, de la présence et de la performance ».
Le contrôle sur les activités bénéficie aussi du travail de l’Audit interne qui confère un niveau
d’assurance élevé sur la pertinence des procédures et veille au respect des règles nécessaires pour une
gestion performante et transparente.

34
Rapport Public d’activités 2014-2015

Le dispositif de contrôle mis en place s’exerce pour s’assurer de la conformité des produits aux
principes et normes en vigueur dans le domaine concerné. Le management de la qualité assure à
l’Office une amélioration continue de la qualité de ses services. Cette aptitude à réaliser, sans cesse,
des travaux de qualité, est indispensable dans un environnement en constante mutation et avec des
exigences toujours plus élevées.
Dans l’univers des Institutions de Lutte contre la Corruption, le management de la qualité est
incontournable, les pratiques étant strictement encadrées par des normes dont le respect détermine la
crédibilité et l’acceptabilité des productions.
C’est pourquoi, il était pertinent pour l’OFNAC de mettre en place un système de contrôle qualité
efficace, à travers notamment le Comité de Lecture, le Comité Budget et Finance, le Comité juridique,
les ateliers ou groupes de travail ad hoc organisés par le Cabinet, consacrés au contrôle de la qualité
de certains rapports ou autres documents à caractère financier, administratif ou technique, ainsi que
l’avis sollicité d’experts sur certaines questions.
Pour chaque type d’activité, il est précisé les critères qui déterminent l’acceptabilité ou non des
réalisations.
Pour une Institution anti-corruption, le référentiel servant de
Pour une Institution
anti-corruption, le référentiel
cadre des critères pour la validation des productions est
servant de cadre des critères toujours pluriel : il comprend les lois et règlements internes, les
pour la validation des productions conventions internationales auxquelles le Sénégal est partie, ainsi
est toujours pluriel que les principes et normes régissant les pratiques des Institutions
similaires.
La gestion de la qualité exige aussi une identification et un management des risques liés à l’activité
et pouvant empêcher la réalisation d’un service de qualité. C’est ce qui explique l’importance du
rôle du contrôle de gestion qui aide, entre autres, à l’élaboration d’une cartographie des risques.
L’identification des risques constitue la première étape pour la mise en place des moyens de contrôle
(maîtrise des risques) afin de garantir l’atteinte des résultats fixés.
Le management de la qualité au sein de l’OFNAC est une fonction support, dans la mesure où il est
présent dans tous les cœurs de métiers de l’Office.
En effet, toutes les activités de l’OFNAC sont soumises à un
Toutes les activités de encadrement permettant de veiller à des productions de
l’OFNAC sont soumises à un qualité. L’examen de la conformité se fait toujours sur la base de
encadrement permettant de veiller référentiels. Dans ces cadres normatifs se trouvent des règles
à des productions de qualité
définissant les exigences à satisfaire pour asseoir la crédibilité de
l’Institution, son indépendance et la qualité de ses produits.
À titre d’illustration, la loi portant création de l’OFNAC, après avoir consacré l’indépendance de
l’Office, soumet ses membres à la formalité de la prestation de serment afin de garantir l’impartialité,
l’objectivité et la discrétion nécessaires à l’exercice efficace de leurs fonctions. Ces éléments participent
de l’exercice d’un contrôle qualité et mettent notre pratique en conformité avec les normes internatio-
nales.
Les principes et valeurs fixés par la loi portant création de
Les principes et valeurs
fixés par la loi portant création
l’OFNAC sont prolongés par un Code de déontologie et
de l’OFNAC sont prolongés par d’éthique qui consacre des valeurs partagées par les membres et
un Code de déontologie et le personnel opérationnel. Ces valeurs partagées constituent le socle
d’éthique qui consacre
des valeurs partagées de tout service de qualité et servent en même temps de cadre de
référence à la pratique professionnelle à l’OFNAC.

35
Rapport Public d’activités 2014-2015

Les différents niveaux d’exercice du contrôle au sein de l’OFNAC sont :


- l’Assemblée générale des membres ;
- les Centres de responsabilités (Département Prévention et Mobilisation sociale (DPMS),
Département Enquêtes et Investigations (DEI), Département Déclaration de Patrimoine (DDP),
Département Audit et Vérification (DAV), Département Étude-Recherche-Reddition des
Comptes et Qualité (DERREQ), Bureau des Systèmes d’Information (BSI), Bureau des Plaintes,
Dénonciations et de l’Administration de la Hotline (BPD) ;
- les Comités (Comité de Direction, Comité de Lecture, Comité juridique, Comité de Planification
et de Reddition de comptes, Comité de Traitement et d’Analyse des Plaintes et Dénonciations,
Comité de Suivi de l’application de la Convention des Nations Unies contre la Corruption et des
autres Conventions, Comité d’Éthique et de Déontologie, Comité Finance et Budget, Comité de
Recouvrement des Avoirs, etc.);
- le Service d’Audit interne ;
- le Contrôle de Gestion ;
- le Cabinet de Madame la Présidente.
En dehors du contrôle exercé par l’Assemblée générale des membres, les autres niveaux de
contrôle relèvent de procédures internes mises en place à l’initiative de Madame la Présidente
de l’OFNAC pour disposer d’un niveau d’assurance qualité élevé sur les résultats produits. Ainsi,
après le contrôle direct et la validation du supérieur hiérarchique immédiat qui vérifie, entre autres, le
respect des procédures en vigueur, les travaux sont transmis, selon leur nature, au Comité compétent,
avant le contrôle du Cabinet.
Pour certaines matières, après la validation de Madame la Présidente de l’OFNAC, le dernier contrôle
est effectué par l’Assemblée générale des membres.
Le contrôle exercé par l’Assemblée générale des membres trouve son fondement dans la loi
n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC. C’est ainsi que cette instance
procède à un contrôle à travers les actes suivants :
1- en matière d’enquête, l’Assemblée générale des membres examine et décide de la transmission
ou non, des rapports à l’Autorité judiciaire compétente. À l’occasion de ses travaux, l’Assemblée
contrôle tous les éléments de nature à garantir la qualité dans les dossiers qui lui sont soumis et
vérifie si les éléments collectés et analysés par les enquêteurs font présumer de l’existence
d’infractions pénales pour donner sa position (articles 11 et 14 de la loi précitée) ;
2- en matière budgétaire, l’Assemblée générale approuve le projet de budget et toutes les modifica-
tions en cours d’exercice. Elle arrête également le budget clos et approuve la situation d’exécution
budgétaire. Le contrôle budgétaire, en cours d’année, est une modalité de s’assurer de l’efficacité
et de la pertinence de la dépense publique. Il est également un moyen de vérification des résultats
atteints et du niveau de respect de l’autorisation budgétaire ;
3- l’Assemblée générale approuve tous les documents stratégiques après avoir pris connaissance de
toutes les orientations pertinentes pour l’exécution efficace des missions de l’OFNAC.
Ces niveaux de contrôle prévus par la loi ou institués par une logique interne de gestion permettent
d’évaluer les produits de l’OFNAC sur la base de critères préétablis.

36
Rapport Public d’activités 2014-2015

En outre, pour l’exécution de ses missions, l’OFNAC a


Pour l’exécution de ses missions, développé une approche par les résultats qui place le citoyen
l’OFNAC a développé une approche au cœur de ses préoccupations. La mise à la disposition de
par les résultats qui place le citoyen
au cœur de ses préoccupations
service de qualité pour la satisfaction des citoyens demeure, en
effet, le souci constant dans cette approche.

Cette démarche axée sur les résultats qui est un élément de la gestion de la qualité exige un
management de type participatif dans lequel toutes les ressources humaines sont impliquées dans le
travail, avec une bonne compréhension des objectifs et une maîtrise des risques.
À côté du contrôle exercé à l’interne, il existe des contrôles qualité externes sur les travaux de
l’OFNAC. Il s’agit de :
- l’évaluation par les pairs, notamment avec le mécanisme institué par les Nations Unies pour
contrôler le niveau d’application de la Convention des Nations Unies contre la Corruption
(CNUCC). Toutefois, au-delà de l’Institution anti-corruption, ce contrôle s’étend à l’environnement
global (cadre juridique national, cadre institutionnel et politique, etc.) ;
- les audits externes commandités par l’OFNAC pour s’assurer de la qualité de ses travaux dans
toutes les composantes de son cœur de métier ou, uniquement, dans certaines activités ciblées ;
- le contrôle exercé par l’Autorité politique et les citoyens à travers le Rapport public.

Lorsque, l’évaluation Le contrôle qualité externe peut déboucher sur la marginalisa-


par les pairs, dans le cadre tion de l’Institution responsable, ou même de l’État concerné.
du mécanisme d’examen institué par la En effet, lorsque, par exemple, l’évaluation par les pairs,
Conférence des États parties révèle des écarts
importants par rapport à la CNUCC
dans le cadre du mécanisme d’examen institué par la
et que les mesures correctives ne sont pas prises, Conférence des États parties révèle des écarts impor-
le risque est le discrédit de l’organisme de tants par rapport à la CNUCC et que les mesures
lutte contre la corruption et la correctives ne sont pas prises, le risque est le discrédit de
marginalisation de l’État
l’organisme de lutte contre la corruption et la marginalisa-
tion de l’État.

C’est pourquoi, chaque fois que dans un État, l’Institution chargée de lutter contre la corruption n’est
pas indépendante ou ne dispose pas de suffisamment de moyens, la Communauté internationale émet
un doute sur la volonté politique et les efforts consentis pour lutter contre la corruption.
Il apparaît ainsi que la non-satisfaction des exigences fixées par la Convention des Nations Unies
contre la Corruption peut impacter négativement l’image d’un État.
Le contrôle qualité effectué par les pairs porte donc sur l’environnement global et sur les caractéris-
tiques essentielles qui doivent permettre à l’Organisme de lutte contre la corruption, d’exercer ses
attributions en toute objectivité et sans influence. Il s’agit ici d’un contrôle supérieur qui s’exerce sur
des mesures qui relèvent, pour l’essentiel, de la compétence des États.

37
Rapport Public d’activités 2014-2015

Guidé par sa vision En accordant à l’OFNAC un statut juridique marqué par l’indépen-
articulée autour des quatre
cultures rappelées plus haut, dance et en offrant à ses membres des garanties assorties de fortes
l’OFNAC a obtenu des résultats sujétions, le Président de la République et le législateur ont satisfait
validés par le dispositif de contrôle un critère déterminant dans la mise à disposition de services de qualité
qualité dans ses différents dans la lutte anti-corruption.
Programmes
Guidé par sa vision articulée autour des quatre cultures rappelées
plus haut, l’OFNAC a obtenu des résultats validés par le dispositif de
contrôle qualité dans ses différents Programmes.

38
DEUXIÈME PARTIE :

RÉALISATIONS ET RÉSULTATS DE L’OFNAC

Se fondant sur sa vision, l’OFNAC a inscrit son action dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats
et décliné ses axes stratégiques en domaines d’intervention correspondant à ses différents programmes.
40
Chapitre I

PROGRAMME ÉLABORATION
DU PLAN STRATÉGIQUE

L
a planification stratégique est l’exercice par lequel une organisation se projette dans le temps
pour réaliser sa vision à moyen et long termes. Elle est articulée, d’une part, autour de l’examen
des contraintes et priorités, forces et faiblesses et, d’autre part, sur l’exposé exhaustif des
ressources humaines, matérielles, techniques et financières en vue de l’atteinte des objectifs fixés et
appréciés à partir d’indicateurs de résultats et d’impacts.
La planification stratégique est un moment de réflexion sur les missions et exige donc la maîtrise
d’éléments internes à l’organisation et la connaissance des réalités et contraintes de l’environnement.
Elle est, pour l’organisation, un puissant facteur d’intégration et de mobilisation sociale, en ce qu’elle
permet aux différents acteurs, dans et hors de l’organisation, de comprendre et de s’approprier la
vision, les missions et les objectifs de l’entité. La planification stratégique responsabilise aussi chaque
acteur en précisant le rôle qui lui est attribué et en définissant les cadres de reddition de comptes.
En outre, le Plan stratégique réalise l’articulation de l’organisation à la vision et à l’orientation politique
et l’arrime aux préoccupations et attentes des citoyens. C’est donc un moment privilégié pour placer
le citoyen au cœur de ses priorités, évaluer l’ensemble des risques liés aux activités envisagées par
l’organisation et dégager des moyens pour leur maîtrise.
Par conséquent, il constitue le document par lequel l’Office décline sa mission et fixe ses engagements
devant les Autorités publiques et les citoyens.

Section 1 : Importance et intérêts pratiques de la stratégie


d’intervention
La stratégie d’intervention varie selon la nature de l’organisme considéré.
Les Organisations de la société civile privilégient le travail de terrain et de proximité, notamment : la
sensibilisation, le contact permanent avec les citoyens, le plaidoyer, le rôle de contre- pouvoir, d’alerte
de l’opinion nationale et internationale, etc.
Les Organisations de type judiciaire ou juridictionnel (juridictions spécialisées, parquets spécialisés,
etc.) procèdent à des enquêtes, investigations selon les procédures judiciaires, avec la prédominance
de l’approche répressive.

41
Rapport Public d’activités 2014-2015

Les Organisations de type gouvernemental (département ministériel, structure officielle anti-


corruption, etc.) contribuent à la mise en œuvre de la politique gouvernementale et s’appuient sur les
administrations publiques pour intervenir.
La stratégie permet d’adapter l’intervention aux résultats attendus et de mesurer la valeur ajoutée de
l’organisme concerné à son environnement. La valeur ajoutée est la principale différence entre des
organisations partageant les mêmes objectifs globaux.
La stratégie d’intervention de l’OFNAC pose aussi le problème de la conciliation entre l’exigence
de confidentialité et la nécessaire sensibilisation qui vise à mettre l’Office en phase avec les
préoccupations de la population.
Compte tenu de tout ce qui précède, l’OFNAC a développé des stratégies différentes adaptées à la
nature des activités concernées.
Section 2 : Stratégies d’intervention de l’OFNAC
L’OFNAC est investi de plusieurs missions correspondant à des stratégies d’intervention différentes :
- la prévention et la mobilisation sociale rapprochent l’OFNAC des organisations de la société civile
et de leurs stratégies d’intervention ;
- les enquêtes, les investigations et le pouvoir d’auto-saisine rapprochent l’OFNAC des organismes
judiciaires ou juridictionnels ;
- les Études et la Recherche-action rapprochent l’OFNAC des organismes de recherche des
universités et des centres de recherche sectorielle.

Section 3 : Socle de la démarche stratégique de l’OFNAC


La démarche stratégique de l’OFNAC repose sur son ouverture et sa volonté de travailler en synergie
avec tous les acteurs intervenant de près ou de loin dans la lutte contre la fraude et la corruption.
C’est ainsi que l’OFNAC, en partenariat avec le PNUD, a organisé un Atelier de Planification des
Actions stratégiques (APAS) pour la période 2015-2017, les 05 et 06 février 2015, à Dakar.
À cet Atelier, étaient conviés divers acteurs stratégiques de la prévention et de la lutte contre la fraude
et la corruption. Des autorités religieuses et coutumières, des structures gouvernementales, des
partenaires techniques et financiers, des acteurs culturels, des organisations syndicales et de la société
civile et des acteurs de la communication ont participé à ces travaux.
Cette approche inclusive de l’OFNAC est dictée par le souci d’avoir des débats enrichissants regroupant
tous les acteurs impliqués dans la prévention et la lutte contre la corruption.

Section 4 : Axes stratégiques


Il est ressorti des travaux de l’Atelier un Plan d’action triennal qui repose sur sept (07) axes
stratégiques :
• la formation et le renforcement de capacités ;
• la prévention et la communication sociale ;
• la réception et le traitement des plaintes et dénonciations ;
• les enquêtes et investigations, les audits et vérifications ;
• la réception, le contrôle et la conservation des déclarations de patrimoine ;

42
Rapport Public d’activités 2014-2015

• la promotion de la coopération nationale, régionale et internationale ;


• la bonne gouvernance stratégique et opérationnelle et la recherche-action.

Section 5 : Valeur ajoutée de la démarche inclusive initiée dans le cadre


du Plan stratégique 2015-2017
En associant tous les acteurs impliqués dans la lutte contre la fraude et la corruption à la déclinaison
opérationnelle de sa vision et de son approche stratégique, l’OFNAC cherchait à partager sa démarche,
en vue d’asseoir une compréhension commune de ses missions et des moyens de leur mise en œuvre
programmatique.
Après deux journées d’échanges fructueux, le projet de Plan stratégique de l’OFNAC a été enrichi de
l’expertise et de l’expérience des participants venus de divers segments de la société ; il en a surtout
résulté une appropriation de son contenu. Il s’y ajoute que cette vision partagée de la manière dont
l’Office compte aborder la délicate question de la corruption a établi les prémices d’une alliance
anti-corruption des acteurs.
Un cadre de concertation a alors été mis en place et a permis, moins de trois mois après, de procéder
à l’auto-évaluation de l’application, par le Sénégal, de la CNUCC, dans le cadre de deux ateliers élargis
à d’autres intervenants.
C’est ce même cadre de concertation qui porte le projet d’élaboration d’une stratégie nationale de lutte
contre la corruption.
Au total, le leadership de l’OFNAC en matière de prévention et de lutte contre la fraude et la corruption
a été confirmé, sa vision partagée et les bases d’un cadre de concertation jetées.
Par ailleurs, des accords de partenariat entre l’Office et certains acteurs de la société civile, des
collectivités locales, du secteur privé et de l’administration publique sont présentement en cours
d’élaboration. C’est dans ce cadre que s’inscrit le partenariat avec la Coalition du Secteur privé
contre la Corruption, pour l’organisation d’activités communes comme la célébration de la journée
internationale de lutte contre la corruption le 09 décembre 2015.

43
44
Chapitre II

PROGRAMME GESTION DES PLAINTES


ET DÉNONCIATIONS

L
’efficacité d’un organisme public ayant pour vocation de satisfaire les populations et les acteurs
économiques (publics et privés), dans un domaine aussi sensible que la lutte contre la fraude
et la corruption, dépend, au premier chef, de son accessibilité. Pour l’OFNAC, l’accessibilité
s’apprécie au regard de quatre (4) paramètres, au moins :
- la disponibilité, la facilité et la gratuité d’accès ;
- l’écoute et la capacité de l’agent (du service) d’apporter des réponses claires, justes et appropriées,
jusqu’à la fin de la procédure initiée ;
- la fonctionnalité des outils de communication en place ;
- la délivrance de courriers périodiques permettant l’information du plaignant sur le niveau de
traitement du dossier.
Aux fins d’assurer la maîtrise et la durabilité de ces paramètres, l’OFNAC a mis en place un système
comprenant deux volets : un volet organique et un volet opérationnel.

Au plan organique, deux instances ont été mises en place pour


Au plan organique, gérer les plaintes et dénonciations :
deux instances ont été mises
en place pour gérer - le Bureau Plaintes, Dénonciations et Administration
les plaintes et dénonciations de la hotline (numéro vert) (BPD) ;
- le Comité de Traitement et d’Analyse des Plaintes
(CTAP).

Le BPD a été installé depuis le mois d’août 2014. Il est chargé :


• de la réception des plaintes et dénonciations des personnes physiques ou morales ;
• de la mise en état du dossier (résumé, liste des pièces du dossier, etc.) ;
• du suivi du retour d’information fait au plaignant sous la forme d’une lettre explicative ou d’un
accusé de réception.

45
Rapport Public d’activités 2014-2015

Le CTAP a été mis sur pied pour :


• procéder à une analyse des plaintes et dénonciations ;
• faire des notes techniques sur les dossiers ;
• donner des avis sur les plaintes et dénonciations examinées.
Au plan opérationnel, le fonctionnement du système est rattaché à sept plateformes de services :
• le site web institutionnel installé au mois d’août 2014 et qui comporte un formulaire électronique
de dépôt des plaintes et dénonciations ;
• le numéro vert (800 000 900), installé au mois de septembre 2014, disponible les jours ouvrables,
de 08 h à 17 h ;
• l’application Mobile, téléchargeable gratuitement sur App Store, Play Store ;
• le courrier postal ;
• le fax ;
• le courrier électronique ;
• le SMS.
Au terme d’une période de quinze mois (août 2014-novembre 2015), les données globales sur les
plaintes et dénonciations, recueillies auprès de cette plateforme, ont fait l’objet d’une analyse qui
fournit, déjà, un important flux d’informations.

Section 1 : Présentation des plaintes et dénonciations


A. Le numéro vert
Le tableau et la figure ci-dessous renseignent sur le nombre de plaintes et dénonciations
reçues via le numéro vert qui a été mis en place au moment de l’installation du siége de
l’OFNAC, au mois d’août 2014 (ce qui explique l’absence de plaintes et dénonciations
enregistrées en 2013). Cependant, une appréciation comparative pourra être faite à la fin
de l’année 2016.
Tableau 2 : Situation des plaintes et dénonciations reçues via le numéro vert de 2013 à 2015

ANNÉES 2013 2014 2015 TOTAL

Plaintes N° vert 0 33 78 111

46
Rapport Public d’activités 2014-2015

B. Le site web institutionnel, le courrier postal et les autres plateformes de type


électronique
Les données des autres plateformes électroniques et standards telles que le site web, le courrier
électronique, l’application mobile et le courrier postal sont présentées suivant les critères ci-dessous :
• mode de saisine ;
• compétence de l’OFNAC ;
• domaine du conflit ;
• parties en conflit ;
• nature des institutions visées ;
• genre du plaignant ou dénonciateur ;
• région d’origine de la plainte ou dénonciation.
Chacune de ces rubriques fait l’objet d’un tableau de synthèse commenté.

Section 2 : Données suivant le mode de saisine


L’OFNAC peut être saisi d’une plainte ou d’une dénonciation par toute personne physique ou morale.
Cette saisine peut se faire par lettre (courrier postal ou dépôt physique), par courrier électronique, par
appel sur le numéro vert ou par SMS.
Le tableau et la figure ci-dessous présentent le nombre de plaintes et de dénonciations reçues selon
les différents modes de saisine (lettre, appel sur le numéro vert, courrier électronique via l’application
mobile ou le site web).
Le seul mode de saisine disponible en 2013 était le courrier postal ou le dépôt physique.

Tableau 3 : Nombre de plaintes et dénonciations, selon le mode de saisine, de 2013 à 2015

MODE DE
SAISINE
Entre 2014 et Lettre Numéro E-mail Application E-mail TOTAL
2015, l’OFNAC
Vert Mobile Site Web
a reçu et traité
310 plaintes et ANNÉES
dénonciations
auxquelles 2013 10 0 0 0 10
il faut ajouter les
10 autres héritées
de la CNLCC). 2014 78 33 0 7 118
Soit au total à
320 plaintes et 2015 86 78 1 27 192
dénonciations

TOTAL 174 111 1 34 320

47
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 2 : Nombre de plaintes et dénonciations, selon le mode de saisine, de 2013 à 2015


La progression de la saisine par lettre de 2014 à 2015, n’a pas été significative en raison de l’utilisation
plus fréquente du numéro vert et de la messagerie du site web. Par conséquent, le numéro vert a
enregistré une nette progression, le nombre d’appels ayant plus que doublé entre 2014 et 2015. Le site
web a également enregistré une hausse pendant la même période, passant de 7 à 27 plaintes.

Section 3 : Données suivant le critère de compétence de l’OFNAC


Cette analyse ne concerne que les plaintes physiques.

Année Total des Compétence Compétence % OUI % NON


plaintes de de sur Total sur Total
reçues l’OFNAC l’OFNAC plaintes plaintes
Les plaintes (OUI)
et dénonciations
(NON)
qui relèvent de
la compétence 2013 10 6 4 60 40
de l’OFNAC
représentent
58,82% en 2014
2014 85 50 35 58,82 41,18
et 68,42% en 2015
2015 114 78 36 68,42 31,58

TOTAL 209 134 75 64,11 35,89

Tableau 4 : Plaintes suivant le critère de compétence de l’OFNAC


- Les données 2013 concernent des plaintes héritées de la CNLCC.
- Le OUI (c'est-à-dire compétence de l’OFNAC) a représenté 58,82% en 2014 et 68,42% du total en
2015. Cette évolution positive est à rattacher à deux facteurs :

48
Rapport Public d’activités 2014-2015

1. la bonne mise en œuvre des paramètres déjà évoqués : disponibilité, gratuité, écoute mais surtout
le bon retour d’information aussi bien pour le plaignant pris individuellement que pour le ou les
groupes vis-à-vis desquels le dossier présente un intérêt. En effet, avec le retour d’information, il
se crée une démultiplication qui peut toucher un nombre très élevé de citoyens pour des raisons
diverses : appartenance familiale, profession, curiosité intellectuelle, émissions radios ou télévisions,
correspondances d’information post-contentieux, etc. ;
2. la bonne exécution des programmes de sensibilisation et d’information. Elle s’est traduite, sur la
séquence 2014-2015, par la baisse des recours inappropriés et donc irrecevables. La poursuite de
l’effort, sur ce volet de la mission de l’Office, permettra d’obtenir une meilleure concentration de
l’effort des ressources humaines sur des sujets appropriés et dignes d’intérêt.

Section 4 : Données suivant la nature du conflit


L’examen des plaintes physiques/dénonciations et appels téléphoniques suivant le domaine du
conflit à la date du 11/11/2015 :

DOMAINE DU CONFLIT 2013 2014 2015 TOTAL


Affichage publicitaire 1 1
Agriculture 5 5
Art / Musique 1 1
Commerce 1 7 14 22
Culture / Sport 2 2
Économie / Finance 12 7 19
Éducation / Formation 4 16 20
Emploi / Travail 1 17 13 31
Énergie 1 2 9 12
Environnement / Ressources naturelles 2 1 3
Social/conflits de famille 1 10 14 25
État civil 1 4 5
Fiscalité 3 7 10
Foncier 5 16 25 46
Industrie 1 1
Marché public 1 5 6
Santé 4 4 8
Technologies de l’Information et de la Communication 2 4 6
Transport/Sécurité publique 7 24 31
Pêche 1 1 2

49
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tableau 5 : Plaintes suivant la nature du conflit


• L’analyse des données révèle une forte récurrence des conflits fonciers représentant environ 18%
des plaintes reçues dans la période. Pour la plupart, il s’agit de plaintes collectives formulées par
des associations portant plusieurs membres (collectifs, coopératives d’habitat, etc.).
Au regard des initiateurs, les victimes sont en majeure partie des agents de l’État, des travailleurs
du secteur privé, formel et informel. À côté des questions foncières, les domaines les plus
conflictogènes concernent les secteurs du transport terrestre, de la sécurité publique (Police,
Gendarmerie), de l’emploi et du travail.
Pour les conflits fonciers, il faut préciser que les plaintes indiquées sur le tableau reflètent mal le
nombre de plaignants dans ce domaine. En effet, dans plusieurs plaintes reçues par l’OFNAC sur
cette matière, il y a des centaines de citoyens qui se sont constitués en collectif ou coopérative
d’habitat. Les plaintes sont alors déposées par le responsable désigné qui agit en leur nom.

• Sur l’ensemble des plaintes reçues, cinq (05) domaines sont marqués par leur sensibilité. Il s’agit :
- du Foncier (46) ;
- du Transport/Sécurité publique (31) ;
- de l’Emploi/Travail (31) ;
- du Social/conflits de famille (25) ;
- du Commerce (22) ;
- de l’Éducation/Formation (20).

Section 5 : Données suivant les parties en conflit


PARTIES EN CONFLIT

N° PARTIES EN CONFLIT 2013 2014 2015 TOTAL


D’ORDRE
1 Particulier / Particulier 1 25 52 78
2 Administration / Particulier 5 45 83 133
3 Organisme privé / Collectivité locale 1 21 23 45
4 Particulier /Collectivité locale 2 9 19 30
5 Particulier / Autre organisme public 1 1
6 Particulier / Personne morale privée 2 6 8
7 Organisme privé / Organisme privé 1 10 14 25
TOTAL 10 112 198 320

50
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tableau 6 : Plaintes suivant les parties en conflit


L’examen de la qualité des parties en conflit révèle que les plaintes mettant en cause les structures
publiques sont les plus récurrentes. Pour les organismes publics, l’Administration vient en tête avec
133 plaintes, suivie des Collectivités locales (75 plaintes).
• Les conflits entre particuliers ont fait l’objet de 78 plaintes.
• Il convient de remarquer que le tableau ci-haut ne recoupe pas le tableau de synthèse des plaintes,
car ce dernier intègre des formes de dénonciations n’entrant pas dans le champ de compétence
de l’OFNAC et qui ne sont pas prises en compte dans la répartition « parties en conflit ».
• Les conflits à caractère privé représentent 111 cas sur un total de 320, soit 34,68%.
• Cependant, si l’on agrège les catégories du secteur public (administration-particulier / particu-
lier-personne morale publique/ particulier-autre organisme public - organisme public/collectivité
locale - particulier/ collectivité locale) qui englobent toutes les personnes morales de droit public,
les plaintes concernant le secteur public représentent 209 cas sur un total de 320, soit 65,31%.

Section 6 : Données suivant la nature des institutions visées

INSTITUTIONS 2013 2014 2015 TOTAL


Agences 0 0 7 7
Ambassades et Consulats 0 1 1 2
Assemblée nationale 0 1 0 1
Autres Organismes publics et parapublics 1 1 0 2
Collectivités locales 2 26 22 50
Établissements bancaires 0 1 2 3
Établissements publics 1 19 50 70
Établissements financiers 0 2 2 4
Hôpitaux 0 4 3 7
Institutions judiciaires 0 1 5 6
Ministères 6 53 76 135
Autres 0 1 2 3
Présidence de la République 0 2 2 4
Sociétés nationales 0 1 10 11
Sociétés privées 0 5 8 13
Universités 0 0 2 2
TOTAL 10 118 192 320

51
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tableau 7 : Plaintes suivant les Institutions visées

Fig. 3

• Les Ministères occupent la première place : 135 cas sur 320, soit 42,18%.
• Les Établissements publics arrivent avec 70 cas sur 320, soit 21,87%.
• Les Collectivités locales occupent la troisième place avec 50 cas, soit 15,62%.

Section 7 : Données suivant le genre du plaignant ou dénonciateur


L'examen du genre fait apparaître les éléments présentés par le tableau ci-dessous à la date du
11/11/2015 :
Données suivant le genre

Genre du plaignant 2013 2014 2015 Total


F 0 4 10 14
M 10 113 183 306
TOTAL 10 117 193 320

Tableau 8 : Plaintes suivant le genre

52
Rapport Public d’activités 2014-2015

• On constate qu’entre 2013 à 2015, il a été relevé quatorze (14) plaintes venant de femmes, sur les
trois cent-vingt (320) enregistrées.
• Cela signifie t-il que les femmes seraient moins touchées par la corruption que les hommes ? Les
résultats de l’étude sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal permettront d’apporter
des éléments de réponses et, au besoin, d’agir sur les stratégies et programmes de prévention et
de lutte contre la corruption.
En combinant la répartition des plaintes suivant le genre et le critère géographique, les données se
présentent comme suit :

Répartition des plaintes suivant le genre et la zone géographique


Arabie saoudite

Tambacounda
Saint-Louis

Ziguinchor
plaignant
Genre du

Diourbel

Kaffrine

Kaolack

Sédhiou
Matam
France

Louga
Fatick
Dakar

Kolda

Thiès

Total
F 9 1 3 1 14

M 1 198 8 6 1 5 8 8 7 6 9 4 7 26 12 306

Total 1 207 8 6 1 5 8 8 7 6 9 4 8 29 13 320

Tableau 9 : Plaintes suivant le genre et la zone géographique


• On constate que la région de Dakar enregistre le plus grand nombre de plaintes venant des
femmes, avec neuf (9) dossiers. La région de Thiès compte trois (3) plaintes, et les régions de
Ziguinchor et Tambacounda enregistrent chacune une (1) plainte.
• Il n’y a pas de plainte en provenance des dix (10) autres régions.
S’agissant des parties avec lesquelles les femmes sont en conflit, le tableau suivant en donne des
indications :
Le genre par parties en conflit
nismes publics /
Administration/

Administration/
Administration

Administration

Autres Admi-
Autres Admi-

Autres Orga-
nistrations /

/Particulier
nistrations
Particulier

Particulier

Particulier
plaignant
Genre du

/ Privé

Total

F 7 7 14

M 4 176 8 2 2 114 306

Total 4 183 8 2 2 121 320

53
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tableau 10 : Plaintes suivant le genre et parties en conflit


Sur les 14 plaintes reçues des femmes, 07 concernent des conflits opposant des femmes à des particu-
liers et les 07 autres, des femmes à l’Administration.

L’EXAMEN DES PLAINTES PAR DOMAINE D’ACTIVITÉ DES FEMMES

DOMAINE D’ACTIVITÉ 2013 2014 2015 Total


Commerce 2 4 6
Éducation / Formation 1 1
Industrie / Pêche 1 2 3
Économie / Finance 1 3 4
Total 4 10 14

Tableau 11 : Plaintes suivant le domaine d’activité des femmes


Sur les 14 plaintes reçues des femmes, 6 concernent l’activité commerciale qualifiée de « petit
commerce ».

Section 8 : Données suivant la région d’origine de la plainte ou


dénonciation
L'examen de l'origine géographique s’intéresse à la zone de provenance de la plainte. Il fait ressortir
les éléments présentés dans le tableau ci-dessous à la date du 11/11/2015 :
L’examen des plaintes physiques/dénonciations et appels téléphoniques par origine géographique
à la date du 11/11/2015

RÉGIONS 2013 2014 2015 Total


Dakar 8 76 123 207
Diourbel 0 2 6 8
Fatick 0 4 2 6
Kaffrine 0 0 5 5
Kaolack 0 3 5 8
Kolda 0 2 6 8
Louga 0 3 4 7
Matam 0 6 6
Saint-Louis 1 4 4 9
Sédhiou 0 2 2 4
Tambacounda 0 4 4 8
Thiès 1 11 17 29
Ziguinchor 0 4 9 13
Étranger 0 2 0 2
TOTAL 10 117 193 320

54
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 5 : Répartition géographique des plaintes de 2013 à 2015


• des plaintes sont venues de toutes les régions du Sénégal, à l’exception de Kédougou.
• 207 plaintes viennent de la région de Dakar, soit environ 65%, c’est-à-dire, plus que toutes les
autres régions réunies.
• Thiès (29) et Ziguinchor (13) occupent, respectivement, la deuxième et la troisième place.
• Sédhiou et Kaffrine viennent en dernière position avec, respectivement, 4 et 5 plaintes.
• deux plaintes sont venues de l’étranger.
Il résulte de tout ce qui précède que :
- l’analyse de l’évolution du volume des plaintes reçues entre 2013 (10), 2014 (117) et 2015 (193)
indique une réelle prise de conscience des citoyens pour refuser et dénoncer des faits présumés de
corruption. Cette progression traduit également les nombreuses attentes et la confiance qu’ils placent
en l’OFNAC.
- l’un des enseignements à tirer de la répartition géographique des plaintes reçues est la nécessité de
rapprocher l’OFNAC des citoyens, par une décentralisation de ses activités et actions vers les
régions autres que Dakar. Le renforcement des moyens de l’Office permettrait l’implantation
d’antennes régionales, dans un contexte où l’État a mis en œuvre l’Acte III de la décentralisation.
Cette présence de l’OFNAC dans les régions pourrait contribuer à augmenter les chances de succès
des initiatives gouvernementales visant la protection des couches vulnérables et la lutte contre la
pauvreté.
- l’impératif d’anticiper sur les risques de corruption qui pourraient résulter de la mise en œuvre du
Plan Sénégal émergent et de l’Acte III de la décentralisation, ainsi que la réponse aux exigences
pressantes des populations en matière de bonne gouvernance, ont particulièrement guidé l’initiative
du Chef de l’État de créer l’OFNAC. Sous ce rapport, il serait souhaitable de doter l’Office de plus
de moyens afin de lui permettre d’assurer une gestion et une exploitation plus efficaces des plaintes
qui demeurent le principal canal de saisine de l’OFNAC.

55
Rapport Public d’activités 2014-2015

Il s’agira, d’une part, de renforcer les ressources humaines du Bureau des plaintes et du Département
Enquêtes et Investigations et, d’autre part, d’ouvrir des antennes régionales.

Recommandation n° 2
Renforcer l’appui financier consenti à l’OFNAC pour lui permettre :
- d’accroître, sensiblement, les ressources humaines du Bureau des plaintes et
dénonciations et du Département Enquêtes et Investigations ;
- de parvenir à une plus grande proximité avec les populations, grâce notamment à
l’ouverture d’antennes régionales.

56
Chapitre III

PROGRAMME ENQUÊTES,
INVESTIGATIONS, AUDITS ET
VÉRIFICATIONS

L es enquêtes, investigations, audits et vérifications sont une composante du cœur de métier de


l’OFNAC renvoyant à la mission de lutte contre la corruption confiée à l’Office.
L’exécution des missions d’enquête se fait conformément aux lois et règlements, aux normes
internationales, aux normes propres à l’OFNAC et aux meilleures pratiques en la matière.

Section 1 : Données générales sur les enquêtes


A. Répartition géographique des dossiers d’enquête
L’examen des dossiers d’enquête, selon l’origine de la plainte ou dénonciation révèle une répartition
intéressant neuf (09) régions, 76% concernant Dakar, contre 24% pour les autres régions.

Fig 6 : Répartition des enquêtes selon l’origine géographique de la plainte ou dénonciation

57
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig.7 : Répartition des enquêtes selon l’origine géographique de la plainte ou dénonciation


B. Répartition des dossiers suivant l’élément déclencheur de l’enquête
Comme indiqué plus haut, les enquêtes de l’OFNAC sont alimentées par les plaintes et dénonciations
de citoyens et par l’exercice du pouvoir d’auto-saisine conféré à l’Office.
Le tableau ci-après présente la situation des dossiers d’enquête selon l’élément déclencheur (plainte,
dénonciation ou auto-saisine) :
Répartition des dossiers d’enquête suivant l’élément déclencheur

Nature Nombre Pourcentage


Dénonciations 21 38%
Plaintes 29 53%
Auto-saisine 5 9%
Total 55 100%

Tableau 13 : Répartition suivant le mode de saisine

58
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 8 : Répartition suivant le mode de saisine


À la lecture du tableau et du graphique ci-dessus, il est constaté que les
Les plaintes représentent plaintes constituent un peu plus de la moitié des dossiers d’enquête.
53% des dossiers, contre 38% Elles représentent 53% des dossiers, contre 38% pour les
pour les dénonciations anonymes
et 9% pour les enquêtes sur
dénonciations anonymes et 9% pour les enquêtes sur auto-
auto-saisine saisine.

Les enquêtes ouvertes De façon générale, les enquêtes ouvertes sur la base des plaintes
sur la base des plaintes et et dénonciations intéressent surtout la petite corruption. Il y a
dénonciations intéressent surtout cependant quelques plaintes et dénonciations pour lesquelles les
la petite corruption
enquêtes révèlent qu’il s’agit d’affaires portant sur la grande
corruption.

Il convient de préciser que c’est le besoin de classification qui conduit


Toutes les enquêtes ouvertes
sur la base du pouvoir
à faire la distinction entre la petite et la grande corruption ; dans la
d’auto-saisine de l’Office sont réalité, ce phénomène n’est jamais mineur, même lorsqu’il concerne
des affaires présumées de grande des sommes d’argent apparemment peu consistantes car ses effets
corruption néfastes ne peuvent jamais être évalués intégralement.

Toutes les enquêtes ouvertes sur la base du pouvoir d’auto-saisine de l’Office sont des affaires
présumées de grande corruption.

59
Rapport Public d’activités 2014-2015

Cette option de l’OFNAC de combiner des enquêtes relatives à la petite et à la grande corruption se
justifie par deux raisons principales :
- le souci de répondre aux sollicitations des citoyens directement touchés par la petite corruption qui
a des conséquences insoutenables sur leurs conditions de vie. Fortement préoccupé par la satisfac-
tion du citoyen, l’OFNAC ne pouvait pas écarter les plaintes et dénonciations reçues sous le prétexte
qu’elles concernent la petite corruption pour s’intéresser exclusivement aux enquêtes qu’il jugerait
pertinentes parce que portant sur d’importantes ressources ;
- en ciblant des activités et des secteurs comportant des risques très significatifs de grande corruption
pour utiliser son pouvoir d’auto-saisine et ouvrir des enquêtes, l’OFNAC cherche à apporter cet
équilibre nécessaire dans les enquêtes. De la sorte, il est pris en charge les préoccupations directes
des citoyens, sans négliger les affaires comportant un niveau de risques élevé de grande corruption
qui, parfois, alimentent la petite corruption.

C. Répartition des dossiers d’enquête par domaine d’activité


Pour les dossiers d’enquête, l’analyse s’est fondée sur des rubriques différentes de celles utilisées dans
la classification des plaintes.

L’examen des dossiers


montre que les enquêtes Suivant les domaines concernés, l’examen des dossiers montre que
concernant des agents des Forces les enquêtes concernant des agents des Forces de sécurité (6), de
de sécurité (6), de l’Éducation
nationale (5) et des autres
l’Éducation nationale (5) et des autres Administrations (5) sont
Administrations (5) sont les plus notées.
les plus notées

Fig. 9 : Répartition suivant le domaine d’activité

60
Rapport Public d’activités 2014-2015

Section 2 : Principaux résultats issus des enquêtes et vérifications


de l’OFNAC
Les rapports des dossiers d’enquête finalisés et examinés par l’Assemblée générale de l’OFNAC
concernent les secteurs de l’Éducation, de la Santé, des Impôts, de l’Emploi, des Collectivités locales,
des Transports terrestres et des Marchés publics.
Les indices graves et concordants d’infractions constatés par les enquêtes sont relatifs à la corruption,
à la concussion, au détournement de deniers publics, à l’escroquerie portant sur des deniers publics,
au faux et usage de faux, à l’association de malfaiteurs, à la publicité mensongère et à des violations
du Code général des Impôts.
L’Assemblée des membres de l’OFNAC a décidé de la transmission à
L’exécution d’une l’Autorité judiciaire compétente, aux fins de poursuites, des rapports
mission d’enquête dans un
secteur présente un aspect très
dans lesquels des éléments constitutifs d’infractions pénales ont été
dissuasif et fonctionne comme une constatés. Conformément à la loi, des avis et recommandations ont
mise en garde qui fait prendre été formulés à l’intention des administrations, collectivités locales
conscience des risques encourus et autres structures concernées, dans tous les cas où les enquêtes ont
en cas de pratiques
irrégulières
révélé des manquements ou distorsions ne présentant pas de caractère
pénal.
En tout état de cause, les avis et recommandations ont permis à certaines Administrations d’opérer
les redressements nécessaires par l’application de sanctions pécuniaires prévues par la loi.
Par ailleurs, l’exécution d’une mission d’enquête dans un secteur présente un aspect très dissuasif
et constitue une mise en garde qui fait prendre conscience des risques encourus en cas de
pratiques irrégulières.

A. Dans le domaine de la Santé


DOSSIER 1 : Une enquête a été ouverte suite à la plainte d’un citoyen dénonçant des pratiques
anormales en cours à l’hôpital Aristide le Dantec et laissant supposer de fortes présomptions de
corruption.
Les diligences effectuées ont permis de constater des pratiques consistant à détourner des malades
de la structure publique pour les orienter vers une clinique privée. Une entente ayant été établie entre
un responsable d’un cabinet médical privé et des agents de l’hôpital, des malades venant se soigner
sont alors détournés vers le cabinet privé. Pour chaque malade dirigé vers la structure privée, il est
payé cinq mille (5 000) francs CFA à «l’agent orienteur».
En outre, les enquêtes ont permis de se rendre compte que le «détournement de malades» ne tenait
même pas compte des capacités techniques de la structure privée vers laquelle les malades étaient
dirigés.
Ces pratiques décelées sont aux antipodes des valeurs devant sous-tendre le comportement d’acteurs
impliqués dans la gestion de la santé des malades. L’intérêt de l’usager du service sanitaire n’était pas
considéré ; seul compte le profit à tirer du malade.
Cette situation compromet la réussite des politiques publiques initiées pour faciliter l’accès des
populations à des soins de qualité et réduire leurs coûts.
Les personnes mises en cause ont bien avoué les faits qui leurs sont reprochés. Certaines, pour
se dédouaner, ont affirmé que c’est une pratique courante qui n’est pas isolée.

61
Rapport Public d’activités 2014-2015

Ces pratiques ont été facilitées par l’insuffisance des mesures prises dans les formations sanitaires
pour orienter les usagers vers les services compétents. En effet, la fonction « accueil » est déterminante
pour une organisation développant une « approche client ». Les agents intervenant à ce niveau donnent
au visiteur la première image de l’entité qui est souvent la plus marquante.
La fonction « accueil » au niveau des services spécialisés des hôpitaux
La fonction «accueil» devrait être renforcée pour éviter la manipulation des patients par
au niveau des services des agents dont les comportements sont souvent ignorés par leurs
spécialisés des hôpitaux devrait
être renforcée pour éviter
supérieurs hiérarchiques. Une valorisation de cette fonction par,
la manipulation des patients par notamment, une sélection rigoureuse des personnes destinées à
des agents dont les comportements ces postes sensibles et qui met l’accent sur l’ouverture d’esprit,
sont souvent ignorés par l’intégrité et la disponibilité serait d’une grande utilité pour les
leurs supérieurs
hiérarchiques
usagers des services hospitaliers.

Ces pratiques frauduleuses impactent négativement les efforts du Gouvernement dans la mise en œuvre
des politiques de santé publique. Dans le contexte de la Couverture Maladie Universelle (CMU), des
mesures hardies devront être envisagées pour mettre les patients, à l’abri des fraudeurs.

Les enquêteurs, sur la base des éléments recueillis, ont conclu en


Les enquêteurs, sur la base l’existence de faits présumés de corruption et d’association de
des éléments probants recueillis,
ont conclu en l’existence des
malfaiteurs.
infractions de corruption et
d’association de malfaiteurs
Le rapport a ainsi été transmis à l’Autorité judiciaire
compétente pour que les poursuites soient engagées.

Recommandation n° 3
Faire prendre les mesures nécessaires pour que les Responsables des structures
sanitaires renforcent la fonction «accueil et prise en charge» dans leurs services et
effectuent une sélection rigoureuse des personnes devant occuper ces postes, en mettant
l’accent sur l’intégrité, l’ouverture d’esprit et la disponibilité.
Par ailleurs, ils devront également veiller au strict respect des règles déontologiques en
évitant les conflits d’intérêt.

B. Dans le domaine des Impôts


DOSSIER 2 : Une enquête a été ouverte sur une affaire opposant un ressortissant étranger et un agent
travaillant aux services des Impôts et Domaines de Bourguiba.
Il ressort des allégations du plaignant qu’après l’inscription à l’Agence de Promotion des Investisse-
ments et Grands Travaux (APIX) pour la constitution d’une entreprise unipersonnelle de prestations
de services sous le régime fiscal de la Contribution globale unique (CGU), il se serait rendu aux
services des Impôts et Domaines de Bourguiba pour les formalités fiscales d’usage (quitus et code
fiscal notamment).

62
Rapport Public d’activités 2014-2015

À l’accueil, un agent lui aurait remis une liste de documents à fournir. Sur la base des informations
reçues, le plaignant aurait accompli certaines formalités.
Le plaignant déclare que, le lendemain, l’agent lui aurait dit que les papiers étaient établis et lui aurait
remis, pour le quitus, une fiche pour le paiement à effectuer.
S’agissant du code fiscal, le mis en cause aurait déclaré au plaignant, en aparté, que le délai de
traitement était relativement long et pouvait aller de deux à trois mois. Le plaignant affirme alors avoir
donné le montant de cinquante mille (50 000) francs CFA sollicité par le mis en cause qui lui aurait
dit que c’est ce qui est réclamé pour cette formalité. C’est seulement, après s’être renseigné, qu’il lui
aurait été précisé que le code fiscal ne revenait pas à cinquante mille (50 000) francs CFA. C’est alors
qu’il décida de déposer une plainte à l’OFNAC.
Il ressort de l’enquête menée que le mis en cause a outrepassé ses prérogatives en réclamant une somme
d’argent qui n’était pas due, alors qu’il devait se limiter à le renseigner sur les formalités à accomplir.
Les diligences effectuées ont permis de constater que le code fiscal ne requiert pas le paiement de la
somme de cinquante mille (50.000) francs CFA. Seul un timbre de deux mille (2000) francs CFA était
exigé.
Les enquêteurs ont recueilli des preuves attestant la sollicitation par le mis en cause de ce montant.
Les éléments de l’enquête montrent aussi que le Service des Impôts délivre le code fiscal dans des
délais beaucoup plus courts (quarante-huit (48) heures) que ce que le mis en cause a fait comprendre
au plaignant.
Compte tenu de tout ce qui précède, les enquêteurs ont conclu à l’existence d’indices graves et
concordants de concussion prévue et réprimée par les articles 156 à 158 du Code pénal.
Des pratiques de cette nature annihilent les efforts consentis par la Puissance publique, en vue de
l’amélioration de l’environnement des affaires. En effet, par l’allégement et la simplification des
procédures et formalités de création d’entreprise, le Gouvernement cherche à encourager les
investissements. Le Sénégal, en Afrique, est pionnier dans ce domaine avec la possibilité de créer
une société en 48 heures ; des initiatives ont même ouvert la possibilité pour une création
d’entreprise en vingt-quatre (24) heures.
Les agissements de cet agent entrent ainsi totalement en opposition avec les initiatives publiques prises
pour accélérer les procédures et violent les règles mêmes de l’Administration dont il relève.
Après le recueil de tous les indices graves et concordants de l’existence d’une infraction de
concussion, le rapport a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites
soient engagées.

C. Au niveau des Transports terrestres


DOSSIER 3 : L’enquête effectuée sur la base d’une dénonciation anonyme a montré l’existence d’un
groupe d’agents se livrant, au sein du Service régional des Transports terrestres de Louga, à des
pratiques de corruption et de concussion dans le domaine de l’établissement des permis de conduire,
du traitement des dossiers d’agrément et de licences de transport.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

L’enquête a permis de constater qu’il était réclamé aux usagers le montant de cent cinquante mille
(150 000) francs CFA pour le passage du permis en un seul jour et cent mille (100 000) francs CFA,
si c’est au-delà de quinze jours.
En outre, il était exigé des usagers les montants pour le paiement des droits de mutation et de timbres,
pratique qui ne s’explique pas pour une administration qui n’est pas une régie financière et qui n’est
habilitée par aucun texte à s’immiscer dans cette matière. De tels faits sont accomplis en violation
flagrante du Code général des Impôts.
Ces pratiques ont été constantes sur plusieurs années. Les diligences effectuées renseignent sur le fait
qu’elles ont été facilitées par les délais longs de traitement des dossiers.
Pour faire prospérer leurs activités illicites, les agents mis en cause
Le Ministère chargé
imposent leurs propres procédures, laissant de côté les instructions
des transports terrestres tendant à exiger l’application de délais raisonnables. En effet,
a travaillé à la réduction pour soulager les citoyens, le Ministère des Infrastructures et des
des délais pour accroître
l’efficacité de ses services, mais
Transports terrestres a initié des actes (la lettre circulaire
le comportement des agents mis n°000015/MITTD/DTR du 09 janvier 2014, notamment) pour
en cause annihile ces efforts fixer les délais d’un mois pour le traitement des dossiers visés. Ce
Ministère a ainsi travaillé à la réduction des délais pour accroître
l’efficacité de ses services, mais le comportement des agents mis en
cause annihile ces efforts.

Les enquêteurs ont


conclu en l’existence Compte tenu de tout ce qui précède, les enquêteurs ont conclu en
d’un délit de concussion,
prévu et réprimé l’existence d’un délit de concussion, prévu et réprimé par les
par les articles 156 à 158 articles 156 à 158 du Code pénal.
du Code pénal

Le rapport a donc été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites soient
engagées.

D. Au niveau du secteur de l’Emploi


DOSSIER 4 : À la suite de la plainte d’un étudiant contre un cabinet de recrutement et de placement
qui prétendrait travailler pour l’orientation des demandeurs d’emploi vers des structures intéressées,
une enquête a été ouverte.
Le plaignant qui aurait participé à des tests de sélection organisés par ledit cabinet, a saisi l’OFNAC
pour dénoncer des pratiques d’escroquerie et exprimer ses soupçons sur l’activité de cette entité.
L’enquête a révélé que la stratégie mise en œuvre a consisté à utiliser le canal des journaux pour faire
une publicité sur des recrutements effectués pour le compte d’entreprises de la place. Il est alors précisé
dans les annonces une somme d’argent à verser par les candidats intéressés, à titre de frais de dossier.

64
Rapport Public d’activités 2014-2015

Les investigations effectuées ont permis de constater qu’à l’issue des tests, près de cent cinquante
(150) candidats ont été sélectionnés parmi les personnes ayant déposé. Toutefois, aucun candidat n’a
été recruté, l’organisateur principal des tests n’ayant jamais travaillé en relation avec une entreprise,
contrairement aux informations fournies sur les annonces publicitaires. Il a lui-même reconnu qu’il
n’y avait aucune collaboration avec une entreprise de la place comme indiqué sur les annonces.
De façon incidente, l’enquête a révélé une pratique de faux, un numéro d’immatriculation appartenant
à un véhicule identifié par les enquêteurs ayant été utilisé dans l’affaire pour un autre véhicule inconnu
du fichier des services compétents.
Les dysfonctionnements à l’origine de ces pratiques sont dus à
l’insuffisance de contrôles sur l’organisation des recrutements,
Les dysfonctionnements surtout ceux ciblant les jeunes élèves et étudiants. Cette catégorie
à l’origine de ces pratiques de la population se caractérise par une très grande vulnérabilité et
sont dus à l’insuffisance de contrôles
sur l’organisation des recrutements, tombe facilement dans les pièges tendus par les personnes mal
surtout ceux ciblant les jeunes intentionnées qui profitent de leur volonté et de leur détermination
élèves et étudiants à trouver un emploi. C’est pourquoi, une vigilance accrue et un
encadrement strict de ces activités devraient être de rigueur pour
protéger ces jeunes, en contrôlant les garanties présentées par les
« recruteurs ».

Au terme des diligences effectuées, l’enquête a permis de


Au terme des diligences
effectuées, l’enquête a permis
recueillir des indices graves et concordants pouvant justifier des
de recueillir des indices graves poursuites pour escroquerie, publicité mensongère et exercice
d’escroquerie illégal d’une activité commerciale

Le rapport établi à l’issue de l’enquête a été transmis à l’Autorité judiciaire pour que les
poursuites soient engagées.

Recommandation n° 4
Pour une meilleure protection de l’intérêt des jeunes, faire prendre les mesures
nécessaires en vue d’un encadrement strict des activités de recrutements massifs
de candidats, notamment celles comportant un paiement de frais de dossier ou
d’inscription.

E. Au niveau de l’Éducation et de l’Enseignement Supérieur


DOSSIER 5 : Suite à des renseignements obtenus et sur la base d’une plainte d’un responsable d’un
organisme intervenant dans le système éducatif, une enquête a été ouverte. Le plaignant estime que,
dans le cadre des demandes de préinscription pour des études à l’étranger, des élèves présentent souvent
de faux documents à son organisme. L’intervention de l’OFNAC est alors sollicitée pour faire la
lumière sur cette affaire.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

L’enquête menée a permis de mettre en évidence l’existence de faux relevés de notes présentés par
des élèves dans leurs dossiers. Les relevés de notes des classes de seconde, première et terminale
constituent en effet des éléments du dossier de préinscription que les postulants sont invités à présenter.
Le rapprochement des documents recueillis par les enquêteurs avec les informations contenues dans
les logiciels de scolarité a permis de se rendre compte de l’existence de pratiques de faux.
Le stratagème utilisé par l’une des personnes interpellée par les enquêteurs a consisté à modifier les
notes par le procédé du « scanning » pour présenter un meilleur profil. Elle a reconnu les faits qui lui
étaient reprochés.
Dans les pratiques de faux constatées, il a également été relevé l’implication de responsables d’écoles
privées qui, sciemment, délivrent, pour les mêmes années, des bulletins avec des notes différentes.
Cette situation révélée par l’enquête traduit un problème sérieux, des pratiques aussi graves
étant constatées dans le milieu scolaire et impliquant aussi bien des élèves que des responsables
d’établissement. La situation réelle est certainement, de loin, plus grave que les éléments présentés
par l’enquête, plusieurs personnes impliquées dans les dossiers suspects analysés par les enquêteurs
ayant voyagé entre temps (hors du Sénégal). Cela a réduit sensiblement le champ des investigations.

Les enquêteurs
ont recueilli
des indices graves et Les enquêteurs ont recueilli des indices graves et concordants de
concordants de faux faux et usage de faux.
et usage de faux.

Le rapport d’enquête a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites
soient engagées.
DOSSIER 6 : Suite à une dénonciation alléguant l’existence de dysfonctionnements et de graves
irrégularités dans la gestion du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD), une mission de
vérification a été ordonnée.
Le COUD, ciblé par la dénonciation, est un Établissement public à caractère administratif, doté de la
personnalité morale et de l’autonomie financière. Il est créé par la loi n°66-23 du 1er février 1966 et
le décret n°75-890 du 23 juillet 1975 fixe ses règles d’organisation et de fonctionnement.
L’analyse des faits allégués dans la lettre de dénonciation fait ressortir les principaux éléments
suivants concernant la gestion du COUD :
- des insuffisances organisationnelles avec notamment, le cumul de fonctions incompatibles ;
- le fractionnement des commandes dans les marchés ;
- l’octroi de subventions irrégulières ;
- des pratiques de détournements de deniers publics.
La mission de vérification a permis de faire les principales constatations suivantes :
1. dans le cadre de la vente de matières réformées du COUD, un Commissaire-priseur a été désigné.
Il a établi un procès-verbal de vente mobilière daté du 09 juillet 2014. Ce procès-verbal présente le
montant de cent cinquante millions cent soixante-et-un mille sept cent vingt (150 161 720) francs
CFA comme produit de la cession des diverses matières réformées.

66
Rapport Public d’activités 2014-2015

De ce montant, le Commissaire-priseur n’a reversé au COUD que cinquante-neuf millions trois


cent quatre-vingt-onze mille quatre cent quatre-vingt (59 391 480) francs CFA. Les divers frais
de la procédure de vente facturés par le Commissaire-priseur représentent le montant de quatre-
vingt-dix millions sept cent soixante-dix mille deux cent quarante (90 770 240) francs CFA.
Sur les actes posés par le Commissaire-priseur, les vérificateurs ont relevé que :
• il y a une violation de la règlementation fixant les tarifs applicables aux prestations des
Commissaires-priseurs. En effet, le Commissaire-priseur a appliqué des taux sans commune
mesure avec ceux fixés et a facturé des prestations indues ;
• concernant la ferraille des pavillons : des offres ont été reçues des soumissionnaires par le
Commissaire-priseur. L’offre retenue se chiffre à cent trente-cinq millions (135 000 000) de
francs CFA, hors taxes. Le procédé utilisé par le Commissaire-priseur a consisté à double facturer
des prestations à l’adjudicataire et au COUD. L’adjudicataire a affirmé avoir versé les montants
réclamés pour la TVA et les droits d’enregistrement, comme l’atteste également le quitus qui lui
a été délivré après règlement. Pour ce qui le concerne, le Commissaire-priseur, entendu sur
procès-verbal, a reconnu avoir encaissé la TVA et les droits d’enregistrement sans procéder à
leurs reversements au Trésor public ;
• le procès-verbal de vente mentionne aussi des frais relatifs à l’intervention de dix-huit (18)
manœuvres. Au total, treize millions trois cent quarante mille (13 340 000) francs CFA ont été
facturés au COUD au titre des frais payés aux manœuvres. Cependant, le Commissaire-priseur
n’a pas pu produire de pièces justificatives pour appuyer ces dépenses.
2. Dans le cadre des subventions, un montant total de quatre cent cinquante-quatre millions quatre
cent soixante-seize mille quatre-vingt-et-un (454 476 081) francs CFA a été accordé par le COUD
à divers bénéficiaires en 2014 et 2015. Plus de deux cent seize millions trois cent quarante-trois
mille trois cent vingt-trois (216 343 323) francs CFA de subventions ont été accordées en 2014 et
plus de deux cent trente-huit millions cent trente-deux mille sept cent cinquante-huit (238 132 758)
francs CFA pour les huit (8) premiers mois de 2015. Les vérificateurs ont constaté que, pour
l’essentiel, ces subventions concernent des montants importants versés à des agents du COUD ou
remis au Régisseur, sans précision de leur objet. De ce point de vue, ils font remarquer que les
subventions, dans le principe, devraient être versées principalement à des personnes physiques ou
morales extérieures au COUD.
3. Le montant des subventions sans bénéficiaires, d’après le grand livre comptable 2014, s’élève à
trente-cinq millions vingt mille (35 020 000) francs CFA. Elles ont été accordées par le Directeur
entre le 1er et le 15 octobre 2014. L’Agent comptable n’a pu présenter les pièces justificatives à
l’appui des paiements sans bénéficiaires, au nombre de quatre (4) :
• le 1er octobre 2014: 8 800 000 FCFA ;
• le 1er octobre 2014 : 15 840 000 FCFA ;
• le 15 octobre 2014 : 6 480 000 FCFA ;
• le 15 octobre 2014 : 3 900 000 FCFA.
Les vérificateurs constatent que l’octroi de subventions sans identification formelle des bénéficiaires
est injustifiable dans une gestion budgétaire transparente.
En outre, même lorsque les bénéficiaires des subventions sont mentionnés, il n’est indiqué ni l’objet
pour lequel les montants sont alloués, ni les justificatifs de leur utilisation.

67
Rapport Public d’activités 2014-2015

Par ailleurs, le Directeur du COUD a accordé ces subventions en violation de la procédure prévue qui
exige l’autorisation du Conseil d’Administration (CA) comme préalable. En effet, l’article 13 du décret
n° 75-890 du 23 juillet 1975 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du centre des œuvres
universitaires de Dakar exige l’autorisation préalable du CA.
Il a également été constaté que, dans le cadre des subventions, le Directeur a effectué un certain nombre
de dépenses à l’occasion d’une cérémonie de visite au Campus, le 31 juillet 2015. C’est ainsi que les
vérificateurs ont constaté le versement de subventions au Régisseur pour les dépenses suivantes :
• huit millions (8 000 000) de francs CFA destinés aux étudiants de l’UCAD ;
• quinze millions (15 000 000) de francs CFA pour l’habillement d’accueil pour les étudiants ;
• trente-deux millions (32 000 000) de francs CFA pour l’habillement des femmes et des hôtesses
du COUD ;
• trente-quatre millions (34 000 000) de francs CFA pour la confection de tee-shirt, body et
casquettes pour les étudiants et personnel du COUD.
Ainsi, un montant global de quatre-vingt-neuf millions (89 000 000) de francs CFA a été engagé à
titre de subvention pour la cérémonie de visite.
Au total, les vérificateurs ont constaté les éléments suivants :
• la décision d’octroi de ces subventions est prise le 13 août 2015, alors que la cérémonie était
prévue pour le 31 juillet 2015 ; il y a donc postériorité de la décision par rapport à l’évènement
que les dépenses sont censées couvrir ;
• comme précisé plus haut, toute subvention devrait être autorisée par le Conseil d’Administration.
Cela n’a pas été le cas ;
• le recours à des subventions accordées au Régisseur, pour le règlement de dépenses relatives à la
cérémonie constitue une irrégularité flagrante. En effet, pour l’exécution de dépenses auprès de
fournisseurs ou prestataires, les engagements doivent être faits conformément aux règles régissant
l’utilisation des ressources publiques, les dépenses liquidées après service fait, sur la base des
procès-verbaux de réception et l’ordonnancement effectué ; le tout, en relation avec l’Agent
comptable gardien de l’orthodoxie financière. Rien donc ne justifie, pour des dépenses à effectuer
auprès de fournisseurs ou prestataires que de l’argent liquide soit tiré du comptable. C’était auprès
du comptable que le règlement de toutes les dépenses concernées devraient être effectué ;
• il n’y a aucune trace de l’effectivité des dépenses : pas de procès-verbaux de réception, pas de
matières reçues dans le service. De plus, les habits déclarés avoir été achetés à savoir cent (100)
costumes, cent (100) cravates, cent (100) paires de souliers, les habits d’hôtesse pour les femmes,
etc., restaient introuvables lors de la visualisation du film de la cérémonie.
La seule dépense pour laquelle les vérificateurs ont des éléments attestant de son effectivité,
concerne la subvention versée aux étudiants. En effet, sur les huit (8) millions de francs CFA
déclarés, l’état des paiements indique que sept (7) millions de francs CFA ont bien été payés à
des étudiants représentant leur structure. Le reliquat, c’est-à-dire un million (1 000 000) de francs
CFA, est resté non justifié. Même pour ce qui concerne ces subventions versées aux étudiants, il
est constaté que l’état des paiements présentés indique le 30 juillet 2015 comme date de règlement.
Il s’agit là d’une nouvelle sortie d’argent par le moyen des subventions pour des dépenses déjà
payées.
Les paiements, pour un montant total de quatre-vingt-deux millions (82 000 000) de francs CFA
ont été faits, en l’absence de pièces justificatives requises. Compte tenu des montants engagés,
des procès-verbaux de réception étaient nécessaires avant tout paiement pour ce qui concerne les
matières à acquérir. Cela n’a pas été fait. Le Régisseur s’est contenté de déclarer que les costumes
ou autres habillements étaient à la discrétion du Directeur qui, seul, pouvait en répondre. De son

68
Rapport Public d’activités 2014-2015

côté, le Directeur affirme que c’est le Régisseur qui est responsabilisé sur cette question. En tirant
le montant de quatre-vingt-neuf millions (89 000 000) de francs CFA des crédits gérés par l’Agent
comptable, par le moyen de décisions de subvention, la possibilité était ouverte pour toutes sortes
de manipulation contraires aux règles d’exécution des dépenses publiques ;
• l’Agent comptable aurait dû refuser de procéder au paiement des quatre subventions sans
bénéficiaires identifiés, dans la mesure où il aurait dû se rendre compte de l’irrégularité manifeste
de la dépense, les décisions d’octroi de subvention étant postérieures à l’évènement.
4. Il a été constaté un recrutement à titre posthume pour le compte d’un agent décédé le 08 novembre
2014 dans un accident de la circulation. Des paiements de salaire d’un montant mensuel de deux
cent soixante-quinze mille (275 000) francs CFA ont été faits pour les mois de novembre et de
décembre 2014. Le grand frère du disparu affirme avoir reçu les paiements au titre du mois d’octobre
pour lequel il y avait du retard dans les règlements et du mois de novembre. Il précise que c’est le
montant de cinquante-trois mille (53 000) francs CFA qui lui a été payé par mois (soit au total cent
six mille francs les deux mois).
Compte tenu de tout ce qui précède, les vérificateurs considèrent que le Commissaire-priseur
pourrait être poursuivi pour détournement de deniers publics et escroquerie portant sur des deniers
publics pour les droits d’enregistrement et la Tva non reversés, les prestations doublement facturées,
ainsi que les montants facturés sans base légale ou réglementaire.
Relativement aux subventions sans bénéficiaires et en l’absence de pièces justificatives, les vérificateurs
estiment être en présence d’un détournement de deniers publics dont les responsables sont le Directeur
du COUD qui a accordé ces subventions en l’absence d’autorisation du Conseil d’Administration et
le Comptable public qui a accepté de procéder aux décaissements sans les pièces justificatives requises
et sans que les personnes bénéficiaires soient connues.
Pour ce qui concerne les paiements de deux mois de salaire pour le compte de l’agent décédé, les
vérificateurs estiment que l’Agent comptable est responsable pour le montant correspondant à la
différence entre ce qui a été réellement reçu par le frère du défunt et ce qui a été débité dans les écritures
comptables.
Enfin, pour les dépenses exécutées dans le cadre de la cérémonie de visite le 31 juillet 2015 au Campus,
compte tenu de l’opacité ayant entouré ces dépenses réalisées par le moyen de subventions, de
l’absence de preuve de l’effectivité des dépenses concernées, de l’incapacité du COUD à produire les
pièces justificatives requises et de la postériorité des opérations de dépenses liées à la visite (décision
d’octroi des subventions en date du 13 août pour un évènement prévu le 31 juillet), les vérificateurs
considèrent qu’il y a détournement de deniers publics. Les responsables identifiés sont le Directeur,
ordonnateur ayant initié la dépense, le Régisseur qui a encaissé l’argent auprès de l’Agent comptable
et l’Agent comptable qui a accepté de payer les montants des subventions au Régisseur, alors que les
décisions présentées par le Directeur sont intervenues après l’évènement.
Il convient de signaler que le Directeur du COUD a tout fait pour empêcher l’exécution correcte de la
mission de vérification, menaçant ouvertement les membres de l’équipe, posant des actes d’intoxication
et intimant l’ordre aux travailleurs du COUD de ne pas déférer aux convocations de l’OFNAC.
Ainsi, dès que les vérifications ont commencé à mettre en évidence certaines pratiques, il a initié des
actes de sabotage de la mission, relevant de leurs fonctions des agents qu’il soupçonnait d’avoir fourni
des informations à l’équipe de vérification. Ce comportement a rendu impossible l’audition de certaines
personnes pour permettre de recueillir leurs dépositions sur des faits les concernant.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Compte tenu de cette attitude du Directeur marquée par la prise d’actes de nature à entraver l’exécution
normale de la mission de vérification, il conviendrait de le relever de ses fonctions et de veiller à ce
qu’il ne lui soit plus confié la responsabilité de diriger un organisme public.

Recommandation n° 5
Relever de ses fonctions, le Directeur du COUD pour entrave à l’exécution normale
d’une mission de vérification et prendre toutes les mesures utiles pour qu’il ne lui soit
plus confié la resposabilité de diriger un organisme public.

Le présent rapport issu des enquêtes et investigations menées à la suite d’une dénonciation
d’actes de fraude et de corruption, et établi, conformément aux normes professionnelles,
accompagné des éléments probants recueillis, a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente
pour que les poursuites soient engagées.
Les investigations se poursuivent sur d’autres aspects de la gestion du COUD et les résultats
obtenus feront l’objet d’un second rapport.

F. Au niveau d’une collectivité locale


DOSSIER 7 : Suite à la plainte du Coordonnateur local du Forum civil à Sébikotane, une enquête a
été ouverte.
Le plaignant reproche à certains employés municipaux de la Commune de Sébikotane de se livrer à
de nombreuses pratiques irrégulières dans la gestion administrative, financière et matérielle de ladite
Commune.
L’enquête a constaté que des agents encaissaient des recettes, sans les reverser au Trésor public. Ils
utilisaient l’argent de la personne publique pour leurs affaires personnelles.

Les frais de bornage


des parcelles à usage
d’habitation, les frais de mutation
de parcelles de terrain, les taxes C’est ainsi que les frais de bornage des parcelles à usage
d’autorisation de construire, d’habitation, les frais de mutation de parcelles de terrain,
de même que l’argent issu de la vente les taxes d’autorisation de construire, de même que l’argent
de véhicules de la Mairie étaient issu de la vente de véhicules de la Mairie étaient détournés.
détournés, des agents encaissant
les recettes au détriment de la
collectivité locale

En outre, un agent investi de la charge d’Officier d’état civil se livrait à des actes de concussion dans
la délivrance de documents administratifs (certificats de mariage et certification matérielle des actes
de cession de parcelles de terrain) en réclamant des sommes d’argent sans aucune base légale.
Par ailleurs, il a été découvert la pratique de fausses certifications sur des documents administratifs
pour rendre possible le paiement de travaux non effectués par des entrepreneurs. Les agents concernés
par ces pratiques de faux effectuaient ces certifications, alors qu’ils savaient parfaitement que les
travaux concernés n’étaient pas exécutés.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Ces agents ont reconnu les faits qui leur étaient reprochés. Un des agents mis en cause a même, après
le paiement, sollicité de l’argent (un million de francs) auprès de l’entrepreneur.
Le procédé de fausse certification a été utilisé par les personnes mises en cause sur plusieurs marchés
de la Commune dont les travaux n’étaient pas réalisés.
Enfin, dans le cadre de la réforme de deux (2) véhicules appartenant à la Collectivité locale, l’enquête
a constaté que l’argent tiré de la vente n’a pas été reversé au comptable public. Les éléments recueillis
ont permis de se rendre compte que les recettes tirées des transactions ont été simplement détournées.
Les enquêteurs ont constaté une profusion de pratiques consistant à encaisser des ressources publiques
et à les utiliser à des fins personnelles, les sommes réclamées n’étant parfois même pas dues, cette
dernière pratique relevant de la concussion.

L’enquête menée a
permis de constater
des indices graves et concordants L’enquête menée a donc permis de constater des indices
de détournement de deniers publics, graves et concordants de détournement de deniers publics,
de faux et usage de faux en écritures de faux et usage de faux en écritures publiques, d’escroque-
publiques, d’escroquerie sur les
deniers publics et
rie sur les deniers publics et de concussion.
de concussion

Les dysfonctionnements ayant favorisé ces pratiques constatées sont relatifs à des lacunes dans la
tenue de la comptabilité des matières. En effet, lorsque des personnes se livrent à certaines pratiques
sur les matières appartenant à la personne publique, c’est bien parce qu’elles pensent que la
malversation passera inaperçue, compte tenu des faiblesses notées dans la comptabilité des matières.
Cette dernière constitue le maillon faible de notre système de gestion et de protection du
patrimoine public. Pourtant, il est important de renforcer la comptabilité des matières pour
assurer une protection efficace des ressources publiques, ce cycle prenant le relais et complétant
celui des deniers. Cette exigence est bien prise en compte par la réglementation ; le décret
n° 81-844 du 20 août 1981 relatif à la comptabilité des matières appartenant à l’État, aux
Collectivités locales et aux Établissements publics, modifié par le décret n° 85-434 du 20 avril
1985 soumet les acteurs du cycle des matières à la même rigueur de contrôle que ceux du cycle
des deniers. En effet, le décret précité dispose en son article 20 : « Les agents d’exécution de la
comptabilité des matières sont soumis aux mêmes règles de contrôle que les agents chargés de la
comptabilité des deniers publics.»

Le Sénégal dispose Toutefois, si le Sénégal dispose de textes pertinents dans le


de textes pertinents dans
domaine de la comptabilité des matières, dans la pratique, les
le domaine de la comptabilité
des matières mais dans la pratique, règles fixées sont presque partout ignorées et inappliquées. Dans
les règles fixées sont presque la plupart des services administratifs, il n’y a pas de comptable des
partout ignorées matières.
et inappliquées

Parfois, les personnes chargées de ces tâches n’ont reçu aucune formation en comptabilité et n’ont été
nommées comptables des matières que par un acte interne, alors que la réglementation prévoit que les
comptables des matières sont nommés par arrêté du Ministre de l’Économie et des Finances.

71
Rapport Public d’activités 2014-2015

Il y a lieu de rappeler que l’importance capitale de la comptabilité des matières a amené le Conseil de
ministres a adopté la directive n° 03/2012/CM/UEMOA du 29 juin 2012 portant sur la comptabilité
des matières au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Cette directive qui s’applique
à l’État, aux Collectivités territoriales et aux établissements publics nationaux et locaux soumis aux
règles de la comptabilité publique, organise la gestion des matières, définit la responsabilité des acteurs,
fixe les procédures de gestion administrative et comptable des matières ainsi que le contrôle de la
gestion desdites matières.
Ainsi conformément à l’article 68, les dispositions de la directive devaient « être transposées par les
États membres dans leurs législations nationales au plus tard le 31 décembre 2013 ». L’article 69
dispose : « les dispositions de la présente directive sont applicables à partir du 1er janvier 2014 ».
Toutefois, les États membres ont jusqu’au 1er janvier 2017 pour procéder à leur application intégrale.
Au Sénégal, le projet de décret consacrant la transposition de cette directive dans notre droit positif
est dans le circuit des visas.

Recommandation n° 6
Finaliser et présenter à la signature de Monsieur le Président de la République le projet
de décret portant transposition dans le droit interne sénégalais de la directive
n° 03/2012/CM/UEMOA du 29 juin 2012 portant sur la comptabilité des matières
appartenant à l’État, aux Collectivités locales et aux Établissements publics.

Certaines pratiques
sont rendues possibles avec la En outre, certaines pratiques sont rendues possibles par une
violation flagrante du Règlement violation flagrante du Règlement général sur la comptabilité
général sur la comptabilité publique
qui fait du comptable public publique qui fait du comptable public la seule personne
la seule personne habilitée à procéder habilitée à procéder à l’encaissement des recettes et au
à l’encaissement des recettes paiement des dépenses.
et au paiement des
dépenses

Si cette règle était respectée dans la vente des deux véhicules sus évoquée, l’argent issu de cette
transaction serait directement encaissé par le comptable et cela aurait permis d’éviter la situation
constatée.
L’ensemble des indices graves et concordants d’infractions pénales recueillis par les enquêteurs
ont été consignés dans un rapport transmis à l’Autorité judiciaire pour que les poursuites soient
engagées.

72
Rapport Public d’activités 2014-2015

Recommandation n° 7
Prendre les mesures pertinentes, pour renforcer la rigueur dans la tenue de la
comptabilité des matières dans les structures publiques, par une formation adéquate
des agents concernés et par un contrôle plus strict sur cette comptabilité.
Veiller au respect de la réglementation financière, en général, par des contrôles plus
fréquents dans les collectivités locales.

G. En matière de marchés publics


DOSSIER 8 : Dans le domaine des marchés publics, une enquête a été ouverte, suite à une plainte
faisant état de pratiques irrégulières à la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA). Le
plaignant allègue l’existence de manœuvres tendant à l’écarter d’une procédure d’appel d’offres pour
la fourniture de consommables informatiques, alors qu’il serait le mieux-disant et aurait même
commencé à exécuter le marché concerné. Après l’annulation du marché qu’il avait commencé à
exécuter, il aurait soumissionné pour un autre marché chez la même autorité contractante.
Après avoir été classé premier, le marché aurait été annulé au motif qu’il y aurait eu une erreur sur la
ligne budgétaire. Le plaignant, frustré du déroulement de ces procédures, saisit l’OFNAC et affirme
que :
- la référence à des marques dans la mise en concurrence est une violation du Code des Marchés
publics ;
- des pratiques occultes sont à la base de son éviction.
Au terme de l’enquête diligentée, les principales constatations suivantes ont été faites par les enquêteurs :
- le marché mis en cause a été interrompu du fait que les fournitures livrées par le plaignant n’étaient
conformes ni aux spécifications contenues dans l’appel d’offres repris dans le cahier des charges,
ni à celles contenues dans l’offre même du plaignant qui a servi de base à la rédaction du contrat
de fournitures de consommables informatiques.
- le plaignant a voulu livrer des produits génériques, en violation des exigences fixées dans le dossier
d’appels d’offres et de ses engagements, alors qu’il n’avait, en aucun moment, précisé qu’il
présenterait ce type de produit.
- sur la référence aux marques dans l’appel d’offres, les enquêteurs ne considèrent pas l’exigence de
consommables informatiques conformes aux machines achetées par l’autorité contractante comme
une violation du Code des Marchés publics, dans la mesure où la nature de ces consommables est
déterminée par les modèles de machines utilisées. Il est donc nécessaire que la commande tienne
compte de toutes les spécificités techniques pour que le matériel livré soit conforme aux besoins
réels de la structure. D’ailleurs, le dossier d’appel d’offres contenant ces spécifications a été validé
par l’ARMP, l’Autorité de référence en la matière, qui n’a pas émis de réserve sur ce point. En
réalité, les enquêteurs se sont intéressés à la procédure de marché pour pouvoir, en cas d’irrégularité
constatée, approfondir les investigations et chercher s’il y a, derrière la faute de gestion, un délit à
caractère pénal.

73
Rapport Public d’activités 2014-2015

- il n’a pas été noté d’irrégularités sur le second marché annulé. Toutefois, des négligences graves
préjudiciables aux soumissionnaires et pouvant entamer la crédibilité de l’autorité contractante sont
à la base de l’annulation constatée. En effet, la transparence dans les marchés publics exige, entre
autres conditions, un suivi rigoureux de l’exécution budgétaire avec un contrôle strict des
engagements. Il est également requis un contrôle adéquat des imputations dans l’exécution
budgétaire. Dans ces conditions, il est normal que le plaignant ait des soupçons sur le marché,
compte tenu de ces manquements graves constatés.
- Enfin, après avoir examiné la procédure, les enquêteurs n’ont pas relevé d’indices de corruption ou
d’une autre infraction connexe ou assimilée ayant un caractère pénal.
En l’absence d’éléments constitutifs d’une infraction pénale, le rapport n’a pas été transmis à
l’Autorité judiciaire. Toutefois, les enseignements tirés des dysfonctionnements constatés ont fait
l’objet de recommandations pour améliorer le fonctionnement de la structure concernée.
DOSSIER 9 : Suite à une plainte du Mouvement M 23 alléguant l’existence de dysfonctionnements
graves au sein du Groupe SN La Poste, l’OFNAC a ouvert une enquête.
L’enquête menée a établi l’existence d’arriérés de paiement d’un montant de plus de quatre-vingts
milliards (80 000 000 000) de francs CFA dus au Trésor public par le Groupe SN La Poste, dans le
cadre de la compensation du paiement de chèques postaux.
Le Groupe SN La Poste n’ayant pas la qualité « d’établissement financier » requise au sens du
décret n° 84-289 du 15 mars 1984 relatif au classement, à la forme juridique et aux opérations des
établissements financiers, les chèques postaux ne pouvaient pas être acceptés par les banques.
Pour éviter d’écarter cette société des mécanismes officiels de paiement, le Trésor public s’est engagé
à garantir le paiement des chèques postaux émis par les titulaires de compte au Groupe SN La Poste
et présentés par les banques intermédiaires agréées. Ainsi, les montants de ces chèques postaux sont
directement portés au débit du compte du Trésorier général logé à la BCEAO. Une convention a alors
été signée, le 05 septembre 1996 entre l’État et le Groupe SN La Poste pour définir le cadre de cette
compensation.
Les investigations sur cet aspect de la plainte se poursuivent et feront l’objet d’un rapport spécifique.
Les enquêteurs se sont également intéressés aux dépenses exécutées, avec une attention particulière
sur les fournitures de bureau pour lesquelles des indices d’irrégularité avaient été décelés.
Les résultats des diligences effectuées ont donné lieu à l’établissement d’un rapport d’enquête.
Concernant ces fournitures de bureau, il a été constaté des pratiques présumées de faux et usage de
faux :
- le certificat de réception du 09 juillet 2014, signé par les membres de la Commission de réception
contient de fausses informations. Les membres de cette Commission ont certifié avoir réceptionné,
intégralement, à la date du 09 juillet 2014, sept mille (7 000) rames de papier commandées. Cela
ne correspond pas à la réalité. D’ailleurs, sur les trois (3) membres de la Commission de réception,
deux ont reconnu, au cours des auditions, qu’une partie de la commande n’avait pas, en réalité, été
livrée ;
- une autre pratique de faux constatée par les enquêteurs sur des documents est constituée par les
faux bons de commande présentés par le magasinier pour faire croire que des rames de papier et
des cartouches ont été normalement distribuées à des agences et services de POSTEFINANCES.
Le rapprochement de ces bons de commande avec les copies conservées par le Centre financier de
Dakar a révélé des différences entre les fournitures effectivement reçues et celles portées sur les

74
Rapport Public d’activités 2014-2015

bons de commande détenus par le magasinier. Des articles ont été ajoutés à ceux livrés et des chiffres
ont été modifiés sur le document pour couvrir les pratiques irrégulières constatées.
L’enquête a aussi constaté des manœuvres frauduleuses exécutées pour tenter de combler des
manquants décelés par les enquêteurs et portés à l’attention du chef du Département du Patrimoine et
des Moyens généraux (DPMG) de POSTEFINANCES.
Les manœuvres ont consisté à se faire livrer des fournitures de bureau sans bordereau de livraison du
fournisseur, ni bon de commande, ni certificat de réception de la Commission de réception, dans le
but de renforcer discrètement les matières gardées dans le magasin.
Au terme de leurs diligences, les enquêteurs ont recueilli des indices graves et concordants d’infractions
de faux et usage de faux et de détournement de deniers publics.
Le rapport d’enquête a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites
soient engagées.
S’agissant de la dette de quatre-vingts (80 000 000 000) milliards de francs CFA due par La
Poste au Trésor public dans le cadre de la compense, elle fera l’objet d’un autre rapport à la fin
des investigations.
DOSSIER 10 : Suite à la plainte d’un citoyen contre le Directeur général (DG) du Port, une enquête
a été ouverte. Selon le plaignant, les autorités du Port ont lancé, en octobre 2014, un Appel à
Manifestation d’Intérêt (AMI) à l’endroit des opérateurs économiques pour formaliser l’exploitation
d’une plateforme.
Un Comité technique a été mis en place pour évaluer les offres financières et techniques des
soumissionnaires et sélectionner les meilleures propositions.
La date de remise des offres initialement fixée au 14 novembre 2014 a été renvoyée au 16 janvier
2015.
À l’issue de la procédure, le Comité technique a présélectionné trois soumissionnaires sur les sept
(07) sociétés ayant répondu à l’AMI.
Le plaignant, attributaire d’un hangar de huit mille (8000) m2 avant cette procédure, fait partie des
soumissionnaires éliminés.
Il reproche au Directeur général du Port d’être en position de conflit d’intérêts et d’être coupable de
délit d’initié dans cette procédure. Le plaignant estime que l’attribution des six (6) hangars sur huit
(8) à une des sociétés s’explique par le fait que celle-ci sert d’intermédiaire entre la société appartenant
au DG du Port et son fournisseur.
En outre, il affirme qu’il y a eu une tierce détention au profit de la société du DG du Port, dans le
cadre de la commercialisation de l’engrais, à travers une banque.
Ce lien triangulaire entre trois sociétés visées par le plaignant justifierait, à ses yeux, le conflit d’intérêts
et le délit d’initié dont il accuse le DG du Port.
Enfin, le plaignant soutient qu’il y a une société qui a été attributaire d’un hangar, alors qu’elle n’avait
pas soumissionné.
Les enquêtes menées ont permis de tirer les principales conclusions ci-après :

75
Rapport Public d’activités 2014-2015

- il n’a pas été établi de délit d’initié ou de conflits d’intérêts ayant justifié la mise à l’écart du
plaignant. L’attribution des terre-pleins et des hangars a été faite sur la base du critère de la capacité
de stockage des entreprises soumissionnaires.
L’analyse des capacités de stockage montre un cumul de stocks d’environ vingt-deux mille tonnes
par an pour la société appartenant au plaignant, la société indexée par le plaignant faisant huit cent
trente-sept mille quatre cent trente-trois (837 433) tonnes pour la même période. Cela signifie que
cette dernière société a une capacité qui fait plus de trente (30) fois celle du plaignant.
Le plaignant n’aurait même pas dû être attributaire d’un hangar de 2500 m2, ayant été disqualifié
pour n’avoir pas présenté des offres techniques et financières.
Les deux autres entreprises mises en cause par le plaignant qui affirme l’existence d’un conflit
d’intérêts avec le DG du Port ne sont pas impliquées dans la procédure. Elles n’ont été ni soumis-
sionnaires ni attributaires de terre-pleins ou de hangars ;
- en ce qui concerne la tierce détention à laquelle fait allusion le plaignant, il a été constaté qu’il
s’agit plutôt de lettres de confort que le Ministère de l’Agriculture avait accordées, par le biais
d’une banque de la place, à toutes les sociétés engagées dans la campagne de distribution
d’engrais ;
- enfin, s’agissant de la société que le plaignant accuse d’avoir été attributaire sans avoir
soumissionné, l’enquête a révélé qu’elle avait bien soumissionné. Dans son dossier de soumission,
cette société avait demandé deux(02) hangars et trente mille (30.000) m² de terre-pleins. Elle a été
attributaire de deux mille cinq cent (2500) m2 de hangar.
Compte tenu de tout ce qui précède, les enquêteurs n’ont pas pu conclure en l’existence des infractions
alléguées par le plaignant, même si dans la procédure, des dysfonctionnements ont été notés, avec
notamment l’absence des soumissionnaires lors de la séance de dépouillement et l’attribution d’un
hangar au profit d’un candidat pourtant disqualifié (le plaignant).
Le Port autonome de Dakar qui n’était pas obligé d’utiliser une procédure de mise en concurrence
dans la matière concernée, aurait dû, cependant, respecter scrupuleusement les principes et règles de
transparence encadrant la sélection de candidats. Les insuffisances constatées dans la procédure ont,
certainement, contribué à instaurer un climat de suspicion.
En l’absence d’éléments constitutifs d’infractions pénales, le rapport n’a pas été transmis à
l’Autorité judiciaire.
DOSSIER 11 : À la suite d’une plainte d’un citoyen contre ses ex-employeurs, une enquête a été ou-
verte par l’OFNAC. Le plaignant dénonce des pratiques supposées de fraude commises par ses
ex-employeurs qui lui auraient remis, en guise de paiement d’une somme d’argent qu’ils lui devaient,
des cartons de tomate concentrée jusqu’à concurrence de la somme due. Au moment où cette
tomate allait être écoulée, des agents du contrôle économique l’ont saisie pour avoir été introduite
frauduleusement dans le marché.
Un des responsables mis en cause affirme que leur société aurait elle-même reçu ces cartons de tomate
d’une personne qui lui devait la somme de dix millions (10 000 000) de francs CFA. Après un premier
paiement d’un montant de cinq millions (5 000 000) de francs CFA par chèque, le débiteur aurait
remis un autre chèque d’un montant de cinq millions trente mille (5 030 000) francs CFA. Ce dernier
chèque étant sans provision, il aurait proposé un paiement en nature : des cartons de tomate.
Une autre saisie avait été faite par le contrôleur sur des cartons de tomate importés du Maroc ; une
amende de cinq cent mille (500 000) francs CFA a été infligée aux fraudeurs, les produits saisis et
gardés en entrepôt.

76
Rapport Public d’activités 2014-2015

Au terme de l’enquête, il est clairement établi que les dénonciations du plaignant sont avérées
en ce qui concerne la commercialisation frauduleuse de la tomate concentrée par la société
appartenant aux personnes mises en cause.
S’agissant des cartons de tomate qui auraient été remis par un débiteur, les enquêteurs ont décelé des
contradictions sur les dates, car il y a antériorité des ventes de tomate effectuées par ladite société.
En effet, les factures du carnet n°10 de l’année 2013, démontrent que cette société commercialisait
déjà la tomate concentrée depuis novembre 2013, alors que les chèques remis datent de décembre
2013.
La société a commercialisé huit cent soixante-quinze (875) cartons de tomate concentrée, entre 2013
et 2014, d’une valeur estimée à une somme de onze million cinq cent quatre-vingt-onze mille cinq
cent cinquante (11 591550) francs CFA.
Il ne fait aucun doute que la société des personnes mises en cause a frauduleusement importé de la
tomate concentrée, infraction assimilée à la contrebande, car il s’agit d’importation sans déclaration
de marchandises, prévue et réprimée par l’article 393 alinéa 03 du Code des douanes.
Quant à l’entrepositaire, il a mis à la consommation des marchandises en entrepôt sans acquitter les
droits et taxes, soit deux cent cinquante (250) cartons de tomate concentrée, pour le compte de son
client (la société des personnes mises en cause). Ce fait constitue une infraction douanière qualifiée
d’importation sans déclaration de marchandises prohibées, prévue et réprimée par les articles 21,
176 à 179, 193, 391, 396, 406 et 408 du Code des douanes.
Il a également été établi que cette société a importé des produits alimentaires non conformes à la
norme sénégalaise NS 03 036 août 1994 relative à la production et à la commercialisation du concentré
de tomate. Cette infraction est qualifiée de tromperie sur la qualité et de pratique de prix illicite,
prévue et réprimée par l’article 10, alinéas 01 et 02, de la loi n° 66-48 du 27 mai 1966, relative au
contrôle des produits alimentaires et à la répression des fraudes et la loi n°94-63du 22 août 1994 sur
les prix, la concurrence et le contentieux économique.
Les transactions financières faisant un cumul d’un million sept cent cinquante mille (1 750 000)
francs CFA ont été payées par les représentants de la société.
Dans cette mission, les enquêteurs de l’OFNAC, les agents du Service du Contrôle économique et
ceux de la douane ont travaillé en parfaite collaboration.
En outre, suite à l’intervention des enquêteurs de l’OFNAC, l’auteur a payé une amende
de cinq millions (5 000 000) de francs CFA et a liquidé les droits et taxes éludés de
3 920 668 de francs CFA, soit un total de huit millions neuf cent vingt mille six cent soixante-
huit (8 920 668) francs CFA.
Les infractions constatées sont toutes relatives à la réglementation douanière et/ ou commerciale.
Compte tenu de tout ce qui précède, et en l’absence d’éléments constitutifs d’infraction pénale,
le rapport n’a pas été transmis à l’Autorité judiciaire.

77
Rapport Public d’activités 2014-2015

L’analyse des L’analyse des principaux éléments des différents rapports d’en-
principaux éléments des
différents rapports d’enquête quête présentés révèle que les pratiques de corruption et de
présentés révèle que les pratiques concussion naissent souvent à partir de la lenteur des procé-
de corruption et de concussion dures dans la délivrance des services publics. Des agents, très
naissent souvent à partir de la lenteur peu scrupuleux, profitent alors de ces lenteurs pour faire prospérer
des procédures dans la délivrance
des services publics leurs pratiques illicites au détriment des usagers.

Dans les cas où des délais raisonnables sont fixés, des agents mus par des intérêts égoïstes, manipulent
les usagers en leur faisant croire que le temps pour la délivrance du service est long.
Ce cas met en évidence l’urgence à prendre des mesures pour encadrer la délivrance des actes
administratifs dans des délais prédéfinis.

Les éléments de ces dossiers d’enquête mettent aussi en évidence


Il est important l’importance du contrôle des structures publiques pour une
de renforcer le contrôle application effective des textes et procédures. En effet, il ne
des structures publiques
pour une application effective
suffit pas que des règles soient fixées pour que des services de
des textes et procédures qualité soient délivrés. Il est utile que la fonction « contrôle »
soit renforcée pour réduire les déviations par rapport aux cadres
de références.

Section 3 : Valeur ajoutée et contraintes


La valeur ajoutée des enquêtes menées par l’OFNAC est réelle.

Les enquêtes répondent aux D’abord, les enquêtes répondent aux préoccupations de citoyens
préoccupations de citoyens frustrés qui ont saisi l’Office. La satisfaction du citoyen est un élément
qui ont saisi l’Office essentiel dans la mesure de la qualité d’un service public.

Ensuite, les enquêtes présentent l’intérêt de participer à la réduction de la corruption par la détection
des infractions commises. La répression demeure, en effet, un élément dissuasif important qui doit
toujours accompagner la prévention.

Au-delà de la détec-
tion des infractions, les
enquêtes aident à identifier et à Il y a également qu’au-delà de la détection des infractions, les
corriger les dysfonctionnements qui enquêtes aident à identifier et corriger les dysfonctionnements
fragilisent nos systèmes et génèrent
des délits financiers.
qui fragilisent nos systèmes et génèrent des délits financiers.
Par ailleurs, les missions
d’enquête apportent une
Par ailleurs, les missions d’enquête peuvent apporter une
valeur ajoutée au valeur ajoutée au Trésor public, grâce aux recouvrements de
Trésor public recettes et à la protection des ressources.

78
Rapport Public d’activités 2014-2015

Enfin, les missions d’enquête inspirent de nouvelles orientations et stratégies de prévention en


révélant des points de vulnérabilité.
Au regard de l’importance des missions d’enquête et d’investigation, et de la prégnance de la
corruption, de la fraude et des infractions assimilées ou connexes, dans la gestion des affaires publiques,
les moyens d’intervention de l’OFNAC devraient être renforcés.
À cet égard, l’Office envisage la mise en œuvre, sur la période 2016 à 2020, d’un Programme
de recrutement lui permettant de disposer de 50 praticiens supplémentaires d’ici 2020, pour le Dépar-
tement Enquête, Investigation, Audit et Vérification. Cet effectif doit être pluridisciplinaire
comprenant : des enquêteurs, des investigateurs, des auditeurs et vérificateurs, ayant divers profils :
fiscalistes, spécialistes des questions foncières et domaniales, analystes financiers et patrimoniaux,
spécialistes en forensic, etc.
La loi portant création de l’OFNAC confère aux enquêteurs certaines attributions qui semblent
déborder les prérogatives des officiers de police judiciaire. C’est le cas, quand l’article 3 de la loi
donne la possibilité d’entendre toute personne présumée avoir pris part à des actes de fraude ou de
corruption, de recueillir tout témoignage, toute information, tout document utile, sans que le secret
professionnel ne puisse lui être opposé. C’est une prérogative importante qui renforce l’OFNAC qui
a également la possibilité de se faire communiquer tout rapport. De même, le secret bancaire ne lui
est pas opposable.
Toutefois, ces pouvoirs d’enquête devraient être renforcés pour une plus grande efficacité afin
d’offrir la possibilité d’accomplir certains actes de procédures de nature à sauvegarder l’intégrité
des éléments de preuve utiles à la manifestation de la vérité.
À cet égard, il serait nécessaire d’accorder aux enquêteurs de l’Office, toutes les autres attributions
conférée aux Officiers de police judiciaire.
En conséquence, une réforme de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC
pourrait envisager, afin d’y intégrer toutes mesures de nature à renforcer les prérogatives de l’Office
en matière d’enquête.

Recommandation n° 8
a. Renforcer les moyens financiers de l’OFNAC afin de lui permettre de mettre en
œuvre le Programme de recrutement de cinquante (50) praticiens comprenant : des
enquêteurs, des investigateurs, des auditeurs et vérificateurs, sur la période 2016 –
2020. Cet effectif sera pluridisciplinaire, intégrant des fiscalistes, des spécialistes des
questions foncières et domaniales, des analystes financiers et patrimoniaux, des
spécialistes en audit des systèmes d’informations, des spécialistes en forensic, etc.
b. Envisager une réforme de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012, portant
création de l’OFNAC, afin d’y inclure des dispositions de nature à renforcer
les prérogatives de l’Office en matière d’enquête et d’investigation.

79
80
Chapitre IV

PROGRAMME PRÉVENTION
ET MOBILISATION SOCIALE

a corruption étant fondamentalement un problème de


La corruption étant
fondamentalement
un problème comportemental
étroitement lié à la problématique
des valeurs, l’OFNAC a accordé
L comportement étroitement lié à la problématique des
valeurs, l’OFNAC a accordé une place centrale à la
prévention et à la mobilisation sociale.
une place centrale à la prévention La nécessité de la répression pour éviter l’impunité n’est plus à
et à la mobilisation sociale
démontrer, mais il demeure important de développer des activités
de prévention pour faire face efficacement à la corruption.

Compte tenu de ce qui précède, les actions de prévention demeurent incontournables pour faire reculer
la fraude et la corruption. La plus grande valeur ajoutée des Institutions anti-corruption réside, préci-
sément, dans leur capacité à créer une dynamique collective de lutte et à contribuer à faire de chaque
citoyen le premier rempart contre la fraude et la corruption. C’est tout le sens de la place accordée par
la Convention des Nations Unies contre la Corruption à la prévention traitée en son Chapitre 2, article
5 alinéa 2 qui prescrit : « Chaque État Partie s’efforce de mettre en place et de promouvoir des
pratiques efficaces visant à prévenir la corruption ».
C’est pourquoi, conformément à la loi n°2012-30 du 28 décembre 2012, l’OFNAC a développé un
vaste programme de prévention fondé sur la sensibilisation et la communication.

L’OFNAC a L’objectif général de ces activités est de mieux faire comprendre aux
exécuté, au cours de
la période couverte par populations les méfaits de la fraude et de la corruption, d’avoir une
ce rapport, cent (100) missions meilleure connaissance de l’OFNAC et de ne plus tolérer ces
de communication-sensibilisation, pour pratiques.
deux cent soixante-six (266)
destinations cibles.Au total, L’OFNAC a ainsi exécuté, au cours de la période couverte par
soixante-sept mille deux cent
soixante-dix-sept (67 277) personnes ce rapport, cent (100) missions de communication-sensibilisa-
cibles ont été reçues tion, pour deux cent soixante-six (266) destinations cibles.
ou rencontrées

81
Rapport Public d’activités 2014-2015

Au total, soixante-sept mille deux cent soixante-dix-sept (67 277) personnes cibles ont été reçues
ou rencontrées.
Le Programme prévention et mobilisation sociale mis en œuvre par l’OFNAC comporte trois types
d’activités, en vue :
- de la constitution de base de données ;
- du développement de relais de communication ;
- de la communication et de la sensibilisation proprement dites.
Ces trois types d’activités se complètent et s’intègrent parfaitement dans une même logique d’efficacité.
Les deux premiers ont contribué à asseoir la méthode et la stratégie d’intervention du Département
chargé de la Prévention, l’OFNAC ayant adopté une posture fondée sur l’écoute et la prudence.

Section 1 : Constitution d’une base de données

Pour réaliser les


activités de sensibilisation,
l’OFNAC a commencé Pour réaliser les activités de sensibilisation, l’OFNAC a com-
par la collecte de données tirées de mencé par la collecte de données tirées de la perception et de
la perception et de la compréhension
du phénomène de la corruption
la compréhension du phénomène de la corruption à travers
à travers l’analyse des proverbes, dictons l’analyse des proverbes, dictons et langages courants, ainsi
et langages courants en vogue, que des échanges avec des personnes ressources gardiennes
ainsi que des échanges avec des
personnes ressources gardiennes
de valeurs traditionnelles.
de valeurs traditionnelles

La corruption étant
fondamentalement La corruption étant fondamentalement un problème de
un problème de comportement comportement étroitement lié à la problématique des
étroitement lié à la problématique
des valeurs, l’OFNAC a accordé
valeurs, l’OFNAC a accordé une place centrale à la préven-
une place centrale à la prévention tion et à la mobilisation sociale.
et à la mobilisation
sociale

La base de données de l’OFNAC est aussi alimentée par les rapports faits par des personnes ressources
capitalisant une certaine expérience dans la lutte contre la corruption pour tirer les leçons apprises des
réussites et des échecs.
Ces personnes ressources interviennent dans différents domaines d’activités et appartiennent, pour
l’essentiel, à des organisations de la société civile, à la presse, aux associations de jeunes, de femmes,
etc.
En considération de l’urgence d’une efficacité maximale dans ses interventions, l’OFNAC a jugé utile
d’emprunter le raccourci qu’offre le vécu des personnes et organisations impliquées dans la lutte contre
la corruption pour réduire les erreurs d’appréciation souvent constatées dans les premières approches.
L’OFNAC intervient dans une matière sur laquelle des acteurs ont travaillé bien avant lui et accumulé
une certaine expérience. Il a donc jugé utile de ne pas faire table rase de toutes ces connaissances qui

82
Rapport Public d’activités 2014-2015

relèvent d’une approche de terrain, mais d’essayer de les capitaliser et de bâtir sa propre vision et son
approche stratégique.
À côté de cette collecte et analyse de données, l’OFNAC a entrepris de s’appuyer sur des relais de
communication en sensibilisant de grandes figures sportives, culturelles et religieuses, certaines d’entre
elles ayant déjà aidé dans le travail de constitution de base de données.

Section 2 : Développement d’un réseau de relais de communication

Les grandes figures


Les grandes figures sportives, culturelles et religieuses constituent
sportives, culturelles des partenaires stratégiques pour l’OFNAC, dans la mesure où
et religieuses constituent elles sont souvent en contact avec les populations et demeurent des
des partenaires stratégiques
pour l’OFNAC
références.

L’approche qui consiste à communiquer avec elles, les sensibiliser sur les conséquences et sur
l’impact de la corruption, présente un double avantage :
- d’abord, elle permet d’en faire des relais efficaces pour la dissémination de connaissances, de
messages anti-corruption et d’attitudes positives ;
- ensuite, elle facilite pour ce qui concerne les grandes figures religieuses, l’anticipation sur la
stratégie des personnes impliquées dans des actes de fraude ou de corruption et qui, souvent,
connaissant la grande influence de ces personnalités, leur font un rapport tronqué, très éloigné de
la réalité.
En donnant une information juste et en expliquant le statut de l’OFNAC, marqué par l’indépendance
et l’apolitisme, ces personnalités sont alertées sur la stratégie de certaines personnes mal
intentionnées.
Ces échanges ont permis d’obtenir la collaboration et l’engagement ferme des Autorités religieuses
qui affirment que la lutte contre la corruption que mène l’OFNAC est une de leurs principales
missions en tant que guides.

Les échanges avec de


grandes figures ont été,
pour l’OFNAC, un apport Les échanges avec ces grandes figures ont été, pour l’OFNAC, un
décisif dans la compréhension apport décisif dans la compréhension et la connaissance du
et la connaissance du
phénomène de la phénomène de la corruption.
corruption

En effet, ces personnalités, de par leur vécu, leur érudition et leur ancrage dans les valeurs religieuses,
sont parfaitement conscientes des problèmes que pose la corruption et ont présenté des références
religieuses pertinentes proscrivant ce phénomène. Pour cette raison, elles ont donné des éléments de
communication et de sensibilisation aux préventionnistes de l’OFNAC.
Ainsi, l’analyse des données et des échanges avec les grandes figures sportives, culturelles et
religieuses a permis de faire les constats majeurs suivants :

83
Rapport Public d’activités 2014-2015

- la corruption est presque banalisée et acceptée par une bonne partie des Sénégalais ;
- la corruption n’épargne aucun secteur ;
- la corruption est parfois pratiquée sans aucune prise de conscience de la gravité de l’acte ;
- les principes et règles de la République s’accommodent mal de la corruption qui sape les
fondements de l’État de droit ;
- nos valeurs traditionnelles, malgré certains clichés, ont fortement décrié les pratiques de corruption
et loué les comportements fondés sur des valeurs comme le courage, la vertu, la pudeur ;
- nos religions révélées ont toutes condamné la corruption et vanté les mérites de l’intégrité.
Au sortir de cette posture d’apprentissage, l’OFNAC a commencé à mettre en œuvre son vaste
programme de communication et de sensibilisation, en développant une approche qui s’inspire des
valeurs de la République, de nos traditions et des religions révélées.

Dans le cadre de ses


travaux avec de potentiels relais de
Au total, dans le cadre de ses travaux avec de potentiels
communication, l’OFNAC a identifié et relais de communication, l’OFNAC a identifié et classé
classé dans son carnet d’adresses huit cent dans son carnet d’adresses huit cent treize (813)
treize (813) personnes ressources dont
soixante-seize (76) leaders d’opinion
personnes ressources dont soixante-seize (76) leaders
d’opinion.

Section 3 : Communication et sensibilisation


A. Activités organisées par l’OFNAC
A.1. Prévention en milieu scolaire, en collectivité éducative et en
milieu universitaire
Compte tenu des liens étroits entre le système scolaire et le système productif, ainsi que du rôle
de l’école dans la société, ce milieu a constitué une cible privilégiée dans les interventions de
l’OFNAC.

Le système éducatif est déterminant pour préparer la nouvelle


Compte tenu des liens génération à faire face à la corruption. La Convention des Nations
étroits entre le système Unies contre la Corruption met un accent particulier sur
scolaire et le système productif,
ainsi que du rôle de l’école dans
l’éducation du public, notamment en milieu scolaire et
la société, ce milieu a constitué universitaire et incite les États Parties à « entreprendre des
une cible privilégiée dans activités d’information du public l’incitant à ne pas tolérer la
les interventions de l’OFNAC
corruption, ainsi que des programmes d’éducation du public,
notamment dans les écoles et les universités. » (Chapitre II,
article 13, c).

84
Rapport Public d’activités 2014-2015

Des activités de prévention dans les cycles préscolaire, moyen, secondaire et à l’Université Cheikh
Anta Diop de Dakar (UCAD) ont été organisées dans ce cadre.
La méthode adoptée a reposé sur l’utilisation de moyens didactiques simples, adaptés au niveau du
public cible comme les sketches, les jeux et les discussions.
Ces activités ont permis de faire les constatations suivantes :
- dans leur grande majorité, les élèves et étudiants avaient des connaissances vagues et imprécises
sur l’OFNAC, certains ne le connaissaient même pas ;
- les élèves et étudiants ont montré un réel intérêt dans les échanges avec les préventionnistes de
l’OFNAC, intérêt perceptible à travers les nombreuses questions posées.

Globalement, dix-neuf (19) établissements scolaires ont été


Dix-neuf (19) établisse-
ments scolaires ont été visités et des contacts et échanges établis avec dix mille sept
visités et des contacts (10 007) élèves, ainsi qu’une colonie de vacances et une école
et échanges établis avec dix mille sept
coranique.
(10 007) élèves. Une colonie
de vacances et une école
coranique ont également
Le concours de questions-réponses sur la corruption organisé
été visitées par l’OFNAC a enregistré la participation de onze (11) établissements
scolaires et de mille soixante-dix-sept (1 077) candidats.
Au sortir de ces activités de prévention, le public cible a mieux compris le rôle et le champ de
compétence de l’OFNAC. Il a également pris conscience de la nécessité de refuser la corruption
et de la dénoncer partout où elle est rencontrée. Enfin, l’intérêt des élèves et des étudiants s’est
manifesté à travers les nombreux appels de jeunes recensés sur le numéro vert à la fin de ces
activités.
Des responsables d’Universités et des inspecteurs d’Académie ont également exprimé leur désir
d’organiser, plus tard, en partenariat avec l’OFNAC, d’autres séances de sensibilisation dans
l’espace scolaire et universitaire.
Eu égard à l’importance de l’éducation à la prévention de la corruption chez les jeunes et,
particulièrement, en milieux scolaire et universitaire, il serait utile de l’intégrer dans les programmes
de formation. Cette intégration aiderait à une meilleure prévention de ce fléau, si une démarche
participative était adoptée pour impliquer l’ensemble des acteurs concernés en veillant à adapter les
contenus à l’âge des jeunes et en tenant compte de certaines contraintes (volume horaire par exemple).
Par ailleurs, l’OFNAC envisage, en collaboration avec les responsables des établissements scolaires
et universitaires la mise en place de Cellules d’intégrité et d’exemplarité (Cie) au sein desdits
établissements en vue de semer la graine de l’intégrité chez les jeunes afin d’aider le Sénégal à avoir
moins de corrompus et de corrupteurs..

Recommandation n° 9
Veiller à intégrer dans les programmes scolaires et universitaires la prévention de la
corruption, en adoptant une démarche participative impliquant l’ensemble des acteurs
concernés, et en adaptant les contenus à l’âge des jeunes, avec une prise en compte de
certaines contraintes (volume horaire par exemple).

85
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 10 : Prévention en milieu scolaire fig 11 : Prévention en milieu scolaire


L’OFNAC dans des écoles les élèves posant avec les
de la banlieue de Dakar : préventionnistes de l’OFNAC
les élèves faisant signe pour dire
« NON À LA CORRUPTION »

A.2. Prévention en milieu informel

Compte tenu de la part importante occupée par l’informel dans


L’informel
est dans notre pays un secteur
l’économie nationale, l’OFNAC a jugé pertinent de dérouler des
sensible, ouvert et par conséquent activités de prévention dans ce milieu.
confronté à la fraude et
à la corruption En effet, l’informel est dans notre pays un secteur sensible,
ouvert et par conséquent confronté à la fraude et à la
corruption.

C’est pourquoi il était judicieux d’approcher les acteurs de ce milieu, de les sensibiliser et de les
responsabiliser dans la lutte contre la fraude et la corruption.
Les activités ont eu pour cadre :
1. l’axe du Grand Théâtre, l’avenue du Président Lamine Guèye, le Marché Sandaga, l’allée de la
Grande Mosquée, le Marché Petersen, l’axe avenue Blaise Diagne, la Maison de la Culture Douta
Seck ;
2. les gares routières de Petersen, de Colobane et des Baux maraîchers.
Profitant de la ferveur qui précède le jour du Grand Magal de Touba (1er décembre 2015), l’OFNAC
a mené des activités de sensibilisation du 26 au 28 novembre 2015 dans trois gares routières, en
compagnie de la troupe de théâtre “Espoirs de la Banlieue” de Dakar :
- gare routière de Petersen ;
- gare routière de Colobane ;
- gare routière des Baux maraîchers.

86
Rapport Public d’activités 2014-2015

DONNÉES STATISTIQUES
Tableau 14 : Sensibilisation dans le secteur du transport terrestre

{
N° DATES ACTIVITÉS LIEUX RÉSULTATS OBTENUS

26/11/15 Prétexte : Le Magal de Gare routière de 2310 personnes ont été

{
01
Touba Petersen sensibilisées ;
(1er décembre 2015) 40 supports de
communication (tee-shirts,

{
flyers, casquettes) distribués.

{
Gare routière de 3500 personnes ont été
02 27/11/15 Sensibilisation auprès des sensibilisées ;
usagers des gares routières. Colobane
40 supports de
communication
(tee-shirts, flyers,

{
casquettes) distribués.

5000 personnes ont été


03 28/11/15 Gare routière des
Baux maraîchers
sensibilisées ;
90 supports de
communication (tee-shirts,
flyers, casquettes) ont été
{
distribués.

Personnes sensibilisées ; 10 810

Personnes ayant été 8 500


TOTAL sensibilisées ;

Supports de 170
communication
(tee-shirts, flyers,
casquettes) distribués

Ces données ont été obtenues à partir d’activités de sensibilisation dans les
transports publics (cars et bus).

Les préventionnistes ont utilisé les échanges directs et le sketch avec l’artiste Babacar, alias « Le fou
dans la foule». À travers le sketch, il a été lancé des messages contre la corruption.
Les activités menées par l’OFNAC en milieu informel ont permis d’obtenir les résultats ci-après :
- les acteurs ciblés ont eu une meilleure connaissance de l’Office ;
- ils ont compris que l’OFNAC est une Institution à leur écoute et à leur service ;
- ils ont eu une meilleure connaissance des conséquences de la corruption.

87
Rapport Public d’activités 2014-2015

A.3. Communication à travers les médias et mise en place d’un site web
interactif
C’est une activité qui sous-tend l’essentiel des missions de communication et de sensibilisation déployées
par l’OFNAC, les amplifie et les complète en essayant de les porter à la connaissance d’un large public.
La communication à travers les médias a comporté deux formes de contenus :
1. un spot institutionnel qui renseigne sur les missions de l’OFNAC et sur les modes de saisine avec un
message mobilisateur contre la fraude et la corruption ;
2. un spot présenté sous forme de clip qui évoque quelques aspects de la fraude et de la corruption et
qui alerte sur la présence de l’OFNAC en tant qu’instrument de veille, de prévention et de lutte contre
ces pratiques illégales.
Dans la stratégie de diffusion, l’OFNAC a privilégié le français et le wolof et a choisi les heures de grande
écoute pour toucher le maximum de cibles sur les radios et les télévisions.
Pour ce qui est des radios communautaires, l’objectif a été d’atteindre les populations vivant dans les
localités les plus enclavées du pays. Sur ce réseau, un accent particulier a été mis sur les langues nationales
codifiées et sur celles qui sont parlées dans le terroir polarisé comme le mankagne, le bassari et le créole.
Cette démarche a permis de toucher des groupes ethniques minoritaires.
La campagne médiatique a contribué à renforcer la visibilité de l’OFNAC au niveau national et
international. En outre, elle a permis de mieux faire comprendre les méfaits de la fraude et de la
corruption et d’encourager les citoyens à dire «NON» à ces fléaux.
Au total, les activités menées dans le cadre des campagnes au niveau des médias sont synthétisées par les
tableaux ci-après :
Communication de masse
Radios commerciales

No Radios Éléments Nombre


commerciales de passages Période
01 WALF FM Spots 125
02 RFM Spots 98 Du 24/06/2015
03 RTS Spots 70 au 23/07/2015
04 SUD FM Spots 218

SOUS- TOTAL 4 stations Spots 511

Tableau 15

88
Rapport Public d’activités 2014-2015

Communication de masse
Radios communautaires

Radios Éléments Nombre Période


No
communautaires de passages

Spots en 12 langues En moyenne


(wolof, diola, 05 diffusions
sérère, pulaar, par jour et par
mandingue, station : 17 010
01 27 stations soninké, mankagne, passages Du 24/06/2015
mandiack, créole,
bassari, bédick, au 31/12/2015
français)

Tableau 16
Communication de masse
Chaînes de Télévision

Chaînes de Éléments Nombre Période


No
Télévision de passages

01 WALF TV Spot (clip Seune Sène) 12 Juillet 2015

Spots (clip Seune Sène) 25


02 Spot institutionnel en 40 Octobre à
RTS
wolof et en français novembre 2015

03 TFM Spot institutionnel en 30 Juin / juillet 2015


wolof et en français

Jeux de questions / 04 Septembre 2015


04 Mourchid TV
réponses sur l’OFNAC
et ses missions
SOUS-TOTAL 04 chaînes 02 spots et 04 émissions 111

Tableau 17
Communication de masse
Récapitulatif
TOTAL des 35 chaînes et Spots (clip Seune Sène) 17 632 06 mois (diffusion
spots tv radios stations de radio Spot institutionnel en perlée et
commerciales wolof et en français et progressive)
et privées 04 émissions TV

Tableau 18

89
Rapport Public d’activités 2014-2015

Pour ce qui concerne le site web, sa mise en place est dictée par le souci d’ouvrir l’OFNAC au grand
public, de le rendre visible et accessible. Par ce canal, les citoyens ont la possibilité de disposer
d’informations sur l’Institution, de donner leurs avis et, éventuellement, de déposer leurs plaintes et
dénonciations (cet aspect a été développé plus haut.)
B. Activités déployées dans le cadre de l’agenda socio-culturel et
économique du Sénégal
L’OFNAC a saisi l’occasion offerte par les grands événements rythmant la vie nationale et internatio-
nale pour déployer des activités de prévention.
L’Office a communiqué avec le grand public par l’ouverture de stands dans certaines manifestations,
par les échanges et distributions de supports de communication à l’occasion de fêtes religieuses et la
participation aux activités de vacances de la Télévision Mourchid TV, à travers l’émission « Vacances
et Valeurs ».
B.1. Communication à l’occasion de la FIDAK et du Sommet de la
Francophonie
Dans le cadre de la 23e édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) et du 15e Sommet de la
Francophonie, l’OFNAC a ouvert des stands pour communiquer avec le public.
L’objectif poursuivi à travers ces activités était de mieux faire connaître l’OFNAC. Au démarrage de
ses activités, la visibilité de l’Office présente, en effet, un très grand intérêt.
Le constat ayant dicté cette démarche est la connaissance vague et imprécise que les populations ont,
généralement, de l’OFNAC.

Lors du 15e Sommet de la Lors du15e Sommet de la Francophonie, six mille six cent
Francophonie, six mille six cent soixante-trois (6 663) visiteurs ont été enregistrés, parmi
soixante-trois (6 663) visiteurs
ont été enregistrés, parmi lesquels lesquels le Président de la République française, Monsieur
le Président de la République française, François Hollande et le Secrétaire général (SG) de
Monsieur François Hollande l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF),
et le Secrétaire général (SG) Monsieur Abdou Diouf.
de l’OIF, Monsieur Abdou Diouf

Concernant les
23e et la 24e éditions de la Foire Concernant les 23e et la 24e éditions de la Foire internatio-
internationale de Dakar (FIDAK), nale de Dakar (FIDAK), trois mille sept cent dix-huit
trois mille sept cent dix-huit (3 718)
visiteurs ont été enregistrés au stand
(3 718) visiteurs ont été enregistrés au stand de l’OFNAC.
de l’OFNAC

Il convient également de noter qu’à l’occasion de la 24e édition cinq mille cent trente-deux (5 132)
personnes ont reçu le numéro vert de l’OFNAC sous forme d’étiquette, en dehors du stand.
Ces activités étaient aussi relayées à la télévision pour une démultiplication des messages et
l’élargissement du public atteint.

90
Rapport Public d’activités 2014-2015

Données sur les activités de prévention dans le cadre de la Francophonie et de la FIDAK

N° Prétextes des activités Données statistiques Personnalités rencontrées


de prévention et de
mobilisation
Fig. 14 Fig. 15
e
01 L’OFNAC au
L’OFNAC à la 23 FIDAK - 6663
Jeunes élèves du
visiteurs visitant
Standle+ stand de l’OFNAC.
Visites du Président de la
e
15 Sommet de la Kakemono République française,
Francophonie : M. François HOLLANDE
Visite du Secrétaire général
de la Francophonie
M. Abdou DIOUF
02 l’OFNAC aux 23e et 24e - visiteurs du stand :
FIDAK : 23e édition : 1.696
Choix motivé par le 24e édition : 2.022
besoin de communication - Personnes ayant reçu les
et de visibilité étiquettes portant le numéro
vert de l’OFNAC à la 24e
édition, en dehors du stand :
5.132

Tableau 19

Fig. 12 : L’OFNAC à la 23e FIDAK Fig. 13 : L’OFNAC à la 23e FIDAK


Les Rollers prêts à se déployer Le stand de l’OFNAC

91
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 14 : Fig. 15 :
L’OFNAC à la 23e FIDAK - Jeunes élèves visitant le stand de l’OFNAC

Fig 16 : l’OFNAC à la 24e FIDAK Fig 17 : l’OFNAC à la 24e FIDAK


Adultes visitant le stand Des élèves visitant le stand

Fig 18 : l’OFNAC à la 24e FIDAK Fig 19 : l’OFNAC à la 24e FIDAK


Des étudiants visitant le stand M. Malick DIOP, DG ASEPEX
visitant le stand

92
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig 20 : l’OFNAC à la 24e FIDAK Fig 21 : l’OFNAC à la 24e FIDAK


Des élèves visitant le stand Des adultes visitant le stand

Fig 22 : L’OFNAC au 15e Sommet de la Fig 23 : L’OFNAC au 15e Sommet de la


Francophonie- Le Président de la Francophonie- Le Président
République française M. François Abdou Diouf, Secrétaire général de
Hollande visitant le stand de l’Organisation internationale de la
l’OFNAC et discutant avec les Francophonie visitant le stand de
préventionnistes l’OFNAC

Fig 25 : L’OFNAC au 15e Sommet de la


Francophonie - Mme Awa Marie
Coll Seck, Ministre de la Santé et
de l’Action sociale, visitant le stand
Fig 24 : L’OFNAC au 15e Sommet de la de l’OFNAC en compagnie de ses
Francophonie - Les Rollers en homologues de la Côte d’Ivoire
campagne de sensibilisation aux Mme Raymonde Goudou Coffie et
côtés de l’OFNAC du Bénin Mme Dorothée Akoko
Kindé-Gazard

93
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 26 : L’OFNAC au 15e Sommet de la


Francophonie - Mme Mariama
Sarr, Ministre de la Famille, de la
Femme et de l’Enfance visitant le
stand de l’OFNAC

B.2. Communication dans les cérémonies religieuses


Les cérémonies religieuses mobilisant un vaste public, l’OFNAC a saisi l’opportunité offerte par ces
événements pour déployer des activités de communication.

Fig 27 : Gamou décembre 2014 - Le Chef Fig. 28 : Ziarra annuelle 2015 à Louga - Le
du Département Prévention et Chef du Département Prévention
Mobilisation sociale de l’OFNAC et Mobilisation sociale de
avec le Khalife de la Famille de l’OFNAC chez Serigne Thierno
Thierno Mountaga Tall Bachir Daha Tall

Fig 29 : Gamou janvier 2015 Fig. 30 : Gamou janvier 2015


Préventionnistes de l’OFNAC L’OFNAC chez le Khalife général
avec le Khalife général de Ndiassane de Thiénaba

94
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig 31 : Visite à la Mosquée de la Divinité Fig. 32 : Pélerinage marial de Popenguine.


en 2015 – Les préventionnistes de Les préventionnistes en discussion
l’OFNAC avec Serigne Mouhamed avec Abbé Dominique Stanislas
Naby Guèye Mendy

B.3. Prévention dans le cadre des «Vacances et Valeurs » (VAVA)


En collaboration avec le Groupe Mourchid Communication, à travers son émission intitulée Vacances
et Valeurs (VAVA), l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) a déroulé
des activités de sensibilisation du 06 au 26 septembre 2015.
L’objectif visé par l’Office à travers ce partenariat était de capter les opportunités de communication
ci-après :
- une émission entièrement dédiée aux valeurs et aux jeunes ;
- une émission en quatre séances de cinq (05) heures chacune (1/4 de finale, deux demi-finales et
une finale), réalisée d’abord sous la forme in situ, en présence d’un très grand public (proximité)
et diffusée ensuite à la télévision (masse) ;
- une émission interactive aux allures d’un spectacle (équipes en compétition) riche en sons et
lumières (attractivité).
Les jeunes compétiteurs ont été interrogés sur l’OFNAC et ses missions, dans les rubriques
« Questions/Réponses » et « Culture générale » de l’émission.
Grâce à la documentation sur l’Office (dépliants, flyers, site web, etc.) mise à disposition, les
compétiteurs ont fourni, pour l’essentiel, de bonnes réponses.
À l’issue des épreuves, six (6) lauréats ont été récompensés par l’OFNAC qui leur a offert des
ordinateurs, des téléphones portables et des lots de supports de communication.

95
Rapport Public d’activités 2014-2015

Statistiques sur l’émission VAVA

Nombre Rencontres Dates Lieux Nombre Nombre de


d’entrées diffusions
(*) TV

01 4e ¼ 06 septembre CICES 3 331 04


2015 Salle n° 02
de finale
02 13 septembre CICES 4 563 06
1re demi- 2015 Salle Unité
finale africaine

03 20 septembre CICES 4 817 06


e
2 demi- 2015 Salle Unité
finale africaine

04 27 septembre Stadium 6 235 10


2015 Marius Ndiaye
Finale
TOTAL 18 946 26

(*) Source : Mourchid TV

Tableau 20 : Statistiques sur l’émission VAVA

Fig 33 : Émission VAVA 2015 Fig. 34 : Émission VAVA 2015


Le public de l’émission VAVA avec les Le public de l’émission VAVA lors
préventionnistes de l’OFNAC des prestations des élèves

B.4. Prévention lors de la journée internationale de lutte contre la


corruption du 09 décembre 2015
Le 09 décembre 2015, journée internationale de lutte contre la corruption placée sous le thème :
« Rompez la chaine de la corruption » a été un grand moment de mobilisation :
- des élèves, des étudiants et du personnel d’encadrement ;
- du secteur privé à travers la CSPC ;
- d’Imams et prêcheurs ;
- des artistes.

96
Rapport Public d’activités 2014-2015

C’est ainsi qu’après une procession dont le point de départ était le grand Théâtre, 1 169 élèves ont
rejoint le Théâtre national Daniel Sorano où ils ont écouté les plaidoyers des représentants du secteur
privé, des autorités administratives, des Parlementaires, des Imams et prédicateurs et de grandes figures
artistiques.
Au cours de cette manifestation, les 09 lauréats du concours de création artistiques ont été primés.
Ce concours artistique intéressait 05 catégories :
- des élèves de collèges ;
- des élèves de lycées ;
- des élèves d’Écoles de Formation professionnelle ;
- des élèves de l’École nationale des Arts ;
- des artistes plasticiens.
Pour chaque catégorie 02 prix ont été décernés. Pour la catégorie des Écoles de formation profession-
nelle, le 1er prix n’a pas été décerné.
Le choix de ce concours artistique s’explique par le fait que la création artistique a toujours été une
des modalités les plus fortes d’expression de pensée et de sentiment qui semblent échapper au discours
traditionnel ou au langage.
Au total, 1169 candidats, toutes catégories confondues, ont participé à ce concours.

No OBJETS NOMBRE
01 Public Environ 1300 personnes
02 Élèves ayant effectivement pris part à 1 169
la cérémonie
03 Établissements scolaires 19 dont 18 invités et 01 ayant pris part sur
initiative propre
04 Participants au concours de création
artistique 169
05 Prix décernés 09 lauréats individuels
06 Appui 11 établissements bénéficiaires
07 Supports de communication 3 080
(tee-shirts, flyers, casquettes, dépliants,
porte-clés…) distribués

Tableau 21 : Journée internationale de lutte contre la corruption


L’OFNAC a particulièrement dédié la journée internationale de lutte contre la corruption de 2015 aux
jeunes, en vue d’accomplir sa mission d’alerte, de veille et d’anticipation. En effet, pour le rôle qu’elle
est appelée à jouer dans le développement du Sénégal, cette jeunesse doit être intègre, dynamique et
porteuse de valeurs positives et citoyennes.
Par ailleurs, l’Office projette, en collaboration avec les responsables des établissements scolaires
et universitaires, de mettre en place des cellules d’intégrité et d’exemplarité (CIE) au sein de ces
établissements, pour semer la graine de l’intégrité chez les jeunes, afin de réduire la corruption au
Sénégal.
Dans la même logique d’intervention, l’OFNAC envisage d’étendre l’institution de ces cellules dans
les organismes publics et privés ainsi que dans divers autres secteurs de la société sénégalaise.

97
Rapport Public d’activités 2014-2015

Recommandation n° 10
Mettre en place des cellules d’intégrité et d’exemplarité (CIE) au sein des établissements
scolaires et universitaires mais aussi dans d’autres secteurs de la vie nationale en vue
de semer chez les jeunes la graine de l’intégrité et de l’exemplarité.

Fig 35 : Élèves au Grand Théâtre national Fig. 36 : Élèves au Grand Théâtre national
Journée internationale de lutte Journée internationale de lutte
contre la corruption 2015 contre la corruption 2015

Fig 37: La Présidente de l’OFNAC avec le Fig. 38 : Public de SORANO (Officiels)


personnel devant le siège de l’OFNAC Journée internationale de lutte
Journée internationale de lutte contre contre la corruption 2015
la corruption 2015

Fig 39 : Public de SORANO


Journée internationale de lutte contre
la corruption 2015

98
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig. 40 : Remise de prix par la Fig 41 : Remise de prix par la Présidente de


Représentante du PNUD l’OFNAC- Journée internationale de
Journée internationale de lutte lutte contre la corruption 2015
contre la corruption 2015

RÉCAPITULATIF DES DONNÉES STATISTIQUES


Au total, au titre des activités de prévention, l’OFNAC a exécuté cent (100) missions sur deux cent
soixante-six (266) destinations. Ces activités concernent la période du 20/10/2014 au 18/12/2015.
Le tableau ci-dessous donne le détail de ces activités, du 20/10/14 au 18/12/2015 :

Période Nombre Nombre de Nombre Nombre Nombre


de missions destinations de supports de de visiteurs de supports de
réalisées cibles communication reçus et de documentation
mis à personnes cibles réalisés pour
disposition rencontrées le compte de
l’OFNAC

Du 20/10/14 67 277 53
100 266 27 852
au 18/12/2015

Tableau 22 : Résumé des activités de prévention de l’OFNAC

Fig 42 : Gamou décembre 2014 Fig. 43 : Gamou décembre 2014


Les Rollers en campagne de Préventionnistes de l’OFNAC chez
sensibilisation à Tivaouane aux côtés Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine
de l’OFNAC

99
Rapport Public d’activités 2014-2015

Fig 44 : Gamou décembre 2014


L’OFNAC chez le Khalife général des
Mourides Serigne Sidy Makhtar Mbacké Fig. 45 : L’OFNAC chez les Layènes

Fig 46 : Magal de Touba décembre 2015 Fig. 47 : Magal de Touba décembre 2015
L’OFNAC chez le Khalife général L’OFNAC chez Serigne Cheikh
avec le représentant du Khalife Moustapha Mbacké, fils ainé du
général des Mourides Khalife général des Mourides

Fig 48 : Magal de Touba décembre 2015 Fig. 49 : Magal de Touba décembre 2015
L’OFNAC chez Serigne Cheikh L’OFNAC chez Serigne Cheikh
Moustapha Mbacké, fils ainé du Moustapha Mbacké, fils ainé du
Khalife général des Mourides Khalife général des Mourides

Pour renforcer son dispositif de prévention de la corruption et de l’enrichissement illicite, le Sénégal


a adopté une loi relative à la déclaration de patrimoine.

100
CHAPITRE V

PROGRAMME DÉCLARATION
DE PATRIMOINE

L ’option du Chef de l’État et de son Gouvernement pour une gestion transparente et vertueuse des
affaires publiques induit, entre autres, trois exigences majeures:
- l’utilisation optimale des ressources publiques ;
- la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite et, conséquemment ;
- la connaissance du patrimoine des personnes impliquées dans la gestion des deniers publics et la
maîtrise de son évolution, quels que soient la nature et le niveau d’exercice de la fonction : politique,
administratif et/ou opérationnel.
La Convention des Nations Unies contre la Corruption (Art. 8), la Convention de l’Union africaine
pour la prévention et la lutte contre la Corruption (Art. 7), le Protocole de la CEDEAO sur la lutte
contre la Corruption (Art. 5) et le Code de transparence dans la gestion des finances publiques de
l’UEMOA (Art. 7), font de la déclaration de patrimoine une obligation pour les personnes en charge
des affaires publiques.
En adoptant la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des
finances publiques et la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office national de
Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), le Sénégal a transposé, dans sa législation interne,
la directive communautaire n° 01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009.
En application de l’article 7-1 de la loi du 27 décembre 2012 susvisée, la loi n° 2014-17 du 02 avril
2014 relative à la déclaration de patrimoine a été votée.

Cette loi assujettit les hautes Autorités politiques et administratives ainsi


La déclaration que les gestionnaires de deniers publics à la déclaration de patrimoine
de patrimoine fait dans les trois mois qui suivent leur nomination ou élection. Elle donne
partie des techniques à l’OFNAC la mission de recevoir, de contrôler et de conserver les
utilisées pour prévenir
et lutter contre la
déclarations de patrimoine des personnes assujetties.
corruption et pour faire
obstacle à l’enrichissement
La déclaration de patrimoine fait ainsi partie des techniques
illicite utilisées pour prévenir et lutter contre la corruption et pour faire
obstacle à l’enrichissement illicite de citoyens ayant en charge les
affaires publiques.

En plus des mesures législatives, des engagements fermes ont été exprimés et mis en œuvre par le
Président de la République pour une plus grande adhésion de notre pays aux valeurs universelles de
transparence, d’éthique, d’intégrité et de reddition des comptes.

101
Rapport Public d’activités 2014-2015

L’efficacité de la
Toutefois, l’efficacité de la déclaration de patrimoine commande
déclaration de patrimoine qu’elle soit adossée à des mesures complémentaires, notamment des
commande qu’elle soit adossée procédures et mécanismes clairs, connus d’avance et permettant, à
à des mesures complémentaires chaque fois que de besoin, de procéder aux évaluations qu’exigent les
opérations de contrôle.

C’est la raison pour laquelle l’OFNAC s’est inspiré des meilleures pratiques en la matière et a
contribué à la mise en place d’un système sénégalais de déclaration de patrimoine.

La déclaration de patrimoine constitue, aujourd’hui, un maillon


La déclaration de central de notre système national d’intégrité.
patrimoine constitue,
aujourd’hui, un maillon Elle aide à la protection des agents publics, des responsables politiques
central de notre système et administratifs, nommés ou élus, en les mettant à l’abri d’accusations
national d’intégrité
qui peuvent s’avérer erronées.

Section 1 : Éléments du patrimoine énumérés par la loi du


02 avril 2014
Aux termes de l’article 4 de la loi précitée, le patrimoine à déclarer comprend les biens et actifs détenus
par la personne concernée, directement ou indirectement, d’une part, ainsi que le passif, d’autre part.
« Les biens meubles englobent :
- Les comptes bancaires courants ou d’épargne, les valeurs en bourse, les actions dans les sociétés
de commerce en général, les assurances vie, les revenus annuels liés à la fonction occupée ou
provenant de toute autre source ;
- Les collections d’objets de valeur, les objets d’arts, accompagnés de leur estimation en valeur, les
bijoux et pierres précieuses de valeurs supérieures ou égales à cinquante millions (50 000 000) de
francs CFA ;
- Les véhicules à moteur ;
- Les fonds de commerce, les effets à recevoir ;
- Tous autres biens meubles détenus au Sénégal ou à l’étranger.
Les immeubles englobent :
- Les propriétés bâties au Sénégal ou à l’étranger avec description en annexe ;
- Les propriétés non bâties au Sénégal ou à l’étranger ;
- Les immeubles par destination au Sénégal ou à l’étranger ».
« Outre les éléments de l’actif, le déclarant mentionne le passif de son patrimoine incluant les dettes
hypothécaires, les dettes personnelles et tous autres engagements » pouvant avoir un effet sur le
patrimoine.

102
Rapport Public d’activités 2014-2015

Section 2 : Personnes assujetties à la déclaration depatrimoine


Conformément à l’article 2 de la loi n° 2014- 17 du 02 avril 2014, les Autorités publiques ci-après
sont assujetties à la déclaration de patrimoine :
- le Président de l’Assemblée nationale ;
- le Premier ministre ;
- les Ministres ;
- le Président du Conseil économique, social et environnemental ;
- le Premier Questeur de l’Assemblée nationale.

Ces autorités assujetties sur la base des fonctions exercées constituent


Comme prescrit par la ce qui est communément appelé les assujettis de la première catégorie
Constitution, la déclaration
de patrimoine du Président de
(critère institutionnel).
la République est reçue par le
Conseil constitutionnel
Pour rappel, comme prescrit par la Constitution, la déclaration de
patrimoine du Président de la République est reçue par le Conseil
constitutionnel.

À ces autorités, s’ajoutent tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de
dépenses et les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou
égal à un milliard (1 000 000 000) de francs CFA.
Ces personnalités assujetties en fonction du niveau des opérations annuelles exécutées constituent
ce qui est communément appelé les assujettis de la deuxième catégorie (critère du montant des
opérations financières annuelles).

Section 3 : Système sénégalais de déclaration de patrimoine


La conférence régionale sur les déclarations de patrimoine qui s’est tenue les 26, 27 et 28 mai 2014
à Dakar a permis à l’OFNAC de s’inspirer des meilleures pratiques en la matière. En se basant sur ces
systèmes déjà mis en place dans les différents pays, notamment en France, au Bhoutan, au Rwanda et
en Géorgie, le Sénégal a pu concevoir son propre système de déclaration de patrimoine.
Ce système comporte les instruments d’intervention ci-après :
1. la création d’un Département déclaration de patrimoine (DDP) qui s’occupe de la réception, du
traitement, du contrôle et de la conservation des déclarations de patrimoine ;
2. l’adoption d’un décret d’application de la loi relative à la déclaration de patrimoine ;
3. la conception d’un formulaire unique de déclaration de patrimoine, à remplir par procédé semi-
électronique ou de façon manuscrite ;
4. la conception d’une liste institutionnelle des assujettis à la déclaration de patrimoine, annexée au
décret d’application ;
5. l’élaboration d’un Guide du déclarant, document qui décrit clairement le processus à suivre pour
procéder à la déclaration de patrimoine ;

103
Rapport Public d’activités 2014-2015

6. la mise en place d’un Bureau d’Assistance aux déclarants (BAD) au sein du DDP ; ce bureau
assure l’accompagnement des assujettis qui souhaitent bénéficier d’un appui relativement :
• au processus de déclaration de patrimoine ;
• aux modalités de remplissage du formulaire ;
• à l’identification des pièces justificatives ;
7. la constitution d’une base de données contenant la liste nominative des assujettis à la déclaration
de patrimoine ; ce document est régulièrement mis à jour grâce à :
• la mise en application de l’article 2 de la loi n° 2014- 17 du 02 avril 2014, qui cite nommément
les autorités assujetties à la déclaration de patrimoine ;
• la saisie, par correspondance, des dirigeants des Institutions, pour avoir la liste des administrateurs
de crédits et comptables publics qui sont sous leur tutelle ;
• l’exploitation des décrets de répartition des services de l’État ;
• l’exploitation des lois de finances de 2014 et 2015 ;
• l’exploitation des textes réglementaires portant nomination des ministres, des directeurs généraux,
des directeurs nationaux et régionaux, des administrateurs de crédits et des comptables publics ;
8. l’élaboration d’un manuel de procédures qui définit et formalise les différents processus à suivre,
par les agents du DDP pour recevoir, traiter, contrôler et conserver les déclarations de patrimoine.

Section 4 : Procédure de déclaration de patrimoine


Pour faire sa déclaration de patrimoine, l’assujetti doit :
- remplir, parapher et signer le formulaire ;
- joindre tous les documents justifiant l’existence des biens déclarés ;
- fournir ses pièces d’état civil ;
- déposer le dossier auprès de l’OFNAC personnellement, contre décharge ou par courrier
recommandé, avec accusé de réception, adressé au Président de l’OFNAC, à l’adresse : 37, avenue
Président Lamine Guèye, Dakar.
NB : En cas de sortie de fonction, la déclaration de patrimoine devra comporter les éléments
complets retraçant les variations ayant affecté la composition du patrimoine, depuis la précédente
déclaration (achats, ventes de biens mobiliers ou immobiliers, emprunts contractés, successions
reçues, etc.).

Section 5 : État des lieux à la date du 30 septembre 2015


La réception des listes de personnes en service dans les départements ministériels et assujetties à la
déclaration de patrimoine a permis au DDP de créer et d’alimenter une base de données, mise à jour
régulièrement. L’effectif recensé à la date du 30 septembre 2015 s’élève à cinq cent soixante cinq
(565) assujettis, parmi lesquels deux cent quatre-vingt douze (292) sont à jour de leur obligation de
dépôt.

Nombre d’assujettis répertoriés 565


Nombre de déclarations reçues 292

Tableau 23 : Situation globale des déclarations

104
Rapport Public d’activités 2014-2015

Le tableau synthétique, ci-après, et l’analyse qui s’ensuit rendent compte de la situation globale des
données et des appréciations et orientations à retenir.

Périodes Effectifs Pourcentages Effectifs Pourcentages


avril-juin 2014 0 0% 0 0%
juillet-septembre 2014 0 0% 0 0%
octobre-décembre 2014 40 7% 40 7%
janvier- mars 2015 96 17% 136 24%
avril-juin 2015 128 23% 264 47%
juillet-septembre 2015 28 5% 292 52%
TOTAL 292 52%
RESTE 273 48%
TOTAL GÉNÉRAL 565 100%

Tableau 24 : Évolution des déclarations par trimestre

CATÉGORIES
TOTAUX
1re catégorie 2e catégorie
PÉRIODES Pourcentages Effectifs Pourcentages
Effectifs Pourcentage
Total Effectifs

avril-juin 2014 0 0% 0 0 0 0

juillet-septembre 2014 0 0% 0 0 0 0

octobre-décembre 2014 40 7% 25 58% 15 3%

janvier- mars 2015 96 17% 14 33% 82 16%

avril-juin 2015 128 23% 4 9% 124 24%

juillet-septembre 2015 28 5% 0 0% 28 5%

TOTAL 292 52% 43 100% 249 48%

RESTE 273 48% 0 0% 273 52%

TOTAL GÉNÉRAL 565 100% 43 100% 522 100%

Tableau 25 : Situation des déclarations de patrimoine par catégorie d’assujettis


L’analyse des tableaux ci-dessus permet de faire les commentaires suivants :
- c’est au second trimestre (avril- juin) de l’année 2015, correspondant à la fin du délai imparti aux
assujettis, que l’on enregistre le taux de déclarations le plus élevé (23% des assujettis) ;
- un tel taux n’a jamais été relevé avant et après cette séquence trimestrielle ;
- trois faits combinés expliquent cette évolution : l’invitation de Son Excellence Monsieur Macky
Sall à l’endroit des assujettis pour satisfaire à l’obligation de déclaration, l’approche de la date

105
Rapport Public d’activités 2014-2015

limite (c’est-à-dire le 24 juin 2015) et les communiqués émanant de l’OFNAC.


En effet, ces différents communiqués ont permis à certains assujettis de mieux appréhender les critères
d’assujettissement et ont également permis de fournir à une cible, antérieurement non initiée,
l’ensemble des informations nécessaires (les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes
et dépenses et les comptables publics).

En ce qui concerne les assujettis de la première catégorie, c’est-à-


Les assujettis de la
première catégorie ont fait
dire, le Président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre,
leur déclaration de patrimoine le Président du Conseil économique, social et environnemental,
les Ministres et le Premier Questeur de l’Assemblée nationale, ils
ont fait leur déclaration de patrimoine.

Les difficultés constatées dans la


Présentement, les difficultés constatées dans la réception des
réception des déclarations de déclarations de patrimoine concernent surtout les assujettis
patrimoine concernent les de la deuxième catégorie, c’est-à-dire les personnes effectuant
assujettis de la deuxième catégorie des opérations portant sur un montant annuel supérieur ou
égal à un milliard de francs CFA.

Plusieurs raisons peuvent expliquer les retards et réticences notés. En effet, malgré l’important travail
de communication et de sensibilisation réalisé par l’OFNAC pour inviter les assujettis à satisfaire à
cette obligation légale, de nombreuses personnes concernées continuent de penser qu’elles ne sont
pas visées par la loi. Des ordonnateurs délégués et administrateurs délégués et suppléants pensent
aussi qu’ils ne sont pas tenus à cette obligation. En réalité, dès l’instant où ils interviennent dans la
chaîne d’exécution de la dépense publique, si celle-ci atteint ou dépasse un milliard de francs CFA,
ils sont concernés par la déclaration de patrimoine.
Pour d’autres, les opérations financières annuelles visées par la loi concernent exclusivement les crédits
gérés et destinés à leur service. C’est le cas de certains comptables publics qui pensaient que les crédits
destinés à d’autres structures que leur poste comptable, ne sont pas compris dans le montant des
opérations effectuées.
En réalité, la loi vise les opérations annuelles effectuées, dès que le
montant du milliard est atteint, la personne concernée est
La loi vise les assujettie à la déclaration, que ces opérations soient exécutées
opérations annuelles effectuées.
Dès que le montant du milliard pour le compte de son service ou au profit d’autres entités.
est atteint la personne concernée Rappelons que ce qui est visé par la loi, c’est la couverture des
est assujettie risques qui pèsent sur les personnes intervenant dans le maniement
de ressources publiques importantes dans toute la chaîne d’exécution
des dépenses publiques.
C’est pourquoi, l’OFNAC, pour lever les équivoques et dissiper les ambiguïtés, a beaucoup insisté sur
ce point dans sa campagne de communication et de sensibilisation. Le communiqué n° 3 fait par
l’OFNAC est à ce niveau clair dans la précision qu’il apporte : « Il convient ici de préciser, surtout à
l’intention des comptables, que les crédits visés concernent également les ressources qui transitent
entre leurs mains, même si elles sont destinées à d’autres structures. »

106
Rapport Public d’activités 2014-2015

Par ailleurs, des assujettis travaillant dans des agences et établissements publics considèrent que la
déclaration de patrimoine vise uniquement les comptables publics. Dans les échanges avec les
personnels de ces structures, l’accent est mis sur le caractère public des ressources qu’ils manipulent.
Ainsi, cent vingt-huit (128) déclarations ont été réceptionnées durant cette phase de
sensibilisation.
La figure 50 ci-dessous, montre la fréquence trimestrielle des déclarations par catégorie d’assujettis.

La figure 51 ci-dessous, montre la fréquence totale des déclarations par trimestre.

En résumé :
- Il convient de noter que 18 mois après le vote de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 sur la déclaration
de patrimoine et 11 mois après la publication du décret n° 2014-1463 portant application de ladite
loi, 292 assujettis ont déposé leur déclaration de patrimoine, soit 52% des assujettis répertoriés
dans la base de données ; d’où un gap de 48% ;

107
Rapport Public d’activités 2014-2015

- 100% des assujettis de la 1re catégorie ont déposé leur déclaration de patrimoine ;
- 52% des assujettis de la 2nde catégorie n’ont pas encore déposé leur déclaration de patrimoine.
Toutes ces personnes qui n’ont pas déclaré leur patrimoine et résident, d’après les informations
disponibles, pour la plupart hors de la région de Dakar (ce qui n’est pas une excuse) ;
- Il est aussi à relever que la base de données des assujettis n’est pas exhaustive ; ce qui signifie que
la proportion des assujettis en règle pourrait baisser.

Section 6 : Contraintes et perspectives pour le système sénégalais de


déclaration de patrimoine
La loi relative à la déclaration de patrimoine montre clairement l’option du législateur sénégalais
marquée essentiellement par la prudence et le réalisme. En effet, en décidant d’assujettir les autorités
exerçant des fonctions politiques sensibles et les personnes effectuant des opérations annuelles
atteignant le montant d’un milliard, des éléments socio-culturels semblent être pris en considération
et l’efficacité du système privilégiée.
Il est possible de penser que la déclaration de patrimoine nécessite de démarrer avec une assiette
d’assujettis raisonnable pour une gestion efficace. Cela s’explique par le fait que les réformes ont
plus de chances de succès lorsqu’elles sont faites progressivement, en tenant compte des réalités
socioculturelles et des capacités techniques des organismes intervenant dans la mise en œuvre. L’option
d’un ciblage restreint peut permettre de contenir les assujettis dans une proportion raisonnable pour
assurer une gestion efficace dans cette période de démarrage.
Pour ce qui concerne la publication des déclarations de patrimoine,
Les articles 5 et 9 les articles 5 et 9 affirment le caractère confidentiel desdites
affirment le caractère
confidentiel des déclarations
déclarations et interdisent qu’elles soient divulguées au public.
de patrimoine et interdisent qu’elles Le choix de la non-publication pourrait être expliqué par la
soient divulguées au public prudence évoquée plus haut, l’essentiel étant d’adopter et de faire
accepter le principe de la déclaration de patrimoine, les consolida-
tions et les approfondissements pouvant se faire progressivement,
compte tenu des leçons apprises et des exigences de transparence.
Au total, il peut être valablement affirmé que la loi relative à la déclaration de patrimoine marque une
avancée significative dans la moralisation de la vie publique. Le législateur sénégalais a ainsi préféré
« l’évolution » à « la révolution ».

La mise en place Toutefois, la mise en place d’un dispositif de déclaration de


d’un dispositif de déclaration patrimoine répond à un objectif fondamental : la protection
patrimoine répond à un objectif
fondamental : la protection des
des ressources publiques. Par conséquent, il se pose la question
ressources publiques du non- assujettissement de certaines personnes à cette formalité.

En effet, les risques ne se situent pas uniquement dans les fonctions politiques visées par la loi
ou dans le maniement direct d’opérations financières. Des risques très significatifs pèsent
également sur les personnes dont la signature ouvre l’accès à des ressources naturelles, les
personnels chargés de missions de contrôle les mettant en relation avec des entités gérant des
ressources substantielles, les acteurs habilités à trancher les litiges, les membres de l’OFNAC
qui est l’organisme chargé de recevoir les déclarations de patrimoine, pour ne citer que ceux-là.

108
Rapport Public d’activités 2014-2015

L’efficacité du système de déclaration de patrimoine repose donc sur sa capacité à identifier les risques
significatifs qui pèsent sur les ressources publiques et à définir les personnes assujetties en consé-
quence.

Les ressources publiques vont au-delà des seuls deniers


Les ressources publiques, débordent publics pour intégrer les ressources naturelles (minières,
les seuls deniers publics pour intégrer
les ressources naturelles et les ressources
forestières…) et les ressources immatérielles (les droits
immatérielles fondamentaux, nos valeurs démocratiques, etc.)

C’est pourquoi, même si, en l’état actuel, le système de


Il convient d’envisager des réformes pour déclaration de patrimoine est bon et fonctionnel, il
élargir l’assiette des assujettis pour une convient d’envisager des réformes pour élargir l’assiette
meilleure couverture des domaines
de vulnérabilité
des assujettis pour une meilleure couverture des
domaines de vulnérabilité.

Relativement à la non-publication, il convient de préciser que lorsqu’une personne exerce une fonction
ou un mandat qui lui confère une responsabilité dans la gestion des ressources publiques, c’est une
exigence démocratique qu’elle présente des garanties d’intégrité.

Le respect de la déclaration de Le respect de la déclaration de patrimoine et l’acceptation


patrimoine et l’acceptation de sa de sa publication font partie de ces garanties. Il est
publication font partie des garanties
d’ailleurs considéré que les systèmes qui autorisent l’accès
d’intégrité car offrant plus de moyens
de contrôle et de transparence du public à l’information sont les plus efficaces parce
qu’offrant plus de moyens de contrôle et de transparence.

Les arguments mis en avant pour motiver l’option d’une gestion confidentielle des déclarations de
patrimoine sont alors écartés par des considérations qui mettent en exergue les exigences
démocratiques.
En effet, dans la mesure où l’accès des citoyens à l’information relève des droits de l’Homme, il devient
indispensable de mettre à la disposition des citoyens l’ensemble des éléments liés à la gestion des
ressources publiques. Dans cette perspective, l’obligation de déclaration de patrimoine et les formalités
qui y sont relatives constituent des éléments de la vie publique d’un homme public. Les personnes qui
acceptent la responsabilité d’intervenir dans la gestion des ressources publiques doivent donc accepter
de se soumettre à ces règles de transparence.

La publication des déclarations De plus, la publication des déclarations de patrimoine


de patrimoine permet l’exercice permet l’exercice d’un contrôle citoyen, les populations
d’un contrôle citoyen, les populations pouvant dénoncer les déclarations incomplètes sur la base
pouvant dénoncer les déclarations
incomplètes d’informations détenues sur le patrimoine des personnes
concernées.

109
Rapport Public d’activités 2014-2015

Il peut être constaté, en outre, que les sanctions prévues par la loi
sont très peu dissuasives. L’article 8 de la loi relative à la dé-
L’article 8 de la loi relative à la claration de patrimoine ne prévoit que deux mesures très
déclaration de patrimoine
ne prévoit que deux mesures
peu efficaces, en cas d’inobservation de l’obligation de dé-
très peu efficaces, claration de patrimoine : « - si le concerné est élu, il sera
en cas d’inobservation de l’obligation privé d'un quart (1/4) de ses émoluments jusqu'à ce qu'il
de déclaration de patrimoine fournisse la preuve de l'accomplissement de l'obligation.
- si le concerné relève de l'ordre administratif, l'autorité de
nomination pourra, pour ce seul fait, décider de la perte de la
position ayant généré l'obligation de déclaration de patrimoine.»
Dans ces conditions, des personnes assujetties peuvent préférer qu’il leur soit appliqué les sanctions
prévues plutôt que de se soumettre à la règle de transparence, compte tenu des enjeux.
L’absence de sanctions dissuasives constitue ainsi un point de vulnérabilité pour le système sénégalais
de déclaration de patrimoine.
Il serait judicieux, à l’instar de certains pays, d’alourdir les sanctions en prévoyant des poursuites
pénales avec des peines d’emprisonnement et de fortes amendes.
Par ailleurs, au niveau opérationnel, l’OFNAC, sur la base des enseignements tirés de cette première
phase de mise en œuvre de la déclaration de patrimoine, compte renforcer le travail de communication
et de sensibilisation pour mieux faire comprendre l’intérêt de ce dispositif dont l’une des fonctions
principales est de garantir la protection des personnes assujetties.
Au niveau de la gestion de l’information, l’efficacité du système de
déclaration de patrimoine exige une digitalisation complète de
L’efficacité du système de la procédure. Cette digitalisation présente l’avantage de
déclaration de patrimoine exige une soulager les assujettis qui auront, quelle que soit leur
digitalisation complète de la procédure. localisation, la possibilité de transmettre leur déclaration
Cette digitalisation présente
l’avantage de soulager
par voie informatique, la seule condition étant la disponibi-
les assujettis lité d’une connexion internet. Cela participe ainsi à la réduction
du coût de la formalité pour les assujettis qui n’auront plus besoin
de se déplacer.
La digitalisation offre la possibilité d’être en interaction constante avec les assujettis et crée ainsi un
rapprochement indispensable pour une amélioration du système. De plus, la digitalisation facilite
l’exploitation des informations collectées, l’étape de la numérisation préalable des documents
physiques n’étant plus nécessaire.
Dans un système de déclaration de patrimoine en plein développement avec une augmentation du
nombre des assujettis, la digitalisation devient un impératif pour une gestion performante.
Toutefois, la mise en place d’un système digitalisé exige, comme préalable, la garantie d’une
certification des signatures électroniques par l’Autorité compétente en la matière, à savoir l’Agence
de l’Informatique de l’État (ADIE). En effet, seule l’ADIE peut exercer son contrôle et certifier la
signature des assujettis pour conférer à cette procédure les garanties nécessaires.
Il existe une autre contrainte qui pèse sur les assujettis et sur laquelle une
L’obligation d’estimer réflexion doit être ouverte : c’est l’obligation d’expertiser certains biens
certains biens à déclarer
peut coûter cher à l’assujetti
à déclarer pour en déterminer la valeur, notamment des biens immobi-
car nécessitant des frais liers. En effet, l’accomplissement de cette formalité peut coûter cher
d’expertise à l’assujetti car nécessitant des frais d’expertise.

110
Rapport Public d’activités 2014-2015

Dans la mesure où la déclaration est effectuée pour les besoins de la gestion publique et sur commande
du législateur, il serait juste que tous les frais y afférents soient pris en charge par l’État.
À l’analyse, il apparaît donc que le système sénégalais de déclaration de patrimoine a renforcé
considérablement le dispositif de prévention de la corruption. Cependant, il est utile de consolider
les acquis et d’envisager des modifications de la loi pour mieux l’arrimer à l’objectif de protection
des ressources publiques. À un niveau opérationnel, la digitalisation complète de la procédure de
déclaration de patrimoine doit être réalisée pour une gestion performante desdites déclarations.

Recommandation n° 11
Renforcer le système sénégalais de déclaration de patrimoine en prenant les mesures
ci-après :
- rendre plus dissuasives les sanctions prévues en cas d’inobservation de l’obligation
de déclaration par un assujetti ;
- renforcer les moyens financiers de l’OFNAC pour permettre la digitalisation
intégrale du processus de déclaration de patrimoine ;
- élargir l’assiette des assujettis sur la base d’une bonne identification des risques pour
cibler, par exemple, les personnes dont la signature ouvre l’accès à des ressources
naturelles, les personnels chargés de missions de contrôle, de régulation, d’audit, de
vérification les mettant en relation avec des entités gérant des ressources
substantielles, les acteurs habilités à trancher les litiges, ainsi que les membres de
l’OFNAC ;
- prévoir une prise en charge par l’État de certaines charges relatives à la déclaration
de patrimoine des personnes assujetties, notamment les frais d’expertise de certains
biens immobiliers

111
112
CHAPITRE VI

PROGRAMME FORMATION ET
RENFORCEMENT DE CAPACITÉS

L
a formation et le renforcement de capacités constituent un aspect important de la prévention et
de la lutte contre la corruption, dans la mesure où, pour une efficacité des interventions, il est
indispensable d’adapter les compétences et habiletés des acteurs aux défis de la criminalité
financière.
Il sera abordé dans ce chapitre le contexte et les résultats obtenus dans les différents ateliers organisés
par l’OFNAC et ses partenaires.

Section 1 : Contexte
Dans l’objectif de contribuer, à terme, à la création d’un véritable Système national d’Intégrité (SNI)
mettant en relation une diversité d’acteurs aux attributions complémentaires, l’OFNAC a adopté,
dès son installation, un plan intérimaire «d’entrée en matière», reposant sur deux axes : la formation
continue et les échanges avec les partenaires.
Faire de la formation continue le vecteur de la réussite est un choix résultant de la nature et des
caractéristiques actuelles de la lutte contre la criminalité financière.
Toutes les conventions auxquelles le Sénégal est partie posent une approche nouvelle fondée sur la
création de nouvelles institutions spécialisées. Le besoin de spécialisation institutionnelle s’explique
et se justifie par quatre facteurs, au moins :
- l’étendue de la matière et la complexité des pratiques : petite corruption, grande corruption, crimi-
nalité financière, trafic de drogue, etc. ;
- l’exigence de collaboration entre acteurs au plan national, régional et international ;
- la spécialisation et l’organisation en réseaux des délinquants ;
- l’importance des moyens financiers et humains nécessaires à la réalisation des missions de préven-
tion et d’enquêtes ;
- la constitution d’une expertise pointue indépendante ou, à tout le moins, autonome.

113
Rapport Public d’activités 2014-2015

Face à la capacité de nuisance des entreprises criminelles, aucun moyen de défense ne peut
assurer une résistance durable s’il ne repose pas sur un système doté :
• de supports techniques, technologiques et opérationnels adaptés ;
• de réseaux organisés, de collaboration et d’entraide ;
• d’un cadre de partage à temps, de l’information utile.

Il découle de la complexité de ces paramètres que la formation, le


Le partage d’informations
et l’établissement
partage d’informations et la mise en place de cadres collectifs de
de cadres collectifs de travail travail deviennent des impératifs.
deviennent des impératifs

L’Office national de Lutte Fort de cette réalité, l’Office national de Lutte contre la
contre la Fraude et la Corruption Fraude et la Corruption a, très tôt, engagé une série de
a, très tôt, engagé une série de rencontres avec l’ensemble des acteurs du Système natio-
rencontres avec l’ensemble des acteurs
du Système national d’Intégrité
nal d’Intégrité en gestation.
en gestation

Il s’agit des
- parlementaires engagés dans la lutte contre la corruption, à travers des réseaux ;
- chefs religieux et coutumiers ;
- imams et prédicateurs;
- syndicats ;
- acteurs du secteur informel ;
- acteurs de la communication sociale ;
- organisations de la société civile ;
- experts en gouvernance ;
- associations de jeunes ;
- comédiens et artistes.
Ces rencontres, particulièrement fructueuses, ont permis à l’équipe de l’OFNAC d’apprécier,
avec beaucoup d’intérêt, les vastes connaissances des partenaires, leur maîtrise du sujet et leur
engagement à prendre part à la lutte contre le fléau de la corruption. Cet engagement solidaire
a permis l’adoption d’un plan d’actions stratégique triennal 2015-2017, conformément aux
recommandations et décisions issues d’un séminaire des membres de l’OFNAC, tenu les 10 et
11 avril 2014, avec le soutien de l’USAID/ PGP.
Les axes stratégiques essentiels de ce plan d’actions ont été présentésau Chapitre I.
Les lignes-forces de ce plan font apparaître que la formation et le renforcement des capacités
constituent la pierre angulaire des stratégies à bâtir, et cela au regard des préoccupations exprimées
plus haut.

114
Rapport Public d’activités 2014-2015

En tant que composante-programme, la formation et le renforcement des capacités comprennent deux


volets :
- un volet interne, avec comme cible bénéficiaire le personnel de l’Office ;
- un volet externe, visant l’amélioration des systèmes et pratiques de la gouvernance, par le
renforcement de l’expertise des ressources humaines des administrations et entreprises.

Section 2 : Résultats des ateliers de formation dédiés au


renforcement des capacités du personnel de l’OFNAC
et des autres acteurs
Il ne sera pas possible, en raison des normes auxquelles le présent Rapport est soumis, de présenter
l’ensemble des résultats des ateliers consacrés à la formation du personnel de l’OFNAC et des autres
acteurs, depuis le second semestre de 2014. Dans les développements ci-après, ne seront pas non plus
présentées les nombreuses sessions de formation spécialisées au profit des agents de l’Office. Un
critérium basé sur le niveau des enseignements reçus, l’expertise des animateurs, la durée du cycle et
la qualité des résultats, justifie la sélection de six (06) rencontres qui représentent autant de
modules de formation.
A. Atelier de partage et de réflexion stratégique pour l’examen du
Plan intérimaire 2014
Cet Atelier de « brainstorming » qui regroupait tous les membres de l’OFNAC a été organisé avec le
soutien de l’USAID-PGP, pour accompagner l’Office dans sa mise en place.
Les objectifs et les résultats de l’Atelier ont été présentés plus haut (page précédente).
Il a aussi permis aux membres de mesurer les enjeux liés à leur statut et à la réalisation des objectifs
de l’Institution. Le système de valeurs qui devrait leur servir de référentiel a été bien appréhendé. Il a
également été décidé d’inscrire les activités de l’Office dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats
et les impacts.
B. Atelier sur la formation opérationnelle régionale, co-organisé avec
l’Office européen de Lutte anti-fraude (OLAF)
L’Atelier a été co-organisé avec l’Office européen de Lutte anti-fraude (OLAF) du 13 au 15 mai 2014.
Le module déroulé était articulé autour de deux axes : la planification de l’enquête et les modalités de
coopération avec l’OLAF.
Pour la planification de l’enquête, les discussions et leur synthèse ont permis de s’accorder sur le fait
que la conduite d’une enquête comporte plusieurs séquences. La maîtrise de chaque séquence implique
l’utilisation de divers outils. Les principales étapes de la planification ont été identifiées et les outils
et les comportements de nature à assurer leur bon déroulement étudiés et maîtrisés. Ces étapes sont :
• la maîtrise de la situation (prédiction) ;
• l’identification des suspects ;
• la planification d’une stratégie d’enquête ;
• la formalisation de la stratégie.
Concernant la coopération avec l’OLAF, il a été précisé que le mandat de cette Institution est fonction
des engagements de l’Union européenne au titre de l’aide extérieure, relativement à la lutte anti-fraude.

115
Rapport Public d’activités 2014-2015

Les principaux créneaux de financement existant ont été rappelés.


Le champ de coopération avec l’OLAF a donc été bien circonscrit. Il s’agit, pour une bonne mise en
œuvre, de s’assurer le respect des conditions posées par l’Union européenne et relatives à la protection
de ses intérêts financiers. Ces conditions sont précisées par l’article 30 du Règlement (CE) 1905/2006.

L’OFNAC a signé un Accord de coopération administrative


L’OFNAC a signé un Accord
de coopération administrative (ACA) avec l’OLAF qui est au cœur d’un large partenariat
(ACA) avec l’OLAF extérieur, en raison de la position d’ouverture de l’Union
européenne.

C. Conférence régionale sur la déclaration de patrimoine pour


l'Afrique de l'Ouest et l’Afrique centrale
Cette conférence, tenue du 26 au 28 mai 2014 à Dakar, est une initiative du Bureau régional de l’Office
des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique
centrale. Elle a été co-organisée avec la Banque mondiale (BM), le Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD), The United States Agency for International Development (USAID),
l’Ambassade de France, l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) du
Sénégal, The Open Society Initiative for West Africa (OSIWA) et le Centre d’Étude et de
Recherches/Actions sur la Gouvernance (CERAG).
L’objectif de la conférence était de :
- faire un état des lieux des différentes législations en matière de déclaration de patrimoine ;
- partager les expériences ;
- procéder à l’examen des innovations les plus récentes en matière de déclaration de patrimoine, en
vue de leur mise en œuvre généralisée dans l’espace Afrique de l’Ouest et Afrique centrale.
Le diagnostic de la situation des pays de cette zone a fait ressortir les forces et les insuffisances
des différents systèmes de déclaration.

Il ressort des conclusions de la conférence qu’il n’existe pas de


Il n’existe pas de modèle unique modèle unique en matière de déclaration de patrimoine. Car,
en matière de déclaration les réalités de chaque pays déterminent les règles acceptables par
de patrimoine
sa société et celles qui ne le sont pas.

Il demeure, toutefois, que certaines règles peuvent faire l’objet d’un code de bonnes pratiques et
reposer, à peu près, sur les mêmes paramètres de détermination, de mise en œuvre et d’évaluation
dans l’espace de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale et même au-delà.

116
Rapport Public d’activités 2014-2015

Le benchmarking sur les En terme de résultats, le benchmarking sur les diverses


diverses expériences et les
meilleures pratiques en matière expériences et les meilleures pratiques en matière de décla-
de déclaration de patrimoine a permis ration de patrimoine a permis à l’OFNAC de mettre en place
à l’OFNAC de mettre en place les les procédures et mécanismes d’un système semi-électro-
procédures et mécanismes d’un nique de déclaration de patrimoine, qui devra évoluer vers
système semi-électronique de
déclaration de patrimoine un système totalement électronique.

Par ailleurs, la Déclaration de Dakar élaborée au terme de trois journées d’échanges constructifs,
sur les déclarations de patrimoine, sert aujourd’hui de ligne directrice en Afrique de l’Ouest et en
Afrique centrale pour faire évoluer les législations y relatives, vers plus de pertinence et d’impact sur
la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite.
D. 9e et 13e Programme mondial d’Interpol sur la lutte contre la
corruption, la criminalité financière et le recouvrement d’avoirs en
Afrique de l’Ouest
Ces deux Programmes ont été organisés respectivement du 10 au 14 juin 2014 et du 14 au 18 septembre
2015 à Dakar.
Les objectifs poursuivis à travers ces Programmes étaient :
- le renforcement des capacités des acteurs intervenant dans les services d’enquête et de poursuite
des délits et crimes économiques et financiers ;
- le partage des connaissances et des meilleures pratiques en matière de prévention et de lutte contre
la fraude, la corruption et les autres crimes financiers ;
- la contribution à l’adaptation des cadres et moyens juridiques aux formes de la criminalité
économique et financière ;
- la contribution au renforcement de la coopération technique et professionnelle.
Au terme de ces programmes, les résultats suivants ont été obtenus :
• une meilleure compréhension par les participants de l’évolution de la criminalité économique et
financière et la mise à leur disposition d’outils pour y faire face ;
• une meilleure perception et appréhension des enjeux et difficultés liés au recouvrement des avoirs ;
• une meilleure connaissance de la problématique de la criminalité financière en relation avec l’outil
informatique ;
• une bonne appréciation de l’intérêt de la coopération nationale et internationale par les acteurs
impliqués dans la lutte.
E. Atelier sur les principes, les normes et les techniques d’enquête,
d’investigation, d’inspection, d’audit et de vérification
Cet Atelier a été tenu du 06 au 09 mai 2015 avec le soutien de la Banque mondiale, dans le cadre de
la mise en œuvre du Programme Formation et Renforcement des capacités des membres et des
opérationnels de l’Office.

117
Rapport Public d’activités 2014-2015

L’objectif de cet Atelier était :


- de sensibiliser les participants aux domaines et facteurs de vulnérabilité à la fraude ;
- d’identifier et de caractériser les indicateurs de fraude ;
- de faire comprendre les mécanismes par lesquels se réalisent les diverses formes de fraude ;
- de donner aux acteurs la capacité de mettre en œuvre les procédés de vérification.
L’Atelier a également permis de passer en revue certaines infractions, ainsi que leurs éléments
constitutifs.
Par ailleurs au cours de la session, le rôle des structures de contrôle dans la lutte contre la fraude a été
examiné et les exigences de l’efficacité de leurs interventions rappelées.
Ces exigences renvoient à quatre critères essentiels :
- l’indépendance ;
- la distance face aux conflits d’intérêts ;
- l’efficacité des vérificateurs ;
- la promotion d’une fonction publique performante.
Relativement aux domaines de vulnérabilité à la fraude, l’Atelier a montré que la fraude devient très
sensible lorsqu’elle se manifeste dans certaines activités ou services : santé, éducation, réalisation
d’équipements communautaires ou d’infrastructures de base. De même, les domaines suivants sont
très exposés et vulnérables à la fraude :
- les travaux publics ;
- les subventions, licences ou permis ;
- la collecte de l’impôt et des finances.
Enfin, les indicateurs de fraude ont été analysés au cours des travaux.
En terme de résultats, cette formation a permis le renforcement de l’expertise des enquêteurs,
auditeurs et vérificateurs. Cette valeur ajoutée a amélioré la planification et la conduite des
missions, ainsi que la rédaction des procès-verbaux et rapports.
F. Atelier sur les techniques d’enquête et d’investigation
Cet Atelier de renforcement des capacités des enquêteurs, auditeurs et vérificateurs de l’Office a été
organisé avec l’appui du Bureau régional de l’ONUDC pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale
du 26 au 30 octobre 2015.
Les objectifs de l’Atelier étaient de :
- mieux faire comprendre l’importance des actes de procédure en enquête, notamment les procès-
verbaux d’audition ;
- faire comprendre aux participants l’importance du travail en équipe ;
- mieux rapprocher les enquêteurs, auditeurs et vérificateurs ;
- renforcer la méthodologie des participants.
Les résultats suivants ont été enregistrés à l’issue de l’Atelier :
- une meilleure synergie entre les acteurs de l’OFNAC intervenant dans les enquêtes, les audits et
les vérifications ;
- une amélioration des interventions et une meilleure connaissance des difficultés et des opportunités
des actes de procédure ;
- une meilleure approche méthodologique des participants.

118
Chapitre VII

PROGRAMME RECHERCHE-ACTION
Section 1 : Enjeu d’une institutionnalisation de la recherche-action

L
a recherche, telle qu’elle est conçue par le Plan d’action stratégique pour les années 2015, 2016
et 2017, traduit la détermination des autorités de l’OFNAC à garantir la qualité des interven-
tions des services opérationnels par la maîtrise de tous les paramètres qui les entourent.
Les paramètres les plus déterminants sont :
- le moment de l’intervention ;
- les acteurs (cibles) concernés ;
- les secteurs d’activité ;
- la composition, le niveau d’expertise et de compétence professionnelle de l’équipe chargée des
opérations ;
- la forme et la durée de prévalence des délits en cause ;
- l’environnement qui favorise la commission de ces délits ;
- la sanction ou fourchette de sanctions prévues ;
- les mesures de correction envisageables face aux carences ;
- l’efficacité de la sanction et/ou des mesures de correction ;
- les moyens d’action ;
- la perception des populations.
Il apparaît donc que les branches sur lesquelles peut porter la recherche sont nombreuses.
En dehors de ces branches, les considérations liées au milieu sont d’une grande importance. Aussi, la
connaissance des groupes humains concernés (syndicats, par exemple, dans les secteurs de la santé et
de l’éducation, associations d’étudiants, partis politiques, etc.), leur perception d’un phénomène tel
que la corruption et leur organisation, sont autant de sujets sur lesquels il convient d’agir avec la
maîtrise requise.
Dans cette quête de maîtrise de l’action à entreprendre, le terme recherche ne saurait être utilisé dans
un sens autre que celui qui traduit l’acception « recherche appliquée ou recherche-action ».
L’intérêt d’une telle démarche de clarification est d’éloigner les acteurs (agents des services, experts
commis par l’OFNAC et autres intervenants) de toute orientation ou interprétation de nature à déporter
les études vers le champ de la recherche fondamentale. En effet, il importe de préciser que la recherche
fondamentale ne préjuge ni ne garantit l’usage pratique qui sera fait de ses conclusions. Dans cette
catégorie d’activité, il peut arriver qu’aucune utilisation concrète ne soit envisagée pour rendre utiles
les résultats scientifiques obtenus.

119
Rapport Public d’activités 2014-2015

La recherche appliquée À l’opposé, la recherche appliquée (ou action) est une série
(ou action) est une série d’activités d’activités intellectuelles qui prépare et éclaire les interven-
intellectuelles qui prépare et éclaire
les interventions à entreprendre
tions à entreprendre. L’objectif qu’elle vise est de déterminer,
ou à réaliser selon les normes de rappeler ou de contribuer à faire appliquer les normes et
et standards standards relatifs :

- à l’objet de l’étude ;
- aux processus et procédés utilisés pour réaliser l’étude ;
- à la qualification des agents chargés des opérations ;
- aux conditions de réalisation des opérations ;
- à la qualité des instruments (ou outils) utilisés ;
- aux règlements et prescriptions techniques auxquels l’objet de l’étude est soumis ;
- à l’environnement (entreprises et groupes concernés, sensibilité du sujet, précautions d’usage à
prendre, etc.).
La finalité des conclusions est d’éclairer l’autorité sur les dispositions à prendre pour assurer la réussite
de l’intervention des agents de son service, plusieurs facteurs entrant en jeu dans la mise en œuvre
des dispositions opérationnelles.
Les constats issus de la recherche peuvent aussi conduire à des propositions adressées à une autorité
extérieure, investie du pouvoir de décision. De la même façon, ils peuvent amener l’initiateur des
études à se convaincre que telle action ne peut se réaliser qu’en équipe et, dans ce cas, l’équipe pourra
être constituée à l’interne si les moyens le permettent. Dans le cas contraire, le service recherchera
une collaboration extérieure par la coopération internationale. C’est ainsi que les études, la recherche
et le benchmarking ont donné lieu, au titre des années 2014 et 2015, à l’adoption d’un nombre
important de mesures dont la mise en œuvre est en cours.

Section 2 : Exploitation des résultats d’étude, de recherche et de


bench marking en 2014 et 2015
A. Dans la mise en place d’un système sénégalais de déclaration de
patrimoine
Les choix à opérer pour l’élaboration d’un cadre légal de déclaration de patrimoine a soulevé beaucoup
de questions sensibles en raison des intérêts en jeu. C’est pourquoi l’adoption du dispositif sénégalais
a été précédée de plusieurs études comparatives portant sur les différentes approches existantes en
Afrique et dans le monde. Le cadre légal et réglementaire retenu (après examen d’un nombre important
de systèmes) comprend :
- la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine ;
- le décret n° 2014-1463 du 12 novembre 2014 portant application de ladite loi. Ce cadre (légal et
réglementaire) a été complété par un dispositif organique et opérationnel :
• conception d’un formulaire unique de déclaration de patrimoine, à remplir par procédé électro-
nique ou de façon manuscrite ;

120
Rapport Public d’activités 2014-2015

• élaboration d’un Guide du déclarant, document qui décrit le processus à suivre pour procéder
à la déclaration de patrimoine ;
• mise en place du Bureau d’Assistance aux Déclarants (BAD) au sein du DDP, structure assurant
l’accompagnement des assujettis qui souhaitent bénéficier d’un appui relativement :
s au processus de déclaration de patrimoine ;
s aux modalités de remplissage du formulaire ;
s à la liste des pièces justificatives à fournir ;
• constitution d’une base de données contenant la liste nominative des assujettis.
B. Dans le cadre de l’élaboration du Programme Prévention et
mobilisation sociale (DPM)
Des recherches éparses ont permis d’établir que la sociologie de « groupes » (religieux, traditionnels,
de types identitaires, etc.) est une donnée caractéristique de l’organisation sociale au Sénégal.

Quand les individus Or, il est établi que certaines formes d’organisation, d’attitudes et
sont motivés par des allégeances de pratiques sociales peuvent favoriser et doper la corruption.
personnelles, de clan ou d’ethnie, Quand les individus sont motivés par des allégeances
plutôt que par la loi, l’avantage personnelles, de clan ou d’ethnie, plutôt que par la loi,
« catégoriel » devient primordial
par rapport à l’intérêt général l’avantage « catégoriel » devient primordial par rapport à
l’intérêt général.

Il découle de cet état de fait qu’un partenariat avec les « groupes », qu’il soit stratégique ou conjonc-
turel, s’est avéré nécessaire lors de l’indentification des meilleurs canaux de communication, dans le
cadre de l’exécution des programmes de sensibilisation.
Dans ce sillage, il a été relevé que déjà, la structure chargée de cette activité (DPM) a enregistré, en
2015, trente-sept mille cent soixante-quinze (37 175) visiteurs et personnes cibles rencontrés. Ces
visiteurs et personnes cibles sont des leaders du monde culturel, artistique ou de la communication
(au sens large).
Au terme de ces séances d’écoute, un programme de communication pour les années 2015, 2016 et
2017 a pu être élaboré.

Section 3 : Sujets d’étude et de recherche préfigurant de nouvelles


lignes d’action
L’un des sujets d’étude porte sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal, dont
l’Atelier de lancement a été tenu le 12 octobre 2015. Cette étude sera réalisée dans les mois à venir
avec l’appui de partenaires techniques et financiers (PNUD et OSIWA) en vue de collecter les données
relatives à la corruption, sur la base d’un système d’évaluation scientifiquement établi.
De façon précise, il est attendu que ces données permettent :
- l’identification des couches de la population les plus exposées comme victimes de la corruption ;
- l’identification des couches de la population les plus exposées comme auteurs de la corruption ;
- l’identification des causes et des manifestations (formes) de la corruption ;

121
Rapport Public d’activités 2014-2015

- la mesure de la perception de la corruption par le secteur privé, le secteur public, les ménages, les
autorités religieuses et coutumières, les jeunes, les organisations de la société civile, les femmes,
etc. ;
- la détermination de coûts estimatifs de la corruption au regard du secteur ou de la population cible.
Sur un autre plan, d’autres directions de recherche ont été identifiées et seront mises en œuvre.
Les résultats attendus permettront à l’Office de disposer d’un outil de guidage relativement aux
sujets ci-dessous :
- mise en œuvre du projet d’Académie Anti-Corruption de l’OFNAC (AAC/OFNAC) ;
- risques de corruption engendrés par les carences relevées sur des textes à incidences financières ;
- système de management par la qualité avec notamment des outils de prévention de la corruption :
manuels de procédures, guides, etc. ;
- manuels pédagogiques dans les écoles, établissements d’enseignement secondaire, universités et
établissements d’enseignement religieux ;
- dispositif de management des risques au sein des organismes publics et privés ;
- encadrement du financement des partis politiques et des campagnes électorales ;
- accès à l’information, et protection des personnes qui fournissent les informations sur la fraude et
la corruption.

122
Chapitre VIII

PROGRAMME COOPÉRATION
NATIONALE, RÉGIONALE ET
INTERNATIONALE

L
a fraude et la corruption sont des infractions qui peuvent revêtir une dimension transnationale
extrêmement complexe. C’est pourquoi l’OFNAC a accordé une réelle importance au dévelop-
pement d’un réseau de partenaires afin d’accroître l’efficacité de ses actions.
Les activités de coopération de l’OFNAC trouvent leurs fondements dans l’article 5 alinéa 4 de la
CNUCC et l’article 3 de la loi portant création de l’Office.
La CNUCC dispose en son article 5 alinéa 4 : « Les États Parties collaborent, selon qu’il convient
et conformément aux principes fondamentaux de leur système juridique, entre eux et avec les
organisations régionales et internationales compétentes pour la promotion et la mise au point des
mesures visées dans le présent article. Dans le cadre de cette collaboration, ils peuvent participer
à des programmes et projets internationaux visant à prévenir la corruption. » Quant à la loi
n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC, elle précise en son article 3 :
« L’OFNAC entretient des relations de coopération avec les organismes nationaux et internationaux
similaires intervenant dans le domaine de la lutte contre la fraude, la corruption, les pratiques
assimilées et infractions connexes ».
À ce titre, l’OFNAC a développé un vaste partenariat afin d’impulser une synergie des efforts des
entités nationales mais aussi, pour créer une complémentarité avec les organismes spécialisés des États
voisins et de la Communauté internationale.

Section 1 : Coopération nationale


Nombre d’organismes accordent un réel intérêt à la lutte contre la corruption et, pour cette raison, lui
consacrent des études et enquêtes dont la finalité est de permettre la maîtrise de ce phénomène, de son
évolution et de ses techniques d’expansion.
Des organismes comme la Fondation Ford, le Forum civil, les structures ministérielles (des États)
chargées des études économiques et du développement et des PTF installés au Sénégal comme la
Banque mondiale (BM), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’USAID,
la Délégation de l’Union européenne et de Open Society Initiative in West Africa (OSIWA) ont
contribué à la création de différentes méthodes de mesure de la corruption.

123
Rapport Public d’activités 2014-2015

Ces différentes entités ont ainsi capitalisé une certaine expertise dans la prévention et la lutte contre
la corruption que l’OFNAC compte mettre à profit en travaillant avec elles.
En effet, chaque organisme développe, dans le sillage de sa spécialité, des formes de collaboration
avec des institutions de lutte contre la corruption. Dans cette optique, l’OFNAC initie avec ces acteurs
des accords en vue de donner le plus de chance de réussite à ses programmes, de sensibilisation
notamment.
La dynamique de coopération développée par l’OFNAC se traduit par l’établissement de relations de
travail avec des entités nationales intervenant dans la prévention et la lutte contre la corruption et
même, par l’établissement de conventions de partenariat.
Ainsi, un vaste partenariat avec les structures de contrôle, les entités gouvernementales, les OSC et
les syndicats a permis de mettre en œuvre, ensemble, des activités à haute valeur ajoutée.
Il faut préciser que cette logique de partenariat a très tôt été adoptée par l’OFNAC en quête d’efficacité.
L’Atelier de planification des actions stratégiques évoqué plus haut et auquel plusieurs acteurs engagés
dans la prévention et la lutte contre la corruption ont été conviés constitue une illustration éloquente
de cette volonté de travailler en réseau.
Dans le domaine des activités de prévention, cette coopération a permis d’exécuter des programmes
de prévention. Cette logique de partenariat a permis de consacrer l’effectivité des dispositions de la
loi portant création de l’OFNAC, en facilitant les relations de l’Office avec d’autres organismes en
matière de prévention et de lutte contre la corruption.

L’OFNAC, au-delà des relations de coopération qu’il établit


L’atelier d’auto-évaluation de
l’application par le Sénégal de la
avec les organismes nationaux, a su développer une synergie
CNUCC a mis en évidence la synergie entre tous les acteurs. L’atelier d’auto-évaluation de
des acteurs, nécessaire pour une l’application par le Sénégal de la CNUCC, organisé
efficacité de subventions récemment, a mis en évidence cette synergie des acteurs
impulsée par l’OFNAC.

Le travail en synergie entre les différents acteurs est


L’OFNAC est à l’avant-garde de
la constitution d’un réseau national nécessaire pour une efficacité des interventions et l’OFNAC
et coordonne l’ensemble des initiatives, est à l’avant-garde de la constitution d’un réseau national et
en tant qu’organisme administratif coordonne l’ensemble des initiatives, en tant qu’organisme
dédié à la lutte contre la fraude et administratif dédié à la lutte contre la fraude et la corruption.
la corruption

Des projets de partenariat ont été conclus avec des organismes


internationaux. Au plan national, d’autres sont en cours
Des projets de partenariat ont été d’élaboration avec la Coalition du Secteur privé contre
conclus avec des organismes
internationaux. Au plan national, d’autres
la Corruption (CSPC), le Centre d’Étude et de
sont en cours d’élaboration avec la CSPC, Recherches/Actions sur la Gouvernance (CERAG), le
le CERAG, le Forum civil, la Ville de Forum civil, la Ville de Dakar, la Direction générale des
Dakar, la DGID, la DGD, l’ARMP,
la Cour des comptes, etc.
Impôts et Domaines (DGID), la Direction générale de
la Douane (DGD), l’Autorité de Régulation des Marchés
publics (ARMP), la Cour des comptes, etc.

124
Rapport Public d’activités 2014-2015

Avec des PTF implantés au Sénégal, l’OFNAC a aussi développé des relations de partenariat qui se
sont traduites par des appuis consentis par ces organismes. Les PTF qui soutiennent actuellement
l’OFNAC sont :
- la Délégation de l’Union européenne ;
- le PNUD ;
- l’ONUDC ;
- l’USAID-PGP ;
- la Banque mondiale ;
- la Coopération canadienne ;
- l’Ambassade de France ;
- l’Ambassade des États-Unis ;
- OSIWA.

L’Ambassade des États-Unis a Il convient de préciser que l’Ambassade des États-Unis


accordé un soutien important à accorde un soutien important à l’OFNAC, notamment,
l’OFNAC, notamment, pour l’organisation
de nombreuses sessions de formation en
pour l’organisation de nombreuses sessions de formation
matière d’enquête en matière d’enquête.

L’Ambassade de France également, a organisé, en relation


avec la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie
L’Ambassade de France a
organisé en relation avec la Haute publique en France (HTVP), une importante visite de
Autorité pour la Transparence de la Vie travail à Paris, d’une délégation de l’OFNAC conduite
publique en France (HTVP) une importante par sa Présidente. Cette visite de travail a permis à la
visite de travail, à Paris, d’une délégation
délégation sénégalaise d’échanger avec les autorités en
de l’OFNAC conduite
par sa Présidente charge de la prévention et de la lutte contre la corruption,
et de jeter les bases d’une coopération mutuellement
bénéfique.
Section 2 : Coopération régionale
La coopération avec les pays les plus proches est une nécessité dans la lutte contre la corruption.
C’est pourquoi, l’OFNAC a fait de la coopération régionale une priorité et a entrepris d’importantes
initiatives dans ce sens. C’est ainsi que des partenariats ont été développés avec le Burkina Faso, le
Mali et le Niger.
Les objectifs poursuivis à travers ces relations de coopération sont :
- l’échange d’informations et d’expériences ;
- la collaboration dans les enquêtes.
La coopération régionale a permis :
- d’envisager, dans les pays concernés, l’alignement des cadres juridiques sur les meilleures pratiques
présentées (c’est le cas du Burkina Faso qui, à travers l’exemple sénégalais, compte renforcer son
système de prévention et de lutte contre la corruption) ;

125
Rapport Public d’activités 2014-2015

- d’exécuter, conjointement, des missions d’enquête et d’échanger des informations (cas du Niger) ;
- un renforcement des liens de solidarité entre Institutions de lutte contre la corruption.
Aujourd’hui, l’expression la plus claire de la dynamique de la coopération régionale dans laquelle
l’OFNAC est engagé est, sans doute, la mise en place du Réseau des Institutions de Lutte contre la
Corruption de l’Afrique de l’Ouest (RINLCAO), dont Madame la Présidente de l’Office assure la
fonction de Secrétaire générale. Le Gouvernement du Sénégal a très largement soutenu ce réseau en
acceptant de mettre à sa disposition un siège situé à Dakar et abritant le Secrétariat permanent qui est
la cheville ouvrière de cette Institution.
L’OFNAC est aussi membre du Forum des Inspections générales d’État d’Afrique et Institutions
similaires (FIGE), la Présidente de l’OFNAC est Ambassadeur de ce Forum. Enfin, l’OFNAC est
membre de l’Association des Autorités Anti-Corruption d’Afrique (AAACA).

Section 3 : Coopération internationale


Au niveau international, l’OFNAC a tissé un réseau de partenaires stratégiques pour accroître
l’efficacité de ses actions.
C’est ainsi que de nombreuses conventions ont été signées avec des organismes dont l’appui est
déterminant dans la prévention et la lutte contre la corruption. Les principales conventions établies
concernent :
- l’Office européen de Lutte Anti-Fraude (OLAF) ;
- la Vice-présidence de la Banque mondiale pour l’Intégrité ;
- L’Inspection générale de la Banque européenne d’Investissement.
Les domaines couverts par ces conventions sont :

Les domaines couverts par les - l’échange d’informations : cet aspect concerne principalement
accords de coopération signés sont :
- l’échange d’informations ;
les enquêtes pour lesquelles la collaboration des organismes
- la coopération technique ; internationaux est nécessaire compte tenu du caractère trans-
- la coopération opérationnelle frontalier de la criminalité économique et financière ;

- la coopération technique : ce volet concerne l’assistance technique intégrant la formation,


l’échange sur les meilleures pratiques ainsi que sur les outils, techniques et équipements ;
- la coopération opérationnelle : il s’agit de la possibilité de travailler conjointement sur des dossiers
pour lesquels les partenaires ont des intérêts communs, cette coopération pouvant se traduire par
des missions d’enquêtes conjointes par exemple.

L’OFNAC a étendu son réseau


de partenaires avec : L’OFNAC a également continué à étendre son réseau de
- les organismes de lutte contre la partenaires internationaux et, actuellement, des perspec-
corruption en France tives de coopération avec les organismes de lutte contre la
- NAZAHA (la Commission
saoudienne de lutte corruption de la France et du Royaume d’Arabie saoudite
contre la corruption sont ouvertes.

126
Rapport Public d’activités 2014-2015

Avec la France, un autre champ de coopération internationale est ouvert, au cœur des relations
liant l’OFNAC à l’ensemble des structures opérant en partenariat avec le Collège de la Haute
Autorité pour la Transparence de la Vie publique (le Parquet national financier, le Service central
de Prévention de la Corruption, l’Office central de Lutte contre la Corruption et les Infractions
financières et fiscales, l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs saisis et confisqués, la
Cellule Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits financiers clandestins, le Service
national des Douanes judiciaires). Des sujets, suscitant un vif intérêt pour les deux parties, ont déjà
fait l’objet d’échanges. Il s’agit :
- de la création d’un organisme chargé du recouvrement des avoirs saisis et confisqués ;
- des formes de collaboration avec des organisations de la société civile
(Transparency international par exemple) ;
- des catégories de personnes assujetties à l’obligation de déclaration de patrimoine ;
- de la publication de la déclaration de patrimoine ;
- de la publication de communiqués sanctionnant la transmission de dossiers à la justice ;
- des articulations relationnelles entre services d’un même système national d’intégrité ;
- de la création d’organismes de coordination et d’échanges d’informations (entre services d’un même
système national d’intégrité) ;
- de la mise en place d’institutions spécialisées comme le Parquet financier, une chambre d’instruction
spécialisée.
Avec le Royaume d’Arabie saoudite, l’impératif de recherche et de formation est en première ligne
dans le projet de Protocole d’Accord entre l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption
(OFNAC) et la Commission nationale Anti-Corruption du Royaume d’Arabie saoudite (NAZAHA).
L’objectif pour les deux organismes est de donner à la recherche les attributs institutionnels susceptibles
de garantir la productivité, la durabilité et l’utilisation optimale des résultats par les cibles. En somme,
dans le partenariat en gestation, la recherche sera un outil de guidage des programmes de formation,
de prévention, d’assistance à l’entreprise et de renforcement des capacités des acteurs. Elle trouvera
son creuset dans les académies dont la construction est envisagée aussi bien au Sénégal qu’au Royaume
d’Arabie saoudite.
Au sein de ces académies, il est prévu notamment :
- l’élaboration de cours ou de modules de formation mettant en relief les valeurs enseignées par
l’islam, conformément aux orientations religieuses communes aux deux pays ;
- l’élaboration de modèles d’études, de recherche et d’enquêtes à caractère sociologique aux fins de
fournir aux institutions de lutte, les bases de données scientifiques nécessaires à la confection des
programmes sectoriels d’activités ;
- la confection de manuels scolaires, universitaires ou à l’usage des centres d’enseignement religieux ;
- la mise en place de systèmes de parrainage de cours, modules ou diplômes ;
- l’élaboration, à l’adresse des autorités nationales ou internationales, d’un système de formulation
de recommandations sur les contenus des enseignements, à la lumière des résultats de la recherche
sur l’évolution de la corruption ;
- la définition de critères de labellisation d’écoles ou universités, au regard du contenu des
enseignements ;
- l’organisation de conférences et séminaires spécialisés, sous la direction de chercheurs et experts ;
- l’élaboration de codes de déontologie pour les entreprises.
S’agissant particulièrement de l’Académie Anti-Corruption de l’OFNAC, son installation
nécessite la mise à disposition d’une assiette foncière afin d’y édifier ses locaux.

127
128
TROISIÈME PARTIE :

GOUVERNANCE PUBLIQUE ET LUTTE


CONTRE LA CORRUPTION AU SÉNÉGAL :
AXES D’AMÉLIORATION
130
Rapport Public d’activités 2014-2015

L a gouvernance publique est ici considérée dans sa conception large qui intègre, au-delà de
l’aspect financier, des éléments sociaux, politiques et autres impactant la destinée d’un pays.
À l’analyse, il devient évident qu’il y a une relation de type dialectique entre la bonne gouvernance et
la lutte contre la corruption. En effet, si la lutte contre la corruption est une condition de la bonne
gouvernance, il est également établi que les mesures prises dans le cadre de son instauration influent
positivement sur la lutte contre ce fléau.
Tout au long du Rapport, il a été mis en exergue les nombreuses initiatives des Autorités politiques
qui ont permis à notre pays d’enregistrer des avancées significatives vers une gouvernance de qualité.
Ces efforts sont très perceptibles dans le domaine de la lutte contre la corruption. Force est de recon-
naitre, cependant, que la prégnance de la corruption dans plusieurs secteurs d’activité demeure une
préoccupation majeure.

Aussi, la lutte contre la corruption exige-t-elle, pour son


Plusieurs facteurs d’ordre
socio- économique ont un impact efficacité, que des efforts soient consentis dans l’environ-
direct sur la corruption. Plus il y a nement global. En effet, plusieurs facteurs d’ordre
d’initiatives pour l’instauration d’une socio-économique ont un impact direct sur la corruption.
gouvernance de qualité, plus la
Plus il y a d’initiatives pour l’instauration d’une gouver-
corruption recule
nance de qualité, plus la corruption recule.

Une gouvernance publique de qualité implique une protection efficace des ressources publiques et la
préservation des valeurs de justice, d’égalité et de sécurité indispensables au bien-être des popula-
tions.
C’est également pourquoi les faiblesses dans la gouvernance constituent autant de vulnérabilités et
d’obstacles qui ne favorisent pas la lutte contre la corruption.

L’évaluation du degré de
Sous ce rapport, l’évaluation du degré de conformité de
conformité de notre droit positif à la notre droit positif à la Convention des Nations Unies
Convention des Nations Unies contre la contre la corruption a permis d’identifier les forces,
corruption a permis d’identifier les forces, faiblesses et opportunités qui impactent la gouvernance
faiblesses et opportunités qui impactent
la gouvernance publique dans toutes
publique dans toutes ses dimensions (instruments de
ses dimensions lutte, gouvernance foncière, système de valeurs, cadre de
vie, etc.).

131
Rapport Public d’activités 2014-2015

Section 1 : Application de la CNUCC par le Sénégal : état des lieux


et axes d’amélioration
L’évaluation de l’application de la CNUCC par les États Parties trouve son fondement dans l’article
5 alinéa 2 de ladite Convention : « Chaque État Partie s’efforce d’évaluer périodiquement les
instruments juridiques et mesures administratives pertinents en vue de déterminer s’ils sont adéquats
pour prévenir et combattre la corruption.»
C’est ainsi que le mécanisme d’évaluation par les pairs a été institué par la Conférence des États
parties, lors de sa troisième session à Doha, au Qatar en 2009.
Le principal objectif de ce mécanisme est de permettre une appréciation des avancées significatives
réalisées et la détection des insuffisances dans l’application de nos engagements juridiques et
institutionnels.
L’évaluation par les pairs est précédée d’une auto-évaluation par chaque pays du degré de conformité
de son dispositif interne.
Pour permettre à ce mécanisme d’atteindre les objectifs fixés, la résolution 3/1 de la Conférence
des États Parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption encourage une démarche
participative dans la conduite de l’auto-évaluation. Le point 28 des Termes de référence du mécanisme
d’examen dispose : « L’État partie examiné s’efforce de répondre aux questions de la liste de contrôle
pour l’auto-évaluation en tenant de vastes consultations au niveau national avec toutes les parties
prenantes concernées, dont le secteur privé, des personnes et des groupes n’appartenant pas au
secteur public.» Cette préoccupation exprime l’impératif d’une complémentarité entre les acteurs
publics et privés occupant des positions différentes.
Le processus d'examen de la CNUCC comprend deux cycles de cinq (5) ans chacun :

• le premier cycle (2010 – 2015) couvre le chapitre III qui porte


Le processus d'examen de la sur l'incrimination, la détection et la répression, ainsi que le
CNUCC comprend deux cycles
de cinq (5) ans chacun :
chapitre IV relatif à la coopération internationale ;
• le premier cycle (2010 – 2015) • le second cycle (2015 – 2020) est réservé au chapitre II
• le second cycle (2015 – 2020) portant sur les mesures préventives, et au chapitre V qui
traite du recouvrement des avoirs dérobés.

L’OFNAC a organisé C’est ainsi que, dans le cadre du premier cycle, l’OFNAC a
deux Ateliers d’auto-évaluation organisé deux Ateliers d’auto-évaluation de l’application de la
de l’application de la CNUCC
par le Sénégal CNUCC par le Sénégal, avec l’appui de l’ONUDC.

Les Ateliers ont permis de noter les réalisations et les axes d’amélioration ci-après :
- en matière d'incrimination, de détection, de répression de la corruption et de coopération
internationale ;
- en matière de recouvrement des avoirs illicites.
Il convient de faire noter que, bien que le recouvrement des avoirs ne fût pas concerné par le premier
cycle d’évaluation, les participants à l’Atelier ont étendu les travaux à cette question, pour saisir
l’opportunité offerte par la révision en cours du Code pénal et du Code de procédure pénale, faire des
propositions de réformes. Cela a permis aussi d’anticiper utilement sur le second cycle qui démarre
en 2016.

132
Rapport Public d’activités 2014-2015

A . En matière d’incrimination, de détection et de répression de la


corruption, et en matière de coopération internationale
L’Atelier qui a rassemblé tous les acteurs nationaux a permis de détecter les principaux points forts
suivants :
- sur le plan institutionnel, le Sénégal a mis en place plusieurs corps et organes de contrôle comme
la Cour des comptes, l’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) et l’Inspection générale
d’État, qui participent, à la transparence des affaires publiques. Dans le domaine de la lutte contre
la corruption, il a été créé un organe indépendant dénommé Office national de Lutte contre la Fraude
et la Corruption (OFNAC) ;
- il existe des textes qui organisent le recrutement, la rémunération, la formation et les garanties
statutaires des agents publics ;
- la législation organise le contrôle des dépenses publiques grâce à la traçabilité des opérations et la
publication du budget au moyen des rapports publics encadrés par les lois de finances et le règlement
général sur la comptabilité publique ;
- un dispositif de déclaration de patrimoine est mis en place par la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 ;
- la corruption, le détournement de deniers publics, l’enrichissement illicite et la plupart des
infractions assimilées à la corruption sont sanctionnées par le Code pénal ;
- dans le secteur privé, la prévention de la corruption est assurée notamment par la Commission
bancaire, les Ordres des professions libérales, et repose sur les instruments juridiques que sont le
Code des Obligations civiles et commerciales, les Actes uniformes sur le droit des sociétés, les
Règlements et Directives de l’UEMOA, de la CEDEAO, les Recommandations du Groupe d’Action
financière internationale (GAFI). Ces textes encouragent la libre concurrence et interdisent
les conflits d’intérêts, l’établissement des comptes et dépenses hors livres, l’utilisation de faux
documents et la destruction de pièces comptables dans les délais de conservation ainsi que
l’enregistrement de faux éléments du passif.

Il ressort de l’examen des points Il ressort de l’examen des points forts de notre cadre juridique
forts de notre cadre juridique et institutionnel que le Sénégal est, dans une large mesure,
et institutionnel que le Sénégal bien arrimé à la Convention dans les domaines susvisés.
est bien arrimé à la CNUCC

Toutefois, l’Atelier a détecté des points d’amélioration possibles pour mieux conformer notre cadre
juridique à la CNUCC. Ces points concernent les éléments ci-après :
- l’information du public constitue un aspect qu’il convient d’améliorer, compte tenu des retards
qu’accuse notre pays dans ce domaine ;
- les codes de déontologie ne sont pas élaborés et appliqués dans le secteur public ;
- des défaillances existent dans les mécanismes de recueil de données statistiques, notamment
pour ce qui concerne les sanctions prononcées dans le domaine de la corruption et des infractions
assimilées ou connexes ;
- le délai de prescription de la corruption n’est pas assez long comme le suggère la CNUCC ;
- la corruption d’agents publics étrangers et de fonctionnaires d’organisations internationales n’est
pas sanctionnée par le Code pénal ;
- l’abus de fonction n’est pas incriminé par le Code pénal ;
- la corruption dans le secteur privé n’est pas suffisamment couverte ;

133
Rapport Public d’activités 2014-2015

- la responsabilité et les sanctions applicables aux personnes morales en matière de corruption


et d’infractions assimilées sont insuffisamment définies ;
- les exemptions de poursuites ou de peines, le réaménagement des conditions de détention et de
libération avant jugement des personnes poursuivies pour corruption en tenant compte de la gravité
de l’infraction sont des dispositions qui présentent de réelles insuffisances ;
- les nouvelles techniques d’investigation telles que la livraison surveillée, l’infiltration, la
surveillance électronique, etc., ne sont pas encore prévues (la livraison surveillée est prévue
seulement en matière de lutte contre le trafic illicite de drogue) ;
- la protection des victimes, des témoins, des lanceurs d’alerte ainsi que de tous ceux qui
concourent aux enquêtes par la relocalisation, les auditions anonymes ou par visioconférence et
l’absolution ou l’atténuation des peines encourues, n’est pas encore consacrée ;
- en matière de coopération internationale, sont relevées de nombreuses insuffisances qui ne
favorisent pas l’efficacité des enquêtes pour des délits et crimes transfrontaliers.

Recommandation n° 12
Faire prendre les mesures nécessaires pour mettre en conformité notre cadre juridique
avec la Convention des Nations Unies contre la Corruption, afin d’accroître son
efficacité dans la prévention et la répression de la corruption.

B. En matière de recouvrement des avoirs illicites


Les résultats de l’Atelier, renforcés par ceux qui sont issus des travaux du Comité de recouvre-
ment des avoirs de l’OFNAC (CORA) ont permis de constater, en matière de recouvrement des
avoirs, les principaux points forts suivants :
- il existe dans le dispositif juridique sénégalais des mesures de saisie ou de confiscation qui
permettent à l’Autorité judiciaire de placer sous main de justice un objet, bien ou produit ayant un
lien avec l’infraction commise. Ces mesures de saisie sont opérées par le Procureur ou l’officier de
police judiciaire aussi bien dans le cadre de l’enquête de flagrance (articles 46, 48, 60 et 64 du
Code de procédure pénale) que dans le cadre de l’enquête préliminaire où les officiers de police
judiciaire assistés de leurs agents, sont habilités, par les articles 67 et 68 du même Code, à pratiquer
les mesures de perquisition, de visites domiciliaires et de saisie avec l’assentiment exprès de la
personne au domicile de qui, l’opération est effectuée ;
- dans la phase d’information judiciaire, l’article 87 bis du Code de procédure pénale permet au
juge d’instruction de prendre toutes mesures conservatoires et d’ordonner la saisie de tout bien
appartenant à l’inculpé ;
- la loi portant Code des drogues prévoit la saisie et la confiscation de tout instrument de toute nature
ayant servi à la commission des crimes prévus par les articles 95 à 103 au profit du Trésor public ;
- la loi n° 2004-09 du 06 février 2004 contre le blanchiment d’argent en ses articles 33, 36, 41 et 42
ainsi que la loi n° 2009-16 du 02 mars 2009 sur le financement du terrorisme autorisent la saisie et
la confiscation de tout ou partie des biens du condamné, des documents financiers et de tout autre
instrument ayant un lien avec l’infraction ;
- l’article 32 du Code pénal érige l’Administration des domaines en unité de gestion des biens confis-
qués destinés à l’aliénation dans les formes prescrites pour la vente des biens de l’État ;

134
Rapport Public d’activités 2014-2015

- le Service administratif des greffes et parquets peut procéder au recouvrement de certaines amendes,
pénalités ou faire procéder à des décisions de restitution ou dommages et intérêts et frais par la
voie de la contrainte par corps (articles 38, 39, 40 et 41 du Code pénal).
Il a été retenu, cependant, que ces points forts pouvaient être améliorés pour disposer d’un
système de recouvrement des avoirs plus performant et conforme à la Convention. Les amélio-
rations porteraient sur les points suivants :
- les textes existants ont davantage mis l’accent sur les sanctions privatives de liberté. Or, des
sanctions pécuniaires conséquentes ont une efficacité certaine, parce que visant à priver le
délinquant de ses moyens financiers et de ses biens mobiliers ou immobiliers; la législation
actuelle est à la fois incomplète et très peu appliquée ;
- le gel n’existe que dans le cadre du blanchiment, les saisies et confiscations n’ont pas encore
pris en compte les biens convertis, la possibilité de saisir la valeur et les biens dissimulés sous
forme de prête-nom ;
- dans la pratique, notre système judiciaire ne définit pas une clé de répartition des avoirs recouvrés
et exécute plus de demandes de recouvrement d’avoirs qu’il n’en formule auprès des autorités
étrangères à travers des commissions rogatoires ou demandes d’entraide judiciaire ;
- il existe une insuffisante coordination entre les services compétents, ce qui se traduit par un
recouvrement partiel des biens confisqués au profit de l’État ;
- il est constaté, dans la réalité, l’inexistence d’une Unité chargée du recouvrement des avoirs dérobés.
Il convient de faire remarquer que, pour le dernier point, la création de cette entité pourrait être
complétée par la transposition des incriminations de la Convention des Nations Unies contre la
Corruption dans une loi, à l’instar de la Loi uniforme n° 2004-09 du 06 février 2004 relative à la lutte
contre le blanchiment de capitaux.
Une telle Unité spécialisée serait un instrument de dissuasion supplémentaire dans le cadre de la lutte
contre la corruption et les délits assimilés.

L’organe dédié au Pour être efficace, l’organe dédié au recouvrement des avoirs
recouvrement des avoirs
devrait recevoir notification de devrait recevoir notification de toutes les décisions de saisie
toutes les décisions de saisie et et de confiscation prises par les autorités administratives ou
de confiscation prises par les autorités judiciaires, aux fins d’en assurer le suivi (recouvrement des
administratives ou judiciaires avoirs dérobés et gestion des avoirs recouvrés).
aux fins d’en assurer le suivi

Recommandation n° 13
Il est urgent de créer un organisme chargé du recouvrement des avoirs dérobés qui
devra recevoir notification de toutes les décisions de saisie et de confiscation prises par
les autorités administratives ou judiciaires, aux fins d’en assurer le suivi.

135
Rapport Public d’activités 2014-2015

Section 2 : Impératif d’un renforcement de la gouvernance foncière


Les avantages qu’offre le Sénégal aux investisseurs demeurent, entre autres, la stabilité politique, la
paix et la cohésion sociale.
Le foncier se révèle comme le socle du développement des familles, des administrations et des
entreprises (petites entreprises de femmes et de jeunes, grandes et moyennes entreprises), toutes ces
cellules ayant besoin, pour leur installation et leur développement, d’accéder à la terre.
Toutefois, il existe une insécurité notoire du fait de la récurrence des conflits relatifs à l’accès à la
terre.
Ces conflits concernent aussi bien les politiques, les autorités locales, les administratifs, les acteurs
du secteur privé que les particuliers.
Un indicateur du niveau de frustration des Sénégalais dans la gestion des questions foncières est
perceptible à travers le nombre de plaintes reçues par l’OFNAC dans ce domaine. Rappelons que le
foncier est le domaine le plus récurent dans les plaintes et dénonciations reçues (46).
Il peut être valablement affirmé que la problématique foncière fait
peser une réelle menace sur le pays et crée une insécurité
La problématique foncière fait physique et juridique incompatible avec la paix sociale et le
peser une réelle menace sur le pays développement des investissements.
et crée une insécurité physique et
juridique incompatible avec la paix Pour ce qui le concerne, l’OFNAC a ouvert des enquêtes
sociale et le développement
des investissements
sur certaines pratiques décriées et envisage une étude sur les
problèmes fonciers pour asseoir une base de données et une
connaissance précise du phénomène.
Les résultats issus de ces travaux pourraient alimenter aussi la réflexion de la commission chargée de
cette question.
Mais, il est important de souligner que les orientations de certaines décisions sont de la compétence
exclusive des Autorités supérieures pour une maîtrise des risques majeurs identifiés dont la forte
présence de promoteurs immobiliers notée dans le processus d’accès à la terre et à la propriété bâtie.
De graves problèmes ont été observés dans les activités de certains
Des problèmes graves promoteurs immobiliers, occasionnant une précarisation des
ont été observés dans les activités conditions de vie des citoyens adhérents à leurs projets. Organisés en
de certains promoteurs collectif ou en coopérative, de nombreux citoyens ont déposé des
immobiliers
plaintes à l’OFNAC contre les promoteurs immobiliers véreux.

Ces problèmes récurrents révèlent, notamment :


- le manque de sérieux et de loyauté de certains promoteurs immobiliers qui ne respectent pas leurs
engagements et abusent de la confiance des citoyens désireux d’accéder à la propriété foncière ou
bâtie ;
- le détournement d’objectifs par certains promoteurs immobiliers qui bénéficient de facilités de
l’État pour alléger le coût des services à délivrer aux citoyens sans qu’aucune valeur ajoutée réelle
ne soit constatée au bénéfice des populations ; parfois même, aucun service n’est délivré.
Des sanctions plus sévères devraient être appliquées à l’encontre de ces individus qui contribuent à la
paupérisation et la précarisation des citoyens. Il est difficile de concevoir qu’un promoteur fasse

136
Rapport Public d’activités 2014-2015

diffuser ses annonces publicitaires pour inciter les populations à une souscription massive sans la
moindre surveillance ou un contrôle en amont des services compétents de l’État.
Par ailleurs, on constate de plus en plus que certains projets immobiliers exécutés en violation de la
réglementation font l’objet de suspension ou d’arrêt définitif par les Autorités.
De telles décisions entrainent souvent des conséquences dramatiques pour de braves citoyens.
Il appartient aux Autorités publiques de veiller sur l’exécution de projets immobiliers et, s’il y a lieu,
de tirer la sonnette d’alarme en informant les adhérents par des communiqués. Elles doivent encadrer
les promoteurs de façon plus rigoureuse et donner la terre aux plus crédibles d’entre eux.

Dans la plupart des cas,


les promoteurs ont exercé en toute Si dans la plupart des cas, les promoteurs ont exercé en
irrégularité, et des dysfonctionnements toute irrégularité, il reste évident que des dysfonctionne-
dans les services ments dans les services de l’État ont parfois rendu
de l’État ont parfois rendu possibles
ces situations
possibles ces situations.

Un aspect important de la gouvernance foncière concerne aussi le respect d’une éthique dans l’attri-
bution des terres, pour ne pas exacerber les inégalités. Lorsque la pratique consacre et encourage
l’accaparement des terres par une minorité, la paix sociale est menacée. En effet, certaines pratiques
constituent des facteurs potentiels d’instabilité sociale. C’est le cas notamment lorsque des dizaines
d’hectares de terres sont attribués à un particulier qui n’a aucun projet d’exploitation pouvant impacter
positivement l’économie et qui, par la suite, se permet de procéder à une revente au plus fort de ces
terres, au détriment d’autres Sénégalais.
Ces mêmes menaces sont accentuées quand des organismes mis en place par la Puissance publique
pour faciliter l’accès à la terre et à la propriété bâtie aux populations privilégient une logique
commerciale au détriment de la logique sociale qui a guidé leur création.

Recommandation n° 14
Faire prendre des mesures pour la protection des citoyens sénégalais en matière d’accès
à la terre et à la propriété bâtie, en renforçant l’encadrement et le contrôle des activités
des promoteurs immobiliers publics et privés

Section 3 : Système de valeurs et politisation de l’Administration


publique
L’instauration d’une gouvernance de qualité est une exigence de principe. Son socle est constitué par
un ensemble de valeurs partagées, piliers de la stabilité nationale et du développement. Ces valeurs
sont l’impartialité, l’objectivité, le respect du bien public, l’exemplarité, pour ne citer que celles-là.
Elles restent, sans doute, les ressources les plus précieuses et doivent servir de repères dans tous les
segments de la vie nationale et, particulièrement, dans la délivrance du service public.
Les valeurs déterminent ce que nous sommes et structurent, pour l’essentiel, notre avenir en
nous inscrivant dans une perspective précise. Des acteurs engagés dans un même processus,
ayant les mêmes objectifs se doivent donc de partager les mêmes valeurs.

137
Rapport Public d’activités 2014-2015

Cela signifie que l’Administration, acteur stratégique du développement, plus que n’importe quel autre
secteur, est tenue de s’arrimer à ces valeurs. Lorsqu’elle joue pleinement son rôle dans le respect des
valeurs fondamentales qu’exige la délivrance d’un service public, l’ensemble des acteurs engagés dans
la dynamique économique et, particulièrement les citoyens, en tirent le maximum de profits.

Quand dans son


intervention l’Administration En revanche, quand dans son intervention l’Administration
est détournée de sa mission de base est détournée de sa mission de base et est parasitée par une
et est parasitée par une logique logique incompatible avec l’intérêt général, l’impartialité
incompatible avec l’intérêt général, et l’objectivité, la porte est ouverte aux dérives de
l’impartialité et l’objectivité,
la porte est ouverte aux dérives toutes natures. L’efficacité de l’action publique est alors
de toutes natures compromise et le service public perd de sa qualité.

Le diagnostic établi dans le cadre des travaux préparatifs à la mise en place d’une stratégie nationale
de lutte contre la corruption montre, que la politisation de l’Administration serait l’une des
causes de la corruption au Sénégal. Le militantisme politique est devenu une pratique courante des
cadres de l’Administration, ce qui peut, s’il n’est pas juridiquement encadré, instaurer un climat de
suspicion et d’insécurité chez les citoyens censés bénéficier de ses services.
Plusieurs rapports des structures de contrôle ont décrié cette politisation de l’Administration.

Des agents de
l’Administration politiquement En effet, dans certains cas, des agents de l’Administration politi-
engagés sont placés en situation quement engagés sont placés en situation de conflit d’intérêt.
de conflit d’intérêt

Le mode de recrutement
Avec cette tendance à la politisation de l’Administration constatée
basé sur le militantisme et qui remonte à plusieurs années déjà, le mérite personnel est
est porteur de vulnérabilité parfois relégué au second plan, au profit du militantisme ou de la
et constitue un contournement proximité avec le détenteur du pouvoir de nomination. Ce mode
des procédures administratives
favorisant la fraude, la corruption
de recrutement porteur de vulnérabilité constitue un contour-
et les infractions assimilées nement des procédures administratives favorisant la fraude, la
corruption et les infractions assimilées.

Les efforts pour contrebalancer ces tendances décrites dans l’Administration sont encore timides. En
effet, pour l’essentiel, c’est la loi n° 61-33 du 15 juin 1961 portant statut général des fonctionnaires
qui prend en considération la question des valeurs dans l’administration publique.
Il n’existe pas encore de Code de déontologie et d’éthique s’appliquant aux fonctionnaires. Cette
lacune traduit la modestie des efforts consentis pour maintenir l’Administration sénégalaise dans une
neutralité qui garantit des valeurs comme la compétence, l’intégrité, la transparence, etc.
Pourtant, la CNUCC à laquelle le Sénégal est partie, incite fortement les États à promouvoir les valeurs
et à mettre en place des codes de conduite, en prescrivant en son article 8 :
« 1. Afin de lutter contre la corruption, chaque État Partie encourage notamment l’intégrité,
l’honnêteté et la responsabilité chez ses agents publics, conformément aux principes fondamentaux
de son système juridique.

138
Rapport Public d’activités 2014-2015

2. En particulier, chaque État Partie s’efforce d’appliquer, dans le cadre de ses propres systèmes
institutionnel et juridique, des codes ou des normes de conduite pour l’exercice correct, honorable
et adéquat des fonctions publiques. »
Il convient à ce propos de saluer l’initiative du Ministère chargé de la Fonction publique qui a décidé
d’élaborer un Code de déontologie des agents publics, en adoptant une démarche fondée sur une large
concertation avec toutes les parties prenantes.

Recommandation n° 15
Prendre les mesures nécessaires en vue de :
- renforcer les initiatives pour une meilleure prise en compte de la problématique des
valeurs dans la gouvernance publique en général, en veillant notamment à encadrer,
de façon stricte, l’implication dans la politique des hauts cadres de l’Administration.
- finaliser le projet d’élaboration d’un Code de déontologie pour les agents publics,
initié par le Ministère chargé de la Fonction publique.

Section 4 : Problématique de l’encadrement du financement des


partis politiques
Dans la mise en œuvre d’une politique de bonne gouvernance, l’une des garanties fondamentales
est constituée par le mécanisme de financement public des candidatures à un mandat électif et de
financement des partis politiques.
L’encadrement du financement des partis politiques est une mesure déterminante dans l’instauration
d’une gouvernance de qualité, dans la mesure où il est étroitement lié à la problématique de la protec-
tion des ressources publiques.
C’est pourquoi, la Convention des Nations Unies contre la corruption accorde une importance
particulière au financement des partis politiques en édictant en son article 7 :
« Chaque État partie envisage également d’adopter des mesures législatives et administratives
appropriées, compatibles avec les objectifs de la présente Convention et conformes aux principes
fondamentaux de son droit interne, afin d’accroître la transparence du financement des candida-
tures à un mandat public électif et, le cas échéant, du financement des partis politiques. »
Si la transparence du financement des partis politiques mérite une attention toute particulière, c’est
bien parce qu’elle conditionne la qualité de la gouvernance. En effet, l’indépendance par rapport aux
groupes et personnes intervenant dans des activités illicites est le signe d’une volonté politique réelle
de combattre la corruption.
Lorsque les partis politiques ou les personnes qui accèdent au pouvoir sont soutenus par des personnes
très peu soucieuses de transparence, la lutte contre la corruption et les mesures pour l’instauration
d’une gouvernance publique de qualité restent superficielles, l’impunité étant organisée pour la
protection de certains intérêts particuliers.

139
Rapport Public d’activités 2014-2015

Dans un État soumis au droit, Dans un État soumis au droit, ceux qui ont l’ambition de
ceux qui ont l’ambition de conduire
les destinées de la Nation doivent accepter conduire les destinées de la Nation doivent accepter de
de respecter les règles de transparence, respecter les règles de transparence, de donner des
de donner des garanties pour la protection garanties pour la protection du bien public et la sauve-
du bien public et la sauvegarde garde de l’intérêt général.
de l’intérêt général

Aussi le Sénégal, pays de démocratie avancée, gagnerait à se doter d’un cadre législatif et réglementaire
encadrant le financement des partis politiques, pour offrir aux populations des garanties d’une gestion
centrée sur le citoyen.
C’est pourquoi, même si la déclaration de patrimoine est une avancée majeure, il est utile de
définir, avant l’accession à certains postes, des critères pour éviter que certaines candidatures
ne soient « parrainées » par des personnes ou groupes mal intentionnés.
Le financement des partis politiques devrait également inclure celui des campagnes électorales, le tout
étroitement encadré pour éviter des dérives préjudiciables à l’avancement de la démocratie.
La transparence dans la gestion des affaires publiques dépend
étroitement de celle de la vie politique de façon spécifique.
La transparence dans la gestion Certains pays l’ont compris et ont mis en place, très tôt, des
des affaires publiques dépend systèmes pour réglementer le financement des partis politiques.
étroitement de celle de la vie politique C’est notamment le cas de la France, de la Belgique, des États-
Unis d’Amérique (USA), de la Grande Bretagne (pionnière dans
ce domaine), pour ne citer que ceux-là.

Dans les systèmes de contrôle institués dans le monde, une attention particulière est accordée aux
financements provenant des personnes morales de droit privé, les principaux risques provenant des
relations qu’elles pourraient entretenir avec des acteurs politiques.
À cet égard, dans différents systèmes, il est prévu une prohibition des financements provenant de per-
sonnes morales de droit privé ou leur encadrement strict pouvant aller jusqu’à l’exigence de publier
les montants reçus avec indication des personnes morales donatrices.
Les principaux éléments pris en compte dans les systèmes d’encadrement sont relatifs :
- aux types de financements interdits, selon leur origine ;
- au plafond des budgets de campagne des candidats à l’élection concernée ;
- à la nécessité de l’ouverture d’un compte bancaire soumis à un contrôle ;
- à la publication des financements reçus.

Chaque pays, suivant


ses réalités et ses contraintes, Il demeure évident que chaque pays, suivant ses réalités et ses
adopte un système qu’il juge contraintes, adopte le système qu’il juge pertinent et efficace,
pertinent et efficace, l’essentiel
étant d’assurer la protection
l’essentiel étant d’assurer la protection des ressources
des ressources publiques et publiques et la sauvegarde de l’intérêt général.
la sauvegarde de
l’intérêt général

140
Rapport Public d’activités 2014-2015

Le principe de transparence commande que les personnes physiques ou morales impliquées dans la
gestion des affaires publiques, à un certain niveau, acceptent de satisfaire les exigences d’intégrité et
de mise à la disposition du public d’informations sur leurs ressources.
Une réglementation claire et stricte en la matière contribuerait à la réduction de certaines pratiques
constatées et décriées dans des rapports des structures de contrôle, à l’approche d’élections.

Recommandation n° 16
Renforcer la moralisation de la vie politique par un encadrement du financement des
partis politiques et des candidats à des postes électifs, afin d’assurer une meilleure
protection des ressources publiques.

Section 5 : Gouvernance des ressources naturelles et du cadre de vie


L’évolution récente a consacré un élargissement de la notion de développement qui intègre désormais
la dimension environnementale, au sens large, la préservation et la transmission des ressources
naturelles aux générations futures.

Une gouvernance de
qualité doit être orientée vers un Une gouvernance de qualité doit donc être orientée vers un
développement durable qui prend développement durable qui prend en considération les
en considération les besoins des différents besoins des différents acteurs présents, tout en veillant à
acteurs présents, tout en veillant à
transmettre, en bon état, le patrimoine
transmettre, en bon état, le patrimoine public aux généra-
public aux générations futures tions futures.

Facteurs de développement, les ressources naturelles peuvent également être sources de conflits lorsque
leur mode de gestion ne tient pas compte de l’intérêt de tous les acteurs impliqués et des populations.
En effet, de nombreux conflits dans le monde et en particulier en Afrique, sont causées ou aggravées
par une mal-gouvernance des ressources naturelles.
La gestion des ressources naturelles est donc fondamentalement une affaire d’État. Même si l’approche
participative est une exigence de transparence, les lignes directrices de l’accès aux ressources
naturelles, de leur exploitation et de leur contrôle demeurent des prérogatives étatiques.
Sur le plan international, les difficultés majeures auxquelles est confrontée la gouvernance des
ressources naturelles sont en général relatives à :
- la surexploitation des ressources ;
- la discrimination dans l’accès à ces ressources ;
- la mauvaise utilisation et la mauvaise répartition des richesses tirées des ressources naturelles ;
- la marginalisation des populations dans l’exploitation des ressources ;
- l’insuffisance et l’inefficacité des contrôles.

141
Rapport Public d’activités 2014-2015

Les meilleures pratiques de gestion des ressources naturelles sont axées sur les principaux
éléments ci-après :
- l’adoption d’une démarche participative ;
- la déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale des personnes impliquées dans la gestion de
ces ressources ;
- la publication des contrats conclus avec les organismes exploitants ;
- la mise à la disposition des citoyens de l’affectation des fonds tirés des ressources naturelles.
Dans son rapport 2013 sur les indices de gouvernance des ressources naturelles, le Revenue
Watch Institute fonde son analyse et le classement de cinquante-huit (58) pays examinés en matière
de gestion des ressources naturelles (pétrole, gaz et mines) sur quatre (4) critères :
- le cadre pour évaluer la capacité du système juridique et institutionnel à assurer une concurrence
loyale et une réelle redevabilité ;
- les pratiques de divulgation pour évaluer la mise à disposition des citoyens d’informations
pertinentes ;
- les garanties et mesures de contrôle de qualité pour mesurer l’existence et l’efficacité des
mécanismes de prévention des conflits d’intérêts ;
- les conditions générales de gouvernance en vue d’évaluer les efforts consentis dans la lutte contre
la corruption et pour l’instauration d’un État de droit.

Compte tenu de l’état actuel de son développement marqué par la


Il s’avère indispensable découverte de ressources naturelles (comme le pétrole) qui
de poser la problématique viendront renforcer le patrimoine existant (ressources forestières
de la gouvernance des ressources
naturelles au Sénégal et de veiller à ce
et ressources halieutiques, par exemple), il est indispensable de
qu’elles profitent à tous, poser la problématique de la gouvernance des ressources
dans la paix sociale naturelles au Sénégal et de veiller à ce qu’elles profitent à tous,
dans la paix sociale.
Il a été examiné, plus haut, de façon spécifique, que la gouvernance foncière est un élément de la
gouvernance des ressources naturelles. Il s’agit ici d’analyser la gestion des ressources naturelles de
façon plus globale, en insistant sur d’autres aspects.

Dans la gestion des


ressources naturelles, des efforts L’analyse montre que dans la gestion des ressources naturelles,
sont consentis à travers l’adoption des efforts sont consentis à travers l’adoption d’une
d’une gestion participative qui
responsabilise, de plus en plus,
gestion participative qui responsabilise, de plus en plus, les
les populations et les collectivités populations et les collectivités locales.
locales

Cette approche participative est surtout visible dans la gestion des ressources forestières. La loi
n° 98-03 du 08 janvier 1998 portant Code forestier responsabilise, en effet, les personnes publiques
décentralisées et les services techniques de l’État dans la gestion forestière. Ainsi, en son article L 4,
il dispose :
« L’exploitation des produits forestiers dans les forêts relevant de la compétence des collectivités
locales est assujettie à l’autorisation préalable du maire ou du président du Conseil rural concerné.
Le permis d’exploitation est délivré par le service des Eaux et Forêts au vu de cette autorisation établie,
conformément aux prescriptions des plans d’aménagement approuvés ».

142
Rapport Public d’activités 2014-2015

L’exploitation commerciale est aussi conditionnée par le paiement de taxes et de redevances servant
à alimenter le Fonds forestier national destiné à la mise en valeur des ressources forestières.

Toutefois, la gouvernance des ressources naturelles reste encore à


améliorer pour la réconcilier avec les exigences de la transparence
La gouvernance et du développement. Que ce soit dans les domaines des ressources
des ressources naturelles minières, halieutiques ou aurifères, la gestion a été souvent
doit être améliorée pour
la réconcilier avec les exigences marquée par des pratiques anormales décriées. La délivrance des
de la transparence licences de pêche, des permis de prospection et d’exploitation des
et du développement mines a également parfois été émaillée de scandales qui illustrent
l’urgence d’un encadrement plus strict.
La gouvernance de ces ressources n’a pas encore prouvé sa capacité à satisfaire les deux
exigences fondamentales que sont la protection de l’intérêt général et la préservation de
l’équilibre écologique. Ainsi, les principales insuffisances dans la gouvernance des ressources
naturelles sont :
- le déficit de capacités techniques des acteurs ;
- l’insuffisance de personnels et d’équipements ;
- l’inefficacité des contrôles qui est, en partie, une conséquence du point précédent ;
- le manque d’information du public sur les entreprises exploitantes ;
- l’insuffisance ou l’absence d’information du public sur la destination des fonds tirés des ressources
naturelles ;
- le non-assujettissement à la déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale des agents intervenant
dans la gestion des ressources naturelles.

Recommandation n° 17
Améliorer la gouvernance des ressources naturelles en prenant les mesures suivantes :
- renforcer les capacités techniques des acteurs intervenant dans l’élaboration des
conventions et la gestion des ressources naturelles ;
- augmenter les équipements et le personnel chargé du contrôle;
- mettre à la disposition du public toutes les informations utiles, conformément aux
règles de transparence ;
- assujettir à la déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale, les agents
intervenant dans la gestion des ressources naturelles.

Relativement au cadre de vie, les problèmes évoqués plus haut et relatifs à la gouvernance des res-
sources naturelles sont aggravés par sa dégradation de plus en plus marquée.

La dégradation de plus en
Cette dégradation est due en grande partie à de graves
plus marquée du cadre de vie problèmes de comportement auxquels la gouvernance
est due en grande partie à deux graves publique doit faire face et dont les principaux sont :
problèmes de comportement auxquels la l’indiscipline et l’incivisme. En effet, certains citoyens séné-
Gouvernance publique doit faire face :
l’indiscipline et l’incivisme
galais ont tendance à ne vouloir se soumettre à aucune règle et
à ne manifester aucun respect du bien public.

143
Rapport Public d’activités 2014-2015

C’est ainsi que, dans nos villes, en particulier à Dakar, les rues offrent un spectacle désolant, avec des
ordures qui font partie du décor quotidien, des trottoirs impraticables pour les piétons parce qu’envahis
par les tables et étals.
Sur les routes, l’indiscipline de certains usagers fait perdre de nombreuses vies humaines et crée des
désordres et des embouteillages inadmissibles, des conducteurs se permettant de stationner leurs
véhicules au milieu de la chaussée et, où bon leur semble.
Un manque de respect notoire est aussi manifesté envers le bien public au sens large. Tout le monde
laisse faire et ne semble plus s’offusquer outre mesure, de cette situation qui installe partout le
mal-vivre. Dans le désordre, l’indiscipline et l’incivisme, aucun développement n’est possible. Nous
faisons face à un problème de comportement que les Autorités politiques devraient prendre à bras le
corps, avec courage et détermination. Il est heureux de constater que quelques initiatives sont en train
d'être prises par certaines collectivités locales pour contrôler la situation et restaurer l’image de villes
propres et accueillantes. Les Autorités politiques doivent prendre des mesures hardies et faire
comprendre à tous que la vertu et le respect du bien public qui sont réclamés des dirigeants le sont
également des autres citoyens.
Tous ces mauvais comportements décriés ci-dessus contribuent à aggraver la fraude et la corruption.
L’ampleur de la fraude fiscale et douanière, le manque de respect et le gaspillage des ressources
publiques, la dégradation du cadre de vie du fait notamment de la corruption à divers niveaux du
service public, en sont une parfaite illustration.
L’OFNAC dont la vision met l’accent sur les valeurs a bien compris que le respect et la protection
du bien public, la culture de l’intégrité et de l’exemplarité sont des fondamentaux d’une société
démocratique qui aspire légitimement au développement économique et social.
Il convient, comme dans certains pays, de prévoir des sanctions sévères, privatives de liberté et
pécuniaires, et de veiller à leur application rigoureuse pour une réduction notable des comportements
inciviques.

Recommandation n° 18
Prendre des mesures pour lutter contre les actes d’indiscipline et d’incivisme, afin
d’améliorer le cadre de vie des citoyens et de prévenir la fraude et la corruption,
à travers notamment :
- l’adoption de sanctions privatives de liberté et pécuniaires suffisamment dissuasives ;
- l’application effective de ces sanctions.

144
Rapport Public d’activités 2014-2015

CONCLUSION

L
a lutte contre la corruption s’inscrit dans un contexte marqué par de profondes mutations,
avec la complexification de la criminalité financière qui utilise des procédés de plus en
plus sophistiqués, se présente sous de nouvelles formes et se développe à travers de vastes
réseaux.
La communauté internationale a pris conscience de la gravité et de l’ampleur de la corruption
et a élaboré des instruments juridiques pour faire face à ce fléau. De nombreuses alliances et
des cadres de lutte ont également été mis en place.
Au Sénégal, la création de l’OFNAC constitue la principale réponse institutionnelle au défi de
la lutte contre la corruption et marque une avancée significative pour l’instauration d’une
gouvernance de qualité.
Fondé sur une vision articulée autour de valeurs centrales, l’Office a décliné des programmes
couvrant ses différents cœurs de métier dans les domaines d’intervention définis dans son Plan
stratégique.
Après le renforcement des capacités des Membres, du personnel de l’OFNAC et des autres
acteurs engagés dans la lutte contre la corruption, l’Office a déployé des activités et obtenu des
résultats dans le cadre de ses Programmes, avec l’appui précieux de l’État. Les Partenaires
techniques et financiers ont, dans les domaines qui les intéressent, soutenu l’OFNAC dans
l’exécution de ses activités.
C’est ainsi que dans la gestion des plaintes, le développement de plateformes de services (numéro
vert, site web, application mobile) a créé un réel accès des citoyens à l’OFNAC. Une très bonne
réactivité des populations a été notée, ce qui a permis de recevoir un nombre important de
plaintes.
À côté du traitement individuel, l’analyse globale des plaintes a contribué à mettre à la disposition
de l’OFNAC un flux d’informations qui renseignent sur des paramètres importants pour une
meilleure compréhension du phénomène de la fraude et de la corruption.
Les enquêtes et investigations, audits et vérifications ont apporté une valeur ajoutée réelle,
perceptible à travers les indices graves et concordants d’infractions à caractère pénal recueillis
dans les affaires traitées. Ces dossiers ont été transmis à l’Autorité judiciaire.
Par ailleurs, la détection des dysfonctionnements notés dans les domaines concernés par les
enquêtes ouvre des perspectives de réformes pour initier des mesures préventives pertinentes,
pouvant éradiquer les points de vulnérabilité. C’est l’objet des recommandations formulées dans
ce Rapport.
Dans les activités de prévention, la démarche inclusive adoptée par l’Office a créé une dynamique
unitaire chez les différents acteurs engagés dans la prévention et la lutte contre la corruption.
Pour la période couverte par le présent Rapport, l’OFNAC a mis l’accent sur les activités de
prévention, compte tenu du fait que la fraude et la corruption sont étroitement liées à la
problématique des valeurs. Des campagnes de communication et de sensibilisation dans des
milieux stratégiques (écoles, universités, villes religieuses, etc.) ont été organisées et des canaux
pertinents utilisés (télévisions, radios) pour la diffusion des messages et la couverture d’un large
public.

145
Rapport Public d’activités 2014-2015

Dans le cadre de la réception, du contrôle et de la conservation des déclarations de patrimoine,


l’OFNAC a utilement contribué à la mise en place d’un système sénégalais de déclaration de
patrimoine et accompagné les personnes assujetties dans l’accomplissement de cette obligation
légale. C’est ainsi qu’un formulaire de déclaration a été élaboré, un mode de déclaration
semi-électronique mis en place, un Bureau d’Appui aux Déclarants institué et une large
communication assurée, en vue de faciliter l’exercice et de mieux faire comprendre ses exigences
et son champ d’application.
Relativement à la Recherche-Action, des résultats significatifs ont été obtenus et d’importants
chantiers initiés. Dans sa stratégie, l’OFNAC a fait de la Recherche-Action un des dispositifs
de son cœur de métier, toutes ses interventions dans un domaine aussi sensible et complexe que
la fraude et la corruption devant reposer sur un savoir construit et une doctrine propre.
Des projets de recherche sont aussi en cours pour permettre de mieux circonscrire la fraude et
la corruption, de distinguer leurs manifestations, de comprendre leurs causes et de mieux
percevoir leurs conséquences. C’est dans ce cadre qu’il faut situer l’Étude sur la perception et
le coût de la corruption au Sénégal que vient de lancer l’OFNAC.
En matière de coopération, l’Office a opté de travailler en synergie avec les autres acteurs
nationaux qui ont capitalisé une expertise dans la lutte contre la corruption. Les structures
de contrôle, les organisations de la société civile (OSC), les syndicats, d’autres instances
gouvernementales, etc., ont été alors associés aux travaux de l’Office et une réelle dynamique
unitaire créée.
Sur le plan régional, l’OFNAC a développé des relations de coopération avec des Institutions
similaires et joue un rôle déterminant dans les Réseaux d’acteurs mis en place. Le développement
de partenariats et la participation à de grands réseaux résultent de la nature de la criminalité
financière qui est un phénomène transfrontalier et répond aux exigences de la Convention des
Nations Unies contre la Corruption (CNUCC) qui encourage la coopération internationale en
vue d’accroître l’efficacité de la lutte contre la corruption.
Sur le plan international, l’OFNAC a étendu son réseau de partenaires par l’établissement
d’accords de coopération avec des organismes spécialisés dont le concours permet le renforce-
ment de ses capacités techniques, opérationnelles et financières.
L’examen de l’environnement global de la lutte contre la corruption a permis à l’OFNAC de
partager ses réflexions et constats sur la gouvernance publique dont les avancées significatives
sont incontestables.
Les insuffisances décelées et analysées sont relatives à la gestion foncière marquée par des pra-
tiques qui installent une insécurité physique et juridique pouvant contrebalancer les nombreux
efforts consentis dans l’amélioration du climat des affaires. Ces pratiques vulnérabilisent aussi
les populations, les exposent davantage à la pauvreté et constituent de sérieuses menaces pour
la paix sociale.
Parmi les grands défis que doit relever la gouvernance publique, figure aussi en bonne place la
problématique d’un système de valeurs partagées auxquelles s’identifient tous les acteurs et qui
servent de repères dans toutes les sphères de la vie nationale. Toutefois, la réalité consacre une
perte des valeurs fondamentales qui ont, pendant longtemps, sauvegardé l’équilibre social. La
forte politisation de l’Administration a contribué, pour ce qui la concerne, à ternir l’image du
service public.

146
Rapport Public d’activités 2014-2015

Dans la gestion des ressources naturelles et l’amélioration du cadre de vie, des initiatives
supplémentaires doivent être prises pour que la gouvernance publique assure, avec toute
l’efficacité requise, la protection de l’intérêt général et du patrimoine public. En outre, il apparaît
urgent de faire face à l’indiscipline et à l’incivisme qui installent le désordre, détruisent les biens
publics, altèrent dangereusement notre environnement et annihilent les efforts des Autorités
administratives et politiques.
Il résulte de tout ce qui précède que l’OFNAC a apporté une valeur ajoutée à travers ses
réalisations et livré ses réflexions durant la période écoulée depuis son installation effective. Ses
activités ont nécessité beaucoup d’investissements humains, matériels et financiers, notamment
en termes d’efforts, d’expertise et de compétence.
Dans la poursuite de ses activités, suivant les axes tracés par son Plan stratégique, l’Office va
ouvrir de nombreux chantiers, parmi lesquels l’Académie pour la formation dans les métiers de
prévention et de lutte contre la corruption, ainsi que le pilotage des travaux d’élaboration d’une
stratégie nationale de lutte contre la corruption, pour ne citer que ceux-là. De même, des antennes
régionales seront créées pour mieux rapprocher l’OFNAC et les citoyens.
Il a également l’ambition de contribuer au renforcement des capacités techniques et institution-
nelles des organismes publics et privés, dans le cadre d’une approche visant la promotion de
partenariats essentiellement axés sur le management des risques, l’accès des citoyens à
l’information, l’élaboration de manuels de procédures écrites et partagées, la dématérialisation
desdites procédures ainsi que d’autres mesures visant une meilleure promotion de la transparence
et de l’intégrité.
Dans cette perspective, des Cellules d’intégrité et d’exemplarité (CIE) seront mises en place,
avec un démarrage au sein des établissements scolaires et universitaires afin de semer la graine
de l’intégrité et de l’exemplarité chez les jeunes. Il s’agira aussi d’élaborer des législations
relatives à la protection des personnes qui fournissent l’information sur les faits de fraude et de
corruption, au financement des partis politiques et à l’amélioration du système de déclaration
de patrimoine. Sous ce rapport, le renforcement des moyens financiers de l’OFNAC devient un
impératif de performance.
En définitive, l’OFNAC a l’ambition de tout mettre en œuvre pour réussir le pari de faire prendre
conscience aux citoyens, des méfaits de la fraude et de la corruption. Ses externalités positives
peuvent ainsi contribuer à l’instauration d’une gouvernance publique de qualité, par la promotion
de la transparence, de l’intégrité, de l’imputabilité et du respect du bien public.

147
148
RÉCAPITULATIF DES
RECOMMANDATIONS
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tableau 26 : Récapitulatif des recommandations

RECOMMANDATION OBJET DE LA RECOMMANDATION

GESTION DES PLAINTES ET DÉNONCIATIONS

Renforcer les moyens financiers de l’OFNAC, notamment en


prenant les mesures appropriées, afin de lui permettre de percevoir
Recommandation n° 1 un certain pourcentage des avoirs recouvrés à l’issue de ses travaux
d’enquête, d’investigation, d’audit et de vérification d’une part, et
sur certains fonds destinés à la lutte contre la corruption, la fraude
et l’évasion fiscale ainsi que ceux dédiés à l’équipement de
certaines régies financières, d’autre part.
ENQUÊTES, INVESTIGATIONS, AUDITS ET VÉRIFICATIONS

Renforcer l’appui consenti à l’OFNAC pour lui permettre :


Recommandation n° 2 - d’accroître, sensiblement, les ressources humaines du Bureau
des Plaintes et dénonciations et du Département des Enquêtes
et Investigations ;
- de parvenir à une plus grande proximité avec les populations,
grâce notamment à l’ouverture d’antennes régionales.

Faire prendre les mesures nécessaires pour que les Responsables


Recommandation n° 3 des structures sanitaires renforcent la fonction « accueil » dans
leurs services et effectuent une sélection rigoureuse des personnes
devant occuper ces postes, en mettant l’accent sur l’intégrité,
l’ouverture d’esprit et la disponibilité.
Par ailleurs, ils devront également veiller au strict respect des
règles déontologiques en évitant les conflits d’intérêt.

Recommandation n° 4 Pour une meilleure protection de l’intérêt des jeunes, faire prendre
les mesures nécessaires en vue d’un encadrement strict des
activités de recrutements massifs de candidats, notamment celles
comportant un paiement de frais de dossier ou d’inscription.
Relever de ses fonctions, le Directeur du COUD pour entrave
Recommandation n° 5 à l’exécution normale d’une mission de vérification et prendre
toutes les mesures utiles pour qu’il ne lui soit plus confié la
resposabilité de diriger un organisme public.

Finaliser et présenter à la signature de Monsieur le Président de la


Recommandation n° 6 République le projet de décret portant transposition dans le droit
interne sénégalais de la directive n° 03/2012/CM/UEMOA du
29 juin 2012 portant sur la comptabilité des matières appartenant
à l’État, aux Collectivités locales et aux Établissements publics

150
Rapport Public d’activités 2014-2015

Prendre les mesures pertinentes, pour renforcer la rigueur dans la


Recommandation n° 7 tenue de la comptabilité des matières dans les structures publiques,
par une formation adéquate des agents concernés et par un contrôle
plus strict sur cette comptabilité.
Veiller au respect de la réglementation financière, en général, par
des contrôles plus fréquents dans les collectivités locales.

a. Renforcer les moyens financiers de l’OFNAC afin de lui


permettre de mettre en œuvre le Programme de recrutement de
Recommandation n° 8 cinquante (50) praticiens comprenant : des enquêteurs, des inves-
tigateurs, des auditeurs et vérificateurs, sur la période 2016 – 2020.
Cet effectif sera pluridisciplinaire, intégrant des fiscalistes, des
spécialistes des questions foncières et domaniales, des analystes
financiers et patrimoniaux, des spécialistes en audit des systèmes
d’informations, des spécialistes en forensic, etc.
b. Envisager une réforme de la loi n° 2012 30 du 28 décembre
2012, portant création de l’OFNAC, afin d’y inclure des
dispositions de nature à renforcer les prérogatives de l’Office
en matière d’enquête et d’investigation.

PROGRAMME PRÉVENTION ET MOBILISATION SOCIALE


Veiller à intégrer dans les programmes scolaires et universitaires
Recommandation n° 9 la prévention de la corruption, en adoptant une démarche partici-
pative impliquant l’ensemble des acteurs concernés, et en veillant
à adapter les contenus à l’âge des jeunes, avec une prise en compte
de certaines contraintes (volume horaire par exemple).

Mettre en place des cellules d’intégrité et d’exemplarité (CIE) au


Recommandation n° 10 sein des établissements scolaires et universitaires en vue de semer
chez les jeunes la graine de l’intégrité et de l’exemplarité.

DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Renforcer le système sénégalais de déclaration de patrimoine en
Recommandation n° 11 prenant les mesures ci-après :
- rendre plus dissuasives les sanctions prévues en cas d’inobser-
vation de l’obligation de déclaration par un assujetti ;
- appuyer la digitalisation intégrale du processus de déclaration
de patrimoine ;
- élargir l’assiette des assujettis sur la base d’une bonne identifi-
cation des risques pour cibler par exemple les personnes dont
la signature ouvre l’accès à des ressources naturelles, les
personnels chargés de missions de contrôle les mettant en
relation avec des entités gérant des ressources substantielles,
les acteurs habilités à trancher les litiges, ainsi que les membres
de l’OFNAC ;
- prévoir une prise en charge par l’État des frais relatifs à la
déclaration de patrimoine des personnes assujetties, notamment
les frais d’expertise de certains biens immobiliers.

151
Rapport Public d’activités 2014-2015

Faire prendre les mesures nécessaires pour mettre en conformité


Recommandation n° 12 notre cadre juridique avec la Convention des Nations Unies contre
la Corruption, afin d’accroître son efficacité dans la prévention et
la répression de la corruption.

Recommandation n° 13 Il est urgent de créer un organisme chargé du recouvrement des


avoirs dérobés qui devra recevoir notification de toutes les
décisions de saisie et de confiscation prises par les autorités
administratives ou judiciaires, aux fins d’en assurer le suivi.

IMPÉRATIF DU RENFORCEMENT DE LA GOUVERNANCE FONCIÈRE

Recommandation n° 14 Faire prendre des mesures pour la protection des citoyens


sénégalais en matière d’accès à la terre et à la propriété bâtie,
en renforçant l’encadrement et le contrôle des activités des
promoteurs immobiliers.
Prendre les mesures nécessaires en vue de :
- renforcer les initiatives pour une meilleure prise en compte de
la problématique des valeurs dans la gouvernance publique en
général, en veillant notamment à encadrer, de façon stricte,
l’implication dans la politique des hauts cadres de l’Adminis-
Recommandation n° 15 tration.
- finaliser le projet d’élaboration d’un Code de déontologie pour
les agents publics, initié par le Ministère chargé de la Fonction
publique.

SYSTÈME DE VALEURS ET POLITISATION DE L’ADMINISTRATION

Recommandation n° 16 Renforcer la moralisation de la vie publique par un encadrement


du financement des partis politiques et des candidats à des postes
électifs, afin d’assurer une meilleure protection des ressources
publiques.

GOUVERNANCE DES RESSOURCES NATURELLES ET DU CADRE DE VIE

Recommandation n° 17 Améliorer la gouvernance des ressources naturelles en prenant les


mesures suivantes :
- renforcer les capacités techniques des acteurs intervenant dans
l’élaboration des conventions et la gestion des ressources
naturelles ;
- augmenter les équipements et le personnel chargé du contrôle;
- mettre à la disposition du public toutes les informations utiles,
conformément aux règles de transparence ;
- assujettir à la déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale,
les agents intervenant dans la gestion des ressources naturelles.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Recommandation n° 18 Prendre des mesures pour lutter contre les actes d’indiscipline et
d’incivisme, afin d’améliorer le cadre de vie des citoyens et de
prévenir la fraude et la corruption, à travers notamment :
- l’adoption de sanctions pécuniaires suffisamment dissuasives ;
- l’application effective de ces sanctions ;
- la prévision de sanctions sévères privatives de liberté et surtout
pécuniaires;
- l’application stricte de ces sanctions.

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154
ANNEXES
Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 1
Loi n° 2012 – 30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office national
de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC)

EXPOSÉ DES MOTIFS

La corruption est l'une des plus graves entraves au développement économique et social. Elle
constitue, en effet, un frein à la croissance économique en même temps qu'elle décourage
l'investissement privé, surtout étranger, réduit les ressources disponibles pour le développement
et menace les fondements de l'État de droit.
C'est pourquoi, le Sénégal a érigé la bonne gouvernance et la transparence en principes à valeur
constitutionnelle.
Il a, en outre, ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption adoptée le
31 décembre 2003 et entrée en vigueur le 14 décembre 2005 ainsi que la Convention de l'Union
africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption adoptée à Maputo le 11 juillet 2003
et ratifiée le 15 février 2007.
Par ailleurs, le Sénégal est signataire du protocole de la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) adopté à Dakar le 21 décembre 2001. Ces instruments font
obligation aux États parties d'instituer des organes de lutte contre la corruption.
Dans ce cadre, le Sénégal avait mis en place depuis 2003 une Commission nationale de lutte
contre la non-transparence, la corruption et la concussion (CNLCC). Toutefois, force est de
reconnaître que cette Commission n'a pas répondu aux attentes, faute de pouvoirs lui permettant
d’accomplir pleinement sa mission.
Le Gouvernement, ayant inscrit son action dans une gouvernance vertueuse, a décidé d'instituer
une Autorité administrative indépendante, dénommée Office national de Lutte contre la Fraude
et la Corruption (OFNAC), disposant de pouvoirs d'auto-saisine, d'investigations et de saisine
de la justice. L'OFNAC peut donner des avis aux autorités administratives.
Le projet de loi comprend quatre chapitres :
le chapitre premier porte sur les Dispositions générales : création, missions et pouvoirs ; le
chapitre 2 concerne l'organisation et le fonctionnement ; le chapitre 3 est relatif aux ressources
financières ; le chapitre 4 a trait aux dispositions transitoires et finales.
Telle est l'économie du présent projet de loi.
Loi n° 2012-30 portant création de l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption
(OFNAC).
L'Assemblée nationale a adopté, en sa séance du mercredi 19 décembre 2012, Le Président de
la République promulgue la loi dont la teneur suit :

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Chapitre premier : Dispositions générales.


Article premier : Il est créé une Autorité administrative indépendante dénommée Office national
de lutte contre la fraude et la corruption dite OFNAC.
Rattaché à la Présidence de la République, l'OFNAC est doté de l'autonomie financière.
Article 2.- L'OFNAC a pour mission la prévention et la lutte contre la fraude, la corruption, les
pratiques assimilées et les infractions connexes, en vue de promouvoir l'intégrité et la
probité dans la gestion des affaires publiques.
Article 3.- L'OFNAC est notamment chargé :
1. de collecter, d'analyser et de mettre à la disposition des autorités judiciaires chargées
des poursuites les informations relatives à la détection et à la répression des faits de
corruption, de fraude et de pratiques assimilées, commis par toute personne exerçant une
fonction publique ou privée ;
2. de recommander toutes réformes, législative, réglementaire ou administrative, tendant
à promouvoir la bonne gouvernante, y compris dans les transactions commerciales
internationales ;
3. de recevoir les réclamations des personnes physiques ou morales se rapportant à des faits
de corruption, de pratiques assimilées ou d'infractions connexes ;
4. de formuler, sur la demande des autorités administratives, des avis sur les mesures de
prévention, ces avis ne pouvant être divulgués.
Dans le cadre de l'exécution de ses missions, l'OFNAC peut :
− entendre toute personne présumée avoir pris part à la commission de l'un des faits prévus
au 1° de l'article 3 de la présente loi ;
− recueillir tout témoignage, toute information, tout document utile, sans que le secret
professionnel ne puisse lui être opposé ;
− demander aux banques et établissements financiers tout renseignement, sans que le secret
bancaire ne puisse lui être opposé.
L'OFNAC peut s'attacher les services de tout sachant susceptible de lui apporter son concours.
L'OFNAC entretient des relations de coopération avec les organismes nationaux et internatio-
naux similaires intervenant dans le domaine de la lutte contre la fraude, la corruption, les
pratiques assimilées et infractions connexes.
Dans l'exercice de leurs missions, les membres de l'OFNAC ne reçoivent d'instruction d'aucune
autorité.

Chapitre II Organisation et fonctionnement


Article 4.- L'OFNAC est composé de douze (12) membres, dont un président et un vice-président.
Ils sont choisis parmi les magistrats, les membres de l'administration de la hiérarchie Al ou
assimilée au moins, les enseignants de rang magistral, des Universités, les membres de la
société civile et du secteur privé titulaires d'un diplôme de l’enseignement supérieur de
niveau master ou équivalent au moins.

157
Rapport Public d’activités 2014-2015

Tous les membres de l'OFNAC doivent justifier d'une expérience professionnelle d'au moins
dix ans.
Article 5.- Le président, le vice-président et les autres membres de l'OFNAC sont nommés par
décret, pour une période de trois (3) ans renouvelable une fois. Le renouvellement se fait
par moitié tous les trois (3) ans.
Le président de l'OFNAC exerce sa fonction à titre permanent, à l'exclusion de toute autre
activité professionnelle publique ou privée.
Article 6.- Il n'est mis fin, avant leur terme, aux fonctions de membre de I’ OFNAC qu'en cas de :
- démission ;
- décès ;
- faute lourde ou empêchement de l'intéressé dûment constatés par la majorité des membres sur
le rapport du président.
L'empêchement et la faute lourde du président de l'OFNAC sont constatés sur le rapport du
vice-président.
11 est pourvu aux vacances dans les mêmes conditions que pour la nomination. Le mandat du
successeur ainsi désigné est limité à la période restant à couvrir.
Article 7.- Le président établit l'ordre du jour des réunions, dirige les travaux et veille au bon
fonctionnement de l'OFNAC.
Il signe tous les documents et correspondances et représente l'OFNAC auprès des autorités
et de ses partenaires.
En cas d'empêchement ou d'absence du président, le vice-président assure la suppléance.
Article 8.- Un décret fixe la rémunération et les avantages en nature du Président, ainsi que le
montant des indemnités et les avantages en nature du vice-président et des autres membres
de l'OFNAC.
Article 9- Les membres de l'OFNAC ne peuvent être poursuivis, recherchés, arrêtés, détenus ou
jugés à l'occasion des avis, opinions qu'ils émettent ou pour les actes ou décisions qu'ils
prennent dans l'exercice de leur mission.
Article 10- Les membres de l'OFNAC sont soumis à l'obligation de réserve et au secret
professionnel.
Avant leur entrée en fonction, ils prêtent, devant la Cour d'Appel de Dakar siégeant en
audience solennelle, le serment dont la teneur suit « je jure solennellement de bien et
fidèlement remplir la. fonction de membre de 1' OFNAC en toute indépendance et impar-
tialité, de façon digne et loyale et de garder le secret des délibérations ».
Article 11- L'OFNAC se réunit sur convocation du président ou à la demande du tiers de ses
membres. L'OFNAC ne peut valablement délibérer que si au moins les deux tiers de ses
membres sont présents.
Il adopte ses décisions à la majorité simple des membres présents. En cas de partage des
voix, celle du président est prépondérante.
Par dérogation aux dispositions de l'alinéa précédent, l'OFNAC se prononce à la majorité
des deux tiers de ses membres présents lorsqu'il statue sur la transmission du dossier au
procureur de la République.

158
Rapport Public d’activités 2014-2015

Article 12.- L'OFNAC se saisit d'office de tout fait de fraude, de corruption ou de toute infraction
visée au 10 de l'article 3 dont il a connaissance. Il peut en outre être saisi par toute personne
physique ou morale.
Article 13.- L' OFNAC peut se faire communiquer tout rapport comportant des faits de fraude
ou de corruption.
Article 14.- À l’issue de ses investigations, si les informations collectées et analysées font
présumer de l'existence de l'une des infractions visées au 10 de l'article 3 de la présente loi,
l'OFNAC transmet au procureur de la République un rapport accompagné des pièces du
dossier.
La transmission du rapport au procureur de la République dessaisit l'OFNAC.
Article 15.- L'OFNAC peut proposer à l'autorité compétente d'engager une procédure
disciplinaire, contre tout fonctionnaire ou agent public coupable de l'un des faits, visés au
10 de l'article 3 de la présente loi. Si aucune suite n'est donnée à cette proposition, l'OFNAC
informe le Président de la République.
Article 16.- L'OFNAC dispose d'un secrétariat permanent dirigé par un secrétaire permanent.
Nommé par décret, le secrétaire permanent est placé sous l'autorité du président de
l’OFNAC.
Pour l'exercice de ses missions, l'OFNAC peut obtenir le concours des services de l'État.
Article 17.- L'OFNAC établit chaque année un rapport d'activités qui comporte notamment les
propositions de mesures tendant à prévenir les actes de fraude ou de corruption. Ce rapport
est remis au Président de la République. Il est rendu public par tous moyens appropriés.
Article 18,- Un décret complétera, le cas échéant, les règles d'organisation et de fonctionnement
de l'OFNAC.

Chapitre III : Ressources financières


Article 19.- Les ressources de l'OFNAC proviennent :
− de la dotation budgétaire de l'État
− des participations, aides et subventions versées par les partenaires de la coopération bila-
térale et multilatérale.
Article 20.- L'OFNAC élabore son budget en rapport avec les services techniques compétents
de l'État et l'exécute conformément aux règles de la comptabilité publique.
Les crédits nécessaires au fonctionnement et à l'accomplissement de ses missions font l'objet
d'une inscription autonome dans le budget général. Ils sont autorisés dans le cadre de la
loi de finances.
Les crédits correspondants sont mis à la disposition de l'OFNAC dès le début de l'année
financière.
L'OFNAC est doté d'un ordonnateur de crédit en la personne de son président et d'un comp-
table public nommé par le Ministre chargé des Finances.
Le régime financier de l'OFNAC est fixé par décret.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Chapitre IV : Dispositions transitoires et finales


Article 21.-À compter de la date d'entrée en vigueur de la présente loi, toutes les affaires
pendantes à la Commission nationale de lutte contre la non-transparence, la corruption et
la concussion sont transférées à l'OFNAC.
Article 22.- Sont abrogées toutes dispositions contraires à la présente loi, notamment la loi
n° 2003-35 du 24 novembre 2003 portant création d'une Commission nationale de lutte
contre la non-transparence, la corruption et la concussion, modifiée par la loi n° 2008-42
du 20 août 2008.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 2

Principaux textes et dispositifs juridiques internationaux, interrégionaux et


ouest-africains de lutte contre la corruption

A. Textes juridiques internationaux et interrégionaux


• Convention des Nations Unies sur le trafic illicite des stupéfiants et des substances
psychotropes (1988).
• Convention anti-corruption de l’Organisation des États américains (1996).
• Convention anti-corruption de l’Union européenne (1997).
• Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les
transactions internationales (1997).
• Convention anti-corruption pénale du Conseil de l’Europe (1999).
• Convention anti-corruption civile du Conseil de l’Europe (1999).
• Article 97 de la Convention Union européenne – Pays ACP (2000).
• Directive européenne sur les obligations de transparence applicables aux sociétés minières
cotées.
• Convention des Nations Unies contre la corruption (2003).
• Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (2003).
• Charte de la Fonction publique en Afrique (Windhoek, Namibie, 5 février 2001).
• Traité relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA) (Port- Louis,
17 octobre 1993).

B. Textes juridiques ouest-africains


• Règlement n° 09/98/CM/UEMOA du 20 décembre 1998 relatif aux relations financières
extérieures des États membres de l’UEMOA.
• GIABA : Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique
de l’Ouest (Dakar, 10 décembre 1999).
• Protocole additionnel de la CEDEAO sur la bonne gouvernance (Dakar, 21 décembre 2001).
• Règlement n° 15/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 relatif aux systèmes de paiement
dans les États membres de l’UEMOA.
• Directives n° 08/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 portant sur les mesures de
promotion de la bancarisation et l’utilisation des moyens de paiement scripturaux.
• Règlement n° 14/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 relatif au gel des fonds et autres
ressources financières dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme dans les
États membres de l’UEMOA.
• Directives n° 07/2002/CM/UEMOA du 19 septembre 2002 relatives à la lutte contre le
blanchiment de capitaux dans les États membres de l’UEMOA.
• Protocole de la CEDEAO contre la corruption (2003).
• Directive n° 5 du 9 décembre 2005 portant contrôle et régulation des marchés publics et des
délégations de service public dans l’UEMOA ;

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Rapport Public d’activités 2014-2015

• Directive n° 1/2009 CM/UEMOA du 27 mars 2009, portant code de transparence dans la


gestion des finances publiques au sein de l’UEMOA. Code de transparence dans la gestion
des finances publiques au sein de l’UEMOA publié au Journal officiel du Sénégal du 16
juin 2012.

C. Dispositifs et instruments volontaires internationaux et interrégionaux


• Doing Business (www.doingbusiness.org).
• UNODC : (Office des Nations Unies contre la drogue et le crime organisé) (www.unodc.org).
• GIABA : Groupe intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique
de l’Ouest (Dakar, 10 décembre 1999).
• OIPC : Interpol.
• Coalition mondiale pour l’Afrique contre la corruption (1992), en cours de ratification.
• Initiative pour la transparence des industries extractives (G8).
• Recommandation sur l’introduction de clauses anti-corruption dans les contrats relatifs aux
marchés financés par l’aide bilatérale du CAD-OCDE (1996).
• Principes directeurs des marchés publics de la Banque mondiale assortis de sanctions pour
les entreprises contrevenantes (1997).
• Principes directeurs du Commonwealth concernant la promotion de la bonne gestion des
affaires publiques et la lutte contre la corruption, adoptée en 1999.
• Principes directeurs des entreprises multinationales de l’OCDE (révisés en 2001) qui
incluent des dispositions anti-corruption.
• Cour commune de justice et d’arbitrage de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique
du Droit des Affaires (OHADA).

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 3

Encadré 1
Loi n° 2012 – 30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC
(Articles 1 à 3).

Chapitre premier – Dispositions générales

Article premier. - Il est créé une Autorité administrative indépendante dénommée Office
national de Lutte contre la Fraude et la Corruption dite OFNAC.
Rattaché à la Présidence de la République, l’OFNAC est doté de l’autonomie financière.

Art. 2. – L’OFNAC a pour mission la prévention et la lutte contre la fraude, la corruption,


les pratiques assimilées et les infractions connexes, en vue de promouvoir l’intégrité et la
probité dans la gestion des affaires publiques.

Art. 3. – L’OFNAC est notamment chargé :

1. de collecter, d’analyser et de mettre à la disposition des autorités judiciaires chargées des


poursuites les informations relatives à la détection et à la répression des faits de corruption,
de fraude et de pratiques assimilées, commis par toute personne exerçant une fonction
publique ou privée ;

2. de recommander toutes réformes, législative, réglementaire ou administrative, tendant


à promouvoir la bonne gouvernance, y compris dans les transactions commerciales
internationales ;

3. de recevoir les réclamations des personnes physiques ou morales se rapportant à des faits
de corruption, de pratiques assimilées où d’infractions connexes ;

4. de formuler, sur la demande des autorités administratives, des avis sur les mesures de
prévention, ces avis ne pouvant être divulgués.

Art. 13 L' OFNAC peut se faire communiquer tout rapport comportant des faits de fraude
ou de corruption.

Art. 14 À l’issue de ses investigations, si les informations collectées et analysées font


présumer de l'existence de l'une des infractions visées au 10 de l'article 3 de la présente loi,
l'OFNAC transmet au procureur de la République un rapport accompagné des pièces du
dossier.

Art. 15 L'OFNAC peut proposer à l'autorité compétente d'engager une procédure discipli-
naire, contre tout fonctionnaire ou agent public coupable de l'un des faits, visés au 10 de
l'article 3 de la présente loi. Si aucune suite n'est donnée à cette proposition, l'OFNAC
informe le Président de la République.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 4

Loi n° 2014 – 17 du 2 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine

EXPOSÉ DES MOTIFS


La Gouvernance vertueuse constitue un choix politique, une exigence démocratique et une forte
préoccupation pour l'autorité publique et les citoyens. Sa mise en œuvre comporte plusieurs volets,
parmi ceux-ci, figure en grande place, le renforcement du dispositif normatif, favorisant la transpa-
rence et contribuant à la protection des deniers publics.
En effet, l'exercice de hautes fonctions doit s'accompagner d'un devoir de responsabilité, de probité
et d'intégrité, excluant toute dynamique d'accaparement de ressources publiques.
C'est à ce titre, que la République du Sénégal a adopté la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant
code de transparence dans la gestion des finances publiques, qui est la traduction interne de la
directive N° 1/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009, portant code de transparence dans la gestion des
finances publiques au sein de l'UEMOA.
Le texte adopté, prévoit en son article 7.1, une loi spécifique qui organise la déclaration de patrimoine,
à laquelle seront assujettis les détenteurs de l'autorité publique, élus comme hauts fonctionnaires,
censés participer à la gestion des ressources de la collectivité. Il est opportun de préciser que le
Président de la République n'est pas concerné, puisque le régime de sa déclaration de patrimoine est
régi par l'article 37 de la Constitution.
Le mécanisme institué vise, d'une part, à prévenir tout risque d'enrichissement illicite de titulaires
de hautes fonctions, et d'autre part, à satisfaire au besoin légitime d'information des citoyens sur la
situation et le comportement des dirigeants publics, dans un contexte de transparence.
L'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), renforcera ses capacités de
veille, en se chargeant de recevoir les déclarations faites et d'en assurer le contrôle de leur véracité.
Telle est l'économie du présent projet de loi.
Loi n° 2014-17 relative à la déclaration de patrimoine.
L'Assemblée nationale a adopté, en sa séance du vendredi 21 mars 2014 ;
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Chapitre I — Modalités de la déclaration de patrimoine


Article premier : les personnes mentionnées à l'article 2 de la présente loi doivent, dans les trois
mois qui suivent leur nomination, formuler une déclaration certifiée sur l'honneur, exacte et
sincère de leur situation patrimoniale concernant notamment leurs biens propres ainsi que,
éventuellement, ceux de la communauté ou les biens réputés indivis en application de l'article
380 du code de la famille. Ces biens sont estimés à la date du fait générateur de la déclaration,
comme en matière de droit de mutation à titre gratuit.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

La même obligation est applicable dans les trois mois qui suivent la cessation des fonctions,
pour cause autre que le décès.
Toutefois, aucune nouvelle déclaration n'est exigée de l'assujetti qui aura établi depuis moins
de six mois, une déclaration de sa situation patrimoniale dans les conditions prévues par la
présente loi.

Chapitre II - Des autorités assujetties


Article 2 : La déclaration de situation patrimoniale doit être faite par les autorités ci-après :
- le Président de l'Assemblée nationale, le Premier Questeur de l'Assemblée nationale ;
le Premier Ministre, les Ministres ;
- le Président du Conseil économique, social et environnemental ; tous les administrateurs de
crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses, les comptables publics, effectuant des
opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard (1.000.000.000) de
francs CFA ;

Chapitre III — Du dépôt de la déclaration de patrimoine


Article 3 : Les autorités ci-dessus mentionnées déposent leur déclaration de situation patrimoniale
auprès de l'Office national de Lutte conte la Fraude et la Corruption contre décharge, ou
l'adressent au Président de la dite structure, par courrier recommandé avec accusé de
réception.
Article 4 : La déclaration doit comporter toutes les informations relatives aux biens et actifs détenus
par la personne concernée, directement ou indirectement.
Les biens meubles englobent :
1. Les comptes bancaires courants ou d'épargne, les valeurs en bourse, les actions dans les sociétés
de commerce en général, les assurances vie, les revenus annuels liés à la fonction occupée ou
provenant de toute autre source ;
2. Les collections d'objets de valeur, les objets d'art, accompagnés de leur estimation en valeur, les
bijoux et pierres précieuses de valeurs supérieures ou égales à cinquante millions (50.000.000)
de francs CFA ;
3. Les véhicules à moteur ;
4. Les fonds de commerce, les effets à recevoir ;
5. Tous autres biens meubles détenus au Sénégal ou à l'étranger.
Les immeubles englobent :
1. Les propriétés bâties au Sénégal ou à l'étranger avec description en annexe ;
2. Les propriétés non bâties au Sénégal ou à l'étranger ;
3. Les immeubles par destination au Sénégal ou à l'étranger.
Pour les susdites propriétés, le déclarant communique les adresses et les copies certifiées des titres
authentiques.
Outres les éléments de l'actif cités, le déclarant mentionne le passif de son patrimoine incluant les
dettes hypothécaires, les dettes personnelles et tous autres engagements qu'il juge nécessaire de
signaler.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Chapitre IV — Du traitement de la déclaration de patrimoine


Article 5 : l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption assure le traitement des
déclarations reçues ainsi que des observations formulées, le cas échéant, par les assujettis sur
l'évolution de leur patrimoine.
Les déclarations déposées et les observations formulées ne peuvent être communiquées, qu'à
la demande expresse du déclarant ou de ses ayants droit ou sur requête des autorités
judiciaires.
Articles 6 : Après vérification et en cas de variations injustifiées de patrimoine, le Président de
l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption saisit le Procureur de la République
ou tout autre Magistrat compétent, conformément à l'article 32 du Code de procédure pénale.

Chapitre V — Dispositions finales et transitoires


Article 7 : En application de l'article 2 de la présente loi, la liste des personnes assujetties en
fonction du critère relatif au niveau des opérations financières qu'elles effectuent, est fixée et
mise à jour par décret.
Article 8 : L'inobservation de l'obligation de déclaration de patrimoine, sans fait justificatif sérieux
et à l'échéance d'un délai de trois (3) mois après un rappel par exploit d'huissier notifié à la
diligence de l'OFNAC, à personne ou à domicile entraînera les conséquences suivantes :
— Si le concerné est élu, il sera privé d'un quart (1/4) de ses émoluments jusqu'à ce qu'il fournisse
la preuve de l'accomplissement de l'obligation.
— Si le concerné relève de l'ordre administratif, l'autorité de nomination pourra, pour ce seul
fait, décider de la perte de la position ayant généré l'obligation de déclaration de patrimoine.
Article 9 : Le processus de la déclaration de patrimoine revêt un caractère confidentiel. Toute
personne concourant à sa mise en œuvre est astreinte au secret professionnel.
Tout manquement au caractère confidentiel de la déclaration de patrimoine, par divulgation
ou publication quelconque, ou à la sincérité de son contenu, sera puni des peines prévues par
les lois en vigueur.
Article 10 : Les personnes occupant les positions visées à l'article 2 et qui exercent leurs fonctions
avant la promulgation de la présente loi, sont soumises au régime de l'effet immédiat. Pour
celles-ci, l'entrée en vigueur entraîne le fait générateur, dans les mêmes conditions que pour
la nomination.
La présente loi sera exécutée comme loi de l'État.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 5

Décret n° 2014 – 1463 du 12 novembre 2014 portant application de la


loi n° 2014 – 17 du 2 avril 2014, relative à la déclaration de patrimoine

Analyse : décret portant application de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration
de patrimoine.

RAPPORT DE PRÉSENTATION
Le renforcement de la transparence dans la gestion des affaires publiques constitue de nos jours, une
grande priorité pour les pouvoirs publics.
L'option résolue du Chef de l'Etat et du Gouvernement pour une gestion vertueuse exige une utilisation
optimale des ressources publiques et une lutte permanente contre la corruption et l'enrichissement
illicite par une maitrise de l'évolution du patrimoine des personnes en charge des affaires publiques.
En adoptant la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion
des finances publiques et la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l'Office
national de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), le Sénégal a transpose dans sa législation
interne la directive communautaire n° 01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009.
Le décret n" 2011-1880 du 24 novembre 2011 portant Règlement général sur la Comptabilité publique
a précède à la transposition, dans le droit interne, de la directive n° 07/20091CMlUEMOA du 26
juin 2009 portant sur le même objet.
Cette transposition consacre la fusion des fonctions d'administrateur et d'ordonnateur. Il en résulte
que dans le titre II du décret précité, la présentation des personnels charges de l'exécution budgétaire
exclut les administrateurs de crédits, pour ne citer que les ordonnateurs et les comptables.
En application de l'article7-1 de la loi du 27 décembre 2012, la loi n? 2014-17 du 02 avril 2014
relative à la déclaration de patrimoine a été promulguée.
Aux termes de cette loi, la liste des personnes assujetties visées en son article 2 intègre les adminis-
trateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les comptables publics dont le
niveau d'opérations porte sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard (1.000.000.000)
de francs CFA.
Cette distinction renvoie au souci du législateur d'insister sur les attributions de chacune de ces
fonctions dont l'exercice détermine l'assujettissement ou non à la déclaration, une fois le seuil fixe
atteint. Cela signifie qu'au sein des entités, lorsque le mode d'organisation retenu continue de séparer
les attributions d'administrateur et celles d'ordonnateur, toutes les personnes investies de ces respon-
sabilités sont assujetties à la déclaration de patrimoine.
Par ailleurs, les modalités de mise à jour périodique de la déclaration consignée dans un formulaire
type, sont fixées par décret conformément à l'article 7 de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014.
Ainsi, les annexes 1 et 2 établissent, respectivement, la liste des assujettis et le formulaire de
déclaration de patrimoine.
Tel est l'objet du présent décret.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Décret n° 2014-1463 portant application de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 relative à la


déclaration de patrimoine.

Le Président de la République,

Vu la Constitution, notamment en ses articles 43 et 76 ;


Vu la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des
finances publiques ;
Vu la loi n° 02012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l'Office National de Lutte contre
la Fraude et la Corruption (OFNAC) ;
Vu 1a loi n° 2014-17 du 02 avri1 2014 relative à la déclaration de patrimoine ;
Vu le décret n° 20 11-1880 du 24 novembre 2011 portant Règlement général de la
Comptabilité publique ;
Vu le décret n° 2014-845 du 06 juillet 2014 portant nomination du Premier Ministre ;
Vu le décret n° 2014-849 du 06 juillet 2014 portant composition du Gouvernement ;
Vu le décret n° 2014-853 du 09 juillet 2014 portant répartition des services de l'État et du contrôle
des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre
la Présidence de la République, la Primature et les ministères ;
Sur le rapport du Ministre de l'Intégration africaine, du NEPAD et de la Promotion de la Bonne
Gouvernance ;

DÉCRETE
Article premier: Conformément à I' article 2 de la loi n° 2014-17 du 02 Avril 2014 relative à la
déclaration de patrimoine, sont assujetties a la déclaration de situation patrimoniale, les personnes
ciaprès :

- le Président de l'Assemblée Nationale ;


- le Premier Ministre;
- les Ministres ;
- le Président du Conseil économique, social et environnemental ;
- le premier Questeur de l'Assemblée Nationale ;
- Tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les comptables
publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal a un milliard
(1.000.000.000) de francs CF A.

Article 2 : Au sens de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 :


• Est administrateur de crédits toute personne chargée de constater et de liquider des recettes, de
proposer des engagements de dépenses et d'en préparer la liquidation.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Les personnes ayant dans leur organisme 1'initiative des dépenses à titre principal ou délégué,
quels que soient l' appellation ou le titre qui leur sont donnés au sein de la structure, sont
visées par la loi n° 20 14-17 du 02 avril 2014, et sont soumises à l’obligation de déclaration, si le
montant des opérations annuelles qu'elles effectuent atteint un milliard de francs CFA.
• Est Ordonnateur de recettes et de dépenses toute personne ayant qualité de prescrire, au nom de
l'État et des autres organismes publics, l'exécution des recettes, d'engager les dépenses et d'or-
donner leur paiement.
Les ordonnateurs délégués ou secondaires sont également compris dans cette catégorie et sont
vises par la loi n° 20 14-17 du 02 avril 2014 au même titre que les ordonnateurs principaux.
Les personnes prescrivant l'exécution de recettes et/ ou de dépenses dans leur organisme, quels
que soient l'appellation ou le titre qui leur sont donnés (gestionnaire, responsable achat, responsable
de programme etc.) sont visées par la loi n° 20 14-17 du 02 avril 2014 et ont l'obligation de déclarer
leur patrimoine, si les opérations qu'elles effectuent atteignent le montant annuel d'un milliard de
francs CFA.
• Est Comptable public tout agent effectuant, à titre exclusif, au nom de l'Etat ou d'un organisme
public, des opérations de recettes, de dépenses ou de maniement de fonds ou titres.
Quelque soit le titre ou l'appellation donné au sein de l'organisme, est considérée comme
comptable public toute personne qui effectue des opérations d'encaissement ou de paiement,
sous quelque modalité que ce soit : virement, remise de chèques, paiement en espèces ou autres.
Le montant total d'un milliard de francs CFA fixe pour les opérations annuelles comme seuil pour
l'assujettissement à la déclaration par la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 concerne les crédits reçus
du budget général augmentés, éventuellement, du montant des financements mis à disposition par
les partenaires techniques et financiers, des ressources propres et/ ou des financements obtenus auprès
des établissements bancaires ou assimilés.
Article 3 : Les personnes exerçant les attributions d'administrateur de crédits, d'ordonnateur de
recettes ou de dépenses, ou de comptable public des entités et activités présentées sur la liste
de l'annexe n° 1 sont soumises à la déclaration de patrimoine.
La non-inscription sur cette liste de structures ou activités ne décharge pas de l'obligation de
déclaration les personnes y exerçant les attributions d'administrateur de crédits, d'ordonnateur
de recettes ou de dépenses ou de comptable public, dès lors que les opérations annuelles
effectuées atteignent le montant d'un milliard de francs CF A.
Article 4 : Les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les
comptables publics des entités, activités ou fonds créés après la publication du présent décret
seront assujettis à la déclaration de patrimoine, dès lors que leurs opérations annuelles
atteignent ou dépassent un milliard de francs CF A. Ils sont tenus de déposer leur déclaration
dans un délai de trois (3) mois suivant leur nomination ou élection et ce, conformément à
l'article 2 de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014.
Article 5 : La liste des personnes mentionnées à l'article premier fera l'objet d'actualisation, compte
tenu de l’évolution à la baisse ou à la hausse du montant des opérations effectuées par tout
agent comptable ou de l'ordre administratif visé par la loi.
Les données budgétaires et comptables relatives à de telles variations seront transmises, sans
délai, au Président de l'Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC)
par le Ministre de l'Économie, des Finances et du Plan et/ou le responsable de l'organisme
concerné ou à défaut, par l'assujetti lui-même.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Article 6 : Les assujettis sont tenus de remplir le formulaire de déclaration de patrimoine, objet
de l'annexe 2 du présent décret.
Article 7 : La déclaration de patrimoine doit comporter toutes les informations relatives aux biens
et actifs détenus par la personne concernée, directement ou indirectement. Les assujettis
mariés sous le régime communautaire doivent aussi déclarer les biens de la communauté ou
les biens réputés indivis.
Article 8 : Outre les éléments de l'actif qui intègrent les créances, le déclarant doit mentionner le
passif de son patrimoine incluant les dettes hypothécaires, les dettes personnelles, les dettes
communes (sous le régime communautaire) et tout autre engagement qu'il juge nécessaire de
signaler.
La mention NÉANT doit être inscrite dans les rubriques non remplies.
Article 9 : Pour les biens immobiliers, le déclarant communique les adresses et les copies certifiées
conformes des titres de propriété.
Article 10 : Dans le cas d'un renouvellement de déclaration, les opérations ayant affecté la compo-
sition des biens (achats, ventes, emprunts contractes, successions reçues, transferts, donations,
etc.) doivent être déclarées et les variations de patrimoine justifiées.
Article 11 : Le formulaire de déclaration de patrimoine, rempli et signé, accompagné des pièces
justificatives et d'une note explicative, doit être déposé auprès de l'Office National de Lutte
Contre la fraude et la Corruption (OFNAC) contre décharge ou adresse au Président de ladite
structure, par courrier recommandé avec accusé de réception.
Le formulaire doit être signé personnellement et chaque page paraphée,
Article 12 : L'OFNAC procède à la vérification de chaque déclaration de patrimoine composée
du formulaire rempli, des pièces justificatives et de la note explicative.
Article 13 : Les personnes occupant les positions citées à l'annexe 1 du présent décret et qui exercent
leurs fonctions avant la promulgation de la loi sur la déclaration de patrimoine, sont soumises
au régime de l'effet immédiat.
Article 14 : Le Ministre de l'Économie, des Finances et du Plan et le Ministre de l'Intégration
Africaine, du NEP AD et de la Promotion de la Bonne Gouvernance sont chargés, chacun en
ce qui le concerne, de l' exécution du présent décret qui sera publié au journal officiel de
la République du Sénégal.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 6

Encadré 2

Cadre juridique,
Dispositif stratégique et opérationnel de lutte contre la corruption au Sénégal
Principaux repères

A. Cadre juridique

Plusieurs textes législatifs et réglementaires répriment les faits de corruption dans des
secteurs et domaines spécifiques ; les principaux textes concernés sont :

- le Code pénal, notamment en son Livre 1er, chapitre IV, articles 119 à 279 ;
- le Statut général des fonctionnaires (loi n° 61-33 du 15 juin 1961) ;
- les dispositions pertinentes des statuts spéciaux et particuliers des différents corps de l’État
(tous ces statuts contiennent des dispositions réprimant la fraude et la corruption) ;
- les codes et textes relatifs aux activités économiques, sociales et culturelles : codes des
marchés publics, de l’environnement, des mines, etc.
- les dispositions pertinentes des conventions internationales auxquelles le Sénégal est
partie, transposées dans le droit positif sénégalais interne, exécutées dans le cadre de la
coopération judiciaire, ou, le cas échéant, d’application directe.

B. Dispositif stratégique et opérationnel

Le dispositif stratégique et opérationnel de lutte contre la fraude et la corruption au Sénégal


comprend, notamment :

• les grands corps de contrôle de l’ordre administratif et/ ou juridictionnel, notamment :


l’Inspection générale d’État et la Cour des comptes ;
• le Médiateur de la République (1991) ;
• le Programme national de Bonne Gouvernance (PNBG) (2002) ;
• la Commission nationale de lutte contre la non-transparence, la corruption et la concussion
(CNLCC) (2003) ;
• l’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP), (2007)
• les autres organes de régulation créés en application des Directives de l’UEMOA,
notamment : le Haut Conseil de l’Audio Visuel, l’Agence de Régulation des Télécommu-
nications (ARTP), etc. ;
• la Direction centrale des Marchés publics (2002) ;
• la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF) (2004) ;

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 7

Encadré 3
Convention des Nations Unies contre la corruption (2003)

Chapitre III : Incrimination, détection, et répression (articles 15 à 42)

Intitulés des articles

Art 15 : Corruption d’agents publics nationaux


Art 16 : Corruption d’agents publics étrangers et de fonctionnaires d’organisations
internationales publiques
Art 17 : Soustraction, détournement ou autre usage illicite de biens par un agent public
Art 18 : Trafic d’influence
Art 19 : Abus de fonctions
Art 20 : Enrichissement illicite
Art 21 : Corruption dans le secteur privé
Art 22 : Soustraction de biens dans le secteur privé
Art 23 : Blanchiment du produit du crime
Art 24 : Recel
Art 25 : Entrave au bon fonctionnement de la justice
Art 26 : Responsabilité des personnes morales
Art 27 : Participation et tentative
Art 28 : La connaissance, l’intention et la motivation en tant qu’éléments d’une infraction
Art 29 : Prescription
Art 30 : Poursuites judiciaires, jugement et sanctions
Art 31 : Gel, saisie et confiscation
Art 32 : Protection des témoins, des experts et des victimes
Art 33 : Protection des personnes qui communiquent des informations
Art 34 : Conséquences d’actes de corruption
Art 35 : Réparation de préjudice
Art 36 : Autorités spécialisées
Art 37 : Coopération avec les services de détection et de répression
Art 38 : Coopération entre autorités nationales
Art 39 : Coopération entre autorités nationales et secteur privé
Art 40 : Secret bancaire
Art 41 : Antécédents judiciaires
Art 42 : Compétence

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 8
Communiqué de Jakarta sur les principes pour les Institutions de lutte contre la corruption
(Jakarta, du 26 au 27 novembre 2012)

Du 26 au 27 novembre 2012, des dirigeants actuels et anciens d’institutions de lutte contre la


corruption (ILC), des professionnels et des experts en matière de lutte contre la corruption du monde
entier se sont réunis à Jakarta, à l'invitation de la Commission indonésienne pour l'éradication de la
corruption (KPK), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l'Office
des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour examiner un ensemble de « Principes
pour les institutions de lutte contre la corruption » en vue de promouvoir et de renforcer l'indépendance
et l'efficacité des ILC.
Parmi les participants figuraient plusieurs dirigeants des ILC et des représentants de réseaux
régionaux, notamment le Réseau des institutions nationales de lutte contre la corruption en Afrique
de l'Ouest, les Partenaires de l’Asie du Sud-Est contre la corruption, le Réseau arabe pour le
renforcement de l'intégrité et de la lutte contre la corruption, le Forum de l'Afrique australe contre la
corruption, l’Association des autorités de lutte contre la corruption en Afrique de l’Est, ainsi que les
Partenaires européens contre la corruption/le Réseau de points de contact de l’UE contre la corruption
(EPAC / EACN).
Des représentants du Programme des Nations Unies pour le développement, l'Office des Nations Unies
contre la drogue et le crime, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et de
Transparence Internationale ont aussi participé aux travaux de la Conférence. L'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale ont également fait des
présentations à cette Conférence.
Les participants ont examiné et partagé des expériences de pays à travers le monde, des difficultés
rencontrées par les ILC et les exigences essentielles pour l'indépendance et l'efficacité des ILC.
Attendu que la Conférence visait à examiner et élaborer des directives pour les ILC sur la manière
de promouvoir et de renforcer leur indépendance et leur efficacité ;
Conscients de la diversité des ILC dans le monde entier dans la lutte contre la corruption, certaines
ILC étant chargées de la prévention de la corruption, alors que d'autres se concentrent sur l'enquête
ou les poursuites, ou une combinaison de ces fonctions ;
Rappelant les obligations et engagements internationaux au niveau régional et mondial, dont
la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), pour garantir l'indépendance des
ILC ;
Rappelant la Déclaration de Marrakech par l'Association internationale des autorités anti-corruption
(IAACA) adoptée lors de sa cinquième Conférence annuelle et Assemblée générale, en particulier,
l'engagement à « une action et un soutien concertés [...] pour s’assurer que les autorités anti-
corruption [...] sont capables de fonctionner avec l'indépendance nécessaire, un financement sûr et
stable, ainsi qu’avec des personnels spécialisés ayant une formation professionnelle, afin de leur
permettre d’exercer efficacement leurs fonctions à l’abri de toute influence indue, conformément aux
articles 6 et 36 de la CNUCC » ;
Rappelant également les résolutions 3/2, 3/3 et 4/4 adoptées par la Conférence des États parties à la
CNUCC à ses troisième et quatrième sessions qui reconnaissent «l'importance vitale d'assurer
l'indépendance et l'efficacité» des ILC.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Prenant acte avec satisfaction des normes pour les Autorités anti-corruption élaborées par les
Partenaires européens contre la corruption/le Réseau de points de contact de l’UE contre la corruption
(EPAC / EACN) saluées par la 6e Conférence annuelle et Assemblée générale d'IAACA ;
Prenant acte avec satisfaction de la volonté du G20 de donner l'exemple en «renforçant le fonction-
nement efficace des organes anti-corruption ou des instances chargées de l'application de la loi dans
la prévention et la lutte contre la corruption, [...] permettant à ces instances d’exercer efficacement
leurs fonctions à l’abri de toute influence indue »;
Prenant acte avec satisfaction des efforts déployés par Transparence Internationale lors de la 15e
Conférence internationale contre la corruption à Brasilia pour promouvoir l'indépendance et
l'efficacité des ILC ;
Les participants :
1. Recommandent les principes suivants pour garantir l'indépendance et l'efficacité des ILC :
- DU MANDAT : Les ILC doivent avoir des mandats clairs pour lutter contre la corruption à travers
la prévention, l'éducation, la sensibilisation, des enquêtes et des poursuites, soit par l’intermédiaire
d'un seul organe ou de plusieurs organes coordonnés ;
- DE LA COLLABORATION : Les ILC ne doivent pas exercer leurs fonctions en isolement. Ils
doivent favoriser de bonnes relations de travail avec les organismes publics, la société civile, le
secteur privé et d'autres parties prenantes, y compris la coopération internationale ;
- DE LA PERMANENCE : Les ILC doivent, conformément aux principes juridiques fondamentaux
de leurs pays, être mis en place par un cadre juridique adéquat et stable, comme la Constitution
ou une loi spéciale pour garantir la continuité de l'ILC;
- DE LA NOMINATION : Les dirigeants des ILC sont désignés à l'issue d'un processus qui garantit
leur apolitisme, impartialité, neutralité, intégrité et leur compétence;
- DE LA CONTINUITÉ : En cas de suspension, révocation, démission, retraite ou de fin du mandat,
tous les pouvoirs du dirigeant de l'ILC sont délégués par la loi à un responsable compétent de l'ILC
dans un délai raisonnable jusqu'à la nomination du nouveau dirigeant de l’ILC;
- DE LA RÉVOCATION : Les dirigeants d'ILC sont inamovibles et ne peuvent être révoqués que
par le biais d'une procédure légalement établie correspondant à la procédure de révocation d'une
haute autorité indépendante, expressément protégée par la loi (comme le Président de la Cour
suprême) ;
- DE LA CONDUITE EXEMPLAIRE : Les ILC doivent adopter des codes de conduite qui obligent
leurs personnels à faire preuve d'une éthique exemplaire et adopter un régime de contrôle
rigoureux ;
- DE L’IMMUNITÉ : Les dirigeants et personnels des ILC jouissent de l'immunité à l'égard des
poursuites intentées au criminel et au civil pour tout acte commis dans le cadre de l'exercice de
leurs missions. Les dirigeants et personnels d’ILC seront protégés contre des poursuites abusives
en matière de procédures civiles et pénales.
- DE LA RÉMUNÉRATION : les employés des ILC doivent être rémunérés à un niveau qui permet-
trait l'emploi d'un nombre suffisant de personnels qualifiés ;

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Rapport Public d’activités 2014-2015

- DES POUVOIRS EN MATIÈRE DE RESSOURCES HUMAINES : Les ILC doivent avoir le


pouvoir de recruter et de licencier leurs personnels conformément aux procédures internes claires
et Transparentes ;
- DES RESSOURCES SUFFISANTES ET FIABLES : Les ILC doivent avoir des ressources
financières suffisantes pour s'acquitter de leurs tâches, en tenant compte des ressources budgétaires
du pays, de la taille de sa population et sa superficie. Les ILC doivent avoir droit en temps opportun
aux ressources prévues, fiables et suffisantes pour le développement progressif des capacités et
l'amélioration de leurs activités, ainsi que pour la réalisation de leur mandat;
- DE L’AUTONOMIE FINANCIÈRE : Les ILC doivent bénéficier d’une dotation budgétaire
dont ils assument la gestion et le contrôle complets sans préjudice des normes comptables et des
prescriptions en matière de vérification des comptes appropriées;
- DE L’OBLIGATION DE RENDRE DES COMPTES AU NIVEAU INTERNE : Les ILC doivent
élaborer et mettre en place des règles claires et des procédures de fonctionnement standardisées,
y compris des mécanismes de contrôle et de sanction disciplinaire, afin de réduire au minimum les
cas de faute professionnelle et d'abus de pouvoir par les ILC ;
- DE L’OBLIGATION DE RENDRE DES COMPTES AU NIVEAU EXTERNE : Les ILC doivent
se conformer strictement à l’État de droit et rendre compte de leurs activités aux mécanismes mis
en place pour éviter tout abus de pouvoir ;
- DES RAPPORTS DESTINÉS AU PUBLIC : Les ILC doivent présenter officiellement au public
au moins une fois par an un rapport sur leurs activités ;
- DE LA COMMUNICATION AU PUBLIC ET DE LA MOBILISATION DU PUBLIC : Les ILC
doivent régulièrement communiquer et nouer le dialogue avec les citoyens afin de garantir la
confiance du public dans leur indépendance, leur équité et dans leur efficacité.
2. Encouragent les ILC à promouvoir les principes ci-dessus au sein de leurs institutions, pays et
réseaux régionaux respectifs ;
3. Encouragent les ILC à promouvoir ces principes pour aider les membres du pouvoir exécutif et du
pouvoir législatif, les praticiens de la justice pénale et le public en général, à mieux comprendre et
soutenir les ILC dans l'exercice de leurs fonctions ;
4. Invitent tous les ILC à inciter leurs gouvernements respectifs et d'autres parties prenantes à
promouvoir les principes ci-dessus dans les forums internationaux sur la lutte contre la corruption ;
5. Expriment leurs remerciements et gratitude à la Commission indonésienne pour l'éradication de
la corruption pour avoir accueilli la Conférence internationale «Principes pour les institutions de
lutte contre la corruption» avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement
et l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime pour réfléchir et s'accorder sur les
principes pour les ILC.

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Rapport Public d’activités 2014-2015

Annexe 9

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