Apprentissage Procedural

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Rachel Solans Soutenu en juin 2017

L’apprentissage procédural
Evaluation d’un apprentissage procédural dans le vieillissement
et dans la maladie d’Alzheimer.

Université de Toulouse
Faculté de Médecine Toulouse Rangueil
Institut de Formation en Psychomotricité

Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’Etat de psychomotricienne


Table des matières
Remerciements ____________________________________________________________ 0

Introduction _______________________________________________________________ 1

PARTIE THEORIQUE _____________________________________________________ 3

I. La mémoire et l’apprentissage procédural __________________________________ 4

A. Le fonctionnement de la mémoire _______________________________________ 4


1. La mémoire à long terme _____________________________________________ 4
2. Les processus d’apprentissage _________________________________________ 5

B. Le fonctionnement de l’apprentissage procédural __________________________ 6


1. Définitions _________________________________________________________ 6
2. Trois grandes catégories d’épreuves procédurales __________________________ 6
3. Les phases de l’apprentissage procédural cognitif du modèle ACT (Adaptative
Control of Thought) _____________________________________________________ 7
4. L’apprentissage procédural massé et distribué ____________________________ 13

II. L’apprentissage procédural dans le vieillissement normal ____________________ 16

A. Les effets du vieillissement ____________________________________________ 16


1. Effets du vieillissement sur la mémoire _________________________________ 16
2. Effets du vieillissement sur les performances motrices _____________________ 16
3. Effets du vieillissement sur le temps de mouvement et sur les ressources
attentionnelles _________________________________________________________ 17

B. Préservation de l’apprentissage procédural dans le vieillissement____________ 17


1. Préservation d’un apprentissage perceptivo-moteur ________________________ 17
2. L’apprentissage perceptivo-verbal _____________________________________ 21
3. L’apprentissage procédural cognitif ____________________________________ 21

C. La dynamique des processus d’apprentissage procédural et fonctions cognitives


impliquées _____________________________________________________________ 23

D. La durabilité _______________________________________________________ 25
III. L’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer ____________________ 26

A. La mémoire dans la maladie d’Alzheimer _______________________________ 26

B. Le fonctionnement de l’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer 27


1. Préservation d’un apprentissage procédural ______________________________ 27
2. Atteinte du système déclaratif –contrôlé _________________________________ 35
3. Le transfert _______________________________________________________ 36

C. L’impact du mode d’apprentissage _____________________________________ 37


1. Composantes à prendre en compte _____________________________________ 37
2. Le focus de l’attention _______________________________________________ 39
3. L’apprentissage sans erreur ___________________________________________ 39

PARTIE PRATIQUE ______________________________________________________ 44

I. Problématique ________________________________________________________ 45

II. Méthode _____________________________________________________________ 45


1. Population ________________________________________________________ 45
2. Matériel __________________________________________________________ 46
3. Expérimentation ___________________________________________________ 46
4. Données __________________________________________________________ 47
5. Hypothèses _______________________________________________________ 48
6. Analyses statistiques ________________________________________________ 50

III. Résultats _____________________________________________________________ 51


1. Evolution de l’indice de compétence au cours du temps ____________________ 51
2. Evolution des indices de compétences entre les deux sessions ________________ 52
3. Evolution de l’indice d’apprentissage ___________________________________ 53

IV. Discussion ____________________________________________________________ 54


1. Commentaires des résultats ___________________________________________ 54
2. Confrontation avec mes hypothèses de départ ____________________________ 56
3. Les limites ________________________________________________________ 56
4. Perspectives _______________________________________________________ 57

Conclusion _______________________________________________________________ 59
Index des figures
Figure 1: Les systèmes mnésiques ______________________________________________ 5
Figure 2: Performance en termes de mouvements (A) et de temps d’exécution pour la tâche de
la tour de Toronto (B) (Which processes are involved in cognitive procedural learning?
Beaunieux et al.) ____________________________________________________________ 6
Figure 3: Performance en termes de mouvements (A) et de temps d’accomplissement pour la
tâche de la tour de Toronto (Which processes are involved in cognitive procedural learning?
Beaunieux et al.) ____________________________________________________________ 9
Figure 4: Evolution du temps de contact en fonction des essais chez les personnes jeunes et
âgées à la tâche du rotor test (thèse de Beaunieux) _________________________________ 20
Figure 5 : Evolution du nombre de mouvement en fonction des essais chez les personnes jeunes
et âgées pour la résolution de la Tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) __________________ 22
Figure 6: Evolution du temps de contact en fonction des essais chez les personnes jeunes et
âgées pour la résolution de la tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) ____________________ 22
Figure 7:Les stades de la maladie d'Alzheimer selon Braak et Braak (cours d’Elodie Martin)
_________________________________________________________________________ 26
Figure 8: Evolution du temps de contact en fonction des essais pour la tâche du rotor test (thèse
de Beaunieux) _____________________________________________________________ 28
Figure 9: Illustration de la tâche bimanuelle pour l'étude de Mochizuki et al. (Deficits in long-
term retention of learned motor skills in patients with cortical or subcortical degeneration.) 30
Figure 10: Organisation étude de Merbah et al. ___________________________________ 31
Figure 11: Evolution du nombre de mouvement en fonction des essais pour la résolution de la
tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) ____________________________________________ 35
Figure 12: Evolution du temps d'exécution en fonction des essais chez les personnes âgées et
Alzheimer pour la résolution de la tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) ________________ 35
Figure 13: Fonctionnement de l'apprentissage procédural ___________________________ 43
Figure 14: Population d'expérimentation ________________________________________ 46
Figure 15: Dispositif d'expérimentation _________________________________________ 46
Figure 16: Trajectoire du point lumineux________________________________________ 46
Figure 17: Déroulement de l'expérimentation ____________________________________ 47
Figure 18: Données de l’expérimentation _______________________________________ 48
Figure 19: Hypothèses ______________________________________________________ 49
Figure 20: Evolution de l'indice de compétence en fonction de la session ______________ 51
Figure 21: Evolution de l'indice de compétence en fonction des blocs _________________ 51
Figure 22: Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe, de la session et de bloc
_________________________________________________________________________ 52
Figure 23: Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe en milieu d'apprentissage
_________________________________________________________________________ 53
Figure 24: Evolution de l'indice d'apprentissage en fonction du groupe et de la session ___ 53
Introduction
Le vieillissement de la population augmente rapidement et d’ici 2050, une personne sur trois
aura plus de 60 ans. L’expansion de la population vieillissante et des personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer (MA) est un problème de santé publique. Environ 850 000 personnes sont
atteintes de cette maladie en France, avec 225 000 nouveaux cas par an (France Alzheimer,
2014). C’est une maladie neurodégénérative qui entraine une perte progressive et irréversible
des fonctions mentales et notamment de la mémoire. La maladie d’Alzheimer est associée aux
lésions des plaques amyloïdes (ou plaques séniles, formées par l’agglutinement de la protéine
bêta-amyloïde) entre les neurones, et à la dégénérescence neuro-fibrillaire des neurones.
L’atteinte neurologique touche d’abord le lobe temporal interne et notamment l’hippocampe,
puis s’étend par la suite aux cortex associatifs frontaux et temporo-pariétaux. Les causes exactes
de ces lésions sont encore inconnues mais des facteurs environnementaux et génétiques sont
impliqués dans son développement.

La maladie d’Alzheimer entraine des troubles mnésiques mais également une désorientation
spatio-temporelle pouvant entraîner des comportements inadaptés, des troubles du langage et
des troubles de l’attention. L’inhibition, le manque de flexibilité, une agnosie et une apraxie
sont également retrouvés dans la MA. Ces atteintes ont diverses conséquences sur les activités
de la vie quotidienne des patients Alzheimer ; une évolution a lieu sur plusieurs années avec
l’apparition progressive d’une perte d’autonomie, qui retentit sur les activités de la vie
quotidienne (habillage, toilette, préparation des repas, courses), sur les activités de loisirs, sur
la vie sociale et sur l’entourage (HAS, 2011). Les personnes Alzheimer deviennent dépendantes
de leurs aidants, familiaux ou professionnels, qui peuvent alors ressentir un fardeau très
important. Il est donc important que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
continuent à vivre de manière autonome le plus longtemps possible, pour cela il faut qu’elles
conservent les habiletés acquises et apprennent de nouvelles compétences pratiques. En tant
que psychomotriciens nous pouvons donc leur apprendre ou réapprendre des notions et
habiletés spécifiques (Martin et Innocent Mutel, 2015). Ce sont souvent des méthodes
d’apprentissage explicites ou déclaratives qui sont utilisées pour l’apprentissage de nouvelles
compétences. Néanmoins, dans le vieillissement normal, comme dans la maladie d’Alzheimer,
les processus mnésiques déclaratifs sont altérés, alors que les processus non déclaratifs et
automatiques restent conservés (Dick et al., 2003 et Eustache et Desgranges, 2003). On suppose

1
alors que dans le vieillissement normal et dans la maladie d’Alzheimer les techniques
d’apprentissage implicite et procédural sont plus efficaces.

L’objectif de ce travail est de voir dans quelle mesure il est possible d’apprendre ou de
réapprendre des habiletés sensori-motrices aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
par une méthode d’apprentissage procédural.

Pour tenter de répondre à cette question nous aborderons dans un premier temps la mémoire
dans l’apprentissage, puis l’apprentissage procédural dans le vieillissement, et enfin
l’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer. Je présenterai ensuite une étude que
j’ai réalisée concernant la préservation d’un apprentissage perceptivo-moteur pour une tâche
visuo-motrice dans la maladie d’Alzheimer.

2
PARTIE THEORIQUE

3
I. La mémoire et l’apprentissage procédural

A. Le fonctionnement de la mémoire
Selon Tulving (2000), la mémoire peut être définie comme la capacité à encoder, à entreposer
et à récupérer l’information. Selon Ebbinghaus (1885), il existe plusieurs types de systèmes
mnésiques : il y a d’une part la mémoire à long terme, comprenant la mémoire déclarative et
la mémoire procédurale, et d’autre part la mémoire à court terme. La mémoire à court terme
n’est pas impliquée lors de l’apprentissage procédural.

1. La mémoire à long terme

a. La mémoire explicite
La mémoire épisodique
La mémoire épisodique permet d’enregistrer, de stocker et de récupérer des informations
personnellement vécues dans leur contexte spatio-temporel. Elle contient les souvenirs
autobiographiques, et c’est cette mémoire qui permet de se remémorer les évènements
antérieurs dans une certaine situation (Tulving, 1993). La mémoire épisodique contient la
mémoire prospective, c’est la mémoire des intentions ; elle permet de se rappeler des actions à
exécuter à un moment donné dans le futur, malgré le fait d’être absorbé dans une autre tâche
(Brandimonte, 1997).

La mémoire sémantique
La mémoire sémantique concerne les concepts et les savoirs, elle permet la production et la
compréhension du langage, la lecture et l’écriture ainsi que l’identification d’objets (Tulving,
1993).

b. La mémoire implicite ou mémoire procédurale


D’après Cohen et Squire (1994), la mémoire procédurale est un système mnésique chargé de
coder, de stocker et de récupérer les procédures qui sous-tendent les habiletés motrices, verbales
et cognitives. Elle concerne les automatismes qui ont été appris et les gestes réalisés sans
nécessité d’intervention des compétences cognitives.

Pour résumer, les systèmes mnésiques peuvent être décomposés en deux catégories de
processus : les processus contrôlés et déclaratifs (mémoire épisodique et mémoire sémantique)
et les processus non déclaratifs et automatiques (mémoire procédurale).

4
Figure 1: Les systèmes mnésiques

2. Les processus d’apprentissage


Le processus d’apprentissage a lieu par trois phases successives : l’encodage, la consolidation
et la récupération. L’encodage consiste à l’acquisition de nouveau matériel dans la mémoire,
il vise à créer une trace mnésique plus forte et plus saillante. Une information est mieux
consolidée si elle est mise en relation avec des connaissances déjà acquises, si elle intéresse la
personne et si elle est associée à une charge émotionnelle. De plus, pour qu’une information
soit encodée, elle doit être comprise par la personne.

La récupération peut avoir lieu de deux façons : par un mode implicite ou par un mode explicite.
D’après Adam (2003) et Tulving (1995), la récupération implicite est l’expression
d’expériences passées sans nécessité de se souvenir des circonstances d’apprentissage, elle
utilise les processus automatiques, c’est-à-dire les processus moins conscients de la mémoire.
La récupération explicite est utilisée lors d’un rappel volontaire d’une information et recrute
alors des mécanismes conscients de la mémoire.

Selon Tulving (1995), les informations stockées en mémoire épisodique et en mémoire de


travail sont récupérées explicitement tandis que les informations stockées en mémoire
procédurale, voire en mémoire sémantique sont récupérées implicitement.

5
B. Le fonctionnement de l’apprentissage procédural
1. Définitions
L’apprentissage procédural correspond à
l’acquisition progressive de nouvelles
connaissances ou d’habiletés grâce à la
pratique répétée d’une tâche constante, selon
Beaunieux et al (2003), et Eustache et
Desgranges (2003). Au cours de la pratique,
les compétences dans l’habileté s’améliorent.
Par exemple, dans la tâche de la tour de
Toronto (Beaunieux et al. 2003), durant
laquelle on demande aux participants de
réaliser des déplacements de boules en
suivant certaines règles pour arriver à un but
précis, on note que le nombre d’erreurs et le
Figure 2: Performance en termes de mouvements (A) et de temps d’exécution
temps de réalisation diminuent au cours des pour la tâche de la tour de Toronto (B) (Which processes are involved in
cognitive procedural learning? Beaunieux et al.)
essais comme illustré sur la figure 2.

2. Trois grandes catégories d’épreuves procédurales

Il existe trois grandes catégories d’épreuves procédurales, différenciées par la nature de la


procédure à acquérir.

a. Les épreuves procédurales perceptivo-motrices


Les épreuves procédurales perceptivo-motrices concernent l’acquisition, de procédures
perceptivo-motrices (l’individu doit adapter ses mouvements physiques aux informations
sensorielles reçues) de différentes natures, au cours de plusieurs essais.

Selon Rosenbaum (2001), les aptitudes perceptivo-motrices ont un objectif non symbolique,
elles sont plus primitives que les habiletés intellectuelles et ce sont elles qui se développent en
premier. De plus, les habiletés perceptivo-motrices sont plus spécifiques que les habiletés
intellectuelles. Par exemple jouer aux échecs (habileté intellectuelle) est un apprentissage moins
spécifique que jouer du violon (habileté perceptivo-motrice) : un joueur d’échec peut jouer avec
des pions de différentes tailles ou avec les deux mains tandis qu’un violoniste doit toujours
avoir un instrument de même taille, la même inclinaison du bras … Cette étroitesse dans la

6
manière d’exécuter les habiletés perceptivo-motrice est due à leurs objectifs non symboliques
dépendant d’associations restreintes entre stimuli et réponse.

L’apprentissage moteur est défini par Schmidt (1988) comme les modifications, associées à la
pratique ou à l’expérience, des processus cognitifs sous-jacents au comportement moteur et qui
aboutissent à des modifications relativement permanentes de la performance motrice.

b. Les épreuves procédurales perceptivo-verbales


Les épreuves perceptivo-verbales sont souvent associées à des tâches de lecture telle que la
lecture en miroir, consistant à l’apprentissage de la lecture de mots écrits en miroir.

c. Les épreuves procédurales cognitives


Les épreuves procédurales cognitives sont constituées de tâches proposant l’acquisition d’une
procédure cognitive telle que la tour de Hanoï1.

3. Les phases de l’apprentissage procédural cognitif du modèle ACT (Adaptative


Control of Thought)
Lors de l’apprentissage procédural, l’implication de la mémoire procédurale n’est pas
exclusive. Effectivement, plusieurs études (Ackerman, 1988; Beaunieux et al., 2006, 2009; Pitel
et al., 2007; Schmidtke et al., 1996, 2002; Woltz, 1988) montrent que l’apprentissage
procédural nécessite l’intervention de d’autres fonctions cognitives que la mémoire
procédurale. Anderson (1987) et Ackermann (1988) conceptualisent le modèle ACT (Adaptativ
Control of Though) de l’apprentissage procédural cognitif, ensuite prouvé par Beaunieux et al.
(2000) impliquant diverses fonctions cognitives.

Anderson (1987) est l’un des nombreux auteurs pour lesquels l’existence de deux formes de
systèmes mnésiques est acquise, le modèle ACT accorde la plus grande importance à la
dichotomie entre les connaissances déclaratives et les connaissances procédurales : la mémoire
de travail est en relation constante avec la mémoire déclarative et procédurale. Ainsi, selon
Anderson (1987) la mémoire déclarative stocke les informations déclaratives (c’est-à-dire les
séquences temporelles, les images et les propositions abstraites) et la mémoire procédurale
stocke les connaissances procédurales (c’est-à-dire les procédures). Selon Anderson (1988),
dans le modèle ACT l’acquisition d’une procédure cognitive passe par trois grandes phases : la
phase cognitive, la phase associative puis la phase autonome. Durant ces phases et avec la

1
La tour de Hanoï est une base rectangulaire sur laquelle sont fixées trois tiges en bois. Des disques sont placés
sur ces tiges (selon une configuration de départ). Le but est de déplacer les disques pour créer une nouvelle
configuration prédéterminée, en suivant certaines règles.

7
pratique le sujet va générer, spécifier puis automatiser une procédure à partir de connaissances
déclaratives.

Beaunieux et al. (2012) démontrent l’existence de ces trois phases ainsi que l’intervention des
diverses fonctions cognitives. Ils soumettent 100 volontaires âgés de 18 à 35 ans à un
apprentissage procédural à l’aide de la tour de Toronto. La tour de Toronto est constituée d’une
base rectangulaire sur laquelle trois piquets sont fixés, quatre disques (un noir, un rouge, un
jaune et un blanc) sont empilés sur le piquet de gauche du plus clair au plus foncé. Le but de
cette tâche est de reconstruire la configuration des disques sur le piquet de droite en respectant
deux règles : premièrement, le participant ne peut déplacer qu’un disque à la fois et
deuxièmement, un disque plus foncé ne peut jamais être placé au-dessus d’un disque plus clair.
Les participants n’avaient aucune contrainte concernant le temps d’exécution ou la démarche à
suivre (ils avaient seulement comme indication de commencer par mettre le disque blanc sur la
cheville du milieu). Le dispositif de la tour de Toronto a été connecté à un ordinateur afin de
mesurer le temps d’exécution et le nombre de mouvement par essai pour la réalisation de la
tâche pour chaque participant et pour chaque essai.

Afin de caractériser les trois phases de l’apprentissage procédural, les auteurs ont évalué la
mémoire de travail, la mémoire épisodique, les fonctions exécutives, le traitement perceptif,
l’intelligence générale ainsi que les fonctions psychomotrices. Le protocole expérimental
comportait deux sessions avec un intervalle d’une semaine : lors de la première session les
participants ont dû réaliser 40 essais de la tâche « tour de Toronto » soit huit blocs de cinq
essais ; le but de la première session était que les patients apprennent la réalisation de cette
tâche de manière procédurale. Lors de la deuxième session les participants devaient réaliser un
ensemble de tâches cognitives supplémentaires afin d’évaluer les fonctions cognitives
impliquées dans l’apprentissage procédural cognitif.

Les fonctions intellectuelles générales ont été évaluées par les sous-tests block design et matrix
reasoning de la WAIS. L’évaluation des fonctions psychomotrices a eu lieu par le test de la tour
de Toronto (avant et après l’apprentissage procédural) et par le test de la tour de Londres. La
mémoire de travail a été évaluée par l’étendue des chiffres de la WAIS III et le test de portée
visuo-spatiale du BEM 14 (Signoret, 1991). La mémoire déclarative a été évaluée à l’aide du
test d’apprentissage verbal de Californie (Delis et al., 1991 et Deweer et al., 1994). Les
fonctions exécutives ont été évaluées à l’aide du test de Stroop (Albaret, 1999), du Trail Making
Test et d’une version adaptée de la tour de Londres. Le traitement perceptuel a été mesuré par
des symboles de chiffres et des recherches de symboles de la WAIS III.
8
Les résultats de cette étude montrent qu’il y
a un effet significatif de la répétition des
essais sur le niveau moyen de performance
en termes de nombre de mouvement (figure
1A) comme en termes de durée d’exécution
de la tâche (figure 1B).

Pour tester les limites des trois phases,


Beaunieux et al (2006) ont aussi mesuré le
degré d’amélioration au cours des essais :
selon Ackermann, il y a une amélioration
notable durant la phase cognitive puis
durant la phase associative, les sujets
commencent à trouver la solution optimale
Figure 3: Performance en termes de mouvements (A) et de temps
et donc leur amélioration ne varie plus, d’accomplissement pour la tâche de la tour de Toronto (Which processes are
involved in cognitive procedural learning? Beaunieux et al.)
enfin durant la phase autonome le niveau de
performance reste stable. La phase cognitive a lieu de l’essai 1 à l’essai 7, la phase associative
a lieu de l’essai 8 à l’essai 22 et la phase autonome a lieu de l’essai 23 à l’essai 40. Les
performances pour la réalisation de la tâche tour Toronto s’améliorent donc de façon
significative lors de la phase cognitive et restent plutôt stable lors des phases associative et
autonome.

L’analyse de la corrélation des niveaux de performances, des fonctions intellectuelles et des


fonctions psychomotrices montrent que l’intelligence générale est impliqué jusqu’au 22 ème

essai tandis que les fonctions psychomotrices sont impliquées à partir du 15 ème essai.

L’analyse des fonctions cognitives a permis de mettre en évidence les facteurs cognitifs
influençant les performances durant cette tâche. La mémoire épisodique est impliquée au
début de l’apprentissage et son implication diminue au cours des essais. La mémoire de travail
est impliquée durant les essais 4 à 7. Le traitement perceptuel est impliqué tout au long du
processus d’apprentissage. Les fonctions exécutives interviennent surtout en début et fin de
processus d’apprentissage. Les fonctions psychomotrices jouent un rôle important à la fin de
l’apprentissage.

9
Ainsi d’après ce modèle, l’apprentissage procédural cognitif a lieu en trois phases successives :
la phase cognitive, la phase associative et la phase autonome. Selon Chauvel (2011),
l’apprentissage moteur a également lieu en suivant ces trois phases.

a. La phase cognitive
- Définition
D’après Beaunieux (2012), la phase cognitive correspond au processus initial ; les
performances dans la tâche proposée s’améliorent de façon notable. Selon Anderson (1987), le
sujet extrait et traite les informations déclaratives concernant la tâche proposée : les
informations concernant les connaissances déclaratives sont encodées comme un ensemble de
faits déclaratifs à propos de la tâche. Dans le cas de l’apprentissage moteur, les savoir-faire sont
encodés sous la forme de connaissances épisodiques (par exemple lorsqu’un débutant effectue
un lancer franc au basket-ball, il utilise la connaissance épisodique « placer le coude en position
haute par rapport aux épaules ») (Chauvel, 2011). Durant cette phase, le sujet utilise des
méthodes de résolutions de problèmes telles que des mécanismes d’analogie, d’essais-
erreurs…

- Activation des structures corticales


D’après une analyse par émission de positons réalisée par Hubert et al (2007), la phase cognitive
d’un apprentissage procédural cognitif est associée à une activation du cortex orbito-frontal
(intervenant dans les prises de décisions), une activation du cervelet notamment à gauche
(impliqué dans l’activité motrice ainsi que dans la détection et la correction des erreurs) ainsi
qu’une activation de la zone pariétale, notamment le précunéus, le gyrus angulaire et le gyrus
cingulaire (intervenant dans la mémoire de travail, l’attention et la planification). Cette
activation du réseau fronto-pariétal est due à la charge des stratégies de résolutions de
problèmes mises en œuvre durant cette phase. Néanmoins, cette activation diminue au cours
des essais, faisant penser que la résolution de problème diminue également au cours des essais.

- Implication des autres systèmes mnésiques


Durant cette phase, la contribution de la mémoire épisodique est majeure car elle permet de
détecter et d’éliminer les erreurs qui sont faites lors des premiers essais d’exécution de l’habileté
et de sélectionner les essais qui vont optimiser l’exécution des actions motrices en cours et à
venir. La mémoire de travail intervient également durant cette phase étant donné que les
connaissances déclaratives doivent en permanence être rafraichies afin de pouvoir être traitées.

10
L’intelligence générale est aussi impliquée durant cette phase de l’apprentissage procédural
cognitif.

Selon Chauvel (2011), dans le cas de l’apprentissage procédural moteur, la mémoire de travail
permet d’activer, de maintenir et de manipuler les connaissances épisodiques au cours de
l’exécution de l’habileté motrice apprise, les processus cognitifs sont contrôlés car ils
mobilisent fortement les capacités attentionnelles. La performance motrice dépend des
capacités attentionnelles : les processus mnésiques déclaratifs et contrôlés sont prépondérants

b. La phase associative
- Définition
La phase associative est une phase de transition entre la phase cognitive et la phase autonome,
permettant de transformer les nouvelles règles de production en procédure. Durant cette phase
Anderson (1988) distingue deux types de traitement des connaissances : la composition (c’est-
à-dire la combinaison séquentielle des différentes productions déclaratives en une seule et
unique production plus efficace : les sujets commencent à découvrir la solution optimale pour
la réalisation de tâche et en restent proche) et la procéduralisation (c’est le passage d’une
production déclarative non spécifique à une production hautement spécifique). La tâche est
effectuée avec davantage de fluidité et d’efficacité. La procédure est alors spécifique à la tâche
apprise, la conservation d’informations déclaratives en mémoire de travail n’est alors plus
nécessaire.

- Activation des structures corticales


D’après Hubert et al (2007), la phase associative de l’apprentissage procédural cognitif est
associée à l’activation de la zone préfrontale droite (intervenant dans la mémoire de travail et
la résolution de problème), des ganglions de la base, notamment le striatum (intervenant dans
l’apprentissage d’habiletés motrices et l’acquisition de compétences cognitives), du thalamus
et des régions occipitales, notamment le calcarine et la région linguale (intervenant dans
l’imagerie mentale).

- Implication des autres systèmes mnésiques


Les capacités de traitement perceptif peuvent être impliquées dans cette phase en fonction du
type de tâche proposée.

Selon Chauvel (2011), dans le cas de l’apprentissage d’une habileté motrice, les connaissances
sous-jacentes à sa réalisation sont plus difficilement verbalisables et sont moins couteuses au
niveau attentionnel (c’est-à-dire qu’elles mobilisent moins de processus mnésiques contrôlés),

11
les connaissances sont semi-procéduralisées et semi-automatisées. Les relations entre
connaissance et procédure motrice sont plus directes. Par exemple, pour un basketteur de niveau
intermédiaire, ses capacités seront probablement moins importantes dans une situation qui
détourne les ressources attentionnelles de la tâche motrice.

c. La phase autonome
- Définition
La phase autonome est la dernière phase de l’apprentissage procédural cognitif, la procédure
est plus adaptée et plus automatisée, le niveau de performance des sujets reste stable et l’écart-
type des différences intra-individuelles est proche de 0.

Dans le cas d’un apprentissage moteur, les savoir-faire sont encodés sous la forme de
connaissances procédurales et donc difficilement verbalisables.

- Activation des structures corticales


D’après Hubert et al (2007), la phase autonome de l’apprentissage procédural cognitif est
associée à l’activation des parties antérieures du cervelet (intervenants dans la régulation des
mouvements, la mémoire procédurale et les capacités psychomotrices), des mêmes régions
occipitales que durant la phase associative (intervenants dans l’imagerie mentale) ainsi qu’à
l’activation simultanée du cerveau droit et du thalamus gauche (intervient lors de la
consolidation d’un apprentissage).

- Implication des autres systèmes mnésiques


La phase autonome se caractérise essentiellement par l’intervention de la mémoire
procédurale en soi (les habiletés sont stockées à l’intérieur de la mémoire procédurale). Les
fonctions psychomotrices interviennent également durant cette phase, ce sont généralement
elles qui limitent les progrès en terme de rapidité. Cette phase est la seule à être
fonctionnellement indépendante des autres fonctions cognitives.

Selon Beaunieux et al (2003) et Meulemans (2000), l’apprentissage procédural fait intervenir


les deux modes de récupération d’une information : la récupération explicite intervient lors des
phases initiales, puis son intervention décroit au cours de l’apprentissage et une fois
automatisée, la réalisation de la tâche repose essentiellement sur la mémoire procédurale, la
récupération a donc lieu selon un mode implicite.

12
D’après Hubert et al (2007), les transitions entre les régions fronto-pariétales et les régions
occipitales et thalamiques peuvent être interprétées comme une transition entre le stade
déclaratif (dans la phase cognitive) et le stade procédural (dans la phase autonome).

La collaboration inter-systémique lors de l’apprentissage cognitif procédural est donc


nécessaire pour l’encodage de procédures cognitives en mémoire procédurale.

Selon Fitts et Posner (1967), ce modèle d’apprentissage en trois phases concernerait


l’apprentissage explicite alors que dans l’apprentissage implicite il n’y aurait pas de distinction
entre les trois étapes, qui peuvent se chevaucher ou être ordonnées différemment.

Pour conclure, au cours de l’apprentissage procédural, l’acquisition de la procédure permet une


automatisation de l’habileté ; les processus déclaratifs et contrôlés interviennent de moins en
moins et laissent la place aux processus non déclaratifs.

4. L’apprentissage procédural massé et distribué


La fatigue jouant également un rôle dans l’apprentissage, il est important de savoir comment
alterner la pratique et le repos pour maximiser les capacités d’apprentissage.

Schimdt et Wrisberg (2000) distinguent deux types de pratique : durant la « pratique massée »
la majeure partie du temps est consacré à l’exécution de la tâche tandis que dans la « pratique
distribuée » la durée de repos est supérieure ou égale à la durée de pratique.

La majorité des études montrent que l’apprentissage distribuée est plus bénéfique que
l’apprentissage massé, notamment pour la rétention d’une information ou d’une habileté à long
terme. Par exemple, une étude réalisée par Mackay et al. (2002) étudie les effets de la pratique
distribuée et de la pratique massée lors d’une formation chirurgicale : pour le premier groupe
de participants, l’entrainement comprenait 20 minutes de pratique massée, pour le second
groupe il comprenait 20 minutes de pratique répartie en 4 blocs de 5 minutes, alors que pour le
troisième groupe il comprenait seulement 15 minutes d’entrainement, réparties en 3 blocs de 5
minutes. Le deuxième groupe a obtenu des scores significativement supérieurs aux scores du
premier et du troisième groupe. Cela montre effectivement que la pratique d’un apprentissage
massé est plus bénéfique que celle d’un apprentissage distribué lors de l’apprentissage d’un
acte chirurgical.

Une autre étude réalisée par Beck & Mostow (2008) a montré que chez la majorité des élèves
la pratique distribuée est plus efficace que la pratique massée pour l’apprentissage de la lecture

13
de mots rapide et avec précision. De plus l’apprentissage à long terme est meilleur dans le cas
d’une pratique distribuée que dans le cas d’une pratique massée.

Nous savons donc que l’apprentissage distribué est plus bénéfique que l’apprentissage massé,
mais quel est l’effet du sommeil et quel laps de temps faut-il laisser entre deux sessions
d’apprentissage ?

Simmons (2011) a réalisé une étude portant sur l’influence des laps de temps libres entre les
sessions d’apprentissage d’une suite musicale au piano. Vingt-neuf musiciens ont été répartis
en trois groupes, chaque groupe a eu trois sessions d’entrainement. Pour le groupe 1, chaque
session était séparée de 5 minutes, pour le groupe 2 les sessions étaient séparées de 6 heures
tandis que pour le groupe 3 les sessions étaient séparées de 24 heures (avec une phase de
sommeil dans ce dernier cas). Dans les trois groupes, la vitesse d’exécution a augmentée lors
de la deuxième session ; par contre lors de la troisième session, la vitesse n’a augmenté que
pour le deuxième et le troisième groupe. En revanche, l’exactitude de l’habileté est améliorée
seulement dans le troisième groupe et lors de la deuxième session. Ces résultats confirment
qu’une pratique distribuée est plus bénéfique qu’une pratique massée pour l’apprentissage
procédural d’une habileté musicale, notamment en termes de vitesse. Les résultats montrent
aussi qu’un temps de repos au cours d’un apprentissage, en sommeil comme au réveil permet
une consolidation de l’apprentissage procédural. La vitesse d’exécution peut être améliorée
autant lorsque la pause a lieu au sommeil que lorsqu’elle a lieu à l’éveil, par contre, pour que
la précision soit améliorée, une phase de sommeil au cours de la pause est nécessaire.

Nous pouvons alors nous demander pourquoi l’apprentissage distribué est plus bénéfique que
l’apprentissage massé.

Selon Underwood (1970), lors d’un apprentissage distribué, l’apprentissage est plus simple lors
de la seconde session. Selon Bjork et Alain (1970), il existe deux raisons à l’avantage de
l’apprentissage distribué sur l’apprentissage massé. Effectivement, il y a une consolidation de
l’apprentissage lors de la première session et donc l’encodage est meilleur lors de la deuxième
session. D’autre part, si la tâche est légèrement plus complexe lors de la seconde session, la
récupération sera aussi plus compliquée mais il sera alors plus facile de récupérer cette
information plus tard.

Les conditions d’apprentissage distribuées (qui sont plus écologiques) modifient la dynamique
de l’apprentissage procédural en comparaison aux conditions d’apprentissage massées : les trois
phases sont retrouvées dans les deux types d’apprentissage néanmoins, la phase associative est

14
allongée et l’automatisation de la procédure est plus progressive au cours d’un apprentissage
distribué.

Pour conclure, il existe trois sortes d’apprentissage procédural : l’apprentissage perceptivo-


moteur, l’apprentissage perceptivo-verbal et l’apprentissage cognitif. L’apprentissage
procédural a lieu en trois phases (la phase cognitive, la phase associative et la phase autonome)
durant lesquelles l’habileté apprise s’automatise : au départ, la réalisation de l’activité nécessite
une intervention de processus contrôlés et déclaratifs ; puis au cours de l’autonomisation le
recrutement de ces processus s’amoindrit pour laisser la place à des processus non contrôlés et
automatiques. L’apprentissage procédural peut avoir lieu de manière intense (apprentissage
massé) ou de manière espacée (apprentissage distribué). Les études prouvent que
l’apprentissage distribué est plus bénéfique que l’apprentissage massé et que la précision est
augmentée quand il y a une phase de sommeil au cours du repos, entre deux sessions
d’apprentissage.

Au cours du vieillissement, les processus contrôlés et déclaratifs (notamment au niveau de la


mémoire déclarative et au niveau attentionnel) peuvent être altérés, nous pouvons alors nous
demander si les capacités d’apprentissage procédural sont conservées chez les personnes
Alzheimer.

15
II. L’apprentissage procédural dans le
vieillissement normal
Selon Tulving (1995), la mémoire procédurale est le système mnésique le plus résistant au cours
du vieillissement. Toutefois, les diverses études à propos de l’effet de l’âge sur l’apprentissage
procédural donnent des résultats hétérogènes.

A. Les effets du vieillissement


1. Effets du vieillissement sur la mémoire

En psychologie cognitive, il est prouvé que le vieillissement affecte l’efficience des processus
mnésiques déclaratifs et contrôlés alors que ses effets sont nettement moins marqués au niveau
des processus mnésiques non déclaratifs et automatiques (Desgranges, Eustache et Rioux,
1994). Lors d’un apprentissage procédural, les processus déclaratifs sont fortement mobilisés
au cours du stade cognitif. Cette altération peut alors compromettre l’apprentissage procédural.

Les modifications produites par le vieillissement normal sur la mémoire humaine peuvent
ralentir l’apprentissage ou le réapprentissage mais n’entravent pas complètement l’acquisition
de nouvelles actions motrices. Par exemple, une personne de 80 ans peut apprendre à utiliser
un téléphone portable mais devra faire preuve de plus de persévérance qu’une personne de 18
ans (Chauvel, 2011). Selon Chauvel et al. (2011), le vieillissement entrave l’apprentissage
lorsque l’exécution des habiletés motrices fait appel au souvenir explicite des actions passées
(c’est-à-dire à la mémoire épisodique et aux traitements contrôlés de la mémoire de travail). En
revanche, le vieillissement n’affecte pas l’apprentissage lorsque les actions motrices sont
exécutées sur un mode non verbal et automatique.

2. Effets du vieillissement sur les performances motrices


Les performances motrices des personnes âgées peuvent être modifiées avec l’âge : par exemple
en 2001, Li et al montrent que les personnes âgées rencontrent plus de difficultés que les
personnes jeunes au cours d’une tâche durant laquelle elles doivent retenir une liste de mots en
marchant. Ce résultat suggère qu’au cours du vieillissement le contrôle de la marche étant moins
automatique, les personnes âgées ont alors recourt aux processus mnésiques déclaratifs et
contrôlés. D’autre part, Molander et Backman (1986) montrent, en évaluant la performance
d’experts en mini-golf, que les résultats sont comparables chez des personnes jeunes et chez
des personnes âgées en situation non-stressante. Par contre, en situation stressante les personnes

16
âgées ont de moins bonnes performances que les personnes jeunes : l’augmentation de la charge
attentionnelle induite par la situation stressante affecte donc les performances des séniors, mais
pas celles des personnes jeunes. Il semble donc que l’exécution d’une habileté motrice perdrait
en automaticité avec l’avancée en âge.

3. Effets du vieillissement sur le temps de mouvement et sur les ressources


attentionnelles
Le vieillissement entraine une lenteur dans l’acquisition d’un nouveau savoir-faire ainsi qu’une
difficulté à atteindre un niveau élevé de performance.

Pratt et al (1994) ont réalisé une étude concernant les effets du vieillissement sur les processus
de contrôle sous-tendant la réalisation d’une tâche visuo-motrice consistant à déplacer un
curseur (à l’aide d’un pointeur tenu dans la main droite) et à le placer dans une zone cible
(espace délimité par deux traits espacés) figurant sur l’écran d’un ordinateur de manière
répétée. Le temps de mouvement (positionnement du curseur dans la zone cible) est plus long
chez les personnes âgées que chez les personnes jeunes tout au long de la phase d’apprentissage.
Chez les personnes âgées la vitesse et la précision du mouvement stagnent au cours de la
pratique alors qu’ils augmentent chez les personnes jeunes. L’analyse du mouvement montre
que les performances sont comparables chez les personnes jeunes et âgées en début de
mouvement alors que les performances des personnes âgées sont moindres en fin de
mouvement : la partie terminale du geste nécessiterait des efforts d’attention, à la différence de
la première partie du mouvement qui semblerait plus automatique.

Mc Nay et Willingham (1998) ont observé, dans une tâche consistant à reproduire une ligne
droite présentée sur un écran en la dessinant à l’aide d’un stylet, des performances moindres
chez les séniors. Pour eux, cette baisse de performance est due à un amoindrissement des
ressources attentionnelles.

B. Préservation de l’apprentissage procédural dans le


vieillissement
1. Préservation d’un apprentissage perceptivo-moteur
Selon le modèle sériel de l’apprentissage, l’acquisition de nouveaux savoir-faire semble être
freinée par les effets négatifs du vieillissement sur les processus mnésiques déclaratifs et
contrôlés mais un apprentissage implicite ou un apprentissage dans un contexte d’erreur peu
fréquente peut tout de même être préservé.

17
- Apprentissage implicite

Par exemple, Howard et Howard (1989) ont montré l’existence de capacités d’apprentissage
perceptivo-moteur implicite préservées des effets du vieillissement lorsque les patients n’ont
pas conscience du matériel à apprendre (c’est-à-dire que l’exécution de l’habileté doit avoir lieu
sur un mode relativement autonome et sans effort d’attention) lors d’une tâche d’apprentissage
sériel. Dans cette étude les participants ont réalisé quatre séries de cent essais d’une tâche
consistant à indiquer rapidement la zone de l’écran dans laquelle apparait un astérisque (4
zones) en appuyant sur la touche de réponse correspondante d’un clavier (4 touches possibles).
Les séquences d’essais peuvent être aléatoires (l’ordre d’apparition de l’astérisque dans l’une
des quatre zones de l’écran est aléatoire) ou régulières (l’ordre d’apparition de l’astérisque dans
l’une des quatre zones de l’écran est prédéterminée et identique d’une série à l’autre). Les
participants ne sont pas informés de la présence de régularité dans le matériel. Les résultats de
cette étude prouvent que le temps de réaction est plus court lors des séquences régulières que
lors des séquences aléatoires alors que les participants n’ont aucun souvenir explicite des
régularités du matériel : les participants ont donc appris la régularité des séquences sans en
avoir conscience. D’autre part, les résultats montrent que le temps de réaction moyen est
comparable chez les sujets jeunes et chez les sujets âgés lors des séquences régulières alors que
lors des séquences aléatoires, le temps de réaction moyen est plus long chez les personnes âgées
que chez les personnes jeunes : les capacités d’apprentissage de séquences perceptivo-motrices
régulières sans effort sont donc préservées au cours du vieillissement.

- Apprentissage explicite en situation d’erreur fréquente ou peu fréquente


Maswell et al (2001) réalisent une étude durant laquelle l’habileté à acquérir est le putt (coup
spécifique du golf consistant à frapper une balle) mettant en évidence une préservation de
l’apprentissage explicite en situation d’erreur peu fréquente, contrairement à une situation
d’erreur fréquente. Durant la phase de pratique, les participants ont réalisé 3 blocs de 50 putts
à des distances éloignées du trou pour la moitié des participants ou à des distances proches du
trou pour l’autre moitié : le nombre d’erreur et le nombre de stratégies à retenir sont beaucoup
plus importants lors des tirs à distance éloignée que lors des tirs à distance proche du trou. Pour
la phase de test les participants ont réalisé 50 putts à une distance intermédiaire, soit en
condition simple (groupe contrôle) soit en réalisant simultanément une tâche cognitive de
comptage mobilisant les ressources attentionnelles. Les résultats montrent que la réalisation
simultanée de la tâche cognitive affecte les performances motrices des participants qui ont
exécuté la phase de pratique en situation d’erreurs fréquentes (tir à distance éloignée), tandis

18
qu’elle n’affecte pas les performances des participants qui l’ont exécutée en situation d’erreurs
peu fréquentes (tir à distance proche du trou). Ces résultats montrent qu’il existe effectivement
deux systèmes mnésiques impliqués dans un apprentissage explicite: l’un nécessite des
connaissances épisodiques et des traitements contrôlés en mémoire de travail, l’autre opère avec
relativement peu de connaissances épisodiques et sans effort d’attention. Des conditions
minimisant la nécessité d’avoir à ajuster de façon consciente la performance d’un essai à l’autre
font intervenir de manière prédominante les processus mnésiques non déclaratifs et
automatiques.

Chauvel et al (2011), montrent que les performances motrices au putt sont comparables chez
des personnes jeunes et âgés dans les conditions d’acquisition faisant intervenir principalement
les processus mnésiques non déclaratifs et automatiques, mais elles sont inférieures chez les
séniors comparées à celles des jeunes lors de l’acquisition dans des conditions impliquant les
processus mnésiques.

Lors des acquisitions motrices s’appuyant sur les systèmes de mémoire les moins affectés lors
du vieillissement (la mémoire procédurale), celui-ci a peu d’impact : les séniors peuvent
acquérir de nouvelles habiletés motrices avec des performances proches, si ce n’est équivalentes
à celles de personnes jeunes : pour optimiser l’apprentissage moteur chez les personnes âgées
il est préférable d’utiliser des conditions d’apprentissage favorisant la prédominance de la
mémoire procédurale sur les processus mnésiques déclaratifs et contrôlés, c’est-à-dire des
conditions d’apprentissage implicite ou un contexte d’erreurs peu fréquentes.

Ainsi, les différences de performance au niveau de l’apprentissage moteur, sont marquées entre
les personnes âgées et les personnes jeunes en condition d’apprentissage explicite avec des
erreurs fréquentes, mais s’amoindrissent, voire disparaissent, en condition d’apprentissage
implicite ou d’apprentissage avec des erreurs peu fréquentes. La nature des conditions
d’apprentissage semble donc être un facteur susceptible d’influencer la prédominance de
certains processus mnésiques sur d’autres.

- Complexité – apprentissage massé et distribué


Différentes études de poursuite de cible lors de l’épreuve du rotor test rapportent des effets
contradictoires en fonction de la complexité de la tâche et des conditions d’apprentissage.
Effectivement, une étude effectuée par Wright et Payne (1985) rapporte un effet délétère de
l’âge sur cette acquisition motrice. Au contraire Durkin et al (1995) et Beaunieux (2000),
prouvent que l’apprentissage procédural de la tâche de poursuite de cible du rotor test est

19
préservé chez les personnes âgées, même si tout au long de l’étude les résultats des personnes
âgées sont inférieurs à ceux des personnes jeunes. La différence entre ces résultats peut
s’expliquer par les différences méthodologiques entre les deux études : Wright et Payne
proposent une seule session d’apprentissage de 30 essais à une vitesse de 60 tours par minute,
tandis que Durkin et al proposent l’apprentissage sur trois sessions de 20 essais chacune à une
vitesse de 45 tours par minute.

Le protocole de Beaunieux (2000) se réalise sur deux jours consécutifs à raison de deux sessions
par jour. Les sessions 1 et 2 ainsi que les sessions 3 et 4 sont séparées par un délai de 2 heures,
tandis que les sessions 2 et 3 sont séparées par un délai 22 heures. Les sessions 1, 2 et 3
contiennent l’exécution de la poursuite de cible ainsi que des épreuves complémentaires
permettant d’évaluer les fonctions intellectuelles globales, les capacités de traitement perceptif,
les capacités psychomotrices, l’efficience de la mémoire de travail et de la mémoire déclarative
ainsi que les fonctions exécutives. La session 4 contient seulement des épreuves
complémentaires. Lors de l’épreuve du rotor test, le but est de maintenir le stylet sur une cible
en mouvement circulaire dont la vitesse est variable (6 à 60 tours par minute). La vitesse de
rotation retenue est individualisée pour chaque sujet, c’est la vitesse pour laquelle lors de l’essai
de familiarisation, le sujet a maintenu le stylet en contact avec la cible au minimum durant 20
% du temps total de l’essai. Chaque session d’apprentissage est composée de 20 essais de 15
secondes et une pause de 30 secondes est proposée après l’essai 5 et après l’essai 10. Pour
chaque essai, Beaunieux (2000) a relevé le temps total de contact avec la cible : l’apprentissage
perceptivo-moteur se traduit par un allongement
avec la pratique du temps de contact entre le stylet
et la cible. Les résultats montrent que les sujets âgés,
comme les sujets jeunes, améliorent leurs
performances dans la poursuite de cible avec la
répétition de l’exécution de la tâche au cours des
trois sessions et voient leur marge d’amélioration
diminuer avec la répétition des sessions
d’apprentissage (car leur niveau de performance
Figure 4: Evolution du temps de contact en fonction des
devient optimal). essais chez les personnes jeunes et âgées à la tâche du
rotor test (thèse de Beaunieux)

Les conditions mises en place par Wright et Payne


ne sont pas optimales pour l’apprentissage des personnes âgées ; effectivement l’apprentissage
est massé et la procédure plus complexe (60 tours par minutes), ce qui nécessite dans les

20
premiers temps de l’acquisition, une mobilisation des fonctions attentionnelles trop importante
pour que les sujets âgés progressent au même rythme que les jeunes.

Ainsi, l’apprentissage procédural est conservé dans ce type de tâche chez les personnes âgées
lorsqu’il est réalisé dans de bonnes conditions d’apprentissage.

2. L’apprentissage perceptivo-verbal
Les capacités d’apprentissage procédural concernant les tâches perceptivo-verbales semblent
préservées. Par exemple, Desgranges et al (1994) et Durkin et al (1995) ont montré une
préservation des capacités d’acquisition des procédures perceptivo-verbales dans le
vieillissement normal lors de la réalisation d’une tâche consistant à la lecture en miroir.
Moscovitch et al (1986) et Hashtroudi et al (1991) effectuent des études consistant à la
réalisation d’une lecture de mots inversés. Moscovitch et al montrent que l’apprentissage
procédural est conservé durant cette tâche, tandis que Hashtroudi et al rapportent le résultat
inverse avec la même épreuve. Ils montrent cependant, avec une expérimentation
complémentaire, que les personnes âgées ont des capacités d’apprentissage procédural
similaires à celles des jeunes lorsqu’ils disposent de plus de temps pour accomplir la tâche. La
difficulté d’apprentissage est finalement davantage due à une difficulté dans le traitement des
stimuli qu’à une altération de l’apprentissage avec l’âge.

3. L’apprentissage procédural cognitif

L’apprentissage procédural cognitif est préservé chez les personnes âgées sans pathologie, à
condition que la tâche ne soit pas trop complexe. Plusieurs études ayant pour but d’évaluer cet
apprentissage ont été réalisées avec la tour de Hanoï. La tour de Hanoï est constituée d’un socle
en bois sur lequel sont disposées trois tiges verticales identiques. Plusieurs disques de diamètre
décroissant sont empilés sur la tige de gauche. Le principe est de transférer les disques de la
tige de gauche vers une autre tige en respectant deux règles : ne jamais poser un disque sur un
disque plus petit et ne déplacer qu’un seul disque à la fois.

- Apprentissage malgré des compétences plus faibles


En 1987, Charness propose la résolution de la tour de Hanoï avec quatre disques mettant en
évidence des difficultés de planification dans les stratégies lors des premiers essais, mais en
1997, une étude réalisée par Vakil et Agmon-Ashkenazi prouve que les personnes âgées
améliorent leurs performances de la même manière que les sujets jeunes lors de la réalisation
de la tour de Hanoï avec quatre disques. Il y a donc une préservation de l’apprentissage

21
procédural de la tour de Hanoï à quatre disques, même si le niveau de performance est inférieur
chez les personnes âgées que chez les personnes jeunes.

Ces résultats sont confirmés par une étude réalisée par Beaunieux en 2000 consistant également
à résoudre le problème de la tour de Hanoï avec quatre disques afin de mesurer les capacités
d’apprentissage procédural cognitif. L’apprentissage de la procédure est organisé en trois
sessions de cinq essais chacune. L’apprentissage a été évalué par deux variables : le temps total
de résolution du problème et le nombre de mouvement nécessaire pour sa résolution.
L’évaluation du temps total de résolution de problème met en évidence une lenteur chez les
sujets âgés comparativement aux sujets jeunes, par contre l’amélioration de leur performance
dans la vitesse d’exécution au cours de l’apprentissage est équivalente chez les jeunes et les
âgés : il y a donc une absence de l’effet de l’âge sur l’amélioration de la performance en terme
de vitesse au cours de l’apprentissage. La progression tend à diminuer avec la répétition des
sessions. L’évaluation du nombre de mouvement montre que les sujets âgés et les sujets jeunes
ont un rythme d’acquisition équivalent : en termes de nombre de mouvements, le niveau
d’apprentissage est équivalent chez les personnes jeunes et chez les personnes âgées. Les
personnes âgées ont donc un niveau de performance inférieur aux personnes jeunes dans la
résolution de la tour de Hanoï mais l’amélioration des performances est équivalente pour les
deux populations.

Figure 5 : Evolution du nombre de mouvement en fonction des


Figure 6: Evolution du temps de contact en fonction des essais
essais chez les personnes jeunes et âgées pour la résolution de la
chez les personnes jeunes et âgées pour la résolution de la tour
Tour de Hanoï (thèse de Beaunieux)
de Hanoï (thèse de Beaunieux)

Charness et Campbell (1988) mettent en évidence une capacité d’apprentissage lors de


l’épreuve de mise au carré de nombres à deux chiffres, même si les performances des
personnes âgées sont nettement inférieures à celles des personnes jeunes.

22
- La complexité de la tâche
Les capacités d’apprentissage procédural cognitif ne sont cependant pas préservées si la
complexité de la tâche est trop élevée et nécessite une intervention importante des fonctions
cognitives altérées. Effectivement, Davis et Bernstein (1992), réalisent une étude consistant à
résoudre le problème de la tour de Hanoï avec une version contenant cinq disques. Cette étude
rapporte une altération de l’acquisition et de la rétention de la procédure de résolution de la tour
de Hanoï. La version contenant cinq disques est trop difficile pour les personnes âgées à cause
des effets de l’âge sur la mémoire de travail et sur les fonctions exécutives, ce qui empêche un
traitement procédural de la tâche.

Les capacités d’apprentissage procédural cognitif sont donc préservées tant que l’altération de
d’autres fonctions cognitives (telles que la mémoire de travail ou la mémoire épisodique)
n’interfère pas avec la tâche.

C. La dynamique des processus d’apprentissage procédural et


fonctions cognitives impliquées
Nous avons vu que chez les personnes jeunes les fonctions cognitives interviennent en début
d’apprentissage tandis que les fonctions psychomotrices interviennent en fin d’apprentissage.
Les chercheurs ont également étudié les fonctions cognitives impliquées chez les personnes
âgées au cours du vieillissement, en fonction du type de tâche exécutée et de la phase
d’apprentissage.

Beaunieux (2000) a examiné la dynamique des processus d’apprentissage procédural en


étudiant les corrélations entre les niveaux de performances aux tâches rotor test et tour de Hanoï,
et les indices cognitifs représentant les capacités intellectuelles, les capacités de traitement
perceptif, les capacités psychomotrices et la mémoire de travail.

- Epreuve du rotor test


Lors de l’acquisition de la performance perceptivo-motrice du rotor test, les niveaux de
performances sont seulement corrélés avec les capacités psychomotrices des sujets jeunes en
fin de seconde session. Il n’existe aucune corrélation entre les indices cognitifs et le niveau de
performance au rotor test chez les personnes âgées.

- Epreuve de la tour de Hanoï


Chez les sujets jeunes le temps de résolution est corrélé aux niveaux de performance des indices
cognitifs pour les trois sessions. Durant la première session, le niveau de performance (temps

23
de résolution) est d’abord corrélé aux capacités de traitement perceptif, puis aux capacités
intellectuelles non verbales. Lors de la seconde session, il est corrélé aux mêmes indices
cognitifs, et lors de la troisième session, les niveaux de performance sont uniquement
déterminés par les capacités de traitement perceptif.

Lorsque le niveau de performance est exprimé par le nombre de mouvements nécessaires à la


résolution du problème, les corrélations suivent la même dynamique que pour le temps de
résolution, mais sont globalement plus faibles et non significatives : il y a seulement le
traitement perceptif qui est corrélé de manière significative à la vitesse d’exécution lors de la
seconde session. La plus grande sensibilité de la variance « temps », par rapport à celle de
« nombre de mouvements », peut s’expliquer par le fait que le temps évalue les compétences
motrices et les compétences cognitives alors que le nombre de mouvements évalue seulement
les compétences cognitives. De plus, le nombre de mouvements présente un effet planché plus
important que le temps. Effectivement, la solution optimale en termes de nombre de
mouvements est plus rapidement atteinte que la vitesse maximale.

Les corrélations observées diffèrent entre le groupe de sujets jeunes et le groupe de sujets âgés.
Chez les sujets âgés le maintien de corrélation entre le niveau de performance et les capacités
intellectuelles suggère qu’ils restent en phase déclarative. Etant donné que les capacités
intellectuelles restent corrélées au niveau procédural tout au long de l’apprentissage,
l’intervention des capacités psychomotrices lors du premier essai de la seconde session peut
difficilement permettre de conclure à l’existence d’une phase procédurale comme définie dans
le modèle ACT. La contribution des capacités psychomotrices pourrait plutôt s’expliquer par
la réduction des capacités de rappel des informations en mémoire déclarative chez les sujets
âgés : étant donné que les connaissances déclaratives acquises lors de la première session sont
plus difficilement accessibles, le premier essai de la seconde session se ferait sur un mode plus
procédural pour favoriser la rapidité d’exécution. Le premier essai ayant permis de favoriser le
rappel indicé des informations déclaratives, les résolutions suivantes se font sur un mode
cognitif. Les sujets âgés semblent donc rester en phase déclarative tout au long de
l’apprentissage, les sujets n’ont pas automatisé la procédure. Les sujets âgés présentent, là aussi,
un retard dans la dynamique d’apprentissage procédural en comparaison des sujets jeunes. Ce
ralentissement peut être envisagé comme la réduction de l’efficience des fonctions cognitives
nécessaires au traitement des informations durant la phase déclarative.

24
D. La durabilité
Rodrigue et al (2005) ont montré qu’un apprentissage moteur peut être préservé pendant
plusieurs années pour des personnes âgées : ils ont mesuré les performances de personnes âgées
et jeunes dans une tâche consistant à suivre une cible se déplaçant sur un écran d’ordinateur au
moyen d’un stylet suite à trois sessions d’apprentissage distribuées sur trois jours. Au terme de
la phase de pratique, les séniors présentaient des capacités inférieures aux sujets jeunes. Un
post-test réalisé cinq ans plus tard indique une préservation de la différence entre les
performances des sujets jeunes et des sujets âgés observés juste après la phase de pratique.

Pour conclure, l’apprentissage procédural est globalement préservé chez les personnes âgées
malgré une altération des processus mnésiques déclaratifs et contrôlés, des difficultés
attentionnelles et une perte d’automaticité de certaines fonctions motrices. Pour que cet
apprentissage soit préservé, il faut qu’il ait lieu dans de bonnes condition (c’est-à-dire de
manière implicite ou dans des conditions d’erreurs peu fréquentes) et que l’habileté apprise
n’ait pas un niveau de complexité très élevé (il ne faut pas que les fonctions cognitives altérées
interfèrent trop avec l’apprentissage). Les personnes âgées peuvent préserver les compétences
apprises pendant plusieurs années. Nous savons que dans la maladie d’Alzheimer les processus
déclaratifs et contrôlés sont altérés de manière massive, nous pouvons alors nous demander si
l’apprentissage procédural est également préservé chez les personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer.

25
III. L’apprentissage procédural dans la maladie
d’Alzheimer
A. La mémoire dans la maladie d’Alzheimer
En 1991, Braak et Braak définissent trois stades à la maladie d’Alzheimer : le stade léger
lorsque le MMSE est compris entre 19 et 26, le stade modéré lorsque le MMSE est compris
entre 10 et 19 et le stade sévère lorsque le MMSE est inférieur à 10.

Figure 7:Les stades de la maladie d'Alzheimer selon Braak et Braak (cours d’Elodie Martin)

D’après Dick et al (2003) et Hiono et al (1997), la mémoire procédurale resterait relativement


intacte, même dans les phases les plus avancées de la maladie.

Selon Deweer et al. (1994) et Eustache et Desgranges (2003), les personnes atteintes d’une
maladie d’Alzheimer en début d’évolution ont des difficultés dans les tâches de rappel explicite
mais ont de bonnes performances concernant les tâches de rappel implicite (avec amorçage ou
capacités associées à la mémoire procédurale). Par exemple, elles ne peuvent pas se souvenir
d’une conversation ayant eu lieu quelques minutes auparavant mais savent encore tricoter,
s’habiller… La mémoire épisodique est atteinte de manière massive dès les premiers stades de
la maladie, ce sont d’abord les souvenirs les plus récents qui sont atteints. La mémoire
sémantique peut également être atteinte mais de manière moins constante et moins sévère que
la mémoire épisodique. Cette altération se traduit par des erreurs sémantiques correspondant
principalement à des substitutions de mots à l’intérieur d’une catégorie ou à des confusions ;

26
les distinctions sémantiques les plus fines sont altérées en premier alors que les distinctions plus
grossières sont préservées plus longtemps.

Le type d’atteinte décrit précédemment est rencontré chez la majorité des patients présentant
une maladie d’Alzheimer, néanmoins, cette maladie est hétérogène c’est-à-dire qu’il existe une
variabilité inter-individuelles (Bier, Gagnon et Desrosiers) concernant le degré d’atteinte de
chaque fonction (Fisher et al, 1996) ainsi que la vitesse de leur détérioration au cours de
l’évolution de la maladie (Joanette et al, 1995). Ainsi, dans les stades initiaux de la maladie, les
fonctions mnésiques ne sont pas uniformément affectées, certains pensent alors avoir un trouble
disproportionnel du langage. Effectivement, l’aphasie est un trouble fréquemment retrouvé
dans la maladie d’Alzheimer (diminution de la fluence verbale, manque de mots, paraphasies)
à cause de l’altération de la mémoire sémantique dont l’atteinte à des répercussions
essentiellement au niveau du langage.

B. Le fonctionnement de l’apprentissage procédural dans la


maladie d’Alzheimer
La collaboration des différents types de systèmes cognitifs impliqués dans l’apprentissage
cognitif procédural le rend plus compliqué dans le vieillissement en général, et dans la maladie
d’Alzheimer en particulier.

1. Préservation d’un apprentissage procédural


Selon la revue de littérature de Tilborg (2007), vingt-trois études montrent que l’apprentissage
moteur implicite est préservé chez les personnes atteintes de maladie d’Alzheimer et que si le
programme de formation est adapté aux besoins et aux compétences des patients, le (ré)
apprentissage de ces habiletés permet aux personnes Alzheimer d’améliorer leur autonomie.

De nombreuses études ont donc été réalisées afin d’étudier le fonctionnement de l’apprentissage
perceptivo-moteur, de l’apprentissage perceptivo-verbal et de l’apprentissage cognitif dans la
maladie d’Alzheimer.

a. L’apprentissage perceptivo-moteur
Selon Tilborg (2007), il convient de différencier deux aspects de l’apprentissage dans les
différentes études prouvant une préservation de l’apprentissage perceptivo-moteur dans la
maladie d’Alzheimer: le niveau de performance global et la qualité de l’apprentissage.

27
- Niveau de performance global et qualité de l’apprentissage

Toutes les études ont mis en évidence un maintien de la capacité d’apprentissage procédural ;
les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent acquérir des habiletés motrices
(Bondi & Kaszniak, 1991, Grafman et al. 1990, Hirono et al., 1996) et les conserver pendant au
moins un mois (Deweer et al, 1994, Dick, Nielson, Beth, Shankle, & Cotman, 1995).

Néanmoins, les résultats prenant en compte la qualité de l’apprentissage sont moins cohérents :
selon la revue de littérature de Tilborg (2007), même si un apprentissage procédural est
possible, les personnes Alzheimer n’atteignent pas le même niveau de qualité d’apprentissage
que les sujets contrôles.

Ainsi dans une tâche de rotor test, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, à des
stades légers à modérés, sont capables d’apprendre à réaliser la tâche de poursuite de cible
(décrite précédemment) de manière procédurale, bien que leurs performances soient inférieures
à celles de personnes du même âge sans démence ( Pasgreta et al.,2013, Beaunieux et al., 2013,
Dewer et al.,1994, Bondi et Kasnial, 1991, Heindel et al., 1988 et Brooks et Baddeley, 1976 ).
On retrouve ces résultats dans l’étude réalisée par Pasgreta en 2013 auprès de 32 personnes
âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer et de 32 personnes âgées sans démence, durant
laquelle elles devaient maintenir un curseur sur un point en mouvement circulaire.
L’apprentissage de la poursuite de cible est donc préservé malgré la maladie d’Alzheimer.

Lors de l’étude réalisée par Beaunieux et al. en 2000,


les participants réalisent l’épreuve du rotor test 5 fois
par session, durant 3 sessions. Beaunieux et al.
(2000) ont décidé d’égaliser le niveau de
performance initial des personnes Alzheimer et des
personnes contrôles, en adaptant la vitesse de
rotation lors de la tâche du rotor test. Cette
adaptation n’a pas parfaitement réduit les différences
initiales de performances entre les deux groupes.
Conformément aux autres études, les performances Figure 8: Evolution du temps de contact en fonction des essais
pour la tâche du rotor test (thèse de Beaunieux)
des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
s’améliorent au cours de la répétition des essais, malgré un niveau final inférieur aux personnes
âgées contrôles. Néanmoins, entre les sessions, le maintien de performance est inférieur chez
les personnes Alzheimer par rapport au groupe contrôle. La réduction des capacités de rétention

28
entre les deux premières sessions chez les patients Alzheimer pourrait provenir de l’altération
massive de la mémoire déclarative entrainant une plus grande difficulté à réinitialiser la
procédure motrice en cours d’élaboration lors de la session précédente.

- Capacité d’apprentissage et transfert de l’habileté


Gabrieli et al. (1993) montrent que les personnes Alzheimer sont capables d’acquérir une
nouvelle compétence perceptivo-motrice, de la maintenir durant 24 heures au moins et même
de transférer cet apprentissage à des tâches différentes, alors qu’elles ne sont pas capables de
se rappeler la tâche effectuée ou de reconnaitre le matériel utilisé. Pour prouver cela, Gabrieli
et al. (1993) ont réalisé une étude auprès de personnes âgées contrôles, de personnes Alzheimer
et de personnes amnésiques, durant laquelle ces personnes devaient apprendre à recopier une
figure en miroir (ils ne pouvaient voir la figure et leur main qu’à travers un miroir). Cette étude
a eu lieu en trois sessions, chacune espacées de 24 heures ; chaque session était composée de
sept essais de copie de figure en miroir. Les sujets ont tracé un double hexagone lors du premier
essai de la session un, et lors du dernier essai de la session trois, afin d’évaluer les capacités de
transfert d’apprentissage. Les résultats aux questionnaires de rappel et de reconnaissance
(portant sur la reconnaissance de la salle et du matériel utilisé, ainsi que sur le temps passé à
exécuter la tâche durant la session précédente, de la main utilisée, de la position prise…), ont
montré que les personnes Alzheimer se rappellent moins bien des épisodes d’apprentissage
antérieurs et qu’elles reconnaissent moins bien le matériel utilisé que les personnes âgées
contrôles. L’évaluation des compétences de traçage en miroir a montré une amélioration
similaire et significative chez les personnes Alzheimer comme chez les personnes contrôles. La
comparaison des performances aux essais 7 et 8, puis 14 et 15 (chacun séparés de 24 heures), a
montré que les personnes Alzheimer sont capables de conserver l’apprentissage à long terme.
L’amélioration de performance entre l’essai 1 (tracé du double hexagone) et l’essai 2 (tracé de
l’étoile), puis entre l’essai 20 (tracé de l’étoile) et l’essai 21 (tracé du double hexagone) montre
que les personnes Alzheimer sont capables de transfert comme les personnes contrôles, voire
plus. Les personnes Alzheimer ont donc des capacités dans l’apprentissage de cette tâche et ont
même un niveau équivalent aux personnes du même âge sans pathologie.

29
- Maintien de compétence durant un certain temps

Nous savons donc que les personnes


Alzheimer sont capables d’apprendre une
tâche perceptivo-motrice de manière
procédurale, nous pouvons alors nous
demander si les compétences apprises sont
maintenues au cours du temps. En 2004,
Mochizuki et al. prouvent que
l’apprentissage moteur est possible chez les
Figure 9: Illustration de la tâche bimanuelle pour l'étude de Mochizuki
personnes Alzheimer et qu’il est conservé et al. (Deficits in long-term retention of learned motor skills in patients
with cortical or subcortical degeneration.)
durant au moins 3 mois. Ils réalisent une
étude durant laquelle les participants doivent apprendre à réaliser une tâche de coordination
bimanuelle (tracer une figure géométrique avec un dispositif pantographique). Cette étude a été
réalisée en quatre sessions ; les sessions 1 et 2 étaient effectuées à un mois d’intervalle, les
sessions 2 et 3 à trois mois d’intervalle et les sessions 3 et 4 à dix-huit mois d’intervalle. Durant
chaque session il y avait 3 blocs, séparés de deux semaines, comprenant chacun 3 essais réalisés
dans la même journée. Cette étude a prouvé la capacité des personnes Alzheimer à acquérir de
nouvelles compétences motrices et à les conserver pendant au moins 3 mois. Par contre, les
résultats n’ont pas été concluants concernant le maintien de la compétence de la coordination
bimanuelle nouvellement acquise à 18 mois : le niveau de performance a diminué entre le
dernier essai de la session 3 et le premier essai de la session 4 mais le niveau de performance
lors de la session 4 demeurait supérieur à celui de la session 1. Le manque de maintien de la
compétence à 18 mois pourrait être lié à un déclin cognitif qui empêcherait la récupération
efficace de la compétence même si elle est normalement conservée. Selon Penhune et Doyon
(2002) le striatum joue un rôle important dans la formation et la conservation de nouvelles
habiletés motrices.

Pour conclure, les personnes Alzheimer sont donc capables d’apprentissage procédural
perceptivo-moteur, de transférer les apprentissages et de les maintenir tant que l’altération de
d’autres fonctions cognitives n’empêche pas la récupération de l’habileté. Le niveau
d’apprentissage peut différer selon les tâches à exécuter et la rétroaction visuelle semble avoir
un effet bénéfique sur le rythme d’apprentissage.

30
b. L’apprentissage perceptivo-verbal
Les études concernant la préservation d’un apprentissage perceptivo-verbal chez des personnes
Alzheimer sont principalement réalisées sur des tâches de lecture en miroir et rapportent des
résultats hétérogènes qui s’expliquent en partie par des différences méthodologiques.

Merbah et al (2009), ont réalisé une étude auprès de 30 sujets âgés, 30 sujets jeunes et 30 sujets
âgés atteints de la maladie d’Alzheimer afin de savoir si l’apprentissage procédural perceptivo-
verbal était préservé chez ces personnes. Cette étude a été réalisée avec le paradigme de la
lecture en miroir développé par Cohen et Squire en 1980 consistant à l’apprentissage de la
lecture de mots écrits en miroir. Cet apprentissage se déroule en deux phases (la phase
d’acquisition, constituée des blocs 1, 2 et 3, et la phase de test, constituée des blocs 4 et 5)
durant lesquelles les participants devaient lire en miroir des pseudo-mots composés de 5, 6 ou
7 lettres écrites en majuscule.

Les 26 lettres de l’alphabet étaient divisées en trois groupes : le groupe A (les lettres sont
symétriques donc identiques lors d’une lecture en miroir et donc la lecture en miroir de ces
lettres ne nécessite pas d’apprentissage, par exemple les lettres « A », « X », « H »…), le groupe
B et le groupe C contiennent les autres lettres de l’alphabet, réparties de manière aléatoire.

Pour la moitié des sujets, les blocs 1, 2, 3 et 4 sont composés de pseudo-mots créés à partir de
lettres des groupes A et B, le bloc 5 est composé de pseudo-mots créés à partir de lettres des
groupes A et C (le sujet n’a jamais été entrainé avec les lettres C et l’entrainement n’a pas
d’effet sur les lettres du groupe A). Pour l’autre moitié des sujets, les blocs 1, 2, 3 et 4 sont
composés de mots comprenant les lettres des groupes A et C, le bloc 5 est composé de mots
comprenant les lettres des groupes A et B (le sujet n’a jamais été entrainé avec les lettres B et
l’entrainement n’a pas d’effet sur les lettres du groupe A).

Figure 10: Organisation étude de Merbah et al.

31
Ainsi, Merbah et al (2009), montrent qu’il n’y a pas de différence entre les performances pour
lire une lettre du groupe B ou du groupe C en miroir.

Dans cette étude, la progression peut être due à l’apprentissage procédural, à un effet
d’amorçage ou à un effet combiné de l’apprentissage procédural et de l’effet d’amorçage. Il y
a un apprentissage procédural si les mots du bloc 4 et 5 sont lus plus rapidement que les mots
du bloc 1. Il y a un effet d’amorçage à deux conditions : premièrement, les mots du bloc 4
doivent être lus plus rapidement que les mots du bloc 1 et deuxièmement, les mots du bloc 5
doivent être lus à la même vitesse que les mots du bloc 1. Il y a un effet combiné de
l’apprentissage procédural et de l’amorçage, également dans deux conditions : premièrement,
les sujets doivent lire plus rapidement les mots du bloc 4 et 5 que ceux du bloc 1, et
deuxièmement, ils doivent lire les mots du bloc 4 plus rapidement que ceux du bloc 5.

Les résultats montrent que les personnes âgées contrôles lisent les mots du bloc 4 plus
rapidement que ceux du bloc 1, et les mots du bloc 5 plus rapidement que ceux du bloc 1,
l’amélioration est donc due à l’effet combiné de l’apprentissage procédural et de l’effet
d’amorçage.

Les résultats des personnes Alzheimer montrent que le bloc 4 a été lu plus rapidement que le
bloc 1 (l’amélioration est équivalente entre les personnes âgées contrôle et les personnes
Alzheimer), mais le bloc 5 n’a pas été lu plus rapidement que le bloc 1. L’amélioration est donc
seulement due à l’effet d’amorçage et pas à l’apprentissage procédural.

D’après ces résultats, les personnes Alzheimer n’ont pas appris à lire en miroir de manière
procédurale. En revanche, les sujets contrôles ont appris à lire en miroir de manière procédurale.

Ainsi d’après l’étude réalisée par Merbah et al (2011), les capacités d’apprentissage procédural
de cette tâche perceptivo-verbale ne semblent pas possible dans la maladie d’Alzheimer. De
plus, la participation des systèmes cognitifs tels que la mémoire de travail (Desgranges et al.
1996), les capacités de traitement perceptif (Hashtroudi et al. 1991) ou les facultés de
raisonnement abstrait (Grober et al. 1992) est nécessaire lors de l’épreuve de lecture en miroir.
D’autre part, l’acquisition de la lecture dépend d’une stratégie qui nécessite une stratégie de
rotation du texte, et la mise en place de cette stratégie dépend des cortex associatifs et nécessite
l’activation des cortex associatifs frontal et pariétal qui sont habituellement atteints dans la
maladie d’Alzheimer (Grober et al, 1992, Kassubek et al. 20001).

32
Néanmoins, ces auteurs précisent qu’il ne faut pas exclure l’hypothèse selon laquelle les
personnes Alzheimer auraient pu acquérir la lecture en miroir avec plus de temps. De plus,
l’expérience avait lieu en condition d’apprentissage massée alors qu’il semblerait que des
conditions d’apprentissage distribuées soient plus bénéfiques (Greene 1989). D’autre part, peut-
être que cette tâche est trop complexe pour les personnes Alzheimer avec une trop grande
variabilité de la tâche (Masson, 1986). Par exemple, peut-être qu’avec une présentation de mots
plus courts les patients Alzheimer pourraient plus facilement apprendre la lecture en miroir.

c. L’apprentissage cognitif
Grafman et al. (1990) ont proposé à des participants deux résolutions d’un puzzle de 42 pièces
représentant les Etats-Unis à 24 heures d’intervalle ; cette étude a montré une altération de la
capacité des personnes Alzheimer à améliorer leurs performances.

Au contraire, Perani et al. (1993), suggèrent qu’il y a une persévération de l’apprentissage


procédural cognitif dans la maladie d’Alzheimer : ils proposent à 18 personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer l’apprentissage de la réalisation d’un puzzle durant 6 essais. Le puzzle est
constitué de 15 pièces et a été mis au point par Brook et Baddeley (1976). Cette étude montre
une amélioration des performances équivalentes à celles des sujets témoins pour 11 des 18
participants.

La différence entre ces deux résultats peut certainement être expliquée par le niveau de
complexité de la tâche et le nombre d’essais. Effectivement, la tâche de résolution est plus
complexe dans l’étude de Grafmann que dans l’étude de Perani (à cause du nombre de pièce).
D’autre part, lors de l’étude de Perani, les patients réalisent le puzzle six fois tandis qu’ils ne le
réalisent que deux fois (à 24 h d’intervalle) lors de l’étude de Grafamann.

De la même manière, Hirono et al. (1996) ont évalué l’apprentissage procédural cognitif chez
les personnes Alzheimer de manière plus spécifique en utilisant un puzzle informatisé de 15
pièces (les pièces ne peuvent pas être tournées ce qui diminue la complexité de la tâche). Cette
étude a été réalisée avec 20 participants, il y avait une session évaluant la performance initiale,
trois sessions d’entrainement durant trois jours consécutifs, puis une dernière session
d’évaluation. Durant la première et la dernière session le puzzle représentait un insecte, tandis
qu’il représentait une fleur pour les sessions d’entrainement. Sur les 20 participants, seuls 11
ont pu finir les essais d’entrainement, les autres avaient un niveau d’altération des fonctions
cognitives plus important ; effectivement, la réalisation de cette épreuve demande une intégrité
des fonctions cognitives supérieures. Les 11 participants ont amélioré leurs performances de

33
manière similaire aux sujets contrôles même s’ils étaient plus lents. En plus des résultats
retrouvés dans les études précédentes, Hirono et al (1996), prouvent que l’apprentissage
procédural du puzzle est conservé à condition que les fonctions cognitives impliquées dans sa
réalisation soient préservées.

Les puzzles ont été classiquement utilisés, Beaunieux et al. (2000) proposent alors d’évaluer
les capacités d’apprentissage cognitif procédural dans la maladie d’Alzheimer à l’aide d’un
dispositif différent : la tour de Hanoï.

Concernant le nombre de mouvement pour la résolution du problème de la tour de Hanoï, les


performances des personnes Alzheimer et des témoins s’améliorent de la même manière au
cours des deux premières sessions, mais lors de la troisième session (20 heures de délai), les
personnes Alzheimer font plus de mouvements que les sujets contrôles. De plus, l’amélioration
n’est significative pour aucune des sessions. La marge de progression entre les sessions est
constante. Ce qui signifie que même si les personnes Alzheimer améliorent leurs performances
au cours des deux premières sessions, elles restent loin de la solution optimale et elles sont
encore dans une phase d’élaboration de la procédure cognitive. Les personnes Alzheimer ne
semblent pas faire preuve de rétention de la procédure cognitive après le délai de 20 heures
précédant la troisième session.

Concernant le temps d’exécution de la tâche, les personnes âgées contrôles et les personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer, s’améliorent de la même façon au cours des essais de
résolution de la tour de Hanoï, et le temps d’exécution diminue au cours de la répétition des
sessions. Les personnes Alzheimer ont toutefois un niveau de performance inférieur aux
personnes contrôles en termes de temps. Selon les résultats du temps d’exécution, Beaunieux
et al. (2000) suggèrent que les personnes Alzheimer apprennent la procédure cognitive de
manière identique aux témoins, bien que l’acquisition soit plus lente, ils suggèrent également
que les personnes Alzheimer, comme les témoins, tendent vers un niveau de performance
maximal nécessaire à l’automatisation.

34
Figure 11: Evolution du nombre de mouvement en Figure 12: Evolution du temps d'exécution en fonction des
fonction des essais pour la résolution de la tour de Hanoï essais chez les personnes âgées et Alzheimer pour la
(thèse de Beaunieux) résolution de la tour de Hanoï (thèse de Beaunieux)

Il semble donc que l’apprentissage procédural cognitif ne soit pas toujours préservé dans la
maladie d’Alzheimer, mais qu’il puisse tout de même être préservé pour des tâches simples, ne
nécessitant pas une intervention importante d’autres fonctions cognitives.

Pour conclure, d’après les études vues précédemment, l’apprentissage procédural perceptivo-
moteur est le mieux préservé, les compétences peuvent être transférées à des tâches
sensiblement différentes et peuvent être maintenues durant au moins 3 mois. L’apprentissage
procédural perceptivo-verbal et cognitif est possible dans la maladie d’Alzheimer mais est plus
compliqué, les tâches apprises doivent rester simples et ne pas nécessiter l’intervention d’un
grand nombre d’autres fonctions cognitives.

Nous pouvons alors nous demander comment le maintien d’un apprentissage procédural dans
la maladie d’Alzheimer est possible malgré une altération du système déclaratif et son
implication en début de processus d’apprentissage.

2. Atteinte du système déclaratif –contrôlé


Comme nous avons vu, la mémoire épisodique et la mémoire de travail sont perturbées dans la
maladie d’Alzheimer. Selon Baddeley, Van der Linden et al. (1994) à cause de l’atteinte de la
mémoire épisodique, les personnes Alzheimer ne parviennent pas à se souvenir des réponses
fournies lors des essais précédents et ne peuvent donc pas éviter de commettre de nouveau la
même erreur, elles font donc plus d’erreurs. Etant donné que ces deux types de mémoire
interviennent en début de processus d’apprentissage procédural, nous pourrions penser que
celui-ci est impossible chez les patients Alzheimer mais les études exposées précédemment
montrent que l’apprentissage procédural est préservé chez les personnes Alzheimer. Les
personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ne semblent pas utiliser leur mémoire déclarative

35
durant la phase cognitive mais utilisent par contre la mémoire de travail et l’intelligence verbale
tout au long du processus d’apprentissage. Elles restent donc sur un mode de résolution de
problème jusqu’à la fin du processus d’apprentissage. Ainsi, d’après Schmidtke et al. (1996),
la transition entre la phase cognitive et l’acquisition de l’habileté est retardée : étant donnée
l’altération de la mémoire déclarative, la correction d’erreur n’est pas possible et donc les
personnes Alzheimer ont plus de difficultés à générer la procédure automatique. Des difficultés
demeurent tout de même dans l’apprentissage procédural cognitif chez les personnes
Alzheimer.

3. Le transfert
Selon Dick et al (2003), le transfert est la capacité d’une personne à appliquer de manière
adéquate des apprentissages passés dans des contextes plus ou moins différents du contexte
d’apprentissage. Dick et al ont évalué les capacités des personnes Alzheimer à acquérir et à
transférer des compétences au cours de la tâche de poursuite d’une tâche rotative ; le transfert
est évalué par une variation de la vitesse de rotation du processus. L’apprentissage d’une tâche
procédurale par la pratique constante pourrait permettre son transfert dans une situation
présentant des caractéristiques très semblables à celles de l’apprentissage

a. L’hyperspécificité de l’apprentissage
Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont capables de transférer leur compétence
concernant une tâche apprise de manière procédurale si la situation présente des caractéristiques
très semblables à celles de l’apprentissage. Glisky développe en 1992 le concept
« d’hyperspécificité » selon lequel les personnes Alzheimer ont des difficultés à se rappeler
correctement l’information si le contexte change. Selon Shimamura et Squire (1988),
l’hyperspécificité découle d’un sur-apprentissage c’est-à-dire que le nombre d’essais lors de
l’apprentissage procédural est trop élevé : la répétition de la tâche tendrait à cristalliser
l’apprentissage procédural en le rendant moins flexible. A l’inverse, selon Butters et al. (1993),
l’exposition répétée à la tâche à apprendre favorise la création de liens entre celle-ci et les
connaissances antérieures favorisant ainsi le transfert de la tâche apprise. Selon ces auteurs, la
flexibilité de l’apprentissage (et donc les capacités de transfert de la compétence apprise) est
influencée par le caractère significatif ou familier de la tâche apprise. Par exemple, une étude
réalisée par Beatty et al, en 1999, démontre qu’une pianiste atteinte de la maladie d’Alzheimer
à un stade avancé peut transférer ses compétences musicales (jouer un morceau de musique) au
xylophone. Ainsi, une connaissance antérieure de la tâche peut faciliter le transfert des
acquisitions dans la maladie d’Alzheimer.

36
b. Le mode de récupération
Pour qu’une personne utilise spontanément les tâches apprises, il faut qu’elle se rappelle du
contexte dans lequel elle peut utiliser cette nouvelle compétence (Barnett et Ceci, 2002). Ce
rappel peut être facilité par une récupération implicite de l’information en présence de certains
stimuli de l’environnement (Bourgeois et al. (2003), néanmoins l’atteinte de la mémoire
épisodique chez les personnes Alzheimer risque de rendre difficile le rappel d’utilisation de la
compétence (Coyette et Seron, 2003). Par exemple, Provencher (2006), tente de réapprendre à
une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer à réécouter de la musique de manière spontanée
(ceci correspond à une activité appréciée dans le passé). Pour cela, elle réapprend à la patiente
à utiliser un radiocassette et utilise des stratégies incitatrices pour qu’elle pense à écouter la
musique (association de phrases affichées et écoute de musique). La patiente est finalement
capable d’utiliser le radiocassette de manière autonome mais n’écoute pas souvent la musique
de manière spontanée (20%), de plus à la fin de l’intervention ce score diminue encore (7% au
bout de 12 semaines). La patiente sait donc exécuter la tâche mais a des difficultés pour l’initier.
Effectivement, la patiente a besoin d’être stimulée pour exécuter des activités, la consultation
de l’affiche nécessite alors une participation active qui n’est pas forcément possible chez cette
patiente.

C. L’impact du mode d’apprentissage


Pour Wilson et Baddeley (1994) il est essentiel de compenser les déficits des personnes
Alzheimer en adaptant les conditions d’apprentissage ou les aides pédagogiques. Des
adaptations devraient permettre d’exploiter les capacités résiduelles des personnes Alzheimer
(Beaunieux, 2010). L’évaluation préliminaire des capacités cognitives est donc nécessaire afin
de comprendre l’origine des difficultés rencontrées par la personne et ainsi de développer des
aides adaptées.

1. Composantes à prendre en compte


D’abord, l’intensité de la pratique doit être prise en considération lors de la réalisation d’un
apprentissage pour les personnes Alzheimer. Selon la revue de littérature de Tilborg (2007), les
(ré)apprentissages d’habiletés motrices nécessitent une pratique fréquente et importante chez
les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Effectivement, un tel apprentissage nécessite
une intervention minime de la mémoire épisodique et des autres fonctions cognitives, qui sont
altérées dans la maladie d’Alzheimer. Un principe indique que plus la pratique est importante,
plus les progrès augmentent. Néanmoins, lors de l’exécution de la « Pursuit rotor task », Dick
et al. (2003) ont constaté que le groupe témoin, comme le groupe de personnes Alzheimer, ont
37
atteint leur performance optimale après 40 essais et que continuer d’exécuter cette tâche
n’améliorait pas les performances. D’après cette expérience, il existe un seuil plancher à partir
duquel les participants ont atteint leurs capacités optimales et ne peuvent plus progresser. Ainsi,
la pratique doit être fréquente et importante mais à partir d’un certain seuil la personne a atteint
ses capacités optimales et ne progresse plus.

Ensuite, lors d’un apprentissage procédural avec des personnes Alzheimer, il faut être attentif
à la fatigabilité. Effectivement, selon Tilborg (2007), le rôle de la fatigue est important. Une
alternance entre la pratique massée et la pratique distribuée pourrait être une solution au
problème de fatigabilité des personnes Alzheimer.

D’autre part, une tâche peut être apprise de deux façons : de manière globale c’est-à-dire dans
son ensemble, ou de manière séquencée, c’est-à-dire en apprenant chaque composante de la
tâche de manière séparée. Selon Schmidt (1988), il peut être intéressant d’apprendre aux
patients Alzheimer les différentes composantes d’une tâche séparément, à condition que la
tâche puisse naturellement être divisée en composantes reflétant son objectif inhérent. Par
exemple, l’apprentissage de la conduite peut être séquencé par les activités « apprendre à
changer de vitesse » et « apprendre à utiliser le volant ». Par contre, l’apprentissage de la saisie
d’un objet ne peut pas être décomposé en phase étant donné que l’atteinte de l’objet et la saisie
font partie du même mouvement.

La variation dans les conditions d’entrainement a également des effets important sur les
capacités d’apprentissage. Il existe trois types de variabilité dans les conditions
d’apprentissage : la conception aléatoire, la conception bloquée et la conception constante. Lors
de la conception aléatoire, des variations ont lieu de manière aléatoire au cours de
l’apprentissage, lors de la conception bloquée, il y a une variable dans la tâche lors de chaque
bloc, et lors de la conception constante il y a une seule variable dans la tâche qui est la même
tout au long de l’apprentissage. Selon Schmidt (1988), la pratique aléatoire est plus efficace
pour l’acquisition et la généralisation d’une habileté motrice dans la population contrôle. Par
contre des études réalisées par Dick et al. (1996, 2000, 2003) montrent que les personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer apprennent mieux dans des conditions de pratique
constante. En effet, lors de la pratique constante, la répétition d’un même programme moteur
de manière constante nécessite une moindre intervention des processus déclaratifs et contrôlés.
De plus, lors de la pratique aléatoire, la mémoire épisodique ainsi que d’autres fonctions
cognitives (telles que l’attention divisée) qui sont atteintes dans la maladie d’Alzheimer, jouent
un rôle important. L’environnement et le matériel utilisé sont également à prendre en compte
38
étant donné les difficultés des personnes Alzheimer dans la généralisation : l’apprentissage doit
alors avoir lieu dans un environnement quasi identique à celui dans lequel la compétence sera
utilisée et en utilisant les mêmes objets que ceux utilisés par le patient dans sa vie quotidienne
(Tilborg, 2007). Par exemple, si un patient apprend à utiliser un micro-onde, le micro-onde
utilisé lors de l’apprentissage doit être identique à celui disponible au domicile du patient.

2. Le focus de l’attention

Lorsque le focus de l’attention porte sur des éléments situés en dehors du corps de l’individu,
comme le trou dans lequel lancer la balle de golf, l’exécution repose davantage sur des
processus non déclaratifs et automatiques (Poolton, Maxwell, Masters, Raab, 2006). D’autre
part, lors d’un apprentissage moteur les instructions utilisant des analogies privilégient
l’utilisation des processus mnésiques automatiques contrairement aux consignes explicites
portant sur les règles d’action (Larn, Maxwell, Masters, 2009).

3. L’apprentissage sans erreur


D’après Baddeley et Wilson (1994), l’apprentissage sans erreur correspond à une condition
d’apprentissage qui implique l’élimination des erreurs pendant le processus d’apprentissage.

Selon Van der Linden, Coyette & Seron (2000), la méthode d’apprentissage sans erreur vise à
limiter la production d’erreurs en restreignant les essais basés sur des choix aléatoires et en
favorisant une exposition répétée à des réponses correctes.

Ainsi, lors de l’apprentissage sans erreur, le thérapeute indique d’emblée la bonne façon de
faire et s’assure que le patient ne fasse pas d’erreur afin qu’il n’encode pas une mauvaise
information, dont il aurait du mal à se départir.

a. Un processus plutôt qu’une technique


Selon Clare et al. (2000) l’apprentissage sans erreur est un principe général plutôt qu’une
technique spécifique : il existe plusieurs techniques d’apprentissage sans erreur pouvant être
appliquées à des tâches d’apprentissage équivalentes avec plus ou moins de succès. Par
exemple, la stratégie mnémotechnique nécessitant d’associer une caractéristique faciale au son
d’un nom et la récupération espacée, sont des méthodes d’apprentissage sans erreur. D’après
ces auteurs, l’apprentissage sans erreur pouvant être appliqué avec diverses techniques, le fait
de favoriser l’apprentissage implicite ou explicite dépendrait donc de la façon dont les tâches
sont construites.

39
b. Utilité auprès des personnes Alzheimer
D’après Kessels et Hensken (2009), l’apprentissage sans erreur a des effets bénéfiques sur
l’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer et permet d’atteindre plus rapidement
la phase autonome de l’apprentissage. L’atteinte des fonctions d’inhibition chez les personnes
Alzheimer augmente encore leur risque de produire des erreurs étant donné que leurs capacités
à ignorer des informations non pertinentes sont diminuées.

Dans l’étude de Clare, et al (2000), six personnes atteintes de maladie d’ Alzheimer à un stade
précoce (MMS entre 21 et 26) ont bénéficié d’une intervention individuelle visant la réduction
d’un problème de mémoire intervenant dans la vie quotidienne et utilisant l’apprentissage sans
erreur : pour les patients A, B et C, le but de cette intervention était de retenir des noms, pour
le patient D le but était de retenir des renseignements personnels, et pour le participant E
d’apprendre à utiliser un calendrier pour connaitre la date du jour. Les résultats de cette étude
prouvent que l’apprentissage sans erreur est utile pour la résolution de ces problématiques à un
stade précoce de la maladie pour certains patients. Effectivement, cinq personnes sur six ont
amélioré leur performance et cette amélioration s’est maintenue jusqu’à six mois après
l’intervention. Ainsi, il semble que pour l’apprentissage de noms, les stratégies
mnémotechniques (tel que trouver un lien entre le son du nom et un trait du visage …) et de
récupération espacée, soient efficaces. La méthode de la répétition en expansion est aussi utile
pour le rappel de renseignements personnels. La formation aux aides à la mémoire (pour le
participant E) a entrainé des modifications dans les comportements des participants ainsi que
des généralisations, c’est-à-dire qu’il a pu appliquer de nouvelles stratégies lorsque de nouvelles
situations difficiles sont apparues. Dans cette étude, la participation des patients et leur
entrainement tout au long du suivi semblent avoir un impact sur les résultats positifs obtenus :
les facteurs individuels tels que la motivation, les croyances, les facteurs psycho-sociaux ou
encore la qualité de la relation avec l’aidant sont importants.

Une autre étude menée par Clare, (2002) a démontrée l’efficacité de la méthode d’apprentissage
sans erreur lors de l’association de noms à des visages. L’intervention, basée sur une méthode
d’apprentissage sans erreur a eu lieu sur douze participants Alzheimer avec un MMSE supérieur
ou égal à 18, et a permis une amélioration de la connaissance des noms. Les bénéfices ont été
maintenus pendant au moins six mois. Les participants ayant conscience de leurs troubles
mnésiques ont eu de meilleurs résultats que les autres.

40
c. Mécanismes implicites et explicites
Il apparait alors, comme le disent Anderson et Craik (2006), que l’apprentissage sans erreur
améliore plus les capacités mnésiques que l’apprentissage par essai-erreur. Ces auteurs
souhaitent alors établir des liens plus précis entre les mécanismes implicites et explicites de la
mémoire. Ils prouvent que l’apprentissage sans erreur a lieu par l’intermédiaire de la mémoire
procédurale : les personnes avec une atteinte de la mémoire explicite tirent profit de
l’apprentissage sans erreur car ce mode d’apprentissage contourne l’implication de la mémoire
épisodique dans le processus d’apprentissage en supprimant la nécessité de détecter et
d’éliminer les erreurs produites. L’apprentissage par essais-erreur, ou par feedback peut utiliser
des processus implicites, ainsi que des processus explicites (Shohamy et al., 2004). Chez les
jeunes adultes, plus une personne est engagée dans le processus de mémorisation, mieux elle
encode l’information. L’apprentissage sans erreur est amplifié si les personnes sont plus actives
dans le processus d’encodage (Tailby et Haslam, 2003). De plus, les mots semblent mieux
retenus lorsqu’ils sont appris selon une méthode essais-erreurs, que lorsqu’ils sont appris avec
une méthode d’apprentissage sans erreur : le fait de deviner les informations entraine un niveau
de traitement plus profond (Rodriguez-Fornelles et al., 2004). Par contre, lors de l’apprentissage
par essais-erreurs les personnes âgées s’appuient plus sur les processus automatisés. Il semble
donc que l’apprentissage sans erreur ne soit pas idéal pour les personnes jeunes qui se
souviennent correctement des éléments et qui ont une mémoire explicite intacte, par contre c’est
un apprentissage électif pour les personnes présentant des déficits mnésiques à cause de leur
incapacité à ne pas reproduire les erreurs commises antérieurement.

41
Conclusion de la partie théorique

Ainsi, l’apprentissage procédural est constitué de trois phases : la phase cognitive, la phase
associative et la phase autonome. Des processus déclaratifs et contrôlés sont impliqués dans
l’apprentissage procédural durant les premières phases tandis que des processus non déclaratifs
et autonomes sont impliqués durant les dernières phases. L’apprentissage procédural comporte
trois catégories: l’apprentissage perceptivo-moteur, l’apprentissage perceptivo-verbal et
l’apprentissage cognitif.

Dans le vieillissement normal, les processus mnésiques déclaratifs et contrôlés deviennent


moins efficaces ; par contre, le vieillissement n’a pas d’effet sur les processus non déclaratifs
et automatiques. L’apprentissage perceptivo-moteur est préservé, notamment en condition
d’apprentissage implicite et lorsqu’il ne nécessite pas d’efforts. L’apprentissage perceptivo-
verbal est également préservé malgré quelques difficultés en lien avec le traitement des stimuli.
L’apprentissage cognitif est également préservé tant que le niveau de complexité n’est pas trop
élevé. Dans l’ensemble les résultats concernant l’apprentissage procédural montrent que
l’automatisation de l’habileté est plus lente à se mettre en place, ce résultat peut être mis en lien
avec l’altération des processus déclaratifs et contrôlés intervenants dans les premières phases
de l’apprentissage. Les personnes âgées maintiennent l’habileté acquise pendant plusieurs
années.

Dans la maladie d’Alzheimer, les processus déclaratifs et contrôlés sont également atteints de
manière plus massive, notamment le rappel explicite, la mémoire épisodique et la mémoire
sémantique. L’apprentissage perceptivo-moteur est préservé mais les compétences sont
inférieures aux personnes âgées contrôles. De la même manière que dans le vieillissement
normal, des conditions d’apprentissage implicite ou d’apprentissage sans erreur, favorisent
l’apprentissage. Les résultats concernant l’apprentissage perceptivo-verbal sont hétérogènes, à
cause de différences méthodologiques. L’apprentissage cognitif est préservé, en fonction du
niveau de complexité de l’habileté et de l’implication des processus déclaratifs et contrôlés
(l’apprentissage de l’habileté sera mieux préservé dans le cas où la nécessité de résolution de
problème est faible). Les personnes Alzheimer peuvent maintenir l’habileté acquise pendant
plusieurs mois voire plusieurs années et sont capables de transférer la compétence dans des
situations très similaires.

42
Figure 13: Fonctionnement de l'apprentissage procédural

43
PARTIE PRATIQUE

44
Groupe Nombre Age (ans) MMSE ( /30)
Age moyen Ecart-type
Agées 9 79,1 5,7 29,4
Alzheimer 8 78,1 10,3 20,5
Figure 14: Population d'expérimentation

2. Matériel
Pour cette expérimentation, j’ai utilisé un logiciel nommé « mimbus », l’exécution de la tâche
a eu lieu sur un ordinateur à l’aide d’un trackball.

Figure 15: Dispositif d'expérimentation

J’ai également fais passer le MMSE à l’ensemble des participants (âgés et Alzheimer) afin de
connaitre leur niveau cognitif et le stade de la maladie pour les personnes Alzheimer.

3. Expérimentation

Lors de la tâche réalisée avec le logiciel « mimbus », un point lumineux se déplace en suivant
un trajet répétitif et immuable.

Lorsque la flèche de la souris est sur le point lumineux, celui-ci s’éclaire. L’objectif de cette
tâche est de maintenir la flèche de la souris sur le point lumineux tout au long de son
déplacement afin que le point lumineux reste éclairé. Pour cela, les participants utilisent un
trackball avec leur main dominante (la droite étant donné qu’ils sont tous droitiers).

Figure 16: Trajectoire du point lumineux

46
La consigne donnée aux participants était la suivante : « Un point lumineux s’affiche sur
l’écran. Ce point va se déplacer, vous allez devoir suivre le point avec la flèche. Le trackball
permet à la flèche de se déplacer, il suffit de faire bouger la boule du trackball pour que la flèche
se déplace.». Cette consigne concerne donc seulement la précision, les participants ne sont pas
informés de la régularité de la trajectoire du point lumineux. Après avoir donné la consigne, je
faisais une courte démonstration aux participants afin de m’assurer qu’ils aient compris le
fonctionnement du dispositif. L’expérimentation a été réalisée sur deux sessions contenants
chacune huit blocs. De courtes pauses de quelques minutes ont eu lieu entre chaque bloc et les
deux sessions étaient espacées d’une semaine. La première session comporte la passation du
MMSE (afin de connaitre l’état cognitif des personnes âgées et de vérifier que les personnes
Alzheimer sont au stade léger à modéré de la maladie), l’explication de la consigne, la
démonstration, et enfin l’exécution de la tâche de suivi du point lumineux (8 blocs). Durant la
seconde session, la consigne est redonnée aux participants, la démonstration est de nouveau
réalisée puis les participants exécutent la tâche de suivi du point lumineux (8 blocs également).

Figure 17: Déroulement de l'expérimentation

4. Données
L’expérimentation de la tâche de suivi du point lumineux nous permet d’obtenir trois données :
l’indice de compétence des participants, l’indice d’apprentissage au cours de chaque session et
le maintien des capacités entre les deux sessions.

- L’indice de compétence des participants est calculé par le logiciel qui indique le
pourcentage de temps durant lequel la flèche de la souris est maintenue sur le point
lumineux pour chaque essai (il y en a trois par bloc), puis pour l’ensemble du bloc en
moyennant les résultats de chaque essai
- L’indice d’apprentissage au cours de chaque session peut être obtenu en calculant la
différence entre les compétences lors du bloc huit et lors du bloc un, pour chaque
session. Pour la deuxième session, nous avons choisi de calculer l’indice

47
d’apprentissage en fonction du bloc durant lequel les personnes atteignent le même
niveau de compétence que les personnes âgée (c’est-à-dire le bloc 5 : cf statistique et
résultats).
- Enfin, le maintien des capacités d’apprentissage peut être obtenu en calculant la
différence entre les compétences lors du bloc un de la deuxième session et lors du bloc
huit de la première session.

Donnée Manière de l’obtenir


Indice de Compétences Pourcentage de temps durant lequel la flèche est sur
le point lumineux (fourni par le logiciel)
Indice Session 1 Indice de compétence B8 de S1– indice de
d’Apprentissage compétence B1 de S1
Session 2 Indice de compétence B5 de S2 – indice de
compétence B1 de S2
Indice de Maintien Indice de compétence B8 de S1 – Indice de
compétence B1 de S2
Figure 18: Données de l’expérimentation

5. Hypothèses
Durant cette expérimentation, il y a des variables indépendantes et des variables dépendantes.
Selon Sockeel et Anceaux (2002), une variable indépendante est une caractéristique (du sujet,
de son environnement physique ou social, de la tâche ou du stimulus présenté) qui est manipulée
ou simplement prise en compte par le chercheur afin de contrôler son impact sur le
comportement étudié. Dans notre expérimentation la session (session 1 ou session 2), le groupe
d’appartenance (âgé ou Alzheimer) et le bloc sont des variables indépendantes.
L’expérimentation comprend aussi des variables dépendantes. Toujours selon Sockeel et
Anceaux (2002), une variable dépendante est une donnée recueillie par l’expérimentateur, c’est
une réponse du sujet (ou une mesure de la réponse) soumis à une expérience. Cette réponse est
dépendante de la situation expérimentale que l’examinateur a créée. Dans notre expérimentation
avec la tâche de suivi du point lumineux, il y a deux variables dépendantes : l’indice de
compétence et l’indice d’apprentissage.

La tâche de suivi du point lumineux permet d’évaluer l’apprentissage perceptivo-moteur


procédural. Cet apprentissage est implicite. En effet, les patients n’ont pas conscience de
l’apprentissage qu’ils sont en train de réaliser. D’une part l’apprentissage de l’utilisation du
trackball est implicite car les patients ont pour consigne d’exécuter une tâche de précision et

48
non pas d’utiliser le trackball. D’autre part les patients ne sont pas informés de la régularité de
la trajectoire ; cet apprentissage est donc également implicite. Selon ces informations et celles
tirées des études vues dans la partie théorique, nous pouvons formuler des hypothèses
concernant les résultats que nous obtiendrons.

Tout d’abord, nous pouvons supposer que le niveau de compétence des personnes atteintes de
la maladie d’Alzheimer sera plus faible que celui des personnes âgées. En effet, des études
réalisées par Tilborg (2007) et Beaunieux (2010) montrent que les personnes Alzheimer ont des
performances plus faibles concernant la qualité de réalisation de la tâche (précision moindre)
que les personnes âgées.

Concernant l’indice d’apprentissage, nous pouvons supposer que les deux groupes de
participants apprendront à exécuter la tâche de suivi du point lumineux mais que la dynamique
de l’apprentissage sera différent pour les deux groupes. Effectivement, Tilborg (2007) et
Beaunieux (2000) prouvent que l’apprentissage perceptivo-moteur est préservé. Néanmoins,
selon Schimdtke et al. (1996), la dynamique d’apprentissage est différente pour les personnes
âgées et pour les personnes Alzheimer : la transition entre la phase cognitive et l’acquisition
automatique de l’habileté est retardée.

Concernant l’indice de maintien, l’étude de Beaunieux (2000) montre que le maintien des
capacités entre deux sessions est plus tardif chez les personnes Alzheimer que chez les
personnes âgées. En effet, l’altération massive de la mémoire déclarative entraine une
automatisation de la procédure plus tardive. Pour les personnes Alzheimer la procédure est donc
en cours d’élaboration plus longtemps et elles rencontrent donc des difficultés à réinitialiser la
procédure motrice. Nous pouvons donc supposer que les personnes Alzheimer maintiendront
moins bien les compétences acquises entre les deux sessions.

Variable Groupe Agés Alzheimer


indépendante
Indice de Elevé Plus faible
compétence
Indice Apprentissage plus Apprentissage plus
d’apprentissage rapide long
Indice de maintien Elevé Plus faible que les
personnes âgées
Figure 19: Hypothèses

49
6. Analyses statistiques
Premièrement, nous avons réalisé une ANOVA à mesure répétée (facteur bloc : bloc1/bloc8 et
facteur sessions : session 1 et session 2) et à un facteur de groupe sur l’indice de compétence.
Cette ANOVA a pour but d’étudier l’évolution de l’indice de compétences au cours de la
session un et de la session deux.

Deuxièmement, nous avons réalisé une étude ANOVA à mesure répétée (facteur bloc et
session : bloc 8 session1/ bloc 1 session 2) sur la comparaison des indices de compétences.
Cette ANOVA a pour but d’évaluer l’évolution de l’indice de compétence entre la fin de la
première session d’apprentissage et le début de la seconde session d’apprentissage (la semaine
suivante).

Troisièmement, nous avons réalisé une étude ANOVA à mesure répétée (facteur bloc et session
B8-B1 de la session 1/B6-B1 de la session 2) sur l’indice d’apprentissage. Cette ANOVA a
pour objectif d’étudier l’évolution de l’indice d’apprentissage entre la session un et la session
deux.

50
III. Résultats

1. Evolution de l’indice de compétence au cours du temps

La première ANOVA montre que nous avons un effet de la session, un effet bloc mais pas
d’effet du groupe concernant l’évolution de l’indice de compétence au cours du temps.

D’abord, il y a un effet de la session, c’est-à-dire que quel que soit le groupe et quel que soit le
bloc, les indices de compétences sont différents entre la session 1 et la session
2 (F(1,15)=18,49 ; p=0,0001) comme le montre le graphique suivant :

Evolution de l'indice de compétence en


fonction de la session
60
Indice de compétence (%)

50 *
40
30
20
10
0
Session 1 Session 2

Figure 20: Evolution de l'indice de compétence en fonction de la session

Ensuite il y a un effet bloc, c’est-à-dire que quel que soit le groupe d’appartenance du sujet et
quel que soit la session, les indices de compétences sont différents entre le bloc un et le bloc
huit (F (1, 15) = 44,49, p<0,0001) comme le montre le graphique suivant :

Evolution de l'indice de compétence en


fonction du bloc
Indice de compétence (%)

60

40

20

0
Bloc 1 Bloc 8

Figure 21: Evolution de l'indice de compétence en fonction des blocs

51
Il n’y a pas d’effet de groupe, c’est-à-dire que les indices de compétences des patients
Alzheimer ne sont pas différents des indices de compétences des personnes âgées.

Nous notons quand même une tendance en ce qui concerne l’interaction session*bloc*groupe
*
à p=0,0053. Le T-test montre que l’indice de compétence pour le bloc 8 de la session 1 et pour
le bloc 1 de la session 2 est différente entre les personnes âgées et les personnes Alzheimer.

Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe,


de la session et du bloc
80
Indice de compétence (en %)

70 * *
60
50
40
Agés
30
Alzheimer
20
10
0
bloc 1 bloc 8 bloc 1 bloc 8
session 1 session 2

Figure 22: Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe, de la session et de bloc

2. Evolution des indices de compétences entre les deux sessions

Cette ANOVA nous montre qu’il y a un effet de groupe. Les patients Alzheimer ont donc un
indice de compétence différent des personnes âgées entre les deux sessions. En effet, l’indice
de compétence pour le bloc 8 de la session 1 et le bloc 1 de la session 2 sont différents entre les
deux groupes. En revanche, l’indice de compétence pour le bloc 8 de la session 1 n’est pas
différent de celui du bloc 1 de la session 2, et ceci quel que soit le groupe.

52
Evolution de l'indice de compétence en
fonction du groupe, en milieu
d'apprentissage
*

40
30
20
10
0
Agés Alzheimer

Figure 23: Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe en milieu d'apprentissage

3. Evolution de l’indice d’apprentissage

La troisième ANOVA montre qu’il y a une interaction indice d’apprentissage*groupe : F(1,15)


= 6,57, p= 0,0022. Cela signifie que les personnes Alzheimer apprennent différemment des
personnes contrôles. Une analyse post-hoc avec des T-tests montre que l’indice d’apprentissage
des patients Alzheimer est différent de celui des personnes âgées lors de la session un. En
revanche, l’indice d’apprentissage de la session deux n’est pas différent entre les personnes
Alzheimer et les âgés.

Evolution de l'indice d'apprentissage en


fontion du groupe et de la session
Indice de compétence (en %)

25
*
20

15
Agés
10
Alz
5

0
Session 1 Session 2

Figure 24: Evolution de l'indice d'apprentissage en fonction du groupe et de la session

53
IV. Discussion
1. Commentaires des résultats

L’objectif de l’étude était de connaitre les capacités d’apprentissage des personnes Alzheimer
pour une tâche perceptivo-motrice. Ces capacités concernent l’indice de compétence, l’indice
d’apprentissage et l’indice de maintien.

a. Présence et maintien d’un apprentissage

Tout d’abord, les résultats nous indiquent qu’il existe un apprentissage chez les personnes
âgées et chez les personnes Alzheimer. De plus, cet apprentissage se maintien pendant les deux
sessions. Effectivement, chez les personnes âgées comme chez les personnes Alzheimer,
l’indice de compétence est différent entre le bloc un et le bloc huit, puis entre la session une et
la session deux.

b. Dynamique d’apprentissage différent

Les résultats nous indiquent que la dynamique d’apprentissage est différente pour les personnes
Alzheimer et les personnes âgées. Au cours de la première session l’indice d’apprentissage est
différent entre les deux groupes. En revanche celui-ci n’est pas différent entre les personnes
âgées et les personnes Alzheimer au cours de la seconde session. En fait, l’analyse des courbes
nous permet de constater que l’indice d’apprentissage des personnes âgées est plus élevé lors
de la première session que lors de la deuxième alors que c’est l’inverse pour les personnes
Alzheimer (l’indice d’apprentissage est plus élevé pour la deuxième session que pour la
première session, même si les statistiques ne montrent pas une différence significative). Les
personnes Alzheimer apprennent donc moins rapidement que les personnes âgées mais elles
finissent quand même par acquérir un indice de compétence équivalent à celui des personnes
âgées.

c. L’évolution de l’indice de compétence et son maintien entre deux sessions

L’ANOVA nous indique qu’à l’intérieur de chaque groupe l’indice de compétence n’est pas
différent entre le bloc 8 de la session 1 et le bloc 1 de la session 2. Ceci met donc en évidence
que les personnes Alzheimer et les personnes âgées maintiennent leurs compétences d’une
semaine sur l’autre (entre les deux sessions), et ce même si les compétences des personnes
Alzheimer sont inférieures à celles des personnes âgées contrôles lors de ces deux blocs.

54
d. Conclusion

Pour conclure, les personnes Alzheimer et les personnes âgées ont un indice de compétence
équivalent en début et en fin d’apprentissage mais différent en milieu d’apprentissage (bloc 8
de la session 1 et bloc 1 de la session 2). Nous pouvons donc penser que les personnes
Alzheimer apprennent lentement tout au long de la première et de la deuxième session alors
que les personnes âgées contrôle apprennent rapidement lors de la première session et
apprennent moins lors de la deuxième session car elles ont atteint leur niveau de compétence
maximal correspondant à l’effet plafond.

Evolution de l'Indice de compétence en fonction du groupe,


de la session et du bloc
80
Indice de compétence (en %)

* *
70
60
50
40
Agés
30
Alzheimer
20
10
0
bloc 1 bloc 8 bloc 1 bloc 8
session 1 session 2

Les personnes âgées ont un indice Les personnes Alzheimer ont un


d’apprentissage plus élevé que les apprentissage qui tend à être plus
personnes Alzheimer et donc leur élevé que celui des personnes
indice de compétence augmente âgées contrôle et donc leur indice
plus rapidement que celui des de compétence augmente plus
personnes Alzheimer. rapidement que celui des
personnes âgées contrôle.

55
2. Confrontation avec mes hypothèses de départ

Nos hypothèses ne correspondent pas toujours aux résultats que nous avons trouvés.

Tout d’abord, nous nous attendions à ce que les personnes Alzheimer aient des compétences
plus faible que les personnes âgées alors que les résultats montrent que les deux groupes ont
des compétences relativement similaires.

Ensuite, nos hypothèses correspondent aux résultats de l’expérimentation concernant l’indice


d’apprentissage : les personnes âgées et les personnes Alzheimer atteignent le même niveau
d’apprentissage mais la dynamique d’apprentissage est différente. Lors de la première session,
l’indice d’apprentissage des personnes Alzheimer est significativement plus faible que celui des
personnes âgées. En revanche, lors de la seconde les personnes Alzheimer ont un indice
d’apprentissage plus élevé que les personnes âgées (cette différence n’est cependant pas
significative). La différence lors de la première session peut être expliquée par l’altération des
capacités de la mémoire déclarative : les personnes Alzheimer n’utilisent pas la mémoire
déclarative mais utilisent la mémoire de travail et l’intelligence non verbale tout au long de
l’apprentissage. Elles restent donc plus longtemps sur un mode de résolution de problème et
l’automatisation de la procédure est plus tardive. Lors de la deuxième session, nous pouvons
supposer que les personnes Alzheimer commencent à découvrir la « solution optimale ».
L’habileté devient donc plus autonome d’où une augmentation de l’indice d’apprentissage alors
que les personnes âgées ont peut-être déjà effectué cette partie de l’apprentissage durant la
première session.

3. Les limites

Tout d’abord, cette expérimentation a été réalisée seulement avec huit patients Alzheimer, à des
stades légers à modérés de la maladie. Il aurait été intéressant de réaliser cette étude sur un
groupe plus important, avec un groupe de personnes Alzheimer à un stade léger de la maladie
et un autre groupe de personnes Alzheimer à un stade modéré de la maladie afin de connaitre
le stade de la maladie jusqu’auquel l’apprentissage est préservé.

Ensuite, dans la tâche de suivi du point lumineux à l’aide du trackball, l’apprentissage est
aspécifique : deux apprentissages sont possibles. Le premier apprentissage concerne
l’utilisation du trackball. Le deuxième apprentissage concerne le trajet du point lumineux (étant
donné que celui-ci se déplace en suivant un trajet répétitif et invariant). Le protocole utilisé lors
de mon expérimentation ne permet pas de connaitre la cause de l’apprentissage observé

56
(l’apprentissage de l’utilisation du trackball ou l’apprentissage du trajet du point lumineux). Il
aurait été intéressant d’intégrer une nouvelle trajectoire de suivi du point lumineux au début de
la première session puis à la fin de la seconde session afin de voir s’il y a une spécificité de
l’apprentissage. L’indice de compétence diminuerait lors du suivi du point lumineux avec la
nouvelle trajectoire à la fin de la deuxième session s’il y avait un apprentissage spécifique du
trajet alors qu’il resterait stable s’il y avait un apprentissage spécifique de l’utilisation du
trackball.

Enfin, il aurait été intéressant de réaliser une troisième session avec un délai plus important
entre la deuxième et la troisième session (quelques semaines à quelques mois) afin d’évaluer le
maintien de l’indice de compétence au cours d’un laps de temps plus important.

4. Perspectives

Comme nous avons vu, au cours de la maladie d’Alzheimer, l’altération des fonctions motrices
et cognitives engendre des difficultés dans la réalisation des activités de la vie quotidienne et
des activités de loisirs entrainant une perte d’autonomie. L’utilisation de l’apprentissage
procédural pour apprendre ou ré-apprendre aux patients à réaliser certaines activités de la vie
quotidienne, de loisirs (tricoter, écouter de la musique …) ou des techniques telles que le relevé
du sol permettrait aux patients d’améliorer leur qualité de vie.

Plusieurs études ont prouvées l’efficacité de l’apprentissage procédural pour de telles habiletés.
Par exemple, Zanetti (2001) a réalisé une étude prouvant que les personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer sont capables de progresser de manière significative dans la réalisation
des activités de la vie quotidienne, avec une prise en charge d’une heure par jour durant trois
semaines. D’autre part, Lekeu et al. (2002) ont montré que suite à la participation d’un
programme de trois mois, deux patients Alzheimer ont appris à utiliser un téléphone portable.
Néanmoins, comme nous avons vu, les personnes Alzheimer peuvent avoir des difficultés pour
généraliser l’habileté apprise et pour son initiation ainsi que lors des premières phases de
l’apprentissage (notamment lorsqu’il est explicite). Au cours de séances de réhabilitation, il
semble cependant assez compliqué de réaliser un apprentissage de manière implicite. Diverses
techniques peuvent donc être utilisées pour faire face à ces difficultés.

D’abord, une technique d’apprentissage sans erreur peut être utilisée, dans cette technique on
expose le patient à la bonne réponse, plutôt que de lui demander de la retrouver seul afin de
limiter les effets de l’altération de la mémoire déclarative sur l’apprentissage : l’apprentissage
par essai/erreur n’est donc pas nécessaire. Ensuite, une technique de facilitation (ou

57
d’estompage) peut également être utilisée, elle permet de mémoriser une information : les
indices fournis au patient concernant l’information à récupérer sont progressivement estompés
jusqu’à ce que la réponse soit produite sans erreur (Ylieff, 2000). Une technique de récupération
espacée (Camp, 1992) peut également être utilisée : une information est donnée au sujet qui
doit la répéter immédiatement puis après un délai de quelques secondes. Si le sujet répond
correctement, on augmente le délai jusqu’à ce que la rétention soit acquise définitivement. Le
temps de 5 minutes semble suffisant pour beaucoup de sujet pour obtenir le maintien de
l’information à long terme. On considère que l’information est acquise lorsqu’elle est rappelée
sur trois séances consécutives. D’autre part, la réalisation de l’apprentissage doit avoir lieu dans
des conditions très similaires aux conditions durant lesquelles le patient réalisera l’habileté afin
que les patients soient capables de généraliser l’habileté apprise. Enfin, des aides extérieures
peuvent être utilisées pour que l’initiation de l’action ait lieu.

Pour conclure, la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer représente un
défi de par la présence des troubles du comportement (notamment l’apathie) et des troubles
mnésiques qui compliquent les possibilités de rééducation à proprement parlé. Effectivement,
les troubles mnésiques et le caractère évolutif de la maladie entraine de nombreux
professionnels à considérer les prises en charge comme inutiles. Néanmoins, les objectifs de
prise en charge avec ces patients sont plus souvent axés autour d’un maintien des capacités et
d’une réhabilitation. C’est donc dans ce cadre qu’un apprentissage ou un réapprentissage peut-
être mis en place, en prenant en compte le patient dans sa globalité, l’incidence de l’atteinte sur
sa vie quotidienne, ses troubles comportementaux, mnésiques, sensoriels et moteurs …

58
Conclusion
Pour conclure, l’apprentissage procédural est préservé dans le vieillissement et dans la maladie
d’Alzheimer. Cet apprentissage se déroule en trois phases : la phase déclarative, la phase
associative et la phase autonome. La première phase est contrôlée par des processus cognitifs
déclaratifs et contrôlés tandis que la phase autonome est contrôlée par des processus non
contrôlés. Il existe trois sortes d’apprentissage procédural : l’apprentissage perceptivo-moteur,
l’apprentissage perceptivo-verbal et l’apprentissage cognitif. Les capacités d’apprentissage
perceptivo-moteur sont préservées chez les personnes âgées comme chez les personnes
Alzheimer, en condition d’apprentissage implicite ou d’apprentissage sans erreur. Par contre,
leurs compétences ne sont pas toujours identiques, effectivement les personnes âgées peuvent
ou non atteindre le même niveau que les personnes jeunes selon le niveau de complexité de la
tâche tandis que les personnes Alzheimer ont généralement un niveau de compétence plus faible
que les personnes jeunes. L’apprentissage perceptivo-verbal semble préservé, néanmoins des
difficultés dans le traitement des stimuli peut engendrer des difficultés d’apprentissage.
L’apprentissage cognitif est également préservé chez les personnes âgées et Alzheimer tant que
le niveau de complexité de la tâche n’est pas trop élevé. Les personnes âgées et les personnes
Alzheimer sont donc capables de réaliser un apprentissage procédural, de le conserver et même
de le transférer à des tâches si elles sont très similaires.

Comme nous avons vu, au cours de la maladie d’Alzheimer, l’altération des fonctions motrices
et cognitives engendre des difficultés dans la réalisation des activités de la vie quotidienne et
des activités de loisirs entrainant une perte d’autonomie. Un apprentissage de certaines
stratégies ou un (ré)-apprentissage de certaines activités (de manière procédurale) semble
néanmoins possible pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces apprentissages
permettraient d’augmenter leur niveau d’autonomie ou leur plaisir, et donc peut être de
diminuer certaines causes des troubles du comportement. Effectivement, des études prouvent
que des réapprentissage d’activités de la vie quotidienne ou de loisirs sont possibles lorsque les
sessions d’apprentissage sont rapprochées (Zanetti, 2001 et Lekeu et al., 2002). D’après mon
expérimentation, les personnes Alzheimer sont également capable d’acquérir une nouvelle
habileté lorsque les sessions d’apprentissage sont espacées d’une semaine (et donc en condition
de prise en charge). L’apprentissage procédural est donc préservé, il permet aux patients
Alzheimer d’améliorer leur niveau d’autonomie et il peut être utilisé dans le cadre d’une prise
en charge psychomotrice.

59
Bibliographie

Albaret, J. M., Giromini, F., & Scialom, F. (2011). Manuel d’enseignement de psychomotricité.
Marseille: Solal.

Anderson, N. D., & Craik, F. I. (2006). The mnemonic mechanisms of errorless learning.
Neuropsychologia, 44(14), 2806-2813.

Beatty, W. W., Rogers, C. L., Rogers, R. L., English, S., Testa, J. A., Orbelo, D. M., ... & Ross,
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Résumé

Ce mémoire concerne le maintien d’un apprentissage procédural dans le vieillissement normal,


puis dans la maladie d’Alzheimer. De nombreux travaux ont montré que ce type d’apprentissage
est préservé dans ces deux cas. Néanmoins, l’implication de processus déclaratifs et contrôlés
au début du processus d’apprentissage le ralenti. Par contre, l’implication de ces processus est
minime lors d’un apprentissage perceptivo-moteur implicite.

Nous avons évalué l’apprentissage procédural perceptivo-moteur et implicite lors d’une tâche
de suivi d’un point lumineux à l’aide du trackball. Cette expérimentation montre qu’il existe un
apprentissage chez les personnes Alzheimer et chez les personnes âgées, même si la dynamique
d’apprentissage est différente. D’autre part, cette expérimentation montre que les personnes
Alzheimer et les personnes âgées ont un niveau d’expérimentation équivalent en début et en fin
d’apprentissage, donc les deux groupes ont progressé de manière équivalente.

Mots clés : Vieillissement – Maladie d’Alzheimer - Apprentissage procédural – Processus


déclaratifs et contrôlés – Processus automatiques et non contrôlés

Abstract

This report is about the maintenance of procedural learning in normal aging and in Alzheimer's
disease. Many studies have shown that this type of learning is preserved in these two cases.
Nevertheless, the involvement of declarative and controlled processes at the beginning of the
learning process slows down. On the other hand, the implication of these processes is minimal
during an implicit perceptual-motor learning.

We evaluated procedural learning perceptivo-motor and implicit during a task of tracking a


luminous point using the trackball. This experiment demonstrates that there is learning among
Alzheimer's and the elderly, although the learning dynamic is different. On the other hand, this
experiment shows that the Alzheimer's and the elderly have an equivalent level of
experimentation at the beginning and the end of learning, so both groups have progressed
equally.
Keywords: Aging - Alzheimer's disease - Procedural learning - Declarative and controlled
Processes - Automatic and uncontrolled Processes

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