Apprentissage Procedural
Apprentissage Procedural
Apprentissage Procedural
L’apprentissage procédural
Evaluation d’un apprentissage procédural dans le vieillissement
et dans la maladie d’Alzheimer.
Université de Toulouse
Faculté de Médecine Toulouse Rangueil
Institut de Formation en Psychomotricité
Introduction _______________________________________________________________ 1
D. La durabilité _______________________________________________________ 25
III. L’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer ____________________ 26
I. Problématique ________________________________________________________ 45
Conclusion _______________________________________________________________ 59
Index des figures
Figure 1: Les systèmes mnésiques ______________________________________________ 5
Figure 2: Performance en termes de mouvements (A) et de temps d’exécution pour la tâche de
la tour de Toronto (B) (Which processes are involved in cognitive procedural learning?
Beaunieux et al.) ____________________________________________________________ 6
Figure 3: Performance en termes de mouvements (A) et de temps d’accomplissement pour la
tâche de la tour de Toronto (Which processes are involved in cognitive procedural learning?
Beaunieux et al.) ____________________________________________________________ 9
Figure 4: Evolution du temps de contact en fonction des essais chez les personnes jeunes et
âgées à la tâche du rotor test (thèse de Beaunieux) _________________________________ 20
Figure 5 : Evolution du nombre de mouvement en fonction des essais chez les personnes jeunes
et âgées pour la résolution de la Tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) __________________ 22
Figure 6: Evolution du temps de contact en fonction des essais chez les personnes jeunes et
âgées pour la résolution de la tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) ____________________ 22
Figure 7:Les stades de la maladie d'Alzheimer selon Braak et Braak (cours d’Elodie Martin)
_________________________________________________________________________ 26
Figure 8: Evolution du temps de contact en fonction des essais pour la tâche du rotor test (thèse
de Beaunieux) _____________________________________________________________ 28
Figure 9: Illustration de la tâche bimanuelle pour l'étude de Mochizuki et al. (Deficits in long-
term retention of learned motor skills in patients with cortical or subcortical degeneration.) 30
Figure 10: Organisation étude de Merbah et al. ___________________________________ 31
Figure 11: Evolution du nombre de mouvement en fonction des essais pour la résolution de la
tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) ____________________________________________ 35
Figure 12: Evolution du temps d'exécution en fonction des essais chez les personnes âgées et
Alzheimer pour la résolution de la tour de Hanoï (thèse de Beaunieux) ________________ 35
Figure 13: Fonctionnement de l'apprentissage procédural ___________________________ 43
Figure 14: Population d'expérimentation ________________________________________ 46
Figure 15: Dispositif d'expérimentation _________________________________________ 46
Figure 16: Trajectoire du point lumineux________________________________________ 46
Figure 17: Déroulement de l'expérimentation ____________________________________ 47
Figure 18: Données de l’expérimentation _______________________________________ 48
Figure 19: Hypothèses ______________________________________________________ 49
Figure 20: Evolution de l'indice de compétence en fonction de la session ______________ 51
Figure 21: Evolution de l'indice de compétence en fonction des blocs _________________ 51
Figure 22: Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe, de la session et de bloc
_________________________________________________________________________ 52
Figure 23: Evolution de l'indice de compétence en fonction du groupe en milieu d'apprentissage
_________________________________________________________________________ 53
Figure 24: Evolution de l'indice d'apprentissage en fonction du groupe et de la session ___ 53
Introduction
Le vieillissement de la population augmente rapidement et d’ici 2050, une personne sur trois
aura plus de 60 ans. L’expansion de la population vieillissante et des personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer (MA) est un problème de santé publique. Environ 850 000 personnes sont
atteintes de cette maladie en France, avec 225 000 nouveaux cas par an (France Alzheimer,
2014). C’est une maladie neurodégénérative qui entraine une perte progressive et irréversible
des fonctions mentales et notamment de la mémoire. La maladie d’Alzheimer est associée aux
lésions des plaques amyloïdes (ou plaques séniles, formées par l’agglutinement de la protéine
bêta-amyloïde) entre les neurones, et à la dégénérescence neuro-fibrillaire des neurones.
L’atteinte neurologique touche d’abord le lobe temporal interne et notamment l’hippocampe,
puis s’étend par la suite aux cortex associatifs frontaux et temporo-pariétaux. Les causes exactes
de ces lésions sont encore inconnues mais des facteurs environnementaux et génétiques sont
impliqués dans son développement.
La maladie d’Alzheimer entraine des troubles mnésiques mais également une désorientation
spatio-temporelle pouvant entraîner des comportements inadaptés, des troubles du langage et
des troubles de l’attention. L’inhibition, le manque de flexibilité, une agnosie et une apraxie
sont également retrouvés dans la MA. Ces atteintes ont diverses conséquences sur les activités
de la vie quotidienne des patients Alzheimer ; une évolution a lieu sur plusieurs années avec
l’apparition progressive d’une perte d’autonomie, qui retentit sur les activités de la vie
quotidienne (habillage, toilette, préparation des repas, courses), sur les activités de loisirs, sur
la vie sociale et sur l’entourage (HAS, 2011). Les personnes Alzheimer deviennent dépendantes
de leurs aidants, familiaux ou professionnels, qui peuvent alors ressentir un fardeau très
important. Il est donc important que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
continuent à vivre de manière autonome le plus longtemps possible, pour cela il faut qu’elles
conservent les habiletés acquises et apprennent de nouvelles compétences pratiques. En tant
que psychomotriciens nous pouvons donc leur apprendre ou réapprendre des notions et
habiletés spécifiques (Martin et Innocent Mutel, 2015). Ce sont souvent des méthodes
d’apprentissage explicites ou déclaratives qui sont utilisées pour l’apprentissage de nouvelles
compétences. Néanmoins, dans le vieillissement normal, comme dans la maladie d’Alzheimer,
les processus mnésiques déclaratifs sont altérés, alors que les processus non déclaratifs et
automatiques restent conservés (Dick et al., 2003 et Eustache et Desgranges, 2003). On suppose
1
alors que dans le vieillissement normal et dans la maladie d’Alzheimer les techniques
d’apprentissage implicite et procédural sont plus efficaces.
L’objectif de ce travail est de voir dans quelle mesure il est possible d’apprendre ou de
réapprendre des habiletés sensori-motrices aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
par une méthode d’apprentissage procédural.
Pour tenter de répondre à cette question nous aborderons dans un premier temps la mémoire
dans l’apprentissage, puis l’apprentissage procédural dans le vieillissement, et enfin
l’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer. Je présenterai ensuite une étude que
j’ai réalisée concernant la préservation d’un apprentissage perceptivo-moteur pour une tâche
visuo-motrice dans la maladie d’Alzheimer.
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PARTIE THEORIQUE
3
I. La mémoire et l’apprentissage procédural
A. Le fonctionnement de la mémoire
Selon Tulving (2000), la mémoire peut être définie comme la capacité à encoder, à entreposer
et à récupérer l’information. Selon Ebbinghaus (1885), il existe plusieurs types de systèmes
mnésiques : il y a d’une part la mémoire à long terme, comprenant la mémoire déclarative et
la mémoire procédurale, et d’autre part la mémoire à court terme. La mémoire à court terme
n’est pas impliquée lors de l’apprentissage procédural.
a. La mémoire explicite
La mémoire épisodique
La mémoire épisodique permet d’enregistrer, de stocker et de récupérer des informations
personnellement vécues dans leur contexte spatio-temporel. Elle contient les souvenirs
autobiographiques, et c’est cette mémoire qui permet de se remémorer les évènements
antérieurs dans une certaine situation (Tulving, 1993). La mémoire épisodique contient la
mémoire prospective, c’est la mémoire des intentions ; elle permet de se rappeler des actions à
exécuter à un moment donné dans le futur, malgré le fait d’être absorbé dans une autre tâche
(Brandimonte, 1997).
La mémoire sémantique
La mémoire sémantique concerne les concepts et les savoirs, elle permet la production et la
compréhension du langage, la lecture et l’écriture ainsi que l’identification d’objets (Tulving,
1993).
Pour résumer, les systèmes mnésiques peuvent être décomposés en deux catégories de
processus : les processus contrôlés et déclaratifs (mémoire épisodique et mémoire sémantique)
et les processus non déclaratifs et automatiques (mémoire procédurale).
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Figure 1: Les systèmes mnésiques
La récupération peut avoir lieu de deux façons : par un mode implicite ou par un mode explicite.
D’après Adam (2003) et Tulving (1995), la récupération implicite est l’expression
d’expériences passées sans nécessité de se souvenir des circonstances d’apprentissage, elle
utilise les processus automatiques, c’est-à-dire les processus moins conscients de la mémoire.
La récupération explicite est utilisée lors d’un rappel volontaire d’une information et recrute
alors des mécanismes conscients de la mémoire.
5
B. Le fonctionnement de l’apprentissage procédural
1. Définitions
L’apprentissage procédural correspond à
l’acquisition progressive de nouvelles
connaissances ou d’habiletés grâce à la
pratique répétée d’une tâche constante, selon
Beaunieux et al (2003), et Eustache et
Desgranges (2003). Au cours de la pratique,
les compétences dans l’habileté s’améliorent.
Par exemple, dans la tâche de la tour de
Toronto (Beaunieux et al. 2003), durant
laquelle on demande aux participants de
réaliser des déplacements de boules en
suivant certaines règles pour arriver à un but
précis, on note que le nombre d’erreurs et le
Figure 2: Performance en termes de mouvements (A) et de temps d’exécution
temps de réalisation diminuent au cours des pour la tâche de la tour de Toronto (B) (Which processes are involved in
cognitive procedural learning? Beaunieux et al.)
essais comme illustré sur la figure 2.
Selon Rosenbaum (2001), les aptitudes perceptivo-motrices ont un objectif non symbolique,
elles sont plus primitives que les habiletés intellectuelles et ce sont elles qui se développent en
premier. De plus, les habiletés perceptivo-motrices sont plus spécifiques que les habiletés
intellectuelles. Par exemple jouer aux échecs (habileté intellectuelle) est un apprentissage moins
spécifique que jouer du violon (habileté perceptivo-motrice) : un joueur d’échec peut jouer avec
des pions de différentes tailles ou avec les deux mains tandis qu’un violoniste doit toujours
avoir un instrument de même taille, la même inclinaison du bras … Cette étroitesse dans la
6
manière d’exécuter les habiletés perceptivo-motrice est due à leurs objectifs non symboliques
dépendant d’associations restreintes entre stimuli et réponse.
L’apprentissage moteur est défini par Schmidt (1988) comme les modifications, associées à la
pratique ou à l’expérience, des processus cognitifs sous-jacents au comportement moteur et qui
aboutissent à des modifications relativement permanentes de la performance motrice.
Anderson (1987) est l’un des nombreux auteurs pour lesquels l’existence de deux formes de
systèmes mnésiques est acquise, le modèle ACT accorde la plus grande importance à la
dichotomie entre les connaissances déclaratives et les connaissances procédurales : la mémoire
de travail est en relation constante avec la mémoire déclarative et procédurale. Ainsi, selon
Anderson (1987) la mémoire déclarative stocke les informations déclaratives (c’est-à-dire les
séquences temporelles, les images et les propositions abstraites) et la mémoire procédurale
stocke les connaissances procédurales (c’est-à-dire les procédures). Selon Anderson (1988),
dans le modèle ACT l’acquisition d’une procédure cognitive passe par trois grandes phases : la
phase cognitive, la phase associative puis la phase autonome. Durant ces phases et avec la
1
La tour de Hanoï est une base rectangulaire sur laquelle sont fixées trois tiges en bois. Des disques sont placés
sur ces tiges (selon une configuration de départ). Le but est de déplacer les disques pour créer une nouvelle
configuration prédéterminée, en suivant certaines règles.
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pratique le sujet va générer, spécifier puis automatiser une procédure à partir de connaissances
déclaratives.
Beaunieux et al. (2012) démontrent l’existence de ces trois phases ainsi que l’intervention des
diverses fonctions cognitives. Ils soumettent 100 volontaires âgés de 18 à 35 ans à un
apprentissage procédural à l’aide de la tour de Toronto. La tour de Toronto est constituée d’une
base rectangulaire sur laquelle trois piquets sont fixés, quatre disques (un noir, un rouge, un
jaune et un blanc) sont empilés sur le piquet de gauche du plus clair au plus foncé. Le but de
cette tâche est de reconstruire la configuration des disques sur le piquet de droite en respectant
deux règles : premièrement, le participant ne peut déplacer qu’un disque à la fois et
deuxièmement, un disque plus foncé ne peut jamais être placé au-dessus d’un disque plus clair.
Les participants n’avaient aucune contrainte concernant le temps d’exécution ou la démarche à
suivre (ils avaient seulement comme indication de commencer par mettre le disque blanc sur la
cheville du milieu). Le dispositif de la tour de Toronto a été connecté à un ordinateur afin de
mesurer le temps d’exécution et le nombre de mouvement par essai pour la réalisation de la
tâche pour chaque participant et pour chaque essai.
Afin de caractériser les trois phases de l’apprentissage procédural, les auteurs ont évalué la
mémoire de travail, la mémoire épisodique, les fonctions exécutives, le traitement perceptif,
l’intelligence générale ainsi que les fonctions psychomotrices. Le protocole expérimental
comportait deux sessions avec un intervalle d’une semaine : lors de la première session les
participants ont dû réaliser 40 essais de la tâche « tour de Toronto » soit huit blocs de cinq
essais ; le but de la première session était que les patients apprennent la réalisation de cette
tâche de manière procédurale. Lors de la deuxième session les participants devaient réaliser un
ensemble de tâches cognitives supplémentaires afin d’évaluer les fonctions cognitives
impliquées dans l’apprentissage procédural cognitif.
Les fonctions intellectuelles générales ont été évaluées par les sous-tests block design et matrix
reasoning de la WAIS. L’évaluation des fonctions psychomotrices a eu lieu par le test de la tour
de Toronto (avant et après l’apprentissage procédural) et par le test de la tour de Londres. La
mémoire de travail a été évaluée par l’étendue des chiffres de la WAIS III et le test de portée
visuo-spatiale du BEM 14 (Signoret, 1991). La mémoire déclarative a été évaluée à l’aide du
test d’apprentissage verbal de Californie (Delis et al., 1991 et Deweer et al., 1994). Les
fonctions exécutives ont été évaluées à l’aide du test de Stroop (Albaret, 1999), du Trail Making
Test et d’une version adaptée de la tour de Londres. Le traitement perceptuel a été mesuré par
des symboles de chiffres et des recherches de symboles de la WAIS III.
8
Les résultats de cette étude montrent qu’il y
a un effet significatif de la répétition des
essais sur le niveau moyen de performance
en termes de nombre de mouvement (figure
1A) comme en termes de durée d’exécution
de la tâche (figure 1B).
essai tandis que les fonctions psychomotrices sont impliquées à partir du 15 ème essai.
L’analyse des fonctions cognitives a permis de mettre en évidence les facteurs cognitifs
influençant les performances durant cette tâche. La mémoire épisodique est impliquée au
début de l’apprentissage et son implication diminue au cours des essais. La mémoire de travail
est impliquée durant les essais 4 à 7. Le traitement perceptuel est impliqué tout au long du
processus d’apprentissage. Les fonctions exécutives interviennent surtout en début et fin de
processus d’apprentissage. Les fonctions psychomotrices jouent un rôle important à la fin de
l’apprentissage.
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Ainsi d’après ce modèle, l’apprentissage procédural cognitif a lieu en trois phases successives :
la phase cognitive, la phase associative et la phase autonome. Selon Chauvel (2011),
l’apprentissage moteur a également lieu en suivant ces trois phases.
a. La phase cognitive
- Définition
D’après Beaunieux (2012), la phase cognitive correspond au processus initial ; les
performances dans la tâche proposée s’améliorent de façon notable. Selon Anderson (1987), le
sujet extrait et traite les informations déclaratives concernant la tâche proposée : les
informations concernant les connaissances déclaratives sont encodées comme un ensemble de
faits déclaratifs à propos de la tâche. Dans le cas de l’apprentissage moteur, les savoir-faire sont
encodés sous la forme de connaissances épisodiques (par exemple lorsqu’un débutant effectue
un lancer franc au basket-ball, il utilise la connaissance épisodique « placer le coude en position
haute par rapport aux épaules ») (Chauvel, 2011). Durant cette phase, le sujet utilise des
méthodes de résolutions de problèmes telles que des mécanismes d’analogie, d’essais-
erreurs…
10
L’intelligence générale est aussi impliquée durant cette phase de l’apprentissage procédural
cognitif.
Selon Chauvel (2011), dans le cas de l’apprentissage procédural moteur, la mémoire de travail
permet d’activer, de maintenir et de manipuler les connaissances épisodiques au cours de
l’exécution de l’habileté motrice apprise, les processus cognitifs sont contrôlés car ils
mobilisent fortement les capacités attentionnelles. La performance motrice dépend des
capacités attentionnelles : les processus mnésiques déclaratifs et contrôlés sont prépondérants
b. La phase associative
- Définition
La phase associative est une phase de transition entre la phase cognitive et la phase autonome,
permettant de transformer les nouvelles règles de production en procédure. Durant cette phase
Anderson (1988) distingue deux types de traitement des connaissances : la composition (c’est-
à-dire la combinaison séquentielle des différentes productions déclaratives en une seule et
unique production plus efficace : les sujets commencent à découvrir la solution optimale pour
la réalisation de tâche et en restent proche) et la procéduralisation (c’est le passage d’une
production déclarative non spécifique à une production hautement spécifique). La tâche est
effectuée avec davantage de fluidité et d’efficacité. La procédure est alors spécifique à la tâche
apprise, la conservation d’informations déclaratives en mémoire de travail n’est alors plus
nécessaire.
Selon Chauvel (2011), dans le cas de l’apprentissage d’une habileté motrice, les connaissances
sous-jacentes à sa réalisation sont plus difficilement verbalisables et sont moins couteuses au
niveau attentionnel (c’est-à-dire qu’elles mobilisent moins de processus mnésiques contrôlés),
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les connaissances sont semi-procéduralisées et semi-automatisées. Les relations entre
connaissance et procédure motrice sont plus directes. Par exemple, pour un basketteur de niveau
intermédiaire, ses capacités seront probablement moins importantes dans une situation qui
détourne les ressources attentionnelles de la tâche motrice.
c. La phase autonome
- Définition
La phase autonome est la dernière phase de l’apprentissage procédural cognitif, la procédure
est plus adaptée et plus automatisée, le niveau de performance des sujets reste stable et l’écart-
type des différences intra-individuelles est proche de 0.
Dans le cas d’un apprentissage moteur, les savoir-faire sont encodés sous la forme de
connaissances procédurales et donc difficilement verbalisables.
12
D’après Hubert et al (2007), les transitions entre les régions fronto-pariétales et les régions
occipitales et thalamiques peuvent être interprétées comme une transition entre le stade
déclaratif (dans la phase cognitive) et le stade procédural (dans la phase autonome).
Schimdt et Wrisberg (2000) distinguent deux types de pratique : durant la « pratique massée »
la majeure partie du temps est consacré à l’exécution de la tâche tandis que dans la « pratique
distribuée » la durée de repos est supérieure ou égale à la durée de pratique.
La majorité des études montrent que l’apprentissage distribuée est plus bénéfique que
l’apprentissage massé, notamment pour la rétention d’une information ou d’une habileté à long
terme. Par exemple, une étude réalisée par Mackay et al. (2002) étudie les effets de la pratique
distribuée et de la pratique massée lors d’une formation chirurgicale : pour le premier groupe
de participants, l’entrainement comprenait 20 minutes de pratique massée, pour le second
groupe il comprenait 20 minutes de pratique répartie en 4 blocs de 5 minutes, alors que pour le
troisième groupe il comprenait seulement 15 minutes d’entrainement, réparties en 3 blocs de 5
minutes. Le deuxième groupe a obtenu des scores significativement supérieurs aux scores du
premier et du troisième groupe. Cela montre effectivement que la pratique d’un apprentissage
massé est plus bénéfique que celle d’un apprentissage distribué lors de l’apprentissage d’un
acte chirurgical.
Une autre étude réalisée par Beck & Mostow (2008) a montré que chez la majorité des élèves
la pratique distribuée est plus efficace que la pratique massée pour l’apprentissage de la lecture
13
de mots rapide et avec précision. De plus l’apprentissage à long terme est meilleur dans le cas
d’une pratique distribuée que dans le cas d’une pratique massée.
Nous savons donc que l’apprentissage distribué est plus bénéfique que l’apprentissage massé,
mais quel est l’effet du sommeil et quel laps de temps faut-il laisser entre deux sessions
d’apprentissage ?
Simmons (2011) a réalisé une étude portant sur l’influence des laps de temps libres entre les
sessions d’apprentissage d’une suite musicale au piano. Vingt-neuf musiciens ont été répartis
en trois groupes, chaque groupe a eu trois sessions d’entrainement. Pour le groupe 1, chaque
session était séparée de 5 minutes, pour le groupe 2 les sessions étaient séparées de 6 heures
tandis que pour le groupe 3 les sessions étaient séparées de 24 heures (avec une phase de
sommeil dans ce dernier cas). Dans les trois groupes, la vitesse d’exécution a augmentée lors
de la deuxième session ; par contre lors de la troisième session, la vitesse n’a augmenté que
pour le deuxième et le troisième groupe. En revanche, l’exactitude de l’habileté est améliorée
seulement dans le troisième groupe et lors de la deuxième session. Ces résultats confirment
qu’une pratique distribuée est plus bénéfique qu’une pratique massée pour l’apprentissage
procédural d’une habileté musicale, notamment en termes de vitesse. Les résultats montrent
aussi qu’un temps de repos au cours d’un apprentissage, en sommeil comme au réveil permet
une consolidation de l’apprentissage procédural. La vitesse d’exécution peut être améliorée
autant lorsque la pause a lieu au sommeil que lorsqu’elle a lieu à l’éveil, par contre, pour que
la précision soit améliorée, une phase de sommeil au cours de la pause est nécessaire.
Nous pouvons alors nous demander pourquoi l’apprentissage distribué est plus bénéfique que
l’apprentissage massé.
Selon Underwood (1970), lors d’un apprentissage distribué, l’apprentissage est plus simple lors
de la seconde session. Selon Bjork et Alain (1970), il existe deux raisons à l’avantage de
l’apprentissage distribué sur l’apprentissage massé. Effectivement, il y a une consolidation de
l’apprentissage lors de la première session et donc l’encodage est meilleur lors de la deuxième
session. D’autre part, si la tâche est légèrement plus complexe lors de la seconde session, la
récupération sera aussi plus compliquée mais il sera alors plus facile de récupérer cette
information plus tard.
Les conditions d’apprentissage distribuées (qui sont plus écologiques) modifient la dynamique
de l’apprentissage procédural en comparaison aux conditions d’apprentissage massées : les trois
phases sont retrouvées dans les deux types d’apprentissage néanmoins, la phase associative est
14
allongée et l’automatisation de la procédure est plus progressive au cours d’un apprentissage
distribué.
15
II. L’apprentissage procédural dans le
vieillissement normal
Selon Tulving (1995), la mémoire procédurale est le système mnésique le plus résistant au cours
du vieillissement. Toutefois, les diverses études à propos de l’effet de l’âge sur l’apprentissage
procédural donnent des résultats hétérogènes.
En psychologie cognitive, il est prouvé que le vieillissement affecte l’efficience des processus
mnésiques déclaratifs et contrôlés alors que ses effets sont nettement moins marqués au niveau
des processus mnésiques non déclaratifs et automatiques (Desgranges, Eustache et Rioux,
1994). Lors d’un apprentissage procédural, les processus déclaratifs sont fortement mobilisés
au cours du stade cognitif. Cette altération peut alors compromettre l’apprentissage procédural.
Les modifications produites par le vieillissement normal sur la mémoire humaine peuvent
ralentir l’apprentissage ou le réapprentissage mais n’entravent pas complètement l’acquisition
de nouvelles actions motrices. Par exemple, une personne de 80 ans peut apprendre à utiliser
un téléphone portable mais devra faire preuve de plus de persévérance qu’une personne de 18
ans (Chauvel, 2011). Selon Chauvel et al. (2011), le vieillissement entrave l’apprentissage
lorsque l’exécution des habiletés motrices fait appel au souvenir explicite des actions passées
(c’est-à-dire à la mémoire épisodique et aux traitements contrôlés de la mémoire de travail). En
revanche, le vieillissement n’affecte pas l’apprentissage lorsque les actions motrices sont
exécutées sur un mode non verbal et automatique.
16
âgées ont de moins bonnes performances que les personnes jeunes : l’augmentation de la charge
attentionnelle induite par la situation stressante affecte donc les performances des séniors, mais
pas celles des personnes jeunes. Il semble donc que l’exécution d’une habileté motrice perdrait
en automaticité avec l’avancée en âge.
Pratt et al (1994) ont réalisé une étude concernant les effets du vieillissement sur les processus
de contrôle sous-tendant la réalisation d’une tâche visuo-motrice consistant à déplacer un
curseur (à l’aide d’un pointeur tenu dans la main droite) et à le placer dans une zone cible
(espace délimité par deux traits espacés) figurant sur l’écran d’un ordinateur de manière
répétée. Le temps de mouvement (positionnement du curseur dans la zone cible) est plus long
chez les personnes âgées que chez les personnes jeunes tout au long de la phase d’apprentissage.
Chez les personnes âgées la vitesse et la précision du mouvement stagnent au cours de la
pratique alors qu’ils augmentent chez les personnes jeunes. L’analyse du mouvement montre
que les performances sont comparables chez les personnes jeunes et âgées en début de
mouvement alors que les performances des personnes âgées sont moindres en fin de
mouvement : la partie terminale du geste nécessiterait des efforts d’attention, à la différence de
la première partie du mouvement qui semblerait plus automatique.
Mc Nay et Willingham (1998) ont observé, dans une tâche consistant à reproduire une ligne
droite présentée sur un écran en la dessinant à l’aide d’un stylet, des performances moindres
chez les séniors. Pour eux, cette baisse de performance est due à un amoindrissement des
ressources attentionnelles.
17
- Apprentissage implicite
Par exemple, Howard et Howard (1989) ont montré l’existence de capacités d’apprentissage
perceptivo-moteur implicite préservées des effets du vieillissement lorsque les patients n’ont
pas conscience du matériel à apprendre (c’est-à-dire que l’exécution de l’habileté doit avoir lieu
sur un mode relativement autonome et sans effort d’attention) lors d’une tâche d’apprentissage
sériel. Dans cette étude les participants ont réalisé quatre séries de cent essais d’une tâche
consistant à indiquer rapidement la zone de l’écran dans laquelle apparait un astérisque (4
zones) en appuyant sur la touche de réponse correspondante d’un clavier (4 touches possibles).
Les séquences d’essais peuvent être aléatoires (l’ordre d’apparition de l’astérisque dans l’une
des quatre zones de l’écran est aléatoire) ou régulières (l’ordre d’apparition de l’astérisque dans
l’une des quatre zones de l’écran est prédéterminée et identique d’une série à l’autre). Les
participants ne sont pas informés de la présence de régularité dans le matériel. Les résultats de
cette étude prouvent que le temps de réaction est plus court lors des séquences régulières que
lors des séquences aléatoires alors que les participants n’ont aucun souvenir explicite des
régularités du matériel : les participants ont donc appris la régularité des séquences sans en
avoir conscience. D’autre part, les résultats montrent que le temps de réaction moyen est
comparable chez les sujets jeunes et chez les sujets âgés lors des séquences régulières alors que
lors des séquences aléatoires, le temps de réaction moyen est plus long chez les personnes âgées
que chez les personnes jeunes : les capacités d’apprentissage de séquences perceptivo-motrices
régulières sans effort sont donc préservées au cours du vieillissement.
18
qu’elle n’affecte pas les performances des participants qui l’ont exécutée en situation d’erreurs
peu fréquentes (tir à distance proche du trou). Ces résultats montrent qu’il existe effectivement
deux systèmes mnésiques impliqués dans un apprentissage explicite: l’un nécessite des
connaissances épisodiques et des traitements contrôlés en mémoire de travail, l’autre opère avec
relativement peu de connaissances épisodiques et sans effort d’attention. Des conditions
minimisant la nécessité d’avoir à ajuster de façon consciente la performance d’un essai à l’autre
font intervenir de manière prédominante les processus mnésiques non déclaratifs et
automatiques.
Chauvel et al (2011), montrent que les performances motrices au putt sont comparables chez
des personnes jeunes et âgés dans les conditions d’acquisition faisant intervenir principalement
les processus mnésiques non déclaratifs et automatiques, mais elles sont inférieures chez les
séniors comparées à celles des jeunes lors de l’acquisition dans des conditions impliquant les
processus mnésiques.
Lors des acquisitions motrices s’appuyant sur les systèmes de mémoire les moins affectés lors
du vieillissement (la mémoire procédurale), celui-ci a peu d’impact : les séniors peuvent
acquérir de nouvelles habiletés motrices avec des performances proches, si ce n’est équivalentes
à celles de personnes jeunes : pour optimiser l’apprentissage moteur chez les personnes âgées
il est préférable d’utiliser des conditions d’apprentissage favorisant la prédominance de la
mémoire procédurale sur les processus mnésiques déclaratifs et contrôlés, c’est-à-dire des
conditions d’apprentissage implicite ou un contexte d’erreurs peu fréquentes.
Ainsi, les différences de performance au niveau de l’apprentissage moteur, sont marquées entre
les personnes âgées et les personnes jeunes en condition d’apprentissage explicite avec des
erreurs fréquentes, mais s’amoindrissent, voire disparaissent, en condition d’apprentissage
implicite ou d’apprentissage avec des erreurs peu fréquentes. La nature des conditions
d’apprentissage semble donc être un facteur susceptible d’influencer la prédominance de
certains processus mnésiques sur d’autres.
19
préservé chez les personnes âgées, même si tout au long de l’étude les résultats des personnes
âgées sont inférieurs à ceux des personnes jeunes. La différence entre ces résultats peut
s’expliquer par les différences méthodologiques entre les deux études : Wright et Payne
proposent une seule session d’apprentissage de 30 essais à une vitesse de 60 tours par minute,
tandis que Durkin et al proposent l’apprentissage sur trois sessions de 20 essais chacune à une
vitesse de 45 tours par minute.
Le protocole de Beaunieux (2000) se réalise sur deux jours consécutifs à raison de deux sessions
par jour. Les sessions 1 et 2 ainsi que les sessions 3 et 4 sont séparées par un délai de 2 heures,
tandis que les sessions 2 et 3 sont séparées par un délai 22 heures. Les sessions 1, 2 et 3
contiennent l’exécution de la poursuite de cible ainsi que des épreuves complémentaires
permettant d’évaluer les fonctions intellectuelles globales, les capacités de traitement perceptif,
les capacités psychomotrices, l’efficience de la mémoire de travail et de la mémoire déclarative
ainsi que les fonctions exécutives. La session 4 contient seulement des épreuves
complémentaires. Lors de l’épreuve du rotor test, le but est de maintenir le stylet sur une cible
en mouvement circulaire dont la vitesse est variable (6 à 60 tours par minute). La vitesse de
rotation retenue est individualisée pour chaque sujet, c’est la vitesse pour laquelle lors de l’essai
de familiarisation, le sujet a maintenu le stylet en contact avec la cible au minimum durant 20
% du temps total de l’essai. Chaque session d’apprentissage est composée de 20 essais de 15
secondes et une pause de 30 secondes est proposée après l’essai 5 et après l’essai 10. Pour
chaque essai, Beaunieux (2000) a relevé le temps total de contact avec la cible : l’apprentissage
perceptivo-moteur se traduit par un allongement
avec la pratique du temps de contact entre le stylet
et la cible. Les résultats montrent que les sujets âgés,
comme les sujets jeunes, améliorent leurs
performances dans la poursuite de cible avec la
répétition de l’exécution de la tâche au cours des
trois sessions et voient leur marge d’amélioration
diminuer avec la répétition des sessions
d’apprentissage (car leur niveau de performance
Figure 4: Evolution du temps de contact en fonction des
devient optimal). essais chez les personnes jeunes et âgées à la tâche du
rotor test (thèse de Beaunieux)
20
premiers temps de l’acquisition, une mobilisation des fonctions attentionnelles trop importante
pour que les sujets âgés progressent au même rythme que les jeunes.
Ainsi, l’apprentissage procédural est conservé dans ce type de tâche chez les personnes âgées
lorsqu’il est réalisé dans de bonnes conditions d’apprentissage.
2. L’apprentissage perceptivo-verbal
Les capacités d’apprentissage procédural concernant les tâches perceptivo-verbales semblent
préservées. Par exemple, Desgranges et al (1994) et Durkin et al (1995) ont montré une
préservation des capacités d’acquisition des procédures perceptivo-verbales dans le
vieillissement normal lors de la réalisation d’une tâche consistant à la lecture en miroir.
Moscovitch et al (1986) et Hashtroudi et al (1991) effectuent des études consistant à la
réalisation d’une lecture de mots inversés. Moscovitch et al montrent que l’apprentissage
procédural est conservé durant cette tâche, tandis que Hashtroudi et al rapportent le résultat
inverse avec la même épreuve. Ils montrent cependant, avec une expérimentation
complémentaire, que les personnes âgées ont des capacités d’apprentissage procédural
similaires à celles des jeunes lorsqu’ils disposent de plus de temps pour accomplir la tâche. La
difficulté d’apprentissage est finalement davantage due à une difficulté dans le traitement des
stimuli qu’à une altération de l’apprentissage avec l’âge.
L’apprentissage procédural cognitif est préservé chez les personnes âgées sans pathologie, à
condition que la tâche ne soit pas trop complexe. Plusieurs études ayant pour but d’évaluer cet
apprentissage ont été réalisées avec la tour de Hanoï. La tour de Hanoï est constituée d’un socle
en bois sur lequel sont disposées trois tiges verticales identiques. Plusieurs disques de diamètre
décroissant sont empilés sur la tige de gauche. Le principe est de transférer les disques de la
tige de gauche vers une autre tige en respectant deux règles : ne jamais poser un disque sur un
disque plus petit et ne déplacer qu’un seul disque à la fois.
21
procédural de la tour de Hanoï à quatre disques, même si le niveau de performance est inférieur
chez les personnes âgées que chez les personnes jeunes.
Ces résultats sont confirmés par une étude réalisée par Beaunieux en 2000 consistant également
à résoudre le problème de la tour de Hanoï avec quatre disques afin de mesurer les capacités
d’apprentissage procédural cognitif. L’apprentissage de la procédure est organisé en trois
sessions de cinq essais chacune. L’apprentissage a été évalué par deux variables : le temps total
de résolution du problème et le nombre de mouvement nécessaire pour sa résolution.
L’évaluation du temps total de résolution de problème met en évidence une lenteur chez les
sujets âgés comparativement aux sujets jeunes, par contre l’amélioration de leur performance
dans la vitesse d’exécution au cours de l’apprentissage est équivalente chez les jeunes et les
âgés : il y a donc une absence de l’effet de l’âge sur l’amélioration de la performance en terme
de vitesse au cours de l’apprentissage. La progression tend à diminuer avec la répétition des
sessions. L’évaluation du nombre de mouvement montre que les sujets âgés et les sujets jeunes
ont un rythme d’acquisition équivalent : en termes de nombre de mouvements, le niveau
d’apprentissage est équivalent chez les personnes jeunes et chez les personnes âgées. Les
personnes âgées ont donc un niveau de performance inférieur aux personnes jeunes dans la
résolution de la tour de Hanoï mais l’amélioration des performances est équivalente pour les
deux populations.
22
- La complexité de la tâche
Les capacités d’apprentissage procédural cognitif ne sont cependant pas préservées si la
complexité de la tâche est trop élevée et nécessite une intervention importante des fonctions
cognitives altérées. Effectivement, Davis et Bernstein (1992), réalisent une étude consistant à
résoudre le problème de la tour de Hanoï avec une version contenant cinq disques. Cette étude
rapporte une altération de l’acquisition et de la rétention de la procédure de résolution de la tour
de Hanoï. La version contenant cinq disques est trop difficile pour les personnes âgées à cause
des effets de l’âge sur la mémoire de travail et sur les fonctions exécutives, ce qui empêche un
traitement procédural de la tâche.
Les capacités d’apprentissage procédural cognitif sont donc préservées tant que l’altération de
d’autres fonctions cognitives (telles que la mémoire de travail ou la mémoire épisodique)
n’interfère pas avec la tâche.
23
de résolution) est d’abord corrélé aux capacités de traitement perceptif, puis aux capacités
intellectuelles non verbales. Lors de la seconde session, il est corrélé aux mêmes indices
cognitifs, et lors de la troisième session, les niveaux de performance sont uniquement
déterminés par les capacités de traitement perceptif.
Les corrélations observées diffèrent entre le groupe de sujets jeunes et le groupe de sujets âgés.
Chez les sujets âgés le maintien de corrélation entre le niveau de performance et les capacités
intellectuelles suggère qu’ils restent en phase déclarative. Etant donné que les capacités
intellectuelles restent corrélées au niveau procédural tout au long de l’apprentissage,
l’intervention des capacités psychomotrices lors du premier essai de la seconde session peut
difficilement permettre de conclure à l’existence d’une phase procédurale comme définie dans
le modèle ACT. La contribution des capacités psychomotrices pourrait plutôt s’expliquer par
la réduction des capacités de rappel des informations en mémoire déclarative chez les sujets
âgés : étant donné que les connaissances déclaratives acquises lors de la première session sont
plus difficilement accessibles, le premier essai de la seconde session se ferait sur un mode plus
procédural pour favoriser la rapidité d’exécution. Le premier essai ayant permis de favoriser le
rappel indicé des informations déclaratives, les résolutions suivantes se font sur un mode
cognitif. Les sujets âgés semblent donc rester en phase déclarative tout au long de
l’apprentissage, les sujets n’ont pas automatisé la procédure. Les sujets âgés présentent, là aussi,
un retard dans la dynamique d’apprentissage procédural en comparaison des sujets jeunes. Ce
ralentissement peut être envisagé comme la réduction de l’efficience des fonctions cognitives
nécessaires au traitement des informations durant la phase déclarative.
24
D. La durabilité
Rodrigue et al (2005) ont montré qu’un apprentissage moteur peut être préservé pendant
plusieurs années pour des personnes âgées : ils ont mesuré les performances de personnes âgées
et jeunes dans une tâche consistant à suivre une cible se déplaçant sur un écran d’ordinateur au
moyen d’un stylet suite à trois sessions d’apprentissage distribuées sur trois jours. Au terme de
la phase de pratique, les séniors présentaient des capacités inférieures aux sujets jeunes. Un
post-test réalisé cinq ans plus tard indique une préservation de la différence entre les
performances des sujets jeunes et des sujets âgés observés juste après la phase de pratique.
Pour conclure, l’apprentissage procédural est globalement préservé chez les personnes âgées
malgré une altération des processus mnésiques déclaratifs et contrôlés, des difficultés
attentionnelles et une perte d’automaticité de certaines fonctions motrices. Pour que cet
apprentissage soit préservé, il faut qu’il ait lieu dans de bonnes condition (c’est-à-dire de
manière implicite ou dans des conditions d’erreurs peu fréquentes) et que l’habileté apprise
n’ait pas un niveau de complexité très élevé (il ne faut pas que les fonctions cognitives altérées
interfèrent trop avec l’apprentissage). Les personnes âgées peuvent préserver les compétences
apprises pendant plusieurs années. Nous savons que dans la maladie d’Alzheimer les processus
déclaratifs et contrôlés sont altérés de manière massive, nous pouvons alors nous demander si
l’apprentissage procédural est également préservé chez les personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer.
25
III. L’apprentissage procédural dans la maladie
d’Alzheimer
A. La mémoire dans la maladie d’Alzheimer
En 1991, Braak et Braak définissent trois stades à la maladie d’Alzheimer : le stade léger
lorsque le MMSE est compris entre 19 et 26, le stade modéré lorsque le MMSE est compris
entre 10 et 19 et le stade sévère lorsque le MMSE est inférieur à 10.
Figure 7:Les stades de la maladie d'Alzheimer selon Braak et Braak (cours d’Elodie Martin)
Selon Deweer et al. (1994) et Eustache et Desgranges (2003), les personnes atteintes d’une
maladie d’Alzheimer en début d’évolution ont des difficultés dans les tâches de rappel explicite
mais ont de bonnes performances concernant les tâches de rappel implicite (avec amorçage ou
capacités associées à la mémoire procédurale). Par exemple, elles ne peuvent pas se souvenir
d’une conversation ayant eu lieu quelques minutes auparavant mais savent encore tricoter,
s’habiller… La mémoire épisodique est atteinte de manière massive dès les premiers stades de
la maladie, ce sont d’abord les souvenirs les plus récents qui sont atteints. La mémoire
sémantique peut également être atteinte mais de manière moins constante et moins sévère que
la mémoire épisodique. Cette altération se traduit par des erreurs sémantiques correspondant
principalement à des substitutions de mots à l’intérieur d’une catégorie ou à des confusions ;
26
les distinctions sémantiques les plus fines sont altérées en premier alors que les distinctions plus
grossières sont préservées plus longtemps.
Le type d’atteinte décrit précédemment est rencontré chez la majorité des patients présentant
une maladie d’Alzheimer, néanmoins, cette maladie est hétérogène c’est-à-dire qu’il existe une
variabilité inter-individuelles (Bier, Gagnon et Desrosiers) concernant le degré d’atteinte de
chaque fonction (Fisher et al, 1996) ainsi que la vitesse de leur détérioration au cours de
l’évolution de la maladie (Joanette et al, 1995). Ainsi, dans les stades initiaux de la maladie, les
fonctions mnésiques ne sont pas uniformément affectées, certains pensent alors avoir un trouble
disproportionnel du langage. Effectivement, l’aphasie est un trouble fréquemment retrouvé
dans la maladie d’Alzheimer (diminution de la fluence verbale, manque de mots, paraphasies)
à cause de l’altération de la mémoire sémantique dont l’atteinte à des répercussions
essentiellement au niveau du langage.
De nombreuses études ont donc été réalisées afin d’étudier le fonctionnement de l’apprentissage
perceptivo-moteur, de l’apprentissage perceptivo-verbal et de l’apprentissage cognitif dans la
maladie d’Alzheimer.
a. L’apprentissage perceptivo-moteur
Selon Tilborg (2007), il convient de différencier deux aspects de l’apprentissage dans les
différentes études prouvant une préservation de l’apprentissage perceptivo-moteur dans la
maladie d’Alzheimer: le niveau de performance global et la qualité de l’apprentissage.
27
- Niveau de performance global et qualité de l’apprentissage
Toutes les études ont mis en évidence un maintien de la capacité d’apprentissage procédural ;
les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent acquérir des habiletés motrices
(Bondi & Kaszniak, 1991, Grafman et al. 1990, Hirono et al., 1996) et les conserver pendant au
moins un mois (Deweer et al, 1994, Dick, Nielson, Beth, Shankle, & Cotman, 1995).
Néanmoins, les résultats prenant en compte la qualité de l’apprentissage sont moins cohérents :
selon la revue de littérature de Tilborg (2007), même si un apprentissage procédural est
possible, les personnes Alzheimer n’atteignent pas le même niveau de qualité d’apprentissage
que les sujets contrôles.
Ainsi dans une tâche de rotor test, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, à des
stades légers à modérés, sont capables d’apprendre à réaliser la tâche de poursuite de cible
(décrite précédemment) de manière procédurale, bien que leurs performances soient inférieures
à celles de personnes du même âge sans démence ( Pasgreta et al.,2013, Beaunieux et al., 2013,
Dewer et al.,1994, Bondi et Kasnial, 1991, Heindel et al., 1988 et Brooks et Baddeley, 1976 ).
On retrouve ces résultats dans l’étude réalisée par Pasgreta en 2013 auprès de 32 personnes
âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer et de 32 personnes âgées sans démence, durant
laquelle elles devaient maintenir un curseur sur un point en mouvement circulaire.
L’apprentissage de la poursuite de cible est donc préservé malgré la maladie d’Alzheimer.
28
entre les deux premières sessions chez les patients Alzheimer pourrait provenir de l’altération
massive de la mémoire déclarative entrainant une plus grande difficulté à réinitialiser la
procédure motrice en cours d’élaboration lors de la session précédente.
29
- Maintien de compétence durant un certain temps
Pour conclure, les personnes Alzheimer sont donc capables d’apprentissage procédural
perceptivo-moteur, de transférer les apprentissages et de les maintenir tant que l’altération de
d’autres fonctions cognitives n’empêche pas la récupération de l’habileté. Le niveau
d’apprentissage peut différer selon les tâches à exécuter et la rétroaction visuelle semble avoir
un effet bénéfique sur le rythme d’apprentissage.
30
b. L’apprentissage perceptivo-verbal
Les études concernant la préservation d’un apprentissage perceptivo-verbal chez des personnes
Alzheimer sont principalement réalisées sur des tâches de lecture en miroir et rapportent des
résultats hétérogènes qui s’expliquent en partie par des différences méthodologiques.
Merbah et al (2009), ont réalisé une étude auprès de 30 sujets âgés, 30 sujets jeunes et 30 sujets
âgés atteints de la maladie d’Alzheimer afin de savoir si l’apprentissage procédural perceptivo-
verbal était préservé chez ces personnes. Cette étude a été réalisée avec le paradigme de la
lecture en miroir développé par Cohen et Squire en 1980 consistant à l’apprentissage de la
lecture de mots écrits en miroir. Cet apprentissage se déroule en deux phases (la phase
d’acquisition, constituée des blocs 1, 2 et 3, et la phase de test, constituée des blocs 4 et 5)
durant lesquelles les participants devaient lire en miroir des pseudo-mots composés de 5, 6 ou
7 lettres écrites en majuscule.
Les 26 lettres de l’alphabet étaient divisées en trois groupes : le groupe A (les lettres sont
symétriques donc identiques lors d’une lecture en miroir et donc la lecture en miroir de ces
lettres ne nécessite pas d’apprentissage, par exemple les lettres « A », « X », « H »…), le groupe
B et le groupe C contiennent les autres lettres de l’alphabet, réparties de manière aléatoire.
Pour la moitié des sujets, les blocs 1, 2, 3 et 4 sont composés de pseudo-mots créés à partir de
lettres des groupes A et B, le bloc 5 est composé de pseudo-mots créés à partir de lettres des
groupes A et C (le sujet n’a jamais été entrainé avec les lettres C et l’entrainement n’a pas
d’effet sur les lettres du groupe A). Pour l’autre moitié des sujets, les blocs 1, 2, 3 et 4 sont
composés de mots comprenant les lettres des groupes A et C, le bloc 5 est composé de mots
comprenant les lettres des groupes A et B (le sujet n’a jamais été entrainé avec les lettres B et
l’entrainement n’a pas d’effet sur les lettres du groupe A).
31
Ainsi, Merbah et al (2009), montrent qu’il n’y a pas de différence entre les performances pour
lire une lettre du groupe B ou du groupe C en miroir.
Dans cette étude, la progression peut être due à l’apprentissage procédural, à un effet
d’amorçage ou à un effet combiné de l’apprentissage procédural et de l’effet d’amorçage. Il y
a un apprentissage procédural si les mots du bloc 4 et 5 sont lus plus rapidement que les mots
du bloc 1. Il y a un effet d’amorçage à deux conditions : premièrement, les mots du bloc 4
doivent être lus plus rapidement que les mots du bloc 1 et deuxièmement, les mots du bloc 5
doivent être lus à la même vitesse que les mots du bloc 1. Il y a un effet combiné de
l’apprentissage procédural et de l’amorçage, également dans deux conditions : premièrement,
les sujets doivent lire plus rapidement les mots du bloc 4 et 5 que ceux du bloc 1, et
deuxièmement, ils doivent lire les mots du bloc 4 plus rapidement que ceux du bloc 5.
Les résultats montrent que les personnes âgées contrôles lisent les mots du bloc 4 plus
rapidement que ceux du bloc 1, et les mots du bloc 5 plus rapidement que ceux du bloc 1,
l’amélioration est donc due à l’effet combiné de l’apprentissage procédural et de l’effet
d’amorçage.
Les résultats des personnes Alzheimer montrent que le bloc 4 a été lu plus rapidement que le
bloc 1 (l’amélioration est équivalente entre les personnes âgées contrôle et les personnes
Alzheimer), mais le bloc 5 n’a pas été lu plus rapidement que le bloc 1. L’amélioration est donc
seulement due à l’effet d’amorçage et pas à l’apprentissage procédural.
D’après ces résultats, les personnes Alzheimer n’ont pas appris à lire en miroir de manière
procédurale. En revanche, les sujets contrôles ont appris à lire en miroir de manière procédurale.
Ainsi d’après l’étude réalisée par Merbah et al (2011), les capacités d’apprentissage procédural
de cette tâche perceptivo-verbale ne semblent pas possible dans la maladie d’Alzheimer. De
plus, la participation des systèmes cognitifs tels que la mémoire de travail (Desgranges et al.
1996), les capacités de traitement perceptif (Hashtroudi et al. 1991) ou les facultés de
raisonnement abstrait (Grober et al. 1992) est nécessaire lors de l’épreuve de lecture en miroir.
D’autre part, l’acquisition de la lecture dépend d’une stratégie qui nécessite une stratégie de
rotation du texte, et la mise en place de cette stratégie dépend des cortex associatifs et nécessite
l’activation des cortex associatifs frontal et pariétal qui sont habituellement atteints dans la
maladie d’Alzheimer (Grober et al, 1992, Kassubek et al. 20001).
32
Néanmoins, ces auteurs précisent qu’il ne faut pas exclure l’hypothèse selon laquelle les
personnes Alzheimer auraient pu acquérir la lecture en miroir avec plus de temps. De plus,
l’expérience avait lieu en condition d’apprentissage massée alors qu’il semblerait que des
conditions d’apprentissage distribuées soient plus bénéfiques (Greene 1989). D’autre part, peut-
être que cette tâche est trop complexe pour les personnes Alzheimer avec une trop grande
variabilité de la tâche (Masson, 1986). Par exemple, peut-être qu’avec une présentation de mots
plus courts les patients Alzheimer pourraient plus facilement apprendre la lecture en miroir.
c. L’apprentissage cognitif
Grafman et al. (1990) ont proposé à des participants deux résolutions d’un puzzle de 42 pièces
représentant les Etats-Unis à 24 heures d’intervalle ; cette étude a montré une altération de la
capacité des personnes Alzheimer à améliorer leurs performances.
La différence entre ces deux résultats peut certainement être expliquée par le niveau de
complexité de la tâche et le nombre d’essais. Effectivement, la tâche de résolution est plus
complexe dans l’étude de Grafmann que dans l’étude de Perani (à cause du nombre de pièce).
D’autre part, lors de l’étude de Perani, les patients réalisent le puzzle six fois tandis qu’ils ne le
réalisent que deux fois (à 24 h d’intervalle) lors de l’étude de Grafamann.
De la même manière, Hirono et al. (1996) ont évalué l’apprentissage procédural cognitif chez
les personnes Alzheimer de manière plus spécifique en utilisant un puzzle informatisé de 15
pièces (les pièces ne peuvent pas être tournées ce qui diminue la complexité de la tâche). Cette
étude a été réalisée avec 20 participants, il y avait une session évaluant la performance initiale,
trois sessions d’entrainement durant trois jours consécutifs, puis une dernière session
d’évaluation. Durant la première et la dernière session le puzzle représentait un insecte, tandis
qu’il représentait une fleur pour les sessions d’entrainement. Sur les 20 participants, seuls 11
ont pu finir les essais d’entrainement, les autres avaient un niveau d’altération des fonctions
cognitives plus important ; effectivement, la réalisation de cette épreuve demande une intégrité
des fonctions cognitives supérieures. Les 11 participants ont amélioré leurs performances de
33
manière similaire aux sujets contrôles même s’ils étaient plus lents. En plus des résultats
retrouvés dans les études précédentes, Hirono et al (1996), prouvent que l’apprentissage
procédural du puzzle est conservé à condition que les fonctions cognitives impliquées dans sa
réalisation soient préservées.
Les puzzles ont été classiquement utilisés, Beaunieux et al. (2000) proposent alors d’évaluer
les capacités d’apprentissage cognitif procédural dans la maladie d’Alzheimer à l’aide d’un
dispositif différent : la tour de Hanoï.
Concernant le temps d’exécution de la tâche, les personnes âgées contrôles et les personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer, s’améliorent de la même façon au cours des essais de
résolution de la tour de Hanoï, et le temps d’exécution diminue au cours de la répétition des
sessions. Les personnes Alzheimer ont toutefois un niveau de performance inférieur aux
personnes contrôles en termes de temps. Selon les résultats du temps d’exécution, Beaunieux
et al. (2000) suggèrent que les personnes Alzheimer apprennent la procédure cognitive de
manière identique aux témoins, bien que l’acquisition soit plus lente, ils suggèrent également
que les personnes Alzheimer, comme les témoins, tendent vers un niveau de performance
maximal nécessaire à l’automatisation.
34
Figure 11: Evolution du nombre de mouvement en Figure 12: Evolution du temps d'exécution en fonction des
fonction des essais pour la résolution de la tour de Hanoï essais chez les personnes âgées et Alzheimer pour la
(thèse de Beaunieux) résolution de la tour de Hanoï (thèse de Beaunieux)
Il semble donc que l’apprentissage procédural cognitif ne soit pas toujours préservé dans la
maladie d’Alzheimer, mais qu’il puisse tout de même être préservé pour des tâches simples, ne
nécessitant pas une intervention importante d’autres fonctions cognitives.
Pour conclure, d’après les études vues précédemment, l’apprentissage procédural perceptivo-
moteur est le mieux préservé, les compétences peuvent être transférées à des tâches
sensiblement différentes et peuvent être maintenues durant au moins 3 mois. L’apprentissage
procédural perceptivo-verbal et cognitif est possible dans la maladie d’Alzheimer mais est plus
compliqué, les tâches apprises doivent rester simples et ne pas nécessiter l’intervention d’un
grand nombre d’autres fonctions cognitives.
Nous pouvons alors nous demander comment le maintien d’un apprentissage procédural dans
la maladie d’Alzheimer est possible malgré une altération du système déclaratif et son
implication en début de processus d’apprentissage.
35
durant la phase cognitive mais utilisent par contre la mémoire de travail et l’intelligence verbale
tout au long du processus d’apprentissage. Elles restent donc sur un mode de résolution de
problème jusqu’à la fin du processus d’apprentissage. Ainsi, d’après Schmidtke et al. (1996),
la transition entre la phase cognitive et l’acquisition de l’habileté est retardée : étant donnée
l’altération de la mémoire déclarative, la correction d’erreur n’est pas possible et donc les
personnes Alzheimer ont plus de difficultés à générer la procédure automatique. Des difficultés
demeurent tout de même dans l’apprentissage procédural cognitif chez les personnes
Alzheimer.
3. Le transfert
Selon Dick et al (2003), le transfert est la capacité d’une personne à appliquer de manière
adéquate des apprentissages passés dans des contextes plus ou moins différents du contexte
d’apprentissage. Dick et al ont évalué les capacités des personnes Alzheimer à acquérir et à
transférer des compétences au cours de la tâche de poursuite d’une tâche rotative ; le transfert
est évalué par une variation de la vitesse de rotation du processus. L’apprentissage d’une tâche
procédurale par la pratique constante pourrait permettre son transfert dans une situation
présentant des caractéristiques très semblables à celles de l’apprentissage
a. L’hyperspécificité de l’apprentissage
Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont capables de transférer leur compétence
concernant une tâche apprise de manière procédurale si la situation présente des caractéristiques
très semblables à celles de l’apprentissage. Glisky développe en 1992 le concept
« d’hyperspécificité » selon lequel les personnes Alzheimer ont des difficultés à se rappeler
correctement l’information si le contexte change. Selon Shimamura et Squire (1988),
l’hyperspécificité découle d’un sur-apprentissage c’est-à-dire que le nombre d’essais lors de
l’apprentissage procédural est trop élevé : la répétition de la tâche tendrait à cristalliser
l’apprentissage procédural en le rendant moins flexible. A l’inverse, selon Butters et al. (1993),
l’exposition répétée à la tâche à apprendre favorise la création de liens entre celle-ci et les
connaissances antérieures favorisant ainsi le transfert de la tâche apprise. Selon ces auteurs, la
flexibilité de l’apprentissage (et donc les capacités de transfert de la compétence apprise) est
influencée par le caractère significatif ou familier de la tâche apprise. Par exemple, une étude
réalisée par Beatty et al, en 1999, démontre qu’une pianiste atteinte de la maladie d’Alzheimer
à un stade avancé peut transférer ses compétences musicales (jouer un morceau de musique) au
xylophone. Ainsi, une connaissance antérieure de la tâche peut faciliter le transfert des
acquisitions dans la maladie d’Alzheimer.
36
b. Le mode de récupération
Pour qu’une personne utilise spontanément les tâches apprises, il faut qu’elle se rappelle du
contexte dans lequel elle peut utiliser cette nouvelle compétence (Barnett et Ceci, 2002). Ce
rappel peut être facilité par une récupération implicite de l’information en présence de certains
stimuli de l’environnement (Bourgeois et al. (2003), néanmoins l’atteinte de la mémoire
épisodique chez les personnes Alzheimer risque de rendre difficile le rappel d’utilisation de la
compétence (Coyette et Seron, 2003). Par exemple, Provencher (2006), tente de réapprendre à
une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer à réécouter de la musique de manière spontanée
(ceci correspond à une activité appréciée dans le passé). Pour cela, elle réapprend à la patiente
à utiliser un radiocassette et utilise des stratégies incitatrices pour qu’elle pense à écouter la
musique (association de phrases affichées et écoute de musique). La patiente est finalement
capable d’utiliser le radiocassette de manière autonome mais n’écoute pas souvent la musique
de manière spontanée (20%), de plus à la fin de l’intervention ce score diminue encore (7% au
bout de 12 semaines). La patiente sait donc exécuter la tâche mais a des difficultés pour l’initier.
Effectivement, la patiente a besoin d’être stimulée pour exécuter des activités, la consultation
de l’affiche nécessite alors une participation active qui n’est pas forcément possible chez cette
patiente.
Ensuite, lors d’un apprentissage procédural avec des personnes Alzheimer, il faut être attentif
à la fatigabilité. Effectivement, selon Tilborg (2007), le rôle de la fatigue est important. Une
alternance entre la pratique massée et la pratique distribuée pourrait être une solution au
problème de fatigabilité des personnes Alzheimer.
D’autre part, une tâche peut être apprise de deux façons : de manière globale c’est-à-dire dans
son ensemble, ou de manière séquencée, c’est-à-dire en apprenant chaque composante de la
tâche de manière séparée. Selon Schmidt (1988), il peut être intéressant d’apprendre aux
patients Alzheimer les différentes composantes d’une tâche séparément, à condition que la
tâche puisse naturellement être divisée en composantes reflétant son objectif inhérent. Par
exemple, l’apprentissage de la conduite peut être séquencé par les activités « apprendre à
changer de vitesse » et « apprendre à utiliser le volant ». Par contre, l’apprentissage de la saisie
d’un objet ne peut pas être décomposé en phase étant donné que l’atteinte de l’objet et la saisie
font partie du même mouvement.
La variation dans les conditions d’entrainement a également des effets important sur les
capacités d’apprentissage. Il existe trois types de variabilité dans les conditions
d’apprentissage : la conception aléatoire, la conception bloquée et la conception constante. Lors
de la conception aléatoire, des variations ont lieu de manière aléatoire au cours de
l’apprentissage, lors de la conception bloquée, il y a une variable dans la tâche lors de chaque
bloc, et lors de la conception constante il y a une seule variable dans la tâche qui est la même
tout au long de l’apprentissage. Selon Schmidt (1988), la pratique aléatoire est plus efficace
pour l’acquisition et la généralisation d’une habileté motrice dans la population contrôle. Par
contre des études réalisées par Dick et al. (1996, 2000, 2003) montrent que les personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer apprennent mieux dans des conditions de pratique
constante. En effet, lors de la pratique constante, la répétition d’un même programme moteur
de manière constante nécessite une moindre intervention des processus déclaratifs et contrôlés.
De plus, lors de la pratique aléatoire, la mémoire épisodique ainsi que d’autres fonctions
cognitives (telles que l’attention divisée) qui sont atteintes dans la maladie d’Alzheimer, jouent
un rôle important. L’environnement et le matériel utilisé sont également à prendre en compte
38
étant donné les difficultés des personnes Alzheimer dans la généralisation : l’apprentissage doit
alors avoir lieu dans un environnement quasi identique à celui dans lequel la compétence sera
utilisée et en utilisant les mêmes objets que ceux utilisés par le patient dans sa vie quotidienne
(Tilborg, 2007). Par exemple, si un patient apprend à utiliser un micro-onde, le micro-onde
utilisé lors de l’apprentissage doit être identique à celui disponible au domicile du patient.
2. Le focus de l’attention
Lorsque le focus de l’attention porte sur des éléments situés en dehors du corps de l’individu,
comme le trou dans lequel lancer la balle de golf, l’exécution repose davantage sur des
processus non déclaratifs et automatiques (Poolton, Maxwell, Masters, Raab, 2006). D’autre
part, lors d’un apprentissage moteur les instructions utilisant des analogies privilégient
l’utilisation des processus mnésiques automatiques contrairement aux consignes explicites
portant sur les règles d’action (Larn, Maxwell, Masters, 2009).
Selon Van der Linden, Coyette & Seron (2000), la méthode d’apprentissage sans erreur vise à
limiter la production d’erreurs en restreignant les essais basés sur des choix aléatoires et en
favorisant une exposition répétée à des réponses correctes.
Ainsi, lors de l’apprentissage sans erreur, le thérapeute indique d’emblée la bonne façon de
faire et s’assure que le patient ne fasse pas d’erreur afin qu’il n’encode pas une mauvaise
information, dont il aurait du mal à se départir.
39
b. Utilité auprès des personnes Alzheimer
D’après Kessels et Hensken (2009), l’apprentissage sans erreur a des effets bénéfiques sur
l’apprentissage procédural dans la maladie d’Alzheimer et permet d’atteindre plus rapidement
la phase autonome de l’apprentissage. L’atteinte des fonctions d’inhibition chez les personnes
Alzheimer augmente encore leur risque de produire des erreurs étant donné que leurs capacités
à ignorer des informations non pertinentes sont diminuées.
Dans l’étude de Clare, et al (2000), six personnes atteintes de maladie d’ Alzheimer à un stade
précoce (MMS entre 21 et 26) ont bénéficié d’une intervention individuelle visant la réduction
d’un problème de mémoire intervenant dans la vie quotidienne et utilisant l’apprentissage sans
erreur : pour les patients A, B et C, le but de cette intervention était de retenir des noms, pour
le patient D le but était de retenir des renseignements personnels, et pour le participant E
d’apprendre à utiliser un calendrier pour connaitre la date du jour. Les résultats de cette étude
prouvent que l’apprentissage sans erreur est utile pour la résolution de ces problématiques à un
stade précoce de la maladie pour certains patients. Effectivement, cinq personnes sur six ont
amélioré leur performance et cette amélioration s’est maintenue jusqu’à six mois après
l’intervention. Ainsi, il semble que pour l’apprentissage de noms, les stratégies
mnémotechniques (tel que trouver un lien entre le son du nom et un trait du visage …) et de
récupération espacée, soient efficaces. La méthode de la répétition en expansion est aussi utile
pour le rappel de renseignements personnels. La formation aux aides à la mémoire (pour le
participant E) a entrainé des modifications dans les comportements des participants ainsi que
des généralisations, c’est-à-dire qu’il a pu appliquer de nouvelles stratégies lorsque de nouvelles
situations difficiles sont apparues. Dans cette étude, la participation des patients et leur
entrainement tout au long du suivi semblent avoir un impact sur les résultats positifs obtenus :
les facteurs individuels tels que la motivation, les croyances, les facteurs psycho-sociaux ou
encore la qualité de la relation avec l’aidant sont importants.
Une autre étude menée par Clare, (2002) a démontrée l’efficacité de la méthode d’apprentissage
sans erreur lors de l’association de noms à des visages. L’intervention, basée sur une méthode
d’apprentissage sans erreur a eu lieu sur douze participants Alzheimer avec un MMSE supérieur
ou égal à 18, et a permis une amélioration de la connaissance des noms. Les bénéfices ont été
maintenus pendant au moins six mois. Les participants ayant conscience de leurs troubles
mnésiques ont eu de meilleurs résultats que les autres.
40
c. Mécanismes implicites et explicites
Il apparait alors, comme le disent Anderson et Craik (2006), que l’apprentissage sans erreur
améliore plus les capacités mnésiques que l’apprentissage par essai-erreur. Ces auteurs
souhaitent alors établir des liens plus précis entre les mécanismes implicites et explicites de la
mémoire. Ils prouvent que l’apprentissage sans erreur a lieu par l’intermédiaire de la mémoire
procédurale : les personnes avec une atteinte de la mémoire explicite tirent profit de
l’apprentissage sans erreur car ce mode d’apprentissage contourne l’implication de la mémoire
épisodique dans le processus d’apprentissage en supprimant la nécessité de détecter et
d’éliminer les erreurs produites. L’apprentissage par essais-erreur, ou par feedback peut utiliser
des processus implicites, ainsi que des processus explicites (Shohamy et al., 2004). Chez les
jeunes adultes, plus une personne est engagée dans le processus de mémorisation, mieux elle
encode l’information. L’apprentissage sans erreur est amplifié si les personnes sont plus actives
dans le processus d’encodage (Tailby et Haslam, 2003). De plus, les mots semblent mieux
retenus lorsqu’ils sont appris selon une méthode essais-erreurs, que lorsqu’ils sont appris avec
une méthode d’apprentissage sans erreur : le fait de deviner les informations entraine un niveau
de traitement plus profond (Rodriguez-Fornelles et al., 2004). Par contre, lors de l’apprentissage
par essais-erreurs les personnes âgées s’appuient plus sur les processus automatisés. Il semble
donc que l’apprentissage sans erreur ne soit pas idéal pour les personnes jeunes qui se
souviennent correctement des éléments et qui ont une mémoire explicite intacte, par contre c’est
un apprentissage électif pour les personnes présentant des déficits mnésiques à cause de leur
incapacité à ne pas reproduire les erreurs commises antérieurement.
41
Conclusion de la partie théorique
Ainsi, l’apprentissage procédural est constitué de trois phases : la phase cognitive, la phase
associative et la phase autonome. Des processus déclaratifs et contrôlés sont impliqués dans
l’apprentissage procédural durant les premières phases tandis que des processus non déclaratifs
et autonomes sont impliqués durant les dernières phases. L’apprentissage procédural comporte
trois catégories: l’apprentissage perceptivo-moteur, l’apprentissage perceptivo-verbal et
l’apprentissage cognitif.
Dans la maladie d’Alzheimer, les processus déclaratifs et contrôlés sont également atteints de
manière plus massive, notamment le rappel explicite, la mémoire épisodique et la mémoire
sémantique. L’apprentissage perceptivo-moteur est préservé mais les compétences sont
inférieures aux personnes âgées contrôles. De la même manière que dans le vieillissement
normal, des conditions d’apprentissage implicite ou d’apprentissage sans erreur, favorisent
l’apprentissage. Les résultats concernant l’apprentissage perceptivo-verbal sont hétérogènes, à
cause de différences méthodologiques. L’apprentissage cognitif est préservé, en fonction du
niveau de complexité de l’habileté et de l’implication des processus déclaratifs et contrôlés
(l’apprentissage de l’habileté sera mieux préservé dans le cas où la nécessité de résolution de
problème est faible). Les personnes Alzheimer peuvent maintenir l’habileté acquise pendant
plusieurs mois voire plusieurs années et sont capables de transférer la compétence dans des
situations très similaires.
42
Figure 13: Fonctionnement de l'apprentissage procédural
43
PARTIE PRATIQUE
44
Groupe Nombre Age (ans) MMSE ( /30)
Age moyen Ecart-type
Agées 9 79,1 5,7 29,4
Alzheimer 8 78,1 10,3 20,5
Figure 14: Population d'expérimentation
2. Matériel
Pour cette expérimentation, j’ai utilisé un logiciel nommé « mimbus », l’exécution de la tâche
a eu lieu sur un ordinateur à l’aide d’un trackball.
J’ai également fais passer le MMSE à l’ensemble des participants (âgés et Alzheimer) afin de
connaitre leur niveau cognitif et le stade de la maladie pour les personnes Alzheimer.
3. Expérimentation
Lors de la tâche réalisée avec le logiciel « mimbus », un point lumineux se déplace en suivant
un trajet répétitif et immuable.
Lorsque la flèche de la souris est sur le point lumineux, celui-ci s’éclaire. L’objectif de cette
tâche est de maintenir la flèche de la souris sur le point lumineux tout au long de son
déplacement afin que le point lumineux reste éclairé. Pour cela, les participants utilisent un
trackball avec leur main dominante (la droite étant donné qu’ils sont tous droitiers).
46
La consigne donnée aux participants était la suivante : « Un point lumineux s’affiche sur
l’écran. Ce point va se déplacer, vous allez devoir suivre le point avec la flèche. Le trackball
permet à la flèche de se déplacer, il suffit de faire bouger la boule du trackball pour que la flèche
se déplace.». Cette consigne concerne donc seulement la précision, les participants ne sont pas
informés de la régularité de la trajectoire du point lumineux. Après avoir donné la consigne, je
faisais une courte démonstration aux participants afin de m’assurer qu’ils aient compris le
fonctionnement du dispositif. L’expérimentation a été réalisée sur deux sessions contenants
chacune huit blocs. De courtes pauses de quelques minutes ont eu lieu entre chaque bloc et les
deux sessions étaient espacées d’une semaine. La première session comporte la passation du
MMSE (afin de connaitre l’état cognitif des personnes âgées et de vérifier que les personnes
Alzheimer sont au stade léger à modéré de la maladie), l’explication de la consigne, la
démonstration, et enfin l’exécution de la tâche de suivi du point lumineux (8 blocs). Durant la
seconde session, la consigne est redonnée aux participants, la démonstration est de nouveau
réalisée puis les participants exécutent la tâche de suivi du point lumineux (8 blocs également).
4. Données
L’expérimentation de la tâche de suivi du point lumineux nous permet d’obtenir trois données :
l’indice de compétence des participants, l’indice d’apprentissage au cours de chaque session et
le maintien des capacités entre les deux sessions.
- L’indice de compétence des participants est calculé par le logiciel qui indique le
pourcentage de temps durant lequel la flèche de la souris est maintenue sur le point
lumineux pour chaque essai (il y en a trois par bloc), puis pour l’ensemble du bloc en
moyennant les résultats de chaque essai
- L’indice d’apprentissage au cours de chaque session peut être obtenu en calculant la
différence entre les compétences lors du bloc huit et lors du bloc un, pour chaque
session. Pour la deuxième session, nous avons choisi de calculer l’indice
47
d’apprentissage en fonction du bloc durant lequel les personnes atteignent le même
niveau de compétence que les personnes âgée (c’est-à-dire le bloc 5 : cf statistique et
résultats).
- Enfin, le maintien des capacités d’apprentissage peut être obtenu en calculant la
différence entre les compétences lors du bloc un de la deuxième session et lors du bloc
huit de la première session.
5. Hypothèses
Durant cette expérimentation, il y a des variables indépendantes et des variables dépendantes.
Selon Sockeel et Anceaux (2002), une variable indépendante est une caractéristique (du sujet,
de son environnement physique ou social, de la tâche ou du stimulus présenté) qui est manipulée
ou simplement prise en compte par le chercheur afin de contrôler son impact sur le
comportement étudié. Dans notre expérimentation la session (session 1 ou session 2), le groupe
d’appartenance (âgé ou Alzheimer) et le bloc sont des variables indépendantes.
L’expérimentation comprend aussi des variables dépendantes. Toujours selon Sockeel et
Anceaux (2002), une variable dépendante est une donnée recueillie par l’expérimentateur, c’est
une réponse du sujet (ou une mesure de la réponse) soumis à une expérience. Cette réponse est
dépendante de la situation expérimentale que l’examinateur a créée. Dans notre expérimentation
avec la tâche de suivi du point lumineux, il y a deux variables dépendantes : l’indice de
compétence et l’indice d’apprentissage.
48
non pas d’utiliser le trackball. D’autre part les patients ne sont pas informés de la régularité de
la trajectoire ; cet apprentissage est donc également implicite. Selon ces informations et celles
tirées des études vues dans la partie théorique, nous pouvons formuler des hypothèses
concernant les résultats que nous obtiendrons.
Tout d’abord, nous pouvons supposer que le niveau de compétence des personnes atteintes de
la maladie d’Alzheimer sera plus faible que celui des personnes âgées. En effet, des études
réalisées par Tilborg (2007) et Beaunieux (2010) montrent que les personnes Alzheimer ont des
performances plus faibles concernant la qualité de réalisation de la tâche (précision moindre)
que les personnes âgées.
Concernant l’indice d’apprentissage, nous pouvons supposer que les deux groupes de
participants apprendront à exécuter la tâche de suivi du point lumineux mais que la dynamique
de l’apprentissage sera différent pour les deux groupes. Effectivement, Tilborg (2007) et
Beaunieux (2000) prouvent que l’apprentissage perceptivo-moteur est préservé. Néanmoins,
selon Schimdtke et al. (1996), la dynamique d’apprentissage est différente pour les personnes
âgées et pour les personnes Alzheimer : la transition entre la phase cognitive et l’acquisition
automatique de l’habileté est retardée.
Concernant l’indice de maintien, l’étude de Beaunieux (2000) montre que le maintien des
capacités entre deux sessions est plus tardif chez les personnes Alzheimer que chez les
personnes âgées. En effet, l’altération massive de la mémoire déclarative entraine une
automatisation de la procédure plus tardive. Pour les personnes Alzheimer la procédure est donc
en cours d’élaboration plus longtemps et elles rencontrent donc des difficultés à réinitialiser la
procédure motrice. Nous pouvons donc supposer que les personnes Alzheimer maintiendront
moins bien les compétences acquises entre les deux sessions.
49
6. Analyses statistiques
Premièrement, nous avons réalisé une ANOVA à mesure répétée (facteur bloc : bloc1/bloc8 et
facteur sessions : session 1 et session 2) et à un facteur de groupe sur l’indice de compétence.
Cette ANOVA a pour but d’étudier l’évolution de l’indice de compétences au cours de la
session un et de la session deux.
Deuxièmement, nous avons réalisé une étude ANOVA à mesure répétée (facteur bloc et
session : bloc 8 session1/ bloc 1 session 2) sur la comparaison des indices de compétences.
Cette ANOVA a pour but d’évaluer l’évolution de l’indice de compétence entre la fin de la
première session d’apprentissage et le début de la seconde session d’apprentissage (la semaine
suivante).
Troisièmement, nous avons réalisé une étude ANOVA à mesure répétée (facteur bloc et session
B8-B1 de la session 1/B6-B1 de la session 2) sur l’indice d’apprentissage. Cette ANOVA a
pour objectif d’étudier l’évolution de l’indice d’apprentissage entre la session un et la session
deux.
50
III. Résultats
La première ANOVA montre que nous avons un effet de la session, un effet bloc mais pas
d’effet du groupe concernant l’évolution de l’indice de compétence au cours du temps.
D’abord, il y a un effet de la session, c’est-à-dire que quel que soit le groupe et quel que soit le
bloc, les indices de compétences sont différents entre la session 1 et la session
2 (F(1,15)=18,49 ; p=0,0001) comme le montre le graphique suivant :
50 *
40
30
20
10
0
Session 1 Session 2
Ensuite il y a un effet bloc, c’est-à-dire que quel que soit le groupe d’appartenance du sujet et
quel que soit la session, les indices de compétences sont différents entre le bloc un et le bloc
huit (F (1, 15) = 44,49, p<0,0001) comme le montre le graphique suivant :
60
40
20
0
Bloc 1 Bloc 8
51
Il n’y a pas d’effet de groupe, c’est-à-dire que les indices de compétences des patients
Alzheimer ne sont pas différents des indices de compétences des personnes âgées.
Nous notons quand même une tendance en ce qui concerne l’interaction session*bloc*groupe
*
à p=0,0053. Le T-test montre que l’indice de compétence pour le bloc 8 de la session 1 et pour
le bloc 1 de la session 2 est différente entre les personnes âgées et les personnes Alzheimer.
70 * *
60
50
40
Agés
30
Alzheimer
20
10
0
bloc 1 bloc 8 bloc 1 bloc 8
session 1 session 2
Cette ANOVA nous montre qu’il y a un effet de groupe. Les patients Alzheimer ont donc un
indice de compétence différent des personnes âgées entre les deux sessions. En effet, l’indice
de compétence pour le bloc 8 de la session 1 et le bloc 1 de la session 2 sont différents entre les
deux groupes. En revanche, l’indice de compétence pour le bloc 8 de la session 1 n’est pas
différent de celui du bloc 1 de la session 2, et ceci quel que soit le groupe.
52
Evolution de l'indice de compétence en
fonction du groupe, en milieu
d'apprentissage
*
40
30
20
10
0
Agés Alzheimer
25
*
20
15
Agés
10
Alz
5
0
Session 1 Session 2
53
IV. Discussion
1. Commentaires des résultats
L’objectif de l’étude était de connaitre les capacités d’apprentissage des personnes Alzheimer
pour une tâche perceptivo-motrice. Ces capacités concernent l’indice de compétence, l’indice
d’apprentissage et l’indice de maintien.
Tout d’abord, les résultats nous indiquent qu’il existe un apprentissage chez les personnes
âgées et chez les personnes Alzheimer. De plus, cet apprentissage se maintien pendant les deux
sessions. Effectivement, chez les personnes âgées comme chez les personnes Alzheimer,
l’indice de compétence est différent entre le bloc un et le bloc huit, puis entre la session une et
la session deux.
Les résultats nous indiquent que la dynamique d’apprentissage est différente pour les personnes
Alzheimer et les personnes âgées. Au cours de la première session l’indice d’apprentissage est
différent entre les deux groupes. En revanche celui-ci n’est pas différent entre les personnes
âgées et les personnes Alzheimer au cours de la seconde session. En fait, l’analyse des courbes
nous permet de constater que l’indice d’apprentissage des personnes âgées est plus élevé lors
de la première session que lors de la deuxième alors que c’est l’inverse pour les personnes
Alzheimer (l’indice d’apprentissage est plus élevé pour la deuxième session que pour la
première session, même si les statistiques ne montrent pas une différence significative). Les
personnes Alzheimer apprennent donc moins rapidement que les personnes âgées mais elles
finissent quand même par acquérir un indice de compétence équivalent à celui des personnes
âgées.
L’ANOVA nous indique qu’à l’intérieur de chaque groupe l’indice de compétence n’est pas
différent entre le bloc 8 de la session 1 et le bloc 1 de la session 2. Ceci met donc en évidence
que les personnes Alzheimer et les personnes âgées maintiennent leurs compétences d’une
semaine sur l’autre (entre les deux sessions), et ce même si les compétences des personnes
Alzheimer sont inférieures à celles des personnes âgées contrôles lors de ces deux blocs.
54
d. Conclusion
Pour conclure, les personnes Alzheimer et les personnes âgées ont un indice de compétence
équivalent en début et en fin d’apprentissage mais différent en milieu d’apprentissage (bloc 8
de la session 1 et bloc 1 de la session 2). Nous pouvons donc penser que les personnes
Alzheimer apprennent lentement tout au long de la première et de la deuxième session alors
que les personnes âgées contrôle apprennent rapidement lors de la première session et
apprennent moins lors de la deuxième session car elles ont atteint leur niveau de compétence
maximal correspondant à l’effet plafond.
* *
70
60
50
40
Agés
30
Alzheimer
20
10
0
bloc 1 bloc 8 bloc 1 bloc 8
session 1 session 2
55
2. Confrontation avec mes hypothèses de départ
Nos hypothèses ne correspondent pas toujours aux résultats que nous avons trouvés.
Tout d’abord, nous nous attendions à ce que les personnes Alzheimer aient des compétences
plus faible que les personnes âgées alors que les résultats montrent que les deux groupes ont
des compétences relativement similaires.
3. Les limites
Tout d’abord, cette expérimentation a été réalisée seulement avec huit patients Alzheimer, à des
stades légers à modérés de la maladie. Il aurait été intéressant de réaliser cette étude sur un
groupe plus important, avec un groupe de personnes Alzheimer à un stade léger de la maladie
et un autre groupe de personnes Alzheimer à un stade modéré de la maladie afin de connaitre
le stade de la maladie jusqu’auquel l’apprentissage est préservé.
Ensuite, dans la tâche de suivi du point lumineux à l’aide du trackball, l’apprentissage est
aspécifique : deux apprentissages sont possibles. Le premier apprentissage concerne
l’utilisation du trackball. Le deuxième apprentissage concerne le trajet du point lumineux (étant
donné que celui-ci se déplace en suivant un trajet répétitif et invariant). Le protocole utilisé lors
de mon expérimentation ne permet pas de connaitre la cause de l’apprentissage observé
56
(l’apprentissage de l’utilisation du trackball ou l’apprentissage du trajet du point lumineux). Il
aurait été intéressant d’intégrer une nouvelle trajectoire de suivi du point lumineux au début de
la première session puis à la fin de la seconde session afin de voir s’il y a une spécificité de
l’apprentissage. L’indice de compétence diminuerait lors du suivi du point lumineux avec la
nouvelle trajectoire à la fin de la deuxième session s’il y avait un apprentissage spécifique du
trajet alors qu’il resterait stable s’il y avait un apprentissage spécifique de l’utilisation du
trackball.
Enfin, il aurait été intéressant de réaliser une troisième session avec un délai plus important
entre la deuxième et la troisième session (quelques semaines à quelques mois) afin d’évaluer le
maintien de l’indice de compétence au cours d’un laps de temps plus important.
4. Perspectives
Comme nous avons vu, au cours de la maladie d’Alzheimer, l’altération des fonctions motrices
et cognitives engendre des difficultés dans la réalisation des activités de la vie quotidienne et
des activités de loisirs entrainant une perte d’autonomie. L’utilisation de l’apprentissage
procédural pour apprendre ou ré-apprendre aux patients à réaliser certaines activités de la vie
quotidienne, de loisirs (tricoter, écouter de la musique …) ou des techniques telles que le relevé
du sol permettrait aux patients d’améliorer leur qualité de vie.
Plusieurs études ont prouvées l’efficacité de l’apprentissage procédural pour de telles habiletés.
Par exemple, Zanetti (2001) a réalisé une étude prouvant que les personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer sont capables de progresser de manière significative dans la réalisation
des activités de la vie quotidienne, avec une prise en charge d’une heure par jour durant trois
semaines. D’autre part, Lekeu et al. (2002) ont montré que suite à la participation d’un
programme de trois mois, deux patients Alzheimer ont appris à utiliser un téléphone portable.
Néanmoins, comme nous avons vu, les personnes Alzheimer peuvent avoir des difficultés pour
généraliser l’habileté apprise et pour son initiation ainsi que lors des premières phases de
l’apprentissage (notamment lorsqu’il est explicite). Au cours de séances de réhabilitation, il
semble cependant assez compliqué de réaliser un apprentissage de manière implicite. Diverses
techniques peuvent donc être utilisées pour faire face à ces difficultés.
D’abord, une technique d’apprentissage sans erreur peut être utilisée, dans cette technique on
expose le patient à la bonne réponse, plutôt que de lui demander de la retrouver seul afin de
limiter les effets de l’altération de la mémoire déclarative sur l’apprentissage : l’apprentissage
par essai/erreur n’est donc pas nécessaire. Ensuite, une technique de facilitation (ou
57
d’estompage) peut également être utilisée, elle permet de mémoriser une information : les
indices fournis au patient concernant l’information à récupérer sont progressivement estompés
jusqu’à ce que la réponse soit produite sans erreur (Ylieff, 2000). Une technique de récupération
espacée (Camp, 1992) peut également être utilisée : une information est donnée au sujet qui
doit la répéter immédiatement puis après un délai de quelques secondes. Si le sujet répond
correctement, on augmente le délai jusqu’à ce que la rétention soit acquise définitivement. Le
temps de 5 minutes semble suffisant pour beaucoup de sujet pour obtenir le maintien de
l’information à long terme. On considère que l’information est acquise lorsqu’elle est rappelée
sur trois séances consécutives. D’autre part, la réalisation de l’apprentissage doit avoir lieu dans
des conditions très similaires aux conditions durant lesquelles le patient réalisera l’habileté afin
que les patients soient capables de généraliser l’habileté apprise. Enfin, des aides extérieures
peuvent être utilisées pour que l’initiation de l’action ait lieu.
Pour conclure, la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer représente un
défi de par la présence des troubles du comportement (notamment l’apathie) et des troubles
mnésiques qui compliquent les possibilités de rééducation à proprement parlé. Effectivement,
les troubles mnésiques et le caractère évolutif de la maladie entraine de nombreux
professionnels à considérer les prises en charge comme inutiles. Néanmoins, les objectifs de
prise en charge avec ces patients sont plus souvent axés autour d’un maintien des capacités et
d’une réhabilitation. C’est donc dans ce cadre qu’un apprentissage ou un réapprentissage peut-
être mis en place, en prenant en compte le patient dans sa globalité, l’incidence de l’atteinte sur
sa vie quotidienne, ses troubles comportementaux, mnésiques, sensoriels et moteurs …
58
Conclusion
Pour conclure, l’apprentissage procédural est préservé dans le vieillissement et dans la maladie
d’Alzheimer. Cet apprentissage se déroule en trois phases : la phase déclarative, la phase
associative et la phase autonome. La première phase est contrôlée par des processus cognitifs
déclaratifs et contrôlés tandis que la phase autonome est contrôlée par des processus non
contrôlés. Il existe trois sortes d’apprentissage procédural : l’apprentissage perceptivo-moteur,
l’apprentissage perceptivo-verbal et l’apprentissage cognitif. Les capacités d’apprentissage
perceptivo-moteur sont préservées chez les personnes âgées comme chez les personnes
Alzheimer, en condition d’apprentissage implicite ou d’apprentissage sans erreur. Par contre,
leurs compétences ne sont pas toujours identiques, effectivement les personnes âgées peuvent
ou non atteindre le même niveau que les personnes jeunes selon le niveau de complexité de la
tâche tandis que les personnes Alzheimer ont généralement un niveau de compétence plus faible
que les personnes jeunes. L’apprentissage perceptivo-verbal semble préservé, néanmoins des
difficultés dans le traitement des stimuli peut engendrer des difficultés d’apprentissage.
L’apprentissage cognitif est également préservé chez les personnes âgées et Alzheimer tant que
le niveau de complexité de la tâche n’est pas trop élevé. Les personnes âgées et les personnes
Alzheimer sont donc capables de réaliser un apprentissage procédural, de le conserver et même
de le transférer à des tâches si elles sont très similaires.
Comme nous avons vu, au cours de la maladie d’Alzheimer, l’altération des fonctions motrices
et cognitives engendre des difficultés dans la réalisation des activités de la vie quotidienne et
des activités de loisirs entrainant une perte d’autonomie. Un apprentissage de certaines
stratégies ou un (ré)-apprentissage de certaines activités (de manière procédurale) semble
néanmoins possible pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces apprentissages
permettraient d’augmenter leur niveau d’autonomie ou leur plaisir, et donc peut être de
diminuer certaines causes des troubles du comportement. Effectivement, des études prouvent
que des réapprentissage d’activités de la vie quotidienne ou de loisirs sont possibles lorsque les
sessions d’apprentissage sont rapprochées (Zanetti, 2001 et Lekeu et al., 2002). D’après mon
expérimentation, les personnes Alzheimer sont également capable d’acquérir une nouvelle
habileté lorsque les sessions d’apprentissage sont espacées d’une semaine (et donc en condition
de prise en charge). L’apprentissage procédural est donc préservé, il permet aux patients
Alzheimer d’améliorer leur niveau d’autonomie et il peut être utilisé dans le cadre d’une prise
en charge psychomotrice.
59
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Résumé
Nous avons évalué l’apprentissage procédural perceptivo-moteur et implicite lors d’une tâche
de suivi d’un point lumineux à l’aide du trackball. Cette expérimentation montre qu’il existe un
apprentissage chez les personnes Alzheimer et chez les personnes âgées, même si la dynamique
d’apprentissage est différente. D’autre part, cette expérimentation montre que les personnes
Alzheimer et les personnes âgées ont un niveau d’expérimentation équivalent en début et en fin
d’apprentissage, donc les deux groupes ont progressé de manière équivalente.
Abstract
This report is about the maintenance of procedural learning in normal aging and in Alzheimer's
disease. Many studies have shown that this type of learning is preserved in these two cases.
Nevertheless, the involvement of declarative and controlled processes at the beginning of the
learning process slows down. On the other hand, the implication of these processes is minimal
during an implicit perceptual-motor learning.