These Laurent Pino
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ECOLE DOCTORALE
SCIENCES POUR L’INGENIEUR
DE NANTES
Année 2000
Thèse de DOCTORAT
Discipline : Sciences pour l’ingénieur
Spécialité : Génie mécanique
Laurent PINO
Le 21 janvier 2000
Jury :
Les travaux présentés dans cette thèse ont été réalisés au sein l'équipe CMAO et Productique
dans l'Institut de Recherche en Communication et Cybernétique de Nantes.
J'adresse mes plus vifs remerciements à Monsieur Fouad Bennis, Maître de Conférences à
l'École Centrale de Nantes, pour la qualité de son encadrement et son soutien permanent pour la
réalisation de ce travail.
Je remercie l'ensemble des membres de l'équipe CMAO et Productique auprès desquels j'ai
trouvé un soutien et une ambiance agréable.
Je remercie également, Christophe Garnier, Virginie et Damien Chablat pour leurs conseils et
leur aide à la réalisation de ce mémoire.
Je remercie aussi l'ensemble des thésards de l'équipe CMAO et Productique ainsi que ceux de
l'équipe Robotique pour leur aide et la bonne ambiance qu'ils ont instaurée tout au long de ces
trois années.
Mes derniers remerciements iront à mes parents, à ma famille et aux familles Grech et Lagana,
qui m'ont soutenu tout au long de mes études et particulièrement au cours de mes années de
thèse.
Table des matières
INTRODUCTION.................................................................................................................. 11
L. PINO
Table des matières 7
L. PINO
Tables des illustrations
L. PINO
10 Tables des illustrations
Figure 89 : Intersection entre l’espace de travail de l’extrémité du calibre et l’ESAC de l’alésage G ______ 140
Figure 90 : Dessin de définition ____________________________________________________________ 141
Figure 91 : Modèle octree de l’espace des configurations du calibre________________________________ 142
Figure 92 : Exemple de domaine de validité du groupe __________________________________________ 143
Figure 93 : Coupe de l’espace des configurations à αa = 0.03 degrés _______________________________ 143
Figure 94 : Pièce ne pouvant être au maximum de matière _______________________________________ 150
Figure 95 : Pièce pouvant être au maximum de matière __________________________________________ 150
Figure 96 : Pièce au maximum de matière ____________________________________________________ 152
Figure 97 : Classes variationnelles de deux pièces d’un assemblage [Robinson 98] ____________________ 152
Figure 98 : Etude de l’assemblage de deux pièces au maximum de matière___________________________ 153
Figure 99 : Exemple de pièce virtuelle _______________________________________________________ 154
Figure 100 : Condition virtuelle et résultante au maximum de matière d’un alésage____________________ 155
Figure 101 : Exemple d’utilisation d’un modificateur de référence _________________________________ 156
Figure 102 : Extension des conditions virtuelle et résultante.______________________________________ 157
Figure 103 : Dessin de définition ___________________________________________________________ 159
Figure 104 : Extension des conditions virtuelle et résultante ______________________________________ 161
Figure 105 : Pièce virtuelle et résultante _____________________________________________________ 161
Figure 106 : Interprétation des tolérances dimensionnelles _______________________________________ 175
Figure 107 : Tolérances de dimension linéaire _________________________________________________ 176
Figure 108 : Conformité d’une tolérance dimensionnelle d’après [ASME 94b]________________________ 177
L. PINO
Introduction
Le tolérancement de systèmes mécaniques est une des étapes clefs de la création d’un produit.
Les effets induits par le tolérancement ont une influence sur la qualité du produit fini. La maîtrise
des défauts géométriques au cours de la fabrication des pièces mécaniques permet de garantir la
qualité finale du produit. Le but n’est pas d’éviter à tout prix les défauts géométriques mais
seulement de les prévoir, les prendre en compte et vérifier que leurs effets permettront au produit
de respecter un besoin fonctionnel donné.
Pour choisir les défauts autorisés à une entité géométrique, il existe actuellement des normes
internationales de tolérancement. L’une des dernières évolutions de ces normes est la création
d’une norme mathématique de tolérancement [ASME 94a]. Le but de cette dernière est de définir
de manière mathématique les spécifications du tolérancement.
Bien qu’il y ait une demande pressente, de la part des industriels, il n’existe pas actuellement
d’outils permettant de gérer entièrement le tolérancement tout au long du cycle de vie d’un
système mécanique. Cette carence n’est pas due au fait d’un manque de recherche sur le
tolérancement, bien au contraire, elle serait plutôt due, en grande partie, au passé des normes de
tolérancement. En effet, ces dernières de part leur historique sont plus orientées vers le contrôle
des spécifications que vers l’analyse. En outre il reste également à résoudre des difficultés au
niveau fondamental sur la complexité des effets géométriques sur le comportement du système
mécanique.
Nous ne souhaitons pas ici remettre en cause les normes de tolérancement, mais plutôt, proposer
une modélisation et des outils d’aide au tolérancement. Les récents travaux de Srinivasan sur la
mathématisation du tolérancement ont mis en évidence que ces outils d’aide au tolérancement
devaient prendre en compte une notion de balayage entre les zones de tolérances [Srinivasan 93].
Nous proposerons, après avoir analysé certains aspects des normes de tolérancement, une
modélisation cinématique des zones de tolérances.
Nous avons décomposé notre étude en trois objectifs complémentaires montrant que la
modélisation cinématique de tolérances est un outil unifié d’aide au tolérancement.
Le premier objectif est de proposer une méthode de calcul pour le transfert des zones de
tolérances d’un référentiel vers un autre référentiel. Cet outil est utilisable en phase d’analyse de
tolérance au cours de la conception ou de la fabrication.
Le deuxième aspect que nous mettons en évidence est le calcul des effets des modificateurs
d’état au maximum de matière sur les dimensions des zones de tolérances. Ceci dans le but
d’analyser les assemblages de pièces mécaniques et d’éviter au pire des cas des interférences
entre les pièces.
Le troisième objectif de ce travail est de proposer une méthode de vérification des tolérances
géométriques comportant des modificateurs d’état au maximum de matière.
12 Introduction
Dans le premier chapitre, nous présenterons les différentes étapes de l’analyse et de la synthèse
de tolérances pour un assemblage. Puis nous effectuerons un état de l’art des différents modèles
de tolérancement. Ceci pour permettre de comprendre les différentes étapes du tolérancement au
cours du cycle de vie d’un assemblage. On remarquera en particulier la multiplicité des modèles
existants et le besoin de rechercher un modèle unifié utilisable dans toutes les phases du cycle de
vie du produit.
Dans le deuxième chapitre nous présenterons les spécifications normalisées utilisées dans la
définition des assemblages. Nous étudierons la création et l’association des références et des
systèmes de références. Ces derniers sont des éléments primordiaux pour la définition
d’assemblages. Puis nous étudierons en détail les modificateurs d’état et leurs effets sur les
tolérances de localisation. Les modificateurs permettent de définir facilement des spécifications
liées aux assemblages. Nous détaillerons aussi les spécifications de raffinement des tolérances de
localisation. Nous mettrons en évidence, dans ce chapitre, que les modèles de balayages sont
bien adaptés pour modéliser pleinement les effets des modificateurs d’état.
Dans le troisième chapitre, nous présenterons le modèle cinématique développé par Louis Rivest
[Rivest 94a]. Nous présenterons une extension de ce modèle afin de prendre en compte
l’existence, éventuelle, de boucles fermées dans le mécanisme cinématique virtuel. Ce modèle
permet de créer une structure cinématique qui balaye l’espace d’une zone de tolérance. L’étude
de ce balayage permet de calculer l’union et l’intersection d’un ensemble de zones de tolérances.
L’union et l’intersection sont utilisées pour l’étude du transfert de tolérances ou au cours de la
validation d’un assemblage. Nous proposons deux méthodes permettant de calculer l’union et
l’intersection de zones de tolérances de manière analytique et générique.
Dans le quatrième chapitre nous étudierons la vérification de pièces comportant des
modificateurs d’état au maximum de matière. En effet, les effets induits par les modificateurs
d’état sont quelques fois difficilement vérifiables par des méthodes classiques de vérification
telles que les machines à mesurer tridimensionnelles ou les méthodes graphiques manuelles
(paper gaging). Nous proposerons une méthode permettant de vérifier à la fois les aspects
qualitatifs de la réalisation d’une entité, mais aussi les aspects quantitatifs en calculant,
notamment, la valeur actuelle des tolérances. Ces deux aspects sont importants, car ils
permettent, d’une part de savoir si une pièce est conforme aux spécifications de tolérancement
qui la définissent, et d’autre par de proposer une valeur permettant de quantifier le respect de ces
spécifications. Ils mettent en évidence les entités à corriger pour les pièces de grande valeur
ajoutée, déclarées non conformes. Ces informations peuvent également être utilisées dans le
cadre de la maîtrise statistique de procédés pour contrôler les dérives éventuelles du procédé
d’obtention des entités.
Finalement, nous proposons dans le cinquième chapitre une extension de la création des pièces
virtuelles et résultantes. Ces deux pièces permettant de calculer facilement l’assemblage de
L. PINO
Introduction 13
système mécanique sans prendre en compte l’infinité de pièces possibles des classes
variationnelles.
L’ensemble de cette contribution permet de mettre en évidence l’apport des méthodes de
balayage aussi bien en analyse d’assemblage, en fabrication (transfert de tolérances) qu’en
mesure.
La mise en place de ces outils s’appuiera sur des exemples montrant l’intérêt des méthodes
proposées pour la création de tolérance, la vérification de ces dernières, la fabrication et le
contrôle de pièces fabriquées.
L. PINO
Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
Sommaire
1-1 Introduction........................................................................................................................................... 16
1-2 Tolérancement dans les métiers de la production .............................................................................. 17
1-3 Définition mathématique du tolérancement ....................................................................................... 19
1-3.1 Abstraction au niveau de la pièce ................................................................................................... 19
1-3.2 Abstraction au niveau de l’assemblage........................................................................................... 21
1-4 Outils d'analyse et de synthèse des tolérances .................................................................................... 24
1-4.1 Analyse des tolérances.................................................................................................................... 26
1-4.1.1 Analyse au « pire des cas » ...................................................................................................... 27
1-4.1.2 Analyse statistique .................................................................................................................... 29
1-4.1.3 Hypothèse du défaut de forme nul en analyse des tolérances................................................... 30
1-4.1.4 Accumulations des dispersions de fabrication.......................................................................... 30
1-4.2 Synthèse des tolérances .................................................................................................................. 31
1-4.3 Contrôle et inspection ..................................................................................................................... 32
1-4.4 Outils d’ingénierie simultanée ........................................................................................................ 33
1-5 Modèles de spécifications...................................................................................................................... 33
1-5.1 Modèles par décalage de surface .................................................................................................... 34
1-5.2 Modèle des exigences fonctionnelles sur les frontières virtuelles .................................................. 35
1-5.3 Pièce virtuelle et pièce résultante.................................................................................................... 38
1-5.4 Modèles cinématiques .................................................................................................................... 38
1-5.4.1 Structure cinématique ............................................................................................................... 38
1-5.4.2 Géométrie variationnelle .......................................................................................................... 39
1-5.4.3 Dimensionnement cinématique des mécanismes...................................................................... 39
1-5.5 Modèles paramétriques................................................................................................................... 39
1-5.6 Tolérancement vectoriel ................................................................................................................. 40
1-6 Normalisation du tolérancement.......................................................................................................... 41
1-6.1 Vérification de la syntaxe des tolérances........................................................................................ 42
1-7 Tolérancement et modeleurs volumiques............................................................................................ 42
1-7.1 Modeleurs volumiques.................................................................................................................... 42
1-7.2 Intégration du tolérancement dans les modeleurs XAO ................................................................. 44
1-8 Conclusion.............................................................................................................................................. 45
16 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
1-1 Introduction
Le 20ème siècle est sûrement le siècle qui a vu le plus grand nombre de bouleversements
technologiques que l’humanité ait connu. En effet, depuis la fin du 19ème siècle, la révolution
industrielle a profondément changé notre vie quotidienne. Pour répondre aux besoins de la
société, la production industrielle a augmenté et de nouvelles techniques, telles que les chaînes
de production, sont apparues. La principale devise de l’industrie était : produire de plus en plus,
en moins en moins de temps et au plus bas coût.
Pour réussir ce défi, les entreprises manufacturières ont réorganisé leurs structures (bureaux
d’études, production, contrôle, etc..) et ont développé des techniques pour améliorer la qualité de
leurs produits. Ainsi, depuis le début des années 80, tout le cycle industriel du produit peut être
géré par ordinateur. La conception (Conception Assistée par Ordinateur), la fabrication
(Fabrication Assistée par Ordinateur) et le contrôle ont pu être améliorés. La modélisation
géométrique des pièces constituant les produits a aussi évolué grâce à la possibilité de
représenter des surfaces complexes telles que les surfaces de Bézier ou les BSplines.
Malheureusement, même si la production est maintenant assurée par des machines outils à
commandes numériques, les pièces fabriquées ne pourront jamais correspondre exactement à
celles issues de la maquette numérique. En effet, les dispersions de fabrication ne peuvent pas
être complètement éliminées mais seulement contrôlées. La notion de tolérances introduite au
début du siècle, et standardisée par des normes internationales, permet de modéliser et de
classifier ces dispersions. Ces tolérances que l’on qualifie actuellement de tolérances
dimensionnelles, ont permis d’assurer la gestion de la qualité et de la géométrie des pièces
jusqu’au début des années 80.
L. PINO
1-2. Tolérancement dans les métiers de la production 17
De nombreuses publications proposent un état de l’art assez complet des différents outils et
utilisations du tolérancement :
• Etat de l’art général [Voelcker 93, Rivest 94a, Ballot 95a]
• Représentation des tolérances [Roy 91, Juster 92] ;
• La théorie des tolérances et algorithmes d'inspection [Feng 91];
• Spécification des tolérances [Ballu 94, Mathieu 97b] ;
• Analyse des tolérances [Chase 91,Nigam 95] ;
• Synthèse des tolérances [Zhang 92b, Zhang 94].
Le but de ce chapitre n’est pas de refaire un état de l’art exhaustif sur le tolérancement, mais de
présenter les travaux les plus récents et les plus novateurs.
L. PINO
18 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
vont influer sur l’ensemble des étapes suivantes du cycle de vie du produit et donc sur le coût de
production. Il va essayer de définir au plus juste les tolérances permettant de réaliser les besoins
fonctionnels. Il doit donc calculer le comportement du système mécanique et des pièces le
composant. Il doit prendre en compte les variations physiques des pièces pendant le
fonctionnement. Variations dues à la température, à la pression ou à n’importe quel phénomène
physique que la pièce devra supporter. Le concepteur va exprimer tous ces besoins à l’aide de
tolérances.
Un autre point à prendre en compte au cours de la création du tolérancement est lié aux
contraintes de fabrication. Car le coût du produit dépend entre autre de la fabrication. Des
tolérances trop faibles ou mal évaluées, entraîneront la mise en œuvre de moyens de production
très précis et entraîneront souvent un surcoût de fabrication. Un choix doit donc être fait et un
compromis trouvé entre le coût minimum de réalisation et les besoins fonctionnels déjà
exprimés. Le fabricant a donc besoin d’outils lui permettant de l’aider dans ses choix, comme par
exemple des outils de création automatique de gammes d’usinage ou des outils lui permettant de
calculer le transfert de tolérances et de simuler des usinages. En effet, il est difficile de transférer
une tolérance exprimée dans un référentiel vers un autre référentiel. De plus, il n’existe pas
encore d’outils d’aide aux calculs des accumulations des dispersions de fabrication sur la
réalisation d’une entité, quand la définition de cette dernière est complexe. L’un des problèmes
qui se pose alors est de pouvoir vérifier la capabilité d’un procédé et d’un processus de
fabrication pour un usinage donné [Farmer 99].
L’avant dernière étape de la fabrication d’une pièce est son contrôle. Elle vise à vérifier que la
pièce fabriquée est conforme aux spécifications définies par le bureau d’étude. Elle permet aussi
de vérifier les variations du procédé et du processus de fabrication pour éventuellement les
corriger. L’évolution numérique des moyens de contrôle actuels entraîne une demande pour de
nouvelles méthodes permettant la mise en œuvre de ces nouveaux moyens.
L. PINO
1-3. Définition mathématique du tolérancement 19
Le dernier stade de la fabrication est l’assemblage des différentes pièces fabriquées ainsi que
l’essai de la mise en fonctionnement du produit. C’est souvent à ce stade que l’on se rend compte
des erreurs commises durant les opérations précédentes. C’est pourquoi il faut des outils pour
étudier les assemblages et les effets des tolérances sur le fonctionnement de l’assemblage et ce
dès la conception. Le coût des prototypes physiques et le temps de réalisation de ceux-ci, devient
maintenant un handicap dans leur création. La maquette numérique doit remplacer les prototypes
physiques, mais elle nécessite de maîtriser parfaitement les effets des tolérances de conception et
de fabrication sur le comportement de l’assemblage. L’analyse des différents états de
l’assemblage permet aussi de vérifier les jeux fonctionnels que l’on désirait réaliser.
Le procédé de création et de fabrication d’un système mécanique nécessite la création d’une
gamme de méthodes et d’outils permettant l’aide et la vérification du tolérancement.
L. PINO
20 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
Cette notion proposée par Requicha [Requicha 77, Requicha 83] et reprise par [Jayaraman 89,
Srinivasan 89, Boyer 91, Robinson 98] s’appelle classe variationnelle. Les tolérances forment
une représentation de la classe variationnelle, c’est une façon simple de prendre en compte
l'infinité de pièces pouvant respecter la fonction.
Dans tout ce chapitre, la notion de tolérance ne signifie pas nécessairement des tolérances
normalisées mais les spécifications qui permettent au concepteur de définir une classe
variationnelle répondant à un besoin fonctionnel.
La notion de classe variationnelle proposée par Requicha [Requicha 83], possède les deux
propriétés de base suivantes :
- La classe variationnelle doit contenir la pièce nominale.
- La classe variationnelle ne doit pas contraindre une portion ou une frontière d'une entité
du solide à être de forme parfaite ou en situation exacte (notion de zone de tolérance). Le
non-respect de cette propriété voudrait dire que tous les solides de la classe devraient
avoir une entité de forme parfaite ce qui est irréalisable.
La classe variationnelle est définie par la représentation nominale du solide complétée par des
spécifications des tolérances. Le solide nominal est le représentant de la classe.
Exemple :
La figure 2 montre une définition d’un solide nominal. C’est un disque de diamètre 10mm et
d’épaisseur 1.5mm. La figure 3, définit une classe variationnelle à partir de ce solide nominal.
C’est l’ajout des tolérances dimensionnelles qui définit la classe variationnelle.
L. PINO
1-3. Définition mathématique du tolérancement 21
L. PINO
22 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
Soient :
- Ms l'espace de modélisation des solides, c’est-à-dire l’espace de tous les r-set non vides.
- n le nombre de solides de l’assemblage.
- Cs le produit cartésien de n fois Ms. Cs est l’espace des configurations des solides.
Cs = Ms x Ms x … x Ms .
- Mt l'espace des transformations rigides.
- Ct le produit cartésien de n fois Mt. Ct est l’espace des configurations des transformations
rigides. Ct = Mt x Mt x … x Mt.
- Ca = Cs x Ct l’espace de configuration des assemblages.
- σ = (S1, S2,..., Sn), un élément de l'espace de configuration des solides Cs.
- τ = (T1, T2,..., Tn), un élément de l'espace de configuration des transformations rigides Ct.
Chaque Ti permet de définir la situation du solide Si dans l’espace euclidien.
L. PINO
1-3. Définition mathématique du tolérancement 23
L. PINO
24 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
Généralement, les travaux sur les assemblages tels que la planification d’assemblages ou l’étude
de faisabilité de l’assemblage, se font à l’aide des classes non-variationnelles.
Pour être performant, les outils d’analyse des assemblages doivent prendre en compte les
tolérances (les classes variationnelles) en utilisant la notion d’assemblages variationnels.
Nous allons maintenant voir les différentes méthodes pour effectuer l’analyse et la synthèse de
tolérancement.
On remarque bien que le tolérancement est présent dans tous les stades de vie du produit. Il
découle de l’ensemble des acteurs qui travaillent sur la définition et la fabrication des pièces
mécaniques. Le support des tolérances est actuellement le modeleur volumique qui définit la
géométrie nominale du produit.
Notons que selon les industriels, les ingénieurs de conception admettent que, dans la plupart des
cas, l'allocation des tolérances est guidée par l'expérience passée de l’ingénieur et les données
des capabilités des procédés. Les tolérances sont rarement le résultat d'un calcul objectif de ce
L. PINO
1-4. Outils d'analyse et de synthèse des tolérances 25
qui est nécessaire pour assurer au coût minimum la fonction que doit remplir le produit
[Schultheiss 99].
La difficulté de la définition du tolérancement vient des différents niveaux conceptuels où l’on
définit et vérifie les besoins fonctionnels. Ces besoins sont définis au niveau de l’assemblage,
puis répartis sur chaque pièce. Le tolérancement d’un système mécanique est donc effectué sur
les pièces et non pas sur le mécanisme. Le passage entre ces différents niveaux n’est pas une
chose aisée. Il dépend fortement de l’expérience et des compétences des différents acteurs.
Sur la figure 5 nous schématisons les différents niveaux de l’analyse des tolérances au cours de
la conception. A gauche de cette figure, se trouve l’abstraction au niveau de l’assemblage. C’est
à ce niveau que l’on définit les besoins fonctionnels de l’assemblage. Au niveau de l'assemblage,
on ne sait pas toujours exprimer en termes mathématiques (jeu ou écart) le besoin réel strict. On
dispose plutôt de concepts, qui découlent de la pratique, tels que par exemple, « cette pièce doit
guider en translation cette autre pièce ». Le concepteur choisit en général les tolérances les plus
contraignantes pour garantir le fonctionnement et éviter les problèmes ultérieurs [Gaunet 94,
Schultheiss 99].
Une répartition des tolérances au niveau de chaque pièce est ensuite effectuée, ce qui permet de
définir le besoin fonctionnel réel au niveau pièce (partie droite de la figure 5). La répartition des
jeux sur la géométrie des pièces intervenant dans l'assemblage n'est pas toujours simple à
effectuer. Elle conduit très souvent à une réduction du domaine de faisabilité au niveau de
chaque pièce. Cette répartition résulte d'un compromis permanent entre les contraintes
antagonistes des différents métiers et la fonction à satisfaire.
L. PINO
26 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
La traduction en tolérances normalisées des zones de faisabilité est une étape supplémentaire qui
réduit encore ce domaine. En effet les normes ne permettent pas de traduire tous les besoins
fonctionnels et peuvent entraîner des ambiguïtés d’interprétation entre les différents acteurs
[Ballu 94]. Des auteurs proposent même de définir des nouvelles formes de zones de tolérances
pour garder des pièces fonctionnelles qui seraient rejetées par les zones de tolérances
traditionnelles [Linares 99a, Linares 99b].
Afin d'effectuer les analyses nécessaires, l'utilisateur a souvent recours à des modèles
simplificateurs pour convertir les zones de tolérances en paramètres ou modèles mathématiques.
On parle alors de classe variationnelle paramétrique [Turner 87, Requicha 92]. Pour cela,
l'utilisateur pose des hypothèses simplificatrices, comme par exemple, la non-prise en compte
des défauts de forme, la perfection de la géométrie, etc.. Cette paramétrisation conduit à une
nouvelle réduction du domaine de faisabilité de l'assemblage.
D'autre part, l'analyse ne couvre pas nécessairement l'ensemble de la classe variationnelle
paramétrique, elle se limite souvent à l’étude au pire des cas. Ceci pour des raisons dues à la
complexité de calculs et à la longueur de ces derniers.
L. PINO
1-4. Outils d'analyse et de synthèse des tolérances 27
Selon cette définition, l'analyse permet de calculer y connaissant f et les valeurs des xi.
Cette manière de présenter le problème de l’analyse des tolérances a conduit à un ensemble de
modèles permettant de décrire les équations fonctionnelles. Nous détaillerons ces modèles dans
les paragraphes suivants.
Deux outils sont généralement utilisés pour calculer l’analyse de la fonction f :
• l’analyse au pire des cas ;
• l’analyse statistique.
Avec les hypothèses que nous avons faites, l’étude au pire des cas est simple. Cependant, la
modélisation se complique si nous prenons en compte les différents niveaux de défauts autorisés
au niveau de la géométrie.
La plupart des auteurs calculent le pire des cas en évaluant la valeur de la fonction f de
l’équation 3 pour les valeurs extrêmes des xi. Ceci ne garantit pas que la valeur de y soit critique
pour ces valeurs [Turner 87]. Cette hypothèse suppose que f est une fonction monotone.
Schultheiss et Hinze [Schultheiss 99] signalent que certains problèmes qui apparaissent en cours
L. PINO
28 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
de production sont dus au fait que le concepteur a ignoré, au cours de son étude, certains
paramètres qu’il ne pensait pas critiques, alors qu’ils l’étaient. Ceci est dû aussi au fait que la
complexité du système mécanique, de sa cinématique et de sa géométrie produit des effets dont
l’ingénieur n’a pas immédiatement conscience au cours de l’analyse. Etant donné que le champ
d’étude est trop vaste pour être totalement parcouru, l’ingénieur fait des hypothèses sur la
criticité de certains paramètres pour réduire le champ d’investigation.
Nous pensons qu’il n’y a pas forcément une seule configuration des différentes pièces qui aboutit
au pire des cas du mécanisme. De même qu’au niveau de la pièce, il n’y a pas une seule
configuration des paramètres qui aboutit au pire cas possible pour la pièce.
Les pires des cas doivent se trouver dans les limites de l’espace des configurations des
paramètres de la pièce ou de l’assemblage. Ils doivent se trouver sur les singularités liées à la
cinématique du mécanisme ou des zones de tolérances [Chablat 98, Bennis 99, Pino 99a,
Pino 99b ].
Robinson propose une formulation inverse du problème. Au lieu d’étudier la faisabilité de
l’assemblage en fonction d’un tolérancement quelconque, il propose des règles pour définir un
tolérancement permettant directement de créer deux pièces particulières de la classe
variationnelle. Les pièces au maximum et minimum de matière. C’est avec ces pièces que sera
effectué le calcul de la faisabilité et non pas avec l’ensemble des pièces de la classe
variationnelle. Ceci permet de simplifier l’étude au pire des cas [Robinson 98].
Pour vérifier la faisabilité de l’assemblage on utilise aussi des outils de calcul d’enveloppe. Ces
outils permettent de calculer l’enveloppe globale d’une pièce en prenant en compte l’effet de
l’ensemble des tolérances composant la pièce et de détecter les interférences entre ces
enveloppes, comme on le voit sur la figure 7 extraite de [Schultheiss 99].
De tels outils d’analyse nécessitent de modéliser à la fois les pièces de la classe variationnelle et
la cinématique de l’assemblage. Le modèle cinématique développé par Rivest répond en partie à
cette condition [Rivest 94a], ainsi que les travaux de Srinivasan et Jayaraman [Jayaraman 89,
L. PINO
1-4. Outils d'analyse et de synthèse des tolérances 29
Srinivasan 89], ceux de Joskowicz et Shacks [Joskowicz 97] et ceux de Pairel [Pairel 95,
Pairel 97].
L. PINO
30 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
la réalité, les variables xi sont rarement indépendantes, non centrées et ne suivent pas toujours
une loi normale. En plus, les modèles utilisent souvent des tolérances définies par des intervalles
et ne traitent pas directement les tolérances géométriques. On retrouve dans [Bennis 2000a] une
prise en compte des tolérances géométriques pour l'analyse statistique.
Cependant, les travaux de normalisation en tolérances statistiques sont en cours et vont
certainement permettre une avancée dans ce domaine [Srinivasan 97].
L. PINO
1-4. Outils d'analyse et de synthèse des tolérances 31
Gao et Chase proposent des outils pour calculer les dimensions des mécanismes et les variations
possibles des dimensions pour garantir une robustesse de ce dernier [Gao 95, Ravaut 99].
L. PINO
32 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
On peut imaginer un modèle de synthèse de mécanismes couplé avec un système de synthèse des
tolérances. Le mécanisme et son tolérancement seront donc optimisés pour que le
fonctionnement du mécanisme soit robuste vis à vis des perturbations entraînées par les
variations des entités le composant avec un coût global optimum.
Une autre voie de recherche possible est d’utiliser des notions de logique floue pour satisfaire au
mieux l’ensemble de ces concepts antagonistes et trouver un compromis raisonnable
[Bennis 2000b]. Cependant Antonsson [Antonsson 95] remarque qu’il faut bien distinguer la
modélisation floue des tolérances et la résolution en logique floue de l’optimisation des
tolérances.
L. PINO
1-5. Modèles de spécifications 33
Ainsi, il existe de nombreux besoins pour étudier les assemblages, et les pièces les composant au
cours de la conception, de la fabrication et du contrôle. Le but de notre travail est de proposer
une modélisation convenant à tous les acteurs et permettant de prendre en compte aussi bien les
aspects liés à l’analyse du mécanisme, que les aspects liés à l’analyse d’une unique pièce, ceci en
conception, en fabrication ou au cours du contrôle. Nous allons maintenant présenter les modèles
couramment utilisés dans l’analyse et la synthèse des tolérances.
L. PINO
34 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
∆D = J ∆G (4)
où J représente une matrice jacobienne associée à la pièce. La pièce est donc modélisée par une
représentation en fil de fer où chaque arête de la pièce représente une barre dont la dimension
peut varier. La variation des dimensions des barres va engendrer la variation de la géométrie de
la pièce.
La deuxième approche est celle de Requicha [Requicha 77, Requicha 83] qui ne regarde plus la
variation individuelle de chaque surface mais définit un modèle par zone de tolérances. Ces
zones sont obtenues à l’aide d’un décalage de la surface nominale (offset). Une surface fabriquée
sera conforme si elle est réalisée à l’intérieur de cette zone.
Nous allons maintenant présenter dans les paragraphes suivants les spécificités de chaque
modèle découlant de ces deux approches historiques.
L. PINO
1-5. Modèles de spécifications 35
L. PINO
36 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
Pour Jayaraman et Srinivasan, les tolérances normalisées sont de deux types : les tolérances
inconditionnelles (Unconditional tolerance) et les tolérances conditionnelles (Conditional
tolerance).
Les tolérances inconditionnelles spécifient que les variations permises à la géométrie d’une
entité ne dépendent pas de l’état de l’entité réelle. En général, toutes les spécifications sans
égard aux dimensions (RFS) sont des tolérances inconditionnelles.
Au contraire, les tolérances conditionnelles spécifient que les variations permises de la géométrie
dépendent de l’état de l’entité réelle. Les tolérances au maximum et minimum de matière sont
des tolérances conditionnelles.
Les tolérances conditionnelles peuvent être traduites en exigences fonctionnelles sur les
frontières virtuelles (VBR). La notion d’exigence sur les frontières virtuelles permet de définir le
besoin fonctionnel lié à l’assemblage. Cependant elle ne donne aucune valeur aux tolérances
qu’il faudra choisir pour assurer ce besoin. C’est donc à l’aide de tolérances conditionnelles que
le concepteur pourra exprimer ces besoins. Malheureusement, le passage entre les VBR et les
tolérances conditionnelles n’est pas unique, ni direct. Il n’existe à l’heure actuelle aucun outil de
traduction entre ces deux modèles, bien que Srinivasan et Jayaraman aient proposé quelques
voies de recherche [Srinivasan 85, Srinivasan 89].
L. PINO
1-5. Modèles de spécifications 37
Les frontières virtuelles traduisent les besoins fonctionnels en limitant les zones de tolérance de
type I (nous verrons par la suite comment sont définies ces frontières virtuelles). Si pour des
raisons d’analyse, on veut connaître la tolérance permise sur différents paramètres de la zone de
tolérance de type I, alors il faut convertir cette dernière en une zone de type III. Les tolérances
sur les paramètres sont appelées tolérances conditionnelles (Conditional Tolerances) car les
frontières de ce domaine conduisent à une interdépendance entre les paramètres [Srinivasan 89].
De plus, depuis peu, une attention est portée sur le problème inverse : le calcul de l’effet collectif
de la tolérance de forme, de dimension, de position et d’orientation d’une entité sur une entité
L. PINO
38 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
L. PINO
1-5. Modèles de spécifications 39
d’associer des structures cinématiques pour former une chaîne de tolérances. Ce modèle permet
de calculer le transfert d'une tolérance définie dans un référentiel, vers un autre référentiel en
modélisant simplement la chaîne de tolérances comprise entre ces deux référentiels. À l'aide du
même modèle, on peut aussi calculer l'analyse ascendante de tolérances c'est-à-dire le calcul des
dispersions de fabrication. Nos travaux utilisent directement ce modèle et nous présenterons dans
les chapitres 3 et 5 des extensions et des applications de ce dernier.
L. PINO
40 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
solides ainsi que des tolérances sur les entités composant ces derniers, mais aussi de modéliser
l’assemblage des différents solides les uns par rapport aux autres, en ajoutant des contraintes
entre les différents solides.
Ce modèle utilisant uniquement des vecteurs pour décrire chaque entité, il faut pouvoir associer
un référentiel non-ambigu de la pièce pour pouvoir positionner les différentes entités réelles. Ce
modèle permet de lier les défauts des surfaces à leurs défauts de fabrication.
Gaunet a proposé d’utiliser ce modèle de tolérancement vectoriel mais de manière différente
[Gaunet 94]. En effet, il associe à ce modèle les travaux effectués par Clément, Rivière et
Temmerman [Clément 94, Rivière 93] sur les Surfaces Associées Technologiquement et
Topologiquement (SATT) ainsi que le modèle des petits déplacements proposé par Bourdet
[Bourdet 95a]. Le torseur des petits déplacements permet ici de modéliser les spécifications ainsi
que les déviations entre la surface nominale et la surface de substitution. Gaunet utilise pour cela
un échantillonnage des points de la surface nominale [Gaunet 94]..
Les SATT reposent sur la notion des groupes de déplacements et définissent 7 classes de
surfaces. Un SATT est une paire de surfaces d’un même solide associées pour des raisons
fonctionnelles. Un SATT, permet de définir les paramètres nécessaires pour positionner une
surface par rapport à une autre surface ou à un autre SATT. Le SATT d’une pièce comportant n
surfaces est construit par des reclassements successifs des surfaces en SATT. Il y a 28 cas
d’associations dénombrés et 13 sont utilisés dans le tolérancement et le dimensionnement. La
L. PINO
1-6. Normalisation du tolérancement 41
L. PINO
42 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
L. PINO
1-7. Tolérancement et modeleurs volumiques 43
(Constructive Solid Geometry) [Requicha 77, Arbab 90]. Il représente les solides 3D par des
opérations booléennes régularisées (union, intersection et différence) entre différentes primitives
simples (parallélépipède, pyramide, cylindre, sphère, etc.). Un solide est donc un arbre dont les
feuilles sont des primitives élémentaires et les n œuds sont des opérations booléennes. La tête de
l’arbre représentera le solide final. Ce modèle est très simple : il permet toujours de représenter
un solide physiquement réalisable. En effet, la régularisation des opérations booléennes permet
d’éliminer les entités qui ne sont pas 2D-manifold. [Shah 95]. Ces entités ne respectent pas les
équations d’Euler et ne sont pas des solides physiquement réalisables. Le principal défaut des
modeleurs CSG est qu’il est très difficile de retrouver les informations sur les frontières du solide
(faces, arêtes…). Ceci est très gênant pour pouvoir appliquer des tolérances sur ces entités.
Il existe une autre représentation très peu utilisée en mécanique mais utilisée pour les
représentations en réalité virtuelle et dans les jeux vidéo. C’est la représentation par partition de
l’espace par des hyperplans (Boundary Space Partitioning) [Thibault 87]. Dans ce modèle BSP,
un solide est représenté à l’aide d’un arbre en tant que la réunion d’un ensemble d’hyperplans.
Cette représentation a les mêmes inconvénients pour retrouver les faces du solide que le modèle
CSG. Un cas particulier de cette représentation est le modèle octree [Meagher 82]. Dans ce
modèle, l’espace est représenté par un cube découpé récursivement en huit cubes plus petits. Le
solide est donc représenté par un arbre coloré dont chaque n œud comporte huit descendants dans
le cas 3D (quatre dans le cas d’un quadtree 2D). Chaque n œud a une couleur qui est, soit
blanche, si le n œud n’a pas de descendant, c’est-à-dire si le cube est vide de matière, soit noire si
le cube est rempli de matière, soit de couleur grise si un des descendants du cube peut comporter
de la matière. Les feuilles de l’arbre sont donc noires ou blanches, les n œuds de l’arbre étant
gris.
Il existe aussi des modeleurs permettant de représenter des objets non 2D-manifold. C’est-à-dire
des objets contenant des faces ou des arêtes ou des points libres [Shah 95]. C’est une alternative
à la théorie des r-set. Cela permet de représenter des entités qui ne seraient pas représentables par
les r-set. Mais cela peut aussi représenter des solides que l’on ne peut pas construire
physiquement.
Le modèle par représentation des frontières ou B-Rep (Boundary Representation) ne représente
le solide que par l’ensemble de ses frontières (point, arêtes et surfaces). Le solide est donc
représenté par un graphe liant les différentes frontières le composant. L’inconvénient de ce
modèle est qu’il peut très vite dégénérer c’est-à-dire qu’il est très facile de ne plus représenter un
solide valide. Il existe des modeleurs hybrides qui comportent un modeleur CSG et un modeleur
B-Rep qui représentent simultanément le même solide
Une autre particularité des modeleurs volumiques est la manière dont sont stockées les
dimensions des différentes entités. Les dimensions peuvent être figées dès leur création ou alors
elles peuvent être variables au cours de l’utilisation. Cette possibilité de variation permet de
définir des affectations entre les différentes variables, on parle alors de modeleur paramétrique.
L. PINO
44 Chapitre 1. Etat de l’art sur le tolérancement
On peut aussi poser des relations plus complexes entre les variables, on parle alors de modeleur
variationnel.
Pour les modeleurs paramétriques, la résolution de l’ensemble de contraintes imposées au solide
doit aboutir à un solide unique. Or le modèle de solide peut devenir invalide suivant les valeurs
que l’on donne aux différents paramètres contrôlant les entités. Il se peut, par exemple, que
certaines des contraintes entre les différents paramètres tels que la distance entre deux axes de
cylindres, la longueur d’un élément, etc., ne permettent pas de trouver un solide qui respecte
l’ensemble de ces contraintes. Il faut donc constamment vérifier que les relations entre les
différents paramètres permettent d’obtenir un solide.
Pour palier à la profusion des modèles volumiques possibles, le comité international de
normalisation est en train de mettre au point un protocole d’échange de données. Ce protocole
STEP (Standard Exchange of Product Data Model) permet de spécifier comment sont
représentées et échangées, entre deux ordinateurs, les données définissant un produit
[ISO 10303]. Ces données peuvent être, entre autres, sa géométrie ou les tolérances ajoutées aux
solides le composant (Part 47 de la norme ISO 10303). Le but de la formulation STEP est de
donner un modèle unique et cohérent pour la représentation et l’échange de données entre les
différents métiers. Les spécifications de l’échange de tolérance reprennent en partie le
formalisme de la norme ASME Y14.5 [Ballu 94].
L. PINO
1-8. Conclusion 45
développé à l’université de Young sur les travaux de Chase [Gao 95]. Une comparaison des
différents outils d’aide au tolérancement dans des modeleurs CFAO a été faite par Salomons
[Salomons 97]. De nombreux travaux devront encore avoir lieu avant de disposer d’outils
complets permettant le traitement, à l’aide d’ordinateur, de tous les aspects du tolérancement
dans le cycle de vie du produit.
1-8 Conclusion
Il existe actuellement une grande demande de la part des industriels d’outils permettant
d’analyser et de maîtriser le tolérancement de systèmes mécaniques. Il y a, depuis une quinzaine
d’années, une profusion de travaux sur le tolérancement, mais pour le moment, il n’existe aucun
modèle unifié pour l’ensemble des acteurs participant à la conception et à la fabrication d’un
produit. Néanmoins, les normes de tolérancement commencent à prendre en compte les aspects
d’analyse mathématique du tolérancement.
Les méthodes d’analyse des classes variationnelles sont encore en phase de gestation. On
remarque cependant une tendance des travaux de recherche vers les méthodes de balayage pour
l'analyse les classes variationnelles.
Dans le chapitre suivant, nous présentons les spécifications généralement utilisées pour définir
un assemblage.
L. PINO
Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
Sommaire
2-1 Introduction........................................................................................................................................... 48
2-2 Définitions et notions de base ............................................................................................................... 48
2-2.1 Caractérisation d'une entité dimensionnelle.................................................................................... 48
2-2.2 Calcul de la dimension d’assemblage ............................................................................................. 49
2-3 Références et système de références .................................................................................................... 51
2-3.1 Priorité des références..................................................................................................................... 52
2-3.2 Association des références.............................................................................................................. 54
2-3.3 Assemblage statique contre alignement des références .................................................................. 55
2-3.3.1 Assemblage statique ................................................................................................................. 56
2-3.3.2 Alignement de référence........................................................................................................... 56
2-4 Modificateurs d’état.............................................................................................................................. 57
2-4.1 La fonction des modificateurs d'état ............................................................................................... 59
2-4.2 Modificateurs de référence ............................................................................................................. 60
2-5 Tolérance de localisation d'une seule entité ........................................................................................ 62
2-5.1 Analyse des tolérances de localisation au maximum de matière .................................................... 64
2-5.2 Analyse et interprétation par la surface .......................................................................................... 65
2-5.3 Définition de la condition virtuelle ................................................................................................. 66
2-5.4 Définition de la condition résultante............................................................................................... 68
2-5.5 Analyse de l’interprétation par l’élément caractéristique ............................................................... 69
2-5.6 Tolérance de localisation au minimum de matière ......................................................................... 70
2-5.7 Tolérance de localisation sans égard aux dimensions..................................................................... 72
2-6 Extension des fonctions de localisation................................................................................................ 72
2-6.1 Tolérance de localisation d’un groupe d’éléments.......................................................................... 72
2-6.2 Raffinement d’une tolérance de localisation................................................................................... 74
2-6.3 Tolérances combinées (composite tolerance) ................................................................................. 75
2-7 Conclusion.............................................................................................................................................. 77
48 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
2-1 Introduction
L’objectif de ce chapitre est de présenter les spécifications normalisées et notamment celles
utilisées pour exprimer les besoins de l’assemblage. Nous nous attacherons particulièrement à
présenter les problèmes liés à la création des systèmes de références, ainsi que ceux liés à
l’utilisation des modificateurs d’état.
Nous nous intéresserons à la création des systèmes de référence car leur spécification et leur
contrôle est une des choses importantes qu’il faut maîtriser pour bien concevoir une pièce et un
assemblage.
Nous attacherons une importance aux modificateurs d’état car ils permettent de spécifier
facilement des besoins fonctionnels grâce à la définition des conditions (ou états) virtuelles et
résultantes. Par contre, ces spécifications sont très peu utilisées et rarement traitées par les
logiciels de calculs disponibles [Anselmetti 95]. Ceci est dû au fait que leurs effets ne sont pas
toujours bien compris et rendent leur utilisation un peu complexe dans certains cas. C’est
pourquoi, nous allons expliquer dans les prochains paragraphes l’ensemble de leurs effets aussi
bien pour la conception, pour la fabrication que pour le contrôle.
Finalement pour faciliter les explications nécessaires aux chapitres suivants, nous analyserons les
tolérances de localisation pour des groupes d’entités, ainsi que les tolérances de localisation
combinées.
L. PINO
2-2. Définitions et notions de base 49
plus petit cylindre perpendiculaire au plan A, circonscrit autour de l’arbre et qui tangente la
surface de l’arbre aux points les plus hauts. Dans la suite, la dimension d’assemblage
orientée sera représentée par le symbole DAMO.
- Dimension d’assemblage pour un élément intérieur (DAM ) : Dimension du plus grand
élément de forme parfaite qui peut être inscrit autour de l’élément et qui tangente la surface
aux points les plus hauts.
- Etat au maximum de matière (maximum material condition): Etat de l’élément considéré
lorsque, en tout endroit, il est à la dimension telle que l’élément ait le maximum de matière.
Exemple, le diamètre maximal d’un arbre ou le diamètre minimal d’un alésage.
- Etat au minimum de matière (minimum material condition): Etat de l’élément considéré
lorsque, en tout endroit, il est à la dimension limite telle que l’élément ait le minimum de
matière. Exemple, le diamètre minimal d’un arbre ou le diamètre maximal d’un alésage.
- Dimension au maximum de matière DMMC ( maximum material condition size): Dimension
définissant l’état au maximum de matière d’un élément.
- Dimension au minimum de matière DMMC ( minimum material condition size): Dimension
définissant l’état au minimum de matière d’un élément.
- Dimension de la zone de tolérance t0 : Diamètre ou épaisseur de la zone de tolérance
nominale. Par exemple 0.1 dans le cas de la figure 10.
L. PINO
50 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
La caractérisation d'un alésage donné peut être faite de deux manières. Soit on connaît la
dimension d'assemblage du cylindre (actual mating size) ainsi que son orientation par rapport à
l'axe Z. Soit on connaît le nuage de points définissant l'alésage. Dans le premier cas, le cylindre
peut être vu comme ayant une orientation donnée θ par rapport à l'axe Z (figure 11). Du point de
vue des pièces à assembler, on peut décrire ce cylindre par le plus grand cylindre vide
perpendiculaire au plan et inscrit dans le cylindre actuel. Sur la figure 11, le diamètre de ce
cylindre est représenté par DAMO.
La recherche du diamètre de ce cylindre particulier est connue sous le nom du problème du
"Large empty circle" (LEC).
Srinivasan et Jayaraman [Jayaraman 89] proposent une méthode donnant le diamètre exact du
cercle LEC. Il faut simplement disposer du diamètre d'assemblage DAM du cylindre, de son
orientation θ par rapport au plan X et de la hauteur w du cylindre. La valeur du diamètre du
cercle LEC est donnée par l'équation suivante :
DAM2 – w2 si w≥DAM ou si [w<DAM et sin(θ) ≥ w/ DAM]
DAMO = (5)
DAM sec(θ) – w tan(θ) sinon
Les sections supérieure et inférieure du cylindre sont des ellipses. Leurs formes et positions
permettent de définir le diamètre du cercle LEC. Ce dernier peut avoir deux points de contact
avec chaque ellipse dans le cas de la première condition de l'équation 5, ou un point de contact
avec chaque ellipse dans le cas de la deuxième condition de l'équation 5. Cette méthode suppose
que l'on ait déjà calculé le cylindre enveloppe de l'alésage (actual mating envelope). Ce cylindre
est obtenu par association d'un cylindre de forme parfaite avec le nuage de points. Le processus
d'obtention du nuage de points et l'association de la surface de forme parfaite est hors de propos
de cet article on pourra trouver dans les travaux de Bourdet, Mathieu et Ballu [Bourdet 95b] ou
de Fortin et Chatelain [Fortin 95] des précisions pour calculer ce cylindre.
Jackman et al. [Jackman 94] définissent une autre méthode pour trouver ce cercle LEC en
utilisant directement le nuage P des points du cylindre réel sans passer par une association de
surface. Ce nuage est obtenu à partir d'une machine à mesurer tridimensionnelle puis est projeté
sur un plan XY perpendiculaire à l'axe Z. Ils supposent que les points sont uniformément répartis
L. PINO
2-3. Références et système de références 51
autour du cylindre. Une fois le nuage projeté sur le plan XY, la recherche du plus grand cercle
inscrit dans ce nuage et ne contenant pas de point peut être résolue par la construction du
diagramme de Voronoï associé au nuage P. En effet, une des propriétés du diagramme de
Voronoï est que chaque sommet de ce diagramme est le centre d’un cercle passant par trois
points et ne contenant pas d'autres points. Preparata et Shamos [Preparata 85] ont montré que les
propriétés du diagramme de Voronoï, d'un ensemble de points dans le plan, permettaient de
calculer le cercle LEC. D'après Preparata et Shamos, le centre du cercle LEC est soit un des
sommets du diagramme de Voronoï, soit l'intersection de l'enveloppe convexe du nuage de
points avec une des arêtes du diagramme. Mais étant donné que le nuage de points et très proche
d'une forme circulaire, Jackman et al. supposent que le centre du cercle LEC est toujours sur un
sommet du diagramme de Voronoï. L'algorithme utilisé par Preparata et Shamos, permet tout en
construisant le diagramme de Voronoï, de calculer le centre et le rayon du cercle LEC.
La méthode proposée par Srinivasan sera utilisée surtout pour calculer l'effet théorique d'une
tolérance ou d'un modificateur. En effet, cette méthode n'a besoin que des données
mathématiques définissant l'alésage. Elle pourra donc être incluse dans un logiciel d'aide au
tolérancement ou d'analyse et synthèse des tolérances. La méthode proposée par Jackman et al.,
nécessite la connaissance du nuage de points de l’alésage, elle alors sera utilisée pendant les
phases de contrôle des pièces réelles.
L. PINO
52 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
Néanmoins, certains auteurs ont proposé quelques règles pour les cas simples [Anselmetti 95,
Turner 92], [Sudarsan 98].
La figure 12 propose la définition d’un assemblage entre deux pièces. Sur la figure 13, nous
proposons un choix de références pour les deux pièces qui reflète leurs interfaces. Ce choix n’est
pas unique, on aurait pu tout aussi bien prendre comme référence B l’autre coté du U et comme
référence B’ l’autre côté du rectangle. On aurait aussi pu prendre comme référence toute autre
surface de la pièce comme par exemple les plans médians du U ou du rectangle.
B'
A
A'
L. PINO
2-3. Références et système de références 53
référence secondaire est le plan B perpendiculaire à A. Sur la figure 14b, la référence primaire
est le plan B et la référence secondaire est le plan A perpendiculaire au plan B. Ces deux
exemples montrent bien que le fait d’associer des références dans un ordre différent conduira
généralement à des systèmes de référence différents.
Le choix de l’ordre des références dans la construction du système de référence est primordial
car c’est de lui que dépend l’interprétation des tolérances associées au système de référence. Le
choix de cette priorité dans la construction d’un référentiel peut être lié, par exemple, à la
séquence d’assemblage des pièces ou à la manière dont vont spontanément se positionner les
pièces les unes par rapport aux autres.
Dans l’exemple précédent de la figure 13, nous avons choisi les surfaces pouvant être des
références pour la définition des deux pièces de l’assemblage. Néanmoins, nous n’avons pas
précisé l’ordre dans lequel les références pourraient être utilisées dans la création d’un système
de référence. Cet ordre est lui aussi souvent dû à des besoins fonctionnels. Ainsi, si nous
regardons l’assemblage définit sur la figure 12, nous remarquons que les deux pièces sont en
appui potentiel sur deux surfaces. Ces surfaces ont été choisies pour être des références comme
le montre la figure 13.
Si l’on veut créer un système de référence pour la pièce rectangulaire, deux choix sont possibles :
• Soit la référence A est la référence primaire et la référence B est la référence secondaire ;
• Soit la référence B est la référence primaire et la référence A est la référence secondaire.
Ainsi, si l’on considère que le but de l’assemblage est de permettre à la pièce en U de guider en
translation la pièce rectangulaire. Suivant les dimensions effectives des pièces, l’appui
prépondérant se fera sur l’une ou l’autre des surfaces du rectangle. C’est à partir de cette
fonctionnalité que le choix de la priorité des références sera fait par le concepteur.
L. PINO
54 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
La norme ASME Y14.5.1M94 propose une autre méthode d’association de référence pour les
références primaires planes. Cette norme tente de formaliser mathématiquement le fait que la
mise en position d’une surface réelle dépend de la manière dont elle va librement se positionner
par rapport à la surface théorique [ASME 94b]. La prise en compte des défauts de forme
dépendra de la répartition des points de contact entre les deux surfaces. La norme propose ainsi
un algorithme pour vérifier qu’une surface peut être prise comme référence.
L. PINO
2-3. Références et système de références 55
La grande différence avec les autres méthodes d’association est que l’association de référence
peut ne pas être unique. Il pourra exister plusieurs surfaces planes qui satisfassent le critère
d’association. Une référence plane qui respecte le critère d’association de la norme ASME sera
appelée référence candidate (candidate datum).
La non unicité de la référence complique l’analyse et le contrôle des pièces. Pour accepter une
pièce il suffit de trouver une référence candidate pour laquelle la pièce est conforme aux
spécifications. Mais pour rejeter une pièce, il faudra trouver l’ensemble des références
candidates et vérifier qu’aucune ne permet à la pièce de respecter les spécifications. Ceci est
d’autant plus complexe si le système de référence est constitué de plusieurs références et que,
pour chacune des références, il existe plusieurs références candidates.
Les autres formulations, et la norme ISO par exemple, aboutissent à une seule et unique
référence spécifiée.
La seconde différence avec les critères associations précédents est que l’association de
références peut aboutir à ce qu’aucune référence théorique ne puisse être associée à la pièce
réelle. Ceci arrive quand les défauts de forme de la surface réelle sont trop importants pour que
cette surface puisse jouer le rôle de référence.
Maintenant que nous avons relevé un certain nombre de points sur la création des systèmes de
références, analysons les tenants et les aboutissants des tolérances de localisation.
L. PINO
56 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
a) Pièce 1 b) Pièce 2
L. PINO
2-4. Modificateurs d’état 57
Dans la plupart des cas ces deux méthodes donnent des résultats différents.
On remarquera que dans le cas de l’assemblage par alignement des références(figure 18), les
pièces peuvent ne pas être en contact. Cette méthode d’étude de l’assemblage est plus facile à
mettre en œuvre que la méthode d’assemblage statique. Ceci est dû au fait qu’elle utilise
simplement la mise en coïncidence des références associées et non pas le contact entre deux
surfaces réelles.
L. PINO
58 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
Il existe deux types de modificateurs d’état. Chacun de ces modificateurs spécifie la manière
dont varie la taille de la zone de tolérance en fonction de la dimension de l’élément fabriqué.
• le modificateur au maximum de matière (MMC symbole );
• le modificateur au minimum de matière (LMC symbole ).
Par défaut, pour des entités dimensionnelles, les tolérances géométriques sont appliquées sans
égard aux dimensions. L’utilisation d’un modificateur au maximum ou minimum de matière doit
être spécifiée à l’aide des symboles et respectivement.
Un modificateur d’état appliqué à une tolérance géométrique est appelé modificateur
d’application. Il permet de spécifier de quelle manière la taille de la zone de tolérance peut
évoluer en fonction de l’état dimensionnel de l’élément réel. On ne peut donc appliquer un
modificateur d’application que sur des éléments dimensionnels (alésage, arbre, rainure…).
La figure 19 montre comment écrire un modificateur d’application sur une tolérance de
localisation. Le modificateur d’application est un modificateur sur l’élément tolérancé. On ajoute
en fait le symbole à côté de la valeur de la tolérance dans le cadre de tolérance.
On peut aussi ajouter un modificateur d’état sur une ou plusieurs références dans le cadre de
tolérance. On parle alors de modificateurs de référence. Cette référence doit être un élément
dimensionnel. La figure 20 montre comment écrire une tolérance de localisation avec un
modificateur d’application au maximum de matière et un modificateur de référence au maximum
de matière sur la référence primaire A.
L. PINO
2-4. Modificateurs d’état 59
L. PINO
60 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
permet de définir une zone de taille variable qui, dans le pire des cas, définit une zone où la
matière ne doit pas se trouver.
On remarque donc que les modificateurs au maximum et minimum de matière permettent dans le
pire des cas, de définir des spécifications équivalentes (condition virtuelle et condition de
matière minimum). Mais leur utilisation première est différente et opposée. On utilisera donc un
modificateur au maximum de matière pour exprimer un besoin fonctionnel d’assemblage.
L’utilisation d’un modificateur au minimum de matière sera réservée pour exprimer un besoin
fonctionnel de conservation d’un minimum de matière.
Le modificateur sans égard aux dimensions permet lui aussi d’assurer les mêmes besoins
fonctionnels que les modificateurs au minimum ou maximum de matière. Mais il rejettera des
pièces qui fonctionnellement seront conformes. C’est pourquoi on pense souvent qu’il est plus
sévère que les deux autres modificateurs.
L. PINO
2-4. Modificateurs d’état 61
+0.1
∅ 10 0 +0.05
∅5 0
∅ 0.1 M A ∅0.05 M A B M
B
12.5
Sur la figure 22, nous montrons l’utilisation d’un modificateur de référence pour contrôler la
position d’un alésage. Comme on le voit, la pièce est un disque percé de deux alésages. Le
premier alésage, de diamètre 10mm, est localisé par rapport au plan A par une tolérance de
localisation de diamètre 0.1mm avec un modificateur d’application au maximum de matière.
L’effet de ce modificateur reste identique à ce que l’on a décrit dans les paragraphes précédents.
Cet alésage va servir à construire le référentiel qui contrôle la position du deuxième alésage de
diamètre 5mm. Cette position est tolérancée par une tolérance de localisation de diamètre 0.05 au
maximum de matière. Le référentiel contrôlant cet alésage est construit à partir du plan A comme
référence primaire et de l’axe de l’alésage B comme référence secondaire. Par contre, il y a un
modificateur de référence sur cette référence B, cela veut dire que la référence B n’est pas le plus
grand cylindre perpendiculaire au plan A et qui est tangent au cylindre B aux points les plus
hauts, mais que la référence B est un cylindre perpendiculaire au plan A et dont le diamètre est la
condition virtuelle de B (car elle est référence secondaire). C’est donc un cylindre
perpendiculaire au plan A et de diamètre 12.2mm qui sera utilisé comme référence B. L’alésage
réel B pourra suivant son état dimensionnel et géométrique flotter autour de ce cylindre. Si cet
alésage est réalisé au maximum de matière avec un défaut géométrique maximal le mouvement
de la référence B sera nul. Par contre, si l’alésage est réalisé sans aucun défaut d’orientation le
flottement de B sera égal à 0.3mm. Le flottement maximum de la référence B sera obtenu quand
l’alésage B sera réalisé au minimum de matière et sans aucun défaut géométrique dans ce cas le
flottement sera égal à 0.35mm.
Généralement, on utilise des modificateurs de référence au maximum de matière car ils
permettent de simuler l’état d’un calibre physique. Leur vérification est assez facile à l’aide de
calibres fonctionnels. Elle devient un peu plus complexe avec les techniques modernes de
contrôle à l’aide d’une machine à mesurer tridimensionnelle. En revanche, l’utilisation des
L. PINO
62 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
modificateurs de référence au minimum de matière reste d’une utilisation marginale [Foster 94].
En effet, la vérification de modificateur d’application ou de référence au minimum de matière à
l’aide de calibre fonctionnel est impossible. Cette vérification nécessite de mettre en œuvre des
moyens de contrôle plus évolués.
10
C 20 A
Une tolérance de localisation définit une zone de tolérance dans laquelle l’entité tolérancée (ou
son élément de symétrie) doit se trouver. Cette zone est localisée et orientée par rapport au
référentiel par les cotes nominales ou cotes encadrées.
L. PINO
2-5. Tolérance de localisation d'une seule entité 63
La figure 23 présente un dessin de définition d’une pièce dont la position de l’alésage est
contrôlée par une tolérance de localisation sur l’axe du cylindre de diamètre 6,5mm. Cette
tolérance spécifie que l’axe du cylindre doit se trouver dans une zone cylindrique de diamètre
0.13mm positionnée perpendiculairement au plan A et à une distance de 20mm du plan B et de
10mm du plan C (Figure 24).
La tolérance de localisation telle qu'elle est exprimée sur la figure, permet d'assurer l'assemblage
entre deux pièces comme le montre la figure 25 (si la cotation de la seconde pièce est adéquate).
Cependant certaines pièces fabriquées qui violeront la contrainte de localisation de l'axe pourront
tout de même s'assembler. En effet, si la dimension de l'alésage s'écarte de ces conditions au
maximum de matière (ici le diamètre 6.5mm), le défaut géométrique permis à l'axe pourrait être
augmenté tout en continuant à assurer le besoin fonctionnel d'assemblage. Ceci permettrait
d'éviter de rejeter des pièces qui violeraient la contrainte de localisation mais qui respecteraient
le besoin fonctionnel de l'assemblage. Cette possibilité d'augmentation du défaut de localisation
en fonction du diamètre effectif de la pièce peut être exprimée à l'aide de modificateur d'état.
Inversement, le besoin de gérer les interférences peut être exprimé, par le concepteur, par des
zones dans lesquelles la matière ne doit pas se trouver quel que soit l’état dimensionnel de
l’entité tolérancée. Ceci pour garantir à l’autre pièce devant s’assembler qu’il n’y aura pas
d’interférence. D’autre part, si l’on veut toujours une interférence entre les deux pièces, il faut
garantir une zone dans laquelle la matière devra se trouver quel que soit l’état dimensionnel des
pièces tolérancées.
La figure 25 montre l’expression d’un besoin fonctionnel de non-interférence entre deux pièces
avec un jeu minimum entre les pièces. Sur chaque pièce, on a représenté en trait fort la limite de
la zone à l’extérieur de laquelle on ne veut pas de matière.
Jayaraman et Srinivasan ont définit ces zones d’inclusion ou d’exclusion de la matière comme
étant des besoins sur des frontières virtuelles (Virtual Boundary Requirement, VBR).
L. PINO
64 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
L’expression de ces conditions sur les frontières peut être réalisée par des tolérances normalisées
à l’aide de modificateurs d’état au maximum de matière. Ces derniers permettent de définir une
condition virtuelle dans laquelle la matière ne doit pas se trouver. Mais le passage entre la
condition sur la frontière virtuelle et le tolérancement à l’aide de modificateurs d’état n’est pas
unique. Ce qui veut dire que ce passage implique que le concepteur effectue certains choix de
valeurs pour les tolérances géométriques.
La figure 26 montre une manière d’exprimer le besoin fonctionnel présenté à la figure 25. Le
choix des différentes valeurs de tolérances a restreint le domaine de liberté que laissait la figure
25. Ces choix résultent en partie des contraintes de fabrication des différentes pièces, comme par
exemple la qualité de réalisation de la dimension de l’alésage. En pointillé sur la figure 26, sont
représentés les limites de variations permises à la surface de la pièce quel que soit l’état
dimensionnel de l’entité réelle. Nous allons voir dans la suite comment sont calculés ces limites
Dans les prochains chapitres, nous présenterons des méthodes permettant la vérification d’entités
tolérancées à l’aide de modificateurs d’application et de référence au maximum de matière. Pour
simplifier les études futures, nous présentons ici une explication des différents effets des
modificateurs d’application et de référence.
L. PINO
2-5. Tolérance de localisation d'une seule entité 65
+0.05
∅ 6.5 0
∅0.1 M A B C
B
10
C 20 A
L. PINO
66 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
∅ 6.5 MMC
∅ 0.1 MMC
10 ∅ 6.4
Condition Virtuelle
∅ 6.6
Condition Résultante MMC
C 20
L. PINO
2-5. Tolérance de localisation d'une seule entité 67
L. PINO
68 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
DCV = 6.4
Plan A simulé
L. PINO
2-5. Tolérance de localisation d'une seule entité 69
Il existe une condition résultante limite qui est la condition résultante de l’élément dont les
dimensions sont égales à la condition au minimum de matière. Son diamètre est alors égal à :
Pour une entité extérieure (arbre) :
DCR LMC = 2 DLMC – DMMC – t0
La condition résultante peut être utilisée en assemblage pour calculer la zone de l’espace où
l’élément fabriqué pourrait se trouver. Ceci permet par exemple de garantir la non-interférence
entre les pièces d’un mécanisme. Ou plus simplement si on calcule la condition résultante pour
un élément au minimum de matière, on obtient une frontière de taille fixe qui permet de calculer
une occupation minimum de l’espace. Ceci permet de calculer par exemple un minimum de
matière à garantir pour des problèmes structurels. Ou d’aider à positionner un robot pour
automatiser les opérations d’assemblage.
L. PINO
70 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
L. PINO
2-5. Tolérance de localisation d'une seule entité 71
matière pour une phase d’usinage, ce qui permet d’éviter des effets de broutage de l’outil et de
réaliser un meilleur état de surface. Elles permettent aussi d’obtenir un volume minimum
critique, par exemple le volume minimum d’un réservoir, une taille minimum de la paroi d’un
réservoir.
L’interprétation par la surface va spécifier les limites de variations de la surface réelle de l’entité.
De même que pour le modificateur d’état au maximum de matière, l’ajout d’un modificateur
d’état au minimum de matière à une tolérance de localisation permet de définir deux zones : une
condition virtuelle et une zone résultante. Les frontières de ces deux zones, la condition virtuelle
et la condition résultante respectivement.
- Définition de la condition résultante
La condition résultante résulte de l’union de l’ensemble des situations possibles d’un élément
pour une dimension de ce dernier. C’est donc une zone de dimension variable en fonction de
la dimension d’assemblage de l’entité fabriquée. Sa position est la position nominale de
l’élément.
La condition résultante d’une tolérance de localisation au maximum de matière est une zone
cylindrique de diamètre variable égale à :
- Pour une entité extérieure (arbre) :
2 DAM – DLMC + t0
- Pour une entité intérieure (alésage) :
2 DAM – DLMC – t0
La condition résultante au maximum de matière permet de définir les limites de la zone de
l’espace où l’élément fabriqué peut se trouver.
- Définition de la condition virtuelle
La condition virtuelle résulte de l’intersection de l’ensemble des situations possibles d’un
élément fabriqué. C’est une zone de taille fixe quelle que soit la taille de l’élément. Sa
situation est la situation nominale de l’élément.
Le diamètre de la condition virtuelle est égal à :
- Pour une entité extérieure (arbre) :
DLMC – t0
- Pour une entité intérieure (alésage) :
DLMC + t0
La condition virtuelle au minimum de matière définit la zone de l’espace où l’on peut avoir
de la matière quel que soit l’état dimensionnel de l’élément fabriqué. Son complément définit
donc l’endroit où on a de la matière quelle que soit la dimension de l’élément.
L. PINO
72 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
L. PINO
2-6. Extension des fonctions de localisation 73
20
9.5
19
+0.05 35.5
∅ 12.5 0
A
∅0.3 M A B C C
D
Puisque le groupe est considéré en tant qu’un seul élément, la tolérance de position définie pour
le groupe devra être vérifiée pour tous les éléments du groupe simultanément et non pas pour
chaque élément séparément.
- Modificateur au maximum de matière appliqué à un groupe
Prenons le premier cas de figure, le référentiel ADB ne comporte aucun modificateur de
référence. Dans ce cas, lorsque l’on applique un modificateur d’application au maximum de
matière à la tolérance de localisation qui contrôle un groupe, chaque élément du groupe devra
respecter sa condition virtuelle. Ces conditions virtuelles seront nominalement orientées et
localisées par rapport au référentiel contrôlant le groupe. C’est-à-dire qu’elles seront
perpendiculaires au plan A, et localisées nominalement par rapport à l’axe D (qui définit
l’origine du référentiel) et au plan B (qui définit l’orientation de l’axe x du référentiel). Le
groupe devra donc avoir une orientation parallèle au plan B.
- Modificateur de référence au maximum de matière appliqué à un groupe
Dans le deuxième cas de figure, lorsque l’on ajoute un modificateur de référence à la
référence D cela veut dire que la référence D est prise à son état virtuel perpendiculaire au
plan A (car elle est référence secondaire). C’est donc un cylindre perpendiculaire au plan A
L. PINO
74 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
et de diamètre 12.2mm qui sera utiliser comme référence D. L’alésage réel pourra suivant
son état dimensionnel et géométrique flotter autour de ce cylindre. Si l’alésage D est réalisé à
sa condition au maximum de matière avec un défaut géométrique maximal le mouvement de
la référence D sera nul. Par contre, si l’alésage est réalisé sans aucun défaut d’orientation le
flottement de D sera égal à 0.3mm. Le flottement maximum de la référence D sera obtenu
quand l’alésage D sera réalisé au minimum de matière et sans aucun défaut géométrique dans
ce cas le flottement sera égal à 0.35mm.
Le flottement est égal à la différence entre la dimension de la condition virtuelle et la
dimension d’assemblage orientée par la référence primaire.
Pour une position donnée de D, les quatre conditions virtuelles seront localisées et orientées
par rapport au plan A, à la situation de l’axe D et parallèle au plan B. Maintenant, compte
tenu du flottement de la référence D, les quatre conditions virtuelles des alésages vont flotter
en suivant le mouvement de D. Pour que les quatre alésages soient conformes, il faut trouver
une situation de D qui permet le respect simultané des quatre conditions virtuelles.
L. PINO
2-6. Extension des fonctions de localisation 75
B
10 10 10 10 A
Figure 33 : Tolérance composée pour un groupe de 4 alésages
La figure 34 montre la situation des zones de tolérances des quatre alésages relativement au
systèmes de références spécifiées ABC (PLTZF). Cette spécification définit la position des zones
de tolérances contrôlant les alésages relativement au référentiel ABC. Les diamètres des zones
de tolérances pouvant être séparément augmentées du bonus dû à l’état dimensionnel de chaque
alésage indépendamment. Mais les axes des alésages devront simultanément respecter ces zones
de tolérances.
L. PINO
76 Chapitre 2. Analyse des spécifications en assemblage
∅0.2 M A B C
10
par rapport à B
10 10 10 10
par rapport à C
Le deuxième cadre de la spécification définit la contrainte de localisation des alésages entre eux.
Ainsi, les axes des alésages devront se trouver dans des zones de tolérances perpendiculaires au
plan A mais dont l’orientation est imposée par le plan B. Les quatre alésages doivent être
parallèles au plan B. Bien entendu, la taille des zones de tolérances peut être augmentée
individuellement suivant l’état dimensionnel de chaque alésage.
La figure 35 montre les zones de tolérances des quatre alésages entre eux (FRTZF).
∅0.10 M A B
∅0.1 au maximum de matière
Paralèlle au
plan B 10 10 10 Plan B
Figure 35 : Définition des zones de tolérances des éléments du groupe entre eux
Par contre les deux spécifications précédentes doivent être vérifiées simultanément pour les
quatre alésages à la fois. La figure 36 montre une situation possible des quatre alésages au
maximum de matière. On remarque qu’une partie de la zone de tolérance du FRTZF peut se
trouver en dehors de la zone de tolérance du PLTZF. Mais cette portion de la zone de tolérance
est perdue car si l’axe d’un alésage s’y trouvait, il serait conforme à la spécification du FRTZF
mais violerait les contraintes imposées par le PLTZF.
L. PINO
2-7. Conclusion 77
+0.05
4x ∅ 3.8 0
∅0.2 M A B C
∅0.2 au maximum de matière
∅0.10 M A B
3.8 ∅0.1 au maximum de matière
10 Paralèlle au
par rapport à B plan B
10 10 10
10 10 10 10
par rapport à C
Figure 36 : Exemple de situation possible des axes des alésages
Pour qu’une tolérance combinée soit valide, il faut que l’ordre des références et les modificateurs
de références soient les mêmes dans les deux cadres. Si l’on veut changer l’ordre et la
précédence des références il faut utiliser une tolérance de position double (figure 32).
La différence entre une tolérance de position combinée et une tolérance de position double est
que le deuxième cadre de la tolérance double spécifie l’orientation et la localisation des zones de
tolérances par rapport au référentiel définit dans ce cadre. Alors que dans le cas d’une tolérance
combinée seule l’orientation, relativement au référentiel du deuxième cadre, est contrôlée.
Le contrôle des tolérances combinées est plus complexe du fait du relâchement partiel de
l’orientation des zones de tolérances du groupe et de la simultanéité des deux vérifications.
2-7 Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre certaines spécifications que l’on rencontre généralement
dans les définitions de pièces mécaniques devant s’assembler. Nous avons présenté en détail une
partie des problèmes liés à la création des références et des systèmes de référence. Puis, nous
avons analysé les effets des modificateurs d’état, en appuyant les définitions sur le modificateur
au maximum de matière, qui est le plus utilisé en assemblage. Il faut remarquer que l’utilisation
des modificateurs d’état n'est pas encore bien maîtrisée, et les effets induits par ces derniers ne
sont pas toujours bien compris par les utilisateurs. Nous avons expliqué brièvement les
différentes conséquences de l’utilisation des modificateurs d’état dans l’analyse et la vérification
de tolérances, en rappelant que ces dernières sont complexifiées du fait des mouvements
possibles intervenant dans l’utilisation de modificateurs de référence.
Finalement, nous avons analysé l’interprétation des tolérances combinées.
L’ensemble des spécifications présentées dans ce chapitre permettent de faciliter les explications
des outils mis en œuvre au cours des chapitres suivants.
L. PINO
Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
Sommaire
3-1 Introduction........................................................................................................................................... 80
3-2 Transfert de tolérances ......................................................................................................................... 81
3-2.1 Définition........................................................................................................................................ 81
3-2.2 Analyse ascendante et descendante ................................................................................................ 85
3-3 Rappel de l'approche cinématique de Rivest ...................................................................................... 86
3-3.1 Zones de tolérances......................................................................................................................... 86
3-3.2 Le modèle cinématique de Rivest ................................................................................................... 87
3-3.3 Transfert de tolérance à l’aide du modèle cinématique .................................................................. 89
3-3.3.1 Planification du balayage.......................................................................................................... 89
3-3.3.2 Caractériser l’écart admissible du référentiel d’origine ............................................................ 90
3-3.3.3 Calculer les images extrêmes dans le référentiel d’accueil....................................................... 90
3-3.3.4 Calculer la zone neutre dans le référentiel d’accueil ................................................................ 90
3-3.3.5 Caractérisation la zone neutre................................................................................................... 90
3-3.4 Contraintes du modèle cinématique pour le transfert de tolérances................................................ 91
3-3.4.1 Intersection des images solides................................................................................................. 91
3-3.4.2 Analyse des pas extrêmes ......................................................................................................... 91
3-3.5 Conclusion...................................................................................................................................... 92
3-4 Généralisation du modèle cinématique ............................................................................................... 92
3-4.1 Modèle cinématique plan................................................................................................................ 93
3-4.2 Modèle cinématique spatial ............................................................................................................ 94
3-5 Méthode analytique d'analyse.............................................................................................................. 96
3-5.1 Formulation générale ...................................................................................................................... 96
3-5.2 Calcul de l’intersection des zones de tolérance .............................................................................. 99
3-5.3 Calcul de l’union des zones de tolérance ...................................................................................... 100
3-5.4 Analyse descendante..................................................................................................................... 100
3-5.4.1 Exemple introductif ................................................................................................................ 101
3-5.4.2 Etude d'une pièce générique ................................................................................................... 103
3-5.4.3 Etude d'un groupe d'entité....................................................................................................... 107
3-5.5 Analyse ascendante....................................................................................................................... 108
3-5.6 Synthèse de tolérance de répartition ............................................................................................. 109
3-5.7 Conclusion.................................................................................................................................... 110
3-6 Méthode jacobienne d'analyse ........................................................................................................... 111
3-6.1 Description de la chaîne cinématique ........................................................................................... 111
3-6.2 Définition des espace paramétriques ............................................................................................ 112
3-6.3 Calcul de la matrice Jacobienne.................................................................................................... 112
3-6.4 Application de la méthode jacobienne .......................................................................................... 114
3-6.4.1 Etude de la consistance........................................................................................................... 114
3-6.4.2 Espace de travail et condition de la consistance ..................................................................... 117
3-6.4.3 Etude du transfert.................................................................................................................... 118
3-7 Conclusion............................................................................................................................................ 120
80 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
3-1 Introduction
Nous avons présenté dans le premier chapitre les différents modèles utilisés pour l'analyse et de
la synthèse des tolérances. En particulier, nous avons montré que la plupart des auteurs estiment
que les méthodes de balayage (ou de calcul d’enveloppe) peuvent apporter des solutions
efficaces en analyse des tolérances. Cependant, peu de travaux ont réellement contribué au
développement de cette approche.
Le deuxième chapitre était consacré à l'étude et l'analyse des spécifications normalisées dédiées à
la fonction assemblage. Il nous permet d'identifier et de comprendre l'effet de ces spécifications.
L'application de la notion de balayage est mise en évidence sur la définition de la condition
virtuelle et la résultante pour une entité.
Dans le présent chapitre, nous allons développer un modèle particulier parmi l'ensemble des
modèles utilisés en analyse des tolérances. Nous utilisons le modèle cinématique proposé par
Rivest [Rivest 94a]. Le choix du modèle est lié à plusieurs raisons aussi bien pratiques que
scientifiques. Du point de vue pratique, nous avons choisi le même modèle que celui utilisé par
l'équipe canadienne avec laquelle une collaboration est en cours dans le cadre de ce travail. Cela
devait permettre de faciliter l'échange et l'analyse des résultats voir également l'exploitation des
travaux précédents. Du point de vue scientifique, plusieurs travaux, très récents, ont cité le
modèle cinématique ou plus exactement les modèles de balayage comme étant le modèle qui
donne les résultats les plus satisfaisants, nous citons en particulier [Fortin 95, Robinson 98,
Srinivasan 85, Schultheiss 99, Rivest 94b]. La motivation de Rivest, en proposant ce modèle,
était guidée par l'analogie qu’il existe entre l'espace de travail d'un mécanisme et une zone de
tolérance. En robotique, on est souvent amené à calculer l’espace de travail d’un mécanisme
donné. Le problème posé par Rivest est un problème inverse qui consiste à trouver le modèle du
mécanisme qui doit décrire une zone (ou espace de travail prédéfini). Ce problème est
relativement plus simple dans le cadre des zones de tolérances que dans le cadre des zones
quelconques car les formes des zones de tolérances normalisées sont relativement simples.
Dans un premier temps, nous allons résumer les propriétés du modèle cinématique proposé par
Rivest, tout en restant aussi fidèle que possible au point de vue de l'auteur. Ensuite, nous
présentons des extensions et améliorations de ce modèle. Les exemples traités par Rivest et
repris également par d'autres auteurs [Gaunet 94] sont inscrit dans le cadre des transferts de
tolérances. Ces auteurs justifient, le besoin de ce transfert de tolérances en fabrication dans le
cadre d'une application industrielle. D'autre part, nous avons choisi de traiter les mêmes
exemples que ceux présentés par Rivest (à quelques petites variantes près) dans l'objectif de faire
une étude comparative entre nos résultats et ceux du modèle original.
Nous présentons deux approches complémentaires pour le calcul du transfert de tolérance. La
première est une approche analytique. La deuxième approche utilise des outils inspirés des outils
de la robotique. Elle s'appuie sur le calcul de l'espace de travail par l'intermédiaire du jacobien du
L. PINO
3-2. Transfert de tolérances 81
3-2.1 Définition
Une tolérance géométrique appliquée à un élément permet de définir une zone de tolérance Zi
dans laquelle l’élément fabriqué doit se trouver. Cette zone est définie relativement à un
référentiel fonctionnel Rfoncti. Par exemple une tolérance de position appliquée sur l’axe d’un
cylindre définit une zone de tolérance cylindrique dans laquelle l’axe du cylindre réel doit se
trouver. Chaque entité fabriquée se trouvant dans cette zone de tolérance Zi sera appelée
réalisation de Zi. Il existe entre le référentiel Rfoncti et le référentiel d'accueil Rref une chaîne de
tolérances (Figure 37). Sur cette figure chaque réalisation possible de Zi participe à la définition
du référentiel fonctionnel Rfoncti pour Zi+1. Rfoncti est défini à partir d'entités tolérancées, il peut
donc se trouver dans une infinité de positions et d'orientations par rapport au référentiel Rref. A
chaque position et orientation de Rfoncti correspond un élément de la classe variationnelle.
Soient Rfoncti' et Rfoncti, deux situations possibles du référentiel fonctionnel correspondant à la
zone Zi. Notons que, seule l'utilisation des notions de maximum et minimum de matière peut
L. PINO
82 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
conduire à plusieurs situations du référentiel pour la même pièce. En général, les deux
référentiels Rfoncti' et Rfoncti correspondent à deux pièces différentes.
L. PINO
3-2. Transfert de tolérances 83
L'ensemble des situations possibles de la zone de tolérance Zi+1, correspondant à toutes les
situations acceptables de Rfoncti, définit la zone Zuni (figure 39). Zuni est donc l'union de toutes les
zones possibles de Zi+1.
Nous pouvons dors et déjà noter la condition nécessaire de conformité d'une entité :
Si la réalisation d'une entité est conforme aux spécifications fonctionnelles (élément de la
classe variationnelle) alors elle appartient à Zuni.
Cette condition n'est pas suffisante car elle dépend de la situation du repère Rfoncti.
La zone Zint représente la zone où toutes les entités fabriquées doivent se trouver. Elle est
constituée par l'intersection de l'infinité des zones Zi+1. Elle est appelée zone neutre car elle ne
dépend plus de la situation du repère Rfoncti.
Nous observons donc que pour chaque entité tolérancé, il existe deux zones caractéristiques qui
peuvent être déduites des situations acceptables du référentiel correspondant. Ces deux zones
sont Zuni et Zint. La première donne une condition nécessaire de conformité et la deuxième donne
une condition suffisante de conformité.
L. PINO
84 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
La zone Zuni, qui donne toutes les situations possibles de l'entité tolérancé i, n'est pas souvent
utilisée dans la littérature. Nous montrerons au chapitre 5 comment l’utiliser pour la vérification
des assemblages.
La zone Zint donne toutes les situations de l’entité qui peuvent être considérées comme
conformes indépendamment des situations de Rfoncti. A cause de cette indépendance du
référentiel fonctionnel, cette zone est souvent nommée zone transférée. La procédure de calcul
conduisant à cette zone est nommée transfert de cote ou de tolérances. Notons également que la
plupart des auteurs traitent le transfert de tolérances sans utiliser directement l'opération
d'intersection Zint.
La zone transférée est nommée par le professeur A. Clément : Zone d'Influence Finale (ou état
virtuel) [Clément 94]; il propose d'utiliser la modélisation vectorielle dans les cas complexes.
Clément énonce que le calcul de la Z.I.F dans un repère commun est nécessaire pour la
vérification de l'assemblabilité. Il utilise également la Z.I.F comme condition nécessaire de
l'assemblabilité. Nous reviendrons sur l'application de cette dernière condition aux chapitres 4 et
5.
Une autre application du transfert de tolérances ou plus exactement du calcul de la zone
d'intersection concerne le procéder et/ou le processus de fabrication. En effet, la dépendance des
entités d'une pièce, les unes par rapport aux autres, est souvent difficile à prendre en compte
directement en fabrication. Il est utile d'analyser l'effet de cette dépendance pour mieux contrôler
les variations de l'entité traitée.
Prenons par exemple le cas de la pièce décrite dans la figure 40. Elle comporte trois alésages, les
deux premiers, D et E, sont définis dans le référentiel ABC, et le troisième G est défini dans le
référentiel ADE. Ce dernier alésage dépend de la situation des deux entités D et E qui réalisent le
système de référence ADE. En outre, le troisième alésage a un diamètre relativement faible ce
qui nécessite de prendre un certain soin au cours de la fabrication.
Supposons que l'on choisisse le procédé du prototypage rapide (stéréo lithographie) pour réaliser
cette pièce. Ce procédé réalise les trois alésages simultanément et par rapport au même repère de
référence (celui de la machine). La dépendance des trois alésages ne peut pas être prise en
compte directement par ce type de procédé. En supposant que nous travaillons dans un cadre où
l'interchangeabilité totale est nécessaire, la comparaison entre le résultat du transfert de tolérance
et la dispersion maximale de la machine doit, au moins, permettre de valider le choix du procédé.
Cette remarque est valable pour tous les procédés qui réalisent les trois alésages simultanément
(même phase). Si nous voulons usiner l’alésage G dans la même phase que les deux autres
alésages, nous devons transférer sa spécification dans le référentiel ABC (ou calculer Zint ) et
vérifier que le processus choisi est capable de réaliser les tolérances ainsi transférées. Sabourin
propose de résoudre ce type de problème en contrôlant les entités utilisées comme référence
[Sabourin 98].
L. PINO
3-2. Transfert de tolérances 85
Une autre application possible du transfert de tolérance est liée à l’assemblage automatique à
l’aide d’un robot. En effet, il faut pouvoir exprimer la zone de tolérance dans le référentiel du
robot et veiller à ce que l’assemblage soit possible suivant la précision du robot.
L. PINO
86 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
exprimés par le dessin de définition. L’analyse est dite ascendante car elle part des dispersions
machines pour remonter vers les zones de tolérances. Pour calculer les dispersions relatives, il
faut faire une accumulation des dispersions de fabrication.
- Analyse descendante
L’analyse descendante est le contraire de l’analyse ascendante. Elle part des zones de
tolérance du dessin de définition pour les transformer en tolérances de fabrication qui seront
comparées aux dispersions du procédé de fabrication. La transformation des tolérances du
dessin de définition en tolérance de fabrication est soit directe soit indirecte. Elle est directe si
la tolérance de fabrication est établie entre les mêmes surfaces que la tolérance du dessin de
définition. Par contre, elle est obtenue indirectement à l’aide d’un transfert de tolérance si la
tolérance du dessin de définition n’est pas obtenue directement mais résulte d’une
combinaison de plusieurs tolérances de fabrication. Nous verrons comment par la suite
effectuer le transfert à l’aide du modèle cinématique.
En conclusion, le problème d’analyse de tolérance aussi bien ascendante que descendante est
assez bien résolu dans le cas d’une seule dimension (1D). Mais il devient complexe en 2D et 3D.
Pour étudier l’analyse ascendante ou l’analyse descendante, il faut prendre en compte l’ensemble
des effets des tolérances composant la chaîne de tolérance.
L. PINO
3-3. Rappel de l'approche cinématique de Rivest 87
Appellation Définition
Cylindrique creuse Espace compris à l’intérieur d’un cylindre
Cylindrique solide Espace compris à l’extérieur d’un cylindre
Cylindrique double Espace compris entre deux cylindres coaxiaux
Circulaire concentrique Espace compris entre deux cercles concentriques
Circulaire superposée Espace compris entre deux circonférences situées sur le même
cylindre
Plane creuse Espace compris entre deux plans parallèles
Plane solide Espace extérieur à celui compris entre deux plans parallèles
Table 2: Formes des zones de tolérance utilisées
L. PINO
88 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
→
Le deuxième vecteur est le vecteur interne. Noté VI , ce vecteur caractérise la direction selon
→
laquelle est mesurée la taille de la zone de tolérance. Ainsi, pour une zone cylindrique VI est
→ → →
perpendiculaire à VE . Pour une zone plane, VI et VE sont parallèles.
En réalité, Rivest utilise ici un abus de langage car les deux vecteurs seront positionnés à l'aide
d'une transformation affine.
Le modèle cinématique doit permettre d’orienter et de positionner dans l’espace les deux
→ →
vecteurs VE et VI suivant le type de la zone de tolérance. Cette mise en situation des deux
vecteurs devra être effectuer dans le référentiel où est définie la zone de tolérance.
En suite, le modèle cinématique doit permettre à un point de parcourir l’espace de la zone de
tolérance.
Pour modéliser à la fois la mise en situation de deux vecteurs définissant la situation d’une zone
de tolérance et le mouvement d’un point dans cette zone, Louis Rivest propose d’utiliser un
mécanisme cinématique.
Nous observons que ce modèle cinématique est un moyen simple pour décrire complètement les
transformations homogènes permettant le passage d'un référentiel à un autre. Le choix de la
morphologie n'étant pas unique, Rivest propose intuitivement le mécanisme le plus simple qui
découple la position et l'orientation.
Louis Rivest [Rivest 94a] a défini une structure cinématique comportant 14 articulations (figure
41). C’est une structure classique en robotique, elle comporte deux chaînes sérielles mises en
série.
→
• Les six premières articulations servent à positionner et orienter le vecteur externe VE
relativement au référentiel R0.
→
• Les six suivantes servent à positionner et orienter le vecteur VI relativement au
→
vecteur VE , ainsi que le balayage de la zone de tolérance.
La géométrie de la zone de tolérance est définie par les deux rotations Rθ et Rβ ainsi
que les deux translations TS et TR.
La taille de la zone de tolérance est définie par les translations TT et TP.
→
TT est porté par le vecteur VI et détermine la taille d’une zone de tolérance de genre
creux. TP est toujours parallèle à TT et détermine la taille d’une zone solide. Pour les
zones hermaphrodites, les deux paramètres sont utilisés.
• Finalement, les deux derniers paramètres RΩ et RΦ sont appelés paramètres de
redressement. Ils permettent de contrôler l’orientation du référentiel final Rf par
→ →
rapport aux vecteurs VE et VI . Ceci est utile pour pourvoir créer des chaînes de
tolérances à l’aide du modèle cinématique.
L. PINO
3-3. Rappel de l'approche cinématique de Rivest 89
On peut noter qu'en général, les 14 articulations ne sont pas utilisées simultanément. Suivant la
forme et le genre de la zone de tolérance à modéliser, des articulations peuvent être fixées à une
valeur constante. Les autres pouvant varier dans une plage de valeurs données pour permettre le
balayage de la zone de tolérance.
L. PINO
90 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
L. PINO
3-3. Rappel de l'approche cinématique de Rivest 91
ellipsoïde. Le fabricant devra veiller à ce que les dispersions du procédé de fabrication soient
inférieures à la zone ainsi définie.
L. PINO
92 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
est souvent nécessaire au logiciel de faire des dizaines d’essais de transfert différents pour
aboutir à une synthèse de tolérance. L’intervention de l’utilisateur dans cette boucle d’itération
est donc inconcevable dans ce type de logiciel.
3-3.5 Conclusion
Le modèle cinématique est un modèle très intéressant car il permet de modéliser facilement
l’ensemble des zones de tolérance couramment utilisées.
On peut à l’aide de ce modèle d’effectuer aussi bien une analyse ascendante ou descendante des
tolérances. Ceci dans le but de vérifier la validité du transfert d’une zone de tolérance, exprimée
dans un référentiel, vers un autre référentiel. Ou de vérifier si les dispersions d’un procédé de
fabrication sont compatibles avec les tolérances données par le dessin de définition. La seule
limitation du modèle cinématique est liée non pas au modèle lui-même mais à la méthode de
calcul employée pour calculer la forme de la zone neutre ou la forme de l’union des dispersions
au cours du transfert de tolérances.
Dans le but d’utiliser ce modèle dans un logiciel d’aide au tolérancement, il est nécessaire de
généraliser le modèle cinématique et d'utiliser une autre méthode pour le calcul des intersections.
Dans le paragraphe suivant, nous allons introduire une généralisation du modèle cinématique et
présenter des méthodes pour calculer la forme de la zone neutre de manière analytique.
L. PINO
3-4. Généralisation du modèle cinématique 93
Pour illustrer cette notion sur un exemple simple, nous allons utiliser une chaîne cinématique
hybride pour tolérancer l'axe d'un cylindre. La figure 46, page 95, montre cette structure
permettant d’étudier le mouvement de cet axe dans une zone de tolérance cylindrique.
L'utilisation d'une chaîne cinématique hybride est nécessaire dès que l’on veut analyser une
chaîne de tolérance complexe où l’ensemble des éléments ne sont pas exprimés dans le même
référentiel et où l’ordre des références n’est pas le même.
Dans une chaîne cinématique, nous devons définir précisément les référentiels liés aux parties
fixes. Pour les modéliser, nous utiliserons, comme Louis Rivest, une bibliothèque de cas pour
créer les différents référentiels possibles. Cette bibliothèque, composée de 52 cas, est celle de la
norme ASME Y14.5.1-M 94. On y retrouve l’ensemble de cas définit par Leveaux [Leveaux 92].
Notons que la norme ASME a répertorié moins de cas car elle ne s’est intéressée qu’aux
référentiels les plus courants.
La modélisation d’une chaîne de tolérance par une chaîne cinématique dépend d’une part des
zones qui composent la chaîne de tolérances et d’autre part des interactions entre les zones de
tolérance.
L’analyse de tolérances ne peut ce limiter à l’étude du mouvement d’un point dans l’espace.
Nous devons aussi pouvoir modéliser le mouvement d’un axe dans l’espace ou le mouvement
d’un plan dans l’espace. De plus, ces mouvements sont limités car les dimensions des pièces
sont, elles aussi, limitées. Par exemple, nous pouvons avoir les spécifications suivantes : l’axe
doit ce trouver dans une zone cylindrique, le plan doit se trouver entre deux plans parallèles, etc.
Il faut donc pouvoir modéliser les limitations de mouvement. L'utilisation des chaînes
cinématiques hybrides va nous permettre de prendre en compte ces limitations.
L. PINO
94 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
r E
D H
r1 αa r2
y1 α2
α1
G O2
O1
x1
ZD ZE
y0
ABC x0
O0
Les figures 42et 44 montrent la difficulté de modélisation les chaînes cinématique. En effet, une
mauvaise interprétation des tolérances données par le dessin de définition entraînera la définition
de chaînes cinématiques complètement différentes. Dans notre exemple, seule la définition du
référentiel contrôlant la position de la zone de tolérance de l’alésage E a été modifiée. Nous
sommes passé du référentiel ABC au référentiel ABD.
E
G
r2
r α2
H O2
D αa
y1 r1
r1
α1 ZE
O1
x1
y0 Parallèle au plan B
ZD
x0
O0 ABC
L. PINO
3-4. Généralisation du modèle cinématique 95
Figure 46 : Structure cinématique pour modéliser le mouvement d’un axe dans un cylindre
Ainsi, étudions la pièce de la figure 47. Cette pièce comporte deux alésages localisés selon les
trois plans A, B et C.
L’axe du premier alésage est localisé dans une zone de tolérance cylindrique de diamètre
0.01mm. Cette zone est parallèle au plan A et au plan B et elle est perpendiculaire au plan C.
250±1
50±1
150±1
100
75
^
y0
180
^
x0
A B
C
L’axe du deuxième alésage est localisé dans une zone de tolérance parallèle au plan A, et dont
l’orientation est fixée par la situation actuelle de l’axe D. Pour transférer la tolérance de position
du deuxième alésage dans le référentiel ABC, il faut modéliser la chaîne de tolérance entre le
référentiel ABC et le référentiel AD. Nous pouvons le faire à l’aide de la structure présenté
précédente. Il y aura alors une relation d’égalité entre les paramètres de translation T1 et T2 ainsi
L. PINO
96 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
que pour les paramètres de rotation R1 et R2 pour que l’axe du cylindre reste perpendiculaire au
plan A.
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 97
Il est souvent plus pratique d'utiliser l'élément nominal de la zone de tolérance. Nous pouvons
introduire deux nouveaux repères s'appuyant sur les conditions nominales. Soit R1
(respectivement R0 ) un repère obtenu à partir du repère Rfonct1 (respectivement Rref) par une
transformation constante. (figure 48). Le repère R1 correspond à la situation nominale de la zone
Z2 par rapport au repère Rfonct1. A chaque position et orientation du repère Rfonct1 correspond un
repère R1.
Il y a un lien rigide entre le repère Rfonct1 et le repère R1.
Le repère R0 correspond à la situation nominale de la zone Z2 par rapport au repère Rref.
Soit ref T0 la transformation qui fait passer du repère Rref au repère R0 . Cette matrice est donnée
par les cotes de fabrication.
ref
Soit Tfonct1 la transformation qui fait passer du repère Rref au repère Rfonct1. Cette matrice
dépend des paramètres qi. Les paramètres qi sont les paramètres indépendants de la structure
cinématique c’est eux qui commandent les mouvements de la structure au cours du balayage de
L. PINO
98 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
l’espace. C’est donc eux qui permettent de définir la position et l'orientation des deux repères
Rref et Rfonct1 l'un par rapport à l'autre.
fonct1
Soit T 1 la transformation qui fait passer du repère Rfonct1 au repère R1 . Cette matrice est
obtenue par les cotes nominales du dessin de définition.
A partir de la structure cinématique, on peut associer des repères et des matrices de
transformations entre les différents repères. On peut notamment calculer la matrice de
transformation 0T1. Au cours du balayage des différents paramètres q vont pouvoir prendre
différentes valeurs dans l’ensemble Q des valeurs possibles. Pour chaque valeur de q nous auront
une matrice 0T1. On pourra donc définir l’ensemble des valeurs que prendra la matrice 0T1 au
cours du balayage comme étant l’ensemble τ.
Soit 0χ les coordonnées dans R0 du point χ, et soit 1χ les coordonnées dans R1 du point χ.
L'équation générale peut alors s'écrire sous la forme :
fonct1 fonct1 1
X1 = T1 T0 0Tref ref X
fonct1
1
T fonct1 X1 = 1
T fonct1 fonct1 T 1 1T0 0
X
1 1
X = T0 0 X (7)
1χ 0χ
où 1 X= et X= .
0
1 1
Le développement de cette relation nous donne :
1χ
= 1A 0 0 χ + 1P 0
A partir de cette relation nous pouvons calculer les deux zones suivantes :
• La zone neutre après transfert qui représente l’intersection de l’ensemble des zones de
tolérances possibles.
• L’union de l’ensemble des zones de tolérances possibles.
Pour pouvoir calculer ces deux zones, il faut pouvoir calculer si un point de l’espace appartient à
une zone de tolérance après transformation. Nous pouvons écrire une condition nécessaire et
suffisante de respect de la zone de tolérance :
1χ
respecte la tolérance si et seulement si :
1χ
∈ fonct1Z2 (8)
Cela veut dire que si le point χ, après transformation, ne se trouve plus dans la zone de tolérance
fonct1
Z2, alors la tolérance n'est pas respectée pour cette transformation. Dans ce cas, après
transformation le point 1χ n’est plus réalisable en respectant la zone de tolérance. L'ensemble des
points 1χqui restent dans la zone de tolérance fonct1Z2 quelle que soit la transformation 0T1 ∈ τ qui
fait bouger cette zone sont les points de la zone neutre. Ils sont réalisables quelle que soit la
position de la zone de tolérance fonct1Z2. L’ensemble des points 1χ qui restent dans la zone de
tolérance après une transformation 0T1 ∈ τ sont les points de l’union des zones de tolérances.
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 99
Pour la clarté de l'exposé, nous nous limiterons au cas de tolérances de position circulaires dans
le plan. Nous allons tout d’abord calculer l’intersection des zones de tolérances. puis nous
calculerons l’union des zones de tolérances.
est le centre du cercle fonct1Z2, il faut simplement que la distance entre le point 1 χ et l’origine de
R1 soit inférieure à r1 ce qui donne :
|| ||
1χ 2
≤ r12 (9)
Or nous avons :
|| 1χ ||2 = (1A0 0χ + 1P0)T (1A0 0χ + 1P0)
= || ||
0χ 2
−2 χ
0 T 0 1
P1 + P0
2
|| χ ||
0 2
−2 χ
0 T 0
P1 +
1 2 2
P0 − r1 ≤ 0 (10)
On peut alors développer P1 et χ selon leurs expressions polaires soit :
0 0
ce qui donne :
2 2 2
r − 2 r ρ cos(θ - α ) + ρ − r1 ≤ 0 (11)
Cette inéquation dépend des paramètres qi qui définissent le mouvement de la structure
cinématique.
Résolvons cette inéquation. Nous devons calculer le discriminant ∆ de cette équation. Les
solutions de cette équation doivent être réelles il faut donc que ∆ soit positif quel que soit les
valeurs des paramètres qi.
Si ∆ est négatif pour une valeur particulière des paramètres qi cela veut dire qu'il n'existe pas de
valeur de r qui permette de résoudre l’équation 11. Il ne pourra donc exister de zone
d’intersection commune Zint et donc la tolérance n'est pas transférable de Rfonct1 vers Rref.
Nous pouvons donc définir une condition nécessaire pour que la zone neutre existe. Il faut que :
∆ ≥ 0 ∀ qi ∈ Q
Si nous développons l’expression du discriminant ∆ nous obtenons la condition suivante :
r12 ≥ ρ2 sin2(θ - α ) (12)
L. PINO
100 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
avec
r' = ρ cos(θ - α)+ r12 – ρ2 sin2(θ - α ) (15)
L’équation 14 est l'équation polaire de la zone neutre. Pour chaque valeur de α nous pouvons
calculer le rayon de la zone neutre. En faisant varier α entre 0 et 2π, nous obtenons la forme de
la zone neutre exprimée dans R0.
dans le cercle fonct1Z2 après cette transformation 0T1. Sinon, cela veut dire que la transformation
0
T1 le fait sortir de la zone de tolérance, et on ne peut plus respecter la zone de tolérance pour ce
point. Ceci nous amène au même raisonnement que précédemment nous pouvons donc
développer l’équation 9 et aboutir pour une transformation 0T1 à l’inéquation 11. Cette
inéquation peut ou non être vérifier pour un point χ de l’espace. Si cette inéquation est vérifiée,
cela veut dire que le point χ est dans la zone de tolérance après la transformation 0T1. Pour
calculer les points limites qui formerons la frontière de l’union des zones de tolérances, il faut
calculer pour chaque α la plus grande valeur que peut prendre r après avoir subi l’ensemble des
transformations 0T1 ∈ τ. A partir de l’équation 13, nous pouvons calculer ce rayon :
ru(α) = max r' (16)
qi
Nous n’avons plus de contrainte sur le discriminant ∆ en effet, l’ensemble des points de l’union
ne sont pas censés être valides pour l’ensemble des transformations possibles mais seulement
pour au moins une d'entre elles. Par contre, dans l’équation 16, seuls les rayons r’ résultants d’un
discriminant ∆ positif sont pris en compte.
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 101
méthode. Le deuxième exemple est plus complexe pour montrer les domaines d’applications de
la méthode.
150±1 150±1
100 80
75 75
^
y0 ^
y0
180 180
^
x0 ^
x0
B C A B C A
(a) (b)
La figure 49a montre le dessin de définition d’une pièce mécanique comportant deux alésages.
L’alésage D de diamètre 40 ± 0.01mm est tolérancé par une tolérance de position de diamètre
0.01 relativement au référentiel composé par le plan A, le plan B et le plan C dans cet ordre. La
→
→
position nominale de l’axe de cet alésage est de -180 sur x et 75 sur y.
Le deuxième alésage de diamètre 25 ± 0.01 est localisé par une tolérance de position de diamètre
0.015 relativement au plan A et à l’axe de l’alésage D. Ce référentiel est incomplet mais on
supposera qui reste horizontal c’est-à-dire parallèle au plan B.
Pour des raisons techniques, on veut réaliser ces alésages en une seule opération. Il faut donc
vérifier que le transfert de la tolérance de position du deuxième alésage dans le référentiel ABC
est réalisable.
La figure 49b montre un exemple de tolérancement de ces deux alésages dans un seul système de
référence ABC.
Puisque la référence primaire des deux alésages est la même référence plane A on peut étudier le
transfert en 2D et non pas en 3D. Les axes des alésages seront représentés par des points et ils
seront confinés dans des disques.
La figure 50 montre la structure cinématique simplifiée de la chaîne de tolérance complète.
L’axe de l’alésage D est confiné dans le disque ZT1 et l’axe du deuxième alésage est confiné
dans un disque ZT2 dont la position dépend de la position de l’axe de l’alésage D.
Suivant l’ensemble des positions de l’axe D la zone ZT2 va balayer une portion de l’espace et
l’intersection de l’ensemble des disques ZT2 donnera la zone de tolérance Zint exprimée dans le
référentiel ABC.
L. PINO
102 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
A partir de cette structure cinématique nous allons définir les différents référentiels et écrire les
différentes matrices de transformation homogène pour analyser le mouvement de la structure.
La figure 51 montre les différents référentiels que nous pouvons définir pour cette structure. 0
partir de ces matrices nous pouvons calculer la matrice de transformation 0T1 entre le référentiel
R0 et R1.
r1 cos(α1)
0
T1 =
I 3x3 r1 sin(α1)
0
0 0 0 1
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 103
Nous avons simplifier le dessin de définition pour extraire seulement les entités qui nous
intéressent et nous avons transformé les unités en mm. La figure 53 nous montre cette pièce
simplifiée. Elle comporte trois alésages, les deux premiers alésages D et E sont localisés
L. PINO
104 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
relativement au plan ABC. Le troisième est localisé relativement au plan A et aux deux alésages
D et E dans cet ordre.
Si l’on souhaite réaliser les trois alésages dans la même phase sans démonter la pièce, il faut
transférer la tolérance de position du troisième alésage dans le référentiel ABC.
Nous pouvons définir une structure cinématique permettant de modéliser ces spécifications.
Puisque la référence primaire A est un plan, le problème peut être traité dans le plan. Nous
devons tout d’abord modéliser le mouvement de l’axe D au pire des cas dans une zone de
tolérance circulaire. Puis nous modélisons le mouvement de l’axe E par une autre zone
circulaire. Enfin nous pouvons modéliser le mouvement du point G relativement aux deux autres
points D et E toujours avec une zone circulaire.
La figure 54 nous montre une telle structure.
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 105
A partir de cette structure, nous pouvons définir les différents référentiels ainsi que les
différentes matrices de transformations qui permettent de passer d’un référentiel à un autre
(figure 55).
Paramètre de la structure a1 b1 a2 b2 a3 b3
L. PINO
106 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
r1 = 0.0635
rn – –
1 r2 = 0.0635 min ∆
qi – -0.0207
r3 = 0.0635
r1 =0.03175
rn – –
2 r2 = 0.03175 min ∆
qi – – 0.00215
r3 = 0.0635
r1 = 0.0127
rn 0.033 0.032
3 r2 = 0.0127 min ∆ – 0.00305
qi
r3 = 0.0635
r1 = 0.01905
rn 0.0165 0.0164
4 r2 = 0.01905 min ∆
qi – 0.00180
r3 = 0.0635
Table 4 : Valeurs du rayon de la zone neutre après transfert
La figure 56 nous montre la forme de la zone neutre après transfert dans le quatrième cas de la
table précédente. La forme en fuseau de cette zone n’étant pas directement exploitable par le
fabricant, il faut donner le rayon de la plus grand zone circulaire inscrite dans la zone neutre (en
gris foncé sur la figure). On remarque alors qu’une grande partie de la zone neutre après
transfert n’est pas utilisable si on n’exploite que la zone circulaire. Pourtant toutes les pièces qui
respectent cette zone sont correctes et respectent la spécification.
Figure 56 : Forme de la zone neutre après transfert exprimée dans R0 pour le 4ème cas de la
table 4
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 107
0.004
0.003
0.002
0.001
-0.001
-0.002
-0.003
-0.004
-0.004 -0.003 -0.002 -0.001 0 0.001 0.002 0.003 0.004
L. PINO
108 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
7.08
∅ 0.127
7.06
7.04
7.02
6.98
6.96
6.94
Maintenant, choisissons un autre procédé de fabrication. Les dispersions de fabrication des trois
alésages sont alors égales à 0.0365mm.
La figure 60 nous montre alors la zone de dispersion relative du troisième alésage. Nous
remarquons que cette zone est juste inscrite dans la zone de tolérance de l’alésage. Nous avons
L. PINO
3-5. Méthode analytique d'analyse 109
ici un cas limite pour le calcul des dispersions de fabrication. Le procédé est capable, mais nous
avons atteint les limites du procédé de fabrication.
7.1
7.08 ∅ 0.127
7.06
7.04
7.02
6.98
6.96
6.94
32.2 32.22 32.24 32.26 32.28 32.3 32.32 32.34 32.36
Maintenant, si nous utilisons un autre procédé de fabrication dont la zone de dispersion des deux
premiers alésages est de 0.04mm et celle du troisième alésage de 0.05mm. La figure 61 nous
montre le résultat du calcul de cette zone de dispersion. Nous remarquons que la zone est plus
grande que la zone de tolérance du troisième alésage. Le procédé de fabrication est donc
incapable d’assurer que toutes les pièces produites dans ce cas seront conformes.
7.1
7.08
∅ 0.127
7.06
7.04
7.02
6.98
6.96
6.94
L. PINO
110 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
La synthèse de tolérance fait intervenir un processus d’optimisation des différentes valeurs des
zones de tolérance comme par exemple le coût de réalisation d’une pièce. Nous n’allons pas aller
aussi loin mais simplement présenter ce processus d’optimisation dans un cas simple. Nous
allons chercher quelle est la valeur limite qui faut appliquer aux trois zones de tolérances de
fabrication des alésages de la figure 53 pour respecter la zone de tolérances de 0.127mm du
troisième alésage. Pour cela, nous reprenons l’équation qui nous donne le rayon de la zone neutre
après transfert. Cette équation dépend justement des valeurs r1 et r2 des rayons de zones de
tolérances de fabrication des deux premiers alésages D et E. nous avons donc une fonction f qui
nous donne la valeur de rn suivant les valeurs de r1 de r2 de du rayon r3 de la zone de tolérance
du troisième alésage.
rn = f(r1 ,r2,r3)
Il suffit donc de résoudre le système contraint suivant :
rn = f(r1 ,r2,r3)
r1 = rn
r2 = rn
Pour une zone de tolérance du troisième alésage de 0.127mm nous trouvons pour valeur de rn, r1
et r2 un rayon de 0.018mm.
Nous voyons donc que notre méthode analytique peut être utilisée dans un logiciel de synthèse
de tolérances. L’exemple que nous avons traité ici est trivial mais il montre bien que la méthode
peut être étendue à n’importe quelle contrainte sur les différents rayons des zones de tolérances.
De plus, nous avons traité ici le cas de l’analyse descendante de tolérances mais nous pouvons
aussi utiliser cette méthode dans le cas de l’analyse ascendante de tolérances dans une boucle de
synthèse de tolérances.
3-5.7 Conclusion
Nous venons de présenter une méthode permettant dans le cas plan de calculer à la fois
l’intersection des zones de tolérances et l’union de ces zones de tolérances en fonction des états
possibles des références composant le système de références. Nous n’avons pas traité le cas où
l’on ajoutait des modificateurs d’états sur les tolérances de position ou sur les références. Car
dans ce cas, il suffit simplement d’augmenter la zone de tolérance de l’écart maximum entre
l’état au maximum de matière et celui au minimum de matière de l’alésage. La méthode reste
donc valide là aussi.
Nous avons donc présenté une méthode permettant d’effectuer aussi bien une analyse dans le
pire des cas du transfert de tolérance que le calcul de l’accumulation des dispersions de
fabrication. Cette méthode peut aussi être utilisée en bureau d’études pour vérifier des
contraintes liées à l’assemblage par exemple.
Nous verrons dans le prochain chapitre comment étendre ce procédé au calcul de pièces
virtuelles et résultantes.
L. PINO
3-6. Méthode jacobienne d'analyse 111
L. PINO
112 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
articulaires actives (ou indépendantes) et qd le vecteur des variables articulaires passives (ou
dépendantes). Nous pouvons regrouper les deux vecteurs qi et qd pour former le vecteur des
qi
variables articulaires q avec q = .
qd
On peut définir une relation entre les entrées q du manipulateur, c’est-à-dire les variables
articulaires, et les sorties X, c’est-à-dire les configurations de l’organe terminal, de la façon
suivante :
F(X,q) = 0
L. PINO
3-6. Méthode jacobienne d'analyse 113
Si la structure contient des boucles fermées, il faut les prendre en compte pour calculer le
mouvement de l’organe terminal. Pour chaque boucle fermée on peut écrire que le produit des
matrices de transformation de chaque corps de la boucle est égal à la matrice identité, soit :
Π a(i)Ti = I (19)
Où a(i) représente l’élément précédent du iéme élément de la structure cinématique de la boucle
fermée et I représente la matrice Identité.
Une fois que l’on a écrit ces différentes équations nous obtenons un système d’équations non
linéaires qui prend en compte le mouvement de l’organe terminal ainsi que les contraintes de
fermeture des boucles fermées de la structure cinématique :
F(qd,qi) = 0
(20)
Ψ(qd,qi) = U0
Où F(qd,qi) représente les différentes équations résultantes des boucles fermées de la structure.
Ψ(qd,qi) représente des différentes fonctions issues de la matrice de transformations entre la base
et l’organe terminal. qd représente les paramètres dépendants de la structure et qi représente les
paramètres indépendants de la structure. C’est-à-dire les paramètres moteurs dans la structure.
Nous allons calculer la matrice Jacobienne de la structure exprimée sur l’organe terminal. Pour
ce faire nous allons dériver le système d’équations 20. La dérivée de la première équation à la
forme suivante :
∂F dq + ∂F
d dq = 0 ( 21 )
∂qd ∂qi i
∂F,
Si nous posons Jd = ∂F et Ji = , nous pouvons obtenir une relation permettant de définir les
∂qd ∂qi
paramètres dépendants en fonction des paramètres indépendants.
dqd = Jd-1 Ji dqi ( 22 )
Si nous nous occupons de la dérivée de la deuxième expression de l’équation 20, nous obtenons :
∂Ψ
Ψ dq + ∂Ψ Ψ
d dq = dU0 ( 23 )
∂qd ∂qi i
Cette équation nous amène à l’équation suivante :
dU0 = J dqi ( 24 )
avec Kd = ∂Ψ
Ψ et K = ∂Ψ
Ψ
i
∂qd ∂qi
et nous avons finalement :
J = Kd ( Jd-1 Ji )+Ki ( 25 )
La matrice J est la matrice Jacobienne du mécanisme calculer au point terminal de l’organe
terminal (Celui qui définit U0).
L’étude du déterminant de J permet de calculer les situations où le mécanisme se trouve sur une
singularité. Dès que le déterminant de J devient nul pour des valeurs de q données, cela veut dire
L. PINO
114 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
que le mécanisme rencontre une singularité. A ce moment, le mécanisme peut gagner ou perdre
un ou plusieurs degrés de liberté.
Il existe plusieurs types de singularités pour un mécanisme complexe. Une partie de ces
singularités permettent de définir la frontière de l’espace de travail. Nous allons donc étudier les
variations du déterminant de J pour calculer l’espace de travail du mécanisme.
L. PINO
3-6. Méthode jacobienne d'analyse 115
Cette structure est une structure hybride à boucle fermée. Elle permet d’analyser la situation du
point G qui représente ici la projection de l’axe G sur le plan A. Les mouvements du point G
peuvent être étudiés à partir des paramètres α1, α2, r1 et r2. On peut aussi ramener l’étude de
cette structure aux paramètres α1, r1 et αa. Dans le pire des cas, on peut ramener cette étude à
α1 et α2 ou simplement à α1et αa. Quand nous ramenons l’étude au paramètre αa, il faudra
prendre en compte que les valeurs de αa possibles doivent impérativement permettre la fermeture
de la boucle fermée.
Regardons dans un premier temps si le transfert de tolérance est possible. Pour cela, nous
écrivons les équations de la boucle fermée dans le pire des cas en fonction des paramètres
indépendants α1 et α2. La boucle fermée est décrite par la structure cinématique de la figure 63.
L. PINO
116 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
tx
Où O1O2 = t , tx et ty sont des valeurs constantes obtenues à partir des positions nominales des
→
y
alésages D et E.
D H
r1 αa
y1
α1
O1 G
x1
ZD
y0
ABC x
0
O0
Nous écrivons l'équation du mouvement du point G en sans prendre en compte les paramètres de
la boucle fermée.
xG = r1cos(α1) + DHx cos(αa) – HGx sin(αa)
yG = r1sin(α1) + DHx sin(αa) + HGx cos(αa)
La dérivation de ces expressions donne :
dxG
= Jd dαa + Ji dα1
dyG
En combinant cette équation et l’équation (26) nous obtenons la matrice jacobienne du
mécanisme au point G :
dxG dα1
=J
dyG dα2
L'étude du déterminant de cette matrice J permet de calculer l’espace de travail du point G et de
vérifier dans un premier temps la consistance du transfert de tolérance.
L. PINO
3-6. Méthode jacobienne d'analyse 117
r1 r2 r3 r1 r2 r3
Rayon en
mm
0.0635 0.0635 0.0635 0.0127 0.0127 0.0635
y
∅ 0.127
y
0.05
0.1
Espace de
travail du x -0.05 -0.025 0.025 0.05
x
-0.1 -0.05 0.05 0.1
point G
-0.05 -0.025
-0.1 -0.05
Nous pouvons ici remarquer que Monsieur Dominique Gaunet était arrivé au même résultat avec
l’étude des SATT et des petits déplacements [Gaunet 94]. La figure 66 nous montre l’incertitude
de position relative des points de l’axe du cylindre G. Les valeurs utilisées pour la figure 66a
sont de 0.127mm pour les trois zones de tolérance (D, E et G); celles de la figure 66b sont de
0.038mm pour les zones de tolérances de D et E et 0.127mm pour la zone de tolérance de G.
Nous remarquons que les frontières obtenues par Monsieur Gaunet ne sont pas exactement les
mêmes que celles que nous obtenons. Une explication possible de cette différence est que le
L. PINO
118 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
modèle des petits déplacements linéarise les déplacements avant de les prendre en compte alors
que nous calculons les déplacements puis nous linéarisons en calculant la matrice jacobienne.
Dans le cas présent, le bras de levier entre le référentiel ADE et l’alésage G viens accentuer le
mouvement de rotation du référentiel ADE. Monsieur Gaunet obtient donc dans ce cas de plus
grands déplacements du centre de l’alésage G et donc il obtient un rayon de zone neutre un peu
plus petit.
L. PINO
3-6. Méthode jacobienne d'analyse 119
Dans ce cas, nous recommençons l’étude de la boucle fermée. Dans ce cas précis, la boucle
fermée n’a pas changé nous obtenons alors les mêmes équations que précédemment.
Par contre, le calcul de l’espace de travail n’est plus effectué pour le point G mais pour le point I.
Dans ce cas, nous écrivons les équations du mouvement du point I :
xE = r1cos(α1) + DHx cos(αa) – HGx sin(αa) + r3 cos(α3)
yE = r1sin(α1) + DHx sin(αa) + HGx cos(αa) + r3 sin(α3)
En prenant en compte simultanément les équations de la boucle fermée ainsi que les équations du
mouvement du point I nous pouvons calculer la matrice jacobienne du point I en fonction des
paramètres indépendants dα1,dα2 et dα3 :
dα1
dxI
= J dα2
I
dy
dα3
Maintenant, si nous calculons les valeurs de α1, α2 et α3 pour lesquelles le déterminant de la
matrice J s’annule nous obtenons les limites de l’espace de travail du point E au pire des cas.
Cet espace de travail est à décomposé en deux parties l’une extérieure que correspond à l’union
de l’ensemble des zones de tolérance (en gris foncé sur la figure 68), et une zone intérieure qui
correspond à l’intersection des zones de tolérances (en gris clair sur la figure 68). Nous avons vu
que puisque le transfert était consistant, cette zone devait exister. La figure 68 nous montre un
exemple d’espace de travail du point I pour les valeurs des paramètres de la figure 65b.
L. PINO
120 Chapitre 3. Modèle cinématique de tolérancement
Nous remarquons que nous trouvons les mêmes valeurs que pour l’intersection et l’union des
zones de tolérances que nous avons calculées avec la méthode analytique dans le cas trois de la
table 4 page 106.
3-7 Conclusion
Nous avons présenté dans ce chapitre une formulation de l’analyse de tolérance à l’aide de
structures cinématiques. Ces structures permettent de prendre en compte les liens entre les
différentes tolérances composant une chaîne de tolérances. L’étude des chaînes de tolérances et
utiles pour l’analyse du transfert de tolérance. Nous avons proposé une formulation analytique
permettant de calculer dans le pire des cas l’intersection et l’union d’une zone de tolérance en
fonction des tolérances antérieures dans la chaîne de tolérances. Cette formulation analytique,
très simple, permet de vérifier la possibilité du transfert de tolérance et de calculer le transfert.
L’analogie entre les structures cinématiques que nous avons étudié a été poussée plus loin vers
l’étude des mécanismes à l’aide des outils issus de la robotique. Nous avons donc appliqué de
tels outils pour étudier les possibilités de mouvements autorisés à la structure cinématique. Ceci
nous a permis de définir une deuxième méthode de transfert analytique qui utilise les propriétés
de la matrice jacobienne de l’organe terminal pour calculer l’espace de travail de ce dernier. Ceci
nous a permis de montrer que l’étude de cet espace nous permettait de vérifier la consistance du
transfert et le cas échéant de calculer l’intersection et l’union des zones de tolérances.
Finalement, les deux méthodes que nous avons présentées permettent de calculer de manière
automatique le transfert de tolérance dès que la structure cinématique est connue. Nous pouvons
remarquer qu’il n’est pas nécessaire de calculer entièrement cette structure cinématique car seul
nous importe de connaître les matrices de transformations homogènes entre les différents
référentiels. Généralement ces matrices sont calculées par l’étude du mécanisme. Mais elles
peuvent aussi être obtenues par toutes autres méthodes et notamment par un expert.
L. PINO
Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel :
Application à la mesure
Sommaire
L. PINO
122 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
4-1 Introduction
L’utilisation des modificateurs d’état en tolérancement est une pratique courante pour la
définition d’assemblages. Leur utilisation, bien que simple, implique des effets qui ne sont pas
toujours bien compris par le concepteur. Il faut donc l’aider durant l’ensemble du processus de
conception. En tout début de la conception, en proposant des outils permettant l’analyse des
effets des modificateurs d’état sur les tolérances géométriques, mais aussi en fin de création du
produit, proposant des outils d’aide à la vérification de la conformité des pièces fabriquées.
En effet, la vérification de certaines pièces tolérancées, à l’aide de modificateurs d’état au
maximum de matière, n’est pas toujours évidente. Généralement, ces pièces peuvent être
contrôlées en utilisant des calibres fonctionnels. Mais cette vérification ne donne qu’un résultat
binaire. Soit le calibre s’assemble et la pièce est conforme, soit le calibre ne s’assemble pas et
dans ce cas la pièce est rejetée. Cette vérification ne donne aucune information qualitative et
quantitative sur les entités de la pièce. Elle ne donne pas la valeur effective ou valeur actuelle de
la tolérance. Si la pièce est rejetée, nous ne savons pas si ce rejet est dû à la déviation de la
dimension de l’entité, de sa position, de son orientation ou d’une combinaison de ces déviations.
Cela est gênant lorsque l’on veut suivre, par exemple, l’évolution du procédé qui a permis
l’obtention de la pièce, pour éventuellement le corriger. En outre, dans le cas de pièces à forte
valeur ajoutée, la non-conformité d’une tolérance peut avoir des répercussions économiques
importantes. Il sera nécessaire, dans ce cas, de calculer la valeur de la tolérance non respectée et
de vérifier quels paramètres pourraient être modifiés pour qu’un nouvel usinage rende la pièce
conforme.
Les méthodes utilisant des calibres fonctionnels ne permettent pas de fournir les informations
nécessaires à ce retraitement de la pièce. C’est pourquoi il sera nécessaire de mettre en œuvre
d’autres méthodes de vérification. Ceci entraîne à nouveau une perte de temps, et donc d’argent,
supplémentaire.
Actuellement, l’arrivée des machines à mesurer tridimensionnelles entraîne une profonde
mutation des méthodes de vérification des pièces mécaniques. Ces machines génèrent un nuage
de points représentant, soit les centres de la bille de palpage, soit les points de la surface
mesurée. Ce nuage de points doit alors être associé à des surfaces théoriques de forme parfaite
qui représenteront les entités de la pièce.
Après association, nous pouvons récupérer des informations relatives aux positions, orientations
et dimensions des entités composant la pièce. Il serait intéressant de simuler le contrôle par
calibres fonctionnels à l’aide de calibres virtuels comme l’a présenté Pairel [Pairel 95]. De
même, comme l’ont présenté Bourdet, Ballu et Mathieu [Bourdet 94], on peut vérifier la
conformité d’une tolérance de localisation directement à partir du nuage de points généré par le
centre de la sphère de palpage. D’autres travaux utilisent des méthodes d’optimisation pour
calculer les positions des entités à partir de leurs surfaces [Etasami 91] ou des axes des cylindres
[Lehtihet 91].
L. PINO
4-2. Méthodes traditionnelles de contrôle 123
Une des grandes difficultés des méthodes de contrôle par calibres virtuels est que la simulation
du mouvement du calibre n’est pas toujours évidente, surtout dans le cas du contrôle de groupe
d’éléments référencé au maximum de matière relativement à un référentiel comportant lui aussi
des modificateurs de référence au maximum de matière. En outre, peu de méthodes permettent
de calculer la valeur effective des zones de tolérances.
Nous allons présenter dans ce chapitre une méthode graphique permettant de simuler le contrôle
de pièces par calibres virtuels. Cette méthode dite du « paper gaging » ou contrôle par des
calibres en papier permet de vérifier la conformité de certaines tolérances de localisation
comportant des modificateurs d’état au maximum de matière. Malheureusement, cette méthode
ne permet pas de calculer directement la valeur effective d’une tolérance de localisation. De plus,
cette méthode est mise en défaut lorsque l’orientation du référentiel, contrôlant la tolérance de
localisation, possède un degré de rotation libre. Dans la suite, nous allons proposer une méthode
permettant le contrôle de telles tolérances de localisation tout en permettant de calculer la valeur
effective de la tolérance. Cette méthode pouvant s’appliquer pour le contrôle d’une unique entité
comme pour le contrôle d’un groupe composé de plusieurs entités.
L. PINO
124 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
L. PINO
4-2. Méthodes traditionnelles de contrôle 125
L. PINO
126 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
+0.08
4x ∅ 9.5 0
∅0.13 M A D M B
50
B 25
20
(4) (1) 9.5
19
(3) (2)
+0.05 35.5
∅ 12.5 0
A
∅0.3 M A B C C
D
L. PINO
4-2. Méthodes traditionnelles de contrôle 127
état au maximum de matière et sa dimension d’assemblage orientée actuelle, soit dans le cas
présent 0.038mm.
La seconde étape de la méthode du calibre en papier consiste à reproduire, sur un papier, les
écarts de position relatifs des quatre alésages par rapport à la position de l’alésage D, comme le
montre la figure 73.
Puis, nous dessinons sur un transparent des cercles concentriques qui représentent les zones de
tolérance où doivent se trouver les alésages. Dans notre cas, nous dessinons une zone de
diamètre 0.193mm pour les alésages 1 et 3 et une zone de diamètre 0.17 pour les alésages 2 et 4
(figure 74).
Finalement, nous faisons bouger le transparent, en translation seulement, pour essayer de trouver
une position de celui-ci telle que le centre des cercles se trouve dans la zone de diamètre
0.038mm autour de l’alésage D et que les positions des alésages soient situées dans leur cercle
respectif (figure 75). On vient ainsi de simuler le mouvement d’un calibre fonctionnel qui aurait
contrôlé les quatre alésages simultanément.
∅ 0.193 ∅ 0.193
∅ 0.17 ∅ 0.17
C4
C3 ∅ 0.038
C2
C1
0.01mm
0.01mm
L. PINO
128 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
La méthode des calibres papiers est assez limitée car elle ne permet pas facilement de trouver la
valeur effective (ou valeur actuelle) du groupe. Il faut pour cela utiliser des méthodes
mathématiques comme , par exemple, celle présentée par Lehtihet [Lehtihet 91]. En outre, dans
le cas où le système de référence comporte plus d’une référence avec un modificateur de
référence, la méthode du calibre papier n’est plus adaptée car elle ne permet pas facilement de
simuler les mouvements du calibre de contrôle. C’est pourquoi, nous proposerons maintenant
une méthode permettant le contrôle de telles pièces.
On retrouve également une méthode utilisant les intersections des cercles, deux à deux, dans le
cadre d'une application simple [Jackman 94].
L. PINO
4-3. Ensemble des situations de l’axe du calibre (ESAC) 129
Nous avons représenté en trait fort la limite du mouvement de l’axe du calibre dans la zone
intérieure de l’alésage D. Cette limite est obtenue par un décalage (offset) de la limite intérieure
des deux ellipses. La valeur de ce décalage est égale au rayon de la condition virtuelle de
l’alésage D au maximum de matière.
L’axe du calibre pourra donc flotter à l’intérieur de cette zone limite, mais il devra rester
perpendiculaire au plan A. Cette zone limite est l’ESAC car elle représente l’ensemble des
positions de l’axe du calibre assemblé, perpendiculairement à la référence primaire, dans
l’alésage réel D. Cette zone est la limite de la position des axes des calibres permettant de
réaliser un référentiel candidat ADB (figure 77).
L. PINO
130 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
Nous avons repris la définition des deux ellipses dans [Srinivasan 89]. Le calcul des paramètres
des ellipses en coordonnées paramétriques est de la forme suivante :
x = 2 Dcos(θ)
AM
cos(φ)
DAM (27)
y = 2 sin(φ)
Où φ ∈ [ 0, 2π] , est l’angle de parcours de l’ellipse mesuré par rapport à l’axe x.
Etant donné que l’ESAC obtenu par un décalage de l’ellipse par le rayon du calibre virtuel, la
courbe paramétrique de l’ESAC peut alors s’écrire sous la forme suivante :
x = DAM 2– cos(θ)
DCV cos(θ) w
cos(φ) – 2 tan (θ)
-π π
DAM – DCV
pour φ ∈ 2 , 2
y = 2 sin(φ)
(28)
x = DAM 2– cos(θ)
DCV cos(θ) w
cos(φ) + 2 tan (θ)
π 3 π
DAM – DCV
pour φ ∈ 2, 2
y = 2
sin(φ)
Généralement, les défauts de géométrie des pièces que nous traiterons sont faibles par rapport
aux dimensions de l’alésage et notamment à sa hauteur. C’est pourquoi, nous pourrons utiliser le
cylindre DAMO qui est le plus grand cylindre perpendiculaire au plan A et inscrit dans l’alésage
réel au lieu de calculer le décalage des deux ellipses, comme nous le voyons sur les figures 77
et 78.
Cet ESAC simplifié est obtenu par un décalage intérieur de ce cylindre DAMO c’est donc un
cylindre dont la dimension TZ est :
TZ = DAMO – DMMC + t0 (29)
L. PINO
4-3. Ensemble des situations de l’axe du calibre (ESAC) 131
Dans tous les exemples qui suivent, nous utilisons cette définition de l’ESAC simplifié, afin de
faciliter la compréhension et les explications. En effet, dans ce cas l’ESAC est un cercle et non
plus des portions d’ellipses.
Vérifions si la pièce est conforme aux spécifications présentées sur la figure 69. La table 6
présente les valeurs des positions et diamètres des cylindres perpendiculaires au plan A et
tangents au coté extérieur de la matière, relativement au référentiel ADB.
Nous allons calculer les ESAC de chaque partie du calibre indépendamment.
L’ESAC de l’alésage D est perpendiculaire au plan A et a un diamètre de :
10.08 – 9.9 = 0.185mm
L’ESAC du deuxième alésage à un diamètre de :
5.04 – 4.95 = 0.09mm
La position de l’axe de l’ESAC du deuxième alésage est a 12.4mm, selon l’axe x (parallèle au
plan B) et à 0.05mm, selon l’axe y du référentiel ADB (perpendiculaire au plan B), de l’axe
actuel de l’alésage D.
La pièce sera conforme s’il existe une position du calibre qui s’assemble dans les deux alésages
en même temps. C’est-à-dire si pour chaque position d’un axe perpendiculaire au plan A et dans
l’ESAC de l’alésage D, on peut trouver un point distant de 12.5mm parallèlement au plan B et se
trouvant dans l’ESAC du deuxième alésage (figure 79).
L. PINO
132 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
Si nous représentons sur la même figure, la distance relative entre les deux ESAC, c’est-à-dire en
décalant le deuxième ESAC de –12.5mm relativement à sa position dans le référentiel ADB
comme le montre la figure 80. Le fait de décaler le deuxième ESAC revient à le calculer dans
l’espace des configurations du calibre. Sur cette figure, un point dans l’ESAC de l’alésage D
représente l’extrémité du calibre. Mais ce même point représente aussi l’autre extrémité du
calibre dans le deuxième ESAC.
L’intersection entre les deux ESAC exprimés dans l’espace des configurations du calibre
représente l’ensemble des configurations pour lesquelles le calibre s’assemble dans les deux
alésages perpendiculairement au plan A. Dans le cas présent, on remarque qu’il existe une
intersection entre ces deux zones, la pièce est donc conforme.
L. PINO
4-3. Ensemble des situations de l’axe du calibre (ESAC) 133
• L’ESAC calculé pour t0=0 intersecte partiellement l’ESAC de l’origine du calibre (figure
82). Dans ce cas, cela veut dire que la valeur effective de la tolérance de localisation de
l’entité est négative. En diminuant la valeur de t0, nous pouvons trouver la valeur limite
pour laquelle nous n’avons qu’un seul point d’intersection entre les deux ensembles.
L. PINO
134 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
• L’ESAC calculé pour t0=0 est complètement inclus dans l’ESAC de l’origine du calibre
(figure 83), où l’ESAC de l’origine du calibre est complètement inclus dans l’ESAC
calculé pour t0=0 (figure 84). La valeur de la tolérance de localisation est alors négative.
Dans les deux cas, on peut diminuer la valeur de t0 pour trouver un unique point
d’intersection entre les deux ESAC.
Ce calcul de la valeur effective peut être effectué aussi bien pour une unique entité, comme nous
venons de le voir, mais aussi sur un groupe d’entités en diminuant simultanément la valeur de t0
pour chaque élément de ce groupe. La valeur limite de t0 qui rend le groupe non conforme sera la
valeur effective du groupe.
L. PINO
4-4. Vérification des pièces comportant des modificateurs d’état au maximum de matière 135
• Sinon, c’est une zone dont la position est donnée par la position actuelle de l’axe de
l’alésage et dont la forme est donnée par l’équation 28, ou pour simplifier c’est un
cylindre dont le diamètre est donné par l’équation 29.
ii) Calculer l’espace des configurations du système de référence du calibre en fonction des
valeurs des ESAC des références le composant. Cet espace correspond à l’ensemble des
situations que peut prendre un calibre de contrôle pour vérifier la conformité de la pièce.
Comme nous le verrons dans la suite, cet espace peut se limiter seulement à un point ou être
plus complexe et nécessiter une représentation dans un espace paramétrique.
iii) Calculer les transformations constantes T entre l’axe origine du calibre et l’axe extrémité du
calibre.
iv) Calculer l’ensemble des ESAC des éléments à contrôler et leur faire subir la transformation
inverse T-1 pour les ramener dans l’espace de configuration du système de référence.
v) Calculer l’intersection entre les ESAC des références et les ESAC des alésages à contrôler.
Cette intersection correspond à l’ensemble des configurations du calibre pour lesquelles la
pièce est conforme aux spécifications. Cela représente donc l’ensemble des référentiels
candidats pour lesquels la pièce est conforme.
Nous allons présenter les différents cas possibles de vérifications des tolérances de localisation,
suivant que la pièce comporte des référentiels fixes ou pas et suivant les variations possibles de
l’orientation du référentiel.
L. PINO
136 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
La pièce comporte aussi un groupe de quatre alésages localisés relativement au référentiel ADB.
Ce système de référence est construit comme ceci :
- Le plan A définit l’orientation du référentiel.
- L’axe du cylindre D, perpendiculaire au plan A, définit l’origine du référentiel.
- Le plan B limite l’orientation du référentiel autour de l’axe de D.
Etant donné que la référence D comporte un modificateur de référence au maximum de matière,
l’axe qui sert de référence, pour le référentiel, est l’axe du cylindre perpendiculaire au plan A
dont le diamètre est égal à la condition virtuelle de l’alésage D relativement au plan A. Mais D
possède deux conditions virtuelles. L’une est donnée par la tolérance de localisation et l’autre est
donnée par la tolérance de perpendicularité. La tolérance de perpendicularité est la plus
contraignante, c’est donc elle, qui va définir la condition virtuelle de la référence D. Etant donné
que l’orientation du calibre est fixée par le plan B, l’espace de configuration du calibre se résume
à l’ESAC de l’alésage D.
Maintenant calculons les ESAC de chaque alésage du groupe, et appliquons la transformation T-1
à chacun de ces ESAC permettant de les projeter dans l’espace des configurations du calibre. La
figure 85 représente l’ensemble des ESAC exprimés dans l’espace de configuration du calibre.
On voit bien sur cette figure, l’intersection entre les quatre ESAC des alésages du groupe, et
l’ESAC de l’alésage D. Cette intersection correspond à l’ensemble des configurations pour
lesquelles le calibre s’assemble dans les alésages du groupe, c’est-à-dire l’ensemble des
situations conformes.
L. PINO
4-4. Vérification des pièces comportant des modificateurs d’état au maximum de matière 137
pour cette configuration qui donne la valeur effective de la tolérance de localisation du groupe.
Dans le cas présent, cette valeur est de 0.117mm.
ESAC 4
ESAC 3
ESAC 2
ESAC de D
ESAC 1
Si nous avions simplement calculé les intersections globales des ESAC sans tenir compte des
mouvements permis au référentiel, nous aurions trouvé une valeur de t0 plus petite :
t0 = 0.1162mm
Nous pouvons aussi calculer le plus petit bonus nécessaire au calibre pour qu’il rende la pièce
conforme. Pour cela, nous faisons varier le diamètre de l’ESAC de D jusqu'à obtenir un seul
point d'intersection commun. Dans notre cas, il faut alors que la zone de mouvement du
référentiel soit d'au moins 0.0144mm pour que l'on puisse obtenir une intersection commune
entre les différents ESAC des alésages du groupe. Le cas que nous venons de traiter est
exactement celui que Foster a présenté dans [Foster 94]. Nous retrouvons exactement les mêmes
résultats. Mais nous n’avons pas besoin de mettre en œuvre d’autres optimisations sur les
mouvements du calibre pour obtenir la valeur effective de la tolérance de localisation. Cette
méthode, dans ce cas, est une extension de la méthode des calibres en papiers. Regardons
maintenant ce qui se passe quand l’orientation du calibre peut varier.
L. PINO
138 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
Etudions la pièce de la figure 87. Cette pièce comporte trois alésages. Le premier alésage D est
localisé au maximum de matière, relativement au plan A, au plan B et au plan C. Le deuxième
alésage E est aussi localisé par une tolérance de localisation au maximum de matière
relativement au plan A, au plan B et au Plan C. Ces deux alésages servent à définir la localisation
du troisième alésage E. Ce dernier est localisé par une tolérance de localisation relativement au
plan A, à l’alésage D au maximum de matière, et à l’alésage E au maximum de matière. Suivant
la dimension d’assemblage orientée de l’alésage D et E, nous pouvons calculer les ESAC de ces
deux alésages et calculer l’espace des configurations du calibre.
Normalement, nous devrions projeter l’ESAC de l’alésage E dans l’espace des configurations.
Mais au lieu de faire cela, comme nous avons déjà calculé l’espace des configurations du calibre,
nous pouvons aussi calculer l’espace de travail de l’extrémité du calibre qui doit s’assembler
dans l’alésage G mais sans pour autant prendre en compte les interactions entre le calibre et
l’alésage G. Pour calculer cet espace de travail, nous pouvons utiliser la méthode jacobienne
présentée au chapitre précédent.
Nous avons donc :
- L’ensemble des positions de l’axe d’un calibre devant vérifier la conformité de l’alésage
G. Cet ensemble est donné par l’espace de travail du point G.
- L’ensemble des situations d’un calibre à l’intérieur de l’alésage G, donné par l’ESAC de
G. La dimension de ce calibre étant égale à la condition virtuelle de l’alésage G.
L. PINO
4-4. Vérification des pièces comportant des modificateurs d’état au maximum de matière 139
L’intersection de ces deux ensembles nous donne donc l’ensemble des calibres pouvant
s’assembler avec l’alésage réel G, en fonction de l’état des références D et E.
Si cet ensemble est non vide, cela veut dire que l’alésage G est conforme aux spécifications.
Comme précédemment, nous pouvons calculer la valeur effective de l’alésage G en faisant varier
la valeur de t0 et donc en changeant la valeur de l’ESAC de l’alésage G. La plus petite valeur
limite de t0 où l’alésage reste conforme nous donne la valeur effective.
Exemple :
Position dans ABC
Alésage DAMO TZ
x y
D 18.30 41.70 29.85 0.137
La table 7 nous donne les différentes valeurs des diamètres des alésages ainsi que leur position
dans le référentiel ABC.
Le diamètre de l’ESAC de l’alésage D est de :
18.30–18.29+0.127 = 0.137mm
Le diamètre de l’ESAC de l’alésage E est de :
18.575–18.563+0.127 = 0.139mm
Chaque ESAC est positionné relativement à la position effective de l’alésage dans le référentiel
ABC.
L. PINO
140 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
Notre méthode permet de vérifier l’assemblabilité d’un calibre dans une pièce réelle, mais elle
permet aussi de trouver la valeur effective de la tolérance de localisation. Regardons maintenant
comment nous effectuons le contrôle d’un groupe d’alésages dont le calibre de contrôle
comporte une rotation propre.
L. PINO
4-4. Vérification des pièces comportant des modificateurs d’état au maximum de matière 141
L. PINO
142 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
Position
Alésage DAMO TZ
X y
D 12.5 0 0 0.08
E 10.5 45.5 0 0.10
1 9.54 -25.056 9.444 0.17
2 9.54 24.944 9.556 0.17
3 9.54 -24.944 9.556 0.17
4 9.54 25.056 -9.44 0.17
Table 8 : Données réelles d’une réalisation de la pièce de la figure 90
L. PINO
4-4. Vérification des pièces comportant des modificateurs d’état au maximum de matière 143
Pour chaque orientation αa du calibre, nous nous retrouvons dans le cas d’une orientation
constante du référentiel. Nous pouvons donc calculer pour chaque orientation du calibre les
zones d’intersection des différents ESAC des alésages du groupe. La figure 92 nous montre le
volume d’intersection dans l’espace de configuration du calibre. En foncé sur la figure, nous
avons la zone où la pièce peut s’assembler dans le calibre.
La figure 93 nous montre une coupe de la figure 92 pour une valeur de αa de 0.03 degrés.
En diminuant la valeur de t0 pour toutes les orientations αa, nous pouvons trouver la valeur limite
où il n’y a plus d’intersection entre les ESAC. Cette valeur limite est la valeur effective de la
tolérance de localisation du groupe.
Les différentes projections des ESAC dans l’espace des configurations peuvent être effectuées à
l’aide d’un modèle octree. En effet, à l’aide de cette représentation, il est très simple de calculer
des intersections entre solides. En outre, la modélisation de solides par des octrees est simple à
L. PINO
144 Chapitre 4. Simulation du mouvement du calibre virtuel : Application à la mesure
mettre en œuvre dans le cas où l’on souhaite avoir plus de trois dimensions. Le seul défaut des
représentations par octree est qu’elle sont des représentations approximative des solides. Mais
nous pouvons calculer un octree d’une profondeur telle que, chaque cube élémentaire de l’octree
soit d’une dimension inférieure au plus petit défaut mesurable pour nos entités.
4-5 Conclusion
Nous avons donc présenté dans ce paragraphe une nouvelle méthode permettant de contrôler la
conformité d’alésages au maximum de matière.
Cette méthode contrairement aux méthodes classiques, décompose le contrôle en deux
opérations distinctes. La première recherche les situations que peut prendre le calibre en fonction
de l’état des références le contrôlant. La deuxième recherche les situations du calibre à l’intérieur
de l’alésage, indépendamment des références contrôlant ce calibre. Ce n’est que l’intersection
des deux ensembles qui nous donnera la totalité des situations où le calibre s’assemblera avec la
pièce réelle.
La table 9 nous donne un résumé des choix possibles du contrôle à l’aide des ESAC.
Orientation du référentiel MMC
Constante Variable
ESAC + modèle
ESAC suffisant
Tolérance de localisation cinématique
Intersection dans l’espace
pour une seule entité Intersection dans l’espace
Cartésien
Cartésien
ESAC + modèle
ESAC suffisant
Tolérance de localisation cinématique
Intersection dans l’espace
pour un groupe d’entités Intersection dans l’espace
Cartésien
paramétrique
Table 9 : Résumé des opérations de vérification des tolérances de localisation au
maximum de matière
Le fait de connaître la totalité des situations du calibre, nous permet de proposer un outil
permettant de calculer les mouvements du calibre dans la pièce fabriquée.
En outre, contrairement aux méthodes de contrôle par calibres fonctionnels, nous pouvons
calculer la valeur effective de la tolérance de localisation appliquée à l’alésage ou au groupe
d’alésages.
Cette méthode peut aussi bien être utilisée pour contrôler une pièce réelle que pour vérifier des
hypothèses sur les mouvements possibles entre deux pièces à assembler. Car au lieu de calculer
les ESAC des différents alésages à partir des dimensions d’un calibre virtuel, nous pouvons
L. PINO
4-5. Conclusion 145
calculer les ESAC à l’aide des dimensions d’une pièce à assembler et ainsi vérifier d’une part
l’assemblabilité, mais aussi calculer les mouvements et rotations possibles entre les deux pièces.
La méthode que nous avons proposée permet de calculer la valeur effective d’une tolérance de
localisation au maximum de matière appliquée à une entité ou à un groupe d’entités.
Contrairement aux méthodes habituellement employées, elle permet aussi de savoir quelles sont
les entités qui ont limité cette valeur effective. Car si l’on reprend l’exemple de la figure 72, et
que l’on regarde les informations données à la figure 86, on se rend compte que ce sont les
alésages D, 2 et 4 qui ont défini la valeur effective. Les deux autres alésages n’ont pas participé à
cette valeur. Ceci est très intéressant lorsque l’on veut corriger les dérives du procédé qui a
permis la réalisation les différents alésages. En effet, la seule analyse de la valeur effective de la
tolérance ne nous permet pas de voir comment se comporte individuellement les entités
définissant le groupe. Elle ne donne qu’une information sur la conformité du groupe
globalement. Si sur des pièces à grande valeur ajoutée, une seule entité n’est pas conforme, la
méthode proposée permet de trouver cette entité et le cas échéant, de proposer des solutions
permettant au groupe de devenir conforme. Par exemple, on pourra vérifier si la correction des
entités servant de référence permet de donner plus de mouvement au calibre pour ainsi rendre la
pièce conforme. On pourra aussi corriger l’alésage le plus critique pour rendre le groupe
conforme. L’outil que nous proposons permet de mener ces différentes analyses et de proposer
des solutions en vue de modifier la pièce pour la rendre conforme. En outre, puisque nous avons
un moyen de regarder comment se comporte individuellement chaque alésage, nous pouvons
vérifier les dérives du procédé permettant la réalisation de ces alésages pour éventuellement les
corriger.
L. PINO
Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
Sommaire
L. PINO
148 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
5-1 Introduction
Les travaux de Robinson ont permis de définir la notion de pièce au maximum et minimum de
matière pour faciliter l’étude et l’analyse de l’assemblage [Robinson 98]. Cependant, il démontre
que cette notion ne peut pas être étendue à n’importe quel type d’assemblage. Il propose donc la
notion de pièce virtuelle et résultante.
La création des pièces virtuelles et résultantes rend l’étude de l’assemblage plus facile. Elle
permet de résumer l’étude de la faisabilité géométrique de l’assemblage variationnel à l’aide de
deux pièces. Chaque classe variationnelle, d’une pièce donnée, est représentée par deux pièces
englobant la totalité des pièces de la classe variationnelle. Les pièces au maximum et minimum
de matière font partie de la classe variationnelle, par contre, les pièces virtuelles et résultantes ne
font pas partie de cette classe en générale. Malheureusement, il n’y a pas de définition unique de
ces deux pièces. Nous allons néanmoins proposer une définition simple à calculer à l’aide des
méthodes précédemment présentées. La pièce virtuelle et la pièce résultante sont utilisées par le
concepteur pour calculer les interférences possibles entre des pièces d’un assemblage suivant les
différentes configurations de l’assemblage.
Elles définissent d’une part, l’ensemble des points de l’espace où il pourra y avoir de la matière
et d’autre part l’ensemble des points de l’espace où il ne devra pas y avoir de matière suivant les
états dimensionnels que pourront prendre les différentes entités de la pièce.
La méthode proposée par Robinson, permet de définir en partie ces deux pièces résultante et
virtuelle. Mais les contraintes imposées par Robinson ne permettent pas de calculer ces deux
représentantes quand il existe une chaîne de tolérance entre plusieurs entités d’une pièce. La
prise en compte de l’ensemble des effets des différentes tolérances composant la chaîne de
tolérances est une des difficultés de l’analyse et de la synthèse des tolérances.
En combinant l’étude des ESAC d’une pièce avec l’étude du mécanisme cinématique,
modélisant les liens entre les différentes entités tolérancées de la pièce, nous allons voir
comment calculer les différents effets modificateurs de tolérances au maximum de matière sur
les tolérances de la chaîne de tolérances. A l’aide de cette étude, nous étendons la notion de pièce
virtuelle et de pièces résultantes. Nous allons voir dans l’exemple suivant comment calculer ces
deux pièces. Puis nous proposerons une méthodologie pour étendre cette définition à des pièces
plus complexes.
L. PINO
5-2. Pièce au maximum et minimum de matière 149
de la classe. C’est une sorte de super calibre qui appartient à la classe. La pièce au maximum de
matière est obtenue en mettant les différentes entités de la pièce dans leur état au maximum de
matière.
Le but premier de Robinson était d’étudier les assemblages de mécanismes. L’étude d’un
assemblage variationnel doit prendre en compte l’infinité de pièces contenues dans la classe
variationnelle. On peut alors utiliser des méthodes statistiques telles que la méthode de
Monté Carlo mais nous ne sommes jamais assurés d’avoir effectué assez de tests pour couvrir
l’ensemble des cas d’assemblages variationnels. D’autre part, il n’existe pas de modèle
permettant de couvrir l’ensemble de la classe variationnelle. Nous pouvons utiliser par exemple
des chaînes vectorielles pour modéliser ces pièces tolérancées, mais ceci entraîne une
linéarisation des équations cinématiques. Le tolérancement de pièces au maximum de matière
permet de réduire l’ensemble de l’étude d’une classe variationnelle à l’étude d’une seule pièce
représentante de la classe.
Robinson a ainsi exprimé des tolérances qui satisfont des besoins fonctionnels d’assemblage et
qui facilitent l’étude de l’assemblage, au lieu d’étudier les assemblages de pièces comportant
n’importe quels types de tolérances. Ceci a permis d’aboutir à un ensemble de spécifications
permettant de définir des classes de pièces au maximum et au minimum de matière.
L’étude des pièces au maximum de matière permet de faciliter la création d’assemblage flottant,
de faciliter l’étude de la planification de trajectoire et la modélisation cinématique des
assemblages avec des pièces tolérancées. Finalement, elle permet la simplification de l’étude et
de l’expression des besoins fonctionnels tels que la conservation d’épaisseurs de matière
minimum. Regardons les spécifications proposées par Robinson.
L. PINO
150 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
dimension B-b. Mais dans ce cas, la paire de surfaces (a1, a4) ne sera pas dans son état au
maximum de matière. Pour cela, il faudrait que la dimension de B soit B-b, mais dans ce cas la
paire (a2, a3) ne serait pas dans son état au maximum de matière. Le tolérancement actuel de la
pièce ne permet pas la création d’une pièce au maximum de matière.
Si nous modifions légèrement le tolérancement de cette pièce comme le montre la figure 95,
nous pouvons créer une pièce au maximum de matière, car il existe un arbre qui n’a que deux
niveaux. Donc chaque sous-arbre respecte la règle des sens de matière. Si l’on fixe les valeurs
des dimensions à A-a, B+b et C-c, les paires de surfaces (a1, a2), (a2, a3), (a3, a4) et (a1, a4) seront
dans leur état au maximum de matière.
A priori, ces deux spécifications conduisent à deux classes variationnelles différentes. Cependant
la deuxième spécification est beaucoup plus pratique que la première en analyse d’assemblage
car il suffit de vérifier que la pièce au maximum de matière peut être assemblée avec sa pièce
complémentaire. On voit donc avec cet exemple simple que le choix des spécifications peut
compliquer ou, au contraire, simplifier l’analyse de l’assemblage. La prise en compte de ces
considérations permet de réduire le nombre de combinaisons possibles pour le tolérancement
d’une pièce. Ces remarques sont valables pour l’analyse de l’assemblage, mais peuvent être
certainement généralisées à d’autres types d’analyses, comme par exemple, l’analyse en
fabrication.
Cette méthode est généralisée par Parratt aux pièces dont les spécifications sont
unidimensionnelles.
L. PINO
5-2. Pièce au maximum et minimum de matière 151
L. PINO
152 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
Il a aussi présenté des règles similaires pour calculer une pièce au minimum de matière (Least
Material Part LMP). La pièce au minimum de matière est une pièce qui doit être contenu par
l’ensemble des pièces de la classe variationnelle.
La figure 96 présente un exemple de pièce variationnelle au maximum de matière. Le fait d’avoir
mis une tolérance de localisation égale à zéro au maximum de matière permet de respecter les
règles 3, 4 et 5 de la table 10. La pièce nominale de diamètre 10 et de diamètre 40 correspond à
la pièce qui englobe toutes les pièces de la classe variationnelle.
+0.1
∅ 40 0
+0.1 ∅0 M A M
∅ 10 0
A
L’exemple suivant montre les spécifications définissant les classes variationnelles de deux pièces
devant être assemblées (figure 97). Chacune de ces pièces est une pièce au maximum de matière.
Elles respectent donc les règles établies par Robinson (table 10).
L. PINO
5-3. Pièce virtuelle et pièce résultante 153
a) b)
L. PINO
154 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
(figure 99a). La pièce virtuelle comme la pièce au maximum de matière doit contenir l’ensemble
des pièces de la classe variationnelle. A la différence de la pièce MMP, qui est unique, il existe
plusieurs pièces virtuelles possibles. En effet, contrairement à la pièce au maximum de matière,
la pièce virtuelle ne fait pas partie de la classe variationnelle. La figure 99b montre une pièce
virtuelle possible de la pièce définie à la figure 99a. Cette pièce n’est pas unique.
+0.1
∅ 40 0
+0.1 ∅ 0.1 M A M ∅ 40.2
∅ 10 0 ∅ 10
A
Les travaux de Robinson et Voelcker ont permis de montrer l’existence et l’intérêt de ces deux
types de pièces du point de vue pratique et théorique [Robinson 98]. Les exemples présentés ont
été développés manuellement. Notons également que Robinson propose d’utiliser le modèle
cinématique de Rivest ou d’une façon générale les modèles de balayage, comme les seuls
modèles pouvant répondre à ce type de problème. En effet, selon lui, les modèles existants ne
permettent pas de calculer la pièce virtuelle et la pièce résultante.
Depuis le début de notre travail de thèse, les travaux que nous avons engagés devaient permettre
de répondre à ce type d’analyse. Nos travaux et ceux de Robinson ont été menés de façon
parallèle. Ils permettent de répondre à des problématiques toutes à fait complémentaires.
Nous présentons dans la section suivante la méthodologie que nous utilisons pour créer la pièce
résultante et la pièce virtuelle d’une classe variationnelle donnée.
L. PINO
5-3. Pièce virtuelle et pièce résultante 155
∅ 0.1 MMC
10 ∅ 6.4
10 Condition Virtuelle
∅ 6.6
Condition Résultante MMC
C 20
C 20 A
Nous allons utiliser ces propriétés des conditions virtuelles et résultantes pour étendre ces
notions à la pièce ou à une partie de la pièce. En effet, il est utile en assemblage de pouvoir
prendre en compte les différents états d’une ou de plusieurs entités relativement à un référentiel
donné.
Reprenons par exemple la pièce de la figure 69 que nous avons reproduit ci-dessous sur la
figure 101. Cette pièce comporte deux alésages dont l’un est utilisé pour définir le référentiel de
la tolérance de localisation du second. Ce n’est pas une pièce au maximum de matière car elle ne
respecte pas les règles de la table 10 et notamment la règle 7. Il n’est donc pas possible de
trouver une pièce au maximum de matière faisant partie de la classe variationnelle et qui englobe
la totalité des pièces de cette classe. Par contre, nous chercherons à trouver une pièce englobant
« au plus près » la totalité de la classe variationnelle mais qui ne fait pas partie de cette classe.
Cette pièce sera nommée pièce virtuelle. De la même manière, nous chercherons à trouver une
pièce qui soit englobée par toutes les pièces de la classe variationnelle et ne faisant pas partie de
cette dernière. Cette pièce sera nommée pièce résultante. On retrouve bien dans ces définitions
une similitude avec la définition de la condition virtuelle et de la condition résultante pour une
entité.
Quels sont les effets du premier alésage sur la position du second ? Le calcul de ces effets est
primordial pour pouvoir étudier un assemblage ou pour garantir une épaisseur minimum de
matière. Le calcul de cet assemblage peut se faire en prenant en compte l’ensemble des entités
composant la pièce (les plans A, B et C ainsi que les deux alésages).
L. PINO
156 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
Etudions tout d’abord le premier alésage de diamètre 10mm. Si nous regardons l’ensemble des
pièces de la classe variationnelle respectant la spécification de l’alésage, nous pouvons calculer
deux surfaces limites :
- La condition virtuelle de l’alésage, de diamètre 9.9mm ;
- La condition résultante au minimum de matière de diamètre 10.3mm.
La condition résultante au minimum de matière définit la zone limite à l’intérieur de laquelle
l’alésage doit se trouver. La condition virtuelle définit la zone à l’intérieur de laquelle l’alésage
ne doit pas se trouver.
Maintenant, étudions le deuxième alésage de diamètre 5mm. Le calibre qui doit contrôler cet
alésage relativement au plan A, à l’alésage D et au plan B est un calibre perpendiculaire au plan
A. Il est composé de deux parties cylindriques, l’une de diamètre 9.9mm (diamètre de la
condition virtuelle de D) qui doit être assemblée dans l’alésage D, et l’autre de diamètre 4.95mm
(condition virtuelle de l’alésage) qui doit être assemblée dans le deuxième alésage. Ces deux
cylindres étant distants de 12.5mm et le plan passant par l’axe des deux cylindres doit rester
parallèle au plan B.
L’ESAC de la classe variationnelle de l’alésage D est l’ensemble des situations possible de l’axe
du calibre pour tous les alésages D de la classe variationnelle.
Cet ESAC peut être calculé par l’union de l’ESAC de chacun des alésages D de la classe. Pour
obtenir cet ESAC il suffit seulement de considérer les alésages D au minimum matière. Cet
ESAC peut être calculé à partir de la condition résultante au minimum de matière de l’alésage D.
Ainsi l’extension de l’ESAC à la condition résultante du premier alésage a un diamètre de :
10.3 – 9.9=0.4mm.
Cet ESAC représente l’ensemble des situations de l’axe du calibre dont le diamètre est égal à la
condition virtuelle de l’alésage D, à l’intérieur de la condition résultante au minimum de matière
de l’alésage D. Le schéma situé à gauche de la figure 102 représente cet ESAC en gris clair.
L. PINO
5-3. Pièce virtuelle et pièce résultante 157
Pour chaque position du calibre dans la condition résultante de D, nous avons une position de
l’extrémité du calibre qui devra s’assembler dans l’alésage de diamètre 5mm. Si nous regardons
l’ensemble des alésages de diamètre 5.05mm (minimum de matière) qui peuvent s’assembler,
nous retrouvons une condition résultante au minimum de matière autour de cette position.
L’ensemble des conditions résultantes du deuxième calibre en fonction des positions possibles
du premier nous donne une extension de la condition résultante. Cette condition délimite les
zones de la pièce où l’alésage de diamètre 5 devra se trouver (en gris foncé sur la figure 102).
Ainsi pour le deuxième alésage, l’extension de la condition résultante aura un diamètre de :
5.15+0.4=5.55mm.
Nous pouvons aussi calculer l’intersection de l’ensemble des conditions virtuelles de la
deuxième partie du calibre. Cette zone (en noir sur la figure 102) définit la limite de l’espace où
il n’y aura pas de matière quels que soient les états dimensionnels des deux alésages relativement
au référentiel ABC. Chaque condition virtuelle a un diamètre de 4.95mm. Leur intersection
compte tenu de l’ESAC du premier alésage aura un diamètre de 4.95-0.4=4.55mm.
Il y a donc une différence de 1mm entre le diamètre de la pièce virtuelle et de la pièce résultante
pour le deuxième alésage.
Condition Résultante
Condition Virtuelle
L’extension de la condition résultante est obtenue par l’union de toutes les conditions résultantes
du deuxième alésage. L’extension de la condition virtuelle est obtenue par l’intersection de
toutes les conditions virtuelles de cet alésage. Du point de vue cinématique nous pouvons obtenir
le même résultat en utilisant un schéma cinématique équivalent à celui de la figure 50 page 139.
Nous pouvons définir deux pièces particulières :
La première avec un alésage D de diamètre 9.9, et le deuxième alésage de diamètre 4.55mm. Elle
représente la pièce virtuelle.
La seconde avec un alésage D de diamètre 10.3, et le deuxième alésage de diamètre 5.55mm.
Elle représente la pièce résultante.
L. PINO
158 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
La première peut être englobée par toutes les pièces de la classe variationnelle. La seconde peut
englober toutes les pièces de cette classe. Nous venons de voir sur un exemple simple comment
calculer une extension de la condition virtuelle et une extension de la condition résultante.
Comme Robinson l’a précisé, la création d’une pièce virtuelle et d’une pièce résultante n’est pas
unique mais elle peut être dérivée de l’étude des calibres fonctionnels. C’est pourquoi nous
sommes partis de l’étude des mouvements d’un calibre pour définir ces deux pièces. Il est aussi à
noter que la faisabilité géométrique d’un assemblage de solides virtuels est suffisante mais non
nécessaire pour vérifier la faisabilité d’un assemblage variationnel. En effet, l’analyse
d’assemblage utilisant des solides virtuels est une analyse conservatrice. Nous allons maintenant
regarder quels outils doivent être mis en œuvre pour calculer d’une manière générale une pièce
virtuelle et une pièce résultante.
L. PINO
5-3. Pièce virtuelle et pièce résultante 159
Etudions maintenant chaque alésage. Les alésages D et E ont une définition directe relativement
au référentiel ABC. Nous pouvons donc directement calculer leurs états virtuels et résultants
relativement à ce référentiel. L’état virtuel de l’alésage D a un diamètre de :
18.163mm.
Le diamètre de sa condition résultante au minimum de matière est de :
18.457mm.
Le diamètre de la condition virtuelle de l’alésage E est de :
18.436mm.
Le diamètre de sa condition résultante au minimum de matière est de :
18.746mm.
C’est à partir des deux diamètres des conditions résultantes au minimum de matière des alésages
D et E que nous allons pouvoir calculer les paramètres de la structure cinématique pour calculer
une extension de la condition virtuelle et résultante de l’alésage G. Les paramètres cinématiques
r1 et r2 de la structure seront donnés par une extension de l’ESAC des alésages D et E à leur
condition résultante au minimum de matière. Ainsi la valeur de r1 sera égale à :
18.457 – 18.163
= 0.147mm
2
L. PINO
160 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
Et la valeur de r2 sera de :
18.746 – 18.436
= 0.155mm
2
Pour calculer la pièce résultante nous utiliserons comme valeur de r3 la condition résultante au
minimum de matière de l’alésage G soit :
4.907
2 = 2.4535 mm
Dans ce cas, nous calculerons l’union des conditions résultantes au minimum de matière pour
définir une extension de la condition résultante de l’alésage G relativement au référentiel ABC.
Par contre, pour calculer la pièce virtuelle nous utiliserons comme valeur r3 la valeur de la
condition virtuelle de l’alésage G soit :
4.603
2 = 2.3015mm
Dans ce cas, nous calculerons l’intersection des conditions virtuelles pour calculer une extension
de la condition virtuelle de l’alésage G relativement au référentiel ABC. Le calcul de ces
intersections et de ces unions pourra être effectué soit à l’aide de la méthode analytique soit à
l’aide de la méthode jacobienne que nous avons présenté dans le troisième chapitre.
Ainsi, si nous calculons ces deux zones pour la pièce de la figure 103, nous obtenons les deux
zones décrites sur la figure 104. Nous avons représenté l’extension de la condition résultante au
minimum de matière relativement au référentiel ABC de l’alésage G en gris foncé. Cette
extension de la condition résultante est utile quand l’on veut pouvoir calculer une épaisseur
minimum de matière pour la pièce relativement au référentiel ABC. Par contre, l’extension de la
condition virtuelle définit une zone où la matière ne doit pas se trouver quel que soit l’état des
trois alésages (en blanc sur la figure). Cette zone sera utilisée au cours de la définition de
l’assemblage. En effet, dans cette zone nous pouvons assembler une pièce relativement au
référentiel ABC, dans l’alésage G sans qu’il n’y ait aucune interférence entre les deux pièces. La
connaissance de ces deux zones est primordiale pour la maîtrise des assemblages et des
comportements structurels de la pièce.
L. PINO
5-4. Conclusion 161
Extension de la
10
condition résultante
∅ 4.73
9
Extension de la
4 condition virtuelle
29 30 31 32 33 34 35 36
Sur la figure 105, nous avons représenté en même temps la limite des conditions virtuelles (en
gris foncé) ainsi que la pièce résultante correspondante (en gris clair) pour les trois alésages
relativement au référentiel ABC. Nous remarquons que bien que les mouvements des deux
alésages D et E soient faibles, le mouvement du troisième alésage est relativement important
comme nous le voyons sur les figures 104 et 105. Nous pouvons remarquer que la différence
entre la condition virtuelle étendue et la condition résultante est d’environ 2mm. Cette
amplification des mouvements est due au bras de levier entre les trois alésages.
5-4 Conclusion
Nous avons présenter une méthodologie permettant de prendre en compte les chaînes de
tolérances pour le calcul des pièces virtuelles et des pièces résultantes. Ceci permet de faciliter
L. PINO
162 Chapitre 5. Extension des pièces virtuelles et résultantes
L. PINO
Conclusion et perspectives 163
Conclusion et perspectives
L. PINO
164 Conclusion et perspectives
Nous avons étendu l’étude des chaînes de tolérances à la vérification de la conformité de pièces
fabriquées. Nous avons ainsi proposé une nouvelle méthode de vérification des pièces
comportant des tolérances de localisation au maximum de matière. La méthode proposée est
simple, elle se divise en deux parties indépendantes [Bennis 99, Pino 99b] :
La première partie consiste à définir l’espace articulaire et l’espace de travail du calibre
fonctionnel devant vérifier la pièce en ne prenant en compte que les mouvements autorisés par
les entités servant de référence au calibre.
La deuxième partie consiste à définir l’espace articulaire et l’espace de travail du calibre
fonctionnel dans l’entité à contrôler, sans prendre en compte les limites dues aux surfaces servant
de référence au calibre.
L’intersection de ces deux espaces définit les configurations du calibre qui valideront l’entité
fabriquée. Elle permet de prendre en compte la rotation propre du référentiel induite par les
modificateurs de référence au maximum de matière. Cette méthode permet d’une part, de trouver
quelles sont les entités qui sont conformes aux spécifications et d’autre part, de calculer la valeur
actuelle de la tolérance de localisation. La connaissance de ces deux paramètres permet de suivre
l’évolution des procédés de réalisation des pièces d’un système mécanique pour éventuellement
les corriger.
La vérification d’un assemblage composé de pièces virtuelles est une condition nécessaire de la
vérification du même assemblage composé de pièces de la classe variationnelle. Nous proposons
ainsi une méthode basée sur l’analyse cinématique des zones de tolérances pour calculer une
pièce virtuelle et une pièce résultante.
Cette méthode permet aussi de calculer, pour une classe variationnelle donnée et un référentiel
donné, quelles seront les zones de l’espace où la matière ne devra pas se trouver et quelles seront
les zones de l’espace où la matière doit être, quel que soit l’état dimensionnel des entités
composant la pièce. La connaissance de telles zones est utile pour le calcul d’assemblage
automatique, à l’aide d’un robot par exemple. Elle fait partie de l’analyse d’assemblages
variationnels.
Perspectives
Bien que la modélisation cinématique de tolérances permettent de traiter l’ensemble des zones de
tolérances géométriques, nous avons limité notre étude aux pièces ayant une référence primaire
plane. Il serait souhaitable de traiter des exemples ayant des références primaires cylindriques
pour que l’étude soit faite dans un espace paramétrique à 6 paramètres. Actuellement, la prise en
compte des mouvements des entités planes n’est pas encore intégrée dans nos méthodes.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de méthode permettant la génération automatique du modèle
cinématique à partir de la définition des tolérances géométriques. Il faudrait regarder si le modèle
cinématique permet une modélisation de n’importe quelle tolérancement. Nous pensons qu’il est
L. PINO
Conclusion et perspectives 165
adapté aux tolérances de localisation et d’orientation. Mais une étude plus poussée doit être
effectuée pour vérifier sa généralisation aux autres types de tolérances.
Nous pensons que l’adaptation des méthodes telles que les SATT pourraient permettre de
calculer les matrices de transformations homogènes nécessaires pour le calcul de la cinématique
de la structure. En effet, de telles méthodes permettent de définir une structuration fonctionnelle
des zones de tolérance et devraient permettre de calculer les matrices de transformations
nécessaires à notre modélisation.
Toutes les études que nous faisons se placent dans l’hypothèse du pire des cas. Cette hypothèse
est très conservatrice. Elle conduit rapidement à des spécifications difficiles à respecter. Nous
pensons qu’une analyse statistique des zones de tolérances serait plus adaptée. Nous avons déjà
commencer à transposer nos outils vers cette analyse statistique [Bennis 2000a]. Mais il reste
encore un travail important à faire pour proposer un outil statistique complet prenant en compte
tous les aspects cinématiques que nous avons présentés.
Les outils que nous proposons s’inscrivent actuellement dans des stades avancés de la
conception. Ils supposent qu’un certain nombre de choix soient déjà effectués. De telles études
conduisent généralement à trouver une solution sous optimale. Dans le cadre de la conception
robuste de mécanisme, il faudrait pouvoir proposer des outils permettant rapidement de proposer
des solutions au concepteur au cours des phases de préconception. Nous pensons qu’une
adaptation des méthodes proposées dans ce mémoire devrait pouvoir s’appliquer dans de telles
configurations.
L. PINO
166 Références
Normes
[AFNOR 93] AFNOR, Tolérances et vérifications dimensionnelles. AFNOR-UNM. 8ème
édition. Vol. 1, 1993.
[ASME 94a] ASME, ASME Y14.5M-1994, Dimensioning and tolerancing. American
society of mechanical engineers. 1994.
[ASME 94b] ASME, ASME Y14.5.1M-1994, Mathematical definition of dimensioning
and tolerancing principle. American society of mechanical engineers. 1994.
[ISO 10303] ISO 10303, Standard for the exchange of product model data. ISO TC 184
SC4.
[NF E 04-552] NF E 04-552, Dessins techniques - Tolérancement Géométrique.
Généralités, définitions, symboles, indications sur les dessins. AFNOR,
Novembre 1993.
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L. PINO
Annexe A. Tolérances dimensionnelles et géométriques 173
A. 1. Introduction......................................................................................................................................... 174
A. 2. Tolérances dimensionnelles ................................................................................................................ 175
A. 3. Tolérances géométriques .................................................................................................................... 178
A.1.3. Tolérances de forme ..................................................................................................................... 178
A.2.3. Tolérances de profil ...................................................................................................................... 179
A.3.3. Tolérances d’orientation ............................................................................................................... 179
A.4.3. Tolérances de battement ............................................................................................................... 179
A.5.3. Tolérances de position .................................................................................................................. 180
L. PINO
174 A. 1. Introduction
A. 1. Introduction
Le tolérancement d’une pièce mécanique consiste à spécifier les variations possibles d’une pièce
réelle par rapport à une pièce théorique parfaite.
Nous reprenons les définitions données par Requicha et reformulées par Srinivasan et Jayaraman
[Requicha 83, Jayaraman 89, Srinivasan 89] .
Une pièce est modélisée par un solide S qui peut être décomposé en un ensemble de surfaces de
forme parfaite Fi (Feature). La géométrie et les dimensions du solide S sont connues et
parfaitement définies. Une réalisation de ce solide parfait est appelée pièce nominale. Cette pièce
est une pièce de forme parfaite représentant le solide S. Sur chaque entité Fi du solide S, on peut
ajouter des spécifications de tolérancement T permettant de donner l’état admissible de variation
de chaque entité Fi.
Les spécifications de tolérances T sont ajoutées au modèle nominal pour répondre à au moins
trois besoins :
- Le premier est d’ordre physique, il sert à prendre en compte les variations physiques de la
pièce au cours du cycle de vie de cette dernière.
- Le second vient du fait que l’on ne sait pas fabriquer une pièce de forme et de géométrie
parfaite. Il faut donc pouvoir compenser ces défauts de fabrication par des tolérances.
- Le troisième est le plus important, c’est un besoin fonctionnel. Les pièces doivent
répondre à une fonction. La plus importante des fonctions est l’assemblage de pièces entre
elles.
Pour prendre en compte ces trois types de besoins, le concepteur dispose de deux types de
tolérances :
• les tolérances dimensionnelles ;
• les tolérances géométriques.
Chacune de ces tolérances permet d’exprimer les besoins fonctionnels du concepteur soit
directement soit indirectement. Par exemple, une tolérance de parallélisme définit directement un
besoin fonctionnel de parallélisme entre deux surfaces. Par contre, une tolérance de position au
maximum de matière appliquée sur un axe, définit une zone à partir de laquelle on peut définir
une notion de condition virtuelle (voir 2-4). C’est cette condition virtuelle qui est importante au
niveau du besoin fonctionnel et non pas la tolérance au maximum de matière.
Nous allons brièvement présenter les différents types de tolérances. Un complément
d’information est disponible dans les différentes normes de tolérancement
[AFNOR 93,ASME 94a] ainsi que dans les deux ouvrages suivants [Foster 94, Meadows 95] qui
détaillent les différentes utilisations des tolérances géométriques ainsi que les particularités et les
interprétations de la norme ASME Y14.5M.
L. PINO
Tolérances dimensionnelles et géométriques 175
A. 2. Tolérances dimensionnelles
Les tolérances dimensionnelles sont les premières tolérances normalisées. Elles sont définies par
une dimension nominale et un intervalle de tolérance (exemple : 10 ± 0.1 mm). Les tolérances
dimensionnelles permettent de définir les limites de variation de la distance séparant deux points
en vis à vis. Il y a donc deux formes de tolérances dimensionnelles :
• les tolérances de dimension linéaire ;
• les tolérances de dimension angulaire.
Une tolérance de dimension linéaire donne une limite de variation de la dimension locale entre
deux points d’une surface cylindrique ou de deux surfaces planes supposées parallèles. Les
défauts de formes ne sont pas pris en compte par cette tolérance. En outre, la notion de distance
locale entre deux points en vis à vis n’est pas bien définie par la norme française qui ne donne
pas la méthode de cette mesure de dimension locale [Pairel 95].
Une tolérance de dimension angulaire limite l’orientation générale des lignes ou des éléments
linéaires de surface.
Le tolérancement dimensionnel est très ambigu et n’est pas suffisant pour contrôler entièrement
la géométrie d’une pièce. En effet, étant donné qu’il ne limite que la variation de distance en
point à point selon une direction ou un angle donné, la forme des surfaces ainsi que les défauts
géométriques entre surfaces ne peuvent pas être contrôlés par des tolérances dimensionnelles. De
plus, la norme ne précise pas la direction de mesure des distances. Ainsi, la figure 107 montre le
tolérancement dimensionnel d’un rectangle. Les tolérances dimensionnelles précisent que la
distance entre deux points d’un côté du rectangle doit être de 10mm plus ou moins 0.1mm pour
les petits côtés du rectangle et de 4.5±0.mm pour les grands cotés du rectangle. La figure 107b
nous montre une pièce correspondant à cette description. Bien qu’elle ne ressemble pas vraiment
au rectangle de la figure 107a est parfaitement valide du point de vue de ses tolérances
dimensionnelles.
L. PINO
176 A. 2. Tolérances dimensionnelles
Si on veut limiter le défaut de forme d’une entité dimensionnelle à partir des tolérances
dimensionnelles, il faut utiliser l’exigence de l’enveloppe, en ajoutant le symbole à la
tolérance dimensionnelle. L’exigence de l’enveloppe spécifie que la surface de l’entité réelle est
astreinte à rester confiner dans une zone dont la frontière est une surface théorique de forme
parfaite dont la dimension est égale à la dimension de l’entité au maximum de matière. De plus,
aucune dimension locale de l’entité ne doit être inférieure à la dimension de l’entité au minimum
de matière.
D’autre part, la norme ASME Y145.1M-1994 propose une méthode pour vérifier la conformité
d’une entité dimensionnelle. Une entité dimensionnelle est une entité cylindrique, sphérique ou
un ensemble d’entités surfaciques ou deux plans parallèles associés à l’aide d’une tolérance
dimensionnelle. Les entités dimensionnelles peuvent être internes (alésage, rainure) ou externes
(arbre). Les tolérances dimensionnelles dans ce cas permettent aussi de contrôler la forme de
l’entité.
Les limites de variations dimensionnelles sont obtenues à l’aide du balayage de deux sphères sur
deux courbes appropriées. Les rayons limites des sphères correspondent aux valeurs limites
maximum (rM) et minimum (rm) des tolérances dimensionnelles. Les courbes sur lesquelles les
sphères glisseront ne sont pas uniques. Ces courbes dépendent du type de l’entité
dimensionnelle. Ce sera un point dans le cas d’une sphère, une courbe unidimensionnelle dans le
cas d’entités cylindriques et une surface dans les cas de deux entités parallèles. La sphère en
balayant la courbe va décrire une zone de tolérance G. Une entité dimensionnelle sera conforme
s’il existe deux courbes Sm et SM associées à deux sphères Brm et BrM telles que :
La sphère Brm est associée à la courbe Sm et balaye l’espace pour former le solide Gm.
La sphère BrM est associée à la courbe SM et balaye l’espace pour former le solide GM.
Si l’entité dimensionnelle F est externe, soit le solide Hm tel que Hm = Gm et soit le solide HM tel
que HM = GM. Si l’entité dimensionnelle est interne, alors Hm est le complément de Gm et HM est
le complément de GM.
L. PINO
Tolérances dimensionnelles et géométriques 177
La définition des courbes Sm et SM n’est pas unique. Si pour une entité dimensionnelle donnée, on
trouve deux courbes qui permettent de satisfaire les trois conditions décrites ci-dessus, alors
l’entité dimensionnelle est conforme. On peut calculer deux valeurs effectives de l’entité
dimensionnelle. La première est la valeur extérieure de l’entité. Elle est donnée pour une entité
extérieure (respectivement intérieure) par la plus petite (respectivement la plus grande)
dimension de la sphère pour laquelle l’entité est conforme. La valeur effective intérieure est
donnée par la taille de la plus grande (respectivement plus petite) sphère pour laquelle l’entité est
conforme. Si on veut utiliser le principe de l’enveloppe alors les courbes Sm et SM seront des
courbes de formes parfaites.
Cette évolution de la norme ASME permet de définir des notions de distance locale entre deux
points par le balayage d’une courbe par une sphère. Néanmoins, c’est du choix de cette courbe
que dépend la vérification. Le calcul de la valeur effective n’est pas facile car il existe une
infinité de courbes et de sphères qui peuvent vérifier la conformité d’une entité donnée.
Les tolérances dimensionnelles ne permettent pas de bien contrôler la géométrie d’une pièce.
Pour contrôler cette dernière, nous devons utiliser des tolérances géométriques et non pas
seulement des tolérances dimensionnelles.
L. PINO
178 A. 3. Tolérances géométriques
A. 3. Tolérances géométriques
Les tolérances géométriques permettent de contrôler les variations de la géométrie d’une entité.
Une tolérance géométrique, appliquée à un élément, définit la zone de tolérance à l’intérieur de
laquelle l’élément (surface, axe ou plan médian) doit être compris [NF E 04-552].
La zone de tolérance est, suivant la caractéristique tolérancée et la manière dont celle ci est
cotée, soit :
• l’espace à l’intérieur d’un cercle ;
• l’espace entre deux cercles coplanaires concentriques ;
• l’espace entre deux lignes parallèles ou deux droites parallèles ;
• l’espace à l’intérieur d’un cylindre ou entre deux cylindres coaxiaux ;
• l’espace entre deux surfaces équidistantes ou deux plans parallèles ;
• l’espace à l’intérieur d’un parallélépipède.
Le concepteur dispose ainsi d’un ensemble de tolérances géométriques différentes que l’on peut
néanmoins regrouper dans cinq catégories :
• les tolérances de forme ;
• les tolérances de profil ;
• les tolérances d’orientation ;
• les tolérances de battement ;
• les tolérances de position.
Chacune de ces catégories permet de préciser les limites de variations d’un élément soit
intrinsèquement soit relativement à un ou plusieurs autres éléments (références).
L. PINO
Tolérances dimensionnelles et géométriques 179
Les tolérances de formes sont utilisées par exemple pour des problèmes d’étanchéité. Elles sont
également employées pour limiter le défaut de forme des surfaces devant être utilisées comme
des références.
L. PINO
180 A. 3. Tolérances géométriques
On peut noter que le battement contrôle l’effet combiné de la concentricité et la coaxialité ainsi
que la forme et l’orientation [Foster 94, Meadows 95]
Les tolérances géométriques définissent des zones de tolérance dans lesquelles les entités
tolérancées doivent se trouver. Ces zones de tolérances sont nominalement orientées et
positionnées par rapport à des références ou à des systèmes de références. Seules les tolérances
de forme ne nécessitent pas de référence.
L. PINO
MODELISATION ET ANALYSE CINEMATIQUE DES TOLERANCES GEOMETRIQUES
POUR L'ASSEMBLAGE DE SYSTEMES MECANIQUES
Abstract: The aim of this thesis is to model and analyze geometric tolerancing for assembly. First,
general tolerancing specifications used in assemblies definitions are presented and analyzed. We
showed how the analysis of the effects of maximum material condition modifiers required to take
into accounts all the tolerance zones of the tolerance chain.
A kinematic model is used to analyze tolerance transfer, parts control and assemblies. Two original
methods are presented to compute union and intersection of tolerance zones. These methods take
into account all allowable variations of tolerances in tolerance chain. The first one is an analytic
method, the second one uses robotic tools to study the virtual kinematic mechanism.
We extend the study of tolerance chain to control actual part with maximum material condition
modifiers. This method is suitable for the analysis of datum reference frame translations and
rotations induced by MMC modifiers. It is applied to pattern of features control, to find entities
conformance and to calculate the actual value of the tolerance.
For the assembly analysis, an extension of previous methods is presented. It allows creating virtual
part and resultant part. These two parts are helpful to create and validate tolerancing of a variational
assembly.
This work showed that the kinematic model is a unified tool to analyze geometric tolerancing in
design, manufacturing and control.
Keywords: Geometrical tolerancing, tolerance analysis, tolerance synthesis, assembly, MMC
modifiers, part control.