Mouvements Et Enjeux Sociaux: BOONGI EFONDA EFOLOTE, Assistant À La Faculté Des Sciences Sociales, Université
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Mouvements Et Enjeux Sociaux: BOONGI EFONDA EFOLOTE, Assistant À La Faculté Des Sciences Sociales, Université
1. PROLEGOMENES
personnes déplacées(3). Le champ d'études couvre l'ensemble du continent africain, car toutes
les cinq sous-régions qui le composent sont concernées.
Outre cette brève introduction et la conclusion reprise à la fin, l'étude comprend trois
parties : les diverses causes de l'afflux des réfugiés, l'instabilité politique comme cause
profonde et les solutions préconisées.
3
Déclaration du porte-parole du HCR sur RFI
4
MAVUNGU MVUMBI, Les relations inter africaines , Paris, Cheam, 1990, p.9.
5
Pierre François GONIDEC, Relations internationales africaines Paris , L.G.D.J, 1996, p.17.
6
Pierre François GONIDFC, Les systèmes politiques africaines, 2 ème édition, Paris, LGDJ, p.153.
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population. L'Afrique vit dans un paradoxe où le sol est riche, sur lequel vit une population
extrêmement pauvre.
Le Plan d'action de Lagos adopté en avril 1980 confirmant le bon choix de l'Afrique
de promouvoir un développement collectif, auto-dépendant, endogène ainsi qu'une
intégration économique, est resté lettre morte.
Le phénomène le plus courant est que certains Africains fuient leurs pays pour des
raisons économiques et espèrent vivre mieux dans un autre pays. C'est le cas des Tchadiens
qui se rendent par centaines en Libye, et des Congolais en Afrique du Sud et en Angola...
Actuellement, le nombre des réfugiés ayant quitté leurs pays d'origine pour des raisons
économiques et matérielles ne fait que croître. Et ceux qui fuient leurs pays à cause de la
faim, de la misère, du chômage, sont également nombreux, avec l'espoir de trouver mieux sur
le territoire d'accueil.
A ce tableau noir, s'ajoutent les conséquences néfastes des contraintes des mesures
d'ajustement structurel des institutions financières internationales, surtout celles du système
de Bretton Woods, imposées aux Etats africains.
7
Guide des procédures à appliquer pour déterminer le statut de réfugié au regard de la convention de 1951, et du
protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés, HCR, Genève, 1992, p.15.
8
BANYAKU LUAPE, Sociologie des conflits internationaux, cours inédit, L2 RI, Unikin, 1999-2000.
9
Colette BRAECKMAN, Terreur Africaine : Burundi, Rwanda, Zaire. Les racines de la violence, Bruxelles, Fayard,
1996, pp.142-145.
4
II.4. Les causes trouvant leur source dans les conflits armés
L'Afrique est le continent qui enregistre le plus grand nombre de conflits armés où plus
d'un tiers des 54 Etats qui la composent, est concerné, et dont la plupart sont liés à la
décolonisation, à la question nationale, aux conflits territoriaux, aux divergences d'ordre
politique, à l'autodétermination etc.
Ces différents conflits ont débouché soit sur des rébellions (Angola, Sénégal,
Tchad, Mozambique, Ouganda, Soudan, Burundi, Rwanda...) soit sur des conflits inter-
étatiques (Ethiopie-Erythrée, coalition burundo-ougando-rwandaise contre la RDC...).
Tous ces conflits qui se révèlent comme étant d'une autre génération ne font qu'accroître
les difficultés des populations africaines déjà meurtries, obligeant ainsi des millions
d'habitants à aller trouver refuge sous d'autres cieux beaucoup plus cléments.
« Les autorités zaïroises constatent par ailleurs que la présence humaine d'un million de
réfugiés dans une région déjà pratiquement instable surtout le Nord-kivu déstabilise toute
la région et cause d'énormes dangers écologiques ) (10)
Selon le bulletin d'information du HCR, en mai 1996, le nombre total des réfugiés
rwandais recensés au Burundi est de 91456.
Au 19/04/1996, on comptait au total 209.374 réfugiés burundais enregistrés : 70.033 dans
la région de Ngara et 25.965 à Kigoma en Tanzanie, 109.374 dans la région d'Uvira (11).
II.5. D'autres causes
Selon, Koffi Annan, Secrétaire Général de l'ONU, les sources des conflits reflètent
cette diversité et cette complexité. Certaines sont purement internes, d'autres encore ont
d'importantes dimensions internationales. Il relève les facteurs internes (la nature du
pouvoir politique), les facteurs externes (les interventions extérieures ainsi que des
motivations économiques). Se penchant sur le cas particulier de l'Afrique centrale, le
secrétaire général de l'ONU souligne aussi le manque de terres et de ressources en eau
dans les zones fortement peuplées. Au Rwanda par exemple, les vagues successives de
déplacement des populations font que plusieurs familles revendiquent souvent le même
lopin de la terre(12).
10
Jean Pierre GODDING, Le retour des réfugiés dans l'impasse in DIALOGUE, N°191,
juin-juillet 1996, p.84
11
Revue DIALOGUE, p.131.
12
" Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en
Afrique in Rapport du Secrétaire Général présenté au Conseil de Sécurité de Nations
Unies le 16 avril 1998, p.1-3.
5
ailleurs ce qui l'accable, aujourd'hui plus que jamais, c'est elle-même que l'Afrique doit
examiner.
C'est la nature du pouvoir politique dans bien des pays d'Afrique, de même que les
conséquences réelles ou perçues comme telles - de la prise du pouvoir et du maintien de celui-
ci qui est une source majeure de conflit dans le continent» (13).
L'homme politique ne s'est pas encore démarqué de la conception traditionnelle du
pouvoir comme étant une propriété privée, une affaire de clanisme et de clientélisme
politique où la contradiction ne peut exister. Le chef doit régner en maître absolu sur ses
sujets.
Transposée au niveau national, cette conception du pouvoir, loin de contribuer à
l'épanouissement et au progrès, constitue un blocage qui, à la longue, deviendra un cause de
discorde et de tensions sociales où l'homme politique, devenant méfiant, s'entourera des
siens et s'opposera à tout dialogue avec les autres couches de la société.
Il arrive fréquemment en effet que le vainqueur politique remporte tout, richesse et
ressources, patronage, prestige et prérogatives du pouvoir. Ce phénomène s'accompagne
souvent d'un sentiment d'intérêt (ou de préjudice) collectif, renforcée dans bien des cas par
l'utilisation des formes centralisées et hautement personnalisées du gouvernement »(14)
Il est un besoin naturel et légitime de tout être humain de vivre et de s'épanouir dans le
cadre approprié, en occurrence son propre pays. Mais cela est devenu un rêve pour les
Africains contraints malgré eux par divers événements de quitter leurs pays d'origine.
13
Rapport du Secrétaire Général, op.cit., p.3.
14
Ibidem, p.3.
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4. Un développement social
Cela passe par un investissement dans les ressources humaines, la détermination des
priorités en matière de santé publique et une meilleure attention à la justice sociale.
5. Le non recours à la force comme moyen de règlement des différends
La charte de l'ONU proscrit tout recours à la force : « les membres de l'organisation
s'abstiennent dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l'emploi de la
force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute
autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies (art. 2 § 4).
En tant que membres des Nations Unies, les Etats africains devront se conformer 'à
cette disposition de la charte et préconiser le dialogue' et le, règlement pacifique de leurs
différends aussi bien endogènes qu'exogènes.
7
Conclusion
Sans être aussi fréquents et aussi denses qu'à l'époque contemporaine, les mouvements
massifs internationaux des réfugiés apparaissent à toutes les époques et dans tous les pays
puisqu'ils représentent la réaction instinctive des populations contre la tyrannie politique.
Le problème des réfugiés sur le continent africain constitue une honte pour un
continent qui n'arrive pas toujours à panser ses plaies, et une charge immense pour la
communauté internationale qui a aujourd'hui d'autres priorités à régler.
Au lieu de créer encore d'autres réfugiés, il est impérieux aujourd'hui pour les
systèmes politiques africains de mettre en place des conditions nécessaires et propices à
l'existence des Etats modernes capables de s'assumer et de se développer. II appartient au
politique d'instaurer le climat de paix, de renoncer à la violence, à l'exclusion, à la
discrimination raciale, en vue de créer une cohésion nationale à même de favoriser tout
développement.
C'est seulement de cette manière que l'Africain prendra le goût de rester chez lui et ne
plus être tenté de quitter son pays pour se mettre à l'abri des persécutions ou d'une mort
certaine.
Par ailleurs, la communauté internationale a aussi sa part de responsabilité dans la création
des réfugiés pour justifier la collecte et l'utilisation de certains fonds : une « affaire juteuse »
en somme.
Il appartient plus aux gouvernements africains de prendre plus conscience du
phénomène et de s'engager à y mettre fin Car il y va de la sécurité de leur propre pouvoir ainsi
que de celui des Etats qu'ils ont la charge de diriger.