Rapport 2014 2015 OFNAC
Rapport 2014 2015 OFNAC
PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Section 1 : Éléments du patrimoine énumérés par la loi du 02 avril 2014 ............... 102
Section 2 : Personnes assujetties à la déclaration de patrimoine .............................. 103
Section 3 : Système sénégalais de déclaration de patrimoine .................................... 103
Section 4 : Procédure de déclaration de patrimoine .................................................. 104
Section 5 : État des lieux à la date du 30 septembre 2015 ......................................... 104
Section 6 : Contraintes et perspectives pour le système sénégalais
de déclaration de patrimoine .................................................................... 108
CHAPITRE VI : PROGRAMME FORMATION ET RENFORCEMENT
DE CAPACITÉS ....................................................................................... 113
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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SIGLES ET ABRÉVIATIONS
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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LISTE DES ANNEXES
Annexe 8 : Communiqué de Jakarta sur les principes pour les Institutions de Lutte
contre la Corruption (Jakarta, du 26 au 27 novembre 2012)
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LISTE DES TABLEAUX
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MESSAGE DE LA PRÉSIDENTE
L
a publication d’un rapport par l’Office national de Lutte contre
la Fraude et la Corruption (OFNAC) est une exigence légale.
En effet, l’article 17 de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012
portant création de l’OFNAC dispose : « L’OFNAC établit chaque
année un rapport d’activités qui comporte notamment les
propositions de mesures tendant à prévenir les actes de fraude
ou de corruption. Ce rapport est remis au Président de la
République. Il est rendu public par tous moyens appropriés ».
La présentation du Rapport, étape clé du processus de reddition
des comptes, permet à l’OFNAC de communiquer sur l’exécution
de ses missions, les difficultés rencontrées, les opportunités
explorées et les résultats obtenus aussi bien pour ce qui est de
l’atteinte de ses objectifs que, le cas échéant, de la valeur ajoutée
apportée à la gouvernance publique.
Elle offre à Son Excellence Monsieur le Président de la République qui a pris
l’initiative de créer l’OFNAC, l’opportunité d’apprécier l’opérationnalisation de sa politique
anti-corruption et d’initier toutes réformes dictées par les dysfonctionnements constatés et les
recommandations formulées.
Le Rapport représente également, pour l’Office, un moment privilégié de dialogue avec les
usagers du service public, personnes physiques ou morales qui sont, à la fois, cibles, partenaires,
et bénéficiaires des résultats de ses activités.
Dans ce Rapport, il est procédé à une revue complète qui dresse également un état des lieux de
l’application par le Sénégal, de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (CNUCC),
de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption et du
Protocole de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Aussi, en rendant compte du traitement des plaintes et dénonciations reçues, des enquêtes et
investigations, des audits et vérifications diligentés, l’OFNAC réaffirme t-il son positionnement
en tant qu’Institution anti-fraude et anti-corruption ouverte et accessible au public. Dans cette
dynamique, à travers ses activités de communication et de sensibilisation, il encourage les
citoyens à rejeter de manière systématique la fraude et la corruption et leur offre les moyens de
les combattre.
Par ailleurs, au-delà de l’effet dissuasif du Rapport public, l’écoute dont bénéficient les
populations indignées par la prégnance de la corruption dans leur quotidien, ainsi que la
réactivité de l’Office dans le traitement des affaires qui lui sont soumises, rassurent les usagers
et renforcent sa crédibilité.
Le nombre important de plaintes reçues concernant aussi bien la gestion publique que privée,
de même que les multiples dénonciations d’actes de corruption ou de fraude, plus de trois cents
depuis notre installation au mois d’août 2014, prouvent que les citoyens, au-delà de la confiance,
fondent des espoirs sur notre Office.
L’OFNAC souhaite, à travers ce premier Rapport d’activités, partager sa vision et sa stratégie,
ainsi que la déclinaison de celles-ci en objectifs et résultats prioritaires liés à ses différents
programmes ; les forces et faiblesses du dispositif anti-corruption et les améliorations proposées
sont également abordées.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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INTRODUCTION
L
a présentation d’un Rapport public est un élément important du dispositif de reddition
de comptes des entités chargées de la gestion de services publics ou utilisant des
ressources publiques.
Le présent Rapport couvre la période de janvier 2014 à décembre 2015. Premier du genre
pour l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), il rend compte
des résultats obtenus à travers les Programmes mis en œuvre, des contraintes rencontrées et
formule des recommandations dans les domaines couverts.
Le « Programme Rapport public » constitue, dans l’approche par les résultats adoptée, le
dixième Programme mis en œuvre par l’Office.
Le législateur, en exigeant de l’OFNAC l’élaboration et la publication d’un rapport annuel,
réaffirme un principe majeur de la bonne gouvernance et contribue, par la même occasion, à
la mise en œuvre effective du droit des citoyens à l’information.
En effet, l’article 17 de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC
(Annexe 1) précise que ce rapport est remis au Président de la République et est rendu public
par tous moyens appropriés.
Compte tenu de la vocation fondamentale du Rapport d’activités de l’OFNAC, définie par le
législateur, la principale valeur ajoutée attendue de cet exercice réside dans les propositions
de réformes soumises à l’attention du Chef de l’État.
Le même article 17 insiste sur l’importance des recommandations à formuler, en disposant
que le rapport « (…) comporte notamment les propositions de mesures tendant à prévenir
les actes de fraude ou de corruption ». En cela, il permet de prendre toute la mesure des
avancées, des contraintes et limites notées dans le dispositif de lutte contre la fraude et la
corruption, ainsi que dans la Gouvernance publique en général.
Les recommandations qui accompagnent les dysfonctionnements constatés ouvrent, dès lors,
des perspectives de réformes pour apporter les ajustements nécessaires dans la gestion des
affaires publiques.
Ainsi, le Rapport public constitue, à la fois, un outil précieux pour l’Autorité politique en
matière de Gouvernance publique et un cadre privilégié de communication et de partage avec
les citoyens qui sont les principaux bénéficiaires des actions des Institutions de lutte contre la
corruption.
Toutefois, il y a lieu de noter que cette communication avec le public se fera conformément
à la loi, c’est-à-dire, dans le respect de la présomption d’innocence et de l’exigence de
protection des données à caractère personnel.
L’information du public sur l’ensemble des activités est d’autant plus nécessaire que, pour ce
qui concerne les enquêtes, c’est le citoyen qui, principalement, fournit de la matière à
l’OFNAC, à travers les plaintes et dénonciations.
Au demeurant, la lutte contre la fraude et la corruption repose essentiellement sur la
dénonciation des actes illicites pour leur élimination et la mise en exergue des meilleures
pratiques pour leur dissémination.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Par ailleurs, le Rapport intègre une dimension pédagogique en ce qu’il véhicule les principaux
enseignements tirés des diligences effectuées au cours de la période couverte.
Relativement à son contenu, il est alimenté par les résultats des missions réalisées, l’analyse
des données collectées, ainsi que par l’examen du cadre juridique des matières sur lesquelles
portent les travaux de l’Office.
La longueur exceptionnelle de la période couverte par ce Rapport s’explique par le fait
que l’OFNAC, bien qu’ayant été créé le 28 décembre 2012, n’a réellement commencé à
fonctionner que beaucoup plus tard ; les membres ont été nommés le 31 décembre 2013 et les
services effectivement installés au siège de l’Office le 11 août 2014.
En raison de son caractère inaugural, le présent Rapport fait la présentation de l’OFNAC pour
permettre une meilleure compréhension de sa vision, de ses missions, de sa stratégie, de son
organisation, ainsi que son installation ; cette dernière étape revêt un enjeu important dans la
vie d’une Institution nouvellement créée.
Soucieux d’efficacité, l’OFNAC a adopté une approche par les résultats qui lui a permis, dans
ses activités, de mettre l’accent sur des programmes qui correspondent aux principales com-
posantes de son cœur de métier.
C’est ainsi qu’après une vue d’ensemble (contexte et enjeux) de la lutte contre la corruption
(Première Partie), le présent Rapport rend compte des résultats obtenus dans les
activités déployées au niveau des différents programmes (Deuxième Partie) et formule des
propositions d’amélioration dans la Gouvernance publique (Troisième Partie).
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PREMIÈRE PARTIE :
CONTEXTE ET ENJEUX
DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
La lutte contre la corruption s’inscrit dans un contexte marqué par de profondes mutations qui exigent
l’adaptation des ripostes institutionnelles et stratégiques aux nouvelles formes de criminalité, aussi
bien au plan international qu’à l’échelle de chaque État.
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Chapitre I
CONTEXTE INTERNATIONAL DE LA
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
L
a lutte contre la corruption est devenue, dans le contexte mondial, la principale composante de
la Gouvernance publique. En effet, aucun secteur de la gestion des affaires publiques n’étant
épargné par ce fléau, les progrès réalisés pour son éradication deviennent la condition, voire
l’indicateur du succès de chaque politique publique. Pour l’atteinte de ces objectifs, les tendances
actuelles privilégient la mise en place d’Institutions dédiées à la lutte contre la corruption.
La corruption, une des plus anciennes pratiques dolosives de tous les temps, est, depuis la chute du
Mur de Berlin en 1989, l’objet d’un regain d’intérêt, en raison des conséquences de cet événement,
avec notamment une ouverture du monde qui rend possible les négociations sur les questions de
transparence ayant conduit à la signature de conventions internationales à partir de 1996. Ce regain
d’intérêt s’explique essentiellement par les facteurs ci-après:
• la disparition des cloisons idéologiques qui rendaient difficile toute
La
chute du
négociation sur ce sujet ;
Mur de Berlin
en 1989
• l’extension et l’harmonisation des règles du commerce international,
entraîne un sous les auspices de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) ;
regain d’intérêt
pour la • la prise de conscience des populations suscitée par les nombreux cas de
corruption corruption ;
• la non-conciliation de la corruption avec les règles de bonne
gouvernance ;
• l’importance des sommes dérobées qui représentent un pourcentage
élevé du PIB des pays en voie de développement ;
• l’interaction entre la corruption et les autres formes de criminalité
organisée : trafic de drogues, financement du terrorisme, blanchiment
de capitaux, etc.
La conscience de l’ampleur et de la gravité de la corruption par la Communauté internationale
s’est manifestée par l’adoption des conventions internationales de la première génération sur
une période de sept (7) ans (1996 à 2003). Ainsi, c’est au cours de cette période relativement courte
que les différentes aires géographiques, à travers les organisations internationales, ont adopté une série
de conventions à vocation régionale et internationale, toutes censées cerner la corruption et la combattre
(Annexe 2).
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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Chapitre II
A
u Sénégal, la lutte contre la corruption s’inscrit dans un contexte marqué par l’existence de
contraintes dont la maîtrise est nécessaire pour assurer l’efficacité requise aux interventions.
Il s’agit des défis auxquels la lutte contre la corruption doit faire face pour que l’OFNAC, en
tant qu’Institution anti-corruption travaille en parfaite synergie avec l’ensemble des acteurs concernés
et que son action soit ainsi couronnée de succès.
Le Sénégal a adapté sa
S’appuyant sur une tradition établie de lutte contre la corruption, le
législation aux formes
nouvelles de la criminalité Sénégal a entrepris de faire évoluer sa législation.
financière
En effet, les dispositions du Code pénal ne sont plus perçues comme suffisamment dissuasives et
exhaustives par rapport aux infractions visées par la Convention des Nations Unies contre la Corruption
pour couvrir, avec l’efficacité requise, toutes les dimensions de ce fléau.
C’est ainsi, qu’outre la mise en place des corps et organes de contrôle interne et externe de l’État,
notamment, l’Inspection générale d’État et la Cour des Comptes, la transposition des instruments
internationaux dans le droit positif sénégalais a abouti à la création de nouvelles institutions dont :
• l’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) ;
• la Cellule nationale de Traitement des Informations financières (CENTIF), spécialisée dans la
lutte contre le blanchiment d’argent ;
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Rapport Public d’activités 2014-2015
La
• décline la vision du Gouvernement ;
coordination des
initiatives des
• fait l’état des lieux des initiatives et des actions menées, ainsi
organisations de lutte que des résultats obtenus ;
contre la corruption
est un impératif pour • décrit les orientations et les axes stratégiques de la question,
l’éradication déclinés dans un plan stratégique ;
de ce fléau
• met en place un dispositif national de pilotage et de suivi-évaluation.
Un tel document est, en outre, accompagné d’un plan d’action national, d’une esquisse du cadre
logique et du chronogramme de sa mise en œuvre.
C’est à partir de cette référence nationale que les acteurs s’impliquent dans la lutte contre la fraude et
la corruption. Certains acteurs peuvent même concevoir des plans sectoriels, spécifiques, par exemple
sur la corruption dans les marchés publics, les collectivités locales, la santé, l’éducation, pourvu qu’ils
s’inscrivent dans le plan national et contribuent à en réaliser les objectifs globaux.
Pour relever ces défis les Autorités ont mis en place une Institution indépendante dotée de pouvoirs et
de prérogatives importants.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
A. Vision
L’efficacité de la lutte contre la corruption dépend, en grande partie, de la vision qu’en a l’Institution
qui la conduit.
L’affirmation d’une vision offre à l’OFNAC des repères qui lui permettent :
• de déterminer le type de leadership adapté aux objectifs qu’il poursuit ;
• de trouver sa voie et ses marques dans l’architecture des Institutions et organisations de lutte
contre la corruption ;
• d’assumer la convergence, la visibilité, la traçabilité et l’impact positif de ses initiatives ;
• de fonder l’éthique de son organisation interne ;
• d’harmoniser ses interventions avec les objectifs globaux de la gouvernance publique.
La vision de l’OFNAC en matière de lutte contre la corruption prend sa source dans la vision
d’une gouvernance vertueuse, sobre et performante du Chef de l’État.
Elle s’inspire également des missions et prérogatives dévolues à l’Office par
La la loi du 28 décembre 2012 et d’une analyse précise de l’environnement socio-
vision de
l’OFNAC en matière
économique. Cette vision est ainsi déclinée : « Promouvoir l’intégrité et la
de lutte contre transparence dans la gestion des affaires publiques et privées par la
la corruption prend prévention et la lutte contre la fraude et la corruption ».
sa source dans la vision
d’une gouvernance Elle est articulée autour de la promotion de quatre (4) cultures :
vertueuse, sobre et
performante du • la culture de l’intégrité et de l’exemplarité ;
Chef de l’État • la culture du respect et de la protection du bien public ;
• la culture de la performance et de la promotion du mérite ;
• la culture de la reddition des comptes, de la redevabilité et de
l’imputabilité.
La vision de l’OFNAC donne des indications sur la nature de la mission qui lui est confiée en ce sens
que :
- en premier lieu, la mission de lutte contre la corruption confiée à l’OFNAC est une exigence
démocratique.
Il ne s’agit Cette première composante de la vision met l’accent sur les valeurs considérées
pas seulement comme des principes fondamentaux de la démocratie. Il ne s’agit pas
de la démocratie seulement de la démocratie institutionnelle, mais aussi de la société
institutionnelle, démocratique. La vision fait référence à plusieurs valeurs, que la lutte contre
mais aussi de la société
démocratique la corruption permet d’instituer, de restaurer ou de renforcer.
Il s’agit du :
• combat pour la restauration des valeurs positives qui fondent la nation ;
• triomphe de la vertu sur le vice, de l’intérêt général sur l’intérêt particulier, de la transparence
sur l’opacité ;
• sursaut d’orgueil, surplus de moralité pour réaliser la justice, l’équité et le commun vouloir de
vivre ensemble ;
• recours à des symboles forts pour réveiller le sentiment patriotique qui nourrit les vertus de
politesse, de bienséance, de respect de l’autre, d’intégrité, d’amour du travail bien fait,
d’endurance, etc. ;
• triomphe de la justice sur l’impunité.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
- en second lieu, la mission de lutte contre la corruption confiée à l’OFNAC est un impératif du
développement.
Cette seconde composante de la vision met l’accent sur la nécessité pour l’OFNAC de veiller à ce que
la mise en œuvre des Programmes et Politiques publiques se fasse dans le strict respect de la bonne
utilisation des ressources publiques.
L’objectif est de prévenir, notamment, les conséquences négatives des réformes en réduisant les risques
de corruption.
En effet, certaines réformes peuvent accroître les risques de corruption. Elles se traduisent
généralement par de nouvelles répartitions des responsabilités et par une augmentation des ressources
nécessaires à leur exercice. Derrière la course pour parvenir à certaines responsabilités se cache souvent
une aspiration à accéder aux ressources publiques. De même, il est constaté parfois, que le pouvoir
d’allocation de ressources à des activités ou secteurs, lorsqu’il est exercé par une seule personne, crée
des risques de corruption.
Il s’agit là d’une préoccupation majeure qui est d’actualité dans notre pays, au moment où l’Acte III
de la décentralisation et le Plan Sénégal émergent (PSE) sont en cours d’exécution.
La vision de
l’OFNAC est celle C’est la raison pour laquelle, comme il est indiqué plus haut, la vision
d’un Sénégal dans lequel de l’OFNAC est celle d’un Sénégal dans lequel le respect du bien
le respect des biens publics public et l’optimisation des ressources permettent aux projets et
et l’optimisation des ressources
permettent aux projets et programmes de garantir et de renforcer durablement, les valeurs
programmes de garantir de la démocratie.
et de renforcer,
durablement, les valeurs
de la démocratie
Dans cette perspective, elle implique la prise de mesures qui se présentent
comme des balises permettant de mesurer l’efficacité de ses interventions sur
le développement. À titre d’exemple, il peut être cité :
• l’encadrement strict de l’utilisation des ressources mobilisées pour les projets auxquels elles sont
destinées ;
• la lutte contre l’impunité, la promotion du mérite, de l’intégrité
et de la performance.
C’est dans ce cadre que s’inscrivent les missions et prérogatives de l’OFNAC, son organisation et ses
stratégies d’intervention.
B. Missions et prérogatives
La loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 fixe, en ses articles 2, 3, 13, 14 et 15 les missions et préroga-
tives de l’OFNAC (Encadré 1 - Annexe 3).
Ces dispositions sont complétées par celles de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014, relative à la
déclaration de patrimoine (Annexe 4) et son décret d’application n° 2014-1463 du 12 novembre 2014
(Annexe 5). Aux termes des articles 3 et 5 de ladite loi, d’une part, et des articles 5, 11 et 12 du décret
précité, d’autre part, l’OFNAC reçoit, vérifie et conserve les déclarations de patrimoine de toutes
les personnes assujetties. Le contenu des missions de l’OFNAC permet de délimiter son champ
d’intervention.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
- ce contenu constitue le référentiel autour duquel l’Office organise ses interventions et s’auto-évalue ;
- il détermine ses stratégies d’intervention et de délimiter son champ d’action.
À chaque étape, il sera nécessaire de distinguer, d’une part, les contenus à définir par l’État, et d’autre
part, ceux qui relèvent de la responsabilité de l’OFNAC.
B.1. Missions et prérogatives en matière de prévention de la corruption
B.1.1.Contenus dont la détermination relève de la responsabilité de l’État
Le Protocole de la CEDEAO de 2001 sur la lutte contre la corruption, la Convention des Nations Unies
contre la corruption de 2003 et la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre
la corruption de 2003, consacrent d’importants développements aux contenus des programmes de
prévention de la corruption dont la détermination relève de la responsabilité de l’État.
L’article 5 du Protocole de la CEDEAO porte sur les mesures préventives suivantes que les États
parties doivent prendre en matière de lutte contre la corruption :
• élaboration des règlements et codes de conduite pour éradiquer les conflits d’intérêts ;
• recrutement basé sur le mérite ;
• instauration de la transparence dans le système de recrutement dans la fonction publique et dans
l’acquisition des biens et services par l’État ;
• protection effective et adéquate des personnes qui fournissent des informations sur les actes de
corruption ;
• élaboration de lois et règlements qui découragent la corruption des agents publics nationaux et
étrangers ;
• participation de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) aux efforts
de prévention et de détection des actes de corruption ;
• élimination des opportunités de corruption dans les procédures de recouvrement des impôts ;
• déclaration des biens et des revenus des agents publics ;
• création d’organismes indépendants et spécialisés de lutte contre la corruption ;
• protection de la liberté de presse et du droit à l’information.
Le chapitre II de la
Convention des Nations
Unies contre la corruption Le chapitre II de la Convention des Nations Unies contre la
(articles 5 à 14) est entièrement corruption (articles 5 à 14) est entièrement consacré aux mesures
consacré aux mesures
préventives en matière
préventives en matière de corruption.
de corruption
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Cette Convention reprend toutes les mesures prescrites par le Protocole de la CEDEAO visées ci-
dessus et en préconise d’autres, comme :
• l’évaluation périodique des instruments juridiques et des mesures administratives en vue de
déterminer s’ils sont adéquats pour prévenir la corruption ;
• la coopération et le réseautage ;
• la participation à des programmes et projets internationaux visant à prévenir la corruption ;
• la diffusion des connaissances ;
• l’offre de programmes d’éducation et de formation ;
• l’élaboration des critères pour la candidature à l’élection à un mandat public ;
• la transparence dans le financement des élections ;
• les mesures pour renforcer l’intégrité des juges et des parquets afin de prévenir leur corruption ;
• la normalisation de la comptabilité dans le secteur privé ;
• les mesures visant à prévenir le blanchiment d’argent.
B.1.2 Initiatives relevant de l’OFNAC
Pour exercer la mission de prévention que la loi lui confère, l’OFNAC a établi un Plan d’action
intérimaire pour 2014 et un Plan stratégique 2015-2017 précisant, concrètement, les mesures qui seront
prises en matière de prévention de la corruption, conformément au référentiel ci-dessus, édicté par les
Conventions susvisées et auxquelles le Sénégal est partie.
Le Plan d’action de
l’OFNAC vise six objectifs Le Plan d’action de l’OFNAC vise six objectifs en matière de
en matière de prévention prévention de la corruption :
de la corruption
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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Rapport Public d’activités 2014-2015
«L’OFNAC peut s’attacher les services de tout sachant susceptible de lui apporter son concours.
L’OFNAC entretient des relations de coopération avec les organismes nationaux et internationaux
similaires intervenant dans le domaine de la lutte contre la fraude, la corruption, les pratiques
assimilées et infractions connexes.
Dans l’exercice de leurs missions, les membres de l’OFNAC ne reçoivent d’instruction d’aucune
autorité».
De plus, l’article 13 de la même loi autorise l’OFNAC à se faire communiquer tout rapport
contenant des faits de fraude et de corruption.
En outre, l’article 14 de cette même loi dispose que : « A l’issue de ses investigations, si les
informations collectées et analysées font présumer de l'existence de l'une des infractions visées au
10 de l'article 3 de la présente loi, l'OFNAC transmet au Procureur de la République un rapport
accompagné des pièces du dossier.
La transmission du rapport au Procureur de la République dessaisit l'OFNAC ».
L’annexe 7 présente les intitulés des articles concernés de ladite Convention, lesquels renseignent
par eux-mêmes sur les types et la nature des contenus concernés.
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B. Gouvernance interne
La Gouvernance interne de l’OFNAC repose sur des principes qui animent son organisation et servent
de référentiel à son fonctionnement.
B.1. Principes
Une organisation est un ensemble multidimensionnel, un système constitué de plusieurs éléments
devant interagir de façon intelligente en vue d’atteindre un objectif.
Les principes qui gouvernent l’organisation et le fonctionnement de l’Office sont :
- la subsidiarité ;
- la séparation des fonctions incompatibles ;
- la coordination, la complémentarité et la surveillance.
La subsidiarité : c’est un principe de base dont la mise en œuvre repose sur la délégation de pouvoir
et sur la création de centres de responsabilités qui traitent et décident de toutes les questions relevant
de leurs compétences.
Toutefois, en cas de besoin, les centres de responsabilités peuvent bénéficier du principe de suppléance
qui traduit l’appui des autorités supérieures sur des questions dépassant les capacités des centres de
responsabilités. Ainsi, ce principe de subsidiarité dont l’application obéit à un souci d’efficacité,
procède de l’appropriation des objectifs de l’Office par les responsables concernés.
La séparation des fonctions incompatibles : elle garantit la protection des ressources et évite les
conflits d’intérêts, entre autres.
C’est pourquoi, dans l’agencement des services de l’Office, il est toujours tenu compte des activités
qui ne peuvent, en vertu de leur nature, être regroupées dans un seul centre de responsabilité. Dans
tous les cycles, il est porté une attention particulière sur les incompatibilités pour réduire les risques
et renforcer le contrôle et l’efficacité. Au niveau de l’exécution budgétaire par exemple, il s’imposait
de respecter le principe sacro-saint de la séparation des fonctions d’ordonnateur et de comptable. C’est
ce qui explique la présence d’un Agent comptable particulier chargé de la gestion financière et
comptable de l’Office, placé sous le contrôle technique du Ministère de l’Économie, des Finances et
du Plan,. Ce respect de la séparation des fonctions incompatibles rend possibles et efficaces les
contrôles.
La coordination, la complémentarité et la surveillance : la coordination, la complémentarité et la
surveillance des centres de responsabilité sont incontournables pour éviter les redondances et pour
créer une synergie entre les acteurs. C’est pourquoi, l’OFNAC a développé des cadres de rencontre et
de partage pour promouvoir et renforcer l’esprit d’équipe. Par exemple, le Comité de Direction
(COMDIR) est une instance de concertation, d’échanges et de prise de décisions regroupant,
périodiquement, tous les Chefs des centres de responsabilités.
La coordination et la complémentarité sont étroitement liées à la communication interne de l’OFNAC,
qui permet de décloisonner les services, de développer le sentiment d’appartenance à une même entité
et de partager des valeurs et des objectifs communs.
S’agissant de la surveillance, outre le contrôle hiérarchique permanent sur le personnel et sur leurs
actes, elle est assurée, d’une part, par l’Assemblée générale des membres qui est l’instance suprême
de concertation et de prise de décision et, d’autre part, par les Unités de contrôle de gestion et d’audit
interne, chargées de veiller à la transparence, à l’intégrité et à la performance, dans la Gouvernance
interne de l’Office.
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- une caisse de solidarité visant le raffermissement des liens de solidarité et d’entraide entre les
agents, en cas d’événement heureux (baptêmes, mariages, anniversaires) ou malheureux (maladies,
décès, sinistres…) ;
- une assurance-maladie, démarrée au mois de juin 2015, couvrant la prise en charge médicale et
pharmaceutique des agents et leurs familles à hauteur de 90%, les 10% restants étant à la charge de
l’employé.
Cette assurance maladie, souscrite auprès d’une compagnie d’assurance de la place, contribue à
l’émergence d’un climat social propice à l’obtention d’une bonne performance dans le travail.
À cela, il faut ajouter :
• une coopérative d’habitat créée en septembre 2015 ;
• un plan auto dont la mise en place est en cours de finalisation ;
• un code d’éthique et de déontologie élaboré en vue de la promotion d’une culture d’entreprise
avec des valeurs partagées.
Avec l’appui de l’État, des Partenaires techniques et financiers (PTF), notamment, la Banque mondiale
(BM), l’OFNAC a pu disposer de ressources matérielles pour être opérationnel.
C’est ainsi qu’à côté du siège et des véhicules évoqués plus haut, l’État a mis à la disposition de
l’Office, du matériel informatique. La BM a aussi fortement appuyé l’équipement informatique de
l’OFNAC.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Force est de constater que ces dotations fractionnées sont de nature à remettre en cause toutes les
initiatives de planification et de programmation budgétaires.
Fort heureusement pour l’année 2016, les dispositions de l’alinéa 2 de l’article 20 de la loi portant
création de l’OFNAC ont été mises en œuvre avec la création d’une ligne budgétaire autonome,
autorisée dans le cadre de la Loi de finances 2016. C’est ainsi qu’un montant d’un milliard trois cent
quatre-vingt-dix-neuf millions (1 399 000 000) de francs CFA a été octroyé à l’Office. Cet acte
consacre l’autonomie financière réelle de l’OFNAC.
Ces efforts traduisent la volonté des Autorités politiques et l’engagement des Partenaires techniques
et financiers à accompagner l’OFNAC afin de lui permettre de s’installer dans de bonnes conditions
et d’exécuter ses missions avec toute l’efficacité requise. Il y a lieu de noter cependant que cette
enveloppe budgétaire de l’année 2016 marque une baisse de deux cent cinquante et un millions
(251 000 000) de francs CFA par rapport à 2015. Or, il est aujourd’hui nécessaire de revoir à la hausse
les moyens financiers de l’OFNAC afin de lui permettre d’augmenter l’effectif des enquêteurs et des
préventionnistes.
Les partenaires suivants ont soutenu l’OFNAC : la Délégation de l’Union européenne (DUE), la
Banque mondiale (BM), le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale de l’Office
des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), le Programme des Nations Unies pour le
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Développement (PNUD), la Coopération canadienne, Open Society Initiative in West Africa (OSIWA),
l’Agence des États-Unis pour le Développement international/ Programme Gouvernance et Paix
(USAID/PGP).
Toutefois, compte tenu du nombre important des composantes de son cœur de métier (prévention,
enquêtes et investigations, déclaration de patrimoine, recherche-action, audit et vérification), il serait
utile que l’État et les Partenaires renforcent les moyens d’action de l’Office pour optimiser son
efficacité. En effet, outre la lutte contre la corruption, l’OFNAC est également chargé de la lutte contre
la fraude sous toutes ses formes. Cela est d’autant plus nécessaire que les résultats obtenus dans la
lutte contre la corruption impactent positivement l’économie. Les effets directs pourraient être mesurés
à travers la réduction perceptible des pratiques irrégulières sur les deniers publics et les recouvrements
éventuels que le Trésor pourrait effectuer à la suite des enquêtes menées par l’Office. L’effet indirect
se traduit par le relèvement de l’appui des PTF à notre pays sur la base des avancées dans la lutte
contre la corruption et constitue un élément important d’éligibilité à certains fonds.
Par ailleurs, le statut de l’OFNAC, marqué par l’autonomie financière, exige l’existence de ressources
propres, afin de garantir l’indépendance et la crédibilité de l’Office. C’est pourquoi, il serait souhaitable
que l’OFNAC soit destinataire d’un certain pourcentage sur les avoirs recouvrés, sur la base de ses
travaux d’enquête, d’investigation, d’audit et de vérification et sur certains fonds destinés à la lutte
contre la corruption ainsi que ceux dédiés à l’équipement de certaines régies financières, chargées,
entre autres, de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale.
Recommandation n° 1
Renforcer les moyens financiers de l’OFNAC, notamment en prenant les mesures
appropriées, afin de lui permettre de percevoir un certain pourcentage sur les avoirs
recouvrés à l’issue de ses travaux d’enquête, d’investigation, d’audit et de vérification,
d’une part, et sur certains fonds destinés à la lutte contre la corruption, la fraude et
l’évasion fiscale ainsi que ceux dédiés à l’équipement de certaines régies financières,
d’autre part.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Le dispositif de contrôle mis en place s’exerce pour s’assurer de la conformité des produits aux
principes et normes en vigueur dans le domaine concerné. Le management de la qualité assure à
l’Office une amélioration continue de la qualité de ses services. Cette aptitude à réaliser, sans cesse,
des travaux de qualité, est indispensable dans un environnement en constante mutation et avec des
exigences toujours plus élevées.
Dans l’univers des Institutions de Lutte contre la Corruption, le management de la qualité est
incontournable, les pratiques étant strictement encadrées par des normes dont le respect détermine la
crédibilité et l’acceptabilité des productions.
C’est pourquoi, il était pertinent pour l’OFNAC de mettre en place un système de contrôle qualité
efficace, à travers notamment le Comité de Lecture, le Comité Budget et Finance, le Comité juridique,
les ateliers ou groupes de travail ad hoc organisés par le Cabinet, consacrés au contrôle de la qualité
de certains rapports ou autres documents à caractère financier, administratif ou technique, ainsi que
l’avis sollicité d’experts sur certaines questions.
Pour chaque type d’activité, il est précisé les critères qui déterminent l’acceptabilité ou non des
réalisations.
Pour une Institution anti-corruption, le référentiel servant de
Pour une Institution
anti-corruption, le référentiel
cadre des critères pour la validation des productions est
servant de cadre des critères toujours pluriel : il comprend les lois et règlements internes, les
pour la validation des productions conventions internationales auxquelles le Sénégal est partie, ainsi
est toujours pluriel que les principes et normes régissant les pratiques des Institutions
similaires.
La gestion de la qualité exige aussi une identification et un management des risques liés à l’activité
et pouvant empêcher la réalisation d’un service de qualité. C’est ce qui explique l’importance du
rôle du contrôle de gestion qui aide, entre autres, à l’élaboration d’une cartographie des risques.
L’identification des risques constitue la première étape pour la mise en place des moyens de contrôle
(maîtrise des risques) afin de garantir l’atteinte des résultats fixés.
Le management de la qualité au sein de l’OFNAC est une fonction support, dans la mesure où il est
présent dans tous les cœurs de métiers de l’Office.
En effet, toutes les activités de l’OFNAC sont soumises à un
Toutes les activités de encadrement permettant de veiller à des productions de
l’OFNAC sont soumises à un qualité. L’examen de la conformité se fait toujours sur la base de
encadrement permettant de veiller référentiels. Dans ces cadres normatifs se trouvent des règles
à des productions de qualité
définissant les exigences à satisfaire pour asseoir la crédibilité de
l’Institution, son indépendance et la qualité de ses produits.
À titre d’illustration, la loi portant création de l’OFNAC, après avoir consacré l’indépendance de
l’Office, soumet ses membres à la formalité de la prestation de serment afin de garantir l’impartialité,
l’objectivité et la discrétion nécessaires à l’exercice efficace de leurs fonctions. Ces éléments participent
de l’exercice d’un contrôle qualité et mettent notre pratique en conformité avec les normes internatio-
nales.
Les principes et valeurs fixés par la loi portant création de
Les principes et valeurs
fixés par la loi portant création
l’OFNAC sont prolongés par un Code de déontologie et
de l’OFNAC sont prolongés par d’éthique qui consacre des valeurs partagées par les membres et
un Code de déontologie et le personnel opérationnel. Ces valeurs partagées constituent le socle
d’éthique qui consacre
des valeurs partagées de tout service de qualité et servent en même temps de cadre de
référence à la pratique professionnelle à l’OFNAC.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Cette démarche axée sur les résultats qui est un élément de la gestion de la qualité exige un
management de type participatif dans lequel toutes les ressources humaines sont impliquées dans le
travail, avec une bonne compréhension des objectifs et une maîtrise des risques.
À côté du contrôle exercé à l’interne, il existe des contrôles qualité externes sur les travaux de
l’OFNAC. Il s’agit de :
- l’évaluation par les pairs, notamment avec le mécanisme institué par les Nations Unies pour
contrôler le niveau d’application de la Convention des Nations Unies contre la Corruption
(CNUCC). Toutefois, au-delà de l’Institution anti-corruption, ce contrôle s’étend à l’environnement
global (cadre juridique national, cadre institutionnel et politique, etc.) ;
- les audits externes commandités par l’OFNAC pour s’assurer de la qualité de ses travaux dans
toutes les composantes de son cœur de métier ou, uniquement, dans certaines activités ciblées ;
- le contrôle exercé par l’Autorité politique et les citoyens à travers le Rapport public.
C’est pourquoi, chaque fois que dans un État, l’Institution chargée de lutter contre la corruption n’est
pas indépendante ou ne dispose pas de suffisamment de moyens, la Communauté internationale émet
un doute sur la volonté politique et les efforts consentis pour lutter contre la corruption.
Il apparaît ainsi que la non-satisfaction des exigences fixées par la Convention des Nations Unies
contre la Corruption peut impacter négativement l’image d’un État.
Le contrôle qualité effectué par les pairs porte donc sur l’environnement global et sur les caractéris-
tiques essentielles qui doivent permettre à l’Organisme de lutte contre la corruption, d’exercer ses
attributions en toute objectivité et sans influence. Il s’agit ici d’un contrôle supérieur qui s’exerce sur
des mesures qui relèvent, pour l’essentiel, de la compétence des États.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Guidé par sa vision En accordant à l’OFNAC un statut juridique marqué par l’indépen-
articulée autour des quatre
cultures rappelées plus haut, dance et en offrant à ses membres des garanties assorties de fortes
l’OFNAC a obtenu des résultats sujétions, le Président de la République et le législateur ont satisfait
validés par le dispositif de contrôle un critère déterminant dans la mise à disposition de services de qualité
qualité dans ses différents dans la lutte anti-corruption.
Programmes
Guidé par sa vision articulée autour des quatre cultures rappelées
plus haut, l’OFNAC a obtenu des résultats validés par le dispositif de
contrôle qualité dans ses différents Programmes.
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DEUXIÈME PARTIE :
Se fondant sur sa vision, l’OFNAC a inscrit son action dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats
et décliné ses axes stratégiques en domaines d’intervention correspondant à ses différents programmes.
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Chapitre I
PROGRAMME ÉLABORATION
DU PLAN STRATÉGIQUE
L
a planification stratégique est l’exercice par lequel une organisation se projette dans le temps
pour réaliser sa vision à moyen et long termes. Elle est articulée, d’une part, autour de l’examen
des contraintes et priorités, forces et faiblesses et, d’autre part, sur l’exposé exhaustif des
ressources humaines, matérielles, techniques et financières en vue de l’atteinte des objectifs fixés et
appréciés à partir d’indicateurs de résultats et d’impacts.
La planification stratégique est un moment de réflexion sur les missions et exige donc la maîtrise
d’éléments internes à l’organisation et la connaissance des réalités et contraintes de l’environnement.
Elle est, pour l’organisation, un puissant facteur d’intégration et de mobilisation sociale, en ce qu’elle
permet aux différents acteurs, dans et hors de l’organisation, de comprendre et de s’approprier la
vision, les missions et les objectifs de l’entité. La planification stratégique responsabilise aussi chaque
acteur en précisant le rôle qui lui est attribué et en définissant les cadres de reddition de comptes.
En outre, le Plan stratégique réalise l’articulation de l’organisation à la vision et à l’orientation politique
et l’arrime aux préoccupations et attentes des citoyens. C’est donc un moment privilégié pour placer
le citoyen au cœur de ses priorités, évaluer l’ensemble des risques liés aux activités envisagées par
l’organisation et dégager des moyens pour leur maîtrise.
Par conséquent, il constitue le document par lequel l’Office décline sa mission et fixe ses engagements
devant les Autorités publiques et les citoyens.
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Chapitre II
L
’efficacité d’un organisme public ayant pour vocation de satisfaire les populations et les acteurs
économiques (publics et privés), dans un domaine aussi sensible que la lutte contre la fraude
et la corruption, dépend, au premier chef, de son accessibilité. Pour l’OFNAC, l’accessibilité
s’apprécie au regard de quatre (4) paramètres, au moins :
- la disponibilité, la facilité et la gratuité d’accès ;
- l’écoute et la capacité de l’agent (du service) d’apporter des réponses claires, justes et appropriées,
jusqu’à la fin de la procédure initiée ;
- la fonctionnalité des outils de communication en place ;
- la délivrance de courriers périodiques permettant l’information du plaignant sur le niveau de
traitement du dossier.
Aux fins d’assurer la maîtrise et la durabilité de ces paramètres, l’OFNAC a mis en place un système
comprenant deux volets : un volet organique et un volet opérationnel.
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MODE DE
SAISINE
Entre 2014 et Lettre Numéro E-mail Application E-mail TOTAL
2015, l’OFNAC
Vert Mobile Site Web
a reçu et traité
310 plaintes et ANNÉES
dénonciations
auxquelles 2013 10 0 0 0 10
il faut ajouter les
10 autres héritées
de la CNLCC). 2014 78 33 0 7 118
Soit au total à
320 plaintes et 2015 86 78 1 27 192
dénonciations
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1. la bonne mise en œuvre des paramètres déjà évoqués : disponibilité, gratuité, écoute mais surtout
le bon retour d’information aussi bien pour le plaignant pris individuellement que pour le ou les
groupes vis-à-vis desquels le dossier présente un intérêt. En effet, avec le retour d’information, il
se crée une démultiplication qui peut toucher un nombre très élevé de citoyens pour des raisons
diverses : appartenance familiale, profession, curiosité intellectuelle, émissions radios ou télévisions,
correspondances d’information post-contentieux, etc. ;
2. la bonne exécution des programmes de sensibilisation et d’information. Elle s’est traduite, sur la
séquence 2014-2015, par la baisse des recours inappropriés et donc irrecevables. La poursuite de
l’effort, sur ce volet de la mission de l’Office, permettra d’obtenir une meilleure concentration de
l’effort des ressources humaines sur des sujets appropriés et dignes d’intérêt.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
• Sur l’ensemble des plaintes reçues, cinq (05) domaines sont marqués par leur sensibilité. Il s’agit :
- du Foncier (46) ;
- du Transport/Sécurité publique (31) ;
- de l’Emploi/Travail (31) ;
- du Social/conflits de famille (25) ;
- du Commerce (22) ;
- de l’Éducation/Formation (20).
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Fig. 3
• Les Ministères occupent la première place : 135 cas sur 320, soit 42,18%.
• Les Établissements publics arrivent avec 70 cas sur 320, soit 21,87%.
• Les Collectivités locales occupent la troisième place avec 50 cas, soit 15,62%.
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• On constate qu’entre 2013 à 2015, il a été relevé quatorze (14) plaintes venant de femmes, sur les
trois cent-vingt (320) enregistrées.
• Cela signifie t-il que les femmes seraient moins touchées par la corruption que les hommes ? Les
résultats de l’étude sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal permettront d’apporter
des éléments de réponses et, au besoin, d’agir sur les stratégies et programmes de prévention et
de lutte contre la corruption.
En combinant la répartition des plaintes suivant le genre et le critère géographique, les données se
présentent comme suit :
Tambacounda
Saint-Louis
Ziguinchor
plaignant
Genre du
Diourbel
Kaffrine
Kaolack
Sédhiou
Matam
France
Louga
Fatick
Dakar
Kolda
Thiès
Total
F 9 1 3 1 14
M 1 198 8 6 1 5 8 8 7 6 9 4 7 26 12 306
Administration/
Administration
Administration
Autres Admi-
Autres Admi-
Autres Orga-
nistrations /
/Particulier
nistrations
Particulier
Particulier
Particulier
plaignant
Genre du
/ Privé
Total
F 7 7 14
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Il s’agira, d’une part, de renforcer les ressources humaines du Bureau des plaintes et du Département
Enquêtes et Investigations et, d’autre part, d’ouvrir des antennes régionales.
Recommandation n° 2
Renforcer l’appui financier consenti à l’OFNAC pour lui permettre :
- d’accroître, sensiblement, les ressources humaines du Bureau des plaintes et
dénonciations et du Département Enquêtes et Investigations ;
- de parvenir à une plus grande proximité avec les populations, grâce notamment à
l’ouverture d’antennes régionales.
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Chapitre III
PROGRAMME ENQUÊTES,
INVESTIGATIONS, AUDITS ET
VÉRIFICATIONS
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Les enquêtes ouvertes De façon générale, les enquêtes ouvertes sur la base des plaintes
sur la base des plaintes et et dénonciations intéressent surtout la petite corruption. Il y a
dénonciations intéressent surtout cependant quelques plaintes et dénonciations pour lesquelles les
la petite corruption
enquêtes révèlent qu’il s’agit d’affaires portant sur la grande
corruption.
Toutes les enquêtes ouvertes sur la base du pouvoir d’auto-saisine de l’Office sont des affaires
présumées de grande corruption.
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Cette option de l’OFNAC de combiner des enquêtes relatives à la petite et à la grande corruption se
justifie par deux raisons principales :
- le souci de répondre aux sollicitations des citoyens directement touchés par la petite corruption qui
a des conséquences insoutenables sur leurs conditions de vie. Fortement préoccupé par la satisfac-
tion du citoyen, l’OFNAC ne pouvait pas écarter les plaintes et dénonciations reçues sous le prétexte
qu’elles concernent la petite corruption pour s’intéresser exclusivement aux enquêtes qu’il jugerait
pertinentes parce que portant sur d’importantes ressources ;
- en ciblant des activités et des secteurs comportant des risques très significatifs de grande corruption
pour utiliser son pouvoir d’auto-saisine et ouvrir des enquêtes, l’OFNAC cherche à apporter cet
équilibre nécessaire dans les enquêtes. De la sorte, il est pris en charge les préoccupations directes
des citoyens, sans négliger les affaires comportant un niveau de risques élevé de grande corruption
qui, parfois, alimentent la petite corruption.
60
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Ces pratiques ont été facilitées par l’insuffisance des mesures prises dans les formations sanitaires
pour orienter les usagers vers les services compétents. En effet, la fonction « accueil » est déterminante
pour une organisation développant une « approche client ». Les agents intervenant à ce niveau donnent
au visiteur la première image de l’entité qui est souvent la plus marquante.
La fonction « accueil » au niveau des services spécialisés des hôpitaux
La fonction «accueil» devrait être renforcée pour éviter la manipulation des patients par
au niveau des services des agents dont les comportements sont souvent ignorés par leurs
spécialisés des hôpitaux devrait
être renforcée pour éviter
supérieurs hiérarchiques. Une valorisation de cette fonction par,
la manipulation des patients par notamment, une sélection rigoureuse des personnes destinées à
des agents dont les comportements ces postes sensibles et qui met l’accent sur l’ouverture d’esprit,
sont souvent ignorés par l’intégrité et la disponibilité serait d’une grande utilité pour les
leurs supérieurs
hiérarchiques
usagers des services hospitaliers.
Ces pratiques frauduleuses impactent négativement les efforts du Gouvernement dans la mise en œuvre
des politiques de santé publique. Dans le contexte de la Couverture Maladie Universelle (CMU), des
mesures hardies devront être envisagées pour mettre les patients, à l’abri des fraudeurs.
Recommandation n° 3
Faire prendre les mesures nécessaires pour que les Responsables des structures
sanitaires renforcent la fonction «accueil et prise en charge» dans leurs services et
effectuent une sélection rigoureuse des personnes devant occuper ces postes, en mettant
l’accent sur l’intégrité, l’ouverture d’esprit et la disponibilité.
Par ailleurs, ils devront également veiller au strict respect des règles déontologiques en
évitant les conflits d’intérêt.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
À l’accueil, un agent lui aurait remis une liste de documents à fournir. Sur la base des informations
reçues, le plaignant aurait accompli certaines formalités.
Le plaignant déclare que, le lendemain, l’agent lui aurait dit que les papiers étaient établis et lui aurait
remis, pour le quitus, une fiche pour le paiement à effectuer.
S’agissant du code fiscal, le mis en cause aurait déclaré au plaignant, en aparté, que le délai de
traitement était relativement long et pouvait aller de deux à trois mois. Le plaignant affirme alors avoir
donné le montant de cinquante mille (50 000) francs CFA sollicité par le mis en cause qui lui aurait
dit que c’est ce qui est réclamé pour cette formalité. C’est seulement, après s’être renseigné, qu’il lui
aurait été précisé que le code fiscal ne revenait pas à cinquante mille (50 000) francs CFA. C’est alors
qu’il décida de déposer une plainte à l’OFNAC.
Il ressort de l’enquête menée que le mis en cause a outrepassé ses prérogatives en réclamant une somme
d’argent qui n’était pas due, alors qu’il devait se limiter à le renseigner sur les formalités à accomplir.
Les diligences effectuées ont permis de constater que le code fiscal ne requiert pas le paiement de la
somme de cinquante mille (50.000) francs CFA. Seul un timbre de deux mille (2000) francs CFA était
exigé.
Les enquêteurs ont recueilli des preuves attestant la sollicitation par le mis en cause de ce montant.
Les éléments de l’enquête montrent aussi que le Service des Impôts délivre le code fiscal dans des
délais beaucoup plus courts (quarante-huit (48) heures) que ce que le mis en cause a fait comprendre
au plaignant.
Compte tenu de tout ce qui précède, les enquêteurs ont conclu à l’existence d’indices graves et
concordants de concussion prévue et réprimée par les articles 156 à 158 du Code pénal.
Des pratiques de cette nature annihilent les efforts consentis par la Puissance publique, en vue de
l’amélioration de l’environnement des affaires. En effet, par l’allégement et la simplification des
procédures et formalités de création d’entreprise, le Gouvernement cherche à encourager les
investissements. Le Sénégal, en Afrique, est pionnier dans ce domaine avec la possibilité de créer
une société en 48 heures ; des initiatives ont même ouvert la possibilité pour une création
d’entreprise en vingt-quatre (24) heures.
Les agissements de cet agent entrent ainsi totalement en opposition avec les initiatives publiques prises
pour accélérer les procédures et violent les règles mêmes de l’Administration dont il relève.
Après le recueil de tous les indices graves et concordants de l’existence d’une infraction de
concussion, le rapport a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites
soient engagées.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
L’enquête a permis de constater qu’il était réclamé aux usagers le montant de cent cinquante mille
(150 000) francs CFA pour le passage du permis en un seul jour et cent mille (100 000) francs CFA,
si c’est au-delà de quinze jours.
En outre, il était exigé des usagers les montants pour le paiement des droits de mutation et de timbres,
pratique qui ne s’explique pas pour une administration qui n’est pas une régie financière et qui n’est
habilitée par aucun texte à s’immiscer dans cette matière. De tels faits sont accomplis en violation
flagrante du Code général des Impôts.
Ces pratiques ont été constantes sur plusieurs années. Les diligences effectuées renseignent sur le fait
qu’elles ont été facilitées par les délais longs de traitement des dossiers.
Pour faire prospérer leurs activités illicites, les agents mis en cause
Le Ministère chargé
imposent leurs propres procédures, laissant de côté les instructions
des transports terrestres tendant à exiger l’application de délais raisonnables. En effet,
a travaillé à la réduction pour soulager les citoyens, le Ministère des Infrastructures et des
des délais pour accroître
l’efficacité de ses services, mais
Transports terrestres a initié des actes (la lettre circulaire
le comportement des agents mis n°000015/MITTD/DTR du 09 janvier 2014, notamment) pour
en cause annihile ces efforts fixer les délais d’un mois pour le traitement des dossiers visés. Ce
Ministère a ainsi travaillé à la réduction des délais pour accroître
l’efficacité de ses services, mais le comportement des agents mis en
cause annihile ces efforts.
Le rapport a donc été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites soient
engagées.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Les investigations effectuées ont permis de constater qu’à l’issue des tests, près de cent cinquante
(150) candidats ont été sélectionnés parmi les personnes ayant déposé. Toutefois, aucun candidat n’a
été recruté, l’organisateur principal des tests n’ayant jamais travaillé en relation avec une entreprise,
contrairement aux informations fournies sur les annonces publicitaires. Il a lui-même reconnu qu’il
n’y avait aucune collaboration avec une entreprise de la place comme indiqué sur les annonces.
De façon incidente, l’enquête a révélé une pratique de faux, un numéro d’immatriculation appartenant
à un véhicule identifié par les enquêteurs ayant été utilisé dans l’affaire pour un autre véhicule inconnu
du fichier des services compétents.
Les dysfonctionnements à l’origine de ces pratiques sont dus à
l’insuffisance de contrôles sur l’organisation des recrutements,
Les dysfonctionnements surtout ceux ciblant les jeunes élèves et étudiants. Cette catégorie
à l’origine de ces pratiques de la population se caractérise par une très grande vulnérabilité et
sont dus à l’insuffisance de contrôles
sur l’organisation des recrutements, tombe facilement dans les pièges tendus par les personnes mal
surtout ceux ciblant les jeunes intentionnées qui profitent de leur volonté et de leur détermination
élèves et étudiants à trouver un emploi. C’est pourquoi, une vigilance accrue et un
encadrement strict de ces activités devraient être de rigueur pour
protéger ces jeunes, en contrôlant les garanties présentées par les
« recruteurs ».
Le rapport établi à l’issue de l’enquête a été transmis à l’Autorité judiciaire pour que les
poursuites soient engagées.
Recommandation n° 4
Pour une meilleure protection de l’intérêt des jeunes, faire prendre les mesures
nécessaires en vue d’un encadrement strict des activités de recrutements massifs
de candidats, notamment celles comportant un paiement de frais de dossier ou
d’inscription.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
L’enquête menée a permis de mettre en évidence l’existence de faux relevés de notes présentés par
des élèves dans leurs dossiers. Les relevés de notes des classes de seconde, première et terminale
constituent en effet des éléments du dossier de préinscription que les postulants sont invités à présenter.
Le rapprochement des documents recueillis par les enquêteurs avec les informations contenues dans
les logiciels de scolarité a permis de se rendre compte de l’existence de pratiques de faux.
Le stratagème utilisé par l’une des personnes interpellée par les enquêteurs a consisté à modifier les
notes par le procédé du « scanning » pour présenter un meilleur profil. Elle a reconnu les faits qui lui
étaient reprochés.
Dans les pratiques de faux constatées, il a également été relevé l’implication de responsables d’écoles
privées qui, sciemment, délivrent, pour les mêmes années, des bulletins avec des notes différentes.
Cette situation révélée par l’enquête traduit un problème sérieux, des pratiques aussi graves
étant constatées dans le milieu scolaire et impliquant aussi bien des élèves que des responsables
d’établissement. La situation réelle est certainement, de loin, plus grave que les éléments présentés
par l’enquête, plusieurs personnes impliquées dans les dossiers suspects analysés par les enquêteurs
ayant voyagé entre temps (hors du Sénégal). Cela a réduit sensiblement le champ des investigations.
Les enquêteurs
ont recueilli
des indices graves et Les enquêteurs ont recueilli des indices graves et concordants de
concordants de faux faux et usage de faux.
et usage de faux.
Le rapport d’enquête a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites
soient engagées.
DOSSIER 6 : Suite à une dénonciation alléguant l’existence de dysfonctionnements et de graves
irrégularités dans la gestion du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD), une mission de
vérification a été ordonnée.
Le COUD, ciblé par la dénonciation, est un Établissement public à caractère administratif, doté de la
personnalité morale et de l’autonomie financière. Il est créé par la loi n°66-23 du 1er février 1966 et
le décret n°75-890 du 23 juillet 1975 fixe ses règles d’organisation et de fonctionnement.
L’analyse des faits allégués dans la lettre de dénonciation fait ressortir les principaux éléments
suivants concernant la gestion du COUD :
- des insuffisances organisationnelles avec notamment, le cumul de fonctions incompatibles ;
- le fractionnement des commandes dans les marchés ;
- l’octroi de subventions irrégulières ;
- des pratiques de détournements de deniers publics.
La mission de vérification a permis de faire les principales constatations suivantes :
1. dans le cadre de la vente de matières réformées du COUD, un Commissaire-priseur a été désigné.
Il a établi un procès-verbal de vente mobilière daté du 09 juillet 2014. Ce procès-verbal présente le
montant de cent cinquante millions cent soixante-et-un mille sept cent vingt (150 161 720) francs
CFA comme produit de la cession des diverses matières réformées.
66
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Par ailleurs, le Directeur du COUD a accordé ces subventions en violation de la procédure prévue qui
exige l’autorisation du Conseil d’Administration (CA) comme préalable. En effet, l’article 13 du décret
n° 75-890 du 23 juillet 1975 fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du centre des œuvres
universitaires de Dakar exige l’autorisation préalable du CA.
Il a également été constaté que, dans le cadre des subventions, le Directeur a effectué un certain nombre
de dépenses à l’occasion d’une cérémonie de visite au Campus, le 31 juillet 2015. C’est ainsi que les
vérificateurs ont constaté le versement de subventions au Régisseur pour les dépenses suivantes :
• huit millions (8 000 000) de francs CFA destinés aux étudiants de l’UCAD ;
• quinze millions (15 000 000) de francs CFA pour l’habillement d’accueil pour les étudiants ;
• trente-deux millions (32 000 000) de francs CFA pour l’habillement des femmes et des hôtesses
du COUD ;
• trente-quatre millions (34 000 000) de francs CFA pour la confection de tee-shirt, body et
casquettes pour les étudiants et personnel du COUD.
Ainsi, un montant global de quatre-vingt-neuf millions (89 000 000) de francs CFA a été engagé à
titre de subvention pour la cérémonie de visite.
Au total, les vérificateurs ont constaté les éléments suivants :
• la décision d’octroi de ces subventions est prise le 13 août 2015, alors que la cérémonie était
prévue pour le 31 juillet 2015 ; il y a donc postériorité de la décision par rapport à l’évènement
que les dépenses sont censées couvrir ;
• comme précisé plus haut, toute subvention devrait être autorisée par le Conseil d’Administration.
Cela n’a pas été le cas ;
• le recours à des subventions accordées au Régisseur, pour le règlement de dépenses relatives à la
cérémonie constitue une irrégularité flagrante. En effet, pour l’exécution de dépenses auprès de
fournisseurs ou prestataires, les engagements doivent être faits conformément aux règles régissant
l’utilisation des ressources publiques, les dépenses liquidées après service fait, sur la base des
procès-verbaux de réception et l’ordonnancement effectué ; le tout, en relation avec l’Agent
comptable gardien de l’orthodoxie financière. Rien donc ne justifie, pour des dépenses à effectuer
auprès de fournisseurs ou prestataires que de l’argent liquide soit tiré du comptable. C’était auprès
du comptable que le règlement de toutes les dépenses concernées devraient être effectué ;
• il n’y a aucune trace de l’effectivité des dépenses : pas de procès-verbaux de réception, pas de
matières reçues dans le service. De plus, les habits déclarés avoir été achetés à savoir cent (100)
costumes, cent (100) cravates, cent (100) paires de souliers, les habits d’hôtesse pour les femmes,
etc., restaient introuvables lors de la visualisation du film de la cérémonie.
La seule dépense pour laquelle les vérificateurs ont des éléments attestant de son effectivité,
concerne la subvention versée aux étudiants. En effet, sur les huit (8) millions de francs CFA
déclarés, l’état des paiements indique que sept (7) millions de francs CFA ont bien été payés à
des étudiants représentant leur structure. Le reliquat, c’est-à-dire un million (1 000 000) de francs
CFA, est resté non justifié. Même pour ce qui concerne ces subventions versées aux étudiants, il
est constaté que l’état des paiements présentés indique le 30 juillet 2015 comme date de règlement.
Il s’agit là d’une nouvelle sortie d’argent par le moyen des subventions pour des dépenses déjà
payées.
Les paiements, pour un montant total de quatre-vingt-deux millions (82 000 000) de francs CFA
ont été faits, en l’absence de pièces justificatives requises. Compte tenu des montants engagés,
des procès-verbaux de réception étaient nécessaires avant tout paiement pour ce qui concerne les
matières à acquérir. Cela n’a pas été fait. Le Régisseur s’est contenté de déclarer que les costumes
ou autres habillements étaient à la discrétion du Directeur qui, seul, pouvait en répondre. De son
68
Rapport Public d’activités 2014-2015
côté, le Directeur affirme que c’est le Régisseur qui est responsabilisé sur cette question. En tirant
le montant de quatre-vingt-neuf millions (89 000 000) de francs CFA des crédits gérés par l’Agent
comptable, par le moyen de décisions de subvention, la possibilité était ouverte pour toutes sortes
de manipulation contraires aux règles d’exécution des dépenses publiques ;
• l’Agent comptable aurait dû refuser de procéder au paiement des quatre subventions sans
bénéficiaires identifiés, dans la mesure où il aurait dû se rendre compte de l’irrégularité manifeste
de la dépense, les décisions d’octroi de subvention étant postérieures à l’évènement.
4. Il a été constaté un recrutement à titre posthume pour le compte d’un agent décédé le 08 novembre
2014 dans un accident de la circulation. Des paiements de salaire d’un montant mensuel de deux
cent soixante-quinze mille (275 000) francs CFA ont été faits pour les mois de novembre et de
décembre 2014. Le grand frère du disparu affirme avoir reçu les paiements au titre du mois d’octobre
pour lequel il y avait du retard dans les règlements et du mois de novembre. Il précise que c’est le
montant de cinquante-trois mille (53 000) francs CFA qui lui a été payé par mois (soit au total cent
six mille francs les deux mois).
Compte tenu de tout ce qui précède, les vérificateurs considèrent que le Commissaire-priseur
pourrait être poursuivi pour détournement de deniers publics et escroquerie portant sur des deniers
publics pour les droits d’enregistrement et la Tva non reversés, les prestations doublement facturées,
ainsi que les montants facturés sans base légale ou réglementaire.
Relativement aux subventions sans bénéficiaires et en l’absence de pièces justificatives, les vérificateurs
estiment être en présence d’un détournement de deniers publics dont les responsables sont le Directeur
du COUD qui a accordé ces subventions en l’absence d’autorisation du Conseil d’Administration et
le Comptable public qui a accepté de procéder aux décaissements sans les pièces justificatives requises
et sans que les personnes bénéficiaires soient connues.
Pour ce qui concerne les paiements de deux mois de salaire pour le compte de l’agent décédé, les
vérificateurs estiment que l’Agent comptable est responsable pour le montant correspondant à la
différence entre ce qui a été réellement reçu par le frère du défunt et ce qui a été débité dans les écritures
comptables.
Enfin, pour les dépenses exécutées dans le cadre de la cérémonie de visite le 31 juillet 2015 au Campus,
compte tenu de l’opacité ayant entouré ces dépenses réalisées par le moyen de subventions, de
l’absence de preuve de l’effectivité des dépenses concernées, de l’incapacité du COUD à produire les
pièces justificatives requises et de la postériorité des opérations de dépenses liées à la visite (décision
d’octroi des subventions en date du 13 août pour un évènement prévu le 31 juillet), les vérificateurs
considèrent qu’il y a détournement de deniers publics. Les responsables identifiés sont le Directeur,
ordonnateur ayant initié la dépense, le Régisseur qui a encaissé l’argent auprès de l’Agent comptable
et l’Agent comptable qui a accepté de payer les montants des subventions au Régisseur, alors que les
décisions présentées par le Directeur sont intervenues après l’évènement.
Il convient de signaler que le Directeur du COUD a tout fait pour empêcher l’exécution correcte de la
mission de vérification, menaçant ouvertement les membres de l’équipe, posant des actes d’intoxication
et intimant l’ordre aux travailleurs du COUD de ne pas déférer aux convocations de l’OFNAC.
Ainsi, dès que les vérifications ont commencé à mettre en évidence certaines pratiques, il a initié des
actes de sabotage de la mission, relevant de leurs fonctions des agents qu’il soupçonnait d’avoir fourni
des informations à l’équipe de vérification. Ce comportement a rendu impossible l’audition de certaines
personnes pour permettre de recueillir leurs dépositions sur des faits les concernant.
69
Rapport Public d’activités 2014-2015
Compte tenu de cette attitude du Directeur marquée par la prise d’actes de nature à entraver l’exécution
normale de la mission de vérification, il conviendrait de le relever de ses fonctions et de veiller à ce
qu’il ne lui soit plus confié la responsabilité de diriger un organisme public.
Recommandation n° 5
Relever de ses fonctions, le Directeur du COUD pour entrave à l’exécution normale
d’une mission de vérification et prendre toutes les mesures utiles pour qu’il ne lui soit
plus confié la resposabilité de diriger un organisme public.
Le présent rapport issu des enquêtes et investigations menées à la suite d’une dénonciation
d’actes de fraude et de corruption, et établi, conformément aux normes professionnelles,
accompagné des éléments probants recueillis, a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente
pour que les poursuites soient engagées.
Les investigations se poursuivent sur d’autres aspects de la gestion du COUD et les résultats
obtenus feront l’objet d’un second rapport.
En outre, un agent investi de la charge d’Officier d’état civil se livrait à des actes de concussion dans
la délivrance de documents administratifs (certificats de mariage et certification matérielle des actes
de cession de parcelles de terrain) en réclamant des sommes d’argent sans aucune base légale.
Par ailleurs, il a été découvert la pratique de fausses certifications sur des documents administratifs
pour rendre possible le paiement de travaux non effectués par des entrepreneurs. Les agents concernés
par ces pratiques de faux effectuaient ces certifications, alors qu’ils savaient parfaitement que les
travaux concernés n’étaient pas exécutés.
70
Rapport Public d’activités 2014-2015
Ces agents ont reconnu les faits qui leur étaient reprochés. Un des agents mis en cause a même, après
le paiement, sollicité de l’argent (un million de francs) auprès de l’entrepreneur.
Le procédé de fausse certification a été utilisé par les personnes mises en cause sur plusieurs marchés
de la Commune dont les travaux n’étaient pas réalisés.
Enfin, dans le cadre de la réforme de deux (2) véhicules appartenant à la Collectivité locale, l’enquête
a constaté que l’argent tiré de la vente n’a pas été reversé au comptable public. Les éléments recueillis
ont permis de se rendre compte que les recettes tirées des transactions ont été simplement détournées.
Les enquêteurs ont constaté une profusion de pratiques consistant à encaisser des ressources publiques
et à les utiliser à des fins personnelles, les sommes réclamées n’étant parfois même pas dues, cette
dernière pratique relevant de la concussion.
L’enquête menée a
permis de constater
des indices graves et concordants L’enquête menée a donc permis de constater des indices
de détournement de deniers publics, graves et concordants de détournement de deniers publics,
de faux et usage de faux en écritures de faux et usage de faux en écritures publiques, d’escroque-
publiques, d’escroquerie sur les
deniers publics et
rie sur les deniers publics et de concussion.
de concussion
Les dysfonctionnements ayant favorisé ces pratiques constatées sont relatifs à des lacunes dans la
tenue de la comptabilité des matières. En effet, lorsque des personnes se livrent à certaines pratiques
sur les matières appartenant à la personne publique, c’est bien parce qu’elles pensent que la
malversation passera inaperçue, compte tenu des faiblesses notées dans la comptabilité des matières.
Cette dernière constitue le maillon faible de notre système de gestion et de protection du
patrimoine public. Pourtant, il est important de renforcer la comptabilité des matières pour
assurer une protection efficace des ressources publiques, ce cycle prenant le relais et complétant
celui des deniers. Cette exigence est bien prise en compte par la réglementation ; le décret
n° 81-844 du 20 août 1981 relatif à la comptabilité des matières appartenant à l’État, aux
Collectivités locales et aux Établissements publics, modifié par le décret n° 85-434 du 20 avril
1985 soumet les acteurs du cycle des matières à la même rigueur de contrôle que ceux du cycle
des deniers. En effet, le décret précité dispose en son article 20 : « Les agents d’exécution de la
comptabilité des matières sont soumis aux mêmes règles de contrôle que les agents chargés de la
comptabilité des deniers publics.»
Parfois, les personnes chargées de ces tâches n’ont reçu aucune formation en comptabilité et n’ont été
nommées comptables des matières que par un acte interne, alors que la réglementation prévoit que les
comptables des matières sont nommés par arrêté du Ministre de l’Économie et des Finances.
71
Rapport Public d’activités 2014-2015
Il y a lieu de rappeler que l’importance capitale de la comptabilité des matières a amené le Conseil de
ministres a adopté la directive n° 03/2012/CM/UEMOA du 29 juin 2012 portant sur la comptabilité
des matières au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine. Cette directive qui s’applique
à l’État, aux Collectivités territoriales et aux établissements publics nationaux et locaux soumis aux
règles de la comptabilité publique, organise la gestion des matières, définit la responsabilité des acteurs,
fixe les procédures de gestion administrative et comptable des matières ainsi que le contrôle de la
gestion desdites matières.
Ainsi conformément à l’article 68, les dispositions de la directive devaient « être transposées par les
États membres dans leurs législations nationales au plus tard le 31 décembre 2013 ». L’article 69
dispose : « les dispositions de la présente directive sont applicables à partir du 1er janvier 2014 ».
Toutefois, les États membres ont jusqu’au 1er janvier 2017 pour procéder à leur application intégrale.
Au Sénégal, le projet de décret consacrant la transposition de cette directive dans notre droit positif
est dans le circuit des visas.
Recommandation n° 6
Finaliser et présenter à la signature de Monsieur le Président de la République le projet
de décret portant transposition dans le droit interne sénégalais de la directive
n° 03/2012/CM/UEMOA du 29 juin 2012 portant sur la comptabilité des matières
appartenant à l’État, aux Collectivités locales et aux Établissements publics.
Certaines pratiques
sont rendues possibles avec la En outre, certaines pratiques sont rendues possibles par une
violation flagrante du Règlement violation flagrante du Règlement général sur la comptabilité
général sur la comptabilité publique
qui fait du comptable public publique qui fait du comptable public la seule personne
la seule personne habilitée à procéder habilitée à procéder à l’encaissement des recettes et au
à l’encaissement des recettes paiement des dépenses.
et au paiement des
dépenses
Si cette règle était respectée dans la vente des deux véhicules sus évoquée, l’argent issu de cette
transaction serait directement encaissé par le comptable et cela aurait permis d’éviter la situation
constatée.
L’ensemble des indices graves et concordants d’infractions pénales recueillis par les enquêteurs
ont été consignés dans un rapport transmis à l’Autorité judiciaire pour que les poursuites soient
engagées.
72
Rapport Public d’activités 2014-2015
Recommandation n° 7
Prendre les mesures pertinentes, pour renforcer la rigueur dans la tenue de la
comptabilité des matières dans les structures publiques, par une formation adéquate
des agents concernés et par un contrôle plus strict sur cette comptabilité.
Veiller au respect de la réglementation financière, en général, par des contrôles plus
fréquents dans les collectivités locales.
73
Rapport Public d’activités 2014-2015
- il n’a pas été noté d’irrégularités sur le second marché annulé. Toutefois, des négligences graves
préjudiciables aux soumissionnaires et pouvant entamer la crédibilité de l’autorité contractante sont
à la base de l’annulation constatée. En effet, la transparence dans les marchés publics exige, entre
autres conditions, un suivi rigoureux de l’exécution budgétaire avec un contrôle strict des
engagements. Il est également requis un contrôle adéquat des imputations dans l’exécution
budgétaire. Dans ces conditions, il est normal que le plaignant ait des soupçons sur le marché,
compte tenu de ces manquements graves constatés.
- Enfin, après avoir examiné la procédure, les enquêteurs n’ont pas relevé d’indices de corruption ou
d’une autre infraction connexe ou assimilée ayant un caractère pénal.
En l’absence d’éléments constitutifs d’une infraction pénale, le rapport n’a pas été transmis à
l’Autorité judiciaire. Toutefois, les enseignements tirés des dysfonctionnements constatés ont fait
l’objet de recommandations pour améliorer le fonctionnement de la structure concernée.
DOSSIER 9 : Suite à une plainte du Mouvement M 23 alléguant l’existence de dysfonctionnements
graves au sein du Groupe SN La Poste, l’OFNAC a ouvert une enquête.
L’enquête menée a établi l’existence d’arriérés de paiement d’un montant de plus de quatre-vingts
milliards (80 000 000 000) de francs CFA dus au Trésor public par le Groupe SN La Poste, dans le
cadre de la compensation du paiement de chèques postaux.
Le Groupe SN La Poste n’ayant pas la qualité « d’établissement financier » requise au sens du
décret n° 84-289 du 15 mars 1984 relatif au classement, à la forme juridique et aux opérations des
établissements financiers, les chèques postaux ne pouvaient pas être acceptés par les banques.
Pour éviter d’écarter cette société des mécanismes officiels de paiement, le Trésor public s’est engagé
à garantir le paiement des chèques postaux émis par les titulaires de compte au Groupe SN La Poste
et présentés par les banques intermédiaires agréées. Ainsi, les montants de ces chèques postaux sont
directement portés au débit du compte du Trésorier général logé à la BCEAO. Une convention a alors
été signée, le 05 septembre 1996 entre l’État et le Groupe SN La Poste pour définir le cadre de cette
compensation.
Les investigations sur cet aspect de la plainte se poursuivent et feront l’objet d’un rapport spécifique.
Les enquêteurs se sont également intéressés aux dépenses exécutées, avec une attention particulière
sur les fournitures de bureau pour lesquelles des indices d’irrégularité avaient été décelés.
Les résultats des diligences effectuées ont donné lieu à l’établissement d’un rapport d’enquête.
Concernant ces fournitures de bureau, il a été constaté des pratiques présumées de faux et usage de
faux :
- le certificat de réception du 09 juillet 2014, signé par les membres de la Commission de réception
contient de fausses informations. Les membres de cette Commission ont certifié avoir réceptionné,
intégralement, à la date du 09 juillet 2014, sept mille (7 000) rames de papier commandées. Cela
ne correspond pas à la réalité. D’ailleurs, sur les trois (3) membres de la Commission de réception,
deux ont reconnu, au cours des auditions, qu’une partie de la commande n’avait pas, en réalité, été
livrée ;
- une autre pratique de faux constatée par les enquêteurs sur des documents est constituée par les
faux bons de commande présentés par le magasinier pour faire croire que des rames de papier et
des cartouches ont été normalement distribuées à des agences et services de POSTEFINANCES.
Le rapprochement de ces bons de commande avec les copies conservées par le Centre financier de
Dakar a révélé des différences entre les fournitures effectivement reçues et celles portées sur les
74
Rapport Public d’activités 2014-2015
bons de commande détenus par le magasinier. Des articles ont été ajoutés à ceux livrés et des chiffres
ont été modifiés sur le document pour couvrir les pratiques irrégulières constatées.
L’enquête a aussi constaté des manœuvres frauduleuses exécutées pour tenter de combler des
manquants décelés par les enquêteurs et portés à l’attention du chef du Département du Patrimoine et
des Moyens généraux (DPMG) de POSTEFINANCES.
Les manœuvres ont consisté à se faire livrer des fournitures de bureau sans bordereau de livraison du
fournisseur, ni bon de commande, ni certificat de réception de la Commission de réception, dans le
but de renforcer discrètement les matières gardées dans le magasin.
Au terme de leurs diligences, les enquêteurs ont recueilli des indices graves et concordants d’infractions
de faux et usage de faux et de détournement de deniers publics.
Le rapport d’enquête a été transmis à l’Autorité judiciaire compétente pour que les poursuites
soient engagées.
S’agissant de la dette de quatre-vingts (80 000 000 000) milliards de francs CFA due par La
Poste au Trésor public dans le cadre de la compense, elle fera l’objet d’un autre rapport à la fin
des investigations.
DOSSIER 10 : Suite à la plainte d’un citoyen contre le Directeur général (DG) du Port, une enquête
a été ouverte. Selon le plaignant, les autorités du Port ont lancé, en octobre 2014, un Appel à
Manifestation d’Intérêt (AMI) à l’endroit des opérateurs économiques pour formaliser l’exploitation
d’une plateforme.
Un Comité technique a été mis en place pour évaluer les offres financières et techniques des
soumissionnaires et sélectionner les meilleures propositions.
La date de remise des offres initialement fixée au 14 novembre 2014 a été renvoyée au 16 janvier
2015.
À l’issue de la procédure, le Comité technique a présélectionné trois soumissionnaires sur les sept
(07) sociétés ayant répondu à l’AMI.
Le plaignant, attributaire d’un hangar de huit mille (8000) m2 avant cette procédure, fait partie des
soumissionnaires éliminés.
Il reproche au Directeur général du Port d’être en position de conflit d’intérêts et d’être coupable de
délit d’initié dans cette procédure. Le plaignant estime que l’attribution des six (6) hangars sur huit
(8) à une des sociétés s’explique par le fait que celle-ci sert d’intermédiaire entre la société appartenant
au DG du Port et son fournisseur.
En outre, il affirme qu’il y a eu une tierce détention au profit de la société du DG du Port, dans le
cadre de la commercialisation de l’engrais, à travers une banque.
Ce lien triangulaire entre trois sociétés visées par le plaignant justifierait, à ses yeux, le conflit d’intérêts
et le délit d’initié dont il accuse le DG du Port.
Enfin, le plaignant soutient qu’il y a une société qui a été attributaire d’un hangar, alors qu’elle n’avait
pas soumissionné.
Les enquêtes menées ont permis de tirer les principales conclusions ci-après :
75
Rapport Public d’activités 2014-2015
- il n’a pas été établi de délit d’initié ou de conflits d’intérêts ayant justifié la mise à l’écart du
plaignant. L’attribution des terre-pleins et des hangars a été faite sur la base du critère de la capacité
de stockage des entreprises soumissionnaires.
L’analyse des capacités de stockage montre un cumul de stocks d’environ vingt-deux mille tonnes
par an pour la société appartenant au plaignant, la société indexée par le plaignant faisant huit cent
trente-sept mille quatre cent trente-trois (837 433) tonnes pour la même période. Cela signifie que
cette dernière société a une capacité qui fait plus de trente (30) fois celle du plaignant.
Le plaignant n’aurait même pas dû être attributaire d’un hangar de 2500 m2, ayant été disqualifié
pour n’avoir pas présenté des offres techniques et financières.
Les deux autres entreprises mises en cause par le plaignant qui affirme l’existence d’un conflit
d’intérêts avec le DG du Port ne sont pas impliquées dans la procédure. Elles n’ont été ni soumis-
sionnaires ni attributaires de terre-pleins ou de hangars ;
- en ce qui concerne la tierce détention à laquelle fait allusion le plaignant, il a été constaté qu’il
s’agit plutôt de lettres de confort que le Ministère de l’Agriculture avait accordées, par le biais
d’une banque de la place, à toutes les sociétés engagées dans la campagne de distribution
d’engrais ;
- enfin, s’agissant de la société que le plaignant accuse d’avoir été attributaire sans avoir
soumissionné, l’enquête a révélé qu’elle avait bien soumissionné. Dans son dossier de soumission,
cette société avait demandé deux(02) hangars et trente mille (30.000) m² de terre-pleins. Elle a été
attributaire de deux mille cinq cent (2500) m2 de hangar.
Compte tenu de tout ce qui précède, les enquêteurs n’ont pas pu conclure en l’existence des infractions
alléguées par le plaignant, même si dans la procédure, des dysfonctionnements ont été notés, avec
notamment l’absence des soumissionnaires lors de la séance de dépouillement et l’attribution d’un
hangar au profit d’un candidat pourtant disqualifié (le plaignant).
Le Port autonome de Dakar qui n’était pas obligé d’utiliser une procédure de mise en concurrence
dans la matière concernée, aurait dû, cependant, respecter scrupuleusement les principes et règles de
transparence encadrant la sélection de candidats. Les insuffisances constatées dans la procédure ont,
certainement, contribué à instaurer un climat de suspicion.
En l’absence d’éléments constitutifs d’infractions pénales, le rapport n’a pas été transmis à
l’Autorité judiciaire.
DOSSIER 11 : À la suite d’une plainte d’un citoyen contre ses ex-employeurs, une enquête a été ou-
verte par l’OFNAC. Le plaignant dénonce des pratiques supposées de fraude commises par ses
ex-employeurs qui lui auraient remis, en guise de paiement d’une somme d’argent qu’ils lui devaient,
des cartons de tomate concentrée jusqu’à concurrence de la somme due. Au moment où cette
tomate allait être écoulée, des agents du contrôle économique l’ont saisie pour avoir été introduite
frauduleusement dans le marché.
Un des responsables mis en cause affirme que leur société aurait elle-même reçu ces cartons de tomate
d’une personne qui lui devait la somme de dix millions (10 000 000) de francs CFA. Après un premier
paiement d’un montant de cinq millions (5 000 000) de francs CFA par chèque, le débiteur aurait
remis un autre chèque d’un montant de cinq millions trente mille (5 030 000) francs CFA. Ce dernier
chèque étant sans provision, il aurait proposé un paiement en nature : des cartons de tomate.
Une autre saisie avait été faite par le contrôleur sur des cartons de tomate importés du Maroc ; une
amende de cinq cent mille (500 000) francs CFA a été infligée aux fraudeurs, les produits saisis et
gardés en entrepôt.
76
Rapport Public d’activités 2014-2015
Au terme de l’enquête, il est clairement établi que les dénonciations du plaignant sont avérées
en ce qui concerne la commercialisation frauduleuse de la tomate concentrée par la société
appartenant aux personnes mises en cause.
S’agissant des cartons de tomate qui auraient été remis par un débiteur, les enquêteurs ont décelé des
contradictions sur les dates, car il y a antériorité des ventes de tomate effectuées par ladite société.
En effet, les factures du carnet n°10 de l’année 2013, démontrent que cette société commercialisait
déjà la tomate concentrée depuis novembre 2013, alors que les chèques remis datent de décembre
2013.
La société a commercialisé huit cent soixante-quinze (875) cartons de tomate concentrée, entre 2013
et 2014, d’une valeur estimée à une somme de onze million cinq cent quatre-vingt-onze mille cinq
cent cinquante (11 591550) francs CFA.
Il ne fait aucun doute que la société des personnes mises en cause a frauduleusement importé de la
tomate concentrée, infraction assimilée à la contrebande, car il s’agit d’importation sans déclaration
de marchandises, prévue et réprimée par l’article 393 alinéa 03 du Code des douanes.
Quant à l’entrepositaire, il a mis à la consommation des marchandises en entrepôt sans acquitter les
droits et taxes, soit deux cent cinquante (250) cartons de tomate concentrée, pour le compte de son
client (la société des personnes mises en cause). Ce fait constitue une infraction douanière qualifiée
d’importation sans déclaration de marchandises prohibées, prévue et réprimée par les articles 21,
176 à 179, 193, 391, 396, 406 et 408 du Code des douanes.
Il a également été établi que cette société a importé des produits alimentaires non conformes à la
norme sénégalaise NS 03 036 août 1994 relative à la production et à la commercialisation du concentré
de tomate. Cette infraction est qualifiée de tromperie sur la qualité et de pratique de prix illicite,
prévue et réprimée par l’article 10, alinéas 01 et 02, de la loi n° 66-48 du 27 mai 1966, relative au
contrôle des produits alimentaires et à la répression des fraudes et la loi n°94-63du 22 août 1994 sur
les prix, la concurrence et le contentieux économique.
Les transactions financières faisant un cumul d’un million sept cent cinquante mille (1 750 000)
francs CFA ont été payées par les représentants de la société.
Dans cette mission, les enquêteurs de l’OFNAC, les agents du Service du Contrôle économique et
ceux de la douane ont travaillé en parfaite collaboration.
En outre, suite à l’intervention des enquêteurs de l’OFNAC, l’auteur a payé une amende
de cinq millions (5 000 000) de francs CFA et a liquidé les droits et taxes éludés de
3 920 668 de francs CFA, soit un total de huit millions neuf cent vingt mille six cent soixante-
huit (8 920 668) francs CFA.
Les infractions constatées sont toutes relatives à la réglementation douanière et/ ou commerciale.
Compte tenu de tout ce qui précède, et en l’absence d’éléments constitutifs d’infraction pénale,
le rapport n’a pas été transmis à l’Autorité judiciaire.
77
Rapport Public d’activités 2014-2015
L’analyse des L’analyse des principaux éléments des différents rapports d’en-
principaux éléments des
différents rapports d’enquête quête présentés révèle que les pratiques de corruption et de
présentés révèle que les pratiques concussion naissent souvent à partir de la lenteur des procé-
de corruption et de concussion dures dans la délivrance des services publics. Des agents, très
naissent souvent à partir de la lenteur peu scrupuleux, profitent alors de ces lenteurs pour faire prospérer
des procédures dans la délivrance
des services publics leurs pratiques illicites au détriment des usagers.
Dans les cas où des délais raisonnables sont fixés, des agents mus par des intérêts égoïstes, manipulent
les usagers en leur faisant croire que le temps pour la délivrance du service est long.
Ce cas met en évidence l’urgence à prendre des mesures pour encadrer la délivrance des actes
administratifs dans des délais prédéfinis.
Les enquêtes répondent aux D’abord, les enquêtes répondent aux préoccupations de citoyens
préoccupations de citoyens frustrés qui ont saisi l’Office. La satisfaction du citoyen est un élément
qui ont saisi l’Office essentiel dans la mesure de la qualité d’un service public.
Ensuite, les enquêtes présentent l’intérêt de participer à la réduction de la corruption par la détection
des infractions commises. La répression demeure, en effet, un élément dissuasif important qui doit
toujours accompagner la prévention.
Au-delà de la détec-
tion des infractions, les
enquêtes aident à identifier et à Il y a également qu’au-delà de la détection des infractions, les
corriger les dysfonctionnements qui enquêtes aident à identifier et corriger les dysfonctionnements
fragilisent nos systèmes et génèrent
des délits financiers.
qui fragilisent nos systèmes et génèrent des délits financiers.
Par ailleurs, les missions
d’enquête apportent une
Par ailleurs, les missions d’enquête peuvent apporter une
valeur ajoutée au valeur ajoutée au Trésor public, grâce aux recouvrements de
Trésor public recettes et à la protection des ressources.
78
Rapport Public d’activités 2014-2015
Recommandation n° 8
a. Renforcer les moyens financiers de l’OFNAC afin de lui permettre de mettre en
œuvre le Programme de recrutement de cinquante (50) praticiens comprenant : des
enquêteurs, des investigateurs, des auditeurs et vérificateurs, sur la période 2016 –
2020. Cet effectif sera pluridisciplinaire, intégrant des fiscalistes, des spécialistes des
questions foncières et domaniales, des analystes financiers et patrimoniaux, des
spécialistes en audit des systèmes d’informations, des spécialistes en forensic, etc.
b. Envisager une réforme de la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012, portant
création de l’OFNAC, afin d’y inclure des dispositions de nature à renforcer
les prérogatives de l’Office en matière d’enquête et d’investigation.
79
80
Chapitre IV
PROGRAMME PRÉVENTION
ET MOBILISATION SOCIALE
Compte tenu de ce qui précède, les actions de prévention demeurent incontournables pour faire reculer
la fraude et la corruption. La plus grande valeur ajoutée des Institutions anti-corruption réside, préci-
sément, dans leur capacité à créer une dynamique collective de lutte et à contribuer à faire de chaque
citoyen le premier rempart contre la fraude et la corruption. C’est tout le sens de la place accordée par
la Convention des Nations Unies contre la Corruption à la prévention traitée en son Chapitre 2, article
5 alinéa 2 qui prescrit : « Chaque État Partie s’efforce de mettre en place et de promouvoir des
pratiques efficaces visant à prévenir la corruption ».
C’est pourquoi, conformément à la loi n°2012-30 du 28 décembre 2012, l’OFNAC a développé un
vaste programme de prévention fondé sur la sensibilisation et la communication.
L’OFNAC a L’objectif général de ces activités est de mieux faire comprendre aux
exécuté, au cours de
la période couverte par populations les méfaits de la fraude et de la corruption, d’avoir une
ce rapport, cent (100) missions meilleure connaissance de l’OFNAC et de ne plus tolérer ces
de communication-sensibilisation, pour pratiques.
deux cent soixante-six (266)
destinations cibles.Au total, L’OFNAC a ainsi exécuté, au cours de la période couverte par
soixante-sept mille deux cent
soixante-dix-sept (67 277) personnes ce rapport, cent (100) missions de communication-sensibilisa-
cibles ont été reçues tion, pour deux cent soixante-six (266) destinations cibles.
ou rencontrées
81
Rapport Public d’activités 2014-2015
Au total, soixante-sept mille deux cent soixante-dix-sept (67 277) personnes cibles ont été reçues
ou rencontrées.
Le Programme prévention et mobilisation sociale mis en œuvre par l’OFNAC comporte trois types
d’activités, en vue :
- de la constitution de base de données ;
- du développement de relais de communication ;
- de la communication et de la sensibilisation proprement dites.
Ces trois types d’activités se complètent et s’intègrent parfaitement dans une même logique d’efficacité.
Les deux premiers ont contribué à asseoir la méthode et la stratégie d’intervention du Département
chargé de la Prévention, l’OFNAC ayant adopté une posture fondée sur l’écoute et la prudence.
La corruption étant
fondamentalement La corruption étant fondamentalement un problème de
un problème de comportement comportement étroitement lié à la problématique des
étroitement lié à la problématique
des valeurs, l’OFNAC a accordé
valeurs, l’OFNAC a accordé une place centrale à la préven-
une place centrale à la prévention tion et à la mobilisation sociale.
et à la mobilisation
sociale
La base de données de l’OFNAC est aussi alimentée par les rapports faits par des personnes ressources
capitalisant une certaine expérience dans la lutte contre la corruption pour tirer les leçons apprises des
réussites et des échecs.
Ces personnes ressources interviennent dans différents domaines d’activités et appartiennent, pour
l’essentiel, à des organisations de la société civile, à la presse, aux associations de jeunes, de femmes,
etc.
En considération de l’urgence d’une efficacité maximale dans ses interventions, l’OFNAC a jugé utile
d’emprunter le raccourci qu’offre le vécu des personnes et organisations impliquées dans la lutte contre
la corruption pour réduire les erreurs d’appréciation souvent constatées dans les premières approches.
L’OFNAC intervient dans une matière sur laquelle des acteurs ont travaillé bien avant lui et accumulé
une certaine expérience. Il a donc jugé utile de ne pas faire table rase de toutes ces connaissances qui
82
Rapport Public d’activités 2014-2015
relèvent d’une approche de terrain, mais d’essayer de les capitaliser et de bâtir sa propre vision et son
approche stratégique.
À côté de cette collecte et analyse de données, l’OFNAC a entrepris de s’appuyer sur des relais de
communication en sensibilisant de grandes figures sportives, culturelles et religieuses, certaines d’entre
elles ayant déjà aidé dans le travail de constitution de base de données.
L’approche qui consiste à communiquer avec elles, les sensibiliser sur les conséquences et sur
l’impact de la corruption, présente un double avantage :
- d’abord, elle permet d’en faire des relais efficaces pour la dissémination de connaissances, de
messages anti-corruption et d’attitudes positives ;
- ensuite, elle facilite pour ce qui concerne les grandes figures religieuses, l’anticipation sur la
stratégie des personnes impliquées dans des actes de fraude ou de corruption et qui, souvent,
connaissant la grande influence de ces personnalités, leur font un rapport tronqué, très éloigné de
la réalité.
En donnant une information juste et en expliquant le statut de l’OFNAC, marqué par l’indépendance
et l’apolitisme, ces personnalités sont alertées sur la stratégie de certaines personnes mal
intentionnées.
Ces échanges ont permis d’obtenir la collaboration et l’engagement ferme des Autorités religieuses
qui affirment que la lutte contre la corruption que mène l’OFNAC est une de leurs principales
missions en tant que guides.
En effet, ces personnalités, de par leur vécu, leur érudition et leur ancrage dans les valeurs religieuses,
sont parfaitement conscientes des problèmes que pose la corruption et ont présenté des références
religieuses pertinentes proscrivant ce phénomène. Pour cette raison, elles ont donné des éléments de
communication et de sensibilisation aux préventionnistes de l’OFNAC.
Ainsi, l’analyse des données et des échanges avec les grandes figures sportives, culturelles et
religieuses a permis de faire les constats majeurs suivants :
83
Rapport Public d’activités 2014-2015
- la corruption est presque banalisée et acceptée par une bonne partie des Sénégalais ;
- la corruption n’épargne aucun secteur ;
- la corruption est parfois pratiquée sans aucune prise de conscience de la gravité de l’acte ;
- les principes et règles de la République s’accommodent mal de la corruption qui sape les
fondements de l’État de droit ;
- nos valeurs traditionnelles, malgré certains clichés, ont fortement décrié les pratiques de corruption
et loué les comportements fondés sur des valeurs comme le courage, la vertu, la pudeur ;
- nos religions révélées ont toutes condamné la corruption et vanté les mérites de l’intégrité.
Au sortir de cette posture d’apprentissage, l’OFNAC a commencé à mettre en œuvre son vaste
programme de communication et de sensibilisation, en développant une approche qui s’inspire des
valeurs de la République, de nos traditions et des religions révélées.
84
Rapport Public d’activités 2014-2015
Des activités de prévention dans les cycles préscolaire, moyen, secondaire et à l’Université Cheikh
Anta Diop de Dakar (UCAD) ont été organisées dans ce cadre.
La méthode adoptée a reposé sur l’utilisation de moyens didactiques simples, adaptés au niveau du
public cible comme les sketches, les jeux et les discussions.
Ces activités ont permis de faire les constatations suivantes :
- dans leur grande majorité, les élèves et étudiants avaient des connaissances vagues et imprécises
sur l’OFNAC, certains ne le connaissaient même pas ;
- les élèves et étudiants ont montré un réel intérêt dans les échanges avec les préventionnistes de
l’OFNAC, intérêt perceptible à travers les nombreuses questions posées.
Recommandation n° 9
Veiller à intégrer dans les programmes scolaires et universitaires la prévention de la
corruption, en adoptant une démarche participative impliquant l’ensemble des acteurs
concernés, et en adaptant les contenus à l’âge des jeunes, avec une prise en compte de
certaines contraintes (volume horaire par exemple).
85
Rapport Public d’activités 2014-2015
C’est pourquoi il était judicieux d’approcher les acteurs de ce milieu, de les sensibiliser et de les
responsabiliser dans la lutte contre la fraude et la corruption.
Les activités ont eu pour cadre :
1. l’axe du Grand Théâtre, l’avenue du Président Lamine Guèye, le Marché Sandaga, l’allée de la
Grande Mosquée, le Marché Petersen, l’axe avenue Blaise Diagne, la Maison de la Culture Douta
Seck ;
2. les gares routières de Petersen, de Colobane et des Baux maraîchers.
Profitant de la ferveur qui précède le jour du Grand Magal de Touba (1er décembre 2015), l’OFNAC
a mené des activités de sensibilisation du 26 au 28 novembre 2015 dans trois gares routières, en
compagnie de la troupe de théâtre “Espoirs de la Banlieue” de Dakar :
- gare routière de Petersen ;
- gare routière de Colobane ;
- gare routière des Baux maraîchers.
86
Rapport Public d’activités 2014-2015
DONNÉES STATISTIQUES
Tableau 14 : Sensibilisation dans le secteur du transport terrestre
{
N° DATES ACTIVITÉS LIEUX RÉSULTATS OBTENUS
{
01
Touba Petersen sensibilisées ;
(1er décembre 2015) 40 supports de
communication (tee-shirts,
{
flyers, casquettes) distribués.
{
Gare routière de 3500 personnes ont été
02 27/11/15 Sensibilisation auprès des sensibilisées ;
usagers des gares routières. Colobane
40 supports de
communication
(tee-shirts, flyers,
{
casquettes) distribués.
Supports de 170
communication
(tee-shirts, flyers,
casquettes) distribués
Ces données ont été obtenues à partir d’activités de sensibilisation dans les
transports publics (cars et bus).
Les préventionnistes ont utilisé les échanges directs et le sketch avec l’artiste Babacar, alias « Le fou
dans la foule». À travers le sketch, il a été lancé des messages contre la corruption.
Les activités menées par l’OFNAC en milieu informel ont permis d’obtenir les résultats ci-après :
- les acteurs ciblés ont eu une meilleure connaissance de l’Office ;
- ils ont compris que l’OFNAC est une Institution à leur écoute et à leur service ;
- ils ont eu une meilleure connaissance des conséquences de la corruption.
87
Rapport Public d’activités 2014-2015
A.3. Communication à travers les médias et mise en place d’un site web
interactif
C’est une activité qui sous-tend l’essentiel des missions de communication et de sensibilisation déployées
par l’OFNAC, les amplifie et les complète en essayant de les porter à la connaissance d’un large public.
La communication à travers les médias a comporté deux formes de contenus :
1. un spot institutionnel qui renseigne sur les missions de l’OFNAC et sur les modes de saisine avec un
message mobilisateur contre la fraude et la corruption ;
2. un spot présenté sous forme de clip qui évoque quelques aspects de la fraude et de la corruption et
qui alerte sur la présence de l’OFNAC en tant qu’instrument de veille, de prévention et de lutte contre
ces pratiques illégales.
Dans la stratégie de diffusion, l’OFNAC a privilégié le français et le wolof et a choisi les heures de grande
écoute pour toucher le maximum de cibles sur les radios et les télévisions.
Pour ce qui est des radios communautaires, l’objectif a été d’atteindre les populations vivant dans les
localités les plus enclavées du pays. Sur ce réseau, un accent particulier a été mis sur les langues nationales
codifiées et sur celles qui sont parlées dans le terroir polarisé comme le mankagne, le bassari et le créole.
Cette démarche a permis de toucher des groupes ethniques minoritaires.
La campagne médiatique a contribué à renforcer la visibilité de l’OFNAC au niveau national et
international. En outre, elle a permis de mieux faire comprendre les méfaits de la fraude et de la
corruption et d’encourager les citoyens à dire «NON» à ces fléaux.
Au total, les activités menées dans le cadre des campagnes au niveau des médias sont synthétisées par les
tableaux ci-après :
Communication de masse
Radios commerciales
Tableau 15
88
Rapport Public d’activités 2014-2015
Communication de masse
Radios communautaires
Tableau 16
Communication de masse
Chaînes de Télévision
Tableau 17
Communication de masse
Récapitulatif
TOTAL des 35 chaînes et Spots (clip Seune Sène) 17 632 06 mois (diffusion
spots tv radios stations de radio Spot institutionnel en perlée et
commerciales wolof et en français et progressive)
et privées 04 émissions TV
Tableau 18
89
Rapport Public d’activités 2014-2015
Pour ce qui concerne le site web, sa mise en place est dictée par le souci d’ouvrir l’OFNAC au grand
public, de le rendre visible et accessible. Par ce canal, les citoyens ont la possibilité de disposer
d’informations sur l’Institution, de donner leurs avis et, éventuellement, de déposer leurs plaintes et
dénonciations (cet aspect a été développé plus haut.)
B. Activités déployées dans le cadre de l’agenda socio-culturel et
économique du Sénégal
L’OFNAC a saisi l’occasion offerte par les grands événements rythmant la vie nationale et internatio-
nale pour déployer des activités de prévention.
L’Office a communiqué avec le grand public par l’ouverture de stands dans certaines manifestations,
par les échanges et distributions de supports de communication à l’occasion de fêtes religieuses et la
participation aux activités de vacances de la Télévision Mourchid TV, à travers l’émission « Vacances
et Valeurs ».
B.1. Communication à l’occasion de la FIDAK et du Sommet de la
Francophonie
Dans le cadre de la 23e édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) et du 15e Sommet de la
Francophonie, l’OFNAC a ouvert des stands pour communiquer avec le public.
L’objectif poursuivi à travers ces activités était de mieux faire connaître l’OFNAC. Au démarrage de
ses activités, la visibilité de l’Office présente, en effet, un très grand intérêt.
Le constat ayant dicté cette démarche est la connaissance vague et imprécise que les populations ont,
généralement, de l’OFNAC.
Lors du 15e Sommet de la Lors du15e Sommet de la Francophonie, six mille six cent
Francophonie, six mille six cent soixante-trois (6 663) visiteurs ont été enregistrés, parmi
soixante-trois (6 663) visiteurs
ont été enregistrés, parmi lesquels lesquels le Président de la République française, Monsieur
le Président de la République française, François Hollande et le Secrétaire général (SG) de
Monsieur François Hollande l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF),
et le Secrétaire général (SG) Monsieur Abdou Diouf.
de l’OIF, Monsieur Abdou Diouf
Concernant les
23e et la 24e éditions de la Foire Concernant les 23e et la 24e éditions de la Foire internatio-
internationale de Dakar (FIDAK), nale de Dakar (FIDAK), trois mille sept cent dix-huit
trois mille sept cent dix-huit (3 718)
visiteurs ont été enregistrés au stand
(3 718) visiteurs ont été enregistrés au stand de l’OFNAC.
de l’OFNAC
Il convient également de noter qu’à l’occasion de la 24e édition cinq mille cent trente-deux (5 132)
personnes ont reçu le numéro vert de l’OFNAC sous forme d’étiquette, en dehors du stand.
Ces activités étaient aussi relayées à la télévision pour une démultiplication des messages et
l’élargissement du public atteint.
90
Rapport Public d’activités 2014-2015
Tableau 19
91
Rapport Public d’activités 2014-2015
Fig. 14 : Fig. 15 :
L’OFNAC à la 23e FIDAK - Jeunes élèves visitant le stand de l’OFNAC
92
Rapport Public d’activités 2014-2015
93
Rapport Public d’activités 2014-2015
Fig 27 : Gamou décembre 2014 - Le Chef Fig. 28 : Ziarra annuelle 2015 à Louga - Le
du Département Prévention et Chef du Département Prévention
Mobilisation sociale de l’OFNAC et Mobilisation sociale de
avec le Khalife de la Famille de l’OFNAC chez Serigne Thierno
Thierno Mountaga Tall Bachir Daha Tall
94
Rapport Public d’activités 2014-2015
95
Rapport Public d’activités 2014-2015
96
Rapport Public d’activités 2014-2015
C’est ainsi qu’après une procession dont le point de départ était le grand Théâtre, 1 169 élèves ont
rejoint le Théâtre national Daniel Sorano où ils ont écouté les plaidoyers des représentants du secteur
privé, des autorités administratives, des Parlementaires, des Imams et prédicateurs et de grandes figures
artistiques.
Au cours de cette manifestation, les 09 lauréats du concours de création artistiques ont été primés.
Ce concours artistique intéressait 05 catégories :
- des élèves de collèges ;
- des élèves de lycées ;
- des élèves d’Écoles de Formation professionnelle ;
- des élèves de l’École nationale des Arts ;
- des artistes plasticiens.
Pour chaque catégorie 02 prix ont été décernés. Pour la catégorie des Écoles de formation profession-
nelle, le 1er prix n’a pas été décerné.
Le choix de ce concours artistique s’explique par le fait que la création artistique a toujours été une
des modalités les plus fortes d’expression de pensée et de sentiment qui semblent échapper au discours
traditionnel ou au langage.
Au total, 1169 candidats, toutes catégories confondues, ont participé à ce concours.
No OBJETS NOMBRE
01 Public Environ 1300 personnes
02 Élèves ayant effectivement pris part à 1 169
la cérémonie
03 Établissements scolaires 19 dont 18 invités et 01 ayant pris part sur
initiative propre
04 Participants au concours de création
artistique 169
05 Prix décernés 09 lauréats individuels
06 Appui 11 établissements bénéficiaires
07 Supports de communication 3 080
(tee-shirts, flyers, casquettes, dépliants,
porte-clés…) distribués
97
Rapport Public d’activités 2014-2015
Recommandation n° 10
Mettre en place des cellules d’intégrité et d’exemplarité (CIE) au sein des établissements
scolaires et universitaires mais aussi dans d’autres secteurs de la vie nationale en vue
de semer chez les jeunes la graine de l’intégrité et de l’exemplarité.
Fig 35 : Élèves au Grand Théâtre national Fig. 36 : Élèves au Grand Théâtre national
Journée internationale de lutte Journée internationale de lutte
contre la corruption 2015 contre la corruption 2015
98
Rapport Public d’activités 2014-2015
Du 20/10/14 67 277 53
100 266 27 852
au 18/12/2015
99
Rapport Public d’activités 2014-2015
Fig 46 : Magal de Touba décembre 2015 Fig. 47 : Magal de Touba décembre 2015
L’OFNAC chez le Khalife général L’OFNAC chez Serigne Cheikh
avec le représentant du Khalife Moustapha Mbacké, fils ainé du
général des Mourides Khalife général des Mourides
Fig 48 : Magal de Touba décembre 2015 Fig. 49 : Magal de Touba décembre 2015
L’OFNAC chez Serigne Cheikh L’OFNAC chez Serigne Cheikh
Moustapha Mbacké, fils ainé du Moustapha Mbacké, fils ainé du
Khalife général des Mourides Khalife général des Mourides
100
CHAPITRE V
PROGRAMME DÉCLARATION
DE PATRIMOINE
L ’option du Chef de l’État et de son Gouvernement pour une gestion transparente et vertueuse des
affaires publiques induit, entre autres, trois exigences majeures:
- l’utilisation optimale des ressources publiques ;
- la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite et, conséquemment ;
- la connaissance du patrimoine des personnes impliquées dans la gestion des deniers publics et la
maîtrise de son évolution, quels que soient la nature et le niveau d’exercice de la fonction : politique,
administratif et/ou opérationnel.
La Convention des Nations Unies contre la Corruption (Art. 8), la Convention de l’Union africaine
pour la prévention et la lutte contre la Corruption (Art. 7), le Protocole de la CEDEAO sur la lutte
contre la Corruption (Art. 5) et le Code de transparence dans la gestion des finances publiques de
l’UEMOA (Art. 7), font de la déclaration de patrimoine une obligation pour les personnes en charge
des affaires publiques.
En adoptant la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion des
finances publiques et la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office national de
Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), le Sénégal a transposé, dans sa législation interne,
la directive communautaire n° 01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009.
En application de l’article 7-1 de la loi du 27 décembre 2012 susvisée, la loi n° 2014-17 du 02 avril
2014 relative à la déclaration de patrimoine a été votée.
En plus des mesures législatives, des engagements fermes ont été exprimés et mis en œuvre par le
Président de la République pour une plus grande adhésion de notre pays aux valeurs universelles de
transparence, d’éthique, d’intégrité et de reddition des comptes.
101
Rapport Public d’activités 2014-2015
L’efficacité de la
Toutefois, l’efficacité de la déclaration de patrimoine commande
déclaration de patrimoine qu’elle soit adossée à des mesures complémentaires, notamment des
commande qu’elle soit adossée procédures et mécanismes clairs, connus d’avance et permettant, à
à des mesures complémentaires chaque fois que de besoin, de procéder aux évaluations qu’exigent les
opérations de contrôle.
C’est la raison pour laquelle l’OFNAC s’est inspiré des meilleures pratiques en la matière et a
contribué à la mise en place d’un système sénégalais de déclaration de patrimoine.
102
Rapport Public d’activités 2014-2015
À ces autorités, s’ajoutent tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de
dépenses et les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou
égal à un milliard (1 000 000 000) de francs CFA.
Ces personnalités assujetties en fonction du niveau des opérations annuelles exécutées constituent
ce qui est communément appelé les assujettis de la deuxième catégorie (critère du montant des
opérations financières annuelles).
103
Rapport Public d’activités 2014-2015
6. la mise en place d’un Bureau d’Assistance aux déclarants (BAD) au sein du DDP ; ce bureau
assure l’accompagnement des assujettis qui souhaitent bénéficier d’un appui relativement :
• au processus de déclaration de patrimoine ;
• aux modalités de remplissage du formulaire ;
• à l’identification des pièces justificatives ;
7. la constitution d’une base de données contenant la liste nominative des assujettis à la déclaration
de patrimoine ; ce document est régulièrement mis à jour grâce à :
• la mise en application de l’article 2 de la loi n° 2014- 17 du 02 avril 2014, qui cite nommément
les autorités assujetties à la déclaration de patrimoine ;
• la saisie, par correspondance, des dirigeants des Institutions, pour avoir la liste des administrateurs
de crédits et comptables publics qui sont sous leur tutelle ;
• l’exploitation des décrets de répartition des services de l’État ;
• l’exploitation des lois de finances de 2014 et 2015 ;
• l’exploitation des textes réglementaires portant nomination des ministres, des directeurs généraux,
des directeurs nationaux et régionaux, des administrateurs de crédits et des comptables publics ;
8. l’élaboration d’un manuel de procédures qui définit et formalise les différents processus à suivre,
par les agents du DDP pour recevoir, traiter, contrôler et conserver les déclarations de patrimoine.
104
Rapport Public d’activités 2014-2015
Le tableau synthétique, ci-après, et l’analyse qui s’ensuit rendent compte de la situation globale des
données et des appréciations et orientations à retenir.
CATÉGORIES
TOTAUX
1re catégorie 2e catégorie
PÉRIODES Pourcentages Effectifs Pourcentages
Effectifs Pourcentage
Total Effectifs
avril-juin 2014 0 0% 0 0 0 0
juillet-septembre 2014 0 0% 0 0 0 0
juillet-septembre 2015 28 5% 0 0% 28 5%
105
Rapport Public d’activités 2014-2015
Plusieurs raisons peuvent expliquer les retards et réticences notés. En effet, malgré l’important travail
de communication et de sensibilisation réalisé par l’OFNAC pour inviter les assujettis à satisfaire à
cette obligation légale, de nombreuses personnes concernées continuent de penser qu’elles ne sont
pas visées par la loi. Des ordonnateurs délégués et administrateurs délégués et suppléants pensent
aussi qu’ils ne sont pas tenus à cette obligation. En réalité, dès l’instant où ils interviennent dans la
chaîne d’exécution de la dépense publique, si celle-ci atteint ou dépasse un milliard de francs CFA,
ils sont concernés par la déclaration de patrimoine.
Pour d’autres, les opérations financières annuelles visées par la loi concernent exclusivement les crédits
gérés et destinés à leur service. C’est le cas de certains comptables publics qui pensaient que les crédits
destinés à d’autres structures que leur poste comptable, ne sont pas compris dans le montant des
opérations effectuées.
En réalité, la loi vise les opérations annuelles effectuées, dès que le
montant du milliard est atteint, la personne concernée est
La loi vise les assujettie à la déclaration, que ces opérations soient exécutées
opérations annuelles effectuées.
Dès que le montant du milliard pour le compte de son service ou au profit d’autres entités.
est atteint la personne concernée Rappelons que ce qui est visé par la loi, c’est la couverture des
est assujettie risques qui pèsent sur les personnes intervenant dans le maniement
de ressources publiques importantes dans toute la chaîne d’exécution
des dépenses publiques.
C’est pourquoi, l’OFNAC, pour lever les équivoques et dissiper les ambiguïtés, a beaucoup insisté sur
ce point dans sa campagne de communication et de sensibilisation. Le communiqué n° 3 fait par
l’OFNAC est à ce niveau clair dans la précision qu’il apporte : « Il convient ici de préciser, surtout à
l’intention des comptables, que les crédits visés concernent également les ressources qui transitent
entre leurs mains, même si elles sont destinées à d’autres structures. »
106
Rapport Public d’activités 2014-2015
Par ailleurs, des assujettis travaillant dans des agences et établissements publics considèrent que la
déclaration de patrimoine vise uniquement les comptables publics. Dans les échanges avec les
personnels de ces structures, l’accent est mis sur le caractère public des ressources qu’ils manipulent.
Ainsi, cent vingt-huit (128) déclarations ont été réceptionnées durant cette phase de
sensibilisation.
La figure 50 ci-dessous, montre la fréquence trimestrielle des déclarations par catégorie d’assujettis.
En résumé :
- Il convient de noter que 18 mois après le vote de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 sur la déclaration
de patrimoine et 11 mois après la publication du décret n° 2014-1463 portant application de ladite
loi, 292 assujettis ont déposé leur déclaration de patrimoine, soit 52% des assujettis répertoriés
dans la base de données ; d’où un gap de 48% ;
107
Rapport Public d’activités 2014-2015
- 100% des assujettis de la 1re catégorie ont déposé leur déclaration de patrimoine ;
- 52% des assujettis de la 2nde catégorie n’ont pas encore déposé leur déclaration de patrimoine.
Toutes ces personnes qui n’ont pas déclaré leur patrimoine et résident, d’après les informations
disponibles, pour la plupart hors de la région de Dakar (ce qui n’est pas une excuse) ;
- Il est aussi à relever que la base de données des assujettis n’est pas exhaustive ; ce qui signifie que
la proportion des assujettis en règle pourrait baisser.
En effet, les risques ne se situent pas uniquement dans les fonctions politiques visées par la loi
ou dans le maniement direct d’opérations financières. Des risques très significatifs pèsent
également sur les personnes dont la signature ouvre l’accès à des ressources naturelles, les
personnels chargés de missions de contrôle les mettant en relation avec des entités gérant des
ressources substantielles, les acteurs habilités à trancher les litiges, les membres de l’OFNAC
qui est l’organisme chargé de recevoir les déclarations de patrimoine, pour ne citer que ceux-là.
108
Rapport Public d’activités 2014-2015
L’efficacité du système de déclaration de patrimoine repose donc sur sa capacité à identifier les risques
significatifs qui pèsent sur les ressources publiques et à définir les personnes assujetties en consé-
quence.
Relativement à la non-publication, il convient de préciser que lorsqu’une personne exerce une fonction
ou un mandat qui lui confère une responsabilité dans la gestion des ressources publiques, c’est une
exigence démocratique qu’elle présente des garanties d’intégrité.
Les arguments mis en avant pour motiver l’option d’une gestion confidentielle des déclarations de
patrimoine sont alors écartés par des considérations qui mettent en exergue les exigences
démocratiques.
En effet, dans la mesure où l’accès des citoyens à l’information relève des droits de l’Homme, il devient
indispensable de mettre à la disposition des citoyens l’ensemble des éléments liés à la gestion des
ressources publiques. Dans cette perspective, l’obligation de déclaration de patrimoine et les formalités
qui y sont relatives constituent des éléments de la vie publique d’un homme public. Les personnes qui
acceptent la responsabilité d’intervenir dans la gestion des ressources publiques doivent donc accepter
de se soumettre à ces règles de transparence.
109
Rapport Public d’activités 2014-2015
Il peut être constaté, en outre, que les sanctions prévues par la loi
sont très peu dissuasives. L’article 8 de la loi relative à la dé-
L’article 8 de la loi relative à la claration de patrimoine ne prévoit que deux mesures très
déclaration de patrimoine
ne prévoit que deux mesures
peu efficaces, en cas d’inobservation de l’obligation de dé-
très peu efficaces, claration de patrimoine : « - si le concerné est élu, il sera
en cas d’inobservation de l’obligation privé d'un quart (1/4) de ses émoluments jusqu'à ce qu'il
de déclaration de patrimoine fournisse la preuve de l'accomplissement de l'obligation.
- si le concerné relève de l'ordre administratif, l'autorité de
nomination pourra, pour ce seul fait, décider de la perte de la
position ayant généré l'obligation de déclaration de patrimoine.»
Dans ces conditions, des personnes assujetties peuvent préférer qu’il leur soit appliqué les sanctions
prévues plutôt que de se soumettre à la règle de transparence, compte tenu des enjeux.
L’absence de sanctions dissuasives constitue ainsi un point de vulnérabilité pour le système sénégalais
de déclaration de patrimoine.
Il serait judicieux, à l’instar de certains pays, d’alourdir les sanctions en prévoyant des poursuites
pénales avec des peines d’emprisonnement et de fortes amendes.
Par ailleurs, au niveau opérationnel, l’OFNAC, sur la base des enseignements tirés de cette première
phase de mise en œuvre de la déclaration de patrimoine, compte renforcer le travail de communication
et de sensibilisation pour mieux faire comprendre l’intérêt de ce dispositif dont l’une des fonctions
principales est de garantir la protection des personnes assujetties.
Au niveau de la gestion de l’information, l’efficacité du système de
déclaration de patrimoine exige une digitalisation complète de
L’efficacité du système de la procédure. Cette digitalisation présente l’avantage de
déclaration de patrimoine exige une soulager les assujettis qui auront, quelle que soit leur
digitalisation complète de la procédure. localisation, la possibilité de transmettre leur déclaration
Cette digitalisation présente
l’avantage de soulager
par voie informatique, la seule condition étant la disponibi-
les assujettis lité d’une connexion internet. Cela participe ainsi à la réduction
du coût de la formalité pour les assujettis qui n’auront plus besoin
de se déplacer.
La digitalisation offre la possibilité d’être en interaction constante avec les assujettis et crée ainsi un
rapprochement indispensable pour une amélioration du système. De plus, la digitalisation facilite
l’exploitation des informations collectées, l’étape de la numérisation préalable des documents
physiques n’étant plus nécessaire.
Dans un système de déclaration de patrimoine en plein développement avec une augmentation du
nombre des assujettis, la digitalisation devient un impératif pour une gestion performante.
Toutefois, la mise en place d’un système digitalisé exige, comme préalable, la garantie d’une
certification des signatures électroniques par l’Autorité compétente en la matière, à savoir l’Agence
de l’Informatique de l’État (ADIE). En effet, seule l’ADIE peut exercer son contrôle et certifier la
signature des assujettis pour conférer à cette procédure les garanties nécessaires.
Il existe une autre contrainte qui pèse sur les assujettis et sur laquelle une
L’obligation d’estimer réflexion doit être ouverte : c’est l’obligation d’expertiser certains biens
certains biens à déclarer
peut coûter cher à l’assujetti
à déclarer pour en déterminer la valeur, notamment des biens immobi-
car nécessitant des frais liers. En effet, l’accomplissement de cette formalité peut coûter cher
d’expertise à l’assujetti car nécessitant des frais d’expertise.
110
Rapport Public d’activités 2014-2015
Dans la mesure où la déclaration est effectuée pour les besoins de la gestion publique et sur commande
du législateur, il serait juste que tous les frais y afférents soient pris en charge par l’État.
À l’analyse, il apparaît donc que le système sénégalais de déclaration de patrimoine a renforcé
considérablement le dispositif de prévention de la corruption. Cependant, il est utile de consolider
les acquis et d’envisager des modifications de la loi pour mieux l’arrimer à l’objectif de protection
des ressources publiques. À un niveau opérationnel, la digitalisation complète de la procédure de
déclaration de patrimoine doit être réalisée pour une gestion performante desdites déclarations.
Recommandation n° 11
Renforcer le système sénégalais de déclaration de patrimoine en prenant les mesures
ci-après :
- rendre plus dissuasives les sanctions prévues en cas d’inobservation de l’obligation
de déclaration par un assujetti ;
- renforcer les moyens financiers de l’OFNAC pour permettre la digitalisation
intégrale du processus de déclaration de patrimoine ;
- élargir l’assiette des assujettis sur la base d’une bonne identification des risques pour
cibler, par exemple, les personnes dont la signature ouvre l’accès à des ressources
naturelles, les personnels chargés de missions de contrôle, de régulation, d’audit, de
vérification les mettant en relation avec des entités gérant des ressources
substantielles, les acteurs habilités à trancher les litiges, ainsi que les membres de
l’OFNAC ;
- prévoir une prise en charge par l’État de certaines charges relatives à la déclaration
de patrimoine des personnes assujetties, notamment les frais d’expertise de certains
biens immobiliers
111
112
CHAPITRE VI
PROGRAMME FORMATION ET
RENFORCEMENT DE CAPACITÉS
L
a formation et le renforcement de capacités constituent un aspect important de la prévention et
de la lutte contre la corruption, dans la mesure où, pour une efficacité des interventions, il est
indispensable d’adapter les compétences et habiletés des acteurs aux défis de la criminalité
financière.
Il sera abordé dans ce chapitre le contexte et les résultats obtenus dans les différents ateliers organisés
par l’OFNAC et ses partenaires.
Section 1 : Contexte
Dans l’objectif de contribuer, à terme, à la création d’un véritable Système national d’Intégrité (SNI)
mettant en relation une diversité d’acteurs aux attributions complémentaires, l’OFNAC a adopté,
dès son installation, un plan intérimaire «d’entrée en matière», reposant sur deux axes : la formation
continue et les échanges avec les partenaires.
Faire de la formation continue le vecteur de la réussite est un choix résultant de la nature et des
caractéristiques actuelles de la lutte contre la criminalité financière.
Toutes les conventions auxquelles le Sénégal est partie posent une approche nouvelle fondée sur la
création de nouvelles institutions spécialisées. Le besoin de spécialisation institutionnelle s’explique
et se justifie par quatre facteurs, au moins :
- l’étendue de la matière et la complexité des pratiques : petite corruption, grande corruption, crimi-
nalité financière, trafic de drogue, etc. ;
- l’exigence de collaboration entre acteurs au plan national, régional et international ;
- la spécialisation et l’organisation en réseaux des délinquants ;
- l’importance des moyens financiers et humains nécessaires à la réalisation des missions de préven-
tion et d’enquêtes ;
- la constitution d’une expertise pointue indépendante ou, à tout le moins, autonome.
113
Rapport Public d’activités 2014-2015
Face à la capacité de nuisance des entreprises criminelles, aucun moyen de défense ne peut
assurer une résistance durable s’il ne repose pas sur un système doté :
• de supports techniques, technologiques et opérationnels adaptés ;
• de réseaux organisés, de collaboration et d’entraide ;
• d’un cadre de partage à temps, de l’information utile.
L’Office national de Lutte Fort de cette réalité, l’Office national de Lutte contre la
contre la Fraude et la Corruption Fraude et la Corruption a, très tôt, engagé une série de
a, très tôt, engagé une série de rencontres avec l’ensemble des acteurs du Système natio-
rencontres avec l’ensemble des acteurs
du Système national d’Intégrité
nal d’Intégrité en gestation.
en gestation
Il s’agit des
- parlementaires engagés dans la lutte contre la corruption, à travers des réseaux ;
- chefs religieux et coutumiers ;
- imams et prédicateurs;
- syndicats ;
- acteurs du secteur informel ;
- acteurs de la communication sociale ;
- organisations de la société civile ;
- experts en gouvernance ;
- associations de jeunes ;
- comédiens et artistes.
Ces rencontres, particulièrement fructueuses, ont permis à l’équipe de l’OFNAC d’apprécier,
avec beaucoup d’intérêt, les vastes connaissances des partenaires, leur maîtrise du sujet et leur
engagement à prendre part à la lutte contre le fléau de la corruption. Cet engagement solidaire
a permis l’adoption d’un plan d’actions stratégique triennal 2015-2017, conformément aux
recommandations et décisions issues d’un séminaire des membres de l’OFNAC, tenu les 10 et
11 avril 2014, avec le soutien de l’USAID/ PGP.
Les axes stratégiques essentiels de ce plan d’actions ont été présentésau Chapitre I.
Les lignes-forces de ce plan font apparaître que la formation et le renforcement des capacités
constituent la pierre angulaire des stratégies à bâtir, et cela au regard des préoccupations exprimées
plus haut.
114
Rapport Public d’activités 2014-2015
115
Rapport Public d’activités 2014-2015
Il demeure, toutefois, que certaines règles peuvent faire l’objet d’un code de bonnes pratiques et
reposer, à peu près, sur les mêmes paramètres de détermination, de mise en œuvre et d’évaluation
dans l’espace de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale et même au-delà.
116
Rapport Public d’activités 2014-2015
Par ailleurs, la Déclaration de Dakar élaborée au terme de trois journées d’échanges constructifs,
sur les déclarations de patrimoine, sert aujourd’hui de ligne directrice en Afrique de l’Ouest et en
Afrique centrale pour faire évoluer les législations y relatives, vers plus de pertinence et d’impact sur
la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite.
D. 9e et 13e Programme mondial d’Interpol sur la lutte contre la
corruption, la criminalité financière et le recouvrement d’avoirs en
Afrique de l’Ouest
Ces deux Programmes ont été organisés respectivement du 10 au 14 juin 2014 et du 14 au 18 septembre
2015 à Dakar.
Les objectifs poursuivis à travers ces Programmes étaient :
- le renforcement des capacités des acteurs intervenant dans les services d’enquête et de poursuite
des délits et crimes économiques et financiers ;
- le partage des connaissances et des meilleures pratiques en matière de prévention et de lutte contre
la fraude, la corruption et les autres crimes financiers ;
- la contribution à l’adaptation des cadres et moyens juridiques aux formes de la criminalité
économique et financière ;
- la contribution au renforcement de la coopération technique et professionnelle.
Au terme de ces programmes, les résultats suivants ont été obtenus :
• une meilleure compréhension par les participants de l’évolution de la criminalité économique et
financière et la mise à leur disposition d’outils pour y faire face ;
• une meilleure perception et appréhension des enjeux et difficultés liés au recouvrement des avoirs ;
• une meilleure connaissance de la problématique de la criminalité financière en relation avec l’outil
informatique ;
• une bonne appréciation de l’intérêt de la coopération nationale et internationale par les acteurs
impliqués dans la lutte.
E. Atelier sur les principes, les normes et les techniques d’enquête,
d’investigation, d’inspection, d’audit et de vérification
Cet Atelier a été tenu du 06 au 09 mai 2015 avec le soutien de la Banque mondiale, dans le cadre de
la mise en œuvre du Programme Formation et Renforcement des capacités des membres et des
opérationnels de l’Office.
117
Rapport Public d’activités 2014-2015
118
Chapitre VII
PROGRAMME RECHERCHE-ACTION
Section 1 : Enjeu d’une institutionnalisation de la recherche-action
L
a recherche, telle qu’elle est conçue par le Plan d’action stratégique pour les années 2015, 2016
et 2017, traduit la détermination des autorités de l’OFNAC à garantir la qualité des interven-
tions des services opérationnels par la maîtrise de tous les paramètres qui les entourent.
Les paramètres les plus déterminants sont :
- le moment de l’intervention ;
- les acteurs (cibles) concernés ;
- les secteurs d’activité ;
- la composition, le niveau d’expertise et de compétence professionnelle de l’équipe chargée des
opérations ;
- la forme et la durée de prévalence des délits en cause ;
- l’environnement qui favorise la commission de ces délits ;
- la sanction ou fourchette de sanctions prévues ;
- les mesures de correction envisageables face aux carences ;
- l’efficacité de la sanction et/ou des mesures de correction ;
- les moyens d’action ;
- la perception des populations.
Il apparaît donc que les branches sur lesquelles peut porter la recherche sont nombreuses.
En dehors de ces branches, les considérations liées au milieu sont d’une grande importance. Aussi, la
connaissance des groupes humains concernés (syndicats, par exemple, dans les secteurs de la santé et
de l’éducation, associations d’étudiants, partis politiques, etc.), leur perception d’un phénomène tel
que la corruption et leur organisation, sont autant de sujets sur lesquels il convient d’agir avec la
maîtrise requise.
Dans cette quête de maîtrise de l’action à entreprendre, le terme recherche ne saurait être utilisé dans
un sens autre que celui qui traduit l’acception « recherche appliquée ou recherche-action ».
L’intérêt d’une telle démarche de clarification est d’éloigner les acteurs (agents des services, experts
commis par l’OFNAC et autres intervenants) de toute orientation ou interprétation de nature à déporter
les études vers le champ de la recherche fondamentale. En effet, il importe de préciser que la recherche
fondamentale ne préjuge ni ne garantit l’usage pratique qui sera fait de ses conclusions. Dans cette
catégorie d’activité, il peut arriver qu’aucune utilisation concrète ne soit envisagée pour rendre utiles
les résultats scientifiques obtenus.
119
Rapport Public d’activités 2014-2015
La recherche appliquée À l’opposé, la recherche appliquée (ou action) est une série
(ou action) est une série d’activités d’activités intellectuelles qui prépare et éclaire les interven-
intellectuelles qui prépare et éclaire
les interventions à entreprendre
tions à entreprendre. L’objectif qu’elle vise est de déterminer,
ou à réaliser selon les normes de rappeler ou de contribuer à faire appliquer les normes et
et standards standards relatifs :
- à l’objet de l’étude ;
- aux processus et procédés utilisés pour réaliser l’étude ;
- à la qualification des agents chargés des opérations ;
- aux conditions de réalisation des opérations ;
- à la qualité des instruments (ou outils) utilisés ;
- aux règlements et prescriptions techniques auxquels l’objet de l’étude est soumis ;
- à l’environnement (entreprises et groupes concernés, sensibilité du sujet, précautions d’usage à
prendre, etc.).
La finalité des conclusions est d’éclairer l’autorité sur les dispositions à prendre pour assurer la réussite
de l’intervention des agents de son service, plusieurs facteurs entrant en jeu dans la mise en œuvre
des dispositions opérationnelles.
Les constats issus de la recherche peuvent aussi conduire à des propositions adressées à une autorité
extérieure, investie du pouvoir de décision. De la même façon, ils peuvent amener l’initiateur des
études à se convaincre que telle action ne peut se réaliser qu’en équipe et, dans ce cas, l’équipe pourra
être constituée à l’interne si les moyens le permettent. Dans le cas contraire, le service recherchera
une collaboration extérieure par la coopération internationale. C’est ainsi que les études, la recherche
et le benchmarking ont donné lieu, au titre des années 2014 et 2015, à l’adoption d’un nombre
important de mesures dont la mise en œuvre est en cours.
120
Rapport Public d’activités 2014-2015
• élaboration d’un Guide du déclarant, document qui décrit le processus à suivre pour procéder
à la déclaration de patrimoine ;
• mise en place du Bureau d’Assistance aux Déclarants (BAD) au sein du DDP, structure assurant
l’accompagnement des assujettis qui souhaitent bénéficier d’un appui relativement :
s au processus de déclaration de patrimoine ;
s aux modalités de remplissage du formulaire ;
s à la liste des pièces justificatives à fournir ;
• constitution d’une base de données contenant la liste nominative des assujettis.
B. Dans le cadre de l’élaboration du Programme Prévention et
mobilisation sociale (DPM)
Des recherches éparses ont permis d’établir que la sociologie de « groupes » (religieux, traditionnels,
de types identitaires, etc.) est une donnée caractéristique de l’organisation sociale au Sénégal.
Quand les individus Or, il est établi que certaines formes d’organisation, d’attitudes et
sont motivés par des allégeances de pratiques sociales peuvent favoriser et doper la corruption.
personnelles, de clan ou d’ethnie, Quand les individus sont motivés par des allégeances
plutôt que par la loi, l’avantage personnelles, de clan ou d’ethnie, plutôt que par la loi,
« catégoriel » devient primordial
par rapport à l’intérêt général l’avantage « catégoriel » devient primordial par rapport à
l’intérêt général.
Il découle de cet état de fait qu’un partenariat avec les « groupes », qu’il soit stratégique ou conjonc-
turel, s’est avéré nécessaire lors de l’indentification des meilleurs canaux de communication, dans le
cadre de l’exécution des programmes de sensibilisation.
Dans ce sillage, il a été relevé que déjà, la structure chargée de cette activité (DPM) a enregistré, en
2015, trente-sept mille cent soixante-quinze (37 175) visiteurs et personnes cibles rencontrés. Ces
visiteurs et personnes cibles sont des leaders du monde culturel, artistique ou de la communication
(au sens large).
Au terme de ces séances d’écoute, un programme de communication pour les années 2015, 2016 et
2017 a pu être élaboré.
121
Rapport Public d’activités 2014-2015
- la mesure de la perception de la corruption par le secteur privé, le secteur public, les ménages, les
autorités religieuses et coutumières, les jeunes, les organisations de la société civile, les femmes,
etc. ;
- la détermination de coûts estimatifs de la corruption au regard du secteur ou de la population cible.
Sur un autre plan, d’autres directions de recherche ont été identifiées et seront mises en œuvre.
Les résultats attendus permettront à l’Office de disposer d’un outil de guidage relativement aux
sujets ci-dessous :
- mise en œuvre du projet d’Académie Anti-Corruption de l’OFNAC (AAC/OFNAC) ;
- risques de corruption engendrés par les carences relevées sur des textes à incidences financières ;
- système de management par la qualité avec notamment des outils de prévention de la corruption :
manuels de procédures, guides, etc. ;
- manuels pédagogiques dans les écoles, établissements d’enseignement secondaire, universités et
établissements d’enseignement religieux ;
- dispositif de management des risques au sein des organismes publics et privés ;
- encadrement du financement des partis politiques et des campagnes électorales ;
- accès à l’information, et protection des personnes qui fournissent les informations sur la fraude et
la corruption.
122
Chapitre VIII
PROGRAMME COOPÉRATION
NATIONALE, RÉGIONALE ET
INTERNATIONALE
L
a fraude et la corruption sont des infractions qui peuvent revêtir une dimension transnationale
extrêmement complexe. C’est pourquoi l’OFNAC a accordé une réelle importance au dévelop-
pement d’un réseau de partenaires afin d’accroître l’efficacité de ses actions.
Les activités de coopération de l’OFNAC trouvent leurs fondements dans l’article 5 alinéa 4 de la
CNUCC et l’article 3 de la loi portant création de l’Office.
La CNUCC dispose en son article 5 alinéa 4 : « Les États Parties collaborent, selon qu’il convient
et conformément aux principes fondamentaux de leur système juridique, entre eux et avec les
organisations régionales et internationales compétentes pour la promotion et la mise au point des
mesures visées dans le présent article. Dans le cadre de cette collaboration, ils peuvent participer
à des programmes et projets internationaux visant à prévenir la corruption. » Quant à la loi
n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC, elle précise en son article 3 :
« L’OFNAC entretient des relations de coopération avec les organismes nationaux et internationaux
similaires intervenant dans le domaine de la lutte contre la fraude, la corruption, les pratiques
assimilées et infractions connexes ».
À ce titre, l’OFNAC a développé un vaste partenariat afin d’impulser une synergie des efforts des
entités nationales mais aussi, pour créer une complémentarité avec les organismes spécialisés des États
voisins et de la Communauté internationale.
123
Rapport Public d’activités 2014-2015
Ces différentes entités ont ainsi capitalisé une certaine expertise dans la prévention et la lutte contre
la corruption que l’OFNAC compte mettre à profit en travaillant avec elles.
En effet, chaque organisme développe, dans le sillage de sa spécialité, des formes de collaboration
avec des institutions de lutte contre la corruption. Dans cette optique, l’OFNAC initie avec ces acteurs
des accords en vue de donner le plus de chance de réussite à ses programmes, de sensibilisation
notamment.
La dynamique de coopération développée par l’OFNAC se traduit par l’établissement de relations de
travail avec des entités nationales intervenant dans la prévention et la lutte contre la corruption et
même, par l’établissement de conventions de partenariat.
Ainsi, un vaste partenariat avec les structures de contrôle, les entités gouvernementales, les OSC et
les syndicats a permis de mettre en œuvre, ensemble, des activités à haute valeur ajoutée.
Il faut préciser que cette logique de partenariat a très tôt été adoptée par l’OFNAC en quête d’efficacité.
L’Atelier de planification des actions stratégiques évoqué plus haut et auquel plusieurs acteurs engagés
dans la prévention et la lutte contre la corruption ont été conviés constitue une illustration éloquente
de cette volonté de travailler en réseau.
Dans le domaine des activités de prévention, cette coopération a permis d’exécuter des programmes
de prévention. Cette logique de partenariat a permis de consacrer l’effectivité des dispositions de la
loi portant création de l’OFNAC, en facilitant les relations de l’Office avec d’autres organismes en
matière de prévention et de lutte contre la corruption.
124
Rapport Public d’activités 2014-2015
Avec des PTF implantés au Sénégal, l’OFNAC a aussi développé des relations de partenariat qui se
sont traduites par des appuis consentis par ces organismes. Les PTF qui soutiennent actuellement
l’OFNAC sont :
- la Délégation de l’Union européenne ;
- le PNUD ;
- l’ONUDC ;
- l’USAID-PGP ;
- la Banque mondiale ;
- la Coopération canadienne ;
- l’Ambassade de France ;
- l’Ambassade des États-Unis ;
- OSIWA.
125
Rapport Public d’activités 2014-2015
- d’exécuter, conjointement, des missions d’enquête et d’échanger des informations (cas du Niger) ;
- un renforcement des liens de solidarité entre Institutions de lutte contre la corruption.
Aujourd’hui, l’expression la plus claire de la dynamique de la coopération régionale dans laquelle
l’OFNAC est engagé est, sans doute, la mise en place du Réseau des Institutions de Lutte contre la
Corruption de l’Afrique de l’Ouest (RINLCAO), dont Madame la Présidente de l’Office assure la
fonction de Secrétaire générale. Le Gouvernement du Sénégal a très largement soutenu ce réseau en
acceptant de mettre à sa disposition un siège situé à Dakar et abritant le Secrétariat permanent qui est
la cheville ouvrière de cette Institution.
L’OFNAC est aussi membre du Forum des Inspections générales d’État d’Afrique et Institutions
similaires (FIGE), la Présidente de l’OFNAC est Ambassadeur de ce Forum. Enfin, l’OFNAC est
membre de l’Association des Autorités Anti-Corruption d’Afrique (AAACA).
Les domaines couverts par les - l’échange d’informations : cet aspect concerne principalement
accords de coopération signés sont :
- l’échange d’informations ;
les enquêtes pour lesquelles la collaboration des organismes
- la coopération technique ; internationaux est nécessaire compte tenu du caractère trans-
- la coopération opérationnelle frontalier de la criminalité économique et financière ;
126
Rapport Public d’activités 2014-2015
Avec la France, un autre champ de coopération internationale est ouvert, au cœur des relations
liant l’OFNAC à l’ensemble des structures opérant en partenariat avec le Collège de la Haute
Autorité pour la Transparence de la Vie publique (le Parquet national financier, le Service central
de Prévention de la Corruption, l’Office central de Lutte contre la Corruption et les Infractions
financières et fiscales, l’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs saisis et confisqués, la
Cellule Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits financiers clandestins, le Service
national des Douanes judiciaires). Des sujets, suscitant un vif intérêt pour les deux parties, ont déjà
fait l’objet d’échanges. Il s’agit :
- de la création d’un organisme chargé du recouvrement des avoirs saisis et confisqués ;
- des formes de collaboration avec des organisations de la société civile
(Transparency international par exemple) ;
- des catégories de personnes assujetties à l’obligation de déclaration de patrimoine ;
- de la publication de la déclaration de patrimoine ;
- de la publication de communiqués sanctionnant la transmission de dossiers à la justice ;
- des articulations relationnelles entre services d’un même système national d’intégrité ;
- de la création d’organismes de coordination et d’échanges d’informations (entre services d’un même
système national d’intégrité) ;
- de la mise en place d’institutions spécialisées comme le Parquet financier, une chambre d’instruction
spécialisée.
Avec le Royaume d’Arabie saoudite, l’impératif de recherche et de formation est en première ligne
dans le projet de Protocole d’Accord entre l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption
(OFNAC) et la Commission nationale Anti-Corruption du Royaume d’Arabie saoudite (NAZAHA).
L’objectif pour les deux organismes est de donner à la recherche les attributs institutionnels susceptibles
de garantir la productivité, la durabilité et l’utilisation optimale des résultats par les cibles. En somme,
dans le partenariat en gestation, la recherche sera un outil de guidage des programmes de formation,
de prévention, d’assistance à l’entreprise et de renforcement des capacités des acteurs. Elle trouvera
son creuset dans les académies dont la construction est envisagée aussi bien au Sénégal qu’au Royaume
d’Arabie saoudite.
Au sein de ces académies, il est prévu notamment :
- l’élaboration de cours ou de modules de formation mettant en relief les valeurs enseignées par
l’islam, conformément aux orientations religieuses communes aux deux pays ;
- l’élaboration de modèles d’études, de recherche et d’enquêtes à caractère sociologique aux fins de
fournir aux institutions de lutte, les bases de données scientifiques nécessaires à la confection des
programmes sectoriels d’activités ;
- la confection de manuels scolaires, universitaires ou à l’usage des centres d’enseignement religieux ;
- la mise en place de systèmes de parrainage de cours, modules ou diplômes ;
- l’élaboration, à l’adresse des autorités nationales ou internationales, d’un système de formulation
de recommandations sur les contenus des enseignements, à la lumière des résultats de la recherche
sur l’évolution de la corruption ;
- la définition de critères de labellisation d’écoles ou universités, au regard du contenu des
enseignements ;
- l’organisation de conférences et séminaires spécialisés, sous la direction de chercheurs et experts ;
- l’élaboration de codes de déontologie pour les entreprises.
S’agissant particulièrement de l’Académie Anti-Corruption de l’OFNAC, son installation
nécessite la mise à disposition d’une assiette foncière afin d’y édifier ses locaux.
127
128
TROISIÈME PARTIE :
L a gouvernance publique est ici considérée dans sa conception large qui intègre, au-delà de
l’aspect financier, des éléments sociaux, politiques et autres impactant la destinée d’un pays.
À l’analyse, il devient évident qu’il y a une relation de type dialectique entre la bonne gouvernance et
la lutte contre la corruption. En effet, si la lutte contre la corruption est une condition de la bonne
gouvernance, il est également établi que les mesures prises dans le cadre de son instauration influent
positivement sur la lutte contre ce fléau.
Tout au long du Rapport, il a été mis en exergue les nombreuses initiatives des Autorités politiques
qui ont permis à notre pays d’enregistrer des avancées significatives vers une gouvernance de qualité.
Ces efforts sont très perceptibles dans le domaine de la lutte contre la corruption. Force est de recon-
naitre, cependant, que la prégnance de la corruption dans plusieurs secteurs d’activité demeure une
préoccupation majeure.
Une gouvernance publique de qualité implique une protection efficace des ressources publiques et la
préservation des valeurs de justice, d’égalité et de sécurité indispensables au bien-être des popula-
tions.
C’est également pourquoi les faiblesses dans la gouvernance constituent autant de vulnérabilités et
d’obstacles qui ne favorisent pas la lutte contre la corruption.
L’évaluation du degré de
Sous ce rapport, l’évaluation du degré de conformité de
conformité de notre droit positif à la notre droit positif à la Convention des Nations Unies
Convention des Nations Unies contre la contre la corruption a permis d’identifier les forces,
corruption a permis d’identifier les forces, faiblesses et opportunités qui impactent la gouvernance
faiblesses et opportunités qui impactent
la gouvernance publique dans toutes
publique dans toutes ses dimensions (instruments de
ses dimensions lutte, gouvernance foncière, système de valeurs, cadre de
vie, etc.).
131
Rapport Public d’activités 2014-2015
L’OFNAC a organisé C’est ainsi que, dans le cadre du premier cycle, l’OFNAC a
deux Ateliers d’auto-évaluation organisé deux Ateliers d’auto-évaluation de l’application de la
de l’application de la CNUCC
par le Sénégal CNUCC par le Sénégal, avec l’appui de l’ONUDC.
Les Ateliers ont permis de noter les réalisations et les axes d’amélioration ci-après :
- en matière d'incrimination, de détection, de répression de la corruption et de coopération
internationale ;
- en matière de recouvrement des avoirs illicites.
Il convient de faire noter que, bien que le recouvrement des avoirs ne fût pas concerné par le premier
cycle d’évaluation, les participants à l’Atelier ont étendu les travaux à cette question, pour saisir
l’opportunité offerte par la révision en cours du Code pénal et du Code de procédure pénale, faire des
propositions de réformes. Cela a permis aussi d’anticiper utilement sur le second cycle qui démarre
en 2016.
132
Rapport Public d’activités 2014-2015
Il ressort de l’examen des points Il ressort de l’examen des points forts de notre cadre juridique
forts de notre cadre juridique et institutionnel que le Sénégal est, dans une large mesure,
et institutionnel que le Sénégal bien arrimé à la Convention dans les domaines susvisés.
est bien arrimé à la CNUCC
Toutefois, l’Atelier a détecté des points d’amélioration possibles pour mieux conformer notre cadre
juridique à la CNUCC. Ces points concernent les éléments ci-après :
- l’information du public constitue un aspect qu’il convient d’améliorer, compte tenu des retards
qu’accuse notre pays dans ce domaine ;
- les codes de déontologie ne sont pas élaborés et appliqués dans le secteur public ;
- des défaillances existent dans les mécanismes de recueil de données statistiques, notamment
pour ce qui concerne les sanctions prononcées dans le domaine de la corruption et des infractions
assimilées ou connexes ;
- le délai de prescription de la corruption n’est pas assez long comme le suggère la CNUCC ;
- la corruption d’agents publics étrangers et de fonctionnaires d’organisations internationales n’est
pas sanctionnée par le Code pénal ;
- l’abus de fonction n’est pas incriminé par le Code pénal ;
- la corruption dans le secteur privé n’est pas suffisamment couverte ;
133
Rapport Public d’activités 2014-2015
Recommandation n° 12
Faire prendre les mesures nécessaires pour mettre en conformité notre cadre juridique
avec la Convention des Nations Unies contre la Corruption, afin d’accroître son
efficacité dans la prévention et la répression de la corruption.
134
Rapport Public d’activités 2014-2015
- le Service administratif des greffes et parquets peut procéder au recouvrement de certaines amendes,
pénalités ou faire procéder à des décisions de restitution ou dommages et intérêts et frais par la
voie de la contrainte par corps (articles 38, 39, 40 et 41 du Code pénal).
Il a été retenu, cependant, que ces points forts pouvaient être améliorés pour disposer d’un
système de recouvrement des avoirs plus performant et conforme à la Convention. Les amélio-
rations porteraient sur les points suivants :
- les textes existants ont davantage mis l’accent sur les sanctions privatives de liberté. Or, des
sanctions pécuniaires conséquentes ont une efficacité certaine, parce que visant à priver le
délinquant de ses moyens financiers et de ses biens mobiliers ou immobiliers; la législation
actuelle est à la fois incomplète et très peu appliquée ;
- le gel n’existe que dans le cadre du blanchiment, les saisies et confiscations n’ont pas encore
pris en compte les biens convertis, la possibilité de saisir la valeur et les biens dissimulés sous
forme de prête-nom ;
- dans la pratique, notre système judiciaire ne définit pas une clé de répartition des avoirs recouvrés
et exécute plus de demandes de recouvrement d’avoirs qu’il n’en formule auprès des autorités
étrangères à travers des commissions rogatoires ou demandes d’entraide judiciaire ;
- il existe une insuffisante coordination entre les services compétents, ce qui se traduit par un
recouvrement partiel des biens confisqués au profit de l’État ;
- il est constaté, dans la réalité, l’inexistence d’une Unité chargée du recouvrement des avoirs dérobés.
Il convient de faire remarquer que, pour le dernier point, la création de cette entité pourrait être
complétée par la transposition des incriminations de la Convention des Nations Unies contre la
Corruption dans une loi, à l’instar de la Loi uniforme n° 2004-09 du 06 février 2004 relative à la lutte
contre le blanchiment de capitaux.
Une telle Unité spécialisée serait un instrument de dissuasion supplémentaire dans le cadre de la lutte
contre la corruption et les délits assimilés.
L’organe dédié au Pour être efficace, l’organe dédié au recouvrement des avoirs
recouvrement des avoirs
devrait recevoir notification de devrait recevoir notification de toutes les décisions de saisie
toutes les décisions de saisie et et de confiscation prises par les autorités administratives ou
de confiscation prises par les autorités judiciaires, aux fins d’en assurer le suivi (recouvrement des
administratives ou judiciaires avoirs dérobés et gestion des avoirs recouvrés).
aux fins d’en assurer le suivi
Recommandation n° 13
Il est urgent de créer un organisme chargé du recouvrement des avoirs dérobés qui
devra recevoir notification de toutes les décisions de saisie et de confiscation prises par
les autorités administratives ou judiciaires, aux fins d’en assurer le suivi.
135
Rapport Public d’activités 2014-2015
136
Rapport Public d’activités 2014-2015
diffuser ses annonces publicitaires pour inciter les populations à une souscription massive sans la
moindre surveillance ou un contrôle en amont des services compétents de l’État.
Par ailleurs, on constate de plus en plus que certains projets immobiliers exécutés en violation de la
réglementation font l’objet de suspension ou d’arrêt définitif par les Autorités.
De telles décisions entrainent souvent des conséquences dramatiques pour de braves citoyens.
Il appartient aux Autorités publiques de veiller sur l’exécution de projets immobiliers et, s’il y a lieu,
de tirer la sonnette d’alarme en informant les adhérents par des communiqués. Elles doivent encadrer
les promoteurs de façon plus rigoureuse et donner la terre aux plus crédibles d’entre eux.
Un aspect important de la gouvernance foncière concerne aussi le respect d’une éthique dans l’attri-
bution des terres, pour ne pas exacerber les inégalités. Lorsque la pratique consacre et encourage
l’accaparement des terres par une minorité, la paix sociale est menacée. En effet, certaines pratiques
constituent des facteurs potentiels d’instabilité sociale. C’est le cas notamment lorsque des dizaines
d’hectares de terres sont attribués à un particulier qui n’a aucun projet d’exploitation pouvant impacter
positivement l’économie et qui, par la suite, se permet de procéder à une revente au plus fort de ces
terres, au détriment d’autres Sénégalais.
Ces mêmes menaces sont accentuées quand des organismes mis en place par la Puissance publique
pour faciliter l’accès à la terre et à la propriété bâtie aux populations privilégient une logique
commerciale au détriment de la logique sociale qui a guidé leur création.
Recommandation n° 14
Faire prendre des mesures pour la protection des citoyens sénégalais en matière d’accès
à la terre et à la propriété bâtie, en renforçant l’encadrement et le contrôle des activités
des promoteurs immobiliers publics et privés
137
Rapport Public d’activités 2014-2015
Cela signifie que l’Administration, acteur stratégique du développement, plus que n’importe quel autre
secteur, est tenue de s’arrimer à ces valeurs. Lorsqu’elle joue pleinement son rôle dans le respect des
valeurs fondamentales qu’exige la délivrance d’un service public, l’ensemble des acteurs engagés dans
la dynamique économique et, particulièrement les citoyens, en tirent le maximum de profits.
Le diagnostic établi dans le cadre des travaux préparatifs à la mise en place d’une stratégie nationale
de lutte contre la corruption montre, que la politisation de l’Administration serait l’une des
causes de la corruption au Sénégal. Le militantisme politique est devenu une pratique courante des
cadres de l’Administration, ce qui peut, s’il n’est pas juridiquement encadré, instaurer un climat de
suspicion et d’insécurité chez les citoyens censés bénéficier de ses services.
Plusieurs rapports des structures de contrôle ont décrié cette politisation de l’Administration.
Des agents de
l’Administration politiquement En effet, dans certains cas, des agents de l’Administration politi-
engagés sont placés en situation quement engagés sont placés en situation de conflit d’intérêt.
de conflit d’intérêt
Le mode de recrutement
Avec cette tendance à la politisation de l’Administration constatée
basé sur le militantisme et qui remonte à plusieurs années déjà, le mérite personnel est
est porteur de vulnérabilité parfois relégué au second plan, au profit du militantisme ou de la
et constitue un contournement proximité avec le détenteur du pouvoir de nomination. Ce mode
des procédures administratives
favorisant la fraude, la corruption
de recrutement porteur de vulnérabilité constitue un contour-
et les infractions assimilées nement des procédures administratives favorisant la fraude, la
corruption et les infractions assimilées.
Les efforts pour contrebalancer ces tendances décrites dans l’Administration sont encore timides. En
effet, pour l’essentiel, c’est la loi n° 61-33 du 15 juin 1961 portant statut général des fonctionnaires
qui prend en considération la question des valeurs dans l’administration publique.
Il n’existe pas encore de Code de déontologie et d’éthique s’appliquant aux fonctionnaires. Cette
lacune traduit la modestie des efforts consentis pour maintenir l’Administration sénégalaise dans une
neutralité qui garantit des valeurs comme la compétence, l’intégrité, la transparence, etc.
Pourtant, la CNUCC à laquelle le Sénégal est partie, incite fortement les États à promouvoir les valeurs
et à mettre en place des codes de conduite, en prescrivant en son article 8 :
« 1. Afin de lutter contre la corruption, chaque État Partie encourage notamment l’intégrité,
l’honnêteté et la responsabilité chez ses agents publics, conformément aux principes fondamentaux
de son système juridique.
138
Rapport Public d’activités 2014-2015
2. En particulier, chaque État Partie s’efforce d’appliquer, dans le cadre de ses propres systèmes
institutionnel et juridique, des codes ou des normes de conduite pour l’exercice correct, honorable
et adéquat des fonctions publiques. »
Il convient à ce propos de saluer l’initiative du Ministère chargé de la Fonction publique qui a décidé
d’élaborer un Code de déontologie des agents publics, en adoptant une démarche fondée sur une large
concertation avec toutes les parties prenantes.
Recommandation n° 15
Prendre les mesures nécessaires en vue de :
- renforcer les initiatives pour une meilleure prise en compte de la problématique des
valeurs dans la gouvernance publique en général, en veillant notamment à encadrer,
de façon stricte, l’implication dans la politique des hauts cadres de l’Administration.
- finaliser le projet d’élaboration d’un Code de déontologie pour les agents publics,
initié par le Ministère chargé de la Fonction publique.
139
Rapport Public d’activités 2014-2015
Dans un État soumis au droit, Dans un État soumis au droit, ceux qui ont l’ambition de
ceux qui ont l’ambition de conduire
les destinées de la Nation doivent accepter conduire les destinées de la Nation doivent accepter de
de respecter les règles de transparence, respecter les règles de transparence, de donner des
de donner des garanties pour la protection garanties pour la protection du bien public et la sauve-
du bien public et la sauvegarde garde de l’intérêt général.
de l’intérêt général
Aussi le Sénégal, pays de démocratie avancée, gagnerait à se doter d’un cadre législatif et réglementaire
encadrant le financement des partis politiques, pour offrir aux populations des garanties d’une gestion
centrée sur le citoyen.
C’est pourquoi, même si la déclaration de patrimoine est une avancée majeure, il est utile de
définir, avant l’accession à certains postes, des critères pour éviter que certaines candidatures
ne soient « parrainées » par des personnes ou groupes mal intentionnés.
Le financement des partis politiques devrait également inclure celui des campagnes électorales, le tout
étroitement encadré pour éviter des dérives préjudiciables à l’avancement de la démocratie.
La transparence dans la gestion des affaires publiques dépend
étroitement de celle de la vie politique de façon spécifique.
La transparence dans la gestion Certains pays l’ont compris et ont mis en place, très tôt, des
des affaires publiques dépend systèmes pour réglementer le financement des partis politiques.
étroitement de celle de la vie politique C’est notamment le cas de la France, de la Belgique, des États-
Unis d’Amérique (USA), de la Grande Bretagne (pionnière dans
ce domaine), pour ne citer que ceux-là.
Dans les systèmes de contrôle institués dans le monde, une attention particulière est accordée aux
financements provenant des personnes morales de droit privé, les principaux risques provenant des
relations qu’elles pourraient entretenir avec des acteurs politiques.
À cet égard, dans différents systèmes, il est prévu une prohibition des financements provenant de per-
sonnes morales de droit privé ou leur encadrement strict pouvant aller jusqu’à l’exigence de publier
les montants reçus avec indication des personnes morales donatrices.
Les principaux éléments pris en compte dans les systèmes d’encadrement sont relatifs :
- aux types de financements interdits, selon leur origine ;
- au plafond des budgets de campagne des candidats à l’élection concernée ;
- à la nécessité de l’ouverture d’un compte bancaire soumis à un contrôle ;
- à la publication des financements reçus.
140
Rapport Public d’activités 2014-2015
Le principe de transparence commande que les personnes physiques ou morales impliquées dans la
gestion des affaires publiques, à un certain niveau, acceptent de satisfaire les exigences d’intégrité et
de mise à la disposition du public d’informations sur leurs ressources.
Une réglementation claire et stricte en la matière contribuerait à la réduction de certaines pratiques
constatées et décriées dans des rapports des structures de contrôle, à l’approche d’élections.
Recommandation n° 16
Renforcer la moralisation de la vie politique par un encadrement du financement des
partis politiques et des candidats à des postes électifs, afin d’assurer une meilleure
protection des ressources publiques.
Une gouvernance de
qualité doit être orientée vers un Une gouvernance de qualité doit donc être orientée vers un
développement durable qui prend développement durable qui prend en considération les
en considération les besoins des différents besoins des différents acteurs présents, tout en veillant à
acteurs présents, tout en veillant à
transmettre, en bon état, le patrimoine
transmettre, en bon état, le patrimoine public aux généra-
public aux générations futures tions futures.
Facteurs de développement, les ressources naturelles peuvent également être sources de conflits lorsque
leur mode de gestion ne tient pas compte de l’intérêt de tous les acteurs impliqués et des populations.
En effet, de nombreux conflits dans le monde et en particulier en Afrique, sont causées ou aggravées
par une mal-gouvernance des ressources naturelles.
La gestion des ressources naturelles est donc fondamentalement une affaire d’État. Même si l’approche
participative est une exigence de transparence, les lignes directrices de l’accès aux ressources
naturelles, de leur exploitation et de leur contrôle demeurent des prérogatives étatiques.
Sur le plan international, les difficultés majeures auxquelles est confrontée la gouvernance des
ressources naturelles sont en général relatives à :
- la surexploitation des ressources ;
- la discrimination dans l’accès à ces ressources ;
- la mauvaise utilisation et la mauvaise répartition des richesses tirées des ressources naturelles ;
- la marginalisation des populations dans l’exploitation des ressources ;
- l’insuffisance et l’inefficacité des contrôles.
141
Rapport Public d’activités 2014-2015
Les meilleures pratiques de gestion des ressources naturelles sont axées sur les principaux
éléments ci-après :
- l’adoption d’une démarche participative ;
- la déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale des personnes impliquées dans la gestion de
ces ressources ;
- la publication des contrats conclus avec les organismes exploitants ;
- la mise à la disposition des citoyens de l’affectation des fonds tirés des ressources naturelles.
Dans son rapport 2013 sur les indices de gouvernance des ressources naturelles, le Revenue
Watch Institute fonde son analyse et le classement de cinquante-huit (58) pays examinés en matière
de gestion des ressources naturelles (pétrole, gaz et mines) sur quatre (4) critères :
- le cadre pour évaluer la capacité du système juridique et institutionnel à assurer une concurrence
loyale et une réelle redevabilité ;
- les pratiques de divulgation pour évaluer la mise à disposition des citoyens d’informations
pertinentes ;
- les garanties et mesures de contrôle de qualité pour mesurer l’existence et l’efficacité des
mécanismes de prévention des conflits d’intérêts ;
- les conditions générales de gouvernance en vue d’évaluer les efforts consentis dans la lutte contre
la corruption et pour l’instauration d’un État de droit.
Cette approche participative est surtout visible dans la gestion des ressources forestières. La loi
n° 98-03 du 08 janvier 1998 portant Code forestier responsabilise, en effet, les personnes publiques
décentralisées et les services techniques de l’État dans la gestion forestière. Ainsi, en son article L 4,
il dispose :
« L’exploitation des produits forestiers dans les forêts relevant de la compétence des collectivités
locales est assujettie à l’autorisation préalable du maire ou du président du Conseil rural concerné.
Le permis d’exploitation est délivré par le service des Eaux et Forêts au vu de cette autorisation établie,
conformément aux prescriptions des plans d’aménagement approuvés ».
142
Rapport Public d’activités 2014-2015
L’exploitation commerciale est aussi conditionnée par le paiement de taxes et de redevances servant
à alimenter le Fonds forestier national destiné à la mise en valeur des ressources forestières.
Recommandation n° 17
Améliorer la gouvernance des ressources naturelles en prenant les mesures suivantes :
- renforcer les capacités techniques des acteurs intervenant dans l’élaboration des
conventions et la gestion des ressources naturelles ;
- augmenter les équipements et le personnel chargé du contrôle;
- mettre à la disposition du public toutes les informations utiles, conformément aux
règles de transparence ;
- assujettir à la déclaration d’intérêts et de situation patrimoniale, les agents
intervenant dans la gestion des ressources naturelles.
Relativement au cadre de vie, les problèmes évoqués plus haut et relatifs à la gouvernance des res-
sources naturelles sont aggravés par sa dégradation de plus en plus marquée.
La dégradation de plus en
Cette dégradation est due en grande partie à de graves
plus marquée du cadre de vie problèmes de comportement auxquels la gouvernance
est due en grande partie à deux graves publique doit faire face et dont les principaux sont :
problèmes de comportement auxquels la l’indiscipline et l’incivisme. En effet, certains citoyens séné-
Gouvernance publique doit faire face :
l’indiscipline et l’incivisme
galais ont tendance à ne vouloir se soumettre à aucune règle et
à ne manifester aucun respect du bien public.
143
Rapport Public d’activités 2014-2015
C’est ainsi que, dans nos villes, en particulier à Dakar, les rues offrent un spectacle désolant, avec des
ordures qui font partie du décor quotidien, des trottoirs impraticables pour les piétons parce qu’envahis
par les tables et étals.
Sur les routes, l’indiscipline de certains usagers fait perdre de nombreuses vies humaines et crée des
désordres et des embouteillages inadmissibles, des conducteurs se permettant de stationner leurs
véhicules au milieu de la chaussée et, où bon leur semble.
Un manque de respect notoire est aussi manifesté envers le bien public au sens large. Tout le monde
laisse faire et ne semble plus s’offusquer outre mesure, de cette situation qui installe partout le
mal-vivre. Dans le désordre, l’indiscipline et l’incivisme, aucun développement n’est possible. Nous
faisons face à un problème de comportement que les Autorités politiques devraient prendre à bras le
corps, avec courage et détermination. Il est heureux de constater que quelques initiatives sont en train
d'être prises par certaines collectivités locales pour contrôler la situation et restaurer l’image de villes
propres et accueillantes. Les Autorités politiques doivent prendre des mesures hardies et faire
comprendre à tous que la vertu et le respect du bien public qui sont réclamés des dirigeants le sont
également des autres citoyens.
Tous ces mauvais comportements décriés ci-dessus contribuent à aggraver la fraude et la corruption.
L’ampleur de la fraude fiscale et douanière, le manque de respect et le gaspillage des ressources
publiques, la dégradation du cadre de vie du fait notamment de la corruption à divers niveaux du
service public, en sont une parfaite illustration.
L’OFNAC dont la vision met l’accent sur les valeurs a bien compris que le respect et la protection
du bien public, la culture de l’intégrité et de l’exemplarité sont des fondamentaux d’une société
démocratique qui aspire légitimement au développement économique et social.
Il convient, comme dans certains pays, de prévoir des sanctions sévères, privatives de liberté et
pécuniaires, et de veiller à leur application rigoureuse pour une réduction notable des comportements
inciviques.
Recommandation n° 18
Prendre des mesures pour lutter contre les actes d’indiscipline et d’incivisme, afin
d’améliorer le cadre de vie des citoyens et de prévenir la fraude et la corruption,
à travers notamment :
- l’adoption de sanctions privatives de liberté et pécuniaires suffisamment dissuasives ;
- l’application effective de ces sanctions.
144
Rapport Public d’activités 2014-2015
CONCLUSION
L
a lutte contre la corruption s’inscrit dans un contexte marqué par de profondes mutations,
avec la complexification de la criminalité financière qui utilise des procédés de plus en
plus sophistiqués, se présente sous de nouvelles formes et se développe à travers de vastes
réseaux.
La communauté internationale a pris conscience de la gravité et de l’ampleur de la corruption
et a élaboré des instruments juridiques pour faire face à ce fléau. De nombreuses alliances et
des cadres de lutte ont également été mis en place.
Au Sénégal, la création de l’OFNAC constitue la principale réponse institutionnelle au défi de
la lutte contre la corruption et marque une avancée significative pour l’instauration d’une
gouvernance de qualité.
Fondé sur une vision articulée autour de valeurs centrales, l’Office a décliné des programmes
couvrant ses différents cœurs de métier dans les domaines d’intervention définis dans son Plan
stratégique.
Après le renforcement des capacités des Membres, du personnel de l’OFNAC et des autres
acteurs engagés dans la lutte contre la corruption, l’Office a déployé des activités et obtenu des
résultats dans le cadre de ses Programmes, avec l’appui précieux de l’État. Les Partenaires
techniques et financiers ont, dans les domaines qui les intéressent, soutenu l’OFNAC dans
l’exécution de ses activités.
C’est ainsi que dans la gestion des plaintes, le développement de plateformes de services (numéro
vert, site web, application mobile) a créé un réel accès des citoyens à l’OFNAC. Une très bonne
réactivité des populations a été notée, ce qui a permis de recevoir un nombre important de
plaintes.
À côté du traitement individuel, l’analyse globale des plaintes a contribué à mettre à la disposition
de l’OFNAC un flux d’informations qui renseignent sur des paramètres importants pour une
meilleure compréhension du phénomène de la fraude et de la corruption.
Les enquêtes et investigations, audits et vérifications ont apporté une valeur ajoutée réelle,
perceptible à travers les indices graves et concordants d’infractions à caractère pénal recueillis
dans les affaires traitées. Ces dossiers ont été transmis à l’Autorité judiciaire.
Par ailleurs, la détection des dysfonctionnements notés dans les domaines concernés par les
enquêtes ouvre des perspectives de réformes pour initier des mesures préventives pertinentes,
pouvant éradiquer les points de vulnérabilité. C’est l’objet des recommandations formulées dans
ce Rapport.
Dans les activités de prévention, la démarche inclusive adoptée par l’Office a créé une dynamique
unitaire chez les différents acteurs engagés dans la prévention et la lutte contre la corruption.
Pour la période couverte par le présent Rapport, l’OFNAC a mis l’accent sur les activités de
prévention, compte tenu du fait que la fraude et la corruption sont étroitement liées à la
problématique des valeurs. Des campagnes de communication et de sensibilisation dans des
milieux stratégiques (écoles, universités, villes religieuses, etc.) ont été organisées et des canaux
pertinents utilisés (télévisions, radios) pour la diffusion des messages et la couverture d’un large
public.
145
Rapport Public d’activités 2014-2015
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Dans la gestion des ressources naturelles et l’amélioration du cadre de vie, des initiatives
supplémentaires doivent être prises pour que la gouvernance publique assure, avec toute
l’efficacité requise, la protection de l’intérêt général et du patrimoine public. En outre, il apparaît
urgent de faire face à l’indiscipline et à l’incivisme qui installent le désordre, détruisent les biens
publics, altèrent dangereusement notre environnement et annihilent les efforts des Autorités
administratives et politiques.
Il résulte de tout ce qui précède que l’OFNAC a apporté une valeur ajoutée à travers ses
réalisations et livré ses réflexions durant la période écoulée depuis son installation effective. Ses
activités ont nécessité beaucoup d’investissements humains, matériels et financiers, notamment
en termes d’efforts, d’expertise et de compétence.
Dans la poursuite de ses activités, suivant les axes tracés par son Plan stratégique, l’Office va
ouvrir de nombreux chantiers, parmi lesquels l’Académie pour la formation dans les métiers de
prévention et de lutte contre la corruption, ainsi que le pilotage des travaux d’élaboration d’une
stratégie nationale de lutte contre la corruption, pour ne citer que ceux-là. De même, des antennes
régionales seront créées pour mieux rapprocher l’OFNAC et les citoyens.
Il a également l’ambition de contribuer au renforcement des capacités techniques et institution-
nelles des organismes publics et privés, dans le cadre d’une approche visant la promotion de
partenariats essentiellement axés sur le management des risques, l’accès des citoyens à
l’information, l’élaboration de manuels de procédures écrites et partagées, la dématérialisation
desdites procédures ainsi que d’autres mesures visant une meilleure promotion de la transparence
et de l’intégrité.
Dans cette perspective, des Cellules d’intégrité et d’exemplarité (CIE) seront mises en place,
avec un démarrage au sein des établissements scolaires et universitaires afin de semer la graine
de l’intégrité et de l’exemplarité chez les jeunes. Il s’agira aussi d’élaborer des législations
relatives à la protection des personnes qui fournissent l’information sur les faits de fraude et de
corruption, au financement des partis politiques et à l’amélioration du système de déclaration
de patrimoine. Sous ce rapport, le renforcement des moyens financiers de l’OFNAC devient un
impératif de performance.
En définitive, l’OFNAC a l’ambition de tout mettre en œuvre pour réussir le pari de faire prendre
conscience aux citoyens, des méfaits de la fraude et de la corruption. Ses externalités positives
peuvent ainsi contribuer à l’instauration d’une gouvernance publique de qualité, par la promotion
de la transparence, de l’intégrité, de l’imputabilité et du respect du bien public.
147
148
RÉCAPITULATIF DES
RECOMMANDATIONS
Rapport Public d’activités 2014-2015
Recommandation n° 4 Pour une meilleure protection de l’intérêt des jeunes, faire prendre
les mesures nécessaires en vue d’un encadrement strict des
activités de recrutements massifs de candidats, notamment celles
comportant un paiement de frais de dossier ou d’inscription.
Relever de ses fonctions, le Directeur du COUD pour entrave
Recommandation n° 5 à l’exécution normale d’une mission de vérification et prendre
toutes les mesures utiles pour qu’il ne lui soit plus confié la
resposabilité de diriger un organisme public.
150
Rapport Public d’activités 2014-2015
DÉCLARATION DE PATRIMOINE
Renforcer le système sénégalais de déclaration de patrimoine en
Recommandation n° 11 prenant les mesures ci-après :
- rendre plus dissuasives les sanctions prévues en cas d’inobser-
vation de l’obligation de déclaration par un assujetti ;
- appuyer la digitalisation intégrale du processus de déclaration
de patrimoine ;
- élargir l’assiette des assujettis sur la base d’une bonne identifi-
cation des risques pour cibler par exemple les personnes dont
la signature ouvre l’accès à des ressources naturelles, les
personnels chargés de missions de contrôle les mettant en
relation avec des entités gérant des ressources substantielles,
les acteurs habilités à trancher les litiges, ainsi que les membres
de l’OFNAC ;
- prévoir une prise en charge par l’État des frais relatifs à la
déclaration de patrimoine des personnes assujetties, notamment
les frais d’expertise de certains biens immobiliers.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Recommandation n° 18 Prendre des mesures pour lutter contre les actes d’indiscipline et
d’incivisme, afin d’améliorer le cadre de vie des citoyens et de
prévenir la fraude et la corruption, à travers notamment :
- l’adoption de sanctions pécuniaires suffisamment dissuasives ;
- l’application effective de ces sanctions ;
- la prévision de sanctions sévères privatives de liberté et surtout
pécuniaires;
- l’application stricte de ces sanctions.
153
154
ANNEXES
Rapport Public d’activités 2014-2015
Annexe 1
Loi n° 2012 – 30 du 28 décembre 2012 portant création de l’Office national
de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC)
La corruption est l'une des plus graves entraves au développement économique et social. Elle
constitue, en effet, un frein à la croissance économique en même temps qu'elle décourage
l'investissement privé, surtout étranger, réduit les ressources disponibles pour le développement
et menace les fondements de l'État de droit.
C'est pourquoi, le Sénégal a érigé la bonne gouvernance et la transparence en principes à valeur
constitutionnelle.
Il a, en outre, ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption adoptée le
31 décembre 2003 et entrée en vigueur le 14 décembre 2005 ainsi que la Convention de l'Union
africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption adoptée à Maputo le 11 juillet 2003
et ratifiée le 15 février 2007.
Par ailleurs, le Sénégal est signataire du protocole de la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) adopté à Dakar le 21 décembre 2001. Ces instruments font
obligation aux États parties d'instituer des organes de lutte contre la corruption.
Dans ce cadre, le Sénégal avait mis en place depuis 2003 une Commission nationale de lutte
contre la non-transparence, la corruption et la concussion (CNLCC). Toutefois, force est de
reconnaître que cette Commission n'a pas répondu aux attentes, faute de pouvoirs lui permettant
d’accomplir pleinement sa mission.
Le Gouvernement, ayant inscrit son action dans une gouvernance vertueuse, a décidé d'instituer
une Autorité administrative indépendante, dénommée Office national de Lutte contre la Fraude
et la Corruption (OFNAC), disposant de pouvoirs d'auto-saisine, d'investigations et de saisine
de la justice. L'OFNAC peut donner des avis aux autorités administratives.
Le projet de loi comprend quatre chapitres :
le chapitre premier porte sur les Dispositions générales : création, missions et pouvoirs ; le
chapitre 2 concerne l'organisation et le fonctionnement ; le chapitre 3 est relatif aux ressources
financières ; le chapitre 4 a trait aux dispositions transitoires et finales.
Telle est l'économie du présent projet de loi.
Loi n° 2012-30 portant création de l'Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption
(OFNAC).
L'Assemblée nationale a adopté, en sa séance du mercredi 19 décembre 2012, Le Président de
la République promulgue la loi dont la teneur suit :
156
Rapport Public d’activités 2014-2015
157
Rapport Public d’activités 2014-2015
Tous les membres de l'OFNAC doivent justifier d'une expérience professionnelle d'au moins
dix ans.
Article 5.- Le président, le vice-président et les autres membres de l'OFNAC sont nommés par
décret, pour une période de trois (3) ans renouvelable une fois. Le renouvellement se fait
par moitié tous les trois (3) ans.
Le président de l'OFNAC exerce sa fonction à titre permanent, à l'exclusion de toute autre
activité professionnelle publique ou privée.
Article 6.- Il n'est mis fin, avant leur terme, aux fonctions de membre de I’ OFNAC qu'en cas de :
- démission ;
- décès ;
- faute lourde ou empêchement de l'intéressé dûment constatés par la majorité des membres sur
le rapport du président.
L'empêchement et la faute lourde du président de l'OFNAC sont constatés sur le rapport du
vice-président.
11 est pourvu aux vacances dans les mêmes conditions que pour la nomination. Le mandat du
successeur ainsi désigné est limité à la période restant à couvrir.
Article 7.- Le président établit l'ordre du jour des réunions, dirige les travaux et veille au bon
fonctionnement de l'OFNAC.
Il signe tous les documents et correspondances et représente l'OFNAC auprès des autorités
et de ses partenaires.
En cas d'empêchement ou d'absence du président, le vice-président assure la suppléance.
Article 8.- Un décret fixe la rémunération et les avantages en nature du Président, ainsi que le
montant des indemnités et les avantages en nature du vice-président et des autres membres
de l'OFNAC.
Article 9- Les membres de l'OFNAC ne peuvent être poursuivis, recherchés, arrêtés, détenus ou
jugés à l'occasion des avis, opinions qu'ils émettent ou pour les actes ou décisions qu'ils
prennent dans l'exercice de leur mission.
Article 10- Les membres de l'OFNAC sont soumis à l'obligation de réserve et au secret
professionnel.
Avant leur entrée en fonction, ils prêtent, devant la Cour d'Appel de Dakar siégeant en
audience solennelle, le serment dont la teneur suit « je jure solennellement de bien et
fidèlement remplir la. fonction de membre de 1' OFNAC en toute indépendance et impar-
tialité, de façon digne et loyale et de garder le secret des délibérations ».
Article 11- L'OFNAC se réunit sur convocation du président ou à la demande du tiers de ses
membres. L'OFNAC ne peut valablement délibérer que si au moins les deux tiers de ses
membres sont présents.
Il adopte ses décisions à la majorité simple des membres présents. En cas de partage des
voix, celle du président est prépondérante.
Par dérogation aux dispositions de l'alinéa précédent, l'OFNAC se prononce à la majorité
des deux tiers de ses membres présents lorsqu'il statue sur la transmission du dossier au
procureur de la République.
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Article 12.- L'OFNAC se saisit d'office de tout fait de fraude, de corruption ou de toute infraction
visée au 10 de l'article 3 dont il a connaissance. Il peut en outre être saisi par toute personne
physique ou morale.
Article 13.- L' OFNAC peut se faire communiquer tout rapport comportant des faits de fraude
ou de corruption.
Article 14.- À l’issue de ses investigations, si les informations collectées et analysées font
présumer de l'existence de l'une des infractions visées au 10 de l'article 3 de la présente loi,
l'OFNAC transmet au procureur de la République un rapport accompagné des pièces du
dossier.
La transmission du rapport au procureur de la République dessaisit l'OFNAC.
Article 15.- L'OFNAC peut proposer à l'autorité compétente d'engager une procédure
disciplinaire, contre tout fonctionnaire ou agent public coupable de l'un des faits, visés au
10 de l'article 3 de la présente loi. Si aucune suite n'est donnée à cette proposition, l'OFNAC
informe le Président de la République.
Article 16.- L'OFNAC dispose d'un secrétariat permanent dirigé par un secrétaire permanent.
Nommé par décret, le secrétaire permanent est placé sous l'autorité du président de
l’OFNAC.
Pour l'exercice de ses missions, l'OFNAC peut obtenir le concours des services de l'État.
Article 17.- L'OFNAC établit chaque année un rapport d'activités qui comporte notamment les
propositions de mesures tendant à prévenir les actes de fraude ou de corruption. Ce rapport
est remis au Président de la République. Il est rendu public par tous moyens appropriés.
Article 18,- Un décret complétera, le cas échéant, les règles d'organisation et de fonctionnement
de l'OFNAC.
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Annexe 2
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Annexe 3
Encadré 1
Loi n° 2012 – 30 du 28 décembre 2012 portant création de l’OFNAC
(Articles 1 à 3).
Article premier. - Il est créé une Autorité administrative indépendante dénommée Office
national de Lutte contre la Fraude et la Corruption dite OFNAC.
Rattaché à la Présidence de la République, l’OFNAC est doté de l’autonomie financière.
3. de recevoir les réclamations des personnes physiques ou morales se rapportant à des faits
de corruption, de pratiques assimilées où d’infractions connexes ;
4. de formuler, sur la demande des autorités administratives, des avis sur les mesures de
prévention, ces avis ne pouvant être divulgués.
Art. 13 L' OFNAC peut se faire communiquer tout rapport comportant des faits de fraude
ou de corruption.
Art. 15 L'OFNAC peut proposer à l'autorité compétente d'engager une procédure discipli-
naire, contre tout fonctionnaire ou agent public coupable de l'un des faits, visés au 10 de
l'article 3 de la présente loi. Si aucune suite n'est donnée à cette proposition, l'OFNAC
informe le Président de la République.
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Annexe 4
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La même obligation est applicable dans les trois mois qui suivent la cessation des fonctions,
pour cause autre que le décès.
Toutefois, aucune nouvelle déclaration n'est exigée de l'assujetti qui aura établi depuis moins
de six mois, une déclaration de sa situation patrimoniale dans les conditions prévues par la
présente loi.
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Annexe 5
Analyse : décret portant application de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration
de patrimoine.
RAPPORT DE PRÉSENTATION
Le renforcement de la transparence dans la gestion des affaires publiques constitue de nos jours, une
grande priorité pour les pouvoirs publics.
L'option résolue du Chef de l'Etat et du Gouvernement pour une gestion vertueuse exige une utilisation
optimale des ressources publiques et une lutte permanente contre la corruption et l'enrichissement
illicite par une maitrise de l'évolution du patrimoine des personnes en charge des affaires publiques.
En adoptant la loi n° 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de transparence dans la gestion
des finances publiques et la loi n° 2012-30 du 28 décembre 2012 portant création de l'Office
national de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), le Sénégal a transpose dans sa législation
interne la directive communautaire n° 01/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009.
Le décret n" 2011-1880 du 24 novembre 2011 portant Règlement général sur la Comptabilité publique
a précède à la transposition, dans le droit interne, de la directive n° 07/20091CMlUEMOA du 26
juin 2009 portant sur le même objet.
Cette transposition consacre la fusion des fonctions d'administrateur et d'ordonnateur. Il en résulte
que dans le titre II du décret précité, la présentation des personnels charges de l'exécution budgétaire
exclut les administrateurs de crédits, pour ne citer que les ordonnateurs et les comptables.
En application de l'article7-1 de la loi du 27 décembre 2012, la loi n? 2014-17 du 02 avril 2014
relative à la déclaration de patrimoine a été promulguée.
Aux termes de cette loi, la liste des personnes assujetties visées en son article 2 intègre les adminis-
trateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les comptables publics dont le
niveau d'opérations porte sur un total annuel supérieur ou égal à un milliard (1.000.000.000)
de francs CFA.
Cette distinction renvoie au souci du législateur d'insister sur les attributions de chacune de ces
fonctions dont l'exercice détermine l'assujettissement ou non à la déclaration, une fois le seuil fixe
atteint. Cela signifie qu'au sein des entités, lorsque le mode d'organisation retenu continue de séparer
les attributions d'administrateur et celles d'ordonnateur, toutes les personnes investies de ces respon-
sabilités sont assujetties à la déclaration de patrimoine.
Par ailleurs, les modalités de mise à jour périodique de la déclaration consignée dans un formulaire
type, sont fixées par décret conformément à l'article 7 de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014.
Ainsi, les annexes 1 et 2 établissent, respectivement, la liste des assujettis et le formulaire de
déclaration de patrimoine.
Tel est l'objet du présent décret.
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Le Président de la République,
DÉCRETE
Article premier: Conformément à I' article 2 de la loi n° 2014-17 du 02 Avril 2014 relative à la
déclaration de patrimoine, sont assujetties a la déclaration de situation patrimoniale, les personnes
ciaprès :
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Les personnes ayant dans leur organisme 1'initiative des dépenses à titre principal ou délégué,
quels que soient l' appellation ou le titre qui leur sont donnés au sein de la structure, sont
visées par la loi n° 20 14-17 du 02 avril 2014, et sont soumises à l’obligation de déclaration, si le
montant des opérations annuelles qu'elles effectuent atteint un milliard de francs CFA.
• Est Ordonnateur de recettes et de dépenses toute personne ayant qualité de prescrire, au nom de
l'État et des autres organismes publics, l'exécution des recettes, d'engager les dépenses et d'or-
donner leur paiement.
Les ordonnateurs délégués ou secondaires sont également compris dans cette catégorie et sont
vises par la loi n° 20 14-17 du 02 avril 2014 au même titre que les ordonnateurs principaux.
Les personnes prescrivant l'exécution de recettes et/ ou de dépenses dans leur organisme, quels
que soient l'appellation ou le titre qui leur sont donnés (gestionnaire, responsable achat, responsable
de programme etc.) sont visées par la loi n° 20 14-17 du 02 avril 2014 et ont l'obligation de déclarer
leur patrimoine, si les opérations qu'elles effectuent atteignent le montant annuel d'un milliard de
francs CFA.
• Est Comptable public tout agent effectuant, à titre exclusif, au nom de l'Etat ou d'un organisme
public, des opérations de recettes, de dépenses ou de maniement de fonds ou titres.
Quelque soit le titre ou l'appellation donné au sein de l'organisme, est considérée comme
comptable public toute personne qui effectue des opérations d'encaissement ou de paiement,
sous quelque modalité que ce soit : virement, remise de chèques, paiement en espèces ou autres.
Le montant total d'un milliard de francs CFA fixe pour les opérations annuelles comme seuil pour
l'assujettissement à la déclaration par la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014 concerne les crédits reçus
du budget général augmentés, éventuellement, du montant des financements mis à disposition par
les partenaires techniques et financiers, des ressources propres et/ ou des financements obtenus auprès
des établissements bancaires ou assimilés.
Article 3 : Les personnes exerçant les attributions d'administrateur de crédits, d'ordonnateur de
recettes ou de dépenses, ou de comptable public des entités et activités présentées sur la liste
de l'annexe n° 1 sont soumises à la déclaration de patrimoine.
La non-inscription sur cette liste de structures ou activités ne décharge pas de l'obligation de
déclaration les personnes y exerçant les attributions d'administrateur de crédits, d'ordonnateur
de recettes ou de dépenses ou de comptable public, dès lors que les opérations annuelles
effectuées atteignent le montant d'un milliard de francs CF A.
Article 4 : Les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses et les
comptables publics des entités, activités ou fonds créés après la publication du présent décret
seront assujettis à la déclaration de patrimoine, dès lors que leurs opérations annuelles
atteignent ou dépassent un milliard de francs CF A. Ils sont tenus de déposer leur déclaration
dans un délai de trois (3) mois suivant leur nomination ou élection et ce, conformément à
l'article 2 de la loi n° 2014-17 du 02 avril 2014.
Article 5 : La liste des personnes mentionnées à l'article premier fera l'objet d'actualisation, compte
tenu de l’évolution à la baisse ou à la hausse du montant des opérations effectuées par tout
agent comptable ou de l'ordre administratif visé par la loi.
Les données budgétaires et comptables relatives à de telles variations seront transmises, sans
délai, au Président de l'Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC)
par le Ministre de l'Économie, des Finances et du Plan et/ou le responsable de l'organisme
concerné ou à défaut, par l'assujetti lui-même.
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Rapport Public d’activités 2014-2015
Article 6 : Les assujettis sont tenus de remplir le formulaire de déclaration de patrimoine, objet
de l'annexe 2 du présent décret.
Article 7 : La déclaration de patrimoine doit comporter toutes les informations relatives aux biens
et actifs détenus par la personne concernée, directement ou indirectement. Les assujettis
mariés sous le régime communautaire doivent aussi déclarer les biens de la communauté ou
les biens réputés indivis.
Article 8 : Outre les éléments de l'actif qui intègrent les créances, le déclarant doit mentionner le
passif de son patrimoine incluant les dettes hypothécaires, les dettes personnelles, les dettes
communes (sous le régime communautaire) et tout autre engagement qu'il juge nécessaire de
signaler.
La mention NÉANT doit être inscrite dans les rubriques non remplies.
Article 9 : Pour les biens immobiliers, le déclarant communique les adresses et les copies certifiées
conformes des titres de propriété.
Article 10 : Dans le cas d'un renouvellement de déclaration, les opérations ayant affecté la compo-
sition des biens (achats, ventes, emprunts contractes, successions reçues, transferts, donations,
etc.) doivent être déclarées et les variations de patrimoine justifiées.
Article 11 : Le formulaire de déclaration de patrimoine, rempli et signé, accompagné des pièces
justificatives et d'une note explicative, doit être déposé auprès de l'Office National de Lutte
Contre la fraude et la Corruption (OFNAC) contre décharge ou adresse au Président de ladite
structure, par courrier recommandé avec accusé de réception.
Le formulaire doit être signé personnellement et chaque page paraphée,
Article 12 : L'OFNAC procède à la vérification de chaque déclaration de patrimoine composée
du formulaire rempli, des pièces justificatives et de la note explicative.
Article 13 : Les personnes occupant les positions citées à l'annexe 1 du présent décret et qui exercent
leurs fonctions avant la promulgation de la loi sur la déclaration de patrimoine, sont soumises
au régime de l'effet immédiat.
Article 14 : Le Ministre de l'Économie, des Finances et du Plan et le Ministre de l'Intégration
Africaine, du NEP AD et de la Promotion de la Bonne Gouvernance sont chargés, chacun en
ce qui le concerne, de l' exécution du présent décret qui sera publié au journal officiel de
la République du Sénégal.
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Annexe 6
Encadré 2
Cadre juridique,
Dispositif stratégique et opérationnel de lutte contre la corruption au Sénégal
Principaux repères
A. Cadre juridique
Plusieurs textes législatifs et réglementaires répriment les faits de corruption dans des
secteurs et domaines spécifiques ; les principaux textes concernés sont :
- le Code pénal, notamment en son Livre 1er, chapitre IV, articles 119 à 279 ;
- le Statut général des fonctionnaires (loi n° 61-33 du 15 juin 1961) ;
- les dispositions pertinentes des statuts spéciaux et particuliers des différents corps de l’État
(tous ces statuts contiennent des dispositions réprimant la fraude et la corruption) ;
- les codes et textes relatifs aux activités économiques, sociales et culturelles : codes des
marchés publics, de l’environnement, des mines, etc.
- les dispositions pertinentes des conventions internationales auxquelles le Sénégal est
partie, transposées dans le droit positif sénégalais interne, exécutées dans le cadre de la
coopération judiciaire, ou, le cas échéant, d’application directe.
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Annexe 7
Encadré 3
Convention des Nations Unies contre la corruption (2003)
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Annexe 8
Communiqué de Jakarta sur les principes pour les Institutions de lutte contre la corruption
(Jakarta, du 26 au 27 novembre 2012)
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Prenant acte avec satisfaction des normes pour les Autorités anti-corruption élaborées par les
Partenaires européens contre la corruption/le Réseau de points de contact de l’UE contre la corruption
(EPAC / EACN) saluées par la 6e Conférence annuelle et Assemblée générale d'IAACA ;
Prenant acte avec satisfaction de la volonté du G20 de donner l'exemple en «renforçant le fonction-
nement efficace des organes anti-corruption ou des instances chargées de l'application de la loi dans
la prévention et la lutte contre la corruption, [...] permettant à ces instances d’exercer efficacement
leurs fonctions à l’abri de toute influence indue »;
Prenant acte avec satisfaction des efforts déployés par Transparence Internationale lors de la 15e
Conférence internationale contre la corruption à Brasilia pour promouvoir l'indépendance et
l'efficacité des ILC ;
Les participants :
1. Recommandent les principes suivants pour garantir l'indépendance et l'efficacité des ILC :
- DU MANDAT : Les ILC doivent avoir des mandats clairs pour lutter contre la corruption à travers
la prévention, l'éducation, la sensibilisation, des enquêtes et des poursuites, soit par l’intermédiaire
d'un seul organe ou de plusieurs organes coordonnés ;
- DE LA COLLABORATION : Les ILC ne doivent pas exercer leurs fonctions en isolement. Ils
doivent favoriser de bonnes relations de travail avec les organismes publics, la société civile, le
secteur privé et d'autres parties prenantes, y compris la coopération internationale ;
- DE LA PERMANENCE : Les ILC doivent, conformément aux principes juridiques fondamentaux
de leurs pays, être mis en place par un cadre juridique adéquat et stable, comme la Constitution
ou une loi spéciale pour garantir la continuité de l'ILC;
- DE LA NOMINATION : Les dirigeants des ILC sont désignés à l'issue d'un processus qui garantit
leur apolitisme, impartialité, neutralité, intégrité et leur compétence;
- DE LA CONTINUITÉ : En cas de suspension, révocation, démission, retraite ou de fin du mandat,
tous les pouvoirs du dirigeant de l'ILC sont délégués par la loi à un responsable compétent de l'ILC
dans un délai raisonnable jusqu'à la nomination du nouveau dirigeant de l’ILC;
- DE LA RÉVOCATION : Les dirigeants d'ILC sont inamovibles et ne peuvent être révoqués que
par le biais d'une procédure légalement établie correspondant à la procédure de révocation d'une
haute autorité indépendante, expressément protégée par la loi (comme le Président de la Cour
suprême) ;
- DE LA CONDUITE EXEMPLAIRE : Les ILC doivent adopter des codes de conduite qui obligent
leurs personnels à faire preuve d'une éthique exemplaire et adopter un régime de contrôle
rigoureux ;
- DE L’IMMUNITÉ : Les dirigeants et personnels des ILC jouissent de l'immunité à l'égard des
poursuites intentées au criminel et au civil pour tout acte commis dans le cadre de l'exercice de
leurs missions. Les dirigeants et personnels d’ILC seront protégés contre des poursuites abusives
en matière de procédures civiles et pénales.
- DE LA RÉMUNÉRATION : les employés des ILC doivent être rémunérés à un niveau qui permet-
trait l'emploi d'un nombre suffisant de personnels qualifiés ;
174
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Annexe 9
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